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PUBLICITÉ LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Lundi 10 janvier 2011 El Watan PHOTO : H. LYES LIRE NOS ARTICLES DE LA PAGE 2 À LA PAGE 13 N° 6145 - Vingt et unième année - Prix : Algérie : 10 DA. France : 1 . USA : 2,15 $. ISSN : 1111-0333 - http://www.elwatan.com 1100 1100 manifestants manifestants arrêtés arrêtés Les mineurs seront libérés, selon Ould Kablia Affrontements à Béjaïa, grève générale à Akbou P 10 PHOTO : AFP Le pouvoir fait appel à l’armée et aux milices parallèles pour mater le peuple Maya Jribi, SG du Parti démocrate progressiste (PDP) : «Le régime a commis un massacre contre les civils.» L a Tunisie s’enlise. La violence qui s’est em- parée du pays, depuis le 17 décembre 2010, a franchi un cap très dangereux. Pour la première fois, l’armée est intervenue pour mater la révolte sociale et politi- que. La police a tiré sur les populations civiles à balles réelles. (Suite page 15) H. Ouali VIOLENCES EN TUNISIE LE BILAN S’ALOURDIT À 23 MORTS DEUX OTAGES FRANÇAIS TUÉS NORD DU NIGER (SAHEL) FRANÇAIS Les deux otages français enlevés vendredi dernier à Niamey ont été tués moins de 24 heures plus tard à l’issue d’une opération de libération menée par un commando franco-nigérien, à la frontière avec le Mali. Lire en page 15

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LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Lundi 10 janvier 2011El Watan

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N° 6145 - Vingt et unième année - Prix : Algérie : 10 DA. France : 1 €. USA : 2,15 $. ISSN : 1111-0333 - http://www.elwatan.com

11001100 manifestants manifestants arrêtésarrêtés

Les mineurs seront libérés,

selon Ould Kablia

Affrontements à Béjaïa, grève

générale à AkbouP 10

PH

OTO

: A

FP

● Le pouvoir fait appel à l’armée et aux milices parallèles pour mater le peuple

● Maya Jribi, SG du Parti démocrate progressiste (PDP) : «Le régime a commis

un massacre contre les civils.»

La Tunisie s’enlise. La violence qui s’est em-

parée du pays, depuis le 17 décembre 2010, a franchi un cap très dangereux. Pour la première fois, l’armée

est intervenue pour mater la révolte sociale et politi-que. La police a tiré sur les populations civiles à balles réelles.(Suite page 15) H. Ouali

VIOLENCES EN TUNISIE

LE BILAN S’ALOURDIT À 23 MORTS

DEUX OTAGES FRANÇAIS TUÉS

NORD DU NIGER (SAHEL)

FRANÇAIS ■ Les deux otages français enlevés vendredi dernier à Niamey ont été tués moins de 24 heures plus tard à l’issue d’une opération de libération menée par un commando franco-nigérien, à la frontière avec le Mali. Lire en page 15

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L ’ É V É N E M E N TEl Watan - Lundi 10 janvier 2011 - 2

TIDJELLABINE

Taïeb Ghaimi, gardien du WRT

Quand Belkhadem parle de «dialogue civilisé»A

bdelaziz Belkhadem, représentant personnel du président de la République, a fait une déclaration amusante sur la situation dramatique que connaît le pays. «Nous sommes

pour l’expression, mais pas n’importe comment, nous sommes pour le dialogue civilisé. La protestation doit s’exprimer de manière pacifique», a déclaré le secrétaire général du FLN. Cela ressemble à une plaisanterie. Le FLN, qui a cautionné et justifié le maintien de l’état d’urgence au mépris de la Constitution et des pactes internationaux sur les droits de l’homme, n’a jamais dénoncé l’interdiction de marcher à Alger ou dans les autres villes du pays. Depuis 2001, il a suffi d’un décret pour que les libertés publi-ques soient suspendues de manière indéterminée. Le système instauré par Abdelaziz Bouteflika depuis 1999 est clairement opposé à toute expression pacifique dans la rue ou dans les es-paces publics. Le non-agrément de nouveaux partis ou syndicats et la fermeture de la télévision d’Etat, qui ressemble à un bunker médiatique, renforcent ce constat. Le FLN, qui s’est mis à genoux devant le nouvel ordre, est tra-versé par une crise interne que A. Belkhadem n’a pas pu juguler pacifiquement. Depuis sept ans, le parti, qui n’arrive pas à sortir de la culture de l’unicité de pensée, est livré à des secousses spo-

radiques qui l’empêchent d’avoir une vision politique à long terme. Bloqué dans «les douceurs» du passé, ce parti s’est adapté aux activités à huis clos, loin de la rue, de l’opinion publique et de la contestation réelle. Belkhadem, qui a accès à la télé-vision et à la radio quand il veut et où il veut, n’a jamais émis ne serait-ce qu’une ébauche de cri-tique sur les interdits politiques et sécuritaires qui figent le pays. Il n’a jamais protesté contre le verrouillage général de la nation ni sur la neutralisation des instru-ments de la médiation sociale et

politique. Sous les lumières aveuglantes du palais d’El Moura-dia et derrière l’ombre furtive de Abdelaziz Bouteflika, Belkha-dem n’a pas vu la tempête venir. Il est était incapable d’anticiper la révolte. Lui, comme Ahmed Ouyahia qui semble avoir perdu l’usage de la parole, n’avait trouvé aucune gêne à s’adapter au «débat» au sens unique et à tourner dans le même cercle. Au Parlement, le Premier ministre a même prévenu contre le recours à l’émeute. «Celui qui a mal la tête coupe la route et brûle les pneus», a-t-il dit, presque sûr de lui. La réponse a été fulgurante. Ouyahia, Belkhadem et tout le pouvoir dénoncent la violence – comme le fait avec maladresse Daho Ould Kablia, ministre de l’Intérieur – alors qu’ils ont tout fait pour empêcher les Algériens de s’exprimer pacifiquement, même à l’intérieur des salles. Un débat sur la violence contre les femmes a été interdit. Tout ce qui est lié aux questions relatives aux droits humains est frappé de suspicion. Samedi à Oran, des artistes et des universitaires ont été malme-nés par la police au moment où ils tentaient d’organiser une mar-che pacifique. Une action que le FLN, le RND ou même le MSP auraient pu organiser. Non, l’Alliance présidentielle, constituée par ces trois formations, préfère l’air comprimé des salons, sans doute «moins pollué». Pas de débat libre, pas de rencontres po-litiques, pas de marche, pas de sit-in, pas de rassemblement, pas de… Ceux qui ont semé le vent doivent affronter l’ouragan. A mains nues ou avec des mots creux. L’affronter car ils n’ont pas laissé grand-chose aux jeunes sauf… la violence de l’expression. Aussi, la réaction de Abdelaziz Belkhadem, citée uniquement en exemple, est-elle ridicule. Elle est elle-même violente car elle démarre d’un mensonge. A-t-on laissé une petite place au «dialogue civilisé» ? La crise de ce mois de janvier 2011 permet au moins de constater de façon éclatante que la classe dirigeante est sérieusement décalée par rapport au pays, ces Algériens… d’en bas. Fayçal Métaoui

L e jeune Labza Azzeddine, 20 ans, est la première

victime des émeutes du 5 jan-vier. Il a succombé sous les balles de la police à Aïn Hadjel (M’sila), commune distante de 180 km au sud-est d’Alger. Ce jeune, le dernier d’une famille de cinq enfants, était bien considéré, non seu-lement auprès de sa famille, mais de tout le quartier la Soummam. Lors de notre pas-sage chez cette famille à Aïn Hadjel, le père, âgé de 80 ans, était dans un état pitoyable. Selon les voisins de la victime de ce quartier marginal de Aïn Hadjel, Azzeddine était un garçon apprécié pour sa

gentillesse et sa générosité, il vouait un amour sans borne à ses concitoyens. Ses amis, rencontrés dans la demeure familiale, ne cessent de répé-ter que Azzeddine aspirait à un avenir meilleur dans cette Algérie immensément riche.

Chômeur, juste avec un niveau de 6e année primaire, il vivait aux dépens de ses parents, aux conditions sociales très mo-destes d’ailleurs. Azzeddine a été abattu par l’un des poli-ciers retranchés sur la terrasse du commissariat, l’atteignant à la tête. Cette façon d’user d’une arme à feu avec une facilité déconcertante a jeté stupeur et consternation au sein de la population de Aïn Hadjel. Cette dernière était in-dignée quand le ministre de l’Intérieur, lors de sa décla-ration à la télévision samedi, a évoqué la légitime défense pour une compagnie de po-liciers qui s’est postée sur la

terrasse et qui tirait à balles réelles sur les manifestants. Ce geste à lui seul constitue l’indice révélateur de l’am-pleur de l’abus, des intimida-tions et l’arbitraire, dont est victime cette population. Ce sont les dépassements de certains policiers, a-t-on indi-qué à Aïn Hadjel, qui, par des propos malveillants, ont pro-voqué la colère des jeunes qui ont pris d’assaut le commis-sariat.Labza Azzeddine a été enterré hier après-midi dans le cimetière de la ville, après l’échec des autorités locales qui avaient suggéré de l’en-terrer dans la commune d’El Hamel. S. Ghella

L e jeune Taïeb Ghaimi, décédé

suite aux émeutes, était le gardien du but de l’équipe du Widad Eriaddi de Tidjellabine (WRT) catégorie juniors et le fils aîné d’une famille de sept membres. Abor-dés, certains de ses proches, rencontrés devant le domicile mortuaire, nous ont confié n’avoir pas de détails quant aux circonstan-ces de sa mort. Le défunt, qui avait 19 ans, a été retrouvé carbonisé à l’intérieur du motel jouxtant la station-service de Tidjellabine, au bord de la RN5. Sa mort est sur-venue suite au saccage de cet éta-blissement par un groupe de jeunes habitant le quartier Safsaf, dans la soirée de vendredi dernier. «Taïeb était parti, comme d’habitude, en ville pour sa séance d’entraîne-ment. Sur le chemin du retour, à la cité Mahsas, il était accompagné de son ami B. Bouzid, blessé griè-vement lors de l’incendie», précise son père. Pour lui, son fils est mort d’asphyxie en l’absence de se-cours. Et d’ajouter : «Mon fils se serait réfugié à l’intérieur de l’hô-tel pour éviter les affrontements qui redoublaient d’intensité entre les forces de l’ordre et les jeunes de Haï Safsaf. Mais ces derniers étaient violents et s’en sont pris à l’établissement, qu’ils ont saccagé sans daigner alerter ceux qui se trouvaient à l’intérieur. Je crois qu’il est décédé suite à l’inhalation de gaz carbonique et à l’absence de secours.» Notre interlocuteur

précise que ce n’est que le lendemain, samedi vers midi, qu’il a reçu la nou-velle de la mort de son fils de la brigade de gendar-merie de la circons-cription. Le corps de Taïeb était totale-ment carbonisé. Ses parents l’ont identi-fié grâce aux photos retrouvées dans la

carte mémoire de son téléphoné portable. Hier, son père n’arrivait plus à retenir ses larmes. De même que son frère Halim, qui évolue lui aussi parmi les juniors du WRB. Hier, des dizaines de personnes affluaient vers la cité AADL où se trouve la maison des grands-pa-rents du défunt, attendant l’autori-sation des services de la gendarme-rie nationale et le procureur général de Boumerdès pour l’inhumation de Taïeb. «On nous a demandé de faire des tests ADN demain pour confirmer. Mais nous nous l’avons identifié. Il s’agit de notre fils. Je demande aux responsables concer-nés de nous faciliter les choses pour pouvoir l’inhumer dans le plus tôt possible.» L’ambiance était très lourde, hier, à Tidjellabine. La tristesse et l’inquiétude se lisaient sur tous les visages. La nouvelle de la mort du jeune Taïeb a jeté émoi et consternation parmi la population. Les raisons et les circonstances de sa mort font toujours l’objet de discussions parmi ses amis, ses proches et tous ceux qui l’on connu. Le défunt était estimé par tout monde dans la région. R. Koubabi

BOU ISMAÏL

Abdelfatah Akriche, agent à Naftal

I l travaillait chez Naftal, à Blida, en qualité d’agent

de sécurité. Abdelfatah Akri-che est décédé dans la nuit de vendredi à samedi lors des émeutes. Célibataire, il habi-tait le quartier populaire Haï Ellouz, situé en amont de la localité côtière de Bou Ismaïl (Tipasa). Le corps du défunt aurait subi une autopsie au CHU de Blida.

Le jeune frère du défunt, Djilali, très triste, le visage laissant apparaître des signes de fatigue, nous mur-mure : «Il était venu me récupérer, je ne sais pas qui a tiré avec son arme, il est mort alors qu’il me tenait par la main. Habituellement, il vivait chez mes grands-parents à Douaouda, mais cette nuit-là, le Bon Dieu a voulu qu’il passe la nuit avec nous. Il n’a rien à voir avec les émeutes, il était stable.» «Mais je ne peux vous dire qui a tiré sur mon frère, il faisait très sombre avec la fumée des gaz lacrymogènes. En face de nous, il y avait des policiers», conclut-il avant de rejoindre son domicile dans un quartier précaire. Le papa de la victime est chauffeur de bus, originaire d’Aghbal, à l’ouest de la wilaya de Tipasa. C’est la misère qui les a déplacés ici, à Bou Ismaïl, nous dit Salim, un citoyen du quartier. «C’est une personne très calme qui ne s’est jamais mêlée aux histoires et aux problèmes. Fatah était véhiculé, il percevait son salaire et aidait ses parents, il ne lui restait que le ma-riage, c’était un exemple de réussite pour ses parents», ajoute-t-il. La maman de la victime a sur le coup eu un malaise qui a nécessité son évacuation vers l’hôpital.Le cimetière où a été enterré hier Abdelfatah Akriche se trouve à quelques encablures de la mosquée Bal-lili, dans un autre quartier de Bou Ismaïl, très redouté, même au temps du terrorisme. Des escarmouches ont eu lieu quand les jeunes sont passés à côté des forces antiémeute, avant d’atteindre la mosquée. L’enterre-ment s’est déroulé pourtant dans le silence par respect pour la mémoire du défunt, nous confie un voisin.

M’hamed H.

M’SILA

Azzeddine Labza, première victime des émeutes

PORTRAITS

Le système instauré par Abdelaziz Bouteflika depuis 1999 est clairement opposé à toute expression pacifique dans la rue ou dans les espaces publics

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El Watan - Lundi 10 janvier 2011 - 3

L ’ É V É N E M E N T

Trois morts parmi les mani-festants, plus de 800 blessés, dont 763 policiers, et plus de

1100 arrestations. Parmi les interpellés, figurent de nombreux mineurs. Tel est le bilan lourd et macabre du mouvement de protestation populaire qui dé-vaste, depuis le 5 janvier dernier, une vingtaine de wilayas du pays. Anticipant sur une éventuelle contestation de ce bilan officiel, Daho Ould Kablia, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, prend les devants et réfute d’ores et déjà tout autre chiffre qui serait éventuellement com-muniqué par des organisations indépendantes. «En ce qui concerne le nombre de morts et de blessés, toute autre information colportée par des organes de presse étrangers ou algériens est fausse et alarmiste et à laquelle il convient de ne donner aucun crédit», avait asséné le mi-nistre dans une interview accordée hier à l’agence de presse étatique, APS. Maître Mustapha Bouchachi af-firme qu’hormis ce bilan rendu public par le gouvernement, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) ne dispose pour l’heure d’aucun autre bilan. «Nous savons qu’il y a eu beaucoup d’arrestations. Hier et avant-hier, de nombreux jeunes manifestants ont été pré-

sentés devant les tribunaux. Mais pour l’heure, nous n’avons pas pu obtenir assez d’informations, ni accéder aux dossiers des jeu-nes interpellés, encore moins de connaître les motifs des poursuites judiciaires». Samedi soir, sur Ca-nal Algérie, le ministre de l’Inté-rieur chargeait violemment les jeu-nes manifestants, auteurs «d’actes criminels». Le lendemain, Daho Ould Kablia, sur un ton fausse-ment paternaliste et compréhensif, réitère les mêmes propos réduc-teurs du mouvement de contesta-tion et des manifestants, assimilés à des marginaux. Des émeutiers qui ne constituent, d’après M. Ould Kablia, que «la partie la plus radicale de la jeunesse (…)». «La frange de jeunes dont nous connaissons, par ailleurs, la situa-tion difficile, tente d’analyser le ministre, s’est mise en position de fracture totale par rapport au reste de la société. Leurs agissements criminels faits de violence, de des-truction et de vols n’ont épargné ni les biens publics ni les biens pri-vés. Ils s’en sont pris aux intérêts de citoyens de condition modeste dont les magasins ont été pillés et leurs voitures incendiées. Ces jeu-nes n’ont obéi qu’à des instincts revanchards car ne mesurant pas toutes les conséquences de leurs actes.» Les tribunaux, ajoute-t-il, ont déjà été saisis dans la plupart des cas où des jeunes ont été

pris «en flagrant délit de vandalisme ou de vol». Certains des mi-neurs arrêtés répondront, selon un avocat cité par l’agence AFP, des chefs d’incul-pation d’«incendie volontaire» et de «coups et blessures ayant entraîné la mort». «Pour apaiser les esprits, l’urgence est dans la mise en œuvre de solutions po-litiques et pacifiques et non pas d’appliquer aux manifestants le code pénal», rétorque le président de la LADDH. Les déclarations faites ces dernières heures par les responsables du gouvernement sont le signe, d’après l’avocat des droits de l’homme, que le cycle de la répression ne sera pas rompu de sitôt. Les pouvoirs publics, déplore Me Bouchachi, privilégient toujours le «traite-ment policier et judiciaire aux solutions politiques». Mohand Aziri

Risque de 1 à 2 ans de prison

Les centaines de jeunes manifestants arrêtés lors des émeutes ayant

secoué, le week-end dernier, plusieurs wilayas du pays en-courent des peines d’empri-sonnement allant d’une année à deux ans. «Dans ce cas, les juges vont appliquer la procé-dure de flagrant délit. Le code de procédure pénale est clair à ce sujet. Le cas des manifes-tants sera traité, au maximum, dans les deux jours qui suivent leur arrestation. Ils risquent d’être condamnés à des peines de prison allant de 1 à 2 ans», explique Noureddine Benyes-sad, avocat et vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’hom-me (LADDH). Les émeutiers seront, conformément à la-dite procédure, poursuivis pour «atteinte à l’ordre public, vol et destruction de biens publics et privés». C’est ce qui a été confirmé, d’ailleurs, par le mi-nistre de l’Intérieur et des Col-lectivités locales, Dahou Ould Kablia. «Les tribunaux sont déjà saisis dans la plupart des cas où des jeunes ont été pris en flagrant délit de vandalisme ou de vol», affirme-t-il dans une déclaration faite samedi dernier. M. M.

Le 5 octobre 1988 avait marqué la fin d’une époque, celle du parti unique. Les événements avaient provoqué ou précipité, à

l’époque, des changements ayant donné naissance au pluralisme politique, à la presse libre et à l’économie de marché. L’ampleur du mouvement et la brutalité avec laquelle il a été traité ont fait tomber des têtes. Mais l’ouverture qu’on voit aujourd’hui, avec un recul de 22 ans, n’a pas pour autant consacré l’alternance au pouvoir. Au contraire, ce qu’on appelle les acquis d’Octobre ont entamé un mouvement régressif, une sorte de mouvement à contresens des aspirations ci-toyennes pour arriver, en fin 2010, à une impasse politique doublée d’une panne économique, mais cette fois-ci avec les caisses plei-nes. Politiquement, si ce n’est la façade démocratique du système, on est presque dans les mêmes interdits : on tolère à peine l’exis-tence de quelques îlots d’opposition, de presse libre. Une véritable chape de plomb s’est abattue sur le pays ces dernières années. Sur le plan socioéconomique, on est pratiquement dans la même configuration d’il y a 22 ans. Le chômage, la faim et la misère touchent de larges pans de la société. Seulement, le pouvoir n’a pas beaucoup d’arguments à faire valoir pour justifier une telle si-tuation. Aucun gouvernement depuis l’indépendance n’a bénéficié

de tant d’atouts pour mettre le pays sur la voie du développement. Les recettes pétrolières offraient à l’Exécutif l’équivalent de quatre fois la valeur actuelle du plan Marshall qui a reconstruit l’Europe de l’Ouest après la Deuxième Guerre mondiale. Le personnel di-rigeant actuel n’a pu donc produire que l’échec. Une situation ex-plosive presque similaire à celle d’octobre 1988. Ce qui s’est passé ces derniers jours en Algérie n’est pas un «chahut de gamins». C’est l’expression d’un malaise généralisé, résultat d’une véritable impasse sur le double plan économique et politique, contrairement à l’embellie qu’a eu à annoncer en grande pompe à l’APN, le Pre-mier ministre lors de la présentation de la Déclaration de politique générale, il y a plus d’un mois. Pareille situation, dans des pays à forte tradition démocratique, aurait assurément fait tomber des gouvernements, provoquer de profonds changements politiques… Qu’en sera-t-il chez nous ? Dans un système aussi fermé et réfractaire à une alternative qui viendrait de l’extérieur, c’est-à-dire de l’opposition, il est diffi-cile de parier sur une telle issue. Nous avons vu déjà comment le gouvernement, par le biais de son ministre de l’Intérieur, a tenté d’abord de banaliser un mouvement contestataire aussi large et aussi violent en le réduisant à une simple expression de colère à

cause de la flambée des produits de large consommation. Oter le sens politique à une pareille contestation, c’est une manière pour le pouvoir de transmettre un message l’exonérant de la responsabilité dans la situation de crise qu’il a lui-même provoquée. Désigner des ennemis internes et externes, qui ont provoqué les émeutes menées, selon lui, par «des jeunes, souvent des mineurs», est aussi une manière détournée de faire admettre à l’opinion publique que la contestation ne remet pas en cause l’équipe dirigeante. Au contraire, soutenait avant-hier le ministre de l’Intérieur, Dahou Ould Kablia : «Les adultes, les pères de famille, eux, continuent à faire confiance à l’Etat», donc au personnel en place. Autrement dit, il n’y a aucune volonté de tirer les leçons de la situation actuel-le, ni de changer de méthode de gouvernance. Et si alternative il y avait, le pouvoir n’accepterait pas celle qui ne viendrait pas de lui. Il s’est attelé d’ailleurs durant ces dernières années à inhiber tous les ressorts de résistance de la société et à empêcher la construction d’une véritable alternative démocratique à travers la fermeture des champs politique et médiatique. Le pouvoir a démontré également qu’il était prêt à tolérer une violence désordonnée plutôt qu’un im-portant mouvement pacifique avec des mots d’ordre politiques. Ce sera encore une fois l’éternelle alternance clanique. Saïd Rabia

5 OCTOBRE 1988 - 5 JANVIER 2011

Quelle issue pour l a contestation ?

LE GOUVERNEMENT A COMMUNIQUÉ HIER SON BILAN DES ÉMEUTES

1100 manifestants arrêtésNOUVELLE ARME ANTIÉMEUTE *

■ Notre journaliste Mustapha Benfodil a été embarqué, hier, par la police à Staouéli (à l’ouest d’Alger), alors qu’il couvrait un rassemblement qui allait se tenir dans cette localité. Cette initiative à laquelle avait appelé le Comité intercommunal de Aïn Bénian-Staouéli a été avortée suite à une

vague d’arrestations qui a ciblé sans distinction un certain nombre de citoyens. Notre reporter n’a été libéré qu’en début de soirée. A noter qu’à l’heure où nous mettons sous presse, des citoyens interpellés sont encore dans les locaux de la police.

* VU LORS DES RÉCENTS AFFRONTEMENTS

Notre journaliste Mustapha Benfodil arrêté par la police

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L ’ É V É N E M E N T

KARIM AMELLAL. Ecrivain et maître de conférences à Sciences-po (Paris)

«L’abandon et l’injusticeont créé les émeutes»

Karim Amellal voit en les émeutes qui secouent l’Algérie une expression d’abandon et de défiance. La mauvaise redistribution des richesses a créé des inégalités insupportables pour les classes populaires. L’augmentation des prixa été l’étincelle.

Propos recueillis parRémi Yacine

Comment analysez-vous les émeu-tes qui secouent plusieurs villes algériennes ?Ce type de protestation radicale se déclenche le plus souvent dans le cadre d’une séquence récurrente qui comprend plusieurs ingrédients : des difficultés structurelles très fortes (chômage massif, inflation, pénurie de logements, etc.) et croissantes mal-gré une croissance économique très importante et des ressources financiè-res énormes grâce aux hydrocarbures ; un sentiment global d’abandon et de défiance qui enfle et se transforme peu à peu en colère puis en rage ; et enfin une étincelle.L’étincelle, ici, ce fut l’augmenta-tion des prix des produits de base, ressentie très douloureusement pour des jeunes – les moins de 30 ans représentent les trois quarts de la population algérienne ! - issus de fa-milles dont les produits alimentaires

représentent en moyenne la moitié du budget. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase du sentiment d’in-justice : l’insuffisante redistribution des richesses et le poids des contrain-tes qui écrase les classes populaires sont insupportables. Le point essen-tiel, au-delà de la séquence, c’est le creusement des inégalités en Algérie depuis l’ouverture économique et la perception croissante de ces inéga-lités : une infime minorité s’enrichit de façon éhontée et visible, souvent grâce à la corruption qui gangrène les structures de l’administration, tandis que l’écrasante majorité voit son pouvoir d’achat se dissoudre dans la cherté et les tracasseries du quotidien. La plupart des Algériens aujourd’hui considèrent qu’ils sont les victimes sacrificielles des choix économiques et politiques réalisés depuis les années 2000 : leur vie ne s’améliore pas et, pour les catégories populaires aux revenus les plus modestes, non seule-ment elle se détériore, mais l’horizon est plus noir que jamais. Peut-on comparer le cas algérien à celui de la Tunisie ?Il y a des similitudes et des diver-gences. Ces dernières me semblent néanmoins plus importantes que les premières. D’abord, il est vrai que ces deux événements s’enracinent dans des difficultés économiques et sociales qui sont à bien des égards comparables : les jeunes Tunisiens partagent avec leurs voisins algériens le sentiment d’injustice, d’être les laissés-pour-compte de la croissance. Le chômage endémique et l’absence de perspectives se déploient dans un

pays qui, contrairement à l’Algérie, voit toute l’année défiler sous ses yeux des touristes qui contribuent massivement à une richesse nationale dont ils ne voient pas la couleur. Cela accroît les tensions et les frustrations, mais il faut bien voir que la Tunisie vit sous une chape de plomb et non l’Algérie : même s’il y a des progrès à faire, la presse y est libre, l’expression de désaccords est possible, la parole n’est pas corsetée dans la peur de la répression.Il faut bien avoir en tête que la Tunisie est un régime policier féroce : les Tunisiens sont surveillés et ne peu-vent pas s’exprimer quelle que soit leur place dans la hiérarchie sociale. Tout cela dans un régime qui incarne jusqu’à l’absurde les inégalités et la corruption. Ce qui se passe en ce mo-ment, me semble-t-il, c’est le réveil de

la société civile : les manifestants dé-fient les interdits et les menaces ; des avocats défilent dans la rue et bravent les périls. La revendication économi-que est doublée d’une revendication politique. Il y a beaucoup de similitudes…Il faut replacer ces protestations dans un temps plus long. En Algérie, ce n’est pas la première fois qu’il y a des émeutes à forte dimension sociale et économique – plus que politique. C’est un phénomène récurrent depuis dix ans, là encore depuis une ouver-ture économique menée à la serpe qui creuse les inégalités et nourrit le sentiment d’injustice.En Tunisie, en revanche, c’est un phénomène nouveau et beaucoup plus politique, même s’il se fonde sur un mécontentement populaire d’ordre social qui s’est cristallisé tragique-ment à Sidi Bouzid. C’est l’absence des libertés qui est proclamée. C’est la démocratie qui est revendiquée.Est-ce une énième poussée de fièvre ou pensez-vous que ce mouvement risque de durer ?C’est un mouvement spontané, non encadré, non catalysé et je crois que ce mouvement va s’éteindre, comme les précédents, dans un mélange de répression et de recul sur les motifs de l’explosion.La hausse des prix va tenter d’être jugulée. Les Algériens vivent encore dans le souvenir des années 1990, de la guerre civile, d’une violence destructrice. Même si la violence, sur fond de ras-le-bol généralisé face à un pouvoir qui semble autiste, constitue un exutoire conjoncturel, la priorité

n’est pas, pour beaucoup, à la révolte, mais à la conquête d’une vie décente. C’est ce que doivent garantir les auto-rités en répartissant dès maintenant et équitablement les 90 milliards de dol-lars de réserves de change qui forment le trésor national. En regardant les images, on pense nécessairement au 5 octobre 1988. Sommes-nous dans la même confi-guration ?Non, je ne crois pas. Il y a un moment fondamental et tragique qui nous sépare de 1988 : les années 1990, la guerre civile. Les Algériens n’ont à aucun prix envie de revivre cela. Et le contexte est très différent : les années Bouteflika ne sont pas les années Chadli, la croissance économique actuelle contraste avec les années de crise et de sclérose des années 1980, les circonstances politiques, elles aussi, ne sont pas les mêmes.Les conquêtes de 1988 (le multipar-tisme, la liberté de la presse) ont été ébréchées mais elles existent toujours. Le rôle de l’armée a sensiblement évolué. Bref, la configuration n’est pas la même qu’en 1988, même si elle est très loin d’être satisfaisante sur les plans politique et économique.Au-delà de l’analyse politique, il y a une différence majeure entre la période actuelle et les années 1980 : c’est la très forte croissance économi-que actuelle qui n’existait pas à cette époque-là (1980).Grâce à elle, il est possible d’agir sur les problèmes des Algériens, d’éviter qu’ils ne s’aggravent, de réduire la corruption. Les conditions sont réu-nies. Encore faut-il agir. K. A.

J usqu’en fin d’après-midi d’hier, aucun incident majeur n’a été signalé dans

la plupart des localités de l’Est algérois. De Bordj El Kiffan où les affrontements entre les forces de l’ordre et les jeunes insurgés ont duré deux journées de suite, jusqu’à Aïn Chorb (Surcouf) dans la commune de Aïn Taya, le calme est reve-nu, progressivement. Néanmoins, le cli-mat général reste tendu, particulièrement à Eddoum, où les émeutes ont été très violentes durant les dernières 48 heures. Sur ce tronçon de route qui mène des Pins Maritimes jusqu’à Réghaïa, les séquelles des affrontements sont encore visibles, les restes de pneus brûlés marquent la chaussée, qui est devenue un réceptacle pour toutes sortes d’objets.A Rassota, localité qui dépend territo-rialement de la commune de Bordj El Kiffan, ce sont tous les lampadaires, que les manifestants avaient arrachés la veille, que les agents de l’APC essayaient de dégager pour libérer la route.A la cité Faïzi, qui a connu l’un des épi-sodes insurrectionnels les plus agressifs, l’espace réduit entre une barricade et une autre renseigne sur le caractère violent de ces émeutes. Des traces laissées par les jets de pierres sur les édifices publics maculent les murs et des monticules d’objets hétéroclites jonchent la chaus-

sée. Quelques habitants, à Bateau Cassé, munis de balais et de pelles essayaient de redonner à leur quartier un semblant de propreté. A Quahouet Chergui, c’est à coups de jets d’eau que les ouvriers municipaux ont nettoyé les alentours du grand rond-point.En continuant sur le tracé de la RN 24, plus précisément au carrefour Colonel Doukar, dans la commune d’El Marsa, le lieu déborde d’éclats de verre des devan-tures brisées des locaux appelés commu-nément par les habitants «les 100 locaux du Président» qui ont été complètement saccagés. En face, une dizaine de chalets vides ont été brûlés par les manifestants, ne laissant apparaître de leurs structures que quelques ossatures cramées et une colonne de fumée encore montante. D’El Marsa à Rouiba en passant par Surcouf, la cité des Pins et la cité Diplomatique à Dergana, les émeutes se sont estompées au fil du temps, mais un climat de tension reste toujours perceptible.A l’ouest de la capitale, les habitants des communes de Baba Hassen, Bir-touta, Baba Ali et Douéra ont vaqué hier à leurs occupations quotidiennes dans le calme. Ces localités, semble-t-il, n’ont pas connu d’affrontements comme ceux qu’ont vécu les autres localités périphé-riques et les quartiers d’Alger. A Baba

Hassen, hier, seul les bruits des machines s’échappant des ateliers installés un peu partout dans la ville perturbaient le calme des lieux. Personne ne semble prêter attention à ce qui s’est passé, ces derniers jours, dans les autres villes. Seuls les journaux, sur les étals des kiosques, rap-pellent les manifestations de colère qui ont secoué le pays.Concernant les boutiques et les bureaux de différents services publics, il n’y a vraiment rien d’inhabituel : agences postales et écoles étaient ouvertes et les commerçants ont étalé leurs marchandi-ses, attendant la clientèle. Le même décor est remarqué à Douéra. «Seule nouveauté : les routes sont fluides, car les gens évitent sans doute de sortir sans motif», est-on tenté de penser.Dans la commune de Birtouta, la pré-sence de policiers, un peu partout dans la ville, témoigne de la fébrilité de la situation.Des groupes de jeunes s’adonnent à leurs activités habituelles : jeu de cartes et dis-cussions sous les arbres bordant les allées de la cité des 1680 Logements, qui a ac-cueilli les anciens habitants des bidonvil-les de Oued Korich et d’El Djazira, entre autres. Le marché de proximité grouillait de monde. Aucun signe de tension n’était perceptible. K. Saci et F. Arab

REPORT DES SÉANCESDE L’APN

Les députésdu RCD exigentun débat général

L e bureau de l’APN a décidé, hier, de reporter les séances de l’As-semblée qui devaient reprendre à partir de mardi au dimanche 16

janvier. Cette décision, selon un communiqué de l’APN, vise à «per-mettre aux députés de participer aux efforts d’apaisement suite aux protestations enregistrées dans plusieurs villes du pays, en raison de la hausse des prix de certains produits alimentaires de large consom-mation. L’APN avait arrêté le calendrier des séances plénières lors de sa réunion de jeudi dernier, où il a été décidé de la reprise des travaux du 11 au 27 janvier. Après 30 ans, le projet de loi portant règlement budgétaire de l’année 2008 a été programmé pour être soumis à débat. Il sera enfin présenté et débattu dès la semaine prochaine, c’est ce qu’a annoncé le président de la commission des finances et du budget, Mohamed Kenai. Par ailleurs, le groupe parlementaire du RCD exige un débat général à l’APN sur la situation politique et sociale que traverse le pays. Le groupe parlementaire du RCD note que «pour l’instant et à l’instar de tous les régimes autistes, l’Exécutif se contente de nier la réalité de son échec en bricolant une communication digne de la propagande coloniale». Les députés du parti de Saïd Sadi estiment que le citoyen algérien a le droit de connaître les causes et les responsables d’une politique qui «n’en finit pas d’endeuiller notre peuple avec son lot de morts, de blessés et de prisonniers, dégradant encore plus son image sur la scène internationale». Pour le RCD, il s’agit là d’une ultime occasion pour une Assemblée, «globalement issue de la fraude et transformée en béquille des fossoyeurs de la nation, de se donner un semblant d’existence et de respectabilité». N. Amir

APRÈS LA VIOLENCE DES ÉMEUTESÀ TRAVERS L’ALGÉROIS

Retour progressif au calme

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Les étudiants de l’université de Bouzaréah tentent de structurer le mouvement de révolte mené par des

jeunes des quartiers populaires depuis quelques jours. Initié par l’association Nedjema, un rassemblement a été tenu hier, à l’université de Bouzaréah afin de discuter des actions à entreprendre prochainement. Les membres de l’association Nedjema veulent faire la jonction entre le mouvement estudiantin et celui des jeunes des quartiers populaires. A l’issue de ce rassem-

blement, les étudiants ont opté pour une journée de grève qui sera observée mardi prochain. Ils se sont en-tendus également sur la nécessité de la tenue d’un autre rassemblement aujourd’hui, au niveau de l’université de Bouzaréah, afin d’échanger leurs avis sur toutes les questions qui préoccupent la société algérienne. Une marche pacifique reste l’objectif des membres de l’association Nedjema, qui comptent mobiliser les étudiants pour être à l’avant-garde de la société. «On a pas encore opté pour cette marche parce qu’on n’a pas encore mesuré la réalité du terrain», a affirmé Farid Hadj Mohand, «militant» de l’association Nedjema.Les initiateurs de ce mouvement estudiantin se démar-quent à la fois de ceux qui qualifient les émeutiers de délinquants et de ceux qui parlent de la manipulation. Les étudiants visent, d’une part, à exprimer leur soli-darité avec les jeunes qui sortent dans la rue quotidien-nement. D’autre part, certains intervenants veulent orienter les émeutes, qu’ils qualifient de «mouvement de révolte», vers les revendications réelles de la popu-lation, à savoir la détérioration des conditions de vie des différentes franges sociales. «Nous disons mouve-

ment de révolte et non pas émeute. Il y a des conditions objectives qui ont poussé les jeunes des quartiers populaires à sortir dans la rue. Nous ne les condam-nons pas. Mais nous les appelons à s’organiser», a lancé Farid Hadj Mohand, membre de l’association Nedjema, qui dit n’appartenir à aucune formation politique. «Nous soutenons tous les mouvements popu-laires autonomes», a-t-il insisté. C’est pourquoi «nous lançons un appel à tous les travailleurs et syndicats qui les représentent pour qu’ils s’organisent. C’est de cette façon que nous réussirons à expliquer la nature de la crise et contrecarrer la propagande du discours officiel», a glosé cet étudiant en lettres françaises. Questionné au sujet de la participation des autres orga-nisations estudiantines –UGEL, UNEA et UNJA – cet universitaire estime que ces organisations représentent les trois partis de l’Alliance présidentielle. De ce fait, elles n’ont aucune marge de liberté d’action.L’association Nedjema a, pour rappel, été créée durant les événements de 2001. «Elle a des penchants de gau-che et a soutenu tous les mouvements autonomes», a précisé Farid Hadj Mohand. Djedjiga Rahmani

El Watan - Lundi 10 janvier 2011 - 5

L ’ É V É N E M E N T

PERTURBATION DES TRANSPORTS ET DE LA DISTRIBUTION DE CARBURANT

L’activité reprend après la paralysie A

près un week-end sulfureux, durant lequel le cours des cho-ses était comme suspendu, les

activités quotidiennes sont revenues à la normale. Et qui dit «business as usual», dit circulation routière qui, pour cause de pénurie de carburant, a connu une diminution certaine. Ainsi, l’ap-provisionnement en essence de certai-nes stations-services, situées dans des quartiers «à risque», a été suspendu. «Par mesure de sécurité, les camions-citernes de Naftal, qui ne circulent que la nuit, ont reçu la consigne de ne pas le faire, et ce à compter de jeudi soir», explique le gérant d’une pompe à essence à Chevalley, qui ne désemplit pas en cette matinée de dimanche. Car la rupture de stocks n’a pas tardé. «Nos réserves se sont épuisées dans la soirée de jeudi, et pas moyen de nous réappro-visionner. La rupture a perduré jusqu’à ce matin, les camions ayant dérogé à l’interdiction faite aux poids lourds de circuler en ville durant la journée», raconte-t-il. Quid des automobilistes ? «Heureusement que la plupart des citoyens ont préféré ne pas s’aventurer dehors durant ces deux derniers jours, évitant par la même la panne sèche», ajoute-t-il. Mais cette pénurie de car-

burant n’a, semble-t-il, pas touché l’en-semble des stations-services, comme l’atteste le responsable d’une structure située à Chéraga. «Nous n’avons connu aucun problème à aucun moment», affirme-t-il. Mais des dérèglements ont aussi touché l’ensemble des moyens de transport, ferroviaire ou routiers qu’ils soient. Nul train n’a ainsi circulé depuis la soirée de jeudi, de banlieue qu’il soit ou régional, immobilisant des milliers

d’usagers. «Par mesure de sécurité, le trafic a cessé jeudi, pour reprendre progressivement dimanche matin, avec quelques navettes vers les banlieues», assure Mme Ali Messaoud, chargée de la communication de la SNTF. Une reprise totale des activités régionales du réseau ferroviaire était ainsi prévue aujourd’hui «au plus tard», estime-t-elle, sans toutefois pouvoir encore don-ner le nombre de dessertes assurées, ou encore une estimation du manque à

gagner engendré par cet arrêt. Malgré la casse, commerces et postes ouvrent. Pour ce qui est des transports routiers, bus urbains et autres taxis, la Fédération des transporteurs, affiliée à l’UGCAA, assure, par le biais de M. Boulenouar, que «le service est assuré, après un week-end de ralentissement». «La vie a repris ses droits. Il est vrai que jeudi et vendredi, de nombreux opérateurs ont déserté les gares routières très tôt ou n’ont carrément pas travaillé de

peur d’être bloqués ou de subir des dommages», explique-t-il. En dehors des longues distances interwilayales, ou des véhicules escomptant rallier des zones bloquées à la circulation pour cause d’émeutes, «tout va bien». Ce qui explique aussi les ruptures de stocks déplorées ça et là par les com-merçants de certaines régions, causées par un déficit d’approvisionnement en marchandises, «tout spécialement en ce qui concerne l’alimentation générale», précise M. Boulenouar. «Malgré cela, la plupart des magasins de par le terri-toire national ont ouvert, et ce même si des dégâts matériels ont été constatés sur près d’une centaine d’entre eux», ajoute-t-il. Et l’un des services publics le plus rudement touché par la vindicte populaire est Algérie Poste. Près de 50 bureaux de poste ont ainsi été saccagés, «plus ou moins gravement», estime une source proche d’Algérie Poste. Ce qui n’a pas pour autant conduit à leur fer-meture, puisque, assure-t-on, «les ser-vices postiers ont assuré leurs activités jeudi, samedi et dimanche, et ce sans aucun aménagement des horaires». Du moins pour l’instant, puisque les acti-vités restent tributaires de la situation sécuritaire. G. L.

TIZI OUZOU

Les étudiants en grèveLes étudiants de l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou ont observé, hier, une grève générale pour dénoncer «les conditions sociopédagogiques peu reluisantes» dans lesquelles ils évoluent. Ils ont, en outre, évoqué la situation qui prévaut dans le pays. Lors de l’assemblée générale, les étudiants ont lancé des appels au pouvoir politique pour une prise en charge des problèmes économiques et sociaux de la région. Ils ont prévu ainsi l’organisation d’assemblées générales quotidiennes pour suivre l’évolution de la situation intra et extra-universitaire. S’agissant du volet pédagogique, ils réclament le maintien du concours de magistère pour accéder en post-graduation, et l’accès sans conditions au master pour tous les étudiants.Ils requièrent en sus l’organisation de cycles de conférences d’évaluation du système LMD (licence, master, doctorat). Par ailleurs, les étudiants dénoncent l’insécurité qui règne au sein des cités universitaires et dans les campus. Ils demandent également le renforcement du transport entre les campus et les cités universitaires, et l’ouverture de la résidence de Tamda. Djemâa Timzouert

PLUS DE 40 ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES SACCAGÉS

Reprise après réfection des écolesLes violentes manifestations qui se-

couent depuis près d’une semaine le pays ont causé la destruction de plus de quarante établissements scolaires, tous paliers confondus. Sur un total de 1900 écoles relevant du secondaire, 21 ont connu des actes de sabotage, alors que sur les 5000 collèges 20 ont été sac-cagés. Les écoles primaires n’ont pas été épargnées puisque 4 ont subi des dégâts considérables. Face à ce mouvement de manifestation, les parents d’élèves affichent leur inquiétude et s’interrogent sur les mesures prises par le ministère de l’Education nationale pour éviter aux élèves des retards dans leurs cours. Est-il facile de remettre sur pied, dans l’immé-diat, des établissements complètement détruits ? En réponse à cette question le département de Benbouzid se veut ras-surant. «La situation n’est pas vraiment alarmante. Elle est à la portée des ges-tionnaires», note M. Boumaraf, conseiller

du ministre de l’Education nationale, qui explique que les structures décentralisées de l’éducation nationale ont fait appel à des artisans, à des petites entreprises ainsi qu’à des entrepreneurs pour effectuer les premiers travaux de remise en état des établissements affectés. Les responsa-bles du ministère sont catégoriques : les établissements scolaires gravement ou relativement touchés par les actes de sa-botage ont ouvert hier leurs portes, et ce, grâce à la mobilisation des responsables des structures décentralisées de l’édu-cation nationale avec la collaboration des autorités locales. Le département de Benbouzid s’est également réjoui de l’implication des citoyens qui ont réagi en vue d’empêcher que les établissements scolaires ne fassent l’objet d’actes de vandalisme : «Nous suivons de très près l’évolution de la situation et l’ensemble des directeurs de l’éducation des wilayas concernés ont été instruits afin d’ac-

cueillir dans les meilleures conditions possibles les élèves», a soutenu notre interlocuteur. D’après le ministère, toutes les écoles ont été plus au moins remises en état et les élèves ont repris, hier, les cours le plus normalement du monde, sauf dans la wilaya de Béjaïa où les pa-rents n’ont pas envoyé leurs enfants dans deux établissements d’enseignement se-condaire, le premier situé dans la localité de Derguina, le second à Kherrata. En outre, le ministre de l’Education natio-nale a donné des directives à l’inspection générale de la pédagogie, nouvellement installée, pour qu’elle puisse instruire les inspecteurs de manière à suivre pas à pas, avec la collaboration des enseignants, les élèves des classes d’examen. Par ailleurs, M. Meriane, porte-parole du Syndicat national autonome des professeurs des enseignants du secondaire et technique (Snapest), s’est interrogé sur la stratégie que compte adopter le département de

Benbouzid pour la reconstitution de tous les dossiers détruits dans certains établis-sements. «Des lycées ont été saccagés, des ordinateurs ont été volés et l’aca-démie de Ouargla a été complètement calcinée. Lorsqu’on s’attaque à un lieu de savoir, on ne peut que condamner ces actes, mais les pouvoirs publics ont une part de responsabilité du fait qu’ils n’ont pas su voir arriver la révolte», a soutenu M. Meriane, qui pense que le fait d’avoir muselé les libertés syndicales a ouvert la voie à l’anarchie. «L’anarchie est un phé-nomène incontrôlable et la réaction de la rue est imprévisible. Certes, des mesures sociales ont été prises, mais cela reste insuffisant car elle ne sont pas suivies de mesures politiques», note ce syndicaliste. Par mesures politiques, notre interlocu-teur fait allusion au respect des libertés syndicales et individuelles, à l’ouverture du dialogue avec les syndicats autonomes et la société civile. Nabila Amir

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L ’ É V É N E M E N T

REPÈRES

En attendant le 1er septembre

Par Mohammed Larbi

Le gouvernement a décidé, samedi, au moins d’alléger la charge douanière et fiscale qui alourdit les prix de certaines

denrées comme l’huile de table et le sucre, avec cette précision qu’une telle mesure déjà qualifiée d’exceptionnelle, sera temporaire. C’est-à-dire qu’elle n’est valable que jusqu’au 31 août prochain. Huit mois exactement. Et après, dira-t-on, puisque jusque-là, les prévi-sions des spécialistes se sont avérées fondées, que d’ici cette date, les cours internationaux ne risquent pas de baisser. Ou encore que la tendance à la hausse enregistrée depuis main-tenant des années ne fléchira pas. Il fallait effectivement faire face à l’urgence, encore qu’une telle situation était largement prévue et il s’est trouvé même des voix pour y mettre garde. Une voix parmi tant d’autres ne recommandait rien d’autre que la défisca-lisation de ces produits, ce qui a été fait avec des mois, sinon quelques années de retard. Mais même si cela avait été fait dans des délais rapprochés, cela aurait-il suffi, sachant que l’économie mondiale allait connaître un très profond bouleversement avec le recours de plus en plus grand au biocarburant ? La substitution aux carburants traditionnels n’al-lait pas se produire du jour au lendemain et il en est de même des énergies renouvelables, mais cela – le rapport de l’ONU en la matière aidant – constitue un signal fort. Aux Etats pétroliers pour se préparer à une concurrence de taille, le biocarburant issu du travail de la terre, une ressource inépuisable et qui protège l’environnement. Et à tous les autres pour prendre en compte une donnée tout aussi nou-velle, elle-même découlant de ce qui précède, qui est le rétrécissement des superficies agri-coles consacrée aux produits alimentaires. Il y en aura moins sur le marché et ils doivent faire avec et par conséquent trouver d’autres moyens pour assurer la couverture des be-soins alimentaires.Qu’en est-il de l’Algérie et plus précisément comment se porteront les prix de ces produits dès le 1er septembre ? Les spécialistes parlent de structure des prix et, dans le cas présent, que sera la part des taxes douanières et fisca-les ? Y aura-t-il rétablissement des taxes qui viennent d’être suspendues, ou bien alors ce délai de huit mois sera-t-il suffisant pour en-visager et appliquer une autre politique, juste-ment pour éviter une autre vague de mécon-tentement et préserver le pays de nouveaux incidents qui marqueraient alors ce qu’on appelle communément la rentrée sociale ? Le signal est en effet suffisamment fort pour ne pas être traduit en mesures pratiques et obliger l’Etat à aller chercher ailleurs les res-sources qui pourvoient à son fonctionnement. C’est à lui de rechercher et de puiser dans de nouveaux gisements fiscaux, pour reprendre le langage des spécialistes, afin d’assurer la solidarité nationale et la paix sociale. Tout en assurant les différents équilibres sans s’en prendre aux habitudes alimentaires des Algériens. Cela n’a pas été fait et c’est tant mieux, car la crise nécessite des remèdes autrement plus efficaces que les discours. Le gouvernement a du pain sur la planche, car septembre c’est juste après l’été. C’est pour très bientôt. M. L.

COMMUNIQUÉ DU GOUVERNEMENT SUR LA FLAMBÉE DES PRIX

L’Algérien est réduit à un simple tube digestif

HAUSSE DES PRIX

Le crédit documentaire en grande partie responsable

Dans le communiqué de l’Exécutif qui, de prime abord, ne promet pas

monts et merveilles à une socié-té, dont les désidératas semblent beaucoup plus importants que le remède prescrit, des interroga-tions demeurent entières sur cette réponse si légère au message des jeunes courroucés. La réponse du gouvernement n’était que d’ordre alimentaire. Un Etat riche qui donne aumône à une population pauvre. Telle était la réponse des ministres qui se sont réunis en ca-tastrophe en vue d’étudier les ré-clamations des jeunes. Autrement dit, le gouvernement espère éviter l’exposition de la cocotte-minute en réduisant le coût des aliments qui bouillonnent en elle. Est-ce un bon calcul ? En tout cas, toutes les organisations patronales fédérant les chefs d’entreprise algériens ont salué les décisions comprises dans le communiqué sanctionnant la réunion interministérielle, tenue dans la journée de samedi, consa-crée à l’envolée des prix de l’huile et du sucre. Le gouvernement a décidé d’une exonération de 41%

des charges imposées aux impor-tateurs et producteurs d’huile et de sucre. Même si elle est «temporai-re et exceptionnelle», cette exoné-ration tend à contrer l’envolée des prix de ces deux produits sur le marché national. Les dispositions en question sont applicables ré-troactivement depuis le 1er janvier jusqu’au 31 août 2011. Il s’agit d’une période transitoire, disent les patrons. Plutôt une période de réflexion, dont la finalité première étant d’aboutir à un mécanisme de stabilisation des prix. «Il s’agit de mesures d’apaisement et d’une période transitoire», a estimé le président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), Mohand-Saïd N’Aït Ab-delaziz, interrogé par l’APS. Il a relevé sur sa lancée la nécessité de «mettre à profit cette période de transition pour réfléchir sur les causes réelles de la spéculation».

RECUL FACE À L’INFORMEL

Quant à Habib Yousfi, président de la Confédération générale des entrepreneurs algériens (CGEA), il estime que «la problématique de

l’inflation demeure non résolue». Il s’avère impératif, d’après lui, de «s’attaquer au problème de l’inflation pour permettre au pou-voir d’achat des citoyens d’évo-luer sainement». Réagissant en industriel, Issad Rebrab, premier producteur de sucre et d’huile de table, lui, considère que la sup-pression de la TVA (qui était de 17%) et des droits de douane sur les huiles brutes et le sucre roux (5%) va «énormément baisser les prix du sucre et de l’huile mais posera des problèmes à l’industrie du raffinage du sucre». En matière de l’IBS (19%), cet impôt est cal-culé sur un an et n’est recouvert que si l’entreprise a réalisé des bénéfices. C’est-à-dire qu’en pra-tique, les dispositions du gouver-nement butent sur des difficultés d’ordre technique. Les patrons es-timent que ces difficultés figurent noir sur blanc sur leur brouillon analysant la première démarche de stabilisation des prix entreprise par le gouvernement. Le texte de l’Exécutif est plus intriguant sur certaines mesures des opérateurs destinées à enrayer l’informel. «A

ce titre, les procédures nouvelles, imposées par certains pour l’ap-provisionnement des grossistes en sucre et en huile alimentaire sont des mesures injustifiées, qui, de surcroît, relèvent du domaine de compétence de la puissance publi-que», lit-on dans le communiqué du gouvernement. Il fait allusion aux pratiques de certains opéra-teurs de l’agroalimentaire qui, soucieux d’asseoir une tradition de transparence avec les grossistes et semi-grossistes, exigeaient de ces derniers la facturation des transactions et l’authentification de leurs registres du commerce. En quoi donc cette pratique gê-nera-t-elle le gouvernement qui, pourtant, n’a cessé de chanter la lutte contre le commerce infor-mel ? Pour ce qui est des nouvelles mesures de paiement par chèque imposées aux transactions, dont la somme dépasse les 500 000 DA, le gouvernement a rappelé qu’el-les ne seront applicables qu’à partir de fin mars. En attendant, l’informel continue de gagner du terrain. Et l’émeute, elle, implique une cure de fond. Ali Titouche

Certaines organisations patronales, à l’instar du Forum des chefs d’entreprises (FCE)

et de la Confédération algérienne du patronat (CAP), avaient, dès la promulgation de la loi de finances complémentaire pour l’année 2009, attiré l’attention du gouvernement sur les conséquences désastreuses sur les prix et la disponibilité des produits que ferait encourir au pays la généralisation du crédit documen-taire pour toute opération d’importation. Ils n’ont malheureusement jamais été entendus en dépit du marasme qu’il a fait subir aux indus-triels algériens, en termes de renchérissement des prix des matières premières importées, de ruptures de stocks et d’assèchement des tréso-reries d’entreprises. Outre que la pratique du crédit documentaire ne s’improvise pas et requiert tout un savoir-faire dont ne disposaient malheureusement pas nos banques, ce type de moyen de paiement international coûte cher et sa mise en œuvre est très longue. Selon une récente estimation du FCE, l’Algérie aurait perdu un peu plus d’un milliard de dollars sur la quarantaine de milliards dépensés l’année dernière en impor-tations diverses. Le milliard de dollars ainsi perdu a été englouti dans les frais de confirma-

tion exigés par les banques des fournisseurs. Un surcoût que les importateurs n’ont évi-demment pas manqué de répercuter sur leurs clients algériens ou dans le prix de revient des produits usinés à partir des inputs importés. La longue mise en œuvre du crédit documen-taire – que le FCE estime entre 60 et 90 jours –, l’impact sur les délais d’approvisionnement est également de nature à faire déraper les prix, notamment lorsque les échéances de paiement tombent en pleines phases haussières, dans le cas des produits cotés en Bourse par exemple. Les surcoûts ainsi subis seront eux aussi, on n’en doute pas, répercutés sur les industriels et les clients finaux qui paieront ainsi plus cher les marchandises importées. L’autre inconvé-nient majeur du crédit documentaire est qu’il requiert la mobilisation de l’intégralité du coût financier du contrat d’importation. Cette exi-gence des banques des fournisseurs contraint de nombreux importateurs algériens à se ra-battre sur le marché informel de la devise pour alimenter leurs comptes, de manière à y répon-dre. Les devises, notamment l’euro qui est la principale monnaie de paiement des importa-tions, ont de ce fait subi une nette envolée ces 12 derniers mois, causant un net effondrement

du dinar aussi bien sur les marchés parallèles que sur le très officiel marché interbancaire de la devise, étroitement contrôlé par la Banque d’Algérie. Dopés par cette forte hausse du cours des devises, les produits importés vont évidemment coûter plus cher lorsqu’ils seront convertis, sur le marché algérien, en dinars, devenus par la force des choses monnaie de singe. Si les mesures que vient de prendre le conseil interministériel peuvent effectivement stabiliser momentanément les prix de l’huile et du sucre qui auraient subi les plus fortes hausses, en agissant surtout sur le levier des taxes et certaines contraintes administratives, il ne pourra par contre jamais juguler les prix des autres produits de base qui ne manqueront pas de repartir dès les tout prochains jours à la hausse sous l’effet de l’inflation qui affecte de nombreux produits étrangers, notamment européens, et des conséquences négatives du crédit documentaire que nous avons signalé plus haut et que le gouvernement s’entête à maintenir en dépit des résultats décevants ob-tenus sur le volume et le coût des importations (plus de 50 milliards de dollars en 2010) qu’on avait pourtant prétendu juguler au moyen de ce mode de paiement. Nordine Grim

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El Watan - Lundi 10 janvier 2011 - 7

L ’ É V É N E M E N T

Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kabila, a accordé une interview à l’APS sur les émeutes survenues dans des villes et localités du pays. Voici l’interview intégrale :

Monsieur le ministre, après trois jours de manifestations à travers une vingtaine de wilayas, estimez-vous que la situation soit désormais maîtrisée ?

Au préalable, il me semble nécessaire de rappeler qu’il ne s’agit point de manifes-tations auxquelles nous sommes habitués, mais d’émeutes rassemblant un nombre plus ou moins important de jeunes qui, il faut le rappeler avec insistance, ne consti-tuent qu’une frange de la jeunesse qui brûlent des pneus, pillent des biens privés, dégradent et saccagent des biens publics, et agressent les services de sécurité par des jets de pierres, des cocktails Molotov et d’autres objets contondants. A l’heure actuelle, la situation est contenue et les ser-vices de sécurité font tout avec intelligence et fermeté pour éviter les dérapages et les chocs violents avec les émeutiers, comme illustré par les chiffres que je donnerai par la suite.

Quel est le bilan des manifestations qui ont secoué une vingtaine de wilayas du pays, à des degrés divers ?

Votre question est liée à celle précé-demment posée. Je viens de rappeler l’es-prit d’intelligence, de patience mais de fer-meté dont ont su faire preuve les services de sécurité qui ont enregistré 736 blessés dans leurs rangs, 53 blessés l’ont été parmi les manifestants. Je vous laisse analyser ces deux chiffres et en tirer les conclu-sions. Je confi rme le décès de trois jeunes : à M’sila, Tipasa et Boumerdès. Dans les deux premières wilayas, les personnes dé-cédées ont été retrouvées sans vie lors des émeutes, des enquêtes sont en cours pour en déterminer les causes. Quant à celle de Tidjelabine (Boumerdès), la victime a été retrouvée calcinée dans un hôtel incendié par les émeutiers. En ce qui concerne donc le nombre des blessés et des décès, toute autre information colportée par des orga-nes de presse qu’ils soient étrangers ou al-gériens est fausse et alarmiste, à laquelle il convient de ne donner aucun crédit. Les services de sécurité ont été instruits de fai-re face à la menace en évitant tous dépasse-ments si bien qu’ils ont payé et continuent de payer le prix fort en blessés. Malgré le caractère criminel des actes commis par ces jeunes, malgré la situation dangereuse vécue, les services de sécurité garants de la protection des personnes et des biens, as-sument leur responsabilité d’une manière stoïque.

Ces manifestations violentes ont sur-pris par leur survenue et leur extension rapide dans différents quartiers des grandes villes et d’autres wilayas. Avez-

vous vu venir ces violences ? Considé-rez-vous que les motifs invoqués par les manifestants (mots d’ordre utilisés comme la cherté des produits de premiè-re nécessité) justifi ent cette irruption de la violence ? Ou croyez-vous qu’il y ait eu manipulation et quelle en serait alors l’origine ?

On ne peut nier, à l’évidence, qu’on avait connaissance depuis peu de temps que le renchérissement des prix, souvent inexpliqué et artifi ciel, avait produit un im-pact négatif et suscité par conséquent une inquiétude au sein de toutes les couches, pas seulement celles défavorisées consti-tuant notre société. Cette hausse brusque et brutale des produits a coïncidé avec l’aug-mentation récente des salaires avec un ef-fet rétroactif depuis 2008 décidée par les pouvoirs publics. C’est vrai également, que nous enregistrons ici et là des contestations lors de relogement de plusieurs centaines de familles, de distribution de locaux réali-sés par les communes au profi t des jeunes, de routes, de désenclavements et éclairage public qui vient d’être, hélas, gravement et totalement détruit dans certains quartiers. Le déplacement sur les lieux des responsa-bles locaux (wali, chef de daïra et P/APC) et le dialogue avec des représentants de mécontents et les décisions prises par eux faisaient vite leur effet et tout rentrait dans l’ordre. Or, ce qui s’est produit jeudi écou-lé est de l’avis général sans relation avec ces aspects socioéconomiques et je dirais, sans commune mesure, avec une démarche calme et réfl échie, seule voie pour exposer les problèmes.

De nombreux chroniqueurs et obser-vateurs évoquent parmi les causes de ces violences, le mal-vivre des jeunes, leur perception propre de l’injustice, de l’absence de perspectives et autres ar-guments du même genre. Partagez-vous ces approches et quelles solutions préco-nisez-vous pour la prise en charge de ces revendications ?

La frange de jeunes, dont nous connais-sons par ailleurs la situation diffi cile, s’est mise en position de fracture totale par rapport au reste de la société. Leurs agis-sements criminels faits de violence, de

destructions et de vols n’ont épargné ni les biens publics ni privés. Ils s’en sont pris aux intérêts de citoyens de condition modeste dont les magasins ont été pillés et les voitures incendiées. Ces jeunes n’ont obéi qu’à des instincts revanchards car ne mesurant pas toutes les conséquences de leurs actes. L’occasion a été saisie à Alger d’abord, l’imitation, le mimétisme et la contagion ont fait le reste. Ce phénomène vient d’ailleurs d’être vécu dans plusieurs pays qui n’ont pas hésité à utiliser la ma-nière forte. Les mesures sans précédent, prises par le gouvernement sous l’égide de Monsieur le président de la République de-puis une décennie pour l’amélioration des conditions de vie des citoyens en matière d’emploi, de revenus, de logement, d’en-seignement sont incontestables. D’autres mesures s’y ajouteront dans les prochains mois et les prochaines années qui verront la réduction du chômage, la réalisation de millions de logements et l’amélioration du cadre de vie. Les problèmes urgents seront solutionnés en priorité dans le cadre de la concertation la plus large, y compris avec tous les jeunes qui sont, j’insiste sur le ter-me, nos enfants. Le peuple en est conscient et fait preuve dans la majorité des cas de patience et de confi ance.

Au plan politique, ne pensez-vous pas que l’absence de réactions fortes de la classe politique, des élites de la société civile et des dirigeants de premier plan, ainsi que les hésitations des médias pu-blics ont manqué pour apaiser les crain-tes et rassurer l’opinion ?

Le rôle du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, dans ce contexte par-ticulier, est de maintenir l’ordre et préser-ver la sécurité, des biens des citoyens, leur intégrité et la circulation des personnes. Ce sont les forces de sécurité, les cadres de l’administration centrale et locale qui font face à ces excès. Nous enregistrons avec satisfaction que la population n’encourage pas les émeutiers et que, depuis vendredi, des citoyens s’en prennent directement à eux pour protéger leurs biens. Ces dou-loureux événements interpellent toute la société algérienne dans ses différentes composantes, partis politiques, syndicats, associations, comités de quartier et de vil-lage qui doivent agir sur le terrain. Il fau-drait souligner, particulièrement, que les parents ont une lourde responsabilité, car les émeutiers sont, dans leur grande majo-rité, des enfants mineurs.

On nous reproche déjà la retenue de nos services de sécurité, leur sens des res-ponsabilités et le fait de ne pas avoir uti-lisé leurs armes même en se défendant. Ces émeutiers ne constituent que la partie la plus radicale de la jeunesse qui, malgré tout, est notre jeunesse. Il s’agit en fi n de compte de leur expliquer que la voie qu’ils ont choisie ne les mènera pas loin car, quoi qu’il arrive, force restera à la loi et la loi est faite pour protéger tous les Algériens par le respect de leurs biens, de leur liberté et de leur dignité. (APS)

DAHO OULD KABLIA. Ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales

«Les services de sécurité ont été instruits d’éviter tout dépassement»

Au-delà de la révolte

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Daho Ould Kablia, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales

Par Tarik Mira (*)

Q uelques jours après la promulgation de la loi de

finances 2011, des émeutes à caractère social ont éclaté à tra-vers l’ensemble du territoire na-tional. Elles ressemblent, à s’y méprendre, à celles d’octobre 1988 par les causes et la compo-sante sociologique. Les mobiles de ces manifestations de ras-le-bol relèvent du marasme social et économique, d’absence de pers-pectives, résumés en deux mots : la cherté de la vie. Les produits de base, tels que le sucre, l’huile et la semoule sont devenus tous à la fois chers, objets de spéculation, et pour le lait en sachet, — subs-tance du pauvre — rare. Pour acquérir ce fameux breu-vage, il faut faire «la chaîne» de triste souvenir. Ce geste met en évidence la marginalisation d’une catégorie importante de la popu-lation et fait naître en soi de l’hu-miliation. Le sentiment légitime d’injustice est issu du dangereux rétrécissement du pouvoir d’achat et du décalage entre cette lente descente aux enfers pour les plus faibles et l’existence d’une énor-me manne financière, mal gérée et/ou en partie détournée. Même la classe moyenne n’échappe pas à la crise due à la cherté de la vie. A l’évidence, le taux d’inflation officiel est truqué. L’impunité judiciaire et l’immunité politique de la classe dirigeante, combinée à la corruption de celle-ci, exacer-bent le sentiment de révolte d’une jeunesse qui veut bénéficier de la richesse nationale et vivre dans la liberté et la dignité. Tout esprit doué de raison comprend cette logique, mais l’échec du pouvoir provient certainement d’une mau-vaise gouvernance et du manque d’ambition pour le pays. Octobre 88 et ses conséquences n’ont pas guéri le système en place de son péché mignon : l’exercice du pouvoir pour le pouvoir. Le mal est ancien et profond.

ABSENCE D’INTERMÉDIATION

En l’absence d’intermédiation crédible, parce que la société civile est muselée, les syndicats autonomes surveillés, les médias lourds aux ordres et le Parlement politiquement soumis alors qu’il est constitutionnellement déjà fai-ble, les contestations récurrentes depuis un certain nombre d’an-nées s’expriment violemment et s’en prennent souvent au patri-moine public, voire aux biens privés. Le pouvoir craint ce genre de révoltes par leur possible effet de contamination et éventuelle-ment leur récupération politique, même si, au final, il arrive à maî-triser la situation par un dosage de répression et de pourrissement.

La tâche est aisée quand il n’y a pas d’organisation qui structure la contestation, lui fixe des buts et la coordonne sur le terrain. Une fois l’événement maîtrisé, les mêmes méthodes seront reconduites et la prochaine tempête s’annoncera. Un jour, toutes les digues céde-ront dans un fracas assourdissant. Le verrouillage de tous les canaux d’expression et l’interdiction de manifester dans la rue d’Alger, capitale et centre névralgique du pays, aboutissent logiquement à ce genre d’expression violente et désorganisée. Face à cette situa-tion, où les premiers morts sont annoncés, le pouvoir demeure étrangement muet. Devant l’am-pleur de l’événement, ce silence donne le vertige. Est-ce un signe de contradictions non réglées ? On ne sait si ce mutisme est dû à de la désorientation ou à du mépris. Ce qui est sûr, c’est que le mépris n’a jamais occasionné que davantage de destructions et de victimes.

DES MESURES POLITIQUES URGENTES

Avant tout, il faut arrêter la malé-diction de l’écoulement du sang, épreuve fatale pour les hommes et pour tout projet. Adopter des mesures sociales et économiques pour enrayer la cherté de la vie est également une nécessité. Mais si elles ne font pas l’objet d’un accompagnement politique, elles resteront vaines car les mêmes causes produiront les mêmes ef-fets. Dans cette perspective, la levée de l’état d’urgence est un premier palier pour établir le dia-logue entre les divers acteurs de la société et instaurer les mécanis-mes de concertation et de régula-tion de la vie publique. Le déver-rouillage politique, médiatique et social est une autre condition pour réamorcer le processus démo-cratique. Les luttes populaires et pacifiques centrées sur les droits — politiques et sociaux — et les libertés — individuelles et col-lectives — sont les garants d’une démocratie effective, meilleure protection des plus faibles. La plus grande subversion est de se saisir des instruments de lutte liés à cette philosophie et à cette stratégie pour permettre au peuple algérien de prendre son destin en main. Seul un nouveau processus de légitimation basé sur la volonté populaire peut asseoir un pouvoir crédible et audible. La diversifica-tion de l’économie, la lutte contre la corruption et la distribution équitable des richesses ne peuvent être que l’œuvre d’un pouvoir à légitimité incontestable. L’Algérie ne manque pas d’atouts pour aller dans ce sens. Il faut faire preuve d’imagination, d’audace et de responsabilité. T. M.

(*) Député de Béjaïa

POINT DE VUE

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Propos recueillis par Hamid Tahri

Peut-on faire des analogies entre les émeutes d’octobre 1988 et celles de janvier 2011 ?

Les émeutes de janvier 2011 nous rappellent à plus d’un titre, étrangement, celles d’octobre 1988. La lutte de clans des années 1980 a trouvé son épilogue dans la rue au détriment de l’intérêt national. Une infi tah tous azimuts au lendemain de ces événements fut rapidement mise en branle. La dynamique de ce mouvement fut rapidement interrompue une fois qu’il a été jugé incontrôlable. Les blessures de ces événements ne se sont pas cicatrisées complètement qu’apparaissent de nou-velles, plus béantes que les précédentes. Comme en octobre 1988, l’on assiste aujourd’hui à une révolte de la jeunesse qui en a ras-le-bol de tout le monde et souhaite fuir par tous les moyens ce pays. La situation sociale d’aujourd’hui est en ef-fet comparable à celle de 1988. A la différence, les caisses de l’Etat sont bien pleines aujourd’hui par rapport à 1988. Autre fait marquant : les cliques politiques qui gèrent la manne pétrolière par la soumission des élites politiques restent les mêmes. Certains sont au pouvoir avant même la naissance du président Barack Obama alors que plus de 80% de la population est née dans la période post-co-loniale. Les Algériens sont devenus «un peuple malheureux» alors que le Pouvoir est incapable de dépenser rationnellement et intelligemment les deniers publics.

Le mécontentement populaire a pris une nouvelle dimension en ce début d’année 2011. Quelle est votre première analyse de la situa-tion ?

Les dernières augmentations des prix des produits de première nécessité ont fait sortir bru-talement la jeunesse dans la rue, plus particulière-ment la génération post-octobre. Très étrange, les pouvoirs n’ont cessé, depuis les derniers mois de l’année passée, de mettre en garde les Algériens sur l’augmentation des prix des produits de large consommation. Dans cette perspective, on décide brutalement d’imposer de nouvelles taxes aux grossistes et d’éliminer le commerce informel fai-sant vivre plus de 40% de la population. Des pénu-ries de produits alimentaires (pain, lait, huile..) ont apparu du jour au lendemain, comme ce fut le cas dans le passé lors de la gestion de la chose publi-que par la pénurie. Sans crier garde, on est passé d’une économie de marché à une économie admi-nistrée. Comme prévu, les prix fl ambent en effet le lendemain du nouvel an 2011, dans un climat social déjà en ébullition par un mouvement de pro-testation, unique dans l’histoire politique du pays. Selon le quotidien Liberté, 112 878 interventions de maintien de l’ordre, soit presque 900 émeutes et troubles par mois, ont jalonné l’année 2010.

Etrange coïncidence, prévue de longue date, l’aug-mentation des salaires des forces de sécurité est annoncée pour ce début d’année.

Pour faire sortir spontanément la jeunesse à travers le territoire national pour crier son ras-le-bol, y a-t-il eu manipulation comme en octobre 1988 ?

Il est très diffi cile d’expliquer la dimension nationale de ces émeutes dans un pays caracté-risé par l’interdiction des manifestations publiques mise en place par l’état d’urgence depuis 1992. Dans un tel contexte, un peuple brimé ne peut pas sortir dans la rue spontanément. L’hypothèse de la manipulation prend donc toute sa signifi cation. La manipulation est le propre de tout régime politique caractérisé par l’absence d’une société civile forte et active. Le problème, avec cet engineering, c’est lorsqu’elle se fait au détriment de l’intérêt natio-nal. En 1988, cette lutte s’était focalisée entre les conservateurs et les réformateurs dans les arcanes du pouvoir. Aujourd’hui, le confl it oppose le camp présidentiel à «la main invisible» du pouvoir que la politique «du tout sécuritaire» lui a permis à se redéployer horizontalement et verticalement au détriment de la promotion de la société civile et de l’Etat de droit. La maladie du président de la République a exacerbé cette lutte, dont sa succes-sion a commencé avant même le début troisième mandat, mandat remporté à la suite de la révision constitutionnelle et d’une parodie électorale à l’image des républiques bananières. Le calcul fait à ce moment-là est qu’il ne sera pas en mesure de terminer son mandat pour incapacité physique et, par conséquent, la course à la présidence serait moins fermée que les précédentes. Les prétendions réelles ou supposées de Said Boutefl ika à vouloir «hériter» de son frère la magistrature suprême du pays a rendu la lutte des clans plus problématique. La première étape à remporter, ce sont les légis-latives de 2012 donnant accès à une légitimité présidentiable. La sortie médiatique de Sid Ahmed Al Ayachi, prétendu président d’un parti politique non agréé, ayant récolté 2 millions de signatures pour la candidature de Saïd Boutefl ika, a relancé de plus belle la course au pouvoir.

La crise interne qui secoue le FLN depuis l’été 2010 s’inscrit aussi dans ce cadre. Cette crise a trouvé rapidement son épilogue lorsque son se-crétaire général a fait une mise au point au comité central. Il a en effet déclaré : «Le président Abde-laziz Boutefl ika serait le candidat du FLN en 2014, si Dieu le veut.» En faisant cette mise au point, le secrétaire général de l’ex-parti unique s’exclut de cette course, du moins pour le moment.

Ce mouvement est-il une éruption de colère sans lendemain ou s’inscrit-il dans la durée ?

La grogne populaire en Algérie risque de per-durer dans la confi guration politique actuelle. Les émeutes qui ont lieu dans plus de 20 villes nous laissent croire que ce mouvement violent risque-rait de se durcir avec le temps. En lieu et place de revendications par la voie pacifi que, qui auraient interpellé le pouvoir, les sorties dans la rue se sont transformées en «descentes» pour piller et sacca-ger les biens de la collectivité et des personnes. Le pillage a pris le pas sur les signes de méconten-tement. Lorsque le lien politique n’existe pas, la violence remplace souvent l’expression politique. Les émeutes ne sont pas seulement des éruptions de colère ou des réactions spontanées, elles sont aussi un instrument particulier de négociation avec ceux qui détiennent le pouvoir. Ce qui est extra-

ordinaire, c’est que l’opinion publique croit dur comme fer que seule la violence paie dans un pays où les institutions électives mises en place à coups de milliards de dinars sont des coquilles vides et ne servent qu’à légitimer des prébendes.

Au regard de la modernisation de l’appareil sé-curitaire au détriment de l’institutionnalisation du politique et du respect des droits de l’homme et du citoyen, il semble que le pouvoir s’est enfermé dans un engrenage intenable. La normalisation sécuritaire mise en place avec la bénédiction des islamistes modérés et des démocrates, idéologi-quement, a atteint ses limites congénitales.

Le gouvernement tente d’engranger les di-videndes de ce mouvement de mécontentement, qualifi é à dessein de mouvement social et vidé sciemment de son contenu politique pourtant évi-dent. Les partis ont préféré suivre les événements sur les chaînes satellitaires au lieu de descendre dans la rue pour encadrer le mouvement. Cette fois, le pouvoir a pris de vitesse ces partis, il a tenté d’occupe le terrain. Il a envoyé ses émissaires et représentants rencontrer les jeunes dans les rues. Il a promis des prébendes aux acteurs et annoncé des programmes de prise en charge des revendica-tions de la jeunesse. Une fois encore, on tente de prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages.

Tout compte fait, les institutions électives et les partis politiques ne jouent pas leurs fonc-tions…

Ces institutions n’ont pas permis l’émergence d’un pouvoir intermédiaire entre gouvernement et gouvernés et entre Etat et peuple. Bien au contraire, elles ont consolidé l’Etat sécuritaire qui commence à sérieusement s’essouffl er. On a une situation bizarre. D’un côté, il y a un front social en ébullition, des émeutes partout à travers le ter-ritoire national. De l’autre côté, ces luttes ne sont pas traduites au niveau politique. L’on constate que même l’opposition institutionnalisée n’a pas de projet de société, elle est déconnectée de la réalité de ses militants et sympathisants. Dans une telle confi guration politique, l’émeute s’inscrit dans la durée et devient un élément structurant de l’alter-nance politique.

Attribuez-vous la crise actuelle au ver-rouillage politique et médiatique du pays ?

En effet, le jeu politique a été fermé de tout temps, c’est pourquoi la crise de légitimité per-dure ; plus grave encore, cette crise a produit un immobilisme dévastateur pour l’intérêt national. Les éléments structurants de la crise sont non seu-lement encore présents dans la confi guration poli-tique actuelle, mais plus grave encore, la crise est devenue plus déstabilisante qu’avant. L’ouverture démocratique a été rapidement fermée une fois

que l’opposition a été récupérée dans la lutte des clans. Le pouvoir a créé autour de lui un vide pres-que absolu, sans interlocuteurs légitimes. Comme durant les années de plomb, il considère tout confl it (social, politique ou culturel) comme nui-sible à l’état de santé du pays et à l’unité nationale. Les émeutes se multiplient sans que cela suscite un débat public à l’Assemblée nationale ou dans une autre institution. En effet nul autre pays, quel que soit le régime politique, ne semble vivre la fréquence et l’intensité de ces émeutes. L’émeute est quasi quotidienne, presque banalisée, et n’in-téresse même plus les dirigeants. La classe politi-que, toutes tendances confondues, ne pense qu’à la présidentielle de 2014. Les élites passent le plus clair de leur temps à échafauder des scénarios et des complots pour garder le pouvoir et se partager la rente, au lieu d’encadrer le mouvement social et de gagner ainsi de crédibilité.

Pensez-vous que Saïd Boutefl ika, une per-sonnalité qui manque de charisme avéré, a beaucoup de chances de succéder à son frère en 2014 ?

Je pense qu’il est encore trop tôt de parler de la présidentielle de 2014. Le réalignement des forces au sein des lobbies de l’économie natio-nale n’a pas encore dévoilé tous ses secrets. Les grands dossiers de corruption viennent juste d’être ouverts. Il faut attendre pour voir comment les choses évolueront au sein du secteur des hydro-carbures ; elles viennent de se compliquer avec la question du partenaire dans le grand projet des énergies renouvelables.

Dans un pays où la politique n’est pas insti-tutionnalisée en dépit de l’installation régulière d’institutions électives, tout Algérien peut être pré-sidentiable. Chadli Bendjedid, un obscur colonel d’une Région militaire, fut bien intronisé prési-dent de la République pendant 13 longues années. Lorsqu’un groupe d’individus, déconnecté de la réalité locale et des nouveaux enjeux mondiaux, décide de l’avenir de tout un pays, histoire et peu-ple, c’est qu’il y a un problème quelque part dans la machine. L’enjeu véritable n’est pas vraiment de savoir qui sera le prochain chef d’Etat, mais c’est plutôt si ce scrutin permettrait une ouverture réelle du champ politique pour pouvoir amorcer la transi-tion démocratique. L’Etat sécuritaire va-t-il faire sa mue afi n de permettre à la génération post-Octobre de prendre la relève ? Si le jeu démocratique est ouvert à tous les acteurs, tout le monde serait ga-gnant-gagnant. Par contre, si on continue à faire de la «boulitik», je pense que le pays ratera une fois encore sa rencontre avec l’histoire. Tout compte fait, le candidat de l’Etat sécuritaire, connu ou non de l’opinion publique, sera intronisé à la magistra-ture suprême du pays. A cette fi n, un mouvement de moubayaâ, comme ce fut le cas en 2009, sera organisé en grand tintamarre pour formaliser la décision prise sous d’autres cieux. Certes, des voix discordantes vont crier à la «fraude massive». Cer-taines personnalités feront, selon toute vraisem-blance, appel à la communauté internationale pour changer l’ordre des choses. Mais en vain. L’Etat Algérien des années 2000 n’est plus l’Etat failli des années 1980 et 1990 ; il est devenu un Etat fort tant sur le plan sécuritaire que sur le plan fi nancier. La société militaire est devenue plus forte que la société civile. Une certaine stabilité politique au détriment de la promotion de la société civile et de démocratisation institutionnelle est soutenue par les partenaires commerciaux, comme l’ont révélé les câbles diplomatiques de WikiLeaks. Faire du business avec un pouvoir vertical est plus profi ta-ble qu’avec un pouvoir légitime. La normalisation de l’Algérie au sein du concert des nations ne s’est pas faite par la démocratisation mais par la mise en place du modèle de l’alternance politique préexis-tant dans les autres pays arabes. Ce que les klepto-manes ont de diffi cultés sérieuses à admettre, c’est que le règne du burnous, du turban ou du képi est bien terminé. The game is over. C’est une affaire de temps ! H. T.

El Watan - Lundi 10 janvier 2011 - 8

L ’ É V É N E M E N T

RACHID TLEMÇANI. Enseignant-chercheur dans plusieurs centres universitaires européens et américains

«La grogne populaire risque de perdurer dans la confi guration politique actuelle»

Le docteur Rachid Tlemçani, professeur à l’université d’Alger, a exercé en tant qu’enseignant-chercheur dans plusieurs centres de recherche universitaires, aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis (Harvard, Georgetown University…). Il a à son actif plusieurs publications dans des revues spécialisées. Elections et Elites en Algérie est son dernier ouvrage, publié par les éditions Chihab (Alger). Dans cet entretien, il nous fait part de son éclairage sur les émeutes du 5 janvier 2011 et leurs enjeux politiques et électoraux.

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El Watan - Lundi 10 janvier 2011 - 9

C O N T R I B U T I O N

Briser le cercle infernal infl ation-émeutes : la répression n’est pas la solution

Par Mourad Benachenhou

F ace aux manifestations spontanées, qui viennent rappeler aux autorités publiques qu’elles ne gouvernent pas pour gouverner, mais pour orga-

niser et gérer les affaires de la communauté nationale en prenant en compte des intérêts des plus démunis aux plus opulents parmi les citoyens, la réaction officielle normale, que cause la peur des débordements massifs, aussi bien que l’amour-propre blessé des dirigeants — prompts à accuser leurs «administrés» d’ingratitude — est de montrer sa force et de lancer la locomotive de la répression aveugle et générale. Il est évident que la passivité habituelle manifestée au plus haut niveau de l’Etat dans les crises de ce type n’est pas de mise, même si elle n’est pas complètement à écarter, au cas où les analyses faites à ce niveau décident de la consi-dérer comme une manifestation collective de mauvaise humeur sans racines profondes, sans causes objectives, sans effets profonds sur l’équilibre des pouvoirs actuel, et sans lendemain ! Jusqu’à quel point, cependant, peut-on jouer la politique de l’autruche quand l’interpellation est si massive et si étendue territorialement ?

L’INFLATION : LE PLUS FIABLE DES INDICATEURS D’UNE MAUVAISE POLITIQUE ÉCONOMIQUE

Le problème est que les actions de masse provoquées par les conséquences négatives de politiques écono-miques mal ou insuffisamment réfléchies, ne cessent qu’avec la disparition de leurs causes. Ces politique économiques, qui ont provoqué le chaos actuel, ont été conçues en cercle fermé et évaluées par ceux-là mêmes qui les ont établies et mises en œuvre. La manifestation la plus patente d’une mauvaise politique économique, qui ressortit exclusivement du pouvoir des autorités publiques, est la hausse générale, irréversible et irré-sistible des prix, ou inflation, elle-même causée par la perte de valeur de la monnaie nationale, du fait de la complaisance monétaire de ces autorités, qui mettent, par un canal ou un autre, sur le marché plus de moyens monétaires que l’économie peut absorber. Cette politi-que de facilité monétaire conduit à une hausse générale des prix de tous les biens et services mis sur le marché national, des fruits et légumes, en passant par les pro-duits industriels, et en finissant avec les terrains et les immeubles d’habitation. Pour ce dernier cas, donnant une «bulle» que les pays les plus avancés peuvent «nous envier» car, chez eux et dans le pire des cas, les prix de l’immobilier et du foncier, ont été multipliés par 2 en dix ans, alors qu’ils ont été multipliés par 6 pour la même période en Algérie. Pourtant, les statistiques indiquent que le revenu par habitant a doublé chez nous pendant la même période, et représente seulement le quart du revenu moyen par habitant de ces pays. A noter que le SMIG algérien représente au minimum le dixième, et au maximum, le vingtième du SMIG dans ces pays.

NE PAS CONFONDRE HAUSSES DE PRIX CONJONCTURELLES ET INFLATION GÉNÉRALISÉE

L’inflation généralisée n’est pas à confondre avec les hausses soudaines de prix de certaines denrées, hausses conjoncturelles, liées à des causes naturelles, comme le mauvais temps qui détruit une récolte de café ou réduit

la production de sucre. L’inflation, quant à elle, est une hausse générale de prix, qui ressortit d’éléments-clefs de la politique économique conçue et mise en œuvre par les autorités publiques. La distinction entre hausse des prix conjoncturelle et inflation généralisée doit être bien comprise, car les politiques de lutte contre l’un et l’autre de ces phénomènes sont totalement différentes. Dans le premier cas, qui touche des produits facilement isolables dans le marché, produits obéissant à des règles de production, de fixation des prix et de distribution relativement aisées à saisir et connues des opérateurs qui y sont spécialisés, une politique de soutien financée par le budget public peut isoler la partie la plus fragile économiquement de la population de ces hausses, dont les effets sont limités très souvent dans le temps.Dans le second cas, tenter de régler le problème comme s’il s’agissait de répondre à une situation de hausse conjoncturelle ne touchant qu’une partie marginale de la population peut constituer la pire des ripostes de la part des autorités publiques. Toute tentative de résorber les hausses de certains produits de base en augmentant les subventions de soutien y afférents attise l’inflation gé-néralisée, plus qu’elle ne la réduit. La poussée inflation-niste étant encore présente, toute tentative de la résorber par des actions ponctuelles élargit la marge d’augmen-tation possible des produits dont les prix sont libres, et ce dans tous les cas de figure, y compris le cas où les autorités publiques prennent en charge la distribution de ces produits subventionnés aux consommateurs finaux. Il est important d’insister sur la distinction à faire entre l’une et l’autre des situations. On peut, évidemment, et pour des motivations politiques, qui ne touchent pas au fond du problème de l’inflation, ressortir à de mesures d’allégement ponctuel des dépenses des ménages les plus démunis. Il n’en restera pas moins que des produits tout aussi essentiels aux yeux de ces consommateurs verront leurs prix continuer à augmenter, à un rythme plus accéléré que par le passé, car le surplus de pou-voir d’achat libéré grâce aux subventions des produits classés comme essentiels, ira se placer sur les produits considérés officiellement comme secondaires. Donc, bien faire la distinction entre hausses de prix touchant des biens spécifiques, d’un côté, et inflation générali-sée, ne ressortit pas d’un simple exercice académique.

NE PAS SE TROMPER DE DIAGNOSTIC

Il s’agit de ne pas se tromper de diagnostic ; on ne peut traiter une maladie qui touche un nombre réduit de personnes ayant des caractéristiques de conditions de vie ou génétiques les rendant propices à cette maladie, de la même façon qu’une épidémie. Pour continuer la comparaison, une hausse concernant certains produits déterminés est une maladie individuelle qui doit être traitée suivant ses spécificités ; mais l’inflation ressor-tit du type de mesures générales que l’on applique en cas d’épidémie. D’un côté, la maladie est traitée au cas par cas ; de l’autre, tout un arsenal de mesures collecti-ves sont prises pour juguler le mal généralisé à toute la population. Le problème qui se pose est que l’émeute de caractère social représente le point de rupture de la résilience collective face à une détérioration des condi-tions de vie causées par l’augmentation générale des prix. L’évolution de la réaction collective à cette épidé-mie que l’on appelle inflation est extrêmement lente et en général imperceptible aux yeux des autorités publi-ques. Mais, ce n’est pas parce qu’un mal évolue lente-

ment qu’on doit en ignorer les symptômes.

DES SYMPTÔMES PRÉSENTS DEPUIS LONGTEMPS

Or, les symptômes de l’inflation galopante étaient présents dans l’économie algérienne depuis une longue période. La question qui se pose est de savoir pourquoi les autorités publiques ont décidé de les ignorer jusqu’à ce que le point de rupture où les peines causées par le mal sont devenues insupportables à une bonne partie de la population. Ce point est atteint lorsque la population sort dans les rues de manière spontanée, désordonnée et parfois violente ! Le consommateur n’arrive plus à subsister à ses besoins avec le revenu plus ou moins fixe qu’il reçoit face à un accroissement des dépenses qu’il doit consentir pour survivre et faire survivre les siens.

LE POINT DE RUPTURE EST ATTEINT !

Entre le moment où les réactions individuelles à l’inflation se coalescent en réactions collectives, et l’apparition des premiers signes de ce phénomène, il peut se passer une période relativement longue. On peut dire que la poussée inflationniste date de 2001, et que la population, à quelques actions sectorielles de reven-dications organisées près, a fait preuve d’une grande patience. Mais, avec l’accumulation des problèmes sociaux et des dérives morales que cause ce phénomène, la phase de rupture est arrivée. Les gens ne peuvent plus supporter ce rythme infernal de descente aux enfers de la marginalisation sociale. Les effets négatifs de l’inflation sont devenus insupportables et ne sont plus acceptés ou acceptables, quelles que soient les mesures de répression prises ou envisagées par les autorités publiques. La cause «déclenchante» immédiate de ces réactions collectives, quelle qu’elle soit, n’a pas d’im-portance, dans la mesure où le mal faisait peu à peu son chemin dans la société algérienne et dans les esprits et les corps des gens, jusqu’au moment où la seule solu-tion envisageable pour eux était de sortir dans la rue pour manifester leur ras-le-bol. Se lancer, et surtout au niveau décisionnel, dans une analyse mettant en relief une cause conjoncturelle relève de «l’anecdotisme» transformé en analyse politico-économique, ce qui ris-que de mener à de fausses conclusions quant au remède à donner et au chemin à suivre pour sortir le pays de cette tourmente.

LA RÉPRESSION COMME SEULE RIPOSTE : UNE ERREUR PÉRILLEUSE !

Là aussi, ces autorités doivent éviter l’erreur politique grave de considérer cette éruption de violence sponta-née comme une manifestation de colère populaire qui peut se prêter au traitement donné habituellement à ce genre d’action collective désordonnée : le matraquage des manifestants, quel que soit leur âge, l’arrestation d’une petite minorité et le jugement en référé de cette minorité, qui est mise pour un temps plus ou moins long, hors de la société. Il y a, certainement, parmi les autorités publiques certains qui voudraient mettre un terme rapide à ces mouvements de foule en engageant des actions de violence extrême contre les participants. Mais, seule peut avoir un effet positif sur la suite des événements une solution de fond pour mettre un terme à une situation d’inflation structurelle, qui dévoile les impérities d’une politique économique visant à conso-

lider les soutiens extérieurs internationaux, en jouant à la fois de la mondialisation et des intérêts économiques de certaines grandes puissances, d’un côté, et de l’autre, à prendre en charge les ambitions historiques d’un per-sonnage au sommet de la hiérarchie politique, démarche qui a fait peu cas des intérêts économiques et sociaux de la population en général, à quelques exceptions près. Ce jugement peut apparaître comme sévère.

UN JUGEMENT SÉVÈRE CONFORTÉ PAR LA RÉALITÉ ÉCONOMIQUE ET SOCIALE ACTUELLE

Mais comment peut-on juger une politique économique d’ouverture internationale tous azimuts qui a rendu le pays encore plus dépendant de l’extérieur, a contribué à la liquidation quasi-totale du peu d’industries de transformation que le pays avait créées, a accentué, à un degré que n’envieraient pas les pays les plus réaction-naires, les disparités sociales permettant à une personne de se faire prêter l’équivalent de 10% de la production nationale d’une année, alors que d’autres sont payés, au vu et au su des autorités publiques, au tiers du SMIG officiel, a livré pieds et points liés l’économie aux spéculateurs de tous bords, et a fait de la corruption un mode de vie ? Comment peut-on qualifier une politi-que économique qui a inscrit dans la réalité quotidienne de tout un chacun une inflation galopante, et dont les responsables directs refusent de reconnaître qu’ils ne peuvent en faire porter le blâme que sur eux-mêmes ? Le problème qui se pose est de briser les tendances inflationnistes ancrées dans la politique économique, budgétaire et monétaire des autorités publiques, en fait pour les autorités publiques de changer de philosophie de gestion des affaires de la collectivité et donc, d’ob-jectifs économiques et sociaux implicites ou déclarés.

EN CONCLUSION

1) Le problème structurel de la situation d’hyper inflation que connaît le pays et que ne peuvent plus cacher les statistiques officielles d’indices des prix, qui sont loin de refléter la réalité des prix telle qu’elle est vécue quotidiennement par le consommateur algérien, ne répondra pas au traite-ment habituel donné aux émeutes, traitement qui ressortit exclusivement des actions en chaîne et en boucle des institutions de répression classiques : po-lice, gendarmerie, procureur de la République, juge d’instruction, tribunal et enfin prison ;2) tenter de transformer ce problème de politique économique, en le traitant en simple cas généralisé de maintien de l’ordre, risque d’ouvrir la voie à de graves dérives politiques, à des dérapages périlleux qui ramèneraient le pays à revivre les pages sombres et ensanglantées d’un passé récent ; 3) la matraque casse les bras, mais n’aide pas à écraser les prix, ou à réprimer les tendances infla-tionnistes déchaînées par une addition de mauvaises orientations économiques et sociales ;4) de plus, elle risque de ne pas briser les volontés de ceux qui sont sortis dans les rues pour simplement rappeler que ces politiques économiques, tournant autour d’objectifs diplomatiques et d’ambitions politiques personnelles doivent enfin céder la place à une véritable politique de développement national au profit de tous les citoyens. M. B.

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El Watan - Lundi 10 janvier 2011 - 10

L ’ É V É N E M E N T

LES ÉMEUTES ET LES SACCAGES CONTINUENT BÉJAÏA

Les esprits ne se sont pas apaisés

TIZI OUZOU

Vive tension

Une accalmie relative a été enregis-trée, hier, jusqu’en fin d’après-midi, dans la ville de Tizi Ouzou. Dans la

matinée, les gens vaquaient normalement à leurs occupations habituelles. Les stig-mates des escarmouches de la veille sont toujours visibles dans les rues. Plusieurs commerces étaient fermés hier ainsi que l’ensemble des établissements financiers. Des boulangeries et quelques stations-services ont affiché la panne sèche, faute d’approvisionnement. Des files interminables se sont formées devant les distributeurs automatiques de billets. En milieu de journée, une vive tension s’est emparée subitement de la rue, quand un petit groupe d’émeutiers, des ado-lescents pour la plupart, lança des pierres en direction du siège de la CNEP, situé sur le boulevard Abane Ramdane, au centre-ville. L’intervention de la police a repoussé les manifestants qui revenaient à la charge par intermittence. Dans le même temps, d’autres foyers d’émeutes ont éclaté du côté de la Haute-ville et du quartier des Genêts. En outre, des affrontements sont survenus dans la matinée d’hier à Oued Aïssi, à une dizaine de kilomètres à l’est du chef-lieu de wilaya. Des jeunes manifestants ont fermé durant deux heures la RN12, reliant Tizi Ouzou à Azazga. Les barricades ont été levées par les automobilistes peu après 10h. A Tizi Ouzou, deux établissements scolaires ont été fermés et les élèves libé-rés après l’incendie de l’immobilier d’une salle de classe au lycée Fatma n’Soummer. Notons également que les établissements financiers, notamment les banques, les bureaux de poste et de nombreux commer-ces ont baissé rideau. En fin d’après-midi, les échauffourées ont repris au boulevard Lamali et au carrefour du stade du 1er No-vembre, près du quartier les Genêts. C’est dans ce quartier que s’est concentré l’es-sentiel de la manifestation. Une centaine de jeunes ont affronté les brigades antiémeute. Hier, les escarmouches se sont poursuivies et un mouvement similaire a eu lieu dans la localité de Tadmaït, où l’on a enregistré des blessés légers parmi les manifestants et les forces de l’ordre. Les jeunes ont lancé des pierres sur le commissariat de la ville. Par ailleurs, il est à noter que durant les quatre journées précédentes, les manifestants ont causé des dégâts importants à plusieurs édifices publics à Tizi Ouzou, tels que la CNAS, le bureau d’Air Algérie, ainsi qu’un point de vente appartenant à l’entreprise Leader meubles de Taboukirt. Un bureau de poste a été également attaqué dans la nuit de samedi à la Nouvelle-ville, ainsi que l’agence Actel dont les rideaux ont été défoncés. Nordine Douici

OUARGLA

38 blessés et des arrestationsLa Protection civile de la wilaya de Ouargla

a rendu public hier un bilan provisoire de ses interventions de la journée d’hier, qui enregistre une généralisation des émeutes à Hassi Messaoud où la présence des forces de l’ordre a permis de faire face au soulèvement des jeunes. L’intervention des éléments antiémeute a donné lieu à l’arrestation de 46 émeutiers à Haï Bouamama et la cité AADL, évitant de justesse des incendies à proximité de pipeli-nes et d’installations pétrolières et gazières. L’hôpital de Ouargla a par ailleurs reçu 2 bles-sés parmi les émeutiers et 36 autres parmi les policiers qui ont été soignés pour des blessu-res légères. Houria Alioua

Les esprits ne se sont pas apaisés hier à Bé-jaïa et la situation n’a pas évolué d’un iota, si ce n’est que les émeutiers, qui se par-

tagent la rue avec la police, se sont trouvés de nouvelles cibles à détruire. Dans l’acharnement des affrontements, deux blessés, dont un gra-vement atteint – un traumatisme crânien, selon une source hospitalière – sont à déplorer en fin de journée d’hier dans la ville de Sidi Aïch. Ils ont été évacués vers l’hôpital de la ville. Selon une source locale, ils auraient été heurtés par un véhicule des forces antiémeute. Plusieurs autres blessés sont à déplorer dans la multitude de foyers de tension dans la wilaya, qui a vécu une journée sans école. Les élèves ont dû rentrer chez eux après s’être retrouvés, dans certains cas, devant des établissements scolaires fermés. Pourtant, selon le directeur de l’éducation, il n’y a eu aucune instruction pour le faire. Dans la ville de Béjaïa, l’hôtel des finances qui se trouve sur le boulevard de l’ALN a été «convoité» tout l’après-midi par les mani-festants. Une grosse cible que les émeutiers auraient bien voulu accrocher, après une première tentative avortée, sur leur tableau de chasse, déjà trop noir. La raison ? L’imposant édifice renferme les plus sensibles des admi-

nistrations : les impôts, le contrôle financier, les domaines et la conservation foncière. Investi par des unités de maintien de l’ordre depuis le week-end dernier, celui-ci a été gardé fermé en ce début de semaine. Ses employés ont été invités à rebrousser chemin et des documents et matériels informatiques ont été évacués vers des lieux sûrs. Quelques heures plus tard, les hostilités ont éclaté sur tout le boulevard de l’ALN, du quartier Aâmriw jusqu’au siège de la wilaya en passant par Dawadji et la cité CNS. Même au-delà, rue de la Liberté, boulevard Amirouche et ailleurs, comme dans le populeux quartier d’Ihaddaden. C’est à des face-à-face acharnés que nous avons assisté au quartier Dawadji. Des centaines de jeunes, qui trouvent dans ces affrontements une occasion d’extérioriser une profonde colère et un sentiment de marginali-sation, ont affronté des CNS dont le nombre est loin de rivaliser avec les contingents de poli-ciers mobilisés durant les événements du prin-temps 2001. Le caractère national des émeutes de cette fois-ci a dispersé leurs troupes. Ils ont été mis en difficulté dans bien des cas. Sentant l’étau se resserrer autour d’eux, ils ont aussi fait usage de balles en caoutchouc. Comme aux alentours du siège de la wilaya où ils ont

riposté avec des bombes lacrymogènes, dont une a touché en plein visage un manifestant ; une ambulance du Croissant-Rouge algérien, qui faisait une ronde, l’a évacué vers l’hôpital. Elle en fera de même pour au moins deux autres blessés dans le même périmètre. Si le déplacement du véhicule du CRA a été facilité à Béjaïa-ville par les manifestants qui lui ouvraient les accès obstrués, ce n’était pas le cas pour une ambulance de la commune d’Amizour qui a été brûlée, avant-hier soir. Les usines Alexo et Profert ont été aussi saccagées dans cette ville. En fin de journée, les manifestants n’ont rien perdu de leur énergie, comme dans certaines localités de la wilaya à l’exemple d’Akbou et d’Ighzer Amokrane. Dans cette dernière ville, la revendication du départ d’un officier de la sû-reté urbaine a été satisfaite. Le départ des CNS aussi. Suite à quoi les rues ont été nettoyées. L’arrivée, hier, d’autres CNS a renvoyé la situa-tion à la case départ. A Tazmalt, le calme qui est revenu semble pré-caire après que des citoyens eurent intervenu pour protéger le siège de l’APC de la destruc-tion. La même réaction est signalée à Amizour, où des citoyens s’organisent pour faire barrage aux saccages des biens. K. Medjdoub

Akbou paralysée par une grève

CHERCHE SOCIÉTÉ CIVILE DÉSESPÉRÉMENTComment arrêter une émeute qui

s’éternise, le pillage qui s’or-ganise et des actes de vandalisme qui se généralisent ? Telle est la question que beaucoup de citoyens désemparés se sont posée ces der-niers jours. Des pères de famille et des travailleurs se sont imposés le devoir de passer la nuit dans les établissements scolaires de leurs enfants ou dans les unités écono-miques qui les emploient pour être le dernier rempart face aux pillards et aux pyromanes. Au bas d’un im-meuble de quartier, dans l’enceinte d’une école ou d’une mairie, ils se sont vus contraints de se réunir, de s’unir pour coordonner leurs ef-forts. C’est ainsi que l’on a assisté, ces derniers jours, à des tentatives de recréer un embryon de société civile. Dans l’urgence et par le biais d’associations, de corporations ou bien de comités de quartier ou de village, la société a tenté de refaire timidement surface.A cet égard, ce qui s’est passé sa-

medi à Akbou est significatif. Des citoyens de la ville, représentants de cette fameuse société civile, se sont réunis autour de l’exécutif commu-nal pour proposer des solutions à la «crise» qui menaçait de mettre à bas tous les édifices de la ville. Le principe d’une grève générale pour dénoncer la cherté de la vie a été retenu pour le lendemain. Mais dans l’immédiat, il fallait arrêter les affrontements entre jeunes ma-nifestants et forces antiémeute et prévenir les actes de pillage qui se multipliaient. Une marche a donc été décidée séance tenante vers les lieux de l’affrontement pour appe-ler les uns et les autres au calme et à la raison. Arrivés sur place, les marcheurs pacifiques, au nombre de 500, à peu près, se sont retrouvés noyés dans une foule d’émeutiers cinq fois plus nombreuse. Le slogan du départ «Arrêtez la violence» est devenu complètement inaudible au milieu des cris des va-t-en-guerre. Au lieu d’un comité de sages, c’est

une marée humaine d’apparence hostile que les policiers ont vu dé-ferler sur eux. Bien entendu, ils ont pris peur et ont commencé à lancer des grenades lacrymogènes au milieu d’une foule qui n’avait d’autre choix que de s’éparpiller. En quelques secondes l’initiative et la marche de la société civile ont été détournées et récupérées par les émeutiers. L’initiative était, en soi, aussi loua-ble que courageuse, mais elle a surtout servi à illustrer ce divorce consommé entre une classe de ci-toyens, commerçants, fonctionnai-res ou employés, qui possède un minimum d’acquis, et une jeunesse qui n’a absolument plus rien à per-dre. Dans un pays où les inégalités sociales deviennent de plus en plus indécentes, cette fracture-là ne cesse de s’élargir. Tout comme ne cesse de s’élargir cette autre fracture entre un pouvoir autiste, qui s’entoure de brigades de gendarmerie, de commissariats de

police, de tribunaux et de prisons, et une société cadenassée de toutes parts. Cette fois-ci encore, comme à cha-que crise majeure, le pouvoir s’est retrouvé sans interlocuteur valable et sans intermédiaire crédible pour servir de relais avec la société ou les insurgés. Sa clientèle traditionnelle de syndicats fantoches et d’associa-tions fantômes ne lui a servi à rien. Seuls ses relais médiatiques, télévi-sions et radios en tête, lui renvoient l’écho de ses propres discours. Le mépris va jusqu’à faire dire à Ab-delaziz Belkhadem à l’adresse des jeunes : «Manifestez mais pacifi-quement.» Quand on sait que toute manifestation est interdite depuis juin 2001, on mesure, en effet, la sincérité du propos. La société civile renaîtra peut-être des cendres encore fumantes de cette énième jacquerie, mais quel rôle pourra-t-elle bien jouer face à un pouvoir qui ne s’appuie que sur la corruption et la violence ? Djamel Alilat

La population d’Akbou est déterminée à dénoncer l’envolée des prix des produits de

première nécessité mais ne veut pas que la pro-testation tourne à la violence. Elle l’a annoncé hier, à l’occasion d’une grève générale orga-nisée à l’initiative de l’Assemblée populaire communale élargie à un collectif citoyen. La ville a été totalement paralysée par un appel à

la grève lancé avant-hier et qui a fonctionné à plein régime. Les commerces et les entreprises étaient quasiment tous fermés. Par crainte des émeutes, les parents ont tous retenu leurs en-fants à la maison. Les établissements scolaires étaient vides. Les axes routiers étant coupés, les bus étaient à l’arrêt. «Nous dénonçons la flambée des prix et nous rejetons toute forme de violence et de casse», affirme Sofiane Adjlane, un des initiateurs de ce comité. Depuis quatre jours, la ville d’Akbou à l’instar de tout le pays, a résonné au rythme des manifestations pour décrier la cherté de la vie. Les auteurs de cette initiative disent «assumer» les revendications socioéconomiques portées par les citoyens, mais tiennent à signifier leur rejet de tout recours à la violence. La consti-tution de comités de vigilance est en ligne de mire. Les organisateurs appellent les insurgés à cesser de s’en prendre aux édifices publics et privés. Plusieurs structures publiques ont été

saccagées. La recette fiscale, la régie des eaux, la poste, l’antenne de l’inspection du travail, une agence d’assurances et une officine phar-maceutique publique ont tous été sérieusement endommagés. Au moment où nous mettons sous presse, le nouveau tribunal, dont les façades vi-trées ont littéralement volé en éclats il y a trois jours, continue d’être la cible des projectiles des manifestants. Un dispositif policier est en place pour contrer les projectiles des émeutiers. Les lycées Debih Cherif et le technicum ont failli être incendiés, avant-hier soir, si ce n’était l’intervention des habitants. Pis, la situation a failli dégénérer avant-hier soir quand des ma-nifestants ont voulu s’attaquer à des habitants de la cité du Stade. Le pire n’a été évité que grâce à l’intervention d’un groupe de sages, qui a refroidi les esprits des assaillants. Le comité citoyen tient à dénoncer avec la plus grande fer-meté ces dérapages aux relents racistes. Cherif Lahdiri

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Les élus qui ont intervenu sur le terrain pour

mener des actions de médiation avec les émeutiers durant les évènements vécus à Oran ces derniers jours se comptent sur le bout des doigts mais cet effort a été salué par l’APW qui a convoqué une réu-nion d’urgence. La rencontre tenue hier à l’hémicycle de la wilaya a concerné les députés, les séna-teurs, les membres de l’APW et quelques présidents d’APC. Au final, on devait sortir avec un communiqué commun impliquant tous les partis repré-sentés dans ces assemblées. La mouture préparée à l’avance, axée principalement sur la condamnation des actes de vandalisme, a été débattue et devait être amendée pour la rendre consensuelle, en adé-quation avec les analyses des uns et des autres. Tirer la sonnette d’alarme est l’idée avancée par le P/APW qui a essayé de mettre en relation les émeutes de ces derniers jours avec les incidents vécus spo-radiquement pour des raisons multiples y compris les matchs de football. Un député a pro-posé, au lieu de se contenter

d’une déclaration de principe, de créer une cellule de suivi de la situation pour impliquer davantage d’élus avec une pré-sence physique sur le terrain afin de tenter de circonscrire les foyers de violence. On a sa-lué, à l’occasion, certains élus ou délégués de secteurs ur-bains qui avaient veillé jusqu’à des heures tardives et on a suggéré d’étendre le travail de sensibilisation aux mosquées, aux quartiers, aux marchés, etc. Un sénateur a déploré la couverture médiatique opérée par les chaînes Al Djazeera, El Arabia et France 24 pour met-tre en avant l’idée d’une ma-

nipulation en citant l’exemple d’images d’archives montrées, selon lui, à dessein. D’autres intervenants ont salué les der-nières mesures prises par les autorités dans le but d’amé-liorer le pouvoir d’achat du citoyen mais aussi la promesse de sanctions sévères contre ceux qui spéculent sur les prix. Pourtant, tout en focalisant sur le fait que, du moins à Oran, ce sont plutôt les jeunes qui ont mené les émeutes, on a bien précisé que la population ora-naise condamne ces actes de violence. Une manière de dire que le fond du problème n’est pas uniquement lié à la cherté de la vie mais que cet aspect ne sera sans doute pas inclus dans la motion finale de l’APW qui privilégie une lecture des faits axée sur «la manipulation de la détresse des jeunes» mais par des parties qu’elle ne dé-finit pas. «C’est le pays qui est en danger», s’est exclamé un élu en complément à l’idée avancée que «les gens ont besoin de la présence des élus sur le terrain». Mais vu ce qu’est devenue la vie partisane (luttes intestines), ce vœu est loin de se réaliser. Djamel Benachour

El Watan - Lundi 10 janvier 2011 - 11

L ’ É V É N E M E N T

AÏN TÉMOUCHENTL’émeute s’étendCirconscrite vendredi au seul chef-lieu de wilaya, l’émeute s’est étendue samedi en soirée à cinq autres villes: Béni-Saf, Hassi El Ghella, Sidi Ben Adda, Terga et Chabat El Laham. Ce qui est un fait nouveau, les affrontements ayant au départ seulement mis aux prises les émeutiers aux forces de l’ordre. À Témouchent, c’est toujours en la partie nord du Bd Mohamed Boudiaf et ses rues adjacentes que les troubles ont démarré vers 20h. Un centre commercial, l’ex-Assil, a subi des dégâts en devanture alors que les commerces qu’il abrite ont été pillés. Plus loin, deux véhicules de la CNAS ont été incendiés. Enfin, le foyer de wilaya a été l’objet de dégradations. À Béni-Saf, les sièges de l’APC, de la daïra, de la SAA et de l’Actel ont subi des dommages. À Sidi Ben Adda, ce sont les panneaux de signalisation, les abribus et des lampadaires qui ont été les cibles des casseurs. À Terga, une tentative de faire subir des dégâts à la cave vinicole de GCO (Grands Crus de l’Ouest) a échoué. Au terme des échauffourées, il a été fait état de six policiers blessés et de vingt arrestations opérées parmi les manifestants. M. K.

TISSEMSILTRetour au calmeLes émeutes qui surgissaient la nuit du vendredi dernier à travers les hauteurs de la cité du Derb, Sidi Abdelkader, El Plateau et Haï Hassan ont été maîtrisées. Cependant, l’accalmie précaire n’a pas duré car la nuit du samedi, vers 22heures, les échauffourées entre les manifestants et les policiers ont refait surface. En effet, ces jeunes en colère n’ont pas cessé de… «caillasser» les édifices publics. À Ouled Bessem, une localité située à 15 km au nord-est du chef-lieu de Tissemsilt, un groupe de jeunes, âgés entre 16 et 25 ans, ont défoncé les portes et cassé les vitres du siège de la mairie. La trentaine de jeunes, arrêtés vendredi, ont été présentés dimanche devant le juge d’instruction près le tribunal de Tissemsilt. «Aucun dégât important n’est à signaler car nous avons suffisamment quadrillé la ville et imposé le calme», déclare un policier. B. E. H.

ORAN

Timide implication des élus

TIARETUn jeune tué devant le bar de son père

Les émeutes qui se sont poursuivies à Tiaret au troisième jour ont généré un drame samedi soir avec la mort brutale d’un jeune de 35 ans, Benyamina Mohamed, devant le bar de son

frère, situé à la rue de la Résistance (ex-Clauzel), au cœur de la ville. Il était 21 h quand la nouvelle s’est propagée telle une traînée de poudre au moment où les services de sécurité s’affairaient à faire ré-gner l’ordre dans divers points du chef-lieu, notamment à l’univer-sité et à l’heure où le siège de la SNTA était assailli par les voleurs. D’après des sources informées, c’est au moment où le père, venu armé d’un pistolet automatique pour dissuader les assaillants que le drame survint. Un jeune voisin du bar, en état d’ébriété, aurait arra-ché l’arme des mains du père pour donner ensuite un coup mortel à la poitrine du jeune Mohamed. La victime décéda après avoir été transféré vers les UMC de l’hôpital et l’agresseur a été arrêté. Une nouvelle qui n’a pas pour autant empêché les pillards d’effectuer une véritable razzia au siège de la Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA). Le directeur de cette entreprise, M.Boudiaf Zo-heir, nous avait contacté au moment des faits pour nous faire part de son «étonnement de ne pas voir les services de sécurité venir lui prêter assistance» non sans évoquer «des pertes se chiffrant à des dizaines de millions de dinars». La police, qui a ouvert une enquête à ce sujet détiendrait des indices et aurait réussi à récupérer quel-ques paquets et mettre la main sur deux jeunes personnes. Le reste de la marchandise serait transféré à Relizane. Au-delà donc de ses actes dont le décès tragique d’un jeune, c’est la tentative de saccager l’hôpital qui reste le plus à déplorer. Les enseignes lumineuses sur les entrées principales ont été saccagées et les loges des gardiens vandalisées. Par ailleurs, nos sources font état d’actes de prédation à Hamadia, Aïn-Dheb et Frenda. A. Fawzi

SIDI BEL ABBÈSRas El Ma et Sidi Lahcen se soulèvent

La ville de Sidi Bel Abbès a été secouée, samedi soir, par des émeutes qui se sont propagées progressivement à travers

diverses zones urbaines. Exprimant leur ras-le-bol par divers slogans, les émeutiers, visiblement surexcités, se sont déchaînés sur des édifices publics dont certains ont été littéralement sacca-gés. Munis de barres de fer ou de gourdins, les manifestants ont fermé à la circulation certaines rues en y brûlant des pneus et en y échafaudant des barricades à l’aide d’objets hétéroclites. Tard dans la nuit, les troubles se sont quelque peu estompés, laissant des stigmates sur les façades et devantures de plusieurs édifices publics. Selon une source sécuritaire, une dizaine de policiers ont été blessés et 58 jeunes interpellés dans la soirée du samedi. Les émeutes se sont étendues également aux localités de Ras El Ma et Sidi Lahcen. M. Habchi et M. Abdelkrim

TLEMCENL’intox prend le dessus80 jeunes ont été arrêtés avant-hier des suites des émeutes qui avaient éclaté dans différents quartiers de la ville, pendant toute la journée et jusqu’à une heure tardive de la nuit. Hier matin, l’intox aidant, les commerçants ont baissé rideau et le Grand Tlemcen s’est métamorphosé en un espace apocalypti-que. Faits marquants de la journée d’hier, les proches des jeunes arrêtés, près de 200 personnes, observaient un sit-in devant le tribunal. C. Berriah

C’est un peu avant la tombée de la nuit de dimanche que plusieurs quartiers de Mostaganem ont été le théâtre d’af-

frontements entre les manifestants et les forces antiémeutes. En effet, dès 18 heures, les premières échauffourées sont signalées au niveau du quartier du Belvédère. La situation est à son com-ble au niveau des quartiers populaires de Tigditt, d’El Arsa, de Chemmouma et d’El Houria où de jeunes manifestants se sont attaqués aux forces de l’ordre en leur lançant des pierres et autres objets hétéroclites. Les forces antiémeutes ont répliqué par des bombes lacrymo-gènes. Dans le vieux quartier de Tigditt, les manifestants ont saccagé le CEM Larbi Tebessi, mitoyen de la zaouïa Alawya. Sur le pont du 17 octobre qui relie la ville au quartier El Arsa, de grands renforts de brigades antiémeutes ont été massés bien avant le coucher du soleil. Un premier barrage de police a été dressé à proximité de la cité El Arsa dont les habitants ont reçu les renforts de la part de leurs voisins de la cité Houria. Ici, les affrontements semblent très violents avec usage de bombes la-crymogènes. Les forces de l’ordre ont procédé à l’arrestation de 22 manifestants qui devaient comparaître hier devant la justice. À la cité Raisinville, ce sont l’annexe de la mairie et l’agence CNAS qui ont été saccagées par une foule déchaînée. Des jets de pierre ont brisé plusieurs vitres du siège de la faculté, située juste en face de l’hôtel Sahel. Y. A.

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23 jeunes écroués à Chlef23 jeunes issus des quartiers des communes voisines de Chlef et de Chettia ont été écroués, samedi. Parmi eux, des étudiants, des lycéens ainsi qu’un militaire en permission et un émigré venu d’Espagne. 25 autres jeunes ont, quant à eux, bénéficié de la liberté provisoire. Pour leur part, les 17 mineurs ont été relâchés. Au total, 65 jeunes ont été arrêtés, ces derniers jours, par les services de sécurité dans les deux agglomérations citées. A. Y.

MOSTAGANEM

22 interpellations

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El Watan - Lundi 10 janvier 2011 - 13

CONSTANTINE27 blessés dont plusieurs policiers

Selon une source hospitalière, 27 personnes, dont plusieurs policiers, ont été blessées lors des émeutes ayant éclaté jeudi et vendredi un

peu partout dans la wilaya de Constantine. Dans les agglomérations de Massinissa, Hamma Bouziane, Ali Mendjeli et Aïn S’mara, la tension demeure encore vive et des jeunes continuent à bloquer les routes avec des pneus et à racketter les automobi-listes, les obligeant à payer un droit de passage. A Békira, un groupe d’islamistes voulant s’opposer à des émeutiers qui ont fermé la route, ont été roué de coups et ont du prendre la poudre d’escampette. Même si elle semble s’estomper de jour en jour, la réaction violente des jeunes émeutiers a semé une panique qui n’est pas près de se dissiper. Les Constantinois vivant dans ce climat de peur, et devant l’ampleur des saccages et des dégâts enregis-trés, sont obligés de se barricader tôt chez eux. En outre, au-delà du fait relevé que les émeutiers choi-sissent la nuit pour sortir, ils s’attaquent aux institu-tions bancaires et aux postes, là ou il y a de l’argent, mais à défaut d’y parvenir, ils ferment les routes et extorquent de l’argent aux automobilistes.

F. R., Dj. B. et F. H.

GUELMA L’OPGI dévasté

Neuf policiers et un agent de sécurité ont été bles-sés à Guelma, indique une source hospitalière,

depuis le début des échauffourées qui ont ébranlé le chef-lieu de wilaya et plusieurs communes limitro-phes. Quant aux dégâts occasionnés par des bandes de casseurs armés de pierres, ils sont importants ces dernières 48 heures. Une bande de personnes en-cagoulées ont pris d’assaut, dans la nuit de samedi, le siège de l’OPGI de la ville de Guelma. Le siège de l’APC et l’officine Endimed à Belkheir, celui de la Recette des impôts, l’APC et une antenne des télécoms à Héliopolis ont été la cible des casseurs. Quant au nombre d’arrestations, le tribunal de Guelma recevait, hier, des dizaines de personnes, dont des mineurs, pour une présentation.

Karim Dadci

TÉBESSA 104 émeutiers interpellés

Cent quatre (104) personnes ont été arrêtées suite aux émeutes qui avaient secoué vendredi der-

nier plusieurs quartiers de la ville de Tébessa. Les 104 émeutiers, dont 34 mineurs, ont été interrogés, et ils devaient comparaître hier devant le juge d’ins-truction pour trouble à l’ordre public et dégradation d’édifices publics, a ajouté notre source. Autre chose, 16 personnes ont été placées en garde-à-vue par la police à Oglat Gassas, à 68 km à l’ouest de la wilaya et ils seront présentés devant le parquet dans les jours à venir. Lakehal Samir

Soixante-douze (72) per-sonnes arrêtées, un mort et 100 blessés entre po-

liciers et émeutiers, dont 71 transférées par les éléments de la Protection civile au ser-vice des urgences. Tel est le décompte officiel de trois jours d’émeutes qu’a connues la wi-laya de Annaba qui a enregistré avant-hier sa première victime. Il s’agit de Bendjedid Sadek, 65 ans, qui a été asphyxié par le gaz lacrymogène lancé par les policiers antiémeute à la cité 8 Mai 1945 (Oued D’heb) en riposte aux attaques des émeutiers. Etant asthmatique, il a succombé avant d’atteindre le service des urgences de l’EPSP de Annaba. Ce qui n’est pas fait pour apaiser la tension puisque les émeutes ont repris hier dans l’après-midi aux cités popu-

laires Didouche Mourad, La Colonne et Pont Blanc, où les manifestants se sont attaqués à plusieurs bus appartenant à l’ETA. La veille, les actes de saccage des édifices publics et privés, assortis parfois de pilla-ge, se sont poursuivis à travers plusieurs quartiers, dont ceux des communes d’El Bouni, de Sidi Amar et Chétaïbi. Il en est ainsi du siège de la Sonelgaz où deux véhicules ont été volés, dont l’un d’eux porte des bouteilles d’acétylène, un gaz très inflammable utilisé dans la soudure des métaux. L’intervention des services de sécurité a permis de récupérer les deux voitures abandonnées, quelque temps après. Le siège de la CNAS de la cité Plaine Ouest a également été la cible des manifestants. N’était la ré-

sistance des riverains, il aurait connu le même sort que le nouveau siège de Djezzy dans la commune d’El Bouni et celui de Nedjma à Sidi Amar, qui ont été complètement saccagés et vidés de leurs équipements. Le siège de l’APC de Ché-taïbi a été calciné avec son parc automobile ainsi que celui de la direction du contrôle et des prix (DCP). D’ailleurs, plu-sieurs administrations, après avoir libéré leurs personnels, ont fermé hier leurs portes. C’est le cas de la Sonelgaz de Annaba et d’El Bouni, ainsi que plusieurs écoles publiques et privées. Le dispositif de sé-curité et de prévention mis en place dans les quartiers chauds a été renforcé en moyens hu-mains et matériels.

M.-F.Gaidi

ANNABA

Un mort, 100 blessés et des arrestations

L ’ É V É N E M E N T

MILALa brigade de la Gendarmerie attaquée

SÉTIF Plus de 150 arrestations à Aïn Azel

Pour la troisième nuit consécutive, les quartiers hauts de la ville de Jijel ont enregistré des

troubles au cours desquels des centaines de jeunes et même des enfants, se sont accrochés avec les éléments de la police. A Ayouf, les émeutiers ont dès 20h 30 attaqué à coup de pierres la poste et le siège de la direction de l’éducation. L’intervention des policiers a pu faire rebrousser chemin aux casseurs. Les événements d’Ayouf de cette nuit de samedi à dimanche sont très violents. La route principale a été coupée par des pneus brûlés, des pierres et des ordures. Une quinzaine de person-nes, dont deux policiers, ont été blessées avons-nous appris. Les violences de Sidi Abdelaziz ont nécessité l’intervention des gendarmes, avec lesquels les émeutiers se sont accrochés à coup de pierres. La journée d’hier était par contre calme, et on appréhende la tombée de la nuit. Après deux nuits successives de manifestations sans dégâts, la

ville d’El Milia a vécu une soirée mouvementée à la faveur d’émeutes nocturnes, la nuit de samedi à dimanche, au cours de laquelle des jeunes et des adolescents se sont attaqués à des édifices publics. Les forces de l’ordre ont usé de grenades lacrymogènes. Fodil S. et Zouikri A.

Un climat insurrectionnel régnait encore, dans la soirée de ce samedi, à Sidi Merouane. La

brigade de la Gendarmerie nationale est assiégée et caillassée par une foule déchaînée, apprend-on de source digne de foi. Des coups de feu de som-mation sont tirés pour dissuader les manifestants. Plusieurs édifices publics ont été également pris pour cibles. Un saccage à grande échelle a eu lieu au niveau du siège de la daïra et du bureau de la poste, où les manifestants ont tout dégradé. Des actes de vandalismes sont aussi commis au niveau de la mairie et l’état civil. Les registres et documents n’échapperont pas à une destruction

systématique. Le calme n’est revenu qu’à l’arri-vée des renforts de l’escadron de la Gendarmerie nationale de oued Endja, qui ont fait usage de bombes lacrymogènes pour disperser les mani-festants. A Mila, l’agence Cnep et le CPA ont été complètement incendiés ; le lycée Meghlaoua a subi un pillage en règle. Tout comme l’agence CPA, dont le coffre-fort a même été traîné à l’extérieur de la bâtisse. Sur les 21 émeutiers pré-sentés devant le procureur de la République près le tribunal de Chelghoum Laïd, dans l’après-midi de ce samedi, 9 ont été placés sous mandat de dé-pôt et 12 ont bénéficié de la relaxe M. Boumelih

A ïn Azel, limitrophe de la wilaya de Batna, a connu

dans la nuit de samedi à diman-che, des troubles, déclenchés à l’issue de la prière d’Al Icha. Les manifestants qui ont tenté d’incendier une station d’es-sence, ont bloqué l’artère prin-cipale de la cité. L’affrontement entre les jeunes et les forces de l’ordre s’est étendu aux quar-tiers populaires S’hamda, Be-lazem et Khams ; non, loin, le

CW64 (Ain-Azel-Beida Bordj) a été fermé à la circulation des heures durant. L’on apprend, par ailleurs, que certaines lo-calités de la région nord de la wilaya, ont été ébranlées hier par ce mouvement de protesta. Un sit-in a été observé par des jeunes de Aïn Roua qui ont fer-mé le siège de l’APC et barré la RN75. Cet acte a coupé une bonne partie de la région nord du chef-lieu de wilaya. Des tra-

vailleurs et des centaines d’étu-diants et élèves des différents paliers ont été ainsi privés de travail et de cours. Les chemins reliant Bousselam à Bouandas et Laggaguine à Maoklane ont connu hier le même scénario. Suite à ces mouvements de co-lère, plus de 150 manifestants ont été appréhendés à travers les quatre coins des hautes plai-nes sétifiennes.

Kamel Beniaiche

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SKIKDATentatives d’émeutesAlors qu’à Skikda, c’était le calme, d’autres localités de la wilaya ont connu, dans la nuit de samedi, plusieurs incidents plus ou moins importants. A Aïn Kechra, à l’ouest de Skikda, des manifestants se sont attaqués au siège de l’APC à coup de cocktails Molotov. Deux bureaux ont été ciblés et leurs équipements détériorés. A Ras El Ma dans la commune de Azzaba, des jeunes ont barricadé vers 19h la RN 44 reliant Annaba à Skikda et Constantine. Elle ne sera rouverte que tard dans la nuit après de violents affrontements entre gendarmes et jeunes émeutiers. On signale plusieurs blessés parmi les gendarmes et l’interpellation de 30 jeunes. Khider Ouahab

SOUK AHRASEchauff ourées entre manifestants et policiers Des échauffourées ont éclaté, dans la nuit de samedi à dimanche à la cité Dar El Kadi, entre des jeunes manifestants et les forces de l’ordre, quand les premiers ont tenté de dresser des barricades pour bloquer la route qui mène vers la partie sud de la ville de Souk Ahras. Des jets de pierres ont été essuyés par les policiers. L’arrivée en renfort des brigades antiémeute et l’implication de quelques citoyens du quartier, ont contribué à l’apaisement de la situation. A. Djafri

OUM EL BOUAGHISaccage et désolation à Aïn BeïdaLa ville de Aïn Beïda s’est réveillée ce dimanche avec des images insoutenables de saccage et de désolation. Samedi, d’autres émeutiers se sont attaqués à l’agence BADR, pillant tout le matériel informatique. Le centre culturel Emir Khaled a connu le même sort. Hier, les infrastructures étatiques (postes, banques et lycées) sont restées fermées. Nous apprenons de sources sûres que les services de sécurité ont interpellé 10 jeunes émeutiers, alors que l’on enregistre 9 blessés légers, dont 6 parmi les policiers.

L. Baaziz

BB ARRÉRIDJ 28 émeutiers devant la justice Après les troubles qui ont émaillé avant-hier la ville de Bordj Bou Arreridj, le calme était revenu le lendemain. Le bilan définitif des affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre fait état d’une centaine de blessés, dont 80 policiers. Vingt-huit émeutiers ont été présentés, hier, en fin d’après-midi, devant le procureur de la république près le tribunal de Bordj Bou Arreridj pour «incitation à la destruction de biens d’autrui, troubles à l’ordre public et vol». A. B.

KHENCHELALa grogne Des émeutes ont éclaté dans la commune de Chechar, à 50 km de Khenchela dans la nuit de samedi. Les manifestants ont barricadé la route principale avec des pneus incendiés. Ils ont accueilli les policiers avec des jets de pierres, blessant l’un d’entre eux. Dans la même nuit, la commune de M’toussa, à 25 km du chef-lieu de wilaya, les manifestants ont également fermé la rue principale. Kaltoum Rabia

JIJEL Nuits agitées

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El Watan - Lundi 10 janvier 2011 - 15

I N T E R N A T I O N A L E

MOINS DE 24 HEURES APRÈS LEUR ENLÈVEMENT, AU NORD DU NIGER

Deux otages français tués lors de leur libérationPour la seconde fois, l’intervention militaire

française au Sahel s’achève par une bavure. Les deux otages français, Antoine de Léocour et Vincent Delory, âgés de 25 ans, enlevés vendredi dernier à Niamey, la capitale nigérienne, ont été tués moins de 24 heures plus tard à l’issue d’une opération menée par un commando franco-nigérien à la frontière avec le Mali, visant à les libérer. En juillet 2010, les troupes françaises, avec l’aide de militaires mauritaniens, avaient tenté de libé-rer l’humaniste Michel Germaneau, détenu par Al Qaîda sur le sol malien. Résultat : des pertes dans les rangs des civils et la mort de l’otage. Vendredi dernier, quelques heures seulement après l’enlèvement par quatre hommes armés, enturbannés et parlant arabe, des deux Français alors qu’ils dînaient dans le bar-restaurant Le Toulousain, au centre-ville de Niamey, les ser-vices de renseignement militaire de leur pays, présents en force dans la région, étaient déjà sur une piste. Repérés, les ravisseurs ont été pris en chasse jusqu’à la frontière avec le Mali, où une

tentative de libération des captifs a été engagée, en collaboration avec les Nigériens. L’affronte-ment armé n’a pas duré longtemps, mais a causé la mort des deux otages. Aucune nouvelle des ravisseurs qui, selon nos sources, auraient rejoint le nord du Mali.La partie française, par la voix du porte-parole du ministère de la Défense, rejette la bavure et préfère parler d’exécution d’otages, comme ce fut le cas du défunt Germaneau. «Alors qu’ils se trouvaient dans la zone frontalière, l’opération engagée, coordonnée avec des éléments français présents dans la région, a permis à ces derniers d’intercepter les terroristes à la frontière avec le Mali et de neutraliser certains d’entre eux (…). Les militaires français, présents dans la région à cause de la présence d’autres otages, sont intervenus pour appuyer les forces nigériennes et empêcher les ravisseurs d’atteindre une zone de refuge», est-il expliqué dans le communiqué officiel. «L’objectif était d’intercepter les ra-visseurs avant qu’ils ne parviennent à franchir la frontière avec le Mali, à quelque 200 km au

nord de Niamey, et disparaissent dans des zones désertiques trop vastes pour être contrôlables.» L’opération est alors rapidement coordonnée avec des éléments français présents dans la ré-gion. «La décision, il faut la prendre très vite : soit on y va, soit on laisse passer. Et ça devenait très dangereux pour les otages si on laissait pas-ser», souligne l’état-major. «A partir de là, on ne les a plus lâchés (…). Les ravisseurs tentaient de gagner une zone refuge un peu plus au nord du Mali, où la situation serait devenue extrêmement sensible pour les otages.» Les ravisseurs se sont accrochés une première fois avec les militaires nigériens, à quelques centaines de kilomètres de Niamey. Des pertes sont enregistrées dans les rangs de la garde na-tionale. Un commando français entre en jeu et prend le commandement de l’opération, menée non loin de la frontière malienne. Là aussi, des blessés sont à déplorer. Même si, pour l’instant, de nombreuses sources affirment qu’il n’y a pas eu de pertes dans les rangs des ravisseurs. Paris parle de «plusieurs terroristes neutralisés», «des

tués et des blessés», sans pour autant donner des détails. En tout état de cause, il est important de préciser que c’est la première fois que des otages sont en-levés dans un périmètre aussi lointain (1800 km) de la zone d’action des terroristes d’Al Qaîda. Habituellement, les enlèvements ont lieu au nord du Mali, du Niger et de la Mauritanie, où se côtoient trafiquants de drogue, contrebandiers et terroristes. Il est à craindre que la tentative de libération des deux derniers otages puisse peser sur le sort des sept captifs d’Al Qaîda, dont 5 Français, enlevés sur la base de la société Aréva, à Arlit, au nord du Niger, il y a près de trois mois. Ces derniers font l’objet de négo-ciations entre Abou Zeid (le chef des ravisseurs affiliés à Al Qaîda) et les autorités françaises par l’intermédiaire de notables du nord du Mali et de personnalités proches de la présidence malienne. Selon des sources locales, ils sont à chaque fois déplacés d’une localité à une autre pour éviter toute opération visant à les libérer. Salima Tlemçani

VIOLENCES EN TUNISIE

Le bilan s’alourdit à 23 mortsSuite de la page 1

Au moins 23 personnes ont été tuée par les forces de sécurité» dans les villes de

Regab, El Kasrine et Thala, dans la région du Sid, ouest du pays, qui ont connu des affrontements, hier et avant-hier, a déclaré, à El Watan, la secrétaire générale du Parti démocrate progressiste (opposition), Maya Jribi. Pour sa part, le gouvernement a parlé de la mort de huit personnes, dans un communiqué offi ciel. «C’est un massacre collectif qu’a commis le pouvoir de Ben Ali contre le peuple, toutes les forces de sécurité sont mobilisées pour commettre des crimes contre des civils», a indiqué Mme Jribi. Elle a décrit une situation explosive qui prévaut dans le pays. «Pour la première fois, on voit l’inter-vention de l’armée pour répri-mer les manifestants et imposer un couvre-feu dans les villes qui connaissent encore des manifes-tations. Les affrontements sont d’une violence rare. La situation est extrêmement diffi cile, le gou-vernorat de Sidi Bouzid est sous le contrôle de l’armée, on a l’im-pression que nous sommes dans en état de guerre. La terreur règne dans le pays.» Et d’ajouter : «On tire à bout portant sur des civils, pire, les forces spéciales ont tiré sur les cortèges funèbres et ont empêché les cérémonies d’enter-rement.» La dirigeante de l’opposition, Maya Jribi, a lancé un appel ur-gent au président Ben Ali «afi n d’arrêter rapidement ce bain de sang et de retirer toutes les forces de sécurité des villes». Pour elle, l’escalade de la violence «était prévisible, parce que les popula-tions ne sont pas rentré chez elles et ont continué à réclamer plus de liberté et de justice. Des revendi-cations auxquelles le pouvoir de Ben Ali refuse de répondre». Le bilan risque de s’alourdirSelon la journaliste et militante au sein du Conseil national tunisien pour les libertés (CNLT), Sihem

Bensedrine, dans une déclaration faite à El Watan, un bilan très lourd est à déplorer. «Nous avons recensé 50 morts tombés sous les balles assassines du pouvoir dans différentes villes du pays : 16 à Thala, 22 à Kasserine, 2 à Mek-nassi, 1 Feriana et 8 à Reguab.» «C’est un climat de terreur dans le pays, pour la première fois, on voit des escadrons de la mort à la poursuite des civils dans des 4X4 et qui tirent à bout portant. On a retrouvé des cadavres dans des oueds.» Mme Bensedrine a parlé «d’un massacre caractérisé, or-chestré par le président Ben Ali et son ministre de l’Intérieur et exé-cuté par les forces de régulières et les forces parallèles». Elle tient pour responsable de ce «grave dérapage, le président Ben Ali et son ministre de l’Intérieur». Sihem Bensedrine a appelé la communauté internationale et les Nations unies «à agir rapidement pour sauver le peuple tunisien

de la cruauté du pouvoir». Le Conseil national tunisien pour les libertés a exigé la traduction du ministre de l’Intérieur devant un tribunal international pour «crime contre des civils». S. Bensedrine a dénoncé le sou-tien de la France au régime de Carthage. «Le régime de Ben Ali aurait eu l’aval de la France pour commettre ce massacre.» Jusqu’à hier soir, la situation demeurait explosive dans tout l’ouest du pays et la gravité des événements risque fort bien d’installer la Tu-nisie dans une spirale de violence qui dépasserait tout entendement. Par ailleurs, «l’aveuglement du pouvoir et son incapacité à opérer des réformes politiques pousse-raient le pays vers une situation explosive aux conséquences in-contrôlables», a estimé Ahmed Nejib Chebbi, responsable des relations extérieures au sein du Parti démocrate progressiste. La Tunisie est régentée d’une main

de fer depuis 23 ans par Zine El Abiddine Ben Ali (74 ans). L’op-position, les syndicats et les orga-nisations des droits de l’homme dénoncent un pouvoir gangrené par la corruption, où les quelques familles s’emparent de l’essentiel des richesses du pays. Pour de nombreux observateurs, la Tunisie est installée dans une situation politique nouvelle. Le bras de fer engagé depuis pres-que un mois, entre pouvoir et peu-ple, risque de coûter cher, mais c’est le moment où jamais pour imposer un changement démo-cratique dans ce pays longtemps présenté comme un modèle de réussite économique dans la ré-gion. «Une réussite dont profi te seulement la caste au pouvoir, le peuple, lui, fait partie des oubliés de la République. Aujourd’hui, il en a marre et il le fait savoir», conclut Ahmed Nejib Chebbi, fi gure historique de l’opposition tunisienne. H. O.

Le bras de fer entre le pouvoir et le peuple tunisiens risque de coûter cher en vies humaines

L’UE condamne la destruction par Israël d’un bâtiment cher aux Palestiniens

La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a fermement condamné, hier, la destruction par Israël d’un ancien hôtel à Jérusalem-Est, chargé de symboles pour les Palestiniens, réaffi rmant que toutes les colonies étaient illégales aux yeux de l’UE. «Je condamne fermement la destruction, ce matin, de l’hôtel Shepherd et la construction prévue d’une nouvelle colonie illégale. Je rappelle que les colonies sont illégales au regard du droit international», a souligné Mme Ashton dans un communiqué. Les colonies «minent la confi ance entre les parties et constituent un obstacle à la paix», a estimé Mme Ashton, rappelant que «Jérusalem-Est fait partie des territoires palestiniens occupés» par Israël et que «l’UE ne reconnaît pas son annexion». Les autorités israéliennes ont commencé à détruire, hier matin, toute une aile de l’ancien hôtel Shepherd, dans le quartier palestinien de Cheikh Jarrah, situé dans la partie orientale de Jérusalem annexée après son occupation en 1967.

Le crash d’un avion fait 50 morts en IranAu moins 50 personnes, sur 105 passagers ou membres d’équipage, ont survécu au crash d’un avion de la compagnie nationale Iran Air survenu hier, près de la ville d’Orumiyeh, dans le nord-ouest de l’Iran, selon le responsable des services des urgences cité par l’agence Fars. «Pour le moment, je n’ai pas reçu d’information sur le nombre de morts. Mais 50 personnes blessées sur 105 se trouvant à bord sont sorties de l’avion en vie», a déclaré Gholam Reza Masoumi. L’accident s’est produit vers 19h45 (16h15 GMT), selon la télévision d’Etat, qui cite un responsable provincial. «L’avion a décollé de Téhéran avec une heure de retard sur l’horaire prévu en direction d’Orumiyeh et en raison des mauvaises conditions climatiques s’est écrasé près d’Orumiyeh», a déclaré ce responsable de la province de l’Azerbaïjan de l’Ouest.

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ÉPIDÉMIE DE MÉNINGITE EN AFRIQUE

Bientôt un nouveau vaccin

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) qualifie 2010 d’an-née riche en problèmes de santé

publique, dus à une série de catas-trophes naturelles. Les séismes, les inondations et autres calamités ont dévasté des régions dans le monde et causé d’énormes épidémies, telles que le choléra, sans oublier la pandémie de grippe A H1N1 de 2009, jusqu’au mois d’août 2010. Des situations auxquelles l’OMS a dû faire face en fournissant les moyens nécessaires pour couvrir les besoins sanitaires. Mais cette année noire se termine, se félicite l’OMS, par l’annonce prometteuse d’un nouveau vaccin efficace et d’un coût abordable contre la méningite qui menace la vie et la santé de plus de 450 millions de personnes dans la région africaine de l’OMS. Depuis plus de cent ans, l’Afrique subsaharienne souffre d’épi-démies répétées de méningite qui font des ravages sur le continent. Un total de 450 millions de personnes en Afri-que constitue une population à risque pour cette maladie. Des épidémies majeures de méningite du groupe A surviennent tous les 7 à 14 ans et frap-pent particulièrement les enfants et les jeunes adultes. Les patients les plus atteints décèdent généralement dans les 24 à 48 heures qui suivent l’appa-rition des premiers symptômes de la maladie, et parmi ceux qui survivent, 10 à 20% souffrent de retard mental, de perte de l’audition ou de troubles de l’apprentissage. En 2009, la flambée

saisonnière de méningite dans la ré-gion subsaharienne a frappé au moins 88 000 personnes et en a tué plus de 5000. Développé par le Projet vaccins méningite (PVM), un partenariat entre l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et PATH, avec le soutien de la Fondation Bill & Melinda Gates, le

nouveau vaccin conjugué antiménin-gococcique A, MenAfriVac, offre aux autorités sanitaires africaines, pour la première fois, une solution abordable et à long terme qui protège même les jeunes enfants contre la méningite A (Neisseria meningitidis du groupe A). «Le modèle créé pour le développe-

ment de ce vaccin est révolutionnaire et n’aurait pu voir le jour sans les ef-forts conjoints des ministres africains de la Santé et des nombreux parte-naires et collaborateurs à travers le monde», a souligné le Dr Christopher J. Elias, PDG de PATH. MenAfriVac pourrait bien servir de modèle pour le développement de vaccins pouvant combattre d’autres maladies mortel-les dans les milieux défavorisés. Le nouveau vaccin possède plusieurs avantages par rapport aux vaccins ac-tuellement utilisés pour combattre les épidémies de méningite en Afrique : il protège les enfants dès l’âge d’un an et il promet, d’une part, d’offrir une pro-tection de plus longue durée que celle offerte par les vaccins actuellement utilisés pour contrôler les épidémies, et d’autre part de réduire l’infection et la transmission de la maladie. La réduc-tion de la transmission signifie que la communauté dans son ensemble est protégée, y compris les membres de la famille et d’autres personnes qui n’ont pas été vaccinées.

Djamila Kourta

● En 2009, la flambée saisonnière de méningite dans la région subsaharienne a frappé au moins 88 000 personnes et en a tué plus de 5000.

◗ UN TEST SANGUIN va permettre de savoir à l’avance si un patient va répondre positivement au traitement, très long et difficile à supporter, qui ne fonctionne que dans un cas sur deux, selon les spécialistes. Le traitement de référence de l’hépatite C varie entre 6 à 12 mois. Une équipe de chercheurs de l’Inserm, de l’Institut Pasteur et de l’université Paris Descartes vient d’identifier un indicateur prédictif fiable de l’efficacité du traitement. La société américaine Rules-Based Medicine va s’appuyer sur ces travaux, publiés dans The Journal of Clinic Investigation, pour mettre au point et commercialiser dans le courant de l’année un test pronostic. Les chercheurs ont, en effet, constaté que les malades ne guérissant pas sous traitement présentaient dans le sang une forme particulière, plus courte, d’une protéine appelée IP-10. Or, un simple test sanguin permet de repérer sa présence. S’il s’avère positif, les malades pourront se voir prescrire immédiatement des traitements supplémentaires à l’association classique d’interféron et de Ribavirine. De nouveaux antiviraux dits «directs» ou «spécifiques» sont justement en train de voir le jour pour ces patients. Ils présentent de nouveaux effets secondaires, mais permettent d’augmenter de manière très significative le taux de guérison.

◗ LES TOMATES sont le fruit le plus produit dans le monde, et voilà que des scientifiques japonais découvrent qu’une

substance nutritive de la tomate prévient l’apparition des maladies vasculaires. La recherche, tout à fait rigoureuse, publiée dans la revue Molecular Nutrition & Food Research, fait le point sur cet acide, 9-oxo-octadecadienoic, et ses propriétés antidyslipidémiques.L’équipe dirigée par le Dr Teruo Kawada, de l’université de Kyoto, soutenu par le Programme de recherche et développement pour la bio-industrie, a concentré ses recherches sur des extraits qui impactent la dyslipidémie, une condition causée par une quantité anormale de lipides, tels que le «mauvais» cholestérol dans le sang. «La dyslipidémie elle-même ne provoque habituellement aucun symptôme, précise le Dr Kawada, cependant, elle peut conduire à des symptômes de maladies vasculaires, telles que l’artériosclérose ou encore la cirrhose.»

UN VACCIN MULTICOMPOSANTS CONTRE LE MÉNINGOCOQUE B

Le laboratoire Novartis vient de soumettre une demande d’autorisation de mise sur le marché dans l’UE du Bexsero®, un vaccin multicomposants contre le méningocoque B, premier vaccin ayant le potentiel d’offrir une large couverture contre de nombreuses souches circulantes du méningocoque B responsables de maladies mortelles. Les données actuelles montrent que Bexsero protègerait contre 77% (intervalle de confiance à 95 %, 66-91 %) des plus de 800 souches pathogènes du méningocoque B qui ont été isolées en Europe.Des vaccins autorisés sont disponibles pour protéger contre les infections méningococcies causées par les sérogroupes A, C, W135 et Y12. L’incidence mondiale d’infection à méningocoque B se situe entre 20 000 et 80 000 cas par an,

avec un taux de mortalité de 10%, a-t-on estimé. En Europe, ce méningocoque est responsable de près de 80% des cas d’infections méningococciques et menace plus particulièrement les nourrissons chez qui le risque d’infection est le plus élevé. L’infection à méningocoque invasive est une maladie subite et foudroyante qui peut entraîner le décès dans les 24 à 48 heures suivant l’apparition des premiers symptômes. Cause majeure de méningite bactérienne et de septicémie, l’infection peut laisser de graves séquelles, telles que des lésions cérébrales, des difficultés d’apprentissage, des pertes d’audition et aller jusqu’à l’amputation de membres.

D. K.

Des progrès dans la prise en charge du cancer du sein au Maghreb

Les spécialistes maghrébins participant à un colloque ont fait part, vendredi à Alger, des

derniers progrès enregistrés dans le monde en ma-tière de prise en charge du cancer du sein, thème d’un colloque international tenu dernièrement aux Etats-Unis. Le Pr Kamel Bouzid, président de la Société algérienne d’oncologie, a affirmé que l’organisation de ce colloque scientifique au profit des pays maghrébins s’inscrivait dans le cadre de la formation continue des spécialistes des pays maghrébins. Le Pr Bouzid, chef de service onco-logie au centre de lutte contre le cancer, Pierre et Marie Curie, a indiqué que les spécialistes des pays maghrébins étaient prêts à appliquer les nouveaux traitements, après leur enregistrement et l’accord des pouvoirs publics de leur pays. Le cancer du sein dont on enregistre 9000 nouveaux cas en Al-gérie, a-t-il dit, n’est pas cause de décès, mais c’est l’évolution de la maladie et l’absence de dépistage précoce qui causent les complications chez les pa-

tientes. L’oncologue marocain, Dr Fawzi Habib, a, de son côté, affirmé que cette rencontre avait pour but de rapprocher les points de vue et de présenter les progrès enregistrés dans les traitements en vi-gueur dans les pays développés. S’agissant de la spécificité des pays maghrébins, l’intervenant a indiqué que le cancer du sein tou-chait les jeunes femmes de 35 ans et plus, alors que dans les pays développés la catégorie à risque est celle des 50 ans et plus. Il s’est félicité des progrès enregistrés dans les pays maghrébins en matière de prise en charge du cancer du sein, appelant à l’unification des efforts, au renforcement de la prévention, au dépistage précoce de la maladie, à la sensibilisation des femmes quant à la nécessité de faire des mammographies et à la dotation des grandes villes en services de radiothérapie. Les pays d’Afrique du Nord, a-t-il poursuivi, sont ex-posés à une augmentation du taux de prévalence du cancer du sein durant les 15 prochaines années,

en raison de l’élévation de l’espérance de vie des populations, rappelant que la prévalence annuelle de ce type de cancer dans son pays, actuellement de 2000 cas, était appelée à atteindre 4000 cas durant les prochaines années. La chimiothérapie, a sou-ligné l’intervenant, est actuellement prescrite aux patientes avant l’intervention chirurgicale, contrai-rement à ce qui se faisait par le passé, expliquant que cette nouvelle méthode contribue à réduire progressivement le volume de la tumeur jusqu’à sa résorption. Il a insisté sur l’importance de l’actualisation des informations et de la formation continue pour les médecins, précisant que les nouvelles méthodes thérapeutiques contribueront à augmenter les chances de guérison. Cette rencontre scientifique durera jusqu’à hier et s’achèvera par une série de recommandations en faveur de l’unification des normes de traitement entre les pays de la région.

APS

Depuis plus de cent ans, l’Afrique subsaharienne souffre d’épidémies répétées de méningite qui font des ravages sur le continent

RECHERCHE

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El Watan - Lundi 10 janvier 2011 - 23

J E U X - D É T E N T E

HORIZONTALEMENT : CHALUTIER / EMISSION / GRIOT / LA / AT / ETAI / EPIENT / ET / EE / SCORE / NU / CI / TOILETTE / TINTERA / QUE / RER / LU / ERODEE / EMS / NESS VERTICALEMENT : THERAPEUTIQUE / AMITIE / ONU / CLIO / CITEES / USTENSILE / ITS / TTC / ER / ON / II / OUTARDE / GEOLIER / EES / RNA / TENEBRES.

SOLUTION FLÉCHÉS EXPRESS PRÉCÉDENTS :ÉPERON - ISABELLE CARRÉ

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ERETETERETFPEET

RILMISENERURGDS

CEITLPTFECFEAOO

AEEEURUICAILSNN

RGOMMEROVMOISIO

FITAVIRPSASEESR

INFARCTUSSNFRMP

NOITCUDEDHATDET

RÈGLE DU JEU Biffer tous les mots de la liste que vous retrouverez dans la grille, en utilisant tous les sens possibles. Les lettres qui n'auront pas été cochées serviront à former le mot défini ci dessous.

DÉFINITIONQui retient en touchant la sensibilité (9 lettres)

Solution Biffe Tout précédent :MOHAIR

AMAS - ANEMIER - ASSOUPI - BALAFRE - BONNE - CONDIMENT - CREVAISON - DEDUCTION - DRESSAGE - ERMITAGE - ESTIVANT - FETIDITE - FILS - GANT - GOMMER - HEDONISME - INFARCTUS - LEADER - LEVURE - MAINTIEN - MONITEUR - NAGEUR - NUISANCE - OCCUPANT - OPPROBRE - PENDERIE - PRIVATIF - PRONOSTIC - RELIEF - RUEE - SOIF - VIEIL

Biffe Tout N° 2784

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Qui n'a plus de force, est très fatigué.

Définitiondu mot encadré

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SOL. TOUT CODÉ PRÉCÉDENT :

En vous aidant de la définition du mot encadré, com-plétez la grille, puis reportez les lettres correspon-dant aux bons numéros dans les cases ci-dessous et vous découvrirez le nom d’un personnage célèbre.

Fléchés Express N° 2784

symbole

unité debrillance

terre ceinte

fruitexotique

séanced’étude

pollution

exposé àun danger

rapport denaisances

excite

aggrave

bêtises

patriarche

pointsopposés

techniciensupérieur

pouffé

relata

grugéappris

spécialistede la visionsupport devoilures

irascible

effleurer

certaine-ment

impertur-bables

premierimpair

tribunes deprédication

symbole

granddormeur

mélange

vaut 576 menviron

ornement

lettregrecque

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HORIZONTALEMENT : 1.Considérable 2.Pâtes alimen-taires. Coule en Suisse. Premier impair 3.Fin d'infinitif. Moitiés d'empereurs 4.Scamandre. Soulageât un besoin 5.Enlever (phon.). Havre de paix. Pronom interrogatif 6.Os. Laissés à nu 7.Paresseux. Note. Sélections. D'un auxiliaire 8.Petite tige. Déféqua. Transport de Tarzan 9.De façon peu importante. Forme des commis de l'Etat 10.Carré du jardin. Narine de cétacé 11.Arrêt. Espère 12.Restes à pays. Capucin 13.Trou dans le mur. Algérienne. Lettres de noce 14.Serait digne de récompense. Enlevât 15.Fonça. Résine de pharmacie. Mortification.

VERTICALEMENT : 1.Implacables. Rivière d'Ethiopie 2.Qui accorde un délai. Frappes 3.Passé de pouvoir. Ne saura pas 4.Remise. Symbole 5.Article d'Espagne. Bronzé. Lumière divine. Petite différence 6.Deux en solo. Sur la rose des vents. Gardiens intraitables 7.Se gagne sur un court. Partie rétrécie. Peu fréquent 8.Nés. Pouffe. Embarrassa 9.Lettres de cour. Déesse romaine. Pas gâté 10.Trous au visage. Taxes en initia-les. Fin de cérémonie 11.Nabot. Etre du présent 12.Flouaient. Futur officier 13.Elles sont à l'université. Demi tour 14.Non dits. Points opposés. Sodium. Jeunes filles 15.A l'intérieur de. Facile. Prescrit d'une manière absolue.

Quinze sur N° 278415

SOL. QUINZE SUR 15 PRÉCÉDENT : HORIZONTALEMENT : 1.PRESTIGIEUSES 2.AUTARCIE. ROTULE 3.STERAIT. DE. IBIS 4.SI. OC. ESE. GRISE 5.ELUDER. ORGUE. ES 6.MELER. APNEE 7.ERS. ACCOINTANCE 8.TRIO. REAT. TIR 9.TIEDE. SIR. ETETE 10.EOR. NB. FERRE. ES 11.RN. ATEMI. TIR 12.OR. REQUETE. NA 13.EU. DENTURE. EDEN 14.BOULE. EN. ISO 15.PURS. RASEES. TER.

VERTICALEMENT : 1.PASSEMENTERIE 2.RUTILER. ION. UBU 3.ETE. ULSTER. OR 4.SARODE. RD. ARDUS 5.TRACERAIENT. EL 6.ICI. CO. BERNER 7.GITE. AC. MET 8.IE. SOPORIFIQUES 9.DERNIERE. URNE 10.URE. GENA. RUEE 11.SO. GUETTER. IS 12.ETIRE. TETEES 13.SUBI. ANTE. DOT 14.LISE. CITERNE 15.DESESPERES. ANAR. SOLUTION N° 2783

HORIZONTALEMENTI- FANTASQUES. II- ARAIRE - NUE. III- RIT - TRIA. IV- NETTEMENT. V- ITE - MO. VI- ET - MINIMES. VII- NEGUS - PEUT. VIII- AI - TE - TU. IX- EVIDENCE. X- SEN - STALLE.

VERTICALEMENT1- FARNIENTES. 2- ARIETTE - VE. 3- NATTE - GAIN. 4- TI - MUID. 5- ARTEMIS - ES. 6- SER-MON - TNT. 7- IE - IPECA. 8- UNANIME - EL. 9- EU - EUT. 10- EST - ASTUCE.

HORIZONTALEMENTI- Promenade. II- Qui s'écartent du bon sens. III- Petite alouette - Cale - Pronom. IV- Crack - Coiffure. V- Spectre d'un mort - Figure de jeu. VI-Diminue la voilure - Partie du corps. VII- Secourue. VIII- Harpe-luth - Salut du naufragé. IX- Détestera. X- Arbre - Pour citer textuellement.

VERTICALEMENT1- Instruments de la famille du luth. 2- Exagérer - Fleuve froid. 3- Produit de fixation - Apprenti boulanger. 4- Petits vautours - Se rend sans condition. 5- Fin de verbe - Epoques - Symbole chimique. 6- Désole - Pli de la hanche. 7 - Charge de baudet - Pantoufle. 8- Note - Petit défaut. 9- Se font rouler au jeu - Bête parfois humaine - Edenté. 10- Alcaloïdes.

IIIIIIIVVVIVIIVIIIIXX

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Mots Croisés N°2784

Par M. IRATNI

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El Watan - Lundi 10 janvier 2011 - 25

L ’ É P O Q U E

ON VOUS LE DITRio mieux qu’Alger !

Alors que les émeutes embrasent plusieurs contrées du pays, menées, selon les autorités, par de jeunes adolescents, beaucoup s’interrogent sur le mutisme des organisations juvéniles, notamment les Scouts musulmans algériens. Onsait que les SMA, selon leur «commandant» Benbrahim, se targuent de mobiliser plus d’un million «d’affiliés». Beaucoup se sont demandé pourquoi le patron des SMA

qui s’enorgueillisait de ce nombre impressionnant d’adhérents n’a pas réagi pour apaiser les protestataires. La raison est toute simple : le chef est en «mission» au Brésil, loin du vacarme et des émeutes.Aux frais du contribuable ! Quant au nombre de jeunes encadrés par les SMA, il est nettement plus proche de l’utopie que de la réalité…

Djoghlaf à l’Institut du CommerceAhmed Djoghlaf, directeur exécutif de la biodiversité et secrétaire adjoint de l’ONU, se trouve à Alger depuis quelques jours où il profite de son séjour pour rendre visite à sa famille. L’expert algérien, rappelle-t-on, s’est admirablement illustré lors de la dernière conférence mondiale sur la biodiversité qui s’est soldée par de nombreuses résolutions adoptées par la communauté internationale. M. Djoghlaf profitera de sa présence à Alger pour donner une conférence ce matin à 10h à l’Institut Supérieur du Commerce à Ben Aknoun, intitulée «Biodiversité, défis et opportunités».

Madjer la légende sur les écransMadjer la légende, film documentaire retraçant le parcours fabuleux de l’ex-footballeur international algérien a été projeté en avant-première, samedi à Alger, en présence de nombreuses personnalités du monde sportif et artistique. «Ce film représente une fierté pour moi et pour tous les Algériens amoureux du football. J’espère qu’il connaîtra un large succès», a déclaré Madjer. D’anciens footballeurs, des acteurs de cinéma, des dirigeants sportifs, mais également beaucoup de jeunes cinéphiles ont suivi durant 1h40 mn l’hommage rendu à Rabah Madjer, âgé aujourd’hui de 51 ans. Le film documentaire, réalisé par Yazid Aït El Djoudi, a été tourné aussi bien en Algérie qu’à l’étranger, dans les villes européennes où a évolué le détenteur du trophée du Ballon d’or africain 1987.

Louable initiative de Henkel au profit des personnes handicapéesEn collaboration avec le magazine des personnes handicapées Vouloir, la société Henkel a organisé une journée de détente au profit de 107 enfants malentendants, non voyants, autistes et trisomiques au Club hippique de Blida. L’objectif était d’égayer leur quotidien en leur offrant toute une journée de détente, de loisirs et de bien-être, loin de leur environnement quotidien et donner de la joie et de l’optimisme aux malades, leur faire sentir qu’ils peuvent eux aussi profiter pleinement des loisirs de la vie.Un riche programme concocté à cet effet pour donner un peu de bonheur à des enfants qui en ont tant besoin a consisté en une visite au centre et une balade à dos de cheval pour tous les enfants présents.Après le déjeuner, les enfants ont eu droit à un spectacle animé par des clowns et un magicien. Des cadeaux constitués d’effets vestimentaires ont ensuite été remis aux enfants. L’encadrement de l’école El Mohammadi a beaucoup contribué à la réussite de cette journée.

L’Association Ouled El Houma innoveL’Association Ouled El Houma organise, sous l’égide du ministre de la Justice, le premier concours national «Art et Espoir» de la chanson populaire, du théâtre et de l’art traditionnel en collaboration avec la direction générale des établissements pénitentiaires. Ce concours de prospection de jeunes talents débutera le 18 janvier courant au sein de l’établissement d’El Harrach, en présence de plusieurs personnalités du monde de la culture. Il sera procédé à cette occasion au tirage au sort de la 6e édition de la coupe d’Algérie football des détenus.

El Watan - Le Quotidien Indépendant Édité par la SPA “El Watan Presse”

au capital social de 61 008 000 DA. Directeur de la publication : Omar Belhouchet

Direction - Rédaction - Administration Maison de la Presse : Tahar Djaout - 1, rue Bachir Attar 16 016 Alger - Place du 1er

Mai Tél : 021 68 21 83 - 021 68 21 84 - 021 68 21 85 - Fax : 021 68 21 87 - 021 68 21 88

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Les manuscrits, photographies ou tout autre document et illustration adressés ou remis

à la rédaction ne seront pas rendus et ne feront l’objet

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sauf accord de la rédaction.

La guerre d’Algérie en imagesA Paris, au Palais de Tokyo, une exposition de la vidéaste Zineb Sedira était à voir les derniers jours de décembre. Elle a été clôturée le 2 janvier dernier. Il s’agit de deux montages admirables, dont l’un est consacré à Mohamed Kouaci, 1922-1966, qui a photographié la guerre d’Algérie et les premières années d’indépendance. Des volumes importants ont été ainsi stockés, sans que personne le sache, alors qu’ils sont «d’un intérêt immense», rapporte le journal Le Monde. C’est la veuve du photographe, Safia, qui, ayant rencontré fortuitement Zineb Sedira, se confie à elle. Elle trouve un terrain fertile et accueillant chez la fille d’anciens combattants de la Révolution. Elle raconte leur foi militante et leur engagement, ainsi que les péripéties de la lutte, avec «les reportages dans les maquis, et la fête à Alger...» Ce film, réalisé à partir de ces entretiens, Gardiennes d’images, a obtenu le prix SAM pour l’art contemporain en 2009. Zineb Sedira expose aussi, jusqu’au 27 mars à Marseille, au musée d’art contemporain, une œuvre vidéo intitulée Les rêves n’ont pas de titre, accompagnée de photographies. W. M.

«Echenfari» arrêté Un dangereux malfaiteur a été arrêté à El Milia (Jijel). Le malfaiteur, connu sous le sobriquet d’«Echenfari» a été arrêté et présenté devant le procureur de la République près le tribunal d’El Milia pour divers délits. Cet individu qui opérait, en compagnie d’autres acolytes depuis trois ans dans les environs d’El Milia, notamment à Tanefdour, s’était spécialisé dans le racket de paisibles citoyens, sous la menace d’arme blanche (sabre). Le mis en cause dressait, de nuit, des faux barrages pour s’attaquer aux commerçants de passage ou aux transporteurs de matériaux. Le visage dissimulé par une cagoule, «Echenfari» a semé une véritable terreur dans les environs d’El Milia avant de tomber entre les mains des services de sécurité.

DÉBOUTÉE PAR L’ADMINISTRATION FRANÇAISE

SPOLIÉS AU MAROC ET EN ALGÉRIE

Elle a enlevé son voile et s’habille désormais de la manière la plus classique

qui soit. Elle, c’est une ano-nyme très célèbre. En 2008, elle s’est vu refuser la nationa-lité française, au motif qu’elle portait la burka, ce qui est considéré en France comme une «pratique radicale de sa religion». Cette décision de l’administration française avait été portée par la suite devant toutes les juridictions d’ap-pel possibles en droit français. Elle a été déboutée à tous les échelons avant d’aller vers l’ul-time recours, celui de la Cour européenne, dernier jalon du

parcours. Là aussi elle a perdu, ladite Cour ayant jugé irreceva-ble la demande, non pas sur le fond, mais sur le simple fait que la Convention européenne des droits de l’homme ne garantit pas le droit d’acquérir une na-tionalité. De mal en patience, la jeune femme, dont l’identité n’est pas connue, a fait contre mauvaise fortune bon cœur. Ne pouvant plus continuer à vivre enfermée dans ses certitudes et derrière ses voiles épais, elle a choisi de retrouver une certaine «normalité» en vivant comme tout le monde. Devant nécessairement travailler pour subvenir à ses besoins et ceux

de ses enfants, et étant en ins-tance de divorce, elle a quitté les vêtements qui fondaient sa foi, pour des habits en vigueur en France. Entre-temps, la loi «anti-burka», qui sera mise en application cette année, est passée par là. Au journal Le Monde, qui a mené l’enquête pour rencontrer celle qui fuit les médias, elle déclare : «Je suis toujours aussi croyante. Ma foi en Dieu est la même. Il n’y a qu’un morceau de tissu qui a changé.» Alors que le débat sur la laïcité est devenu un sujet de préoccupation médiatique, ce réalisme n’a pas fait la une de la presse… W. M.

La France a égorgé nos frères algériens, nous ont dépecés et le royaume maro-

cain nous a avalés.» C’est en ces termes que les héritiers Bousmaha de Sidi Bel Ab-bès interpellent le président de la Républi-que algérienne. Fils du grand moudjahid Boualem Bousmaha, que Dieu ait son âme, dont la presse coloniale (notamment l’Echo du Soir du 1er décembre 1959) lui reconnaissait, malgré elle, les sacrifices à la cause nationale en offrant tous ses biens à la mère patrie, et relate les injus-tices dont ces héritiers sont victimes. «Nos terres ont été injustement octroyées à une société de matériel agricole, laquelle les a uti-lisées pour en faire des bâtiments et des salles des fêtes qu’elle a revendus par la suite. Aucune indemnisation ne nous a été accordée pour cette expropriation !» Les Bousmaha combattent

pour recouvrer leurs droits depuis 37 ans. «Nous sommes en possession de tous les documents qui prouvent la véracité des faits.» Et ce sont 6400 m2 dont ils été spoliés sans aucune forme de procès. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, les Bousmaha ont été également spoliés à l’étranger, notamment au Maroc, où les autorités chérifien-nes leur ont pris des terres dans la localité de Guercif (Maroc oriental). Des terres agricoles fertiles à la sortie de la ville et un grand terrain au centre de la ville. Le combat judiciaire dure depuis des années. «Nous avons été lésés par le Maroc et par notre propre pays chéri, à qui nous adresser, si ce n’est à vous, M. le Président, garant des droits de ses citoyens ?» implorent-ils. Chahredine Berriah

Pragmatique, elle retire son voile

Les Bousmaha face à une injustice

● Une famille qui s’en remet au président de la République, car spoliée de ses droits durant de longues années.

● Une anonyme fait l’objet de curiosité de la part des médias, car auteur d’un geste au centre des débats sur la laïcité.

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S P O R T SEl Watan - Lundi 10 janvier 2011 - 27

CABBAFerradji première recrue

Le gardien de but, Mohamed-Seghir Ferradji, libéré le mois der-nier par l’Entente de Sétif, a officiellement été recruté par le CA Bordj Bou Arréridj (Ligue I professionnelle de football), a-t-on

appris, dimanche, des dirigeants du club. L’ex-portier des vice-cham-pions d’Algérie sera désormais le gardien n°1 des «Criquets Jaunes», a indiqué l’ancien président du CABBA, Salah Bouda, aujourd’hui à la tête de la commission de recrutement, faisant part de «l’abandon de la piste Merouane Kial», dont le retour au bercail avait été envi-sagé. «Notre première recrue durant le mercato est l’ex-gardien de l’Entente de Sétif, qui a d’ailleurs débuté les entraînements avec ses nouveaux coéquipiers», a souligné M. Bouda, ajoutant que l’équipe «compte beaucoup sur son expérience pour entamer sa remontée au classement». Selon la même source, le club est en contact avec cinq autres joueurs évoluant en Ligue I professionnelle, mais «les difficultés financières du CABBA n’arrangent pas les négociations avec leurs clubs respectifs». Par ailleurs, pas moins de 8 joueurs se-ront libérés par le club des Bibans durant le mercato, parmi lesquels Kab, Mehdaoui, Belaoued, Chahloul et probablement l’un des deux gardiens de but, Aouiti ou Dali, a encore indiqué Salah Bouda. Le CA Bordj Bou Arréridj occupe, après 13 journées, la dernière place du classement, avec 10 points au compteur. APS

BALLON D’ORDuel Xavi - Iniesta Créé par le magazine France Football en 1956, le Ballon d’or,

dont la 55e édition qui a fusionné avec le Prix du meilleur joueur de l’année de la FIFA, sera décerné ce soir à Zurich. Il ne devrait pas échapper à l’un des deux joueurs espagnols du FC Barcelone, Andres Iniesta ou Xavi, au cours d’une cérémonie qui pourrait tourner à la célébration du football ibérique. Les deux champions du monde sacrés avec l’Espagne, l’été dernier en Afrique du Sud, partent donc logique-ment avec une bonne longueur d’avance sur leur coéquipier du FC Barcelone et lauréat en 2009, l’Argentin Lionel Messi. Créateur hors pair, que ce soit avec sa sélection nationale ou le Barça, Iniesta a mar-qué les esprits avec son but en finale du Mondial 2010 face aux Pays-Bas. A 26 ans, il ferait un Ballon d’or très crédible, mais il ne devra pas sous-estimer Xavi, métronome du milieu et qui représente l’âme du jeu espagnol dont il maîtrise toute la science. Il pourrait très bien être couronné, à bientôt 31 ans, pour «l’ensemble de son œuvre».

ESSUn Burkinabé attendu à SétifEn quête d’un attaquant de pointe pour renforcer son attaque, la

formation de l’ESS est sur la piste d’un avant-centre burkinabé, qui devrait rallier Sétif dans les tout prochains jours. Au sujet de la barre technique, comme annoncé par nos soins, le Belge Jean Thissen semble tout proche d’un accord avec la direction de l’En-tente, alors que Hadj Mansour - reconverti en DTS et qui a paraphé un contrat de six mois avec une mensualité de 600 000 DA - devrait seconder le nouvel entraîneur. K. B.

JS KABYLIESéance écourtée pour cause d’émeuteLes Kabyles ont été contraints d’écourter leur match d’application

programmé face aux juniors par leur coach pour pallier l’ajour-nement des matchs de championnat. Et pour cause, les bombes lacrymogènes tirées par les forces antiémeute pour disperser les manifestants à hauteur du stade du 1er Novembre ont incommodé les joueurs, obligeant de ce fait Belhout à les renvoyer aux vestiaires. Par ailleurs, nous avons appris de sources proches du club que le Togolo-Béninois, Akato Komlan Nestor, ne sera pas retenu tant son profil de milieu de terrain et d’attaquant excentré ne correspondait pas à celui recherché par l’équipe qui a besoin d’un avant-centre type. Toutefois, certaines indiscrétions ont conforté nos écrits, avançant que le joueur n’est guère un international pour pouvoir jouer en Algérie. M. R.

LA FAF DÉCRÈTE LA TRÊVE

Suspension de tous les championnats

CHAMPIONNAT DU MONDE DE HANDBALL

Ultime entraînement des Algériens

L’embrasement en-registré dans toutes

les contrées du pays a perturbé le bon dérou-lement des différentes compétitions nationales toutes divisions confon-dues (Ligue I, Ligue II, Interrégions et DNA). Malgré la relative ac-calmie enregistrée ces dernières heures, la Fé-dération algérienne de football (FAF) a décidé d’intervenir en décrétant la trêve comme mesure conservatoire. La trêve qui devra prendre effet aujourd’hui durera un mois (du 10 janvier au 10 février 2011). C’est ce qui ressort du communiqué officiel de la Fédération, invitant néanmoins les Ligues à faire en sorte de programmer tous les matches non joués de la phase aller avant l’entame de la phase retour. «La Fédération algérienne de football informe

les ligues et les clubs que la trêve hiver-nale de la phase aller de l’ensemble des championnats, toutes ligues confondues (Ligue de Football Professionnel, Ligue Nationale de Football Amateur, Ligues ré-gionales et ligues de wilayas) prendra effet à compter du 10 janvier au 10 février 2011.

Les matchs non joués de la phase aller se-ront programmés avant l’entame de la phase retour», souligne ledit communiqué publié sur site officiel de la fédé-ration. Ainsi donc, la très appréhendée mise à jour du calendrier de Ligue I entre l’USM El Harrach et le MC Alger est reportée à une date ultérieure. Elle était pro-grammée initialement demain (mardi) au stade du 1er Novembre d’El Harrach, rappelle-t-on. Une nouvelle program-mation sera rendue pu-blic prochainement par

la Ligue concernant les mises à jour et la phase retour. L’instance de Mecherara précise, en outre, que «les joueurs recrutés durant le mercato ne seront pas autorisés à prendre part aux matches reprogrammés de la phase aller». K. Y.

Après deux jours de re-pos, l’équipe nationale de handball effectuera

cet après-midi, à 16h, l’ultime séance d’entraînement qui se déroulera à la salle omnis-ports des Eucalyptus. C’est la première fois que les Verts fouleront le parquet de cette nouvelle salle. L’entraîneur na-tional, Salah Bouchekriou, et son adjoint, Redouane Aoucharia, ont privilégié cet-te infrastructure en raison de certaines commodités. Avant le départ vers la Suède via Paris, prévu demain après-midi à 16h, le coach devra effectuer les der-niers réglages. Autant dire qu’il s’agit plus d’un travail tactique que physique avec la sélection de 16 joueurs qui a été dévoilée vendredi dernier. Le seul mot d’ordre pour les camarades du «vieux» Hammad reste la concentration, notamment du fait que c’est un véritable ma-rathon qui attend le sept algé-rien lors de ce Mondial et qui débutera la compétition contre une coriace équipe de Serbie. Une sélection qui reste la bête noire de l’Algérie. A l’inverse des Serbes et des autres adver-saires de notre sélection dans le groupe C, le sept national abordera la compétition sans pression. Le défenseur Salah

Eddine (qui a perdu son père en pleine préparation à Istres) fera son baptême du feu avec le Mondial, tout comme les émigrés Mohamed Mokrani, Rahim Abdelakader et sur-tout Ayat Allah Khoumeini (ESAT), révélation de la sai-son. Selon Salah Bouchekriou qui a eu du mal à réunir les joueurs professionnels durant les stages, la fusion entre an-ciens et nouveaux s’est faite rapidement et le plus normale-ment du monde. Par ailleurs et à la veille de la participation du sept algérien au Mondial sué-

dois, l’ancien joueur de l’équi-pe nationale et ancien DTN, Abdeslam Benmeghsoula, qui a à son actif trois participa-tions, Championnats du monde (1982, 1986 et 1990) et deux Jeux olympiques (Los Angeles 1984 et Séoul 1988), et qui connaît bien le niveau interna-tional, nous a révélé que notre équipe nationale est sur une voie ascendante, mais elle est un peu loin du niveau mondial. «Par rapport à nos adversaires qui ne sont plus à présenter, le sept national qui a progressé aura du mal à chambouler

la hiérarchie établie. Excepté l’Australie qui reste en prin-cipe prenable, il y a un grand écart qui sépare le niveau des autres concurrents. A défaut d’une qualification au 2e tour, l’EN doit faire bonne figure face aux grosses pointures de ce Mondial. Il faut déjà penser à préparer l’avenir avec les U19 et les U21, afin de se re-mettre en selle dans l’optique de reconquérir l’Afrique. Sans pour autant brûler les étapes. Bien sûr, il faut mettre à leur disposition les moyens», notera l’ancien international. C. B.

La sélection algérienne de handball se rendra demain en Suède pour disputer le mondial

La trêve ayant été décrétée, le derby USMH-MCA n’aura pas lieu demain

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Le secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affai-res étrangères, chargé de

la Communauté nationale à l’étranger, Halim Benatallah, a rendu compte, hier à Alger, de la tenue, la semaine dernière, d’une réunion ministérielle res-treinte consacrée aux Algériens établis à l’étranger. Cette ren-contre, a-t-il indiqué, a eu pour objectif de tracer une politique basée sur le long terme destinée à mieux prendre en charge les besoins des 1,7 million d’Al-gériens (immatriculés) vivant à l’étranger.M. Benatallah a expliqué que les premières actions de son se-crétariat consisteront, à moyen et court termes, à poursuivre le dialogue et les rencontres avec les membres de la communauté nationale établie à l’étranger, à vulgariser les objectifs assignés à la politique mise en place à leur intention et, enfi n, à main-tenir un contact permanent avec

eux au travers d’un site internet. Dans cette perspective, il a in-diqué qu’il se rendrait bientôt en Allemagne, en Espagne, en Grande-Bretagne, en Italie et dans les pays du Golfe pour ren-contrer des Algériens qui vivent dans ces pays et recueillir leurs doléances. Dans le même ordre d’idées, Halim Benatallah a fait

savoir que le gouvernement s’est fi xé pour challenge d’ins-taller le Conseil consultatif de la communauté nationale à l’étran-ger avant la fi n de l’année. En attendant que cela se fasse, il a indiqué que le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a déjà donné son aval pour la concrétisation d’un certain nombre de projets

tels que la mise en place d’une plate-forme d’enseignement à distance de l’arabe et de tama-zight, l’achat d’un centre cultu-rel à Londres, le renforcement des capacités de l’école algé-rienne internationale de Paris et l’ouverture d’annexes dans d’autres villes de France. Le secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Communauté na-tionale à l’étranger, a également parlé de l’organisation des com-pétences et des élites algérien-nes en réseaux. M. Benatallah a annoncé, en outre, la mise en place d’un mécanisme visant à mettre fi n au calvaire rencontré par les émigrés lorsqu’ils doi-vent rapatrier des corps. Grâce à un accord conclu entre la Société algérienne d’assurance (SAA) et la Banque d’Algérie, il leur est désormais possible de s’acquitter de leurs cotisations à l’étranger, auprès des agences de la SAA. A préciser que M. Benatallah a refusé de s’expri-mer sur la récente décision prise par les autorités françaises de durcir les conditions d’octroi du visa d’entrée dans l’espace Schengen et leur souhait de ré-viser les accords de 1968. Il a promis toutefois de consacrer une conférence entière au dos-sier dans les prochains jours.

Z. C.

ALGER

■ Agissant sur renseigne-ments et en vertu d’un mandat de perquisition, les gendarmes de la brigade de Palm Beach ont procédé, jeu-di dernier, à l’interpellation d’un ressortissant africain en situation irrégulière et de deux citoyennes demeurant à Alger. Suite à la perquisition dans une habitation louée

par une personne en fuite, à Palm Beach, 6,4 g d’héroïne, 2 g de kif traité, une somme d’argent de 867 550 DA, 40 010 francs CFA et 250 euros, représentant le produit de la vente de stupéfi ants, ont été saisis. La brigade de gendarmerie de Palm Beach poursuit l’enquête. D. R.

6,4 g d’héroïne et 2 g de kif traité saisis à Palm Beach

LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Lundi 10 janvier 2011El WatanPertes et profits

Par Omar Berbiche

L’Algérie est-elle une fois de plus passée tout près d’un nouveau cyclone qui aurait tout balayé sur son passage ? On est, certes, loin de la révolte d’Octobre du point de vue du nombre, de la mobilisation

des jeunes qui sont sortis dans la rue, mais les mêmes ingrédients d’une explosion sociale étaient là, bien présents. Le feu couvait depuis longtemps. Reconnue comme un droit constitutionnel, la manifestation – même pour revendiquer l’éclairage public dans sa cité, le bitumage de son quartier, la préservation d’un espace vert, le ramassage des ordures ménagères et toutes ces petites choses de la vie qui font le quotidien des citoyens – est comprise par les pouvoirs publics comme un acte de défi ance vis-à-vis de l’Etat. Il est vrai qu’il n’est pas fl atteur pour un président de la République qui se targue d’être porté au pouvoir par un large plébiscite de plus de 80% de voix, de se lever chaque matin avec une manifestation de rue, signe d’un profond malaise social qui se traduit politiquement par un désaveu de la politique gouvernementale et des institutions du pays à tous les échelons. La stratégie du président Boutefl ika, qui a consisté à surfer sur la vague de la contestation sociale en laissant le gouvernement et les ministres affronter et prendre à leur propre compte la grogne populaire, est une manière pour le chef de l’Etat de se placer au dessus de la mêlée, de signifi er qu’il n’a rien à voir dans ce mécontentement dont il impute implicitement la responsabilité au gouvernement. Le scénario est d’ailleurs toujours le même : chaque fois qu’il y a un départ de feu menaçant pour le système, le président de la République apparaît dans toute sa mansuétude pour se faire l’avocat des citoyens et des travailleurs, remettant en cause avec un paternalisme non feint des décisions gouvernementales qui ont parfois eu l’onction du Parlement. Comme ces dernières augmentations des taxes des produits de base contenues dans la loi de fi nances 2011 qui ont mis le feu aux poudres. Cette gestion des affaires de l’Etat par la crise, qui confère au président de la République un rôle confortable d’arbitre lui permettant de gouverner sans en assumer à proprement parler les résultats de la gestion de l’Exécutif, disqualifi e l’action gouvernementale et les institutions autant qu’elle dilue la notion de responsabilité au sein du pouvoir. Le président Boutefl ika a encore usé de cette arme fatale des prérogatives présidentielles en décidant de geler les nouvelles taxes introduites par le gouvernement sur l’huile et le sucre. Preuve que l’on pouvait bien faire l’économie de cette crise ! Le gouvernement et le Parlement, qui ont présenté cette mesure comme un acte de survie de l’économie destiné à réactiver les recettes provenant de la fi scalité ordinaire, acquiescent sans broncher de porter le chapeau. En contrepartie, le gouvernement, qui accepte de jouer le rôle de mauvais génie pour préserver l’institution présidentielle, est exempté de rendre des comptes et de payer les frais de l’addition de la mauvaise gestion, à l’image des douloureux événements de cette semaine. Des actes qui seront versés, comme d’habitude, au registre des pertes et profi ts.

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POINT ZÉRO

Les casseurs parlent aux casseursPar Chawki Amari

Oui, bien sûr, il y a eu de la casse. Comme en Grèce ou en France lors des dernières manifestations de foule. Com-bien de pertes en Algérie ? On compte sur Ouyahia, l’invi-

sible chiff reur, pour nous donner prochainement des chiff res. En attendant, un jeune casseur s’explique : «Oui, j’ai cassé de l’Etat ! Mais combien l’Etat a-t-il cassé ?» Bonne question à quantifi er. Le plus grand casseur, celui qui a cassé tout un pays, déstructuré sa société, dilapidé tout l’argent du Trésor et exilé des milliers de personnes n’est autre que le régime. Verrouillant l’information et les débats publics, donnant l’autorisation de respirer au compte-goutte, interdisant les réunions et les ren-contres, bloquant les canaux d’expression et l’audiovisuel, les agréments de partis, de journaux, de syndicats et d’associations, tout en mettant la justice aux mains des lobbies politico-éco-nomiques, il explique aujourd’hui qu’il y a d’autres moyens de

revendiquer. Absurde logique à laquelle en répond une autre, la violence. Que faire en face d’un mur ? S’adosser contre ou le cas-ser. Ce qui arrange d’ailleurs le régime, qui préfère traiter avec des casseurs en les diabolisant plutôt que d’avoir aff aire à une foule qui proteste contre les injustices, alimentaires ou autres. Les casseurs parlent aux casseurs et l’on dit d’ailleurs que le ré-gime, pour décrédibiliser ce mouvement, a envoyé des casseurs dans la foule. Ce qui est possible puisqu’aux premiers jours des émeutes, il n’y en avait pas on ne voyait que des jeunes aff ron-tant les forces de police. A-t-il envoyé des casseurs pour casser le mouvement et le faire passer pour de la violence gratuite ? Même si ce n’est pas vrai, il est capable de le faire. D’ailleurs, le régime explique que ce ne sont que des casseurs et des voyous. Pour-quoi a-t-il alors décidé de baisser les prix de l’huile et du sucre et pas ceux des sabres et des couteaux ?

Retrouvez les prévisions complètes sur www.elwatan.com

ALGER ORAN CONSTANTINE OUARGLA8°16°

8°16°

2°13°

4°19°

COMMUNAUTÉ NATIONALE ÉTABLIE À L’ÉTRANGER

Le gouvernement se dote enfi n d’une politique

■ Quatre personnes, âgées de 26 à 31 ans, ont été arrêtées la semaine dernière en possession d’objets archéologiques d’une valeur inestima-ble destinés à la contrebande vers la Tunisie, apprend-on de sources crédibles. Agissant sur renseignement, la section de recherche de la gendarmerie, après plusieurs semaines d’investigations, est parvenue à récupérer deux

statuettes en bronze représentant la tête d’un pharaon, un chandelier juif en cuivre et une dizaine de pièces numismatiques remontant à l’époque phénicienne, lors d’une perquisition aux domiciles des mis en cause. Ces derniers ont été arrêtés ; ils seront présentés devant le parquet dans les jours à venir, a ajouté notre source. Lakehal Samir

TÉBESSA DES OBJETS ARCHÉOLOGIQUES RÉCUPÉRÉS

Halim Benatallah, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Aff aires étrangères, chargé de la Communauté nationale à l’étranger, hier à Alger

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