les echos - 02 12 2020

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MERCREDI 2 DÉCEMBRE 2020 ISSN0153.4831 113 e ANNÉE NUMÉRO 23339 36PAGES Antilles Réunion 4,10 €. Belgique 3,60 €. Espagne 4,40 €. Grande-Bretagne 3£80. Grèce 4,20 €. Italie 4,40 €. Luxembourg 3,80 €. Maroc 35 DH. Suisse 5,90 FS. Tunisie 5,50 TND. Zone CFA 3100 CFA. DOMINIQUE SEUX DANS « L’ÉDITO ÉCO » À 7H45 DU LUNDI AU VENDREDI SUR Visio Malgré des résultats record, Zoom doit encore convaincre les investisseurs // P. 26 Bitcoin Pourquoi la star des cryptomonnaies continue de flamber // P. 30-31 ET L’ÉDITORIAL D’ELSA CONESA P.15 Ozan Kose/AFP Taxe Gafa : l’Europe persiste UniCredit : les dessous d’une disgrâce Danone, un patron face aux critiques L’analyse de David Barroux A la suite de l’annonce de son plan de restructuration, le patron de Danone a reçu une avalanche de critiques, des pouvoirs publics jusqu’au patronat, bien peu solidaire pour une fois. C’est qu’Emma- nuel Faber dénote dans le milieu et son discours habituel sur la responsabilité sociale de l’entreprise s’accorde mal avec la réalité économique que son groupe traverse. // PAGE 10 Le SMIC devrait augmenter d’un peu moins de 1 % le 1 er janvier prochain SALAIRES Comme les années précédentes, le groupe d’experts économiques chargés d’éclairer le gouvernement sur le SMIC ne préconise pas de coup de pouce supplémentaire au salaire mini- mum le 1 er janvier prochain. Compte tenu des effets de la crise sur les entreprises, la recomman- dation a toutes les chances d’être suivie par l’exécutif. Sous l’effet de la seule revalorisation légale, le salaire minimum augmentera de près de 1 %, contre 1,2 % il y a un an, selon une estimation encore provi- soire. Pour ces experts, les salariés rémunérés au SMIC ont de moins en moins de chances de monter dans l’échelle sociale. // PAGE 2 Tesla devient une référence de l’automobile, même pour Volkswagen AUTOMOBILE Les constructeurs traditionnels ne regardent plus Tesla de haut. Le patron de Volks- wagen, Herbert Diess, a même désigné le constructeur cali- fornien comme la référence du secteur, lors d’un séminaire de direction en avril. Sa volonté de rat- traper le trublion de la voiture élec- trique, et de bousculer pour cela la lourdeur des structures du groupe de Wolfsburg, lui vaut toutefois quelques difficultés. Les résistan- ces internes l’ont conduit à deman- der l’arbitrage du conseil de sur- veillance, qui devait se réunir à ce sujet mardi soir. Aucune décision importante n’était toutefois atten- due aussi tôt. // PAGE 20 Après l’acquisition de XL et le Covid, AXA mise sur la sobriété ASSURANCE AXA joue désormais la carte de la continuité et de la sobriété. S’estimant bien armé face aux taux bas, l’assureur français a dévoilé mardi un nouveau plan stratégique mettant l’accent sur la croissance interne, le développe- ment de ses activités dans la santé et l’accroissement de la rentabilité de son entité dédiée à l’assurance- dommages des entreprises XL. Acquise à grands frais en 2018, celle-ci est surveillée de près par les investisseurs. « Je veux qu’on se focalise d’abord sur la croissance organique », a insisté le directeur général d’AXA, Thomas Buberl, lors d’un entretien aux « Echos ». // PAGE 33 Francis Mascarenhas/Reuters FISCALITÉ L’Union européenne prépare un nouveau projet de taxe des géants du numérique qui devrait être lancé à l’été 2021 faute d’accord à l’OCDE d’ici là. L’Europe continue de miser en priorité sur un accord internatio- nal et réitère son « plein support » aux travaux en cours à l’OCDE. Mais, Paris en tête, elle cache de moins en moins son impatience et prévient qu’elle n’entend plus tergiverser au-delà de l’été 2021, date limite qu’elle se fixe, confor- mément au calendrier évoqué lors du dernier G20, pour parve- nir à un éventuel accord à l’OCDE. Le départ de Donald Trump est néanmoins porteur d’espoir. Le Canada a annoncé mardi une taxe Gafa pour 2022. // PAGE 7 BANQUE UniCredit a officialisé lundi soir le départ de son direc- teur général, Jean-Pierre Mustier, qui quittera la banque à l’issue de son mandat en avril prochain. L’annonce, qui a fait plonger le titre en Bourse, illustre les divergences stratégiques entre le dirigeant français et son conseil d’administration. Reconnu pour avoir redressé de façon spectacu- laire la première banque du pays, l’ex-Société Générale ne souhai- tait pas engager le groupe dans le mouvement de consolidation du secteur, notamment via le rachat de BMPS. Il devrait être remplacé par un Italien, moins réticent à faire encore grandir UniCredit dans son pays. // PAGE 32 ET « CRIBLE » PAGE 36 Vaccination : pourquoi la montée en charge sera lente l Une dizaine de millions de doses livrées en France au premier trimestre 2021. l Un grand nombre de Français devraient être vaccinés « entre avril et juin ». l Le gouvernement détaillera sa stratégie vaccinale jeudi. l Astra, Pfizer, Moderna, les avantages et inconvénients de chaque vaccin. // PAGE 18 Jean-Pierre Mustier était à la tête de l’établissement italien depuis 2016, après avoir dirigé sa banque d’investissement. Andreas Solaro/AFP iStock

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Page 1: Les Echos - 02 12 2020

MERCREDI 2 DÉCEMBRE 2020

ISSN0153.4831 113e ANNÉENUMÉRO 23339 36PAGES

Antilles Réunion 4,10 €. Belgique 3,60 €.Espagne 4,40 €. Grande-Bretagne 3£80.Grèce 4,20 €. Italie 4,40 €. Luxembourg3,80 €. Maroc 35 DH. Suisse 5,90 FS. Tunisie5,50 TND. Zone CFA 3100 CFA.

DOMINIQUE SEUXDANS « L’ÉDITO ÉCO »À 7H45DU LUNDI AU VENDREDI

SUR

Visio Malgré des résultats record, Zoom doit encore convaincre les investisseurs // P. 26

Bitcoin Pourquoi la star des cryptomonnaies continue de flamber // P. 30-31 ET L’ÉDITORIAL D’ELSA CONESA P.15

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AFP

Taxe Gafa : l’Europe persiste

UniCredit : les dessous d’une disgrâce

Danone, un patron face aux critiques

L’analyse de David Barroux

A la suite de l’annonce de son plan de restructuration, le patron de Danone a reçu une avalanche de critiques, des pouvoirs publics jusqu’au patronat, bien peu solidaire pour une fois. C’est qu’Emma-nuel Faber dénote dans le milieu et son discours habituel sur la responsabilité sociale de l’entreprise s’accorde mal avec la réalité économique que son groupe traverse. // PAGE 10

Le SMIC devrait augmenter d’un peu moins de 1 % le 1er janvier prochainSALAIRES Comme les années précédentes, le groupe d’experts économiques chargés d’éclairer le gouvernement sur le SMIC ne préconise pas de coup de pouce supplémentaire au salaire mini-mum le 1e r janvier prochain. Compte tenu des effets de la crise sur les entreprises, la recomman-dation a toutes les chances d’être suivie par l’exécutif. Sous l’effet de la seule revalorisation légale, le salaire minimum augmentera de près de 1 %, contre 1,2 % il y a un an,selon une estimation encore provi-soire. Pour ces experts, les salariés rémunérés au SMIC ont de moins en moins de chances de monter dans l’échelle sociale. // PAGE 2

Tesla devient une référence de l’automobile, même pour VolkswagenAUTOMOBILE Les constructeurs traditionnels ne regardent plus Tesla de haut. Le patron de Volks-wagen, Herbert Diess, a même désigné le constructeur cali-fornien comme la référence du secteur, lors d’un séminaire de direction en avril. Sa volonté de rat-traper le trublion de la voiture élec-trique, et de bousculer pour cela lalourdeur des structures du groupe de Wolfsburg, lui vaut toutefois quelques difficultés. Les résistan-ces internes l’ont conduit à deman-der l’arbitrage du conseil de sur-veillance, qui devait se réunir à ce sujet mardi soir. Aucune décision importante n’était toutefois atten-due aussi tôt. // PAGE 20

Après l’acquisition de XL et le Covid, AXA mise sur la sobriétéASSURANCE AXA joue désormaisla carte de la continuité et de la sobriété. S’estimant bien armé faceaux taux bas, l’assureur français a dévoilé mardi un nouveau plan stratégique mettant l’accent sur la croissance interne, le développe-ment de ses activités dans la santé et l’accroissement de la rentabilité de son entité dédiée à l’assurance-dommages des entreprises XL. Acquise à grands frais en 2018, celle-ci est surveillée de près par les investisseurs. « Je veux qu’on se focalise d’abord sur la croissance organique », a insisté le directeur général d’AXA, Thomas Buberl, lors d’un entretien aux « Echos ». // PAGE 33

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FISCALITÉ L’Union européenne prépare un nouveau projet de taxe des géants du numérique quidevrait être lancé à l’été 2021 fauted ’accord à l ’O CDE d ’ ic i là . L’Europe continue de miser en priorité sur un accord internatio-nal et réitère son « plein support »aux travaux en cours à l’OCDE. Mais, Paris en tête, elle cache de moins en moins son impatience et prévient qu’elle n’entend plus tergiverser au-delà de l’été 2021, date limite qu’elle se fixe, confor-mément au calendrier évoqué lors du dernier G20, pour parve-nir à un éventuel accord à l’OCDE.Le départ de Donald Trump est néanmoins porteur d’espoir. Le Canada a annoncé mardi une taxe Gafa pour 2022. // PAGE 7

BANQUE UniCredit a officialisé lundi soir le départ de son direc-teur général, Jean-Pierre Mustier,qui quittera la banque à l’issue de son mandat en avril prochain. L’annonce, qui a fait plonger le titre en Bourse, illustre les divergences stratégiques entre le dirigeant français et son conseil d’administration. Reconnu pour avoir redressé de façon spectacu-

laire la première banque du pays,l’ex-Société Générale ne souhai-tait pas engager le groupe dans le mouvement de consolidation du secteur, notamment via le rachat de BMPS. Il devrait être remplacé par un Italien, moins réticent à faire encore grandir UniCredit dans son pays.// PAGE 32 ET « CRIBLE » PAGE 36

Vaccination : pourquoi la montée en charge sera lente

l Une dizaine de millions de doses livrées en France au premier trimestre 2021.l Un grand nombre de Français devraient être vaccinés « entre avril et juin ».l Le gouvernement détaillera sa stratégie vaccinale jeudi.l Astra, Pfizer, Moderna, les avantages et inconvénients de chaque vaccin. // PAGE 18

Jean-Pierre Mustier était à la tête de l’établissement italien depuis 2016, après avoir dirigé sa banque d’investissement.

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Page 2: Les Echos - 02 12 2020

Guillaume de Calignon @gcalignon

Les salariés au SMIC ont, selon le rapport du groupe d’experts remis mardi, vu leur pouvoir d’achat très légèrement grimper l’an dernier, et cela même sans compter la forte hausse de la prime d’activité à laquelle beaucoup ont droit. Le SMIC a en effet augmenté de 1,2 % l’an passé alors que les prix à la consommation ont grimpé de 0,4 % entre fin mars 2019 et fin mars de cette année.

Evidemment, cette affirmationmérite d’être relativisée : tout dépend de la situation des salariés en question, par exemple s’ils sont

propriétaires ou locataires de leur logement. En outre, les auteurs du rapport pointent le fait que « le pou-voir d’achat du SMIC a progressé mais plus modérément que celui des principales références salariales ». Lesalaire horaire de base des ouvriers,plus large que le simple SMIC, a, lui,augmenté de 2 % en 2019.

Que va-t-il se passer cette annéepour les smicards ? Globalement, le gouvernement estime que le pou-voir d’achat des ménages reculeraitassez peu en 2020 – de seulement 0,5 % – alors que la chute du PIB est,elle, très violente. La richesse pro-duite par la France cette année devrait plonger de 10 % environ. Lesmesures gouvernementales telles que le chômage partiel ont permis d’atténuer les effets de la crise liée au Covid-19. Ainsi, les ménages sup-porteraient seulement 14 % du coûtde la crise alors que l’Etat en pren-drait à sa charge de l’ordre des deux

tiers de l’impact économique de la pandémie et les entreprises un peu moins d’un quart.

La protection de l’activité partielleDifficile d’en tirer des conclusions définitives. On sait toutefois que, dans le cadre du dispositif d’acti-vité partielle mis en place par le gouvernement pendant le confine-ment, les salariés les plus modes-tes ont perçu une indemnité per-mettant de maintenir à l’identiqueleur pouvoir d’achat jusqu’à 1,13 SMIC. Autre point important, selon le ministère du Travail, le salaire horaire de base des ouvriers et des employés, dont l’évolution rentre dans le calcul de la revalorisation annuelle du SMIC, a progressé de 1,5 % sur un an au troisième trimestre 2020 alors que les prix à la consomma-tion ont légèrement baissé au

cours de cette période. Cela ne suf-fit pas à ce que le groupe d’experts propose un coup de pouce au SMIC. Car les smicards bénéficientde dispositifs de soutien aux bas revenus, comme la prime d’acti-vité, qui « ont atteint également leurs limites ». Pour les experts, les smicards sont de moins en moins incités à monter dans l’ascenseur social (notamment parce que la prime d’activité baisse à mesure que leur salaire augmente).

Les efforts ne seront que peurémunérés. « Pour un célibataire travaillant à temps plein, le revenu net au SMIC représente environ 82 % du revenu net au salaire médian, soit – et de loin – le niveau leplus élevé observé parmi les pays de l’OCDE », notent-ils. Ainsi, pour le rapport, « l’enjeu majeur est d’aiderles salariés sur des emplois rémuné-rés au SMIC à faire carrière dans la mesure du possible ». n

Les revenus des salariés ont plutôt bien résisté à la crise sanitaireSelon le gouvernement, le pouvoir d’achat des ménages devrait reculer en moyenne de 0,5 % cette année.

spirale déflationniste. Selon Euros-tat, les prix ont reculé de 0,3 % dans la zone euro en novembre sur un an.

Parmi les grandes économies dela zone euro, c’est l’Allemagne qui voit ses prix le plus chuter, de 0,7 %.Ce qui s’explique largement par la baisse de la TVA décidée par le gou-vernement jusqu’au 31 décembre prochain pour relancer la consom-mation. Il n’est donc pas encore cer-tain que la mécanique déflation-niste devienne une réalité.

Il faudrait pour cela que les prixbaissent et entraînent dans leur chute les salaires. Un tel phénomènecontre lequel il est très difficile de lut-ter puisque les consommateurs auraient alors tendance à patienter avant d’acheter, espérant une baisse des prix. En retour, les entreprises, face un chiffre d’affaires moindre, seraient poussées à licencier des

salariés, entraînant du chômage et donc une baisse des salaires. On n’enest pas encore là, loin s’en faut.

Beaucoup d’économistes s’atten-dent à ce que le niveau des prix remonte, très graduellement, dans le courant de l’an prochain. Au gré de la reprise de l’économie attendueavec l’arrivée des vaccins. Les éco-nomistes de l’Organisation de coo-pération et de développement éco-nomiques (OCDE) anticipent une croissance de 3,6 % en 2021 dans la zone euro, après un recul de 7,5 % cette année. Et l’inflation devrait revenir au printemps prochain, espèrent les économistes de la ban-que Barclays. Celle-ci devrait toute-fois rester en dessous de 1 % sur l’année 2021 et à peine atteindre ce chiffre l’année suivante. Nul doute que le Conseil des gouverneurs de laBanque centrale européenne

Cela fait quatre mois de suite que lesprix à la consommation baissent dans la zone euro. Et cela renforce lacrainte que la crise du Covid n’entraîne la mise en place d’une

CONJONCTURE

Les prix à la consom-mation ont diminué 0,3 % en novembre dans la zone euro.

En incitant les ména-ges à épargner et en obligeant des entrepri-ses à fermer, la pandé-mie contribue à la baisse des prix. Et au risque de déflation.

La pandémie contribue à la baisse des prix dans la zone euro

amélioré les choses… Aller au-delà de la revalorisation légale serait préjudiciable à l’emploi des plus vulnérables, d’autant que les com-pensations par une baisse des char-ges sociales ont atteint leur limite.

« Cette situation renforce la prio-rité à accorder à l’emploi et à l’emploi à temps plein, et non aux gains de pouvoir d’achat dont l’évolution par secteur et métier doit davantage rele-ver de la négociation collective portée par les partenaires sociaux », peut-onlire en conclusion du rapport.

Modération salarialeAu passage, les experts rappellent, comme les années précédentes, qu’en France, le salaire minimum n’est pas le bon outil pour réduire la pauvreté, du fait principalement d’un trop faible nombre d’heures tra-vaillées. De même qu’ils réitèrent la recommandation d’un abandon de tout ou partie des clauses de la reva-lorisation automatique, la formule bridant selon eux la marge d’appré-ciation et de décision du gouverne-ment. Pour rappel, deux paramètressont utilisés : l’évolution de l’inflationpour les 10 % des ménages les plus pauvres et celle du salaire horaire debase des ouvriers et employés.

Cet appel à la modération sala-riale va-t-il réveiller les revendica-tions des syndicats, plutôt silen-cieux sur le sujet du SMIC jusque-làmême si la crise a fait resurgir les conditions de travail difficiles des salariés de la « deuxième ligne » ? Le rapport montre que les smicardsont été plus exposés que l’ensembledes salariés au chômage car nom-bre d’entre eux vivent d’intérim ou de CDD. Même surexposition au chômage partiel, bien que ceux qui ont pu en bénéficier n’aient pas perdu de pouvoir d’achat puisque leur salaire était pris en charge à 100 % (à la différence des autres salariés, indemnisés à 84 %).

De quoi conforter la CGT qui,dans sa contribution au rapport, appelle à une « véritable hausse du SMIC et non pas à un simple coup de pouce ». Sur la même ligne, FO va plus loin en fixant un objectif : por-ter le salaire minimum à 80 % du salaire médian, soit 1.480 euros net par mois. Pour la CFDT, l’enjeu, encore plus aujourd’hui qu’avant la crise, ne concerne pas tant le niveaudu SMIC que plus largement la question des conditions de travail des bas salaires et leurs perspectivesd’évolutions. n

l Remis mardi au ministère du Travail, un rapport d’experts ne préconise pas de coup de pouce au salaire minimum.l La revalorisation légale automatique ne devrait pas atteindre tout à fait 1 %, contre 1,2 % au 1er janvier dernier.

Vers une augmentation du SMIC proche de 1 % au 1er janvier 2021

Alain Ruello @AlainRuello

Ce sera comme les années précé-dentes. Dans leur rapport remis ce mardi soir à la ministre du Travail, Elisabeth Borne, et auquel « Les Echos » ont eu accès, le groupe d’experts économiques chargés d’orienter le gouvernement sur le SMIC préconise de ne pas donner de coup de pouce au salaire mini-mum le 1er janvier prochain. Le revenu minimum ne devrait donc augmenter que sous l’effet de la for-mule de revalorisation automati-que, ce à quoi l’exécutif ne devrait rien trouver à redire compte tenu de la situation financière dégradée des entreprises.

Selon une estimation encore pro-visoire, cela se traduirait par une hausse d’un tout petit peu moins de1 %, contre 1,2 % au 1er janvier 2020. Le taux horaire brut passerait de 10,15 à 10,25 euros (ou 1.554 euros mensuels). « Ce qui permettrait […] un gain de pouvoir d’achat », avan-cent les experts, l’inflation étant quasi nulle.

Pour justifier cette position, cegroupe, présidé par Gilbert Cette, professeur d’économie associé à l’Université d’Aix-Marseille, met d’abord en avant des raisons struc-turelles. Taux de chômage en baissemais encore élevé, compétitivité qui s’améliore, mais toujours infé-rieure à celle des bons élèves de la zone euro, ou encore situation financière des entreprises dégradéemalgré l’amélioration transitoire liée à la transformation du CICE en baisse de charges : la situation éco-nomique de la France était encore fragile en début d’année, avant même l’épidémie et le confinement.

La baisse attendue de 11 % du PIBcette année et un début 2021 qui s’annonce incertain malgré l’arri-vée des premiers vaccins n’a pas

SOCIAL

Le salaire minimum n’est pas le bon outil pour réduire la pauvreté, du fait principalement d’un trop faible nombre d’heures travaillées.

beaucoup chuté, en rapport avec la baisse de la demande mondiale.

Ensuite, l’euro s’est apprécié parrapport à la plupart des devises étrangères, et particulièrement faceau dollar, ce qui, là encore, pèse sur les prix à la consommation. Sans compter que les prix de la produc-tion chinoise exportée ont eux aussitendance à baisser. Enfin, cette moindre demande pendant la pan-démie a créé du chômage, ce qui pèse sur les salaires.

Des raisons structurellesLes économistes de S&P Global Ratings s’attendent à ce qu’au coursdes prochaines années « le ralentis-sement important du marché du tra-vail se traduise par une pression sur les salaires, ce qui maintiendra les coûts de main-d’œuvre à un niveau bas pour les entreprises ». Difficile

dans ces conditions d’envisager un rebond de l’inflation à court et moyen terme, même si, çà et là, dans certains biens et secteurs, il peut y avoir quelques tensions, notamment dans les produits ali-mentaires en période de confine-ment – ils ont augmenté de 2 % en novembre dans la zone euro sur unan – ou sur certains médicaments.

Car les raisons structurelles quiexpliquaient l’absence d’inflation avant l’irruption de la pandémie restent, pour beaucoup d’entre elles, toujours d’actualité. Les inéga-lités grandissantes poussent le tauxd’épargne à la hausse, les plus aisés consommant proportionnelle-ment moins de leur revenu que les plus modestes. Et la zone euro garde un excédent commercial important, ce qui pousse la mon-naie unique à s’apprécier. — G. C.

(BCE), qui se réunira jeudi sera souspression pour agir.

A court terme, la pandémie pèsesur les prix. D’abord parce que les ménages ont tendance à épargner puisqu’ils consomment moins pen-dant le confinement. C’est ce qui s’est passé au printemps et dans unemoindre mesure cet automne avec la fermeture de magasins, bars, res-taurants et autres salles de cinéma. Une composante importante de l’inflation, le prix du pétrole, a aussi

+2 %EN NOVEMBREL’augmentation des prix des produits alimentaires – y compris tabac et alcools.

FRANCE Mercredi 2 décembre 2020 Les Echos

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Les Echos Mercredi 2 décembre 2020 FRANCE // 03

Macron : il faut sauver la loi séparatisme

LE FAIT DU JOUR POLITIQUECécileCornudet

C ostume gris commepasse-muraille. Cejour de questions

d’actualité à l’Assemblée nationale, Gérald Darmanin ne joue pas les vedettes. Jean Castex salue l’action de son ministre, mais c’est lui qui répond aux premières questions sur la sécurité. Le moment est encore politi-quement trop incertain pour gérer les susceptibilités. Dans une semaine arrive en Conseil des ministres la dernière grande loi du quinquennat, sur le séparatisme islamiste, « loi majeure, XXL pour le président », dit un proche.Emmanuel Macron n’est pas certain que la suspension de l’article 24 de la loi sécurité globale suffira à calmer le jeu avec les médias et la gauche, mais il a une certitude : il faut sauver la loi séparatisme. Si la suppression de cet article 24 doit attendre, eh bien il attendra. Alors qu’était envisagée lundi la possibilité de le réintégrer dans la loi séparatisme, l’option pourrait désormais être écartée. Ne pas prendre le risque de la contaminer avec les polémiques actuelles !Tout faire pour apaiser la majorité aussi. Du « capharnaüm » de ces derniers jours, l’Elysée tire au moins deux ensei-gnements. « Le travail de pédagogie a manqué sur la

sécurité, il ne faut surtout pas refaire cette erreur sur le séparatisme. » A fortiori si le Conseil d’Etat exprime des réserves sur le texte, comme ce pourrait être le cas jeudi.Emmanuel Macron n’a toujours pas réglé son problème de « scoliose », observe-t-on aussi : sa majorité est plus à gauche que les électeurs macronisteset que la politique menée… ou plutôt que la perception de la politique menée. Débattre en douceur du séparatisme, si tant est que ce ne soit pas un oxymore, implique donc de rassurer la majorité sur l’existence d’une « jambe gauche » macronienne. Diluer Darmanin en fait partie. Dans les médias, aux questions du Parlement, d’autres ministres porteront avec lui le texte, Eric Dupond-Moretti, Roselyne Bachelot et Jean-Michel Blanquer.Mettre l’accent sur le volet social du discours des Mureaux aussi, même s’il ne fait pas, lui, l’objet d’un texte de loi. « Beaucoup d’actions ont été menées pour l’égalité des chances. On vient de mettre 1 milliard du plan de relance dans les quartiers et les communes rurales et personnen’en parle », se désole-t-on.Consigne est donc d’en parler et de travailler à de nouvelles mesures. Emmanuel Macron qui donne jeudi une interview à « Brut » pourrait relancer les travaux de la commission Vigouroux sur les discriminations, sujet de préoccupation s’il en est de la jeunesse, voire annoncer de premières pistes. Qu’au moins le capharnaüm serve à quelque chose…[email protected]

Le chef de l’Etat tire les leçons du fiasco de la sécurité en mettant l’accent sur le volet social et anti-discriminations qui accompagnera sa loi séparatisme. L’objectif ? Amadouer une majorité plus à gauche que la politique menée.

en brefForte diminution du dépistage du VIH lors du premier confinementSANTÉ La pandémie de Covid-19 a entraîné une « forte » dimi-nution du dépistage des infections par le virus du sida (VIH)avec, lors du premier confinement, une réduction du nombre detests sanguins de 56 % entre février et avril, selon Santé publi-que France. Le nombre des sérologies (tests sanguins) « aensuite réaugmenté en mai et juin, sans atteindre les niveauxobservés en début d’année », note l’agence sanitaire dans un bul-letin sur la surveillance du VIH, publié à l’occasion de la journéemondiale de lutte contre le sida du 1er décembre.« 6,2 millions desérologies VIH ont été réalisées en 2019 », selon ce bulletin.

Syndicat Avenir lycéen : les Insoumis vont saisir la justicePOLITIQUE Les députés LFI ont annoncé mardi la saisine de lajustice concernant les liens du ministre de l’Education natio-nale, Jean-Michel Blanquer, avec le syndicat Avenir lycéen, lienssur lesquels le groupe de Jean-Luc Mélenchon réclame unecommission d’enquête parlementaire. La France insoumisepointe un possible « abus d’autorité », une « mise en péril demineurs » et suspecte un « trafic d’influence » en raison de l’utili-sation de fonds publics. Jean-Michel Blanquer a une nouvellefois dénoncé mardi, à l’Assemblée, une « pure calomnie ».

pas le couteau sous la gorge pour payer ont remboursé « spontané-ment » , a indiqué Yann-Gaël Amghar, et un p eu plus v i te qu’attendu.

Les reports ont été organiséssous la forme d’un « choix très sim-ple », dans le cadre d’une « relation de confiance avec les entreprises », a-t-il souligné. Il suffit d’une demande, tacitement acceptée sous48 heures. Parfois, l’Acoss prend l’initiative de suspendre un paie-ment, notamment pour les tra-vailleurs indépendants, qui sont nombreux à avoir mis en place un prélèvement automatique de leurs cotisations. Dans tous les cas, il n’y ani pénalité ni majoration de retard.

En novembre, le deuxième confi-nement a provoqué un rebond des reports de cotisations, à hauteur de 1,73 milliard d’euros, concernant 17,4 % des employeurs. Rien à voir cependant avec le confinement

« dur » du printemps : en avril, les reports avaient grimpé à 7,7 mil-liards en un mois et 46,4 % des employeurs. Entre-temps, les entreprises ont su s’adapter au con-texte épidémique et trouver davan-tage de solutions de financement, prêts garantis par l’Etat ou autres.

Plans d’apurementComme les entreprises ne sont pas au bout de leurs soucis de trésore-rie, les reports de tout ou partie des cotisations vont se poursuivre pourles échéances du 5 et du 15 décem-bre. Quant aux exonérations sup-plémentaires (et non plus reports) de la troisième loi de finances recti-ficative pour les secteurs les plus impactés, on ne peut pas encore en faire le bilan : les déclarations des entreprises sont en cours – à plus forte raison pour les nouvelles exo-nérations votées lundi dans le bud-get de la Sécurité sociale.

Ce « tiers statut entre celui de salarié et d’indépendant […] créerait un nivellement par le bas ».JEAN-YVES FROUIN Ancien président de la chambre sociale de la Cour de cassation

Solveig Godeluck @Solwii

Les reports et exonérations de char-ges sociales, ce n’est pas fini. Les mesures exceptionnelles mises en place par les caisses des Urssaf pouraider les entreprises à faire face à la crise du Covid se poursuivront en décembre. On n’en connaîtra le coûtdéfinitif pour l’année qu’à la clôture des comptes de la Sécurité sociale en mars. Mais, en attendant, le directeur de l’Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss), Yann-Gaël Amghar, a déjà dressé ce mardi un bilan d’étape desreports de cotisations. Le mouve-ment a été enclenché le 15 mars avecle premier confinement. « On n’avait jamais fait cela de cette manière et avec une telle ampleur », areconnu le haut fonctionnaire.

En effet, les volumes sont horsnormes : il y a eu en cumul 23 mil-liards d’euros de reports de charges sociales, avec un pic mensuel fin juin, à plus de 16 milliards. Mais les d e t t e s c o n s t i t u é e s p a r l e s employeurs ont été en majeure par-tie remboursées, puisque fin novembre il ne reste plus que 10,25 milliards à recouvrer – tout demême dus par 70 % des entreprises.Quantité de débiteurs qui n’avaient

ÉPIDÉMIE

Les entreprises ont déjà remboursé spontanément plus de la moitié des cotisa-tions non versées durant la première vague de l’épidémie.

A hauteur de 1,73 milliard d’euros en novembre, le rebond des reports de cotisations n’a rien à voir avec avril : là, les reports avaient grimpé à 7,7 milliards en un mois.

Leïla de Comarmond @leiladeco

« Une telle novation risquerait de remplacer une frontière floue par deux frontières qui le seraient tout autant et le contentieux de la requali-fication ne s’éteindrait pas. » Chargé cet été de faire des préconisations pour « réguler les plateformes numé-riques » dans un contexte de déve-loppement de la requalification de leurs travailleurs en salariés, Jean-Yves Frouin, n’y va pas par quatre chemins concernant la solution qui avait les faveurs de Matignon et du ministère du Travail avant la nomi-nation de Jean Castex à la tête du gouvernement. Dans le rapport qu’il doit remettre au Premier ministre ce mercredi, l’ancien prési-

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En 2021, les entreprises devrontrembourser leurs dettes. « On adap-tera notre politique aux évolutions dela situation sanitaire et des restric-tions que cela implique pour les entre-prises », a tenu à rassurer Yann-GaëlAmghar. L’Acoss prop osera d’emblée des plans d’apurement « à la fois automatiques et personnali-sés ». Plus la dette sera importante, plus le remboursement sera long. Il se mettra en place « dès la sortie de crise pour les secteurs qui n’ont pas été fermés cet automne », et plus tardpour les autres « le temps qu’ils se stabilisent ».

« La proposition sera faite parnous. Mais les entreprises peuvent négocier », a insisté le directeur de l’Acoss. A la suite du premier déconfinement, certains entrepre-neurs avaient reçu des propositionspour apurer leur dette : la moitié ont demandé un délai plus long et l’autre moitié un délai plus court. n

Reconfinement : les reports de charges font moins recette

Travailleurs des plateformes : la piste des coopératives et sociétés de portage salarial

dent de la chambre sociale de la Cour de cassation rejette catégori-quement la création d’un « tiers sta-tut entre celui de salarié et d’indépen-dant ». Il la qualifie de « fausse bonneidée », ajoutant même que « ce statutcréerait un nivellement par le bas ».

Jean-Yves Frouin voit a contrariobeaucoup d’avantages à la piste toute simple de la « reconnaissance d’un statut de salarié » classique pour ces travailleurs. Elle permet-trait de « régler immédiatement les questions de sécurité juridique » et aurait « pour effet » de les faire bénéficier des droits et protection des salariés.

« L’argument selon lequel les tra-vailleurs de plateforme seraient eux-mêmes opposés à une telle option semble sans doute factice », ajoute même l’ancien magistrat. Ne reste pour lui en défaveur de ce scénario que « l’autonomie dans l’exercice du travail sur les plateformes ». Jean-Yves Frouin choisit pourtant d’écar-ter cette option car « ce n’est […] pas l’hypothèse de travail des pouvoirs publics ayant initié cette mission ».

Il plaide dès lors pour aller cher-cher du côté des deux formes atypi-ques de salariat qui « peuvent com-biner avantageusement statut de salarié, autonomie d’exercice et tra-vail au sein des plateformes » : le

portage salarial et la coopérative d’activité et d’emploi. La proposi-tion n’est pas nouvelle : elle est évo-quée dans un rapport du Conseil économique, social et environne-mental ou encore par la Fondation Jean Jaurès. Elle ne fera pas pour autant consensus.

Si la piste coopérative peut êtredirectement opérationnelle, celle du portage salarial aux travailleurs de plateforme imposerait une évo-lution législative. Ce qui écornerait au passage le principe sur lequel repose aujourd’hui cette forme par-ticulière de salariat, réservée de faitaux cadres. La piste coopérative a déjà commencé à être creusée par des livreurs ou chauffeurs, mais

pour contourner les plateformes, et son développement se heurte à leur puissance de feu. Le rapport préconise, lui, tout autre chose.

Second niveau d’intermédiationIl s’agirait de créer via une coopé-rative d’activité ou une société de portage un second niveau d’inter-médiation entre le travailleur de plateforme et le client en cas de passage par une des plateformes numériques. Avec, donc, un coût supplémentaire dont rien ne dit quecelles-là le prendront en charge, alors que la tendance est à rogner sur la rémunération des tra-vailleurs pour préserver les marges.En outre, un niveau de chiffre d’affaires et une ancienneté dans l’activité seraient nécessaires pour passer par ces intermédiaires, alorsque nombre de travailleurs ont des petits revenus et font rarement des passages de plus de quelques mois dans les plateformes.

Du côté du ministère du Travail,on reste pour l’heure très prudent. « Ce rapport n’est pas un aboutis-sement, il éclaire la réflexion », explique-t-on dans l’entourage de la ministre, Elisabeth Borne, qui l’inscrit dans « une perspective de dialogue social ». n

SOCIAL

L’ancien président de la chambre sociale de la Cour de cassation Jean-Yves Frouin estime que la création d’un « tiers statut » entre salariat et travail indépendant est une « fausse bonne idée ».

Yann Gaël-Amghar, directeur de l’Acoss (Agence centrale des organismes de Sécurité sociale), a présenté mardi un bilan d’étape des mesures exceptionnelles face au Covid. Photo Romain Gaillard/RÉA

RetrouvezNicolasBarréà7h15pour«L’éclairageéco»dans le 7h-9hdeMatthieuBelliard

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04 // FRANCE Mercredi 2 décembre 2020 Les Echos

selon eux, par la réforme de la taxe d’habitation.

Même si les communes étaiententrées dans la crise « en bonne santé financière » avec « un taux d’épargne brute élevé, un niveau d’endettement très inférieur aux seuils critiques et des dépenses de fonctionnement contenues »,– comme l’avait souligné la Cour descomptes cet été – , elles font face à « de nombreuses incertitudes sur les prochaines années ».

La partie s’annonce d’autant pluscompliquée que « ce nouveau man-dat arrive après un mandat qui a déjàété considérablement perturbé sur le plan financier », souligne André Laignel, premier vice-président délégué de l’AMF, faisant référence à la réduction de la dotation globalede fonctionnement versée par l’Etat(20,6 milliards d’euros en moins par rapport au mandat précédent). Dans ce contexte, les dépenses d’équipement des communes et desintercommunalités ont baissé de 15,9 milliards d’euros d’un mandat sur l’autre -– un repli inédit depuis la période 1995-1997.

« Trompe-l’œil » « Aujourd’hui on estime que l’autofi-nancement brut pourrait être [en baisse] de –20 %, selon un chiffre avancé par la Cour des comptes. (...) Dans ma propre communauté de communes, nous avons voté des orientations budgétaires à –30 % surl’investissement pour 2021 », indi-q u e A n d r é L a i g n e l , m a i r e d’Issoudun (Indre).

L’année 2021 pourrait êtreen « trompe-l’œil », selon lui. « Un cer-tain nombre d’investissements finan-cés sur le budget 2020 n’ont pas pu être réalisés en 2020. Donc, par glisse-ment, on va les réaliser en 2021 . Mais 2022 sera l’année la plus difficile : comme nous aurons baissé notre autofinancement en 2021, alors nous

n’aurons plus cette capacité de trans-fert d’une année sur l’autre pour maintenir ce niveau d’investisse-ment », met-il en garde.

L’AMF ne manque jamais uneoccasion de réclamer une plus grande compensation des pertes de recettes fiscales et des dépenses sup-plémentaires causées par la crise sanitaire, au-delà des différentes mesures décidées par le gouverne-ment dans les différentes lois de

Laurent Thévenin @laurentthevenin

Début de mandat en forme de pointd’interrogation pour le bloc com-munal. Alors que la première année du cycle électoral n’est déjà traditionnellement pas la plus pro-lifique pour les investissements descommunes et des intercommunali-tés, les répercussions financières dela crise du Covid-19 sur leurs finan-ces viennent rajouter une con-trainte supplémentaire.

« Jusqu’en 2022, les budgets dubloc communal sont grevés de 8 mil-liards d’euros de pertes en cumulant les baisses de recettes et les dépenses supplémentaires induites par la crisesanitaire », soit « autant de moins pour l’autofinancement, et donc pour l’investissement local », souli-gne une étude présentée mardi par l’Association des maires de France (AMF) et la Banque des Territoires.

Sans compter, soulignent lesauteurs, « la fragilisation des recetteslocales », illustrée notamment,

COLLECTIVITÉS LOCALES

Les répercussions financières de la crise économique viennent rajouter de l’incertitude pour les communes et les intercommunalités.

Le précédent mandat avait déjà été marqué par un recul de près de 16 milliards d’euros des dépenses d’équipe-ment par rapport à celui d’avant.

Propos recueillis par L. T.

S Selon une estimation deFrance urbaine, qui repré-

sente les grandes villes, métropoleset grandes agglomérations, la crise du Covid-19 a coûté 2 milliards d’euros à ces collectivités en 2020 du fait des dépenses exceptionnel-les et pertes de recettes survenues depuis le mois de mars. Vice-prési-dent de l’association, le maire (LR) de Reims, Arnaud Robinet, juge que les mesures de compensation décidées par l’Etat ne sont pas à la hauteur des conséquences finan-cières de l’épidémie de Covid. Alorsque leur capacité d’autofinance-ment va baisser, certaines collecti-vités seront dans l’obligation d’aug-menter les taxes, selon lui.

France urbaine estimeà 2 milliards d’euros l’impact de la crise pour les grandes villes, métropoles et grandes agglomérations en 2020. Est-ce soutenable pour vos finances ?En 2020, la crise sanitaire aura eupour effet de ponctionner envi-ron un quart de leur épargnebrute et 5 % de leurs recettes réel-les de fonctionnement, même siles situations sont évidemmentdisparates d’une commune oud’une intercommunalité à l’autre.Leur capacité d’autofinancementva baisser pour 2021 et aussi pour2022, qui risque d’être une annéevraiment compliquée pour uncertain nombre de collectivités.Ce qui soulève une vraie inquié-tude : comment allons-nous par-ticiper au plan de relance et assu-rer les investissements sur lesterritoires ? D’autant que les

mécanismes de compensationproposés par l ’Etat pour lesdépenses exceptionnelles et lespertes de recettes engendrées parla crise sanitaire ne sont pas dutout suffisants.

Les différentes lois de finances rectificatives pour 2020et le projet de budget pour 2021 prévoient pourtant 2,2 milliards d’eurosde mesures de soutienpour les collectivités du bloc communal…Oui, mais ce sont principalementdes petites communes qui vontbénéficier du dispositif de com-

tissements pour soutenir l’acti-vité économique et la relance,nous allons avoir recours demanière un peu plus importanteà l’emprunt que les années précé-dentes. Notre capacité de désen-dettement devrait ainsi passer de4 , 4 a n n é e s a u j o u r d ’ h u i à 6années en 2025, mais en restantbien en deçà du seuil critique des12 années.

Les collectivités n’ont de toutefaçon pas beaucoup de leviers àl e u r d i s p o s i t i o n . C e r t a i n e sn’auront pas d’autre choix, à unmoment ou à un autre, que d’aug-menter la fiscalité, en particulierla taxe foncière, ou les tarifsmunicipaux (prix des repas descantines scolaires, des entrées depiscine, etc.).

Mais l’Etat promet, lui,de ne pas toucher aux impôts…Il faut voir les choses en face. A un moment donné, si nous ne sommespas compensés à l’euro près, certai-nes collectivités ne pourront pas assurer un service public consé-quent et participer pleinement à la relance sans prendre de telles mesures. Aujourd’hui, nous som-mes pris entre l’enclume et le mar-teau, avec un Etat qui recentralise lafiscalité locale à travers la réforme de la taxe d’habitation ou la baisse des impôts de production, et des concitoyens qui nous demandent toujours plus.

Cette situation est-ellede nature à remettre en cause certains investissements ?On sait que des collectivités ont déjàdiminué leur investissement de 20 % à 30 %. Entre la baisse de l’auto-financement, les changements de

pensation pour leurs pertes derecettes fiscales et domaniales en2020. Attention donc à ne pasmettre de côté les grandes villes,qui ont des charges de centralitétrès supérieures à celles desautres villes. Il y a par ailleurs tou-jours un sujet d’inquiétude chezles intercommunalités concer-nant les autorités organisatricesde la mobilité. Nous avons certesfini par obtenir une enveloppe de750 millions d’euros, mais il s’agitd’avances remboursables, pasd’une véritable compensation.Nous attendons donc d’autresavancées sur le sujet, car lesrépercussions financières sonttrès importantes.

Pour la communauté urbainedu Grand Reims, par exemple,l’impact des moindres rentréesde versement transport et despertes de recettes tarifairesapproche les 12 millions d’euros.Derrière, on est obligés de pren-dre sur le budget principal de lacollectivité, ce qui réduit d’autantles possibilités d’investissements.

Comment les collectivités peuvent-elles s’en sortir ?A Reims, on « amort i t » lesdépenses exceptionnelles et lesmoindres recettes liées à la crisedu Covid grâce aux résultats denotre gestion passée, même sicela amène une diminution del’autofinancement. Mais, commenous voulons maintenir les inves-

ARNAUD ROBINETMaire de Reimset vice-présidentde France urbaine

Il a dit

« Aujourd’hui, nous sommes pris entre l’enclume et le marteau, avec un Etat qui recentralise la fiscalité locale à travers la réforme de la taxe d’habitation ou la baisse des impôts de production, et des concitoyens qui nous demandent toujours plus. »

finances rectificatives ou le projet debudget pour 2021. « Je suis étonné, pour ne pas dire abasourdi, que l’Etat fasse comme si tout allait bien », tonne André Laignel.

« La reprise de l’investissement dubloc communal, essentiel au plan de relance, n’est pas certaine si rien n’estfait pour préserver les ressources et lesmarges de manœuvre des communes et des intercommunalités », prévient cette étude. n

Covid-19 : les investissements des communes pourraient fortement chuter

« Certaines collectivités n’auront pas d’autre choixque d’augmenter la fiscalité »

municipalité qui ont arrêté des pro-jets dans certaines communes et le fait que 2021 sera une année électo-rale pour les départements et les régions, il devrait y avoir des coups de frein sur l’investissement dans certaines collectivités.

Le gouvernement travailleà un projet de loisur la décentralisation.Qu’en attendez-vous ?Il faut une décentralisation beau-coup plus poussée. Je souhaite que l’Etat fasse plus confiance aux col-lectivités et qu’on soit plus dans des gestions de proximité. Mais il ne faudrait pas non plus que cela se traduise par une centralisation au niveau régional. Il me semblerait utile de redonner aux communes une partie du pouvoir économique,en partenariat avec les régions et lesintercommunalités.

Pour deux raisons : c’est dansles grandes villes centres qu’onretrouve principalement l’acti-vité économique, et les chefsd’entreprise demandent avanttout de la proximité et de la réacti-vité. Pendant le confinement,nous avons parfois dû aller au-delà de notre compétence sur leplan économique. La ville deReims a réussi à prendre desmesures d’aide aux loyers pourles commerces qui devaient res-ter fermés, mais nous avons dûun peu contourner la législationet avoir un regard bienveillant dela Direction générale des finan-ces publiques.La santé fait partiedes compétences que les commu-nes pourraient avoir aussi, carune santé trop technocratique etcentralisée ne permet pas d’êtreefficace en période de crise. n

Pierre-Alain Furbury @paFurbury

Dans chaque niche fiscale, a-t-on coutume de dire, il y a un chien qui mord. Chaque niche parlementaire, en revanche, est une opportunité politique. Ce jeudi, les députés Les Républi-cains entendent profiter de cetteséance où ils sont maîtres de l’ordre du jour pour mettre sur latable, notamment, une proposi-tion de résolution sur un « dépis-tage systématique » du Covid-19, inspirée des politiques sanitai-res « initiées dans d’autres pays ».Manière pour la droite de se montrer « concrète » et cons-tructive. Et d’épingler, une nou-velle fois, les manquements, à ses yeux, du gouvernement dans la lutte contre l’épidémie.

Concrètement, il s’agiraitde « renforcer le dépistage juste avant et juste après les fêtes de fin d’année », période à risque, pourdéceler les porteurs asympto-matiques du virus et éviter « de nouveaux foyers de contamina-tion ». « Sur la base du volonta-riat », pour « celles et ceux qui sont responsables et veulent pro-téger les leurs », a souligné mardiDamien Abad, le président du groupe LR à l’Assemblée, lors d’une conférence de presse. « Pour que le confinement soit efficace, il doit être mis à profit pour tester massivement la popu-lation […] La France souffre d’un défaut de logistique et de types de tests disponibles », affirme le texte, selon lequel « vivre avec le virus ne peut se résumer à une stratégie de stop-and-go perma-nents » ni à une « restriction intermittente des libertés ».

Avoir « un coup d’avance »La droite cite en exemple la Slo-vaquie, qui est parvenue à tester en quelques jours les deux tiers de sa population (plus de 10 fois moindre que celle de la France). Mais aussi, même s’il n’est pas écrit dans la proposition de réso-lution, celui de l’Auvergne-Rhô-ne-Alpes. Laurent Wauquiez, le patron de la région (terre d’élec-tion de Damien Abad, qui est député de l’Ain), a annoncé mi-novembre une campagne de tests gratuits, qui devrait se dérouler du 18 au 20 décembre dans un millier de lieux, avec l’aide de 10.000 bénévoles.

« C’est en décembre et en jan-vier que se joue le printemps pro-chain. Pour une fois – et ce serait lapremière fois –, j’espère que nous aurons un coup d’avance sur le virus », a insisté Jean-Jacques Gaultier, le député LR des Vos-ges qui porte le texte. Ce méde-cin de formation voit dans cette stratégie « offensive » le moyen d’avoir un « confinement utile » et aussi de « roder » la future campagne de vaccination con-tre le Covid-19. « Il faut essayer deréussir ce qui a été raté précédem-ment », a-t-il taclé, pointant le « retard au démarrage » de l’exé-cutif, qui a testé « trop peu et troptardivement ». Un exécutif qui doit justement présenter, dans les tout prochains jours, son plan de vaccination, dans la fou-lée des recommandations – en cinq phases – de la Haute Autorité de santé. n

La droite réclame un dépistage « massif »

POLITIQUE

Pour éviter une troisième vague de l’épidémie, les députés Les Répu-blicains ont déposé une proposition de résolution prônant des tests massifs avant et après les fêtes de fin d’année.

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/ AFP

Les dépenses d’équipement des communes et des intercommunalités ont baissé de 15,9 milliards d’euros d’un mandatsur l’autre.

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Les Echos Mercredi 2 décembre 2020 FRANCE // 05

« souple » et au niveau du premier confinement « dur ».

Il est difficile de prévoir lavitesse à laquelle ces lits de soinscritiques vont se vider, dans lamesure où l’on ne sait pas préci-sément combien de lits de réani-mation pure sont occupés par lespatients Covid, prévient l’InstitutPasteur. Ces patients aux formestrès graves peuvent rester long-temps alités. S’ils sont nombreux,les sorties risquent de ralentir.

Mesures de freinageMais maintenant que le pic des hos-pitalisations et des réanimations est passé, la pente est plutôt rapide,au lieu du plateau tant redouté. « L’absence de plateau s’explique par un confinement efficace, mais aussi en partie par un ralentisse-ment relativement important pen-dant la deuxième quinzaine d’octo-bre », explique Simon Cauchemez, le modélisateur de l ’Institut Pasteur qui dirige ces travaux d’épidémiologie.

Est-ce le couvre-feu ? Les vacan-ces ? « La conséquence a été une entrée dans le confinement avec une dynamique nettement plus douce que ce qu’on observait début novem-bre », ajoute-t-il.

Rétrospectivement, on mesurel’efficacité des mesures de freinage, à travers les variations de la vitesse de circulation du virus effective (R),et surtout de la vitesse de circula-tion hors effet de l’immunité rela-tive acquise par la population du fait des contaminations antérieures(R0). Ce R0 était proche de 3 en mars. Depuis le 30 octobre, grâce au

Solveig Godeluck @Solwii

Ce sont des chiffres plutôt rassu-rants. Dans ses projections datées de lundi, l’Institut Pasteur livre des données de modélisation montrantune poursuite de la décrue de l’épi-démie de Covid-19 dans les hôpi-taux. Les malades du Covid occupe-raient « entre 1.600 et 2.600 lits le 15 décembre » dans les services de soins critiques (réanimation, soins intensifs et surveillance continue), avec autour de 50 à 120 entrées quotidiennes. Il y aurait aussi entre 6.000 et 10.000 patients hospita-lisés dans des lits conventionnels (environ 500 à 700 admissions journalières).

Lundi, il restait 3.700 personnesen réanimation, avec 196 nouvelles admissions en 24 heures. Un effec-tif dans le haut de la fourchette des projections de la mi-novembre, alors que le nombre de reproduc-tion effectif du virus R (qui indique le nombre de personnes contami-nées par chaque individu infecté) est tombé à 0,7. Un niveau plus bas que prévu pour un confinement

SANTÉ

Les nouveaux scénarios de l’Institut Pasteur prévoient 1.600 à 2.600 lits de soins critiques occupés par les malades du Covid-19 le 15 décembre.

Covid-19 : le nombre de patients en réanimation devrait tomber autour de 2.000 à la mi-décembre

confinement, il n’est plus que de 0,77 selon les calculs de l’Institut Pasteur. Etant donné que 11,3 % de lapopulation a probablement déjà étéinfectée, le R effectif serait tombé

à 0,69 en France métropolitaine. L’attaque virale a été violente pen-dant la première quinzaine d’octo-bre : le R0 a flambé à 1,62 à l’échelle métropolitaine, avec des pics supé-

rieurs à 1,9 en Bourgogne-Franche-Comté et dans le Grand Est. Durantla deuxième quinzaine, à partir du 17 octobre, des couvre-feux sont entrés en vigueur. Le R0 est alors

L’Institut Pasteur livre des données de modélisation montrant une poursuite de la décrue de l’épidémie de Covid-19 dans les hôpitaux. Photo Benoit Tessier/Reuters

redescendu à 1,27, ce qui donne, du fait de l’immunité acquise par une partie de la population, un R effectifde 1,16. Autrement dit, sous couvre-feu, l’épidémie a continué à croître, à une vitesse qui aurait été gérable n’eût été le niveau élevé de la conta-gion de l’ensemble de la population.

« En septembre-octobre, on a eudes valeurs de R0 deux fois plus fai-bles qu’en mars. Cela suggère que les masques, la distanciation physique, les tests, le contact-tracing et l’isole-ment réduisent la transmission ; mais l’effet de ces mesures n’a mal-heureusement pas été suffisant pour empêcher ce nouveau confinement »,commente Simon Cauchemez.

Et ces mesures de préventionvont jouer un rôle capital pour la suite. D’ici au 15 décembre, et dans l’hypothèse où l’assouplissement du confinement augmenterait tout de même de 0,3 point le R0, l’Institut Pasteur estime que le nombre de lits de réanimation Covid occupés tournerait autour de2.100, à condition que la durée de séjour ne s’allonge pas. n

Le couvre-feu, le confinement et les mesures barrières freinent mieux que prévu la circulation du virus, qui devrait rester sage jusqu’au déconfinement.

RÉAGIRFACE À UNE CRISE

AGIRPOUR PRÉPARER L’APRÈS

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l Les nouvelles prévisions de l’organisation internationale font état d’une croissance mondiale de 4,2 % en 2021. l Les vaccins anti-Covid-19 suscitent l’espoir. En revanche, le chômage va encore progresser.

Croissance mondiale : l’OCDE compte sur l’effet des vaccins contre le Covid-19

Richard Hiault @RHIAULT

L’horizon s’éclaircit. Pour l’Organisa-tion de coopération et de développe-ment économiques (OCDE), la pers-pective d’une arrivée rapide de vaccins contre le Covid-19 ravive l’espoir d’un retour de la croissance mondiale. « Pour la première fois depuis le début de la pandémie, il y a maintenant l’espoir d’un avenir meilleur », écrit Laurence Boone, l’économiste en chef de l’Organisa-tion, en introduction du nouveau rapport sur les perspectives de crois-sance mondiale, publié mardi. « Mais nous ne sommes pas encore sortis du bois », a averti le secrétaire général de l’Organisation, Angel Gurría, lors d’un point presse, mardi.

Grâce à l’action des gouverne-ments et des banques centrales, l’activité mondiale s’est rapidement redressée. Pour l’année en cours, l’OCDE n’attend plus qu’un repli de 4,2 % du PIB mondial, et non plus de 9,5 % comme annoncé en septembredernier. Les Etats-Unis limitent aussila casse avec un recul limité de leur PIB à 3,7 %. C’est un dixième de point de mieux que la prévision de septem-bre. La France voit aussi une amélio-ration, avec un recul de l’activité pré-vue de 9,1 % au lieu de 9,5 % avancé à la fin de l’été. A l’inverse du Royaume-Uni où l’Organisation a abaissé à – 11,2 % l’effondrement du PIB (–10,1 % en septembre). « Le fort rebond du PIBdû à la consommation au troisième trimestre de 2020 […] devrait s’inver-ser » au regard de la hausse des nom-bres de cas de Covid-19 dans le pays.

Pic du chômage en 2021Au total, l’activité se poursuivra avec des contacts sociaux limités et des frontières partiellement fermées pendant encore quelques trimestres. « Certains secteurs reprendront de la vigueur, d’autres seront à l’arrêt », pré-cise Laurence Boone. Ajoutant que « les économies en développement ou émergentes, où le tourisme est impor-tant, continueront de voir leur situa-tion se détériorer et nécessiteront davantage d’aide internationale ».

A l’horizon, les nuages noirssemblent se dissiper. Le PIB mon-dial reviendra à ses niveaux d’avantla crise d’ici à la fin de 2021. Il devraitaugmenter d’environ 4,2 % l’an pro-chain et de 3,7 % en 2022. Néan-moins, par rapport à ses prévisions de septembre, l’OCDE est moins optimiste, puisqu’elle prévoyait un rebond de l’économie mondiale de 5 % en 2021. La France est créditée de 6 % (+ 5,8 % en septembre). « La

CONJONCTURE

réduction de la taxe professionnelle de 10 milliards d’euros, les subven-tions dans le secteur automobile, l’augmentation des investissements publics ainsi que le financement sup-plémentaire des programmes de for-mation apporteront un large soutienà la reprise au cours des deux pro-chaines années », souligne l’OCDE.

En revanche, l’Allemagne ne ver-rait qu’un rebond de 2,8 % et non plus de 4,6 % l’an prochain. « La demande de services restera faible en2021, les mesures de confinement du virus ayant été renforcées », indique l’Organisation. Elle ajoute une « incertitude supplémentaire qui limitera la reprise des investisse-ments ainsi que la demande d’expor-tations de biens d’équipement ».

La Chine, qui a commencé à seredresser plus tôt, devrait connaître une forte croissance, représentant plus d’un tiers de la croissance écono-mique mondiale en 2021. Une crois-sance de 8 % est attendue en 2021 après 1,8 % cette année. Les écono-mies de l’OCDE (+ 3,3 %) ne se remet-tront que partiellement de la pro-fonde récession de 2020. Fait notable : « la contribution de l’Europe

Selon l’OCDE, le PIB mondial reviendra à ses niveaux d’avant la crise d’ici à la fin de 2021.

Véronique Le Billon @VLeBillon

—Bureau de New York

Un mois après l’élection, le débat sur un nouveau plan d’aide aux ménages et aux entreprises reprend de la vigueur. « L’économie a été plus résiliente que prévu, mais ilnous reste encore beaucoup de che-min », a jugé mardi au Sénat le prési-dent de la Réserve fédérale, Jerome Powell, notant qu’avec 10 millions de personnes encore sans emploi, lechiffre est plus important qu’au plusfort de la crise financière de 2008.

Avec la perspective d’un vaccinmais une pandémie galopante – 150.000 nouvelles contamina-tions et 1.500 décès par jour – et denombreuses aides arrivant en fin de course en fin d’année, le prési-dent de la Fed comme le secrétaireau Trésor, Steven Mnuchin, égale-ment auditionné, ont plaidé pour un nouveau plan d’aide aux ménages et aux entreprises.

« Je continue de penser qu’unpaquet fiscal ciblé est la réponse fédé-rale la plus appropriée. J’encourage vivement le Congrès à utiliser les 455 milliards de dollars de fonds inu-tilisés de la loi Cares pour adopter unprojet de loi supplémentaire avec le soutien des deux partis », a plaidé Steven Mnuchin, jugeant que les PME avaient besoin, pour passer ces prochains mois, de 300 mil-liards de dollars de nouvelles sub-ventions via le Paychek Protection Program (PPP), et non de prêts.

A l’arrêt depuis plus d’un mois,les discussions sur ce plan de relance devaient reprendre ce mardi entre Steven Mnuchin et la chef de la majorité démocrate à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi. Un signe de détente entre la Maison-Blanche et la majorité démocrate, tandis qu’un petit groupe de sénateurs bipartisan a aussi proposé, mardi, un plan glo-bal à 908 milliards de dollars. Lundi, le chef de la majorité républi-caine au Sénat, Mitch McConnell, partisan d’un plan limité autour de 500 milliards de dollars, avait criti-qué la politique du « tout ou rien » des démocrates, qui plaident pour un plan à plus de 2.000 milliards.

Alors que le Trésor et la Réservefédérale ont travaillé de concert au

pic de la crise pour rassurer les mar-chés et apporter des fonds aux ménages et aux entreprises – StevenMnuchin a qualifié mardi Jerome Powell de « partenaire formida-ble » –, les deux institutions se sont opposées fin novembre sur le deve-nir des fonds non utilisés, le Trésor demandant leur restitution pour lesréorienter, tandis que la banque centrale redoutait qu’un change-ment n’inquiète les marchés.

Rachat d’actifsJerome Powell s’est toutefois plié aux textes. « Le secrétaire au Trésor aindiqué que ces limites ne permettentpas aux établissements financés par la loi Cares d’accorder de nouveaux prêts ou d’acheter de nouveaux actifs après le 31 décembre de cette année », a-t-il reconnu mardi, rappelant que la banque utiliserait les outils dispo-nibles pour favoriser la croissance.

Le comité de politique moné-taire de la Fed se réunira les 15 et 16 décembre et pourrait faire des annonces sur son programme de rachats d’actifs. Selon les minutes de la dernière réunion du comité, de « nombreux » participants avaient jugé que le comité « voudra peut-être améliorer ses orientations concernant les achats d’actifs assez rapidement ». n

Le Congrès américain sous pression pour un nouveau plan d’aideAuditionnés au Sénat mardi, le président de la Réserve fédérale et le secrétaire américain au Trésor ont appelé à un plan d’aide ciblé pour les ménages et les entreprises.

et de l’Amérique du Nord à la crois-sance mondiale restera inférieure à leur poids dans l’économie mondiale ».

Tout danger n’est pas écarté pourautant. « La résurgence actuelle du virus dans de nombreux endroits nousrappelle que les gouvernements pour-raient être à nouveau contraints de res-serrer les restrictions de l’activité éco-nomique, surtout si la distribution de vaccins efficaces progresse lente-ment », prévient l’OCDE. Et la confiance en souffrirait si la distribu-tion des vaccins ou les effets secon-daires s’avéraient décevants. Malgré la forte mobilisation des Etats, « la pandémie aura endommagé le tissu socio-économique des pays du monde entier. La production devrait rester inférieure d’environ 5 % aux attentes d’avant la crise dans de nombreux pays en 2022 », avertit Laurence Boone. « A la fin de 2022, le PIB mon-dial sera inférieur de 7.000 milliards dedollars par rapport au niveau prévu par l’OCDE avant la crise sanitaire », aprécisé Angel Gurría. « La crise coû-tera l’équivalent du PIB de la France et de l’Allemagne combiné », ajoute Lau-rence Boone.

De nombreuses personnes à bassalaires ont perdu leur emploi et ne sont couvertes que par l’assurance chômage, au mieux, avec de faibles chances de trouver rapidement un nouvel emploi. L’OCDE prévoit d’ailleurs une hausse du chômage à 7,4 % de la population active l’an pro-chain contre 7,2 % cette année. L’horizon est encore bouché par de gros nuages noirs. n

Gabriel Grésillon @GGresillon

—Bureau de Bruxelles

Un accord, mais pas à tout prix. Alorsque la négociation du Brexit s’inten-

Brexit : les Européens ne veulent pas faire trop de concessionssifie, plusieurs pays de l’Union euro-péenne ont commencé à manifester, ces derniers jours, leur inquiétude à l’idée que Bruxelles finisse par se montrer trop conciliante. Et certains agitent le spectre d’un scénario noir : un accord entre négociateurs qui pourrait, dans la foulée, être rejeté par plusieurs Etats membres.

Lignes rougesSi la France a toujours incarné une forme de fermeté dans ce dossier, elleest loin d’être isolée. L’Espagne, la Belgique, les Pays-Bas, ou encore le Danemark sont autant d’Etats mem-bres qui partagent la même position :les lignes rouges définies dans le

mandat du négociateur européen, Michel Barnier, ne doivent pas être franchies. En particulier au sujet des conditions d’une concurrence équi-table avec Londres.

Emmanuel Macron, mardi, a ététrès clair, aux côtés du Premier minis-tre belge, Alexander De Croo. « La France n’accepterait pas un accord quine respecterait pas nos intérêts dans la durée », a prévenu le président de la République. Clément Beaune, son secrétaire d’Etat aux Affaires euro-péennes, avait également cherché à tempérer un optimisme jugé poten-tiellement dangereux, la veille, esti-mant que les négociateurs étaient « encore très loin d’un accord ».

A l’origine de ces inquiétudes, plu-sieurs facteurs. D’une part, les regards se portent sur la Commis-sion européenne. Ursula von der Leyen, sa présidente, semble déter-minée à peser de tout son poids pouraboutir à un compromis. En témoi-gne le fait qu’elle ait dépêché l’une deses plus proches collaboratrices, la Française Stéphanie Riso, aux côtés de Michel Barnier. Certains consta-tent également que l’Allemagne, qui assure actuellement la présidence tournante de l’UE, veut à tout prix éviter la responsabilité d’un échec.

D’autres, enfin, redoutent queLondres ne récolte les fruits de sa stratégie consistant à ne rien lâcher.

« A ce stade, leur immobilité peut leur sembler payante », résume, amère, une source européenne.

D’où la mise en garde de ClémentBeaune : « Si le Royaume-Uni croit quela question du temps joue en sa faveur

comme ça a été le cas ces dernières années, ce n’est pas le cas. »

« Nous avons de sérieuses inquiétu-des concernant les termes d’un accord potentiel », lâche ainsi une source nonfrançaise. A en croire cette dernière, la perspective d’un échec des négo-ciations commence à s’installer dans les esprits comme étant un moindre mal. « Au fond, un Brexit sans accord ne ferait que repousser la perspective d’un compromis : pour des raisons évi-dentes, Londres et les Vingt-Sept ont vocation, tôt ou tard, à trouver les basesd’une relation fluide. » Pour l’Union européenne, pas question de laisser Londres croire que la peur est de ce côté-ci de la Manche. n

EUROPE

Plusieurs Etats européens manifestent, ces derniers jours, leur inquiétude devant la perspective d’un accord qui serait trop conci-liant avec Londres.

Certains pays redoutent que Londres commence à récolter les fruits de sa stratégie consistant à ne rien lâcher.

MONDE Mercredi 2 décembre 2020 Les Echos

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Les Echos Mercredi 2 décembre 2020 MONDE // 07

Le Canada promet à son tour un impôt

Virginie Robert @virginierg

Alors que les Européens se sont donné jusqu’à mars prochain, les Canadiens ont sauté le pas. Chrystia Freeland, la ministre de l’Economie canadienne, a annoncé lundi que le gouvernement avait opté pour la création d’une taxe sur les sociétés offrant des services numériques, en attendant une « solution multilaté-rale » sous l’égide de l’OCDE qui, faute de consensus, prend du retard.

« Le Canada agira de façon unila-térale, si nécessaire, pour appliquer l’impôt aux grandes sociétés numéri-ques multinationales, pour qu’elles puissent payer leur juste part, comme n’importe quelle autre société opérant au Canada », a-t-elle déclaré devant le Parlement. Plus question d’attendre la participationou non du puissant voisin améri-cain aux travaux de l’OCDE. Ni d’attendre le bon vouloir de l’admi-nistration Biden.

Effet CovidIls sont de plus en plus de pays à choisir d’aller de l’avant (France, Ita-lie, Espagne, Royaume-Uni, Inde…) en espérant que l’accumulation desinitiatives contraindra Washington

Le gouvernement dévoilera dans son budget 2021 les détails d’une taxe Gafa. Prévue pour une mise en œuvre en 2022, elle devrait rapporter 3,4 milliards de dollars canadiens sur cinq ans. Les ventes de produits et services numériques se-ront également imposables aux entreprises étrangères dès l’été prochain.

Taxe Gafa : l’Europe maintient la pressionen attendant Joe Biden

Le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, a rappelé, mardi, que la France allait bien lever cette année encore sa taxe Gafa, qui devrait rapporter 400 millions d’euros.

à accepter un cadre fiscal multilaté-ral qui concerne beaucoup de ses champions nationaux. Les détails de la taxe canadienne devraient êtreconnus lors de la présentation du budget 2021. D’ores et déjà, le gou-vernement estime que cette taxe pourrait apporter 3,4 milliards de dollars canadiens en nouvelles recettes sur les cinq prochaines années. La taxe entrerait en vigueurau 1er janvier 2022.

Ce n’est pas la seule nouveauté quiattend les Amazon, Netflix, Google, Airbnb et autres car un effet Covid-19se profile sur la fiscalité canadienne. Constatant que les confinements imposés par la pandémie ont entraîné une hausse de 70 % du com-merce de détail électronique sur les huit premiers mois de l’exercice, le gouvernement a jugé qu’il était grandtemps de réparer une injustice. « Les Canadiens veulent une fiscalité équita-ble […] c’est pourquoi nous allons appliquer les taxes TPS et TVH sur lesmultinationales numériques et limi-ter les déductions de stock-options dans les grandes entreprises », a annoncé Chrystia Freeland.

Selon les règles en vigueur, touteentreprise numérique établie à

l’étranger n’a pas à percevoir ni à reverser la taxe sur les produits et services (TPS) ni la taxe de vente harmonisée (TVH). Le fardeau de cette sorte de TVA repose directe-ment sur le consommateur cana-dien et cela crée « un avantage injuste » qui nuit également à la compétitivité des entreprises canadiennes.

Désormais, tous les produits etservices consommés au Canada seront taxés – qu’il s’agisse d’une application mobile, de jeux vidéo oude services de diffusion de musique en continu, peu importe d’où ils pro-viennent. La nouvelle mesure devrait prendre effet le 1er juillet 2021.Elle pourrait rapporter 1,2 milliard de dollars canadiens sur cinq ans. n

Rebond de l’activité au 3e trimestre

Le Canada a émergé de la récession au troisième trimestre, avec un rebond record du produit intérieur brut (PIB) de 40,1 % en rythme annualisé. L’activité économique dans les derniers mois de l’été a été marquée par « une forte reprise des investissements immobiliers, des dépenses des ménages en biens durables et des exportations », a indiqué Statistique Canada dans un communiqué. D’un trimestre sur l’autre, la hausse du PIB canadien a atteint 8,9 % au troisième trimes-tre. Il s’était contracté de 11,3 % au deuxième trimestre, après avoir fléchi de 1,9 % au premier trimestre.

Les confinements imposés par la pandémie ont entraîné une hausse de 70 % du commerce de détail électronique.

Ludo

vic M

arin

/AFP

Derek Perrotte @DerekPerrotte

—Bureau de Bruxelles

C’est un long feuilleton dont les Européens espèrent enfin voir le bout en 2021. Mardi, réunis par visioconférence en « Ecofin », les ministres des Finances et de l’Eco-nomie de l’Union européenne ont réitéré leur volonté de parvenir à bâtir un cadre pour la taxation des entreprises de l’économie digitale, avec ou sans les Etats-Unis.

Dans ses conclusions, le Conseileuropéen martèle, une nouvelle fois, que « toutes les entreprises doi-vent payer leur juste part d’impôts, y compris celles de l’économie digi-tale ». La fameuse « taxe Gafa », évo-quée depuis plus de trois ans, « est une question de justice, de concur-rence équitable mais aussi de souve-raineté et de capacité des Etats à agir »,rappelle Olaf Scholz, le ministre allemand, qui présidait la réunion.

Justice et souverainetéL’Europe continue de miser en prio-rité sur un accord international et réitère son « plein support » aux tra-vaux en cours à l’OCDE. Mais, Paris en tête, elle cache de moins en moinsson impatience et prévient qu’elle n’entend plus tergiverser au-delà de l’été 2021, date limite qu’elle se fixe, conformément au calendrier évo-

qué lors du dernier G20, pour parve-nir à un éventuel accord à l’OCDE.

Dans ses conclusions, l’Ecofinappelle ainsi la Commission euro-péenne à préparer dès à présent une proposition de taxe euro-péenne à dégainer alors en plan B faute d’accord international. Une proposition avait déjà été bâtie en 2018, mais cette dernière va être revue à l’aune des derniers travaux de l’OCDE. Une des pistes serait, confie une source européenne, d’élargir la base des activités taxa-bles tout en réduisant le taux initia-lement évoqué.

Les chefs d’Etat des 27 évaluerontla situation lors du sommet euro-péen de mars prochain. D’ici là, les yeux seront rivés sur les Etats-Unis,où l’Europe espère que l’arrivée au pouvoir, en janvier, du président élu, Joe Biden, débloquera le dos-

sier. « L’OCDE a avant tout été confrontée à un blocage politique de l’administration Trump. En mars, Joe Biden sera là depuis deux mois etnous y verrons plus clair sur les chan-ces d’accord », commente une source européenne.

Paris continue de pousser fort ence sens. « Notre engagement est encore décuplé par la crise des der-niers mois qui n’a fait qu’un seul vainqueur : les géants du digital », insiste Bruno Le Maire, le ministre français de l’Economie. L’enjeu est d’autant plus pressant pour les 27 qu’une future taxe Gafa figure en haut de la liste des nouvelles res-sources propres qu’ils se sont enga-gés à développer pour, notamment,rembourser les futurs emprunts liés au plan de relance européen en réponse à la crise du Covid.

Bruxelles espère que la multiplica-tion en cours des taxes Gafa nationa-les (France, Italie, Espagne, UK, Inde, etc.) convaincra les Etats-Unis de la nécessité de bâtir en lieu et placeune taxe internationale, qui apporte-rait de la cohérence et serait plus facile à gérer pour les géants numéri-ques concernés. « Je remarque que certains d’entre eux commencent à demander eux-mêmes une telle solu-tion internationale », souligne Bruno Le Maire. Le ministre rappelle aussi que, faute d’accord international à ce jour, la France va bien lever cette année encore sa taxe Gafa. Elle devrait rapporter 400 millions d’euros selon les calculs de Bercy. n

l L’Union européenne prépare un nouveau projet de taxe des géants du digital, qui devrait être lancée à l’été 2021, faute d’accord à l’OCDE d’ici là.l Elle mise toujours en priorité sur un accord international et espère que le départ de Donald Trump débloquera les négociations.

« Notre engagement est encore décuplé par la crise des derniers mois qui n’a fait qu’un seul vainqueur : les géants du digital. »BRUNO LE MAIREMinistre français de l’Economie

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Page 8: Les Echos - 02 12 2020

08 // MONDE Mercredi 2 décembre 2020 Les Echos

INTERNATIONAL

Jacques Hubert-Rodier @jhrodier

L’ère de Donald Trump n’est pas ter-minée. Mais déjà à Bruxelles, à l’Otan, l’arrivée à la Maison-Blanche en janvier 2021 du démocrate Joe Biden suscite des espoirs d’un réchauffement des relations entre les deux rives de l’Atlantique.

Avant une réunion par visiocon-férence, mardi et mercredi, des ministres des Affaires étrangères de l’Otan (Organisation du traité de l’Atlantique Nord) qui compte aujourd’hui 30 pays membres, son secrétaire général, Jens Stoltenberg, a annoncé la tenue d’un sommet extraordinaire dès le début de l’année 2021 avec Joe Biden, après la passation de pouvoir à Washington. Ce qui sera son premier déplace-ment à l’étranger.

« Je connais depuis longtemps leprésident élu. Il est un fervent partisande la coopération internationale, du lien entre l’Amérique du Nord et l’Europe, et de l’Otan », a dit au cours

divisions risquent de réapparaître rapidement.

Le premier défi abordé par leschefs de la diplomatie des 30, y com-pris par le secrétaire d’Etat améri-cain Mike Pompeo qui participait à sa dernière réunion de l’Otan, est la question du retrait des troupes amé-ricaines et alliées d’Afghanistan.

La montée en puissance de la ChineAprès dix-neuf ans de guerre, le plus long conflit jamais entrepris par les Etats-Unis et déclenché à la suite des attaques terroristes du 11 septembre, le gouvernement Trump a conclu un accord avec les Talibans sur un retrait des troupes américaines. En échange, les Tali-bans se sont engagés à empêcher que l’Afghanistan ne redevienne une base arrière des terroristes. Jens Stoltenberg a néanmoins averti les alliés que « des décisions difficiles vont devoir être prises » en février 2021 si les négociations inte-rafghanes échouent.

L’autre défi est l’irrésistible mon-tée en puissance de la Chine. « La Chine, a dit le responsable, n’est pas

notre ennemi. Elle représente d’immenses opportunités pour nos économies et notre commerce […] Mais dans le même temps, il y a d’importants risques pour notre sécurité » avec son renforcement militaire notamment en mer de Chine orientale et son initiative des Routes de la soie. Les représentants des pays partenaires de l’Asie-Pacifi-que (Australie, Japon, Nouvelle Zélande et Corée du Sud) ont été invi-tés d’ailleurs à participer aux tra-vaux des 30 cette semaine.

Au-delà de la présentation du rap-port sur l’adaptation de l’Otan à l’horizon 2030, les chefs de la diplo-matie se sont penchés sur le renfor-cement militaire de la Russie autourdes pays alliés, en Ukraine, en Géor-gie mais aussi de la Syrie et de la Libye.

Sans remettre totalement dans lerang la Turquie, Jens Stoltenberg s’est félicité du mécanisme de déses-calade de l’Otan entre la Turquie et laGrèce en mer Méditerranée orien-tale qui a permis l’annulation d’exer-cices militaires par les deux pays. « Mais la question n’est pas réglée sur le fond », a-t-il reconnu. n

d’une conférence de presse l’ancien Premier ministre norvégien. Tout en affirmant, diplomatiquement, la continuité du soutien au lien tran-satlantique des Etats-Unis entre Donald Trump et Joe Biden, l’ambassadrice américaine à l’Otan, Kay Bai ley Hutchinson, une ancienne sénatrice républicaine du Texas, a affirmé : « Nous aimons avoir des alliés. (Le président élu) aime avoir des alliés ».

A son arrivée en 2017 à la Maison-Blanche, le président Trump avait inquiété ses alliés en laissant planer un doute sur l’article 5 du Traité sur la solidarité collective. Mais aussi il avait mis en demeure les Européensd’augmenter leur dépense de défense à au moins 2 % de leur PIB, comme ils s’y étaient, il est vrai, enga-gés en 2014 au sommet du Pays de Galles, mais à l’horizon 2024. Il avaitporté particulièrement ses attaques contre Angela Merkel et l’Allemagnequ’il avait accusée, à tort, de devoir de l’argent à l’Otan.

Certes les relations entre JoeBiden et les alliés seront apaisées. Mais l’Otan doit répondre à des défisurgents d’une ampleur telle que les

l Avec l’arrivée de Joe Biden en janvier prochain à la Maison-Blanche, l’Otan espère un réchauffement des relations entre les Etats-Unis et l’Europe.l Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg a annoncé la tenue d’un sommet extraordinaire dès le début de l’année 2021.

L’Otan à l’ère du dégel entre l’Amérique et l’Europe

Anne Bauer @annebauerbru

« C’est un bon rapport pour l’Allianceet pour l’Europe », estime l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Vedrine, qui a participé avec une dizaine d’experts à la rédaction d’un document sur l’avenir de l’Otanà l’horizon 2030, présenté mardi auxministres des trente Etats membres par le secrétaire général, Jens Stol-tenberg.

L’étude avait été commandée parle secrétaire général de l’Otan à la suite de critiques, et portée l’an der-nier par le président français Emma-nuel Macron contre la « mort céré-brale » d’une Alliance incapable de coordonner l’action de ses mem-bres. A l’époque, les Etats-Unis annonçaient brutalement leur

retrait de Syrie et d’Irak sans avertir les membres de la coalition interna-tionale, laissant ainsi le terrain libre aux agressions de la Turquie contre les alliés kurdes de la coalition dans le Nord-Est syrien.

Depuis, la situation a plutôtempiré, la Turquie jouant de plus enplus sa participation en solo, en Libye, à Chypre, dans le Haut-Kara-bakh, tandis que le président Trumpa semé le doute sur l’article 5 et annoncé le retrait de nombreux sol-dats stationnés en Allemagne sans consulter la chancelière.

Dans ce contexte explosif, le rap-port des Sages vise évidemment d’abord l’apaisement. Une centaine d’auditions dans trente pays ont été menées en six mois, sous la houlettede deux coprésidents, l’Américain Wess Mitchell, ancien secrétaire d’Etat adjoint aux Affaires euro-péennes et Thomas de Maizière, ancien ministre de la Défense d’Alle-magne. Selon Hubert Védrine, ce travail a au moins le mérite après « l’agression constructive » d’Emma-nuel Macron, d’ouvrir le champ du

débat au-delà des querelles immé-diates. Le rapport fait 138 recom-mandations, en balayant tous les sujets possibles, la posture avec la Russie, la Chine, l’Union euro-péenne, les nouveaux champs de conflictualité comme le cyber, le ter-rorisme, etc. Ainsi débouche-t-il sur un appel à une réécriture de la stra-tégie de l’Otan, dont le dernier « con-cept » stratégique remonte à dix ans,bien avant l’annexion de la Crimée par la Russie, la montée en puis-sance militaire de la Chine, les boule-versements dus aux cyberattaques, la nouvelle compétition spatiale, etc.

Vers un code de bonne conduiteSi les ministres s’emparent de ces conclusions, cette réécriture de l’uti-lité de l’alliance militaire, dans un nouveau cadre géostratégique, pourrait être lancée au prochain sommet de l’Otan avec le nouveau président américain Jo Biden. A la satisfaction des Américains, le rap-port évoque la nécessité que l’Otan consacre plus de temps et de res-

sources aux menaces à la sécurité posées par la Chine, tout en cher-chant à dissuader l’agression russe.

Vu de Paris, l’un des grands atoutsdu rapport est aussi de ne pas barrerla route aux efforts européens d’accroître leur autonomie stratégi-que. Certes, les experts soulignent que cette autonomie ne doit pas divi-ser ou affaiblir l’Alliance, mais ils prônent une relation équilibrée avecl’Union européenne et pas une subordination à la puissance améri-caine.

Enfin, parmi les recommanda-tions, il y a aussi inscrit l’idée de créerun « code de bonne conduite » entre les Alliés, ce qui n’avait jamais été évoqué par le passé. « Le document permet ainsi de dépasser le malaise grandissant des Alliés vis-à-vis de la Turquie, en proposant ce code de bonne conduite à partir des règles de droit international », explique un diplomate. Ce qui acte la nécessité d’une alliance militaire, où règne aussi un degré de confiance et de res-pect entre les différents pays qui a manqué ces derniers temps. n

L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord invitée à redéfinir sa stratégie pour sortir de sa « mort cérébrale »Le secrétaire généralde l’Otan a présentéun rapport d’expertsqui réclameune redéfinition du conceptstratégique de l’Alliance.

Un agenda chargé pour le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, qui préside les 1er et 2 décembre la réunion par visioconférence des chefs de la diplomatie de l’Alliance de l’Atlantique Nord. Photo Michael Kappeler/Reuters

Frédéric Schaeffer fr_schaeffer

— Correspondant à Pékin

Il y a un an, le 1er décembre 2019, le premier patient présentant les symptômes d’une nouvelle maladie respiratoire était repéréà Wuhan, une mégapole du centre de la Chine. Personne ne le savait encore, mais ce que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) appellera plus tard le Covid-19 allait se muer en pan-démie et bouleverser le monde.

Un an plus tard, l’origine duvirus est encore largement inconnue. Les équipes de l’OMS n’ont toujours pas été autoriséesà enquêter à Wuhan. Derrière de grandes palissades bleues, le marché aux produits frais Huanan, d’où serait partie l’épi-démie, est à l’abandon. « Nous voulons connaître l’origine et nous ferons tout pour la connaî-tre », a promis Tedros AdhanomGhebreyesus, le très critiqué patron de l’OMS. Plusieurs Etatsmembres de l’OMS, les Etats-Unis en tête, soupçonnent Pékinde cacher des choses ou, a minima, de freiner le processus d’enquête. L’équipe interna-tionale de l’OMS, composée d’une dizaine de scientifiques reconnus, entend se rendre « le plus vite possible » sur le terrain mais reste dans l’attente du feu vert des autorités chinoises.

Faux pasEn Chine, où l’épidémie a été endiguée au prix de fortes res-trictions et contrôles, la tenta-tion est forte de réécrire l’his-toire. Les travaux de chercheurssuggérant que le virus avait commencé à circuler dans diffé-rents pays avant décembre 2019 sont largement mis en avant dans les médias officiels. Et l’idée selon laquelle le virus serait arrivé sur le marché de Wuhan par des aliments surge-lés fait son chemin, comme pourmieux dédouaner la Chine.

ASIE

Un an après l’émergence du virus, les équipes de l’OMS n’ont toujours pas été autorisées par la Chine à enquêter à Wuhan.

Chine : un an après l’apparition du virus à Wuhan, l’enquête se fait attendre

Un an après l’apparition despremiers cas d’infection à un nouveau type de coronavirus, la divulgation par CNN de docu-ments confidentiels du Centre de contrôle et de prévention des maladies du Hubei éclaire un peu plus sur les nombreux faux pas des autorités chinoises dans la gestion initiale de l’épidémie et renforce les soupçons sur unesous-estimation délibérée du nombre de contaminations.

Les 117 pages de documentsayant fuité révèlent, par exem-ple, de nombreuses incohéren-ces entre ce que les autorités croyaient constater sur le terrain et ce qui était révélé au monde. Le 10 février, alors que le président Xi Jinping, absent depuis plusieurs jours des médias, réapparaît pour s’adresser par visioconférence au personnel hospitalier de Wuhan, les autorités signalent 2.478 nouveaux cas confirmés dans tout le pays.

Des chiffres qui, au regarddes documents confidentiels révélés par CNN, apparaissent pour le moins conservateurs : les autorités de santé du Hubei signalaient, le même jour, 5.918 nouveaux cas, en cumu-lant les cas « confirmés », « dia-gnostiqués cliniquement » et les « cas suspects ». « Un grand nombre des cas suspects aurait dû être inclus dans les cas confir-més », estime le docteur HuangYanzhong, senior fellow en santé publique au Council on Foreign Relations, cité par la chaîne américaine. Les docu-ments révèlent également que la province du Hubei, dont Wuhan est la capitale, subissaitune épidémie de grippe fin 2019, avec un nombre de cas jusqu’à vingt fois supérieur à l’année précédente. n

Des documents révélés par CNN mettent en lumière les faux pas dans la gestion initiale de l’épidémie et renforcent les soupçons sur une volonté des autorités de minorer son ampleur.

en brefSelon Merkel, la pandémie confortera la domination économique de l’AsiePRÉVISIONS La pandémie de coronavirus va encore davantagefaire pencher la balance de l’économie mondiale vers l’Asie, adéclaré mardi Angela Merkel alors que l’Allemagne prévoit delancer sa première campagne de vaccinations d’ici à janvier.« La pandémie nous fera reculer économiquement », a estimé lachancelière allemande lors d’un sommet sur le numériqueorganisé par le gouvernement. Elle a souligné que des payscomme la Chine et la Corée du Sud bénéficieraient d’une repriseéconomique plus aisée, dans la mesure où les populations ontfacilement accepté le port du masque et les restrictions.

Le Parlement iranien veut accélérerle programme nucléaireTENSIONS Un projet de loi invitant le gouvernement iranienà intensifier l’enrichissement d’uranium et à s’affranchir unpeu plus des dispositions de l’accord international sur sonprogramme nucléaire a été adopté mardi en première lectureau Majlis. Le gouvernement a aussitôt fait savoir que le texte,proposé en réaction à l’assassinat du chercheur iranien MohsenFakhrizadeh, ne changerait rien à sa politique en la matière, quirelève du Conseil suprême de sécurité nationale.

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Les Echos Mercredi 2 décembre 2020 MONDE // 09

autant que par les dernières innova-tions technologiques (satellites, intelligence artificielle, etc.).

Six fois plus de nourritureS’ils y parviennent, les membres de l’Ocean Panel estiment que leur « approche holistique » peut per-mettre de produire jusqu’à six fois plus de nourriture tirée des océans,de générer quarante fois plus d’énergie renouvelable, de sortir des millions de personnes de la pau-vreté et de contribuer à un cin-quième des réductions d’émissions de gaz à effet de serre nécessaires pour limiter le réchauffement cli-matique à 1,5 °C d’ici à 2100.

Ces quatorze dirigeants se sontengagés à gérer durablement 100 %de la zone océanique sous juridic-tion nationale d’ici à cinq ans. Mais

ils exhortent l’ensemble des Etats à faire de même. Avec l’objectif de parvenir à protéger 30 % des océans du globe d’ici à 2030.

Le secrétaire général de l’Organi-sation des Nations unies, António Guterres, a salué des annonces « sans précédent ». « C’est la premièrefois que des chefs d’Etat et de gouver-nement en exercice se réunissent pour aborder l’océan en dehors des processus politiques formels », a-t-il souligné. Selon lui, « grâce à cet efforthistorique visant à faire de l’océan une pierre angulaire de l’élaboration des politiques mondiales, nous avons enfin la volonté politique de restaurerl’océan et de réaliser de nombreux objectifs de développement durable ».

Evoquant une « crise de l’océan »,Jane Lubchenco, une biologiste de laflore marine qui codirige le groupe

d’experts du panel, assure que « pen-ser qu’il faut choisir entre la protectionet la production est une pensée dépas-sée et une fausse idée. L’océan est une solution, pas qu’une victime de nos actions ». Nous avions l’habitude de penser que l’océan était « too big to fail », puisqu’il était trop imposant pour être réparé. Nous savons mainte-nant qu’il est trop important pour êtreignoré », relève-t-elle.

Le panel rappelle qu’un océan enbonne santé contribue à 1,5 milliardde dollars à l’économie mondiale chaque année, ainsi qu’à des mil-lions d’emplois. Il doit être préservé.Or les politiques ne sont pas encoreà la hauteur. Dans un rapport publié la semaine dernière, la Cour des comptes européenne a ainsi jugé que les politiques de l’UE n’assuraient qu’une protection

« superficielle » des milieux marins et qu’elles n’avaient pas permis de « rétablir le bon état écologique des mers » en Europe, pointant égale-ment du doigt la surexploitation de la Méditerranée, même si elle a notédes progrès en Atlantique.

Pour mettre à l’échelle et finan-cer le nouveau programme d’actiondu panel, des efforts sont déjà en cours, indiquent ses membres. « Chaque dollar investi dans les solu-tions [que nous proposons] aura unrendement de 5 dollars », promet le président de l’archipel des Palaos etcoprésident du panel, Tommy Remengesau. Des bénéfices à la foissociaux, sanitaires, économiques et environnementaux qui poussentà intégrer l’économie bleue dans lesplans de relance, disent ces qua-torze dirigeants. n

L’appel inédit de 14 pays pour mettre les océans au cœur de la reprise mondialel Soutenue par l’ONU, l’initiative internationale Ocean Panel exhorte l’ensemble des dirigeants de la planèteà un objectif de protection de 30 % des océans d’ici à dix ans. l Avec, à la clé, des avantages substantiels, notamment économiques, à tirer de la conservation des eaux de la planète.

Muryel Jacque @MuryelJacque

Investir dans des océans en bonne santé peut rapporter gros. L’Ocean Panel veut en persuader les Etats dumonde entier. Cette initiative inter-nationale montée il y a deux ans parquatorze pays côtiers, parmi les-quels le Portugal, la Norvège, l’Aus-tralie, le Canada, le Japon ou l’Indo-nésie, présente ce mercredi une série d’actions pour développer une« économie durable de l’océan ».

Pour leur près de 40 millions dekilomètres carrés d’eaux nationales– l’équivalent de l’Afrique –, ces paysprônent une gestion marine « qui équilibre la protection, la productionet la prospérité ». Dix ans pour « trai-ter » l’océan différemment, donc, alors que les mers du monde sont de plus en plus menacées par la pol-lution, la surexploitation des res-sources et le dérèglement climati-que. Pourtant, au quotidien, plus detrois milliards de personnes en dépendent pour se nourrir et quel-que 90 % des marchandises y sont transportées.

Surpêche et plastiqueLa lutte contre la surpêche et la pêche illégale, l’investissement dans toutes les énergies renouvelables marines et dans le tourisme durable,le soutien à la décarbonation des navires et des ports ainsi que la tran-sition vers une flotte dotée de modesde propulsion « moderne » figurent au cœur du programme du panel, qui a travaillé avec de nombreuses organisations du secteur privé, des ONG et des organisations intergou-vernementales dans 35 pays.

Il vise aussi une production agri-cole responsable des algues pour fournir de la nourriture, des recher-ches poussées sur les impacts d’uneéventuelle activité minière dans les grands fonds – qu’il regarde pour l’heure avec prudence. Il fait égale-ment une priorité de la lutte contre le plastique et de la gestion des déchets en mer, et de la protection des communautés côtières. Enfin, ilprône une meilleure connaissance des océans qui doit passer par un partage des bonnes pratiques tout

ENVIRONNEMENT

Au nord-est de l’Australie, la Grande Barrière de corail est l’écosystème de récifs coralliens le plus étendu du monde, couvrant près de 350.000 km2, avec 400 espèces de coraux, 1.500 espèces de poissons et 4.000 espèces de mollusques. La quasi-totalité est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Photo Sarah Lai/AFP

Les chiffres clés

11.088KILOMÈTRES CARRÉSde la forêt amazonienne sont partis en fumée entre août 2019 et fin juillet 2020, selon les données satellitai-res du gouvernement.

626MILLIONS D’ARBRESauraient été brûlésentre août 2019 et fin juillet 2020, selon Greenpeace.

« Penser qu’il faut choisir entre la protection et la production est une pensée dépassée et une fausse idée. L’océan est une solution, pas qu’une victime de nos actions. »JANE LUBCHENCOBiologiste de la flore marine et codirigeante du groupe d’experts de l’Ocean Panel

vus depuis 12 ans […]. Les chiffres donnent la dimension de la négli-gence et de l’inefficacité [du gouver-nement] ».

« Pas de quoi se réjouir », admet deson côté le vice-président HamiltonMourão, qui a rompu avec le néga-tionnisme du gouvernement Bolso-naro en matière d’environnement. Selon ce général à la retraite qui préside également le Conseil de l’Amazonie, l’armée a été envoyée sur place pour freiner la déforesta-tion, mais elle serait arrivée « trop tard ». Le général Mourão se mon-tre toutefois confiant. Selon lui, la tendance serait déjà en voie d’inflé-chissement. Mais selon plusieurs observateurs, la déforestation se poursuivra tant que les organes officiels de défense de l’environne-ment seront délibérément affaiblis et marginalisés au sein du gouver-nement actuel.

L’ambassadeur d’Allemagne auBrésil, Heiko Thoms, qui a récem-ment effectué une visite en Ama-zonie à l’invitation du vice-prési-dent Mourão aux côtés d’autres diplomates, a en outre regretté quele Brésil n’ait toujours pas présenté

de « plan d’action à long terme » pour l’Amazonie.

Moins ouvert au dialogue queson vice-président, Jair Bolsonaro a toujours fait la sourde oreille auxnombreuses critiques de la com-munauté internationale envers sa gestion du problème de la défores-tation. On se souvient de sa passe d’armes avec Emmanuel Macron l’an dernier. Question de souverai-neté, selon cet ancien militaire qui préside le Brésil depuis près de deux ans.

Augmentation des émissions de gaz à effet de serreMais c’est aussi le modèle de déve-loppement économique pour la région qui est désormais mis en cause. Un modèle basé sur le trafic de bois, l’élevage et les activités minières, qui serait dépassé, selon le Fonds mondial pour la nature (WWF). « Il remonte aux années soixante-dix, lorsque la notion de bioéconomie n’existait même pas », explique Mariana Napolitano, gérante du WWF.

Dans le cadre de l’Accord deParis contre les changements cli-

matiques, le Brésil s’est engagé à reboiser 12 millions d’hectares et atteindre l’objectif de déforesta-tion zéro d’ici à 2030. Selon le calendrier établi en 2009, la défo-restation aurait dû être inférieure à 4.000 km² cette année. On est loin du compte…

« Nous sommes à un niveau 180 %supérieur à l’objectif, ce qui nous place en position défavorable pour remplir nos engagements vis-à-vis del’Accord de Paris », estime l’Obser-vatoire du climat, un collectif d’ONG locales. L’accélération de la déforestation pourrait même pro-voquer une augmentation des émissions de gaz à effet de serre en pleine pandémie, selon certains spécialistes.

Les conséquences, tant au plandiplomatique qu’économique, pourraient être fâcheuses. « La déforestation va provoquer une réac-tion forte de la communauté interna-tionale, d’autant plus que le Brésil nepourra plus compter sur l’appui des Etats-Unis », estime le sociologue Sergio Abranches. L’entêtement du président d’extrême droite, qui n’a toujours pas reconnu officielle-

ment la victoire de Joe Biden, va aggraver l’isolement du Brésil sur lascène internationale « alors que le monde est justement en train de reprendre ses marques en relation aucombat contre les changements cli-matiques », précise Marcio Astrini, secrétaire exécutif de l’Observa-toire du climat.

Menace de 29 institutions financèresLe Brésil pourrait également être pénalisé en termes financiers. Au début de l’année, un groupe de 29 institutions financières avaient menacé, dans une lettre au gouver-nement, d’arrêter d’investir au Bré-sil si la déforestation n’était pas maîtrisée. « Il est aussi probable queles obligations souveraines soient considérées à haut risque si la défo-restation devait se poursuivre », affirmaient-ils. Auparavant, la Norvège et l’Allemagne avaient déjà suspendu leurs contributions au Fonds Amazonie, destiné à financer des actions de développe-ment durable dans la région, en rai-son de divergences avec l’adminis-tration Bolsonaro. n

Nouvelle poussée de la déforestation au Brésil

Thierry Ogier—Correspondant à São Paulo

« Ils seront mauvais », prédisait récemment un observateur… De fait, les chiffres de la déforestation enAmazonie brésilienne ont confirmé ce pressentiment. Onze mille et qua-tre-vingt-huit kilomètres carrés par-tis en fumée entre août 2019 et fin juillet 2020, selon les données satelli-taires du gouvernement.

Soit une augmentation de 9,5 %par rapport à l’année antérieure, qui avait déjà enregistré une pous-sée de 34 % par rapport à 2018-2019. Greenpeace évalue les dégâtsà 626 millions d’arbres… Sa porte-parole, Cristiane Mazetti, dénonce« un retour en arrière, avec des tauxde déforestation que l’on n’avait pas

La déforestation en Amazonie a progressé de 9,5 % en un an. Une contre-performance qui confirme les craintes des ONG. Les pressions internationales contre l’administration Bolsonaro devraient s’intensifier.

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LA CHRONIQUEDU CERCLE DES ÉCONOMISTES

de Christian de Boissieu

La finance chamboulée par le BrexitL e Brexit, déjà en vigueur, va

devenir pleinement effectif le1er janvier prochain après une

année de transition. Les futures rela-tions entre le Royaume-Uni et l’Union européenne demeurent tou-tefois incertaines : deal ou no deal ?

Le passeport européen est aucœur du marché unique. En matièrebancaire et financière, il signifie quetout établissement agréé dans un pays de l’UE ou, plus largement, de l’Espace économique européen, peut commercialiser des produits ou des services financiers dans n’importe quel autre pays de l’UE et de l’EEE sans avoir besoin d’un nou-vel agrément du pays d’accueil.

Deal ou no deal, les Britanniquesperdent avec le Brexit le passeport européen en matière bancaire et financière. C’est par anticipation de cette implication majeure que de nombreux établissements finan-

ciers ont réduit la voilure dans la Citypour se redéployer vers Dublin et lesprincipales places continentales (Francfort, Paris, Luxembourg…).

Une étude d’E&Y de mars 2019relevait l’importance des délocalisa-tions suscitées par l’anticipation du Brexit, mais aussi la persistance d’avantages comparatifs pour Lon-dres. A défaut de passeport, rendu caduc par le Brexit, la problémati-que de l’équivalence reprend ses droits, et elle n’aura pas la même implication selon que prévaut le deal ou le no deal – avec dans ce der-nier cas un Royaume-Uni qui rede-viendrait pour l’UE un pays tiers, avec lequel les relations se retrouve-raient soumises aux règles de l’OMC.

La crainte des pays de l’UE est devoir se multiplier des « boîtes aux let-tres » qui s’installeraient dans un pays du marché unique pour accé-der aux avantages du passeport

mais aussi pour la compensation des instruments dérivés – et en par-ticulier des dérivés de taux d’intérêt.Avant même le Brexit, 90 % des dérivés de taux en euros étaient compensés par les CCP (« central counterparties ») londoniennes. C’est pour être proactive que l’Europe a complété, du fait du Brexit, le règlement Emir par Emir 2.2, qui s’applique aussi à la supervision des CCP non commu-nautaires, et qui renforce considé-rablement les compétences de l’Esma à leur égard. Tout récem-ment, le ton s’est durci : l’Esma exigedésormais que les banques euro-péennes effectuent leurs transac-tions sur dérivés sur des platefor-mes dans l’UE ou dans des pays tiersbénéficiant de l’équivalence. Affaireà suivre…

Reste la question de l’union desmarchés de capitaux, beau projet

aujourd’hui encore dans les star-ting-blocks. L’UMC a été lancée avant le vote du Brexit. Son objectif principal – améliorer l’intégration et la compétitivité des marchés financiers européens pour mieux financer l’économie réelle – était déjà ambitieux avant le Brexit. Il devient problématique après car, désormais, l’UMC va devoir se faire sans Londres, et même contre Lon-dres. Il reste aux Vingt-Sept à s’entendre et à passer des meilleuresintentions à des décisions concrè-tes, afin de réaliser un « rattrapage »de Londres par les places financiè-res de l’UE – en particulier par Pariset par Francfort. Deux places aujourd’hui concurrentes, et qui auraient tout intérêt à s’entendre.

Christian de Boissieu est vice-président du Cercle des économistes.

européen tout en déléguant en prati-que les services de gestion (y com-pris la gestion des risques) à des enti-tés restées au Royaume-Uni. C’est pourquoi l’Esma a affiché dès 2017

des principes afin de contenir l’exter-nalisation de la gestion vers Londres.L’AMF a aussi précisé les conditions d’une délégation acceptable.

Par ailleurs, la City a un avantagecompétitif marqué pour le trading,

La City a un avantage compétitif marqué pour le trading et pour la compensation des instruments dérivés – et en particulier des dérivés de taux d’intérêt.

DLes points à retenir

•Le PDG de Danone a présenté fin novembre un plan de restructuration, avec 2.000 suppression de postes.•Rattrapé par la réalité économique, ce patron « à visage humain » s’est fait durement critiqué par les réseaux sociaux et les pouvoirs publics.•Avec des performances qui ne sont pas exceptionnelles et des méthodes de management solitaires, Emmanuel Faber est devenu un patron qui prête flanc à la critique.

Emmanuel Faber, un patron rattrapé par la réalité économique

David Barroux @DavidBarroux

Il y a les entreprises qui ont le droit d’annoncer des plans d’économies entraînant des suppressions de pos-tes sans se voir désignées à la vin-dicte populaire… et celles qui n’ont pas ce privilège. En présentant, à la fin de novembre, un plan de réorga-nisation passant par une réduction d’emplois d’environ 2.000 person-nes, dont 400 à 500 en France, Emmanuel Faber, le patron de Danone ne s’attendait pas à recevoirune telle volée de bois vert.

Il avait médiatiquement préparéle terrain, déminé en interne, pré-venu les pouvoirs publics… cela n’a pas empêché le ministre de l’Econo-mie, Bruno Le Maire, de critiquer publiquement et très durement Danone, en faisant à l’occasion d’une matinale de France Inter de cette entreprise le symbole à ne pas suivre d’un capitalisme qui ne don-nerait pas l’exemple à l’heure où l’Etat et les salariés consentent eux d’importants efforts en cette période de crise sanitaire et écono-mique. Et le gouvernement n’a pas été le seul à taper sur le champion français du yaourt et de l’eau miné-rale. Sur les réseaux sociaux, ce patron au visage humain a été sub-mergé de commentaires négatifs émanant de ce monde social et sociétal dont il ne cesse pourtant dese faire l’avocat. Et même au sein

d’un patronat en général silencieux et solidaire, les plus cruels sont allésjusqu’à mitrailler Emmanuel Faber via Twitter.

Pourquoi Danone se fait-il ainsitaper sur les doigts alors que dans lemême temps les réductions de pos-tes, au moins aussi massives chez Total et Accor, n’attirent pas le moindre commentaire et que Renault peut confirmer la ferme-ture des lignes de production à Flins(sa plus vieille usine hexagonale) sans que personne ou presque n’en parle ? Le monde a toujours comptéune part d’injustice, mais si autant de gens s’en prennent à Emmanuel Faber ce n’est peut-être pas totale-ment par hasard. Sur le papier, le successeur d’Antoine et Franck Riboud coche bien des cases du par-fait patron. Dans un capitalisme soumis à la dictature du court terme, il a su mettre l’accent sur unestratégie à long terme fondée sur une analyse fine de l’évolution des attentes des consommateurs. Dans un univers de la grande consomma-tion dopé au plastique et aux addi-tifs, lui a, plus tôt que d’autres, su prendre le virage vers le bio et le végétal. Il a aussi tendu la main à bien des producteurs de lait en s’ins-crivant auprès d’eux sur la durée. Etdans la première phase de la crise il s’est engagé à conserver ses ouvrierset à les former, même si le ralentis-sement économique devait peser sur ses ventes. Symbole du patron

responsable et engagé, Emmanuel Faber veut faire de Danone l’une despremières multinationales obte-nant la certification dite «B-Corp», qui caractérise ces entreprises con-ciliant à la fois recherche du profit mais aussi le respect de la planète etde l’humain.

S’il est devenu une cible alors queses engagements auraient dû le pro-téger, c’est d’abord parce qu’à l’heure des réseaux sociaux il est devenu difficile de prendre le tempsd’expliquer. Quand il faut au moins cinq minutes et beaucoup d’argu-ments pour justifier pourquoi on nepeut faire l’économie d’un plan d’économies, on s’expose au risque de se voir couper l’herbe sous le piedpar un simple tweet ravageur. Le jugement médiatique est devenu instantané. La petite phrase fait plus de mal qu’un discours sensé.

La deuxième faiblesse d’Emma-nuel Faber est qu’on se révèle parti-culièrement fragile lorsqu’il sembley avoir un décalage entre le discourset la réalité. On est jugé sur les mots mais aussi sur les actes, et à force dese parer des vertus d’un patron social on se retrouve pris à son pro-pre piège le jour où on est rattrapé par la réalité économique. « Un patron, ça ne fait pas de politique », remarque un observateur.

Que Patrick Pouyanné, un PDGde Total à la réputation de dirigeantà la poigne de fer, obnubilé par la performance, taille dans sa tour de

la Défense, cela ne surprend per-sonne. Qu’Emmanuel Faber, qui donnait des leçons de capitalisme humain aux étudiants de HEC parlede profit, de dividendes et de licen-ciements, cela déstabilise ses sou-tiens et donne des arguments à tousceux qu’il a énervés par ses prises deposition et qui ne se privent pas de lui renvoyer ses leçons à la figure.

Enfin, si Emmanuel Faber estplus critiqué que d’autres, c’est aussique ses performances de dirigeant ne sont pas exceptionnelles. Ses méthodes de management solitaireont provoqué des départs de trop nombreux cadres dirigeants. Et sonchiffre d’affaires ou son cours de Bourse ont moins bien résisté à la crise que ceux d’un concurrent comme Nestlé. Dans un univers de la grande consommation qui se consolide, Danone a du mal à gran-dir. Dans les tempêtes, il faut soit être un paquebot solide, soit un petitnavire agile. Le Français donne le sentiment de n’être ni l’un ni l’autre.

Autant de facteurs additionnésqui contribuent à fragiliser un patron qui est loin d’avoir démérité.Et c’est sans doute parce qu’il offre une cible facile que le gouverne-ment, qui redoute de voir les gran-des entreprises, à la recherche d’économies et d’efficacité, tailler toutes dans leur siège social, a fait d’Emmanuel Faber un patron sur qui taper pour mieux prévenir ses pairs. n

L’ANALYSE DE LA RÉDACTION A la suite de l’an-nonce de son plan de restructuration, le patron de Danone a reçu une avalanche de critiques, des pouvoirs publics jusqu’au patronat, bien peu solidaire pour une fois. C’est qu’Emmanuel Faber dénote dans le milieu et que son discours habituel sur la res-ponsabilité sociale de l’entreprise s’accorde mal avec la réalité économique que son groupe traverse.

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10 // Mercredi 2 décembre 2020 Les Echos

idées&débats

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Les Echos Mercredi 2 décembre 2020 IDEES & DEBATS // 11

opinions

voir central ne saurait imposer une déci-sion à ses Länder (par exemple le port du masque dans les écoles). Et où l’exé-cutif, émanant de la représentation nationale, ne saurait prendre à la légère,en catimini et dans l’artifice de conseils obéissants, des décisions aussi graves pour la santé publique et l’économie de ce pays.

La crise du coronavirus agit commeun révélateur sur nos sociétés et nos organismes : l’épreuve renforce les uns, mais fait disparaître les autres. La multi-plication des couacs et des décisions curieuses auxquelles nous assistons dans à peu près tous les domaines de la puissance publique, ces jours-ci, révèle les limites de la Ve République : quelles que soient les qualités personnelles des membres de l’exécutif, l’hypercentrali-sation du pouvoir, le mépris du Parle-ment et des réalités de terrain ainsi qu’une bureaucratie omniprésente et impotente ont fait le lit de la gestion hasardeuse de cette épidémie.

Il faut donc une révision constitution-nelle en vue d’aboutir à une VIe Républi-que, à savoir : une très large dévolution des pouvoirs vers les régions (incluant lasanté, l’éducation) ; un renforcement des prérogatives du Parlement. Et un Etat central neutralisé dans sa capacité à produire des normes superflues, recentré sur ses seules fonctions réga-liennes. La négligence budgétaire ou la désinvolture avec laquelle l’Etat a traité ses fonctions les plus essentielles – la Justice, l’Intérieur, les Armées – pour tenter d’exister dans des domaines où il n’a plus rien à faire (entreprises publi-ques du secteur marchand, notam-ment) n’est plus acceptable.

L’argument d’une Ve République cen-sée être plus solide et plus rapide dans saprise de décision face à des dangers majeurs se fracasse sous nos yeux depuis le mois de mars. Le coronavirus finira par passer. Mais nous aurons besoin de nouveaux outils institution-nels pour gérer les conséquences écono-miques, financières et sociales du triste échec de la gestion sanitaire actuelle, aussi brouillonne que jacobine.

Edouard Tétreau est associé-gérant de Mediafin.

tions d’opérations non liées au COVID ont été particulièrement brutales, notamment en Rhône-Alpes et Pro-vence Côte d’Azur. Enfin, l’inquiétude monte à l’idée de penser que la campa-gne de vaccination à venir soit aussi malconduite que les campagnes de mas-ques et de tests.

« Absurdistan » : dans un récent arti-cle, une journaliste du « Zeit » utilisa ce terme, originellement employé par Vaclav Havel pour décrire la Républiquetchèque communiste, pour la France de2020. Il est vrai que, vu d’Allemagne, nous vivons une triple tragédie : écono-mique (–10 % de PIB 2020, contre –6 %), sanitaire (quatre fois plus de morts, rap-portés à la population de chaque pays) etde gouvernance bureaucratique.Les chiffres récents d’une relative accéléra-tion des contaminations en Allemagne n’éclipsent pas la réalité : la France compte 2,2 millions de contaminés, l’Allemagne 1 million

Et si la clé de notre redressement étaitjustement à chercher du côté de la gou-vernance allemande ? Le succès de la gestion de crise de l’Allemagne n’est pas uniquement dû à la personnalité et au style de management d’Angela Merkel : une scientifique, sobre dans ses com-munications, univoque dans ses déci-sions, traitant ses ministres comme tels et non comme des chefs de service. Les clés du succès allemand tiennent bien davantage dans la gouvernance de ce pays : la recherche permanente du con-sensus, même et surtout sous la pres-sion des événements ; une république fédérale de dix-neuf régions, où le pou-

L’hypercentralisation du pouvoir, le mépris du Parlement et des réalités de terrain ainsi qu’une bureaucratie omniprésente et impotente ont fait le lit de la gestion désastreuse de cette épidémie.

Préparons l’avènement d’une VIe RépubliqueLa multiplication des mauvaises décisions dans à peu près tous les domaines de la puissance publique, ces jours-ci, révèle les limites de la Ve République. Il est temps de poser les bases d’une VIe République où serait neutralisée la tentation de l’Etat de produire des normes superflues.

DANS LA PRESSEÉTRANGÈRE

• D’après le « Financial Times » qui a eu accès à un projet d’audit interne de novem-bre 2020, le PNUD (Programme des Nationsunies pour le développement) serait sus-pecté de « fausses déclarations » et de cor-ruption sur plusieurs millions de dollars liés aux engagements du Fonds mondial pour l’environnement (FEM). « Des signes d’activités frauduleuses ont été détectés dans les bureaux de deux pays et des suspicions de collusion parmi quelques responsables de projets » du FEM, écrit le quotidien en citantcet audit qui ne nomme pas ces pays. D’après le rapport, les questions identifiées par l’audit pourraient sérieusement com-promettre la réalisation des objectifs des entités concernées.

Le FEM, rappelle le « FT », a été créé en1991 au sein de la Banque mondiale. Depuisil est devenu un organisme indépendant et adéboursé 21 milliards de dollars dans 170 pays dont 7 milliards gérés par le PNUD.

L’audit sur les projets du FEM liés auPNUD porte sur les années 2018 et 2019. Il

fait suite à des doutes sur la gestion des res-sources exprimés par des pays donateurs. Douze pays y compris les Etats-Unis, la France, l’Australie et le Japon ont demandé un audit indépendant après des révélationsde « Foreign Policy » sur la Russie.

Le PNUD a déclaré au « FT » qu’il prenait« très au sérieux » toute éventualité de mau-vaise gestion financière en ajoutant que les activités du FEM étaient étroitement con-trôlées. Les questions portent sur une petitefraction, 1,4 %, du portefeuille du fonds gérépar le PNUD. « Ces questions, affirme le quo-tidien, ne sont pas les premières liées aux engagements de l’ONU pour le climat et sont l’un de ses principaux défis ». On ne semble cependant pas proche du scandale du pro-gramme pétrole contre nourriture géré parl’ONU pour l’Irak il y a plus de quinze ans.— J. H.-R.

ONU : l’ombre d’un doute sur le PNUD

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J ean Castex revient sur sa déci-sion : les remontées mécaniquesseront finalement ouvertes, mais

les stations de ski resteront fermées. » Cette dépêche du fil d’info parodique duGorafi pourrait être crédible, au regard des annonces et rétropédalages récents de l’exécutif, dans des domaines variés.

Les stations de ski en sont un bonexemple : l’industrie de la montagne représente « 250 stations, 120.000 emplois et 9 milliards d’euros de recettes pour notre pays », comme l’écrivirent ce week-end Laurent Wauquiez et les pré-sidents des conseils généraux de Savoie,de Haute-Savoie et de l’Isère. Ont-ils seu-lement été consultés ? Qui était plus légi-time pour décider en responsabilité, in situ ? Bruxelles ? Mme Merkel ? L’ONU ?

Sans égrener la liste des décisions etactions improbables autour de la ges-tion de cette deuxième vague épidémi-que (offices religieux pour 30 personnes,commerces fermés sans distinction, consommateurs agglutinés dans les seuls rayons alimentaires de la grande distribution, profusion de modèles d’attestations variables), constatons qu’elles se multiplient. Ainsi des Con-seils de défense qui, traditionnellement, quatre fois par an, mettent en mouve-ment des processus de travail particuliè-rement fins et exigeants pour préparer des décisions stratégiques vitales pour lanation. Ils ont désormais lieu deux fois par semaine, souvent sur sujets secon-daires, et avec le succès que l’on sait.

S’il faut saluer le professionnalisme etla réactivité de Bercy pour gérer l’incen-die économique et social en cours (maisà quel coût ?), la gestion sanitaire pro-prement dite est, elle, déroutante. Quelsenseignements ont été tirés de la gestionapproximative de la première vague ? C’est en dernier recours que les hôpitauxet cliniques privés ont été mis à contri-bution, tandis que les déprogramma-

LA CHRONIQUEd’ Edouard Tétreau

LE LIVREDU JOUR

La France en cartes

LE PROPOS Avant que l’enseignement de l’histoire de France ne devienne trop politiquement incorrect, il faut se régaler de cet « Atlas historique de la France ». Le défi ici relevé par le géographe Christian Grataloup était de « faire comprendre les mille et une manières dont s’est construit le territoire français ». En 375 cartes – presque autant que de fromages (ils sont là aussi, bien sûr) –, cet atlas propose un tour de France fascinant. Pas de question qui ne trouve sa réponse, pour celles que l’on se pose autant que pour celles que l’on ne se posait pas. Comment étaient fabriquées les toitures ? Comment nous parvinrent le potiron et la courgette ? Ces cartes commentées de façon vive et complète sont des guides de choix pour suivre les parcours des héros du roman national (Vercingétorix, Jeanne d’Arc, de Gaulle…) aussi bien que des moines ou des chevaliers. On y suit également le « vol de l’Aigle », la naissance des usines, les routes de l’échange et celles des produits exotiques. Les entrées sont multiples et surprenantes. Côté culture, il est intéressant d’apprendre qu’au

XVIIIe siècle, une trentaine de villes d’Europe entretenaient de façon permanente une troupe de comédiens français. Et que, déjà en 1882, les filles étaient meilleures que les garçons à l’école ! Seuls 60 % d’entre eux étaient en effet reçus au certificat d’études, contre 70 % chez les filles.

L’INTÉRÊT L’« Atlas historique de la France », qui reprend les recettes du succès de l’« Atlas historique mondial », a l’immense avantage de remettre les pendules à l’heure.—Sabine Delanglade

Atlas historique de la FranceChristian Grataloup, Charlotte Becquart-Rousset. Les Arènes/L’Histoire. 320 pages, 24,90 euros.

SERVICE ABONNEMENTS LES ECHOS 4, rue de Mouchy 60438 Noailles Cedex. Tél. : 01 70 37 61 36 du lundi au vendredi de 9h à 18h. IMPRESSION L’Imprimerie (Tremblay-en-France), Midi Libre (Montpellier). TIRAGE DU 1ER DÉCEMBRE 2020 : 50.945 exemplaires. Origine du papier : France. Taux de fibres recyclées : 56%.Ce journal est imprimé sur du papier porteur de l’Ecolabel européen sous le numéro FI/37/002. Eutrophisation : P

tot0.01kg/tonne de papier Membre de membre ACPM OJD CPPAP : 0421 c 83015. Toute reproduction, même partielle, est interdite sans l’autorisation expresse de l’éditeur (loi du 11 mars 1957)

Elsa Conesa (Finance et Marchés)Daniel Fortin (Magazine, Opinionset Innovation)Muriel Jasor (Leadership et Management)Arnaud Le Gal (Les Echos Entrepreneurset opérations spéciales)Etienne Lefebvre (France et international)Clémence Lemaistre (Information digitale)Lucie Robequain (France, Internationalet Enquête)Marie-Christine Sonkin (Patrimoine)

DIRECTEUR DE CRÉATIONFabien LabordeDIRECTRICE ARTISTIQUE Marion MoulinEDITORIALISTESCécile CornudetJacques Hubert-RodierEric Le BoucherJean-Francis PécresseJean-Marc VittoriSabine DelangladeLaurent Flallo, Sylvie Ramadier (Le Crible)

LES ECHOS WEEK-ENDDIRECTEUR DE LA RÉDACTIONHenri GibierRÉDACTEURS EN CHEF Laura Berny,Karl De Meyer et Mariana RealiDIRECTRICE ARTISTIQUE Cécile Texeraud

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ÉDITRICEMarie Van de Voorde-LeclerqÉDITRICE ADJOINTEClémence CalliesDIRECTEUR DE LA DIFFUSIONET DU MARKETING CLIENTSEtienne PorteauxDIRECTEUR STRATÉGIEET COMMUNICATIONFabrice Février

Ce numéro comporte un 3e cahier de 08 pages « Les Echos Entreprises & Collectivités »

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12 // IDEES & DEBATS Mercredi 2 décembre 2020 Les Echos

opinions

LE POINTDE VUE

de Marine Le Pen

Tout faire pour sauver les petites entreprises et les commerçants

S oyons lucides : les multiples dis-positifs financiers visant à pallierles conséquences désastreuses

des choix sanitaires gouvernementaux sur l’activité de nos 3.300.000 TPE-PMEet indépendants ne suffiront pas à sau-ver de la faillite nombre d’entre eux.

Nous devons réagir fortement, et cede façon urgente, pour prévenir la dispa-rition de milliers de petites entreprises et d’activités indépendantes. Suppres-sion massive d’emplois pourtant non délocalisables, pertes irrémédiables de transmission de savoir-faire aux jeunes générations, dévalorisation des fonds decommerce patiemment constitués pourla retraite : un cortège de drames profes-sionnels, humains et familiaux se pro-file. Une entreprise se construit en trente ans et disparaît en quinze jours.

Des mesures simples peuvent êtremises en œuvre immédiatement. D’abord, un dispositif de fonds propres de 30 milliards d’euros au bénéfice de ces petites entreprises – ce que j’avais proposé dès avril 2020. Il suffit désor-mais d’y apporter une partie des prêts garantis par l’Etat (PGE), programmés pour 300 milliards d’euros et déjà accor-dés à hauteur de 120 milliards d’euros, pour celles des entreprises qui le demanderont, et de compléter au fur et à mesure des besoins.

Ensuite, il faut simplifier l’accès auxdispositifs publics. Nombre d’entrepri-ses et d’indépendants n’ont pu bénéfi-cier de la manne publique du fait des cri-tères bureaucratiques imposés. Le principe du « zéro recette, zéro charge »n’a évidemment pas pu être respecté. Mettons dès lors en place une procédure

nom peu avenant de « prepack ces-sion », et qui a été ouvert par l’ordon-nance du 12 mars 2014. Il sera utilementcouplé avec les dispositions relatives à lareprise par le chef d’entreprise de sa pro-pre activité, lesquelles avaient été adop-tées pendant le premier confinement (ordonnance du 20 mai 2020). Avec ce « prepack cession Covid-19 », des centai-nes de milliers d’emplois peuvent être préservés.

Enfin, nous devons adapter notredroit et la jurisprudence en matière de responsabilité financière et pénale pourles entrepreneurs qui font faillite, qu’ils exercent sous couvert d’une société ou individuellement. Ces entrepreneurs sont autant de héros des temps moder-nes. Nous devons aujourd’hui impérati-vement geler les procédures visant à rechercher la responsabilité person-nelle du chef d’entreprise et prendre le temps de modifier de façon adaptée notre droit positif.

Il convient d’inverser la logique quiconduit à confondre difficultés écono-miques d’une entreprise et responsabi-lité personnelle du chef d’entreprise.

Au fond, il s’agit de sortir d’une fatalitésanitaire et de relancer une dynamique entrepreneuriale sur toute la France – métropoles, banlieues et territoires ruraux. Adaptons les bons outils, les bonnes méthodes avec le bon esprit, au bénéfice des bonnes personnes. Privilé-gions avant tout le rebond économique sur des bases saines, en en protégeant les principaux acteurs.

Marine Le Pen est présidente du Rassemblement national.

automatique d’accès aux fonds propres et aux mesures de soutien individuel despatrons de petites entreprises et des indépendants, sur des bases déclarati-ves. Et inversons la méthode : au lieu de ne pas faire confiance aux Français, lais-sons à nos chefs d’entreprise la respon-sabilité d’établir et de demander ce dontils ont réellement besoin. Un tiers de confiance technique, professionnel de lacomptabilité, valide cette approche, en responsabilité. Corollaire indissociable, un véritable contrôle a posteriori est ins-tauré : il s’agit d’éviter les effets d’aubaine

et les fraudes à la subvention. Cette pro-cédure à critères affichés permet de trai-ter des millions de dossiers, et ce dans des délais raisonnables, et en évitant les goulets d’étranglement de nos services publics centralisés et débordés.

La situation alliée à notre droit dessociétés imposeront à de nombreuses entreprises de rentrer dans ce que l’on appelle une procédure collective – « la faillite », dans le langage commun. Je suggère que soit généralisé un dispositifexistant, simple et rapide, répondant au

Mettons en place une procédure automatique d’accès aux fonds propres et aux mesures de soutien individuel.

Celle-ci devra s’enclencher sur des bases déclaratives.

Quelle monnaie à l’ère numérique ?

D epuis la Grèce antique, les piè-ces puis les billets ont été levisage de la monnaie : les espè-

ces constituent un moyen efficace et lar-gement accepté de payer au quotidien. Ces dernières années, toutefois, la révo-lution numérique a conduit les consom-mateurs à revoir profondément leurs habitudes. Ils utilisent de plus en plus une carte, un téléphone portable ou même une montre connectée pour leurs paiements.

Une nouvelle étude sur les comporte-ments des consommateurs dans la zoneeuro (Study on the payment attitudes ofconsumers in the euro area, SPACE), menée par la Banque centrale euro-péenne et les banques centrales natio-nales, montre que près de la moitié des adultes vivant dans la zone euro préfè-rent, aujourd’hui, payer de façon numé-rique, une tendance qui semble s’être accélérée pendant la pandémie de coro-navirus (COVID-19). Les espèces demeurent le mode de paiement le pluscourant pour les transactions réalisées en personne mais leur part se réduit. Pour les achats en ligne, les cartes et les paiements électroniques sont les solu-tions préférées. Enfin, pour le règle-ment des factures, la plupart des consommateurs ont recours au prélè-vement automatique ou au virement.

Ces résultats montrent qu’aucunmoyen de paiement actuellement dis-ponible ne répond à l’ensemble des besoins des consommateurs. Il est doncimportant de maintenir un choix varié de modes de paiement, sans transiger sur la rapidité, la sécurité, la facilité d’utilisation, ou les coûts d’utilisation. De fait, espèces et monnaie numérique peuvent être considérées comme com-plémentaires : leur coexistence offre à

saire de préserver la facilité d’accès aux espèces et en garantissant leur pleine acceptation dans les points de vente. Nous restons fermement déterminés à maintenir une grande disponibilité et une large acceptation des espèces dans l’ensemble de la zone euro.

En même temps, face aux progrès del’économie numérique, la monnaie sou-veraine doit se réinventer, afin que cha-cun puisse continuer de bénéficier du bien public qu’elle constitue. Nous devons donc nous tenir prêts à émettre un équivalent numérique des billets de banque si cela s’avère nécessaire.

Un euro numérique existerait paral-lèlement aux espèces : ensemble, ils donneraient accès à des modes de paie-ment simples et gratuits. Un euro numérique serait également conçu de manière à pouvoir interagir avec les solutions de paiement privées, ce qui faciliterait la fourniture de services sup-plémentaires à l’échelle de l’Europe entière. Par ailleurs, le respect de la vie privée sera une priorité pour que l’euro numérique contribue au maintien de laconfiance dans les paiements à l’ère numérique. Pour comprendre les besoins et préoccupations de tous, nousavons ouvert une consultation publiquesur un euro numérique.

La numérisation pourrait révolution-ner l’univers des paiements. Cependant,il est important que les entreprises et lesménages européens gardent le choix. Nous travaillons donc à garantir qu’un moyen de paiement public, simple, gra-tuit et sûr restera disponible en toutes circonstances.

Fabio Panetta est membre du directoire de la Banque centrale européenne.

chacun un choix et un accès plus large àdes modes de paiement simples.

Si les paiements numériques sontconçus de façon à être aussi robustes que possible, ils restent toutefois vulné-rables aux pannes d’électricité, aux cybermenaces ou aux défaillances techniques. Dans de tels cas, les espècespeuvent accroître la résilience de notre système de paiements en offrant un filetde sécurité essentiel. Elles assurent aussi une fonction de réserve de valeur qui inspire confiance. Selon notre enquête sur les paiements, 34 % des habitants de la zone euro conservent chez eux des réserves en espèces à titre de précaution.

Les espèces constituent égalementun facteur d’inclusion. Si les paiements numériques devenaient la norme, ceux qui ne peuvent pas, ou ne souhaitent pas, y recourir (pour des raisons de res-pect de la vie privée, par exemple) ris-queraient de se retrouver exclus de l’économie. Notre enquête sur les paie-ments révèle que les espèces sont régu-lièrement utilisées indépendamment de l’âge, du niveau d’éducation et du revenu. Les espèces restent en outre essentielles pour assurer l’inclusion despersonnes les plus vulnérables sociale-ment, qui n’ont pas toujours de compte en banque ou ne maîtrisent pas les outils numériques. Il est donc néces-

Il faut préserver la facilité d’accès aux espèces en garantissant leur acceptation dans les points de vente.

mes n’existe que depuis 1945 ; la possibilité d’attribuer à l’enfant le nom de sa mère (comme c’est mon cas) n’a été formellementreconnue qu’en 2005. L’égalité entre fem-mes et hommes représente une conquête majeure, mais en rien inhérente à la « Répu-blique », qui a fort bien toléré le patriarcat durant le plus clair de son existence.

Un « glissement anti-laïque »Je me suis donc jeté sur le « projet de loi con-fortant les principes républicains », espérant y trouver une définition claire. La lutte con-tre le séparatisme aura eu cette vertu de for-cer le législateur à expliciter les principes qui nous unissent. Voici les principaux. D’abord, n’arborer aucun signe religieux dèsqu’on participe de près ou de loin à un ser-vice public, ce qui représente, selon les motsde l’historien Jean Baubérot, un « glissementanti-laïque de la neutralité de la puissance publique vers une neutralité imposée à des sec-teurs de la société civile ».

Ensuite, ne pas déshériter ses enfants etce, au nom de la « dignité de la personne humaine » (il faudra expliquer à nos voisins anglais ou danois, qui ne reconnaissent pas la réserve héréditaire, en quoi ils privent leurs citoyens de dignité). La République nous impose également d’être monogame (une étrange prétention, si l’on considère le mariage comme un simple contrat de droit civil). Enfin, elle se pique non seulement de nous instruire mais désormais de nous édu-quer, mettant fin de facto à l’enseignement àdomicile.

Il ne m’a pas échappé que ce projet de loivise essentiellement à sanctionner des prati-ques culturelles liées à une religion. Mais ense réclamant des « principes républicains », il fait tomber les masques : la République estdevenue la gardienne d’un mode de vie, promu dès le plus jeune âge. Ce mode de vie,je le partage : je suis athée, je vis avec une seule femme, je n’ai pas l’intention de déshé-riter mes enfants et je les envoie à l’école publique. Je ne cherche pas à imposer mes préférences personnelles à mes conci-toyens, mais je serais bien inspiré de cher-cher à les convaincre, par le discours et l’exemple.

Il va sans dire qu’il faut réprimer avec fer-meté les appels à la violence, empêcher à tout prix les mariages forcés, contrôler le contenu de l’enseignement, etc. Mais le con-cept d’Etat de droit suffit largement à cette noble cause. Introduire la République dans le débat risque de transformer une questiond’ordre public en un conflit de valeurs, atti-sant les tensions entre communautés et rognant pour tous le champ des libertés (à commencer par les libertés d’association et d’instruction). A quand les procès pour « anti-républicanisme » ?

Gaspard Koenig est philosophe et président du think tank GenerationLibre.

LE POINTDE VUE

de Fabio Panetta

AFP

La République, un alibi pour contraindre nos modes de vie

M arion Maréchal-Le Pen dit appar-tenir à « une génération un peusaoulée par les valeurs de la Répu-

blique ». Je ne partage pas les mêmes idées, mais je suis peu ou prou de la même généra-tion et je dois confesser une semblable per-plexité face à ces « valeurs républicaines » toujours invoquées, jamais détaillées au-delà des platitudes sur la fraternité et des tautologies sur le « vivre ensemble ».

Les valeurs démocratiques me parlent : ils’agit de pouvoir choisir et congédier ses gouvernants. Le régime présidentiel fran-çais n’est guère brillant de ce point de vue, mais il nous laisse au moins la possibilité derenvoyer dans les cordes, tous les cinq ans, les représentants qui n’ont pas mérité notre confiance.

Recul des libertés publiquesLes valeurs de l’Etat de droit me parlent encore davantage : quelles que soit les fan-taisies du gouvernement au pouvoir, elles sont censées protéger l’individu dans ses droits fondamentaux. La Déclaration des droits de l’homme, analysée dernièrement dans cette chronique, en donne un aperçu limpide et synthétique qui a aujourd’hui force constitutionnelle. On ne peut que s’inquiéter, à ce titre, du recul constant des libertés publiques, sans doute le principal héritage de ce quinquennat.

Mais les valeurs républicaines ? Ellesm’ont toujours semblé aussi floues que la proclamation de la République, qui n’a jamais clairement eu lieu : ni en 1875, où la République a été introduite subrepticementau détour de l’amendement Wallon, ni en 1944, où le général de Gaulle a refusé de pro-clamer la République au balcon de l’Hôtel de ville, afin de maintenir le mythe selon lequel elle n’avait jamais cessé d’exister (et d’asseoir sa propre légitimité comme incar-nation providentielle de la souveraineté nationale).

Si l’on cherche des exemples de valeursrépublicaines, le mystère s’épaissit. Est sou-vent invoquée l’égalité entre les femmes et les hommes. Mais le droit de vote des fem-

L’égalité hommes/femmes est une conquête majeure, mais en rien inhérente à la « République », qui a fort bien toléré le patriarcat.

LIBREPROPOS

Par Gaspard Koenig

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Page 13: Les Echos - 02 12 2020

Les Echos Mercredi 2 décembre 2020 IDEES & DEBATS // 13

art&culture

mon numéro de téléphone, mais je sais qu’il ne m’appellera jamais. Je le connais, ila d’autres choses à faire. » Comme le dit Depardieu : « Les acteurs sont des sai-sons. » Ils passent et reviennent.

« Depardieu, hors normes » fait partiede ces beaux livres que l’on regarde autant qu’on les lit. Au fil des pages, Depardieu vieillit, redevient jeune, prend du poids, regagne sa vigueur… Lapage 111 est occupée par ce cliché de « Lafemme d’à côté » : Fanny Ardant deboutderrière lui, passe les mains sur son visage, dans un geste de potier. Tout est là : Depardieu est cette glaise extraordi-naire, caressée par les doigts de parte-naires ou les regards des cinéastes, sanscesse réinventée. « Par moments », écrit-il, on s’envole, « mais je pense qu’on est surtout créateur dans le regard des autres ». n

t e l m o n u m e n t d e cinéma. De Chabrol à Carmet, de Miou-Miou à Godard ou Duras, « Depardieu, hors nor-mes » retrace le par-cours du gosse de Châ-teauroux à travers ceux qui lui ont donné ren-dez-vous. Flic, prêtre, voyou, syndica-liste, Cyrano, homme d’affaires, Staline, Obélix, Rodin… Gérard Depardieu est un monde et le seul pont assez solide pour relier des rivages aussi éloignés que Ridley Scott et Maurice Pialat.

Acteurs saisons…Il y a surtout ceci de magique dans les longues carrières : les personnages se détachent de l’écran pour écrire leur pro-pre histoire. Ainsi en va-t-il du couple

Deneuve-Depardieu :« Chaque f i lm danslequel les deux acteurs seretrouvent constituecomme un nouvel épi-sode d ’une histoired’amour sans fin », écritLaurent Delmas. Lestémoignages laissent

deviner les relations complexes que tissecette famille du cinéma, soudée par de grands solitaires. « On aurait pu en faire un quatrième, un cinquième mettons tousles trois ans, regrette Pierre Richard après’’Les Fugitifs’’. Gérard et moi, on serait devenu les Laurel et Hardy fran-çais. » Michel Piccoli, avec qui il a égale-ment tourné trois fois, le retrouve dans une loge de théâtre après de nombreusesannées sans nouvelles : « On s’est embrassé comme des furieux. Il a pris

CINÉ/LIVREDepardieu, hors normesde Laurent DelmasPréface de Bertrand Tavernier.Ed. Larousse. 272 pages, 29,95 euros.

Adrien Gombeaud @AdrienGombeaud

On oublie parfois cette évidence : Gérard Depardieu est le plus grand acteur français. L’album que lui consa-cre Laurent Delmas nous rappelle que, depuis un demi-siècle, il ne s’est pas passé une année sans que ne sortent un ou plusieurs films de Depardieu. Aucuncomédien de sa génération n’a édifié un

En 50 ans et presque 200 films, Gérard Depardieu a construit une œuvre de cinéma monu-mentale. Coproducteur de l’émission « On aura tout vu » sur France Inter, Laurent Delmas retrace cette traversée dans le regard de partenaires, cinéastes, personnages…

Olivier De Bruyn @OlivierBruyn

L es spectateurs qui apprécient lescinéastes américains ambitieuxn’ont guère le choix et doivent s’en

remettre de plus en plus souvent à leurspetits écrans… Dans l’incapacité de trou-ver des financements à Hollywood (dontles décideurs misent en priorité sur les productions à destination du public adolescent) ou dans les rangs d’un cinéma indépendant mal-en-point, les grands auteurs, les uns après les autres, cèdent aux sirènes de Netflix qui profite de l’aubaine pour constituer un catalo-gue impressionnant.

Après les frères Coen (« La Ballade deBuster Scruggs »), Martin Scorsese (« The Irishman ») et en attendant George Clooney fin décembre (« Minuit dans l’univers »), c’est au tour de David Fincher de dévoiler son nouveau film surla plateforme. Dans « Mank », une fic-tion tournée dans un somptueux noir et blanc, le cinéaste de « Fight Club » et de « Social Network » met en scène le Hol-

l’encontre du redoutable Louis B. Mayer : « Si je passe un jour sur la chaise électrique, grommelle-t-il, j’aimerais qu’il soit assis sur mes genoux. »

Pour incarner ce Mank qui, malgréses titres de gloire aux côtés des Marx Brothers ou sa collaboration sur « Le Magicien d’Oz », n’a jamais connu la célébrité de son frère Joseph L. Man-kiewicz (l ’ immense cinéaste de « L’Aventure de Mme Muir » et de « La Comtesse aux pieds nus »), David Fin-cher ne s’est pas trompé en engageant un comédien qui interprète ici l’un des meilleurs rôles de sa carrière : Gary Old-man. Tour à tour désopilant et émou-vant, l’acteur campe son personnage désinvolte et autodestructeur, opposé aux nababs des grands studios comme au mégalomane Orson Welles, avec uneférocité, une drôlerie et une sensibilité qui contribuent à la réussite majeure de« Mank ». Un film sur le cinéma améri-cain de l’âge d’or qui, de toute évidence, n’aurait jamais pu être produit aujourd’hui dans une « usine à rêves » où le formatage impose ses lois. n

lywood des années 1930 et 1940 et dresse le por-trait de Herman Man-kiewicz, un scénariste talentueux mais ingéra-ble qui, durant toute sa carrière, lutta pour son autonomie créatrice dans un environnement qui ne tolérait qu’avec parcimonie les électrons libres.

Alcool et génieEn 1940, épuisé et malade après des années d’aventures contrastées dans les grands studios hollywoodiens, Herman Mankiewicz, surnommé « Mank », est envoyé dans une modeste demeure per-due dans le désert californien. Sa mis-sion : écrire le scénario du premier long-métrage d’un jeune génie : un certain Orson Welles. Pendant qu’il s’attelle à sa tâche et imagine la future structure de « Citizen Kane », Mank se souvient de son existence dans les studios de cinéma,entre autres de ses rencontres avec les patrons de la toute-puissante MGM (Louis. B Mayer, Irving Thalberg) et de sa

relation avec la starMarion Davies, la girl-friend du magnat de lapresse William Ran-dolph Hearst, celui qui,justement, l’inspirepour imaginer le per-sonnage central de

« Citizen Kane » : Charles Foster Kane.Comment résister aux pressions

liberticides de toutes sortes ? Comment composer avec ses addictions et ses idéaux en berne ? Autour de ces ques-tions et d’un scénario foisonnant ima-giné à la fin des années 1990 par son père, qui fut journaliste et écrivain, David Fincher, avec un humour rava-geur et une inspiration formelle cons-tante, met en scène un film passionnantoù il revisite une époque sous tous ses aspects – politiques, sociaux, artisti-ques – et rend un hommage fervent et malicieux à un homme de l’ombre. Un homme qui, malgré ses excès en tout genre et son alcoolisme, n’a jamais rien perdu de sa lucidité vacharde et de son art du verbe. En témoigne ses saillies à

FILM AMÉRICAINMankde David Fincheravec Gary Oldman, Amanda Seyfried, Lily Collins...2 h 12.

David Fincher revisite l’âge d’or hollywoodien

CINÉMA // Le cinéaste dresse le portrait de Herman Mankiewicz, le scénariste de « Citizen Kane ». Une fiction éblouissante tournée pour Netflix, incarnée par un acteur en état de grâce, Gary Oldman.

Gary Oldman (Herman Mankiewicz), Arliss Howard (Louis B. Mayer) et Tom Pelphrey (Joe Mankiewicz)sur Netflix. Photo © Netflix

FILM KAZAKHTomirisd’Akan Satayevavec Almira Tursyn, Adil Akhmetov, Erkebulan Dairov.M6 vidéo DVD et Blu-ray. 2 heures.

Le tour du monde de Depardieu

« Eurêka » explique aux plus jeunes

les grandes notions de l’économie avec des objets du quotidien.

En vidéo sur lesechos.fr

« Quand je serai grand, je serai une fille. » La mère de Sasha, Karine, a répondu que non. Son fils pourrait choisir bien des choses dans son existence, néan-moins, toute sa vie, il resterait un garçon. Sasha en a été bouleversé, brisé au plus profond de son être. Aufil du temps, sa mère a accepté que son petit garçon était une « petite fille ». Quelques mois après la sortieau cinéma d’« Adolescentes », Sébastien Lifschitz propose encore l’un des plus beaux documentaires de l’année à découvrir mercredi 2 décembre sur Arte.

Sasha a sept ans. Chez elle, dans sa famille, ellejoue à la poupée, porte des robes, attache ses che-veux avec une barrette rose. À l’école, elle est un gar-çon qui se doit de porter un blouson et un pantalon. Une fois la grille passée, quand on parle d’elle, on dit « il ». Tout au long de son film, sans commentaire, Sébastien Lifshitz va sonder cette déchirure. Cepen-dant, « Petite fille » raconte autant Sasha que sa mère.Dès les premières minutes, face à un médecin atten-tif, Karine évoque sa culpabilité. Elle se sent coupabled’avoir désiré une fille. Coupable d’avoir été malheu-reuse d’apprendre que Sasha allait être un garçon. Coupable de lui avoir donné un prénom ambigu, masculin en russe, souvent féminin chez nous…

Elle va devoir s’arracher à ce sentiment et, pour safille, devenir une guerrière. Face à elle se dresse un directeur d’école que l’on ne verra jamais, puissanceinvisible qui réclame « un papier ». Sasha n’existera comme fille que lorsqu’une feuille datée et tampon-née attestera qu’elle en est une. Au fil des saisons, onsent la fatigue, l’implacable travail de la pierre poncebureaucratique… et la détermination de Karine à offrir, malgré tout, une enfance à son enfant.

Instants aériensLifshitz les filme dans le train pour Paris, puis traver-sant les rues, main dans la main, telles deux alpinis-tes encordées. Et c’est une autre administration qui va les aider à se faire entendre. À l’Assistance publi-que des Hôpitaux de Paris, Karine est reçue par une pédopsychiatre spécialisée. Elle trouve enfin des conseils, des solutions… et le fameux « papier ».

Au cours de ce long voyage vers elle-même, Sasha,souvent, pleure. Elle se retient, tremble un peu, puisdéborde. Elle ne pleure pas comme une enfant. Elle pleure en silence, sans cris, sans hoquets. Larmes d’adulte. Des séquences d’autant plus poignantes qu’elles contrastent avec d’autres instants aériens. Moments de répit filmés comme des gravures de conte de fées. Sasha tentant d’attraper des bulles de savon. Sasha mimant des mouvements de ballerine,une paire d’ailes de fée sur le dos. Sasha à la plage courant vers l’océan. Images fugitives d’une petite fille différente… comme tout le monde. — A. G.

• Inédit chez nous au cinéma, voici un blockbuster kazakh tombé tout droit des studios d’Almaty. Noussommes six siècles avant notre ère, au cœur d’un ter-ritoire sans frontière, qui s’étend de la Mongolie auxrives de la Caspienne. Tomiris, fille de roi, voit son destin bouleversé lorsque son père est assassiné. Orpheline, elle va reconquérir son trône à la force del’épée, puis unifier les tribus des steppes pour se défaire de l’empereur des Perses Cyrus.

On ne connaît pas grand-chose du réalisateur,Akan Satayev. Lui connaît visiblement son affaire. Sans bénéficier d’un budget hollywoodien, sa mise en scène classique mais solide parvient à faire souf-fler un vent épique sur les paysages d’Asie centrale. Portrait d’une amazone, autrefois peinte par Gus-tave Moreau, « Tomiris » reconstitue un monde fas-cinant, des paysages de steppes et de forêts, des sei-gneurs dont les châteaux sont des yourtes. Parfois, lavidéo vous offre le vol idéal vers des contrées inex-plorées par les grands écrans d’Occident. —A. G.

Film en bref

DOCUMENTAIRE FRANÇAIS Petite fille de Sébastien Lifshitz. 1 h 22. Le 2 décembre à 20 h 50 sur Arte et sur arte.tv jusqu’au 30 janvier.

Ma fille, ma batailleQuelques mois seulement après le splendide « Adolescentes », Sébastien Lifshitz revient avec le portrait de Sasha, né garçon et pourtant « petite fille ». Un documentaire déchirant, à voir sur Arte.

Page 14: Les Echos - 02 12 2020

Comment la Suède est devenue championne du monde de la taxe carbone

Antoine Jacob— à Stockholm

S ous l’auvent d’une station-service deSolna, banlieue nord de Stockholm,aucun des automobilistes croisés ce

matin-là ne pense à la taxe carbone au moment de faire le plein. Elle est pourtant incluse dans le prix du litre à la pompe, à hauteur d’un cinquième du tarif affiché. « Cette taxe existe depuis si longtemps qu’on l’oublie… A cause d’elle, mon essence me coûte plus cher mais c’est mieux pour le cli-mat », avance Pernilla, une quadragénaire pressée, avant de filer au travail. De fait, la taxe carbone suédoise – qui touche tous les combustibles fossiles, tels les carburants et le fioul – est la plus élevée du monde, devantla Suisse. Fixée actuellement à 1.190 couron-nes (116 euros) par tonne de CO2 émise, con-tre 44,6 euros en France, elle n’a cessé d’aug-menter depuis son introduction, à 250 couronnes (24 euros) la tonne.

C’était il y a bientôt trente ans. Alors queParis a fini, non sans mal, par imposer sa propre taxe en 2014 (au prix initial de 7 euros la tonne), le royaume scandinave avait pris les devants dès 1991. Seules la Fin-lande et la Norvège l’avaient précédé dans un monde qui, de manière générale, se sou-ciait alors nettement moins des questions environnementales. A l’époque, la Suède venait de passer au centre droit. En pleine crise économique, le nouveau gouverne-ment ficela une réforme fiscale. On rabota,entre autres mesures, l’impôt sur les plus hauts revenus. Et on introduisit le « kol-dioxidskatt », la taxe carbone. « Il s’agissait à la fois d’alimenter les caisses publiques et d’envoyer un signal : plus on polluera, plus ilfaudra payer », explique Martin Flack, du Conseil de politique climatique, un orga-nisme public chargé d’évaluer les progrès du gouvernement dans ce domaine.

Automobilistes visés au portefeuillePrélevée au prorata de la teneur en carbonedes combustibles fossiles, la taxe est payée uniquement par les sociétés qui les impor-tent (la Suède n’en produit pas). Elle est ensuite répercutée, de manière invisible, dans les prix de vente aux acheteurs. Son niveau a d’abord augmenté par palier, pourlaisser du temps aux concernés de s’y pré-parer. Il est désormais ajusté au taux d’infla-tion, plus (depuis 2017) une surindexation automatique de 2 %. Pour ne pas trop allé-ger le porte-monnaie des automobilistes, qui après tout sont aussi des électeurs, on divisa par deux la taxe sur l’énergie imposéesur les carburants depuis les années 1950. De nos jours, ces deux composants repré-sentent tout de même 45 % du prix à la pompe, auxquels s’ajoute la TVA (25 %). C’est trop, estiment un nombre croissant deSuédois. A la station-service de Solna,

Håkan, un ouvrier du BTP en casquette, confie son « ras-le-bol ». Aussi, lorsqu’il a découvert l’existence sur Facebook d’un groupe baptisé « La révolte du carburant » (Bensinupproret 2.0), l’a-t-il rallié sans hési-tation. Peder Blohm Bokenhielm en est le principal organisateur. Joint dans sa régionméridionale du Blekinge, ce spécialiste en peinture automobile dénonce « les taxes punitives qui frappent les automobilistes ». Ceux qui vivent loin des villes, donc « les plus tributaires de leurs véhicules », doivent « payer le prix fort pour les concessions faitespar les sociaux-démocrates aux Verts, ce petitparti qui a une influence démesurée sur la politique du gouvernement depuis qu’il y est entré » en 2014, peste-t-il.

Créée en avril 2018 et revendiquantdésormais plus de 580.000 membres (sur 10 millions de Suédois), La révolte du car-burant a vite agrégé d’autres types de mécontents. Certains y voient une version numérique des « gilets jaunes » français. En tout cas, le coronavirus a mis en sour-dine leurs revendications. Mais « elles reviendront en force avant les législatives de 2022 », prédit l’instigateur du groupe, qui n’exclut pas de lancer un parti d’ici là.

Population sensibiliséeHormis cette fronde récente, la taxe car-bone suscite une relative compréhension dans la patrie de la jeune militante écolo-giste Greta Thunberg. La population est sensibilisée de longue date à la protection de la nature et aux enjeux climatiques. De plus, l’Etat a mis la main à la poche pour subventionner l’achat par les particuliers etles entreprises de solutions de chauffage plus ou moins vertes. Avec succès.

Exemple : « Dans notre parc immobilier,seuls 0,5% des logements sont encore chauf-

fés au fioul », précise Mikael Rosén, conseiller énergétique à HSB, la plus grande coopérative d’habitation du pays. Les centrales fonctionnant à la biomasse forestière ou à l’électricité (produite par desbarrages ou les sept réacteurs nucléaires du pays) ont pris la relève. Dans les villas règne la pompe à chaleur.

Autres raisons à la faible résistancelocale face à un énième impôt dans un paysfigurant parmi les cinq plus gros taxateurs de l’Union européenne : il sert la collectivité,puisque le montant qu’il rapporte au bud-get national annuel (1,2 % de son total l’an dernier, soit l’équivalant de 2,2 milliards d’euros) partent dans le pot commun qui finance l’Etat providence. Et « nous, les Sué-dois, sommes trop timides pour protester dans la rue comme vous, les Français », con-cède Martin Mörman, expert à la Fédéra-tion nationale des agriculteurs. En outre, la taxe carbone fait quasiment consensus au Parlement. « Tous les partis qui se sont suc-cédé au pouvoir depuis son introduction la soutiennent. C’est ce qui fait la force de cette mesure », devenue un des piliers de la politi-que climatique du royaume, pointe Henrik Scharin, économiste chez Formas, un con-seil de recherche public spécialisé dans le développement durable.

Dans les entreprises aussi, la pilule est plu-tôt bien passée. « Elles l’ont acceptée parce qu’elles ont très vite obtenu des rabais impor-tants de manière à rester compétitives », com-mente Robert Lönn, l’expert en fiscalité de laConfédération suédoise des entreprises. Entre 1993 et 2011, elles n’ont payé que 25 % dela taxe carbone ! Les industries à forte inten-sité énergétique, elles, ont pu demander un traitement encore plus favorable. Une faveurcritiquée par certains mais jugée nécessaire.Comme souvent dans ce pays porté sur le

l’admettent en chœur, il est difficile de mesurer l’impact exact de ladite taxe. « D’autres instruments ont joué un rôle, comme les subventions aux voitures électri-ques et la législation sur l’efficacité énergéti-que ainsi que la conjoncture économique et lamétéo », résume Anthesis Enveco. « Tout le monde est quand même d’accord pour dire que la taxe a été un moteur important dans laréduction des émissions, notamment au niveau du chauffage (–87 % depuis 1990) », insiste Daniel Stenson, conseiller pour la politique climatique à l’Agence de protec-tion environnementale. Il n’est pas évident non plus de déterminer si la taxe a eu un impact négatif sur l’économie. Mais cel-le-ci, c’est une réalité, a continué à croître plus vite que celles des pays de la zone euro(dont elle ne fait pas partie). Entre 1990 et 2017, le PIB suédois a grimpé de 78 %, soit un taux annuel de 2,88 %.

Et maintenant ? Pour Daniel Stenson, « ilest clair que la taxe carbone et le Seqe de l’UE ne suffiront pas à atteindre l’objectif que s’est fixé le pays par voie législative : devenir neutreen carbone d’ici à 2045 ». Le gros défi à venirconsistera à réduire les émissions dans l’agriculture, le « mouton noir » suédois, selon Martin Flack. Mais aussi dans les transports intérieurs, à un niveau censé être, dès 2030, inférieur de 70 % à celui de 1990. Cela urge donc dans ce secteur dont lesémissions n’ont baissé depuis que de 15 %. « Notre recommandation au gouvernement, explique Martin Flack, du Conseil de politi-que climatique, est d’étudier la possibilité de diminuer graduellement les taxes sur les car-burants et d’introduire à la place un système de taxe à la distance parcourue. Avec un taux kilométrique nettement inférieur pour les personnes vivant à la campagne, où les alter-natives à la voiture sont plus rares. » La mesure, qui prendrait aussi en compte la pollution et le bruit des véhicules, aurait l’avantage de calmer les « révoltés du carbu-rant ». « Cela dit, ce ne serait pas facile à met-tre en place, surtout du point de vue de l’inté-grité personnelle », puisqu’il faudrait tracer chaque voiture, reconnaît l’expert.

Toujours dans l’optique de réduire lesémissions polluantes, le gouvernement a introduit, en 2018, l’obligation pour les four-nisseurs d’essence et de diesel d’augmenter les quotas de biocarburants dans ces pro-duits. Respectivement de 4,2 % et 21 % aujourd’hui, ils augmenteront avec le temps.Cela dit, la Suède doit importer environ 85 %des biocarburants qu’elle utilise. Parier trop gros sur eux serait problématique. Le déve-loppement des transports électriques sem-ble une solution plus viable, estiment bon nombre d’experts. Quoi qu’il en soit, pronos-tiquent-ils, la taxe carbone devrait rester un outil important, mais, étant donné son niveau déjà très élevé, elle ne pourra proba-blement plus jouer le rôle central qui a été lesien ces trois dernières décennies. n

ENVIRONNEMENT // Créée il y a trente ans dans le pays, cet impôt est aujourd’hui le plus élevé du monde dans sa catégorie. Touchant avant tout les particuliers, il est devenu un des piliers de la politique climatique du royaume. Mais il ne suffira pas à atteindre ses objectifs environnementaux.

consensus, le gouvernement, avec l’assenti-ment des syndicats, a donc agi pour éviter autant que possible un transfert des capaci-tés de production vers l’étranger, avec « le ris-que qu’elles y émettent plus de CO2 qu’en Suède », résume la société de conseil Anthe-sis Enveco dans un rapport. De plus, quel-ques carburants fossiles à usages commer-ciaux (pour avions et cargos) ont donné droità des allègements fiscaux.

En 2005, une bonne partie des industriesdu royaume – entré dix ans plus tôt dans l’UE – ont cessé d’être sujettes à la taxe car-bone pour intégrer le système d’échange dequotas d’émission de l’Union (Seqe). Puis-que les entreprises continuant à payer la taxe suédoise sont les moins gourmandes en énergie, son taux les visant est alors passé par étape de 25 % à 100 % (depuis 2018). « Actuellement, quelque 90 % des émissions hors Seqe sont taxées à taux plein », constate Martin Flack.

Emissions réduites de 27 % en vingt ans.Quel est le bilan actuel de la taxe carbone ? Entre 1990 et 2018, la plus grosse économied’Europe du Nord a réduit de 27 % ses émis-sions de gaz à effet de serre (en grande majorité du CO2). Cela dit, les experts

Fixée actuellement à 116 euros par tonne de CO2 émise, la taxe carbone suédoise n’a cessé d’augmenter depuis son introduction à 24 euros la tonne.

En Suède, la taxe carbone estincluse dans le prix du litre

à la pompe, à hauteurd’un cinquième du tarif affiché.

Photo Gilles Coulon/ Tendance Floue

14 // Mercredi 2 décembre 2020 Les Echos

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Le bitcoin ne s’enterre pas encore au fond du jardin mais, aux yeux de certains investisseurs, c’est tout comme. Depuis son apparition, un soir d’Halloween en 2008, ses promoteurs se plaisent à présenter la cryptomonnaie comme une valeur refuge, au même titre que l’or, actif anonyme, décorrélé des aléas de l’économie réelle et préservé des turpitudes des Etats. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si cette devise se veut une sorte d’« or numérique », ni si les informaticiens qui en contrôlent l’émission se sont baptisés des « miners ». Mais jusqu’à récemment, aucune crise d’ampleur n’avait permis de tester grandeur nature les vertus protectrices de cet actif né après la faillite de Lehman.

De ce point de vue, le crash-test qu’a constitué l’année 2020 n’est pas totalement concluant. Cette année, le bitcoin a plongé en même temps que les Bourses en mars, et a amorcé un rebond ces dernières semaines, alors que les marchés étaient

gagnés par l’euphorie etportés par les dernièresdécouvertes scientifiques.Pour autant, la comparaisonavec l’or n’est pas sansfondement. Comme le métalprécieux, le bitcoin a pourcaractéristique de n’existerqu’en quantité limitée.Actuellement, seuls18,5 millions de bitcoins sonten circulation, et leur nombren’excédera pas les 21 millionsprévus à l’origine, sauf àremettre en question laphilosophie et l’infrastructureintrinsèque du projet. L’offrede bitcoin étant par naturecontrainte, la moindreaugmentation de la demandeconduit à des variations deprix démesurées – comme lebond de près de 170 % observédepuis le début de l’année.Au point que certainséconomistes, comme PatrickArtus, estiment que lacryptodevise est condamnée,

personne n’ayant jamais réussi à gérer une monnaie dont l’offre est constante – l’abandon du système de l’étalon-or en est l’illustration.

Les milliers de milliards de dollars et d’euros injectésdans l’économie par les banques centrales depuis dix ans ont aussi soutenu la demande des investisseurs cherchant à placer leur argent. Faisant ressortir un étrange paradoxe : alors que le bitcoin s’échange à prix d’or du fait de sa rareté, la quantité d’euros et de dollars en circulation ne cesse de croître, au risque de fragiliser leur crédibilité. Abondantes, les monnaies traditionnelles de banque centrale sont-elles pour autant promises à un avenir plus radieux que les monnaies virtuelles ? Rien n’est moins sûr.

(Lire nos informationsPages 30-31

L’ÉDITORIAL DES « ÉCHOS »

Le bitcoin, un refuge incertain

Aucune crise d’ampleur n’avait encore permis de tester les vertus protectrices du bitcoin, avancées par ses promoteurs.

Par Elsa Conesa

LA PHOTO DU JOUR

LA CHINE REDÉCROCHE LA LUNE Tension maximale au BACC (Centre de contrôle aérospatial de Pékin) quelques instants avant l’alunissage réussi, mardi, de lasonde lunaire chinoise Chang’e 5, chargée de collecter 2 kg de roches en creusant dans le sol jusqu’à 2 mètres de profondeur. Chang’e 5 est la première tentative de rapporter des roches lunaires depuis la mission inhabitée Luna 24, menée avec succès par l’ex-URSS en 1976. Après avoir réussi à poser un précédent engin surla face cachée de la Lune – une première –, un tel retour d’échantillons constituerait un nouveau succès de taille pour la Chine. Photo BACC/Xinhua via AFP

DERNIÈRE HEURE

Etats-Unis - Corée du Nord : trajectoires divergentes

'ASIE – Les Etats-Unis ont rejeté sur la Chine laresponsabilité de l’impasse

des négociations avec la Corée du Nord, et ont promis des sanctions qui semblent fermer la porte à une percée de dernière minute d’ici la fin du mandat de Donald Trump.Le constat ressemble à s’y mépren-dre à un aveu d’échec : les Nord-Coréens ne se sont pas engagés dans des « négociations sérieuses et substantielles » et n’ont pris « aucune mesure concrète vers la dénucléarisation », a indiqué mardi l’émissaire, Alex Wong.

Israël : Gantz déçu par Netanyahu

'PROCHE ORIENT – L’accordtrouvé en avril pour formerun gouvernement d’urgence

nationale après près de 500 jours de blocage politique n’aura duré que peu de temps. Benny Gantz, déçu par Benyamin Netanyahu, a annoncé mardi soir son intention de voter dès le lendemain en faveur d’une motion de l’opposition demandant la dissolution du Parlement et la tenue de nouvelles élections. Le parti centriste Bleu-Blanc « votera demain en faveur de la dissolution du Parlement », a déclaré Benny Gantz, chef de cette formation.

Décès de la chanteuse Anne Sylvestre

'CULTURE – La chanteuseAnne Sylvestre, aux œuvresféministes souvent restées

dans l’ombre du succès de ses contes musicaux pour enfants, est décédée lundi à l’âge de 86 ans, « des suites d’un AVC », a indiqué mardi son attaché de presse historique. Elle est principalement connue pour ses « fabulettes » pour enfants – qui lui valent d’avoir laissé son nom à des écoles.Anne Sylvestre avait une tournée prévue pour jouer son spectacle « Nouveaux Manèges » avec, notamment, quatre dates à la Cigale en janvier 2021.

Menacée, Cécile Duflot quitte Twitter « pour un temps »

'JUSTICE – L’ex-ministreCécile Duflot, aujourd’huidirectrice générale d’Oxfam

France, a annoncé mardi qu’elle quittait Twitter « pour un temps » après avoir reçu des menaces d’un homme déjà condamné à trois reprises pour l’avoir harcelée. Elle s’est dite affaiblie par ces « dizaines de messages, même argumentaire et menaces régulières de me tuer, violer ma fille et moi ou se tuer ». Selon son avocat, une plainte a été dépo-sée auprès du parquet de Pontoise pour « harcèlement, appels mal-veillants et menaces de mort ».

« Alice » par Lisa Zordan pour « Les Echos »

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BREVET NO US 9,486,733 B2

CAPTURE DU CARBONEEN MOUVEMENT

Plus d’un tiers des émissions de CO2 générées parle transport sont dues au fret routier1. Au cours derécents tests en laboratoire, nous avons capturéjusqu’à 40 % du CO2 des gaz d’échappement d’uncamion, et nous l’avons stocké à bord de manièresûre en vue de le réutiliser ou de le stocker enprofondeur ultérieurement.

Si tous les poids lourds du monde disposaientde notre technologie, nous pourrions réduire lesémissions de CO2 jusqu’à 473 millions de tonnespar an2, ce qui équivaut à planter 80 milliards denouveaux arbres3.

Découvrez comment nous continuons à innoverpour un avenir meilleur suraramco.com/betterfuture-mcc

1 IEA (2017), L’avenir des camions, IEA, Paris2 IEA (2020) Émissions de CO2 des véhicules lourds dans un contexte

de développement durable, 2000-20303 Un jeune arbre absorbe 5,9 kg de CO2 par an. Source : Urban Forestry Network.

Comment diminuerl’empreinte carboned’un poids lourd ?

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Mercredi 2 décembre 2020www.lesechos.frJ

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DOW JONES29.903,98 points0,8953 % J

EURO/DOLLAR1,2042 $0,9262 % J

ONCE D’OR1.810,75 $2,7347 % n

PÉTROLE (BRENT)47,48 $-0,2311 %

DEVISES EUR/GBP 0,8986 EUR/JPY 125,685 EUR/CHF 1,0837 GBP/USD 1,3399 USD/JPY 104,39 USD/CHF 0,9002 TAUX EONIA -0,472 LIFFE EURIBOR 3 MOIS -0,526 OAT 10 ANS -0,3949 T-BONDS 10 ANS 0,8475

Christophe Palierse, avec Reuters @cpalierse

Après les restrictions sanitaires, le cordon sanitaire… Le président de la République, Emmanuel Macron, a évoqué mardi des « mesures restrictives et dissuasives » afin d’éviter que des Français aillent faire du ski à Noël dans des pays de l’Union européenne

Ski : vers des mesures « restrictives et dissuasives » pour éviter les départs à l’étrangerde la frontière française, est très courue actuellement, dit-on.

Alors que la fermeture des remontéesmécaniques en France jusqu’en janvier a provoqué la colère du monde – politiqueet économique – de la montagne, d’où unejournée d’action le 3 décembre, ces nouvel-les restrictions pourraient à leur tour susciter de vives critiques. L’air de rien, la liberté de circulation dans l’Union européenne serait à nouveau mise entre parenthèses… n

De telles mesures découlent de l’absenced’une position commune des Européens, souhaitée par la France et l’Allemagne, dontles stations sont également fermées. AngelaMerkel a ouvertement appelé à une coordi-nation alors que l’Autriche semble vouloir rouvrir ses stations à la fin de son reconfine-ment, fixé au 7 décembre. S’ajoute pour les autorités françaises et allemandes la ques-tion du voisinage de la Suisse, où les domai-nes skiables ont déjà commencé à ouvrir. Lastation de Verbier dans le Valais, proche

des zones où on considère qu’il y a des risquesd’infection et pour ne pas aussi créer une situation de déséquilibre avec les stations en France, en Italie, en Allemagne qu’on serait amené à fermer quand d’autres ouvri-raient », a déclaré Emmanuel Macron, à l’issue d’un entretien avec le Premier ministre belge, Alexander de Croo. « Donc oui, nous aurons des mesures restrictives et dissuasives », a-t-il poursuivi, indiquant qu’« elles seront affinées dans les prochains jours ».

(ou hors UE) où sa pratique serait possible avec des remontées mécaniques, ce qui ne sera pas le cas en France puisque, si l’accès aux villages de montagne sera bien sûr permis, les remontées mécaniques resteront fermées.

Absence de coordination« S’il y a des pays de l’UE et des pays hors UEqui maintiennent leurs stations de ski ouver-tes, nous aurons des mesures de contrôle pour dissuader nos concitoyens d’aller dans

CORONAVIRUS

Airbnb vise une capitalisation de 35 milliards

Basile Dekonink @Bdekonink

Un dernier état des lieux avant le grand saut.Airbnb est entré dans la dernière ligne droitevers son introduction en Bourse. Mardi, de nouveaux documents financiers ont été publiés par la SEC, le gendarme boursier américain. Ils précisent les modalités de l’opération, sans nul doute la plus attendue de cette fin d’année à Wall Street. La plate-forme de location de logements et ses action-naires comptent placer sur les marchés 51,9 millions d’actions dans une fourchette de prix comprise entre 44 et 50 dollars, indi-que le prospectus rendu public par la SEC. De quoi lever, dans le meilleur des scénarios,jusqu’à 2,6 milliards de dollars, ce qui en ferait la quatrième plus importante cotationde l’année aux Etats-Unis.

En incluant l’option de surallocation etau haut de la fourchette, l’opération valori-serait Airbnb 30 milliards de dollars, et

même près de 35 milliards sur une base totalement diluée. Soit près de quatre fois lacapitalisation du français Accor (7,7 mil-liards d’euros). Et quasiment deux fois plus que la dernière valorisation connue de l’entreprise (18 milliards de dollars) après que celle-ci a levé en urgence 2 milliards, enavril, afin de faire face aux annulations en cascade des réservations en pleine pandé-mie de Covid-19.

Airbnb a perdu des plumesLe géant californien sort d’une année diffi-cile, mais ses dirigeants ne peuvent plus vraiment attendre : douze ans après sa fon-dation en 2008, et alors qu’il a complète-ment refaçonné l’univers de l’hébergement touristique, Airbnb doit composer avec l’impatience de ses salariés, rémunérés en stock-options, et des fonds de capital-risquequi y ont investi de longue date. La société prévoit de fixer le prix de l’action dès le 9 décembre et de s’introduire le lendemain,selon Bloomberg.

Elle pourrait bénéficier, pour ses grandsdébuts, d’une fenêtre particulièrement

favorable : l’euphorie règne sur les marchésdepuis l’arrivée de nouvelles encouragean-tes sur le front des vaccins. Le Nasdaq, sur lequel Airbnb compte s’introduire, a pro-gressé de 11,6 % le mois dernier – son meilleur mois de novembre depuis 1999. D’autres pépites de la tech (Roblox, Wish, DoorDash) devraient d’ailleurs suivre.

Reste que le groupe, qui s’emploie à mon-trer qu’il résiste mieux que les autres plate-formes de réservation, a perdu des plumes au cours de l’exercice : il cumule 1 milliard de dollars de pertes au premier semestre et a dû licencier un quart de ses effectifs, tan-dis que le fisc américain lui réclame 1,35 milliard de dollars d’impayés.

Malgré le bénéfice dégagé au troisièmetrimestre (307 millions de dollars, en hausse de 9 % sur un an), Airbnb va rester dans le rouge une année de plus et recon-naît lui-même que « la demande pour [ses] offres pourrait rester déprimée pendant une période de temps significative » en raison de la crise sanitaire. n

La plateforme veut placer sur les marchés 51,9 millions d’actions à prix compris entre 44 et 50 dollars.

BOURSE

l’essentielLes VTC ne voient pas le bout du tunnelEnviron un tiers des chauffeurs de VTC se sont provisoirement retirés du mar-ché. La baisse d’activité, depuis le secondconfinement, atteint 50 à 70 % par rap-port à 2019. // P. 21

ClearSpace en piste pour devenir le premier éboueur du cielL’ESA a signé un contrat de 86 millionsd’euros avec la start-up suisse pour allerchercher et détruire un débris en orbitedepuis 2013. // P. 23

ABC Transfer 29Action 22Aldi 22Apco technolo-gies 23Arcadia 22Arcelor Mittal 36AstraZeneca 18Atos 36Audi 20AXA 33BioNTech 18BNP Paribas 36Bonduelle 29BP 23Bretagne Ateliers 29

Casino 22Chevron 23ClearSpace 23Crédit Agricole SA 36ExxonMobil 23France Champi-gnon 29Heetch 21Hershey 33J&J 18JLL 24Lidl 22Mars 33Moderna 18Nasdaq 33Olam 33

Orange 25Pfizer 18Protec 28Shell 23Société Générale 32, 36StellaGroup 29Tenexium 29Total 23Toyota 21Uber 21UniCredit 32URW 36Volkswagen 20Worldline 36XL 33Zoom 26

= LES ENTREPRISES CITÉES

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Page 18: Les Echos - 02 12 2020

Covid-19 : une dizaine de millions de doses de vaccin au premier trimestrel Le président de la République a indiqué que la vaccination du plus grand nombre devrait débuter « entre avril et juin ». l Les retards de livraison du vaccin d’AstraZeneca compliquent les prévisions du gouvernement, qui s’apprête à exposer sa stratégie vaccinale jeudi.

Pfizer-BioNTech, qui doit livrer 3 millions de doses rapidement.

Moderna arriverait à partir defévrier, avec des volumes assez fai-bles du fait de moindres capacités deproduction. La vraie inconnue, et la mauvaise surprise de cette premièrephase, c’est la disponibilité des vac-cins AstraZeneca. Ils devaient assu-rer à la fois les gros volumes, des prixbas, et une logistique débarrassée des super-congélateurs, en livrant dès la mi-décembre. Las, une erreurde dosage lors des essais cliniques risque de décaler l’autorisation de mise sur le marché et donc les livrai-sons, peut-être en février. Il n’y auraitqu’une dizaine de millions de doses livrées au premier trimestre en comptant l’ensemble des vaccins disponibles.

La phase « du plus grand nom-bre » évoquée par Emmanuel Macron ne pourra pas se passer de cet acteur-clé. Elle s’appuiera aussi à partir de mai-juin sur le vaccin Janssen, et dès juin sur le vaccin Sanofi. La vaccination des « tra-vailleurs essentiels » prévue en phase 3 dans le plan en cinq étapes de la HAS n’interviendrait pas avant avril. Le gouvernement devrad’ailleurs dire de qui il s’agit, d’enseignants, de policiers, de cais-sières de supermarché, ou autres.

Réduire les hospitalisationsLa Haute autorité de santé (HAS) a préconisé lundi une campagne de vaccination en plusieurs phases . Sastratégie vaccinale est de donner la priorité aux personnes les plus à

risque de forme grave et les plus exposées au virus, en fonction de l’arrivée progressive des doses de vaccins au fil de l’année 2021. L’objectif est de « réaliser la vaccina-tion de l’ensemble des personnes à risque de forme grave de Covid-19 afin de réduire les hospitalisations etles décès ». Les phases suivantes devraient permettre d’élargir pro-gressivement le champ de la vacci-nation à tous les adultes.

Premier verdict avant fin décembreElles seront lancées lorsque la phase précédente aura été achevée et au fur et à mesure des approvi-sionnements en vaccins S’expri-mant mardi devant l’Assemblée nationale, le Premier ministre, Jean

Castex, a confirmé que les résidentsdes Ehpad et certaines catégories des personnels de ces établisse-ments seraient vaccinés en priorité.

Ce plan est naturellement subor-donné à l’homologation des candi-dats vaccins par l’Agence euro-péenne des médicaments (EMA) qui tiendra une réunion extraordi-naire le 29 décembre au plus tard pour statuer sur la commercialisa-tion du vaccin développé par BioN-Tech et Pfizer. Une autre réunion setiendra d’ici au 12 janvier pour exa-miner la demande de mise sur le marché que vient de déposer Moderna. Basé à Amsterdam, le régulateur a mis en œuvre une pro-cédure accélérée d’examen continupour évaluer les données de sécu-rité et d’efficacité. n

Après une première vague de vaccination en janvier, la deuxième interviendra au printemps. Photo Jean-François Monnier /AFP

Avec le seul projet de vaccin Covid à base de virus inactivé (tué) en Europe et aux Etats-Unis, la biotech française Val-neva détonne un peu face à la débauche d’innovations techno-logiques déployées par ses con-currents, grands ou petits. C’est peut-être le bon sens paysan d’une entreprise issue de l’éle-vage de volailles dans la région nantaise qui explique ce choix. Ce sont aussi, plus sûrement, lesbonnes performances en ter-mes d’efficacité et de sécurité de son vaccin contre l’encéphalite japonaise, conçu de cette façon.

Usine en EcosseL’essai clinique de phase I (jau-geant la tolérance du vaccin) va commencer dans les prochains jours et la phase II en mars, avecdes résultats attendus en fin d’été. C’est sur leur base que la société demandera alors une autorisation conditionnelle au Royaume-Uni, afin de pouvoir livrer au gouvernement britan-nique les 60 millions de doses pour 2021 qu’il lui a déjà préven-dues – pour 470 millions. Car, fort de l’usine qu’il occupe en Ecosse, Valneva a reçu un sou-tien exceptionnel de nos voisins d’outre-Manche. Outre la pré-commande de vaccins, c’est Londres qui a financé entière-ment l’augmentation de la capa-cité de production de son usine écossaise de matière active. Val-neva s’est engagé en contrepar-tie à livrer jusqu’à 200 millions de doses d’ici à fin 2022.

En revanche, c’est l’entreprisequi a financé elle-même l’aug-mentation de capacité de flacon-nage et de packaging en Suède. « Nous prévoyons une produc-tion annuelle de 150 millions de doses par an en 2023 et 2024, explique Frank Grimaud, le directeur général, qui négocie également avec l’Union euro-péenne.

Nasdaq en 2021Ce projet de vaccin Covid devraitfaire contrepoids à la perte de chiffre d’affaires subie par ce spécialiste des vaccins pour les voyageurs, du fait de l’épidémie. Les vaccins des voyageurs ne devraient cette année lui rap-porter que 70 millions (contre 130 millions en 2019) et l’accord de distribution des vaccins contre la rage et l’encéphalite à tiques, signé avec Bavarian Nor-dic, ne suffira pas à compenser. S’y ajouteront heureusement les130 millions liés à la licence prisepar Pfizer sur son vaccin contre la maladie de Lyme, dont l’amé-ricain assurera la fin du dévelop-pement et la commercialisation.Après une année 2020 un peu chaotique, le chiffre d’affaires deValneva devrait dépasser les 500 millions d’euros en 2021.

La société prépare aussison entrée au Nasdaq, l’an prochain. — C. D.

Pour faire contrepoids à l’effondrement des ventes de ses vaccins pour les voyageurs, la société franco-autri-chienne développe un vaccin contre le Covid avec un soutien des autorités britanniques.

Valneva, le français qui joue la sécurité

chez l’homme ont commencé à donner une traduction concrète aux avantages et inconvénients théoriques des deux premiers types de vaccins. La HAS les a résumés dans un rapport rendu public mardi.

Moins d’effets secondairesLes vaccins ARN déclenchent une plus forte réponse immunitaire (plus de 90 %) que le vaccin d’AstraZeneca (62 %), possible-ment parce qu’ils ont un effet « auto-adjuvant », c’est-à-dire une capacité de susciter une réponse plus complète. Pour autant, les vaccins à vecteur viraux – comme celui d’AstraZeneca – ne nécessi-tent pas l’ajout d’adjuvant non plus,car ils déclenchent aussi une réponse immunitaire complète. On pouvait craindre pour les vaccins d’AstraZeneca et J&J une pré-immunisation contre les adé-novirus auxquels la population estlargement exposée (pathologies hivernales). Pour éviter cet écueil qui aurait nui à l’efficacité du vac-cin, AstraZeneca a opté pour un adénovirus de singe et J&J pour un adénovirus modifié.

Les vaccins à ARN ont aussi a

priori moins d’effets secondaires car seul le fragment d’ARN codant la protéine Spike (cette protéine d’enveloppe du virus « vue » par le système immunitaire) est injecté. Dans le cas où le fragment d’ARN est porté par un adénovirus, d’autres protéines peuvent provo-quer des effets indésirables. Si le vaccin d’AstraZeneca semble bien toléré lui aussi – à la réserve derougeurs autour du site d’injectionet de fièvre temporaire chez une partie des participants à l’essai –, on aimerait quand même savoir exactement de quoi ont souffert les participants dont la maladie avait entraîné la suspension des essais de phase III. Pour rappel, lescraintes que l’injection d’ARN viralfasse de nous des « OGM » sont en revanche complètement infon-dées puisque l’ARN n’entre pas dans le noyau de nos cellules où se situe notre génome, qui est, lui, sous forme d’ADN.

Des limites connues et inconnuesSur le papier, les vaccins ARN peuvent donc à ce stade sembler meilleurs. Mais il s’agit d’une technologie nouvelle qui n’a

encore été utilisée pour aucun vac-cin humain. On manque donc de recul. En outre, si la production estthéoriquement facile, puisqu’il s’agit de chimie (on fait de l’ARN desynthèse) et non de biotechnologiecomme pour les vaccins à adénovi-rus, elle pourrait être bridée par la capacité actuelle à fournir en quantité industrielle certains réac-tifs (notamment des enzymes) nécessaires, selon certains experts.« Jusqu’à présent, ils n’ont été pro-duits qu’en grammes pour des labo-ratoires ou en lots cliniques res-treints, explique l ’un d’eux. Aujourd’hui, il va en falloir par kilos, du jamais-fait ».

Autre point faible des vaccinsARN, leur fragilité. Il faut les conserver à – 80 °C pour l’un et – 20 °C pour l’autre – sauf pour des durées très limitées. Une contrainte lourde pour le trans-port et le stockage, quand le vaccind’AstraZeneca se contente d’un réfrigérateur standard. Cela expli-que en partie pourquoi les vaccins à ARN devraient être à peu près 10 fois plus chers que le vaccin d’AstraZeneca, si on en croit les premiers indices.

Mais pour les deux types de vac-

cins, des inconnues demeurent aussi. A priori, ils protègent des formes graves de la maladie, mais empêchent-ils la transmission ? Ilsdevraient pour cela agir au niveau des muqueuses du nez et de la gorge. Or, selon les experts, c’est assez peu probable car l’immunitédes muqueuses ne fait pas appel aux mêmes mécanismes.

La protection sera-t-elle durable ?On ne sait pas non plus à quel pointleur protection est durable. Certai-nes personnes vaccinées au prin-temps dans les essais de phase I ontencore des anticorps, mais ce sont les lymphocytes T qui assurent la mémoire immunitaire et permet-tent de bloquer une nouvelle infec-tion. Sur ce plan, rien ne permet pour l’heure de dire qu’un des types de vaccins est supérieur à l’autre. C’est seulement lorsqu’il s’agira de vacciner massivement que le choix du meilleur vaccin pour chaque type de population se posera. D’ici là, les médecins et leurs autori tés esp èrent avoir davantage de recul. Et de données. — C. D.

Les avantages et les inconvénients des premiers vaccins

Si les autorités de santé donnent leur feu vert, on devrait disposer, au cœur de l’hiver, de plusieurs vaccins pour lutter contre le Covid-19. Ces premiers vaccins développés par Pfizer-BioNTech, Moderna, AstraZeneca et J&J (probablement un peu plus tard) reposent sur deux technologies : vaccins à ARN pour les deux pre-miers, vaccins à adénovirus pour les deux suivants.

« Dans un premier temps, onn’aura très certainement pas le luxe de choisir le vaccin utilisé, les besoinsdépassant très largement l’offre, explique Elisabeth Bouvet, prési-dente du comité technique des vac-cinations de la Haute Autorité de santé (HAS). On ne dispose pas nonplus de toutes les informations nécessaires. »

Pour autant, les données issuesdes tests précliniques et les essais

Alors que les premiers vaccins seront bientôt disponibles, leurs caracté-ristiques impacteront leurs performances et guideront à terme leur utilisation dans les différents types de populations.

SANTÉ

Catherine Ducruet et Solveig Godeluck

La première campagne de vaccina-tion contre le coronavirus, qui va être détaillée jeudi par le Premier ministre, Jean Castex, devrait débuter plus vite que prévu. Elle pourrait commencer pour les publics « les plus sensibles vraisem-blablement entre fin décembre et début janvier », a déclaré Emma-nuel Macron mardi, à l’issue d’un entretien avec le Premier ministre belge, Alexander de Croo. « Et une deuxième vague de vaccination devrait débuter quelque part entre avril et juin, et qui ira vers une straté-gie de vaccination du plus grand nombre », a-t-il ajouté. Le chef de l’Etat a réaffirmé que le vaccin ne serait pas obligatoire. Pour susciterl’adhésion, les autorités misent sur « une stratégie de conviction et detransparence », a-t-il dit.

La stratégie vaccinale du gou-vernement « va suivre assez fidèle-ment » les recommandations émi-ses lundi par la Haute autorité de santé sur les publics prioritaires, selon une source gouvernemen-tale. Mais la HAS n’a pas précisé le calendrier, qui dépend des livrai-sons de doses de vaccins. Selon unesource proche du dossier, en jan-vier-février, les 2 millions de doses nécessaires pour vacciner les pen-sionnaires des Ehpad et une partie de ceux qui s’en occupent seront aurendez-vous, principalement via

La vaccination des « travailleurs essentiels » prévue en phase 3 dans le plan en cinq étapes de la HAS n’interviendrait pas avant avril.

ENTREPRISES Mercredi 2 décembre 2020 Les Echos

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Aujourd’hui plus que jamais,il est essentiel de travailler tousensemble face au COVID-19Facebook collabore avec près de 100 gouvernements et organismes àtravers le monde, comme l’Organisation mondiale de la Santé ou le Centreeuropéen de prévention et de contrôle des maladies, pour partager desinformations fiables sur le COVID-19 à travers nos plateformes. Ensemble,nous développons des ressources qui offrent à tous des informationsprécises en temps réel, pour mieux lutter contre la pandémie.

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20 // ENTREPRISES Mercredi 2 décembre 2020 Les Echos

En face, Tesla espère vendre500.000 voitures cette année et doitune large partie de ses bénéfices à la vente de crédits CO2 à ses concur-rents. Mais la firme californienne séduit, et elle incarne le futur : elle vaut 560 milliards de dollars en Bourse, soit six fois plus que VW etsa capitalisation de 93 milliards !

Comme beaucoup de patrons dusecteur aujourd’hui, Herbert Diess voit le marché se transformer et la voiture électrique commencer à s’imposer. A plusieurs reprises, il a évoqué le destin de Nokia, qui n’a pas su s’adapter assez vite aux évolutions des télécoms. « Les Alle-mands ont très longtemps sous-es-timé Tesla », constate Jürgen Pie-per, analyste de la banque Metzler. Maintenant, « ils mettent les bou-chées doubles » pour le rattraper.

Le patron de PSA, Carlos Tava-res, qui estimait-il y a quelques mois que « Tesla était un concur-rent comme un autre », reconnaît aujourd’hui qu’il s’agit d’un concur-rent « très sévère », « très aguerri malgré son jeune âge ». « C’est aussi un concurrent qui n’a pas d’héritage, […] et donc pas non plus de lourdeur pour s’adapter à un nouveau monde », a-t-il déclaré, pasplus tard que lundi soir, sur BFM Business. n

l’épouvantail Tesla, ce concurrent qui fait peur aux constructeurs alle-mands lancés à sa poursuite sous la pression du « dieselgate » et des nor-mes européennes sur les émissions de gaz. Herbert Diess a préparé son coup en publiant ce week-end une tribune expliquant en quoi la struc-ture actuelle de Volkswagen risque de nuire à son agilité pour réagir dans cet « instant t » , comme Tesla.

Le paquebot et la start-upAvec ses 664.000 employés et ses douze marques, Volkswagen est l’antithèse d’une start-up. Le géant de l’automobile européenne a essuyé quelques sérieux ratés pour le lancement du premier modèle 100 % électrique ID.3 en septembre, et quelques résistances internes pour le développement de la struc-ture dédiée au logiciel, Car.Software.

Une première crise avait d’ailleursété déclenchée cet été lorsque le pré-sident du comité d’entreprise, BerndOsterloh, avait critiqué cette sortie à marche forcée de l’ID.3. Bon gré malgré, le syndicaliste avait mis de l’eau dans son vin. « Le calme est revenu dans le carton », avait résumé Her-bert Diess. Reste que l’inquiétude

continue à gronder et pour cause : « Volkswagen est face à l’une des plus grandes transformations de son his-toire et le nombre d’emplois en jeu est énorme », constate Stefan Bratzel, directeur du Center of Automotive Management. Dernièrement, la direction de VW a annoncé le lance-ment d’ici à 2023 d’une petite voitureélectrique de type Polo qui pourrait être produite en Chine ou en Espa-gne, sous marque Seat. Ce qui ne ras-sure pas les employés des chaînes deZwickauer d’où est sortie l’ID.3.

Ailleurs dans le groupe, la riposteinterne est déjà virulente : les syndi-

cats de MAN, la branche camion de VW, ont annoncé qu’ils déposaient plainte contre le plan de licencie-ment de 9.500 personnes. Face aux changements puissants engagés sous la direction d’Herbert Diess, le dialogue social à l’allemande ancré dans la structure du groupe est « à lafois un avantage et un désavantage », résume Stefan Bratzel. Le choc est d’autant plus grand que le patron de VW affiche une « personnalité peu encline au compromis. Et il en faut pour manœuvrer face aux syndi-cats », remarque Jürgen Pieper, ana-lyste de la banque Metzler.

Arrivé il y a cinq ans de BMW,Herbert Diess prend de front la cul-ture made in VW, et pas seulement face aux syndicats. « Il doit aussi con-quérir le soutien des grandes familles et la région », rappelle Stefan Bratzel.Le groupe est toujours détenu pour moitié par les familles Porsche et Piëch, et à 20 % par la région de Saxe-Anhalt. De ce côté aussi, la résis-tance est forte pour accepter les hommes du président, et l’on ne voitpas toujours d’un bon œil l’opportu-nité d’une guerre des clans ouverte alors que la crise santaire pèse sur legroupe et la région. n

vert publie un rapport dévas-tateur accusant Trevor Milton d’avoir menti sur la maturité de sa technologie. Après que le gendarme boursier américain et le ministère de la Justice ouvrent des enquêtes, l’entre-preneur de 38 ans démissionne.

Mark Russell, directeur géné-ral beaucoup plus traditionnel et absent des réseaux sociaux, tentede reprendre les rênes. Il recentrel’entreprise sur les poids lourds etprépare les investisseurs à la fin du pick-up. Certains analystes estiment qu’il va dans la bonne direction : l’accord de lundi est « un développement positif car il réduit la dilution du capital et le “cash burn” et permet au manage-ment de se concentrer sur le che-min complexe vers la production des semi-remorques à batterie et hydrogène », estime Jeffrey Osborne chez Cowen.

Mais les doutes persistentsur la capacité de Nikola Motor à atteindre ses objectifs, encore très lointains : un premier camion électrique d’ici à la fin 2021 en Europe via le partenariatavec son actionnaire Iveco, filiale de l’ancien Fiat Industrial, et un premier camion à hydro-gène en 2023.

Externalisation massiveLe problème central reste que lasociété a développé peu de tech-nologies propriétaires. L’essen-tiel est externalisé à des parte-naires : l’allemand Bosch pour les piles à combustible et le groupe motopropulseur du modèle européen, le norvégien Nel pour les électrolyseurs et lescomposants de la station, GM pour les piles à combustible aux Etats-Unis… Avec un grand point d’interrogation sur les bat-teries. « Cela me prendrait cinq ans à dupliquer si j’avais des som-mes d’argent illimitées. A quoi bon ? » s’était défendu Trevor Milton dans « Les Echos » un mois avant sa démission.

L’entreprise met surtout enavant sa proposition de valeur unique : être à la fois un cons-tructeur automobile et un four-nisseur d’énergie, un pari uni-quement tenté par Tesla jusqu’à présent. Elle promet un réseau de 700 stations d’hydrogène à travers les Etats-Unis d’ici à huit ou dix ans, mais n’a toujours pas annoncé le partenaire qu’elle avait promis d’ici à la fin de l’année.

Les obstacles restent nom-breux : « Le coût est de 1 million de dollars par station au moins : il faut lever de la dette et donc pouvoir mettre en avant un taux d’utilisation des stations significatif et donc une flotte significative », souligne Marc Amblard. L’ancien dirigeant de Renault et Valeo, désormais à la tête du cabinet Orsay Consul-ting dans la Silicon Valley, estime que Nikola Motor devra se limiter à quelques corridors très fréquentés.

(Lire « Crible »Page 36

Anaïs Moutot @AnaisMoutot

—Correspondante à San Francisco

Nikola Motor finira-t-il comme Theranos, la start-up de tests sanguins, qui a mis la clé sous la porte après avoir menti sur ses prouesses technologiques ? L’annonce, lundi, d’un accord beaucoup moins important que prévu entre General Motors et lefabricant de camions électri-ques a apporté de l’eau au mou-lin à ceux qui comparent les deux sociétés américaines.

Au lieu d’une participation de11 % dans la jeune pousse commeannoncé en septembre, le géant de Detroit se contentera d’une simple relation de fournisseur : Nikola Motor lui achètera ses piles à combustible et, éventuel-lement, ses batteries électriques.L’entreprise de Phoenix (Ari-zona) abandonne aussi l’idée du Badger, un pick-up qui devait être produit sur les chaînes d’assemblage de GM. Elle rem-boursera les avances reçues lorsdes précommandes.

« On est passé d’un accordchangeant la donne pour Nikola à un partenariat solide d’approvi-sionnement en technologies, maisrien d’extraordinaire », a com-menté Dan Ives, analyste chez Wedbush, estimant qu’il s’agis-sait d’un « coup dur majeur pour l’histoire de Nikola ». Le dernier d’une longue liste pour cette start-up née en 2015, qui a connuun début en fanfare à Wall Streetlors de son IPO en juin dernier.

Capitalisation de FordL’entreprise, qui n’a pourtant encore produit aucun véhicule, dépasse alors brièvement la capitalisation de Ford. Les inves-tisseurs sont séduits par son pari : produire des véhicules électriques alimentés par des batteries lithium-ion, comme Tesla, mais aussi des modèles fonctionnant à l’hydrogène, un carburant qui n’émet pas de CO2 (sauf lors de sa production) et suscite beaucoup d’espoirs pour lutter contre le change-ment climatique.

Ils sont aussi sous le charmede Trevor Milton, son patron fort en gueule qui ne cesse de multiplier les promesses sur Twitter, en copiant la stratégie d’Elon Musk. Rapidement cependant, les doutes grandis-sent face au fossé entre ses affir-mations et la réalité. Deux jours après la décision de GM d’entrerau capital de Nikola Motor débutseptembre, un vendeur à décou-

AUTOMOBILE

L’annonce, lundi, d’un accord bien moins important que prévu avec GM est le dernier d’une longue liste de revers pour le fabricant de camions électriques.

Camions électriques : l’avenir de Nikola Motor s’assombrit

Elon Musk, le patron de Tesla, face à Herbert Diess, le directeur général de Volkswagen.

AUTOMOBILE

Anne Feitz @afeitz

Les « vieux grognards » de l’auto-mobile ne ricanent plus. Ayant longtemps regardé de haut les per-formances de Tesla, les états-ma-jors des mastodontes du secteur désignent désormais le trublion de la voiture électrique comme la réfé-rence suprême. Et c’est bien ce qui place le big boss du groupe Volks-wagen, Herbert Diess, sur la sel-lette aujourd’hui : sa volonté de bousculer les structures du géant de Wolfsburg, pour contrer l’agilitédu constructeur californien, lui vaut de telles résistances internes qu’il a demandé l’arbitrage du con-seil de surveillance. Celui-ci devait se réunir mardi soir – aucune déci-sion d’ampleur ne devait y être prise, a priori.

Herbert Diess explique longue-ment sa vision dans une tribune diffusée la semaine dernière dans le quotidien allemand « Handels-blatt » et sur son compte LinkedIn. Il juge ainsi que beaucoup de struc-tures et de procédés du groupe sont« vieillissants et compliqués », alors qu’en face « de nouveaux concur-

rents dotés de capacités informati-ques, comme Tesla, donnent le rythme du changement et fixent les normes », écrit-il.

Culture du risqueIl raconte comment, pour définir sastratégie, il a réuni en avril un petit groupe de 31 cadres issus des mar-ques Volkswagen, Audi et Porsche au sein d’un séminaire baptisé « Mission T ». T comme Tesla, biensûr. Avec une question centrale : « Que devons-nous accomplir dans les six prochains mois pour rattra-per Tesla en termes technologiques d’ici à 202 ? ». Tesla, qu’il définit comme « une compagnie tournée exclusivement vers le futur, sans activité automobile traditionnelle. Son écosystème issu de la Silicon Val-ley est empreint de compétences logi-cielles, d’un focus sur la technologie, et de la culture du risque », décrit-il.

La réponse est arrivée trois joursplus tard : il faut développer des compétences logicielles le plus vitepossible et pour cela placer toutes les ressources correspondantes dans une entité extérieure aux structures du groupe. Le projet appelé « Artémis » sera ainsi logé chez Audi, sous la responsabilité deMarkus Duesmann. Selon l’agence Bloomberg, une équipe d’ingé-

nieurs y planche déjà pour déve-lopper un gros crossover électri-que, qui serait lancé en 2024. C’est aussi Audi qui abrite, selon Bloom-berg, la structure autonome Car. Software, créé en janvier pour développer un système d’exploita-tion pour le groupe.

Incarnation du futurPourquoi se situer ainsi en dehors des structures existantes ? « Lors-que nous avons introduit notre pla-teforme MEB [dédiée aux véhiculesélectriques, NDLR] […], nous avons compris que les structures du groupenous empêchaient d’égaler les capa-cités et la vitesse de développement d’une start-up comme Tesla, bien financée et non bureaucratique, avecune propension bien supérieure au risque », argumente Herbert Diess.

Avec ses douze marques (VW,Audi, Porsche, Seat, Skoda, etc.), le groupe de Wolfsburg est pourtant, avec Toyota, l’un des leaders mon-diaux de l’automobile. Il vend, bon an mal an, plus de 10 millions de véhicules par an, emploie 670.000 salariés dans le monde. Et a dégagé un bénéfice net de 1,7 mil-liard sur les neuf premiers mois de l’année, malgré la lourde perte entraînée par le coronavirus au deuxième trimestre.

l Pour le directeur général du groupe Volkswagen, Herbert Diess, Tesla est devenu la référence dans l’automobile. l Aller vite, être agile : ce sont ces nouveaux mantras, peu adaptés à une structure de grand groupe, qui placent aujourd’hui le dirigeant en difficulté.

« Mission T » : la méthode de Volkswagen pour contrer Tesla

La guerre des clans continue au sein du géant allemand

Nathalie Steiwer— Correspondante à Berlin

C’est lui ou c’est moi… Le patron de Volkswagen, Herbert Diess, a mis son mandat dans la balance pour tenter d’imposer ses hommes et sa stratégie face au représentant des syndicats, Bernd Osterloh. Il a demandé au conseil de surveillance du groupe de se prononcer mardi soir sur la prolongation de son man-dat après 2023 et nombreux sont ceux qui parient sur une sorte de statu quo. Rien d’urgent puisque la décision doit être prise formelle-ment en avril 2022. Herbert Diess a pourtant tenté le coup de poker pourimposer ses hommes comme direc-teur des achats et directeur finan-cier, deux postes jugés clés pour la transformation de Volkswagen.

Le transfuge de BMW agite

Herbert Diess, le patron du groupe de Wolfsburg, tente d’imposer ses hommes et sa méthode face aux puissants syndicats et à la famille Porsche. Quitte à mettre son mandat en jeu auprès de son conseil de surveillance.

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AFP

« VW est face à l’une des plus grandes transformations de son histoire et le nombre d’emplois en jeu est énorme. »STEFAN BRATZELDirecteur du Center of Automotive Management

Page 21: Les Echos - 02 12 2020

Les Echos Mercredi 2 décembre 2020 ENTREPRISES // 21

moyenne (–28,09 %). A –23,36 %, PSA fait mieux que le marché, grâce notamment à ses marques Peugeot (–19,6 %) et DS (–0,7 %), cette dernière restant sur de très petits volumes (2.000 immatricula-tions). Renault souffre plus, à –34,16 %, un chiffre qui reflète peut-être les consignes de la nouvelle direction de privilégier les marges sur les volumes. Parmi les concur-rents, Toyota se distingue (–11,95 %),tandis que Ford accuse le coup, à –41 %.

Comme c’est le cas depuis ledébut de l’année, les ventes de voitu-res à motorisation électrique res-tent en très forte croissance, avec enparticulier 9.600 immatriculations de modèles 100 % électriques, soit un bond de 200 % par rapport à novembre 2019, selon AAA Data. La Renault ZOE est la dixième voi-ture la plus vendue en France depuis le début de l’année, avec 31.400 exemplaires et 2,1 % de partsde marché. Les ventes d’hybrides rechargeables sont également en très forte progression.

De l’espoir pour décembreSur les onze premiers mois de l’année, les immatriculations sont en recul de 26,92 % sur le marché français. Malgré les mesures de soutien mises en place par le gou-vernement, le trou d’air du premierconfinement n’a jamais été rat-trapé. Le CCFA mise toutefois sur des ventes de bonne facture en décembre, et des immatriculations qui tourneraient autour de –25 % sur l’ensemble de 2020. n

Lionel Steinmann @lionelSteinmann

Un décrochage, mais pas une dégringolade. Alors que la ferme-ture des concessions laissait crain-dre une réédition du cauchemar vécu lors du premier confinement (avec notamment un plongeon de 89 % en avril), le marché automo-bile français est parvenu à limiter lacasse en novembre. Selon les don-nées publiées mardi matin par le Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA), les immatri-culations de voitures neuves n’ont reculé « que » de 27,03 % le mois dernier par rapport à la même période en 2019, à 126.048 unités.

Ce chiffre moins mauvais queprévu a deux explications. Comme les autres commerces « non essen-tiels », les showrooms ont tout d’abord pu rouvrir pour les trois

AUTOMOBILE

Les immatriculations de voitures neuves n’ont reculé « que » de 27,03 % le mois dernier par rapport à la même période de 2019, malgré le reconfinement.

La livraison des modèles commandés au préalable a assuré un matelas d’activité aux concessions.

Denis Fainsilber [email protected]

C’est une parfaite illustration du « monde d’avant » : la loi d’orienta-tion sur les mobilités (LOM), votée avec retard en décembre 2019, pré-voyait dans son article 44 une « charte de responsabilité sociale » entre les grandes plateformes de VTC et leurs chauffeurs, en pleine période de surchauffe de l’activité.

Finalement, à cette mêmepériode, le Conseil constitutionnel avait largement amoindri la portéejuridique de ces dispositions, mais les opérateurs font néanmoins approuver actuellement par leurs chauffeurs, qui sont toujours des indépendants, ce qui reste de cette charte, avant validation par les ministères compétents. Au moment où les 50 .000 à 60.000 chauffeurs inscrits au registre des VTC désespèrent sur-tout de trouver des clients.

Faible participationMenées en pleine pandémie et crise économique, les consulta-tions internes organisées sur ce sujet ont généré une faible partici-pation : environ 5.000 chauffeurs ont répondu au questionnaire en ligne chez Uber sur un total de 30.000 membres inscrits ; et 2.000 chauffeurs chez Heetch, sur 20.000 inscrits à la plateforme (cer-

tains ont pu voter aux deux consul-tations). Au programme de ces chartes : afficher le prix à l’avance, et les conditions générales de la course, une opération transpa-rence permettant à chaque chauf-feur de refuser tel ou tel trajet peu rentable. « Les algorithmes sont desboîtes noires jusqu’à présent. L’engagement de notre part porte sur leur transparence, pour mieux comprendre à qui l’on affecte un trajet », selon Teddy Pellerin, cofondateur de Heetch, le troi-sième acteur du marché.

Mais pour les conducteurs, desindépendants qui se sont lancés sur ce marché en plein essor sans rien soupçonner des ravages du Covid-19, parfois comme deuxièmemétier, l’essentiel tient surtout à

leur faculté à faire le gros dos, alorsque l’activité globale dans les gran-des métropoles a chuté de 50 à 70 %depuis le deuxième confinement. « Pendant le premier confinement, nous avions conservé 20 % de nos trajets, actuellement nous sommes plutôt à 50 % » , selon Teddy Pellerin. Pour sauver ce qui peut l’être, « les chauffeurs deviennent beaucoup plus multiplateformes qu’avant : au lieu d’avoir deux applisouvertes en même temps, actuelle-ment c’est plutôt trois ou quatre simultanément », dit-il.

Certains travaillent à mi-temps,se connectant occasionnellement, d’autres attendent un hypothéti-que client depuis leur logement. Surtout, un tiers des chauffeurs ne roulent plus actuellement : très

malthusien, le marché s’autoré-gule, tandis que les algorithmes hier si décisifs dans la prédiction des courses et l’organisation de l’offre de voitures sont devenus aveugles.

Pas de vie nocturne dans les villesLes annonces officielles sur l’assouplissement du confinement vont-elles modifier la donne ? « S’ily a une reprise de l’activité, elle se jouera plutôt à compter du 20 jan-vier qu’à partir du 15 décembre », prédit-on chez Uber. Car, d’ici là, le segment « vie nocturne » qui repré-sente d’ordinaire au moins la moi-tié des trajets durant le week-end (restaurants, concerts, discothè-ques…) continuera à manquer très

TRANSPORT

Environ un tiers des chauffeurs de VTC se sont provisoirement retirés du marché.

La baisse d’activité, depuis le second confinement, atteint 50 à 70 % par rapport à l’an dernier.

Le marché automobile français a sauvé les meubles en novembre

derniers jours du mois, laissant la possibilité aux commerciaux de conclure certaines affaires déjà engagées. Surtout, les construc-teurs disposaient de carnets de commandes bien remplis, et les ménages comme les entreprises se sont montrés beaucoup moins réticents qu’au printemps pour réceptionner les modèles quand ils étaient disponibles. Ces livrai-sons ont permis de maintenir un matelas conséquent d’immatri-culations.

Nouvelles commandes en baisseLes prises de nouvelles comman-des sont, par contre, nettement en baisse, selon le Conseil national desprofessions de l ’automobile (CNPA), qui faisait état d’un recul deprès de 70 % sur la première quin-zaine. Ce qui souligne que le secteurn’est pas encore mûr pour un par-cours d’achat 100 % en ligne, malgréles efforts de certaines marques.

Dans ce contexte chahuté, la partde marché des constructeurs fran-çais baisse un peu plus que la

+200 %LA HAUSSE DES VENTES DE VOITURES ÉLECTRIQUESpar rapport à novembre 2019, selon AAA Data. La Renault ZOE est la dixième voiture la plus vendue en France depuis le début de l’année, avec 31.400 exemplaires.

fortement, de même que la clien-tèle internationale (20 % des cour-ses) et les trajets vers les aéroports,qui ne sont pas près de repartir.

Mince consolation, la professionlimite les pots cassés : depuis un décret du 3 novembre dernier, les chauffeurs de VTC et leurs concur-rents taxis ont changé de catégorie en matière de fonds de solidarité gouvernemental, passant de la liste« S1 bis » à « S1 ». De ce fait, ils sont mieux indemnisés de leurs pertes d’exploitation, avec un maximum théorique de 10.000 euros par mois, pour les chauffeurs ayant perdu plus de 50 % de leur chiffre d’affaires par rapport à l’année pré-cédente. Aide à laquelle s’ajoutent différentes mesures exceptionnel-les de soutien aux entreprises. n

Les VTC ne voient pas le bout du tunnel

Pour approcher des recettes équivalentes à celle de l’an dernier, les chauffeurs de VTC doivent faire des journées beaucoup plus longues.

à suivreLVMH sortira « plutôt renforcé » de la criseLUXE Bernard Arnault, PDGdu géant du luxe LVMH (pro-priétaire des «Echos»), aestimé mardi que son groupe« sortait plutôt renforcé » de lacrise sanitaire, notamment enraison de sa présence surl’ensemble des continents« Nous avons depuis très long-temps eu comme stratégie decouvrir à peu près l’ensemblede la planète avec nos implan-tations, nos boutiques, nosfiliales », a déclaré BernardArnault lors d’un entretiensur BFM Business. La capitali-sation du numéro un mondialdu luxe a pour la première foisdépassé les 250 milliardsd’euros fin novembre à laBourse de Paris, un recordpour le groupe, comme pourl’ensemble du CAC 40.

La voie est libre pour la fusion Alstom-Bombardier TransportFERROVIAIRE Après l’impor-tante approbation décrochéedepuis fin juillet auprès de laCommission européenne,Alstom et Bombardier indi-quent avoir reçu l’aval de tousles autres pays concernéspar le rachat de la brancheferroviaire du canadien parAlstom. Les deux groupes« annoncent aujourd’hui quetoutes les autorisations régle-mentaires nécessaires pour laréalisation de la vente de Bom-bardier Transport à Alstomont été obtenues ». Ils pré-voient désormais une date deréalisation de l’acquisition le29 janvier 2021.

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AVIS D’ENQUÊTE PUBLIQUE SUR LE PROJET DE MODIFICATION N° 1DU PLAN LOCAL D’URBANISME (PLU) DE VILLEMOMBLE (2nd insertion)

Par arrêté n° AR2020-055, Monsieur le Président de l’Etablissementpublic territorial Grand Paris Grand Est a prescrit l’ouverture d’uneenquête publique sur le projet de modification n° 1 du plan locald’urbanisme (PLU) de la commune de Villemomble.Le projet demodification n° 1 du PLU de la commune de Villemomblea pour objet :- de créer une orientation d’aménagement et de programmationautour de l’avenue de Rosny,- d’améliorer et clarifier la rédaction de certaines dispositions dulexique et du règlement,- préserver les cœurs d’ilots en zone UA par une diminution de lahauteur et de l’emprise au sol des constructions en second rang,- d’améliorer la rédaction du règlement en zone UB afin de renforcerson caractère de zone de transition douce entre les quartierspavillonnaires et les secteurs de centralité,- de modifier le zonage en vue de classer en zone UD le secteur dela rue de la Volonté, de classer en zone UBb le secteur de la rue de laBourdonnais et de classer en zone N une partie du secteur Garenne.L’enquête se déroulera du mercredi 25 novembre 2020 à 9 heuresau lundi 4 janvier 2021 à 17 heures au siège de l’enquête, Mairiede Villemomble, 13 bis, rue d’Avron, 93250 Villemomble.Madame Sylvie MARTIN a été désignée commissaire enquêteurpar le premier vice-président du tribunal administratif de Montreuil.Le dossier soumis à enquête se compose, notamment, du rapportde présentation de la modification, des avis émis par les personnespubliques associées mentionnées aux articles L. 132-7 et L. 132-9 du code de l’urbanisme, de la décision de la Mission régionaled’autorité environnementale (MRAe) après examen au cas parcas dispensant de réaliser une évaluation environnementale de lamodification n° 1 du plan local d’urbanisme de Villemomble, en datedu 25 février 2020.Pendant la durée de l’enquête, un exemplaire du dossier soumisà l’enquête ainsi qu’un registre d’enquête sont déposés et tenusà la disposition du public en mairie de Villemomble, au serviceurbanisme, 13 bis, rue d’Avron, 93250 Villemomble, aux heureshabituelles d’ouverture au public :- les lundi, mardi et vendredi de 8 heures 30 à 17 heures 30,- le mercredi de 8 heures 30 à 20 heures,- le jeudi de 13 heures 30 à 17 heures,Pendant les vacances scolaires :- les lundi, mardi, mercredi et vendredi de 8 heures 30 à12 heures et de 13 heures 30 à 17 heures,- le jeudi de 13 h 30 à 17 heures,Le dossier soumis à l’enquête peut être consulté sur un posteinformatique mis à disposition du public en mairie de Villemomble,au lieu indiqué ci-dessus, et sur le site internet de l’Etablissementpublic territorial Grand Paris Grand Est www.grandparisgrandest.fr.Toute personne qui en fait la demande peut obtenir, à ses frais, dès lapublication de l’arrêté d’ouverture et pendant la durée de l’enquête,communication du dossier d’enquête publique auprès de monsieur

le Président de l’Etablissement public territorial Grand Paris GrandEst, 11, boulevard du Mont d’Est, 93 160 Noisy-le-Grand.Pendant la durée de l’enquête, le public peut consigner sesobservations et propositions sur le registre d’enquête tenu àsa disposition au lieu indiqué ci-dessus, aux heures habituellesd’ouverture au public. Les observations et propositions peuventégalement être adressées par voie postale au commissaireenquêteur, à l’adresse suivante : Madame le commissaireenquêteur - Enquête publique sur le projet de modification n° 1du PLU de la commune de Villemomble - Mairie de Villemomble- 13 bis, rue d’Avron, 93250 Villemomble.Elles peuvent aussi être adressées au commissaire enquêteur parvoie électronique à l’adresse suivante : [email protected] observations et propositions adressées par voie postalesont annexées au registre d’enquête et consultables au siège del’enquête. Les observations et propositions adressées par voieélectronique sont consultables sur le site internet de l’Etablissementpublic territorial Grand Paris Grand Est : www.grandparisgrandest.fr.Toute personne qui en fait la demande pendant la durée del’enquête peut obtenir, à ses frais, communication des observationset propositions du public auprès du Président de l’Etablissementpublic territorial Grand Paris Grand Est, 11, boulevard du Montd’Est, 93160 Noisy-le-Grand.Le commissaire enquêteur se tiendra à la disposition du public pourrecevoir ses observations en mairie de Villemomble, 13 bis, rued’Avron, 93250 Villemomble, aux jours et heures indiquées ci-dessous :- Le mercredi 25 novembre 2020, de 14 heures à 17 heures,- Le mercredi 9 décembre 2020, de 14 heures à 17 heures,- Le jeudi 17 décembre 2020, de 14 heures à 17 heures,- Le lundi 4 janvier 2021, de 14 heures à 17 heures.Une copie du rapport et des conclusions du commissaire enquêteursera adressée à la mairie de Villemomble pour y être tenue à ladisposition du public pendant un an à compter de la date declôture du l’enquête. Ces documents seront consultables sur le siteinternet de l’Etablissement public territorial Grand Paris Grand Estwww.grandparisgrandest.fr pendant un an à compter de la date declôture du l’enquête.A l’issue de l’enquête publique, la modification n° 1 du plan locald’urbanisme de la commune de Villemomble, éventuellementmodifiée pour tenir compte des avis qui ont été joints au dossier,des observations du public et du rapport du commissaireenquêteur, sera soumise à l’approbation du conseil de territoire del’Etablissement public territorial Grand Paris Grand Est.Les informations sur projet soumis à enquête peuvent êtredemandées auprès de la Direction aménagement et urbanismede l’Etablissement public territorial Grand Paris GrandEst - Monsieur Benoit Wohlgroth, Chargé de mission PLUcommunaux - Tél : 01.84.81.09.54 - courriel : [email protected].

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Page 22: Les Echos - 02 12 2020

22 // ENTREPRISES Mercredi 2 décembre 2020 Les Echos

Avec les supermarchés Leader Price, Aldi intensifie la bataille du discount en France

c’est-à-dire des supermarchés (1.000 mètres carrés pour le nou-veau concept) qui vendent à bas prixdes produits quasi exclusivement à marque propre.

Lidl a ouvert son assortiment auxmarques nationales et embelli ses magasins. Aldi suit cette voie, sans pour autant revendiquer l’étiquette du « soft discount ». Son offre est à 90 % sans marques nationales, même si 78 % des fournisseurs sont Français. « Notre créneau reste le discount », tranche Philip Demeule-meester. « Notre nouveau concept quireste à implanter dans une centaine de points de vente, plus, bien sûr, les Leader Price, est plus agréable, avec des allées plus larges », complète le directeur général adjoint, Franck Johner. Mais le credo demeure : pré-senter aux clients une présélection de produits de façon à ce qu’ils puis-sent faire leurs courses en quinze minutes, au meilleur prix.

Avec bientôt une véritable couver-ture nationale (Leader Price couvre le sud, la façade atlantique et les grandes agglomérations), Aldi ne pourra plus se cacher derrière un manque de magasins. Sa formule devra convaincre. La bataille des purs et durs du discount et des prix bas va faire rage contre Lidl mais aussi E.Leclerc et le néerlandais Action. n

l L’Allemand va passer à son enseigne les 547 supermarchés qu’il vient de racheter à Casino. l Avec ces Leader Price, implantés au sud, à l’ouest et dans les grandes villes, Aldi complète sa couverture nationale. l La concurrence avec Lidl E.Leclerc et Action se renforce.

DISTRIBUTION

livres amarré à Monaco. La pandé-mie a précipité lundi la chute de l’empire de la mode construit depuis plus de trois décennies par Philip Green. L’une des figures les plus admirées du capitalisme bri-tannique, avant d’en devenir l’une des plus controversées.

Virage de l’Internet mal négociéLe dépôt de bilan de son groupe Arcadia, dont les enseignes de prêt-à-porter Topshop, Dorothy Perkins, Wallis ou encore Burton ont long-temps fait les beaux jours de la « High Street », laisse dans l’incerti-tude 13.000 employés. Le cabinet Deloitte a été désigné pour organiserla vente de ce qui pourra être cédé. Mais il s’agit d’ores et déjà de la plus lourde faillite outre-Manche depuis le début de la pandémie.

La faute au coronavirus, qui a missous pression les 444 magasins que le groupe compte outre-Manche et

les 22 qu’il a à l’étranger. La faute aussi à une trop lente adaptation à laconcurrence venue d’autres acteurs de la « fast fashion » capables, comme Zara ou Primark, de s’adap-ter eux aussi aux nouvelles tendan-ces à vitesse grand V, mais aussi aux assauts des sites de vente en ligne comme Asos ou Boohoo – un virage Internet que Philip Green n’a pas su négocier.

La chute du magnat de la mode estaussi brutale que son ascension avaitété brillante. Le tycoon de 68 ans, né près de Londres dans une famille ayant fait fortune dans les stations-service, avait quitté l’école dès 15 ans pour se lancer dans l’importation de jeans venus d’Extrême-Orient, puis en rachetant des stocks de magasinsen faillite pour les revendre au prix fort. Son bagou et son audace lui per-mettront de convaincre les grandes banques de la City ou des milliardai-res comme les frères Barclay (les jumeaux qui viennent de revendre le

Ritz) de lui prêter de l’argent afinde racheter à bon prix des entrepri-ses en difficulté pour in fine les redresser.

« Le rêve devenu réalité »En 2000, il acquiert la chaîne de grands magasins BHS, avant de mettre la main sur Arcadia en 2002.Il fera de son enseigne Topshop unemarque mondialement connue, avec son propre défilé à la London Fashion Week. La gloire est telle queTony Blair glisse en 2006 son nom àla reine pour l’anoblir. Il est « le rêve devenu réalité », dit alors de lui le Pre-mier ministre.

Si « Sir Philip » est unanimementsalué comme un homme de coups, sa capacité à développer une vision de long terme et à investir pour pré-parer l’avenir est, elle, plus débat-tue. Sa cupidité l’est plus encore. Passe encore qu’il alloue en 2005, sans taxe puisqu’elle est comme lui résidente monégasque, un divi-

dende de 1,2 milliard de livres à sa femme Tina, propriétaire d’Arca-dia. Mais la pilule a plus de mal à passer lorsqu’il cède BHS en 2015 pour une livre symbolique, après s’être généreusement servi pendant15 ans en dividendes… et un an avant que le groupe ne fasse faillite,laissant sur le carreau plus de 10.000 employés. Il devra verser 363 millions de livres pour combleren partie le gouffre de 571 millions laissé dans leur fonds de retraite, depeur de perdre son titre de noblessesous la pression des députés. « Le visage inacceptable du capitalisme », le surnomme-t-on alors, après un rapport parlementaire au vitriol.

Son train de vie dispendieux etson côté bling-bling n’ont évidem-ment rien arrangé. L’homme d’affaires, auquel sa femme a un jour offert un Monopoly en or, est connu pour avoir affrété un Airbus A300 pour inviter 200 personnes à Chypre afin d’y fêter son 50e anni-

versaire. Ils étaient 100 aux Maldi-ves cinq ans plus tard pour son 55e. Pour ses 60 ans au Mexique, il s’est offert les ser vices de Robbie Williams, des Beach Boys et de Ste-vie Wonder.

La faillite d’Arcadia (1,8 milliardde livres de chiffre d’affaires en 2018pour 137,5 millions de pertes d’exploitation) vient s’ajouter aux déboires d’un secteur de la distribu-tion largement éprouvé outre-Man-che par le Brexit et l’essor des ventessur Internet. Elle a déjà fait une vic-time collatérale : la chaîne de grands magasins Debenhams (124 magasins pour 12.000 salariés), elle-même en faillite depuis avril, a annoncé mardi entamer un proces-sus de liquidation. Le distributeur d’articles de sport JD Sports vient eneffet de mettre fin aux discussions sur un éventuel rachat, les maga-sins d’Arcadia sous concession étant l’un des principaux locataires de Debenhams. n

Alexandre Counis @alexandrecounis

—Correspondant à Londres

On le voyait encore, ces derniers jours dans les tabloïds britanni-ques, passer d’un téléphone porta-ble à l’autre sur le pont du « Lion-heart », son yacht à 100 millions de

MODE

La faillite d’Arcadia marque la fin de l’empire de la mode construit depuis plus de trois décennies par Philip Green.

L’une des figures les plus en vue du capita-lisme britannique, pour le meilleur… et pour le pire.

Le Covid fait chuter le roi de la « fast fashion » britannique

Aldi veut doubler rapidement le nombre de ses magasins en France. Photo Pascal Sittler/RÉA

de magasins sont installés directe-ment dans les « centres-villes, les centres commerciaux et les zones piétonnes aux carrefours urbains »,précise-t-il.

Aldi Nord vise notamment laclientèle en transit à partir de la gare de Leipzig ou les piétons pas-sant par la grande rue de Ham-bourg-Altona. Et Aldi Sud a désor-mais pignon sur rue dans la zone piétonnière de Düsseldorf ou l’artère commerçante de Königs-strasse à Stuttgart. Lidl s’est embourgeoisé de son côté dans le quartier huppé de l’Isartor, à Munich.

Longtemps trop chers pour lesgrandes surfaces alimentaires, les loyers de ces zones prestigieuses ont baissé avec la fermeture des magasins de mode. Déjà touché par la concurrence d’Amazon ou de Zalando, le textile souffre fran-

désormais leur existence mena-cée, indique une enquête menée par l’association allemande du commerce de détail (HDE) auprès de 550 entreprises. Sans action concertée des autorités locales et nationales, « jusqu’à 50.000 maga-sins pourraient avoir disparu du marché d’ici la fin de la crise », a pré-dit Josef Sanktjohanser, le prési-dent de la fédération du com-merce, lors d’un congrès en ligne lasemaine dernière.

Changement structurelEn attendant, la baisse des loyers crée un effet d’aubaine pour le commerce alimentaire, le brico-lage et l’ameublement qui résis-tent mieux à la crise que la mode.Outre les discounters, les maga-sins de meubles et de bricolage s’essaient aux centres-villes. Ikea compte ouvrir des magasins au

centre de Berlin comme il l’a fait àParis. De plus en plus d’emplace-ments centraux sont désormais vacants et accessibles « en raison du changement structurel global »,constate-t-on chez Aldi Nord.

Encore au stade expérimental,le rapprochement de la grande dis-tribution vers les lieux de passage naturel de ses clients est une ten-dance qui se confirme. « Soudain, des coopérations se forment entre les gestionnaires de stations-service et le commerce de détail. Des dis-counters comme Penny installent des magasins provisoires sur les lieux de festivals musicaux », cons-tate Boris Hedde, le directeur de l’institut de recherche sur le com-merce de Cologne dans les colon-nes du « Frankfurter Allgemeine Zeitung ». La pandémie a accéléré de cinq ans cette tendance de fond,assure-t-il. n

Les discounters allemands investissent les centres-villes

Nathalie Steiwer—Correspondante à Berlin

Les discounters allemands pren-nent leurs quartiers de noblesse. Aldi et Lidl sont partis à la con-quête des centres-villes abandon-nés par les boutiques que l’e-com-merce et le Covid ont terrassées. « Plus que jamais, nous nous con-centrons sur des lieux où nous som-mes facilement accessibles pour nosclients, quel que soit leur choix de transport », confirme un porte-pa-role de Aldi Nord (de l’autre côté duRhin, Aldi est divisé en deux bran-ches – nord et sud). De plus en plus

Alors que les magasins de mode désertent les centres urbains, Aldi et Lidl profitent de la baisse des loyers pour s’installer plus près de leurs clients.

chement de la crise sanitaire. Même si, en Allemagne, les bouti-ques « non essentielles » n’ont pas été obligées de fermer comme en

France, la fermeture des restau-rants et cafés a réduit la fréquenta-tion des zones commerçantes.

Près de 45 % des détaillants descentres-villes allemands sentent

La baisse des loyers crée un effet d’aubaine pour le commerce alimentaire, le bricolage et l’ameublement qui résistent mieux à la crise que la mode.

Philippe Bertrand @Bertra1Philippe

Chez Aldi, les cagettes sont réuti-lisables et en plastique, mais la lan-gue reste de bois. Au lendemain de lafinalisation du rachat de 545 LeaderPrice (plus deux Supermarché Casino) à Casino, les dirigeants de la filiale française du discounter alle-mand ont donné peu de détails sur lasanté de leur entreprise. Pas de chif-fre d’affaires, pas d’indications sur larentabilité : tout juste Philip Demeu-lemeester, le gérant d’Aldi France, a-t-il expliqué mardi que l’acquisi-tion d’un montant de près de 700 millions d’euros avait nécessité « le soutien de l’actionnaire ». Seule annonce : la confirmation de la volonté de doubler rapidement le parc de magasins, actuellement de 862 unités. L’intégration de Leader Price, qui se fera au long de l’année 2021, réalise une bonne partie du chemin.

Un magasin à quinze minutes de tous les Français« Nous voulons avoir un magasin à quinze minutes de chaque Français »,a précisé le dirigeant. D’ores et déjà, avec Leader Price, Aldi France dou-ble presque sa part de marché. Elle était de 2,4 %, selon Kantar. Elle pas-sera à 4 %. Aldi attaque pour mieux se défendre. Lidl, l’autre discounter allemand, voit sa position progres-ser tous les mois depuis deux ans. Elle atteint désormais les 7 %, soit autant que les hypermarchés Auchan.

Aldi est né en 1923 à Essen, enAllemagne. En 1968, les deux fils de la fondatrice, Anna Albrecht (Aldi, c’est le raccourci de Albrecht Distri-bution), ont effectué un Yalta, l’un prenant le nord de l’Europe et l’autrele sud. Aldi France dépend d’Aldi Nord. Arrivé dans l’Hexagone il y a trente ans, Aldi est avec Lidl la par-faite illustration de ce que l’on a long-temps appelé le « hard discount »,

4 %LA PART DE MARCHÉd’Aldi en France après le rachat des Leader Price, contre 2,4 % avant l’opération, selon Kantar.

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Les Echos Mercredi 2 décembre 2020 ENTREPRISES // 23

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Octobre 2020

ExxonMobil, le numéro un du pétrole américain, a enregistré trois trimestres consécutifs de pertes et pris acte de ses fragilités strucutrelles. Photo Jim Young/Reuters

reprise de la consommation de car-burants, le géant pétrolier prend acte de ses fragilités structurelles : un investissement tardif et coûteux dans le gaz de schiste et un appétit presque inexistant pour les énergiesrenouvelables. Et de ses priorités : il se focalisera sur les projets les plus rentables pour pouvoir continuer à verser ses dividendes. Le groupe texan « donnera la priorité aux dépenses d’investissement à court terme dans des actifs ayant le meilleurpotentiel de valorisation, notamment les développements au Guyana et dans le Bassin permien américain », situé au Texas et au Nouveau-Mexi-que, indique le communiqué.

Exxon est loin d’être le seul pétro-lier à déprécier massivement la valeur de ses actifs. Chevron, BP, Shell, Total… « Pratiquement tous ontfait de même dans leurs comptes cette année », observe Biraj Borkhataria, analyste chez RBC Capital Markets. La somme totale des annonces des pétroliers pour 2020 dépasse déjà 48 milliards de dollars pour les seu-les compagnies européennes.

Dans la majorité des cas, ces écritu-res comptables sont la conséquence de la chute des cours du pétrole et du gaz. Beaucoup de compagnies tablaient sur un prix du baril à 70 ou 80 dollars à moyen terme, alors qu’il est tombé à moins de 50 aujourd’hui.« A ce niveau de prix, les actifs rappor-teront moins que prévu, et il est donc logique de déprécier leur valeur »,

décrypte Sven Reinke, analyste chez Moody’s. « Les dépréciations seront nettement supérieures à la moyenne cette année, mais ce type de révision est courant dans le secteur », ajoute son collègue, Martin Fujerik.

Actifs « échoués »Au-delà de cette opération vérité surles prix des hydrocarbures, certains groupes ont ciblé des catégories d’actifs particulières : exploitation du gaz en Amérique pour Exxon, sables bitumineux au Canada pour Total… Il s’agit dans ce cas d’actifs dits« échoués ». Soit parce qu’ils coûtenttrop cher à extraire du sous-sol étantdonné le prix de commercialisation espéré. Soit parce qu’ils émettent trop de CO2 pour les compagnies quise sont fixé des objectifs de réductionde leur empreinte carbone.

Les chiffres ont de quoi donner letournis mais ils restent modestes au regard de la base d’actifs des majors du pétrole. Les dépréciations annon-cées ne représentent que 6 % du bilan de Shell, pointe Moody’s, 5 % de

celui de BP, 3 % dans le cas de Total. Ces sociétés sont aussi présentes dans le raffinage, la pétrochimie, la distribution de carburants… « Tous leurs actifs ne sont pas directement touchés par la chute des cours des hydrocarbures », relève Sven Reinke.

Surtout, ces décisions comptablesn’ont pas d’impact sur leurs bénéfi-ces ni sur leur solidité financière. « Les dépréciations sont le reflet de la valeur actuelle d’investissements réa-lisés dans le passé, rappelle Biraj Borkhataria. L’argent en question a déjà été dépensé. » Elles ne signifient pas non plus que les actifs en ques-tion cesseront tous de produire du pétrole ou du gaz ou qu’ils seront nécessairement vendus. « Une com-pagnie peut très bien décider de conti-nuer à exploiter un actif si l’investisse-ment a déjà été fait, explique AndrewGrant, du think tank Carbon Trac-ker. La dépréciation est seulement l’indication que l’investissement en question ne rapportera pas autant que prévu ». Le signe, donc, d’un changement d’époque. n

Véronique Le Billon—Bureau de New Yorket Vincent Collen

ExxonMobil passe ses comptes à la paille de fer. Après trois trimestres consécutifs de pertes, le numéro un du pétrole américain a annoncé lundi qu’il allait inscrire une dépré-ciation record de 17 à 20 milliards de dollars dans ses comptes du qua-trième trimestre. Une charge qui cor-respond à l’arrêt de projets d’exploi-tation de gaz « dans les Appalaches et les montagnes Rocheuses, en Okla-homa, au Texas, en Louisiane et en Arkansas, aux Etats-Unis, ainsi que dans l’ouest du Canada et en Argen-tine », précise le groupe dirigé depuisquatre ans par Darren Woods.

Alors que les cours du pétrole ontretrouvé quelques couleurs et que laperspective de vaccins contre le Covid-19 pourrait augurer une

ÉNERGIE

L’américain ExxonMo-bil vient d’inscrire à son tour une charge record de 17 à 20 milliards de dollars dans ses comptes du quatrième trimestre pour tenir compte de la chute des prix du brut et du gaz.

Pétrole : les majors contraintes à des dépréciations géantes

stabiliser, pour enfin le désorbiter et repartir vers l’atmosphère afin de le détruire.

La start-up espère ensuite être enmesure de lancer un service com-mercial de nettoyage des débris spa-tiaux. Car après soixante ans d’acti-vités spatiales et plus de 5.500 lancements, il faut surveiller cons-tamment les trajectoires de quelque 34.000 objets supérieurs à 10 centi-mètres cubes, pour ne pas parler du million de déchets de taille infé-rieure en orbite. Alors que SpaceX, OneWeb, Planet, Amazon créent des constellations de centaines, voire de milliers de satellites, la des-truction ou la réparation des satelli-tes défaillants devraient devenir uneobligation. D’ores et déjà, environ 3.000 satellites en orbite sont en panne. La norme ISO impose aux opérateurs d’avoir des systèmes spa-tiaux ayant au moins 90 % de chan-ces d’effectuer une manœuvre de retrait d’orbite lorsqu’ils arrivent à lafin de leur mission. Une norme insuffisante à l’heure de l’avènementdes constellations.

L’ESA change de méthodeC’est la première fois que l’ESA con-fie une mission aussi importante à une start-up, mais c’est aussi un changement de méthode très attendu. Au lieu de définir elle-même l’engin qu’il faut développer, l’agence commande clé en main unemission en laissant aux industriels le soin de trouver la meilleure manière d’y parvenir. Avec dix ans de décalage, l’ESA suit donc les pas de la Nasa, dont les commandes « commerciales » ont fait émerger des acteurs comme… SpaceX, d’ElonMusk.

ClearSpace a monté son dossier,et les pays des entreprises membres du consortium ont adhéré et promisà l’ESA le financement nécessaire. La Suisse, la République tchèque, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Suède, la Roumanie, le Portugal et laPologne ont confié à l’Agence spa-tiale européenne les moyens de financer ce contrat. La France, acca-parée par le dossier Ariane 6, est pas-sée à côté. n

Anne Bauer @annebauerbrux

Le compte à rebours est lancé. Crééeil y a trois ans à partir d’un spin-off del’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), la société suisse ClearSpace a décroché mardi une commande de 86 millions d’euros de l’Agence spatiale européenne. Il s’agit d’aller enlever, pour la pre-mière fois de l’histoire spatiale, un débris en orbite afin de le détruire. ClearSpace a cinq ans pour démon-trer sa capacité à aller chercher un morceau de fusée Vega, dénommé Vespa. Perdu depuis 2013 dans l’espace, ce débris de 112 kg soit l’équi-valent d’un petit satellite, tourne au-dessus de nos têtes à quelque 801 kmde la Terre. Et il pourrait continuer pendant des décennies si rien n’est fait, comme les dizaines de milliers de débris encombrant l’orbite basse.

Après une compétition lancée enseptembre 2018 qui a opposé 13 puis 4 équipes, la jeune pousse a rem-porté au printemps la mission Adrios, proposée par l’Agence spa-tiale européenne (ESA) pour un démonstrateur. Avec une vingtaine de partenaires industriels, dont, en Suisse, RUAG, Apco technologies, Syderal Swiss, mais aussi OHB Suède, Airbus Defense and Space, Deimos Engenharia au Portu-gal, etc., Clear Space va démarrer la construction d’un « chasseur de débris » de quelque 500 kg, doté de quatre bras, qui sera lancé sur une fusée Vega en 2025. Toute la diffi-culté est d’approcher le débris, d’esti-mer sa vitesse de rotation, de se pla-cer dans l’axe, d’attraper l’objet, de le

ESPACE

L’Agence spatiale européenne a signé un contrat de 86 millions d’euros avec la start-up suisse pour aller chercher et détruire un débris de plus de 100 kg qui tourne en orbite depuis 2013.

ClearSpace en piste pour devenir le premier éboueur du ciel

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24 // ENTREPRISES Mercredi 2 décembre 2020 Les Echos

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Contrairement aux visites d’appar-tements ou de maisons pour les particuliers, les visites de bureaux « physiques » sont restées autori-sées pendant ce second confine-ment. Pour limiter les risques de contamination, les spécialistes du secteur s’appuient cependant aussi sur les solutions de visites virtuellesqu’ils avaient déjà mises en place.

C’est le cas de JLL, qui fait mon-ter en puissance son dispositif bap-tisé NXT Office, créé il y a un peu plus de quatre ans, et déjà déployé àParis, Lyon, Londres, Madrid et récemment à Francfort. Un dispo-sitif qui « prend tout son sens avec leconfinement », se réjouit Marie-Laure Leclercq de Sousa, directricetransactions locatives pour la France chez le conseil en immobi-lier. « Aujourd’hui, la recherche d’unbureau n’est pas seulement la recherche d’un lieu physique. Elle devient de plus en plus stratégique pour attirer des talents et créer de lastimulation autour de ce lieu physi-que, ainsi qu’une transmission des savoirs », souligne-t-elle.

Dès lors, tout un tas de critèressont examinés à la loupe par les

incarner la culture de l’entreprise – n’a pas d’autres choix que de se réin-venter. Comme l’a fait le commerce en son temps en offrant de nou-veaux services ou de nouvelles ani-mations pour attirer les visiteurs. « Il faut d’abord créer des espaces où ilfait bon se rencontrer, coopérer. Noussommes aujourd’hui à un point de basculement avec l’inversion des pro-portions dans les entreprises, qui étaient jusqu’à présent de 70 % des surfaces réservées aux postes de tra-vail et de 30 % aux espaces collabora-tifs », indique Alexandra Villegas, associée chez Studios Architecture.

Cafés d’étages, bibliothèques ou même cuisines, comme chez Air-bnb : les salariés ne se retrouvent plus désormais que dans les tradi-tionnelles salles de réunion.

« Ville du quart d’heure »« Comme dans le commerce, ils’agit également de redéfinir l’expé-rience des utilisateurs au bureau »,poursuit-elle. Elle cite ainsi lecampus d’EDF que son agence aimaginé à Saint-Ouen. « Au début,à cause de la localisation, certainssalariés y allaient avec des pieds deplomb. Mais, une fois qu’ils y sont

arrivés, ils ont trouvé les lieux for-midables. Il y a un jardin, différentsespaces de restauration – classique,pour manger sur le pouce, avec ser-vice à table… –, des espaces noma-des où sont accueillies des person-nes d’autres sites », énumère-t-elle. « La dimension services esttrès importante. Elle répond unpeu à la notion de ville du quartd’heure, avec la possibilité d’avoir àdisposition la diversité d’offre deservices qu’on pourrait avoir dansune ville », explique Sophie Hen-ley-Price, également associée ausein du cabinet d’architecture.

Dans le XVIIe arrondissement de Paris, l’ex-siège de GDF Suez a été restructuré par l’agence Studios Architecture pour JPMorgan, en privilégiant les espaces collaboratifs. Photo Sébastien Siraudeau

Le télétravail et la crise poussent le bureau à se réinventer

IMMOBILIER

Elsa Dicharry @dicharry_e

Le bureau est-il aujourd’hui bous-culé par la montée en puissance du télétravail comme le commerce physique l’a été ces dernières années par celle du commerce en ligne ? C’est ce que pensent plu-sieurs experts du secteur, qui obser-vent les réflexions en cours dans nombre d’entreprises pour déve-lopper le travail à la maison, mettreen place des postes de travail parta-gés dans les bureaux et au passage réduire le nombre de mètres carrésutilisés.

« Le bureau est en train de vivreune révolution équivalente à celle qu’a connue le commerce il y a cinq, sept ans. Il ne faut pas balayer cette réalité d’un revers de la main. Nous sommes à un moment charnière. Mais le commerce n’est pas mort et lebureau ne mourra pas », lance Sté-phane Theuriau, président de BC Partners Real Estate. Cela implique pour lui une redéfinition de la fonc-tion du bureau, des bons actifs et des bons emplacements.

« Créateur de valeur »« La maison est devenue un concur-rent agressif. Face à cela, il va falloir susciter l’envie d’aller au bureau chezles salariés, leur montrer que c’est créateur de valeur pour l’entreprise et intéressant pour leur carrière », estime de son côté Nicolas Lutgé, directeur général de Scaprim Asset Management. « Susciter l’envie d’aller au bureau chez les collabora-teurs suscitera l’envie de l’entreprise de prendre plus de mètres carrés de bureaux et de ne pas trop pousser le télétravail », poursuit-il. Il ajoute « qu’il ne s’agit pas de créer des armées de robots qui travaillent depuis chez eux. Il ne faut pas casser la valeur immatérielle qu’on a essayéde créer depuis des années dans l’entreprise ».

Pour parvenir à rester attrayant,le bureau – qui doit plus que jamais

Salles de sport ou zones de bien-être se multiplient aussi dans lesbâtiments tertiaires.

Tout cela accompagne une autretendance de fond : le verdissement des bureaux. Une demande encore accentuée depuis le premier confi-nement du mois de mars. Espaces plantés, potagers et autres ruches deviennent aussi « un vecteur de liensocial ».

Evolution des usagesL’analyse des données permet encore de mieux gérer les espaces de bureaux. « Chez Microsoft par exemple, la direction a analysé com-bien de personnes seraient vraiment présentes au mois d’août. Elle a fermé plusieurs étages pendant ces quelques semaines. Cela a permis de conserver des plateaux plus vivants et de réaliser des économies d’énergie.Grâce à ces économies, les salariés se sont vu offrir des massages et des gla-ces », raconte-t-elle. Plus générale-ment, le bureau s’adapte à l’évolu-tion des usages.

Conséquence de toutes ces trans-formations : les bureaux de chefs, cloisonnés, ont tendance à disparaî-tre. Les dirigeants aussi partagent désormais leur espace. Une autre révolution. n

l Selon plusieurs experts, le bureau est aujourd’hui bousculé par le développement du télétravail. l Comme le commerce l’a été il y a quelques années par celui de l’e-commerce.

à suivreVacance record dans les bureaux à ManhattanIMMOBILIER Du jamais-vu depuis 2003 à Manhattan. Depuis cet te ép o que, les bureaux vides dans le cœur économique des Etats-Unis n’avaient jamais été aussi n o m b r e u x . L e t a u x d e disponibilité est grimpé à 13,5 % en novembre, de nom-breuses entreprises essayant de sous-louer leurs locaux désertés par les salariés en ces temps de pandémie – dans unequête effrénée pour réduire l e u r s f r a i s d e l o ye r s . E n novembre, 73.400 mètres carrés de bureaux ont trouvé preneur, soit 80 % de moins que le niveau enregistré l’an dernier à la même époque. Dans ce contexte, le prix des loyers a baissé de 3 %, pour atteindre son point le plus bas depuis juin 2018.

Réouverture de la tour Eiffel le 16 décembreTOURISME Fermée depuis le30 octobre pour cause dereconfinement contre l’épidé-mie de Covid-19, la tour Eiffela annoncé mardi sa réouver-ture à compter du 16 décem-bre. « Je me réjouis de vousretrouver à nouveau dès le16 décembre , de 10 h 30 à18 h 30 (dernier accès vers17 h 15) ! Vous pouvez réservervotre visite dès maintenant », aécrit le monument, l’un desplus visités au monde, sur soncompte officiel Twitter. Lafréquentation de la tour Eif-fel, frappée par la crise duCovid-19, a baissé d’environ80 % par rapport à 2019 et sonchiffre d’affaires de 70 %, avaitindiqué fin octobre la Sociétéd’exploitation de la tour Eiffel(SETE). Avant le reconfine-ment, la tour Eiffel ne recevaitque « 2.500 visiteurs par jourpour un monument capabled ’ e n a c c u e i l l i r j u s q u ’ à25.000 », selon Jean-FrançoisMartins, le président de laSETE, même si le début desvacances de la Toussaint avaitpermis une légère remontée.

« Nous sommes à un point de basculement avec l’inversion des proportions dans les entreprises, qui étaient jusqu’à présent de 70 % des surfaces réservées aux postes de travail et de 30 % aux espaces collaboratifs. »ALEXANDRA VILLEGASAssociée chez Studios Architecture

entreprises – la localisation, le prix àla location ou à l’achat, le type d’immeuble, la surface ou encore ladate de disponibilité bien sûr. Mais aussi le nombre de postes de travail,la taille des plateaux, les prestationsproposées : conciergerie, local à vélos, fenêtres ouvrantes… Ou encore la desserte par les transportsen commun – actuelle et future –, letrafic automobile sur site, les com-merces avoisinants, la qualité de l’air, le risque inondation… « Tout est contenu dans une seule et même application », poursuit Marie-Laure Leclercq de Sousa, tout en désignant les divers écrans d’infor-mation dédiés aux clients. « Les visi-

tes virtuelles permettent de faire le triparmi les bureaux disponibles et de préparer les visites physiques. Pour nos clients, c’est un formidable gain de temps », note-t-elle encore. Par-fois, elles révèlent une divergence de vues entre les différents diri-geants de l’entreprise. C’est alors l’occasion de faire le point.

Ces outils numériques présen-tent également un atout à l’heure oùles déplacements sont limités entrepays européens. « Nous pouvons effectuer depuis Londres une présen-tation du marché parisien – ou inver-sement. Cela nous a déjà beaucoup servis avec le Brexit », poursuit-elle, tandis qu’un certain nombre d’entreprises ont décidé de quitter le Royaume-Uni pour trouver un nouveau point de chute.

Période transitoireL’heure n’est pas à l’euphorie sur le marché français des bureaux. Les entreprises ont pour la plupart engagé une réflexion sur le nombrede mètres carrés dont elles auront besoin à l’avenir avec le développe-ment attendu du télétravail. Certai-nes envisagent aussi de revoir leur localisation. La crise sanitaire implique encore des difficultés éco-nomiques. En cette période transi-toire, le nombre de transactions a beaucoup diminué. Mais le nombrede visites, assure JLL, reste soutenu.— E. Di.

Quand JLL permet de trouver des bureaux à distanceLe conseil en immobilier de bureau JLL fait monter en puissance son dispositif NXT Office, qui permet à ses clients de sélectionner virtuellement des locaux.

« Les visites virtuelles permettent de faire le tri [...] et de préparer les visites physiques.Pour nos clients, c’est un formidable gain de temps. »MARIE-LAURE LECLERCQ DE SOUSADirectrice transactions locatives chez JLL

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Une bonne partie des mesures validées par Bruxelles doit permettre de rééquilibrer la « domination » d’Orange, selon les termes du président de l’Arcep, Sébastien Soriano, sur le juteux marchéde la fibre pour les entreprises et d’accélérer le démantèlement de son vieux réseau cuivre. Photo Gilles Rolle/RÉA

Yoshua Bengio, l’un des pontes mondiaux de l’IA et lauréat en 2018 (avec le Français Yann Le Cun) du prix Turing, le « Nobel » de l’infor-matique, a dévoilé l’un des premiers outils permettant de mesurer les émissions de Co2 par les algorith-mes.

Ce logiciel, baptisé CodeCarbon,est le résultat d’un long travail mené conjointement par Mila, l’institut de recherche en IA fondé par Yoshua Bengio à Montréal, qui regroupe 700 chercheurs spécialisés dans le deep learning (apprentissage pro-fond) ainsi que Gamma, la branche IA du Boston Consulting Group (BCG). L’université américaine de Haverford et l’entreprise Comet font également partie de l’initiative.

Serveurs in situConcrètement, CodeCarbon est un outil en open-source, téléchargeablegratuitement sur le site codecar-bon.io. Une fois intégré dans la base code Python, il mesure les émissions

lisée pour le calcul. En clair, les ser-veurs, que ce soient les méga-ser-veurs loués à Amazon ou des serveurs privés hébergés in situ.

En bout de course, l’outil invite lescodeurs à déplacer leurs serveurs dans des pays moins carbonés. Selon Sylvain Duranton, directeur monde du BCG Gamma, ceci per-met de diviser par 2, voire par 5, la facture écologique des algorithmes.

355 années de calculCodeCarbon doit répondre à un pro-blème : plus les algorithmes se per-fectionnent, plus ils nécessitent de lapuissance de calcul, et plus la factureenvironnementale augmente. Par exemple, pour entraîner l’algo-rithme GPT-3 dévoilé cet été sur le langage naturel, 355 années de cal-cul ont été nécessaires. En émissionsde Co2, cela équivaut à une nouvelle voiture européenne parcourant… 700.000 km.

Certes, les centres de donnéesreprésentent aujourd’hui une faible

part de l’empreinte totale du numé-rique. 14 % précisément en France, contre 80 % pour la fabrication des smartphones, selon un rapport du Sénat. Mais, selon ce même rapport,le poids environnemental des cen-tres de données est celui qui va le plus exploser : + 86 % d’ici à 2040.

« La facture environnementale desalgorithmes augmente plus que les autres domaines du numérique, c’est très inquiétant, confirme Yoshua Bengio. C’est pour ça qu’avoir une estimation, créer de la transparence, est crucial. C’est la première étape avant toute régulation, qu’elle émane des Etats ou des organisations. »

Des algorithmes « responsables »« Jusqu’à présent, l’intelligence artifi-cielle était vorace : il fallait toujours plus de données, toujours plus de pro-cesseurs graphiques, regrette pour sapart Sylvain Duranton, du BCG. Il y aune hausse exponentielle. Il faut abso-lument casser la courbe. »

Ces travaux devraient rencontrerun grand intérêt dans la commu-nauté scientifique travaillant sur les « algorithmes responsables », un pan en plein essor. Algorithmes moins énergivores en données, maisaussi plus soucieux de la diversité, y compris de genre… Pour autant, sonsuccès réel et sa capacité à devenir un standard (ce qui est l’objectif) dépendront surtout de son appro-priation par les géants des algorith-mes comme Google ou Facebook.

« Ces géants de la tech ont souventleurs propres outils, explique Sasha Luccioni, chercheuse en postdoc à AI For Humanity. Le problème, c’est qu’il n’y a pas encore de transparence.Les Gafa communiquent beaucoup sur leurs efforts pour verdir leurs cen-tres de données, mais par exemple ils ne disent jamais combien de proces-seurs graphiques ils utilisent. » En tout cas CodeCarbon promet déjà de« convertir » le plus de monde possi-ble. « C’est notre mission », conclut Yoshua Bengio. — R. B.

Quelle est l’empreinte carbone des machines de calcul qui tournent pendant des jours, voire des semai-nes entières, pour mettre au point les meilleurs algorithmes d’intelli-gence artificielle (IA) au monde ? Lesspécialistes du secteur vont désor-mais y voir plus clair. Mardi, une équipe de chercheurs emmenée par

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Une équipe de cher-cheurs emmenée par Yoshua Bengio, l’un des pontes mondiaux de l’intelligence artificielle, a dévoilé mardi un logiciel open-source permet-tant de mesurer l’empreinte carbone des algorithmes.

CodeCarbon mesure l’impact environnemental des algorithmes

dées cet été par l’Autorité de la con-currence en France, doivent per-mettre d’atténuer la « domination » d’Orange, selon les termes du prési-dent de l’Arcep, sur le juteux mar-ché de la fibre pour les entreprises et d’accélérer le démantèlement de son vieux réseau cuivre, prévu entre 2023 et 2030.

Dernier objectif : régler pour debon le problème des « taches de léo-pard ». C’est-à-dire finir de fibrer lesquartiers urbains peu ou mal cou-verts, soit parce qu’ils sont plus diffi-ciles d’accès, soit parce qu’ils abri-tent une population plus précaire, moins susceptible de payer pour avoir la fibre.

Le sujet, en février, avait donnélieu à un vif bras de fer. Comme tousles trois ans, le régulateur avait mis en consultation publique son nou-veau projet de régulation. A cette occasion et sans attendre la fin de laprocédure, Sébastien Soriano, le président de l’Arcep, avait tiré à boulets rouges sur Orange, dans unentretien aux « Echos ».

Le régulateur l’avait accusé d’êtreencore « tout-puissant » sur le mar-ché des télécoms d’entreprises. Et a

vo u l u p r é ve n i r l a t e n t a t i o n qu’Orange aurait pu avoir, selon lui,de vouloir tirer encore profit de la rente de son réseau cuivre, au lieu de le démanteler. Depuis des années, Orange, et dans une moin-dre mesure SFR, domine le marchédes télécoms d’entreprises, ce qui selon l’Arcep a pour effet de le ver-rouiller et de freiner la digitalisationdes PME.

Bruxelles siffle la fin de la partie« Il y a une concurrence active. L’image d’un marché stagnant est fausse », avait répliqué Nicolas Gué-rin, secrétaire général d’Orange. La rente du réseau cuivre, qu’Orange loue à d’autres opérateurs pour qu’ils puissent proposer de l’ADSL àleurs propres clients ? Elle « n’existepas », affirmait alors le lobbyiste en chef de l’opérateur.

Presque un an plus tard, Bruxel-les a donc sifflé la fin de la partie. Surles télécoms d’entreprises, le princi-pal souhait de l’Arcep était de pou-voir ouvrir davantage la fibre mutualisée d’Orange. Cela va être lecas. Dorénavant, tous les opéra-

teurs qui empruntent ce réseau p our c ibler les part icul iers devront aussi faire des offres à desti-nation des entreprises.

En théorie, cette fibre mutualiséepeut servir à la fois aux particuliers et aux entreprises, d’où son nom. Mais, dans les faits, elle est surtout utilisée par les ménages. « L’idée, c’est d’avoir des offres partout, et à bon prix », explique Sébastien Soriano.

Sur la fibre dédiée (uniquementpour les entreprises), il s’agira en revanche d’une régulation au cas

par cas. Dans les zones où la concurrence est plus vive, l’Arcep desserrera la contrainte. Elle sera au contraire renforcée là où la domination d’Orange est plus forte.La Commission invite toutefois l’Arcep à avoir une « analyse plus fine » et à tenir compte de la pré-sence ou non de câblo-opérateurs dans ces zones pour mieux évaluer l’intensité concurrentielle.

« Taches de léopard »Autre changement : dans les immeubles où les quatre acteurs (Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free) commercialisent la fibre, Orange ne pourra plus commercia-liser de nouveaux accès à son réseau cuivre. De cette façon, un ménage qui voudra avoir du très haut débit aura nécessairement la fibre, et non l’ADSL.

Selon l’Arcep, 11 millions defoyers vivent dans de tels immeu-bles. En revanche, les tarifs du dégroupage (le prix que facture Orange à ces opérateurs pour emprunter ses réseaux cuivre) ne bougeront pas, même si l’Arcep estprête à discuter avec Orange.

Raphaël Balenieri @RBalenieri

C’est la fin d’un débat qui a parfois été houleux entre l’Arcep et Orange.Mardi, le gendarme des télécoms a obtenu le feu vert de la Commissioneuropéenne sur le futur cadre régle-mentaire qui régira le marché de la fibre optique, jusqu’en 2023. Une bonne partie des mesures, déjà vali-

TÉLÉCOMS

La Commission européenne a validé mardi le nouveau cadre réglementaire du gendarme des télécoms qui régira, dès décembre et jusqu’en 2023, la fibre optique d’Orange.

Le sujet avait été un point de crispation majeur il y a déjà presque un an.

Fibre optique : l’Arcep obtient le feu vert de Bruxelles pour réguler Orange

S’agissant des « taches de léo-pard », dans les villes, Orange sera obligé de raccorder à la fibre toute e n t r e p r i s e q u i l e d e m a n d e . Aujourd’hui, presque 21 millions de foyers et d’entreprises peuvent avoir la fibre, mais « seuls » 8,3 mil-lions y sont de fait abonnés.

« Marseille, Nantes ou Lille nesont couverts qu’aux deux tiers, déplore Sébastien Soriano. C’est aussi le cas de plusieurs villes de Sei-ne-Saint-Denis, comme Bobigny ou Drancy. »

Sur ce sujet, la Commissiondemande toutefois à l’Arcep de « définir précisément » cette obliga-tion, qui pourrait « sauter » dans lesquartiers trop éloignés des réseauxd’Orange. Ce qui, selon elle, menace« la proportionnalité et la prévisibi-lité » auxquelles ont droit les opéra-teurs.

Enfin, dès 2021, l’Arcep évaluerala qualité de service de la fibre. Par exemple, le temps passé avant qu’un client soit raccordé, etc. Mais, contrairement aux autres, cette obligation s’imposera à tous les opérateurs et sera valable dix ans. n

Sur les télécoms d’entreprises, le principal souhait de l’Arcep était de pouvoir ouvrir davantage la fibre mutualisée d’Orange.

Cela sera désormais le cas.

de Co2 et donne une équivalence avec des indicateurs simples. Le nombre de kilomètres parcourus par une voiture, la consommation d’une heure de télévision…

Pour cela, CodeCarbon croisedeux paramètres : l’intensité car-bone du réseau électrique local (plusou moins de nucléaire, d’éolien, etc.) et la quantité d’énergie consommée par l’infrastructure sous-jacente uti-

« La facture environnementale des algorithmes augmente plus que les autres domaines du numérique, c’est très inquiétant. »YOSHUA BENGIOChercheur

HIGH-TECH & MEDIASLes Echos Mercredi 2 décembre 2020

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26 // HIGH-TECH & MEDIAS Mercredi 2 décembre 2020 Les Echos

si la sécurité de son système a sus-cité la polémique, écornant son image, et qu’il a été forcé, depuis, d’apporter des garanties.

La société ne cesse de creuser sonsillon sur le segment des entrepri-ses de taille intermédiaire – sa population cible – et totalise désor-mais 433.700 firmes comptant plusde 10 salariés parmi sa clientèle payante. Soit un bond de 485 % sur un an.

Applications tiercesRésultat, Zoom a atteint son pic boursier le 19 octobre, à près de 160 milliards de dollars de capitali-sation. Soit un décollage de 730 % p a r r a p p o r t a u d é b u t d e l’année. Une période faste qui devrait se poursuivre, puisque l’entreprise a annoncé qu’elle antici-pait 811 millions de dollars de reve-nus lors du trimestre en cours – ce qui serait sa meilleure performance

historique sur trois mois –, quand leconsensus des analystes tablait sur 719 millions. Pourtant, Wall Street fait la fine bouche ; le cours de Zoomreculait de 13 % mardi après-midi en Bourse. La raison ? Valeur bour-sière « stay at home » s’il en est, Zoom suscite beaucoup d’interro-gations sur les marchés financiers concernant l’après-crise sanitaire qui lui a été très favorable. Preuve en est : le jour où Pfizer a fait une annonce concernant son vaccin « efficace à 90 % », le cours de Zooma fléchi de 17 % sur une séance à Wall Street.

« Zoom doit aussi faire attention àne pas se retrouver en étau entre, d’uncôté, des offres proposant davantage de fonctionnalités comme Google Workspace et surtout Teams de Microsoft très prisé des grands grou-pes et, de l’autre, des solutions plus innovantes de start-up comme Lives-torm », note Hugo Hache, directeurtechnique mobile chez Fabernovel.

Pour faire face à ces défis, Zoom aentamé une mue pour pivoter d’un service de visioconférences à un véritable écosystème. En 2021, la société va ainsi lancer mondiale-ment OnZoom, un portail où ses utilisateurs pourront organiser, faire la promotion et/ou vendre des événements virtuels (concerts, con-férences, cours de yoga, etc.). Zoom n’y prélèvera pas de commission dans un premier temps. En paral-lèle, le groupe va aussi y accueillir des applications tierces, alias les Zapps.

Dès avant OnZoom, la firme adéjà intégré près de 200 services comme Slack ou Dropbox à son

offre. Cette fois, il s’agira d’applica-tions tierces développées native-ment et destinées uniquement à cette place de marché. « On a déjà énormément de demandes pour inté-grer OnZoom », assure Loïc Rous-seau, directeur des opérations stra-tégiques chez Zoom dans la zone Europe, Moyen-Orient, Afrique. A l’instar de l’App Store – le magasin en ligne d’Apple –, les équipes du groupe américain passent au cribleles applications en question avant de donner leur feu vert pour qu’ellesintègrent OnZoom.

« On va devenir davantage un éco-système qu’un service de visioconfé-rences, détaille Loïc Rousseau. D’ailleurs, Zoom est déjà bien plus que ça avec notre service Zoom Phone, et nous visons le marché de l’UCaaS [communications unifiées en tant que service, NDLR] bien pluslarge que celui de la visio. » Cet été, lasociété a lancé une offre « hardwareas a service » et a fait savoir lundi soir qu’elle comptait se déployer prochainement sur les enceintes connectées d’Amazon Google et Facebook. « Ils font feu de tout bois »,souligne Hugo Hache. Porté sur les cimes boursières ces derniers mois par la crise, Zoom n’a aucune envie de perdre de l’altitude. n

Zoom mue en écosystèmel Malgré des résultats record, le service de visioconférence suscite beaucoup d’interrogations à Wall Street concernant l’après-crise sanitaire. l Mardi après-midi, l’action chutait de 13 % en Bourse.

Nicolas Richaud @NicoRichaud

Zoom évolue toujours dans la stra-tosphère. Entre août et octobre, le service de visioconférence a vu son chiffre d’affaires bondir de 367 % sur un an, à 777 millions de dollars.La firme californienne a largement battu les estimations des analystes concernant ses revenus (694 mil-lions). Ultra-rentable avec un béné-fice net de près de 200 millions, Zoom poursuit sa folle année.

Fluide, simple d’utilisation,accessible au plus grand nombre – dans la sphère privée comme pro-fessionnelle –, avec son modèle « freemium » : Zoom s’est fait un nom auprès du grand public ces derniers mois avec le confinement et l’avènement du télétravail. Même

LOGICIELS

failles de son service. « Il y a eu une vraie inflexion de leur politique. La question du mot de passe a été vite réglée, comme le problème de l’instal-leur sous MacOS », énumère Hugo Hache, directeur technique mobile chez Fabernovel. « Après, quand il y ale moindre de doute sur le niveau de sécurité chez un prestataire, les DSI des grandes entreprises ont tendance à l’éviter. Zoom risque d’être disquali-fié pour un petit moment chez ce type de firme. »

Nouveau défiCe qui n’empêche en rien Zoom de voir ses revenus et son parc de clients payants – composé majoritai-rement par des entreprises de taille intermédiaire – grimper. Ni de pour-suivre ses efforts dans le domaine dela sécurité. Depuis quelques jours, l’hôte d’une réunion peut ainsi appuyer sur une sorte de « bouton rouge » pour stopper nette sa diffu-sion. Un outil précieux en cas de « zoombombing ». Concernant le (vrai) chiffrement de bout en bout, les utilisateurs peuvent en bénéficierdepuis fin octobre. La version finale et aboutie sera déployée mondiale-ment en 2021.

Mais une autre problématiqueest aussi en train d’émerger pourZoom : celle de la modération descontenus, habituellement propreaux firmes à caractère « social »comme Facebook, YouTube ouTwitter. « En devenant l’un desservices les plus populaires aumonde, ils sont aussi en traind’hériter quelque part du plus grosfardeau des Gafa», note HugoHache. Et si Zoom veut réelle-ment se muer en un écosystème( l i re c i -dessus ) – prop osantnotamment des événements enligne comme des conférencespubliques –, il va vite devoir mon-ter en régime à ce niveau-là aussi.Devenir un géant n’a pas que desbons côtés.— N. R.

« Oui, ils ont fait de vrais efforts », reconnaît le patron d’une société rivale de Zoom sur le marché de la visioconférence concernant la pro-blématique de sécurité et de protec-tion de la vie privée des utilisateurs. Une question toujours centrale aujourd’hui, et quasi vitale il y a quel-ques mois pour la firme. En mars, alors que le service de visioconfé-rence connaît un taux d’adoption hors normes à travers le monde, sonascension est émaillée de bad buzz en cascades. L’un est dû au « zoom-bombing » : des inconnus s’immis-cent dans les conversations et vocifè-rent des insultes antisémites ou partagent des images pornographi-ques. Un mot de passe n’étant pas nécessaire, il leur suffit de générer des milliers de « meetings ID » à 9 ou11 chiffres, pour finir par tomber sur celle qui fonctionne. Autre polémi-que : Zoom dit faire du ch iffrement de bout en bout, alors qu’il peut avoiraccès en clair aux flux audio et vidéocensés n’être visibles que de l’envoyeur et ses destinataires.

D e u x c o n t r ove r s e s p a r m id’autres, qui font alors fuir certains grands groupes et d’importantes organisations publiques. « Si on foireencore, c’est foutu », reconnaît, débutavril, Eric Yuan, le patron de Zoom, qui change de braquet. Il lance un « plan à 90 jours » au cours duquel son groupe s’attache les services d’Alex Stamos (ancien directeur de la sécurité de Facebook), rachète Keybase – une start-up axée sur le chiffrement de bout en bout –, et s’attelle à corriger les nombreuses

Pointé du doigt au prin-temps pour de nombreuses failles de sécurité, le service de visioconférence a fourni moult efforts pour les corriger. Mais de nouvelles problématiques apparais-sent aussi, en raison de la popularité de Zoom.

La question de la sécurité toujours aussi centrale

Zoom totalise désormais 433.700 sociétés comptant plusde 10 salariés parmi sa clientèle payante. Photo iStock

LEADERSHIP & MANAGEMENTCHRONIQUES · DECRYPTAGES · TENDANCES

ISABELLE BARTH,PROFESSEURE EN SCIENCES DU MANAGEMENT

ALEX OSTERWALDER,THÉORICIEN DU MANAGEMENT

EMMANUELLE DUEZ,FONDATRICE DE THE BOSON PROJECTET DE L’ASSOCIATION WOMEN’UP

SI ON EN PARLAIT AVEC DES LEADERS INSPIRANTS ?Chaque jeudi dans les Echos.

©StrategyzerA

G/Barbara

Hess.

777MILLIONS DE DOLLARSLe chiffre d’affaires de Zoom sur un an, établi au dernier trimestre.

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Les millions continuent à pleuvoir sur les start-up européennes de trot-tinettes électriques. Moins d’un mois après le tour de table record del’allemand Tier (250 millions de dol-lars), son concurrent suédois VOI lui répond avec une levée de fonds de 160 millions de dollars (135 mil-lions d’euros).

Cet investissement en Serie C a étéréalisé sous les auspices de la ban-que Raine Group LLC. VNV Global, Balderton, Creandum et Inbox ont également injecté des fonds. VOI précise, en outre, avoir obtenu une

facilité de crédit, adossée à des actifs,qui doit lui permettre de poursuivreses investissements dans ses véhicu-les et poursuivre son expansion sur le Vieux Continent.

Présent dans une cinquantaine de villesL’industrie de micromobilité est gourmande en capitaux. Les spécia-listes du secteur doivent acheter desmilliers d’engins à roulettes, louer des entrepôts pour stocker et répa-rer le matériel, avoir des équipes pour gérer les opérations sur le ter-rain. Dans le même temps, elles ont besoin de nouer des relations de confiance avec les municipalités – un exercice dans lequel elles n’ont pas spécialement brillé à leurs débuts…

VOI a réalisé ses premiers toursde roues à Stockholm en 2018 et opère désormais dans onze pays et plus d’une cinquantaine de villes.

Son patron, Fredrik Hjelm, aime présenter sa société comme le lea-der européen de la trottinette. Un titre que lui conteste farouche-ment Tier…

A l’image de l’ensemble desacteurs de la mobilité partagée, la pépite suédoise n’a pas été épargnéepar la crise sanitaire. Pendant le printemps, elle a été contrainte de licencier du personnel et a vu l’utili-sation de ses véhicules reculer. « Nous avons dû supprimer des pos-tes au siège, précise Fredrik Hjelm, qui reste cependant optimiste. La crise aura un impact finalement posi-tif pour nous, car il y a une grande défiance envers le métro et le bus. »

Amélioration du hardwareSous la pression des investisseurs, VOI a dû innover ces deux dernièresannées pour s’approcher du cheminde la rentabilité. La jeune pousse déploie des véhicules avec des batte-

ries amovibles : une technologie quifacilite l’activité de recharge et fait baisser les coûts opérationnels.

En France, VOI a également nouéun partenariat avec BlaBlaCar et porte, depuis la fin mai, le nom de BlaBla Ride. Nicolas Brusson, cofon-dateur du spécialiste français du covoiturage, avait investi à titre per-sonnel dans la start-up suédoise dès 2018. Mais, à ce jour, les deux socié-tés n’ont pas de liens capitalistiques.

VOI/Blabla Ride est présent àMarseille et Bordeaux mais a échoué à remporter les très convoi-tés appels d’offres de Paris et Lyon cet été. En revanche, la société diri-gée par Fredrik Hjelm a multiplié les succès récemment au Royau-me-Uni (Birmingham, Liverpool et Cambridge), dont le marché vient de s’ouvrir et qui ouvre l’appétit de tous les spécialistes de la micro-mobilité. — A. Le.

Le service de trottinettes électriques VOI lève 160 millions de dollarsFondée en 2018, la société suédoise est l’un des plus gros acteurs européens de l’industrie de la micro-mobilité, avec l’allemand Tier. La pépite a noué un partenariat en France avec le spécialiste du covoiturage BlaBlaCar.

Fondée en avril 2019, Vianova propose aux collectivités d’observer en temps réel la taille des flottes déployées par les opérateurs de micromobilité (trottinettes, vélos, scooters en free floating, etc), les trajets effectués par les clients et les principales zones de dépôt des deux roues. Photo iStock/Vianova/Montage « Les Echos »

Il n’y a rien qui ressemble plus à une place de parking qu’une autre place de parking. Mais ce n’est pas pour autant que le secteur de la location ne connaît pas son lot d’innovations. Au contraire, les outils du numérique ont facilité l’émergence de plusieurs sociétés spécialisées dans les parkings par-tagés ces dernières années. Ce fut notamment le cas de Monsieur Parking et Parkadom. Leur point commun ? Ces jeunes pousses ontvite compris que les propriétaires de places de stationnement non utilisées pouvaient avoir intérêt à les louer à d’autres particuliers pour une durée plus ou moins lon-gue. Une solution gagnant-ga-gnant : le propriétaire rentabilise son actif et aide un autre automo-biliste à stationner son véhicule.

Mais, huit ans après avoir fondéParkadom, Alexandre Poisson et Benjamin Pozzi lâchent le volant et annoncent, ce mercredi, avoir vendu leur entreprise à leur concurrent Monsieur Parking. Les partenaires, qui ne communi-quent pas sur le montant de l’opé-ration, souhaitent se concentrer sur leur autre société, Pop Valet, spécialisée dans la logistique auto-mobile pour professionnels.

Ce rapprochement accélère laconsolidation du secteur. Le

Les deux sociétés sont spécialisées dans la location de parkings entre particuliers et cette opération accélère la consolidation du secteur. Le nouvel ensemble représentera environ 20.000 places dans l’Hexagone.

modèle de Monsieur Parking s’apparente à celui de Leboncoin. Les particuliers peuvent déposer des annonces gratuites de locationde parking sur son site Internet, mais payer s’ils veulent leur don-ner davantage de visibilité.

En parallèle, la société a uneactivité immobilière et publie cha-que année un baromètre des prix et loyers des parkings très suivi dans le secteur. Au total, le nouvel e n s e m b l e g é r e r a e n v i r o n 20.000 places de stationnement dans l’Hexagone. « Un million de personnes se connectent chaque année à notre plateforme », souli-gne Charles Gérard, le PDG de Monsieur Parking.

Résilience de l’automobileSi les maires des grandes villes cherchent de plus en plus à chas-ser les voitures des centres, Char-les Gérard reste optimiste sur l’évolution du marché. « On observe une poussée de la demande dans les première et deuxième cou-ronnes des grandes villes, où les familles viennent s’installer », constate l’entrepreneur. La crise du Covid-19 a en outre démontré larésilience de l’automobile, alors que la fréquentation des trans-ports en commun a chuté.

La percée spectaculaire du véloouvre également de nouvelles perspectives. « Les ménages s’ouvrent de plus en plus aux diffé-rents modes de transport indivi-duel », poursuit Charles Gérard. « Ils ont encore besoin d’une place de parking pour leur voiture, mêmes’ils l’utilisent parfois moins sou-vent, mais veulent aussi des empla-cements sécurisés pour un vélo élec-trique ou un vélo cargo. » — A. Le.

Monsieur Parking rachète son concurrent Parkadom

Un scénario qui s’est reproduit quelques mois plus tard à Paris, Lyon ou Marseille.

« Il y a de plus en plus véhiculesdans les rues alors que l’espace publicest contraint. Si on veut que ces servi-ces se développent de façon sereine, ilfaut une gestion pacifiée de l’espace urbain. Les outils digitaux de Via-nova le permettent », décrypte Sté-phanie Bourgeais, Managing Direc-tor chez RATP Capital Innovation.

Le défi de la livraison en villeLe fonds d’investissement de la RATP, qui avait déjà investi dans Cityscoot, Communauto, Zenpark et Klaxit, assure également avoir étéséduit par la complémentarité des profils des fondateurs de la start-upet « sa capacité à délivrer », malgré son jeune âge.

Dans un souci de diversification,Vianova propose par ailleurs des solutions pour mieux connaître les flux de logistique dans les villes. L’objectif ? Faciliter la création de nouvelles places de parking pour les livraisons et inciter les élus à avoir une approche plus dynami-que de l’espace public.

« Un couloir de bus utilisé pendantla journée peut par exemple servir le matin pour les livraisons », observe Thibault Castagne, dont la société mène depuis septembre une expé-rimentation avec la Ville de Paris, larégion Ile-de-France et plusieurs grands acteurs de la logistique. L’enjeu est de taille avec l’explosion du e-commerce, qui se traduit par la multiplication des véhicules garés en double file et crée des ten-sions entre les différents usagers la route. n

l La jeune pousse parisienne a levé 1,8 million d’euros auprès de RATP Capital Innovation, le véhicule d’investissement du groupe de transports collectifs, et Contrarian Ventures. l Elle propose un tableau de bord permettant aux collectivités de mieux évaluer l’usage des véhicules en libre-service.

Vianova, la start-up qui veut aider les villes à mieux aménager l’espace public

Adrien Lelièvre @Lelievre_Adrien

Le trottoir est censé être un espace sacré pour les piétons. La réalité estdifférente et il n’est pas rare pour lesflâneurs d’avoir à enjamber une trottinette électrique couchée au sol ou de contourner un scooter obstruant le passage.

Mais ces scènes ne sont pas unefatalité, veut croire Vianova. Fon-dée en avril 2019, la jeune pousse tricolore a mis au point une plate-forme qui collecte et standardise des données sur l’activité des opé-rateurs de micromobilité (trotti-nettes, vélos, scooters en free floating, etc).

Elle propose ensuite un tableaude bord aux collectivités afin que ces dernières puissent observer en temps réel la taille des flottes déployées par les opérateurs, les trajets effectués par les clients, et les principales zones de dépôt des deux roues.

La start-up se présente ainsicomme « un tiers de confiance » quiaide les élus à évaluer les usages et,si besoin, à créer de nouvelles infrastructures (pistes cyclables, parkings, etc). « Le report modal lié aux nouvel les mobi l i tés doit s’accompagner d’un report spatial »,résume Thibault Castagne, le patron de Vianova.

Développement en EuropeDepuis sa création, la start-up a noué des partenariats avec une dizaine de villes, parmi lesquelles Bruxelles, Helsinki, Zurich ou Stoc-kholm. Mais, pour accélérer son développement, la jeune pousse annonce avoir levé 1,8 million d’euros auprès de RATP Capital Innovation, le véhicule d’investisse-ment du groupe de transports col-lectifs, et Contrarian Ventures.

« On souhaite se déployer dans 25villes européennes d’ici à la fin 2021 »,explique Thibault Castagne, qui a eu l’idée de créer Vianova lors d’un voyage aux Etats-Unis en 2018, au cours duquel il a observé les désor-dres urbains provoqués par l’émer-gence des opérateurs de micromo-bilité (Lime, Bird, Spin, Skip, etc).

MOBILITÉ

« Il y a de plus en plus véhicules dans les rues alors que l’espace public est contraint. Si on veut que ces services se développent de façon sereine, il faut une gestion pacifiée de l’espace urbain. »STÉPHANIE BOURGEAISManaging Director chez RATP Capital Innovation

START-UP Les Echos Mercredi 2 décembre 2020

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d’extension – bat son plein pour rat-traper les semaines de retard dues au Covid-19. En rythme de croisière,230 compagnons s’activent pour achever ce bâtiment, qui doit être livré à la mi-décembre. Le montant de l’investissement n’est pas divul-gué. Baptisé en interne « Refonte duprocess départ international », ce projet, à l’étude depuis 2015, doit fluidifier les départs et mettre aux nouvelles normes de sécurité le tri bagages pour une capacité de 3.000unités par heure.

ADP met les bouchées doublespour mener à bien les chantiers quiétaient dans les tuyaux avant la pan-d é m i e . C e t t e n o u ve l l e s a l l e d’embarquement, aux murs bardésde bois et aux grandes façades vitrées, doit pouvoir accueillir 1,5 million de passagers par an, quand Orly 4, qui a de nouveau fermé ses portes le 19 novembre, rouvrira. L’attente risque d’être encore plus longue pour l’ouverturede la rue commerçante attenante qui doit offrir une douzaine d’ensei-

gnes de luxe (sur 3.200 mètres car-rés) à ces voyageurs en partance pour l’outre-Mer ou New York. Uneélégante « rue parisienne » de 160 mètres de longueur aux fenêtres haussmanniennes, sur lesquelles doivent être projetés de grands clas-siques du cinéma.

Enseignes de luxeMais les commerces attendront. Difficile en effet d’attirer des ensei-gnes dans un tel contexte. « Orly réalise à peine 20 % de son trafic par rapport à l’an dernier, nous allons donc revoir le phasage des commer-ces », explique Rafaël Ricote, archi-tecte en chef du groupe ADP, aucune date n’étant fixée pour l’ins-tant. Les projets commerciaux sontaussi en berne à Roissy-CDG. La réhabilitation du terminal 2B et la construction de sa liaison avec le 2D– pour un montant de 250 millions d’euros et qui devait s’achever à l’été2020 – seront livrées cette fin d’année. Là aussi, ADP comptait soigner l’espace commercial de

5.200 mètres carrés, aux airs de brasserie parisienne avec boiseries et verrière. « Dans tous nos projets, les espaces commerciaux arborent une identité différente et forte », s’enorgueillit Rafaël Ricote. Même acharnement du sort pour la zone commerciale de 5.700 mètres car-rés accompagnant l’extension du terminal 1, pour 93 millions d’euros,qui doit être achevée à la fin 2021. L’artère rappelant le magasin Le Bon Marché et ses enseignes de luxe risque d’être vide un moment.

C’est un coup dur pour ADP, dontun des leviers de croissance repose sur les recettes commerciales. En 2019, la part commerces et services a représenté 1,5 milliard d’euros surles 4,7 milliards de chiffre d’affairesenregistrés par le groupe. Et le revenu par passager dans les bouti-ques côté pistes a crû de 7,3 %, à 19,70 euros. Après avoir ouvert 72 boutiques en 2019, ADP prévoyait 62 ouvertures cette année, essen-tiellement de luxe. Un objectif per-cuté de plein fouet par le Covid-19. n

Le Covid plombe les commerces de luxe des aéroports

Marion Kindermans @MaKindermans

A Orly, de rares avions décollent despistes et fendent le ciel. Quelques employés en uniforme vaquent pour l’entretien et l’activité, qui tourne au ralenti depuis la pandé-mie sur le deuxième aéroport de France. Changement d’ambiance en bordure de piste. Des dizaines d’ouvriers en gilet orange s’affairentpour accélérer le chantier d’Orly 4, démarré en octobre 2017. Les tra-vaux de la salle d’embarquement pour les passagers internationaux de 50.000 mètres carrés – dont la moitié de rénovation et la moitié

Le groupe ADP met les bouchés doubles pour finaliser les trois chantiers d’infrastructures sur les aéroports d’Orly et de Roissy-CDG. Mais, face à la baisse du trafic, les futurs espaces commerciaux aux décors léchés sont gelés.

L’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle tourne aujourd’hui à moins de 25 % du trafic, deux terminaux sur quatre sont fermés. Photo AFP

une stratégie de développement àl’horizon 2025, avec l’ambition dedevenir une ETI.

Au début 2020, « notre feuille deroute stratégique, tournée vers la diversification, avait pointé les marchés porteurs, et la situation sanitaire nous a permis d’accélérerles actions de prospection », ana-lyse le responsable. Pour s’y met-tre, les équipes commerciales ontadopté à marche forcée un nou-veau fonctionnement et une culture plus offensive, avec ana-lyse et suivi de progression de tous les nouveaux secteurs visés.

Avec le soutien de ses grandsclients de l’aéronautique, Protec a d’abord privilégié son orientation vers des secteurs proches, plus épargnés par la crise, tels que la défense et le spatial. En six mois, letravail des équipes commerciales a permis à l’entreprise d’entamer ses premières discussions avec denouveaux donneurs d’ordre dans la maintenance aéronautique, le nucléaire, le naval, le médical et l’automobile. L’objectif est clair : « Boucler 2020 avec la visibilité la plus précise possible de ce sur quoi nous pourrons compter en 2021 pour retrouver la croissance dans les meilleurs délais », dit Pierre-Antoine Laporte.

Avec une baisse générale de40 % sur un an, l’industrie aéro-nautique nationale ne devrait pasretrouver un niveau d’activité comparable à celui de 2019 avant 2023. Aujourd’hui, chez Protec, lapart des nouveaux projets détec-tés hors aéronautique et décora-tion, ses débouchés historiques, s’accélère. Elle est passée de 28 % en juillet à 49 % en octobre. n

Spécialiste des traitements de surface et des procédés spéciaux sur métaux, Protec réalise habi-tuellement 70 % de son chiffre d’affaires, 27 millions d’euros en 2019, dans la construction aéro-nautique. Mais dès mai-juin, cettePME en croissance située sur le territoire du Grand Roissy doit se rendre à l’évidence : « Même si l’adaptation des sites a permis à l’activité de rester dynamique pen-dant le confinement, pour livrer ce qui a été commandé, les nouvelles commandes seront nécessaires pour revenir à une vitesse de croi-sière d’avant-crise », témoigne Pierre-Antoine Laporte, direc-teur du développement de cette entreprise familiale francilienne de 260 salariés.

Baisse des commandes Lors du déconfinement du prin-temps, face à la baisse de 20 % du chiffre d’affaires, les commer-ciaux sont priés d’aller chercher de nouveaux débouchés pour combler le manque à gagner. Pro-tec ne part pas complètement de zéro. Le PDG, Jean-Christophe Collin, a lancé deux ans plus tôt une revue globale des compéten-ces de l’entreprise et de l’activité. Ila intégré un programme d’accélé-ration de bpifrance pour dessiner

Cette PME du Grand Roissy, spécialiste des traitements de surface et des procédés spéciaux sur métaux à destination de l’aéronautique, a dès le printemps décidé de prospecter de nouveaux débouchés.

Comment Protec est en passe de réussir sa diversification

Valérie Landrieu @ValLandrieu

« C’est d’une tristesse absolue ». AlainAubry, maire du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) et président de Roissy Dev Aérotropolis, l’agence de développement économique de la communauté d’agglomération Roissy Pays de France, n’est pas le seul, ces temps-ci, à broyer du noir sur le plateau du Grand Roissy. Depuis trente ans, ce territoire aux portes de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, à cheval sur la Seine-et-Marne, le Val-d’Oise et la Seine-S a i n t - D e n i s , a f f i c h a i t u n e croissance quasi ininterrompue. A la clé, 90.000 emplois directs sur la plateforme aéroportuaire et près de300.000 dans la zone alentour. Cha-que million de passager en transit en plus génère 2.000 nouveaux emplois sur la plateforme et 2.000 autour, vantait il y a encore peu le groupe ADP. Mais l’aéroport tourneaujourd’hui à moins de 25 % du tra-fic, deux terminaux sur quatre sontfermés, et le niveau de fréquenta-tion de 2019 ne devrait pas être retrouvé avant 2024, voire 2027, disent les plus pessimistes.

78 % de PME sur le bassin d’emploiDe quoi casser le ressort économi-que du « parcours passager » dans les aérogares : les activités de bouti-ques hors taxes, de restauration, de nettoyage et d’accueil de l’aéroport sont en suspens. Et mettre un coup d’arrêt aux recrutements pour les traditionnels pics d’activité : le grou-pement Paris CDG Alliance estime ainsi que 3.000 à 4.000 personnes n’auront pas été recrutées en inté-rim ou en CDD sur la plateforme cette année. Dans les services auxi-liaires des transports aériens tels que le nettoyage et les divers métiersdes pistes, marchés sur lesquels on trouve le plus de PME – sachant qu’elles représentent 78 % des entre-prises à l’échelle du bassin d’emploi –, le nombre de déclarations préala-bles à l’embauche a été divisé par quatre. Les conséquences sont iden-tiques passées les frontières de l’aéroport. Plus de la moitié des

hôtels sont fermés, ceux qui sont restés ouverts ne déclarent guère que de 10 % à 20 % d’occupation, et, déjà, les conseils départementaux retrouvent parmi les bénéficiaires du RSA des chauffeurs VTC, anciensautoentrepreneurs.

Du reste, les intercommunalités,qui déploient moult programmes d’accompagnement pour les entre-prises, ont d’autres inquiétudes quela seule dynamique perdue du pôle aéroportuaire. La construction, la sous-traitance et la maintenance aéronautique, et toutes les activités qui y sont liées indirectement, pèsent lourd sur certaines zones duterritoire. « Dans le Val-d’Oise, nous considérons que la filière concerne 150 structures, d’un groupe comme Dassault à une petite entreprise spé-

cialisée dans l’entretien des ailettes deréacteurs, précise Jean-François Benon, le directeur général du Comité d’expansion économique du Val-d’Oise (Ceevo). Beaucoup d’entre elles ont fait le dos rond au printemps et estimé qu’avec les aides de l’Etat, l’activité partielle et le plan de relance sectoriel – auquel certai-nes ont toutefois renoncé faute de moyens –, elles pouvaient tenir pour repartir en septembre. Mais, aujourd’hui, nous avons des annon-ces de plans sociaux et des suppres-sions d’emplois qui se précisent dans les TPE et les PME. » Certaines préfè-rent « dégraisser » avant de rejoin-dre le régime d’activité partielle lon-gue durée (APLD).

Le défi pour Boubaker Rajhi, ledirigeant de Air Control, est aussi

celui de la montre. Spécialisée dansle contrôle non destructif des piècesaéronautiques, cette petite entre-prise de haute technologie, qui emploie une dizaine de profils u l t r a - q u a l i f i é s e t a r é a l i s é 700.000 euros de chiffre d’affaires en 2019, n’a plus un sou en caisse. Sans trésorerie et endettée par un investissement de 2 millions d’euros, elle doit continuer à sortir de l’argent pour maintenir des certi-fications indispensables à son acti-vité et longues à obtenir. « Les grands donneurs d’ordre viennent nous voir en nous disant qu’il faut résister et qu’il va y avoir du travail »,s’accroche l’entrepreneur. « Mais nous sommes en bout de chaîne, et cela pourrait prendre du temps », s’inquiète-t-il. n

l La quasi-mise à l’arrêt du transport aérien a cassé le ressort économique de la plateforme aéroportuaire. l Le territoire, pourvoyeur de main-d’œuvre et de sous-traitants dans les services et l’aéronautique, est étrillé.

Autour de Roissy-CDG, les entreprises en quête d’un nouveau moteur

TRANSPORT AÉRIEN

PME & REGIONS Mercredi 2 décembre 2020 Les Echos

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Les Echos Mercredi 2 décembre 2020 PME & REGIONS // 29

innovateurs

écoulée. L’association Bretagne Ate-liers s’est donc diversifiée dans le fer-roviaire, l’aéronautique et cherche désormais à intervenir davantage dans le tertiaire. « Nos fonds propres sont insuffisants, surtout depuis les deux confinements, qui nous ont fait perdre près de 30 % de notre chiffre d’affaires annuel. Nous avons besoin de 6 millions d’euros pour investir », indique Stéphanie Dayot, l’une des cadres proches du directeur géné-ral, Daniel Lafranche.

Nouvelle organisationL’entreprise lance une nouvelle émission de titres associatifs qui fontsuite à deux précédentes opérations du même type en 2011 pour 1 milliond’euros et 2015 pour 350.000 euros. Peuvent souscrire à ces obligations, émises uniquement par des associa-tions en vue d’un emprunt, les parti-culiers, les entreprises, les collectivi-tés. Le taux de rendement annuel est

Stanislas du Guerny—Correspondant à Rennes

Bretagne Ateliers veut sortir de sa dépendance à l’industrie. Créée en banlieue rennaise il y a quarante-cinq ans, cette société industrielle qui emploie principalement des per-sonnes présentant un handicap a d’abord travaillé en sous-traitance pour l’usine PSA de La Janais, près de Rennes, dont les activités ont été réduites au cours de la décennie

BRETAGNE

Cette entreprise industrielle, de 600 collaborateurs, dont 440 présentant un handicap, a besoin de fonds propres pour se diversifier.

Laurent Marcaillou— Correspondant à Toulouse

Le fabricant de volets roulants et de grilles de protection Stella-Group, à Toulouse, vient d’acqué-r i r l a s o c i é t é a l l e m a n d e DuoTherm Rolladen Gmbh à Net-tersheim-Zingsheim en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Cette entre-prise de 135 salariés anticipe un

chiffre d’affaires de 27 millions d’euros en 2020 dans la produc-tion de volets roulants en alumi-nium ou en PVC et de brise-soleil. Cette nouvelle acquisition reste soumise à l’autorisation de l’auto-rité antitrust allemande. « Nous voulons poursuivre le développe-ment international du groupe en renforçant notre présence sur le marché de la fermeture en Allema-gne », explique Didier Simon, pré-sident de StellaGroup.

Le groupe dispose de moyensimportants depuis son acquisition par le fonds PAI Partners, qui a pris69 % du capital début 2019 en rache-tant les parts du fonds ICG, resté actionnaire minoritaire au côté du management (20 %) et aussi des

salariés depuis la fin 2019. Avec sonnouvel actionnaire majoritaire, StellaGroup a racheté en avril 2019 la division volets et stores du groupeirlandais CRH S&A. Cette acquisi-tion a doublé son chiffre d’affaires à460 millions d’euros en 2019 et a porté l’effectif à 2.000 salariés. Elle lui a fourni d’autres produits, comme les stores et les protections solaires de terrasse.

Sur-mesureDepuis le rachat de CRH S&A, Stel-laGroup réalise la moitié de son activité hors de France. Il a recruté en octobre un directeur du dévelop-pement international et prépare d’autres acquisitions pour devenir le leader européen des solutions de

Date de création : 2019DG : John Del BenEffectif : 3 personnesSecteur : Défense

Bénédicte Weiss— Correspondante à Strasbourg

C’est une petite révolution que promet le groupe alsacien LohrIndustrie au monde de la défense, au premier chef les gendarmes et les policiers nationaux et municipaux. Sa filiale Tenexium lance, ce mer-credi, une gamme de produits dédiée à la protection des per-sonnels, des véhicules et des infrastructures qui se veut par-ticulièrement novatrice pour contrer les agressions aux armes de poing et de chasse, à lahache, au cocktail Molotov, à la barre à mine… Basé à Hangen-bieten (Bas-Rhin), comme sa maison mère spécialisée dans le transport, Tenexium a été créé en novembre 2019 pour développer le matériau compo-site éponyme, qui a nécessité 600.000 euros d’investisse-ment. Si sa composition exacte

n’est pas dévoilée, il est annoncécomme recyclable, résistant à l’ozone, à l’humidité et aux rayons UV. Solide aussi, il ne perd pas ses capacités de pro-tection avant « dix à vingt ans » et est exempt de composant toxique à la combustion. Multi-couche, son épaisseur varie en fonction du marché et des menaces visés. Par exemple, unbouclier de protection person-nel d’un poids de 3,6 kilogram-mes pourrait permettre aux forces de l’ordre de se protéger dans leur véhicule en cas d’atta-que ou de s’en extraire à l’aide decette protection portative.

Jusqu’à 50 % moins cher« Notre produit est accessible éco-nomiquement et est polyvalent »,assure John Del Ben, directeur général de la jeune société, dontl’équipe de 3 personnes s’appuiesur les services support du groupe Lohr. Il avance un prix « de 30 à 50 % moins cher » que la concurrence et sa productionse fait intégralement en Europe,dont une partie en Alsace. Pour l’heure, Tenexium n’a pas signé de contrat avec les autorités françaises. « Les démarches avecles institutions demandent du temps, tout particulièrement dans le domaine de la protection balistique. De plus, chaque acteur a ses propres besoins », explique John Del Ben. Le com-posite est, en revanche, déjà intégré dans des programmes de Soframe, autre filiale du groupe Lohr dédiée aux véhicu-les de défense. n

LA TECHNOLOGIE TENEXIUM

DR

Un nouveau composite pour les forces de l’ordre

freinage ou les garnitures de pavillons. Pour une meilleure pro-ductivité, une équipe composée de 60 des collaborateurs en CDI de Bre-tagne Ateliers est installée depuis septembre dans des espaces pro-priété de l’usine PSA de La Janais. Si Bretagne Ateliers dispose d’aides publiques pour ses 440 salariés pré-sentant un handicap – sur un effectifglobal de 600 collaborateurs –, elle vend ses prestations au « prix du marché » malgré ses dépenses importantes dans les fonctions d’encadrement.

Car son personnel doit êtreaccompagné et disposer de postes de travail individualisés qui tiennentcompte de chacun des handicaps. Depuis le début de la pandémie, il estaussi suivi de très près pour l’inciter quotidiennement au port du mas-que, au respect des gestes barrières. « Il faut très souvent rassurer et expli-quer », insiste Stéphanie Dayot. n

L’entreprise adaptée Bretagne Ateliers cherche à lever 6 millions d’euros

fermeture. Il est déjà le premier fabricant européen de grilles et de rideaux de magasin et le numéro unfrançais des volets roulants pour l’habitat. Il fabrique les produits surmesure dans une dizaine d’usines etles vend aux installateurs.

Le groupe a démarré sous le nomde « La Toulousaine ». Ce fabricant de grilles, de rideaux de magasin et de portails de garage a racheté les constructeurs de volets roulants Profalux en 2007 et Eveno en 2012. Sous la tutelle du fonds ICG, il a ensuite acquis les fabricants de volets Sofermi en 2017 et Flip en 2018. Après trois ans de croissance,le marché français des volets rou-lants a diminué en 2019 et en 2020 avec la baisse de la construction. n

juin. Or, en dix ans, ce produit appertisé a perdu 23 % en volume et18 % en valeur. Le groupe a réagi en menant depuis deux décennies unesuccession de restructurations, le

dernier épisode étant la fermeture des usines de Thouars (Deux-Sè-vres) puis de Falaise (Calvados), en 2016. En parallèle, il n’a cessé d’investir, dont près de 30 millions

d’euros dans son outil industriel surles dix dernières années. Cela lui a permis de regagner de la compétiti-vité sur la concurrence espagnole, néerlandaise et polonaise. « Si nousn’avions rien fait, nous ne serions déjà plus là », assure le directeur industriel, David Morange.

Les investissements ont aussipermis d’enrichir l’offre, notam-ment dans le bio, et de s’établir sur un positionnement qualitatif. « La conserve et le surgelé auront toujoursdes clients pour des questions de pra-ticité et de coût », ajoute David Morange.

Des concurrents également à la peineLes difficultés du secteur touchent l’ensemble des producteurs euro-péens même si la Pologne main-tient son avantage concurrentiel sur le segment du frais, du fait de samain-d’œuvre bon marché. La société Lutece, établie en Belgique et aux Pays-Bas, acquise voici qua-tre ans par le néerlandais Gree-nyard, est de nouveau à vendre.

De son côté, France Champignonest détenue par cinq coopérateurs historiques et Cultures France Champignon, société du groupe Bonduelle qui détient de ce fait plusde 50 % de la coopérative depuis 2010. Dans un tel contexte, un sau-vetage de France Champignon est difficilement envisageable sans le groupe nordiste, qui indique, dans un communiqué, qu’il travaille « à la recherche de solutions », lesquellespasseraient par « une réorganisa-tion de sa filière » n

Emmanuel Guimard— Correspondant à Nantes

Les conserves de champignons de Paris se sont bien vendues pendant le confinement et France Champi-gnon, dernier grand acteur françaisdu secteur, a eu du mal à suivre la demande. Pour autant, cette sociétécoopérative, dont le groupe Bon-duelle est l’actionnaire majoritaire, a été placée en redressement judi-ciaire à la mi-novembre. Dès lors, c’est l’avenir d’une filière de 670 emplois (273 pour la seule entité France Champignon) et d’une très ancienne tradition culturale sau-muroise qui est en jeu.

Les difficultés ne datent pasd’hier. L’an dernier, France Champi-gnon a produit 5.000 tonnes de pro-duits frais, 8.000 tonnes de surge-lés, mais la conserve, avec 52.000 tonnes, représente toujours le gros des volumes. L’ensemble repré-sente un chiffre d’affaires de 96 mil-lions d’euros sur l’exercice arrêté fin

PAYS-DE-LA-LOIRE

Le dernier grand producteur français de champignons de Paris en boîte, dont Bonduelle est l’actionnaire majori-taire, est en redresse-ment judiciaire.

Le géant nordiste de la conserve promet une solution de sauvetage.

Bonduelle cherche à sauver France Champignon et la filière

La conserve de champignons de Paris a perdu 23 % en volume et 18 % en valeur en dix ans. France Champignon

Volets roulants : StellaGroup s’étend en Allemagne avec Duotherm Rolladen

Date de création : 2019Président : Thierry Girard Effectif : 8 personnesSecteur : Pharmacie

Stéphane Frachet— Correspondant à Tours

D’ici à quelques jours, ABC Transfer équipera de sa nou-velle porte étanche, baptisée « Alpha », la ligne de productiond’un grand laboratoire phar-maceutique, dont le nom reste confidentiel. « Outre l’améliora-tion des conditions stériles lors des transferts en zone de produc-tion, notre porte répond à l’enjeude la lutte contre les troubles musculo-squelettiques dans l’industrie. Grâce à l’assurance du maintien de la stérilité, elles réduiront aussi les arrêts pen-dant les phases de mainte-nance », argumente Thierry Girard, cofondateur de cette société basée à Tours, en Indre-et-Loire. ABC Transfer a conçu deux autres gammes de pro-duits dans les transferts asepti-ques pour les vaccins, les bio-

médicaments et les injectables, « un marché en plein essor », assure Thierry Girard, à savoir des conteneurs et des petits sacssouples à usage unique. Pour les protéger, l’entreprise a déposé sa marque, trois modè-les et douze brevets.

Levée de fonds en 2021Créée en 2019 par deux anciens cadres dirigeants du fabricant suédois de matériel médical Getinge, Thierry Girard et Jean-Luc Schneider, la société s’appuie sur un réseau de four-nisseurs « connus pour leur niveau d’excellence », assurent-ils. La chaudronnerie a été con-fiée au stéphanois Coreme, l’usinage au bourguignon Alti-tude Industrie, l’injection plasti-que au bressan Aeroplast, et les consommables proviennent de l’allemand Bischof + Klein. « En cumulant les services R&D de nos partenaires, environ 50 per-sonnes ont travaillé à la mise au point de nos systèmes de trans-fert rapide sécurisés », assure Thierry Girard. Cet été, ABC Transfer a levé 3 millions d’euros afin de valider et com-mercialiser ses équipements isolants. Avec quelques busi-ness angels, Go Capital et Loire Valley ont rejoint le tour de tableen minoritaires. Bpifrance a apporté 1 million d’avances remboursables et le conseil régional Centre-Val de Loire 400.000 euros pour la R&D. Une deuxième levée de fonds est envisagée à fin 2021. n

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de 2,5 % sur une durée de sept ans. Grâce à cette levée qui sera close au premier trimestre de l’an prochain, Bretagne Ateliers souhaite s’engagerdans une nouvelle organisation de ses postes de travail pour la clientèletertiaire, qui concentre actuelle-ment 6 % de ses 21 millions d’euros de recettes. Ses prestations passent par la numérisation de documents, la reprographie.

De son côté, l’automobile concen-tre encore la moitié de ses activités dans l’assemblage de modules com-plets comme les amplificateurs de

1MILLION D’EUROSLe montant récolté lors de l’émission de titres associatifs en 2011, 350.000 en 2015.

LA TECHNOLOGIE ABC TRANSFER

Renforcer la sécurité de la production pharmaceutique

OCCITANIE

Le groupe spécialisé dans les volets rou-lants rachète un fabricant allemand.

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alors que le bitcoin a atteint les som-mets. Certains y voient une intru-sion de la crypto dans le club fermédes actifs refuges au détriment du métal précieux. Le bitcoin pèse actuellement 3 % du marché mon-dial de l’or. S’il atteignait seulement les 5 %, son cours dépasserait les 31.000 dollars, selon CoinShares.

Selon Chainalysis, la hausse de2020, commencée sur les places américaines, est très différente de celle de 2017, qui venait d’Asie. Elle est aussi bien plus durable et moinsspéculative malgré le vent de folie de novembre. En décembre 2017, le bitcoin arrivait en bout de course alors que cette année il conserve unpotentiel de hausse. Il y a trois ans l’écart entre le plus bas et le plus haut du cours du bitcoin était de 1 à 20, un record. Cette amplitude n’a pas dépassé 1 à 6 dans les années suivantes et en 2020.

Les tulipes montent au cielPour les athées des cryptos, le nou-veau record n’est qu’une bulle de plus, un éternel recommencement. Pour ces derniers, l’engouement pour les devises 2.0 finira mal, comme la folie spéculative autour des tulipes hollandaises en 1636. SurTwitter, l’économiste Nouriel Rou-bini, farouche opposant au bitcoin, qu’il juge un simple « château de car-tes », a mis en garde les investis-seurs. « Plus son cours montera plus dure sera la chute. En 2018, il avait plongé à 3.000 dollars après près de 20.000 dollars l’année précédente. »

Le bitcoin a été déclaré mort341 fois par des personnalités (éco-nomistes, banquiers, chefs d’entre-prise, journalistes, politiciens…) d e p u i s 2 0 1 0 s e l o n l e s i t e 99bitcoins.com. En 2017 lors de l’envolée de son cours les critiques ont été les plus virulentes (124 épita-phes), suivi par 2018 (98), qui vit le marché des cryptos s’effondrer. Cette année, à peine 7 nécrologies anticipées du bitcoin ont été publiées. Depuis son tweet du 12 juillet 2019 où Donald Trump déclarait qu’il n’était pas « un fan dubitcoin et des autres cryptos », le cours de la leader du marché a bondi de plus de 70 %.

(Lire l’éditorial d’Elsa ConesaPage 15

Nessim Aït-Kacimi @NessimAitKacimi

le bitcoin a établi un nouveau record mardi à 19.920 dollars (16.600 euros). Son prix record varie selon les nombreuses bourses(Asie, Etats-Unis, Europe) où le bit-coin est coté. Sur la première d’entre elles par les volumes, B i n a n c e , s o n r e c o r d e s t d e 19.798 dollars. Sur Coinbase et Bitfi-nex, le bitcoin n’a pas encore dépassé son plus haut de fin 2017. Le17 décembre 2017, son cours avait atteint près de 19.783 dollars, selon l’indice de prix de CoinDesk.

Le bitcoin progresse de 169 %cette année. Il s’établit à 19.540 dol-lars (16.340 euros) mardi en début de journée. Il a progressé de 35 % le mois dernier, dans un contexte d’euphorie sur les marchés bour-siers internationaux. Il a connu sontroisième meilleur mois de novem-bre depuis 2013 (+451 %) et 2017 (+49 %). La hausse pourrait se poursuivre en décembre avec un franchissement net des 20.000 dol-lars. La leader des cryptos pro-gresse dans deux cas sur trois le der-nier mois de l’année. Son meilleur mois de décembre fut en 2011 (+53 %) puis en 2010 (+32 %). Le bit-coin a en revanche tendance à bais-ser au premier trimestre, autour de10 %, et notamment en mars (repli dans 80 % des cas).

L’appétit des pirates informatiques attiséLes politiques de soutien aux mar-chés mises en œuvre par les ban-ques centrales à partir du mois de mars ont aussi favorisé les plus ris-qués des actifs, les cryptomonnaies.Le bitcoin qui surfe sur les crises, a triomphé de la pandémie du Covid-19 au prix de fortes turbulen-ces. Ether, la deuxième crypto, a vu son cours multiplié par près de 5 c e t t e a n n é e . A 6 1 0 d o l l a r s (510 euros), son cours reste en revanche très en deçà de son recordde janvier 2018 (1.448,00 dollars). L’indice Bitwise 100, qui regroupe les 100 premières cryptos, a gagné 160 % cette année. Mais l’envolée des cours des cryptos risque aussi d’attiser l’appétit des pirates infor-

CRYPTOMONNAIE matiques. Les casses des platefor-mes de transactions seront très rentables pour eux.

« Les hedge funds, notammentquantitatifs (suivi de tendance) ont acheté rapidement des bitcoins début novembre et ont débouclé une partie de leurs positions acheteuses lors de lacorrection du 26 novembre (–14 % pour le bitcoin). On peut estimer qu’ilscontinuent de gagner de l’argent tant que le cours bitcoin ne redescend pas sous les 15.000 dollars. Tant que les conditions de f inancement et

d’emprunt des hedge funds vont resterfavorables, ils vont rester positifs sur l’évolution des cours du marché des cryptos », estime Masanari Takada, analyste quantitatif chez Nomura.

Durant le mois de novembre, unefolie spéculative s’est emparée de tout le marché des cryptos, dont certaines comme Ripple ont bondi de plus de 30 % certaines journées. Les stratèges et gérants s’embal-lent : Michael Novogratz de Galaxy Digital voit le bitcoin à 65.000 dol-lars. Il anticipait 40.000 dollars en 2018 quand le cours plongea à 3.700 dollars. Tom Fitzpatrick, stra-tège chez Citigroup, anticipe un niveau de 100.000 à 318.000 dollars dans douze mois.

Mais la palme de l’exubéranceirrationnelle revient à Tyler Win-klevoss, qui prévoit à terme les 500.000 dollars si les banques cen-trales commencent à investir sur cet actif de diversification à la place de l’or. Le lien entre les cours de cesdeux actifs est très instable ces der-nières années. Parfois ils évoluent dans le même sens, parfois dans desdirections opposées à certaines périodes comme en novembre. L’orrecule depuis plusieurs semaines

Le bitcoin pèse actuellement 3 % du marché mondial de l’or.

S’il atteignait seulement les 5 %,son cours dépasserait les 31.000 dollars, selon CoinShares.

à 185 milliards de dollars cette année, en hausse de 2,8 milliards de dollars par rapport à 2019, selon « Forbes ». Ces gestionnaires sont enquête permanente de nouveaux investissements (rendement, diver-sification du portefeuille) et le bit-coin peut leur apparaître comme unbon candidat. On ignore si son men-tor, George Soros, avec lequel il a tra-vaillé au début de sa carrière, et sa société d’investissement familialeont, eux aussi, investi sur le bitcoin. A la vue de sa critique émise en jan-vier 2018 lors du Forum de Davos, c’est peu probable. George Soros avait qualifié les cryptomonnaies de« bulle spéculative ». « Le bitcoin n’estpas une monnaie. Elle est utilisée sur-tout pour l’évasion fiscale, et notam-ment par les dictateurs. » — N. A.-K.

Après Paul Tudor Jones, Stanley Druckenmiller est le dernier grand gérant hedge fund à avoir succombéau charme du bitcoin. « Il a beau-coup d’attrait comme réserve de valeur. Il existe depuis treize ans et chaque jour qui passe renforce sa marque », a déclaré à CNBC celui qui,avec George Soros, fit vaciller la livresterling en 1992. Stanley Drucken-miller, qui gère désormais sa fortune(4,4 milliards de dollars) au sein de sa société d’investissement fami-liale, détient des bitcoins pour diver-sifier un portefeuille composé aux trois quarts d’actions, essentielle-ment américaines. Les gérants de hedge funds constituent une mannepotentielle considérable pour les marchés des cryptos. La fortune des25 plus riches d’entre eux est estimée

Stanley Druckenmiller est le dernier grand gérant de Wall Street à avoir succombé aux charmes du bitcoin, contrairement à son mentor, George Soros, très critique sur ce qu’il voit comme une bulle spéculative.

Stanley Druckenmiller, l’ancien bras droit de George Soros, a fini par se laisser séduire

rait en 2014 que « vous allez perdre votre chemise ou faire fortune » en investissant sur le bitcoin, qui valaitalors entre 300 et 1.000 dollars.

Plus d’un sondé sur 2, en généralun homme âgé de 25 à 44 ans, envi-sageait d’investir dans le bitcoin à l’avenir contre plus d’un sur trois unan auparavant. Un sur 4 a déjà fran-chi le pas, et notamment depuis le début de la crise du Covid-19. Les jeunes investisseurs ont vu le bit-coin comme un act i f re fuge attrayant et résistant lors de cette crise économique brutale. Les par-ticuliers plus âgés ont maintenu leur préférence pour l’or. La tran-che d’âge 55- 64 ans est la plus réti-cente à investir dans le bitcoin. A l’approche de la retraite, ces épar-gnants estiment que c’est un place-ment trop risqué et volatil.

Grayscale Investments évalue àterme à 32 millions le nombre d’investisseurs potentiels dans les cryptos aux Etats-Unis, soit un Américain sur 10. Ils sont déjà nom-breux à spéculer sur ces actifs, que ce soit sur la plateforme Coinbase ou chez le courtier Robinhood, très populaire chez les 18-35 ans.

« Effet de levier » de 3Cette année, le marché des cryptos a suivi de près l’évolution d’un indice extrêmement spéculatif, selon la banque Nomura. Il s’agit d’un fonds coté en Bourse qui suit l’évolution du Nasdaq, les valeurs technologiques, mais avec un « effet de levier » (effet amplifica-teur de performance) de 3. Il mon-tera trois fois plus que le Nasdaq si ce dernier progresse ou baissera

trois fois plus si le Nasdaq recule. Un effet amplificateur recherché par les plus intrépides des spécula-teurs particuliers qui abordent le marché des cryptos comme un « turbo » Nasdaq, source d’adréna-line.

Pour Nomura, les drames etl’euphorie ressentis par les particu-liers dans l’univers des cryptos devraient toutefois rester canton-nés à ce marché, sans contaminer etimpacter leurs autres placements (actions, obligations…). Une forte correction des cryptos ne les con-duirait pas à liquider en masse leursautres investissements. D’autres pensent à l’inverse, que l’investisse-ment dans les cryptos conduit les particuliers à prendre plus de ris-ques dans leurs placements bour-siers.— N. A.-K.

Les particuliers se sont rués sur les cryptos à la faveur de la crise du Covid

La pandémie a été un élément clé qui a provoqué une nouvelle vague d’investisseurs particuliers vers les marchés des cryptos, selon le son-dage réalisé fin juin auprès d’un millier d’Américains par Grayscale Investments, une société financièrequi gère le plus gros fonds Bitcoin (10 milliards de dollars de capitaux).Son fondateur, Barry Silbert, décla-

La pandémie a été un déclencheur pour une nouvelle vague d’investis-seurs particuliers améri-cains. Les marchés des cryptos, et notamment celui du bitcoin, sont pour eux une source d’adréna-line. Ils espèrent y réaliser des gains importants très rapidement.

l Le bitcoin a établi un nouveau record à 19.920 dollars (16.600 euros) dans un marché de nouveau euphorique. l Son précédent record datait du 17 décembre 2017. l L’afflux mondial d’argent, notamment des institutionnels, continue de profiter à la leader des cryptos, qui lorgne vers les 20.000 dollars.

Le bitcoin établit un nouveau record

« Vous allez perdre votre chemise ou faire fortune. »BARRY SILBERTFondateur de Grayscale Investments

Casinosà l’achat

Même les casinos se mettent à acheter massivement des bit-coins, rapporte l’agence Bloomberg. Pour appâter les joueurs, ils leur assu-rent que leurs gains pourront leur être reversés en bitcoins, dont le cours ne cesse de monter, et plus seulement en dollars ou dans d’autres mon-naies. Un pari spécula-tif que certains sont prêts à prendre. Des casinos doivent ainsi acheter des millions de dollars de bitcoins pour pouvoir les céder ensuite aux heureux gagnants du poker, blackjack ou machines à sous, qui espèrent gagner encore plus d’argent grâce à la hausse du bitcoin.

Les chiffres clés

32MILLIONSLe nombre d’investisseurs potentiels dans les cryptos aux Etats-Unis, selon Grayscale Investments.

1 sur 10AMÉRICAINSUn Américain sur 10 estun investisseur potentiel dans les cryptos.

AFP

FINANCE & MARCHES Mercredi 2 décembre 2020 Les Echos

Page 31: Les Echos - 02 12 2020

Ricardo Salinas Pliego, la troisième personne la plus riche du Mexique avec 13,2 milliards de dollars, a déclaré début novembre que 10 % de son portefeuille d’actifs finan-ciers était investi en bitcoin. Ce pro-che du président mexicain Andrés Manuel López Obrador, a fondé le groupe diversifié Salinas (Télécom-munications, chaînes de télévision, finance, médias, vente au détail…). Pour ses finances personnelles, il a mis en œuvre le principe d’une répartition des capitaux sur des actifs variés. Peu corrélé aux mar-chés financiers traditionnels, le bit-coin apporte de la diversification (rendement, risques) à un porte-feuille. Le milliardaire avait com-mencé à investir sur le bitcoin en 2016 quand son cours valait entre

Ricardo Salinas Pliego, la troisième personne la plus riche du Mexique avec un patrimoine de 13,2 milliards de dollars, a déclaré début novembre que 10 % de son portefeuille était investi sur le bitcoin.

admet aujourd’hui qu’il ne com-prend toujours pas les variations deprix et les turbulences qui secouentla leader des cryptomonnaies. Il consacrait cinq minutes par jour pour suivre l’évolution de son place-ment de 200 millions de dollars, ce qui porte à 666.000 dollars le prix de sa seconde d’attention pour ses investissements personnels…

Il déclare se sentir bien mieuxdepuis qu’il n’est plus « distrait » parla volatilité de court terme du bit-coin, et peut se consacrer l’esprit tranquille aux investissements de SoftBank. « Je pense que des cryptos auront leur utilité dans l’avenir, maisje ne sais pas encore lesquelles vont réussir. » — N. A.-K.

Masayoshi Son, le directeur géné-ral de SoftBank, est revenu sur les déboires de son investissement personnel dans le bitcoin lors d’une conférence organisée par le « New York Times ». Il a déclaré avoir perdu 50 millions de dollars lors de la chute du marché en 2018,et non pas 130 millions de dollars, comme l’avait estimé le « Wall Street Journal ».

Cette année-là, le bitcoin perditles trois quarts de sa valeur, pour terminer à 3.690 dollars fin décem-bre. Sur les conseils d’un « ami », il avait investi 200 millions de dollars dans le bitcoin, soit près de 1 % de safortune personnelle, estimée à 30 milliards de dollars par « For-bes », soit au 32e rang mondial. Il

Masayoshi Son, le directeur général de SoftBank, avait investi 200 millions de dollars en 2018 en bitcoins. Il a perdu le quart de son investissement, avant de tout céder. Une décision dont il se félicite.

Masayoshi Son, le directeur général de SoftBank, a vendu trop tôt mais ne regrette rien

« En 2017 la demande de bitcoins venait principalement des particu-liers. Ce n’est plus le cas cette annéeavec l’institutionnalisation des investisseurs », constate Chainaly-sis. Le développement des mar-chés de gré à gré, où les interve-nants traitent des montants significatifs de manière confiden-tielle, est un autre signe du déve-loppement de l’écosystème. Les institutionnels voient notam-ment le bitcoin comme un actif deprotection contre les incertitudes et risques (inflation, pandémie…) qui concurrence l’or.

Placement à long termeLe bitcoin attire davantage d’investisseurs de long terme comme les universités américai-nes, fondations, banques privées, conseillers en gestion de patri-moine, family offices, entreprises.Mais les fonds souverains, les fonds d’investissement étati-ques et les banques centrales n’ont pas encore franchi le pas. Certains manifestent toutefois leur intérêt pour ce secteur et la technologie de la blockchain. Le fonds singapourien Temasek a ainsi rejoint le projet Libra de

Longtemps réticents à investir dans un actif trop volatil et difficile à évaluer, les investisseurs commencent à réviser leur jugement sur les cryptos institutionnelles. Instrument de diversifica-tion ou valeur refuge, le bitcoin a gagné en cré-dibilité lors de la crise du Covid-19.

En partenariat avec En association avec Organisé par

#Ehealthforum20

Six start-ups prometteuses ont pitché

durant le E-Health Forum le 25 novembre dernier.

Suite à la délibération d’un jury d’experts,

trois d’entre elles se sont vues remettre un Prix.

BRAVO À TOUS LES CANDIDATS !

Guillaume Benoit @gb_eco

Sophie Rolland @Sorolland

Depuis que la Banque centrale européenne (BCE) a inscrit la « soutenabilité environnemen-tale » à l’ordre du jour de sa revuestratégique, le débat fait rage. Des ONG aux économistes en passant par les eurodéputés et les think tanks, chacun tente de faire valoir sa vision. Le temps presse. L’institution doit en effet conclure sa revue stratégique en juin 2021 et pourrait dévoiler sa stratégie environnementale dès les premiers mois de 2021.

Dernier en date à donner de lavoix, l’Institut Veblen pour les réformes économiques publie cemercredi ses propositions pour un « Whatever it takes » climati-que. « Ne rien changer à l’action dela banque centrale n’est plus une option face au dérèglement clima-tique », avance Jézabel Couppey-Soubeyran. Pour l’économiste, laBCE devra renoncer à la neutra-lité monétaire, un principe de base qui consiste pour la banquecentrale à ne privilégier aucun actif ou secteur en particulier. L’idée serait alors de traiter diffé-remment les acteurs qui luttent contre le réchauffement climati-que et ceux qui y contribuent.

Il faudra pour cela vaincre desréticences au sein de l’institu-

tion. Si Christine Lagarde, la pré-sidente de la Banque centrale, ouIsabel Schnabel, membre du directoire semblent ouvertes à cette idée, le patron de la Bundes-bank, Jens Weidmann, a redit qu’il y était opposé. « Ce n’est pas le rôle de l’Eurosystème [composéde la BCE et des banques centra-les nationales de la zone euro, NDLR] de promouvoir ou de punir certains secteurs », a-t-il écrit dans une récente tribune.

Mais pour Jézabel Couppey-Soubeyran, la BCE doit rempla-cer la neutralité de marché par laneutralité climatique pour 2050, un engagement pris par Bruxel-les. « En réalité, ce principe n’est pas neutre du tout : sans action particulière, la banque centrale portera préjudice aux objectifs de l’Union européenne. » Notam-ment parce qu’en refusant de dis-tinguer les entreprises dont elle achète les obligations, elle facilitel’accès au crédit – donc les activi-tés – d’acteurs très polluants. Or, selon les traités, le système euro-péen de banques centrales (SEBC) doit apporter « son sou-tien aux politiques économiques générales dans l’Union, en vue de contribuer à la réalisation des objectifs de l’Union, dès lors que cela ne porte pas préjudice à l’objectif de stabilité des prix. »

Concrètement, plusieursniveaux de verdissement de la politique de la BCE sont envisa-

BANQUE CENTRALE

La Banque centrale européenne a fait du verdissement de son action un des enjeux de sa revue stratégique.

Une évolution qui doit la conduire à modifier en profon-deur son action, pour les économistes de l’Institut Veblen.

Les partisans d’un « quoi qu’il en coûte climatique » donnent de la voix

« Ne rien changer à l’action de la banque centrale n’est plus une option face au dérèglement climatique. »JÉZABEL COUPPEY-SOUBEYRANEconomiste et conseillère scientifiquede l’institut Veblen

geables, selon elle. Certaines options « vert clair » peuvent êtremises en œuvre sans change-ment du cadre institutionnel, notamment une modulation des taux, lorsque les banques se pré-sentent au guichet de la BCE, parexemple en fonction de « l’inten-sité carbone » de leurs porte-feuilles de prêts. De façon assez traditionnelle, de telles options n’impliqueraient pas directe-ment la banque centrale dans le financement de la transition écologique. « Son rôle serait plus

actif qu’actuellement mais limité. » Etape suivante, en matière de QE, la BCE pourrait dédier un programme d’achats à la seule dette publique émise pour financer des investisse-ments climats. « Cela permettrait de faciliter l’investissement public dans la transition, sans cependantle financer directement. »

L’option « vert vif » avancée parl’Institut Veblen – impossible à mettre en œuvre sans changer lecadre institutionnel – consiste à « monétiser les dépenses publi-ques » liées à la transition écologi-que, autrement dit à acheter cette dette pour l’effacer. « Seule cette option assurerait un finance-ment qui préserverait les finances publiques et préserverait aussi la stabilité financière. » Un véritablebig-bang dans l’univers des ban-ques centrales. « Il faudra faire unchoix », estime Jézabel Couppey-Soubeyran. Entre des petits pas àcadre institutionnel constant, « qui ne réduiront pas beaucoup lerisque de crise climatique ». Et de plus grands pas, qui « implique-ront des changements institution-nels majeurs, dont la décision n’estpas du ressort de la BCE, mais des parlements européens et natio-naux. » n

Plusieurs niveaux de verdissementde la politiquede la BCE sont envisageables.

400 et 1.000 dollars, contre près de 20 fois plus aujourd’hui. Actif qu’il juge « révolutionnaire », le bitcoin « protège le citoyen de l’expropriationgouvernementale » que consti-tuent l’inflation galopante et la pertede valeur de la monnaie. Sa fortune personnelle a augmenté de moitié en dix ans. Il a aussi des investisse-ments dans les métaux précieux comme l’or.

Le milliardaire mexicain, qui acontracté le Covid-19 en octobre, s’était ouvertement opposé aux mesures d’urgence sanitaire décré-tées en mars dans le pays. Il avait alors donné l’ordre à ses employés de ne pas les respecter et de se ren-dre sur leur lieu de travail. « La vie doit continuer » avait-il déclaré. — N. A.-K.

Ricardo Salinas Pliego, le milliardaire révolutionnaire numérique

Facebook. Les intervenants qui achètent des bitcoins dans une optique de long terme détiennent77 % des 14,8 millions de bitcoins déjà émis (et qui n’ont pas été per-dus par leurs détenteurs). Il ne reste que 3,4 millions de bitcoins pour ceux qui veulent en acheter. Une quantité insuffisante pour satisfaire une demande mondialecroissante cette année.

MétamorphoseLes intervenants qui détiennent chacun plus de 1.000 bitcoins (soit près de 19 millions de dol-lars), surnommés les « baleines »du marché, sont désormais plus de 2.000, selon Glassnode. C’est un nouveau record depuis 2017. Ils conservent leurs bitcoins et neles cèdent qu’avec parcimonie dans les mouvements de hausse. Plus un investisseur est impor-tant, plus il aura tendance à ven-dre à un cours élevé, d’après San-timent.

Les petits investisseurs déte-nant moins de 1 bitcoin ont com-mencé à vendre depuis le prin-temps, à partir de 13.500 dollars. Ceux détenant entre 1 et 10 bit-coins l’ont fait à partir d’un niveaude cours de 15.200 dollars, et les portefeuilles de 100 à 1.000 bit-coins ont commencé à prendre leurs profits vers 18.000 dollars. Les « baleines » n’ont pas ou peu vendu et même continué d’ache-ter globalement. L’institutionna-lisation du marché apporte plus de stabilité à des actifs très vola-tils. Elle favorise sa métamor-phose, entamée en 2017, et qui ouvre de nouvelles perspectives d’évolution au bitcoin. — N. A.-K.

Les institutionnels commencent à investir dans les cryptomonnaies

AFP

AFP

Les Echos Mercredi 2 décembre 2020 FINANCE & MARCHES // 31

Page 32: Les Echos - 02 12 2020

32 // FINANCE & MARCHES Mercredi 2 décembre 2020 Les Echos

à Chamalières, dans le Puy-de-Dôme, et issu de la prestigieuse EcolePolytechnique. Mais lui préféra les Mines plutôt que l’ENA et, sur le tard,un MBA à Wharton afin de s’initier àla philanthropie. « Les banquiers doi-vent donner l’exemple », juge-t-il.

A la tête d’UniCredit depuis 2016,le patron a stabilisé en quatre ans le navire de la première banque ita-lienne, alors très mal en point, assu-mant de trancher dans le bilan et leseffectifs. « Lorsqu’une activité se trouve en perte, il préfère simplement la fermer et passer à autre chose », raconte un banquier qui l’a bien connu. Une fois, pourtant, l’ascen-sion de ce « wonder boy » à la fran-çaise a été stoppée. En 2008, la

finance abasourdie découvre les engagements hors limites d’un obs-cur trader de la Société Générale, Jérôme Kerviel. L’ancien du desk Delta One a pulvérisé les limites de spéculations fixées par la banque jusqu’à engager 49 milliards d’euros.

L’ascension chez Société GénéraleLe débouclage des opérations amè-nera la banque de la Défense à déclarer une perte de 4,9 milliards d’euros. Alors patron de la banque de financement et d’investissement de la Société Générale (SGCIB), Jean-Pierre Mustier mènera les pre-miers interrogatoires du trader. C’est lui aussi qui montera au 35e étage annoncer les pertes abyssales.

L’ascension du X-Mines, entré à26 ans comme trader, a suivi celle dela banque. Il est notamment l’un desartisans du formidable essor des dérivés actions du groupe dans les années 1980. Brillant, exigeant, énergique… il apparaît comme l’un des successeurs potentiels de Daniel Bouton. « Les mauvaises nou-velles sont fatales à celui qui les apporte », écrivait Shakespeare. Comme si cette finance folle avait

besoin d’un symbole expiatoire, Jean-Pierre Mustier portera un temps les stigmates provoqués par les pertes fracassantes de Jérôme Kerviel. Cela va plutôt bien à cet ancien de « Ginette ». Mis en cause dans les défaillances du système de contrôle interne, il devra quitter la banque en 2009. « Je pars sans indemnités et sans aucune rémuné-ration différée de quelque nature que ce soit », avait-il tenu à préciser alors.L’homme à l’intelligence tactique sait qu’il y a temps où il faut savoir sefaire oublier. Pour mieux revenir.

Le purgatoireJean-Pierre Mustier rejoint sa femme et ses enfants à Londres puis, après deux ans de purgatoire,rejoint UniCredit où il dirige la ban-que d’investissement jusqu’à la fin de 2014. On le voit en 2015 chez Tikehau Capital à Londres. Mais, après 18 mois, retour dans la banque milanaise, où il est nommédirecteur général. A 59 ans, le voilàbientôt libre de ses mouvements. Ala Défense, où ses troupes le regrettent encore, certains aime-raient le voir revenir pour succéderà Frédéric Oudéa. n

Le « Francese » qui a redressé le premier établissement bancaire de la péninsule

Valérie de Senneville @VdeSenneville

Est-ce ce profil en lame de couteau qui le fait tracer vite et trancher fort quand il le faut ? L’itinéraire de Jean-Pierre Mustier, qui a annoncé lundi soir son départ d’UniCredit lorsque son mandat s’achèvera en avril pro-chain, ressemble à ces courses de fond qu’il affectionne tant : endurer et durer, tout droit et sans état d’âme.« Mon métier est de faire de la banque,pas de la politique », déclarait-il sans ambages aux « Echos » début 2019. Une déclaration prémonitoire… Alors que la finance transalpine sonne le retour en force du patrio-tisme économique, le « Francese » de Milan a fini par susciter des ini-mitiés dans le microcosme italien.

Comme l’ancien président de laR é p u b l i q u e Va l é r y G i s c a r d d’Estaing, Jean-Pierre Mustier est né

A la tête d’UniCreditdepuis 2016, il a stabilisé la première banque italienne, alors très mal en point, assumant de trancherdans le vif plutôt que laisser des chantiers ouverts.

« J’ai décidé de me retirer du groupe à la fin de mon mandat en avril 2021 », a déclaré lundi Jean-Pierre Mustier. Photo Miguel Medina/AFP

Olivier Tosseri @OlivierTosseri

— Correspondant à Rome

Surpris mais pas étonnés. La presse et les observateurs italiensne s’attendaient pas à ce que Jean-Pierre Mustier quitte en pleine crise économique et sanitaire la tête d’UniCredit. Mais ils savaient que ce départ couvait depuis des mois et que des contacts infor-mels avaient déjà été pris pour le remplacer.

Les divergences stratégiquesavec son conseil d’administration en demeurent la cause principale. Jean-Pierre Mustier n’a jamais caché sa réticence à s’impliquer dans l’actuel mouvement de consolidation du secteur bancaireitalien. Il s’est même opposé à un rapprochement trop hâtif avec la banque en difficultés Banca Monte dei Paschi di Siena (BMPS).« Tempête au sommet d’UniCredit, Mustier paie son non à BMPS », titre ainsi « La Stampa ».

Manque d’affinitésavec l’italianitéMais, au-delà des options stratégi-ques, ce sont des questions de caractère qui sont évoquées et quin’ont cessé d’être soulignées par lapresse depuis son retour à Milan, à l’été 2016. Il fallait bien sûr un homme à poigne pour redresser la barre de la banque italienne à ladérive, mais sa sévérité a été jugéeexcessive, sa distance perçue comme hautaine et son refus d’apprendre la langue de Dante

comme une maladresse. De quoi alimenter la défiance des Italiens à l’égard des Français, dont les appétits inquiètent de plus en plus dans les sphères politiques. C’est ce que résume un article de « La Repubblica », qui salue le redressement spectaculaire d’UniCredit mais titre : « Le mana-ger des restructurations a vendu les“bijoux de famille” [dont le ges-tionnaire d’actifs Pioneer, NDLR]sans jamais devenir un banquier du cru ».

« Méthodes brusques »« C’est une question de feeling, explique pour sa part Il Sole 24”, en citant une source interne. Avecle marché il y en a encore un peu, avec la banque plus du tout. » Le quotidien économique italien évoque les « méthodes brusques deMustier, qui se sont prolongées au-delà de la phase initiale de remise en ordre d’UniCredit et qui ont conduit ses collaborateurs à l’exaspération ».

L’importance de l’italianité deson successeur est mise partout en exergue. « Très bonne nou-velle », a réagi le parti populiste aupouvoir, M5S. Le tout nouveau président désigné de la banque, Pier Carlo Padoan, ancien minis-tre de l’Economie, jouera un rôle décisif dans le choix du futur patron d’UniCredit et d’un éven-tuel rapprochement avec BMPS.

Une réunion du comité desnominations a été convoquée pour mercredi. Parmi les succes-seurs potentiels figurent en interne le nom du directeur géné-ral délégué Carlo Vivaldi. En externe, ce sont ceux de Victor Massiah, ex-administrateur d’UBI Banca, d’Alberto Nagel, administrateur délégué de Mediobanca, qui reviennent le plus souvent. n

Les réticences de Jean-Pierre Mustier face à un rapprochement avec Monte dei Paschi, en difficultés, ont créé un conflit entre le Français et le conseil d’UniCredit.

La banque veutun Italien à sa tête

préféré assurer l’exécution du nou-veau plan stratégique d’UniCredit.

« Fantasme parisien »L’annonce de son départ risque de relancer les spéculations sur un nou-veau mercato à la tête des grandes banques européennes. Une rumeur – tenace – le voit un jour prendre les rênes de Société Générale, où il a tra-vaillé pendant vingt-deux ans avant de la quitter quelques mois après l’affaire Kerviel. En a-t-il vraiment envie ? Pour certains observateurs, il s’agit surtout d’un « fantasme parisien ». A bientôt soixante ans, cet

X-Mines ne serait pas forcément tenté par une nouvelle expérience opérationnelle alors que l’industrie, en pleine transformation, se prépare à de nouvelles restructurations dans les années à venir. L’univers des fondset du capital-investissement, qu’il avait côtoyé chez Tikehau, pourrait en revanche l’attirer. Une chose est sûre, « il prendra son temps pour choi-sir, et trouver un job intéressant, avec des gens sympas », assure-t-on dans son entourage.

(Lire « Crible »Page 36

l La banque italienne a annoncé lundi soir le départ de son patron Jean-Pierre Mustier.l A l’origine, une divergence stratégique entre le Français et son conseil sur un rapprochement avec BMPS.l L’information a fait chuter l’action de plus de 8 % en Bourse mardi.

UniCredit chute en Bourse après l’annonce du départ de Jean-Pierre Mustier

Romain Gueugneau @romaingueugneau

Coup de tonnerre à Milan ! Uni-Credit a annoncé lundi soir que Jean-Pierre Mustier allait quitter la direction de la banque à l’issue de son mandat, censé se terminer en avril prochain.

Cette annonce met un terme auxrumeurs qui tenaient en haleine la finance italienne depuis le week-end dernier au sujet de la gouver-nance du premier groupe bancaire du pays. Et fait plonger de 8,4 % le titre à la Bourse de Milan mardi, après une chute de 5 % la veille. En deux jours, environ 2 milliards d’euros de capitalisation sont partis en fumée. « Au cours des derniers mois, il est devenu évident que la stra-tégie de Team 23 [le plan stratégique présenté fin 2019, NDLR] et ses prin-cipaux piliers ne correspondaient plus à la réflexion actuelle du conseil,a déclaré Jean-Pierre Mustier dans un communiqué. J’ai donc décidé de me retirer du groupe à la fin de mon mandat en avril 2021, pour permettreau nouveau conseil d’élaborer une future stratégie. » Une première réu-nion informelle du conseil s’était tenue dimanche pour discuter de l’évolution de la gouvernance de la banque et de sa stratégie. Les discus-sions se sont poursuivies lundi et conclues par l’annonce du départ duFrançais. Le comité des nomina-tions doit se réunir ce mercredi pour préparer la suite.

Des réticences face à la consolidationDes divergences stratégiques entre le conseil et l’ancien dirigeant de Société Générale sont à l’origine de cette séparation. Plusieurs adminis-trateurs aimeraient voir UniCredit participer plus activement au mou-vement de consolidation en cours dans le secteur bancaire italien, fragilisé par la crise économique et sanitaire. La pression s’accentuait depuis plusieurs semaines sur le dossier de Banca Monte dei Paschi di Sienna (BMPS). Après l’avoir sau-

BANQUE

« Mon métier est de faire de la banque, pas de la politique. »JEAN-PIERRE MUSTIERDirecteur général d’UniCredit

vée de la faillite l’an dernier, l’Etat cherche à sortir du capital de la ban-que siennoise en l’adossant à un groupe plus solide comme UniCre-dit. Au-delà de cette opération, de nombreux acteurs plaident pour faire de la banque, implantée en Allemagne et en Autriche, un pôle de consolidation italien.

Jean-Pierre Mustier a toujoursnié publiquement vouloir s’impli-quer dans le mouvement de consoli-dation, préférant se concentrer sur la croissance organique et la créa-tion de valeur pour les actionnaires.En coulisses, le banquier français aurait néanmoins œuvré pour trou-ver des solutions avec BMPS et le gouvernement. Mais en posant cer-taines conditions, dont celle de réali-ser une opération neutre en termes de capital pour UniCredit et ses actionnaires.

« Dans le contexte de crise actuel,Jean-Pierre Mustier prône la pru-dence avant de s’embarquer dans de grandes opérations domestiques. Ce n’est pas forcément l’avis du conseil. Il a donc préféré partir », confie une source. Mardi, l’action BMPS grim-pait de 3,2 % à la Bourse de Milan.

Arrivé en 2016 à la tête du groupe,après avoir dirigé sa banque d’investissement entre 2011 et 2015, Jean-Pierre Mustier a redressé la première banque italienne de façonspectaculaire. Même si la crise du coronavirus a contraint le groupe à enregistrer des milliards d’euros de provisions et à encaisser de lourdespertes au premier semestre. Cour-tisé par de nombreux groupes depuis plusieurs années, le diri-geant français avait décliné en début d’année l’offre de HSBC pour en devenir le directeur général et

En coulisses, le banquier français aurait œuvré pour trouver des solutions avec BMPS.

Mais en posant certaines conditions.

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Les Echos Mercredi 2 décembre 2020 FINANCE & MARCHES // 33

la santé ainsi que sur 500 millions d’euros d’économies.

« Je veux qu’on se focalise d’abordsur la croissance organique », a insisté le patron d’AXA, Thomas Buberl, lors d’un entretien aux « Echos ». En présentant son plan « Driving Progress 2023 », AXA s’est attaché à montrer aux investis-seurs que la crise sanitaire et écono-mique n’avait pas remis en cause sastratégie. Au contraire. A l’heure oùles assureurs sont confrontés à des taux d’intérêt durablement bas, « nous sommes beaucoup moins exposés qu’auparavant aux risques financiers », souligne Thomas Buberl.

Développement dans la santéAprès avoir mis la main sur XL pourfaire un bond dans l’assurance d’entreprises et cédé en fin d’année dernière les activités financières menées par AXA Equitable Hol-dings aux Etats-UNis, le groupe réalise un peu plus de 80 % de ses profits grâce aux « risques techni-ques », c’est-à-dire aux assurances dommages, santé et prévoyance. Des lignes de métier moins sensi-bles aux évolutions de taux que les

activités d’épargne, aujourd’hui sous pression.

Par ailleurs, le groupe assure quele Covid-19 n’a fait que renforcer sa détermination à se développer dansl’assurance santé et les services associés. Y voyant une façon de multiplier les interactions avec les clients, AXA vise aujourd’hui une croissance du chiffre d’affaires dansl a s a n t é d e 5 % e n m oye n n e entre 2020 et 2023.

Les fondements de sa stratégien’étant pas remis en cause, AXA met la rentabilité d’XL au cœur de sa nouvelle feuille de route. Le sujetest surveillé de près par les investis-seurs. L’entité a aussi accusé le coupdu Covid-19 et est à l’origine d’une grande partie de la facture de la crise actuelle, toujours estimée à 1,5 milliard d’euros par le groupe pour 2020. Après avoir doté sa filiale d’une nouvelle direction et decapitaux frais, AXA promet de redresser la barre dès l’an prochain.

« Nous n’avons pas pu atteindrenos objectifs de résultats mais nous yarriverons l’année prochaine », insiste Thomas Buberl. D’ores et déjà, l’entreprise a cessé d’offrir cer-taines couvertures (notamment Responsabilité civile du dirigeant à

Solenn Poullennec @SolennMorgan

AXA joue la carte de continuité et dela sobriété. Plus de deux ans après l’acquisition d’XL pour 15 milliards de dollars et à la fin d’une année marquée par la crise du Covid-19, l’assureur français a dévoilé mardi un nouveau plan stratégique à troisans dans la ligne du précédent, misant sur la croissance interne, la rentabilité des activités d’assurancedommages, le développement dans

ASSURANCE

Le nouveau plan stratégique met l’accent sur la rentabi-lité d’XL, l’entité d’assurance des entreprises acquise à grands frais en 2018.

AXA prévoit de réali-ser 500 millions d’euros d’économies au cours des trois prochaines années.

sur son marché. La Bourse new-yorkaise propose que les plus de 3.200 sociétés cotées incluent au moins une femme dans leur conseild’administration ainsi qu’un mem-bre d’une minorité ethnique, sexuelle ou encore de genre.

« L’objectif du Nasdaq est de pro-mouvoir la croissance et la prospéritéde tous afin de renforcer les écono-mies », a déclaré Adena Friedman, directrice générale du Nasdaq. « Nous pensons que cette règle de cotation est une étape dans un chemi-nement plus large pour parvenir à une représentation inclusive des entreprises américaines. » Les socié-tés qui ne satisfont pas à cette norme pourraient être sanction-nées voire radiées de la cote.

Le Nasdaq voudrait aussi pou-voir exiger des entreprises cotéesqu’elles publient des statistiquessur la diversité de tous leurs diri-geants et pas seulement de leursadministrateurs. Pour appuyer sademande, la place new-yorkaise,

Londres) et surfe sur la vague actuelle de fortes hausses des prix dans l’assurance d’entreprises. Afinde prévenir les mauvaises surpri-ses, XL a aussi réduit son expositionau risque de catastrophes naturel-les et anticipe un coût en moyenne supérieur de ces événements.

Optimisation des espaces de bureauxLe plan stratégique d’AXA table parailleurs sur 500 millions d’euros d’économies d’ici à 2023. L’Europe et notamment la France devront fournir une grande partie de l’effort(300 millions d’euros). Pour attein-dre ses objectifs, AXA mise entre autres sur une bascule vers l’informatique en ligne (le cloud), davantage d’automatisation, une simplification de la gamme de ses produits et une optimisation de ses espaces de bureaux.

Le groupe ne gèlera pas lesembauches, mais « la baisse des coûts va aussi passer par une réduc-tion des niveaux hiérarchiques et unemeilleure définition du rôle de cha-cun et chacune », précise Thomas Buberl, promettant de « discuter avec les partenaires sociaux au niveau local ». n

Après l’acquisition d’XL et le Covid, AXA mise sur la sobriété

« Je veux qu’on se focalise d’abord sur la croissance organique », a insisté le patron d’AXA, Thomas Buberl. Photo Tolga Akmen/AFP

Le Nasdaq veut plus de diversité dans les conseils d’administration

mes n’occupent que 20 % des siè-ges d’administrateurs contre40 % dans les entreprises cotées.

Des quotas en CalifornieCette requête intervient alors que Goldman Sachs a annoncé exiger des sociétés qu’elle aide à entrer en Bourse d’avoir au moins un mem-bre du conseil d’administration issude la diversité. Par ailleurs, depuis peu, la Californie a mis en place desquotas de diversité pour les conseilsd’administration des entreprises qui ont leur siège social dans cet Etat. La SEC va solliciter les com-mentaires du public pour décider de la marche à suivre sur cette requête.

Cette initiative pose d’autresquestions qui dépassent celle de la diversité dans les conseils. Les Bourses pourront-elles utiliser désormais leurs règles de cotation pour forcer l’action sur d’autres sujets brûlants, comme le change-ment climatique ? n

Laurence Boisseau @boisseaul

C’est une requête inédite et inhabi-tuelle de la part d’un opérateur boursier. Le Nasdaq a demandé au gendarme boursier américain, la SEC (Securities Exchange Commis-sion), l’autorisation d’exiger plus dediversité dans les conseils d’admi-nistration des entreprises cotées

BOURSE

Le Nasdaq propose que les 3.249 sociétés cotées sur son marché comprennent au moins une femme dans leur conseil d’administration et aussi un membre d’une minorité ethnique, sexuelle ou encore de genre.

Etienne Goetz @etiennegoetz

La tension monte entre les pays producteurs et les multi-nationales du chocolat. La Côte d’Ivoire et le Ghana, qui concentrent 60 % de la produc-tion mondiale de cacao, ont accusé plusieurs géants, dont Hershey, Mars et Olam, de con-tourner le mécanisme négocié en 2019 pour améliorer la rémunération des planteurs de cacao en Afrique de l’Ouest.

Selon les deux grandes insti-tutions de régulation, le Conseildu café-cacao (CCC) en Côte d’Ivoire et le Cocoa Board (Cocobod) au Ghana, les géantsdu chocolat achètent du cacao ou du beurre de cacao sans payer le différentiel de revenu décent (DRD). Le DRD est une prime de 400 dollars par tonne de cacao au-dessus des cours internationaux, afin d’augmen-ter les revenus des agriculteurs.80 % d’entre eux vivent avec moins de 3 dollars par jour selon la Banque mondiale.

En novembre, le confiseurHershey a réalisé d’importants achats de cacao via le marché à terme de New York alors qu’il s’approvisionne d’ordinaire auprès des pays producteurs oude négociants. Cela lui a permisd’économiser des millions de dollars, les cours de l’Intercon-tinental Exchange n’incluant pas le DRD. Cette stratégie « indique clairement votre inten-tion d’éviter de payer le Différen-tiel de revenu décent », ont écrit le CCC et le Cocobod dans un courrier adressé à Hershey.

En riposte, les autoritésivoiriennes et ghanéennes ont suspendu tous les programmesde certification de Hershey. Ceux-ci permettent de garantir des critères « durables » de production comme l’absence de déforestation ou de travail d’enfants. Ces garanties sont essentielles pour vendre du chocolat en Europe ou en Amé-rique du Nord. Mars est lui aussi dans le viseur des deux pays. « Il est évident que des com-pagnies comme Mars reviennentdiscrètement » sur leurs pro-messes, affirment encore les deux instances de régulation dans un autre courrier adressé cette fois au Cocoa Merchants Associaton of America, le syndicat des industriels améri-

MATIÈRES PREMIÈRES

La Côte d’Ivoire et le Ghana accusent les géants du choco-lat, dont Hershey et Mars, de contourner la prime qui vise à mieux rémunérer les planteurs.

Externalisezvos formalités d’entreprise avecLes Echos Formalités

annonces.lesechosleparisien.fr01 87 39 70 08

cains du cacao et du chocolat.Le producteur des célèbres

barres chocolatées aurait lui aussi modifié en grande partie ses approvisionnements en beurre de cacao pour éviter de verser la prime aux pro-ducteurs. Cette prime négociée en 2019 avait pourtant été acceptée par les industriels. Le CCC et le Cocobod dénoncent une « rupture de confiance », voire un « complot ».

Les deux groupes visésdémentent en bloc ce qui leur est reproché. Auprès de l’AFP, Hershey regrette un « commu-niqué mensonger », le CCC et le Cocobod « compromettent des programmes essentiels qui béné-ficient directement aux planteursde cacao ». Le groupe Mars Wri-gley a de son côté dit être « caté-goriquement en désaccord » avecces allégations et affirme avoir « été le premier grand fabricant àsoutenir le DRD ». « En plus de notre soutien au DRD, nous avons investi cette année davan-tage dans les programmes de développement durable de la Côted’Ivoire et du Ghana », précise la multinationale. Les program-mes de certification s’inscrivent dans le cadre d’une « nouvelle approche pour augmenter les revenus des agriculteurs, aider à protéger les enfants et préserver les forêts aujourd’hui », ajoute Mars.

Le différentiel de revenudécent est entré en vigueur au mois d’octobre dans un contexte de demande incer-taine en raison de la pandémie de Covid-19. Les confiseurs redoutent de payer au prix fort un chocolat qu’ils auront du mal à vendre par la suite, ce quiexplique leur stratégie pour faire baisser les coûts de la matière première.

Les pays producteurs necaptent que 5 % du marché du cacao, estimé à 100 milliards dedollars, quand les pays consom-mateurs captent 15 % rien qu’avec les taxes sur les barres chocolatées. n

Cacao : la guerre est déclarée entre producteurs et fabricants de chocolat

Les autorités ivoiriennes et ghanéennes ont suspendu tous les programmes de certification de Hershey.

Ceux-ci permettent de garantir des critères « durables » de production tels que l’absence de déforestation ou de travail d’enfants.

a adressé à la SEC un document de271 pages dans lequel elle se réfèreà des travaux universitaires quirépertorient tous les avantagesd’un conseil diversifié. Le Nasdaqnote aussi que les Etats-Unis sonten retard en matière de diversitéde genre dans les conseils, selonune étude du Forum économiquemondial qui classe le pays au53e rang. Aux Etats-Unis, les fem-

« Cette règle de cotation est une étape [...] pour parvenir à une représentation inclusive des entreprises américaines. »ADENA FRIEDMANDirectrice générale du Nasdaq

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34 // FINANCE & MARCHES Mercredi 2 décembre 2020 Les Echos

CAC 40

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

AIR LIQUIDE (AI) R A 138,75 136,55 - 0,8 + 8,2 730380 138,75 + 8,8 144,45 FR0000120073 11/05/20 2,7 473.593.425 136,55 + 10,97 94,86 1,98AIRBUS GROUP (AIR) R A 88,01 89,4 + 1,9 - 31,48 3,4 2001688 89,72 +42,83 139,4 26,33NL0000235190 15/04/19 1,4 784.149.270 87,85 - 32,98 48,12 1,85ALSTOM (ALO) R A 45,5 45,88 + 2,64 + 17,17 1571983 46,09 +28,58 46,956 FR0010220475 15/07/19 5,5 226.894.751 44,63 + 25,01 27,567 ARCELORMITTAL (MT) R A 15,48 16,27 + 5,99 + 4,01 9655008 16,27 +39,63 16,85 LU1598757687 16/05/19 0,15 1.102.809.772 15,368 + 4,78 5,98 ATOS SE (ATO) R A 77,4 75,72 - 1,51 + 1,88 575659 77,4 +29,22 82,46 FR0000051732 03/05/19 1,7 109.993.166 75,7 - 1,76 43,26 AXA (CS) R A 19,768 19,816 + 0,53 - 21,08 7429442 20,11 +43,59 25,615 FR0000120628 07/07/20 0,73 2.417.778.069 19,68 - 19,76 11,844 3,68BNP PARIBAS (BNP) R A 43,195 44,205 + 2,89 - 16,33 4790754 44,245 +48,07 54,22 FR0000131104 29/05/19 3,02 1.249.798.561 42,945 - 13,27 24,505 BOUYGUES (EN) R A 33,87 34,26 + 2,64 - 9,56 1017198 34,28 +21,71 41,32 FR0000120503 09/09/20 1,7 380.654.936 33,41 - 7,61 22,27 4,96CAP-GEMINI (CAP) R A 117,5 116 - 0,26 + 6,52 567750 118,9 +17,01 121,65 FR0000125338 03/06/20 1,35 169.449.699 116 + 8,06 51,78 1,16CARREFOUR (CA) R A 13,78 13,75 + 0,15 - 8,03 3230824 13,84 + 2,92 16,915 FR0000120172 08/06/20 0,23 817.623.840 13,575 - 8,21 12,095 1,67CREDIT AGRICOLE (ACA) R A 9,726 10,205 + 5,49 - 21,04 10964881 10,245 +50,47 13,8 FR0000045072 24/05/19 0,69 2.884.688.712 9,68 - 17,8 5,7 DANONE (BN) R A 53,98 52,82 - 1,93 - 28,53 2092411 54 +11,43 75,16 FR0000120644 14/07/20 2,1 686.629.600 52,82 - 29,31 46,03 3,98DASSAULT SYSTEMES (DSY) R A 156,85 153,55 - 0,97 + 4,78 341155 156,85 + 4,78 164,15 FR0000130650 28/05/20 0,7 264.919.418 153,55 + 7,38 105 0,46ENGIE (ENGI) R A 12,43 12,51 + 1,13 - 13,13 1,21 4589511 12,525 +20,46 16,795 10,37FR0010208488 21/05/19 0,8 2.435.285.011 12,34 - 12,88 8,626 ESSILORLUXOTTICA (EI) R A 122,8 125,75 + 3,63 - 7,4 874555 126,3 +18,41 145 FR0000121667 21/05/19 2,04 438.611.346 121,45 - 10,82 86,76 HERMES INTL (RMS) R A 823,8 822,4 + 0,61 + 23,45 60237 830,6 + 2,93 865 FR0000052292 28/04/20 3,05 105.569.412 815,8 + 20,94 516 0,37KERING (KER) R A 609,2 607,9 + 0,48 + 3,88 114970 609,7 +17,24 628,2 FR0000121485 23/06/20 4,5 126.279.322 603,5 + 11,19 348,55 0,74L.V.M.H. (MC) R A 487 496,75 + 3,3 + 19,93 514678 496,75 +23,48 499,5 FR0000121014 01/12/20 2 504.757.339 486 + 21,96 278,7 0,4LEGRAND (LR) R A 70,72 70,74 - 0,34 - 2,62 505126 71,4 +11,44 77,94 FR0010307819 01/06/20 1,34 267.447.746 70,3 - 1,31 45,91 1,89L'ORÉAL (OR) R A 309,2 306,3 - 0,16 + 16,02 490243 309,5 +10,3 321,4 FR0000120321 03/07/20 3,85 559.856.576 304,7 + 18,4 196 1,26

MICHELIN (ML) R A 105,25 106,5 + 1,96 - 2,38 595752 106,7 +14,96 112,8 FR0000121261 01/07/20 2 178.339.302 104,8 - 2,2 68 1,88ORANGE (ORA) R A 10,65 10,625 + 0,33 - 19,02 6667895 10,69 +10,33 13,545 FR0000133308 02/06/20 0,2 2.660.056.599 10,535 - 29,17 8,632 1,88PERNOD-RICARD (RI) R A 162 161,65 + 1,03 + 1,41 500353 162 +16,8 171,1 FR0000120693 08/07/20 1,18 261.876.560 160 - 3,03 112,25 0,73PEUGEOT (UG) R A 20,01 20,14 + 1,9 - 5,45 3338073 20,14 +30,52 22,01 FR0000121501 02/05/19 0,78 894.828.213 19,74 - 8,12 8,878 PUBLICIS GROUPE (PUB) R A 38,25 39,35 + 3,31 - 2,5 1019863 39,35 +32,05 43,7 FR0000130577 07/09/20 1,15 247.748.484 37,94 - 1,48 20,94 2,92RENAULT (RNO) R A 33,515 34,235 + 2,64 - 18,84 1653435 34,34 +61,07 43,365 FR0000131906 18/06/19 3,55 295.722.284 33,285 - 21,22 12,77 SAFRAN (SAF) R A 122,7 122,8 + 0,41 - 10,79 814641 123,4 +35,66 152,3 FR0000073272 27/05/19 1,82 427.235.939 121,95 - 17,28 51,1 SAINT-GOBAIN (SGO) R A 40,12 40,08 + 0,65 + 9,81 1431266 40,26 +19,64 40,8 FR0000125007 10/06/19 1,33 535.683.713 39,74 + 9,06 16,408 SANOFI (SAN) R A 84,47 84,1 - 0,72 - 6,16 2099577 85,04 + 8,7 95,82 FR0000120578 04/05/20 3,15 1.258.964.700 84,02 - 0,49 67,65 3,75SCHNEIDER ELECTRIC (SU) R A 117,35 116,8 + 0,13 + 27,65 1165293 117,55 +12,09 121,8 FR0000121972 05/05/20 2,55 567.068.555 116,65 + 33,33 61,72 2,18SOCIÉTÉ GÉNÉRALE (GLE) R A 16,786 17,546 + 5,15 - 43,43 7986742 17,72 +50,74 32,23 FR0000130809 27/05/19 2,2 853.371.494 16,752 - 38,56 10,774 STMICROELETRONICS (STM) R A 33,6 34,29 + 4,48 + 43,05 0,23 3157656 34,36 +31,13 34,36 150,89NL0000226223 21/09/20 0,04 911.204.420 33,15 + 53,77 13,73 0,12TELEPERFORMANCE (RCF) R A 281,2 276,9 - 0,82 + 27,37 151629 281,2 + 7,45 297,3 FR0000051807 02/07/20 2,4 58.730.600 274,3 + 28,79 150,3 0,87THALES (HO) R A 76,98 77,68 + 1,33 - 16,04 425701 78,16 +39,01 99,96 FR0000121329 01/12/20 0,4 213.364.420 76,82 - 12,64 52,5 0,52TOTAL (FP) R A 35,255 36,33 + 1,41 - 26,16 9636868 36,895 +40,7 50,93 FR0000120271 25/09/20 0,66 2.653.124.025 35,21 - 23,74 21,12 1,82UNIBAIL-R/WFD (URW) R A 59,5 62,72 + 5,41 - 55,41 894574 62,76 +79,71 142,05 FR0013326246 24/03/20 5,4 138.472.385 59,5 - 55,8 29,08 VEOLIA ENV. (VIE) R A 19,4 19,925 + 3,45 - 15,96 3155695 19,95 +24,61 29,09 FR0000124141 12/05/20 0,5 567.266.539 19,33 - 14,26 15,675 2,51VINCI (DG) R A 86,38 88,12 + 3,06 - 10,99 1170677 88,36 +29,93 107,35 FR0000125486 23/06/20 1,25 613.519.218 85,76 - 10,97 54,76 1,42VIVENDI (VIV) R A 25,19 25,18 - 2,48 3281519 25,35 + 1,57 26,65 FR0000127771 21/04/20 0,6 1.185.842.163 24,97 + 1,04 16,6 2,38WORLDLINE (WLN) G A 78,3 76,74 - 0,98 + 21,52 952190 78,3 +20,58 82,66 FR0011981968 279.122.471 75,86 + 30,62 36,36

A.S.T. GROUPE (ASP) g C 4 4,19 + 4,75 + 16,71 20267 4,22 +12,63 4,3 FR0000076887 19/06/19 0,25 12.903.011 3,89 + 35,6 1,82 AB SCIENCE (AB) g B 10,3 10,34 + 2,58 + 92,19 83189 10,34 +13,88 13,78 FR0010557264 45.145.024 10,04 + 93,27 4,81 ABC ARBITRAGE (ABCA) g B 7,35 7,45 + 2,9 + 11,19 72832 7,5 + 4,93 7,58 FR0004040608 06/10/20 0,1 58.512.053 7,28 + 11,69 5,05 1,34ABIVAX (ABVX) g B 23,4 23,95 + 2,79 + 6,21 20323 24 +28,76 25 FR0012333284 13.851.239 23,4 +104 10,4 ACCOR (AC) LR A 29,1 29,58 + 2,89 - 29,15 1312110 29,59 +35,32 42,24 FR0000120404 10/05/19 1,05 261.288.260 28,76 - 23,82 20,15 ACTIA GROUP (ATI) g C 2,665 2,71 + 0,74 - 37,12 29518 2,71 +47,44 4,625 FR0000076655 21/09/20 0,15 20.099.941 2,645 - 31,22 1,74 5,54ADOCIA (ADOC) g B 8,25 7,96 - 3,28 - 19,6 26898 8,38 +23,99 16,18 FR0011184241 6.977.854 7,91 - 10,56 5,6 AÉROPORTS DE PARIS (ADP) G A 105,4 105,7 - 0,19 - 39,98 144939 108 +25,98 179,2 FR0010340141 06/12/19 0,7 98.960.602 104,1 - 40,45 70,7 AIR FRANCE-KLM (AF) LR A 4,99 5,17 + 3,4 - 47,9 6145348 5,202 +83,99 10,27 FR0000031122 14/07/08 0,58 428.634.035 4,935 - 51,59 2,614 AKKA TECHNOLOGIES (AKA) Gg B 25,75 26,25 + 3,35 - 55,92 57430 26,6 +67,2 62,273 FR0004180537 28/06/19 0,49 20.291.990 25,65 - 48,25 14,54 2,67AKWEL (AKW) g B 20,7 20,35 - 1,93 + 0,74 7094 20,8 +31,29 20,8 FR0000053027 08/06/20 0,2 26.741.040 20,35 - 0,73 8,8 0,96ALBIOMA (ABIO) Gg B 43,05 43,15 + 0,7 + 65,96 66447 43,8 + 8,01 47,6 FR0000060402 11/06/20 0,35 31.641.910 42,85 + 88,84 22,85 0,81ALD (ALD) G A 10,92 11,06 + 2,22 - 20,09 216091 11,2 +19,57 14,2 FR0013258662 29/05/20 0,63 404.103.640 10,88 - 19,27 6,29 5,7ALPES (CIE DES ) (CDA) g B 19,16 19,62 + 1,13 - 34,27 22427 19,72 +45,33 30,95 FR0000053324 10/03/20 0,7 24.510.101 19 - 33,15 13,16 3,57ALTAREA (ALTA) A 137 138,4 + 2,07 - 31,65 3674 140 +25,82 210 FR0000033219 06/07/20 4,5 17.275.839 137 - 29,32 103,2 ALTEN (ATE) G A 90,5 90,35 + 1,18 - 19,69 62756 91 +31,61 119 FR0000071946 20/06/19 1 34.205.863 89,35 - 13,79 54,5 AMUNDI (AMUN) G A 67,4 66,95 + 0,23 - 4,22 EX-DS 15/03/17 208542 68,25 +18,92 78,55 FR0004125920 24/05/19 2,9 202.585.953 66,6 - 2,55 43,82 ARCHOS (JXR) g C 0,035 0,035 + 0,29 - 67,66 1865714 0,035 + 6,79 0,115 FR0000182479 167.279.961 0,034 - 62,51 0,025 ARGAN (ARG) A 80 80 + 0,76 + 3,09 2666 80 - 0,99 93 FR0010481960 26/03/20 1,9 22.309.227 79,4 + 6,95 54 ARKEMA (AKE) LR A 98,5 96,94 - 0,8 + 2,37 194738 98,5 +15,29 99,52 FR0010313833 25/05/20 2,2 76.736.476 96,44 + 3,06 42,5 2,27ARTMARKET.COM (PRC) g C 7,62 7,76 + 1,84 - 18,4 33446 7,78 +12,79 10,1 FR0000074783 6.651.515 7,36 - 14,82 5,01 ASSYSTEM (ASY) B 25,1 24,45 - 2,59 - 24,3 OPA 24/11/17 9307 25,1 +11,14 34,65 FR0000074148 08/07/20 1 15.668.216 24,35 - 22,01 16,58 4,09ATARI (ATA) g C 0,38 0,378 + 0,53 + 14,69 1651979 0,388 + 1,48 0,494 FR0010478248 269.809.814 0,371 + 19,7 0,17 AUBAY (AUB) g C 33,7 33,75 + 0,15 + 0,9 2703 33,9 +16,98 35 FR0000063737 06/11/20 0,33 13.208.296 33,7 + 1,5 15,32 0,98AXWAY SOFTWARE (AXW) g B 23,5 23,8 + 1,28 + 91,94 2341 23,8 +18,41 24,5 FR0011040500 02/07/19 0,4 21.316.266 23,4 +100 10,55 BAINS MER MONACO (BAIN) B 63,8 63,8 + 11,15 502 64 + 5,98 67,6 MC0000031187 26/09/14 0,01 24.516.661 63,6 + 16,42 44 BÉNÉTEAU (BEN) g B 8,625 8,88 + 3,86 - 18,01 131150 8,94 +12,41 10,9 FR0000035164 12/02/20 0,23 82.789.840 8,52 - 17,4 4,9 2,59BIC (BB) G A 50,35 51,05 + 2,59 - 17,66 104338 51,75 +24,21 66,05 FR0000120966 01/06/20 2,45 45.532.240 50,1 - 18,32 38,5 4,8BIGBEN INT. (BIG) g C 17,26 17,4 + 2,11 + 8,48 87859 17,9 +23,58 17,9 FR0000074072 24/07/19 0,2 19.969.658 17,1 + 15,23 8,1 BIOMÉRIEUX (BIM) G A 121,6 119,1 - 1,41 + 50,09 96916 122 - 6,81 144,8 FR0013280286 14/07/20 0,19 118.361.220 118,1 + 45,16 75 0,16BOIRON (BOI) g A 38,4 38,35 - 0,13 + 5,36 10260 39,8 - 0,13 44,8 FR0000061129 02/06/20 1,05 17.545.408 38,35 + 12,79 26,75 2,74BOLLORÉ (BOL) G A 3,268 3,27 + 0,49 - 15,94 1038565 3,3 + 6,31 3,996 FR0000039299 02/09/20 0,02 2.946.208.874 3,266 - 15,72 2,01 0,61BONDUELLE (BON) g B 20,15 19,8 - 0,5 - 15,02 14229 20,15 + 7,03 23,9 FR0000063935 06/01/20 0,5 32.538.340 19,62 - 16,81 16,58 2,53BUREAU VERITAS (BVI) LR A 21,77 21,63 - 0,05 - 7,01 457648 21,91 +14,75 26,01 FR0006174348 20/05/19 0,56 452.204.032 21,63 - 8,96 15,165 BURELLE SA (BUR) A 810 798 - 1,24 - 2,44 138 810 +56,47 842 FR0000061137 03/06/20 15 1.757.623 798 407 1,88CARMILA (CARM) g C 11,92 12,6 + 6,42 - 37 108777 12,6 +89,76 20 FR0010828137 03/07/20 1 142.357.425 11,78 - 31 6,54 CASINO (CO) G A 24,39 24,42 + 1,03 - 41,44 179620 24,53 +26,36 42,85 FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 23,99 - 38,86 19,045 6,39CATANA GROUP (CATG) g C 2,87 2,89 + 2,3 - 33,26 70125 2,895 +45,96 4,49 FR0010193052 30.514.178 2,84 - 2,53 1,7

CGG (CGG) G A 0,92 0,92 - 1,12 - 68,23 16496475 0,957 +91,74 3,121 FR0013181864 711.324.929 0,88 - 61,36 0,443 CHARGEURS (CRI) g C 17,46 17,76 + 2,54 + 2,78 90903 17,96 + 6,47 24,1 FR0000130692 16/09/20 0,28 24.211.232 17,36 + 12,98 7,9 1,58CHRISTIAN DIOR (CDI) A 423,6 430,6 + 1,08 - 5,74 EX D OP 08/06/17 8093 432,2 +17,84 479,8 FR0000130403 01/12/20 2 180.507.516 423 - 10,29 252,4 0,46CNP ASSURANCES (CNP) G A 13,38 13,8 + 3,37 - 22,17 592563 13,92 +42,71 18,17 FR0000120222 26/04/19 0,89 686.618.477 13,35 - 22,99 5,3 COFACE (COFA) G A 8,52 8,72 + 2,47 - 20,51 221661 8,75 +30,15 12,51 FR0010667147 22/05/19 0,79 152.031.949 8,52 - 13,06 4,448 COLAS (RE) A 112 113 + 0,89 - 19,74 736 114 + 8,65 143 FR0000121634 08/09/20 6,4 32.654.499 112 - 21,85 90 5,66COVIVIO (COV) G A 68,45 73,2 + 6,86 - 27,67 214403 73,5 +43,25 112,2 FR0000064578 27/04/20 4,8 94.488.052 68,45 - 27,09 38,84 COVIVIO HOTELS (COVH) A 16,05 16,15 + 0,62 - 43,33 2824 16,2 +36,86 30 FR0000060303 13/05/20 1,55 132.547.616 15,9 - 41,27 11,6 DASSAULT AV. (AM) G A 869,5 904 + 4,51 - 22,74 6342 904 +26,26 1192 FR0000121725 22/05/19 21,2 8.348.703 869,5 - 26,8 624 DBV TECHNOLOGIES (DBV) G B 4,18 4,132 + 0,44 - 78,95 946977 4,322 +68,24 25,44 FR0010417345 54.927.187 4,078 - 70,23 2,352 DERICHEBOURG (DBG) g B 3,37 3,556 + 7,43 - 2,58 498010 3,58 +41,22 3,784 FR0000053381 07/02/20 0,11 159.397.489 3,358 + 13,83 2,07 3,09DEVOTEAM (DVT) g C 97,8 98 + 0,2 + 3,7 10469 98 + 0,41 99,1 FR0000073793 03/07/19 1 8.332.407 97,7 + 10,73 47,25 EDENRED (EDEN) LR A 48,38 48,27 + 0,71 + 4,71 434988 48,78 +20,55 51,56 FR0010908533 13/05/20 0,7 246.583.351 48,11 + 7,15 29,74 1,45EDF (EDF) LR A 12,71 12,84 + 0,98 + 29,33 EX-DS 7/03/17 3621128 12,84 +28,81 13,61 FR0010242511 26/11/19 0,15 3.099.923.579 12,565 + 37,71 5,978 EIFFAGE (FGR) LR A 82,18 83,52 + 1,68 - 18,12 324610 83,66 +34,02 111,75 FR0000130452 21/05/19 2,4 98.000.000 81,16 - 15,72 44,65 EKINOPS (EKI) g C 6,92 6,92 + 1,77 + 4,69 121147 7 +17,89 7 FR0011466069 25.422.170 6,86 + 41,95 3,67 ELIOR (ELIOR) G A 4,836 4,888 + 1,83 - 62,69 938473 4,996 +51,05 13,83 FR0011950732 07/04/20 0,29 174.147.823 4,8 - 57,93 3,062 5,93ELIS (ELIS) G A 13,78 13,91 + 1,76 - 24,81 385956 14,24 +47,9 19 FR0012435121 27/05/19 0,37 221.807.226 13,74 - 23,19 5,375 EOS IMAGING (EOSI) g C 1,64 1,64 - 25,96 136003 1,66 +26,15 2,9 FR0011191766 26.569.946 1,634 - 28,54 1,18 ERAMET (ERA) G A 36,89 38 + 4,02 - 17,1 76335 38,09 +66,81 47,18 FR0000131757 29/05/19 0,6 26.636.003 36,87 - 6,36 18,665 ERYTECH PHARMA (ERYP) g B 7,39 7,45 + 4,64 + 11,19 98463 7,62 +67,04 11,46 FR0011471135 19.081.988 7,27 + 78,66 2,8 ESI GROUP (ESI) g C 42,6 42,6 - 0,47 + 31,08 280 42,8 + 9,23 43,6 FR0004110310 6.028.192 42,4 + 44,9 24,6 EURAZEO (RF) G A 52 53,15 + 2,81 - 12,87 107746 53,45 +36,14 67,05 FR0000121121 08/05/19 1,25 79.000.522 51,6 - 14,07 35,6 EUROFINS SCIENT. (ERF) LR A 68,08 65,78 - 3,35 + 33,1 329380 68,85 - 3,8 75,4 FR0014000MR3 03/07/19 2,45 190.742.750 65,56 + 38,02 39,3 4,38EUROPCAR GROUPE (EUCAR) g B 0,9 0,93 + 3,45 - 78,54 8322530 1,02 +66,22 4,688 FR0012789949 21/05/19 0,26 163.884.278 0,878 - 77,58 0,492 EUTELSAT COM. (ETL) G A 9,264 9,296 + 0,39 - 35,85 769337 9,42 + 7,67 14,825 FR0010221234 20/11/20 0,89 230.544.995 9,232 - 37,57 7,984 9,57EXEL INDUSTRIES (EXE) B 44 43,8 - 6,01 882 44,3 +12,02 47,8 FR0004527638 13/02/19 1,14 6.787.900 43,5 + 5,04 31 FAURECIA (EO) LR A 42,14 42,29 + 1,42 - 11,95 344615 42,69 +29,96 49,49 FR0000121147 31/05/19 1,25 138.035.801 41,97 - 12,15 20,58 FDJ (FDJ) G A 35,17 35,44 + 1,37 + 48,75 302377 35,63 +10,13 36,09 FR0013451333 26/06/20 0,45 191.000.000 34,81 + 62,76 18,3 1,27FFP (FFP) g A 86,9 88,5 + 1,61 - 14,9 5874 88,9 +29,58 105,6 FR0000064784 22/05/20 2,15 24.922.589 86,9 - 16,67 42,15 2,43FIGEAC AERO (FGA) g B 4,46 4,31 - 2,27 - 53,66 61639 4,485 +68,03 9,69 FR0011665280 31.839.473 4,11 - 61,52 2,415 FIN. ODET (ODET) A 740 736 - 0,27 - 5,88 53 740 + 6,67 810 FR0000062234 04/06/20 1 6.585.990 734 - 9,8 497 0,14FNAC DARTY (FNAC) G A 45,24 46,88 + 3,99 - 11,21 58244 46,9 +27,11 53,85 FR0011476928 26.608.571 45,24 - 8,08 16,29 FONCIÈRE LYONNAISE (FLY) A 64 64 + 1,27 - 13,28 403 64 +17,22 83,4 FR0000033409 21/04/20 2,65 46.528.974 63,2 - 10,36 51 GECI INTERNATIONAL (GECP) g C 0,019 0,019 + 1,06 - 42,07 5898662 0,019 -17,03 0,07 FR0000079634 01/10/01 0,1 301.583.099 0,018 - 42,6 0,018 GECINA (GFC) LR A 129,5 129,5 + 1,73 - 18,86 179574 131 +21,48 183,6 FR0010040865 01/07/20 2,5 76.461.700 128,2 - 17,41 88,5 GENFIT (GNFT) G B 4,472 4,556 + 2,52 - 74,19 805257 4,73 +45,93 20,96 FR0004163111 38.858.617 4,41 - 67,92 3,022 GENSIGHT (SIGHT) g C 7,54 7,32 - 3,56 +194,57 709552 7,67 +110,65 7,8 FR0013183985 39.693.012 7,13 +547,79 1,36

GETLINK (GET) LR A 14 14,29 + 2,44 - 7,87 862966 14,36 +23,83 17,04 FR0010533075 23/05/19 0,36 550.000.000 13,99 - 6,66 8,615 GL EVENTS (GLO) g B 9,95 10,6 + 7,07 - 55,93 95381 10,6 +51,43 24,45 FR0000066672 01/07/19 0,65 29.982.787 9,95 - 55,37 6,4 GROUPE CRIT (CEN) g B 60,8 61 + 0,66 - 17,12 628 61,7 +15,53 74,4 FR0000036675 26/06/19 1 11.250.000 60,5 - 10,29 36,15 1,64GROUPE GORGÉ (GOE) g B 13,56 13,5 - 0,44 - 20,77 10358 13,68 +12,5 19 FR0000062671 01/07/20 0,32 13.502.843 13,5 - 15,2 8,59 2,37GTT (GTT) G A 82,35 84,25 + 1,87 - 1,35 59519 84,4 + 2,43 102,7 FR0011726835 03/11/20 2,5 37.078.357 81,3 + 5,05 48,76 2,97GUERBET (GBT) g B 32,2 32,4 + 0,78 - 21,55 4783 32,4 +11,72 44,1 FR0000032526 30/06/20 0,7 12.600.874 31,8 - 38,4 24,05 2,16HAULOTTE GROUP (PIG) g B 5,13 5,26 + 1,74 - 0,75 22213 5,26 +33,5 5,78 FR0000066755 15/07/20 0,22 31.371.274 5,13 + 1,74 3,27 4,18HEXAOM (HEXA) g B 35 35,1 + 0,57 - 4,62 1266 35,3 +17 39,8 FR0004159473 11/06/19 1,5 6.937.593 34,8 + 4,78 21,7 HIGH CO (HCO) g C 5 4,96 - 0,4 - 18,42 10781 5,02 +12,98 6,32 FR0000054231 24/05/19 0,16 22.421.332 4,91 - 13,59 2,95 ICADE (ICAD) G A 61,9 65,5 + 5,73 - 32,51 172001 65,8 +50,92 106 FR0000035081 06/07/20 1,6 74.535.741 61,85 - 27,9 41,88 ID LOGISTIC (IDL) g A 194 199,2 + 2,68 + 10,42 1658 199,4 - 0,4 220 FR0010929125 5.649.427 194 + 2,68 115 IMERYS (NK) G A 34,5 35,64 + 3,61 - 5,41 110496 35,64 +39 43,54 FR0000120859 15/05/20 1,72 85.015.055 34,48 - 1 20,68 4,83INNATE PHARMA (IPH) g B 4,582 4,58 + 0,31 - 23,15 358880 4,61 +34,63 7,48 FR0010331421 78.980.640 4,47 - 18,58 2,9 INTERPARFUMS (ITP) g A 42 42,2 + 0,84 + 25,46 7309 42,25 + 8,07 44,65 FR0004024222 02/05/19 0,71 51.988.409 41,55 + 24,45 23,682 IPSEN (IPN) G A 82,5 77 - 4,76 - 2,53 297767 85,7 - 1,47 95,9 FR0010259150 03/06/20 1 83.814.526 77 - 24,88 34,2 1,3IPSOS (IPS) G A 27,15 27,75 + 3,16 - 4,15 55786 27,85 +31,52 32,1 FR0000073298 01/07/20 0,45 44.436.235 27,1 - 4,31 15,82 1,62JACQUET METAL SERVICE (JCQ) g B 11,8 12,7 + 9,86 - 17,64 43606 12,88 +28,15 15,86 FR0000033904 01/07/20 0,2 23.461.313 11,76 - 13,96 7,6 1,58JCDECAUX (DEC) G A 18,87 20,4 + 8,28 - 25,76 576808 20,42 +53,96 27,74 FR0000077919 21/05/19 0,58 212.902.810 18,82 - 21,54 12,26 KAUFMAN & BROAD (KOF) g B 35,55 36,55 + 3,4 - 1,22 22620 37 +19,44 41,86 FR0004007813 08/06/20 1,75 22.088.023 35,55 - 0,3 19,4 4,79KLEPIERRE (LI) LR A 18,45 19,475 + 5,27 - 42,47 1992010 19,565 +79,08 34,66 FR0000121964 07/07/20 1,1 299.939.198 18,425 - 40,21 10,05 KORIAN (KORI) G A 28,02 28,46 + 2,15 - 27,13 181814 28,7 +17,7 42,54 FR0010386334 11/06/19 0,6 105.038.158 27,9 - 23,48 23,441 LAGARDÈRE (MMB) G A 19,67 20,28 + 3,1 + 4,37 201266 20,56 + 8,04 28,48 FR0000130213 14/05/19 1,3 131.133.286 19 + 2,27 8,14 LDC (LOUP) A 100 99,8 - 0,2 - 4,5 719 101 + 6,17 110,5 FR0013204336 25/08/20 1,2 17.134.471 99,8 - 8,86 74,2 1,2LNA SANTÉ (LNA) g B 48,5 48,5 + 0,21 - 2,12 9276 49,7 + 9,48 53 FR0004170017 08/07/20 0,45 9.705.937 48,35 - 0,92 31,75 0,93LECTRA (LSS) g B 22,25 23,2 + 5,46 + 3,8 106831 23,55 +17,53 24,85 FR0000065484 06/05/20 0,4 32.347.211 22,2 + 5,94 12,2 1,72LINEDATA SVICES (LIN) g B 26 26,2 + 0,77 - 1,87 5097 26,2 + 3,56 30,9 FR0004156297 06/07/20 0,95 6.625.726 25,6 + 1,95 18 3,63LISI (FII) g A 21,5 21,15 - 1,4 - 29,62 31280 21,5 +52,38 32,7 FR0000050353 30/04/19 0,44 54.114.317 20,75 - 34,11 12,5 LUMIBIRD (LBIRD) g C 11,82 11,76 + 0,17 - 22,13 5602 11,9 +25,37 15,499 FR0000038242 22.466.882 11,7 - 15,33 5,365 M6-MÉTROPOLE TV (MMT) G A 13,2 13,3 + 1,53 - 20,74 151897 13,46 +41,04 17,07 FR0000053225 15/05/19 1 126.414.248 13,1 - 15,61 8,55 MAISONS DU MONDE (MDM) G B 13,97 14,88 + 7,59 + 14,73 166441 14,89 +29,5 14,89 FR0013153541 02/07/19 0,47 45.241.894 13,97 + 13,16 5,35 MANITOU (MTU) g B 21,9 21,8 + 1,63 11308 21,95 +28,24 22,3 FR0000038606 17/06/19 0,78 39.668.399 21,65 + 12,72 11,36 MARIE BRIZARD W & S (MBWS) g C 1,5 1,446 - 3,21 - 9,74 37290 1,54 +11,23 1,7 FR0000060873 27/09/07 0,5 44.698.844 1,392 - 23,89 0,651 MAUNA KEA (MKEA) g C 1,368 1,372 + 0,29 + 0,44 58187 1,416 +31,42 2 FR0010609263 30.558.480 1,368 + 23,16 0,566 MEDIAWAN (MDW) g B /271020 + 10,15 12,2 FR0013247137 33.768.746 + 17,83 5,02 MERCIALYS (MERY) G A 6,64 6,925 + 4,53 - 43,84 666141 6,935 +68,49 12,64 FR0010241638 27/04/20 0,48 92.049.169 6,63 - 42,29 3,89 MERSEN (MRN) g B 24,4 25 + 2,46 - 26,79 16169 25,05 +12,36 35,3 FR0000039620 03/07/19 0,95 20.858.964 24,4 - 16,94 12,38 METABOLIC EXPLORER (METEX) g C 2,32 2,21 - 1,34 + 43,51 314133 2,33 +43,04 2,33 FR0004177046 27.813.800 2,13 + 88,57 0,921 NANOBIOTIX (NANO) g B 12,46 12,92 + 4,53 + 56,04 240446 13,36 +117,14 14,82 FR0011341205 13/05/19 26.037.122 12,46 + 69,22 3,54 NATIXIS (KN) G A 2,599 2,692 + 4,34 - 31,99 7810450 2,703 +34,87 4,411 FR0000120685 31/05/19 0,78 3.155.951.502 2,582 - 29,03 1,471 NEOEN (NEOEN) G A 50,5 49,8 - 1,78 + 61,17 226034 50,5 + 8,26 52,9 FR0011675362 85.490.712 48,6 +100 25,3 NEXANS (NEX) G A 53 52,6 - 0,66 + 20,95 49102 53,35 +26,32 54,2 FR0000044448 17/05/19 0,3 44.105.941 52,5 + 46,44 21,55 NEXITY (NXI) G A 32,68 33,56 + 2,95 - 25,06 106013 33,82 +39,25 46,2 FR0010112524 25/05/20 2 56.129.724 32,68 - 26,63 22,04 5,96NICOX (COX) g B 5,58 5,15 - 3,01 + 18,25 697656 5,73 +49,71 6,27 FR0013018124 33.491.370 5,11 + 31,04 2,53 NRJ GROUP (NRG) B 5,8 5,78 - 0,69 - 13,73 6962 5,84 + 5,09 6,88 FR0000121691 03/06/19 0,17 78.107.621 5,78 - 3,34 4,5 ONXEO (ONXEO) g B 0,77 0,743 - 1,46 + 33,87 103382 0,77 +23,83 0,979 FR0010095596 78.317.810 0,735 + 37,08 0,3 ORPÉA (ORP) LR A 105,4 104,6 - 0,19 - 8,49 115909 106,2 +22 129 FR0000184798 12/07/19 1,2 64.615.837 104,6 - 6,86 69,1 PHARMAGEST INT. (PHA) g B 98,5 98,5 + 0,41 + 62,54 7881 98,5 +11,93 100,8 FR0012882389 01/07/20 0,9 15.174.125 98 + 67,8 41,25 0,91PIERRE & VACANCES (VAC) g B 14,55 15,1 + 5,23 - 25,25 34122 15,15 +60,3 33,9 FR0000073041 19/03/12 0,7 9.893.463 14,35 - 8,48 9,08 PLASTIC OMNIUM (POM) G A 29,36 29,16 + 0,69 + 17,11 194574 29,82 +49,16 31,48 FR0000124570 29/04/20 0,49 148.566.107 28,78 + 18,25 12,01 1,68PLASTIVALOIRE (PVL) g B 5,82 5,87 + 0,34 - 15,17 DIV 8 02/05/17 29360 5,9 +91,52 7,48 FR0013252186 18/04/19 0,2 22.125.600 5,79 - 16,14 2,79 PROLOGUE (PROL) g C 0,339 0,4 + 21,58 + 16,96 781910 0,4 +72,41 0,4 FR0010380626 46.585.630 0,327 + 4,71 0,15 QUADIENT (QDT) g B 15,25 16,5 + 10,37 - 23,54 228612 16,77 +47,45 24,3 FR0000120560 07/09/20 0,35 34.562.912 15,16 - 13,93 9,615 2,12RALLYE (RAL) A 5,05 5,11 + 2,51 - 49,51 101924 5,13 +56,51 10,3 FR0000060618 20/05/19 1 52.373.235 4,99 - 23,16 3,105 RAMSAY GDS (GDS) A 17,7 18 - 0,83 + 7,14 771 18 + 6,82 21,8 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 17,65 + 9,09 15,2 RECYLEX SA (RX) g C /130520 - 45,57 3,66 FR0000120388 04/07/90 0,61 25.886.482 - 40 1,3 RÉMY COINTREAU (RCO) G A 150,3 145,4 - 2,42 + 32,79 72357 150,3 + 0,28 162,8 FR0000130395 28/07/20 1 50.503.106 145,4 + 24,38 79,2 0,69REXEL (RXL) G A 11,5 11,62 + 2,61 - 1,9 662329 11,62 +28,71 13,415 FR0010451203 02/07/20 0,48 304.425.106 11,39 + 4,92 4,921 ROBERTET (RBT) G B 901 900 - 0,22 - 2,49 302 904 - 5,26 1068 FR0000039091 02/07/20 5 2.172.551 893 - 10,89 662 0,56ROTHSCHILD & CO (ROTH) G A 26,5 26,45 + 0,38 + 3,32 15336 26,55 +19,68 27,6 FR0000031684 20/05/19 0,79 77.617.512 26,25 + 6,01 14,62 RUBIS (RUI) G A 36,1 36,6 + 2,01 - 33,15 DIV 2 28/07/17 220043 36,74 +29,88 57,45 FR0013269123 17/06/20 1,75 103.560.783 36,1 - 29,21 27,34 4,78SARTORIUS STED. BIO. (DIM) G A 305 293 - 3,3 + 98,38 DIV 6 10/05/16 63267 305,8 -10,01 367 FR0013154002 29/06/20 0,34 92.180.190 292,8 +103,33 133,9 0,12

SAVENCIA (BH) B 57 58 + 2,11 - 5,54 1510 58,2 +20,83 64,8 FR0000120107 13/05/19 1 14.032.930 57 - 3,01 45,1

SCOR (SCR) LR A 28,7 29,28 + 2,24 - 21,75 388721 29,42 +40,36 39,12 FR0010411983 30/04/19 1,75 186.677.576 28,48 - 24,9 15,88

SEB (SK) G A 150,2 149,4 + 0,13 + 12,84 71270 151 + 7,02 155 FR0000121709 22/05/20 1,43 50.307.064 148 + 5,96 86,35 0,96

SES-IMAGOTAG (SESL) Gg B 26,65 26,55 + 0,19 - 16,25 1489 26,75 + 8,59 37,5 FR0010282822 25/06/12 0,5 15.758.108 26,5 - 14,08 19,5

SHOWROOMPRIVÉ (SRP) g C 1,85 1,78 - 1,77 +169,23 922385 1,876 +60,36 1,888 FR0013006558 117.461.769 1,75 +123,16 0,243

SOITEC (SOI) G A 148,6 149 + 1,57 + 59,02 EX-DS 13/05/16 REGR.1P20 65554 149,6 +22,33 149,9 FR0013227113 33.278.901 146,1 + 55,21 48,86

SOLOCAL GROUP (PAJ) B 2,5 2,533 + 1,71 - 91,12 193360 2,55 +32,59 30,115 FR00140006O9 129.505.837 2,49 - 91,5 1,73

SOLUTIONS 30 (ALS30) A 17,2 17,32 + 2,06 + 73,9 276900 17,56 +13,28 19,16 FR0013379484 107.127.984 17 + 79,76 5,3

SOMFY (SO) A 135 132 - 0,75 + 50,86 2454 135 +10,37 145 FR0013199916 30/06/20 1,25 37.000.000 132 + 55,66 63,6 0,95

SOPRA STERIA GP (SOP) G A 129,9 129,1 + 1,02 - 10,03 47211 131 +26,57 162 FR0000050809 02/07/19 1,85 20.547.701 128,3 - 5,97 78,15

SMCP (SMCP) g B 5,365 5,605 + 6,76 - 40,69 426479 5,625 +66,42 10,08 FR0013214145 74.117.760 5,25 - 51,18 2,945

SPIE (SPIE) G A 17,39 17,2 + 0,41 - 5,29 189281 17,5 +27,03 19,58 FR0012757854 24/09/19 0,17 157.698.124 17,15 - 6,52 7,805

SQLI (SQI) g C 18,6 18,5 - 0,27 - 24,49 4544 18,65 + 4,82 24,5 FR0011289040 21/07/17 0,88 4.613.975 18,35 + 9,21 13,42

STEF (STF) g B 72,4 72,5 + 0,98 - 9,83 985 73,6 +15,08 85,1 FR0000064271 17/11/20 1,5 13.000.000 72,2 - 18,72 57,2 4,14

SUEZ (SEV) LR A 16,155 16,07 - 0,4 + 19,17 1519718 16,225 + 2,23 16,36 FR0010613471 18/05/20 0,45 628.362.579 16,07 + 19,61 8,046 2,8

SWORD GROUP (SWP) g B 32 31,7 - 0,94 - 7,04 3546 32 + 4,62 37,15 FR0004180578 10/09/20 2,04 9.544.965 31,7 - 7,04 20,45 7,57

SYNERGIE (SDG) g B 29,1 27,85 - 2,62 - 4,62 4336 29,1 + 9,22 31,4 FR0000032658 19/06/19 0,8 24.362.000 26,8 + 4,5 13

TARKETT (TKTT) G B 14,6 14,82 + 1,65 + 2,92 40133 14,89 +42,5 16,56 FR0004188670 12/06/19 0,6 65.550.281 14,6 + 11,34 7,53

TECHNICOLOR (TCH) B 1,627 1,7 + 3,16 - 86,8 296377 1,72 +38,64 13,735 FR0013505062 218.324.139 1,624 - 87,78 1,1

TELEPERFORMANCE (RCF) R A 281,2 276,9 - 0,82 + 27,37 151629 281,2 + 7,45 297,3 FR0000051807 02/07/20 2,4 58.730.600 274,3 + 28,79 150,3 0,87

TF1 (TFI) G A 6,5 6,725 + 3,78 - 9,12 326436 6,745 +33,43 7,805 FR0000054900 29/04/19 0,4 210.392.991 6,48 - 8,32 4,062 5,95

TFF GROUP (TFF) B 27 26,6 - 1,12 - 27,52 1977 27,3 +16,67 38,2 FR0013295789 06/11/20 0,35 21.680.000 26,6 - 29,26 22 1,32

THERMADOR GROUPE (THEP) B 64 64,4 + 0,31 + 21,51 1646 64,8 +11,03 65 FR0013333432 09/04/20 1,8 9.200.849 64 + 20,15 35,7 2,8

TIKEHAU CAPITAL (TKO) g A 24 23,9 + 8,64 EX D S 03/07/17 16097 24 +26,46 26,4 FR0013230612 22/05/20 0,5 136.802.970 23,8 + 3,91 15,45 2,09

TRANSGÈNE (TNG) g B 1,712 1,742 + 2,11 + 12,39 106991 1,75 +28,66 2,08 FR0005175080 83.841.334 1,712 - 9,27 0,81

TRIGANO (TRI) G A 138 139,1 + 1,68 + 47,82 33214 140 +21,91 140,5 FR0005691656 14/01/20 2 19.336.269 136,8 + 44,9 41,76 1,44

UBISOFT ENTERTAINMENT (UBI) LR A 80,4 78,68 - 1,38 + 27,77 386054 80,9 + 3,88 85,14 FR0000054470 123.458.887 78,66 + 42,79 51,16

VALEO (FR) LR A 32,84 33,8 + 3,94 + 7,61 1093789 34,05 +30,15 34,05 FR0013176526 29/06/20 0,2 241.717.403 32,81 - 5,48 10,51 0,59

VALLOUREC REG (VK) G A 28,445 28,88 + 2,67 - 74,32 246398 29,685 +141,51 114,68 FR0013506730 11.449.694 28,345 - 69,05 11,186

VALNEVA (VLA) g B 6,78 6,12 - 4,23 +138,13 550514 6,78 + 0,49 7,35 FR0004056851 90.954.937 6,11 +144,8 1,784

VERALLIA (VRLA) g A 28 27,8 - 0,18 - 8,13 71639 28,15 +16,32 36,01 FR0013447729 15/06/20 0,85 123.272.819 27,8 - 8,01 19,26 3,06

VERIMATRIX (VMX) g B 3,085 3,075 - 0,32 + 55,3 214945 3,11 +23,99 3,245 FR0010291245 84.927.567 3,03 + 53,75 1,138

VICAT (VCT) g A 34,4 34,95 + 2,19 - 13,38 30542 34,95 +32,39 41,65 FR0000031775 20/04/20 1,5 44.900.000 34,2 - 9,22 22,5 4,29

VILMORIN & CIE (RIN) g A 50,5 49,5 - 1,2 + 2,59 3390 50,5 +10,37 52,4 FR0000052516 11/12/19 1,35 22.917.292 49,2 - 1 34,25 2,73

VIRBAC (VIRP) G A 218 217,5 + 0,23 - 8,03 2907 219 + 8,86 244,5 FR0000031577 26/06/15 1,9 8.458.000 217 - 1,81 132,2

WAVESTONE (WAVE) g B 25,25 25 - 0,99 - 3,85 2120 25,25 + 8,7 29 FR0013357621 19/09/19 0,23 20.196.492 24,85 + 4,17 15,5

WENDEL (MF) G A 94,5 94,55 - 0,21 - 20,21 56623 96,5 +27,08 127,5 FR0000121204 07/07/20 2,8 44.719.119 93,95 - 22,69 54,8 2,96

WORLDLINE (WLN) G A 78,3 76,74 - 0,98 + 21,52 952190 78,3 +20,58 82,66 FR0011981968 279.122.471 75,86 + 30,62 36,36

XPO LOGISTICS (XPO) A + 7,69 + 9,38 296 FR0000052870 20/06/19 0,6 9.836.241 + 6,87 214

AUTRES VALEURS DE LA ZONE EUROEURONEXT (ENX) G A 89,15 89,15 + 0,17 + 22,71 165976 90,7 - 0,45 109,7 NL0006294274 20/05/20 1,35 70.000.000 88,9 + 30,05 52,9 1,78

NOKIA (NOKIA) R A 3,363 3,336 + 0,65 + 0,88 0,3 289259 3,364 +15,39 4,352 11,27FI0009000681 29/07/19 0,02 5.653.886.159 3,335 + 4,51 2,083 1,5

SES (SESG) LR 7,592 7,744 + 1,55 - 38,05 870137 7,764 +12,99 14,165 LU0088087324 21/04/20 0,34 376.915.302 7,592 - 35,71 4,87 5,17

X-FAB SILICON (XFAB) g A 4,315 4,63 + 6,32 + 11,03 371665 4,66 +44,91 6,08 BE0974310428 130.781.669 4,315 + 16,48 1,868

VALEURS ZONE INTERNATIONALEGENERAL ELECTRIC (GNE) 8,241 8,647 + 1,1 - 12,2 1,29 6400 8,72 +36,82 12,1 US3696041033 USD 25/09/20 0,01 8.759.873.000 8,241 - 15,93 5,02

HSBC (HSB) 4,351 4,514 + 3,77 - 35,65 52,19 140306 4,527 +25,34 7,121 GB0005405286 USD 27/02/20 0,21 20.693.492.491 4,351 - 33,2 3,081

LAFARGEHOLCIM LTD (LHN) A 43,67 44,44 + 1,42 - 9,21 4 33451 44,91 +20,5 49,79 CH0012214059 CHF 15/05/20 2 615.929.059 43,3 - 5,35 26,89

SCHLUMBERGER (SLB) A 17,65 17,45 - 2,51 - 51,39 3,45 35481 17,95 +39,6 36,9 AN8068571086 USD 01/12/20 0,13 1.385.122.304 17,45 - 46,96 11,05

SRD Suite VALEURS FRANÇAISES SRD Suite VALEURS FRANÇAISES

A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres A pour les capitalisations supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et C pour les capitalisations inférieures à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates.

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

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euronext SÉANCE DU 01 - 12 - 2020CAC 40 : 5581,64 (1,14 %) NEXT 20 : 12105,4 (0,68 %)

CAC LARGE 60 : 6183,19 (1,10 %)CAC ALL-TRADABLE : 4330,2 (1,13 %)

DATE DE PROROGATION : 28 DÉCEMBRE

SRD VALEURS FRANÇAISES

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

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Page 35: Les Echos - 02 12 2020

Les Echos Mercredi 2 décembre 2020 FINANCE & MARCHES // 35

KEYRUSDidier Bénetrejoint Keyrus au poste de directeur général adjoint France, régions et Suisse.

Didier Bénet, 58 ans, titulaired’un MBA de HEC Paris, estinformaticien. Il a occupé des

Jade Francine, entrepreneure à la hauteur

Alors que le bras de fer du Brexit se poursuit, confir-mant un coup de frein des investisseurs outre-Manche,Jade Francine vient d’ouvrir un bureau… à Londres ! Lacofondatrice de WeMaintain, une start-up qui fait souf-fler un vent de renouveau sur la maintenance des ascen-seurs, convient que la pandémie a rendu l’exercice « assez sportif », sans pour autant empêcher cette pre-mière filiale étrangère de décrocher des contrats. « L’ascenseur reste le moyen de transport le plus utilisé aumonde et son entretien fait partie des services essentiels »,souligne la pétillante directrice des opérations, 31 ans, chevelure et regard aussi bruns que le café qu’elle sirote.

Depuis fin 2017, cette diplômée de Sciences Po Lillepilote, avec ses associés Benoît Dupont et Tristan Fou-reur, la jeune pousse de 65 collaborateurs qui bousculel’ascension des majors dans ce marché mondial évalué à 35 milliards de dollars. Son credo ? Offrir un service àvaleur ajoutée aux gestionnaires d’immeubles de bureaux et aux copropriétés, grâce à un technicien dédié, mieux rémunéré que la moyenne et autonome, équipé d’outils technologiques qui les relie au terrain.

Pourtant, rien ne prédisposait Jade Francine, nativede Boulogne-Billancourt, aînée de deux enfants, fille d’un financier et d’une mère « qui a dû tout reconstruire après son divorce », à rejoindre un secteur technique. « Jeme voyais dans la haute fonction publique », confie la petite-fille de résistants (du côté maternel) et d’Indiens français de Pondichéry et d’Indochine (côté paternel). Elle abandonne l’idée d’intégrer l’Ecole nationale d’administration et détricote son plan de carrière dans la diplomatie à la suite d’une rencontre décevante avec des énarques, « uniquement des hommes, sans vision ni humour ».

Pour cette nouvelle adepte du surf, il faut de l’audace,de l’enthousiasme, de la diversité, du neuf… Ainsi, lors-que la titulaire d’un master 2 en droit des affaires franco-asiatique, et d’un master en droit chinois des affaires décroché à l’université de Pékin, se retrouve immergée

dans l’univers entrepreneurial, c’est la révélation ! « J’ai fait ma première expérience professionnelle à Shanghai, au sein de Leaf, cabinet d’avocats fondé par Bruno Gran-gier, un entrepreneur souhaitant accompagner les entre-preneurs, et j’ai adoré découvrir les arcanes du business »,raconte-t-elle.

Anglais, chinois, tamoul et espagnolC’est à cette époque que la polyglotte (elle parle anglais, chinois, « un peu tamoul et espagnol ») fait la connais-sance de ses futurs partenaires, eux aussi expatriés en passe de rentrer en France. L’un d’eux quitte justement un ascensoriste. Ensemble, ils dessinent les contours d’un projet innovant où seraient gommés les lenteurs etdysfonctionnements de la maintenance d’ascenseur. « Ce modèle radicalement différent et plus humain, elle y croit, donc cela décuple sa capacité à emmener les équi-pes », observe Floriane Hibelot, l’une de ses proches col-laboratrices chez WeMaintain.

Pour sa part, Timothée Francine, son frère, soulignela puissance de feu de son aînée, « bosseuse, conscien-cieuse, très sociable ». Il évoque aussi « sa franchise qui peut parfois déstabiliser ». L’intéressée concède avoir parfois « des réactions impulsives » alors que, paradoxa-lement, certains sujets, essentiellement ceux sur les-quels elle n’a pas la main, la laissent de marbre. « Je pré-fère dépenser mon énergie là où c’est utile », dit-elle.

En ce moment, la copatronne de WeMaintain, pré-sente à Paris et à Londres, est en discussion avec plu-sieurs fonds d’investissement pour développer l’entre-prise dans de nouvelles villes et poursuivre les recrutements de talents, l’occasion de féminiser pro-gressivement cette industrie. Car, Jade Francine l’assume, elle est « féministe, exècre les idées reçues et l’éli-tisme ». Et « aime faire jouer les différences ». n

ENTREPRISES

LVMHChris de Lapuentedeviendra PDG de la branche distribution sélective du groupe LVMH en janvier 2021. Il conservera son rôle de membre du comité exécutif du groupe.

Chris de Lapuente, 58 ans,diplômé en économie de l’Uni-versité de Buckingham (Royau-me-Uni), supervise Sephora, legroupe Le Bon Marché ainsi quel’activité parfums et cosméti-ques du groupe. Il demeuremembre du comité exécutif deLVMH. Il a d’abord officié dès1983 chez Procter & Gambleoccupant des postes à responsa-bilité dans divers pays (Royau-me-Uni, Espagne, Turquie, Alle-magne, Suisse). Il a égalementprésidé la division hair care dugroupe. En 2011, il rejoignitLVMH en qualité de président-directeur général de Sephora,fonction qu’il assuma jusqu’enseptembre dernier.

,Envoyez vos nominations à[email protected]

+Ils sont nésun 2 décembre

•Shiva Ayyadurai, inventeur de l’e-mail, 57 ans.•Jean-Luc Bennahmias,homme politique, ex-président du Front démocrate, 66 ans. •Mathilde Cathiard-Thomas, co-fondatrice de Caudalie, 49 ans.•Jean-Louis Chaussade, ex-président de Suez, 69 ans. •Vincent Chriqui, homme poli-tique, ex directeur général du Cen-tre d’analyse stratégique, 49 ans. •Gilles Colas, président de Blackfox, chairman de Corialis Group, 72 ans. •Gaëtan Gorce, homme politique, ex-sénateur, 62 ans.•Lucy Liu, actrice, 52 ans.•Patrick Segal, ancien sportif, écrivain, 73 ans. •David Pujadas, journaliste, 56 ans. •Monica Seles, championne de tennis, 47 ans. •Britney Spears, chanteuse, 39 ans. •Benjamin Stora, historien, 70 ans.•Jan Ullrich, ancien coureur cycliste, 47 ans.•Michaël Youn, acteur, réalisateur, humoriste, 46 ans.

postes techniques et commer-ciaux au sein de sociétés tellesEDS, Steria et Software AG. En1996, il est entré dans le groupeSQLI, où il a notamment assuréla direction d’agences en France,en Suisse, en Belgique, en Angle-terre, en Espagne et au Maroc.

PORTRAIT

par Julie Le Bolzer @JulieLeBolzer

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carnetlDisparition

Philippe CassegrainIndustriel, créatif, également doté d’une âme commerciale bien trempée, Philippe Casse-grain, président de la marque de maroquinerie française Longchamp, est mort samedi, à l’âge de quatre-vingt-trois ans, des suites de complica-tions liées au Covid-19.L’homme était une figure de l’industrie dans les Pays de la Loire, où la société avait établi l’ensemble de ses usines fran-çaises, créant plusieurs cen-taines d’emplois.Attiré très tôt par l’internatio-nal, Philippe Cassegrain avait, dès 1953, à l’âge de seize ans, accompli un tour du monde avant de se fixer un an aux États-Unis, où il représentait la marque fondée en 1948 par son père, Jean Cassegrain, à Paris. Longchamp fabriquait à l’origine des pipes gainées de cuir et des articles de petite maroquinerie. De retour en France, il épaule son père, évoluant, au sein la société, de la création à la pro-duction en passant par le dé-veloppement commercial : le groupe de luxe lui doit son ré-seau international de bouti-ques. Succédant à son père en 1972, il crée les premiers sacs de voyage en Nylon et cuir et implante le groupe en Asie.Dans les années 1980, il enga-ge avec son épouse, Michèle, la féminisation de la marque, enrichissant les gammes de sacs à main. C’est lui qui ima-gine, en 1993, le sac Le Pliage, un best-seller qui s’inspire des origamis japonais.

Philippe Cassegrain avait confié les rênes de l’entreprise à son fils Jean, directeur géné-ral, et à sa fille Sophie Dela-fontaine, directrice artistique, tandis que la quatrième géné-ration vient récemment de re-joindre l’entreprise familiale.Emmanuel Guimard– Correspondant à Nantes

CHANGES COURS AU COMPTANT VAR. VAR. COURS VEILLE ANNÉE1 EURO EN DEVISE BCE EN % EN %01-12-2020

TAUX MARCHÉS MONÉTAIRES ET EURODEVISES MARCHÉS MONÉTAIRES JOUR 1 MOIS 3 MOIS 6 MOIS 1 AN01-12-2020

ECARTS DE TAUX AVEC L’ALLEMAGNE 6 MOIS 2 ANS 5 ANS 7 ANS 10 ANS01-12-2020

ALLEMAGNE 100,30 -0,70 -0,77 -0,73 -0,60

PORTUGAL 0 5,58 0,22 0,31 0,42

FRANCE -0,03 0,03 0,12 0,12 0,20

ESPAGNE -0,06 0,17 0,26 0,40 0,56

ITALIE -0,05 0,28 -0,03 0,96 1,09

DOLLAR US 1,2042 0,93 7,32LIVRE STERLING 0,8986 0,39 6,14FRANC SUISSE 1,0837 0,01 -0,17COURONNE DANOISE 7,445 0,02 -0,38COURONNE NORV. 10,6242 0,04 7,56KUNA CROATE 7,5539 0,00 1,46COURONNE SUEDOISE 10,2405 0,10 -2,43DOLLAR CANADIEN 1,56 0,54 7,07YEN JAPONAIS 125,685 0,96 3,05DOLLAR AUSTRALIEN 1,6365 0,80 2,33ROUBLE RUSSE 91,1773 -0,05 31,26ROUPIE INDIENNE 88,53 0,24 10,65DOLLAR NEO-ZELANDAIS 1,7057 0,24 2,22COURONNE TCHEQUE 26,2805 0,05 3,43FORINT HONGROIS 356,5 -0,65 7,67ZLOTY POLONAIS 4,4528 -0,58 4,32LEV BULGARE 1,957 0,03 0,04DOLLAR HONG-KONG 9,333 0,91 6,83WON SUD COREEN 1333,6 0,70 2,92PESO MEXICAIN 24,1319 0,23 13,60REAL 6,3169 -0,72 40,15DOLLAR SINGAPOUR 1,6113 0,69 6,75RAND SUD-AFRICAIN 18,3845 -0,38 17,02LIVRE TURQUE 9,4558 1,23 41,66RENMIBI YUAN 7,9134 0,80 1,35RUPIAH 17014,6406 0,98 9,23PESO PHILIPPIN 57,8462 0,73 1,83RINGGIT MALAIS 4,9127 1,09 6,97BATH THALANDAIS 36,4464 0,89 9,35

ZONE EURO -0,45/-0,75 -0,47/-0,77 -0,38/-0,68 -0,36/-0,66 -0,36/-0,66

SICAV/FCP

FR0013341781 2CRSI g C 4,6 4,6 4,28 4,36 - 3,22 183409

FR0013185857 ABEO g C 8,76 8,88 8,56 8,58 - 0,23 8975

FR0012616852 ABIONYX PHARMA g B 0,971 0,99 0,961 0,963 - 2,83 221251

FR0000064602 ACANTHE DEV. C 0,43 0,437 0,429 0,437 10503

FR0000076861 ACTEOS g C 1,55 1,57 1,49 1,53 - 1,61 10778

FR0000062978 ADL PARTNER g C 14,1 14,35 13,85 14 - 0,71 1117

FR0012821890 ADUX g C 1,58 1,6 1,52 1,6 + 1,27 8495

FR0004152874 ADVENIS g C 2,16 2,16 2,08 2,1 - 2,78 10415

FR0013296746 ADVICENNE g C 7,94 8,2 7,9 8,06 + 2,55 18917

FR0013421286 ALPHA MOS C 1,4 1,55 1,4 1,52 - 1,3 2303

FR0012789667 AMPLITUDE g C 2,13 2,14 2,13 2,13 - 0,47 2077

FR0011992700 ATEME g C 16,12 17,1 16,12 16,6 + 2,98 35867

FR0000039232 AUREA g C 5,36 5,44 5,36 5,44 + 0,37 1073

FR0013183589 AURES TECHNO g C 18,85 18,85 18,7 18,8 - 0,27 1740

FR0013529815 AVENIR TELECOM C 0,603 0,62 0,6 0,6 - 0,46 329436

FR0013258399 BALYO g C 1,434 1,45 1,35 1,35 - 2,17 551758

FR0000035370 BASTIDE CONF.MED. g C 47,6 47,95 46,1 47 - 0,74 7463

FR0011814938 BOOSTHEAT C 3,9 3,95 3,26 3,49 - 8,16 225214

FR0000074254 BOURSE DIRECT C 2,38 2,4 2,34 2,4 + 3,45 23076

FR0010151589 CAFOM C 5,2 6,2 5,2 6,2 + 20,39 36088

FR0012969095 CAPELLI g C 33,5 34,8 33,5 34,6 + 3,28 4560

FR0000072894 CAST g C 3,64 3,69 3,54 3,67 + 0,55 3922

FR0000064446 CATERING INTL SCESg B 10,5 10,55 10,3 10,4 - 0,95 3378

FR0010193979 CBO TERRITORIA C 3,59 3,59 3,54 3,57 30484

FR0000053506 CEGEDIM B 27,3 27,9 26,9 27,5 + 3 16595

FR0000054322 CIBOX INTERACTIVE g C 0,2 0,207 0,199 0,207 + 4,55 244773

FR0013426004 CLARANOVA g B 7,35 7,375 7,12 7,125 - 1,59 230659

FR0000053399 CNIM GROUP C 15 15,1 13,85 14 - 6,67 4893

FR0013335742 COGELEC g C 7,14 7,3 7,14 7,3 + 0,83 1239

FR0004031763 COHERIS g C 2,01 2,01 1,96 1,96 - 2,49 1195

FR0010483768 CRCAM BRIE PIC. CC B 23,095 23,3 22,6 22,61 - 1,7 8190

FR0000185514 CRCAM NORD FR. B 21,2 21,34 21 21,165 + 0,1 2686

FR0000044364 CRCAM NORM. SEINE B 112,98 113,98 112 113,48 + 0,44 1380

FR0000045528 CRCAM PARIS IDF B 71,2 73,5 71 73,5 + 3,23 3956

FR0007317813 CS GROUP g C 3,6 3,64 3,6 3,64 1071

FR0013283108 DELTA PLUS g B 66,2 66,4 64,8 65,8 + 0,92 2073

FR0000073793 DEVOTEAM g C 97,8 98 97,7 98 + 0,2 10469

FR0012202497 DIAGNOSTIC MEDICALg C 1,76 1,76 1,605 1,675 - 5,1 75637

FR0010099515 ECA g B 22,4 22,6 22,1 22,3 - 1,33 2759

FR0000072373 EGIDE g C 0,922 0,936 0,906 0,918 + 1,33 39404

FR0012650166 ENGIE EPS g C 12,05 13,1 11,65 12,7 + 4,1 46306

FR0000120669 ESSO g B 12,1 12,35 12,1 12,2 - 1,61 3495

FR0000054678 EURO RESSOURCES C 3,07 3,14 3,03 3,14 2308

FR0000075343 EUROMEDIS GROUPE C 12,7 12,8 12,3 12,4 - 2,36 8860

FR0010490920 EUROPACORP g C 0,839 0,839 0,794 0,821 - 2,15 172448

FR0000038184 F.I.P.P. C 0,214 0,228 0,214 0,228 + 6,54 5100

FR0011271600 FERMENTALG g C 1,426 1,468 1,38 1,444 + 2,27 271963

FR0000060824 FINANCIERE MARJOS C 0,232 0,232 0,232 0,232 - 17,14 27500

FR0004076891 FLO (GROUPE) g B 0,149 0,15 0,145 0,15 19014

FR0011277391 FONC. PARIS NORD g C 0,026 0,026 0,026 0,026 + 2 88007

FR0013030152 FRANCAISE ENERGIE g C 17,65 17,7 17,5 17,65 1464

FR0010501692 GENERIX g C 6,54 6,66 6,54 6,66 + 1,84 3118

FR0013399474 GENKYOTEX g C 3,02 3,05 3,02 3,05 + 0,66 26946

FR0011799907 GENOMIC VISION g C 0,79 0,832 0,751 0,79 + 0,51 2209481

FR0000065971 GRAINES VOLTZ C 95 100 95 100 + 4,71 1776

FR0004050300 GROUPE OPEN g C 14,98 14,98 14,92 14,92 - 0,4 1444

FR0012612646 GROUPE PARTOUCHE B 21,3 21,4 20,8 20,9 - 0,48 1539

FR0010214064 GROUPE PIZZORNO C 20,2 20,4 20 20,4 - 0,97 982

FR0004155000 GROUPE SFPI g C 1,675 1,675 1,6 1,63 - 2,4 57864

FR0000066722 GUILLEMOT g C 8,4 8,78 8,3 8,66 + 2,85 49758

FR0000038531 HF COMPANY C 4,92 4,94 4,87 4,87 - 0,82 2051

FR0012821916 HIPAY GROUP g C 13,4 14,45 13,25 13,8 + 7,81 39485

FR0000065278 HOPSCOTCH GROUPE g C 4,82 5,5 4,82 5,3 + 9,96 6045

FR0000051393 IDI B 40,7 41,4 40,6 41,2 + 1,23 681

FR0000071797 INFOTEL g C 40,6 40,6 39,8 40,2 - 0,99 2367

FR0000064297 INNELEC MULTIMEDIAg C 4,84 4,92 4,81 4,86 + 0,41 2939

FR0013233012 INVENTIVA g B 10,92 11,14 10,82 10,82 - 0,55 69068

FR0004026151 ITESOFT g C 3,12 3,12 3,08 3,08 - 1,28 1003

FR0012872141 JACQUES BOGART g C 9,12 9,92 9,1 9,36 + 4 16099

FR0004029411 KEYRUS g C 2,38 2,58 2,38 2,51 + 5,91 28059

FR0000032278 LATECOERE g C 1,98 1,98 1,86 1,868 - 5,27 114695

FR0013233475 LYSOGENE g C 2,28 2,28 2,17 2,21 39689

FR0000060196 M.R.M. C 0,985 0,985 0,95 0,95 - 4,04 1087

FR0000032302 MANUTAN INTER. B 62 64,6 62 64,6 + 4,19 2351

FR0000051070 MAUREL ET PROM g B 1,55 1,624 1,55 1,624 + 4,24 260635

FR0011742329 MCPHY ENERGY g C 37,3 37,4 34,6 34,8 - 4,79 259188

FR0004065605 MEDINCELL C 10,8 11 10,4 10,8 39122

FR0010298620 MEMSCAP g C 1,06 1,105 1,06 1,095 + 3,79 34349

ACTIONSEURONEXT HORS SRD FRANÇAISES

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL

ACTIONSEURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL

FR0000077570 MICROPOLE g C 1,075 1,1 1,075 1,09 - 0,91 18552

FR0013482791 NACON SAS B 7,57 7,74 7,52 7,58 + 2,43 105927

FR0013018041 NAVYA g B 4,2 4,35 4,15 4,275 + 3,76 463459

FR0004154060 NETGEM g C 1 1,005 0,996 1,005 + 0,5 16412

FR0004050250 NEURONES B 24,1 24,3 23,9 24,3 + 1,25 1369

FR0000052680 OENEO g B 10,58 10,88 10,5 10,62 + 2,12 16410

FR0010428771 OL GROUPE g C 2,17 2,2 2,17 2,17 12790

FR0000075392 ORAPI g C 7,2 7,56 7,06 7,46 + 9,38 52033

FR0010609206 OREGE C 0,87 0,908 0,862 0,886 + 0,23 62745

FR0012127173 OSE IMMUNO g C 7,38 7,38 7,2 7,32 + 1,39 36407

FR0004038263 PARROT B 4,94 4,94 4,45 4,53 - 6,41 25991

FR0000038465 PASSAT g C 5,7 5,85 5,65 5,8 - 3,33 30072

FR0011027135 PATRIMOINE ET COMM B 14,8 15 14,8 14,9 + 0,68 889

FR0000053514 PCAS B 9,5 9,6 8,75 9,6 - 3,03 2081

FR0012432516 POXEL g C 6,88 6,88 6,7 6,76 + 0,9 39797

FR0004052561 PROACTIS C 0,13 0,139 0,12 0,137 + 5,39 28968

FR0012613610 PRODWAYS GROUP g C 1,83 1,89 1,83 1,89 + 4,71 26052

FR0000060329 PSB INDUSTRIES g B 16,15 17 16,15 16,7 + 3,41 3808

FR0000054199 S.T. DUPONT C 0,076 0,077 0,074 0,076 225510

FR0006239109 SCBSM g C 7,6 8 7,6 7,95 + 4,61 4240

FR0000039109 SECHE ENVIRONNEM. g B 38,1 39,95 37,95 39,6 + 4,76 16742

FR0011950682 SERGEFERRARI GP g C 6,2 6,34 6,14 6,14 15407

FR0000060790 SIGNAUX GIROD g C 11,45 11,45 11,3 11,4 - 0,44 750

FR0000074122 SII g C 21,8 22,9 21,8 22,6 + 4,15 3274

FR0004016699 SMTPC g B 16,6 16,7 15,85 16,7 + 2,14 2476

FR0000065864 SOGECLAIR g C 13,5 13,5 13,35 13,5 630

FR00140006O9 SOLOCAL GROUP B 2,5 2,55 2,49 2,533 + 1,71 193360

FR0010526814 SUPERSONICS g C 1,36 1,36 1,31 1,345 - 1,1 772

FR0000060949 TIVOLY C 16,4 16,4 16,2 16,4 + 1,24 1066

FR0000033003 TOUAX g C 9,24 9,3 9,04 9,1 - 1,3 18729

FR0000036816 TOUR EIFFEL g B 31 31 30,6 30,7 - 0,65 1739

FR0000034548 UNION FIN.FRANCE g B 19,55 19,75 19,55 19,6 + 0,26 669

FR0000074197 UNION TECH.INFOR. g C 0,585 0,6 0,585 0,595 + 1,71 16859

FR0004186856 VETOQUINOL B 81,6 82,2 80,8 80,8 - 0,74 1491

FR0000066680 VIDELIO C 1,65 1,7 1,65 1,7 + 3,03 1357

FR0000050049 VIEL ET CIE C 5,6 5,66 5,6 5,66 + 0,36 4046

FR0004183960 VOLUNTIS g C 4,77 4,87 4,63 4,82 + 1,05 75516

FR0000062796 VRANKEN - POMMERY B 15,45 15,45 15,15 15,3 1479

FR0004034072 XILAM ANIMATION g C 45,1 45,85 45,1 45,15 2159

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL

ACTIONSEURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES

CERTIFICAT/FONDS INVESTIR 10INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 125,81 0,29

INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 101,53 0,72

Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP. Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembour-geoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».

Banque Cantonalede Genève (France) SATél. 04 72 07 31 50bcgef.fr/fonds

CLA

SSIF

ICAT

ION

CLA

SSIF

ICAT

ION

Mirabaud Asset ManagementTél. +41 058 200 60 [email protected]

LU0704154292 RAM (L) SF EM MKT EQ 200,69 30/11

LU0375629556 RAM (L) SF EUROPEAN EQ 458,89 30/11

LU1048876350 RAM (L) SF GB STB INCOME EQ 127,21 30/11

LU0705072691 RAM (L) SF L/S EM MKT EQ 103,14 30/11

VAL. UNIT DATE DERNIER DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NETCODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** MONT. DATE

VAL. UNIT DATE DERNIER DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NETCODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** MONT. DATE

VAL. UNIT DATE DERNIER DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NETCODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** MONT. DATE

VAL. UNIT DATE DERNIER DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NETCODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** MONT. DATEC

LASS

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N

CLA

SSIF

ICAT

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LU2004923152 SWISS ALL CAPS (EUR) 117,85 30/11 LU1626130063 SWISS SMALL & MID CAPS (CHF) 119,46 30/11 LU1626130816 SILK ROAD ZONE STOCKS (USD) 106,32 30/11 LU0851564038 BALANCED (EUR) 128,65 30/11 LU0851564384 DYNAMIC (EUR) 149,98 30/11 LU1626130220 HIGH DIV. EUROPE STOCKS (EUR) 96,18 30/11 LU0851564541 WORLD EQUITY (EUR) 174,44 30/11

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LU0705071701 RAM (L) SF L/S EUROPEAN EQ 129,76 30/11

LU0375630729 RAM (L) SF NORTH AM EQ 345,32 30/11

LU0419186167 RAM (L) TF GB BD TOT RET 156,04 30/11

LU0935723782 RAM (L) TF II ASIA BD TOT RET 155,92 30/11

SYNCHRONY (LU)

Page 36: Les Echos - 02 12 2020

36 // Mercredi 2 décembre 2020 Les Echos

General Motors n’a pas tout perdu dans la débâcle de Nikola.

L’une des meilleures blagues de l’année 2020 aura été la révélation, début septembre, du CV du directeur de la production et de l’infrastructure d’hy-drogène de la « start-up » américaine de poids lourds Nikola : juste avant de prendre ses fonctions, Travis Milton, le frère du patron-fondateur, Trevor, faisait l’ouvrier en terrassement à Hawaï… La plaisanterie n’avait alors guè-re fait rire à Renaissance, le siège de General Motors qui avait annoncé en fanfare l’avant-veille un « partenariat stratégique » avec ce « leader de la disruption ». Le fabricant de l’Hummer « disrupte » à son tour cet accord, mais ses actionnaires ne devraient pas l’avoir trop méchante. Les liens avec Nikola, réduits à la portion congrue d’une licence de la pile à combustible de GM sans aucune prise de risque capitalistique, ont de fortes chances de ne jamais se concrétiser, vu la relation de Nikola en Europe avec Bosch sur un système plus avancé. Malgré ce « couac » qui ternit les états de service de Mary Barra, la patronne de GM, les investisseurs ne sont pas à plaindre. Depuis ce coup de projecteur sur les technologies du constructeur, le titre s’est installé sur la troisième marche du podium mondial des plus fortes hausses du secteur (+50 %), avant même Tesla. Sa batterie d’entrée de gam-me avec 700 kilomètres d’autonomie pourrait devenir une pépite vers 2025.L’Hummer devient électrique…

Bon Hummer

La population des entreprises « zombies » - ces « mortes vivan-tes » dont l’excédent brut d’exploi-tation ne couvre pas les intérêts -, va croissante, pandémie oblige. Elle pourrait représenter 30 % des 2.166 grandes sociétés cotées des quatre principaux pays de la zone euro, contre 21 % en 2019 et 11 % en 2008, selon une étude de Natixis. Et malgré les apparences, des taux bas et des prêteurs peu ren-tables ne jugulent pas ce phéno-mène qui peut freiner à terme la productivité, au contraire. Selon ces experts, tests de causali-té à l’appui, plus le loyer de l’ar-gent est faible à une période don-née, plus la part des « zombie » se-ra forte quatre périodes plus tard. Et plus la capacité des banques à digérer les pertes (mesurée par leur ratio cours/actif net) est fai-ble, plus la « zombification » est élevée.

Des taux bas et des banques faibles ne présagent pas d’entreprises plus robustes, au contraire. Divorce à l’italienneUniCredit redoute déjà d’avoir à regretter l’ère Mustier.

Mariage à l’italienne ou célibat à la française, l’alternative méritait une franche explication. Avec le départ annoncé du patron d’UniCre-dit Jean-Pierre Mustier, c’est donc une union avec Banca Monte dei Pas-chi di Siena qui se profile, au prix d’un divorce plus rapide que prévu du banquier français avec son « board » italien, et de l’absence de bénédic-tion de la part des investisseurs sous le choc. Les 60 millions d’euros de capitalisation boursière gagné chez la plus vieille banque d’Europe (+4,3 %) font pâle figure face au 1,6 milliard envolé (-8,5 %) chez le nu-méro un bancaire de la Botte par la taille des actifs, sans aucune conta-gion pour le rival Intesa Sanpaolo (+2,9 %), qui creuse l’écart. Le flou ac-cru sur la politique de dividendes et rachats d’actions à portée de main après la délicate restructuration menée depuis la mi-2016, n’explique pas tout. La rentabilité est encore bien pauvre pour soutenir une con-jointe en difficultés. Le risque d’intégration n’en rendrait que plus né-cessaire des incitations publiques dans la corbeille nuptiale, qui ne sont jamais gratuites, à Rome ou à Bruxelles. Le passage de relais à des « wedding planners » locaux peut donc sembler on ne peut plus logi-que. Mais les entremetteurs de la péninsule ne devront pas dilapider trop vite le capital de confiance du boss sortant, qui avait levé 13 mil-liards d’euros de capital sur sa bonne réputation.

// Budget de l’Etat et PSR 2021 : 448,8 milliards d’euros (prévisions PLF 2021) // PIB 2020 : 2.223 milliards d’euros// Plafond Sécurité sociale : 3.428 euros/mois à partir du 01-01-2020 // SMIC horaire : 10,15 euros à partir du 01-01-2020 // Capitalisation boursière de Paris : 1.764,98 milliards d’euros (au 30-11-2020)// Indice des prix (base 100 en 2015) : 104,51 en novembre 2020 // Taux de chômage (BIT) : 9 % au 3e trimestre 2020 // Dette publique : 2.638,3 milliards d’euros au 2e trimestre 2020

= Les chiffres de l’économie

Des mortes bien croissantescrible

EN VUE

Agnès Pannier-Runacher

A vec les vaccins la ministre délé-guée à l’Industrie a peut-êtretrouvé l’antidote à l’ombre qui la

menaçait. Celle d’un Bruno Le Maire à lastature agrandie par sa gestion de l’épi-démie. Or l’ombre, madame épouse Pan-nier née Runacher n’aime pas trop. A 46 ans, elle a déjà étoffé un CV fait d’étu-des brillantes (HEC, ENA), de service public (Assistance publique, Caisse des Dépôts), de secteur privé (Faurecia) et depolitique. Très bonne danseuse, la ministre est « hyperlaxe », autrement ditelle peut se plier dans tous les sens. Cela pourra l’aider en politique. Elle « sent » leterrain, parle bien des entreprises. Aimeémailler ses discours ministériels de ses souvenirs d’industrielle. Aux rencontreséconomiques d’Aix-en-Provence pour parler des coûts cachés de la délocalisa-tion, elle évoqua l’éloignement qui pèse quand on travaille à 10.000 kilomètres l’un de l’autre. Ainsi, lorsqu’on s’aperçoit que le produit commandé n’est pas celui

livré, le renvoyer au bout du monde c’est la galère : « Quand j’étais dans l’industrie on appelait ça des “pastèques”, le produit qui partait vert, arrivait rouge. » Un peu comme les écolos. Sa couleur politique àelle fait l’objet de discussions. « Libé » n’accorde pas le précieux label de « gau-che » comme ça : « Cette inspectrice des finances qui se dit de gauche », précise le journal. On ne plaisante pas avec les saintes huiles. Plus précisément, l’ins-pectrice des finances (qui a épousé un inspecteur des finances) s’affirme « libé-rale de gauche » : « La droite ne corres-pond pas à mes idées, je ne me reconnais-sais pas dans les programmes de gauche. »Madame Industrie connaissait Macron depuis 2006, elle s’est donc mise En mar-che. Avant les vaccins, elle s’occupa de l’approvisionnement en masques. Son ambition est à visage découvert.

(Lire nos informationsPage 18

La Bourse de Paris optimiste

• La Bourse de Paris a clôturé sa pre-mière séance de décembre, en hausse de 1,14 % dans un contexte jugé favorable par les investisseurs, le CAC 40 clôturant à 5.581,64 points.L’indice phare de la place parisiennereprend son ascension après avoir subi des prises de bénéfices la veille, au terme de son meilleur mois en plus de 30 ans. A Londres, le Footsie a terminé en forte hausse de 1,89 %, et à Francfort le DAX a gagné 0,69 %.

Les marchés sont portés par lesespoirs de vaccination massive con-tre le Covid-19. Le tandem Pfizer-BioNtech a déposé ce mardi une demande de mise sur le marché en Europe de son vaccin. L’OCDE a en

revanche revu à la baisse sa prévi-sion de croissance mondiale en 2021.

Côté valeurs, Arcelor Mittal apris la tête du CAC 40, à +5,99 %, et lafoncière URW a grimpé de 5,41 %. Le secteur bancaire est remonté après avoir souffert la veille : CréditAgricole SA a rebondi de 5,49 %, Société Générale de 5,15 % et BNPParibas de 2,89 %. Le secteur pétro-lier est également reparti de l’avant.Les membres de l’Opep poursui-vent leurs discussions après avoir annoncé le report à jeudi de la réu-nion Opep+ . Total a fini en hausse de 1,41 %. Le secteur informatique a fermé la marche du CAC 40. Atos aperdu 1,51 % et Worldline 0,98 %.