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Université Bordeaux 3, I.U.T. Michel de Montaigne, D.U.T. Information-Communication, Option Gestion de l’Information et du Document dans les Organisations 1, rue Jacques Ellul 33000 Bordeaux Présenté par Amaury PAUL Le journalisme participatif : principes, modalités, tendances 1

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Page 1: Mémoire   dossier écrit

Université Bordeaux 3, I.U.T. Michel de Montaigne, D.U.T. Information-Communication,

Option Gestion de l’Information et du Document dans les Organisations1, rue Jacques Ellul

33000 Bordeaux

Présenté par Amaury PAUL

Le journalisme participatif : principes, modalités, tendances

Mémoire professionnel Année universitaire 2010-2011

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Page 2: Mémoire   dossier écrit

Index

Introduction ..............................................................................................................................1

I] Note de synthèse ...................................................................................................................4

1. Principes .............................................................................................................................5

2. Modalités ............................................................................................................................8

3. Tendances .........................................................................................................................12

II] Arborescence et captures d’écran commentées .............................................................15

1. Arborescence ....................................................................................................................16

2. Explication des pages .......................................................................................................17

3. Captures d'écran ................................................................................................................18

III] Méthodologie ...................................................................................................................25

IV] Bilan ..................................................................................................................................26

Annexes ...................................................................................................................................27

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Page 3: Mémoire   dossier écrit

Introduction

Ce mémoire professionnel est le résultat d’un travail de fin de DUT Information-Communication, option Gestion de l’Information et du document dans les organisations. Il porte sur le journalisme participatif, avec comme sous titre « principes, modalités, tendances ».

Cette notion, également appelée « journalisme citoyen » a fait apparition en même temps que le web se développait et prenait la forme qu’on lui connaît actuellement, le web 2.0.

Ce mémoire s’inscrit donc dans un sujet d’actualité, et fait appel à plusieurs notions d’importances qui se résument par les questions suivantes :- Comment le web 2.0 fonctionne-t-il ?- Qu’est-ce que le journalisme citoyen précisément ?- Comment accéder à ce statut ?- Quel impact à l’arrivée du web collaboratif sur les journalistes et leur travail ?

Ce mémoire se décline en deux parties : une partie blog qui présente des sources et ressources sur le sujet, une revue de presse journalistique qui mettra en lumière les principes et évolutions de la pratique du journalisme participatif, ainsi qu’une galerie d’images qui présentera les « faits d’armes » des journalistes citoyens. La partie écrite contiendra en sus de cette introduction, une note de synthèse qui reprendra tous les éléments sur le sujet, une arborescence commentée ainsi que des captures d’écran du blog, qui auront pour but d’expliciter les choix de l’auteur sur cette plateforme, et enfin l’explication de la méthodologie employée pour la réalisation de ce mémoire et son bilan. Vous pouvez consulter ce blog à l’adresse suivante : http://journalisme-participatif.blogspot.fr

Afin de mieux cerner et comprendre le sujet, j’ai décidé, en parallèle de la réalisation de ce mémoire de tenter « l’aventure » qu’est le journalisme participatif. Ayant dans le passé déjà connu une expérience de co-webmaster d’un site traitant de l’actualité musicale, modérateur du forum qui découlait du site, et en charge de rédiger des biographies et des brèves, j’avais déjà une certaine idée et conception du journalisme participatif. De surcroît, j’avais également connu à la même période (2007-2008), une éphémère expérience de blogueur, où ma principale activité était de réaliser des critiques d’albums de musique.

Ce blog abandonné depuis plusieurs années, il me trottait dans la tête de remonter un projet similaire. Choisir ce sujet de mémoire est donc rapidement apparu comme une évidence. Je tiens donc régulièrement depuis quelques mois maintenant un blog1 qui traite de l’actualité en général, avec comme contenu des articles sur des sujets divers tels que la politique, l'élection présidentielle de 2012 en France, les relations internationales, la situation sociétale de certains pays ne respectant pas les droits de l’homme et la démocratie, des revues de presse et enfin des critiques de films et de livres. Pour pousser le processus plus loin, j’ai décidé de proposer

1 http://public-tribune.fr

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deux de mes articles aux médias citoyens Agoravox 2 , le premier traitant de la situation en Corée du Nord après la mort de Kim Jung-Il en décembre 2011, et le second relatant les mouvements de contestations qui ont pris corps depuis les législatives de décembre 2011 en Russie, ainsi que l’évènement majeur qui a suivi : l’élection présidentielle russe.

Enfin, afin d’être le plus exhaustif possible, ce mémoire se concentre principalement sur la situation du journalisme participatif en France.

2 http://agoravox.fr

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I] Note de synthèse

Le « journalisme participatif », également appelé « journalisme citoyen » est défini comme « la pratique de la création et de la diffusion rapide de l’information par des non-professionnels par le moyen du web et des réseaux sociaux plutôt que sa consommation », selon le glossaire journalistique du site Grandquebec.com3.

Pourtant, en soi, cette expression renvoie à deux termes qui sont en totale opposition. “Journalisme” fait référence à un métier pointu, dont les acteurs ont mené une formation poussée et qui possèdent des aptitudes et qualités qui respectent une déontologie propre au métier. Obtenir le statut de journaliste nécessite de nombreuses péripéties, et cette profession est, de surcroît, normée, vérifiée et légiférée au travers de la carte de presse qui fait d’eux de véritables professionnels de l’information.

La notion de “citoyen” signifie, elle, ce qu’on appelle communément “M. Tout Le Monde”. Celle de “participatif” est en revanche moins globale, puisqu’elle renvoie au fait que les citoyens qui le désirent, et uniquement eux, peuvent participer.

En définitive, la notion de “journalisme participatif” est une formule sémantiquement très forte, puisqu’elle implique que le citoyen lambda peut devenir, s’il le désire, un journaliste. Cela signifie concrètement que désormais, les citoyens peuvent s’exprimer de façon “journalistique”, ou tout de moins de façon argumentée librement. En soi, cette démarche de “donner la parole au citoyen” s’inscrit dans une lignée démocratique tout à fait respectable.

Quels sont les facteurs qui ont permis d’en arriver là ? Concrètement, comment cela marche t-il ? Ce système de journalisme citoyen fonctionne t-il ? Et si non, quelles sont les dérives et autres effets pervers ?

Trois axes de traitement semblent pertinents pour répondre à ces questions complexes :

- Les principes de ce type de journalisme, soit l’origine, la base de départ,- Les modalités, à savoir quelles en sont les particularités, le fonctionnement,- Les tendances, c’est-à-dire le (encore jeune) bilan de ce type d’expression, mais aussi ses évolutions et ses orientations,

Ces thématiques seront développées sans ne rien omettre. Nous verrons également l’expérience de « journaliste participatif » que j’ai réalisée afin de me confronter à la situation, et afin de connaître et de vivre le sujet « de l’intérieur ».

3 http :// grandquebec . com / medias - au - quebec / lexique - journalisme /

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1. Principes

L’idée « de donner la parole » au peuple n’est pas récente, et repose sur le principe même de la démocratie. Elle a grandement pris forme avec l’arrivée des interviews, qui ont vu le jour avec l’avènement de la radiophonie dans les années 1920. Les journalistes ont toujours su recueillir des témoignages de citoyens ayant assisté à des évènements où eux ne se trouvaient pas, ponctuent leurs reportages par leur avis, et l’omniprésence des sondages et enquêtes d’opinion révèle que l’avis du citoyen est sinon pris en compte, au moins écouté et relaté. De la même façon, il n’est pas rare qu’un journaliste ayant un article à écrire ou un dossier à réaliser sur un sujet pointu fasse appelle à un expert en la matière pour l’aider à structurer ses informations.

Les derniers évènements de l’actualité récente illustrent d’ailleurs ce procédé. Mercredi 21 mars dernier, dans le cadre des « tueries de Toulouse et de Montauban » et de « l’affaire Merah », le –alors- suspect est retranché chez lui, encerclé par les forces du RAID. Les voisins de l’immeuble, qui n’ont pas encore été évacués, sont tous contactés par différents médias. Que ce soit la presse écrite, la télévision ou encore la radio, les témoignages des voisins alors sur place étaient primordiaux pour permettre aux journalistes, contraints de respecter une distance de sécurité avec les lieux de l’intervention, d’obtenir des informations autres que celles divulguées par le ministère de l’intérieur. Cet exemple n’est pas un cas isolé. Pour autant, il part du principe que le citoyen a la parole, mais uniquement quand on la lui demande. Le principe même du « journalisme participatif » est tout autre, puisqu’il repose, à l’inverse, sur le fait que le citoyen a la parole dès qu’il a envie de la prendre.

Les historiens ont du mal à définir concrètement les premières formes de « journalisme participatif », et les avis et points de vue divergent. Certains estiment que la première apparition de ce phénomène date de 1963, quand Abraham Zapruder, tailleur de profession, assiste à Dallas à la parade de John F. Kennedy, et se retrouve à filmer par inadvertance la mort du Président des Etats-Unis d’Amérique. D’autres estiment en revanche que c’est le blogueur Matt Drudge, auteur du blog Drudge Report, qui en révélant la teneur de ce qui deviendra « l’affaire Monica Lewinsky », pose la première pierre du « journalisme participatif ». Enfin, d’autres spécialistes voient en ce phénomène des apparitions plus récentes, comme les attentats terroristes du 11 septembre, qui auraient grandement contribué à donner envie aux citoyens de s’exprimer plus librement, ou encore la guerre en Irak de 2003, où les soldats américains et les journalistes dépêchés sur place racontaient presque en temps réel sur des blogs personnels, rebaptisés alors « warblogs », la situation telle qu’ils la vivaient.

Ces évènements majeurs ont chacun leur part de vérité dans l’avènement du «  journalisme participatif ». Mais c’est bien l’arrivée et le développement de l’internet qui l’a rendu possible et effectif.

L’arrivée du web 1 ou web dit de « contemplation » en 1993 a tout d’abord permis à ses utilisateurs de pouvoir consulter plus facilement l’information, de tout type qu’elle soit. Le web a connu ensuite une progression rapide et croissante, et en 2003-2004, la notion de web

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2.0 fait son apparition. Ce web se veut moins technique, plus accessible et ouvert à tous. Désormais chacun ou presque pourra maitriser les caractéristiques et techniques du web afin d’y prendre part à grande échelle. Le nombre d’utilisateurs connectés à la toile a augmenté de façon exponentielle depuis sa création : 2 millions en 1994, 1250 milliards en 2007. Aujourd’hui chaque entité, institution, marque, organisation est présent sur internet à l’aide de sites web et de réseaux sociaux.

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2. Modalités

Dans ce contexte, l’information circule, va et vient à une vitesse jusqu’alors inconnue. L’avènement de l’internet a donc permis d’instaurer une certaine clarté : tous les documents officiels sont disponibles sur la toile. « Nul n’est censé ignorer la loi » dit le dicton, grâce au web, tout le monde peut au moins consulter tous les textes de loi disponibles. La recherche est logiquement simplifiée, plus facile, plus aisée. Cette surabondance de l’information a donc ceci de positif qu’elle amène un climat de transparence. En revanche, les utilisateurs « lambdas », pas ou peu initiés au web et à la recherche d’information peuvent rapidement se noyer dans le flou que génère cette « infobésité ».

Le web 2.0 correspond également à l’évènement de plusieurs outils qui vont directement permettre au citoyen de pouvoir communiquer plus facilement :

-Wikipédia : Lancé en 2001 par Jimmy Wales et Larry Sanger, et aidé par un design accrocheur et minimaliste, l’encyclopédie en ligne Wikipédia a connu un large succès depuis sa création. Le principe est simple : chacun peut poster une nouvelle rubrique correspondant à un sujet qu’il souhaite développer. Chaque membre de Wikipédia peut ensuite ajouter des précisions, des modifications ou des éclaircissements sur le sujet. Les membres jouent à la fois le rôle de contributeurs et de modérateurs. Grandement critiquée, notamment sur les sujets politiques et historiques, l’encyclopédie participative Wikipédia était pourtant plébiscitée en 2005 par une étude menée à l’initiative du périodique scientifique Nature, qui affirmait alors qu’elle était « presque aussi fiable que l’encyclopédie Britannica ». D’autres études sont plus circonspectes sur ce point, jugeant que Wikipédia avait laissé des erreurs grossières expressément ajoutées sur certaines pages pendant plusieurs semaines.

-Les forums de discussion : Le terme « forum », provient de la langue latine et signifie initialement le « marché », lieu où les romains venaient échanger et discuter. Les forums de discussion internet désignent donc dans la logique des choses un espace de discussion, asynchrone, thématique, sur un site web à part entière ou sur une sous catégorie d’un site. Il permet à ses utilisateurs de poser des questions, d’échanger ou d’apporter des réponses aux questions sur le thème du forum, sous régie des administrateurs et des modérateurs, qui sont là pour assurer le bon fonctionnement et faire respecter la charte éthique et les règles propres à chacune de ces plateformes. De facto, des communautés se créaient ainsi sur les thématiques des différents forums. Cette pratique avait littéralement explosé de 2004 à 2006, mais connaît un large essoufflement aujourd’hui. D’autres outils ont effet pris la relève de ce système participatif.

-Les blogs : Lancés dès l’apparition du web, les blogs ont toutefois connu un énorme boom avec l’apparition du web 2.0. D’abord réservés aux experts de la toile par leur complexité, leur popularisation en France est due à la plateforme proposée par le site de la radio libre Skyrock –les blogs étaient alors rebaptisés « Skyblog ». Les blogs permettaient initialement de composer, au rythme que son utilisateur souhaitait, une sorte de carnet secret mais en accès libre : les coups de cœur et coups de gueule y étaient exposés publiquement grâce à des

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« billets » de blog. Cette très populaire facette de s’exposer aux yeux de tous a rapidement été supplantée par l’arrivée des réseaux sociaux. Les blogs ont aujourd’hui une importance non des moindres puisqu’on en dénombrait en 2011 environ 156 millions, et sont devenus au fil du temps « plus sérieux ». Adoptés par les médias, les journalistes tiennent pour la plupart aujourd’hui un blog sur le site de leur employeur. La diffusion et leur accès dépendant librement de leur créateur, il n’est pas rare que les blogs soient les supports privilégiés, avec les réseaux sociaux, des courants de pensées les plus radicaux et extrêmes.

-Les réseaux sociaux : Symbolisés par Facebook et Twitter, ce terme désigne un site internet permettant à ses utilisateurs d’y créer une sorte de « carte d’identité » numérique. Le côté « social » de ces réseaux réside dans l’échange possible entre ses « amis » virtuels. Les réseaux sociaux permettent à ses utilisateurs d’y exposer leur humeur du moment, ou de partager des informations sur tout type de support : vidéo, audio, texte.

-Les médias citoyens : Les médias dits « citoyens », sont des plateformes où tout le monde peut publier un article et devenir rédacteur. Ils sont l’emblème même du « journalisme participatif ». Ce type de support apparaît dès 2000 en Corée du Sud avec le média Sud Ohmynews. En France, Carlo Revelli et Joël de Rosnay emboitent le pas en 2005 et lancent le média citoyen « Agoravox ». Ce site participatif reste aujourd’hui le seul média de taille qui soit 100 % citoyen. Le principe est assez simple : chacun peut y publier un article sur le sujet de son choix. L’article est ensuite soumis au comité de modérateurs, et passera l’étape supérieure si trois voix le décident. Enfin, le comité de rédaction d’Agoravox, composé d’une poignée d’employés, apporte ou non une dernière validation. Le rédacteur devient ensuite modérateur au bout de quatre articles publiés. Le site affiche un succès relativement correct, et est financé grâce à la publicité, forcément omniprésente sur la plateforme, et grâce aux dons des utilisateurs le désirant.

Très vite, la notion de « tout le monde est un média » a pris forme. Les différents supports permettant la publication d’écrits, d’articles, de réflexions et de tribunes libres listés ci-haut s’accompagne d’un véritable boom d’autres supports permettant la publication et la diffusion d’autres sortes de médias :

- Les vidéos sont maintenant diffusables en quelques clics, grâce à des plateformes hébergeant directement en ligne ces documents, telles que Youtube.com et Dailymotion.fr. De la même façon, l’audio est diffusable à grande échelle.

- Les photos peuvent être postées directement sur les réseaux sociaux, ou encore partagées sur des plateformes telles que Flyckr.com ou GettyImage.

- L’écrit, qui généralement légende l’image et la vidéo, est on ne peut plus facilement diffusable sur les plateformes précédemment citées.

Cette diffusion massive d’informations, quotidiennement, a largement été renforcée par l’arrivée en force des Smartphones. Fin 2011, on dénombrait 18,3 millions d’utilisateurs de

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smartphones étant connectés à l’internet mobile en plus de leur connexion fixe4. Cette proximité avec l’internet renforce inéluctablement la notion de « journalisme citoyen ». Si un évènement comme l’assassinat de Kennedy arrivait aujourd’hui, combien de vidéos seraient postées à la seconde qui suivrait ce drame ?

Ces différentes plateformes prouvent et font qu’aujourd’hui tout le monde peut diffuser l’information qu’il souhaite. Il nécessite néanmoins plusieurs conditions sine qua non pour assurer son développement :

- La nationalité de la plateforme participative doit logiquement appartenir à un Etat respectant un minimum les principes de démocratie, et qui assure à ses citoyens l’accès à internet. On imagine en effet assez mal qu’un pays comme la Corée du Nord, où les citoyens sont privés de leurs libertés fondamentales et où internet est réservé aux élites du pouvoir, qu’un site comme Agoravox se développe.

- Pour autant, le « journalisme participatif » s’est largement développé afin d’assurer la liberté d’opinion, qui est mise à mal, tout comme la liberté de la presse, dans certains pays. Par exemple dans la société française, qui pourtant est une démocratie qui fonctionne relativement bien dans la mesure où la pluralité est respectée et où les citoyens sont encore libres de leurs choix à chaque élection électorale, a perdu pas moins de 27 places depuis 10 ans dans le classement mondial de la liberté de la presse réalisé annuellement par Reporters Sans Frontières, passant de 11eme en 2002 avec une note de 3,25, à 38eme en 2012 avec une note de 9,5. D’autres Etats appartenant à ce qu’on appelle les « grandes démocraties » sont également assez mal classés au regard de l’importance et de l’exemplarité qu’on leur accorde : en 2012, le Royaume Uni est 28eme, l’Espagne 39eme et les Etats-Unis 47eme. Notons également que Reporters Sans Frontières a récemment radicalisé son système de notation afin de prendre en compte tous les facteurs relatifs à la liberté de la presse et d’expression5.

Le « journalisme citoyen », comme explicité en introduction implique que le citoyen désirant pratiquer du « journalisme sauvage » en respecte un minimum des règles d’éthiques sinon de déontologie. Celui qui se définit comme un « journaliste citoyen » peut se méfaire de ces règles s’il diffuse ses articles sur un blog personnel ou sur certains réseaux sociaux par exemple. Toutefois, s’il souhaite toucher un plus grand nombre de lecteurs, il sera inéluctablement nécessaire qu’il passe par une plateforme de type participative. Les notions entre « bloggeur » et « journaliste citoyen » s’enchevauchent et se croisent. Le site Agoravox est par ailleurs parfois qualifié de « blog d’informations citoyennes ». Le journaliste citoyen n’est donc pas uniquement celui qui poste des articles sur un média d’information générale, mais aussi celui qui rédige des billets de blog, qui rediffusent l’information des médias classiques en la commentant, en y apportant des précisions et des remarques.

4 http://www.mediametrie.fr/comportements/communiques/generation-smartphone-android-en-tete.php?id=5545 http://fr.rsf.org/spip.php?page=classement&id_rubrique=1043

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Le bon fonctionnement des médias participatifs s’explique également par le fait qu’il y a une large remise en cause des médias traditionnels. Selon une enquête réalisée annuellement par le journal La Croix et TNS Sofrès en janvier 2011, 63 % des français pensent que « les journalistes ne sont pas indépendants face aux pressions des partis politiques et du pouvoir », et 58 % pensent que « les journalistes ne sont pas indépendants face aux pressions de l’argent ».

Comme déjà évoqué, j’ai créé et alimenté en parallèle de la réalisation de ce mémoire un blog qui s’inscrit justement dans une démarche de journaliste participatif. Ayant eu l’opportunité de voir ces deux articles publiés sur Agoravox, j’ai pu observer un certains nombres de choses :

- Les deux articles ont tous deux été soumis à la publication le soir, et acceptés dans la nuit. Les modérateurs et le comité d’Agoravox prouve de facto qu’ils sont actifs,

- Les commentaires et avis émis par les utilisateurs et membres d’Agoravox n’ont pas été de toutes réjouissances. Un vaste sentiment « anti-américaniste » a ponctué les commentaires concernant l’article sur la Corée du Nord. Sur les sites des médias traditionnels, il est courant et connu que les utilisateurs « se déchaînent » et laissent libre court à une certaine radicalité, à l’encontre de l’auteur de l’article ou envers d’autres membres avec lesquels ils sont visiblement en désaccord. Cet engouement semble se multiplier sur Agoravox. Le fait que les auteurs des articles ne soient pas des professionnels agréés semble accentuer la grossièreté, les insultes et autres bassesses en tout genre. Pour ne pas envenimer ces débats, j’ai décidé à chaque fois de ne pas répondre.

Hormis Agoravox, qui reste la référence puisque le média est 100 % citoyen, d’autres plateformes 100 % participatives ont tenté d’héberger ces dernières années, sans véritable succès. Le site place-publique.fr6, qui se veut être un observatoire des médias du web, mettait en ligne en 2009 un listing de médias 100 % citoyens. Aujourd’hui, la majeure partie de ces liens renvoient à des sites morts. Ceux qui restent sont consacrés à une thématique bien rodées, excluant par principe une large partie de la population. Par exemple, certains sites proposent aux habitants d’un quartier défini de venir participer au journal en ligne de ce quartier, ou encore d’autres sont réservés à un sujet d’histoire. Les médias 100 % citoyens sont en fait devenus des forums et des réseaux sociaux, le tout réuni sur une plateforme participative.

6 http://place-publique.fr

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3. Tendances

Les médias classiques qui connaissent pour certains une véritable crise depuis l’avènement de l’internet ont du faire face et s’adapter. Les consommateurs d’informations ne se contentent plus d’un seul média, fort heureusement internet offre la possibilité de rajouter une vidéo, ou un podcast audio, les médias ont ainsi pu adapter leur contenu. Les journaux papiers relatent toujours principalement de l’écrit, mais peuvent ajouter une vidéo ou de l’audio, et inversement pour les autres types de médias.

Restreindre l’accès au contenu des médias aux seuls abonnés n’auraient sans doute pas pu fonctionner. Les médias marchent en utilisant un certain « effet mouton ». Si un média décide de parler d’un sujet important jusque là passé sous silence, les autres médias vont reprendre l’information. Il va de même pour leurs implantions sur internet. Si un média décide de s’y installer, et d’y laisser ses contenus en libre accès, ce qui par ailleurs est obligatoire pour les médias publics, les autres risquent de tomber dans l’oubli s’ils ne procèdent pas de la même façon. De la même manière, s’implanter sur internet sans laisser libre accès aux consommateurs de réagir aux contenus des médias eût été très mal perçu. C’est ainsi qu’est mis en place un système de commentaires permettant aux visiteurs de pouvoir répondre à ce qu’ils apprennent. La fonction commentaire s’est vite vu accaparée par les utilisateurs les plus virulents, et les « clash-commentaires » sont nombreux, pas toujours de bon goût, et semblent parfois durer jusqu’à l’infini. Mais qu’importe, désormais les médias doivent composer avec les réactions de leurs lecteurs. Le Figaro pose ainsi par exemple chaque jour une question à ses lecteurs, qui ont le choix de répondre par « oui » ou par « non ». La réponse à cette question est ensuite publiée sur la Une du journal du lendemain.

Mais les commentaires ont vite acquis la réputation d’être un lieu où les insultes vont à bon gré, et où les fautes de syntaxe et d’orthographe amènent une sorte de capharnaüm sans nom. La véritable évolution des médias est l’arrivée pour certains de plateformes entières dédiées au journaliste participatif.

Enfin, les médias classiques offrent une dose de participation à leur consommateur en ayant mis en place des lieux où les citoyens étant témoins d’un évènement puissent le poster directement aux médias. Cette pratique est surtout développée par les chaînes de télévision d’information en continu comme LCI, BFMTv et iTélé. Mais elle est aussi présente sur les radios et dans la presse écrite. Présents sur les smartphones, certains médias comme RTL ont placé une image dès l'ouverture de l'application, rappelant qu’il est aisé de pouvoir leur transmettre une vidéo au cas où nous sommes témoins de quelques choses d’important.

Si des grands médias comme Le Monde, Le Figaro, Marianne, et beaucoup d’autres proposent à leurs utilisateurs de créer des blogs, à condition qu’ils respectent la ligne éditoriale du média, d’autres ont été jusqu’à créer des lieux de participation à part entière. C’est le cas des Echos qui a lancé en X Le Cercle Les Echos, ou du Nouvel Observateur qui a lancé en 2011 Le + Nouvel Observateur.

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D’autres médias uniquement en ligne, appelés « pure players » (désigne initialement des entreprises uniquement accessibles en ligne) ont fait leur apparition. Lancé en 2007 par des anciens journalistes de Libération, le site Rue89.fr est l’emblème de cet avènement, et est aujourd’hui le pure player le plus visité. Le slogan de ce site d’information générale est d’ailleurs : « L’info à 3 voix, journalistes, experts & vous ». Comme pour Agoravox, les articles soumis au site sont vérifiés et doivent être acceptés avant publication. Dans la même veine, le site MediaPart.fr a vu le jour en 2008, à l’initiative des journalistes François Bonnet, Gérard Desportes, Laurent Mauduit et de l’emblématique Edwy Plenel. Contrairement aux autres pure players français, Media Part se finance uniquement grâce à ses abonnés. L’accès y est donc restreint. De la même façon que Rue 89, Media Part propose à ses abonnés un « club », c'est-à-dire une plateforme dépendante du site où chacun peut contribuer. Enfin, Slate.fr et TheHuffingtonPost.fr sont les deux derniers pure players français, issus cette fois de leur grand frère américain.

Le problème majeur qui empêche la bonne pérennité de certains de ces projets participatifs reste le financement. D’une manière générale, les médias classiques ayant du muter vers le web se financent grâce à la publicité, de facto omniprésente sur leur site. C’est en effet généralement la moitié d’une page d’un article qui est occupée par la publicité. Si les médias traditionnels, qui font partie de groupes de presse comme Dassault, Lagardère ou Bouygues, pour ne citer que les plus grands, peuvent espérer un avenir serein, les « petits médias » qui se veulent indépendants ont du mal à assurer leur bon fonctionnement. Le site d’informations en ligne Média Part a lui restreint l’accès aux utilisateurs abonnés uniquement. D’autres doivent procéder différemment : le média en ligne Rue89.fr, qui propose un volet participatif à son contenu, a été racheté en décembre 2011 par le groupe Perdriel, qui possède déjà Le Nouvel Observateur. S’il est convenu dans leurs accords que la ligne éditoriale resterait la même, ce rachat a suscité des vagues, et montre tout l’étendu des problèmes qu’ont les petits médias à vouloir rester indépendants.

En définitive, quel bilan apporter au journalisme participatif ? Quels sont concrètement les plus et les moins qu’apportent cette notion à ce grand débat dit « citoyen » ?

Les principales qualités et réelles évolutions qu’apporte le journalisme participatif résident véritablement dans la liberté de ton et de parole qu’il offre. Ces médias ne sont plus contraints de suivre une ligne éditoriale fixe, mais uniquement une charte d’éthique. Tous les points de vue sont bons à entendre tant qu’ils sont justifiés et argumentés. Cela retire également la dérive commerciale que prennent certains médias classiques : le côté « marketing éditorial », qui se définit par la notion « d’infotainment », mot valise entre « information » et « entertainment » (« divertissement » en français), qui signifie « info-divertissement ». En outre, ce système permet au tout à chacun de pouvoir s’exprimer réellement et concrètement, puis s’auto-promouvoir à l’aide des réseaux sociaux. La multitude d’opinions qui sont désormais accessibles partout et pour tous, peut désormais restreindre la désinformation pour les utilisateurs avertis.

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En revanche, la non-subjectivité de l’information reste de mise. Cela est toutefois logique au regard de ce qui fait qu’un média peut être considérer comme impartial : rester neutre pour le rédacteur peut s’avérer difficile, surtout sur les sujets sensibles comme la politique, mais c’est surtout le lecteur, qui dès qu’il lira ou se confrontera à un média qui ne pense pas comme lui, le jugera alors comme non-neutre. Au moins les journalistes participatifs ont l’intérêt de faire valoir leurs opinions de façon assumée. Cette proximité entre le rédacteur citoyen et ses opinions clairement affichée repose le problème du terme « journaliste » qui fait partie intégrante de l’expression de « journaliste participatif ». Un journal doit pouvoir être impartial puisqu’il est agrégé de spécialiste de l’information. De plus, laisser la parole à tout le monde peut amener sur le devant de la scène des militants de causes encore plus radicales que celles défendues par ce qu’on appelle communément « l’extrême gauche » et « l’extrême droite ». Des blogs contenant des propos abjects et injustifiés ont ainsi pu voir le jour très librement. Jamais avec l’apparition et la diffusion de masse sur la toile les rumeurs ne s’étaient propagées à ces vitesses aujourd’hui vertigineuses. Tous ces outils et plateformes participatives peuvent littéralement nuire à ce qu’on appelle « l’e-réputation » d’individus ou de sociétés, qu’ils soient de notoriété publique ou non.

Aujourd’hui, la notion de journalisme participatif apparaît réellement comme un complément et une complémentarité au métier de journaliste. Les principaux médias ont su adapter leur plateforme afin de faire participer leurs lecteurs. Ces médias citoyens au sens large, incluant les blogs, ont acquis en quelques années une notoriété qui prouve leur succès. Des prix de « meilleur blog citoyen » sont décernés chaque année, et la notion de « net-citoyen » fait partie des critères que prend en compte Reporters Sans Frontières pour juger de la liberté de la presse. A l’heure actuelle, l’association compte 121 net-citoyens et 160 journalistes emprisonnés, issus généralement de pays différenst : par exemple, la Chine ne compte aucun journaliste emprisonné, alors que 68 net-citoyens le sont. Il faut comprendre ici que si la presse classique peut être cadenassée et verrouillée, le phénomène des journalistes participatifs permet de retranscrire aux yeux du monde une réalité tout autre que celle prônée et décrite dans les médias classiques.

De plus, l’histoire récente des révolutions arabes prouve que sans les bloggeurs, sans les réseaux sociaux, sans ces journalistes citoyens, tout cela ne se serait pas produit de façon si rapide et de manière si enthousiaste. Il va de même pour le séisme de Fukushima en mars 2011, où la plateforme citoyenne de CNN a permis de recueillir en exclusivité des témoignages sur place. Ces succès récents ont véritablement prouvé que les médias classiques avaient pu évoluer en ajoutant dans leur conception le point de vue des citoyens.

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II] Arborescence et captures d’écran commentées

1. Arborescence

Infographie réalisée sur le logiciel Photoshop

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2. Explication des pages

Editorial : Cette page correspond à la page d’accueil du blog. Sont explicitées dessus la raison de la création de ce blog, ainsi que ses informations pratiques, et celles en rapport avec le mémoire en général.

Bibliographie : Sur cette page est mise à disposition des visiteurs une bibliographie sous la norme NORME Z-44 005-2. Les références sont classées par date puis par ordre alphabétique des noms d'auteurs.

Galerie d'images : Sont présentés dans cette galerie les "faits d'armes" du journalisme participatif et leurs différentes étapes, puis présente un rapide aperçu du traitement de la presse classique sur ce sujet. Afin d’offrir une interface dynamique, les photos sélectionnées ont été mises en forme sur le logiciel PowerPoint, puis uploadé en ligne à l'aide de Slideshare7.

Revue de presse : La revue de presse présentée a pour but de montrer les différents points de vue et évolution du journalisme participatif au fil du temps. Sont disponibles en dessous de celle-ci les différents articles qui ont ont permis sa réalisation, classés par date de parution.

Webographie : Sur cette page sont proposés de nombreux sites en rapport avec le journalisme citoyen.

Contact : Cette partie permet d’avoir les coordonnées du créateur du blog et du mémoire.

Dossier écrit : Comme pour la page « contact », cette partie n’était pas obligatoire et a été rajoutée. Elle contient le dossier écrit entier du mémoire, dans le but que le visiteur potentiel puisse prendre connaissance du dossier écrit complet, et notamment de la note de synthèse sur le sujet qui contient de nombreuses informations utiles.

7 http://www.slideshare.net

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3. Captures d’écran

a. Architecture du blog

La capture d’écran ci-dessus représente les « widgets » (éléments graphiques réglables, contenant des informations) qui régissent le blog :

- Favicon : Icône du haut de page.

- Le journalisme participatif : Titre du blog. Ce widget contient la bannière du blog.

- HTML/JavaScript : Ce widget rajouté manuellement (c’est à dire qu’il a fallu créer les codes HTML rendant cette opération possible) contient le menu du blog.

- Messages du blog : contient les posts ou pages de blog.

- La « navbar » est la barre du haut d’écran imposée par

Le choix de cette architecture de blog a été motivé afin de rendre un ensemble cohérent, minimaliste, concis et clair.

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Page 18: Mémoire   dossier écrit

b. Bannière

La bannière ci-dessus a été réalisée par Florence Paul, proche de l’auteur et à sa demande. Elle répond à la demande suivante : représenter une tribune à l’allure très formelle, mais donnant l’impression que la situation se trouve dehors. Elle a pour but d’illustrer le journalisme citoyen : un lieu de partages et d’échanges ouvert sur l’extérieur, mais qui répond à des règles.

c. Menu

Le menu ci-contre a été réalisé à l’aide de Photoshop, puis implanté dans le blog en utilisant le langage HTML.

Il contient les liens vers les différentes pages du blog :

- Editorial- Bibliographie- Galerie d’images- Revue de presse- Webographie- Contacts- Dossier

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d. Éditorial

Page « éditorial » du blog qui fait office de page d’accueil

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e. Bibliographie

Page « bibliographie »

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Page 21: Mémoire   dossier écrit

f. Galerie d’images

Page « galerie d’images »

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Page 22: Mémoire   dossier écrit

g. Revue de presse

Page « revue de presse »

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Page 23: Mémoire   dossier écrit

h. Webographie

Page « webographie »

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Page 24: Mémoire   dossier écrit

i. Contacts

Page « contacts »

j. Dossier

Page « dossier écrit »

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Page 25: Mémoire   dossier écrit

III] Méthodologie

- Recherche :La recherche d’information a été la pierre angulaire pour la conception et la réalisation de ce mémoire. Chaque connaissance a donc été mobilisée pour cet exercice :

- Moteurs de recherche- Utilisation des sites « factiva », « cairn.fr », « revue.org »- Recherche d’informations directement sur les sites concernés par le journalisme participatif

- Veille : Afin de ne rien manquer, une démarche de veille a été mise en place :

- Mise en place d’alertes google sur le sujet, avec comme mots clés : « journalisme citoyen », « journalisme participatif », « média participatif », « média citoyen » et « net-citoyen »- Veille sur Twitter : les sites participatifs ont été rajoutés à ma liste d’abonné de mon compte personnel Twitter. Agoravox n’était plus actif sur ce réseau social, son suivi s’est effectué via sa page Facebook, sur laquelle ils sont plus actifs.

- Gestion et graphisme du blog :Persuadé qu’un contenu bien mis en valeur aura plus d’impact que l’inverse, je me suis efforcé de réaliser une architecture et un graphisme fonctionnel, simple, minimaliste et complet à mon blog. Le choix d’utiliser la plateforme « blogger » a été motivé par le fait que son utilisation a fait sujet de cours pendant la formation, et que de ce fait j’étais plus familiarisé avec cet outil. De plus, sa facilité d’utilisation a motivé ma démarche, plutôt que de réaliser un site internet. Pour la bannière, j’ai pu bénéficier de l’aide d’un proche, Florence Paul8, architecte en Haute-Savoie.Pour le reste du blog, c'est-à-dire le jeu des couleurs, le design s’est fait directement sur la plateforme de blogger.Le menu, et l’encadrement de la bannière ont été réalisés à l’aide du logiciel Photoshop, dont l’utilisation a également fait partie de la formation.Enfin, des notions dans le langage HTML, également enseignées durant la formation, ont été utiles afin de pouvoir pousser l’ergonomie du blog à un niveau fonctionnel.

- Expérience personnelle :La création d’un blog, son agrémentation, et sa gestion ont également mobilisé plusieurs connaissances. L’esprit de synthèse, la gestion des commentaires, la mise en place de mises à jour fréquentes afin d’intéresser le plus grand nombre, la promotion à l’aide des réseaux sociaux sont des qualités qui ont été nécessaires pour tenir ce blog personnel.

8 http://florence-paul.com/

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IV] Bilan

A l’heure de tirer le bilan de ce mémoire professionnel, j’admets avoir pris une grande satisfaction à le réaliser.

Tout d’abord au niveau du sujet, j’ai eu l’opportunité de pouvoir sélectionner mon choix favori le jour de la sélection en novembre 2011. Aucun changement n’a donc été à opérer. De plus, réaliser un mémoire sur ce sujet m’a poussé à réaliser moi-même une expérience de « journaliste citoyen », idée que j’avais en tête, mais que je n’avais jamais pris le temps de mettre en place. Maintenant lancé, je compte continuer à agrémenter mon blog personnel aussi longtemps que possible, et essayer de publier sur d’autres plateformes qu’Agoravox, que j’ai jugé décevant.

Au niveau de la problématique, j’ai très vite réalisé qu’il aurait été inopportun de traiter uniquement du journalisme citoyen au sens propre, j’ai donc pu quelque peu élargir la problématique en évoquant l’impact de l’arrivée de ce type de média pour les journalistes professionnels. En revanche, j’ai pris la décision de traiter principalement de la situation en France, afin d’être plus exhaustif et de ne pas trop m’éparpiller sur le sujet.

Enfin, la réalisation de ce mémoire m’a apporté plusieurs qualités méthodologiques, comme la synthèse, la polyvalence, la vérification des informations, la recherche et la maîtrise des réseaux sociaux.

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Annexes

Plan

Article sur la Corée du Nord .................................................................................................28

Article sur la Russie ...............................................................................................................33

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1. Article sur la Corée du Nord.Publié le 11 janvier 2012. « Corée du Nord – Indignons-nous »

Samedi 17 décembre dernier décédait Kim Jung-Il, le chef d’Etat qui régnait d’une main de fer sur la Corée du Nord depuis 1994. L’information, rendue officielle que lundi, a largement été relayée dans les médias du monde entier. On parle malheureusement trop peu de la Corée du Nord, et des barbaries qu’endurent ses citoyens. La mort du dictateur stalinien donnait l’opportunité de revenir sur la situation désastreuse et très peu démocratique de ce pays (dont l’intitulé exacte est ironiquement « République Populaire Démocratique de Corée »).

Ne connaissant qu’au final très peu le contexte et l’histoire de la Corée du Nord, je profitais de l’occasion pour me documenter sur ce triste sujet. Sur Twitter, les hashtag sur la mort de Kim Jung-Il étaient nombreux. Au détour d’un retweet je tombe sur : « "Kim Jong-il, dernier dictateur stalinien de la planète" Le #PCJF va porter plainte contre France24 ». Le PCJF ?

Une rapide recherche m’informe qu’il s’agit du Parti Communiste Juchéen Français. Le terme « juché » faisant référence aux idées communistes censées servir de fil conducteur à la politique nord coréenne. Aussitôt, je m’indigne. Peut-on être à ce point stupide, dans un pays comme le notre –malgré ses défauts– pour défendre le cruel, atroce et sadique régime nord Coréen ?

Apparemment oui.Dans la flopée de commentaires présents sur le site, je note deux choses :

- Le PCJF semble être un refuge pour les déçus des partis communistes plus « classiques » et une bénédiction pour les pro-RPDC …

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- … mais aussi un moyen de critiquer la Corée du Nord (et il y a de quoi !)

A un commentaire remettant en cause le sérieux d’un tel groupuscule, l’administrateur du PCJF répond : "Que savez-vous réellement de la situation en Corée du nord ? Le jugement lapidaire que vous faites sur ce pays est fortement influencé par la propagande médiatique capitalo-impérialiste qui vise à discréditer un des rares pays qui s’oppose avec force au mondialisme ambiant et toutes ses dérives. Nous vous invitons à étudier la situation de la RPDC en vous servant de sources fiables, ainsi, nous espérons que votre opinion changera".

Très bien, le « capitalo-impérialiste » que je suis va tenter d’étudier la situation de la RPDC.

Tout d’abord un bref listing de l’histoire contemporaine de la Corée :

· La Corée et le Japon signent en 1894 un traité d’alliance militaire,

· Le Japon colonise la Corée à partir de 1905 et en fait un protectorat,

· Puis la force à signer un traité d’annexion en 1910,

· Dès lors, le Japon exerce une répression sanguinaire sur la Corée, pioche allégrement dans ses ressources naturelles, les femmes sont contraintes à se prostituer (femmes de réconfort), les hommes sont réduits en esclavage (phénomène décuplé à partir de 1937 avec la guerre sino-japonaise, puis avec la 2nd Guerre Mondiale),

· En réponse à quoi se créent des mouvements de résistance. Un gouvernement en exil est formé à partir de 1919,

· Kim Il-Sung (né en 1913) rejoint la résistance en 1932, et épouse rapidement les idées communistes pour le moins populaire à l’époque. En 1935, sa tête est mise à prix, et il doit s’exiler en URSS en 1941,

· L’Europe libérée en 1945, les alliés planchent sur le sort du Japon. Il est décidé à la conférence de Postdam en 1945, que le Royaume-Uni, les Etats-Unis, la Chine (pas encore Maoïste à l’époque) et l’URSS assureraient l’indépendance de la Corée une fois le Japon vaincu. L’URSS est chargé de désarmer l’armée japonaise au nord, et les Etats-Unis au sud. Ces derniers proposent de fixer le 38eme parallèle comme ligne butoir,

· Dans un contexte de guerre froide grandissante, les deux grands ne parviennent pas à se mettre d’accord sur le gouvernement à mettre en place pour diriger le pays,

· Suite à une résolution de l’ONU, contestée par l’URSS, des élections sont organisées dans la partie américaine le 10 mai 1948 qui amènent l’américaniste et anti-communiste Syngman Rhee à se faire élire, et La République de Corée est proclamée le 19 juillet. Alors qu’au nord,

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des législatives sont organisées dans la clandestinité et la non-surveillance de l’ONU le 25 août 1948. L’Assemblée ainsi élue décide de mettre en place le 9 septembre qui suit la République Populaire Démocratique de Corée, avec à sa tête Kim Il-Sung, qui prône lui les valeurs du marxisme,

· Le 25 juin 1950, prétextant des tensions aux abords du 38eme parallèle, la Corée du Nord lance une massive attaque sur le Sud. Grâce à la politique de la « chaise vide » de l’URSS à l’ONU (l’URSS refusait alors de siéger tant que l’ONU ne reconnaissait pas la Chine Maoïste), le Conseil de Sécurité adopte les résolutions 82, 83, 84 et 85, qui prévoient entre autre une intervention armée en Corée,

· La Chine Maoïste prend part de façon non officielle au conflit en envoyant des troupes de « volontaires », ainsi que l’URSS, qui fournit aux Coréens communistes du matériel, des armes et des hommes.

· Finalement, au terme de trois ans de combats, l’armistice est signé à Panmunjeom. La mort de Staline y avait alors notamment contribué. Pour autant, aucun traité de paix n’est signé. Une zone démilitarisée est mise en place autour du 38eme parallèle. Le bilan est assez désastreux au regard des conséquences de fin de conflit : rien n’a changé, et pire, la situation entre les deux Corées s’est aggravée,

· A partir de là, Kim Jung-Il et son Parti du Travail vont chercher à « reconstruire » la Corée du Nord en prônant les idées utopistes du Juché,

· En fait, est mis en place un véritable régime dictatorial non pas « axé sur l’Homme » avec un grand « H », mais sur un homme : Kim Il-Sung,

· La Corée du Nord rentre à l’ONU en 1991,

· En 1994, le petit père du peuple Kim Il-Sung décède d’un arrêt cardiaque. Son fils Kim Jung-Il, le « soleil du XXIème siècle », lui succède,

· La même année, une grave famine sévit. Probablement provoquée par la chute de l’URSS, alors principale partenaire et fournisseur, et par les remous causés par la mort de Kim Il-Sung, la famine fait approximativement 2 000 000 morts,

· En 1995, l’ONU envoie 2,5 milliards de dollars pour lutter contre la famine. Environs 50 % de ce fond est détourné par la classe dirigeante à des fins personnelles. Selon Transparency International, la Corée du Nord est l’Etat le plus corrompu au monde,

· 19 décembre 2011 : mort de Kim Jung-Il, son fils Kim Jung-Un lui succède. Entre temps, la Corée du Nord s’est procurée la bombe atomique.

La situation en Corée du Nord a donc tout d’une dictature.

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Propagande, main mise de l’Etat et emprisonnementComme tout bon régime dictatorial qui se respecte, la propagande est de mise en Corée du Nord et rappelle les vieilles pratiques staliniennes. La particularité du régime est d’avoir mis en place une véritable dynastie. Kim Il-Sung mort, c’est son fils Kim Jung-Il qui reprend le flambeau, et aujourd’hui c’est au tour de son petit fils Kim Jung-Un.

Mais comme en URSS, l’activité artistique et culturelle du pays est détournée à la gloire de la famille Kim à la tête du pays, avec des tableaux, des peintures, des chants …

Les défilés organisés exclusivement pour célébrer les anniversaires du parti ou du dirigeant ressemblent étrangement à ceux en l’honneur de Staline.

Le culte de la personnalité est énorme, et les différents dirigeants de la famille Kim n’ont eu de cesse d’aller en ce sens. Kim Il-Sung, apparemment cinéphile avait décidé d’investir dans ce domaine en créant de vastes studios au sud de Pyongyang, et en kidnappant en 1979 un réalisateur sud coréen et sa femme actrice. Les films et courts métrages réalisés à la gloire de la Corée du Nord sont résolument tournés vers un anti-capitalisme sévère et montre une vision faussée et utopique de la Corée du Nord.

Sa biographie officielle, que les Nord Coréens doivent étudier dès leur plus jeune âge, est remplie d’histoires invraisemblables, comme celle de sa naissance, relatée notamment par Libération : « un soldat de l’armée du « grand dirigeant », Kim Il-Sung, vit surgir un double arc-en-ciel en haut du mont Paektu, le sommet le plus élevé du pays. Messagère de l’Eden, une hirondelle annonça la naissance du « général qui dirigera le monde ». Le soldat relaya le message sur Terre en le gravant dans l’écorce d’un arbre : "Ô Corée, j’annonce la naissance de l’étoile du Paektu" ».

Dans ce contexte d’hypocrisie totale et démesurée, il était logique que pour la mort de Kim Jung-Il, une tempête de neige s’abatte sur ce même mont Paektu, entre temps devenu sacré. La dynastie Kim est ainsi érigée au rang de Dieu, et la Corée du Nord tout entière est en fait une vaste secte de 25 millions de membres. En réalité, Kim Jung-Il est né en URSS où ses parents s’étaient réfugiés, et il est probable qu’aucune tempête de neige ne se soit abattue au moment de la mort du « cher leader ». Les Nord Coréens sont littéralement embrigadés, brainwashés. Dans ces circonstances, l’annonce de sa mort lundi 20 décembre 2011 a amené 5 millions de Nord Coréen (1/5 de la population) à se regrouper pour pleurer sa disparition. En plus de ça, ils doivent pendant la période de 10 jours de deuil qui suit la mort de Kim Jung-il -imposé par le régime- se recueillir sur une statue ou un portrait du défunt dirigeant et pleurer sa mémoire. Difficile de cerner le vrai du faux, mais ces scènes sont quoi qu’il en soit profondément tristes à voir.

L’apparition du web n’a qu’un impact limité en Corée du Nord. Les rares privilégiés de la classe non-dirigeante qui y ont accès n’ont le droit qu’à un intranet bricolé qui comprend « une boîte de réception d’emails et quelques sites d’informations relayant la propagande du

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régime », souligne Reporter Sans Frontière. En revanche, le régime utilise internet pour promouvoir la Corée du Nord à l’international, avec notamment un compte Twitter, une page Facebook, un site officiel avec une page « achat », « voyage », et des groupuscules un peu partout dans le monde. Oui, si les Nord Coréens n’ont pas le droit de quitter la Corée du Nord, les visiteurs étrangers sont les bienvenus pour venir « visiter » le pays. Autrement dit, il est possible d’aller voir la propagande Nord Coréenne de plus près.

Il va de soi qu’il faut, afin d’assurer la pérennité du régime, que les « traitres » reçoivent la correction qu’ils méritent. Ainsi, il existe en Corée du Nord huit camps de concentrations (« Kwanliso » en Coréen) où sont enfermés environs 200 000 personnes. Bien sûr le régime nie fermement leurs existences.

Le plus grand se trouve à Yodok (une rapide recherche sur google map permet de le localiser), et est peuplé de 50 000 personnes. Il faut dire que les dissidents Nord Coréens sont enfermés sur trois générations, et il est tout à fait possible de naitre en prison et d’y passer sa vie (probablement courte puisqu’environs 20 % des prisonniers meurent chaque année).

Les Organisations Non Gouvernementales comme La Croix Rouge, Amnesty International n’ont de cesse de dénoncer ces camps. Ces derniers ont mis en place une pétition adressée au gouvernement nord Coréen.

Il faut dire que selon les relevés satellites, le « kwanliso » de Yodok s’est considérablement agrandit depuis 2001. Y rentrer est a priori chose facile, il suffit d’écorcher le nom, ou de faire tomber une illustration d’un dirigeant, d’écouter clandestinement la radio ... Ou encore pour les artistes d’être accusés de créer des œuvres contraires à la politique du régime (par exemple une chanteuse a été emprisonnée sous prétexte que sa voix sonnait trop « sud coréenne »). Une fois là bas, les prisonniers doivent travailler pour le régime, avec comme « salaire » une maigre portion de nourriture (si le travail a été bien fait, ça va de soi). Bien que pas encore prouvé, il est probable que des expériences soient faites sur des prisonniers. Il est aussi fréquent que certains prisonniers soient exécutés. Exécutions auxquelles tout le camp doit assister, bien évidemment.

Je pense en ces quelques mots avoir répondu en partie à la question « que savons-nous réellement de la situation en Corée du Nord ? ». Il est vrai qu’au final, nous savons peu de choses, tant le pays est fermé. Mais le peu que nous savons est tout à fait horrifiant et inhumain.

Certes les dirigeants Nord Coréens sont à traiter avec des pincettes puisqu’ils disposent de la bombe atomique, certes les intérêts commerciaux avec la Corée du Nord sont limités voire inexistants (même la Chine s’en désintéresse), mais il est étonnant de constater que bien que le pays soit membre de l’ONU, les dirigeants Nord Coréen sont tout à fait libres de marteler leur peuple. A mon sens, le génocide (dont la définition est « l’extermination systématique d'un groupe humain de même race, langue, nationalité ou religion par racisme ou par folie ») n’est pas loin.

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Mais il est encore plus étonnant de constater que dans le « pays des droits de l’homme » il existe des groupuscules comme le Parti Communiste Juchéen Français. Ce parti fantaisiste m’a semblé au départ être un canular-pas-drôle, surtout que je n’en ai trouvé aucune trace au journal officiel. Mais l’existence d’autres mouvements de ce type –en Nouvelle Zélande notamment- le rende malheureusement plausible. Fort heureusement, je ne suis pas le seul à le dénoncer, puisque Rue89 a également écrit quelque chose la dessus. La ligne de conduite des Juchéens face aux « propos diffamatoires » des médias au moment de la mort de Kim Jung-Il reflète bien l’état d’esprit de la politique Nord Coréenne : attaquer quiconque ose s’en prendre au « cher leader ».

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2. Article sur la RussiePublié le 23 mars 2012. « Corée du Nord – Indignons-nous »

Le 04 décembre se tenaient en Russie des élections législatives. "Russie Unie", parti de Vladimir Poutine, avait orchestrée de larges fraudes, suite auxquelles des contestations sans précédent depuis la fin de l’URSS ont alors commencé. Depuis, on a appris que « Russie Unie » aurait vraisemblablement fait non pas 50% aux législatives, mais 30%. Ce qui explique la motivation des opposants, et leur ténacité à exiger de nouvelles élections.Certains observateurs parlaient déjà d'un printemps arabe Russe ?. On a compris dès lors que même si les contestations sont effectivement inédites, les mouvements de l’opposition n’iraient pas jusqu’à une révolution comme celles que les pays arabes ont connu en 2011, du moins pas tout de suite. Que s’est-il passé depuis ?Après le grand rassemblement « anti-Poutine » du 10 décembre, l’opposition remet le couvert le 24, malgré le froid polaire propre aux hivers russes, et 120 000 manifestants descendent dans les rues de Moscou, ainsi que dans d’autres villes en Russie. Ces chiffres, comme les suivants que j’avancerai, sont bien sur à relativiser, puisque les écarts entre ceux annoncés par l’opposition, et ceux du Kremlin, varient parfois de 100 000 personnes. Le 04 février, malgré les consignes de l’Eglise orthodoxe qui conseille aux fidèles de rester chez eux et de ne pas braver le froid, ce sont à nouveau 120 000 russes qui manifestent à Moscou. Le 25 février, les opposants forment une chaine humaine le long d’un périphérique de Moscou, d’environs 16 kilomètres, avec comme slogan : « Ne laissons pas Poutine entrer au Kremlin ». Puis le 28 février, c’est à St-Petersburg que des dizaines de milliers de russes en colère manifestent. L’opposition a donc réussi à tenir sans que le mouvement ne s’essouffle, avec comme autres actions symboliques ces trois derniers mois : l’affichage d’une banderole en face du Kremlin,

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portant la mention « Poutine, pars ! » et une caricature du premier ministre, des chansons anti-Poutine, une course automobile organisée à son déshonneur … L’opposition profite que 50 millions de russes soient connectés à internet pour se faire entendre.Mais la campagne à la présidentielle du 04 mars a commencé, et Poutine entend bien rappeler sa popularité. Ainsi, en parallèle de ces manifestations contestataires, ont lieu des rassemblements pro-Poutine. Le 04 février, 140 000 personnes se déplacent pour soutenir le premier ministre. Le 23 février, 130 000 spectateurs remplissent le stade Loujniki de Moscou, où le candidat Poutine fait une apparition et un rapide discours sur la « toute puissante Russie ». Il faut savoir que Poutine jouie d’une bonne cote de réputation en Russie, qu’il n’a de cesse de cultiver en employant des méthodes assez propagandiste.

La Présidentielle en RussieRentrer en politique en Russie n’est pas chose facile. Les premières entraves apparaissent dès la création d’un parti. A son arrivée au Kremlin en 2000, Poutine a rendu cette démarche tarabiscotée, de telle façon que le Kremlin a à donner son aval pour qu’un parti puisse voir le jour.Mais quand bien même un candidat potentiel réussi à créer son parti, briguer le mandat suprême de la présidence fédérale est encore plus complexe. Il faut que son parti soit représenté à la Douma (assemblée). Et pour être représenté, il faut obtenir plus de 7 % des suffrages aux législatives. Cette manœuvre étouffe véritablement tout éventuel petit parti. Toutefois, si le candidat potentiel n’est pas représenté à la Douma, il peut espérer se présenter s’il recueille 2.000.000 parrainages d’électeurs. Mais la règle se complique encore, il faut que ces 2.000.000 de signatures soient recueillies en janvier précédant l’élection, qu’elles proviennent des 83 régions de la fédération russe, avec comme quota 50.000 parrainages par région, et qu’il n’y ait pas plus de 5% de signatures excédant ces 2 millions. Ces parrainages sont ensuite déposés à la Commission électorale centrale. La candidature est validée si cette même commission ne trouve pas plus de 5 % d’erreur dans les feuillets de parrainages. Et la moindre petite erreur peut disqualifier un parrainage : rature, abréviation et autres. Pour parler clairement, le Kremlin décide si telle candidature sera acceptée ou non.

Election du 04/03/2012Dans ce contexte de « démocratie dirigée », on peut supposer que les quatre candidats qui ont concouru face à Poutine sont tolérés, et que leur présence est vraisemblablement due au besoin de prouver au monde entier que la Russie est pluraliste.Les quatre « privilégiés » ayant pu concourir étaient les suivants :

- Guennadi Ziouganov : Le leader du KPRF (parti communiste) se présente pour la 5ème fois consécutive depuis la mise en place de la constitution de 1993. Après de bons scores (notamment en 1996 : 40 %), sa cote de popularité semble aujourd’hui s’effriter. Il prône une « restalinisation » et en appelle aux nostalgiques de l’URSS. Il avait obtenu 18 % des suffrages en 2008.

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- Sergueï Mironov : Ancien ami de Poutine, le leader du parti « Russie Juste » se présente en opposant tenace. Son parti, « Russie Juste », avait obtenu environs 13 % des suffrages aux derniers législatives.

- Vladimir Jirinovski : Représentant du Parti Libéral Démocrate. Se veut conservateur, nationaliste et radical. Son slogan des législatives de décembre (où il fait environs 12 % des voix) était « Pour les Russes ». Une brève du journal Arménia Today traduite par le Courrier International, en date du 23 février, dans laquelle il exprime ses positions idéologiques et son point de vue sur le moyen orient, résume l’état d’esprit du personnage : « Une fois que la Syrie sera broyée, il y aura une frappe contre l'Iran cet été. L'Azerbaïdjan en profitera pour récupérer le Haut-Karabakh. L'Arménie ripostera et la Turquie, s'engagera aux cotés de l'Azerbaïdjan. C'est ainsi que notre pays [la Russie] pourrait être impliquée dans une guerre à l'été 2012 ».

- Mikhaïl Prokhorov : Milliardaire, sans étiquette. Le magazine Forbes le classe 39eme fortune mondiale avec 101,1 milliards d’euros, et 3eme plus grosse fortune russe. Sa candidature apparait instrumentalisée par Poutine, qui chercherait à faire croire à l’opposition que Prokhorov est là pour les représenter.Une présentation trop exhaustive de ces quatre candidats aurait été superflue, tant leur présence à ce scrutin paraissait guignolesque. A noter également la non-candidature de Grigori Iavlinski, leader du social-démocrate Iabloko, qui avait déposé 2.132.000 parrainages (son parti n’est pas représenté à la Douma), mais dont la candidature a été invalidée par la Commission électorale centrale.Quant à Poutine, sa candidature n’a jamais fait de réel doute. Au congrès de « Russie Unie » de septembre 2011, Medvedev annonce qu’il ne briguera pas de second mandat, et laisse le champ libre à Poutine. Rien de bien nouveau en fait, quand en 2008 Poutine n’avait pas pu se représenter faute d’avoir déjà effectué ses deux mandats consécutifs, il conclut un accord avec Medvedev : celui des deux qui est le mieux placé en 2012 pour gagner se présentera. Malgré les quelques essaies de Medvedev de rendre le pouvoir moins corrompu, il est très vite apparu que sa place à la présidence était dirigée.

Dès lors, quel bilan tirer de ces 12 ans de Poutine ?D’un point de vue extérieur, celui-ci semble bien évidemment accablant, notamment sur le plan démocratique. Depuis son arrivée à la Présidence en 2000, Poutine n’a eu de cesse de mettre en place un pouvoir très personnel, une « démocratie dirigée ». Outre le pouvoir exécutif fort de la fédération russe (régime présidentielle), mais toutefois « légitime » puisqu’il y est élu, Poutine a réformé les chambres législatives, qui ont de ce fait un pouvoir limitée, et assure aux juges nommés au tribunal constitutionnel de copieuses rémunérations ainsi que d’intéressants avantages, une nouvelle nomenklatura en quelque sorte. De ce fait, les hauts fonctionnaires russes ne se privent pas de dicter aux juges les « bonnes » décisions à prendre.Les médias, qui peinait à se remettre de 70 ans de communisme, sont eux aussi mis à mal dès son arrivée au pouvoir. La principale chaine indépendante NTV, qui avant Poutine, avait un regard critique sur l’actualité, est littéralement nettoyée. Depuis, les reportages à la gloire de

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l’ancien colonel du KGB sont quotidiens, et les mouvements de contestations sont soit mêmes pas relatés, soit accusé de mensonge. Quant à la presse écrite, il lui laisse le soin de « s’auto-censurer ». Théoriquement, elle ne reçoit pas de consigne du Kremlin, mais les rédacteurs des principaux titres de presse en Russie savent à quoi s’attendre en cas de prises de position pouvant être jugées trop impertinente. Les affaires de Mikhaïl Beketov, journaliste qui avait relaté le combat de citoyens s’opposant à la construction d’une autoroute proche de Moscou et qui s’est fait violemment attaquer en 2008, perdant une jambe et trois doigts ; ainsi que l’assassinat d’Anna Politkovskaïa en 2006 sont vraisemblablement dans tous les esprits. Même si la presse écrite demeure plus libre, Oleg Kachine, rédacteur au quotidien Kommersant, apportait des précisions dans les colonnes du Monde du 03 mars dernier : « Si le pouvoir le voulait, on n’existerait plus. On lui est utile. […] Ils donnent l’illusion d’une liberté de la presse ». La Russie est 142eme dans le dernier classement de la liberté de la presse de Reporter Sans Frontière, alors qu’elle était 121eme en 2002.

Poutine : stratégie de communication bien huilée et bourrage d’urnesLe candidat Poutine utilise et abuse de cette surabondante propagande médiatique. Chaque lundi pendant la campagne, il rédige une tribune dans un quotidien. Tribune immédiatement reprise et diffusée en boucle par la télévision. Le Parti Communiste russe a fait le calcul du temps médiatique accordé à la télévision aux candidats sur la période du 02 au 11 février, soit 9 jours : les cinq principales chaines nationales ont consacré 680 minutes à Poutine, 146 à Jirinovski et 65 à Ziouganov.Il profite des nombreux reportages à sa gloire pour se montrer sous sa meilleure forme physique et intellectuelle. Poutine apparait ainsi en boxeur, en judoka dont il est ceinture noire, en skieur, hockeyeur, cavalier … Il pratique également une heure de natation par jour dans sa Datcha, et affirme que « sans le sport, (il) ne serait pas ce qu’(il) est ». Cette instrumentalisation de son propre physique a également pour but de s’érotiser. Ses clips de campagnes, calendriers, vidéos, chansons ont parfois un caractère douteux à la limite de la pornographie. Le but de ces manœuvres est de faire un raccourci entre : beau et musclé = intelligent et compétant.

Sur le plan médiatique toujours, Poutine a refusé de débattre pendant la campagne avec les autres candidats, préférant envoyer un représentant à sa place, et prétextant que, lui, était au travail et avait donc d’autres obligations. Mais notons tout de même que c’est la première fois que Poutine prend la peine de réaliser ce qui ressemble à une campagne électorale, avec programme à l’appuie. Il publie ainsi le 30 janvier son programme économique dans une tribune au quotidien économique Vedomosti.Ainsi, Poutine reste très populaire en Russie. Sa poigne, son charisme et sa notoriété semblent rassurer l’électorat russe. Cette vidéo extraite du documentaire « Mister Vladimir et Dr Poutine », montre le côté paternel de Poutine sur la protection de la russie et de son industrie, et rappelle également son investissement personnel lors de la crise de 2008, que la Russie a pris de plein fouet. Vidéo illustrant la propagande poutinisteSur le papier aujourd’hui, l’économie Russe se porte relativement bien : dette de l’Etat à 11,2 % du PIB, croissance à 4.3 %, chômage à 6 % (chiffres de 2011). Mais ces chiffres

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masquent une réalité plus instable, l’économie russe repose essentiellement sur les hydrocarbures (pétrole et gaz), et une baisse du prix du pétrole, comme ce fut le cas en 2009, provoquerait une chute importante du revenu du budget. Le limogeage d'Alexeï Koudrine, ex Ministre des finances, fin 2011, peut également à terme entrainer des déséquilibres économiques. L’ancien Ministre assurait en effet une certaine stabilité économique et financière à la Russie, et avait la confiance des investisseurs depuis 11 ans. De plus, les promesses de campagne de M. Poutine peuvent être un facteur de risque pour l’économie russe. Il promet en effet d’augmenter les salaires des militaires, les retraites, les prestations sociales, et prévoit un copieux budget de dépenses pour moderniser l’armée. Coût du programme : 65 milliards de dollars de dépenses d’ici 2014. Quoi qu’il en soit, si « les français sont des veaux » les russes doivent l’être tout autant, Poutine apparait comme l’homme fort du pays, et l’absence de réels leaders de l’opposition le conforte dans ce statut.Mais les contestations qu’a connues la Russie ces trois derniers mois, et la situation en Syrie qu’elle bloque à coup de véto au Conseil de Sécurité de l’ONU forcent Poutine à paraitre honnête pour espérer être crédible, même si l’élection était jouée d’avance, et que les sondages le donnaient gagnant à 60 % dès le premier tour. Interrogé à ce sujet début février, il juge qu’un second tour serait source de « déstabilisation de [la] situation politique » russe, mais que c’est toutefois « possible » au regard de la législation. Il y aura donc des larges bourrages d’urne pour lui permettre de remporter l’élection d’entrée de jeu. Les trois grosses manifestations organisées par l’opposition, entre les législatives de décembre et la présidentielle de mars, se sont passées sans incident majeur. Il faut dire que pour manifester, l’opposition doit négocier avec la mairie de Moscou un lieu, et négocier le nombre de personnes présentes.Afin d’éviter toutes contestations possibles, le pouvoir met en place 180.000 webcams pour couvrir 90.000 bureaux de vote. Des observateurs sont également dépêchés sur place. Cependant, dès midi, des fraudes sont constatées, et les webcams connaissent certaines avaries, où sont mal orientées et ne permettent pas de voir les urnes.

La vidéo ci-dessus semble illustrer cette triste pratique. Un responsable de la Commission électorale centrale s’en défend toutefois : « Nous avons visionné la vidéo. La caméra a fixé le bourrage d'urnes dans le bureau de vote 1402 au Daguestan. Nous avons aussi reçu des plaintes de ce bureau. Je vous assure que le résultat de ce bureau sera invalidé ». Le directeur de campagne de Poutine s’est lui justifié par un « selon toute vraisemblance, les responsables mettaient ainsi les bulletins d'une petite urne mobile parce qu'il faut être idiot pour bourrer les urnes au vu de tout le monde ».Certains observateurs ont vu leurs pneus de voiture crevés le matin avant de se rendre aux urnes, des électeurs ont découvert en arrivant au bureau de vote qu’il avait déjà voté, et enfin, des bus remplis de pro-Poutine auraient été repérés effectuant des tours de bureaux de vote.Sans grande surprise, Poutine est donc élu au soir du dimanche 04 mars avec près de 64 % des voix. Le show sagement organisé dans la journée pouvait commencer. Poutine apparait le soir sur l’estrade installée sur la place en face du Kremlin, devant ses partisans. La larme qui coula de son œil le soir de sa victoire, et qui avait fait grand bruit, reste sans explications valables. Du reste, l’opposition entend continuer à protester. Mais Poutine, désormais installé à la tête de la fédération pour 6 nouvelles années n’a plus à faire bonne figure. On peut toutefois

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s’interroger sur l’avenir de ces contestations. A mon sens, deux thèses sont possibles. Soit Poutine parvient à mater la contestation sans affoler la communauté internationale, ce qui risquerait pour le coup de créer de sérieux remous. Soit le mouvement continue de s’amplifier. La position qu’a la Russie sur la Syrie, qui refuse une intervention militaire pour des raisons de trafic d’armes (80 % des armes syriennes leur ont été vendu par la Russie ces cinq dernières années), peut s’avérer à long terme contraignante, et de facto accentuer et motiver l’opposition. La contestation en Syrie a déjà couté la vie à 8000 personnes, et la situation devra bien se débloquer un jour, de gré ou de force. On verra alors quelle position adoptera Poutine. Pour l’instant, les timides prises de positions que le Kremlin exprime sur le sujet ne trompe personne, et il apparait évident que Poutine va continuer son petit commerce le plus longtemps qu’il le pourra. Affaire à suivre …

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