les echos - 20 07 2020

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LUNDI 20 JUILLET 2020 ISSN0153.4831 113 e ANNÉE NUMÉRO 23243 26PAGES Antilles Réunion 4,10 €. Belgique 3,50 €. Espagne 4,40 €. Grande-Bretagne 3£80. Grèce 4,20 €. Italie 4,40 €. Luxembourg 3,80 €. Maroc 31 DH. Suisse 5,90 FS. Tunisie 5,00 TND. Zone CFA 3100 CFA. IStock Industrie : 78 sites « clés en main » INDUSTRIE Face au risque de décrochage post-Covid de l’industrie française et en atten- dant le grand plan de relance de la rentrée annoncé par Emma- nuel Macron, le gouvernement a décidé d’activer aussi vite que possible une série d’initiatives locales pour soutenir l’emploi. A commencer par l’annonce de la création de 78 sites « clés en main » pour lesquels les autori- tés garantissent un calendrier accéléré d’autorisations admi- nistratives, ou par l’engage- ment de financer 100 projets locaux d’investissements industriels. Une philosophie très « terrain » revendiquée par Bercy, qui se veut complémen- taires des politiques « grandes filières ». // PAGE 14 Baisse de la taxe d’habitation des plus aisés dès 2021 FISCALITÉ Emmanuel Macron avait ouvert, le 14 juillet, la porte à un report de la suppression de la taxe d’habitation pour les 20 % de Français les plus aisés qui la paient encore, normalement prévu de 2021 à 2023. Un geste qu’il avait envisagé comme « légitime », dans un « moment exceptionnel ». Mais le chef de l’Etat avait alors dit qu’il laissait la main au gouvernement. Celui-ci a tranché. Vendredi, inter- rogé sur France 2, le Premier ministre, Jean Castex, a assuré que le rythme de suppression de la taxe d’habitation pour ces ménages les plus aisés était « maintenu ». Mais, « là encore, nous nous adapterons en fonction de l’évolution de la con- joncture », a-t-il précisé. // PAGE 2 Relativiser la hausse de la dette publique L’analyse de Guillaume de Calignon L’envol de la dette publique, qui va toucher les 120 % du PIB en France, a, a priori, de quoi inquiéter. Pourtant, les taux d’intérêt resteront durablement bas en raison de l’abondance d’épargne. Ce qui devrait davantage être craint, c’est que cette épargne ne finance pas les investissements. // PAGE 7 SOMMET Pour leurs retrou- vailles à Bruxelles, les chefs d’Etat et de gouvernement européens n’étaient toujours pas parvenus à un accord, dimanche en fin de journée, sur le futur budget de l’Union et, surtout, sur le plan de relance adossé de 750 milliards d’euros. Le pessimisme dominait encore après deux premières journées d’un sommet marathon. L’opposition persistait entre les partisans, comme l’Allemagne et la France, d’un plan de relance ambitieux, et les pays du Nord rechignant à franchir le pas d’un endettement commun. La chan- celière allemande, Angela Mer- kel, n’excluait pas un possible échec des discussions. // PAGE 4 Tour de vis pour éviter la deuxième vague l L’épidémie montre des signes de légère reprise. l Le port du masque devient obligatoire dans les lieux publics clos. l En cas de regain, un plan de reconfinement ciblé est quasi prêt. // PAGES 3, 6 ET L’ÉDITORIAL DE DOMINIQUE SEUX PAGE 12 séries d’été « Les people se rebiffent » Notre roman politique, épisode 5 // P. 10 « Des affaires pas ordinaires » Gemstab, l’alchimiste du vin // P. 20 SUR ÉDITO ÉCO À 7H15 DANS LE 6H30-9H DE FRANÇOIS GEFFRIER NICOLAS BARRÉ A Bruxelles, les coulisses d’une guerre de tranchées Sous le choc du Covid-19, les industriels français doivent absolument baisser leurs coûts. Franck Crusiaux / RÉA John Thys/Pool via Reuters UPLOADED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws

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Page 1: Les Echos - 20 07 2020

LUNDI 20 JUILLET 2020

ISSN0153.4831 113e ANNÉENUMÉRO 23243 26PAGES

Antilles Réunion 4,10 €. Belgique 3,50 €.Espagne 4,40 €. Grande-Bretagne 3£80.Grèce 4,20 €. Italie 4,40 €. Luxembourg3,80 €. Maroc 31 DH. Suisse 5,90 FS. Tunisie5,00 TND. Zone CFA 3100 CFA.

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Industrie : 78 sites « clés en main »

INDUSTRIE Face au risque de décrochage post-Covid de l’industrie française et en atten-dant le grand plan de relance dela rentrée annoncé par Emma-nuel Macron, le gouvernement a décidé d’activer aussi vite que possible une série d’initiatives locales pour soutenir l’emploi. A commencer par l’annonce dela création de 78 sites « clés en main » pour lesquels les autori-tés garantissent un calendrier accéléré d’autorisations admi-nistratives, ou par l’engage-ment de financer 100 projets locaux d’investissements industriels. Une philosophie très « terrain » revendiquée parBercy, qui se veut complémen-taires des politiques « grandes filières ». // PAGE 14

Baisse de la taxe d’habitation des plus aisés dès 2021FISCALITÉ Emmanuel Macron avait ouvert, le 14 juillet, la porte à un report de la suppression de la taxe d’habitation pour les 20 % de Français les plus aisés qui la paientencore, normalement prévu de 2021 à 2023. Un geste qu’il avait envisagé comme « légitime », dans un « moment exceptionnel ». Mais le chef de l’Etat avait alors dit qu’il laissait la main au gouvernement. Celui-ci a tranché. Vendredi, inter-rogé sur France 2, le Premier ministre, Jean Castex, a assuré quele rythme de suppression de la taxed’habitation pour ces ménages les plus aisés était « maintenu ». Mais, « là encore, nous nous adapterons en fonction de l’évolution de la con-joncture », a-t-il précisé. // PAGE 2

Relativiser la hausse de la dette publiqueL’analyse deGuillaume de Calignon

L’envol de la dette publique, qui va toucher les 120 % du PIB en France, a, a priori, de quoi inquiéter. Pourtant, les taux d’intérêt resteront durablementbas en raison de l’abondance d’épargne. Ce qui devrait davantage être craint, c’est que cette épargne ne finance pas les investissements. // PAGE 7

SOMMET Pour leurs retrou-vailles à Bruxelles, les chefs d’Etatet de gouvernement européens n’étaient toujours pas parvenus à un accord, dimanche en fin de journée, sur le futur budget de l’Union et, surtout, sur le plan de relance adossé de 750 milliards d’euros. Le pessimisme dominait encore après deux premières

journées d’un sommet marathon.L’opposition persistait entre les partisans, comme l’Allemagne et la France, d’un plan de relance ambitieux, et les pays du Nord rechignant à franchir le pas d’un endettement commun. La chan-celière allemande, Angela Mer-kel, n’excluait pas un possible échec des discussions. // PAGE 4

Tour de vis pour éviter la deuxième vaguel L’épidémie montre des signes de légère reprise.l Le port du masque devient obligatoire dans les lieux publics clos.l En cas de regain, un plan de reconfinement ciblé est quasi prêt.

// PAGES 3, 6 ET L’ÉDITORIAL DE DOMINIQUE SEUX PAGE 12

séries d’été

« Les people se rebiffent » Notre roman politique, épisode 5 // P. 10

« Des affaires pas ordinaires » Gemstab, l’alchimiste du vin // P. 20

SUR

ÉDITO ÉCOÀ 7H15DANS LE 6H30-9HDE FRANÇOIS GEFFRIER

NICOLAS BARRÉ

A Bruxelles, les coulisses d’une guerre de tranchées

Sous le choc du Covid-19, les industriels français doivent absolument baisser leurs coûts.

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Page 2: Les Echos - 20 07 2020

Alain Ruello @AlainRuello

et Isabelle Ficek @IsabelleFicek

Syndicats et patronat sont repartis de Matignon, vendredi, après le pre-mier sommet social de l’ère Castex, avec une liste très chargée. Plan jeu-nes, relance, financement de la pro-tection sociale, télétravail, sans oublier les retraites ou l’assurance-chômage : aux partenaires sociaux qui se plaignaient d’être négligés jusqu’ici, Jean Castex a proposé de les associer à une quinzaine de concertations ou de négociations.

« Il y a beaucoup de sujets sur latable, peut-être un peu trop », a d’ailleurs souligné pour le Medef Geoffroy Roux de Bézieux. « Agendatrès dense », a abondé François Hommeril, pour la CFE-CGC, prêt, comme ses pairs, à relever le défi à condition que leurs contributions soient respectées. « Sur toutes ces mesures, nous tiendrons le plus grandcompte de leurs propositions », s’est engagé Jean Castex vendredi. Une autre conférence du dialogue social a déjà été fixée pour octobre.

Sujets qui fâchentSyndicats et patronat sont d’autant plus satisfaits que le Premier minis-tre a mis, comme ils le deman-daient, la priorité sur l’emploi, ren-voyant les sujets qui fâchent à plus tard. C’est le cas de l’assurance-chômage même si le décalage des mesures décriées de la réforme de 2019 ne vaut pas, selon Jean Castex,renoncement. «C’est une bonne réforme, nous la mènerons à terme »,a-t-il insisté, tout en ouvrant la porteà des aménagements.

C’est aussi, et surtout, le cas de laréforme des retraites. Jean Castex aconfirmé qu’il distinguerait la réforme systémique – avec la mise en place d’un régime universel de

retraite « qui vise à plus de justice » –des éléments financiers, en clair, d’une réforme paramétrique. Pour le régime universel, il a promis une « nouvelle méthode » de concerta-tion pour améliorer « le contenu et la lisibilité pour nos concitoyens ». Il l’a surtout renvoyée à 2021, année électorale. Et à une encablure de la présidentielle de 2022.

Faut-il y voir un enterrement decette réforme majeure ? Le Premier ministre, là encore, a insisté sur le fait que la réforme systémique serait« maintenue ». Pas question de lais-ser penser que l’exécutif renonce à sa volonté réformatrice, marque de fabrique d’Emmanuel Macron. Au Sénat, Jean Castex a insisté sur « la disparition, à terme, des régimes spé-

ciaux ». Reste qu’il a « entendu les inquiétudes ». L’urgence n’est donc pas à réveiller ce volcan. « S’il donne des gages sur l’emploi aux partenai-res sociaux, il pourra peut-être obte-nir quelque chose sur le systémique, sans faire le paramétrique, veut croire un ténor de la majorité. Ce qu’il leur dit, c’est tout ce qui est irri-tant, on verra, mais j’ai besoin de vouspour le systémique. »

Autre signe de sa volonté dedéminer, le Premier ministre a freiné ses ardeurs sur la question dudéficit, renvoyant à une concerta-tion à l’automne, et non plus sans attendre, sur la base d’un état des lieux actualisé. L’opération vérité des comptes séparera ce qui ressortde la crise du Covid-19 du structurel

SOCIAL

« Il y a beaucoup de sujets sur la table, peut-être un peu trop. »GEOFFROY ROUX DE BÉZIEUXPrésident du Medef

mais – et c’est là une des surprises du sommet social – en élargissant lepérimètre à l’ensemble de la protec-tion sociale.

« Politiquement pas idiot, commecela on ne se focalisera pas sur les retraites », reconnaît un syndica-liste sans être dupe. Jean Castex a toutefois prévenu, avec prudence, que « le plus rapidement possible », et « dans le cadre de la responsabilitéde chacun », « nous prendrons les mesures qui s’imposent pour la sau-vegarde, si c’est nécessaire, des régi-mes de protection sociale ». Au point de prendre une mesure d’âgeà l’occasion du projet de loi de f i n a n c e m e n t d e l a S é c u r i t é sociale ? Au Medef, on veut tou-jours y croire… A voir. n

l Le Premier ministre a proposé aux partenaires sociaux de les associer à une quinzaine de chantiers avec l’emploi en tête de liste.l Il a reporté à 2021 la réforme de l’assurance-chômage et une concertation sur celle des retraites.

Sommet social : vaste opération déminage de Jean Castex

Jean Castex à la sortie du sommet social, le 17 juillet. Photo Bertrand Guay / AFP

• PLAN JEUNESLes derniers calages et la présenta-tion officielle, normalement, du plan jeunes seront effectués cette semaine, à l’issue d’une ultime concertation express – sous une forme restant à arrêter – de la ministre du Travail, Elisabeth Borne, avec les partenaires sociaux.Il s’agira notamment d’arrêter les contours exacts de la baisse du coûtdu travail pour toute embauche d’un jeune. A ce stade, l’exécutif a calibré son aide à hauteur de 4.000 euros pour les moins de 25 ans jusqu’à 1,6 SMIC.

Ces paramètres changeront-ils ?C’est ce qu’a laissé entendre le Pre-mier ministre, si l’on en croit le pré-sident du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, qui espère que le seuil de rémunération soit revu à la hausse pour ne pas exclure les plus diplô-més (il souhaite un âge plafond de 27 ans jusqu’à 2 SMIC).

La question des engagementsdes employeurs reste aussi à préci-ser, le numéro un de la CGT, Phi-lippe Martinez, exigeant que seu-les les embauches en CDI soient

aidées. Cette mesure et les autres – 300.000 parcours d’insertion, 100.000 contrats de service civiqueet 200.000 formations supplé-mentaires – devront être « décli-nées » au niveau des territoires, promet l’exécutif, pour qui seule l’efficacité primera.

• ASSURANCE-CHÔMAGEC’est le seul sujet pour lequel Jean Castex a rendu un arbitrage. Les par-tenaires sociaux étaient unanimes pour demander un retour aux règlesex ante, le Premier ministre a du coup décidé, comme il l’avait laissé entendre au lendemain de sa prise de fonction, de décaler la réforme del’assurance-chômage, en l’occur-rence au 1er janvier 2021. Ce décalageest un peu plus subtil qu’il n’y paraît et va concerner quatre mesures.

Pour deux d’entre elles, c’est sim-ple puisqu’elles avaient déjà été repoussées et ne concernent donc pas ou très peu de chômeurs : nou-velle formule de calcul du salaire journalier de référence (dont est déduit le montant de l’allocation) etdégressivité de l’allocation pour leshauts revenus. La modulation des cotisations chômage patronales (lefameux « bonus-malus ») dans sept secteurs d’activité ne devait s’appliquer qu’à compter du 1er mars prochain. Un décalage au

1er janvier n’a donc aucun sens et renforce la probabilité d’un enter-rement de première classe.

Reste le plus compliqué, lesconditions d’ouverture des droits (avoir travaillé six mois sur les vingt-quatre précédant la fin du contrat de travail) ou de recharge-ment (six mois également), car ellessont en vigueur depuis le 1er novem-bre dernier. Pôle emploi va devoir faire des calculs savants pour que les milliers de chômeurs concernéspuissent recouvrer leurs droits en application rétroactive des règles précédentes (quatre mois sur vingt-huit et un mois respectivement).

Un point est prévu au 1er janvier2021 pour voir, en fonction de la situation du chômage, s’il y a lieu de décider d’un décalage supplémen-taire ou non. Sauf que d’ici-là, Jean Castex a promis aux partenaires sociaux une concertation, voire une négociation, pour étudier ce qui peut être aménagé dans toutes ces règles. Pour rajouter un peu de piment sur un sujet très conflictuel, le Premier ministre leur propose aussi de réfléchir à la gouvernance de l’Unédic marquée par un poids deplus en plus prépondérant de l’Etat.

• PLAN DE RELANCE, TRAVAIL, INTÉRESSEMENT…Après être allés au ministère du Tra-

vail pour la finalisation du plan jeu-nes, les partenaires sociaux seront invités à se rendre à Bercy pour concerter avec Bruno Le Maire sur le plan de relance (le ministre de l’Economie conviera également les régions), qui sera dévoilé dans son ensemble d’ici à la fin de l’été.

Syndicats et patronat serontaussi associés à la mise en musi-que des 146 mesures de la Confé-rence citoyenne pour le climat qui ont été retenues. Ils devront en parallèle achever leur négociation sur la santé au travail et – le Premierministre ayant tordu le bras au patronat – en ouvrir une sur le télé-travail après concertation sur ce sujet en octobre.

Comme si cela ne suffisait pas,l’exécutif rajoute dans leurs devoirsde rentrée une discussion sur le partage de la valeur ajoutée dans lesentreprises (intéressement, partici-pation, épargne salariale), le travail détaché, les droits des travailleurs des plateformes, sans oublier la création d’une branche dépen-dance (la cinquième) à la Sécurité sociale.

La liste ne serait pas complètesans les métiers en tension, la res-tructuration des branches profes-sionnelles (déjà très engagée) ou la rémunération des travailleurs dits de la « deuxième ligne ».

• RETRAITESOfficiellement, il n’est pas question de renoncer, mais les calendriers mis sur la table par le Premier minis-tre sur la réforme des retraites mar-quent, a minima, une volonté de donner du temps au temps. Jean Castex a bien pris soin de rappeler savolonté de séparer les choses en deux. Primo, le fond, c’est-à-dire la disparition des régimes spéciaux au profit d’un régime universel, fera l’objet d’une concertation en 2021 selon une « nouvelle méthode pour en améliorer le contenu et la lisibi-lité ». Le périmètre sera élargi aux fins de carrières. Pour ce qui est, secundo, de la question des déficits, le Premier ministre s’est rangé à la volonté unanime des partenaires sociaux de ne pas rouvrir le dossier cet été. La concertation a été ren-voyée à l’automne après une phase de diagnostics qui vont être com-mandés, au Conseil d’orientation des retraites notamment. A ceci prèsque les discussions seront élargies au financement de l’ensemble de la protection sociale, vieillesse, mala-die, invalidité, dépendance par la suite, mais pas assurance-chômage a priori. « C’est un choix soutenu par tous les partenaires sociaux de traiterle financement de la Sécurité sociale comme un tout », fait-on valoir dans l’entourage de Jean Castex.— A. R.

Chômage, retraites, jeunes : ce qu’il faut retenirRevue de détail des principales concertations ou négociations à venir annoncées par le Premier ministre vendredi.

Fin de la taxe d’habitation : le rythme « maintenu »

FISCALITÉ

Les 20 % des ména-ges les plus aisés verront bien leur taxe supprimée.

Emmanuel Macron avait ouvert, le 14 juillet, la porte à unreport de la suppression de la taxe d’habitation pour les 20 % de Français les plus aisés qui la paient encore. Un geste qu’il avait envisagé comme « légi-time » , dans un « moment exceptionnel ». Mais le chef de l’Etat avait alors dit qu’il laissait la main au gouvernement. Et le gouvernement a tranché. Ven-dredi so ir, interrogé sur France 2, le Premier ministre, Jean Castex, a assuré que le rythme de suppression de la taxe d’habitation pour ces 20 % des ménages les plus aisés était « maintenu ».

« La question a pu être évo-quée de savoir si on décalait un peu le rythme » de la baisse, a-t-ilajouté. « A ce jour […] on va con-tinuer sur le même rythme, doncla suppression de la taxe d’habi-tation, suivant le calendrier (prévu), sera maintenue. » Mais « là encore, nous nous adapte-rons en fonction de l’évolution dela conjoncture », a-t-il précisé.

Question politiquement ultradélicateAlors que dès cette année, 80 % des Français ne paieront plus de taxe d’habitation, il était prévu que les 20 % restants voient la suppression s’étaler entrois ans, entre 2021 et 2023. C’est cette dernière étape – dontle coût est estimé à 7 milliards

d’euros – qui était en danger. Mais renoncer à cette mesure posait plusieurs problèmes. Constitutionnel d’abord, et il était difficilement envisageable de reporter pour plus d’un an.

Surtout, la question était poli-tiquement ultradélicate. La frontière pour entrer dans cette part des 20 % des Français les plus aisés débute pour un céli-bataire au seuil de 2.500 euros de revenus. Difficile, à ce niveau,de parler de « riches ». Le Pre-mier ministre avait d’ailleurs déjà commencé, sur cette optionouverte par le président de la République – qui a surpris jus-que parmi des poids lourds du gouvernement –, un virage sur l’aile. « J’entends ce que vous me dites sur les classes moyennes », avait répondu Jean Castex dans « Le Parisien », à un lecteur qui l’interpellait sur le fait que les classes moyennes étaient visées.

Ces 20 % de ménages les plusaisés sont aussi une part impor-tante de l’électorat d’Emma-nuel Macron en 2017. Des pro-ches redoutaient de voir le report de la suppression inter-prété comme une hausse des impôts, contraire à la promesseprésidentielle.

Bref, il a été décidé de renon-cer et d’éteindre immédiate-ment le début d’incendie. Le gain budgétaire , dans ce moment où les milliards sem-blent se multiplier comme les petits pains, étant jugé beau-coup moins important que les dégâts politiques.— I. F.

Le gain budgétaire a été jugé moins important que les dégâts politiques potentiels.

FRANCE Lundi 20 juillet 2020 Les Echos

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Page 3: Les Echos - 20 07 2020

Les Echos Lundi 20 juillet 2020 FRANCE // 03

ministre de la Santé Olivier Véran l’a confirmé ce week-end dans un tweet. « Cela concerne les commer-ces, établissements recevant du public, marchés couverts, ban-ques… », a-t-il précisé. Soit égale-ment les administrations ou encore les parties des entreprises qui accueillent des visiteurs.

En cas de non-respect, uneamende de 135 euros pourra êtreinfligée. La date du 1er août avaitété évoquée à titre d’« exemple »par Emmanuel Macron lors deson discours du 14 juillet, maisl’échéance est donc finalementapparue tardive.

« Plus de vigilance »« 3.800 cas par semaine, une haussedes recours à SOS Médecins, des pas-sages aux urgences, du nombre de clusters, 600 hospitalisations par semaine dont plus de 70 en réanima-tion »… le dernier point sur la situa-tion fait par le ministère de la Santéatteste que la circulation d’un virusqui a déjà fait plus de 30.000 mortsen France et plus de 600.000 dans le monde, est en augmentation.

Son taux de reproduction (R0 ouR effectif) est désormais au-dessus de 1 dans la plupart des régions. Selon Santé publique France, il se situe à environ 1,20, ce qui veut dire qu’un malade contamine en moyenne 1,2 personne, avec un pic en Bretagne (2,62) et en Provence-Alpes-Côte d’Azur (1,55). « Cette augmentation, modérée, s’inscrit dans le contexte où une proportion très insuffisante de patients présen-tant des symptômes réalisent un test virologique », avertit le ministère.

Les yeux sont aussi rivés sur laMayenne où la situation est « pro-blématique », selon le ministre de la

Santé, même si Olivier Véran a assuré à « Ouest France » que le confinement était, pour l’heure, « ladernière des options ». Dans le département, le taux d’incidence – autre indicateur important – est de 52,7 tests positifs par 100.000 habi-tants et sur sept jours, selon les don-nées officielles. Ce qui va bien au-delà de la moyenne nationale de 5,73. Le port du masque y a été rendu obligatoire jeudi dans plu-sieurs communes et un dépistage massif est organisé.

Plan de reconfinementGlobalement, nous ne sommes pas dans une situation « grave » mais elle appelle « plus de vigilance », a admis le Premier ministre vendredisur France 2. S’il a jugé « beaucoup plus dégradés » les chiffres en prove-nance de Barcelone, appelée à se cloîtrer de nouveau après un quasi-triplement du nombre de cas en u n e s e m a i n e , Je a n C a s t ex a reconnu qu’« on ignore ce qu’il en sera dans trois semaines » en France. Il n’a pas exclu des reconfi-nements localisés le cas échéant.

D’ailleurs, en cas de rebond del’épidémie, un plan interministériel de réaction rapide, qui comprend quatre scénarios, est quasiment prêt, a fait savoir le « Journal du dimanche ». Son existence a été confirmée aux « Echos ». Il s’agirait avant tout de pouvoir reconfiner defaçon ciblée, sectorisée, des écoles ou des quartiers, par exemple. Et, selon le journal, si la situation venaità s’aggraver, il n’est pas impossible qu’il serve avant la fin juillet.

(Lire l’éditorial de Dominique Seux

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l L’épidémie de Covid-19 montre des signes de reprise.l Le port du masque devient obligatoire ce lundi dans les lieux publics clos, avec une amende de 135 euros à la clé.l Un plan de reconfinement ciblé est quasi-prêt.

Muryel Jacque @MuryelJacque

A peine ôté l’habit de « Monsieur déconfinement », le nouveau Pre-mier ministre Jean Castex pour-rait-il devoir endosser celui de « Monsieur reconfinement » ? Les chiffres publiés depuis plusieurs jours font craindre une résurgencede l’épidémie en France, et émergerla peur d’un retour au 17 mars, lors-que l’Hexagone, interdit de dépla-cement, s’est en grande partie figé.

Face aux alertes des médecinssur des « signaux faibles » de reprisedu Covid-19, face à une « tendance au relâchement » des mesures bar-rière, comme constaté par l’Acadé-mie de médecine en plein été, le gouvernement a décidé, comme d’autres pays dans le monde, de ren-forcer les mesures sanitaires.

Dès ce lundi, le port du masquedevient obligatoire dans les lieux publics clos. Jean Castex l’avait annoncé la semaine passée, le

CORONAVIRUS

Face à la menace épidémique, la France redonne un tour de vis sanitaire

Emmanuel Grasland @EGrasland

et Julien Dupont-Calbo

Pour les entreprises, petites ou grandes, c’est une mesure aux allu-res d’épée de Damoclès. Obliga-toire dès ce lundi, le port du mas-que dans les établissements clos recevant du public risque de don-ner un sérieux coup de froid à la reprise économique. Dès ce lundi matin, grandes enseignes alimen-taires, marchés couverts, banques et autres commerces de proximitédevront faire respecter cette mesure annoncée par Emmanuel Macron le 14 juillet.

A l’époque, le président avaitindiqué que l’obligation de porter un masque entrerait en vigueur le 1er août, mais cette date a été rapi-dement avancée, face aux alertes des médecins sur une possible reprise de l’épidémie de Covid-19 et au relâchement des mesures barrières. Une précipitation de l’agenda qui pourrait bien freiner à la fois l’offre et la demande, et matérialiser pour de bon le cau-chemar des entreprises françai-ses : une pandémie à plusieurs épisodes qui transformerait le scé-

nario d’une reprise en V à l’état de rêve peu probable.

Quid du shopping ?Cette dégradation de la situation nedevrait en effet pas inciter les Fran-çais, inquiets pour leur emploi à court ou moyen terme, à dépenser plus que ce qui leur est nécessaire dans l’immédiat. Même si les aides publiques à la consommation, comme celles mises en œuvre dansl’automobile, avaient plutôt donné de bons résultats jusqu’à présent.

Les soldes d’été, qui ont com-mencé mercredi dernier, ont déjà donné un avant-goût de la possible corrélation entre consommation et « gestes barrières ». Les mesuressanitaires dans les points de vente n’encouragent pas au shopping détendu. A Strasbourg et Toulouse par exemple, il n’y a pas eu de ruée dans les boutiques. « Les masques, ça étouffe. Ce n’est pas le même plai-sir d’essayer quand on sait qu’on doitlimiter le nombre d’articles tou-chés », explique une cliente à l’AFP. Or les stocks sont importants. Selon un rapport de l’Insee publié vendredi, le volume des ventes a baissé de 45 % dans le commerce

de détail non alimentaire entre avril 2019 et avril 2020. La situationest particulièrement dramatique pour les commerçants qui ne peu-vent s’appuyer sur les ventes en ligne. Ou pour les restaurateurs quin’ont pas de tables en terrasse. Sansparler des patrons du monde de la nuit, toujours au repos forcé.

Même inquiétudes côté offres.Comment relancer à plein les lignes de production avec le spec-tre d’une nouvelle vague ? Les usi-nes françaises, marquées par un arrêt des lignes plus prononcé pen-dant le confinement que leurs homologues européennes, pei-nent déjà à retrouver un rythme decroisière. Selon l’indice de la reprise Kayrros-EY Consulting compilé pour « Les Echos », l’industrie lourde ne fonctionne aujourd’hui qu’à 70 % de son niveau de début janvier !

Flou des consignesPour les industriels tricolores, qui sont tous plus ou moins en négo-ciation avec les syndicats pour con-crétiser des plans d’économies, la perspective d’une retombée de la demande pourrait durcir davan-tage les besoins de restructuration.Ce qui n’aidera pas à alimenter les envies d’achat des Français… Le flou sanitaire rend enfin encore plus complexe l’organisation de la vie des entreprises : faut-il privilé-gier le télétravail ? Jusqu’à quand les mesures de distanciation devront être prises sur les lignes ? Les questions sont nombreuses, aucontraire des réponses. n

Les entreprises françaises face au spectre de la « double lame »Que ce soit pour l’organisa-tion du travail ou pour le niveau de la demande et de l’activité des usines, la perspective d’un retour de lourdes contraintes sanitaires est tout sauf une bonne nouvelle pour les entreprises.

45 %DE BAISSE L’évolution du volume des ventes dans le commerce de détail non alimentaire entre avril 2019 et avril 2020.

Une rentrée « la plus normale possi-ble ». Lors de son entretien télévisé du 14 juillet, Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté « de continuer àvivre avec le virus », y compris pour les élèves dont l’année scolaire a été éprouvée par la crise du Covid-19. Mais alors que le spectre d’une seconde vague plane toujours, les écoles, collèges et lycées s’interro-geaient sur les scénarios possibles en cas de reprise de l’épidémie. L’Education nationale leur a répondu, vendredi, par la mise en ligne d’un « plan de continuité péda-gogique » dans l’hypothèse d’une dégradation du cadre sanitaire d’ici à la fin de l’été.

Si la règle « de référence » en sep-tembre est celle de l’accueil sur place de tous les élèves, l’institutionretient deux cas de figure nécessi-tant des aménagements. Celui d’une circulation active du virus mais sans fermeture des établisse-ments, d’abord, entraînerait la remise en œuvre d’un protocole sanitaire « strict » – à l’instar de celui qui s’est appliqué après le con-finement. Le « principe clé » restera l’accès de tous en présentiel chaquesemaine, mais des cours pourront être suivis à distance.

Pour aiguiller directeurs d’éta-blissement, inspecteurs et profes-seurs avant cette rentrée pas vrai-ment « normale », le plan leur fournit un ensemble de fiches clas-sées par thèmes. Par le biais d’exem-ples illustrés et ponctués d’« astu-ces », des idées de réorganisation des locaux ou de refonte d’emplois du temps permettant une alter-nance entre école et maison leur sont proposées. Aucun « cadre rigide » n’est imposé, seulement desconseils et « bonnes pratiques » pour inspirer une mise en œuvre adaptée.

Emploi du temps hybrideY figure aussi une batterie d’outils censés assurer « en pratique » la continuité de l’enseignement. Ainsi en est-il de la remise en routede la plateforme Ma classe à la maison, lancée en mars par le CNED, ou du dispositif « La Mai-son Lumni », un magazine éduca-tif diffusé quotidiennement par France Télévisions. Les élèves « en situation de déconnexion » pour-ront également se voir distribuer du matériel – uniquement sur ini-tiative locale – et bénéficier de fonds sociaux.

Mais cet emploi du temps« hybride » entre école et maison,déjà appliqué après le confine-ment, restera « compliqué àgérer », estime Sophie Venetitaydu syndicat SNES-FSU. S’y ajou-tera la question « encore non réso-lue » du manque de matérielnumérique à disposition des pro-fesseurs, souligne la secrétaire

générale adjointe. Selon elle,« même si le plan ouvre des pistes,beaucoup d’interrogations subsis-tent quant à la possible réalisationpar les établissements ».

Si les écoles fermaientDans la deuxième hypothèse pré-sentée par le ministère, celle d’une « circulation très active du virus nécessitant la fermeture des écoles, collèges et lycées sur une bonne géo-graphique déterminée », l’intégralitéde l’enseignement sera assuré en distanciel. Un cas de figure qui poserait des défis inédits, alors que le confinement a déjà accentué les écarts entre élèves et poussé au moins 4 % d’entre eux à sortir des radars scolaires.

Là encore, des fiches pratiquesrappellent quelles seront les res-sources à disposition des enca-drants, en insistant sur la nécessité d’« assurer une cohérence à tous les niveaux » et de « maintenir les liens ». Concrètement, les élèves devront être contactés au moins « une fois par semaine » et leurs parents pouvoir bénéficier d’une aide pour le suivi de leur travail.

Des recommandations bienve-nues mais trop tardives, regrette-t-on au syndicat d’enseignants du primaire SNUipp-FSU. « Si l’on veut pouvoir se préparer pour s’adapter sereinement à ces deux scénarios, il nous faut plus de temps », avance sa secrétaire géné-rale adjointe, Guislaine David, qui demande un décalage de quelquesjours de la rentrée scolaire. — M. Go.

Rentrée scolaire : ce qui est prévu en cas de seconde vagueAprès une fin d’année scolaire bouleversée par la crise sanitaire, l’Education nationale a planché sur les scénarios de la rentrée en cas de reprise de l’épidémie. Elle fournit aux établisse-ments des recommandations et conseils à suivre.

LE TWEETDès lundi, le port du masque sera obligatoire dans les lieux clos comme l’a annoncé @JeanCastex

Cela concerne les commer-ces, établissements recevant du public, marchés couverts, banques...

Gestes barrières et dépistagerestent essentiels pour lutter efficacement contre le virus.@olivierveran

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Page 4: Les Echos - 20 07 2020

masques, et Angela Merkel en pro-fite pour reprendre gentiment le président Borissov (Bulgarie), dont le nez dépasse.

Puis les Vingt-Sept entament,dans la grande salle du Conseil euro-péen désinfectée de fond en comble,les discussions sur les trois points deblocage : le volume du plan de relance, son équilibre entre subven-tions et prêts, et sa gouvernance. Comme anticipé par Angela Merkel à son arrivée, les négociations sont « très très difficiles ». Mark Rutte (Pays-Bas) répète sa forte réticence àdes subventions ; Sebastian Kurtz (Autriche) veut savoir « à quoi serait utilisé l’argent » octroyé aux pays en difficulté, Italie et Espagne en tête ; leDanemark, la Suède et la Finlande exigent qu’on renforce leurs « rabais », ces dispositifs qui limitentla note pour les pays contributeurs nets au budget communautaire. Les« frugaux », comme ils se surnom-

ment – les « radins », disent plutôt certains diplomates –, ne lâchent rien et, vendredi soir, les mines gra-ves des chefs d’Etat laissent augurer d’un très long week-end. Andrej Babis déplore des positions « diamé-tralement opposées », l’Elysée constate « un moment de blocage ».

Quand Macron prépare ses valises...Samedi matin, Charles Michel, le président du Conseil européen, abatde nouvelles cartes. Après avoir déjàrevu à la baisse la proposition de budget européen émise par la Com-mission, il propose de transformer 50 des 500 milliards d’euros de sub-ventions en prêts, d’augmenter cer-tains rabais et d’autoriser une formede contrôle par le Conseil des plans de relance nationaux. Les négocia-tions reprennent. A trois, à quatre, à six, avec ou sans Charles Michel, les réunions se multiplient. Angela Merkel et Emmanuel Macron affi-chent un front très uni, tenant systé-matiquement salon ensemble. « A cepoint, c’est du jamais-vu », glissent des diplomates européens.

Avant le dîner du samedi soir, lecouple franco-allemand prend Mark Rutte entre six yeux et fustige, dans un entretien qualifié en coulis-ses de « très franc », son intransi-geance. La tension monte jusqu’au dîner, où elle se déporte sur un autrepoint chaud : la conditionnalité des fonds européens au respect de l’Etat de droit. Reproduisant la tactique deMark Rutte avec les subventions du

Merkel et Macron main dans la main face à Rutte

Tout a pourtant commencé comme une fête. A leur arrivée, vendredi, à Bruxelles, les leaders des Vingt-Sept ne boudent pas le plaisir de se retrouver physiquement pour la première fois en cinq mois. On se « check » des coudes, on compare ses masques et des cadeaux sont sor-tis pour Angela Merkel et Antonio Costa (Portugal), dont c’est l’anniver-saire. L’Italien Giuseppe Conte dégaine son appareil photo, tandis qu’Emmanuel Macron offre à la chancelière du bourgogne blanc. Antonio Costa a lui-même régalé tous ses homologues d’un kit de

La chancelière allemande et le président français affichent un front particu-lièrement uni pour tenter de convaincre le Premier ministre néerlandais, principal opposant à leur projet de plan de relance.

« La situation dans les pays endéveloppement est de plus en plus désespérée », a déclaré le président de la Banque mondiale, David Malpass, appelant aussi à prolon-ger le moratoire en 2021. Selon uneanalyse de l’ONG ONE, « depuis le début de la pandémie, la Banque mondiale a reçu 1,7 milliard de dol-lars des pays les plus pauvres du monde en remboursement de la dette. […] Les dernières données publiques montrent que seuls 250 millions de dollars ont jusqu’iciété déboursés » en aide d’urgence par la Banque. « Il n’est pas normalque, en pleine crise sanitaire et éco-nomique, la Banque mondiale reçoive plus qu’elle ne prête aux pays les plus pauvres du monde », dénonce la directrice France de ONE, Najat Vallaud-Belkacem.

Rendez-vous en octobreSecond sujet d’importance de ce G20 Finance, la fiscalité interna-tionale a fait l’objet de débats intenses. Les ministres ont réitéré leur engagement à trouver un accord « en faveur d’un régime fis-cal international mondialement équitable, durable et moderne ». Discutée au sein de l’OCDE par quelque 130 pays, cette réforme, qui repose sur deux piliers – refonte de la fiscalité des entre-prises numérisées et instauration d’un taux d’imposition mondiale minimum –, doit être achevée d’icià la fin de l’année. Les ministres se sont engagés à en divulguer les détails techniques lors de leur réu-nion d’octobre prochain. « C’est unenjeu de justice fiscale alors que les géants du numérique ont été les grands bénéficiaires de la crise actuelle », a commenté Bruno Le Maire. Cette échéance sera toute-fois difficile à respecter, les Etats-Unis ayant demandé une pause dans les discussions jusqu’à la tenue de l’élection présidentielle en novembre. n

Richard Hiault @RHIAULT

Les ministres des Finances du G20devraient prolonger en 2021 la sus-pension des remboursements des intérêts de la dette des pays les pluspauvres. Au terme de leur réunionvirtuelle, samedi, le ministre des Finances français, Bruno Le Maire, s’est montré confiant : « Sur ce sujet qui nous tient à cœur avec le président de la République, j’ai proposé que ce moratoire soit prolongé en 2021. Nous sommes en bonne voie d’obtenir un accord. »

L’initiative avait été lancée enavril dernier, dans le cadre du Clubde Paris et du G20, afin d’aider les pays les plus démunis à combattrela pandémie de Covid-19 et ses effets désastreux sur l’économie. Quelque 73 pays ont été déclarés éligibles. A ce jour, « 42 pays ont demandé à bénéficier de cette initia-tive pour un montant estimé à 5,3 milliards de dollars du service dela dette 2020 à reporter », selon le communiqué du G20. Ces der-niers ont appelé tous les créan-ciers bilatéraux à prendre leur part dans cette initiative. Tout comme les créanciers multilaté-raux, encouragés « à aller plus loindans leurs efforts collectifs pour soutenir » ce moratoire, « y com-pris en fournissant aux pays éligi-bles » des fonds pendant toute sa durée. « Le FMI a déjà fourni 25 milliards de dollars d’aide finan-cière à plus de 70 pays. Et 45 mil-liards de dollars de demande d’aide de 30 pays sont en cours d’évalua-tion », indique-t-on à Bercy.

Réunis virtuellement samedi, les ministres des Finances du G20 ont préparé le terrain à une extension du moratoire sur la dette des pays pauvres jusqu’à la fin de l’année prochaine.

G20 : vers un nouveau geste sur la dette des pays pauvres

En début d’après-midi, XavierBettel, Premier ministre du Luxem-bourg, ne pouvait que constater qu’il a « rarement vu en sept ans des positions aussi diamétralement opposées, sur beaucoup de points ».

Un échec possibleLes tensions étaient aussi fortes avec la Pologne et la Hongrie sur l’épineuse question de la condition-nalité des aides européennes au res-pect de l’Etat de droit, point sur lequel Mark Rutte, ainsi qu’Emma-nuel Macron, se sont affichés intrai-

tables. « A ce stade, il ne s’agit plus d’évaluer l’une ou l’autre propositionchiffrée, mais de clarifier s’il est réel-lement possible de parvenir à un accord », se lamentait auprès de l’AFP une source diplomatique espagnole.

La chancelière allemande,Angela Merkel, avait ouvert la jour-née en prévenant qu’il était « possi-ble qu’aucun résultat ne soit obtenu »dimanche. Emmanuel Macron avait averti que les « compromis » ne pourraient pas se faire « au prix de l’ambition européenne ». n

l Le sommet dédié au budget et au plan de relance européens, à l’issue incertaine, se prolongeait dimanche soir.l Les pays du Nord, emmenés par le Néerlandais Mark Rutte, tentent de réduire l’ampleur des subventions aux pays en difficulté préconisées par la France et l’Allemagne.

De gauche à droite : le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, la chancelière allemande, Angela Merkel, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président français, Emmanuel Macron. Photo Francisco Seco/Pool/AFP

Les Européens étalent leurs divisions

Derek Perrotte @DerekPerrotte

—Bureau de Bruxelles

Ils se retrouvaient physiquement pour la première fois depuis cinq mois et ont visiblement du mal à se quitter. Dimanche, en fin d’après-midi, les chefs d’Etat et de gouver-nement des 27 pays membres de l’UE n’étaient toujours pas parve-nus à un accord sur le futur budget 2021-2027 de l’Union et, surtout, surle plan de relance adossé de 750 milliards d’euros.

Au contraire, le pessimismedominait encore après les deux pre-mières journées d’un sommet marathon – il a débuté vendredi matin – marquées par une féroce opposition entre le couple franco-allemand et les pays du Sud d’un côté, partisans d’un plan de relance ambitieux et franchissant le pas de subventions directes aux Etats, et les autoproclamés pays « frugaux » du Nord (Pays-Bas, Suède, Norvège,D a n e m a r k ) , r e j o i n t s p a r l a Finlande.

Ces derniers rechignent à fran-chir le pas d’un endettement com-mun et exigent en retour des réfor-mes structurelles chez les futurs bénéficiaires, Italie et Espagne en tête, ainsi qu’un droit de regard, voire de veto, sur leurs plans natio-naux de relance.

Deux camps opposésLes pays du Sud dénoncent en retour une volonté de « mise sous tutelle », qui leur rappelle le sort réservé à la Grèce lors de la crise del’euro. Chacun avait en tête la pres-sion politique interne qui pèse sur Mark Rutte : la perspective de législatives compliquées pour lui en 2021.

EUROPE

RETROUVEZ « L’ÉDITO ECO »À 7H45 DU LUNDI AU VENDREDI

SUR

plan de relance, la Hongrie et la Polo-gne exigent une forme de droit de veto ! « Pas d’argent sans Etat de droit », tape alors du poing sur la table Emmanuel Macron. Après le dîner, il rejoint la chancelière, Mark Rutte et les leaders des autres fru-gaux pour reprendre la discussion. Ilglisse alors à ses équipes de « prépa-rer leurs valises », au cas où…

L’entretien tourne mal. Les fru-gaux veulent diviser de moitié les subventions. Ulcérés, Angela Mer-kel et Emmanuel Macron, qui refu-sent de descendre sous 400 mil-liards, claquent la porte ensemble. Les deux leaders retrouvent Charles Michel, Giuseppe Conte et Ursula von der Leyen (la présidente de la Commission) au bar de leur hôtel et tentent, jusque tard, d’imaginer un chemin de passage.

Dimanche, les échanges se sontpoursuivis Sans que, en fin d’après-midi, ne se dégage d’issue positive. Au grand dam d’Angela Merkel, qui avait dit vouloir « un accord » en cadeau d’anniversaire. — D. P.

Les frugaux veulent diviser de moitié les subventions.

Ulcérés, Angela Merkel et Emmanuel Macron claquent la porte ensemble.

Samedi, sous l’égide de CharlesMichel, président du Conseil euro-péen, d’Angela Merkel et d’Emma-nuel Macron, qui affichent un frontparticulièrement uni, différents gestes ont été tentés envers les fru-gaux, comme ramener de 500 mil-liards à 450 la part des subventions,augmenter les « rabais » déjà accordés à ces contributeurs nets ou encore esquisser un mécanismede validation au Conseil des plans nationaux de relance.

Rien n’y aura fait, amenantmême Angela Merkel et Emma-nuel Macron à claquer la porte, dans la nuit, lors d’une rencontre avec les dirigeants des frugaux.

Dimanche, Charles Michel ten-tait de « tester » de nouvelles propo-sitions avant de rouvrir la séance plénière, prévue en début de soirée.Les positions semblaient encore bien éloignées entre des frugaux voulant fortement réduire la voi-lure sur les subventions et la barre de 400 milliards d’euros fixée comme un minimum par Paris et Berlin.

Le contrôle entre pairs des plansde relance restait source de fortes tensions : Mark Rutte persistait à réclamer une validation « à l’unani-mité », ce qui lui valait les foudres deGiuseppe Conte.

« J’ai rarement vu en sept ans des positions aussi diamétralement opposées, sur beaucoup de points. »XAVIER BETTELPremier ministre luxembourgeois

MONDE Lundi 20 juillet 2020 Les Echos

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Page 5: Les Echos - 20 07 2020

nucléaire :eh oui,le climatça comptepour nous.

L’énergie est notre avenir, économisons-la !*Source : Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC).Données médianes 2014.

La preuve : selon les chiffresdu GIEC, la production d’électricitépar le nucléaire émet en moyenneaussi peu d’équivalent CO2 quel’éolien et 40 fois moins que celleproduite par le gaz.*

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Les Echos Lundi 20 juillet 2020 MONDE // 05

de contrôle surveillait les bilans pour « enquêter sur les accusations d’éventuelles irrégularités ». Un an etdemi plus tard, Wirecard confir-mait un trou de 1,9 milliard d’euros dans son bilan et sombrait dans la faillite.

Soupçons de protection d’un champion nationalDepuis la chute de la star du paie-ment en ligne, les questions se multiplient sur ce que le gouverne-ment savait ou pas sur Wirecard, avec le soupçon qu’il aurait pu vouloir protéger un champion national. Des doutes planaient déjà sur les conversations menées par lesecrétaire d’Etat aux Finances et ancien de Goldman Sachs, Jörg Kukies, et le PDG de Wirecard, Markus Braun, le 5 novembre 2019,pour parler officiellement « d’un large éventail de questions ».

Le rapport chronologique pré-senté jeudi soir en commission des Finances ne semble pas avoir rassuré suffisamment les députés allemands. « Le sentiment que nous ne pourrons pas nous passer d’une commission d’enquête s’accroît », estime le vice-président du groupe de gauche Die Linke, Fabio De Masi,dans le « Frankfurter Allgemeine Zeitung ». Pour Danyal Bayaz (Verts) aussi, les indications de ce

que savait Olaf Scholz dès le début 2019 laissent une « impression d’irresponsabilité collective ». Le gouvernement « doit dans tous les cas des éclaircissements aux épar-gnants qui ont placé leurs fonds dansWirecard et qui attendent que leurs intérêts soient protégés », indique aux « Echos » Florian Toncar, porte-parole des libéraux (FDP) sur les sujets financiers.

Cet avis de tempête menace unministre des Finances qui entrait dans la présidence allemande de l’Union européenne auréolé de ses succès dans la gestion de la crise liéeau Covid-19. Olaf Scholz avait déjà réussi à détourner l’orage lors des révélations concernant la gigantes-que fraude fiscale dite « cum-ex ».

FusibleDes questions s’étaient notamment posées sur la mansuétude de l’admi-nistration fiscale de Hambourg, dont il était alors maire, à l’égard de la banque Warburg. Pour l’heure, c’est surtout son secrétaire d’Etat aux Finances qui se trouve dans la tourmente. Le fusible serait alors tout désigné, selon la presse alle-mande, pour détourner le feu d’OlafScholz. Un candidat jusqu’ici en pre-mier place au sein du SPD pour mener la future campagne législa-tive de 2021. n

Nathalie Steiwer— Correspondante à Berlin

Qui savait quoi et quand ? La ques-tion est en train de transformer en scandale politique la faillite reten-tissante de Wirecard en Allemagne.Olaf Scholz, le ministre des Finan-c e s , a u r a i t é t é i n f o r m é d è s février 2019 des doutes de l’autorité de surveillance financière, la BaFin,indique un rapport présenté jeudi soir devant la commission des Finances du Bundestag.

Les contrôleurs auraient alorsannoncé au ministre qu’ils enquê-taient « dans toutes les directions, tant contre les responsables de Wire-card AG que contre les personnes surqui pèsent des indices de partici-pation à des manipulations de marché ». La BaFin aurait aussi informé le ministère qu’un groupe

ALLEMAGNE

Olaf Scholz aurait été informé dès février 2019 des doutes des autorités de surveillance financière sur les bilans de Wirecard, la star des paiements en ligne.

Wirecard : le ministre des Finances allemand en pleine tourmente

mie. « Ce n’est sûrement pas une coïncidence que la plainte ait été déposée le lendemain de la visite de Donald Trump à Atlanta », a réagi, pour sa part, la maire de la ville, quidénonce des représailles politiques.

D’autres gouverneurs républi-cains tentent de s’opposer aux décrets obligeant au port du mas-que, de plus en plus nombreux. Le gouverneur de l’Oklahoma, qui a aussi été testé positif, refuse d’ordonner aux habitants de le por-ter. A Houston, la municipalité sou-haite imposer le confinement, maisle gouverneur du Texas s’y oppose.

Le mille-feuille administratifaméricain et l’autonomie dont dis-posent les autorités locales sem-blent mener vers une voie sans issue dans la lutte contre le Covid-19. Donald Trump, qui incite son camp à favoriser la reprise de l’économie, n’a officiellement pas tranché. Devant l’ampleur des chif-fres et les critiques sur sa gestion, tout juste a-t-il légèrement adapté son discours, apparaissant pour la première fois masqué en public, la semaine dernière. n

Nicolas Rauline @nrauline

—Bureau de New York

L’Amérique ne parvient pas à se débarrasser du coronavirus. Cha-que jour ou presque, les Etats-Unis affichent un nouveau triste record de contaminations, et le nombre de morts recommence à grimper. Jeudi dernier, ce sont 78.000 nou-veaux cas qui ont été enregistrés, selon le décompte de l’Université Johns Hopkins, le pire bilan depuis le début de la pandémie. En Floride,le nouvel épicentre du coronavirus dans le pays, plus de 11.000 cas ont été déclarés vendredi, et 128 décès

ÉTATS-UNIS

Au niveau local, gouverneurs et maires se font la guerre, attaquant les décrets des uns et des autres, ce qui entrave la lutte contre la pandémie.

Covid-19 : les blocages du système politique américain mènent vers une impasse

sur une journée. La situation est tout aussi préoccupante au Texas, en Californie, dans l’Idaho ou en Géorgie.

Et les divisions politiques n’arran-gent rien au chaos. Un peu partout, des batailles s’engagent devant les tribunaux entre démocrates et répu-blicains, entre gouverneurs et mai-res… C’est ainsi que le gouverneur républicain de Géorgie, Brian Kemp,a déposé plainte contre la maire d’Atlanta, Keisha Lance Bottoms, qui a elle-même contracté le virus et,selon lui, « n’a pas l’autorité légale pour modifier, changer ou ignorer » ses décrets. La ville d’Atlanta sou-haite imposer le port du masque à ses habitants pour tenter d’enrayer la progression du virus.

Mille-feuille administratif« Nous sommes tous d’accord que le port du masque est efficace, mais je suis certain que les Géorgiens n’ont pas besoin d’une obligation pour bienagir », a expliqué Brian Kemp, pourqui le fait d’imposer le port du mas-que est, en outre, catastrophique pour les commerçants et l’écono-

La tempête Wirecard se rapproche du ministre des Finances allemand, Olaf Scholz. Photo Annegret Hilse/AFP

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Page 6: Les Echos - 20 07 2020

06 // MONDE Lundi 20 juillet 2020 Les Echos

depuis deux décennies et la reprise du dialogue, sous l’égide de l’Union européenne, a peu de chances d’aboutir à un accord. Dimanche 12 juillet, une réunion virtuelle avaitpermis de remettre les discussions « sur les rails », selon Bruxelles. Cependant, les déboires judiciaires du président kosovar, Hashim Thaçi, s’ajoutent à la crise géopoli-tique latente. Accusé de crimes de guerre, il a été interrogé lundi 13 et mardi 14 juillet à La Haye.

« J’encourage les deux partiesà a b o r d e r l e s d i s c u s s i o n s d’aujourd’hui dans un esprit de compromis », a déclaré, jeudi, JosepBorrell, le chef de la diplomatie européenne, avant les réunions bipartite, puis tripartite. Mais la rencontre a tourné court. « Je pense

qu’il [Avdullah Hoti, Premier minis-tre kosovar] a mentionné “deux pays” à 20 reprises, et j’ai constam-ment essayé de leur dire que l’un était le pays et que l’autre était une province autonome », a lancé le pré-sident serbe, Aleksandar Vucic.

Indépendance contestéeProclamée en 2008, l’indépen-dance kosovare est contestée par la Serbie et les minorités serbes du Kosovo, mais majoritairement reconnue par l’Occident. Pour le Kosovo, cette reconnaissance est nécessaire pour obtenir un siège à l’ONU. Pour la Serbie, elle constitue un obstacle dans le processus d’adhésion à l’UE. Les tentatives de compromis de l’ONU, en 2007, et del’UE, en 2013, n’avaient pas abouti.

« Les uns veulent être reconnus et rien d’autre, et les autres veulent toutsauf reconnaître », explique Loïc Trégourès, chargé d’enseignement à l’Université catholique de Lille. « C’est une situation inextricable. »

Le contexte politique instable duKosovo est un handicap. Le gouver-nement dispose d’une courte majo-rité au Parlement, la population réclame de nouvelles élections et le président est devenu persona non grata. Le Premier ministre doit donc se contenter du rôle de porte-parole. Du côté serbe, c’est l’opposé : l’exécutif dispose d’une écrasante majorité au Parlement etd’une opposition annihilée. « Néan-moins, cette position de force peut aussi être une position de faiblesse parce que le président ne peut plus se

cacher derrière qui que ce soit », analyse Loïc Trégourès. Au-delà del’indépendance, d’autres questions doivent être tranchées : le statut des Serbes vivant au Kosovo, le statut des sites religieux ortho-doxes ainsi que les réparations de guerre exigées par le Kosovo. Un potentiel échange de territoires,évoqué pour la première fois en 2018, pourrait resurgir.

Inculpation du président kosovarDes progrès symboliques ont été consentis depuis le début de l’annéeavec la reprise de la liaison aérienneentre les deux capitales et le retrait de la mission de maintien de l’ordrede l’UE le mois dernier. Sur le plan des négociations, l’enjeu est de taille

pour Bruxelles, qui est en concur-rence avec les Etats-Unis. A la der-nière minute, Donald Trump a tenté d’enfiler le costume de faiseurde paix dans ce conflit. Un sommet,prévu à la Maison-Blanche le 27 juin, a dû être annulé in extremissuite à la mise en accusation du pré-sident kosovar. « La meilleure chose à faire pour le Kosovo est d’attendre une éventuelle administration Biden qui leur sera plus favorable », estimeLoïc Trégourès. « Quant aux Serbes,ils pouvaient être favorisés par un accord avec l’administration Trump,ce qui ne sera pas forcément le cas avec la prochaine. »

Miroslav Lajcak, représentantde la région auprès de l’UE, a annoncé qu’une nouvelle réunion était prévue en septembre. n

Tristan Werkmeister @TRWerkmeister

Un parcours d’obstacles. Les rela-tions entre la Serbie et le Kosovo « sécessionniste » sont tendues

EUROPE

La Serbie et son ancienne province se sont rencontrées jeudi, à Bruxelles, sous les auspices de l’UE.

Les négociations ont tourné court, douchant tout espoir d’accord imminent.

La normalisation entre Serbie et Kosovo toujours au point mort

0,7 à 0,9 actuellement), avec un nouveau pic en janvier-février qui pourrait se solder par 120.000 mortsà l’hôpital d’ici à juin prochain. Le Royaume-Uni déplore déjà 45.000 décès à cause de la pandémie, soit le plus lourd bilan d’Europe.

Commission d’enquête indépendante« Même si nous nous préparons au pire, nous devons espérer le meilleur », a lancé Boris Johnson. Il a promis la fin des règles de distan-ciation sociale (1 mètre obligatoire) « pour novembre, au mieux », en espérant un retour à la normale avant Noël. Il a aussi annoncé une montée en puissance des tests à 500.000 par jour d’ici à la fin octobre.

Mis en cause au début de la pan-démie pour la lenteur avec laquelle il avait imposé le confinement, BorisJohnson a aussi été critiqué pour sa gestion incohérente du déconfi-nement. Il a promis mercredi, devant la Chambre des communes, de se soumettre à une commission d’enquête indépendante pour « tirer les leçons » des erreurs qui ont pu être commises. Tout en précisant que le temps n’était pas encore venu de faire les comptes, la pandémie n’étant pas encore finie. n

l Face au risque d’une deuxième vague, les employeurs britanniques devront décider à compter du 1er août s’il est préférable de rappeler leurs équipes ou de poursuivre le télétravail.l Le Premier ministre a annoncé le déblocage de 3 milliards de livres pour le service public de santé.

Boris Johnson laisse aux entreprises la responsabilité d’imposer le retour au bureau

« Même si nous nouspréparons au pire,

nous devons espérerle meilleur », a lancé

Boris Johnson.Photo John Sibley/Reuters

Emploi, qualité de l’air, effica-cité énergétique, bien-être ani-mal… Ce sont plus de 70 dossiers qui doivent être transférés de Bruxelles aux administrations décentralisées d’Edimbourg, de Cardiff et de Belfast. Celles-ci ont déjà en charge la santé, l’éduca-tion et l’aide sociale depuis le mouvement de décentralisation lancé en 1997 par Tony Blair. Maisque ce soit sur la sécurité sani-taire, l’agriculture ou l’environne-ment, Londres veut avoir le fin mot quant aux compétences exer-cées jusque-là par Bruxelles. Même chose sur l’épineux sujet des aides d’Etat, dont Londres veut faire sa chasse gardée en pre-nant le contrôle pour l’ensemble du Royaume-Uni.

A quelques jours de la pauseestivale des députés, qui démarre mercredi, le gouvernement a exposé dans un Livre blanc, publiéjeudi dernier, les grands principes du « projet de loi sur le marché inté-rieur britannique » qu’il entend soumettre à la Chambre des com-

munes dès l’automne. Il y expliquesa volonté de « renforcer et mainte-nir la cohérence du marché inté-rieur britannique » pour « garantir à toutes les entreprises britanniquesla possibilité de commercer sans entrave dans chaque partie du Royaume-Uni ». Autrement dit, pour éviter toute fragmentation dumarché domestique. Un système de « reconnaissance mutuelle » entre les réglementations des qua-tre nations composant le royaume doit éviter qu’un éleveur d’agneauxgallois ne puisse vendre en Ecosse,ou qu’un producteur de whisky écossais ne puisse s’approvision-ner en orge auprès des fermiers anglais.

L’Ecosse menace d’aller devant les tribunauxL’autre impératif de Londres est d’avoir les coudées franches pour négocier des accords commer-ciaux avec des pays tiers, une fois son autonomie commerciale retrouvée grâce au Brexit, avec la certitude de pouvoir proposer à

ses partenaires un accès à l’ensem-ble du Royaume-Uni.

Mais les Ecossais et les Galloissoupçonnent le gouvernement de Boris Johnson d’en profiter pour peser davantage. Ils redoutent de levoir diverger des règles européen-nes sur les aides d’Etat, dont ils sou-haitent au contraire rester pro-ches. Et ils craignent de se voir imposer les poulets à l’eau de javel américains si Londres parvient à conclure un accord de libre-échange avec les Etats-Unis, ou de se faire tordre le bras sur les OGM ou les pesticides, là où ils veulent rester alignés sur les normes de sécurité alimentaire et d’environ-nement de l’UE. « Nous avons tou-jours été clairs : nous ne signerons pas d’accords commerciaux qui remettraient en cause nos normes environnementales ou sur le bien-être animal », s’est défendu le ministre des Affaires, Alok Sharma, jeudi en présentant le Livre blanc.

« S’ils adoptent la loi […], nousn’avons aucune intention de la met-

tre en vigueur et ils devront aller devant les tribunaux pour nous y contraindre », a déjà averti dans les colonnes du « Financial Times » Michael Russell, le ministre écos-sais de la Constitution, de l’Europe et des Affaires extérieures. La Pre-mière ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a parlé d’une « attaque frontale contre la décentralisation » et accusé Londres de « se moquer totalement des pouvoirs du Parle-ment écossais ».

Le sujet pourrait devenir le plusgros terrain d’affrontement entre Edimbourg et Londres depuis le référendum sur le Brexit, où l’Ecosse avait voté pour rester dansl’Union. Pour Londres, le risque estgrand de voir Edimbourg exploiterle dossier dans la perspective des élections législatives qui doivent setenir en mai prochain au Parle-ment écossais. Un scrutin dange-reux : les sondages prédisent déjà une large victoire au Scottish National Party de Nicola Sturgeon,favorable à l’indépendance. — A. C.

Brexit : Edimbourg et Cardiff veulent partager avec Londres les anciens pouvoirs de Bruxelles

Le slogan qui a permis la victoire du Brexit au référendum de juin 2016 promettait aux Britanni-ques de reprendre le contrôle de leur destin (le fameux « take back control »). Mais qui exactement reprend le contrôle ? Alors que les compétences à ce jour exercées parBruxelles s’apprêtent à retourner au Royaume-Uni à la fin de la période de transition prévue au 1er janvier 2021, le sujet promet d’être la nouvelle pomme de dis-corde entre Londres d’un côté, Edimbourg, Cardiff et Belfast de l’autre. Car pendant que le gouver-nement de Boris Johnson, à West-minster, cherche à s’arroger l’essentiel de ces pouvoirs, les gou-vernements écossais, gallois et nord-irlandais veulent eux aussi leur part du gâteau.

Londres veut avoir le fin mot en matière de sécurité sanitaire, d’agriculture ou d’environnement, et considère les aides d’Etat comme sa chasse gardée.

Alexandre Counis @alexandrecounis

—Correspondant à Londres

« Ce n’est pas au gouvernement de décider si les employés doivent retour-ner sur leur lieu de travail, c’est une décision qui revient aux chefs d’entre-prise. » Boris Johnson s’est défaussé sur les employeurs, vendredi, pour décider s’il était préférable de rappe-ler les équipes dans leurs locaux à compter du 1er août, ou de recourir encore largement au télétravail.

A l o r s q u e l a p a n d é m i e d eCovid-19 a fait fondre le PIB britan-nique de 19 % entre mars et mai, le Premier ministre du Royaume-Uni était visiblement tenté depuis plu-sieurs jours d’appeler les Britanni-ques à reprendre le chemin du bureau. Mais son conseiller scienti-fique en chef, Patrick Vallance, l’a pris à contre-pied, jeudi, en décla-rant à l’occasion d’une commission parlementaire qu’il ne voyait « abso-lument aucune raison » de changer la consigne jusque-là martelée par le gouvernement, préconisant que « les Britanniques continuent de tra-vailler de chez eux s’ils en ont la possi-bilité ». La prise de position de ven-dredi est une manière de couper la poire en deux… quitte à pécher une nouvelle fois par manque de clarté.

Le Premier ministre n’a pas cachéque les risques étaient grands de voirapparaître de nouveaux pics locaux,voire une nouvelle vague cet hiver. Ila ainsi annoncé une décentralisa-tion accrue des pouvoirs accordés aux autorités locales pour gérer de tels pics (elles pourront elles-mêmesdécider de fermer les commerces et imposer des amendes), mais aussi le déblocage de 3 milliards de livres supplémentaires pour le service public de santé (NHS). De quoi solli-citer le secours des hôpitaux privés et de garder ouvert les hôpitaux tem-poraires installés spécialement pour faire face au virus. « Nous devons nous assurer que notre NHS est prêt à affronter l’hiver », a affirmé Boris Johnson.

Une étude, publiée mardi 14 juilletpar 37 scientifiques de l’Académie des sciences médicales, pointe le risque d’une deuxième vague qui porterait, dès septembre, le taux de reproduction du virus à 1,7 (contre

ROYAUME-UNI

Le Premier ministre n’a pas caché que les risques étaient grands d’une nouvelle vague cet hiver.

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Page 7: Les Echos - 20 07 2020

Pourquoi la hausse de la dette publique doit être relativisée

Guillaume de Calignon @gcalignon

Une dette publique de 120 points de PIB après la crise du Covid, voire plusen fonction de la conjoncture des prochains trimestres ! Est-ce grave, docteur ? C’est un des défis qui se pose à la France dans la prochaine décennie, dans le monde d’après, étant donné l’importance de la dépense publique qu’il a fallu con-sentir pour parer aux conséquenceséconomiques catastrophiques de la pandémie et du confinement.

Pour y répondre, il y a deux sortesde Diafoirus. D’abord ceux qui pen-sent que la dette doit être réduite le plus vite possible sans quoi les mar-chés ne vont plus nous prêter d’argent, et la troïka arriver à Paris pour saigner le pays à blanc. Les sixpremiers mois de l’année leur don-nent tort puisque l’Etat n’a jamais levé autant de dette à un taux si bas,– 0,06 %. Ce que veulent les mar-chés – à faire l’hypothèse qu’il est possible de leur faire dire quelque chose –, c’est de la croissance, quitteà s’endetter. Ensuite, il y a ceux qui prônent la solution miracle, l’annu-lation des dettes publiques déte-nues par les banques centrales, sans toutefois prendre en compte les conséquences d’une telle déci-sion sur la confiance des acteurs économiques dans la monnaie. Evi-demment, aucune de ces deux pos-sibilités n’est totalement à exclure àl’avenir, la situation sanitaire et éco-nomique étant particulièrement mouvante.

Mais tentons de regarder objecti-vement la situation. D’abord en ce qui concerne les taux d’intérêt. Ils sont bas, c’est entendu. Mais pour-quoi ? Certes, les banques centralesrachètent allègrement des dettes publiques, ce qui fait baisser les taux. La BCE rachètera d’ailleurs une bonne partie des dettes Covid. Mais il existe une autre raison, plusstructurelle et plus puissante. Depuis vingt ans, l’épargne globale augmente tandis que l’investisse-ment stagne, montrent les travaux de Xavier Ragot, le président de l’Observatoire français des con-jonctures économiques (OFCE). La hausse des inégalités et le vieillisse-ment de la population incitent à

l’épargne tandis que la désindus-trialisation du monde n’entraîne pas de progression de l’investisse-ment. Dans ce contexte, le prix qui équilibre ces deux variables – le taux d’intérêt – a reculé. La dette publique a beau avoir augmenté de 30 % du PIB mondial entre 2007 et 2017 dans les pays développés, lestaux, eux, ont baissé de 200 points de base. Théoriquement, i ls auraient dû grimper de 100 points de base. Autre exemple parlant, en France, de 2009 à 2019, la charge d’intérêts a baissé de 1,1 point de PIB,en dépit d’une hausse sensible du ratio de dette, de 69 % du PIB début 2009 à 98 % début 2019.

Cet « excédent » d’épargne est làpour durer et va continuer à peser sur les taux d’intérêt. Comment l’investissement va-t-il se compor-ter ? Les besoins sont importants, notamment pour décarboner l’éco-nomie, mais la Chine, économie devenue riche, se tourne naturelle-ment vers les services, moins inten-ses en investissements. Donc, le monde dans lequel nous vivons est bien différent de celui qui prévalait

au début des années 1990, quand lescritères de Maastricht ont été inven-tés. Les taux sur les obligations d’Etat sont à zéro ou presque, la croissance que l’on peut espérer chaque année à terme est compriseentre 1 et 1,2 %. Donc la dette publi-que rapportée au PIB peut être sta-bilisée, même si la France enregis-tre un léger déficit public, puisque le rythme de progression des recet-tes fiscales restera supérieur à celuide la charge financière. Si le taux d’intérêt reste inférieur à la crois-sance et si, à terme, les dépenses publiques restent maîtrisées, c’est possible.

Est-ce souhaitable de s’endetterencore plus ? D’un côté, le Japon vit plutôt bien avec une dette publique qui dépasse depuis plusieurs années250 % du PIB. De l’autre, les exem-ples argentin, grec et même italien sont nettement moins convain-cants. En fait, il n’existe pas de

consensus sur le niveau de dette publique à partir duquel un pays rentre dans une zone dangereuse. Ecoutons plutôt les économistes du Conseil d’analyse économique (CAE). Entre 1999 et 2019, l’Italie a dégagé chaque année un excédent primaire, à l’exception de 2009, maisson PIB par tête n’a pas augmenté envingt ans. « Si la France avait enregis-tré sur cette même période la même séquence de soldes primaires que l’Ita-lie, sa dette publique à la fin 2019 aurait été de 36 % du PIB, au lieu de 98 %. Si l’endettement français ne dépasse pas le niveau italien, ce n’est pas en raison d’une plus grande rigu-eur budgétaire. C’est parce que nous avons mieux préservé notre potentiel économique », en concluent-ils.

En clair, le risque essentiel, c’estl’affaiblissement du potentiel pro-ductif. Pas la dette publique. Et c’est la ligne qu’a choisie le gouvernementfrançais. Il est donc préférable de

s’endetter pour garder un stock de capital – physique et humain – qui permette de continuer à l’économie de croître. A une condition : que le pays soit capable de tenir des objec-tifs de stabilisation de la dette, une fois la crise passée, et soit crédible pour y arriver. Parce que si les taux sont bas en moyenne, les investis-seurs arbitrent entre les dettes selonleur rendement rapporté au risque. La discipline des marchés, ces sur-veillants des finances publiques des Etats-nations dans la cour de récréa-tion mondiale, fonctionne donc encore même si elle est moins strictequ’il y a vingt ans.

En définitive, ce n’est pas le niveaude la dette publique qui définit son coût, mais les perspectives de crois-sance du pays et sa crédibilité à stabi-liser à terme son endettement. Ce n’est pas une raison pour ne pas évi-ter de se poser la question de l’effica-cité de la dépense publique. n

L’ANALYSE DE LA RÉDACTION Au-delà de l’action des banques centrales, il existe une explication structurelle à la faiblesse des taux d’intérêt. Depuis vingt ans, la hausse des inégalités et le vieillis-sement de la popula-tion mondiale nour-rissent une épargne surabondante tandis que les investisse-ments, eux, stagnent. Cela relativise la gravité de la hausse de la dette publique, même si cela ne signifie pas que tous les excès soient permis en la matière.

DLes points à retenir

•Pour faire face à la crise économique née de la crise sanitaire, la France a dû se résoudre à laisser filer la dépense publique.•La dette publique a grimpé à plus de 120 points de PIB.•Mais les taux d’intérêt devraient rester bas, dans un contexte de hausse constante de l’épargne et de baisse de l’investissement. •La dette publique rapportée au PIB peut être stabilisée.•Le risque essentiel, c’est l’affaiblissement du potentiel productif, d’où la politique adoptée par le gouvernement.•Toutefois, le pays doit être capable de tenir ses objectifs de stabilisation de la dette, car les investisseurs arbitrent entre les dettes selon leur rendement rapporté au risque.

En effet, la France est cham-pionne d’Europe des impôts de pro-duction. Selon Eurostat, ils repré-sentaient 109 milliards d’euros en 2018. L’essentiel porte sur les entre-prises, avec 75 milliards d’euros, représentant 3,2 % du PIB contre 1,6 % dans l’UE. Si l’on voulait se situer dans la moyenne euro-péenne, i l nous faudrait dès aujourd’hui baisser les impôts de production de 40 milliards. C’est à ce prix qu’il sera possible de contrerl’hémorragie au sein de notre tissu de PME et ETI, fortement créatricesd’emplois.

Logiciel idéologique inadaptéA ce jour, les pouvoirs publics sont toujours prisonniers de mesures gradualistes et n’arrivent pas à inver-

ser la hausse de la fiscalité française.Sur la période 1978-2019, les recettespubliques ont augmenté de 43,4 à 52,6 %, soit une hausse de 9,2 points.Autant dire que la France est carac-térisée par une singulière austérité fiscale, cause du chômage et de défi-cits élevés.

Or, après avoir su imposer unconfinement parmi les plus sévèresau sein des pays occidentaux, les pouvoirs publics hésitent à appli-quer une thérapie de choc en matière fiscale. Comme souvent. Il aura fallu trois ans au président Macron pour remplir sa promesse d e c a m p a g n e d e r e d o n n e r 500 euros de pouvoir d’achat aux personnes gagnant 2.200 euros net.

Cette lenteur s’explique par leseffets de bord accompagnant les baisses de charges, avec l’augmen-tation de la CSG ou la baisse du seuild’entrée dans la tranche d’imposi-tion à 30 % sur le revenu.

De même, la promesse de baisserl’impôt sur les sociétés à 25 % n’est toujours pas remplie. Le taux maxi-mal de l’impôt sur les sociétés est encore au maximum de 28 %

auquel s’ajoute une contribution sociale sur les bénéfices (CSB) de 3,3 %. Ce n’est qu’en 2022 que le tauxnormal de l’impôt sur toutes les sociétés devrait être ramené à 25 %.Prisonniers de dépenses publiques colossales et d’un logiciel idéologi-que inadapté, les pouvoirs publics français n’arrivent pas à orchestrer des baisses d’impôts chocs.

Entre deux maux, il faut choisir.Faute d’arriver à enrayer la progres-sion des dépenses publiques, il est fondamental de baisser les impôts pour redynamiser l’activité. S’il a étéfacile de mettre l’économie à l’arrêt avec le confinement, il nous man-que toujours le déconfinement fiscal permettant de la relancer.

Cécile Philippe est présidente de l’Institut économique Molinari.

Une mise en œuvre trop étalée dans le temps de la baisse des impôts de production ne pourra pas provoquer le choc fiscal dont la France a désespérément besoin aujourd’hui.

LE COMMENTAIRE

de Cécile Philippe

On attend toujours le déconfinement fiscalL ’épidémie de Covid-19 a pro-

voqué une baisse violente etrapide de l’activité économi-

que. Pour la contrecarrer efficace-ment, il faudrait agir fort et rapide-ment en faisant le pari de Laffer : provoquer un choc fiscal suscepti-ble de relancer la création de richesse et, au final, d’engranger davantage de recettes fiscales.

Le ministre de l’Economie aannoncé une baisse des impôts de production de 20 milliards, qui est en réalité une baisse de 10 milliardsseulement. C’est une bonne nou-velle malgré tout, tant ces impôts nuisent à la compétitivité de la France. Cependant, on apprend en même temps que ces baisses n’interviendront qu’en 2021 et 2022.Or, c’est en 2020 que des baisses ambitieuses sont nécessaires.

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Les Echos Lundi 20 juillet 2020 // 07

idées&débats

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Page 8: Les Echos - 20 07 2020

08 // IDEES & DEBATS Lundi 20 juillet 2020 Les Echos

opinions

pair. Au début des années 1990, la chute de l’URSS s’était accompagnée d’une explosion du nombre des Etats. Aux Jeux Olympiques d’été de Barcelone en 1992, des dizaines de nouveaux dra-peaux – presque tous aussi mystérieux qu’inconnus – étaient apparus aux yeux du monde. La quête de la différence mar-ginale qui accompagna la chute de l’empire soviétique a laissé place à une phase nouvelle, sans doute contenue en germe par la précédente.

Dans le cas turc, tout se passe commesi le retour de rêves d’empire et la montéed’un nationalisme religieux allaient de pair. Le point culminant de la gloire de l’Empire ottoman avait été la chute de Constantinople en 1453. Après dix siè-cles comme église (sa construction fut achevée en 537 sous le règne de Justi-nien), Sainte-Sophie, où étaient couron-nés les empereurs byzantins (et l’impé-ratrice Théodora), devenait une mosquée. Dans sa quête de modernité etde sécularisme, la Turquie d’Atatürk avait franchi un pas qui n’apparaît plus aussi naturel aujourd’hui, à l’heure des nationalismes religieux et des quêtes identitaires, de Modi à Erdogan.

Certains ne manqueront pas d’inter-préter le geste du président turc comme un révélateur – si cela était encore néces-saire – de la nature profonde du carac-tère conquérant de l’islam. Le « petit der-nier des monothéismes » dans sa quête de légitimité en veut « toujours plus », surtout après des siècles d’humiliation géopolitique et de rétrécissement géo-graphique. Pas de renaissance sans affir-mation de soi et pas d’affirmation sans réappropriation au sens littéral du terme. « Plus je vous choque, plus j’ai la confirmation, que je vais dans la bonne direction », semble dire Erdogan, comme l’avait fait Poutine avant lui.

Le président turc est certes motivéaussi, sinon avant tout, par des calculs de politique intérieure. Son pays traverse une phase économique et sociale particu-lièrement difficile, aggravée par l’épidé-mie de Covid-19. Erdogan n’entend-il pas regagner ses partisans, tout parti-culièrement à Istanbul, une ville qui l’a faitpolitiquement et qui pourrait le « défaire », à en juger par les dernières élections municipales ? Une chose est sûre. La reconversion de Sainte-Sophie enmosquée n’est pas une victoire de la Tur-quie. C’est une défaite de l’universalisme.

Dominique Moïsi est conseiller spécial à l’Institut Montaigne.

l’humanité tout entière. La réduire à la célébration d’un culte, c’est l’appauvrir. Comment passera-t-on du musée à la mosquée ? Cachera-t-on ses splendides mosaïques figuratives lors des prières musulmanes ? L’exemple que vient de donner le président turc est un précé-dent regrettable et un grand pas en arrière pour l’idée de progrès. Il n’y a passi longtemps, on évoquait encore la pos-sibilité d’une internationalisation des lieux saints de Jérusalem comme une des conditions à la mise en œuvre d’un accord de paix entre Israéliens et Palesti-niens. Le Mur des lamentations, le Saint-Sépulcre, la mosquée al-Aqsa seraient placés sous le contrôle des Nations uniespour prévenir toute tentation irréden-tiste et révisionniste. Certes, le projet était – compte tenu de la charge émo-tionnelle des lieux saints de toutes les religions et de la faiblesse réelle des Nations unies – probablement utopique.

En ce mois de juillet 2020, le nationa-lisme religieux s’engouffre dans une brè-che d’indifférence et de résignation élar-gie par le Covid-19. En effet, en dehors desprises de position du Vatican, de la Grèceet de la Russie – qui se présentent toutes deux comme les héritiers de l’Empire d’Orient – et de quelques commentaires attristés de Washington à Paris, la recon-version de Sainte-Sophie en mosquée a été accueillie avec regret mais sans pas-sion par un monde exclusivement obsédé par les développements de l’épi-démie de coronavirus.

Pourtant, ce retour en arrière specta-culaire restera peut-être aux yeux de l’histoire, comme l’un des événements symboliques majeurs de l’année 2020 : ledernier clou dans le cercueil de l’univer-salisme, sinon une attaque même contrela civilisation. De « l’Amérique d’abord » (America First) de Donald Trump à « la Turquie d’abord » (à moins que ce ne soitl’islam d’abord) d’Erdogan, nous assis-tons à un phénomène de régression généralisée qui peut apparaître comme la résultante directe de la mondialisa-tion galopante des dernières décennies. Mondialisation et fragmentation vont de

Tout se passe comme si le retour de rêves d’empire et la montée d’un nationalisme religieux allaient de pair.

Sainte-Sophie ou la défaite de l’universalismeEn rendant à Sainte-Sophie son statut de mosquée, Erdogan brise la volonté d’ouverture au monde qui avait animé son prédécesseur Mustafa Kemal, en 1934, lors de sa transformation en musée. L’actuel président turc veut affirmer l’identité musulmane de son pays et enterre par la même occasion l’universa-lisme d’un bâtiment dont le symbole va au-delà des croyances religieuses.

DANS LA PRESSEÉTRANGÈRE

• « J’ai un accent, moi ? » avait rétorquéJean Castex sur un ton faussement sur-pris lors de son passage sur le plateau deBFMTV, peu de temps après sa nomina-tion à Matignon. Qu’il soit moqué ou commenté, l’accent régional « chan-tant » et les intonations gasconnes du nouveau Premier ministre attisent les réactions, témoignant d’une glottopho-bie ou discrimination linguistique pari-sienne selon « The Economist ».

Peu de temps après sa nomination,un journaliste de « Paris Match » avait qualifié l’accent du Premier ministre, nédans le Gers et élu dans les Pyrénées-Orientales, de « rocailleux façon troi-sième mi-temps de rugby », tandis qu’un présentateur l’avait jugé plus adapté à laprésentation de la météo qu’au discoursde politique générale. La moquerie parisienne est à peine déguisée. Elle est tributaire d’un cadre social parisien impitoyable qui implique de se confor-mer et d’abandonner tout accent diffé-rent de celui de la métropole, estime « The Economist ».

Lorsque Jules Ferry, ministre de l’Ins-truction publique de la IIIe République, avait imposé le français comme langue unique dans les écoles dans les années 1880, les instituteurs ont été invités à « corriger les mauvaises prononciations ou accents locaux ».

Ces accents pourraient devenir unavantage. Ils donneront le contrecoup àl’élite mondialiste, car ils font référenceà un lien que l’on veut de plus en plus valorisé avec les origines régionales et un attachement local.

« The Economist » conclut quel’accent de M. Castex, technocrate de haut niveau, l’aurait même peut-être aidé à obtenir le poste de Premier ministre. — Kenza Halimi

Avec Jean Castex, la revanche des accents régionaux

LE MEILLEUR DUCERCLE DES ÉCHOS

Pour de véritables « régions nations »

La crise sanitaire a révélé des failles, du fait d’un système de décision très centralisé. Dominique Mockly (PDG de Teréga) propose d’en tirer les leçons en faisant de chaque région un « tout national ».

SOUPLESSE « L’efficacité, l’adaptabilité et l’inventivité des acteurs de terrain ont été redécouvertes à la faveur de la crise du Covid-19. Cette dernière a en effet montré que, si la fonction stratégique des Etats est fondamentale, leur marge de manœuvre opérationnelle peut être entravée par la temporalité et la pesanteur inhérentes aux procédures institutionnelles et administratives centralisées. Au contraire, la gestion opérationnelle quotidienne des institutions, entreprises et associations locales a permis de réagir avec rapidité et souplesse face à une secousse inédite. »

INDUSTRIE « Dès lors, le premier pas vers une région nation pourrait s’appuyer sur la régionalisation de l’industrie qui nous permettrait de regagner une véritable autonomie stratégique. Cette crise a révélé combien la mondialisation peut être synonyme de vulnérabilité : l’interconnexion et l’interdépendance qui la caractérisent entraînent un risque de désorganisation. »

TERRAIN « Ce schéma, théorique, est devenu, dans le contexte de la pandémie et de ses conséquences, une réalité empirique. Les débats sur les masques, notamment, ont confirmé que nous ne pouvons plus compter sur l’idée que des produits de première nécessité peuvent être acheminés depuis le bout du monde en toutes circonstances. Aujourd’hui, il est urgent de “dérisquer” ce système en garantissant son autonomie et ses capacités productives à l’échelle régionale dans un cadre national. Dans un contexte de crise sanitaire aux conséquences multiples, la prise de décision rapide, pertinente et au plus près du terrain a été et sera cruciale. »

aLire l’intégralité sur Le Cerclelesechos.fr/idees-debats/cercle

E n 1934, Mustafa Kemal transfor-mait en musée la mosquée HagiaSophia. Il entendait « l’offrir à

l’humanité ». Quatre-vingt-sept ans plus tard, Recep Tayyip Erdogan – celui qui seprésente comme le successeur d’Atatürk– vient de décider de rendre au peuple turc (et au-delà au monde musulman) lechef-d’œuvre architectural inscrit au patrimoine mondial de l’humanité. Sainte-Sophie, dès le 24 juillet, sera rede-venue ce qu’elle avait été de 1453 à 1934, une mosquée. Certes, elle restera ouverte aux touristes en dehors des heu-res de prière. Mais elle sera passée de l’universel au particulier. Sainte-Sophie avec le temps était devenue le témoi-gnage vivant de la quête de réconcilia-tion entre les monothéismes chrétiens etmusulmans. Il se dégageait une force et une harmonie particulière de la juxtapo-sition entre ses coupoles et ses minarets,de la cohabitation entre ses mosaïques chrétiennes et ses calligraphies musul-manes. Le choix d’Atatürk était vision-naire, celui d’Erdogan est rétrograde.

Il y a un peu plus d’un an, l’incendie deNotre-Dame de Paris avait ému le monde entier. Les images spectaculairesde la cathédrale en feu avaient fait le tourde la planète, suscitant un exceptionnel élan de générosité. Notre-Dame de Parisétait devenue, au même titre que le Lou-vre ou la tour Eiffel, l’un des symboles iconiques de la Ville Lumière. La cathé-drale, célébrée par Victor Hugo, n’était pas seulement chère au cœur des chré-tiens et des Parisiens. Elle était tout sim-plement devenue une des « merveilles du monde » – un hommage au divin – qui traduisait et célébrait la grandeur de l’homme. Il en est des bâtiments, commedes œuvres musicales. Certains par leur beauté sont devenus, non seulement universels, mais intemporels. Salieri, le grand rival de Mozart, n’est qu’un com-positeur du XVIIIe siècle, talentueux cer-tes, mais limité. Mozart transcende son époque, comme peuvent le faire les plus grands des compositeurs, de Bach à Chostakovitch. Sainte-Sophie se situe dans cette catégorie de monuments qui appartiennent tout naturellement à

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LE REGARD SUR LE MONDEde Dominique Moïsi

LE LIVREDU JOUR

La justice à la russe

LE PROPOS Qualité d’écriture, intrigue XXL, le livre de Yoann Barbereau est le meilleur roman policier à vous conseiller pour cet été. Sauf que tout est vrai. La brutalité avec laquelle des sbires cueillent chez lui, dans son appartement d’Irkoutsk, ce directeur de l’Alliance française, l’absurdité des accusations, de la « procédure » qui s’ensuit, la vie en prison laissent stupéfait. Il n’y a pasque la température qui est glaciale en Sibérie, l’indifférence impériale à l’égard d’un Etat de droit minimal aussi. Où l’on apprendra grâce à cet excellent livre la signification du mot « kompromat », un montage à charge dont on ne comprend d’ailleurs pas très bien la signification, les ressort cachés. On l’accuse de pédophilie sur sa fille de cinq ans, rien de moins. « Vous nous mettez dans une belle merde », lui dira l’ambassadeur de France. Le détenu a compris qu’il ne pourrait s’en sortir que de lui-même. Sa cavale à travers toute la Russie, véhiculée en partie par BlaBlaCar est hallucinante.

L’INTÉRÊT « Dans les geôles de Sibérie » informe sur la justice à la

russe, la pusillanimité de l’administration française pour protéger un de ses ressortissants, l’Etat vient d’ailleurs d’être condamné à verser 300.000 euros d’indemnités à Yoann Barbereau. Le livre révèle aussi un écrivain qui reste malgré tout un amoureux de l’âme russe. L’ouverture sur le récit d’un bain dans le Baïkal est une plongée dont on se souvient.— Sabine Delanglade

Dans les geôles de Sibériede Yoann Barbereau, Stock, 320 pages, 20,90 euros.

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Page 9: Les Echos - 20 07 2020

Les Echos Lundi 20 juillet 2020 IDEES & DEBATS // 09

art&culture

Le grand art du folklore à Metz

« Perfect Mountain », vidéo de Melanie Manchot, 2011. Photo Parafin Londres, Royaume-Uni et Galerie m, Bochum, Allemagne/Adagp, Paris, 2020

Judith Benhamou-Huet @judithbenhamou

Dans la première partie du XXe siècle, l’avant-garde a revisité toutes les règles édictant ce qui était un bon ou un mauvais art. Elle est allée chercher du côté des autres civilisations (Afrique, Etrus-ques, etc.), du côté de l’art naïf puis de l’art brut et a fouillé aussi le répertoire de ce qu’onappelle le folklore. C’est ce vaste sujet et son prolongement dans la période contempo-raine que le Centre Pompidou-Metz explore avant que le Mucem de Marseille ne reprenne le sujet cet hiver.

L’avantage d’une exposition au CentrePompidou-Metz est la richesse de sa maisonmère parisienne. Ainsi, lorsqu’on apprend que Vassily Kandinsky a commencé sa car-rière en tant qu’ethnographe en Russie, on verra immanquablement de beaux Kan-dinsky puisque sa veuve a fait une vaste donation au Musée national d’art moderne. Idem lorsqu’il est expliqué que Constantin Brancusi était un bâtisseur d’églises en bois traditionnelles, puisque Brancusi a légué à sa mort son atelier à Pompidou. Le début de « Folklore » est consacré à l’art moderne, et c’est la partie la plus aboutie. L’exposition s’ouvre majestueusement sur la Bretagne, surtout Pont-Aven, qui deviendra une vérita-ble plateforme créative pour le mouvement nabi alors que Paul Sérusier découvre la région en 1888. Les rites locaux sont le sujet de nombreux fantasmes. Paul Gauguin ima-

gine même : « Quand messabots résonnent sur ce sol degranit, j’entends le ton sourd,mat et puissant que je cher-che en peinture ». Le folklorece sont aussi des rites, descroyances et beaucoup

d’imaginaire. Une corne d’abondance qui peut faire l’objet de récupération comme pendant le régime de Vichy lorsque le maré-chal Pétain se fait représenter en santon marseillais et utilise la francisque, cette hache mérovingienne, comme symbole du régime collaborationniste.

Utopie humanisteL’exposition fait beaucoup de zigzags, pas toujours très clairs, dans l’histoire de l’art du XXe siècle, mais on y trouve plusieurs pépi-tes. Dans le catalogue de l’exposition, le com-missaire Jean-Marie Gallais fait émerger l’idée paradoxale d’un folklore international dont le chef de file serait Le Corbusier. L’architecte écrivait : « Seul l’homme subsiste entier avec des clairs besoins et une poétique plus élargie. Résurrection des arts régio-naux. » Avec lui l’infinité des folklores locauxdevient une matrice de l’histoire universelle et peut être aussi un antidote aux nationalis-mes. C’est dans cet esprit qu’en 1960 Victor Vasarely, le maître hongrois de l’art cinéti-que, met au point un alphabet de formes géo-métriques universel inspiré des formes du folklore (broderies, arts décoratifs…). Une utopie humaniste si pertinente en cette période forcée d’isolements nationaux. n

EXPOSITIONFolkloreCentre Pompidou-Metzwww.centrepompidou-metz.frJusqu’au 21 septembre.

The Pretenders, retour battant

Christian Eudeline

En quarante-deux ans d’existence, les Pretenders auraient pu devenir bien plus importants, forts de leurs tubes (« I Go to Sleep », « Message to Love », « Brass in Pocket »…) et surtout de la personnalité de lameneuse, Chrissie Hynde. Américaine exi-lée à Londres, un temps journaliste au « NewMusical Express », sa plume acérée se conju-guait parfaitement avec sa voix sensuelle et déterminée. Musicienne, il lui fallut pour-tant plusieurs années pour convaincre un label qu’elle pouvait devenir chef de gang.

Pari finalement réussi : les deux pre-miers albums se vendront à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires, mais deux des musiciens tomberont en moins d’un an, d’overdose. Sur le troisième disque – « Learning to Crawl » –, il lui faut évoquer sa survie alors que Chrissie devient maman.Dès le suivant, la notion même de groupe vole en éclats, le batteur Martin Chambers préférant prendre du recul. Ce qui n’entra-vera pas son succès, l’album « Get Close » s’avérant la meilleure vente de son histoire, grâce à un mix savant de pop et de rock, d’électricité et de douceur.

Par la suite, Chrissie Hynde sortira régu-lièrement des disques, sous le nom des Pretenders ou sous le sien, avec des musi-ciens de studio interchangeables, brouillantainsi les cartes. Icône, elle est l’une des raresfemmes à s’être fait une place dans un

domaine plutôt masculin.Elle prend du recul, passebeaucoup de temps à pein-dre et n’hésite jamais à direce qu’elle pense. Ses propos

(ambigus) sur le viol font couler beaucoup d’encre. Ceux sur le racisme dans la police également : « Ne pourrait-elle pas faire un peu de ménage dans sa maison et chasser les gangs plutôt que d’emmerder des anonymes sous le seul prétexte qu’ils sont noirs ? »

La hargne des jeunes années« Hate for Sale » est le onzième album studio des Pretenders et le premier à faire confiance aux musiciens qui l’accompa-gnent en tournée depuis une quinzaine d’années. Il marque aussi le retour très remarqué du batteur des débuts, Martin Chambers. Mais Chrissie n’écrit désormais plus seule, elle cosigne les chansons avec James Walbourne, son guitariste.

Le titre d’ouverture « Hate for Sale »revient sur la hargne de ses jeunes années, en évoquant le groupe punk des Damned dont elle faillit être la chanteuse. « Light-ning Man » renvoie au reggae, star des ondes et des charts à Londres, à la fin des années 1970. Mais le morceau de choix de l’album est une ballade mélancolique, « YouCan’t Hurt a Fool », aux paroles largement autobiographiques. Le mélange des genres comme recette gagnante a déjà fait ses preuves, il est le gage d’un disque aussi réussi que savoureux. n

ROCKThe Pretenders« Hate for Sale »(BMG)

LE POINTDE VUE

de Mogens Peter Carl

Une nouvelle OMC doit voir le jour, sans la Chine

L a politique commerciale del’Europe stagne depuis vingt ans.Elle ne répond plus aux exigences

du monde actuel et le public européen lui attribue la perte de millions d’emplois au profit de la Chine. La Com-mission européenne a lancé une consul-tation publique visant à une « autonomiestratégique ouverte » (ce qui ressemble à une tentative d’être demi-enceinte). Elle sera bombardée de messages s’annulantmutuellement. Cela l’amènera-t-elle, comme par le passé, à identifier l’aspi-rine comme un remède contre le can-cer ? Un consensus autour d’une politi-que reformulée est impossible, car les Etats membres sont profondément divi-sés. Mais pourquoi un consensus ? Parce que la politique commerciale est soumise au vote à la majorité.

Notre politique est dépassée et fon-dée sur une idéologie surannée car identique à ce qu’elle était avant l’irrup-tion de la Chine sur la scène mondiale, après son adhésion à l’OMC en 2001. Son économie centralisée, sa puissante politique industrielle dans tous les sec-teurs clés, ses énormes subventions d’Etat, combinées avec un appareil gouvernemental et à une répression politique aussi puissants que ceux de l’ex-URSS, ont balayé de larges pans de l’industrie européenne et américaine. Pourtant, nous agissons comme si nousétions à l’époque faste des années 1990, lorsque nos principaux concurrents étaient d’autres économies de marché, Japon, Corée, Etats-Unis. Notre inac-tion ressemble à la politique de l’autru-

de nouvelles règles européennes qui protégeraient nos entreprises contre la Chine et ses abus. Certains de ces outils existent déjà, mais ils sont appliqués très parcimonieusement, entravés par des couches de légalisme fait maison. On a aussi besoin de mécanismes plus efficaces concernant les importations subventionnées et de règles contre le dumping social, environnemental et l’inaction en matière de changement climatique. Dans le cas contraire, notre objectif de verdir nos économies échouera si notre principal concurrent peut continuer à inonder nos marchés en utilisant des méthodes de produc-tion polluantes. On dira que cela intro-duirait un système de « commerce géré » avec la Chine. Or, c’est ce que nousavons déjà, bien que seule la Chine en assure la gestion, et que nous en subis-sions les conséquences.

Je ne doute pas que la Chine mettraittout en œuvre grâce à son vaste réseau de pression et d’influence, y compris à Bruxelles et dans les Etats membres sousson charme (financier). La Commission européenne a la capacité d’innover dansle domaine du commerce international. C’est une question de volonté et de lea-dership politiques, et non de recherche d’un consensus illusoire. Si la Commis-sion montre la voie, l’impact de l’« effet d’annonce » serait énorme.

Mogens Peter Carl est ancien directeur général du commerce puis de l’environnement à la Commission européenne.

che et au pacifisme unilatéral des années 1930. Nous en connaissons les résultats. Il faut donc protéger nos économies libérales et nos sociétés ouvertes contre leurs adversaires. Cela nécessite une révision fondamentale dela politique commerciale de l’Union européenne et de l’OMC.

L’OMC est moribonde et risque desuivre la voie de la Société des Nations. L’UE devrait faire équipe avec les Etats-Unis et d’autres économies ouvertes pour réformer complètement l’OMC. Cela échouera probablement en raison de l’inévitable opposition chinoise. La solution : nous retirer de l’OMC et créerune nouvelle organisation internatio-nale du commerce sans la Chine. La plupart des pays suivraient notre exem-ple. On reviendrait à un ordre économi-que mondial ouvert entre pays à écono-mie de marché partageant les mêmes idées, sur la base de principes clairs et renforcés en faveur du marché libre.

Et la Chine ? Libérés des entraves del’OMC actuelle, nous pourrons adopter

Libérés des entraves de l’OMC actuelle, nous pourrons adopter de nouvelles règles européennes qui protégeraient nos entreprises contre la Chine et ses abus.

LE POINTDE VUE

de François Levêque

Les vertus insoupçonnéesdes sites de rencontre

mières rencontres, ils mesurent mieux aussi leur désirabilité. Bref, les apparie-ments sont meilleurs, d’où la plus lon-gue durée des relations, en comparai-son des mariages initiés par une rencontre dans la « vraie vie ». Naturel-lement, on est encore très loin d’une for-mation parfaite des couples. Deux prin-cipales raisons peuvent être avancées : des informations imparfaites et une concurrence imparfaite entre les servi-ces en ligne. Le premier cas ouvre la voie à des comportements opportunis-tes. Chacun vise plus haut que son pro-pre profil lui permettrait d’espérer ! Le second cas réside dans l’absence d’inté-rêt à pousser trop loin la performance des algorithmes d’appariement. Une fois le partenaire idéal trouvé et con-quis, fiancé et marié, le site de rencontreperdra son abonné (au moins pour quelque temps).

La concurrence entre plateformes,qui porte notamment sur la qualité, s’oppose à cet effet. Or la concurrence n’est pas si vive que cela. Il n’y a pas de Google ou d’Amazon visibles qui trus-tent le marché, mais un acteur peu connu : Interactive Corp. Il le domine à travers sa filiale Match Group, cotée au Nasdaq. Elle est à la tête d’une cinquan-taine de sites, dont les tout premiers en audience : le leader Tinder (« allume-feu » en français), mais aussi Plenty of Fish, Match.com, OKCupid, Hinge, Mee-tic, etc. Il ne faudrait pas qu’un mono-pole rogne le bienfait social apporté parles sites de rencontre en ligne.

François Lévêque est professeur d’économie à Mines-ParisTech Université PSL.

que la formation des couples est opti-male. Gary Becker et Lloyd Shapley, tous deux lauréats du Nobel, se sont intéressés au mariage.

Soient N hommes et N femmes,quelle est la meilleure affectation ? Pour le premier, c’est une affaire de complémentarité : l’âme sœur est celle qui maximisera le gain d’une vie en commun avec enfants, maison et voi-ture. Pour le second, c’est une affaire de rivalité, mais chacun finit par trouver chaussure à son pied dès lors qu’aucun couple formé ne peut dévier, de sorte que ses membres s’en sortent mieux. Dit autrement, l’un et l’autre auraient sans doute préféré un partenaire encore plus désirable, mais celui-ci ne les aurait pas acceptés.

Le développement des sites de ren-contre en ligne a permis de se rappro-cher de tels équilibres. A travers les longs questionnaires d’inscription, les utilisateurs sont amenés à mieux connaître leurs préférences. A travers les réponses qu’ils obtiennent à leurs invitations et les essais-erreurs des pre-

Aux Etats-Unis, un mariage récent sur trois a débuté par une première rencontre en ligne.

En comparaison des formes traditionnelles, ces mariages durent plus longtemps.

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« Les Echos » est issu de fibre recyclée.

L es utilisateurs de Meetic, Tinderet consorts se comptent désor-mais par centaines de millions.

Beaucoup n’y voient qu’un exemple desmaux et dérives de la société moderne. Ces sites ont pourtant une grande utilitésociale. La rencontre en ligne apporte une nouvelle façon de nouer une relation. Elle s’est ajoutée aux occasionstraditionnelles de trouver un parte-naire dans son milieu professionnel, son cercle familial, son réseau d’amis ou tout simplement dans un bar ou lorsd’un concert. Aux Etats-Unis, un mariage récent sur trois a débuté par une première rencontre en ligne et cetteproportion augmente chaque année. En comparaison des formes tradition-nelles, ces mariages durent plus long-temps, se concluent par moins de divor-ces et réunissent plus souvent des couples de religions ou de couleurs de peau différentes.

Les plateformes en ligne permettentde sortir d’un milieu souvent homo-gène et d’élargir le nombre de parte-naires potentiels. Du coup, les chancesde rencontre d’un partenaire plus pro-che de ses préférences sont multi-pliées. C’est évident pour les personnesdont les inclinations sont moins parta-gées et donc forcément moins répan-dues dans leur entourage proche. AuxEtats-Unis toujours, 70 % des homo-sexuels rencontrent leur partenaire enligne. Trouver l’âme sœur n’est pas seulement facilité par le très grand nombre de contacts possibles. La con-naissance des préférences est indis-pensable pour un bon « matching ». Lorsqu’elles sont parfaitement con-nues, la théorie économique montre D

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Page 10: Les Echos - 20 07 2020

10 // IDEES & DEBATS Lundi 20 juillet 2020 Les Echos

par LE BARON DE S. Sous ce pseudo se dissimule un familier du pouvoir et de ceux qui l’occupent,

dont l’identité surprendrait et amuserait beaucoup. Ô lecteur ! Si nous pouvions la révéler…

tère, et celui-ci approchait à présent de Paris, alors que Hulot n’avait toujours pas décidé s’il allait ou ne pas aller à l’Odéon, ni ce qu’il y dirait,et qu’il était encore en train de donner la parole aux différentes voix en lui. Peut-être que si... Oui,mais enfin, est-ce que... Sa délibération intime futstoppée nette quand il prit conscience qu’une chose au moins était sûre : il ne pouvait pas arri-ver à l’Odéon en hélico ! Il attrapa le pilote par le col et lui hurla, pour essayer de couvrir le bruit des pales : « Posez-vous là, vous voyez ce petit jar-din, le jardin de l’Observatoire ! » Il aurait dû se souvenir des mésaventures de Mitterrand, et se dire que l’Observatoire, ce n’était pas de bon augure ! Mais enfin, il n’y songea pas. De là, il prendrait un Vélib et pourrait arriver le plus sim-plement du monde au quartier général de la lutte, distant d’un kilomètre à vol d’oiseau.

Alors qu’il dévalait à bicyclette le boulevardSaint-Michel pour rejoindre l’Odéon, Hulot continuait à se la jouer tempête sous un crâne. « Aider Macron, qui m’en a fait voir des vertes (ce qui, même pour un environnementaliste, était désagréable) et des pas mûres quand j’étais minis-tre ? Mais sans lui, l’écologie a-t-elle une chance enFrance ? Devenir leur chef, mais ne pas rejoindre Macron ? Ou rentrer en Bretagne, voir mon épouse, faire du kite-surf ? Je vais à l’Odéon, ou j’y vais pas ? Et là-bas, que leur dire ? » Il venait de débouler sur la place du théâtre. Tels des chas-seurs en Sologne, 250 journalistes braquèrent d’un coup leur caméra ou leur téléobjectif. Une reporter de BFMTV se jeta sur lui : « Nicolas Hulot, qu’allez-vous dire aux artistes qui sont à l’intérieur ? Soutenez-vous leur révolte contre le président ? » Hulot eut le sourire du sage, habité

par une sérénité intérieure, née de la pratiquequotidienne du yoga et de la méditation :« Je vais leur dire que le temps est venu deposer les pierres d’un nouveau ciel, de

Cohn-Bendit. Et de Macron. Quelque chose devait se passer avec le président. Il rappela et Goupil l’accueillit d’un : « Salut mon pote, ça va ? Merci de me rappeler. » Toujours fatigants, ces soixante-huitards, se dit Hulot in petto, avec leurtutoiement et leur familiarité de réunion de cel-lule.... « Je t’explique, Nicolas, notre pote Macron est au plus mal. L’Odéon s’est soulevé et les people ont pris Manu en otage. Ils réclament des garanties.Moi, la prise de l’Odéon, je suis pas contre, j’ai inventé ça avec Cohn-Bendit, Geismar et July en Mai 68. Mais là (et Goupil haussait le ton commes’il s’agissait de convaincre l’AG), il faut bien voir que les people font le jeu objectif du Rassemble-ment national ! Alors j’ai pensé à quelque chose pour sauver Manu : tu fonces à l’Odéon, tu leur faisun grand discours, tu invoques les principes, tu deviens leur chef, et après tu libères Manu, bien sûr,et, si possible, tu les ramènes tranquillement vers lamajorité ! » (Ah, oui, les ramener à la « ligne du parti »... Il allait bientôt nous faire le coup des « déviations petites-bourgeoises »...) « C’est une technique rodée. J’avais fait ça avec Coluche à l’épo-que, pour ramener les gauchistes à Mitterrand, et ça avait marché du feu de Dieu. Alors c’est bon, t’esd’accord ? Génial, mon pote. Un hélicoptère arrive. »

H ulot n’avait pas dit oui. Il n’avait pasdit non. En écoutant le plan Goupil,une partie de lui opinait : le présenta-teur télé, avide de gloire et de spot-

lights, qui n’imaginait pas louper un événement médiatique ; le militant écologiste sincère, qui devait utiliser toute occasion de faire avancer la cause ; enfin, l’ami fidèle, désireux d’aider Macron, qui l’avait fait ministre. Mais d’autres voix s’élevaient, qui refusaient : le Hulot âgé, désabusé, lessivé par l’expérience du ministère, qui ne voulait plus rentrer dans le jeu de la politi-que ; le Hulot froussard, qui ne voulait pas prendre à nouveau le risque d’échouer après sa déculottée aux primaires écolos face à Eva Joly, ni d’ailleurs celui de réussir, qui l’aurait infailli-blement conduit à démissionner peu après, car rester en place ne lui ressemblait pas ; le Hulot écologiste sincère aussi, qui ne voulait pas faire augmenter son bilan carbone avec un hélicop-tère, en tout cas pas au vu et au su de tous.

Pendant qu’il menait cette discussion aveclui-même sur le thème « ira ? ira pas ? », il était machinalement monté dans l’hélicop-

penser l’impensable, de toucher un nouvel horizon. » L’enthousiasme montait en lui, l’exal-tation même. Il se mit à sautiller étrangement enpoursuivant : « Le temps est venu de ne pas laisserl’avenir au passé, ni le passé à l’avenir. Le temps estvenu de décider ce qui doit être décidé. » Il était aubord de la transe, tel un derviche tourneur. MaisGoupil survint sur ces entrefaites et le tira par lamanche en lui disant : « Le temps est venu d’arrê-ter d’enfiler des perles et d’entrer à l’Odéon. »

I l pénétra donc dans la salle, sans avoir lamoindre idée de ce qu’il était venu y fiche.Celle-ci, chauffée à blanc, éclata alors en untonnerre de bruits contradictoires. Les

binochiens hurlaient : « Nico avec nous ! » Les Lindon de la farce : « Vendu ! Pourri ! Ecolo en 4×4 ! » Les Mi-toutou : « Sale mâle blanc ! On a des dossiers sur toi ! »

Hulot se sentit crucifié : cette plongée en eauxtroubles lui rappelait les plus belles heures d’« Ushuaïa » ; il avait presque envie de mettre un masque, des palmes, des bouteilles d’oxy-gène et de commenter la situation en direct pourles téléspectateurs ; mais, d’un autre côté, son trouillomètre était monté dans les hauteurs, il tachycardisait. Il grimpa sur scène. Binoche avait préalablement soumis une motion, aux termes de laquelle la Commune de l’Odéon se donnait comme porte-parole, démocrati-quement élu, Nicolas Hulot (Goupil avait rédigéle texte).

Macron jeta un clin d’œil complice à sonancien ministre, lequel fit un long discours, dans

lequel il expliqua, bien sûr, que le tempsétait venu de tout un tas de choses, maisencore les justes motifs de le choisir et,aussi, les bonnes raisons de ne pas seprononcer en sa faveur. On vota. Lamotion fut rejetée, à 91 %. Il fut triste-ment soulagé et heureusement blessé.« Le temps est venu de repartir en Breta-gne », se dit-il. Il quitta la scène sans un

regard pour Macron. « Quel culot, ceHulot ! », commenta Poelvoorde. « Je pré-

fère le 3615 Ula au 2020 Hulot », ajoutaDamiens. Et nos deux Belges reprirent une

rasade de château Chasse-Spleen.

Soleil Vert

6Et demain Vol au-dessus d’un nid de coucou

« Moi, la prise de l’Odéon, je suis pas contre. »

« J’ai inventé ça avec Cohn-Bendit, Geismar et July en Mai 68. »

Leem

age

Le Premier ministre Jean Castex et le président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius, réfléchissent à déclarer empêché le président, détenu à l’Odeon.

N icolas Hulot venait de reprendrepied sur la plage de Saint-Lunaire(Ille-et-Vilaine) après une mati-née de kite-surf avec ses enfants.Lever à 6 heures, départ en 4×4

dans l’air froid du matin, rendez-vous sur la plage en tenue à 7 heures : on ne se la coulait pasdouce, ici ! C’était le prix à payer, entre les vagues,fouetté par les embruns, tiré par le vent, pour oublier enfin les soucis du monde : l’effet de serre, la destruction de la biodiversité, les méfaits du glyphosate, la poursuite des émis-sions de CO2 (et la fin de ses émissions de télévi-sion), les déchets plastiques dans les océans, et lajeune femme rencontrée hier soir qui ne répon-dait pas à ses SMS... Sur la planche, les contradic-tions se résorbaient, les soucis s’estompaient : peu importait ici que Hulot fût un homme sim-ple et un millionnaire, une vedette et un pas-sionné d’anonymat, un écologiste et un gaspilleur, un militant et un sceptique, Mac et PC, Beatles et Stones, Tintin et Spirou ! Dans l’eau, il n’était plus qu’un corps en lutte avec les éléments.

Malheureusement, cela ne devait pas durer.Ayant remis la main sur ses affaires, l’ancien pré-sentateur d’« Ushuaïa » alluma son téléphone. 48 appels en absence, 132 SMS, 20 mails, dont 15 demandes d’interview. Il n’avait jamais vu ça depuis ce 28 août 2018 où il avait démissionné endirect sur France Inter, au micro de Léa Salamé,laquelle, digne héritière de la tradition des salons et des sommets de délicatesse et d’esprit de la conversation à la française, lui avait alors répondu : « Vous êtes sérieux, là ? », avant de déclarer le lendemain qu’elle avait vécu « un moment de grâce » (en langage service public de la radio, un « moment de grâce » désigne une information qui vous classe premier « TrendingTopic » sur Twitter. Entre 2e à 10e, on préférera parler d’« instant magique » ou de « moment hors du temps »).

Parmi les appels en absence, Hulot vit le nomde Romain Goupil, ce qui le surprit. Il n’était pastrès proche de l’ancien trotskiste devenu réali-sateur. En revanche, celui-ci était un intime de

LES PEOPLE SE REBIFFENT5/14

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Page 11: Les Echos - 20 07 2020

Sophie Amsili et Hélène Gully

D ans les supermarchés, les rayons del’hygiène féminine se métamor-phosent après des décennies d’iner-

tie. Les traditionnels emballages des tam-pons et serviettes jetables se labellisent « bio » et de nouveaux produits tentent désor-mais de se faire une place au soleil. Les « cups » – dispositif en silicone réutilisable –et tampons en coton biologique ont été les premières petites innovations du secteur. Suivis par les serviettes lavables et, depuis quelques mois, les culottes menstruelles, ces sous-vêtements à l’apparence classique dotés d’une partie absorbante conçus pour les règles des femmes.

En septembre dernier, le géant del’hygiène Kimberly-Clark a d’ailleurs investi25 millions de dollars dans la start-up Thinx, pionnière de la lingerie menstruelle.Une opération remarquée et un véritable soutien pour cette jeune pousse qui avait déjà frappé un grand coup en 2015 en lan-çant une campagne de publicité dans le métro new-yorkais, pour faire connaître sesproduits révolutionnant la période délicate des menstruations. Après des décennies sans innovation, le secteur de l’hygiène féminine est donc en train de se renouveler.Les femmes se voient proposer des alterna-tives aux habituels serviettes et tampons jetables, et en parallèle, de nouvelles entre-prises émergent dans ce milieu monopoliséjusqu’ici par quelques colosses.

En France aussi, le secteur est désormaisen mouvement. Alors que Thinx et son concurrent australien Modibodi faisaient tout doucement leur chemin vers l’intimité des Françaises, de nombreuses jeunes

L’hygiène féminine au défi de l’écologie

pousses hexagonales se sont lancées à par-tir de 2018, souvent aidées par des campa-gnes de crowdfunding. Chacune avec son univers et son public cible. La précurseure dans l’Hexagone, Fempo, qui propose des slips « sportswear » en Lycra, a mûri son projet dès 2017. Puis Petites Culottées s’est lancé en 2018 avec ses pièces de lingerie ornées de broderies Leveaux et de dentellesNoyons-Calais. Avec un prix à mi-chemin entre les deux marques, les sous-vêtementscolorés de Réjeanne, confectionnés notam-ment par les petites mains des anciennes usines Lejaby et Chantelle, ont ensuite fait leur apparition.

« On est parties comme un boulet de canon »Difficile d’estimer précisément le nombre de marques qui évoluent désormais sur ce segment. Mais selon Shonnead Dégremont,fondatrice et présidente de Petites Culot-tées, il y en aurait au moins 34. « Chaque semaine ou presque, il y en a une nouvelle », assure-t-elle. Toutes les dirigeantes – car ce sont toutes des femmes – assurent que la demande pour leurs produits est là. A son lancement, Petites Culottées s’est d’ailleurs laissé déborder par les commandes : 190 entrois semaines de crowdfunding, puis un millier pendant les deux premières semai-nes d’ouverture de son site. « C’était le débutdu galop de notre cheval de course ! » s’enthousiasme Shonnead Dégremont. Elle dit aujourd’hui vendre entre 1.500 et 3.000 pièces par mois.

Même surprise chez Réjeanne, qui espé-rait vendre 200 culottes en 45 jours de crowdfunding. Ce sera f inalement 7.500 pièces commandées, et des livraisonsétalées sur plusieurs mois. « On est parties comme un boulet de canon », sourient les deux fondatrices, Alexandra Rychner et Wye-Peygn Morter. En 2019, la marque a encore confectionné 50.000 autres culotteset réalisé un chiffre d’affaires de 1 million d’euros. Thinx évoque pour sa part « une croissance annuelle continue depuis son lan-cement » et une clientèle qui s’est fortementétoffée ces deux dernières années en France. De son côté, Blooming, une autre pépite, revendique « un équilibre à la fois en magasin et en ligne qui [l’]inscrit dans une croissance rentable ».

Mais quel est donc l’engrais d’une tellecroissance ? « Deux éléments justifient l’essor de ces nouveaux produits. D’une part, la défiance envers les protections dites classi-

ques, soupçonnées de contenir des substanceschimiques ou d’être responsables de mala-dies. Et les préoccupations environnementa-les, notamment des nouvelles générations », décrypte le professeur Gérard Lina, micro-biologiste français et spécialiste du syn-drome du choc toxique, cette maladie infec-tieuse qui touche certaines femmes au moment des règles.

Les tampons au banc des accusésDocumentaires chocs, études sanitaires, témoignages… Les protections hygiéniques classiques ont été accusées, ces dernières années, de beaucoup de maux, dont celui, justement, de provoquer le choc toxique. « En réalité, c’est une maladie rare, en France seulement une centaine de femmes sont concernées chaque année », tempère Gérard Lina. Mais les échos de cette maladie réson-nent fort. « Et puis 80 % des femmes qui en sont atteintes sont hospitalisées en réanima-tion », explique le médecin. Sur le banc des accusés notamment, les tampons, puisque « les dispositifs intravaginaux sont les seuls à risque, une serviette ou une culotte ne peut pasengendrer la maladie », précise Gérard Lina.

Un scandale a aussi particulièrementabîmé la réputation de ces protections hygiéniques : le tampon Rely, dans les années 1980, conçu en fibre synthétique et qui a été effectivement responsable de la mort de plusieurs dizaines de femmes. « Depuis, les fabricants sont devenus vigilantssur les matières premières utilisées », témoi-gne le professeur Lina. Chez Procter & Gam-ble, leader du marché international de l’hygiène féminine, on regrette d’ailleurs « des inquiétudes infondées ». « Il est impor-tant de bien faire la différence entre les faits et la fiction s’agissant de l’hygiène féminine », explique-t-on chez le géant. « En fait, le syn-drome du choc toxique est d’abord lié à une mauvaise utilisation de ces protections, gar-

SANTÉ // A l’heureoù s’accentue la pression

environnementale,les entreprises d’hygiène innovent pour proposer

aux femmes des protections

plus écologiques. Elles constituent encore des

produits de niche, au coût relativement élevé.

dées trop longtemps », confirme Gérard Lina.La liberté donnée aux entreprises d’indi-

quer ou non la composition exacte de leurs produits ne rassure pas non plus les clien-tes. Or, comme pour l’alimentation, elles deviennent de plus en plus intransigeantes sur ce qu’elles utilisent pendant leurs règles.Un terreau fertile sur lequel les start-up desculottes ont capitalisé. Sur leurs sites, la composition des culottes est détaillée sous toutes les coutures, et la majorité d’entre elles arborent fièrement la certification Oeko-Tex qui garantit l’absence de certai-nes substances chimiques. « On sait que nosclientes nous choisissent pour ça et pour la beauté de nos modèles », confirme Shon-nead Dégremont chez Petites Culottées.

Les grands du secteur se sont d’ailleurslaissé convaincre. La gamme Tampax de Procter & Gamble a elle aussi fini par être certifiée Oeko-Tex, « l’un des labels les plus exigeants au monde », précise l’entreprise, « et notre gamme de produits Always est approuvée par les dermatologues indépen-dants de la Skin Health Alliance [Alliance pour la santé de la peau], qui certifie que les produits ne présentent aucun risque pour la peau », revendique-t-on chez eux.

Miser sur le confortPour être certain de préserver sa part de marché, le géant a aussi lancé en 2019 sa gamme Cotton Protection, comprenant desserviettes, des protège-slips et des tampons contenant du coton biologique, et qui sont garantis sans colorant, sans parfum et dontle processus de blanchiment est effectué sans chlore. « Nous avons été parmi les pre-mières grandes marques à publier la compo-sition de nos produits en ligne, dès 2016. Nousaffichons la composition de nos produits sur les emballages de Tampax depuis 2017 et sur 85 % des paquets de serviettes Always », s’enorgueillit-on chez le colosse de l’hygiène. Quitte à réinventer les protectionshygiéniques, au profit de la sécurité sani-taire, pourquoi ne pas penser à l’écologie ? Car l’environnement est l’autre argument depoids des nouvelles start-up de l’hygiène féminine. Les culottes et serviettes lavables réduisent inéluctablement les déchets (selon le site de statistiques en temps réel Planetoscope, 1.447 serviettes hygiéniques seraient jetées chaque seconde dans le monde). « Nos utilisatrices nous ont dit qu’elles avaient divisé par trois leurs déchets lorsqu’elles ont commencé à utiliser des culot-tes menstruelles », confirme Anne-Laure

Les sous-vêtements de Réjeanne sont notamment confectionnés par les petites mains des anciennes usines Lejaby et Chantelle. Photo Réjeanne

« Nos utilisatrices nous ont dit qu’elles avaient divisé par trois leurs déchets lorsqu’elles ont commencé à utiliser desculottes menstruelles. »ANNE-LAURE COURVOISIERFondatrice de Blooming

Courvoisier, fondatrice de Blooming. Mal-gré tout, « je ne sais pas si des tampons faits encoton et en cellulose, des matières naturelles donc, sont nécessairement plus polluants qu’une “cup” en silicone ou des culottes réutili-sables certes mais qui nécessitent de recourir plus régulièrement à la machine à laver », s’interroge le professeur Gérard Lina. Assis-tons-nous au réveil d’un marché atone ? De l’avis général, le secteur est plutôt morose : la croissance annuelle de l’hygiène fémi-nine, en moyenne de 4,6 % ces cinq derniè-res années, est restée chaque année infé-rieure à celle du marché de l’hygiène en général (5,1 % en moyenne). La croissance vient, de plus, surtout des pays émergents, tandis que le vieillissement des pays déve-loppés réduit le nombre d’acheteuses.

« En général, le marché des produits bio etréutilisables est dynamique. Leur croissance est plus forte que les marques traditionnel-les », souligne Svetlana Uduslivaia, qui suit le secteur de l’hygiène chez Euromonitor International. D’après le panel consomma-teurs réalisé par Kantar fin 2019, la marge de progression reste toutefois grande. Parmi les connaisseuses des serviettes hygiéniques lavables (44 % de la popula-tion), seules 5 % d’entre elles en utilisent. Pour les culottes menstruelles lavables, ce contingent tombe à 4 %. Il est pour l’instanttrès compliqué d’obtenir des chiffres plus globaux puisque le marché de l’hygiène féminine paraît peu étudié. Ni l’IRI ni la Fédération des entreprises de la beauté n’ont par exemple pu fournir de données précises. Tabou résiduel ? Une chose est sûre : le potentiel est là. Euromonitor Inter-national estime à 31,6 milliards de dollars lesecteur des protections hygiéniques en 2019, dont 24,5 pour les seules serviettes hygiéniques et 2,7 pour les tampons, qui ne sont pas utilisés dans de nombreux pays pour des raisons culturelles et religieuses.

De la vente en ligne à la grande distributionEt les start-up se montrent très optimistes. Toutes élargissent peu à peu leur gamme : maillots de bain, collection pour adolescen-tes, pour la nuit… Thinx s’attend à réaliser sameilleure année en 2020, notamment grâceà une première campagne de publicité télé-visée aux Etats-Unis l’an dernier. « Il y a unetrès grande marge de progression dans la connaissance du produit par les Françaises »,rebondit Wye-Peygn Morter, cofondatrice de Réjeanne. Misant à l’origine sur la vente en ligne, certaines start-up ont même réussià convaincre les entreprises de commerce physique. Blooming a ainsi décroché un partenariat avec Auchan en septem-bre 2019, puis avec Monoprix en décembre.Thinx dispose d’un contrat avec les GaleriesLafayette et avec Mademoiselle bio depuis deux ans. Aux Etats-Unis, l’entreprise est présente dans les rayons de Walmart et de Target, et espère conquérir d’autres maga-sins dès 2021.

« Il y a eu peu d’innovation sur ce marchéen général à cause du tabou entourant le sujetdes règles. Personne ne voulait en parler, per-sonne ne voulait en entendre parler. Puis grâce au travail d’associations comme la nôtre et Georgette Sand [un collectif fémi-niste, NDLR], de célébrités et des réseaux sociaux, on a commencé à “changer les règles”au sens propre », analyse Tara Heuzé-Sarmini, fondatrice et directrice générale de l’association Règles élementaires qui lutte contre la précarité menstruelle.

Les protections dites classiques nedevraient toutefois pas être complètement mises de côté. Parce qu’elles correspondentà des habitudes de consommation et parce que les alternatives ont un prix. Comptez entre 20 et 50 euros pour une culotte mens-truelle, 20 pour une « cup » quand un paquet de tampons coûte moins de 5 euros.Ces produits s’adressent donc à une partie de la population. Et « les produits bio sont surtout utilisés par les jeunes femmes, autourde la trentaine, et les citadines. Les prix res-tent un facteur discriminant », confirme Svetlana Uduslivaia chez Euromonitor. n

Un scandale a aussi particulièrement abîmé la réputation des protections hygiéniques : le tampon Rely, dans les années 1980, conçu en fibre synthétique et qui a été effectivement responsable de la mort de plusieurs dizaines de femmes.

Les Echos Lundi 20 juillet 2020 // 11

enquête

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Depuis ce week-end, plus de 600.000 personnes sont désormais officiellement mortes du coronavirus, et sans doute davantage si l’on pense que les chiffres chinois sont en dessous de la réalité. L’importance de ce chiffre ainsi que l’accélération de la contagion dans certains pays qui la minimisent donnent une réponse définitive à la fameuse question : « En fait-on trop ? » Non, on n’en fait pas trop, et l’exemple américain le dit de cruelle façon. Quand on ne fait rien ou presque, c’est la catastrophe.

L’obligation du port du masque dans les lieux clos dès ce lundi dans notre pays apparaîtra sans doute comme une contrainte démesurée aux yeux d’un certain nombre de Français. Notamment les plus jeunes : le Covid-19 n’a, après tout, fait que 365 victimeschez les moins de 50 ans, 1 % du total… Et pourtant, démesurée, cette règle ne l’est pas. Même si les signaux d’un redémarrage de l’épidémie restent

timides, il importe d’éviter unnouvel emballement. Lerapport coût-bénéfice poussedans le sens du masque.

Car l’essentiel, outre la santé,est bien d’éviter des mesuresplus drastiques dans quelquessemaines, comme un (re)confinement généralparalysant. Seuls quelquesilluminés ou inconscients ontdéjà la nostalgie de ce momentoù l’économie a été mise enmode pause par décisionpolitique. Les dégâts, déjàvisibles dans certains secteurs(aérien, culture), vont, on le sait,apparaître plus largement àl’automne. La récession est déjàde 10 %, un second coup defrein serait un nouveaucauchemar.

Disons-le : depuis quatremois, le monde économique afait la preuve d’une

remarquable capacité d’adaptation. Les entreprises participent pleinement aux dispositifs de sécurité sanitaire, ce qui n’est pas simple. En quelques semaines, elles ont dû ainsi passer une partie de leurs salariés en télétravail (ou en « présentiel » protégé si nécessaire) ; puis organiser le retour sur site dans de bonnes conditions ; et à partir de maintenant donc, il leur revient de trouver de nouvelles règles. Dans cette course de vitesse, les pouvoirs publics donnent malheureusement l’impression d’avoir une nouvelle fois un train de retard. Les tests sont disponibles, mais leurs résultats sont souvent tardifs, tandis que les consignes sont peu claires aux frontières aériennes. Mais pour tous, la priorité doit être simple : accepter à nouveau des contraintes sur les modes de vie et de travail pour sauver des vies et la vie économique.

(Lire nos informationsPage 3

L’ÉDITORIAL DES « ÉCHOS »

Eviter la (re)paralysie de l’économie

La récession est déjà de 10 %, un second coup de frein serait un nouveau cauchemar.

Par DominiqueSeux

LA PHOTO DU JOUR

UN HOMME EN GARDE À VUE APRÈS L’INCENDIE À LA CATHÉDRALE DE NANTES Au lendemain de l’incendie, samedi, un bénévole du diocèse a été entenduen garde à vue, tandis que la police scientifique tentait de déterminer l’origine du sinistre. Le bénévole « était chargé de fermer la cathédrale vendredi soir et les enquê-teurs voulaient préciser certains éléments de l’emploi du temps de cette personne », a dit le procureur de la République de Nantes à l’AFP. La piste d’un incendie acciden-tel n’était toutefois pas totalement exclue dimanche, les trois départs de feu s’étant produits à proximité d’installations électriques. Photo Sebastien Salom-Gomis/AFP

DERNIÈRE HEURE

Echauffourées dans la ville de Francfort

'MANIFESTATIONS – Trente-neuf personnes ont étéarrêtées, dimanche, pour

avoir attaqué des policiers qui tentaient de contenir une rixe lors d’une fête en plein air rassemblant des milliers de jeunes dans le centre de Francfort. La plupart sont des hommes âgés de 17 à 21 ans, « pour la plupart issus de l’immigration », selon la police. Cinq policiers ont été blessés dans ces violences qui ont éclaté la nuit précédente sur la place de l’Opéra, lieu de rassemblement populaire des « fêtes corona », bars et boîtes de nuit étant toujours fermés.

Bagdad victime de tirs de roquettes

'MOYEN-ORIENT – Desroquettes ont visé dimanchela Zone verte de Bagdad, où

le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, rencontrait des responsablesirakiens, un type d’attaque régu-lier dans ce pays mais qui a rare-ment lieu en plein jour, selon des sources de sécurité. La Zone verte abrite la plupart des institutions du pouvoir irakien mais aussi l’ambassade des Etats-Unis. Depuis octobre, 36 attaques ont visé des intérêts américains en Irak, attribuées aux factions armées pro-Iran.

Les 600 jours d’Eric Dupond-Moretti

'JUSTICE – Le nouveaugarde des Sceaux a dessinésa feuille de route dans un

entretien au « JDD ». Il y défend une « justice de proximité ». Expli-quant qu’il connaît l’immense « besoin de moyens » des tribunaux, il dit avoir obtenu d’Emmanuel Macron et Jean Castex des assuran-ces sur le budget 2021 de la Justice. Cela permettra, dit-il, « d’accroître le rythme des créations de postes pour la Justice ». Les réformes qui lui tiennent à cœur et qu’il s’engage à mener restent celles du parquet et de la justice des mineurs qu’il veut « plus rapide et plus efficace ».

Moreno-Darmanin : une discussion de « femme à homme »

'ÉGALITÉ – Si elle se « gardebien de commenter », « parceque ce n’est pas son rôle », la

polémique sur la nomination de Gérald Darmanin à l’Intérieur en raison d’une enquête pour viol, la ministre de l’Egalité femmes-hom-mes Elisabeth Moreno dit dans « Le Parisien » avoir eu une con-versation de femme à homme avec lui. « Ton sujet va être un boulet à porter pour moi, il faut que tu m’expliques ce qui s’est passé », lui a-t-elle expliqué. « Si jamais il m’a menti, j’en tirerai toutes les conséquences », assure-t-elle.

« Bord de mer » par Angélique Agasse pour « Les Echos »

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Page 13: Les Echos - 20 07 2020

Lundi 20 juillet 2020www.lesechos.fr

Emmanuel Grasland @EGrasland

EssilorLuxottica estime manquer de visibi-lité sur GrandVision. Le numéro un mon-dial de l’optique a annoncé, samedi, avoir lancé des poursuites judiciaires contre le groupe néerlandais auprès du tribunal de Rotterdam. Engagé depuis un an dans le rachat du distributeur d’optique pour envi-ron 7,2 milliards d’euros, le propriétaire de Ray-Ban, Varilux, et Oakley cherche à mieux « appréhender la façon dont GrandVi-sion a géré la marche de ses affaires pendant la crise du Covid-19 ».

« Malgré plusieurs demandes en ce sens,GrandVision n’a pas apporté ces éléments d’information de façon volontaire, ce qui ne laisse à EssilorLuxottica d’autre option que celle d’engager des poursuites judiciaires », indique le groupe franco-italien.

Des magasins fermés en avrilGrandVision, dont 60 % des magasins étaient fermés en avril, dément formelle-ment ces allégations. « Nous leur avons déjà fourni les informations qui étaient requises en vertu du contrat de soutien », explique unporte-parole de GrandVision aux « Echos ».Le propriétaire de Générale d’Optique et deGrandOptical s’est déclaré pleinement con-fiant sur le fait que la demande d’Essilor-Luxottica serait rejetée par la justice.

En dépit de ces tensions remontées à lasurface, les deux groupes entendent con-crétiser la transaction, qui doit permettre à EssilorLuxottica de mettre la main sur GrandVision et ses 7.400 magasins d’opti-que, dont environ 5.500 en Europe. Un enjeu conséquent pour l’attelage franco-ita-lien, qui réalise là sa première grande manœuvre. Né à l’automne 2018 de la fusionentre le spécialiste des montures de luxe

nCAC 405.069,42 points-0,3119 % n

DOW JONES26.696,08 points-0,1445 % J

EURO/DOLLAR1,142 $1,165 % n

ONCE D’OR1.807,35 $-0,0194 % n

PÉTROLE (BRENT)43,07 $-0,7604 %

DEVISES EUR/GBP 0,9115 EUR/JPY 122,409 EUR/CHF 1,0735 GBP/USD 1,2541 USD/JPY 107,067 USD/CHF 0,9391 TAUX EONIA -0,466 LIFFE EURIBOR 3 MOIS -0,449 OAT 10 ANS -0,2218 T-BONDS 10 ANS 0,5634

OPTIQUE

Accor 26Amazon Web Services 21AMD 13Amundi 23Apple 13AXA 26BC Partners Real Estate 17BlackRock 22Blooming 11BNPP AM 23BPCE 21Cardif 23Crédit Agricole SA 23, 26Deliveroo 17Dell 18Eiffage 17Essilor 13

EssilorLuxottica 13Fempo 11Gemstab 20GrandOptical 13GrandVision 13HiSilicon 13Huawei 13Intel 13Luxottica 13Mecafi 20Modibodi 11Netflix 18Nexteam 20Oakley 13Petites Culot-tées 11Photonis 15Procter & Gam-ble 11

PSA Peugeot Ci-troën 17Ray-Ban 13Réjeanne 11Revolut 17RWE 23SCOR 23STMicroelectro-nics 26Swiss Re 23Teledyne 15Thinx 11Total 23TransferWise 17TSMC 13Twitter 22Uber 17Valeo 14VMware 18Wirecard 5

= ENTREPRISES CITÉES

La saison chamboulée des ventes de pur-sang d’exceptionL’été est la période des ventes aux enchè-res de yearlings d’exception pour Arqana.Mais coronavirus oblige, il faudra atten-dre les 24,25,26 septembre pour admirerl’élite de la production française. // P. 16

Quand la qualité et l’emplacement des bureaux font la différenceEn France, comme ailleurs en Europe,l’emplacement des bureaux, leur facilitéd’accès et leur conception sont des ins-truments de compétitivité pour attirerles meilleurs profils. // P. 17

« Les Echos » avec AFP

Toujours confiné en raison du Covid-19, lemonde de la nuit tire la sonnette d’alarme.Alors que les discothèques et autres night-clubs sont encore fermés jusqu’à une dateindéterminée, il a réclamé d’urgence ven-dredi au ministère de l’Economie « un plan de sauvetage ». « Après quatre mois defermeture, quatre mois sans recette, quatre mois d’incertitude et d’angois se, la situationtant psychologique que financière s’avère dramatique », affirment les organisations du secteur dans un communiqué com-

mun publié à l’issue d’unerencontre avec Alain Griset,le ministre délégué aux PME.

Selon elles, la survie deleurs établissements dépend« de la prise en charge de latotalité de (leurs) chargesfixes » (loyers, assurances,électricité, honoraires comp-tables et juridiques, etc.). Lesreprésentants du secteur se

LOISIRS

Après un nombre record de nouveaux abonnés, Netflix prédit un ralentissement Avec 26 millions de nouveaux abonnés,l’entreprise californienne a séduit pres-que autant de nouveaux téléspectateursen six mois que sur l’ensemble del’année 2019. // P. 18

Epargne : comment le confinement a rebattu les cartesDopée pendant le confinement,l’épargne des ménages devraitrester durablement au-dessus deson niveau habituel. // P. 21

Luxottica et le fabricant de verres ophtalmi-ques Essilor, le nouvel ensemble de 150.000 salariés ne disposait pas jusque-là d’un réseau de distribution important sur leVieux Continent, à l’exception de l’Italie.

Un impact d’environ 80 millionsAnnoncé en juillet 2019, le rachat sur-prise du néerlandais GrandVision parEssilorLuxottica doit intervenir, via le

rachat de la participation de 77 % du hol-ding HAL (le holding de la famille Vander Vorm, seconde fortune des Pays-Bas).Cette transaction devait être réalisée auprix de 28 euros par action jusqu’au 31juillet 2020. Mais une fois passé ce délai,le prix passera à 28,42 euros. Soit unehausse d’environ 80 millions d’euros.

Cette révision semble d’ores et déjàtrès probable puisque la Commission

Bras de fer juridique entre EssilorLuxottica et GrandVision

européenne, qui s’inquiète de l’impact dela transaction sur la concurrence, a sus-pendu son enquête approfondie durantla crise du Covid-19. Repoussée à maintesreprises, la date limite de clôture del’enquête est désormais fixée au 27 août.Selon le « Financial Times », Bruxelles nevalidera la transaction que si des ces-sions de magasins interviennent enFrance, en Italie ou aux Pays-Bas. n

Un magasin de lunettes GrandOptical dans le centre-ville de Marseille. Photo Anthony Micallef/Haytham-RÉA

sont engagés à chiffrer les besoins avant latenue d’une nouvelle réunion à Bercy cettesemaine, vraisemblablement jeudi, selon ce communiqué signé par les syndi-cats Umih et GNI (hôtellerie), SNDLL (dis-cothèques et lieux de loisirs), SNEG &Co (lieux festifs), Camulc (cabarets et music-halls) et la Chambre syndicale des lieux musicaux et festifs.

Les discothèques espéraient pouvoirrouvrir le 10 juillet mais le gouvernement a invoqué un risque trop grand de dissé-mination du Covid-19. Lundi dernier, le Conseil d’Etat avait rejeté un recours du SNDLL, estimant que la fermeture pro-longée des discothèques n’était pas « dis-proportionnée » eu égard « au caractère clos des établissements en cause, à la natured’activité physique de la danse ainsi qu’à la difficulté de garantir le port du masque ou lerespect des règles de distanciation sociale dans un contexte festif ».

Le 12 juillet, Matthieu Lebrun, le porte-parole des gérants de discothèques de Normandie, avait estimé que « la moitié des clubs (allaient) disparaître », soit envi-ron 800 discothèques, si une réouverture n’était décrétée qu’en septembre. n

Le monde de la nuit attend « un plan de sauvetage » pour éviter l’extinction

Nathalie Silbert

Les sanctions américaines sont en train de se transformer en dure réalité pour le géant chinois des équipements télécoms Huawei, soupçonné d'espion-nage pour le compte de Pékin.

Lors d’une conférence avec ses inves-tisseurs le 16 juillet dernier, le fondeur taïwanais TSMC, premier fabricant mondial de semi-conducteurs, a con-firmé qu’il avait cessé d’approvisionnerla multinationale de Shenzhen depuis deux mois, comme l’avait déjà laissé entendre à l’époque le Nikkei. « Nous neprenons plus de nouvelles commandes de Huawei depuis le 15 mai », a indiqué son président, Mark Liu.

Depuis le mois de mai, Washingtoninterdit à tous les fabricants de semi-conducteurs utilisant des technologies américaines dans la fabrication de puces de fournir Huawei, sans le feu vert du département du Commerce américain. Cet embargo a conduit TSMC à suspendre dans la foulée ses relations commerciales avec l’équipe-mentier chinois et sa filiale HiSilicon, dédiée aux puces électroniques, afin d’« être totalement en conformité avec lesnouvelles règles américaines ». Ce que Mark Liu n’a pas manqué de souligner.

A partir du 14 septembre 2020, lesrelations commerciales entre legroupe taïwanais et Huawei, sondeuxième client, avec lequel il réali-sait jusqu’ici 10 % de ses ventes, s’arrê-teront. Sauf si TSMC fait une demandede licence auprès des autorités améri-caines – et l’obtient – afin de relancerses ventes avec le géant chinois. Unscénario qui n’est pour l’instant pasévoqué par Mark Liu. Ce dernierreconnaît plutôt miser sur ses autresclients (AMD, Apple...) pour fairetourner ses usines.

Après le retrait, il y a un an, de plu-sieurs grands fournisseurs améri-cains de semi-conducteurs – Qual-comm, Boadcom, Intel etc. –, ladéfection de TSMC complique doncun peu plus la donne pour Huawei,obligé de revoir de fond en comble sesapprovisionnements. Ce d’autant qu’ila prévu de lancer deux nouveauxsmartphones haut de gamme dans lesprochains mois.

L’onde de choc du bras de fer livrépar les Etats-Unis n’a pas fini de réson-ner chez Huawei. La semaine der-nière a d’ailleurs été marquée d’unepierre noire pour l’équipementier :revenant sur ses positions, le Royau-me-Uni a annoncé son exclusion de laliste des fournisseurs d’équipementspour la construction de son réseau5G. Un revers cinglant pour l’entre-prise de Shenzhen, qui a déploré unedécision « politisée » liée « à la politi-que commerciale américaine ».

Les Etats-Unis ne sont, de leur côté,pas prêts à relâcher la pression : il y aquelques jours le secrétaire d’Etat,Mike Pompeo, a annoncé l’intentionde Washington d’imposer des restric-tions de visas à certains employés duchampion chinois. n

Le divorce entre Huawei et TSMCest consommé

« Nous sommes totalement en conformité avec les nouvelles règles américaines. »MARK LIUPrésident de TSMC

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Page 14: Les Echos - 20 07 2020

compte donc sur le programme Territoires d’industrie, lancé fin 2018, pour mener une partie de la relance.

« Il faut trouver le bon projet aubon endroit. Cela ne sert à rien de ralentir les transformations, à un moment la digue finit par sauter et tout est emporté. Il faut au contraire assumer d’être agressif pour aller chercher de nouvelles activités. Le momentum, c’est maintenant », explique aux « Echos », Agnès Pan-nier-Runacher, la ministre délé-guée à l’Industrie, qui entend « créer une usine à projets » pour le made in France avec un « Pacte rebond » partant du terrain et ne passant pas par la case Paris.

En attendant le plan de relancegénéral annoncé pour la rentrée oula baisse des impôts de production,c’est effectivement l’heure des « petits ruisseaux », et notamment celle des « sites clés en main ». En janvier, douze zones industrielles garantissant des délais courts et maîtrisés de construction de nou-velles usines avaient été présentéeslors du sommet Choose France à V e r s a i l l e s . L a l i s t e s e v o i t aujourd’hui complétée pour attein-dre 78 sites répartis dans tous les bassins industriels de l’Hexagone.

Eviter les comités ThéoduleDans ces endroits balisés, l’Etat garantit un délai de trois mois pourl’examen du permis de construire, de neuf mois pour les autorisationsenvironnementales, et les pouvoirspublics anticipent les préfouilles archéologiques. « L’idée, c’est que les industriels ayant un projet d’usine ne perdent pas du temps avecdes commissions Théodule », pré-cise Agnès Pannier-Runacher. Bercy affirme avoir reçu un certainnombre de marques d’intérêt pour les douze premiers sites, mais le confinement a freiné les discussions et aucun ne s’est encorematérialisé.

L’autre instrument promu par lePacte rebond concerne les projets ficelés par le programme Territoi-res d’industrie. Depuis dix-huit mois, des industriels et des élus locaux peaufinent des projets con-crets d’investissement. Environ 1.500 projets sont dans les tuyaux, et 57 % d’entre eux « déployés », selon Guillaume Basset, le direc-teur du programme. « L’objectif est de concrétiser une centaine de pro-jets d’ici la fin de l’année, de 500.000à 30 millions d’euros, en donnant les

immédiate », souligne Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohé-sion des territoires, qui mise égale-ment sur le dispositif du Volonta-riat territorial en entreprise (VTE) pour attirer 1.000 jeunes salariés innovants en dehors des grandes métropoles cette année – avec une aide de 4.000 euros par entreprise et de 1.200 euros pour le jeune con-cerné. Ou encore sur des forma-

tions montées par le CNAM et financées en partie par la Banque des territoires pour offrir la main-d’œuvre nécessaire à tout projet. A Bercy, on souhaite « pous-ser » ces solutions sur mesure venant du terrain pour compléter les plans de relance à venir. Face à l’ampleur de la crise qui s’annonce,il faut « croiser les dispositifs », martèle Agnès Pannier-Runacher.

4À NOTERLe Sénat a adopté samedi un amendement prévoyant une enveloppe maximum de 490 millions d’euros pour décarboner l’industrie, la finan-cer ou la relocaliser.

Made in France : 78 terrains « clés en main » pour les projets industriels

coups de pouce financiers nécessai-res », précise la ministre déléguée àl’Industrie, qui ajoute que Bruxel-les ne mettra pas son grain de sel dans tous les financements publicsinférieurs à 800.000 euros jusqu’au31 décembre. « Pendant le confine-ment, nous avons demandé à faire remonter les projets. C’est un outil qui est déjà prêt pour la relance. Nous voulons être dans l’efficacité

dicats comme « sans tabou »,pour faire face à la crise aiguësubie par le marché automobile.Objectif : réduire la masse sala-riale de 10 %, soit 100 millionsd’euros. L’entreprise ne souhaitepas commenter les discussionsen cours. Elle se contente d’indi-quer qu’« il s’agit de rechercherpar le dialogue des économies par-tout où c’est possible, afin de limi-ter et prévenir les conséquences dela crise sur l’emploi. »

Plus d’une quinzaine de mesures sur la tableLes syndicats sont plus loquaces.Ils rapportent que l’entreprise amis sur la table un peu plus d’unequinzaine de propositions. Parmicelles-ci, l’annulation de l’intéres-sement, le gel des salaires, labaisse des primes de départ à laretraite ou de travail de nuit, unpassage de 215 à 218 jours dutemps de travail des ingénieurs etcadres, et même une baisse de 5 %

de la rémunération de base de cesderniers.

La direction a présenté ven-dredi, lors d’une nouvelle réu-nion, un chiffrage des économiesque générerait chaque mesure.Elle veut convaincre les syndicatsde formaliser certaines d’entreelles d’ici fin septembre dans unaccord de performance collec-tive, cette disposition issue desordonnances Macron de 2017, quinécessite d’être signée par desorganisations représentant lamajorité des salariés. Faute d’yparvenir, « nous prendrons nosresponsabilités », a annoncé ladirection aux syndicats, laissantplaner la perspective de suppres-sions de postes.

« La pandémie, un prétexte »De leur côté, les représentants dupersonnel sont très remontés.Certains, comme la CGT, contes-tent le diagnostic dressé par

Autre point de friction, ladurée des efforts consentis. Ven-dredi, le DRH a indiqué que cer-taines des mesures pourraientêtre assort ies de clauses deretour à meilleure fortune aubout de deux ou trois ans. Mais cene sera pas le cas pour toutes.« Les dispositions catégorielles etles grilles peuvent varier sensible-ment d’un site à l’autre, en fonc-tion des accords locaux qui y ontété passés, décrypte un représen-tant du personnel. La directionveut uniformiser les dispositions,mais en nivelant par le bas la plu-part des sites. »

Rien sur le maintien de l’emploiEnfin et surtout, l’entreprise neprévoit pas, à ce stade, de contre-parties significatives. « L’entre-prise nous a expliqué vendredi queles incertitudes sur la conjonctureou une possible deuxième vague nelui permettaient pas de s’engager

sur le maintien de l’emploi ou lapérennité des sites français, expli-que Pascal Phan, coordinateurCFE-CGC pour le groupe. Si elle enreste là, on n’ira pas très loin. Lapopulation des techniciens etcadres est prête à faire des effortsen rallongeant le temps de travail,mais les autres parties prenantes,comme les actionnaires, doiventelles aussi contribuer. »

De mauvais résultatsBertrand Bellanger, son homolo-gue pour FO, abonde : « On com-prend la situation économique,mais les contreparties doivent êtresignificatives. Tant que cela ne serapas le cas, nous ne rentrerons pasdans la négociation. » La pro-chaine séance de négociation estprévue mercredi. La direction seservira probablement des résul-tats semestriels du groupe, divul-gués la veille, et qui s’annoncentmauvais , p our conforter savolonté de réduire les coûts. n

Lionel Steinmann @lionelSteinmann

Les 15.500 salariés de Valeo enFrance ne partiront pas en vacan-ces l’esprit tranquille. Il y a unequinzaine de jours, la directionde l’équipementier a lancé unenégociation, présentée aux syn-

AUTOMOBILE

Augmentation du temps de travail, baisse des primes, voire des rémunéra-tions…

L’équipementier veut réduire de 10 % la masse salariale en France, sans enga-gement de maintien de l’emploi en contre-partie.

Salaires, RTT : négociations « sans tabou » chez Valeo

l’employeur. « L’activité est reve-nue presque à la normale depuis lafin du confinement, avance l’un deses représentants, Denis Bréant.La pandémie est un prétexte pourrogner les acquis sociaux. »

« On comprend la situation économique, mais les contreparties doivent être significatives. Tant que cela ne sera pas le cas, nous ne rentrerons pas dans la négociation. »BERTRAND BELLANGERCoordinateur FO

Julien Dupont-Calbo @jdupontcalbo

Déjà sur la plage ou encore àl’usine, les industriels françaisont le cœur gros. La crise sani-taire du coronavirus a d’aborddéréglé leur machine logistique,puis les a contraints à arrêter plusou moins totalement leur produc-tion, et désormais ils doiventabsolument baisser leurs coûtspour digérer le choc, et surtoutencaisser l’atonie de la demandemondiale. Une séquence durantlaquelle le made in France risquefort de laisser des plumes et quel-ques parts de marché.

Dans ce décor peu réjouissant,l’Etat central ne peut pas se démul-tiplier pour colmater toutes les brè-ches et bâtir de nouvelles digues à la désindustrialisation. Au sein du nouveau gouvernement Castex, on

INDUSTRIE

Pour éviter le naufrage de l’industrie fran-çaise, le gouvernement veut mener la relance au niveau local avant d’annoncer ses grands plans de filière.

Deux approches complémentaires, affirment la ministre déléguée à l’Industrie, Agnès Pannier-Runa-cher, et la ministre de la Cohésion des territoires, Jacqueline Gourault.

« Il faut trouver le bon projet au bon endroit. Cela ne sert à rien de ralentir les transformations, à un moment la digue finit par sauter et tout est emporté. »AGNÈS PANNIER-RUNACHERMinistre déléguée à l’Industrie

ENTREPRISES Lundi 20 juillet 2020 Les Echos

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Page 15: Les Echos - 20 07 2020

Les Echos Lundi 20 juillet 2020 ENTREPRISES // 15

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ouvertement le parti de l’unique repreneur, l’américain Teledyne. Le projet de ce dernier irrite des souve-rainistes français inquiets du départde cet actif jugé stratégique, et sou-lève la colère des parlementaires quisouhaitent que le contrôle reste dans des mains françaises. Le sujet divise au sein des services de rensei-gnement, du ministère des Financeset des Armées. Bercy a longtemps cherché une alternative hexago-nale, en vain.

Mais aux Pays-Bas, on sembleêtre sur une tout autre ligne. « Si la transaction n’est pas confirmée avec Teledyne, Photonis verra ses capaci-tés de recherche et de développement, clé dans cet environnement compéti-t i f, atteintes » , explique aux « Echos » Ron Nulkes, le directeur de la Netherlands Industries for Defense and Security (NIDS), l’équi-valent aux Pays-Bas du puissant Groupement des industries de défense (Gicat) en France. Sous con-dition que les exigences des autori-tés françaises soient respectées, « ce serait une excellente nouvelle pour lesEuropéens », dit-il. Nous avons déjà une très bonne expérience avec Tele-dyne Dalsa à Eindhoven aux Pays-

Bas, qui est une entreprise innovante et dont l’emploi croît ».

De fait, Photonis réalise 35 % deses volumes de production aux Pays-Bas, auxquels s’ajoutent 15 % aux Etats-Unis. C’est, au total, autantque la France. « Chers Français, a ainsi rappelé sur les réseaux sociaux un responsable des rela-tions avec les forces armées à l’inter-national, Photonis est une entreprise franco-néerlandaise. L’usine de Bri-ves est issue du groupe Philips, né auxPays-Bas et sa seconde implantation la plus importante s’y situe. »

Aucune parade « européenne »La R&D ainsi que la production du leader de l’optronique sont totale-ment interdépendantes, mobilisant à la fois des salariés français et néer-landais. « L’Etat français n’a jamais eu de part au capital de Photonis », ajoute-t-il. Son actionnaire de très longue date, un fonds d’investisse-ment, gère les capitaux d’un vaste panel d’investisseurs internatio-naux, « dont de riches fonds de pen-sion néerlandais ». « Donc, soyons d’accord : il s’agit d’une entreprise européenne », affirme le cadre de la

Anne Drif @Anndrif

A peine plus d’un an après l’irrup-tion surprise de La Haye au capital d’Air France-KLM, les Pays-Bas fontde nouveau entendre leur voix dansle débat français. Cette fois, c’est dans le milieu de la défense, au cœurdu débat autour de la cession de Photonis, le spécialiste tricolore des instruments de vision nocturne.

Plusieurs parties prenantes néer-landaises prennent aujourd’hui

DÉFENSE

Des représentants de l’industrie de la défense néerlandaise et des salariés du groupe se disent en faveur de la vente de Photonis à Teledyne.

Une solution qui divise au sein de l’Etat français et que rejette une part de la classe politique.

d’urgence sanitaire », explique la CRE dans sa délibération.

Bénéficiaires d’un accès priori-taire au réseau de distribution d’élec-tricité, les éoliennes et les panneaux solaires ont continué de produire à plein pendant toute la période de confinement, alors même que la demande d’électricité et les prix se sont effondrés. Cela d’autant plus que les vents ont été particulière-ment favorables à l’énergie éolienne au premier trimestre.

Or, grâce à des mécanismesd’appels d’offres destinés à accélérer la croissance de ces énergies, ces installations bénéficient d’un tarif de rachat de l’électricité qu’ils produisent garanti par l’Etat. Et au cœur de la crise sanitaire, les prix demarché de l’électricité sont passés plusieurs fois en territoire négatif…

Charge grandissanteAu total, selon les prévisions du régulateur, 5,8 milliards d’euros seront nécessaires pour financer les aides aux énergies renouvelables électriques en 2020, contre un bud-

get de 4,7 milliards prévu initiale-ment. Le phénomène engendre logi-quement une hausse des charges de service public de l’énergie. Outre le soutien aux énergies renouvelables, ces charges intègrent les surcoûts liés à la péréquation tarifaire dans les zones peu ou pas connectées au réseau électrique (ZNI) ou encore d’autres dispositifs sociaux. Elles doivent atteindre 8,851 milliards d’euros en 2020, contre 7,929 mil-liards d’euros prévus initialement.

Pour l’Etat, la marche à franchirpar rapport aux charges budgétairesde 2019 est notable. La CRE estime que le coût du soutien aux énergies renouvelables électriques s’élève à 5,167 milliards en 2019. D’autant plus que la TICPE (taxe sur les pro-duits pétroliers) et la TICC (taxe sur le charbon) qui financent chaque année le compte d’affectation spé-ciale « Transition énergétique », dans le budget de l’Etat, seront bien plus contraintes en 2020, à cause là aussi, des effets du confinement.

Pour le régulateur, ce n’est toute-fois qu’un début. Avec notamment

Sharon Wajsbrot @Sharonwaj

C’est l’un des effets collatéraux de la crise sanitaire. Cette année, le sou-tien public aux énergies renouvela-bles électriques va coûter bien plus cher que prévu. Selon les dernières estimations de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), un sur-coût pour les finances publiques de 1,1 milliard d’euros est à prévoir.

« Cette hausse résulte très majori-tairement de la baisse importante des prix de marché par rapport aux prix de marché attendus lors de l’évalua-tion de la prévision (–18,5 euros/MWh) en raison notamment de l’état

ÉNERGIE

En cause : les mesures de confinement qui ont provoqué une chute brutale des prix de l’électricité sur les marchés de gros.

Anne Bauer @annebauerbrux

Cette fois-ci , le mythique « Jumbo Jet » de Boeing est vrai-ment sur la voie de garage. Pre-mier opérateur du mythique gros-porteur, la compagnie aérienne britannique British Airways a annoncé, vendredi, leretrait définitif des Boeing 747 de sa flotte. « C’est avec une immense tristesse que nous con-firmons le retrait de la totalité denotre flotte de 747 avec effet immédiat », a indiqué la com-pagnie. Et d’ajouter que l’effon-drement du transport aérien provoqué par la pandémie de Covid-19 ne lui laissait guère imaginer un retour commer-cial de son « roi des airs ».

Lancé en 1970, avec un pre-mier vol New-York - Londres sur Pan Am, le Jumbo a été le premier gros-porteur de l’his-toire avec 400 passagers à son b o r d . V e n d u à q u e l q u e 1.600 exemplaires, la flotte de 747 était à son maximum il y a vingt ans avec près d’un millier d’avions en vol. Actuellement, il resterait quelque 500 appareils en service, mais la majorité remplit des fonctions de cargo et un petit tiers est encore dévolu au transport de passa-gers. Mais après l’annonce de British Airways, une trentaine d’appareils, au mieux, seraient encore en exploitation.

La fin du gros-porteurAvant la crise du Covid-19, Bri-tish Airways exploitait à lui seulencore 31 exemplaires de 747-400 pour aller à Pékin, New York, San Francisco mais aussi Cape Town et Lagos. « Cet aviona une place spéciale dans notre cœur, mais à l’avenir nous allonsopérer davantage de vols, sur des avions plus petits, plus modernes et moins gourmands en énergie comme les A350 d’Airbus ou les 787 de Boeing, afin de remplir nos objectifs zéroémission à l’horizon 2050 », a déclaré British Airways.

Peu avant, Qantas Airwaysavait aussi dit adieu au gros-porteur lors d’une tournée géné-rale au-dessus des villes austra-liennes. Korean Air, Air India, comptent encore quelques 747

AÉRIEN

British Airways, l’un des derniersà encore exploiter des Boeing 747, icône des voyages au long cours, renonce à remettre en vol ses derniers exemplaires.

Une décision qui confirme l’abandon général des très gros-porteurs dans l’aviation civile.

Le mythique 747 de Boeing fait ses derniers tours de piste

société. Selon plusieurs sources, les représentants du gouvernement aux Pays-Bas, consultés, ont déjà donné leur avis favorable à l’opéra-tion. « Et maintenant, les tergiversa-tions françaises inquiètent », affirme l’une d’elles. Courant juin, la direc-tion chargée des affaires industriel-les au sein des Armées a donné son aval sur le plan technique. Le 22 du même mois, le ministère de l’Econo-mie néerlandais aurait dit qu’il ne s’yopposerait pas sur le plan de la sécu-rité économique. Et le 3 juillet, des représentants de la Défense néer-landais ont fait savoir auprès des autorités françaises leurs interroga-tions sur leur absence de décision, souligne un proche de l’opération.

De facto, si la décision de vente dePhotonis avait été prise aux Pays-Bas, rien n’aurait empêché la ces-sion. Le nouveau cadre d’alerte rétroactif sur les investissements étrangers inspirés des dernières directives européennes date de début juin. Et à cette heure, le gou-vernement néerlandais n’a officiel-lement, tout comme la France, aucune parade « européenne » à offrir en qualité d’acquéreur alter-natif à Teledyne. n

Défense : les Pays-Bas s’invitent dans la controverse Photonis

Si la décision de vente de Photonis avait été prise aux Pays-Bas, rien n’aurait empêché la cession. Photo Photonis

l’accélération de la transition éner-gétique et l’entrée sur le réseau de 6,5Twh de nouvelles capacités de pro-duction électrique renouvelable, les charges du service public de l’éner-gie doivent atteindre 9,1 milliards d’euros en 2021. Dans ce contexte, le régulateur met en garde : « Pour atteindre les objectifs de politique énergétique en tenant compte du montant des charges à financer par le budget de l’Etat, il apparaît néces-saire de faire des choix quant aux ins-tallations à soutenir en fonction notamment du coût de leur soutien. »

La CRE pointe en particulier lecoût disproportionné de l’aide pho-tovoltaïque : nous tenons « à souli-gner le poids de la bulle photovoltaï-que constituée avant le moratoire de décembre 2010 et l’importance qu’il y aurait à tenter de le réduire. En effet, les installations bénéficiant d’un dis-positif de soutien antérieur au mora-toire, dont le tarif d’achat moyen est de 510 euros/MWh, représentent 73 % des charges et 38 % de l’énergie photovoltaïque soutenue au titre de 2019. » n

Le soutien aux énergies renouvelables beaucoup plus cher que prévu

dans leur flotte, tandis qu’Air France a mis l’appareil à la retraite il y a déjà quatre ans. Chez Boeing, la production de 747 est devenue marginale et devrait s’achever fin 2021 - début2022. Sans compter la version militarisée du 747, qui sert de base au prochain «Air Force One » du président des Etats-Unis. La décision de British Airways confirme l’abandon progressif de ces avions de très grande capacité dans le monde.

Au moins, depuis plus de cin-quante ans, le 747 aura eu une carrière nettement plus longue que son rival d’Airbus, l’A380, arrivé sur le marché en 2005 et dont la fin de la production a été annoncée douze ans après son premier vol commercial ! Depuis la crise du coronavirus, les compagnies allemande Lufthansa et française Air France ont annoncé le retrait de leur flotte de tous leurs A380.L u f t h a n s a m e t a u r e b u tsix « super jumbos » quandAir France abandonne neuf appareils.

L’exception EmiratesPour l’heure, seule la compa-gnie Emirates Airlines, qui avait misé tout son développe-ment sur l’A380, reste attachée aux gros-porteurs. Et pour cause, elle en exploite 115 exem-plaires ! Ce qui n’empêche pas son président Tim Clarck d’avoir le premier, bien avant la crise du Covid-19, envisagé la finde ces grands avions. En refu-sant de commander une nou-velle tranche d’A380 en 2017 au profit de Boeing 787-10, il a poussé Airbus à renoncer défi-nitivement à sa construction deux ans plus tard.

Avec la crise sanitaire, lescompagnies, fragilisées, ne veu-lent plus prendre le risque de remettre en vol des gros appa-reils, plutôt gourmands en éner-gie et difficiles à remplir. Idéaux pour quelques routes principa-les comme celles opérées par British Airways, par exemple Londres-New York, les gros-porteurs sont désormais concurrencés par la nouvelle génération d’avions long-cour-riers, qui peuvent aller aussi loinet même davantage en étant plus petits et avec moins de car-burant. Plus rentables donc, ils permettent aussi toutes sortes de lignes directes, entre villes moyennes, là où les gros-porteurs devaient obligatoire-ment viser des hubs, avant que les passagers ne se répartissent sur d’autres vols. n

1.600BOEING 747vendus depuis 1969. La flotte de 747 était à son maximum il y a vingt ans, avec près d’un millier d’avions en vol.

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Page 16: Les Echos - 20 07 2020

16 // ENTREPRISES Lundi 20 juillet 2020 Les Echos

Ville de Sevran

RAPPEL - AVIS D'ENQUETE PUBLIQUEPROJET DE MISE EN CONCORDANCE DU CAHIER DES CHARGES

DU LOTISSEMENT "SEVRAN-MAIRIE" AVEC LE PLAN LOCALD'URBANISME DE SEVRAN

Il sera procédé à une enquête publique sur la mise en concordance du cahierdes charges du lotissement "Sevran-Mairie" avec le PLU de Sevran.

L'enquête se déroulera dans les locaux du Pôle Urbain de la Ville de Sevran, sis1 rue Henri Becquerel,

du 15 juillet 2020 au 5 août 2020 inclus.Le dossier d'enquête, ainsi que le registre d'enquête à feuillets non mobiles, coté

et paraphé par le Commissaire-Enquêteur, seront mis à disposition pendant toutela durée de l'enquête, dans les locaux du Pôle Urbain, aux jours et heures habituelsd'ouverture :• Du lundi au vendredi de 8h30 à 12h et de 13h00 à 17h30,

Le public pourra prendre connaisance du dossier et présenter ses obervationssoit :

- en les consignant sur le registre d'enquête publique,- en les adressant par écrit à Monsieur le commissaire enquêteur

à l'adresse suivante : Hôtel de Ville, 28 avenue du GénéralLeclerc – 93270 SEVRAN,

- en les adressant par mail à l'adresse suivante : [email protected]

Le dossier sera également consultable pendant toute la durée de l'enquête sur lesite de la Ville : http://www.ville-sevran.fr

Monsieur Jean-François BIECHLER, désigné par décision du TribunalAdminsitratif de Montreuil, assumera les fonctions de Commissaire Enquêteur.

Le Commissaire Enquêteur recevra dans les locaux du Pôle Urbain, 1 rue HenriBecquerel, le :

• mercredi 15 juillet 2020 de 9h00 à 12h00,• vendredi 24 juillet 2020 de 13h30 à 17h30,• mercredi 5 août 2020 de 13h30 à 17h30.

Le commissaire enquêteur dispose d'un délai de 30 jours à compter de la clôturede l'enquête pour remettre son rapport et ses conclusions motivées. Ils seront tenusà la disposition du public au Pôle Urbain de Sevran, 1 rue Henri Becquerel, pendantune durée de un an à compter de la clôture de l'enquête.

A l'issue de l'enquête, le conseil municipal se prononcera par délibération surle projet de mise en concordance du cahier des charges du lotissement "Sevran-Mairie" avec le Plan Locan d'Urbanisme de la commune. Il pourra, au vu desconclusions de l'enquête, décider s'il y a lieu d'apporter des modifications à ceprojet en vue de cette approbation.

Toute demande d'information pourra être demandée auprès du Service Foncier àla Direction de l'Urbanisme – 1 rue Henri Becquerel – tél : 01 41 52 17 70.EP 20-124 [email protected]

ciation, les offres étant effectuées ensuite par téléphone ou par Inter-net », constate Eric Hoyeau, le prési-dent d’Arqana, maison qui pèse à elle seule 94 % du marché français des enchères de chevaux.

Face aux conséquences de l’épi-démie sur une activité dont le calen-drier est dicté par l’évolution des animaux et aux restrictions de déplacements, il a fallu non seule-ment trouver les meilleures dates possible pour chaque maison de vente sur chaque continent, mais aussi rassembler des vacations habituellement concurrentes pour faciliter la vie des vendeurs et des acheteurs.

Le haut du marché plus résistantAinsi la date retenue à la fin septem-bre dans l’Hexagone pour adjuger 450 futurs cracks des champs de courses, permettra aux acquéreurs américains, japonais, australiens, ou des pays du Golfe, de participer aux ventes de yearlings premium

dans les trois pays phares de l’éle-vage européen au cours d’un uni-que séjour. Car Arqana s’est concer-tée avec Tattersales en Angleterre etGoffs en Irlande, ses grands concur-rents.

Toujours dans un esprit de coo-pération et de soutien aux éleveurs français, Arqana intégrera à sa vente d’octobre deauvillaise les pur-sang ayant un pedigree moins pres-tigieux (segment intermédiaire) 150 yearlings que le numéro deux français, Osarus, devait mettre aux enchères dans son bastion de La Teste, près d’Arcachon. « L’associa-tion avec Arqana nous permet égale-ment de mettre en commun nos efforts de promotion et d’accueil. L’heure est à la défense des intérêts dela filière », souligne Emmanuel Viaud, le directeur d’Osarus.

« Pendant le confinement, nousavons échangé avec nos vendeurs, inquiets quant aux perspectives de commercialisation de leur produc-tion. Les éleveurs ont besoin de visibi-lité pour préparer leurs yearlings, et

ges : de 4.500 à 5.400 équidés par anpassent aux enchères en France, et plus de 95 % sont des chevaux de course. Le marché s’adresse donc à un cercle restreint de clients. Sa force tient à la qualité de la chaîne des métiers du cheval et aux per-formances du système de redistri-bution des gains de course. Plus les éleveurs obtiennent pour leurs che-vaux de bons prix aux enchères, liésaux performances attendues dans les hippodromes, plus ils peuvent réinvestir dans des croisements génétiques de haut niveau pour atti-rer de nouveaux acheteurs.

2 LE MARCHÉ FRANÇAIS EST-IL

EN CROISSANCE ?Selon le Conseil des ventes volontai-res (CVV), le montant adjugé a pro-gressé de 5 % en 2019 pour atteindre186 millions d’euros (sa meilleure performance) dont 178 millions pour les chevaux de course et 7 mil-lions pour les chevaux de sport. En 2018, il avait déjà crû de 3,5 % et en 2017 de 8,3 %. Le marché est tiré parArqana qui a adjugé pour 165 mil-lions, loin devant Osarus à 11 mil-

lions. Le nombre de chevaux de course vendus l’an dernier a été assez stable (– 2 %) avec 67 % d’équi-dés destinés au galop et 33 % au trot.Dans le galop, le prix moyen conti-nue à progresser tout comme le nombre d’animaux vendus, à l’inverse du trot qui peine à s’inter-nationaliser.

3 QUI ACHÈTE ?La clientèle est interna-

tionale à 46 % d’après le CVV, avec une progression des acheteurs du Royaume-Uni, d’Irlande, des Etats-Unis. La majorité des chevaux adju-gés reste exploitée en France (60 % pour les yearlings passés sous le marteau d’Arqana), pays reconnu pour ses éleveurs, ses entraîneurs etses organisateurs de courses.

4 QUELS SONT LES PRIXRECORD ?

A Deauville, le record obtenu par Arqana pour un yearling a été établien 2015 avec une pouliche de l’éta-lon vedette Dubawi, provenant du haras normand des Monceaux, acquise 2,6 millions d’euros par Godolphin, l’écurie du cheikh

Mohammed Al Maktoum de Dubaï. L’an dernier Tattersalls, le leader européen, a adjugé 3,7 millions d’euros une fille de Dubawi, également achetée par Godolphin. Aux Etats-Unis, où la demande a été particulièrement dynamique en 2019, le « top price » a atteint 8,2 millions de dollars pour un yearling issu du champion American Pharoah.

5 QUE PÈSE LE FRAN-ÇAIS ARQANA SUR LA

SCÈNE INTERNATIONALE ?Le marché européen, qui s’est élevé à 794 millions d’euros en 2019, compte seulement 10 opérateurs : ilest dominé par Tatterstalls (Royau-me-Uni) avec 44 %, devant Arqana (21 %) et Goffs (Irlande) 14 %. Au niveau mondial, le marché améri-cain représente 38 %, et l’agence Keeneland pèse à elle seule 22 % du gâteau total. Arqana, avec 6,6 % de part de marché, en légère progres-sion, est à la 7e place. La concur-rence internationale s’accroît du fait du développement de nouveauxmarchés des courses (Moyen-Orient, Japon, Chine). — M. R.

Les ventes de chevaux aux enchères en cinq questions

Dans le monde des enchères, les entreprises dédiées aux « ventes de chevaux » sont rares et ne pèsent qu’un petit pourcent des maisons de ventes, lesquelles privilégient généralement l’art et les objets de collection, ou même les voitures anciennes. Le métier en France se résume presque à un opérateur majeur, dénommé Arqana. C’est chez lui que se pressent les éleveurssoucieux de trouver preneur pour leurs « yearlings » (poulains d’envi-ron 18 mois) les plus prometteurs, les acheteurs rêvant du prix de l’Arcde Triomphe.

1 COMMENT FONC-TIONNE CE MARCHÉ ?

L’offre y est « contrainte » puisqu’elledépend de la production des éleva-

En France, de 4.500 à 5.400 équidés passent sur le ring des enchères chaque année. Ce sont à plus de 95 % des chevaux de course et 46 % d’entre eux sont acquis par des étrangers. Pour autant, ces cracks restent souvent entraînés dans l’Hexagone.

« Les éleveurs ont besoin de visibilité pour préparer leurs yearlings, et nous voulons maximiser les chances d’attirer à Deauville les acheteurs du monde entier. »ÉRIC HOYEAUPrésident d’Arqana

à suivre

ÉLEVAGE

Martine Robert @martiRD

L’été est traditionnellement la sai-son phare pour les acheteurs et les vendeurs de pur-sang. Arqana, la maison de vente aux enchères déte-nue majoritairement par le prince Aga Khan aux côtés d’Artcurial, passe sur le ring de Deauville les yearlings les plus prometteurs – cespoulains de dix-huit mois qui conjuguent excellence génétique et physique d’athlète. Mais cette année, coronavirus oblige, Arqana se contente le 20 juillet d’organiser une vente de 250 chevaux de plat etd’obstacle. Il faudra attendre les 24, 25 et 26 septembre pour voir l’élite de la production française. « Aux Etats-Unis, en Australie, en Europe, les ventes ont dû être repositionnées, décalées, adaptées, avec l’organisa-tion de visites dans les haras en petitscomités, dans le respect de la distan-

nous voulons maximiser les chances d’attirer à Deauville les acheteurs du monde entier », poursuit Eric Hoyeau.

Déjà les 29 et 30 juin derniers,Arqana et Goffs UK s’étaient asso-ciés pour organiser la vente Breeze Up – des chevaux de deux ans pré-sentés montés au public –, de manière délocalisée à Doncaster en Angleterre. « Globalement, le mar-ché a bien répondu dans sa partie haute », relève Eric Hoyeau. Certes, 73 poulains sont passés sur le ring contre 145 en 2019, mais le prix moyen de 156.000 euros était de 20 % supérieur à celui de l’an der-nier, et 83 % des chevaux ont trouvé preneur. Si le patron d’Arqana s’attend à ce que globalement « le secteur soit secoué par le Covid », il appréhende moins pour l’offre pre-mium, qui représente 30 % du mar-ché, que pour les 70 % restants, pos-siblement plus impactés. Pour sa propre maison de vente, Eric Hoyeau table sur un recul de son chiffre d’affaires de 10 à 15 % sur le haut du marché et de 30 à 35 % sur lecréneau inférieur. Et la fin de saison,consacrée aux ventes d’élevage, pourrait s’avérer compliquée. « Ceux qui détiennent des juments destinées à la reproduction ne vou-dront pas forcément les vendre, espé-rant une reprise plus tard », craint-il, estimant en revanche que le report de nombreuses ventes n’aura pas d’incidence sur les courses, elles-mêmes décalées. n

l L’été est traditionnellement la période des ventes aux enchères de yearlings d’exception, ces poulains de dix-huit mois au pedigree très prometteur.l Mais coronavirus oblige, il faudra attendre les 24, 25 et 26 septembrepour admirer l’élite de la production française.

La saison chambouléedes ventes de pur-sang

En août 2019, une pouliche de l’étalon vedette Dubawi avait été adjugée à Deauville pour plus de 1,6 million d’euros par Godolphin, l’écurie de Dubaï. Photo Lou Benoist/AFP

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Le Cirque du Soleil accepte une offre d’achat de ses créanciers SPECTACLE Placé sous la protection des tribunaux contre lafaillite, le Cirque du Soleil a accepté une offre d’achat de ses créan-ciers, qui servira de point de départ pour sa vente aux enchères enaoût. Cette convention conclue avec les créanciers prévoit que cesderniers feraient l’acquisition de « la quasi-totalité des actifs » del’entreprise. L’accord vient remplacer l’offre d’achat que le cirqueavait conclue fin juin avec ses actionnaires actuels, les fonds TPGet Fosun, ainsi que la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Airbus décroche un contrat avec la Défense britanniqueESPACE La division Défense et Espace du groupe Airbus adécroché un contrat de plus de 500 millions de livres (550 mil-lions d’euros) auprès du ministère britannique de la Défensepour lui livrer un satellite militaire, le Skynet 6A, en 2025. Lecontrat couvre également des programmes de développementtechnologique, de nouveaux systèmes de télémétrie sécurisés,de suivi et de commande, lancement, tests en orbite et mises àjour du système Skynet 5 actuel, en service depuis 2003.

Annulation de l’édition 2020 du salon international de l’agroalimentaireALIMENTATION L’édition 2020 du Salon international de l’ali-mentation (SIAL), qui devait réunir des professionnels del’agroalimentaire du monde entier en octobre près de Paris, aété annulée en raison du « contexte sanitaire international incer-tain ». Cet événement, organisé tous les deux ans depuis 1964,réunit d’ordinaire 300.000 participants sur cinq jours au parcdes expositions de Villepinte, près de Paris. La prochaine édi-tion est prévue du 15 au 19 octobre 2022.

Doux condamné à rembourser 80 millions d’euros d’aides induesALIMENTATION La cour administrative d’appel de Nantes acondamné le volailler Doux, racheté en 2018 après sa liquida-tion judiciaire, à rembourser près de 80 millions d’eurosd’aides européennes à l’exportation indûment perçues. En2010, Doux touchait 400 euros par tonne de poulets congelésexportés. Mais au cours de contrôles, les services douaniers sesont aperçus que les poulets Doux avaient une teneur en eausupérieure aux normes européennes, ce qui interdit l’accès auxsubventions.

La ligne de référence est de 40 signes en corps minimal de 6 points didot.Le calibrage de l’annonce est établi de filet à filet.

Les départements habilités sont 75, 78, 91, 92, 93, 94, 95 et 69.

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Les Echos Lundi 20 juillet 2020 ENTREPRISES // 17

tant a encore été effectué pour récu-pérer un maximum de matériaux et éviter la production de déchets. Le granit de la façade a ainsi été retiré et retaillé pour constituer les 1.000 mètres carrés de sol de la gale-rie. Toutes les cloisons vitrées ont étéréutilisées pour faire du mobilier. Entout, 394 tonnes d’émissions de CO2 sont évitées grâce au réemploi de 81 tonnes de matériaux, assure Gecina. Le projet est également vert en termes de production d’énergie, avec un système de géothermie et 700 mètres carrés de panneaux photovoltaïques installés sur l’édi-fice. Le futur bâtiment comprendra des bureaux, un restaurant, des sal-les de réunion, un amphithéâtre éclairé par la lumière naturelle, des locaux à vélos, des vestiaires, et peut-être une salle de fitness.

Il ne sera livré que mi-2022, mais ila déjà trouvé un occupant. Le cabi-net de conseil en stratégie BCG, très actif dans le secteur de l’automobile,a signé, en février 2020, un bail de douze ans pour l’occupation de 80 %des locaux. Les 20 % restants sont encore à louer. — E. Di.

d’Eiffage – l’entreprise de BTP à la manœuvre sur ce chantier specta-culaire avec le cabinet d’architectureBaumschlager Eberle Architekten – détruisent un noyau d’ascenseur, au cœur de l’édifice, qui sera remplacé par un escalier monumental. Les ouvriers vont et viennent aussi dans la partie de l’immeuble située rue Pergolèse, qui sera doté d’un toit terrasse.

Terrasses et espaces verts« C’était ici le royaume de l’automo-bile. Un siège construit par et pour Peugeot, avec six niveaux de sous-sols et plus de 600 places occupées par desvoitures. On y trouvait des bureaux, mais aussi une salle d’exposition des produits dédiée aux concessionnai-res » au rez-de-chaussée, explique Baudouin Delaporte, directeur du développement chez Gecina.

Dans le cadre de la restructu-ration engagée, un certain nombre de caractéristiques de l’édifice construit entre 1966 et 1971 et dessinépar les trois architectes de la famille Sainsaulieu vont être préservées. Son histoire automobile, elle, sera

Shoreditch, le quartier de Londres qui fait de l’ombre à la City

Alexandre Counis @alexandrecounis

— Correspondant à Londres

Le quartier de Shoreditch n’est pas seulement prisé des ama-teurs de « street art » qui aiment déambuler le week-end dans les rues de cet ancien quartier indus-triel de l’East End londonien, et écumer ses friperies et ses dis-quaires. Situé à quelques centai-nes de mètres au nord-est de la City, c’est aussi le paradis des agences de pub, des entreprises de l’industrie créative et des start-up, venues parfois s’y instal-ler dès les années 1990 dans le sillage des artistes, quand les loyers y défiaient encore toute concurrence.

Un « Silicon Roundabout »Immeubles défoncés aux fres-ques colorées, ex-entrepôts « revampés », rues aussi romanti-ques pour certains que délabréespour d’autres… C’est là que sont nées des start-up comme la néo-banque Revolut ou encore la pla-teforme de livraison de repas Deliveroo. C’est aussi là que la filiale britannique d’Uber a élu domicile et que réside la fintech spécialisée dans le transfert d’argent TransferWise. Celle-ci a même choisi l’un des lieux iconi-ques de Shoreditch : le Tea Buil-ding, un ancien immeuble indus-triel de huit étages, construit dans les années 1930, qui a long-temps servi d’usine pour la fabri-cation du thé.

La crise financière de 2008libère à la fois des bureaux et des talents pour les boîtes de tech, qui

Immeubles défoncés aux fresques colorées, ex-entrepôts « revam-pés », rues aussi romanti-ques que délabrées… C’est là que sont nées la néobanque Revolut ou encore la plateforme de livraison de repas Deliveroo.

Les entreprises de la « French Tech » se sont installées ces dernières années dans les quartiers de Paris prisés des jeunes talents. Ici, le siège de BlaBlaCar, dans le 11e arrondissement. Photo Denis/RÉA

Quelque 200 ouvriers masqués s’activent actuellement avenue de la Grande-Armée à Paris, à deux pasde la porte Maillot, dans l’ancien siège de PSA Peugeot Citroën. Gecina a racheté en 2015 ce bâtimentchargé d’histoire typique des années1960 de près de 35.000 mètres carrésde surface pour le transformer et le louer. Les travaux ont commencé début 2018, après que les équipes du constructeur d’automobiles ont déménagé en 2017. Le « L1ve » est actuellement le plus important pro-jet de restructuration mené par la foncière, pour un montant total de 514 millions d’euros (valeur du bâti-ment avant travaux + montant des investissements à réaliser).

En ce moment, les équipes

Gecina a fait appel à Eiffage pour restructurer l’ancien siège du construc-teur d’automobiles avenue de la Grande-Armée. Un chantier titanesque, qui fait la part belle à la récupération des matériaux.

La transformation de l’ancien temple parisien de Peugeot bat son plein

Generali Real Estate. Le bureau doitavoir du « sex-appeal », résume-t-il.

Dans ces conditions, les bâti-ments les plus obsolètes risquent d’être davantage délaissés dans les années à venir, de même que ceux situés dans des quartiers périphéri-ques ou dédiés uniquement aux affaires. « Certains quartiers qui apparaissaient encore comme exal-tants avant l’épidémie de Covid-19,

comme la Défense, en région pari-sienne, City Life, à Milan, ou le quar-tier du port de Hambourg, risquent de connaître une forte volatilité », poursuit-il. Un constat partagé par Stéphane Theuriau, président de BC Partners Real Estate, investis-seur en immobilier. « La Défense n’atoujours pas réussi sa mue en tant que destination urbaine […]. Et clai-rement, elle n’attire pas les jeunes

diplômés », estime-t-il. « Les entre-prises les plus performantes vont là où les talents qu’ils recherchent ont envie de vivre, à savoir dans Paris intra-muros et plutôt dans l’Est. Nous l’avons vu ces dernières années dans la Tech. Cette tendance va s’accentuer », poursuit-il.

Hubs branchés et bords de rivièreCelle-ci s’observe aussi ailleurs en Europe. « A Londres, le quartier de Shoreditch a des loyers supérieurs à ceux de la City », constate-t-il. D’autres « hubs » branchés ont aussi émergé, par exemple à Mediaspree, à Berlin. Un site très vert, en bord de rivière, connecté aux transports en commun. Bref, favorable au bien-être.

Bien sûr, toutes les entreprisesn’auront pas les moyens de moder-niser leurs locaux ou de s’offrir les emplacements les plus prisés. Maiselles ne peuvent ignorer cette réalité. n

l En France comme ailleurs en Europe, l’emplacement des bureaux, leur facilité d’accès et leur conception sont des instruments de compétitivité.l Pour attirer les meilleurs profils, le bureau doit avoir du « sex appeal », résume un expert.

Quand la qualité et l’emplacement des bureaux font la différence

Elsa Dicharry @dicharry_e

La tendance était déjà forte avant lacrise sanitaire, en France comme partout en Europe, et elle devrait s’accentuer. L’emplacement des bureaux et les spécificités du bâti-ment qu’ils occupent sont devenus de vrais outils de compétitivité pourles sociétés. « Au-delà de la coolitudede l’entreprise, l’attractivité du bureau est essentielle pour séduire les talents. Il doit être moderne, agréable, avec des fenêtres qui s’ouvrent, facile d’accès et respec-tueux de l’environnement – les jeunesgénérations y étaient déjà très sensi-bles et le sont encore plus depuis l’épi-démie de Covid-19. Il doit s’agir d’un lieu où vivre et pas seulement où tra-vailler, étant donné le nombre d’heu-res que l’on y passe », estime Aldo Mazzocco, directeur général de

IMMOBILIER

Les transactions en Ile-de-France à un niveau historiquement basLa crise a donné un coup de frein brutal au marché des bureaux en Ile-de-France. L’interruption ayant été quasi totale en avril et mai, la demande placée (ensemble des transactions, locations et ventes) a fondu au deuxième trimestre, pour atteindre un niveau historiquement bas, selon Cushman & Wakefield. Soit 197.500 m2, à comparer à 567.400 m2 sur la même période de 2019, et 560.500 m2 en moyenne sur la dernière décennie. Sur le premier semestre 2020, la demande placée atteint 667.500 m2. Un chiffre en baisse de 40 % sur un an.

sont alors de plus en plus nom-breuses à venir s’y installer. A tel point qu’en novembre 2010, le Premier ministre David Came-ron parle dans un de ses discoursd’y développer un « Silicon Roundabout ». L’expression, censée faire écho à la Silicon Val-ley californienne, n’est alors qu’une boutade, mais elle resteracomme le symbole de la renais-sance de ce quartier, autrefois fréquenté par la « working class » et désormais peuplé de hipsters à barbe et à vélo. Cisco, Facebook, Google, Intel, McKin-sey ou encore Microsoft seront de ceux qui investiront là.

Aujourd’hui, Shoreditch estl’archétype de l’incroyable mou-vement de gentrification dont estcapable la capitale britannique. Et les prix des bureaux se sont évidemment envolés au point de tutoyer, voire de dépasser, selon certains experts, ceux de La City.

Le quartier n’était encorequ’une banlieue au XVIe siècle et a accueilli les premiers théâtres, au temps élisabéthains où les puritains protestants considé-raient peu les comédiens (Sha-kespeare y résida, et c’est là que les premières de pièces comme « R o m é o e t J u l i e t t e » o u « Hamlet » eurent lieu). Désor-mais, il offre aux salariés des nombreuses entreprises qui s’y sont installées une kyrielle de food trucks et de cafés branchés. Pour ne rien dire des bars et des pubs qui font de ce coin de Lon-dres un lieu non seulement à la mode, mais à l’activité nocturne débridée. n

Shoreditch est l’archétype de l’incroyable mouvement de gentrification dont est capable la capitale britannique.gommée, afin de laisser aux nou-

veaux arrivants la possibilité d’imprimer leur patte.

« Nous allons par exemple conser-ver tous les chapiteaux en béton de la nef qui servait de showroom », explique le dirigeant. De même, la façade graphique de 110 mètres de long sera mise en valeur et parée de métal. En revanche, la rampe d’accès au parking va disparaître sous un jardin. Plus généralement, le projet donne la part belle aux espaces extérieurs et aux espaces verts, avec 3.500 mètres carrés dédiés. « Nous avons aussi travaillé à faire venir énormément de lumière dans l’immeuble », souligne Bau-douin Delaporte. Un travail impor-

La date

2022Date de livraison du bâtiment.Un premier locataire, le BCG, a déjà signé son bail.

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Page 18: Les Echos - 20 07 2020

article dans “Video Business” [Un magazine américain : NDLR] et quej’ai demandé à un ami en commun de nous mettre en contact », a rem-bobiné Reed Hastings dans un billet de blog. En ce temps-là, Theo-dore Anthony Sarandos Jr. était un cadre chez Video City/West Coast Video, une société de location de cassettes vidéo puis de DVD, où il a commencé à travailler alors qu’il était encore au lycée quelques années plus tôt.

Un rôle décisifQuelques mois après sa rencontre avec Reed Hastings, ce natif de la ville de Phoenix (Arizona) pose ses bagages chez la plateforme Net-flix, en mars 2000. Déjà comme res-ponsable des acquisitions de conte-nus. Sept ans plus tard, l’entreprise – qui a « ubérisé » le secteur de la location de DVD aux Etats-Unis – prend un nouveau virage et lance une offre de streaming. Au grand dam de la Bourse, qui n’y croit pas. « Tandis que j’ai vu arriver le strea-ming et que j’ai poussé pour qu’on s’y

lance, Ted a piloté la révolution de notre stratégie de contenus », rap-pelle Reed Hastings.

Le bras droit du cofondateur deNetflix a grandement contribué à transformer le groupe en machine de guerre. Car le rôle de Ted Saran-dos ne s’est pas limité à donner son feu vert pour une série ou à refuser le financement d’un film. Loin de là.Le quinquagénaire américain a surtout orchestré la stratégie glo-bale de Netflix.

« Le but est de devenir HBO plusvite qu’HBO ne peut devenir Net-flix », avait-il théorisé dès 2012. Ce qui s’est notamment traduit par descréations originales de Netflix qui ajoute alors à sa palette de diffuseurle rôle de producteur. La première série d’envergure est « House of Cards », dotée d’un budget colossal (à l’époque) de plus de 100 millions de dollars pour deux saisons et 26 épisodes. Un pari payant et une stratégie que Netflix va reproduire les années suivantes avec d’autres séries. En parallèle, le groupe conti-nue d’étoffer son catalogue avec des

films et documentaires en propre ou produits par des tiers en vue d’inonder le marché de contenus etd’élargir le spectre de sa clientèle d’abonnés payants (lire ci-dessus). Mécaniquement, le budget dédié aux contenus enfle, passant de 2,4 milliards de dollars en 2013 à 15 milliards en 2019 ! Une hausse rendant tous les ans plus décisif le rôle de Ted Sarandos, désormais intronisé co-PDG et qui va aussi entrer au conseil d’administration.

Une première étape avant desuccéder à Reed Hastings et de devenir, à terme, l’unique pilote au volant de Netflix ? Hastings a reconnu qu’il s’agissait là d’une manière de lancer « le long proces-sus de préparation de [sa] succes-sion »… qui n’est pas pour tout de suite, selon ses dires. « Pour être totalement clair, je suis là pour une décennie […] En tant que co-PDG, nous allons être tous les deux à plein temps, ce n’est pas un accord à tempspartiel », a-t-il explicité. Voilà un scénario qui n’est pas entre les mains de Ted Sarandos. n

Ted Sarandos, l’homme qui va codiriger le groupe

Nicolas Richaud @NicoRichaud

Ted Sarandos prend du galon chez Netflix. Le responsable mondial des contenus de la multinationale vient d’être promu co-PDG du lea-der du streaming vidéo, au côté du patron historique Reed Hastings.

La firme de Los Gatos va donccompter deux « numéro un » à sa tête. « Ce changement rend formel cequi était déjà informel : que Ted et moi nous partageons le leadership de Netflix », a déclaré, jeudi, Reed Hastings. Ted Sarandos va demeu-rer responsable de la politique de contenus du groupe. Les deux hommes se connaissent et tra-vaillent ensemble depuis long-temps. « Ted et moi, nous nous som-mes rencontrés pour la première foisen octobre 1999 après que j’ai lu un

Entré chez Netflix en 2000, ce quinquagénaire améri-cain en est aujourd’hui le responsable mondial des contenus vidéo.

Sébastien Dumoulin @sebastiendmln

INFORMATIQUE

Le groupe a confirmé étudier une scission d’avec sa filiale spécia-lisée dans les logiciels de virtualisation.

VMware vaut davantage que sa maison mère, qui a besoin de réduire son endettement.

La rumeur n’en est plus une. Le g r o u p e D e l l a c o n f i r m é , jeudi 16 juillet, étudier la vente de sa participation dans VMware. Cette éventuelle cession n’aura paslieu avant septembre 2021, pour des raisons d’exemptions fiscales, a précisé Dell.

VMware, qui édite des logicielsde virtualisation de serveurs, est devenu le joyau de l’empire Dell. Céder cet actif, très bien valorisé, permettrait au construc-teur de matériel informatique d’envoyer un signal fort aux inves-tisseurs, qui n’en finissent plus de bouder le titre Dell.

Le groupe informatique avaitfait un grand retour en Bourse fin

2018, cinq ans après que son fon-dateur Michael Dell et le fonds Sil-ver Lake l’avaient retiré des mar-chés. Mais il n’a pas rencontré le succès escompté. Malgré un bond de 12 % dans la foulée de l’annoncejeudi, la capitalisation de Dell n’atteint pas 44 milliards de dol-lars. C’est une curiosité boursière. Car cette valorisation devrait tenircompte des 81 % de VMware que détient Dell. Or cette participationmajoritaire représente, vu le coursde l’éditeur de logiciels, plus de 50 milliards de dollars.

Autrement dit, les marchés don-nent une valeur négative à l’activitéde la maison mère – vendre des ordinateurs, des serveurs et des

services informatiques. Celle-là se porte pourtant bien. Dell est le troi-sième vendeur au monde de PC, avec 16 % de part de marché, un cran derrière Lenovo (25 %) et HP (24 %). Et, depuis sa mégafusion de 2016 avec EMC (qui lui avait valude mettre la main sur VMware au passage), Dell est devenu le numéro un mondial des serveurs. Ses ventes ont bien résisté à la crisesanitaire au premier trimestre. Et le groupe compte sur la transfor-mation numérique des sociétés pour poursuivre sa croissance.

Pourtant, rien n’y fait. Les inves-tisseurs se méfient des construc-tions boursières tarabiscotées de Michael Dell. Non seulement, le

magnat a recours à des classes d’actions différentes pour garder le contrôle de son groupe, mais il a aussi lancé, puis échangé contre desactions Dell, des outils financiers baroques indexés sur le cours de VMware. Ajoutez à cela une énorme dette de plus de 50 mil-liards de dollars, et les marchés se font très prudents.

Un renoncement pour Michael DellPour redorer son blason boursier, Michael Dell envisage donc de céder à la pression de certains de ses grands actionnaires. Ceux-ci poussent de longue date à une séparation d’avec VMware. Ce

serait un renoncement pour le patron, qui a tenu mordicus à gar-der la main sur l’éditeur jusqu’ici. Il s’agissait pour lui d’une pièce clé dans la construction d’un grand groupe d’infrastructures cloud, avec du matériel et du logiciel. Les fortes marges du logiciel com-pensaient efficacement celles, structurellement faibles, des équi-pements informatiques.

Après des années de tergiver-sations, Michael Dell est prêt à manger son chapeau. Le patron était coutumier des diatribes con-tre la Bourse, qu’il accuse de court-termisme et d’absence de vision. Il ne changera sans doute pas d’avis tout de suite. n

Dell pense à se séparer de sa pépite VMware

l Avec 26 millions de nouveaux abonnés, l’entreprise a séduit presque autant en six mois que sur toute l’année 2019.l Reed Hastings, son cofondateur et PDG, prépare sa succession en nommant Ted Sarandos codirecteur général.

Après un nombre record de nouveaux abonnés, Netflix prédit un ralentissement

Anaïs Moutot @AnaisMoutot

—Correspondante à San Francisco

Netflix continue de profiter du confi-nement, de la fermeture des ciné-mas et de l’absence de sport à la télé-vision. Le numéro un du streaming de vidéos a gagné 10 millions d’abon-nés au deuxième trimestre, un record représentant plus de trois fois son gain du deuxième trimestre 2019 et un chiffre supérieur à sa pré-vision de 7,5 millions. Ses revenus ont augmenté de 25 % sur un an, à 6,1 milliards de dollars, et l’entre-prise a dégagé un bénéfice de 720 millions de dollars, en hausse de 165 %, sur les mois de mars à juin.

Avec 26 millions de nouveauxabonnés sur la première moitié de l’année, l’entreprise californienne a séduit presque autant de téléspecta-teurs en six mois que sur l’ensemble de l’année 2019 (28 millions). Elle compte désormais 193 millions de clients dans le monde.

Ses émissions de téléréalité « TooHot to Handle » et « Floor is Lava » ont fait passer le temps aux habi-tants confinés ou au chômage dans le monde entier. Netflix a aussi sorti plus de trente films depuis mi-mars.« Extraction », un film d’action autour d’un trafic de drogue au Ban-gladesh, a été regardé par 99 mil-lions de foyers en 28 jours. « Les abonnés pensaient d’abord à nous comme un lieu pour revoir les shows d’autres chaînes. Puis comme le lieu pour voir nos contenus originaux. Maintenant, ils viennent pour un ven-dredi soir au cinéma, avec Netflix pro-posant les premières des plus grands films au monde », a déclaré Ted Sarandos.

Le PDG prépare sa successionLe directeur des contenus de Netflix a été nommé codirecteur général et rejoint le conseil d’administration deNetflix. Reed Hastings, son cofonda-teur et PDG depuis vingt-deux ans, ajugé que le moment était venu de déclencher « le long processus de pré-paration de [sa] succession ». « Ce changement formalise ce qui était déjà informel – que Ted et moi parta-geons la direction de Netflix », a-t-il déclaré, tout en précisant que cette annonce n’était pas synonyme d’un départ prochain. « Je suis là pour le reste de la décennie », a-t-il dit.

Ted Sarandos, un ancien diri-geant d’une entreprise de location deDVD recruté par Reed Hastings en 1999, est notamment responsable du virage de Netflix vers les contenus

STREAMING originaux, amorcé en 2013 avec « House of Cards » et « Orange is theNew Black ». Le patron du groupe deLos Gatos élève aussi au rang de directeur opérationnel Greg Peters, déjà en charge des produits. Cet autre fidèle, qui a rejoint Netflix il y aplus de dix ans est également vu comme un possible successeur.

Les prévisions de Netflix pour leprochain trimestre ont cependant fait passer ces annonces au second rang : l’entreprise mise sur 2,5 mil-lions d’abonnés supplémentaires, alors que les analystes tablaient sur le double. Après une hausse de 60 %depuis le début de l’année, le titre a perdu 9 % dans les échanges après laclôture de la Bourse. « La croissance ralentit, alors que les consommateurssortent du choc initial du Covid et des restrictions sociales «, a mis en avant l’entreprise.

Autre problème : Netflix ne béné-ficiera pas comme l’an dernier d’unenouvelle saison de « La Casa de Papel » et de « Stranger Things » au troisième trimestre. Mais l’entre-prise continue de renouveler son catalogue plus que ses concurrents grâce à une planification très en amont. « Netflix a annoncé 60 nou-veaux contenus originaux rien que pour le mois de juillet, largement devant les 8 de Disney +, les 7 de HBO Max, les 4 d’Amazon et les 3 de Hulu », souligne RBC Capital Mar-kets dans une note. Netflix indique avoir plus de films et de séries origi-nales en 2021 qu’en 2020 et avoir repris les tournages en Europe et en Corée du Sud, mais pas aux Etats-Unis, en Inde et en Amérique latine.

Certains investisseurs craignentaussi que ce ralentissement soit lié au lancement d’un nombre record de nouveaux services de streaming a u c o u r s d e s d e r n i e r s m o i s – Disney+, Peacock, HBO Max, Apple TV +… Reed Hastings a pré-cisé sa stratégie face à cette concur-rence grandissante : « Nous voulons avoir tellement de hits que lorsque vous venez sur Netflix, vous puissiez aller de hit en hit et ne jamais avoir à penser à aucun de ces autres services. Nous voulons être votre réflexe pre-mier, votre meilleur ami. »

(Lire également « Crible »Page 26

Netflix renouvelle son catalogue davantage que ses concurrents, avec une planification très en amont.

HIGH-TECH & MEDIAS Lundi 20 juillet 2020 Les Echos

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Page 19: Les Echos - 20 07 2020

Les Echos Lundi 20 juillet 2020 HIGH-TECH & MEDIAS // 19

« La révolution post-Covid-19 va bouleverser nos modes d’accès à l’information »

s’informer de plus en plus sur le Web ou à travers les éditions numé-riques des journaux.

Aujourd’hui, le plus grand succèséditorial du monde est le « New YorkTimes » avec ses plus de 5 millions d’abonnés numériques, alors qu’il était quasi en faillite il y a dix ans. C’est la combinaison de sa qualité éditoriale et de choix de gestion judi-cieux sur le numérique qui l’ont sauvé. Quant au « Financial Times »,il reste une marque extraordinaire mais n’a pas su encore exploiter tou-tes les potentialités du numérique.

Comment évaluez-vous la vitalité de la presse italienne aujourd’hui ?Aujourd’hui, les journaux italiens sont soit du centre, soit de droite. Il n’y a pas de doute que « la Repub-blica » est devenu un journal de cen-tre droit depuis son passage sous le contrôle de Fiat. Son nouveau direc-teur, Maurizio Molinari, venu de « La Stampa », est un excellent jour-naliste de politique internationale. Mais c’est clairement un homme de droite et il n’a plus rien à voir avec le monde de « la Repubblica » du temps d’Eugenio Scalfari ou d’Ezio Mauro. Tous les journaux italiens sont désormais adossés à des puis-sances économiques, à l’exception du « Corriere della Sera » qui est le seul à appartenir à un éditeur « pur », Urbano Cairo. Il est devenu une exception en Europe.

Que penser des rumeurs

de rapprochement entre le « Sole 24 Ore » [le quotidien économique italien, NDLR] et le « Corriere della Sera » ?On en parle. Il faut voir comment seraient gérés la fusion ou le rappro-chement entre ces deux titres. Aujourd’hui, le « Sole 24 Ore » est très affaibli. La Confindustria [l’orga-nisation patronale italienne, NDLR] n’a pas la capacité de gérer un jour-nal et veut quand même s’en mêler. C’est un héritage de l’histoire et une anomalie absolue qui n’a plus de sens aujourd’hui.

Quel va être l’impact de l’épidémie sur l’économie italienne à moyen terme ?Personne n’a compris la nature et la gravité de l’épidémie. Dans une semaine, selon les modèles mathé-matiques, nous serons à 20 millions de cas dans le monde. Le gouverne-ment Conte a bien géré la phase 2 dela diffusion de l’épidémie. La peur a servi à rendre les Italiens disciplinés,ce qui est une contradiction interne.Mais Giuseppe Conte [le président du Conseil, NDLR] est un « zéro poli-tique » : c’est un avocat sans aucune vision politique. Même si L’Europe nous donne une partie des 750 mil-liards d’euros des fonds du « revo-very fund », il faudra savoir com-ment les dépenser. Or, il n’y a pas de vision dans le pays et nous avons un énorme problème d’« exécution » des décisions. Je n’exclus pas une grave crise sociale et politique à l’automne. n

CARLO DE BENEDETTIEx-fondateur de CIR et ex-propriétaire de « la Repubblica »

Propos recueillis parPierre de Gasquet (à Dogliani)

@PierredeGasquet

Pourquoi avez-vous décidé de lancer un nouveau quotidien, « Domani », dans un contexte aussi difficile ?C’est certainement une initiative à contre-courant. Il serait plus logiquede fermer des titres que d’en lancer. La croissance des abonnements numériques n’a pas compensé l’effondrement des recettes publici-taires et de la diffusion. Mais notre journal va naître avec une « menta-lité post-Covid » : l’édition papier sera seulement un accessoire de la version numérique, à la différence des journaux traditionnels. On peut le comparer d’une certaine manière au « Politico » américain ou à Mediapart en France. En aucun cas, je n’ai l’intention de faire un ersatz de« la Repubblica ». J’ai engagé un directeur de 35 ans, Stefano Feltri, etla rédaction aura une moyenne d’âge de 30 ans, hormis quelques grandes signatures.

Quel sera le positionnement de ce nouveau titre ?L’objectif est de créer un journal qui parle au monde « libéral » au sens anglo-saxon du terme. Ce qui n’existe plus en Italie depuis le chan-gement de ligne éditoriale de « la Repubblica ». Or, cette mouvance représente plus d’un tiers de la population italienne. Parallèlement,j’ai créé une Fondation à laquelle je m’engage à transférer la propriété du journal – entièrement soutenu par mes finances personnelles au départ –, au bout de deux ans.

Ce sera la première fois qu’un titreitalien appartiendra à une fonda-tion, sur le modèle du « Guardian ». Le fait de s’affranchir de tout intérêt économique et de toute apparte-nance politique lui donnera un niveau de liberté et de crédibilité intrinsèques exceptionnel. Cela ren-dra ce journal unique. Je précise queje n’ai plus aucun intérêt économi-que – hors gestion de mon patri-moine – puisque j’ai cédé la pro-priété du groupe que j’avais fondé à mes fils depuis plusieurs années.

Comment avez-vous opté pour le nom de « Domani » ?C’est moi qui l’ai choisi. C’est un nomqui correspond à la révolution post-Covid-19 que nous allons vivre. Je pense que nous ne nous sommes pas encore rendu compte des consé-quences que l’épidémie va avoir sur nos façons de travailler, de consom-mer et de nous informer. On va

« L’objectif est de créer un journal qui parle au monde “libéral” au sens anglo-saxon du terme. Ce qui n’existe plus en Italie depuis le changement de ligne éditoriale de “la Repubblica”. »

l A 85 ans, l’ancien fondateur de CIR et ex-propriétaire de « la Repubblica », Carlo De Benedetti, s’apprête à lancer un nouveau quotidien baptisé « Domani » en Italie, en septembre.l Il livre aux « Echos » son regard sur l’évolution de la presse en Europe.

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Accélérerla digitalisation del’économie

3 QUESTIONS À…Jérôme Berger, CEO d’Orange Ventures

Comment se positionneOrange Ventures, le fondsd’investissement du groupeOrange, vis-à-vis de sonécosystème ?Jérôme Berger Nous souhai-

tons qu’Orange Ventures soit po-

sitionné commeun investisseur et

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objectif est d’associer le schéma

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une belle opportunité pour y

parvenir. Nous y accueillons par

ailleurs avec Orange plusieurs

startups de notre portefeuille

chaque année, ce qui accélère

considérablement leur dévelop-

pement commercial.

La crise sanitaire a-t-ellemodifié votre visionde l’investissement dansl’innovation ?J. B. Cette crise sanitaire et éco-

nomique sans précédent nous

questionne et il nous faut rester

humbles sur notre capacité à en

prévoir les répercussions. Malgré

des risques accrus, nous sommes

convaincus chezOrangeVentures

que la pertinence d’investir dans la

digitalisation de l’économie se

trouve renforcée. Nous accélé-

rons donc dans les nouveaux in-

vestissements, dans des domaines

dont la légitimité et la résilience

nous semblent accrues comme la

transformation numérique des

entreprises par exemple. Nous

nous attachons aussi plus que ja-

mais au caractère durable des

activités, avec notamment une

future initiative dédiée aux entre-

prises à fort impact social ou en-

vironnemental.

Quel est l’objectif duMEA SeedChallenge que vous avez lancédébut juin ?J. B. Ce concours vise à finan-

cer l’amorçage des startups les

plus prometteuses en Afrique et

au Moyen-Orient dans sept

pays où Orange est présent.

Nous voulons donner une

chance à des entrepreneurs

qui manquent cruellement

de moyens de financement

alors que la qualité des équipes

et de leur projet est souvent ex-

ceptionnelle. Jusqu’à sept star-

tups seront sélectionnées pour

des investissements allant jusqu’à

150 000 euros. Les gagnants se-

ront annoncés en septembre,

date à laquelle nous prévoyons de

lancer un fonds d’amorçage pé-

renne en coopération avec

Orange Middle East and Africa,

visant à soutenir 100 startups d’ici

2025.

COMMUN IQU É

c’est le montant de la dotationd’Orange Ventures pour

l’investissement dans les jeuneschampions du numérique.

350M€Un « Politico » à l’italienne

« “Domani” aura de quoi vivre pendant plusieurs années », assure l’« Ingegnere ». Outre son capital de départ de 10 millions d’euros, Carlo De Benedetti a doté la Fondation Editoriale Il Domani d’un montant équivalent. « Domani » va naître avec trois éditions : une partie payante et une partie gratuite sur le Web, et une version imprimée de 16 pages, 7 jours sur 7. Le journal sera plus proche de « Politico » que du quotidien romain « Il Foglio », jugé trop « éli-tiste ». Certaines enquêtes, axées sur l’environnement, la santé ou les inégalités, seront soutenues par du crowdfunding auprès des lecteurs. « La grande nouveauté est d’avoir un “éditeur pur” con-vaincu comme nous que la partie de l’information se joue en ligne », explique le directeur de la rédaction, Stefano Feltri. Certains observateurs voient dans cette initiative une manière pour l’Inge-gnere de prendre sa « revanche » après la décision de ses deux fils, Marco et Rodolfo, de céder, contre son propre avis, le contrôle de « La Repubblica » au groupe Exor de John Elkann, en 2019.

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Le fondateur de « Domani »,Carlo De Benedetti, à Rome

en janvier 2018.

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Page 20: Les Echos - 20 07 2020

20 // PME & REGIONS Lundi 20 juillet 2020 Les Echos

DES AFFAIRES PAS ORDINAIRESSÉRIE D’ÉTÉ

Laurent Marcaillou—Correspondant à Toulouse

L’hécatombe se poursuit chez les sous-traitants aéronautiques. Le fabricant de pièces aéronautiques Nexteam, installé à Marmande (Lot-et-Garonne), a annoncé un plan de suppressions de 242 pos-tes parmi les 499 salariés de sa filiale Mecafi à Châtellerault (Vienne), qu’il a rachetée en 2018.

Cette dernière fabrique desaubes de turbine des moteurs LEAP de Safran et GE qui équipentles avions B737 MAX et A320neo. La suspension du B737 MAX en 2019 avait diminué la production, puis il y a eu le Covid-19. Ces deux événements « ont entraîné un arrêttotal de la production des moteurs d’avions en France, comme à l’inter-national », indique Nexteam. « Après une année 2019 d’efforts intenses pour […] amener la société Mecafi à l’équilibre financier, l’année 2020 avec ces deux crises successives l’a placée dans une situation financière critique », explique le groupe. Mecafi a perdu70 % de son chiffre d’affaires (92 millions en 2018) et la directionestime que le secteur aéronauti-

CENTRE- VAL DE LOIRE

Le fabricant de pièces d’avion a annoncé un plan de 242 sup-pressions de postes chez sa filiale basée à Châtellerault.

que mettra trois à dix ans pour retrouver son niveau de 2019. La consultation des représentants dup ersonnel commencera le 20 juillet. Le groupe étudiera le futur dispositif de chômage partielde longue durée qui va être défini par l’Etat « pour essayer de réduire le nombre de licenciements envisa-gés ». Mais la direction estime que les licenciements sont indispensa-bles pour sauver les emplois res-tants et retrouver un équilibre en 2023. Il y aura aussi des départs volontaires ou à la retraite et des reclassements dans le groupe.

DépendanceL’annonce de la suppression de la moitié de l’effectif a choqué le per-sonnel, d’autant que Mecafi avait construit une nouvelle usine en 2016 en investissant 40 millions d’euros, dont 10 millions de fonds publics. En obtenant un gros con-trat de pièces de moteur LEAP, l’entreprise de mécanique de pré-cision est devenue dépendante à 80 % de Safran, qui a quasiment arrêté les commandes. L’intersyn-dicale CGT-CFDT regrette son absence de diversification alors qu’« il y avait des marchés dans le naval, le médical et même l’automo-bile ». Né de la fusion de trois sous-traitants aéronautiques de Mar-mande, Rodez (Aveyron) et Toulouse en 2013 et 2015, Nexteam(1.425 salariés) a doublé de taille enrachetant Mecafi pour atteindre un chiffre d’affaires de 150 millionsPour le moment, « la crise n’a pas d’impact social sur les autres sites du groupe », assure son directeur général, Frédéric Gentilin. n

Aéronautique : Nexteam restructure sa filiale Mecafi

Les écoles de production veulent profiter de la relocalisation industrielle

Léa Delpont— Correspondante à Lyon

Rodolphe Chantreuil, chef d’entre-prise dans le Cotentin, ne trouve plus de main-d’œuvre pour sa société de métallurgie. Et ses concurrents locaux non plus. Ils se sont donc entendus pour créer une école de production, qui accueilleradouze élèves à la rentrée sur les machines-outils. Le tout, indique-t-il, pour « 1,5 million d’euros d’inves-tissement, hors bâtiment », financé pour moitié par la Fondation Total. Même difficulté à Compiègne (Oise), chez Poquelin, Safran et les Constructions Mécaniques de Cha-mant. Les trois industriels projet-tent ensemble l’ouverture d’une école d’usinage et chaudronnerie de 76 places en 2021.

Depuis la reconnaissance desécoles de production par la loi de septembre 2018, qui leur donne accès à des financements d’Etat, le réseau s’étoffe. « 8 centres ont ouverten 2019, 4 ouvriront en 2020 malgré la crise du Covid-19, et une douzaine sont dans les tuyaux pour 2021 », détaille Patrick Carret, directeur

AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

Pour pallier le manque de main-d’œuvre, les sous-traitants indus-triels créent des écoles de production partout.

Elles devraient être unecentaine d’ici à 2028.

général de leur fédération nationale(FNEP), qui compte 32 structures pour un millier d’élèves. La relocali-sation industrielle poussée par la crise sanitaire devrait leur donner un élan supplémentaire. La FNEP vise une centaine d’écoles en 2028, contre 25 il y a deux ans.

Leur fonctionnement est hybride.Ni CFA, ni lycées professionnels, cesécoles-ateliers ont à la fois un numéro de siret et un matricule de l’Education nationale. Elles ciblent des jeunes de 15 à 18 ans, en rupture avec le système scolaire, pour les

former à un métier en condition de production réelle. Les élèves apprennent en travaillant pour le compte de vrais clients, entreprises ou particuliers, au prix du marché.

Leur travail n’est pas noté. Il estconforme, ou pas, au cahier des charges du client. Dans le carnet de commandes de l’école Vaise, à Lyon,on compte par exemple 150 PME locales. C’est ainsi que des jeunes en difficulté reprennent confiance en eux, à raison de semaines de 35 heu-res, dont deux-tiers en atelier. A la sortie, un taux de succès de quasi 100 % au CAP et Bac Pro, et un emploi à la clef dans l’industrie, maisaussi la restauration, les espaces verts et la maintenance automobile.

Plus de la moitié des créationsrécentes et des projets en cours sont poussés par des chefs d’entreprise en manque de main-d’œuvre, soute-nus par les chambres de commerce

et d’industrie (CCI), l’Union des industries et métiers de la métallur-gie (UIMM) et les régions. « Les entre-prises sont fondamentales dans le dis-positif », dit Patrick Carret. Elles financent une grosse moitié du bud-get par leurs commandes et par la taxe professionnelle, avant de se positionner comme employeurs.

Mises en avant dans les program-mes Territoires d’Industrie, les éco-les de production surfent sur la vague de réindustrialisation. Il suffitde regarder les spécialités qui s’ouvrent : métallerie, tôlerie, chau-dronnerie, usinage, mécanique, bois, tous ces métiers qui manquentet de formations et de candidats. Tandis que les CFA industriels pei-nent à toucher les moins de 18 ans pour des raisons de sécurité durant les stages, les écoles de production ont des dérogations pour mettre les jeunes sur les machines. n

Les élèves des écoles-ateliers apprennent en travaillant pour le compte de vrais clients. Photo DR

Ces écoles-ateliers ciblent des jeunes de 15 à 18 ans en rupture avec le système scolaire.

6Et demain La vélotypie, l’écriture à la vitesse de la parole, promue par Macron

bouteilles par an), fidèle client de Gemstab. Le traitement d’un vin avec de l’acide métatartrique coûte quelques centimes d’euro à l’hectoli-tre, alors que la technologie de Gems-tab oscille entre 4 et 10 euros par hec-tolitre. Mais le résultat final n’a rien àvoir en termes de couleur des vins et de stabilité dans le temps. »

Gemstab n’est pas le seul acteur àtraiter du vin sans additif. Parmi sesconcurrents, Alain Beteau (Loire-Atlantique), SA Michael Paetzold (Gironde), Station Œnotechnique de Champagne (Marne) ou encore Petitdemange (Haut-Rhin). Ces

sociétés proposent des traitements par le froid, avec ensemencement etadjonction de crème de tartre. « Cesméthodes consomment beaucoup d’énergie, je les estime moins écologi-ques que l’électrodialyse », affirme Eric Lecœuvre.

Toutefois, le cahier des chargesbio interdit toujours les trouvailles de Gemstab et d’Œnodia. Or, le bio monte en puissance. « Les jeunes œnologues sont moins tournés vers les technologies et privilégient des traitements allégés. Cela devient plusdifficile pour nous de faire des démonstrations. Or, on peut très bienassocier technologie et respect du produit », s’insurge Eric Lecœuvre.

DiversificationsLa PME, qui réalise 3 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 25 salariés, et Œnodia esti-ment que « leur développement est menacé par le règlement européen » et demandent une nouvelle étude. Face à cet obstacle, l’entrepreneur de cinquante-six ans lance des diversifications. Comme la valori-sation de fonds de cuve, via une machine dont les disques en céra-mique filtrent les boues et récupè-rent des vins de qualité. Un test est en cours avec des fonds de cuves decognac. Ou encore, face aux effets du réchauffement climatique sur levin, Gemstab propose des ajuste-ments du PH et une désalcoolisa-tion partielle. Ces activités, nées il y a cinq ans, représentent 15 % de l’activité. Une deuxième machine de désalcoolisation, cinq fois plus importante que la première, va entrer en service an août. n

Gemstab, l’alchimiste du vin au chevet des vignerons

Hubert Vialatte—Correspondant à Montpellier

C e matin-là de juin,dans la cave coopéra-tive de Bourdic, l’unedes plus importantesdu Gard, un techni-

cien de Gemstab raccorde une cuveà sa drôle de remorque. Celle-ci est truffée de tuyaux, pompes d’ali-mentation et de circulation, sys-tème de rétrofiltration, membraneset autres technologies de pointe.

Le vin stocké dans la cuve circuledans un tuyau, avant de se faufiler dans les membranes en céramique de l’unité mobile. L’intérêt de cette technologie inédite ? « Un traite-ment sans additif pour lutter contre la précipitation tartrique des vins », explique Eric Lecœuvre, fondateur,en 1998, de cette PME basée à Mar-guerittes (Gard). Ce phénomène de cristallisation est naturel et sans ris-que pour la santé, mais le consom-mateur peut mal percevoir les cris-taux de tartre. Et, à l’export, si une bouteille présente ce type d’imper-fection, tout le conteneur est ren-voyé, ce qui coûte une fortune, poursuit-il.

Sillonnant les régions viticolesfrançaises, une vingtaine d’unités mobiles de Gemstab, identiques à celle-ci, fait le bonheur de quelque 1.500 vignerons ou caves coopérati-ves. Développée par Œnodia, divi-sion œnologie du groupe Eurodia

(écoprocédés membranaires pour l’industrie agroalimentaire), et l’Inra, la technologie mêle électro-dialyse et filtration tangentielle. Selon Yannick Le Gratiet, directeur d’Œnodia et actionnaire de Gems-tab, le fait que les remorques de Gemstab soient nomades permet à des clients d’utiliser une prestation « qu’ils ne pourraient pas acquérir enposte fixe ». Elles jouent aussi le rôlede démonstrateur, pour les viticul-teurs récalcitrants. « Au début, on nous a pris pour des extraterrestres, rembobine-t-il. Le milieu du vin ne croit que ce qu’il voit. Gemstab est parti de rien, avec peu de soutien dans le milieu œnologique, qui utilisebeaucoup d’additifs. »

« J’ai démarré seul, à la manièred’un forain, à faire le tour deFrance avec ma remorque », souritEric Lecœuvre. Des régions res-tent à conquérir, notamment laChampagne.

Cuvées de renomLes vins traités par des technologiessans additif sont des cuvées de renom, destinées aux caveaux, l’export ou la restauration. Environ 800.000 hectolitres (hl), sur 37 mil-lions produits chaque année en France, sont concernés. « Pour les vins dédiés aux grandes surfaces, on procède par adjonction de produits, concède Michel Maupas, responsa-ble de production de la cave coopé-rative du Bourdic (1,2 million de

Pour traiter l’instabilité tartrique des vins, Gemstab apporte des solutions techniques pointues aux caves coopé-ratives, aux vignerons indépendants et aux maisons de négoce. Un business de niche, auquel le bio ferme la porte.

« J’ai démarré seul, à la manière d’un forain, à faire le tour de France avec ma remorque », raconte Eric Lecœuvre, fondateur de cette PME basée à Marguerittes (Gard). Photo H. Vialatte pour « Les Echos »

L’électro-dialyse au service du vinAvant d’intervenir sur site, Gemstab analyse les vins en amont, au sein de son laboratoire, pour détermi-ner la charge précise d’ions, de potassium et de calcium à extraire. « En fonction de la charge à re-tirer, une puissance électri-que est appliquée à la membrane, développée spécifiquement pour le vin avec des partenaires japonais », détaille Eric Lecœuvre. Le vin traité repart par un deuxième tuyau vers une autre cuve. L’intervention s’effectue sur des vins finis, juste avant leur mise en bou-teilles. Le procédé est conçu par Œnodia au Per-tuis (Vaucluse) et fabriqué en Alsace, à côté de Mulhouse. Les unités de 3,5 tonnes traitent 4.500 bouteilles à l’heure.

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Page 21: Les Echos - 20 07 2020

Quelques jours après l’accord conclu par Deutsche Bank avec Google Cloud Services, HSBC vient de choisirAmazon Web Services (AWS) comme partenaire stratégi-que de long terme. Un contrat à la fois de portée mondiale et qui s’étalesur plusieurs années, a indiqué AWS, sans en préciser le montant.

La banque britannique, qui tra-vaille aussi avec Google Cloud Ser-vices et Microsoft Azure, donne ainsi un sérieux coup d’accéléra-teur en termes d’utilisation du cloud public. Elle a vocation à utili-ser la technologie de la filiale d’Amazon sur l’ensemble de ses lignes de métiers, en commençant par les applications en contact direct avec les clients et la moderni-sation des applications existantes dans son activité de finances per-sonnelles et de gestion de fortune.

L’utilisation du cloud public était,jusque-là, souvent cantonnée dans les banques à certains de leurs ser-vices, et souvent pour les nouveaux produits. Mais à l’image de HSBC, elles ont de plus en plus tendance à le généraliser à l’ensemble de leurs activités, sous la pression des nou-veaux acteurs du secteur qui propo-sent des services à la fois faciles d’utilisation et largement person-nalisés.

L’essentiel de leur informatiquereste néanmoins traité par de gros ordinateurs propriétaires (on parle dans le jargon de « mainframes »), qui sont à la fois sûrs et fiables, tout en étant faciles à appréhender pourles régulateurs. Concrètement, l’infrastructure mondiale d’Ama-zon Web Services devrait permet-tre à HSBC de faire tourner ses applications et de les déployer avec davantage d’agilité, de fiabilité et de sûreté, tout en l’aidant à innover à un rythme plus soutenu.

La banque recourra à toute lagamme de services d’AWS, du stoc-kage à l’analyse de données, en pas-sant par le « machine learning » (processus d’intelligence artificielle capable d’apprendre tout seul) et la sécurité. De quoi l’aider à booster sa transformation digitale, mais aussi l’automatisation de ses process et la

personnalisation de son offre. HSBCcompte plus de 90.000 serveurs dans le monde, servant plus de 39 millions de clients grâce à des data centers dans 21 pays. La banqueavait indiqué en 2019 vouloir investir17 milliards de dollars en technolo-gie sur les trois prochaines années.

« L’église au milieu du village »Hasard du calendrier, ces annoncesinterviennent au lendemain d’une décision très remarquée de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) qui a fait tomber le principalcadre régissant les flux de données personnelles entre l’Europe et les Etats-Unis, tous secteurs d’activité confondus. Etant une banque sino-britannique, et en raison du Brexit, HSBC n’est naturellement pas concernée.

Mais cette décision – que les ban-ques du Vieux Continent doivent encore décortiquer pour en mesu-rer toute l’étendue – éclaire d’un autre jour les choix en matière de cloud. Certaines optent pour un cloud dit « public » (lorsque l’on louede l’espace sur les serveurs d’un prestataire) ou alors « privé » (lors-que la banque conçoit et utilise son propre système), des solutions inter-médiaires existant (cloud « dédié »). « La décision européenne remet l’église au milieu du village », com-mente un banquier français. Si on suit la logique de la CJUE, « on remet le circuit court en informatique, on relocalise la gestion et la protection desdonnées ». Dans cette mouvance locale, BNP Paribas avait expliqué l’an dernier travailler en partenariat avec IBM à la construction de son propre serveur dématérialisé. n

Alexandre Counis @alexandrecounis

—Correspondant à Londres Edouard Lederer

@EdouardLederer

L ’ h e u r e e s t a u x g r a n d e s manœuvres pour les grandes ban-ques internationales dans le cloud.

BANQUE

Quelques jours après l’accord entre Deutsche Bank et Google Cloud Services, un autre géant bancaire signe un partenariat à grande échelle dans le domaine du cloud avec AWS, la filiale dédiée d’Amazon.

HSBC s’allie avec un Gafa pour se déployer sur le cloud

ter 60 % des placements financiers (net des retraits) des Français hors titres en 2020, contre près 42 % en 2019. Les autres placements finan-ciers n’offrant pas de rendement très attractif en période de taux bas,les Français sont enclins à laisser l’argent s’accumuler sur leur compte courant.

L’engouement pour les livrets estaussi spectaculaire. Les montants placés sur ces supports vont attein-dre 46 % de l’ensemble des place-ments financiers des ménages en 2020, contre 33 % en 2019. « Malgré sa baisse de rémunération, le Livret A[dont le taux est de 0,5 %, NDLR] concentre une grande partie de reve-nus. Son retour en grâce s’est pour-suivi en mai car les ménages se sont habitués à des taux bas », analyse Eric Buffandeau, directeur adjoint des études et prospective de BPCE. L’assurance-vie a, au contraire, souffert pendant le confinement, au point que la collecte nette (coti-sations-prestations) est tombée dans le rouge en mars, avril et mai.

Un rééquilibrage à prévoirReste à savoir comment évoluera le comportement d’épargne des Français. « Nos prévisions sont marquées par l’incertitude autour d’une seconde vague », précise Eric Buffandeau. BPCE prévoit un rebond technique du PIB de l’ordre de 7 % en 2021 après une récession majeure et inédite de l’économie réelle cette année (avecun PIB en baisse de 10 %). « Les tauxd’intérêt restant bas, les arbitrages seront encore guidés par l’atten-tisme, la recherche de sécurité et de disponibilité au détriment du ris-que », souligne Alain Tourdjman. De quoi soutenir l’intérêt pour les dépôts à vue et les livrets bancai-res. Leur part dans les placementsfinanciers pourrait cependant baisser d’ici à la fin de l’année. En effet, les agences bancaires ayant rouvert leurs portes avec la levée du confinement, l’assurance-vie pourrait reprendre des couleurs dans les prochains mois.

D’autant que des bancassureurssont prêts à réorienter l’épargne accumulée sur les comptes cou-rants et les livrets. « Nous allons proposer aux clients, dans les mois qui viennent, de réinvestir [l’argent placé à court terme, NDLR] sur des produits d’assurance de plus long terme », explique un banquier. — T. T.

l Dopée pendant le confinement, l’épargne des ménages devrait rester durablement au-dessus de son niveau habituel.l L’assurance-vie devrait regagner du terrain aux dépens des dépôts à vue et des livrets, très prisés ces derniers mois.

Epargne : comment le confinementa rebattu les cartes

Solenn Poullennec @SolennMorgan

L’assurance-vie semble de moins en moins attractive pour le Fran-çais « moyen », selon une étude du cabinet de conseil spécialisé Facts & Figures, qui pourrait alimen-ter les débats actuels sur l’avenir de ce marché pesant près de 1.800 mil-liards d’euros. En 2019, 48 % du stock d’assurance-vie (marché de l’épargne individuelle, hors pro-duits de retraite) correspondait à del’épargne « standard », c’est-à-dire des placements réalisés par la classe moyenne voire des épar-gnants encore plus modestes. C’est sensiblement moins qu’en 2012, quand cette épargne « standard »

représentait encore plus de 55 % del’encours, détaille le baromètre 2020 de Facts & Figures.

« C’est une chute qui est assezconsidérable car il y a quand même un effet d’inertie qui est énorme », insiste Cyrille Chartier-Kastler, le fondateur du cabinet, qui range d a n s l a c a t é g o r i e « c l a s s e moyenne », des foyers dont le revenu fiscal est inférieur à 50.000 euros. « L’assurance-vie perd sa dimension populaire », poursuit l’expert du marché.

Ainsi, la majorité du stockd’assurance-vie est désormais le fait de foyers aisés, cibles des pro-fessionnels de la gestion de patri-moine (40 % de l’encours) et de Français très riches, convoités par les banques privées (12 %). Attirés par les avantages fiscaux du pro-duit en matière de succession, les Français les plus aisés sont ceux quiont tiré la collecte vers le haut ces dernières années.

Les assureurs seraient les pre-miers responsables de ce phéno-mène de montée en gamme de l’assurance-vie, selon Facts & Figu-res. Ils ont multiplié les initiatives ces dernières années pour détour-ner les épargnants des « fonds euros ». Très prisés car offrant une garantie en capital, ces contrats d’assurance-vie compliquent l’équation financière des assureurs à l’heure des taux bas.

Peu enclins à prendredes risquesDésormais, les assureurs préfèrent à leur place promouvoir les con-trats dits « en unités de compte » (UC). S’ils peuvent potentiellement apporter plus de rendement que lesfonds en euros, les contrats en UC sont dépourvus de garantie en capi-tal. Ils sont donc moins attractifs pour les épargnants Français « moyens », traditionnellement peu enclins à prendre des risques.

« A trop resserrer le robinet des fondsen euros, les assureurs ne sont plus en capacité de répondre à l’attente d’une large partie des Français », estime le cabinet. Certes, les UC ontété très prisées ces derniers mois (35 % de la collecte brute en mai). Mais, il s’agit d’un succès en trom-pe-l’œil, car dans le même temps, la collecte d’assurance-vie a plongé sur fond de confinement. Qui plus est, les comptes courants et les livrets d’épargne ont fait le plein.

« Si le secteur ne réinvente pasrapidement de nouvelles offres d’assurance-vie, le mouvement de désamour de l’assurance-vie par l’épargnant Français moyen se pour-suivra », assure Facts & Figures. « Sicela ne devient qu’un levier de défis-calisation successorale, à un moment le gouvernement va dire l’assurance-vie c’est le truc des richeset des très riches, donc maintenant jerévise la fiscalité », met en garde Cyrille Chartier-Kastler. n

L’assurance-vie est de moins en moins adaptée aux attentes de la classe moyenneLe produit d’épargne perd progressivement sa « dimension populaire », selon une étude du cabinet Facts & Figures.

En dépit du « déconfinement », l’épargne des Français devrait res-ter au sommet. Après s’être hissé jusqu’à 40 % au cœur de la crise sanitaire en avril, le taux d’épargne des particuliers devrait s’établir à 22,2 % à fin 2020, selon des prévi-sions présentées mercredi par les économistes de la banque BPCE.

En 2021, ce taux, qui correspondau solde du revenu non consommé,devrait redescendre à 17,4 %. Mais « 17,4 % reste un taux d’épargne jamais vu depuis les années 1990, voire depuis le début des années 1980 », insiste Alain Tourdjman, directeur des études et prospective du groupe des enseignes Caisse d’Epargne et Banque Populaire.

De l’épargne forcée à l’épargne de précautionAutrement dit, la crise sanitaire et économique a complètement rebattu les cartes. Dans un premier temps, les Français ont fait moins de dépenses pendant le confine-ment : la consommation a chuté de 30 % en avril. En parallèle, chômagepartiel aidant, le revenu disponible brut des ménages a reculé de seule-ment 2,7 % selon l’Insee. Résultat : entre janvier et mai, le total des excédents de placements financiersdes ménages (hors titres, actions…) – des montants placés sur des comptes à vue, des livrets ou inves-tis en assurance-vie – a atteint 68,5 milliards d’euros, en hausse de57 % par rapport à la même périodede l’an dernier.

Théoriquement, l ’épargnedevrait s’éroder au fur et à mesure que la consommation repart. Mais avec la crainte de l’envolée du chô-mage, la perception des ménages sur leur niveau de vie futur s’obs-curcit. L’épargne « forcée » va donc se muer en épargne de précaution, selon BPCE. Ces derniers mois, les dépôts à vue ont eu le vent en poupe.Au point qu’ils devraient représen-

PLACEMENT

+57 %D’EXCÉDENTSEntre janvier et mai, le total des excédents de placements financiers des ménages a atteint 68,5 milliards d’euros.

zHSBCLA FICHE D'IDENTITÉNombre de serveurs :90.000 dans le monde.Nombre de clients :39 millions grâce à des datacenters dans 21 pays.

FINANCE & MARCHESLes Echos Lundi 20 juillet 2020

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Page 22: Les Echos - 20 07 2020

22 // FINANCE & MARCHES Lundi 20 juillet 2020 Les Echos

CRYPTOMONNAIES

Nessim Aït-Kacimi @NessimAitKacimi

Les banques centrales ne sont pas lesennemies des devises 2.0 qui échap-pent à leur contrôle. Leurs erreurs etexcès alimentent aussi leur hausse, selon les intervenants des marchés du bitcoin, qui vaut 9.100 dollars (7.990 euros). « Le tsunami d’argent qui s’est déversé depuis la crise a pro-fité à tout le marché des cryptomon-naies », estime le hedge fund Pan-tera, spécialisé sur les cryptos. Le bitcoin a gagné 28 % sur les six pre-miers mois de 2020 et l’Ether 77 %.

Depuis 2011, le leader des crypto-monnaies ou « cryptos » a plutôt ten-dance à monter en juillet. En août, il recule dans deux cas sur trois, en moyenne de 16,4 %. Les turbulences du bitcoin pourraient reprendre après une accalmie depuis début juin. Sa volatilité annuelle est encorede 84 %, mais parier sur la chute du bitcoin semble actuellement aussi dangereux que miser sur celle de Tesla. Aussi anticonformiste et décomplexé que le groupe disruptif d’Elon Musk, le bitcoin a passé un nouveau cap en traversant la pre-mière phase de la crise du coronavi-rus sans dommages. Le ralentisse-ment du rythme de création de bitcoins en mai n’a pas été le cataly-

l Le bitcoin et les cryptomonnaies ont profité, cette année, du vaste plan de soutien aux marchés des banques centrales pour lutter contre la crise.l Le marché se diversifie au détriment du leader des cryptos.

Les cryptos réussissent le « stress test » du coronavirus

sur les devises 2.0 (demandes de rançons, piratages, pyramides de Ponzi…) qui ont marqué sa jeunesse.Elles redémarrent quand les cours sont bien orientés, et les promesses de gains élevées pour les escrocs. Leréseau bitcoin peut en théorie être piraté et victime d’un coup d’Etat, mais ce serait une entreprise oné-reuse et quasi impossible.

144,5 millions de dollars de demandes de rançonsLes demandes de rançons en bit-coins ont rapporté 144,5 millions dedollars à leurs instigateurs entre 2013 et juillet 2019, selon le FBI, qui aouvert une enquête sur le piratage de Twitter. Apparu à l’été 2018, le logiciel rançonneur Ryuk aurait rapporté 61 millions de dollars, sui-vis par Crysis/Dharma (24,5) et Bit-paymer (8). A eux trois, ils représen-tent près des deux tiers des sommesdérobées par les rançonneurs. Un nombre réduit d’arnaques sophisti-quées collecte l’essentiel des bit-coins et cryptos, qui sont ensuite blanchis pour brouiller les pistes.

L’année dernière, plus de la moi-tié des paiements des rançons en bitcoins venaient d’entités améri-caines, 17 % européennes et 6 % chi-

noises, selon Chainalysis. Jusqu’à safermeture par les autorités en 2017, c’est sur la plateforme russe BTC-e que les escrocs vendaient leurs bit-coins pour récupérer du « cash ». Aujourd’hui, ils répartissent leurs ventes sur une quarantaine de pla-teformes. Les campagnes de ran-çons, qui se sont multipliées, visent à collecter de petits montants d’unemultitude de victimes. Ellessont généralement moins sophisti-quées et complexes que les vols de bitcoins sur les plateformes.

La fréquence des piratages desBourses de cryptos augmente quand le cours du bitcoin progresse,selon un rapport de la Banque des règlements internationaux. Les volssont alors plus rentables. En 2017, lors de l’envolée des cours, les pirata-ges se sont multipliés et ont nette-ment diminué lors de l’effondre-ment des cours l’année suivante. Cescasses numériques n’ont pas d’effet durable sur le cours de la cham-pionne des cryptos, passé la baisse ponctuelle le jour de l’attaque. Plus le vol est important plus les marchésestiment que les ventes de bitcoins pour récupérer les liquidités pèse-ront sur son cours. — N. A.-K.

La hausse attise l’appétit des escrocs

Le piratage jeudi de 130 comptes Twitter de célébrités (Elon Musk, BillGates, Jeff Bezos, Joe Biden, Warren Buffett…) ou de membres de la com-munauté crypto pour dérober des bitcoins a permis de récolter à peine 120.000 dollars. Pour lutter contre le coronavirus, ces comptes invitaient leurs abonnés à leur envoyer des bit-coins. Ils s’engageaient à leur en reverser le double pour les remercierde leur générosité. L’impact sur le cours (–0,3 %, à 9.100,00 dollars) et lavolatilité du bitcoin furent limités, l’entreprise de manipulation étant jugée trop grossière. L’effet fut plus néfaste sur le cours de Twitter qui perdit jusqu’à 5 % avant de clôturer en baisse de 1,1 %. Les pirates qui auraient vendu à découvert des titresou acheté des options de vente avantleur attaque auraient gagné bien plus d’argent en spéculant à la baisseque grâce à leurs rançons.

Plus mature, le secteur des cryp-tos est moins victime des arnaques

Le piratage de Twitter a surtout porté atteinte à l’image du groupe américain plus qu’au bitcoin, peu affecté par cet incident.

rentables pour BlackRock, avecune collecte de 62 milliards. De quoi compenser les plus de 18 milliards de sorties du pre-mier trimestre, ses premières en cinq ans. Les investisseurs privilégient largement l’obliga-taire, alors que les actions accu-sent encore une décollecte de 4 milliards sur les derniers mois. Le gérant d’actifs a égale-ment bénéficié de son activité de conseil auprès des pouvoirs publics. Parmi sa collecte du tri-mestre, près de 4 milliards de fonds indiciels cotés (ETF) obli-gataires, acquis pour le compte de la Réserve fédérale.

Tous les voyants ne sont pasencore au vert. La décollecte a atteint 5 milliards de dollars surle segment des institutionnels. L’an dernier à la même époque, le gérant avait collecté plus de 80 milliards auprès de ces investisseurs. Pas de quoi menacer sa rentabilité. Le chif-fre d’affaires de BlackRock sur le trimestre a dépassé les attentes des analystes , à 3,65 milliards.

De même pour son bénéficepar action qui est ressorti à 7,85 dollars, bien supérieur au consensus de 6,97 dollars com-pilé par Bloomberg. Une per-formance bien accueillie par lesmarchés. BlackRock gagnait 3,7 % à l’ouverture des marchésaméricains. Depuis le début de l’année, le gérant d’actifs a progressé de plus de 17 % en Bourse, alors que le S&P 500 est quasiment stable sur la période. n

Bastien Bouchaud @BastienBouchaud

La crise du coronavirus s’efface déjà pour BlackRock. Le pre-mier gérant d’actifs mondial a collecté plus de 100 milliards dedollars au deuxième trimestre. Avec le rebond des marchés ces derniers mois, ses encours dépassaient les 7.300 milliards de dollars à la fin juin, à quel-ques encablures de leur niveau record atteint en fin d’année dernière. Le retour des particu-liers sur les marchés a particu-lièrement bénéficié au gérant américain : il a collecté plus de 16 milliards auprès de cette clientèle, la moitié hors des Etats-Unis. Soit huit fois plus que l’an dernier à la même épo-que, alors même que la société de gestion enregistrait une col-lecte totale plus importante.

Activité de conseil pour les pouvoirs publicsLes investisseurs sont revenus sur les produits d’investisse-ment de long terme, les plus

GESTION D’ACTIFS

Le premier gérant mondial a collecté plus de 100 mil-liards de dollars au deuxième trimestre, aidé par le retour de l’appétit pour le risque.

BlackRock profite du retour des particuliers sur la Bourse

seur d’une remontée durable de son cours au-delà des 10.000 dollars. Il a brièvement franchi ce niveau en juinet en février. Il atteint son plus haut annuel le 12 février à 10.400 dollars etson plus bas le 16 mars, peu après le krach des cryptos le 12 mars. Le bitcoin avait été alors emporté par le plongeon des marchés financiers internationaux avant que les ban-ques centrales interviennent massi-vement. « La corrélation du bitcoin etde l’indice CAC 40 s’est renforcée pen-dant la crise du Covid-19. Elle s’élevait à 65 % depuis 2015 mais s’est accen-tuée pour atteindre 96 % entre le 17 février et le 18 mars 2020 », cons-tate l’Autorité des marchés finan-ciers dans son rapport sur « La car-tographie 2020 des marchés et des risques ». Les cryptos ont depuis repris leurs distances avec les mar-chés financiers traditionnels. Ils ont retrouvé une partie de leur indépen-dance. Cette caractéristique inté-resse les investisseurs et attire de nouveaux capitaux. 70 % des Améri-cains avaient entendu parler du bit-coin en 2019 selon l’étude annuelle de la Réserve fédérale. Ils n’étaient

que 8 % à connaître l’Ether. Et 1 % déclarait détenir des bitcoins, soit le double par rapport à 2017 lors de l’envolée spéculative des cryptos.

340.000 traders« 5 millions de personnes consultent chaque semaine les plateformes d’échange de cryptos mais seulement 340.000 traders sont véritablement actifs sur le bitcoin » selon la société Chainalysis. Ce sont essentiellementdes individus qui spéculent sur des montants inférieurs à 10.000 dol-lars. Ce sont toutefois les interve-nants professionnels (hedge funds, traders haute fréquence…) qui ont leplus d’impact au jour le jour sur les cours. Leur influence va grandir avec l’arrivée de nouveaux hedge funds comme Tudor, de Paul Tudor Jones, et Renaissance. « Le marché est encore dominé en nombre par les particuliers mais l’institutionnali-sation du marché (hedge funds…) pro-gresse et le basculement devrait se pro-duire dans les deux à trois ans », déclare à Barrons Mike Novogratz, ledirecteur général de Galaxy Digital. Il estime qu’un franchissement net

des 10.000 dollars par le bitcoin lui ouvrirait rapidement les portes des 14.000 dollars.

Les hedge funds spécialisés surles cryptos ont perdu entre 2 % et 7 %en juin. Au premier semestre, leur performance est comprise entre 14 % et 23 % selon « HFR » et « Eure-kahedge ». « Nous sommes actuelle-ment dans un marché haussier qui devrait durer au moins jusqu’à la fin du premier semestre de 2021. Les autres cryptomonnaies devraient enregistrer des performances supé-rieures au bitcoin, ce qui a déjà com-mencé cette année. La part de marchédes 20 plus grandes cryptos autres quele bitcoin va augmenter », estime le hedge fund Pantera dans sa lettre à ses clients. Le bitcoin résiste mieux que les autres cryptos lors des chu-tes du marché, mais progresse géné-ralement moins lors des phases de hausse. En 2017, lors de la grande envolée spéculative, le poids du bitcoin chuta jusqu’à 38 % du total du marché. Cette part, qui est aujourd’hui de 62 %, pourrait encore chuter au bénéfice des petites et moyennes cryptos. n

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Page 23: Les Echos - 20 07 2020

Les Echos Lundi 20 juillet 2020 FINANCE & MARCHES // 23

du géant allemand, qui s’estdonné comme date butoir 2038pour y parvenir.

Dans cette lettre, Amundi préciseque cette stratégie n’est pas en accord avec les principes de sa mai-son mère, Crédit Agricole SA. Quand la cohérence de groupe devient un moyen de pression. n

Gabriel Nedelec @GabrielNedelec

Le risque climatique est global. Mais la réponse qu’y apportent les différentes filiales des grands groupes financiers français ne l’est pas. Ces disparités s’illustrent à différents niveaux, que ce soit dans les politiques sectorielles adoptées par ces différentes filiales ou dans l’utilisation de leur droit de vote lors d’assemblées générales.

L’affaire de la résolution climati-que visant Total – la première du genre en France – en est une bonne illustration. En effet, quelques semaines après qu’un groupe d’investisseurs a déposé cette réso-lution ayant pour but de pousser le pétrolier français à s’aligner sur l’Accord de Paris, Total a mis au jourses engagements climatiques. Cette nouvelle stratégie, publiée avec le soutien de l’un des gros actionnairesde Total, la branche asset manage-ment de BNP Paribas (BNPP AM), devait notamment servir à répon-dre à la résolution externe.

Mais alors que BNPP AM auraitlogiquement dû voter contre la résolution des investisseurs, le ges-tionnaire d’actif s’est finalement abstenu, suggérant de fait que la stratégie de Total pourrait aller plusloin face au défi climatique. « Nous voulions féliciter Total pour son engagement, après plusieurs années

INVESTISSEMENT

Les grands groupes financiers se montrent parfois contradictoires en matière de finance verte : en cause, la diversité des métiers exercés, chaque filiale suivant ses propres contraintes.

Une résolution mise au vote lors de l’AG de Total a récemment révélé ces disparités.

La finance peine à appliquer des politiques de groupe cohérentes sur le climat

tre fin à des prêts et de risquer de perdre un client. Pour leur part, les groupes financiers expliquent ces divergences par la présence d’une « muraille de Chine » entre leurs différentes filiales.

Allianz à la pointeOutre BNP Paribas, d’autres grou-pes sont exposés aux mêmes tiraillements. C’est notamment le cas du réassureur SCOR. Ainsi, sa branche investisseurs a annoncé, au mois de mai dernier, un renfor-cement crédible de sa politique de désinvestissement du secteur du charbon, en ligne avec la science. De son côté, l’activité réassurance n’affiche pas de politique d’exclu-sion aussi sévère dans ce domaine.Une différence notoire avec son concurrent Swiss Re qui, pour sa part, a décidé d’appliquer une politique d’exclusion alignée entreses activités d’investissement et

son activité de réassurance. A l’inverse, certains groupes sont parvenus à atteindre une forme d’harmonie en la matière. Un exe m p l e e m b l é m a t i q u e e s t Allianz, dont la branche assuranceet la branche investisseurs avan-cent sur une même longueur d’onde à l’égard du charbon.

Autre exemple frappant, pourmettre la pression sur RWE à lav e i l l e d e s o n A G , f i n j u i n ,Amundi, le géant français de lagestion d’actifs, a envoyé une let-tre à la direction pour lui signifierson mécontentement (« LesEchos » du 26 juin dernier) quantà la stratégie de sortie du charbon

Le géant français de la gestion d’actifs Amundi a signifié son mécontentement au géant allemand RWE sur sa stratégie de sortie définitive du charbon, en 2038. Photo Ina Fassbender/AFP

SÉRIE D’ÉTÉLES PEOPLESE REBIFFENT

RETROUVEZ CHAQUE JOURLE FEUILLETON DE L’ÉTÉUNE INTRIGUE POLITIQUE EN 15 ÉPISODES

SÉRIE D’ÉTÉ LES PEOPLE SE REBIFFENT

RETROUVEZ CHAQUE JOURLE FEUILLETON DE L’ÉTÉUNE INTRIGUE POLITIQUE EN 15 ÉPISODES

Laurence Boisseau @boisseaul

Au Chili, dans la région d’Antofa-gasta, les cas de coronaviruss’envolent. Les hôpitaux de cettegrande région minière frôlent lasaturation. En cause : les minesqui font travailler une grandepartie de la population n’ont visi-blement pas mis en place lesmesures de sécurité sanitaire suf-fisantes. « Elles ont provoqué lacontagion de 1.500 employés aumoins. Nous comprenons quel’activité minière soit extrême-ment importante pour le pays etpour cette région, mais pour proté-ger le secteur il faut protéger aussiles personnes qui y travaillent ! » arevendiqué Hugo Benitez, prési-dent de l’Ordre des médecins dela région.

MATIÈRES PREMIÈRES

Les mineurs de Zaldívar ont menacé de se mettre en grève.

Les inquiétudes sur l’approvisionnement en cuivre font grimper le prix du métal jaune et la demande chinoise est forte.

de discussions positives », explique Helena Vines Fiestas, responsable de l’engagement actionnarial chez BNPP AM. Toutefois, « nous parta-geons l’esprit de la résolution externeet son objectif. C’est pourquoi nous nous sommes abstenus et c’est conforme à la façon dont nous avonsvoté dans le passé sur des résolutionsclimatiques similaires. »

Une position difficilement tenableCet entre-deux est en outre renforcépar le fait que, selon nos informa-tions, la branche assurance de BNP Paribas, Cardif, a – à l’inverse – voté en faveur de la résolution externe. Olivier Hereil, directeur général adjoint de Cardif, confirme : « Nous avons souhaité accompagner la pro-position des actionnaires sur le “scope 3” [mesure du CO2 émis par les clients d’une entreprise, NLDR] . » C ’est précisément l’absence de ce « scope 3 » à l’échellemondiale (il est prévu à l’échelle européenne à horizon 2050) dans lastratégie climatique de Total qui a poussé les actionnaires à maintenirleur résolution.

Plus largement, la disparité devote entre filiales s’explique par des différences de modèle économique.Une banque ne tire évidemment pas ses revenus des mêmes méca-nismes qu’un gestionnaire d’actifs ou qu’un assureur, ce qui explique des divergences d’appréciation. Mais il existe aussi des différences techniques : s’il souhaite « verdir » ses investissements, il est a priori bien plus facile pour un «asset manager» de céder un portefeuille d’actions, plus liquide par défini-tion, que pour une banque de met-

Il est plus facile pour un gestionnaire d’actifs de céder un portefeuille d’actions, plus liquide par définition, que pour une banque de mettre fin à des prêts.

de la crise de Covid-19. Jeudi der-nier, le PIB du géant asiatique a progressé de 3,2 % au deuxième trimestre par rapport à la même période de l’an dernier, signe du redémarrage progressif de l’éco-nomie chinoise après un effon-drement historique de 6,8 % au premier trimestre.

Le rôle des spéculateursLe cuivre se paie désormais à prixd’or. A 6.422 dollars la tonne, surle London Metal Exchange (LME)son cours a bondi de près de 40 %depuis un point bas, en mars der-nier. Il a renoué avec ses niveauxd’avril 2019. Les investisseursfinanciers spéculatifs, qui jouentaussi un rôle dans la forte haussedes prix de ces dernières semai-nes, ont augmenté leurs posi-tions longues nettes à leur plushaut niveau depuis deux ans,selon les statistiques de la CFTC(Commodity Futures TradingCommission). n

Pour obtenir de meilleuresconditions de travail, les mineursdu gisement de Zaldívar sontentrés en médiation avec la com-pagnie qui les emploie, Antofa-gasta, détenue par la familleLuksic, et avec le gouvernement.« Si la compagnie ne reconnaît pasnotre contribution et nos sacrifi-ces, elle sera confrontée à une grèvede grande envergure qui arrêteracomplètement la production », adéclaré le syndicat. Les ouvriersont rejeté une nouvelle offre decontrat collectif, qui, selon eux,n’améliore ni leurs salaires nileur sécurité, mais supprimecertains avantages actuels. Lamédiation avec le gouvernementdevrait se dérouler jusqu’au22 juillet.

2 % de la production totale de cuivre du paysSi la mine de Zaldívar, qui repré-sente environ 2 % de la production totale de cuivre du Chili, cessait sonactivité, d’autres mines de cuivre de Codelco pourraient elles aussi s’arrêter, par contagion. Cela aurait des conséquences évidentes sur l’approvisionnement mondial de cuivre. Le Chili est le premier pro-ducteur de ce métal rouge, devant le Pérou.

En même temps, la demandevenant de Chine, qui consomme la moitié du cuivre mondial, s’avère forte. Le pays semble être bien sorti

Au Chili, la pandémie provoque un rebond du cours du cuivre

6.422DOLLARS LA TONNEsur le London Metal Exchange : le cours du cuivre a bondi de près de 40 % depuis un point bas, en mars dernier, renouant avec ses niveaux d’avril 2019.

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Page 24: Les Echos - 20 07 2020

24 // FINANCE & MARCHES Lundi 20 juillet 2020 Les Echos

CAC 40

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

ACCOR (AC) R A 24,61 24,2 - 1,83 - 42,041012476 24,61 - 5,98 42,24

FR0000120404 10/05/19 1,05 270.932.350 23,84 - 38,67 20,15AIR LIQUIDE (AI) R A 138,8 138,8 + 0,04 + 9,98

1180301 140,1 + 8,95 140,7FR0000120073 11/05/20 2,7 473.452.688 138,25 + 24,64 94,86 1,95AIRBUS GROUP (AIR) R A 66,9 65,9 - 1,64 - 49,49 3,4

2228828 67,08 - 5,52 139,4 19,41NL0000235190 15/04/19 1,4 784.064.748 65,19 - 50,06 48,12 2,5ARCELORMITTAL (MT) R A 10,284 10,176 - 1,74 - 34,94

5410219 10,354 + 2,14 16,85LU1598757687 16/05/19 0,15 1.102.809.772 10,03 - 32,58 5,98ATOS SE (ATO) R A 75,26 76,78 + 2,1 + 3,31

373589 76,78 + 3,12 82,46FR0000051732 03/05/19 1,7 107.157.905 75,02 - 0,72 43,26AXA (CS) R A 18,712 18,37 - 1,83 - 26,84

5664172 18,75 - 2,82 25,615FR0000120628 07/07/20 0,73 2.417.698.920 18,314 - 22,8 11,844 3,97BNP PARIBAS (BNP) R A 38,455 37,975 - 1,52 - 28,12

5571889 38,55 + 5,62 54,22FR0000131104 29/05/19 3,02 1.249.798.561 37,41 - 10,69 24,505BOUYGUES (EN) R A 33,18 32,45 - 1,76 - 14,33

860745 33,18 +14,06 41,32FR0000120503 30/04/19 1,7 379.942.244 32,22 - 1,19 22,27CAP-GEMINI (CAP) R A 105,9 106,9 + 1,14 - 1,84

417118 106,9 + 6,37 120,9FR0000125338 03/06/20 1,35 169.449.699 105,15 - 5,69 51,78 1,26CARREFOUR (CA) R A 14,015 13,81 - 1,46 - 7,63

1887099 14,025 - 3,26 16,915FR0000120172 08/06/20 0,23 817.623.840 13,805 - 22,33 12,095 1,67CREDIT AGRICOLE (ACA) R A 9,208 9,114 - 1,11 - 29,49

6227102 9,24 + 9,86 13,8FR0000045072 24/05/19 0,69 2.884.688.712 9,032 - 16,88 5,7DANONE (BN) R A 60,36 60,1 - 0,23 - 18,67

1638571 60,72 - 5,12 75,16FR0000120644 14/07/20 2,1 686.120.806 60,1 - 20,4 50,26 3,49DASSAULT SYSTEMES (DSY) R A 154,4 154,8 + 0,91 + 5,63

267434 155,25 + 2,21 164,15FR0000130650 28/05/20 0,7 264.692.100 153,4 + 12,09 105 0,45ENGIE (ENGI) R A 11,28 11,145 - 1,15 - 22,6 1,21

5905088 11,335 - 0,93 16,795 9,24FR0010208488 21/05/19 0,8 2.435.285.011 11,07 - 19,24 8,626ESSILORLUXOTTICA (EI) R A 118,8 118,05 - 0,3 - 13,07

437586 118,8 + 1,81 145FR0000121667 21/05/19 2,04 437.564.431 117,5 + 1,29 86,76HERMES INTL (RMS) R A 753,4 750,8 + 0,51 + 12,7

67939 756,6 - 0,48 788,2FR0000052292 28/04/20 3,05 105.569.412 745,6 + 16,4 516 0,41KERING (KER) R A 517,5 515,4 - 0,31 - 11,93

168915 517,9 + 1,66 614,9FR0000121485 23/06/20 4,5 126.279.322 511,8 - 1,75 348,55 0,87L.V.M.H. (MC) R A 409,8 410,25 + 0,52 - 0,95

552764 413,95 + 8,2 439,05FR0000121014 07/07/20 2,6 505.027.339 408,25 + 7,2 278,7 0,63LEGRAND (LR) R A 70,86 70,02 - 0,99 - 3,61

524128 71,1 + 8,39 77,94FR0010307819 01/06/20 1,34 267.447.746 69,84 + 9,37 45,91 1,91L'ORÉAL (OR) R A 287,4 290,3 + 1,12 + 9,96

543783 290,7 + 5,1 297,2FR0000120321 03/07/20 3,85 559.298.180 286,8 + 15,38 196 1,33

MICHELIN (ML) R A 93,78 94 + 0,95 - 13,84498665 94,62 + 2,66 112,8

FR0000121261 01/07/20 2 178.635.075 92,78 - 11,03 68 2,13ORANGE (ORA) R A 10,975 11,005 + 0,18 - 16,12

5560859 11,01 + 3,67 13,545FR0000133308 02/06/20 0,2 2.660.056.599 10,86 - 17,29 8,84 1,82PERNOD-RICARD (RI) R A 140,3 139,15 - 0,82 - 12,7

482452 141,25 - 3,44 171,1FR0000120693 08/07/20 1,18 265.421.592 138,75 - 11,4 112,25 0,85PEUGEOT (UG) R A 14,63 14,67 + 1 - 31,13

2827538 14,85 + 7,51 22,01FR0000121501 02/05/19 0,78 904.828.213 14,535 - 33,59 8,878PUBLICIS GROUPE (PUB) R A 28,11 27,51 - 2,17 - 31,84

730687 28,21 - 7,22 43,7FR0000130577 25/06/19 2,12 240.712.988 27,38 - 42,28 20,94 7,71RENAULT (RNO) R A 24,1 23,865 - 0,27 - 43,42

1530034 24,14 + 8,72 43,365FR0000131906 18/06/19 3,55 295.722.284 23,66 - 54,26 12,77SAFRAN (SAF) R A 93,82 93,12 - 0,96 - 32,35

881139 94,68 - 4,49 152,3FR0000073272 27/05/19 1,82 427.235.939 92,2 - 28,12 51,1SAINT-GOBAIN (SGO) R A 32,96 32,57 - 1,06 - 10,77

1367874 33 + 2,71 37,255FR0000125007 10/06/19 1,33 544.683.717 32,23 - 5,24 16,408SANOFI (SAN) R A 92,96 93,22 + 0,32 + 4,02

2127370 93,44 - 0,52 95,06FR0000120578 04/05/20 3,15 1.256.192.074 92,42 + 25,55 67,65 3,38SCHNEIDER ELECTRIC (SU) R A 100,75 100,95 + 0,3 + 10,33

1310681 101,55 + 5,55 105,5FR0000121972 05/05/20 2,55 567.068.555 99,8 + 30,8 61,72 2,53SOCIÉTÉ GÉNÉRALE (GLE) R A 15,85 15,704 - 1,58 - 49,37

5449601 15,9 + 6,86 32,23FR0000130809 27/05/19 2,2 853.371.494 15,47 - 31,2 11,346STMICROELETRONICS (STM) R A 25,79 26,18 + 2,39 + 9,22 0,23

4135088 26,57 + 9,08 29,44 115,20NL0000226223 22/06/20 0,04 911.204.420 25,75 + 64,55 13,73 0,16TELEPERFORMANCE (RCF) R A 236,8 231,6 - 0,52 + 6,53

121489 236,8 + 6,24 246,8FR0000051807 02/07/20 2,4 58.730.600 230,4 + 29,03 150,3 1,04THALES (HO) R A 70,12 69,2 - 1,9 - 25,21

341212 70,56 - 6,05 99,96FR0000121329 03/12/19 0,6 213.340.377 68,76 - 33,27 52,5TOTAL (FP) R A 34,05 33,825 - 1,74 - 31,25

6720837 34,345 - 5,9 50,93FR0000120271 29/06/20 0,68 2.653.124.025 33,565 - 30,39 21,12 2,01UNIBAIL-R/WFD (URW) R A 51 50,6 - 0,78 - 64,02

1024107 51,24 -12,76 142,05FR0013326246 24/03/20 5,4 138.472.385 49,83 - 60,3 40,64VEOLIA ENV. (VIE) R A 19,61 19,35 - 1,15 - 18,39

1808079 19,615 - 7,42 29,09FR0000124141 12/05/20 0,5 567.266.539 19,33 - 14,72 16,015 2,58VINCI (DG) R A 83,88 82,46 - 1,27 - 16,71

1741638 83,88 - 4,03 107,35FR0000125486 23/06/20 1,25 606.212.714 81,84 - 11,83 54,76 1,52VIVENDI (VIV) R A 23,68 23,69 + 0,17 - 8,25

2374064 23,72 + 2,55 26,42FR0000127771 21/04/20 0,6 1.185.525.292 23,54 - 5,05 16,6 2,53WORLDLINE (WLN) G A 74,76 74 - 0,72 + 17,18

567117 75,1 + 2,69 80,48FR0011981968 182.960.921 73,26 + 14,11 36,36

A.S.T. GROUPE (ASP) g C 2,71 2,71 + 0,37 - 24,511808 2,78 - 2,17 4,05

FR0000076887 19/06/19 0,25 12.903.011 2,7 - 38,69 1,82AB SCIENCE (AB) g B 8,6 8,67 + 0,58 + 61,15

42680 8,7 - 5,66 11FR0010557264 41.597.243 8,6 + 95,27 4,81ABC ARBITRAGE (ABCA) g B 7,1 7,15 + 0,14 + 6,72

50490 7,19 + 3,62 7,19FR0004040608 07/07/20 0,03 58.512.053 7,1 + 11,72 5,05 0,42ABIVAX (ABVX) g B 23,35 23,1 - 2,74 + 2,44

13102 23,4 + 9,22 25FR0012333284 12.225.669 23 +153,57 10,4ACTIA GROUP (ATI) g C 2,215 2,19 - 1,13 - 49,19

736 2,215 -13,78 4,625FR0000076655 12/06/19 0,1 20.099.941 2,19 - 50,11 1,8 4,57ADOCIA (ADOC) g B 8,15 8,09 - 0,74 - 18,28

4304 8,21 - 7,12 16,18FR0011184241 6.976.454 8,05 - 58,04 5,6AÉROPORTS DE PARIS (ADP) G A 91,75 91,5 - 0,54 - 48,04

130118 92,95 - 8,5 179,2FR0010340141 06/12/19 0,7 98.960.602 90,5 - 43,8 70,7AIR FRANCE-KLM (AF) LR A 4,233 4,133 - 3,19 - 58,35

2372633 4,233 -11,59 10,27FR0000031122 14/07/08 0,58 428.634.035 4,095 - 53,33 3,504AKKA TECHNOLOGIES (AKA) Gg B 25 24,85 + 0,4 - 58,27

23614 25,05 -19,32 62,273FR0004180537 28/06/19 0,49 20.291.990 24,45 - 60,67 16,945 2,82AKWEL (AKW) g B 13,96 13,46 - 3,58 - 33,37

21413 13,96 - 5,21 20,8FR0000053027 08/06/20 0,2 26.741.040 13,3 - 17,02 8,8 1,45ALBIOMA (ABIO) Gg B 39,25 38,45 - 2,54 + 47,88

74447 39,25 +10,81 41,1FR0000060402 11/06/20 0,35 31.601.983 37,85 + 57,26 22,85 0,91ALD (ALD) G A 8,75 8,85 + 0,91 - 36,05

92880 8,85 - 0,23 14,2FR0013258662 29/05/20 0,63 404.103.640 8,69 - 33,46 6,29 7,12ALPES (CIE DES ) (CDA) g B 17,34 16,96 - 1,97 - 43,18

11953 17,36 -15,62 30,95FR0000053324 10/03/20 0,7 24.510.101 16,76 - 30,92 13,2 4,13ALSTOM (ALO) LR A 49 49,27 - 0,47 + 16,67

1206511 49,88 +14,66 50,64FR0010220475 15/07/19 5,5 226.859.500 48,75 + 30,34 29,73ALTAREA (ALTA) A 120 118,2 - 1,5 - 41,63

2416 120,2 -15,93 210FR0000033219 06/07/20 4,5 16.700.762 117,8 - 34,26 103,2ALTEN (ATE) G A 68,15 67,35 - 1,1 - 40,13

58695 68,35 -12,3 119FR0000071946 20/06/19 1 34.178.944 67,1 - 39,16 54,5AMUNDI (AMUN) G A 71,8 71,3 - 0,83 + 2EX-DS 15/03/17 123637 71,9 + 5,4 78,55FR0004125920 24/05/19 2,9 202.163.305 71,05 + 15,75 43,82ARCHOS (JXR) g C 0,04 0,04 - 0,75 - 62,99

644169 0,04 -12,39 0,115FR0000182479 145.183.473 0,039 - 81,41 0,031ARGAN (ARG) A 83,2 82 - 1,21 + 5,67

1388 83,6 + 2,76 93FR0010481960 26/03/20 1,9 22.309.227 81,2 + 28,53 54ARKEMA (AKE) LR A 91,16 89,4 - 2,06 - 5,6

177033 91,24 + 8,94 95,66FR0010313833 25/05/20 2,2 76.736.476 88,9 + 8,52 42,5 2,46ARTMARKET.COM (PRC) g C 7,86 8,06 + 0,75 - 15,25

21691 8,06 - 0,25 10,1FR0000074783 6.651.515 7,72 - 33,72 5,01ASSYSTEM (ASY) B 22,35 22,3 - 0,45 - 30,96OPA 24/11/17 3019 22,7 - 3,88 34,65FR0000074148 08/07/20 1 15.668.216 22,1 - 41,62 16,58 4,48ATARI (ATA) g C 0,263 0,266 + 2,31 - 19,29

511640 0,271 - 6,17 0,36FR0010478248 267.782.050 0,26 - 30 0,17AUBAY (AUB) g C 28,4 28,8 + 1,41 - 13,9

2008 28,8 + 0,7 34,2FR0000063737 15/05/20 0,27 13.208.296 28,25 - 8,28 15,32 0,94AVENIR TELECOM (AVT) g C 0,012 0,012 - 2,46

7344216 0,012 -43,87 0,029FR0000066052 21/10/11 0,05 768.797.338 0,011 - 74,84 0,005AXWAY SOFTWARE (AXW) g B 19,3 19,5 + 57,26

3216 19,6 +13,04 20,3FR0011040500 02/07/19 0,4 21.308.766 19 + 48,29 10,55BAINS MER MONACO (BAIN) B 55,2 55,2 - 3,83

4203 56,6 + 5,75 67,6MC0000031187 26/09/14 0,01 24.516.661 55,2 - 1,43 44BÉNÉTEAU (BEN) g B 5,58 5,55 - 0,89 - 48,75

63784 5,7 -18,26 10,9FR0000035164 12/02/20 0,23 82.789.840 5,515 - 43,37 4,9 4,14BIC (BB) G A 49,3 49,18 - 20,68

68526 49,64 + 9,43 66,05FR0000120966 01/06/20 2,45 45.532.240 48,64 - 29,24 41,86 4,98BIGBEN INT. (BIG) g C 12,4 12,18 - 1,46 - 24,06

36401 12,48 + 1 17,1FR0000074072 24/07/19 0,2 19.718.503 12,04 + 6,84 8,1BIOMÉRIEUX (BIM) G A 131,6 132,5 + 0,68 + 66,98

107256 132,5 +12,48 138FR0013280286 14/07/20 0,19 118.361.220 129,4 + 82,76 75 0,14BOIRON (BOI) g A 38 33,85 - 14,41 - 7,01

105964 38 + 1,65 41,65FR0000061129 02/06/20 1,05 17.545.408 33,4 - 16,83 26,75 3,1BOLLORÉ (BOL) G A 2,942 2,924 - 0,88 - 24,83

558183 2,942 + 0,76 3,996FR0000039299 04/06/20 0,04 2.946.208.874 2,89 - 27,3 2,01 1,37BONDUELLE (BON) g B 21,35 21 - 1,18 - 9,87

5998 21,35 - 4,76 23,9FR0000063935 06/01/20 0,5 32.538.340 20,75 - 22,79 16,58 2,38BUREAU VERITAS (BVI) LR A 20,4 20,41 + 0,79 - 12,25

647860 20,54 + 4,35 26,01FR0006174348 20/05/19 0,56 452.204.032 20,23 - 7,31 15,165BURELLE SA (BUR) A 530 530 - 35,21

1 530 - 6,69 842FR0000061137 03/06/20 15 1.757.623 530 - 33,08 407 2,83CARMILA (CARM) g C 10,62 10,5 - 1,13 - 47,5

42054 10,72 -18,35 20FR0010828137 03/07/20 1 136.821.149 10,42 - 31,82 8,69CASINO (CO) G A 29 28,41 - 0,87 - 31,87

332834 29 -20,53 42,85FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 28,23 - 12,04 27,92 5,49

CATANA GROUP (CATG) g C 2,31 2,24 - 0,67 - 48,27149438 2,31 -11,11 4,49

FR0010193052 30.514.178 2,22 - 21,13 1,7CGG (CGG) G A 0,95 0,937 - 2,19 - 67,62

4825817 0,962 -13,68 3,121FR0013181864 711.323.559 0,937 - 47,41 0,76CHARGEURS (CRI) g C 14,5 14,66 + 1,1 - 15,16

235947 14,96 + 2,81 24,1FR0000130692 04/05/20 0,2 24.003.377 14,42 - 10,94 7,9 1,36CHRISTIAN DIOR (CDI) A 386,2 389,4 - 14,75EX D OP 08/06/17 9734 390,8 + 3,67 479,8FR0000130403 07/07/20 2,6 180.507.516 386,2 - 20,89 252,4 0,67CNP ASSURANCES (CNP) G A 11,11 11,05 - 0,99 - 37,68

560489 11,22 + 3,27 18,17FR0000120222 26/04/19 0,89 686.618.477 10,94 - 45,13 5,3COFACE (COFA) G A 6,31 6,39 + 1,27 - 41,75

265332 6,39 - 0,31 12,51FR0010667147 22/05/19 0,79 152.031.949 6,25 - 36,23 4,448COLAS (RE) A 114 114 + 0,44 - 19,03

41 114 - 1,3 143FR0000121634 29/04/19 5,55 32.654.499 114 - 17,51 90COVIVIO (COV) G A 64,75 63,9 - 0,85 - 36,86

147143 64,8 - 4,7 112,2FR0000064578 27/04/20 4,8 94.488.052 63,4 - 32,27 38,84COVIVIO HOTELS (COVH) A 16,3 16,15 - 2,71 - 43,33

7780 16,7 -12,23 30FR0000060303 13/05/20 1,55 132.547.616 16,1 - 38,36 16DASSAULT AV. (AM) G A 828,5 815,5 - 2,1 - 30,3

3939 832 - 6,37 1192FR0000121725 22/05/19 21,2 8.348.703 809 - 33,54 624DBV TECHNOLOGIES (DBV) G B 7,915 7,88 - 0,88 - 59,86

162485 7,95 -20,8 25,44FR0010417345 54.927.187 7,725 - 55,1 3,5DERICHEBOURG (DBG) g B 2,48 2,466 + 0,41 - 32,44

114951 2,486 - 6,73 3,784FR0000053381 07/02/20 0,11 159.397.489 2,424 - 27,04 2,07 4,46DEVOTEAM (DVT) g C 97,5 97,5 + 0,1 + 3,17

68992 97,7 +22,64 99,1FR0000073793 03/07/19 1 8.332.407 97,4 - 8,19 47,25EDENRED (EDEN) LR A 42,65 42,79 + 0,38 - 7,18

355928 43,34 + 7,86 51,56FR0010908533 13/05/20 0,7 246.583.351 42,24 - 4,42 29,74 1,64EDF (EDF) LR A 9,6 9,712 + 1,34 - 2,18EX-DS 7/03/17 2131632 9,762 +17,78 13,61FR0010242511 26/11/19 0,15 3.103.621.086 9,57 - 11,31 5,978EIFFAGE (FGR) LR A 82 79,94 - 1,96 - 21,63

220654 82,1 - 4,86 111,75FR0000130452 21/05/19 2,4 99.601.884 79,82 - 12,58 44,65EKINOPS (EKI) g C 5,74 5,76 + 2,49 - 12,86

56062 5,89 - 7,84 6,8FR0011466069 24.628.580 5,72 + 53,19 3,67ELIOR (ELIOR) G A 5,3 5,155 - 2,37 - 60,65

403319 5,305 -13,65 13,83FR0011950732 07/04/20 0,29 174.125.268 5,13 - 54,86 4,072 5,63ELIS (ELIS) G A 10,5 10,53 - 0,19 - 43,08

298924 10,55 - 7,63 19FR0012435121 27/05/19 0,37 221.793.981 10,29 - 35,91 5,375EOS IMAGING (EOSI) g C 1,388 1,384 - 0,29 - 37,52

65348 1,404 - 1,14 2,9FR0011191766 26.569.946 1,378 + 25,82 1,18ERAMET (ERA) G A 30,35 29,39 - 3,67 - 35,89

94596 30,35 -14,06 47,18FR0000131757 29/05/19 0,6 26.636.003 29,25 - 43,91 18,665ERYTECH PHARMA (ERYP) g B 7,07 7 - 0,43 + 4,48

27106 7,07 -22,74 11,46FR0011471135 17.956.115 6,94 + 11,64 2,8ESI GROUP (ESI) g C 34,2 37 + 7,25 + 13,85

10058 37 + 1,65 41FR0004110310 5.955.072 33 + 17,46 24,6EURAZEO (RF) G A 46,76 46,76 - 0,38 - 23,34

57346 46,76 - 1,97 67,05FR0000121121 08/05/19 1,25 78.645.486 45,86 - 22,77 35,6EUROFINS SCIENTIFIC (ERF) LR A 557,6 559 + 0,25 + 13,11

24650 564,2 - 3,69 620,2FR0000038259 03/07/19 2,45 18.984.199 554,8 + 46,41 393 0,52EUROPCAR GROUPE (EUCAR) g B 1,985 2 - 53,85

1184551 2,02 -11,82 4,688FR0012789949 21/05/19 0,26 163.884.278 1,978 - 67,45 1,22EUTELSAT COM. (ETL) G A 8,54 8,434 - 1,06 - 41,79

793954 8,59 -11,87 14,825FR0010221234 21/11/19 1,27 230.544.995 8,28 - 50,68 7,984 15,06EXEL INDUSTRIES (EXE) B 38,4 38 - 1,04 - 18,45

64 38,4 + 0,26 47,8FR0004527638 13/02/19 1,14 6.787.900 38 - 14,61 31FAURECIA (EO) LR A 35,37 34,72 - 1 - 27,71

303390 35,74 + 4,83 49,49FR0000121147 31/05/19 1,25 138.035.801 34,62 - 9,87 20,58FDJ (FDJ) G A 27,3 27,14 - 0,37 + 13,91

202117 27,3 -12,45 32,18FR0013451333 26/06/20 0,45 191.000.000 26,95 + 39,18 18,3 1,66FFP (FFP) g A 67,4 66,5 - 1,48 - 36,06

7097 67,4 - 2,49 105,6FR0000064784 22/05/20 2,15 24.922.589 65,6 - 30 42,15 3,23FIGEAC AERO (FGA) g B 3,82 3,82 - 0,52 - 58,92

9626 3,875 -10,01 9,69FR0011665280 31.839.473 3,805 - 68,01 2,48FIN. ODET (ODET) A 670 668 - 0,6 - 14,58

237 670 - 2,34 810FR0000062234 04/06/20 1 6.585.990 660 - 18,34 497 0,15FNAC DARTY (FNAC) G A 37,78 37,04 - 1,75 - 29,85

45830 37,78 + 6,74 53,85FR0011476928 26.607.956 36,92 - 46,4 16,29FONCIÈRE LYONNAISE (FLY) A 68 66,8 - 1,48 - 9,49

522 68 - 4,57 83,4FR0000033409 21/04/20 2,65 46.528.974 65,4 + 0,3 58GECI INTERNATIONAL (GECP) g C 0,033 0,033 + 0,31 + 0,3

936197 0,033 -14,1 0,07FR0000079634 01/10/01 0,1 219.582.624 0,032 - 63,4 0,018GECINA (GFC) LR A 107,1 104,3 - 1,33 - 34,65

126281 107,1 -10,85 183,6FR0010040865 01/07/20 2,5 76.411.605 103,3 - 19,95 88,5GENFIT (GNFT) G B 4,6 4,66 + 1,22 - 73,6

298648 4,67 -17,96 20,96FR0004163111 38.858.617 4,484 - 72,43 4,468

GENSIGHT (SIGHT) g C 2,995 3,03 + 1 + 21,9381576 3,075 - 2,26 4,88

FR0013183985 32.827.362 2,96 + 80,79 1,36GETLINK (GET) LR A 13,62 13,4 - 1,47 - 13,6

725108 13,63 + 2,06 17,04FR0010533075 23/05/19 0,36 550.000.000 13,21 - 1,69 8,615GL EVENTS (GLO) g B 12,52 12,3 - 0,81 - 48,86

8073 12,52 -13,14 24,45FR0000066672 01/07/19 0,65 29.982.787 12,2 - 45,33 10,02GROUPE CRIT (CEN) g B 49,9 50,1 + 0,4 - 31,93

799 50,1 - 8,07 74,4FR0000036675 26/06/19 1 11.250.000 49,75 - 15,23 36,15 2GROUPE GORGÉ (GOE) g B 13,42 13,38 - 0,3 - 21,48

4995 13,44 - 9,96 19FR0000062671 01/07/20 0,32 13.502.843 13,16 - 13,12 8,59 2,39GTT (GTT) G A 74,95 75,75 + 2,02 - 11,3

66024 75,75 +12,47 102,7FR0011726835 08/06/20 1,75 37.078.357 74,9 - 15,03 48,76 2,31GUERBET (GBT) g B 32,65 33,55 + 0,9 - 18,77

4187 33,55 - 6,28 44,1FR0000032526 30/06/20 0,7 12.596.162 32,65 - 35,23 26 2,09HAULOTTE GROUP (PIG) g B 4,84 4,85 - 3 - 8,49

13795 4,855 - 5,46 5,78FR0000066755 15/07/20 0,22 31.371.274 4,74 - 32,64 3,27 4,54HEXAOM (HEXA) g B 31,4 32 + 1,91 - 13,04

1052 32 + 4,92 39,8FR0004159473 11/06/19 1,5 6.937.593 31,4 - 7,91 21,7HIGH CO (HCO) g C 3,75 3,81 - 1,04 - 37,34

8038 3,85 - 7,07 6,32FR0000054231 24/05/19 0,16 22.421.332 3,75 - 29,44 2,95ICADE (ICAD) G A 59,3 57,85 - 2,53 - 40,39

75969 59,3 -14,23 106FR0000035081 06/07/20 1,6 74.535.741 57,35 - 27,82 57,35ID LOGISTIC (IDL) g A 184 183,6 + 1,77

1083 184 + 6,13 188,4FR0010929125 5.649.427 181,6 + 8,9 115IMERYS (NK) G A 31 30,9 + 0,33 - 17,99

59383 31 - 0,13 43,54FR0000120859 15/05/20 1,72 85.015.055 30,36 - 29,8 20,68 5,57INGENICO GROUP (ING) LR A 139 137,4 - 0,69 + 41,94

138771 139,85 + 0,96 147,9FR0000125346 17/06/19 1,1 63.713.047 136,75 + 77,29 64,46INNATE PHARMA (IPH) g B 5,4 5,53 + 2,79 - 7,21

194350 5,575 - 3,41 7,48FR0010331421 78.898.264 5,38 - 2,9 2,9INTERPARFUMS (ITP) g A 39,85 39,45 - 1,13 + 6,62

14987 40 + 3,82 42,85FR0004024222 02/05/19 0,71 47.262.190 39,2 - 6,96 26,05IPSEN (IPN) G A 78,6 79,45 + 1,08 + 0,57

79251 79,7 + 3,05 83,9FR0010259150 03/06/20 1 83.814.526 78,2 - 28,42 34,2 1,26IPSOS (IPS) G A 23,6 23,5 - 18,83

75563 23,95 + 3,07 32,1FR0000073298 01/07/20 0,45 44.436.235 23,1 + 3,98 15,82 1,92JACQUET METAL SERVICE (JCQ) g B 11,1 11,38 + 3,08 - 26,2

6849 11,38 - 6,72 15,86FR0000033904 01/07/20 0,2 23.461.313 11,02 - 28,96 7,6 1,76JCDECAUX (DEC) G A 15,45 14,92 - 3,31 - 45,71

265513 15,53 -17,48 27,74FR0000077919 21/05/19 0,58 212.902.810 14,83 - 42,26 14,83KAUFMAN & BROAD (KOF) g B 35,1 34,45 - 2,13 - 6,89

45914 35,9 +18,79 41,86FR0004007813 08/06/20 1,75 22.088.023 34,1 - 4,62 19,4 5,08KLEPIERRE (LI) LR A 17 16,345 - 3,28 - 51,71

876115 17,015 -13,34 34,66FR0000121964 07/07/20 1,1 299.939.198 16,105 - 44,23 12,625KORIAN (KORI) G A 31,96 32,4 + 1,38 - 22,71

140244 32,52 - 3,23 45,66FR0010386334 11/06/19 0,6 82.730.907 31,82 - 2,7 25,16LAGARDÈRE (MMB) G A 13,98 14,02 + 0,86 - 27,84

493490 14,02 +13,71 19,76FR0000130213 14/05/19 1,3 131.133.286 13,63 - 37,3 8,14LDC (LOUP) A 102,5 101,5 - 0,98 - 2,87

2239 103 - 7,73 110,5FR0013204336 27/08/19 1,6 17.134.471 99,6 - 8,56 74,2 1,58LE BÉLIER (BELI) g C 37,1 37,2 + 2,2

8495 37,2 +12,73 37,7FR0000072399 21/05/19 1,18 6.582.120 37 + 26,1 26,15LNA SANTÉ (LNA) g B 49,1 49,15 - 0,3 - 0,81

4420 49,4 + 9,22 52FR0004170017 08/07/20 0,45 9.705.937 49 + 10,7 31,75 0,92LECTRA (LSS) g B 17,26 17,14 - 23,31

17622 17,38 - 8,34 24,85FR0000065484 06/05/20 0,4 32.245.034 17,12 - 12,55 12,2 2,33LINEDATA SVICES (LIN) g B 25,7 25,2 - 1,95 - 5,62

1096 25,7 - 2,33 30,9FR0004156297 06/07/20 0,95 6.625.726 25,1 - 5,62 18 3,77LISI (FII) g A 18,26 17,66 - 3,71 - 41,23

11800 18,28 - 4,95 32,7FR0000050353 30/04/19 0,44 54.114.317 17,6 - 26,26 12,5LUMIBIRD (LBIRD) g C 12 12,02 + 0,84 - 20,41

7935 12,06 - 1,48 15,499FR0000038242 22.466.882 11,88 - 23,33 5,365M6-MÉTROPOLE TV (MMT) G A 10,12 9,9 - 1,98 - 41

106911 10,28 - 3,13 17,07FR0000053225 15/05/19 1 126.414.248 9,78 - 35,42 8,55MAISONS DU MONDE (MDM) G B 11,8 11,53 - 2,62 - 11,1

121292 11,84 + 1,23 13,38FR0013153541 02/07/19 0,47 45.241.894 11,45 - 42,81 5,35MANITOU (MTU) g B 15,8 16,32 + 3,95 - 23,92

16362 16,42 - 6,85 22,3FR0000038606 17/06/19 0,78 39.668.399 15,72 - 37,47 11,36MARIE BRIZARD W & S (MBWS) g C 1,28 1,32 + 18,49 - 17,6

164381 1,4 +17,86 1,7FR0000060873 27/09/07 0,5 44.698.754 1,25 - 38,75 0,651MAUNA KEA (MKEA) g C 1,272 1,306 + 0,77 - 4,39

181270 1,338 - 9,31 2FR0010609263 30.558.480 1,268 - 24,25 0,566MEDIAWAN (MDW) g B 11,94 11,94 - 0,17 + 14,37

35449 11,96 +40,47 12FR0013247137 32.147.961 11,94 + 10,35 5,02MERCIALYS (MERY) G A 6,93 6,86 + 0,15 - 44,36

158073 6,96 -14,36 12,64FR0010241638 27/04/20 0,48 92.049.169 6,775 - 39,51 5,7MERSEN (MRN) g B 21,95 21,65 - 0,92 - 36,6

12366 22 + 1,64 35,3FR0000039620 03/07/19 0,95 20.856.460 21,45 - 32,97 12,38METABOLIC EXPLORER (METEX) g C 1,875 1,84 - 4,17 + 19,48

197317 1,935 +19,09 2,04FR0004177046 27.813.800 1,79 + 15,72 0,921NANOBIOTIX (NANO) g B 7,08 7,08 + 0,57 - 14,49

44951 7,16 -10,94 9,56FR0011341205 13/05/19 22.731.122 6,94 - 25,47 3,54NATIXIS (KN) G A 2,429 2,53 + 4,12 - 36,08

26500515 2,642 + 9,62 4,411FR0000120685 31/05/19 0,78 3.155.846.495 2,4 - 31,27 1,471NEOEN (NEOEN) G A 38,95 38,45 - 1,16 + 24,43

71175 39,1 + 8,16 40,35FR0011675362 85.242.638 38,3 + 86,65 25,3NEXANS (NEX) G A 44,1 44 - 0,18 + 1,17

58209 44,52 + 8,59 50,8FR0000044448 17/05/19 0,3 43.606.320 43,52 + 45,07 21,55NEXITY (NXI) G A 28,5 28,04 - 1,89 - 37,38

121510 28,6 - 7,76 46,2FR0010112524 25/05/20 2 56.129.724 27,72 - 28,65 23,3 7,13NICOX (COX) g B 4,11 4,06 - 0,73 - 6,77

35903 4,14 - 7,09 5,23FR0013018124 33.491.370 4,04 - 17,48 2,53NRJ GROUP (NRG) B 6,12 5,92 - 3,27 - 11,64

7844 6,12 +13,41 6,88FR0000121691 03/06/19 0,17 78.107.621 5,8 - 15,91 4,5ONXEO (ONXEO) g B 0,701 0,708 + 0,71 + 27,57

58488 0,716 - 4,32 0,979FR0010095596 78.317.810 0,701 - 7,33 0,3ORPÉA (ORP) LR A 101,1 100,05 - 0,94 - 12,47

116630 101,9 - 4,71 129FR0000184798 12/07/19 1,2 64.615.837 99,86 - 6,41 69,1PHARMAGEST INT. (PHA) g B 82,5 82,2 - 1,32 + 35,64

4612 83,8 +13,38 84,8FR0012882389 01/07/20 0,9 15.174.125 82,2 + 40,51 41,25 1,1PIERRE & VACANCES (VAC) g B 15,5 16 + 1,91 - 20,79

25349 16,2 -15,79 33,9FR0000073041 19/03/12 0,7 9.805.232 15 - 1,23 9,9PLASTIC OMNIUM (POM) G A 19,2 18,99 - 0,84 - 23,73

138303 19,56 + 5,79 26,41FR0000124570 29/04/20 0,49 148.566.107 18,93 - 10,09 12,01 2,58PLASTIVALOIRE (PVL) g B 3,685 3,71 + 0,82 - 46,39DIV 8 02/05/17 8380 3,725 -12,71 7,48FR0013252186 18/04/19 0,2 22.125.600 3,665 - 40,45 2,79PROLOGUE (PROL) g C 0,237 0,237 + 2,6 - 30,7

44347 0,237 - 5,2 0,387FR0010380626 46.585.630 0,233 - 53,16 0,15QUADIENT (QDT) g B 12,85 12,91 + 0,16 - 40,18

39772 13,02 - 5,42 24,3FR0000120560 02/08/19 0,53 34.562.912 12,7 - 27,72 10,67 4,11RALLYE (RAL) A 6,62 6,7 + 0,9 - 33,79

36980 6,77 -25,06 10,3FR0000060618 20/05/19 1 52.373.235 6,6 + 35,08 3,87RAMSAY GDS (GDS) A 17,4 17,6 + 0,57 + 4,76

184 17,6 - 0,85 21,8FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 17,4 - 1,12 15,2RECYLEX SA (RX) g C /130520 - 45,57

3,66FR0000120388 04/07/90 0,61 25.886.482 - 54,31 1,3RÉMY COINTREAU (RCO) G A 133,5 138,3 + 3,44 + 26,3

138914 138,3 +17,3 138,3FR0000130395 12/09/19 2,65 50.149.787 133,5 + 7,46 79,2 2,64REXEL (RXL) G A 11,01 10,795 - 2,31 - 8,86

951819 11,09 + 9,33 13,415FR0010451203 02/07/20 0,48 304.425.106 10,755 + 0,84 4,921ROBERTET (RBT) G B 958 928 - 0,11 + 0,54

342 958 - 2,01 1068FR0000039091 02/07/20 5 2.172.551 926 + 45,45 662 0,54

ROTHSCHILD & CO (ROTH) G A 22,2 21,7 - 1,59 - 15,2314536 22,2 + 9,15 26

FR0000031684 20/05/19 0,79 77.617.512 21,7 - 24,26 14,62

RUBIS (RUI) G A 40,8 40 - 2,15 - 26,94DIV 2 28/07/17 164503 41,36 - 8,97 57,45FR0013269123 17/06/20 1,75 103.554.889 39,84 - 21,34 31,6 4,38

SARTORIUS STED. BIO. (DIM) G A 270 271,2 + 1,04 + 83,62DIV 6 10/05/16 91103 272,6 +23,27 272,6FR0013154002 29/06/20 0,34 92.180.190 263,6 + 94,13 133,9 0,13

SAVENCIA (BH) B 51,6 51,4 + 0,78 - 16,29811 51,6 - 8,21 64,8

FR0000120107 13/05/19 1 14.032.930 51 - 23,05 45,1

SCOR (SCR) LR A 25,24 24,66 - 2,61 - 34,1347364 25,3 - 0,16 39,12

FR0010411983 30/04/19 1,75 186.674.276 24,6 - 37,59 15,88

SEB (SK) G A 145,5 143,9 - 1,3 + 8,6955633 146,9 + 6,43 147,9

FR0000121709 22/05/20 1,43 50.307.064 143,3 - 12,04 86,35 0,99

SES-IMAGOTAG (SESL) Gg B 21,7 22,2 + 2,54 - 29,974417 22,2 -13,28 37,5

FR0010282822 25/06/12 0,5 15.758.108 21,65 - 29,41 19,5

SHOWROOMPRIVÉ (SRP) g C 1,08 1,13 + 6,6 - 12,94316088 1,17 +24,59 1,532

FR0013006558 51.201.284 1,052 - 13,61 0,477

SOITEC (SOI) G A 102,4 102,2 + 0,2 + 9,07EX-DS 13/05/16 REGR.1P20 40223 103,2 +12,18 107,1FR0013227113 33.180.921 101,7 + 4,71 48,86

SOLOCAL GPE (LOCAL) g B 0,108 0,12 + 11,21 - 78,26REGR. 14122189 0,124 -25,42 0,583FR0012938884 627.041.466 0,106 - 84,81 0,087

SOMFY (SO) A 91 89,5 - 0,78 + 2,294818 91 95

FR0013199916 30/06/20 1,25 37.000.000 87 + 8,09 63,6 1,4

SOPRA STERIA GP (SOP) G A 117,2 117 - 0,34 - 18,4722867 117,4 + 6,56 162

FR0000050809 02/07/19 1,85 20.547.701 115,7 + 13,92 78,15

SMCP (SMCP) g B 3,934 3,796 - 1,76 - 59,83107997 3,934 -27,83 10,08

FR0013214145 74.117.760 3,752 - 75,67 2,945

SPIE (SPIE) G A 13,3 13,3 - 0,52 - 26,76147757 13,46 - 4,11 19,58

FR0012757854 24/09/19 0,17 157.698.124 13,08 - 17,9 7,805

SQLI (SQI) g C 20,4 20 - 1,96 - 18,371334 20,7 + 8,99 24,5

FR0011289040 21/07/17 0,88 4.613.975 20 - 9,91 13,42

STEF (STF) g B 68 66,7 - 1,62 - 17,044030 68,4 - 8,25 85,1

FR0000064271 03/05/19 2,5 13.000.000 66,4 - 16,52 57,2

SUEZ (SEV) LR A 10,6 10,435 - 1,74 - 22,621327360 10,615 - 3,02 16,035

FR0010613471 18/05/20 0,45 628.362.580 10,315 - 19,88 8,046 4,31

SWORD GROUP (SWP) g B 29 29,35 + 1,38 - 13,9312645 29,35 - 3,77 37,15

FR0004180578 07/05/19 1,02 9.544.965 28,85 - 3,93 20,45 4,09

SYNERGIE (SDG) g B 21,3 21,1 - 1,17 - 27,744505 21,3 - 2,31 31,4

FR0000032658 19/06/19 0,8 24.362.000 20,55 - 28,11 13

TARKETT (TKTT) G B 9,97 10,09 + 1,36 - 29,9322527 10,09 + 1,15 16,56

FR0004188670 12/06/19 0,6 65.550.281 9,93 - 48,55 7,53

TELEPERFORMANCE (RCF) R A 236,8 231,6 - 0,52 + 6,53121489 236,8 + 6,24 246,8

FR0000051807 02/07/20 2,4 58.730.600 230,4 + 29,03 150,3 1,04

TF1 (TFI) G A 5 4,874 - 2,52 - 34,14508204 5,025 - 5,08 7,805

FR0000054900 29/04/19 0,4 210.397.574 4,83 - 43,94 4,062 8,21

TFF GROUP (TFF) B 29,7 29,9 + 0,67 - 18,532430 29,9 + 9,93 38,2

FR0013295789 06/11/19 0,35 21.680.000 29,7 - 18,08 22 1,17

THERMADOR GROUPE (THEP) B 55 55,8 + 3,33 + 5,284102 55,8 + 4,89 55,8

FR0013333432 09/04/20 1,8 9.200.849 54 - 3,13 35,7 3,23

TIKEHAU CAPITAL (TKO) g A 22,9 22,9 + 4,09EX D S 03/07/17 2859 23 - 2,55 26,4FR0013230612 22/05/20 0,5 136.802.970 22,8 + 14,5 15,45 2,18

TRANSGÈNE (TNG) g B 1,436 1,43 - 0,28 - 7,7432172 1,45 - 0,97 2,08

FR0005175080 83.841.334 1,424 - 39,92 0,81

TRIGANO (TRI) G A 93,8 92,45 - 1,54 - 1,7520395 94,9 + 4,94 101

FR0005691656 14/01/20 2 19.336.269 91,85 - 1,33 41,76 2,16

UBISOFT ENTERTAINMENT (UBI) LRA 70,38 68,02 - 3,33 + 10,461157930 70,52 - 0,85 80,8

FR0000054470 122.155.603 66 - 7,3 51,16

VALEO (FR) LR A 24,5 23,99 - 0,83 - 23,62905346 24,85 + 4,4 33

FR0013176526 29/06/20 0,2 241.036.743 23,98 - 5,1 10,51 0,83

VALLOUREC REG (VK) G A 32,49 32,65 + 1,29 - 70,9742947 32,65 -24,07 114,68

FR0013506730 11.449.694 31,765 - 65,65 26

VALNEVA (VLA) g B 4,325 4,425 + 2,43 + 72,18116421 4,43 + 1,96 4,9

FR0004056851 90.926.423 4,3 + 39,15 1,784

VERALLIA (VRLA) g A 26 25,75 - 0,96 - 14,929213 26,4 + 3,21 36,01

FR0013447729 15/06/20 0,85 123.272.819 25,7 - 4,63 19,26 3,3

VERIMATRIX (VMX) g B 2,3 2,33 + 0,65 + 17,68116548 2,33 + 2,19 2,43

FR0010291245 84.927.567 2,285 + 39,02 1,138

VICAT (VCT) g A 28,05 27,7 - 1,25 - 31,3528502 28,3 + 1,28 41,65

FR0000031775 20/04/20 1,5 44.900.000 27,35 - 37,19 22,5 5,42

VILMORIN & CIE (RIN) g A 45,5 45,3 - 0,11 - 6,113303 45,85 - 1,09 49,35

FR0000052516 11/12/19 1,35 22.917.292 45,2 - 8,02 34,25 2,98

VIRBAC (VIRP) G A 195 195,6 - 0,2 - 17,292047 196,2 + 3,49 244,5

FR0000031577 26/06/15 1,9 8.458.000 194,6 + 13,19 132,2

WAVESTONE (WAVE) g B 20 20,1 + 0,5 - 22,69282 20,1 - 4,74 29

FR0013357621 19/09/19 0,23 20.196.492 19,9 - 19,92 15,5

WENDEL (MF) G A 84,5 83,25 - 1,83 - 29,7533371 84,65 - 2,57 127,5

FR0000121204 07/07/20 2,8 44.682.308 82,9 - 31,93 54,8 3,36

WORLDLINE (WLN) G A 74,76 74 - 0,72 + 17,18567117 75,1 + 2,69 80,48

FR0011981968 182.960.921 73,26 + 14,11 36,36

XPO LOGISTICS (XPO) A - 2,48 - 9,23- 1,67 280

FR0000052870 20/06/19 0,6 9.836.241 - 19,73 214

AUTRES VALEURS DE LA ZONE EUROEURONEXT (ENX) G A 93 91,2 - 1,78 + 25,53

130656 93,35 + 9,35 94,2NL0006294274 20/05/20 1,35 70.000.000 90,7 + 30,29 52,9 1,74

NOKIA (NOKIA) R A 3,784 3,86 + 4,04 + 16,72 0,3767997 3,86 - 1,69 4,189 13,04

FI0009000681 29/07/19 0,02 5.653.886.159 3,76 - 14,83 2,083 1,3

SES (SESG) LR 6,382 6,332 - 1 - 49,34847026 6,402 - 1,83 14,165

LU0088087324 21/04/20 0,34 370.693.490 6,198 - 54,08 4,87 6,32

X-FAB SILICON (XFAB) g A 2,98 3,055 + 1,33 - 26,74170683 3,1 + 1,5 6,08

BE0974310428 130.781.669 2,98 - 28,12 1,868

VALEURS ZONE INTERNATIONALEGENERAL ELECTRIC (GNE) 6,25 6,183 - 1,51 - 37,22 1,29

4576 6,25 - 5,24 12,1US3696041033 USD 26/06/20 0,01 8.747.092.000 6,107 - 32,28 5,1

HSBC (HSB) 4,28 4,234 - 1,51 - 39,65 52,1937533 4,28 - 1,11 7,121

GB0005405286 USD 27/02/20 0,21 20.691.345.654 4,181 - 43,02 4,11

LAFARGEHOLCIM LTD (LHN) A 39,91 40,82 - 0,9 - 16,61 443980 41,19 + 3,24 49,79

CH0012214059 CHF 15/05/20 2 615.929.059 39,91 - 7,46 26,89

SCHLUMBERGER (SLB) A 16,75 16,45 - 2,37 - 54,18 3,4517522 16,75 - 5,73 36,9

AN8068571086 USD 02/06/20 0,13 1.385.122.304 16,25 - 52,59 11,05

SRD Suite VALEURS FRANÇAISES SRD Suite VALEURS FRANÇAISES

A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres A pour les capitalisations supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et C pour les capitalisations inférieures à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates.

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

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euronext SÉANCE DU 17 - 07 - 2020CAC 40 : 5069,42 (-0,31 %) NEXT 20 : 10514,86 (-1,09 %)

CAC LARGE 60 : 5593,76 (-0,38 %)CAC ALL-TRADABLE : 3908,44 (-0,39 %)

DATE DE PROROGATION : 28 JUILLET

SRD VALEURS FRANÇAISES

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

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Les Echos Lundi 20 juillet 2020 FINANCE & MARCHES // 25

FONCTION PUBLIQUE

IN GROUPEDidier Truttest reconduit en tant que PDG d’IN Groupe (ex-Imprimerie Nationale) pour un troisième mandat de cinq ans.

Didier Trutt, 60 ans, diplômé del’Ecole nationale d’ingénieurs deSaint-Etienne, est président-di-recteur général d’IN Grouped e p u i s 2 0 0 9 . I l a r e j o i n t l egroupe Thomson en 1984 pourlequel il effectue une grande par-tie de sa carrière à l’internatio-nal, notamment en Asie. Il a suc-c e s s i v e m e n t a s s u m é d e smandats au sein de Videocon,TCL et Nexter. Il est actuelle-ment représentant de l’Etat ausein des conseils d’administra-tion de la Française des Jeux etde la RATP. Il est également con-seiller du commerce extérieurde la France depuis 1992 et vice-président de la Secure IdentityAlliance (SIA).

QUANTISDimitri Caudrelierest désormais CEO du groupe Quantis.

Dimitr i Caudrel ier, 35 ans ,i n g é n i e u r, a n c i e n é l è ve d el ’ E c a m P a r i s , d i p l ô m é e nscience de l’environnement àl’Ecole polytechnique fédéralede Lausanne (EPFL), titulaired’un MBA à l’Essec, a intégréQuantis Lausanne en 2009. Il anotamment développé le pre-mier projet Vendée Globe axésur la durabilité, avant de deve-nir analyste environnemental,consultant, puis directeur deQuantis Paris à partir de 2011. Ilé t a i t d i r e c t e u r d e Q u a n t i sFrance depuis 2014.

a également assumé les fonc-tions de directeur des risques etdes opérations d’EconocomLocation France. Il était direc-teur financier et directeur del’excellence opérationnelle pourles act i v i té s de lo cat i on dugroupe Econocom.

REALEASE CAPITALLionel Le Camusest désormais directeur général.

Lionel Le Camus, 47 ans, titu-laire d’un DESS gestion finan-cière et comptable de l’entre-prise de l’université de Paris-II, adébuté chez Arthur Andersen,avant d’intégrer le groupe Eco-nocom en 2003. Il a successive-ment été responsable de l’auditinterne, directeur financier desactivités télécom, puis des activi-tés de location en France et àl’international. De 2015 à 2019, il

ENTREPRISES

LUCIBELYves-Henry Brepsonest nommé directeur général du groupe Lucibel.

Yves-Henry Brepson, 48 ans,diplômé des écoles de com-merce EM Strasbourg et LuissBusiness School de Rome, aoccupé différentes fonctions dedéveloppement commercial enFrance et à l’étranger, notam-ment au sein des groupes Steel-case et Holophan. Il a été direc-teur général puis président-directeur général d’ABL Lightsentre 2013 et 2016. Il était direc-teur général délégué en chargedes opérations du groupe Luci-bel depuis janvier 2017.

LEYTONMaxime Jacquierest promu directeur général France du groupe Leyton.

Maxime Jacquier, 37 ans, titu-laire d’un master HEC entrepre-

neur, ingénieur diplômé en sys-tèmes d’information de l’Efrei,conserve la fonction de directeuré n e r g i e e t e n v i r o n n e m e n tgroupe. Au cours de sa carrière,il a notamment travaillé dans labanque d’affaires Calyon avantde restructurer un domaine viti-cole en Afrique du Sud. C’est en2007 qu’il a rejoint Leyton. Il y aévolué au sein des pôles innova-tion, fiscalité, social, achats eténergie.

,Envoyez vos nominations à[email protected]

carnetf r

+Ils sont nésun 20 juillet

•Yann Aguila, membre du Conseil d’Etat, 56 ans.•Philippe Bas, président de la commission des Lois constitutionnelles du Sénat,ex-ministre de la Santé, 62 ans.• Jean-Pierre Champion, directeur général du groupe Krys, 60 ans.•Paul Cook, musicien, ex-batteur des Sex Pistols, 64 ans.•Jacques Delors, ex-ministre de l’Economie, ex-président de la Commission européenne, 95 ans.•Olivier de Kersauson, navigateur, 76 ans.•Alain Lambert, ex-minis-tre délégué au Budget, 74 ans.•Diana Rigg, actrice, 82 ans.•Françoise Rudetzki, fondatrice de SOS Attentats, membre du Cese, 72 ans.

ASSOCIATION PROFESSIONNELLE

IADSSelvane Mohandas du Ménildevient directeur général de l’Association internationale des grands magasins (IADS).

Selvane Mohandas du Ménil,42 ans, ancien élève de l’Insti-tut d’études politiques (IEP) deParis, est diplômé de HEC ainsique de l’Institut français de lamode. Il bénéficie de quinzeans d’expérience dans le déve-loppement commercial inter-national de la mode et du sec-teur du luxe. Il a ainsi œuvré aus e i n d e s g r o u p e s d e l u x eL’Oréal, Louis Vuitton et chezY v e s S a i n t L a u r e n t . P l u srécemment, il assuré la direc-t i o n d u d é v e l o p p e m e n t d eSonia Rykiel.

SERVICE ABONNEMENTS LES ECHOS 4, rue de Mouchy 60438 Noailles Cedex. Tél. : 01 70 37 61 36 du lundi au vendredi de 9h à 18h. IMPRESSION L’Imprimerie (Tremblay-en-France), Midi Libre (Montpellier). TIRAGE DU 17 JUILLET 2020 : 79.817 exemplaires.Origine du papier : France. Taux de fibres recyclées : 56%.Ce journal est imprimé sur du papier porteur de l’Ecolabel européen sous le numéro FI/37/002. Eutrophisation : P

tot0.01kg/tonne de papier Membre de membre ACPMOJD CPPAP : 0421 c 83015. Toute reproduction, même partielle, est interdite sans l’autorisation expresse de l’éditeur (loi du 11 mars 1957)

ÉDITRICE Marie Van de Voorde-LeclerqÉDITRICE ADJOINTE Clémence CalliesDIRECTEUR DES DÉVELOPPEMENTSÉDITORIAUX DU PÔLE LES ECHOS Henri GibierDIRECTEUR DES RÉDACTIONS Nicolas BarréDIRECTEURS DÉLÉGUÉS DE LA RÉDACTIONDominique Seux et François VidalRÉDACTEURS EN CHEFDavid Barroux (Entreprises)Julie Chauveau (Entreprises)

DIRECTEUR DE LA DIFFUSION ET DU MARKETING CLIENTSEtienne PorteauxDIRECTEUR STRATÉGIE ET COMMUNICATION Fabrice Février

PUBLICITÉ Les Echos Le Parisien MédiasTél. : 01 87 39 78 00.PRÉSIDENTE Corinne MrejenDIRECTEUR GÉNÉRAL Philippe PignolDIRECTRICE PUBLICITÉ FINANCIÈRE Céline VandrommeDIRECTRICE PUBLICITÉ COMMERCIALE Emmanuelle Denis

Les Echos est une publication duPRINCIPAL ASSOCIÉ UFIPAR (LVMH)PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL Pierre LouetteDIRECTRICE GÉNÉRALE PÔLE LES ECHOS Bérénice LajouanieDIRECTEUR DÉLÉGUÉ Bernard VilleneuveDIRECTEUR DE LA PUBLICATION& PRÉSIDENT DE LA SAS LES ECHOS Pierre LouetteEdité par Les Echos, SAS au capital de 794.240 euros RCS 582 071 43710, boulevard de Grenelle, CS10817, 75738 Paris Cedex 15Tél. : 01 87 39 70 00. www.lessechos.fr

Elsa Conesa (Finance et Marchés)Daniel Fortin (Magazine, Opinions et Innovation)Arnaud Le Gal (Les Echos Entrepreneurset opérations spéciales)Etienne Lefebvre (France et international)Clémence Lemaistre (Information digitale)Lucie Robequain (France, International et Enquête)Marie-Christine Sonkin (Patrimoine)DIRECTEUR DE CRÉATIONFabien Laborde

DIRECTRICE ARTISTIQUEMarion MoulinEDITORIALISTESCécile Cornudet, Jacques Hubert-Rodier,Eric Le Boucher, Jean-Francis Pécresse,Jean-Marc Vittori, Sabine Delanglade,Laurent Flallo, Sylvie Ramadier(Le Crible)LES ECHOS EXECUTIVESRÉDACTRICE EN CHEFMuriel Jasor

LES ECHOSWEEK-ENDDIRECTEUR DE LA RÉDACTIONHenri GibierRÉDACTEURS EN CHEF Laura Berny, KarlDe Meyer et Mariana RealiDIRECTRICE ARTISTIQUE Cécile TexeraudSÉRIE LIMITÉERÉDACTRICE EN CHEF Frédérique DedetDIRECTRICE ARTISTIQUEClarice Fensterseifer

CHANGES COURS AU COMPTANTVAR. VAR.

COURS VEILLE ANNÉE1 EURO EN DEVISE BCE EN % EN %17-07-2020

TAUX MARCHÉS MONÉTAIRES ET EURODEVISESMARCHÉS MONÉTAIRES

JOUR 1 MOIS 3 MOIS 6 MOIS 1 AN17-07-2020

ECARTS DE TAUX AVEC L’ALLEMAGNE6 MOIS 2 ANS 5 ANS 7 ANS 10 ANS17-07-2020

ALLEMAGNE 100,31 -0,67 -0,71 -0,65 -0,50

PORTUGAL 0 5,54 0,43 0,57 0,74

FRANCE -0,08 0,03 0,16 0,17 0,28

ESPAGNE -0,08 0,25 0,47 0,61 0,78

ITALIE -0,20 0,56 0,53 1,46 1,66

DOLLAR US 1,142 0,33 1,77LIVRE STERLING 0,9115 0,53 7,68FRANC SUISSE 1,0735 -0,20 -1,11COURONNE DANOISE 7,4466 0,01 -0,35COURONNE NORV. 10,6153 0,18 7,47KUNA CROATE 7,5377 -0,05 1,24COURONNE SUEDOISE 10,3303 -0,09 -1,58DOLLAR CANADIEN 1,5522 0,45 6,53YEN JAPONAIS 122,409 0,24 0,37DOLLAR AUSTRALIEN 1,6356 0,15 2,27ROUBLE RUSSE 82,174 0,89 18,30ROUPIE INDIENNE 85,688 0,13 7,10DOLLAR NEO-ZELANDAIS 1,7459 0,24 4,63COURONNE TCHEQUE 26,641 -0,20 4,84FORINT HONGROIS 353,265 -0,23 6,69ZLOTY POLONAIS 4,479 -0,10 4,94LEV BULGARE 1,9554 0,02 -0,05DOLLAR HONG-KONG 8,8648 0,45 1,47WON SUD COREEN 1377,38 0,41 6,30PESO MEXICAIN 25,7112 0,67 21,03REAL 6,1165 0,80 35,70DOLLAR SINGAPOUR 1,5895 0,32 5,31RAND SUD-AFRICAIN 19,0571 -0,06 21,30LIVRE TURQUE 7,8477 0,55 17,57RENMIBI YUAN 7,9932 0,47 2,37RUPIAH 16801,5293 0,94 7,86PESO PHILIPPIN 56,4778 0,14 -0,58RINGGIT MALAIS 4,8751 0,35 6,15BATH THALANDAIS 36,2294 0,40 8,70

ZONE EURO -0,43/-0,73 -0,38/-0,68 -0,32/-0,62 -0,29/-0,59 -0,25/-0,55

euronext//taux&changes

SICAV/FCP

FR0013341781 2CRSIg C 3,9 3,95 3,81 3,95 + 1,8 27574

FR0013185857 ABEOg C 7,12 7,12 6,88 6,94 - 2,25 4295

FR0012616852 ABIONYX PHARMAg B 0,834 0,834 0,802 0,81 - 1,22 86690

FR0000064602 ACANTHE DEV. C 0,4 0,4 0,39 0,4 - 0,99 8273

FR0000076861 ACTEOSg C 1,17 1,17 1,145 1,165 + 0,87 567

FR0004152874 ADVENISg C 1,06 1,1 1,05 1,05 + 0,96 1205

FR0013296746 ADVICENNEg C 7,08 7,12 7,08 7,1 + 0,28 476

FR0013421286 ALPHA MOS C 1,49 1,49 1,4 1,44 - 0,69 381

FR0000053837 ALTAMIR B 14,948 15 14,894 15 + 0,35 518

FR0011051598 AMOEBAg C 2,805 3,02 2,78 2,87 + 2,5 503642

FR0012789667 AMPLITUDEg C 1,655 1,655 1,63 1,65 8762

FR0013258589 ANTALIS INTLg B 0,9 0,9 0,87 0,9 7437

FR0011992700 ATEMEg C 13,9 14,4 13,9 14,2 + 1,28 15278

FR0000039232 AUREAg C 4,73 4,73 4,7 4,7 - 0,42 1601

FR0013183589 AURES TECHNOg C 15,65 15,75 15,5 15,65 330

FR0011800218 AWOXg C 0,846 0,876 0,83 0,846+ 2,17 27764

FR0013258399 BALYOg C 1,17 1,39 1,11 1,312 + 11 1414784

FR0000035370 BASTIDE CONF.MED.g C 37,8 38,75 37,8 38,75 + 1,97 1900

FR0000074254 BOURSE DIRECT C 1,59 1,61 1,57 1,58 + 3,27 8416

FR0012969095 CAPELLIg C 27,1 27,5 27,1 27,2 + 3,82 5126

FR0000072894 CASTg C 1,92 2,08 1,92 2,08 + 4 886

FR0000064446 CATERING INTL SCESg B 9,94 9,94 9,72 9,8 - 1,21 1634

FR0010193979 CBO TERRITORIA C 3,36 3,38 3,31 3,34 - 0,89 23516

FR0000053506 CEGEDIM B 32 32,7 32 32,5 + 0,62 6794

FR0000054322 CIBOX INTERACTIVEg C 0,215 0,232 0,185 0,188 - 6,93 2721606

FR0013426004 CLARANOVAg B 5,37 5,54 5,35 5,475 + 1,77 143805

FR0000053399 CNIM GROUP C 15,95 16,7 15,5 15,95 - 2,74 834

FR0013335742 COGELECg C 5,32 5,32 5,32 5,32 - 0,75 464

FR0010483768 CRCAM BRIE PIC. CC B 21,95 22,08 21,95 21,975 - 1,48 5689

FR0000185514 CRCAM NORD FR. B 19,652 19,92 19,502 19,502 - 1,37 4150

FR0000045528 CRCAM PARIS IDF B 71,31 71,65 71,02 71,02 - 0,6 511

FR0000045304 CRCAM TOUR.POITOU C 102,48 103,98 100,52 103,98 + 1,44 343

FR0007317813 CS GROUPg C 3,65 3,69 3,57 3,58 - 1,92 3788

FR0011026749 DALETg C 9,15 9,2 9,15 9,2 + 0,55 351

FR0013283108 DELTA PLUSg B 46,1 46,8 46,1 46,2 - 0,86 5127

FR0012202497 DIAGNOSTIC MEDICALg C 1,495 1,62 1,48 1,53 + 2 37514

FR0010099515 ECAg B 25,1 25,2 25 25 - 0,4 2085

FR0000072373 EGIDEg C 0,75 0,782 0,74 0,75 - 4,82 30864

FR0012650166 ENGIE EPSg C 12,4 12,5 10,45 10,8 - 12,55 132651

FR0000120669 ESSOg B 14,1 14,1 13,75 13,9 - 1,42 3397

FR0000061475 EURASIA FONC. INV. C 0,26 0,26 0,26 0,26 375

FR0000054678 EURO RESSOURCES C 3,18 3,18 3,15 3,15 - 1,87 6881

FR0000075343 EUROMEDIS GROUPE C 9,4 9,45 8,8 9,2 + 4,55 27684

FR0010490920 EUROPACORPg C 0,69 0,722 0,69 0,71 + 0,57 50021

FR0000035784 EVERGREEN C 1,02 1,04 1,02 1,04 + 1,96 2124

FR0000038184 F.I.P.P. C 0,224 0,236 0,214 0,236+ 1,72 114913

FR0011271600 FERMENTALGg C 1,598 1,67 1,422 1,424 - 9,3 756966

FR0004076891 FLO (GROUPE)g B 0,157 0,157 0,15 0,15 54955

FR0011277391 FONC. PARIS NORDg C 0,031 0,031 0,029 0,03 - 3,28 156755

FR0000038499 FONCIERE EURIS B 8 8,8 8 8,8 + 7,98 1449

FR0013030152 FRANCAISE ENERGIEg C 15,75 15,85 15,75 15,85 1743

FR0010501692 GENERIXg C 7,1 7,34 7,06 7,18 - 1,91 10459

FR0013399474 GENKYOTEXg C 2,24 2,28 2,24 2,28 + 2,24 3886

FR0011799907 GENOMIC VISIONg C 0,365 0,376 0,356 0,362 - 2,17 457411

FR0000061459 GERARD PERRIER B 59,8 59,8 59,6 59,8 913

FR0000065971 GRAINES VOLTZ C 70 70 70 70 779

FR0004050300 GROUPE OPENg C 9,84 10,6 9,84 10,4 + 9,47 32695

FR0012612646 GROUPE PARTOUCHE B 19,95 19,95 19,6 19,85 + 0,51 592

FR0004155000 GROUPE SFPIg C 1,16 1,2 1,15 1,19 + 2,59 31183

FR0000066722 GUILLEMOTg C 3,32 3,42 3,3 3,41 + 4,6 59550

FR0000038531 HF COMPANY C 3,61 3,61 3,54 3,54 + 0,86 1731

FR0012821916 HIPAY GROUPg C 2,68 2,72 2,64 2,68 7920

FR0000051393 IDI B 41,4 41,5 41,2 41,5 413

FR0000071797 INFOTELg C 31,8 31,8 31,4 31,6 - 0,63 2147

FR0000064297 INNELEC MULTIMEDIAg C 4,98 5,06 4,98 5 + 0,4 1597

FR0013233012 INVENTIVAg B 9,8 10,08 9,71 10,06 + 5,9 249320

FR0000072597 IT LINKg C 10,95 10,95 10,75 10,85 - 1,36 757

FR0004026151 ITESOFTg C 2,58 2,58 2,48 2,54 - 1,55 1641

FR0012872141 JACQUES BOGARTg C 9 9,12 8,76 8,8 - 2,22 3203

FR0004029411 KEYRUSg C 1,96 2 1,915 1,935 - 1,78 11052

FR0000032278 LATECOEREg C 1,84 1,85 1,822 1,824 - 0,87 12546

FR0006864484 LAURENT-PERRIER B 78,2 78,2 77,4 78,2 + 1,03 356

FR0013233475 LYSOGENEg C 2,42 2,45 2,38 2,42 + 0,83 26148

FR0000060196 M.R.M. C 0,97 0,975 0,97 0,975 6829

FR0000032302 MANUTAN INTER. B 51 51 50,2 51 + 5,16 4176

FR0000051070 MAUREL ET PROMg B 1,872 1,874 1,84 1,866- 0,32 28073

FR0011742329 MCPHY ENERGYg C 30,1 32,5 22,4 25,1 - 16,89 2215293

FR0004065605 MEDINCELL C 7,54 7,84 7,5 7,84 + 3,98 11243

ACTIONSEURONEXT HORS SRD FRANÇAISES

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL

ACTIONSEURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL

FR0010298620 MEMSCAPg C 0,98 0,98 0,94 0,958 - 2,25 14889

FR0000077570 MICROPOLEg C 1,035 1,04 1,03 1,04 + 0,48 5502

FR0013482791 NACON SAS B 5,72 5,79 5,64 5,72 + 0,53 20383

FR0013018041 NAVYAg B 1,022 1,5 1,01 1,5 + 38,63 2331556

FR0004154060 NETGEMg C 1 1,02 0,99 1,02 + 2 5378

FR0004050250 NEURONES B 23,5 23,7 22,7 23,3 - 0,85 2129

FR0000052680 OENEOg B 11 11,08 10,94 11,08 3641

FR0010428771 OL GROUPEg C 2,19 2,23 2,18 2,18 - 0,46 7686

FR0000075392 ORAPIg C 8,5 8,82 8,32 8,78 + 4,03 32240

FR0010609206 OREGE C 0,96 0,96 0,95 0,958 - 0,21 9299

FR0012127173 OSE IMMUNOg C 5,98 6,08 5,88 5,96 - 0,67 7121

FR0004038263 PARROT B 2,38 2,55 2,38 2,45 + 1,66 12052

FR0000038465 PASSATg C 4,66 4,66 4,5 4,5 - 3,43 350

FR0011027135 PATRIMOINE ET COMM B 13,9 14 13,7 13,85 - 0,36 1012

FR0000053514 PCAS B 9,9 9,9 9,5 9,85 + 0,51 3174

FR0012432516 POXELg C 6,79 7,18 6,76 6,97 + 2,95 241337

FR0012613610 PRODWAYS GROUPg C 1,82 1,82 1,78 1,78 - 0,28 12171

FR0000075954 RIBERg C 1,43 1,45 1,42 1,44 + 1,05 9630

FR0013344173 ROCHE BOBOIS SA B 14,75 14,75 14,7 14,75 + 0,34 306

FR0000054199 S.T. DUPONT C 0,081 0,085 0,079 0,085+ 2,66 218907

FR0006239109 SCBSMg C 7,15 7,15 6,9 7,1 1251

FR0000039109 SECHE ENVIRONNEM.g B 36,15 36,25 35,55 35,55 - 1,11 2288

FR0011950682 SERGEFERRARI GPg C 5,94 6,9 5,92 6,44 + 8,78 56681

FR0000060790 SIGNAUX GIRODg C 10,85 10,85 10,55 10,55 - 2,77 335

FR0000074122 SIIg C 18,5 18,5 18,1 18,1 - 3,21 21567

FR0004016699 SMTPCg B 18,2 18,25 18,1 18,1 + 0,28 1205

FR0000078321 SODITECH C 0,47 0,47 0,47 0,47 - 14,55 866

FR0000065864 SOGECLAIRg C 12,5 13 12,45 13 + 3,59 3656

FR0010526814 SUPERSONICSg C 1,495 1,495 1,495 1,495 323

FR0010918292 TECHNICOLORg B 2,42 2,517 2,351 2,517 + 4,01 122263

FR0004529147 TESSI B 89,2 90 89,2 90 + 0,9 3789

FR0000033003 TOUAXg C 5 5 4,96 5 4111

FR0000074197 UNION TECH.INFOR.g C 0,454 0,454 0,436 0,446 - 2,62 4399

FR0004186856 VETOQUINOL B 66,8 67 66 67 + 0,3 14227

FR0000066680 VIDELIO C 1,73 1,73 1,7 1,7 - 1,73 1424

FR0000050049 VIEL ET CIE C 4,73 4,9 4,73 4,9 + 3,59 1678

FR0004183960 VOLUNTISg C 1,33 1,33 1,3 1,316 - 1,05 2829

FR0000062796 VRANKEN - POMMERY B 13,35 13,5 13,3 13,4 + 0,75 1155

FR0004034072 XILAM ANIMATIONg C 41,5 42,1 41,05 41,8 + 0,97 4267

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL

ACTIONSEURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES

CERTIFICAT/FONDS INVESTIR 10INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 116,17 -0,68

INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 96,45 0,36

Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP.Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembour-geoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».

Banque Cantonalede Genève (France) SATél. 04 72 07 31 50bcgef.fr/fonds

CLA

SSIF

ICAT

ION

CLA

SSIF

ICAT

ION

Mirabaud Asset ManagementTél. +41 058 200 60 [email protected]

LU0704154292 RAM (L) SF EM MKT EQ 177,52 16/07

LU0375629556 RAM (L) SF EUROPEAN EQ 424,53 16/07

LU1048876350 RAM (L) SF GB STB INCOME EQ 115,47 16/07

LU0705072691 RAM (L) SF L/S EM MKT EQ 103,42 16/07

VAL. UNIT DATE DERNIERDÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET

CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS**MONT. DATE

VAL. UNIT DATE DERNIERDÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET

CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS**MONT. DATE

VAL. UNIT DATE DERNIERDÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET

CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS**MONT. DATE

VAL. UNIT DATE DERNIERDÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET

CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS**MONT. DATEC

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Page 26: Les Echos - 20 07 2020

26 // Lundi 20 juillet 2020 Les Echos

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// Budget de l’Etat 2020 : 399,2 milliards d’euros // PIB 2019 :2.479,4 milliards d’euros courants// Plafond Sécurité sociale :3.428 euros/mois à partir du 01-01-2020 // SMIC horaire :10,15 euros à partir du 01-01-2020 // Capitalisation boursière de Paris :1.827,78 milliards d’euros (au 06-01-2020)// Indice des prix (base 100 en 2015) :103,55 en décembre 2020 // Taux de chômage (BIT) :8,6 % au 3etrimestre 2019 // Dette publique :2.415,1 milliards d’euros au 3etrimestre 2019

= Les chiffres de l’économie

crible

En mode « autopilot »Netflix et Tesla sont les deux faces d’une même réalité boursière : l’excès de grégarisme.

Lorsque le Petit Prince lui demanda de dessiner un mouton, Saint-Exupéry esquissa une caisse. « Le mouton que tu veux est dedans », lui répondit-il. Même depuis le tombereau d’études qui n’a jamais rempli l’abîme de perplexité suscité par le phénomène, il s’agissait de la meilleure description du grégarisme boursier. Celui-ci atteint des paroxysmes jamais vus avec la « Big Tech ». Les plus grandes valeurs du S&P 500 sont « les plus chères en termes d’évaluations traditionnelles », mais « elles ont également connu les meilleurs rendements cette année », ne peut que constater John Plassard chez Mirabaud. Netflix et Tesla sont donc les deux « caisses » à rêve du moment. L’un a pratiquement doublé en Bourse depuis fin septembre 2019, le titre de l’autre a été multiplié par 6,5. Même si les gérants se rassurent sur la taille de la bulle technologique en regardant la capitalisation des bénéfi-ces des 100 premières sociétés du Nasdaq – à 28 fois ceux escomptés en 2020, elle reste loin des années 2000 à plus de 50 fois –, Netflix, à 56 fois, et Tesla, à 305 fois, se rapprochent de la falaise meurtrière. Les indices eux-mêmes ne peuvent toutefois plus ignorer le champion de la voiture électrique. Les experts de Bloomberg font le pari que le conseil scientifique du S&P 500 fera une exception à la règle des quatre trimestres profitables d’affilée pour l’inclure rapidement. S’ils l’avaient fait plus tôt, l’indice serait déjà dans le vert depuis le 1er janvier, au lieu d’un recul de 0,2 %. Ne pas suivre le mouvement a aussi un coût.

Immunité suédoise

« Vieilles églises ont sombres fenêtres ». La cathédrale suédoise des télécoms, Ericsson, ne démentait guère le proverbe du royaume lorsque Börje Ekholm, envoyé en pompier par la famille Wallenberg, y fit son entrée il y a trois ans et demi. Presque un siècle et demi d’existence avait creusé beaucoup d’ouvertures qui perdait la chaleur des profits sans faire entrer la lumière de la croissance. Celle tournée vers le grand public, dans les smartphones avec Sony, est refermée depuis huit ans. Une autre, dans les routeurs, a été ensuite rebouchée et l’ingénieur électrique en a rapidement colmaté une dernière, dans les logiciels vidéo. Le reste de ce chantier a été très classique – suppression de plus de 15 % de l’effectif et 1 milliard d’euros d’économies annuelles – mais il est tombé à pic, au moment du démarrage de la 5G. A voir le retard de Nokia, il serait abusif de considérer les équipe-mentiers européens de télécoms comme les gagnants du « réseau de fer » baissé par l’administration Trump à l’égard de la Chine. Mais il faut bien reconnaître qu’en fournissant d’une main AT&T, Verizon et T-Mobile et de l’autre China Mobile, China Telecom et China Unicom, Ericsson bénéficie du meilleur des deux mondes sans en avoir aucun des inconvénients. Si les contrats stratégiques dans l’ex-empire du Milieu pèsent sur sa marge brute, la raréfaction des puces étranglant son concurrent Huawei pourrait encore élargir ce boulevard à l’international. La pandémie n’a pas ralenti sa croissance, et les résultats sensiblement meilleurs que prévu au deuxiè-me trimestre ont porté son titre en Bourse à un plus haut de cinq ans. On a fini par trouver l’immunité suédoise.

La pandémie ne ralentit pas vraiment la renaissance d’Ericsson.

Le CAC 40 termine dans le rouge

• La Bourse de Paris a terminé en baisse pour la deuxième séance consécutive vendredi. L’indice CAC 40 a abandonné 0,31 % à 5.069,42 points. Sur la semaine, le CAC 40 s’est toutefois adjugé 1,99 %,réduisant ses pertes à 15,20 % cette année. La prudence a dominé alors que les investisseurs surveillent avec attention les négociations à Bruxelles sur le plan de relance européen de 750 milliards d’euros. La poursuite de l’épidémie de coro-navirus aux Etats-Unis et le renfor-cement des mesures anti-Covid dans certains pays d’Europe pèsent

également sur le sentiment. Du côtédes valeurs, STMicroelectronicsa terminé en tête du CAC 40 avec ungain de 2,39 %, porté par les annon-ces positives de l’équipementier télécoms Ericsson. Le secteur ban-caire est en revanche à la peine. AXA a chuté de 1,83 %, alors que Société Générale abandonnait 1,58 % et BNP Paribas 1,52 %. Cré-dit Agricole SA a quant à lui cédé 1,11 % sur la séance. Les investis-seurs se sont, par ailleurs, détour-nés des valeurs touristiques en Europe. Dans le CAC, Accor a ter-miné en baisse de 1,83 %.

C ette fois-ci l’ère Joffrin semble bel et bien termi-née à « Libération ». Après quarante ans, – avecquelques allers-retours à « L’Obs » – l’éditoria-

liste a signé son acte de mort journalistique en lançant un mouvement politique pour reconstruire la gau-che. Ça commence fort : celui qui est considéré comme le deuxième père de « Libé », après Serge July, s’est vu prier par la rédaction d’abandonner toute fonction édi-toriale alors qu’il serait bien resté chroniqueur. La cla-que ! C’est dur, la politique. « Mon engagement à gauche, pour le progrès, est un prolongement de tout ce que j’ai faità “Libération” en tant que journaliste depuis les années 1980 », a-t-il plaidé devant ses troupes. A soixante-huit ans, ce féru de Napoléon mène probablement sa der-nière campagne… Avec toutes celles qu’il a menées à « Libé » et à « L’Obs », ce maréchal de la presse a déjà toutes les décorations du journalisme parisien au reversde son veston. Il ne lui manquait que la légion d’honneurde la gauche sociale démocrate, ce « grand cadavre à la renverse » qu’il espère contribuer à relancer après la parenthèse Macron. C’est là tout le sens du mouvementpolitique qu’il crée, premier étage d’une fusée pour sus-citer une candidature alternative pour la présiden-tielle… mais pas la sienne, assure-t-il. Tiens donc ! Mais alors pour qui roule-t-il, lui qui, depuis ses années de militant aux Jeunesses socialistes, fait de la politique depuis toujours ? Hollande ? Hidalgo ? « Libé » tient là un beau sujet d’enquête…

Laurent JoffrinEN VUE

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