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23ème
CONGRES MONDIAL DE SCIENCE POLITIQUE
LES DEFIS DE LA GOUVERNANCE COMTEMPORAINE
RC 33 – 19 au 24 juillet 2014
LA SCIENCE POLITIQUE DANS L’ESPACE PUBLIC :
CONTEXTE ET EXPERIENCE DE L’INSTITUT D’ETUDES POLITIQUES
MADAGASCAR
Dr Davida RAJAONA et Dr HDR Christiane RAFIDINARIVO
RESUME
L’Institut d’Etudes Politiques Madagascar ouvre en 2011 en réponse à une demande identifiée en Science
Politique et Education politique. Les enjeux sont l’utilité de la Science politique et l’identité de ce type
d’éducation supérieure en Pays en Voie de Développement. Dans le contexte actuel de Madagascar, c’est aussi
contribuer à la sortie de crise politique.
L’objectif est la création d’un espace public spécifique favorisant l’interaction entre analyse scientifique et vie
politique. A quels défis est confrontée la construction de la gamme de propositions académiques ? Quels types
de produits sont utiles à des non-spécialistes de la Science Politique ?
Les enjeux des produits académiques sont la qualification et le développement de compétences de Science
Politique en vue de tout emploi ou situation de responsabilité dans un pays en grave crise de leadership.
L’expérience confronte l’IEP à de nombreuses questions. Quelle visibilité en contexte de tensions politiques ?
Quelle différenciation entre Science Politique et écoles de partis politiques, en particulier en période électorale ?
Comment faire face aux représentations de la politique et de la Science Politique par les non-spécialistes où
sévissent dépolitisation, apolitisme ou ignorance ? Où et comment trouver des financements sans risquer son
indépendance ?
C’est se poser les questions des interactions entre Science Politique et Espace public en termes de conception et
d’usage.
POLITICAL SCIENCE IN THE PUBLIC SPHERE:
CONTEXT AND EXPERIENCE OF THE INSTITUT D’ETUDES POLITIQUES
MADAGASCAR
Dr Davida RAJAONA and Dr HDR Christiane Rafidinarivo
ABSTRACT
The Institut d'Etudes Politiques Madagascar opened in 2011 in response to identified demand in Political Science
and Political Education. The stakes are the usefulness of Political Science and the identity of this type of higher
education in Developing Countries. In the current context of Madagascar, but also contribute to the release of
political crisis.
The objective is the creation of a specific public sphere for interaction between scientific analysis and political
life. What are the challenges facing the construction of a range of academic proposals? What types of products
are useful to non-specialists in Political Science?
Issues of academic qualification and products are developing skills of Political Science for any job or position of
responsibility in a country in serious leadership crisis.
The IEP is confronted with many questions. Which visibility in a context of political tensions? What kind of
differentiation between Political Science academics and political parties schools, especially during election time?
How to deal with representations of politics and Political Science by non-specialists where there is rampant
depoliticization, apolitism or ignorance? Where and how to find funding without risking its independence?
It asks questions of interactions between Political Science and Public Sphere in terms of theory and use.
2
Introduction
L’Institut d’Etudes Politiques Madagascar ouvre en 2011 en réponse à une demande
identifiée en Science Politique et Education politique. Il est habilité LMD, Licence, Master,
Doctorat, par l’Etat. Il est en partenariat avec les Instituts d’Etudes Politiques de Paris, Lyon,
Strasbourg et Toulouse. Les enjeux sont l’utilité de la Science Politique et l’identité de ce type
d’éducation supérieure en Pays en Voie de Développement. Dans le contexte actuel de
Madagascar, c’est aussi contribuer à la sortie de crise politique. L’objectif est la création d’un
espace public spécifique favorisant l’interaction entre analyse scientifique et vie politique.
Les étudiants actuellement en 1ère
année avaient 14 ans quand la crise a éclaté en 2009.
La 1ère
promotion d’étudiants de l’IEP avait 16 ans. Jusqu’à leurs 21 ans, ils ont vécu dans un
pays sanctionné, coupé de l’extérieur. Il est non reconnu dans les Relations Internationales du
fait du coup d’Etat, du conflit politique et du régime de transition sans élections
démocratiques. Celui-ci est caractérisé par un bras de fer avec l’extérieur dans une position de
faiblesse et un contrôle politique intérieur autoritaire, voire autocratique. Un Président de la
République et des députés sont élus en 2014 et la reconnaissance internationale se remet en
place. Mais la question demeure, de quelle socialisation politique bénéficient ces jeunes ?
L’IEP Madagascar s’inscrit dans la tradition de l’Ecole Libre des Sciences Politiques
fondée à Paris pour « Faire mieux comprendre à la génération qui grandit la complexité et la
difficulté des questions politiques » (Emile Boutmy, 1872). Pour ses étudiants, l’IEP est peut-
être d’abord, si ce n’est seulement, un espace public, leur espace public, « Un lieu qui apporte
des grilles de lecture du temps présent, éclaire la décision publique, contribue à former les
élites et au-delà du seul monde universitaire parle à l’ensemble de la société »1.
Les interactions local-global de l’espace public sont une des principales
caractéristiques de l’expérience de l’Institut d’Etudes Politiques dans le contexte de sortie de
crise diplomatique et politique. La plupart des étudiants expriment le désir d’apprendre à
articuler « savoir local » et « savoir global » dans ce « lieu du savoir ». Pour emprunter les
mots de Clifford Geertz2: « …ce qui est beaucoup plus difficile, nous voir parmi les autres
comme un exemple local des formes que la vie humaine a prises ici et là, un cas parmi les cas,
un monde parmi les mondes… »
Le concept d’espace public est créé par Jürgen Habermas3. Quand le politique devient
un thème de débat livré à l'opinion publique nationale, les discussions sur l’intérêt commun
permettent la critique publique de l’Etat. Cela limite l'absolutisme. Habermas4 identifie les
échelles multiples : national, international, régional, mondial. A Madagascar, la vie politique
et son architecture locale sont telles que l’espace public a une dimension nationale et
infranationale urbaine et rurale. Celle-ci est principalement au niveau des dèmes et quartiers.
Les Malgaches ont une culture délibérative profondément enracinée dans un espace public.
Les débats contradictoires sont une pratique courante de prise de décision collective. C’est
une forme de régulation sociale. Elle est souvent corrélée à une fabrique de conformisme.
1 PERRINEAU P. et JAUME L., 2013
2 1999
3 1962 . 1988
4 2000
3
Ceci est accentué par le fait que Madagascar a une longue histoire de censure administrative,
policière, politique et économique. Elle est réactivée à chaque période de crise5.
Dans ce cadre, l'IEP Madagascar se pose la question : comment faire émerger un
espace public qui lui serait spécifique ? En effet, comme tous les IEP, son identité
intellectuelle est la compréhension de la question politique. Elle inclut ainsi les analyses
scientifiques de toutes disciplines "qui étudient les processus politiques mettant en jeu des
rapports de pouvoir entre les individus, les groupes et surtout au sein de l'Etat, dans le cadre
national et à l'échelle du monde global".
Mais l’espace public est « avant tout un espace symbolique, qui requiert du temps pour
se former, un vocabulaire et des valeurs communes, une reconnaissance mutuelle des
légitimités ; une vision suffisamment proche des choses pour discuter, s’opposer, délibérer.
On ne décrète pas l’existence d’un espace public comme on organise des élections. On en
constate l’existence. L’espace public ne relève pas de l’ordre de la volonté. » (Dominique
Wolton)
Les trois années d’expérience de l’IEP Madagascar montrent ces deux dimensions
d’émergence d’espace public : d’une part, l’action volontaire d’y susciter les discussions, d’y
participer et contribuer à façonner l’opinion publique ; d’autre part, la résultante de ses
activités et de ses actions volontaires. Une troisième dimension se profile, qu’Hannah Arendt
aurait peut-être qualifié de « natalité », « conception », un espace public imprévu, nouveau et
novateur. Ces recherches en analysent les spécificités et fait l’hypothèse d’une spécificité.
L’exploration part d’un cadre théorique de l’espace public et de l’analyse empirique
des actions et activités de l’IEP en trois dimensions :
- En situation de crise, qui coexiste avec l’IEP dans l'Espace Public et comment ?
- Comment se construit l’espace public et à quelles échelles ?
- Du fait des actions de l’IEP, un espace public spécifique se construit-il ?
Nous présentons les résultats de l’exploration en trois parties :
- la (dé)raison conflictuelle et la mort de l’espace public
- la raison communicationnelle et les dynamiques de l’espace public
- l’émergence d’espace public local global.
I - la (dé)raison conflictuelle et la mort de l’espace public
La crise politique traversée par Madagascar de 2009 à 2014 est perçue, présentée et
analysée comme une « catastrophe » au sens d’Adorno et Horkheimer de l’Ecole de Francfort.
Elle est imprévue et a de graves conséquences. En fait, elle est caractérisée par une
coexistence conflictuelle des acteurs de la société. Le conflit est politique. Il est du au
dysfonctionnement de la compétition politique et économique. Cela a déclenché un
5 RAFIDINARIVO C., 2003
4
contentieux politique et de gouvernance. Il glisse au conflit violent qui a entraîné un coup
d’Etat6.
Le conflit fragmente tant la cohésion que la politique ne fonctionne plus en régulation,
voire en organisation, du politique. Il est l’occasion de « s’entre-tuer » de toutes les manières :
violence langagière, institutionnelle, symbolique, physique, armée. Il y a incapacités et/ou
incompétences à exercer « l’art suprême », à savoir la politique (Platon). La raison en est les
rapports de force nationaux et internationaux d’une part, les carences de la socialisation
politique d’autre part.
Dans un tel contexte de tensions politiques, quelle pertinence et quelle visibilité d’un
Institut d’Etudes Politiques ? En construisant son syllabus, l’IEP Madagascar s’appuie sur
l’expérience des IEP français. Il ne s’agit pas de filiation mais de partenariat. L’entendement
de son public d’une part et les interactions avec le contexte politique d’autre part, façonnent
une problématisation qui a ses spécificités. L’IEP construit un travail permanent de traduction
certs, mais surtout de transcription culturelle politique des basics de la Science ¨Politique pour
que les apprenants se forgent les outils conceptuels nécessaires aux dynamisations théoriques,
voire de l’action et de la culture politiques dans l’espace public. Le document suivant
« Participation politique », est un exemple de fiche de travail.
FANDRAISAN’ANJARA « POLITIKA »
I. Famaritana voalohany ny hoe « Politika » :
Ny Politika dia tontolon’ny fananganana na/sy fitantanana Firenena (Etat-Nation) anaty fiaraha-monina misy rafitra sy lalàna (Institutions légales) ekena sy ankatoavina ny rehetra (légitimes) ary malalaka ivelaran’ny tsirairay (libertés publiques) izay manome fampandrosoana (service public) mitovy (égale) sy tsy ankanavaka (équitable) ho an’ny rehetra miombon-tsoa (intérêt general-bien commun).
II. Famaritana faharoa ny hoe « Politika » : Ny politika dia fitantanana (gouvernance) Firenena (Etat-Nation) araky ny fifandanjam- pahefana (puissance) sy fikirakirana ny zaka (institutions) ary adidy fikarakaram-pandrosoana (politique publique-service public) eo amin’ny fiaraha-monina.
III. Mizara telo izany ireo rantsana mamaritra ny hoe politika : (1) Politics : ireo olona, vondron’olona sy hevitra mifandresy lahatra, miasa ary mifaninana ho
amin’ny fitantanana ny fiaraha-monina (fahefana) (2) Polity : ireo rafitra sy lalàna ary sehatr’asa fandrindrana sy fitantanana fiaraha-monina
(zaka/fanjakana) (3) Policy : ireo paik’ady sy tetik’asa ary programa fampandrosoana ny fiaraha-monina tsy
manavaka ary miantefa amin’ny rehetra (fiadidina)
6 RAFIDINARIVO C., 2013
5
IV. Inona no endrika ipoiran’izireo ?
(1) Fahefana : vondrona, antoko, OSC-fiarahamonim-pirenena,… (puissance) (2) Zaka : fanendrena na fifidianana (institutions) (3) Fiadidina : tolotr’asa - tetik’asa sy programa (politique publique - service public)
V. Iza ary no afaka mifandanja, mikirakira, mikarakara ka mitantana Firenena ?
Amin’ny ankapobeny dia roa (2) : Seham-panjakana (Acteurs Etatique) sy Sehatra ivelan’ny fanjakana (OSC/Acteurs Non-Etatique).
VI. Inona no làlana afahana mandray anjara ara-politika ? Toko telo izany : Sehatra, Hevitra ary Asa. VII. Inona avy ireo Sehatra sy Hevitra ary Asa isian’ny fandraisana anjara politika ?
(1) Sehatra: Mpanao lalàna ; Mpanatanteraka ; Mpitsara ; izay niampy (taty aoriana) : Fanaraha-maso (suivi-évaluation), Fitakiana tamberin’andraikitra (redevabilité) ary Fitakian-jo (plaidoyer) sy fizohiana (lobby) isan-tsokajiny.
(2) Hevitra : Tetik’asam-piaraha-monina (projet de société) sy Tohan-kevitra ara-Soatoavina (valeurs) ataon’ny antoko na vondrona politika na avy amin’ny OSC.
(3) Asa : Tamban-jotra fampirantiana na fampiharana singa anaty tohan-kevitra sy fandresehan-dahatra (activité politique).
VIII. Antoky ny fandraisan’anjara politika ?
(1) Tokotanibe fifanakalozana (Espace public/Espace de dialogue) (2) Lalàna (Constitution et Lois : lalam-pifidianana, lalana mifehy ny antoko politique, …zo) (3) Fifidianana (Elections : firotsahana ho fidiana na mifidy)
5 Davida RAJAON, Président IEP Madagascar. 2011 © [email protected]
Il en est de même des finalités de l’enseignement en Science Politique conçues par
l’IEP et celles attendues par les étudiants. Les enjeux évaluatifs de l’habilitation LMD,
Licence, Master, Doctorat, en sont le cadre. Dans un contexte de crise difficile de relations
internationales suspendues, l’IEP choisit d’édifier les bases de savoirs et les capacités de
discussion intramuros, aussi à l’abri que possible de l’espace public et politique.
On assiste en effet dans celui-ci, à une sorte de « retournement de la raison contre elle-
même ». C’est la « mort de la philosophie » par l’inutilité de l’argumentation, corrélée à
l’inutilité de la politique. La raison politicienne ne peut rien dans le politique. Elle devient une
nuisance pour le politique, dans l’absolutisme. Le contrôle politique s’empare du contrôle
social. La répression de masse sévit dans l’espace public. L’opinion publique est façonnée par
la force et l’asymétrie de l’information (Akerlof et Stiglitz) pour opérer une légitimation de
masse. L’action en aveugle, l’obéissance sans conscience, typique au totalitarisme identifié
par Hannah Arendt, surgit. Le contrôle politique de l’accès aux réseaux et de leurs
interactions se développe. La « spirale du silence »7 se déploie.
7 NOELLE-NEUMANN E., 1974 : ici le silence qui se fait en conséquence de la pression politico-sociale
6
Un Institut d’Etudes Politiques relève-t-il d’une inanité dans ce contexte ? Dominique
Wolton8 distingue l’espace commun, public et politique. Dans la crise, l’espace commun se
rétrécit. L’espace public est squatté et contraint. L’espace politique est capté et occupé. La
situation est « bloquée » en termes de « natalité », conception ou créativité sociale, au sens de
Hannah Arendt. Le blocage tient aussi à ces formes de prédation de l’Etat que Jean-François
Bayart désigne comme « politique du ventre »9. D’un point de vue économique, c’est
l’ « innovation », telle que l’identifie Schumpeter, jusqu’à son aboutissement de
marchandisation qui se bloque. La société est bloquée10
. La « politique » au sens de
Machiavel s’en retrouve inutile. C’est-à-dire, qu’on ne s’applique plus à gérer le certain et le
prévisible ni à se préparer à gérer l’imprévisible. Les interactions entre « virtu et de fortune »,
c’est-à-dire « capacités et aléas ». sont très affaiblies. Il y a une « séparation croissante entre
l’Etat et la Nation » du fait de la mise à mal du rôle providentiel de l’Etat11
. Elle a des
dimensions violentes.
C’est dans ce contexte que l’IEP s’efforce d’élargir son public en proposant une
gamme de formation en Science Politique d’une part et d’Education citoyenne d’autre part. Il
s’agit d’ouvir de micro-espaces de discussions avec un public motivé pour être acteur de
l’espace public. L’expérience a prolongé cela en clubs où apprenants et anciens échangent
avec les réseaux de personnes ressources de l’IEP. Le parcours académique s’enrichit ainsi
d’initiations à la vie politique et de fenêtres, c’est-à-dire d’opportunités, d’action politique. Il
se nourrit de la progression de la recherche avec les promotions de fin d’études de troisième
année et de master, puis des débuts des études doctorales. Cela nécessite une vigilance de tous
les instants pour les libertés académiques et la responsabilité de protéger les apprenants.
Cette période de transition politique est caractérisée par l’évitement électoral. Quelle
différenciation entre Science Politique et écoles de partis politiques ? Que devient-elle en
période électorale ? Les débats propres à la Science Politique partout dans le monde se
retrouvent à Madagascar : la neutralité de la Science ; la contradiction entre utilité et
scientificité ; la critique de la « scientification du contrôle social »12
et au-delà de cela de
l’instrumentalisation de la Science par la politique et bien d’autres. L’IEP Madagascar choisit
de développer la recherche académique corollairement à l’Ecole doctorale. C’est une voie
difficile du fait du manque de publiants et d’accès aux publications scientifiques.
Les axes et thèmes de recherche sont choisis par rapport à leur pertinence de
problèmes publics : sorties électorales de crise ; relations internationales ; sécurisation ;
solidarités. Une gamme de résultats de recherche se construit. L’Analyse d’Offre Politique13
étudie les discours produits dans l’espace public des candidats aux élections. Elle forge une
batterie de questions qui permette d’explorer et de comparer la posture, les propositions et le
positionnement des candidats dans le paysage politique. Le propos est d’une part, éclairer le
choix des électeurs et des politiciens dans la compétition politique. D’autre part, cela permet
d’établir une cartographie des idées et des types d’intentions politiques14
, préfiguration ou
8 2012
9 2006
10 CROZIER M., 1970 : écrit scientifique et citoyen sur la France de mai 1968 ; reprend en intitulé l’expression
de Stanley HOFFMANN dans « A la recherche de la France » (1963) cf. PERRIN E., 1972 11
TOURAINE et HABERMAS, 2001 12
TROM D., 1989 13
RAJAON D. (dir.), 2013 14
FLOYD R., 2010
7
socle de programme politique susceptibles de se transformer en politiques publiques. Des
acteurs de l’espace public, en particulier médiatiques, sont formés à l’AOP.
La principale critique avancée est l’invalidité présumée de l’AOP du fait que ces
discours sont factices et la réalité de l’offre politique inexistante. Il s’agit en fait de critique de
la conception discursive de la démocratie qui permet d’influencer les pouvoirs publics d’un
côté et éviter les manipulations communicationnelles, médiatiques en particulier, d’autre part.
Mais d’un autre côté, la mise en œuvre de l’AOP contribue à consolider, affiner, voire créer
l’OP en raison de la compétition politique. L’autre facteur serait la volonté des candidats de
reconquérir le champ des Relations Internationales et donc ses normes et standards d’OP.
Les recherches sur les sorties électorales de crise analysent leurs interactions avec les
actions internationales multidimensionnelles et à niveaux multiples15
. Elles étudient les
négociations, leur cadre, les rapports de force, les jeux et enjeux des acteurs, leurs dilemmes
dans les relations internationales publiques et privées. Elles évaluent en quoi et comment les
élections constitueraient une sortie de crise politique ; dans quels processus de paix et de
stabilisation sécuritaires et politiques les élections s’insèrent ; et quelle analyse comparée peut
en être faite. D’autre part, ces recherches étudient les régimes qui évitent et/ou qui découlent
des élections de sorties de crise. Enfin, elles en explorent les interactions avec la gouvernance
des relations internationales à différentes échelles.
L’IEP développe un partenariat avec l’IEP Paris en réseaux avec des établissements
africains de Science Politique pour mettre en ligne les travaux de jeunes chercheurs sur la
politique africaine16
. Ceci est novateur dans la recherche francophone où les travaux sur la
politique sont rares du fait de l’idée préconçue qu’il n’y a pas de « politique » en Afrique, il
n’y a que de la domination, de la prédation, de la corruption ou … de la tradition. Pour
emprunter les mots d’Habermas pour dire pourquoi la recherche se poursuit, « Si, à la
réflexion, on admet qu’une tradition ne peut pas traverser vivante sept décennies turbulentes
sans se transformer, alors on peut voir ma théorie comme un développement de cette
tradition ».
L’espace public fait aux jeunes chercheurs pourrait induire une « fragilité » du fait
qu’il fait place à plus de probabilité de changement, et donc d’imprévu, comme l’analyse
Hannah Arendt. Cela peut se révéler aussi pertinent dans les dynamiques locales globales. La
jeunesse est partout au cœur des contestations et de la résistance aux politiques d’intégration
perçues comme injustes et contre leurs intérêts. Les théories du changement et de la continuité
sont beaucoup plus actives dans l’espace public de sociétés en crise. Elles interagissent avec
les débats entre les théories d’intégration d’une part et les théories de l’interdépendance
d’autre part.
L’Institut d’Etudes Politiques a mis en place, en partenariat avec la Banque Mondiale,
un dispositif de recherches pour un diagnostic sur les crises malgaches en se posant la
question de comment « mettre fin à la fragilité »17
. Il fait le parti pris de la pluridisciplinarité
académique et de la diversité des analystes politiques : universitaires, praticiens de la
politique, professionnels des media et experts. Il s’agit d’un colloque expérimental où l’IEP
fait interagir Science Politique et acteurs de l’espace public et de l’espace politique de
15
RAFIDINARIVO C., 2013 16
RAFIDINARIVO C. (dir), à paraître 2014 17
RANDRIANJA S. (dir.), 2014
8
différents statuts. Les conclusions soulignent la nécessité de « basculements de paradigmes »
pour améliorer la pertinence par rapport au réel ainsi que la nécessité de structurer l’espace
public de façon à ce que la critique vis-vis de l’Etat soit prise en compte et que la participation
politique aille jusqu’à contribuer de façon effective à la gouvernance18
.
La situation de crise est belligène. Les abus de pouvoir public, les destructions de
biens et la criminalisation augmentent les risques de conflit armé et de guerre civile. Coexister
n’est pas cohabiter et « cohabiter c’est communiquer » (Wolton). L’IEP par la Science
Politique ouverte à toutes les études scientifiques du politique trouve sa pertinence et son
indépendance. Il s’agit d’impulser le dialogue, de susciter la discussion. « Faire comprendre
les conditions des choix que les décideurs opèrent, des choix et des conflits de société à
l’échelle nationale mais aussi mondiale par le lien direct avec la recherche »19
dans l’espace
public. Comment celui-ci se construit-il et à quelles échelles ?
II – « La raison communicationnelle » et les dynamiques de l’espace public
Pour l’IEP, comment faire face aux représentations de la politique et de la Science
Politique par les non-spécialistes où sévissent dépolitisation, apolitisme ou ignorance ?
Comment se différencier de l’expertise, la décision partisane, l’espace médiatique ?
Narrer la « catastrophe » ? A suivre la posture d’ Habermas, « cette tâche n’est plus la
nôtre ». A suivre la Science Politique, elle s’attache au présent. Ce qui intéresse Habermas
(1962) tout comme la Science Politique, c’est l’Espace Public, « l’ensemble de personnes
privées pour discuter de l’intérêt commun ». Encore faut-il que l’information leur soit
accessible, qu’elles en aient la compétence. L’espace public existe quand le secret est publié,
quand l’opacité du pouvoir cède à la révélation et quand la décision inclue la délibération du
grand nombre. Mais il n’y a pas que cela.
Wolton distingue trois espaces : « l’espace commun » des transactions et de la
solidarité ; « l’espace public » des discussions et des délibérations ; et « l’espace politique »
de la décision et de l’action. La relance des interactions entre les trois espaces peut déclencher
des dynamiques vertueuses et contra-cycliques de crise. Cela est possible par la médiation de
multiplicité d’acteurs d’une part, et la négociation nationale et internationale, voire locale
globale d’autre part. D’autant plus, si c’est appuyé par « la mondialisation des medias contre
la censure »20
.
Ceci a favorisé l’élargissement et l’approfondissement de l’espace public sur le thème
spécifique de la résolution de crise par étapes : gestion de crise, médiation, sanctions, sortie de
crise, consolidation institutionnelle (étatique ?) relance et réconciliation, résolution. Cela a
déclenché la mobilisation locale, internationale et globale autour des enjeux de mobilisation
nationale. Ils sont en fait de souveraineté politique et économique ainsi que de
développement. Le discours suivant est un exemple d’intervention de l’IEP Madagascar dans
les discussions dans l’espace public avec les sociétés civiles et l’Etat dans le contexte de
relance actuel.
18
RAFIDINARIVO C., 2014 19
PERRINEAU P. et JAUME L. op cit. 20
MATTELART T., 2002
9
Discours du Président de l’IEP au Salon Malagasy de la Solidarité Internationale, juin 2014
- Mesdames et Messieurs - Son Excellence Monsieur le Ministre de l’Economie, - Monsieur le Conseiller représentant de Monsieur le Premier Ministre, - Monsieur le représentant de Monsieur le Président de la Délégation Spéciale d’Antananarivo. - Madame Fatma Samoura représentant résident du système des Nations-Unies - Messieurs les Ambassadeurs et - Honorables invités - Chers amis de la société civile L’objectif de cet événement est de présenter en vitrine le monde et l’environnement du développement à Madagascar. Les acteurs sont multiples et multisectoriels mais cohérents, au vu de leurs actions durant la période de crise. Ils se mobilisent et mobilisent des millions d’individus et d’associations et d’agences de l’Etat et également des partenaires internationaux, tous soucieux du bien-être commun à Madagascar. Le développement est l’affaire de tous. Toutefois, il est important à cette période de relance de savoir exactement ce qu’elles représentent, ce qu’elles font et comment elles font, et ce qui reste à faire pour que chaque individu et citoyen Malagasy…puisse se développer et vivre dignement. L’investissement du monde associatif dans la sphère publique depuis ces dernières années a bouleversé la cartographie des acteurs du développement à Madagascar. Les associations interviennent en effet sur des secteurs sociaux où l’Etat a failli ou est absent. De très nombreuses catégories de publics : personnes âgées, enfants, femmes, ruraux, urbains sont touchées. Plusieurs secteurs sont concernés : santé, éducation, sécurité alimentaire, culture, environnement…etc. Aussi, depuis quelques années, les OSCs débutaient véritablement un de leurs rôles dans l’espace public : tels que : - l’interpellation, - la réclamation de la redevabilité des dirigeants sur la gestion publique en général. Nous avons durant les deux jours ici dans l’enceinte de la commune urbaine d’Antananarivo, salon, conférences-débats, formations et forums dont l’objectif est d’appui spécifiquement le monde associatif en somme la société civile est à être l’honneur, à se rencontrer et à partager leurs expériences à se former et aussi à se restructurer. Quatre thématiques sont abordées : - la promotion sociale - la promotion économique - la gouvernance - l’engagement citoyen et volontariat
10
Aussi, nous lançons un plaidoyer pour un cadrage institutionnel du paysage des OSCs, et donc un renforcement de l’Etat de Droit par : - L’amélioration du cadre juridique : requalification juridique des associations et une charte d’engagement réciproque Etat-OSCs - Deux espaces de dialogues : la création d’un CNVA (conseil national de la vie associative) et la création d’un CES (conseil économique et social) Durant et après cet événement l’IEP Madagascar met en place l’Observatoire, juxtaposé à un centre de ressources. L’IEP, plus exactement sa branche OCRMS se veut être un organe d’appui au service des OSCs et acteurs du développement. C’est une initiative privée qui ne demande qu’être partenaire de l’Etat, des bailleurs et surtout des OSCs, dans un environnement juridique que nous voulons être sain. L’IEP Madagascar, agréé, homologué et habilité par l’Etat avec d’autres en complémentarité et en synergie se voulait juste velona sy vanona ho an’ny hafa (être digne et au service des autres). La solidarité c’est un mode de vie, une justice et un défi et ce au-delà de nos différences. Ici, nous empruntons l’appel du jeune phillipien Yeb Sano « If not us, then who? If not now, then when? Si ce n’est pas nous, alors qui ? Si ce n’est pas maintenant, alors quand ? ». Chers amis et collègues de la société civile, nous tous… être solidaire c’est aujourd’hui et le développement c’est maintenant. Mesdames et messieurs, je vous remercie.
Davida RAJAON Président de l’IEP Madagascar
Ces thèmes touchant à la souveraineté traités par d’autres acteurs que l’Etat fait
émerger un espace public spécifique à l’échelle internationale. Les thèmes saisis par d’autres
acteurs que les universitaires et les experts opèrent une sorte de (dés) arraisonnement citoyen
de l’information, pour le dire en s’inspirant de Foucault. Cela construit un espace public
mondial qui fait place à l’alternative21
.
Habermas22
en donne l’exemple de l’espace public européen. « Quand les citoyens de
différents États discutent en même temps sur les mêmes thèmes, c'est alors qu'on est en train
de construire graduellement un espace public européen ». Pour lui, l’union économique ne
constitue pas un espace public. Il préconise l’union politique. Cela concerne les praticiens de
la politique, les groupes d’intérêts, de pression, les lobbies institutionnels et ad hoc. On peut
en dire autant de la constitution de communauté sécuritaire, « aboutissement du processus
d’intégration »23
. La communauté épistémique se faisant autour de valeurs communes et de
savoirs partagés.
En fait, c’est la coexistence d’acteurs multiples en interaction politique qui fait
l’espace public et l’espace politique. Son élargissement et approfondissement sont supposés
être favorables à la solidarité et à la coopération. Les dynamiques du multilatéralisme
21
DURAND M-F. et al., 2013 22
HABERMAS J., 2011 23
HAAS E., 1961
11
construisent un espace public élargi. Elles offrent la possibilité de participation de tous les
acteurs à l’élaboration d’une gouvernance globale.
Allocution de Madame Fatma Samoura, Coordonnateur résident du système des Nations Unies à Madagascar OUVERTURE DU SALON MALAGASY DE LA SOLIDARITE INTERNATIONALE Hotel de ville Antananarivo, 19 juin 2014 • Monsieur le Premier Ministre, Chef du gouvernement, • Mesdames et Messieurs les Ministres, membres du gouvernement, • Excellences, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, membres du corps diplomatiques et consulaires • Excellence Mesdames et Messieurs les Représentants des Agences du Système des Nations Unies, • Monsieur le Président de la Délégation Spéciale de la Commune Urbaine d’Antananarivo, • Mesdames et messieurs les représentant des institutions et des organismes internationaux, • Mesdames et messieurs les membres du gouvernement • Mesdames et Messieurs les Représentants des organisations de la société civile et du secteur privé, • Honorables invités C’est un insigne honneur et un immense privilège pour moi et pour l’ensemble du Système des Nations Unies de prendre part à l’ouverture officielle de cette première édition du Salon malagasy de la solidarité internationale une initiative de l’Institut d’Etudes Politiques, représenté par son Président Directeur Général en la personne de Davida Rajaon. Avec votre permission, je voudrais lui adresser toutes mes félicitations pour avoir lancer cette belle initiative. Je partage entièrement sa perception de ce salon qui se veut une vitrine des acteurs de développement à Madagascar. En effet, la participation massive de différentes entités issues des Organisations de la Société Civile, ainsi que des organismes internationaux, tant aux tables rondes qu’à l’exposition, témoigne non seulement de la solidarité qui existe entre ces acteurs de développement dans la reconstruction du pays et de la relance de l’économie de Madagascar, mais également de leur volonté à s’engager ensemble pour mener des actions concrètes visant à apporter un changement significatif en faveur de l’épanouissement et l’enrichissement du peuple malgache . Ce salon n’est pas qu’un évènement, il est annonciateur de la mise en place d’une philosophie et d’une stratégie de mobilisation des acteurs au développement désireux de contribuer à relever les défis communs du développement de Madagascar. Il constitue une promesse de réussite de ce nouveau partenariat et de cette nouvelle solidarité retrouvée. Le fait que ce salon se tienne quelques jours après la signature du Plan Cadre des Nations Unies pour l’Aide au Développement entre le Gouvernement Malagasy et le Système des Nations Unies à Madagascar pour la période 2015-2019 et dont les domaines d’interventions stratégiques et les résultats définis sont alignés sur les orientions de la Politique Générale de l’Etat malgache avec la vision de faire de Madagascar une nation moderne, fière et prospère, n'est pas fortuit. En effet ces deux événements marquent un renouveau et une dynamique dans les relations entre les autorités issues d'élections libres et démocratiques et les acteurs du développement dont la société civile est un élément clé.
12
Aussi, voudrais-je profiter de cette occasion pour lancer un appel à tous les acteurs ici présents, bailleurs et membres de la société civile, à faire converger nos efforts pour réduire significativement l’extrême pauvreté qui touche la moitié de la population Malgache, à améliorer les conditions de vie des couches les plus vulnérables et surtout à éviter que par nos actions ou nos inactions de nouvelles couches ne tombent dans la précarité. Nous avons tous sans exception l’obligation morale et professionnelle de le faire ; le pays et ses partenaires que nous sommes disposent des capacités et compétences pour faire de la grande Île une nation émergente avec la participation active de la population. J’espère également que les recommandations émises lors des tables rondes traitant respectivement du rôle de la société civile dans la promotion de la gouvernance, de la conciliation du secteur privé avec la société civile pour la promotion économique, de la promotion sociale et de l’environnement, ainsi que du volontariat et de l’engagement des citoyens au service du développement, seront prises en compte dans le processus de mise en oeuvre de l’Observatoire et Centre de Ressource Malagasy de la Solidarité , un programme d’appui à la société civile qui devrait être mis en place à la suite de ce salon. En effet, cet observatoire devrait avoir pour objectifs la structuration des acteurs de la société civile, le renforcement de leur capacité, la visibilité nationale et internationale, et il servira de relai entre les différents acteurs et partenaires de la solidarité et du développement. Enfin cette tribune m'offre l'occasion d'inviter toutes les personnes ici présentes à participer activement aux tables rondes durant ces deux journées de solidarité et à jouer leur rôle dans leur domaine respective et aller dans la même direction c’est-à-dire vers le développement du pays et l’amélioration des conditions de vie des malgaches. Vive la solidarité pour le développement !
Je vous remercie de votre attention
Source : CINU Antananarivo, 2 juillet Salon Malagasy de la Solidarité Internationale, 19 - 20 juin 2014
C’est une participation politique de tous idéalement impossible. Mais l’amélioration
continue est possible avec les réformes des Organisations Intergouvernementales d’une part.
D’autre part, l’incrémentation de la socialisation politique ainsi que de la culture politique à
multiples échelles que l’IEP apporte y contribuent aussi. Il en est de même pour l’animation
de ces espaces par les élites que l’IEP forme pour interagir avec les autres catégories de la
société dans la formation de l’opinion publique sur les questions d’actualité. Ces paradigmes
d’intégration font débat avec ceux de l’interdépendance dans les paradigmes de résolution des
rapports de force.
III - Emergence d’Espace Public Local Global
L’Institut d’Etudes Politiques Madagascar initie un enseignement et des recherches en
géopolitique. Le choix des axes est motivé par la volonté de désenclavement de Madagascar.
Dans le contexte de crise, le pays a été soumis cinq ans aux sanctions internationales qui
interdisent la participation à la délibération globale, les relations diplomatiques ainsi que de
facto, la majeure partie de la coopération. Durant cette période, le débat dans l’espace public
sur les Relations Internationales est fortement dominé par les actions internationales face à la
13
crise politique malgache et aux conséquences du coup d’Etat où les militaires ont joué un rôle
décisif24
.
De quels recours et de quels outils disposent les citoyens et les médias dans l’espace
public en méconnaissance des rapports de force internationaux ? L’ère du numérique donne
accès à une relative profusion d’informations à une élite, voire une classe moyenne, équipée
aussi en audio-visuel, satellite et câble. La presse est en ligne. Mais la connaissance,
l’éducation et la médiation manquent pour donner les clés de lecture. La radio est un média
populaire et de proximité et la radio et télévisions publiques ont une couverture nationale. Elle
élargit un espace de discussions et de débats politiques. Cependant, la société malgache est
fortement marquée par des pratiques cumulatives de censure politique et sociales ainsi que
d’auto-censure. « la spirale du silence »25
sévit dans l’espace public qui est dominé par des
discours très conformistes. Les contenus d’information sont majoritairement institutionnels,
surtout sur les chaînes de télévisions malgaches gratuites. La frontière entre information et
communication est souvent poreuse26
.
Les sociétés civiles malgaches ont consolidé une expertise humanitaire, scientifique et
informative. Mais elles sont très peu au fait des dynamiques des interactions internationales.
Le discours dominant les discussions de l’espace public est le paradigme de la dépendance :
colonisateur/colonisé, dominant/dominé. L’opinion publique se saisit des questions de
souveraineté. Mais elles se caractérisent souvent par un décalage important avec les réalités
des rapports de force internationaux. Cela a favorisé l’opacité et l’autoritarisme de la
politique étrangère du régime de transition. D’autre part, cela inhibe la créativité sociale quant
à la mobilisation de ressources pour sortir des crises.
L’IEP Madagascar met en œuvre des basculements de paradigmes dans l’espace public27
.
Depuis la fin de la guerre froide, force est de constater que l’interdépendance du monde
multipolaire n’est pas toujours synonyme d’harmonie. Elle est traversée de conflits,
d’asymétries, d’inégalités, d’exclusions. Les réalistes voient « l’interdépendance comme une
vulnérabilité mutuelle », ce qui reconsolide le rôle de l’Etat. Les néo-fonctionnalistes insistent
sur la gestion de la coopération, de préférence régionale et multilatérale, en substitut des
conflits. Les néo-institutionnalistes font une analyse des conflits par une interdépendance
asymétrique et celle des décisions, par les coûts. Les néo-libéraux soulignent que la
coopération existe parce que les coûts sont élevés. Cela engendre des politiques de sécurité
qui découragent le recours à la force. Par ailleurs, la complexité des interdépendances tend à
renforcer la dissuasion d’user de la force. D’autres chercheurs par contre, s’attachent à
analyser l’usage décisif de la force par les acteurs, en particulier dans les conflits
asymétriques ou urbains ou encore terroristes28
.
24
RAFIDINARIVO C., 2013 25
ARBOIT G. et MATTHIEU M., 2008 26
RAFIDINARIVO C., 2003 27
RAFIDINARIVO C., 2014 28
LEVY Y., 2010
14
L’Espace public relève aussi de la géographie29
. La crise politique malgache et les
dispositifs de médiation et de résolution mis en œuvre par les acteurs internationaux ont
révélé de nouvelles réalités des Relations Internationales30
dans l’espace public malgache :
- La contrainte des conventions et résolutions internationales et en particulier régionales
- Les actions internationales contraignantes de gestion de crise et leur influence sur une
relative protection des libertés publiques
- Le leadership régional de la SADEC31
mandaté par l’Union Africaine et les Nations
Unies en médiation de la crise et dont Madagascar est membre
- La puissance diplomatique régionale émergente de l’Afrique du Sud
- Les coalitions d’acteurs et créations d’instances de régulation ad hoc comme le
Groupe de Contact International composé des bailleurs de fonds. Elles mettent en
échec les actions bilatérales à l’encontre des intérêts et positions des autres acteurs.
Elles construisent une cohérence relativement cohésive des sanctions internationales.
Par ailleurs, les acteurs internationaux utilisent de nouveaux référents situationnels des
risques de la crise malgache. Ils sont proposés en miroir dans l’espace public et en critères de
l’action locale et internationale. C’est le cas de « somalisation » au sens de fragilité et
défaillance de l’Etat ; de déficit de maîtrise du territoire ; de territoires contestés ; de conflits
confessionnels, ethniques ; armés, criminalisés ; de séparatisme autour de ressources
pétrolières et minières ; d’insécurité alimentaire et humaine graves et de déplacements massifs
de population ; milicianisation locale ; piraterie littorale et en haute mer dans l’océan Indien ;
prises d’otages ; tensions avec les voisins ; recours aux forces de maintien de la paix.
C’est aussi une labellisation d’enjeux de sécurité comme étant des problèmes de vide
sécuritaire, par des acteurs internationaux majeurs32
. Elle justifie le maintien des sanctions
internationales et l’interventionnisme que cela signifie en termes de gestion de crise. Un
« speech act » au sens de l’Ecole de Copenhague qui appelle un modèle de sécurisation et
proposer peut-être une capacité de protection. Il ne s’agit pas seulement de représentations se
faisant actions. Le livre Blanc Sécurité et Défense de la France 2008 situe la Somalie dans
l’arc de crise et celui de 2013 dans les pays où sévissent les conflits locaux et le terrorisme.
L’IEP cherche ainsi à éclairer la dimension géopolitique de la situation et à positionner ses
résultats de recherches dans le débat scientifique et les discussions de l’espace public. Il s’agit
de forger de nouveaux outils d’analyse politique et de gouvernance des Relations
Internationales pertinents, c’est-à-dire, conformes aux réalités du terrain et critiques. On
constate que les cartes géopolitiques disponibles de Madagascar, de l’Afrique de l’Est et de
l’océan Indien ne correspondent pas à ces discours signifiants dans l’espace public33
, ni aux
actions structurantes des acteurs institutionnels34
. D’autre part, les critiques sur l’insécurité
locale, nationale et transnationale grandissantes n’en cernent pas ses causes35
.
29
CASILLO I., 2013 30
RAFIDINARIVO C., 2013 31
Southern African Development Community : organisation régionale des pays d’Afrique australe et de l’Est. 32
STRITZEL H., 2007 33
BUZAN B., 1998 et l’Ecole de Copenhague 34
BALZACQ T., 2001 35
BATTISTELLA D., 2006
15
L’IEP veut s’affirmer dans sa contribution à la production de savoir sur la région. La
recherche vise à cliver le référent de la réalité pour améliorer la rationalisation des discussions
locales et internationales sur l’intérêt commun. Elle participe aux négociations de définitions
et de sens. Elle est menée dans le champ des changements des relations internationales à
plusieurs échelles depuis la fin de la guerre froide - nationales, régionales, multilatérales,
globales – et leurs interactions. Elle explore l’importance prise par les questions
d’(in)sécurisation dans les Relations Internationales chez tous les acteurs. Elle propose une
approche par les actions et les politiques publiques nationales et/ou internationales. Ceci est
observable et mesurable dans leurs interactions avec les autres acteurs des processus et
réseaux de sécurisation. L’agenda médiatique rend compte de ces réalités de façon erratique.
Dans le monde entier, Le paradoxe d’un monde globalisé et de communauté épistémique
internationaliste de plus en plus restreinte et spécialisée s’accentue. Celle-ci tend à être
désertée par les académiques et à se constituer d’experts, « professionals away from public
eyes ».
Les premiers résultats de recherche sont communiqués à la 3ème
Rencontre des Etudes
Africaines en France36
. La sécurité internationale devient l’objet d’actions et de politiques
internationales publiques et privées de défense et sécurité ; droit et justice ; économique et
budgétaire ; social et humanitaire. Elle s’énonce et se pratique de plus en plus en termes de
sécurité collective. En fait, elle est objet de stratégies, d’évaluations et de politiques
publiques internationales. Pour le secteur privé, sans sécurité, il n’y a pas de prospérité, d’où
le développement des forces privées de sécurité et des partenariats sécuritaires public/privé.
La nouvelle dimension internationale de l’insécurisation et la sécurisation est : d’une part ses
(re)configurations en réseaux et d’autre part, l’émergence de multiples niveaux en interaction.
Les résultats de recherches sur les réseaux internationaux de sécurisation dans la
proximité géopolitique de Madagascar ont donc été mis en cartes. Trois cartes sur la Somalie,
par exemple, mettent les résultats en perspective. La situation alimentaire et les déplacements
de la population sont dus au climat et aux conflits. La bande littorale de l’urgence alimentaire
est à rapprocher de la carte de la piraterie littorale et maritime. La fragilisation cumulative de
l’Etat a motivé l’Union Africaine à envoyer des forces de maintien de la paix AMISOM. Elles
sont confrontées à l’action armée des djihadistes Shebab qui se réclament d’Al Qaïda. La
montée en puissance exponentielle de la piraterie maritime dans l’océan Indien a conduit l’UE
à mettre en place l’opération Atalante avec une mobilisation internationale forte, dont les
Etats émergents, pour sécuriser le transport maritime et les Zones Economiques Exclusives.
Le succès de la sécurisation coopérative maritime contraste avec les difficultés de la
sécurisation terrestre. Les attentats terroristes et les prises d’otages se multiplient du Yémen
jusqu’au Mozambique. Le renseignement monte en puissance. Y a-t-il de nouvelles
dynamiques d’arc de crise ?
36
RAJAON D., RAFIDINARIVO C., SABATHIER T., 2014 : les 3ème
Rencontres des Etudes Africaines en
France sont organisées par l’IEP de Bordeaux. Elles sont devenues GIS, Groupe d’Intérêt Scientifique CNRS
Afrique, pluridisciplinaire.
16
.
17
18
19
Si on change la perspective, on peut voir la situation du point de vue des réseaux
d’accords de coopération sécurité défense de la France ainsi que de ses opération en coalitions
ou avec ses capacités propres. L’évolution de la politique africaine sécuritaire en réseaux de la
France est marquée par l’européanisation, l’africanisation et la légitimation internationale des
actions. Sa mise en cohérence avec l’action internationale de la France est la légitimation
politique de l’influence au Conseil de Sécurité. Elle a une capacité d’intervention en Afrique
unique au monde utilisée au Mali depuis 2013, au Centrafrique en 2014 et en appui à
l’Algérie avec les Etats-Unis, le Tchad et les forces libyiennes en Libye contre les groupes
Aqmi, Al Qaïda au Maghreb Islamique en mai 2014. Elle maintient sa participation à la lutte
anti-piraterie Atalante depuis 2008.
20
Les menaces terroristes se sont intensifiées dans la région. Le Livre Blanc Défense et
Sécurité 2013 de la France, préfacé par le président François Hollande, parle d’un terrorisme
de l’Atlantique à l’océan Indien. Il développe un concept de « sécurité nationale » qui
concerne tous les acteurs et non plus seulement l’Etat. Pourquoi pas à l’international ? Les
Etats-Unis mettent en œuvre une politique de partenariat institutionnel public et privé ainsi
qu’individuel en termes de sécurisation coopérative37
.
Or, à Madagascar, comme dans beaucoup de pays de la région, on constate dans
l’espace public un sentiment d’impuissance et d’incertitude sur les zones de non droit, de
porosité des frontières ou d’interactions entre criminalité et terrorisme. L’action sécuritaire
publique est faible alors que le contrôle politique reste pesant. On constate souvent une
désertion par les analystes académiques de l’espace public à différentes échelles sur ces
questions ainsi que la mise à part d’une élite de décideurs.
Le président des Etats-Unis, Barack Obama, prévoit de demander au Congrès un
budget de 5 milliard de dollars pour la formation de forces de sécurité au Yémen qui lutte
contre Al Qaïda, une force multilatérale de maintien de la paix en soutien à l’AMISOM en
Somalie, et pour l’action de facilitation française au Mali. Les Etats-Unis annoncent la reprise
de leur coopération bilatérale evec les forces armées malgaches pour la sécurisation des
frontières et le maintien multilatéral de la paix dans la région.
37
OBAMA B., discours de Westpoint, 2014
21
En temps de paix, les questions de sécurité nationale, régionale et globale concourrent
à l’exercice de la citoyenneté et à la construction de l’Espace Public local global. En temps de
crise politique et de conflits impactant la (dé)construction étatique, les Relations
Internationales s’approprient la sécurité collective dans un cadre global et souvent dans des
organisations opérationnelles ad hoc en interaction avec le Conseil de Sécurité des Nations
Unies.
Conclusion
Voilà les principaux défis auxquels sont confrontés l’Institut d’Etudes Politiques
Madagascar et ses partenaires dans la construction de la gamme de propositions académiques,
citoyennes et des dispositifs de recherche. Leurs enjeux sont la qualification et le
développement de compétences de Science Politique en vue de tout emploi ou situation de
responsabilité dans un pays en grave crise de leadership. Ils sont remis en perspective par
l’émergence d’un espace public local global dans une région du monde où de nouveaux
risques et menaces de déstabilisation se développent plus rapidement que les nombreuses
opportunités de développement. Enfin, l’IEP agit aujourd’hui, dans un contexte de sortie de
crise où « …la notion d’incertitude, d’impuissance est devenue une composante réelle de
l’action collective » (Wolton 1997). Ce qui est un vrai défi de Science Politique pour l’IEP
Madagascar et ses partenaires.
Dr. Davida RAJAON
Président de l’Institut d’Etudes Politiques Madagascar
Membre du Conseil de l’Ecole Doctorale
Enseignant-Chercheur
Dr. Christiane RAFIDINARIVO
Habilité à Diriger des Recherches en Science Politique
Présidente du Comité Scientifique de l’Institut d’Etudes Politiques Madagascar
Membre du Conseil de l’Ecole Doctorale
Professeur Associé et Directeur de Recherche
Discours encadrés
- Discours de RAJAON D., Président de l’IEP au Salon Malagasy de la Solidarité
Internationale, juin 2014
- Allocution de SAMOURA F., Coordonnateur résident du système des Nations Unies à
Madagascar, Ouverture du Salon Malagasy de la Solidarité Internationale, Hotel de
ville Antananarivo, 19 juin 2014
Cartes : conception RAFIDINARIVO C., réalisation SABATHIER T. in RAJAON D.,
RAFIDINARIVO C., SABATHIER T., 2014
- Somalie : situation alimentaire et déplacements de population
- Somalie : sécurisation militaire internationale
- Efficacité de la sécurisation coopérative internationale
- Coopération sécuritaire : Présence militaire française en Afrique et dans la France de
l’Océan Indien
- Evolution de l’arc de crise
22
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