actes entretiens du terroir

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Anneyron (Espace Plantay) jeudi 23 avril 2009 - 18h / 21h ... les savoir-faire en Valloire ACTES des Entretiens ... Entretiens du Terroir en Valloire Signes d’avenir, pétris par l’histoire ... ANNEYRON

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2ème Entretiens du Terroir

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Page 1: Actes Entretiens du Terroir

Anneyron (Espace Plantay) jeudi 23 avril 2009 - 18h / 21h

... les savoir-faire en Valloire

ACTES des Entretiens ...

Entretiens du Terroir en Valloire

Signes d’avenir, pétris par l’histoire ...

QUADRIE et Pant.

Pour les ENVELOPPESSEULEMENT

ANNEYRON

Page 2: Actes Entretiens du Terroir

Les textes que vous allez lire sont la transcription (réalisée par Sylvain Chartier, stagiaire “Terroir”) d’in-terventions orales, ils en gardent la fl uidité ou la répétition, pour ne pas risquer d’en altérer le sens.

Les interventions de ces Entretiens ont été classées sous les signes des Anciens Grecs : terre, feu, eau, air ; dans lesquels les humains construi-sent et expriment leurs savoir-faire.

Les chercheurs expriment les leurs dans le lien entre les signes.

Bonne lecture !

Page 3: Actes Entretiens du Terroir

POURQUOI LES 2EMES ENTRETIENS DU TERROIR EN VALLOIRE ?INTERVENTIONS DES OFFICIELS ............................................................................................................ 5 Alain GENTHON, Maire d’Anneyron et Vice président du Conseil Général .......................... 6 Pierre BOCQUET, Directeur de la Maison Familiale Rurale d’Anneyron ................................. 8 Eric BARRAUD, Animateur, Terroirs et Cultures ................................................................... 9 Freddy MARTIN ROSSET, Président de la Communauté de Communes Rhône Valloire ....... 10

SIgNES DE TERRE ................................................................................................................................. 13 L’art de l’arboriculteur Faire venir le fruit au goût de terroir ................................................................. 14 Le fruit de la passion, l’invention de variétés ................................................... 19 L’art du maçon de galets : La construction du temps ................................................................................... 24

SIgNES DE FEU ..................................................................................................................................... 27 L’art du vigneron : Le vin entre terre et ciel ..................................................................................... 28 L’art du tonnelier : De la fûtaie au fût .............................................................................................. 31

L’ART DU CHERCHEUR ......................................................................................................................... 37 L’histoire des hommes, travail de mémoire Intervention de Alain Nicolas

SIgNES D’EAU ....................................................................................................................................... 41 L’art des maroquiniers : Du cuir au galet, l’eau fluide de l’unité ............................................................ 42 L’art des vanniers : Tresser l’osier, tisser des liens ............................................................................... 44

SIgNES D’AIR ........................................................................................................................................ 49 L’art de la langue : Le patois, une langue, une histoire, un monde ....................................................... 50

L’ART DU CHERCHEUR ......................................................................................................................... 55 Espaces et histoires des savoir-faire Intervention de Claire Delfosse

CONCLUSION .............................................................................................................................. 58

ANNEXES .............................................................................................................................. 63V

IV

III

II

I

Page 4: Actes Entretiens du Terroir

ENTRETIENS DU TERROIR ! OUI MAIS : TERROIR ?

Un Terroir est un espace géographique délimité, défi ni à partir d’une commu-nauté humaine qui construit au cours de son histoire un ensemble de traits culturels distinctifs, de savoirss et de pratiques, fondés sur un système d’in-teractions entre le milieu naturel et les facteurs humains.

Les savoir-faire mis en jeu révèlent une originalité, confèrent une typicité et permettent une reconnaissance pour les produits ou services originaires de cet espace et donc pour les hommes qui y vivent.

Les terroirs sont des espaces vivants et innovants qui ne peuvent être assimilés à la seulle tradition.

Planète terroirs : 2005, une charte et une défi nition internationale du terroir adoptée aux Rencontres Internationales UNESCO

Page 5: Actes Entretiens du Terroir

POURQUOI LES 2EMES ENTRETIENS DU TERROIR EN VALLOIRE ?INTERVENTIONS DES OFFICIELS

5

Pierre BOCQUET (directeur MFR d’Anneyron), Eric BARRAUD (délégué général Terroirs et Culture), Alain GENTHON (maire d’Anneyron,

Conseiller Général), Freddy MARTIN ROSSET (maire d’Epinouze, président de la Communauté de Communes Rhône Valloire).

Page 6: Actes Entretiens du Terroir

Interventions des offi ciels 6

D’abord, je voudrais remercier les organisateurs de ce travail, de cette manifestation : la MFR, je voudrais re-mercier et saluer François Subrain prési-dent de l’Union Nationale des Maisons Familiales et Rurales. C’est un grand honneur pour nous de te recevoir ici à Anneyron mon cher François. La der-nière fois que tu étais venu tu étais pré-sident de l’organisation régionale, c’est la première fois que tu viens en tant que président de cette grande famille nationale. Je veux également saluer les élus nombreux dans la salle. Ceux de l’Ardèche, de l’Isère et de la Drôme des gens représentants du terroir.

Je voudrais dire un petit peu l’im-portance que revêt cette thématique du territoire et du terroir qui, à mon avis, est fondamentale. La MFR y tra-vaille dessus depuis plusieurs années, autour du fruit et du territoire. La no-tion de territoire est fondamentale, Robert Castel, un sociologue, a fait des recherches là-dessus. Il se posait la question de savoir ce qu’est l’existence humaine et à partir de quel moment on est reconnu comme existant ?

Cela me permet de dire : “je fais partie de la société”. Et puis à l’époque de la révolution industrielle il y a eu une crise de société et l’apparition d’un nouveau grand intégrateur,

A partir de ce moment là, s’est faite la notion de travail : on est de telle entre-prise, on est de tel secteur profession-nel, on est agriculteur…

Cette notion de grand intégrateur aujourd’hui est en plein effritement du fait que l’intégrateur “travail “est en diffi culté, que l’on a connu des grandes périodes de diffi cultés éco-nomiques, de chômage, du fait que le “papy boum” fait qu’un certain nombre de personnes sont en train de sortir de la relation sociale et de l’exis-tence par rapport au travail. Elles sont en train de se poser la question de ce fait là de l’appartenance humaine, de la reconnaissance humaine : comment exister et par rapport à quel type de relation à la société ?

Nous sommes sûrement en train de vivre ensemble l’émergence d’un nou-veau grand intégrateur. Peut être sera-t-il à plusieurs facettes, peut être que l’on va réintroduire la notion d’appar-tenance au territoire, la notion de liens et de réseaux associatifs. La notion économique, la notion de travail va bien sûr rester.

Je trouve que la thématique de ré-fl exion ici est particulièrement per-tinente par rapport à l’évolution de notre société et par rapport à ces cri-ses successives et à cette notion de besoin que l’on a tous d’appartenir à une société humaine pour exister.Le deuxième élément qui m’est ap-

Alain gENTHON Maire d’Anneyron

Vice président du conseil général

Pendant toute la période du Moyen âge on était reconnu comme existant par rapport à la confrérie humaine par-ce que l’on appartenait à un lieu parce que l’on apparte-nait à un territoire c’est ce qu’il a appelé “le grand in-tégrateur“.

Pendant toute la période du Moyen âge

qu’il a appelé “le grand in-qu’il a appelé “le grand in-

ce grand intégrateur étant devenu le travail et l’appar-tenance à la société.

ce grand intégrateur étant devenu le travail et l’appar-devenu le travail et l’appar-

Page 7: Actes Entretiens du Terroir

Interventions des offi ciels 7

paru important, c’est ce que Bernard Pecqueur, un autre sociologue, avait exposé ici il y a quelques années et qu’il avait développé dans ses recher-ches universitaires autour de la notion de développement local. Parce qu’il y a des territoires où les hommes produi-sent de la richesse, il y a des territoires où il y a de la dynamique, il y a des ter-ritoires où il y a de l’évolution, du ter-ritoire et également des territoires où il y en a moins. Tout cela est bien lié à l’activité des êtres humains et Bernard Pécqueur s’est interrogé sur « qu’est ce qui fait du développement dans tel ou tel secteur ? ». Sans vouloir reprendre sa démonstration qui serait assez lon-gue, un des éléments fondamentaux pour Pecqueur est la notion de réseau. Il a montré par exemple que dans la vallée de l’Arve il y a tout une évolu-tion autour de l’industrie mécanique et autour du décolletage parce qu’il y a eu du réseau, les gens se sont parlés, ils ont cherché des complémentarités. Parce qu’il y a eu des concurrences et que ces concurrences ont été jouées dans un contexte de lien entre les ac-teurs du terrain, l’activité économique et le territoire . Dans la zone dans la-quelle on est, le travail que vous faites ici autour de la Maison Familiale, cette présence nombreuse ici, ces bouteilles de jus de fruit sur les tables montrent que cette notion de réseau fonctionne ici, autour du fruit, ce n’est pas le mai-re de Bougé Chambalud ici présent qui va me dire le contraire. Autour du fruit il y a du développe-

ment, l’histoire du fruit ici a concerné des générations de travailleurs saison-niers, des agriculteurs, des entrepri-ses en amont, des entreprises en aval des gens qui savent transformer. On a des entreprises qui aujourd’hui savent faire des sorbets, des glaces, des pu-rées… Donc cette notion de réseau a fonctionné et dans le contexte éco-nomique dans lequel on est, on a be-soin des collectivités, mon cher Freddy (Freddy Martin Rosset, ndlr),

Donc cette initiative est particulière-ment importante. Tous ces réseaux que je signalais tout à l’heure autour des fruits, il me semble qu’aujourd’hui on arrive à les élargir. Je suis très heureux qu’il y ait ces tonneaux, ce pan de l’acti-vité mon cher Claude (Claude Desrieux, ndlr) ou la restauration M. Galliffet... tous ces secteurs d’activités autour du bien vivre, bien vivre et terroir.

Je terminerai en vous disant que ce ma-tin j’étais avec les responsables de l’en-treprise Revol, la semaine prochaine j’ai rendez vous avec les responsables de l’entreprise Jars. Une autre particularité de notre territoire est que partout en France, le secteur de la céramique s’est effondré et on est en France la zone géographique où il y a le plus d’entre-prises de céramique aujourd’hui bien vivantes qui ont des projets, je peux vous les citer : Jars à Anneyron, Revol je vous l’ai cité tout à l’heure, Céralep à St-Vallier, Novocéram à Laveyron, Fayol à Tain l’Hermitage… Il y a un enjeu qui fait qu’autour de la céramique, peut être que les élus vont travailler à partir de la méthode mise en place ici, l’élar-gir encore un peu sur les arts de bien vi-vre comme il y aurait les arts de la table avec la céramique. Transférer la mé-thode que vous avez mis au point ici, la transférer sur la fi lière spécifi que de la céramique, en tout cas pour nous élus il faut qu’on s’inspire de votre démarche pour faciliter la mise en place de cette synergie et de ces réseaux d’acteurs autour de la céramique parce que cela représente des enjeux en terme d’em-ploi et dans le contexte mondial dans lequel on est, je terminerai la dessus,

Merci beaucoup.

on a besoin d’encourager ces réseaux parce que la ri-chesse de l’activité écono-mique n’est jamais donnée, elle n’est jamais acquise, elle est à construire.

le retour au terroir et au territoi-re est certainement l’apparition du nouveau grand intégrateur.

on a besoin d’encourager

le retour au terroir et au territoi-le retour au terroir et au territoi-

du nouveau grand intégrateur.

Page 8: Actes Entretiens du Terroir

Merci Alain, à mon tour de vous re-mercier pour votre participation, je veux remercier tous les partenaires qui permettent à la MFR d’Anneyron de mettre en place cette dynamique en commençant par la CC Rhône Valloire, le Conseil général, la Région Rhône Al-pes qui sont les partenaires fi nanciers et qui soutiennent notre démarche de Pôle ressource, j’en reparlerai après. Je remercie aussi l’association Terroirs et Cultures puisque c’est aussi l’asso-ciation qui est représentée ici par Eric Barraud, qui a initié cette démarche d’Entretiens du terroirs et sur laquelle on s’appuie pour mettre en place ces animations qui permettent d’échanger sur des thématiques et entre autre ce soir sur des savoir-faire en Valloire. Alors pourquoi la Maison familiale d’Anneyron est-elle à l’initiative de cette démarche ?

C’est en lien avec l’action du Conseil ré-gional Rhône Alpes qui demande à ce que les établissements de l’Enseignement agri-cole ou de l’Education nationale, soient des « pôles ressource » sur leur territoire. Au sein de ce Pôle ressource on a confi é un certain nombre de travaux à un chargé de mission : Jacques Deplace, ici présent et qui sera l’animateur de la soirée, Il aura, entre autres, comme mission d’essayer de faire émerger des projets sur la Valloire à partir de particularités de ce territoire .Cela a déjà donné lieu aux premiers Entretiens du terroir à Moras en 2008. Ces Entretiens s’appuyaient sur le patrimoine qui est très important, est très présent sur la Valloire, et qui est source d’initiatives. Au niveau de ces 2èmes Entretiens on s’est dit qu’il fallait aller plus loin et s’appuyer plus sur les acteurs locaux. Nous sommes donc partis sur des savoir faire multiples comme vous pourrez le voir tout à l’heure. Je crois que ce qui est important au travers de cette démar-che c’est d’essayer de faire se rencontrer les personnes, les acteurs que ce soient des

agriculteurs, des artisans, des commerçants ou des industriels, de faire rencontrer tous ces acteurs avec les collectivités locales de façon à construire l’avenir puisque c’est un peu le thème de ces deuxièmes entretiens.

Ces signes d’avenir sur lesquels l’économie locale et les acteurs locaux devront s’appuyer. Je crois que ce qui est important pour nous en tant qu’organisme de formation c’est d’être à l’origine de cette démarche dans la mesure où cela nous permet de la réintégrer dans les missions premières de formation.

que ce soit par leur emploi ou que ce soit comme acteur économique direct pour les futurs agriculteurs qui s’installent. Je vous remercie d’être présent. Je remer-cie également François Subrain d’avoir fait le déplacement, c’est un honneur pour la Maison familiale de l’accueillir non pas dans les locaux de la Maison familiale mais nous ne sommes pas très loin. J’espère que tu vas pouvoir apprécier cette soirée et qu’avec ton équipe vous pourrez repartir dans le Beaujolais avec des idées et essayer de construire un projet : “les pierres do-rées” puisque c’est l’association représen-tée par ton collègue. Merci

Interventions des offi ciels 8

Pierre BOCQUETDirecteur Maison Familiale Rurale

Anneyron

ANNEYRON

Il faut savoir que l’ensemble de l’enseignement agricole a des missions, parmi celles ci il y a le développement lo-cal et cela, c’est une particu-larité qui existe à Anneyron où, depuis 6 ans on a mis en place un Pôle ressource.

Ceci permet de faire toucher du doigt à nos élèves quels que soient leur âge, leur niveau de formation et leur domaine de formation, ce rôle qu’ils ont à jouer en étant acteur

Il faut savoir que l’ensemble Il faut savoir que l’ensemble

Ceci permet de faire toucher Ceci permet de faire toucher

où, depuis 6 ans on a mis en où, depuis 6 ans on a mis en place un Pôle ressource.

formation, ce rôle qu’ils ont à formation, ce rôle qu’ils ont à

Page 9: Actes Entretiens du Terroir

Interventions des offi ciels 9

Merci à tous, comme je suis un peu l’étranger de l’étape je vais me présenter pour dire que je suis Eric Barraud, délé-gué général de l’association Terroirs et Cultures, association basée à Montpellier et qui travaille sur de nombreux terroirs de France et notamment la Valloire. A ce titre là, je voulais juste vous dire que je suis très heureux de voir une salle qui est l’expression des savoir faire et du travail de toute l’équipe locale ici et qui témoi-gne de la réalité de ce que l’on a voulu faire en 2003 en créant le concept des En-tretiens du terroir. Vous voir tous réunis ici permet de comprendre que le concept est intéressant et qu’il permet de faire vivre les territoires et le terroir et c’est exacte-ment ce en quoi on voulait agir lorsqu’on a créé l’association avec Dominique Char-don, son président et d’autres acteurs de terroirs autour de chercheurs, et vous en verrez d’ailleurs ce soir.

Ce concept de terroir pour servir, et c’est en cela que j’ai beaucoup appré-cié vos discours, l’économie locale et le développement local, c’est dans cet esprit que l’on veut agir à travers la dé-fense locale du terroir. Je crois que ce que vous faites dans la Valloire et ce que l’on a commencé à faire ensem-ble va dans ce sens. On est en train de tracer un chemin et redonner de la fi erté aux acteurs sur le territoire. Alors l’argumentaire vous l’avez donné je ne vais pas y revenir dessus. Je voudrais juste signaler une chose par rapport à la Valloire et par rapport à la notion de réseau que vous avez évoqué tout à l’heure. Vous le savez et je l’avais évoqué l’an dernier pour ceux qui ont participé aux précédents Entretiens du terroir,

notre association est parrainée par l’UNESCO. Nous pensons que faire une approche terroir c’est faire de l’économique s’appuyant sur des ressources et s’appuyer sur des ressources c’est forcément préserver les ressources qui sont sur ce ter-roir et notamment la diversité biologique et culturelle qui est facteur de développement et donc de valeur ajoutée.

Ce qui est en lien avec ces questions d’identités évoquées tout à l’heure. Nous avons plaidé la cause auprès de l’UNESCO qui nous a parfaite-ment accueillis depuis 2003 et avec laquelle nous avons écrit une défi -nition du terroir. Vous pourrez la re-trouver sur internet (et aussi dans la brochure de compte-rendu, ndlr). Cette année nous avons voulu faire un pas de plus avec eux puisqu’on a décidé de

lancer un réseau de “terroirs du monde” pour la recherche et le développement. C’est un grand mot mais qui signi-fi e tout simplement que l’on a repéré 6 terroirs du monde autour de la Méditerranée :

un en Albanie, un dans le Péloponnèse en Grèce, un autour de Chefchaouen au Maroc et trois en France (Aubrac, Den-telles de Montmirail, Valloire) pour es-sayer de voir quels étaient les éléments de caractérisation du terroir et quels étaient les facteurs qui permettaient de réaliser une approche de terroir réussie et à contrario quels étaient les facteurs qui pouvaient constituer un blocage. Parmi ces 6 terroirs et compte tenu du travail que l’on avait fait avec vous et avec tous les savoir faire qu’il y a ici, nous avons bien entendu choisi la Val-loire.

Eric BARRAUDAnimateur

Terroirs et Cultures

notre association est parrainée notre association est parrainée

lancer un réseau de “terroirs du monde” pour la recherche lancer un réseau de “terroirs du monde” pour la recherche

facteur de développement et facteur de développement et

autour de la Méditerranée :

Page 10: Actes Entretiens du Terroir

Juste un petit mot, pour vous dire mesdames et messieurs bien le bon-soir, pour dire que pour

et nous travaillons ensemble à travers un dénominateur technique commun qui s’appelle Jacques Deplace.

Il est tout à fait normal que nous soyons à vos côtés dans ce genre de travail car qui dit terroir dit territoire. Nous som-mes un territoire communautaire d’un petit peu plus de 20000 habitants et à ce niveau là évidemment un certain nombre d’espérances s’ouvrent. Les différents domaines d’intervention qui sont les nôtres sont bien évidemment nombreux.

Tout simplement je voulais vous dire que c’est toujours avec grand inté-rêt que nous suivons ce travail, nous l’accompagnons, après Moras la mil-lénaire l’an dernier, cette année An-neyron la seulement bicentenaire mais l’industrieuse.

Bonne soirée à tous.

Freddy MARTIN ROSSET Président

Communauté de Communes Rhône Valloire

Interventions des offi ciels 10

la Communauté de com-munes Rhône Valloire, la Maison familiale est un par-tenaire en tant que fer de lance de l’agriculture locale

la Communauté de com-la Communauté de com-

lance de l’agriculture localelance de l’agriculture locale

Il y a l’agriculture bien sûr mais il y a aussi l’activité économique, artisanale et industrielle, il y a l’habitat, il y a le tourisme qui est trans-versal, nous sommes forcé-ment totalement impliqués dans ce domaine.

Il y a l’agriculture bien sûr

ment totalement impliqués ment totalement impliqués

Cette année Anneyron c’est plus de 1000 emplois !Cette année Anneyron c’est

Pendant 3 mois de préparation, on a donc mobilisé un certain nombre d’Uni-versités et en ce qui concerne la Valloire vous avez Sylvain Chartier de l’ENITA de Clermont Ferrand, qui est là pour 4 mois et qui va travailler sur le terroir de la Valloire. Il va, comme je vous le disais, déterminer quels sont les éléments de caractérisation du terroir (voir annexes).

L’objectif est d’essayer de repé-rer quels sont les facteurs clés qui permettent de développer des approches de terroir qui à nos yeux sont sources de dé-veloppement économique.

Vous allez le voir pendant quelques mois, faites lui bon accueil. Cette approche est très locale et ça c’est l’esprit Terroirs et Cultures, on est avec vous sur le local et on s’intéresse au global et je peux vous assurer que le terroir de la Valloire on le valorise à l’UNESCO et aussi au plan national pour montrer qu’il y a des gens qui cherchent.

Alors il n’y a pas de réponse facile, pas de réponse toute faite, on ne les a pas non plus et ce soir on va faire un petit bout de chemin.

Bonne soirée

QUADRIE et Pant.

Pour les ENVELOPPESSEULEMENT

Page 11: Actes Entretiens du Terroir

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Pendant que nous parlons … et nous allons continuer à parler et pas seulement à parler,vous avez nos vanniers qui travaillent sur le côté discrètement.

Cela nous indique bien que nos paroles ne peuvent êtres entendues que s’il y a aussi du silence. Parole et silence c’est ce qui permet de construire le bien commun.

Vous avez sous les yeux le programme de la soirée avec un classement de différents savoir faire qui vont être exprimés.

Vous allez voir apparaitre toute l’équipe de préparation. C’était, en effet, une préparation collective avec beaucoup de bonheur

et cette préparation aboutit à la présentation ce soir de certains savoir faire.

Il y en a d’autres qui ont surement été oubliés, il y en a d’autres surement qui participeront demain mais nous allons tenter de faire la présentation en quelque 10 interventions.

Si vous comptez par rapport au temps, vous percevez que cela va être assez diffi cile à tenir.Nous sommes habitués …il y a des musiciens dans la salle, il y a des agriculteurs, il y a des potiers, il y a des maroquiniers,

il y a des vanniers il y a des savants de la langue et ils savent qu’il faut mettre tout cela en musique.

Il y a quelque chose qui nous réunit, c’est la composition d’une partition commune en clef de sol,nous sommes sur un sol et la clef de sol va nous permettre, accord majeur ou mineur, de gérer les paroles successives

avec des temps assez limités, ce qui va rendre délicat les interventions.Je serai chargé de mettre du lien si besoin et,

de mettre parfois un peu de limite au temps sans trop en mettre.Pour cela, vous allez nous aider en calant votre respiration au tempo des intervenants.

Nous allons commencer, à tout seigneur tout honneur, par les signes de terre

car il y a 4 signes repérés,les 4 signes des anciens Grecs : la terre, l’eau, le feu et l’air.

Quatre, certes, et puis le 5ème signe : l’humain, qui fait le lien entre ces 4 qu’il habite de ses savoir-faire.

Nous commençons par les signes de terre,et encore une fois à tout seigneur, tout honneur :les Arbos de Moras qui jouent un rôle très important dans ces Entretiens du terroir,

ils en étaient le centre lors des premiers Entretiens du terroir … le chemin, le sillon continuent à être tracés.

jacques DEPLACEMFR Anneyron,

Communauté de communes Rhône Valloire,animateur des Entretiens.

Page 12: Actes Entretiens du Terroir

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Accueil des participants …

Accueil par Alain Genthon (maire Anneyron) Présentation des Entretiens et des partenaires : Freddy Martin Rosset (CC Rhône Valloire), Pierre Bocquet (MFR Anneyron), Eric Barraud (Terroirs et Cultures)

Interventions : expressions de savoir-faireAnimation Générale : Jacques Deplace (MFR Anneyron et CC Rhône Valloire)

I - SIgNES DE TERREL’art de l’arboriculteur : Faire venir le fruit au goût de terroir (Arbos de Moras) Le fruit de la passion, l’invention de variétés (Robert Arnaud - Epinouze)L’art du maçon de galets : La construction du temps (Baptiste Rozier - Claveyson)

II - SIgNES DE FEUL’art du vigneron : Le vin entre terre et ciel (Jean Delobre - Bogy)L’art du tonnelier : De la fûtaie au fût (Guillaume Lacroix, Claude Desrieux - Moras)

L’ART DU CHERCHEURL’histoire des hommes, travail de mémoire : Intervention de Alain Nicolas (anthropologue, Credo Marseille).

III - SIgNES D’EAUL’art des maroquiniers : Du cuir au galet, l’eau fluide de l’unité (Laure Mulliez - Lens Lestang)L’art des vanniers : Tresser l’osier, tisser des liens (Françoise Demoulin - Moras, Emilie Rouillon - Sarras)

IV - SIgNES D’AIRL’art de la langue : Le patois, une langue, une histoire, un monde (Jean-Claude Staville - Anneyron)

L’ART DU CHERCHEUREspaces et histoires des savoir-faire : Claire Delfosse (Géographe, Université Lyon 2 Laboratoire Etudes Rurales).

L’art de l’interprète du “bien manger”. Recettes “légumes et fruits de terroir” : Jean Jacques Galliffet (Auberge de la Valloire, Epinouze)

Buffet “terroir” en chansons … avec la joyeuse chorale de l’association Horizons (Anneyron) et les produits paysans de la Drôme des Collines …

18H

18H30

21H

Page 13: Actes Entretiens du Terroir

13

ISIgNES DE TERRE

Page 14: Actes Entretiens du Terroir

L’art de l’arboriculteur 14

Hervé MIACHONPrésident des Arbos de Moras

joris MIACHON

jean François VIgNAT

Didier CONjARD

Faire venir le fruit au goût du terroir : Arbos de Moras

L’ART DE L’ARBORICULTEUR

Je vais présenter l’association des Ar-bos de Moras qui est née en février 2006 et qui regroupe tous les arbori-culteurs de la commune et quelques sympathisants.

L’association à pour objectif de mettre en valeur les goûts et les savoir-faire de tous les arboriculteurs, notamment à travers la Morassienne que vous aurez l’occasion de goûter par la suite, à tra-vers M. Galliffet avec ses recettes dont le gratin morassien, la poire farcie, qui a su mélanger l’année passée la poire et la vanille et qui certainement nous aidera l’année prochaine à accueillir le Mexique et le chocolat.

Elle a été créée dans le but de promouvoir le savoir fai-re des arboriculteurs de la commune et des environs accompagnant les différen-tes manifestations comme la Fête de la poire et les En-tretiens du terroir.

Elle a été créée dans le but

Je laisse maintenant la parole au plus jeune des futurs arbos de Moras, je laisse la parole à Joris Miachon.

Page 15: Actes Entretiens du Terroir

L’art de l’arboriculteur 15

Bonsoir à tous je vais vous ex-pliquer l’histoire de la poire dans la Val-loire et plus particulièrement à Moras.

Les plus vieux vergers en production aujourd’hui da-tent de 1860 avec une seule variété : la William.

Tout de suite après la première guerre mondiale, deux passionnés de l’arbo-riculture dont un ingénieur agronome détectent les qualités du terroir et commencent à mettre en place une gamme de variétés nouvelles avec des nouvelles techniques de palissage dont le “croisillon lyonnais”. C’est l’occasion de remercier ces deux personnes M. Armand Vidault et M. Daniel Miachon.

Autour des années 50, les agriculteurs deviennent pe-tit à petit des arboriculteurs avec la disparition de l’éle-vage et l’apparition du fruit, entre autres la pêche, la poi-re et la pomme et tous les petits fruits.

Ce changement s’est fait en collabo-ration avec les écoles d’agricultures, nouvellement installées, telles que la MFR d’Anneyron. Ce changement s’est fait aussi avec la mécanisation ou encore les moyens de

transports de plus en plus performants pour transporter la marchandise. Cet élan a permis à la France, à la région, au département d’être les premiers producteurs de fruits en Europe en pêches, en pommes, en fraises et en abricots …

… Aujourd’hui après plusieurs crises de surproduction et des problèmes sa-nitaires comme la sharka sur le pêcher, l’abricotier et le feu bactérien sur poi-riers, pommiers, l’arboriculture dans la Valloire n’a malheureusement pas été épargnée mais,

malgré ces diffi cultés la poire dans la Valloire reste quand même une référence régionale voire nationale.

Une nouvelle dynamique se prépare avec l’arrivée de 4 jeunes formés à la MFR qui veulent faire de la poire le produit phare de leur développement.

Les plus vieux vergers en Les plus vieux vergers en

tent de 1860 avec une seule tent de 1860 avec une seule

re et la pomme et tous les re et la pomme et tous les

quand même une référence quand même une référence régionale voire nationale.

Autour des années 50, les agriculteurs deviennent pe-Autour des années 50, les agriculteurs deviennent pe-

malgré ces diffi cultés la malgré ces diffi cultés la

Tout à l’heure je parlais des deux per-sonnes qui ont amené la poire à Mo-ras : Daniel Miachon qui est mon arrière arrière grand père et mainte-nant je vais laisser la parole à Jean François Vignat qui est le petit fi ls de Albert Vidault.

Page 16: Actes Entretiens du Terroir

L’art de l’arboriculteur 16

Je suis le descendant d’Albert Vidault comme cela a été dit tout à l’heure. M. Vidault est venu à Moras par amitié avec ton grand père.

Mon grand père diplômé de l’école nationale d’horticul-ture de Versailles faisait des conférences à Moras et dans d’autres villages. C’est ce que l’on appelait à l’époque “l’école d’hiver”.

C’est-à-dire que pendant les soirées d’hiver, il réunissait les gens dans la salle de la mairie afi n de leur apporter les techniques de taille et de formation des poiriers notamment mais aussi de tous les autres arbres fruitiers car il agissait sur le Rhône, la Loire, la Drôme et l’Ardèche.

Parmi tous les villages qu’il rencontrait, et bien Moras grâce à l’amitié de ton grand père l’a interpellé. C’est comme ça qu’en 1926 il a planté ses premiers poiriers. Voilà la petite histoire de l’ar-boriculture fruitière à Moras. Et puis bravo à tous ces jeunes qui veulent bien continuer. Moi-même j’aurais pu le faire mais j’ai abandonné pour des raisons économiques de l’époque. Je suis dans l’industrie mais, comme je l’ai dit tout à l’heure, sympathisant des arboriculteurs...

...

Je vais vous parler justement des tech-niques culturales que les arboriculteurs, depuis plus d’une centaine d’années, essaient de développer ; des techni-ques pour entretenir leurs arbres. Sur l’écran à côté, vous voyez défi ler des photos depuis tout à l’heure : ce sont des photos de vergers existants qui montrent l’entretien de tous les arbori-culteurs au fi l de l’année.

Vous pouvez voir défi ler les photos de nos deux vergers plus que centenaires qui existent toujours et sont toujours productifs, ce qui montre un petit peu la qua-lité du travail qui est fait tout au long de l’année par les agriculteurs et tout au long des différentes généra-tions qui sont passées.

Je ne vais pas vous donner toutes les différentes techniques qui existent aujourd’hui, ce que je veux simplement que vous reteniez dans ce petit expo-sé, c’est que les arboriculteurs, leurs techniques, évoluent et qu’aujourd’hui on voit apparaître de nouvelles techni-ques qui interpellent un peu souvent les gens.Ainsi, on a vu cet hiver les poiriers se couvrir d’argile tout autour de Moras, cela a suscité beaucoup de réfl exions mais c’est simplement de l’argile qui

est pulvérisée sur les arbres pour éviter qu’un petit prédateur : le psylle vien-ne pondre et endommager la qualité des produits qui seront présentés au consommateur.

On évolue moins vite que certains voudraient mais on continue quand même d’améliorer nos techniques et d’être plus performants, d’essayer dans le sens du vent et d’utiliser beaucoup moins de produits phytosa-nitaires.

Nous essayons de réfl échir un petit peu mieux à comment avoir un verger équi-libré et un verger où puissent se déve-lopper les auxiliaires pour avoir moins de produits de traitement phytosanitai-res. On peut citer d’autres techniques qui permettent quand même d’éviter ces traitements : par exemple la pose de diffuseurs qui évitent de traiter le carpocapse, ce qui permet de limiter encore les insecticides.

On peut citer les lâchers d’Anthocop-tes qui est une toute petite punaise qui vient manger d’autres prédateurs. Tout au long de l’année, l’arboriculteur a pour mission de regarder ce qui se pas-se sur son verger, de faire des compta-ges et d’être très précis dans l’analyse de ce qu’il fait pour ensuite gérer au

long des différentes généra-long des différentes généra-

Vous pouvez voir défi ler les photos de nos deux vergers Vous pouvez voir défi ler les photos de nos deux vergers

moins de produits phytosa-moins de produits phytosa-

On évolue moins vite que On évolue moins vite que

que l’on appelait à l’époque que l’on appelait à l’époque

Mon grand père diplômé de Mon grand père diplômé de

...Je laisse la parole à Didier Conjard.

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L’art de l’arboriculteur 17

mieux les applications de produits phy-tosanitaires. Vous voyez donc défi ler des vergers de poires sur le diaporama, mais c’est vrai pour l’ensemble des pro-ductions arboricoles du secteur c’est-à-dire que c’est vrai pour la pomme, pour la pêche pour l’abricot…

je dirais que la philosophie aujourd’hui des arboricul-teurs c’est pas de traiter, ca leur fait pas toujours plaisir, c’est de l’argent dépensé et c’est pas toujours très inté-ressant à faire.

Mais pour obtenir un fruit de très haute qualité, il faut quand même assurer un minimum de travail et c’est ce que font tout au long de l’année les produc-teurs avec leurs différentes techniques culturales. Pour revenir un petit peu à la poire, je veux simplement vous citer 3 variétés qui sont aujourd’hui produi-tes sur Moras et que vous connaissez certainement.

Il y a la William qui va pour partie à la distillerie et que vous pourrez goûter tout à l’heure, elle fait partie intégran-te de la recette de la Morassienne, il y a la Comice aussi qui est une poire qui a un niveau d’exigence très élevé en terme de qualité. C’est une poire que l’on retrouve souvent sur les éta-les de fruitiers spécialisés ou à Paris et puis la Passe crassane qui est une poire d’hiver. Elle fi nit la saison en terme de conditionnement, c’est une poire que vous avez souvent reconnu par le biais d’une petite capsule de cire qui est ap-posée sur la queue du fruit. Donc la Passe crassane c’est un fruit qui mal-heureusement aujourd’hui ne peut plus être plantée chez nous à cause du feu bactérien dont on va voir une photo … voila ! C’est une maladie qui malheureusement pénalise assez for-tement le développement des fruits à pépin et notamment la poire mais que les arboriculteurs essaient de contenir. Je vous parlerai assez rapidement du travail de conditionnement et de com-mercialisation qui est fait suivant les ar-boriculteurs soit dans des coopératives soit au sein même de l’exploitation. Ce travail a pour but de conditionner entre 3000 et 6000 T de fruits tous les ans, ce qui est quand même relative-ment important et qui donne beaucoup de travail à l’ensemble des saisonniers et des arboriculteurs. Ces fruits sont ensuite distribués dans l’ensemble de la France et même à l’export; une partie qui va à la transformation. On

peut raisonner sur des chiffres qui ne sont pas très précis mais la région ab-sorbe 30% des volumes produits sur la Valloire, une autre partie est destinée à l’ensemble du territoire national et une petite partie d’environ 15% va à l’exportation. Cela ne tient pas compte des fruits qui sont transformés et qui partent dans l’ensemble du monde. Je pense que dans la salle il pourrait y avoir des personnes qui s’exprime-raient plus longuement sur ce sujet. Le conditionnement c’est quelque chose d’assez important dans la poire car on ne peut pas cueillir à maturité, on cueille un fruit qui est encore vert, on le rentre dans des frigos. Il s’affi ne as-sez lentement et tout au long du pro-cessus d’affi nage, on gagne un taux de sucre assez important, ce qui fait un peu la caractéristique de nos ver-gers sur la Valloire et notamment sur le coteau le long de Moras jusqu’à Albon je dirais.

La qualité des fruits est re-connue et mesurée, notam-ment par un taux de sucre et sur ce coteau on a des fruits qui ont une excellente qualité avec un taux de su-cre très élevé.

c’est pas toujours très inté-c’est pas toujours très inté-

je dirais que la philosophie je dirais que la philosophie

qualité avec un taux de su-qualité avec un taux de su-

La qualité des fruits est re-La qualité des fruits est re-

Voila pour ce qui est des aspects de techniques culturales … et je redon-ne la parole à Hervé Miachon

Mais pour obtenir un fruit de très haute

Page 18: Actes Entretiens du Terroir

Bon maintenant vous le savez tous : la poire de la Valloire est la meilleure !

Nous sommes conscients d’avoir un fruit excellent et c’est pour cela que nous or-ganisons la Fête de la poire tous les 2 ans.

La troisième édition (en 2008) c’était la poire associée à la vanille. En effet, le territoire c’est la poire dans la Val-loire mais le monde est plein de terri-toires. L’année prochaine en 2010, au mois de septembre, pour la 4ème édi-tion nous aurons la joie d’accueillir le cacao du Mexique car c’est grâce aux Incas que nous avons du chocolat sur nos tables.

On voit que les arboriculteurs qui nous parlent de la poire, ils ont la pêche !…

Vous vous attendiez à ce jeu de mot facile, je me suis sacrifi é pour le faire. Mais c’est pour permettre une transi-tion avec la suite.

La pêche vous le savez a été décimée par un virus qui s’appelle la sharka. Elle a pourtant largement contribué à l’histoire de notre terroir dans notre territoire et ses traces dans l’histoire sont évoquées par Robert Arnaud ici présent dans la salle.

Nous sommes allés faire une entre-vue, - en patoisanglosaxonon appel-le ça une interview… - donc, nous avons fait une entrevue avec Hervé Miachon et Piet De Haas que vous entendrez dans quelques extraits de l’enregistrement … que nous avons coupé un peu pour que cela rentre dans les temps …

Nous allons écouter maintenantRobert Arnaud qui nous parle de l’histoire du pêcher à travers celle de son père et de la création de variétés

ganisons la Fête de la poire

Nous sommes conscients Nous sommes conscients

L’art de l’arboriculteur 18

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Entretien avec Robert Arnaud (réalisé le 6 avril chez lui à Epinouze), extraits. 19

Robert ARNAUDArboriculteur retraité

Epinouze

Le fruit de la passion, l’invention de variétés

… Toute la vallée, c’était pas en pê-chers, la Valloire était en céréales, la pêche était sur le plateau de Beaure-paire à Bougé et Chanas, c’est le même plateau, avec des moraines frontales du glacier, c’est pour ça qu’on a des cailloux, la pêche se plaisait bien dans le caillou mieux que dans la terre, ça fai-sait la qualité. Dans la terre elle venait mais la qualité n’était pas la même.

La qualité c’était le goût avant tout,

j’avais des variétés, au début des varié-tés locales, la présentation, fallait pas qu’elle soit véreuse, à partir du mois d’août ça craignait le ver, la couleur, la grosseur … enfi n, la qualité gustative ça comptait, quand on allait au mar-ché de Chanas avec les anciennes va-riétés (puis après avec les nouvelles : la Mouslene, l’Antre de Chanas, c’était des producteurs de Chanas qui avaient trouvé ça, à Chanas il y avait du pê-cher !

Il y avait les variétés Guilloud … y avait les Gaillard, 11, 22, 5 c’était des ob-tenteurs de la région, la Rouge Julien de Bougé, c’était une variété locale

… je faisais la pépinière, je voyageais pas mal dans le Midi voir de plus gros pro-ducteurs que nous, on avait les journées fruitières pro-fessionnelles à Avignon avec un tas de personnes qui étaient dans le coup de la pêche et de tout, des producteurs importants qui cherchaient des nouvelles variétés.

Parce que les anciennes, plus personne n’en voulait, quand il y a eu les varié-tiés américaines, en 1955-60 j’étais descendu à Cabannes, domaine Noel, à l’époque c’était un réputé ; M. Man-guin aussi, président de la pomologie que j’avais connu aux “journées frui-tières”, il faisait visiter les vergers.

Il m’avait fait visiter, il m’avait donné des greffons, il m’a dit “si vous voulez des nouvelles variétés, les variétés en général américaines, pêches jaunes :Cardinal, Dixy Red, Jerseyland, tous ceux à qui j’en ai fait planter, ils li-vraient à la coopérative Rambertfruits, sur Chanas, St Rambert … la meilleure gustative la Red haven en chair jaune, la Southland, une tardive, je vous les ai données en ordre de maturité.

La qualité c’était le goût La qualité c’était le goût La qualité c’était le goût La qualité c’était le goût

… je faisais la pépinière, je … je faisais la pépinière, je

producteurs importants qui cherchaient des nouvelles producteurs importants qui cherchaient des nouvelles

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Entretien avec Robert Arnaud (réalisé le 6 avril chez lui à Epinouze), extraits. 20

Parallèlement, il est arrivé les blanches américaines la Red Win, Daisy (j’en avais 2 ha), la Robine, j’en ai jamais eu, c’était une précoce, une autre aussi mais le nom m’échappe, des blanches ;là-dessus l’Arnaud 3 blanche très de-mandée fi n août. “ elle était allongée avec une face plus colorée que l’autre, on l’emballait couchée”.

L’Arnaud 3, elle colorait du tonnerre ! Et c’était bon !“A 8 h du matin tu mangeais ça à la rosée, sous l’arbre !”

À l’époque il y avait aussi la pêche Ve-dette abricotée, une jaune, Elberta, jaune tardive colorée.

Mon père faisait des semis. Moi et mon frère, on semait des noyaux de Vedette abricotée (une jaune genre Elberta - plus tardive), qui ont donné l’Arnaud 3 blanche, les arbres s’étaient pollinisés entre eux …

C’était pas par hypridation, mon père semait tous les ans des noyaux, il avait une collection de variétés ! Que les gens n’ont pas connu, toutes tirées de l’Arnaud 3 : la 5, la 6, la 13, la 15 … c’était des variétés similaires, précoces ou tardives, malheureusement il n’a pas pu les protéger, est arrivée la Mic-chelini italienne, avec le grand baratin des offi ciels d’Italie, qui a supplanté toutes les variétés … Arnaud 5 c’était des arbres très vigou-reux, vous faisiez 80-100 kg sur un ar-bre, il fallait les tailler en vert, les met-tre au soleil, au 15 août on effeuillait,là c’était un semis, une branche de A3 par A7 (photo fi n août 1966) il avait dû la polliniser celle-là !Ça c’était mon père, l’agriculteur au chapeau, il vivait pour les pêchers …

ça à la rosée, sous l’arbre !”ça à la rosée, sous l’arbre !”

L’Arnaud 3, elle colorait du L’Arnaud 3, elle colorait du

Robert ARNAUD et Hervé MIACHONUne passion partagée

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Entretien avec Robert Arnaud (réalisé le 6 avril chez lui à Epinouze), extraits. 21

J’étais un des premiers à faire l’irriga-tion avec les tourniquets : avec 2 fora-ges, l’un à 60 m, l’autre 30, j’arrosais par dessus tandis que mon père faisait une raie légère le long du rang à gau-che à droite, avec le cheval.

Il ne nivelait pas, c’est pas comme à Manosque, mais par ruissellement, il déversait avec la citerne en haut du champ, mon père avec la pelle et deux ouvriers ils guidaient l’eau, qu’elle ait le temps de s’arrêter, c’était pas bien plat, ils arrivaient à sauver les récoltes, les fruits ça endurait mais … il avait 2 ha de pêchers en face de Lachal, il charriait l’eau avec sa citerne, son Fiat …

Il mettait les pêchers en quinconce dans la vigne, un pêcher tous les 15 m … les arbres faisaient 80, 100 kg, c’était tout manuel, avec un brancard comme pour por-ter les morts, on appelait ça un “bayard”, il fallait deux costauds, ils sortaient les pêches à gauche et à droite, on pouvait pas passer dans les rangs.

Quand j’ai pris la ferme, avec mon frère, on a arra-ché ça, le vin ne se vendait plus, c’était en hybride, à 8°, alors on est parti en planta-tion pêchers seuls, il y avait moitié moins de main d’œu-vre, on avait les arbres en gobelets, à part l’Arnaud 3 qu’on laissait monter, trois marches simplement et on cueillait.

Moi, je n’ai pas créé de variétés mais j’étais à l’affût des variétés modernes qui se vendaient. Avec les variétés américaines, c’était pas question de rendements, mais de mode, comme pour les habits ; la Red haven, était bonne, mi-saison, les premières étaient bonnes mais après … tous les fruits qui sont pas au soleil, les premières cueilles c’est meilleur, après il n’y a pas assez de soleil.

Mon père mettait 7-8 personnes pour effeuiller pour les mettre au soleil, moi je taillais en vert. Malgré tout le des-sous ça se vendait moins, tous les fruits d’été c’est pareil.

Il mettait les pêchers en Il mettait les pêchers en

Quand j’ai pris la ferme, Quand j’ai pris la ferme,

Joseph Prudent ARNAUDUn homme solaire, créateur de pleine terre

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Entretien avec Robert Arnaud (réalisé le 6 avril chez lui à Epinouze), extraits. 22

L’inventeur et son invention

Saison de fruit : art de la taille et contraintes de production .

“… il multipliait avec les noyaux ?”

C’était de l’hybridation sans en être, il a pollinisé pour quelques-unes des variétés, la 15, l’Arnaud 3 est venue

par semis de hasard, pêche jaune qui donne une pêche blanche L’Arnaud 3, les gens du midi venaient la voir en 1962-63, mr Souty de l’INRA est venu, mon père n’a pas voulu faire de brevet d’obtention, pas déposé de brevets, les gens venaient prendre les greffons, producteurs et pépiniéristes.

“il y avait un trou variétal dans la sai-son, comblé par l’Arnaud 3”.

Il y avait en variété jaune ancienne, la J.H. Hale, l’Arnaud 3 arrivait au bon moment, une époque où il y avait beaucoup de jaunes, mais il y avait la blanche Cazeneuve, légèrement amère pas colorée, l’Arnaud 3 était meilleure, il faut le dire , juteuse, en qualité elle était bonne à part les dessous d’arbre, comme pour tous les fruits, sauf en es-paliers pas trop épais, pour les pêchers il fallait faire les gobelets il y avait tou-jours un coin qui était à l’ombre.

Il fallait faire la taille longue, avec ces variétés vigoureuses, si vous taillez tra-ditionnel, j’ai retrouvé une lettre dans ses affaires : il y en a qui rouspétaient parce qu’ils disaient qu’elle ne produi-sait pas, il les avait invités pour voir, ils

taillaient ça en petites branches, ils lais-saient pas assez de bois, mais il fallait beaucoup de bois pour la récolte, on taillait “long”, il y avait des branches avec 7-8 fruits dessus …

… Parlons pas de l’effeuillage, pour la coloration et la qualité il faut tailler en vert, à partir du 10 août il fallait tailler les branches de l’année, qui étaient dessus, qui faisaient de l’ombre, sans trop en enlever …

… Mon père plantait 4 (sur le rang) sur 5 (entre les rangs) mais ce n’était pas suffi sant pour l’A3, il fallait au moins 5 sur 5, tous les vergers que j’ai fait après, j’ai fait 5 sur 5 même avec les américaines, moins vigoureuses, on arrivait aux mêmes tonnages, 30-40 T / ha, avec l’Arnaud 3 on arrivait à 40 T.

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Entretien avec Robert Arnaud (réalisé le 6 avril chez lui à Epinouze), extraits. 23

Robert Arnaud, un arboriculteur dans le siècle.

Cette taille en vert que décrivait M. Arnaud, vous la retrouverez dans la brochure de compte rendu que nous allons faire par la suite et que vous recevrez ( j’en profi te pour le rappe-ler pour ceux qui ne l’auraient pas fait, laissez nous vos adresses).

Lorsqu’on produit des connaissances il faut les diffuser, les transmettre.

M. Arnaud grand merci pour cette transmission …

… Toujours dans les signes de terre tout à l’heure nous avons parlé des moraines frontales, les glaciers ont laissé quelques traces, quelques tra-ces arrondies qui sont parfois asso-ciées au minéral, le minéral est as-socié à l’animal, nous verrons ca un petit peu plus loin dans les signes de l’eau.

Mais pour l’instant c’est M. Baptiste Rozier qui est convoqué à monter les murs de galets et qui va nous présenter sa passion, son métier de maçon de galets.

L’irrigation, c’est aussi ques-tion d’enracinement, il fal-lait irriguer modérément mais souvent,

les pêchers étaient plantés sur franc “persica sylvestris” tandis que ceux qui mettaient du pêcher comme à Ca-bannes, là-bas c’était de l’alluvion de la Durance, il mettait sur prunier mais l’inconvénient c’est qu’il y avait des re-jets sur le rang. … À Moras mon père, les premiers pêchers qu’il avait plantés

sur prunier, en face les pêchers étaient sur franc, ils ont moins duré”.

Mais à Moras, c’est plus gros terrain, le pêcher franc craint «l’asphyxie racinaire»,il est fait pour le terrain caillouteux, le coin idéal c’était St Rambert, les petits cailloux. En ce moment avec la sharka, il est resté plus de pêchers, à Epinouze aussi, plus qu’en Valloire. …

lait irriguer modérément lait irriguer modérément

pêchers, à Epinouze aussi,

L’irrigation, c’est aussi ques-L’irrigation, c’est aussi ques-

Mais à Moras, c’est plus Mais à Moras, c’est plus

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L’art du maçon de galet : la construction du temps 24

Baptiste ROZIERClaveyson

La construction du temps

L’ART DU MAÇON DE gALET

Bonsoir à tous, moi aussi il me faut mon petit papier, je suis meilleur à monter des murs excusez moi !

Voilà, Baptiste Rozier, artisan du pa-trimoine bâti, fi ls, petit fi ls de maçon installé dans la vallée d’à côté Clavey-son. Comme disait un journaliste je suis tombé dedans quand j’étais petit. Je me présente devant vous pour vous parler ou plutôt vous compter les méri-tes de ces chers cailloux comme on les nomme galets.

Depuis les origines de la construction les galets avaient une grande place dans le Nord de la Drôme car ils sont solides, très faciles à manipuler et on les trouve en quantité dans les champs ;ils n’ont pas besoin de transformation et avec le galet il n’est plus question de transport et des incidences de son coût de trajet.

Aujourd‘hui on aurait tendance à dire que ce sont des matériaux écolo mais pour bâtir une maison avec des pierres sans angles avec nos galets c’est moins rigolo.

Essayez d’empiler des galets arrondis : au mieux on fait un gros tas ou pour les plus malchanceux, ils vous dégrin-golent sur les pieds, c’est pour cela qu’il vous faut beaucoup de patience pour bâtir un mur avec ce matériau.

On commence par la cueillet-te dans les champs, puis vient ensuite le moment le plus important dans la construction : le tri des ga-lets, il faut les choisir selon leur dimension et surtout leur forme : allongé pour maçonner à plat, en forme d’assiette pour créer un ap-pareillage en forme d’épi. pareillage en forme d’épi.

On commence par la cueillet-On commence par la cueillet-

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Ce travail préparatoire réa-lisé, on peut alors bâtir le mur non sans avoir à faire les fondations préalables. Tout travail de maçonnerie de galet commence par une chaîne d’angle en brique dans un terrain argileux ou en pierre de taille. Puis on implante les cor-deaux : 2 fi ls placés l’un au dessus de l’autre reliant les 2 chaînes d’angles. Ceci va nous permettre de dégau-chir le bout du galet.

L’art du maçon de galet : la construction du temps 25

Ce travail préparatoire réa-Ce travail préparatoire réa-

nous permettre de dégau-nous permettre de dégau-

Page 26: Actes Entretiens du Terroir

En parallèle on prépare le mortier de pose : une gâ-chée avec du sable de rivière et de la chaux hydraulique naturelle, pour maçonner les galets il faut une plasti-cité bien ferme du mortier, car c’est un matériau très lourd et qui n’absorbe que de très peu le mortier. C’est pour cela que l’on distin-gue très bien les boudins de mortiers. De plus la ma-çonnerie de galet nécessite une importante quantité de mortier, les galets sont po-sés sur une épaisse semelle de mortier en laissant la tête des galets apparente. Pour assurer la tenue du galet en parement, un ruban supé-rieur de mortier est écrasé à la truelle, il permet l’ajus-tage et est renforcé lors de la pose du rang suivant.Pour la fi nition, les joints sont raclés à fl eurs à l’aide d’une truelle pour ne laisser apparaître que les têtes.

Où trouve t-on des maçonneries de galets ? Le galet est employé dans l’antiquité pour les constructions et à partir du moyen âge dans les édifi ces tels que les églises, chapelles ou cou-vent et autres prieurés mais la princi-pale utilisation reste rurale : fermes, bâtisses, granges, murs et est grande-ment liés à notre terroir du nord de la Drôme.

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Baptiste merci !

Vous avez vu apparaître les galets en forme d’épis ou on dit parfois en arête de poisson, vous voyez qu’entre la terre et l’eau il y a quand même un rapport perma-nent, qui a traversé les siècles.

...entre la terre et l’eau nous allons passer par le feu … le feu … le feu de la passion ce sont toutes les personnes qui sont intéressées par un métier pour transformer, pour construire, mais pour certains on peut les associer plus directement au feu, au feu du soleil par exem-ple comme peut l’être le vigneron qui produit son vin entre terre et ciel.

Donc je convoque sous le cosmos Jean Delobre, vigneron à Bogy et vous savez Bogy c’est pas bien loin, c’est juste de l’autre côté du Rhône, comme si le Rhône, ce fl euve nord-sud, se mariait à un est-ouest entre Drôme et Ardèche pour couvrir toutes les orientations du monde …

Jean Delobre, vignerond’une truelle pour ne laisser d’une truelle pour ne laisser apparaître que les têtes.

En parallèle on prépare le En parallèle on prépare le

Drôme.

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IISIgNES DE FEU

Page 28: Actes Entretiens du Terroir

L’art du vigneron : Le vin entre terre et ciel 28

Rêveries sur la notion de terroir

Le vin entre ciel et terre

L’ART DU VIgNERON

Associer un vigneron à des Entretiens sur le terroir sera pour beaucoup une évidence tant le monde du vin commu-nique sur ce terme et se l’est approprié. Personnellement je suis de plus en plus sceptique sur cette association. Bien sur je m’émerveille devant nos coteaux prestigieux d’architecture paysanne et véritables témoins de cette notion de terroir, mais quand je découvre que la viticulture « moderne » est la première consommatrice de produits chimiques de synthèse, la référence permanente du vin au terroir me laisse un gout amer… Quand je découvre la défi nition du « terroir » proposée par « Terroir et Culture » le scepticisme devient profond questionnement ! C’est donc ce questionnement que je souhaite partager avec vous. Sans la moindre valeur scientifi que, juste une réfl exion.

Oui, en tant que vigneron, je suis tou-jours émerveillé devant ces coteaux chargés de ceps, puis de grappes ; par ces murettes… Et toujours la même question : Pourquoi ? Pourquoi ce travail titanesque ? Alors je me laisse aller à imaginer ce que c’était au com-

mencement, loin des notions de ren-tabilité, de productivité, d’économie de gestion, de chiffre d’affaire. Mais plutôt alors un développement local, une organisation collective, un esprit collectif même, laissant à chacun et chaque chose trouver sa place : là le maïs, le blé, le paysan ; là l’herbe, les vaches, les chèvres, l’éleveur ; là les lé-gumes, le maraicher ; là les pêchers, les poiriers, les abricotiers, l’arboricul-teur ; ici l’argile et le potier, les carriè-res de pierres ou de sable, l’artisan, le commerçant…

Et le sang des hommes qui a tant be-soin du sang de la terre, et le vin qui sait si bien élever l’esprit a naturelle-ment, ou par défaut, trouvé sa place sur ces coteaux verticaux.

Tout n’a surement pas du être idyllique dans la mise en pla-ce de ce décor, et les choses se sont sans doute bien com-pliquées quand, petit à pe-tit, l’économie et la réussite ont pris le dessus sur l’Esprit de groupe, jusqu’à bousculer cette harmonie locale, jusqu’à bousculer l’ordre du monde même.

Alors était-ce là une évolution du mi-lieu, du terroir, une nouvelle adapta-tion ? Ou bien au contraire, un éclate-ment, une désorganisation ?

bousculer l’ordre du monde

Tout n’a surement pas du être Tout n’a surement pas du être

jean DELOBREVigneron à Bogy

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L’art du vigneron : Le vin entre terre et ciel 29

Les fondements de l’agriculture biody-namique ont été énoncés pour la pre-mière fois en 1924 par Rudolf Steiner à la demande d’agriculteurs polonais pour répondre à des problématiques de production.

En effet ce fi ls de pasteur autrichien considéré comme un penseur original, voire inspiré pour certains, n’avait de cesse de réconcilier, chez l’homme, ses aspirations spirituelles et terriennes.

Fondateur de l’Anthroposophie ou« Sagesse de l’Homme », il avait déjà beaucoup travaillé sur des sujets com-me la santé, l’éducation, l’architec-ture… Là il s’attaquait aux problèmes de l’agriculture a travers sa vision per-sonnelle des choses dans un cycle de conférences appelées : « Le cours aux agriculteurs, ou les fondements spiri-tuels de la biodynamie ».

Pour lui, la ferme devait être un orga-nisme agricole très autonome et diver-sifi é, la vache comme un animal sacré de par ce qu’elle peut donner pour nourrir l’homme mais aussi pour nour-rir le sol, et enfi n, comme il l’avait déjà développé pour la santé humaine, le soin aux animaux et aux plantes devait se faire avec l’aide des plantes ou des minéraux naturels en fonction de qua-

lités propres : chercher ce que la natu-re met à notre disposition pour contrer ou atténuer les effets négatifs d’un ou plusieurs facteurs de production ; ou, à l’inverse, dynamiser le développement d’une culture avec notamment une approche d’ordre énergétique.Bref nous sommes bien loin de l’ap-proche scientiste et technologique de l’agriculture…Fi donc des perfusions de tout poil ap-portées aux cultures.Fi des équations du type : Humidité + chaleur + contaminations primaires = Mildiou.

Mais plutôt : Quelles prati-ques pour un développe-ment harmonieux de mes cultures, de mes animaux ; pour mon développement propre, pour celui de mes clients, par une alimenta-tion saine, énergétique, vi-talisant…

Concrètement : La bonne culture au bon endroit, sur un sol vivant et vivifi é.

Vivifi é par l’utilisation du compost, des préparations biodynamiques (à base de bouse de vache par exemple), vivifi é par des interventions opportunes.Et des soins naturels aux cultures grâce aux propriétés propres de quelques plantes complices :- l’ortie pour stimuler la croissance, parce que c’est dans l’esprit de l’ortie que ce lien à l’azote, au fer.- la prêle des champs pour atténuer le mildiou et les champignons, parce que c’est dans son esprit que de contrer les effets de la lune et ses forces d’eau (nous l’utiliserons donc quand la lune se situe au plus prés de la terre).- la valériane, et sa douceur et sa cha-leur enveloppante sera précieuse en période de gel.- l’argile viendra cicatriser les plaies de la grêle.- la silice, une fois chargée des forces estivales et dynamisée apportera lu-mière et chaleur pour un effet de crois-sance et d’accumulation des sucres…

C’est donc dans cette consi-dération de l’essence des pa-rasites et des qualités intrin-sèques de certaines plantes que la biodynamie prend sa dimension spirituelle, avec toujours une vision globale plutôt qu’un regard frac-tionné.

culture au bon endroit, sur culture au bon endroit, sur plutôt qu’un regard frac-plutôt qu’un regard frac-

C’est donc dans cette consi-C’est donc dans cette consi-

La biodynamie… de la tradition à la modernité

Page 30: Actes Entretiens du Terroir

L’art du vigneron : Le vin entre terre et ciel 30

Et le terroir dans tout ça ?

Au sein de cet organisme agricole, l’autonomie remplace vite et bien tout intrant extérieur de fertilisant et le lien de la culture au sol est donc total, l’homme retrouve sa place d’acteur et de décideur, avec des pratiques adap-tées au contexte local.

Ainsi la biodynamie se révèle être une démarche qui redonne à la notion de terroir agricole toute sa splendeur !

Cependant, dans les faits, la réalisation individuelle de cet organisme agricole n’est pas toujours facile, ni même tou-jours possible. Elle peut ne pas être judicieuse avec la structure de la ferme : pas facile de faire de l’élevage en plein coteau de St-Joseph ! Doit-on tout abandonner pour autant ? Surement pas !

De par ses fondements,l’originalité de sa démar-che, sa vision globale et son ouverture sur le Monde, l’agriculture biodynamique peut aussi être une alterna-tive de réfl exion pour orga-niser des complémentarités entre productions et produc-teurs, pour que chacun se sente bien à sa place, pour associer les consommateurs, et ainsi redonner sa splen-deur au terroir social et hu-main pour redécouvrir une véritable conscience collec-tive.

De par ses fondements,

véritable conscience collec-véritable conscience collec-

Et on est bien entre la lumière et la matière qu’étudient beaucoup les physiciens et aussi entre la matière et l’esprit et au fond est ce que l’es-prit du vin peut se retrouver dans le tonneau ?

C’est une question que nous pou-vons poser à Guillaume Lacroix et Claude Desrieux qui vont vous présenter leurs savoir faire de ton-neliers…

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L’art du tonnelier : De la fûtaie au fût 31

Bonsoir,

Un petit peu de bois pour vous mon-trer ce que l’on utilise en tonnellerie. Nous représentons la tonnellerie de Moras en Valloire. Mon compagnon Guillaume, vous parlera de la fabrica-tion des tonneaux proprement dite et je vais vous parler du bois que l’on uti-lise pour faire ces tonneaux.

Revenons un peu en arrière : vous savez tous que les tonneaux ont été inventés il y a longtemps ; certains l’attribuent aux Gaulois dans les années 200 à 300 avant notre ère, d’autres l’attribuent aux Etrusques dans les années 500 à 600 de notre ère. Cette origine là est peut être plus acceptable dans la me-sure où ce sont les Etrusques qui ont enseigné aux Gaulois l’art de faire du vin et vraisemblablement ils ont aussi enseigné aux Gaulois l’art de faire des tonneaux.

Mais les tonneaux à cette époque là étaient fait dans des essences de bois variées

puisque les tonneaux servaient à diffé-rentes utilisations aussi bien pour tenir des solides que des liquides, ca servait pour de la farine, des poissons séchés, pour toutes sortes de choses et bien sûr aussi pour du vin. Les tonneaux à cette époque étaient faits souvent avec des bois résineux, des peupliers. Si une tonnellerie a per-duré à Moras en Valloire c’est essentiel-lement grâce au châtaignier dont nous sommes ici extrêmement riches que l’on appelle le châtaignier sauvage du Dauphiné. C’est un bois absolument exceptionnel, il est certainement sous valorisé et sous estimé. Il y a eu une ac-tion Leader+ (action d’un programme de l’Union Européenne) sur les châtai-gniers des Chambarans mais il y a cer-tainement des choses à trouver pour valoriser au mieux ces châtaigniers. Donc ce châtaignier a été utilisé par ma famille essentiellement pour faire des tonneaux et des bacs à plantes ensuite. Mais aujourd’hui 99% des fûts qui ser-vent à l’élevage des vins ou des alco-ols sont faits en chêne. L’élevage des vins et alcools est fait en chêne, pas du chêne de la région d’ici qui pousse un peu trop rapidement, les terrains sont riches. La croissance de ces arbres est trop importante pour être utilisée en tonnellerie donc les bois utilisés pro-viennent essentiellement de forêts et de futaies au nord de la Loire on trouve les bassins sur le Limousin l’Allier, la Nièvre, la Bourgogne, les chênes du Morvan, des Vosges, du Bassin parisien : la forêt de Fontainebleau par exemple.

L’ART DU TONNELIER

Claude DESRIEUX Tonnelier à Moras en Valloire

Mais les tonneaux à cette Mais les tonneaux à cette

des essences de bois variéesdes essences de bois variées

de la fûtaie au fût

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L’art du tonnelier : De la fûtaie au fût 32

Ces chênes poussent essentiellement sur des sols pauvres, ce qui permet aux arbres de pousser lentement et de s’étirer dans des futaies gérées par l’ONF (Offi ce National des Forêts), ex-trêmement bien gérées bien sûr. Ces arbres, ces sujets, sont choisis par les techniciens de l’ONF et ils sont quelque part « coucounés » et protégés en fai-sant des taillis sous futaies même avec d’autres essences de bois qui ne pré-senteraient pas les qualités suffi santes pour être étirées. Dans ces futaies la lu-mière manque, les bois sont obligés de s’allonger et c’est ainsi que nous avons des arbres de tout premier ordre.

Les chênes français sont connus et re-connus comme étant les plus beaux d’Europe et même du monde puisque l’on trouve bien du chêne américain mais il n’a pas les mêmes propriétés. Là je vous parlerai seulement du chêne français.

Pour vous montrer comment utiliser ce chêne, je vous ai apporté ce morceau de bois que nous en tonnellerie on appelle une « douelle ». Ce bois là a été fendu, on appelle ça du « merrain », il est fait par des merrandiers : ce sont des gens qui ne font que ça et qui ne travaillent que pour des tonneliers et qui fendent le bois dans le sens, le fi l du bois. Souvent j’ai des amis qui viennent et qui regardent les piles de bois chez moi et qui disent : « Dis donc t’achètes le bois au rabais toi il est tout tordu ! ».

Effectivement, comme vous pouvez le voir, bon je l’ai choisie, celle là est effectivement très tordue. Par contre ce bois vaut deux à trois fois plus cher que s’il était bien droit parce qu’il a été fendu dans le fi l du bois, ce qui pré-sente 2 avantages : d’une part on li-mite les risques de casse au moment du cintrage quand on va plier le boi. Une douelle pliée comme ça, on va la mettre dans le bon sens on va pas s’amuser à la mettre à l’envers .

L’autre avantage est que la fi bre étant respectée de haut en bas, le vin ne va pas fuir et passer à travers.

Si l’arbre qui était courbe avait été scié, la fi bre du bois aurait été traversée et aurait laissé le vin ou l’alcool à travers. Quand bien même il n’y aurait pas de fuite il y aurait de toute façon une oxy-dation trop importante, c’était la raison pour laquelle on l’utilise comme ça. Ce bois, on le trouve en France princi-palement selon 2 axes puisqu’on a 2 essences de bois particulières. Si l’on partage la France du Nord au Sud, nous avons sur la partie Ouest du bois qui a été colonisé après la dernière glaciation par ce que l’on appelle la « voie ibérique ». Cette colonisation, ce peuplement s’est fait dans ce sens là et est venu peupler l’Ouest de la France et est monté jusqu’aux Iles britanni-ques. C’est un chêne essentiellement

pédonculé. Maintenant il y a eu une autre voie depuis la dernière glacia-tion, une voie qui est partie de Sicile et d’Italie des Calabres ou des Pouilles et qui est remonté ici et qui a peuplé l’Est de la France puis qui est remonté un peu vers les pays Nordiques, c’est la « voie italique ». Cette voie-là est essentiellement avec du chêne rouvre qui est une de ces 2 essences de bois utilisées en tonnellerie : le chêne pé-donculé et le chêne rouvre. Il y a en-core une autre voie qui est partie des Balkans et qui est remontée ici. Elle a peuplé ce que l’on appelle le bois de Slavonie et qui est venu un peu sur l’Est de la France mais qui a aussi peuplé les pays de l’Europe centrale et orientale. Nous trouvons ainsi de très beau bois en Ukraine, en Biélorussie, en Russie et en particulier dans le Caucase.

Ces deux bois ont des carac-téristiques différentes selon la voie ibérique et la voie Italique.

Les bois venant de la voie Ibérique sont considérés comme ayant un petit peu plus de caractère c’est-à-dire des bois avec un tanin un peu plus présent, des bois qui vont s’adresser à des vins plus structurés. Les bois venant de la partie Italique c’est-à-dire chênes rou-vres sont avec des tannins un peu plus doux, un peu plus soyeux. Donc en

L’autre avantage est que la fi bre étant respectée de L’autre avantage est que la fi bre étant respectée de

Ces deux bois ont des carac-Ces deux bois ont des carac-

haut en bas, le vin ne va pas haut en bas, le vin ne va pas fuir et passer à travers.

la voie ibérique et la voie la voie ibérique et la voie

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L’art du tonnelier : De la fûtaie au fût 33

partant de cette réfl exion là dans la Tonnellerie Vallaurine qui est mainte-nant la nouvelle entité à Moras en Val-loire, Vallaurine venant de Vallis Aurea bien sur et bien nous sommes partis de ce constat là pour déterminer là où l’on allait mettre les fûts. Or dans la vallée du Rhône, notre ami Jean (Jean DELOBRE, vigneron, ndlr) nous en a parlé tout à l’heure, nous nous aperce-vons essentiellement dans les Côtes du Rhône septentrionaux que nous avons. Nous avons une différence aromati-que, différence dans les vins rive droite : Côte rotie, St Joseph, Cornas et sur la rive gauche : Crozes Hermitage et Her-mitage. Pourtant nous avons le même cépage pour le rouge sur la rive droite et sur la rive gauche. D’un côté les Côte rôtie, les St Joseph vous connaissez le relief beaucoup plus abrupt, une exposition haut le vent et des vins qui sont très structurés qui ont beaucoup de matière que je qualifi e-rais de plus masculin. Sur la rive gauche au contraire, la val-lée du Rhône s’élargit à Tain l’Hermita-ge, l’exposition est au couchant, c’est toujours de la Syrah mais les sols sont un peu différents, il y a peut être un peu plus de calcaire et là on va avoir des vins qui vont être plus sur le fruit qui vont être plus sur ce côté que je qualifi erais de féminin. Et bien nous avons décidé de créer un fût rive droite et un fût rive gauche. Donc un fût rive droite avec cette population ibérique qui va s’adresser à ce type de vin avec

beaucoup de matière et beaucoup de structure et un fût rive gauche qui va s’adresser justement à des vins un peu moins structurés et qui vont êtres plus aromatiques et plus fruités. Donc bien sur il peut y avoir des interactions entre les deux. Enfi n voilà c’est une présentation un peu sommaire de la manière dont on a organisé les choses aujourd’hui par rapport au bois.

Il faut bien savoir que le ton-neau aujourd’hui n’est plus considéré comme un lieu de stockage uniquement mais bien comme un outil d’éle-vage, un outil de maturation des vins dans les tonneaux et le bois apporte évidemment des arômes particuliers que certains aiment et d’autres moins mais quand il est uti-lisé intelligemment il va ve-nir souligner les capacité du vin et non les cacher.

C’est pour cela qu’il ne faudra pas sur un vin très souple et très gouleyant mettre un fût rive droite de manière intempestive à 100% qui va passer par-dessus le vin et qui va cacher le vin. Ce n’est pas le but de la tonnellerie de faire ça.

Le but de la tonnellerie c’est d’être au service du vin, au service des viticulteurs, de leur apporter un outil avec lequel ils vont pouvoir souligner les caractères propres au vin.

Quelque part on a bien réussi l’élevage sous bois d’un vin quand on est inca-pable de dire s’il est passé ou pas dans le fût.Donc ça passe par des fûts neufs ,d’un an, deux ans, par des assemblages avec du vin qui est resté en fût ou des cho-ses comme ça. Maintenant cet apport aromatique est fait par l’essence et l’origine du bois. Il est fait également et en grande partie par la fabrication elle-même selon le degré de chauffe des fûts selon la manière dont on l’aura travaillé, comment on aura fait sécher le bois aussi. On va encore apporter des notes différentes dans cet apport boisé dans le vin et c’est pour ça que je vais laisser la parole à Guillaume qui est le nouveau responsable de produc-tion de l’atelier de tonnellerie. Il a fait son tour de France, il est extrêmement compétent pour vous parler de la fa-brication des tonneaux.

La genèse du tonneau, la genèse du vin…

Il faut bien savoir que le ton-Il faut bien savoir que le ton-

Le but de la tonnellerie c’est d’être au service du vin, au Le but de la tonnellerie c’est d’être au service du vin, au

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Quelque part on a bien réussi l’élevage

caractères propres au vin.

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La genèse du tonneau, La genèse du tonneau, la genèse du vin… la genèse du vin…

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L’art du tonnelier : De la fûtaie au fût 34

Bonsoir tout le monde,

La tonnellerie c’est une présentation du bois et comment l’arbre pousse et des caractéristiques régionales on va dire.

Je vais vous parler plus précisément de la fabrication. Vous pouvez suivre en même temps le diaporama.

Les douelles sont parfois cintrées on a tout un travail. Maintenant en compa-raison avec le début du siècle, on s’est équipé de machines qui permettent de travailler le bois , ce qui nous fait ga-gner du temps et de la pénibilité mais il reste toujours un savoir faire qui reste nécessaire et qui n’est pas remplaçable encore par la machine.

Il y a tout le travail du bois... là vous voyez, le bois est brut, on a une plan-che. On va évider les planches douel-les et les jointer pour leur donner leur forme, on va ensuite les monter pour obtenir un tonneau mais vous voyez il n’est pas fermé on a tout un travail de chauffe où l’on va devoir cintrer le tonneau.

Une fois que l’on a cintré le tonneau il y a une partie très importante pendant cette chauffe, et les vignerons en sont très conscients, c’est le temps que l’on va pren-dre pour torréfi er le bois et ce temps, en fonction de la durée, va donner différents arômes ...

C’est donc après en fonction du client, du vigneron que l’on va choisir les temps de chauffe, ils vont varier pour atteindre même une heure parfois et l’on va brunir le bois. En fait c’est cet effet de chaleur qui va dégrader le composant du bois et transformer la lignine en composés aromatiques. Donc si l’on fait une chauffe légère qui va durer une demi-heure on va avoir un boisé très marqué puisqu’on va dégrader très peu de matière et on va avoir vraiment un arôme de bois très important. Une chauffe moyenne celle que l’on va faire le plus souvent puis-que c’est celle qui correspond le mieux au vin on va dégrader donc ses com-posants en matière vanillée, en goût d’amande grillée et des aromes très légers. Des chauffes fortes qui vont durer 1h avec des feux importants, là on va obtenir des arômes épicés, fu-més. Suivant les régions, suivant le vin,

guillaume LACROIXTonnelier

Une fois que l’on a cintré le Une fois que l’on a cintré le

durée, va donner différents durée, va donner différents

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L’art du tonnelier : De la fûtaie au fût 35

suivant les cépages, nous tonneliers auront le devoir de conseiller, de dialo-guer avec le vigneron pour déterminer ce qui sera l’idéal pour son vin suivant les régions et les terroirs comme on a pu le voir avec Claude, on ne va pas prendre les mêmes temps de chauffe. Ca c’est le gros de notre travail, c’est vraiment la chauffe. C’est pareil pen-dant cette chauffe si on ne mène pas bien nos feux, on va avoir des défauts qui peuvent être créés, c’est vraiment une attention, on passe du temps à la chauffe, on en prend soin et c’est vrai-ment quelque chose…

D’ailleurs on est bien content dans nos ateliers quand on chauffe parce que par mo-ment on pourrait presque se croire dans une boulangerie : on a des arômes de pains grillés… Arrivé à 10-11h ça nous donne bien faim d’ailleurs hein…

Voila pour la chauffe, ensuite vous al-lez voir on a tout un travail, puisque c’est pas le tout d’avoir chauffé notre tonneau, il va falloir qu’on le rende étanche maintenant. Donc on va pré-parer les extrémités, on va faire nos fonds et puis on va poser nos fonds. Aussi il faut être attentif, il faut que le bois soit bien choisi, tout au long de notre fabrication on va être attentif au fi l du bois, aux défauts qu’il peut y

avoir pour être sûr de ne pas avoir de problèmes d’étanchéité derrière. Donc ça c’est pour la tonnellerie, ensuite le métier de tonnelier n’est pas exclusive-ment consacré aux tonneaux comme vous voyez celui là.

On va faire d’autres conte-nants beaucoup plus impor-tants qui vont être des cuves et des foudres, c’est un mé-tier que l’on n’appelle plus vraiment de la tonnellerie, on appelle ça de la foudre-rie, c’est le même principe on va dire mais avec des techni-ques un peu différentes.

Donc on va monter les tonneaux, ça c’est une cuve qui devait faire environ 60 hectos, on a le même principe, on va monter nos douelles et il va falloir aussi qu’on chauffe, moins pour don-ner des arômes mais plus pour que les douelles se collent les unes aux autres et qu’on ait une bonne étanchéité. Avec le même principe on va faire nos fonds, les assembler et on obtient une cuve fi nie comme vous pouvez le voir.

Ça c’est un travail. Après, dans la fou-drerie il y en a un autre que vous avez dû voir dans la région puisque c’est pas mal utilisé dans la vallée du Rhône,

c’est le foudre et le foudre en fait c’est un gros tonneau mais un très gros tonneau

C’est le même principe que la tonnel-lerie, mais là, c’est la manutention qui est différente, le travail est différent mais on a quand même cette période de chauffe. Le feu est très important, sans le feu, on ne sait pas faire…. Voilà, là on est en train de poser un fond de foudre, on arrive à un foudre terminé posé sur un socle, qui va faire très joli dans une cave et qui va bien sur faire un vin qui sera succulent. D’ailleurs on va en goûter un tout à l’heure qui va être fort agréable.

Voilà pour le métier de la tonnellerie et puis après il y a des travaux qui sont beaucoup plus…

On va dire que c’est l’amour du métier quoi, c’est quelque chose qui est très peu venda-ble puisqu’il faut y passer du temps, souvent c’est l’amour du métier qui fait faire réali-ser ces pièces là.

D’ailleurs on est bien content dans nos ateliers quand on D’ailleurs on est bien content dans nos ateliers quand on

On va faire d’autres conte-On va faire d’autres conte-

On va dire que c’est l’amour du métier quoi, c’est quelque On va dire que c’est l’amour du métier quoi, c’est quelque

ça nous donne bien faim ça nous donne bien faim

rie, c’est le même principe on va dire mais avec des techni-rie, c’est le même principe on va dire mais avec des techni-ques un peu différentes.

mais un très gros tonneaumais un très gros tonneau

c’est le foudre et le foudre en fait c’est un gros tonneau

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Voilà, voilà en gros ce qu’est le métier de la tonnellerie et j’espère que ça a pu vous permettre de vous rendre compte un petit peu plus de ce qu’était notre métier.

Merci

L’art du tonnelier : De la fûtaie au fût 36

Voila nous étions bien sous le signe du feu et je n’avais jamais pensé qu’existait la foudrerie. Les coups de foudre nous voyons bien qu’ils sont sujets à des fabrications fort intéres-santes avec, ici, l’intrication entre le travail du bois et sa qualité…

… l’intéraction entre le vin et le bois …

… Nous sommes fabriqués par les échanges que nous avons les uns avec les autres. C’est un peu le sens des savoir faire et du terroir.

Nous allons maintenant changer, ap-paremment, de registre, de mode de savoir faire.

Quel est l’art du chercheur ? La ra-cine du mot est circare qui a donné le cercle, la circonférence. Certains pourraient croire qu’un chercheur ne fait que tourner en rond et par-fois on dit au chercheur : « mais que trouvez-vous, vous qui cherchez ? » … mais bien orgueilleux celui qui peut dire : « je cherche et toujours je trouve ».…

… Alain Nicolas,anthropologue chercheur…

Voilà, voilà en gros ce qu’est le métier de la tonnellerie et j’espère que ça a pu vous permettre de vous rendre compte un petit peu plus de ce qu’était notre

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L’art du chercheur : L’histoire des hommes, travail de mémoire 37

L’Histoire des hommes, travail de mémoire

L’ART DU CHERCHEUR

Bonsoir et merci aux organisateurs d’avoir pensé à organiser ce genre de manifestation.

Ce que j’ai entendu des savoir faire de ceux qui m’ont précédé intéresse beaucoup l’anthropologie et l’archéo-logie. Je suis à la fois archéologue et anthropologue, venant de prendre ma retraite de conservateur en chef du patrimoine, j’ai dirigé plusieurs mu-sées de diverses sortes. Le hasard, s’il existe, a fait que je me suis remis à l’ar-chéologie. Cela dit, pour me situer un peu, il y a une diffi culté à chaque fois dans les sciences humaines pour défi nir des concepts comme celui de «culture» par exemple, terme très vaste et fl ou.

L’anthropologie est une disci-pline pluridisciplinaire c’est-à-dire qui regroupe plusieurs disciplines et notamment l’ar-chéologie, la linguistique, l’an-thropologie physique, l’ethno-graphie et, plus récemment, bien d’autres savoir faire de scientifi ques.

L’anthropologue travaille sur les gens, sur le vivant. L’archéologie est avant tout une technique, c’est la technique qui donne accès aux traces laissées par les gens d’un lieu, d’un territoire, dans un passé plus ou moins lointain. L’ar-chéologue sait faire beaucoup de cho-ses et je vais revenir là-dessus, parce que le vivant change tout le temps sinon il ne serait pas vivant. L’anthro-pologue va ainsi remettre souvent en cause ses conclusions, en même temps que change le vivant qu’il a étudié, alors que l’archéologue travaille sur le mort qui ne change donc plus. Je dirai pour faire vite que les découvertes en archéologie sont plus défi nitives qu’en anthropologie.

Un territoire, un terroir c’est avant tout une géographie. D’où l’importance en archéologie de l’étude des lieux, de l’hydrographie, du relief, du climat et bien sûr de la géographie humaine : le peuplement à l’intérieur de limites topographiques.L’approche de l’idée archéologique de terroir démarre donc sur une géogra-phie accompagnée de géologie, puis sur le temps un peu moins long qui est celui de la préhistoire et puis sur ce temps du passé plus ou moins récent. Il s’agit par conséquent de faire le lien à travers le temps entre la géographie

Alain NICOLASanthropologue

chercheur au Centre de Recherched’Etudes et de Documentation sur l’Océanie

(Marseille)

bien d’autres savoir faire de

L’anthropologie est une disci-L’anthropologie est une disci-

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L’art du chercheur : L’histoire des hommes, travail de mémoire 38

d’un territoire et sa population, si pos-sible actuelle. Pour illustrer cette démarche, une anec-dote. Il y a quelques années, dans un village de Grande Bretagne, s’est passé une histoire plus ou moins policière, si je ne m’abuse, mais les circonstances exactes ne sont pas très importantes, un meurtre disons. Scotland Yard s’est lancée dans une étude ADN de toute la population du village parce que le suspect était forcément un villageois : premier chapitre.

Et, chapitre 2, il y avait en même temps au dessus de ce village, dans une grotte, une fouille archéologique qui concer-nait le paléolithique supérieur, c’est-à-dire un site de gens qui avaient vécu là 25000 ans avant ceux d’aujourd’hui. Tous les habitants du village ont fait l’objet d’un prélèvement de sang, on a analysé leur ADN et, dans le village, il y avait une personne qui avait le même ADN que les ADN du Paléolithique Su-périeur qui avaient été analysés sur les restes humains trouvés dans la grotte au dessus. Cela veut dire que pour au moins un habitant, sauf si celui-ci était parti et revenu et il s’est avéré que ce n’était pas le cas, Il y avait au moins un habitant qui habitait sur ce même terroir depuis 25000 ans...

On peut ainsi supposer, dans le cas de ce village anglais, une permanence du peuplement primaire. C’est une idée intéressante, me semble-t-il, cette per-manence vraisemblable...

Qu’est-ce que les archéolo-gues peuvent documenter de spécifi que à un terroir ? Pas ses limites, ses frontiè-res, son espace, son biotope :l’archéologie n’apporte que des éléments d’évaluation de ce problème.

Par exemple un matériau de construc-tion, en l’occurrence les galets roulés. Aussi bien pour le néolithique à Moras en Valloire et pour l’âge de bronze, la question qui s’est posée c’est de savoir si les gens du néolithique utilisaient déjà les galets roulés comme matériau de construction, et avec quelle tech-nique ? Apparemment oui puisqu’on a retrouvé une petite partie d’une ca-bane du néolithique, il semblerait bien que le galet était utilisé à cette époque mais on sait pas trop comment. On connaît mieux technologiquement les galets utilisés dans les murs celtiques ou gaulois.

La poterie, les archéologues aiment ça! On est capable de faire des typologies extrêmement fi nes. C’est-à-dire qu’à partir d’un vase et même parfois d’un fragment de vase, un archéologue va pouvoir dire : «C’est une poterie qui vient de tel ou tel endroit à une date précise». Savoir faire de potiers : y a-t-il eu transmission des formes des vases à travers les siècles ?

On peut aussi documenter les objets métalliques. On parle d’âge du fer qui est le mieux adapté comme métal par rapport aux autres qui les ont précédés. On peut analyser des outils. Par exem-ple pour l’âge de bronze, on connaît parfaitement les outils comme les fau-cilles, parce que la plaine de la Valloire était déjà à l’époque du néolithique une terre agricole : il y a presque 6000 ans, on cultivait déjà dans la plaine de la Valloire du blé, et on a retrouvé des silex avec des traces de gluten qui s’est fossilisé sur le silex. On a ainsi pu trouver quelle était la variété de blé qui était cultivée il y a 6000 ans. Il y a aussi les faucilles en bronze dont on connaît très bien la typologie. Evidemment, les outils ont évolué, mais les agriculteurs actuels cultivent-ils encore cette varié-té de blé néolithique ? Sans doute pas, pour des raisons de rendement ?...

Une autre chose que les archéologues peuvent documenter et qui touche au territoire : ce sont les rites funéraires. Généralement ce sont des inhuma-tions à Moras au Néolithique. A la fi n de l’âge de bronze, vers - 800, est ar-rivé un nouveau mode opératoire qui est l’incinération. L’incinération dans les urnes que l’on attribue à un peuple dit «des « Champs d’urnes ». Cette ci-vilisation a traversé la France au Bronze Final.

Une des nombreuses questions sans réponse : les 4 villages successifs de Moras, celui du Néolithique, celui de

des éléments d’évaluation

Qu’est-ce que les archéolo-

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l’Age du Bronze, celui du Moyen-Age et l’actuel sont sur la face Nord de la colline depuis toujours. On suppose et déduit plusieurs réponses, évidem-ment, mais cette permanence est mal-gré tout surprenante. Savez-vous pour quelle raison, alors que la face sud de la colline est bien plus accueillante ? On a retrouvé dans nos fouilles des noyaux d’abricots et de pêches, et des intervenants agriculteurs ont parlé de pêchers et d’abricotiers : continuité ? Autres savoir faire, ceux des bûcherons et des bâtisseurs de maisons en bois. Les archéologues ne s’arrêtent évi-demment pas au terroir et cherchent des rapprochement avec d’autres po-pulations, proches et lointaines dans l’espace et dans le temps. Une autre anecdote qui, en fait, est bien loin d’en être une, mais que je vous livre telle quelle aujourd’hui, pendant mes vingt minutes de paroles. La fi n de l’âge de bronze correspond à un abat-tage massif de forêts pour construire des habitations tout en bois et pas seulement en galets ou en torchis. On s’est rendu compte grâce à une étude anglaise que tous les gens de cette époque attendaient les éclipses totales de Lune pour abattre massivement les arbres. On faisait ça dans toute l’Eu-rope. Que reste-t-il de ces savoir faire qui exigeaient de fortes relations avec l’astronomie car il fallait bien sûr pré-dire les éclipses totales de lune ?

Autre chose. Les sociétés d’éleveurs au Néolithique : à Moras on a du mouton,

du bœuf, de la chèvre et du cheval. A l’Age du Bronze aussi.

Il faut dire l’importance ar-chéologique des noms de lieux, ce que l’on appelle la toponymie. Dans le territoi-re de Moras, dans la Valloire, certains noms de lieux sont pré indoeuropéens, c’est-à-dire qu’ils ont au moins 6500 ans.

Dans les noms de lieux de votre ter-roir, il y a les noms d’origine indo-euro-péenne et puis il y a les noms qu’on ne sait pas dater mais que l’on donne comme préceltiques c’est-à-dire grosso modo avant les gaulois. Ensuite il y a tous les noms Gaulois, gallo-romains, médiévaux et bien plus récents qui ar-rivent ensuite. Cet aspect aussi relève de la permanence ou non permanence des liens qui vous relient à ceux qui vous ont précédés : vous vivez avec ces noms au quotidien !Qu’est ce qu’ils mangeaient ces gens là ? Apparemment les morassiens du Néolithique aimaient bien bouffer puis-que nous avons mis au jour un foyer en pierre avec des galets qui servaient pour poser un vase à fond rond dans lequel on faisait mijoter un ragoût que l’on a fait analyser : c’était donc un ra-goût de mouton avec du blé qui cuisait dans un vase.

Pour terminer, je vais conclure sur une note polémique : mes collègues pensent que le terroir de Moras a été abandonné pendant au moins 2700 ans, entre le Néolithique Chasséen (-3700) et la fi n de l’Age du Bronze (vers -800). Cela me semble invrai-semblable et impossible. D’après eux, quand les gens de l’Age du Bronze ar-rivent à Moras, il n’y a personne...

Le terroir serait un désert depuis 2700 ans, à moins que «ces gens-là» n’aient laissé aucune trace visible. Non, je pen-se que certains sont restés en place, probablement des agriculteurs, et que les habitants actuels, du moins peut-être quelques uns et quelques unes, sont les descendants de ces hommes et de ces femmes de l’Age de la Pierre Polie.

Ambiance …On entend dans la salle résonner la son-nerie d’un téléphone portable …

L’archéologie n’est qu’un savoir faire parmi d’autres :elle donne simplement quelques éclairages sur les assises humaines de la pro-blématique passionnante et novatrice que vous menez.

Merci

novatrice que vous menez.

L’archéologie n’est qu’un L’archéologie n’est qu’un

à-dire qu’ils ont au moins à-dire qu’ils ont au moins

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On vient de s’apercevoir que, sur le temps long, la sonnerie du présent était audible, on sent bien que les historiens travaillent sur la mémoire, la mémoire est présente. Elle est à raconter et sur ce territoire on sent comme une respiration, il y a des gens qui viennent, qui mangent du mouton et puis les moutons dis-paraissent et puis il y a même des gens qui disparaissent et vous avez indiqué que l’on nommait les lieux et bien nous nous existons aussi en nommant les lieux où nous habitons. Dans tous les récits de création du monde, on trouve que quelque cho-se existe dès que l’on peut le nom-mer. C’est très important de travailler sur le nom ….

Nous allons entrer dans le fl euve … on ne se baigne jamais dans le même fl euve disait Héraclite, comme si nous changions en même temps que lui … travail de l’eau, travail des hommes, travail du temps … nous entrons en signe d’eau

Sous le signe d’eau nous allons ren-contrer, du cuir au galet, fl uide de l’unité : Sylvain, Laure Mulliez en leurs savoir faire de maroquiniers et dans la foulée pourrait-on dire Fran-çoise, Emilie, André vont nous tres-ser l’art des vanniers.

Les travaux d’Alain NICOLAS sur le site de Moras en Valloire ont fait l’objetd’un article récent de la revue Sciences et Avenir n°757 (mars 2010)

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IIISIgNES D’EAU

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L’art des maroquiniers 42

Du cuir au galet : l’eau, fl uide de l’unité

L’ART DES MAROQUINIERS

Grâce à cette initiative on va essayer de mettre des mots sur nos savoirs alors qu’on fait surtout du « faire ». Tout à l’heure Jacques a parlé de coups de foudre et bien notre entreprise, no-tre histoire a commencé avec un coup de foudre, on était très romantique à l’époque.

Sylvain lui a été formé pen-dant 6 mois avec un sellier de la région de Saumur, la ville du Cadre Noir, la ville du cheval, de l’harnachement, donc il a eu une formation de tradition on va dire et moi j’étais plutôt tourisme, j’avais fait une for-mation en tourisme et une li-cence d’histoire de l’art et puis nous nous sommes installés comme créateurs dans la ré-gion en 1981.

Cet atelier a été construit délibérément à la campagne à Lens Lestang pour ani-mer, créer des emplois loin des centres urbains et des zones industrielles…Dans la mouvance des années 70-80 on pouvait monter son entreprise avec peu de formation, on pouvait vendre sur des marchés ce que l’on créait, on

a fait des expos à Grenoble, à Nîmes, on a même fait la foire du Moyen âge à Moras. Il y avait beaucoup d’artisans créateurs et le public aimait acheter des produits authentiques. Nous avons embauché nos premiers salariés pour répondre à la demande et nous avons construit un atelier de 150 m².

Autodidactes nous nous sommes for-més seuls aux rouages de la petite en-treprise, nous n’avons pas une entre-prise héritée des générations passées, nous avons pu nous organiser comme nous en avions envie. Les choses les plus diffi ciles : les crises, on en a connu, comme ne le chantait pas Bashung« ma petite entreprise a connu des crises et en connaitra encore » pour continuer d’exister elle doit s’adapter à la mondialisation et au fl ux très tendu de la production.

Donc au départ pendant 15 ans nous avons affi rmé no-tre style avec des formes, des couleurs très contemporaines, nous vendions sous la marque « Laure et Sylvain Mulliez » par l’intermédiaire de salons professionnels d’abord à Paris, en Allemagne, en Italie et au japon.

Nous avons développé un réseau de pe-tites boutiques design dans toute l’Eu-rope du Nord, au Japon, en Australie.

Laure et Sylvain MULLIEZmaroquiniers à Lens Lestang

comme créateurs dans la ré-comme créateurs dans la ré-

Sylvain lui a été formé pen-Sylvain lui a été formé pen-

en Allemagne, en Italie et au

Nous avons développé un réseau de pe-

en Allemagne, en Italie et au

Nous avons développé un réseau de pe-

Donc au départ pendant 15 ans nous avons affi rmé no-Donc au départ pendant 15 ans nous avons affi rmé no-

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Nous faisions à peu près à l’époque 2000 sacs par an dont 80% étaient vendus à l’exportation. Les marques connues avec leurs cam-pagnes marketing dans tous les jour-naux qui leur appartiennent d’ailleurs prenaient de plus en plus de place, les produits fait en Chine étaient mieux faits et moins chers. Notre niche de produits design made in France s’est effondrée. Donc nous nous sommes adaptés à cette mondialisation au fl ux très tendu de la production.

Nous travaillons maintenant depuis 10 ans pour une mar-que prestigieuse française. Cu-rieusement nous avons ressor-ti le savoir faire ancestral de la sellerie de Saumur. Ce travail demande beaucoup d’opéra-tions différentes, de manipu-lations, de travail à la main : la coupe, le parage, le collage, l’assemblage, la préparation à la table, la couture main, ma-chine, l’arrêt des points, le fi le-tage, l’astiquage, les tranches, les contrôles qualité etc.. Nous sommes maintenant 15 dans no-tre atelier et chaque personne fait son objet de A à Z, chose très rare dans no-tre société de rentabilité d’abord. Nous travaillons les déchets de notre socié-té carnivore : la peau des animaux :

veaux, vaches, chèvres, agneaux, alli-gators, crocodiles et autruches.

Pour tanner le cuir, c’est pour cela que nous sommes dans la catégorie eau, il faut beaucoup d’eau, de chimie aus-si, beaucoup de transformation pour qu’il devienne agréable au toucher, à l’odeur, à l’œil. En Inde ceux qui travaillent le cuir sont des intouchables, la caste la plus basse puisque la vache est sacrée et pourtant aujourd’hui le travail de la rivière c’est-à-dire le travail de transformation :lavage des peaux, etc… qui est très polluant, est fait dans ces pays à mains d’œuvre pas chère, nous polluons loin de l’Europe.

Nous n’avons pas complète-ment abandonné notre côté création, nous avons réussi à emballer les galets de nos mo-raines : les galets façonnés par l’eau.

Cette idée a plu à notre donneur d’or-dre et nous les emballons dans du cuir avec une couture faite à la mains avec 2 aiguilles. Donc là, nous allions le mi-néral : c’est un objet sensuel, toujours unique puisque la forme du caillou est unique. Pierre qui relie l’humain à la nature, à la Terre, au minéral. Pierre qui porte la trace du temps, de l’éro-sion du travail de l’eau. Alors elle de-vient presse papier ou colliers. Jean

Paul Gautier les a même fait défi ler sur ses mannequins la saison dernière.

Alors l’avenir maintenant on en sait rien. « Notre savoir faire dont nous n’avions même pas conscience a pris de l’épaisseur grâce aux années, grâce aussi à la sous-traitance et grâce aussi à ces Entretiens du terroir… ». L’entreprise est fragile, elle repose sur un seul client qui lui aussi va sans doute être touché par la crise, sur nous deux qui vieillissons. Est-ce qu’une entreprise de main d’œuvre à rendement faible est transmissible ? Beaucoup de questions se posent mais nous verrons bien. Pour le moment nous continuons de faire notre métier avec sérieux mais sans se prendre au sérieux, nous essayons de garder l’humour malgré la complexité des tâches administratives, de donner une impulsion au travail dans une bon-ne ambiance. Nous essayons simple-ment d’apporter de l’humain, du beau et d’être encore des utopistes.

chine, l’arrêt des points, le fi le-tage, l’astiquage, les tranches, chine, l’arrêt des points, le fi le-tage, l’astiquage, les tranches, les contrôles qualité etc..

Nous travaillons maintenant depuis 10 ans pour une mar-que prestigieuse française. Cu-

Nous travaillons maintenant depuis 10 ans pour une mar-que prestigieuse française. Cu-

Cette idée a plu à notre donneur d’or-Cette idée a plu à notre donneur d’or-

Nous n’avons pas complète-ment abandonné notre côté création, nous avons réussi à

Nous n’avons pas complète-ment abandonné notre côté création, nous avons réussi à

Les utopistes ? c’est utopia, être de nulle part … pourtant on sent bien que ces utopistes sont ancrés dans ce lieu … on sent bien que c’est du solide, du solide lié à l’eau et qui cir-cule y compris pour tresser des liens. Tresser l’osier tisser des liens c’est le titre de la présentation des vanniè-res : Françoise Demoulin et Emilie Rouillon.

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Tresser l’osier , tisser des liens

Défi nir ce qu’est la vannerie : c’est le tressage de végétaux en même temps souples et solides pour réaliser une multitude d’objets utilitai-res de notre vie quotidienne ..et aussi actuellement,des objets de décorations ou aménagements de jardins.

Ces végétaux, sous nos latitudes, sont souvent l’osier (famille des saules), la paille, la ronce, le cornouiller, la cléma-tite, la canne de Provence, également le noisetier, et le châtaignier découpé en lamelles. Dans les pays méditerra-néens, ou tropicaux ce peut-être le sparte (alpha), le palmier, le raphia, le rotin et quantité d’autres herbes tro-picales.

La vannerie est un art très ancien. Des témoignages nous sont donnés par des sculptures, peintures…témoignages archéologiques .. vanneries conservées par le sec (Egypte ; ou l’eau ..cités la-custres …)

L’univers de la vannerie est extrême-ment riche et varié à travers le monde ; par les matériaux utilisés, par les tech-niques, et la destination utilitaire des objets. Les réalisations sont liées au mode de vie, à la culture des peuples, aux professions …

Au 19éme siècle, début 20ème la vie do-mestique foisonnait d’objets en van-nerie. A coté de la production familiale (rurale ou citadine) s’est développé une production industrielle, pour servir de nombreuses professions, transporter les produits aussi bien alimentaires, que textiles … Mais le 19éme siècle est passé et actuellement, il est diffi cile de vivre complètement de cette produc-tion ; au demeurant il y a un noyau en-core bien vivant de vanniers dans quel-ques régions de France notamment en Touraine et Haute-Marne où l’on trouve osiériculteurs, coopératives de vannerie.. et vanniers indépendants.Des manifestations, foires ou festivals permettent aux vanniers de France, et d’autres pays de se rencontrer, d’échanger et de porter à la connais-sance du public un artisanat très riche en qualité technique et en créativité. L’Espagne, l’Allemagne, la Belgique … Danemark ont leur grands rendez-vous de la vannerie.Pour ma part c’est ce monde qui m’a passionnée et m’a amenée au fi l des années (depuis 20 ans ) à acquérir ce savoir-faire soit à l’école de vanne-rie (Fayl-Billot en Haute Marne ) soit auprès d’un maître vannier.

Françoise DEMOULINvannière à Moras en Valloire

L’ART DES VANNIERS

aménagements de jardins.

Défi nir ce qu’est la vannerie : Défi nir ce qu’est la vannerie :

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Plus qu’une contemplation du passé ce qui m’intéresse est de faire connaî-tre cet art et de le transmettre pour le passer au futur. C’est ainsi que dans le cadre de l’association intercommu-nale Valloire Loisirs depuis 1990 envi-ron 200 personnes se sont initiées au travail de l’osier et ont réalisé toutes sortes de paniers, corbeilles et autres ouvrages .

C’est une activité qui m’a permis de tisser des liens dans la région et à l’étran-ger.

Pour moi, la vannerie est un grand symbole du lien …. lien entre les vé-gétaux (le tressage rend les végétaux solidaires), liens du végétal à l’animal (les oiseaux et leur nid ), du végétal à l’homme en effet... la réussite d’un ouvrage dépend de la qualité du vé-gétal qui, elle, est liée directement au sol où il vit, au climat ,la réussite dépend aussi de la qualité du travail de l’homme, de son imagination, de sa technique, de son ouverture sur d’autres savoir faire .On voit l’importance qu’il y a de connaî-tre ces liens et de les considérer ...Et cela, certainement dans n’importe quel métier… Mais c’est aussi un lien de l’homme avec lui-même.Faire de la vannerie çà peut être aussi se retrouver soi-même ..

dans la région et à l’étran-

C’est une activité qui m’a C’est une activité qui m’a

Parmi les personnes qui se sont ini-tiées à l’Atelier de vannerie, il y a Emilie qui a poursuivit sa formation à l’Ecole Nationale de vannerie l’an dernier en Haute-Marne. Elle va nous dire comment elle envisage l’avenir avec la vannerie .

se retrouver soi-même ..

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L’art des vanniers 46

Aujourd’hui vannière, je suis avant tout accompagnatrice en montagne et éducatrice à l’environnement et c’est d’ailleurs par ce biais que la vannerie est arrivée à moi.

Ainsi, je travaille depuis plusieurs an-nées avec différents publics à la dé-couverte de l’environnement, à travers diverses thématiques et activités, no-tamment auprès de centres de loisirs, mais aussi de groupes d’individuels ou de familles ainsi que des publics dit sensibles (…).

Une de mes approches envi-ronnementales passe par la découverte des végétaux et de fi l en aiguille, ces végé-taux sont devenus matière et de matière ils sont deve-nus objets.

Aujourd’hui j’encadre : - des sorties découverte de la vannerie sauvage (…) - des initiations au tressage à travers des thématiques environnementales (….).

je souhaite amener la van-nerie dans les écoles au travers d’un programme pédagogique de plusieurs séances partant du végétal et allant jusqu’à une confec-tion en abordant au fur et à mesure les aspects sociaux, culturels, historiques, cultu-raux, biologiques des plan-tes utilisées et des vanne-ries.

La vannerie est un support pédagogi-que riche permettant d’aborder diffé-rents objectifs :

Objectifs de savoir : connaissance de la matière, connaissances environne-mentales, sensibilisation au milieu et aux récoltes responsables et respec-tueuses … Objectifs de savoir faire : techniques, expérience … Objectifs de savoir être : concentration, atten-tion, maîtrise de soi, persévérance, échanges et patience.

Emilie ROUILLONvannière à Sarras

et de matière ils sont deve-et de matière ils sont deve-

tes utilisées et des vanne-tes utilisées et des vanne-

Une de mes approches envi-Une de mes approches envi-

je souhaite amener la van-je souhaite amener la van-

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L’art des vanniers 47

Elle peut offrir une place importante à la création et à l’expression libre. La vannerie permet d’ouvrir sur l’édu-cation à l’environnement mais c’est certainement un outil pédagogique important de l’Education PAR l’Envi-ronnement.

Dans une société de consommation, matérialiste et souvent superfi cielle, elle ramène des valeurs simples à la portée de tous et permet de s’accor-der un moment de répit… La vanne-rie traditionnelle locale est réalisée sur arceaux de châtaigniers et tressée en éclisses d’osier (c’est-à-dire que les brins sont fendus et émincés avant d’être travaillés). C’est un travail très long pour obtenir un travail de qua-lité tel que le réalise Monsieur André Fonbonne, ici à côté.

Cette vannerie était pra-tiquée, de façon plus ou moins soignée, lors des soi-rées d’hiver dans le monde rural pour servir les besoins de la ferme et les besoins domestiques.

Parallèlement à cette vannerie, il exis-tait des vanniers professionnels qui vendaient leurs services pour la réa-lisation de vannerie plus spécifi ques utilisées par d’autres corps de métier : prenons simplement pour exemple la boulangerie…ou les nacelles de mon-tgolfi ères ! C’est alors une vannerie sur montants d’osier et tressée en osier rond, c’est-à-dire entier. Les deux tech-niques ne se concurrençaient pas mais au contraire se complétaient.

Aujourd’hui si la vannerie pratiquée est principale-ment sur montants, nom-bre de petites associations préservent et valorisent le savoir traditionnel local à travers la vannerie sur ar-ceaux.

Quelles que soient les tech-niques utilisées trop nom-breuses pour être citées, l’universalité de la vannerie ouvre sur le monde, elle fait le lien entre les pays et les cultures.

Je reviens d’ailleurs d’un voyage au Ca-meroun où j’ai découvert de nouvelles matières et de nouvelles techniques.

La vannerie fait aussi le lien entre les générations (…), et surtout entre l’Homme et la Nature. Elle permet de créer un lien direct avec la nature et de s’ouvrir sur des pratiques respectueuses de soi, des autres et de notre environnement permettant d’avancer modestement mais sûrement vers un ave-nir plus serein.

de la ferme et les besoins de la ferme et les besoins

travers la vannerie sur ar-travers la vannerie sur ar-

le lien entre les pays et les le lien entre les pays et les

mais sûrement vers un ave-mais sûrement vers un ave-

Cette vannerie était pra-Cette vannerie était pra-

Aujourd’hui si la vannerie pratiquée est principale-Aujourd’hui si la vannerie pratiquée est principale-

Quelles que soient les tech-niques utilisées trop nom-Quelles que soient les tech-niques utilisées trop nom-

La vannerie fait aussi le lien La vannerie fait aussi le lien

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Tresser, tisser, le lien est à inventer et pourtant, il est déjà là … inven-ter n’est-ce pas étymologiquement« faire venir » c’est ce que le savoir faire permet, comme la sage femme qui permet de mettre au monde le bébé qui vient et qui est inventé…

Nous arrivons maintenant dans le quatrième élément, l’air : l’air occu-pe tout l’espace…Le gaz occupe tout l’espace qu’on lui donne. Il était li-quide confi né, concentré, le voilà par effet de température, de pression, le voilà gaz, ses propriétés changent … et nous, changeons-nous dans l’échange ? … L’air, support de notre espace sonore que peut remplir notre parole … et nous parlons, notre langue, maternel-le, perçue au sein même de l’origine modèle notre perception du monde … langues du commerce, langues de la fraternié, langues dominantes, langues dominées. On disait, c’était hier, qu’il y avait des sous langues, des patois, traces d’un monde dé-passé mais …. Mais les patois sont des langues Jean Claude Staville de l’association Horizons va nous le faire entendre intensément….

en territoire du franco-provençal.

Vannerie, Savoir-faire, langue commune des Terroirs du monde

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IVSIgNES D’AIR

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L’art de parler : une langue comme rapport au monde 50

L’ART DE PARLER

En linguistique (et notamment en so-ciolinguistique), le terme « patois » n’est pas usité par les linguistes qui préfèrent user d’appellations plus pré-cises, car le terme « patois » a pris en France, au fi ls des siècles, une conno-tation péjorative dans le cadre d’une hiérarchie entre, d’une part les langues dignes d’être nommées ainsi, et les« parlers locaux et limités » ne pou-vant recevoir la noble appellation de langues.Néanmoins il existe des linguistes sou-vent spécialisés de dialectologie, qui

utilisent le terme « patois » pour dé-signer un parler local. Ainsi Henriette Walter ne condamne pas l’utilisation du terme.Je la cite « Le terme de patois en est arrivé progressivement à évoquer dans l’esprit des gens l’idée trop souvent répétée d’un langage rudimentaire…nous voilà loin de la défi nition des lin-guistes, pour qui un patois est au dé-part l’une des formes prises par le latin parlé dans une région donnée, sans y attacher le moindre jugement de va-leur : un patois, c’est une langue ».

jean Claude STAVILLEassociation Horizons

Bonsoir,Je m’appelle Jean-Claude Staville, j’habite à Anneyron. Je suis ici parce que j’appartiens à la section PATOIS de l’association Horizons d’Anneyron et on m’a demandé de venir vous par-ler justement de ce patois, qui est un symbole même du terroir. Je ne suis pas un grand spécialiste, ni un confé-rencier, mais je suis passionné par cet-te langue qui est avant tout ma langue natale, berceau de tous mes meilleurs souvenirs. J’ai simplement réuni un certain nombre d’informations que je vais vous exposer en toute simplicité

Alors qu’est ce que le PATOIS :on désigne péjorativement par PATOIS, les langues minoritai-res en Belgique, en France, en Italie et en Suisse.

Dans certaines régions du Canada, le même phénomène existe, mais le mot PATOIS est rarement utilisé.Ce sont généralement des parlers ro-mans, relevant de la langue d’oïl, de l’occitan, du franco provençal ou en-core des parlers gallo-italiques. Plus rarement, on a utilisé le mot PATOIS pour les langues bretonne, catalane ou corse, dans le but de les dévaloriser uniquement et sans que les locuteurs de ces langues n’adoptent générale-ment ce terme.

Un terme diversement apprécié en linguistique…

une langue comme rapport au monderes en Belgique, en France, en

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L’art de parler : une langue comme rapport au monde 51

Un peu d’étymologiePatois est un mot qui viendrait de l’an-cien français patoier, signifiant «agi-ter les mains», «gesticuler» puis «se comporter», «manigancer», dérivé de «patte» (au moyen) et du suffixe «oyer». Cette étymologie permet de comprendre en partie la connotation péjorative que comporte ce terme : on patoise quand on n’arrive plus à s’ex-primer que par geste.

La relation entre français et patoisEn France le terme « patois » est dé-valorisant : bien que souvent utilisé par les locuteurs des langues régio-nales eux-mêmes, le terme résulte en France d’une lente aliénation cultu-relle par laquelle les autorités voulu-rent faire croire aux Français parlant une langue autre que le français que leur langue n’en était pas une, qu’elle n’était qu’une déformation locale de la langue française.

Ainsi en 1762 le dictionnaire de l ‘aca-démie française le définit ainsi : « lan-gage rustique, grossier, comme est ce-lui d’un paysan ou du bas peuple ».

Cette présentation est depuis plusieurs décennies dénoncée par la plupart des linguistes. Plusieurs observateurs et chercheurs estiment en effet que la désignation d’un parler en tant que « patois » relève d’une forme de discrimi-nation et non d’une analyse linguistique.

Comme l’écrit Henriette Walter : « il faut donc bien comprendre que non seulement les patois ne sont pas du français déformé mais que le français n’est qu’un patois qui a réussi ».

Historique du patois franco provencalLa langue française a été reconnue of-ficiellement depuis 1539, date de l’édit de Villers-Cotterêts, de François 1er.Jusqu’au 19ème siècle, le français ne fut parlé que par les gens d’église, les seigneurs, donc par les tout-puissants. Les paysannes et les paysans de toutes les régions parlaient leur patois.Celui de notre région s’appelle le fran-co provençal. Ce nom lui fut donné en 1873 par le linguiste italien Graziado Ascoli.Ce patois se parle depuis la plaine du Forez, jusqu’à la Suisse Romande et la vallée d’Aoste en Italie, en passant par les Monts du Lyonnais, la Bresse, une partie du Dauphiné et la Savoie.

Dans le patois il y a l’intime relation entre le mot et la chose…Notre patois est un mélange de mots gaulois, de mots latins, de mots ger-mains et d’autres mots apportés par les envahisseurs. C’est bien pour ces raisons que ce patois est un maillon et un lien entre le passé et le présent. Dans le patois il y a l’intime relation en-tre le mot et la chose, en tenant comp-te du vécu de la personne qui le cause.

Lorsqu’on écoute un patoisant, il faut observer ses gestes et sa mimique. Quelquefois lorsqu’on interroge un vieux paysan, afin de connaître le nom d’un outil ou d’un objet, dont il a perdu le nom, alors il suffit qu’il prenne cet outil en main, pour retrouver de suite le nom qu’il avait entendu prononcer par sa grand-mère ou son grand-père.C’est bien pour ça que l’on peut dire que les paysannes et les paysans par-laient et pensaient en patois. Bien des chercheurs ont parcouru nos campagnes pour comprendre les diffé-rences de prononciations d’un village à un autre. Ils s’adressaient toujours aux paysannes et aux paysans.Ils en déduisaient ceci : « nous nous sommes aperçus qu’une paysanne et un paysan instruits, mais intelligents et à l’esprit vif, sont de bien meilleurs témoins que ceux qui pensent tout sa-voir et qui se prennent pour des som-mités ». Ce patois a près de 2000 ans d’histoire, car son origine remonte à la conquête de la Gaulle par les Romains.

La route autour de laquelle s’est constituée ce patois, est celle qui reliait Rome à Lyon et cette voie se prolon-geait dans le Forez afin de rejoindre les Arvernes (L’Auvergne) et continuer la voie d’Aquitaine.Sur toutes ces voies romaines, s’effec-tuait le passage de l’armée, de l’admi-nistration et surtout du commerce.

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Compte-tenu de la lenteur des trans-ports et des nombreuses haltes indis-pensables, de telles activités et de tels échanges créaient autour de cette voie, une unité économique et sociale. C’est pour cette raison que tous ces gens sé-dentaires ou de passage, créèrent une langue commune qui est notre patois franco provençal. Voilà grosso-modo, l’explication du territoire géographi-que où il est parlé.

Voilà bien pourquoi il est ur-gent d’effectuer un sauve-tage de ce patois qui est un véritable patrimoine cultu-rel.Paradoxalement notre pa-tois qui n’est presque plus parlé, est étudié à la faculté catholique de Lyon, à l’uni-versité Lyon II, à l’université de Saint-Etienne, à l’univer-sité Stendhal à grenoble et à l’université de Neuchâtel en Suisse.

Je suis né en 1954 dans une famille de petits paysans ; lorsque j’étais enfant mes parents se parlaient entre eux, en patois, mais comme ils étaient moder-nes pour l’époque, ils s’adressaient à nous les enfants en français. Ce qui évita, contrairement à d’autres en-

fants, que l’instituteur nous apprenne à parler français quand on a commen-cé l’école.

Chaque village a toujours voulu mar-quer sa différence avec le village voi-sin. C’est ainsi que tel mot est rajouté au parler courant et ainsi avec le déca-lage parfois d’une dizaine de kilomè-tres, la prononciation varie, mais dans la fi nalité tout le monde parle le même patois et bien sûr se comprend.

Les frontières de ce parler franco pro-vençal sont très souples, car lorsqu’une fi lle qui était originaire du territoire où l’on parlait par exemple le langue d’Oc, se mariait et venait habiter avec son mari parlant le franco provençal, et bien ! cette femme importait avec elle des mots qui eux se mariaient avec notre patois.

Selon certaines études, il semblerait que les différen-ces de prononciation ou de terminaison soient infl uen-cées par la nature même du sous-sol. On retrouve ici toute cette notion de terroir qui nous réunit ce soir.

Personnellement je suis né à Beausem-blant, où les terres sont lourdes et gras-ses ; ensuite j’ai vécu dans la région de Saint-Donat où le sol est très souple et composé principalement de sable, et

bien la prononciation y est légèrement différente ; et enfi n je suis venu à An-neyron, où le sous-sol est très caillou-teux, et j’y ai trouvé une prononciation encore un peu différente.

Toujours le terroir qui confi r-me ses origines et sa spécifi -cité, et ancre ses véritables racines jusque dans son pa-tois, sa langue.

Le patois est notre langue mère par la-quelle se transmet de générations en générations, cette sagesse prudente, ce bon sens qui colle au gens de la ter-re, cet humour intraduisible et aussi cette simplicité qui n’a pas d’équiva-lent.

Le patois a été façonné par l’histoire et par les êtres humains. Il permet d’écouter la voix de la terre, dans la-quelle passe toute l’âme paysanne qui exprime ses vibrations et sa sensibilité.

Depuis très longtemps, le patois a permis aux hum-bles de s’exprimer. Il a ryth-mé la vie quotidienne, avec les soins à donner aux gens, aux bêtes et aux cultures.

à l’université de Neuchâtel à l’université de Neuchâtel

Voilà bien pourquoi il est ur-Voilà bien pourquoi il est ur-

toute cette notion de terroir toute cette notion de terroir

Selon certaines études, il semblerait que les différen-Selon certaines études, il semblerait que les différen-

racines jusque dans son pa-racines jusque dans son pa-

Toujours le terroir qui confi r-Toujours le terroir qui confi r-

les soins à donner aux gens, les soins à donner aux gens, aux bêtes et aux cultures.

Depuis très longtemps, le Depuis très longtemps, le

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L’art de parler: une langue comme rapport au monde 53

Certains mots patois ont une nuance et une subtilité qui sont intraduisibles.

Les mots patois expriment aussi les ava-tars ou les joies de la vie quotidienne.Ses intonations sont un écho qui vient de très loin. Chaque génération y a ap-porté à sa façon, sa verve et sa trucu-lence, en s’exprimant dans un langage pittoresque. Voilà bien pourquoi il ne faut pas laisser mourir notre patois franco provençal, et en particulier ce-lui du terroir de la Valloire. Pour parler parfaitement ce patois, il faudrait le pratiquer quotidiennement ; c’est ce que nous essayons de faire dans notre section patois qui fait partie de l’asso-ciation HORIZONS, à Anneyron.

Les jours de la semaine en patois ont une origine très ancienne ; en voici la liste.

Lundi Dilun = jour de la LuneMardi Dimar = jour de MarsMercredi Dimecre = jour de MercureJeudi Dijeu = jour de jupiterVendredi Divendre = jour de vénérationSamedi Dissande = jour du sabbatDimanche Diemanche = jour de la résurrection

Je vous propose maintenant d’enten-dre un peu de ce beau patois de notre terroir ; je vais vous réciter en patois, une petite fable de La Fontaine, à sa-voir « Le corbeau et la renard » que tout le monde connaît. Vous pourrez suivre sur l’écran

Voilà ; j’espère vous avoir éclairé sur cette belle langue de notre terroir, où la plupart d’entre nous puisent leurs origines ; je suis fi er à mon modeste niveau de pouvoir la faire survivre en-core quelque temps ;Merci de votre attention.

GROYE Y LOU RENA

Ina groye, si in’ ôbre percha

Tenié dian son bé in froumôge

Métre Réna, pe l’odeu alicha

Li tin a po pré qu é langôge

« é, bonjou Madaume la groye,

Que vou sieu bravoune, que vou sian juye !

San menti, si vutron ramôge

Se rapourte a vutron plumôge

Vou serio lou fénix du z’eute de que lu boué »

A queu lu meu, la groye se siantan pléne de joua

E preu montro sa béla voua,

U l’ire in large bé é lésse bareulo sa toume

Lou réna l’atrope é li di « Ma bouna daume,

Aprenove que tou fl ateu

Vi u dépan de que l’étié que l’écoute

Que la lesson veu bian ina toume de chiére »

La groye, touta vregougnuze

Jirove, in brison tâ, que la reprendrion pli

une nuance et une subtilité Certains mots patois ont

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Et bonjour madame la grouille….

Qui tenait en son bec un fromage, lequel ?

Nous arrivons peut-être à le savoir pendant ce deuxième temps des chercheurs en leur savoir-faire.

Il y a, parait-il, en France 1000 va-riétés de fromages. Là on a vu qu’il pouvait y avoir 1000 langues qui expriment la diversité et la richesse de notre espace, de notre territoire, je ne sais pas s’il y a 1000 fromages dont Claire Delfosse est la spécialiste, elle n’est pas spécialiste de tous les fromages, serait-elle même arrivée à tous les goûter ? Mais elle est capable d’en parler et, notamment, parler des savoir faire paysans et pas seulement dans l’art des fromages …

… la parole à Claire Delfosse,géographe

Routes d’aujourd’hui ... chemins d’Histoire

Page 55: Actes Entretiens du Terroir

Espaces et histoires des savoir-faire

L’ART DU CHERCHEUR

On sait que le géographe s’interroge sur les liens entre le milieu naturel, les hommes et les sociétés qui y vivent. La géographie c’est aussi l’art de la limite, de la frontière, du découpage. Et quand on parle de terroir, on parle tout de suite de limites.

Mais que sait-on des savoir-faire ? Selon les ethnologues et les anthropo-logues, c’est la part informelle de l’acte technique, ce qui ne s’écrit pas, ce que l’on apprend par apprentissage, les aptitudes, les tours de main, les capa-cités à anticiper le résultat. Les savoir-faire font appel aux différents sens :le toucher, la vue…

Avec ces défi nitions, le géographe est-il compétent pour parler de savoir-faire ? Oui, car le géographe s’intéresse au développement local, à ce qui distingue un territoire et ses hommes. Or, aujourd’hui, on dit que les savoir-faire appartiennent au patri-moine rural ; patrimoine qui contribue à la constitution d’une identité locale et qui peut être mobilisable pour le dé-veloppement local.

Revenons sur la question des limites. Per-sonnellement j’ai essentiellement abordé ce lien entre limite, savoir-faire et terri-toire à travers l’étude des fromages.

En effet, le fromage est souvent pris en exemple pour illustrer la diversité de la France et la personnalité de ses régions. Les différentes techniques de traitement de la matière première que constitue le lait débouchent sur une grande variété de produits et s’organi-sent selon des aires très différenciées.

Les géographes ne pouvaient rester in-différents à une telle distribution spa-tiale. Mais, leur répartition par grandes fa-milles (fromages à pâte molle, froma-ge à pâte, fromage à pâte persillée, pâte pressée cuite, pâte pressée non cuite) ou par taille ne s’explique-t-elle que par les conditions naturelles ou par l’éloignement des marchés de consommation, c’est-à-dire des gran-des villes ?

Ne peut-on faire intervenir aussi des facteurs culturels ? On pourrait ainsi ne pas considérer la simple répartition de types ou de fa-milles, mais voir comment des faits techniques peuvent faire système et ainsi générer ou révéler des limites que l’on peut qualifi er de culturelles. Ainsi, lorsque le fromage entre de plain pied dans l’économie de marché, à la fi n du XIXème siècle, des systèmes de produc-tion fromagers produisent des limites.

Claire DELFOSSEprofesseur de géographie Université Lyon2,

Laboratoire d’Etudes rurales

L’art du chercheur : Espaces et histoires des savoir-faire 55

Page 56: Actes Entretiens du Terroir

L’art du chercheur : Espaces et histoires des savoir-faire 56

En effet, parallèlement aux spécialisa-tions régionales agricoles et à la nais-sance de l’industrie agro-alimentaire, des systèmes de production fromagère conquérants s’affi rment (autour du brie, du camembert, du roquefort et du gruyère). Autour de ces fromages, on va voir apparaître des limites relati-vement fortes.

Je me suis intéressée à un départe-ment où deux systèmes s’étendent et s’affrontent : la Haute - Marne avec la production de brie au Nord et la pro-duction de pâtes pressées cuites au Sud

formant une vraie frontière, une vraie limite et il s’est avéré que cette limite était aussi culturelle.

Elle est liée à l’immigration de fro-magers suisses qui se sont arrêtés à la moitié de la Haute Marne, ils ont contribué à l’extension de l’aire de production des fromages à pâte pres-sées cuite dans ce qu’on appelle l’Est-central, mais il se sont arrêtés, passant par le Jura, la Haute-Saône des pla-teaux, au milieu du département de la Haute-Marne. Là, ils se sont heurtés à l’extension d’un autre système froma-ger celui du brie, ils sont arrivés à une paysagère, architecturale, foncière, et linguistique….

Pourquoi dire que c’est une limite culturelle ? On se rend compte aussi que le fromage produit dans le nord du département dans des entreprises privées, est fait avec du lait issu de va-ches hollandaises, la vache de plaines du Nord. En revanche les fromages à pâte pres-sée cuites sont produits dans des en-treprises coopératives, des petites frui-tières qui peuvent être achetées par des Suisses, le lait est issu de races de vaches bien spécifi que à la fi n du XI-Xème siècle et au début du XXème siècle, des races de type suisse (schwitz aussi appelée brune des Alpes, simmenthal également appelée tâchetée de l’Est).

On a ainsi deux systèmes différents de production de fromages et de savoir-faire. Ceux-ci ne s’imbriquent pas

c’est-à-dire que, soit on est « pate-molliste » (celui qui fait des fromages à pâte molle de type brie), soit on est un« gruyériste » celui qui fait des fro-mages à pâte pressée (gruyère, em-mental). Si un spécialiste du gruyère est embauché dans une usine de brie, c’est pour faire du gruyère. Les modes de fabrication requièrent des qualités physiques différentes. Il faut pouvoir porter, retourner une meule de gruyère ou d’emmental, porter le caillé… ; les fromagers sont alors des hommes. En

comparaison, le brie est un petit fro-mage et ce sont des femmes qui sont à la fabrication.

Les modes de transmission des sa-voir-faire sont également différents :les fruitiers sont formés dans des éco-les de fromageries, il y en a dans l’Est très tôt en France en Suisse, alors que pour le brie, il n’y a pas d’école c’est au sein de la famille ou de l’entreprise que l’on apprend.

Le rapport à la qualité, à la matière pre-mière et à l’innovation n’est pas le même.Le fromager suisse goûte le lait à cha-que fois qu’il arrive et il le refuse s’il ne convient pas. Le gruyère est un froma-ge qui s’affi ne longtemps, il faut donc que le lait soit de très bonne qualité ; une grande rigueur est demandée aux agriculteurs de ce système. Le brie est un fromage qui s’affi ne très peu par rapport au gruyère, le rapport au lait et à la qualité n’est pas le même. En revanche les industriels du brie, très vite, veulent maîtriser les problèmes de qualité de lait. Ils s’adressent aux élè-ves de Pasteur et travaillent sur les in-novations techniques ; ils ont ainsi sus-cité les travaux et la mise au point de procédés permettant la pasteurisation du lait en vue de sa transformation en fromage.

On a bien une culture technique, des savoirs faires différents et des positions par rapport à l’innovation à la matière première qui se distinguent.

Ceux-ci ne s’imbriquent pas

On a ainsi deux systèmes On a ainsi deux systèmes

avéré que cette limite était avéré que cette limite était

formant une vraie frontière, formant une vraie frontière,

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L’art du chercheur : Espaces et histoires des savoir-faire 57

Si l’on parle des savoir-faire et de leur lien à l’espace, il faut évoquer leur dimension collective.

Au premier abord, on pourrait croire que cette dimension collective se limi-te à une catégorie professionnelle, les fromagers ainsi qu’aux agriculteurs et les éleveurs de lait.

En fait, on se rend vite compte que ces savoir-faire sont aussi partagés au-delà du groupe technique, parce qu’il y a des paysages in-duits par ces productions qui sont reconnus et inté-riorisés par l’ensemble de la population.

Et puis il ne faut pas oublier en ter-mes de savoir-faire et de produits af-férents qu’il y a aussi des habitudes de consommation.

Il y a des savoir-faire locaux de reconnaissance de la qualité : recettes de cuisine, des savoir d’utilisation et de transformation qui appar-tiennent à un territoire et à ses hommes.

Il y a une familiarité entre le consom-mateur et le produit, une connaissance de ses caractéristiques qui peut faire le lien entre la ville et la campagne aussi et qui peut générer des limites subtiles et rarement faciles à cartographier.

Ces savoir-faire rattachés à un produit peuvent contribuer au maintien du produit, voire nécessiter une relance. Dans le cadre des relances de produc-tion, le géographe va s’intéresser à l’évolution des savoir-faire, des ruptu-res et voir comment on peut réappren-dre d’anciens savoir-faire, voire d’en réinventer.

Ces relances de production accompagnent les projets de développement local.

faut évoquer leur dimension faut évoquer leur dimension

riorisés par l’ensemble de la riorisés par l’ensemble de la

tiennent à un territoire et à tiennent à un territoire et à

En fait, on se rend vite En fait, on se rend vite

Il y a des savoir-faire locaux Il y a des savoir-faire locaux

Ces relances de production Ces relances de production

Un terroir, un système de savoir-faire qui s’entrecroisent. Merci au géogra-phe d’avoir décrit la terre dans la di-versité et ces échanges ne concernent pas un seul produit mais plusieurs qui se mêlent ; cela a fait partie des discussions de préparation autour de ce projet. Nous sommes bien dans le thème, le géographe qui écrit la terre nous a appris la diversité. Doréna-vant quand le corbeau va lâcher son fromage de brie et lorsque le renard va le prendre, nous allons goûter les fromages en goûtant la culture qui est derrière, que nous allons peut être découvrir.

On s’approche de la fi n et vous de-vez commencer à avoir faim.

Je vais proposer la conclusion au pré-sident de la communauté Rhône Val-loire. J’ai appris par M. Arnaud, que Fernand Alfred Martin Rosset a été un créateur de variété de pêche et voila pourquoi je le nomme pour que M. Freddy Martin Rosset vienne conclure ce tableau. La Communau-té de Communes Rhône Valloire va venir terminer ce qu’avait commencé la Maison Familiale, Terroirs et Cultu-res, les Arbos de Moras qui essayent de donner une appréciation de ce territoire pour le bien commun.

Page 58: Actes Entretiens du Terroir

Conclusion 58

Voila merci Jacques, je sais pas si tu me fais un cadeau parce que les estomacs commencent à se creuser, je vais es-sayer d’être bref et de pas vous faire souffrir.

Jacques vous avait présenté ces En-tretiens du terroirs avec les signes des Grecs. Moi je voudrais peut-être vous apporter la conclusion par degrés car la synthèse c’est pas simple !

Il y a plusieurs degrés. Le premier de-gré : égoïste affectif par rapport à cet être qui m’est cher et j’ai beaucoup pensé à lui ici. Quelque part quand on vit depuis un demi siècle en Valloire il y a quelque chose que l’on retrouve ce soir qui fait partie de son passé. On voit aussi des savoir-faire mesda-mes messieurs, on voit des gens qui aiment ce qu’ils font, on voit des gens qui se découvrent, on se découvre les uns les autres c’est ca aussi la société humaine.

C’est formidablement enri-chissant quand sur une terre comme celle-ci allie tous ces savoir faire, j’ai parlé de ter-ritoire tout à l’heure, or un terroir c’est un territoire où il y a de l’humain.

Au deuxième degré je vais peut être revenir à ce que disait Alain Genthon au début. Sans remonter au Néolithi-que de notre ami Nicolas surtout qu’ils sont partis, les gens se reconnaissaient parce qu’il venaient d’un pays comme nous l’a dit Alain tout à l’heure. Cer-tainement d’une manière un petit peu plus rudimentaire en moins spécialiste que vous ne l’êtes mais ces savoir-fai-re c’était son quotidien à l’homme, il faisait son mur en galet, il faisait ses récipients avec la vannerie. Il cultivait ses arbres il avait besoin de la vannerie pour cultiver ses fruits pour se nour-rir, il cultivait son vin, il faisait ses ton-neaux, il alliait tout ca et c’est l’histoire d’un territoire. Bon alors puisqu’on a parlé aussi de communauté de com-mune et

qu’on est là aussi en accompa-gnateur, je voudrais dire qu’on a su créer un projet touristi-que qui est sur le fruit mais qui peut allier toute chose.

Freddy MARTIN ROSSETPrésident

Communauté de Commune Rhône Valloire

que qui est sur le fruit mais que qui est sur le fruit mais qui peut allier toute chose.

terroir c’est un territoire où terroir c’est un territoire où

C’est formidablement enri-C’est formidablement enri-

qu’on est là aussi en accompa-qu’on est là aussi en accompa-

Page 59: Actes Entretiens du Terroir

Conclusion 59

Moras, le terroir millénaire qui va être fêté dignement cette année avec tout ce qu’était Moras autrefois. On a une richesse médiévale, on en parlait avec un des participants, on a peut être des choses à valoriser, notre terroir et Ter-roir et Cultures c’est savoir faire, c’est l’échange.

On en est là aussi et on a peut être une belle histoire à raconter et à faire arriver auprès de nous.

Pour l’instant j’ai tendance à dire qu’on est trop discrets quand on parle de nos affaires : Hervé, Moras, le mil-lénaire. Le poirier est un arbre qui se fait presque aussi vieux, il date d’il y a 1000 ans quoi. D’autres c’est pareil, je pensais à la présentation de la tonnel-lerie. En Italie, le tonneau est né à l’en-droit où la vigne a rejoint le châtaigner c’est-à-dire ou ici ou en Italie. Je ne vois pas un Italien dire vous savez c’est de l’autre côté les Allobroges là bas de l’autre côté des Alpes, je suis sûr que lui, il le donne aux Etrusques. Là on a peut être quelque chose à faire. Troisième degré c’est bâtir l’avenir et madame la géographe l’a dit tout à l’heure, on a besoin des savoir faire.

Ces savoir faire ils nous aident à avoir une identité, on a à bâtir l’avenir, entre élus.

On parle aussi beaucoup d’un chose qui s’appelle un SCOT : un Schéma de COhérence Territoriale. On est en grande discussion dessus, c’est essayer de tracer l’avenir, on a des réunions passionnées sur le sujet pour essayer de prévoir l’avenir. Il faut savoir que c’est très diffi cile car au bout de 5 ans on est dans le brouillard,

alors il faut essayer de pas se fermer de portes et d’es-sayer de pas faire de bêtises où d’en corriger certaines.

Le cœur du débat il est aujourd’hui, il y a la main de fer ou le gant de ve-lours, je suis plutôt un partisan de la deuxième méthode et là aussi on se re-trouve parce que je vois aussi mon ami le maire de Bougé Chambalud, nous avons partagé la même école mais nous sommes dans des départements différents. On peut parler de Villers-Cotterets (Edit par lequel François Ier imposait l’usage du français dans les documents administratifs) mais moi je voudrais parler de 843, vous savez le partage entre les petits fi ls de Charle-magne (traité de Verdun). Ce jour là, on a dit, le Royaume c’est de l’autre côté du Rhône, de ce côté ci c’est l’Em-pire. On est resté la dessus, quelques centaines d’années plus tard, le Dau-phin a séparé Anjou et Albon et depuis Bougé Chambalud vit au milieu de la Valloire et donc l’Isère. Remettons un

petit peu de liens dans tout ça comme disait Robert Arnaud, la Moraine elle va de Beaurepaire à Chanas, c’est le même pays, donc quelque part on à bâtir un territoire, on a à bâtir l’avenir, le galet c’est aussi un projet qui parti-cipe au SCOT.

Je me souviens d’un chargé de mission avec un délicieux accent irlandais, il nous disait que l’enjeu ce n’est pas les lotissements venus pousser à tour de bras chez nous car le prix de l’immo-bilier avait explosé. C’était les mêmes, on les retrouvait à Quiberon, on les re-trouvait à Bayonne, à Strasbourg.

Ici on est le pays du galet, j’ai une di-rectrice de cabinet qui vient de plus au Sud et elle est tombée amoureuse des galet et du pizet, moi je n’en suis pas tombé amoureux, je suis né dedans.

Demain que notre architec-ture ressemble à quelque chose comme ça, c’est ça aussi bâtir le futur avec le passé. Alors, je vous l’ai dit tout à l’heure et je parlais de la liaison du territoire, on est un territoire de passage, on n’est pas un territoire re-plié, les gens se rencontrent et ils partent.

à raconter et à faire arriver à raconter et à faire arriver

où d’en corriger certaines.où d’en corriger certaines.

est un territoire de passage, on n’est pas un territoire re-plié, les gens se rencontrent

est un territoire de passage, on n’est pas un territoire re-plié, les gens se rencontrent à avoir une identité, on a à à avoir une identité, on a à

bâtir l’avenir, entre élus.

On en est là aussi et on a peut être une belle histoire On en est là aussi et on a peut être une belle histoire alors il faut essayer de pas

se fermer de portes et d’es-alors il faut essayer de pas se fermer de portes et d’es-

tombé amoureux, je suis né dedans. tombé amoureux, je suis né dedans.

Ces savoir faire ils nous aident à avoir une identité, on a à Ces savoir faire ils nous aident à avoir une identité, on a à

Page 60: Actes Entretiens du Terroir

Notre culture, c’est une adjonction de cultures qui se sont rencontrées com-me M. Nicolas l’a évoqué. Mais on a aussi avec ce partage de 843 et ce qui s’est suivi, on est en bout de tout.

Je sais pas si vous avez suivi ce qui s’est passé avec le rapport Balladur (pour la réforme territoriale), je ne sais pas ce que ça va donner mais nous allons voir.

Je pense qu’il y aura des propositions sans foutre les choses en l’air, je pense qu’il y a quelque chose qui va émerger qui vont être les métropoles avec au Nord la métropole Lyonnaise. Si je suis là, c’est que je pense que notre avenir n’est pas de fi nir comme pôle excentré de l’agglomération lyonnaise.

Au sud est en train de se mettre en place un métropole autour de Valence, il y en aura une autour de Montélimar, leur jeu c’est peut-être avec leurs voi-sins Ardèche, Drôme, Isère. Le deve-nir d’Annonay, il est dans la vallée, de l’autre côté le pays Pompérois aussi.

On a peut être quelque cho-se d’autre cohérent à faire devenir ici, ce à quoi je vous convie à œuvrer en votre compagnie ici.

La qualité des Entretiens du terroir et la qualité du public attentif qu’il y avait, cela démontre qu’il y aura automatiquement une 3ème partie et on compte dessus.

convie à œuvrer en votre

On a peut être quelque cho-se d’autre cohérent à faire On a peut être quelque cho-se d’autre cohérent à faire

Conclusion 60

Nous voilà arrivés au terme de ces Entretiens, prêts à se retrouver autour du buf-fet qui associe produits paysans et préparations culinaires de Jean Jacques Gal-liffet de l’Auberge de la Valloire qui va nous les présenter en vidéo, ne pouvant être présent ce soir. Mais attention, ne vous collez pas au buffet, allez découvrir aussi l’exposition très intéressante préparée par Irénée Mure sur l’art des gens du fl euve autour du bac à traille de Champagne … laissez traîner vos oreilles autour de la chorale sympathique et dynamique de l’association Horizons et ses chants traditionnels de la vie rurale … Pour le palais, voici une rapide présentation des artisans du plaisir : Jean jacques Galliffet a présenté quelques recettes …”

Jean Jacques Galliffet a présenté quelques recettes, qui seront présentes sous forme de petites verrines sur les tables au fond. Vous aurez aussi du saucisson, charcuterie de Françoise Ducros et Patrick Graillat de Bathernay, juste à côté, Claire Delfosse a dit qu’il fallait des limites de temps en temps, comment a-t-on pu franchir la limite et aller chercher des charcuteries de l’autre côté de la Galaure ?du fromage de chèvre de Christophe Bruyat, du fromage de brebis, Armelle et Vincent Cheval de La Motte de Galaure. Alain Nicolas nous l’a dit tout à l’heure, les brebis sont parties depuis 2000 ans mais voyez-vous il en reste. Nous aurons des jus de fruits : Hervé Miachon de Moras, la famille Baron Ferme des Allégrets, Anneyron. Le vin de Jean Delobre dont les vignes sont sur Pey-raud dans notre belle Communauté de communes Rhône Valloire. On voit bien que le territoire de projet n’est pas le territoire administratif et c’est très intéres-sant. D’ailleurs comme vous pouvez le remarquer il n’y a pas de poste frontière autour des 14 villages de la Communauté de communes Rhône Valloire ce qui est plutôt bon signe, nous avons les trois boulangers d’Anneyron qui ont fait des pains un peu spéciaux que vous allez découvrir : Longueville, Servient et la Petite Viennoise, que les gens d’Anneyron reconnaitront. Ai-je oublié quelqu’un ? La Morassienne, la décoration et toutes les fl eurs ont été faites par toute l’équipe autour de Françoise Demoulin, les fl eurs ont été apportées par Patrice et Gilles Morgue. On a vu aussi André Fombonne, n’hésitez pas à aller voir les artisans et les expos qu’ils ont amené plutôt que de rester collés au buffet même s’il est formidable.

Avant de se séparer je dois vous dire qu’il y a tout un groupe qui a porté ce projet, il y a des gens plus visibles que d’autres et les gens plus visibles que d’autres ne doivent pas laisser croire que ce sont eux qui font tout. Tout le monde a fait et c’est un bonheur de continuer de faire car ... nous continuerons.

Donc laissons la parole à Jean Jacques Galliffet (vidéo)

Page 61: Actes Entretiens du Terroir

L’art de l’interprète du bien manger 61

L’ART DE L’INTERPRÈTE DU BIEN MANgER

Recettes « Légumes et fruits du terroir »

jean jacques gALLIFFETAuberge de la Valloire

à Epinouze

jean jacques galliffet n’a pas pu être présent ce soir, il nous présente en vi-déo quelques-unes de ses recettes ...

Caviar d’aubergineaux fraises de pays

Ingrédients : 3 aubergines, 2 oignons, 3 gousses d’ail, 1 dl d’huile d’olive, une pincée de safran, sel, poivre, 2 feuilles de basilic, 300g de fraise (pas trop mures).

Eplucher les aubergines et les tailler en petit dès dans une casserole. Ajouter les oigons émincés, l’ail haché et l’hui-le d‘olive. Rissoler 2 minutes et ajouter les aubergines et le safran. Assaisonner et cuire 10 minutes a couvert. Ajouter le basilic haché. Une fois cuit, le caviar d’aubergine doit être moulé en verrine et refroidi. Couper les fraises en petits dès et les assaisonner avec sel, poivre et huile d’olive. Disposer la préparation sur les verrines. Servir aussitôt.

Méli-mélo Vallé Auréa

Ingrédients : 2 courgettes, 3 carottes, 2 pommes, 5cl d’huile d’olive, 1 citron, 1 brin de persil, sel, poivre, une cuillère à soupe de vinaigre.

Laver les fruits et légumes, les raper ensemble. Assaisonner sel, poivre du moulin, jus de citron et huile d’olive. Mélanger. Server frais. Décoration : pluche de persil

Tartare de tomate fraîcheà la marmelade de pomme crue

Ingrédients (8 pers. - 2 verrines / pers.) : 5 tomates fraîches, 1 dl d’huile d’olive, 1 cuillère à café de concentré de tomate, 1 brin de persil, 3 feuilles de gélatine, 2 pommes, 1 citron, 2 gousses d’ail.

Laver les pommes et tomates. Mixer les tomates avec l’huile d’olive, l’ail et le persil. Mettre à ramollir les feuilles de gélatine dans l’eau froide. Les in-corporer dans la préparation. Chauffer l’ensemble pour fondre la gélatine. Mouler dans les verrines. refroidir pour le durcissement. Râper les pommes et les assaisonner sel, poivre, huile d’oli-ve, jus de citron. Disposer cette prépa-ration sur les verrines de tomate. Servir aussitôt.

Page 62: Actes Entretiens du Terroir

Lignes,parallèles d’un espace-temps,se croisent tradition et modernité, non pas successives mais entremêlées, tourbillon de la complexité.Nous ne vivons pas seulement dans une époque,nous les inventons chaque jour toutes à la fois, inscrites en nous comme traces indélébiles qui nous inspirentcréation toujours renouvelée de l’expérience vivante,qui nous paralysentcristallisation nostalgique d’un paradis perdu.Lignes de la main qui modèle l’avenirle cuir répond à la pierrele bois à l’osierle fruit à la racinegestes humains, empreintes d’humanité.Lignes de l’esprit qui souffl e sur nos braisesdésirs d’être et de lier, désirs de relierintelligence du monde. Les savoir-faire se croisent sur un territoire en un tempo spécifi que, résurgence, émergence,en chaque parole, en chaque geste, à chaque pas,nous inventonsles possibles d’un terroirles possibles du monde.Lignes d’un espace-tempsqui ne nous appartient pasmais qui dépend ausside nous.

Secquaj El Epdac, Paysan berbère

Page 63: Actes Entretiens du Terroir

63

VANNEXES

LES ENTRETIENS DU TERROIR EN VALLOIRE :LIENS D’UN jOUR, TRACES DU TEMPS, PISTES D’AVENIR.

Page 64: Actes Entretiens du Terroir

Annexes 64

LA VALLOIRE, TERROIR DU MONDE : UNE EXPÉRIMENTATION INTERNATIONALE

ANNEXE 1

Celle-ci s’est faite en partenariat avec l’Institut d’Agriculture Méditerranéen-ne, Sup’Agro Montpellier et l’Enita Clermont-Ferrand autour de la tenta-tive de repérer les facteurs favorables à l’émergence de terroirs. Le choix d’étude s’est porté sur 6 terroirs du large pourtour méditerranéen : en Al-banie, dans le Péloponnèse (Grèce), Chefchaouen (Maroc où aura lieu le prochain Forum international Planète Terroirs en avril 2010), Aubrac, Dentel-les de Montmirail et Valloire.

L’étude est faite par des étudiants( sta-ges de 5 mois) des écoles d’ingénieurs précitées. Sur la Valloire, c’est Sylvain Chartier de l’Enitac (Enita Clermont Ferrand) qui s’est attelé à la tâche, s’immergeant rapidement dans la pré-paration et la réalisation des Entretiens du Terroir à Anneyron (avril 2009. Son travail a été «encadré» du côté univer-sitaire par Virginie Baritaux (Enitac), et du côté «territoire» par Jacques De-place chargé de mission Pôle Ressour-ces de la MFR Anneyron (et animateur Commission Agriculture de la CC Rhô-ne Valloire).

Cette étude a conduit à un mémoire confronté - à l’automne 2009 - aux productions des autres étudiants cher-cheurs sur les 5 autres terroirs pour en tirer quelques leçons sur les facteurs d’émergence d’un terroir. En voici un dense résumé.

La MFR d’Anneyron a poussé de façon volontaire, en lien avec la Communauté de communes Rhône Valloire, l’inscription de la Valloire dans l’expérimentation de Réseau des terroirs du monde mis en place actuellement par Terroirs et Cultures.

Sylvain CHARTIER«Chercheur en Valloire»

MFR Anneyron

Page 65: Actes Entretiens du Terroir

Annexes 65

La Valloire: maïeutique d’un terroir

Projet de mise en en réseau des terroirs du Monde

Caractéristiques

physiques

Organisation du

territoire

Caractéristiques

humaines

•Vallée glaciaire du Nord

de la Drôme

•Vallée transversale à la

vallée du Rhône

•A cheval sur 4 cantons

•160km² (pour la CCRV)

•Altitude variant entre 120

m et 502m

•Climat d’influence

continentale et océanique

•Riche en eau (réseau

hydrologique important)

•Plaine la plus au Sud de

la périphérie lyonnaise

•A la croisée de 3

départements (la Drôme,

l’Ardèche et l’Isère)

•Communauté de communes

Rhône Valloire (CCRV)

(territoire non exclusif pour

l’étude terroir)

•Syndicat mixte Drôme des

Collines

•Zone passante avec des axes

de communication européens

(A7, Rhône, TGV,)

•Concurrence touristique

importante des territoires

voisins (Vercors, Pilat, Alpes)

•Arboriculture=trait identitaire

(ancrage historique,

économique, social)

•21000 habitants sur la

CCRV

•Dynamique humaine « Fruit

territoire» multisectorielle

(MFR; CCRV ;Association de

producteurs, patrimoine)

•Identité en cours

d’activation

•Croissance démographique

forte (+2% / an entre 1999

et 2005)

•Bassin Nord Drôme tourné

vers le Nord et les pôles

d’emploi de Vienne, de

Roussillon et de Lyon

•Population de classe

moyenne

•Espace à dominante rurale

( 2 villes de plus de 3000

sur la CCRV)

1

1

lundi 12 octobre 2009

Processus de construction de la problématique et des entrées d’analyse pour l’étude Terroir sur la ValloirePhase 1.Entretiens du terroir, élément clé d’activation et d’imprégnation

2

Les Entretiens du TerroirMoyen de communication et de lien

Vecteur de valeur et d’identité

Entrée et moyen d’imprégnation pour le projet d’étude terroir sur la ValloireLe Travail de retranscription et d’organisation de la manifestation et le lien de la grille d’analyse T et C ont mis en lumière le rôle central de la poire dans la démarche de développement territorial .

Comment autour d’un fruit (la poire de la Valloire) peut s’agréger un projet de développement territorial activant d’autres biens autour de la notion de terroir?

Grille d’analyse des terroirs

Typicité

Dynamique humaine et institutionnelle en cours

Moyen d’activation des ressources

Phase 2. Une problématique pour définir l’objet de recherche

Phase 3. Choix des filtres d’analyse et recueil d’information

Choix des outils du recueil d’informations et de compréhension

Ancrage historique, producteurs de poires particulièrement dynamiques, Moras en Valloire : ville patrimoniale où sont produites la majorité des poires de la Valloire

Guides d’entretiens en lien avec la grille T et C

Entretiens semi directifs (Asso, Elus, Prod, OP, Tech)

ENITAC,INRA

Compilation de données bibliographiques et de données technico économiques

Pôle « Fruit Territoire »MFR

C A, DRAF, SEFRA

2

2

lundi 12 octobre 2009

2

(Asso, Elus, Prod, OP, Tech)

2

4

Perspectives: la question d’appropriation,

Les jeux d’acteurs,

Synthèse des résultats, conclusion et perspectives

Dynamique humaine et institutionnelle en cours

Moras en ValloirePoire

Croquis de synthèse d’un possible terroir en Valloire

Mais finalement …un terroir en Valloire ?

Maïeutique ou culture d’un terroir en Valloire?

•Les ressources existent, les acteurs existent mais il faut qu’elles soient activées et que tous les effort soient mis en œuvre dans un bon sens. •Se pose la question de la gouvernance des projets et les jeux d’acteurs à réguler notamment par l’appropriation du projet par les différents acteurs institutionnels (office du tourisme, CCRV).

A l’heure actuelle la démarche terroir concerne un ensemble d’acteurs autour d’un noyau composé d’une association de producteurs, d’un chargé de mission, d’un village: Moras en Valloire.En lien avec la définition on peut définir un terroir en Valloire comme il est décrit ci contre.

Vers un possible panier de biens (artisanat, distillerie, chemins de randonnées)

•Agrégation d’acteurs•Réflexion sur une offre «touristique»•Projet d’insertion de la Valloire (par Moras) au réseau des Sites Remarquables du Goût

Projet Arborescence

Boucles de randonnées

Réhabilitation d’éléments du patrimoine

Tour d’Albon, élément du patrimoine historique

Structuration d’une offre touristique faisant écho aux productions traditionnelles de ce territoire

•Coopération entre la dimension territoriale CCRV et les producteurs par l’intermédiaire d’un organisme de formation à vocation de développement local: la MFR d’Anneyron.•Un acteur multisectoriel d’animation reconnue par les 3 acteurs principaux (institutionnel, technique et productifs)

Des vergers séculaires

ContraintesAtouts

•Producteurs de poire avec des logiques commerciales différentes (ventes directes, par coopérative, par le biais d’expéditeurs)•Mésentente «historique» entre des familles de producteurs•Ambitions politiques possibles de récupération du projet•Institution territoriale devant articuler le projet terroir avec «son» projet «touristique» Arborescence.

•Appropriation de la démarche terroir par un nombre croissant d’acteurs locaux•Destin lié des arboriculteurs (tradition communautaire liée à une production localisée sur un village)•Animateur créateur de lien avec une vision globale

4

lundi 12 octobre 2009

TerritoireMFR

lundi 12 octobre 2009

( 2 villes de plus de 3000

sur la CCRV)

1

lundi 12 octobre 2009

Industrielles Naturelles Patrimoniales Agricoles-

agroalimentaires

Humaines Projets et ressources

voisines

Usine LAFUMA

( Groupe

international

d’articles de sports

de nature)(ancrage

historique local)

Magasin d’usine

accueillant 500 000

visiteurs par an

Eau abondante sur la

Valloire

Architecture de

galets

(liée à l’origine

glaciaire de la vallée

La pêche

(Fait partie de l’histoire

de la Valloire et l’a

enrichie jusqu’au

années 60. La crise

sanitaire de la sharka

(virus) a décimé le

verger drômois pêcher)

Association des

Arbos de Moras

( promotion de la

poire)

Association Moras

en valeur

(valorisation

patrimoine)

Palais idéal du facteur

Cheval à Hauterives

JARS

(Usine céramique

haut de gamme)

Potentiel paysager

[unité paysagère avec

-vallée délimitée par

des coteaux

-Arboriculture avec

un paysage évoluant

au fil du cycle des

arbres ( couleur à la

floraisons,….)]

Village de Moras en

Valloire

(village millénaire,

ayant une

importance

historique dans le

Dauphiné)

La poire (implantation

séculaire)

Artisans

( Tonnellerie

Valleurine, vannerie,

Auberge de la

Valloire)

Approvisionnement local de

produits pour la restauration

collective=

Rhône Pluriel sur ChanasPotentiel paysager

[unité paysagère avec

-vallée délimitée par

des coteaux

-Arboriculture avec

un paysage évoluant

au fil du cycle des

arbres ( couleur à la

floraisons,….)]

Village de Moras en

Valloire

(village millénaire,

ayant une

importance

historique dans le

Dauphiné)

La poire (implantation

séculaire)

Artisans

( Tonnellerie

Valleurine, vannerie,

Auberge de la

Valloire)

Approvisionnement local de

produits pour la restauration

collective=

Rhône Pluriel sur ChanasPotentiel paysager

[unité paysagère avec

-vallée délimitée par

des coteaux

-Arboriculture avec

un paysage évoluant

au fil du cycle des

arbres ( couleur à la

floraisons,….)]

Village de Moras en

Valloire

(village millénaire,

ayant une

importance

historique dans le

Dauphiné)L’arboriculture en

général

Distillerie Ogier

MFR d’Anneyron

Approvisionnement local de

produits pour la restauration

collective=

Rhône Pluriel sur ChanasPotentiel paysager

[unité paysagère avec

-vallée délimitée par

des coteaux

-Arboriculture avec

un paysage évoluant

au fil du cycle des

arbres ( couleur à la

floraisons,….)]

Village de Moras en

Valloire

(village millénaire,

ayant une

importance

historique dans le

Dauphiné)L’arboriculture en

général

Distillerie Ogier

MFR d’AnneyronVia Rhôna

Circuit velotouristique du lac

Léman à la Mer

Méditerannées

Potentiel paysager

[unité paysagère avec

-vallée délimitée par

des coteaux

-Arboriculture avec

un paysage évoluant

au fil du cycle des

arbres ( couleur à la

floraisons,….)]Prieuré de Manthes

L’arboriculture en

général

Distillerie Ogier

MFR d’AnneyronVia Rhôna

Circuit velotouristique du lac

Léman à la Mer

Méditerannées

Revol

(Usine céramique

haut de gamme)

Potentiel paysager

[unité paysagère avec

-vallée délimitée par

des coteaux

-Arboriculture avec

un paysage évoluant

au fil du cycle des

arbres ( couleur à la

floraisons,….)]Prieuré de Manthes

Chapoutier

(Producteur et

négociant en vin)(sur le

flanc sud du territoire)

CC Rhône Valloire

Via Rhôna

Circuit velotouristique du lac

Léman à la Mer

Méditerannées

Revol

(Usine céramique

haut de gamme)

Potentiel paysager

[unité paysagère avec

-vallée délimitée par

des coteaux

-Arboriculture avec

un paysage évoluant

au fil du cycle des

arbres ( couleur à la

floraisons,….)]

La tour d’Albon

Chapoutier

(Producteur et

négociant en vin)(sur le

flanc sud du territoire)

CC Rhône Valloire

Via Rhôna

Circuit velotouristique du lac

Léman à la Mer

Méditerannées

La typicité d’un produit au service d’un projet

L’analyse des résultats issus de l’étude

Activation de ressources

La typicité se fonde sur des indicateurs de qualités mesurés (12°Brix de sucre

en moyenne contre 10° demandés pour la Poire de Savoie) et sur des témoignages

qualifiables de dires d’experts (texture peu granuleuse et couleur claire recherchée).

Ce qui va fonder la typicité de cette poire est sa capacité à se démarquer d’une poire

moyenne. Cette capacité est prouvée par le positionnement haut de gamme de cette

poire (filière POMONA 100% saveur; expéditeur Lhorme commercialise cette poire

auprès d’épiceries fines à l’international).

Sa typicité est fondée aussi par le contexte où elle est produite et depuis combien de

temps. Moras en Valloire avec sa ceinture centenaire de vergers de poirier est un

élément d’ancrage de cette production dans la Valloire. La typicité est un élément

moteur de l’activation de cette ressource.

Mur en galets…élément du

patrimoine

Une poire reconnue à défaut d’être

connue

Ressources à activer

Un projet de développement territorial est alimenté par des ressources actives ou à activer. Nous

avons recensé, par le biais des Entretiens du terroir et des différentes observations faites, un

ensemble de ressources probablement activables dans une démarche terroir (présentant un écho au

terroir et forgé en interaction par lui et les hommes présents sur celui-ci).

Mur en galets…élément du Succès croissant (+20% de spectateurs) /Appropriation et adhésion de plus en

plus importante

Entretiens du terroir en

Valloire

Patrimoine en 2008

Savoir-faire en 2009

Fête de la Poire

à Moras en Valloire

Reconnaissance de l’extérieur

de la

poire produite sur la Valloirepoire produite sur la Valloire

Prémisses de la dynamique

Sites Remarquables du goût 3

3

lundi 12 octobre 2009

Page 66: Actes Entretiens du Terroir

Annexes 66

MORAS ET LA POIRE DE LA VALLOIRE : SITE REMARQUABLE DU gOÛT ? UN PROjET RASSEMBLANT DE MULTIPLES ACTEURS DU TERRITOIRE

ANNEXE 2

Moras en Valloire,

Le chemin vers un site remarquable du goût ?Un projet en construction …

Un Site remarquable du goût est un "label" accordé par une association nationale en convention de partenariat avec plusieurs ministères (Agriculture, Tourisme, Culture, Environnement). Il n'écessite pour son agrément de remplir certaines conditions de qualité autour d'un produit phare.

Moras et la poire de la Valloire : un Site remarquable du goût ?

Note dʼintention au 5/12/2009 - 2

Moras

et la poire de la Valloire …

… un site remarquable du goût ?

…et de la Valloire

Mairie 26 210 Moras en Valloire

Animation : Jacques Deplace (chargé de mission MFR Anneyron et CC Rhône Valloire)

:

avec l'appui de :

Moras et la poire de la Valloire : un Site remarquable du goût ?

Note dʼintention au 5/12/2009 - 1

Page 67: Actes Entretiens du Terroir

Annexes 67

2. Le patrimoine lié au produit … en quelques déclinaisons.Le patrimoine paysager … en de multiples points de vue …

… en voiture …

Il est présent, visible depuis la D1 (est-ouest) liant la vallée du Rhône (Le Creux de la Thine au sud de lʼéchangeur de Chanas sur lʼA7) à Anneyron et Beaurepaire. … en train …

Il est visible depuis la ligne TGV (nord-sud) qui croise la D1 entre St Sorlin et Moras, avec un temps de contemplation limité (cependant avec une vitesse relativement réduite en proximité de la gare de St Marcel les Valence)

… à pied …

Nous pouvons faire un “zoom” sur les vergers de tous âges (jusquʼà 150 ans pour les plus vieux), au travers des saisons dans lʼexpression des différentes variétés (floraison, fruit, couleurs dʼautomne…) Il peut se laisser entraîner à en décrypter les différentes mises en forme : l'espalier, le croisillon lyonnais,la palmette … … en entrant dans certains vergers, le promeneur peut découvrir des bouteilles accrochées aux arbres avec une poire en formation à lʼintérieur, prête bientôt à accueillir lʼalcool … savoir-faire inscrit dans le paysage de la distillerie Ogier … Le paysage peut être apprécié, effectivement, par les promeneurs : des boucles de randonnée mises en place par la Communauté de communes Rhône Valloire liées à la grande boucle de la Drôme des Collines sont aujourdʼhui en voie de dynamisation dans le cadre des “Chemins de lʼarborescence”. Deux boucles au moins (58 et 69 sur Manthes et Moras) traversent les vergers en vue de la colline de la Madone. Un “carrefour des poiriers” pourrait y être nommé. Les élèves de la Maison Familiale et Rurale d'anneyron en ont fa i t un pet i t i l ivret de découverte Avec la Tour d'Albon et le Belvédère de Mantaille, la colline de la Madone au-dessus de Moras est l'un des trois sites d'observation sur le territoire : panoramique sur les vergers et la plaine.

… en vélo …

Ce territoire de la poire est sur le parcours "viaRhône" du Léman à la mer, qui est, certes,celui du fleuve mais aussi une exploration cycliste avec ses haltes et ses havres de paix le long des berges, au cœur des vergers.

Moras et la poire de la Valloire : un Site remarquable du goût ?

Note dʼintention au 5/12/2009 - 4

1. Le produit alimentaire pour lequel l’agrément est demandé :

la “poire de la Valloire” !

La zone de production, centrée sur Moras, sʼétend sur les communes de Lens Lestang,

Manthes, Epinouze, St Sorlin, Anneyron. Elle est orientée est-ouest sur le versant nord des

coteaux “de Mantaille”. (voir cartes)

Cette dénomination recouvre diverses variétés. Autour de la Williams (Bonchrétien

William's), largement dominante il y a la Comice (Doyenné du), la Passe crassane (en voie de

disparition) … variétés dont la production sʼétale sur plusieurs mois, continuité fruitière et

paysagère.

La spécificité de la poire de la Valloire est liée à ses qualités intrinsèques (couleur subtile

entre l'ambré et le doré, taux de sucre élevé, texture peu granuleuse) valorisée par son

exploitation au sein de structures familiales, au savoir faire multi générationnel et à un terrain

particulier (terre fertile, argileuse, exposition nord, flanc de côte, …).

Remarques.

Sur la poire …

La possibilité dʼeffectuer des tests liés à cette spécificité a été débattue afin dʼavoir des

arguments pour défendre la Poire de la Valloire en ses diverses variétés … notons qu'en plus de

celles nommées ci-dessus, nous rencontrons la Guyot (docteur)

Même sʼil nʼy a pas dʼexigences des SRG, ceci peut être un atout pour le produit dans un

deuxième temps et peut donc être mené en parallèle du dossier de candidature. Les conditions

dʼétudes seront à établir : quels laboratoires ? quelles variétés ? quelles parcelles ? …

Une dégustation à grande échelle pourrait permettre dʼaffiner et de valider les particularités

de cette poire dite « unique ». Selon les variétés cela pourrait sʼétaler tout au long de lʼannée

2010.

Un état précis sera fait du nombre et de la qualité (âge par ex) des producteurs, des

surfaces en vergers, des variétés, des modes de commercialisation …

… de la Valloire.

Le nom « Valloire » est un nom porteur qui évoque une terre particulièrement fertile et un

véritable terroir, qui rappelle également lʼappellation Vallée dʼor qui correspond bien à la couleur du

fruit. Le mot Valloire rime avec Poire, histoire, terroir… il faudra cependant être vigilant au moment

de la communication sur le nom « Valloire » qui peut être confondu avec la station « Valloire » en

Savoie.

Il faut savoir pallier ce point qui peut poser problème, savoir lʼutiliser pour en faire une

force, une distinction.

Moras et la poire de la Valloire : un Site remarquable du goût ?

Note dʼintention au 5/12/2009 - 3

Page 68: Actes Entretiens du Terroir

Annexes 68

Le patrimoine oral : la parole des Anciens…

Un travail mené par lʼassociation Moras en Valeur sera entrepris afin de collecter et de réaliser un inventaire de lʼensemble des éléments dʼhistoire, de patrimoine et dʼoutils autour de la poire (au cours dʼune soirée avec les Morassiens). Lʼévocation du cirage des queues de poire (protection contre lʼoxydation, symbolique de qualité), et de la dorure sont des éléments possibles de cette mémoire de savoir faire.

Le patrimoine culinaire.

La confiture “poire orange courge”, si elle fait appel à un produit que nous pouvons qualifier dʼexotique, semble faire partie dʼune tradition locale. La poire utilisée dans cette soupe est dite "chapelan", elle est associée à la courge "barbarie" , alliance pour le moins stimulante ! Une tradition : après la cuisson du pain, les habitants appportaient leurs poires "chapelan" pour une cuisson utile au goût et à la conservation.

Bientôt installée dans la tradition, lʼinnovation permanente de lʼAuberge de la Valloire (chef JJ Galliffet, Epinouze) permet de découvrir désormais la poire tout au long du repas, de lʼentrée au dessert.

Une tradition festive qui sʼinstalle.

Une Fête de la poire a été mise en place par une association créée à lʼoccasion : les Arbos de Moras … … qui, désormais, rassemblant des producteurs des différentes communes de production de la poire, va se dénommer Arbos de Moras et de la Valloire.

Les éditions 2004, 2006, 2008 ont rassemblé chacune autour de 2 000 personnes. Retrouvant les anciens métiers et matériels, mis en scène vivante … installant la poire au cœur des repas proposés par les restaurants (ci-dessus dans la salle des fêtes)…

… invitant à sa table de terroir la vanille de Madagascar (09/2008) et demain le chocolat du Mexique (09/2010) déjà présent dans l'assiette …

Moras et la poire de la Valloire : un Site remarquable du goût ?

Note dʼintention au 5/12/2009 - 6

… ou par les airs …

L'aérodrome voisin du Creux de la Thine n'a pas seulement vu l'enfant du pays Jules

Vedrines se poser sur le toit des Galeries Lafayette, il est aujourd'hui un site actif de l'accueil et de

l'apprentissage au vol … réminiscences du plus léger que l'air exploré par le marquis d'Arlandes il

y a deux siècles. Et pourquoi pas des survols en "ballon" … montgolfière aérienne en forme de

poire terrestre …

Le patrimoine historique.

Il y a une ceinture de vergers autour du village dont lʼun (celui des Terreaux) qui correspond

à une tradition du XVème siècle dʼinstaller les jardins dans les fossés du bourg médiéval.

La culture de la poire sʼinscrit dans lʼévolution des

cultures paysannes centrées sur la subsistance : la crise du

phylloxéra (1870-1880) touche durement la vigne qui

accompagnait la culture céréalière. Le "chemin de fer" qui

s'intalle dans la décennie 1850 (Paris Lyon Marseille) va

bouleverser l'arboriculture : le fruit s'associe au train pour

alimenter la capitale depuis la gare de St Rambert d'Albon.

autour des années. Le pêcher domine sur Epinouze, le

poirier autour de Moras.

La poire se développe au début du XX ème siècle sur

une base existante de très petits vergers grâce à des

initiateurs, pionniers emblématiques (Armand Vidault,

Daniel Miachon sur Moras … qui répondent à Joseph

Prudent Arnaud ou Alfred Martin-Rosset dʼEpinouze,

créateurs de variétés de pêche en plein XX ème) (voir

extraits Entretiens du terroir Anneyron 2009 en annexes).

Leur souvenir reste vivace par leurs descendants toujours

actifs, par les documents quʼils ont transmis ou qui leur sont

associés.

Ces transmissions concernent des savoir-faire à la fois tradition, patrimoine, innovation. Il y

a encore quelques spécimens de variétés, aujourdʼhui peu courantes : par exemple la Marguerite

Marillat (encore présente ici, obtenue par mr Marillat, horticulteur à Villeurbanne autour de 1860,

dans la grande période de création de variétés dans la grande région lyonnaise.

La spécialisation sur la poire des arboriculteurs de moras et ses alentours, correspond à la

phase de modernisation de l'agriculture et le dévleoppement de l'export (cf article Revue "La

géographie"/ Grenoble, 1952). L'arboriculture centrée sur le poirier est une synthèse dynamique

entre tradition et innovation, base de constitution d'un terroir" alliant sociétés humaines et milieu

naturel dans un processus permanent d'interactions créatives.

Le patrimoine bâti

La poire est un fruit qui se cueille “vert” et qui mûrit en “compotier” ou “fruitier”. Il semble

exister encore quelques exemplaires.

Les murs en galets sont visibles dans le village mais aussi dans les vergers où une main

d'œuvre courageuse cueillait les galets pour les mettre au fond de la raie ou en tassur les

bordures . Il est complètement intégré à la vie rurale dʼhabitat (dans certaines fermes centenaires)

ou de travail de la terre (séparation de propriétés, utilité anti-érosion ?).

Moras et la poire de la Valloire : un Site remarquable du goût ?

Note dʼintention au 5/12/2009 - 5

Page 69: Actes Entretiens du Terroir

Annexes 69

3. Le nom du site : Moras en Valloire.

À défaut de définir un site plus précis sur la commune même : Maison de la poire ? Verger ancien des Terreaux ? … cʼest le village lui-même qui est candidat “Site remarquable du goût”. Ses caractéristiques historiques ont été illustrées lors du Millénaire 2009 (voir affiche et texte joints en annexes) qui a mobilisé les habitants de lʼensemble des communes du mandement dont la mention écrite la plus ancienne connue à ce jour date de 1009. Ces communes : Moras, Lens Lestang, Manthes, Epinouze, St Sorlin … se retrouvent aujourdʼhui dans le secteur de production de la poire.

Remarque.

Le nom choisi nʼimplique pas ignorance de la valorisation globale du territoire de la Valloire qui sʼexprime aussi bien dans le projet Arborescences initié par la Communauté de communes Rhône Valloire que dans lʼinititative de la MFR dʼAnneyron autour des Entretiens du terroir en partenariat avec Terroirs et Cultures, association internationale pour le développement des terroirs du monde (voir plus loin la liste – non exhaustive – des partenaires du Site Remarquable du goût).

Moras, côté histoire et … côté nord-est

Moras et la poire de la Valloire : un Site remarquable du goût ?

Note dʼintention au 5/12/2009 - 8

Remarque.

Il existe en Valloire un patrimoine très riche mais non directement lié à la Poire. Il sera

détaillé et valorisé au travers de lʼoffre touristique.

Nous pouvons repérer un patrimoine proche, associé à la vie rurale, berceau de la poire

notamment patrimoine “hydraulique” : béalières … cloche de lʼéglise de Moras qui rythmait la

distribution de lʼeau pour lʼirrigation (régulation sociale pas seulement “agricole” … pisciculture et

qualité de lʼeau.

Ce patrimoine, lié ou associé à la poire nʼa pas fait lʼobjet dʼactions de préservation. La

Fête de la Poire- biennale - à Moras correspond à une action de valorisation qui dépasse le cadre

local. Lʼaccueil du grand public y est, ici, ponctuel ; il peut être ouverture à un accueil permanent

… à organiser.

La tonnellerie est installée sur Moras depuis plusieurs générations par une famille toujours

présente (la tonnellerie Desrieux est devenue récemment tonnellerie vallaurine). Elle exprime le

souvenir de vignes, certes pas seulement locales, puisque ses membres ont beaucoup migré et

vendu ailleurs. Elle est savoir-faire proche de lʼagriculture, du paysage, du chataîgnier local.

Le patrimoine de savoir-faire – même récent - est important autour de la vannerie, du cuir,

du galet (voir Entretiens du Terroir en Valloire, Anneyron, 23 avril 2009) …

Moras entre la pierre, lʼair et lʼeau … patrimoine et lien social.

Moras et la poire de la Valloire : un Site remarquable du goût ?

Note dʼintention au 5/12/2009 - 7

Page 70: Actes Entretiens du Terroir

Annexes 70

5. Les acteurs du projet.

Le noyau initiateur. Sous la double “présidence” des associations : Arbos de Moras et de la Valloire et Moras en valeur, le groupe de préparation est constitué de : Maison Familiale et Rurale dʼAnneyron (établissement de formation), Auberge de la Valloire (Epinouze), Distillerie Ogier (Moras), Mairie de Moras, Communauté de Communes Rhône Valloire (par Commissions Agriculture, Tourisme-Culture), Office de Tourisme de la Valloire. Un appui technique et de réseau est fourni par Terroirs et Cultures et AFRAT (établissement de formation basé à Autrans en Vercors) La participation de la propriétaire du gîte rural “Clos de la madone” à la séance de travail symbolise lʼintégration des hébergeurs locaux qui ne sont pas seulement des accueillants passifs mais des vecteurs de connaissance et de découverte du territoire. Ce sont les acteurs qui vont initier la constitution dʼune association (voir statut) de portage de la candidature “Site remarquable du goût”.

devant le prieuré de Manthes un jour d'exploration

Lʼélargissement (acteurs intégrés ou associés)

Sollicitation sera faite :

- à lʼensemble des hébergeurs sur le territoire du Site et voisins : campings, hôtels, gîtes, tables et chambres dʼhôtes … (voir liste OT Valloire)) - à lʼindustrie agro-alimentaire locale … même si son approvisionnement local en fruits est encore limité. - aux restaurateurs, artisans et commerçants de Moras et des autres communes … - aux artisans dont le savoir-faire sʼinscrit bien dans lʼhistoire et le territoire (voir Entretiens du Terroir Anneyron 2009) : vannerie, cuir, maçonnerie galets…-

- aux industriels locaux liés au territoire par leur genèse ou leur implantation - …

Moras et la poire de la Valloire : un Site remarquable du goût ?

Note dʼintention au 5/12/2009 - 10

4. La délimitation géographique du territoire.

Le territoire se définit, autour de son centre Moras, comme celui de production de la poire

nommée désormais “poire de la Valloire”. Ce territoire est précisé dans la question 1 ci-dessus

(voir carte en annexe).

Le terrritoire sʼintègre dans un ensemble plus vaste dont le projet Arborescences

(développement touristique) de la Communauté de communes Rhône Valloire trace les réseaux et

les contours.

La délimitation du territoire du Site remarquable du goût indique le croisement complexe

possible dans cette zone (voir offre touristique)

Remarque.

Réseaux : ce sont notamment ceux inscrits dans le paysage par les boucles de randonnée

dont les thèmes, lʼanimation, la signalétique sont en cours de réalisation. De la Tour dʼAlbon au

prieuré de Manthes, du château de Lachal (Epinouze) à la pile du bac à traille de Champagne …

Contours : ce sont ceux de la Communauté de communes Rhône Valloire des deux côtés

du Rhône (notamment la commune de St Etienne de Valoux très dense en vergers dont ceux de

poiriers).

Lieux dʼéchanges : ces contours peuvent “respirer” avec les voisins du Roussillonais ou

de la Galaure pour se connecter au grand axe européen Nord Sud : lʼA7, par lʼéchangeur de

Chanas ou lʼaire bien nommée Isardrome. territoires qui peuvent se retrouver avec ceux du Pilat.

Réseaux et contours participent à développer une visibilité (identité ?) du territoire comme terroir

autour de la poire. (voir étude Sylvain Chartier).

Voir aussi la Valloire, plate-forme dʼéchanges entre les territoires “pays” Drôme des

Collines, Ardèche Verte et Rhône Pluriel (où se monte un projet de grande envergure pour

lʼapporvisionnement local de la restauration collective).

Moras et la poire de la Valloire : un Site remarquable du goût ?

Note dʼintention au 5/12/2009 - 9

Page 71: Actes Entretiens du Terroir

Annexes 71

6. La gouvernance du projet.

Lʼanimation actuelle est assurée par les associations : Arbos de Moras et de la Valloire, Moras en valeur avec lʼappui technique dʼun chargé de mission de la MFR Anneyron et de la CC Rhône Valloire.

La constitution de lʼassociation porteuse de la candidature est lʼétape suivante. Le correspondant de lʼassociation nationale des SRG sera désigné par elle (son président par exemple, mais pas obligatoirement).

Remarque.

La visite prévue sur le site de Nyons et son oliveraie (un samedi de janvier 2010 probablement) donnera, si nous y prenons garde, de précieuses indications sur le processus et ses contraintes. Cela nʼempêche pas de réfléchir dès maintenant à la méthode de travail collectif, notamment celle des réunions (modes, prise de paroles, compte-rendus, répartition des tâches …). La grande variété des acteurs, de leurs tempos (tempis !) particuliers et de leurs représentations, nécessite la construction dʼun langage commun pour une compréhension commune autour dʼobjectifs communs aux déclinaisons spécifiques pour chaque catégorie dʼacteurs. Cela devrait permettre de bien définir les étapes suivantes et leur phasage, comme le rôle de chacun.

De la table au verger … ou lʼinverse … déclinaisons dʼun Site remarquable du goût

Un projet à suivre …

Moras et la poire de la Valloire : un Site remarquable du goût ?

Note dʼintention au 5/12/2009 - 12

Remarque.

Le lien peut être fait, approfondi avec les sites dʼaffluence “touristique” : Lafuma acteur du

territoire Valloire (100 000 visiteurs / an ?), Palais idéal du facteur Cheval à Hauterives (130 000

visiteurs / an) : le facteur construit, côté Galaure, son «palais» avec les pierres ramssées sur les

chemins de sa tournée, au même moment où les paysans côté» Valloire tentaient de maîîtriser les

galets pour la constitution de leurs vergers … le facteur Cheval faisant vivre par son imagination

des bribes du patrimoine mondial, une sorte dʼarborscence des cultures du monde …

… le lien peut être fait avec le proche Musée de lʼours et de la poupée (à Lapeyrouse

Mornay, sans rapport direct avec la poire ou le patrimoine) …

… ou le Parc Naturel Régional du Vercors … (voir offre touristique) .

La mobilisation des acteurs devrait assurer le démarrage du projet autour de lʼaccueil

organisé du public sur toute lʼannée, ce qui nécessite la coordination entre arboriculteurs

(accueil vergers, dégustations …), distillerie, restaurants …

… Un produit “touristique” (circuit-journée) est en voie de constitution rassemblant

quelques-uns des acteurs décrits ci-dessus.

Lien local … lien global

Moras et la poire de la Valloire : un Site remarquable du goût ?

Note dʼintention au 5/12/2009 - 11

Page 72: Actes Entretiens du Terroir

Conclusion 72

LA VALLOIRE À PARIS : UNE AMBASSADE DE TERROIR.

ANNEXE 3

Le Ministère de l’agriculture est sis rue de Varenne, mais en ce 9 décembre, nous aurions pu le placer rue de Valloire …

En effet à l’occasion de l’Université “Saveurs et Savoirs” organisée pour sa 7ème edition par la Sopexa et Terroirs et Culture, les produits de la Valloire (et de la Galaure) étaient presents lors du buffet qui suivait la rencontre d’une cinquantaine de participants.

Le theme de la soirée : “Agriculture, alimentation, mondialisation” sous forme de table ronde animée par Do-minique Chardon, president de Terroirs et Cultures. Le buffet était organisé autour de la poire de la Valloire (fruits et jus) qu’accompagnaient charcuterie et fromages (chèvres, brebis) de Valloi-re et Galaure, et le St Joseph du côté ardéchois. Un franc succès pour les produits “terroir” et la délegation de Valloire. Celle-ci, répondant à la diver-sité des produits, exprimait la variété des acteurs du développeemnt local : Hervé et Diane Miachon pour les Ar-bos de Moras, Aurélien Ferlay pour la commune de Moras et la Communau-té de communes Rhône Valloire, Jac-ques Deplace chargé de mission MFR Anneyron et CC Rhône Valloire!

Grâce à l’appui de Terroirs et Cultures (son president et son délégué general Eric Barraud) la délégation était re-çue par le chef de cabinet du ministre Bruno Lemaire. Ce dernier; étant en reunion avec les représentants des pê-cheurs. Au nom des Arbos de Moras et de la Valloire, Hervé Miachon offrait un panier de produits au ministre …

comme une ébauche de la construc-tion d’un Site remarquable du goût.

Le retour en voiture dans la nuit fut diffi cile pour Hervé et Diane mais avec la fi erté d’une action utile au terroir de Valloire et à son fruit d’exception!La Valloire était à Paris … demain, Pa-ris et l’Europe en Valloire … nous pou-vons en faire le pari ! Notre terroir en vaut la peine !

Valloire. Celle-ci, répondant à la diver-sité des produits, exprimait la variété des acteurs du développeemnt local : Hervé et Diane Miachon pour les Ar-bos de Moras, Aurélien Ferlay pour la commune de Moras et la Communau-té de communes Rhône Valloire, Jac-ques Deplace chargé de mission MFR Anneyron et CC Rhône Valloire!

Grâce à l’appui de Terroirs et Cultures (son president et son délégué general

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Annexes 73

UNE VISITE AU SITE REMARQUABLE DU gOÛT : NYONS ET SON OLIVERAIE.

ANNEXE 4

et en ce samedi 13 mars 2010... nous étions en visite ..au Site remarquable du goût à Nyons

Accueillis par Francis Kornprobst, président de l’Association nationa-le des Sites remarquables du goût :Luce et Bernard Conjard, Moni-que Berut, Sylvain Chartier, José Colombo, Odile et Piet de Haas, Claudette et Jacques Deplace, Claude Desrieux, Caroline Fanget, Aurélien Ferlay, Lucile Felix, Jean Jacques et Martine Galliffet, Mi-chel Gentil, Hervé Miachon, Ra-phaël Ogier, Arnaud Vallet, Jerome Vallet, Jean François Vignat… am-bassadeurs de la Valloire et de ses acteurs : Arbos de Moras et de la Valloire, Moras en Valeur, Maison Familiale et Rurale d’Anneyron, Commune de Moras et Comunau-té de communes Rhône Valloire, Offi ce de Tourisme de la Valloire, Auberge de la Valloire, Distillerie Ogier

La Scourtinerie,fabrique artisanale de scourtins.

Un scourtin est un fi ltre dans lequel on met la pâte d’olive qui sera pres-sée. Ferdinand Fert, tisserand de mé-tier, met au point la première machine à fabriquer des les scourtins en 1892. Avec le terrible gel de 1956, les oliviers sont détruits.

Maintenant on fabrique toujours des scourtins mais ce sont des dessous de plat, des tapis … C’est le petit-fi ls de Ferdinand Fert qui continue aujourd’hui à innover dans la tradition. C’est lui qui nous accueille et nous fait découvrir cette histoire qui se poursuit.

Coopérative du NyonsaisElle se trouve place Olivier de Serres (clin d’œil au grand agronome ardé-chois). Son président Patrick FLORET nous a fait visiter l’installation très mo-derne de transformation de l’olive de Nyons (avec une AOC qui recouvre 54 communes, 350 producteurs et une seule variété : la tanche). Le lieu offre une gamme de produits du pays autour

fabrique artisanale de scourtins.

Un scourtin est un fi ltre dans lequel

à innover dans la tradition. C’est lui qui

cette histoire qui se poursuit.

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Annexes 74

de son produit phare (une excellente huile d’olive que nous dégustons), un musée de l’olivier.

Repas de midi au Restaurant “d’un goût à l’autre”: Un repas autour d’un plat centré sur l’olive en différentes préparations accompagnées par une cuisse de canard … et un dessert où l’olive évidemment toujours présente s’exprimait glacée ou sucrée …

Domaine Rocheville.Une famille propose aux visiteurs une gamme de produits et de services. Les produits : du vin, des olives et de l’hui-le, des fruits … dans une boutique très écologique qui accueille des produits du terroir. Des services : un sentier de découverte qui serpente dans les vi-gnes et les vergers.

Rencontre avec Franck Dozol, moulinier.

L a rencontre se passe dans les vergers en terrasse … “avec leurs mains dessus leurs têtes, ils avaien monté des mu-rettes jusqu’au sommet de la colline” … le jeune moulinier nous expose les exigences de qualité du métier, inscri-tes depuis des générations … et qui ré-siste à la pression (!) de la quantité qui tend à tropfaire monter la production (et descnedre le prix ?) … la cueillette manuelle garde son intérêt et résiste encore à la généralisation du fi let.

Il est 16 h 18… par un “iphone”en direct sur le cosmos nous apprenons la mort de Jean Ferrat …tristesse … pourtant que la montagne est belle !

NB : Les photos jointes sont de Sylvain CHARTIER … qui s’en trouve donc ab-sent.

musée de l’olivier.

tes depuis des générations … et qui ré-

tend à tropfaire monter la production

L a

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… et demain ...

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Crédit photos : Bernard BALLESTER (Dauphiné Libéré) - Eric BARRAUD (Terroirs et Culture) - Stéphanie CAPDEBOSCQ (MFR d’Anneyron) - Sylvain CHARTIER (MFR d’Anneyron) - Françoise DEMOULIN - Jacques DEPLACE (MFR d’Anneyron) - Claude DESRIEUX - Guillaume LACROIX - Laure MULLIEZ - Emilie ROUILLON - Baptiste ROZIER - Maurice THOMAS (Moras en Valeur).

Création et Impression : IDC Imprimerie - ANDANCETTE - 04 75 03 04 91

du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime - Maroc

et du Ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche - France

«« DiversitDiversitéés, Durabilits, Durabilitéé, Terroirs et, Terroirs et

DDééveloppementveloppement » »

31 mai 31 mai –– 1 1erer et 2 juin 2010 et 2 juin 2010 ––

Chefchaouen Chefchaouen –– Maroc Maroc

et du Ministère de l

33èèmeme Forum International Forum International

organisé par les associationsorganisé par les associations

0

EtEt

Avec lAvec l’’appui institutionnel et financierappui institutionnel et financier

5 avril 20105 avril 2010

...les chemins du terroir continuent à s’ouvrir...

Forum Planète Terroirs Chefchaouen (Maroc)lundi 31 mai, mardi 1er et mercredi 2 juin 2010C’est la troisième édition de ce Forum international qui rassemble des acteurs de terroirs d’une vingtaine de pays sur les 5 continents”. Les deux précédentes avaient eu lieu en Aubrac (2006), aux Dentelles de Montmirail (2008).

Entretiens du Terroir en Valloire (3ème édition)samedi 18 septembre 2010 en fi n d’après-midi … le lieu reste encore une surprise … qui pourrait passer le Rhône !Le thème : “Paysages de Valloire, expressions de terroir” … en lien avec la Fête de la Poire,

Fête de la Poire (4ème édition) - Moras en Valloiredimanche 19 septembre 2010 par les Arbos de Moras et de la ValloireLa poire y sera associée au chocolat du Mexique !

Marchés au village de l’été organisés par la Communauté de Communes Rhône Valloire

Notez-le sur vos agendas !