les echos - 07 12 2020

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LUNDI 7 DÉCEMBRE 2020 ISSN0153.4831 113 e ANNÉE NUMÉRO 23342 34PAGES Antilles Réunion 4,10 €. Belgique 3,60 €. Espagne 4,40 €. Grande-Bretagne 3£80. Grèce 4,20 €. Italie 4,40 €. Luxembourg 3,80 €. Maroc 35 DH. Suisse 5,90 FS. Tunisie 5,50 TND. Zone CFA 3100 CFA. Politique monétaire Les marchés dans l’attente de la réunion de la BCE, jeudi // P. 30 Enquête Les antivaccins : anatomie d’une France qui doute // P. 14 K. Konrad /Sipa Voiture électrique : l’Europe accélère Jeunes : Macron lance son opération séduction AUTOMOBILE Les ventes de voi- tures électriques ont franchi le cap symbolique du million de véhicules en Europe. Sur les onze premiers mois de l’année 2020, il s’est vendu 1,05 million de voitu- res 100 % électriques et hybrides rechargeables en Europe de l’Ouest, le double de l’année der- nière. Ce million de véhicules ven- dus ne représente encore que 10 % des ventes de voitures neuves pré- vues pour 2020. Toutefois, ce chif- fre est bien supérieur aux prévi- sions du secteur, qui table sur quelque 600.000 voitures 100 % électriques pour 2020. Cette accé- lération s’explique par les subven- tions accordées par les gouverne- ments, mais également par l’augmentation de l’offre et les efforts consentis par les construc- teurs sur les prix. // PAGE 18 Henry Nicholls/Pool/AFP JEUNESSE Le but était d’avoir un échange direct avec la jeunesse. L’interview d’Emmanuel Macron à Brut, vendredi, était aussi une opération séduction du chef de l’Etat auprès des jeunes. Aux étu- diants qui réclamaient de retour- ner sur les bancs des universités, le chef de l’Etat a ouvert la porte à une reprise des cours en présen- tiel dès janvier. Aux plus précai- res, il a promis le versement d’une nouvelle aide exceptionnelle mais a fermé la porte à une exten- sion du RSA aux jeunes. Il avait par ailleurs annoncé, vendredi matin, 400 millions d’euros pour un nouveau campus consacré à la santé numérique, à Paris. // PAGE 2 nimeurope.com 01 46 24 85 71 Paris • Metz • Lyon • Lille • Bordeaux Un manager en urgence pour relancer votre activité ! Cash management Réorganisation RH Gestion de crise Relance industrielle Retournement opérationnel Digitalisation accélérée Catastrophes naturelles : inquiétudes sur le coût des sécheresses ASSURANCE Mobilisation géné- rale sur le front des indemnisa- tions des catastrophes naturelles. Selon nos informations, l’Etat a lancé une vaste enquête afin de déterminer l’étendue des dégâts provoqués par les nombreux épi- sodes de sécheresse ces dernières années, en particulier leurs consé- quences sur les logements et autres bâtiments existants. Les conclusions devraient être regar- dées de près par le secteur des assurances. Le risque de voir la fac- ture des réparations déraper met sous pression le système public- privé de prise en charge des dom- mages liés aux catastrophes natu- relles. // PAGE 28 Chine : la tentation totalitaire Le Regard sur le monde de Dominique Moïsi De Hong Kong à l’Australie, Pékin est passée maître dans l’art de la dissuasion, écrit Dominique Moïsi. Pour les démocraties, les ambitions de la Chine devraient figurer au premier rang dans la hiérarchie des menaces. Si les relations transatlantiques se cherchaient un moteur, il est tout trouvé. // PAGE 11 SUR L’ÉCLAIRAGE ÉCO À 7H15 DANS LE 7H-9H DE MATTHIEU BELLIARD RETROUVEZ NICOLAS BARRÉ Les relations post-Brexit sont suspendues à l’entretien que doivent avoir, ce lundi soir, Boris Johnson et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. l Toujours pas d’accord sur le Brexit entre Londres et l’Union européenne. l De nombreux points de blocage persistent. l La France prête à faire jouer son veto pour défendre la pêche. // PAGE 7 ET L’ÉDITORIAL D’ÉTIENNE LEFEBVRE PAGE 15 L’ultime bataille Bertrand Guay/AFP

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Page 1: Les Echos - 07 12 2020

LUNDI 7 DÉCEMBRE 2020

ISSN0153.4831 113e ANNÉENUMÉRO 23342 34PAGES

Antilles Réunion 4,10 €. Belgique 3,60 €.Espagne 4,40 €. Grande-Bretagne 3£80.Grèce 4,20 €. Italie 4,40 €. Luxembourg3,80 €. Maroc 35 DH. Suisse 5,90 FS. Tunisie5,50 TND. Zone CFA 3100 CFA.

Politique monétaire Les marchés dans l’attente de la réunion de la BCE, jeudi // P. 30

Enquête Les antivaccins : anatomie d’une France qui doute // P. 14

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Voiture électrique : l’Europe accélère

Jeunes : Macron lance son opération séduction

AUTOMOBILE Les ventes de voi-tures électriques ont franchi le cap symbolique du million de véhicules en Europe. Sur les onze premiers mois de l’année 2020, il s’est vendu 1,05 million de voitu-res 100 % électriques et hybrides rechargeables en Europe de l’Ouest, le double de l’année der-nière. Ce million de véhicules ven-dus ne représente encore que 10 %des ventes de voitures neuves pré-vues pour 2020. Toutefois, ce chif-fre est bien supérieur aux prévi-sions du secteur, qui table sur quelque 600.000 voitures 100 % électriques pour 2020. Cette accé-lération s’explique par les subven-tions accordées par les gouverne-ments, mais également par l’augmentation de l’offre et les efforts consentis par les construc-teurs sur les prix.// PAGE 18

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JEUNESSE Le but était d’avoir unéchange direct avec la jeunesse. L’interview d’Emmanuel Macronà Brut, vendredi, était aussi une opération séduction du chef de l’Etat auprès des jeunes. Aux étu-diants qui réclamaient de retour-ner sur les bancs des universités, le chef de l’Etat a ouvert la porte àune reprise des cours en présen-

tiel dès janvier. Aux plus précai-res, il a promis le versement d’unenouvelle aide exceptionnelle mais a fermé la porte à une exten-sion du RSA aux jeunes.

Il avait par ailleurs annoncé,vendredi matin, 400 millions d’euros pour un nouveau campusconsacré à la santé numérique, à Paris. // PAGE 2

nimeurope.com01 46 24 85 71Paris • Metz • Lyon • Lille • Bordeaux

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Gestion de crise

Relanceindustrielle

Retournementopérationnel

Digitalisationaccélérée

Catastrophes naturelles : inquiétudessur le coûtdes sécheresses

ASSURANCE Mobilisation géné-rale sur le front des indemnisa-tions des catastrophes naturelles. Selon nos informations, l’Etat a lancé une vaste enquête afin de déterminer l’étendue des dégâts provoqués par les nombreux épi-sodes de sécheresse ces dernières années, en particulier leurs consé-quences sur les logements et autres bâtiments existants. Les conclusions devraient être regar-dées de près par le secteur des assurances. Le risque de voir la fac-ture des réparations déraper met sous pression le système public-privé de prise en charge des dom-mages liés aux catastrophes natu-relles. // PAGE 28

Chine : la tentation totalitaireLe Regard sur le monde de Dominique Moïsi

De Hong Kong à l’Australie, Pékin est passée maître dans l’art de la dissuasion, écrit Dominique Moïsi. Pour les démocraties, les ambitions de la Chine devraient figurer au premier rang dans la hiérarchie des menaces. Si les relations transatlantiques se cherchaient un moteur, il est tout trouvé. // PAGE 11

SUR

L’ÉCLAIRAGE ÉCO À 7H15DANS LE 7H-9H DE MATTHIEU BELLIARD

RETROUVEZ NICOLAS BARRÉ

Les relations post-Brexit sont suspendues à l’entretien que doivent avoir, ce lundi soir, Boris Johnson et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

l Toujours pas d’accord sur le Brexit entre Londres

et l’Union européenne.l De nombreux pointsde blocage persistent.l La France prête

à faire jouer son vetopour défendre la pêche.

// PAGE 7 ET L’ÉDITORIAL D’ÉTIENNE LEFEBVRE PAGE 15

L’ultimebataille

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Page 2: Les Echos - 07 12 2020

Marie-Christine Corbier @mccorbier

On attendait la nouvelle de Mati-gnon, où les responsables d’établis-sement d’enseignement supérieur étaient réunis, vendredi dernier,

pour plancher sur la reprise des cours en présentiel. L’annonce est finalement venue du chef de l’Etat, lors de son interview au média en ligne Brut. « On va tout faire pour commencer un peu plus tôt en jan-vier » pour les universités, a déclaré Emmanuel Macron. Le 24 novem-bre, lors de son intervention téléviséesur le déconfinement, le chef de l’Etatavait évoqué une reprise des cours enprésentiel au début février dans l’enseignement supérieur. Mais les étudiants, comme les enseignants, avaient jugé cela beaucoup trop tar-

dif, évoquant des risques de décro-chage sérieux. Vu le tollé suscité, Emmanuel Macron a donc annoncé un redémarrage « plus tôt ».

PrudenceLe chef de l’Etat a toutefois été pru-dent : « On va essayer, je touche du bois, si nos résultats sont là [en matière de contamination au Covid,NDLR], de commencer plus tôt et sans doute qu’on va essayer de reprendre davantage de TD [travaux dirigés] en présentiel, reprendre peut-être, si les chiffres sont bons, début janvier, des cours mais en demi-am-phi », a précisé le chef de l’Etat. Jus-qu’à maintenant, seuls certains tra-vaux pratiques – et les examens – étaient autorisés en présentiel.

La reprise des cours en présencephysique des étudiants variera selonla situation des formations : si 50 élè-ves occupent un amphithéâtre de 200 places, « on peut reprendre en présentiel plus tôt », a indiqué le pré-sident. « C’est moins une bonne idée » si un amphithéâtre de 350 places accueille 300 étudiants, a-t-il ajouté.

Pendant ce temps, à Matignon,Jean Castex annonçait les modalités

d’une reprise progressive à partir de janvier. La Conférence des prési-dents d’université (CPU), qui partici-pait à la réunion des responsables d’établissement, a confié qu’elle allait« travailler à un plan de reprise de l’activité début janvier, de façon pro-gressive, en ciblant d’abord les publics prioritaires », selon Guillaume Gellé,numéro deux de la CPU.

Jean Castex a mentionné « les étu-diants les plus fragiles en risque de décrochage massif, les néobacheliers, les étudiants étrangers et les étudiantsen situation de handicap ». Un plan de reprise progressive sera élaboré avec la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal. « C’est un signe concret et extrêmement posi-tif », s’est félicitée la CPU. Une pre-mière réunion de travail est prévue ce lundi. Pour faire face aux risques psychologiques auxquels sont expo-sés les étudiants, le Premier ministrea aussi annoncé aux présidents d’université un plan de créations d’emplois de 80 psychologues (équi-valents temps plein), pour 1,8 milliond’euros, et de 60 assistantes sociales (1,5 million d’euros) dans les Crous « pour les six prochains mois ». n

Une reprise des cours en présence physique envisagée dès janvier dans les universités « On va tout faire pour commencer un peu plus tôt en janvier », a déclaré, vendredi, le chef de l’Etat. Les étudiants les plus fragiles seront prioritaires, selon Matignon.

Selon Brut, l’interview d’Emmanuel Macron a été vue par 50 % des 15-34 ans. Photo Bertrand Guay/AFP

commencer par le tabassage du producteur de musique Michel Zecler… Emmanuel Macron est resté sur la ligne qui est la sienne, ententant de convaincre des jeunes qui croient plus volontiers que leursaînés à un racisme d’Etat, notam-ment dans les violences policières.

Emmanuel Macron n’était pasvenu les mains vides. Il a admis sansfard son échec dans la lutte contre lesdiscriminations. « Quand on a une couleur de peau qui n’est pas blanche,on est beaucoup plus contrôlé, encore plus quand on est un garçon, car on estidentifié comme étant un facteur de risques, de problèmes, et c’est insoute-nable », a-t-il estimé. Il a annoncé la création, en janvier, d’une plate-forme nationale de signalements, à laquelle seront associées la Défen-seure des droits, Claire Hédon, ainsi que la Licra (Ligue contre le racismeet l’antisémitisme). Des propos qui ont fait bondir les syndicats poli-c i e r s , q u i o n t d é n o n c é l e u r « lâchage » par le chef de l’Etat et l’ontfait bruyamment savoir.

Si elle a occupé une large part del’interview, la question des violen-ces policières n’a pas été la seule à

dernier, Emmanuel Macron a aussireconnu un échec, collectif cette fois. « Je n’ai pas changé d’avis [mais]je n’ai pas réussi à l’accomplir, c’est un échec collectif », a-t-il dit. Alors que sera célébré cette semaine l’anniversaire des cinq ans de l’Accord de Paris sur le climat, la question du changement climati-que a été un autre point fort de l’interview.

Les propositions de la Conven-tion citoyenne pour le climat (CCC) seront retravaillées avec le Parle-ment et le gouvernement, ce qui a provoqué la colère de Cyril Dion, l’un des parrains de cette conven-tion. « Je n’ai pas de leçon à rece-voir », avait préventivement déclaréEmmanuel Macron sur Brut, alors qu’il est de plus en plus accusé de détricoter les travaux de la CCC.

Quant à sa candidature à unsecond mandat en 2022, tout reste ouvert. « Peut-être que je ne pourrai pas être candidat. Peut-être que je devrai faire des choses dans la dernièreannée, dans les derniers mois, dures, parce que les circonstances l’exige-ront, et qui rendront impossible le fait que je sois candidat », a-t-il estimé. n

l Sur le média en ligne Brut, vendredi dernier, Emmanuel Macron a joué franc-jeu avec les jeunesen admettant son échec dans la lutte contre les discrimi-nations ou dans l’interdiction du glyphosate.l Il est aussivenu avec des mesures.

Macron a lancé son opération séduction auprès des jeunes

Grégoire Poussielgue @Poussielgue

Emmanuel Macron a exclu la réou-verture des discothèques, fermées depuis le premier confinement – « Ce serait de la folie », a-t-il dit. Mais il a aussi profité de son inter-view sur le média en ligne Brut, ven-dredi dernier, pour jouer cartes sur table et lancer une vaste opération de séduction auprès des jeunes, cible privilégiée de ce média. Cette offensive a, semble-t-il, atteint son objectif quantitatif : selon Brut, l’interview a été vue par 50 % des 15-34 ans. Elle s’est poursuivie sur Snapchat, autre plateforme privilé-giée des jeunes adultes et adoles-cents, où de nombreuses questions lui ont été posées, de la réouverturedes salles de sport à la dépénalisa-tion du cannabis en passant par sa définition de la laïcité.

Les violences policières et la luttecontre les discriminations ont occupé une large part de l’inter-view, qui s’est faite sur un ton très franc et direct. Soutien de la police, mais condamnation des actes comme ceux arrivés récemment, à

POLITIQUE

Réconcilier le pays : quelqu’un a la recette ?

LE FAITDU JOURPOLITIQUECécileCornudet

V enir sur Brut porterl’apaisement… Dansun autre moment, on

se serait amusé de ces mots mal assortis. Dans celui-ci, on s’en inquiète. Une fois n’est pas coutume, le constat est partagé.« Notre défi est de réconcilier le pays », dit Stanislas Guerini, le patron d’En Marche (Europe 1 - « Les Echos » - Cnews). « Le quinquennat est marqué par le désordre et la discorde », souligne Bruno Retailleau (BFM). Après ses discours sécuritaires, Valérie Pécresse insiste sur le social et invoque Jean-Louis Borloo. « Nous n’éradiquerons pas l’islamisme si on ne casse pas les ghettos urbains, son terreau », dit-elle (« JDD »). Remettre de l’humain dans ce monde de brutes. Mais comment ? Chez les Français, de micro-indices montrent la saturation. Le nombre de Français qui déclarent spontanément leur confiance en la police baisse de 8 points en un mois, observe l’Ifop (à 37 %) ; la sympathie à son endroit tombe à 13 %, au plus bas depuis cinq ans. L’image du passage à tabac de Michel Zecler ne s’efface pas. Un coup d’œil aux sujets de conversation recensés par « Paris Match » confirme l’envie de douceur. En cette fin d’année si particulière, les Français évoquent plus volontiers les mesures de déconfinement et Noël que l’article 24 sur la sécurité.Faire retomber la pression, tel est donc le mot d’ordre. Emmanuel Macron va sur Brut renouer avec le « en même temps » de sa campagne. Faire « avec » et non « contre »,

recette de la « bienveillance ». Il soutient les forces de l’ordre, il récuse toute violence systémique, explique-t-il. Il y a des contrôles aux faciès, il faut installer une plateforme pour signaler les discriminations, dit-il aussi. Parler aux deux camps, conciliateur. Sauf que les camps ne le vivent pas comme ça. Parler à l’un c’est lâcher l’autre, disent des syndicats de policiers.« Lâcher les forces de l’ordre, c’est une faute impardonnable », embraye Xavier Bertrand (France 3). L’exécutif se trouve dans ce moment d’impasse où tout ce qu’il fait pour désamorcer un front en ouvre un autre. La politique « poupées russes ». Dans un archipel électrisé, aucun mot n’a de vertus thérapeutiques pour tous. Il faut libérer la parole, suggère dès lors Stanislas Guerini, faire sortir la pression, comme elle était sortie lors du grand débat post- « gilets jaunes ». Mais un grand débat ne se fait qu’une fois. Macron a bien tenté d’en décliner l’esprit avec sa convention citoyenne sur le climat. 150 citoyens tirés au sort pour apporter des solutions : la méthode était inédite, les mesures ambitieuses. Un peu trop justement pour un exécutifqui gère l’urgence sociale et veut reconstruire l’économie. Cinq ans après les Accords de Paris sur le climat, les citoyens font pression et menacent de perturber l’anniversaire. La solution est devenue problème. Y en a-t-il d’autres ? Relancer les réformes, dont celle des retraites, au risque de réveiller les crispations ? Quand la maison brûle, les regards se tournent ailleurs. Peut-être faut-il expliquer ainsi la popularité malgré lui du général de Villiers. Moins figure d’autorité qu’on ne le dit parfois que de modestie et de « bon sens ». « Halte au feu. On pose le sac et on réfléchit », dit-il dans « Le Parisien »[email protected]

Le « en même temps » n’a plus de vertus apaisantes, démontre la colère des syndicats de police contre Macron. Les conventions citoyennes peuvent se retour-ner contre l’initiateur. Exécutif cherche sortie de crises.

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RETROUVEZ DOMINIQUE SEUXDANS « L’ÉDITO ECO »À 7H45DU LUNDI AU VENDREDI

SUR

être abordée. Face à des jeunes, qui sont les premières victimes des deux confinements, Emmanuel Macron a également annoncé des mesures. Il a évoqué le versement d’une nouvelle aide exceptionnelle pour les plus précaires en fermant, en même temps, la porte à une extension du RSA aux jeunes.

Sans trop prendre d’engagementcompte tenu de la nature de l’épidé-mie, Emmanuel Macron a dit espé-rer un retour à une vie presque nor-male pour le printemps ou l’été prochain. Le message était aussi positif pour les étudiants, puisque le chef de l’Etat a promis de « tout faire » pour qu’ils puissent repren-dre les cours plus tôt en janvier.

Sur le glyphosate, dont il avaitannoncé la fin pour le 27 novembre

Une nouvelle aide exceptionnelle pour les plus précaires a été annoncée.

FRANCE Lundi 7 décembre 2020 Les Echos

Page 3: Les Echos - 07 12 2020

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Page 4: Les Echos - 07 12 2020

04 // FRANCE Lundi 7 décembre 2020 Les Echos

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Vous aviez, vous, proposé d’augmenter les salairesde 15 à 20 %. Vous y renoncez ?A titre personnel, je continue à por-ter cette proposition. Ma convic-tion, c’est que, dans une dizaine d’années, les pays les plus auda-cieux feront ce choix, en échange dela suppression des cotisations patronales et salariales, le tout financé par un microprélèvement sur les mouvements d’argent. Mais proposer 5 %, c’est déjà inédit. Noussommes sur le bon chemin.

Que comptez-vous faire pour les entreprises ?Nous voulons un « choc de débu-reaucratisation » à travers un nou-veau Code du travail de 100 pages qui rappellerait les principes fonda-mentaux mais renverrait le reste à la négociation au sein des brancheset des entreprises. C’est ce qu’avait intelligemment proposé Robert Badinter. Il faut aussi réduire tout de suite la TVA à 5,5 % pour l’hôtel-lerie-restauration. Et transformer jusqu’à 25 % des prêts garantis par l’Etat en fonds propres pour nos entreprises en difficulté.

Faut-il travailler plus ?Sortons de ce débat : donnons des salaires justes aux travailleurs, de lasouplesse aux entrepreneurs. Pour libérer le travail, il faut leur permet-tre enfin, par un référendum interne à l’entreprise, de fixer le temps de travail, entre 35 et 40 heu-res. Les accords de performance collective sont aujourd’hui bien trop complexes.

Comment lutter contre la hausse de la pauvreté ?Outre la hausse des salaires, il faut améliorer la loi de 2016 qui oblige uncertain nombre de grandes surfaces à transmettre leurs invendus à des associations caritatives. Le seuil actuel de 400 mètres carrés est insuf-fisant et les amendes ne sont pas dis-suasives. Comme le dit Julien Dive [député LR, NDLR], il faut abaisser le seuil à 200 mètres carrés et porter lesamendes à 20.000 euros.

Quel serait le coût de toutes ces mesures ?Près de 40 milliards d’euros. Notre plan de financement est prêt car il est hors de question d’augmenter les impôts. Entre la lutte contre les fraudes fiscales et sociales, la fin des

« Nous augmenterons de 5 % tous les salaires nets »

Propos recueillis parPierre-Alain Furbury

@paFurbury

Les fondamentaux de l’écono-mie française sont-ils « solides »,comme le dit Bruno Le Maire ?Non. A la fin de l’année, la France vaatteindre 11 % de chômage, 11 % de récession du PIB, 11 % de déficit, unedette publique de 120 % et plus de 10 millions de pauvres. C’est catas-trophique. Mais soyons honnêtes. Même si Emmanuel Macron a aggravé la situation, ce n’est pas qu’àcause de lui. Après les Trente Glo-rieuses, la France n’a jamais su sor-tir des « quarante douloureuses » que connaît ma génération. Disons la vérité : la France est trop socialisteà l’intérieur et trop libérale à l’exté-rieur. D’un côté, nos entrepreneurs vivent un enfer bureaucratique de taxes et de paperasse ; de l’autre, nostravailleurs subissent les vents de la mondialisation financière, des délo-

Guillaume Peltier est député du Loir-et-Cher. Photo Baltel/Sipa

l Les Républicains tiennent mardi une convention nationale sur l’économie.l Guillaume Peltier dévoile les propositions de la droite pour une « révolution du bon sens » qui doit, selon lui, « réconcilier les entrepreneurs et les travailleurs ».

calisations et des salaires tirés vers le bas. Stop aux idéologies, le moment est venu d’une troisième voie économique : celle de la « révo-lution du bon sens ».

C’est-à-dire ?Cette révolution repose sur deux piliers : offrir beaucoup plus de liberté aux entrepreneurs et beau-coup plus de protection aux tra-vailleurs. A égalité. Car celui qui prétend redistribuer sans produire est un menteur, et celui qui prétendproduire sans redistribuer est un injuste. Défendons la majorité silencieuse, les classes moyennes, ces fameux « deux Français sur trois » dont parlait Valéry Giscard d’Estaing, ceux que j’appelle les « milieux de cordée » et qui sont aujourd’hui oubliés.

Que propose LR, concrètement, pour « protéger les travailleurs » ?Pour récompenser le travail, nous augmenterons de 5 % tous les salai-res nets, en divisant par deux la CSGqui pèse sur le travail : pour un cou-ple où chacun gagne 2.000 euros, cela représente 200 euros de salairesupplémentaire par mois. Ensuite, pour aider les jeunes, nous propo-sons la prise en charge des six pre-miers mois de salaire par l’Etat, sui-v i e , e n c a s d e C D I , d ’ u n e exonération de cotisations pendantdeux ans pour l’entreprise. Contre la mondialisation financière, nous exigerons, comme Xavier Bertrand sur Bridgestone, le remboursementdes aides publiques des entreprises qui délocalisent. Pour soutenir notre industrie et nos entreprises stratégiques, nous proposons, avec Olivier Marleix [député et l’un des vice-présidents de LR, NDLR], un fonds souverain pour mobiliser l’épargne privée des Français volon-taires. Pour recréer la France des droits et des devoirs, nous rendronsobligatoire, pour tout bénéficiaire du RSA, sauf les accidentés de la vie,dix heures d’activités hebdomadai-res dans une association ou une col-lectivité. Enfin, nous proposons d’obliger les bailleurs sociaux à mettre en vente chaque année 5 % des logements sociaux à de futurs propriétaires modestes, par un mécanisme simple : le montant du loyer deviendrait celui du rembour-

GUILLAUME PELTIER Vice-présidentdélégué du partiLes Républicains

gaspillages bureaucratiques, un meilleur contrôle de l’immigration et la nouvelle politique du loge-ment, nous économiserons plus de 40 milliards. Sans compter des mesures complémentaires , comme mettre fin aux rentes exas-pérantes des compagnies d’assu-rances et des sociétés d’autoroutes.

La réduction des déficits et de la dette passe-t-elle au second plan ?C’est un objectif permanent, mais lapriorité, c’est de changer radicale-ment un modèle français qui ne fonctionne plus. En augmentant lessalaires, en libérant le travail, nous créerons un cercle vertueux pour les comptes publics.

Le programme très libéral de François Fillon paraît bien loin…Ce qui nous intéresse, avec Chris-tian Jacob, c’est l’avenir, pas le passé.Il faut revenir à cet équilibre qui fonde la droite républicaine. Le gaullisme et le bon sens, c’est de réconcilier les entrepreneurs et les travailleurs. Nos propositions sont le fruit d’un immense travail collec-tif avec nos députés, sénateurs et élus locaux, d’Eric Woerth [le prési-dent de la commission des finances de l’Assemblée, NDLR] à Sophie Gaugain [vice-présidente de la régionNormandie et secrétaire générale adjointe de LR] ou Stéphane Viry [député LR]. C’est le plus grand tra-vail de fond réalisé par notre famillepolitique depuis 2007.

Vous êtes le numéro deux d’un parti dont le président ne sera pas candidat. Excluez-vous de vous lancer en 2022 ?Ma priorité, c’est le collectif. Ce sontles idées qui mènent le monde. Toute victoire électorale est précé-dée d’une victoire idéologique : nous devons bâtir une droite popu-laire, forte sur le régalien, juste sur l’économie. Je serai au plus près de notre candidat naturel, celui capa-ble de faire gagner cette droite populaire, seule alternative au duel mortifère entre Emmanuel Macronet les extrêmes. n

« En augmentant les salaires, en libérant le travail, nous créerons un cercle vertueux pour les comptes publics. »

de son interview accordée à Brut, le président français n’a pas éludé la question des con-trôles au faciès. « Quand on a une couleur de peau qui n’est pasblanche, on est beaucoup plus contrôlé, encore plus quand on est un garçon, car on est identifié comme étant un facteur de ris-ques, de problèmes, et c’est insou-tenable », a-t-il dit. La question des violences policières a occupé plus de quarante minu-tes de l’interview sur Brut, ce quin’est pas passé inaperçu dans lesrangs des forces de l’ordre.

« Plateforme défouloir »Ces propos ont immédiatementfait gronder la police et plu-sieurs syndicats (Alliance, Unité SGP, Unsa Police) ont appelé à une cessation des contrôles d’identité. « Notre meilleure action sera l’inac-tion », a déclaré Unité SGP dansun tract, tout en dénonçant son « lâchage » par Emmanuel Macron. L’annonce de la créa-tion d’une plateforme pour dénoncer les discriminations est aussi mal perçue par les syn-dicats. Alliance estime que ce sera une « plateforme défouloir de la haine antiflics »… Ces accu-sations ont été reprises par le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, quia lui aussi accusé Emmanuel Macron d’avoir « lâché » les for-ces de l’ordre. L’Elysée estime que la confiance reste de mise avec les syndicats, malgré quel-ques incompréhensions.

Au lendemain de nouvellesmanifestations contre la loi sécurité globale qui ont donné lieu à de nouvelles violences – ily a eu samedi 95 interpellationset 67 policiers et gendarmes blessés –, le gouvernement a de nouveau multiplié les messa-ges de soutien à destination desforces de l’ordre.

« Moi, je prends des coupspour les policiers et les gendar-mes. Je suis fier d’être un chef quidéfend ses troupes, qui ne s’en va pas comme une volée de moi-neaux quand il y a un pro-blème », a déclaré Gérald Dar-m a n i n , l e m i n i s t r e d e l’Intérieur, au « JDD ». n

Grégoire Poussielgue @Poussielgue

L’équilibre est de plus en plus complexe à trouver. Entre le soutien aux forces de l’ordre et lacondamnation d’actes racistes ou violents émanant de certains de leurs membres, Emmanuel Macron se situe sur une étroite ligne de crête. D’un côté, l’exécu-tif ne peut que condamner les récents événements, comme l’évacuation violente d’un camp de migrants place de la Républi-que il y a deux semaines ou le tabassage du producteur de musique Michel Zecler.

Après ce dernier épisode, quia suscité une intense émotion, Emmanuel Macron a demandé à son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, des proposi-tions pour améliorer le fonc-tionnement de la police, et de premières pistes, telles que l’amélioration de la formation ou le renforcement de l’encadre-ment intermédiaire, ont été évoquées.

De l’autre, l’exécutif ne peutque soutenir les policiers et les gendarmes, dont l’exercice du métier est de plus en plus com-plexe dans un contexte de forte menace terroriste. Aujourd’hui,il n’y a plus une manifestation en France qui ne se termine sans violence. Cet équilibre est difficile à tenir et le psycho-drame politique autour de l’article 24 de la loi sécurité glo-bale est venu le démontrer.

Emmanuel Macron n’a decesse de le répéter. Il veut une police exemplaire avec les Fran-çais, mais aussi des Français exemplaires avec leur police. Vendredi dernier, à l’occasion

SÉCURITÉ

Plusieurs syndicats de police ont appelé à cesser les contrôlesd’identité après les propos du chef de l’Etat dénonçant les contrôles au faciès, sur le média en ligne Brut.

La difficile équation de Macron avec les forces de l’ordre

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Les Echos Lundi 7 décembre 2020 FRANCE // 05

Chantal Houzelle @HouzelleChantal

Les violentes manifestations contre la loi sécurité globale, avec des com-merces saccagés par des casseurs aucœur de Paris, ont conduit à 95 inter-pellations et fait 67 blessés parmi les forces de l’ordre, selon le dernier bilan communiqué par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Invité ce dimanche du « Grand Ren-dez-Vous Europe 1 - CNews - Les Echos », Stanislas Guerini, délégué général de LREM, a répondu à la charge violente du président du groupe parlementaire de La France insoumise à l’égard d’Emmanuel Macron, qu’il accuse d’être à la tête d’un Etat autoritaire. « Ce qui me frappe, c’est que Jean-Luc Mélenchon prenne systématiquement le parti des ennemis de la République, de ceux qui veulent la détruire. J’ai eu l’occasion dediscuter avec les forces de l’ordre et le ministre de l’Intérieur, les casseurs viennent dans l’intention de casser du flic, il faut pouvoir les dénoncer sans ambiguïté. Notre première responsabi-lité est d’assurer l’ordre et de protéger. »

« Lien de confiance »Certains commerçants, pour les-quels c’est la double peine, récla-ment des zones protégées, d’autant qu’ils ont aussi subi deux périodes de confinement. « C’est extrêmementdifficile pour les commerçants, il faut encadrer sans renier le droit à mani-fester et faire en sorte qu’ils puissent faire leur travail, reconnaît le patron de la majorité. Ce n’est pas être anti-manifestations que de protéger les for-ces de l’ordre, le logiciel de Jean-Luc Mélenchon a totalement buggé. »

Interrogé sur les propos tenusvendredi par Emmanuel Macron au média en ligne Brut concernant

Au lendemain des violentes manifestations contre la loi sécurité globale, Stanislas Guerini, délégué général de LREM, a défendu la politique du chef de l’Etat.

Stanislas Guerini : un référendum sur la laïcité ne serait pas « efficace »

LE GRAND RENDEZ-VOUS //EUROPE 1 - CNEWS - « LES ÉCHOS »

contaminés et contraints à l’isole-ment puissent être indemnisés dès le premier jour par l’assurance-maladie.

Si le jour de carence a été sup-primé pendant le premier confine-ment pour l’ensemble des congés maladie des fonctionnaires, quelle qu’en soit la cause, pour le gouver-nement il n’était pas question de réi-térer l’opération. Cette mesure, ins-taurée sous Nicolas Sarkozy puis supprimée sous François Hollande,a été rétablie à l’arrivée d’Emma-nuel Macron à l’Elysée, qui en a fait un marqueur de sa volonté de réfor-mer la fonction publique. Pas ques-tion, donc, de le supprimer pure-ment et simplement durablement.

« Dentelle juridique »A la mi-novembre, la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Amélie de Montchalin, avait expliqué ne pas être « dogma-tique , mais avait botté en touche sur le sujet. « On fait de la dentelle juridique pour s’assurer qu’il n’y a pas deux poids deux mesures entre le public et le privé, précisait la ministre, vendredi, aux « Echos . L’objectif est d’« éviter que le jour de carence ne pénalise la politique de santé publique , explique-t-elle. La situation est, il est vrai, ubuesquepuisque l’indemnisation des cas

contacts est prévue au premier jouren attendant le résultat du test, maisun agent déclaré positif qui se voit ensuite prescrire un arrêt maladie voit son traitement amputé d’1/30e.

Entrée en vigueur au 1er janvier 2021Avec le risque, donc, d’un renonce-ment au dépistage ou à rester chez soi. Les syndicats n’ont cessé de dénoncer cette situation. Le jour de carence « génère un report du recours aux soins, délétère pour la santé des agents, coûteux pour la Sécurité sociale, [favorisant] la trans-mission des pathologies […] en con-trevenant à la prévention de l’épidé-mie puisqu’il est une incitation à minorer tout symptôme , avaient écrit en septembre à Amélie de Montchalin huit des neuf syndicatsde fonctionnaires (CGT, FO, FSU, Solidaires, FA-FP, Unsa, CFE-CGC etCFTC). Le maintien du jour de carence était aussi critiqué notam-ment par l’Association des DRH des

Leïla de Comarmond @leiladeco

Ne dites plus congé maladie, dites isolement volontaire. Le change-ment est un enjeu de santé publiquepuisqu’il vise à limiter le développe-ment de l’épidémie en traitant aussile cas des malades du Covid sans symptômes.

Ce nouvel axe de la politique gou-vernementale de lutte contre l’épidé-mie permet aussi à l’exécutif de résoudre l’épineux problème du jour de carence dans la fonction publique. Le gouvernement a déposé au Sénat un amendement auprojet de loi de finances pour 2021 qui sera débattu lundi et qui permet d’y « déroger » afin que les agents

SANTÉ

L’exécutif prévoit l’application dela mesure tant que durera l’état d’urgence.

Ce revirement vise à renforcer l’incitation des fonctionnaires à se faire tester et à s’isoler en cas de suspicion d’infection.

Fonction publique : plus de jour de carence pour les cas de Covid

Les syndicats de fonctionnaires avaient dénoncé le jour de carence qui « génère un report du recours aux soins ». Photo Loïc Venance/AFP

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grandes collectivités, et certaines collectivités justement avaient même décidé de ne plus l’appliquer.

Une fois la loi de finances pour2021 promulguée, la dérogation va faire l’objet d’un décret pris après consultation des syndicats de fonc-tionnaires ainsi que du comité d’évaluation des normes. Elle entrera en vigueur le 1er janvier. L’amendement prévoit que la mesure s’appliquera tant que durera l’état d’urgence, dont le terme est fixé aujourd’hui au 16 février, mais elle devrait se pro-longer ensuite. n

Les agents contaminés et obligés de s’isoler pourraient être indemnisés dès le premier jour par l’assurance-maladie.

les contrôles au faciès, propos qui ont provoqué une vive réaction de certains syndicats de police, Stanis-las Guerini estime que le chef de l’Etat « a eu raison de nommer le réel ». « Je suis convaincu que les pre-miers gagnants d’un renforcement du lien de confiance avec la popula-tion, ce seront les forces de l’ordre », a-t-il ajouté.

A quelques jours de la présenta-tion en Conseil des ministres du projet de loi contre le séparatisme, le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a plaidé ceweek-end, dans un entretien au « Figaro », pour un référendum surla laïcité, la protection des Français et l’immigration. « Je crois que nos concitoyens veulent de l’efficacité, et un référendum sur le principe de la laïcité n’est pas une proposition effi-cace », a tranché Stanislas Guerini.

« Il faut inlassablement défendrela laïcité, qui est le joyau de notre République et le modèle de la liberté, pour protéger ceux qui croient et ne croient pas. Il faut mener ce combat collectif, sinon ce serait un échec terri-ble », estime le patron de LREM, quis’attelle à mettre en marche le parti présidentiel pour les prochaines élections régionales. n

Parlant de la police, le chef de l’Etat « a eu raison de nommer le réel », pour Stanislas Guerini.

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Page 6: Les Echos - 07 12 2020

06 // FRANCE Lundi 7 décembre 2020 Les Echos

public-privé. Le modèle est encore « en cours de réflexion », selon l’entourage du chef de l’Etat. Mais l’idée est d’avoir « un investissement initial de l’Etat » pour lancer le projet :45 millions seront issus du plan de relance pour les deux premières années et 180 millions proviendront de la loi de programmation de la

recherche. Il faudra ensuite « trouverdes partenaires qui permettront de compléter » les moyens. Un conces-sionnaire aura la gestion du site qui « restera la propriété de l’Etat ».

La « tuyauterie » des liens public-privéLe projet sera lancé en 2021, avec « un lieu préfigurateur » installé pouraccueillir les premières équipes de recherche et des start-up. D’ici à cinqans, le campus doit être élargi à d’autres chercheurs, de l’Inserm, de l’université PSL (Paris Sciences et Lettres), de l’AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris), et accueillir l’agence du numérique du ministère de la Santé ainsi que le Health Data Hub, plateforme fran-çaise de données de santé utilisant l’intelligence artificielle. Dans l’entourage de Frédérique Vidal, on insiste sur « l’objectif de structurer une filière en santé numérique au niveau mondial ».

Ce futur campus doit servir àrécolter et à utiliser les données pour« améliorer l’état de santé » des Fran-çais, et pour « piloter et évaluer le sys-tème de santé », selon l’exécutif. Le gouvernement veut que s’y dévelop-pent des applications « à fort impact économique » qui pourront « créer éventuellement des entreprises et de l’emploi ». L’espace numérique per-sonnel de santé sera le projet « emblématique » de ce campus. Cette application, en cours de déve-loppement, a vocation à être généra-lisée début 2022. Elle doit débouchersur un agenda unifié des rendez-vous médicaux des patients.

L’exécutif voit ce campus commele « vaisseau amiral du plus vaste réseau national dédié à la récolte, à l’utilisation et à l’interprétation des données de santé ». « Nous avons une recherche pluridisciplinaire excel-lente mais il faut structurer les coopé-rations entre public et privé, avec entreles deux, comme tuyauterie, les don-

nées de santé », indique-t-on au ministère de la Recherche.

Fusion d’agencesLa création d’une agence sur les maladies infectieuses et émergen-tes, issue de la fusion de l’ANRS – quitravaille sur le Sida et les maladies infectieuses – et de REACTing, le consortium de l’Inserm qui a coor-donné les essais cliniques sur le coronavirus, a aussi été « actée », assure-t-on à l’Elysée, même si Emmanuel Macron ne l’a pas annoncé, contrairement à ce qui était prévu. En fin de semaine der-nière, le budget de la future agence n’était toutefois « pas complètement finalisé », selon l’Elysée.

Le chef de l’Etat n’a pas non plusévoqué la demande d’un collectif de 5.000 chercheurs, de procéder à une nouvelle délibération de la loi Recherche. Une nouvelle mobi-lisation de ses opposants est pré-vue ce mardi. n

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Les dispositifs publics destinés à favoriser l’innovation sont désor-mais pléthoriques en France. Crédit impôt recherche (CIR), création de Bpifrance, statut des Jeunes entre-prises innovantes, rehaussement de 25.000 à 100.000 euros du seuil d’achat public innovant sans mise enconcurrence, crédit d’impôt innova-tion (CII)… Mais sont-ils efficaces ? Le débat entre économistes fait rage.Si les dépenses de R&D en France représentaient 2,21 % du PIB en 2018,dont les deux tiers sont effectués parles entreprises, ce chiffre reste un peu plus bas que la moyenne des pays développés.

« Il existe de nombreux dispositifsde soutien à l’innovation, et il faut juger leur efficacité sur une période longue. Avec le temps, les entreprises se sont emparées de ces outils qui leurdonnent satisfaction », estime Jean Delalandre, le délégué général du Comité Richelieu, qui publie son observatoire de l’innovation 2020, réalisé avec Sogedev. Les deux tiers des entreprises interrogées par

Le PariSanté Campus sera installé sur le site de l’ancien hôpital d’instruction des armées du Val-de-Grâce, et accueillera acteurs publics et privés sur 75.000 m2, d’ici à 2028. Photo Thomas Samson/Pool/AFP

RECHERCHE

Marie-Christine Corbier @mccorbier

« On doit retrouver le sens du temps long et de la stratégie industrielle », avait lancé Emmanuel Macron, en juin dernier, aux chercheurs de l’Ins-titut Pasteur et de l’Inserm, en par-lant de souveraineté industrielle en matière de santé. Il entend passer aux actes. Le chef de l’Etat s’est rendu, vendredi, avec les ministres Frédérique Vidal (Recherche) et Oli-vier Véran (Santé), à l’Institut hospi-talo-universitaire (IHU) Imagine, au sein de l’hôpital Necker à Paris. Emmanuel Macron y a présenté « savision sur la recherche et l’innovation en santé pour les prochaines années »,selon l’Elysée, « pour renforcer » la « souveraineté » de la France.

Le chef de l’Etat s’est engagé àcréer un campus – baptisé PariSantéCampus – dédié à la santé et au numérique, sur le site de l’ancien hôpital d’instruction des armées du Val-de-Grâce, soit 75.000 m2 d’ici à 2028, partagés entre acteurs publics et privés. Pour ce projet « qui mélangerecherche, entreprises et tous les enjeux de données » et « incarne une vision de transformation », l’Elysée a promis un budget total de 400 mil-lions d’euros, avec un financement

Un nouveau campus de recherche en santé numérique doté de 400 millions l Le chef de l’Etat s’est engagé, vendredi, à l’hôpital Necker à Paris, à lancer un vaste projet de campus au Val-de-Grâce, pour « structurer une filière de santé numérique au niveau mondial ».l Le chantier, qui rassemblera acteurs publics et privés, doit s’achever en 2028.

en brefSanté au travail : la négociationse poursuit lundiSOCIAL Patronat et syndicatss’étaient donné un dernierrendez-vous de négociationsur la santé au travail ven-dredi. Mais ils ne sont pas par-venus à conclure, malgré unetrès longue séance de discus-sion. Les partenaires sociauxont décidé de se retrouverlundi à 17 heures sur la based’un nouveau texte patronalalors que des députés LREMont prévenu qu’ i ls pren-draient la main en l’absenced’accord. La députée En Mar-c h e C h a r l o t t e L e c o c q aannoncé il y a plusieurs moisson intention de déposer àl’Assemblée une propositionde loi d’ici la fin de l’année.

La prime aux enseignants sera versée en janvierÉDUCATION Ce sera 176 euros par an, et elle sera versée au 1er janvier prochain. Le décret etl’arrêté portant création de la prime annuelle d’équipement informatique allouée aux enseignants et psychologues del’Education nationale (titulai-res et stagiaires) ont été publiés dimanche au Journal officiel. Cette gratification ne s’appliquepas aux professeurs documen-talistes. Les contractuels en CDIla percevront ainsi que certainsagents en CDD (contrats suc-cessifs d’au moins un an sans interruption de plus de quatre mois entre deux contrats).

l’association, qui regroupe des PME innovantes, font aujourd’hui partie d’un système labellisé French Tech, contre 19 % il y a quatre ans. Autre point positif, 41 % des répondants sont bénéficiaires du statut de Jeuneentreprise innovante, qui permet de profiter d’exonérations fiscales et sociales. Et parmi elles, « 84 % esti-ment que le dispositif a eu un impact significatif sur leur activité », selon l’enquête du Comité Richelieu. Bpi-france a aussi trouvé sa place. La moitié des entreprises déclarent accéder plus facilement aux prêts, et41 % aux aides à l’exportation avec lanaissance de Bpifrance.

« L’achat public réservé aux entre-prises innovantes met en revanche plus de temps pour se faire une place auprès des entreprises », remarque Jean Delalandre. « Il existe un passif du côté des entreprises qui s’en méfient ; et du côté des administra-tions, celles-ci ne sont pas assez accul-turées à l’innovation, qui nécessite une prise de risque, et ne connaissent pas suffisamment les avantages qui peuvent en découler », juge le déléguégénéral du Comité Richelieu. Ainsi,

94 % des PME interrogées déclarent ne pas avoir bénéficié du rehausse-ment récent du seuil d’achats publics innovants de 25.000 à 100.000 euros sans mise en concur-rence, il est vrai intervenu en 2019.

Autre dispositif de soutien àl’innovation, le CII permet aux PME de bénéficier d’un crédit d’impôt de 20 % des dépenses nécessaires à la conception de prototypes ou d’ins-tallations pilotes de produits nou-veaux. Dans le CIR, si les dépenses derecherches sont inférieures à 100 millions d’euros, le taux s’élève à 30 %. Pour Jean Delalandre, « si le taux du CII était relevé à 30 %, et doncmis au même niveau que celui du CIR,cela enlèverait beaucoup de conten-tieux fiscaux. Celui-ci vient d’ailleurs d’être relevé à 40 % pour la Corse », souligne-t-il.

Il est vrai que les contentieux sontnombreux. La moitié des entrepri-ses interrogées ont fait l’objet d’un contrôle fiscal portant sur le CIR au cours des dernières années, contre 38 % il y a quatre ans. Ce qui pousse leComité Richelieu à demander à l’administration davantage de bien-veillance. « Il est normal qu’il y ait descontrôles mais il faut trouver une justemesure et ne pas rajouter une dose de contrôle à une administration qui a déjà une solide culture en la matière »,considère Jean Delalandre. Le coût du CIR devrait tout de même attein-dre 6,5 milliards d’euros cette année,selon Bercy. n

Les dispositifs publics de soutien à l’innovation séduisent les entreprisesLes entreprises interrogées par le Comité Richelieu plébiscitent le crédit d’impôt pour la recherche (CIR) et celui pour l’innova-tion, ainsi que le statut de jeune entreprise innovante.

Le coût du CIR devrait atteindre 6,5 milliards d’euros cette année, selon Bercy.

Page 7: Les Echos - 07 12 2020

Boris Johnson est pris en tenaille entre la fermeté d’une large partie de son propre camp politique et l’intransigeance de l’Union européenne au sujet de sa propre souveraineté. Photo John Sibley/Reuters

qui avaient interrompu les pour-parlers vendredi soir, se sont remi-ses au travail dès dimanche. A Bruxelles cette fois.

Sur un accord qui pourrait faireau final 750 pages, 650 sont déjà écrites et ne sont plus discutées parles deux parties. Reste une centainede pages à écrire, de très loin les plus difficiles.

Sur la concurrence, les Britanni-ques continuent notamment de refuser les « clauses de non-régres-sion » – que veut leur imposer l’UE –, qui leur interdiraient d’allé-ger leurs normes sociales ou envi-ronnementales par rapport à la situation actuelle, tout comme les «clauses cliquet », qui les empêche-raient de revenir en arrière une foisqu’ils les ont mises en œuvre. Sur lagouvernance, ils continuent de refuser le mécanisme que Bruxel-les veut leur imposer qui permet-trait à chaque camp, en cas de diffé-r e n d d a n s u n d o m a i n e ( p a r exemple la pêche), d’imposer à l’autre des compensations dans un autre (par exemple l’énergie).

Nœud gordienAu sujet de la pêche, les deux campss’opposent également : Londres propose de maintenir le statu quo pendant trois ans, une offre insuffi-sante aux yeux des Européens.

Le Royaume-Uni veut égalementretrouver une pleine liberté de marge de manœuvre en matière d’aides d’Etat. L’Union, elle, refuse de le laisser subventionner à sa guise des entreprises qui bénéficie-raient ainsi d’avantages indus face àleurs concurrentes du continent.

Dans cette ultime ligne droite,c’est donc un choix politique capitalque doit faire Boris Johnson : pris entenaille entre la fermeté d’une largepartie de son propre camp politiqueet l’intransigeance de l’Union euro-péenne au sujet de sa propre souve-raineté, le Premier ministre britan-nique n’a, semble-t-il, toujours pas tranché. La confrontation enclen-chée en 2017 aboutit aujourd’hui à un nœud gordien, comme en témoigne la très nette poussée de tension des tout derniers jours. Cette dramatisation laisse les observateurs dans une incertitude maximale : a-t-elle pour vocation depermettre à l’imprévisible Premier ministre de mieux vendre à son opi-nion publique un compromis final ? Ou sert-elle, au contraire, de prélude à un échec définitif ?

Seule certitude, les discussionsde ce début de semaine risquent de se dérouler dans un climat d’agace-ment renouvelé à Bruxelles. C’est eneffet ce lundi que les députés britan-niques doivent réintroduire, à l’occasion d’un vote, les dispositionssi décriées du projet de loi sur le marché intérieur, qui détricotent l’accord de retrait signé par Boris Johnson l’an dernier. La Chambre des lords les en avait expurgées. Pour ne rien arranger, le gouverne-ment britannique menace de faire de même dans un autre projet de loisur la fiscalité, qui doit être présentéau Parlement cette semaine.

(Lire l’éditoriald’Etienne LefebvrePage 15

aLes trois points de blocage : pêche, concurrence, gouvernancesur lesechos.fr/Monde/Europe

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—Correspondant à Londreset Gabriel Grésillon

@GGresillon—Correspondant à Bruxelles

Le Brexit serait-il simple comme uncoup de fil ? Les discussions entre leRoyaume-Uni et l’UE pour fixer le cadre de leur future relation post-Brexit sont en tout cas suspendues àl’entretien que doivent avoir, ce lundi soir par téléphone, la prési-dente de la Commission euro-péenne, Ursula von der Leyen, et le Premier ministre britannique, Boris Johnson.

Alors que, jeudi, doit se tenir unsommet européen des chefs d’Etat etde gouvernement des vingt-sept pays de l’UE, certains espèrent que les deux dirigeants parviendront d’ici là à mettre de l’huile dans les rouages d’une négociation qui sem-ble s’être bloquée, en fin de semaine dernière. Une passe d’armes entre Londres et Paris a même fini d’enter-rer toute chance de parvenir à un accord dans le week-end, les Britan-niques accusant les Français d’ajou-ter de nouvelles demandes dans la dernière ligne droite – ce que Paris dément catégoriquement. Quant au secrétaire d’Etat français aux Affai-res européennes, Clément Beaune, ila menacé, vendredi matin, de mettreson veto à un accord qui ne convien-drait pas à Paris. Une prise de posi-tion assumée publiquement par la France mais suivie, de façon plus dis-crète, par d’autres Etats membres.

Ursula von der Leyen et BorisJohnson, qui se sont parlé samedi après-midi, n’ont ainsi pu que constater les « divergences significa-tives » qui subsistent dans la der-nière ligne droite sur les trois sujetsqui fâchent : la pêche, les conditionsd’une concurrence équitable et la gouvernance du futur accord, autrement dit les procédures de résolution des éventuels différends.Ils ont aussi estimé qu’aucun accord ne pouvait être trouvé si ces difficultés n’étaient pas surmon-tées. Les équipes de négociation,

MULTILATÉRAL

Dans une conversation téléphonique, Boris Johnson et Ursula von der Leyen n’ont pu que constater, samedi, les fortes divergences qui demeurent entre les deux camps. Ils doivent se parler à nouveau ce lundi soir.

L’incertitude reste maximale dans ces tout derniers jours de confrontation.

Clément Beaune, secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, a menacé, vendredi, de mettre son veto à un accord qui ne conviendrait pas à Paris.

MONDE Les Echos Lundi 7 décembre 2020

Page 8: Les Echos - 07 12 2020

08 // MONDE Lundi 7 décembre 2020 Les Echos

grie au sujet de l’Etat de droit, en plus de mettre à l’arrêt les financesde l’Union, menace la cohésion même du bloc. Quant aux ques-tions de plus long terme au menu de jeudi et de vendredi – la Turquie,mais aussi les engagements clima-tiques –, elles sont également source de divisions.

La barre est placée haut pourtous ceux qui assurent le pilotage du navire européen. Angela Mer-kel, dont le pays assure la prési-dence tournante de l’UE, tente de peser de tout son poids sur les deuxprincipaux dossiers, au risque d’être taxée par certains de manquede fermeté. Ursula von der Leyen, qui a fêté sa première année à la têtede la Commission européenne, a récemment fait l’objet de soupçons comparables au sujet du Brexit. Quant à Charles Michel, qui vient aussi de souffler sa première bougieà la tête du Conseil européen, il aurapour rôle de présider les débats des chefs d’Etat et de gouvernement. Et de tenter de faire émerger des com-promis dans ce contexte électrique.

Espoir de courte duréeAlors que l’incertitude reste maxi-male au sujet du Brexit, ce sujet est,pour l’heure, dans les mains des négociateurs. Ce n’est pas le cas du budget européen et du plan de relance, qui font l’objet de tracta-tions entre Etats membres, en par-ticulier de la part de l’Allemagne. Vendredi matin, une pointe d’espoir était apparue : pour la pre-mière fois, il semblait possible

d’envisager que la Pologne adou-cisse sa position. Un vice-Premier ministre polonais, de passage à Bruxelles, avait laissé entendre queson pays pourrait se satisfaire d’une solution consistant à ajouter au budget européen une déclara-tion garantissant qu’il ne serait pasfait un usage politique des disposi-

tions prévoyant de lier l’accès aux fonds européens au respect de l’Etat de droit.

Mais cette lueur d’espoir a été decourte durée. Sur Twitter, le porte-parole du gouvernement polonais, Piotr Muller, a affirmé que son paysmaintenait « sa position dans son entièreté ». La Hongrie, quant à elle,joue la fermeté absolue. « La Hon-grie est catégorique sur le fait que les deux sujets doivent être séparés », a affirmé Viktor Orbán, son Premier ministre, en référence aux finance-ments européens et aux normes démocratiques.

Dans ce contexte, les Européenss’emploient à rendre de plus en pluscrédible la menace d’une exclusion des deux pays des mécanismes de financement. La Commission euro-péenne, depuis plusieurs jours, fait savoir qu’elle travaille très concrète-

ment aux façons de concrétiser un tel scénario. Vendredi, c’est Johan-nes Hahn, le commissaire en charge du Budget, qui a été le plus clair à ce sujet, dans une interview au « Financial Times ». Varsovie et Budapest « ne peuvent pas nous empêcher d’aider nos citoyens », a-t-ilprévenu, tandis que la Commissionenvisage la création d’un véhicule spécial qui permettrait aux vingt-cinq autres Etats membres de s’endetter collectivement afin de disposer, ensemble, de finance-ments pour la relance. Jeudi, un diplomate de premier plan préve-nait qu’un tel projet était « faisable »et apportait son « soutien entier » à laCommission dans sa démarche. Et dimanche, Clément Beaune, secré-taire d’Etat français aux Affaires européennes, affirmait que l’UE mettrait en œuvre son plan de

Gabriel Grésillon @GGresillon

—Bureau de Bruxelles

Rarement l’enjeu aura été aussi élevé pour l’Union européenne. La semaine qui s’ouvre ce lundi s’annonce cruciale sur la plupart des sujets qui divisent aujourd’hui les Européens. Le sommet qui devra la clore, les 10 et 11 décembre,aura valeur de test pour la capacitédes Vingt-Sept à se construire un destin commun. Sur deux sujets, l’urgence est désormais absolue : les négociations du Brexit doivent impérativement aboutir dans les tout prochains jours, et le blocage du budget et du plan de relance européens par la Pologne et la Hon-

EUROPE

Alors que Varsovie et Budapest continuent de se montrer inflexi-bles au sujet du méca-nisme sur l’Etat de droit, l’Union fait planer la menacede les excluredes financements.

Le sommet de fin de semaine, qui devrait également être accaparé par le Brexit, s’annonce aussicrucial qu’explosif.

Plan de relance : les Européens accentuent la pression sur la Pologne et la Hongrie

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nationale en vigueur depuis mars. Ainsi les rassemblements de plus dehuit personnes dans la sphère publique sont-ils interdits depuis le 23 novembre. Les bars et restau-rants ne peuvent plus servir d’alcoolaprès 22 heures. Cela n’empêche pas ces établissements, ni les maga-sins, d’accueillir bien plus de huit personnes à la fois. Noël appro-chant, les citadins se bousculent le week-end pour faire leurs courses, la plupart sans porter de masque.

Le bilan humain s’alourditInterrogé sur le fait – de plus en plus critiqué – que le pays ne recom-mande même pas le port du masquedans l’espace public, Stefan Löfven s’est réfugié une fois de plus derrièrel’« expertise » de l’ASP. Laquelle per-siste à considérer que ce moyen n’a pas fait ses preuves. « C’est peut-être lecas, mais porter le masque dans les transports en commun aurait quand même moins de conséquences sur la vie des élèves que de fermer les lycées »,a déploré le professeur en épidémio-logie Jonas Ludvigsson.

En attendant les recommanda-tions de l’ASP pour les fêtes, le bilan humain s’alourdit dans ce pays de 10 millions d’habitants. Le 3 décem-bre, le nombre de morts du Codiv-19 y a franchi le cap des 7.000. Deux foismoins peuplés que lui, le Danemark,la Finlande et la Norvège ne déplo-rent – au 6 décembre – que respecti-vement 867, 408 et 354 morts depuisle début de la pandémie. n

Antoine Jacob—Correspondant en Europe du Nord

Dès lundi, les 355.000 lycéens sué-dois n’iront plus en classe. Les cours auront lieu à distance jusqu’aux vacances de Noël, qui commence-ront dans deux semaines. Puis ils seront censés reprendre normale-ment le 6 janvier. Il s’agit de freiner lapropagation du coronavirus dans un pays qui, malgré de récentes res-trictions, reste largement plus frappé que ses voisins scandinaves.

D’après l’Agence de santé publi-que (ASP), qui orchestre la stratégie nationale contre le Covid-19, la fer-meture des lycées vise à réduire les encombrements dans les transportsen commun avant et après les cours.En annonçant la nouvelle, le 3 décembre, le Premier ministre, Stefan Löfven, en a appelé à la res-

SCANDINAVIE

Malgré une série de restrictions, le virus prospère nettement plus que chez ses voisins scandinaves.

La fermeture des lycées est l’une des mesures les plus sévères décrétées par le gouvernement.

Charles Michel, le président du Conseil européen, présidera, les 10 et 11 décembre, le sommet des chefs d’Etat et de gouvernements européens. Photo Francisco Seco/Pool via Reuters

La Suède garde ses lycéens à la maison pour freiner la pandémie

ponsabilité des lycéens : « J’espère que vous comprenez qu’il ne sera pas question pour vous d’aller dans les centres commerciaux ou de faire la fête entre vous. Je vous fais confiance. »

Les lycées avaient déjà dû fermerleurs portes pendant près de trois mois au printemps, tout comme les universités, qui, cette fois-ci, ne sont pas concernées. Quant aux écoles, elles restent pour le moment ouver-tes, comme au printemps. « Les avantages d’une fermeture pèsent moins que les inconvénients », a estimé Johan Carlson, le directeur del’ASP, sans faire l’unanimité parmi lacommunauté scientifique suédoise.

Après un été sous contrôle, levirus s’est propagé rapidement dansle royaume, obligeant les autorités àadopter des mesures sévères, sans aller toutefois jusqu’au confine-ment, conformément à la stratégie

« Porter le masque dans les transports en commun aurait moins de conséquences sur la vie des élèves que de fermer les lycées. »JONAS LUDVIGSSONProfesseur en épidémiologie

relance à vingt-cinq si la Pologne et la Hongrie persistaient.

Ce scénario pourrait faire passerles deux pays récalcitrants à côté d’une manne de 180 milliards d’euros dans le cadre du plan de relance, selon les calculs de l’agenceBloomberg. De quoi exercer sur euxune pression réelle, comme en a témoigné le décrochage de 0,3 % dela devise hongroise, le forint, face à l’euro, vendredi. n

Les deux pays récalcitrants pourraient passer à côté d’une manne de 180 milliards d’euros.

Page 9: Les Echos - 07 12 2020

Les Echos Lundi 7 décembre 2020 MONDE // 09

Véronique Le Billon @VLeBillon

—Envoyée spéciale à Valdosta (Georgie)

Le même décor – un tarmac d’aéro-port –, les mêmes supporters – fer-vents –, mais un discours sur une ligne de crête : en meeting pour la première fois depuis sa défaite à la présidentielle, Donald Trump a continué samedi soir en Géorgie à dénoncer une élection « truquée ». Tout en appelant ses électeurs à se mobiliser pour la double élection sénatoriale qui déterminera, au début de janvier, la future majorité du Sénat. « Nous pouvons nous battrepour la présidence et nous battre pourélire nos deux formidables sénateurs, et nous pouvons le faire en même temps », a-t-il assuré devant plu-sieurs milliers de supporters réunis à Valdosta, une petite ville d’un comté rural dans le sud de la Géor-gie, à trois heures de route d’Atlanta.

Les supporters, qui venaient desalentours mais aussi pour beaucoupde la Floride toute proche, ont plu-sieurs fois scandé « Stop the steal » (« Arrêtez le vol »). En décalage avec le message des deux candidats au Sénat que Donald Trump avait accepté, bon gré mal gré, de venir soutenir. « Si vous ne votez pas, on perdra… l’Amérique », a lancé depuisla tribune Kelly Loeffler.

« Si on vote, on sauve l’Amérique.On est la dernière ligne de défense », aassuré en écho David Perdue. Les deux candidats républicains n’ont pas réussi à être élus dès le premiertour, mais une seule victoire per-mettra aux républicains de rester majoritaires au Sénat – ils comp-tent déjà 50 sièges et les démocrates48. Leurs rivaux démocrates Raphael Warnock et Jon Ossoff devront en revanche tous les deux l’emporter le 5 janvier pour obtenirune égalité et décrocher la majoritégrâce à la voix de la vice-présidenteKamala Harris.

U n é c r a n g é a n t s u g g é r a i td’ailleurs sans ironie aux militants de réclamer un bulletin de vote par courrier, après les critiques de Donald Trump contre le vote par correspondance. « Inscrivez-vous sur les listes et demandez votre bulle-tin avant le 31 décembre, ou votez tôt en personne », a même détaillé le pré-sident, critiquant les machines de vote électroniques Dominion.

Une bonne affaire financièreDans l’assemblée, certains assurenttoujours croire à une victoire de Donald Trump, alors que les Etats doivent certifier leurs résultats élec-toraux mardi et que le collège élec-toral votera le 14 décembre. « On va probablement aller à la Cour suprême », veut encore croire Buddy Rimes, un supporter, bien que les tribunaux aient rejeté une grande majorité des recours.

« Je ne crois pas que le résultat vachanger », indique de son côté Joe Schneider, un jeune Floridien de 24ans venu avec un ami. « C’est peut-être le dernier meeting de sa campa-gne et de lui comme président, donc ilfallait que je vienne. C’est la première

fois que je le vois. C’est un peu triste, mais je suis content quand même. »

La contestation du résultat del’élection est en tout cas une bonne affaire financière. Depuis le 3 novembre, l’équipe de Donald Trump et le parti républicain ont levé 207 millions de dollars, ont-ils indiqué jeudi. Et même 250 millions,a assuré samedi le président.

Mais le parti républicain de Géor-gie, lui, est en miettes après s’être déchiré sur les résultats. Brian Kemp, le gouverneur pourtant répu-blicain de l’Etat, a été copieusement sifflé samedi soir, accusé d’avoir cer-tifié les résultats électoraux qui ont donné une courte avance à Joe Biden. Son secrétaire d’Etat, lui aussirépublicain, a connu le même sort. David Perdue et Kelly Loeffler avaient d’ailleurs appelé à sa démis-sion après la présidentielle.

A Atlanta, un autre officielchargé des élections, Gabriel Ster-ling, avait lancé un appel plein de colère au président et aux deux sénateurs. « Vous avez le droit d’allerdevant les tribunaux, mais il faut quevous vous exprimiez pour dire : arrê-ter d’encourager les gens à commet-tre de potentiels actes de violence », listant les menaces reçues.

Samedi, tandis qu’un supporterlisait un article d’« Epoch Times », unjournal pro-Trump adepte des théo-ries du complot, intitulé « Commentle spectre du communisme gou-verne notre monde », Melody Black, une sympathisante venue spéciale-ment du Minnesota, assurait avoir déjà mis sa maison en vente et pré-parer son déménagement « dans un Etat rouge [républicain, NDLR]. Le Minnesota nous empêche de dîner où on veut et interdit aux enfants de jouerdans les parcs », critique-t-elle. n

En Georgie, Donald Trump noie son amertume auprès de ses partisansLe président a tenu samedi soir son premier meeting depuis sa défaite. Il a continué à qualifier l’élection présidentiellede « truquée », tout en appelant les électeursde Géorgie à se mobiliser pour le scrutin sénatorial de janvier.

dans le sud de l’Etat. Dimanche, cinq autres comtés de la région de San Francisco et la ville de Berkeleydoivent aussi se reconfiner.

Seuls les commerces essentielsresteront ouverts en Californie, la « cinquième économie mondiale », avec une capacité d’accueil de 20 %. Les bars, restaurants, salons de coif-fure et autres parcs de loisirs seront fermés. Le maire de Los Angeles a prévenu qu’au rythme où allaient leschoses, les hôpitaux de la ville seraient saturés à Noël. Il a appelé sesadministrés à « annuler toutes leurs activités » jusqu’à nouvel ordre. Le shérif de la ville a même menacé de recourir à des sanctions. « Jusqu’ici, nous avons privilégié l’éducation et l’adhésion volontaire aux ordonnan-ces sanitaires. A l’avenir, nous allons aussi cibler les événements suscepti-bles de répandre le virus. »

A Washington, la Maison-Blan-che continue d’ignorer le problème.Dans son allocution de 46 minutes diffusée sur Internet, dans le cou-rant de la semaine, Donald Trump n’a pas eu un seul mot pour la pan-démie. Il a concentré son discours sur d’éventuelles irrégularités lors de l’élection présidentielle…

Fauci maintenu ?Joe Biden, lui, ne prendra ses fonc-tions que le 20 janvier prochain. Mais il planche déjà sur la réponse à

apporter à la crise. Les premières vaccinations, prévues aux Etats-Unis dans les prochains jours, ne permettront pas de revenir à la nor-male dans l’immédiat, et le présidentélu veut s’appuyer sur les avis des scientifiques pour prendre les mesu-res adéquates, en attendant que tousses concitoyens soient vaccinés.

Il a ainsi demandé à AnthonyFauci, le médecin qui dirigeait la cellule de crise sous Donald Trump,de poursuivre sa tâche et de devenirson conseiller santé dans la nou-

velle administration. Joe Biden a également prié les parlementaires de rapidement se mettre d’accord sur un nouveau plan d’aide à l’éco-nomie. « La situation est urgente. Si nous n’agissons pas maintenant, l’avenir sera lugubre », a-t-il com-menté vendredi, alors que les der-niers chiffres de l’emploi sont déce-vants. Les créations d’emploi ont ralenti et ont déçu les économistes. Et le chômage reste à un niveau bien plus élevé (6,7 %) qu’avant la crise sanitaire. n

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Nicolas Rauline @nrauline

—Bureau de New York

A chaque journée ses records, aux Etats-Unis. Vendredi, le nombre d’hospitalisations a grimpé à plus de 101.000 dans le pays. C’est pres-que deux fois plus qu’il y a un mois. Mercredi, on avait recensé 2.885 nouveaux décès du Covid-19, un nouveau sommet depuis le début de l’épidémie. La barre des 200.000cas quotidiens a été dépassée (près de 230.000 nouveaux cas pour la seule journée de samedi), pour un total de 14,5 millions de cas depuis mars. A ce rythme, les Etats-Unis pourraient atteindre les 300.000 morts d’ici à une semaine.

« Dans les prochains jours, on pour-rait parler de 3.000 décès par jour. Cela représente un 11-Septembre quo-tidien », a déclaré à CNN Jonathan Reiner, professeur de médecine à la George Washington University.

Malgré les recommandationsdes Centres de prévention des mala-dies (CDC), beaucoup d’Américainsse sont réunis en famille lors de Thanksgiving, il y a dix jours. Cer-tains ont pris l’avion pour voir leurs

proches et ont organisé des repas bien au-delà de leur foyer, contrai-rement aux indications des autori-tés. Ce qui pourrait avoir provoqué une nouvelle vague de contamina-tions, alors que Noël et le jour de l’An pointent à l’horizon.

Devant ce nouvel état d’urgence,les autorités locales réagissent. Unepartie de la Californie s’est reconfi-née pour trois semaines. Son gou-verneur, Gavin Newsom, avait pré-venu jeudi qu’il ordonnerait à ses habitants de rester chez eux si les hôpitaux passaient sous la barre des 15 % de lits disponibles en soins intensifs. Ce qui a été acté samedi

l Les habitants de Californie sont appelés à rester chez eux, alors que l’Etat voit le nombre de cas grimper.l A Washington, Donald Trump continue d’ignorer le problème.l Joe Biden, lui, compose sa future équipe de conseillers sur la santé.

Les Etats-Unis se préparentà reconfiner

AMÉRIQUE DU NORD

« Dans les prochains jours, on pourrait parler de 3.000 décès par jour. Cela représente un 11-Septembre quotidien. »JONATHAN REINERProfesseur de médecine à la George Washington University

Page 10: Les Echos - 07 12 2020

Avocat, une profession en péril ?

Delphine Iweins @DelphineIweins

Dans les prochains mois, 28.000 avocats quitteraient la profession. Ce chiffre, annoncé par le Conseil national des barreaux à la sortie du premier confinement, a donné quelques sueurs froides. Il a depuis été revu à la baisse, mais le constat est là, la profession souf-fre. Déjà fragilisés par la grève menée contre la réforme des retraites à la fin de l’année 2019, certains avocats n’auront pas résisté à la pandémie. Comment l’expliquer ? Est-ce une simple régulation du marché du droit ? « On ne compte que 70.000 avocats en France, bien moins qu’ailleurs enEurope. Au cours des dix dernières années, la hausse démographique est nette, mais nous restons loin derrière d’autres pays européens ennombre d’avocats par habitant », précise Jean-Michel Calvar, prési-dent de l’Observatoire national de la profession d’avocat. L’explica-tion ne résiderait donc pas dans lenombre de robes noires, mais plu-tôt dans leurs profils.

S’il fallait dresser un portrait-ro-bot de l’avocat d’aujourd’hui, ce serait une jeune femme en exer-cice individuel, sans collaborateur

ni secrétariat, pratiquant le judi-ciaire pour les particuliers et dépendant de l’aide juridiction-nelle. Sur les 70.000 avocats recen-sés en France, 57 % sont des fem-mes et 50 % exercent seuls. C’est d’ailleurs cette catégorie qui souf-fre le plus actuellement.

D’après les derniers sondagesmenés par l’Observatoire national sur la situation professionnelle desavocats par temps de Covid-19, 70 % d’entre eux disposent de reve-n u s a n n u e l s i n f é r i e u r s à 60.000 euros. Ces avocats ne dis-posent pas toujours de connais-sances en gestion, trésorerie ou management. Or, un esprit entre-preneurial fait toute la différence durant une telle crise. « L’exercice individuel n’est pas une bonne solu-tion pour la rentabilité de la profes-sion », remarque Jean-Michel Cal-var. Tous les avocats peuvent s’installer tout juste diplômés, sansavoir aucune autre formation que celles transmises par l’université etl’école, ce qui s’avère très vite insuf-fisant sur le plan de gestion d’un cabinet. Les formations continues proposées par les barreaux en marketing, communication et ges-tion se multiplient, mais les avo-cats peinent encore à se considérercomme des acteurs économiques

à part entière. Ils se tournent sou-vent trop tard vers leurs institu-tions pour demander de l’aide. 10 %n’ont pas pu payer leurs charges Ursaff en 2020 et au moins 4 % – souvent des professionnels déjà en difficultés – font l’objet d’une procédure collective.

Bousculée aussi par les start-updu droit, qui pour certaines d’entre elles ont pris des parts de marché aux avocats généralistes, la profes-sion commence à réfléchir à d’autres façons d’exercer. « Le mar-ché du droit est en constante progres-sion. Les avocats ont de plus en plus de mandats et de missions : intermé-diaire en opérations d’assurance, mandataire sportif, mandataire immobilier, etc. », rappelle DelphineGallin, vice-présidente du syndicat ACE Avocats. Exercer en entrepriseest aussi une piste remise au goût du jour par l’actuel garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, qui souhaite le mettre en œuvre à titre expérimental.

Depuis le début du deuxièmeconfinement, 25 % des avocats indi-viduels se posent la question de l’association avec d’autres confrè-res. Ils ne poussent pas, pour autant, le raisonnement au point d’ouvrir leur capital à d’autres pro-fessionnels du droit, tels que les

notaires ou les experts-comptables,sous forme de société pluriprofes-sionnelle d’exercice, comme la loi leur permet depuis 2016.

La profession est très marquéepar le judiciaire – à peine 15 % d’entre eux font uniquement du conseil –, ce qui explique aussi les difficultés économiques qu’elle peut rencontrer actuellement. Un avocat sur deux dit entretenir des relations médiocres avec les magistrats. Les témoignages d’incidents d’audiences ne man-quent pas, plusieurs barreaux ont soulevé ces problèmes auprès de lachancellerie, sans grand succès. Lajustice manque de moyens et tous ses acteurs en souffrent dans leurs exercices.

De plus, la crise sanitaire aentraîné un véritable problèmed’accessibilité. Lors du premierconfinement, toutes les juridic-tions étaient fermées, ce qui areporté des milliers d’audiences,souvent déjà hors délais. « Les avo-cats trouvent que leurs dossiers netournent pas assez vite, ce qui estensuite compliqué pour en entrerde nouveaux », confirme Jean-Mi-chel Calvar. A ce jour, au moins30.000 dossiers ne seraient pasencore traités par les juridic-tions. n

L’ANALYSE DE LA RÉDACTION Fragilisés par la grève menée contre la réforme des retraites, les moyens insuffi-sants de la justice et la crise sanitaire, les avocats continuent à avoir foi en l’avenir, même si de plus en plus pensent à changer de profession.

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DLes points à retenir

•Près de 28.000 avocats quitteraient la profession.•La crise sanitaire a plongé dans le rouge une profession déjà mise à mal par la grève menée contre la réforme des retraites.•Peu voire pas formés en gestion, certains ont des difficultés financières et demandent rarement de l’aide à leurs institutions.• Ils peinent ainsi à se considérer comme des acteurs économiques à part entière.•De plus, 25 % d’entre eux pensent s’associer, mais ne vont pas au bout de leur démarche.•Une crise de la profession accentuée, enfin, par le manque d’accessibilité des tribunaux pendant le confinement, laissant une grosse pile de dossiers en attente.

vée (25 comtés à ce jour), les restau-rants, bars, cafés, pubs peuvent res-ter ouverts pour servir des repas substantiels. Les événements peu-vent accueillir 2.000 personnes à l’extérieur ou 1.000 personnes à l’intérieur. En zone 3, où la contami-nation est très élevée (13 comtés). Restaurants, bars, cafés et pubs sontfermés à l’exception de la livraison, des plats à emporter et du service dedrive. Les événements peuvent réu-nir 15 personnes.

En Espagne, en Allemagne et enI t a l i e , l e s r é g i o n s s o n t à l a manœuvre depuis le début de la crise sanitaire. La Catalogne allège progressivement les restrictions mises en place sur son territoire, autorisant la réouverture des restau-rants, des commerces, des hôtels... Le Pays basque garde pour sa part pour l’instant ses restaurants fer-més. En Allemagne, les restaurants ouvriront début janvier, sur le reste

peut décider de restrictions particu-lières en fonction du nombre de décès et surtout de la surmortalité constatée (fermeture des restau-rants par exemple).

Si la France avait une approchesimilaire à celle de ses voisins, elle serait en train de mettre en place un système cohérent de zones territo-riales qui nous permettrait d’affiner plus les contraintes et de rouvrir plus vite restaurants, cafés, musées, salles de sport, voire remontées mécaniques… Qu’attendons-nous pour territorialiser aussi nos déci-sions ? Que le virus ait définitive-ment quitté la France ? Faudra-t-il qu’on continue d’affecter durable-ment plus notre économie que dans les pays voisins par notre obsession centralisatrice ? Et ce, tout en distri-buant des milliards (encore ces jours-ci pour payer les jours decongés…) que nous n’avons pas ? Cela n’a aucun sens. Et qu’on ne dise

pas qu’on a essayé de le faire à Mar-seille et que ça s’est mal passé ! A Marseille, les élus locaux n’avaient pas été associés.

Il y a pourtant un indicateur terri-torial qui ne trompe pas : le nombre de morts dans chaque territoire de France. Chaque département, voire chaque commune, devrait pouvoir, en comparant sa mortalité aux années antérieures, avoir les mains libres pour décider de rouvrir plus vite ses restaurants, par exemple. Inversons l’argument hiérarchique. L’Etat ne devrait fixer qu’un canevas minimal pouvant être allégé ou ren-forcé au niveau local de façon trans-parente et objective. Combien de points de PIB va-t-il falloir encore perdre avant de quitter notre appro-che jacobino-jacobine rigide, ineffi-cace et autodestructrice ?

Agnès Verdier-Molinié est directrice de la Fondation iFRAP.

chaque Land peut arbitrer locale-ment. En Italie, les régions peuvent appliquer des mesures plus restricti-ves en fonction de la situation locale.Depuis le 6 novembre dernier, des mesures sanitaires différentes sont instaurées en fonction des zones considérées ( jaune, orange et rouge). En Suisse, chaque canton

Chaque département, voire chaque commune, devrait pouvoir, en comparant sa mortalité aux années antérieures, avoir les mains libres pour décider de rouvrir plus vite ses restaurants, par exemple.

LE COMMENTAIRE

d’Agnès Verdier-Molinié

Sortons au plus vite de l’uniformité des restrictions sanitaires sur le territoireF ace à la pandémie, nous som-

mes à la croisée des chemins.Peu à peu, tous les pays qui

nous entourent ont compris ou comprennent désormais qu’ils ne peuvent pas garder des règles uni-formes de restrictions sanitaires sur tout leur territoire. Sauf la France.

Au Royaume-Uni, depuis le2 décembre, les mesures actuelle-ment en vigueur sont levées pour appliquer une approche « par tiers », avec trois zones où s’appli-quent des mesures plus ou moins sévères en fonction du niveau de contamination qui classent les com-tés d’Angleterre et du pays de Galles.La zone 1 sera celle de contamina-tion moyenne (Cornouailles, île de Wight) avec restaurants, bars, cafés, pubs ouverts. Les grands événe-ments publics pouvant accueillir 4.000 personnes à l’extérieur ou 1.000 personnes à l’intérieur. En zone 2, où la contamination est éle-

10 // Lundi 7 décembre 2020 Les Echos

idées&débats

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Les Echos Lundi 7 décembre 2020 IDEES & DEBATS // 11

opinions

Les relations transatlantiques secherchaient un moteur, une logique depuis la fin de l’URSS. Elles l’ont trouvé. Il s’agit de faire face à la triple nature, économique et technologique, diplomatique et stratégique, idéologi-que enfin, du défi chinois. Une tâche complexe si l’on considère que contenirla Chine et réparer la planète constitue les deux défis principaux auxquels nous sommes confrontés. Et le second défi suppose la contribution pleine et entière de la Chine.

Si l’on est d’accord sur ce diagnostic,un certain nombre de conclusions s’imposent. La première est que l’on ne peut se donner comme priorité d’éviter le « duopole sino-américain » sur le monde. A l’heure de Joe Biden et de Xi Jinping, mettre sur le même plan Washington et Pékin serait tout simple-ment un contresens historique. Et de plus une impasse stratégique pour l’Europe. Qui convaincra Berlin – si attaché à l’Alliance, en dépit de sa modé-ration parfois troublante à l’égard de Pékin – que la vocation de l’Europe est de ne pas choisir entre la Chine et les Etats-Unis ?

Entre la défense du « modèle de laï-cité à la française », face aux critiques des libéraux américains, et la défense du modèle démocratique, face aux autoritarismes, au premier rang des-quels celui de la Chine, la hiérarchie despriorités devrait s’imposer d’elle-même. A l’heure du réchauffement cli-matique, on ne saurait, certes, lire le monde à travers les seules lunettes de lacompétition stratégique entre les puis-sances. Ce serait tout à la fois anachro-nique et réducteur.

Mais, pour qui a connu le mur de Ber-lin, les signes de la tentation totalitaire sont de plus en plus manifestes, dans le comportement chinois. Alors que l’Amérique n’est plus ce qu’elle était au temps de la guerre froide et que la Chineest beaucoup plus que ce que n’a jamais été l’URSS, il serait dangereux de placer les Etats-Unis et la Chine dans le même panier. « L’Europe des valeurs », si elle entend être cohérente, ne saurait avoir pour ambition première de mettre fin au« duopole sino-américain ». Le général de Gaulle avait quitté l’organisation mili-taire intégrée de l’Alliance, tout en assu-rant à l’Amérique que, par gros temps, elle pouvait compter sur la France. Une précision qui s’impose toujours.

Dominique Moïsi est conseiller spécial de l’Institut Montaigne.

La tentation totalitaire chinoiseL’Europe a vécu longtemps sous la menace soviétique et sous protection américaine. Aujourd’hui, la menace vient de la Chineet elle est autrement plus sérieuse et inquiétante.

DANS LA PRESSEÉTRANGÈRE

• « Les Américains doivent prendre conscience que les réunions familiales lors deThanksgiving, contre les recommandations officielles, ont provoqué un grand nombre de décès liés au Covid-19. Et cela à quelques semaines de l ’arrivée d’un vaccin. » « Newsweek » recommande de repousser les fêtes familiales de Noël plus tard, en 2021. L’hebdomadaire s’inquiète de l’héca-tombe après Thanksgiving, qui célèbre auxEtats-Unis, chaque dernier jeudi du mois denovembre, la gratitude des « Pères pèle-rins », les premiers colons britanniques, face à la générosité des Indiens qui les ont sauvés de la famine.

L’hebdomadaire ose même une auda-cieuse comparaison entre le terrible bilan quotidien aux Etats-Unis (2.918 morts du Covid-19, jeudi) et celui des attaques terro-ristes du 11 septembre 2001 (2.977 victimes).Et si les réunions familiales ont lieu pen-dant les fêtes, il pourrait s’établir à plus de 3.000 morts par jour. Or, comme le souligneJennifer Dowd, professeur à Oxford (Royaume-Uni), la perte d’un membre de sa

famille en raison du virus après Noël serait une tragédie d’autant plus terrible qu’elle interviendrait juste avant l’arrivée d’un vac-cin. « Personne ne peut accepter d’être tué dans les tranchées le jour de la signature d’untraité de paix », ajoute-t-elle. « Newsweek » aurait pu mentionner le nom d’Augustin Trébuchon, considéré par certains histo-riens comme le dernier soldat français tué au combat le 11 novembre 1918, ou celui de l’Américain Henry Gunther mort une minute avant l’Armistice. Avec 283.000 morts, soit 852 pour un million de person-nes, les Etats-Unis paient un lourd tribut auCovid-19. Pourquoi les Américains n’atten-draient-ils pas le printemps ou l’été pour éviter les déplacements des fêtes de fin d’année ? Un barbecue au lieu de la dinde ? — J. H.-R.

Pourquoi il faut annuler Noël aux Etats-Unis

L a dissuasion est un art simple. Ilsuffit d’instiller la peur dansl’esprit et/ou le corps de ceux que

l’on entend impressionner. De Hong Kong à l’Australie, la Chine semble être passée maître dans l’art de la dissuasion.« Si vous faites de la Chine l’ennemi, elle sera l’ennemi », répliquent les Chinois, retournant la charge de l’accusation. La virulence avec laquelle la Chine a réagi aux « audaces impudentes » de l’Austra-lie – demandant des clarifications sur les origines de l’épidémie de Covid 19 – constitue un avertissement non seule-ment pour l’Australie mais pour le monde. Les Chinois remettent tout sim-plement en cause la liberté d’expressiondes Australiens, tout du moins en ce quiconcerne la Chine. Les manœuvres d’intimidation de Pékin vont des pres-sions commerciales les plus brutales jusqu’à la diffusion sur le Net d’un pho-tomontage totalement fabriqué, dénon-çant le comportement – par ailleurs cri-minel dans certains cas isolés – des troupes d’élite australiennes en Afgha-nistan. On ne plaisante pas avec la Chine, surtout si l’on est occidental, petitdémographiquement et proche géogra-phiquement de l’empire du Milieu.

En 1947, le général de Gaulle décla-rait que les chars soviétiques étaient « àdeux étapes du Tour de France cycliste ». La formule s ’appl iquerai t-e l le aujourd’hui aux routes de la soie chi-noises ? Certes, les deux défis soviétiqueet chinois sont de nature différente. La contiguïté géographique entre la Chine et l’Europe est moins directe et n’existe que si l’on considère l’Europe comme « la petite extrémité » de la péninsule euro-asiatique. La nature de la menace est aussi d’une autre nature : les chars chinois n’ont pas vocation à succéder aux chars soviétiques. Plus distante et plus indirecte que celle de l’URSS, la menace de la Chine n’en est-elle pas moins réelle ? Et les capacités d’intimi-dation de Pékin sont sans doute supé-rieures à ce qu’étaient celles de Moscou.

L’Empire soviétique n’avait pas lesmoyens de ses ambitions et Moscou n’était pas guidé dans son ambition de conquête par un sentiment de revanche

Li G

ang/

AP/

Sipa

LE REGARD SUR LE MONDEde DominiqueMoïsi

LE LIVREDU JOUR

Contre la Gafa dépendanceLE PROPOS La France confinée, et elle seule, veut faire « rendre gorge » à Amazon. Rappelons que l’expression signifie « restituer par force ce qu’on a pris ou acquis par des voies illicites ». Le succès d’Amazon est-il illicite ? La question reste posée. Toujours est-il que « La fin des manipulateurs » tombe à pic dans ce débat, même si son sous-titre, « Comment mettre au pas les géants de la Silicon Valley », peut paraître optimiste. Il recense de manière claire, argumentée et surtout effrayante le « capitalisme de surveillance » incarné par Google, l’emprise que ces Gafa ont prise sur nos économies, nos vies, nos pensées. On sait que ces traces que nous laissons partout sont pour eux des mines d’or mais pas à quel point les hommes et les machines pourraient être « fusionnés » et les hommes perdus s’ils étaient « débranchés ». Même l’identité faciale, simple résultante après tout de 30.000 à 35.000 points numérisés, pourrait être « hackée ». A travers de tels exemples, les auteurs nous convainquent qu’il faut « reprendre » la main et que seule l’Europe unie peut le faire.

L’INTÉRÊT Cette dépendance technologique qui s’installe est la question centrale de notre avenir, et elle est là très bien cernée. Un des deux auteurs, Pierre Pozzi Belforti, est un partenaire d’Aerendir Mobile, une start-up à l’origine d’une technologie incroyable qui pourrait extraire la « signature neurophysiologique » de chaque personne par un simple smartphone et redonnerait à chacun le contrôle de ses données. Acceptons-en l’augure. — S. D.

La Fin des manipulateursPierre Pozzi Belforti, Pierre-Henri Thomas. Editions Saint-Simon. 261 pages. 19,95 euros.

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sur l’humiliation, comme cela est – pour partie au moins – le cas de Pékin.Depuis la fin du XVIe siècle, la Russie a eu une relation complexe avec l’Occi-dent européen, faite de volonté de rat-trapage et d’instinct de rejet slavophile. La Chine impériale, elle, a mesuré son déclin à l’aune de la montée progressivedes ambitions occidentales, puis japo-naises. Dans sa réémergence comme puissance, la Chine est passée par trois étapes. La première, dès le début des années 1980, a consisté à ne pas laisser au Japon le monopole du miracle asiati-que. La deuxième, dès la fin des années 1990, a été marquée, de façon discrète d’abord, puis beaucoup plus ouverte ensuite, par la revendication du statut de « primus inter pares » incontesté en Asie. Serions-nous entrés dans une troi-sième phase où l’ambition chinoise ne s’arrête plus à l’Asie ? Elle donne l ’ impression d’être mondiale et d’inclure désormais l’affirmation de la supériorité du modèle autoritaire sur lemodèle démocratique.

Sur un plan strictement géoécono-mique, l’Australie a profité très long-temps de sa proximité géographique avec la croissance chinoise. Sur le plan géopolitique, cette proximité se retourne désormais contre elle. Can-berra doit disposer de toutes les solida-rités possibles « sur zone », avec le Japon, la Corée du Sud, et la Nouvelle-Zélande. Mais, au-delà, l’Australie a besoin du soutien du monde occidentaldans son ensemble. Canberra fait appelà la « géographie des valeurs » comme pour rééquilibrer sa géographie. Il ne s’agit pas bien sûr d’étendre la garantie de l’Otan à l’Australie et plus globale-ment à la zone pacifique. Mais la que-relle entre la Chine et l’Australie doit nous faire prendre conscience de la vraie nature du défi chinois. Pour le monde démocratique, les ambitions grandissantes et le comportement de laChine devraient figurer au premier rang dans la hiérarchie des menaces.

L’ambition chinoise donne l’impression d’être mondiale et d’inclure désormais l’affirmation de la supériorité du modèle autoritaire sur le modèle démocratique.

Le président chinois, Xi Jinping, lors d’un immense défilé militaire organisé le 30 juillet 2017 à Zhurihe, au nord-ouest de Pékin, à l’occasion du 90e anniversaire de la fondation de l’Armée rouge.

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Page 12: Les Echos - 07 12 2020

12 // IDEES & DEBATS Lundi 7 décembre 2020 Les Echos

art&culture

LE POINTDE VUE

de Franck Morel

Reconversion des salariés : soyons efficaces et réactifs !

S elon la Dares, 72.523 ruptures decontrats de travail, seulement,ont été envisagées dans le cadre

de PSE depuis le début de la crise, soit plus du triple par rapport à l’année pré-cédente (20.263 entre le 1er mars et le 11 octobre 2019). On doit se féliciter du caractère massif de la réponse apportéeen matière d’activité partielle ; l’avenir rendra justice à cet effort, qui a permis de préserver nombre d’emplois.

Mais la crise impose de déployer denombreux outils. Dès septembre 2020, j’ai formulé des propositions en ce sens (« Rebondir face au Covid-19 : neuf idéesefficaces en faveur de l’emploi », un rap-port pour l’Institut Montaigne) qui peu-vent, pour partie, être mises en œuvre rapidement. En particulier, il est indis-pensable de mettre à profit ces périodesde mutations pour rehausser l’effort de formation et renforcer les possibilités du maintien de l’employabilité des sala-riés ou la facilitation de leur reclasse-ment. Parmi ces préconisations, on trouve l’idée d’élargir aux emplois menacés dans l’entreprise les possibili-tés de mobiliser des moyens spécifiquesde formation, sur le modèle de la prépa-ration opérationnelle à l’emploi, imagi-née en 2011 et qui permet de former des demandeurs d’emploi sur des postes pour lesquels des besoins de recrute-ment sont identifiés.

On ne peut que se réjouir que les pou-voirs publics aient donné une perspec-tive en ce sens en annonçant vouloir mobiliser un outil qui pourrait être sou-ple et réactif, le FNE formation, avec des moyens supplémentaires spécifiques de

déploiement de ces mécanismes avant que l’année ne s’achève. Un tel objectif àcette échéance apparaît vivement sou-haitable.

Comment ? C’est possible sans modi-fication législative en s’appuyant sur le FNE formation, dont les textes supports offrent une large souplesse. Il est aussi possible d’utiliser comme cadre de miseen œuvre des solutions issues des ordonnances du 22 septembre 2017 tel-les que la rupture conventionnelle col-lective, les congés de mobilité ou même la mobilisation du plan de développe-ment des compétences dans l’entre-prise. Il est possible aisément de faire le lien dans les conditions d’accès avec unedémarche de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Les sala-riés doivent pouvoir bénéficier d’un conseil en évolution professionnelle, et l’implication des partenaires sociaux dans ce cadre peut être organisée sur la base d’un accord paritaire, en lien avec les pouvoirs publics.

Soyons efficaces. Nous le pouvons demanière simple et respectueuse de divers équilibres. Aidons les salariés occupant des emplois menacés à se reconvertir et les entreprises à préparer l’avenir. Poursuivons avec cette réacti-vité la volonté de transformer nos rela-tions professionnelles issue des ordon-nances de septembre 2017, de la réformede la formation professionnelle et même plus près de nous de l’activité partielle massive.

Franck Morel est avocat associé chez Flichy Grangé.

500 millions d’euros en 2021. On ne peutégalement que se réjouir que les parte-naires sociaux aient entendu, par un avisen ce sens émis le 6 novembre dernier, « coproduire » cette évolution via une déclinaison opérationnelle qui les impli-que, notamment, pour l’accompagne-ment individuel des salariés, via les asso-ciations paritaires dans le réseau Transitions Pro.

Il y a, en effet, urgence à agir. Le pro-cessus « schumpétérien » de destruc-tion d’emplois peu qualifiés, d’un côté, et de création ou de transformation d’emplois du fait de l’essor du numéri-que, de l’autre côté, peut s’accélérer avecla crise et peser plus fortement encore sur les salariés plus fragiles. Or la for-mation professionnelle a trop souffert, à de nombreuses reprises dans le passé et malheureusement souvent de manière fondée, d’un reproche de com-plexité qui réduisait considérablement ses possibilités de mise en œuvre.

La préservation d’équilibres subtilsdans le maintien des prérogatives des acteurs (Etat, collectivités, partenaires sociaux, organes divers) a pu réduire l’efficacité du système. La ministre du Travail avait annoncé à la fin octobre un

Aidons les salariés occupant des emplois menacés à se reconvertir et les entreprises à préparer l’avenir.

LE POINTDE VUE

de David Baverez

Pourquoi l’IPO ratée d’Ant Group est une bonne nouvelle

L ’IPO d’Ant Group, conjointe-ment sur les Bourses de HongKong et de Shanghai, s’annonçait

historique à plus d’un titre. Au-delà de sa taille inégalée, avec une levée de 35 milliards de dollars, elle sacralisait pour la première fois dans une indus-trie l’apparition d’un nouvel entrant chi-nois dont la capitalisation boursière était supérieure à celle du plus grand acteur existant occidental : en l’occur-rence, la banque américaine JPMorganChase. Elle envoyait le message à l’Occi-dent que la Chine, après avoir été l’usinedu monde et être devenue son centre deR&D, ambitionnait désormais d’en devenir également le majordome, grâceà la refonte digitale des industries de services ; aujourd’hui la finance, demain la santé ou l’éducation.

La presse occidentale n’aura vouluvoir dans cet arrêt du processus à la der-nière minute que le seul bras vengeur du Parti communiste chinois envers Jack Ma et, au-delà, envers les entrepre-neurs privés chinois. Une analyse plus fine permet au contraire de penser que cette intervention – si elle laisse songeursur la manière, comme trop souvent enChine – devrait être perçue comme un signe plutôt positif par les investisseursinternationaux.

D’abord parce que le régulateurfinancier chinois a su identifier de manière préventive un business model insoutenable dans la durée. Ant Group tirait l’essentiel de ses profits de la distri-bution de prêts à la consommation à

questions des investisseurs sur la futureréglementation financière, tout en insultant au passage les régulateurs mondiaux – exposait les dangers du modèle économique « winner takes all » de la révolution digitale, tels que démontrés quotidiennement par les Gafa en Occident.

La bonne nouvelle pour les investis-seurs est qu’ils auront à nouveau, vrai-semblablement, dans les prochains mois, l’opportunité d’investir dans un groupe Ant au business model plus solide et à une valorisation sensible-ment inférieure. Il faut donc y voir un signe positif, à l’opposé de la perception générale en Occident, et de nature à invi-ter tous les comités d’investissement en 2021 à reconsidérer la sous-pondérationde la Chine dans leurs portefeuilles glo-baux, exposés à seulement 3 % en moyenne à l’empire du Milieu, qui représente pourtant 15 % du PNB mon-dial et un large tiers de sa croissance.

Le plus grand défaut de la fourmi chi-noise Ant était en 2020 d’être trop prê-teuse. Celui de l’investisseur global en 2021 serait d’être trop peureux face à denouveaux champions digitaux chinois appelés à redéfinir au niveau mondial, non plus seulement nos industries, mais également bon nombre de nos services.

David Baverez, investisseur installé à Hong Kong depuis 2011, est l’auteur de « Paris-Pékin express » (Editions François Bourin, 2017).

des taux usuriers, en n’assumant lui-même que 2 % des risques. Un schéma qui rappelait d’autant plus les subpri-mes des années 2000 qu’il reposait in fine sur les bilans déjà hautement fragi-lisés des banques régionales chinoises, susceptibles de créer à terme un risque systémique.

Ensuite, parce que la valorisationretenue – initialement de 230 milliards de dollars, revue à 330 milliards une semaine avant la cotation, elle-même attendue à 500 milliards dès le premierjour – faisait courir un risque sociétal, puisque les petits épargnants auraient été, comme d’habitude, les premières victimes désignées de cette survalorisa-tion irrationnelle.

Le régulateur chinois a ainsi rappelésa singularité, par rapport à ses homo-logues occidentaux, en prenant en compte les valorisations dans ses déci-sions, notamment dans le souci perma-nent de sécuriser la paix sociale, comme déjà lors de son intervention durant l’été 2015.

Enfin, parce que l’intolérable arro-gance du management d’Ant Group durant le « road show » – réfutant les

Pékin a su identifier de manière préventive un business model insoutenable dans la durée.

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Le « christmas gift » de Chilly Gonzales

Chilly Gonzales en concert à Londres, en 2018.

Christian Eudeline @chrisitian-eudeline

Alors qu’on ne l’imaginait pas vraiment en père Noël,Chilly Gonzales nous pro-pose l’un des plus beaux « Christmas albums » jamais enregistrés, « A Very Chilly Christmas », jeu de mots sur son nom et une évocation du froid accolée à cette période de fête. « L’idée première, c’estvraiment d’enregistrer un album de Noël quime plaise et que je puisse écouter de bout en bout, explique le pianiste canadien. Il s’agitde morceaux que je joue depuis quarante anset, depuis le temps, je n’ai cessé d’en modifierles arrangements. Je voulais faire un disque qui me ressemble ! » Sur les quinze titres choisis, on retrouve des classiques tels les traditionnels « Mon beau sapin » ou « Jin-gle Bells », chanté entre autres par Frank Sinatra et Elvis Presley, mais dans des ver-sions si déstructurées qu’on ne les recon-naît pas tout de suite. C’est d’ailleurs tout lecharme de ce disque : un air lointain de« déjà entendu », magnifié par une extraor-dinaire fraîcheur de ton.

Susciter des émotions« Le disque est principalement instrumental,mais j’ai tout de même demandé à Jarvis Coc-ker et Feist de participer. Le premier a jeté sondévolu sur un morceau obscur d’indie rock "Snow Is Falling in Manhattan" (du groupe

Purple Mountains). Feist apréféré écrire une histoiredans laquelle elle pose desbranches de sapin sur sonescalier plutôt que de sacri-fier un arbre. "The Banister

Bough" est le seul titre inédit, précise le musi-cien. J’ai essayé de garder un côté Bing Crosbydans mon interprétation, mais avec cette tou-che de folie qui, je crois, m’est propre. J’essaie souvent de jouer sur des accords mineurs, ça m’offre une grande liberté. Mon idée pre-mière, c’est de susciter des émotions, car il faut enterrer cette année au plus vite… »

Les émotions sont légion dans ces piècesde piano, à commencer par cette indicible mélancolie qui se conjugue toujours avec les premiers frimas de décembre. Les noteségrenées ici réveillent forcément une multi-tude de souvenirs, de Noël passés mais ausside ces saisons qui n’en finissent pas de filer. L’habillage est acoustique, l’utilisation du violon sur « Silent Night » et/ou « We Three Kings » est remarquable, et l’on se surprendvite à écouter ce disque en boucle. « Noël, bien sûr, était une tradition à laquelle j’adhé-rais, enfant. Ce n’est que plus tard que je me suis rendu compte de son côté bonheur sur commande et de la vision marchande de la célébration religieuse. Même si je n’y adhère plus forcément, il est des traditions qui sont plus fortes que tout », conclut le trublion pop. Avec « A Very Chilly Christmas », la tra-dition est superbement renouvelée. n

MUSIQUEChilly Gonzales« A Very Chilly Christmas »,1 album PIAS

Le beau chant de Noël de Claire KeeganPhilippe Chevilley

@pchevilley

D’Andersen à Grimm ou à Dickens, les contes de Noël sont souvent particulière-ment tristes. Ce qui ne les empêche pas de distiller une magie, mélange de froi-dure et d’étincelles, d’effroi et de bons senti-ments qu’on appelle l’« esprit de Noël ». Le court roman de Claire Keegan n’annonce pas la couleur. Son titre « Ce genre de petiteschoses » n’évoque ni sapin ni manteau de neige. Son thème n’a a priori rien de festif, puisqu’il aborde la rude condition des jeu-nes mères célibataires, exploitées par l’Eglise catholique ultraconservatrice, au milieu des années 1980. Et pourtant, il illu-mine de sa grâce et de son humanité, tel un « Christmas tale ».

Une vie tranquilleDans la ville portuaire de New Ross, les fêtesse préparent. Sous la pluie et bientôt quel-ques flocons de neige, Bill Furlong n’en finitplus de livrer du charbon et du bois. Sans être riche, il arrive à joindre les deux bouts et mène une vie tranquille avec sa femme, Eileen, et leurs cinq filles surdouées. Ce qui ne l’empêche pas d’être conscient de la criseéconomique qui pèse sur la région et n’épar-gne personne. En livrant du charbon aux sœurs du Bon Pasteur, il tombe sur de très jeunes femmes négligées, visiblement

employées à la blanchisse-rie réputée du couvent.S’agit-il de ces filles nonmariées dont on a placé lesenfants et qui sont traitéescomme des esclaves ?

Etats d’âmeBill se sent d’autant plus

concerné qu’il est lui-même né de père inconnu. Quand elle s’est retrouvée enceinte à seize ans, sa mère a eu la chance d’être protégée par son employeuse, une riche veuve protestante tolérante. Non content de conserver son poste de domesti-que, elle a pu élever son enfant dignement, avec l’aide de sa patronne. Quand il fait partde ses états d’âme à sa femme, le charbon-nier est sèchement remis à sa place : les pra-tiques du couvent ne les concernent pas… Mais Bill n’a pas le cœur sec. Il pense à cettegamine découverte prostrée dans la remiseà charbon lors de sa dernière visite aux sœurs. Alors que la ville s’illumine et que legâteau de Noël cuit doucement dans le four,peut-il rester sans rien faire ?

La fin du roman nous plonge dans uneatmosphère presque fantastique, convo-quant à la fois le fantôme de « La Petite Filleaux allumettes » et la mélancolie d’un « Christmas song » de Coldplay ou de Liam Gallagher. Pamphlet scintillant, à la fois ardent et doux, le récit de Claire Keegan se mue en un chant de Noël rebelle qui va droitau cœur. Happy Christmas, Mrs. Keegan ! n

ROMAN IRLANDAISCe genre de petites chosesDe Claire Keegan.Traduit par Jacqueline Odin.Sabine Wespieser Editeur. 118 pages. 15 euros.

Loon

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Page 13: Les Echos - 07 12 2020

Les Echos Lundi 7 décembre 2020 IDEES & DEBATS // 13

sciences

ADN // Utiliser la molécule support de notre patrimoine génétique pour y stocker ces mégadonnées dont le volume enfle de façon exponentielle : l’idée fait son chemin.

Stockage de données : pourquoi l’ADNva devenir incontournableYann Verdo

@verdoyann

L a quantité de données produites parl’humanité s’élevait, en 2018, à quel-que 33.000 milliards de milliards

d’octets (ou 33 zettaoctets). Autant, paraît-il, que le nombre estimé de grains de sable sur la Terre. D’après un passionnant rapport de l’Académie des technologies publié le 15 octobre sur le thème « Archiver les méga-données au-delà de 2040 : la piste de l’ADN »,le volume de cette « sphère globale des don-nées » (SGD) double tous les deux ans. Soit une multiplication par mille tous les vingt ans. Jamais l’expression de « société de l’information », héritée des travaux pion-niers d’Alan Turing (père, en 1936, de la machine éponyme, qui s’est concrétisée en 1945 comme le premier ordinateur de l’his-toire) et de Claude Shannon (fondateur, en 1948, de la théorie de l’information), n’a pesé aussi lourd !

Ces mégadonnées sont aujourd’hui stoc-kées et archivées dans des centres dédiés, aumoyen de force bandes magnétiques, dis-ques durs et mémoires flash. Mais, prévien-nent les académiciens des technologies dansleur rapport, au rythme avec lequel enfle la SGD, le stockage-archivage dans des centresde données ne sera pas soutenable au-delà de 2040 (lire ci-contre). Autrement dit, nous avons une petite vingtaine d’années devant nous pour changer de système si nous ne voulons pas voir notre « société de l’informa-tion » aller dans le mur.

Or, la solution existe et elle est mêmeconnue depuis assez longtemps : utili-ser notre ADN comme support d’informa-tion, en lieu et place des supports magnéti-ques ou électroniques. Le principe de base est simple : il s’agit de passer du code numéri-que binaire (0-1) au code quaternaire propreà la molécule d’ADN, laquelle n’est rien d’autre qu’une longue chaîne de quatre caractères correspondant à ses quatre basesnucléiques : A (adénine), G (guanine), T (thy-mine) et C (cytosine). Il a toutefois fallu atten-dre l’arrivée, dans les années 1980, des pre-mières machines à lire (séquenceurs) et à écrire (synthétiseurs) l’ADN, pour que ce rêve du stockage moléculaire devienne une réalité (lire ci-contre).

Sujet ultrasensibleFaçonné par des milliards d’années d’évolu-tion, l’ADN présente des performances stu-péfiantes comparé aux supports magnéti-ques ou électroniques. En termes de durabilité, d’abord : alors que la durée de vie limitée des mémoires flash, disques durs et bandes magnétiques oblige les opérateurs des centres de données à effectuer des reco-pies tous les cinq à sept ans en moyenne (et ce, au prix d’une incroyable dépense d’élec-tricité), l’ADN, conservé dans de bonnes conditions, reste intact pendant des dizainesde milliers d’années, voire beaucoup plus (ona récemment séquencé le génome d’un ancê-tre du cheval vieux d’au moins 560.000 ans).

En termes de densité d’information parunité de volume, ensuite. « En théorie, les33 zettaoctets de données produites par l’humanité jusqu’en 2018 pourraient être encodés dans moins de 100 grammes d’ADN »,explique le biologiste François Képès, mem-bre de l’Académie des technologies et coau-teur du rapport. En pratique, diverses consi-dérations techniques font que cette incroyable densité se trouve un peu diluée : nos 33 zettaoctets tiendraient plutôt dans une fourgonnette. Mais tout de même, quel gain par rapport à l’espace occupé par les centres de données, ces vastes hangars qui couvrent aujourd’hui un millionième des terres émergées – et en couvriront un mil-lième en 2040, si on ne passe pas au stockagemoléculaire d’ici là ! « Comparé aux supportsactuels, le stockage moléculaire offre une dura-bilité dix mille fois plus grande et sa densité volumique est dix millions de fois supérieure »,résume François Képès.

Si l’on y ajoute une extrême frugalité éner-gétique (une fois synthétisé et correctement

Les centres de données (ici celui du moteur de recherche Baidu, en Chine) couvrent actuellement un millionième des terres émergées. Ils en représenteront un millième en 2040. Photo Chine Nouvelle /Sipa

Trois dates clés

1964 Le physicien soviétique Mikhail Neyman propose d’utiliser les quatre bases nucléiques de l’ADN pour encoder de l’information.

2012 Dans « Science », George Church, l’un des pères du Human Genome Project, annonce qu’il a encodé l’un de ses propres livres de génétique dans un milliardième de gramme d’ADN.

2017 Un informaticien de l’université de Columbia encode dans de l’ADN le film des frères Lumière « L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat ».

conditionné, l’ADN n’a pas besoin d’apport en électricité pour conserver l’information qu’il contient), on comprend que le stockage moléculaire apparaisse, aux yeux de la plu-part des spécialistes, comme « la » solution toute trouvée pour éviter le mur de 2040. Est-ce à dire que, en l’état actuel de l’art, l’ADNest prêt à prendre le relais des bandes magnétiques et des disques durs ?

Non, répond le rapport de l’Académie destechnologies. Si le séquençage de l’ADN a faitdes bonds de géant depuis une vingtaine d’années – en 2003, le premier séquençage d’un génome humain avait nécessité treize ans d’effort et 3 milliards de dollars ; on fait aujourd’hui la même chose en vingt-quatre heures et moins de 1.000 dollars – , il s’en fautencore de beaucoup pour que cette étape de lecture rivalise, en termes de vitesse et de coût, avec la lecture des supports tradition-nels. Et le fossé est encore plus grand s’agis-sant de la synthèse d’ADN, c’est-à-dire l’écri-ture de l’information dans les A, G, T, C de la molécule, qu’il faut synthétiser par petits fragments d’environ 200 nucléotides au

Le stockage moléculaire sera devenu économiquement viable d’ici à 2040.

maximum, la synthèse chimique d’ADN ne permettant pas pour l’instant d’en fabriquer de plus longs. « Plusieurs ordres de grandeur manquent pour atteindre la viabilité économi-que de cette approche : un facteur d’environ mille pour le coût et la vitesse de lecture, et centmillions pour ceux d’écriture », écrivent les auteurs du rapport.

Ces chiffres pourraient paraître découra-geants et renvoyer le stockage moléculaire dans les limbes d’un très lointain avenir. Mais croire cela serait commettre une gros-sière erreur d’appréciation, tant les technolo-gies ADN évoluent vite, beaucoup plus vite que la célèbre loi de Moore qui a fait les beaux jours de l’électronique : celle-ci postu-lait un doublement des capacités et des per-formances tous les deux ans ; avec les tech-nologies ADN, ce facteur deux est gagné tousles six mois. « Ce qui signifie, souligne Fran-çois Képès, que le facteur mille manquant pour la lecture sera résorbé en cinq ans et le fac-teur cent millions pour l’écriture, en quinze. » Autrement dit, le stockage moléculaire sera devenu économiquement viable d’ici à 2040.Raison de plus pour commencer dès aujourd’hui de réfléchir à comment opérer la grande bascule.

Une révolution en marcheEn fait, cette révolution est déjà enmarche. Mais pour l’essentiel – une fois de plus… – de l’autre côté de l’Atlantique, où ce sujet ultrasensible est piloté par l’Intelli-gence Advanced Research Projects Activity (Iarpa, une agence au service du renseigne-ment américain), dans le cadre de son pro-gramme MIST (Molecular Information Sto-rage). En mars 2019, dans « Scientific Reports », Microsoft a présenté un prototypede paillasse de sa machine à encoder-écrire-stocker-lire-décoder de l’information dans de l’ADN, capable de traiter un gigaoctet en vingt-quatre heures. Le but de l’Iarpa est de passer du « giga- » au « téra- » (mille fois plus)d’ici à 2024. Un objectif pour lequel l’agence entend ne pas lésiner sur les moyens : en jan-vier dernier, elle a versé près de 50 millions de dollars à plusieurs acteurs du domaine, parmi lesquels Microsoft, le géant du séquençage Illumina, le MIT, le Broad Insti-tute… mais aussi une pépite française, DNA Script. Cette start-up fondée en 2014 est le spécialiste de la synthèse enzymatique d’ADN, par opposition à sa synthèse chimi-que. Alors que cette dernière se heurte aujourd’hui à ses limites, la synthèse enzy-matique représente l’avenir. Les Etats-Unis semblent l’avoir bien compris. Et nous ? n

Le mur de 2040

Outre le problème évoqué plus haut du manque de terrains disponibles, le système de stockage-archivage actuel va vite se heurter à d’autres limites physiques. Et d’abord le manque de silicium de qualité électronique (hautement purifié) : les experts estiment que seul 1 % de tout le silicium purifié nécessaire à l’absorption de la sphère globale des données d’ici à 2040 pourra être produit. L’électricité constituera un autre problème : les millions de centres de données existants (en incluant ceux des entreprises et du cloud) consomment déjà à eux seuls 2 % de toute l’électricité produite dans les pays avancés. Quant à leur coût de construction et d’exploitation, il est tout simplement faramineux, puisque globalement estimé à 1.000 milliards d’euros. Autant de raisons pour lesquelles les académiciens des technologies jugent le système actuel condamné à plus ou moins brève échéance. En fait, les tensions commencent d’ores et déjà à se faire sentir : Microsoft a calculé que, en 2018, seuls 40 % des données qu’on aurait souhaité pouvoir stocker l’ont effective-ment été. Le reste a été perdu, faute de ressources.

oLA PUBLICATION

Les émotions, innéesou acquises ?

N os émotions sont-elles innées ou acquises ?La question est aussi vieille que les neurosciences. La pensée dominante a

longtemps tenu les états émotionnels pour des expériences biologiques – et donc universelles –, fruit de l’évolution ayant permis à Homo sapiens de s’aventurer hors des cavernes. Pourtant, un autre courant, dit constructionniste, réfute cette thèse, au motif que les mêmes émotions ne sont pas forcément définies ni vécues de la même manière dans toutes les cultures : nos émotions seraient plutôt la résultante de concepts appris dans l’enfance et qui, associés à nos sensations physiques, s’enrichiraient tout au long de la vie, en fonction de nos expériences. C’est cette seconde théorie qui vient de se trouver renforcée par la publication d’une équipe de chercheurs français dans « Brain ». Les auteurs se sont intéressés à seize patients atteints d’une maladie neurodégénérative rare, la démence sémantique, caractérisée par une perte des connaissances que l’on a sur le monde et sur le langage. Les différents tests auxquels ces patients ont été soumis, portant sur une palette de quatre émotions (colère, fierté, surprise et embarras), ont révélé que la dégradation de leur mémoire conceptuelle s’accompagne d’une difficulté à reconnaître les émotions et leur caractère positif ou négatif.« Cela nous permet d’apporter de nouveaux éléments pour confirmer la théorie constructionniste des émotions : nous construirions culturellement nos émotions depuis l’enfance », souligne le principal auteur.— Y. V.

P uisque cette année, bien que remarquable,ne mérite guère que nous nous la remémorions, faisons plutôt le bilan de nos

glorieux cousins, les néandertaliens. La rubrique paléogénétique est chargée, c’est à la mode. Nous aurions hérité des néandertaliens des gènes impliqués dans des formes sévères du Covid-19. Avant de crier au génocide à travers les millénaires, rappelons-nous que ces gènes ont certainement eu une utilité à un moment donné. Et puis l’origine des cas graves est multifactorielle, alors ne blâmons pas Neandertal et sortons masqués. Par ailleurs, ne faisons pas les malins, car nous aurions aussi laissé une trace chez eux. Nos ancêtres sapiens directs leur auraient légué l’ensemble de notre chromosome Y, le chromosome sexuel masculin. Etait-ce vraiment un cadeau ? Ils ne sont plus là pour nous le dire ! Dernier scoop fumeux, il a longtemps été dit qu’Homo sapiens était mieux adapté à l’utilisation du feu par une meilleure capacité à supporter les toxines et la fumée. Finalement, ce ne serait pas le cas. Ouf, les néandertaliens n’ont donc pas disparu enfumés. Au rayon ustensiles et bricolage, un magnifique bâton de jet a été trouvé à Schöningen. C’est exceptionnel car il est rare que les objets en bois arrivent jusqu’à nous. Cela démontre aussi que Neandertal chassait avec des armes de jet. Autre petit miracle : à la surface d’un outil en pierre, quelques brins fossilisés de fibres tressées ont été préservés. La preuve que nos cousins maîtrisaient le tissage. Dans la catégorie anatomie, le pouce néandertalien s’avère différent du nôtre, reste à savoir si cela lui a valu un émoji pouce en l’air ou une mise à mort de gladiateur à la romaine. Quelques nouveaux fossiles ont aussi été mis au jour, des sites trouvés. Pour finir sur une note festive et de saison, des découvertes dans le site portugais de Figueira Brava ont montré que les néandertaliens se nourrissaient de fruits, d’animaux issus de la mer. Ils avaient déjà le sens de la fête.2020 n’est pas terminée, je vous prédis que vous entendrez encore parler de Neandertal dans les jours qui viennent ! Guettez les nouvelles, et je vous dis à très bientôt.

Antoine Balzeau est paléoanthropologue au Muséum national d’histoire naturelle.

Un bilan 2020 original, celui de Néandertal

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LA CHRONIQUEd’Antoine Balzeau

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Kévin Badeau @kevinbadeau

C ’est une immense vague d’opti-misme. Le géant pharmaceutiquePfizer et la société de biotechnolo-

gie BioNTech ont égayé ce mois de novem-bre confiné avec la perspective d’une solu-tion immunitaire contre le nouveau coronavirus SARS-CoV-2. Les deux sociétésont conjointement annoncé le 9 novembre la découverte d’un vaccin efficace à plus de 90 %. Cette annonce a très vite été suivie parcelle de la biotech Moderna, dont le vaccin serait efficace dans les mêmes proportions.Ces deux préparations, réalisées en un temps record, sont l’espoir d’un monde débarrassé de la pandémie de Covid-19, res-ponsable d’au moins 1,4 million de morts dans le monde, dont 54.000 en France.

Partout, les Etats sont dans les « starting-blocks » pour immuniser la population. Le Royaume-Uni a été le premier gouverne-ment à autoriser, ce mois-ci, la solution de Pfizer et de BioNTech. En France, le Premierministre Jean Castex a assuré qu’on avait « de quoi vacciner 100 millions de person-nes ». Les spécialistes estiment que l’effort vaccinal doit être massif en l’absence de traitement efficace. Mais encore faut-il convaincre les Français. Et c’est loin d’être gagné. Au pays de Pasteur, la vague mon-diale d’optimisme fait pschitt. Les nouvellessolutions immunitaires contre le Covid-19 inspirent peu confiance. La pluie de sonda-ges réalisés ces derniers jours le confirme. La moitié des Français indiquent qu’ils n’ontpas l’intention de se faire vacciner. « A quel-ques semaines de la campagne vaccinale, c’estinquiétant », soupire Bernard Sananès, pré-sident de l’institut d’études Elabe.

Qui sont ces Français qui hésitent ou, toutsimplement, refusent ces nouveaux vac-cins ? Les enquêtes d’opinion permettent

sa propre contribution. Le 11 novembre, soit deux jours après l’annonce de Pfizer et BioN-Tech, elle publie sur Instagram, où elle compte 1 million d’abonnés, une vidéo digned’un scénario complotiste. Elle assure que levaccin contre le Covid-19 inoculerait des nanoparticules activées par la 5G pour nouspriver de nos libertés. Un discours qui fait écho à celui de l’actrice Juliette Binoche, quelques mois plus tôt, sur le même réseau social : « Mettre une puce sous-cutanée pour tous : c’est NON. NON aux opérations de Bill Gates, NON à la 5G. » Le succès phénoménalde Hold-up, retour sur un chaos est bien le signe de la captivité du public. Ce documen-taire sur la crise du Covid-19, bourré d’infox et déroulant un argumentaire complotiste, aété vu plus de 6 millions de fois depuis sa sor-tie, mi-novembre.

Des racines profondes« Une partie des Français qui s’informent de manière prioritaire sur les plateformes de vidéos ou les réseaux sociaux sont abreuvés dethéories du complot, constate Rudy Reichs-tadt, directeur du site Conspiracy Watch. Lecomplotisme repose sur une grille de lecture de la réalité simpliste et binaire qui conforte notre paresse intellectuelle. Malheureuse-ment, ce manichéisme est l’une des raisons deson succès. » Pierre Bentata, auteur d’un essai sur les idéologies, confirme : « Les gensadhèrent car cela donne du sens à l’origine de la crise du Covid-19, à propos de laquelle les scientifiques eux-mêmes ne savent pas encoretout. » Dans Le Perdant radical, l’essayiste allemand Hans Magnus Enzensberger écritque le conspirationnisme serait le trait récurrent des personnes ayant le sentiment d’avoir raté leur vie. Les théories auxquelles ils adhèrent leur permettraient de se repré-senter à eux-mêmes et aux autres comme les victimes d’une machination ourdie par des forces obscures. Cela serait toutefois une

d’en brosser le portrait sociologique. Celle de la Fondation Jean-Jaurès, « Vaccin : la piqûre de défiance », publiée le 17 novem-bre, est l’une des plus remarquables. Le pre-mier critère de rejet de la vaccination contrele Covid-19, dit l’étude, est l’âge. Les jeunes (25-34 ans) sont 52 % à ne pas vouloir se fairevacciner. Ils mettent en avant la faible pro-babilité de développer une forme grave de lamaladie. Ainsi, plus les Français sont âgés, plus ils déclarent accepter le vaccin. L’étudemontre également que les femmes (50 %) sont plus vaccino-hésitantes que les hom-mes (35 %). Le principal motif de refus concerne cette fois la crainte des effets secondaires indésirables d’un vaccin sur lequel les scientifiques auraient peu de recul. Autre enseignement, l’antivacci-nisme gagne aussi bien les personnes diplô-mées que les non-diplômées.

Un antivaccinisme antisystèmeLe critère qui interpelle le plus, en réalité, estcelui de l’opinion politique. Dis-moi pour quitu votes, je pourrais dire si tu te feras vacci-ner. Toujours selon la même étude, les Fran-çais séduits par les « extrêmes » (Rassemble-ment national, Debout la France, La France insoumise ou encore le Nouveau parti anti-capitaliste) refusent bien plus le vaccin contre le Covid-19 que les sympathisants d’Emmanuel Macron. « Ce sont les Français les plus critiques envers les élites, ceux qui expriment une forte défiance envers les politi-ques et l’autorité scientifique », analyse Antoine Bristielle, auteur de l’étude. Etre antivaccin, c’est souvent être antisystème.

« On assiste aussi à un vaccino-scepticismetype “gilets jaunes”, de classes moyennes ou populaires en rupture de confiance envers l’Etat providence », explique Laurent-Henri Vignaud, historien des sciences. Selon un sondage Elabe, la méfiance est particulière-ment forte chez les personnes se considé-

Antivaccins : anatomie d’une France qui douteSANTÉ // Au pays de Pasteur, la vague mondiale d’optimisme née du lancement prochain de plusieurs vaccins anti-Covid fait pschitt. Près d’un Français sur deux dit refuser de se faire vacciner contre le Covid-19. Qui sont-ils et d’où vient ce rejet ?

Une pancarte contre l’obligation vaccinale de l’enfant contre 11 maladies, lors d’unemanifestation des « gilets jaunes » sur les

Champs-Elysées, à Paris, le 8 décembre 2018. Photo Saint Hilaire/Haytham-RÉA

caricature de faire supporter au seul conspi-rationnisme le rejet vaccinal en France.

Les racines sont bien plus profondes. Lespremières réticences remontent à l’époque de Louis Pasteur (18221895) et de son vaccin contre la rage (1885). Son célèbre opposant, leBelge Hubert Boëns, ne croit pas en la théoriedes germes et coalise les antivaccins au sein d’une ligue internationale. « Ils étaient parti-culièrement virulents à cette époque, mais ils l’étaient déjà à la découverte du tout premier vaccin contre la variole, par le Britannique Edward Jenner, en 1796 », explique l’historiendes sciences Laurent-Henri Vignaud. Il faut attendre la promulgation de la loi du 5 janvier1950 sur l’obligation vaccinale contre la tuberculose pour remettre un jeton dans la machine « antivax » française. En 1954, se crée alors l’ancêtre de la toujours active Liguenationale pour la liberté des vaccinations.

Le véritable tournant, disent tous les spé-cialistes interrogés, apparaît en 1994. Le gou-vernement lance une vaste campagne visantà vacciner plus de 20 millions de Français contre l’hépatite B. Mais plusieurs signale-ments font remonter des cas supposés de scléroses en plaques. Dès 1998, le ministre dela Santé Bernard Kouchner, par mesure de précaution, suspend la vaccination systéma-tique dans les collèges, même si jamais aucune étude n’a pu démontrer de lien signi-ficatif entre le vaccin et cette maladie. Trop tard, la reculade des autorités installe le doute dans l’opinion. Ce doute se renforce une décennie plus tard. En 2009, pour faire face à une probable pandémie de grippe H1N1, la ministre de la Santé Roselyne Bache-lot commande 94 millions de doses vaccina-les. La facture est salée. La Cour des comptesla chiffrera plus tard à 382,7 millions d’euros,alors que seulement 6 millions de Français se feront vacciner. La ministre, qui n’avait pashésité à se faire elle-même vacciner à titre d’exemple devant les caméras, est accusée d’être entourée d’experts liés à l’industrie pharmaceutique. L’adhésion vaccinale prend un nouveau coup.

Plus récemment, c’est une autre décisionde santé publique qui réveille les soupçons.En 2018, la ministre de la Santé Agnès Buzyn rend obligatoire la vaccination de l’enfant contre 11 maladies, au lieu de 3. « J’aiassisté à un regain de questionnements car lesparents avaient compris que l’on ajoutait desvaccins, alors que l’on rendait obligatoires ceux précédemment recommandés », se sou-vient Kristell Guével-Delarue, médecin généraliste. Cette spécialiste de la protec-tion maternelle et infantile, auteure d’un livre sur les vaccins, s’est formée à la vacci-nologie au cours de sa carrière, car parfois en manque d’arguments face aux parents les plus récalcitrants. « Grâce à ce nouveau bagage, je suis passée d’un discours “mater-naliste” à la déconstruction, point par point, des idées fausses », explique-t-elle. Adju-vants, sels d’aluminium et désormais ARN :les fantasmes sont nombreux.

La tâche du gouvernement français sem-ble titanesque pour accroître l’acceptabilitédu vaccin contre le Covid-19. Ce n’est pas pour rien qu’Emmanuel Macron, lors de son allocution du 24 novembre, a rejeté l’obligation vaccinale contre le coronavirus.Une manière de couper l’herbe sous le pieddes antivax. Cela suffira-t-il pour susciter unchoc de confiance ? « Il y a un véritable enjeude communication, estime Bernard Sana-nès, d’Elabe. Le gouvernement et les labora-toires vont devoir faire le récit de la rechercheet de la fabrication du vaccin pour convaincreles plus hésitants. » Problème : les Français n’ont confiance ni en les politiques ni en les laboratoires, et beaucoup moins en l’auto-rité scientifique en raison notamment des controverses sur l’hydroxychloroquine. « Il reste alors les médecins généralistes dans leurrelation de proximité, rassure Bernard Sana-nès. Neuf Français sur dix les plébiscitent. » C’est peut-être grâce à eux que démarrera, en France, cette vague d’optimisme qui fait tant défaut. n

Plus les Français sont âgés, plus ils déclarent accepter le vaccin contre le Covid-19.

Selon un sondage Elabe,la méfiance est particulièrement forte chez les personnes se considérant comme « gilets jaunes » ou soutenant ce mouvement.

rant comme « gilets jaunes » ou soutenant ce mouvement (pas confiance à 57 % et 49 %), contrairement aux personnes qui nel’ont jamais soutenu (28 %). « On retrouve par ailleurs des individualistes acharnés, de type libertarien, les mêmes qui rejettent le masque dans l’espace public », ajoute l’histo-rien. Et bien sûr, de manière structurelle, lesadeptes des médecines dites alternatives, comme la naturopathie.

Marécage complotisteCe fort rejet vaccinal puise en partie sa source dans le marécage complotiste. De toutes les théories du complot testées, la conspiration vaccinale est celle qui recueille le plus de suffrages. C’est ce que révèle une étude de Conspiracy Watch – l’Observatoire du conspirationnisme – en partenariat avec la Fondation Jean-Jaurès, publiée en février 2019, soit plus d’un an avant la crise duCovid-19. Devant l’affirmation « le ministère de la santé est de mèche avec l’industrie phar-maceutique pour cacher au grand public la réalité sur la nocivité des vaccins », 43 % des sondés disent être d’accord. A titre de com-paraison, l’affirmation selon laquelle « les Américains ne sont jamais allés sur la Lune » recueille 9 % d’adhésion.

Les discours antivaccins affirmés – ousimplement vaccino-sceptiques – prospè-rent sur Internet et les réseaux sociaux. Une étude publiée par la revue Nature conclut que le discours « antivax » a convaincu sur Facebook une grande partie des hésitants. La cause antivaccinale peut à ce titre comp-ter sur d’importants leaders d’opinion. Le professeur Henri Joyeux ou encore Serge Rader, ex-pharmacien, appartiennent aux historiques. D’autres sont très suivis sur You-Tube, à l’image de Jean-Jacques Crèvecœur (25.000 abonnés) et de Thierry Casasnovas (518.000 abonnés). Plus récemment, une star de la téléréalité, Kim Glow, y est allée de

14 // Lundi 7 décembre 2020 Les Echos

enquête

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Le « money time » touche à sa fin ; on jouait même les prolongations, ce week-end, à Bruxelles. Ce moment que le gouvernement britannique recherchait depuis le départ. Celui où tout se tend, où la fébrilité gagne dans les capitales européennes, et où la solidarité entre Etats membres est mise à rude épreuve.

Depuis quatre ans et demi – l’interminable périodequi nous sépare du référendum de sortie de l’Union européenne –, la tactique de Londres aura été la même : pousser la négociation jusqu’à la limite pour diviser le camp européen. Et tenter d’obtenir des arrangements de dernière minute, des compromis de fin de nuit qui permettraient in fine au Royaume-Uni de retrouver sa souveraineté pleine et entière tout en maintenant un accès privilégié au marché unique européen, dont il dépend cruellement. Des exigences contradictoires qui se heurtent à l’exigence des 27 : pas question d’obtenir des facilités commerciales sans

garanties d’une concurrenceloyale. L’Union européenne afixé des lignes rouges. Elle doits’y tenir jusqu’au bout, malgréle spectre d’un « no deal », quiserait un échec. Car cettestratégie de fermeté a donnédes résultats. De fait, Londres adû renoncer à son rêve initial derester dans le marché uniquetout en quittant l’UE. Qu’il y aitaccord ou non sur la relationcommerciale future dans lesprochaines heures, ce sera detoute façon un Brexit dur, avecdes contraintes matérielles etjuridiques nouvelles entreCalais et Douvres à partir du1er janvier.

Mais l’Europe ne peut sepermettre de laisser le Royaume-Uni déréguler à tout va à ses portes. Des mécanismes d’encadrement des aides d’Etat doivent en particulier être définis. Les derniers mètres de la négociation apparaissaient ces derniers jours comme les plus durs à parcourir. Très techniques mais essentiels, car sans garde-fous précis, les contentieux se multiplieraient à l’avenir. Tout compromis boiteux est ainsi à proscrire, d’autant que Boris Johnson n’inspire pas grande confiance à ses homologues européens…

Face à ce front jusque-là uni, le Premier ministre britannique aura usé et abusé de son meilleur atout : la pêche. Un enjeu symbolique fort pour le Royaume-Uni « libéré » de l’Europe, mais économiquement marginal. Et surtout l’un des rares sujets susceptibles de diviser les 27, les pays côtiers dépendants des eaux britanniques étant évidemment plus enclins que les autres à risquer le « no deal » sur cette question, la survie de leurs pêcheurs étant en jeu. Encore et toujours tenter de fissurer le camp adverse. Dans la dernière ligne droite, l’Europe ne doit pas être gagnée par la peur de dire « non » à un mauvais accord.

(Lire nos informationsPage 7

L’ÉDITORIAL DES « ÉCHOS »

Brexit : l’Union à l’épreuve

Londres aura tenté jusqu’au bout de fissurer le front des 27.

Par Etienne Lefebvre

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MISSION RÉUSSIE Une sonde japonaise a largué avec succès sur terre de précieux échantillons prélevés sur un lointain astéroïde, qui pourraient nous renseignersur la naissance de notre univers. La sonde Hayabusa-2 (« faucon pèlerin » en japonais) avait été lancée en 2014 et avait prélevé l’an dernier une centaine de milligram-mes de particules de l’astéroïde Ryugu (« palais du dragon »), situé à plus de 300 millions de kilomètres de la Terre. Photo Morgan Sette/AFP

DERNIÈRE HEURE

Réconciliation en vue entre Riyad et Doha

'PROCHE-ORIENT – Le Qataret l’Arabie saoudite sont surla voie de la réconciliation.

Après plus de trois ans de brouille, marquée en juin 2017 par un embargo terrestre, aérien et naval du Qatar instauré par Riyad, mais aussi Abou Dhabi, Bahreïn et Le Caire, un accord préliminaire est en voie d’élaboration. L’envoyé spécial au Proche-Orient et gendre du président américain, Donald Trump, Jared Kushner, a joué les facilitateurs, notamment lors d’une rencontre avec l’homme fort du régime saoudien, Mohammed ben Salmane.

Visite du président égyptien à Paris

'DROITS DE L’HOMME – Leprésident égyptien, AbdelFattah Al Sissi, était attendu

dimanche à Paris pour une visite d’Etat de trois jours destinée à renforcer la coopération franco-égyptienne face aux crises du Moyen-Orient, sans occulter la question sensible des droits de l’Homme. Les organisations de défense des droits humains deman-dent que la France « passe des discours aux actes » et conditionne son soutien militaire à l’Egypte à la libération des prisonniers politi-ques. Paris ne peut se contenter de « condamnation verbale ».

Un comité pour les noms de rues

'DISCRIMINATIONSPrésidé par l’historien Yvan Gastaut, un comité

scientifique d’une vingtaine de personnalités a été constitué afin de recueillir des noms issus des quartiers ou de l’immigration, lesquels permettraient ensuite de baptiser rues, statues et autres édifices, a annoncé dimanche le ministère de la Ville. Emmanuel Macron avait indiqué vendredi vouloir « identifier 300 à 500 noms d’ici au mois de mars », grâce au fruit d’une « contribution collec-tive », afin que l’on « puisse décider d’en faire des rues, des statues ».

Isolement : bientôt un nouveau dispositifSANTÉ – Chaque cas positif et cas contact au Covid-19 pourrait se voir proposer un dispositif d’aideà l’isolement, grâce à la création d’équipes mobiles d’infirmiers libéraux et d’intervenants sociaux, selon un document de travail du ministère de la Santé révélé parle « JDD ». Ces équipes feraient des « visites domiciliaires » et propose-raient un « accompagnement » matériel pour les courses ou la garde d’enfants et des possibilités de relogement. Cette démarche serait conçue « indépendamment de l’instauration d’une obligation juridique », selon le document.

« La terrasse », par Antonio Giovanni Pinna pour « Les Echos »

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Lundi 7 décembre 2020www.lesechos.fr

Société Générale et Crédit du Nord valident la fusion de leurs réseauxMais en interne les salariés restent inquiets. De nombreux éléments relatifs à la fusion restent de toute façon à négocier.

Le projet de rapprochement doit notam-ment permettre à Société Générale d’aug-menter la rentabilité de sa banque de détail, plombée depuis plusieurs années par l’envi-ronnement de taux bas et la concurrence desnéobanques. Selon les estimations, la fusion des réseaux devrait générer de 400 à 450 millions d’euros d’économies. n

réparties dans plusieurs groupes de travail,ont été mises à contribution.

Tous les sujets sont loin d’être encore tran-chés. Des questions devraient rester en sus-pens sur le maintien ou non des marques, le découpage territorial entre les deux réseaux,le nombre d’agences préservées, ou même les suppressions de postes qui pourraient enrésulter. Jusqu’à présent, la direction du groupe a toujours tenu à rassurer, arguant qu’il n’y aurait pas de départs contraints.

La validation par les conseils d’adminis-tration intervient deux mois et demi après le lancement de l’étude du rapprochement des deux réseaux « afin de créer une nouvellebanque de détail en France de premier plan, forte de dix millions de clients, alliant ancragedans les territoires et efficacité technologi-que ». C’est Sébastien Proto, le directeur général adjoint chargé de la banque de détail, qui a mené l’étude, pour laquelle environ 500 personnes des deux réseaux,

Le premier a eu lieu samedi en fin de jour-née, le second dimanche matin. Plus tard dans la journée, les conseils de surveillance des banques régionales de Crédit du Nord (Banque Courtois, Banque Tarneaud, Ban-que Kolb, etc.) se sont réunis pour statuer surle projet. Dans la foulée de ces réunions et deces approbations, ce lundi, Société Générale doit présenter plus en détail les contours de cette fusion avec sa filiale, qui pourrait pren-dre entre dix-huit et vingt-quatre mois.

JCAC 405.609,15 points0,6241 % J

DOW JONES30.137,97 points0,5621 % n

EURO/DOLLAR1,2143 $-0,0165 % J

ONCE D’OR1.843, $0,5812 % J

PÉTROLE (BRENT)49,15 $0,676 %

DEVISES EUR/GBP 0,9004 EUR/JPY 126,457 EUR/CHF 1,0816 GBP/USD 1,3486 USD/JPY 104,1535 USD/CHF 0,8908 TAUX EONIA -0,471 LIFFE EURIBOR 3 MOIS -0,527 OAT 10 ANS -0,3857 T-BONDS 10 ANS 0,9329

Romain Gueugneau @romaingueugneau

Approuvé ! Selon nos informations, les conseils d’administration de Société Géné-rale et de Crédit du Nord ont validé ce week-end le projet de rapprochement de leurs réseaux de banque de détail respectifs.

BANQUE

premiers projets doivent commencer à pro-duire de l’électricité en 2022.

Pour y parvenir, la méthode de consulta-tion du public a été modifiée : comme le pré-voit la loi Essoc de 2018, le débat public s’est déroulé en amont du projet, c’est-à-dire avant de choisir la zone d’implantation du futur parc. Toutefois, les inquiétudes restent

vives. Déjà alarmés par les conséquences du Brexit sur leur activité, les pêcheurs dénon-cent la multiplication des projets éoliens dans la Manche et leur impact potentiel sur la ressource halieutique. Dans ce contexte, laministre de la Mer promet de mettre la « pla-nification maritime » au cœur de ses priori-tés. Le sujet est essentiel car d’ici à 2024, la

feuille de route du gouvernement prévoit encore de lancer 2,5 à 3 GW de projets d’éoliennes en mer posées. D’ici à 2050, « 25 % de notre électricité pourrait être pro-duite en mer », assure-t-elle.

(Lire « Crible »Page 34

Sharon Wajsbrot @Sharonwaj

Terre d’énergie nucléaire, avec la centrale deFlamanville et l’usine de retraitement de La Hague, le Cotentin se convertit aux énergies renouvelables. Samedi, les ministres de la Mer et de la Transition écologique – Annick Girardin et Barbara Pompili – ont annoncé l’installation du huitième parc éolien en merfrançais au large du Cotentin, dans une zonesituée « à plus de 32 kilomètres des côtes et à 40kilomètres des tours observatoires Vauban de Saint-Vaast-la-Hougue ».

Cette décision marque la fin d’une longueprocédure de débat public, engagée en novembre 2019 et achevée en août 2020, après trois mois de pause liée à la crise sani-taire. Surtout, cette annonce acte le début dela bataille officielle pour les entreprises can-didates au développement de ce futur parc éolien, qui, comme les autres parcs français,doit bénéficier d’un tarif garanti d’achat de

Un nouveau parc éolien en mer au large du Cotentin

l’électricité produite. D’une capacité d’envi-ron 1 gigawatt (GW), soit l’équivalent d’un réacteur nucléaire, ce nouveau parc devrait produire de l’électricité dès 2028.

« C’est une très bonne nouvelle », se féliciteVincent Balès, le directeur général de WPD France, investi déjà dans les projets éoliens de Fécamp et de Courseulles-sur-Mer et qui travaille à une candidature. Chez EDF, on indique aussi une volonté « de s’inscrire dansles prochaines étapes du projet ». Concrète-ment, les différents consortiums en lice devraient formaliser leur offre au début 2021. Les pouvoirs publics indiquent que le lauréat sera désigné en 2022.

Inquiétudes des pêcheursCette ferme éolienne devrait profiter des gains de productivité de la filière, mais, pourles industriels et les pouvoirs publics, tout l’enjeu est aussi de bénéficier d’effets d’apprentissage pour éviter levées de bou-cliers et retards. Depuis 2012, sept fermes éoliennes en mer ont été attribuées en France, mais aucune n’a encore vu le jour. A la suite de nombreux recours juridiques, les

ÉNERGIE

l’essentielLes vacances de Noël sourient aux compagnies aériennesL’annonce de la levée du confinement le15 décembre a suscité un afflux de réser-vation. Les compagnies ont multipliéleur offre par trois ou par quatre. // P.19

Pour rivaliser avec Netflix, Warner privilégie HBO au détriment des salles de cinémaEn 2021, le studio proposera en mêmetemps ses longs-métrages sur grand etpetit écran aux Etats-Unis. // P.24

Airbus 34Air France 19Allianz 28Andros 22April 28Atos 24Auchan 21AXA 28Bergamotte 25Boulanger 21Canal+ 23Crédit Agricole 34Decathlon 21Disney 24EasyJet 19France Télévisions 23

GensDeConfiance 25HSBC Continen-tal Europe 29HSBC France 29IBM 24Jules 21Kiabi 21Lagardère News 23Leroy Merlin 21M6 23Materne 22Microsoft 24Mulliez 21Netflix 24NextRadio TV 23Norauto 21

Novartis 20NRJ Group 23Orange 23Pimkie 21Radio France 23Renault, 34SFR 23SNCF 19St Mamet 22Tesla 18TF1 23Total 20, 22, 34Transavia France 19Universal 24WarnerMedia 24Yoplait 22

= LES ENTREPRISES CITÉES

www.richardmille.com

CALIBER RM 037BOUTIQUES RICHARD MILLE

PARIS 8e MONACO17 avenue Matignon Allée François Blanc+33 (0) 1 40 15 10 00 +377 97 77 56 14

Le développeur du futur parc éolien, qui sera situé au large de la côté normande, devrait être désigné en 2022.

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l’engouement des marchés pour les véhicules électriques. Une poignée d’entrepreneurs du secteur ont bondi dans les classements de milliardaires grâce à la folie spé-culative qui a saisi Wall Street. Nio, un constructeur chinois de voitures électriques, a même réussi l’exploit de battre la hausse de plus de 600 %de Tesla en Bourse. Le cours de la société, cotée depuis 2018 à New York, a connu une croissance exponentielle cette année supé-rieure à 1.000 %. La participation d’environ 14 % de son fondateur Bin « William » Li s’est appréciée de 6,4 milliards de dollars en parallèle,faisant du quadragénaire l’un des nouveaux milliardaires de 2020.

Valorisations plus élevées à New YorkLa Chine, premier marché mondial pour les voitures électriques, a donné naissance à deux autres « bébé Tesla » qui ont suivi le che-min tracé par Nio. Li Auto et Xpeng

Motors se sont cotés à New York cet été, une manière de bénéficier des valorisations plus élevées du secteur outre-Atlantique. Avec suc-cès. Li Xiang, le patron de Li Auto, a gagné 4,7 milliards, tandis que He Xiaopeng, qui a fondé Xpeng Motors, s’est enrichi de 7,7 milliards.

L’homme le plus riche du secteuren Chine est à la tête d’un construc-teur plus établi, BYD, dont Warren Buffett est actionnaire à hauteur de 8,25 % depuis 2008. Wang Chuanfu a gagné 10 milliards de dollars en 2020, porté par la hausse de 260 % de son groupe en Bourse. Il est désormais la 28e fortune chinoise avec un patrimoine de 14,2 milliards.

Aux Etats-Unis, les entrepre-neurs de la mobilité électrique ont surfé sur la vague des « SPAC », ces coquilles vides cotées, destinées à faire des acquisitions. En fusion-nant avec ces structures dont la popularité a explosé cette année, leurs entreprises rejoignent directe-

ment la Bourse en contournant le processus d’introduction.

C’est le cas de Nikola, le construc-teur de poids lourds électriques qui affole spéculateurs et vendeurs à découvert. Son ancien patron, Trevor Milton, vaut désormais 2,5 milliards de dollars, sa fortune ayant doublé en 2020 malgré la chute du cours de Nikola liée au retrait de son partenaire GM. Deux autres jeunes pousses ont également choisi cette voie ces der-niers mois : Lordstown Motors et Fisker, avec à la clé des participa-tions valorisées à plus de 1 milliard de dollars pour leurs fondateurs.

Derrière les constructeurs auto-mobiles, le secteur a tiré ses fournis-seurs. Ce qui a bénéficié à CATL, le premier producteur de batteries électriques pour des véhicules motorisés. Le cours de la société a plus que doublé cette année, per-mettant à quatre de ses principaux dirigeants de gagner près de 20 mil-liards de dollars. n

Les nouveaux milliardaires du secteur

Bastien Bouchaud @BastienBouchaud

238.000 dollars par minute, soit 343 millions par jour. Les chiffres donnent le tournis. C’est le rythme auquel s’est enrichi Elon Musk cetteannée grâce à sa participation d’environ 20 % dans Tesla. Au total, sa fortune s’est envolée de 116 mil-liards de dollars en 2020. De quoi faire d’Elon Musk le deuxième homme le plus riche du monde derrière Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, mais devant Bill Gates, avec un patrimoine de 144 milliards.

Le célèbre patron de Tesla n’estpas le seul à avoir tiré profit de

Elon Musk n’est pas le seul à avoir fait fortune grâce à l’engouement pour les voitures électriques. L’envolée boursière des constructeurs a largement profité à une poignée d’entrepreneurs.

Vers une consolidation du marché pour les équipementiers

Les équipementiers automobiles ne sortiront pas indemnes de la crise sanitaire. Et ce, même s’ils ont plutôt bien rebondi sur la deuxième partie de 2020. Selon une vaste étude réalisée par le cabinet Roland Berger et la ban-que Lazard auprès de 600 entre-prises du secteur dans le monde entier, ils ont lourdement souffert de la chute du marché automobilesur les six premiers mois : leur marge d’exploitation (Ebit), qui avait déjà reculé de 7,7 %, lors du pic de 2017, à 5,1 % en 2019, a encorechuté à 1,7 %. Et leur endettement abondi, dépassant le plus souvent letaux de trois fois leur Ebitda.

« Ils ont eu très peur, mais lerebond observé après l’été a été meilleur que prévu, commente Eric Espérance, associé chez Roland Berger. Il y a eu un effet rattrapage important, qui leur a permis de limiter les dégâts. »

Baisse des revenusSelon les auteurs de l’étude, les ventes de véhicules légers neufs dans le monde ne devraient pas dépasser 72 millions en 2020, soit 20 % de moins qu’en 2019. Et les immatriculations ne retrouverontpas leur niveau record de 2017 (94,3 millions) avant 2026… Une dégringolade qui aura un impact direct sur les revenus des sous-traitants : ils reculeront de 15 % à 20 %, estime l’étude. Avec des écarts importants entre les socié-tés, liés aux disparités selon les zones géographiques. « Le marchéchinois, notamment, est sorti de la crise avant les autres », rappelle ainsi Eric Espérance. Les volumes y ont déjà retrouvé leur niveau de

Fragilisés par la crise, les équipementiers voient leurs marges se contracter et leurs dettes s’envoler.

de 500.000 sur onze mois, contre 354.000 en 2019). « On n’aurait jamais anticipé une telle croissance, surtout avec les aléas liés à la crise sanitaire cette année », commente Flavien Neuvy, directeur de l’Obser-vatoire Cetelem de l’automobile. La crise a, de fait, non seulement lour-dement plombé le marché automo-bile européen, avec des ventes de voitures neuves en chute de plus de 20 %, mais elle laisse présager une crise économique dont l’impact sur le pouvoir d’achat aurait logique-ment pu affecter les livraisons de voitures électriques, plus chères queleurs équivalents thermiques.

En réalité, le marché a d’abord étédopé par l’offre enfin déployée par les constructeurs. « La course engagée par les constructeurs pour atteindre les objectifs CO2 imposés par l’Union européenne, pour la pre-mière fois cette année, a incontes-tablement constitué le principal moteur du marché » , avance Matthias Schmidt. Les voitures

électriques se sont aussi banalisées. « Elles font désormais partie du paysage, souligne Flavien Neuvy. Et plus les ventes augmentent, plus il y a d’ambassadeurs sur le terrain, ce qui contribue à rassurer les indécis. »

Généreux bonus à l’achatLa peur de la panne sèche est tou-jours présente, mais elle se réduit avec les progrès affichés sur l’auto-nomie. L’autre grand frein un tempsévoqué, le prix, est quant à lui large-ment atténué par les formules de financement locatives, comme la LOA (location avec option d’achat). « Une différence de prix facial de 3.000 euros ne représente que quel-ques dizaines d’euros sur un loyer mensuel : le développement de la LOA contribue clairement à rendre l’électrique plus accessible », estime Flavien Neuvy. Selon Matthias Schmidt, certains proposent désor-mais en Allemagne des loyers infé-rieurs à 100 euros par mois pour des voitures lithium-ion.

Les généreux bonus à l’achatmis en place par les gouvernementsau début de l’été, pour atténuer la crise sanitaire et verdir les parcs automobiles, ont aussi joué un rôle crucial : 7.000 euros en France, jusqu’à 9.000 euros en Allemagne…De quoi donner un sacré coup de pouce aux ventes. En quelques mois, l’Allemagne est devenue le premier marché européen pour l’électrique, représentant le quart des ventes européennes. « C’est le premier marché de la région à attein-dre la barre des 500.000 voitures électriques en circulation », avance Matthias Schmidt, rappelant que le gouvernement du pays s’est fixé pour objectif 1 million fin 2021.

En France, la pénétration desvoitures rechargeables vient de dépasser la barre des 10 % : il s’en est vendu près de 150.000 sur onze mois, soit 10,3 % des ventes de voitures neuves. Elles sont plus de 430.000 en circulation, pour un objectif de 1 million en 2022. n

Anne Feitz @afeitz

Un million ! Qui eut cru, à la même période de l’an dernier, que les ven-tes de voitures à batteries (100 % électriques et hybrides rechargea-bles) allaient passer, avant même la fin de 2020, cette barre hautement symbolique ? Selon les premières données recueillies par l’analyste allemand Matthias Schmidt, qui scrute le marché chaque mois, elles devraient atteindre 1,05 million sur les onze premiers mois de l’année.

« Il s’agit des volumes observés enEurope de l’Ouest, c’est-à-dire dans les 15 pays membres de l’Union euro-péenne avant 2004, plus la Norvège, la Suisse et l’Islande, explique-t-il. Ce chiffre représente 10 % des ventes de voitures neuves, dans un marché total attendu à un peu moins de 11 millions sur l’ensemble de 2020. »

Course aux objectifs CO2A titre de comparaison, les ventes de voitures à prise électrique se sontélevées à 545.500 unités, soit 3,9 % du marché, sur le même périmètre pour la totalité de 2019. « Le marché est parti pour doubler cette année ! » estime Matthias Schmidt. L’ana-lyste table sur un volume d’au moins 600.000 voitures 100 % élec-triques sur 2020 (il est déjà à plus

l Sur les onze premiers mois de 2020, il s’est vendu 1,05 million de voitures 100 % électriques et hybrides rechargeables en Europe de l’Ouest.l Une perfor-mance dépassant les prévisions, liée aux efforts des constructeurs et aux subventions des gouvernements.

Les ventes de voitures électriques passent le cap du million en Europe

AUTOMOBILE

2019 aux deuxième et troisième trimestres 2020. Les fournisseurs bien implantés dans le pays ont mieux résisté, quelle que soit leur taille : ils maintenaient une marge d’Ebit de 4,5 % au premier semes-tre, contre 2,2 % pour ceux con-centrés sur l’Amérique du Nord, et– 0,2 % pour les Européens.

La crise a aussi modifié les rela-tions entre les donneurs d’ordre et les fournisseurs, relève Eric Espérance. « Il y a eu de grandes tensions, pendant un moment tout le monde s’est retrouvé dans le bleu,des commandes étaient annulées, modifiées… Ceux qui ont réussi à s’adapter ont créé une relation de confiance et en tirent aujourd’hui les fruits », explique le consultant. La situation, qui a contraint cer-tains à livrer en urgence, a aussi entraîné des hausses de prix.

Selon l’étude, le nombre d’opé-rations de fusion-acquisition dansle secteur a chuté cette année : de 252 en 2015, il est tombé à 136 en 2019 et devrait encore baisser en 2020. C’est toutefois pour mieux rebondir, estime Eric Espé-rance : « La crise contraint les entreprises à faire des choix, alors que le secteur est en pleine transfor-mation. Elles doivent adapter leur appareil industriel à l’électrifica-tion des motorisations, par exem-ple : les plus petites ne pourront pastrouver les capitaux nécessaires et devront trouver des grands frères. » Selon lui, un grand mouvement deconsolidation est en train de se préparer. « Rendez-vous en 2021 », conclut-il. — A. F.

Beaucoup d’équipementiers ne pourront pas résister seuls.

ENTREPRISES Lundi 7 décembre 2020 Les Echos

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Les Echos Lundi 7 décembre 2020 ENTREPRISES // 19

son offre par quatre, en ajoutant aux vols au départ d’Orly des vols pour les Antilles au départ de Rois-sy-CDG. De son côté, Corsair a vu tripler les réservations après le dis-cours présidentiel. Et la demande s’est encore amplifiée, après l’annonce du plan de sauvetage. « La totalité de sa flotte sera en ser-vice durant les vacances », souligne son PDG, Pascal de Izaguirre.

Air Caraïbes et sa filiale FrenchBee prévoient, pour leur part, d’engager les huit Airbus A350 et dedéstocker pour l’occasion trois de ses cinq A330. « Nous vendons aux tarifs de haute saison de l’an dernier,se félicite Marc Rochet, le patron des deux compagnies. Nous nous attendons à une forte fin d’année surla Guadeloupe la Guyane, la Réu-nion… Nous avons également une forte demande pour la République dominicaine et Haïti. En revanche, lasituation reste plus compliquée pourla Polynésie, en l’absence de la clien-tèle américaine ».

Transavia, grand gagnantCependant, le grand gagnant de ce déconfinement est Transavia France. La filiale low cost d’Air France, qui a vu ses ventes doubler en une semaine, a pu mettre en vente pas moins de 400.000 sièges pour la période du 18 décembre au 10 janvier, soit plus de 80 % de l’offrede 2019. En nombre de destinations,Transavia fait même mieux que l’andernier à la même période, avec 88 lignes, soit 20 % de plus, grâce à l’ajout d’une quinzaine de nouvelles liaisons domestiques. Grâce à ces nouvelles lignes, Transavia France devrait ainsi augmenter ses ventes de 50 %, comparé aux vacances de Noël 2019. n

Bruno Trévidic @BrunoTrevidic

Même si l’on reste loin d’un retour àla normale, les vacances de Noël auront un air de reprise dans les aéroports français. Malgré la persis-tance de restrictions aux voyages pour la plupart des destinations et leretour d’un couvre-feu de 21 heures à 7 heures en France, l’annonce de lalevée du confinement, à compter du15 décembre, a suffi à susciter un afflux de réservations chez les com-pagnies aériennes. Du moins chez celles desservant des destinations accessibles sans dérogation. A savoir les destinations domestiques,la majorité des pays européens, ainsi que quelques destinations exo-tiques, comme la République domi-nicaine, le Mexique ou Dubaï.

Le principal bénéficiaire de cettereprise partielle est naturellement Air France et son réseau domesti-que. « Dans les jours qui ont précédé l’intervention du président de la République, nous avions beaucoup designaux suggérant que les clients attendaient ces annonces avec impa-tience (appels dans les call centers,

AÉRIEN

L’annonce de la levée du confinement le 15 décembre a suscité un afflux de réservations.

Air France, easyJet, Air Caraïbes et Corsair ont multiplié leur offre par trois à quatre.

anormalement lente. Vendredi 4 décembre, 1,8 million de places avaient été réservées pour les vacances (pour plus de 4,5 millions mises en vente), dont les deux tiers uniquement pour la première semaine. Elément nouveau, qui tra-duit les hésitations dérivant du confinement, la prise d’option sur les billets des Français est nette-ment plus élevée que d’habitude (plus de 30 %), selon l’entreprise ferroviaire.

Les « TGV des neiges » n’ont pas la coteAutres faits totalement inédits : beaucoup de clients réservent pour des périodes beaucoup plus courtes

que d’ordinaire, des grands week-ends de 3 ou 4 jours plutôt qu’une semaine, comme sur le réseau Atlantique.

Les restrictions de la « jauge »durant les réveillons familiaux et la fermeture des restaurants, au moins jusqu’au 20 janvier prochain, dissuadent à l’évidence les clients departir plus longtemps, sans compteravec les fermetures des remontées mécaniques des stations de ski. Les « TGV des neiges » n’ont pas la cote :75 % des sièges réservés concernentles lignes Sud-Est et Atlantique.

Surtout, même pour des périodesde vacances, le gros des commandessurvient seulement à J-7 ou J-8 par rapport au départ, tendance très

éloignée de la norme. Si elle se véri-fie, la poussée de la demande pour-rait tarder jusqu’à une semaine avant le début des vacances scolai-res, fixé au 19 décembre.

Dernier élément totalement iné-dit : la SNCF a dû apprendre à para-métrer son système informatique afin de résister... aux avalanches de clics suivant à quelques minutes près les annonces du président Macron. L’entreprise a acquis une

bonne habitude de la gestion des pics de demande, mais ce sont des dates et horaires calés à l’avance, soitles périodes dites « d’ouverture des ventes » (ODV), en général quatre mois avant le départ d’un train.

Pics de clics après les allocutions du présidentMais, cette année, l’allocution prési-dentielle du 24 novembre sur l’assouplissement du confinement, et les possibles voyages entre régions après la mi-décembre a aus-sitôt sollicité les serveurs SNCF à rai-son de 1.000 requêtes par seconde. La précédente allocution du 27 octo-bre sur le rétablissement du confi-nement s’était même traduite par 2.000 requêtes par seconde, suivies de près par les équipes renforcées de la division e-Voyageurs, qui guettent, comme une marée, les dépassements en fonction de cotes d’alerte.

« Les pics sont plus complexesqu’avant », observe l’état-major de l’entreprise. Les opérations sont d’autant plus délicates à gérer pen-dant ces chaudes soirées d’annon-ces politiques qu’elles mêlent des ventes, mais aussi beaucoup d’annulations et d’échanges de billets : trois opérations pilotées par des systèmes informatiques dis-tincts. Pour éviter un déraillement du système, il faut donc anticiper endésactivant temporairement certai-nes fonctionnalités et doubler momentanément les capacités des serveurs, un travail dont se charge une « task force » dédiée. n

Denis [email protected]

A l’arrêt en grande partie depuis début novembre, la machine TGV se remet lentement en route, mais sans vouloir rajouter trop de sièges vides avant les vacances afin de ne pas aggraver les pertes. Pour cette reprise encore timide, seuls 32 % des trains rapides du programme normal seront affichés à compter delundi 7 décembre, puis 45 % le ven-dredi suivant, 55 % samedi 12, 90 % le lendemain, pour revenir à 100 % du plan de transport nominal le 14 décembre. Sous réserve d’un ultime feu vert élyséen sur les voya-ges entre régions à partir de la mi-décembre.

La SNCF va ainsi s’efforcer de sau-ver les meubles pendant les fêtes de fin d’année, comme elle l’avait déjà fait pendant l’été dernier. Mais, d’ores et déjà, toutes les tendances montrent que cet hiver 2020-2021 ne s’annonce pas comme les autres.

Malgré un nombre record de bastarifs injectés dans le système, et passeulement sur les Ouigo, les réser-vations sont encore basses à ce stade, et la demande monte de façon

TRANSPORT

Réservations très tardives, pour des séjours très courts, vacances au ski compromises...

Pour l’opérateur des TGV, les vacances pour les fêtes de fin d’année s’annoncent très particulières.

Comment la SNCF espère éviter d’aggraver ses pertes à Noël

A ce stade, les deux tiers des places vendues pour les vacances portent sur la seule première semaine. Photo Thomas Samson / AFP

1.000REQUÊTES PAR SECONDESL’allocution présidentielle du 24 novembre sur les possibles voyages entre régions après la mi-décembre a aussitôt sollicité les serveurs SNCF.

Les vacances de Noël sourient aux compagnies aériennes

messages sur les réseaux sociaux, requêtes sur les moteurs de recher-che), raconte un porte-parole d’Air France. Après l’intervention du prési-dent de la République, les réserva-tions ont été multipliées par quatre, comparé aux journées précédentes. Ce dynamisme se maintient actuelle-ment, avec toujours trois à quatre foisplus de réservations que lors des semaines précédentes. »

Pour faire face à la demande, lacompagnie a triplé son offre sur le domestique, en rouvrant 12 lignes intérieures suspendues pendant le confinement, comme Bordeaux-Marseille ou Strasbourg-Nice, et en ajoutant 13 liaisons saisonnières pour la période du 18 décembre au 3 janvier, comme Biarritz-Nice, ou Paris - CDG - Bastia. De quoi revenirà 55 % du niveau de l’offre domesti-que de 2019 et à 45 % de l’offre totale.

Même regain d’activité constatéechez le numéro deux du ciel fran-çais, easyJet. La compagnie orange a multiplié par quatre son offre sur les lignes intérieures françaises et relance plusieurs destinations comme le Portugal, les Canaries et leMaroc. EasyJet va même lancer unenouvelle ligne : Toulouse-Rennes.

Du côté du long-courrier, lesdépartements d’outre-mer, Antilles et Réunion tirent plus que jamais lademande. Air France a multiplié

« Nous vendons aux tarifsde haute saisonde l’an dernier. »MARC ROCHETPatron d’Air Caraïbeset French Bee

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reuses –, s’est déroulée à distance, avec une cérémonie virtuelle.

Un taux de succès de 90 %Pourtant, l’activité du site est, elle, déjà bien réelle, avec la sortie ces dernières semaines des premiers lots commerciaux. « Lot » n’est d’ailleurs pas le terme approprié, car ces traitements sont strictementindividuels. « On est quasiment dansun travail de laboratoire, avec de très petites quantités mais avec des exi-gences de stérilité, de respect des délais et de qualité de l’industrie », explique Marie Urtiaga, qui dirige lesite des Ulis. L’usine doit en effet aboutir à un traitement ayant des caractéristiques fixes, le Kymriah, alors que les cellules qu’il reçoit, pro-venant des malades, sont de qualité hétérogène. « Aujourd’hui, le taux desuccès de ce processus est de 90 % », seréjouit la directrice des Ulis.

Concrètement, ce site reçoit leslymphocytes T (des globules blancs)de malades souffrant de lymphome(cancer des ganglions) ou de leucé-mie, à un stade avancé et ayant

des ganglions (les lymphocytes B). Après dix jours de traitement et douze jours de contrôles qualité, lescellules traitées repartent pour être réadministrées au patient. Soit un processus de 22 jours au total. En France, 19 centres hospitaliers répartis sur le territoire sont équi-pés pour utiliser les CAR-T cells de Novartis et de son concurrent Gilead, et 600 patients en ont béné-ficié depuis 2018.

50 millions d’euros d’inves-tissements d’ici à juilletLe site des Ulis est capable actuelle-ment de traiter les cellules de 15 patients par mois. Une perfor-mance pour cette « usine » reprise en avril 2019 au LFB, spécialiste desproduits dérivés du sang, qui employait alors 60 personnes, contre 290 aujourd’hui. Un person-nel qu’il a fallu former entièrement,en l’absence de cursus pour ce type d’activité totalement nouveau. Le site bénéficiera encore d’ici à juillet prochain de 50 millions d’euros d’investissement, pour porter sa

capacité de traitement mensuelle à 30 patients en février prochain puis60 en août.

Pour Frédéric Collet, qui dirige lafiliale française de Novartis, c’est la preuve que la France peut être attractive quand elle reconnaît l’innovation puisque le groupe a choisi les Ulis, avec le site de Stein enSuisse, pour servir toute l’Europe en Kymriah. La localisation de l’usine au sein de l’écosystème scientifique et technologique du plateau de Saclay et la proximité desmoyens de transport (Orly, la gare TGV de Massy, l’autoroute) ont jouéen sa faveur, mais ce n’est pas tout. « Il y a en France les compétences techniques et médicales. Grâce au mécanisme d’autorisation tempo-raire d’utilisation, les patients fran-çais ont été les premiers en Europe à accéder au Kymriah, avant même son autorisation européenne », détaille Frédéric Collet, qui note que« l’innovation thérapeutique appor-tée par le Kymriah, un traitement possiblement curatif, a été reconnue, à un prix de 297.666 euros ». n

épuisé tous les traitements alterna-tifs. Prélevés à l’hôpital comme lors d’une banale prise de sang et conge-lés à – 80°, ces lymphocytes T sont envoyés aux Ulis puis décongelés, concentrés et modifiés génétique-ment pour cibler préférentielle-ment d’autres globules blancs res-ponsables de cancers du sang ou

« Grâce au mécanisme d’autorisation temporaire d’utilisation, les patients français ont été les premiers en Europe à accéder au Kymriah. »FRÉDÉRIC COLLETPrésident de Novartis France

Stratégie Indice Europe20, rue de la Baume, 75008 Paris

RCS Paris : 339 357 717Forme : société d’investissement

à capital variableCapital variable (minimum) : 38 112,25€

« La prochaine Assemblée Générale Extraordinaire des actionnaires de notre société aura lieu le 29 décembre 2020 à 9H30 au 20, rue de la Baume 75008 Paris. Cette Assemblée délibèrera sur l’ordre du jour suivant : changement de la stratégie d’investissement ; changement de la dénomination sociale de la société; questions diverses. »

Catherine Ducruet @CDucruet

Cela aurait pu donner lieu à une cérémonie officielle, avec discours et ruban coupé mais, Covid oblige, l’inauguration du site de productionde thérapie cellulaire des cancers deNovartis aux Ulis (Essonne), destinéà produire les fameux CAR-T cells – cellules immunitaires modifiées pour s’attaquer aux cellules cancé-

SANTÉ

Le groupe suisse a choisi de produire en France le Kymriah, son traitement cellulaire individuel des cancers.

Une preuve quel’Hexagone a des atouts pour séduire les « Big Pharma ».

Novartis inaugure son unitéde thérapie cellulaire des Ulis

Antoine Jacob—Correspondant en Europe du Nord

Après la France il y a trois ans, le Danemark est le deuxième pays de l’Union européenne à programmer

Le Danemark annonce la fin de l’exploitation de ses ressources en pétrole et gaz en 2050

la fin de l’exploitation de ses res-sources en hydrocarbures. Si Paris prévoit d’y parvenir « à l’horizon 2040 », le premier producteur de l’Union européenne – depuis le départ du Royaume-Uni – table, lui,sur 2050. De quoi garantir d’ici là une bonne visibilité aux industriels du secteur présents en mer du Nord, Total en tête.

Greenpeace qualifie cette décision d’« historique »La nouvelle est tombée le 3 décem-bre dans ce pays exportateur net degaz, mais importateur net de pétrole depuis 2018. Le Parti social-démocrate au pouvoir et la quasi-totalité des autres formations représentées au Parlement se sont mis d’accord pour tourner la page des hydrocarbures, un demi-siècle après l’extraction du premier baril. Cette initiative, ont-ils expliqué, « constitue un pas important » en vue de permettre au pays d’attein-

dre la neutralité carbone « au plus tard en 2050 ».

Qualifié d’« historique » tant parl’industrie pétrolière locale que par l’ONG Greenpeace, ce tournant se matérialise dans un premier tempspar une annulation : celle du hui-tième appel d’offres en vue d’attri-buer des licences d’exploration dans les eaux territoriales danoises.

Il n’y avait qu’une compagnie enlice, depuis trois forfaits, dont celui de Total en octobre. Plus gros acteurlocal depuis son rachat du danois Maersk Oil & Gas en 2017, le groupefrançais avait alors indiqué vouloir se concentrer sur ses licences exis-tantes dans les eaux danoises.

Total, satisfaitA l’instar de ses concurrents, Total a b i e n a c c u e i l l i l ’a c c o r d d u 3 décembre. Et pour cause, ce der-nier autorise les compagnies pré-sentes à demander de nouveaux permis d’exploration et de produc-

tion dans leurs blocs respectifs ou dans des blocs mitoyens. « Le cadre à venir est désormais clairement défini », s’est félicité Ole Hansen, responsable du développement de Total dans les eaux danoises, cité par le site spécialisé EnergiWatch. La production danoise – quelque

100.000 barils/jour et 3 milliards demètres cubes de gaz en 2019 – devrait désormais croître jusqu’à la seconde moitié de la décennie en cours. Pour ensuite baisser avec l’extinction, dans les années 2040, des licences déjà octroyées.

Reconversionde 20.000 personnes Pendant ce temps, l’Etat danois a prévu de faciliter la reconversion des quelque 20.000 personnes travaillant, directement ou non, pour le secteur. De plus, il soutien-dra les projets de capture et de stoc-kage de CO2 dans d’anciens champsoffshore. Le royaume espère désor-mais « inspirer d’autres pays ». L’Irlande et l’Italie se sont engagées dans la même voie, mais sans avoir encore fixé de dates butoirs. Pour Helene Hagel, de Greenpeace Dane-mark, « la pression est maintenant sur la Norvège et le Royaume-Uni », encore très actifs en mer du Nord. n

ÉNERGIE

Le Danemark est devenu le premier producteur d’hydrocarbures de l’Union européenne du fait de la sortie du Royaume-Uni.

Mais il se dit prêt à y renoncer pour tenir ses engagements dans la lutte contre le changement climatique.

Au terme d’un processus qui dure 22 jours, les cellules du patient modifiées pour lutter contre son cancer peuvent lui être réadministrées. Photo Novartis

à suivre

La sonde chinoise réussitson amarrageen orbite lunaire

SPATIAL La sonde chinoiseChang’e 5, qui avait quittéjeudi la Lune pour ramenerdes échantillons sur terre, aréussi dimanche à s’amarrerau module placé en orbitelunaire. Chang’e 5 est com-posé de plusieurs parties : unorbiteur (resté en orbitelunaire durant toute la mis-sion), un alunisseur (qui s’estp o s é s u r l a L u n e ) e t u nmodule de remontée (du solvers l’orbite lunaire). C’est cedernier qui, chargé d’échan-tillons de sol lunaire, s’estamarré dimanche matin àl’orbiteur. A l’instar du pro-gramme Apollo, l’amarrageen orbite lunaire est un pas-sage obligé pour d’éventuellesfutures missions lunairesavec un équipage.

Des Volkswagen autonomesvers 2025-2030 ?A U T O M O B I L E S e l o n l epatron de Volkswagen, Her-bert Diess, les premiers véhi-cules autonomes pourraientê t r e p r ê t s à l a v e n t e« entre 2025 et 2030 ». « Il estprévisible que les systèmesseront bientôt capables de maî-triser même les situationscomplexes de la conduite auto-nome » , a - t- i l déclaré aum a g a z i n e « Wi r t s c h a f t sWoche ». L’amélioration desp erformances des pucesinformatiques nécessaires aufonctionnement des voituresautonomes, ainsi que les pro-grès en matière d’intelligenceartificielle, accélèrent le pro-cessus, explique-t-il. HerbertDiess a quitté BMW en 2015pour rejoindre Volkswagen.

Bombardier investit en France et crée 400 postesFERROVIAIRELe construc-teur ferroviaire Bombardier aannoncé vendredi investirprès de 25 millions d’eurosdans son usine de Crespin(Nord) pour en augmenter lacapacité de production de25 %, avec la création de 400CDI. Bombardier Transport,qui doit être racheté par Als-tom à la fin janvier, entendfaire passer d’ici à l’an pro-chain la capacité de produc-tion de la plus grande usineferroviaire de France, situéeprès de Valenciennes, de 800voitures de train environ àplus de 1.000 par an. Crespinpassera de 2.000 employés(dont 1.600 CDI) à plus 2.500personnes (dont 2.000 CDI),notamment en titularisantdes intérimaires et des CDD.

La production danoise devrait désormais croître jusqu’à la seconde moitié de la décennie en cours.

Pour ensuite baisser avec l’extinction, dans les années 2040, des licences déjà octroyées.

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La ligne de référence est de 40 signesen corps minimal de 6 points didot.

Le calibragede l’annonce est établi de filet à filet.

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LES ECHOS SOCIÉTÉS - LE PUBLICATEUR LÉGAL - LA VIE JUDICIAIRE

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Les Echos Lundi 7 décembre 2020 ENTREPRISES // 21

Nicole Buyse— Correspondante à Lille

A l’heure où 14 enseignes de la galaxie Mulliez publient ensemble dans la presse quotidienne une pleine page de publicité, une pre-mière, et ce, afin de vanter leurs actions solidaires en pleine crise sanitaire, l’Association Familiale Mulliez (AFM), leur propriétaire, donne une impulsion nouvelle à leurs stratégies en matière de res-ponsabilité sociale et environne-mentale (RSE). Si chacune reste maître de définir sa politique, un mouvement transversal s’est créé au sein de l’AFM.

Sous la houlette de Nicolas Hen-non, chez Boulanger, il est animé par quatre dirigeants d’enseigne. « Sur certains chantiers, c’est plus intelligent de faire ensemble », expli-que le patron de la chaîne de maga-sins d’électrodomestique. Une ving-taine de chantiers transversaux ont

été listés et viennent d’être lancés, impliquant de 3 jusqu’à 40 entrepri-ses de l’AFM. Il peut s’agir de parta-ger le savoir-faire, comme dans l’éco-conception, sujet qui implique le plus d’enseignes de Decathlon à Kiabi en passant par Leroy Merlin ou Boulanger.

Faire ensembleMais il peut s’agir aussi de faire ensemble. Le recyclage textile implique Fashion3, l’écosystème textile de l’AFM créé en 2017 (Jules,Brice, Bizbee, Grain de Malice, Pimkie, Orsay, RougeGorge…) en partenariat avec d’autres ensei-gnes telles que Kiabi, Decathlon, Tape à l’œil ou Auchan. « Le but estde faire émerger une filière de recy-clage d’excellence en partant des vêtements dont les clients ne veulentplus, passant par le seconde main etl’upcycling jusqu’à produire du neuffabriqué à base de fibres recyclées et vendu dans ces enseignes », com-mente le directeur général de Fashion3, Jean Christophe Gar-bino.

Decathlon va ainsi sortir l’annéeprochaine un pantalon de chasse fait à partir de 40 % de fibre recyclée,mis au point avec le Centre euro-péen des textiles innovants de Tour-coing. « L’ambition est, d’ici à 2030, de limiter à la portion congrue l’utili-sation de matière vierge, pour utiliserun maximum de fibre recyclée et 100 % à terme », annonce Christian Kinnen, à la tête d’un groupe de tra-vail au sein de Fashion3.

Pimkie, dans sa collection hiver2020, a déjà 13 % de références utili-sant des matières recyclées polyes-ter. Chez Jules, 60 % de la collection de jeans utilise de la fibre recyclée. Pour le coton, c’est plus complexe. L’idée est de mettre en place une filière commune à toutes les ensei-gnes. Il faut, pour cela, apporter suf-fisamment de volumes. « Mais les marques se mettent en mouvement car leurs clients le veulent et les actionnaires vont dans ce sens », sou-ligne le responsable de ce pro-gramme. En plus de la création de sites de seconde main, chez Tape à l’œil ou ceux à venir chez Kiabi et

Jules en fin d’année, des rayons ont été ouverts en magasin, en partena-riat avec Patatam un service en lignede rachat et de vente de vêtements de seconde main, que ce soit chez Kiabi (un magasin pour l’instant, sixd’ici à la fin de l’année) ou chez Auchan (30 magasins, 110 d’ici à mars). Ce dernier réfléchit d’ailleurs à déployer cela à d’autres rayons, comme l’électronique grand public.

« Il s’agit de répondre aux besoinsde nos clients en termes de pouvoir d’achat, mais aussi aux nouvelles attentes des consommateurs aujourd’hui plus vertueux et qui veu-lent moins jeter », souligne le res-ponsable des partenariats non ali-mentaire chez Auchan, David Decovemacker. Des « repair cafés » collaboratifs ont ainsi été ouverts dans certains hypers, pour les appa-reils électroniques.

Réparer plutôt que jeterChez Leroy Merlin, l’objectif ambi-tieux est que plus rien ne soit jeté enmagasin. Produits défraîchis ou aux emballages abîmés sont

Comment la galaxie Mulliez s’engage dans l’économie circulairel Toutes les enseignes de l’Association Familiale Mulliez ont, chacune, lancé des innovations pour recycler et moins jeter.l Mais elles ont aussi ouvert des chantiers transversaux, pour à la fois faire ensemble et partager les compétences.

DISTRIBUTION

« L’ambition est, d’ici à 2030, de limiter à la portion congrue l’utilisation de matière vierge, pour utiliser un maximum de fibre recyclée et 100 % à terme. »CHRISTIAN KINNENFashion3 (groupement des enseignes de mode de l’AFM)

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de plus de 25 euros – cela exclut donc les consommables comme lesballes de tennis – hormis les chaus-sures de sport orthopédiques et le matériel de sécurité (type baudrier ou casque de vélo).

Le reste des 40.000 référencesd’un magasin pourra donc être loué par un de ces 400 testeurs en plus d’un abonnement de 5 euros par mois. « Nous entrons dans une première phase de test sur six mois pour voir la typologie des produits les plus loués, pour combien de temps, et quelle est la rotation », explique le chef du projet, Luc Teerlinck. Si la personne ne le garde pas, le produit est recondi-tionné et reloué.

Le prix de location sera dégressifde telle manière que « plus on loue longtemps, moins la mensualité est élevée », souligne ce dernier. « Le

premier mois, cela coûte 1/6 du prix, du deuxième au sixième mois c’est 1/14 du prix, du septième au dou-zième 1/23 du prix… et ainsi de suite »,détaille-t-il.

L’idée est avant tout de permettreaux clients une utilisation ver-tueuse du produit. Louer plutôt qu’acheter peut d’une part éviter le gaspillage. Nombre d’articles de sport dorment dans les placards, lescaves, les greniers ou sont oubliés sous les lits. « Mais d’autre part cela permet aussi à chacun de tester des sports sans avoir à faire un gros investissement dans du matériel », ajoute le responsable.

Cercle vertueuxLe modèle devrait permettre de réduire à terme le prix de la loca-tion. Pour un vélo qui se vend 600 euros, s’il est loué six fois – à

100 euros, 1/6 de sa valeur – il est amorti et apporte le même revenu que sa vente. « Quand les revenus delocation auront atteint le montant de la vente, on dépréciera la valeur du produit et donc de la location, en fonction également du temps de garantie, à une échéance qui reste à déterminer », explique le chef du projet.

De la même manière plus les pro-duits seront durables et éco-con-çus, plus ils pourront être loués longtemps. Pour le distributeur, la rentabilité économique de la loca-tion augmentera alors par rapport au prix de vente. Une rentabilité partagée avec le client, qui verra le prix de location baisser. Un cercle vertueux pour l’enseigne.

Le nombre de 400 testeurs sem-ble peu élevé. Mais « c’est un échan-tillon suffisamment important pour

capter les informations pertinentes sans courir trop de risque, autant entermes de coûts logistiques que financiers (immobilisation des pro-duits loués) ». La plateforme de

location baptisée elle aussi « We Play Circular » pourra en outre s’ouvrir à d’autres détaillants, qui pourront lui vendre leurs produits à louer. — N. Bu.

Decathlon teste en Belgique la location de presque tous ses produits

Alors qu’en France la location de produits chez Decathlon est limitéeaux vélos, matériel de trekking (sac à dos, sac de couchage) et de cam-ping, en Belgique l’enseigne a lancé,début octobre, un test de location sur la presque totalité des produits.

Cette expérience est réservée à400 clients sélectionnés par le dis-tributeur d’articles de sport et avec qui a été cocréé ce projet baptisé « We Play Circular ». Le test est déployé dans 25 magasins sur les 37 que compte en Belgique l’ensei-gne de la galaxie Mulliez. Elle leur permet de louer tous les produits

Près de 400 testeurs vont expérimenter ce projet qui relève à la fois de l’économie circulaire et du développe-ment durable.

aujourd’hui, après contrôle, remis en vente au rayon d’occasion bap-tisé « Parce que ce serait dommage de les jeter ».

L’enseigne de bricolage a égale-ment noué un partenariat depuis deux ans avec Spareka, site de piè-ces détachées qui aide le particu-lier au diagnostic et à la réparationavec plusieurs centaines de tuto-riels et vidéo. « 72.000 clients ont étéaidés depuis le début de l’année », indique Bastien Hild, responsable SAV, dépannage et économie cir-culaire. Electro dépôt, enseigne d i s c o u n t d ’é l e c t r o m é n a g e r (groupe HTM, sœur de Boulan-ger), a plus récemment signé un partenariat avec Spareka, qui vise àréduire son bilan carbone de 40 % d’ici à dix ans.

Dans la tendance à la locationplus qu’à la détention d’un bien, Boulanger fait figure de pionnier. Ils’est lancé dès 2007 dans la locationde gros électroménager, décliné depuis sur – presque – tous ses pro-duits. Une fois rendus, les produits sont vérifiés, nettoyés, testés et reconditionnés, pour être remis envente sous la marque « Boulanger Second Life », sur le site Internet.

D e p u i s d i x a n s , p l u s d e80.000 produits ont ainsi retrouvé une nouvelle vie. Ce que commenceà faire Decathlon, chez qui la loca-tion se développe, avec des initiati-ves propres à chaque pays. En France, à celle des vélos s’est ajoutéecelle du matériel de trekking et de camping. Tandis qu’en Belgique l’enseigne teste une offre de locationsur quasiment tous ses produits.

Promouvoir la location ou la seconde mainQuant à Norauto, l’enseigne de centres auto de l’AFM, elle proposeen test depuis le 20 octobre dans vingt magasins de Paris-Sud et surInternet la vente de pneus recondi-tionnés, en partenariat avec Blackstar. Cette entreprise fran-çaise fournit des pneus contrôlés et dotés d’une nouvelle bande de roulement re-sculpté, appelés autrefois les pneus rechapés. « La technologie a évolué et c’est aussi efficace qu’un pneu neuf premier prix, voire de meilleure qualité », assure Philippe Blondeel respon-sable pôle atelier.

Norauto réfléchit à d’autresdomaines où déployer des produitsde seconde vie, tel que les batteries par exemple. Avec ses multiples enseignes, qui ont fait ses beaux jours au temps de l’hyper consom-mation, l’Association Familiale Mulliez entend ainsi figurer parmi les pionniers d’une consommation plus responsable. n

Decathlon sortira l’an prochain un pantalon de chasse fait à partir de 40 % de fibres recyclées mis au point avec le Centre européen des textiles innovants de Tourcoing.

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Page 22: Les Echos - 07 12 2020

22 // ENTREPRISES Lundi 7 décembre 2020 Les Echos

Marie-Josée Cougard @CougardMarie

Les producteurs de compote s’inquiètent. Après avoir écopé en 2019 d’une amende de l’Autorité de la concurrence pour entente sur les prix de 58,3 millions d’euros, ils sont confrontés depuis à un enchaî-nement d’aléas climatiques. Du froid au mauvais moment et une canicule tardive ont eu un effet rava-geur sur la récolte de pommes. La production a chuté cette année de 18 %, tombant à son deuxième plus bas niveau de la décennie.

Résultat, le prix des pommesflambe de 50 à même 60 % pour la golden, variété majeure pour la compote, dont la récolte (–30 %) a encore plus souffert que les autres variétés, indique Josselin Saint-Ray-mond, directeur de l’Association nationale pommes-poires. Les entreprises du secteur, parmi les-quelles Andros, Materne, Charles & Alice, Valade et St Mamet, efface-raient cette hausse si leurs clients distributeurs acceptaient une aug-mentation de tarif de 1 ou 2 centimespar petit pot ou gourde. Autant dire

AGROALIMENTAIRE

La France a enregistré sa deuxième plus faible récolte de pommes de la décennie.

Face à la hausse des prix, les producteurs craignent de voir leurs marges laminées et réclament la valori-sation de l’origine française de leur offre.

le polystyrène. Cette matière secondaire est certifiée offrir des propriétés identiques à cel-les du polystyrène directement issu du pétrole.

Le défi du « pot à pot »« C’est la seule technologie qui permette de faire cette boucle d’économie circulaire avec un contact alimentaire », se félicite Valérie Goff, directrice polymè-res du groupe Total. Le procédé a été testé à partir de l’huile de pyrolyse produite par l’espagnolPlastic Energy , laquelle a été envoyée ensuite dans le vapo-craqueur du site pétrochimiquede Total à Anvers (Belgique). Il en est ressorti du polystyrène qu’Intraplas a transformé en feuilles plastiques et dont Yoplait a fait des pots sur l’une de ses chaînes.

Pour Frédéric Chapuis, le res-ponsable stratégie emballages durables du groupe laitier, la démonstration est faite que « le pot à pot, c’est-à-dire tout recy-cler, est possible ». Autre avan-tage, « l’empreinte carbone de ce polystyrène recyclé est beaucoup plus faible, car on ne va pas utili-ser de pétrole pour le fabriquer »,souligne-t-il. Son groupe, dont 85 % des pots sont en matière plastique, a l’ambition d’attein-dre 100 % d’emballages recycla-bles ou réutilisables à l’horizon 2025. Un objectif en ligne avec celui de la loi antigaspillage qui est entrée en vigueur en février dernier.

Total n’est pas en reste. « Nousnous sommes fixé de produire 30 % de polymères à partir de matières recyclées d’ici à 2030 », affirme Valérie Goff. Pour se donner les moyens d’y parvenir,le groupe mise tout d’abord sur la transformation de sa raffine-rie de Grandpuits (Seine-et-Marne) en plateforme zéro pétrole. C’est là qu’il a prévu d’ouvrir en 2023 une première usine de recyclage chimique desplastiques. L’investissement, annoncé en septembre dernier et réalisé en partenariat avec Plastic Energy, s’élève à 60 mil-lions d’euros et représente une capacité de traitement de 15.000tonnes de déchets par an. Il en appellera beaucoup d’autres pour répondre au défi de l’éco-nomie circulaire. n

Joël Cossardeaux @JolCossardeaux

Le consommateur n’y verra quedu feu, mais Yoplait compte bien l’informer sur les vertus ce futur emballage, soucieux de tirer un argument marketing del’avancée qu’il présente au plan environnemental. Les pots de yaourt du numéro deux mon-dial des produits ultrafrais com-prendront bientôt des polymè-res recyclés, et cette innovation y sera dûment mentionnée. La production de cette « nouvelle »matière par Total , son parte-naire, devrait démarrer à la fin 2023, le temps que s’opère le développement industriel d’unetechnologie enfin applicable au secteur alimentaire laitier.

La marque à la petite fleur, legroupe pétrolier et le portugais Intraplas , producteur de feuilles plastiques pour l’ali-mentaire doivent en effet annoncer ce lundi qu’ils ont réussi à mettre au point un pro-cédé permettant d’utiliser du polystyrène issu de plastiques recyclés pour produire des pots de yaourt. Le test réalisé par les trois partenaires s’est révélé à cepoint concluant qu’ils y voient, dans un communiqué com-mun, « une étape importante pour soutenir le développement d’une filière de recyclage pérenne du polystyrène en France ».

La technique adoptée estcelle du recyclage chimique des déchets de polystyrène qui, actuellement, ne peuvent pas finir ailleurs que dans les décharges ou dans les incinéra-teurs. Ces matériaux sont chauffés par pyrolyse, donnant une huile très légère d’où pour-ront jaillir des polymères, dont

ENVIRONNEMENT

Un nouveau procédé permet de fabriquer des pots de yaourt à partir de polysty-rène tiré de déchets plastiques.

C’est une première dans le secteur des produits laitiers.

Yoplait et Total lancent les potsde yaourt en plastique recyclé

à suivre

Eni prend pied dans le plus grand champ éolien offshore au mondeÉNERGIE Le géant italien des hydrocarbures Eni a annoncél’acquisition de 20 % des parts du projet porté par SSE et Equi-nor visant à créer, au large du Royaume-Uni, le plus grandchamp d’éoliennes en mer au monde. Baptisé « Dogger Bank »,le projet affiche une capacité totale de 3,6 gigawatts. La transac-tion doit être bouclée au début 2021 pour un montant total de400 millions de livres (442 millions d’euros). Comme les autresmajors des hydrocarbures en Europe, Eni veut grossir dans lesénergies renouvelables et vise 5 GW de capacités d’ici à 2025.

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Une pénurie de pommes met la compote sous pression

que la pomme ne pèse pas très lourddans le prix du produit final.

Les négociations avec la distribu-tion n’en sont qu’au début. Mais l’interprofession a déjà « alerté » les pouvoirs publics, explique Chris-tian Divin, directeur général de la Fédération des industries d’ali-ments conservés (FIAC). « Les distri-buteurs ne peuvent pas ne pas pren-dre en considération cette situation exceptionnelle, et mettre en péril les producteurs français et les partena-riats développés avec les transforma-teurs pour un approvisionnement en pommes françaises », ajoute JosselinSaint-Raymond.

Compte tenu des « engagementsdes entreprises à acheter des pommesfrançaises », rappelle Christian Divin, il est peu vraisemblable que

les transformateurs en quête de fruits moins chers se tournent vers l’importation. La Pologne pratique en général des prix nettement moin-dres en raison des coûts de la main-d’œuvre (souvent ukrai-nienne) employée dans ce pays. Mais elle aussi a souffert d’un climatdéfavorable, comme l’ensemble de l’Europe. A ce stade, la provenance des ingrédients n’est pas obligatoire sur l’étiquetage des produits trans-formés. L’Association nationale pommes-poires milite en faveur d’une telle réglementation.

Un marché prospèreUne pomme sur cinq en France finit en compote, essentiellement parce qu’elle ne correspond ni au calibre ni aux critères visuels de la

vente au détail. Sans l’industrie de la compote, la pomme connaîtrait sans doute un sort moins enviable et encore moins bien valorisé : 1 kilode pommes destiné à faire du jus sevend 10 centimes, et le prix double quand la pomme doit faire de la compote. « C’est un moyen efficace d’éviter le gaspillage », souligne Josselin Saint-Raymond. Et c’est unmarché important de 1 milliard d’euros, en croissance régulière à ladifférence de celui de la pomme, qui avait pourtant bien profité du développement de la consomma-tion nomade et des campagnes incitant à consommer « cinq fruits et légumes » par jour. C’est aussi une spécificité nationale. Les man-geurs de compote en Europe sont français. n

Une pomme sur cinq en France finit en compote. Photo Jean-François Monier/AFP

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Date limite de dépôt des offres : Lundi 21 décembre 2020 à 17h00

Région : Marseille (15ème)Activité : Entreprise de Transport spécialisée

dans le transport d’enrobésCA: 657 069€ au 30/09/2020 (9 mois)

1 175 375€ au 31/12/2019 (12 mois)Effectif : 16 salariésModalités :Cession organisée en application des articles L.642-1

et suivants du Code de Commerce.L’accès aux informations sera réalisé par dataroom électronique

après remise de l’engagement de confidentialité et des piècesmentionnées, téléchargeables sur le site : www.ajilink.fr.

Frédéric AVAZERIAdministrateur Judiciaire AssociéSCP AJILINK AVAZERI-BONETTO23/29 rue Haxo13001 MARSEILLE

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Entre les mains de Me Christophe BASSE171, avenue Charles de Gaulle – CS 20019 – 92521 Neuilly sur seine CEDEX

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(Conformément aux articles L. 642-19 et suivants du code de commerce)

- 52 CHAMPS ELYSEES : 52 av. des Champs Elysées 75008 Paris- 125 CHAMPS ELYSEES :125 av. des Champs Elysées 75008 Paris- OPERA : 8 Place de l’Opéra 75009 Paris- SAINT MICHEL : 4, boulevard Saint Michel 75006 Paris- RAMBUTEAU : 42, rue de Rambuteau 75003 Paris- RIVOLI : 194, Rue de Rivoli 75001 Paris- CANNES : 8 Rue d’Antibes 06400 Cannes- LILLE : 69, rue Faidherbe 59800 Lille

Date limite dépôt des offres : LUNDI 18 JANVIER 2021 A 11H00

I- Mot d’accueil :- Olivier BUISINE, Président de l’IFPPC

II- Ouverture :- Alain GRISET, Ministre chargé des Petites et

Moyennes Entreprises (sous réserve)Christophe BASSE, Président du Conseil Nationaldes Administrateurs et Mandataires judiciaires

III- Promouvoir les outils de restructurationen temps de crise – La peur du tribunalet la méconnaissance des procédures, freinsau sauvetage de l’entreprise- Georges RICHELME, Président de la Conférence

Générale des Juges Consulaires- Sophie JONVAL, Présidente du Conseil National des

Greffiers des Tribunaux de Commerce- Lucile JOUVE, Mandataire judiciaire- Aurélia PERDEREAU, Administrateur judiciaire- Philippe DUBOIS, Avocat

IV- L’après-crise – Que restera-t-il des ordonnancesCovid ? Projets d’ordonnances droit des sûretéset transposition directive- Jean-François DE MONTGOLFIER, Directeur des

Affaires Civiles et du Sceau- Julien THÉRON, Professeur des Universités- Reinhard DAMMANN, Avocat

V- Crise sanitaire et risques de blanchiment decapitaux- Maryvonne LE BRIGNONEN, Directrice de TRACFIN- Stephen ALMASEANU, Vice-Procureur de la

République, parquet de Paris- Soazig LEDAN-CABARROQUE, Déléguée du

CNAJMJ aux obligations LAB-FT- Béatrice AMIZET, Mandataire judiciaire- François MERCIER, Administrateur judiciaire

VI- L’invitée :Laurence PARISOT (sous réserve) : Regard sur la crise

1) Revue de la jurisprudence 2020- Jean-Pierre REMERY, Conseiller doyen de la

chambre commerciale de la Cour de cassation- Laurence-Caroline HENRY, Avocate générale

à la Cour de cassation- Marine SIMONNOT, Avocate

2) Mise en place d’un PSE en cas de défaillanced’entreprise- Sonia MOUROZ, Responsable de centre de gestion

AGS- Bruno DAVID, Mandataire judiciaire- Sébastien VIGREUX, Administrateur judiciaire- Hubert DE FRÉMONT, Avocat

3) Régime des contrats en cours et bauxcommerciaux- Fabien KENDERIAN, Maître de conférences HDR

en droit privé- François-Charles DESPRAT, Mandataire judiciaire- Justine PELENC, Administrateur judiciaire- Ghislaine BETTON, Avocate

4) Revendications, restitutions et droits derétention- Augustin AYNÈS, Professeur des Universités- Sophie TCHERNIAVSKY, Mandataire judiciaire- Vincent ROUSSEAU, Administrateur judiciaire- Jacques TORIEL, Avocat

Enregistrement vidéo du colloque envoyé aux participantsAttestation de participation délivrée à l’issue de la journée

Inscriptions sur www.ifppc.fr

FAIRE FACE À LA CRISE

PLÉNIÈRE DU MATIN: 9h-12h30 ATELIERS DE L’APRÈS-MIDI AU CHOIX: 14h-17h

Présentés par François LEGRAND, Mandataire judicaireet Olivier BUISINE, Administrateur judiciaire, Président de l’IFPPC

COLLOQUE EN LIGNE

Lundi 25 janvier 2021 - De 9h à 17h

16e Entretiens

Sauvegardede la

Page 23: Les Echos - 07 12 2020

Six groupes et groupements – TF1, M6, NextRadio TV (BFM, RMC…), NRJ Group, Lagardère News (Europe 1), Les Indés Radios (radios indépendantes) – ainsi que des orga-nismes représentatifs – le Sirti (Syn-dicat des radios indépendantes), le SNPTV (Syndicat national de la publicité télévisée), le Bureau de la Radio – signent un communiqué commun pour poser la première pierre d’un contrat « climat média ».

Ce texte arrive alors que le gouver-nement doit présenter en début de semaine les derniers arbitrages sur le projet de loi de la ministre de l’Eco-logie, Barbara Pompili, qui effraie le secteur. Selon nos informations, le texte irait moins loin que les conclu-sions de la Convention citoyenne

pour le climat. « On veut éviter de se voir interdire certains annonceurs. Même si les interdictions sont mini-mes dans un premier temps, on peut craindre que les députés en ajoutent »,explique un connaisseur. Déjà, lors des récents Etats généraux de la communication, la filière avait mul-tiplié les promesses pour une publi-cité plus « verte ».

Des engagements encore assez flousLes télévisions et radios proposent un « contrat média climat » sous l’égide et le contrôle du Conseil supé-rieur de l’audiovisuel, déjà évoqué lors des Etats généraux. Ce serait surla base d’« engagements volontaires »avec des actions éditoriales (magazi-

nes, rubriques spécifiques…), un « accompagnement sur la publicité » pour garantir une démarche « durable et écoresponsable », et des actions de responsabilité sociale et sociétale des entreprises. Un groupede travail spécialisé va être créé, en dialogue avec les citoyens.

Les engagements restent encoreassez flous par rapport à ce qui étaitimaginé par certains signataires, comme des campagnes gratuites pour de « bonnes » causes, des bais-ses tarifaires ou encore la réductionde la publicité pour des produits trop polluants. A titre d’exemple, Radio France (non-signataire de ce communiqué) va, elle, proposer desmessages gratuits et des réductions pour certains produits.

« Il y aura des choses précises, maisdans le courant du premier trimestre.Les engagements peuvent aller plus loin que la charte alimentaire », assure un professionnel. Mais, étantdonné le nombre important de médias dans ce courrier et l’opposi-tion franche de certains, le consen-

sus s’est fait sur un plus petit déno-minateur.

Les télévisions et radios mettenten avant le fait qu’elles sont presque totalement financées par la publi-cité, et que les Gafa ont moins de contraintes. « Les médias peuvent agir efficacement, comme acteurs clésde la transition écologique, en propo-sant une approche alternative sans destruction de valeur économique », écrivent-ils, rappelant qu’ils souf-frent de la crise sanitaire.

Moins dépendants de la publicité,France Télévisions – qui avait pour-tant dévoilé l’idée de ce contrat cli-mat il y a quelques jours et est d’accord sur le fond –, Radio France et Canal+ ne sont pas signataires de ce communiqué. n

Les médias s’engagent pour être plus « verts »

Marina Alcaraz @marina_alcaraz

Démarche inédite dans les médias en faveur de la transition écologique.

MÉDIAS

Les principaux médias privés signent un communiqué commun pour un contrat « média climat ».

Une façon de montrer patte blanche avant des arbitrages sur le projet de loi Pompili.

Cécile Thibaud @CecileThibaud

—Correspondante à Madrid

Le gouvernement espagnol lance un grand plan pour la connectivité et les infrastructures digitales, en même temps qu’un autre plan pour l’impulsion de la 5G. Il poserasur la table 4,32 milliards de finan-cement sur quatre ans et calcule que les programmes devraient ser-vir de levier pour mobiliser 24 mil-liards d’investissements privés.

L’objectif est d’amener le trèshaut débit à la porte de tous les foyers d’ici à 2025. Pour l’instant, il est accessible à 84 % des 46,9 mil-lions d’Espagnols et ce taux devraitmonter à 91 % d’ici à un an. Sur les 15,5 millions de lignes à haut débit qui sont actuellement actives, plus

de 11 millions des abonnements correspondent à des connexions via fibre FTTH, et les autres via ADSL, selon la commission natio-nale de la concurrence.

46 % de la population ruraleLe plan de connectivité fixe sera doté de 2,32 milliards d’euros d’ici à2025, dont 583 millions dès 2021. Il prévoit de compléter le déploie-ment des réseaux à très haut débit dans les noyaux urbains, dans les zones dépeuplées et les équipe-ments publics, de façon à pouvoir garantir une vitesse de 100 méga-bits par seconde à toute la popula-tion. C’est du côté du développe-ment du réseau en milieu rural – à peine 46 % de la population rurale est actuellement raccordable à la fibre optique – que devrait se faire le plus gros des efforts.

Si, contrairement à la France,l’Espagne s’est mise sur le tard à la fibre optique, elle a réussi à déve-lopper en dix ans un réseau qui

parvient à plus de quatre habitantssur cinq. Cette rapidité a été facili-tée par une installation peu coû-teuse du fait de l’habitat groupé, y compris souvent en milieu rural, etsimplifiée par des normes urbanis-tiques plus souples, qui permettentsouvent le câblage par la façade. Mais il est clair que la connexion des zones encore non couvertes sera plus laborieuse, car elle con-cerne des territoires dépeuplés et des habitats isolés.

Du côté des entreprises, le planprévoit des actions ciblées sur les zones d’activités, parcs industrielset centres logistiques. L’ambition étant de garantir une connexion d’un gigabit par seconde, d’ici à 2025.

Le gouvernement va aussi déga-ger 2 milliards d’euros pour déve-lopper le réseau 5G et le rendre accessible à 75 % de la population d’ici à 2025, avec une continuité dela couverture 5G sur les princi-paux axes routiers et ferroviaires, ainsi que dans les aéroports. n

L’Espagne veut l’Internet à haut débit sur tout son territoire d’ici à 2025Madrid entend accélérer l’extension du réseau fibre optique et le développe-ment de la 5G à travers tout le pays.

ment du printemps avait grippé le chantier, mais il est ensuite vite reparti. L’objectif des 5 nouveaux millions de locaux raccordables en 2020 devrait ainsi être atteint.

Une fois construit, le réseau doitcependant être « rempli ». Or jus-qu’à présent, la France enregistrait un décalage. Au troisième trimes-tre, « seuls » 9,2 millions de Françaisétaient de fait abonnés à la fibre, selon les chiffres de l’Arcep, le régu-lateur des télécoms, sur un parc potentiel de 22 millions. En cause, une couverture en « taches de léo-pard » dans certains quartiers, des problèmes de qualité sur le terrain, mais aussi la concurrence de l’ADSL, qui offre malgré tout elle aussi de bons débits…

Cependant cet écart se résorbe,notamment grâce au télétravail qui a permis aux opérateurs de recruter des clients fibre à des ryth-mes sans précédent. Au troisième trimestre, près de 1 million de Français supplémentaires se sont abonnés – du jamais-vu. La France terminera ainsi l’année avec 10,5 millions d’abonnés à la fibre optique, soit 50 % de plus qu’en 2019. Selon l’Idate, ce nombre va tripler en six ans. En 2026, la France sera en tête du continent

en nombre d’abonnés rapportés à sa population.

Cependant, les chiffres de l’Idatene montrent pas les écarts intra-nationaux entre les villes et les cam-pagnes, voire entre les zones ruraleselles-mêmes. Or c’est précisément la donnée que le gouvernement surveille comme du lait sur le feu, notamment depuis la crise des « gilets jaunes », alimentée en partiepar la fracture numérique. Un quartdes Français seulement sont raccor-dables à la fibre en zone rurale, contre deux tiers dans les villes moyennes et plus de 80 % dans les grandes villes. Et même dans celles-ci, les disparités sont fortes, avec des communes comme Paris etLyon couvertes en quasitotalité, Marseille ou Nantes aux deux tiers, et Lille même pas à moitié.

Dans les campagnes, la disparitéest encore plus forte. Certes, des départements ruraux sont enfin fibrés à 100 %. Mais d’autres zones n’ont encore aucun plan de cou-verture. Cette situation, potentiel-lement explosive, a d’ailleurs con-duit le gouvernement à lancer, fin octobre, une mission sur la « sécuri-sation des déploiements » dans les réseaux de fibre optique financés par l’Etat. n

Fibre optique : la France devient la championne en Europel Déjà 22 millions de foyers de l’Hexagone peuvent accéder à Internet par la fibre, soit un tiers de plus qu’il y a un an.l En 2026, la France aura un taux de pénétration de 92 %, le plus fort d’Europe, selon une nouvelle étude de l’Idate.

Raphaël Balenieri @RBalenieri

et Sébastien Dumoulin @sebastiendmln

Bonne nouvelle pour le gouver-nement en ces temps de Covid-19. Petit à petit, la France est en train de devenir la championne d’Europede la fibre optique. C’est ce que montrent les derniers chiffres de l’Arcep et une étude réalisée par le think tank Idate sur 39 pays pour le FTTH Council Europe, une orga-nisation qui regroupe 150 profes-sionnels du secteur.

Aujourd’hui, plus de 22 millionsde foyers français sont raccordablesà la fibre, c’est-à-dire qu’ils peuvent demander à un opérateur d’amenerla fibre à l’intérieur de leur domicilepour bénéficier d’un accès à Inter-net à très haut débit. C’est une hausse de 33 % sur un an. Au rythme actuel de plus de 5,5 mil-lions de lignes construites en un an, l’ensemble des 41 millions de locauxprivés et professionnels pourrait théoriquement être fibré mi-2024. Ce calcul reste toutefois théorique, car les dernières lignes sont souventles plus complexes et les plus coû-teuses à déployer. Mais la perfor-mance place la France en tête de tous ses voisins européens, selon l’Idate – à l’exception de la Russie (avec 49 millions de locaux raccor-dables avec la fibre ou le câble).

Un « service universel » pour la fibreCertes, d’autres pays européens enregistrent une dynamique plus forte cette année sur cet indicateur, comme l’Italie (+ 47 %), l’Allemagne (+ 46 %) ou le Royaume-Uni (+ 41 %).Mais ce sont aussi des pays qui partent de plus loin.

La France, elle, a clairement faitle choix de la fibre optique, dès 2013.Cette année-là, le gouvernement avait lancé le plan France Très HautDébit, un vaste chantier à 3,3 mil-liards d’euros publics. Objectif, apporter le très haut débit sur 100 % du territoire en 2022, dont 80 % via la fibre optique, le reste devant être assuré par des techno-logies alternatives. Depuis, le gou-vernement est même allé plus loin, puisque la fibre optique doit désor-mais devenir un « service univer-sel », comme l’eau ou l’électricité. Toute la filière, des opérateurs (surtout Orange et SFR) aux sous-traitants, s’est donc mise en ordre de marche. Le premier confine-

TÉLÉCOMS

« Les médias peuvent agir efficacement, comme acteurs clés de la transition écologique. »LES MÉDIAS SIGNATAIRES

HIGH-TECH & MEDIASLes Echos Lundi 7 décembre 2020

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24 // HIGH-TECH & MEDIAS Lundi 7 décembre 2020 Les Echos

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Ce qui va concerner 17 longs-mé-trages, dont des blockbusters très attendus comme « Matrix 4 » ou « Dune », qui seront disponibles pendant un mois sur HBO Max, sans surcoût. Une manière pour le groupe de mettre du vent dans les voiles de son offre lancée en mai et qui doit ferrailler avec Netflix, Disney+ et consorts.

Mais le coup est terrible pour lesexploitants américains de cinémas qui ont un besoin impérieux de la fenêtre de diffusion exclusive dont ils bénéficient actuellement pour ces superproductions destinées au grand public, s’ils veulent attirer unmaximum de spectateurs en salle.

Warner Bros souffre de la crise sanitaire, qui a contraint de nombreuses salles de cinéma à mettre la clé sous la porte aux Etats-Unis. Photo Eric Gaillard/Reuters

ordinateurs. Ce n’est d’ailleurs pas forcément leur objectif. Leur intérêtest de pouvoir résoudre des calculs qui sont insolubles avec les ordina-teurs actuels. Notamment dans la simulation du vivant, pour dévelop-per de nouvelles molécules ou encore pour optimiser des phéno-mènes complexes, par exemple en finances ou dans le domaine des prévisions météorologiques. La technologie quantique est aussi trèsattendue pour le cryptage des don-nées, réputé inviolable avec ce type de procédé.

Si aucune application pratique n’aencore vu le jour, le nombre d’entre-prises qui s’intéressent au sujet va croissant : à côté d’IBM et de Google,on trouve aussi Microsoft, AWS (la branche cloud d’Amazon) ou encoredes acteurs plus modestes comme Rigetti Computing en Californie. Le groupe informatique français Atos est lui aussi de la partie, sans avoir son propre calculateur.

Atos a d’ailleurs annoncé, le4 décembre dernier, avoir conçu une méthodologie permettant de comparer l’efficacité des différents prototypes d’ordinateur quantique en cours de développement à tra-vers le monde. De quoi mettre d’accord Américains et Chinois ? Cen’est pas certain. n

Marie Bellan @mbellan1

Jusqu’à présent le match de la suprématie quantique se jouait entre Google et IBM. Désormais, il faudra compter aussi, comme dans bien des domaines, avec la Chine. Une équipe de chercheurs de l’Uni-versité des sciences et technologies de Chine a en effet revendiqué, ven-dredi, avoir dépassé les précédents records des deux géants améri-cains. Selon l’article publié dans la revue « Science », l’équipe chinoise

INFORMATIQUE

L’Université des sciences et technolo-gies de Chine vient de revendiquer un nouveau record dans la vitesse de calcul proposée par l’infor-matique quantique.

De quoi relancer la course à la suprématie dans ce domaine aux applications concrètes encore balbutiantes.

Informatique quantique : la Chine passe un nouveau cap

mum à 17 jours. Un coup dur déjà pour AMC, mais à des années-lumière de la décision radicale prise par WarnerMedia. « Nous vivons dans une période sans précé-dent, a avancé Ann Sarnoff, la PDG de Warner Bros. [Cela] nécessite de faire preuve de créativité pour trouver des solutions. »

Depuis plusieurs mois, lesgrands studios cherchent tous le bon calibrage pour leurs blockbus-ters. Sorti en salle cet été et distribuépar Warner Bros., « Tenet » a depuis généré près de 358 millions de dollars de recettes, selon Box Office Mojo. Un chiffre encore insuffisant pour être rentable et unecontre-performance qui a poussé de nombreux studios à décaler de plusieurs mois la sortie de leurs superproductions (dont le dernier « James Bond » distribué par Uni-versal).

En juillet, Disney avait quant à luiproposé aux abonnés de sa plate-forme de SVoD, Disney+, la popu-laire comédie musicale « Hamil-ton ». Disponible sans surcoût associé, celle-ci a immédiatement fait décoller les inscriptions sur Disney+.

Puis le géant du divertissement alancé l’adaptation en film de son dessin animé « Mulan » directe-ment sur son offre de streaming vidéo, dans certains pays, au prix de30 dollars l’unité. Un échec en rai-son du tarif trop élevé.

Le 25 décembre, le blockbuster« Wonder Woman 1984 » sera, lui, lancé le même jour au cinéma et enstreaming aux Etats-Unis. Le film sera disponible le 16 décembre dansles pays où les cinémas sont ouverts– comme en France. Cette super-pro duct ion est l ’œuvre de… WarnerMedia, qui va réaliser là un test grandeur nature de son nou-veau modèle économique. Le géantjoue très gros sur ce coup-là. n

Des blockbusters très attendus, comme « Matrix 4 » et « Dune », seront disponibles pendant un mois sur HBO Max, sans surcoût.

affirme que son système, appelé Jiuzhang, a réalisé en trois minutes un calcul qui aurait pris deux mil-liards d’années à un puissant supe-rordinateur. A titre de comparaison,Google avait communiqué, il y a un an, sur son processeur Sycamore, qui aurait mis, lui, environ 200 secondes à exécuter une tâche qui selon les chercheurs aurait « néces-sité approximativement 10.000 années [de calcul] sur le meilleur supercalculateur au monde ».

Métaux supraconducteursLes deux systèmes, celui de Syco-more et celui de Jiuzhang, n’utili-sent pas les mêmes procédés techni-ques pour arriver à ce type de prouesse. Google se sert de circuits quantiques qui comprennent des métaux supraconducteurs cryogé-nisés à des températures extrême-ment basses, alors que les cher-cheurs chinois uti l isent des particules de lumière, des photons, qui ne nécessitent pas de refroidis-sement, mais en utilisant un pro-cédé qui n’est pas facilement repro-grammable pour des calculs différents, ce qui limite son utilisa-tion future.

Au-delà de la prouesse technique,ces découvertes ne sont pas encore prêtes à détrôner nos bons vieux

Traditionnellement, l’usage vou-lait que les grosses productions hollywoodiennes soient proposées uniquement dans les salles obscu-res pendant 90 jours aux Etats-Unis,avant d’être disponibles sur d’autressupports. Outre-Atlantique, la chro-nologie des médias n’est pas enca-drée comme en France via un accord interprofessionnel, mais repose sur des « deals » noués entre studios et salles.

La déception « Tenet »En juillet, le studio Universal et AMC avaient notamment trouvé unterrain d’entente via un accord plu-riannuel ramenant ce délai mini-

Nicolas Richaud @NicoRichaud

« Clairement, WarnerMedia a l’inten-tion de sacrifier une portion considé-rable de la rentabilité de son studio de films et celles de ses partenaires dans la production et les réalisations de films, pour financer sa start-up HBO Max », peste le patron d’AMC, AdamAron, auprès du site Hollywood Reporter. Le directeur général du premier exploitant de salles au monde veut un « dialogue immédiat et urgent » avec WarnerMedia.

Pourquoi un tel courroux ? Alorsque les exploitants de salles sont en très grande difficulté outre-Atlanti-que en raison de la crise sanitaire et économique, Warner Bros [qui a pour maison mère WarnerMedia, NDLR] a fait savoir, jeudi, qu’il avait l’intention de sortir concomitam-ment l’intégralité de ses films prévusen 2021, dans les salles obscures et sur la plateforme de SVoD du groupe, HBO Max (disponible uni-quement aux Etats-Unis).

CINÉMA

En 2021, le studio proposera en même temps ses longs-métra-ges – dont des block-busters très attendus – sur grand et petit écran aux Etats-Unis.

Un coup de tonnerre qui fragilise les exploitants de salles.

Pour rivaliser avec Netflix, Warner privilégie HBO au détriment des salles de cinéma

en pixelsToujours pas d’accord entre Washington et TikTok

APPLICATION Le délai, qui courrait jusqu’à vendredi der-nier minuit, pour finaliser un accord de cession des activités de TikTok sur le sol américain a une nouvelle fois été dépassé sans que le groupe chinois ByteDance et les Etats-Unis se soient mis d’accord. Les dis-cussions doivent se poursui-vre. Selon certains experts, ByteDance aurait tout intérêt àfaire durer la situation jusqu’à la prise de pouvoir effective de Joe Biden, dont le ton pourrait être plus mesuré vis-à-vis de laChine que celui de Donald Trump.

L’éditeur de la revue « Nature » valorisé 6 milliards d’euros

MÉDIAS Sept ans après avoir conduit un fonds pour investir dans Springer Nature (l’éditeurd e l a r e v u e s c i e n t i f i q u e « Nature ») sur la base d’une valorisation de 3,3 milliards d’euros, le groupe d’investisse-ment dans le non coté BC Part-ners pourrait créer un nou-veau fonds détenu en majorité par lui-même pour racheter la société sur la base d’une valori-sation de 6 milliards d’euros, selon le « Financial Times ». BC Partners a tenté de coter Springer Nature trois fois depuis 2018.

Page 25: Les Echos - 07 12 2020

le vase. De quoi proposer des prix moins élevés, moins de 30 euros hors livraison, en économisant le travail du fleuriste. « Notre offre est globalement plutôt haut de gamme. Il était nécessaire de s’adresser aussi à ceux qui ne dépenseraient pas 50 euros pour un bouquet. C’est une manière de diversifier les usages et laclientèle », souligne Romain Raf-fard, le fondateur de l’entreprise lancée en 2016.

Le succès de ces brassées à com-poser illustre le dynamisme actuel des start-up françaises spécialistes du monde de la fleur en ligne. Les confinements ont donné un coup depouce supplémentaire à un secteur qui progressait déjà. L’envoi de bou-quets, seuls ou via un abonnement récurrent, est un moyen de garder lecontact avec ses proches.

Triplement des ventesBergamotte a vu ses ventes tripler en avril et mai. En novembre, elles ont doublé. Au total, l’année devrait se terminer avec une croissance de 50 à 55 %. « Nous avons acquis beau-coup de nouveaux clients pendant le confinement et la grande majorité est

restée », constate Romain Raffard. Même constat du côté des acteurs ayant fait le choix de ne proposer que des fleurs cultivées en France. Le site Monsieur Marguerite, né lui aussi en 2016, va tripler de taille cetteannée . I l v ien t de lancer u n deuxième atelier de préparation desbouquets. A celui de la région pari-sienne s’en ajoute ainsi un autre à Hyères. « C’est un grand pas dans notre développement. Nous voulions être au cœur de la première région productrice de l’Hexagone pour tou-tes les commandes concernant le sud de la France. Cela permet de diminuerle nombre de kilomètres parcourus par les produits mais aussi de renfor-cer les liens avec la filière », souligne Benjamin Perot, son cofondateur.

Chez Fleurs d’Ici, créé en 2017, lesegment de la vente aux particuliersva connaître une croissance de 500 % cette année. La start-up, qui se repose, elle, sur un réseau de fleu-ristes et s’articule autour d’une placede marché rassemblant des horti-culteurs, a développé ce type de vente, alors qu’à l’origine, elle était surtout orientée vers le B to B. « Uneentreprise comme la nôtre coche les

bonnes cases, celles du local et de la vente en ligne. C’est aussi une réponseà une question cruciale aujourd’hui, celle de la digitalisation du petit com-merce », juge Hortense Harang, sa cofondatrice.

L’activité à destination des entre-prises a réussi à se maintenir. Au premier confinement, quand leurs sites étaient plus ou moins fermés, beaucoup choisissaient de les offrir à des Ehpad. « Elles font maintenantappel à nous pour maintenir le lien avec leurs salariés en télétravail, pourleur livrer des sapins ou animer des ateliers floraux à distance », remar-que Hortense Harang.

La palette des produits proposéss’élargit au fil du temps. Bergamotte mise sur la vente de 10.000 sapins cette année. Pour Noël, Fleurs d’Ici propose des couronnes de l’Avent. Tandis que Monsieur Marguerite propose depuis septembre des jardi-nières pour le balcon et va lancer une collection de plantes vertes pro-duites dans l’Hexagone sans chauf-fage. Le marché de la vente en ligne de fleurs, initié dès 1997 par Aqua-relle, a pris un nouveau tournant et devrait continuer à grandir. « Le digi-

Clotilde Briard @ClotildeBriard

A peine lancée mi-novembre, la nouvelle offre du site Bergamotte aé t é e n r u p t u r e d e s t o c k e n deux jours, les volumes prévus pour un mois ayant été vendus. Depuis, elle est à nouveau disponi-ble. Sa particularité : les fleurs ne sont pas livrées en bouquet commed’habitude mais séparées, à chacunde les disposer comme il veut dans

E-COMMERCE

Les confinements et le recours accru à l’e-commerce ont démultiplié la croissance de start-up françaises spécialisées dans la vente de fleurs.

Plusieurs jeunes pousses se démar-quent et diversifient désormais leurs offres.

dernière, née en 2017, propose un système de cantonnement de fondspermettant d’éviter les impayés, chèques en bois et autres arnaques.Concrètement, l’acheteur qui passe sur le site GensDeConfiance clique sur le bouton Obvy. L’objet est alorsréservé, le vendeur reçoit une notifi-cation, il imprime l’étiquette d’expé-dition et Chronopost ou Mondial Relay s’occupent du reste. Surtout, Obvy, qui se pose en tiers de con-fiance, ne débloque le paiement sous séquestre qu’après accepta-tion de l’acheteur.

Plus de 50 plateformes équipéesGensDeConfiance n’est pas le pre-mier utilisateur d’Obvy, fournis-seur de plus d’une cinquantaine de plateformes dont Troc-Vélo, All-tricks Occasions, MacGeneration, Comme un camion, Yescapa, Okka-zeo, etc. « Notre promesse est de les faire passer d’un statut d’hébergeur d’annonces à celui de place de mar-

« Certaines plateformes adoptentcette technologie par sécurité, nous c’est plutôt pour le confort utilisa-teur », explique Nicolas Davoust, le cofondateur de GensDeConfiance. Car si les échanges sur Internet génèrent 800.000 plaintes en France, la plateforme nantaise assure n’avoir aucune arnaque intentionnelle à déplorer en six ans d’existence, les « mauvaises expé-riences » étant résolues par son équipe ou par le réseau lui-même. Cela tient à un recrutement sélectif.Car pour adhérer au réseau, il faut recevoir l’assentiment d’au moins trois parrains. En cas d’infraction insoluble, le membre peut être exclu… et ses parrains avec lui, ce qui crée une barrière à l’entrée et une forte autodiscipline.

L’effet confinementLe confinement a plutôt réussi à GensDeConfiance qui a doublé, à près de 2.000, le nombre d’adhé-sions chaque jour. « Les gens ont eu

Emmanuel Guimard— Correspondant à Nantes

GensDeConfiance s’équipe, six ans après sa création, d’une brique de paiement sécurisé et de livraison. Pour cela, la plateforme nantaise devente de biens et de services entre particuliers a choisi la technologie de la start-up bordelaise Obvy. Cette

SERVICES

La plateforme nantaise,déjà très protégée par un système d’adhésion sélectif, se prémunit plus encore des arnaques.

Elle mène un partenariat pour renforcer la sécurité de ses paiements et des livraisons.

Spinali Designcontre les virus avec ses gants connectés

Bénédicte Weiss— Correspondante à Strasbourg

« Quitte à porter des gants en hiver, autant en porter qu’on puisse désinfecter. » C’est en ces termes que Romain Spinali, responsable innovation de la start-up Spinali Design (350.000 euros de chiffre d’affaires pour 6 salariés), résume sa dernière invention. Cette spécialiste du textile connecté fondée en 2015 à Mulhouse (Haut-Rhin), épicen-tre alsacien de la pandémie de Covid-19 en mars 2020, a décidéd’ajouter sa pierre à l’édifice des gestes barrières.

Son « gant intelligent etconnecté » est conçu pour s’autodésinfecter sous l’effet des rayons UVA et UVB de la lumière du jour. Un traitement du tissu au dioxyde de titane per-met d’accélérer la réaction de destruction des germes. « Nous avons découvert les propriétés virucide et bactéricide du dioxydede titane quand nous dévelop-pions la crème solaire connec-tée », explique Romain Spinali.

Un capteur mesure la quan-tité de rayons UV reçus sur une période donnée : ne serait-ce qu’à cause des variations d’enso-leillement, elle n’est pas systé-matiquement la même. Une application sur smartphone indique si elle a suffi pour détruire les germes pathogènes.Une petite lampe permet de pal-lier un manque de luminosité. Un boîtier fonctionnant aux UVC, plus grande longueur d’onde capable d’inactiver les micro-organismes par la dégra-dation de leurs acides nucléi-ques, est attendu en complé-ment pour janvier 2021.

C’est le grand public qui estciblé par ce gant fabriqué à Mul-house en lien avec des entrepri-ses d’électronique suisse et de tissu italienne. « Quelques cen-taines de paires » ont été ven-dues depuis le lancement de la commercialisation fin août. Mais Romain Spinali regrette une « absence de soutien public local » pour augmenter la pro-duction, aujourd’hui « limitée ».

Pour a l ler p lus lo in , lastart-up vient aussi de lancer, enoctobre, un programme baptisé« Galactique ». Il ambitionne la réunion de nombreux acteurs universitaires et industriels français, allemands, suisses et italiens pour travailler à la créa-tion d’autres objets autodésin-fectants, comme des poignées de mobilier de cuisine ou des écrans tactiles. Cela, explique Romain Spinali, pour « intégrer les éléments barrières dans tous les domaines de nos vies et ne pasavoir besoin de se confiner sans cesse ». Quatre structures y sont pour l’heure rassemblées. n

INNOVATION

La start-up mulhou-sienne Spinali Design a lancé la commercialisation d’un gant connecté capable de s’autodé-sinfecter grâce à la lumière du jour.

A terme, Spinali Design voudrait voir de nombreux objets du quotidien s’autonettoyer.

tal a encore un taux de pénétration faible dans le commerce du végétal. Il reste donc de grandes marges de pro-gression », estime Benjamin Perot.

Développement internationalBergamotte a entamé un dévelop-pement européen que le Covid-19 a bien sûr ralenti car il commence parcréer des « pop-up stores » pour tes-ter l’appétit local et développer sa notoriété avant de déployer un site. Présent en ligne en Allemagne depuis 2019, il compte arriver sur le Web dans les pays scandinaves au deuxième semestre 2021. Les diri-geants de Fleurs d’Ici ne s’interdi-sent pas, pour leur part, d’élargir à terme leurs horizons. « On regarde sion peut décliner notre modèle s’appuyant sur de la production locale et de la data dans d’autres uni-vers », souligne Hortense Harang.

En attendant, dans le mondedes bouquets, le deuxième confi-nement a aussi poussé les fleuris-tes de quartier à se digitaliser, que ce soit à travers une plateforme comme Sessile ou via le développe-ment de sites propres. n

La belle année des start-up de livraison de fleurs

besoin, par notre biais, de renforcer les liens de voisinage », observe Nicolas Davoust. La baisse du pou-voir d’achat, une augmentation du prix des biens neufs, la fermeture des commerces et le temps disponi-ble pour trier ont aussi suscité des inscriptions. GensDeConfiance compte désormais 825.000 mem-bres, une population ayant plus quedoublé en deux ans. « Nous ne som-mes pas une licorne mais nous avan-çons au rythme auquel les gens accor-dent généralement leur confiance », interprète Nicolas Davoust.

70 % des adhérents sont desfemmes, pour un âge médian de 35 ans. L’entreprise, qui emploie désormais 42 salariés, a atteint l’équilibre depuis deux ans. Ses revenus, dont le montant n’est pas communiqué, viennent pour moi-tié des commissions sur les loca-tions de vacances, des dons (15 %) etde services premium comme, récemment, l’accès prioritaire aux annonces immobilières. n

GensDeConfiance se sécurise avec Obvy

La start-up Bergamotte propose à la livraison des fleurs séparées. A chacun de les disposer à son goût dans un vase, ce qui économise le travail du fleuriste. Photo Bergamotte

« Les gens ont eu besoin, par notre biais, de renforcer les liens de voisinage. »NICOLAS DAVOUSTCofondateur de GensDeConfiance

ché », mentionne Charles-Henri Gougerot, cofondateur d’Obvy qui entend faire de sa technologie « un standard du paiement sécurisé entre particuliers ». L’entreprise, quiemploie 12 salariés, a récemment renforcé son offre avec une solutionde paiement en plusieurs fois et parune extension aux professionnels. Elle boucle actuellement sa troi-sième levée de fonds – la précédenteremonte au confinement sans que l’on en sache le montant ni le nom des investisseurs.

START-UP Les Echos Lundi 7 décembre 2020

Page 26: Les Echos - 07 12 2020

Alexandre Counis @alexandrecounis

— Correspondant à Londres

Qui imaginerait à Londres, en fou-lant les trottoirs du quartier de Cla-pham, ce qui se passe 33 mètres plusbas dans cet abri antiaérien datant de la Seconde Guerre mondiale ? C’est là qu’a élu domicile en 2015 la ferme urbaine Growing Under-ground, qui a résolu à sa manière lemanque d’espace en surface.

Au pied des 189 marches, le solpeint en blanc de ce bunker cons-truit entre 1940 et 1942 dessert pourl’instant seulement deux des quatrecouloirs qui permettaient autrefois d’accueillir en cas de bombarde-

ments jusqu’à 8.000 personnes. Surla droite, l’atelier de dissémination. Elle s’opère sur un substrat neutre et humide fait de tapis et de moquette recyclés, posés sur de grands supports noirs portés par des chariots. Quinze espèces de micropousses se bousculent là, de la coriandre aux pois, de l’ail à la roquette en passant par les radis oules pieds de moutarde.

A gauche, c’est la ferme elle-même, avec ses 500 mètres carrés de surface cultivée sur des plateaux d’un mètre sur deux, disposés comme sur de grandes couchettes, à raison de quatre niveaux jusqu’au bout du tunnel. La lumière est rose et tamisée, des LED allumées 18 heures par jour étant le seul éclai-rage de ces plans consciencieuse-ment rangés. Rose, parce que c’est lacouleur du spectre la plus efficace pour les faire pousser. Ici, il n’y a ni jour ni nuit. On éteint même en jour-née, pour profiter la nuit des tarifs réduits en heure creuse.

Deux équipes de sept personnesse relaient selon les jours pour tra-

vailler là de 7 heures à 16 heures. Pasde pesticides, et seulement deux lampes bleues contre les parasites. L’eau, puisée dans un réservoir situésous le potager, dans la moitié infé-rieure du tunnel, vient irriguer les plants deux fois par jour avec des économies de 70 % à la clé. Des ven-tilateurs aèrent cet espace où la tem-pérature ambiante reste entre 13 et 15 degrés tout au long de l’année.

Rendements supérieursCette ferme souterraine produit 74 tonnes par an, dont environ 30 %de pois et 20 à 30 % de coriandre. Les rendements pour les pois y sontdix fois supérieurs à ceux d’une exploitation traditionnelle (jusqu’à plus de 60 récoltes par an, contre 5 ou 6), et au moins deux fois plus éle-vés que dans une serre (plutôt 25 à 30 récoltes).

London Underground, quiemploie au total 30 personnes, écoule ses produits sur le site du dis-tributeur en ligne Ocado et dans les supermarchés Tesco, Marks & Spencer et Waitrose de tout le pays

(60 % des ventes pré-Covid, et même 75 % actuellement). Le reste est vendu aux hôtels et restaurants de Londres ainsi qu’à l’équivalent londonien de Rungis, le marché de New Covent Garden situé dans le quartier de Battersea à seulement 2,5 kilomètres de là (40 % des ventespré-Covid et désormais 25 %). Au pic de sa production, la ferme compte comme clients 550 distribu-teurs et 300 restaurants.

Une nouvelle levée de fonds a étélancée en novembre, qui doit per-mettre de financer l’extension de la surface cultivée à 1.000 mètres car-rés dans un an, puis à 12.000 dans trois ans. « Le doublement de surfaced’ici avril ou mai prochain nous per-mettra d’atteindre la rentabilité », estime Richard Ballard, l’un des deux cofondateurs avec Steven Dring, un de ses amis de Bristol qui au départ ne s’y connaissait pas plus que lui en agronomie. La somme viendra s’ajouter aux 3,2 millions de livres déjà levés, dont 850.000 livres en 2015 et 2016 pour lancer le projet. n

A Londres, une ferme enfouie dans un abri anti-aérienDans les sous-sols de la capitale britannique, une ferme géante installée depuis cinq ans dans un abri de la Seconde Guerre mondiale voit pousser 74 tonnes par an de coriandre, pois, roquette et radis.

L’Etat veut verdir le renouvellement urbain qui s’est limité jusqu’à présent à de nouvelles tours et au béton. Photo Jean-Pierre Sageot

Débétonner les grands ensembleset recréer du lien social. C’est l’objectif que s’est fixé Hugo Meu-nier, le fondateur de Merci Ray-mond, start-up spécialisée dans lavégétalisation des espaces urbains. Habitué au verdissementdes toits parisiens, chouchou des appels d’offres de l’équipe d’Anne Hidalgo, la maire de la capitale, le jeune entrepreneur a également développé son activité au contact des élus de banlieue.

Il y a quatre ans, c’est le bailleurRésidences Yvelines Essonne, qui gère les barres de la Grande Borne, à Grigny (Essonne), qui a sollicité Merci Raymond pour accompagner, en la verdissant, la rénovation urbaine en cours de la cité. « Nous nous sommes inspirés de Detroit, aux Etats-Unis, où les habitants se sont réapproprié l’espace public après la désindus-trialisation des années 1970. Les habitants se sont mis à cultiver dans les parcs, les trottoirs, et le nombre d’incivilités a baissé », explique Hugo Meunier.

Le projet, baptisé « GreenBorne » et financé par la ville pour« quelques dizaines de milliers d’euros », s’est traduit par le fleu-rissement des jardinières, des ate-liers pédagogiques et ludiques, lesplantations dans les espaces d’accueil, des fresques végétales. « Petit à petit, une communauté s’est créée avec des habitants très investis, mais il faut conserver une structure pour assurer le suivi », indique Hugo Meunier. Un jardin de 1.000 mètres carrés a été créé, pour faire pousser aromates, fruits et petits légumes en perma-culture. « J’avais à cœur de casser cette image de l’agriculture urbaine

La start-up spécialisée dans la végétalisation urbaine pose depuis quelques années ses potagers dans les cités d’Ile-de-France.

Merci Raymond apporte les circuits courts en banlieue

Et Sartrouville (Yvelines) veut créerune ferme en bioponie (technique de culture hors-sol) dans un par-king désaffecté.

Attirer les investisseurs privésEn faisant le pari de « banlieues ver-tes », le ministre veut amener du cir-cuit court et de la végétalisation dans des quartiers où le renouvelle-ment urbain est passé jusqu’à pré-sent par de nouvelles tours et du béton. « Les quartiers populaires aussi peuvent être exemplaires en matière environnementale, sociale, urbaine », défend Olivier Klein, pré-sident de l’Anru et maire de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Et, par chance, les bouts de foncier y abondent, ne demandant qu’à évi-ter les friches. Pas question pour autant de jouer le « tout-social ». Le modèle économique doit tenir, avec

un exploitant (Veni Verdi, Cyclopo-nics, Merci Raymond…), une fonc-tion de production et quelques emplois à la clé. « Ce n’est ni un gad-get bobo ni un atelier pédagogique, il faut que les projets soient rentables dans deux à trois ans », déclare Oli-vier Klein. Sodexo, séduit, s’enga-gera dans des projets d’ateliers de transformation de légumes, à com-mencer par Clichy-sous-Bois.

Une soixantaine d’élus ontconcouru, achevant de convaincre les ministères de lancer d’autres vagues de candidatures jusqu’en avril 2021.

Les 27 premières villes lauréatesrecevront 8,5 millions d’euros de subventions (études, ingénierie, animation, construction, entre-tien). Le plan mobilisera au total 34 millions d’euros, abondé par les programmes d’investissement d’avenir (PIA), la Banque des terri-

toires, le ministère de l’Agriculture et l’Ademe.Avec ces fermes urbaines, l’Anru espère concourir à redorer l’image des quartiers et attirer des investis-seurs privés, l’enjeu désormais le plus compliqué à mener. « C’est unechose de créer des écoles, des loge-ments, mais cela reste compliqué d’attirer des entreprises dans ces quartiers », déclare Olivier Klein. n

l Les ministères de l’Agriculture et de la Ville annoncent, ce lundi, les premiers lauréats du plan « Quartiers fertiles » de 34 millions d’euros, pour 100 fermes à terme, piloté par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine. l De grands groupes comme Sodexo, qui créera un atelier de transformation de légumes à Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, sont approchés.

Agriculture urbaine : 27 quartiers sensibles choisis pour accueillir des microfermes

Marion Kindermans @MaKindermans

Les quartiers populaires aussi auront leur morceau de champs cultivé et un accès aux fruits et légu-mes de proximité. Finie donc l’agri-culture urbaine pour « bobos » réservée aux centres-villes, entre terrasses et balcons. Julien Denor-mandie, ex-ministre de la Ville et duLogement passé depuis à l’Agricul-ture, et également ingénieur agro-nome de formation, l’avait promis en février 2020 : une centaine de banlieues verront émerger de peti-tes fermes urbaines dans les quar-tiers prioritaires de la ville. « Le développement de cette agriculture se fera au bénéfice d’une population particulièrement impactée par la crise sanitaire », déclare-t-il.

Ce lundi, Julien Denormandie etNadia Hai, ministre déléguée char-gée de la Ville, en visite à la ferme urbaine « zone sensible » à Saint-Denis, annonceront les 27 premiè-res collectivités lauréates de l’appelà projets « quartiers fertiles » (pour42 projets), lancé en début d’année par l’Agence nationale pour la rénovat ion urbaine (Anru) . D’après la liste consultée par « Les Echos », la moitié est située en région francilienne.

Parmi les projets, à La Savine,près de Marseille (Bouches-du-Rhône), la transformation d’une friche en potager côtoiera une chè-vrerie de 100 à 150 bêtes et des jar-dins partagés. Vierzon (Cher) met-tra l’accent sur du maraîchage bio. Dijon (Côte d’Or) intégrera en plus de sa ferme urbaine un « living lab »alimentaire impliquant les habi-tants. A Nevers (Nièvre), 10 hecta-res seront consacrés à des jardins partagés, un poulailler, une forêt jardin, une production maraî-chère, un espace de cueillette et à un écopâturage avec des moutons. Vaulx-en-Velin (Rhône) ajoutera un point de vente en circuit court pour écouler la production. Les Mureaux (Yvelines) veulent per-cher leur ferme en hauteur, sur le toit terrasse du centre commercial.

ENVIRONNEMENT

« Il faut que les projets soient rentables dans deux à trois ans. »OLIVIER KLEINPrésident de l’Anru et maire de Clichy-sous-Bois

pour les bobos et démocratiser l’image du jardinage », explique Hugo Meunier. Green Borne va passer à la vitesse supérieure avecla création d’une microferme urbaine qui emploiera un ou deuxsalariés, dans le cadre des projets « quartiers fertiles » de l’Agence dela rénovation urbaine (Anru).

Une collection capsuleAutre grand ensemble et mêmes barres d’immeubles à perte de vue : à Stains, c’est le bailleur socialSeine-Saint-Denis Habitat qui a lancé en juin un projet similaire avec Merci Raymond. La start-up est aussi intervenue à Chanteloup-les-Vignes ou aux Mureaux, dans les Yvelines. A Sartrouville, une ferme mobile sera créée. « Dans lesquartiers, les maires ont le choix entre créer un centre commercial ouinstaller une ferme urbaine, même si ça semble un effet de mode, je pré-fère qu’ils optent pour la deuxième solution », lance Hugo Meunier.

La jeune société, créée il y a cinqans et qui a choisi un développe-ment sans levée de fonds avec sa trentaine de collaborateurs, a lancé mi-novembre en ligne une collection capsule (vêtements, mobilier de jardinage, etc.) « Merci Raymond à la maison » pour financer des actions dans lesvilles et notamment dans les éco-les. Au choix : vêtements de travail(coltin & tablier) remis au goût dujour et t-shirts au slogan militant «Carotte locale ». — M. K.

Après Grigny, Stains, Chanteloup-les-Vignes ou Les Mureaux, la start-up va installer une microferme à Sartrouville, dans les Yvelines.

PME & REGIONS Lundi 7 décembre 2020 Les Echos

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Les Echos Lundi 7 décembre 2020 PME & REGIONS // 27

innovateurs

Selon nos informations, unconglomérat chinois ferait la courseen tête pour mettre la main sur le premier périmètre et c’est un fonds d’investissement qui pourrait reprendre les activités les plus stratégiques. L’entreprise, héritière des chantiers navals de Toulon, est un spécialiste reconnu de la méca-nique de précision. Elle travaille pour Ariane, le programme de recherche nucléaire Iter et le sec-teur de l’armement, avec la produc-tion des tubes lance-missiles des sous-marins français.

Des commandes en hausseDepuis des mois, les salariés de cet ensemblier industriel plus que centenaire se battent aux côtés des collectivités locales pour empêcher cette vente à la découpe. « Nos activi-tés sont solidaires et inséparables », défend Jean-Pierre Polidori, déléguéFO, syndicat majoritaire chez CNIM.Pour son dernier exercice, le groupea réalisé 588,4 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont 391,7 dans les activités environnement et énergie, mais, selon les années, l’équilibre financier est en effet assuré par les autres activités. En 2018, le pôle

innovation et systèmes avait ainsi sauvé le résultat du groupe.

La défaillance, fin 2019, de lasociété Clugston, associée à CNIM outre-Manche sur plusieurs contrats de réalisation d’usines de valorisation de déchets ména-gers, n’a pas pu être compensée de la même façon. Le groupe varois a alors été contraint de reprendre à sacharge la réalisation de l’ensemble du périmètre de ce sous-traitant pour honorer ses engagements contractuels.

« Nous avons dû mobiliser denouvelles ressources et négocier ou renégocier plusieurs dizaines de contrats d’achats ou de sous-traitancedans des conditions d’urgence défavo-rables », expliquait alors la direc-t i o n d e C N I M – a u j o u r d ’ h u i muette –, dans un communiqué. Les pertes s’étaient chiffrées à 158,2 millions sur l’exercice, contrai-gnant Nicolas Dmitrieff, prési-dent du groupe, à négocier un pro-tocole de financement bancaire en contrepartie d’une promesse de restructuration et de la recherche denouveaux investisseurs.

Malgré ses déboires actuels, lamariée reste une bonne affaire : les

Paul Molga— Correspondant à Marseille

L’hypothèse d’un démantèlement du groupe CNIM se confirme. Ini-tialement fixée le 1er décembre par le tribunal de commerce de Paris, laréception des offres de reprise de cefleuron de l’industrie française a étéscindée en deux : une date – le 10 décembre – pour la cession du pôle environnement et énergie, uneautre, cinq jours plus tard, pour celle du pôle innovation et systè-mes, comprenant la filiale Bertin Technologies.

PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR

Le groupe varois devrait être démantelé pour faciliter sa cession après les défaillances de parte-naires industriels qui ont creusé ses pertes.

Plus de 2.500 emplois sont concernés.

Jacques Henno @jhennoparis

Développé par le CHU de Mont-pellier, le CNRS et deux filiales du groupe Alcen, EasyCov est untest salivaire de dépistage du Covid-19, très simple d’utilisa-tion, qui donne un résultat inter-prétable en 40 minutes. Il vient de recevoir, le 27 novembre, un avis favorable de la Haute Auto-rité de santé, mais réservé. La HAS a reconnu sa bonne sensi-bilité clinique, c’est-à-dire la capacité de ce test à détecter uneinfection présente : 84 % des personnes testées positives par des tests PCR rhinopharyngés ou salivaires ont été aussi repé-rées positives par EasyCov. Maiselle juge insuffisante sa spécifi-cité clinique, à savoir sa capacitéà être réellement négatif quand une infection est absente : celle d’EasyCov n’est que de 92 % et la HAS exige une spécificité de 99 % pour le SARS-CoV-2, afin de limiter les faux positifs à moins de 1 % des tests réalisés.

« EasyCov a été évalué sur488 personnes recrutées au CHU de Montpellier », détaille le pro-fesseur Jacques Reynes, coordi-nateur du département mala-

LA TECHNOLOGIE EASYCOV

DR

dies infectieuses et tropicales du CHU, qui a mis en place puis coordonné ce protocole d’éva-luation. « Parmi elles, 45 étaient des malades avérés du Covid et 443 symptomatiques ou asymp-tomatiques étaient venues se fairedépister sur le drive du CHU. » Compte tenu des résultats de l’évaluation d’EasyCov, la HAS « est favorable à son utilisation et à son remboursement chez les patients symptomatiques pour lesquels le prélèvement nasopha-ryngé est impossible ou difficile-ment réalisable », explique-t-il. « L’avis de la HAS est assez res-trictif, mais c’est une étape impor-tante pour la reconnaissance d’EasyCov, puisqu’elle ouvre la voie à son remboursement par l’Assurance-maladie », poursuit Jacques Reynes.

Etats-Unis et CanadaMais sous conditions : « Pour cela, il faut un arrêté ministériel publié au “Journal officiel” et une autorisation de l’Agence natio-nale de sécurité du médicament etdes produits de santé (ANSM) », précise Alexandra Prieux, PDG d’Alcediag (Montpellier) et de SkillCell (Guadeloupe), les deux filiales du groupe Alcen qui ont participé à la mise au point d’EasyCov. Un brevet européen a été déposé en mars. « Nous sommes en lien avec les autorités sanitaires nord-améri-caines pour voir si l’évaluation d’EasyCov menée à Montpellier peut conduire à son approbation aux Etats-Unis et au Canada », ajoute Alexandra Prieux. n

La HAS autorise ce test salivaire avec une réserve

Date de création : 2016Président :Timothée DumainMontant : 3 millions d’eurosEffectif : 25 personnesSecteur : Logistique

Laurent Marcaillou— Correspondant à Toulouse

Bigblue va accélérer le déploie-ment de sa plateforme numéri-que de logistique pour l’e-com-merce. Cette start-up, créée fin 2016 à Toulouse et partie à Paris où elle a été hébergée pendant deux ans chez Station F, vient delever 3 millions d’euros auprès du fonds paneuropéen Samai-pata, suivi par bpifrance et le fonds Plug and Play de la SiliconValley. Elle pourra ainsi recruter50 personnes en un an pour muscler la R&D, les ventes, le marketing et la gestion des opé-rations de logistique. La jeune entreprise propose aux petites et moyennes marques d’e-com-merce de gérer leur logistique de manière simple et efficace carles délais de livraison, longs et

imprécis, freinent les comman-des, mais sans passer par Ama-zon. Bigblue a numérisé l’entre-posage, la gestion des stocks et la livraison des colis sur une même plateforme dans le cloud,qui met en avant l’image des marques à la différence d’Ama-zon. Pour cela, elle loue les servi-ces de deux grands entrepôts à Evreux et en région parisienne, ainsi que de 15 transporteurs en Europe dont DHL, La Poste…

Tripler la R&D« Nous proposons un réseau logistique prêt à l’emploi, utilisa-ble en une semaine, et un outil quidonne une bonne expérience de lalivraison aux clients », affirme Mathias Griffe, directeur techni-que et cofondateur de Bigblue avec Timothée Dumain, prési-dent, et William Meunier, direc-teur des opérations. En louant de gros entrepôts, la plateforme permet aux petits e-commer-çants d’avoir un coût logistique moins cher que s’ils négocient en direct avec un logisticien. Avec ces fonds, la société va tri-pler sa R&D pour perfectionner la technologie et renforcer le sys-tème d’intelligence artificielle, afin de donner des dates prévi-sionnelles de livraison plus pré-cises. Elle personnalisera aussi les outils de communication des livraisons par SMS et e-mail et déploiera une seconde itéra-tion de son outil de gestion des retours de l’e-commerce, davan-tage intégré aux entrepôts. n

Numériser la logistique des petits e-commerces

Bigb

lue

commandes enregistrées par CNIMsont en hausse de 40,5 %, par rap-port au dernier exercice, en particu-lier pour le secteur environnement et énergie (+55,6 %) avec des projets d’unités de valorisation de déchets àLostock (Royaume-Uni), Belgrade (Serbie) et Rambervillers (France). Le second pôle, innovation et systè-mes, fait, quant à lui, l’objet d’un « recentrage sur ses axes stratégi-ques », selon la direction du groupe, qui a cédé fin septembre son activitéBertin Energie Environnement à l’ingénieriste Naldeo Group.

« L’Etat doit s’opposer au démantèlement »L’Etat n’est pas absent du dossier. Alerté par le président de la métro-pole Toulon Provence Méditerra-née, Hubert Falco, le ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire, a répondumi-octobre qu’« il pourrait apporter son soutien à CNIM », selon un autrecommuniqué du groupe. « S’il veut éviter une casse sociale, l’Etat doit s’opposer au démantèlement et pren-dre une participation partielle et temporaire à notre capital », estime Jean-Pierre Polidori. n

L’ensemblier industriel CNIM va être scindé et vendu à la découpe

CNIM, héritier des chantiers navals de Toulon, est un spécialiste de la mécanique de précision. Photo CNIM

Christine Berkovicius— Correspondante à Orléans

Si les circuits courts ont le vent en poupe, chez Axéréal, c’est plutôt la tendance inverse. Ce groupe coopé-ratif céréalier, basé à Olivet (Loiret), a décidé de réorganiser son fonc-tionnement et de fermer une cen-taine de sites, des silos où les agricul-

La coopérative Axéréal ferme une centaine de silos de proximité

teurs viennent livrer leurs récoltes et s’approvisionner en engrais et autres produits phytosanitaires. Avec à la clé plus de 220 suppres-sions de postes.

Plateformes de collecte centraliséesCe plan, qui n’a aucun lien avec la crise sanitaire liée au Covid-19, impacte la zone de collecte, qui s’étend sur 16 départements, du sud de Paris au nord de l’Auvergne, ainsiqu’un certain nombre d’emplois au siège du Loiret. « L’ancien modèle basé sur la proximité va laisser place àun modèle basé sur la disponibilité et faisant appel aux nouvelles technolo-gies », précise l’intersyndicale du groupe. Les agriculteurs devront désormais déposer leurs moissons sur des plateformes de collecte cen-tralisées. Pour s’approvisionner, ils seront livrés à domicile depuis des entrepôts à distance ou pour-ront se rendre dans des silos relais.

Axéréal, qui collecte environ5 millions de tonnes de grains auprès de 12.700 agriculteurs, ne fait aucun commentaire sur les chiffres avancés par les représen-tants du personnel. Mais en octobredernier, la coopérative avait laissé pressentir ces suppressions d’emploi en annonçant un « plan d’orientations stratégiques », destinéà renforcer la performance en déga-geant « 30 millions d’euros de gains de compétitivité ».

L e g r o u p e , q u i e m p l o i e4.000 personnes en France et à l’étranger pour un chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros, confirme tou-tefois l’ouverture de discussions

avec les partenaires sociaux. Le pro-jet, précise-t-il, « intègre des réorgani-sations des infrastructures et une accélération des initiatives liées à la transition agricole et alimentaire ».

Cette restructuration n’est pas lapremière engagée au sein d’Axéréal,qui commercialise également 10 millions de tonnes de grains par an, en l’état ou transformé sous forme de farine, malt et alimenta-tion animale. En 2019, Axiane, sa branche meunerie, en avait fait les frais avec la fermeture de deux mou-lins, et cette réorganisation se pour-suit avec la disparition annoncée de celui de Semblançay (Indre-et-Loire), ce qui réduit à sept le nombrede ses sites de production. En revan-che, sa filiale Boortmalt, très inter-nationalisée, a connu un coup d’accélérateur avec le rachat il y a unan des activités malt de Cargill, deve-nant ainsi leader de la production demalt dans le monde avec 27 usines sur cinq continents. n

CENTRE-VAL DE LOIRE

Plus de 220 postes sont menacés par la disparition de ces sites dans le grand centre.

Cette réorganisation devrait financer un plan d’économie d’environ 30 millions d’euros.

3MILLIARDS D’EUROSLe chiffre d’affaires d’Axéréal.

LA LEVÉE DE FONDS BIGBLUE

Page 28: Les Echos - 07 12 2020

Mais la question du « stock » des maisons potentiellement fragiles reste entière. Quoi qu’il en soit, « il esthors de question de ne plus s’occuper de ce péril, assure-t-on du côté de Bercy. La question est de savoir quelleest la meilleure façon de le traiter ». Laprévention devrait dans tous les cas figurer en bonne place des pistes étudiées par les pouvoirs publics.

Le coût pourrait croître de 50 %Les ravages provoqués par les sécheresses posent en creux la question de la résilience du régime « cat nat » à l’heure du changementclimatique. La pertinence du parte-nariat public-privé, financé par unetaxe sur les contrats d’assurance-dommages n’est pas remise en question, même si les experts atten-dent depuis des aménagements pour améliorer le dispositif et que laréforme promise par le gouverne-ment n’a pas vu le jour.

L’une des questions qui se posentest de savoir comment il pourra aider les Français à encaisser les coups durs à l’avenir, sachant que lecoût des catastrophes naturelles, déjà élevé ces dernières années, pourrait augmenter de 50 % d’ici à 2050, a estimé CCR en 2018. Le régime est déjà sous pression. Compte tenu des sinistres à indem-niser, CCR n’a pas été en mesure cesquatre dernières années de mettre de l’argent en réserve et donc de conforter le matelas de sécurité quidoit permettre au régime d’in-demniser massivement, sans avoir à faire appel à l’Etat. Aujourd’hui, leréassureur pourrait encaisser un sinistre de 4,5 milliards d’euros sans avoir à se retourner vers l’Etat,c’est plus de deux fois la facture du très coûteux ouragan Irma. « Il n’y apas péril en la demeure, mais si vousprolongez la tendance, vous vous apercevez que dans quelques années,la capacité de CCR à couvrir un sinistre de grande ampleur va dimi-nuer », prévient un connaisseur du dossier.

Pour éviter ce scénario, certainsexperts plaident d’ores et déjà en coulisses pour une augmentation de 12 à 15 % du prélèvement sur les contrats d’assurance qui finance le régime. Cette hausse, qui aurait for-cément des conséquences sur le coût des assurances-dommages, n’est cependant pas à l’ordre du jourdu gouvernement, à l’heure où la crise ne cesse de susciter des débatshouleux sur les assurances et où la mise en place d’un régime « catas-trophes sanitaires », couvrant les entreprises en cas d’épidémie, se heurte à la question du prix que les entreprises seraient prêtes à payer pour une nouvelle garantie. n

Catastrophes naturelles : le coûtdes sécheresses inquiètel Les dégâts provoqués par les sécheresses sur les bâtiments préoccupent les pouvoirs publics.l La facture menace de déraper et met sous pression le système public-privé de prise en charge des dommages.

Solenn Poullennec @SolennMorgan

L’entrée dans l’hiver n’empêche pas les pouvoirs publics de se préoccu-per des sécheresses. Selon nos infor-mations, l’Inspection générale des finances (IGF) ainsi que le « corps d’inspection » du ministère de la Transition écologique, le Conseil général de l’environnement et du développement durable planchent depuis quelques semaines sur les dégâts provoqués par ces épisodes sur les logements et autres bâti-ments existants. Leurs conclusions, attendues en début d’année 2021, devraient être regardées de près par le secteur de l’assurance et les acteurspublics impliqués dans l’indemnisa-tion des catastrophes naturelles. Car les sécheresses répétées ces derniè-res années en France, inquiètent au premier chef ces acteurs.

Retrait et gonflementdes argilesEn faisant bouger les sols argileux, lasécheresse finit par fissurer et fragili-ser les bâtiments. Ce phénomène, ditde « retrait-gonflement des argiles », est parfois lent à apparaître, mais il peut engendrer de lourds et coûteuxtravaux pour remettre les construc-tions d’aplomb. Bien souvent, la fac-ture est prise en charge par le sys-tème public-privé mis sur pied dans les années 1980 pour indemniser les dégâts provoqués par les catastro-phes naturelles. Or le coût du phéno-mène, assez difficile à appréhender n’avait pas été clairement anticipé audébut du régime « cat nat », souli-gnent des spécialistes. Surtout, il menace de déraper. « A moyen terme,c’est un sujet préoccupant par son ampleur financière pour le régime “cat nat”, et dont l’impact va probable-ment s’accroître dans l’avenir du fait du changement climatique », note Nicolas Bauduceau, directeur du département fonds publics et pré-vention à la Caisse centrale de réas-surance (CCR), le réassureur public pilotant le régime « cat nat ».

Entre 1982 et 2019, le phénomènea coûté quelque 14 milliards d’euros et représenté 36 % des dommages couverts par le régime (hors dom-mages aux automobiles). Les séche-resses ayant tendance à se répéter età toucher des zones de plus en plus étendues de l’Hexagone, la charge pour le régime pourrait augmenter de 23 % d’ici à 2050, selon CCR. D’où le souhait des pouvoirs publics de plancher sur ce sujet. Des mesures ont déjà été adoptées pour tenter de rendre les futures constructions plus résistantes aux sécheresses.

ASSURANCE

lyonnais April a mis en vente sacompagnie d’assurance-santé etde prévoyance Axéria, attirantquelques-uns des plus beauxnoms du secteur, de sourcesconcordantes.

A l’issue des premières remisesd’offres indicatives, l’allemand Allianz, le groupe helvétique Swiss Re et le français Prévoir sont sur lesrangs pour racheter la société et sa trentaine de collaborateurs, selon des proches du dossier. Les noms du géant AXA et de Malakoff sont également cités dans le marché. Aucune des parties interrogées n’a fait de commentaire.

La candidature de Swiss Re pour-rait paraître surprenante, mais le géant de la réassurance a déjà pris des positions dans l’assurance française, en accompagnant Wakam (jusqu’à récemment La Parisienne Assurances), qui con-çoit des assurances en marque blanche, par exemple pour le spé-cialiste de l’assurance-habitation en ligne Luko.

Ces marques d’intérêt inter-viennent par ailleurs à l’heure où certains assureurs, comme AXA, ont fait de leur développement dansla santé un axe de croissance i m p o r t a n t , e n m i s a n t n o n

seulement sur l’assurance mais aussi sur des services.

De 250 à 300 millions d’eurosLe marché de l’assurance-emprun-teur, sur lequel intervient aussi Axéria Prévoyance, suscite égale-ment de l’appétit. Historiquement dominé par les banques, il s’est au fildes années ouvert à la concurrence.En mettant la main sur le courtier AssurOne en 2019, le groupe fami-lial Prévoir s’était d’ailleurs déjà ren-forcé dans ce secteur.

Conscients de ces atouts, April,qui est détenu depuis cette année

par le fonds britannique CVC, atten-drait de la vente d’Axéria 250 mil-lions d’euros voire 300 millions. Unprix jugé toutefois élevé par certains, pour une activité dont les fonds propres étaient un peu inférieurs à 160 millions d’euros à lafin de 2019.

Certes, l’entité peut se targuerd’être très liée au premier courtier grossiste français qu’est April, sachant que celui-ci est désireux derester partenaire. Mais elle peut aussi sembler très dépendante de celui-ci. « Le gros de la négociation va porter sur l’activité qui subsiste avec April, une fois que c’est vendu,

pour assurer la distribution des contrats », estime un connaisseur du marché.

RecentrageAvec cette cession, April conforte son recentrage vers le courtage, au détriment des activités d’assuran-ces, très réglementées et coûteuses en fonds propres. En fin d’année dernière, après avoir cédé April International Voyage, le premier courtier grossiste sur le marché français avait annoncé la vente de sa filiale d’assurance-dommages Axeri a IAR D au b ermudi en Watford. n

Allianz et Swiss Re candidats au rachat l’assurance-santé d’April

Anne Drif @Anndrif

et S. P.

La planète assurance regardevers Lyon. Le groupe de courtage

ASSURANCE

Les deux assureurs sont intéresséspar les activitésde prévoyanceet de santé misesen vente par April.

précautions, en s’appuyant sur desétudes de sols et en mettant par exemple en place des fondations renforcées pour les maisons cons-truites sur des terrains argileux. L’objectif est de rendre les maisonsrésistantes aux mouvements de terrains provoqués par la contrac-tion des sols argileux lors des sécheresses, puis leur gonflement au retour des pluies.

Une prévention assez marginale jusque-là« La prévention de ce phénomène était jusqu’à peu quelque chose d’assez marginal. La loi Elan est venue combler ce manque. Elle devrait permettre de l imiter l’accroissement du problème en stoppant la dynamique des cons-tructions inadaptées dans les zones les plus à risques », se félicite Nico-las Bauduceau, directeur du département fonds publics et pré-vention chez CCR, le réassureur public au cœur de l’indemnisationdes dommages provoqués par les catastrophes naturelles en France.

alourdissement de la facture pour le partenariat public-privé qu’est lerégime « cat nat ».

L’épineuse question du stockLa prise en compte de ce phéno-mène pour les futures construc-tions ne règle pourtant pas la ques-tion du stock actuel des bâtiments fragiles susceptibles de se dégra-der avec les sécheresses. Il s’agit souvent de pavillons construits après-guerre et jusque dans les années 1980, installés notamment dans des zones périurbaines. Pources constructions, « les réparationsne sont pas inutiles car on rend les bâtiments plus résistants mais on les rend plus résistants à un rythmequi est assez faible », souligne Nico-las Bauduceau. Signe de la sensibi-lité du sujet, les pouvoirs publics ont, selon nos informations, lancé il y a quelques semaines des tra-vaux sur cette question dont les conclusions sont attendues en début d’année prochaine. — S. P.

Des nouvelles règles pour prévenir les effets du déficit hydrique sur les nouvelles constructions

Confrontés au coûteux phéno-mène des maisons qui se fissurent sous l’effet des sécheresses, les acteurs de l’assurance attendaient ces nouvelles règles. Depuis le début du mois d’octobre, les professionnels du bâtiment sont priés d’adopter certaines techni-ques de construction pour préve-nir les ravages provoqués sur les habitations par l’absence de préci-pitations et les fortes chaleurs dans une partie grandissante du territoire.

Avec ces dispositions issues dela loi Elan adoptée en 2018 et préci-sées par des arrêtés publiés cet été,les constructeurs de maisons indi-viduelles devront redoubler de

Depuis cet automne, les constructeurs de maisons individuelles doivent respecter de nouvelles règles pour éviter que les édifices bâtis sur des sols argileux, susceptibles de bouger sous le coup de la sécheresse, se fissurent.

Prévenir le phénomène estd’autant plus important pour la CCR, qu’il coûte d’ores et déjà cher au régime « cat nat », autour de 450 millions d’euros en moyenne par an, sachant qu’il y a entre 23.000 et 25.000 biens sinistrés chaque année. Cette année et les précédentes ont été marquées par plusieurs épisodes de sécheresse importants et le changement cli-matique fait redouter un accrois-sement du phénomène, donc un

« La loi Elan [devrait stopper] la dynamique des constructions inadaptées dans les zones les plus à risques. »NICOLAS BAUDUCEAUDirecteur du département fonds publics et prévention chez CCR

FINANCE & MARCHES Lundi 7 décembre 2020 Les Echos

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Les Echos Lundi 7 décembre 2020 FINANCE & MARCHES // 29

LE 8 DÉCEMBRE 202014H15 À 18H10EN DIGITAL, À DISTANCE

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PROGRAMME

INTRODUCTIONValérie Pécresse, Présidente duConseil d’Administration de l’EPFÎle-de-France, Présidente du Conseilrégional d’Île-de-France

TABLE RONDE 1CONSTRUIRE UNE VILLEACCESSIBLE À TOUS ?

Intervention : « Repenser lesmixités résidentielles pour créerune ville réellement inclusive »par Marie-Christine Jaillet, directricede recherche au CNRSDébat : Patrick Bouchain, architecte •Lise Bourdeau-Lepage, géographeet économiste • Emmanuelle Cosse,présidente de l’Union sociale pourl’habitat • François Dubet, sociologue

TABLE RONDE 2LA DENSITÉ EST-ELLEL’ENNEMIE DE L’ÉCOLOGIE ?

Intervention :« Sur quelques idées reçueset inopérantes enmatière dedensification » par Jean-MarcOffner, directeur de l’A UrbaDébat : Cécile Diguet, directricedu département UrbanismeAménagement et Territoires de l’InstitutParis Région • Emmanuel Grégoire,premier adjoint de la Ville de Paris •Cécile Maisonneuve, présidente dela Fabrique de la Cité • Marc Villand,président de la FPI IDF

TABLE RONDE 3LE PÉRIURBAIN EST-ILL’AVENIR DE LA MÉTROPOLE ?

Intervention :« La construction de la ville-jardinautour de la ville est-elle le grandprojet du 21ème siècle ? »par Jean Viard, sociologue, directeurde recherche associé au Cevipof-CNRS Débat : Isabelle BaraudSerfaty, économiste • Jean-PhilippeDugoin-Clément, maire de Mennecyet Vice-Président du Conseil régionald’Île-de-France • Laurent Girometti,directeur général de l’EPA Marne •Christine Leconte, architecte,présidente du Conseil régional del’ordre des architectes d’Île-de-France

CONCLUSIONIntervention d’Emmanuelle Wargon,Ministre chargée du Logement

achats de proximité », souligne Angelo Caci, à la tête du cabinet Syr-tal Cards. Revolut cherche donc à surfer sur l’insolente santé du paie-ment numérique, dont les acteurs spécialisés ont profité du dévelop-pement de l’e-commerce. Estimée à35 milliards de dollars, la valorisa-tion de Stripe pourrait doubler dansles prochains mois, à l’issue d’une nouvelle levée de fonds, a récem-

ment rapporté l’agence Bloomberg.Pour se faire une place dans cet éco-système hyperconcurrentiel, Revo-lut a décidé de casser les prix. Les clients possédant un abonnement payant auront un quota de transac-tions sans frais tandis que les clientsde l’offre gratuite seront prélevés à hauteur de 1,3 % du montant de cha-que transaction, contre 1,4 % et 0,2 livre sterling pour Stripe, assure

Revolut. « C’est avec une stratégie très agressive sur les prix que Revoluta démarré », indique Angelo Caci.

Gestion des fondsMais Revolut n’est pas la seule fin-tech à se lancer sur de nouveaux marchés. Hasard du calendrier, c’est sur les propres terres de la néo-banque que son nouveau rival, Stripe, s’apprête à chasser. L’entre-

prise californienne a, en effet, annoncé jeudi un partenariat avec plusieurs banques américaines, dont Citi et Goldman Sachs, afin de mettre à disposition de ses clients des services bancaires. Baptisé « Stripe Treasury », ce service per-met aux plateformes clientes de Stripe, comme Shopify, de proposerà leurs marchands l’envoi, la récep-tion ou le stockage des fonds. n

Wirecard : l’étau judiciairese resserre autour d’EY

Ninon Renaud @NinonRenaud

—Correspondante à Berlin

L’étau judiciaire se resserre autour d’Ernst & Young (EY) et ébranle un peu plus le monde des auditeurs. Le parquet de Munich a annoncé vendredi avoir ouvert une enquête préli-minaire contre le cabinet d’auditchargé de valider les comptes deWirecard durant dix ans. Il les avait encore certifiés sans réserve en 2018. La découverte de plusieurs années de comptes fantômes, qui a entraîné la faillite du géant allemand des paiements l’été dernier, consti-tue un scandale financier sans précédent outre-Rhin.

Dissimulation d’élémentsCette nouvelle étape judiciaire découle d’une plainte pénale déposée par l ’autorité de contrôle Apas contre les audi-teurs d’EY. Selon cette entité sous la tutelle du ministère alle-mand de l’Economie, plusieurs employés du cabinet auraient été coupables de fraude, liée à la dissimulation d’éléments significatifs ou à des rapports incorrects, en particulier dans les comptes de la période 2015-2017. « Nous continuons à mener nos enquêtes sur l’affaire Wire-card contre de nombreux accusés dont nous ne souhaitons pas divulguer [les noms] pour des rai-sons tactiques », précise le par-quet de Munich. Les auditeurs d’EY qui ont signé le certificat d’audit avaient été convoqués il ya dix jours par les députés de la commission d’enquête parle-mentaire spéciale du Bundes-tag, mais ils avaient refusé de comparaître du fait de la plainte pénale de l’Apas. Le Code de commerce allemand précise qu’en cas d’infraction, un audi-teur peut encourir des peines d’emprisonnement allant jusqu’à trois ans. EY rejette néan-moins les accusations de l’Apas. « Nous estimons que nous n’avons pas encore été entendus par la justice dans cette affaire et que notre vaste documentation n’a pas été suffisamment appré-ciée », a indiqué le cabinet au « Handelsblatt ».

PwC n’échappe pasaux suspicionsLe scandale Wirecard pourrait aussi éclabousser le cabinet PwC . Selon le « Frankfurter All-gemeine Zeitung », il a certifié sans réserve en 2019 les comp-tes de la filiale bancaire du groupe de paiement. Les audi-teurs de PwC avaient pourtant pointé à cette époque des « irré-gularités » dans les activités de p r ê t d e Wi r e c a r d B a n k à d’autres sociétés du groupe.

Lors de la mise en vente decette filiale qui doit finalement être liquidée, le quotidien affirme que PwC aurait insisté pour que les états financiers vérifiés ne soient pas utilisés pour évaluer la valeur de l’actif dans le cadre d’une vente. Selonle cabinet, qui maintient sa certification passée, de nou-veaux faits seraient apparus entre-temps. n

RÉGULATION

Le parquet de Munich a annoncé vendredi avoir ouvert une enquête contre le cabinet d’audit qui a validé les comptes de l’ancienne star des paiements.

Gabriel Nedelec @GabrielNedelec

et R. G.

Revolut s’attaque au juteux secteur du paiement numérique. Bouscu-lée par la crise sanitaire, la néoban-que britannique aux 13 millions d’utilisateurs a lancé vendredi une solution de paiement destinée aux entreprises pratiquant le com-merce en ligne. Elle complète ainsi l e s s e r v i c e s p r o p o s é s à s e s 500.000 clients professionnels et s’attaque par la même occasion auxfintechs Stripe et Adyen, qui ont construit leur succès sur ce marché.« Après les comptes de paiement, l’investissement et les crédits, il nous restait un gros élément à ajouter à nos services financiers : l’acquisition de paiement », explique Thibaut Genevrier, à la tête du département ad hoc chez Revolut.

Concrètement, Revolut met à dis-position de ses clients profession-nels une solution de paiement pourgérer les transactions par cartes surleur site d’e-commerce, ou bien via un lien externe pour ceux qui n’ont pas de site marchand, parallèle-ment aux services bancaires qu’il leur propose déjà.

Diversification des revenusIl s’agit d’une étape importante pour la néobanque, qui cherche à diversifier ses revenus. Bien qu’ayant multiplié par trois son nombre de clients l’année dernière, ses pertes ont également triplé. De plus, la crise sanitaire a pesé sur sonmodèle. « Les acteurs “freemium” comme Revolut, dont une part importante des revenus dépend des commissions de transaction par carte, ont été frappés par la chute des

PAIEMENT

Revolut cherche à se développer dans les transactions digitales.

Stripe fait le chemin inverse et a décidéde chasser sur les terres de la banque.

La néobanque Revolut défie Stripe dans le paiement

Parmi les 557 départs envisagés,388 concernent la branche entre-prises, qui compte 1.409 salariés, ce qui représente donc 28 % des effectifs. En complément, 119 pos-tes devraient être supprimés dans les fonctions transverses (finance, ressources humaines, confor-mité…) et 50 dans l’informatique – soit des salariés qui ne travaillentpas uniquement pour l’activité entreprises.

Ce plan de suppression de postesvient s’ajouter à celui déjà annoncé cet été dans la banque de finance-ment et d’investissement (BFI). Il prévoit le départ de 235 salariés surun total de 678. Mais contrairementà la BFI, où il s’agit d’un plan de sau-vegarde de l’emploi (PSE), le plan dedéparts dans la branche entreprisesse fera sous la forme d’une rupture conventionnelle collective et néces-sitera l’accord des partenaires

sociaux majoritaires. Les départs sefont sur la base du volontariat et ne peuvent dépasser 557 personnes.

Accélérer la baisse des coûtsL’accélération des restructurations traduit les difficultés rencontrées par la filiale française du géant anglo-saxon, qui a perdu 499 mil-lions d’euros au premier semestre. Dans un environnement bancaire

rendu compliqué par la persistancedes taux bas et la crise sanitaire, la banque se retrouve contrainte d’accélérer la baisse des coûts.

Elle n’abandonne pas pourautant le marché stratégique des entreprises, qui représente un peu plus d’un tiers de ses revenus. « Notre stratégie est de capitaliser surle positionnement unique du groupe à l’international pour nous renforcersur notre cible de clientèle stratégiqued’entreprises, être la banque digitale internationale de référence des PME et réduire nos coûts pour que cette activité soit rentable de manière pérenne », indique la direction.

Un nouveau nomLa banque devrait étendre son modèle de centre d’affaires à distance (BBC Live), qui utilise les outils de la plateforme technolo-gique mondiale du groupe (HSBC-net), mais nécessite moins de personnel.

En parallèle à cette restructura-tion, la filiale française a officialisé cette semaine son changement de nom, pour devenir HSBC Continen-tal Europe. Cette dénomination doitpermettre de mieux représenter son empreinte sur le continent : Paris est en effet le siège européen de la banque (hors Royaume-Uni etAllemagne), qui gère la dizaine de succursales HSBC présentes dans différents pays de l’UE (Espagne, Belgique, Italie, Pologne, etc.). n

Romain Gueugneau @romaingueugneau

HSBC France détaille son nouveau plan de restructuration. La filiale dela banque anglo-saxonne a prévenuvendredi les organisations syndica-les qu’elle souhaitait supprimer 557 postes, dont une majorité dans la division qui travaille avec les clients entreprises. Cette annonce fait suite aux informations dévoiléesle mois dernier sur la réorganisationà venir dans l’activité PME de la ban-que, après son retrait du périmètre de cession d’actifs de la banque de détail HSBC France. Le processus devente, entamé il y a près d’un an, suitd’ailleurs son cours, avec potentiel-lement trois acheteurs intéressés – seulement des fonds d’investisse-ment, dont Cerberus.

BANQUE

La banque a communi-qué vendredi aux syndicats le détail des suppressions de postes qui concernent surtout l’activité entreprises.

Ce plan de départs se fera via une rupture conventionnelle collective.

HSBC veut supprimer 557 postes en France

Parmi les 557 départs évoqués, 388 concernent directement la branche entreprises, soit 28 % des effectifs (pour un total de 1.409 salariés). Photo Loïc Venance/AFP

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30 // FINANCE & MARCHES Lundi 7 décembre 2020 Les Echos

ciblée », au moins jusqu’à la fin de la crise sanitaire. « Toutes les options sont sur la table, mais le PEPP et les TLTRO [le programme d’achats d’actifs urgence pandémie et les prêts à taux négatifs accordés aux banques, NDLR] ont prouvé leur effi-cacité dans le contexte actuel. Ils reste-ront probablement les principaux instruments de notre politique moné-taire », avait-elle même précisé.

Perspectives plus sombresDepuis, la situation économique s’est plutôt dégradée. Les effets du reconfinement provoqué par le deuxième vague de pandémie se font ressentir. Même si l’activité manufacturière en Allemagne a connu un sursaut encourageant, l’indice PMI des services en zone euro a chuté brutalement en novembre, pour atteindre son plus bas niveau depuis mai. Et les pers-pectives de croissance en Europe aupremier trimestre 2021 devraient être fortement réduites dans les pro-jections que présentera la BCE jeudi.

Sur le terrain de l’inflation nonplus, pas d’amélioration en vue. Les prix ont encore baissé de 0,3 % en

novembre. « Nous nous attendons à ce que l’inflation en zone euro terminel’année proche de ses niveaux actuels et à ce qu’elle commence à se redresseren 2021 », écrivent les économistes de Barclays. Et du côté des devises, l’euro a franchi le seuil symbolique de 1,20 dollar mercredi dernier. « Aux niveaux actuels, l’euro fort pourrait facilement réduire encore de 0,1 point de pourcentage les prévisionsde croissance du PIB et d’inflation », envisage Carsten Brzeski.

Autant d’arguments qui plaidentpour un « package » particulière-ment ambitieux de la part de la BCE.Même le Fonds monétaire interna-tional (FMI) a appelé l’institut moné-taire à en faire plus. « Des mesures desoutien supplémentaires seront nécessaires pour faciliter une hausse durable de l’inflation », a déclaré le FMI dans son rapport annuel sur l’économie de la zone euro. Le FMI aainsi recommandé une extension des programmes d’achats, qui constituent « une première ligne de défense ». Et éventuellement une baisse des taux directeurs.

Face à une telle attente, la banquecentrale ne peut prendre le risque dedécevoir les marchés. Ce qui pour-rait expliquer la mise au point réali-sée par Isabel Schnabel, membre dudirectoire de la BCE, dans une inter-view à Bloomberg mardi dernier. « Etant donné le degré élevé d’incerti-

comprendre que nous serons là aussi longtemps que nécessaire. »

Chez les spécialistes de la BCE, unconsensus commence à se dégager,même si Philip Lane, son écono-miste en chef, a martelé en fin de semaine dernière qu’il était encore trop tôt pour déterminer avec préci-sion le contenu du « paquet » de mesures. La banque centrale devaitannoncer une augmentation autour de 500 milliards d’euros de l’enveloppe du PEPP, qui passerait à1.850 milliards d’euros. Surtout, celui-ci serait prolongé jusqu’à la finde l’année prochaine, tout comme les TLTRO. Voire juin 2022, selon des sources de la BCE citées par Bloomberg, dernièrement. Une hausse du volume d’achats men-suels dans le cadre de son pro-gramme classique (QE) serait égale-ment envisageable. Réponse dans trois jours. n

Guillaume Benoit @gb_eco

Jeudi se tiendra la dernière réunionde politique monétaire de l’année pour la Banque centrale euro-péenne (BCE). L’une des plus atten-dues également. Il faut dire que Christine Lagarde, la présidente de l’institution, a su attiser l’intérêt desmarchés. Lors de sa conférence de presse du mois d’octobre, elle a indiqué que les membres du Conseil des gouverneurs avaient été unanimes pour considérer qu’ilfaudrait prendre de nouvelles mesures lors de la réunion de décembre. « Elle a rompu ainsi avecun principe non écrit de ses prédé-cesseurs – notamment Mario Draghi– consistant à ne jamais s’engager aupréalable », constate Carsten Brzeski, chez ING.

D’autant que, quelques semainesplus tard, elle a confirmé que la ban-que centrale se tenait prête à agir face à une reprise instable, avec une réponse « continue, puissante et

BANQUE CENTRALE

Politique monétaire : la BCE très attendue par les marchésl Inflation négative en zone euro, incitations à baisser les taux de la part du Fonds monétaire international…l Les attentes des marchés vis-à-vis de la Banque centrale européenne, qui se réunit jeudi, sont très fortes.

tude auquel nous sommes encore con-frontés, et les conditions de finance-ment déjà très favorables que nous connaissons, je pense qu’il convient dese concentrer sur la préservation de ces conditions plutôt que de les assou-plir davantage », a-t-elle déclaré.

Avant de préciser que c’était ladurée du programme qui était cru-ciale. Autrement dit : « Les marchés, les entreprises et les ménages doivent

Christine Lagarde a confirmé que la banque centrale se tenait prête à agir face à une reprise instable, avec une réponse « continue, puissante et ciblée ».

La lettre est partie le mois dernier, mais son contenu n’a été révélé que cette semaine. Le président du très influent Treasury Committee du Parlement britannique – Mel Stride – y demande des comptes auprésident du Debt Management Office (DMO), l’agence en charge de placer la dette du Royaume-Uni sur les marchés, comme le rap-porte le « Financial Times ». Le par-lementaire s’y émeut de la façon dont le DMO a émis les «gilts» – les obligations d’Etat britanniques – au cours de ces dix dernières années.

Il y pointe les quelque 70 opéra-tions menées par syndication, pourun montant total de 301 milliards de livres sterling sur la période. LesEtats ont en effet deux façons de placer leur dette. La première, l’adjudication, repose sur un prin-cipe d’enchères. Le Trésor emprun-teur donne une indication du mon-tant qu’il souhaite lever et demandeà ses banques partenaires (les «pri-

mary dealers» ou SVT en France) de lui faire des offres. Elles s’enga-gent à acheter elles-mêmes la detteet à la replacer ensuite sur les mar-chés. La concurrence entre lesétablissements tend ainsi à faire monter les prix des obligations, et donc à faire baisser le rendement qui sera demandé à l’Etat. Elle est donc largement privilégiée par les Trésors, y compris celui du Royaume-Uni.

Intérêtdu contribuableA l’inverse, dans une syndication, lesprix sont le reflet de la demande du marché. Les rendements peuvent donc être un peu plus élevés. Et les banques en charge du placement touchent une commission. Les syn-dications leur rapportent nettementplus que les adjudications. Ce méca-nisme a par contre l’avantage de permettre de placer d’importants montants de dette, particulièrementquand les conditions de marché sont difficiles. L’Espagne, par exem-ple, y a eu largement recours lors de la crise de l’euro en 2011-2012.

La Grande Bretagne n’est pas leseul pays, loin de là, à faire appel à des syndications. Mais la plupart des grands émetteurs européens l’utilisent avec plus de parcimonie. La France n’y a pas forcément recours tous les ans, et se limite à une ou deux opérations annuelles, notamment lorsqu’il faut lancer un nouveau titre de long terme ou pré-sentant des spécificités, comme un green bond. L’Allemagne, pour sa part, n’avait pas émis par syndica-tion depuis 2015, avant de renouer avec ce mécanisme cette année.

Mel Stride demande donc aupatron du DMO de justifier cette utilisation récurrente des syndica-tions. Il souhaite vérifier que ce choix ne s’est pas fait au détriment des contribuables britanniques, et que les obligations ont bien été émises au meilleur prix possible. Il s’interroge notamment sur le fait que la fourchette proposée aux marchés puisse avoir été trop basse.Le DMO a déclaré qu’il adresserait sa réponse par écrit à la commis-sion parlementaire.

Avec la crise du Covid, qui apoussé les Etats à emprunter plus de1.000 milliards d’euros de dette cetteannée, les syndications sont reve-nues en force en Europe. 261 mil-liards d’euros ont ainsi été levés au travers de 44 opérations, selon les chiffres de Natixis. La France l’a utili-sée à trois reprises, notamment pour sa nouvelle obligation à 20 ans,le 27 mai dernier. L’Italie et la Grèce ont procédé respectivement à 8 et 7 syndications depuis le début de l’année. Et c’est sans compter les près de 40 milliards d’obligations émises pour financer le programmeSure de l’Union européenne.

Une bonne nouvelle pour lesbanques : tous les pays ne communi-quent pas forcément sur la rémuné-ration des partenaires bancaires. Si la Belgique, par exemple, donne ce chiffre, l’AFT est moins précise. Elle communique sur un montant annuel de « frais et commission de gestion de la dette ». Celui-ci s’est élevé à 20 millions d’euros l’an der-nier. Mais on estime globalement la commission perçue à 0,2 % du mon-tant levé. Soit plus de 530 millions pour la seule zone euro. — G. Be.

Débat à Londres sur le mode d’émission des obligations d’EtatLe président de la commis-sion du Trésor du Parle-ment britannique demande des comptes à l’agenceen charge du placementde la dette d’Etat.

70OPÉRATIONSont été menées par syndication,pour un montant total de 301 milliards de livres sterling, sur ces dix dernières années.

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Les Echos Lundi 7 décembre 2020 FINANCE & MARCHES // 31

9 DÉCEMBRE2020DE 9 À 11H30 À SUIVRE SUR

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IA X TRANSFO DIGITALE = 6 LAURÉATS NETEXPLOL’intelligence artificielle comme accélérateur de la transfo dans les grandes entreprises ?C’est le sujet de cette édition Netexplo Change 2020.

le 9 décembre, en live, 6 grandes entreprises vous présentent leurs initiatives boostées par l ’ IA.6 idées inspirantes, 6 aventures humaines, 6 projets de transformation réussis. Lequel va vous inspirer ?

Com’inResponsabilité sociale etenvironnementale : un projetd’intrapreunariat veille à l’innocuitédes chantiers de construction.

PocotoExcellence opérationnelle : une IApartenaire de métallurgistes formésà la data science accroit l’efficiencedes sites de production.

MélusineRelation client :une IA en open-source optimiseles échanges entre conseillers etsociétaires.

S@@MSupply Chain : IA et data prédisentles ventes et préviennent lesruptures de stock en magasin.

FraudTrackerEfficience et managementdes équipes : l ’IA optimise la luttecontre la fraude dans lestransports.

Match Orders & StocksSupply Chain : une app web résoutles défis d’une gestion des stocksau temps du COVID.

Anne Drif @Anndrif

Banquiers, hommes d’affaires, ils ne jurent que par ces nouveaux véhicules d’acquisition cotés, les SPAC. Xavier Niel vient d’en lancer un deuxième avec Matthieu Pigasse, la banque d’affaires PerellaWeinberg est prête à se faire rache-ter via un SPAC par la serial entre-preneuse de la finance Betsy Cohen,et l’activiste américain Bill Ackmana fait savoir cet été qu’il allait lancerle plus gros véhicule jamais levé de ce type à 4 milliards de dollars. Maisles grands investisseurs du non-coté, eux, semblent vouloir s’en détourner.

Ils sont 86 % à ne pas avoir investidans des SPAC et n’avoir aucune intention, à l’avenir, de le faire, selonle baromètre de référence de Coller Capital conduit à l’automne auprès d’un panel de 113 grands institution-nels du non-coté, américains, asia-tiques et européens.

acquisitions par sortie de cote (« take to private »).

Ils sont 77 % dans le dernier panelColler Capital à anticiper une crois-sance de ces opérations dans les deux ans qui viennent, dans toutes les régions du monde. Cette année, 68 retraits de cote ont été réalisés, plus qu’en 2019 (62). Mais leur valeurcumulée a été bien moindre : près de39 milliards de dollars contre plus de87 milliards de dollars l’an dernier.

« Les capacités d’investissementdes gérants atteignent des sommets et ces opérations de retrait de cote constituent une opportunité d’élar-gir leur champ de cibles. D’autant que dans le non-coté, certains fonds ont tendance à conserver leurs meilleurs actifs plus longtemps et à allonger leurs périodes de déten-tion », ajoute Francois Aguerre, ce qui restreint de facto le vivier naturel des transactions de LBO.

Pour l’heure le non-coté relativisecette nouvelle concurrence et sa force de frappe. En 2020, les SPAC ont connu une véritable explosion avec près de 70 milliards de dollars levés, selon Preqin, mais cela ne représente que 8 % du stock de capi-tal que les fonds de capital-investis-sement ont à investir. « Ils sont en compétition directe avec les fonds de LBO, mais c’est beaucoup de bruit pour rien », juge le cabinet conseil. n

KKR, Providence et Cinven ont bouclé mi-novembre un retrait de cote de 5,3 milliards d’euros sur l’opérateur télécoms espagnol MasMovil. Photo iStock

Les deux tiers de ces investis-seurs considèrent qu’il s’agit d’un phénomène cyclique et tempo-raire. Ils sont même les trois quarts à faire cette analyse en Amérique du Nord, un marché où pourtant lesSPAC explosent. « Pour ces grands institutionnels, ces véhicules, typi-quement dédiés à une seule acquisi-tion, sont considérés comme plus ris-qués que les fonds diversifiés. Les cibles d’investissement par ailleurs manquent », explique Francois Aguerre, associé de Coller Capital.

A une très large majorité (7 sur 10),ils jugent que le private equity offre un bien meilleur rapport risque/ren-dement que ces nouveaux véhicules cotés. Ils ne sont que 1 sur… 25 à considérer la performance des SPAC comme plus attractive. A cela s’ajoutent d’autres risques potentielspour ces institutionnels, appuie un banquier d’affaires actif sur ce seg-ment. « Vous ne disposez que de deuxans pour exécuter une acquisition, et faute de trouver rapidement, cela peutamener à surpayer la transaction », dit-il. De plus « les sponsors de ces structures prennent aussi le risque de faire face à un vote négatif des action-naires au moment de valider l’acqui-sition visée », souligne-t-il.

Utilisé comme un pis-allerDe fait, sur les 223 SPAC lancés depuis 2015, seuls 89 sont allés au bout du processus d’acquisition, selon une étude Renaissance Capi-tal en juillet. Et leur performance a été plutôt négative : une perte moyenne de 18,8 % et un rendement

médian de – 36,1 %, comparative-ment au rendement de 37,2 % des introductions en Bourse traditionnelles depuis 2015.

Dans certains cas aussi, le SPACest utilisé comme un pis-aller pour des sociétés qui ne sont pas par-

venues à trouver un débouché en Bourse, rappelle ce banquier. Ce désaveu est-il aussi lié à la concur-rence qu’exercent ces SPAC sur les fonds, eux aussi en quête d’acqui-sitions ? Les institutionnels, pour-voyeurs de capitaux du capital-investissement, se disent en tout casbeaucoup plus à l’aise avec les

CAPITAL-INVESTISSEMENT

Plus de 80 % des investisseurs institu-tionnels du non-coté disent ne pas vouloir investir dans ces nouveaux véhicules d’acquisition cotés, qu’ils jugent risqués.

Les grands investisseurs du non-coté ne croient pas aux SPAC

Pour l’heure le non-coté relativise cette nouvelle concurrence et sa force de frappe.

un milliardaire, mais, en plus, elle apporte le cash nécessaire à une série d’acquisitions, dont la plus notable fut celle de l’entreprise d’extraction minière Xstrata en 2013. Après l’opération, le nouveau mastodonte pèse 90 milliards de dollars. Glencore est désormais autant un groupe minier qu’un négociant.

EnquêtesLe groupe évolue alors dans un contexte moins porteur, marqué par une décrue des matières pre-mières. Mais c’est en 2018 que son cours boursier commence à chuter. Glencore révèle être sous le coup d’une enquête du département américain de la Justice (DoJ) pour corruption et blanchiment d’argent au Nigeria, au Venezuela et en Répu-blique démocratique du Congo. La confiance des investisseurs s’effrite. Les autorités brésiliennes, britanni-ques, suisses emboîtent le pas au DoJ. En République démocratique du Congo, le groupe aurait travaillé avec le sulfureux homme d’affaires Dan Gertler, sous le coup de sanc-tions américaines. Depuis 2011, le cours a perdu 50 %.

Gary Nagle devra maintenantaffronter la défiance des investis-seurs à l’égard du charbon. Glen-core est l’un des plus importants exportateurs de la plus polluante des énergies fossiles. Vendredi, IvanGlasenberg a annoncé que le groupe visait la neutralité carbone d’ici à 2050.

Le groupe précise que, dans sondécompte des émissions, il inclut celles de ses clients qui brûlent son charbon, son pétrole et son gaz. Glencore entend atteindre son objectif principalement en fermant des mines de charbon.

(Lire « Crible »Page 34

Etienne Goetz @etiennegoetz

Glencore, le groupe de négoce, a mis deux ans pour peser le pour et le contre de chacun des candidats. Finalement, c’est Gary Nagle, aux commandes de la division charbon,qui remporte la course et prendra latête du géant en 2021. L’actuel direc-teur général, Ivan Glasenberg, l’a annoncé lui-même vendredi lors d’une journée investisseurs.

Dans le secteur, Gary Nagle, qua-rante-cinq ans, porte le surnom de « Mini-Ivan ». Les deux ont fait car-rière dans le charbon et sont origi-naires d’Afrique du Sud. Gary Naglea même obtenu un diplôme en commerce dans la même univer-sité qu’Ivan Glasenberg. Actuelle-ment à Sidney, Gary Nagle va s’ins-taller à Baar, en Suisse, dans le canton de Zoug, pour assurer la transition.

Ivan Glanseberg a pris la direc-tion du mastodonte du charbon, dunickel, du pétrole et des matières premières agricoles en 2002. Lors des neuf premières années, il surfe sur l’explosion des prix des matiè-res premières, alimentée par l’appé-tit chinois. Une période faste, qui luipermet d’introduire le négociant enBourse en 2011, pour une valorisa-tion de près de 60 milliards de dol-lars. Non seulement l’IPO fait de lui

MATIÈRESPREMIÈRES

Le Sud-Africain Gary Nagle prendra la succession d’Ivan Glasenberg.

Le groupe visela neutralité carbone en 2050.

Après dix-huit ans à la tête de Glencore, Ivan Glasenberg passe la main

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32 // FINANCE & MARCHES Lundi 7 décembre 2020 Les Echos

CAC 40

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

AIR LIQUIDE (AI) R A 134,35 134,6 + 0,11 + 6,66 849840 135,3 - 0,15 144,45 FR0000120073 11/05/20 2,7 473.593.425 133,55 + 11,42 94,86 2,01AIRBUS GROUP (AIR) R A 95,08 96,24 + 1,31 - 26,24 3,4 2485380 97,04 +40,33 139,4 28,35NL0000235190 15/04/19 1,4 784.149.270 94,9 - 24,8 48,12 1,71ALSTOM (ALO) R A 43,9 44,37 - 0,69 + 13,31 1365731 44,68 +28,46 46,956 FR0010220475 15/07/19 5,5 226.926.854 43,53 + 19,78 27,567 ARCELORMITTAL (MT) R A 16,95 17,474 + 3,02 + 11,71 8224115 17,474 +39,15 17,474 LU1598757687 16/05/19 0,15 1.102.809.772 16,92 + 13,96 5,98 ATOS SE (ATO) R A 74,26 75,02 + 0,78 + 0,94 318686 75,12 +21,43 82,46 FR0000051732 03/05/19 1,7 109.993.166 74,04 - 1,21 43,26 AXA (CS) R A 19,828 20 + 0,73 - 20,35 4760219 20,04 +29,08 25,615 FR0000120628 07/07/20 0,73 2.424.373.785 19,786 - 18,48 11,844 3,65BNP PARIBAS (BNP) R A 44,77 45,74 + 1,93 - 13,42 5761943 45,87 +38,1 54,22 FR0000131104 29/05/19 3,02 1.249.798.561 44,68 - 9,05 24,505 BOUYGUES (EN) R A 34,86 35,5 + 1,6 - 6,28 911448 35,53 +20,5 41,32 FR0000120503 09/09/20 1,7 380.702.792 34,84 - 3,43 22,27 4,79CAP-GEMINI (CAP) R A 115,2 117,5 + 1,64 + 7,9 345949 117,5 + 7,95 121,65 FR0000125338 03/06/20 1,35 165.784.837 114,75 + 12,44 51,78 1,15CARREFOUR (CA) R A 13,565 13,5 - 0,3 - 9,7 2510662 13,725 + 0,11 16,915 FR0000120172 08/06/20 0,23 817.623.840 13,46 - 8,01 12,095 1,7CREDIT AGRICOLE (ACA) R A 10,605 11,05 + 4 - 14,51 16362534 11,05 +49,81 13,8 FR0000045072 24/05/19 0,69 2.884.688.712 10,58 - 10,6 5,7 DANONE (BN) R A 51,5 51,58 + 0,51 - 30,2 1931381 52,46 + 3 75,16 FR0000120644 14/07/20 2,1 686.629.600 51,34 - 29,54 46,03 4,07DASSAULT SYSTEMES (DSY) R A 152,2 153,05 + 0,59 + 4,44 357018 153,2 + 0,33 164,15 FR0000130650 28/05/20 0,7 264.919.418 149,9 + 8,24 105 0,46ENGIE (ENGI) R A 12,55 12,5 - 0,68 - 13,19 1,21 4807437 12,665 +12,92 16,795 10,37FR0010208488 21/05/19 0,8 2.435.285.011 12,48 - 13,19 8,626 ESSILORLUXOTTICA (EI) R A 126,4 126,8 + 0,44 - 6,63 505239 126,8 +16,6 145 FR0000121667 21/05/19 2,04 438.611.346 125,85 - 6,97 86,76 HERMES INTL (RMS) R A 841 826,4 - 1,6 + 24,05 50468 843,6 - 0,84 865 FR0000052292 28/04/20 3,05 105.569.412 822 + 26,75 516 0,37KERING (KER) R A 605 601,9 - 0,51 + 2,85 133333 607,6 + 8,8 628,2 FR0000121485 23/06/20 4,5 126.279.322 597,7 + 11,86 348,55 0,75L.V.M.H. (MC) R A 497,5 492,25 - 1,16 + 18,84 542580 498,95 +16,7 500,5 FR0000121014 01/12/20 2 504.757.339 489,6 + 24,31 278,7 0,41LEGRAND (LR) R A 69,08 69,68 + 0,96 - 4,07 549700 69,68 + 5,42 77,94 FR0010307819 01/06/20 1,34 267.447.746 68,78 - 3,41 45,91 1,92L'ORÉAL (OR) R A 305,4 306,3 + 0,43 + 16,02 373771 307,7 + 2,13 321,4 FR0000120321 03/07/20 3,85 559.856.576 302,8 + 21,02 196 1,26

MICHELIN (ML) R A 104,75 105,8 + 0,76 - 3,02 468456 105,9 +10,48 112,8 FR0000121261 01/07/20 2 178.339.302 103,3 + 0,19 68 1,89ORANGE (ORA) R A 10,49 10,545 + 0,72 - 19,63 7306764 10,59 +10,17 13,545 FR0000133308 02/06/20 0,2 2.660.056.599 10,43 - 23,03 8,632 1,9PERNOD-RICARD (RI) R A 158,8 157,75 - 0,57 - 1,04 534394 160,2 + 8,16 171,1 FR0000120693 08/07/20 1,18 261.876.560 157,65 - 2,32 112,25 0,75PEUGEOT (UG) R A 19,945 20,69 + 3,4 - 2,86 4630868 20,69 +26,08 22,01 FR0000121501 02/05/19 0,78 894.828.213 19,94 - 3,59 8,878 PUBLICIS GROUPE (PUB) R A 38,97 39,61 + 1,54 - 1,86 960886 39,61 +26,15 43,7 FR0000130577 07/09/20 1,15 247.748.484 38,87 + 0,79 20,94 2,9RENAULT (RNO) R A 34,705 35,715 + 2,98 - 15,33 2189278 35,93 +55,96 43,365 FR0000131906 18/06/19 3,55 295.722.284 34,54 - 15,62 12,77 SAFRAN (SAF) R A 124,15 124,4 + 0,32 - 9,63 836810 125,45 +26,76 152,3 FR0000073272 27/05/19 1,82 427.235.939 123,35 - 14,3 51,1 SAINT-GOBAIN (SGO) R A 39,66 39,97 + 0,6 + 9,51 1171401 40,08 +10,29 40,8 FR0000125007 10/06/19 1,33 532.683.713 39,53 + 7,53 16,408 SANOFI (SAN) R A 83 83,6 + 0,69 - 6,72 2213140 84,25 - 3,7 95,82 FR0000120578 04/05/20 3,15 1.258.964.700 82,97 - 0,35 67,65 3,77SCHNEIDER ELECTRIC (SU) R A 112,8 113,95 + 0,57 + 24,54 1114074 113,95 + 1,74 121,8 FR0000121972 05/05/20 2,55 567.068.555 112,25 + 29,31 61,72 2,24SOCIÉTÉ GÉNÉRALE (GLE) R A 18 18,294 + 1,39 - 41,02 6566305 18,548 +43,46 32,23 FR0000130809 27/05/19 2,2 853.371.494 17,942 - 36,6 10,774 STMICROELETRONICS (STM) R A 33,61 34,06 + 1,07 + 42,09 0,23 2061060 34,09 +21,95 34,4 149,88NL0000226223 21/09/20 0,04 911.204.420 33,57 + 53,08 13,73 0,12TELEPERFORMANCE (RCF) R A 270,6 273 + 0,63 + 25,57 135246 273,2 - 4,75 297,3 FR0000051807 02/07/20 2,4 58.730.600 269,8 + 28,77 150,3 0,88THALES (HO) R A 80,26 81,22 + 1,58 - 12,21 364891 81,88 +29,95 99,96 FR0000121329 01/12/20 0,4 213.364.420 80 - 7,49 52,5 0,49TOTAL (FP) R A 36,66 37,69 + 3,36 - 23,39 7958830 37,74 +35,09 50,93 FR0000120271 25/09/20 0,66 2.653.124.025 36,66 - 20,17 21,12 1,75UNIBAIL-R/WFD (URW) R A 60,9 62,6 + 2,42 - 55,49 1133071 64,1 +80,87 142,05 FR0013326246 24/03/20 5,4 138.472.385 60,58 - 55,17 29,08 VEOLIA ENV. (VIE) R A 20,03 20,22 + 1 - 14,72 1689425 20,38 +16,58 29,09 FR0000124141 12/05/20 0,5 567.266.539 19,99 - 11 15,675 2,47VINCI (DG) R A 87,86 88,48 + 0,52 - 10,63 1053824 88,62 +20,09 107,35 FR0000125486 23/06/20 1,25 613.519.218 87,06 - 9,81 54,76 1,41VIVENDI (VIV) R A 25,15 24,94 - 0,95 - 3,41 3475380 25,37 - 3,15 26,65 FR0000127771 21/04/20 0,6 1.185.938.395 24,94 + 2,38 16,6 2,41WORLDLINE (WLN) G A 74,98 74,3 - 0,72 + 17,66 637105 75,12 +11,9 82,66 FR0011981968 279.122.471 73,7 + 29,11 36,36

A.S.T. GROUPE (ASP) g C 4,01 4,1 + 2,5 + 14,21 8192 4,1 + 9,63 4,3 FR0000076887 19/06/19 0,25 12.903.011 3,99 + 32,26 1,82 AB SCIENCE (AB) g B 10,52 10,44 + 2,35 + 94,05 387246 10,7 + 8,98 13,78 FR0010557264 45.145.024 10,2 + 96,98 4,81 ABC ARBITRAGE (ABCA) g B 7,46 7,38 + 0,14 + 10,15 26129 7,48 + 0,96 7,58 FR0004040608 06/10/20 0,1 58.512.053 7,36 + 10,81 5,05 1,36ABIVAX (ABVX) g B 23,1 22,65 - 1,74 + 0,44 26639 23,45 +20,1 25 FR0012333284 13.851.239 21,55 + 46,32 10,4 ACCOR (AC) LR A 30,49 31,56 + 3,48 - 24,41 1206053 32,07 +34,58 42,24 FR0000120404 10/05/19 1,05 261.288.260 30,36 - 16,77 20,15 ACTIA GROUP (ATI) g C 2,7 2,685 - 37,7 16645 2,71 +32,27 4,625 FR0000076655 21/09/20 0,15 20.099.941 2,685 - 30,26 1,74 5,59ADOCIA (ADOC) g B 8,19 8,08 + 0,25 - 18,38 9468 8,19 +13,96 16,18 FR0011184241 6.977.854 8 - 3,69 5,6 AÉROPORTS DE PARIS (ADP) G A 106 108 + 2,08 - 38,67 152145 109,9 +20,67 179,2 FR0010340141 06/12/19 0,7 98.960.602 106 - 39,12 70,7 AIR FRANCE-KLM (AF) LR A 5,3 5,254 - 0,42 - 47,06 8417142 5,51 +68,4 10,27 FR0000031122 14/07/08 0,58 428.634.035 5,18 - 49,75 2,614 AKKA TECHNOLOGIES (AKA) Gg B 26,7 28,3 + 5,99 - 52,47 155321 28,9 +68,45 62,273 FR0004180537 28/06/19 0,49 20.291.990 26,7 - 45 14,54 2,47AKWEL (AKW) g B 21,4 22,35 + 9,02 + 10,64 13379 22,5 +42,9 22,5 FR0000053027 08/06/20 0,2 26.741.040 21 + 12,09 8,8 0,87ALBIOMA (ABIO) Gg B 41,75 41,25 - 1,55 + 58,65 45256 41,85 - 5,39 47,6 FR0000060402 11/06/20 0,35 31.641.910 41,1 + 81,72 22,85 0,85ALD (ALD) G A 11,24 11,26 - 0,35 - 18,64 111220 11,44 + 9,32 14,2 FR0013258662 29/05/20 0,63 404.103.640 11,24 - 17,57 6,29 5,6ALPES (CIE DES ) (CDA) g B 20,45 20 - 1,96 - 33 14971 20,55 +40,25 30,95 FR0000053324 10/03/20 0,7 24.510.101 19,9 - 31,51 13,16 3,5ALTAREA (ALTA) A 138,8 139 + 1,16 - 31,36 3871 140 +23,23 210 FR0000033219 06/07/20 4,5 17.275.839 138,2 - 29,01 103,2 ALTEN (ATE) G A 89,35 89,7 + 0,17 - 20,27 72800 91,1 +21,22 119 FR0000071946 20/06/19 1 34.205.863 88,9 - 14 54,5 AMUNDI (AMUN) G A 66,7 66 - 1,12 - 5,58 EX-DS 15/03/17 142593 66,8 +10,28 78,55 FR0004125920 24/05/19 2,9 202.585.953 66 - 3,44 43,82 ARCHOS (JXR) g C 0,037 0,036 + 0,56 - 66,36 8199584 0,038 +12,5 0,115 FR0000182479 167.279.961 0,035 - 55,56 0,025 ARGAN (ARG) A 78,8 77 - 2,04 - 0,77 6321 79,8 - 6,1 93 FR0010481960 26/03/20 1,9 22.309.227 76,2 + 3,49 54 ARKEMA (AKE) LR A 94,4 94,4 - 0,15 - 0,32 265815 95,28 + 6,52 99,52 FR0010313833 25/05/20 2,2 76.736.476 94,08 + 0,36 42,5 2,33ARTMARKET.COM (PRC) g C 7,64 7,66 - 1,54 - 19,45 25364 7,7 +12,98 10,1 FR0000074783 6.651.515 7,38 - 12,06 5,01 ASSYSTEM (ASY) B 25 25,2 + 1,21 - 21,98 OPA 24/11/17 2413 25,2 +11,01 34,65 FR0000074148 08/07/20 1 15.668.216 24,8 - 13,4 16,58 3,97ATARI (ATA) g C 0,38 0,385 + 1,85 + 16,81 1504736 0,4 + 4,48 0,494 FR0010478248 269.809.814 0,377 + 28,17 0,17 AUBAY (AUB) g C 33,7 34,75 + 3,73 + 3,89 12972 34,85 +13,56 35 FR0000063737 06/11/20 0,33 13.208.296 33,7 + 3,42 15,32 0,95AXWAY SOFTWARE (AXW) g B 23,6 23,8 + 1,28 + 91,94 2119 23,8 +16,1 24,5 FR0011040500 02/07/19 0,4 21.316.266 23,4 +103,42 10,55 BAINS MER MONACO (BAIN) B 62,8 62,6 + 0,97 + 9,06 427 63,2 + 3,3 67,6 MC0000031187 26/09/14 0,01 24.516.661 62,2 + 16,36 44 BÉNÉTEAU (BEN) g B 8,98 9,05 + 1,06 - 16,44 70614 9,05 +15,58 10,9 FR0000035164 12/02/20 0,23 82.789.840 8,895 - 13,56 4,9 2,54BIC (BB) G A 50,15 50,6 + 1,28 - 18,39 107358 51,3 +20,02 66,05 FR0000120966 01/06/20 2,45 45.532.240 49,94 - 18,12 38,5 4,84BIGBEN INT. (BIG) g C 18,58 18,8 + 1,62 + 17,21 48956 18,94 +24,17 18,94 FR0000074072 24/07/19 0,2 19.969.658 18,5 + 24,83 8,1 BIOMÉRIEUX (BIM) G A 118,3 116,9 - 1,18 + 47,32 132723 118,9 -11,31 144,8 FR0013280286 14/07/20 0,19 118.361.220 116,2 + 42,56 75 0,16BOIRON (BOI) g A 37,3 37,5 + 3,02 5309 37,5 - 2,09 44,8 FR0000061129 02/06/20 1,05 17.545.408 36,95 + 11,61 26,75 2,8BOLLORÉ (BOL) G A 3,23 3,24 + 0,25 - 16,71 1272837 3,26 + 1,06 3,996 FR0000039299 02/09/20 0,02 2.946.208.874 3,222 - 14,92 2,01 0,62BONDUELLE (BON) g B 20,1 20,4 + 1,49 - 12,45 27561 20,4 + 9,68 23,9 FR0000063935 06/01/20 0,5 32.538.340 20 - 10,92 16,58 2,45BUREAU VERITAS (BVI) LR A 22,25 22,3 + 0,32 - 4,13 432366 22,33 +11,92 26,01 FR0006174348 20/05/19 0,56 452.204.032 22,17 - 4,7 15,165 BURELLE SA (BUR) A 800 794 - 1,49 - 2,93 225 810 +53,28 842 FR0000061137 03/06/20 15 1.757.623 790 + 1,79 407 1,89CARMILA (CARM) g C 12,5 12,72 + 2,58 - 36,4 49299 12,8 +84,62 20 FR0010828137 03/07/20 1 142.357.425 12,34 - 30,11 6,54 CASINO (CO) G A 25,2 25,28 + 0,48 - 39,38 407125 25,9 +23,38 42,85 FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 24,93 - 36,82 19,045 6,17CATANA GROUP (CATG) g C 2,75 2,78 + 1,09 - 35,8 67290 2,785 +39 4,49 FR0010193052 30.514.178 2,75 - 11,46 1,7

CGG (CGG) G A 0,902 0,898 + 1,63 - 68,97 29407488 0,959 +73 3,121 FR0013181864 711.324.929 0,891 - 61,37 0,443 CHARGEURS (CRI) g C 17,2 17,3 + 0,7 + 0,12 56271 17,38 + 0,35 24,1 FR0000130692 16/09/20 0,28 24.211.232 17,06 + 14,57 7,9 1,62CHRISTIAN DIOR (CDI) A 441,2 441,6 + 0,82 - 3,33 EX D OP 08/06/17 6697 442 +14,82 479,8 FR0000130403 01/12/20 2 180.507.516 437,2 - 5,44 252,4 0,45CNP ASSURANCES (CNP) G A 13,44 13,45 + 0,3 - 24,14 559158 13,56 +29,08 18,17 FR0000120222 26/04/19 0,89 686.618.477 13,35 - 25,28 5,3 COFACE (COFA) G A 8,59 8,61 - 21,51 171690 8,71 +15,26 12,51 FR0010667147 22/05/19 0,79 152.031.949 8,57 - 14,07 4,448 COLAS (RE) A 115 118 + 3,06 - 16,19 2504 118 +13,46 143 FR0000121634 08/09/20 6,4 32.654.499 113,5 - 17,94 90 5,42COVIVIO (COV) G A 74,75 76,95 + 2,94 - 23,96 158429 77,65 +43,43 112,2 FR0000064578 27/04/20 4,8 94.544.232 74,35 - 23,2 38,84 COVIVIO HOTELS (COVH) A 16,3 16,55 + 2,16 - 41,93 6368 16,8 +36,78 30 FR0000060303 13/05/20 1,55 132.547.616 16,3 - 40,68 11,6 DASSAULT AV. (AM) G A 934,5 946 + 4,7 - 19,15 9988 963,5 +23,74 1192 FR0000121725 22/05/19 21,2 8.348.703 926 - 18,1 624 DBV TECHNOLOGIES (DBV) G B 4,302 4,4 + 3,58 - 77,59 1854041 4,5 +24,86 25,44 FR0010417345 54.927.187 4,176 - 69,38 2,352 DERICHEBOURG (DBG) g B 3,9 4,338 + 24,23 + 18,85 3437305 4,368 +64,69 4,368 FR0000053381 07/02/20 0,11 159.397.489 3,9 + 39,76 2,07 2,54DEVOTEAM (DVT) g C 98,1 97,9 - 0,1 + 3,6 3607 98,1 + 0,2 99,1 FR0000073793 03/07/19 1 8.332.407 97,9 + 9,51 47,25 EDENRED (EDEN) LR A 47,54 48,12 + 1,05 + 4,38 342799 48,31 +17,28 51,56 FR0010908533 13/05/20 0,7 246.583.351 47,45 + 9,84 29,74 1,46EDF (EDF) LR A 12,95 13,16 + 1,39 + 32,55 EX-DS 7/03/17 2299352 13,2 +24,21 13,61 FR0010242511 26/11/19 0,15 3.099.923.579 12,88 + 41,2 5,978 EIFFAGE (FGR) LR A 82,8 84,36 + 1,88 - 17,29 281278 84,8 +23,33 111,75 FR0000130452 21/05/19 2,4 98.000.000 82,28 - 13,92 44,65 EKINOPS (EKI) g C 6,7 6,7 + 0,45 + 1,36 99473 6,75 +14,53 7 FR0011466069 25.448.179 6,51 + 41,05 3,67 ELIOR (ELIOR) G A 5,49 5,8 + 5,84 - 55,73 1822141 5,8 +75,33 13,83 FR0011950732 07/04/20 0,29 174.147.823 5,29 - 52,61 3,062 5ELIS (ELIS) G A 13,89 14,02 + 0,86 - 24,22 294374 14,05 +35,07 19 FR0012435121 27/05/19 0,37 221.807.226 13,83 - 21,24 5,375 EOS IMAGING (EOSI) g C 1,57 1,6 + 1,91 - 27,77 158145 1,61 +15,94 2,9 FR0011191766 26.569.946 1,546 - 25,58 1,18 ERAMET (ERA) G A 38,33 40,49 + 5,33 - 11,67 188039 40,8 +63,73 47,18 FR0000131757 29/05/19 0,6 26.636.003 38,33 + 0,17 18,665 ERYTECH PHARMA (ERYP) g B 7,48 8,02 + 7,65 + 19,7 435398 8,22 +37,09 11,46 FR0011471135 19.088.731 7,48 + 93,02 2,8 ESI GROUP (ESI) g C 42,1 42,2 + 0,48 + 29,85 7912 42,2 + 7,11 43,6 FR0004110310 6.028.192 41,8 + 47,04 24,6 EURAZEO (RF) G A 54,6 55,05 + 0,92 - 9,75 128590 55,55 +31,26 67,05 FR0000121121 08/05/19 1,25 79.000.522 54,45 - 9,23 35,6 EUROFINS SCIENT. (ERF) LR A 63,15 62,96 - 0,3 + 27,4 384410 65,94 -13,16 75,4 FR0014000MR3 03/07/19 2,45 190.742.750 62,11 + 32,1 39,3 4,57EUROPCAR GROUPE (EUCAR) g B 0,9 0,891 - 1,33 - 79,44 3045388 0,923 +49,5 4,688 FR0012789949 21/05/19 0,26 163.884.278 0,887 - 77,84 0,492 EUTELSAT COM. (ETL) G A 9,474 9,294 - 1,65 - 35,86 811644 9,586 + 5,18 14,825 FR0010221234 20/11/20 0,89 230.544.995 9,272 - 36,6 7,984 9,58EXEL INDUSTRIES (EXE) B 44,1 44,8 + 1,82 - 3,86 5710 44,8 +15,46 47,8 FR0004527638 13/02/19 1,14 6.787.900 44 + 7,69 31 FAURECIA (EO) LR A 41,28 41,74 + 1,29 - 13,1 423410 42,37 +30,85 49,49 FR0000121147 31/05/19 1,25 138.035.801 41,06 - 10,64 20,58 FDJ (FDJ) G A 35,09 35,01 + 0,06 + 46,95 231667 35,32 + 2,22 36,09 FR0013451333 26/06/20 0,45 191.000.000 34,73 + 59,86 18,3 1,29FFP (FFP) g A 91 92,4 + 2,21 - 11,15 6635 93 +26,06 105,6 FR0000064784 22/05/20 2,15 24.922.589 90,3 - 10,81 42,15 2,33FIGEAC AERO (FGA) g B 4,45 4,48 + 0,9 - 51,83 38739 4,51 +63,5 9,69 FR0011665280 31.839.473 4,44 - 59,78 2,415 FIN. ODET (ODET) A 728 736 + 1,94 - 5,88 206 736 + 5,14 810 FR0000062234 04/06/20 1 6.585.990 724 - 3,92 497 0,14FNAC DARTY (FNAC) G A 48,74 47,74 - 2,33 - 9,58 94609 49 +28,75 53,85 FR0011476928 26.608.571 47,46 - 7,48 16,29 FONCIÈRE LYONNAISE (FLY) A 64 66 + 3,45 - 10,57 1540 66,8 +20 83,4 FR0000033409 21/04/20 2,65 46.528.974 63,6 - 8,84 51 GECI INTERNATIONAL (GECP) g C 0,017 0,016 - 50,61 5991309 0,017 -28,95 0,07 FR0000079634 01/10/01 0,1 315.583.099 0,016 - 48,08 0,016 GECINA (GFC) LR A 127,9 130,7 + 1,55 - 18,11 105300 131,4 +16,07 183,6 FR0010040865 01/07/20 2,5 76.463.771 127,9 - 15,62 88,5 GENFIT (GNFT) G B 4,53 4,532 + 0,27 - 74,32 387812 4,616 +30,68 20,96 FR0004163111 38.858.617 4,45 - 68,46 3,022 GENSIGHT (SIGHT) g C 7,3 7,03 - 3,7 +182,9 351714 7,45 +85 7,8 FR0013183985 39.693.012 6,96 +516,67 1,36

GETLINK (GET) LR A 14,11 14,14 - 0,14 - 8,83 805706 14,28 +14,22 17,04 FR0010533075 23/05/19 0,36 550.000.000 14,08 - 7,58 8,615 GL EVENTS (GLO) g B 10,34 10,2 - 1,92 - 57,59 93546 10,6 +44,89 24,45 FR0000066672 01/07/19 0,65 29.982.787 10,16 - 56,13 6,4 GROUPE CRIT (CEN) g B 60,1 61,2 + 1,16 - 16,85 464 61,2 +12,29 74,4 FR0000036675 26/06/19 1 11.250.000 60,1 - 10,13 36,15 1,63GROUPE GORGÉ (GOE) g B 13,52 13,54 + 0,15 - 20,54 6247 13,6 +10,26 19 FR0000062671 01/07/20 0,32 13.502.843 13,44 - 11,5 8,59 2,36GTT (GTT) G A 82 81,95 - 0,06 - 4,04 46772 82,45 - 2,96 102,7 FR0011726835 03/11/20 2,5 37.078.357 81,1 + 3,8 48,76 3,05GUERBET (GBT) g B 31,5 31,75 + 0,79 - 23,12 8938 31,75 + 6,01 44,1 FR0000032526 30/06/20 0,7 12.600.874 30,85 - 41,2 24,05 2,21HAULOTTE GROUP (PIG) g B 5,29 5,38 + 1,7 + 1,51 19242 5,44 +34,16 5,78 FR0000066755 15/07/20 0,22 31.371.274 5,21 + 10,25 3,27 4,09HEXAOM (HEXA) g B 34,5 34,8 + 0,87 - 5,43 513 35 +14,85 39,8 FR0004159473 11/06/19 1,5 6.937.593 34,5 + 4,19 21,7 HIGH CO (HCO) g C 4,94 4,94 - 18,75 3513 4,94 +11,01 6,32 FR0000054231 24/05/19 0,16 22.421.332 4,88 - 15,99 2,95 ICADE (ICAD) G A 64,2 68,2 + 6,65 - 29,73 220095 68,5 +49,36 106 FR0000035081 06/07/20 1,6 74.535.741 63,9 - 25,91 41,88 ID LOGISTIC (IDL) g A 198,6 198,6 + 0,3 + 10,09 1093 198,6 - 0,7 220 FR0010929125 5.649.427 197 + 4,42 115 IMERYS (NK) G A 37 37,12 + 1,26 - 1,49 173734 37,82 +33,43 43,54 FR0000120859 15/05/20 1,72 85.015.055 36,9 + 3,69 20,68 4,63INNATE PHARMA (IPH) g B 4,54 4,528 - 0,13 - 24,03 270415 4,634 +31,32 7,48 FR0010331421 78.980.640 4,46 - 19,57 2,9 INTERPARFUMS (ITP) g A 43,45 42,95 - 1,83 + 27,69 21053 43,5 + 3,49 44,65 FR0004024222 02/05/19 0,71 51.988.409 42,6 + 29,97 23,682 IPSEN (IPN) G A 68,75 68,8 - 1,01 - 12,91 175781 69,6 -18,96 95,9 FR0010259150 03/06/20 1 83.814.526 68,55 - 30,58 34,2 1,45IPSOS (IPS) G A 27,85 28,95 + 3,76 96740 29,1 +36,24 32,1 FR0000073298 01/07/20 0,45 44.436.235 27,85 + 4,51 15,82 1,55JACQUET METAL SERVICE (JCQ) g B 12,4 12,6 + 1,94 - 18,29 21043 12,6 +26,63 15,86 FR0000033904 01/07/20 0,2 23.461.313 12,2 - 11,02 7,6 1,59JCDECAUX (DEC) G A 19,8 20,48 + 3,91 - 25,47 271309 20,78 +48,19 27,74 FR0000077919 21/05/19 0,58 212.902.810 19,8 - 20,62 12,26 KAUFMAN & BROAD (KOF) g B 36,5 36,55 + 0,69 - 1,22 22414 36,95 +11,43 41,86 FR0004007813 08/06/20 1,75 22.088.023 36,4 + 2,78 19,4 4,79KLEPIERRE (LI) LR A 19,55 20,31 + 3,81 - 40 1710089 20,69 +83,47 34,66 FR0000121964 07/07/20 1,1 299.939.198 19,44 - 37,31 10,05 KORIAN (KORI) G A 28,7 29,64 + 3,28 - 24,11 186154 29,66 +12,19 42,54 FR0010386334 11/06/19 0,6 105.038.158 28,68 - 20,54 23,441 LAGARDÈRE (MMB) G A 20,76 20,92 + 1,06 + 7,67 89527 20,96 + 7,34 28,48 FR0000130213 14/05/19 1,3 131.133.286 20,58 + 8,11 8,14 LDC (LOUP) A 98,8 99,2 + 0,81 - 5,07 696 100 + 0,61 110,5 FR0013204336 25/08/20 1,2 17.134.471 98,8 - 7,29 74,2 1,21LNA SANTÉ (LNA) g B 48,5 48,5 + 0,21 - 2,12 4083 48,5 + 2,54 53 FR0004170017 08/07/20 0,45 9.705.937 48,15 - 2,22 31,75 0,93LECTRA (LSS) g B 24,1 24,5 + 1,24 + 9,62 30104 24,85 +30,04 24,85 FR0000065484 06/05/20 0,4 32.347.211 24,05 + 9,13 12,2 1,63LINEDATA SVICES (LIN) g B 26,2 26 - 0,76 - 2,62 2688 26,2 + 2,77 30,9 FR0004156297 06/07/20 0,95 6.625.726 25,9 + 1,17 18 3,65LISI (FII) g A 21 21,15 + 0,48 - 29,62 28251 21,15 +45,86 32,7 FR0000050353 30/04/19 0,44 54.114.317 20,95 - 30,77 12,5 LUMIBIRD (LBIRD) g C 12,76 12,48 - 3,56 - 17,36 14718 12,8 +30 15,499 FR0000038242 22.466.882 12,46 - 2,78 5,365 M6-MÉTROPOLE TV (MMT) G A 13,26 13,24 - 21,1 71623 13,46 +32,4 17,07 FR0000053225 15/05/19 1 126.414.248 13,2 - 12,43 8,55 MAISONS DU MONDE (MDM) G B 14,76 15,27 + 3,18 + 17,73 83836 15,27 +32,78 15,27 FR0013153541 02/07/19 0,47 45.241.894 14,76 + 22,75 5,35 MANITOU (MTU) g B 21,65 21,75 + 1,4 5141 22 +23,86 22,3 FR0000038606 17/06/19 0,78 39.668.399 21,55 + 13,16 11,36 MARIE BRIZARD W & S (MBWS) g C 1,47 1,432 - 2,59 - 10,61 10292 1,478 +12,05 1,7 FR0000060873 27/09/07 0,5 44.698.844 1,412 - 21,75 0,651 MAUNA KEA (MKEA) g C 1,35 1,366 + 1,34 63129 1,366 +21,96 2 FR0010609263 30.558.480 1,336 + 38,12 0,566 MERCIALYS (MERY) G A 7,1 7,28 + 2,25 - 40,96 477729 7,39 +74,08 12,64 FR0010241638 27/04/20 0,48 92.049.169 7,1 - 38,72 3,89 MERSEN (MRN) g B 24,5 25,15 + 2,44 - 26,35 29970 25,25 +11,78 35,3 FR0000039620 03/07/19 0,95 20.858.964 24,5 - 21,04 12,38 METABOLIC EXPLORER (METEX) g C 2,47 2,58 + 4,03 + 67,53 393276 2,59 +58,28 2,67 FR0004177046 27.813.800 2,34 + 77,2 0,921 NANOBIOTIX (NANO) g B 12,36 12,08 - 2,11 + 45,89 107392 12,46 +85,56 14,82 FR0011341205 13/05/19 26.037.122 11,92 + 61,93 3,54 NATIXIS (KN) G A 2,698 2,716 + 0,82 - 31,38 6921202 2,775 +27,33 4,411 FR0000120685 31/05/19 0,78 3.155.951.502 2,687 - 27,03 1,471 NEOEN (NEOEN) G A 48,6 48,5 - 0,1 + 56,96 118959 48,7 - 0,21 52,9 FR0011675362 85.490.712 48 + 89,82 25,3 NEXANS (NEX) G A 52 52,85 + 1,25 + 21,52 39062 53 +17,29 54,2 FR0000044448 17/05/19 0,3 44.105.941 51,9 + 44,12 21,55 NEXITY (NXI) G A 33,56 34,52 + 2,56 - 22,91 133182 34,76 +38,86 46,2 FR0010112524 25/05/20 2 56.129.724 33,56 - 22,74 22,04 5,79NICOX (COX) g B 4,4 4,39 - 6,5 + 0,8 1155299 4,49 +18,01 6,27 FR0013018124 33.491.370 4,32 + 13,58 2,53 NRJ GROUP (NRG) B 5,8 5,84 + 0,69 - 12,84 851 5,86 + 6,96 6,88 FR0000121691 03/06/19 0,17 78.107.621 5,8 - 2,34 4,5 ONXEO (ONXEO) g B 0,763 0,756 - 0,66 + 36,22 102353 0,769 +18,5 0,979 FR0010095596 78.317.810 0,755 + 43,18 0,3 ORPÉA (ORP) LR A 103,85 105,85 + 1,78 - 7,39 109932 105,9 +15,68 129 FR0000184798 12/07/19 1,2 64.615.837 103,85 - 5,24 69,1 PHARMAGEST INT. (PHA) g B 98 97,6 - 0,61 + 61,06 6540 98,3 + 8,57 100,8 FR0012882389 01/07/20 0,9 15.174.125 97,3 + 66,55 41,25 0,92PIERRE & VACANCES (VAC) g B 15,5 15,35 - 0,33 - 24,01 25867 15,6 +63,3 33,9 FR0000073041 19/03/12 0,7 9.893.463 15,2 - 14,63 9,08 PLASTIC OMNIUM (POM) G A 28,72 28,84 + 0,91 + 15,82 156344 29,36 +44,49 31,48 FR0000124570 29/04/20 0,49 148.566.107 28,52 + 17,96 12,01 1,7PLASTIVALOIRE (PVL) g B 5,86 5,83 - 0,51 - 15,75 DIV 8 02/05/17 21956 5,91 +69,48 7,48 FR0013252186 18/04/19 0,2 22.125.600 5,81 - 13,37 2,79 PROLOGUE (PROL) g C 0,36 0,37 + 0,82 + 8,19 212240 0,382 +57,45 0,41 FR0010380626 46.585.630 0,36 + 6,32 0,15 QUADIENT (QDT) g B 16,5 16,94 + 3,36 - 21,5 147761 17,13 +42,59 24,3 FR0000120560 07/09/20 0,35 34.562.912 16,43 - 11,91 9,615 2,07RALLYE (RAL) A 5,93 5,95 + 0,51 - 41,21 300811 6,21 +83,64 10,3 FR0000060618 20/05/19 1 52.373.235 5,81 - 10,53 3,105 RAMSAY GDS (GDS) A 18 18 + 0,56 + 7,14 55 18 + 5,88 21,8 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 18 + 8,43 15,2 RECYLEX SA (RX) g C /130520 - 45,57 3,66 FR0000120388 04/07/90 0,61 25.886.482 - 39,01 1,3 RÉMY COINTREAU (RCO) G A 144,2 141,4 - 1,67 + 29,13 79721 145,1 - 6,42 162,8 FR0000130395 28/07/20 1 50.503.106 140,9 + 25,91 79,2 0,71REXEL (RXL) G A 11,58 11,82 + 2,43 - 0,21 775782 11,84 +26,39 13,415 FR0010451203 02/07/20 0,48 304.425.106 11,4 + 4 4,921 ROBERTET (RBT) G B 884 890 + 0,91 - 3,58 780 894 - 4,91 1068 FR0000039091 02/07/20 5 2.172.551 878 - 0,34 662 0,56ROTHSCHILD & CO (ROTH) G A 27,15 27,15 + 0,37 + 6,05 10280 27,35 +12,66 27,6 FR0000031684 20/05/19 0,79 77.617.512 27,05 + 12,66 14,62 RUBIS (RUI) G A 36,6 37,54 + 2,62 - 31,43 DIV 2 28/07/17 329804 37,7 +25,55 57,45 FR0013269123 17/06/20 1,75 103.560.783 36,54 - 26,03 27,34 4,66SARTORIUS STED. BIO. (DIM) G A 293,6 289,8 - 1,16 + 96,21 DIV 6 10/05/16 73745 297,8 -17,95 367 FR0013154002 29/06/20 0,34 92.180.190 287,6 +100,41 133,9 0,12SAVENCIA (BH) B 58 58,8 + 1,38 - 4,23 1132 59,2 +19,03 64,8 FR0000120107 13/05/19 1 14.032.930 57,8 - 0,68 45,1

SCOR (SCR) LR A 28,18 28,4 + 0,21 - 24,1 379380 28,76 +24,23 39,12 FR0010411983 30/04/19 1,75 186.677.576 28,06 - 24,91 15,88

SEB (SK) G A 144,1 143 - 0,49 + 8,01 46526 144,6 - 2,05 155 FR0000121709 22/05/20 1,43 50.307.064 143 + 1,06 86,35 1

SES-IMAGOTAG (SESL) Gg B 26,3 27 + 2,66 - 14,83 6934 27 +10,2 37,5 FR0010282822 25/06/12 0,5 15.758.108 25,7 - 11,76 19,5

SHOWROOMPRIVÉ (SRP) g C 1,73 1,69 - 2,54 +155,62 714026 1,746 +43,22 1,888 FR0013006558 117.461.769 1,632 +119,73 0,243

SOITEC (SOI) G A 149,6 151,6 + 1,27 + 61,79 EX-DS 13/05/16 REGR.1P20 48442 152,2 +17,25 152,2 FR0013227113 33.278.901 149,3 + 57,67 48,86

SOLOCAL GROUP (PAJ) B 3,12 2,9 - 6,44 - 89,83 1382000 3,198 +51,83 30,115 FR00140006O9 129.505.837 2,85 - 89,41 1,73

SOLUTIONS 30 (ALS30) A 18,44 19,13 + 5,4 + 92,07 452909 19,14 +13,73 19,16 FR0013379484 107.127.984 18,2 + 94,71 5,3

SOMFY (SO) A 129,4 131 + 1,55 + 49,71 3066 131 + 4,97 145 FR0013199916 30/06/20 1,25 37.000.000 129,2 + 59,17 63,6 0,95

SOPRA STERIA GP (SOP) G A 127,5 130,7 + 2,91 - 8,92 18801 130,7 +18,82 162 FR0000050809 02/07/19 1,85 20.547.701 127,1 - 3,83 78,15

SMCP (SMCP) g B 5,45 5,45 + 0,37 - 42,33 204382 5,55 +53,52 10,08 FR0013214145 74.117.760 5,375 - 49,07 2,945

SPIE (SPIE) G A 16,91 17 + 0,59 - 6,39 212222 17,09 +18,38 19,58 FR0012757854 24/09/19 0,17 157.698.124 16,89 - 6,34 7,805

SQLI (SQI) g C 18,65 18,75 + 0,54 - 23,47 1628 18,75 - 0,53 24,5 FR0011289040 21/07/17 0,88 4.613.975 18,45 + 9,14 13,42

STEF (STF) g B 71,2 73,3 + 3,24 - 8,83 1373 73,3 +12,77 85,1 FR0000064271 17/11/20 1,5 13.000.000 70,8 - 15,55 57,2 4,09

SUEZ (SEV) LR A 15,93 15,925 - 0,03 + 18,09 1173406 16 - 1,09 16,36 FR0010613471 18/05/20 0,45 628.362.579 15,885 + 23,26 8,046 2,83

SWORD GROUP (SWP) g B 32 31,8 + 1,27 - 6,74 2688 32 + 1,11 37,15 FR0004180578 10/09/20 2,04 9.544.965 31,5 - 5,22 20,45 7,55

SYNERGIE (SDG) g B 27,75 28,65 + 3,24 - 1,88 2449 28,65 +11,91 31,4 FR0000032658 19/06/19 0,8 24.362.000 27,75 - 0,87 13

TARKETT (TKTT) G B 14,7 14,95 + 0,74 + 3,82 47020 15,09 +43,75 16,56 FR0004188670 12/06/19 0,6 65.550.281 14,7 + 11,57 7,53

TECHNICOLOR (TCH) B 1,717 1,7 - 0,22 - 86,8 631834 1,74 +38,21 13,735 FR0013505062 218.324.139 1,695 - 87,24 1,1

TELEPERFORMANCE (RCF) R A 270,6 273 + 0,63 + 25,57 135246 273,2 - 4,75 297,3 FR0000051807 02/07/20 2,4 58.730.600 269,8 + 28,77 150,3 0,88

TF1 (TFI) G A 6,72 6,72 - 0,67 - 9,19 218106 6,82 +30,61 7,805 FR0000054900 29/04/19 0,4 210.392.991 6,69 - 7,44 4,062 5,95

TFF GROUP (TFF) B 27,1 27,5 + 1,85 - 25,07 1699 27,6 +21,15 38,2 FR0013295789 06/11/20 0,35 21.680.000 27 - 26,67 22 1,27

THERMADOR GROUPE (THEP) B 64,6 66,2 + 2,48 + 24,91 2819 66,6 + 8,52 66,6 FR0013333432 09/04/20 1,8 9.200.849 64,6 + 22,59 35,7 2,72

TIKEHAU CAPITAL (TKO) g A 23,7 23,6 + 7,27 EX D S 03/07/17 9094 23,8 +14,01 26,4 FR0013230612 22/05/20 0,5 137.114.864 23,5 + 3,06 15,45 2,12

TRANSGÈNE (TNG) g B 1,73 1,75 + 2,7 + 12,9 406859 1,828 +17,45 2,08 FR0005175080 83.841.334 1,728 - 7,31 0,81

TRIGANO (TRI) G A 136 137,7 + 1,47 + 46,33 20746 139 +18,91 140,5 FR0005691656 14/01/20 2 19.336.269 135,4 + 43,06 41,76 1,45

UBISOFT ENTERTAINMENT (UBI) LR A 76,82 78,1 + 1,93 + 26,83 401029 78,26 - 2,67 85,14 FR0000054470 123.458.887 76,8 + 34,1 51,16

VALEO (FR) LR A 32,62 32,37 - 1,13 + 3,06 1016626 33,24 +20,16 34,05 FR0013176526 29/06/20 0,2 241.717.403 31,9 - 7,25 10,51 0,62

VALLOUREC REG (VK) G A 27,595 28,045 + 0,92 - 75,07 206224 28,3 +115,33 114,68 FR0013506730 11.449.694 27,515 - 69,25 11,186

VALNEVA (VLA) g B 6,2 6,36 + 2,25 +147,47 298275 6,44 +15,43 7,35 FR0004056851 90.954.937 6,16 +158,01 1,784

VERALLIA (VRLA) g A 27,5 27,75 + 1,65 - 8,29 90742 28,15 +19,35 36,01 FR0013447729 15/06/20 0,85 123.272.819 27,4 - 7,16 19,26 3,06

VERIMATRIX (VMX) g B 2,905 2,93 + 1,38 + 47,98 252816 2,985 +12,69 3,245 FR0010291245 84.927.567 2,885 + 46,79 1,138

VICAT (VCT) g A 34,7 35,15 + 2,33 - 12,89 41639 35,4 +18,75 41,65 FR0000031775 20/04/20 1,5 44.900.000 34,45 - 9,52 22,5 4,27

VILMORIN & CIE (RIN) g A 48,95 49,4 + 1,13 + 2,38 3244 50 + 4 52,4 FR0000052516 11/12/19 1,35 22.917.292 48,8 + 0,3 34,25 2,73

VIRBAC (VIRP) G A 215 215 + 0,47 - 9,09 1689 215 - 2,05 244,5 FR0000031577 26/06/15 1,9 8.458.000 213 - 7,33 132,2

WAVESTONE (WAVE) g B 27,5 27,5 + 5,77 9420 27,75 +14,58 29 FR0013357621 19/09/19 0,23 20.196.492 26,85 + 12,02 15,5

WENDEL (MF) G A 95,2 96,75 + 1,84 - 18,35 52626 96,75 +19,74 127,5 FR0000121204 07/07/20 2,8 44.719.119 95,2 - 19,98 54,8 2,89

WORLDLINE (WLN) G A 74,98 74,3 - 0,72 + 17,66 637105 75,12 +11,9 82,66 FR0011981968 279.122.471 73,7 + 29,11 36,36

XPO LOGISTICS (XPO) A 276 284 + 3,65 + 9,23 76 284 +13,6 296 FR0000052870 20/06/19 0,6 9.836.241 274 + 10,94 214

AUTRES VALEURS DE LA ZONE EUROEURONEXT (ENX) G A 89,65 88,65 - 1,06 + 22,02 88946 90,05 - 6,54 109,7 NL0006294274 20/05/20 1,35 70.000.000 88,35 + 27,83 52,9 1,79

NOKIA (NOKIA) R A 3,3 3,271 - 1,04 - 1,09 0,3 289245 3,308 +11,87 4,352 11,05FI0009000681 29/07/19 0,02 5.653.886.159 3,253 + 2,54 2,083 1,53

SES (SESG) LR 7,9 7,734 - 1,8 - 38,13 693570 7,91 + 8,53 14,165 LU0088087324 21/04/20 0,34 376.915.302 7,724 - 34,6 4,87 5,17

X-FAB SILICON (XFAB) g A 4,56 4,74 + 4,98 + 13,67 322498 4,815 +37,59 6,08 BE0974310428 130.781.669 4,495 + 18,5 1,868

VALEURS ZONE INTERNATIONALEGENERAL ELECTRIC (GNE) 8,75 8,803 + 0,98 - 10,61 1,29 8742 8,831 +30,28 12,1 US3696041033 USD 25/09/20 0,01 8.759.873.000 8,673 - 11,06 5,02

HSBC (HSB) 4,668 4,686 + 0,34 - 33,21 52,19 198809 4,73 +27,27 7,121 GB0005405286 USD 27/02/20 0,21 20.368.242.460 4,528 - 29,11 3,081

LAFARGEHOLCIM LTD (LHN) A 44,5 44,84 + 0,95 - 8,4 4 22249 44,94 +13,98 49,79 CH0012214059 CHF 15/05/20 2 615.929.059 44,5 - 3,61 26,89

SCHLUMBERGER (SLB) A 18,35 18,9 + 3,56 - 47,35 3,45 53973 18,95 +40,52 36,9 AN8068571086 USD 01/12/20 0,13 1.385.122.304 18,25 - 40,38 11,05

SRD Suite VALEURS FRANÇAISES SRD Suite VALEURS FRANÇAISES

A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres A pour les capitalisations supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et C pour les capitalisations inférieures à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates.

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

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euronext SÉANCE DU 04 - 12 - 2020CAC 40 : 5609,15 (0,62 %) NEXT 20 : 12139,29 (0,91 %)

CAC LARGE 60 : 6212,46 (0,65 %)CAC ALL-TRADABLE : 4350,81 (0,67 %)

DATE DE PROROGATION : 28 DÉCEMBRE

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Les Echos Lundi 7 décembre 2020 FINANCE & MARCHES // 33

PORTRAIT

par Emmanuel Guimard– Correspondant à Nantes

On avait perdu de vue Arnaud Poupart-Lafarge depuisson départ de Nexans, ce géant de la fabrication de câbles dont il fut le directeur général jusqu’en 2018. Onle retrouve dans un tout autre univers, à Ancenis, en Loire-Atlantique, où il vient de prendre la direction générale de Galliance, numéro deux français de la volaille et branche du groupe coopératif Terrena.

Entre-temps, ce capitaine d’industrie de 54 ans achoisi un parcours plus qu’insolite. Sur son compte LinkedIn, où il se révèle coiffé d’un panama sur un fondde vaches au pâturage, on découvre qu’il fut, au cours de l’année 2018-2019, étudiant à l’Ecole supérieure d’agriculture et ouvrier agricole en apprentissage. « J’aime être crédible dans mon offre de service, compren-dre ce que je fais et vivre la vie des gens avec qui je tra-vaille », précise celui qui a conservé, en visioconférence,le col ouvert et le pull de l’homme du grand air.

Voici donc le X-Pont, passé par Stanford, à gratter laterre chez Hortival, une pépinière, filiale de Terrena, pour obtenir son bac pro agricole. De quoi déconstruireun peu l’image qu’on pouvait se faire du patricien issu d’une lignée de polytechniciens, figures de l’industrie française. La famille Poupart-Lafarge est « un incuba-teur de PDG », titrait « Le Monde » en 2016.

Tandis qu’Arnaud redressait Nexans, l’ex-branche defabrication de câbles d’Alcatel, son frère Henri prenait en main le destin d’Alstom, dont il est toujours le PDG.Avant eux, leur père, Olivier, fut jusqu’en 2008 le numéro deux de Bouygues. Mais Arnaud Poupart-La-farge n’y voit aucun mimétisme et tempère l’impor-tance des prestigieux diplômes. « Le vrai choix, c’est quand je me suis dirigé vers l’industrie », estime ce der-nier, souvent pince-sans-rire. Refusant une vie pari-sienne ou trop tertiaire, le jeune ingénieur s’immerge dans le dur de la production, à Dunkerque, chez Usinor.Il passera un quart de siècle dans ce groupe avalé par Arcelor Mittal. L’homme résume à grands traits cette tranche de vie marquée par la direction de filiales inter-

nationales, en ex-URSS et en Afrique. Chez Nexans, où il arrive en 2014, il commence par visiter la centaine d’usines du groupe, un défi long de dix-huit mois.

La ferme de sa grand-mèreAvant de rejoindre Galliance, le néo-horticulteur, son nouveau bac en poche a, pendant un an, prêté main-forte à la direction générale d’Olmix, spécialiste bretonde produits à base d’algues. Retour ensuite chez Ter-rena, en haut de l’organigramme cette fois. « Je suis angevin, campagnard, et j’aspirais à travailler pour ma région », pointe ce patron qui vit dans une ferme ayant appartenu à sa grand-mère, près d’Angers. Là, ses arpents de terre et le soin des poneys et chevaux de sa femme, équithérapeute, occupent une bonne part de son temps libre. « Je voulais aussi travailler pour l’agri-culture, soutient ce fidèle lecteur de Jean-Marc Janco-vici, attiré par l’ampleur des enjeux sociétaux liés au secteur. L’agriculture est moins un problème qu’une par-tie de la solution. » Cette envie d’enracinement va de pairavec l’attrait du modèle coopératif, « celui d’une entre-prise qui appartient à ses agriculteurs, qui ne peut donc être vendue, ce qui est un gage de longévité », dit-il.

Chez Galliance, il a entamé une tournée des sitesindustriels mais aussi des éleveurs qui les alimentent. « Ilfaut diriger avec des pourquoi, le reste en découle naturelle-ment », dit-il, évoquant les préceptes du conférencier bri-tannique Simon Sinek mais aussi les aphorismes impla-cables des « Propos de O. L. Barenton, confiseur », rédigéspar l’industriel Auguste Detoeuf. Arnaud Poupart-La-farge aime demander à ses collaborateurs : « Explique-moi ta vie, ton travail, tes problèmes et dis-moi ce que je peuxfaire. » Il poursuit : « C’est comme cela que je fonctionne et cela rend l’exigence plus simple à formuler. » n

Arnaud Poupart-Lafarge, un polytechnicien au champ

DR

ENTREPRISES

HARLEY-DAVIDSONChristophe Couetest désormais directeur généralde Harley-Davidson France.

C h r i s t o p h e C o u e t , 5 4 a n s ,ancien élève de l’Ashridge Busi-ness School (au Royaume-Uni),a d’abord travaillé chez Piaggio.Entre 2002 et 2019, il a œuvrép o u r l a m a r q u e T r i u m p hcomme directeur commercialFrance avant de devenir direc-teur du développement réseauinternational (à Hinckley, Gran-de-Bretagne) puis enfin direc-teur général de la filiale ita-l i e n n e . D e r n i è r e m e n t , i ltravaillait au développementEurope des marques GD Franceet Goes Europe. AIRBUS HELICOPTERS

Patrick Bréthousdevient conseiller militaire Franceauprès du PDG d’Airbus.

Patrick Bréthous, 59 ans, titu-laire d’un master en relationsinternationales de Saint-Cyr,diplômé de l’Ecole de guerre,est général de division. Il anotamment été , au sein del’état-major des armées à Paris,chef du centre de planificationet de conduite des opérations,chargé de la direction des opé-rations des armées françaisesau niveau stratégique. Aprèsavoir commandé l’opérationinterarmées Barkhane dans lab a n d e s a h é l o - s a h a r i e n n e(BSS), de 2015 à 2016, PatrickBréthous a dirigé pendant deuxans la division des forces spé-ciales de l’armée de terre à Pau.Il était dernièrement directeurdes opérations au sein de l’état-m a j o r d e l ’a r m é e d e t e r r e(Emat).

CRÉDIT AGRICOLEHervé Lerouxest nommé directeur général adjoint, chargé du développement de Crédit Agricole Leasing & Factoring.

Hervé Leroux, 57 ans, diplôméen économie de l’université deParis-XIII, fut directeur com-mercial et marketing métiersc o u r t s d e C r é d i t A g r i c o l eLeasing en 2005. En 2008, il arejoint Crédit Agricole SA entant que directeur des entrepri-ses, institutionnels, secteurpublic pour les caisses régiona-les. En parallèle, il a assuré, dès2010, la direction de la clientèlepatrimoniale. Depuis 2015, ilétait directeur général adjointde Crédit Agricole Val de France.

,Envoyez vos nominations à[email protected]

SMCPOlivier Malvezinest nommé directeurde la transformation digitaleet des opérations,membre du comité exécutifde SMCP.

O l i v i e r M a l ve z i n , 4 6 a n s ,ancien élève de l’Ecole poly-technique, diplômé de TélécomParisTech, a occupé, de 2007 à2016, plusieurs postes de direc-teur de l’organisation et dessystèmes d’information au seinde Saint-Gobain. Après avoirété directeur digital et des sys-t è m e s d ’ i n f o r m a t i o n c h e zCompass pendant quatre ans, ilfut par ailleurs chief digitalofficer pour Auchan RetailInternational.

+Ils sont nésun 7 décembre

•Nathan Adrian, champion de natation, 32 ans.•Claire Basini, directrice générale de Brut, 44 ans. •Jean-Marc Borello, président du groupe SOS, délégué général adjoint d’En Marche, 63 ans.•Jean-Claude Casadesus, chef d’orchestre, fondateur de l’Orchestre national de Lille, 85 ans. •Noam Chomsky, linguiste et philosophe, 92 ans.•Philippe Da Costa, membre du Comité de direction du groupe d’AG2R La Mondiale, ex-président du Comité mondial du scoutisme, 58 ans. •François Dufour, rédacteur en chef, co-fondateur de PlayBac Presse, 59 ans. •Elisabeth Dufourcq, ancienne secrétaire d’Etat à la Recherche, historienne, essayiste, 80 ans. •Laurent Dumas, président-fondateur du groupe Emerige, 57 ans. •Abdellatif Kechiche, acteur et réalisateur, 60 ans.•Hugo Marchand, danseur étoile, 27 ans. •Fabien Pelous, ex-rugbyman, 47 ans.•Jacques de Peretti, PDG d’AXA France, 60 ans. • Iveta Radičová, ex-cheffe du gouvernement de Slovaquie, 64 ans.•Christophe Salmon, directeur général de Mattel France et Italie, vice-président du groupe, 47 ans.•Martin Tomczyk, pilote automobile, 39 ans.•Tom Waits, chanteur, acteur, 71 ans.

carnet

CHANGES COURS AU COMPTANT VAR. VAR. COURS VEILLE ANNÉE1 EURO EN DEVISE BCE EN % EN %04-12-2020

TAUX MARCHÉS MONÉTAIRES ET EURODEVISES MARCHÉS MONÉTAIRES JOUR 1 MOIS 3 MOIS 6 MOIS 1 AN04-12-2020

ECARTS DE TAUX AVEC L’ALLEMAGNE 6 MOIS 2 ANS 5 ANS 7 ANS 10 ANS04-12-2020

ALLEMAGNE 100,29 -0,71 -0,77 -0,71 -0,58

PORTUGAL 0 5,59 0,22 0,32 0,42

FRANCE -0,02 0,03 0,12 0,11 0,20

ESPAGNE -0,01 0,18 0,29 0,38 0,55

ITALIE -0,05 0,27 -0,02 0,95 1,06

DOLLAR US 1,2143 -0,02 8,22LIVRE STERLING 0,9004 -0,25 6,36FRANC SUISSE 1,0816 -0,05 -0,36COURONNE DANOISE 7,4432 -0,03 -0,40COURONNE NORV. 10,6727 0,22 8,05KUNA CROATE 7,543 -0,06 1,31COURONNE SUEDOISE 10,2611 -0,03 -2,24DOLLAR CANADIEN 1,5538 -0,56 6,64YEN JAPONAIS 126,457 0,25 3,69DOLLAR AUSTRALIEN 1,6325 -0,02 2,08ROUBLE RUSSE 89,723 -0,83 29,17ROUPIE INDIENNE 89,597 -0,12 11,98DOLLAR NEO-ZELANDAIS 1,7235 0,41 3,29COURONNE TCHEQUE 26,474 0,19 4,19FORINT HONGROIS 358,56 0,42 8,29ZLOTY POLONAIS 4,4698 0,01 4,72LEV BULGARE 1,9549 -0,06 -0,07DOLLAR HONG-KONG 9,4102 -0,04 7,71WON SUD COREEN 1317,13 -0,71 1,65PESO MEXICAIN 23,9779 -0,79 12,87REAL 6,2678 0,16 39,06DOLLAR SINGAPOUR 1,6188 -0,09 7,25RAND SUD-AFRICAIN 18,4277 -0,03 17,30LIVRE TURQUE 9,4985 0,43 42,30RENMIBI YUAN 7,9313 -0,19 1,58RUPIAH 17128,4078 -0,27 9,96PESO PHILIPPIN 58,3884 0,18 2,78RINGGIT MALAIS 4,9303 -0,39 7,35BATH THALANDAIS 36,6158 -0,14 9,86

ZONE EURO -0,43/-0,73 -0,49/-0,79 -0,38/-0,68 -0,36/-0,66 -0,36/-0,66

SICAV/FCP

FR0013341781 2CRSI g C 4,215 4,275 4,15 4,21 - 0,36 30294

FR0013185857 ABEO g C 8,46 8,9 8,46 8,82 + 4,26 15666

FR0012616852 ABIONYX PHARMA g B 0,94 0,986 0,932 0,975 + 3,39 187585

FR0000064602 ACANTHE DEV. C 0,43 0,44 0,43 0,433 + 0,7 7531

FR0000062978 ADL PARTNER g C 14,7 14,85 14,45 14,65 - 2,01 7945

FR0012821890 ADUX g C 1,6 1,6 1,45 1,56 - 2,5 10673

FR0004152874 ADVENIS g C 2,08 2,1 2,08 2,08 8268

FR0013296746 ADVICENNE g C 8,54 8,6 8,2 8,6 + 0,7 18500

FR0000053837 ALTAMIR B 20,045 20,19 20,045 20,175 + 0,12 2268

FR0011992700 ATEME g C 16,7 16,96 16,7 16,72 - 0,48 6787

FR0000039232 AUREA g C 5,1 5,12 5,08 5,08 - 0,39 1400

FR0013183589 AURES TECHNO g C 20,2 21,9 20,2 21,9 + 8,42 8709

FR0013529815 AVENIR TELECOM C 0,64 0,664 0,62 0,635 - 0,81 503228

FR0013258399 BALYO g C 1,65 1,74 1,552 1,582 - 0,25 1802111

FR0000062788 BARBARA BUI C 3,22 3,5 3,22 3,5 + 16,67 1000

FR0004023208 BASSAC B 45,5 46,1 45,4 46,1 + 1,32 3067

FR0000035370 BASTIDE CONF.MED. g C 47,15 49 47,15 48,9 + 4,15 4769

FR0011814938 BOOSTHEAT C 3 3,3 3 3,15 + 5,71 173889

FR0000074254 BOURSE DIRECT C 2,58 2,58 2,52 2,56 23069

FR0010151589 CAFOM C 6,7 7,2 6,5 7,15 + 3,62 47952

FR0012969095 CAPELLI g C 33,6 33,9 33,6 33,7 - 0,3 943

FR0000072894 CAST g C 3,55 3,9 3,47 3,82 + 7,61 61938

FR0010193979 CBO TERRITORIA C 3,6 3,6 3,57 3,58 - 0,56 15112

FR0000053506 CEGEDIM B 28 28,1 27,6 27,6 - 1,08 5660

FR0000054322 CIBOX INTERACTIVE g C 0,209 0,21 0,206 0,207 - 1,43 174715

FR0013426004 CLARANOVA g B 6,9 6,995 6,845 6,915 + 0,15 284707

FR0000053399 CNIM GROUP C 17,15 17,15 15,95 16,6 - 5,14 5519

FR0013335742 COGELEC g C 7,2 7,2 7,02 7,12 - 1,11 3073

FR0004031763 COHERIS g C 1,95 1,98 1,945 1,98 + 1,54 902

FR0010483768 CRCAM BRIE PIC. CC B 22 22,3 21,9 22,3 + 1,36 5106

FR0000185514 CRCAM NORD FR. B 21,095 22,03 21,02 22,03 + 4,28 5153

FR0000045528 CRCAM PARIS IDF B 73,22 74,37 73 74,25 + 1,41 600

FR0000045346 CRCAM SUD RHONE B 166,06 167,5 164,02 167,5 + 0,87 565

FR0007317813 CS GROUP g C 3,76 4,08 3,76 4,08 + 8,8 46833

FR0011026749 DALET g C 13,3 13,3 13,3 13,3 + 0,76 8893

FR0013283108 DELTA PLUS g B 64 64,4 62,6 64,2 - 1,23 2628

FR0000073793 DEVOTEAM g C 98,1 98,1 97,9 97,9 - 0,1 3607

FR0012202497 DIAGNOSTIC MEDICALg C 1,665 1,67 1,62 1,64 - 1,8 33900

FR0010099515 ECA g B 22,2 22,9 22,2 22,9 + 3,15 2754

FR0000072373 EGIDE g C 1,06 1,095 1 1,06 200799

FR0012650166 ENGIE EPS g C 12,6 12,7 12,2 12,7 + 2,01 14569

FR0000120669 ESSO g B 12,05 13,15 12,05 12,75 + 5,37 16354

FR0000054678 EURO RESSOURCES C 3,05 3,12 3,03 3,08 - 0,97 13824

FR0000075343 EUROMEDIS GROUPE C 12,5 13,1 12,5 12,8 + 2,4 8975

FR0010490920 EUROPACORP g C 0,85 0,85 0,831 0,848 - 0,12 26446

FR0011271600 FERMENTALG g C 1,386 1,462 1,386 1,43 + 3,18 270368

FR0004076891 FLO (GROUPE) g B 0,179 0,179 0,162 0,165 - 8,84 235993

FR0011277391 FONC. PARIS NORD g C 0,024 0,026 0,024 0,026 + 6,25 103258

FR0000038499 FONCIERE EURIS B 8,3 8,35 8,3 8,35 + 1,83 2206

FR0000053944 FONCIERE VOLTA C 6,35 6,35 6,25 6,25 - 0,79 807

FR0013030152 FRANCAISE ENERGIE g C 17,7 18 17,4 17,55 + 0,29 52200

FR0010501692 GENERIX g C 6,8 6,84 6,76 6,84 + 0,29 3573

FR0013399474 GENKYOTEX g C 3 3,04 2,91 3 - 0,33 78601

FR0011799907 GENOMIC VISION g C 0,912 0,925 0,822 0,83 - 7,68 3956764

FR0000061459 GERARD PERRIER B 66,4 67,4 66 67,4 + 1,81 608

FR0004010338 GROUPE JAJ C 1,06 1,06 1,06 1,06 + 0,95 1099

FR0004050300 GROUPE OPEN g C 14,98 14,98 14,94 14,94 - 0,27 3260

FR0004155000 GROUPE SFPI g C 1,68 1,68 1,615 1,64 - 2,67 66037

FR0000066722 GUILLEMOT g C 8,34 8,38 8,24 8,24 - 0,96 7999

FR0000038531 HF COMPANY C 4,99 4,99 4,89 4,98 + 1,43 3799

FR0012821916 HIPAY GROUP g C 13,7 13,8 13 13,3 - 0,75 11682

FR0000065278 HOPSCOTCH GROUPE g C 5,48 6,6 5,44 6,2 + 19,23 84158

FR0004165801 HOTELS DE PARIS C 3,2 3,2 3,2 3,2 + 33,33 940

FR0000071797 INFOTEL g C 39,5 40,2 39,5 40 + 1,78 2061

FR0000064297 INNELEC MULTIMEDIAg C 5,02 5,02 4,92 5 - 0,4 5400

FR0013233012 INVENTIVA g B 10,84 10,86 10,46 10,64 - 0,56 69631

FR0004026151 ITESOFT g C 3,02 3,02 3,02 3,02 1750

FR0012872141 JACQUES BOGART g C 9,5 9,5 8,7 9,34 - 1,48 1334

FR0004029411 KEYRUS g C 2,87 2,95 2,78 2,88 + 0,35 23229

FR0000066607 LACROIX g C 26,8 27 26,8 27 + 0,75 762

FR0000032278 LATECOERE g C 2,075 2,135 2,05 2,06 + 3 106170

FR0006864484 LAURENT-PERRIER B 76 79,4 76 79,4 + 4,2 1321

FR0013233475 LYSOGENE g C 2,24 2,24 2,22 2,22 11658

FR0000060196 M.R.M. C 0,94 0,94 0,94 0,94 - 2,08 3001

FR0000032302 MANUTAN INTER. B 66 67 65,2 66 1092

FR0000051070 MAUREL ET PROM g B 1,66 1,726 1,656 1,7 + 4,94 518883

FR0011742329 MCPHY ENERGY g C 32,65 33,75 31,7 32,65 + 0,77 205187

FR0000064404 MEDIA 6 g C 8,55 8,55 8 8,3 - 1,78 539

ACTIONSEURONEXT HORS SRD FRANÇAISES

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL

ACTIONSEURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL

FR0004065605 MEDINCELL C 10,9 10,9 10,5 10,55 - 2,32 41924

FR0010298620 MEMSCAP g C 1,04 1,075 1,04 1,06 - 1,85 19593

FR0000077570 MICROPOLE g C 1,09 1,1 1,08 1,1 57718

FR0013482791 NACON SAS B 7,88 8,09 7,75 7,9 + 1,28 116062

FR0013018041 NAVYA g B 4,3 4,575 4,27 4,33 + 0,7 923927

FR0004154060 NETGEM g C 0,998 0,998 0,986 0,986 - 1,2 17636

FR0004050250 NEURONES B 24,4 24,7 24,4 24,4 - 0,81 4646

FR0000052680 OENEO g B 10,7 11,16 10,52 10,84 + 3,44 48319

FR0010428771 OL GROUPE g C 2,21 2,25 2,21 2,23 19520

FR0000075392 ORAPI g C 7,52 7,6 7,5 7,52 - 2,08 9914

FR0010609206 OREGE C 1,05 1,18 1,03 1,14 + 15,85 466214

FR0012127173 OSE IMMUNO g C 7,34 7,36 7,18 7,18 - 0,55 46829

FR0004038263 PARROT B 4,51 4,7 4,51 4,59 - 0,86 28488

FR0000038465 PASSAT g C 5,65 5,9 5,65 5,9 - 0,84 452

FR0011027135 PATRIMOINE ET COMM B 14,85 14,95 14,85 14,95 + 0,67 1563

FR0012432516 POXEL g C 6,73 6,88 6,62 6,83 + 2,25 66862

FR0004052561 PROACTIS C 0,176 0,176 0,152 0,152 - 15,08 7214

FR0012613610 PRODWAYS GROUP g C 2,2 2,34 2,2 2,32 + 9,43 268060

FR0000060329 PSB INDUSTRIES g B 16,7 18,5 16,7 18 + 7,46 3175

FR0000054199 S.T. DUPONT C 0,077 0,077 0,076 0,077 75744

FR0000060121 SABETON C 27 27 27 27 549

FR0006239109 SCBSM g C 8 8,3 8 8,3 + 3,75 3920

FR0000039109 SECHE ENVIRONNEM. g B 39,75 40 39,25 39,85 - 0,87 3469

FR0011950682 SERGEFERRARI GP g C 6,24 6,28 6,2 6,24 + 0,65 2671

FR0000074122 SII g C 23,2 23,2 23 23 - 0,43 1390

FR0004016699 SMTPC g B 16,8 17,1 16,3 16,95 - 0,29 3514

FR0000065864 SOGECLAIR g C 18,9 22 18,9 20,5 + 10,22 24574

FR00140006O9 SOLOCAL GROUP B 3,12 3,198 2,85 2,9 - 6,44 1382000

FR0010526814 SUPERSONICS g C 1,31 1,32 1,265 1,32 + 0,76 3091

FR0000060949 TIVOLY C 16,1 16,4 15,9 16,4 + 1,86 3085

FR0000033003 TOUAX g C 9,06 9,28 9 9,04 - 1,74 19141

FR0000036816 TOUR EIFFEL g B 31,2 32 31 31,9 + 2,57 1796

FR0000074197 UNION TECH.INFOR. g C 0,595 0,6 0,565 0,6 + 0,84 17596

FR0004186856 VETOQUINOL B 77,8 81,6 77,8 81,4 + 4,9 9594

FR0000066680 VIDELIO C 1,7 1,74 1,7 1,74 + 2,35 1001

FR0000050049 VIEL ET CIE C 5,6 5,66 5,58 5,6 1611

FR0004183960 VOLUNTIS g C 4,65 4,65 4,55 4,645 + 1,09 39536

FR0000062796 VRANKEN - POMMERY B 15,05 15,45 15,05 15,15 - 0,33 4535

FR0004034072 XILAM ANIMATION g C 46 46 45,55 45,75 + 0,99 1679

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL

ACTIONSEURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES

CERTIFICAT/FONDS INVESTIR 10INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 124,97 0,40

INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 100,92 -0,51

Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP. Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembour-geoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».

Banque Cantonalede Genève (France) SATél. 04 72 07 31 50bcgef.fr/fonds

CLA

SSIF

ICAT

ION

CLA

SSIF

ICAT

ION

Mirabaud Asset ManagementTél. +41 058 200 60 [email protected]

LU0704154292 RAM (L) SF EM MKT EQ 205,82 03/12

LU0375629556 RAM (L) SF EUROPEAN EQ 456,92 03/12

LU0705072691 RAM (L) SF GB EQ SUST ALP 102,37 03/12

LU1048876350 RAM (L) SF GB STB INCOME EQ 128,89 03/12

VAL. UNIT DATE DERNIER DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NETCODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** MONT. DATE

VAL. UNIT DATE DERNIER DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NETCODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** MONT. DATE

VAL. UNIT DATE DERNIER DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NETCODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** MONT. DATE

VAL. UNIT DATE DERNIER DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NETCODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** MONT. DATEC

LASS

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ICAT

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LU2004923152 SWISS ALL CAPS (EUR) 115,91 03/12 LU1626130063 SWISS SMALL & MID CAPS (CHF) 118,92 03/12 LU1626130816 SILK ROAD ZONE STOCKS (USD) 106,99 03/12 LU0851564038 BALANCED (EUR) 128,24 03/12 LU0851564384 DYNAMIC (EUR) 149,28 03/12 LU1626130220 HIGH DIV. EUROPE STOCKS (EUR) 95,29 03/12 LU0851564541 WORLD EQUITY (EUR) 173,33 03/12

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SYNCHRONY (LU)

Page 34: Les Echos - 07 12 2020

34 // Lundi 7 décembre 2020 Les Echos

La Bourse n’a pas fini de redouter ce que lui réserve Glencore.

Quand Glencore est entré en Bourse, à la mi-mai 2011, les gérants de porte-feuille redoutaient de faire sa fortune sans que l’inverse soit jamais vrai. Car les grands traders des matières premières savent vendre au plus haut. De fait, le cours de départ n’a pas été tenu, et le rachat de Xstrata n’a pas redressé la barre, d’où une sous-performance cuisante (– 41 %, dividendes compris, contre + 18 % pour les valeurs minières). Pourtant, malgré l’échec de son modèle d’affaires intégré, Ivan « le Terrible » Glasenberg reste un patron milliardaire, capable d’organiser sa succession dans la continuité, comme le signale le surnom de l’élu Gary Nagle, « Mini Ivan ». Le tsar du négoce a franchi le mur de la dette en 2015, et l’augmentation de capital pour y parvenir a créé une deuxième génération d’investisseurs, encore gagnante. Son départ pourrait faciliter la résolution de son sérieux contentieux avec l’Oncle Sam – une nécessité pour relever le grand défi du successeur, celui de l’investissement durable. Cette histoire boursière très cyclique (+ 52 % depuis début novembre – en tête des minières) continuera donc de donner du fil à retordre aux gestions thématiques. Son charbon est un repoussoir ; sa gouvernance et son impact social sont riches en polémiques. Mais ses autres matières fétiches (cuivre, cobalt, nickel, aluminium, zinc, et vanadium) font miroiter une place au soleil de la transition bas carbone.

Ivan pas encore terrible

Entre les capitalisations boursiè-res d’Apple et de Microsoft et les injections de liquidités monétai-res, le marché s’est vite habitué à compter en milliers de milliards. Le rythme décevant des créations d’emplois aux Etats-Unis va une nouvelle fois lui faire craindre que le futur stimulus fiscal américain n’atteigne pas ce seuil. Le stratégis-te de Pictet AM Frédéric Rollin en relativise cependant la portée symbolique. L’aide budgétaire de 2.200 milliards de dollars votée en mars a fourni 590 milliards de revenus inattendus aux ménages, qui les ont en partie thésaurisés. Retrouver la tendance de moyen terme des porte-monnaie nécessi-terait « seulement » 270 milliards supplémentaires, soir bien en des-sous des discussions actuelles (908 milliards). Les portefeuilles de gestion, eux, ont de toute façon le regard tourné vers le nouveau moteur de croissance qu’est l’Asie.

L’épargne accumulée relativise l’absence d’un méga-stimulus fiscal au pays de l’Oncle Sam. Don Quichotte les pieds dans l’eauL’entrée d’ENI dans la plus grande ferme éolienne du monde symbolise le dilemme des pétroliers.

« Les choses de la guerre sont plus que d’autres sujettes à des chances continuelles. » Dans leur bataille pour se faire une place dans les énergies renouvelables, les pétroliers peuvent avoir comme Don Quichotte le sentiment de combattre des moulins à vent. Comme le rappelle l’analyste d’AlphaValue, les différences de valorisation entre les deux secteurs rendent la voie de la croissance externe aussi hasardeuse qu’onéreuse, si bien qu’il leur faut procéder par petits pas, coûteux malgré tout. En mettant le pied dans l’eau de la plus grande ferme éolienne au monde, encore à construire en mer du Nord, ENI, la cinquième major européenne par la capitalisation boursière, symbolise ce dilemme qui pousse les exploitants de l’or noir à consacrer de plus en plus d’argent à des objectifs qui les laisseront loin derrière les autres énergéticiens. L’italien consomme l’équivalent de 8,5 % de son budget d’investissement de 2020 pour obtenir à peine plus de 3 % de sa cible d’augmentation de ses capacités renouvelables dans dix ans. L’un des vendeurs, en réalisant une plus-value nette de 198 millions de livres sur 202,5 millions de produit de cession, conforte cette impression de « mentalité immobilière » dans l’offshore éolien exprimée par les analystes de Morgan Stanley. Selon eux, les sources renouvelables pèseront moins de 10 % de la production des majors d’ici à 2030. En avant, Rossinante !

// Budget de l’Etat et PSR 2021 : 448,8 milliards d’euros (prévisions PLF 2021) // PIB 2020 : 2.223 milliards d’euros// Plafond Sécurité sociale : 3.428 euros/mois à partir du 01-01-2020 // SMIC horaire : 10,15 euros à partir du 01-01-2020 // Capitalisation boursière de Paris : 1.764,98 milliards d’euros (au 30-11-2020)// Indice des prix (base 100 en 2015) : 104,51 en novembre 2020 // Taux de chômage (BIT) : 9 % au 3e trimestre 2020 // Dette publique : 2.638,3 milliards d’euros au 2e trimestre 2020

= Les chiffres de l’économie

Pour une poignée de trilliardscrible

EN VUE

Alain Fischer

L a nomination d’un « M. Vaccin »semblait réglée : ce serait Louis-Charles Viossat. « Le Monde » lui

avait consacré une page de portrait, tout en relevant, déjà, un grave problème. Au cours d’une carrière très tournée vers le secteur public, ce haut fonctionnaire avait travaillé par deux fois dans l’indus-trie pharmaceutique. Eût-il mieux valu qu’il fût passé par l’industrie automobile ou la coiffure ? Ou est-ce que tout ce qui seraconte sur les nécessaires interactions entre public et privé ne serait que billeve-sées ? Bref, exit Viossat ; c’est le docteur Alain Fischer qui prendra les choses en mains, lui qui est d’ailleurs considéré comme un excellent choix, y compris parles blouses blanches les plus grognonnesà l’égard de la stratégie gouvernementale.Ses avis devraient donc être écoutés, et il présidera un conseil de plus – « d’orienta-tion de la stratégie vaccinale ». La ques-tion pour ce professeur d’immunologie sera non seulement d’immuniser les

Français contre le virus, mais aussi con-tre leurs peurs. Il en a conscience : « Pourque cette vaccination soit efficace, il faut établir la confiance. » A 71 ans, Alain Fis-cher a l’empathie, l’autorité morale et professionnelle suffisantes pour y parve-nir. Directeur de recherche à l’Inserm, il adirigé le service immunologie de l’hôpitalNecker et est de toutes les académies. En réussissant le premier à guérir des « enfants-bulles » (que leur déficit immu-nitaire condamnait à vivre dans une chambre stérile), il avait acquis dès 2000 une renommée mondiale et un déluge deprix scientifiques. En 2011, il faisait partie de l’équipe de campagne présidentielle de Martine Aubry – personne n’est par-fait. Les esprits forts pourront toujours ironiser quant au choix d’un pédiatre pour éclairer une population qui se plaint– et se plaint toujours – d’être infantilisée.

(Lire nos informationsPage 14

Le CAC 40 franchit les 5.600 points

• La Bourse de Paris a terminé en hausse de 0,62 % vendredi, à 5.609,15 points. Le CAC 40 est parvenu à enregistrer ainsi sa cinquième semaine de hausse d’affilée. Les investisseurs n’ont pas été refroidis par le rapport mitigé sur l’emploi américain de novem-bre, qui a encore souligné le besoin de soutiens monétaire et budgé-taire d’ici à la fin de l’année.

Ailleurs en Europe, la tendance aété identique à celle de Paris. A Lon-dres, le FTSE 100 a terminé en hausse de 0,92 %. A Francfort, le DAX a gagné 0,35 %.

Du côté des valeurs, les entrepri-ses liées au pétrole ont progressé dans le sillage des cours du brut. Et

ce, après un accord trouvé par les principaux producteurs d’or noir pour ralentir le retour sur le mar-ché de barils à partir de janvier. TechnipFMC a grimpé de 7,56 %, et Total de 3,36 %.

Sur la semaine, les valeurs enplus forte progression sont à nou-veau les valeurs cycliques, dépen-dantes de l’activité économiqueet dont les perspectives sontaméliorées avec la diffusion d’unvaccin. C’est le cas des banques,avec Crédit Agricole, qui a gagné12,02 % sur les cinq séances, del’automobile, avec Renault, qui apris 4,69 %, ou encore l’aéro-nautique, avec Airbus, qui aprogressé de 5,57 %.