les entretiens de royaumont constituent avant tout les

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Les Entretiens de Royaumont les Entretiens Nouveaux pays émergents: construire une relation durable CAHIER DES ENTRETIENS SAMEDI 30 NOVEMBRE & DIMANCHE 1 er DÉCEMBRE 2013 Abbaye de Royaumont www.entretiensroyaumont.org

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Partenaires des Entretiens de Royaumont :

Avec le soutien de :

Avec :

LE RENDEZ-VOUS ANNUEL

DE LA RÉFLEXION POLITIQUE

Créés en 1947 et relancés en 2003 par Jérôme CHARTIER, député du Val-d’Oise, les ENTRETIENS DE ROYAUMONT sont devenus le rendez-vous annuel de la réfl exion politique. Chaque année, un thème choisi par le conseil d’administration des Entretiens fait l’objet d’un débat approfondi entre des re-présentants de toute la société française, invités à participer à ce moment unique, au cœur de l’une des plus belles abbayes de France.

Les ENTRETIENS DE ROYAUMONT constituent avant toutun lieu de rencontres privilégiées, où les invités, issus des sphères politique, économique, sociale et culturelle, sont conviés à débattre dans un esprit de liberté, de parole franche et d’échange, sur des sujets d’actualité. Ils offrent une tribune d’expression libre et conviviale, qui a aujourd’hui trouvé sa place dans le débat intellectuel et politique. Ils accueillent chaque année un public plus nombreux et de très grande qualité.

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les Entretiens

Nouveaux pays émergents:construire une relation durable

CAHIER DES ENTRETIENS

SAMEDI 30 NOVEMBRE & DIMANCHE 1er DÉCEMBRE 2013

Abbaye de Royaumontwww.entretiensroyaumont.org

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les Entretiens

Nouveaux pays émergents:construire une relation durable

CAHIER DES ENTRETIENS

SAMEDI 30 NOVEMBRE & DIMANCHE 1er DÉCEMBRE 2013

Abbaye de Royaumontwww.entretiensroyaumont.org

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SOMMAIRE

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les Entretiens

EDITORIAL 9

PARTENAIRES 11

PROGRAMME 12

L’ESPRIT CULINAIRE DES ENTRETIENS DE ROYAUMONT 17

LES INTERVENANTS 18

UNE GRANDE ET BELLE ÉPOPÉE DE DIX ANS 26

SONDAGE 28

LES PAYS ÉMERGENTS : LA CROISSANCE DE L’AVENIR 31

QUELLE STRATÉGIE GAGNANTE POUR LA FRANCE FACE AUX PAYS ÉMERGENTS ? 49

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EDITORIAL

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Editorial

Qui aurait imaginé en 2003 que je préfacerais aujourd’hui le Cahier préparatoire de la dixième édition des Entretiens de Royaumont.

Au fil du temps, nous avons réussi à installer ce rendez-vous comme l’un des événements majeurs de la vie politique, intellectuelle, économique du monde francophone – et francophile. Les résultats du sondage qu’Ipsos a réalisé le montrent avec force : les Entretiens de Royaumont ont acquis une notoriété rare et remarquable.

Chaque année, nous avons su inscrire nos débats, non pas dans l’actualité, mais dans la prospective : à Royaumont, on parle de ce qui fera la « une » demain, on discute des sujets qui modèleront la réflexion économique, intellectuelle, géopolitique et politique, des années à venir.

Aussi, en 2013, avons-nous voulu réfléchir aux nouveaux pays émergents de demain, à ces puissances en devenir, qui ont des besoins et offrent à la France des opportunités. Au-delà des interrogations sur les différents classements et sur les statistiques de croissance des uns et des autres, nous avons retenu une problématique, essentielle, nouvelle : face à l’émergence de ces nouvelles puissances, comment donner une perspective à la France ? Ayant perdu la position rentière qui était la nôtre jusqu’en 1990-1991, resterons-nous enfermés dans une éternelle stagnation face à des pays qui croîtront toujours beaucoup plus vite que nous, ou au contraire serons-nous capables, et à quelles conditions, de nous réorienter dans le monde tel qu’il est et intégrer enfin la France dans la mondialisation ? Tout l’enjeu des vingt, quarante prochaines années est là. J’y ajouterais une pensée plus iconoclaste, en tout cas rarement énoncée ainsi : alors qu’on observe une aspiration à la souveraineté, une claire volonté d’affirmation chez la plupart des pays émergents, nous devons nous-mêmes retrouver confiance en nous, non seulement en notre modèle français et européen, mais encore en notre fantastique potentiel.

Bon dixième anniversaire aux Entretiens !

Jérôme CHARTIER

Jérôme CHARTIER président des Entretiens de Royaumont

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PARTENAIRES

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les Entretiens

Les ENTRETIENS DE ROYAUMONT tiennent à témoigner leur sincère reconnaissance aux fondations, associations et entreprises qui ont facilité financièrement ou matériellement l’organisa tion de cet événement.

Partenaires des Entretiens de Royaumont :

Avec le soutien de :

Avec :

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les Entretiens

9:30 ACCUEIL DES ENTRETIENS — Vincent MONTAGNE secrétaire général des Entretiens de Royaumont

9:40 OUVERTURE DES ENTRETIENS — Bertrand BADRÉ managing director, Banque Mondiale

Analyse de quinze années d’émergence : les BRICS et les NPE

10:00 ECLAIRAGE — Alain MINC écrivain, président de AM Conseil

NPE : relever le défi d’une relation durable

10:20 ECHANGES CROISÉS SUR LES PAYS EMERGENTS — Jean-Dominique SENARD président du Groupe Michelin

— Nicolas BAVEREZ économiste, essayiste

Animé par Eric REVEL directeur général de LCI

11:00 ECLAIRAGE — Michel PEBEREAU président d’honneur de BNP Paribas

Risques et opportunités pour les entreprises françaises de la mondialisation et de l’émergence d’un nombre croissant de pays

11:30 PAUSE

11:45 ECLAIRAGE — Matthieu RICARD moine bouddhiste tibétain, auteur et photographe

Renouer avec l’altruisme pour construire une relation durable

12:15 ECLAIRAGE — François LENGLET rédacteur en chef, France 2

Est-ce la fin de la mondialisation ?

12:45 LIBRE-PROPOS — Christophe de MARGERIE président du Groupe Total

Matinée animée par Emmanuel KESSLER chef du pôle économique, LCI

SAMEDI 30 NOVEMBRE 2013

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PROGRAMME

Nouveaux pays émergents : construire une relation durable

13:15 DÉJEUNERS

• Déjeuner débat (anciennes cuisines de l’abbaye) Etre PME et investir dans un pays émergent : les clefs pour bâtir un projet Présidé par PIERRE-ANTOINE GAILLY président CCI Paris Ile de France Grand Témoin : Arnaud VAISSIÉ président de l’UCCIFE Animé par Emmanuel KESSLER chef du pôle économique, LCI

IntervenantsBertrand BADRÉ managing director, Banque MondialeJean Claude VOLOT vice-président du Medef , président de Dedienne AerospaceJean-Jacques SANTINI directeur des relations institutionnelles de Bnp Paribas vice président du comité national des conseillers du commerce extérieur de la France

• Déjeuner débat (salle des charpentes de l’abbaye) L’Afrique, un continent émergent ? Présidé et animé par STEVE GENTILI président du Forum Francophone des Affaires

IntervenantsSEM Rui DUARTE BARROS premier ministre Guinée BissauMoulay Hafid ELALAMY ministre de l’Industrie du MarocAmadou KANE ancien ministre de l’Economie du SénégalFathallah SIJILMASSI secrétaire général de l’Union pour la MéditerranéeTemir PORRAS PONCELEON commissaire présidentiel aux affaires stratégiques, ancien vice-ministre des affaires étrangèresMarcel ESCURE ambassadeur de France en TanzanieJean-Marie OGANDAGA délégué BEACAndré LENQUETTE directeur général Pramex InternationalJean-Claude DETILLEUX vice-président Crédit CoopératifMouhamed NDIAYE directeur général Crédit Mutuel du SénégalSaïd IBRAHIMI directeur general Casablanca Finance CityTurgut YUCE directeur general Banque internationale du CommerceAM KODJO ancien Premier ministre du TogoAnicet DOLOGUELE ancien Premier ministre République centrafricaine, ancien président BDEACJoana RAVALOSON directeur général Arborescence CapitalRobert DJELLAL directeur du développement Veolia Eau

En présence et avec la participation de Jean Hervé LORENZI président du Cercle des Economistes

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les Entretiens

• Déjeuner prise de contact et discussions informelles (oratoire de la grande cheminée)

14:30 GRAND DÉBAT Résoudre les six faces du « Cube NPE » pour une croissance parfaite Président : Marwan LAHOUD président EADS France

Grand témoin : César PURISIMA ministre de l’économie et des finances - Philippines

— Jean-Luc DECORNOY vice-président KPMG Afrique, Moyen-Orient

— Mathilde LEMOINE Directeur des Etudes Economiques, HSBC

— Aldo CARDOSO International Senior Advisor

— Lionel ZINSOU président, PAI Partners

Présentation du concept « Cube NPE »

et animation par Laurent BIGORGNE directeur de l’Institut Montaigne

16:00 PAUSE

16:15 GRAND ANGLE Construire une relation avec un nouveau pays émergent Président : Augustin de ROMANET président, Aéroports de Paris

Grand témoin : Luvsanvandan BOLD ministre des Affaires étrangères - Mongolie

— Elisabeth GUIGOU ancien ministre, députée, présidente de la commission des affaires étrangères à l’Assemblée Nationale

SAMEDI 30 NOVEMBRE 2013

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PROGRAMME

Nouveaux pays émergents : construire une relation durable

— Pierre LELLOUCHE ancien ministre, député de Paris

— Gilles KEPEL professeur à l’IEP Paris

— Bernard SPITZ président du pôle international du Medef Echange animé par Arlette CHABOT éditorialiste, LCI

17 :30 SURPRISE Dix ans d’Entretiens

apartirde20:00

COCKTAIL DÎNATOIRESoirée des dix ans des Entretiens

La Pergola

Grand Hôtel Barrière - Hôtel du Lac

85-89 rue du Général de Gaulle

95880 Enghien les Bains France

10ans

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les Entretiens

10:15 OUVERTURE DE LA JOURNÉE — Jacques ATTALI économiste, écrivain, président de A & A, président de PlaNet Finance

10:45 GRAND ENTRETIEN — Jean-Pierre RAFFARIN ancien Premier ministre, sénateur de la Vienne

— Hubert VÉDRINE ancien ministre des Affaires étrangères, président de HV Conseil

Convertir l’appareil d’Etat à la diplomatie économique

Echange animé par Patrick POIVRE d’ARVOR

11:40 SYNTHÈSE — Jérôme CHARTIER président des Entretiens de Royaumont

12:00 CONCLUSION — Henri de CASTRIES président-directeur général du Groupe Axa

12:30 CLÔTURE DES ENTRETIENS — Frederik de KLERK ancien président de l’Afrique du Sud, Prix Nobel de la Paix

Retour sur la transformation économique et sociétale de l’Afrique du Sud Analyse de l’évolution de l’Afrique

Matinée animée par Emmanuel KESSLER chef du pôle économique, LCI

DIMANCHE 1er DECEMBRE 2013

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L’esprit culinaire des Entretiens de Royaumont

En partenariat avec le groupe Alain DUCASSE, les Entretiens de Royaumont se sont engagés cette année dans une démarche totalement inédite.

Elle consiste à confectionner une pause déjeunatoire à partir de produits simples, d’origine et de qualité incontestables, travaillés conformément à un protocole culinaire de haut niveau, et accompagnés de vins de producteurs indépendants, issus de vignobles français et travaillés selon les règles de l’art.

L’origine de chaque produit sera indiquée sur place, avec les coordonnées des producteurs.

Le défi fixé cette année est de réussir à faire bien, bon, et simple.

Les commentaires seront les bienvenus sur le site des Entretiens de Royaumont : www.entretiensroyaumont.org

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LES INTERVENANTS

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les Entretiens

Vincent MONTAGNESecrétaire général des Entretiens de Royaumont

Vincent MONTAGNE, éditeur, est depuis 1991, président directeur général du groupe Média-Participations, groupe d’édition et de presse (notamment Dargaud, Dupuis, Le Lombard, Rustica, Edifa, Fleurus et Mango) et producteur d’audiovisuel (Ellipsanime, Citel). Il est également président du Syndicat National de l’Edition et du Cercle de la librairie.

Bertrand BADRÉManaging director de la Banque mondiale

Né en 1968, HEC-ENA, inspecteur des finances, Bertrand BADRÉ entre chez Lazard, à Londres, New York, puis associé du bureau de Paris. Par ailleurs, il a été trésorier des Semaines sociales de France et porte-parole du groupe de travail sur les finance-ments innovants pour combattre la pauvreté au sommet du G8 d’Évian (2003). Entré en 2007 au Crédit agricole, puis directeur financier de la Société générale en 2011, il a été nommé à la Banque mondiale en mars 2013.

Alain MINCEcrivain, président de AM Conseil

Né en 1949, Mines-ENA, inspecteur des Finances, directeur financier de Saint-Gobain (1979-1986), vice-président des Compagnies européennes réunies (CERUS, 1986-1991), il est président de AM Conseil depuis 1991. Président du conseil de surveillance du Monde depuis 1994, il est membre du conseil de Surveillance de Kering et administrateur de plusieurs grandes entreprises. Il est l’auteur de nombreux essais.

Jean-Dominique SENARDPrésident du Groupe Michelin

Né en 1953, HEC, il a débuté sa carrière dans le Groupe Total, puis chez Saint Gobain (1987-1996), Pechiney (1996-2004). Il est devenu directeur financier et membre du conseil exécutif du Groupe Michelin en 2005. Il devient ensuite gérant non commandité de Michelin (2007), puis associé commandité gérant (2011), avant de prendre la tête du Groupe Michelin en mai 2012, devenant le premier patron non issu de la famille fondatrice.

Nicolas BAVEREZÉconomiste, essayiste

Né en 1961, ancien élève de l’ENS et de l’ENA, docteur en histoire et agrégé de sciences sociales, Nicolas BAVEREZ est économiste et historien, également éditorialiste au Monde et au Point. Il est membre du Comité de direction de la revue Commentaire et du Comité directeur de l’Institut Montaigne. Il est l’auteur de nombreux essais.

Michel PÉBEREAUPrésident d’honneur de BNP-Paribas

Né en 1942, X-ENA, Inspecteur des finances, conseiller technique au cabinet du ministre de l’Economie, il travaille de 1971 à 1982 à la direction du Trésor, devenant chef de service. Directeur général puis PDG du Crédit commercial de France, il devient PDG de la BNP (1993-2003), puis en 2004 président du conseil d’administration. Il est admi-nistrateur ou membre de plusieurs conseils de surveillance, président de la fédération bancaire européenne et membre de nombreuses institutions monétaires mondiales.

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Nouveaux pays émergents : construire une relation durable

LES INTERVENANTS

Matthieu RICARDMoine bouddhiste tibétain, auteur et photographe

Né en 1946, fils du philosophe Jean-François REVEL et de l’artiste peintre Yahne LE TOUMELIN, il rencontre en 1967 des maîtres spirituels tibétains. Après une thèse en génétique cellulaire, il s’établit dans l’Himalaya en 1972, étudiant et pratiquant le boudd-hisme. Il réside actuellement au monastère de Shéchèn au Népal. Interprète français du Dalaï-Lama, il est l’auteur de plusieurs livres (notamment L’art de la méditation) et a traduit du tibétain de nombreux ouvrages.

François LENGLETRédacteur en chef, France 2

Né en 1961, diplômé de lettres modernes et de philosophie, il débute comme journaliste à l’agence de presse A Jour. Il est correspondant pour la presse française en Chine (1986 -1989). Il travaille ensuite pour des journaux économiques, L’Expansion, directeur des Enjeux-les-Echos de 2000 à 2008, puis directeur de la rédaction à La Tribune (2010-2011). Il travaille ensuite à BFM TV et RMC. En 2007, dans son livre La crise des années 30 est devant nous, il a annoncé la crise économique à venir.

Christophe de MARGERIEPrésident du Groupe Total

Né en 1951, ESCP, il a exercé plusieurs fonctions dans le Groupe Total, à la direction financière et à la direction Exploration & Production. Directeur général de Total Moyen-Orient en 1995, il entre en 1999 au comité exécutif de Total comme directeur général de l’Exploration & Production. Elu administrateur de Total en 2006, il devient directeur général de Total en 2007, président du comité exécutif. Il est nommé PDG de Total en 2010.

Beugré Robert MAMBEGouverneur du district d’Abidjan

Né en 1952, il est un homme politique ivoirien. Ancien président de la Commission électorale indépendante (CEI), il fut l’une des figures de l’opposition au président de la République Laurent Gbagbo. Ingénieur en travaux publics de formation, il devient Gouverneur du District d’Abidjan en 2011 et assure la vice-présidence de l’Association internationales des maires francophones.

Babatunde Raji FASHOLAGouverneur de l’Etat de Lagos

Né en 1963, avocat, il est le gouverneur de l’État de Lagos depuis 2007, affilié au parti All Progressives Congress (socialiste, progressiste). Il a reçu plusieurs prix internationaux récompensant ses qualités de dirigeant et ses réalisations dans le développement de la métropole de Lagos, notamment en 2012 le prix « Excellence in Leadership », African Achievers Awards (Royaume-Uni).

Pierre-Antoine GAILLYPrésident de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Ile de France

Né en 1955, HEC, il est président de la CCI d’Ile-de-France. Il est par ailleurs président de l’Eolienne (conseil et private equity), qu’il a créée en 2000. Il a notamment été vice-président directeur général de Fininfo (services électroniques d’information financière) et PDG du Bon Marché. De 2007 à 2013, il a présidé l’Union des Chambres de Commerce et d’Industrie françaises à l’étranger (UCCIFE).

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les Entretiens

Arnaud VAISSIÉPrésident de l’UCCIFE

Diplômé de l’IEP de Paris, Arnaud Vaissié est le co-fondateur et président directeur général d’International SOS, leader mondial de la maîtrise des risques de santé et de sécurité à l’international avec 10 500 employés et une présence dans 76 pays. Il a co-fondé en 2004 le think-tank Cercle d’outre-Manche. Il a reçu en 2009 le prix Ernst & Young « Entrepreneur de l’Année » à Singapour. Arnaud Vaissié préside le comité France-Singapour au Medef International et depuis 2013 l’Union des CCI françaises à l’étranger.

Steve GENTILIPrésident du Forum Francophone des Affaires

Né en 1949, Steve GENTILI est président de la BRED Banque Populaire, président international du Forum Francophone des Affaires (FFA). Il est également président de la Banque Internationale du Commerce, Vice-Président de BPCE, administrateur de Thalès, Veolia, Coface, Natixis ...

Marwan LAHOUDPrésident EADS France

Né en 1966, Marwan LAHOUD a débuté sa carrière à la Délégation générale pour l’arme-ment. Il rejoint Aérospatiale en 1998 comme directeur du développement. A la création d’EADS en juillet 2000, il est nommé Senior Vice-Président Mergers and Acquisitions, chargé des opérations de fusion et acquisition. En 2003, il devient CEO de la filiale MBDA Missile Systems, puis en 2007 Chief Strategy and Marketing Officer d’EADS.

César PURISIMAMinistre de l’Economie et des Finances des Philippines

Titulaire d’un MBA d’économie et finance internationales obtenu aux Etats-Unis, il a effectué sa carrière professionnelle dans la finance (dans plusieurs banques et entre-prises, dirigeant une entreprise comptable reconnue, membre du Global Executive Board et du Global Practice Council d’Ernst & Young). Ministre du Commerce et de l’Industrie (2004-2005), il devient en 2010 Ministre des Finances. Le magazine financier Euromoney l’a désigné en 2012 « Ministre des Finances de l’année ».

Jean-Luc DECORNOYVice-président KPMG Afrique, Moyen-Orient

Diplômé de l’ESSEC, expert-comptable et commissaire aux comptes, il rejoint KPMG en 1977, devenant président du directoire de KPMG France en 2001. Il est commissaire aux comptes de plusieurs grands groupes français. Il siège au board mondial de KPMG International et est vice-président du board de la région EMA (Europe, Moyen-Orient, Afrique). Il a enseigné la comptabilité et la finance à l’ESSEC et à Centrale. Il est trésorier des Entretiens de Royaumont.

Mathilde LEMOINEDirecteur des Etudes Economiques, HSBC

Docteur es sciences économiques de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, elle débuta sa carrière comme enseignant-chercheur à la Fondation nationale des Sciences Politiques avant d’être économiste et Secrétaire Général de l’OFCE. Elle fut ensuite Conseiller

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Nouveaux pays émergents : construire une relation durable

LES INTERVENANTS

technique chargé des questions macro-économiques et de la mondialisation auprès de plusieurs ministres des finances avant d’être Conseiller auprès du Premier ministre, en charge de la macro-économie et de la fiscalité. Depuis 2006, elle est Directeur des Etudes Economiques et de la Stratégie Marchés d’HSBC en France. Elle est également professeur de macro-économie à Sciences Po Paris depuis 1997 et par ailleurs Membre du Haut Conseil des Finances Publiques et administrateur indépendant de société cotée. Elle est l’auteur des grandes questions d’économie et de finance internationales.

Aldo CARDOSOInternational Senior Advisor

Né en 1956, ESCP, consultant indépendant et senior advisor auprès de nombreux groupes internationaux, il est administrateur de différentes sociétés cotées. Spécia-liste de la gouvernance d’entreprise, il a enseigné à l’IEP Paris et a été membre du conseil d’administration de l’IFA. Il a effectué une grande partie de sa carrière chez Arthur Andersen, et a notamment été CEO d’Andersen Worldwide. Il est président de la Fondation Royaumont. Il est l’auteur de L’anarchie libérale.

Lionel ZINSOUPrésident, PAI Partners

Normalien, ancien professeur d’économie, il a été associé-gérant de Rothschild & Cie avant de rejoindre en 2008 le fonds d’investissement PAI, qu’il dirige depuis 2009. Admi-nistrateur du comité opérationnel de Libération, il est à l’initiative de la Fondation Zinsou (Cotonou, Bénin) et conseiller au cabinet du Président du Bénin, le Dr BONI. Particulièrement engagé pour l’émergence économique de l’Afrique, il est le chantre de l’afro-optimisme.

Augustin de ROMANETPrésident, Aéroports de Paris

Né en 1961, ENA, il a été directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations (2007-2012). Secrétaire général adjoint de la Présidence de la République (2005-2006), il a exercé de hautes responsabilités dans plusieurs cabinets ministériels (2002-2005), notamment directeur du cabinet du Ministre du Budget, directeur de cabinet de Jean-Louis BORLOO, Ministre de l’Emploi, directeur adjoint de cabinet du Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin.

Luvsanvandan BOLDMinistre des Affaires étrangères, Mongolie

Né en 1961, diplômé de sociologie, notamment en Allemagne, il a été un des initiateurs du mouvement démocratique en 1989-90, élu membre du premier Parlement en 1990-92. Il a contribué à développer le rôle du Parlement, à élaborer la première Constitution démocratique de Mongolie. Il a notamment œuvré en matière d’éducation et d’amélio-ration du cadre juridique des investissements étrangers. Il est depuis 2004 membre du Conseil de gouvernance du Centre Mongolie-France. Dirigeant de 2004 à 2008 l’Autorité pour les ressources minières et le pétrole, il devient en 2008 Ministre de la Défense, puis en 2012 Ministre des Affaires étrangères.

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les Entretiens

Elisabeth GUIGOUAncien ministre, députée, présidente de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale

Née en 1946, ENA, elle a été conseillère technique au cabinet du ministre de l’Econo-mie (1982), puis auprès de F. MITTERRAND, chargée des questions économiques et financières internationales. Elle a été successivement Ministre déléguée aux Affaires européennes, Garde des Sceaux, ministre de l’Emploi et de la Solidarité. Elue en 2002 députée de Seine-Saint-Denis, elle préside la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.

Gilles KEPELProfesseur à l’IEP Paris

Né en 1955, diplômé d’arabe et de philosophie, docteur en science politique, il est pro-fesseur des universités et directeur de la chaire Moyen-Orient Méditerranée à l’IEP. Membre Senior de l’Institut Universitaire de France depuis 2010, il est membre du haut conseil de l’Institut du monde arabe. Auteur de nombreux ouvrages, il a écrit notamment Jihad, expansion et déclin de l’islamisme (2000), Fitna, Guerre au cœur de l’Islam (2004), Banlieue de la République (2012), enfin Passion arabe (2013).

Pierre LELLOUCHEAncien ministre, député de Paris

Né en 1951, IEP, diplômé de droit à Harvard, il est l’un des fondateurs de l’Institut français des relations internationales en 1979. Professeur de géopolitique, il est élu député en 1993, et conseiller de Paris en 2001. Il a présidé l’Assemblée parlementaire de l’Otan (2004- 2006), et a été nommé en 2008 chargé de mission auprès du Président sur les relations franco-turques. Il a été nommé secrétaire d’État aux Affaires européennes en 2009, puis au Commerce extérieur en 2010.

Bernard SPITZPrésident du pôle international du MEDEF

Né en 1959, ESSEC-ENA, il a été conseiller au cabinet du Premier ministre Michel ROCARD (1988-1991), directeur à la direction générale de Canal + (1992-1996) et directeur de la stratégie de Vivendi Universal (2002-2004). Il est président de la FFSA depuis le 1er octobre 2008, membre des Gracques et des conseils de plusieurs think-tanks français internationaux. Il est également l’auteur de nombreux ouvrages, dont Notre Etat (avec Roger FAUROUX, 2001), Le Papy Krach (2006), C’est possible, Voici Comment (avec Michel PÉBEREAU, 2007).

Jacques ATTALIEconomiste, écrivain, président de PlaNet Finance

Né en 1943, X-ENA, il est professeur, écrivain, conseiller d’Etat honoraire. Conseiller spécial auprès du Président de la République de 1981 à 1991, il a fondé et a été le premier président de la BERD à Londres de1991 à 1993. En 2007, il a été nommé Président de la Commission pour la libération de la croissance française. Il a rédigé en 2012 un rapport sur la situation de l’« économie positive ».

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Nouveaux pays émergents : construire une relation durable

LES INTERVENANTS

Jean-Pierre RAFFARINAncien Premier ministre, sénateur de la Vienne

Né en 1948, ESCP, il débute sa carrière dans le marketing et le conseil. Président du conseil régional de Poitou-Charentes de 1988 à 2002, député européen de 1989 à 1995, sénateur de la Vienne depuis 1995. Il est nommé ministre des PME, du Commerce et de l’Artisanat de 1995 à 1997, puis de 2002 à 2005 Premier ministre. Il a présidé en 2013 la mission sénatoriale relative à l’avenir de l’organisation décentralisée de la République à horizon 2020-2025.

Hubert VÉDRINE Ancien ministre des Affaires étrangères

Né en 1947, ENA, conseiller diplomatique de François MITTERRAND en 1981, il devient porte-parole de l’Élysée en 1988, puis secrétaire général (1991-1995). Il est Ministre des Affaires étrangères de 1997 à 2002. Il a rédigé en 2007 un rapport au Président sur la France et la mondialisation et en 2012 un rapport sur les conséquences du retour de la France dans l’OTAN, sur la relation transatlantique et sur l’Europe de la défense.

Henri de CASTRIES Président-directeur général du Groupe AXA

Né en 1954, HEC-ENA, Inspecteur des Finances, il entre chez AXA en 1989. Secrétaire général en 1991, puis directeur général d’AXA en 1993, il prend en 1994 la responsabilité de l’Amérique du Nord et de la Grande-Bretagne. En mai 2000, il est nommé président du directoire d’AXA, puis PDG en avril 2010. Il a été nommé manager de l’année en 2008 par La Tribune.

Frederik De KLERKAncien président de l’Afrique du Sud, Prix Nobel de la Paix

Né en 1936 en Afrique du Sud, au sein d’une famille politiquement influente, il intègre très tôt le Parti national. Avocat dans le sud du Transvaal, il refuse en 1972 la chaire de droit public à l’université de Potchefstroom pour se présenter aux élections générales. Il est plusieurs fois ministre dans le gouvernement de Pieter W. BOTHA, de 1978 à 1989 (Assurance maladie, Postes et Télécommunications, Affaires internes, Education nationale, Planification). Il fait le choix du libéralisme et du progrès pour offrir au pays un meilleur avenir, et est élu Président de la République en 1989. Il mène les réformes qui mettent fin à la politique de l’apartheid, avant d’abolir totalement ce régime en 1991. Au terme des négociations qu’il entreprend avec Nelson MANDELA, il est convenu de mettre en place le premier gouvernement multiracial du pays. Les premières élections ont lieu en 1994, donnant la victoire à Nelson MANDELA. De KLERK devient alors vice-président (1994-1996). Les deux hommes ont obtenu en 1993 conjointement le prix Nobel de la paix. Frédérik De KLERK reste le dernier président blanc d’Afrique du Sud.

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les Entretiens

Les Entretiens de Royaumont

UNE GRANDE ET BELLE ÉPOPÉE DE DIX ANS

Prendre le temps de la réflexion. Dans le cours effréné de l’économie et de la finance mondialisée, de la géopolitique du XXIe siècle, s’arrêter un instant, pour prendre la hauteur et le recul qui seuls permettent la pensée libre, la prise de conscience et la prospective. Débattre avec une totale liberté de parole. Tirer les enseignements du passé, comprendre le présent et imaginer l’avenir.

Cet effort de réflexion est plus que jamais nécessaire à l’époque où les chan-gements n’ont jamais été aussi intenses et rapides. Tous les décideurs savent combien c’est un luxe, et bien peu savent, ou peuvent se l’accorder.

C’est exactement ce que les Entretiens de Royaumont, depuis maintenant dix ans, proposent aux décideurs économiques, politiques, sociaux, du monde entier.

Depuis 2003, les Entretiens sont devenus le rendez-vous incontournable du débat entre toutes les formes de pensée, entre les leaders de tous les sec-teurs, venus de tous les horizons.

Débattre, toutes opinions confondues, est aujourd’hui une profonde origina-lité ; c’est aussi indispensable, puisque les idées nouvelles et les inspirations réciproques ne s’épanouissent pleinement que dans le terreau d’une parfaite liberté de ton et de parole, associée à une ouverture d’esprit sans complexe et sans interdit.

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L’action, qu’elle s’inscrive dans le champ politique, économique ou social, a besoin de s’appuyer sur une réflexion ouverte, enrichie par des échanges venus d’autres horizons, sachant articuler le court, le moyen et le long terme, orientée vers une indispensable prospective — et cette occasion est rarement donnée aux décideurs, sinon à Royaumont.

Au cours de cette aventure de dix ans, on serait bien incapable d’énumérer les idées neuves, les débats inédits, les échanges pétillants, les rencontres fructueuses qui sont nés dans le cadre prestigieux, et particulièrement propice à la réflexion et à l’inspiration, de l’abbaye de Royaumont.

Depuis 2003, les thèmes abordés ont interpellé, étonné, dérangé, réveillé le débat, fait progresser la réflexion et le débat public. A Royaumont, on ose poser ces questions déstabilisantes qui donnent naissance aux idées inno-vantes : « La France recule-t-elle ? », « Faut-il partir pour réussir ? », « Et si vous étiez président de la République ? ». A Royaumont, on ose aussi (ré)inventer l’avenir, qu’il s’agisse de « structurer la croissance française », de « rêver la politique », de « réussir la France 2030 » ou de « réinventer le travail ».

Avec cet éclairage particulier et unique, depuis 2011 : la francophilie. Depuis cette date, et une édition consacrée au beau thème d’« Aimer la France », les Entretiens ont ajouté à leur objectif la volonté de rassembler tous ceux qui aiment la France, et de devenir ainsi le rendez-vous annuel des francophiles du monde entier. Tous partagent leur lien avec ce pays, ses valeurs, son influence, sa culture, sa vision du monde.

Ainsi, peu à peu, en une décennie, Royaumont a su se constituer une place unique dans la vie politique, intellectuelle, économique et sociale de la France et au-delà : celle d’un lieu d’échanges où l’on peut à la fois réfléchir à ce qu’est la France aujourd’hui, à ce qu’elle pourra être dans les années qui viennent, mais aussi faire grandir ses contacts, nourrir sa réflexion, nouer des contacts fructueux pour l’avenir — et repartir avec la tête pleine des idées de demain, des pensées auxquelles on ne s’attendait pas et des trends du futur.

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LES FRANÇAIS ET LES ENTRETIENS DE ROYAUMONT : UNE NOTORIÉTÉ REMARQUABLE

Cette étude révèle une notoriété des Entretiens de Royaumont particulière-ment notable, très supérieure à ce qu’on peut habituellement mesurer pour un événement comparable, possédant dix ans d’existence. Enseignement remarquable du sondage, près d’un Français sur cinq connaît les Entretiens de Royaumont : cette proportion très élevée doit être soulignée.

— Notoriété des entretiens annuels de Royaumont

En matière politique, connaissez-vous ne serait-ce que de nom ou avez-vous entendu parler des entretiens annuels de Royaumont qui se tiennent tous les ans au début du mois de décembre ?

2%  16%  

82%  

Ensemble  

Oui  et  je  vois  précisément  de  quoi  il  s'agit  

Oui  mais  je  ne  vois  pas  très  bien  de  quoi  il  s'agit  

Non  

Notoriété  des  entre0ens  annuels  de  Royaumont  

3  

En  ma0ère  poli0que,  connaissez-­‐vous  ne  serait-­‐ce  que  de  nom  ou  avez-­‐vous  entendu  parler  des  entre0ens  annuels  de  Royaumont  qui  se  0ennent  tous  les  ans  au  début  du  mois  de  décembre  ?  

S/T  Oui  18%  

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— Orientation politique des entretiens annuels de Royaumont

Les entretiens de Royaumont » sont-ils selon vous un rendez-vous annuel plutôt marqué à droite, plutôt marqué à gauche ou ni de droite ni de gauche ? Base : A ceux qui connaissent les entretiens annuels de Royaumont, soit 18% de l’échantillon

Une enquête Ipsos pour Les Entretiens de Royaumont - Septembre 2013

7%  

20%  20%  

53%  

Ensemble  

Plutôt  marqué  à  gauche  Ni  à  gauche  ni  à  droite  Plutôt  marqué  à  droite  Je  ne  sais  vraiment  pas  

Orienta0on  poli0que  des  entre0ens  annuels  de  Royaumont  

4  

«  Les  entre0ens  de  Royaumont  »  sont-­‐ils  selon  vous  un  rendez-­‐vous  annuel  plutôt  marqué  à  droite,  plutôt  marqué  à  gauche  ou  ni  de  droite  ni  de  gauche  ?  Base  :  A  ceux  qui  connaissent  les  entre2ens  annuels  de  Royaumont,  soit  18%  de  l’échan2llon  

Sondage Ipsos

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Nouveaux pays émergents : construire une relation durable

LES PAYS ÉMERGENTS : LA CROISSANCE DE L’AVENIR

Le concept de pays émergents, apparu il y a une quinzaine d’années, ne visait initialement que les marchés financiers (emerging markets), notion qui s’est ensuite étendue aux pays eux-mêmes, dont l’importance dans l’éco-nomie allait croissant et dont la montée en puissance caractérisait l’évolu-tion des relations internationales.

C’est il y a plus de trente ans, au début des années 1980, que l’acronyme BRIC, puis BRICS, s’imposa, à l’initiative d’un financier de Goldmann Sachs : le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, rejoints plus tard par l’Afrique du Sud, étaient devenus les nouvelles puissances mondiales, qui allaient dans un futur plus ou moins proche jouer un rôle de premier plan dans l’économie mondiale et rejoindre par leur PIB, leur niveau de développement et leur niveau de vie les performances des « vieux » pays développés. L’idée neuve fit rapidement son chemin, d’autant que les réalités économiques lui don-naient raison : les « pays industrialisés », c’est-à-dire l’Europe, l’Amérique du Nord et le Japon, représentent aujourd’hui moins de la moitié de la pro-duction industrielle mondiale. Ne dit-on pas que, dans les salles de marché de Sao Paulo, on se moque désormais des « pays immergents », qui seraient en train de plonger ?

Tout aussi rapidement, à mesure que les émergents intégrèrent le groupe des pays développés, apparurent les « nouveaux » pays émergents. L’avenir de l’humanité s’écrivait désormais dans de nouveaux pays émergents, une liste dans laquelle sont régulièrement cités le Mexique, la Corée du Sud, l’Indoné-sie, la Turquie, l’Egypte, le Bangladesh, l’Iran, le Nigeria, le Pakistan, les Philippines, le Vietnam…

Il ressort d’abord, de cette liste, l’hétérogénéité des pays distingués, entre le Nigéria, partagé entre chrétiens et musulmans, enclavé au milieu de l’Afrique, les Philippines, beaucoup plus homogènes, le Bangladesh particu-lièrement pauvre, le Pakistan profondément instable sur le plan politique, la Turquie aux portes de l’Europe, le Vietnam encore communiste… Pour-tant, on peut distinguer des éléments communs : une croissance économique rapide et supérieure à la moyenne mondiale (même après la crise financière de 2008, elle est généralement restée supérieure à 7 %, contre à peine 2,5 % dans les pays industrialisés), extravertie, avec un niveau élevé d’exporta-tions vers les économies avancées, une population jeune et éduquée (avec un taux d’alphabétisation féminine élevé), une ouverture économique per-

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mettant l’intégration aux marchés mondiaux d’un point de vue commercial (exportations) et financier (ouverture aux capitaux extérieurs), une urba-nisation importante ou fortement dynamique, un besoin en infrastructures permettant d’accompagner le développement économique, une stabilité poli-tique (indépendamment du type de régime) permettant des projets à long terme et de profondes transformations institutionnelles, également une appé-tence à jouer un rôle plus actif sur la scène internationale, en tout cas dans leur sphère régionale.

Trois éléments en particulier justifient l’intérêt que l’on peut porter à ces puissances économiques en devenir. En premier lieu, selon les estimations de la banque HSBC, quelque trois milliards de personnes se joindront d’ici 2050 à la classe moyenne mondiale (définie comme les personnes ayant des revenus annuels de 3 000 à 15 000 $), dont plus de la moitié viendra des pays émergents. D’autre part, l’âge moyen de la population aux États-Unis et en Chine est aujourd’hui de 39 et 35 ans respectivement, comparativement à 23 ans seulement aux Philippines : les pays émergents possèdent une ressource considérable de futurs consommateurs. Enfin, plusieurs pays émergents ont un marché domestique vigoureux qui les protège de la crise européenne, ce qui n’est pas toujours le cas des pays du BRICS. Ainsi, l’Indonésie devrait connaître d’ici à 2050 une croissance spectaculaire de 5,5 % (6 % en 2012), les Philippines ont connu en 2012 un solide 5,5 % et le Chili, une croissance de 5 % — contre à peine 1,5 % pour le Brésil, qui dépend davantage des exporta-tions. Sans oublier que certains États d’Asie du Sud-Est, du Moyen-Orient et d’Amérique latine ont des situations budgétaires solides et ont pu s’offrir des projets ambitieux d’investissement dans leurs infrastructures.

Un autre élément, moins évident au premier abord, va se révéler particuliè-rement important. Les pays émergents ont des ressources d’avenir. Leurs habitants n’ont pas peur de l’avenir. Ils ont des ressources d’avenir et se sentent inscrits dans l’avenir. Les uns ont des matières premières, des terres rares, de la forêt, les autres ont des ingénieurs très bien formés, d’autres encore ont de l’épargne, ce qui constitue, notamment en Asie, un élément de puissance considérable aujourd’hui. Le contraste est fort avec notre vieil Occident : ces pays émergents n’ont pas peur de l’avenir, conscients d’avoir les ressources matérielles et surtout humaines, grâce à leurs investisse-ments importants en matière d’éducation et de formation. Cette caractéris-tique, importante, se révèle dans les études d’opinion, qui montrent un fort degré d’optimisme chez les jeunesses de ces pays : l’émergence mobilise et donne des perspectives d’amélioration des conditions de vie.

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Nouveaux pays émergents : construire une relation durable

LES « 7 GRANDS DE DEMAIN »

On sait aujourd’hui combien il faut se méfier des grilles de lecture de l’écono-mie mondiale, et l’histoire économique récente a montré combien les grilles d’analyse et autres acronymes inventés par les investisseurs, « Next 11 », CIVETS (2009, Colombie, Indonésie, Vietnam, Egypte, Turquie, Afrique du Sud) ou MIST (Mexique, Indonésie, Corée du Sud et Turquie) ne sont perti-nents qu’à court terme.

Aussi la liste retenue par les Entretiens de Royaumont n’est-elle pas un regroupement fugace de pays « en transition » ou l’association artificielle de futurs « dragons », ni un recensement exhaustif des poids lourds économiques de demain ; elle constitue plutôt une typologie, reflétant les catégories de pays qui possèdent un intérêt pour la France et permettant de donner à notre pays le sentiment de maîtriser une vision de l’avenir diplomatique et écono-mique. Derrière les différences apparentes, nous avons trouvé des ressem-blances qui, au-delà du souhait de surprendre, permettent de construire une grille d’analyse capable de décrire une dynamique homogène dans le temps.

Nous avons retenu des pays qui se trouvent déjà dans le radar des fonds émergents, même si ces derniers font encore la part belle à la Chine et au Brésil, et qui constituent des « marchés frontières », marqués par une forte croissance et une forte volatilité. Ils sont généralement plus isolés de l’acti-vité des autres marchés et affichent une croissance plus forte en raison de leur plus petite taille et du fait qu’ils partent d’une base plus faible. Ces pays, faiblement endettés, disposant d’une bonne démographie, ont des niveaux de revenus et une population en croissance.

Il est particulièrement stimulant pour l’esprit de constater à un moment donné que sept pays, répartis aux quatre coins de la planète, partagent la chance de pouvoir exploiter le dividende démographique d’une jeunesse nombreuse et en pleine croissance.

LA MONGOLIE

Autrefois le plus ancien satellite de l’URSS, enclavée au milieu de ses puissants voisins russes et chinois, terre presque incultivable, la Mongolie est devenue depuis les années 2000, du fait de ses richesses minières (or, charbon, pétrole, molybdène, cuivre), un territoire très convoité, en parti-culier par la Chine qui compte bien remplacer la Russie dans son rôle de

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« Grand frère ». Grâce à ses gisements, la Mongolie a atteint une croissance de 6,5 % en 2010, 20 % en 2011.

La stratégie actuelle de la Mongolie — considérant que, surtout depuis le déclin de l’Empire mongol au XIVe siècle, la région n’a cessé d’être ballottée entre les Empires russe et chinois — est d’essayer de maintenir l’équilibre entre ses deux puissants voisins pour rester indépendante.

Quand le pays a quitté en 1991 le système économique soviétique, la Chine est venue combler ce vide stratégique et est aujourd’hui le premier client de la Mongolie — 98 % du charbon mongol est exporté vers le premier consomma-teur de charbon au monde —, le premier investisseur et l’un de ses principaux donateurs (amélioration des transports et du système éducatif, construction d’installations sportives et de logements). La Russie reste malgré tout le premier fournisseur de la Mongolie, qu’elle approvisionne quasiment à elle seule en énergie, et son financeur — ces dettes contractées envers Moscou constituant un moyen de pression sur la Mongolie.

La Mongolie, jeune démocratie sans expérience de l’exploitation minière, se retrouve à traiter avec de grands groupes et doit faire des choix structurels importants.

Le régime politique, jeune, s’est stabilisé. L’économie est en rapide transfor-mation, grâce à l’exploitation des ressources minérales et à la stimulation de la croissance chinoise. Cependant, les problèmes sociaux existent : les retombées du développement minier sur l’économie du pays, mal réparties, touchent encore très peu la population, touchée par la pauvreté (39 % de la population) et le chômage. L’économie mongole reste tributaire de ses donateurs internationaux (en particulier le Japon, la Banque mondiale et le FMI) qui pourvoient à 25 % du revenu national du pays. Enfin, les ravages de l’exploitation intense doivent dorénavant être pris en compte (78 % des sols et des écosystèmes sont déjà dégradés).

Pour l’avenir, la Mongolie se tourne vers le « troisième voisin », afin de trouver des investisseurs pour assurer son développement, de sortir de son isolement et de sa dépendance envers la Chine (la société mongole voit d’un mauvais œil cette dépendance financière) et la Russie, et de briser son encla-vement régional. Plusieurs sont sur les rangs pour incarner cette troisième voie. L’UE est devenue le troisième partenaire commercial, alors que la Corée du Sud, le Japon et les États-Unis font partie de ses principaux clients.

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Nouveaux pays émergents : construire une relation durable

Un signe de cet intérêt : tandis que Washington a soutenu la modernisation de l’armée mongole, des soldats mongols ont participé à des opérations en Irak, en Afghanistan et au Kosovo.

Si en 2010, pour le 45e anniversaire de l’établissement des relations diploma-tiques, la France et la Mongolie ont signé un accord intergouvernemental de coopération dans le nucléaire, la France peut-elle devenir ce troisième voisin, solution pour éviter la mainmise de la Chine et de la Russie sur cette Mongolie nouvelle en pleine mutation ?

LA POLOGNE

La transformation de la Pologne, passée du statut de pays ayant subi les dévastations de la guerre puis le régime communiste, à celui de pays connais-sant stabilité politique et prospérité économique, est proprement remar-quable. Le pays se distingue par un marché de 38 millions de consommateurs qui continue d’aller à contre-courant de la tendance baissière enregistrée dans presque tout le reste de l’Europe. Si l’on y ajoute les investissements prévus dans les infrastructures ainsi que dans des projets environnementaux et technologiques, on comprend bien que ce pays représente des opportunités réelles.

Depuis le début des années 1990, la Pologne a fortement progressé dans la transformation de son économie, suite aux réformes structurelles en pro-fondeur dans l’industrie, dans l’agriculture et dans le secteur des finances publiques, et à l’adhésion à l’Union européenne en 2004, qui a marqué de profonds changements et des réalisations d’envergure. Les principaux indi-cateurs sont au vert : inflation modérée, chômage réduit, balance appré-ciable du commerce extérieur, afflux continu des investissements étrangers, réduction de l’endettement du pays. Les Polonais ont atteint un niveau de vie appréciable, leur pouvoir d’achat augmentant avec la hausse des salaires. L’économie polonaise profite également d’une demande générée par l’utilisa-tion des fonds structurels de l’Union Européenne ; les fonds européens pour la période 2007-2013 ont représenté une valeur de 95 mds d’euros. Signe de cette bonne santé, les Polonais sont bien moins nombreux depuis 2012 à aller chercher du travail en Grande-Bretagne.

La croissance, autour de 5 % durant les dix dernières années, a atteint 4,3 % en 2011, faisant du pays le champion de la croissance. Cependant, la Pologne a fortement marqué le pas l’an dernier (2,5 %).

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Au moment où la période de forte spéculation sur les marchés émergents a pris fin, les investisseurs se sont concentrés sur les fondamentaux des économies, et la Pologne a pu profiter de l’afflux de capitaux spéculatifs occidentaux pour entreprendre des politiques économiques de long terme, gagnant ainsi une crédibilité sur les marchés financiers. Alors qu’en 2013 (MSCI World Index) les marchés émergents ont chuté de 7,5 %, la bourse de Varsovie a au contraire gagné 13 %.

Aujourd’hui, la Pologne est un pays qui attire des investisseurs étrangers grâce à ses atouts : une croissance stable, un positionnement géographique stratégique et avantageux en Europe (entre l’Est et l’Ouest), un grand marché ouvert avec 38 millions de consommateurs, une main-d’œuvre hau-tement qualifiée, efficace et compétitive, une solide présence des sociétés étrangères (notamment françaises), une bonne utilisation des fonds structu-rels de l’UE. L’image globale de la Pologne s’est considérablement amélio-rée : ayant bénéficié de la mise en œuvre du processus d’intégration euro-péenne, elle a enregistré des avancées notables (qualité de réglementation, simplification des procédures administratives et du système fiscal, meilleure supervision du système bancaire). Un facteur de fragilité important subsiste cependant : la dépendance vis-à-vis des investissements de l’Europe occiden-tale en Europe centrale et orientale et des difficultés de la zone euro.

La Pologne se présente comme un pays relativement moins sensible aux crises économiques, attractif pour les affaires (commerce, production, investissement), capable d’affronter avec succès la concurrence internatio-nale, attractif par la taille de son marché de consommation, partenaire fiable en matière d’affaires internationales.

LA TURQUIE

La Turquie, liée à la CEE depuis 1963, membre de l’Union douanière depuis 1995, candidate à l’entrée dans l’Union européenne, est devenue en moins de vingt ans une puissance mondiale économique, passant du stade d’un pays en voie de développement à un pays émergent.

Le pays attire désormais une grande partie des investissements étrangers avec un fort marché local dans tous les secteurs : alimentaire, téléphonie, infrastructures, transports, etc. Elle fait preuve d’une stabilité politique qui la pose en modèle pour ses voisins musulmans. Depuis la crise majeure de

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Nouveaux pays émergents : construire une relation durable

2001, le retour de la croissance économique et de l’équilibre des principaux indicateurs macroéconomiques, ainsi que les réformes libérales impulsées par le Fonds monétaire international (réduction de la dette publique, poli-tique monétaire stricte, déréglementation des marchés, adoption d’un cadre juridique favorable à l’entrée des IDE), débouchant sur de belles perfor-mances de l’économie turque ces dernières années, laissent entrevoir de belles perspectives.

Sa croissance économique dépasse les 7 % entre 2002 et 2007 et se main-tient aux alentours de 5 % dans les cinq dernières années ; elle bénéficie d’une population jeune et dynamique (72 millions), d’une main-d’œuvre bien formée, de métropoles en développement (une douzaine de métropoles de plus d’un million d’habitants, avec une forte croissance démographique et économique, aux forts besoins en infrastructures : Istanbul, Ankara, Izmir, Bursa…).

Pour autant, des éléments de fragilité subsistent, réduisant le potentiel global de l’économie turque : une agriculture peu productive, un commerce intra-branche avec l’UE qui reste inférieur à celui des nouveaux pays membres, l’insuffisance des IDE malgré leur hausse régulière récente, une part encore substantielle de l’économie informelle. A l’avenir, le rythme de la croissance dépendra de la capacité à maintenir une compétitivité, notamment dans le textile-habillement (et face à la concurrence d’autres émergents), dans le secteur automobile (concurrence coréenne par exemple) et à investir dans le domaine de la high-tech, ceci au-delà de réformes profondes dont la réforme agricole. Une dernière interrogation subsiste autour du pouvoir ou de la volonté du pays de concilier croissance et développement, source de bien-être pour le plus grand nombre.

Depuis de nombreux siècles, la France entretient d’étroites relations avec la Turquie. Un noyau francophone important existe, avec la présence de nombreux Turcs francophones et en particulier le lycée français de Galata-saray, qui dispense un enseignement en français, pour développer la fran-cophonie en Turquie. Le fait que GDF n’ait pas participé à Nabucco, ou la perte par Eurocopter d’un appel d’offre d’hélicoptères pour l’armée turque en 2007, n’empêche pas les chances de succès des entreprises françaises sur le marché turc. Plusieurs exemples de success stories sont encourageants pour la réussite des investissements français en Turquie : si au début des années 1990 il n’y avait pratiquement aucune entreprise française implantée en Turquie, en 2009 le nombre d’entreprises françaises implantées en Turquie

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dépassait les 300, et ce nombre augmente très rapidement. La France est aujourd’hui le second investisseur étranger, derrière les Pays-Bas, avec surtout des grands groupes (L’Oréal, AXA…).

LES PHILIPPINES

L’archipel philippin ne cesse de monter dans les classements internationaux, devenu la 5ème économie de l’ASEAN, une zone particulièrement porteuse qui vise une intégration économique d’ici 2015. Il est un des rares pays à avoir vu sa note financière globale progresser ces dernières années — bel exploit dans un contexte de crise. Actuellement 43e, les Philippines devraient devenir la 16e économie mondiale d’ici à 2050, selon la banque HSBC. La croissance, qui a atteint en 2012 6,6 %, s’élevait déjà à 7 % au premier semestre 2013.

L’économie philippine possède les atouts d’un essor économique solide : une population dynamique, jeune, relativement bien formée et anglophone de 100 millions d’habitants ; des fondamentaux solides — inflation maîtrisée, déficit budgétaire minime, balance des paiements excédentaire, dette exté-rieure raisonnable, banques locales solides — ; des ressources naturelles (2e potentiel géothermique mondial, réserves pétrolières et gazières, 4e potentiel minier mondial, nickel, cuivre, fer), une agriculture diversifiée (avec notam-ment une brillante recherche agronomique pour le riz). Le pays est devenu un pivot de l’industrie (textile, fabrication de composants électroniques et diversification avec l’arrivée d’IDE du Japon, de Corée du Sud et de Chine), puis le secteur tertiaire a pris la relève (sous-traitance aux entreprises et prestations de services de main-d’œuvre à l’étranger). Le secteur des ser-vices bénéficie à plein du bas coût de sa main-d’œuvre, induisant un mouve-ment de délocalisation des entreprises occidentales, notamment les centres d’appel. Avec 350 000 Philippins travaillant dans des call centers, l’archipel a dépassé l’Inde depuis 2011.

Ces bons résultats n’empêchent pas que les Philippines restent une écono-mie émergente. Si la classe moyenne progresse, les inégalités de revenus restent très importantes ; surtout, la consommation locale est fortement sou-tenue par les transferts d’argent des Philippins de l’étranger (plus de 23 mil-liards de dollars en 2012). Le pays possède un secteur de la distribution très moderne et développé, que les autres économies émergentes ne possèdent généralement pas, conséquence de l’influence des États-Unis qui a colonisé

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le pays pendant 50 ans. Le mode de consommation reste d’ailleurs proche du style occidental, sous l’influence des colonisations espagnole puis améri-caine. Surtout, la vulnérabilité des Philippines aux différents aléas naturels révèle le mal-développement, bien que les typhons et autres catastrophes naturelles n’entraînent généralement pas de disruption majeure de l’activité, les centres d’affaires et zones industrielles restant moins vulnérables que les zones agricoles et inondables, éloignées de Manille. Enfin, le pays est soumis à un « risque extrême » vis-à-vis du réchauffement climatique.

Les Philippines, pays indépendant depuis 1946, ont traditionnellement de forts liens avec les Etats-Unis et gardent ceux-ci comme partenaire politique privilégié. Cependant, leur principal partenaire économique est la Chine, et le premier partenaire commercial le Japon. Et la France ? Aucune person-nalité française de très haut niveau ne s’était rendue aux Philippines jusqu’à la visite du Premier ministre en octobre 2012, une visite qui fut notamment l’occasion de l’annonce de la vente à la compagnie Philippines Airlines de dix Airbus pour un total de 2,5 milliards d’euros, s’ajoutant à une commande de 54 appareils annoncée en août.

LA COLOMBIE

La Colombie, unique pays d’Amérique du Sud doté de côtes à la fois sur l’océan Pacifique et sur la mer des Caraïbes, apparaît désormais nettement sur les radars des investisseurs et suscite l’enthousiasme des analystes éco-nomiques. Dans la presse internationale, les références à la violence et au trafic de drogue ont reculé au profit d’informations sur un pays doté d’inté-ressantes perspectives en matière de production pétrolière, d’une macro-économie solide et d’une population jeune et en plein essor. Le magazine Newsweek qualifiait en 2010 la Colombie de « nouvelle étoile du Sud ».

La Colombie cumule les signes très positifs : une population jeune et nom-breuse (47 millions d’habitants, troisième pays le plus peuplé d’Amérique latine), un chômage en recul, une dette publique maîtrisée. La croissance a atteint près de 5 % en 2012, soit mieux que la moyenne de l’ensemble de la région ; la Colombie a désormais dépassé le Venezuela et ambitionne de rattraper l’Argentine. Les exportations sont en hausse (pétrole, charbon, or, ferronickel, dont la hausse compense le recul dans le café et les fleurs), avec comme principaux partenaires commerciaux les Etats-Unis et les autres pays d’Amérique du Sud.

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Le pays accroît son poids dans la région, devenant en Amérique latine et centrale le troisième pays de destination des IDE, derrière le Brésil et le Mexique. Les IDE sont en effet en forte croissance : ils ont été multipliés par cinq de 2002 à 2010 (passant de 2 milliards de dollars à 10 milliards), attei-gnant même 15 milliards en 2011, notamment dans les domaines des indus-tries extractives (hydrocarbures et charbon), de la distribution, de l’agroa-limentaire, du textile, de l’automobile et des pharmaceutiques/cosmétiques. Bien plus, les investissements colombiens à l’étranger croissent, poussés par l’appétit et le succès de quelques grands groupes locaux.

La Colombie apparaît aujourd’hui comme un pays refuge pour les détenteurs de capitaux en quête de placement, confortés par la stabilité du régime et le dynamisme de la bourse de Bogota, et attirés par un marché de plus de 45 millions d’habitants en pleine expansion, dont témoigne le boom de la construction automobile. Les investisseurs s’intéressent en particulier aux pays fortement exportateurs de pétrole (qui représente 7 % du PIB de la Colombie), pour lesquels la dette extérieure à court terme est faible (32,6 % pour la Colombie) et pour lesquels la part des investissements de portefeuille dans le financement du compte courant est modérée, ce qui induit une dépen-dance envers les capitaux extérieurs les plus volatiles (un aspect sur lequel la Colombie a l’avantage sur le Mexique, par exemple).

Certes, des facteurs de fragilité subsistent : outre l’insécurité liée à la survi-vance des guérillas, même si ces dernières sont aujourd’hui affaiblies, et le mauvais état des voies de communication, un des taux de chômage les plus élevé s du continent (12 %), une population qui vit à 45 % sous le seuil de pauvreté (17 % dans l’extrême pauvreté) — la Colombie reste l’un des pays les plus inégalitaires de la région —, et une guerre froide avec le Venezuela voisin qui a paralysé les échanges avec le premier partenaire commercial de Bogotá derrière les Etats-Unis.

Au total, la réputation du pays s’est améliorée et est devenue très appré-ciable : pays pouvant tirer parti de sa position de pays charnière entre le Nord et le Sud, ainsi que de sa double façade atlantique et pacifique, il gagne en prestige et en con¬fiance, un atout précieux pour croître durablement.

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LA CONURBATION LAGOS-LOMÉ-ACCRA-ABIDJAN

Des logiques régionales s’imposent de plus en plus sur ce continent en pleine mutation. L’Afrique accueille de nouveaux investissements emmenés par des opérateurs venus à présent du monde entier, qui ont de leurs activités une vision plus locale, géographique, que nationale. Ainsi a peu à peu émergé une prometteuse zone d’intérêt économique, commercial, démographique, qui s’étend, d’est en ouest, de Lagos, Porto-Novo, Cotonou, à Lomé, Accra et même jusqu’à Abidjan, traversant les frontières officielles et recouvrant ainsi plusieurs pays, le Nigéria, le Bénin, le Togo, le Ghana et la Côte-d’Ivoire.

Les relations entre ces villes sont amenées à se développer, notamment grâce à des investissements importants dans les infrastructures de transport (port d’Abidjan, construction du troisième pont d’Abidjan). Les économies de ces pays sont de plus en plus liées entre elles, notamment au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), tandis que, sur le plan diplomatique, ces pays font de l’approche régionale une priorité, les pays anglophones étant, tel le Ghana, membres associés de la Francophonie.

Focus sur trois d’entre eux, le Nigéria, le Ghana et la Côte-d’Ivoire.

Le Nigéria, tête de pont de ce vaste ensemble, géant démographique (174 millions d’habitants), est fort de sa manne pétrolière (premier producteur du continent) et de sa présence sur la scène diplomatique africaine. Il devrait devenir la première puissance économique africaine d’ici à 2020 et compter 250 millions d’habitants en 2050. La croissance nigériane s’appuie principale-ment sur le prix élevé du pétrole, l’essor des secteurs de la téléphonie mobile et des services financiers, ainsi que sur une classe moyenne entrepreneuriale très dynamique.

Au Forum économique mondial de Davos en janvier dernier, le Nigéria est apparu comme le « prochain eldorado de la mondialisation ». Le président Goodluck Jonathan a fait de l’économie sa priorité, affichant comme objectif pour la décennie à venir de devenir la Chine de demain, avec une croissance durable à deux chiffres. Si le pays a été traditionnellement décrié pour son instabilité, sa corruption, ses tensions centrifuges très fortes et ses affron-tements ethniques violents et réguliers, les foyers d’insécurité, surtout au Nord, sont désormais circonscrits. Le projet Eko Atlantic, une île dans la lagune de Lagos censée devenir le Dubaï de l’Afrique (250 000 habitants, des

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quartiers d’affaires, des résidences des millionnaires nigérians…), donne la mesure de cette ambition.

Le Nigéria s’attache à renforcer le « leadership africain » dont il estime que sa taille et ses ressources lui donnent la vocation. Cherchant à rendre incon-tournable sa candidature à l’un des sièges de membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU, il s’est affirmé sur la scène internationale.

Le Ghana appuie son essor (croissance de 8 %) sur une économie diver-sifiée, certes encore dépendante du secteur agricole, centré sur le cacao, mais dopée par le pétrole et le secteur minier. L’exploitation des réserves de pétrole offshore devrait apporter des points de croissance supplémen-taires, ainsi que la prochaine élaboration d’un programme de développement des exportations, visant à diversifier la base industrielle du pays. Le pays, considéré comme vertueux pour sa gestion économique, sa stabilité sociale et l’enracinement de la démocratie, exemplaire dans sa relation avec les bailleurs de fonds, jouit d’une image d’honorabilité.

La Côte-d’Ivoire prévoit une croissance de 9 % en 2013, appuyée sur les res-sources naturelles (gaz, pétrole), la production de cacao, de café (premier producteur mondial) et de coton. Le président A. Ouattara a fixé l’objectif d’être un pays émergent à l’horizon 2020, appelant à un « nouveau miracle ivoirien ». Des investissements importants sont en cours dans les infrastruc-tures de transport, d’énergie et de télécommunications (fibre optique).

L’INDONÉSIE

Des sept pays retenus ici, celui qui fait l’unanimité des experts est l’Indoné-sie. Avec ses 251 millions d’habitants, l’« Etat archipel », quatrième pays le plus peuplé du monde, premier pays musulman par sa population, devient un nouveau pôle de croissance majeur en Asie. Un rapport publié en 2012 par McKinsey prévoit que dans vingt ans l’Indonésie figurera parmi les six ou sept grandes puissances économiques mondiales. Le retour à la démocratie, suite à la sortie réussie d’une dictature ayant duré trente ans, a accompagné une très forte croissance économique.

L’Indonésie cumule une population jeune et nombreuse (garantie d’un foyer important de consommation intérieure), la stabilité politique et religieuse, une économie libéralisée, une balance commerciale extrêmement positive et une situation géographique favorable — une position centrale dans la région

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Asie-Pacifique, au cœur d’une région à forte croissance potentielle, avec des partenaires majeurs, la Chine et le Japon (40 % du transport mondial passent par les détroits entre Sumatra, la Malaisie, Java, Bali et Lombok). Par ailleurs, le président Susilo Bambang Yudhoyono a débloqué en 2012-2013 des milliards de dollars pour améliorer les routes, les ports et les aéroports, considérés comme la principale faiblesse du pays et un frein aux investisse-ments étrangers. Le pays a su garantir sa souveraineté économique et main-tient son contrôle sur beaucoup de grands groupes locaux, traditionnellement contrôlés par l’armée ou par la communauté chinoise.

Pays agricole (grumes, riz, premier producteur et exportateur d’huile de palme…), grand producteur de matières premières énergétiques (le gaz a remplacé le pétrole et le gaz de schiste offre de fortes potentialités), un des premiers exportateurs de caoutchouc, elle s’est dotée d’une industrie et reprend le modèle est-asiatique. Elle bénéficie également de la vague de relocalisations en provenance des autres pays d’Asie, ainsi que de nombreux investissements étrangers.

Depuis dix ans, l’Indonésie a connu une croissance annuelle moyenne de 6 %, ramené sa dette de 80 à 25 % du PUB, son déficit budgétaire à 1 % et dispose d’un excédent commercial élevé (25 milliards $). Selon l’OCDE, l’archipel affichera une croissance économique annuelle moyenne de 6,4 % de 2013 à 2017.

Enfin, l’Indonésie possède déjà une classe moyenne impressionnante : 50 millions de personnes, soit plus que celle de l’Inde. Or, ce bassin de consom-mateurs atteindra les 170 millions d’ici 2020. En conséquence, la consom-mation indonésienne représente déjà plus de 50 % de l’activité économique, rendant le pays moins vulnérable aux chocs extérieurs.

L’Indonésie veille à trouver un point d’équilibre entre la Chine, dont la pré-sence économique (suite à un accord de libre-échange Chine-ASEAN) et politique (revendications territoriales en mer de Chine du sud) est forte, et les Etats-Unis, plus visibles dans la zone. Certes, des carences structurelles pèsent toujours sur le potentiel de croissance (réglementation fluctuante décourageant les milieux d’affaires, forte corruption, lenteur des réformes structurelles), les inégalités sociales restent très fortes, mais les perspec-tives macroéconomiques demeurent solides.

Toutes les analyses convergent : l’Indonésie devrait figurer parmi les dix plus grandes puissances mondiales en 2020 et les six en 2030.

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QUELLE VOIE DE DÉVELOPPEMENT POUR LES ÉMERGENTS ? LE CUBE NPE

A l’origine de ce modèle, se trouve une réflexion : comment apprécier l’inser-tion des pays émergents dans le processus de mondialisation et l’adoption du mode capitaliste d’économie de marché sachant qu’elle ne peut se réaliser que de manière combinée avec le progrès social et le développement de la démocratie. Il s’agit donc de modéliser les critères permettant, même dans des pays dont les paramètres culturels et civilisationnels sont différents de ceux de l’Occident, de déterminer le chemin sur lequel doivent, dans l’idéal, s’engager les nouveaux émergents afin qu’ils puissent connaître un mode de développement plus équilibré que celui de plusieurs de leurs prédécesseurs tels que l’Inde ou la Chine : un décollage économique s’accommodant de profondes disparités sociales, de moins en moins acceptées par la population.

En effet, les nouvelles puissances, pays émergents d’hier – Chine, Inde et Brésil –, sont à la fois très riches et très pauvres. En Chine, une énorme partie de la population vit encore avec moins d’un dollar par jour. Ces pays riches, à forte croissance, à excédents commerciaux élevés, ont des pro-blèmes de très grande pauvreté, d’illettrisme, d’hygiène, ce qui constitue une grande différence avec les « anciennes » puissances, qui certes connaissent aussi la pauvreté, mais dans des proportions sans commune mesure avec la situation des populations chinoise ou indienne. Ainsi, les chemins singuliers qu’ont pris ces pays émergents ont battu en brèche le modèle occidental selon lequel le développement économique et le progrès social vont systéma-tiquement de pair.

Autre évolution marquante, le fait que la Chine ait déjà accompli en plus d’un quart de siècle une transformation aussi profonde de son économie dans la continuité du pouvoir politique du parti communiste bouleverse la vision des Occidentaux, selon laquelle l’adoption des institutions politiques juridiques occidentales (« démocratiques ») est préalable à toute réforme économique d’envergure.

Fort de ce constat, une réflexion s’imposait sur la composition des six faces dont la résolution parfaite permettrait de déterminer qu’un pays émergent se trouve sur le chemin d’une croissance structurée économiquement et socialement. Le cube NPE était né.

Ce cube comporte six faces qui permettent d’apprécier le développement équilibré et durable d’un État.

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• la stabilité fiscale ou plus exactement le moyen de garantir a l’investisseur une prévisibilité fiscale de telle sorte qu’il puisse l’inclure dans son modèle de financement a moyen terme.

• la liberté d’entreprendre ou la facilité d’installation d’une structure écono-mique, la facilité d’accès au marché intérieur, la facilité d’accès au finance-ment des fonds propres.

• les ressources potentielles ou la richesse potentielle du pays considéré, qu’elle soit naturelle ou construite, sachant qu’un minimums de croissance et pas seulement construite autour de la demande intérieure est nécessaire pour permettre le décollage de n’importe quel modèle émergent.

• la prééminence du droit pour le règlement des conflits de toute nature de telle sorte que la sécurité juridique puisse être garantie par une organisation institutionnelle adaptée en mesure de transcender la durée des mandats élec-tifs ou des nominations de toute nature.

• la justice sociale tant sur la répartition des richesses que sur le renouvel-lement des classes sociales qui permet d’éviter ou de limiter au minimum les risques de rupture fortes au sein d’un état mettant alors en danger la sécurité des biens et des personnes

• le niveau des infrastructures de transport matériel et immatériel permet-tant d’assurer la fluidité des flux de toute nature, de telle sorte que tout approvisionnement comme tout acheminement permettent le développement du projet d’investissement.

Un État qui satisferait de manière plus ou moins aboutie à ces six faces - qui pourraient d’ailleurs s’appliquer a nombre d’états dits matures pour jauger le niveau de performance de leur croissance - pourrait être dès lors considéré comme atteignant à la fois le développement économique, le progrès social et la stabilité politique.

Ces critères, par la largeur du spectre qu’ils recouvrent, correspondent à la fois aux attentes des investisseurs et bailleurs de fonds internationaux comme aux aspirations des nations. Le principe de la stabilité fiscale consti-tue un signe encourageant pour les investisseurs, par ailleurs assurés de leur activité par le principe de la liberté d’entreprendre et par la prééminence du droit. Les ressources potentielles du pays induisent une promesse d’indé-pendance comme de levier. A défaut de ressources naturelles propres, il peut s’agir d’une orientation stratégique déterminée pour pallier justement leur inexistence ou leur insuffisance, a l’instar du modèle suisse et de son

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orientation dans les services financiers comme le secteur chimique, suivi par d’autres choix complémentaires. Cette face constituera un signe particuliè-rement important pour les investisseurs - notamment en vertu du principe selon lequel on ne prête qu’aux riches...

Enfin, la prééminence du droit, la justice sociale, l’égalité du citoyen assurent la stabilité politique, le progrès social et l’enracinement du système poli-tique dont la démocratie peut être parfois un habillage, parfois une réalité, mais qui reste fondé sur le cheminement d’une expression possible entre les citoyens et les dirigeants suivie d’un retour d’effets.

LES ÉMERGENTS : QUEL INTÉRÊT POUR LA FRANCE ?

Ces pays présentent un intérêt évident pour nos exportateurs et nos investis-seurs : ils disposent de ressources énergétiques et minières, leur poids démo-graphique n’est pas négligeable, avec des classes moyennes en expansion à la fois qualitative et quantitative. La France a une position toute particulière à jouer dans cette nouvelle donne géopolitique et économique, du fait de ce qu’elle représente, de ses valeurs et de son modèle de développement.

Donnons-en trois exemples forts.

Les pays émergents ont des besoins et nous offrent des opportunités. La France a des entreprises d’énergie, de transports, d’industrie agroalimen-taire, de services urbains, d’environnement, d’automobile, qui peuvent répondre à ces besoins, si nous savons orienter vers ces économies en crois-sance un certain nombre d’investissements, de coproductions, de coentre-prises.

La France peut apporter son modèle européen de la ville. Les villes fran-çaises se sont fortement embellies ces dernières années, ont rénové leur patrimoine, se sont illuminées, ont élargi leurs bassins d’emplois grâce aux réseaux de transport en commun… La France a donc une expertise à appor-ter dans la construction des villes, et pas seulement en matière de gestion des déchets ou de transports en commun. Nous pouvons apporter notre modèle européen de la ville.

Troisième exemple, la France a tout à gagner à construire des réseaux de projets, qui lui permettent de bâtir des alliances et d’être impliquée com-plètement avec ces pays. La bonne stratégie est de rechercher la logique de

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projets en réseaux, qui peuvent être des projets thématiques ou plus straté-giques et plus politiques, par exemple en Afrique où les Chinois risquent de connaître quelques difficultés. Ce n’est pas parce que la France, ou l’Europe, a moins de capitaux à investir que la Chine qu’elle est moins utile à l’Afrique.

Des initiatives peuvent être développées sous forme de logiques de réseaux et de projets, qui permettent à la France de diffuser son influence et sa puissance, voire sa valeur ajoutée, sur des sujets majeurs où nous avons quelques forces et où nous pouvons être tête de réseau : l’aéronautique, l’énergie nucléaire, etc.

L’intérêt de la France est de prendre au sérieux cette logique de réseau, de faire comprendre que notre apport n’est pas inutile à un nouveau fonctionne-ment du monde. Les émergents sont des pays qui ont une haute civilisation, qui ont beaucoup à nous apporter, qui sont aussi attachés à l’idée de souve-raineté et à l’idée de nation, fiers, parfois susceptibles, et ne sont pas repliés sur eux-mêmes : ils cherchent un équilibre du monde. La France a intérêt à s’entendre avec ceux qui recherchent l’équilibre.

Enfin, la France doit prendre conscience qu’elle possède un atout maître : la francophonie. En 2050, on estime que 700 millions de personnes parleront français, à condition que le pays sache y mettre les moyens : cela signifie former des enseignants en Afrique, créer des Écoles normales, les aider à se prendre en mains… C’est leur intérêt et celui de la France.

L’avenir de la France, c’est de regarder vers les continents de l’ave-nir, l’Asie, l’Amérique latine, l’Afrique. Le fait que le peuple français soit aujourd’hui divers est un atout. Les « minorités » venues d’Afrique ou d’Asie constituent aussi des relais : les Portugais vers le Brésil, les Arabes vers le monde arabe, les Chinois ou les Vietnamiens vers l’Asie… Les pays émer-gents ne constituent ni une terre promise ni une illusion. Face à ce qui est devenu un déplacement majeur de la demande mondiale, où ce sont désor-mais les consommateurs des pays émergents qui alimenteront la croissance économique, disons aux entrepreneurs français, porteurs d’initiatives et de projets : Faites vos jeux !

Pour la France, saisir sa chance impose de retrouver un peu de confiance en elle. On est souvent frappé par le dynamisme conquérant des pays émer-gents. C’est grâce à un esprit de grandeur, d’indépendance, que la France a su rebondir dans son histoire. Les pays émergents lui donnent l’occasion de reprendre un nouveau départ.

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QUELLE STRATÉGIE GAGNANTE POUR LA FRANCE FACE AUX PAYS ÉMERGENTS ? Recommandations de politique publique présentées par l’Institut Montaigne à l’occasion des Entretiens de Royaumont

Ces recommandations, à destination des décideurs publics, peuvent être résumées en une phrase : la France doit renoncer à une approche univer-selle des choses aussi vaine que coûteuse, et choisir les pays avec lesquels elle veut bâtir une relation privilégiée.

1. REDIMENSIONNER NOTRE RÉSEAU DIPLOMATIQUE

La répartition de l’effectif diplomatique français dans le monde reste trop marquée par le poids de l’Histoire – 30 % de l’effectif est en Europe et près de 40 % en Afrique et Moyen-Orient – au détriment des nouvelles zones de croissance : à peine 10 % de l’effectif est déployé en Asie hors Chine et Inde, et moins de 9 % l’est en Amérique latine. Ce déséquilibre doit être corrigé pour redéployer vers les nouveaux pays émergents prioritaires les moyens adaptés.

Fin 2011, l’effectif diplomatique français déployé dans les 4 principaux pays émergents (BRIC) s’élevait à 940 ETP, soit en moyenne 235 ETP par grand émergent. Si les 8 pays identifiés par la présente étude ont vocation à devenir les grands émergents de demain, la France doit y investir dès à présent les moyens qu’elle consacre aujourd’hui à la Chine ou à l’Inde.

Or, ces pays concentrent aujourd’hui à peine autant d’ETP (un peu plus de 900) que les 4 BRIC. Ce seraient donc près de 1 000 ETP qu’il faudrait redé-ployer, pour que la France puisse y avoir les moyens de sa politique (tout en traitant différemment l’Indonésie ou le Nigéria, pays gigantesques dans lesquels nos effectifs sont manifestement sous-dimensionnés, et le Maroc par exemple, pays de taille plus modeste où nos effectifs sont déjà importants).

Proposition : redéployer une fraction des effectifs (environ 1 000 ETP) et des moyens du réseau diplomatique actuel vers les nouveaux pays émergents prioritaires.

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Pour dégager les ressources nécessaires à un tel redéploiement, deux options sont envisageables :

1. La fermeture des postes diplomatiques les moins stratégiques pour la France : cette première option reposerait sur le choix assumé de renoncer à l’universalité du réseau français pour concentrer nos moyens diplomatiques sur les pays représentant de réels enjeux économiques ou politiques pour la France. Une telle option pourrait toutefois s’avérer difficile à faire accepter, sans que les gains économiques retirés soient significatifs. A titre d’exemple, la fermeture des 30 plus petites implantations françaises (Papouasie Nou-velle Guinée, Népal, Jamaïque…) représenterait un gain total d’un peu moins de 500 ETP.

2. La réduction des effectifs des postes de l’Union européenne : une option alternative consisterait à réduire les effectifs de tous les postes de l’Union européenne (sauf la Pologne), sur la base du constat régulièrement sou-ligné que, l’intégration communautaire et la fluidité des échanges intra – UE rendent de moins en moins justifiés le maintien d’effectifs supérieurs à 150, voire 100 ETP dans les ambassades concernées. A titre d’exemple, une réduction d’effectifs de 25 % des postes de l’UE et d’Europe occidentale permettrait de redéployer 915 ETP vers les nouveaux émergents, tout en préservant un effectif encore très confortable de 165 ETP à l’Ambassade de France en Allemagne ou de 134 ETP à celle d’Espagne. A terme, une réduc-tion d’effectifs de 50 % dans toute l’UE permettrait de redéployer près de 2 000 ETP.

2. TIRER PROFIT DE NOTRE RÉSEAU D’ENSEIGNEMENT À L’ÉTRANGER POUR IDENTIFIER LES « PERSONNALITÉS D’AVENIR »

Fort de 300 000 élèves (un effectif en augmentation de 50% en 20 ans, et composé aux deux tiers d’étrangers) et de sa réputation d’excellence acadé-mique, notre réseau d’enseignement à l’étranger forme une part non négli-geable des élites des pays émergents, et constitue à ce titre un atout stra-tégique pour l’influence de la France dans le monde qui doit être renforcé.

Proposition : tirer profit de notre réseau d’enseignement à l’étranger pour identifier et attirer en France les « personnalités d’avenir » des nouveaux émergents.

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Cela étant, moins de la moitié des 12 000 bacheliers qui sortent chaque année de ces établissements viennent poursuivre leurs études en France. Cette déperdition est un problème identifié de longue date par les pouvoirs publics et beaucoup a déjà été fait : l’homologation des établissements permet aux bacheliers d’accéder au système d’enseignement supérieur sans examen d’admission ; le système de bourses fonctionne bien, et les bourses attribuées par notre réseau diplomatique ont été utilement complétées par des disposi-tifs complémentaires plus ciblés (programme « Excellence – Major » : entre 150 et 200 bourses attribuées aux meilleurs bacheliers étrangers issus de nos établissements, programme « Eiffel » : environ 500 bourses attribuées à des excellents étudiants étrangers niveau master et doctorat, bourses financées par des entreprises etc.) ; la création de l’agence Campus France (regrou-pant plusieurs organismes chargés de la promotion et de l’accueil des étu-diants étrangers en France) permet de disposer d’un interlocuteur unique et visible.

Notre stratégie d’attraction des étudiants étrangers pourrait toutefois être partiellement réorientée, afin qu’elle ne soit pas inspirée par une logique d’aide au développement, mais par la volonté de constituer des viviers d’ex-cellence et de s’insérer dans les meilleures conditions au sein du marché mondial de la formation. Trois propositions pourraient permettre d’aller dans ce sens, dont la mise en œuvre pourrait être confiée à une cellule spéci-fique au sein de Campus France :

- Renforcer les dispositifs de bourses d’excellence, ciblés sur des personna-lités d’avenir (en raison de leur excellence scolaire, mais aussi de la posi-tion sociale de leur famille etc.) identifiées par le réseau de l’AEFE et nos ambassades, en réduisant le nombre de bourses attribuées pour en augmen-ter le montant et rendre ces dispositifs véritablement attractifs ;

- Réorienter notre dispositif vers les « nouveaux pays émergents priori-taires » : il s’agit à nouveau de choisir, pour donner une priorité très claire aux pays avec lesquels la France souhaite construire une relation privilé-giée ;

- Attirer les étudiants solvables : nous devons surtout chercher à attirer les étudiants solvables issus des élites des nouveaux émergents, qui ne seront pas intéressés par une bourse de 800 euros par mois mais pourrait l’être par un accès facilité à nos meilleurs établissements d’enseignement supérieur et un accueil renforcé (visas, logement etc.)

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Créée en 2010 sous la forme d’une association « loi 1901 » et animée par un conseil d’administration dont l’AEFE est membre, l’association des anciens des lycées français du monde (ALFM) a le mérite d’exister. Elle butte tou-tefois sur un certain nombre de travers : une « masse » d’anciens élèves » (plus de 500 000) probablement trop grande pour donner corps à un réseau véritablement actif, une existence très récente, des moyens réduits etc.

Pourtant, une telle association d’anciens élèves pourrait jouer un rôle non négligeable pour notre influence à l’étranger si ses missions étaient mieux précisées, et ses moyens comme son animation très significativement ren-forcés.

Ses missions d’abord : l’association pourrait continuer à s’adresser indis-tinctement à ses centaines de milliers d’anciens, au travers de l’organisation d’événements ou de l’animation sur les réseaux sociaux (qui pourrait être considérablement renforcée en recrutant simplement un ou deux commu-nity managers professionnels). Elle devrait surtout, en partenariat avec nos ambassades et l’AEFE, identifier et maintenir des liens avec les anciens à fort potentiel – au travers par exemple de la création d’un club en son sein, à la fois très sélectif et très actif. Le soft power d’un tel club pourrait être assez considérable.

Ses moyens ensuite : le paradoxe entre le potentiel d’un tel réseau et les moyens qui lui sont alloués est frappant. Il serait tout à fait justifié que l’AEFE en reprenne tout à fait le contrôle, pour en confier l’animation à des personnalités ou des institutions qui ont construit en matière d’animation de réseaux d’alumni une expertise incontestable (établissements d’enseigne-ment supérieur comme l’IEP de Paris ou HEC, mais aussi certaines entre-prises privées). Une gestion à la fois plus sélective, plus professionnelle et beaucoup plus offensive de cette association d’anciens pourrait aboutir à dégager des ressources privées très significatives, et amorcer un cercle ver-tueux.

Proposition : donner un nouvel élan à l’association des alumni de nos établissements d’enseignement à l’étranger en précisant ses missions, en renforçant ses moyens et en confiant son animation à des institutions ayant acquis en la matière une expertise incontestable.

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3. CIBLER NOTRE POLITIQUE EN MATIÈRE D’IMMIGRATION

En 2011, environ 192 000 étrangers (hors UE) étaient admis au séjour sur le territoire français (un chiffre relativement stable depuis dix ans) avec un titre d’une validité égale ou supérieure à un an : 18 000 (9%) pour un motif professionnel, 81 000 (42%) au titre familial, 65 000 pour poursuivre leurs études (34%), 17 000 pour des raisons humanitaires (9%) et 11 000 pour d’autres raisons (6%).

Quel qu’en soit le motif – familial, scolaire, économique – l’immigration constitue un trait d’union extrêmement fort entre deux pays, tant à court terme (mouvements de populations, transferts financiers etc.) qu’à long terme (certains enfants d’immigrés éduqués en France combineront niveau de qualification élevé et double culture).

Pourtant, le débat portant sur la réappropriation par la France de sa poli-tique d’immigration, laquelle doit correspondre à des choix assumés et non se contenter de subir la pression des flux migratoires, insiste davantage sur les motifs d’admission au séjour que sur la provenance des populations immi-grées. De manière très schématique, on affirme vouloir favoriser l’immigra-tion professionnelle et scolaire (au détriment de l’immigration familiale), mais sans se demander si les immigrés doivent venir d’Asie, d’Amérique du sud ou d’Afrique.

Tout en cherchant à privilégier une immigration économique « choisie », la France pourrait simultanément chercher à favoriser certains pays avec les-quels elle entend nouer des liens privilégiés : il s’agit d’une décision politique (même si certains flux migratoires liés au regroupement familial procèdent de l’exercice d’un droit sur lequel les pouvoirs publics n’ont plus complè-tement la main), relativement aisée à mettre en œuvre au plan technique (notre administration est habituée à piloter l’octroi de visas), et qui n’entraî-nera pas de conséquence majeure en termes financiers ou de capacité d’inté-gration (même s’il est vrai que des immigrés d’Afrique francophone maîtri-seront mieux la langue française que des Indonésiens ou des Colombiens…)

Proposition : privilégier les pays émergents prioritaires dans l’admission au séjour sur le territoire français afin de resserrer nos liens avec ces pays.

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En somme, si notre pays décide qu’il est essentiel pour lui de renforcer sa relation avec le Maroc ou le Vietnam, ne faut-il pas privilégier l’entrée sur notre territoire d’immigrés Marocains ou Vietnamiens, quitte à peser sur les visas accordés aux ressortissants d’autres pays du Maghreb ou d’Asie du Sud-est ?

4. CIBLER NOTRE EFFORT D’AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT ET FAVORISER LES ENTREPRISES FRANÇAISES PAR RAPPORT À LEURS CONCURRENTS ÉTRANGERS

L’aide publique au développement représente un puissant vecteur d’influence à double titre :

- Elle peut permettre de nouer des relations privilégiées avec les pays qui en bénéficient et d’installer durablement la présence française dans des pays à fort potentiel ;

- En intervenant dans des domaines – assainissement, eau potable, ser-vices urbains, transports collectifs – où des entreprises françaises sont historiquement fortes, elle peut favoriser les perspectives de développe-ment des entreprises françaises à l’international.

A cette aune, la politique française d’APD présente des marges d’amélioration :

- Par zones géographiques : l’aide est massivement orientée vers le continent africain (près de 50% de l’activité totale de l’Agence française de développement) et l’outre-mer (21,2% de l’activité, 1,5 Md€ en 2012) au détriment des zones économiques dynamiques comme l’Amérique latine (seulement 17,4 % de l’activité de l’AFD ou 1,2 Md€ en 2012) ou a fortiori l’Asie (seulement 14,5 % de l’activité ou 1 Md€ en 2012) ;

- Par pays : l’effort vis-à-vis des nouveaux émergents est certes signifi-catif : l’Indonésie et le Vietnam étaient par exemple les 2e et 4e récipien-daires de l’aide de l’AFD en Asie en 2012 (bénéficiant respectivement de 140,5 et 104,6 M€ en 2012, toutes aides confondues), le Maroc le 2e récipiendaire de l’aide au Maghreb (381 M€ en 2012) et la Colombie le 2e récipiendaire d’aide en Amérique latine (150 M€ en 2012). Mais :

Proposition : concentrer les ressources de l’aide publique au développement sur les nouveaux pays émergents prioritaires.

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a) d’une part ces pays pâtissent de l’aide toujours considérable apportée aux BRICS : ainsi, l’Inde et la Chine restent les 1e et 3e récipiendaires de l’APD en Asie avec respectivement 307 et 131 M€ en 2012, tandis que le Brésil est de loin le 1er récipiendaire d’aide en Amérique latine avec 768 M€ en 2012. Or, l’apport de tels montants d’aide à ces grands émergents, voire le principe même du maintien d’une aide, est de plus en plus discutable compte tenu de leur niveau de développement et de la concurrence qu’ils apportent désormais aux entreprises françaises, y compris sur les marchés européens ;

b) au total, les 6 pays de cette étude qui bénéficient de l’aide de l’AFD (hors Pologne et Qatar) ont tous vu leur aide diminuer entre 2011 et 2012 sauf un (le Nigéria), et parfois dans des proportions significatives : -58% pour la Colombie, -34% pour la Turquie, -30% pour le Maroc, -20% pour le Vietnam, -11% pour l’Indonésie.

Les nouveaux pays émergents prioritaires devraient devenir les premiers bénéficiaires de l’APD française, notamment via le redéploiement de l’aide aujourd’hui accordée aux BRICS. Les moyens supplémentaires dégagés s’élèveraient à 1,4 Md€, ou même 1,2 Md€ si l’aide à l’Afrique du Sud était préservée : cela représente un levier d’action considérable.

Dans son principe, l’aide publique française est déliée depuis le début des années 2000, au titre du respect des règles édictées par le Comité de l’Aide au Développement de l’OCDE, de sorte qu’une entreprise chinoise peut par exemple réaliser un projet en Afrique qui aura été financé par une aide fran-çaise.

Le bien-fondé de ces règles est régulièrement interrogé, notamment dans la mesure où elles ne sont pas respectées par tous les pays. Dans un rapport récent, l’IGF a pourtant exclu le reliement total de notre aide bilatérale, pour trois raisons :

- Au plan juridique, elle reviendrait sur des engagements internationaux qui lient la France et la plupart des pays occidentaux ;

Proposition : favoriser les entreprises françaises dans l’accès aux marchés issus de l’APD.

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- Au plan économique, elle ne serait pas forcément très profitable aux entreprises françaises, qui bénéficient aujourd’hui de l’aide publique d’autres pays européens, sans être nécessairement toujours intéressés par les marchés financés par l’APD française ;

- Au plan des objectifs poursuivis par l’APD finalement, elle pourrait nuire à l’efficacité de l’aide en renchérissant le coût de certains projets, sur lesquels nos entreprises ne sont pas nécessairement compétitives.

La France devrait privilégier les projets d’aide portant sur des secteurs éco-nomiques ou des technologies dans lesquels elle détient un avantage compéti-tif important, renforcer davantage les normes (en matière de responsabilité sociale & environnementale notamment) portées dans nos appels d’offre qui disqualifieront certains concurrents à très bas coûts de main d’œuvre, ou introduire une clause d’accès réciproque aux marchés d’aide (les entreprises chinoises peuvent participer aux projets financés par la France si la France peut participer aux projets financés par la Chine).

Toutes ces réflexions existent et sont mises en avant par les pouvoir publics dans le cadre de notre nouvelle « diplomatie économique » : il s’agit désor-mais de les mettre en œuvre sans tarder.

5. PESER SUR LA POLITIQUE COMMERCIALE DE L’UNION EUROPÉENNE

La balance commerciale entre la France et les nouveaux pays émergents retenus par l’étude est globalement assez équilibrée, si l’on fait abstraction des importations d’hydrocarbures en provenance du Nigéria (près de 4 Md€).

Cela étant, la conclusion par l’UE d’accords commerciaux avec ces pays peut faire évoluer rapidement nos positions, dans un sens favorable ou défa-vorable selon les secteurs qui seront concernés par les baisses de tarifs. Peser sur ces négociations est ainsi un enjeu clé pour la France.

C’est encore possible : l’UE concentre ses efforts sur les négociations com-merciales avec les Etats-Unis et le Japon, il n’existe pas d’accords préfé-

Proposition : peser sur la politique commerciale de l’Union européenne pour renforcer nos échanges avec les nouveaux émergents.

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Nouveaux pays émergents : construire une relation durable

rentiels avec des zones de libre échange regroupant plusieurs des nouveaux émergents, et des discussions bilatérales ont ou devraient démarrer avec plusieurs des pays retenus ici.

La France pourrait ainsi faire pression à la fois pour cibler les pays devant faire l’objet d’accords commerciaux prioritaires, mais aussi et surtout pour cibler les secteurs qui devraient profiter d’un abaissement ou d’une suppres-sion des tarifs, afin qu’ils soient favorables à l’économie française (matériel de transport, industrie pharmaceutique ou automobile, secteur du luxe, des vins & spiritueux, etc.).

L’intégralité du rapport sur les nouveaux pays émergents établi avec le concours de l’Institut Montaigne est disponible sur le site des Entretiens de Royaumont

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LE RENDEZ-VOUS ANNUEL

DE LA RÉFLEXION POLITIQUE

Créés en 1947 et relancés en 2003 par Jérôme CHARTIER, député du Val-d’Oise, les ENTRETIENS DE ROYAUMONT sont devenus le rendez-vous annuel de la réfl exion politique. Chaque année, un thème choisi par le conseil d’administration des Entretiens fait l’objet d’un débat approfondi entre des re-présentants de toute la société française, invités à participer à ce moment unique, au cœur de l’une des plus belles abbayes de France.

Les ENTRETIENS DE ROYAUMONT constituent avant toutun lieu de rencontres privilégiées, où les invités, issus des sphères politique, économique, sociale et culturelle, sont conviés à débattre dans un esprit de liberté, de parole franche et d’échange, sur des sujets d’actualité. Ils offrent une tribune d’expression libre et conviviale, qui a aujourd’hui trouvé sa place dans le débat intellectuel et politique. Ils accueillent chaque année un public plus nombreux et de très grande qualité.

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CAHIER DES ENTRETIENS

SAMEDI 30 NOVEMBRE & DIMANCHE 1er DÉCEMBRE 2013

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