les echos - 02 06 2020

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MARDI 2 JUIN 2020 ISSN0153.4831 113 e ANNÉE NUMÉRO 23210 32PAGES Antilles Réunion 4,10 €. Belgique 3,50 €. Espagne 4,40 €. Grande-Bretagne 3£80. Grèce 4,20 €. Italie 4,40 €. Luxembourg 3,80 €. Maroc 31 DH. Suisse 5,90 FS. Tunisie 5,00 TND. Zone CFA 3100 CFA. Gestion de Fortune - Family Office Tél. 01.53.93.23.23 www.cyrusconseil.fr DOMINIQUE SEUX DANS « L’ÉDITO ÉCO » À 7H45 DU LUNDI AU VENDREDI SUR Immobilier Les transactions repartent de plus belle mais les prix restent stables // P. 16 Sport Les clubs de foot français asphyxiés par l’arrêt de la Ligue 1 // P. 20 ET L’ENQUÊTE P. 13 DR Emploi des jeunes : l’Etat prépare des mesures d’urgence La thérapie de choc de Renault La vitesse, clé du succès en temps d’épidémie et après La chronique de Jean-Marc Vittori Les pays qui passent le mieux l’épreuve de l’épidémie sont ceux qui ont agi le plus vite. La France a été plus lente. En retardant le confinement, le maintien du premier tour des élections municipales a fait perdre de précieux jours, écrit Jean-Marc Vittori. L’agilité devient vitale. Il en ira de même dans les entreprises au cours des prochains mois. // PAGE 10 Bouygues Telecom juge prioritaire l’extension de la 4G TÉLÉCOMS Après avoir créé la sur- prise en demandant le report des enchères 5G, le directeur général de Bouygues Telecom, Richard Viel, plaide dans « Les Echos » pour une meilleure couverture mobile 4G des territoires. Bouygues Tele- com demande une extension du « New Deal mobile » lancé en jan- vier 2018 et recommande une mutualisation des investissements entre les quatre opérateurs télé- coms pour financer entre 20 % et 30 % de nouveaux sites couvrant les zones blanches. Par ailleurs, l’opérateur assure avoir toutes les ressources financières pour parti- ciper aux enchères 5G quand elles auront lieu. // PAGE 22 Le plan de la place financière pour soutenir la reprise BANQUE Alors que les prêts garan- tis par l’Etat (PGE) – dont 85 mil- liards d’euros déjà accordés – visent à aider les entreprises à survivre au coup d’arrêt de l’économie, la place financière et les autorités cher- chent à soutenir à plus long terme les PME et les ETI. Les banques poussent à la création d’un fonds de prêts participatifs ou équivalents de plus de 10 milliards d’euros abondé par l’Etat, les assureurs et les sociétés de gestion, les banques étant chargées de la sélection des entreprises. Plusieurs points clés restent à affiner. Bercy temporise, sa priorité restant de tirer un dia- gnostic de la situation des entrepri- ses en sortie de crise. // PAGE 28 Les marchés attendent de nouvelles mesures de soutien de la BCE POLITIQUE MONÉTAIRE C’est une question à 500 milliards d’euros qui va se poser, jeudi, à la Banque centrale européenne. Le 18 mars, la BCE avait mis en place un pro- gramme d’achat « urgence pandé- mie » de 750 milliards d’euros. Un montant impressionnant, qui, couplé à la flexibilité du pro- gramme, a permis de ramener le calme sur le marché des taux d’emprunt des Etats européens et prévenir un éclatement de la zone euro. Mais au rythme actuel d’achat, l’enveloppe sera épuisée, peut-être dès la fin septembre. Les marchés attendent donc de la BCE qu’elle la porte à 1.250 milliards d’euros. // PAGE 26 Des manifestants, dimanche, devant la Maison-Blanche, à Washington. Photo Jonathan Ernst/Reuters Le défi lancé à la présidence Trump l Environ 140 villes touchées par les manifestations aux Etats-Unis. l La question raciale fait irruption dans la campagne. l Netflix, Citigroup, Nike… Des grands noms des affaires se mobilisent pour dénoncer le racisme. l Reportage au cœur de la crise à Minneapolis. // PAGES 6-7 ET L’ÉDITORIAL DE LUCIE ROBEQUAIN PAGE 14 Le nombre d’entrées en apprentissage a bondi de 16 % l’an dernier. Photo Sébastien Ortola/RÉA APPRENTISSAGE C’est « la » popu- lation qui préoccupe le plus le gou- vernement en matière d’emploi. Avant un plan global pour les jeu- nes attendu d’ici à cet été, le gouver- nement doit présenter cette semaine ses mesures concernant l’apprentissage. La crise pourrait déboucher sur un coup d’arrêt bru- tal de l’apprentissage, qui se portait bien avant le confinement. Nombre de contrats en cours pourraient s’interrompre, et les embauches dans certains secteurs se réduire, notamment dans l’hôtellerie et la restauration, gros pourvoyeurs d’apprentis. Au total 700.000 jeu- nes doivent arriver sur le marché du travail à la rentrée. // PAGE 2 Le constructeur envisage d’arrêter l’usine de Flins, qui assemble la citadine électrique ZOE. Photo Martin Bureau/AFP AUTOMOBILE Jean-Dominique Senard et Clotilde Delbos, les diri- geants du Losange, ont présenté vendredi le vaste plan de restruc- turation annoncé en février, qui doit permettre au groupe d’éco- nomiser plus de 2 milliards d’euros, soit 20 % de ses coûts fixes, sur trois ans et de repartir sur des bases saines. Il prévoit des réductions de capacités de pro- duction, afin de permettre à Renault d’économiser 650 mil- lions d’euros par an. Les diri- geants ont confirmé envisager 15.000 suppressions de postes dans le monde, dont 4.600 en France. Et ce, par le biais de mesu- res de reconversion, de mobilité interne et de départs volontaires. // PAGES 18-19 ET « CRIBLE » PAGE 32 UPLOADED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws

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Page 1: Les Echos - 02 06 2020

MARDI 2 JUIN 2020

ISSN0153.4831 113e ANNÉENUMÉRO 23210 32PAGES

Antilles Réunion 4,10 €. Belgique 3,50 €.Espagne 4,40 €. Grande-Bretagne 3£80.Grèce 4,20 €. Italie 4,40 €. Luxembourg3,80 €. Maroc 31 DH. Suisse 5,90 FS. Tunisie5,00 TND. Zone CFA 3100 CFA.

Gestion de Fortune - Family Office

Tél. 01.53.93.23.23 www.cyrusconseil.fr

DOMINIQUE SEUXDANS « L’ÉDITO ÉCO »À 7H45DU LUNDI AU VENDREDI

SUR

Immobilier Les transactions repartent de plus belle mais les prix restent stables // P. 16

Sport Les clubs de foot français asphyxiés par l’arrêt de la Ligue 1 // P. 20 ET L’ENQUÊTE P. 13

DR

Emploi des jeunes : l’Etat prépare des mesures d’urgence

La thérapie de choc de Renault

La vitesse, clé du succès en temps d’épidémieet après

La chronique de Jean-Marc Vittori

Les pays qui passent le mieux l’épreuve de l’épidémie sont ceux qui ont agi le plus vite. La France a été plus lente. En retardant le confinement, le maintien du premier tour des élections municipales a fait perdre de précieux jours, écrit Jean-Marc Vittori.L’agilité devient vitale. Il en ira de même dans les entreprises au cours des prochains mois. // PAGE 10

Bouygues Telecom juge prioritaire l’extension de la 4G TÉLÉCOMS Après avoir créé la sur-prise en demandant le report des enchères 5G, le directeur général de Bouygues Telecom, Richard Viel, plaide dans « Les Echos » pourune meilleure couverture mobile 4G des territoires. Bouygues Tele-com demande une extension du « New Deal mobile » lancé en jan-vier 2018 et recommande une mutualisation des investissements entre les quatre opérateurs télé-coms pour financer entre 20 % et 30 % de nouveaux sites couvrant les zones blanches. Par ailleurs, l’opérateur assure avoir toutes les ressources financières pour parti-ciper aux enchères 5G quand elles auront lieu. // PAGE 22

Le plan de la place financière pour soutenir la repriseBANQUE Alors que les prêts garan-tis par l’Etat (PGE) – dont 85 mil-liards d’euros déjà accordés – visentà aider les entreprises à survivre aucoup d’arrêt de l’économie, la place financière et les autorités cher-chent à soutenir à plus long terme les PME et les ETI. Les banques poussent à la création d’un fonds deprêts participatifs ou équivalents de plus de 10 milliards d’euros abondé par l’Etat, les assureurs et les sociétés de gestion, les banques étant chargées de la sélection des entreprises. Plusieurs points clés restent à affiner. Bercy temporise, sa priorité restant de tirer un dia-gnostic de la situation des entrepri-ses en sortie de crise. // PAGE 28

Les marchés attendent de nouvelles mesures de soutien de la BCEPOLITIQUE MONÉTAIRE C’est unequestion à 500 milliards d’euros qui va se poser, jeudi, à la Banque centrale européenne. Le 18 mars, la BCE avait mis en place un pro-gramme d’achat « urgence pandé-mie » de 750 milliards d’euros. Un montant impressionnant, qui, couplé à la flexibilité du pro-gramme, a permis de ramener le calme sur le marché des taux d’emprunt des Etats européens et prévenir un éclatement de la zone euro. Mais au rythme actuel d’achat, l’enveloppe sera épuisée, peut-être dès la fin septembre. Les marchés attendent donc de la BCE qu’elle la porte à 1.250 milliards d’euros. // PAGE 26

Des manifestants, dimanche, devant la Maison-Blanche, à Washington. Photo Jonathan Ernst/Reuters

Le défi lancé à la présidence Trumpl Environ 140 villes touchées par les manifestations aux Etats-Unis.l La question raciale fait irruption dans la campagne.l Netflix, Citigroup, Nike… Des grands noms des affairesse mobilisent pour dénoncer le racisme.l Reportage au cœur de la crise à Minneapolis.// PAGES 6-7 ET L’ÉDITORIAL DE LUCIE ROBEQUAIN PAGE 14

Le nombre d’entrées en apprentissage a bondi

de 16 % l’an dernier. Photo Sébastien Ortola/RÉA

APPRENTISSAGE C’est « la » popu-lation qui préoccupe le plus le gou-vernement en matière d’emploi. Avant un plan global pour les jeu-nes attendu d’ici à cet été, le gouver-nement doit présenter cette semaine ses mesures concernant l’apprentissage. La crise pourrait déboucher sur un coup d’arrêt bru-tal de l’apprentissage, qui se portait bien avant le confinement. Nombrede contrats en cours pourraient s’interrompre, et les embauches dans certains secteurs se réduire, notamment dans l’hôtellerie et la restauration, gros pourvoyeurs d’apprentis. Au total 700.000 jeu-nes doivent arriver sur le marché du travail à la rentrée. // PAGE 2

Le constructeur envisage d’arrêter l’usine de Flins, qui assemble la citadine électrique ZOE. Photo Martin Bureau/AFP

AUTOMOBILE Jean-Dominique Senard et Clotilde Delbos, les diri-geants du Losange, ont présenté vendredi le vaste plan de restruc-turation annoncé en février, qui doit permettre au groupe d’éco-nomiser plus de 2 milliards d’euros, soit 20 % de ses coûts fixes, sur trois ans et de repartir sur des bases saines. Il prévoit desréductions de capacités de pro-

duction, afin de permettre à Renault d’économiser 650 mil-lions d’euros par an. Les diri-geants ont confirmé envisager 15.000 suppressions de postes dans le monde, dont 4.600 en France. Et ce, par le biais de mesu-res de reconversion, de mobilité interne et de départs volontaires.// PAGES 18-19 ET « CRIBLE » PAGE 32

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ventionnelles collectives avec l’intervention des services décon-centrés du ministère du Travail, les Direccte, auxquels les entre-prises auront l’obligation de sou-mettre leur projet.

Bonus à la négociation collectiveDeux possibilités sont envisagéespour mettre en place une « acti-vité réduite pour le maintien de l’emploi » : soit la négociation d’un accord par l’entreprise avec ses syndicats, soit l’élaboration, de manière unilatérale, par la direction, d’un « plan d’activité réduite pour le maintien dans l’emploi ». Le contrôle des servi-ces déconcentrés du ministère du Travail (Direccte) sera allégé dans le premier cas par rapport au second, car, en l’absence d’accord, il est prévu y compris lavérification de « l’adéquation des mesures retenues avec la situa-tion de l’entreprise ».

Mais cette fois-ci, l’avantage dela négociation collective pourraitaussi être financier. L’aide de l’Etat pourrait être plus élevée en cas d’accord, le seul scénario d’ailleurs évoqué par la métallur-gie, donnant ainsi un bonus à la négociation collective.

Il est prévu que le « régimed’activité partielle spécifique » ait une durée de vie limitée, mais à un horizon cependant lointain puisque les demandes pourront être adressées au ministère du Travail jusqu’au 30 juin 2022. Pour l’instant, le ministère du Travail n’a pas donné de préci-sions sur le montant qui sera pris en charge par la puissance publi-que, ni sur son financement avec le sujet d’une contribution éven-tuelle de l’Unédic. — L. de C.

Permettre aux entreprises dont leplan de charge est durablement atteint par la crise de conserver leurs salariés via une formule de réduction temporaire du temps de travail aidée par l’Etat, tel est l’objectif du dispositif intégré par le gouvernement dans le projet deloi prorogeant l’état d’urgence sanitaire lors de son examen au Sénat, en fin de semaine dernière.Initialement, le ministère du Tra-vail souhaitait renvoyer le sujet à une ordonnance, mais le scénarioa été rejeté par les sénateurs et il achangé son fusil d’épaule en urgence, en mettant les partenai-res sociaux devant le fait accom-pli. Il leur a été promis qu’ils seraient consultés sur le décret d’application qui doit suivre une fois la loi adoptée.

Faire face au choc économiqueLe « régime d’activité partielle spécifique » – c’est son nom – répond à une demande conjointe du patronat et des syndicats de la métallurgie pour faire face au choc économique provoqué par l’épidémie du Covid-19. Concrète-ment, le mécanisme arrêté par la Rue de Grenelle s’inspire de la réforme des plans sociaux ins-crite dans la loi de sécurisation del’emploi adoptée sous François Hollande, déjà repris en 2017 lors de la création des ruptures con-

Après avoir envisagé de passer par une ordonnance, le gouverne-ment a précisé le disposi-tif d’activité partielle de longue durée via un amendement au projet de loi prolongeant l’état d’urgence sanitaire que vient d’adopter le Sénat.

Alternative au chômage partiel : l’aide de l’Etat pourrait être relevée en cas d’accord d’entreprise

plus sauver le soldat apprentissage que celui-ci se portait particulière-ment bien avant le confinement : le nombre d’entrées dans cette forme d’enseignement par alternance d’enseignements généraux et de pratique en entreprise a bondi de 16 % l’an dernier, un record, pour atteindre 370.000, portant le nom-bre d’apprentis à un demi-million.

Le Covid-19 change la donne etfait craindre un coup d’arrêt brutal :non seulement parce que nombre de contrats en cours pourraient s’interrompre, mais aussi parce queles embauches risquent de fondre comme neige au soleil, notammentdans les entreprises des secteurs lesplus touchés – hôtellerie et restau-ration, par exemple –, gros pour-voyeurs d’apprentis. « La rentrée se

joue principalement maintenant », rappelle Roselyne Hubert, la prési-dente de la Fédération nationale desassociations régionales de direc-teurs de centres de formation d’apprentis, la Fnadir.

PropositionsL’inquiétude étant palpable dans les rangs, la Fnadir comme les princi-paux acteurs concernés – U2P, chambre des métiers d’artisans ou Association nationale des apprentis de France – ont tous fait assaut de propositions qui se recoupent peu ou prou. Peu de détails ont filtré du plan de l’exécutif, mais il devrait répondre à ces demandes : augmen-tation de la prime à l’embauche à toute entreprise quel que soit le diplôme (elle n’est versée que pour

les moins de 250 salariés et pour les niveaux bac ou infrabac) ; prise en charge des salaires la première année ; extension à six ou douze mois de manière pérenne de la période durant laquelle un jeune peut rester en CFA sans avoir trouvéun employeur ; revalorisation des aides au premier équipement, à l’hébergement ou à la restauration…

A noter que les directeurs de CFAde la Fnadir ne remettent pas en cause le fondement de la réforme Pénicaud qui lie leurs modèles éco-nomiques au nombre de jeunes sous contrat. Mais, a minima, ils demandent de percevoir des opéra-teurs de compétences, les Opco, les mêmes sommes qu’en 2019, c’est-à-dire calées sur leurs effectifs d’apprentis de l’an dernier. n

Le nombre d’entrées en apprentissage a bondi de 16 % l’an dernier, portant le nombre d’apprentis à un demi-million. Photo iStock

l Un plan global sera présenté d’ici à l’été et le volet apprentissage dévoilé cette semaine, peut-être jeudi.l Ce jour-là, le chef de l’Etat rencontrera les partenaires sociaux.

Le gouvernement face au défi de l’emploi des jeunes

Alain Ruello @AlainRuello

Dans la liste très fournie des priori-tés du gouvernement, l’emploi figure en bonne place pour éviter que la crise du Covid-19, qui a déjà emporté en grande partie CDD et missions d’intérim, ne se prolonge par une vague de licenciements. Dans ce chapitre, un sous-chapitre doit faire l’objet d’annonces prochai-nes, celui des jeunes, 700.000 d’entreeux allant débarquer sur le marché du travail à la rentrée. En plus du chômage de longue durée, « l’autre population qui me préoccupe le plus est celle des jeunes qui ont déjà le poidsdes dettes économique et écologique etqui ont besoin de se projeter », a assuré vendredi la ministre du Tra-vail, Muriel Pénicaud, dans une interview au « Figaro ».

Insertion par l’activité économi-que, service civique, emplois francs, écoles de la 2e chance, sans oublier lagarantie jeune… l’exécutif dispose d’un certain nombre de leviers qu’il peut amplifier, complétés de mesu-res anti-décrochage dans les lycées professionnels. « Donnez-nous quel-ques dizaines de millions pour nour-rir un fonds d’urgence social », plaide pour sa part le président de l’Union nationale des missions locales (qui déploient la garantie jeune), Jean-Patrick Gille. Tout cela devrait se retrouver dans le plan global jeune, attendu d’ici à l’été selon le secrétaired’Etat auprès du ministre de l’Educa-tion et de la Jeunesse, Gabriel Attal.

Sauver l’apprentissageL’apprentissage, lui, n’attendra pas, les annonces étant prévues d’ici à lafin de la semaine, peut-être jeudi lors de la rencontre entre Emma-nuel Macron et les partenaires sociaux, laisse-t-on entendre de source syndicale. « Ma priorité, c’estd’offrir à chaque jeune la capacité de bâtir son avenir et en premier lieu par l’apprentissage », a insisté Muriel Pénicaud. Il faut d’autant

SOCIAL

CORONAVIRUS

Leïla de Comarmond @leiladeco

Il les a déjà réunis à distance deux fois depuis le début de la crise du coronavirus. Emmanuel Macron va de nouveau s’entretenir avec les leaders syndicaux et patronaux ce jeudi. Si les deux premiers rendez-vous se concentraient sur la crise sanitaire suivis d’un autre, entre Edouard Philippe et les partenaires sociaux sur la reprise du travail, c’est de l’après-déconfinement qu’il sera question cette fois-ci alors que la menace de licenciements massifsplane sur le marché du travail.

La situation est déjà grave : leministère du Travail a décompté près de 900.000 chômeurs supplé-mentaires rien qu’en avril. Or, pour l’instant, cet afflux a concerné pourl’essentiel les travailleurs précaires pointant régulièrement à Pôle emploi, pas ceux en contrat à durée

indéterminée dont la mobilisation massive du chômage partiel a per-mis de préserver le poste jusqu’à présent. Mais le temps du « quoi qu’il en coûte » est révolu et désor-mais, il s’agit de penser l’après. « Comment fait-on pour que l’emploiet les compétences soient préservés au mieux ? » C’est cette question quisera au centre des discussions, explique-t-on au sein de l’exécutif.

Certains partenaires sociaux, enparticulier syndicaux – mais pas que –, craignent d’être mis devant le fait accompli, comme encore il y a quelques jours sur le nouveau mécanisme de réduction tempo-raire du temps de travail aidé par l’Etat. « Il y a des ministres au gouver-nement qui savent prendre le temps d’appeler les numéros un », persifle un dirigeant patronal regardant du côté de Bercy.

Il n’y aura pas de chausse-trape,assure-t-on au sein de l’exécutif : « L’idée, c’est de partager un agenda etque chacun ensuite puisse mettre ses propositions sur la table. » Et de lan-cer une grande mobilisation pour l’emploi ? C’est en tout cas l’expres-sion que la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, aurait testée, ven-dredi dernier, lors de sa conférence

téléphonique désormais tradition-nelle avec les responsables patro-naux et syndicaux avec, parmi ces derniers, des réticences liées au fait que la CFDT a préempté le principe.

A priori, seule l’alternancedevrait faire l’objet d’annonces de mesures concrètes dès jeudi, a pré-cisé Muriel Pénicaud, vendredi, auxpartenaires sociaux. Mais cet enjeu n’est pas polémique : il s’agit de ne pas voir porter un coup d’arrêt aux embauches d’apprentis sur 2020-2021 et de sécuriser ceux qui sont en cours de formation ou viennent tout juste de finir.

Le sujet ne résume cependantpas la question de l’emploi des jeu-nes alors qu’une nouvelle généra-tion s’apprête à arriver sur le mar-ché du travail, que le confinement aaugmenté les décrochages et que les moins de 25 ans, surreprésentés

chez les précaires, ont déjà plus queles autres tranches d’âge com-mencé à payer un lourd tribut à la crise. Le secrétaire d’Etat à la Jeu-nesse, Gabriel Attal, a annoncé dans « Les Echos » « un plan global pour les jeunes avant l’été », non sanssusciter des grincements de dents du côté du ministère du Travail. Il sera aussi au programme. Tout comme l’assurance-chômage.

Muriel Pénicaud a annoncé quel’avenir de sa réforme ferait l’objet de discussions avec les partenaires sociaux il y a maintenant plus d’un mois et ceux-ci s’impatientent, crai-gnant de voir surgir un décret sur lequel la concertation serait de pureforme, puisque l’Etat a repris la main jusqu’en 2022.

Mais, au-delà, l’objectif est de met-tre à plat la situation où vont coexis-ter des secteurs en sous-activité durable, d’autres fragilisés par des problèmes de trésorerie face à un redémarrage lent de leur activité et parfois les mêmes confrontés à des surcoûts du fait des mesures sanitai-res. « On part paradoxalement avec un avantage, nombre d’entre nous ontvécu la crise de 2008-2009 et en ont tiré les enseignements », souligne un acteur du dossier. n

Chômage, emploi : Macron veut mobiliser les partenaires sociauxLe président de la Républi-que s’entretient jeudi avec les numéros un syndicaux et patronaux. Au menu des discussions : les mesures à prendre pour éviter une hémorragie des emplois.

Le temps du « quoi qu’il en coûte » est révolu et désormais il s’agit de penser l’après.

EVENEMENT Mardi 2 juin 2020 Les Echos

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Page 3: Les Echos - 02 06 2020

Les Echos Mardi 2 juin 2020 EVENEMENT // 03

FO redoute les « effets d’aubaine » de la criseSALAIRES « Il y a tout lieu de craindre » des baisses des salairesou du nombre de jours de RTT, la suppression du 13e mois ou desindemnités de transports dans les entreprises avec la crise sani-taire qui risque de servir de « prétexte » à des employeurs, a indi-qué lundi le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyriersur « RTL ». « Les situations sont souvent des prétextes, des effetsd’aubaine. Donc celle que nous connaissons aujourd’hui, la crisesanitaire » du coronavirus, « avec ses conséquences économiquesévidemment, risque de conduire beaucoup d’entreprises à utilisercette situation pour faire valoir la nécessité de réduire encore lecoût du travail », s’est-il inquiété.

en bref

AFP

Le temps du vert saturé ?

LE FAIT DU JOUR POLITIQUECécileCornudet

P eut-on à la foisdévelopper une enviede vert (a fortiori

après le confinement) et une allergie aux Verts (politiques) ? Après des moisd’indulgence post-européennes, les écologistes suscitent une série de refus auxquels ils n’étaient plus habitués. Pour justifier son alliance avec Laurent Wauquiez à Lyon, Gérard Collomb a pour la première fois théorisé l’idée d’un « front républicain » contre les écologistes. A Lille et Dijon, les maires sortants socialistes, Martine Aubry et François Rebsamen, ont décidé de se passer des Verts pour le second tour des élections municipales.Ces événements n’ont pas de lien entre eux, si ce n’est celui-ci : si la crise du Covid a conforté l’écologie comme priorité du monde d’« après »,l’écologie politique connaît un moment de flottement. Trop gourmande, disent ses alliés potentiels. Julien Bayou, le leader d’EELV, a refusé d’emblée les alliances avec En marche pour se laisser entière la possibilité de s’opposer à Emmanuel Macron à la présidentielle.Pour la même raison, le parti refuse d’être soumis à son partenaire « hégémonique », a-t-il toujours dénoncé, qu’est le PS, et ce, quelle que soit sa situation. A Paris,

malgré l’avance d’Anne Hidalgo (29,3 %), l’écologiste David Belliard (10,8 %) revendique un moratoire des grands travaux et trois mairies d’arrondissement.Les ailes qui lui ont poussé depuis les européennes n’ontpas été rangées. La préoccupation écologique n’a, il est vrai, cessé de monter dans les sondages ; le premier tour des municipales a été suffisamment bon dans certaines grandes villes (Lyon, Bordeaux), pour masquer la déception dans les autres. Sauf que ces éléments peuvent se retourner ensemble.La préoccupation est telle en effet que l’écologie appartient désormais à tous, dit Ségolène Royal, en contestant le monopole d’EELV (« Le Grand Rendez-vous » Europe 1 - « Les Echos » - CNews). Malgré le mariage annoncé partout à gauche du social et de l’écologie, la crise économique à venir remet le premier des deux mots en avant et jette un autre éclairage sur ce fameux premier tour. Même dans la majorité, le sujet provoque un débat silencieux. Emmanuel Macron a promis que sa réinvention serait notamment écologique, et le montre sur l’aérien et l’automobile. L’aile gauche exerce une forte pression. Mais certains ministres mettent le frein, au motif que le sujet accroît la rupture entre l’élite (qui peut se permettre d’être écolo) et le peuple. « Attention de ne pas fabriquer des électeurs trumpistes », dit l’un d’[email protected]

La gourmandise est un défaut dangereux. Avec la crise économique à venir, le climat politique a changé pour les écologistes sans qu’ils ne l’intègrent vraiment.

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tenu du maintien des mesures bar-rières dans le cadre du déconfine-ment, dont la deuxième phase entreen vigueur ce mardi. Dans ce contexte, alors que les Français sontplus préoccupés par la crise écono-mique et sociale qui fait suite à la crise sanitaire que par les élections, la participation est attendue à un fai-ble niveau. Au premier tour, l’abs-tention a atteint un niveau record (55 %, soit quasiment 20 points de plus qu’en 2014). La crise sanitaire aura lourdement pesé sur cette élec-tion municipale, avec son lot de con-tentieux et de procès en illégitimité.

Match Hidalgo-Dati à ParisCet entre-deux tours a été un che-min de croix pour La République En marche (LREM), qui tient à clô-turer au plus vite l’épisode. A Lyon, l’alliance passée avec Les Républi-cains (LR) par Gérard Collomb, soncandidat investi pour la métropole, a semé le trouble au sein du parti présidentiel et suscité une levée de boucliers. Elle a obligé LREM à reti-rer ses investitures à l’ancien minis-tre de l’Intérieur et figure du macro-nisme, et au candidat LREM pour laville de Lyon, Yann Cucherat. Dans les arrondissements de la métro-

pole et de la ville, les candidats s’éparpillent et LREM ne peut que constater les dégâts dans la capitaledes Gaules. « Clairement un échec local », a concédé Stanislas Guerini,le patron du mouvement, dans les colonnes du « Parisien ».

A Paris, sans accord LR-LREM(dont aucun des deux partis ne vou-lait), le parti fondé par Emmanuel Macron laisse à LR et à sa candi-date, Rachida Dati, la position de seule opposante à la maire sortanteet grande favorite, Anne Hidalgo. La candidate LREM, Agnès Buzyn, est de plus fragilisée après avoir qualifié la tenue du premier tour de« mascarade », et ce, malgré un début de mea culpa dans une inter-view publiée en fin de semaine der-nière dans « Le Figaro ».

En maintenant ses listes dans tousles arrondissements alors qu’un accord était lundi sur le point d’être signé entre le PS et EELV, Rachida Dati ne laisse aucun espoir de gain àLREM, sauf dans le 9e arrondisse-ment, où la maire sortante, DelphineBürkli, a encore un espoir pour con-server sa mairie. L’ex-LREM Cédric Villani a annoncé lundi au « Pari-sien » le maintien de sa candidature dans le 14e arrondissement, le seul

où il pouvait présenter une liste pourle second tour.

Au final, les pronostiqueurs nelaissent qu’une dizaine d’élus LREM dans le futur Conseil de Paris (sur untotal de 163). Là encore un échec alors que Paris était, sur le papier, lar-gement gagnable pour LREM. A Marseille, le second tour donnera lieu à un duel entre la candidate LR, Martine Vassal, et une alliance de gauche après la contre-performancedu candidat LREM, Yvon Berland.

Rapprochements PS-EELVA Bordeaux, le candidat LREM Thomas Cazenave devrait fusion-ner avec le maire sortant LR, Nico-las Florian, déjà soutenu par le Modem. Stanislas Guerini a main-tenu l’objectif du parti présidentiel d’avoir 10.000 élus municipaux le soir du 28 juin.

Dans les autres villes, les clivagesgauche-droite ont repris leurs droits.Les listes PS et EELV se sont rappro-chées à Nantes et à Rennes. En revan-che, à Dijon et à Lille, les maires PS sortants, François Rebsamen et Mar-tine Aubry, n’ont pas signé d’accord avec EELV. De son côté, LR se félicite de sa « bonne dynamique », selon sonprésident, Christian Jacob. n

Grégoire Poussielgue @Poussielgue

La vraie campagne pour le second tour des municipales va démarrer ce mardi soir à 18 heures, date limitepour le dépôt des listes en préfec-ture par les candidats. Tout au long du week-end, les discussions se sont intensifiées à la fin de cet entre-deux tours beaucoup plus long que d’habitude – le dépôt des listes durenormalement deux jours –, mais marqué par la crise sanitaire, le confinement et la première phase du déconfinement. Le second tour est prévu pour le 28 juin.

La campagne sera inédite (sansmeeting, sans tractage…) compte

POLITIQUE

Les listes doivent être déposées avant ce mardi 18 heures dans les préfectures.

LREM maintient son objectif d’avoir 10.000 élus locaux le soir du 28 juin.

Municipales : dernière ligne droite avant le second tour

La crise sanitaire aura lourdement pesé sur cette élection municipale. Alors qu’au premier tour, l’abstention a atteint un niveau record (55 %, soit quasiment 20 points de plus qu’en 2014). la participation est attendue à un faible niveau le 28 juin. Photo Alexandra Breznay/RÉA

de notaire »). Cette aide prendra la forme d’avances.

Pour les communes et les inter-communalités, l’exécutif propose « un mécanisme de compensation desrecettes fiscales et domaniales » (droits de terrasses, de stationne-ment, etc.) pour un montant évalué à750 millions. De 12.000 à 13.000 communes seront ainsi « assurées d’un montant de recettes minimal », a précisé le Premier ministre. Le montant attribué à chacune d’entre elles sera calculé par rapport à la moyenne des recettes sur la période 2017-2019. L’Etat compensera aussi àhauteur de 110 millions les baisses derecettes pour les communes d’outre-mer et de « 40 à 50 millions » celles des régions ultramarines, très dépendantes de l’octroi de mer, une taxe sur les produits importés.

Selon les évaluations transmisesau gouvernement par le député (LREM), Jean-René Cazeneuve,

pour l’Association des petites villes de France, qui appellent à préciser certaines modalités ou à aller plus loin dans les compensations. « Le dialogue est là et l’analyse est juste. Mais la somme de 750 millions d’euros me semble un peu juste », estime François Rebsamen, copré-sident de la commission finances deFrance urbaine et maire de Dijon. Ces mesures d’urgence « correspon-dent peu ou prou à ce qu’on avait demandé », indique Dominique Bussereau, le président de l’Assem-blée des départements de France. Mais « le gouffre financier est devant nous », prévient-il, avec la perspec-tive d’une « montée considérable » des dépenses liées au revenu de soli-darité active. Les régions ont, elles, vivement réagi à ce plan d’urgence qui les « exclut des mesures adop-tées ». D’autres mesures pourraient venir dans le projet de loi de finan-ces pour 2021. n

4,5 milliards d’euros de mesures d’urgence pour les collectivités locales

Laurent Thévenin @laurentthevenin

L’Etat monte au créneau pour soula-ger les finances des collectivités loca-les, mises à l’épreuve par la crise du coronavirus. Edouard Philippe a présenté vendredi des mesures d’urgence qui prendront place dans le troisième projet de loi de finances rectificative attendu pour le 10 juin. Dans ce plan « massif » de 4,5 mil-liards d’euros, iI est prévu une enve-loppe de 2,7 milliards pour permet-tre aux départements de faire face à la baisse de leurs recettes de droits de mutation à titre onéreux (« frais

FINANCES LOCALES

Les mesures pour les départements s’élèvent à 2,7 milliards d’euros.

RetrouvezNicolasBarrédansle journalde 7hpour«L’éditoéco»dans le6h-9hdeMatthieuBelliard

chargé d’une mission sur l’impact dela crise sur les finances locales, les collectivités devraient au total subir une perte de recettes d’environ 7 milliards d’euros en 2020. Celles-ci pourront « lisser sur trois ans » les dépenses exceptionnelles liées à la

crise sanitaire qui seront inscrites dans une section particulière au seinde leurs comptes. Enfin, la dotation de soutien à l’investissement local sera augmentée de 1 milliard d’eurospour accompagner les investisse-ments « verts » des communes.

Ces annonces vont « dans le bonsens », pour Villes de France comme

Les collectivités devraient subir une perte de recettes d’environ 7 milliards d’euros en 2020.

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Page 4: Les Echos - 02 06 2020

04 // EVENEMENT Mardi 2 juin 2020 Les Echos

technologique et écologique. Rappelant que tout n’est pas une question de milliards, mais de vision. « On redécouvre le rôlede l’Etat stratège », se félicite-t-elle. L’ancienne ministre de l’Environnement réclame pour cela un grand plan de comman-des publiques, par exemple dans la rénovation thermique du bâtiment.

L’ex-candidate à l’Elysées’insurge contre les annonces faites par certaines entreprises, en particulier Renault. « Il y a instrumentalisation de la crise sanitaire pour procéder à des licenciements prévus aupara-vant. » L’ancienne élue des Deux-Sèvres souhaite moins de précipitation et plus de concertation. Selon elle, l’esprit d’union nationale revendiqué par Emmanuel Macron néces-site d’écouter les oppositions et de rassembler l’intelligence collective, notamment avec les élus locaux « méprisés pendant trois ans » et, enfin, pris en compte. Quant à l’école, Ségo-lène Royal demande là aussi de « valoriser la communauté édu-cative au lieu de la punir », faisantréférence à la complexité de la circulaire sur les mesures sani-taires. Elle en appelle à réduire « la fracture éducative profonde »provoquée par cette crise et demande au gouvernement de mettre en place un accompa-gnement éducatif dans les éco-les et les collèges cet été, notam-ment en proposant des emplois tremplins aux étudiants, « en grande difficulté économique » parce que privés de stage ou de premier emploi. n

CORONAVIRUS

« On redécouvre le rôle de l’Etat stratège »

LE GRAND RENDEZ-VOUS //EUROPE 1 - CNEWS - « LES ÉCHOS »

s’inscrit dans les pas de ses prédéces-seurs : depuis plus de trente ans, les gouvernements successifs ont quasi tous opté pour un profil politique à latête de la Cour (à l’exception du seul mandat de François Logerot entre 2001 et 2004), utile pour gérer les relations parfois compliquées avec l’exécutif, les parlementaires oules élus locaux. « Je crois avoir acquisune palette d’expériences (en tant qu’élu local, député, député européen, ministre et commissaire européen) qui ne me disqualifiait pas pour le poste », estime Pierre Moscovici.

Celui-ci connaît aussi bien la mai-son, même s’il n’y a travaillé qu’envi-ron cinq ans et demi depuis son entrée en 1984, entre ses mandats politiques successifs. Ces derniers sont derrière lui. « Ce poste de pre-mier président marquerait pour moi un tournant et la fin de mon engage-ment dans la vie politique. Diriger la Cour réclame d’être indépendant et impartial, je m’appliquerai la règle scrupuleusement », assure-t-il.

Cela ne l’empêchera pas d’interve-nir dans le débat public au moment où la flambée du déficit et de la dette

après la crise du coronavirus suscitede nombreuses questions. « La Courne doit pas être dans une logique aus-téritaire, mais plutôt rigoureuse au sens étymologique du terme. La dépense publique supplémentaire décidée récemment est nécessaire dans le contexte, mais cela n’empêche pas de réfléchir à court terme sur la qualité de cette dépense publique et à long terme sur la soutenabilité de la dette », estime-t-il. L’ancien ministre de l’Economie de François Hol-lande, qui avait vu de hauts niveaux de déficit, est-il le mieux placé pour

Renaud Honoré @r_honore

Certains anniversaires sont plus marquants que d’autres. Il y a tout juste trente-six ans, le 1er juin 1984, Pierre Moscovici intégrait la Cour des comptes. Ce mercredi, il doit en devenir le premier président. L’Ely-sée a en effet confirmé ce week-end que le Conseil des ministres officiali-sera la nomination de l’ancien com-missaire européen à la tête de l’insti-tution de la rue Cambon, gardienne du bon usage des deniers publics. « Si cette nomination se confirme, je serai très honoré de diriger cette insti-tution, qui aura un rôle primordial dans cette période post-Covid très par-ticulière, y compris pour les finances publiques », explique aux « Echos » Pierre Moscovici.

Cette nomination marque la find’un long feuilleton, comme souventavec Emmanuel Macron quand il s’agit du choix des hommes. Cela faitdéjà cinq mois que la Cour des comptes est sans premier président – quand Didier Migaud avait finale-ment été bombardé à la fin janvier président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) – et plus d’un an et demi que les spéculations sur ce départ annoncé ont débuté.

Tournant personnelDurant toute cette période, les noms d’Eric Woerth (actuel prési-dent de la commission des Finances de l’Assemblée) et surtout de Pierre Moscovici (dont le bail à la Commis-sion européenne s’achevait en novembre dernier) revenaient avec insistance. En septembre, les chan-ces de ce dernier avaient semblé chuter après des déclarations à la presse sur le « populisme mains-tream » d’Emmanuel Macron. « S’il y a eu malentendu, il a très vite été levé », argue Pierre Moscovici. En fai-sant ce choix, Emmanuel Macron

NOMINATION

L’Elysée doit nommer mercredi l’ancien commissaire européen comme premier président de la Cour.

Dans un entretien aux « Echos », ce dernier estime que l’institution ne doit « pas être dans une logique austéritaire », mais de « contrôle de la qualité de la dépense publique ».

« Ce poste de premier président marquerait pour moi un tournant et la fin de mon engagement dans la vie politique », confie Pierre Moscovici. Photo AFP

donner des leçons de bonne ges-tion ? « Cette critique est dénuée de tout fondement ! Mon passage à Bercycorrespond à la période où les déficits ont été le plus réduits depuis 2008. Je note que d’autres me font le reproche inverse, de les avoir trop diminués. J’aitoujours été partisan d’une approche flexible des finances publiques, dans lecadre européen », commente-t-il.

Rôle plus prospectifLe futur premier président de la Cour a en tout cas déjà quelques pro-jets en tête. « Les avis de la Cour sont respectés et attendus. C’est un capital très solide sur lequel il faut se fonder pour aller vers un rôle plus prospectif et de conseil en matière de finances et de politiques publiques, en lien avec les grands enjeux du moment », avance-t-il. Pierre Moscovici sou-haite également « renforcer encore l’expertise économique de la Cour et du Haut conseil des finances publi-ques [organe rattaché la Cour, NDLR] afin de jouer de façon accrue un rôle d’interface avec les adminis-trations nationales et avec la Commis-sion européenne ». n

Les projets de Pierre Moscovici pour la Cour des comptes

« Diriger la Cour réclame d’être indépendant et impartial, je m’appliquerai la règle scrupuleusement. »PIERRE MOSCOVICI

Yves Vilaginés @YvVilagines

Avec la seconde étape du déconfinement, l’étau se des-serre progressivement sur la vie quotidienne des Français. Invi-tée dimanche du « Grand Ren-dez-vous », l’émission politique d ’Europ e 1 , CNews et des « Echos », Ségolène Royal s’est dite contente de « retrouver la liberté, la nature et surtout de l’activité économique ». La prési-dente de l’association Désirs d’avenir pour la planète sou-haite que l’on tire les leçons de cette crise. « Si cela recom-mence, le confinement n’est impé-rativement pas la solution, parce que l’économie ne s’en relèverait pas. » Qualifiant le confinement de « solution moyenâgeuse », ellea fustigé le manque d’anticipa-tion du gouvernement.

Tout n’est pas une question de milliardsA propos du « Ségur de la santé », Ségolène Royal attend plus que des hommages pour le personnel soignant. Elle réclame « la reconstruction de notre capacité hospitalière », ainsi qu’une revalorisation des rémunérations et des profils de carrière des personnels soignants. Une bonne gestion hospitalière certes, mais aussi d’arrêter de parler de dette de l’hôpital public. « On a laissé l’hôpital au bord du gouffre, il fautchanger de logiciel. C’est un inves-tissement. » Ce qui nécessite uneapproche financière différente : selon elle, la dépense doit être prise en charge par l’ensemble de la nation et pas seulement parles cotisations sociales sur les revenus du travail.

Sur la crise économique,Ségolène Royal salue le plan de relance préparé par l’Union européenne, et constate que « l’argent est là ». Mais elle souli-gne de la part du gouvernementun manque d’entrain et de puis-sance pour effectuer un saut

Invitée dimanche de l’émission « Le Grand Rendez-vous », Ségolène Royal exige plus de concertation et moins de précipitation de la part du gouvernement. Elle réclame un plan de commandes publiques et la réduction de la fracture éducative.

ment dans un lycée professionnel des Yvelines. Après un ou plusieurs jours de prérentrée des enseignants,de premiers lycéens devraient retrouver leur établissement à la fin de la semaine. Mais les conditions d’ouverture sont tellement restricti-ves qu’elles font des lycées les parents pauvres de l’élargissement de l’ouverture des établissements scolaires voulu par le gouverne-ment. Sans compter le manque d’agents de nettoyage dans certainesrégions qui aura un effet direct sur l’ouverture des établissements.

En zone verte, les lycées généraux,technologiques et professionnels doivent accueillir « tous les élèves surau moins un niveau », selon le minis-tère de l’Education nationale. Il fau-dra donc choisir entre les élèves de seconde, de première ou de termi-

nale. L’ouverture à d’autres niveaux sera laissée à l’appréciation des pro-viseurs, selon les situations locales.

« Irréaliste »Dans la réalité, cet accueil de tous lesélèves d’un même niveau paraît « irréaliste » à tenir avec le protocole sanitaire actuel, selon Philippe Vin-cent, à la tête du principal syndicat d e p r o v i s e u r s , l e S N P D E N. « Accueillir un niveau complet, cela veut dire des classes complètes qu’il faut diviser en moyenne par trois,et cela sature très vite un lycée, en grou-pes d’élèves et en nombre », confie-t-il,en estimant que « ratisser large pour faire coucou c’est nous n’aurait pas beaucoup d’intérêt, et, de toute façon, en nombre, on ne pourra pas le faire ».Plusieurs proviseurs s’apprêtent ainsi à cibler l’accueil de certains élè-

tous les élèves doivent avoir bénéfi-cié de cet entretien afin de faire le point sur le suivi de leur scolarité, le projet d’orientation et le suivi de Parcoursup, affirme-t-on au minis-tère de l’Education. Pour les établis-sements, ces entretiens s’annoncent très lourds à organiser.

Quant aux lycées professionnels,qui concentrent le nombre de décro-cheurs le plus élevé selon le minis-tère, tous sont censés rouvrir leurs portes. La règle sera, là aussi, celle dela rotation des élèves. En zone verte, les lycées devront accueillir en prio-rité les élèves de terminale et de CAP.En zone orange, les entretiens indi-viduels seront la règle, comme pour les lycées généraux et technologi-ques. La priorité des cours en atelier,affichée il y a quelques semaines parJean-Michel Blanquer, n’est plus

vraiment à l’ordre du jour. Le travail des élèves autour d’une même machine est parfois incompatible avec le respect des règles sanitaires. « On a des craintes sur la désinfection des matériels qui passent d’un élève à l’autre, indique Pascal Vivier, secré-taire général du Snetaa-FO, princi-pal syndicat dans les lycées profes-sionnels. S’il est trop compliqué d’utiliser une machine, on compte surle bon sens des professeurs pour faire autre chose. » Pour le syndicat, la priorité est de ramener les élèves décrocheurs vers l’école. Ce qui ne sefera pas spontanément. FO propose à cet effet de décharger des ensei-gnants de leurs cours (physiques et àdistance) pour qu’ils s’y attellent au sein d’une équipe d’intervenants de quartier, d’assistants sociaux, d’associations et d’élus locaux. n

Marie-Christine Corbier @mccorbier

C’est ce mardi que « l’ensemble des lycées vont rouvrir », a promis Jean-Michel Blanquer jeudi dernier. Il sera, pour l’occasion, en déplace-

ÉDUCATION

« L’ensemble des lycées vont rouvrir » à partir de mardi, a assuré le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer.

Mais l’ouverture des établissements risque d’être très restreinte.

Dans les lycées, une réouverture au compte-gouttesves, par exemple ceux qui vont devoir passer les oraux de rattra-page du bac en juillet. « Cela aura plus de sens et sera plus efficace », jugePhilippe Vincent.

En zone orange (Ile-de-France,Guyane et Mayotte), l’ouverture est plus restreinte encore. Les lycées généraux et technologiques devrontsurtout organiser des entretiens individuels. D’ici à la fin de l’année,

En zone orange, les entretiens individuels seront la règle, comme pour les lycées généraux et technologiques.

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« On a laissé l’hôpital au bord du gouffre, il faut changer de logiciel. C’est un investissement. »SÉGOLÈNE ROYAL

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06 // EVENEMENT Mardi 2 juin 2020 Les Echos Les Echos Mardi 2 juin 2020 EVENEMENT // 07

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Lors de la troisième nuit d’émeutes à Minneapolis, dans le Minnesota, jeudi 28 mai. Photo Julio Cortez/AP/SIPA

entrant dans un cortège, sans faire de victimes, par miracle. Les héli-coptères de l’armée continuent d’arpenter le ciel, surveillant tout mouvement de foule.

Un ballet inhabituel dans une villeréputée pour son ouverture, sa mixité et qui a longtemps fait figure de modèle de lutte contre les inégali-tés aux Etats-Unis. Un système de redistribution fiscale des comtés les plus riches vers ceux les plus pau-vres a permis à Minneapolis de figu-rer parmi les villes les plus égalitai-res du pays. Mais un racisme latent persiste, en particulier dans les for-ces de police presque exclusivementblanches. Les autorités, elles, sont persuadées d’avoir affaire à des ban-des très organisées, venues de tout lepays, voire de l’étranger, pour semer la terreur. « Toutes les personnes arrêtées viennent d’autres Etats », a annoncé le maire de Saint Paul, la ville voisine de Minneapolis.

Des quartiers en ruinesDans plusieurs quartiers, la recons-truction s’annonce longue après les émeutes les plus violentes que la ville a connues. A Longfellow, autour du commissariat où tra-vaillaient les quatre policiers res-ponsables de la mort de George Floyd, des dizaines de bâtiments

s o n t e n r u i n e s . D e l a f u m é e s’échappe encore de certains d’entre eux et des passants s’aventurent dans les commerces abandonnés pour chercher du matériel, des den-rées ou des métaux à récupérer.

En face du commissariat désertépar la police depuis jeudi, le super-marché Target, cible de pillages depuis la semaine dernière, n’a plusgrand-chose à offrir. En partie inondé, ses vitres brisées, il résonned’alarmes de sécurité désormais dérisoires. Les plus désœuvrés se battent pour une boîte de sauce tomate, chargeant sur des palettes ce qui peut encore être sauvé. « On m’a dit qu’il y avait de quoi se servir, mais j’arrive trop tard », se désole Margarita, immigrée mexicaine venue avec ses deux bambins, chas-sés par un couple car ils convoi-taient de trop près leur butin. Le « spectacle » a attiré des curieux quis’amusent à lancer des pétards sur le parking du magasin pour faire peur à ceux qui essaient de manger.

A quelques kilomètres de là, lesémeutes ont épargné Powderhorn et le carrefour où George Floyd a trouvé la mort. Depuis une semaineson quartier lui rend hommage. La colère froide des habitants s’efface devant le recueillement et le res-pect. Les rues ont été fermées à la

circulation, les riverains eux-mê-mes les gardent. « Nous sommes un quartier mélangé, nous nous som-mes toujours serré les coudes. La police ? On l’ignore, on la méprise », affirme Tasheka Turner, qui tient un commerce de traiteur à domicileet qui, depuis plusieurs jours, vient apporter du réconfort aux habi-tants du quartier avec des plats qu’elle distribue gratuitement. « Lesgens sont fatigués. Fatigués de voir encore et encore les mêmes choses », ajoute-t-elle pudiquement.

Appel au calme du frère de la victimeLe frère de la victime, Terrence Floyd, qui habite New York, devait se rendre sur les lieux lundi, pour réitérer un appel au calme, au milieudes fleurs et des milliers de messagesde soutien qui se sont accumulés ces dernières heures : « Black lives matter », « I can’t breathe » (je ne peux pas respirer), pour reprendre les dernières paroles prononcées par la victime… Des artistes ont peint sur un mur un gigantesque portrait de Floyd. On peut y lire : « Maintenant, je peux respirer. »

(L’éditorial de Lucie RobequainPage 14

Minneapolis, symbole des tensions raciales de l’Amériquel La ville a retrouvé un semblant de calme ce week-end après une semaine d’agitation, à la suite de la mort de George Floyd, un Afro-Américain tué par des policiers.l Longtemps considérée comme un modèle de lutte contre les inégalités, Minneapolis est toujours traversée par un racisme latent. Les blessures seront longues à se refermer.

Nicolas Rauline @nrauline—Envoyé spécial à Minneapolis

Minneapolis panse ses plaies. Alors que le mouvement de protestation s’étend, la tension est légèrement retombée ce week-end dans la ville d’où tout est parti, après la mort il y aune semaine de George Floyd, tué par des policiers. Quelques incen-dies ont encore été signalés dans la nuit et ce calme tout relatif n’est revenu qu’au prix d’un sévère cou-vre-feu. Dimanche soir, des centai-nes de personnes ont été arrêtées pour ne pas avoir respecté l’ordre derester chez elles. Elles risquent jus-qu’à 1.000 dollars d’amende. Presquetous les commerces de la ville sont restés fermés ce week-end, de peur de nouveaux pillages. Ce qui a provo-qué une ruée vers les magasins des faubourgs encore ouverts et de lon-gues files d’attente.

La tension reste palpable alorsque la police et l’armée, venue en renfort, semblent décidées à impo-ser l’ordre par la force. Dimanche, plusieurs manifestations pourtant pacifiques ont ainsi été dispersées par des gaz lacrymogènes. Un camion a semé la panique en

ÉTATS-UNIS

La veille de l’annonce de cereport, Donald Trump était revenu sur l’un de ses terrains favoris, le bras de fer avec la Chine.Sur un ton ferme mais sans don-ner de détails, il a rappelé pour-quoi, à son sens, Hong Kong ne disposait plus de son autonomie vis-à-vis de la Chine, depuis que cette dernière avait adopté une loisur la sécurité nationale applica-ble dans l’ancienne colonie.

Ce nouveau contexte oblige lesEtats-Unis à reconsidérer les avantages commerciaux qu’ils accordent à la région autonome spéciale. Lundi, on apprenait que la Chine, bien que n’ayant pas réagi aux propos du chef de l’Etat américain, a demandé, à ses entreprises publiques de ne plus importer de soja ni de porc des Etats-Unis. Si les Etats-Unis per-sistent dans leur démarche, d’autres produits pourraient être concernés, ont laissé entendre des experts chinois.

Rupture avec l’OMSLe milliardaire républicain a éga-lement confirmé que les Etats-Unis coupaient toutes leurs rela-tions avec l’Organisation mondialede la santé. Ils avaient déjà sus-pendu leur contribution finan-cière. Pour Donald Trump, cette agence de l’ONU est « entièrement contrôlée » par Pékin. La prési-dente de la Commission euro-péenne, Ursula von der Leyen, et lechef de la diplomatie de l’UE, JosepBorrell, ont exhorté Washington « à reconsidérer sa décision » : « La coopération et la solidarité mondia-les par le biais d’efforts multilaté-raux sont les seuls moyens efficaces et viables de gagner la bataille » con-tre la pandémie de coronavirus. n

Michel De Grandi @MdeGrandi

Donald Trump est sur tous les fronts. Après avoir été, pendant de longues semaines, focalisé sur la crise du coronavirus, le prési-dent américain entend maintenir la pression sur ses partenaires et s’est de nouveau emparé des dos-siers internationaux.

Il a ainsi pris de court les paysindustrialisés en décidant d’un report de la réunion du G7, qui devait se tenir en juin aux Etats-Unis. Il venait d’essuyer un refus d’Angela Merkel, la chancelière allemande ou de Justin Trudeau, le Premier ministre canadien, peudécidés à se déplacer aux Etats-Unis compte tenu des risques sanitaires persistants. Sans nou-velle date à proposer, le président américain a en revanche souhaitéélargir le G7 à d’autres pays. Esti-mant que le format actuel où siè-gent le Royaume-Uni, le Canada, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon et, bien sûr, les Etats-Unis était « dépassé » le président amé-ricain a surtout mentionné les pays de l’axe indo-pacifique c o m m e p o s s i b l e s c a n d i -dats parmi lesquels l’Australie et l’Inde. Il a aussi nommé la Corée du Sud et la Russie. Cette dernièreétait exclue de cette assemblée depuis l’annexion par Moscou de la Crimée ukrainienne en 2014.

Hong Kong, G7, OMS : Donald Trump multiplie les déclarations sur les grands dossiers. Une façon de maintenir la pression sur ses partenai-res et d’être présent dans les médias.

Trump omniprésent sur les grands dossiers internationaux

Hortense Goulard @HortenseGoulard

« Garder le silence, c’est être complice.Black lives matter [les vies noires comptent]. Nous avons une plate-forme et nous avons le devoir, pour nos clients noirs, nos employés, nos créateurs et nos talents, de prendre la parole. » Ce tweet de l’entreprise de vidéo à la demande Netflix, publié le30 mai en soutien aux mouvements de protestation qui secouent les Etats-Unis depuis trois jours, a déjà récolté plus d’un million de like.

La publication la semaine der-nière d’une vidéo montrant le meur-tre de George Floyd, un Noir améri-cain de quarante-six ans, par un policier blanc, a déclenché une vague de manifestations, parfois vio-lentes, dans plusieurs grandes villes des Etats-Unis. Fait rare, de nom-breuses entreprises américaines ontpris la parole pour soutenir les manifestants, selon le « New York Times ». C’est le cas, par exemple, dugéant américain de la finance Citi-group, dont le directeur financier, Mark Mason, a publié un post de blog reprenant les derniers mots de

Netflix, Reebok ou encore Citigroup ont pris la parole pour dénoncer le racisme aux Etats-Unis, à la suite du meurtre de George Floyd par un policier blanc. Une stratégie qui pourrait se retourner contre certaines.

George Floyd : « Je ne peux pas respi-rer. » Le site de microblogging Twit-ter, qui a récemment signalé un postde Donald Trump pour « apologie de la violence », a quant à lui changésa description pour le hashtag #BlackLivesMatter.

Des équipementiers sportifs telsque Nike ou Reebok ont eux aussi réagi à la mort de George Floyd. « Nous ne vous demandons pas d’acheter nos chaussures. Nous vous demandons de vous mettre à la place de quelqu’un d’autre [« to walk in someone else’s shoes »] », écrit ce dernier sur Twitter. Le premier a publié une vidéo reprenant son slo-gan publicitaire « Just do it » et le transformant en « For once, don’t doit ». La marque à la virgule appellentainsi ses fans à ne pas ignorer le pro-blème du racisme aux Etats-Unis.

« Votre hyprocrisie est sans limite »En prenant la parole pour les mani-festants, les entreprises américainesespèrent améliorer leur image de marque en l’associant à des valeurs comme l’antiracisme. Ces initiatives peuvent néanmoins se retourner contre elles. YouTube, par exemple, a déclaré sur Twitter qu’elle donne-rait 1 million de dollars pour « remé-dier à l’injustice sociale ». « Votre hyprocrisie est sans limite », a répondu Sleeping Giants, une asso-ciation qui cherche à détourner l’argent publicitaire de médias qu’elle considère comme racistes etxénophobes, comme le site Breit-bart ou la chaîne conservatrice Fox News. « En tant que plateforme qui atoujours évité d’avoir à retirer des vidéos racistes, de suprématistes blancs ou de semeurs de haine, vous devriez avoir honte de tweeter à ce sujet. C’est trop peu, trop tard. » n

Des entreprises américaines soutiennent les manifestants

« Je ne peux pas respirer. »MARK MASONDirecteur financier de Citigroup

mais ce registre, comme pendant l’épidémie de Covid-19, n’est pas son favori. Et ceux qui le poussaient à s’adresser à ses concitoyens n’ont pasété entendus. Aux gouverneurs, « vous devez dominer la situation », a-t-il déclaré.

Donald Trump, qui n’a guère putirer de profit politique du retour desEtats-Unis dans la conquête spatiale ce week-end, a désormais repris unestratégie familière : celle de l’attaque.De même que la Chine est, dans son discours, responsable de la pandé-mie et de ses 100.000 morts aux Etats-Unis, c’est l’extrême gauche – les « antifas » – qui attiserait les vio-

lences dans les grandes villes . Et, lundi, Trump a fait le lien entre la « gauche radicale » qui « travaille à faire sortir les anarchistes de prison » et son rival démocrate Joe Biden. « Joe n’en sait rien, il n’en a aucune idée, mais ce sont eux qui auront le vrai pouvoir, pas Joe. Ce sont eux qui mèneront la barque ! » a-t-il soutenu sur Twitter.

Attiser les inquiétudesDonald Trump fait ainsi le pari de faire monter les inquiétudes de la majorité blanche qui l’a élu en 2016, pour mieux la mobiliser. Car s’il avaitbien tenté ces derniers mois des appels du pied vers les Afro-Améri-cains, près de neuf sur dix (88 %) avaient voté pour Hillary Clinton il y a quatre ans.

Pour Joe Biden, qui s’est entretenuavec des leaders noirs, l’enjeu, en novembre, sera surtout de ne pas décevoir la communauté qui a large-ment contribué à sa victoire dans lesprimaires : si les Noirs votent davan-tage que les Hispaniques, leur taux de participation a chuté de 7 points (à 59,6 %) lors du dernier duel prési-dentiel par rapport à l’ère Obama, qui avait fait naître des espoirs – en partie déçus – de réforme.

Si le programme de l’ancien vice-président de Barack Obama est déjà plus à gauche que celui du campdémocrate, le candidat a pour l’heure surtout envoyé des messagesd’apaisement. « Si vous votez Trump c’est que vous n’êtes pas noir », a-t-il enoutre lancé il y a dix jours à un Noir, provoquant de l’agacement jusque chez les démocrates.

Certains représentants afro-amé-ricains comme Jesse Jackson, qui avait pris position pour Bernie San-ders, ou Stacey Abrams, sur la liste des candidates à la vice-présidence, veulent en tout cas déjà peser dans les débats qui s’ouvrent. n

La question communautaire fait irruption dans la campagne présidentielle

Véronique Le Billon @VLeBillon

—Bureau de New York

La « transition pour la grandeur » attendra. Le dernier slogan de Donald Trump, créé à cinq mois de

Donald Trump fait le pari d’attiser les inquiétudes de la majorité blanche qui l’a élu en 2016, pour mieux la mobiliser. Pour Joe Biden, l’enjeu est de ne pas décevoir une communauté noire qui a largement contribué à sa victoire dans les primaires.

lysé par les centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC).Parmi les malades hospitalisés, lesNoirs sont 4,5 fois plus représen-tés que les Blancs non hispaniques– et les Hispaniques 3,5 fois plus.

« Nous savons, depuis toujours,que des maladies comme le diabète,l’hypertension, l’obésité et l’asthme touchent de manière dispropor-tionnée les minorités, en particulierles Afro-Américains », expliquait dès début avril Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des allergies et maladies infectieu-ses. Ces dernières années, les Noirs avaient une espérance de vieà la naissance de trois ans et demi inférieure à celle des Blancs.

Avant-postes de la criseLes conséquences sociales de la pandémie ont, ensuite, plus large-ment touché les minorités, surre-présentées dans les métiers faible-ment qualifiés et aux avant-postesde la crise. Ainsi, 39 % des person-nes travaillant en février et vivant dans un foyer touchant moins de 40.000 dollars de revenus par an avaient déjà perdu un emploi en mars, selon une étude de la Réserve fédérale publiée mi-mai.Malgré une décennie de crois-sance aux Etats-Unis, « les écarts de bien-être économique selon la race et l’ethnicité sont restés au moins aussi importants qu’en 2013,même si l’économie s’est renforcée et que le bien-être général s’est amé-lioré », constate aussi le rapport dela banque centrale sur les condi-tions de vie des Américains. Fin 2019, malgré un taux de chômage au plus bas (3,5 % de la populationactive), un Noir sur quatre (et un Hispanique sur quatre aussi) indi-quait encore ne pas travailler à plein temps et cherchait à tra-vailler davantage. — V. L. B.

Une explosion de violence pour un ras-le-bol social. Les émeutes qui se multiplient dans les grandesvilles américaines depuis la mort, aux mains de la police, de l’Afro-Américain George Floyd à Min-neapolis le 25 mai, ont cristallisé ces derniers jours le sentiment de racisme rampant qui persiste aux Etats-Unis. Le meurtre, en février, d’un joggeur noir en Géorgie par un ancien policier et son fils, puis la mort, sous les tirs de la police, d’une ambulancière noire dans le Kentucky en mars ont scanda-lisé. Selon le site Mapping Police Violence, 1.098 personnes ont été tuées par la police l’an dernier, dont 259 Noirs (406 Blancs et 212 de race inconnue). Même à New York, ces derniers jours, le faux témoignage d’une femme blancheappelant la police à Central Park en se disant « menacée par un Afro-Américain », qui observait enréalité les oiseaux, a enflammé les réseaux sociaux.

A ces épisodes récurrentss’ajoute un contexte doublement inflammable. Les Noirs ont, d’abord, payé un lourd tribut à l’épidémie de coronavirus, qui a déjà fait plus de 100.000 morts auxEtats-Unis. Alors que les Afro-Américains représentent 13,4 % de la population (pour 60 % de Blancs et 18 % d’Hispaniques), ils constituent plus d’un quart (26,1 %) des cas de Covid-19 recen-sés, sur un large échantillon ana-

En quelques semaines, plusieurs faits divers sont venus rappeler le racisme rampant qui persiste aux Etats-Unis. Les Noirs ont en outre payé un lourd tribut à l’épidémie de coronavirus et sont parmi les premières victimes de la crise économique.

Les inégalités raciales, un problème persistant

« Nous sommes un quartier mélangé, nous nous sommes toujours serrés les coudes. La police ? On l’ignore, on la méprise. Les gens sont fatigués. Fatigués de voir encore et encore les mêmes choses. »TASHEKA TURNERCommerçante du quartier de Powderhorn où George floyd a trouvé la mort.

la présidentielle pour donner un horizon à un peuple américain déboussolé par le coronavirus, a été remplacé ces dernières heures par un message autrement plus terre à terre : « la loi et l’ordre », a intimé sur Twitter et en lettres capitales le prési-dent américain, qui a convoqué lundi une réunion avec les gouver-neurs des Etats.

Le président a bien un tempsexprimé de la compassion pour George Floyd, tué par un policier le 25 mai à Minneapolis (Minnesota),

ANALYSE

Des rassemblements ont été orga-nisés chaque jour depuis dans les autres grandes villes californiennes, notamment à Los Angeles, où le souvenir des émeutes de 1992, pro-voquées par l’acquittement de trois officiers de police ayant passé à tabac Rodney King, un automo-biliste noir, est encore vif. Après la destruction de nombreux magasins,l’état d’urgence a été déclaré dans le comté de Los Angeles samedi, un couvre-feu mis en place, et la Garde nationale appelée en renfort. Le gou-verneur de Californie, Gavin New-som, a recommandé aux commer-ces des centres-villes de l’Etat de rester fermés lundi. A Washington, la Maison-Blanche n’a pas été épargnée. Durant le week-end, le bâtiment a été neutralisé alors que les manifestants mena-çaient les grilles. Donald Trump a même dû être mis en sécurité quel-ques heures dans un bunker. Des feux ont été allumés autour du bâti-ment, alors que la Maison-Blanche était, elle, plongée dans le noir.

Plusieurs émeutes d’envergureont agité l’Amérique ces dernières années. Elles faisaient suite, pour la plupart, à des crimes racistes de la part de policiers. Ce fut le cas notam-ment à Saint Louis (Missouri) en 2017 ou à Baltimore (Maryland) en 2015. Mais jamais dans l’histoire moderne le mouvement ne s’était propagé aussi rapidement et massi-vement. Aux revendications de jus-tice, s’ajoutent les frustrations socia-les et les conséquences de la crise ducoronavirus, qui a mis 40 millions d’Américains au chômage. n

Anaïs Moutot (à San Francisco) @AnaisMoutot

et N. R. (à Minneapolis)

La spirale de la violence est de nou-veau enclenchée aux Etats-Unis. Et nul ne sait où elle s’arrêtera. Le pays a connu, dans la nuit de dimanche à lundi, sa sixième soirée de violences,une semaine après la mort de George Floyd. Une centaine de villes,à travers le pays, ont été touchées. Etla Garde nationale a été déployée dans une vingtaine d’Etats.

A Louisville, dans le Kentucky,un homme a été tué après que des coups de feu ont été échangés entrela police et des manifestants. Une enquête est en cours pour détermi-ner les circonstances de l’accident. A New York, de violents heurts ont opposé la police et les manifestants.A Philadelphie, des vidéos ont été diffusées sur Internet montrant des violences policières envers les manifestants. A Nashville, dans le Tennessee, l’hôtel de ville a été incendié.

Le souvenir de 1992Le foyer de contestation est particu-lièrement fort en Californie. Dans la baie de San Francisco, une premièremanifestation a été organisée à Oakland vendredi soir. Selon le décompte de la police, 5.000 person-nes sont descendues dans les rues dela ville de naissance des Black Pan-thers, où 23 % de la population est noire. Pancartes « white silence = violence » et « Black Lives Matter »en main, les manifestants ont défilé en scandant « no justice, no peace ». Après l’utilisation de gaz lacrymo-gènes par les forces de l’ordre pos-tées aux entrées de l’autoroute, les vitrines des banques Wells Fargo et Chase ont été détruites et un café Starbucks incendié.

Les troubles se sont propagés dans la plupart des grandes villes, en quelques jours. Aux désirs de justice, se mêlent les frustrations sociales et économiques nées de la crise du coronavirus.

Une vague de violences à travers les Etats-Unis

A Washington, alors que des manifestants menaçaient les grilles de la Maison-Blanche, Donald Trump a dû être mis en sécurité quelques heures dans un bunker.

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Page 7: Les Echos - 02 06 2020

06 // EVENEMENT Mardi 2 juin 2020 Les Echos Les Echos Mardi 2 juin 2020 EVENEMENT // 07

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Lors de la troisième nuit d’émeutes à Minneapolis, dans le Minnesota, jeudi 28 mai. Photo Julio Cortez/AP/SIPA

entrant dans un cortège, sans faire de victimes, par miracle. Les héli-coptères de l’armée continuent d’arpenter le ciel, surveillant tout mouvement de foule.

Un ballet inhabituel dans une villeréputée pour son ouverture, sa mixité et qui a longtemps fait figure de modèle de lutte contre les inégali-tés aux Etats-Unis. Un système de redistribution fiscale des comtés les plus riches vers ceux les plus pau-vres a permis à Minneapolis de figu-rer parmi les villes les plus égalitai-res du pays. Mais un racisme latent persiste, en particulier dans les for-ces de police presque exclusivementblanches. Les autorités, elles, sont persuadées d’avoir affaire à des ban-des très organisées, venues de tout lepays, voire de l’étranger, pour semer la terreur. « Toutes les personnes arrêtées viennent d’autres Etats », a annoncé le maire de Saint Paul, la ville voisine de Minneapolis.

Des quartiers en ruinesDans plusieurs quartiers, la recons-truction s’annonce longue après les émeutes les plus violentes que la ville a connues. A Longfellow, autour du commissariat où tra-vaillaient les quatre policiers res-ponsables de la mort de George Floyd, des dizaines de bâtiments

s o n t e n r u i n e s . D e l a f u m é e s’échappe encore de certains d’entre eux et des passants s’aventurent dans les commerces abandonnés pour chercher du matériel, des den-rées ou des métaux à récupérer.

En face du commissariat désertépar la police depuis jeudi, le super-marché Target, cible de pillages depuis la semaine dernière, n’a plusgrand-chose à offrir. En partie inondé, ses vitres brisées, il résonned’alarmes de sécurité désormais dérisoires. Les plus désœuvrés se battent pour une boîte de sauce tomate, chargeant sur des palettes ce qui peut encore être sauvé. « On m’a dit qu’il y avait de quoi se servir, mais j’arrive trop tard », se désole Margarita, immigrée mexicaine venue avec ses deux bambins, chas-sés par un couple car ils convoi-taient de trop près leur butin. Le « spectacle » a attiré des curieux quis’amusent à lancer des pétards sur le parking du magasin pour faire peur à ceux qui essaient de manger.

A quelques kilomètres de là, lesémeutes ont épargné Powderhorn et le carrefour où George Floyd a trouvé la mort. Depuis une semaineson quartier lui rend hommage. La colère froide des habitants s’efface devant le recueillement et le res-pect. Les rues ont été fermées à la

circulation, les riverains eux-mê-mes les gardent. « Nous sommes un quartier mélangé, nous nous som-mes toujours serré les coudes. La police ? On l’ignore, on la méprise », affirme Tasheka Turner, qui tient un commerce de traiteur à domicileet qui, depuis plusieurs jours, vient apporter du réconfort aux habi-tants du quartier avec des plats qu’elle distribue gratuitement. « Lesgens sont fatigués. Fatigués de voir encore et encore les mêmes choses », ajoute-t-elle pudiquement.

Appel au calme du frère de la victimeLe frère de la victime, Terrence Floyd, qui habite New York, devait se rendre sur les lieux lundi, pour réitérer un appel au calme, au milieudes fleurs et des milliers de messagesde soutien qui se sont accumulés ces dernières heures : « Black lives matter », « I can’t breathe » (je ne peux pas respirer), pour reprendre les dernières paroles prononcées par la victime… Des artistes ont peint sur un mur un gigantesque portrait de Floyd. On peut y lire : « Maintenant, je peux respirer. »

(L’éditorial de Lucie RobequainPage 14

Minneapolis, symbole des tensions raciales de l’Amériquel La ville a retrouvé un semblant de calme ce week-end après une semaine d’agitation, à la suite de la mort de George Floyd, un Afro-Américain tué par des policiers.l Longtemps considérée comme un modèle de lutte contre les inégalités, Minneapolis est toujours traversée par un racisme latent. Les blessures seront longues à se refermer.

Nicolas Rauline @nrauline—Envoyé spécial à Minneapolis

Minneapolis panse ses plaies. Alors que le mouvement de protestation s’étend, la tension est légèrement retombée ce week-end dans la ville d’où tout est parti, après la mort il y aune semaine de George Floyd, tué par des policiers. Quelques incen-dies ont encore été signalés dans la nuit et ce calme tout relatif n’est revenu qu’au prix d’un sévère cou-vre-feu. Dimanche soir, des centai-nes de personnes ont été arrêtées pour ne pas avoir respecté l’ordre derester chez elles. Elles risquent jus-qu’à 1.000 dollars d’amende. Presquetous les commerces de la ville sont restés fermés ce week-end, de peur de nouveaux pillages. Ce qui a provo-qué une ruée vers les magasins des faubourgs encore ouverts et de lon-gues files d’attente.

La tension reste palpable alorsque la police et l’armée, venue en renfort, semblent décidées à impo-ser l’ordre par la force. Dimanche, plusieurs manifestations pourtant pacifiques ont ainsi été dispersées par des gaz lacrymogènes. Un camion a semé la panique en

ÉTATS-UNIS

La veille de l’annonce de cereport, Donald Trump était revenu sur l’un de ses terrains favoris, le bras de fer avec la Chine.Sur un ton ferme mais sans don-ner de détails, il a rappelé pour-quoi, à son sens, Hong Kong ne disposait plus de son autonomie vis-à-vis de la Chine, depuis que cette dernière avait adopté une loisur la sécurité nationale applica-ble dans l’ancienne colonie.

Ce nouveau contexte oblige lesEtats-Unis à reconsidérer les avantages commerciaux qu’ils accordent à la région autonome spéciale. Lundi, on apprenait que la Chine, bien que n’ayant pas réagi aux propos du chef de l’Etat américain, a demandé, à ses entreprises publiques de ne plus importer de soja ni de porc des Etats-Unis. Si les Etats-Unis per-sistent dans leur démarche, d’autres produits pourraient être concernés, ont laissé entendre des experts chinois.

Rupture avec l’OMSLe milliardaire républicain a éga-lement confirmé que les Etats-Unis coupaient toutes leurs rela-tions avec l’Organisation mondialede la santé. Ils avaient déjà sus-pendu leur contribution finan-cière. Pour Donald Trump, cette agence de l’ONU est « entièrement contrôlée » par Pékin. La prési-dente de la Commission euro-péenne, Ursula von der Leyen, et lechef de la diplomatie de l’UE, JosepBorrell, ont exhorté Washington « à reconsidérer sa décision » : « La coopération et la solidarité mondia-les par le biais d’efforts multilaté-raux sont les seuls moyens efficaces et viables de gagner la bataille » con-tre la pandémie de coronavirus. n

Michel De Grandi @MdeGrandi

Donald Trump est sur tous les fronts. Après avoir été, pendant de longues semaines, focalisé sur la crise du coronavirus, le prési-dent américain entend maintenir la pression sur ses partenaires et s’est de nouveau emparé des dos-siers internationaux.

Il a ainsi pris de court les paysindustrialisés en décidant d’un report de la réunion du G7, qui devait se tenir en juin aux Etats-Unis. Il venait d’essuyer un refus d’Angela Merkel, la chancelière allemande ou de Justin Trudeau, le Premier ministre canadien, peudécidés à se déplacer aux Etats-Unis compte tenu des risques sanitaires persistants. Sans nou-velle date à proposer, le président américain a en revanche souhaitéélargir le G7 à d’autres pays. Esti-mant que le format actuel où siè-gent le Royaume-Uni, le Canada, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon et, bien sûr, les Etats-Unis était « dépassé » le président amé-ricain a surtout mentionné les pays de l’axe indo-pacifique c o m m e p o s s i b l e s c a n d i -dats parmi lesquels l’Australie et l’Inde. Il a aussi nommé la Corée du Sud et la Russie. Cette dernièreétait exclue de cette assemblée depuis l’annexion par Moscou de la Crimée ukrainienne en 2014.

Hong Kong, G7, OMS : Donald Trump multiplie les déclarations sur les grands dossiers. Une façon de maintenir la pression sur ses partenai-res et d’être présent dans les médias.

Trump omniprésent sur les grands dossiers internationaux

Hortense Goulard @HortenseGoulard

« Garder le silence, c’est être complice.Black lives matter [les vies noires comptent]. Nous avons une plate-forme et nous avons le devoir, pour nos clients noirs, nos employés, nos créateurs et nos talents, de prendre la parole. » Ce tweet de l’entreprise de vidéo à la demande Netflix, publié le30 mai en soutien aux mouvements de protestation qui secouent les Etats-Unis depuis trois jours, a déjà récolté plus d’un million de like.

La publication la semaine der-nière d’une vidéo montrant le meur-tre de George Floyd, un Noir améri-cain de quarante-six ans, par un policier blanc, a déclenché une vague de manifestations, parfois vio-lentes, dans plusieurs grandes villes des Etats-Unis. Fait rare, de nom-breuses entreprises américaines ontpris la parole pour soutenir les manifestants, selon le « New York Times ». C’est le cas, par exemple, dugéant américain de la finance Citi-group, dont le directeur financier, Mark Mason, a publié un post de blog reprenant les derniers mots de

Netflix, Reebok ou encore Citigroup ont pris la parole pour dénoncer le racisme aux Etats-Unis, à la suite du meurtre de George Floyd par un policier blanc. Une stratégie qui pourrait se retourner contre certaines.

George Floyd : « Je ne peux pas respi-rer. » Le site de microblogging Twit-ter, qui a récemment signalé un postde Donald Trump pour « apologie de la violence », a quant à lui changésa description pour le hashtag #BlackLivesMatter.

Des équipementiers sportifs telsque Nike ou Reebok ont eux aussi réagi à la mort de George Floyd. « Nous ne vous demandons pas d’acheter nos chaussures. Nous vous demandons de vous mettre à la place de quelqu’un d’autre [« to walk in someone else’s shoes »] », écrit ce dernier sur Twitter. Le premier a publié une vidéo reprenant son slo-gan publicitaire « Just do it » et le transformant en « For once, don’t doit ». La marque à la virgule appellentainsi ses fans à ne pas ignorer le pro-blème du racisme aux Etats-Unis.

« Votre hyprocrisie est sans limite »En prenant la parole pour les mani-festants, les entreprises américainesespèrent améliorer leur image de marque en l’associant à des valeurs comme l’antiracisme. Ces initiatives peuvent néanmoins se retourner contre elles. YouTube, par exemple, a déclaré sur Twitter qu’elle donne-rait 1 million de dollars pour « remé-dier à l’injustice sociale ». « Votre hyprocrisie est sans limite », a répondu Sleeping Giants, une asso-ciation qui cherche à détourner l’argent publicitaire de médias qu’elle considère comme racistes etxénophobes, comme le site Breit-bart ou la chaîne conservatrice Fox News. « En tant que plateforme qui atoujours évité d’avoir à retirer des vidéos racistes, de suprématistes blancs ou de semeurs de haine, vous devriez avoir honte de tweeter à ce sujet. C’est trop peu, trop tard. » n

Des entreprises américaines soutiennent les manifestants

« Je ne peux pas respirer. »MARK MASONDirecteur financier de Citigroup

mais ce registre, comme pendant l’épidémie de Covid-19, n’est pas son favori. Et ceux qui le poussaient à s’adresser à ses concitoyens n’ont pasété entendus. Aux gouverneurs, « vous devez dominer la situation », a-t-il déclaré.

Donald Trump, qui n’a guère putirer de profit politique du retour desEtats-Unis dans la conquête spatiale ce week-end, a désormais repris unestratégie familière : celle de l’attaque.De même que la Chine est, dans son discours, responsable de la pandé-mie et de ses 100.000 morts aux Etats-Unis, c’est l’extrême gauche – les « antifas » – qui attiserait les vio-

lences dans les grandes villes . Et, lundi, Trump a fait le lien entre la « gauche radicale » qui « travaille à faire sortir les anarchistes de prison » et son rival démocrate Joe Biden. « Joe n’en sait rien, il n’en a aucune idée, mais ce sont eux qui auront le vrai pouvoir, pas Joe. Ce sont eux qui mèneront la barque ! » a-t-il soutenu sur Twitter.

Attiser les inquiétudesDonald Trump fait ainsi le pari de faire monter les inquiétudes de la majorité blanche qui l’a élu en 2016, pour mieux la mobiliser. Car s’il avaitbien tenté ces derniers mois des appels du pied vers les Afro-Améri-cains, près de neuf sur dix (88 %) avaient voté pour Hillary Clinton il y a quatre ans.

Pour Joe Biden, qui s’est entretenuavec des leaders noirs, l’enjeu, en novembre, sera surtout de ne pas décevoir la communauté qui a large-ment contribué à sa victoire dans lesprimaires : si les Noirs votent davan-tage que les Hispaniques, leur taux de participation a chuté de 7 points (à 59,6 %) lors du dernier duel prési-dentiel par rapport à l’ère Obama, qui avait fait naître des espoirs – en partie déçus – de réforme.

Si le programme de l’ancien vice-président de Barack Obama est déjà plus à gauche que celui du campdémocrate, le candidat a pour l’heure surtout envoyé des messagesd’apaisement. « Si vous votez Trump c’est que vous n’êtes pas noir », a-t-il enoutre lancé il y a dix jours à un Noir, provoquant de l’agacement jusque chez les démocrates.

Certains représentants afro-amé-ricains comme Jesse Jackson, qui avait pris position pour Bernie San-ders, ou Stacey Abrams, sur la liste des candidates à la vice-présidence, veulent en tout cas déjà peser dans les débats qui s’ouvrent. n

La question communautaire fait irruption dans la campagne présidentielle

Véronique Le Billon @VLeBillon

—Bureau de New York

La « transition pour la grandeur » attendra. Le dernier slogan de Donald Trump, créé à cinq mois de

Donald Trump fait le pari d’attiser les inquiétudes de la majorité blanche qui l’a élu en 2016, pour mieux la mobiliser. Pour Joe Biden, l’enjeu est de ne pas décevoir une communauté noire qui a largement contribué à sa victoire dans les primaires.

lysé par les centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC).Parmi les malades hospitalisés, lesNoirs sont 4,5 fois plus représen-tés que les Blancs non hispaniques– et les Hispaniques 3,5 fois plus.

« Nous savons, depuis toujours,que des maladies comme le diabète,l’hypertension, l’obésité et l’asthme touchent de manière dispropor-tionnée les minorités, en particulierles Afro-Américains », expliquait dès début avril Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des allergies et maladies infectieu-ses. Ces dernières années, les Noirs avaient une espérance de vieà la naissance de trois ans et demi inférieure à celle des Blancs.

Avant-postes de la criseLes conséquences sociales de la pandémie ont, ensuite, plus large-ment touché les minorités, surre-présentées dans les métiers faible-ment qualifiés et aux avant-postesde la crise. Ainsi, 39 % des person-nes travaillant en février et vivant dans un foyer touchant moins de 40.000 dollars de revenus par an avaient déjà perdu un emploi en mars, selon une étude de la Réserve fédérale publiée mi-mai.Malgré une décennie de crois-sance aux Etats-Unis, « les écarts de bien-être économique selon la race et l’ethnicité sont restés au moins aussi importants qu’en 2013,même si l’économie s’est renforcée et que le bien-être général s’est amé-lioré », constate aussi le rapport dela banque centrale sur les condi-tions de vie des Américains. Fin 2019, malgré un taux de chômage au plus bas (3,5 % de la populationactive), un Noir sur quatre (et un Hispanique sur quatre aussi) indi-quait encore ne pas travailler à plein temps et cherchait à tra-vailler davantage. — V. L. B.

Une explosion de violence pour un ras-le-bol social. Les émeutes qui se multiplient dans les grandesvilles américaines depuis la mort, aux mains de la police, de l’Afro-Américain George Floyd à Min-neapolis le 25 mai, ont cristallisé ces derniers jours le sentiment de racisme rampant qui persiste aux Etats-Unis. Le meurtre, en février, d’un joggeur noir en Géorgie par un ancien policier et son fils, puis la mort, sous les tirs de la police, d’une ambulancière noire dans le Kentucky en mars ont scanda-lisé. Selon le site Mapping Police Violence, 1.098 personnes ont été tuées par la police l’an dernier, dont 259 Noirs (406 Blancs et 212 de race inconnue). Même à New York, ces derniers jours, le faux témoignage d’une femme blancheappelant la police à Central Park en se disant « menacée par un Afro-Américain », qui observait enréalité les oiseaux, a enflammé les réseaux sociaux.

A ces épisodes récurrentss’ajoute un contexte doublement inflammable. Les Noirs ont, d’abord, payé un lourd tribut à l’épidémie de coronavirus, qui a déjà fait plus de 100.000 morts auxEtats-Unis. Alors que les Afro-Américains représentent 13,4 % de la population (pour 60 % de Blancs et 18 % d’Hispaniques), ils constituent plus d’un quart (26,1 %) des cas de Covid-19 recen-sés, sur un large échantillon ana-

En quelques semaines, plusieurs faits divers sont venus rappeler le racisme rampant qui persiste aux Etats-Unis. Les Noirs ont en outre payé un lourd tribut à l’épidémie de coronavirus et sont parmi les premières victimes de la crise économique.

Les inégalités raciales, un problème persistant

« Nous sommes un quartier mélangé, nous nous sommes toujours serrés les coudes. La police ? On l’ignore, on la méprise. Les gens sont fatigués. Fatigués de voir encore et encore les mêmes choses. »TASHEKA TURNERCommerçante du quartier de Powderhorn où George floyd a trouvé la mort.

la présidentielle pour donner un horizon à un peuple américain déboussolé par le coronavirus, a été remplacé ces dernières heures par un message autrement plus terre à terre : « la loi et l’ordre », a intimé sur Twitter et en lettres capitales le prési-dent américain, qui a convoqué lundi une réunion avec les gouver-neurs des Etats.

Le président a bien un tempsexprimé de la compassion pour George Floyd, tué par un policier le 25 mai à Minneapolis (Minnesota),

ANALYSE

Des rassemblements ont été orga-nisés chaque jour depuis dans les autres grandes villes californiennes, notamment à Los Angeles, où le souvenir des émeutes de 1992, pro-voquées par l’acquittement de trois officiers de police ayant passé à tabac Rodney King, un automo-biliste noir, est encore vif. Après la destruction de nombreux magasins,l’état d’urgence a été déclaré dans le comté de Los Angeles samedi, un couvre-feu mis en place, et la Garde nationale appelée en renfort. Le gou-verneur de Californie, Gavin New-som, a recommandé aux commer-ces des centres-villes de l’Etat de rester fermés lundi. A Washington, la Maison-Blanche n’a pas été épargnée. Durant le week-end, le bâtiment a été neutralisé alors que les manifestants mena-çaient les grilles. Donald Trump a même dû être mis en sécurité quel-ques heures dans un bunker. Des feux ont été allumés autour du bâti-ment, alors que la Maison-Blanche était, elle, plongée dans le noir.

Plusieurs émeutes d’envergureont agité l’Amérique ces dernières années. Elles faisaient suite, pour la plupart, à des crimes racistes de la part de policiers. Ce fut le cas notam-ment à Saint Louis (Missouri) en 2017 ou à Baltimore (Maryland) en 2015. Mais jamais dans l’histoire moderne le mouvement ne s’était propagé aussi rapidement et massi-vement. Aux revendications de jus-tice, s’ajoutent les frustrations socia-les et les conséquences de la crise ducoronavirus, qui a mis 40 millions d’Américains au chômage. n

Anaïs Moutot (à San Francisco) @AnaisMoutot

et N. R. (à Minneapolis)

La spirale de la violence est de nou-veau enclenchée aux Etats-Unis. Et nul ne sait où elle s’arrêtera. Le pays a connu, dans la nuit de dimanche à lundi, sa sixième soirée de violences,une semaine après la mort de George Floyd. Une centaine de villes,à travers le pays, ont été touchées. Etla Garde nationale a été déployée dans une vingtaine d’Etats.

A Louisville, dans le Kentucky,un homme a été tué après que des coups de feu ont été échangés entrela police et des manifestants. Une enquête est en cours pour détermi-ner les circonstances de l’accident. A New York, de violents heurts ont opposé la police et les manifestants.A Philadelphie, des vidéos ont été diffusées sur Internet montrant des violences policières envers les manifestants. A Nashville, dans le Tennessee, l’hôtel de ville a été incendié.

Le souvenir de 1992Le foyer de contestation est particu-lièrement fort en Californie. Dans la baie de San Francisco, une premièremanifestation a été organisée à Oakland vendredi soir. Selon le décompte de la police, 5.000 person-nes sont descendues dans les rues dela ville de naissance des Black Pan-thers, où 23 % de la population est noire. Pancartes « white silence = violence » et « Black Lives Matter »en main, les manifestants ont défilé en scandant « no justice, no peace ». Après l’utilisation de gaz lacrymo-gènes par les forces de l’ordre pos-tées aux entrées de l’autoroute, les vitrines des banques Wells Fargo et Chase ont été détruites et un café Starbucks incendié.

Les troubles se sont propagés dans la plupart des grandes villes, en quelques jours. Aux désirs de justice, se mêlent les frustrations sociales et économiques nées de la crise du coronavirus.

Une vague de violences à travers les Etats-Unis

A Washington, alors que des manifestants menaçaient les grilles de la Maison-Blanche, Donald Trump a dû être mis en sécurité quelques heures dans un bunker.

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Page 8: Les Echos - 02 06 2020

08 // EVENEMENT Mardi 2 juin 2020 Les Echos

PLACEMENTSLES BONS ARBITRAGES

APRÈS la crise du Covid

SUPPLÉMENTGRATUIT

Vendredi 5 juin

CORONAVIRUS

verrait ce chiffre passer à 75 mil-liards. De quoi mobiliser, par effet de levier, autour de 1.000 milliards d’euros, veut-on croire à Bruxelles.

Le but serait double. D’une part, ils’agirait de multiplier par deux le financement accordé au secteur des infrastructures durables – en visant à la fois des objectifs écologi-ques et d’emploi. D’autre part, l’UE se doterait d’un tout nouvel objec-tif : le soutien aux industries jugées stratégiques. Echaudée par la découverte de sa vulnérabilité en matière d’accès aux médicaments et consciente de sa fragilité sur de nombreux secteurs économiques d’avenir, l’UE attirerait autour de 150 milliards d’euros de capitaux privés dans ces industries.

La liste des secteurs potentielle-ment concernés est longue : outre l’espace et la défense, Thierry Bre-ton a cité « les industries critiques desanté, les technologies clés en matièreenvironnementale et numérique, les domaines tels que l’intelligence artifi-cielle, la blockchain, la robotique, les technologies quantiques, les semi-conducteurs, le stockage d’énergie, le transport durable, l’hydrogène pro-pre, la biomédecine, les nanotechno-logies, les matériaux avancés ». n

Les projets de Bruxelles pour soutenir les entreprises européennesl La Commission a présenté, vendredi, le volet de son plan de relance consacré au secteur privé.l Deux objectifs visés : aider les sociétés dans la tourmente et soutenir à plus long terme les secteurs jugés stratégiques.

Gabriel Grésillon @GGresillon

— Bureau de Bruxelles

L’Europe veut secourir ses entrepri-ses. La Commission européenne a présenté, vendredi, le volet de son projet de plan de relance consacré au secteur privé. Elle propose, d’unepart, de porter secours à des entre-prises que l’effondrement économi-que a mises à genoux, mais dont la viabilité à long terme n’est pas en cause. Et d’autre part, de doper le soutien plus durable au secteur privé, avec un accent nouveau sur les secteurs jugés stratégiques.

Magrethe Vestager, la vice-prési-dente exécutive de la Commission, a d’abord annoncé la création d’un mécanisme destiné à aider les entreprises dans la tourmente, via un soutien en capital. Dans la droiteligne du plan Juncker, le but serait d’attirer les investisseurs privés en apportant des garanties et en pas-sant par l’intermédiaire de la Ban-que européenne d’investissement (BEI), qui se chargerait de traiter avec d’autres acteurs du secteur

ÉCONOMIE

Cécile Thibaud @CecileThibaud

—Correspondante à Madrid

Madrid déploie son bouclier social contre la crise. Le gouvernement espagnol a approuvé par décret ven-dredi, la mise en place d’un nouveau revenu minimum vital (IMV) qui devrait permettre à 850.000 famillesde garder la tête hors de l’eau. La vio-lence du contrecoup de la crise sani-taire qui a laissé des centaines de mil-liers de familles sans revenus oblige l’exécutif à accélérer la mise en place du dispositif qui faisait déjà partie duprogramme de coalition de gouver-nement entre les socialistes du PSOEet Podemos.

Cette nouvelle allocation sera enplace dès le mois de juin. Elle garan-tit aux plus vulnérables un revenu de 462 euros mensuels pour une personne seule et de 1.015 euros maximum pour une famille avec 2 enfants. Les associations signa-lent qu’à l’heure actuelle, à peine un

tiers des personnes en situation d’extrême pauvreté parviennent à accéder aux aides existantes. Jus-qu’à présent, les programmes d’aides sociales étaient dessinés et administrés par les régions qui éta-blissaient chacune leurs barèmes etles conditions d’allocation.

La mesure devrait bénéficier à2,3 millions de personnes. La situa-tion d’urgence face à la pauvreté grandissante devrait inciter le Parle-ment à valider rapidement le décret, en dépit des difficultés pour le gou-vernement à trouver des soutiens ausein de l’hémicycle.

La brutalité de l’impact social dela crise est particulièrement nette enEspagne. Avec le confinement et la mise en hibernation de l’économie, nombre de travailleurs précaires ou dépendants de l’informel se sont retrouvés sans ressources ni accès au chômage partiel. Tandis que les « queues de la faim » s’allongent devant les banques alimentaires, les ONG sont débordées et les associa-tions de quartiers mobilisent des volontaires pour collecter les provi-sions et organiser en urgence la dis-tribution d’aliments. « Cette crise arrive alors qu’on n’avait pas réussi à surmonter celle de 2008 », affirme Kiko Lorenzo, responsable de

L’Espagne instaureun revenu minimum vitalLe nouveau revenu mini-mum garantit 462 euros mensuels pour une personne seule et jusqu’à 1.015 euros pour une famille avec 2 enfants.

Magrethe Vestager, la vice-présidente exécutive de la commission, a d’abord annoncé la création d’un mécanisme de soutien au capital des entreprises. Photo Olivier Matthys/Reuters

financier (banques, fonds d’inves-tissement, etc.). Alors que la Com-mission estime les besoins du sec-teur privé à 720 milliards d’euros auminimum par an, le mécanisme proposé par Bruxelles mobiliserait 31 milliards de garanties en espé-rant obtenir, par la mobilisation descapitaux privés, autour de 300 mil-liards. « L’idée est de compléter ce que certains Etats membres peuvent

faire de manière temporaire », a pré-cisé la Danoise, qui supervise aussi les questions de concurrence. Il est donc « important que les Etats mem-bres mettent en place leurs propres dispositifs », a-t-elle ajouté.

De leur côté, Paolo Gentiloni etThierry Breton, les commissaires à l’Economie et au Marché intérieur, ont proposé une intensification du mécanisme du plan Juncker. « Invest EU », au lieu de reposer sur38 milliards d’euros de garanties,

Le mécanisme proposé par Bruxelles mobiliserait 31 milliards de garanties.

l’action sociale chez Caritas. « Elle vient frapper des gens qui étaient déjà très vulnérables, soit parce qu’ils sur-vivent avec des contrats très courts, soit parce qu’ils travaillent au noir. »

Si au moment de la crise finan-cière, les ouvriers de la construction avaient été les premiers affectés, cette fois ce sont ceux des services qui souffrent le plus, selon lui. « Le modèle productif du pays est basé sur des secteurs à faible valeur ajoutée et très sensibles aux cycles économiques.

Ça marche quand tout va bien mais aupremier vent contraire, tout se volati-lise », décrit-il. Caritas et les autres ONG impliquées dans la lutte contrela pauvreté signalent que la crise provoquée par le Covid-19 n’est qu’unfacteur de plus qui tire vers le fond des personnes déjà fragiles, alors que plus de 3,8 millions de foyers espagnols se trouvaient déjà sous le seuil de pauvreté avant la pandé-mie. n

La brutalitéde l’impact social de la crise est particulièrement nette en Espagne.

Chili : le PIB signe sa pire performance en avril en 30 ansCROISSANCE L’activité économique chilienne achuté de 14,1 % en avril comparé au mois de l’an der-nier, mise à mal par l’impact de la pandémie deCovid-19 sur les services et le commerce, a annoncélundi la Banque centrale. Cette baisse du PIB, la piredepuis plus de 30 ans au Chili, s’est avérée plussévère que les prévisions des analystes, qui tablaientsur un recul pouvant aller jusqu’à 10 %, conséquencedes mesures de confinement.

en brefChine : reprise de l’activité manufacturière en maiREBOND L’activité du secteur manufacturier enChine a rebondi de manière inattendue en mai (50,7contre 49,4 en avril), alors que les strictes mesuresdestinées à lutter contre l’épidémie de coronavirusont été assouplies, indique Caixin/Markit, dans sonenquête réalisée auprès des directeurs d’achats. Lacroissance de l’activité du secteur reste toutefoismarginale, les commandes à l’exportation conti-nuant de décliner sur fond de demande molle.

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LE COMMENTAIRE

de Laurence Daziano

Et si Google et Apple protégeaient mieux notre vie privée que l’Etat ?L e confinement a montré que

le numérique est non seule-ment au cœur des enjeux de

la lutte contre le Covid-19 mais aussides enjeux du XXIe siècle. La digitali-sation de l’économie a permis à de nombreux secteurs de poursuivre leur activité. Le télétravail s’est déve-loppé grâce à Internet et la vidéo-conférence. Le lien social a été main-tenu grâce aux applications dédiées.Les loisirs ont profité à Netflix et auxjeux en ligne.

Le numérique permet égalementde développer les outils de traçage duvirus, à l’instar des applications mises en œuvre en Asie. A cette occa-sion, Apple et Google se sont lancés dans une coopération inédite. Ils ont développé, non pas une application, mais un socle technologique unique sur lequel chaque Etat peut dévelop-

per son application. Les deux firmes américaines ont choisi de construireun socle protecteur nativement des données des utilisateurs. Ils se sont également engagés à ce que ce socle soit temporaire : il sera désactivé quand la crise sera terminée.

Dans la mise en œuvre d’uneapplication de traçage des porteurs du Covid-19, l’enjeu est de savoir s’il faut adopter une solution « centra-lisée » ou une solution « décentrali-sée ». Apple et Google proposent la solution dite « décentralisée » qui permet, quelle que soit l’applicationretenue, de stocker les données per-sonnelles sur le téléphone de cha-cun, ces données personnelles étant collectées par l’autorité sani-taire locale et non Google ou Apple.L’Allemagne, l’Autriche, la Suisse et l’Italie ont fait ce choix d’une plate-

Pour autant, est-ce à dire queGoogle et Apple font la preuve de leur efficacité et de leur responsabi-lité à l’occasion de cette crise et qu’il ne faudrait pas les réguler malgré leur poids croissant sur nos vies quotidiennes ? Certaines voix s’élè-vent pour réguler les Gafa, qui cher-cheraient à imposer leur choix tech-nologique et accumuleraient nos données personnelles. Ces mêmes voix, souvent françaises, en appel-lent à la souveraineté numérique pour limiter le pouvoir des Gafa.

L’argument de la souveraineténumérique ne paraît pas recevable car les Gafa ne se substituent pas aux Etats. L’argument de la souve-raineté fait également long feu dansla mesure où la souveraineté doit permettre de disposer d’un bien dont la pénurie est dommageable,

comme pour les masques et le gel hydroalcoolique. Les réseaux ont, eux, toujours été disponibles : il n'y a pas eu de pénurie de Google !

Un des premiers enseignements àtirer de cette période est que les outilsnumériques ont gagné en robustesseet en légitimité dans nos sociétés. Ils ont offert des solutions inattendues pour que nos vies quotidiennes et l’activité économique se poursui-vent. Imagine-t-on le confinement sans Google, Apple ou Zoom ? Si régulation il devait y avoir, ce serait pour promouvoir l’innovation et développer de nouveaux outils.

Laurence Daziano est maître de conférences en économie à Sciences Po, est membre du conseil scientifique de la Fondapol.

forme privilégiant une solution décentralisée pour développer leur application de traçage du virus. La

France, au contraire, a choisi un serveur centralisé sur lequel est bâtie son application. Les données personnelles des Français seront centralisées dans une base où tou-tes les informations seront disponi-bles à ceux qui y auront accès.

Les deux firmes américaines ont choisi de construire un socle protecteur des données des utilisateurs pour tracer le virus.

Benjamin Quénelle—Correspondant à Moscou

Jusqu’à 3.000 demandes de paie-ment par minute ! Le portail des ser-vices sociaux russes a battu les records depuis que Vladimir Pou-tine a promis 10.000 roubles (125 euros) par enfant pour toutes les famil les . Six jours après l’annonce du chef du Kremlin, plus de 7 millions de demandes ont été déposées. Un engouement à double tranchant pour le président en pleine crise du coronavirus. Il ne s’est jamais autant adressé à la nation. Mais, devant ses écrans de visioconférence avec ministres et gouverneurs, il est paru las et tendu.La pandémie a révélé les failles de saverticale du pouvoir. Les oukases présidentiels ne se concrétisent pas du fait des lourdeurs bureaucrati-ques et de son habituel pendant, la corruption. Les docteurs ne reçoi-vent pas les primes promises, les entrepreneurs se voient refuser les prêts préférentiels.

Le succès des 10.000 roubles auxfamilles, mesure suggérée tôt par des économistes libéraux, offre une rare bonne nouvelle à Vladimir Pou-tine. Peu empathique sur le front social, peu offensif sur le front éco-nomique, il a chargé les régions de gérer la crise car, de Kaliningrad à Vladivostok, la situation épidémio-logique varie beaucoup. Cette décentralisation, contredisant vingt ans de concentration du pouvoir au Kremlin, est aussi un moyen de se protéger face aux critiques.

La crise passée, les gouverneursrégionaux deviendront des fusibles d’autant plus vulnérables que Mos-cou leur a mis la pression sans don-ner guère de moyens. In fine, Vladi-mir Poutine voudra paraître « en seul général victorieux de la pandé-mie », selon l’ironique formule d’un kremlinologue. Première étape, annoncée le jour où la Russie a enre-gistré le nombre record à la fois de morts et de guérisons du Covid : le sacro-saint défilé du 9 mai, annulé àcause du virus, aura lieu le 24 juin. Le référendum constitutionnel, le grand projet de l’année que le prési-

dent est soupçonné d’orchestrer pour se maintenir au pouvoir, sui-vrait dès juillet.

Mais, alors que le déconfinementcommence, Vladimir Poutine est rattrapé par la crise économique, la Russie se révélant plus intégrée au système mondial que les discours patriotiques ne voulaient le faire croire. Le président agit à reculons. Au-delà des effets d’optique créés par les multiples annonces d’aides, iln’a pas entamé de vrai plan de relance. Les voix libérales l’y pres-sent. Mais le Kremlin a refusé de pui-ser dans les réserves financières, gage de souveraineté géopolitique. Au total, les mesures de soutien fontpâle figure, entre 3 % et 5 % du PIB, beaucoup moins qu’en Europe. Il y apourtant urgence, comme en témoi-gne le succès des 10.000 roubles offerts aux familles. Si autant de foyers ont aussi vite demandé à tou-cher cette subvention, c’est que le malaise est profond, la crise latente. Le gouvernement prévient que, déjàen baisse depuis 2014, les revenus diminueront de 3,8 % cette année. La Cour des comptes assure que les chômeurs passeront de 2,5 à 8 mil-lions. Pour inciter la population à se confiner, le Kremlin a imposé une période chômée d’un mois et demi. Mais, au-delà des pléthoriques administrations, sa promesse de maintenir les salaires s’est révélée irréaliste dans un pays fonctionnantlargement avec une économie grise.Les filets de sécurité sociaux sont minimes. L’épargne des foyers est faible et, dès avant la crise, leur surendettement était menaçant.

Plusieurs industries ont viterepris, mais des pans entiers ont été à l’arrêt, les salariés réduits aux congés sans solde. En avril sur un an,la production a chuté de 6,6 %, la consommation de plus de 20 %. L’activité économique a diminué d’un tiers. Les ventes d’ordinateurs et l’e-commerce ont explosé, mais lacrise a gelé le secteur des services dont l’activité a atteint un minimumhistorique. La récession se précise : –9,5 % au deuxième trimestre. Les investissements étrangers ont pres-que cessé, s’inquiète la banque cen-

trale. Dépendante de la manne pétrolière pour ses budgets, fédéral comme régionaux, la Russie est aussi touchée par la chute du baril qu’elle a en partie provoquée et qui plombera les dépenses publiques.

La faible part des PME dans le PIB(moins de 20 %) pourrait se révéler un atout dans une économie domi-née par les grosses entreprises, cibles faciles des aides publiques. Les autorités se montrent d’autant

plus sereines qu’elles disposent de fortes réserves (150 milliards de dol-lars du fonds souverain, 500 mil-liards en devises) mais aussi de leviers que les Européens n’ont plus.Les taux bancaires sont élevés : ils seront baissés. Le budget était excé-dentaire : l’Etat se permettra un défi-cit. Faiblement endetté, le gouverne-m e n t p o u r r a e m p r u n t e r, e t envisagerait des hausses ciblées de l’impôt sur le revenu, plafonné

aujourd’hui au taux unique de 13 %. Quant au marché du travail, il est souple. En 30 ans de crises postcom-munistes, les Russes ont prouvé leurrésilience, habitués à se débrouiller seuls. Mais cela suffira-t-il pour que l’« ordre poutinien », bousculé par le coronavirus, s’en sorte indemne ? Plus de 40 % des Russes se plaignentdéjà de l’aggravation de leurs finan-ces. Et presque autant assurent que le pire est à venir. n

L’ANALYSE DE LA RÉDACTION Le chef du Kremlin a multiplié les annon-ces de soutien depuis le début de la pandé-mie. Mais, soucieux de protéger les réser-ves financières, il n’a pas entamé de vrai plan de relance. Parmi les Russes, les demandes d’aides se font pourtant déjà pressantes.

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Russie : les failles du pouvoir mises à mal par l’épidémie

DLes points à retenir

•Le portail des services sociaux russes a battu des records depuis que Vladimir Poutine a promis 10.000 roubles (125 euros) par enfant pour toutes les familles.•La pandémie a pourtant révélé les failles de sa verticale du pouvoir. Les oukases présidentiels ne se concrétisent pas du fait des lourdeurs bureaucratiques et de la corruption.•Au total, les mesures de soutien font pâle figure, entre 3 % et 5 % du PIB, beaucoup moins qu’en Europe.•En avril sur un an, la production a chuté de 6,6 %, la consommation de plus de 20 %. L’activité économique a diminué d’un tiers.•Dépendante de la manne pétrolière, la Russie est aussi touchée par la chute du baril qu’elle a en partie provoquée.

Les Echos Mardi 2 juin 2020 // 09

idées&débats

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10 // IDEES & DEBATS Mardi 2 juin 2020 Les Echos

opinions

Etats-Unis, des chercheurs de l’univer-sité de Columbia estiment qu’un confi-nement plus précoce d’une semaine aurait permis d’éviter 36.000 morts du Covid-19. Et s’il avait commencé début mars, le nombre de décès aurait été inférieur de plus de 80 %. Leurs cal-culs leur ont valu les honneurs du prési-dent Donald Trump qui a traité l’univer-sité de « scandaleuse institution de gauche ».

Des mesures plus précoces permet-tent aussi de limiter les dégâts économi-ques. Avec des campagnes de tests, l’Allemagne a pu calibrer plus finementson confinement, moins strict qu’en Ita-lie ou en France. Aux Etats-Unis, « les villes qui sont intervenues plus tôt et plusagressivement […] ont connu une crois-sance plus rapide après la fin de la pandé-mie », affirment des économistes qui ont travaillé… sur l’épidémie de grippe espagnole il y a un siècle (sans dire tou-tefois si ces villes croissaient déjà plus vite avant l’épidémie).

Reste à savoir d’où est venue la vitessedans cette lutte contre l’épidémie. La première réponse semble être la taille des pays. Parmi les plus vifs, il y a nom-bre de nations à moins de 20 millions d’habitants même si ce n’est pas une règle générale (Belgique et Suisse ont traîné). En revanche, les grands pays ont du mal, surtout lorsqu’ils ont des leaders populistes (Royaume-Uni, Etats-Unis, Brésil, Russie). Sauf la très décentralisée Allemagne. Le deuxième facteur de vitesse est peut-être la capa-cité de l’Etat à mobiliser les forces dans le combat, qui ne dépend pas tant de la démocratie ou du poids des dépenses publiques que du tempérament des gouvernants et des structures de l’admi-nistration.

La vitesse ne joue pas seulement unrôle important dans la lutte contre l’épi-démie. Elle a joué, et va jouer plus encore un rôle essentiel dans l’écono-mie. Pour une fois, les Etats européens ont réagi très vite pour protéger les sala-riés. Certaines entreprises se sont ins-tantanément mises à la cape pour résis-t e r a u c o n f i n e m e n t . E l l e s o n t réorganisé le travail, les ventes, leurs circuits d’approvisionnement et leur trésorerie. Comme les pays, les plus rapides à s’adapter vont gagner. Vous avez dit agilité ? n

protéger. Voilà pourquoi le Vietnam et la Corée du Sud ont pris très vite des mesures efficaces. La politique la plus exemplaire vient sans doute de Taïwan,même si elle a été ignorée par l’Organi-sation mondiale de la santé. Dès le 31 décembre, les autorités ont signalé un virus se transmettant entre humainset commencé à prendre la températuredes passagers aériens arrivant de Wuhan. Le 20 janvier, alors que la Chinene signalait que des cas sporadiques, l’île a déclenché son plan anti-pneumo-nie avec contrôle aux frontières, mobili-sation de mégadonnées, tests, commu-nication au public, etc. Des militaires ont été mobilisés pour accroître la pro-duction de masques. Les bases de don-nées de la Sécu et des services d’immi-gration ont été couplées pour détecter les voyageurs à risque.

Des pays plus éloignés ont aussi agirapidement. L’Ile Maurice a commencéà prendre la température des arrivants le 22 janvier, veille du jour où la Chine asonné le tocsin en bloquant les déplace-ments en provenance ou à destination de Wuhan. Souvent, nécessité fit loi. Ce n’est pas un hasard si la Grèce et l’Argen-tine ont décidé très tôt leur confine-ment, limitant le nombre de malades bien plus que leurs voisins. Après avoir subi une crise de la dette, ces deux pays ont serré les cordons de la bourse bud-gétaire et leurs hôpitaux auraient eu beaucoup de mal à gérer un afflux mas-sif de malades.

La France a été plus lente. En retar-dant le confinement, le maintien du premier tour des élections municipalesa fait perdre de précieux jours. Aux

Des mesures plus précoces permettent de limiter les dégâts économiques.

Avec des campagnes de tests, l’Allemagne a pu calibrer plus finement son confinement, moins strict qu’en Italie ou en France.

La vitesse, clé du succès en temps d’épidémie et aprèsLes pays qui passent le mieux l’épreuve de l’épidémie sont ceux qui ont agi le plus vite. L’agilité devient vitale. Il en ira de même dans les entreprises au cours des prochains mois.

DANS LA PRESSEÉTRANGÈRE

• L’Amérique s’enfonce tous les jours un peu plus dans ce qui ressemble désormais à un naufrage. Naufrage sanitaire avec un nombre de morts ducoronavirus qui a dépassé les 100.000.Mais aussi naufrage politique avec un président dont la dernière « bourde » n’est autre que l’envoi d’un message qualifié « d’apologie de la violence » par les services de Twitter.

Le « New York Times » se plaît àimaginer ce qu’aurait fait un présidentdes Etats-Unis qui soit un vrai leader, comme le pays en a eu par le passé, dans une situation aussi chaotique que celle que provoque l’épidémie de Covid-19 aujourd’hui.

Dédain pour la culture ou la connaissance de l’histoireL’éditorialiste David Brooks évoque quelques grands moments tragiques de l’histoire des Etats-Unis : la bataille de Gettysburg pendant la guerre de Sécession, l’explosion de la navette spa-tiale Challenger, ou encore la fusillade de l’école de Sandy Hook. Trois dra-mes, à trois époques différentes, et trois présidents, Lincoln, Reagan, Obama, qui, chacun à leur manière, ont su faire face et aider les Américainsà affronter ces drames.

Pour le « New York Times », ce n’estpas l’empathie qui manque le plus àDonald Trump, c’est son ignorance etson inculture profondes qui l’empê-chent de trouver les ressources néces-saires pour affronter une telle crise ettrouver les mots dont une nation abesoin en pareil péril. Le dédain pourla littérature, la culture ou la connais-sance de l’histoire qui fait si cruelle-ment défaut au président américainsont la véritable raison de son manquede leadership. —M. B.

Trump ou l’ignorance faite président

LE MEILLEUR DUCERCLE DES ÉCHOS

Le mythe du retour de l’inflation

Dans une récente tribune du « Financial Times », Stephen Roach a suggéré que l’avenir serait à la stagflation. Selon Sylvain Zeghni (maître de conférences à l’université Gustave Eiffel), l’économiste se trompe. Explications.

HAUSSE DES PRIX ? « Stephen Roach, économiste renommé, a récemment esquissé un avenir de stagflation (faible croissance et forte inflation) en raison de la fragilité croissante des chaînes de production et de la baisse de la demande des consommateurs que le confinement a imposée. Le surplus d’épargne lié à la consommation réduite durant la période de confinement pourrait, en se déversant dans la sphère de la consommation, dans un contexte où les chaînes d’approvisionnement sont rompues, entraîner une hausse de l’inflation. »

INDUSTRIE 4.0 « Si les entreprises envisagent la relocalisation, elles ont également réfléchi à des alternatives à la fabrication conventionnelle. La capacité à combiner la production automatisée, l’impression en 3D et des compétences sophistiquées permettront certainement auxentreprises européennes de produire très bientôt des pièces beaucoup plus sophistiquées de manière compétitive. […] Nous paierions relativement moins cher pour un produit plus personnalisé et de meilleure qualité. Techniquement parlant, c’est le contraire de l’inflation. »

DÉFLATION ? « En outre, l’avenir va être très incertain pour de nombreux ménages pendant très longtemps : virus, robots, dettes, syndicats plus faibles et toute une série d’autres facteurs de crise. Nous connaissons l’effet microéconomique de l’incertitude : toutes choses égales par ailleurs, elle contribue à augmenter l’épargne. Mais si les taux d’épargne augmentent, les niveaux de consommation baissent ; si la dette publique est déjà élevée, il y aura très peu de pression fiscale anticyclique dans le système. Le résultat probable est la déflation, et non l’inflation. »

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A u pic de l’épidémie, tout sem-blait avoir ralenti – sauf dansles hôpitaux. Les avions ne

volaient plus et le temps confiné s’étiraitétrangement. Les urgences étaient reportées dans un avenir indéfini, dès lors qu’elles ne venaient pas du corona-virus. Mais cette impression est trom-peuse. Car la première leçon que nous devrions retenir de la pandémie est l’inverse : la vitesse d’action est la clé dusuccès. Napoléon a raison, et non le général Gamelin qui préférait en 1939 transmettre ses instructions par cour-sier plutôt que par radio.

Sur le papier, c’est une évidence.Quand une maladie possiblement mor-telle s’étend en touchant deux fois plus de personnes tous les deux ou trois jours, rythme constaté pour le Covid-19,il faut agir le plus rapidement possible. Dans la réalité, il en a pourtant souvent été autrement. Les pays qui s’en sortent le mieux, sur le plan sanitaire et aussi économique, ont été les plus rapides. Plus rapides à reconnaître la maladie età mobiliser les moyens pour la contenir– confinement, masques, tests, respira-teurs, traçage. Une rapidité qui exige à la fois transparence et vivacité.

C’est ce qui a manqué à la Chine audébut de l’épidémie. Les autorités ont d’abord nié le problème pendant plu-sieurs semaines, le laissant prospérer. Elles ont ensuite imposé trop tard un confinement implacable. Très élevé, le nombre de victimes reste tabou et l’éco-nomie chinoise devrait connaître sa plus faible croissance depuis près d’un demi-siècle.

Ses voisins, eux, ont fait le contraire.Pour une raison simple : leurs diri-geants s’étaient inquiétés par ce qui s’était passé en 2003 avec l’apparition enChine du SRAS, le syndrome respira-toire aigu sévère. Ils en avaient tiré la conclusion que la Chine avait fait n’importe quoi et qu’il fallait donc sur-veiller de près ce qui s’y passait pour se

LA CHRONIQUEde Jean-Marc Vittori

LE LIVREDU JOUR

Des chatons et des hommesL’OBJET Ils (ou elles) s’appellent Atilla Fluff, Maru ou Grumpy Cat. Tous sont devenus des stars d’Internet, héros et héroïnes de vidéos visionnées des millions de fois sur YouTube, sujets de photos légendées de façon humoristique et partagées sur les réseaux sociaux, ou imprimés sur des tasses vendus sur Amazon… Ces chatons « trop mignons », pour reprendre le titre de ce petit livre, sont à l’origine d’un des phénomènes les plus étranges de nos sociétés modernes : une fascination sans limite, et internationale, pour de petites boules de poils érigées au rang d’icônes.

L’INTÉRÊT Le sujet peut sembler futile, mais quand il est traité avec le sérieux et l’érudition de Vincent Lavoie, professeur d’histoire de l’art à l’Uqam (Université du Québec à Montréal), il se révèle passionnant. Car le succès des chatons du Web en dit beaucoup sur notre monde, qu’il s’agisse de culture (le règne du kitsch), de psychologie (pourquoi certains animaux suscitent-ils plus d’empathie que d’autres ?), de design (le succès de l’anthropomorphisme) ou même,

aussi dérangeant que cela puisse être, de violence absolue (avec des comptes Instagram ou Twitter comme #naziswithcats).

LA CITATION « Visionner une vidéo de chaton, c’est tout à la fois s’adonner à un petit plaisir coupable, suspendre ses activités productives, alimenter un trafic Internet aussi intense, dit-on, que celui généré par la pornographie, et émettre du CO2 par sursollicitation des serveurs de données. » — Benoît Georges

Trop mignon ! Mythologies du cutepar Vincent Lavoie, Puf, collection Perspectives critiques, 128 pages, 13 euros.

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Les Echos Mardi 2 juin 2020 IDEES & DEBATS // 11

art&cultureAbonnez-vous pour recevoir

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Quand Fran rencontre Charlie

David Nicholls n’a pas peur de cultiver la fibre sentimentale. Photo © Sophia Spring

Philippe Chevilley @pchevilley

Une love story ? Mieux (ou pis) : le récit d’un premier amour. David Nicholls n’a peur de rien. Déjà son pré-cédent roman, « Nous », carnet de voyage épique d’un trio familial en pleine implo-sion, cultivait à fond la fibre sentimentale. Son nouvel opus pousse le bouchon plus loin : durant 500 pages, « Summer Mélo-die » raconte par le menu les premiers émois amoureux de deux ados de la loin-taine banlieue de Londres dans les années 1990. Le tout placé sous l’ombre tutélaire de Shakespeare. Car les deux tour-tereaux intègrent tout l’été une troupe de théâtre semi-amateur, afin de répéter une pièce du Grand Will. Non pas « Le Songe d’une nuit d’été » comme le suggère le (joli) titre français, mais « Roméo et Juliette », dont provient le titre original anglais « Sweet Sorrow ».

Charlie est un garçon réservé de dix-septans, perturbé par la séparation de ses parents. Depuis que sa mère est partie avec un autre homme, emmenant sa jeune sœurBillie, et qu’il vit seul avec son père dépressif,rien ne va plus. L’adolescent a raté ses exa-mens de terminale et ne se voit pas d’avenir.Bonne élève, Fran vient d’un milieu plus bourgeois et cultivé. D’une école plus chic, aussi. Quand ils se rencontrent par hasard dans la campagne, c’est l’étincelle. Charlie fréquente des amis un peu rustiques et n’a aucune appétence pour l’art dramatique.

Mais pour revoir Fran, ilaccepte de rejoindre soncollectif théâtral hébergédans un manoir. Elle a étéchoisie pour le rôle deJuliette, il ne sera pas sonRoméo, qu’importe… Dis-

tribué dans le rôle moins glamour de Ben-voglio, il finit par se prendre au jeu, tandis que son amour grandit.

Comédie de mœursAu gré d’une intrigue en apparence conve-nue, s’élabore une touchante comédie de mœurs contemporaine, sur fond de britpopet de vague à l’âme pré-Brexit. « Summmer Mélodie » avec son côté roman d’apprentis-sage, ses « caractères » saisissants, lorgne autant Shakespeare que Dickens. La cons-truction narrative, faite de subtils va-et-vient dans le temps, est d’une grande finesse. Plaisir d’un premier amour ne durequ’un moment… et très vite, la mélodie pendles tons de l’automne. De Shakespeare à Dic-kens, puis à Fitzgerald : la fête « arty » dans laquelle nos jeunes théâtreux s’incrustent convoque malicieusement l’atmosphère « jaune cocktail » de « Gatsby ».

Entre la passion joyeuse mais éphémèredes deux ados, les rares moments de ten-dresse entre le père et le fils, les retrouvaillesémues de Fran et Charlie devenus adultes, lelecteur fait le plein d’émotions. Cette romance frangée d’or distille un philtre puissant : l’amour de la littérature et du théâtre, qui rend le cœur plus grand et plusbrillant. n

ROMAN ANGLAISSummer Mélodiede David NichollsTraduit par Valérie BourgeoisBelfond, 512 p., 22 euros

Intrigues à la cour de Louis XIIIStéphanie [email protected]

La promesse d’un dange-reux jeu de piste dans les ruelles malfamées de la capitale… Il n’en faut pas plus pour ferrer le lecteur. « L’Affaire Chevreuse », la nouvelle aven-ture du lieutenant criminel Jacques Che-vassut, nous plonge au cœur du XVIIe siè-cle, en pleine conspiration de Chalais. Dansle Paris pittoresque du jeune Louis XIII, conseillé par le très influent et contesté Richelieu, les intrigues sont légion. Der-rière le complot contre la vie du puissant cardinal et les habiles manœuvres pour convaincre Gaston d’Orléans de détrôner son frère, une seule femme, aussi belle qu’intrigante, Marie de Rohan, duchesse de Chevreuse.

Le décor planté, Hélène Clerc-Murgier,qui signe là son troisième roman, donne libre cours avec brio à son imagination. Dans la capitale, plusieurs jeunes hommesproches de Richelieu et soupçonnés de sodomie sont assassinés, mordus par des serpents. L’enquête va donner du fil à retor-dre au lieutenant Chevassut, d’autant que son second et ami, Philippe de May, est prispour cible à son tour. Cette sombre affaire nous mène tambour battant des quais de laSeine à la tour du Temple dans le Marais, enpassant par l’imposant Grand Châtelet et les lustres du Louvre. L’intrigue, bien que classique, est joliment ficelée et son dénouement en surprendra plus d’un, éle-

vant Hélène Clerc-Murgierau rang de digne succes-seur de Jean-FrançoisParot, le grand maître dupolar historique disparu ily a deux ans.

Tout pour la musiqueHélène Clerc-Murgier prend plaisir à dépoussiérer la grande histoire. Mutine, elle pimente son récit des manigances de l’envoûtante duchesse de Chevreuse, qui use de ses charmes pour parvenir à ses fins. Mais sous sa plume alerte et fluide, le roman est bien davantage qu’un policier, ilse fait aussi didactique : le Paris de l’épo-que s’anime et tout un peuple de mar-chands, de porteurs d’eau, de bateleurs oude bonimenteurs prend vie. Leurs cris, leurs chants, rires et invectives résonnent à nos oreilles, tandis que les seaux de pissevolent par les fenêtres et que, sur les quais,les atours des puissants révèlent aux lavandières les secrets de leurs riches pro-priétaires.

Partageant son temps entre l’écriture et lamusique, claveciniste et codirectrice de la compagnie les Monts du Reuil où elle a remis à la scène des opéras inédits de l’épo-que baroque, Hélène Clerc-Murgier profite même de cette « Affaire Chevreuse » pour donner un coup de projecteur aux luthiers etaux compositeurs de l’époque. Son talent nese réduit pas à mettre en musique des enquê-tes policières, c’est aussi de placer la France des rois à la portée de tout un chacun, mêmeceux qui ne sont pas férus d’histoire. n

POLAR HISTORIQUEL’Affaire Chevreused’Hélène Clerc-Murgier,Actes Sud, coll. Chambon noir, 395 pages, 23 euros.

LE POINTDE VUE

de Bruno Durieux

L’urgence économique avant l’urgence écologique

P lus de 90 brillants dirigeants degroupes français et étrangersappelaient récemment à se

mobiliser pour faire de la relance écono-mique un accélérateur, « inclusif et rési-lient », de la transition écologique « avecun souci encore plus affirmé de la justice sociale ». L’objectif suprême est une « décarbonisation » globale de notre économie, dérèglement climatique oblige. Isoler les bâtiments, développer les mobilités décarbonées, pousser les éoliennes et le photovoltaïque sont les impératifs. L’énergie nucléaire, fleuron de notre technologie, symbole de l’indé-pendance et de la souveraineté écono-mique de la France passe bizarrement àla trappe. Mais l’économie circulaire et l’alimentation locale triomphent. Nos changements de comportements sont aussi ardemment souhaités.

En reprenant à leur compte les pon-cifs obsessionnels de l’écologie politi-sée, à un moment où une récession gra-vissime s’engage, nos grands patrons surprennent.

Desserrer l’étau de l’écologisme triomphantVeulent-ils soutenir le gouvernement ? Pourtant, le problème urgent pour celui-ci est justement de desserrer l’étaude l’écologisme triomphant. Le gouver-nement doit refondre sa politique éco-nomique, ses objectifs et ses moyens, pour faire face à l’effondrement de la croissance, aux drames économiques et sociaux qui s’annoncent, aux boule-versements de l’environnement inter-national qui se profilent. Les dirigeants d’entreprise sont les premiers à témoi-gner et souffrir des multiples entraves,

gie écologiste est la détestation du capi-talisme marchand, de l’économie de marché concurrentiel, de la libre entre-prise, c’est-à-dire, exactement, de ce qu’incarnent nos grands patrons.

Les urgences de demainProclamer la priorité de la transition écologique au moment où la croissanceéconomique s’effondre inquiète, de la part de personnes responsables de cen-taines de milliers d’emplois en péril. Il n’est pas question ici de renier l’impor-tance des défis environnementaux. Mais le devoir de nos dirigeants est de s’attaquer d’abord aux drames sociaux et humains, immédiats et pressants, quitoucheront nos concitoyens.

Les urgences réelles de demain sontl’emploi, le chômage et les solidarités sociales ; les revenus, leur répartition, les transferts sociaux et les inégalités ; lareconquête, les relocalisations, la com-pétitivité de nos industries, le sauvetagede secteurs et filières sinistrées par la pandémie ; l’efficacité de la dépense publique et de nos grands services publics dont, évidemment, la santé ; le financement des déficits publics ; un cadre européen disloqué. Le temps n’estpas aux ruineuses subventions d’éner-gies et d’équipements sous-efficaces pour « sauver la planète ». Le temps n’est pas au fumeux « pouvoir de vivre »cher aux écologistes mais bien au pou-voir d’achat sonnant et trébuchant.

Bruno Durieux, ancien ministre, auteur de « Contre l’écologisme, pour une croissance au service de l’environnement », Bernard de Fallois, 2019.

injustifiées, que l’idéologie écologiste impose. Le courage commande, dans les circonstances présentes, de les dénoncer !

Veulent-ils complaire à la sphèremédiatique ? Les médias, eux aussi, subiront douloureusement la récession économique. L’inversion de la hiérar-chie des préoccupations que la crise engendre dans la population s’imposeraà eux. L’urgence écologique cédera le pasà l’urgence économique. Ce qui donnait hier des frissons au parti des médias et àl’opinion – réchauffement climatique,

biodiversité, épuisement des ressources naturelles – s’effacera derrière l’angoissevécue et les dures épreuves d’une pandé-mie sournoise et violente, et de ses con-séquences économiques et sociales. Noshérauts écologistes déploient des efforts pathétiques pour faire passer le corona-virus pour la nouvelle tragédie écologi-que anthropique qu’elle n’est pas. Cette supercherie n’échouera que pour autantqu’on la combatte !

Veulent-ils séduire la mouvance éco-logiste ? C’est ignorer que l’on est ici dans le domaine des passions politi-ques, que le ressort profond de l’idéolo-

L’urgence écologique cédera le pas à l’urgence économique suites aux dures épreuves d’une pandémie sournoise et violente et de ses conséquences économiques et sociales.

Taxer l’immobilier : le piège de la facilitébailleurs particuliers s’élève à 5,1 mil-lions en 2018 (57 % du parc privé). Deux tiers de ces bailleurs louent un seul loge-ment et détiennent le tiers du parc. Il fautlever définitivement les idées reçues sur les propriétaires : 30 % de ces bailleurs sont non imposables et 37 % sont des retraités pour qui l’investissement loca-tif est un complément de revenu.

Le logement, accélérateur de la repriseLa pierre est en réalité le seul investisse-ment des classes moyennes et leur épar-gne retraite. Ce n’est pas un hasard : l’acte de se loger est une aspiration pro-fonde pour chacun. Il assoit sur une base fondamentale toutes les autres actions de la vie de nos concitoyens et constitue, ainsi, un point de départ indispensable à l’accès à toutes les acti-vités économiques et sociales.

Dès lors, qui peut nier le rôle détermi-nant du logement comme accélérateur de la reprise ? L’activité immobilière, qui regroupe l’ensemble des dépenses en capital (logements neufs et existants,terrains d’assise, gros travaux) s’élève à 337 milliards d’euros. La filière dans sonensemble représente de l’ordre de 2,5 millions d’emplois, non délocalisa-bles. Or, tout porte à croire que la con-joncture restera peu favorable ces pro-chains mois : touchés de plein fouet parla baisse de leur pouvoir d’achat, per-plexes face à l’état de l’économie natio-nale, nombre de ménages seront tentésvoire contraints de différer ou d’annulerleurs projets d’investissement.

Loin de moi l’idée de reprocher à l’Etatson action des deux derniers mois : les

dispositions mises en œuvre par les pouvoirs publics face à la crise sanitaire ont permis d’éviter le pire. En témoigne aujourd’hui la faiblesse des impayés dans le parc d’habitation privé. Mais changer de braquet et lester l’immobi-lier ou le punir serait la pire des erreurs.

Encouragés et soutenus, les proprié-taires bailleurs peuvent être à l’avant-garde de la relance de notre économie. Inquiets, ils peuvent aussi faire le choix de retirer leurs biens de la location, ou de réorienter leurs investissements versdes secteurs moins porteurs. Car, s’il importe souvent de se méfier des théo-ries du ruissellement, la corrélation entre le niveau de confiance des acteursdu logement et la vitalité de l’économie nationale est incontestable. Dans la période historique qui s’ouvre, donner des gages et des garanties à ces acteurs doit être considéré, par l’exécutif, comme une grande cause nationale.

Jean-Marc Torrollion est président de la Fnaim.

Il faut éviter le piège de taxer la pierre pour combler les déficits publics.

Le poids économique de l’immobilier en fait un outil de relance économique à préserver.

LE POINTDE VUE

de Jean-Marc Torrollion

D ans une économie sinistréeaprès deux mois d’arrêt com-plet, un véritable plan de

relance dédié au secteur de l’immobilierest nécessaire, comme pour la plupart des filières stratégiques. Mais, pour l’heure, la priorité est d’éviter une erreurhistorique : celle qui consisterait à suc-comber à la tentation de combler les déficits publics par des taxations excep-tionnelles sur la pierre. Déjà, certaines idées déflagratrices surgissent, comme un alourdissement de l’IFI ou de la taxa-tion des plus-values, ou une imposition spéciale sur les transactions de plus grande valeur. Autant de pistes qui por-teraient une atteinte grave à la lisibilité de la politique du logement et met-traient en péril mortel une activité ébranlée et fragilisée par la crise.

La démagogie, valeur refugeLa fiscalité immobilière représente déjà 100 milliards d’euros : IFI, prélèvements sur l’investissement en logement, impo-sitions sur les revenus immobiliers, taxefoncière, prélèvements sur les muta-tions… L’imagination n’a jamais man-qué à ce sujet. Dans une période où la démagogie peut apparaître comme une valeur refuge, rehausser la fiscalité de l’immobilier, pour ne pas augmenter la fiscalité des ménages, c’est tentant. S’interroge-t-on jamais sur le fait que ménages et propriétaires sont les mêmes ? Les deux tiers des Français sont propriétaires occupants et 20 % sont propriétaires accédants, c’est-à-dire qu’ils ont encore des emprunts à rembourser pour l’achat de leur rési-dence principale. Le nombre de Ill

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Page 12: Les Echos - 02 06 2020

12 // IDEES & DEBATS Mardi 2 juin 2020 Les Echos

prospective

INNOVATION MÉDICALE // Pas plus grands qu’une machine à café, les respirateurs fabriqués par la start-up indienne AgVa sont cinq fois moins chers que les appareils traditionnels. L’entreprise en fabriquait 10 à 15 unités par mois, elle prévoit de passer à 20.000 au cours du mois de juin.

Carole Dieterich @caroledieterich

—Correspondante à New Delhi

P ropulsée sur le devant de la scènepar la pandémie de coronavirus, lasociété AgVa a multiplié sa produc-

tion de respirateurs artificiels par 1.000 en seulement deux mois. Pas plus grand qu’une machine à café, l’appareil ne coûte qu’un cinquième du prix des respirateurs traditionnels.

Jour et nuit, 7 jours sur 7, une centaine desalariés masqués fourmillent sans inter-ruption sur la chaîne d’assemblage des res-pirateurs AgVa. Les chefs d’équipe navi-guent à toute vitesse d’un étage à l’autre. Ici,une femme soude minutieusement des composants électriques à l’étain, laissant s’échapper des volutes de fumées dans les airs. Là, deux hommes percent bruyam-ment des coques plastiques à la silhouette d’obus. Alignées côte à côte par dizaines, toutes identiques, ces coques forment un champ de petites fusées blanches. Bientôt, elles viendront recouvrir la mécanique complexe et secrètement gardée du respira-teur artificiel développé par AgVa à partir de 2016. Cet appareil se vend actuellement autour de 2.000 dollars, là où il faut en compter au minimum 10.000 pour un res-pirateur traditionnel.

Course contre la montreLa frénésie qui habite les murs de cette entreprise depuis plusieurs semaines contraste avec le calme extérieur. Pour rejoindre AgVa depuis la capitale indienne, il faut franchir plusieurs barrages de police,traverser des avenues désertées sur lesquel-les seules les vaches circulent encore libre-ment. Située à Noida, dans l’Uttar Pradesh, la société AgVa est l’une des seules à fonc-tionner à plein régime en cet étrange mois d’avril. Le confinement, imposé à partir du 25 mars dernier, a mis à l’arrêt la quasi-tota-lité des industries pendant plus de 40 jours.A l’inverse, AgVa n’a jamais autant produit.

« Initialement, nous fabriquions 10 à 15 uni-tés par mois mais depuis le début de la pandé-mie de coronavirus, nous avons augmenté la production à 500 unités par jour », explique

Surya Pratap, en charge de la vente et du mar-keting chez AgVa. « Mais cela ne suffit pas pour satisfaire la demande du gouvernement indien, nous allons donc passer à 1.000 unités par jour », poursuit le jeune homme, le visage protégé par un masque. Car cette start-up de seulement 200 salariés se livre actuellement à une véritable course contre lamontre pour produire 20.000 respirateurs artificiels d’ici à la fin du mois de mai.

Alors que le coronavirus continue de sepropager, l ’ Inde dispose d’environ 48.000 respirateurs artificiels pour 1,3 mil-liard d’habitants, selon une estimation du Center for Disease Dynamics, Economics and Policy. Largement sous-équipé, le pays risque de devoir affronter une terrible pénurie si l’épidémie se développe dans les mêmes proportions qu’en Europe ou qu’auxEtats-Unis. Le strict confinement imposé pendant 40 jours a néanmoins permis de ralentir un temps la progression de l’épidé-mie en Inde. Au 11 mai 2020, le coronavirus avait ainsi contaminé 67.152 personnes et avait coûté la vie à 2.206 d’entre elles.

Interdiction d’exporter le matériel médical« Plusieurs pays européens, comme l’Espagneet la Roumanie, mais aussi les Emirats arabesunis et les Etats-Unis avaient manifesté leur intérêt pour notre respirateur », raconte le docteur Deepak Agrawal, cofondateur de la société AgVa. « Nous n’étions pas encore cer-tifiés par les autorités européennes et améri-caines mais nous étions en bonne voie », affirme le neurochirurgien. Mais dans la perspective d’une éventuelle flambée des cas, l’Inde interdit dès le mois de mars l’export de matériel médical lié au coronavi-rus comme les respirateurs. Le pays auto-rise les entreprises comme AgVa à travaillerd’arrache-pied pour tenter de combler coûte que coûte les faiblesses de ses infras-tructures de santé. Certains craignent néan-moins que cette précipitation ne laisse que peu de temps aux processus de validation età la formation du personnel soignant.

Pour assurer une production de milliersde respirateurs en un temps record, la petiteentreprise bénéficie de l’aide du plus grand constructeur automobile indien, Maruti

En bas à droite, le petit respirateur portatif de 3,5 kg développé par la start-up AgVA. Photo Abhaya Srivastava/AFP

•La société AgVa en quelques dates

•2016Le neurochirurgien Deepak Agrawal et le professeur Diwakar Vaish, spécialiste de la robotique, commencent à travailler ensemble sur un projet de respirateur artificiel portatif et à bas coût.

•2018La société AgVa, fondée par Deepak Agrawal et Diwakar Vaish, commercialise ses premiers respirateurs à bas prix. Pas plus grand qu’une machine à café, ils coûtent un cinquième des appareils traditionnels.

•20196 patients hospitalisés depuis plusieurs années en raison de leur dépendance à un respirateur artificiel peuvent retrouver leur domicile avec un respirateur portatif AgVa.

•2020La pandémie de Covid-19 propulse la société sur le devant de la scène. Afin de fabriquer 20.000 respirateurs en juin, la start-up travaille main dans la main avec le plus grand constructeur automobile indien, Maruti Suzuki.

En Inde, les respirateurs du futur sont déjà opérationnels

Suzuki. Comme d’autres entreprises indiennes, la multinationale n’a pas hésité àvoler au secours de la nation. Maruti Suzukiaide AgVa à produire en masse et elle offre ses services gratuitement dans le contexte de la pandémie de coronavirus.

Alors que les énergies s’activent dans lemonde entier pour tenter de fabriquer des respirateurs innovants à bas coût, les cofon-dateurs d’AgVa ont commencé à concevoir leurs premiers prototypes dès 2016. « Dans mon travail, je vois beaucoup de patients avec des blessures au crâne, à la colonne vertébrale et la plupart d’entre eux ont besoin d’être placéssous respirateur artificiel pendant des pério-des prolongées », explique le docteur Deepak Agrawal qui exerce toujours dans l’un des hôpitaux les plus réputés du pays, le All IndiaInstitute of Medical Sciences (AIIMS) de NewDelhi. Bien avant la pandémie du Covid-19, leneurochirurgien se heurtait déjà à la pénuriede respirateurs en Inde. A force de voir des patients transférés d’un hôpital à l’autre, faute d’équipement, il commence à réfléchir à un respirateur bon marché qui fonctionne-rait aussi bien à domicile qu’en soins intensifspour les cas les plus sévères.

Compact et bon marchéDeepak Agrawal, le neurochirurgien, s’asso-cie alors à un scientifique spécialiste de la robotique, Diwakar Vaish. De leur partena-riat va naître ce petit respirateur portatif de 3,5 kg seulement. « Si vous copiez le design des respirateurs traditionnels, il est impossi-ble d’en réduire le coût aussi drastiquement »,explique le neurochirurgien. « Nous som-mes donc partis de zéro en nous appuyant surdes technologies alternatives », lance fière-ment ce savant. Pour lui, la conception d’un respirateur n’est autre qu’un hobby mis au service de sa passion, la neurochirurgie. Un exemple typique d’innovations frugales dont l’Inde a le secret. Grâce à cette techno-logie low cost, 6 patients placés sous respira-teurs à l’hôpital depuis plusieurs années déjà ont enfin pu rentrer chez eux au cours des dix derniers mois. « Cela a été notre plus grand succès », juge Deepak Agrawal.

L’appareil, qui fonctionne grâce à une tur-bine commandée par une tablette Android,ne consomme que peu d’électricité. « C’est idéal si vous devez transformer des hôtels ou des wagons de trains en unités de soins », fait valoir Surya Pratap. Sur le marché depuis 2018, AgVa affirme avoir vendu près d’un millier de respirateurs à des services de soins intensifs à travers le pays. « Ce respira-teur présente toutes les fonctionnalités néces-saires, il est compact et bon marché : c’est toutce dont nous avons besoin en Inde », lance Kamna Kakkar, anesthésiste à l’AIIMS, jugeant l’appareil sur papier. « Au-delà de la pandémie de coronavirus, nous avons besoinde ces infrastructures à long terme », plaide lajeune femme.

Afin de continuer à améliorer ces pro-duits, AgVa réinvestit 50 % de son chiffre d’affaires, évalué à 10 millions de dollars, en recherche et développement. « Le cœur du respirateur, ce sont les algorithmes et nous con-tinuons de les perfectionner sans cesse », expli-que Deepak Agrawal. Alors que de nouveauxarrivants font leur entrée sur le marché des respirateurs à bas prix, la petite entreprise qui possède une longueur d’avance préfère s’en réjouir, plutôt que d’y voir une menace. « Les prix vont continuer de baisser et c’est le système de santé dans son ensemble qui va en bénéficier », conclut le chirurgien. n

Sur le marché depuis 2018, AgVa affirme avoir vendu près d’un millier de respirateurs à des services de soins intensifs à travers le pays.

oL’INVENTION

La culture en hydroponie chez soi

C ’est un vase un peu spécial. On le remplitd’eau mais les plantes poussent à l’extérieur. Le concept du Terraplanter a été

mis au point pendant trois ans par Eran Zahri un designer passionné par les plantes. Son objectif était de rendre simple la culture hors sol chez soi. Car si l’hydroponie, qui consiste à faire pousser des plantes sur un substrat neutre, est parfaitement maîtrisée par les professionnels, cette technique estplus délicate pour les particuliers. La principale difficulté restant l’irrigation. Eran Zahri assure qu’il a résolu le problème puisque c’est la plante qui prend l’eau dont elle a besoin. Le Terraplanter, fabriqué en terre, présente à sa surface des centaiknes de petites cellules qui permettent aux racines de la plante de s’accrocher mais aussi de s’abreuver, puisque le matériau est poreux et laisse passer l’eau. Sur Kickstarter, le site de crowdfunding le plus connu dans le monde, le Terraplanter conçu pour les plantes tropicales (orchidées, fougères, mousses, plantes carnivores ou plantes escargots) bat des records et a déjà reçu 3,2 millions de dollars de contributions de la part de 32.000 contributeurs. — Frank Niedercorn

U n des plaisirs heureux du confinement estd’avoir permis à un certain nombre d’entrenous de renouer avec les exercices

mathématiques des collégiens. Au même titre que la géométrie dans l’espace, l’explication des fonctions exponentielles ont fait partie de ces madeleines amères, qui ont rappelé que notre cerveau perd son élasticité en vieillissant.L’exponentiel prend en défaut notre intuition car sa forme n’a que peu d’équivalent dans le monde physique. Un long glissement vers l’infini. Le propre de cette trajectoire est donc de surprendre nos anticipations. C’est tout le sujet de la loi de Moore, qui a rythmé l’évolution des technologies fondées sur des semi-conducteurs – le digital ! – depuis 1965, date à laquelle elle a été énoncée par un ingénieur d’Intel – Gordon Moore –. Petit à petit, la formulation de cette loi s’est stabilisée dans une formule d’accélération permanente : en moyenne, la capacité de stockage des microprocesseurs double tous les dix-huit mois. Cette loi de Moore ne répond à aucune sorte de force physique irrémédiable. Elle est plutôt un métronome, dont le rythme est empiriquement constaté et la partition sans cesse étendue. La loi de Moore a été la conséquence d’un gisement technologique qui a été riche et durable, depuis que les propriétés du silicium sont mises à profit pour contrôler le courant et segmenter des signaux digitaux. Tout a commencé avec l’invention des transistors en 1947, puis celle des circuits intégrés – regroupant plusieurs transistors (en 1958) –, puis au sein de puces plus sophistiquées, les microprocesseurs (en 1971). L’industrie a toujours été en mesure de tenir cette cadence. Mais cela s’est fait depuis vingt ans au prix de stratégies complexes, qui ont impliqué une intégration sans précédent des chaînes de production américaines et asiatiques. La décision du président américain, le 15 mai dernier, de casser ces chaînes de production mondiales met fin à la partition de la loi de Moore. Cette décision pourrait avoir pour effet paradoxal de marginaliser la tech américaine. Elle empêchera surtout à la loi de Moore de continuer sa partition. La limite physique des puces à silicium est en train de se rapprocher à vive allure. Une taille de deux à trois nanomètres par transistor est une limite physique indépassable. Elle sera quasiment atteinte. Face à ce mur, des stratégies se mettaient en place pour repenser les puces à l’heure de l’IA, décentraliser la puissance de calcul (le edge computing), ou trouver des alternatives au signal digital (l’informatique quantique). En 2017, le consortium des semi-conducteurs (IRTS) avait acté le décès de la loi de Moore dans un livre blanc audacieux qui promettait un « More than Moore » fondé sur ces évolutions. Rien n’indique qu’elles pourront se faire désormais.

Etienne Grass est professeur à Sciences Po, VP Capgemini Invent

LA CHRONIQUEd’Etienne Grass

More than Moore

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Page 13: Les Echos - 02 06 2020

Delphine Iweins @DelphineIweins

F aut-il venir au secours des clubs defootball français ? Alors que laLigue 1 reste le seul grand champion-

nant européen à ne pas reprendre, ceux-ci craignent pour leur équilibre financier. Cer-tains jouaient déjà avec le feu ces dernières années, menant grand train sans tenir compte de la détérioration de leurs comp-tes. Mais depuis le mois de mars, c’est la Bérézina. Des tribunaux au Parlement, en passant par les couloirs les plus secrets du pouvoir, les patrons de clubs font tout pour sauver leur mise.

L’un des plus agités est le tonitruant prési-dent de l’Olympique lyonnais, Jean-Michel Aulas. Entre coups de gueule dans la presseet recours juridiques, il ne recule devant rien pour convaincre la ligue de revenir sursa décision « On est vraiment trop cons », a-t-il lâché dans « L’Equipe » la semaine der-nière. Flanqué du président du club d’Amiens, Bernard Joannin, il a saisi en référé le juge du tribunal administratif de Paris – avant d’être débouté – puis déposé une requête auprès du Conseil d’Etat pour dénoncer la suspension des compétitions jusqu’au mois d’août. En vain.

Le football s’est même invité au Palais-Bourbon. Six sénateurs – dont cinq élus de la région lyonnaise – ont proposé deux amendements au projet de loi « disposi-tions urgentes face à l ’épidémie de Covid-19 » pour encourager la reprise. Là aussi sans succès : le reste du Sénat a rejeté ces amendements mardi.

Pour les drogués du ballon rond, c’est lagueule de bois. Contrairement aux Anglais,Allemands, Espagnols et Italiens, qui tien-nent les matchs à huis clos, ils n’auront rienà se mettre sous la dent avant la fin de l’été. Mais le mal-être du football français va bien au-delà : ce coup d’arrêt a un impact financier catastrophique pour les ligues professionnelles. Les pertes combinées pourraient dépasser 4 milliards d’euros, selon les données compilées par Learn-Bonds, dont 700 millions d’euros rien que pour la Ligue 1 française.

Avec en toute première ligne les clubs,

victimes de leur modèle économique. Celui-ci repose sur trois piliers essentiels : les droits télévisés, le mercato des joueurs etles supporters. « Il faut diversifier ces sourcesde revenus », reconnaît Luc Arrondel, éco-nomiste du sport. « Ce triptyque pose un pro-blème. Il faudrait un équilibre économique plus sécurisé », revendique Philippe Piat, coprésident de l'Union nationale des foot-balleurs professionnels (UNFP). Le vœu estpieu, mais la réalité tout autre.

Renégocier les salaires à la baisseLes revenus commerciaux représentent 40 % du chiffre d’affaires des clubs euro-péens, selon une étude du cabinet Deloitte. L’effet domino s’est fait immédiatement sentir. La billetterie et ventes de produits dérivés ont été stoppés avec l’arrêt de la compétition. Côté sponsors, fin mars, 86 % des entreprises soutenant un club et inter-rogées par l’Union Sport & Cycle décla-raient vouloir réduire ou tout simplement stopper leur partenariat à la rentrée pro-chaine. Intersport a ainsi décidé de ne pas prolonger son contrat avec Amiens – dont ilsponsorisait les maillots – pour la saison 2020-2021. Le 4 avril, la société de restaura-tion Bistro Régent a suspendu son partena-riat avec les Girondins de Bordeaux, dont il était sponsor principal. Le contrat prévoyaitdeux clauses particulières : un cas d’intoxi-cation dans l’un des restaurants et une crisesanitaire avérée… Les avocats et agents sportifs pourront s’en inspirer dans les pro-chaines négociations avec les sponsors.

Dès le 7 avril, les clubs des Ligues 1 et 2 etl’UNFP ont convenu d’une baisse tempo-raire des salaires des joueurs. Cet accord prévoit que les clubs soient exonérés de charges patronales sur les 70 % des salaires touchés par les joueurs en chômage partiel. Tous les footballeurs gagnant moins de 70 % de 10.000 euros brut mensuels conser-vent l’intégralité de leur rémunération. Ceux touchant entre 10.000 et 20.000 euros peuvent voir leur salaire baisser de 20 %, de 3 0 % p o u r c e u x e n t r e 2 0 . 0 0 0 e t 50.000 euros, de 40 % pour les joueurs gagnant entre 50.000 et 100.000 euros et de 50 % pour ceux de plus de 100.000 euros. « La durée moyenne d’un joueur sur le terrain

est d’environ cinq ans et son salaire médian estde 35.000 euros par an », rappelle Luc Arrondel. Le 20 avril, la ministre des Sports,Roxana Maracineanu, a validé cette démar-che. De quoi soulager tous les clubs, particu-lièrement les plus modestes de Ligue 2.

Ce type d’accord collectif est inédit enEurope. Il est en pratique difficile à mettre en œuvre dans les clubs où les rémunéra-tions sont les plus élevées comme au PSG, àl’OM ou à l’OL. L’accord du footballeur et unavenant à son contrat de travail sont indis-pensables. Les clauses portant sur des pri-mes aux résultats et aux performances indi-viduelles font l’objet d’âpres négociations car tous les matchs n’ont pas pu être joués. Certaines stars du PSG espéraient bien briller lors des quarts de finale inédits de la Ligue des champions. Face à cet enjeu, le président du club, Nasser Al-Khelaïfi, a tenuà préciser dans un communiqué diffusé le 28 avril : « S’il n’est pas possible de jouer en France, nous jouerons nos matchs à l’étran-ger, en nous assurant des meilleures condi-tions de sécurité sanitaire pour nos joueurs ettout notre staff. » Cependant, l’Union des associations européennes de football (UEFA) a annoncé, début mai, que la reprisede la Ligue des champions devrait attendre le mois d’août.

Au-delà des salaires, variable d’ajuste-ment sur le court terme, quelles solutions préconisent les clubs ? Le 4 mai, 40 des 42 clubs que comptent les Ligues 1 et 2, sousla houlette de la Ligue professionnelle de football, ont entériné la souscription d’un prêt garanti par l’Etat estimé à 224,5 mil-lions d’euros. « Le montant alloué aux clubs demandeurs est similaire à celui qui aurait été versé grâce aux droits télévisés », précise le président du FC Nantes, Waldemar Kita.

Saint-Etienne, Lille, l’OM ou Bordeauxdevraient être vivement intéressés. Ils ris-quent d’être les plus touchés par la crise financière. Un plan d’austérité avait ainsi été décidé chez les Girondins avant même l’arrêt des compétitions. Entre 2018 et 2019, Bordeaux a perdu 47 millions d’euros et sondernier compte de résultat indiquait une perte de 55 millions d’euros (hors produits des transferts). De nombreuses interroga-tions subsistent sur son principal action-

SPORT // L’arrêt brutal de la saison du football a mis au jour la fragilité financière des clubs des Ligues 1 et 2. Entre recours judiciaires, lobby parlementaire

et négociations à Bercy, leurs patrons font tout pour sauver la mise.

naire, le fonds d’investissement américain King Street, lui aussi touché par la crise.

Du côté de Marseille, un peu plus dans lerouge chaque année, le déficit pourrait atteindre un record de 100 millions d’euros.Or, les règles du fair-play financier n’autori-sent que 30 millions d’euros en trois ans. Sile club phocéen ne veut pas être sanc-tionné, il risque de devoir vendre ses joueurs « bancables ».

Sécuriser les droits TVEn interne, le Paris Saint-Germain a déjà estimé son manque à gagner à plus de 200 millions d’euros depuis le début de cettecrise. Avec plus de 636 millions d’euros de revenus générés en 2018-2019, il est pour-tant classé parmi les 20 clubs les plus richesdu monde, selon la dernière version du clas-sement annuel « Money League Top 20 » ducabinet de conseil Deloitte.

En parallèle de la négociation de ce prêtavec l’Etat, il a fallu sécuriser du mieux pos-sible les droits TV, au premier rang des-quels le versement des dernières tranches de la saison par Canal+ et BeIN Sports. Après une négociation menée par Nasser al-Khelaïfi (PSG), Jacques-Henri Eyraud (OM), Olivier Sadran (Toulouse) et Jean-Pierre Rivère (Nice), un accord a été conclu.La chaîne cryptée a dû régler, début mai, 37 millions d’euros. Et son concurrent qatari s’est acquitté d’un montant de 10,6 millions d’euros.

Malgré tout, la perte est conséquente : lecontrat initial prévoyait une traite d’environ150 millions d’euros début avril et une autrede 140 millions d’euros début juin, selon l’AFP. « Les droits TV ont été sécurisés pour cette année, mais ils risquent d’être renégociésà la baisse les années suivantes. Cette pandé-mie a créé un précédent d’arrêt total des com-pétitions que les diffuseurs pourront désor-mais prendre en compte dans leurs futurs contrats », prévient Nathanaël Caillard, avo-cat chez Linklaters.

Troisième source de revenus des clubs, lemarché des transferts est, lui aussi, menacéd’implosion. Les statistiques montrent que dans la situation actuelle, dix des clubs de football européen les plus touchés peuvent perdre plus de 3 milliards de la valeur de transfert de leurs joueurs. « Les transferts sont de la fausse monnaie, de l’argent virtuel. L’escalade des résultats sportifs a conduit à celle des prix des joueurs », dénonce Jean-Jacques Bertrand, mandataire sportif et avocat spécialiste en droit du sport. Pour-tant, les clubs ne peuvent pas s’en passer.

Des clubs de foot au bord de l’asphyxie

Le Parc de Princes, à Paris. Le club de la capitale, le PSG, a déjà estimé son manque à gagner à plus de 200 millions d’euros depuis le début de la crise.

Le transfert de joueurs est un véritableexercice de trésorerie. Les versements sont souvent divisés en plusieurs parts et étalés dans le temps. « On peut avoir de bons joueurs, de bons résultats, mais des problè-mes de trésorerie », confirme Waldemar Kita. L’idée évoquée par RMC Sport d’emprunter 120 millions d’euros à des organismes de financement, une somme correspondant aux créances sur les trans-ferts, fait son chemin. « Le procédé, c’est que certains clubs se mettent ensemble pour récu-pérer l’argent des transferts qu’ils se doivent entre eux », expliquait Gérard Lopez, diri-geant du club de Lille à l’AFP, le 29 avril.

Pour baisser leurs charges, les clubspourraient être tentés de revendre des joueurs dont le contrat se termine le 30 juin.L’avantage ? Ils peuvent être achetés sans indemnités de transfert. Les plus jeunes d’entre eux ou ceux devant encore faire leurs preuves pourraient voir leur salaire baisser. Aucun club ne sera en mesure de maintenir les niveaux actuels sans match nirevenus. « Seul le marché déterminera les effets sur les transferts et sur les salaires », tempère Jean-Jacques Bertrand, associé ducabinet Bertrand & Associés.

En effet, dès la mi-avril, les rumeursde mercato ont commencé à enfler dans la presse sportive. Le Barça n’aurait pas aban-donné l’idée de faire revenir son ancien atta-quant Neymar, mais la crise du Covid-19 a tout changé. Les dirigeants ont dû deman-der à leurs joueurs d’accepter une baisse de70 % de leur salaire afin de compenser les pertes du club. Sortir au moins 180 millionsd’euros pour Neymar, aussi apprécié soit-il des supporters et des sponsors, serait con-tradictoire avec cette demande et entraîne-rait de vives tensions, à tout le moins une mauvaise image. Le Brésilien serait pour-tant déterminé à quitter le PSG. D’après le quotidien sportif espagnol « Mundo Depor-tivo », il aurait refusé une prime de prolon-gation de contrat de 100 millions d’euros assortie à des conditions salariales égales à celles de son contrat courant jusqu’en 2022.Comme quoi malgré la crise, il existe encorequelques valeurs sûres… n

Les pertes pour la Ligue 1 française pourraient atteindre 700 millions d’euros, selon les données compilées par LearnBonds.

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Les Echos Mardi 2 juin 2020 // 13

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En quarante-huit heures, les Etats-Unis nous ont montré ce qu’ils avaient de meilleur et de pire à offrir au reste du monde. Le lancement de la fusée SpaceX, samedi, confirme l’incroyable audace et vitalité du secteur privé américain. En expédiant deux astronautes vers la station internationale, à un tarif minimal pour la Nasa, l’entreprise d’Elon Musk, qui ne connaissait rien aux fusées il y a encore quinze ans, rompt la dépendance de toutes les agences spatiales internationales aux navettes russes. Une première depuis une décennie, qui donne espoir à l’Amérique de reprendre le chemin de la Lune à l’horizon 2024.

Mais de lune, il n’était plus guère question en cettefin de week-end. Les émeutes à Minneapolis et ailleurs nous ont brutalement ramenés à la gravité terrestre, plus précisément à cette scène effroyable où un policier blanc étouffe de son genou un homme noir, sans aucune réaction de ses collègues. Un demi-siècle

après la fin de la ségrégation,la première démocratie dumonde conserve ainsi des traitsprofondément rétrogrades.L’Etat de droit, c’est-à-dire le respect des principes les plus élémentaires de la Constitution, reste un concept virtuel pour unepartie de la population, la pluspauvre. Ce fut, de l’aveu mêmede Barack Obama, le grandéchec de ses deux mandats à laMaison-Blanche. Pour DonaldTrump, ce pourrait être le gagede sa réélection. Après avoirgéré de manière chaotiquela pandémie du Covid-19, leprésident reprend les accentsautoritaristes qui avaientassuré son succès de 2016.Il crée la division, car c’est ellequi le fait gagner. Un terraind’autant plus porteur que sonadversaire à la présidentielle,

Joe Biden, reste désespérément inaudible.A cinq mois de l’élection, nul ne peut dire à qui

profitera le plus cet accès de violence. Rappelons simplement que les grandes émeutes raciales de 1967 avaient fait triompher Richard Nixon l’année suivante,sur la promesse du retour à l’ordre. Donald Trump ne le sait que trop bien, qui encourage la police à tirer sur les pilleurs sans aucune forme de procès, et l’armée à user « sans limite » de ses pouvoirs. Les entreprises américaines, qui ont longtemps fermé les yeux sur ces réalités pour ne pas froisser leur clientèle, sont désormais nombreuses à prendre ouvertement parti pour la cause noire (Amazon, Netflix, Nike, etc.). Preuve que sur la Terre comme sur la Lune, le salut américain dépend toujours largement de ses entrepreneurs.

(Lire nos informationsPages 6-7

L’ÉDITORIAL DES « ÉCHOS »

L’Amérique, pour le meilleur et pour le pire

Donald Trump reprend les accents auto-ritaristes qui avaient assuré son succès de 2016.

Par Lucie Robequain

LA PHOTO DU JOUR

À ROME, LA PLACE SAINT-PIERRE DE NOUVEAU ACCESSIBLE Après des mois de fermeture de la place pour cause d’épidémie de Covid-19, le pape François a pu, depuis son balcon, bénir les fidèles qui restent soumis à des règles de distanciation sociale. Ils étaient 1.500, a estimé le service de presse du Vatican, bien loinde l’affluence dix fois supérieure lorsque les touristes et pèlerins de la planète entière prenaient d’assaut le quartier. Photo : Vatican Media/Handout via Reuters

DERNIÈRE HEURE

Russie : Poutine lance le chantier de la nouvelle Constitution

'EUROPE – Le présidentrusse, Vladimir Poutine, aannoncé lundi la tenue le

1er juillet d’un référendum d’adop-tion de la réforme constitution-nelle qui lui donnera notamment le droit d’effectuer deux mandats supplémentaires à partir de 2024.« Nous organiserons le vote natio-nal russe sur l’adoption des révi-sions de la Constitution le 1er juillet 2020 », a-t-il dit, à l’issue d’une visioconférence au sujet de ce scrutin prévu à l’origine en avril, mais reporté à cause de l’épidémie de coronavirus.

Hong Kong : la veillée en souvenir de Tiananmen interdite

'ASIE – La veillée annuelleà Hong Kong en souvenir dela répression de Tiananmen

n’a, pour la première fois en trente ans, pas été autorisée par la police, qui a invoqué les risques liés au coronavirus, dans un contexte de tensions dans l’ex-colonie britannique. Cette veillée attire chaque année sur l’île des foules à la mémoire des victimes de la sanglante intervention de l’armée chinoise le 4 juin 1989 sur cette place au cœur de Pékin. C’est le seul endroit en Chine où l’événement est commémoré.

Assouplissement supplémentaire en vue dans les Ehpad

'SANTÉ – Les directeursd’établissements hébergeantdes personnes âgées vont

pouvoir autoriser, dès vendredi, « une reprise des visites des proches » quand « la situation sanitaire le permet », a annoncé lundi le minis-tère de la Santé. Elles pourront se faire à « plus de deux personnes à la fois » à l’extérieur, et à deux personnes maximum dans une chambre. A condition de porter un masque, les mineurs pourront participer à ces visites qui ne se feront plus sous la surveillance d’un membre de l’établissement.

Ecoles, mariages, port du masque : le décret est paru

'DÉCONFINEMENT – Ledécret sur la phase 2 dudéconfinement, qui autorise

les déplacements sans limite à partir du 2 juin, a été publié lundi au « Journal Officiel ». Les préfets pourront les restreindre si néces-saire, à l’échelle départementale oude manière plus localisée. Les mariages pourront être à nouveau célébrés. Le port du masque est imposé aux plus de onze ans dans les transports en commun, les gares et aéroports. Les enseignants n’auront pas à le porter en cours s’ilssont à au moins 1 mètre des élèves.

« SpaceX », par Bertrand Aznar pour « Les Echos »

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Mardi 2 juin 2020www.lesechos.fr

Denis [email protected]

Une surprenante révolution de palais est enmarche à la tête de Keolis, la filiale de la SNCF (70 %) et de la Caisse de dépôt et place-ment du Québec (30 %), spécialiste des transports publics. Alors que tout le secteurdes bus, métros et tramways se débat dans la pire crise de son histoire, Patrick Jeantet, le PDG de Keolis devrait être limogé ce mardi de la direction du groupe public, lorsd’un conseil de surveillance extraordinaire,quatre mois seulement après sa prise de fonction officielle, a annoncé la lettre spé-cialisée Mobilettre.

Le groupe public ferroviaire a même levéle voile sur le contexte de cette stupéfiante décision : « Nous confirmons que les deux actionnaires de Keolis, SNCF et CDPQ, ont demandé au président du conseil de sur-veillance [Joël Lebreton, NDLR] de réunir unconseil de surveillance exceptionnel mardi prochain pour délibérer sur la fin des man-dats de Patrick Jeantet, avec lequel le conseil de surveillance a constaté des divergences stratégiques importantes depuis sa prise de fonctions », précisait la SNCF à la même source samedi dernier.

DéflagrationUne véritable déflagration dans le monde du transport, puisqu’à la crise sanitaire et économique, dont l’impact financier se chiffre déjà en milliards d’euros, la SNCF necraint pas d’ajouter une crise de gouver-nance chez Keolis. Sa filiale a dégagé un chiffre d’affaires de 6,58 milliards d’euros l’an dernier, et exploite quelque 300 réseauxde transport dans 16 pays, dont 80 réseaux en France comme à Lyon, Bordeaux ou Rennes. Elle emploie 65.000 salariés.

Faut-il voir dans cette destitution sur-prise un règlement de comptes entre deux dirigeants rivaux ? Candidat malheureux l’an dernier à la succession de Guillaume Pepy à la SNCF, alors qu’il était à la tête de l’importante filiale SNCF Réseau, Patrick Jeantet avait été « exfiltré » début novem-

bre 2019 pour présider Keolis, moins imbri-qué au « système SNCF »… et succédait par la même occasion à Jean-Pierre Farandou.

Mais l’explication du chassé-croisé qui alaissé des inimitiés ne semble pas la bonne. « Jean-Pierre Farandou se serait bien passé d’une chose pareille actuellement », témoigneun proche du groupe public. Selon nos infor-mations, c’est plutôt le style de managementautoritaire de Patrick Jeantet qui aurait mis le feu aux poudres chez les administrateurs,notamment indépendants, qui auraient menacé de démissionner collectivement si celui-ci n’était pas limogé. « C’était tendu au conseil depuis plusieurs semaines, Jeantet essayait de passer en force, et a provoqué une rupture de confiance », ajoute ce témoin.

Les administrateurs se sont ainsi émusd’un système un peu clanique quand le nou-

veau pilote de Keolis s’est refait un organi-gramme à sa main, avec des transfuges de SNCF Réseau. Professionnel reconnu des transports, X-Ponts, Patrick Jeantet avait pourtant beaucoup d’atouts dans son jeu. Il anotamment exercé des fonctions chez ADP mais également au sein même de Keolis, où ilavait dirigé de 2005 à 2013 les deux principa-les divisions, d’abord l’international puis la France. D’où un profil au départ très légitime.

Négociations tous azimutsSon départ serait d’autant plus singulier qu’il est actuellement en pleine négociationavec toutes les autorités organisatrices de transport, dans les 16 pays où il opère. Car lachute impressionnante des recettes et les hausses de coûts imprévues, notamment pour le nettoyage poussé des véhicules, ont

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DOW JONES25.451,7 points0,2702 % n

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ONCE D’OR1.730,6 $0,1099 % J

PÉTROLE (BRENT)37,59 $6,4571 %

DEVISES EUR/GBP 0,8925 EUR/JPY 1,1969 EUR/CHF 1,0697 GBP/USD 1,2467 USD/JPY 1,0758 USD/CHF 0,9615 TAUX EONIA -0,456 LIFFE EURIBOR 3 MOIS -0,307 OAT 10 ANS -0,0703 T-BONDS 10 ANS 0,6087

Accor 15ADP 17AgVa 12Air France 17Alibaba 27Amazon 27Apple 27Bouygues Telecom 22Coinbase 26Danone 27Deezer 24

EasyJet 17Expedia 15Facebook 27Fidelity 26Galaxy Digital 26Ganfeng 19General Electric 27Goldman Sachs 26Google 27Huawei 23IAG 17

ICBC 27JAC Automobile 19Keolis 15Kweichow Moutai 27LVMH 27Microsoft 27Morgan Stanley 26Orange 24Poloniex 26PSA 15Renault 15, 18, 32

SNCF 17SpaceX 17, 19Tencent 27Tesla 19Unilever 27Volkswagen 19Walmart 27Willa 24AVIS FINANCIERSociété des bains de mer (SBM) 21

= LES ENTREPRISES CITÉES

l’essentielAccompagnement des entrepreneuses : Jeanne Bitker prend la barre de WillaIssue de France Digitale, Jeanne Bitker

prend ce mardi son poste de direc-trice des opérations de Willa.

// P. 24

L’emprise des géantsde la consommationsur les Boursesmondiales

L’emprise de la tech sur WallStreet masque une tendance de

fond : la montée en puissance desrois de la consommation. En vingt ans, lesecteur est passé de 6 à 18 % des capitalisa-tions boursières mondiales, notammentgrâce à Apple et au luxe. // P. 27iS

tock

Les indices des prix de l’immobilier en état de sidérationAprès leur suspension pour cause deconfinement, les indices des prix immobi-liers MeilleursAgent- « Les Echos »font montre d’une remarquablestabilité. Le marché est commecristal l isé dans son étatpréconfinement, mais lestransact ions ont reprisavec vigueur. // P. 16

Les défilés de la Fashion Week Paris migrent sur la ToileAprès l’annulation des Fashion Weekspour cause de pandémie, la Fédérationde la haute couture et de la mode a décidéd’organiser des défilés « online ». // P. 20

Lionel Steinmann @lionelSteinmann

La réouverture des concessions le 11 mai après deux mois de chômage technique dû au coronavirus n’a pas donné lieu à unredémarrage en trombe des ventes de voi-tures. Selon les chiffres dévoilés tôt lundi matin par le Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA), les imma-triculations de voitures neuves ont reculéen mai de 50,34 % par rapport à la même période l’an dernier.

Certes, la base de calcul n’est pas favora-ble, avec 18 jours ouvrés seulement cette année, contre 20 en mai 2019. Ces statisti-ques montrent tout de même que l’activitécommerciale a redémarré à un tempo assez faible. Selon un expert du secteur, laplupart de ces immatriculations sont dues à des commandes effectuées avant lami-mars, et enfin livrées. Les ventes aux flottes d’entreprises sont restées faibles, etcelles aux loueurs de voitures seraient quasiment à l’arrêt. Dans ce contexte, les marques françaises ne se sont pas parti-culièrement illustrées sur leur marché domestique. Le groupe PSA a vu ses

AUTOMOBILE

Le PDG de Keolis sur un siège éjectable

sérieusement remis en question les con-trats qui lient les acteurs du transport.

« Le plus important c’est la trésorerie. Jus-qu’à la fin juin, je vais tenir, on passera le cap,on a des lignes de crédit d’ici la fin de l’année »,nous confiait récemment l’intéressé, après avoir fait appel au chômage partiel pour 70 % de ses effectifs français pendant le con-finement. Plus largement, c’est tout le trans-port public français, assuré par plusieurs opérateurs (dont Keolis, Transdev, RATP-Dev), qui est en ruine. Des élus regroupés ausein du GART ont récemment demandé à Emmanuel Macron un chèque de 4 mil-liards d’euros, pour compenser l’évapora-tion du versement mobilité prélevé chez les entreprises (ex-versement transport) et celle des recettes tarifaires, qui est encore loin d’être arrivée à son terme. n

Patrick Jeantet a été nommé chez Keolis en novembre 2019, mais n’a pris ses fonctions officielles que le 1er février dernier.

Christophe Palierse @cpalierse

Expedia s’engage dans la relance du tourisme pour mieux se relancer… Ce géant américain du « voyage en ligne », frappé de plein fouet par l’arrêt des déplacements, levant 3,2 milliards de dollars en avril, a décidé de débourser jusqu’à 275 millions de dollars dans diverses actions marketing et commer-ciales, en particulier auprès de ses par-tenaires indépendants et les « petites chaînes » de l’hôtellerie.

Expedia, qui a réalisé environ 70 % deson activité dans la réservation d’héber-gements au premier trimestre, compte verser jusqu’à 250 millions de dollars pour offrir à ses partenaires des opéra-tions marketing et des aides financiè-res. Pour ceux qui voudront participer àce programme, le groupe réinvestira, assure-t-il, 25 % des revenus réalisés avec eux en 2019 sous forme de promo-tion et de publicité sur ses sites.

Expedia, qui a été, à l’instar des autresplateformes de réservation, fustigé pourle niveau de ses commissions, indique aussi réduire celles prélevées sur toutes les nouvelles réservations effectuées, et ce quelles que soient les dates réelles de séjour, durant les trois mois que dure le

programme. Enfin, la firme prolonge jusqu’à 90 jours les délais de paiement applicables aux réservations facturées via sa solution « Hotel Collect ».

Ce programme, expérimenté enAsie, n’est toutefois pas sans contrepar-ties pour ses bénéficiaires. Il prévoit desengagements de la part des partenairesd’Expedia. Le distributeur doit profiter des tarifs les plus compétitifs. Et ses clients optant pour la formule de type forfait « avion + hôtel » doivent bénéfi-cier d’un tarif préférentiel. De quoi rebuter des hôteliers préférant privilé-gier leurs ventes directes et leur pro-gramme de fidélité. Ainsi, Accor « n’a pas souhaité participer » à cette opéra-tion, reconnaît le responsable des par-tenariats d’Expedia, Cyril Ranque.

PromotionEn parallèle, le groupe prévoit de déblo-quer 25 millions de dollars afin de parti-ciper à des opérations de promotion de destinations, mais aussi d’« acteurs tou-ristiques » visant le même objectif.

Enfin, Expedia a pris une initiative àl’adresse des consommateurs-voya-geurs en augmentant la part de ses offres d’hébergement qui sont rem-boursables, la portant de 50 % à près de 70 %. En leur proposant davantage de flexibilité, la plateforme espère gagner en réassurance et en attractivité. L’enjeuest d’autant plus d’importance que le groupe était déjà à la peine avant la crisesanitaire. Fin février, Expedia, bousculé par le président du conseil d’adminis-tration Barry Diller, a lancé une restruc-turation prévoyant la suppression de 12 % de ses effectifs. Cette restructura-tion faisait suite au départ soudain, deux mois auparavant, du directeur général du directeur financier. n

Expedia baisse ses commissions et soutient les petits hôtelsTRANSPORTS

TOURISME

Expedia déboursera jusqu’à 275 millions de dollars dans diverses actions marketing et commerciales.

immatriculations reculer de 56,07 %, (avec – 62 % pour Opel), et le groupe Renault enregistre un recul de 50,39 %, par rapport à mai 2019 et pour les voituresparticulières, d’après les chiffres du CCFA.

Poussée du véhicule électriqueLa bonne nouvelle vient des ventes de voi-tures électriques, qui progressent malgré la crise. Selon le spécialiste des données AAA Data, elles ont représenté 4 % du marché, avec 4.112 immatriculations le mois dernier (contre 2.736 en mai 2019). « Les hybrides tirent également leur épingledu jeu avec 12 % de part de marché, et 12.020immatriculations (contre 5 % de part de marché en mai 2019 avec 10.218 immatricu-lations) », pointe l’organisme.

Après le décrochage historique desventes dû au confinement (– 72 % en mars,– 89 % en avril), la baisse du marchéatteint – 48,5 % sur les cinq premiers moisde 2020. L’entrée en vigueur lundi 1er juin des primes et des bonus à l’achat annon-cés par Emmanuel Macron la semaine dernière devrait donner un coup de fouetau marché. La question est désormais de savoir si les 200.000 primes à la conver-sion financées par le gouvernement favo-riseront plutôt le marché du neuf, ou celuides occasions récentes. n

Le marché français de l’auto redémarre très timidement

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CORONAVIRUS

département, à plus de 100 km de son domicile.

« Depuis, nous avons des journéesà rallonge. Nous travaillons comme àla pleine saison du déménagement qui se situe en général du 15 juin au 15 septembre », témoigne Thierry Gros, le président de la Chambre syndicale du déménagement (CSD).« Nous sommes surchargés, car il s’agit de rattraper le retard pris depuis la mi-mars, indique aussi Nicolas Aubague, franchisé Les déménageurs Bretons en Bourgo-gne-Franche-Comté. Tout le monde voulait déménager le 11 mai. Il nous afallu étaler les rendez-vous […]. Nos équipes travaillent six jours sur sept mais nous manquons de main-d’œuvre », poursuit-il.

Alors que le Covid-19 circule tou-jours sur le territoire, il est néces-saire de suivre un strict protocole sanitaire : prises de température,

port du masque, lavages de mains, désinfection des camions matin et soir… Tout ceci renchérit le coût desdéménagements pour les clients, de 7 % à 10 % selon la CSD.

Inquiétudespour juillet-aoûtCe redémarrage en fanfare de l’acti-vité augure-t-il d’une reprise plus durable ? « Il est un peu trop tôt pourle savoir, mais je suis optimiste, même s’il est à prévoir que nous ter-minerons 2020 avec des pertes de chiffres d’affaires », indique Nicolas Aubague. Pour Thierry Gros, la bataille est loin d’être gagnée. « Nous avons des craintes pour juillet-août. Les mutations des mili-taires ou des professeurs sont main-tenues. Mais comme les agences immobilières n’ont rouvert que le 11 mai, nombre de déménagements risquent d’être reportés à septem-

Les déménagements ont repris à un rythme soutenu

Elsa Dicharry @dicharry_e

Pendant le confinement, seuls les déménagements « non reporta-bles » étaient autorisés. Et, sauf cas exceptionnels, à condition de se débrouiller seul, sans faire appel à une entreprise de déménagement. Avec le début du déconfinement le 11 mai, la donne a changé. Un décretpublié le 21 mai au « Journal Offi-ciel » est aussi venu autoriser les déménagements hors de son

Les déménageurs doivent rattraper le retard accu-mulé depuis la mi-mars. Leurs carnets de rendez-vous sont pleins. L’activité pourrait cependant ralentir au cœur de l’été. Certaines entreprises du secteur sont déjà en panne de trésorerie.

avaient tendance ces derniers mois à remettre en question les conventions de partenariat avec les courtiers. Après un armistice imposé par la crise sanitaire, ces tensions repartent. C’est ce que dénoncent différentes associa-tions de courtiers dans un com-muniqué, daté du 27 mai, qui s’alarme de « l’augmentation des refus bancaires ainsi que des situa-tions contentieuses entre intermé-diaires et prêteurs », qui devien-nent « inquiétantes ». Alors même que le marché semble repartir. « Nous avons retrouvé 70 % du volume des demandes de prêt de l’année dernière », observe San-drine Allonier. Même constat chezCapfi, qui annonce un retour à 80 % de l’activité.

Une part du gâteau qui diminue« Les banques dénonçaient déjà les conventions avec les courtiers et res-pectaient de moins en moins nos mandats de courtage, et cette ten-dance s’accentue clairement », regrette Michel Fleuriet, présidentde l’Anacofi IOBSP. « La taille du marché du crédit immobilier va se réduire assez fortement cette année,et, par conséquent, la part du gâteauà se partager aussi », reconnaît un grand banquier de la place.

De fait, les prévisions des ban-ques convergent vers une réduc-tion de 30 à 40 % de l’activité de crédit immobilier en 2020, soit un retour « au niveau de 2015 ». Toute-fois, la situation n’est pas uniformesur le territoire. « Les banques continueront à travailler avec les courtiers dans les zones sous ten-sion, comme l’Ile-de-France ou la Côte d’Azur », poursuit le ban-quier. Bref, pas de consignes natio-nales mais bien du cas par cas. Le tri sera néanmoins plus sélectif, enfaveur des « bons dossiers ». n

Eric [email protected]

« Nos taux ont subi une hausse de 0,5 point sur le mois d’avril, ce qui ne nous permet pas de suivre ce pro-jet étant donné que le taux d’usure est dépassé » : ce récent mail de refus pour un crédit immobilier adressé par une banque à un cour-tier résume les difficultés de reprise du marché immobilier.

Le resserrement des conditionsde crédit par les banques, com-mencé à la fin de l’année dernière sur les recommandations du HautConseil de stabilité financière (HCSF), et la récente remontée destaux bloquent un nombre crois-sant de dossiers. Et la baisse, en avril, des taux d’usure (les taux pla-fonds fixés par la Banque de France) empêche également cer-tains projets d’aboutir.

« Les banques elles-mêmes sontcoincées par ce durcissement géné-ral des conditions d’octroi de cré-dit », souligne Sandrine Allonier, porte-parole du courtier Vousfi-nancer. L’association des courtiersen crédit immobilier (Apic) avait déjà alerté Bercy le 14 avril derniersur le frein à la reprise que pouvaitconstituer l’« effet rétroviseur » de la formule de calcul du taux d’usure, basée sur les taux moyensde crédit des trois derniers mois.

A cela s’ajoutent les tensionsravivées entre les banquiers et les courtiers pour se partager le mar-ché. Le conflit n’est pas nouveau etles banques, étranglées par la baisse continue des marges,

Le durcissement des conditions d’octroi, la hausse des taux et la récente baisse du taux d’usure bloquent un nombre croissant de dossiers.

Crédit : les courtiers s’inquiètent des obstacles à la reprise

intermédiaires et prêteurs devien-nent inquiétantes.

« Les deux moteurs que sontl’emploi et le crédit conditionnent le troisième, celui de la confiance, souligne aussi Thomas Lefebvre. Le mois de juin sera intéressant à observer car nous aurons de nou-velles promesses de vente et nous aurons plus de réponses dans le cou-rant de l’été. »

Prix à l’arrêtPour l’instant, les prix font montre d’une grande stabilité. Le rythme de hausse de l’ordre de 1 % par moisobservé jusqu’en février dans les métropoles les plus dynamiques, dont Paris, s’est brutalement inter-rompu. Le marché reste en équi-libre sur ses plus hauts. Et il est trop tôt pour savoir si on assistera à un véritable retournement de tendance. « On aura une baisse dans les deux-trois prochains mois, même à Paris si la demande se tasse alors que certains se trouveront dansl’obligation de vendre pour des rai-sons personnelles telles que divorces

des prix contre 46 % des acheteurs.Et pour l’instant, la ruée sur les

maisons de campagne ne se traduitpas encore par un bond de l’IPI zones rurales. « Cet indice inclut de l’ordre de 30.000 communes hors agglomérations, lesquelles incluent les communes voisines où se situe une bonne part de cette demande de maisons, explique Thomas Lefeb-vre. Pendant le confinement, beau-coup ont rêvé de maisons. Rien ne prouve que cet engouement sera durable. Reste que les maisons de campagne peuvent connaître un vrairegain d’intérêt. »

En tout cas, sur le terrain, lademande a évolué. Les conseillers indépendants d’EffiCity observent qu’à présent, 70 % des acheteurs se tournent vers des biens avec un extérieur (balcon, terrasse, jardin) et 39 % d’entre eux vers des maisons.

(*) Ces associations professionnelles représentatives sont l’Afib, Anacofi-IOBSP, Apic, CNCEF Crédit, CNCGP et Cie des IOB.

l Après leur suspension pour cause de confinement, les indices des prix immobiliers MeilleursAgents - « Les Echos » font montre d’une remarquable stabilité.l Le marché est comme cristallisé dans son état préconfinement, mais les transactions ont repris avec vigueur.

Les indices des prix de l’immobilieren état de sidération

Marie-Christine Sonkin @mcsonkin

Après deux mois d’apnée, le mar-ché de l’immobilier recommenceà respirer. Plus exactement, ilreprend une grande bouffée d’aircomme les plongeurs privés troplongtemps d’oxygène. A partir du11 mai et même un peu avantgrâce aux progrès de la digitali-sation, le marché est reparti avecvigueur. « Nous avons perdu envi-ron 165.000 transactions pendantle confinement, explique ThomasLefebvre, directeur scientifiquede MeilleursAgents, et nouso b s e r v o n s a u j o u rd ’ h u i u n ereprise en U. C’est une très bonnenouvelle. Les transactions enga-gées ont été finalisées alors que,beaucoup de délais ayant été pro-rogés, les acheteurs auraient puabandonner leur projet. Cela n’apas été le cas. »

Reste à savoir s’il s’agit d’unsimple rebond technique ou si la reprise sera durable. Selon ThomasLefebvre, trois grands moteurs sont nécessaires pour soutenir le marché : l’emploi, le crédit et la confiance. Concernant l’emploi, « pour l’instant, le gouvernement a fait le job, estime-t-il, mais pourra-t-on échapper à des faillites en masseet aux licenciements qui en découle-raient ? »

Tensions sur le créditQuant au crédit, il considère que le problème n’est pas tant la légère tension sur les taux, d’ailleurs déjà observée pendant la période pré-confinement, que les conditions d’octroi des banques : « Elles n’aiment pas l’incertitude mais, parallèlement, elles ont à remplir des objectifs crédit alors que la machine s’est enrayée pendant deuxmois ».

Pour l’instant, il semble bien queles établissements appuient plutôt sur le frein. A tel point que les asso-ciations professionnelles représen-tatives des intermédiaires en « opé-rations de banque et en services de paiement »* se sont de nouveau réunies, le 15 mai, pour faire le pointsur le resserrement des conditions d’accès des ménages au crédit immobilier. Selon elles, l’augmen-tation des refus bancaires ainsi que des situations contentieuses entre

IMMOBILIER

bre », s’inquiète-t-il. Il craint en outre que certains particuliers renoncent à leur projet de changer de logement.

Déjà, après deux mois sans ren-trées d’argent, certaines entreprisesdu secteur éprouvent des difficultésde trésorerie. « Nous évaluerons la casse fin septembre », indique le pré-sident de la CSD. Autant dire que lessemaines à venir seront cruciales. n

« Nos équipes travaillent six jours sur sept mais nous manquons de main-d’œuvre. »NICOLAS AUBAGUEFranchisé Les déménageurs Bretons

ou décès », avance prudemment Thomas Lefebvre.

« Le marché devrait se rééquilibrerau profit des acheteurs », estime Christophe du Pontavice, directeur général d’EffiCity. Selon lui, dans les zones tendues, les prix devraientlégèrement baisser. Dans les zones moins denses, ils devraient baisser

un peu plus. « Je conseille aux vendeurs d’ajuster leur prix et d’être ouverts à la négociation », insiste-t-il.Actuellement les consultants EffiCity (1.500 agents immobiliers indépendants) constatent une diffé-rence de perception des prix entre les vendeurs et les acheteurs : 22 % des vendeurs anticipent une baisse

Pour l’instant, la ruée sur les maisons de campagne ne se traduit pas encore par un bond de l’IPI zones rurales.

ENTREPRISES Mardi 2 juin 2020 Les Echos

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Page 17: Les Echos - 02 06 2020

Les Echos Mardi 2 juin 2020 ENTREPRISES // 17

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qu’une entreprise privée, en parte-nariat avec la Nasa, réussit une telle opération.

A ce stade, la mission est un pleinsuccès pour SpaceX. « Je suis sub-mergé d’émotion, a témoigné son fondateur, Elon Musk. J’ai du mal à parler, cela fait dix-huit ans que nous travaillons avec cet objectif. » Cette mission est le dernier test pour la certification du vaisseau avant son utilisation commerciale. Reste à accomplir la même performance avec Boeing. Le constructeur aéro-nautique développe un projet simi-laire avec la capsule Starliner, mais aconnu un semi-échec lors d’un test sans astronautes. « Nous allons continuer à travailler avec Boeing pour s’assurer qu’ils réussissent aussi », assure Jim Bridenstine.

Retour sur la Lune Près de dix ans après la fin du pro-gramme des navettes américaines, la mission Demo-2, qui marque le retour des Etats-Unis dans les vols habités vers l’espace, est aussi une étape cruciale pour un prochain retour sur la Lune, prévu en 2024 dans le cadre du programme Arté-mis.Si la suite de la mission Demo-2 se déroule comme prévu, les Etats-Unis vont devenir indépendants des Russes et de leurs fusées Soyouz, les seules actuellement capables de transporter les astronautes vers l’ISS. L’entourage de Donald Trump, qui a assisté au lancement de la fuséeen Floride samedi, n’a pas manqué de faire de ce lancement un événe-ment politique, à cinq mois de l’élec-tion présidentielle. n

Véronique Le Billon @VLeBillon

—Bureau de New York

« Nous sommes de retour ! » Jim Bri-denstine, l’administrateur de la Nasa, l’agence spatiale américaine, asalué dimanche l’arrivée des deux astronautes américains, à bord de lacapsule Crew Dragon de SpaceX, dans la Station spatiale internatio-nale (ISS). Après presque dix-neuf heures de vol depuis le lancement dela fusée Falcon 9 et de la capsule de SpaceX, de cap Canaveral, en Flo-ride, Doug Hurley et Bob Behnken ont rallié la station, où ils passerontplusieurs mois avant de ramener Crew Dragon sur Terre.

L’opération d’arrimage d’une cap-sule spatiale à l’ISS est en soi un évé-nement de (presque) routine depuis vingt ans que la station accueille desastronautes, mais la mission Demo-2 de SpaceX et de la Nasa est historique : c’est la première fois queCrew Dragon, la capsule développéepar l’entreprise d’Elon Musk, envoyait des astronautes à bord. C’est donc aussi la première fois

ESPACE

Crew Dragon, la capsule de SpaceX, s’est amarrée à la Station spatiale internationale dimanche, avec ses deux astronautes américains à bord.

Le pari réussi de Space X

Bruno Trévidic @BrunoTrevidic

En juin, pars un peu plus loin. Aprèsdeux mois d’arrêt quasi complet et un timide redémarrage à la fin mai,le trafic aérien devrait redécoller enjuin. Bien qu’aucune date ne soit encore fixée pour une réouverture des frontières intra-européennes etextérieures, de nombreuses com-pagnies aériennes ont déjà mis en ligne des programmes de vols enaugmentation pour juin et juillet. Les principaux aéroports français ont annoncé leur réouverture. ADPveut rouvrir Orly le 26 juin, comme l’avaient demandé les compagnies aériennes françaises, sous réserve que les restrictions aux déplace-ments au sein de l’espace Schengenet vers les Dom-Tom soient levées.

Reprise progressiveCette reprise du trafic sera progres-sive. Dans le cas d’Air France, dont letrafic se limite encore à 10 % ou 15 % de l’activité normale, l’augmentationdu nombre de vols et de destinationsdevrait le ramener aux environs de 15 % de sa capacité, avec 75 appareilsen service sur 224, à fin juin. Néan-moins, la compagnie devrait déjà desservir à cette date une centaine des destinations, dont 15 en France, une quarantaine en Europe et plus

AÉRIEN

Retour aux affaires pour la plupart des compagnies aériennes, malgré les incertitudes relatives à la réouverture des frontières.

Les liaisons avec les DOM-TOM et la Corse restent limitées.

pendant l’été. Cette restriction, alors qu’aucune contrainte de ce type n’a été imposée en avion,faisait grincer des dents à la SNCF, surtout s’agissant des TGV, seuls trains sur lesquels elle fait habituellement des bénéfices. L’entreprise de trans-port a besoin d’un taux d’occu-pation d’au moins 60 % – jus-qu’à 80 % dans les Ouigo – pour ne pas perdre d’argent.

L’opérateur a immédiate-ment « salué » dimanche cet assouplissement, y voyant « le fruit du civisme des voyageurs, qui respectent massivement le port du masque depuis le 11 mai et qui ont adopté les bons com-portements ». Le masque reste obligatoire.

Un retour quasi à la normale dans les métrosU n e a u t r e i n t e r r o g a t i o n demeure autour du fonctionne-ment des transports en com-mun en Ile-de-France, une zoneorange où « le virus circule un peu plus qu’ailleurs », pour reprendre les mots du Premier ministre, Edouard Philippe.

« Il y a une certitude, a déclarédès jeudi soir sur TF1 la prési-dente de la région, Valérie Pécresse, c’est que le port du masque obligatoire va demeurer jusqu’à la fin de l’épidémie. » Cela a été confirmé.

Le secrétaire d’Etat auxTransports, Jean-Baptiste Djeb-bari, a aussi indiqué dimanche sur BFMTV que l’attestation employeur pour prendre les transports franciliens resterait de mise « au moins jusqu’au 22 juin ». Soit après l’entrée en vigueur, ce mardi, d’une nou-velle phase de déconfinement dans la région. Cette attestationvaut pour tout voyage entre 6 h 30 et 9 h 30, puis entre 16 heures et 19 heures. n

Avec l’assouplissement de la restriction stricte des déplace-ments autorisés dans un rayon de 100 km autour du domicile, les Français pourront aller et venir où ils le souhaitent dans l’Hexagone, et cela sans limita-tion. « La levée de la limite de 100 km pour se déplacer libre-ment est une bonne nouvelle pour les Français, qui atten-daient cette annonce notam-ment pour la préparation de leurs vacances », s’est empres-sée de réagir la SNCF.

La société avait déjà ouvertles réservations de ses trains pour l’été, en garantissant une option échangeable ou rem-boursable gratuitement sur tous les billets. Depuis le 11 mai, la reprise est progressive. 80 % du trafic des trains est assuré (Transilien, RER) et un train longue distance sur deux (TGV,TER, Intercités, Ouigo) est en circulation. Le secrétaire d’Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a assuré que les trainsde la SNCF fonctionneront à 100 % à partir du 2 juin 2020.

« Maîtriser » les tarifs« Nous enlevons la restriction d’un siège sur deux » neutralisé dans les TGV qui avait été impo-sée à la SNCF, a déclaré Jean-Baptiste Djebbari sur BFMTV, en demandant à l’opérateur public de « maîtriser ses tarifs »

TRANSPORTS

La suppression de la limite des 100 km hors du domicile pour les déplace-ments, à partir du 2 juin, ouvre la voie aux voyages longue distance.

La SNCF retrouve 100 % de son offre dès ce mardi

d’une vingtaine à l’international, dont New York, Los Angeles, Hong Kong, Singapour, Delhi, Dubaï…

Les départements d’outre-merdevraient également retrouver, dès la fin juin, trois à quatre liaisons quo-tidiennes. Quant à la Corse, Air Cor-sica et Air France devaient repren-dre dès ce mardi des vols quotidiens pour Ajaccio et Bastia au départ de Paris-CDG, suivi par des vols pour Calvi et Figari, le 5 juin. Mais le décretparu lundi sur le déconfinement interdit finalement encore les dépla-cements aériens entre la France métropolitaine et la Corse ou les ter-ritoires d’outre-mer. « Sauf motif impérieux d’ordre personnel ou fami-lial », ou bien encore « motif de santé relevant de l’urgence ou motif profes-sionnel ne pouvant être différé ». Il y aaura donc des vols, mais moins qu’espéré dans l’immédiat.

Juin sera également le mois duretour des compagnies low cost en France et en Europe, à l’exception de Ryanair, dont le programme de vols redémarrera en juillet. EasyJet prévoit de desservir 31 aéroports européens à compter du 15 juin, dont 7 en France, avec une priorité donnée aux lignes intérieures.

Vacances à l’étrangerVueling entend relancer 21 lignes audépart de la France d’ici à la fin juin,dont 14 au départ d’Orly. Transavia annonce une reprise des vols au départ de Lyon et de Nantes à comp-ter du 15 juin, et de Paris-Orly à compter du 26 juin, d’abord vers le Portugal, puis vers l’Espagne, l’Ita-lie, la Grèce, les Pays-Bas, la Croatie, l’Irlande et l’Islande. L’espagnol Volotea annonce 40 lignes à comp-ter du 16 juin, dont 15 au départ

d’aéroports français. De quoi envi-sager des vacances à l’étranger, même si tout reste encore suspenduà l’évolution de la pandémie, mais aussi à des accords politiques.

En Europe, si plusieurs pays,dont la France, sont en faveur d’uneréouverture des frontières intra-européennes dès le 15 juin, le Royaume-Uni a imposé une qua-rantaine qui empêche la reprise du trafic. La quarantaine reste égale-ment la règle pour les voyageurs enprovenance de pays extérieurs à l’Union européenne.

Et, si une levée des restrictionsd’entrée aux Etats-Unis et au Canada était envisagée pour le 16 oule 18 juin, aucune décision n’a encore été prise. De son côté, la Chine prévoit de prolonger jusqu’enoctobre la limitation des vols inter-nationaux. n

Le transport aérien va redécoller en juin

Parmi les contraintes sanitaires qui accompagnent la reprise du trafic aérien, l’obligation de porter un masque pendant toute la durée du trajet. Photo iStock

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Page 18: Les Echos - 02 06 2020

18 // ENTREPRISES Mardi 2 juin 2020 Les Echos

CORONAVIRUS

aucune souffrance sociale, j’en serai legarant », a insisté Jean-Dominique Senard. Le groupe n’a pas répondu aux questions sur les 10.000 postes qui seront supprimés à l’étranger. Il s’est contenté d’indiquer que des projets d’extension seraient suspen-dus en Roumanie et au Maroc, et de présenter une carte pointant aussi laRussie, la Turquie, la Corée du Sud etla Chine (où le retrait a déjà été annoncé).

En France, plusieurs sites sontdirectement menacés. Sous la pres-sion intense de l’exécutif depuis les premières fuites, la direction a soi-gneusement évité le terme de « fer-meture », préférant parler d’« hypo-thèses de travail pour optimiser l’appareil industriel ». La Fonderie deBretagne, située à Caudan (Morbi-han, 400 salariés), va ainsi faire l’objet d’une « revue stratégique ». En clair, d’une recherche de repreneur.

De même, « la réflexion est ouvertesur la reconversion de l’usine de Dieppe à la fin de la production de l’Alpine A110 » (fabriquée à 7 unités par jour). Pour ces deux sites, « le statu quo n’est pas possible », a toute-fois insisté Jean-Dominique Senard, tout en affirmant que seule la ferme-ture du site de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), dont l’activité de recyclage mécanique doit être transférée à Flins (Yvelines), est déjà actée.

Une « concertation » va aussi êtrelancée pour créer « un pôle d’excel-

lence optimisé des véhicules électri-ques et utilitaires légers à partir des usines de Douai et de Maubeuge ». « Nos usines en France tournent à 60 %. La capacité de Douai est de 390.000, sa production de 80.000. La capacité de Maubeuge est de 300.000, pour une production de 100.000. Sansoptimisation, on ne pourra pas résis-ter longtemps », a justifié Jean-Domi-nique Senard. « Je n’ai aucune inten-tion a priori de fermer l’usine de Maubeuge », a déclaré le dirigeant lors du « Grand jury RTL-Le Figaro-LCI ».

L’idée semblait être de transférerà Douai (Nord) les lignes d’assem-blage de Maubeuge (Nord), où seraient restées des activités méca-niques, mais la pression d’Emma-nuel Macron a poussé à la pru-dence : le président a publiquement conditionné la signature du prêt garanti par l’Etat de 5 milliards d’euros à la qualité du reclassement offert aux salariés de ces usines. Les autres volets du plan, dont le coût de

mise en œuvre est estimé à 1,2 mil-liard d’euros, ne seront pas moins cruciaux. La réorganisation en pro-fondeur de l’ingénierie doit permet-tre d’économiser 800 millions d’euros annuels. Et 700 millions seront trouvés sur les frais généraux,assure le groupe. Les fonctions sup-port, les dépenses publicitaires ou encore le portefeuille immobilier, seront mis à contribution. Sans tou-tefois affecter le plan produit : les 24 lancements prévus sur les trois pro-chaines années sont maintenus.

Tempête socialeCe vaste programme n’a manifeste-ment pas convaincu les investis-seurs. Le cours de Bourse de Renaults’est effondré vendredi de près de 8 %, après, il est vrai, avoir grimpé de15 % en début de semaine. « Rien n’est acté, les chiffres ne sont pas détaillés et semblent peu crédibles. Il ya une grande frustration sur les mar-chés », souligne un analyste finan-cier. « Ce plan a été bâti avant la crise

du coronavirus, or Clotilde Delbos a reconnu qu’il ne serait peut-être pas suffisant », avance un autre.

En attendant de pouvoir donnerd’autres éléments susceptibles de convaincre, les dirigeants de Renault vont aussi devoir affronter la tempête qui s’annonce, côté syndi-cats et élus locaux. Ayant manifeste-ment découvert brutalement les projets du Losange cette semaine, les représentants des salariés notamment sont vent debout. La CFE-CGC a déploré « le manque de dialogue social », la CFDT dénoncé « un projet de casse sociale et de désin-dustrialisation », et la CGT évoqué une « stratégie suicidaire ». A la suite d’un appel à la grève de l’intersyndi-cale (CGT, CFDT, CFTC, CFE-CGC, SUD), l’usine de Maubeuge était à l’arrêt vendredi. Et les tensions socia-les menacent plusieurs autres sites du groupe dans l’Hexagone.

(Lire « Crible »Page 32

l Jean-Dominique Senard et Clotilde Delbos, les dirigeants du Losange, ont annoncé vendredi le plan d’économies de 2 milliards d’euros annuels en trois ans.l Ils ont confirmé envisager 15.000 suppressions de postes dans le monde, dont 4.600 en France.

tructeur automobile français. Com-ment la situation a-t-elle pu se dété-riorer à ce point si rapidement ? La crise du coronavirus, qui a plombé les ventes pendant deux mois, n’explique pas tout. Renault est tombé dans le rouge dès 2019, enre-gistrant 141 millions d’euros de per-tes nettes et a annoncé, en février dernier, sa volonté de lancer un vaste plan d’économies.

Tensions avec NissanLes difficultés actuelles du groupe basé à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) tiennent à de mul-tiples facteurs. Le ralentissement du secteur a joué un rôle : le marchéautomobile mondial a reculé de quelque 5 % l’an dernier. La grave crise de gouvernance à la tête de Renault, observée depuis l’arresta-tion de Carlos Ghosn, a aussi lour-dement pesé. « Les deux tiers des topmanagers présents au moment de la présentation du plan à moyen terme,en octobre 2017, ne sont plus dans le

groupe », observe un bon connais-seur de la société. « Difficile, dans cesconditions, de gérer une entreprise entemps de crise ! » Les tensions avec l’allié Nissan, exacerbées pendant lapériode, rendent en outre toute synergie supplémentaire illusoire.

Mais d’autres facteurs, plus struc-turels, expliquent aussi la situation. Il y a bien sûr la désormais fameuse« course aux volumes », voulue par Carlos Ghosn, qui tablait sur une forte croissance des ventes. Cette stratégie a conduit à surdimension-ner l’outil de production, mais aussiparfois à sacrifier les prix pour doper les ventes. « La fin justifiait lesmoyens. Nous payons le prix de cette politique », a souligné Clotilde Del-bos, qui assure la direction généralepar intérim du groupe.

Une marque en perte de vitesseSi Renault conserve des atouts, comme sa position à l’international(Russie, Amérique latine) ou sa

réussite dans le low cost avec Dacia,la marque elle-même a vu son étoilepâlir ces dernières années. Elle a raté le virage des SUV, qui fait aujourd’hui la fortune du concur-rent PSA avec ses 3008 et ses 5008, et n’a pas su monter en gamme : les Talisman, Espace et Scenic se ven-dent de moins en moins. Sans par-ler de l’échec commercial en Chine,où le Losange s’est lancé en 2016 avant d’annoncer son retrait en avril, qui a coûté plus de 700 mil-lions d’euros rien que l’an dernier.

Pire, Renault a connu des problè-mes de qualité, qui ont affecté le lan-cement de véhicules phares, comme l’Espace ou, tout récem-ment, de la dernière Clio. Les ventesde la marque ont ainsi reculé de 8,5 % en 2019. Les analystes poin-tent aussi la mauvaise gestion de certains dossiers, comme le chan-gement de normes d’homologationà l’été 2018, ou les objectifs CO2 à remplir cette année, qui font planerle risque de lourdes amendes. « On

a toujours l’impression qu’ils sont enretard, alors qu’ils assuraient le con-traire », dit l’un d’eux.

Enfin, Renault s’est habitué à untrain de vie plus vraiment dans ses moyens. « C’est vrai pour les frais généraux, ou encore pour la R&D », reconnaît un cadre du groupe. A 10 ,7 % du chi f fre d ’af fa ires , les dépenses d’investissements et de R&D sont dignes de celles d’un constructeur premium. L’objec-tif, formulé il y a quelques années, de les ramener à 9 % n’a jamais été tenu.

Le vaste plan annoncé vendredi aprécisément pour objectif de passer les dépenses à la paille de fer, dans le but de réduire les coûts fixes de 2 milliards d’euros sur trois ans. Ce sera ensuite à Luca de Meo, le nou-veau directeur général qui prendra ses fonctions le 1er juillet, d’imaginer les voitures de demain qui permet-tront de relancer la machine commerciale. La route est longue. — A. F.

Pourquoi le constructeur français joue « sa survie »

Fin 2018, tout semblait sourire à Renault. Au moment de l’arresta-tion spectaculaire de son PDG, Car-los Ghosn, mi-novembre, la firme au losange semblait en pleine forme. De fait, les résultats de l’exer-cice 2018, qui succèdent aux records de 2017, sont plutôt bons. Les volumes s’affichent en hausse, à3,9 millions d’unités, la marge opé-rationnelle atteint 6,7 %, ce qui est loin d’être ridicule dans le secteur. Pourtant, quelques mois plus tard, le ministre de l’Economie a eu des mots très durs. « Renault joue sa survie », a déclaré il y a quelques jours Bruno Le Maire pour justifier le plan de restructuration du cons-

Les difficultés de la firme au losange ne sont pas liées à la crise du coronavirus. Course aux volumes, crise de gouvernance, train de vie trop élevé : la gestion du groupe n’a pas été optimi-sée ces dernières années.

Anne Feitz @afeitz

et Lionel Steinmann @lionelSteinmann

Le prochain directeur général de Renault n’aura pas à faire le « sale travail ». Luca de Meo, qui arrivera dans son bureau à Boulogne-Billan-court le 1er juillet prochain, prendra les rênes d’un groupe non pas encore parfaitement assaini, mais où les grandes orientations d’écono-mies auront été dessinées. Les diri-geants du Losange, Jean-Domini-que Senard et Clotilde Delbos, ont présenté vendredi le vaste plan de restructuration annoncé en février (avant la crise du Covid), qui doit per-mettre au groupe d’économiser plusde 2 milliards d’euros, soit 20 % de ses coûts fixes, sur trois ans et de repartir sur des bases saines.

Les grandes lignes de ce plan, quiavaient déjà filtré, ont été confir-mées. Le gros morceau, le plus sensi-ble, porte sur les réductions de capa-cités de production, dimensionnées sur une croissance espérée mais quine s’est pas matérialisée. Ce volet doitpermettre à Renault d’économiser 650 millions d’euros par an.

Surcapacités de production« Le plan à moyen terme Drive the Future prévoyait des ventes de 5 mil-lions de voitures en 2022, nous ne les atteindrons jamais », a reconnu la directrice générale par intérim, Clotilde Delbos. De fait, Renault a vendu 3,75 millions de véhicules en 2019. Les capacités annuelles seront donc ramenées de 4 à 3,3 millions devéhicules par an, sur la base de deuxé q u i p e s p a r j o u r ( s a c h a n t qu’une troisième équipe pourra être ajoutée pour produire 5 millions de véhicules).

Pour cela, 15.000 postes serontsupprimés dans le monde (soit 8 % de l’effectif), dont 4.600 dans l’Hexa-gone (près de 10 %). Et ce, unique-ment par le biais de mesures de reconversion, de mobilité interne et de départs volontaires – sans licen-ciements secs, donc. « Il n’y aura

AUTOMOBILE

Peu après avoir pris ses fonc-tions, en janvier dernier, le nouveau patron de la recher-che de Renault, Gilles Le Bor-gne – un transfuge du grand concurrent PSA –, avait pudi-quement commenté l’état des lieux : « Il y a des marges de pro-gression énormes. »

« En réalité, en se plongeantdans les dépenses et l’organisa-tion du groupe en matière de R&D, il a tout bonnement hallu-ciné », commente un cadre de la firme au losange. L’ingénie-rie est l’un des principaux pos-tes d’économies identifiés par Renault dans son grand plan annoncé vendredi : 800 mil-lions d’euros sur un total de 2 milliards.

Réduction du nombre de prestatairesLes chiffres parlent d’eux-mê-mes. « Les dépenses en R&D ont grimpé de 50 % en cinq ans, de 2 à 3 milliards d’euros entre 2015 et 2019 », calcule l’analyste financier Gaëtan Toulemonde. « Rapportées aux chiffres d’affaires respectifs de leurs branches automobiles, elles représentent 5,1 % chez PSA, et 5,7 % chez Renault. Le décalage est le même sur les effectifs cor-respondants : 15.400 personnes chez PSA, 23.600 chez Renault »,poursuit-t-il.

Une R&D pléthorique et malorganisée, pour une gamme trop variée et des voitures trop compliquées : les dirigeants deRenault ont annoncé, ven-dredi, un grand ménage, non seulement sur l’ingénierie elle-

Le constructeur automobile veut revoir totalement l’organisa-tion de sa R&D. Il entend concentrer en France les travaux à valeur ajoutée, mais aussi simplifier radicalement la concep-tion de ses voitures.

La thérapie de choc de Renault pour se reb

La révolution

Il a dit

« Nos usines en France tournent à 60 %. Sans optimisa-tion, on ne pourra pas résister longtemps. »JEAN-DOMINIQUE SENARD Président du conseil d’administration de Renault

Photo Eric Piermont/AFP

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Les Echos Mardi 2 juin 2020 ENTREPRISES // 19

fabricant chinois de batteries élec-triques, Guoxuan High-tech, dont ildétiendra 26 % du capital.

A cet investissement, s’ajoute unsecond de 1 milliard d’euros visant àmonter de 50 à 75 % dans la coen-treprise créée avec le chinois JAC Automobile, un constructeur de la province de l’Anhui, toujours dans l’électrique.

Plus grand marché de l’e-mobilitéDéjà très présent en Chine, où il réa-lise 40 % de ses ventes et une part importante de ses profits, le géant allemand a décidé d’accélérer encore la cadence. Et ce au moment où la demande peine à redémarrer en Europe, ce qui l’a récemment con-traint à mettre des chaînes à l’arrêt. Sur ce qu’il désigne comme « le plus grand marché mondial de l’e-mobi-lité », le constructeur s’est récem-ment fixé comme objectif de vendre 1,5 million de véhicules électriques supplémentaires chaque année d’ici à 2025. En avril, Volkswagen avait déjà annoncé un accord avec le groupe chinois Ganfeng pour se fournir sur dix ans en lithium, com-posante fondamentale des batteries.

Premier marché pour l’indus-trie automobile, la Chine a vu ses ventes s’effondrer ces derniers mois, après deux années déjà com-pliquées. La pandémie du Covid-19a entraîné en février un plongeon de près de 80 % sur un an des ven-tes de voitures. Mais les chiffres seredressent, au moment où cer-tains Chinois cherchent une alter-native aux transports publics. La fréquentation dans le métro à Pékin est encore inférieure de 41 %à la normale, tandis que les embouteillages sont revenus. Lorsde la réunion annuelle du Parle-ment chinois qui s’est achevée jeudi, le Premier ministre Li Keqiang a promis de « généraliser les véhicules à énergies nouvelles »

dans le cadre d’un plan de relance de l’économie chinoise.

L’automobile est un secteur cru-cial pour l’économie chinoise, et l’un des premiers à avoir bénéficié de mesures de soutien de l’Etat. Pékin a décidé, fin mars, de prolon-ger de deux ans l’exemption de taxes à l’achat de véhicules électri-ques, tandis que plusieurs munici-palités ont levé les restrictions qui plafonnaient le nombre de nou-veaux véhicules mis en circulation.

L’effet de ces mesures reste à con-firmer sur un marché déjà fragilisé avant l’épidémie. Si, en avril et pourla première fois en près de deux ans,les ventes de véhicules sont repar-ties à la hausse, les ventes de voitu-res particulières sont, elles, restées dans le rouge (–2,6 %).

L’embellie semble profiter à plu-sieurs constructeurs, dont Volk-swagen. « En avril, nos livraisons ontmême augmenté », a assuré le res-ponsable Chine de la marque alle-mande, Stephan Wöllenstein. Pour 2020, le constructeur allemand table sur un recul compris entre 3 %et 15 % sur le marché chinois, sans pour autant renoncer à ses investis-sements. n

Frédéric Schaeffer @fr_schaeffer

—Correspondant à Pékin

Volkswagen pousse ses pions en Chine au moment où l’espoir revient d’une reprise du marché automobile. Le constructeur alle-mand a annoncé, vendredi, un investissement total d’environ 2 milliards d’euros pour se dévelop-per dans l’électrique, marché sur lequel la Chine nourrit de fortes ambitions. Concrètement, la firme de Wolfsbourg, en Basse-Saxe, va dépenser 1,1 milliard d’euros pour devenir le premier actionnaire d’un

AUTOMOBILE

A la peine en Europe, le géant allemand a annoncé vendredi un investissement d’envi-ron 2 milliards d’euros pour se développer dans le véhicule électrique en Chine, où le marché montre des signes de reprise.

Volkswagen accélère dans l’électrique en Chine

tiale internationale. I l vient d’obtenir le feu vert pour un salaire astronomique pour ses activités dans Tesla. Et peut, s’il le souhaite, bénéficier sans souci une première rémunération de près de 775 mil-lions de dollars.

Dans un document adressé jeudià la SEC, le groupe californien Teslaindique que toutes les conditions sont désormais réunies pour que son patron et cofondateur, qui ne touche pas de salaire mais possède déjà 18,5 % du capital de l’entreprise,bénéficie d’une première tranche d’un paquet de stock-options fai-sant partie d’un programme de rémunération annoncé en 2018.

Le document adressé à la SECprécise qu’i l pourra acheter 1,69 million de titres au prix de 350,02 dollars l’unité. S’il décidait de les vendre, il pourrait donc, sur labase du dernier cours de Bourse, lesrevendre 805,81 dollars. Réalisant ainsi au passage une confortable plus-value de 774,84 millions de dollars.

Mais il ne s’agit que d’une infimepartie du programme de rémuné-ration. En 2018, les actionnaires deTesla ont octroyé au dirigeant et pour une période de dix ans, 20,3 millions d’actions Tesla, équi-valant à 56 milliards de dollars. Avec pour condition que cette somme ne puisse être perçue que par tranche de 1 %, soit 1,69 milliond’actions, à chaque fois que Tesla franchit un seuil en Bourse et atteint un certain niveau de chiffred’affaires et de bénéfice. « A la datede ce document, une des étapes

importantes portant sur des reve-nus (annuels) de 20 milliards de dollars et une capitalisation bour-sière de 100 milliards (sur une période donnée) a été atteinte et authentifiée par le conseil d’admi-nistration », explique le documentadressé à la SEC.

Un système contesté en justiceCette rémunération spéciale est contestée en justice par un action-naire du groupe, Richard Tornetta. Celui-ci accuse notamment le conseil d’administration de Tesla d’avoir manqué à ses obligations.

Richard Tornetta demande doncl’annulation de ce programme de rémunération et la refonte du con-seil d’administration, et ce dans le but de mieux protéger les investis-seurs et les autres actionnaires. Estimant que qu’Elon Musk avait beaucoup d’influence sur le conseild’administration et pouvait, de ce fait, orienter leurs décisions en sa faveur. n

Tesla autorise Elon Musk à empocher une première rémunération de 775 millions

Claude Fouquet @ClaudeFP

Elon Musk a sans doute la tête dansles étoiles, même si sa société Spa-ceX a dû reporter à samedi son pre-mier vol habité dans la Station spa-

AUTOMOBILE

Les résultats du constructeur automobile permet-tent le déblocage d’une première tran-che d’un programme de stock-options accordé au patron et cofondateur de Tesla.

En achetant, puis revendant ces titres, il pourrait dégager une plus-value de 775 millions.

Volkswagen est déjà très présent en Chine (ici, son usine de Chengdu, dans la province du Sichuan). Photo Goh Chai Hin / AFP

même et son organisation, mais aussi sur la façon de concevoir les véhicules.

D’abord, le nombre des pres-tataires sera réduit, de 9 à 4, et certaines prestations seront délocalisées. Les sous-traitants qui resteront ne travailleront plus au Techno centre de Guyancourt (Yvelines). Par ailleurs, celui-ci verra ses effec-t i f s r é d u i t s d e q u e l q u e 1.500 salariés.

Plus de doublons avec Nissan« La France restera le cœur de notre ingénierie, où se concen-t r e r o n t l e s t e c h n o l o g i e s de pointe, à forte valeur ajou-tée », a toutefois insisté la direc-trice générale par intérim du groupe, Clotilde Delbos. Et de mentionner le véhicule électri-que, le moteur E-tech, « un petit joyau », la connectivité ou encore l’architecture électroni-que. Pour le reste, le groupe s’appuiera davantage sur ses centres de recherche basés dans des pays à bas coût, comme la Roumanie.

La stratégie « leader/fol-lower », précisée mercredi der-nier avec les partenaires de l’Alliance, Nissan et Mitsubishi,devrait aussi permettre de réa-liser d’importantes économies, explique le groupe. « Il n’y aura plus de technologies développées en doublon, assure-t-on chez Renault. La course inutile avec Nissan, c’est fini ! »

La question de la propriétéintellectuelle reste toutefois entière. « Ce que Renault écono-misera en frais de R&D, ne devra-t-il pas le verser sous forme de royalties ? » s’inter-roge un bon connaisseur du Losange, rappelant que cha-cun des deux groupes a des comptes à rendre à ses propresactionnaires. Lors de la réu-nion de l’Alliance mercredi dernier, Nissan a répondu que

40 %La part des ventes de Volkswagen réalisées en Chine. Le géant allemand y génère une part importante de ses profits.

56MILLIARDS DE DOLLARSLe montant équivalent aux 20,3 millions d’actions Tesla, octroyés à leur dirigeant par les actionnaires de l’entreprise en 2018 et pour une période de 10 ans.

âtir un avenir

« la question sera tranchée dansles mois à venir ».

C’est, enfin, toute la philoso-phie de conception des véhi-cules qui sera revue et simpli-fiée. « Nous allons réduire la diversité de la gamme, et accroî-tre les pièces en commun », explique Clotilde Delbos. En d’autres termes, la marque pro-posera moins de versions de ses modèles.

Par ailleurs, le nombre decomposants par usine et par véhicule sera réduit de 25 % d’ici à 2022, et le nombre de pla-teformes industrielles (la base technique des véhicules) rédui-tes de 13 à 4 d’ici à… 2026.

Renault n’entend toutefoispas attendre jusque-là pour recueillir les fruits de cette stratégie : le groupe espère réduire ses dépenses globales (R&D et investissements) de 10,7 % de ses revenus, en 2019, à 8 % en 2022. — A. F.

nécessaire de l’ingénierie« Les dépenses en R&D ont grimpé de 50 % en cinq ans, de 2 à 3 milliards d’euros entre 2015 et 2019. [...] Rapportées aux chiffres d’affaires respectifs de leurs branches automobiles, elles représentent 5,1 % chez PSA, et 5,7 % chez Renault. »GAËTAN TOULEMONDEAnalyste financier

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20 // ENTREPRISES Mardi 2 juin 2020 Les Echos

CORONAVIRUS

saison 2019-2020 », a-t-elle indi-qué. De quoi faire bondir Jean-Michel Aulas, président de l’Olympique Lyonnais et princi-pal opposant à un arrêt définitif de la Ligue 1. « L’autorisation donnée aux clubs professionnels de reprendre l’entraînement dès le 2 juin confirme que la décision d’arrêter les compétitions était hâtive, prématurée et contraire aux recommandations de l’UEFA, comme le club ne cesse dele souligner depuis cette prise de cette décision le 30 avril », a-t-il fait savoir par le biais d’un com-muniqué. « Le Premier ministre ayant confirmé à nouveau que la décision d’arrêter avait été prise par la Ligue, l’Olympique Lyon-nais s’inquiète de cette décision désastreuse pour le football pro-fessionnel français », précise-t-il.

Si la décision finale revient àla Ligue, la position de l’Etat ne semble pas aller dans le sens du dirigeant. Cette semaine, un amendement sénatorial a été déposé dans le cadre du projet de loi relatif aux « dispositions urgentes face à l’épidémie de Covid-19 ». Son but : permettre aux fédérations et aux ligues de « décider de reprendre les compé-titions professionnelles afin d’achever la saison 2019-2020, si la situation sanitaire le permet et après avis du comité de scientifi-ques ». Invoquant la « santé des athlètes », la ministre des Sports,Roxana Maracineanu, a émis un avis défavorable et l’amende-ment a été rejeté.

Impact financier considérableOn l’aura compris, les probabi-lités d’un retournement de situation apparaissent très fai-bles. Et l’isolement de la Ligue 1 vis-à-vis de ses concurrents européens aura forcément un prix. « Ce serait certainement une difficulté pour les clubs si la France était la seule à avoir pris cette décision », reconnaissait d’ailleurs Didier Quillot, le directeur général de la LFP, avant que ce scénario ne devienne réalité.

Car, si un huis clos généraliséprivera bien l’ensemble des clubs des revenus de billetterie, ceux des droits TV et du spon-soring feront inévitablement l’objet de renégociations. Un accord entre la LFP, Canal+ et BeIN Sports a ainsi été trouvé, mais la somme versée par les deux diffuseurs sera bien infé-rieure au contrat initial. Pour combler la différence, la LFP a demandé un prêt garanti par l ’Etat (PGE), à hauteur de 225 millions d’euros.

« Toutes les équipes, qui sontdéjà structurellement déficitai-res à part le PSG, vont souffrir. Il leur faudra réduire leurs coûts »,prédit Hichem Jouaber, direc-teur associé du cabinet de con-seil AlixPartners. « On peut aussi espérer que la hausse des prix des transferts et des salaires s’arrêtera à cause de la crise. » Problème : les clubs français, qui exportent beaucoup de joueurs, auront justement besoin de cette manne pour combler leurs déficits. Selon une étude du cabinet KPMG, l’impact d’un arrêt définitif pourrait atteindre 400 millions d’euros.

(Lire l’EnquêtePage 13

Yann Duvert @YannDuvert

Juin 2020. Toutes les stars mon-diales du football s’apprêtent à rechausser les crampons, après plus de deux mois d’interrup-tion. Toutes ? Non. Car un pays résiste encore et toujours à la tentation de la reprise. En Angleterre, pourtant durement touchée par l’épidémie de Covid-19, la décision a été officia-lisée jeudi : la prestigieuse Pre-mier League fera son retour le 17 juin prochain, si les condi-tions sanitaires le permettent. Les matchs se joueront à huis clos, avec un calendrier serré (neuf journées en sept semai-nes). Dans la foulée, le gouverne-ment italien a annoncé que la Serie A pourrait reprendre le 20 juin, avec la bénédiction des autorités sanitaires.

En Espagne, Lionel Messi etconsorts pourront fouler à nou-veau les pelouses dès la semainedu 8 juin, a récemment fait savoir le gouvernement . Aucune date de reprise n’a encore été officialisée, les ins-tances planchant sur un calen-drier qui sera, quoi qu’il arrive, particulièrement chargé. Enfin, en Allemagne, la saison a d’ores et déjà repris, à huis clos et en obéissant à un strict protocole sanitaire. Au sein des cinq grands championnats euro-péens, la France fait donc figure d’exception. Dès le 30 avril, la Ligue de football professionnel (LFP) a acté la fin des champion-nats de Ligue 1 et de Ligue 2.

Mais jeudi, lors de la présen-tation de la « phase 2 », le chef dugouvernement a ouvert la porte à une reprise des matchs à partirdu 21 juin. « Il ne m’appartient pas de me prononcer sur des déci-sions des ligues et des fédéra-tions », a-t-il déclaré, renvoyant ainsi la LFP à ses responsabili-tés. Mais cette dernière se mon-tre inflexible : « Pas question d’envisager un redémarrage de la

SPORT

Alors que la saison a repris il y a deux semaines en Alle-magne, les cham-pionnats anglais, espagnol, et italien vont suivre.

En France, la Ligue professionnelle et l’Etat campent sur leurs positions, tandis que les clubs souffrent financiè-rement.

Le football européen va reprendre, sauf en France

par onze investisseurs, celle-ci impliquait une modification des sta-tuts du groupe et un durcissement de ses objectifs climatiques : « Elle est rejetée à une très large majorité », s’est félicité Patrick Pouyanné, le PDG de Total. Evoquant d’abord un score implacable de 93 %, il s’est repris…, « elle est rejetée par 83,20 % » des actionnaires.

Pour les ONG et les investisseursengagés dans cette démarche iné-dite en France c’est toutefois un « tournant historique ». « 16,8 % des actionnaires du géant pétrolier ont voté en faveur de la première résolu-tion climat jamais déposée en France,marquant enfin un réveil des action-naires sur leur responsabilité à pous-ser un grand groupe pétrolier vers uneprofonde transformation », fait valoir Lucie Pinson de l’ONG Reclaim Finance.

Fait notable pour l’ONG : esti-mant que Total a fait des progrès mais qu’il lui faudra de la souplesse

pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, BNP Paribas AssetManagement s’est abstenu de voter. « Cela fait trois ans que BNP Paribas est supposé engager Total sur les questions climatiques. Pourtant, en s’abstenant, BNP Paribas affirme aujourd’hui que ces engagements ne sont pas suffisants », interprète Lucie Pinson. Même satisfecit chez Meeschaert qui a porté cette résolu-tion avec La Banque Postale et le Cré-dit Mutuel., estime Aurélie Baud-huin, directeur de la recherche ISR chez Meeschaert AM.

Nouvelle feuille de route climat en questionMais justement cette nouvelle feuille de route climat fait débat. Total explique de son côté viser la neutralité carbone en 2050 pour les émissions de CO2 issues de sa pro-duction : celles-ci devront être réduites de moitié et le solde com-pensé par la plantation de forêts ou

par la capture et le stockage du CO2. Or, les investisseurs lui demandent d’aller plus loin en expliquant com-ment il compte atteindre cet objectifou encore en s’engageant égalementsur la réduction des émissions de CO2 liées à l’utilisation du pétrole qu’il produit. Un pas que Total refuse de franchir : « Nous ne som-mes pas responsables des émissions indirectes liées aux produits énergéti-ques : Total ne fabrique pas d’avions, pas de voitures […] Il faut que la sociétécivile accepte qu’il n’y aura pas de grand soir : le changement climatiquepassera d’abord par le changement dela demande d’énergie de nos clients », a affirmé Patrick Pouyanné. A ce stade Total ne prévoit pas d’infléchirsa politique climat. Outre la crise cli-matique, le pétrolier traverse un choc aigu à très court terme : globa-lement la crise pétrolière va entraî-ner un manque à gagner de 12 mil-liards de dollars (10,8 milliards d’euros) pour le groupe. n

la foulée, du 9 au 13 juillet, pour ses looks printemps/été 2021.

Avec la pandémie de Covid-19, il afallu reporter ce fastueux show, pro-grammé fin juin. Mais Paris, capitalemondiale de la mode, ne voulait pas jouer la politique de la chaise vide. « Il y avait une forte attente de nom-breuses marques d’inventer quelque chose », explique le président exécu-tif de la Fédération, Pascal Morand. En décalant les dates, les griffes étaient sûres d’avoir les tissus afin depouvoir présenter des collections, même réduites.

Carte blanchePour cet événement virtuel, « le prin-cipe du calendrier officiel a été main-tenu », indique la Fédération. Les maisons inscrites seront présentes sous la forme d’un film ou d’une vidéo. Elles auront chacune un délaimaximum de 20 minutes. « Mais cela pourra être 5 ou 10, et pas néces-sairement une transposition digitale des défilés physiques. A chacune de faire jouer sa créativité », précise-t-onà la Fédération de la haute couture. Les directeurs artistiques ont carte blanche : ils pourront montrer des modèles, évoquer l’univers de la marque, ou encore écrire des textes.

Ces vidéos, accessibles à tous,seront diffusées sur une plateforme

mise en place avec l’aide d’une start-up. Comme dans les défilés tra-ditionnels, elles seront program-mées à un horaire défini. D’autres contenus seront proposés en com-plément. La diffusion sera, elle, mondiale, avec des relais notam-ment via les réseaux sociaux, y com-pris en Chine. Le recours au digital n’est pas une nouveauté pour les grif-fes. Les défilés sont déjà filmés en livesur le Web. « Là, avec la succession des vidéos, on aura un peu l’impres-sion d’un festival de cinéma, il y aura un effet amplificateur très fort », estime Pascal Morand.

Diffusion mondialeReste que la magie de ces grands shows risque d’y perdre. Fini les bousculades et les flashs des photographes. « Il n’y aura pas cette empathie, cet esprit de communauté et de partage », reconnaît-il. Selon lui,si la diffusion numérique va perdu-rer, elle ne remplacera pas les Fashion Weeks traditionnelles, quand seront levées les contraintes sanitaires.

L’organisation d’une FashionWeek était-elle donc indispensable ?Oui et non. Les podiums sont une vitrine du savoir faire français, un outil de communication et d’image, qui demandent de lourds investisse-

ments. Ils ont un fort impact média-tique sur les clients du luxe. Mais ils sont moins un rendez-vous com-mercial. Globalement, la majorité des modèles vus sur les podiums sont en effet déjà vendus, au moment des précollections, quel-ques mois avant.

C’est dans les Salons profession-nels, eux aussi reportés, que se retrouvent les acheteurs internatio-naux. Ces derniers, étant cloués au sol dans leur pays faute d’avions, les organisations professionnelles se sont mobilisées afin de faciliter leurscommandes aux marques, écono-miquement durement touchées par la pandémie. La Fédération du prêt-à-porter féminin propose ainsi à ses adhérents de présenter leurs collec-tions aux professionnels via des showrooms virtuels, comme New Black (Zalando) ou l’américain Joor, avec le soutien du Defi, qui finance le secteur. Celle de la haute couture propose, elle, via Sphère, une vitrine digitale à 15 jeunes marques jus-que-là réunies au Palais de Tokyo.

4À NOTERAprès Paris, Milan va aussi organiser des défilés « online » du 14 au 17 juillet.

Dominique [email protected]

Stars du show-biz et personnalités habituées des premiers rangs des défilés de mode parisiens devront secontenter cet été de rester derrière leur écran d’ordinateur, de tablette ou de smartphone. Le monde de la haute couture se donne rendez-voussur la Toile en juillet pour la FashionWeek des collections automne/hiver2020-2021. Sa fédération profes-sionnelle l’a programmée du 6 au 8 juillet. Quant à la mode masculine,elle aura son édition digitale dans

MODE

Après l’annulation des Fashion Weeks pour cause de pandémie, la Fédération de la haute couture et de la mode a décidé d’organiser des défilés « online ».

Les maisons inscrites au calendrier officiel y seront présentes sous la forme d’un film ou d’une vidéo.

Les défilés de la Fashion Week Paris migrent sur la Toile

Climat : la pression des actionnaires se renforce pour Total

Sharon Wajsbrot @Sharonwaj

Touché mais pas coulé. Vendredi, Total s’est réjoui du rejet par ses actionnaires d’une résolution qui s’était invitée à son assemblée géné-rale contre l’avis de son conseil d’administration. Mise à l’agenda

ÉNERGIE

Ecartée par l’assem-blée générale des actionnaires de Total, la résolution en faveur du climat présentée par onze investisseurs a reçu 16,8 % de votes favorables.

Les ONG évoquent un « tournant historique ».

Présentation des créations d’Elie Saab à l’issue du défilé de la collection haute couture printemps-été 2020, le 22 janvier 2020, à Paris.

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« On peut aussi espérer que la hausse des prix des transferts et des salaires s’arrêtera à cause de la crise. »HICHEM JOUABERDirecteur associé du cabinet de conseil AlixPartners

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Les Echos Mardi 2 juin 2020 ENTREPRISES // 21

SOCIETE DES BAINS DE MER ET DU CERCLE DES ETRANGERS A MONACOSociété anonyme monégasque au capital de 24 516 661 €.

Siège social : Monte-Carlo - Place du Casino, Principauté de Monaco.R.C.S. : Monaco 56 S 523 - Siren : 775 751 878.

Résultats Consolidés 2019/2020(Période du 1er avril 2019 – 31 mars 2020)

• Chiffre d’affaires 2019/2020 en progression, pour s’établir à 619,8 millions d’euros contre 526,5 millions d’euros précédemment :- progression de 8 % du secteur jeux- hausse de 12 % du secteur hôtelier- forte croissance du secteur locatif (+ 85 %)

• La pandémie de Covid-19 affecte néanmoins l’activité du Groupe depuis le début du mois de mars, et particulièrement depuis le 15 mars, date defermeture totale des casinos et établissements de restauration suite aux décisions gouvernementales, puis de l’Hôtel Hermitage et le MéridienBeach Plaza à compter de la semaine suivante. L’impact défavorable en termes de chiffre d’affaires est estimé à plus de 15 millions d’euros pourle dernier mois de l’exercice écoulé

• Résultat opérationnel bénéficiaire de 22,6 millions d’euros contre un déficit de – 9,6 millions d’euros l’exercice précédent, soit une améliorationde 32,3 millions d’euros

• Résultat net consolidé s’établit en positif de 26,1 millions d’euros contre 2,6 millions d’euros pour l’exercice 2018/2019, avec :- un résultat financier négatif de - 5,1 millions d’euros- la prise en compte des résultats de Betclic Everest Group, dont la consolidation par mise en équivalence se traduit par une contribution positivede 8,7 millions d’euros du fait de charges exceptionnelles, contre une contribution positive de 12,3 millions d’euros

Lors de sa réunion du 27 mai 2020, le Conseil d’Administration de la Société des Bains deMer a arrêté les comptes annuels de l'exercice 2019/2020 établis conformément aux règleset principes comptables internationaux IFRS.

• Résultat opérationnel bénéficiaire de 22,6 millions d’euros contre- 9,6 millions d’euros l’exercice précédent, en amélioration de32,3 millions d’euros

La Société des Bains de Mer et ses filiales ont réalisé un chiffre d’affaires de 619,8 millionsd’euros pour l’ensemble de l’année sociale 2019/2020 contre 526,5 millions d’euros en2018/2019, soit une amélioration de 18 % sur l’ensemble de l’exercice.

Cette progression de 93,3 millions d’euros du chiffre d’affaires est la conséquence d’uneamélioration des recettes dans l’ensemble des secteurs d’activité, enregistrée de façoncontinue tout au long de l’exercice jusqu’à fin février. Le dernier mois de l’exercice a enrevanche été fortement impacté par les conséquences de l’épidémie de Covid-19.

En effet, l’ensemble des casinos et restaurants ont été fermés mi-mars conformément auxdécisions gouvernementales, puis l’Hôtel Hermitage et le Méridien Beach Plaza. Seulsl’Hôtel de Paris et le Monte-Carlo Bay Hotel and Resort sont restés partiellement ouvertspour héberger la clientèle, notamment les résidents permanents, mais avec une faibleoccupation. L’impact de la pandémie sur l’activité du dernier mois de l’exercice 2019/2020est estimé à plus de 15 millions d’euros en termes de chiffre d’affaires.

Le secteur jeux présente un chiffre d’affaires de 239,8 millions d’euros contre 222,7 millionsd’euros en 2018/2019. Cette évolution résulte principalement de la hausse du chiffred’affaires des appareils automatiques, qui s’élève à 113,0 millions d’euros au cumul del’exercice contre 101,9 millions d’euros l’exercice précédent, soit une hausse de 11 %. Lechiffre d’affaires des jeux de table est également en augmentation, pour s’établir à113,5 millions d’euros sur l’exercice 2019/2020 contre 108,4 millions d’euros l’exerciceprécédent, soit une croissance de 5 %. La tendance favorable constatée sur les troispremiers trimestres de l’exercice s’est poursuivie jusqu’au 15 mars, date de la fermeturetotale des casinos suite aux décisions gouvernementales prises en lien avec la pandémiede Covid-19.

Le chiffre d’affaires hôtelier s’établit à 284,3 millions d’euros contre 253,7 millions d’eurosen 2018/2019. Le secteur bénéficie principalement de l’ouverture complète de l’Hôtel deParis, mais également de la bonne activité du Coya. Au cumul de l’exercice, tous les autresétablissements du Groupe, à l’exception du Jimmy’z, ont enregistré une évolution favorablede leur chiffre d’affaires jusqu’au 15mars, date à laquelle leur activité s’est trouvée fortementaffectée par les conséquences de la pandémie.

Le secteur locatif, qui regroupe les activités de location de boutiques et de bureaux ainsique les activités des résidences du Monte-Carlo Bay, du Balmoral et des villas du Sporting,présente un chiffre d’affaires de 96 millions d’euros contre 51,9 millions d’euros l’exerciceprécédent, soit une augmentation de 85%. Cette hausse résulte principalement de la miseen location de nouveaux espaces commerciaux à l’Hôtel de Paris et dans le complexe duOne Monte-Carlo et de la mise en location progressive des appartements du One Monte-Carlo.

Enfin, le secteur autres activités présente un chiffre d’affaires annuel de 14,4 millions d’euroscontre 13,7 millions d’euros l’exercice précédent.

Le résultat opérationnel du Groupe S.B.M. s’établit en bénéfice de 22,6 millions d’euroscontre une perte opérationnelle de - 9,6 millions d’euros pour l’exercice précédent.

Cette évolution favorable de la performance opérationnelle concerne principalement lesecteur locatif qui présente une augmentation de son résultat opérationnel de 34 millionsd’euros. Ce secteur d’activité bénéficie de la mise en location de nouveaux espacescommerciaux à l’Hôtel de Paris et dans le complexe du One Monte-Carlo et de la mise enlocation progressive des appartements du One Monte-Carlo. Il n’est par ailleurs quefaiblement impacté par les conséquences de la pandémie de Covid-19, alors que lesrésultats opérationnels des autres secteurs - jeux et hôtelier - ont été fortement impactéspar les fermetures du mois de mars.

Le secteur jeux présente néanmoins une augmentation de son résultat opérationnel de0,5 million d’euros et le résultat opérationnel du secteur hôtelier s’inscrit en baisse de0,9 million d’euros du fait de ces fermetures.

• Résultat financier négatif, et diminution de la quote-part du résultatde Betclic Everest Group

Le résultat financier s’élève à - 5,1 millions d’euros sur l’exercice 2019/2020, contre unrésultat de 0,1 million d’euros sur l’exercice 2018/2019.Enfin, la consolidation par mise en équivalence de Betclic Everest Group, groupe de jeuxen ligne dont le Groupe S.B.M. détient 50 %, requiert la prise en compte de 50% de sonrésultat pour la période considérée, soit une quote-part positive de 8,7 millions d’euroscontre une quote-part positive de 12,3 millions d’euros l’an passé. En effet, bien quel’activité reste favorablement orientée, les résultats de Betclic Everest Group sont impactés

par un renchérissement avec effet rétroactif de la charge d’impôts supportée par Bet-At-Home et par la mise en place du dispositif d’intéressement long terme au profit desprincipaux managers du Groupe Betclic.

• Résultat netLe Résultat net consolidé - part du Groupe ressort en profit de 26,1 millions d’euros contreun profit de 2,6 millions d’euros pour l'année sociale 2018/2019, soit une progression de23,5 millions d’euros.

• Structure financière et investissementsEn termes de structure financière, les capitaux propres - part du Groupe s’élèvent à649,4 millions d’euros au 31 mars 2020 contre 622,3 millions d’euros à la fin de l’exerciceprécédent.A fin mars 2020, l’endettement financier net du Groupe est de 137,1 millions d’euros contreun endettement financier net de 106,8 millions d’euros au 31 mars 2019.En complément des financements bancaires mis à sa disposition pour 230 millions d’euros,le Groupe a mis en place en juillet 2019 un programme d’émission de titres de créancesnégociables à court terme (NEUCP) pour unmontant total maximum de 150millions d’euros,utilisé à hauteur de 20 millions d’euros au 31 mars 2020.La poursuite du programme d’investissements a représenté un décaissement de127,7 millions d’euros sur l’exercice contre 199,9 millions d’euros en 2018/2019.

• Impacts de l’épidémie de Covid-19ActivitéComme indiqué précédemment, l’épidémie de Covid-19 impacte fortement l’activité duGroupe S.B.M. L’ensemble des casinos et restaurants ont été fermés mi-marsconformément aux décisions gouvernementales, puis l’Hôtel Hermitage et le MéridienBeach Plaza. Seuls l’Hôtel de Paris et le Monte-Carlo Bay Hotel and Resort restentpartiellement ouverts pour héberger la clientèle, notamment les résidents permanents, maisavec une faible occupation.En revanche, le Groupe conserve l’essentiel de ses revenus liés à ses activités locativescommerciales et résidentielles, ce qui confirme le bien-fondé de la stratégie dediversification engagée depuis plusieurs années pour développer son patrimoine immobilieret ses activités locatives.Le premier semestre de l’exercice qui a débuté, soit la période d’avril à septembre, esthabituellement la période de plus forte activité et sera donc fortement impacté du fait de lanature sans précédent de cette crise sanitaire, de ses répercussions sur le comportementpotentiel des clients lors de la réouverture des établissements à une date encore inconnue,et des restrictions de transport sur les mois à venir avec une fermeture des frontières de lazone européenne.

Mesures de réduction des coûts et de préservation de la trésorerieLe Groupe a mis en œuvre un contrôle strict des coûts et des investissements. Dès lafermeture des établissements, le Groupe a procédé à une adaptation de son organisation,avec la prise de congés et le recours au chômage partiel en s’appuyant sur le dispositifgouvernemental de soutien mis en place en Principauté de Monaco.L’ensemble des projets d’investissement ont été revus et il a été procédé à une réductionimportante des budgets avec une suspension des investissements non essentiels.Par ailleurs, le Groupe négocie avec ses contreparties, dans la mesure du possible, unemeilleure répartition de ses engagements financiers dans le temps, comme par exemplel’étalement sur six mois du paiement de la redevance, agréé avec l’Etat Monégasque.Le Groupe maintient un contact étroit avec ses partenaires banquiers qui ont mis àdisposition un encours de crédits de 230 millions d’euros, dont les premières échéancesde remboursement interviennent fin juin et fin décembre 2020 à hauteur de 26,4 millionsd’euros chacune.Enfin, comme précédemment indiqué, le Groupe a mis en place un programme d’émissionde titres de créances négociables à court terme (NEU CP) en juillet 2019 pour un montantmaximum de 150 millions d’euros. Dans le même temps, l’Etat Monégasque s’est engagéà souscrire, dans la limite d’un montant cumulé en principal de 120 millions d’euros, toutou partie des titres de créances négociables que le Groupe émettrait dans le cadre de ceprogramme et qui ne trouveraient pas preneur sur le marché pour quelque raison que cesoit. Au 28 mai 2020, l’encours de titres émis dans le cadre de ce programme s’élève à35 millions d’euros.Ces moyens de financements permettent au Groupe de disposer d’une trésorerie disponiblede plus de 60 millions d’euros à la date du présent communiqué.

Reprise de l’activitéDans l’attente des autorisations gouvernementales, le Groupe prépare activement laréouverture de ses casinos, hôtels et restaurants en fonction de différents scénarios, avecla plus grande vigilance quant aux dispositions enmatière de santé et de sécurité à proposerà la clientèle et aux salariés du Groupe.Le Groupe S.B.M. s’attend à un impact significatif sur l’activité de l’exercice 2020/2021 età une performance financière fortement dégradée par rapport à celle de l’exercice2019/2020, sans qu’il soit possible d’en déterminer l’ampleur compte tenu de l’évolutionrapide de la situation et du manque de visibilité actuel sur les impacts de l’épidémie pourses activités.

• Audit des comptes au moment de la présente publicationLes procédures d’audit sur les comptes consolidés ont été effectuées. Le rapport decertification sera émis après vérification du rapport de gestion et finalisation des procéduresrequises pour les besoins de la publication du rapport financier annuel.

En millions d'euros 2018/2019 2019/2020

Chiffre d'Affaires Consolidé 526,5 619,8Résultat Opérationnel - 9,6 22,6Résultat Financier 0,1 -5,1Mise en Equivalence BEG & Intérêts Minoritaires 12,1 8,6Résultat Net (part du Groupe) 2,6 26,1

www.montecarlosbm.comISIN : MC0000031187

moitié de son chiffre d’affaires, soit 1 milliard d’euros. La réouverture était urgente, même si dans un pre-mier temps, avec la seule clientèle française pour un coût d’exploita-tion élevé, la rentabilité était abî-mée. Les magasins de la chaîne débutent leur renaissance avec des horaires un peu resserrés nécessi-tant un peu moins de personnel. n

Philippe Bertrand @Bertra1Philippe

Les frères ennemis du boulevard Haussmann, à Paris, reprennent le jeu de la concurrence. Les Galeries Lafayette ont rouvert samedi, deux jours après le Printemps. Le rideau s’est levé aussi sur la plupart des centres commerciaux de plus de 40.000 mètres carrés qui étaient restés portes closes le 11 mai. Les unités de Vélizy 2, Parly 2 et Ulis 2 d’Unibail-Rodamco-Westfield (URW) ont rouvert dès vendredi dernier.

Rosny 2, Carré Sénart, Aérovilleet So Ouest, en région parisienne, ont suivi samedi, ainsi que La Part-Dieu, à Lyon. Seuls Les Halles, au cœur de la capitale, et Les Quatre Temps, à la Défense, demeurent vides, jusqu’à la prochaine phase de déconfinement. Les deux com-plexes souffrent de leur connexion à de vastes réseaux de transports publics propices au mélange de populations venant d’horizons divers.

Absence de touristesPour les Galeries Lafayette comme pour Unibail, l’heure est au soulage-ment. Cela faisait près de trois moisqu’ils étaient frappés d’interdiction administrative en raison de la pan-démie de Covid-19. Les dirigeants des deux groupes ont bataillé pour une autorisation qui aurait pu tomber le 2 juin, voire plus tard. La préfecture de police de Paris a levé l’arrêté qui contraignait les GaleriesLafayette. Le préfet a été mis sous pression par les deux décisions du

DISTRIBUTION

L’interdiction d’ouverture qui pesait sur le grand magasin parisien et sur les centres commerciaux de plus de 40.000 mètres carrés a été levée la semaine dernière, sauf pour les Halles, à Paris, et les Quatre Temps, à la Défense.

Reste à y faire revenir les clients.

Les Galeries Lafayette et les grands centres d’Unibail ont rouvert

Le groupe Galeries Lafayette pourrait perdre en 2020 la moitié de son chiffre d’affaires, soit 1 milliard d’euros. Photo Teresa Suarez/RÉA

à suivreCoty change de directeur généralBEAUTÉ Coty change de patron, et à cette occasion la famille Reimann,qui contrôle le groupe, reprend les rênes opérationnelles. Peter Harf,fondateur et associé de JAB Investors, le holding familial des Reimannvient d’être nommé directeur général du groupe de cosmétiques. Il suc-cède à ce poste à Pierre Laubies, qui a démissionné il y a quelques mois,après moins de deux ans à la tête du fabricant américain. C’est le patronde la marque de luxe Jimmy Choo, Pierre Denis, qui devait initialementremplacer Pierre Laubies après son départ en mai. Ce dernier a donnésa démission du conseil d’administration, a indiqué le groupe. Coty esten difficulté depuis l’intégration de l’activité beauté de P & G en 2016. Legroupe a changé 4 fois de directeur général en moins de quatre ans.

EDF a posé la dalle de béton du second réacteur de la centrale d’Hinkley PointÉNERGIE EDF a annoncé avoir posé la dalle de béton qui supportera ledeuxième réacteur de la centrale nucléaire Hinkley Point C en Angle-terre. EDF Energy explique avoir respecté les délais fixés il y a plus dequatre ans pour la pose de cette dalle de 49.000 tonnes. Le montant duprojet qui devrait être livré fin 2025 est estimé entre 21,5 et 22,5 mil-liards de livres. La centrale doit fournir 7 % des besoins en électricitébritanniques. L’énergéticien a déposé cette semaine une demande pourun autre projet de centrale de ce type baptisée Sizewell C dans le Suffolk.

AVIS FINANCIERS

tribunal administratif de Paris qui ont contredit ce texte pour le centreBeaugrenelle, à Paris, et pour le Printemps. La justice a considéré que les deux pôles commerciaux étaient répartis entre plusieurs immeubles dont aucun ne dépas-sait les 40.000 mètres carrés.

Pudiquement, le préfet de policeexplique avoir pris sa décision au vude « l’évolution favorable de la situa-tion sanitaire à Paris et dans l’agglo-mération parisienne », a indiqué l’AFP. Dans un communiqué, les Galeries Lafayette avaient précisé que le magasin amiral du boule-vard Haussmann rouvrirait dès samedi, à 11 heures, « dans le plus strict respect des mesures sanitaires et de distanciation physique ». « Le nombre de clients sera limité et le flux des visiteurs organisé avec des entrées et sorties distinctes, permet-tant d’assurer un ratio d’une per-sonne pour 10 mètres carrés », préci-sait le grand magasin.

D’autres mesures ont égalementété prises : le port du masque obli-gatoire pour les clients et pour les salariés, la mise à disposition de gelhydroalcoolique, un marquage au sol pour le respect des distances et l’installation de vitres en Plexiglas aux caisses. Dans les centres Uni-bail, le dispositif est similaire, mais le port du masque est juste recom-mandé. Les grands centres de l’Ile-de-France pèsent lourd dans l’acti-vité de la foncière.

D a n s u n e i n t e r v i e w a u x« Echos », Nicolas Houzé, le direc-teur général des Galeries Lafayette et du BHV/Marais, a expliqué que son entreprise était frappée à la foispar les fermetures administratives et par l’absence de touristes à Paris. La clientèle étrangère génère la moitié des ventes du magasin d’Haussmann. Il a estimé que sur l’année 2020, le groupe perdrait la

Le préfet a été mis sous pression par les deux décisions du tribunal administratif de Paris qui ont contredit [son arrêté] pour le centre Beaugrenelle et pour le Printemps.

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Page 22: Les Echos - 02 06 2020

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Propos recueillis parRaphael Balenieri,

@RBalenieri Julie Chauveau

@juliechauvot et Fabienne Schmitt

@FabienneSchmitt

Le gouvernement oppose manifestement une fin de non-recevoir à votre demande de report des enchères 5G. En faites-vous un casus belli ?Nous n’avons pas reçu, à ce stade, de réponse de la part du gouvernementà notre proposition. Nous l’avons, depuis, adressée formellement à l’Arcep. D’abord je voudrais dire quenous sommes convaincus de la nécessité de la 5G. Chez Bouygues Telecom, on aime la technologie. On ne la dénigre pas. Certains nous expliquent que la 5G va révolution-ner le pays en 2020… Cela nous fait sourire car, en réalité, cette révolu-tion s’opérera, certes, mais pas avant2023, la technologie n’étant pas suffi-samment mature. Aujourd’hui, la priorité numéro un pour les Fran-çais, c’est d’améliorer la couverture mobile en 4G des territoires ruraux en France, le plus vite possible et avec la meilleure qualité. Le confine-ment l’a montré : les Français veu-lent une bonne connexion pour télé-travailler, pour que leurs enfants puissent suivre des cours en ligne quand l’école est fermée… C’est ça, lapriorité du moment.

Mais c’est justement ce que permet de faire la 5G…La 5G est une technologie formida-ble. Elle va permettre de découper les réseaux en tranches et donc d’avoir des débits différents selon lesusages. Elle aura aussi un temps de latence très faible. Mais tout ça, ce n’est pas avant 2023. Dans un pre-mier temps, la 5G dite non-“stand alone” [c’est-à-dire reposant sur un cœur de réseau 4G, NDLR] va seule-ment apporter plus de capacité aux réseaux. Or, est-ce que les réseaux sont tombés pendant le confine-ment ? Non. Ils ont tenu alors mêmeque le trafic a presque doublé. On necomprend donc pas le sentiment d’urgence sur la 5G. Elle va d’abord servir à soulager les réseaux près duStade de France pendant un match. La latence réduite, les débits démul-tipliés, les objets connectés, tout ça

c’est pour après 2023. On peut donc sans problème décaler les enchères de six mois.

La 5G doit aussi aider à relancer les différents pans de l’industrie française…Nos grands clients industriels ont d’autres priorités. Ils ne raffolent pasde la 5G. Si Airbus et Renault avaientenvisagé des choses sur le sujet dansle semestre à venir, cela se saurait ! Jesuis donc sidéré quand on dit que la 5G va « porter » le pays après la crise.Il ne faut pas être dogmatique. En réalité, elle va surtout être utile pourles opérateurs pour dé-saturer les grandes villes. Cela vaut le coup d’étudier pendant quelques mois les besoins des opérateurs versus les besoins des Français.

Que proposez-vous concrètement pour accroître le déploiement de la 4G ?Nous souhaitons une extension du New Deal mobile initié en jan-vier 2018 et qui avait vocation à ac-célérer la couverture 4G de l’Hexa-gone. Il faut focaliser nos efforts sur la 4G dans les zones rurales, et met-tre les bouchées doubles. Pour cela, nous devons aboutir à un accord entre opérateurs télécoms [Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free, NDLR] pour déployer davantage de pylônes mutualisés. Il faudrait sans doute rajouter 20 % ou 30 % de pylô-nes mobiles en plus des 5.000 que chaque opérateur doit installer dansle cadre du New Deal actuel.

Le New Deal 2018 prévoyait déjà une très bonne couverture de la France en 4G. Que faut-il faire de plus ? !Le New Deal 1 n’était pas une scienceexacte… La crise nous a fait prendreconscience que beaucoup trop de nos concitoyens ne sont pas cou-verts en 4G. De nombreuses collec-tivités nous réclament plusieurs pylônes qui ne sont pas prévus dansle New Deal 1 et que nous ne pou-vons en conséquence pas installer. Je suis sûr que les élus vont être trèsintéressés par notre proposition.

Il y a aussi des retards de déploiement des sites prévus par le New Deal 1, notamment chez Bouygues Telecom…Le léger retard pris par Bouygues Telecom, comme par les autres opé-rateurs, est dû à la crise sanitaire. Nous avons moins eu accès à des matières premières comme l’acier, les mairies qui délivrent les autorisa-tions de travaux étaient fermées, nossous-traitants ont été fragilisés… Fin septembre, nous aurons rattrapé

l’essentiel du retard pris sur les antennes que nous devions norma-lement livrer pour fin juin. Si nous sommes excessivement en retard, nous serons sanctionnés, c’est la règle, nous avons pris des engage-ments vis-à-vis de l’Etat et de l’Arcep.

Qui va payer l’extension du New Deal si elle est décidée ?Nous devons en discuter. Les inves-tissements dans les nouveaux sites devront être mutualisés à quatre. Unsite coûte environ 200.000 euros. Or, les opérateurs ont des capacités d’investissement bornées. Nous n’avons pas de planche à billets. Chaque année nous investissons déjà collectivement environ 10 mil-liards d’euros. Nous pouvons pren-dre trois, quatre ou cinq mois pour créer un programme d’investisse-ments exceptionnels sur les zones blanches de ce pays.

Le New Deal de 2018 prévoyait des efforts de couverture mobile des zones blanches et en contrepartie l’Etat avait renoncé aux milliards de recettes des enchères pour renouveler les fréquences. Demandez-vous une baisse du prix des fréquences 5G, voire la gratuité, en échange d’un meilleur déploiement 4G ?Ce nouveau New Deal serait en effet gagé sur un ajustement des condi-tions de délivrance des fréquences 5G. De quelle manière ? Cela reste à définir. Tout est ouvert : si ce « New Deal 2 » permet de dépenser un peu moins sur la 5G, et un peu plus sur la4G, cela vaut le coup. Nous devons trouver un accord avec toutes les parties prenantes pour répondre à

l’urgence d’une bonne couverture 4G pour ceux qui sont mal connec-tés aujourd’hui. C’est inacceptable. Que diront-ils demain s’ils voient les opérateurs se battre à coups de milliards pour les fréquences 5G en pleine crise ? Cela serait indécent…

L’argent des fréquences 5G irait dans les caisses de l’Etat… donc pour le bien des Français. Qu’y a-t-il d’indécent ?La notion d’indécence est particu-lière à chacun. Pour notre part, nouspensons que le ressenti des Françaispourrait avoir les plus mauvais effetsdans ce contexte de crise sanitaire, économique et sociale.

Le groupe Bouygues compte deux autres branches, le BTP sa machine à cash et TF1 qui sont gravement touchés par la crise sanitaire. Dès lors Bouygues Telecom a-t-il les moyens d’investir dans les très onéreuses fréquences 5G ?Bouygues a plus de 10 milliards de trésorerie à disposition pour inves-tir. C’est un groupe puissant qui a les moyens de ses ambitions.

Concernant Bouygues Telecom, c’est le moins endetté des quatre opérateurs télécoms. Nous sommes prêts à participer aux enchères 5G demain, s’il le faut.

Soit, Bouygues est suffisam-ment solide pour encaisser le choc de la crise. Mais est-ce opportun dans cette période de débourser 800 millions d’euros, voire 1 milliard, dans des fréquences 5G ? D’où votre demande de report, qui peut se comprendre d’ailleurs…Certes nous vivons une période d’incertitude. Certes le tarif de base des fréquences 5G, 2,7 milliards, a été établi dans un monde où les données économiques n’étaient pas du tout les mêmes que celles d’aujourd’hui. Mais que les choses soient claires : Bouygues Telecom peut assumer cet investissement. Le tarif des enchères n’a rien à voir avecnotre demande de report. D’ailleurs le paiement de 350 millions d’euros pour le bloc de 50 mégahertz, que se

Une antenne relais test de 5G. Photo Stéphane Audras/RÉA

« Il y a urgence à améliorer la couverture mobile 4G en France »

sont vu attribuer les quatre opéra-teurs télécoms dans le cadre de la première partie du processus des enchères 5G, est échelonné sur quinze ans. Pour un groupe qui réalise 1,4 milliard d’Ebitda, cela ne pose pas de problème. Et pour la suite du processus, les enchères pures et simples, il est probable que le paiement soit également étalé.

Est-ce que le plan de Bouygues Telecom c’est de déployer la 5G à partir des fréquences 4G et faire une 5G de moins bonne qualité ? Ce qui expliquerait que vous poussiez à accélérer sur la 4G…Bouygues Telecom n’a aucun plan caché consistant à profiter des fré-quences 4G dans les zones rurales pour faire de la 5G. Dans une pre-mière phase, la 5G ne sera déployée que dans les zones à fort trafic, dans les grandes villes. Nous proposons de mettre plus de 4G dans les zones rurales. Les zones concernées ne sont donc pas les mêmes.

Pensez-vous vraiment que le gouvernement et l’Arcep peuvent se payer le luxe de retarder la 5G qui est déjà déployée dans plusieurs grands pays européens, en Chine et aux Etats-Unis ?Je suis allé voir de près ces pays, ces continents, et ce que j’en ai retenu, c’est que s’ils déploient la 5G, c’est d’abord et avant tout pour répondre à une volonté gouvernementale. En réalité, ils n’amènent pas grand-chose au consommateur… Pour beaucoup, il s’agit de 5G encore lar-gement expérimentale. En France, les opérateurs ont aussi déployé la 5G à titre expérimental à Paris, Lille,Douai, Bordeaux, Nantes et Tou-louse. La France n’est pas en retard comme j’ai pu l’entendre dire.

Bouygues a saisi l’Anssi d’une demande d’autorisation pour avoir Huawei comme équipementier dans la 5G. Si les enchères sont repoussées de six mois, cela vous laisse du temps pour négocier un feu vert qui semble très compliqué à obtenir, compte tenu de la méfiance des autorités vis-à-vis du chinois…Nous n’avons pas obtenu de réponsede l’Anssi à ce stade car toutes les décisions administratives sont sus-pendues pendant la crise sanitaire. Mais nous attendons cette réponse avec confiance. Notre demande de report n’a rien à voir avec le choix denotre équipementier 5G. Je rappelle que la durée de vie des équipements,c’est dix ans. Ce ne sont pas six mois de décalage qui vont changer quoi que ce soit. D’ailleurs, si nous devions déployer la 5G demain, nous commencerions bien évidem-ment par l’Ile-de-France. Or, nous n’avons pas recours à Huawei dans cette région.

Que compte faire Bouygues Telecom si l’Etat rejette votre demande et planifie les enchè-res entre juillet et septembre comme prévu ?Nous le regretterions pour les terri-toires, mais nous sommes loyaux. Nous respecterons la volonté de l’Etat et de l’Arcep et participerons aux enchères pour obtenir des fré-quences 5G. Mais, il ne faudrait pas qu’au lendemain des enchères 5G, on vienne nous demander un effort pour la 4G des territoires. Faisons leschoses dans l’ordre ! n

l Quelques jours après la tribune de Martin Bouygues appelant à reporter les enchères 5G en France en raison de la crise sanitaire, le directeur général de Bouygues Telecom, Richard Viel, prend la parole.l Dans un entretien aux « Echos », il milite pour repousser de six mois le processus, le temps de trouver un accord entre tous les opérateurs télécoms, Orange, SFR et Illiad-Free, pour déployer plus fortement la 4G en zones rurales.

RICHARD VIELDirecteur général de Bouygues Telecom

« Est-ce que les réseaux sont tombés pendant le confinement ? Non. Ils ont tenu alors même que le trafic a presque doublé. »

« Bouygues a plus de 10 milliards de trésorerie à disposition pour investir. C’est un groupe puissant qui a les moyens de ses ambitions. »

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« Dans une première phase, la 5G ne sera déployée que dans les zones à fort trafic, dans les grandes villes. »A

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HIGH-TECH & MEDIAS Mardi 2 juin 2020 Les Echos

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Page 23: Les Echos - 02 06 2020

Les Echos Mardi 2 juin 2020 HIGH-TECH & MEDIAS // 23

Florian Dèbes @FL_Debes

Tout juste nommé, Paul Cor-mier, le nouveau patron de Red Hat, se soucie de l’indépen-dance du groupe qu’il dirige. L’éditeur de logiciels, championde l’open source, racheté par IBM en fanfare l’an dernier pour34 milliards de dollars – la plus importante acquisition jamais réalisée par Big Blue –, entame une nouvelle vie. Mais entend lavivre sans trop de tutelles.

« Nous sommes vraisembla-blement une partie du futur d’IBM. Mais le futur d’IBM ne repose pas uniquement sur Red Hat, affirme-t-il, lors d’un entre-tien en visioconférence avec “Les Echos”. N’oubliez pas qu’IBM fait presque 80 milliardsde dollars de chiffre d’affaires paran. » L’an dernier, Red Hat a enregistré pour sa part 3,4 mil-liards de dollars de recettes. Bien plus petite mais en crois-sance de 15 %, la filiale ne man-que pas d’ambition.

Parti à la direction d’IBM, sonprécédent patron, Jim White-hurst, avait fait il y a quatre ans lepari que Red Hat deviendrait une société à 5 milliards de dol-lars de revenus annuels. Paul Cormier voit quatre fois plus grand. « Je ne peux pas encore vous dire quand, mais Red Hat vaatteindre la barre des 20 mil-liards de dollars. Et, avec IBM, cela se fera plus tôt que si nous avions été seuls », confie-t-il pourla première fois à un média.

Sur le papier, Red Hat et IBMjouent donnant-donnant. En échange de son expertise des technologies open source très courantes dans l’informatique en ligne – IBM a fait du cloud unaxe stratégique majeur mais doit rattraper son retard sur Amazon, Microsoft, Google et Alibaba –, Red Hat pourra compter sur l’entreprise cente-naire pour lui présenter des gros clients et s’étendre dans des pays où ses équipes ne sont

LOGICIEL

Le nouveau patron entend multiplier par six les revenus du champion de l’open source, avec l’aide d’IBM.

Red Hat affirme ses ambitions chez IBM

Lorca Telecom, propriété des fonds d’investis-sement américains KKR et et Providence et du fonds britannique Cinven, a annoncé lundi avoir lancé une OPA amicale sur la totalité des actions de l’opérateur espagnol MasMovil, pour un montant de 2,96 milliards d’euros. Le conseil d’administration a approuvé l’offre.

détient un tiers du marché mondialdes équipements de téléphonie mobile, devant deux autres poids lourds – le suédois Ericsson et le finlandais Nokia. « Nous avons besoin de nouveaux entrants sur le marché », assure une source admi-nistrative britannique dans le « Times ».

Cette hypothèse fait écho à lacréation, début mai, d’une coalitionde 31 acteurs technologiques, dont Facebook, Google et Microsoft mais aussi les opérateurs AT&T, Telefonica, Vodafone et des entre-prises de réseaux comme Cisco ou Juniper. Cette Open RAN Policy Coalition appuie politiquement les solutions 5G « ouvertes » – des logi-ciels compatibles avec le matériel de n’importe quel fournisseur

d’antennes. Plusieurs petits acteurs américains – Mavenir, Altiostar, Parallel Wireless… – essaient de percer sur ce créneau.

Relations réévaluéesCette proposition du « D10 » sur-vient alors que le Royaume-Uni s’apprêterait à désinstaller les antennes chinoises de ses réseaux mobiles dans les trois prochaines années. Plus largement, le contexte est celui de tensions renouvelées entre l’Europe et la Chine. La gestiondes premiers mois de l’épidémie et, plus récemment, la reprise en mainmusclée de Hong Kong ont incité les chancelleries occidentales à réé-valuer leurs relations avec Pékin.

Dans une interview à Bloomberg,Reinhard Bütikofer, le président de

la délégation du Parlement euro-péen aux relations avec la Chine, a par exemple déclaré : « Je suppose que certaines des questions qui ont été controversées à travers l’Europe, comme celle de savoir si nous allions laisser Huawei participer à la cons-truction des réseaux 5G, pourront être perçues différemment au regard des récentes actions chinoises. »

Officiellement, la position deParis ou de Berlin sur Huawei reste identique : l’équipementier chinois reste autorisé, avec des mesures de contrôle renforcées des réseaux. Mais l’Allemagne doit finaliser le texte de sa loi sur la sécurité des réseaux dans les prochaines semai-nes. Et en France, les autorisations de déploiement sont toujours dans les tiroirs. n

Sébastien Dumoulin @sebastiendmln

Par petites touches, la défiance des Européens vis-à-vis du géant chinois des télécommunications Huawei se renforce. Et la question de sa participation aux futurs réseaux 5G du Vieux Continent est plus incertaine que jamais.

Selon le « Times », le Royaume-Uni travaillerait à la constitution d’une alliance de dix pays démo-cratiques – le G7 complété de l’Aus-tralie, de l’Inde et de la Corée du Sud–, un « D10 » qui pourrait soutenir les alternatives à la technologie chi-noise dans la 5G. Londres aurait déjàapproché Washington, qui mène depuis des années une croisade contre l’équipementier Huawei.

Le club des dix pourrait investirdans les solutions alternatives à celles du groupe de Shenzhen, qui

ÉLECTRONIQUE

Le Royaume-Uni voudrait créer un groupe pour contrer les ambitions techno-logiques chinoises.

5G : la pression s’accroît sur Huawei en Europe

Le gouvernement de Boris Johnson envisage de retirer tous les équipements Huawei des réseaux mobiles britanniques d’ici à 2023.

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Le quatrième opérateur espagnol, visé par une OPA amicale de 3 milliards d’euros de trois fonds

Fondé en 2006, quatrième opérateur avec un chiffre d’affaires de près de 1,7 milliard d’euros en 2019, MasMovil propose des services de téléphonie mobile et internet et possède la marque low cost Yoigo. KKR est déjà présent dans les télécoms en Espagne, après avoir racheté, en 2017, 40 % de Telxius (Telefonica).

pas présentes. Cette stratégie commence à payer, au moins du côté de Red Hat. Au dernier trimestre de l’année dernière, l’éditeur a pour la première foisdépassé le cap du milliard de dollars de chiffre d’affaires en trois mois. Le nouveau patron ne précise pas si la perfor-mance a été rééditée la période suivante mais il assure que l’épi-démie n’a pas touché le dyna-misme de ses affaires.

N é a n m o i n s , R e d H a tn’entend pas se lier pieds et poings à IBM. « Nous voulons conserver notre neutralité », répète à tout-va Paul Cormier, bien conscient que Red Hat aura aussi besoin des concur-rents d’IBM pour grandir. Ainsi,Red Hat continue de nouer des partenariats avec AWS et Microsoft, sans en référer à sonpropriétaire . Et Red Hat n’entend pas non plus accorder de meilleurs tarifs à la branche « services informatiques » de l’entreprise d’Armonk qu’à Accenture ou Atos, quand bien même l’on redoute des licencie-ments massifs dans cette acti-vité d’IBM.

Les dirigeants de Big Blue n’yvoient rien à redire. Mais ces assurances n’empêchent pas les clients historiques de Red Hat de s’effrayer qu’un jour IBMpuisse se montrer plus exi-geant. Par exemple, en contrai-gnant les partenariats de logi-ciels de Red Hat avec ceux d’autres services de cloud. Il reste encore à Red Hat le béné-fice du doute.

« Il y a des signes positifs,comme les promotions de Paul etde Jim, mais les clients s’inquiè-tent aussi de voir Red Hat com-mencer à commercialiser des produits pas complètement opensource , à l ’ inverse de son modèle », relève Tom Petrocelli pour Amalgam Insight. n

Au dernier trimestre de l’année dernière, l’éditeur a, pour la première fois, dépassé le cap du milliard de dollars de chiffre d’affaires en trois mois.

587.000PERSONNESse sont abonnées au « New York Times » et à ses applications entre janvier et mars 2020. Un record depuis le lancement de son offre numérique.

Hortense Goulard @HortenseGoulard

Partout dans le monde, la crise du coronavirus a eu un effet dévasta-teur sur les revenus des journaux, notamment en raison du déclin de la publicité. Quelques titres résis-tent cependant à la tempête. Au point, pour certains d’entre eux, de

Ces médias qui embauchent malgré la crise du coronaviruscontinuer à embaucher. C’est le cas en particulier de deux géants du journalisme américain, le « New York Times » et le « Wall Street Journal », selon le « Financial Times ».

En France, les audiences numéri-ques de la plupart des journaux ontexplosé en mars, selon des statisti-ques publiées fin avril. Pour une poignée d’entre eux, dont « Les Echos » et « Le Monde », l’explosionde ces audiences s’est traduite aussipar une progression des ventes en ligne.

Aux Etats-Unis, les chiffres sontbien plus spectaculaires. Le « New York Times » a ainsi annoncé débutmai qu’il avait dépassé les six mil-lions d’abonnés, entre son offre papier et son offre numérique. Cettedernière lui a permis d’attirer 3,9 millions d’abonnés, tandis que plus de 1 million de personnes utili-sent, notamment, ses applications de cuisine et de mots croisés.

Dans un entretien avec le quoti-

dien britannique, son PDG Mark Thompson affiche son optimisme. « Notre théorie est qu’il faut investir dans le produit pour avoir une chance de s’en sortir dans le paysage actuel », note-t-il, citant les diri-geants de Netflix et Disney en exem-ple. « Je ne comprends pas pourquoi si peu d’autres personnes dans ce sec-teur saisissent qu’il s’agit d’une ques-tion de taille. »

Pour l’instant, cette politique apermis au titre new-yorkais de sur-fer sur la crise du coronavirus. Entre janvier et mars de cette année, 587.000 personnes se sont abonnées au quotidien et à ses applications, un record depuis le lancement de son offre numérique.Près d’un demi-million d’entre ellesont payé pour avoir accès au journallui-même. Malgré une chute des revenus publicitaires, qui reculent de 15 % en trois mois, le « New York Times » a réussi à limiter la casse. Au total, son chiffre d’affaires pro-gresse même de 1 % à 443,6 millions

de dollars, soit près de 400 millionsd’euros. Ses profits opérationnels reculent sur cette période, à 44 mil-lions de dollars contre 52 l’an dernier.

Résultat, le quotidien veut conti-nuer à embaucher des journalistes et des ingénieurs spécialisés dans les données et les produits numéri-ques, même s’il envisage de réduireles coûts dans d’autres fonctions. « Le nombre de personnes employéespar le journal devrait augmenter d’ici la fin de l’année », rassure son PDG dans un communiqué.

Le « Wall Street Journal », l’un deses principaux concurrents, fait presque aussi bien. Les profits du groupe auquel il appartient, News Corp., sont, certes, en baisse au pre-mier trimestre de cette année. Maisle déclin des revenus publicitaires est là aussi compensé par une meilleure profitabilité de l’entre-prise Dow Jones, qui détient le quo-tidien économique. Début mai, ce dernier a franchi la barre des 3 mil-lions d’abonnés, dont 2,2 millions lelisent exclusivement en ligne.

« Si vous n’aviez pas réparé votremaison lorsque le soleil brillait c’est presque trop tard maintenant », remarque l’ancien PDG de Dow Jones dans un entretien au « Finan-cial Times ». « Même avant le Covid-19, il y avait des forces qui per-turbaient l’industrie. Tout ce que nous pensions mettre dix ans à réali-ser est en passe de se concrétiser entre5 et 10 mois », ajoute-t-il, en faisant référence au basculement des abonnements vers les offres numé-

riques. Les deux quotidiens ont publié des annonces d’emploi sur leurs sites Web. Le « New York Times » cherche à recruter 44 jour-nalistes et Dow Jones, 20 personnespour divers rôles, dont quelques-uns dans sa rédaction. Ces quelquesannonces sont à comparer aux dizaines de milliers de journalistes qui ont perdu leur emploi depuis le début de la crise du coronavirus auxEtats-Unis. Les rédactions les plus touchées sont celles dont le modèlereposait essentiellement sur les revenus publicitaires, telles que Vice ou Buzzfeed. n

PRESSE

La crise sanitaire a durement frappé la plupart des médias, en réduisant leurs revenus publicitaires.

Mais certains titres, qui ont misé sur les abonnements numériques, parviennent à résister à la crise.

Début mai, le « Wall Street Journal » a franchi la barre des 3 millions d’abonnés, dont 2,2 millions le lisent exclusivement en ligne.

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Page 24: Les Echos - 02 06 2020

Mercredi 03 juin à 19hDavid Kadouch et Quatuor

Hermès interprètentSchumann

Rendez-vousParisà

Lundi 08 juin à 19hSol Gabetta et BertrandChamayou interprètent

Liszt et Chopin

Samedi 06 juin à 19hElsa Dreisig et RomainLouveau interprètentSchubert et Weill

14 concerts à huisclos à vivre en directsur medici.tv

En soutien à larecherche contrela Covid-19

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tion des offres payantes qui a permisà Deezer de devenir rentable en quel-ques mois, indique-t-elle. Il s’agis-sait d’une période assez excitante, que l’on appelle l’hypercroissance. ».

Axel Dauchez, qui l’a embauchéechez Deezer, la décrit en des termesdithyrambiques. « Je lui dois une fière chandelle, c’est elle qui a piloté lepartenariat avec Orange, montrant qu’une petite start-up pouvait bosseravec un géant », se souvient-il.

Logique, pour lui, de la voir pren-dre aujourd’hui les rênes opéra-tionnelles de Willa. « C’est une per-sonnalité de nature engagée, indique-t-il. Dans tout ce qu’elle fait,à tout moment, elle est à 100 %. Et le sujet des femmes est un de ses com-bats depuis toujours. ».

« Dynamique de développement »Après Deezer, Jeanne Bitker rejoint« L’Equipe », où elle travaille sur la monétisation des contenus, puis « Explicite », un nouveau média vidéo qui ne vivra qu’un an, faute defonds. « Ce qui me fait me lever le matin, c’est me mettre au service des créateurs. J’ai travaillé dans le milieude la musique, du sport, aujourd’hui des entrepreneurs, énumère-t-elle. Ce qui me fait me lever, ce sont leshistoires qu’ils ont à raconter, les cau-ses qu’ils ont à défendre. »

Au moment où Willa est venu lachercher, elle était chargée des par-

Déborah Loye @Loydeborah

Cela faisait trois ans que Willa navi-guait sans capitaine et que sa prési-dente, Marie Georges, jouait le rôle de directrice générale par intérim. La structure d’accompagnement des entrepreneuses, qui fête ses quinze ans cette année, annonce cemardi 2 juin avoir recruté Jeanne Bitker en qualité de directrice des opérations.

Une femme de trente-huit ansqui a fait toute sa carrière, ou pres-que, dans la tech. D’abord chez Orange, puis chez Deezer, dont ellea dirigé le marketing durant quatreans – période durant laquelle la pla-teforme est passée de 30 à 350 sala-riés. « J’ai lancé l’accord de distribu-

ENTREPRENEURIAT

Issue de France Digi-tale, Jeanne Bitker prend ce mardi son poste de directrice des opérations de Willa.

La structure d’accom-pagnement fête ses quinze ans et compte se développer en régions et à l’international.

légitime, en ayant l’impression de devoir faire un peu plus d’effort que les hommes ».

Elle se positionne sur ce sujetdans un moment où les femmes entrepreneurs sont en difficulté : lacrise les a fortement impactées.

Selon une étude réalisée enavril 2020 sur les réseaux sociaux par le lab Bouge ta Boite, auprès de494 entrepreneuses, en un mois, 40 % d’entre elles ont perdu plus de70 % de leur chiffre d’affaires et 54 % considèrent que leur société est menacée de dépôt de bilan. « Elles sont en première ligne, de nombreuses femmes ont dû gérer lesenfants et l’intendance de la maison,en allouant moins de temps à leurs vies professionnelles », déplore la nouvelle COO de Willa.

Elle aussi est en première ligne,avec pour mission d’éviter que la situation ne se dégrade encore pour les entrepreneuses à la suite de cette crise.

En plus de l’accompagnement,Jeanne Bitker croit en les « rôles modèles », ces femmes censées ins-pirer leurs successeurs. Son rêve ? Faire venir Michelle Obama à Paris, pour éveiller des vocations. n

Accompagnement des entrepreneuses : Jeanne Bitker prend la barre de Willa

A 38 ans, Jeanne Bitker a fait presque toute sa carrière dans la tech, notamment chez Orange, puis Deezer, où elle a dirigé le marketing pendant quatre ans. Photo DR

données. « StartHer a “initié” un baromètre qui est devenu un élémentclé, nous complétons avec une vision plus axée sur les investisseurs et les levées de fonds, détaille Céline Lazorthes. Nous disposerons d’un document de travail très puissant quinous permettra de faire le point cha-que année. » Et Roxanne Varza d’abonder : « Nous avons décidé qu’iln’y avait pas de sens à avoir des initia-tives séparées, et qu’unies nous aurons plus de force. »

Encore trop peu de moyensAprès dix ans d’engagement pour faire de la place aux femmes dans latech, la directrice tire un bilan encore mitigé. « Nous avons identi-fié les problèmes, sommes allées chercher les femmes qui étaient là mais encore cachées, mais encore trop peu de moyens ont été mis en place pour que l’on parvienne à une réelle égalité », déplore-t-elle.

En Europe, 92 % des fonds inves-tis en 2019 sont allés vers des équi-pes fondatrices exclusivement masculines, selon le rapport du fonds d’investissement Atomico. Pour pallier ce fossé, la première

action de Sista a été l’élaboration d’une charte, signée par 56 investis-seurs, les engageant à constituer leur portefeuille d’au moins 25 % destart-up fondées par des équipes mixtes d’ici à 2025. Avec cette fusion, l’association a l’ambition de prendre de l’ampleur.

« Notre mission est de faire émer-ger une génération de leaders diversi-fiés, affirme Tatiana Jama. Pour y arriver, Sista a vocation à former à lafois une association, un think tank etun lobby. » Dans les mois à venir, l’association devra se concentrer sur le fait de permettre aux entre-preneuses de sortir de la crise, ces dernières ayant été particulière-ment impactées. — D. L.

56INVESTISSEURSont signé la charte élaborée par Sista les engageant à constituer leur portefeuille d’au moins 25 % de start-up fondées par des équipes mixtes d’ici à 2025.

La première a vu le jour il y a dix ans,la deuxième en décembre 2018. StartHer et Sista, deux associations de soutien aux femmes entrepre-neurs, annoncent ce mardi fusion-ner sous la marque Sista. Roxanne Varza, cofondatrice de StartHer et directrice de Station F, rejoindra ainsi le conseil d’administration de Sista, aux côtés notamment des deux fondatrices de l’association, Tatiana Jama (Dealissime, Selec-tionnist, Levia.ai) et Céline Lazor-thes (Leetchi, Mangopay).

En plus de leur engagement, lesdeux associations ont en commun de s’appuyer sur la génération de

ENTREPRENEURIAT

Les deux associations engagées pour faire de la place aux femmes dans la tech ne font plus qu’une.

Elles continueront leur travail sous la bannière Sista.

StartHer et Sista fusionnent

« Ce qui me fait me lever le matin, c’est me mettre au service des créateurs. J’ai travaillé dans le milieu de la musique, du sport, aujourd’hui des entrepreneursCe qui me fait me lever, ce sont les histoires qu’ils ont à raconter, les causes qu’ils ont à défendre. »JEANNE BITKER

tenariats B to B chez France Digi-tale. « Nous cherchions quelqu’un qui puisse apporter une dynamique de développement à Willa, affirme Marie Georges. Jeanne a une vraie connaissance de l’écosystème, mais elle connaît aussi bien le monde des start-up de l’intérieur. »

Chez Willa, qui propose plu-sieurs programmes d’accompagne-ment des équipes fondatrices comptant au moins une femme, Jeanne Bitker aura pour mission decoordonner l’ensemble des activi-tés, c’est-à-dire les programmes, le financement et le développement des partenariats.

Mais l’objectif de sa venue estsurtout de faire grossir la structure.« Il fallait un pilote dans l’avion pouraccompagner l’étape d’après, décrit la nouvelle directrice des opéra-tions. Nous avons très envie d’aller accompagner les femmes en régions et à l’international, parce que notre méthode a fait ses preuves. »

Evoluant dans la tech depuis plu-sieurs années, elle indique ne pas avoir vécu de situation de discrimi-nation criante, mais avoir « tou-jours eu besoin de prouver que j’étais

L’objectif de sa venue est surtout de faire grossir la structure.

START-UP Mardi 2 juin 2020 Les Echos

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Page 25: Les Echos - 02 06 2020

Date de création : 1987Directeur général : Henri MarrachéChiffre d’affaires : 7 millions d’euros en 2019Effectif : 65 personnesSecteur : bâtiment

Après l’immobilier de bureau, la société France Energie, basée à Laval, décline dans l’habitat collectifsa solution de pompes à chaleur sur boucle d’eau tempérée. Ce système,

tonnes de fruits. Elle génère 900.000hectolitres de cidre écoulés à 85 % dans l’Hexagone. Or une partie de ces pommes, les « bitter sweet », sont inadaptées à d’autres usages, tels les jus. La récolte 2020 s’annonceprécoce et abondante, alors que les cuves sont encore pleines.

« Il faudrait des actes »Dès lors, les transformateurs n’ont nul besoin d’acheter, et la demande export est aussi saturée. Le leader Eclor , bra nche b oisso ns d u groupe Agrial, dispose de deux ans de réserve dans ses citernes. Dès lors, selon l’Unicid, l’enjeu est de sor-tir du marché 100.000 tonnes de pommes et 200.000 hectolitres de

INNOVATEURSFRANCE ÉNERGIE

tage le système. « La récupération de ces microsources de chaleur fatale dans l’ensemble du bâtiment et la pro-duction de chaleur à partir de l’eau dela boucle (de 15 à 35 °C) par OBO per-mettent de réduire jusqu’à 40 % la consommation d’énergie des loge-ments collectifs par rapport aux solu-tions les plus modernes du marché », assure-t-il.

4.000 logements équipés d’ici à 2023Au sein du foyer, l’interface du sys-tème, raccordé à la colonne mon-tante de l’immeuble, prend « moins de place qu’une petite machine à

ble tuyau d’eau parcourant l’ensem-ble du bâtiment et allant même d’unédifice à l’autre. Car, comme le souli-gne Henri Marraché, directeur général de France Energie, le sys-tème prend tout son sens à l’échelle de plusieurs immeubles voire d’un quartier, l’idéal étant « une collecti-vité de bâtiments avec des usages diffé-rés et différents ».

Ainsi, les calories émises et per-dues le jour dans les bureaux (clima-tisation, chauffage) pourront chauf-fer, par exemple, l’eau sanitaire des logements d’en face. Inclure une pis-cine ou une salle polyvalente dans laboucle optimiserait encore davan-

lancé sous la marque OBO, permet de chauffer les logements à partir dela chaleur en excès récupérée au sein de l’immeuble ou même à l’échelle d’un quartier, grâce à des échanges énergétiques.

Circulation dans une boucle d’eauLe supplément de chaleur émis dansla cuisine, une salle de bains, dans leschambres exposées au soleil ou dans la boutique en bas de l’immeu-ble est capté pour être restitué, redis-tribué en fonction des besoins de chaque logement. Cette chaleur cir-cule dans une boucle d’eau, un dou-

laver » pour assurer les fonctions chaleur, rafraîchissement et eau chaude sanitaire.

Visant essentiellement la réhabi-litation, France Energie compte équiper 4.000 logements d’ici à 2023. « Nous sommes déjà en discus-sions avec des bailleurs et promo-teurs », poursuit Henri Marraché. Filiale du groupe parisien Muller, l’entreprise, bien que ralentie par la crise du coronavirus, table sur un chiffre d’affaires de 12 à 14 millions d’euros cette année, soit le double del’exercice 2019, 20 % du chiffre d’affaires étant réinvesti en R&D.— E. Gui.

Emmanuel Guimard—Correspondant à Nantes

La filière cidricole appelle à son tourles pouvoirs publics à l’aide. Ce sec-teur représente près de 2.000 pro-ducteurs et le même nombre d’emplois sur les fonctions indus-trielles et commerciales, principale-ment sur le quart nord-ouest de la France. A cela s’ajoutent 10.000 petits propriétaires de vergers, trou-vant là un complément de revenu. Or le secteur a vu ses ventes chuter de 50 % pendant le confinement.

La boisson pétillante a mal vécu lafermeture des crêperies et autres restaurants, mais aussi la désaffec-tion en grande distribution pour ce produit, loin d’être une priorité pourles consommateurs. Selon l’obser-vatoire Nielsen, le cidre a perdu 17 à 25 % de ses ventes, selon les semai-nes. Mais pour les petits produc-teurs, tournés vers la restauration et la vente directe, la chute atteint 70 à 100 % du chiffre d’affaires, selon Jean-Louis Benassi, directeur de l’Union nationale interprofession-nelle Cidricole (Unicid). La filière va donc au-devant d’un sérieux pro-blème d’excédent et de dépréciation.

La France est, avec 9.000 hectaresde pomme à cidre, l’un des princi-paux vergers d’Europe, pour une production annuelle de 250.000

BOISSONS

Le secteur, qui emploie plus de 4.000 person-nes, a perdu la moitié de ses ventes pendant le confinement.

Elle demande à l’Etat un plan de « dégagement » des surplus, estimé à 22 millions d’euros.

L’appel à l’aide de la filière du cidre

La France est, avec 9.000 hectares de pommes à cidre, l’un des principaux vergers d’Europe. Elle génère 900.000 hectolitres de cidre, écoulés à 85 % dans l’Hexagone. Photo DR

Stanislas du Guerny—Correspondant à Rennes.

Lumibird prend de plus en plus goûtà la Bourse. Le spécialiste des tech-nologies laser coté depuis plusieurs

Laser : Lumibird lance une augmentation de capital pour chasser les opportunités

années sur Euronext Paris – 182 mil-lions d’euros de capitalisation bour-sière – lance une augmentation de ses fonds propres d’un montant de 31,6 millions d’euros moyen-nant un prix de souscription de 9 euros par action.

L’opération, qui sera conclue le9 juin prochain, consiste pour Marc Le Flohic, le PDG du groupe breton basé à Lannion, à « disposer de moyens supplémentaires afin de réa-liser des croissances externes ».

Il considère que la crise sani-taire « rebat les cartes » et lui ouvre des perspectives supplémentaires d’acquisitions de sociétés européen-nes fragilisées. «Nos cibles, pour-suit-il, sont des affaires de taille moyenne présentant un chiffre

d’affaires annuel inférieur à 30 mil-lions d’euros. » L’industriel n’exclut pas des rachats plus importants qui passeraient par « de la dette ».

Lumibird, qui a réalisé l’andernier un chiffre d’affaires de 110,7 millions d’euros et emploie 567collaborateurs, répartit ses activités entre 6 usines dédiées aux lasers

pour le secteur médical (l’ophtal-mologie notamment), les cap-teurs pour la détection liés à l’auto-mobile ou aux drones, et aussi la défense et le spatial. Sachant qu’il évolue sur des marchés technologi-ques « en devenir », le groupe entend doubler de taille à moyen terme.

Un PGE de 15 millions d’eurosFort d’une vingtaine de brevets, Lumibird renforce ses usines. Il vient d’investir « plus de 5 millions d’euros », indique le dirigeant, dans l’extension de ses sites de Lannion etde Clermont-Ferrand.

Si la crise du coronavirus n’a paseu de réels effets sur la partie com-

merciale du groupe, qui n’a pas eu à subir d’annulation de commandes, ses livraisons ont été retardées par l’arrêt de ses moyens industriels. Il a donc eu recours au chômage partiel et a souscrit un PGE – prêt garanti par l’Etat – d’un montant de 15 mil-lions d’euros.

Pour ce qui concerne l’effet de lacrise sur ses résultats, il attend la fin juin pour publier ses chiffres. S’il a dégagé un bénéfice net de 8 millionsd’euros l’an dernier, il devra intégrer en 2020 les effets de la cyber attaquedont a été victime sa filiale anglaise, Halo Photonics, il y a seulement quelques semaines. Elle s’est fait dérober 3,8 millions d’euros par unefraude aux moyens de paiement. Des plaintes ont été déposées. n

BRETAGNE

Le spécialiste des technologies laser entend saisir des opérations de croissance externe, notamment le rachat d’entreprises européennes fragilisées par la crise. 31,6

MILLIONS D’EUROSLe montant de l’augmentation de capital, moyennant une souscription de 9 euros par action.

Claire Garnier—Correspondante à Rouen

« Il faut se réinventer, pivoter. » C’est ce que s’est dit le 16 mars P i e r r e - Je a n L e d u c , P D G de Dedienne Multiplasturgy Group. Le fabricant de pièces techniques en plastique et composite dépend à 70 % des équipementiers automobi-les et aéronautiques, dont la chute est vertigineuse. « Notre chiffre d’affaires 2020 devrait atterrir à 45 millions d’euros », en baisse de plus de 30 % par rapport au chiffre d’affaires 2019, de 66 millions d’euros, prévoit le dirigeant.

Le plasturgiste de Saint-Aubin-sur Gaillon (Eure), qui emploie 620 salariés sur 7 sites (dont 4 en France) s’est associé à l’opération des « Visières de l’espoir » en fabriquant, avec d’autres industriels, des visières à titre gratuit pour les hôpitaux. Ce qui lui a mis le pied à l’étrier pour se lancer dans une gammede masques grand public, visiè-res, protections pour bureaux etcomptoirs et ouvre-portes mains libres.

« Cette nouvelle activité occupe25 personnes sur nos sites de Saint-Aubin-sur-Gaillon, Dedienne Atlantique et notre par-tenaire Rapid Manuf (Rhône), mais ce n’est qu’un début, confie Pierre-Jean Leduc. Elle pourrait représenter plusieurs millions d’euros de chiffre d’affaires, notre stratégie étant d’attaquer ce mar-ché de façon pérenne. »

En quelques semaines,Dedienne a notamment conçu et réalisé un masque réutilisabletrès léger, constitué d’un bio-po-lymère issu d’huile de ricin (le Rilsan), fourni par Arkema. Ce masque qualifié par la DGA est fourni avec un lot de filtres en plastique (polyamide, PET ou polypropylène) que l’on rem-place à chaque utilisation.

« Aujourd’hui, nous fabri-quons 1.000 masques par jour en fabrication additive à partir de nos machines d’impression 3D deSaint-Aubin-sur-Gaillon. Mais nous sommes en train de réaliser des moules pour passer à la fabri-cation en injection plastique sur notre site de Gétigné, près de Nan-tes. » Ce passage à l’injection plastique va permettre de pro-duire des masques et visières en couleur en grande série, jusqu’à 40.000 par jour.

L’industriel a misé sur la sim-plicité d’utilisation en proposantdes filtres lavables 10 fois à 60 degrés… en lave-vaisselle et bousculé son modèle commer-cial – jusqu’ici 100 % B to B – en ciblant lees particuliers, via un tout nouveau site Internet. n

Le plasturgiste Dedienne fait le pari des équipements de protection sanitaireNORMANDIE

Si le Covid-19 est « l’élément déclen-cheur » de cette nouvelle activité, l’entreprise normande entend attaquer ce marché sur la durée.

Dedienne a notamment conçu un masque réutilisable très léger, constitué d’un bio-polymère issu d’huile de ricin.

France Energie réduit la facture énergétique de l’habitat collectif

En Normandie, un arbre sur trois menacéPremière région productrice de cidre, la Normandie est très inquiète pour son verger, où un arbre sur trois serait menacé. Avec ses sept appella-tions d’origine protégée (le Poiré de Domfront, le Pommeau de Nor-mandie, trois Calvados et deux Cidres du Pays d’Auge et du Cotentin), la région, qui totalise plus de 350 produc-teurs et/ou transforma-teurs et 50 millions de bouteilles par an (sur un total de 90 millions de bouteilles), est durement touchée par la crise sanitaire. « Cette filière, l’un des fers de lance de l’agricul-ture normande, est aujourd’hui en danger. Je souhaite que la profession puisse bénéfi-cier des mêmes mesures sectorielles que prises pour la profession vini-viticole, notamment l’ouverture d’une mesure de retrait de produits par distillation et l’exonération des cotisations sociales pour les TPE et PME les plus en difficulté », demande Hervé Morin, le prési-dent de la région Nor-mandie, dans une lettre adressée récemment au ministre de l’Agricul-ture. — P. L. (à Caen)

cidre, cette boisson ne se conservantpas longtemps. Parmi les pistes, l’Unicid avance l’écoulement du sur-plus en méthanisation, en distilla-tion, en gel hydroalcoolique ou en alimentation animale. Ce plan de « dégagement » en cours de négo-ciation au ministère de l’Agriculture coûterait 22 millions d’euros. L’Europe ne comptant pas interve-nir, selon Jean-Louis Benassi, le directeur de l’Unicid, c’est à l’Etat ques’adresse la filière, « comme ce fut le cas aux Pays-Bas pour les fleurs ».

« Nous avons été entendus mais,maintenant, il faudrait des actes », mentionne Marc Roubaud, direc-teur d’Eclor et président de l’Unicid. Le secteur cidricole demande égale-

ment un soutien pour relancer sa communication, à hauteur de 500.000 euros, une exonération par-tielle des charges patronales pour lespetits acteurs et la prolongation des aides du fonds de solidarité.

« Le cidre est le seul marché de bois-sons alcoolisé qui ne soit géré que par des coopératives et des artisans », poursuit Marc Roubaud. Les géants du luxe ou brassicoles se sont désin-téressés de cette boisson, qui a connu un long déclin. Pour autant, selon le responsable, la courbe à la baisse s’est arrêtée depuis deux ans et le marché a regagné 3,3 % l’an der-nier, l’intérêt pour « les circuits courtset les produits authentiques » expli-quant en partie ce retour en grâce. n

PME & REGIONSLes Echos Mardi 2 juin 2020

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Page 26: Les Echos - 02 06 2020

méritant une place, même modeste,dans un portefeuille diversifié. En proie aux bulles et utilisé par l’écono-mie informelle, le bitcoin ne protègepas contre l’inflation, estime la ban-que. Son cours est trop volatil et son lien avec les autres marchés, trop instable pour offrir de la diversifica-tion et une réduction des risques. Sharmin Mossavar-Rahmani s’était déjà montrée très méfiante à l’été 2018, lors de l’année de l’éclatement de la bulle. La baisse du bitcoin allaitse poursuivre, selon elle.

« Bien que des hedge funds esti-ment que le trading des cryptos est attrayant compte tenu de leur forte volatilité, cet attrait ne constitue pas un motif viable d’investissement », a-t-elle souligné la semaine dernière. Goldman Sachs est historiquement un des principaux « prime brokers »(courtier) des hedge funds, sauf ceuxspécialisés sur les cryptos et bitcoin.

Depuis la conférence de GoldmanSachs, le prix du bitcoin a progressé de 7,5 % alors que le cours de la ban-que, cotée à Wall Street, a cédé près

de la plateforme Gemini, déclara surTwitter que « Wall Street est le lieu oùfiniront tous ceux qui échouent sur lescryptos », comme en témoigne « la qualité de la recherche de la “pieuvre” [surnom donné à la banque améri-caine, NDLR] ». La fuite des talents de la finance vers les cryptos n’en estqu’à ses débuts, selon lui.

Le 30 novembre 2017, quand lebitcoin valait 9.700 dollars, Lloyd Blankfein, alors président de la ban-que, avait déclaré sur Bloomberg Television que « quelque chose qui varie de 20 % du jour au lendemain nepeut pas être considéré comme une monnaie. C’est un moyen de fraude ». « Le bitcoin ce n’est pas pour moi » et, si un client de la banque demandait àen acheter, Goldman Sachs lui conseillerait de s’adresser à un autreétablissement. Le bitcoin et son mar-ché doivent être bien plus liquides etmoins volatils, pour que la banque y engage sa crédibilité et sa réputa-tion, en y allouant des moyens finan-ciers et humains. Pour Goldman Sachs, les risques ne sont pas assez

correctement rémunérés et les perspectives de profits trop faibles.

En 2019, la banque avait démentile projet, né fin 2017, près du sommetde la bulle, de lancer une activité surles cryptos et bitcoin pour le comptede ses clients. « Nous n’avons jamais envisagé une telle activité », avait déclaré le nouveau président de Goldman Sachs, David Solomon. Pourtant, ce projet était très avancé selon le « New York Times ». Il n’aurait pas obtenu le dernier feu vert du conseil d’administration de la banque, inquiet du plongeon du bitcoin en 2018.

Cryptosphère financièreLes traders de la banque n’ont pas attendu pour spéculer sur les cryp-tos, afin de faire fructifier leur patri-moine personnel. En 2012, Reuters avait révélé qu’un certain nombre decollaborateurs de Goldman Sachs etde Morgan Stanley consultaient, parfois jusqu’à 30 fois par jour, les premières plateformes où acheter etvendre des bitcoins. Les traders spé-

Nessim Aït-Kacimi @NessimAitKacimi

Goldman Sachs invite ses clients à laplus grande prudence à l’égard du bitcoin et des cryptos, que ce soit comme un investissement à court ou à long terme. C’est la conclusion d’une présentation sur les perspecti-ves économiques aux Etats-Unis et ses implications pour l’inflation, l’oret le bitcoin, effectuée par Sharmin Mossavar-Rahmani, la directrice des investissements de la gestion de fortune privée de la banque.

Le bitcoin et les cryptos ne consti-tuent pas une nouvelle classe d’actifs

CRYPTOMONNAIES

La banque américaine met en garde ses clients privés sur le bitcoin et les crypto-monnaies, jugées trop volatils et dangereux.

Goldman Sachs met en garde sur les risques des cryptosculaient pour leur compte person-nel, quand le cours de la leader des cryptos valait alors à peine 5 dollars.

Certains collaborateurs sont allésplus loin et ont rejoint la crypto-sphère financière. Fred Ehrsam, trader sur les devises, a cofondé Coinbase en 2012, avant de lancer sa société d’investissement Paradigm six ans plus tard. Tom Jessop, a rejoint le gérant Fidelity comme pré-sident de Fidelity Digital Assets. Galaxy Digital, fondé par Michael Novogratz, un ancien de la banque, ambitionne de devenir le « GoldmanSachs des cryptos ».

La banque a déjà indirectementpris pied dans la cryptosphère finan-cière. Elle a investi dans Circle, une société qui a lancé un « stablecoin» (une crypto dont le cours est stable) et racheté la plateforme Poloniex. Dans tous les métiers financiers, ellemaintient des liens avec ses anciens collaborateurs. Réactivés en temps voulu, ils lui offriront un avantage par rapport à ses concurrents. Elle n’a pas fermé la porte aux cryptos. n

Menace sur le Bund ?C’est peut-être la fin d’un règne sans partage. La dette d’Etat allemande pourrait voir son rôle d’actif phare de la zone euro remis en cause par les nouvelles obligations émises par l’Union euro-péenne. Faute de titres européens de référence, les marchés s’étaient repliés sur les Bund. Ce qui a permis à l’Allemagne d’enregistrer une demande constante et de bénéficier de taux extrê-mement bas. Les 500 mil-liards d’euros visés par Bruxelles ne suffiront pas à créer une véritable alter-native aux Bund. Mais ils érodent déjà un peu l’appétit des investisseurs pour la dette allemande.

de 1 %, n’ont pas manqué de souli-gner les défenseurs des cryp-tos. Résumant l’accueil très critique de la conférence dans cette commu-nauté, Tyler Winklevoss, fondateur

« Bien que des hedge funds estiment que le trading des cryptosest attrayant compte tenu de leur forte volatilité, cet attrait ne constitue pas un motif viable d’investissement. »SHARMIN MOSSAVAR-RAHMANI Directrice des investissements de la gestion de fortune privée chez Goldman Sachs

pandémie de Covid-19. Christine Lagarde a déjà averti que le tableau serait sombre. Mais aussi parce quela BCE devra répondre à une ques-tion à 500 milliards d’euros. Celle de savoir si la banque centrale va augmenter la taille de ses interven-tions exceptionnelles pour contrer les conséquences de la pandémie sur l’économie.

Pour éviter un risque de frag-mentation des coûts d’emprunts des Etats, qui aurait pu conduire à un éclatement de la zone euro, la BCE avait mis sur la table, le 18 mars, un plan d’urgence pan-démie (PEPP) de 750 milliards d’euros. Une enveloppe destinée à acheter massivement des obliga-tions, sans contrainte de pays ou dedurée. Ce geste fort a permis de ramener le calme, notamment sur les taux italiens, à chaque fois que c’était nécessaire.

Rythme soutenuProblème : au rythme auquel les acquisitions sont effectuées, cette enveloppe pourrait être épuisée dèsle mois d’octobre, voire avant. « Même si le montant des achats

dans le cadre du PEPP a ralenti depuis son pic de 8,5 milliards par jour au début du mois de mai, son rythme actuel laisse penser que les 750 milliards d’euros seront dépen-sés à la fin du mois de septembre, alors que la BCE s’est engagée à main-tenir son programme au moins jus-qu’à la fin de l’année », souligne Gilles Moëc, chez AXA IM.

Une perspective préoccupantepour la stabilité des taux euro-péens. Car, même si la BCE s’en est défendue officiellement à plusieursreprises, les investisseurs estiment qu’avec le PEPP, la banque centrale cible un niveau de taux qui ne doit pas être dépassé. Autrement dit, elle déploie toute sa force de frappe dès qu’elle estime qu’une hausse des coûts d’emprunt d’un Etat n’est pas justifiée. C’est cette assurance que la BCE ne laissera pas les rende-ments des différents pays s’écarter trop fortement qui a permis de « normaliser » le marché.

« Mécaniquement, la BCE vadevoir rallonger son enveloppe d’au moins 350 à 400 milliards d’euros, c’est-à-dire la faire passer au-delà du seuil symbolique de 1.000 milliards

d’euros pour atteindre décembre sans encombre, poursuit Gilles Moëc. Dans sa communication, la BCE semble tout à fait ouverte à une telle extension. » Elle pourrait même, dès le 4 juin, l’augmenter de 500 milliards d’euros. « Bien sûr, elle pourrait attendre septembre pour le faire, quand – espérons-le – laforme de la reprise se dessinera un peu mieux, analyse pour sa part Carsten Brzeski, chez ING. Mais le fait que l’enveloppe puisse être épuisée en octobre pourrait conduirerapidement à de dangereuses spécu-lations sur le marché. »

La BCE pourrait aussi annoncerqu’elle réinvestira les montants issus du remboursement des titres achetés dans le cadre du PEPP pendant une assez longue durée. L’hyp othèse d ’une décis ion incluant, dans les achats de la ban-que centrale, des « anges déchus » –c’est-à-dire des titres ayant quitté la catégorie « investissement » pour lacatégorie « spéculative » – est aussi évoquée. Un autre sujet chaud sera l’examen de l’adaptation des pro-grammes d’achats d’obligations si la justice allemande interdit à la

Bundesbank d’y participer. La BCE a promis de poursuivre sa politiquede soutien à l’économie « sans se décourager », mais un retrait de la banque centrale allemande serait source de nombreuses difficultés.

Détente sur les tauxSi elle s’annonce délicate, la réunionde la BCE se tiendra néanmoins dans un contexte moins agité que les précédentes. Le début du décon-finement a apporté une bouffée d’air frais sur l’économie de la zone euro. Surtout, la Commission euro-péenne a présenté le 27 mai un plande relance de 750 milliards d’euros, très largement inspiré par la propo-sition franco allemande. Il prévoit notamment 500 milliards d’euros de financements sans rembourse-ment pour les Etats européens, qui seront levés grâce à des obligations européennes. L’Italie pourrait ainsi obtenir, selon UBS, 82 milliards de subventions européennes. De quoi calmer les inquiétudes des marchés : au début de la crise du coronavirus, le rendement à 10 ans de l’Italie avait bondi à 2,40 %. Il évo-lue désormais à 1,40 %. n

Guillaume Benoit @gb_eco

C’est une réunion très attendue par les marchés qui se tiendra jeudià la Banque centrale européenne (BCE). D’abord parce qu’elle sera l’occasion de découvrir les nouvel-les prévisions des économistes de la banque centrale, les premières à prendre en compte les effets de la

BANQUE CENTRALE

La Banque centrale européenne devrait annoncer jeudi une augmentation, qui pourrait atteindre 500 milliards d’euros, de l’enveloppe qu’elle consacre à son plan d’urgence pandémie.

L’enjeu : le maintien de la stabilité des taux pour éviter un éclate-ment de la zone euro.

BCE : les marchés attendent une hausse significative du plan d’urgence

CORONAVIRUS

FINANCE & MARCHES Mardi 2 juin 2020 Les Echos

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Page 27: Les Echos - 02 06 2020

Les Echos Mardi 2 juin 2020 FINANCE & MARCHES // 27

AVIS A MANIFESTATION D’INTERET***

N°ASECNA/DGDD/DETD/2013/2020Services de Consultants : Recrutement d’un consultant de

réputation internationaleen vue de la réalisation des études pour la création d’une caisseautonome des pensions de retraite et des prestations sociales

du Personnel de l’ASECNADate de publication : 02 juin 2020 – Date de clôture : 25 juin 2020

1. Contexte généralDans le cadre de l’amélioration des conditions de vie et de travail de son Personnel (enactivité et retraité), l’ASECNA a décidé de la mise en place d’une caisse autonome visantà assurer la protection sociale et l’épanouissement des agents et de leurs familles. Sesprestations pourraient consister en :• la prise en charge sanitaire du personnel en activité (et retraité le désirant) et leurs familles

ainsi que le versement d’un capital aux ayants droits, en cas de décès de l’agent ;• le renforcement des prestations servies par les régimes de retraite de base obligatoires

en complétant ces prestations par la constitution progressive d’une épargne personnelle,alimentée par des cotisations mensuelles (part patronale et par agent), en vue de bénéficierd’un capital au terme de la cessation d’activité à l’Agence ;

• l’amélioration du régime de retraite de base et compléter la RC1 par système à prestationsdéfinies sous forme de paiement de rentes certaines (10 ou 15 ans).

2. ObjetL’objet du présent avis à manifestation d’intérêt est de présélectionner des consultantspotentiels disposant des capacités nécessaires à la réalisation des études pour la créationd’une caisse autonome des pensions de retraite et des prestations sociales du personnelde l’ASECNA.

3. Objectif de la missionDans ce contexte, l’objectif de la présente mission est de mener une étude qui proposera lasolution et le processus complet pour la mise en place d’une caisse autonome des pensionsde retraite et des prestations sociales du personnel de l’ASECNA. Cette étude doit permettrede définir les conditions de faisabilité juridique, technique et financière du projet.

4. Méthode de sélection et établissement de la liste restreinteL’ASECNA invite les consultants spécialisés dans ledit domaine à manifester leur intérêtindividuellement ou en association pour la prestation des services décrits ci-dessus.L’ASECNA dressera une liste restreinte d’environ trois (03) à six (06) consultants,présélectionnés sur la base des candidatures reçues, auxquels elle adressera le Dossierd’Appel d’Offres pour la réalisation de l’étude. Le consultant sera recruté par la méthodequalité-coût.Les critères pour l’établissement de cette liste restreinte sont :(a) Nature des activités et nombre d’années d’expérience,(b) Expérience générale,(c) Expérience pertinente par rapport à la présente mission (avoir une expérience avéréedans le secteur de la création d’institution financière, avec une participation au cours descinq (05) dernières années (2015, 2016, 2017, 2018 et 2019) à au moins deux (02) projetsde même nature que les prestations décrites au point 2 ci-dessus (en cas de groupementchaque membre doit satisfaire individuellement audit critère))(d) Organisation technique et managériale(e) Moyens humains, matériels et financiers.

5. Contenu du dossier de candidatureLe dossier de présentation de candidature doit être de quinze (15) pages maximum (horsdocuments justificatifs) démontrant que le candidat possède les qualifications requises pourl’exécution des prestations et devra comprendre notamment :(i) une présentation du consultant ou des consultants dans l’association (activités, nombred’années d’expérience, organisation technique et managériale, moyens humains, matérielset financiers, etc.),(ii) les références des missions accomplies de manière générale,(iii) les références des missions similaires accomplies, accompagnées des certificats debonne exécution dûment signés par les clients,(iv) si la candidature est constituée en groupement : une copie de l’accord de groupementconclu par l’ensemble de ses membres ou une lettre d’intention de constituer un groupementdans l’hypothèse où sa proposition serait retenue, signée par tous les membres etaccompagnée d’un projet de contenu indicatif pour l’accord de groupement proposé.

6. Informations supplémentaires sur l’Avis à Manifestation d’IntérêtLes Consultants intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires à la Directiondes Etudes et Projets sise à proximité du lieu de pèlerinage des Layenes – Almadies,BP 8163 Dakar-Yoff, téléphone : +221 33 848 05 10, adresse électronique : [email protected].

7. Dépôt des candidaturesLe dossier de candidature rédigé en langue française, établi en trois (03) exemplaires dontun (01) original et deux (02) copies avec et une copie en version électronique sous clé USB.L’ensemble sera , présenté sous pli fermé et portera outre le nom et de l’adresse du candidat,la mention : AMI N°2013/2020, pour la création d’une caisse autonome des pensions deretraite et des prestations sociales du personnel de l’ASECNA devra être déposé, auplus tard (aucun dossier de candidature déposé hors délai ne sera accepté) le 25 juin2020 à 12 heures, heure locale (TU), au secrétariat du Directeur des Etudes et Projets(ASECNA), sise à proximité du lieu de pèlerinage des Layenes – Almadies (Sénégal).

8. Ouverture des dossiers de candidatureLes dossiers de candidature seront ouverts le 25 juin 2020 à 13 heures locales (GMT) dansla salle de réunion de la Direction des Etudes et Projets aux Almadies à Dakar – Sénégal.

9. Les candidats resteront engagés par leur manifestation d’intérêt pour un délai minimum de180 jours à compter de la date de remise des dossiers.

10. L’ASECNA se réserve le droit de ne pas donner suite à tout ou partie du présent Avis àManifestation d’Intérêt.

Le Directeur Général

d’euros », soulignent Pascal Quiry et Yann le Fur. Seuls Toyota au Japon, Nestlé, Roche et Novartis en Suisse, et cinq groupes chinois (Alibaba, Tencent, ICBC, Kweichow Moutai et China Construction Bank) pour-raient y prétendre. La Chine pèse désormais 16 % des capitalisations boursières mondiales, contre 10 % en 2000. Suivent, dans l’ordre, le Japon, la Suisse, la France et le Royaume-Uni, chacun représentant6 à 7 % du total. L’Allemagne ne représente plus que 5 % (contre 8 % auparavant) des capitalisations boursières. « En 2020, ses huit grou-pes industriels valent moitié moins que les huit groupes français de biens de consommation. »

(Lire « Crible »Page 32

L’emprise des géants de la consommation sur les Bourses mondiales

initiative du gouvernement, alors qu’une proposition de loi doit être examinée cette semaine à l’Assem-blée nationale, et après l’adoption d’une autre proposition émanant, elle, du Sénat.

« Est-ce qu’on peut encore amélio-rer le dispositif, notamment déclen-cher plus vite ce soutien ? Ma réponseest oui. Est-ce que ce soutien peut êtreplus durable et étendu sur plusieurs mois ? Ma réponse est également oui », a affirmé Bruno Le Maire. « J’apporterai ces réponses […] dès la semaine prochaine à l’Assemblée nationale », a-t-il ajouté.

Selon nos informations, si Bercyn’a pas finalisé ses travaux, il envi-sage un décret permettant d’activerle dispositif au bout d’un mois (et non de trois comme actuellement) et pour une durée de trois mois, lorsqu’un certain nombre d’inci-dents seraient détectés.

Les banques devraient aussipublier les critères précis selonlesquels elles considèrent unclient comme fragile financiè-rement. Enfin, le suivi statistiquedu dispositif se ferait à un rythmeplus fréquent afin de maintenirla pression.

Le débat sur les frais bancairesa rebondi, la semaine dernière,avec l’adoption en première lec-ture, au Sénat, d’une propositionde loi socialiste « visant à rendreeffectif le plafonnement des fraispour incidents bancaires ». Jeudiprochain, une autre propositionde loi, issue des députés de LaFrance insoumise sera présentéeà l’Assemblée nationale pour pla-fonner les frais d’incidents « pourl’ensemble de la population ».

Le « bon point d’équilibre »La semaine dernière, le gouverneurde la Banque de France s’était montré réservé sur le besoin de renforcer le dispositif, estimant qu’en la matière, un « bon point d’équilibre » avait déjà été trouvé.

Le gouvernement, de son côté,veut intervenir dans le cadre de ladiscussion du projet de loi sur laprorogation de l’état d’urgencesanitaire et le sujet progressedéjà à l’Assemblée nationale.Tout en se montrant hostile àtoute idée de plafonnement géné-ralisé des frais – mettant en avantles coûts engendrés par les ser-vices bancaires –, la profession

Edouard Lederer @EdouardLederer

Le sujet est revenu à l’agenda du gouvernement alors que la crise du coronavirus menace de fragiliser de nombreux ménages : le plafon-nement des frais pour incidents bancaires (impayés, rejets de chè-ques…) pour les plus fragiles existe déjà (fixé à 25 euros par mois), maisles initiatives se multiplient pour rendre sa mise en œuvre plus sim-ple et transparente.

Le ministre de l’Economie,Bruno Le Maire, a annoncé diman-che sur France 3 une très prochaine

BANQUE

Bruno Le Maire a indiqué dimanche qu’il « apporterait des réponses » pour que le plafonnement des frais pour incidents bancaires appliqué aux ménages fragiles soit déclenché plus rapidement.

Frais bancaires : le gouvernement veut améliorer le dispositif de plafonnement

APPEL D’OFFRES

sentent souvent une part très signifi-cative de la capitalisation boursière totale de ce pays ».

Deux phénomènes ont propulséle secteur des biens de consomma-tion au premier plan : la formidableascension d’Apple et le développe-ment du luxe. La marque à la pomme, qui valait moins de 5 mil-liards de dollars en 2000, pèse aujourd’hui 1.378 milliards de dol-lars (donnée Bloomberg, au 29 mai), juste derrière Microsoft (1.390 milliards de dollars).

LVMH, Nestlé, Unilever et DanoneLes valeurs de la consommation et du luxe se sont largement épanouiesen Europe. En 2018, LVMH (proprié-taire des « Echos ») est devenu la première capitalisation de la Boursede Paris. Le groupe de luxe pesait 189 milliards d’euros, à fin mai. « LVMH valait le quart d’Orange en pleine bulle TMT, contre six fois plus en 2020 », font remarquer Pascal Quiry et Yann le Fur. Nestlé, Unileveret Danone ont, eux aussi, crû beau-coup plus vite que la moyenne des grandes sociétés cotées. Avec 290 milliards d’euros de capitalisa-tion, Nestlé, le géant suisse de l’agroalimentaire, vaut quasiment autant que l’américain Walmart.

Cette progression s’est opérée audétriment de l’industrie et des servi-ces. En vingt ans, la part de l’indus-trie dans les capitalisations boursiè-res mondiales est passée de 25 % à

Sophie Rolland @Sorolland

L’emprise grandissante de la tech sur Wall Street masque une ten-dance de fond moins souvent évo-quée : celle de la montée en puis-sance des géants des biens de consommation sur les Bourses mondiales. En vingt ans, le secteur est « passé de 6 à 18 % des capitalisa-tions boursières mondiales », souli-gnent Pascal Quiry et Yann le Fur, dans la dernière lettre du Vernim-men. Les coauteurs du célèbre manuel de finance recensent cha-que année les 20 principales capita-lisations boursières de 14 pays ou zones économiques. De quoi « faire des constats de longue période car les20 premières capitalisations repré-

BOURSE

L’emprise de la tech sur Wall Street masque une tendance de fond : la montée en puissance des rois de la consommation.

En vingt ans, le secteur est passé de 6 à 18 % des capitalisations boursières mondiales, notamment grâce à Apple et au luxe.

A Wall Street, les stars de la tech… et les autresPour certains, la crise n’est plus qu’un mauvais souvenir. Facebook, Netflix et Amazon ont recommencé à battre des records à Wall Street. Pour d’autres comme Apple et Alphabet (Google), ce n’est probablement qu’une question de jours. L’indice FANG+, qui regroupe Facebook, Ama-zon, Apple, Netflix et Alphabet, ainsi que d’autres valeurs comme Tesla, Twitter, Nvidia ou Alibaba, a bondi de 22 % depuis le début de l’année, alors que le S&P 500 est encore en baisse de 6 % et que l’indice Russell 2000 qui comprend plus de capitalisations petites et moyennes perd 16 %.

10 %. Un véritable « effondrement », soulignent les auteurs du Vernim-men, symbolisé par le déclassementde General Electric. Depuis 2018, l’ancien fleuron de l’industrie améri-caine ne fait plus partie des 20 pre-mières capitalisations américaines. Et alors qu’il avait approché les 600 milliards de dollars de valorisa-tion à l’été 2000, ce qui en faisait alorsla première capitalisation mondiale,celle-ci est tombée sous 60 milliardsavec la pandémie.

Contrairement à ce que l’on pour-rait croire, ce n’est pas le secteur Internet qui a pris le relais de l’indus-trie en Bourse. En 20 ans, Google, Facebook et Tencent sont certes devenus incontournables, mais tou-tes les valeurs Internet n’ont pas connu un tel destin. Cisco qui était latroisième capitalisation boursière mondiale a vu sa capitalisation se réduire d’un tiers. Et AOL a disparu du paysage. En outre, l’étude se base sur les chiffres d’avril ou mai de chaque année. Ce qui correspond quasiment au plus haut de la bulle Internet pour l’année de référence.

Montée en puissance de la ChineGéographiquement, les Etats-Unis se taillent toujours la part du lion, avec 46 % des capitalisations bour-sières mondiales. Mais alors qu’en 2000 c’étaient General Electric, Intel,Cisco, Microsoft, ExxonMobil et Pfi-zer qui expliquaient cette domina-tion, en 2020, ce sont les géants de latech Microsoft, Apple, Amazon et Alphabet. « Pour entrer dans le Top 20 américain en 2000, il fallait peser l’équivalent de 117 milliards d’euros. Ilfaut en 2020 capitaliser 178 milliards

Depuis 2018, General Electric ne fait plus partie des 20 premières capitalisations américaines.

s’était dite « prête à travailler avecle gouvernement à l’améliorationdes critères d’accès et de sortie dudispositif de clientèle fragile ».

Actuellement, les bénéficiairesde l’offre dite « spécifique » (acces-sible aux personnes fichées à la Banque de France ou surendettées) ne peuvent pas être facturés plus de20 euros par mois et 200 euros par an de frais d’incidents bancaires.

En dehors de cette offre dédiée,depuis le mouvement des « gilets jaunes », ces frais sont plafonnés à 25 euros par mois (et donc 300 euros par an) pour les person-nes fragiles financièrement. n

Actuellement, les personnes fichées à la Banque de France ou surendettées ne peuvent pas être facturées plus de 20 euros par mois de frais d’incidents bancaires.

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Page 28: Les Echos - 02 06 2020

28 // FINANCE & MARCHES Mardi 2 juin 2020 Les Echos

Edouard Lederer @EdouardLederer

et Eric Benhamou @eric_benhamou

La tendance ne surprend pas, mais les chiffres sont spectaculaires. En mars et avril, selon des données com-pilées par la Banque de France, les entreprises françaises ont emprunté, et épargné des volumes impressionnants. 35,4 milliards en mars, 25 milliards en avril, quand les flux sont en moyenne de 4,5 mil-liards par mois ! Et la tendance ne fai-blit pas. Sur la première quinzaine de

mai, les entreprises ont encore obtenu 32 milliards d’euros de nou-veaux crédits.

Ces montants astronomiquescorrespondent essentiellement à des crédits de trésorerie : les prêts viennent en partie se substituer au chiffre d’affaires non réalisé pen-dant le confinement, afin de payer les salaires, ou les fournisseurs.

Outre les lignes de crédit classi-ques (déjà mises en place avant la crise), les chiffres sont naturellementdopés par les prêts garantis par l’Etat(PGE), cette enveloppe de 300 mil-liards d’euros couverts par une garantie publique, que les banques distribuent à tour de bras depuis sa mise en place le 26 mars dernier.

« A ce jour près de 559.000 PGEont été demandés pour 105 milliards,dont 85 milliards déjà accordés »,

pointait jeudi le gouverneur de la Banque de France, François Ville-roy de Galhau. Bien sûr, tous ne sontpas accordés, ni décaissés.

Emprunter sur les marchésLes entreprises sont également par-venues à emprunter sur les mar-chés pendant la période de confine-ment. Après un mois de mars en partie fermé, les emprunts obliga-taires ont repris de plus belle en avril, avec 33 milliards d’euros levés, en majorité sur des échéancessupérieures à 1 an.

Là aussi, le flux est très anormale-ment élevé, la moyenne historique se situant à 2,9 milliards d’euros par mois. « L’endettement total des socié-tés non financières a progressé de 58,6 milliards d’euros en avril après une hausse de 32,7 milliards en mars »,

souligne la Banque de France. Soit un total de 91,3 milliards…

Signe de précaution extrême, lesmontants épargnés par les entre-prises ont progressé peu ou prou dans les mêmes proportions que les emprunts. Au total, sur les deux mois de mars et avril, les dépôts ontaugmenté de 81,6 milliards d’euros (contre des flux mensuels moyens de 3,4 milliards d’euros ces trois dernières années).

Le mouvement n’a pas ralentien mai, les entreprises privilégiant en grande majorité les dépôts à vuesur leurs comptes bancaires. Ces dépôts devraient progressivement se dégonfler, à mesure que les acteurs devront honorer leurs charges fixes, leurs loyers ou leurs remboursements de prêts, si des moratoires avaient été obtenus. n

L’endettement des entreprises a bondi de 90 milliardsDepuis le début de la crise sanitaire, les entreprises ont emprunté – puis épargné – six à huit fois plus que d’habitude.

Romain Gueugneau @romaingueugneau

C’était un produit financier qui avait été pensé pour le « monde d’avant », mais qui pourrait aussiavoir son utilité après. Il y a un an, le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, avait chargé bpifrance et son directeur général , Nicolas Dufourcq, de travailler sur un nouveau produit d’épargne « patriotique ». Objectif : per-mettre aux particuliers d’investirfacilement dans les PME françai-ses non cotées et de financer leurdéveloppement.

La crise du coronavirus estvenue contrarier les plans. Le lan-cement de ce produit financier, inédit pour bpifrance qui n’a jusqu’à présent jamais conçu de produits pour les particuliers, était en effet prévu pour le prin-temps 2020. « Nous étions prêts à lancer l’offre au mois d’avril. Mais nous avons dû arrêter l’opéra-tion », reconnaît-on au sein de la banque. Qui précise toutefois quele projet n’est « pas abandonné ».

Un fonds investi dans 2.500 entreprisesCe produit devait initialementpermettre aux épargnants deprofiter de l’expertise de labanque publique auprès desPME tricolores. « Nous allonsvendre aux Français le porte-

La banque publique avait été chargée il y a un an de concevoir un produit financier permettant aux épargnants d’investir dans les PME françaises. Son lancement, prévu au printemps, a été reporté à cause de la crise. Sans pour autant être abandonné.

Le fonds patriotique de bpifrance mis en « stand-by »

sement, mais pas encore à une échelle industrielle. Pour avancer, Bercy consulte et a missionné Jean Lemierre, le président de BNP Paribas (« Les Echos » du 7 mai), avec l’ensemble de la place ban-caire. Les travaux se précisent.

Le rôle central des banquesSelon nos informations, le projet vise à créer un fonds de plus de 10 milliards d’euros de prêts partici-patifs ou équivalents (prêts à durée très longue, assimilés à des fonds propres), « voire de 15 à 20 milliards »selon les scénarios de reprise, expli-quent plusieurs parties prenantes, afin de soutenir de 20.000 à 30.000 PME et ETI. Il s’agirait de nouveaux financements et non de convertir encapital les PGE existants. De fait, ni les banques ni Bercy n’entendent se retrouver aux commandes directes de l’économie. « Nous pourrions cer-tes ressortir dans quelques années en faisant la culbute financière, expli-que un banquier. Mais ce ne serait pas très juste et, surtout, difficile à accepter pour les entrepreneurs. »

Qui abonderait ce fonds de « prêtsparticipatifs avec soutien de l’Etat », ou PPSE ? La puissance publique serait présente à hauteur de 4 à 5 milliards d’euros, espère un ban-

quier. Du côté privé, les assureurs, les fonds de pension, et les sociétés de gestion d’actifs pourraient parti-ciper. Charge aux banques, moyen-nant une commission, d’identifier les PME et de leur proposer ces quasi-fonds propres. « Avec les PGE, nous avons démontré que nous pouvions faire d’importants volumes tout en étant sélectifs », plaide un banquier. Certains établissements seraient aussi tentés de faire eux-mêmes ces avances en prêts partici-patifs. Il est vrai que la rémunérationassociée attendue, de 3,5 % à 6 %, peut être attractive, alors que les PGE ont été accordés à prix coûtant.

Les banques estiment leur apportindispensable. « Les initiatives de filière des assureurs ou des fonds de capital-investissement ne suffiront pas. Certaines entreprises ne veulent pas non plus diluer leur actionnariat,avec ce type d’acteurs, à un coût asso-cié autour de 13 % », explique un acteur. Mais les institutions finan-cières y trouvent aussi leur intérêt. « On voit bien tout le point fort qu’y voient les banques en protégeant le bilan des entreprises, mais aussi leurscrédits antérieurs associés », souli-gne-t-on dans l’administration. D’autant que l’engagement des ban-ques ne s’arrêterait pas là. En effet,

les entreprises, avec des bilans consolidés d’une dizaine de mil-liards d’euros, pourraient emprun-ter dans les années suivantes jusqu’àune centaine de milliards d’euros, pour faciliter leur transformation verte, énergétique et numérique.

Un dispositif à affiner cet étéPour Bercy cependant, il est urgent d’attendre. « La priorité absolue est de parvenir à un diagnostic précis et objectif sur la situation financière desentreprises en sortie de crise », pré-cise le ministère, qui se donne jus-qu’à la fin de l’été pour statuer. L’avis de Bruxelles sera décisif sur le sou-tien public indispensable qui serait apporté à ce fonds. Or celui-ci condi-tionne le traitement prudentiel favo-rable que pourront obtenir les assu-reurs avant de vouloir soutenir le projet. Mais le point le plus sensible pour Bercy est de s’assurer que l’épargne mobilisée (via les assu-reurs ou des OPCVM) ne soit pas investie dans des entreprises en tropgrande difficulté avec des risques de pertes associés. Les banques devront donc se montrer plus sélec-tives qu’avec le PGE et les rende-ments offerts aux investisseurs en seraient de facto limités pour ne pasinciter à la prise de risque. n

l Face à la dégradation des bilans des PME et ETI, les banques poussent à la création d’un fonds de plus de 10 milliards d’euros de quasi-fonds propres auquel participeraient l’Etat, des assureurs et des fonds de pension.l Après la distribution de prêts garantis par l’Etat (PGE), le secteur entend rester au centre du jeu.

Le plan de la place financière pour soutenir la reprise

Anne Drif @Anndrif

R. G. et E. Le.

Après l’urgence, la relance. Alorsque les prêts garantis par l’Etat(PGE) – dont 85 milliards d’eurosont été accordés par les banquesdepuis fin mars – visent à aiderles entreprises à survivre au coupd’arrêt de l’économie, la placefinancière et les autorités tirentun diagnostic commun : pourinvestir et se développer, lesentreprises vont devoir renforcerleurs hauts de bilans. D’où larecherche, pour y parvenir, d’unnouveau dispositif, une sorte de« PGE 2.0 » pour les PME et ETI.Cette étape est très attendue desentreprises. Le Medef a estimé,jeudi dernier, que leurs margespourraient chuter jusqu’à 32 %cette année et la dette bondir deplus de 150 milliards d’euros, por-tant sa charge de 4,3 fois à 7 foisl’excédent brut d’exploitation.

Plusieurs dispositifs de fondspropres ont été annoncés depuis l’éclatement de la crise, émanant d’assureurs ou de fonds d’investis-

BANQUE

feuille de bpifrance. Nous allonsleur permettre de faire du “pri-vate equity” », annonçait encoreNicolas Dufourcq fin janvier.

Via ses mult iples fonds ,bpifrance possède des participa-tions dans environ 3.500 entre-prises françaises. L’idée était de mettre sur pied un fonds qui serait investi dans 2.500 de ces sociétés (celles qui sont soute-nues en fonds propres par la banque publique). In fine, cha-que épargnant aurait ainsi investi quelques euros dans cha-que entreprise, ce qui permettait de diversifier le risque.

Avec ce produit, le gouverne-ment espérait mettre à profit l’épargne abondante des Fran-çais au service de l’économie réelle. L’épargne des particuliers a encore grossi avec la crise. Maisla conjoncture s’est sérieuse-ment dégradée. A Bercy, on ima-gine mal exposer les Français au risque avec cet instrument finan-cier, compte tenu de l’incertitudesur la santé de nombreuses PME.

D’autres dispositifs sont néan-moins à l ’étude au sein des banques, en lien avec le gouver-nement et les associations patronales, afin de renforcer la structure financière des entre-prises et préparer la relance économique. Bpifrance, mobilisé auprès des PME et des start-up françaises, pourrait jouer un rôle. n

Avec ce produit, le gouvernement espérait mettre à profit l’épargne abondante des Français au service de l’économie réelle.

CORONAVIRUS

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Les Echos Mardi 2 juin 2020 FINANCE & MARCHES // 29

du marketing et de la communication du groupe. Il assurera également la direction générale de la filiale Média Courtage.

Bruno Valersteinas, 47 ans, diplômé de l’Ensae, est titulaire d’un DEA d’économie et finances internationales, d’une maîtrise dephilosophie et d’une licence en mathématiques. Il a d’abord tra-vaillé au ministère de l’Economieet des Finances. Durant plus de dix ans, il a officié au sein de BNP Paribas Cardif. Ainsi, il a été direc-teur de l’audit, des services clientsde Cardif France, puis responsa-ble des partenariats banques et entreprises et, à ce titre, directeurgénéral d’AEP – Assurance Epar-gne Pension.

LA FRANCE MUTUALISTEBruno Valersteinasdevient directeur général adjoint chargé de la stratégie,

PORTRAIT

par Pascale Braun – Correspondante à Metz

André Heintz, ancré à l’Est

Entre torpeur du confinement et marasme de l’hôtelle-rie, de l’immobilier et de la logistique, les trois secteurs d’activité de Heintz Immobilier & Hôtels, on aurait pu s’attendre à rencontrer un chef d’entreprise aux abois, doublé d’un mécène éploré. Svelte et souriant, André Heintz accueille en chemise blanche, pantalon à pinces et baskets. « Les temps seront sans doute difficiles, mais jegarde confiance en mon équipage », assure, à près de 50 ans, le fondateur d’un groupe de 450 salariés.

Dans un Grand Est repassé en zone verte, douzemanagers s’activent dans les locaux chatoyants du siègesocial de Metz. Six des huit hôtels ont déjà rouvert, et la restauration y reprendra ce mardi. Mais, lors des lon-gues semaines de confinement, André Heintz a scruté les ravages de coronavirus sur les populations vulnéra-bles, des seniors en maison de retraite aux précaires ou aux femmes battues.

Cet adepte de la méditation se veut constructif. Lacrise ne l’a pas détourné de son projet pour 2020 : édifierentre Paris et Strasbourg un groupe de 20 hôtels de 2 à 4 étoiles, mais l’entrepreneur, qui a créé en 2018 le fondsterritorial Metz Mécènes Solidaires, est allé plus loin. « La crise sanitaire a accentué les écarts. Je ne veux pas mecontenter de me trouver du bon côté de la barrière », expli-que André Heintz, dont le fonds, inspiré d’un modèle bordelais, a récolté, 350.000 euros en deux ans là où Bor-deaux, trois fois plus peuplée, en a réuni 250.000.

Né à Forbach, ancien bastion de l’extraction charbon-nière paupérisé, l’ex-scout voit aussi se creuser le fossé entre métropoles florissantes et territoires oubliés. A Metz, il n’a eu aucun mal à convaincre une quarantaine d’entrepreneurs de débloquer en urgence 20.000 euros pour soutenir leur bassin de vie. « Je délègue systémati-quement l’opérationnel. Je suis présent en amont, pour lancer les projets, puis en aval, pour boucler l’aspect finan-cier », indique ce patron, passé par l’Essec puis le cabinetd’audit Deloitte à Londres avant de présider, désormais, une société de transport, un ensemble hôtelier et une foncière, pour un chiffre d’affaires global de 50 millions d’euros en 2019. L’aspect disparate du groupe est lié à

l’histoire familiale. Son père, livreur de primeurs, pres-sent dès les années 1960 le goût des consommateurs pour des denrées plus exotiques. Le Mosellan va donc chercher des melons à Cavaillon pour les rapporter dansles vallées du charbon. Voulant éviter de rentrer à vide, illance une société de transport puis devient concession-naire Mercedes pour assurer l’entretien de ses camions.

En quête de sensLors de la succession, André Heintz, alors âgé de 24 ans,ne conserve que la logistique, mais l’activité, faiblement rentable, n’offre aucune visibilité à long terme. « C’est pour contrebalancer cette fragilité que j’ai créé ma fon-cière », dit-il. Bientôt, il construit ou réhabilite des locauxtertiaires, dont divers hôtels d’Accor. Il passera de la construction d’hôtels à leur gestion. En 2018, la candida-ture de Heintz Immobilier & Hôtels à la reprise d’un immeuble sur la prestigieuse place de la Comédie défraie la chronique, un opposant ayant soulevé des liens entre André Heintz et le fils du maire de Metz. Le promoteur fait front, récuse tout favoritisme et obtient du conseil municipal un bail emphytéotique de 75 ans pour transformer l’édifice décati en un palace.

La pandémie de Covid-19 affectera les finances du diri-geant, pas son moral. André Heintz s’attend à perdre au moins 3 millions d’euros dans le seul secteur de l’hôtelle-rie. Ce défenseur de l’économie de marché, père de 3 enfants, revendique néanmoins une quête de sens, cir-cule à vélo, saute trois repas par semaine et voit dans plusde sobriété collective une réponse à la crise. Ses hôtels, rouverts le 25 mai, ne fonctionnent encore qu’à 10 % de leur capacité. « Il aurait été moins coûteux de les laisser fermés, mais il me semble important de contribuer au redémarrage de l’économie locale », assure le patron, qui scrute avec espoir les signes d’une montée en charge. n

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ENTREPRISES

TIKEHAU CAPITALNatacha Vallarejoint le groupe de gestion d’actifs alternatifs et d’investissement en tant que membre de l’advisory board de sa société de gestion TikehauInvestment Management.

Natacha Valla, 44 ans, docteure ené c o n o m i e d e l ’ E u r o p e a n University Institute (Florence), a été directrice exécutive de la recherche économique interna-tionale chez Goldman Sachs de 2008 à 2014, et cheffe de la divisionpolitique et stratégie de la Banque européenne d’investissement jus-qu’à peu. Elle fut directrice adjointe du Cepii de 2014 à 2016. Elle était jusqu’à présent directricegénérale adjointe pour la politiquemonétaire de la Banque centrale européenne. Elle avait par ailleursété récemment nommée doyenne de l’école du management et de l’innovation de Sciences Po.

INSTITUT

IFPENPierre-Franck Chevetest amené, par décret pris en Conseil des ministres du 27 mai, à présider le conseil d’administration d’IFP Energies nouvelles, dès ce mardi.

Pierre-Franck Chevet, 58 ans,ancien élève de l’Ecole polytech-nique et de l’Ensae, ingénieurgénéral des Mines, fut responsa-ble du pôle industrie, énergie,environnement et innovation aucabinet du Premier ministre en2005. Nommé directeur généralde l ’énergie et du climat auministère chargé de l’Energie en2007, il a présidé l’Autorité desûreté nucléaire dès 2012. L’andernier, il était devenu membredu Conseil général de l’écono-mie, de l’industrie, de l’énergie etdes technologies tout en étantchargé de missions interminis-térielles.

GUERBETPetra Zalabakentre au comité exécutif en tant que DRG groupe.

Petra Zalabak, 45 ans, est titulaired’une maîtrise en droit privé com-plétée par un cursus en ressour-ces humaines. Elle a occupé des postes de généraliste et de spécia-liste RH pour Bourjois/Chanel, E. Leclerc et AstraZeneca. En 2018, elle avait rejoint Guerbet en tant que DRH pour les opérations industrielles et directrice des relations sociales groupe.

,Envoyez vos nominations à[email protected]

carnetf r

+Ils sont nésun 2 juin

•Coralie Balmy, champion-ne de natation, 33 ans. •Bartabas, écuyer, metteur en scène, 63 ans.•Caroline Bertin-Delacour, secrétaire générale et group chief compliance officer de Wendel, 57 ans. •Alain Cayzac, publicitaire, ancien président du PSG, 79 ans. •Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre, 57 ans. •Christian Charrière-Bournazel, ancien bâtonnier du barreau de Paris, ex-président du Conseil national des barreaux, 74 ans. •Gaël Duval, fondateur de Nextedia, de Jechange.fr et de La French Touch Conference, 49 ans.•Michel Gardel, ex-prési-dent de Toyota France, 67 ans. •François Jullien, philo-sophe et sinologue, 69 ans. •Maguy Marin, chorégraphe, 69 ans.•Odile Renaud-Basso, directrice générale du Trésor, 55 ans. •Claudine Tiercelin, philo-sophe, titulaire de la chaire de métaphysique et philosophie au Collège de France, 68 ans. •Marie-Hélène Verrecchia-Vidron, CEO d’Omerta, créatrice de Justine Red, 58 ans. •Charlie Watts, batteur des Rolling Stones, 79 ans.

SERVICE ABONNEMENTS LES ECHOS 4, rue de Mouchy 60438 Noailles Cedex. Tél. : 01 70 37 61 36 du lundi au vendredi de 9h à 18h. IMPRESSION L’Imprimerie (Tremblay-en-France), Midi Libre (Montpellier). TIRAGE DU 29 MAI 2020 : 73.801 exemplaires.Origine du papier : Belgique. Taux de fibres recyclées : 100%.Ce journal est imprimé sur du papier porteur de l’Ecolabel européen sous le numéro FI/37/002. Eutrophisation : P

tot0.013kg/tonne de papier Membre de membre ACPMOJD CPPAP : 0421 c 83015. Toute reproduction, même partielle, est interdite sans l’autorisation expresse de l’éditeur (loi du 11 mars 1957)

ÉDITRICE Marie Van de Voorde-LeclerqÉDITRICE ADJOINTE Clémence CalliesDIRECTEUR DES DÉVELOPPEMENTSÉDITORIAUX DU PÔLE LES ECHOS Henri GibierDIRECTEUR DES RÉDACTIONS Nicolas BarréDIRECTEURS DÉLÉGUÉS DE LA RÉDACTIONDominique Seux et François VidalRÉDACTEURS EN CHEFDavid Barroux (Entreprises)Julie Chauveau (Entreprises)

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Elsa Conesa (Finance et Marchés)Daniel Fortin (Magazine, Opinions et Innovation)Arnaud Le Gal (Les Echos Entrepreneurset opérations spéciales)Etienne Lefebvre (France et international)Clémence Lemaistre (Information digitale)Lucie Robequain (France, International et Enquête)Marie-Christine Sonkin (Patrimoine)RÉDACTEUR EN CHEF TECHNIQUEDidier Boileau

DIRECTEUR DE CRÉATION Fabien LabordeDIRECTRICE ARTISTIQUEMarion MoulinEDITORIALISTESCécile Cornudet, Jacques Hubert-Rodier,Eric Le Boucher, Jean-Francis Pécresse,Jean-Marc Vittori, Sabine Delanglade,Laurent Flallo, Sylvie Ramadier(Le Crible)LES ECHOS EXECUTIVESRÉDACTRICE EN CHEFMuriel Jasor

LES ECHOSWEEK-ENDDIRECTEUR DE LA RÉDACTIONHenri GibierRÉDACTEURS EN CHEF Laura Bernyet Karl de MeyerDIRECTRICE ARTISTIQUE Cécile TexeraudSÉRIE LIMITÉERÉDACTRICE EN CHEF Frédérique DedetDIRECTRICE ARTISTIQUEClarice Fensterseifer

Ce numéro comporte un 3e cahier de 10 pages « Les Echos Sociétés »

aujourd’hui le cap des 100 milliardsd’actifs, confortant sa place de numéro un européen, le plaçant parmi les premiers acteurs mon-diaux.

Et ce, grâce à une nouvelle levéede 19 milliards de dollars (contre 14 milliards pour la précédente) pour investir dans des fonds de capital-investissement. Sous la direction de Vincent Gombault, Ardian s’est imposé depuis la fin des années 1990 au sein du cercle fermé des principaux « anima-teurs » du marché mondial du pri-vate equity en permettant aux ban-ques, fonds de retraites et fonds de souverain d’acheter et revendre leurs parts dans les fonds (l’activité de fonds de fonds). La société d’investissement compte désor-mais plus de 50 milliards de dollarsdéployés dans quelque 1.600 fonds

de positions dans le monde. Pour cette nouvelle opération, les grandsinvestisseurs asiatiques se sont for-tement renforcés (13 %), ainsi que ceux d’Amérique latine (9 %), der-rière l’Europe (30 %), la part des Etats-Unis (37 %) restant, elle, sta-

ble. Signe de la dynamique du mar-ché avant crise, le fonds est d’ores etdéjà engagé à 40 % dans des prises de participations.

Pour le futur, Vincent Gombaultreste prudent : au 31 mars, les valo-risations des portefeuilles des fonds

dans le monde ont reculé de l’ordre de 10 % et il est probable, estime-t-il,que les décotes s’accroissent en rai-son des impacts de la crise sanitaire.

Hausse des tarifs« Néanmoins, une analyse très fine est nécessaire. Là où nous estimions que certaines entreprises alimen-taires allaient résister, elles se sont trouvées davantage impactées que des sociétés de fret aérien, par exem-ple, en raison des mesures écorespon-sables qu’elles avaient prises en faveur de la suppression du plasti-que. » Les secondes en revanche, malgré la baisse des volumes, ont bénéficié d’une hausse des tarifs.

Pour le cofondateur d’Ardian,« certains fonds vont mécanique-ment souffrir et les plus diversifiés n’y échapperont pas forcément du fait de la taille des tickets qu’ils ont été amenés à prendre ». Quant à Ardian, dit-il, « depuis un an nous anticipions une crise, mais finan-cière, dit l’investisseur qui a déjà traversé les secousses financières de 1995, 2001 et 2008. Nous avons évité d’investir dans des porte-feuilles exposés à des secteurs cycli-ques, ce qui nous permet de résister au choc convenablement ».

Le marché a subi un coup d’arrêtmais des signaux de reprise se

manifestent, note-t-il alors qu’il s’est vu sollicité par au moins trois vendeurs holding, fonds souverainet fonds de pension afin de céder leurs parts dans des fonds. « L’un souhaite profiter des opportunités de marché pour réinvestir dans l’économie, un autre est suralloué enprivate equity, tandis que le troi-sième veut dégager des liquidités pour des cofinancements nouveaux.Les sous-jacents du marché secon-daire sont donc là », indique Vin-cent Gombault. Reste à attendre un retour plus clair des banques, encore timides, qui viennent finan-cer ces opérations. n

Anne Drif @ANNDRIF

C’est une marche symbolique fran-chie par Ardian et pour la place française du non coté : la société d’investissement fondée en 1996 avec 100 millions de dollars passe

CAPITAL-INVESTISSEMENT

Numéro un européen au classement mon-dial, la société d’inves-tissement française née dans le giron d’AXA lève un nouveau grand fonds mondial de 19 milliards de dollars.

Ardian franchit les 100 milliards de dollars d’actifs

Le fonds est engagé à 40 % dans des prises de participations. Photo Ardian

« Nous avons évité d’investir dans des portefeuilles exposés à des secteurs cycliques, ce qui nous permet de résister au choc convenablement. »VINCENT GOMBAULTCofondateur d’Ardian

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30 // FINANCE & MARCHES Mardi 2 juin 2020 Les Echos

CAC 40

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

ACCOR (AC) R A 25,86 26,14 + 3,12 - 37,39940220 26,23 + 3,24 42,24

FR0000120404 10/05/19 1,05 270.673.406 25,56 - 20,88 20,15AIR LIQUIDE (AI) R A 123,6 122,35 + 0,21 - 3,05

732223 123,7 + 5,38 140,7FR0000120073 11/05/20 2,7 473.396.087 121,45 + 20,7 94,86 2,21AIRBUS GROUP (AIR) R A 59,18 59,44 + 4,83 - 54,45 3,4

2304131 59,69 + 2,7 139,4 17,51NL0000235190 20/04/20 1,53 784.166.861 57,66 - 48,25 48,12 2,78ARCELORMITTAL (MT) R A 8,9 9,023 + 4,86 - 42,32

7883660 9,117 - 9,79 16,85LU1598757687 16/05/19 0,15 1.102.809.772 8,782 - 31,95 5,98ATOS SE (ATO) R A 68,6 67,02 - 1,18 - 9,82

316665 69,24 + 3,01 82,46FR0000051732 03/05/19 1,7 107.157.904 66,94 - 1,76 43,26AXA (CS) R A 16,768 16,5 + 0,73 - 34,29

4973334 16,88 + 1,88 25,615FR0000120628 02/05/19 1,34 2.417.695.373 16,5 - 25,27 11,844 8,67BNP PARIBAS (BNP) R A 33,39 33,485 + 3,81 - 36,62

3908571 33,53 +16,77 54,22FR0000131104 25/05/20 3,1 1.249.798.561 32,675 - 18,08 24,505 9,26BOUYGUES (EN) R A 28,05 27,93 + 1,42 - 26,27

1149309 28,3 - 0,64 41,32FR0000120503 05/05/20 2,6 379.914.803 27,65 - 10,85 22,27CAP-GEMINI (CAP) R A 93,6 92,58 + 0,52 - 14,99

227012 94 + 7,98 120,9FR0000125338 05/06/19 1,7 169.449.699 91,7 - 7,51 51,78 1,84CARREFOUR (CA) R A 13,745 13,92 + 1,94 - 6,89

2837151 13,945 + 3,15 16,915FR0000120172 20/06/19 0,46 807.265.504 13,675 - 17,34 12,095CREDIT AGRICOLE (ACA) R A 8,068 8,016 + 2,45 - 37,98

4595975 8,08 +10,08 13,8FR0000045072 18/05/20 0,7 2.884.688.712 7,874 - 21,64 5,7 8,73DANONE (BN) R A 62,16 61,9 + 0,55 - 16,24

1564223 62,5 - 2,15 75,16FR0000120644 11/05/20 2,1 686.120.806 61,56 - 13,31 50,26 3,39DASSAULT SYSTEMES (DSY) R A 154,25 150,25 - 1,31 + 2,52

186568 154,4 +12,5 164,15FR0000130650 28/05/20 0,7 264.254.319 149,8 + 13,1 105 0,47ENGIE (ENGI) R A 10,75 10,65 + 0,14 - 26,04 1,21

4450458 10,83 + 7,53 16,795 8,83FR0010208488 18/05/20 0,8 2.435.285.011 10,59 - 14,46 8,626 7,51ESSILORLUXOTTICA (EI) R A 117,9 117,8 + 1,77 - 13,25

344828 120,15 + 4,57 145FR0000121667 26/04/18 1,53 437.533.516 117 + 14,2 86,76HERMES INTL (RMS) R A 754,2 746 - 0,24 + 11,98

46114 756,2 +11,71 756,2FR0000052292 28/04/20 3,05 105.569.412 738,2 + 25,42 516 0,47KERING (KER) R A 480 476,4 + 1,45 - 18,59

146213 481,05 + 3,52 614,9FR0000121485 05/05/20 8 126.279.322 469,65 + 2,24 348,55 0,74L.V.M.H. (MC) R A 383,35 378,9 + 1,04 - 8,52

591268 383,6 + 7,5 439,05FR0000121014 06/12/19 2,2 505.027.339 375,45 + 11,9 278,7 0,58LEGRAND (LR) R A 60,6 60,96 + 1,67 - 16,08

422262 61,56 - 0,91 77,94FR0010307819 01/06/20 1,34 266.945.149 59,88 + 1,36 45,91 2,2L'ORÉAL (OR) R A 264 258,8 - 1,18 - 1,97

528947 264,7 - 2,45 278,5FR0000120321 28/04/20 4,25 559.278.611 257,5 + 7,65 196 1,64

MICHELIN (ML) R A 92,56 93 + 2,36 - 14,76507802 93,16 + 4,38 112,8

FR0000121261 21/05/19 3,7 178.627.555 90,18 - 9,66 68 3,98ORANGE (ORA) R A 10,965 11,04 + 1,8 - 15,85

5827870 11,095 - 0,85 13,545FR0000133308 02/12/19 0,3 2.660.056.599 10,915 - 21,37 8,84 2,72PERNOD-RICARD (RI) R A 141,45 141,75 + 1,18 - 11,07

258232 143,15 + 1,91 171,1FR0000120693 25/11/19 1,94 265.421.592 141,25 - 10,17 112,25 1,37PEUGEOT (UG) R A 13,28 13,395 + 4,61 - 37,11

4291150 13,48 + 2,45 22,01FR0000121501 02/05/19 0,78 904.828.213 13,055 - 32,92 8,878PUBLICIS GROUPE (PUB) R A 26,03 27,6 + 8,15 - 31,62

1112451 27,68 + 1,73 43,7FR0000130577 25/06/19 2,12 240.709.122 25,99 - 43,56 20,94 7,68RENAULT (RNO) R A 20,75 21,455 + 6,19 - 49,13

2449961 21,53 +18,5 43,365FR0000131906 30/04/20 1,1 295.722.284 20,41 - 60,21 12,77SAFRAN (SAF) R A 87,4 88,3 + 2,84 - 35,85

748730 88,78 + 4,84 152,3FR0000073272 27/05/19 1,82 427.235.939 85,9 - 24,98 51,1SAINT-GOBAIN (SGO) R A 29,5 29,23 + 0,55 - 19,92

966625 29,6 +20,74 37,255FR0000125007 10/06/19 1,33 544.683.717 29,11 - 9,83 16,408SANOFI (SAN) R A 88,38 88,69 + 1,33 - 1,04

1557885 89,56 - 0,56 95,06FR0000120578 04/05/20 3,15 1.254.433.968 88,16 + 22,77 67,65 3,55SCHNEIDER ELECTRIC (SU) R A 90,5 89,7 + 0,52 - 1,97

725841 90,66 + 7,48 105,5FR0000121972 05/05/20 2,55 581.982.902 89,48 + 26,69 61,72 2,84SOCIÉTÉ GÉNÉRALE (GLE) R A 13,712 13,82 + 4,44 - 55,44

4229388 13,964 - 3,09 32,23FR0000130809 27/05/19 2,2 853.371.494 13,542 - 38,47 11,346SODEXO (SW) R A 61,54 63,1 + 4,23 - 40,27

292533 63,24 -12,97 107,25FR0000121220 30/01/20 2,9 147.454.887 61,36 - 38,74 48,45 4,6STMICROELETRONICS (STM) R A 22,44 22,35 + 1,18 - 6,76 0,23

2020934 22,51 - 5,74 29,44 98,35NL0000226223 16/03/20 0,05 911.204.420 22,01 + 63,2 13,73 0,27THALES (HO) R A 70,26 69,54 + 1,11 - 24,84

221803 71,06 + 0,58 99,96FR0000121329 12/05/20 2,05 213.181.224 68,6 - 29,44 52,5TOTAL (FP) R A 34,465 34,545 + 2,74 - 29,79

6340992 34,56 + 5,16 50,93FR0000120271 30/03/20 0,68 2.601.881.075 33,875 - 25,93 21,12 1,97UNIBAIL-R/WFD (URW) R A 50,16 53,06 + 11,24 - 62,28

1888335 53,06 - 1,23 142,05FR0013326246 24/03/20 5,4 138.378.605 49,67 - 60,8 40,64VEOLIA ENV. (VIE) R A 19,895 19,885 + 1,02 - 16,13

1281350 20,18 + 2,05 29,09FR0000124141 12/05/20 0,5 567.266.539 19,735 - 3,98 16,015 2,51VINCI (DG) R A 84,5 83,96 + 1,11 - 15,19

631592 84,86 +12,4 107,35FR0000125486 05/11/19 0,79 606.212.714 82,78 - 5,09 54,76 0,94VIVENDI (VIV) R A 20,63 20,76 + 1,62 - 19,6

2052014 20,81 + 5,35 26,42FR0000127771 21/04/20 0,6 1.185.514.861 20,5 - 13,97 16,6 2,89WORLDLINE (WLN) G A 67,8 68,48 + 2,03 + 8,44

423381 68,58 +10,49 77,7FR0011981968 182.807.552 67,12 + 27,05 36,36

A.S.T. GROUPE (ASP) g C 2,66 2,5 - 2,34 - 30,3646569 2,8 + 5,49 4,05

FR0000076887 19/06/19 0,25 12.903.011 2,41 - 39,17 1,82AB SCIENCE (AB) g B 9,23 9,03 + 0,56 + 67,84

203246 9,32 + 5 11FR0010557264 41.597.243 8,78 + 96,52 4,81ABC ARBITRAGE (ABCA) g B 6,79 6,93 + 1,91 + 3,43

53458 6,94 +11,06 6,94FR0004040608 23/04/20 0,1 58.512.053 6,78 + 9,65 5,05 1,44ABIVAX (ABVX) g B 20,8 20,1 - 1,95 - 10,86

31075 20,8 + 8,88 25FR0012333284 12.151.939 19,78 +122,35 10,4ACTIA GROUP (ATI) g C 2,3 2,22 + 3,02 - 48,49

8464 2,3 - 3,06 4,625FR0000076655 12/06/19 0,1 20.099.941 2,2 - 39,01 1,8 4,51ADOCIA (ADOC) g B 8,4 8,56 + 1,78 - 13,54

6444 8,56 - 5,83 16,18FR0011184241 6.960.069 8,39 - 51,53 5,6AÉROPORTS DE PARIS (ADP) G A 95,7 94,55 + 0,96 - 46,31

92563 96,5 + 5,76 179,2FR0010340141 06/12/19 0,7 98.960.602 93,8 - 38,28 70,7 0,74AIR FRANCE-KLM (AF) LR A 4,259 4,28 + 5,34 - 56,87

2575235 4,288 - 7,9 10,27FR0000031122 14/07/08 0,58 428.634.035 4,14 - 44,67 3,504AKKA TECHNOLOGIES (AKA) Gg B 25,95 25,7 + 2,8 - 56,84

43368 26,3 - 3,35 62,273FR0004180537 28/06/19 0,49 20.291.990 25,2 - 51,26 16,945 2,72AKWEL (AKW) g B 15,32 16,26 + 6,28 - 19,5

42782 16,26 +42,88 20,8FR0000053027 05/06/19 0,3 26.741.040 15 + 7,11 8,8 1,85ALBIOMA (ABIO) g B 32,6 32,8 + 2,82 + 26,15

33795 33,4 + 8,25 35,75FR0000060402 11/06/19 0,33 31.320.533 32,35 + 53,27 22,85 0,99ALD (ALD) G A 10 9,63 - 2,83 - 30,42

105608 10,14 + 8,2 14,2FR0013258662 29/05/20 0,63 404.103.640 9,63 - 29,3 6,29 6,54ALPES (CIE DES ) (CDA) g B 19,22 19,1 - 1,85 - 36,01

9781 19,58 +11,57 30,95FR0000053324 10/03/20 0,7 24.510.101 19,02 - 26,68 13,2 3,67ALSTOM (ALO) LR A 38,5 39,24 + 3,7 - 7,08

821623 39,24 + 5,03 50,64FR0010220475 15/07/19 5,5 226.836.081 37,66 - 4,01 29,73ALTAREA (ALTA) A 134,2 140,2 + 5,73 - 30,77

13977 142 +25,63 210FR0000033219 29/05/19 12,75 16.700.762 134,2 - 18,96 103,2ALTEN (ATE) G A 74 73,6 + 1,94 - 34,58

52657 74 +12,02 119FR0000071946 20/06/19 1 34.178.944 72,95 - 18,99 54,5 1,36AMPLITUDE SURG. (AMPLI) g C 1,2 1,27 + 4,1 - 24,85

219578 1,315 +22,12 1,85FR0012789667 47.804.841 1,2 - 47,52 0,92AMUNDI (AMUN) G A 67,2 67,6 + 0,97 - 3,29EX-DS 15/03/17 96997 68,65 +11,55 78,55FR0004125920 24/05/19 2,9 202.163.305 67,05 + 16,35 43,82ARCHOS (JXR) g C 0,048 0,047 + 1,74 - 56,26

2482237 0,048 - 4,29 0,115FR0000182479 145.183.473 0,045 - 80,09 0,031ARKEMA (AKE) LR A 80,22 79,9 + 1,97 - 15,63

195916 80,4 + 5,55 95,66FR0010313833 25/05/20 2,2 76.736.476 78,7 + 6,36 42,5 3,38ARTMARKET.COM (PRC) g C /160320 - 47,32

10,1FR0000074783 6.651.515 - 59,07 5,01ASSYSTEM (ASY) B 21,55 21,95 + 1,39 - 32,04OPA 24/11/17 3571 22,3 + 7,07 34,65FR0000074148 17/06/19 1 15.668.216 21,55 - 31,51 16,58 4,56ATARI (ATA) g C 0,29 0,288 + 1,77 - 12,77

244728 0,293 - 6,5 0,36FR0010478248 267.782.050 0,285 - 11,59 0,17AUBAY (AUB) g C 28,5 29,05 + 2,29 - 13,15

19073 29,25 +21,8 34,2FR0000063737 15/05/20 0,27 13.193.296 28,4 - 3,49 15,32 0,93AVENIR TELECOM (AVT) g C 0,016 0,016 + 31,15

75212339 0,017 +26,98 0,026FR0000066052 21/10/11 0,05 459.297.338 0,015 - 77,14 0,005AXWAY SOFTWARE (AXW) g B 15,3 14,8 - 1,99 + 19,35

756 15,3 - 1 18,4FR0011040500 02/07/19 0,4 21.225.381 14,8 + 20,33 10,55BAINS MER MONACO (BAIN) B 55 57,6 + 4,73 + 0,35

1642 60 +12,94 67,6MC0000031187 26/09/14 0,01 24.516.661 55 + 11,63 44BÉNÉTEAU (BEN) g B 6,545 6,665 + 4,55 - 38,46

110310 6,755 +14,81 10,9FR0000035164 12/02/20 0,23 82.789.840 6,41 - 33,88 4,9 3,45BIC (BB) G A 46,12 46,06 + 1,39 - 25,71

67766 46,34 + 0,83 66,05FR0000120966 01/06/20 2,45 45.532.240 45,28 - 34,11 41,86 5,32BIGBEN INT. (BIG) g C 12,8 13 + 5,52 - 18,95

44553 13 +10,17 17,1FR0000074072 24/07/19 0,2 19.718.503 12,5 + 18,18 8,1 1,54BIOMÉRIEUX (BIM) G A 129,1 127,1 - 1,55 + 60,18

79237 129,4 +12,18 138FR0013280286 04/06/19 0,35 118.361.220 125,6 + 73,75 75 0,28BOIRON (BOI) g A 33 33,95 + 2,88 - 6,73

5966 34,7 + 1,04 37,15FR0000061129 30/05/19 1,45 17.545.408 33 - 11,82 26,75 4,27BOLLORÉ (BOL) G A 2,64 2,748 + 7,09 - 29,36

1288790 2,756 +13,46 3,996FR0000039299 19/09/19 0,02 2.941.500.778 2,636 - 32,01 2,01 1,46BONDUELLE (BON) g B 21,6 22,75 + 7,31 - 2,36

22194 22,75 +13,75 23,9FR0000063935 06/01/20 0,5 32.538.340 21,55 - 18,17 16,58 2,2BUREAU VERITAS (BVI) LR A 18,595 18,725 + 2,38 - 19,5

851707 18,955 - 1,14 26,01FR0006174348 20/05/19 0,56 452.092.988 18,54 - 11,3 15,165BURELLE SA (BUR) A 554 576 + 4,35 - 29,58

36 580 + 2,13 842FR0000061137 05/06/19 20 1.757.623 554 - 32,71 407 3,47CARMILA (CARM) g C 11,36 11,6 + 3,94 - 42

42062 11,6 - 1,02 20FR0010828137 21/05/19 1,5 136.561.695 11,24 - 25,83 8,69CASINO (CO) G A 34,25 34,62 + 2,18 - 16,98

325956 35,41 + 1,14 42,85FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 34,25 + 1,61 27,92 4,51

CATANA GROUP (CATG) g C 2,27 2,37 + 7,24 - 45,27515431 2,38 +28,8 4,49

FR0010193052 30.514.178 2,22 - 16,84 1,7CGG (CGG) G A 0,999 1,004 + 3,78 - 65,32

9347485 1,02 -12,7 3,121FR0013181864 709.965.610 0,985 - 24,62 0,76CHARGEURS (CRI) g C 15,88 16,14 + 2,54 - 6,6

104499 16,3 - 6,38 24,1FR0000130692 04/05/20 0,2 24.003.377 15,36 - 6,27 7,9CHRISTIAN DIOR (CDI) A 386,8 382,8 + 1,27 - 16,2EX D OP 08/06/17 3808 388 + 7,71 479,8FR0000130403 06/12/19 31,4 180.507.516 379 - 10,85 252,4 1,2CNP ASSURANCES (CNP) G A 9,745 9,815 + 3,81 - 44,64

796127 9,965 + 4,14 18,17FR0000120222 26/04/19 0,89 686.618.477 9,62 - 48,85 5,3COFACE (COFA) G A 5,25 5,44 + 6,04 - 50,41

488619 5,46 + 1,49 12,51FR0010667147 22/05/19 0,79 152.031.949 5,19 - 37,72 4,448COLAS (RE) A 117 116,5 - 0,43 - 17,26

145 117,5 + 1,3 143FR0000121634 04/05/20 6,4 32.654.499 115,5 - 14,84 90 5,49COVIVIO (COV) G A 53,75 57 + 8,26 - 43,68

128986 57 - 0,26 112,2FR0000064578 27/04/20 4,8 94.488.052 53,3 - 39,3 38,84COVIVIO HOTELS (COVH) A 18,15 17,9 + 0,85 - 37,19

2353 18,2 - 8,67 30FR0000060303 13/05/20 1,55 121.036.633 17,55 - 30,08 16DASSAULT AV. (AM) G A 771,5 781,5 + 1,89 - 33,21

6656 785,5 + 4,9 1192FR0000121725 22/05/19 21,2 8.348.703 758 - 30,04 624DBV TECHNOLOGIES (DBV) G B 8,65 8,52 + 1,55 - 56,6

314611 8,83 -29,35 25,44FR0010417345 54.927.187 8,37 - 49,26 3,5DERICHEBOURG (DBG) g B 2,79 2,752 - 0,43 - 24,6

207260 2,826 + 7,08 3,784FR0000053381 07/02/20 0,11 159.397.489 2,716 - 10,3 2,07 4DEVOTEAM (DVT) g C 72,7 71 + 0,85 - 24,87

9572 74,4 + 1,87 96FR0000073793 03/07/19 1 8.332.407 71 - 26,95 47,25EDENRED (EDEN) LR A 38,3 38,04 + 1,22 - 17,48

353981 38,53 + 3,45 51,56FR0010908533 13/05/20 0,7 243.204.857 37,6 - 6,99 29,74 2,26EDF (EDF) LR A 8,07 8,086 + 1,63 - 18,55EX-DS 7/03/17 2289705 8,236 +11,16 13,61FR0010242511 14/05/20 0,33 3.103.621.086 7,968 - 35,62 5,978EIFFAGE (FGR) LR A 83,6 82,84 + 1,02 - 18,78

142015 83,94 +10,9 111,75FR0000130452 18/05/20 2,8 98.000.000 82,14 - 3,2 44,65 3,38EKINOPS (EKI) g C 6,5 6,42 - 1,99 - 2,87

69942 6,59 + 9,37 6,8FR0011466069 24.184.336 6,34 + 72,35 3,67ELIOR (ELIOR) G A 5,89 5,83 + 5,43 - 55,5

938369 5,92 - 3,4 13,83FR0011950732 07/04/20 0,29 174.125.268 5,64 - 44,53 4,072 4,97ELIS (ELIS) G A 11,33 11,3 + 1,8 - 38,92

392565 11,53 19FR0012435121 27/05/19 0,37 221.793.981 11,22 - 24,67 5,375EOS IMAGING (EOSI) g C 1,302 1,316 + 1,23 - 40,59

111861 1,32 - 6,67 2,9FR0011191766 26.569.946 1,278 - 3,94 1,18ERAMET (ERA) G A 32,07 32,9 + 5,21 - 28,23

83165 32,99 +13,45 47,18FR0000131757 29/05/19 0,6 26.635.884 32,06 - 35,01 18,665ERYTECH PHARMA (ERYP) g B 7,84 8,05 + 4,55 + 20,15

102337 8,34 -17,86 11,46FR0011471135 17.940.035 7,75 + 23,47 2,8ESI GROUP (ESI) g C 29,7 30 + 1,35 - 7,69

2456 30 - 2,91 41FR0004110310 6.019.592 29,1 - 1,96 24,6EURAZEO (RF) G A 44,68 44,7 + 2,06 - 26,72

63983 44,94 + 2,38 67,05FR0000121121 08/05/19 1,25 78.645.486 43,76 - 28,65 35,6EUROFINS SCIENTIFIC (ERF) G A 612,6 600 - 1,28 + 21,41

21735 615 +18,81 620,2FR0000038259 03/07/19 2,45 18.844.871 599 + 47,35 393 0,48EUROPCAR GROUPE (EUCAR) G B 1,578 1,526 - 1,42 - 64,79

2348294 1,58 -10,29 4,688FR0012789949 21/05/19 0,26 163.884.278 1,46 - 75 1,22EUTELSAT COM. (ETL) G A 9,088 9,698 + 8,24 - 33,07

1749471 9,778 - 5,29 14,825FR0010221234 21/11/19 1,27 232.774.635 9,03 - 38,52 7,996 13,1EXEL INDUSTRIES (EXE) B 42,1 41,8 - 0,71 - 10,3

622 43,3 + 0,24 47,8FR0004527638 13/02/19 1,14 6.787.900 41,7 - 22,88 31FAURECIA (EO) LR A 36,52 36,91 + 6,49 - 23,15

425122 37,43 +11,65 49,49FR0000121147 31/05/19 1,25 138.035.801 35,42 + 11,61 20,58FDJ (FDJ) G A 31,26 30,6 - 0,23 + 28,44

308726 31,45 +17,24 32FR0013451333 191.000.000 30,43 + 56,92 18,3FFP (FFP) g A 66,4 67,9 + 3,82 - 34,71

8705 67,9 + 9,52 105,6FR0000064784 22/05/20 2,15 24.922.589 66,4 - 24,22 42,15 3,17FIGEAC AERO (FGA) g B 3,45 3,45 + 1,03 - 62,9

95468 3,585 - 1,43 9,69FR0011665280 31.839.473 3,25 - 70,66 2,48FIN. ODET (ODET) A 586 620 + 3,33 - 20,72

2114 640 + 5,8 810FR0000062234 04/06/19 1 6.585.990 586 - 26,19 497 0,16FNAC DARTY (FNAC) G A 29,96 31,3 + 6,68 - 40,72

110761 31,5 + 6,39 53,85FR0011476928 26.598.464 29,96 - 54,11 16,29FONCIÈRE LYONNAISE (FLY) A 70 70 - 5,15

419 71,6 + 2,94 83,4FR0000033409 21/04/20 2,65 46.528.974 69 + 2,94 58GECI INTERNATIONAL (GECP) g C 0,039 0,036 - 0,55 + 10,98

1157926 0,039 - 4,96 0,07FR0000079634 01/10/01 0,1 210.245.083 0,036 - 63,6 0,018GECINA (GFC) LR A 117 116,5 + 0,69 - 27,01

73186 117,1 - 2,18 183,6FR0010040865 04/03/20 2,8 76.411.605 114,9 - 8,98 88,5GENFIT (GNFT) G B 4,87 4,846 + 1,13 - 72,54

541991 4,894 -75,65 20,96FR0004163111 38.858.617 4,75 - 77,69 4,66

GENSIGHT (SIGHT) g C 3,03 3,005 + 0,17 + 20,9362614 3,08 - 5,8 4,88

FR0013183985 32.827.362 3 + 75,12 1,36GETLINK (GET) LR A 13,03 12,91 - 0,54 - 16,76

1024246 13,08 +11,01 17,04FR0010533075 23/05/19 0,36 550.000.000 12,68 - 6,52 8,615 3,18GL EVENTS (GLO) g B 12,56 13,56 + 9,36 - 43,62

31687 14,24 +23,95 24,45FR0000066672 01/07/19 0,65 29.982.787 12,5 - 37,51 10,02GROUPE CRIT (CEN) g B 55 55,2 + 0,36 - 25

976 55,4 + 9,09 74,4FR0000036675 26/06/19 1 11.250.000 54,9 - 10,53 36,15 1,81GROUPE GORGÉ (GOE) g B 13,8 14,06 + 1,88 - 17,49

2373 14,1 + 7,16 19FR0000062671 04/07/19 0,32 13.502.843 13,74 + 0,43 8,59 2,28GTT (GTT) G A 67,3 69,85 + 4,88 - 18,21

51425 70,4 + 5,51 102,7FR0011726835 25/09/19 1,5 37.028.800 66,75 - 14,29 48,76 2,15GUERBET (GBT) g B 34,8 33,6 - 3,86 - 18,64

3069 34,8 +16,46 44,1FR0000032526 03/06/19 0,85 12.596.161 33,6 - 32,8 26 2,53HAULOTTE GROUP (PIG) g B 4,7 4,72 + 4,66 - 10,94

36449 4,78 +18,3 5,6FR0000066755 10/07/19 0,22 31.371.274 4,505 - 33,14 3,27 4,66HEXAOM (HEXA) g B 29,6 30,5 + 3,04 - 17,12

1370 31 +19,61 39,8FR0004159473 11/06/19 1,5 6.937.593 29,6 - 17,34 21,7HIGH CO (HCO) g C 3,49 3,66 + 4,57 - 39,8

5981 3,67 + 6,71 6,32FR0000054231 24/05/19 0,16 22.421.332 3,49 - 28,24 2,95ICADE (ICAD) G A 65,85 65,85 + 2,33 - 32,15

52816 65,9 - 6,13 106FR0000035081 04/03/20 2,41 74.535.741 64 - 13,41 57,85ID LOGISTIC (IDL) g A 182,8 184 + 0,77 + 2

864 187 + 8,24 188,4FR0010929125 5.646.927 182 + 17,95 115IMERYS (NK) G A 31,9 31,16 + 0,39 - 17,3

112918 32,16 + 8,87 43,54FR0000120859 15/05/20 1,72 79.343.115 31,16 - 19,77 20,68 6,9INGENICO GROUP (ING) LR A 125,35 128,25 + 3,26 + 32,49

147137 128,95 +11,81 142,7FR0000125346 17/06/19 1,1 63.713.047 125,35 + 79,17 64,46INNATE PHARMA (IPH) g B 5,715 5,675 - 4,78

234858 5,885 -12,02 7,48FR0010331421 78.898.264 5,625 - 5,5 2,9INTERPARFUMS (ITP) g A 32,7 32,45 - 0,77 - 12,3

11135 33,1 + 2,69 38,9FR0004024222 02/05/19 0,71 47.262.190 32,4 - 21,24 26,05IPSEN (IPN) G A 71,95 73,7 + 4,24 - 6,71

167434 74,35 + 8,78 83,9FR0010259150 31/05/19 1 83.814.526 71,15 - 31,06 34,2 1,36IPSOS (IPS) G A 22,35 22 + 0,69 - 24,01

36787 22,4 +25 32,1FR0000073298 01/07/19 0,88 44.436.235 21,9 - 10,75 15,82 4JACQUET METAL SERVICE (JCQ) g B 11,16 11 - 1,43 - 28,66

6777 11,24 +17,02 15,86FR0000033904 02/07/19 0,7 24.028.438 11 - 31,34 7,6 6,36JCDECAUX (DEC) G A 18,5 18,65 + 1,97 - 32,13

107174 19,12 - 1,43 27,74FR0000077919 21/05/19 0,58 212.902.810 18,45 - 25,4 15,06KAUFMAN & BROAD (KOF) g B 32 31,4 - 1,26 - 15,14

44415 33,55 - 4,7 41,86FR0004007813 15/05/19 2,5 22.088.023 31,2 - 1,88 19,4 7,96KLEPIERRE (LI) LR A 17,5 18,07 + 6,05 - 46,62

1167669 18,25 - 2,09 34,66FR0000121964 09/03/20 1,1 302.664.095 17,15 - 40,7 12,625KORIAN (KORI) G A 32,56 32,02 - 1,05 - 23,62

130243 32,6 + 4,37 45,66FR0010386334 11/06/19 0,6 82.730.907 31,58 - 10,11 25,16LAGARDÈRE (MMB) G A 12,88 12,9 + 2,22 - 33,61

281385 13,18 -12,84 19,76FR0000130213 14/05/19 1,3 131.133.286 12,67 - 40,83 8,14LDC (LOUP) A 110 109 + 1,4 + 4,31

1112 110 +12,37 110FR0013204336 27/08/19 1,6 16.713.242 108,5 74,2 1,47LE BÉLIER (BELI) g C 33,7 33,7 + 0,3 - 7,42

735 33,7 + 4,98 37,7FR0000072399 21/05/19 1,18 6.582.120 33,3 + 16,41 26,15LNA SANTÉ (LNA) g B 43,8 43,65 - 1,58 - 11,91

3192 44,25 + 7,78 52FR0004170017 08/07/19 0,38 9.705.937 43,35 - 0,8 31,75LECTRA (LSS) g B 17,5 17,14 - 2,06 - 23,31

11135 17,66 +19,03 24,85FR0000065484 06/05/20 0,4 32.099.100 17 - 20,83 12,2 2,33LINEDATA SVICES (LIN) g B 26 25,6 - 1,16 - 4,12

804 26,2 +11,3 30,9FR0004156297 05/07/19 1,35 6.625.726 25,6 - 6,57 18 5,27LISI (FII) g A 17,3 17,52 + 2,22 - 41,7

21956 17,72 +18,38 32,7FR0000050353 30/04/19 0,44 54.114.317 16,9 - 33,64 12,5LUMIBIRD (LBIRD) g C 10,56 10,22 - 2,85 - 32,32

9398 10,56 - 2,03 15,499FR0000038242 18.429.867 10,22 - 38,26 5,365M6-MÉTROPOLE TV (MMT) G A 10,6 10,14 - 2,87 - 39,57

128901 10,68 - 0,2 17,07FR0000053225 15/05/19 1 126.414.248 10,08 - 36,94 8,55MAISONS DU MONDE (MDM) G B 10,88 10,86 + 1,12 - 16,27

290945 11,27 +31,72 13,38FR0013153541 02/07/19 0,47 45.241.894 10,41 - 39,83 5,35MANITOU (MTU) g B 16,4 16,82 + 1,82 - 21,59

16690 17,32 +20,14 22,3FR0000038606 17/06/19 0,78 39.668.399 16,14 - 33,52 11,36MARIE BRIZARD W & S (MBWS) g C 1,04 1,104 + 5,14 - 31,09

38788 1,104 - 1,6 1,7FR0000060873 27/09/07 0,5 44.698.754 1,032 - 48,89 0,651MAUNA KEA (MKEA) g C 1,18 1,21 + 0,33 - 11,42

100430 1,246 - 4,72 2FR0010609263 30.558.480 1,18 - 17,35 0,566MEDIAWAN (MDW) g B 8,79 8,79 - 0,11 - 15,8

5963 8,94 + 8,25 11,2FR0013247137 31.922.723 8,78 - 26,51 5,02MERCIALYS (MERY) G A 7,38 7,585 + 4,12 - 38,48

230594 7,615 + 6,68 12,64FR0010241638 27/04/20 0,48 92.049.169 7,38 - 31,48 5,7MERSEN (MRN) g B 20,8 20,7 + 0,73 - 39,39

20625 20,9 + 3,24 35,3FR0000039620 03/07/19 0,95 20.855.883 20,35 - 30,19 12,38METABOLIC EXPLORER (METEX) g C 1,475 1,5 + 1,35 - 2,6

18829 1,5 + 2,04 1,79FR0004177046 27.813.800 1,46 - 5,66 0,921NANOBIOTIX (NANO) g B 8,35 7,79 - 2,01 - 5,92

289268 8,39 +13,89 9,56FR0011341205 13/05/19 22.731.122 7,63 - 16,91 3,54NATIXIS (KN) LR A 2,06 2,055 + 3,11 - 48,08

12247950 2,104 - 4,91 4,411FR0000120685 31/05/19 0,78 3.155.846.495 2,017 - 49,99 1,471NEOEN (NEOEN) g A 34,2 33,15 - 1,05 + 7,28

90233 34,25 - 4,05 37,25FR0011675362 85.216.596 33 + 62,9 25,3NEXANS (NEX) G A 37,52 37,22 + 1,47 - 14,42

53003 37,86 +14,52 50,8FR0000044448 17/05/19 0,3 43.606.320 36,72 + 45,22 21,55NEXITY (NXI) G A 27,92 27,8 + 0,94 - 37,92

84806 28,14 - 0,71 46,2FR0010112524 25/05/20 2 56.129.724 27,56 - 29,58 23,3 7,19NICOX (COX) g B 3,88 3,955 + 0,51 - 9,18

88824 4,08 - 1,86 5,23FR0013018124 33.469.770 3,875 - 17,69 2,53NRJ GROUP (NRG) B 5,1 5,14 - 0,77 - 23,28

7459 5,16 + 1,58 6,88FR0000121691 03/06/19 0,17 78.107.621 5,1 - 21,88 4,5ONXEO (ONXEO) g B 0,882 0,831 - 1,07 + 49,73

1304249 0,89 +69,59 0,979FR0010095596 67.462.234 0,8 + 1,34 0,3ORPÉA (ORP) G A 107,15 104,15 - 1,37 - 8,88

150075 107,4 + 2,61 129FR0000184798 12/07/19 1,2 64.615.837 102,9 + 2,21 69,1PHARMAGEST INT. (PHA) g B 70 70,5 + 4,29 + 16,34

5423 71 +11,9 71FR0012882389 01/07/19 0,85 15.174.125 69,5 + 23,68 41,25 1,21PIERRE & VACANCES (VAC) g B 19,75 18,75 - 2,85 - 7,18

33933 19,75 +34,89 33,9FR0000073041 19/03/12 0,7 9.805.232 18,4 + 17,19 9,9PLASTIC OMNIUM (POM) G A 18,7 18,72 + 1,03 - 24,82

127613 19,06 + 7,83 26,41FR0000124570 29/04/20 0,49 148.566.107 18,55 - 9,13 12,01 2,62PLASTIVALOIRE (PVL) g B 3,87 3,925 + 4,11 - 43,28DIV 8 02/05/17 17817 3,98 - 0,25 7,48FR0013252186 18/04/19 0,2 22.125.600 3,835 - 42,62 2,79PROLOGUE (PROL) g C 0,26 0,267 - 0,37 - 21,93

231665 0,28 + 1,14 0,387FR0010380626 46.585.630 0,26 - 47,44 0,15QUADIENT (QDT) G B 13 13,04 + 0,54 - 39,57

80651 13,77 + 3,49 24,3FR0000120560 02/08/19 0,53 34.562.912 12,95 - 33,5 10,67 4,06RALLYE (RAL) A 8,88 9,23 + 6,21 - 8,79

96469 9,33 +18,49 10,3FR0000060618 20/05/19 1 52.373.235 8,81 +126,23 3,87RAMSAY GDS (GDS) A 17 17 + 0,89 + 1,19

689 17 - 5,29 21,8FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 16,85 + 0,59 15,2RECYLEX SA (RX) g C /130520 - 45,57

- 8,29 3,66FR0000120388 04/07/90 0,61 25.886.482 - 52 1,3RÉMY COINTREAU (RCO) G A 108,4 108,8 + 1,87 - 0,64

48274 109,5 + 6,88 118,1FR0000130395 12/09/19 2,65 50.149.787 107,1 - 11,54 79,2 3,36REXEL (RXL) G A 9,15 9,484 + 4,4 - 19,93

1076563 9,49 +10,92 13,415FR0010451203 03/07/19 0,44 304.102.013 9,1 - 1,92 4,921ROBERTET (RBT) g B 936 932 - 0,11 + 0,98

215 943 +17,23 1068FR0000039091 27/06/19 5,6 2.170.251 927 + 54,05 662 0,6

ROTHSCHILD & CO (ROTH) G A 18,6 18,7 + 0,54 - 26,9522437 18,92 + 3,54 26

FR0000031684 20/05/19 0,79 77.617.512 18,34 - 28,9 14,62

RUBIS (RUI) G A 43,74 43,78 + 2,05 - 20,04DIV 2 28/07/17 150040 44,2 + 6,88 57,45FR0013269123 17/06/19 1,59 100.385.652 43,38 - 2,01 31,6 3,63

SARTORIUS STED. BIO. (DIM) G A 246,2 236,6 - 2,95 + 60,19DIV 6 10/05/16 44174 246,6 + 8,04 250,6FR0013154002 27/03/20 0,68 92.180.190 236,2 + 90,65 133,9 0,24

SAVENCIA (BH) B 53,8 54 + 1,12 - 12,05430 54,4 64,8

FR0000120107 13/05/19 1 14.032.930 53,8 - 12,34 45,1

SCOR (SCR) LR A 22,54 22,26 + 0,36 - 40,51897876 22,54 -13,39 39,12

FR0010411983 21/04/20 1,8 186.540.376 21,84 - 39,56 15,88

SEB (SK) G A 123,4 121,6 - 1,46 - 8,1666017 124,5 +10,75 139,8

FR0000121709 22/05/20 1,43 50.307.064 120,4 - 16,88 86,35 1,18

SES-IMAGOTAG (SESL) g B 25,1 25,15 + 0,6 - 20,662569 25,3 + 2,24 37,5

FR0010282822 25/06/12 0,5 15.758.108 25 - 5,98 19,5

SHOWROOMPRIVÉ (SRP) g C 1,024 1,01 - 0,2 - 22,1913310 1,032 +10,99 1,532

FR0013006558 50.865.537 1,01 - 56,65 0,477

SOITEC (SOI) G A 88,5 89,5 + 2,52 - 4,48EX-DS 13/05/16 REGR.1P20 63933 90,75 + 6,67 101,4FR0013227113 32.853.813 88,2 + 19,17 48,86

SOLOCAL GPE (LOCAL) g B 0,138 0,141 + 4,15 - 74,53REGR. 14328271 0,154 - 9,87 0,583FR0012938884 619.541.466 0,137 - 81,37 0,087

SOMFY (SO) A 87,7 91,8 + 4,44 + 4,914606 92,8 +20,16 95

FR0013199916 03/06/19 1,4 37.000.000 87,6 + 13,9 63,6 1,53

SOPRA STERIA GP (SOP) G A 108 108,2 + 1,98 - 24,615647 109 + 0,09 162

FR0000050809 02/07/19 1,85 20.547.701 106,3 + 6,18 78,15

SMCP (SMCP) g B 5,05 4,864 - 0,74 - 48,53121789 5,2 +13,12 10,08

FR0013214145 74.117.760 4,828 - 63,65 2,945

SPIE (SPIE) G A 14,17 14,41 + 3,52 - 20,65167193 14,48 + 4,57 19,58

FR0012757854 24/09/19 0,17 157.698.124 13,94 - 6,43 7,805

SQLI (SQI) g C 16,8 17 + 1,8 - 30,615976 17,2 + 0,59 24,5

FR0011289040 21/07/17 0,88 4.613.975 16,8 - 19,43 13,42

STEF (STF) g B 73,5 73,1 - 0,54 - 9,08739 73,7 + 6,56 85,1

FR0000064271 03/05/19 2,5 13.000.000 73,1 + 2,96 57,2

SUEZ (SEV) LR A 10,35 10,23 + 0,2 - 24,14946006 10,45 - 0,82 16,035

FR0010613471 18/05/20 0,45 628.362.580 10,185 - 14,57 8,046 4,4

SWORD GROUP (SWP) g B 26,8 27,15 + 0,37 - 20,38872 27,4 + 4,42 37,15

FR0004180578 07/05/19 1,02 9.544.965 26,8 - 5,73 20,45 8,84

SYNERGIE (SDG) g B 21,5 21,15 - 27,571311 21,5 + 5,75 31,4

FR0000032658 19/06/19 0,8 24.362.000 21 - 31,99 13

TARKETT (TKTT) G B 9,265 9,235 - 0,27 - 35,8730190 9,655 + 2,16 16,56

FR0004188670 12/06/19 0,6 65.550.281 9,16 - 51,37 7,53

TELEPERFORMANCE (RCF) LR A 217 220,9 + 3,66 + 1,6175798 222,4 + 8,02 246,8

FR0000051807 20/04/20 2,4 58.719.000 216,5 + 28,43 150,3 0,86

TF1 (TFI) G A 5,165 4,962 - 1,94 - 32,95571013 5,21 +10,96 7,805

FR0000054900 04/05/20 0,5 210.242.074 4,952 - 41,86 4,062 8,06

TFF GROUP (TFF) B 27,8 27,3 + 0,37 - 25,611272 27,8 - 2,5 38,2

FR0013295789 06/11/19 0,35 21.680.000 27,1 - 28,16 22 1,28

THERMADOR GROUPE (THEP) B 46,7 47,5 + 2,81 - 10,382957 47,5 + 7,22 55

FR0013333432 09/04/20 1,8 9.200.849 46,3 - 7,95 35,7 3,79

TIKEHAU CAPITAL (TKO) g A 25,3 25,2 + 0,4 + 14,55EX D S 03/07/17 11381 25,3 +18,31 26,4FR0013230612 22/05/20 0,5 136.794.130 25,1 + 22,93 15,45 1,98

TRANSGÈNE (TNG) g B 1,42 1,42 + 0,71 - 8,39102992 1,442 -17,06 2,08

FR0005175080 83.841.334 1,39 - 51,2 0,81

TRIGANO (TRI) G A 83,15 82,95 + 0,67 - 11,8533343 83,55 +23,16 101

FR0005691656 14/01/20 2 19.336.269 81,9 + 22,62 41,76 2,41

UBISOFT ENTERTAINMENT (UBI) LRA 70,66 70,46 + 1,15 + 14,42216106 70,9 + 3,74 75,7

FR0000054470 121.272.970 69,98 - 3,95 51,16

VALEO (FR) LR A 22,59 22,68 + 2,39 - 27,791643335 23,2 + 7,13 33

FR0013176526 30/05/19 1,25 241.036.743 22,08 - 4,22 10,51 5,51

VALLOUREC REG (VK) G A 33,725 36,67 + 12,07 - 67,4227032 37,05 -15,55 114,68

FR0013506730 11.449.694 33 - 54,93 26

VALNEVA (VLA) g B 3,77 3,855 + 2,53 + 5066554 3,88 - 7,89 4,25

FR0004056851 92.132.927 3,77 + 13,05 1,784

VERALLIA (VRLA) A 25,4 26,3 + 6,05 - 13,0961168 26,95 +14,35 36,01

FR0013447729 118.393.942 25,35 - 2,59 19,26

VERIMATRIX (VMX) g B 2,06 2,2 + 7,32 + 11,11477286 2,2 +34,64 2,2

FR0010291245 84.911.882 2,06 + 57,14 1,138

VICAT (VCT) g A 27,5 26,95 - 0,55 - 33,2121873 27,6 + 5,27 41,65

FR0000031775 20/04/20 1,5 44.900.000 26,6 - 39,71 22,5 5,57

VILMORIN & CIE (RIN) g A 46 46,5 - 2,11 - 3,635380 47,25 +27,4 49

FR0000052516 11/12/19 1,35 22.917.292 45,55 - 7 34,25 2,9

VIRBAC (VIRP) G A 192,4 189 - 0,53 - 20,083931 193 + 5 244,5

FR0000031577 26/06/15 1,9 8.458.000 186 + 12,1 132,2

WAVESTONE (WAVE) g B 19,7 19,94 - 1,29 - 23,313803 20,2 + 7,2 29

FR0013357621 19/09/19 0,23 20.196.492 19,7 - 26,15 15,5 1,15

WENDEL (MF) G A 84 85,4 + 3,39 - 27,9331613 85,5 + 9,49 127,5

FR0000121204 21/05/19 2,8 44.682.308 83,2 - 25,09 54,8 3,28

WORLDLINE (WLN) G A 67,8 68,48 + 2,03 + 8,44423381 68,58 +10,49 77,7

FR0011981968 182.807.552 67,12 + 27,05 36,36

XPO LOGISTICS (XPO) A + 0,83 - 6,92- 0,82 280

FR0000052870 20/06/19 0,6 9.836.241 - 21,94 216

AUTRES VALEURS DE LA ZONE EUROEURONEXT (ENX) G A 84,1 83,15 + 0,3 + 14,45

74345 84,9 + 8,55 88,9NL0006294274 20/05/20 1,35 70.000.000 82,85 + 30,53 52,9 1,91

NOKIA (NOKIA) R A 3,67 3,747 + 5,85 + 13,31 0,31164870 3,773 +12,42 4,12 12,65

FI0009000681 29/07/19 0,02 5.653.886.159 3,66 - 16,61 2,083 1,33

SES (SESG) LR 6,73 6,812 + 2,38 - 45,51227505 6,864 +11,75 14,165

LU0088087324 21/04/20 0,34 370.693.490 6,5 - 49,62 4,87 5,87

X-FAB SILICON (XFAB) g A 2,95 3,01 - 0,99 - 27,8262311 3,09 - 5,35 6,08

BE0974310428 130.781.669 2,95 - 37,49 1,868

VALEURS ZONE INTERNATIONALEGENERAL ELECTRIC (GNE) 6 6,033 + 2,95 - 38,74 1,29

24627 6,1 - 1,77 12,1US3696041033 USD 06/03/20 0,01 8.747.092.000 5,85 - 29,02 5,1

HSBC (HSB) 4,246 4,265 + 1,92 - 39,2 52,1922783 4,3 - 9,83 7,121

GB0005405286 USD 27/02/20 0,21 20.365.165.342 4,11 - 41,66 4,11

LAFARGEHOLCIM LTD (LHN) A 37,2 37,3 + 0,62 - 23,8 43759 37,62 - 2,48 49,79

CH0012214059 CHF 15/05/20 2 615.929.059 37,07 - 12,83 26,89

SCHLUMBERGER (SLB) A 16,85 16,3 - 54,6 3,4552202 16,95 + 4,49 36,9

AN8068571086 USD 11/02/20 0,5 1.385.122.304 16,25 - 47,76 11,05

SRD Suite VALEURS FRANÇAISES SRD Suite VALEURS FRANÇAISES

A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres A pour les capitalisations supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et C pour les capitalisations inférieures à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates. Mise en ligne intégrale des informations réglementées sur www.lesechos-comfi.fr

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

euronext SÉANCE DU 01 - 06 - 2020CAC 40 : 4762,78 (1,43 %) NEXT 20 : 10177,61 (2,37 %)

CAC LARGE 60 : 5269,46 (1,52 %)CAC ALL-TRADABLE : 3690,61 (1,49 %)

DATE DE PROROGATION : 25 JUIN

SRD VALEURS FRANÇAISES

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

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Page 31: Les Echos - 02 06 2020

Les Echos Mardi 2 juin 2020 FINANCE & MARCHES // 31

CHANGES : COURS AU COMPTANTVAR. VAR.

COURS VEILLE ANNÉE1 EURO EN DEVISE BCE EN % EN %

COURS DE CHANGES CROISÉSEUR USD GBP CHF SEK DKK JPY (100) CAD01-06-2020

COURS A TERME DE L’EURO CONTRE LES PRINCIPALES DEVISES

USD GBP CHF SEK DKK JPY (100) CAD01-06-2020

TAUX BONS DU TRÉSOR

MARCHÉ OBLIGATAIRE

EUROMTS INDICE VAR % 31/12 VAR %

INDICES DE RÉFÉRENCE DES EMPRUNTS À TAUX VARIABLESMOY. TMM EURIBOR TME TMOR.MENS. 1 MOIS 3 MOIS PUB. PRIV.

SOURCE CDC IXIS

MOY. EONIA EURIBOR TEC THE THOR.HEBDO 1 MOIS 3 MOIS 10 PUB. PRIV.

TAUX MARCHÉS MONÉTAIRES ET EURODEVISESMARCHÉS MONÉTAIRES

JOUR 1 MOIS 3 MOIS 6 MOIS 1 AN

PAYS TAUX DE RÉFÉRENCE TAUX EN %

PRINCIPAUX TAUX DIRECTEURS

01-06-202001-06-2020

ECARTS DE TAUX AVEC L’ALLEMAGNE6 MOIS 2 ANS 5 ANS 7 ANS 10 ANS01-06-2020

ALLEMAGNE 100,23 -0,65 -0,66 -0,60 -0,45PORTUGAL -0,23 4,42 0,40 0,61 0,79FRANCE -0,04 0,12 0,22 0,25 0,38ESPAGNE -0,02 0,30 0,54 0,72 0,92ITALIE -0,24 0,91 0,81 1,75 1,97

DOLLAR US 1,1125 0,17 -0,85LIVRE STERLING 0,892 -0,95 5,37FRANC SUISSE 1,0693 0,16 -1,50COURONNE DANOISE 7,4553 -0,06 -0,24COURONNE NORV. 10,7262 -0,73 8,59KUNA CROATE 7,5902 -0,09 1,94COURONNE SUEDOISE 10,4407 -0,37 -0,53DOLLAR CANADIEN 1,5129 -1,14 3,84YEN JAPONAIS 119,64 -0,06 -1,90DOLLAR AUSTRALIEN 1,6394 -1,67 2,51ROUBLE RUSSE 77,2115 -1,05 11,16ROUPIE INDIENNE 84,0445 0,13 5,04DOLLAR NEO-ZELANDAIS 1,7701 -1,19 6,08COURONNE TCHEQUE 26,749 -0,63 5,27FORINT HONGROIS 344,835 -0,56 4,15ZLOTY POLONAIS 4,4026 -0,81 3,15LEV BULGARE 1,9541 -0,21 -0,11DOLLAR HONG-KONG 8,6203 0,04 -1,33WON SUD COREEN 1361,7526 -0,50 5,09PESO MEXICAIN 24,4707 -0,83 15,19REAL 5,9735 0,47 32,53DOLLAR SINGAPOUR 1,5654 -0,33 3,71RAND SUD-AFRICAIN 19,3501 -0,79 23,17LIVRE TURQUE 7,5813 0,10 13,58RENMIBI YUAN 7,9269 -0,06 1,52RUPIAH 16249,9736 -0,14 4,32PESO PHILIPPIN 56,0221 -0,08 -1,38RINGGIT MALAIS 4,7995 -0,66 4,50BATH THALANDAIS 35,2127 -0,41 5,65

EUR 1 0,8989 1,1211 0,9352 0,0958 0,1341 0,8358 0,661USD 1,1125 1 1,2466 1,04 0,1065 0,1492 0,9295 0,7351GBP 0,892 0,8022 1 0,8344 0,0854 0,1197 0,7457 0,5897CHF 1,0693 0,9615 1,1985 1 0,1024 0,1434 0,8937 0,7067SEK 10,4407 9,3895 11,7036 9,7653 1 1,4004 0,0873 6,9015DKK 7,4553 6,7038 8,3568 6,9729 0,7141 1 6,2314 4,9279JPY 1,1964 1,0758 134,1092 111,89 11,4588 0,1605 1 0,7908CAD 1,5129 1,3604 1,6958 1,415 0,1449 20,2925 1,2645 1

BCE TAUX PRET MARGINAL 0.25 %Taux repo (refi) 0.00 %Taux depoT -0.50 %

ROYAUME UNI TAUX JOUR LE JOUR -0.10 %Taux de base 0.75 %

USA TAUX JOUR LE JOUR 0.04 %fonds federaux 0.25 %2 ans 0.24 %10 ans 0.61 %

JAPON BOJ TOKYO -0.10 %Taux jour le jour -0.30 %Taux repo (refi) -0.10 %10 ans 0.01 %

FRANCE 248,26 -0.26 256,93 -3.13

1-3 ANS 170,71 -0.33 171,44 2.23

5-7 ANS 246,99 0.04 246,41 0.19

10-15 ANS 321,18 -0.19 319,09 0.83

PLUS 15 ANS 406,73 -0.55 395,77 3.34

PLUS 25 ANS 440,18 -0.96 422,19 5.27

EMTXI-BE 251,65 0.06 250,19 0.53

ZONE EURO -0,46/-0,76-0,35/-0,65-0,20/-0,50 -0,15/-0,45 -0,13/-0,43

COMPTANTACHAT 1,1120 0,8920 1,0690 10,4401 7,4538 119,6370 1,5114VENTE 1,1130 0,8920 1,0695 10,4413 7,4568 119,6430 1,5154

A 1 MOISACHAT 0,0016 -0,0108 0,0020 -0,0337 0,0022 0,0095 -0,0235VENTE 0,0022 -0,0113 0,0019 -0,0342 0,0037 -0,0285 -0,0202

A 3 MOISACHAT 0,0002 -0,0107 0,0026 -0,0413 0,0032 -0,0315 -0,0256VENTE 0,0007 -0,0122 0,0024 -0,0427 0,0037 -0,0785 -0,0222

A 6 MOISACHAT -0,0020 -0,0132 0,0035 -0,0535 0,0056 -0,0632 -0,0286VENTE -0,0015 -0,0138 0,0032 -0,0567 0,0042 -0,1402 -0,0254

A 12 MOISACHAT -0,0070 -0,0164 0,0053 -0,0787 0,0115 -0,1167 -0,0354VENTE -0,0066 -0,0171 0,0047 -0,0876 0,0092 -0,1976 -0,0325

FÉV. 18 -0,3649 -0,37 -0,329 0,97 0 1,17MARS 18 -0,3628 -0,371 -0,328 0,85 0 1,05AVR. 18 -0,3648 -0,372 -0,329 0,80 0 1,00MAI 18 -0,3628 -0,371 -0,326 0,83 0 1,03JUIN 18 -0,3614 -0,37 -0,322 0,83 0 1,03JUIL. 18 -0,3636 -0,37 -0,321 0,68 0 0,88AOÛT 18 -0,359 -0,369 -0,319 0,73 0 0,93SEPT. 18 -0,3609 -0,371 -0,319 0,79 0 0,99OCT. 18 -0,3662 -0,37 -0,318 0,86 0 1,06NOV. 18 -0,3614 -0,369 -0,316 0,81 0 1,01DÉC. 18 -0,3608 -0,367 -0,312 0,74 0 0,94FÉV. 19 -0,3668 -0,366 -0,308 0,58 0 0,78MARS 19 -0,3671 -0,367 -0,309 0,44 0 0,64MARS 19 -0,3671 -0,367 -0,309 0,35 0 0,55MAI 19 -0,3657 -0,369 -0,311 0,34 0 0,54JUIN 19 -0,3548 -0,369 -0,311 0,14 0 0,34JUIL. 19 -0,3669 -0,395 -0,365 -0,01 0 0,19AOÛT 19 -0,3608 -0,41 -0,408 -0,27 0 -0,07SEPT. 19 -0,4036 -0,448 -0,416 -0,21 0 -0,01OCT. 19 -0,4643 -0,448 -0,416 -0,10 0 0,10NOV. 19 -0,4525 -0,457 -0,413 0,02 0 0,22DÉC. 19 -0,4565 -0,453 -0,395 0,08 0 0,28JANV. 20 -0,4524 -0,456 -0,39 0,05 0 0,25FÉV. 20 -0,4546 -0,456 -0,39 -0,13 0 0,07MARS 20 -0,4491 -0,472 -0,408 -0,03 0 0,17AVR. 20 -0,4491 -0,475 -0,414 0,12 0 0,32MAI 20 -0,4555 -0,465 -0,273 0,12 0 0,32

24-04 -0,454 -0,402 -0,161 0,08 0,15 0,35 0,3527-04 -0,454 -0,418 -0,192 0,03 0,15 0,35 0,3528-04 -0,454 -0,448 -0,223 0,04 0,15 0,35 0,3529-04 -0,454 -0,432 -0,232 0,00 0,15 0,35 0,3530-04 -0,456 -0,465 -0,261 -0,04 0,01 0,21 0,2101-05 -0,458 -0,46 -0,273 -0,04 0,01 0,21 0,2104-05 -0,458 -0,46 -0,273 -0,06 0,01 0,21 0,2105-05 -0,446 -0,476 -0,286 -0,02 0,01 0,21 0,2106-05 -0,458 -0,469 -0,297 -0,04 0,01 0,21 0,2107-05 -0,454 -0,469 -0,266 0,03 0,01 0,21 0,2108-05 -0,457 -0,445 -0,258 -0,04 0,08 0,28 0,2811-05 -0,456 -0,451 -0,246 0,00 0,08 0,28 0,2812-05 -0,456 -0,446 -0,258 0,00 0,08 0,28 0,2813-05 -0,459 -0,448 -0,245 -0,02 0,08 0,28 0,2814-05 -0,458 -0,454 -0,253 -0,05 0,08 0,28 0,2815-05 -0,457 -0,469 -0,262 -0,03 0,00 0,20 0,2018-05 -0,456 -0,467 -0,266 -0,03 0,00 0,20 0,2019-05 -0,458 -0,478 -0,276 -0,01 0,00 0,20 0,2020-05 -0,457 -0,454 -0,259 0,01 0,00 0,20 0,2021-05 -0,457 -0,468 -0,28 -0,01 0,00 0,20 0,2022-05 -0,46 -0,475 -0,282 -0,03 0,04 0,24 0,2425-05 -0,46 -0,473 -0,279 -0,02 0,04 0,24 0,2426-05 -0,454 -0,465 -0,275 0,01 0,04 0,24 0,2427-05 -0,455 -0,462 -0,274 -0,01 0,04 0,24 0,2428-05 -0,456 -0,475 -0,28 -0,01 0,04 0,24 0,2429-05 -0,456 -0,461 -0,29 -0,05 0,04 0,24 0,2401-06 -0,456 -0,482 -0,307 -0,05 0,04 0,24 0,24

euronext//taux&changes

TAUX ET CHANGES

FR0013341781 2CRSIg C 3,51 3,665 3,5 3,62 + 5,85 78436

FR0013185857 ABEOg C 8,2 8,3 7,8 7,92 - 1 3420

FR0012616852 ABIONYX PHARMAg B 0,98 0,98 0,942 0,961 - 2,54 194881

FR0000064602 ACANTHE DEV. C 0,429 0,435 0,42 0,435 - 0,69 71021

FR0000076861 ACTEOSg C 1,595 1,595 1,5 1,54 - 4,05 3323

BE0974269012 AD CAPITAL C 0,11 0,11 0,11 0,11 49990

FR0000062978 ADL PARTNERg C 10 10,05 9,6 10 + 0,81 10264

FR0012821890 ADUX (EX:HI MEDIA)g C 1,24 1,35 1,24 1,35 + 4,65 5732

FR0004152874 ADVENISg C 0,985 1,03 0,985 1 + 2,56 1919

FR0013296746 ADVICENNEg C 7,7 7,9 7,6 7,74 - 0,51 1359

FR0000053043 ADVINI C 18,6 18,6 17,9 18 + 1,7 309

FR0013421286 ALPHA MOS C 1,54 1,54 1,54 1,54 100

FR0000053837 ALTAMIR B 15,2 15,4 15,15 15,198 + 0,98 2777

FR0000039216 ALTAREIT B 515 515 515 515 1

FR0011051598 AMOEBAg C 3,545 3,55 3,41 3,5 + 0,58 410211

FR0013258589 ANTALISg B 0,736 0,736 0,724 0,73 - 0,55 7072

FR0004037125 APRIL GROUP B 22 22 22 22 649

FR0010481960 ARGAN A 79 80,4 78,4 79,8 + 1,01 4141

FR0012185536 ARTEA C 11,1 11,8 11 11 55

FR0000076952 ARTOIS A 3400

FR0011992700 ATEMEg C 12,24 12,94 12,24 12,6 + 2,94 4777

FR0000061780 AUGROS CP C 4,5

FR0000039232 AUREA g C 4,56 4,7 4,5 4,7 - 0,84 9577

FR0013183589 AURES TECH.g C 18,85 18,9 18,65 18,9 + 2,16 320

FR0011800218 AWOXg C 0,876 0,93 0,868 0,9 + 2,98 57859

FR0000064123 BACCARAT B 198

FR0013258399 BALYOg C 0,94 0,968 0,926 0,94 - 0,21 30079

FR0000062788 BARBARA BUI C 5,6 5,6 5,6 5,6 + 3,7 200

FR0004023208 BASSAC B 42,5 42,5 41,1 42,4 + 4,95 264

FR0000035370 BASTIDEg C 34,6 34,75 34,4 34,75 + 1,31 1662

FR0000121857 BEL A 280

FR0000062150 BLEECKER B 166

FR0011592104 BLUE SOLUTIONS B 17 17 17 17 89678

FR0011814938 BOOSTHEAT C 8,88 9,24 8,86 9 + 6,64 1962

FR0004548873 BOURBONg A 3,675

FR0000074254 BOURSE DIRECT C 1,5 1,54 1,5 1,5 + 1,35 4330

FR0000078958 BUSINESS ET DEC. C 7,93 7,93 7,93 7,93 4315

FR0010151589 CAFOM C 2,9 2,92 2,78 2,92 + 0,69 770

FR0012969095 CAPELLIg C 23,2 23,9 23,1 23,4 1054

FR0000064156 CARP.DE PARTIC. C 38

FR0000072894 CASTg C 1,945 1,945 1,87 1,9 3754

FR0000064446 CATERING INTER.g B 10,25 10,7 10,25 10,45 + 3,47 2049

FR0010193979 CBO TERRITORIA C 3,8 3,8 3,76 3,78 + 1,34 7162

FR0000053506 CEGEDIM B 27 27,7 27 27,4 + 2,62 813

FR0010309096 CEGEREAL B 34 34 33,8 34 56

FR0000037475 CFI C 1,12

FR0000060907 CHAUSSERIA SA C 4,1

FR0000054322 CIBOX INTER.g C 0,192 0,192 0,183 0,187 - 0,53 38682

FR0000079659 CIE DU CAMBODGE A 4900

FR0013426004 CLARANOVAg B 5,925 6,165 5,82 5,935 + 0,76 353079

FR0000060824 CLAYEUX C 0,17

FR0000053399 CNIM GROUP C 14,1 14,3 14,1 14,3 + 1,42 27

FR0013335742 COGELECg C 5,5 5,56 5,5 5,56 + 1,09 364

FR0004031763 COHERISg C 2,18 2,18 2,06 2,06 + 3 173

FR0000065393 COURTOIS C 110 110 110 110 1

FR0000044323 CR ALPES PROV. C 117,5 117,5 117,5 117,5 1

FR0000185506 CR ATL. VENDÉE C 145 145 135,02 135,02 - 0,52 9

FR0010483768 CR BRIE PICARD. B 26,44 26,595 26,3 26,3 - 1,11 1293

FR0000045213 CR ILLE VILAINE C 109,98 111 109,98 111 + 2,76 109

FR0010461053 CR LANGUEDOC B 72,99 72,99 72,99 72,99 + 2,8 10

FR0000045239 CR LOIRE HTE-LOIRE C 89 89 89 89 2

FR0000045551 CR MORBIHAN B 96 98,5 96 98,5 + 0,52 184

FR0000185514 CR NORD FRANCE B 23,605 24 23,205 23,3 - 1,27 2625

FR0000044364 CR NORM. SEINE B 126 127 125,92 126,5 + 0,4 116

FR0000045528 CR PARIS IDF B 83,99 84 83,56 83,66 - 0,41 82

FR0000045346 CR RHÔNE-ALPES B 186 186 186 186 1

FR0000045544 CR TOULOUSE C 120 122,5 120 122,5 + 1,29 105

FR0000045304 CR TOUR. POITOU C 121 121 120,5 120,5 - 0,41 16

FR0000050395 CROSSWOOD C 4,94

FR0007317813 CS GROUPg C 3,84 3,84 3,71 3,71 - 2,37 7925

FR0011026749 DALETg C 10,2 10,2 10,2 10,2 + 0,99 1

FR0013283108 DELTA PLUS GROUPg B 38,4 39,2 38,4 39,2 + 2,08 1578

FR0000035784 DIGIGRAM C 1 1 1 1 - 2,91 1500

FR0012202497 DMSg C 1,42 1,47 1,42 1,45 + 0,69 19003

FR0000065260 DOCKS PÉTROLES A C 400 400 400 400 - 1,48 2

FR0010099515 ECAg B 27,2 27,6 26,5 27 - 0,74 1513

FR0000072373 EGIDEg C 0,88 0,89 0,874 0,874 - 1,58 9361

FR0000031023 ELECT. STRASBOURG B 109 111 107 107 + 3,28 168

FR0012650166 ENGIE EPSg C 7,1 7,48 7,1 7,48 + 5,35 11419

FR0000120669 ESSOg B 17,95 17,95 17,5 17,7 - 1,12 217

FR0000061475 EURASIA FONC INV C 0,189

FR0000075343 EUROMEDIS GROUPE C 7,2 7,65 7,15 7,35 + 2,08 8876

FR0010490920 EUROPACORPg C 0,676 0,703 0,672 0,702+ 3,85 52930

FR0000054678 EURO RESSOURCES C 3,18 3,24 3,15 3,19 + 0,95 18822

FR0000064164 EXACOMPTA CLAIREF. C 100 100 100 100 8

FR0000037343 EXPL. PROD. CHIM. C 725

FR0000039026 EXPL. & PROD. CHIM. C 625

FR0000062341 F.I.E.B.M. C 4,52

FR0000062507 F.I.E.B.M. C 105

FR0000038184 F.I.P.P. C 0,216 + 1,74

FR0000063034 FAUVET-GIREL C 31,4

FR0011271600 FERMENTALGg C 0,965 1,042 0,965 1,026 + 6,88 125800

FR0000062101 FERMIÈRE CANNES B 1210

FR0000061418 FIDUCIAL OFFICE C 27,6 27,6 27,6 27,6 1

FR0000060535 FIDUCIAL RE B 167 167 167 167 1

FR0000076986 FIN. MONCEY B 4400

FR0000035123 FINATIS B 26 26 26 26 + 7,44 65

FR0000065930 FONCIÈRE 7 INV. C 1,2 1,2 1,2 1,2 - 2,44 500

FR0000064362 FONCIÈRE ATLAND C 154 154 154 154 - 0,65 1

FR0000038499 FONCIÈRE EURIS B 9,5 9,85 9,5 9,85 + 5,35 1352

FR0010341032 FONCIÈRE INEA B 39,5 40,3 39 40,1 + 2,82 1018

FR0011277391 FONCIÈRE PARIS NORDg C 0,029 0,033 0,029 0,032 - 4,55 31500

FR0000053944 FONCIÈRE VOLTA C 7,3 7,3 7,3 7,3 20

FR0013030152 FRANÇAISE ENERGIEg C 16,05 16,45 16 16,4 + 3,8 1099

FR0010588079 FREY B 29,8 29,8 29,8 29,8 - 0,67 1

FR0000031973 FSDV C 30

FR0000030611 GALIMMO C 17,5 17,5 17,5 17,5 - 1,13 45

FR0000034894 GAUMONT B 112,5 113 109 112 44

FR0000053035 GEAg C 89 89 89 89 + 4,71 51

FR0010501692 GENERIXg C 6,1 6,1 5,9 6,06 - 0,66 3507

FR0013399474 GENKYOTEXg C 2,29 2,35 2,29 2,35 + 2,62 12981

FR0011799907 GENOMIC VISIONg C 0,479 0,49 0,446 0,461 - 8,71 5956658

FR0000061459 GÉRARD PERRIER B 64,6 64,6 61,2 63 - 0,32 334

FR0000065971 GRAINES VOLTZ C 72 72 70 70 + 0,72 692

FR0004076891 GROUPE FLOg B 0,155 0,155 0,135 0,15 + 15,39 160093

FR0000124232 GROUPE IRD C 19,9 19,902 19,9 19,902+ 0,01 146

FR0004010338 GROUPE JAJ C 1,08 1,08 1,08 1,08 + 0,94 51

FR0004050300 GROUPE OPENg C 8,02 8,04 7,95 8,02 + 0,25 7929

FR0012612646 GROUPE PARTOUCHE A 21,7 23,7 21,2 22,3 + 9,85 10541

FR0010214064 GROUPE PIZZORNO C 19 19,8 18,8 19,8 + 4,21 1750

FR0004155000 GROUPE SFPIg C 1,23 1,23 1,2 1,225 - 0,41 17237

FR0000066722 GUILLEMOT CORP.g C 2,46 2,7 2,46 2,7 + 10,2 91666

FR0000038531 HF COMPANY C 3,1 3,11 3,08 3,11 + 0,32 1807

FR0012821916 HIPAY GROUPg C 3,22 3,22 3,06 3,06 - 3,17 11155

FR0000065278 HOPSCOTCH GROUPEg C 5,62 5,84 5,62 5,8 + 3,94 3156

FR0000051393 IDI B 38,4 38,4 36,8 36,8 - 3,67 578

FR0000030827 IGE + XAOg C 145 145 141 141 - 2,76 44

FR0004035913 ILIADG A 159,4 164,1 159,2 162,45 + 2,56 71196

FR0000033243 IMMO. DASSAULT B 66,2 67 66 66 25

FR0000066219 IND. FIN. ENT. C 50

FR0000071797 INFOTELg C 34,8 34,8 34,3 34,4 - 1,15 2995

FR0000064297 INNELEC MULT.g C 3,88 3,99 3,88 3,93 + 2,08 4293

FR0000060451 INSTALLUX SA C 302

FR0000064958 INTEXA C 2,5

FR0013233012 INVENTIVAg B 4,1 4,145 4,075 4,11 + 1,48 8045

FR0000072597 IT LINKg C 11,35 11,5 10,95 11,25 - 3,43 10519

FR0004026151 ITESOFTg C 2,46 2,52 2,46 2,52 + 2,44 123

FR0012872141 JACQUES BOGART g C 7,7 7,98 7,7 7,76 + 0,78 3291

FR0004029411 KEYRUSg C 2,07 2,07 2,02 2,04 - 0,97 5077

FR0000039638 LA FONCIÈREVERTE C 84

FR0000066607 LACROIX SAg C 22 22 22 22 173

FR0000035263 LAFUMA C 17,3

FR0000032278 LATECOEREg C 1,9 1,95 1,762 1,878 + 1,19 115104

FR0006864484 LAURENT-PERRIER B 80 84,2 80 83,8 + 4,23 326

FR0000121295 LEBON C 91 91,8 91 91 56

FR0004165801 LES HÔTELS DE PARIS C 3,4

FR0013233475 LYSOGENE g C 3,5 3,68 3,45 3,63 + 4,31 44789

FR0000030074 MALTERIES FR-B C 600

FR0000032302 MANUTAN INTER. B 51,2 51,8 50,6 51,2 1050

FR0000051070 MAUREL & PROMg A 1,734 1,774 1,712 1,736 + 1,52 90929

FR0011742329 MCPHY ENERGYg C 5,98 6,23 5,97 6,2 + 5,8 115123

FR0000052623 DEDALUSg C 0,708 0,708 0,7 0,7 52323

FR0000064404 MÉDIA 6g C 7,3 7,3 7 7 - 4,11 891

FR0004065605 MEDINCELL C 8,5 8,78 8,46 8,7 + 1,16 6100

FR0010298620 MEMSCAPg C 1,07 1,08 1,07 1,08 - 0,92 7105

FR0000077570 MICROPOLEg C 1,085 1,105 1,075 1,1 + 1,85 8819

FR0000060196 MRM C 1,03 1,03 1,03 1,03 + 1,98 8667

FR0000037970 MUSÉE GRÉVIN C 49,8 49,8 49,8 49,8 193

FR0013482791 NACON B 4,885 4,885 4,56 4,715 - 1,26 79769

FR0013018041 NAVYAg B 0,71 0,71 0,691 0,71 - 0,56 8114

FR0004154060 NETGEMg C 0,882 0,916 0,882 0,91 + 1,11 14213

FR0004050250 NEURONES B 21 21 20,6 20,6 - 1,91 1692

FR0012789386 NEXTSTAGE C 89,5 89,5 89,5 89,5 1

FR0000052680 OENEOg B 12,5 12,5 12 12,14 - 2,88 1663

FR0010428771 OL GROUPEg C 2,26 2,3 2,26 2,27 + 1,34 14541

FR0000075392 ORAPIg C 6,8 6,84 6,64 6,72 - 0,89 4042

FR0013190410 ORCHESTRA-PRE.g C 0,179

FR0010609206 OREGE C 0,76 0,81 0,7 0,74 + 5,71 64388

FR0012127173 OSE IMMUNOg C 6,16 6,46 6,14 6,24 - 0,95 26684

FR0013318813 PARAGON IDg C 29 29 28,1 29 + 1,75 314

FR0010263202 PAREF C 68,5 69 68,5 68,5 + 2,24 52

FR0004038263 PARROT B 2,36 2,36 2,25 2,3 + 2,68 8989

FR0000038465 PASSATg C 4,28 4,3 4,16 4,18 - 0,48 3300

FR0011027135 PATRIMOINE & COM B 15,05 15,1 14,9 14,9 - 1 1100

FR0000053514 PCAS B 9,1 9,1 9,1 9,1 + 1,11 38

FR0012432516 POXELg C 8,38 8,58 8,32 8,49 + 2,29 84427

FR0000060832 PRECIA C 179 181 176 176 + 0,57 18

FR0004052561 PROACTIS C 0,086 0,1 0,086 0,1 - 3,85 5500

FR0012613610 PRODWAYS GROUPg C 1,925 1,925 1,87 1,9 + 2,7 27369

FR0010641449 AGROGENERATION 0,11 0,112 0,103 0,11 77572

FR0013410370 AUPLATA 0,255 0,275 0,251 0,263 + 3,54 1642786

FR0012788065 BIOCORP 16,7 16,9 16,7 16,85 1153

FR0012816825 BIOPHYTIS 0,97 0,992 0,952 0,953 - 0,21 501536

FR0011053636 BLOCKCHAIN GROUP 0,269 0,269 0,258 0,264+ 0,38 81426

FR0011648716 CARBIO 14,68 15,8 14,68 15,78 + 7,49 60399

FR0010907956 CARMAT 20,4 21 20,25 20,85 + 3,22 18942

FR0010879056 DEINOVE 0,878 0,878 0,826 0,848+ 2,42 41164

FR0010436584 DNXCORPg 5,6 5,6 5,18 5,18 - 0,39 622

FR0004030708 ENCRES DUBUITg 3,74 3,74 3,74 3,74 26

FR0000035818 ESKER 117 121 116,4 118 + 3,51 3393

FR0004166197 EVOLIS 29

FR0013256518 EUROFINS CEREP 6300

FR0000044810 EUROPLASMA 0,001 0,001 0,001 0,001 - 20 403482718

FR0000074759 FLEURY MICHON 21 21 20,3 20,4 1711

FR0010342329 GAUSSIN 1,19 1,19 1,169 1,184 + 0,39 83713

FR0012819381 GROUPE GUILLIN 18,4 19 18,02 18,2 - 0,76 7518

FR0000075442 GROUPE LDLCg 15,5 15,5 14,9 15,1 - 2,58 1841

FR0013204070 GROUPE PAROT 2 - 4,55

FR0000077562 HIOLLE INDUSTRIES 2,8 2,8 2,74 2,8 1558

FR0004153930 HYBRIGENICS 0,184 0,184 0,176 0,181 + 1,12 1398351

FR0010458729 IMPLANET 1,47 1,47 1,44 1,47 + 2,03 3021

FR0004027068 LANSON-BCC 21,2 21,2 20,2 20,6 - 0,96 269

FR0000075673 LE TANNEUR 2,24 - 7,69

FR0004155687 MASTRAD 0,326 0,328 0,32 0,32 - 3,03 6259

FR0000061244 MECELEC 1,85 1,91 1,85 1,9 + 2,7 10301

FR0011584549 MNDg 0,083 0,09 0,083 0,09 + 7,14 202270

FR0004034320 MR BRICOLAGE SA 3,72 3,72 3,6 3,6 - 3,23 3826

FR0004032746 NEOVACS 0,096 0,102 0,09 0,098 + 1,98 4057914

FR0004171346 NEXTEDIA 0,428 0,438 0,426 0,432 - 1,6 19684

FR0000064529 NSC GROUPE 53,5

FR0000061608 PISCINES DESJOYAUX 13,5 14,4 13,5 14 + 5,26 8299

FR0000066441 POUJOULAT 21 21 21 21 1

FR0004044600 PRISMAFLEXg 5,5 5,5 5,5 5,5 1

FR0012452746 SAFE ORTHOPAEDICSg 0,614 0,675 0,61 0,675+ 10,66 280058

FR0004197747 THERADIAG 2,04 2,24 2,04 2,13 + 2,9 275705

FR0013263878 UMANIS 4,35 4,39 4,29 4,36 + 1,16 1862

FR0004155240 VERGNET 0,33 0,343 0,32 0,341 + 6,07 518375

FR0004045847 VOY. DU MONDE 79 88 78,6 85 + 8,42 2667

ACTIONSEURONEXT HORS SRD FRANÇAISES

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL

ACTIONSEURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL

EURONEXT GROWTH (Sélection)

FR0000060329 PSB INDUST.g B 17,4 18,5 16,9 16,9 + 1,5 534

FR0000075954 RIBERg C 1,31 1,32 1,29 1,31 8427

FR0000045601 ROBERTET B 720

FR0000045619 ROBERTET B 150

FR0013344173 ROCHE BOBOIS B 15,15 15,35 15,15 15,35 + 0,33 656

FR0000060071 S.A.M.S.E. B 123 123 123 123 133

FR0000060121 SABETON C 22

FR0006239109 SCBSMg C 7,3 7,4 7,3 7,4 + 1,37 41

FR0000039109 SÉCHÉ ENV.g B 33,2 34,2 33,05 33,85 + 2,11 4906

FR0004175842 SELECTIRENTE B 80 80 80 80 1

FR0011950682 SERGEFERRARI GROUPg C 6,16 6,76 6,1 6,46 + 4,87 34690

FR0000060790 SIGNAUX GIROD g C 10,55 10,65 10,55 10,6 - 0,47 544

FR0000074122 SIIg C 21,1 21,8 21,1 21,5 + 2,87 1590

FR0004016699 SMTPCg B 18,25 18,3 18,2 18,2 - 0,55 407

FR0010209809 SOC. FR. CASINOS C 1,42 1,42 1,42 1,42 + 5,19 3470

FR0000072563 SODIFRANCE C 15,9

FR0000078321 SODITECH ING. C 0,42

FR0000038804 SOFIBUS B 198 198 198 198 1

FR0000065864 SOGECLAIRg C 16,8 16,8 16,6 16,8 + 0,9 440

FR0000131732 SPIR COM.g C 5,15 5,4 5,15 5,4 176

FR0000054199 ST DUPONT C 0,08 0,084 0,08 0,084 - 0,24 12010

FR0010949404 STENTYS C 0,46

FR0010526814 SUPERSONIC IM.g C 1,47 1,47 1,47 1,47 600

FR0000063307 TAYNINH C 1,75

FR0010918292 TECHNICOLORg A 3,566 3,97 3,503 3,687 + 4,79 312061

FR0004529147 TESSI B 99 99 99 99 + 5,32 186

FR0000066482 TIPIAK C 64 64 64 64 15

FR0000060949 TIVOLY C 15,1 15,6 15,1 15,2 + 0,66 519

FR0000033003 TOUAXg C 3,75 3,79 3,75 3,79 + 0,8 2410

FR0000036816 TOUR EIFFEL g B 29,5 31,2 29,5 30,4 + 3,05 19285

FR0000054215 UNIBEL A 580

FR0000034548 UNION FIN.FRANCE g B 15,35 16 15,35 15,6 + 2,63 4027

FR0000074197 UTIg C 0,498 0,498 0,472 0,496 - 0,4 4483

FR0000062465 VERNEUIL PART. C 1,68

FR0004186856 VETOQUINOL B 57,4 57,8 57,2 57,6 + 0,35 629

FR0000066680 VIDELIO (EX:IEC) C 1,62 1,62 1,6 1,6 + 1,27 215

FR0000050049 VIEL ET CIE C 5,18 5,18 5,08 5,18 4425

FR0000035719 VIKTORIA INVEST C 3,28

FR0000065765 VISIODENT C 2,36

FR0004183960 VOLUNTISg C 1,178 1,43 1,132 1,43 + 25 190451

FR0011995588 VOLTALIA A 15,54 16,1 15,5 15,96 + 5,56 53842

FR0000062796 VRANKEN-POMMERY M. B 13,3 13,7 13,3 13,65 + 3,02 3734

FR0004034072 XILAM ANIMATIONg C 40 40,35 39,15 39,45 - 1,38 1602

FR0011471291 YMAGISg C 0,798

AUTRES VALEURS DE LA ZONE EURO

LU0569974404 APERAMG A 25,24 25,45 24,87 25,43 + 2,75

BE0974260896 CELYAD C 11,28 12,08 10,5 11,22 + 11,09 368985

NL0010949392 CNOVA B 3,2 3,2 3,2 3,2 180

IE00BJYS1G50 MAINSTAY MEDICAL 2,16 - 0,92

BE0003853703 MONTEA CVA 85,4 85,8 83,2 83,3 - 1,07

VALEURS ZONE INTERNATIONALE

US00774B2088 AERKOMM INC. B 34,8

CH0008853209 AGTA RECORD B 67,5 - 2,17

US1491231015 CATERPILLAR INC. 103 - 9,87

SN0000033192 CFOA C 8

GB0002374006 DIAGEO 32,2 32,2 32 32 + 3,23 294

CI0000053161 FORESTIÈRE EQ. C 700

CH0308403085 GENEURO B 2,6 2,6 2,6 2,6 1

MA0000011488 MAROC TELECOM 13,2 13,2 12,4 12,5 - 0,79 1878

US58933Y1055 MERCK AND CO INC 70,6 72,4 70,2 72,4 + 0,56 1820

CH0008175645 TELEVERBIER C 44,6

GA0000121459 TOTAL GABON A 114,5 116 111,5 115,5 + 5 1277

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL

ACTIONSEURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISESACTIONSEURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES

BMG9887P1068 ZCI LIMITED C 0,02

CERTIFICAT/FONDS INVESTIR 10INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 0 0,00

INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 91,89 1,19

BTF TAUX

1 MOIS -0,563 MOIS -0,516 MOIS -0,509 MOIS -0,521 AN -0,522 ANS -0,515 ANS -0,3810 ANS -0,02

Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP.Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembour-geoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».

Banque Cantonalede Genève (France) SATél. 04 72 07 31 50bcgef.fr/fonds

sicav//fcp

CLA

SSIF

ICAT

IONVAL. UNIT DATE DERNIER

DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NETCODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS**

MONT. DATE

Mirabaud Asset ManagementTél. +41 058 200 60 [email protected]

LU0704154292 RAM (L) SF EM MKT EQ 157,94 28/05

LU0375629556 RAM (L) SF EUROPEAN EQ 398,04 28/05

LU1048876350 RAM (L) SF GB STB INCOME EQ 109,08 28/05

LU0705072691 RAM (L) SF L/S EM MKT EQ 105,39 28/05

VAL. UNIT DATE DERNIERDÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET

CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS**MONT. DATE

VAL. UNIT DATE DERNIERDÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET

CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS**MONT. DATE

VAL. UNIT DATE DERNIERDÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET

CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS**MONT. DATEC

LASS

IFIC

ATIO

N

CLA

SSIF

ICAT

ION

CLA

SSIF

ICAT

ION

LU2004923152 SWISS ALL CAPS (EUR) 108,99 28/05

LU1626130063 SWISS SMALL & MID CAPS (CHF) 107,81 28/05

LU1626130816 SILK ROAD ZONE STOCKS (USD) 81,81 28/05

LU0851564038 BALANCED (EUR) 122,25 28/05

LU0851564384 DYNAMIC (EUR) 139,58 28/05

LU1626130220 HIGH DIV. EUROPE STOCKS (EUR) 84,62 28/05

LU0851564541 WORLD EQUITY (EUR) 157,7 28/05

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LU0705071701 RAM (L) SF L/S EUROPEAN EQ 134,46 28/05

LU0375630729 RAM (L) SF NORTH AM EQ 299,82 28/05

LU0419186167 RAM (L) TF GB BD TOT RET 150,45 28/05

LU0935723782 RAM (L) TF II ASIA BD TOT RET 148,79 28/05

SYNCHRONY (LU)

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Page 32: Les Echos - 02 06 2020

32 // Mardi 2 juin 2020 Les Echos

Le succès de JDE Peet’s ne sera pas si facile à imiter pour les candidats à la cote.

Pas si facile de servir un véritable espresso italien, rapide et corsé. Pour y parvenir JDE Peet’s a su filtrer à son avantage les contraintes du confinement. Pour placer en quelques jours la plus grosse introduction récente en Europe, sans « roadshow » mais avec téléconférences, les chiffres satisfaisants de consommation à domicile de ses breuvages l’ont bien aidé. Le numéro deux mondial du café conditionné a su aussi recruter des investisseurs stables (« cornerstone »), des fonds de Soros et de Fidelity en plus de JAB Holding, un étage intermédiaire du groupe de la famille Reimann. Le potentiel de création de valeur ne lui semble donc pas épuisé, pas plus qu’à Mondelez International, qui conserve plus d’un cinquième du capital du challenger de Nestlé créé de toutes pièces en une décennie. Surtout, le prix d’offre, au milieu de la fourchette envisagée, a permis de faire humer une valorisation sage par rapport à celle du leader mondial bien plus diversifié et plus solide financièrement, une valeur d’entreprise d’environ 14 fois l’excédent brut d’exploitation de 2019, contre 17 fois pour le géant suisse. Quant à l’accélération de la décrue du levier d’endettement après la levée de fond, passé de 4,2 fois cet Ebitda ajusté à 3,6 fois – pour un objectif de 3 à la fin de 2021 –, elle diluera un peu les préventions de ceux qui se méfient des stratégies de consolidation par dettes et acquisitions. Mais pas celles des allergiques aux défenses anti-OPA néerlandaises.

L’espresso de l’IPO

Même les ours vénérables peuvent connaître le doute de soi. Le stratège de portefeuille de la Société Générale Albert Edwards, bien connu pour prévoir régulièrement l’éclatement de bulles boursières, ce qui en fait un « permanent bear », n’y échappe pas. Lui qui avait prédit une chute du secteur tech – rempli à ses yeux de valeurs cycliques déguisées en valeur de croissance – fait même un mea culpa. Le nouvel élan tiré du confinement pandémique a permis aux leaders (Alphabet, Amazon, Apple, Facebook, Netflix et Microsoft) de mener le rebond de l’indice américain depuis la mi-mars, au lieu de précipiter sa chute. Son côté oursin garde quand même le dessus. Il croit revivre son expérience de la première partie de 2008 quand il mettait en garde contre l’illusion d’une résistance (« découplage ») des matières pre-mières et des pays émergents. On sera fixé au second semestre.

Le poids de la tech complique toujours plus la tâche des stratèges boursiers. Un clair de lune à MaubeugeLa Bourse ne crédite guère Renault de ses plans ambitieux.

Combien de chances reste-t-il après le plan de la dernière chance ? Un peu plus qu’avant mais pas beaucoup, à voir comment la Bourse continue de valoriser Renault malgré ses mesures de redressement : moins que sa participation de 43,4 % dans Nissan et à peine plus que les fonds propres de sa filiale de leasing, RCI Banque. Même en ayant repassé le seuil des 20 euros après un rebond de 23 % en six séances, plus puissant que celui de son allié Nissan (+8 % en euros), le titre de l’ex-Régie, dans le même fossé qu’il y a onze ans, semble supposer une recapitalisation que son président, Jean-Dominique Senard, a de nouveau exclue. La part du groupe au losange dans les dernières pertes de Nissan pèse pourtant un dixième de ses fonds propres et celles attendues en 2020 en représentent un autre dixième. L’ex-patron de Michelin impose une double épreuve de vérité qui ne tolérera aucun dérapage. D’abord à l’Alliance, qui sous la façade de 4,65 milliards d’économies sur trois ans pour abaisser d’un cinquième ses coûts fixes, devra réaliser en cinq ans une intégration industrielle qu’un patron omnipotent n’a pas obtenue en une décennie et demie. Ensuite à Renault, qui devra concilier relocalisations de la production et positionnement low cost. La tâche de Luca de Meo, le futur directeur général, sera de les articuler sous la haute surveillance de l’Etat. Et tout cela devra valoir bien plus qu’un clair de lune à Maubeuge…

// Budget de l’Etat 2020 : 399,2 milliards d’euros // PIB 2019 :2.479,4 milliards d’euros courants// Plafond Sécurité sociale : 3.428 euros/mois à partir du 01-01-2020 // SMIC horaire : 10,15 euros à partir du 01-01-2020 // Capitalisation boursière de Paris :1.827,78 milliards d’euros (au 06-01-2020)// Indice des prix (base 100 en 2015) : 103,55 en décembre 2020 // Taux de chômage (BIT) : 8,6 % au 3e trimestre 2019 // Dette publique :2.415,1 milliards d’euros au 3e trimestre 2019

= Les chiffres de l’économie

Le grand piège à ourscrible

EN VUE

Jean Tirole

L a crise sanitaire semble quasijugulée, la crise économiqueexplose. Logiquement, donc,

après son conseil scientifique, Emma-nuel Macron se dote d’une « commis-sion d’experts sur les grands défis éco-nomiques », 26 experts, en appliquant comme pour le pastis la règle des trois tiers, 8 sont Européens, 8 Américains, 8 Français. Selon Jean Tirole, « notre » prix Nobel d’économie qui en assu-rera le rapport avec Olivier Blanchard, ily aura des « profils expérimentés » aux côtés de « stars montantes, mais déjà mondialement reconnues », tels Emma-nuel Farhi ou Stefanie Stantcheva, tous deux exerçant à Harvard. Côté stars, on s’interroge. Juliette Binoche, Jean-Ma-rie Bigard et Vincent Lindon se sont-ils fait porter pâles ou a-t-on commis l’impair de ne pas les solliciter ? Ce comité « Tirole » devra plancher autourde trois grands thèmes « climat, inégali-

tés et vieillissement ». Quid de la chloro-quine ? N’empêche, l’idée de recourir à Tirole est bonne. « Le Point » avait raison de se lamenter en 2014 – « Jean Tirole, ce Nobel que la France n’écoute pas » –, l’année où le Toulousain décro-cha son Nobel en même temps que Modiano le sien. Deux hommes discretspour un grand prix. Jusque-là, Tirole, cofondateur de l’excellente école d’éco-nomie de Toulouse, était internationa-lement reconnu, écouté, pas dans son pays. Il ne se définit pas politiquement, assume son « indépendance », Media-part ne l’apprécie guère, c’est bon signe. La discrétion de l’économiste, son faibleattrait pour les plateaux télé, n’empêchepas un art certain de la « punchline » : « Sauver la planète vaut bien 2 % de pou-voir d’achat », « La vie n’a pas de prix mais a un coût », « A force de protéger lesCDI, on ne protège plus personne ». Du punch, il va en avoir besoin. n

Net rebond pour la Bourse de Paris

• La Bourse de Paris a bien com-mencé la semaine, portée par les premiers effets du déconfinement. Dans un volume moyen de 2,75 mil-liards d’euros, l’indice CAC 40 a pris 67,34 points (+1,43 %), à 4.762,78 points. Vendredi, il avait terminé en baisse de 1,59 %.

Les investisseurs semblent avoirrepris confiance, alors que l’évolu-tion de la pandémie de Covid-19 reste contenue malgré la levée pro-gressive du confinement en Europe. Un bon augure pour l’éco-nomie.

Par ailleurs, des données encou-rageantes sur l’activité manufactu-rière chinoise et la modération des mesures prises par les Etats-Unis

face à la situation à Hong Kong ont rassuré les marchés.

Du côté des valeurs, Publicis, quia bondi de 8,15 %, a pris la tête du CAC 40, devant R e n au l t . Le constructeur au losange a progresséde 6,19 %, profitant, tout comme Peugeot (+4,61 %), de perspectives positives pour le secteur automo-bile. Airbus (+4,83 %) a pris la troi-sième marche du podium. Les ban-ques ont elles aussi tiré leur épingle du jeu. Société Générale a gagné 4,44 %, BNP Paribas 3,81 %, et Cré-dit Agricole 2,45 %. Seules quatre sociétés ont fini la séance dans le rouge. Dassault Systèmes, qui a reculé de 1,31 %, a réalisé la plus mauvaise performance de l’indice.

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