actusoins n° 12 - mars - avril - mai 2014

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N°12 MARS-AVRIL-MAI 2014 GROUPES DE PAROLE : PARLER POUR SOULAGER LA SOUFFRANCE PRISE EN CHARGE DE LA PEAU PÉRILÉSIONNELLE OU PÉRISTOMIALE DE LA BLOUSE À L’ÉCHARPE ELLES SONT ENTRÉES EN POLITIQUE VIE PROFESSIONNELLE PRATIQUES A LA UNE RETROUVEZ L’ACTUALITÉ INFIRMIÈRE AU QUOTIDIEN SUR WWW.ACTUSOINS.COM DE LA BLOUSE À L’ÉCHARPE ELLES SONT ENTRÉES EN POLITIQUE

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Retrouvez toute l'actualité infirmière au quotidien, sur www.actusoins.com

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N°12MARS-AVRIL-MAI 2014

GROUPES DE PAROLE : PARLER POUR SOULAGER

LA SOUFFRANCE

PRISE EN CHARGEDE LA PEAU PÉRILÉSIONNELLE OU PÉRISTOMIALE

DE LA BLOUSE À L’ÉCHARPEELLES SONT ENTRÉES EN POLITIQUE

VIE PROFESSIONNELLE

PRATIQUES

A LA UNE

RETROUVEZ L’ACTUALITÉ INFIRMIÈRE AU QUOTIDIEN SUR WWW.ACTUSOINS.COM

DE LA BLOUSE À L’ÉCHARPEELLES SONT ENTRÉES EN POLITIQUE

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Cette jeune femme, en couverture, pourrait être notre Marianne : l’image symbolique d’une infirmière et maire. Ni Laetitia Casta ou Sophie Marceau – les deux derniers modèles choisis pour les bustes qui trônent dans les mairies – mais une anonyme. Ni maire, ni infirmière dans la vraie vie. Mais un symbole comme Marianne.A la recherche de celles et ceux qui s’investissent dans la Cité, nous avons découvert des infirmières engagées. Cette fois en politique mais ActuSoins vous montrent au quotidien sur son site internet et au fil de ces pages des professionnels qui innovent dans beaucoup de domaines : libérales en Picardie, elles expérimentent la télémédecine ou se coordonnent pour mieux gérer le retour au domicile des patients. Sonia milite pour le bien-être des bébés. Marie-Pierre aide les mères toxicomanes… Jessy, Violaine ou Carole se transforment en pilotes au milieu des dunes pour Cœur de Gazelle (sur www.actusoins.com)Elles et ils se battent aussi : récemment, les étudiants infirmiers sont descendus dans la rue pour défendre leurs terrains de stage et ont fait plier la Fédération de l’hospitalisation privée. Qui a dit que les soignants sont désabusés ? Un récent sondage indique que huit infirmières sur dix sont satis-faites de leur exercice quotidien. Une image peut-être un peu plus rose que la réalité mais qui a le mérite d’aller à l’encontre de certains clichés. Parfois désabu-sées, quelque fois au bord du burn-out, les infirmières s’investissent, se passionnent pour leur métier. Et elles le montrent !

CYRIENNE CLERC – RÉDACTRICE EN CHEF ACTUSOINS

PRATIQUES- Réduire l’iatrogénie médicamen-teuse chez la personne âgée- Prise en charge de la peau périlésionnelle ou péristomiale

A LA UNE - De la blouse à l’écharpe, elles sont entrées en politique

PORTRAIT- Sonia, du bain au buzz

SOIGNANTS D’AILLEURS- Soifat & Mahamadi : infirmiers aux Comores

INITIATIVE - A Dijon, face à des toxicos, futures mères

SE FORMER- Autres filières

de soins : les passerelles

pour les IDE AGENDA 50

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Éditeur : ActuSoins SARL - 57 Rue de L’Ouest - 75014 Paris - R.C.S. PARIS 520180688Directeur de la publication : Kamel Boudjedra

0613 W 90939 ISSN : 2256-6260à parution Cyrienne Clerc

Dr Patrick Barriot, Delphine Bauer, Nicolas Beaumont, Amélie Cano, Olivia Dujardin, Caroline Guignot, Louise Guyon, Laurent Klein, Laure Martin, Laurence Piquard, Ariane Puccini, Malika Surbled.

www.lacommunautedesgraphistes.com

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102 000 exemplaires

VIE PROFESSIONNELLE - Groupes de parole : parler pour soulager la souffrance- Ehpad. Mutualiser les astreintes de nuit : la solution ?- Après un break, l’heure du retour - Nouveau référentiel : comment sont-ils accueillis ?

EDITO

DÉSABUSÉES, PARFOIS,INVESTIES, TOUJOURS !

VIE LIBÉRALE - La télémédecine pour le suivi des plaies

- Chirurgie ambulatoire : accompagner le retour à domicile

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ACTUSOINS 3 NUMÉRO 12 MARS - AVRIL - MAI 2014

ABONNEZ-VOUSEN PAGE

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Elles sont conseillères municipales, maires-adjointes, ou se sont lancées dans les élections municipales de leur commune.

oublient pas pour autant leur profession, au contraire.

Actusoins à la une

ACTUSOINS 4 NUMÉRO 12 MARS - AVRIL - MAI 2014

DE LA BLOUSE À L’ÉCHARPE,ELLES SONT ENTRÉES EN POLITIQUE

© Juliette Robert

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C’est parfois le fruit d’une vocation, plus ou moins affirmée, ou bien un concours de circonstances. En tout cas, le passage du médical à la politique

ne semble pas incohérent pour l’infirmière devenue édile. Entre le soin destiné aux patients et l’écoute de ses adminis-trés, il n’y aurait qu’un pas à en croire les témoignages que nous avons recueillis. Toutes parlent de « fibre humaine », d’« écoute », d’« atten-tion à l’autre », autant de qualités développées dans leur expérience professionnelle, qui peuvent s’avérer utiles une fois élu(e)s. Certaines nient farouchement « faire de la poli-tique », mais une fois au conseil municipal, elles participent pourtant à la vie de la Cité, définition première de la poli-tique. Et le passé d’infirmière finit par leur coller à la peau. « Mon métier est un élément premier dans la façon dont j’appréhende les gens », considère Marc Gricourt, maire de Blois (46 000 habitants).

Notoriété et connaissance du terrainMalgré ce lien entre les deux fonctions, l’entrée dans la politique peut sembler vertigineuse. « J’ai eu peur de ne pas pouvoir réussir », se souvient Marylène Fiard, adjointe au maire d’Annecy (50 000 habitants). « C’est un nouvel univers, j’ai découvert tout ce qui repose sur les épaules d’un maire », se souvient, encore impressionnée, Anne Del-pierre, adjointe au maire de Nieppe (7 500 habitants). Souvent, ce sont les candidats aux élections municipales qui sont venus les chercher, pour qu’elles intègrent leur liste. De la grande ville au petit village, il est vrai que l’infirmière est toujours un acteur-clé dans la vie de la commune. Libé-rale, elle se rend chez les gens et, le temps d’un soin, au cours d’une discussion avec ses patients, prend le pouls de la cité. « Les maires en campagne profitent aussi de la notoriété des infirmières », fait remarquer, lucide, Sylvie Bellecourt.

Cette « rebelle », comme elle se définit, devenue libérale pour préserver sa liberté, a décidé de faire cavalier seule : elle fait campagne pour devenir maire de Héricy (2 500 habitants) où elle habite et exerce. « Il y a un an, dans ma patientèle, on m’a demandé de m’engager différemment, de me présenter aux prochaines élections, se souvient-elle. Au début, je ne voulais pas devenir élue et puis cette ré-flexion a mûri. » Et lors des consultations, difficile de ne pas aborder, un moment ou un autre, la campagne municipale. « J’essaie de ne pas mélanger politique et consultation, mais mes patients m’en parlent, je les rencontre aussi lors de réunions publiques », raconte-t-elle. Et c’est sur le terrain que l’engagement politique prend son sens.

Actusoins à la une

ACTUSOINS 5 NUMÉRO 12 MARS - AVRIL - MAI 2014

© Jean-Philippe Thibault© J© Je© Je© Jean Pan-Pan-Philihilihilippeppe ThibThibault

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Marc Gricourt, avait déjà un goût pour la politique, trans-mis par son grand-père, mineur de fond communiste, quand on lui a proposé de rejoindre la liste de Jack Lang en 2001. Avant cela, sympathisant du parti socialiste mais pas adhérent au parti, il avait décidé en 1998 « d’assumer [ses] idées politiques » et de devenir militant « même si en tant que libéral, ça n’est pas évident », car « l’engage-ment politique, cela relève du privé », considère encore aujourd’hui Marc Gricourt. En 1999, à la demande de l’équipe de Jack Lang, maire de Blois à l’époque, il est sollicité pour mettre en place une médiation nocturne sur les quartiers sensibles de la ville, où il compte de nombreux patients. Il est mis rapidement sur le devant de la scène, animant les réunions publiques. Cinq ans plus tard, ce sera dans ces mêmes quartiers sensibles qu’il sera élu aux élec-tions cantonales, remportant 75 % des voix face au Front National.

Des compétences reconnuesLes infirmières, libérales ou salariées d’hôpitaux ou de struc-tures, sont aussi « recrutées » sur les listes électorales pour leur connaissance des problématiques de santé, et plus largement sociales. Reconnues pour leur compétences tech-niques, certaines de ces novices en politique se retrouvent directement propulsées maires-adjointes. Dans une France vieillissante, elles sont souvent en charge des questions liées à la prise en charge des seniors. Pragmatiques, elles connaissent le sujet dans sa dimension humaine. Marylène Fiard, maire-adjointe en charge des personnes âgées et de la restauration municipale, a dirigé un foyer

de logements médicalisés avant d’intégrer la liste du maire d’Annecy, Jean-Luc Rigaud. « Dans cette fonction, c’est important de comprendre le comportement des personnes âgées, chez elles », assure-t-elle. Comme cette fois par exemple où, appelée par un voisinage excédé par l’agita-tion d’une centenaire, Marylène Fiard décèle alors chez la dame incriminée les signes d’une forte anxiété, et « peut-être d’un petit AVC ». Elle organise une prise en charge psychologique et médicale de la bruyante voisine et lui trouve un logement adapté. « Je prends un citoyen dans sa globalité », résume-t-elle. Nieppe, dans les Flandres, autre cadre, autres probléma-tiques. Dans ce village touché par le chômage, Anne Del-pierre, maire-adjointe en charge de la santé, du handicap et des personnes âgées, doit faire face aux conséquences de la pauvreté croissante. Dans son petit village où « de plus en plus de gens se rendent aux restos du cœur », elle organise avec Emmaüs une prise en charge médicale des moins aisés. Elle met sur pied une campagne de pré-vention de l’obésité chez les enfants de maternelle. C’est dans l’exercice de son métier qu’elle mesure l’ampleur des besoins sociaux. « En tant qu’infirmière, on se rend compte que les gens sont diminués et dans le besoin ».

Actusoins à la une

ACTUSOINS 6 NUMÉRO 12 MARS - AVRIL - MAI 2014

Marylène Fiard, de la blouse à l’écharpe de maire-adjoint.

© Phototèque Ville d’Annecy

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ACTUSOINS 7 NUMÉRO 12 MARS - AVRIL - MAI 2014

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Un point commun entre tous ces édiles : leur hyperactivité. Ils disposent de 50 heures de délégation par trimestre qu’ils peuvent consacrer à leurs tâches d’élu. « Je ne me vois pas les prendre, c’est difficile de laisser mes collègues, la pro-fession d’infirmière est déjà si difficile », explique Anne Del-pierre qui travaille dans un Etablissement public de santé mentale où elle alterne entre les horaires du matin et ceux de l’après-midi.

HyperactivesMarylène Fiard, aujourd’hui retraitée, affirme n’avoir ja-mais pris sur ses heures de travail, uniquement sur ses jours de congés. Alors forcément, « il y avait des journées un peu longues », concède-t-elle. Des journées rallongées égale-ment en période de campagne où les réunions, les distribu-tions de tracts et les porte-à-porte surchargent encore plus leurs emplois du temps. Sylvie Bellecourt a fait un choix radical : celui de ne plus

exercer le temps de son mandat, si elle est élue. Un enga-gement que tous ne peuvent pas se permettre financière-ment (voire encadré). Marc Gricourt, maire d’une ville de 50 000 habitants a pu cesser son activité pour se consa-crer pleinement à son mandat. Mais pourtant, impossible, pour tous d’oublier leur passé d’infirmier. « Ce métier a conforté ma connaissance de l’humain, de la société, il m’a permis de voir les inégalités et m’a conforté dans mes engagements », affirme le maire de Blois. Elu un jour, infir-mier toujours.

ARIANE PUCCINI (YOUPRESS)

UN CHOIX FINANCIER

Conjuguer son emploi du temps d’infirmière avec celui d’élue municipale peut s’avérer compliqué, voire sportif, que l’on soit libérale ou salariée. Certaines décident de mettre entre parenthèses leur carrière d’infirmière pour mieux se consacrer à leur mandat. Comme Sylvie Bellecourt, infirmière libérale, qui promet de ne plus travailler pour mieux s’occuper de sa commune si elle est élue maire. Un choix qui aura une conséquence financière : la candidate prévoit de voir ses revenus baisser de 50 %. Tous les élus municipaux ne touchent pas le même montant d’indemnités. Celles-ci sont fixées en fonction de la taille de la ville, de 640 € bruts mensuels pour un maire d’un village de moins de 500 habitants à 3 500 € bruts pour le maire d’une commune de plus de 50 000 habitants, tandis que les maires de très grandes villes comme Paris, Marseille ou Lyon, culminent à plus de 8 000 € bruts. Les adjoints perçoivent également des indemnités de 250 € à 2 700 € bruts, selon la taille de la commune. Pour Marylène Fiard, aujourd’hui retraitée, il n’a jamais été question, tant qu’elle était encore en exercice, de démissionner de son poste de directrice de foyer médicalisé. Trop risqué, même si en tant que maire-adjointe d’une ville comme Annecy, elle perçoit 1 000 € d’indemnités. « En tant qu’élus, nous ne sommes que de passage à la mairie. Le jour où nous perdons les élections, personne n’est là pour subvenir à nos besoins ».

Actusoins à la une

ACTUSOINS 8 NUMÉRO 12 MARS - AVRIL - MAI 2014

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Actusoins pratiques

ACTUSOINS 9 NUMÉRO 12 MARS - AVRIL - MAI 2014

PRISE EN CHARGE DE LA PEAU PÉRILÉSIONNELLE OU PÉRISTOMIALE

de cette peau périlésionnelle (ou péristomiale) orientera de façon déterminante la prise

Dans la prise en charge des plaiesLes anomalies de la peau périlésionnelle donnent des infor-mations capitales au soignant. L’épidermisation s’effectuant à partir des berges de la plaie, il est indispensable de protéger celles-ci et de les mettre en condition optimale. L’état de la peau périlésionnelle donnera ainsi des indica-tions sur l’évolution de la plaie :- État septique ;- Sécheresse et fragilité ;- Macération influencée par le caractère exsudatif de la plaie ; - Réactions dermatologiques d’eczéma ou de mycose.La prise en charge peut être optimisée en structurant les soins de peau par le nettoyage, l’hydratation et la protection*.Le nettoyage :La plupart des plaies (notamment chroniques) se nettoient à l’eau et au savon. Cependant les savons traditionnels

ont un PH alcalin qui modifie le PH cutané et enlève les lipides. Ces actions assèchent la peau et la fragilisent. Il est donc nécessaire d’utiliser des savons respectant le PH cutané (PH=6) ou les solutions de nettoyage cutané sans rinçage ( Prontosan© B.Braun, Octenilin© Schülke...)Lorsque l’utilisation d’antiseptiques est préconisée, il faut prendre en compte que nombre d’entre eux ne sont pas destinés à être utilisés sous un pansement occlusif. Leur mauvaise utilisation est souvent responsable de dermite caustique.La protection Pour être mise en bonne condition d’épidermisation, les berges de la plaie doivent se trouver dans un environne-ment humide contrôlé.Les plaies chroniques, et notamment les ulcères de jambe, produisent en général de grandes quantités d’exsudats pouvant retarder la cicatrisation et entraîner des lésions de la peau périlésionnelle. De nombreux dispositifs nous per-mettent de gérer l’exsudat en fonction de son abondance : hydrocellulaires (Biatain® Silicone Coloplast, Askina®

DresSil B.Braun) hydrofibres (Aquacel® extra Convatec), Superabsorbant (Vliwasorb Lohman Rauscher, Mextra® Molnycke...)Plusieurs autres facteurs, mis en évidence dans le document de consensus de l’EWMA, contribuent à la dégradation de la peau périlésionnelle :- Assèchement du dispositif ;- Utilisation d’adhésif agressif ;

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Actusoins pratiques

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- L’application et les retraits répétés de pansements avec un adhésif traditionnel créent des traumatismes à la surface de la peau. Cet arrachement de la couche cornée occa-sionne, dans les cas les plus sévères, des phlyctènes ou des plaies secondaires.En fonction de l’âge du patient, de son état cutané péri-lésionnel et de la fréquence de renouvellement du panse-ment, le professionnel de santé est amené à choisir entre une forme adhésive ou sans adhésif.Si la forme adhésive est privilégiée, certains dispositifs sont élaborés pour respecter les tissus lors du retrait comme notamment les pansements siliconés. (Askina® DresSil B.Braun®, UrgoTul® Border Urgo®...).Les pansements adhésifs ne sont pas destinés à être chan-gés tous les jours et doivent être positionnés sur peau péri-phérique saine. Ils sont rarement compatibles avec l’utilisa-tion d’antiseptiques.L’hydratation.La peau périlésionnelle de certains patients (personnes âgées, eczéma variqueux..) nécessite une hydratation par-ticulière afin de prévenir des complications dues à cette sècheresse. L’utilisation de crème, huile hydratante peut-être préconisée. Chacune ont leur particularité :- Hydratation avec remplacement des lipides (émollients : Xémose® Uriage, Lipikar® La Roche Posay...)- Attraction de l’eau dans la couche cornée (humectant : Ialuset® Genevrier...) ou simplement hydratante.

Dans la prise en charge des stomies Les patients stomisés peuvent être porteur de stomies de façon temporaire ou définitive. Il n’existe pas d’appa-reillage «unique» pour équiper les patients. Les systèmes existants sur le marché doivent s’adapter à la particularité des stomies (forme, positionnement, diamètre, morphologie du patient...) ainsi qu’à la situation de vie du patient (auto-nomie, activités, métiers...)Le principe d’appareillage est cependant identique : une plaque adhésive péristomiale en 1 pièce à changer chaque jour ou un système en 2 pièces où le support adhé-sif reste plusieurs jours en place (la poche se change régu-lièrement). Quel que soit le système choisi par le patient, les problèmes rencontrés sont communs : arrachement pos-sible de l’épiderme lors du retrait du dispositif, allergie de contact, fuite du dispositif. La prise en charge peut être optimisée en structurant les soins de peau par le nettoyage, l’hydratation et la protection*.Le nettoyageLe soin de stomie est un soin d’hygiène simple. La stomie se lave à l’eau tiède du robinet avec un savon neutre puis se rince et se sèche parfaitement avant de repositionner la poche.L’hydratation Elle demeure limitée à cause de l’adhésif. Il faut s’attarder à utiliser des savons respectant le PH cutané. Il existe cepen-

dant des crèmes ou poudre de protection cutanée pour la prise en charge des peaux péristomiales sèches ou irritées (Brava COLOPLAST®.) qui n’interfèrent pas avec l’adhésif du support.La protectionLa peau péristomiale doit être protégée lors du décolle-ment de l’adhésif. Il existe pour cela des sprays ou lingettes qui aident au décollement du support (Adhésif Remover B. Braun®, Retrait adhésif Brava® Coloplast…). Le support doit-être découpé au plus près de la stomie. Des plaques d’hydrocolloïdes peuvent-être positionnées sous le support de fixation également.Des accessoires peuvent être utiles voire indispensables pour renforcer l’adhésion ou l’étanchéité de la stomie. Attention toutefois : les utiliser à mauvais escient aurait un effet délétère sur le patient stomisé. Ainsi il existe :- Des films protecteurs (Cavilon® 3M, Askina® Barrier Film B.Braun®...) ;- Des ceintures augmentant la convexité et la tenue de l’appareillage ;- Des poudres absorbant l’exsudat des plaies péristomiales .- Anneaux et barrettes renforçant l’adhésion et l’étanchéité de l’appareillage.

AUTEUR LAURENT KLEIN, D.U. PLAIES ET CICATRISATIONS

CRÉATEUR DE L’APPLICATION IPANSEMENT®

*Gray 2007 et al. Junkin et Selekof 2008

- www.woundsinternational.com/clinical-guidelines/attenuation-de-la-dou-leur-au-cours-des-procedures-de-renouvellement-de-pansement-document-de-consensus-french-edition

- Dermite d’incontience, Diane St-Cyr, stomathérapeute, C(C) BSC,MED- Gadrat C., Ferrière J.M. Une bonne stomie. Onko+ 2009;4:162-168.- Association française d’entéro-stomathérapeutes. Guide des bonnes pra-tiques en stomathérapie chez l’adulte urostomisé; 2003.

- Savoir gérer la peau périlésionnelle des escarres (Managing perilesional skin with pressure ulcers) Doi : 10.1016/j.sger.2013.03.011

DOCUMENT DE RÉFÉRENCEwww.woundsinternational.com/clinical-guide-lines/attenuation-de-la-douleur-au-cours-des-pro-cedures-de-renouvellement-de-pansement-docu-ment-de-consensus-french-edition

www.therashare.tv/webtv/play/493-gestion-de-la-peau-peri-stomialewww.urofrance.org/science-et-recherche/base-bibliographique/article/html/de-lannonce-a-lau-tonomie-du-stomise-urinaire-les-etapes-dune-prise-en-charge.html

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ACTUSOINS 11 NUMÉRO 12 MARS - AVRIL - MAI 2014

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Actusoins pratiques

RÉDUIRE L’IATROGÉNIE MÉDICAMENTEUSE

CHEZ LA PERSONNE ÂGÉE

Elle est responsable de près de 150 000 hospitalisations par an et de plus de 15 000 décès.

Les anticoagulants, de par leurs complications hémor-ragiques, sont les principaux pourvoyeurs de cette morbidité et de cette mortalité. Si certains événements

indésirables sont difficilement prévisibles, en particulier les accidents dits idiosyncrasiques ou d’origine immuno-aller-gique, il est établi que la moitié d’entre eux serait évitable car leurs mécanismes de survenue sont connus et devraient être attendus. Il s’agit essentiellement des accidents par sur-dosage ou par interactions médicamenteuses.

Le sujet âgé est un sujet à haut risque de développer des effets iatrogènes médicamenteux. D’une part, les modifica-tions physiologiques liées à l’âge et la présence fréquente d’une insuffisance rénale organique exposent au risque de surdosage par accumulation et imposent souvent une réduc-tion des posologies. D’autre part, les pathologies associées et les nombreuses prescriptions qui en découlent rendent inévitables les interactions médicamenteuses.

Principaux types d’interaction1) Les interactions cinétiques vont influencer les concen-trations sanguines des médicaments et exposer le patient au risque de surdosage ou de sous-dosage. Les médicaments inhibiteurs enzymatiques (en particulier les antibiotiques de la famille des macrolides et les antifongiques azolés) sont capables de freiner le métabolisme de médicaments pris conjointement. Ces derniers risquent donc de voir leur concentration sanguine s’élever au-delà de leur marge thé-rapeutique, surtout s’il s’agit de médicaments à marge thé-rapeutique étroite comme les AVK ou la colchicine.

A titre d’exemple, l’introduction d’un antifongique azolé comme le miconazole (Daktarin®, Loramyc®) chez un pa-tient traité par AVK va entraîner une élévation de l’INR et un risque hémorragique. Cette association est donc contre-indiquée. Par le même mécanisme, la prescription d’un antibiotique de la famille des macrolides comme l’érythro-mycine chez un patient traité par colchicine va entraîner une élévation de la concentration sanguine de colchicine qui peut atteindre rapidement son seuil toxique.Notons que le jus de pamplemousse est également un puissant inhibiteur enzymatique : Il peut multiplier la bio-disponibilité de la simvastatine (Zocor®) par un facteur 15, ce qui revient à prendre en une seule fois la dose de deux semaines et accroît le risque de rhabdomyolyse. Il augmente également la biodisponibilité des immunosup-presseurs comme la ciclosporine (Néoral®, Sandimmun®) et augmente le risque de néphrotoxicité. Les médicaments

© iStock/FotografiaBasica

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Actusoins pratiques

ACTUSOINS 13 NUMÉRO 12 MARS - AVRIL - MAI 2014

inducteurs enzymatiques (millepertuis, rifampicine, certains antiépileptiques comme la carbamazépine, le phénobarbi-tal ou le topiramate) sont capables quant à eux de stimuler le métabolisme de médicaments pris conjointement. Ces derniers risquent donc de voir leur concentration sanguine diminuer en-deçà de leur marge thérapeutique, surtout s’il s’agit de médicaments à marge thérapeutique étroite comme les AVK ou la digoxine. A titre d’exemple, la prise de médications à base de millepertuis à visée antidépres-sive (sur prescription médicale ou par automédication) peut réduire ou même annuler les effets d’un traitement par AVK ou par digoxine.

2) Les interactions dynamiques de type additif sont sus-ceptibles de potentialiser les effets de certains médicaments pris simultanément. Ainsi, la prise conjointe d’un AVK et d’un antiagrégant plaquettaire (aspirine ou AINS) peut dé-clencher un syndrome hémorragique. La prise conjointe de médicaments à effets anticholinergiques peut déclencher un syndrome anticholinergique avec rétention urinaire, troubles visuels ou syndrome confusionnel. La prise conjointe de deux fibrates (type Béfizal®, Lipanor®, Lipanthyl® ou Lipur®) peut déclencher une rhabdomyolyse.

Il peut s’agir à l’opposé d’une interaction de type anta-goniste. La prise d’un antiémétique comme le métoclopra-

mide (Primperan®) chez un patient parkinsonien traité par agents dopaminergiques peut perturber sérieusement son traitement.

Génériques : source de confusion et d’erreursLa différence de présentation peut être source de confu-sion et d’erreurs. L’infirmier joue un rôle important dans le signalement de cette anomalie et dans l’aide à la bonne observance du traitement. Il faut se méfier des comprimés de principes actifs différents qui ont parfois le même aspect (affaire des comprimés furosémide-zolpidem Téva, compri-més Préviscan®-Lisinopril®…), mais tout autant des compri-més d’un même principe actif qui peuvent se présenter sous différents aspects selon le générique.

Attention aux évènements intercurrents Ces évènements peuvent interférer avec les traitements mé-dicamenteux et favoriser la survenue d’effets indésirables parfois graves. Ainsi, un épisode infectieux conduisant à la prescription d’un antibiotique inhibiteur enzymatique peut conduire au surdosage d’un médicament pris jusqu’alors sans problème. La fièvre ou une gastro-entérite peuvent entraîner une déshydratation avec insuffisance rénale fonc-tionnelle grave chez un patient sous diurétiques ou à la fonction rénale altérée.

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Actusoins pratiques

ACTUSOINS 14 NUMÉRO 12 MARS - AVRIL - MAI 2014

Dix bons réflexes iatrogéniques L’infirmier étant le professionnel de santé le plus proche du malade, il est le plus apte à déceler les premiers signes pou-vant évoquer un événement médicamenteux indésirable. Il doit en permanence réagir avec le réflexe iatrogénique.

1. Diarrhée. De nombreux médicaments sont responsables de troubles digestifs mais l’apparition d’une diarrhée chez un patient traité par colchicine doit faire systématiquement évoquer une toxicité par surdosage en colchicine. L’infir-mier constatant une diarrhée chez un patient sous colchi-cine doit signaler immédiatement ce symptôme au médecin prescripteur.

2. Rétention urinaire. Deux types de médicaments peuvent provoquer une rétention urinaire avec globe vésical : les mé-dicaments à effets principaux ou latéraux anticholinergiques (ils sont très nombreux : anticholinergiques antiparkinsoniens comme l’Artane®, anticholinergiques antispasmodiques comme le Librax®, phénothiazines neuroleptiques comme le Largactil® ou antihistaminiques H1 comme l’Atarax®) et les vasoconstricteurs alpha-stimulants (décongestionnants ORL). L’infirmier doit surveiller attentivement la qualité de la miction des personnes âgées (tout comme celle du transit digestif) et rechercher un globe vésical au moindre doute.

3. Troubles de la sexualité. L’apparition récente de troubles de la sexualité (hypersexualité, addiction sexuelle, déviance), parfois associés à d’autres addictions, chez un patient parkinsonien traité par agoniste dopaminergique type ropinirole (Requip®) ou pramipexole (Sifrol®) doit faire évoquer la responsabilité du traitement.

4. Chutes. Par le biais d’une sédation excessive, de troubles visuels, d’une hypotension orthostatique ou d’une myorelaxa-tion, de nombreux médicaments peuvent être responsables de chutes aux conséquences souvent graves chez le sujet âgé, mais il faut avant tout éliminer les associations de ben-zodiazépines ou les benzodiazépines à demi-vie longue. L’infirmier doit régulièrement s’enquérir auprès du patient âgé mais également de sa famille de la survenue de chutes.

5. Syndrome confusionnel. L’apparition brutale d’un syn-drome confusionnel peut être un effet direct de médicaments (tous les médicaments psychotropes, certains antibiotiques) ou un effet indirect (hypoglycémie chez un patient sous antidia-bétiques hypoglycémiants, rétention aiguë d’urine d’origine médicamenteuse se traduisant par une agitation chez le sujet âgé…). L’infirmier doit contrôler la glycémie capillaire devant tout trouble neurologique ou d’allure neuropsychiatrique.

6. Déshydratation. La surveillance du poids et des signes de déshydratation est capitale chez le sujet âgé surtout s’il est sous traitement diurétique. Une chaleur excessive,

une fièvre ou une gastro-entérite avec pertes liquidiennes peuvent entraîner rapidement une déshydratation sévère avec insuffisance rénale fonctionnelle. La surveillance infir-mière régulière du poids et des signes de déshydratation est incontournable chez le patient sous diurétiques.

7. Syncopes. Des malaises à type de syncopes ou de pertes de connaissance brèves imposent la réalisation d’un ECG à la recherche de troubles du rythme ou de la conduction. De nombreux médicaments (en particulier des neuroleptiques et des antidépresseurs) sont responsables d’un allongement de l’intervalle QT et de survenue de troubles graves du rythme ventriculaire à type de torsades de pointe. L’association halopéridol (Haldol®) + citalopram (Séropram®) et l’association paroxétine (Déroxat®) + pimo-zide (Orap®) sont contre-indiquées pour cette raison.

8. Hémorragies. Les anticoagulants (en particulier les AVK) représentent la première cause de morbidité et de mortalité liées aux médicaments. Tout signe hémorragique même mineur (gingivorragie, épistaxis, hématome) et a for-tiori majeur (hématurie, méléna…) doit faire évoquer une posologie excessive ou une interaction médicamenteuse (attention aux antifongiques azolés même sous forme de gel buccal et aux AINS) et contrôler l’INR. L’infirmier se mettra en rapport avec le médecin prescripteur sans délai afin de signaler les signes hémorragiques, même minimes.

9. Hypoglycémie. Tout signe neurologique ou neuropsy-chiatrique d’installation brutale doit faire évoquer en premier lieu une hypoglycémie chez le patient traité par antidiabé-tiques oraux hypoglycémiants (sulfamides hypoglycémiants ou glinides). Le risque est de confondre les symptômes d’une hypoglycémie médicamenteuse avec ceux d’un AVC ou d’un syndrome psychiatrique. Deux associations médica-menteuses sont à haut risque d’hypoglycémie : l’association glibenclamide (Daonil®) + miconazole (Daktarin®, Loramyc®) et l’association répaglinide (Novonorm®) + gemfibrozil (Li-pur®). Une glycémie capillaire de contrôle sera réalisée par le personnel soignant devant tout trouble de la conscience, de l’humeur et signes d’AVC (Paralysie faciale, trouble de la parole, troubles moteurs, céphalées, troubles visuels,…)

10. Rhabdomyolyse. L’apparition de douleurs musculaires doit faire évoquer une rhabdomyolyse débutante chez un patient traité par statines ou par fibrates. L’association d’atorvastatine (Tahor®) et de kétoconazole (Kétoderm®) est contre-indiquée de même que l’association de deux fibrates (Béfizal®, Lipanor®, Lipanthyl® ou Lipur®), du fait du risque de rhabdomyolyse. L’infirmier signalera au médecin toute douleur musculaire inexpliquée.

DR. PATRICK BARRIOT, EXPERT MÉDICAL DE L’INSTITUT EUROPÉEN

DE FORMATION EN SANTÉ (IEFSANTÉ)

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Actusoins pratiques

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LA POSE DE SONDE NASO-GASTRIQUE :

UN SOIN REDOUTÉ PAR LES PATIENTS ET PAR LES SOIGNANTS

Cet acte infirmier est réglementé par les articles R.4311-7 et R.4311-5 du Code de la Santé Pu-blique et se réalise sur prescription médicale (PM).

Art R.4311-7 : l’infirmier […] est habilité à pratiquer les actes suivants soit en application d’une prescription médi-cale qui, sauf urgence, est écrite, qualitative et quantitative, datée et signée, soit en application d’un protocole […] : pose de sondes gastriques en vue de tubage, d’aspiration, de lavage ou d’alimentation.Art R.4311-5 : dans le cadre de son rôle propre, l’infir-mier […] accomplit les actes ou dispense les soins suivants visant à identifier les risques et à assurer le confort et la sécurité de la personne et de son environnement et compre-nant son information et celle de son entourage : administra-tion de l’alimentation par sonde gastrique, sous réserve des dispositions prévues à l’article R.4311-7 et changement de sonde gastrique ; soins et surveillance de patients en assistance nutritive entérale ou parentérale.

Un large éventail de modèlesDe tailles variables (CH 4 à 20), radio-opaques et gra-duées, leur utilisation est conditionnée par leur composition et leur calibre.- Les sondes en PVC (Salem) assez rigides, sont utilisées pour de courte durée (3 à 4 j) car le PVC est dégradé par l’acidité gastrique. A une extrémité, elle comporte 2 orifices permettant une prise d’air et une connexion pour l’aspiration, l’autre extrémité comportant plusieurs orifices pour aspirer le contenu gastrique. La prise d’air est primor-diale en cas d’aspiration douce car elle évite que le tuyau ne se collabe à la paroi de l’estomac et ne crée un ulcère. Ces indications sont multiples (CH 16-18) :- syndrome occlusif (arrêt brutal des matières et des gaz

provoquant d’importantes douleurs, des nausées et vomis-sements) ;- hémorragies digestives hautes (permet un lavage gas-trique avec de l’eau froide afin de favoriser la vasoconstric-tion des vaisseaux) ;- chirurgie digestive lourde permettant une vidange et un repos gastrique (prévention de la dilatation de l’estomac, des vomissements, des tensions des sutures digestives) ;- prévention des risques d’inhalation chez les patients intubés-ventilés.Les sondes en silicone et en polyuréthane, très souples, sont

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utilisées préférentiellement pour les nutritions entérales et l’administration de traitement. Elles offrent une excellence tolérance et leur résistance face à l’acidité digestive permet une utilisation de longue durée (max 30 jours) avec de pe-tits calibres (CH10-12). Les indications sont nombreuses : alimentation orale impossible (chirurgie ORL lourde), ap-ports nutritifs insuffisants (prématurés), dénutrition majeure (anorexie), troubles de la déglutition.Un seul point les différencie : la lumière des sondes silico-nées comporte des irrégularités qui favorisent l’obstruction, ce qui n’est pas le cas des sondes en polyuréthane (conduit interne lisse).

La poseAprès vérification de la prescription médicale, le matériel est préparé et les règles d’hygiène sont respectées pour la réalisation de ce soin. L’intérêt du geste, son déroulement sont expliqués au patient, favorisant ainsi sa coopération. La voie nasale est privilégiée (sauf traumatisme maxillo-fa-cial important, fracture des os de la base du crâne et les prématurés). Le passage de la sonde dans le pharynx puis dans l’œsophage est facilité par une position demi-assise, la tête fléchie en avant et les mouvements de déglutition du patient synchronisée avec la progression de la sonde. Seuls les patients intubés (au bloc) sont laissés en décubitus dorsal. La position de la sonde est vérifiée par l’injection rapide de 50ml d’air couplée à une auscultation gastrique à la recherche d’un bruit hydro-aérique. Mais attention, il existe des faux positifs ! Un contrôle radiologique peut être demandé (sur PM), il sera systématique chez tout patient intubé-ventilé ou en cas de chirurgie digestive lourde.Les contre-indications sont peu nombreuses : ingestions de toxiques corrosifs, chirurgie récente des voies digestives hautes (risque de lâchage de sutures). Il existe de multiples complications d’apparition immédiates et plus tardives.

Quelques précautions- Haricot et protection type absorbex sont indispensables pour l’hygiène et la protection du patient.- Les antécédents du patient type déviation de la cloison nasale sont importants afin de privilégier la narine opposée à cette déviation pour introduire la sonde.- Mesurer la distance pointe du nez-oreille-creux de l’esto-mac (sous l’appendice xyphoïde).- En raison de leur souplesse, les sondes en silicone et en polyuréthane sont placées au frigo 2 heures avant la pose afin de les rigidifier.- Lubrifier les sondes, les sondes siliconées avec du gel hydrosoluble uniquement.- Utiliser la courbure naturelle de la sonde, progresser au rythme du patient.- Un repère au marqueur indélébile sur la sonde n’empêche pas de contrôler la position de la sonde à chaque change-ment d’équipe et à chaque utilisation.

- La fixation avec précaution doit éviter les escarres du nez, la fixation avec un fil reste exceptionnelle (ORL).- Toujours rincer les sondes avec de l’eau après utilisation pour la nutrition entérale.- Attention lors de l’administration de comprimés, s’assurer que les médicaments peuvent bien être réduits en poudre (médicaments à libération prolongée).

Surveillance - Vérification de la position (fixation, repère, auscultation, perméabilité) de la SNG est impérative à chaque prise de poste et avant chaque administration. - Surveillance de la quantité et qualité de liquide recueilli sous aspiration douce à -20 à -30 mbar.- Surveillance de l’absence de nausée, vomissement, dou-leur et de la reprise du transit.- Contrôle du résidu gastrique (++ chez les prématurés) per-met d’avoir un reflet sur la vidange gastrique et d’adapter le débit. Utilisée quotidiennement, la sonde gastrique n’est pas dé-nuée de complications et sa surveillance ne doit en aucun cas être banalisée.

LAURENCE PIQUARD, INFIRMIÈRE ANESTHÉSISTE-FORMATRICE

Complications immédiates Actions

Trajet sous muqueux pharyngé Introduire la sonde avec douceur

Fausse route dans la trachée Retirer la sonde immédiatement avant de réitérer l’opération

Epistaxis Vérifier le bilan d’hémostase. Bien lubrifier la sonde, ne jamais forcer en cas de résistance

Inhalation alimentaire Toujours être vigilant, pose 6 h après le dernier repas

Fausse route intracrânienne (fracas maxillo-facial et crânien) Privilégier la voie buccale et la pose par un médecin

Complications secondaires Actions

Arrachement de la sonde accidentelle ou volontaire Reposer la sonde

Déplacement secondaire de la sonde Toujours vérifier la position de la sonde

Obstruction de la sonde Rincer avec de l’eau après chaque utilisation

Reflux gastro-œsophagien, pneumo-pathie d’inhalation

Position demi-assise pendant et deux heures après la fin de la nutrition ou tête de lit surélevée à 30° (réa)

Infection : otite, sinusite Soins de bouche et de nez pluriquotidiens

Altération des muqueuses nasale et buccale (ulcération, escarre)

Surveillance et changement quotidien de la fixationChangement de narine

- Pose et surveillance d’une sonde naso-gastrique – Isabelle Bonnefoy- La pose de sonde gastrique - Vincent Elmer-Haerrig- Comment choisir et poser une sonde naso-gastrique pour nutrition entérale jour-née CLAN 2012

- Du « bon usage » de la sonde nasogastrique – D.Chassard, P.Boulétreau, J.P. Tournadre

- Département d’anesthésie-réanimation Hôpital de l’Hôtel Dieu et Hôpital Edouard Henriot – 69000 Lyon – SFAR 1998

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La télémédecine pour le suivi des plaies

Sept infirmières libérales travaillant dans deux cabinets situés à Compiègne et à Longueil-Annel, dans l’Oise, participent à un projet de télémédecine avec une

équipe de médecins et infirmières du CH de Compiègne spécialisée dans le traitement des plaies chroniques et de la cicatrisation. « Dans notre patientèle, nous avons réguliè-rement des patients qui ont des plaies chroniques compli-quées à traiter », explique Véronique Vouzellaud, infirmière libérale qui participe au projet.«L’idéal serait de pouvoir obtenir rapidement un rendez-vous chez le dermatologue, mais le temps d’attente est généralement trop long face à l’urgence de la prise en charge de la plaie, et le médecin traitant n’est pas toujours habilité », ajoute-t-elle.

A vos tablettesAinsi, lorsqu’un patient présente une plaie chronique, l’infirmière libérale peut lui proposer d’être introduit dans le projet, après en avoir informé le médecin traitant. Les cabinets d’infirmières libérales ont été équipés de tablettes leur permettant de prendre des photos de la plaie, de les

transférer sur leur ordinateur puis de les envoyer à l’équipe de l’hôpital par un dispositif sécurisé.« Ensuite, l’équipe de l’hôpital se réunit, une fois par se-maine, examine les différents dossiers patients que nous leur avons transmis, et nous informe par email ou par té-léphone du traitement à dispenser au patient «, explique Véronique Vouzellaud. Le délai d’attente pour le diagnostic est donc au maximum d’une semaine.« Les patients sont vraiment satisfaits de cette initiative, ajoute l’infirmière. On leur présente le projet positivement

en leur expliquant que leur plaie est compliquée et qu’il nous faut l’avis de spécialistes de l’hôpital. Ils sont très contents car ils estiment être bien pris en charge. Et pour nous, infirmières libérales, c’est un gain de temps, cela nous simplifie la vie et on offre des soins de qualité. »

Une solution d’avenirComme pour de nombreuses initiatives dans le domaine libéral, le seul bémol s’avère être le financement. Pour la prise de photos et le temps passé devant l’ordinateur, les infirmières libérales ne sont pas rémunérées. « C’est égale-ment le cas pour l’équipe de l’hôpital, regrette l’infirmière. L’objectif serait d’inclure un dermatologue dans l’équipe hospitalière, mais l’absence de rémunération peut être pro-blématique, alors que la télémédecine, c’est l’avenir ! »Depuis octobre, une initiative similaire existe dans le Gard grâce au réseau Cicat qui regroupe à Montpellier une équipe d’infirmiers et de médecins experts des plaies com-plexes et de la cicatrisation. Le réseau fournit des tablettes aux infirmiers libéraux qui communiquent en direct avec un médecin expert. Ce dernier, grâce à l’image de la plaie, guide l’infirmier.

LOUISE GUYON© GCS e-Santé Picardie

Marie-Odile Guillon, infirmière libérale.

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Chirurgie ambulatoire : accompagner le retour à domicile

L’initiative revient à l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) Infirmiers de Picardie. « Il y avait une réelle demande de prise en charge post-opératoire pour

la douleur, les angoisses ou différents types de troubles », souligne Isabelle Brillet, infirmière libérale engagée dans le dispositif.« Nous avons fait la proposition à l’Agence régionale de santé, en octobre 2012, se souvient Marie-Odile Guillon, présidente de l’URPS. Le directeur a approuvé l’idée, et le Centre hospitalier Compiègne-Noyon, qui souhaitait améliorer son taux de chirurgie ambulatoire, s’est porté volontaire pour lancer le projet Intervention soins infirmiers post-ambulatoire à domicile (Isipad). »

Le parcoursLa présidente de l’URPS a donc contacté une quarantaine d’infirmières du secteur qui ont suivi une formation à l’hôpi-tal, pour se familiariser avec la chirurgie ambulatoire, avant de transmettre leurs connaissances aux autres infirmières de leur cabinet. A ce jour, elles sont une centaine à participer à Isipad. L’expérimentation ne bénéficie qu’aux personnes fragiles psychologiquement, socialement et physiquement. Ainsi, lorsqu’un chirurgien repère un patient fragile, il peut déci-der de l’inclure dans l’expérimentation. L’équipe de l’unité de chirurgie ambulatoire donne alors au patient le numéro de téléphone de l’URPS qui lui com-munique le nom de l’infirmière libérale à contacter dans son secteur. La veille de l’opération, l’unité s’assure que le patient a bien informé l’infirmière de son opération et le jour même l’unité appelle l’infirmière pour qu’elle sache à quelle heure le patient sera rentré chez lui.

Une expérimentation bien accueillie« L’infirmière libérale va donc se rendre au domicile du patient le soir de l’opération et le lendemain, pour s’assurer

qu’il aille bien, pour la prise en charge de la douleur, et pour relever les constantes », rapporte Marie-Odile Guillon. « Cette expérimentation est bien accueillie par les patients et elle permet de faire reconnaitre la prise en charge que nous leur offrons », ajoute Isabelle Brillet. Seul problème : ces actes n’étant pas inscrits dans la no-menclature, ils ne sont pas pris en charge par l’Assurance maladie. Donc pendant huit mois, les infirmières libérales n’ont pas été payées. Une solution a été trouvée avec l’ARS qui devrait dégager une enveloppe, mais en attendant, l’URPS paye les factures. L’expérimentation aurait par ailleurs dû prendre fin en ce début d’année 2014, mais « je reçois encore des appels, indique Marie-Odile Guillon. Je dois rencontrer le chef de projet ARS pour parler de la suite d’Isipad. »

LAURE MARTIN

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PARLER POUR SOULAGER LA SOUFFRANCE

GROUPES DE PAROLE :

traitement, la mort... Des traumatismes liés au travail médical

services ont une solution : la parole.

Une famille qui se déchire sur la fin de vie d’un proche, une équipe médicale suspendue durant un mois à la décision des tribunaux : le cas de Vincent Lambert,

cet infirmier de 38 ans en état végétatif depuis cinq ans, a fait la une de l’actualité ces dernières semaines. Une situa-

tion extrême mais qui révèle le cocktail d’angoisse et de stress auquel peuvent être confrontés des

soignants en charge de ce type de cas. C’est pour soulager ces équipes

médicales et toutes celles

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“exergue

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travaillant dans des services à fort pronostic létal que les groupes de parole ont vu le jour il y a près de 30 ans. Le principe ? Un temps de parole collectif basé sur le volontariat, animé par un psychologue et confidentiel. Au-jourd’hui développé dans les services de soins palliatifs et dans certains services de cancérologie ou d’addictologie, cet outil peine encore à faire sa place dans des unités où les soignants peuvent faire face à du stress aigu ou chro-nique (réanimation pédiatrique, services de grands brûlés, gériatrie, etc).

Analyser ses actions et ses émotionsPsychologue, Martine Ruszniewski anime des groupes de parole destinés aux soignants depuis 1982. Elle intervenait à l’époque auprès des patients du service d’hémato-can-cérologie de l’Hôtel Dieu à Paris. « Un jour, je suis entrée dans le box des infirmières pour leur demander de voir un malade. Il n’était pas disponible mais elles m’ont invitées à m’asseoir avec elles pour discuter. Ce jour-là, j’ai com-pris que les soignants avaient besoin d’être entendus pour ensuite pouvoir écouter les patients et leur famille », raconte-t-elle. Une pratique qu’elle apprend auprès du Dr Robert Zittoun au sein de son équipe mobile de soins palliatifs, la première créée en France en 1989. Martine Ruszniewski exerce désormais à l’Institut Curie. Cet établissement de cancérologie a développé en 2004 des groupes de pa-role pour ses soignants. Au service de radiothérapie, les infirmières peuvent ainsi participer une fois par mois à ce moment de discussion. En ce mardi après-midi, elles sont six à s’être réunies dans une petite pièce de travail aux murs nus. Assise au centre du groupe, Martine Ruszniewski prend des nouvelles. « Comment allez-vous ? Est-ce qu’il y a des choses dont vous aimeriez discuter ? », demande-t-elle.

Souffrance du patient, mal-être du soignantTimides au départ, quelques infirmières prennent la parole. La discussion s’engage et elle ne s’arrêtera plus durant une heure. Les soignantes parlent de la vie du service, des désaccords de l’équipe autour du cas difficile d’une patiente récemment décédée, de leurs ressentis... Chacune s’exprime librement. Par petites touches, la psychologue les aide à analyser leurs actions et leurs émotions. « Une culture

de la parole de groupe s’est développée, témoigne Mar-tine Ruszniewski, Elles ne se coupent plus la parole, elles s’écoutent. Elles se sont appropriées cet outil petit à petit ». « Au début je trouvais ça luxueux d’avoir un groupe de parole », se souvient Astrid, infirmière dans le service de-puis deux ans. « Maintenant j’organise ma journée pour pouvoir m’y rendre. Je le prends parfois en cours de route. Il y a aussi des fois où je n’y vais pas car j’ai trop de travail ou je n’ai pas envie », explique la jeune femme. Si elle apprécie ce temps d’échange, c’est parce qu’il l’aide à prendre du recul. « Ça permet de faire une relecture d’une situation complexe qu’on a pu avoir avec un malade. Ces discussions nous aident à avoir des clés pour aborder des situations conflictuelles », estime-t-elle. « On y aborde aussi notre place face à la mort », ajoute celle qui se souvient d’une période difficile où « on avait eu quatre décès en sept jours ».

Assise en face d’elle, sa collègue Marjorie partage son point de vue. « Ce qui m’a surpris en assistant aux groupes de parole, c’est la capacité d’écoute des collègues. Ça fait du bien d’avoir ce temps pour parler. On a les transmis-sions, bien sûr, mais en groupe de parole on a le temps de se poser. On dialogue aussi avec des collègues avec qui on n’a pas forcément d’affinités et on se rend compte au

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final qu’on a tous le même ressenti », décrit-elle. Pour les deux infirmières, ces groupes sont un outil pertinent pour évacuer le stress et éviter les burn-out. « Si on ne prend pas en compte sa propre souffrance, on ne peut pas bien accompagner son patient car on ne fait plus la part des choses », estime Astrid. Mais pour qu’un groupe de parole fonctionne, il faut des conditions favorables : une direction d’hôpital volontaire, des cadres vigilants, un psychologue compétent et des soignants en confiance. Ayant créé des groupes de parole dans différents hôpitaux au cours de sa carrière, Martine Ruszniewski témoigne des difficultés rencontrées lors des premières séances. « Mais à force d’y aller, de répéter que tout est confidentiel et que je ne ferai jamais de comptes-rendus à la direction, les soignants ont adhéré peu à peu », explique-t-elle, tout en précisant que ce n’est jamais gagné. « Il y a les urgences, les réunions calées au dernier moment, le manque de temps... Si la cadre de proximité ne prend pas ça à bras-le-corps, les soignants oublient », assure la psychologue.

Construire du sens en équipeDanièle Leboul, psychologue clinicienne, témoigne aussi de la fragilité des groupes de parole. Elle en anime depuis 1984, d’abord en pneumologie infectieuse à l’hôpital Saint-Louis à Paris - « au tout début de l’épidémie du Sida », se rappelle-t-elle – puis en soins palliatifs au CHU de Brest et aujourd’hui à la Maison médicale Jeanne Garnier, éta-blissement privé parisien spécialisé en soins palliatifs. Pour elle, cet outil n’est pas une « solution miracle » contre le burn-out. « Mais si cet espace est investi correctement, il apporte un soulagement. Les soignants peuvent y prendre conscience de leurs limites personnelles et de celles du collectif, comprendre qu’ils ne sont ni bons ni mauvais », détaille-t-elle. Un groupe de parole est organisé tous les 15 jours dans chaque service de la Maison médicale. Du médecin à l’ASH, tous les soignants y sont les bienvenus. Une fois

la porte passée, la hiérarchie s’abolit. « Chacun parle en son nom propre en disant « je », c’est une des règles », précise Danièle Leboul. On cherche à construire ensemble un sens commun à ce que chacun peut vivre individuel-lement » : la répétition de la mort, la sensation d’avoir mal accompagné tel patient ou le fait de ne plus avoir la force d’entrer dans la chambre de tel autre, par exemple. Ces groupes permettent aussi de souder les équipes. « La violence de certains cas ou l’agressivité de certaines familles peuvent cliver l’équipe soignante. On a besoin de prendre ce temps pour se ressouder et avoir une pensée collective. Percer l’abcès avant de retourner au travail », té-moigne le Dr Guirimand. « Je n’ai pas besoin du groupe de parole pour voir si une soignante est en burn-out, je m’en rendrai compte en la voyant travailler ou dans son compor-tement avec ses collègues, précise de son côté Christine Gard, infirmière coordinatrice, mais il me permet de repé-rer, parfois, que telle collègue est plus fragile par rapport à un patient en particulier et qu’il faut que je fasse attention à elle. Ça permet une sérénité et un calme entre nous ». Autre thème récurrent exprimé dans les groupes de parole : l’organisation du travail dans le service, car celle-ci est sou-vent la cause du sentiment de « travail mal fait » chez les soignants. Pour la direction de la Maison médicale Jeanne Garnier comme pour celle de l’Institut Curie, les groupes de parole sont conçus comme l’un des éléments d’une stra-tégie plus large pour améliorer la qualité de vie au travail. « Les gains sont difficiles à mesurer, on est sur du ressenti. Mais on constate que le taux de turn-over dans notre éta-blissement est inférieur à la moyenne francilienne malgré la violence de la prise en charge que nous menons » note Cédric Boutonnet, directeur de Jeanne Garnier.

AMÉLIE CANO / YOUPRESS

OU INTERVENANT EXTÉRIEUR ?

Chaque établissement de soin a sa pratique. À l’Institut Curie et à la Maison médicale Jeanne

Garnier, ce sont des psychologues internes qui ani-ment les groupes de parole. Mais leur pratique est séparée : elles interviennent dans certains services pour les soignants, dans d’autres pour les patients.

D’autres hôpitaux préfèrent faire appel à des psycho-logues extérieurs à l’établissement. Dans tous les cas,

le contenu des séances est confidentiel et jamais transmis à la hiérarchie de l’hôpital.

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MUTUALISER LES ASTREINTES DE NUIT : LA SOLUTION ?

EHPAD

«La nouvelle convention passée avec l’ARS et le conseil général a supprimé le financement des postes d’infirmières de nuit de nos quatre EHPAD

en 2012 », explique Marie-José Bonfiglio, cadre supé-rieur de santé aux Hôpitaux du bassin de Thau, un centre hospitalier intercommunal basé autour de Sète et d’Agde. Pour continuer à assurer la continuité de la prise en charge soignante 24 heures sur 24, l’établissement a mis sur pied une initiative originale : la mutualisation de temps d’astreinte d’infirmière de nuit sur chacun de ses deux sites. « La volonté est de maintenir les usagers dans leur lieu de vie et de limiter le recours aux urgences aux cas le justifiant vraiment », explique-t-elle. Depuis 2012 sur Sète et 2013 sur Agde, le dispositif tourne en routine, avec respectivement cinq et quatre infirmiers volontaires, grâce à un financement de l’ARS (forfait par astreinte et tarif horaire pour les interventions).

Stéphanie Carpentier, l’une des infirmières du dispo-sitif, explique : « Entre 21h30 et 7 heures, les aides-soignantes peuvent nous appeler lorsqu’elles rencontrent une urgence relative. Nous évaluons au téléphone la nécessité de nous déplacer puis nous intervenons sur place pour assurer les soins nécessaires. Les urgences vitales relèvent toujours du 15. Celles qui justifient notre intervention sont évidemment celles qui s’inscrivent dans le cadre de nos compétences » : assurer des soins après

une chute, remettre une perfusion en place, soulager le patient douloureux… Pour cela, les médecins des EHPAD rédigent préalablement des procédures ou des prescrip-tions anticipés pour chacun de leurs patients, selon leur profil de vulnérabilité.

Un dispositif rassurant« Les appels ont été plus fréquents au début, car les aide-soignantes avaient besoin de trouver leur marque » ex-plique Coraline Gaudry, une autre infirmière d’astreinte. Maintenant, un déplacement par nuit est nécessaire en moyenne. « Le dispositif, souligne Armelle Olombel, cadre de santé assurant la coordination gérontologique entre les deux sites, apporte la réassurance aux aides-soi-gnantes qui avaient l’habitude de travailler avec les infir-mières. Les patients et les proches sont aussi rassurés de savoir qu’une infirmière peut se déplacer si nécessaire ».« On est plus autonome, dans la limite de nos compé-tences et cela valorise notre travail », estime Stéphanie Carpentier. Pour sa consœur, « c’est l’occasion de mettre toutes nos compétences en jeu pour répondre à une situa-tion alors que nous arrivons sans savoir totalement ce qui nous attend ».Désormais, d’autres EHPAD sollicitent l’établissement pour s’intégrer au dispositif. Au niveau national aussi, l’originalité séduit : l’établissement a reçu un prix fin 2013 pour ce projet (Trophée Direction[s]). Et depuis plu-sieurs mois, quelques ARS ont lancé des expérimentations similaires sur leur territoire (Ile-de-France, Auvergne, Pays de Loire…).

CAROLINE GUIGNOT©ch-bassin de thau

Stéphanie Carpentier, l’une des infirmières du dispositif.

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L’HEURE DU RETOUR

APRÈS UN BREAK,

Sauf si des formations

Pas facile de revenir exercer en établissement après une longue interruption. Celles qui en font l’expérience témoignent, pour certaines, d’une perte de repères,

de craintes de ne pas savoir faire, de conviction que leurs connaissances ne sont plus à jour... Celles, car même si aucune statistique sur le sujet n’existe, les interruptions de carrière, notamment pour cause de congé parental, concernent quasi-exclusivement les femmes. De même que ce sont plus les femmes qui suivent leur conjoint en cas de mutation que l’inverse...

La durée de l’interruption joue naturellement sur la capa-cité à reprendre facilement le cours interrompu de la car-rière professionnelle. Treize mois d’absence pour Mélisa, le temps d’un congé maternité et d’un congé parental, avant de retourner à la maison de retraite où elle travaillait auparavant. Sur le plan technique, elle ne s’est pas sen-tie perdue : « c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas », remarque-t-elle. En revanche, « j’ai eu l’impression d’avoir tout oublié du métier, de la théorie, d’avoir perdu des neu-rones ! », poursuit-elle.

Retrouver ses repères…Dès le premier jour, elle a repris comme si de rien n’était, comme si elle revenait de week-end alors que beaucoup de choses avaient changé. Les résidents mais aussi les infir-mières de l’équipe et, surtout, le rythme et l’organisation. « J’avais perdu tous mes repères, explique Mélisa, et j’ai eu du mal à retrouver ma place », notamment celle d’infirmière référente qu’elle occupait avant son départ. L’organisation et les mesures qu’elle avait mises en places n’étaient plus les mêmes... Quand on revient, « on se souvient de comment c’était avant, on voudrait que ce soit comme avant mais ce n’est

pas comme avant, résume-t-elle. Il aurait peut-être fallu que je sois doublée pendant quelques jours pour me remettre dans le bain, qu’on m’explique la nouvelle organisa-tion... ». Au bout d’un an et après une sérieuse baisse de moral, elle a « recommencé à zéro » et tente, aujourd’hui, l’aventure du libéral.

…quand tout a changéEn congé parental depuis deux ans, Marjolaine repousse encore le moment de reprendre le travail. La situation de son service d’origine a radicalement changé. « Revenir, comme remplaçante au sein du pool de suppléance, avec un planning qui change tout le temps, bouleversé à la der-nière minute... C’est compliqué à concilier avec une vie de famille », explique-t-elle.

La reprise en elle-même, sur les plans techniques et théo-riques, ne l’inquiète pas outre mesure. Elle s’est déjà arrêtée plusieurs mois lors de la naissance de son premier enfant. « Je m’étais fait une montagne de la reprise, des gestes techniques alors qu’une semaine après, j’avais repris le rythme, se souvient Marjolaine. Le plus compliqué, cela a été de s’adapter aux habitudes des médecins, aux cadres et à l’organisation qui avaient changés... » Autant alors bien se préparer en amont, en reprenant par exemple contact avec ses anciens collègues.

Les choses se corsent quand l’interruption s’étend sur une plus longue période. Comme pour Linda, qui a arrêté de travailler quinze ans après la naissance de son premier enfant. « Nous vivions au Canada où mes diplômes d’infir-mière et de sage-femme, obtenus en Belgique, n’étaient pas reconnus, raconte-t-elle. J’ai fait de l’accompagnement à la naissance, pendant cinq ans. »

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A son retour en France, en 2009, elle obtient l’équiva-lence de ses diplômes avec ceux délivrés en France - « une formalité » - et s’apprête à retravailler. Avec beaucoup de doutes. Elle essaye d’exercer comme sage-femme dans une maternité, après un stage de remise à niveau, « mais cela s’est très mal passé, notamment avec l’équipe ».

Reprendre confianceDéstabilisée, elle s’inscrit à Pôle emploi puis intègre une maison de retraite. « J’aimais le contact avec les patients, la dimension psychologique du travail. Les actes techniques étant assez limités, je me suis dit que cela allait m’aider à reprendre confiance en moi. »

Grâce à la compréhension de ses collègues, souligne-t-elle, sa reprise s’est cette fois plutôt bien passée. Elle a décou-vert les nouveaux médicaments, les nouveaux pansements, les nouveaux protocoles... Aujourd’hui, elle travaille dans le service de médecine et soin palliatifs d’une clinique. « J’ai beaucoup appréhendé mais ils m’ont dit de poser toutes les questions que je voulais, qu’ils m’aideraient. Ils avaient confiance en moi », observe Linda.

Encore aujourd’hui, elle s’informe « tout le temps » sur inter-net sur les soins, les protocoles, etc. « On n’a pas étudié les cathéters implantables durant mes études, remarque-t-elle. Je l’ai fait une fois mais j’ai demandé à une collègue de me superviser. » Elle saisit aussi toutes les opportunités pour renforcer sa formation : elle a suivi un DU sur la douleur et suit en ce moment un DU en soins palliatifs.

Peu de formations de remise à niveauAvec le recul, elle regrette l’absence d’ou-tils techniques ou de formations pour se remettre à niveau ou en situation. Un

dispositif national de remise a niveau à été créé puis aban-donné. L’Appel médical du Vaucluse et une association de formation professionnelle ont aussi tenté d’en mettre un en place mais il n’a pas vu le jour. À Lorient, l’expérience s’est concrétisée. L’IFSI a créé en 2010 un module de remise à niveau destiné aux infirmières qui se sont éloignées longtemps de leur métier. Il comprend cinq sessions de trois jours sur les connaissances théo-riques, les pratiques infirmières, l’analyse des pratiques, l’AFGSU 2 (attestation de formation aux gestes et soins d’urgence) et l’appropriation des nouvelles connaissances. Il prévoit aussi des temps de travail entre les sessions et se complète par un stage de quinze jours en établissement.

« Pôle emploi en a entendu parler et est devenu parte-naire du projet », indique Yves Mongin, responsable de la formation continue de l’IFSI. Les infirmières inscrites au chômage et considérées comme éligibles à cette formation bénéficient ainsi d’un financement. Un dispositif qui pour-rait faire des petits ou se décliner de manière plus ou moins approfondie en fonction des besoins.

OLIVIA DUJARDIN

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© iStock/AngiePhotos

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COMMENT SONT-ILS ACCUEILLIS ?

NOUVEAU RÉFÉRENTIEL :

ne semblent pas moins bien accueillis une fois arrivés sur le marché du travail. Les liens

Une fois diplômés, les infirmiers et infirmières qui en ont parfois entendu de toutes les couleurs à propos du nouveau référentiel des études, s’intègrent plus

ou moins rapidement dans les équipes. La différence de formation entre « anciens », qui ont été formés suivant le précédent référentiel, et « nouveaux » crée quelquefois des tensions. Le profil très différent des stagiaires en établissement et la méconnaissance, très répandue, des tenants et aboutis-sants du nouveau référentiel, a suscité bien des méfiances. On les a dits « moins bien formés », peu préparés à la vie active... Beaucoup se sont remis en cause, mais au bout du compte, pratiquement tous se retrouvent dans un service, au sein d’une équipe. Ils ont obtenu le statut de collègues sur lesquels ont peut et on doit pouvoir compter.

Autonomie rapidePour Maxime, diplômé en juillet 2013, une phrase a fait tilt. C’est un infirmier du service d’hospitalisation à domi-cile (HAD) qui l’a embauché deux mois plus tard qui l’a prononcée : « quand je te parle, c’est de professionnel à professionnel. Ce n’est pas parce que tu commences qu’on n’est pas sur un pied d’égalité ». Cette parole lui a permis de se positionner comme collègue, et non juste comme un débutant. Un autre facteur a facilité son accueil : il avait déjà effectué un stage en HAD dans un autre établissement. « Je me suis parfaitement intégré, bien que c’était mon premier emploi,

poursuit-il. Et le reste de l’équipe m’a paru content aussi de voir arriver un nouveau professionnel » dans un contexte de turnover et de surcharge de travail. Quelques uns, très peu nombreux, ont manifesté une cer-taine réticence à voir arriver un débutant dans un service qui exige beaucoup d’autonomie et de travail en solo, à domicile.

Dans les premiers, temps, certaines situations ont pu le mettre mal à l’aise mais « c’est difficile de dire que c’est à cause de mon inexpérience ou de ma formation », com-mente Maxime. De toute façon, pendant le premier mois, il a travaillé en binôme avec un collègue. Et quelques mois plus tard, on lui a confié sa propre tournée, qu’il programme lui-même... Une situation d’autonomie qu’affec-tionne l’infirmier, qui a déjà envisagé la possibilité de deve-nir, un jour, libéral...

Familiarisée avec la cliniqueLucie, de la même promotion, a elle aussi bénéficié de son expérience antérieure dans la façon dont s’est déroulée son intégration lors de son premier poste, dans un pool de

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remplacement. « J’avais déjà effectué des remplacements pendant mes études en tant qu’aide-soignante dans la même équipe, j’en connaissais tous les membres, raconte-t-elle. Je connaissais aussi déjà la clinique. J’ai eu plus de facilités, je crois, que mes collègues qui n’avaient pas cette expérience. Cela m’a familiarisée avec un certain raison-nement, à l’échelle des priorités. Sans tout cela, j’aurais été un peu perdue... » Cela lui a aussi permis de réaliser, par exemple, l’importance de la toilette sur le plan infirmier. Ces remplacements lui ont aussi offert de multiples possi-bilités d’échanger avec les aides-soignantes mais aussi les infirmières du pool. L’une d’elles lui a ainsi montré ses cours de l’ancien référentiel. Ce qui fait dire à Lucie aujourd’hui qu’elle aurait « préféré sortir de l’ancien référentiel que du nouveau »... « On ne fait pas assez de liens, justifie-t-elle. On va par exemple étudier un processus obstructif un jour mais aborder ultérieurement les médicaments. » Ses collègues ne semblent pas lui avoir fait particulièrement sentir ces « manques ». Les étudiants auraient-ils finis par partager la défiance dont le nouveau référentiel a pu faire l’objet à ses débuts ?Amandine, elle, dispose d’un avis a priori plus autorisé. Elle a suivi les études de l’ancien référentiel durant presque la totalité du cursus avant une interruption inopinée en 2007... qui l’a obligée à tout recommencer à zéro avec le nouveau référentiel ! En comparant les deux, elle préfère le premier... « Je ne peux donc pas en vouloir à des collègues de penser la même chose », commente-t-elle. Le contenu des cours lui semble plus faible et elle regrette la moins grande variété des terrains de stage.

Amandine n’a cependant pas vraiment souffert de méfiance de la part des membres de l’équipe où elle a commencé à travailler. Probablement, ajoute-t-elle, parce qu’elle y a effectué des vacations en attendant qu’un poste se libère. Cela lui a permis de tisser des relations petit à petit, sans « sauter dans le grand bain » d’un seul coup. De temps en temps, cependant, « il faut rassurer », ajoute-t-elle.

Merci aux collègues !Après avoir obtenu son DE en juillet 2012, Marie, infirmière dans un service d’explorations fonctionnelles aujourd’hui, a fait un court détour par la médecine scolaire avant d’in-tégrer un service hospitalier, un services d’urgences, en l’occurrence. Après avoir entendu beaucoup de critiques à l’encontre du nouveau référentiel durant ses stages - elle fait partie de la première promotion du nouveau référentiel -, elle a vécu une bonne intégration. « On a parlé du nouveau référentiel mais on ne me l’a pas reproché », se rappelle-t-elle. En revanche, elle-même, une fois encore, s’est demandée si le nouveau référentiel lui avait donné autant de connaissances et d’expériences que l’ancien. Et l’infirmière de poursuivre : « j’ai eu de la chance car j’ai eu de très bons collègues, sur lesquels j’ai pu m’appuyer. J’ai été doublée pendant quelques temps et la cadre m’a bien assurée que si j’avais besoin de quoi que ce soit, elle et mes collègues étaient disponibles.» Une chance en effet, que l’ont souhaite à tous les débutants.

OLIVIA DUJARDIN

© DR

Marie a obtenu son DE en juillet 2012

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Il n’est pas rare qu’un patient reconnaissant souhaite remercier son médecin ou encore son infirmière en lui léguant un bien. Une pratique et un geste qui peuvent être mal interprétés par les héritiers de ce patient, même s’ils ont pu être inexistants du vivant de leur proche, car privés d’une partie de la succession.Afin de limiter les risques d’utilisation par une infirmière de son influence sur son patient pour obtenir la promesse de certaines dispositions testamentaires en sa faveur, le Code civil a limi-té les possibilités pour un professionnel de santé de recevoir des dons de ses patients.Selon son article 909, « les membres des pro-fessions médicales et de la pharmacie, ainsi

que les auxiliaires médicaux qui ont prodigué des soins à une personne pendant la maladie dont elle meurt ne peuvent profiter des disposi-tions entre vifs ou testamentaires qu’elle aurait faites en leur faveur pendant le cours de celle-ci. (…) Sont exceptées : 1° Les dispositions rémunératoires faites à titre particulier, eu égard aux facultés du disposant et aux services ren-dus ; 2° Les dispositions universelles, dans le cas de parenté jusqu’au quatrième degré inclu-sivement, pourvu toutefois que le décédé n’ait pas d’héritiers en ligne directe ; à moins que celui au profit de qui la disposition a été faite ne soit lui-même du nombre de ces héritiers… ».D’une manière générale, il est recommandé

aux professionnels de santé et notamment aux infirmières de tenter de dissuader leurs patients de leur faire des dons ou des dispositions tes-tamentaires en leur faveur, d’autant que l’article R4312-17 du Code de la santé publique rap-pelle que « l’infirmier ou l’infirmière ne doit pas user de sa situation professionnelle pour tenter d’obtenir pour lui-même ou pour autrui un avan-tage ou un profit injustifié ou pour commettre un acte contraire à la probité… ».

NICOLAS LOUBRY, JURISTE MACSF

Actusoins vos droits

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CHAPO

SONIA, DU BAIN AU BUZZ

Sonia en 6 dates :1978 : obtient son DEAP, puis travaille dans différentes cliniques.

1999 : rencontre avec le réseau Naissance. Remise en question des pratiques traditionnelles de soins.

2000 : commence à développer sa méthode à la clinique du bien-être (Paris).

2008 : Clinique de la Muette.

2013 : Buzz sur le net.

2014 : projette d’animer des ateliers pour les futures mamans et d’écrire un livre.

© Malika Surbled

Actusoins Portrait

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Actusoins Portrait

Elle a occasionné près de quinze millions de vision-nages sur YouTube. Avec la méthode de bain si par-ticulière qu’elle propose aux nouveaux-nés, elle a

aussi éveillé la curiosité de dizaines de médias, dont la chaîne américaine CNN. « L’émotion que dégage un bébé n’a pas de frontière et touche tous les âges et toutes les cultures », analyse Sonia en guise d’explication.

Ravie d’avoir émerveillé le monde entier, Sonia ne s’atten-dait néanmoins pas à un tel succès. « Je ne suis pas de la génération Facebook, Twitter ou YouTube. Mon fils s’est chargé de mettre plusieurs vidéos en ligne et je pensais vraiment que cela n’allait toucher que les femmes intéres-sées par la maternité dans laquelle je travaille. À l’origine, nous avions fait une vidéo uniquement pour présenter les particularités de cette clinique. Rien de plus », explique-t-elle en riant.

Malgré un emploi du temps bien chargé, Sonia a accepté une rencontre avec ActuSoins. Histoire de se faire dresser le portrait. Histoire surtout de partager son expérience. Ren-dez-vous est pris dans un café du 20ème arrondissement à Paris. La « jeune » femme est en avance et semble savourer le temps, observant autour d’elle les va-et-vient des pas-sants.

Un sourire, une main qui se tend amicalement et très vite, on la devine bienveillante et attentive. « J’aime le côté humain, j’aime la rondeur et le bonheur d’être avec les autres », sourit-elle, comme s’il fallait justifier cette aisance naturelle. « C’est aussi sûrement la raison pour laquelle j’ai choisi ce métier », ajoute-t-elle.

Sonia travaille en suites de couches, à la clinique de la Muette, dans le 16ème arrondissement. Elle y prodigue le suivi et les soins habituels auprès des bébés et des ma-mans. Elle assiste aussi à la visite des pédiatres afin de ne pas perdre d’informations en cours de route.

« Pour moi, c’est une évidence. Comme c’est l’auxiliaire qui effectue les soins sur les bébés, je trouve indispensable qu’elle soit au courant des choses. Si les consignes ne sont re-transmises que par écrit, nous perdons forcément un mor-ceau », explique cette auxiliaire de puériculture.

Le petit plus de Sonia, est d’avoir développé depuis treize ans une méthode de bain et de massage. Avec elle, le bain du nouveau-né peut durer quinze minutes. Elle immerge les petits corps presque intégralement sous l’eau, ne laissant à l’air que le nez et la bouche. Le bien-être semble immédiat.

« C’est le genre de spectacle dont on ne se lasse pas car à chaque bain les réactions sont différentes, raconte-t-elle.

J’ai mis du temps à perfectionner cette pratique. Au tout début, j’ai essayé la douchette sur le crâne, puis j’ai mis les nourrissons de plus en plus sous l’eau et de plus en plus longtemps. Il a fallu comprendre comment les déshabiller, puis comment les sortir du bain sans les faire pleurer. Par exemple, et cela semble tout bête, il ne faut pas donner un bain à un bébé qui a faim ! Chaque étape est le fruit d’une observation et d’une réflexion. »

Si Sonia n’a jamais fait valider sa méthode auprès d’orga-nismes professionnels, elle a toujours été soutenue et a ob-tenu l’aval des pédiatres et des sages-femmes avec lesquels elle travaille. Quand ses pratiques ont été mises en lumière sur le net, elle a reçu des demandes du monde entier.

« Les gens voulaient que je vienne m’occuper de leur bébé, souligne-t-elle. J’ai donc décidé, sur mon temps libre, de m’installer en libéral en qualité d’auxiliaire et de formatrice. Depuis, je vais dans les familles, si le déplacement est pos-sible bien entendu. J’ai aussi formé une puéricultrice et une auxiliaire dans le sud de la France ».

Son histoire, Sonia l’attribue en partie au hasard : « j’ai rencontré dans ma carrière des personnes formidables. Des personnes envers lesquelles je suis redevable de tant de professionnalisme et de respect. Je pense notamment à un réseau, le groupe Naissance, qui a une approche très physiologique et très personnalisée de la grossesse. J’ai pu voir de très beaux accouchements et j’ai voulu donner une suite logique de beauté dans le soin après la naissance ».

Sonia rédige actuellement un livre sur son parcours et sur ses soins. Elle développe aussi un site internet* sur lequel elle poste des vidéos et des conseils. Après trente-six ans de carrière, une chose est certaine : Sonia n’a pas envie d’arrêter de travailler. Pour le bien-être des nouveaux-nés…

MALIKA SURBLED

*Site web de Sonia : http://thalasso-bain-bebe.com

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Soifat & Mahamadi,

Chaque année les Comores forment une cinquan-taine de nouveaux infirmiers et infirmières dans le seul institut de formation de l’archipel. Il s’agit

de l’école nationale de santé de Moroni, la capitale du pays. Le cursus se déroule sur trois ans. Durant la première année, sages-femmes et infirmiers suivent les mêmes cours. Les deux années suivantes sont dédiées aux soins infirmiers et aux stages. Ils se déroulent dans des structures publiques, postes de santé, dispensaires ou hôpitaux mais aussi au sein des forces armées ou dans des organisations huma-nitaires.

Son diplôme en poche, Soifat a décidé de postuler à hôpital El Maarouf de Moroni. Elle y travaille en chirurgie depuis six ans, un service qui accueille quasi-exclusive-ment des patients orthopédiques. « Les personnes qui sont © Nicolas

Beaumont

Actusoins soignants d’ailleurs

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opérées sont souvent victimes d’accidents ou souffrent de gangrène », précise-t-elle. Malgré ses années d’expérience, Soifat est encore impressionnée par ces pathologies et par la souffrance des patients. Bien que l’hôpital El Maarouf soit le centre hospitalier de référence, les conditions sa-nitaires y sont précaires, à l’image du reste du pays. La prévalence de maladies comme le paludisme, le diabète, la typhoïde est très importante et les moyens curatifs bien dérisoires.

L’envie de « soulager les souffrances, d’avoir la satisfac-tion de soigner, malgré la peur de certaines pathologies » anime toujours la jeune femme de 33 ans. Cependant, et elle le concède aisément, son métier est difficile. Le manque de moyens humains, les disparitions de matériel, l’indisponibilité des médicaments ou du gazole pour les groupes électrogènes sont monnaie courante. « Rien n’est facile ici », constate-t-elle, un peu tristement.

La formation continue est problématique. Si l’école natio-nale de santé assure la formation initiale des sages-femmes, des infirmiers et des auxiliaires de santé, il n’y a pas d’autres formations aux métiers de la santé dans le pays. Les médecins sont tous formés à l’étranger, principa-lement au Sénégal, au Maroc, en France ou en Russie. Pour évoluer dans son métier, Soifat va bénéficier d’une for-mation de cadre de santé. Mais elle devra quitter Moroni pendant les quelques mois de la formation pour se rendre à Mayotte. L’enseignement sera français et adapté à un sys-tème de soins bien différent de celui des Comores. Pourtant elle le suivra avec enthousiasme pour ramener de nouvelles compétences.

Mahamadi, quant lui travaille au centre de santé « Sœur Colette » de l’association Caritas. Avec le Croissant-Rouge comorien, c’est l’une des rares organisations humanitaires présente dans le pays. Le centre regroupe un dispensaire et un hôpital pour les personnes les plus démunies. C’est pour cela que cet infirmier de 30 ans a décidé d’y travailler : « durant mes études, j’ai fait un stage chez Caritas et j’ai été marqué par leur travail avec les populations vulnérables. Une fois mes études terminées, j’ai postulé pour essayer de venir en aide à ces personnes en grande précarité. » Outre des activités de soins pour des personnes atteintes de pathologies chroniques et de maladies liées à la consommation d’eau de mauvaise qualité, le per-sonnel du centre est investi dans des actions de prévention à travers des soins à base communau-taire. Mahamadi prodigue des conseils dans les villages de la Grande Comore pour sensibiliser les femmes aux soins gynécologiques, aux sui-vis des grossesses ou aux accidents domes-tiques. De nombreuses personnes se brûlent en manipulant des lampes à pétrole. Les

coupures quotidiennes de courant obligent les habitants à recourir à des moyens souvent douteux pour faire la cuisine et s’éclairer. Les infirmiers comoriens pallient partiellement le manque de structures sociales en plus de leur rôle de personnel de santé. Mais, là encore, ce ne sont pas les difficultés du quotidien qui découragent Mahamadi. « J’ai toujours voulu être infirmier. Enfant, atteint par le paludisme, je me souviens des soins que j’ai reçus. C’est de là que vient mon envie de faire ce travail. C’est difficile, la situation aux Comores est compliquée, mais j’aime ce métier », affirme-t-il avec une sincérité qui se lit aussi dans son regard.

NICOLAS BEAUMONT

© Nicolas Beaumont

Actusoins soignants d’ailleurs

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A DIJON, FACE À DES TOXICOS,

FUTURES MÈRES

«Venez, entrez ! », glisse Valérie Hamelin à une jeune patiente qui s’engouffre rapidement par la porte d’entrée sécurisée. Le médecin, qui partage

son temps entre les urgences et son poste d’addictologue au centre Tivoli, commençait à s’impatienter, la future mère était en retard. Ici, cela arrive plus souvent que d’habitude, cette consultation est particulière : elle s’adresse à des femmes toxicomanes, qui « souvent ont perdu les repères simples du quotidien », rappelle le médecin, en off.

A Dijon, Valérie Hamelin et sa corollaire infirmière, Marie-Pierre Parent, offrent leur temps trois heures par semaine à des femmes toxicomanes sur le point d’être mères ou de jeunes mères, le jeudi après-midi. Tout est parti d’une simple constatation : « en consultations “normales“, c’est frustrant d’avoir des mamans avec un gros ventre, et à côté

des hommes défoncés ou complètement ivres. Pour moi, il fallait faire une distinction pour traiter de la spécificité de leur situation. Cette proximité de populations n’était pas opportune. D’ailleurs, depuis que la consultation du jeudi a ouvert, elle se désemplit pas : des femmes ont fait un pas qu’elles n’auraient pas fait avant », raconte Valérie Hamelin.C’est à l’été 2012 qu’elle a l’idée de mettre sur les rails cette consultation spécifique, financée uniquement par la

direction, sans argent public. « C’est un moment rien que pour elles, en tant que femmes, en tant que futures mamans. C’est l’un des premiers endroits où on leur dit : “ être mère pour vous, c’est possible “, contrairement à ce que la so-ciété leur renvoie la plupart du temps », rappelle le docteur.

La grossesse, un bouleversementNouveauté ici, ce binôme considère au contraire que tom-ber enceinte est « une fenêtre d’ouverture pour elles ». En effet, « 80 % des patientes changent alors leur rapport à la drogue », précise le médecin. Mais même si une gros-sesse peut être un moteur pour l’arrêt ou la diminution de prise de drogues, c’est dans tous les cas un moment fort émotionnellement.

« Psychologiquement, la femme enceinte revit son passé et ses relations avec sa mère, qui sont parfois une des raisons qui l’ont poussée à la drogue », rappelle Valérie Hamelin. Etre enceinte est l’occasion pour elles de faire quelque chose de positif, même si elles apprennent en général tardivement leur grossesse et pour cause : les pro-duits opiacés entraînant une aménorrhée, elles n’ont aucun moyen de comprendre qu’elles sont enceintes. « Quand elles vomissent ou on des nausées, elles peuvent penser qu’elles sont en manque et peuvent consommer des dro-gues en quantité encore plus importante. » Celles qui ne pensaient pas pouvoir avoir d’enfant sont sous le choc et sont amenées à se poser des questions de manière encore plus aiguë : dois-je garder cet enfant ? Quelles sont les conséquences de ma consommation sur mon bébé ?

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Dans un bâtiment discret du centre-ville de Dijon se tient depuis un an une

Actusoins initiative

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« Quand elles apprennent à trois mois qu’elles sont enceintes, il ne leur reste que six mois pour vivre les choses de façon très intense et pour penser cet enfant imaginaire », rappelle le médecin. La vraie prise de conscience arri-vant au moment des premiers mouvements du fœtus dans leur ventre.

Une consultation médicale à l’écoute des mèresQuand Aurore (le prénom a été changé, ndlr) arrive dans la salle d’attente, c’est accompagnée de ses trois enfants. La petite dernière, âgée de quelques mois seulement, est la première qu’elle a eue sous traitement à la méthadone. La maman plaisante volontiers avec les deux soignantes et parle avec émotion de l’arrivée de cet enfant. « Le soir, elle ne s’endort pas sans un contact avec ma peau », explique-t-elle, souriante, le bébé endormi dans les bras.

Le bureau est volontairement moins formel qu’un cabinet médical, afin de faciliter la relation de confiance, et dans la salle d’attente, les enfants s’amusent avec des jouets laissés à leur disposition. Si les tout petits ne savent pas, les plus âgés pressentent que cette consultation n’est pas comme les autres.

Les mamans du centre sympathisent aussi parfois. « Cer-taines se voient même à l’extérieur, elles se donnent des conseils pratiques », confie Marie-Pierre Parent.L’infirmière, employée de la structure Tivoli depuis 1995, avait envie de se spécialiser, et quand Valérie Hamelin lui a parlé du projet, elle a accepté immédiatement. « Moi qui aime les enfants, j’ai trouvé la démarche vraiment intéressante, j’avais envie de changer les choses et de

Valérie Hamelin, médecin, a initié ce projet en 2012.

© Delphine Bauer

© Delphine Bauer

Actusoins initiative

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rendre le regard sur les femmes toxicomanes bienveillant », confie-t-elle.Une fois ce moment informel de l’accueil passé, le suivi médical est pointu. « Ce sont des grossesses à risques : mort fœtale, fausse couche, retard de croissance... On les suit comme telles, explique Valérie Hamelin. On demande juste aux patientes d’être honnêtes avec nous, de nous dire s’il y a eu consommation de drogues. » Dans tous les cas, des examens d’urine sont faits à chaque consultation, et avant de commencer le traitement, c’est une obligation, rappelle Marie-Pierre Parent. « En connaissant la vérité, on ne juge pas, on leur explique comment elles pourraient faire pour ne pas consommer, ou consommer “ propre “, à partir de quel moment elles se mettent en danger elles et leur bébé, on leur conseille d’éviter certaines rencontres ou tels endroits, où elles pourraient croiser d’anciens com-pagnons de drogues etc. », précise le médecin. Mais si le traitement de substitution est bien pris plusieurs fois par jour (chez la femme enceinte, l’absorption est fractionnée, le métabolisme évoluant avec une grossesse, ndlr), si la dose reste constante le temps de la grossesse, il n’y a pas de risque de malformation.

Toutes les semaines ou deux semaines, les patientes viennent renouveler leur ordonnance de méthadone et dis-cuter avec le médecin pour faire le point. Etre en retard est donc une source potentielle de conflits : « elles doivent respecter les cadres : si elles arrivent trop tard, elles ne peuvent pas renouveler leur traitement, et doivent attendre le lendemain, ça peut être problématique », raconte Valérie Hamelin.

A l’accouchement, le sevrage de l’enfant peut être plus ou moins intense. Cela va « d’un bébé un peu irritable, qui tête moins bien à un bébé qui a besoin de morphine, et qui, s’il ne prend pas de poids, va être traité à l’antalgique », pré-cise le médecin. « Souvent les mères ont peur du sevrage. Mais c’est bien car elles anticipent, elles sont dans l’avenir. Alors qu’être toxicomane c’est vivre au jour le jour », se réjouit-elle.

Une interface avec la médecine de villeDepuis l’ouverture, « dix-neuf femmes ont été suivies. Et certaines reviennent pour le second enfant », se félicitent les deux femmes. Leur grossesse a révélé leur volonté de « changer leur vie, de croire que elles aussi elles pou-vaient le faire ». Face à leur situation délicate, les deux soignantes du centre Tivoli jouent les interfaces avec les hôpitaux ou les cliniques, notamment le moment de l’accou-chement venu.« En les accompagnant à l’hôpital, on explique leur situa-tion à la sage-femme, à la surveillante du service, surtout en ce qui concerne les ordonnances. Le relais doit être organisé car le gynécologue ne peut pas prescrire de trai-

tement de substitution. Les jeunes mamans sont aussi très touchées qu’on se rend à leur chevet, quelques jours après la naissance et elles reviennent plus facilement nous voir par la suite », précise encore Marie-Pierre Parent.Conscientes du courage et de l’énergie nécessaires pour venir à la consultation, les deux soignantes donnent aussi de leur côté toute l’attention possible aux mamans toxico-manes. « Après la naissance, les deux-trois premiers mois sont à risque car les mères sont stressées, angoissées, d’où

l’importance d’établir des liens avec les PMI, les maternités, les structures petite enfance », pour ne pas laisser la mère démunie. Quand l’enfant se met à marcher, les patientes sont prises en charge chez un médecin de ville. « Après leur passage, si elles vont mieux, elles viennent donner quelques nouvelles. Mais souvent, elles préfèrent oublier cette période de leur vie », explique Valérie Hamelin, compréhensive. Les médecins de ville se chargent de leur donner quelques informations sur leur suivi.

Le bouche-à-oreilles fonctionne très bien. Mais la plus belle preuve de leur réussite est qu’aucun des enfants nés depuis l’ouverture de la structure n’a été emmené par les services sociaux. Ce qui n’était pas le cas il y a encore trente ans, où les enfants de toxicomanes étaient pris automatiquement par la DDASS. Car Valérie Hamelin le rappelle : « mieux vaut une mère toxicomane, que pas de mère du tout. » C’est son credo, son combat.

DELPHINE BAUER/ YOUPRESS

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Marie-Pierre Parent, infirmière, accompagne les femmes suivies jusqu’à l’hôpital, puis à la PMI.

© Delphine Bauer© Delphine Bauer

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ACTUSOINS 42 NUMÉRO 12 MARS - AVRIL - MAI 2014

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patients atteints de lésions cutanées.

MAQUILLAGE THÉRAPEUTIQUE :

ADOUCIR LA LÉSION

Acné sévère, rosacé, brûlure, mélanome, ou en-core vitiligo sont autant de lésions pouvant altérer l’apparence physique des patients et souvent leur

confiance en eux. Pour leur venir en aide, « j’ai pris l’initia-tive de mettre en place une consultation de maquillage thé-rapeutique », explique le Pr Brigitte Dréno, dermatologue et oncologue responsable de la direction de l’unité cancéro-dermatologie au CHU de Nantes. Pour ce programme, le médecin travaille en collaboration avec des laboratoires de cosmétiques afin d’obtenir des produits spécifiques aux peaux sensibles.

Il y a environ 50 consultations de maquillage thérapeu-tique par an. Prise en charge comme une consultation de dermatologie, la consultation individuelle dure en moyenne une heure. Une infirmière, formée par les médecins der-matologues du service et lors de stages pratiques dans des services des brûlés et de centres de cures thermales, maquille dans un premier temps le patient, lui apprend à se maquiller, à utiliser les bons produits, et ensuite, c’est à lui de reproduire le maquillage.« Les patients manifestent un réel besoin d’apprendre », sou-ligne le Dr Dréno. L’objectif est avant tout d’enseigner les bons gestes aux patients, la façon d’estomper une lésion cutanée, une cicatrice, ou même de réaliser des soins quo-tidiens et d’hydratation de leur peau, afin qu’ils puissent reproduire les gestes chez eux. Ce sont essentiellement des femmes qui viennent consulter même si les hommes, notamment ceux qui ont des vitiligos, sont concernés. « Ils ne sont que 5 à 10 %, fait savoir le Dr Dréno. Je pense qu’ils n’osent pas venir car le maquillage n’est pas habituel pour un homme. »

Difficultés de prise en chargeLes professionnels peuvent parfois rencontrer quelques diffi-cultés au cours d’une consultation. « On peut cacher beau-coup de lésions, mais il faut que le maquillage soit adapté à la volonté du patient », rapporte Agnès Larnaudie-Joly, l’une des trois infirmières de la consultation. Et il arrive que certains patients ne souhaitent pas être trop maquillés alors que cela serait nécessaire pour leur type de lésions. De

© graphia/Fotolia

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plus, la couleur du teint du patient et aussi les reliefs créés par certaines lésions, peuvent rendre le maquillage plus difficile. « Il est donc indispensable de faire le point avec le patient, avant le début du maquillage, sur ce qui va être réalisable ou non, afin d’éviter toute déception », précise Agnès Larnaudie-Joly. Face aux difficultés, l’infirmière prend cas de la souffrance de la personne et cherche à la mettre en valeur diffé-remment, en mettant l’accent sur un atout physique de la personne. « Je fais beaucoup de mise en confiance, c’est essentiel, indique l’infirmière. Et pour le maquillage, je ne fais pas nécessairement le plus beau, mais je fais du sur-mesure, celui qui va plaire au patient et qu’il va pouvoir reproduire. » Les patients peuvent bénéficier d’une seconde consultation s’ils le souhaitent, mais cela reste relativement rare, sauf parfois pour ceux qui ont des cicatrices très trau-matisantes.

Relation de confiance« Il m’arrive parfois de terminer une consultation épuisée car les patients viennent avec une telle souffrance qu’ils recherchent un vrai soutien psychologique, une écoute, une relation d’aide », affirme Agnès Larnaudie-Joly. L’équipe a mis en place un questionnaire à destination des patients afin d’avoir leur retour sur le dispositif.

« L’évaluation nous montre que la moitié des patients ont intégré le maquillage dans leur vie quotidienne », se féli-cite le Dr Dréno. Ils se disent plus à l’aise pour affronter le regard des autres, ce qui influe sur leur vie sociale et leur qualité de vie. « Cette consultation est vraiment enrichissante car on s’aperçoit de la fragilité des gens et qu’avec des astuces on peut les aider, estime l’infirmière. On voit dans les yeux du patient un regard pétillant. » Et d’ajouter : « certains professionnels ne comprennent pas l’importance de cette prise en charge. Il s’agit d’un soin comme un autre avec une vraie relation d’aide, ce n’est pas de l’esthétique. Et puis il y a un retour immédiat du patient. J’ai vu des gens pleurer car ils retrouvaient, grâce au maquillage, le visage qu’ils avaient auparavant. L’émotion peut être très forte. » Des informations sur ces consultations ont été diffusées dans plusieurs services de l’hôpital afin que les patients n’hésitent pas à prendre rendez-vous, et des spécialistes de la ville peuvent aussi y envoyer des patients. « Je tiens vraiment à cette consultation, conclut le Pr Dréno. On est l’un des rares CHU à être parvenu à la maintenir. »

LAURE MARTIN

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AUTRES FILIÈRES DE SOINS :

LES PASSERELLES POUR LES IDE

«Lorsque j’étais étudiante en soins infirmiers, j’ai fait un stage en salle de naissance. J’y ai découvert le métier de sage-femme que je ne connaissais pas du tout.

J’ai compris que cela me correspondait. Néanmoins, je ne voulais pas tout arrêter, si près du but et du diplôme d’infir-mière. Une fois diplômée, ça a été le véritable parcours du combattant pour devenir sage-femme ». Anne Boizard est sage-femme au CHU du Kremlin-Bicêtre. Elle a dû attendre quatre années après l’obtention de son DE pour pouvoir se lancer et intégrer une première année commune aux études de santé (PACES), réussir son concours puis son parcours. Quatre années d’une longue persévérance. Quatre années pour trouver des soutiens. Quatre années pour faire ses preuves. Puis encore cinq années d’études dont la première année de médecine redoublée, pour intégrer une école de sages-femmes.

Sa détermination, souvent mise à rude épreuve, Emilien Jen-nesson, l’a connue aussi. À 32 ans, il se retrouve sur les bancs de la fac, étudiant en deuxième année de médecine. « J’adorais mon métier d’infirmier, mais je trouvais qu’il n’était

pas reconnu à sa juste valeur. J’étais frustré de ne pas avoir accès aux dossiers médicaux que je voulais comprendre. Il m’a fallu réfléchir car j’avais un métier. Tout lâcher pour faire médecine était risqué. J’ai mis deux ans à m’inscrire ».

Des passerelles méconnuesEn France, il existe quelques facilités attribuées aux infir-miers qui veulent se reconvertir. Pour les études communes de santé - médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie-, sept universités proposent un numerus clausus spécifique aux paramédicaux. C’est grâce à ce système qu’Emilien Jennesson suit actuellement ses études à l’université de Lille, en vue de devenir oncologue ou généraliste. Contraire-ment aux étudiants issus d’un cursus classique, il lui suffit d’obtenir la moyenne pour concourir avec les autres para-médicaux de sa promotion (10 pour 5 places à Lille) pour passer sa première année. Une moyenne pas si évidente à obtenir néanmoins, « les études de médecine étant vraiment difficiles » met-il en garde. Anne Boizard, elle, a profité d’une autre opportunité pro-posée à Paris 13, qui offrait un système de points complé-mentaires aux paramédicaux justifiant d’un emploi. Ce dis-positif n’existe plus aujourd’hui. Suite à sa première année commune aux études de santé qu’elle a réussie, Anne a été exemptée de sa première année d’école de sages-femmes. Si cette passerelle n’est plus systématique depuis 2003, elle peut encore se pratiquer selon le dossier du candidat. « J’avais travaillé six ans en maternité. Mon dossier est passé en commission et a été approuvé », témoigne la

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© Inllusion/Fotolia

Dispenser d’épreuves aux concours ou dispenser d’une partie ou de la totalité de la scolarité, la possession d’un diplôme d’Etat d’Infirmier peut faciliter l’accès à certaines autres filières paramédicales et médicales.

LES FILIÈRES PARAMÉDICALESTout titulaire d’un diplôme d’Etat d’Infirmierpeut être dispensé de la première année pour les études :

(sous réserve d’avoir obtenu la moyenne, sans note inférieure à 8 à un examen écrit portant sur le contenu de première année) ;

(sous réserve d’avoir satisfait à l’examen de passage en deuxième année) ;

peut être dispensé des épreuves d’admission et de la validation d’une partie des Unités d’enseignements de la première année, après avis d’un conseil pédagogique pour les études :

peut être dispensé de scolarité : (pour les IDE et les étudiants ayant validés une 1ere année) ;

(après avis d’une ARS).

LES FILIÈRES MÉDICALESSept universités françaises (Aix-Marseille, Lille 2, Lyon 1, Lorraine, Paris 6, Tou-louse 3, Rennes) proposent un nombre prédéfini d’étudiants complémentaire admis, à l’issue des épreuves de la PACES, à poursuivre des études médi-cales, odontologiques, maïeutique ou pharmaceutique. Pour être admis en première année de l’une de ces filières, il faut obtenir la moyenne au concours d’entrée et si nécessaire (selon le nombre d’inscrit et le nombre de places), être classé parmi les meilleurs paramédicaux.

jeune femme. Pour les reconversions vers les professions paramédicales, des textes réglementaires* définissent les équivalences et les dispenses éventuelles de formation. Néanmoins, tout n’est pas toujours très clair. Si le DEI et même une première année validée en IFSI donne d’emblée l’équivalence avec le DE d’aide-soignant, rien ne dit qu’il en est de même, par exemple, avec le diplôme d’Etat d’au-xiliaire de puériculture. Et si cette reconversion peut sembler étrange pour une infirmière, la question reste légitime. « Infirmière depuis dix ans, je sature. En faisant le point sur mes envies professionnelles, je reviens à mon véritable désir, celui d’être auxiliaire de puériculture », témoigne Gaëlle sur un forum. La jeune femme devra se renseigner et demander l’autorisation auprès d’une Agence régionale de santé avant de se lancer dans sa nouvelle carrière sans avoir à repasser par une formation.

Le financementC’est le problème majeur rencontré par les professionnels. Pourtant, et même s’il faut parfois attendre quelques mois ou quelques années pour pouvoir en bénéficier, il existe des solutions. Pour les formations longues, le salarié du public pourra par exemple demander un CFP. Celui du privé, lui, un CIF. Des aides provenant des conseils régio-naux peuvent aussi être parfois débloquées ainsi que des allocations chômage sous certaines conditions.

MALIKA SURBLED*accessibles sur le site Legifrance.gouv.fr, le service public de la diffusion et du droit

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31E JNEP DE L’UNAIBODE 14 - 16 MAI 2014

« L’Ibode, une affaire de sens ». Les trois journées sont organisées autour de plusieurs thèmes liés au sens : gouter à l’innovation en chirurgie, sentir et apprendre autrement, écouter et entendre au

bloc opératoire, regarder son métier différemment et toucher aux habitudes.

Lieu : Dijon, Palais des CongrèsInformations et inscriptions : http://jnep2014.unaibode.fr

2E JOURNEE DE TRAITEMENT DE LA DOULEUR CANCEREUSE20 MAI 2014

Cette journée sera consacrée aux différentes approches, modernes et pluridisciplinaires, de la prise en charge de la douleur cancéreuse

Lieu : Paris, Institut CurieInformations et inscriptions : http://curie.fr/fr/fondation/2e-journee-traitement-douleur-dans-patho-logie-cancereuse

SALONS DE LA SANTE ET DE L’AUTONOMIE20 – 22 MAI 2014

Cette manifestation de la Fédération Hospitalière de France regroupe depuis mai 2013 HopitalExpo, GerontHandicapExpo et Health-ITExpo, Au cours de ces 3

jours, des conférences et tables-rondes offriront à tous les visiteurs l’occasion de se rencontrer, partager et échanger autour des pratiques, innovations et enjeux des

secteurs sanitaire et médico-social, dans un environ-nement en pleine mutation.

Lieu : Paris Expo, Porte de Versailles Informations et inscriptions :

www.salons-sante-autonomie.com

5E CONGRES DE LA SOCIETE D’EDUCATION THERAPEUTIQUE EUROPEENNE 19 - 21 JUIN 2014

Éducation thérapeutique : quelles frontières ? - le Vème congrès international de la SETE est consacré à la diversité de l’ETP et à son accessibilité.

Lieu : Campus de Bobigny Informations et inscriptions : www.minicongres.com/inscription-au-congres-sete-2014/

12E CONGRES DES SOINS SOMATIQUES ET DOULEUR EN SANTE MENTALE 24 - 26 JUIN 2014

Organisé par l’Association Nationale pour la Promotion des Soins Somatiques en Santé Mentale (ANP3SM), ce congrès mettra l’accent sur : les dernières données sur le diabète associé à la pathologie mentale, les comorbidités cardiaques, la prise en charge spécifique

des adolescents, les complications neuro-logiques des traitements psychotropes, les relations psychiatres et médecins généralistes, la pathologie bucco-dentaire et le regard des familles.

Lieu : Cité Internationale Universitaire de ParisInformations et inscriptions : [email protected]

6E CONGRES EUROPEEN DU TOUCHER-MASSAGE2 & 3 JUIN 2014Evènement «partenaire».

- 240 euros au lieu de 380 pour les soignants pris en charge

- 140 euros au lieu de 240 pour les soignants ne bénéficiant pas d’une prise en charge

En 2014, nous vous invitons à revenir avec nous sur ces 30 années d’études, d’applications et de témoi-gnages, à travers un thème qui ne manquera pas de surprendre – mais qui a été plébiscité lorsque nous l’avons proposé lors du dernier congrès - Et si on

parlait d’amour ?

Lieu : Dijon, CongrexpoInformations et inscriptions : www.congres-toucher-massage.fr/Pour plus d’informations voir page 33

Actusoins agenda

ACTUSOINS 50 NUMÉRO 12 MARS - AVRIL - MAI 2014

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ACTUSOINS 51 NUMÉRO 12 MARS - AVRIL - MAI 2014

ANNONCES CLASSÉES

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TRAVAILLER EN SUISSE

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