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MERCREDI 18 NOVEMBRE 2020 ISSN0153.4831 113 e ANNÉE NUMÉRO 23329 36PAGES Antilles Réunion 4,10 €. Belgique 3,60 €. Espagne 4,40 €. Grande-Bretagne 3£80. Grèce 4,20 €. Italie 4,40 €. Luxembourg 3,80 €. Maroc 35 DH. Suisse 5,90 FS. Tunisie 5,50 TND. Zone CFA 3100 CFA. LE COURTIER EXPERT EN PLACEMENTS DE TRÉSORERIE POUR LES ENTREPRISES 01.83.81.81.61 pandat.fr finance DOMINIQUE SEUX DANS « L’ÉDITO ÉCO » À 7H45 DU LUNDI AU VENDREDI SUR Airbnb La start-up qui a fait vaciller l’hôtellerie part à l’assaut de la Bourse en pleine crise // P. 18 Enquête Brittany Ferries, une compagnie qui lutte pour sa survie // P. 14 Fred Tanneau/AFP Climat : les timides progrès du G20 Bourse : l’Europe rattrape son retard La poursuite du déploiement des énergies renouvelables risque d’être mise à mal. Photo Patrick Pleul/DPA/AFP CLIMAT Pour la première fois, les émissions de CO 2 liées à l’énergie des pays du G20 ont baissé en 2019, selon un rapport de l’initia- tive Climate Transparency, qui regroupe think tanks et ONG, publié ce mercredi. Mais ce fré- missement et la poursuite du déploiement des énergies renou- velables risquent d’être mis à mal alors que de nombreux plans de relance de l’économie soutien- nent les secteurs des énergies fos- siles sans conditions environne- mentales, prévient le collectif. Avec leurs mesures orientées vers la transition écologique, la France, l’Allemagne et l’UE se dis- tinguent au sein du G20. // PAGE 6 Le nouveau plan de Bercy pour les secteurs sinistrés l L’exécutif va muscler ses mesures d’urgence, avec notamment un renforcement du fonds de solidarité. l Restaurants : vers des aides proportionnelles au chiffre d’affaires. l Le rebond d’activité attendu pour 2021 revu à la baisse à +6 %. l Emmanuel Macron s’exprimera la semaine prochaine pour annon- cer un déconfinement « progressif ». // PAGES 2, 5 ET L’ÉDITORIAL DE JEAN-MARC VITTORI PAGE 15 Benoit Tessier/ Reuters et iStock MARCHÉS Avec les annonces concernant les différents vac- cins, l’optimisme est de retour sur les Bourses mondiales. Wall Street a repris sa course vers les sommets et les fonds spécialisés dans les actions américaines collectent comme jamais auprès des épargnants. Mais ce sont les marchés euro- péens qui mènent le rebond. Les places du Vieux Continent enregistrent parmi les meilleu- res performances mondiales des derniers mois. Le contexte est porteur pour les indices européens. Durement frappée par la crise, l’économie euro- péenne a tout à gagner de l’arri- vée d’un vaccin. Et les secteurs délais- sés durant la crise, au potentiel de rebond le plus fort, sont surreprésen- tés en Bourse. // PAGE 31 nimeurope.com 01 46 24 85 71 Paris • Metz • Lyon • Lille • Bordeaux Un manager en urgence pour relancer votre activité ! Cash management Réorganisation RH Gestion de crise Relance industrielle Retournement opérationnel Digitalisation accélérée HSBC prépare de nouvelles suppressions de postes en France BANQUE La filiale française du géant bancaire anglo-saxon pré- voit de réorganiser son activité Entreprises, qui emploie 1.200 per- sonnes. Cette réorganisation devrait toucher tous les segments de l’activité (PME, ETI, grandes entreprises), et se traduire par un plan de départs volontaires, dont les détails seront connus en décembre. Le groupe poursuit en parallèle le processus de cession de sa banque de détail en France, engagé il y a plus d’un an. Le seg- ment des PME qui faisait jusqu’ici partie du périmètre concerné par la vente a été retiré, faute d’un inté- rêt suffisant de la part d’acqué- reurs potentiels. // PAGE 33 Joe Biden renouera-t-il avec l’Europe ? L’analyse de Jacques Hubert-Rodier Une fois élu, Joe Biden s’est en- gagé à recoller les morceaux de l’Alliance atlantique. Une tâche de plus en plus compliquée par la distanciation progressive qui s’est installée entre Américains et Européens. Notamment du fait des évolutions démographi- ques des Etats-Unis, écrit Jac- ques Hubert-Rodier. // PAGE 10

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Page 1: Les Echos - 18 11 2020

MERCREDI 18 NOVEMBRE 2020

ISSN0153.4831 113e ANNÉENUMÉRO 23329 36PAGES

Antilles Réunion 4,10 €. Belgique 3,60 €.Espagne 4,40 €. Grande-Bretagne 3£80.Grèce 4,20 €. Italie 4,40 €. Luxembourg3,80 €. Maroc 35 DH. Suisse 5,90 FS. Tunisie5,50 TND. Zone CFA 3100 CFA.

LE COURTIER EXPERT EN PLACEMENTSDE TRÉSORERIE POUR LES ENTREPRISES

01.83.81.81.61 pandat.fr

finance

DOMINIQUE SEUXDANS « L’ÉDITO ÉCO »À 7H45DU LUNDI AU VENDREDI

SUR

Airbnb La start-up qui a fait vaciller l’hôtellerie part à l’assaut de la Bourse en pleine crise // P. 18

Enquête Brittany Ferries, une compagnie qui lutte pour sa survie // P. 14

Fred

Tan

neau

/AFP

Climat : les timides progrès du G20

Bourse : l’Europe rattrape son retard

La poursuite du déploiement des énergies renouvelables risque d’être mise à mal. Photo Patrick Pleul/DPA/AFP

CLIMAT Pour la première fois, lesémissions de CO2 liées à l’énergie des pays du G20 ont baissé en 2019, selon un rapport de l’initia-tive Climate Transparency, qui regroupe think tanks et ONG, publié ce mercredi. Mais ce fré-missement et la poursuite du déploiement des énergies renou-velables risquent d’être mis à mal

alors que de nombreux plans de relance de l’économie soutien-nent les secteurs des énergies fos-siles sans conditions environne-mentales, prévient le collectif. Avec leurs mesures orientées versla transition écologique, la France, l’Allemagne et l’UE se dis-tinguent au sein du G20. // PAGE 6

Le nouveau plan de Bercy pour les secteurs sinistrés

l L’exécutif va muscler ses mesures d’urgence, avec notamment un renforcement du fonds de solidarité.l Restaurants : vers des aides proportionnelles au chiffre d’affaires.l Le rebond d’activité attendu pour 2021 revu à la baisse à +6 %.l Emmanuel Macron s’exprimera la semaine prochaine pour annon-cer un déconfinement « progressif ». // PAGES 2, 5 ET L’ÉDITORIAL DE JEAN-MARC VITTORI PAGE 15

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MARCHÉS Avec les annonces concernant les différents vac-cins, l’optimisme est de retour sur les Bourses mondiales. Wall Street a repris sa course vers les sommets et les fonds spécialisés dans les actions américaines collectent comme jamais auprès des épargnants. Mais ce sont les marchés euro-péens qui mènent le rebond. Les places du Vieux Continent enregistrent parmi les meilleu-res performances mondiales des derniers mois. Le contexte est porteur pour les indices européens. Durement frappée par la crise, l’économie euro-péenne a tout à gagner de l’arri-

vée d’un vaccin. Et les secteurs délais-sés durant la crise, au potentiel de rebond le plus fort, sont surreprésen-tés en Bourse. // PAGE 31

nimeurope.com01 46 24 85 71Paris • Metz • Lyon • Lille • Bordeaux

Un manager en urgence pourrelancer votre activité !

Cashmanagement

Réorganisation RH

Gestion de crise

Relanceindustrielle

Retournementopérationnel

Digitalisationaccélérée

HSBC prépare de nouvelles suppressions de postes en France

BANQUE La filiale française du géant bancaire anglo-saxon pré-voit de réorganiser son activité Entreprises, qui emploie 1.200 per-sonnes. Cette réorganisation devrait toucher tous les segments de l’activité (PME, ETI, grandes entreprises), et se traduire par un plan de départs volontaires, dont les détails seront connus en décembre. Le groupe poursuit en parallèle le processus de cession desa banque de détail en France, engagé il y a plus d’un an. Le seg-ment des PME qui faisait jusqu’ici partie du périmètre concerné par la vente a été retiré, faute d’un inté-rêt suffisant de la part d’acqué-reurs potentiels. // PAGE 33

Joe Biden renouera-t-il avec l’Europe ?L’analyse deJacques Hubert-Rodier

Une fois élu, Joe Biden s’est en-gagé à recoller les morceaux de l’Alliance atlantique. Une tâche de plus en plus compliquée par la distanciation progressive qui s’est installée entre Américains et Européens. Notamment du fait des évolutions démographi-ques des Etats-Unis, écrit Jac-ques Hubert-Rodier. // PAGE 10

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Guillaume de Calignon @gcalignon

La prévision est un art difficile, parti-culièrement en ces temps de confi-nement. L’Insee tente de nouveau d’éclairer cette pénombre dans laquelle sont maintenus les écono-mistes. Dans une note publiée mardi, l’Institut national de la statis-tique prévoit que le PIB du quatrièmetrimestre de cette année sera de 8 % inférieur à son niveau des trois der-niers mois de l’an passé, avant l’irruption du Covid-19. Par rapport au troisième trimestre (en fort rebond), le recul atteindrait 4,5 %.

Pour arriver à cette prévision, leséconomistes de l’Insee ont fait l’hypothèse d’un reconfinement quidurerait encore les deux premières

semaines de décembre. Si le confi-nement était prolongé jusqu’à la fin de l’année, alors le PIB du qua-trième trimestre serait plus bas de 9,5 % à celui d’il y a un an. La richesse nationale produite sur toute l’année 2020 baisserait alors entre 9 et 10 %, selon le scénario, parrapport à celle produite en 2019.

Pour l’instant, « les données hautefréquence disponibles suggèrent que les pertes sont plus importantes en France que dans les pays voisins au cours de cette deuxième vague », avance Julien Pouget, le chef du département de la conjoncture à l’Insee. Les indicateurs de mobilité montrent en effet que les Français se déplacent moins depuis octobre.

Toutefois, « l’impact de ce reconfi-nement sera moins brutal qu’au printemps dernier », juge l’expert del’Insee. D’abord parce que les mesu-res sanitaires sont moins strictes qu’en mars dernier. Ensuite parce qu’après la sidération du printempset la soudaineté de l’événement qui avait surpris tout le monde, les acteurs économiques, entreprises et ménages, se sont adaptés. « Le

télétravail s’est développé massive-ment, les protocoles sanitaires sont relativement bien rodés, la vente à distance est largement entrée dans lesmœurs et les écoles sont restées ouvertes », résume l’économiste.

Ainsi, le PIB du mois de novem-bre devrait être inférieur de 13 % à lanormale, c’est-à-dire au niveau d’avant la crise alors qu’il avait plongé de 30 % en avril dernier, lorsdu premier confinement. C’est à peu près ce que la Banque de Franceanticipait la semaine dernière. Il semble que la construction et l’industrie connaissent un ralentis-sement beaucoup plus limité qu’au printemps. Ce qui participe large-ment à ce coût plus faible de ce nou-veau confinement.

Consommation en berneDu côté de la consommation des ménages, « le recul serait un peu plus prononcé que celui du PIB, de l’ordre de 15 % par rapport au niveau d’avant-crise, soit la moitié de la chute enregis-trée au moment du premier confine-ment », explique l’Insee dans sa note de conjoncture. Ce qui fera mécani-

quement encore grimper l’épargne puisque les revenus devraient bais-ser beaucoup moins vite.

Les commerces sont un peumoins nombreux à être fermés qu’il y a six mois, la vente en ligne s’est développée. Les dépenses en biens manufacturés, et notamment les matériels de transport, reculeraient ainsi relativement peu en novembrepar rapport à ce qui s’était passé en avril. Mieux, au cours des premiers jours de novembre, les achats en informatique et électronique étaientsupérieurs à il y a un an.

Cela n’enlève toutefois pas les diffi-cultés de l’hôtellerie-restauration oudes entreprises d’autres secteurs, touchées par l’obligation de ferme-ture administrative. Là, les chiffres d’affaires se sont effondrés. Et cela devrait encore durer quelques semaines. La grande interrogation des prochains mois sera de savoir si les entreprises et les ménages vont changer durablement leurs com-portements après le déconfinement.C’est, avec la rapidité de la disponibi-lité d’un vaccin, ce qui définira la vitesse de la reprise en 2021. n

Au quatrième trimestre, l’activité en France serait inférieure de 8 % à celle de la fin de 2019Le PIB devrait reculer de 4,5 % au quatrième trimes-tre par rapport au troi-sième, estime l’Insee dans une note présentée mardi. Sur l’ensemble de 2020, la baisse de l’activité économi-que serait entre 9 % et 10 %.

nuer à produire. Alors que l’industrie tournait à 60 % de ses capacités de production norma-les en avril dernier, en novembre,selon l’Insee, elles fonctionne-raient à 87 % de la normale. Le respect de protocoles sanitaires stricts et les accords passés avec les syndicats sont passés par là. Ces mesures ne sont pas neutres toutefois, puisque près de la moi-tié des entreprises interrogées par l’Insee considèrent qu’elles réduisent leur productivité.

Pas d’achats de stockageLes ménages aussi se sont adap-tés aux nouvelles conditions sani-taires, comme le prouvent les chiffres de vente en ligne. Autre point, ils n’ont pas paniqué ni pro-cédé à des achats de stockage comme au printemps. Les don-nées sur les transactions par cartebancaire indiquent que les dépen-ses en alimentation ont grimpé d’environ 40 % au cours des jours précédant la mise en place du confinement de cet automne alors qu’elles avaient été multi-pliées par trois en mars dernier.

Les Français ont eu, en revan-che, le réflexe de se rendre dans lescommerces non essentiels avant leur fermeture administrative. Finoctobre, les achats de biens d’équi-pement du foyer ont augmenté de 50 % lors des quelques journées avant le début du confinement alors qu’ils avaient baissé d’autant début mars. En mars, les Français n’avaient pas pensé à acheter leur cafetière avant la grande glacia-tion de l’économie et la fermeture de tous les cafés du pays. — G. C.

« Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux change-ments. » Cette pensée de Charles Darwin est aussi valable pour les entreprises et les salariés.

La crise du Covid-19 permet demesurer de nouveau la formida-ble plasticité de l’économie de marché. Développement du télé-travail, adaptation des manières de produire dans les usines pour respecter les consignes sanitaires, « click and collect » pour les maga-sins et les restaurants… les exem-ples sont nombreux. Ainsi, les Français se sont rués sur Internet. Lors des premiers jours de novem-bre, la vente en ligne était supé-rieure de 60 % à ce qu’elle était un mois avant. Lors du premier confi-nement, les transactions en ligne avaient… chuté de 40 % quelques jours après la mise en place des contraintes sanitaires.

L’analyse par l’Insee des don-nées de cartes bancaires montre aussi que l’activité du secteur de larestauration, qui avait chuté à quasiment zéro au printemps dernier, a baissé de 60 % début novembre. C’est toujours consi-dérable mais c’est 35 points de moins qu’en avril, ce qui s’expli-que en grande partie par les servi-ces de « click and collect » mis en place. Dans les usines, les proces-sus ont été adaptés pour conti-

Les ventes en ligne ont grimpé dès le début du nouveau confinement alors qu’elles avaient baissé au printemps.

Les entreprises et les consommateurs se sont très vite adaptés au reconfinement

Renaud Honoré @r_honore

Si le pic semble en cours de dépasse-ment pour la crise sanitaire, cela semble encore loin d’être le cas pourla crise des finances publiques. Cel-le-ci promet de durer encore, au vu des nouvelles prévisions diffusées mardi soir par Bercy, qui reprennentla recette du cocktail expérimenté depuis le printemps : moins de crois-sance, plus de dépenses. Ainsi, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a annoncé tabler désormais sur un rebond de l’activité de 6 % l’anprochain, alors qu’il espérait +8 % enseptembre, avant que la deuxième vague épidémique n’advienne. « C’est une prévision sincère, pru-dente et responsable », a-t-il assuré.

C’est la deuxième fois, en deuxsemaines, que l’exécutif doit revoir ses plans en matière d’activité. Débutnovembre, il avait déjà annoncé une prévision de récession pour 2020 pire qu’attendu, à – 11 % (–10 % aupa-ravant). Mais Bruno Le Maire estimedésormais que « cela pourrait être meilleur au final », au vu des pre-miers retours qui montrent un second confinement moins destruc-teur pour l’économie que le premier.

Pour 2021, la prévision a été bâtiesur l’hypothèse d’un « maintien de règles sanitaires plus strictes pour les mois qui viennent », mais « sans troi-sième confinement », a précisé le ministre. Celui-ci s’accroche à son objectif d’un retour fin 2022 au niveau d’activité d’avant-crise, et ce, même si la marche est plus haute. Ainsi l’écart de production avec 2019serait de – 4 % fin 2021, alors que Bercy espérait en septembre pou-voir le ramener à – 2,7 % à cet hori-zon. Si l’exécutif avance quelques nouveaux chiffres pour le niveau d’activité, ce n’est pas encore le cas concernant la dette et le déficit. En septembre, ce dernier était anticipé à 6,7 % de PIB fin 2021. Les cordons de la bourse sont plus que jamais ouverts pour contrer les effets de la

crise, et Bruno Le Maire se donne encore quelques jours pour chiffrer le nouvel effort qui va être fait. « Nous travaillons à des mesures de soutien complémentaires », a expli-qué le ministre de l’Economie.

Cela concernera notamment lefonds de solidarité pour les PME et les indépendants, qui va connaître une troisième version dans les joursà venir. Au printemps, celui-ci avait été bâti sur l’idée d’une aide men-suelle forfaitaire de 1.500 euros, montant revu à 10.000 euros en octobre pour la deuxième vague. « Mais ça ne suffira pas forcément pour des entreprises de la restaura-tion, de l’hôtellerie, de l’événementiel qui ne retrouveront jamais le chiffre d’affaires perdu, au contraire d’une librairie qui peut espérer refaire une partie de ses pertes en décembre », a expliqué Bruno Le Maire.

Chômage partielCelui-ci travaille à une aide alterna-tive qui soit proportionnelle aux revenus perdus. Selon nos informa-tions, les entreprises concernées demandent que cela représente 15 % du chiffre d’affaires. « On est entrain de voir pour le taux », a préciséle ministre de l’Economie. Le cas des entreprises qui ont plusieurs établissements (restaurants, coif-feurs, etc.) mais qui ne peuvent recevoir qu’une seule aide à 10.000 euros est également étudié. Bercy a en tout cas bien conscience qu’il faudra des gestes supplémen-taires substantiels pour les indé-pendants (restaurateurs en tête) quiresteront fermés administrative-ment en décembre, quand les com-merces, eux, devraient rouvrir.

Ce n’est pas la seule ligne de créditsbudgétaires où le « quoi qu’il en coûte » macronien va être appliqué. Bercy travaille aussi à des rallonges pour les montants consacrés en 2021aux exonérations de charges et au chômage partiel. « Tant que je ne saispas si les stations de ski vont ouvrir oupas, ce qui peut mettre potentielle-ment 100.000 personnes en chômage partiel, il m’est difficile de donner un montant définitif », a précisé le ministre. Celui-ci ajoute également

sieurs autres sujets. Concernant les fonds propres des entreprises, le ministre veut augmenter de 7 à 8 ansla maturité des prêts participatifs, ennégociant les taux les plus incitatifs possible. Il y aura par ailleurs dans lebudget « tous les fonds nécessaires pour mettre plus de garanties d’Etat sinécessaire ». En clair, le montant de 20 milliards de prêts participatifs pourra être dépassé au besoin. Enfin, le ministre se dit attentif aux 90 milliards épargnés par les Fran-çais durant la crise. « Nous allons inciter les Français à consommer et à investir dans l’économie réelle, par exemple en favorisant l’actionnariat salarié », a-t-il précisé. n

l Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a révisé de 8 % à 6 % le rebond de l’activité l’an prochain.l La facture des mesures de soutien va encore être alourdie, notamment via une nouvelle aide proportionnelle au chiffre d’affaires perdu dans le cadre du fonds de solidarité. Le mécanisme des prêts participatifs va aussi être musclé.

Bercy revoit à la baisse à 6 % la croissance pour 2021 et renforce le fonds de solidarité

FINANCES PUBLIQUES

que l’exécutif « fera ce qui est néces-saire pour les plus démunis », alors qu’une étude de l’IPP a pointé les pos-sibles trous dans la raquette des aides pour les précaires et les jeunes.

Bruno Le Maire dit aussi vouloir« améliorer notre copie » sur plu-

« Nous travaillons à des mesures de soutien complémentaires. »BRUNO LE MAIREMinistre de l’Economie

FRANCE Mercredi 18 novembre 2020 Les Echos

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Les Echos Mercredi 18 novembre 2020 FRANCE // 03

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Être une banque responsable, c’est accompagnernos clients vers un avenir durable, intégrer les enjeuxenvironnementaux dans nos actions et soutenirla société qui nous entoure. C’est agir aujourd’huicomme si c’était déjà demain.

Imaginons l’avenir

Isabelle Couet @icouet

Conjuguer relance et développe-ment de l’actionnariat salarié ne va pas forcément de soi en cette période de crise économique. Le gouvernement ne renonce pas pourautant. Il a voulu le prouver en sou-tenant certains amendements au projet de loi de finances pour 2021. Deux propositions des députés de la majorité visant à faciliter l’essor de l’actionnariat salarié ont ainsi été adoptées vendredi. Bercy, qui, depuis le début du quinquennat et en phase avec Emmanuel Macron, promeut un meilleur partage de la valeur ajoutée entre l’entreprise et les salariés, s’en est félicité.

Flécher l’épargne vers les fonds propresInscrite dans le cadre du plan de relance de 100 milliards d’euros, la première disposition exonère tem-porairement de forfait social (20 %) les abondements de l’employeur quiviennent compléter les versements volontaires des salariés pour acqué-rir des actions de leur entreprise au sein de leur plan d’épargne salariale (PEE). L’objectif de cette mesure, quidurera jusqu’à fin 2022, est « d’inci-ter les salariés à flécher leur épargne vers le renforcement des fonds pro-pres des entreprises ». Cet article lèveaussi une ambiguïté. Il précise que « le forfait social au taux de 10 % est également applicable aux versementsunilatéraux de l’employeur destinés au financement d’une opération d’actionnariat salarié en l’absence de contribution du salarié ».

Quant au deuxième amende-ment, il étend aux entreprises de taille intermédiaire (ETI) qui n’ont jamais versé de dividendes depuis leur création, les exonérations dont

SOCIAL

Les députés ont voté de nouvelles exoné-rations pour inciter les entreprises à développer l’actionnariat salarié.

Nouveau coup de pouce en faveur de l’actionnariat salarié

bénéficient aujourd’hui les PME qui attribuent gratuitement à leurs salariés des actions de l’entreprise.

« En encourageant le développe-ment de l’actionnariat salarié, nous donnons une place plus importante aux salariés dans le partage des béné-fices et la gouvernance de leur entre-prise, tout en soutenant financiè-rement les entreprises dans cette période », a fait valoir le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire.

Quel sera le coût de ces exonéra-tions pour les finances publiques ? Bercy ne donne aucune estimation.« Chiffrer des mesures de ce type, incitatives et temporaires, est diffi-cile, d’autant que l’actionnariat sala-rié reste peu développé dans notre pays », a, pour sa part, répondu la députée LREM Cendra Motin, qui présentait le dispositif vendredi.

Bercy aimerait, lui aussi, que cesincitations déclenchent une vague d’intérêt des Français qui, depuis le début du confinement, ont accu-mulé quelque 90 milliards d’épar-gne, mais cela paraît illusoire. Pour atteindre l’objectif de 10 % du capital

des entreprises françaises détenus par les salariés, comme le souhaite Bruno Le Maire, il faudra surtout que les chantiers lancés depuis la loiPacte trouvent un second souffle.

En janvier dernier, le ministre del’Economie et la ministre du Travail ont nommé trois « ambassadeurs » pour aider les branches profession-nelles à négocier leur régime de participation et d’intéressement. La date butoir des négociations a été reportée d’un an, à fin 2021, à l’occa-sion du projet de loi pour l’Accéléra-tion et la simplification de l’action publique, ce qui n’est pas bon signe. Par ailleurs, les concertations avec les partenaires sociaux sur le par-tage de la valeur n’en sont qu’à leurs débuts et sont éclipsées par les sujetsde crise, comme le télétravail. n

Bercy aimerait que ces incitations déclenchent une vague d’intérêt des Français.

18.000 signatures. Face à la « mise en place massive des cours à dis-tance » sur une longue période, les signataires s’interrogent « sur la légitimité du montant payé ». Ils pointent des cours qui seraient « de moins bonne qualité », un non-accès aux installations de l’école « qu’ils paient pourtant » et des loyers qu’ils doivent acquitter sans être sur les campus.

La question des frais de scolarités’était déjà posée lors du premier confinement. Elle avait resurgi à HEC Paris, dès septembre. Dans un sondage interne réalisé par des étu-diants, que « Les Echos » se sont pro-curé, l’un d’eux écrivait déjà : « Les frais de scolarité sont devenus exorbi-tants. Avant, HEC, ça faisait rêver. Aujourd’hui, faire HEC pourrait devenir synonyme d’être un pigeon. »

Frustration« Les étudiants qui étaient en classe préparatoire l’an dernier ont eu des concours très particuliers, compli-qués à gérer, souligne Etienne Loos, leprésident du Bureau national des étudiants en école de management (BNEM). En arrivant dans une grandeécole, ils s’attendaient à profiter de la vie associative, or ils se retrouvent à retourner chez papa et maman et à rester sur le canapé au lieu de pouvoirfaire leurs échanges à l’étranger. Cette

frustration a fait resurgir ce débat. » A Toulouse Business School, une pétition lancée fin octobre a recueilli plus de 1.000 signatures, avant qu’un échange avec la direc-tion ne conduise les étudiants à la retirer. L’école met en avant le res-pect des heures d’enseignement et de leur contenu, « l’engagement sur la qualité pédagogique », le fait qu’elle ne distribue pas de dividendesou qu’elle a alloué 65.000 euros aux étudiants « les plus nécessiteux ».

Lettre ouverteLes grandes écoles de managementviennent de publier une lettre ouverte, en espérant contenir la colère. « Les cours à distance ne coû-tent pas moins cher que les cours en présentiel, expliquent-elles. Ils coû-tent même plus cher, et le surcoût n’apas été répercuté dans les frais de sco-larité. » Certaines écoles ont investi plusieurs millions d’euros dans les nouvelles technologies pour les cours à distance. Les professeurs continuent à délivrer leurs cours

« avec les mêmes objectifs de qua-lité » et les investissements en recherche ont été maintenus, écri-vent-elles encore.

Diminuer les frais de scolaritésignifierait « réduire les dépenses, sous peine de déséquilibrer nos budgets », préviennent-elles, en détaillant leur modèle économi-que. « Le coût des études en écoles de commerce ne couvre pas le coût réel moyen de formation des étudiants », insistent-elles en indiquant qu’elles ne peuvent plus, comme par le passé, compter sur les subventions des chambres de commerce ni sur les « revenus de la formation conti-nue [qui ont été] fortement réduits du fait de la crise sanitaire ».

« Si on baisse les frais de scolarité,on met en péril l’équilibre de l’école et des écoles en général, prévient le directeur général de Kedge Business School, Alexandre de Navailles. Notre masse salariale et nos charges restent les mêmes, et il n’y a pas de chômage partiel car tout le monde reste sur le pont. » n

Marie-Christine Corbier @mccorbier

C’est une contestation qui monte et qui jette une lumière crue sur le financement des grandes écoles de management. Une pétition en lignedepuis le 10 novembre, d’étudiants et de parents issus de 23 écoles de management, réclame « un remboursement partiel des frais de scolarité », qui atteignent, selon les établissements, entre 7.000 et 15.000 euros à l’année. La pétition a déjà rassemblé plus de

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Confrontés aux cours massifs à distance, des étudiants en école de management et leurs parents récla-ment un rembourse-ment partiel des frais de scolarité.

Les établissements répondent ne pas pouvoir le faire, sauf à « mettre en péril » leur modèle économique.

Frais de scolarité des grandes écoles de commerce : la fronde

A Toulouse Business School, une pétition étudiante lancée fin octobre a recueilli plus de 1.000 signatures, avant qu’elle ne soit retirée après un échange avec la direction. Photo Sipa

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04 // FRANCE Mercredi 18 novembre 2020 Les Echos

Retrouvez Nicolas Barréà 7h15 pour « L’éclairage éco »dans le 7h-9h de Matthieu Belliard

tat, le nombre de malades du Covid en réanimation se stabilise autour de 4.900. En revanche, le pic des hospitalisations n’a pas encore été enjambé, avec lundi plus de 33.000 cas de Covid simultanés.

Dans ce contexte, il est très peuprobable que la courbe des réani-mations pour Covid monte jusqu’à 7.000 lits occupés simultanément – comme prévu en cas d’échec du confinement – ou même à 6.000 lits– le scénario du confinement réussi.Olivier Véran s’est cependant défendu de tout alarmisme mardi. En comptant les patients non-Co-

vid, « nous sommes à date à environ 8.300, 8.400 malades en réanima-tion, c’est-à-dire plus de 140 % de noscapacités initiales », a-t-il expliqué.

Opérations reprogrammées« On est loin d’une situation totale-ment au vert, c’est un plateau qui s’installe », a mis en garde de son côté le président de la Fédération hospitalière de France, Frédéric Valletoux. « En Auvergne-Rhône-Al-pes, dans les Hauts-de-France, en Ile-de-France, les niveaux de prise en charge sont encore élevés », a-t-il détaillé mardi. En effet, en Auver-g n e - R h ô n e - A l p e s , p l u s d e 7.000 personnes demeuraient hos-pitalisées lundi, contre 3.000 au pic d’avril, avec 860 personnes en réani-mation dimanche. Dans les Hauts-de-France, les hospitalisations pourCovid ont grimpé à 3.200, contre 2.600 en première vague. En Pro-vence-Alpes-Côte d’Azur, la pre-mière bosse était à 1.900 et le rebondà 3.300. Sans parler de l’Occitanie, passée de 1.000 à 2.200.

A l’inverse, l’Ile-de-France est enbien meilleure posture qu’au prin-

t e m p s e t p e u t s e p e r m e t t r e d’accueillir des patients venus d’autres régions après avoir envoyé les siens ailleurs. D’une vague à l’autre, il y a dans la région moitié moins de patients hospitalisés (6.600 au lieu de 13.200 en avril). Même chose pour les cas de réani-mation. Surtout, le nombre de Fran-ciliens en réanimation semble avoiratteint un plateau, voire amorcé unedescente depuis le pic du 12 novem-bre (à 1.133 patients). Les projectionsinternes de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris tablent d’ailleurs désormais sur un reflux (940 à 1 .075 cas en réanimation ce samedi).

Même si l’incidence se réduit enville, la décrue à l’hôpital sera lente, prévient toutefois la directrice géné-rale de la FHF, Zaynab Riet. Car si deslits Covid se libèrent, les hôpitaux qui débordaient vont pouvoir garderles nouveaux venus au lieu d’organi-ser des évacuations sanitaires. Et reprogrammer des opérations annulées ces dernières semaines. Les personnels hospitaliers ne vont pas beaucoup se reposer à Noël. n

vues au caractère facultatif de l’accord, elles ne peuvent que héris-ser les syndicats puisqu’il s’agit d’assouplir encore les conditions deformalisation du télétravail et de revoir la présomption d’imputabi-lité à l’employeur en cas d’accident en télétravail.

Quelle marge de discussion ?Interrogés avant d’entrer en négo-ciation, les syndicats expliquaient n’être pas surpris du caractère « ni prescriptif, ni contraignant » du pro-jet. Mais ils s’interrogeaient sur les marges de discussion du patronat. « Va-t-on arriver à faire de ce guide p a t ro n a l u n t e x t e p a r i t a i re utile ? Rien n’est moins sûr mais il nefaut pas insulter l’avenir », déclarait Jean-François Foucard, le négocia-teur de la CFE CGC.

Béatrice Clicq, la négociatrice deForce ouvrière, voulait croire à la volonté du patronat de négocier.

Elle pointait « quelques signes d’un début de prise en compte ». Mais du côté syndical, on est très inquiet de la suite.

Depuis le début, la CPME a ouver-tement affirmé son hostilité à la négociation d’un accord portant sur le télétravail en général. Le Medef a, lui, poussé pour ne pas limiter les discussions à la seule question du télétravail en cas de force majeure comme le voulait la Confédération des PME. « Pour évi-ter que les mesures prises ne se trans-forment ensuite en mesures structu-relles », explique un responsable patronal. Mais le conseil exécutif du Medef aurait rejeté plusieurs propositions d’ouverture.

Il y a à la fois le fait que le télétra-vail apparaît comme plus qu’acces-soire face à l’enjeu des difficultés et incertitudes économiques actuellesmais aussi la poussée de méconten-tement patronale sur le terrain, loinde se limiter aux seuls commer-

çants. Et puis il y a également le dis-cours menaçant du gouvernement sur l’obligation de généraliser le télétravail auquel peu croient. « Cela va tanguer avec les syndicats »,commente un responsable d’orga-nisation patronale qui ajoute : « Mais je ne sais pas si le bateau va seretourner ou pas. »

Du côté des organisations desalariés, on a conscience de la diffi-culté. « Il ne faut pas désespérer, on va essayer de détendre le calendrier »,explique un négociateur syndical, qui veut croire à un coup de pres-sion du gouvernement. Le pari est, en repoussant la date limite de négociation, fixée pour l’heure au 23 novembre, de permettre aux dis-cussions de se prolonger dans un contexte moins tendu.

Le chef de file de la délégationpatronale, Hubert Mongon, a pro-mis , lui,un nouveau texte pour la réunion de lundi qu’il a qualifié de « conclusive ». n

« On est loin d’une situation totalement au vert, c’est un plateau qui s’installe. »FRÉDÉRIC VALLETOUXPrésident de la Fédération hospitalière de France

Le Covid, anesthésiant politique

LE FAIT DU JOUR POLITIQUECécileCornudet

C ’est mardi, c’estpolémique. Soucieuxde revenir dans le jeu

national, Laurent Wauquiez promet une grande opération de tests en Auvergne-Rhône-Alpes avant Noël. « Effet d’annonce, rétorque Olivier Véran, ni l’ARS ni le préfet n’ont été mis au courant. » « Un ministre devrait essayer de travailler avec tout le monde », réplique le président de région.La deuxième vague décidément ne ressemble pas à la première. Même les régions n’arrivent plus à faire valoir des qualités qui manquent à l’Etat. Il faut dire que ce dernier a œuvré pour : le Code des marchés publics n’a cette fois pas été assoupli. Le « coup des masques » n’est pas déclinable.Ce qui vaut pour les présidents de régions vaut pour le reste des oppositions, gauche, droite ou extrêmes. L’heure tourne, la présiden-tielle n’est plus qu’à dix-huit mois, mais le Covid anesthésie la politique. Il vampirise l’actualité. Seuls restent à la droite la sécurité, mais Gérald Darmanin trace une route qui lui laisse peu d’espace ; et à la gauche le

social, mais jamais l’Etat ne s’est jamais montré si généreux. Sur le papier, le Covid semble aussi riche en occasions d’exister qu’il suscite de mécontents. « Il faut libérer les petits commerces », « autoriser les messes », entend-on à droite, « ouvrir les librairies », disent les maires de grandes villes, boycotter Amazon, dit la gauche, « supprimer la règle des 1 km », défendent les écolos. Oppositions porte-voix de leurs électeurs. Mais ce n’est pas si simple que cela. La droite défend l’économie, mais son électorat est aussi celui des personnes âgées, le plus favorable aux contraintes sanitaires. La gauche met l’accent sur les libertés publiques, mais la crainte du virus là encore est plus marquée dans les familles précaires. Alors ils naviguent, parlent haut (ou s’effacent comme le RN) mais surtout restent flous. Impossible de savoir ce qu’ils auraient fait au pouvoir.La cacophonie qui en résulte intervient dans un moment où les Français, pour beaucoup, ferment les écoutilles et coupent le son des infos. Fatigue. Ils s’anesthésient. Ne gardant qu’une oreille pour l’exécutif. Et encore. Le Maire se bat pour le petit commerce, Bachelot pour les libraires, Véran pour les hôpitaux. La politique à l’heure du chacun pour les [email protected]

En s’installant dans le temps, le virus impose aussi un climat politique qui transforme les oppositions en porte-voix de colères catégorielles.

en bref

Une pétition d’élus et de personnalités pour un « Noël sans Amazon »POLITIQUE Des élus de gauche et écologistes (les PS AnneHidalgo et Carole Delga, l’EELV Eric Piolle ou l’ex-LREM Mat-thieu Orphelin), des personnalités du monde de la culture et desassociations se sont associés à une pétition lancée mardi pourne pas recourir à la plateforme Amazon pendant la période deNoël et privilégier le recours aux commerces de proximité. Letexte réclame aussi « au pied de notre sapin » des lois qui frei-nent le développement du géant du numérique en France.

Le budget de la Sécu voté au SénatPOLITIQUE Le Sénat dominé par la droite a adopté mardi enpremière lecture le projet de budget de la Sécurité sociale pour2021 et ses déficits abyssaux, après avoir ajouté un article polé-mique sur les retraites qui n’a aucune chance de survivre à lanavette parlementaire. Cet amendement présenté par le LRRené-Paul Savary préconise de repousser l’âge légal de départ àla retraite jusqu’à 63 ans en 2025 et d’accélérer l’allongement dela durée de cotisations pour atteindre 43 annuités dès la généra-tion 1965. Quelques voix s’en sont désolidarisées à droite.

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Epidémie : les hôpitaux sous pression malgré la décruel Avec plus de 33.000 patients hospitalisés, la deuxième vague de l’épidémie n’est pas retombée, mais elle devrait être contenue pour les réanimations. l La situation sanitaire s’améliore nettement à Paris, mais demeure tendue dans le quart sud-est du pays.

Solveig Godeluck @Solwii

« Nous avons commencé la décrois-sance de l’épidémie. » Mardi, le ministre de la Santé, Olivier Véran, sur BFMTV et RMC, s’est réjoui du fait que « les mesures du gouverne-ment » – confinement de novembre,mais aussi couvre-feux d’octobre – « fonctionnent ». Mais la réouver-ture de commerces ou de lieux de culte n’est pas encore d’actualité, parce que « nous sommes toujours en phase de circulation active impor-tante », a-t-il insisté.

De fait, le virus est bien moinsvirulent depuis deux semaines. Lundi, le taux de positivité des testsCovid est retombé à 16,5 %, contre 21 % il y a quelques jours. L’inci-dence qui avait frôlé 500 cas par semaine pour 100.000 habitants finoctobre est maintenant à 284 pour 100.000. Quant aux admissions à l’hôpital et en soins critiques, elles se réduisent jour après jour. Résul-

COVID-19

Télétravail : les discussions se heurtent aux résistances internes au patronat

Leïla de Comarmond @leiladeco

Le précédent rendez-vous sur le télétravail – censé être le troi-sième – avait été annulé in extremispar le patronat. Celui de mardi après-midi a bien été maintenu et promettait d’être dense puisque les employeurs avaient adressé la veilleau soir un projet d’accord de 15 pages suivant le plan sur lequel tout le monde s’était accordé.

Mais le texte transmis montrequ’au mieux, la stratégie adoptée par le patronat est celle des épou-vantails. Si deux entorses sont pré-

Les partenaires sociaux se sont retrouvés mardi pour une troisième séance de négociation sur le télétra-vail sur la base d’un texte envoyé par les représen-tants des employeurs aux syndicats.

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Les Echos Mercredi 18 novembre 2020 FRANCE // 05

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ce mercredi à l’Elysée les princi-paux responsables de la majorité.

Le chef de l’Etat a un seul but : évi-ter un troisième confinement. Les perspectives sanitaires s’amélio-rent avec, outre la décrue de l’épidé-mie, l’arrivée prochaine du vaccin – Olivier Véran a évoqué le début del’an prochain pour le démarrage dela campagne de vaccination –, et la montée en puissance des tests anti-géniques. Mais les fêtes de fin d’année sont aussi propices à une recrudescence de l’épidémie, alors que le système hospitalier est encore sous forte tension.

Quelle date de réouverture pour les commerces ?Plusieurs sujets doivent encore êtretranchés dans le cadre du Conseil de défense prévu la semaine pro-chaine. L’éventualité de la mise en place d’un couvre-feu dans le cadre de la première étape de ce déconfi-nement est à l’étude. La question dumaintien de l’attestation de sor-tie n’a pas encore été arbitrée, même si le Premier ministre a affirmé la semaine dernière qu’elle s e r a i t m a i n t e n u e a p r è s l e 1er décembre. La réouverture des magasins non essentiels, fermés depuis le reconfinement, fait l’objet d’intenses discussions entre Bercy d’une part, et le ministère de la Santé de l’autre. Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, plaidepour une ouverture le plus vite pos-sible afin de sauver la période de Noël. De leur côté, les commerçantsconcernés par la fermeture tirent de plus en plus la sonnette d’alarme.Dans une lettre adressée à Emma-nuel Macron et dévoilée par l’AFP, l’association des fédérations de commerçants Conseil du com-merce de France (CdCF) a demandéà rouvrir dès le 27 novembre, pour

Grégoire Poussielgue @Poussielgue

L’épidémie de coronavirus amorce une décrue, comme l’a souligné le ministre de la Santé, Olivier Véran, mardi sur BFMTV. L’heure est à la préparation du déconfinement. La question sera au menu du Conseil de défense, qui se réunira autour d’Emmanuel Macron ce mercredi. Si le recul de la pandémie se confirme, un autre Conseil de défense, prévu la semaine pro-chaine, devrait arrêter les échéan-ces de ce nouveau déconfinement, le second de l’année. « Il sera pro-gressif », avertit déjà l’Elysée.

Emmanuel Macron devraits’exprimer, sans doute la semaine prochaine, dans un format qui n’estpas encore calé. Il l’avait fait le 14 octobre via une interview télévi-sée pour annoncer le couvre-feu, et le 28 octobre dans une allocution pour annoncer le reconfinement. Emmanuel Macron cherche le « juste équilibre » entre les contrain-tes sanitaires et économiques pour permettre la reprise d’une vie quasinormale tout en tentant de garder l’épidémie sous contrôle. Il réunira

POLITIQUE

Le chef de l’Etat devrait s’exprimer la semaine prochaine pour exposer les grandes étapes du déconfinement.

Il sera « progressif », prévient l’Elysée, qui veut à tout prix éviter un troisième confinement.

Emmanuel Macron prépare le déconfinement

profiter du Black Friday et d’un week-end de plus avant Noël.

« Ce n’est pas une complainte deplus ni une démarche à vocation ins-t i t u t i o n n e l l e q u i m o t i v e n t aujourd’hui ce courrier. C’est, ni plus,ni moins, la mort proche, certaine, decentaines de nos commerçants et de certaines filières, impactés de plein fouet par l’arrêt de leurs activités », aécrit son président William Koe-berlé. Les commerces feront l’objet d’un protocole renforcé commun, aindiqué mardi Alain Griset, le ministre des PME, à l’Assemblée nationale. Mais Olivier Véran s’est montré plus que prudent sur la date

du 27 novembre. L’exécutif a donnéquelques signaux d’ouverture au cours des derniers jours : sous la pression de certains catholiques, les cultes publics seront de nouveauautorisés à partir du 1er décembre avec un protocole renforcé. Après une rencontre avec le monde spor-tif, Emmanuel Macron s’est aussi montré favorable à une reprise des

activités sportives en club pour les mineurs à la même échéance.

Le déconfinement se joue aussisur le plan politique. Même si l’Ely-sée a fait son deuil d’une union nationale, Emmanuel Macron a aussi prévu de recevoir les chefs de partis dans les prochains jours. « L’idée est de ramener de l’unité car le déconfinement passera par la res-

ponsabilité de tous », admet un pro-che, alors que les critiques contre lagestion de l’épidémie n’ont pas faibliau cours des dernières semaines. Ladernière réunion avec le Premier ministre, Jean Castex, à la veille du reconfinement, avait tourné au fiasco. Cette fois, Emmanuel Macron est obligé de remonter en première ligne. n

L’éventualité de la mise en place d’un couvre-feu dans le cadre de la première étape de ce déconfinement est à l’étude. Photo Philippe Lopez/AFP

Joël Cossardeaux @JolCossardeaux

Le ministère de l’Intérieur réclame les grands moyens budgétaires pouraccélérer la modernisation de la police et de la gendarmerie natio-nale. Le Livre blanc de la sécurité intérieure, qu’a mis en ligne lundi la Place Beauvau sur son site internet, préconise de porter l’ensemble des dépenses de sécurité de l’Etat de 0,88 % du PIB à 1 % d’ici à 2030.

En partant d’une hypothèse decroissance de 1,5 % par an, comme formulé dans ce pavé de 332 pages, cet objectif de hausse « représente une augmentation des crédits de la mission sécurité d’un peu plus de 6,7 milliards d’euros sur dix ans et de 3 milliards entre 2020 et 2025 », est-ilindiqué. C’est bien plus que si l’Etat s’en tenait à maintenir l’évolution deses crédits arrimée à 0,88 % du PIB,

SÉCURITÉ

Le défi de la moderni-sation auquel la police et la gendarmerie sont confrontées nécessite que le niveau des moyens budgétaires passe de 0,88 % à 1 % du PIB d’ici à dix ans.

C’est ce que préconise un Livre blanc sur la sécurité dévoilé par le ministère de l’Intérieur.

Un Livre Blanc propose de doper les moyens de la police sur dix ans

comme actuellement. Dans ce cas, l’effort serait de 340 millions d’eurospar an en moyenne jusqu’en 2030. Le mécanisme d’indexation préco-nisé et porté à un niveau haut par ceLivre blanc vise à éviter toute évolu-tion en « montagne russe » des cré-dits budgétaires d’une année sur l’autre, ainsi qu’une « érosion du pou-voir d’achat du ministère ». Ce docu-ment pointe en effet l’imprévisibilitéà long terme de certaines dépenses, comme la masse salariale, les loyers,le carburant et l’équipement qui « ont une dynamique qui n’est pas correctement prise en compte ».

Renforcer l’efficience de la dépenseCette trajectoire « ambition 1 % » devrait figurer dans la future loi d’orientation et de programmation de la sécurité intérieure (LOPSI), la troisième du nom depuis 2002. Annoncé « à échéance 2022 » par Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, ce texte ne pourra pas forcément être voté avant l’élection présidentielle. Il devrait servir de programme de campagne pour Emmanuel Macron en vue d’un second mandat. Ce Livre blanc, riche de 200 propositions, avait été commandé par le chef de l’Etat en mai 2019 à Christophe Castaner, alors ministre de l’Intérieur.

En contrepartie de l’effort budgé-taire demandé sur dix ans, le Livre blanc propose de « renforcer l’effi-cience de la dépense ». La réorganisa-tion de l’administration centrale de la police peut être source d’« écono-mies significatives », tout comme la

mutualisation de moyens, notam-ment aériens, entre la police et la gendarmerie, et l’externalisation de certaines tâches ou fonctions. Une stratégie immobilière visant « un retour en domanialité » serait plus pertinente qu’une politique locative,surtout si les collectivités contri-buent au financement de projets. II s’agit aussi d’« investir massivement dans le domaine technologique » avec, entre autres applications, la reconnaissance faciale dans les espaces publics.

Un sujet qu’il est « hautement sou-haitable d’expérimenter », jugent les rédacteurs du Livre blanc, mais hautement sensible au vu des débats provoqués par la propositionde loi sur la sécurité globale. Un texte dont les députés ont entamé, mardi, la discussion et où figurent certaines propositions du Livre blanc comme l’encadrement des sociétés privées de sécurité et l’extension des prérogatives des polices municipales. n

II s’agit notamment d’« investir massivement dans le domaine technologique » avec, entre autres applications, la reconnaissance faciale dans les espaces publics.

Page 6: Les Echos - 18 11 2020

succèdent sur les plages des îles Canaries et les centres d’accueil sont saturés. L’archipel a vu arriver 16.000 clandestins depuis le début de l’année, soit dix fois plus qu’en 2019. Le quai du port d’Arguine-guin, sur l’île de Grande Canarie, estenvahi de campements dressés par la Croix-Rouge et les ONG, tandis que le rythme des arrivées ne cesse de s’accélérer, avec 9.000 personnesdurant le week-end dernier.

« Pas de nouveau Lesbos »« Nous n’allons pas convertir les Canaries en un nouveau Lesbos », promet le ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, qui r e c o n n a î t « u n e s i t u a t i o n d’urgence ». Selon lui, l’engorge-ment des structures d’accueil n’est

que provisoire et il compte sur la diplomatie espagnole pour trouver des terrains d’entente avec les pays d’origine des migrants.

Si la situation est de plus en plustendue aux Canaries, un afflux inhabituel d’embarcations de migrants se note aussi sur le littoralméditerranéen, aux alentours d’Ali-cante ou aux Baléares notamment. A mesure que se compliquent les sorties depuis la Libye vers l’Italie, les réseaux de passeurs ont réactivéd’autres routes vers l’Espagne.

Ce brusque changement de cap apris de court Madrid, qui doit gérer en catastrophe les questions migra-toires, les contrôles sanitaires des arrivants et la limitation des dépla-cements. Aux Canaries, l’ONG d’aide aux migrants CEAR dénonce

la situation dramatique des centresd’accueil et réclame à la foisdes conditions décentes, la garantiedes droits et l ’aide juridiqueaux personnes.

La situation n’est pas totalementneuve, mais la pandémie et la fer-meture des frontières viennent d’introduire des paramètres inat-tendus. Aux migrants de l’Afrique subsaharienne viennent mainte-nant s’ajouter de nouveaux candi-dats au départ, marocains ou algé-riens. La fermeture des frontières de leurs pays respectifs pour cause de pandémie leur offre une oppor-tunité inattendue. D’habitude, les accords d’extradition signés entre l’Espagne et leur pays d’origine per-mettent leur rapatriement immé-diat sitôt posé le pied sur le sol espa-

gnol, ce qui décourage une bonne part des candidats au départ. Mais la clôture de leurs pays pour cause de pandémie bloque actuellement les retours, et nombreux sont ceux qui saisissent l’occasion pour tenterle voyage vers l’Europe.

Entrée dans l’espace SchengenPour la grande majorité d’entre eux,l’Espagne n’est que la porte d’entréedans l’espace Schengen, et ils débar-quent avec l’intention de rejoindre leurs familles plus au nord, vers la France, la Belgique ou les Pays-Bas. Sauf que Madrid est en principe tenu de garder les arrivants en terri-toire espagnol et les contrôles ont été renforcés à la frontière fran-çaise. Lors d’une récente visite au

poste frontière du Perthus, en Cata-logne, Emmanuel Macron a annoncé la multiplication par deuxdes effectifs de la police des frontiè-res et clairement fait passer le mes-sage : c’est aux Espagnols de gérer leproblème.

A Madrid, on a pris bonne note etla ministre des Affaires étrangères multiplie les efforts diplomatiques vers le Maroc, le Sénégal ou la Mau-ritanie pour réactiver les accords deretour et convaincre ces pays d’aider à freiner les départs. Il s’agit de « renforcer la collaboration et tra-vailler de manière conjointe pour évi-ter les départs », explique la minis-tre de la Politique territoriale, Carolina Darias, afin, dit-elle, « que personne ne risque sa vie en montantdans ces embarcations ». n

Cécile Thibaud @CecileThibaud

—Correspondante à Madrid

La crise migratoire s’emballe à nou-veau en Espagne. Nuit après nuit, les débarquements clandestins se

ESPAGNE

Les capacités d’accueil des îles Canaries sont saturées et les arrivées d’embarcations clandestines sont de plus en plus nombreuses, aussi, sur la côte méditerranéenne.

L’Espagne est débordée par le flot des migrants

Environ 54 % des montants desti-nés à l’énergie bénéficient ainsi aux hydrocarbures, dont 86 % sans conditions environnementales, estime le collectif. Selon lui, le risqueest donc grand « de compromettre lesperspectives de développement des énergies propres dans les dix ans à venir ». Sur l’ensemble du G20, seulsquatre pays (dont la France) ont sou-tenu les secteurs verts plus que le pétrole, le gaz ou le charbon.

« Ces plans de soutien peuventrésoudre la crise du climat ou l’empi-rer », lâche Charlene Watson, cher-cheuse associée à l’Overseas Develo-pment Institute. A moins d’un mois du cinquième anniversaire de l’Accord de Paris sur le climat, les auteurs du rapport rappellent que « le G20 n’est pas sur la voie d’un monde à 1,5 °C » (la limite de l’élé-vation de température visée avec l’Accord de Paris). Pour cela, les émissions nettes mondiales de CO2

devront avoir baissé de 45 % entre 2010 et 2030.

Malgré les annonces récentes desobjectifs climat de la Chine, de la Corée du Sud et du Japon, les politi-ques publiques ne sont pas à la hau-teur. En l’état, les engagements des pays nous portent vers un monde à + 2,7 °C. Les efforts nationaux (ou NDC pour « nationally determined contributions ») doivent donc être fortement rehaussés pour accélérer les choses. n

l Les émissions de CO2 des vingt économies les plus avancées ont baissé de 0,1 % en 2019. Une première en l’absence de choc externe, selon un rapport de Climate Transparency.l Mais le soutien massif accordé aux énergies fossiles via les plans de relance risque d’inverser cette tendance positive.

Climat : les pays du G20 entrevoient les premiers résultats concrets de leur action

Muryel Jacque @MuryelJacque

Deux cent vingt mille vies perdues et2,6 mille milliards de dollars envo-lés. Entre 1999 et 2018, les événe-ments météorologiques extrêmes liés au changement climatique — lesvagues de chaleur, les incendies de forêt, les inondations… — ont déjà coûté très cher aux pays du G20.

Et, à mesure que la planète seréchauffe, certaines des économies mondiales les plus avancées, dont laFrance, risquent d’être plus sévère-ment touchées que d’autres, selon un rapport publié ce mercredi par Climate Transparency, une initiativequi regroupe près d’une quinzaine de think tanks et d’ONG.

A quelques jours du sommet deschefs d’Etat et de gouvernement du G20 qui se tient cette année de manière virtuelle en Arabie saou-dite, ce collectif pointe du doigt la vulnérabilité du groupe des vingt et la nécessité, pour les dirigeants, à l’heure où des milliers de mil-liards de dollars sont injectés dansles économies via les plans de relance Covid, de « réaffirmer leur attachement à la bonne voie », plaide Laurence Tubiana, la direc-trice de la Fondation européenne pour le climat.

Un balbutiement dû aux « politiques climatiques »Après une « décennie perdue » pourle climat, comme l’a déploré l’ONU en 2019, la route est encore longue. Mais pour la première fois, les émis-sions de CO2 liées à la production et à la consommation d’énergie ont baissé dans les pays du G20 l’an der-nier, de 0,1 %, contre + 1,9 % en 2018 et + 1,4 % en moyenne entre 2005 et 2017. Un balbutiement qui est à mettre au compte des « politiques cli-matiques et non à des chocs externes »telle la crise financière de 2008-2009, soulignent les auteurs qui ont analysé une centaine d’indicateurs.

La hausse des émissions s’estralentie dans le secteur du bâtiment(+ 0,9 %) et 19 pays sur les vingt ont accru la part des énergies renou-velables qui ont assuré 27 % de la production électrique, indique le rapport. En revanche, elles ont continué à progresser dans les transports (+ 1,5 %) et dans l’indus-trie (+ 1,2 %). Les auteurs soulignentque la baisse des émissions de CO2 du G20 (ces pays génèrent à eux

ENVIRONNEMENT

seuls 75 % des émissions mondialesde gaz à effet de serre) devrait être nettement plus importante cette année, de l’ordre de 7,5 %, mais elle sera avant tout due aux effets de la pandémie. Ainsi, dans l’aviation, undes secteurs les plus touchés, la consommation de carburant a plongé entre mars et juin de 34 % en Chine, de 70 % en France et de plus de 90 % en Italie.

Pour autant, ces premiers résul-tats concrets de l’action climatique restent fragiles. « Sans autre action, ces effets seront temporaires et les concentrations de CO2 dans l’atmos-phère continueront à grimper », pré-vient Jorge Villarreal, de Iniciátiva Climatica de México. « Les choix politiques des mois à venir détermi-neront si les pays du G20 parvien-dront à inverser durablement la courbe des émissions. » Or, les cher-cheurs s’alarment qu’une part signi-ficative des énormes sommes conte-nues dans les plans de relance déployés ces derniers mois vont aux secteurs des énergies fossiles.

En l’état, les engagements des pays nous portent vers un monde à + 2,7 °C.

Rénovation énergétique des bâti-ments, fret ferroviaire, filière hydrogène… Avec plus de 30 mil-liards d’euros consacrés à la transi-tion écologique, le plan de relance de la France place le pays parmi les meneurs du G20 dans la lutte contre le dérèglement climatique.

Au sein du groupe, très peude membres ont en effet « saisi l’opportunité » de la crise du Covidpour « ouvrir la voie à une reprise verte », selon un rapport publié ce mercredi par Climate Transpa-rency, une initiative qui regroupe près d’une quinzaine de think tanks et d’ONG. « Au lieu de cela, lamajorité investit dans des infras-tructures existantes ou tradition-nelles, avec peu de considération globale pour la décarbonisation ou l’amélioration de la résilience à longterme », soulignent ses auteurs.

Sur les quatorze pays qui ontapporté un soutien financier

d’urgence au secteur aérien, la France est le seul à l’avoir condi-tionné (modestement et sans qu’on sache encore « comment ces conditions seront appliquées »), indiquent-ils. Ils retiennent aussi l’annonce récente du gouverne-ment de restreindre progressive-ment les financements export auxénergies fossiles. « Certains mem-bres du G20 comme l’Union euro-péenne, la France ou l’Allemagne donnent le bon exemple pour bâtir des économies plus résilientes tout en se protégeant contre les impacts climatiques qui s’accélèrent », estime Charlene Watson, de l’Overseas Development Institute.

Plus de 1.000 morts par anSi la France apparaît comme un bon élève comparée à beaucoup d’autres économies avancées de laplanète, les efforts à fournir res-tent immenses. Car, pour l’heure, le pays n’est toujours pas en ligne avec l’objectif fixé par l’Accord de Paris sur le climat de limiter le réchauffement à 1,5 °C d’ici à la fin du siècle. Ses émissions de CO2 ontbaissé de 0,9 % par an entre 2012 et 2017, alors qu’il faudrait un rythme de 3 % par an sur les cinq prochaines années pour être com-patible avec cette trajectoire.

Avec un plan de relance consacré en partie à la transition écologique, la France se place parmi les rares économies avancées à « ouvrir la voie à une reprise verte », selon un rapport de Climate Transparency.

Selon le rapport, les quatre princi-paux secteurs les plus émetteurs – transports (30 %), suivis de l’agri-culture, du bâtiment et de l’indus-trie – ont tous dépassé leur budgetcarbone, c’est-à-dire leur quota d’émissions, entre 2015 et 2018.

Dans sa stratégie d’adaptationau changement climatique, les chercheurs soulignent que « des actions sont nécessaires », et que la France doit être d’autant plus vigi-lante qu’elle a été le deuxième pays du G20 le plus touché par les événe-ments météorologiques extrêmes sur les vingt dernières années, avecplus de 18 décès pour un million d’habitants par an en moyenne (contre 6,6 en Allemagne), et le dixième s’agissant des pertes éco-nomiques, qui se sont élevées à 2,29 milliards d’euros en moyenne chaque année. — M. Jq.

La France apparaît comme un bon élève

La France doit être d’autant plus vigilante qu’elle a été le deuxième pays du G20 le plus touché par les événements météorologiques.

MONDE Mercredi 18 novembre 2020 Les Echos

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Les Echos Mercredi 18 novembre 2020 MONDE // 07

INTERNATIONAL

Michel De Grandi @MdeGrandi

Vladimir Poutine devait accueillir ses pairs à Saint-Petersbourg en juillet pour le 12e sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Si la pandémie du coronavi-rus l’a contraint à reporter la rencon-tre et à transformer l’événement en une réunion virtuelle, mardi, le chefdu Kremlin a eu la lourde tâche de redonner de la cohérence à cet atte-lage de plus en plus hétéroclite.

Dès l’ouverture, Vladimir Pou-tine, dont le pays affirme avoir déve-loppé des vaccins efficaces contre lecoronavirus, a appelé les BRICS, soit 40 % de la population mon-diale, à s’unir pour produire ceux-cien masse. Des accords seraient déjàsignés avec le Brésil et l’Inde pour mener des essais cliniques, et d’autres avec la Chine et l’Inde pourdes centres de production.

Les BRICS, en tant qu’organisa-tion, sont à la peine. Ils sont nés en 2001 d’un concept selon lequel de grands émergents pouvaient cons-tituer une alternative aux pays riches. Au fil des ans, ces économies

en devenir ont vu leur dynamique de croissance s’émousser. Ils ont même trébuché sur la crise finan-cière de 2008-2009 et maintenant sur celle du Covid.

Surtout, le peloton a observé ledémarrage de la Chine, qui fait la course en tête depuis plusieurs années. A présent, elle s’affranchit des conséquences de la crise du coronavirus plus vite que ses rivaux,pourtant eux aussi à la manœuvre pour sortir de la récession. Sans doute, le thème de ce 12e sommet – Un partenariat pour la stabilité mondiale, la sécurité partagée et la croissance innovante – pouvait-il aider à identifier de nouvelles voies.

Modi déterminéRien n’est moins sûr, car Xi Jinping,le président chinois, a participé à cesommet en position de force. Il avaiten poche l’accord de libre-échange RCEP, le plus vaste au monde, tout juste signé. Renforçant son emprisesur la Chine, il se montre aussi depuis quelques mois plus offensif aux frontières du pays. Outre la reprise en main à Hong Kong, dans le Xinjiang et la pression croissantesur Taïwan, la Chine communiste mène un bras de fer tendu dans l’Himalaya avec l’Inde.

Mais le géant chinois doit comp-ter avec un Premier ministre indien déterminé. Les tensions accrues avec la Chine dans le Ladakh pous-sent New Delhi à multiplier les par-tenariats, faisant valoir son attache-ment au multilatéralisme et aux valeurs démocratiques. Sur la scène internationale, Narendra Modi s’est non seulement rapproché des Etats-Unis mais il est également l’un des socles de l’axe indo-pacifique qui regroupe notamment les Etats-Unis,le Japon et l’Australie, tous inquiets comme l’Inde de l’influence grandis-sante de la Chine. Sur la scène natio-nale, Narendra Modi n’est guère fra-gilisé par le Covid : son parti, le Bharatiya Janata Party, allié à un parti régional, a remporté la semaine dernière les élections dans l’Etat du Bihar. Les premières depuisle début de la pandémie.

Jair Bolsonaro, au Brésil, a luiaussi fait le choix de se mettre du côté des Etats-Unis pour limiter l’influence de la Chine dans le monde. Mais à mi-mandat, le prési-dent du Brésil est en perte de vitesse.De plus en plus contesté, il vient d’essuyer une série de revers lors des élections municipales. Trum-piste, il se retrouve de plus en plus isolé sur la scène internationale et

Les Brics suivent des stratégiesdifférenciées qui « devraient leur permettre d’avoir un rebond de crois-sance fort », pronostique Thierry Apoteker, président et fondateur deTAC Economics. Selon ses calculs, le Brésil devrait passer de – 4,4 % à +4,6 % en 2021, la Chine de +2 % à +8,4 %. L’Inde en recul de 9,1 % devrait afficher l’an prochain +7 %, la Russie (–3,5%) devrait sortir du rouge à +1,3 %. Quant à l’Afrique du Sud, elle devrait oublier le – 9,5 % pour remonter à +5,5 %.

Des cinq Brics, tous ne se sont pasrésolus à un confinement strict. « Face au coût économique exorbi-tant de la lutte contre le coronavirus,ces émergents ont opté pour le confi-nement à des niveaux divers. Seul le Brésil n’y a jamais eu recours », explique l’économiste, qui se fonde sur des indicateurs construits par ses experts à partir de mesures tan-gibles – fermeture des écoles, res-trictions d’accès au travail, etc.

Entre la crise aiguë (avril 2020) etmaintenant, les pays font le grand

écart. L’Afrique du Sud est ainsi pas-sée d’un indice 100 (paralysie totale)à 22 aujourd’hui, la Chine comme laRussie de 85 à 30, l’Inde est revenuede 100 à 53. Le Brésil est resté stableà 50. « L’arbitrage entre économie et santé publique n’est pas le même dans les émergents par rapport aux économies riches », poursuit l’expert. En Inde, le strict confine-ment de mars n’a pas permis d’enrayer l’épidémie et a provoqué une véritable crise humanitaire. Aupremier trimestre (avril-juin), l’éco-nomie du géant sud-asiatique s’est effondrée de 23,9 %, du jamais-vu.

Soutien budgétaire et monétaire massifTous ont opté pour un soutienbudgétaire et monétaire massif,la palme des largesses revenantau Brés i l . « Toutes mesuresconfondues, les montants équiva-lent à 12 % du PIB brésilien », notel’économiste. A condition de nepas revoir les annonces à la baisseensuite. Un programme d’aide

Pour les cinq Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) réu-nis mardi en sommet, le millésime 2020 restera celui de la grande dépression sur fond de lutte contre la pandémie de coronavirus. Le record de contraction de l’activité revient à l’Afrique du Sud, dont le PIB s’est effondré de 51 % au deuxième trimestre. Si tous, à un moment de l’année, sont tombés dans le rouge à cause de la crise du Covid-19, un seul, la Chine devrait terminer l’année en terrain positif (+1,9 %) selon le FMI. La Russie, trèsdépendante du pétrole, a subi le double effet de la baisse du prix du baril et de la contraction de la demande mondiale.

Les Brics ont réagi de façon différenciée à la crise du coronavirus. La combinai-son des plans de relance avec la moindre intégration de ces pays au commerce mondial laisse espérer un net rebond de croissance.

Gabriel Grésillon @GGresillon—Bureau de Bruxelles

A deux, mais très seuls. La réu-nion virtuelle des ministres européens des Affaires euro-péennes qui s’est déroulée mardi a été l’occasion de mesu-rer l’isolement de la Hongrie et de la Pologne.

Ces deux pays, inquiets devoir les Européens opter pour un mécanisme qui pourrait leur couper les fonds en cas de non-respect de l’Etat de droit, ont décidé de s’opposer à la mesure financière qui doit ren-dre possible le lancement du plan de relance européen et du budget 2021-2027 de l’UE. Mardi, ils ont dû affronter une litanie de reproches de la part d ’homologues exaspérés devant ce blocage.

Tir de barrageL’Italie ? Son ministre a expriméun « sens profond de frustra-tion ». L’Autriche ? Elle « regrettefortement ». Le Danemark ? Il appelle à mettre en œuvre « le plus vite possible » l’accord. Le Portugal ? Il appelle à « soutenir ou au moins ne pas bloquer l’accord ». La Roumanie ? Elle exprime ses « regrets ». L’Espa-gne, elle, a rappelé « l’urgence » de la situation : « Quiconque blo-que le processus de ratification devra assumer une responsabi-lité gigantesque devant les autres Etats membres et tous les citoyenseuropéens ». La liste n’est pas exhaustive.

Dans ce tir de barrage, c’estbien un appel à la responsabi-lité devant l’urgence de la crise qui a été le plus martelé. De façon symptomatique, le groupe de Visegrad, qui réunit régulièrement Hongrie, Polo-gne, Slovaquie et République tchèque sur certains enjeux extérieurs, n’avait ici aucune cohésion. La Slovaquie a fait part de son « soutien plein et entier » au résultat des négocia-tions. Quant aux pays du nord de l’Europe, ils ont rappelé qu’ils tenaient absolument, eux,au dispositif sur l’Etat de droit auquel Budapest et Varsovie cherchent à s’attaquer. Il consti-tue « un élément crucial du paquet », a estimé le ministre suédois, avant que son homolo-

EUROPE

La vidéoconférence des ministres des Affaires européennes, mardi, a été l’occasion de mesurer l’isolement des deux pays.

Blocage du plan de relance européen : la Pologne et la Hongrie très isolées

La Russie évoque de possibles mutations du coronavirus en SibériePANDÉMIE Des mutations du nouveau coronavirus semblent seproduire en Sibérie, a déclaré mardi Anna Popova, la directricedu Service fédéral de protection des droits des consommateurset du bien-être humain en Russie. Cela ne rendrait pas le virusplus dangereux, mais elle n’a pas fourni de précisions sur lesimplications de ces mutations en termes de contagion et demortalité. Selon une étude publiée en septembre aux Etats-Unis, la maladie provoquée par ce coronavirus dépend davan-tage de pathologies antérieures ou de caractéristiques généti-ques que des mutations du virus. Les essais cliniques d’undeuxième vaccin russe développé par l’institut Vektor en Sibé-rie et baptisé « EpiVacCorona » se poursuivent.

en bref

l La crise du Covid-19 a accru les différences entre les cinq pays des BRICS,qui se retrouvaient, mardi, pour leur 12e sommet, virtuel cette année.l La Chine est en position de force, loin devant les autres membres.

Les BRICS tentent de raviver une relation abîmée par le Covid

d’urgence touchant un tiers de lapopulation doit amortir l’impactsocial de la crise. Mais son mon-tant a déjà été divisé par deux enfin d’année et pourrait encoreêtre réduit l’an prochain.

Pendant que l’Afrique du Sudmise sur les infrastructures pour serelancer, la Chine en revanche est déjà à l’étape suivante. « Elle est en avance d’un ou deux trimestres par rapport aux autres, elle est déjà en phase de normalisation de sa politi-que monétaire », souligne Thierry Apoteker.

Le choc du ralentissement de lademande mondiale a été nettementmoins fort pour les marchés émer-gents que pour les économies déve-loppées, signe d’une intégration moindre. Ainsi, la contraction de 16 % des échanges mondiaux en volume observée durant l’été 2020 par rapport à 2019, n’a concerné les émergents qu’à hauteur de 3 %, les 13 % restants étant subis par les pays dits « riches ».M.G. avec (les correspondants)

Les grands pays émergents sont sur la voie du rebond

continue de nier l’évidence à l’égardde la déforestation en Amazonie.

Ce sommet a aussi été l’occasionpour les cinq dirigeants de se pen-cher sur la banque de développe-ment des BRICS créée en 2015. Dans leur communiqué final, les fonda-teurs de cet établissement destiné à financer des projets d’infrastructu-res dans les émergents se disent prêts à « élargir les membres en pré-servant un équilibre géographique ».

Jusqu’à présent, le capital estdétenu à parts égales par les cinq BRICS. Des pays tels l’Indonésie ou leMexique pourraient entrer dans cette institution basée à Shanghai. Elle deviendrait ainsi, au fil des ans, la banque de développement des émergents par opposition à la Ban-que mondiale, dont la gouvernance est assurée par les pays riches. n

Ce sommet a été l’occasion pourles cinq dirigeantsde se penchersur la banquede développement des BRICS.

Les cinq dirigeants des BRICS lors du 11e sommet annuel en novembre 2019, au Brésil. Phoro Sergio Lima/AFP

gue finlandaise ne le juge « fon-damental ».

Mais cette réunion a égale-ment été l’occasion de mesurer la différence de tonalité entre la Pologne et la Hongrie. Pour la première, « ce n’est pas le prin-cipe du mécanisme sur l’Etat de droit qui pose problème, mais le manque de garanties légales » quant à sa mise en œuvre. On perçoit là une ouverture à la négociation : Varsovie pourrait peut-être se laisser convaincre siles modalités étaient ajustées ouprécisées.

Pression constanteBudapest, en revanche, n’a pas ouvert la moindre porte dans cette direction. « Ne soyons pas hypocrites », a déclaré sa repré-sentante, estimant que « la Hon-grie a toujours été la cible princi-pale de ce mécanisme » et blâmant un dispositif « idéologi-que » ouvrant la voie à des procé-dures « arbitraires » permettant de sanctionner un pays sans aucune raison valable. Dans cette défense de valeurs démo-cratiques, la Hongrie « se tient auprès des peuples d’Europe », a-t-elle assuré, renversant l’argu-ment que lui opposaient ses homologues, pour qui Budapestest, au contraire, en train de blo-quer un paquet f inancier ardemment attendu par les Européens.

Michael Roth, le secrétaired’Etat allemand qui présidait les débats, n’a pas fait semblant d’être convaincu. Le méca-nisme sur l’Etat de droit « n’a rien d’idéologique », a-t-il con-clu, en jugeant « totalement inacceptables » les comparai-sons entre l’UE et des régimes autoritaires – une référence à larécente déclaration de Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, selon laquelle l’UE agirait comme l’ancienne Union soviétique.

Le but des Européens estdésormais de « trouver des mar-ges de manœuvre sans rouvrir lanégociation sur le paquet qui a été agréé », explique une source proche des discussions. Tout enexerçant une pression cons-tante sur deux pays très isolés. « En Europe, on finit toujours par avoir besoin d’amis », pré-vient un diplomate. n

En se cabrant face au dispositif sur le respect de l’Etat de droit, Varsovie et Budapest bloquent tout le paquet financier européen.

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08 // MONDE Mercredi 18 novembre 2020 Les Echos

ÉTATS-UNIS

Nicolas Rauline @nrauline

—Bureau de New York

Joe Biden s’entoure de fidèles. Pourconstituer son premier cercle à la Maison-Blanche, le président élu a pioché parmi ses proches. Il devait annoncer mardi une série de nomi-nations qui confirment son appro-che. La directrice de sa campagne,

J e n O ’ M a l l e y D i l l o n , s e r al’adjointe de son chef de cabinetnommé la semaine dernière, RonK l a i n . D ’o r i g i n e i r l a n d a i s ecomme Joe Biden, O’MalleyDillon, quarante-quatre ans, con-naît parfaitement les rouages duParti démocrate, pour lequel ellea longtemps travaillé. Elle étaitaussi des campagnes de BarackObama et avait choisi de soutenirBeto O’Rourke au début des pri-maires démocrates, avant derejoindre Biden.

Dans la « West Wing », elle secon-dera un autre proche du président élu. Ron Klain et Joe Biden se con-naissent depuis plus de trente ans. Au début des années 1990, Ron Klainétait le principal conseiller de la commission des Affaires judiciaires du Sénat, que Joe Biden dirigeait. Puis il avait été son chef de cabinet lorsque celui-ci était le vice-prési-dent de Barack Obama, un poste qu’il avait déjà occupé auprès d’Al Gore. Il avait aussi joué un rôle majeur dans l’administration

Obama dans la lutte contre le virus Ebola, une expérience qui sera appréciée dans la priorité érigée par Joe Biden, la lutte contre le Covid-19.

Autre proche à obtenir un postedans la future administration : SteveRicchetti. Ancien lobbyiste, ayant représenté notamment AT&T, le laboratoire pharmaceutique Eli Lily & Co ou encore l’Association améri-caine des banquiers, cet ancien membre des administrations Clin-ton et Obama a joué un rôle majeur dans la normalisation des relations

l Le président élu a nommé des proches pour constituer son cabinet et son premier cercle de conseillers.l La tâche s’annonce plus ardue pour les postes de secré-taires de son gouvernement et il devra faire des choix forts.

Joe Biden s’entoure de fidèles à la Maison-Blanche

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Ron Klain, un proche de Joe Biden, a été choisi comme chef de cabinet du futur président.

commerciales avec la Chine, au début des années 2000. Le signe d’un dégel avec Pékin ? Il sera en toutcas l’un des principaux conseillers de Joe Biden.

Enfin, le président élu a choisi unélu afro-américain de Louisiane, Cedric Richmond, pour diriger à la Maison-Blanche le bureau de l’engagement public et des relations intergouvernementales, un poste clé pour coordonner l’action de l’administration. Ce proche de Jim Clyburn, élu de Caroline du Sud dont le soutien à Joe Biden avait été décisif dans la campagne, s’est spécialisé à la Chambre des repré-sentants sur les questions de sécu-rité et d’action publique.

Un Congrès à amadouerIl occupait l’un des postes de prési-dent de la campagne Biden puis de l’équipe de transition, et connaît par-faitement les rouages du Congrès, cequi sera nécessaire dans une possi-ble cohabitation et alors que l’aile

gauche s’impatiente. « Je n’aurais pas accepté si je ne pensais pas que ce nouveau poste servirait la Louisiane mieux que je ne l’ai fait jusque-là », a dit le député, soulignant que son Etat demeurait parmi les plus pau-vres du pays. Ces postes clés désor-mais pourvus dans la première sphère du prochain président, on attend désormais l’esquisse du futur gouvernement. La tâche s’annonce plus délicate car il faudra que les noms passent l’obstacle du Sénat, pour l’instant aux mains des répu-blicains. Joe Biden veut une admi-nistration diverse.

Il aurait choisi Michèle Flournoyà la Défense, un poste où cinq minis-tres se sont succédé sous Donald Trump. Elle serait la première femme à occuper cette fonction aux Etats-Unis. Susan Rice, ambas-sadrice américaine à l’ONU sous Obama, est la favorite pour devenir secrétaire d’Etat. Quant à Lael Brai-nard, qui siège à la Fed, elle pourrait obtenir le Trésor. n

Trump a envisagé d’attaquer l’IranSelon le « New York Times », le président américain a demandé à ses conseillers, la semaine dernière, quelles étaient les options pour attaquer un site nucléaire iranien. Mike Pence, le secrétaire d’Etat Mike Pompeo et plusieurs militaires de haut rang lui ont déconseillé de mener une frappe. Dans le même temps, la Maison-Blanche accélère le retour de ses troupes d’Irak et d’Afghanistan. Un décret doit diviser par deux le nombre de soldats présents en Afghanistan. Environ 2.500 Américains resteraient alors dans chacun des deux pays.

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AFP

défense, qui devrait être au centre des discussions prévues jeudi et ven-dredi entre les ministres européens des Affaires étrangères et de la Défense ? En réalité, le débat est récurrent au sein du couple franco-allemand, entre une France plus idéaliste, héritière de De Gaulle et principale puissance militaire de l’UE post-Brexit, et une Allemagne pragmatique qui sait ce qu’elle doit aux Etats-Unis.

L’hostilité de Donald Trump àl’égard de l’Otan a en outre déjà faci-lité ce pas de deux. « Nous restons dépendants des Etats-Unis, mais nousdevons en même temps prendre à notre charge davantage de choses assumées par les Etats-Unis jusqu’à présent », confirme Annegret Kramp-Karrenbauer qui appelle à un « new deal » avec Joe Biden.

« Ce n’est que si nous prenons notrepropre sécurité au sérieux que les Etats-Unis le feront aussi, comme l’a dit le président français. Je suis d’accord », conclut la ministre alle-mande de la Défense. Dans une tri-bune publiée lundi dans « Le Monde », les ministres des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, et allemand, Heiko Maas, confortent le propos : « Aujourd’hui, les Européens ne se demandent plus seulement ce que l’Amérique peut faire pour eux, mais [...] surtout ce quenous devons faire nous-mêmes pour défendre notre propre sécurité et for-ger un partenariat transatlantique plus équilibré, si bien que ces deux dimensions soient désormais indisso-ciables », écrivent-ils. n

Hortense Goulard @Hortense Goulard

Ninon Renaud @NinonRenaud

—Correspondante à Berlin

Après Trump, l’Amérique de Biden retrouvera-t-elle son rôle de défen-seur de l’Europe ? Contrairement auprésident français, l’Allemagne n’en doute pas :« L’idée d’une autonomie stratégique indépendante des Etats-Unis est fausse », a-t-elle redit mardi dans un discours liminaire aux étu-diants de l’université des forces armées fédérales. « Sans les capacitésnucléaires et conventionnelles de l’Amérique, l’Allemagne et l’Europe ne peuvent se protéger. C’est un fait. » Et de rappeler que les Etats-Unis fournissent 75 % des capacités de l’Otan, 100 % des capacités de défense balistique et que 76.000 sol-dats américains servent sur le VieuxContinent. « Compenser tout cela prendrait des décennies. »

De quoi pimenter le sujet d’uneEurope plus autonome en termes de

EUROPE

Si le président français défend l’idée d’une autonomie stratégique européenne face aux Etats-Unis, la ministre allemande de la Dé-fense, Annegret Kramp-Karrenbauer appelle au réalisme.

Europe de la défense : l’Allemagne assume sa différence avec la France

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10 // IDEES & DEBATS Mercredi 18 novembre 2020 Les Echos

L’ANALYSE DE LA RÉDACTION Joe Biden s’est engagé à recoller les morceaux de l’Alliance atlantique. Une tâche de plus en plus compliquée par la distanciation progressive qui s’est installée entre Américains et Euro-péens. Notamment du fait des évolutions démographiques des Etats-Unis.

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Biden face à l’ère de la défiance entre Européens et Américains

Jacques Hubert-Rodier @jhrodier

« L’Organisation du traité de l’Atlan-tique nord (Otan) est au cœur de la sécurité nationale des Etats-Unis et lerempart de l’idéal de la démocratie libérale. » Quelques jours avant son élection à la présidence des Etats-Unis, Joe Biden s’engageait, en pré-sentant dans la revue « Foreign Affairs » sa vision de la politique étrangère américaine, à restaurer leleadership américain au sein de l’alliance unissant l’Amérique du Nord à l’Europe depuis plus de soixante-dix ans. Mais la restaura-tion s’avère difficile. Les Etats-Unis de 2020 ne sont pas les Etats-Unis de1949, lorsqu’était créée l’Otan. Et JoeBiden n’est pas, non plus, Harry Tru-man.

Le lien qui unissait alors les deuxrives de l’Atlantique s’est distendu pour des raisons géopolitiques maisaussi à cause de mouvements plus profonds qui tiennent à la démogra-phie et à la perception des Euro-péens à l’égard des Etats-Unis. AvantDonald Trump et son mépris pour les alliances, Barack Obama et sa secrétaire d’Etat Hillary Clinton avaient amorcé un mouvement versl’Asie, « Asian pivot », qui s’est blo-qué en 2013 mais qui est irréversible.Pour l’Amérique, il s’agit d’un bascu-lement vers sa façade Pacifique et vers la Chine. Un mouvement qui

coïncide avec l’éloignement de l’Europe. Car le monde ne ressem-ble pas à celui des lendemains de la Deuxième Guerre mondiale lors-que Américains du Nord et Euro-péens de l’Ouest se réunissaient à Washington, le 4 avril 1949, pour signer le traité de l’Atlantique nord. Une alliance qui visait surtout à con-tenir l’Union soviétique. Européens et Américains ne sont plus le centredu monde. La démographie est une autre preuve de ce changement.

A la création de l’Otan, la popula-tion des Etats-Unis était essentielle-ment d’origine européenne avec une migration massive depuis le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie, la Pologne, voire depuis la France. Dans la revue « Persée », en 1999, le démographe Jean-Claude Chesnais faisait état d’un exode de quelque 9 millions d’Européens vers les Etats-Unis entre 1840 et 1880. Un mouvement qui s’est ensuite accé-léré. De 1880 à 1914, les départs vers l’Amérique ont touché 21 millions d’Européens. Comme si, ainsi que ledisait le sociologue André Siegfried,« l’Europe (commençait) à déborder massivement sur l’Amérique ».

Au moment de sceller l’allianceunissant l’Europe et l’Amérique, surles 150,7 millions d’Américains de l’époque, la population classée comme « blanche », donc en très grande majorité européenne, repré-sentait 135 millions de personnes et

celle considérée comme « noire » était d’environ 15 millions. Le reste, sous la dénomination « autres », était négligeable (713.000).

Mais les choses commencent àprofondément changer dans les années 1970 avec l’arrivée très importante d’une population d’Amérique latine mais aussi d’Asie,de Chine en particulier. Selon une étude du centre de recherche Pew, en 2018 quelque 11 millions d’immi-grants venus du Mexique vivaient aux Etats-Unis (25 % du total), soit leplus gros contingent venu d’Améri-que latine. Les Chinois fournis-saient le second contingent (2,9 mil-l ions) , suiv i par les Indiens (2,6 millions). Selon toutes les pro-jections démographiques, en 2045, moins de 50 % de la population amé-ricaine sera blanche non hispani-que. Un retournement dans l’his-toire du brassage de population : lesHispaniques représenteront alors 25 % de la population, les Afro-Amé-ricains environ 13 % et les personnesd’origine asiatique 8 %. Un melting-pot qui devrait encore se modifier avec une poursuite de l’arrivée mas-sive d’Asiatiques, qui représente-ront 38 % de tous les immigrants en2065, selon les projections du Pew Research Center.

Cette « déseuropéanisation » del’Amérique n’est pas la seule respon-sable de l’éloignement croissant entre les deux rives de l’Atlantique.

La méfiance des Européens à l’égarddes Etats-Unis s’est encore renfor-cée pendant la pandémie du Covid-19. Certes, les opinions publi-ques des pays démocratiques ont une vision plus favorable de l’Amé-rique que de la Chine. Mais, d’après le Pew Research, peu de personnes interrogées dans ces pays font con-fiance aux dirigeants américains et sont très critiques à l’égard de la ges-tion de la crise sanitaire.

Le rejet de Donald Trump enEurope est certainement responsa-ble de cette dégradation. Sa prési-dence a marqué un point très bas dans la confiance mutuelle . L’ancien promoteur immobilier new-yorkais est allé beaucoup plus loin que tous ses prédécesseurs en confondant la critique des alliés européens avec l’insulte, visant par-ticulièrement l’Allemagne d’Angela Merkel. Jamais un président n’avait laissé planer un doute sur la solida-rité des Etats-Unis en cas d’attaque contre ses alliés européens, faisant trembler les fondations de l’Otan. Lefutur 46e président américain est, comme l’a noté le secrétaire généralde l’Otan lui-même, Jens Stolten-berg, « un fervent supporteur de l’Otan et de la relation transatlanti-que ». Mais il ne faut pas se faire d’illusions. Il n’y aura pas de retour au « bon vieux temps de la relation transatlantique », selon l’expression de Jean-Yves Le Drian. n

DLes points à retenir

•Sous l’impulsion d’Obama, les Etats-Unis ont amorcé un mouvement irréversible vers l’Asie tout en s’éloignant de l’Europe.•Un lien qui se distend pour des raisons géopolitiques et démographiques, notamment.•Les Etats-Unis de 2020 ne sont pas les Etats-Unis de 1949, lorsqu’était créée l’Otan : Européens et Américains ne sont plus le centre du monde.•Les Américains étaient alors essentiellement d’origine européenne, mais l’arrivée d’une importante population d’Amérique latine et d’Asie depuis les années 1970 change la donne.•Par ailleurs, la méfiance des Européens à l’égard des Etats-Unis s’est renforcée avec la gestion américaine de la crise sanitaire.•Cette méfiance trouve son origine dans le mépris de Donald Trump à l’égard des Européens, laissant planer un doute sur la solidarité des Etats-Unis en cas d’attaque contre ses alliés européens, et faisant trembler les fondations de l’Otan.

LA CHRONIQUE DU CERCLE DES ÉCONOMISTES

de Christian Saint-Etienne

Que peut l’Europe face à Biden et Xi ?L es Etats-Unis et la Chine sont

lancés dans un combat pourla domination mondiale

depuis une dizaine d’années, un combat qui s’est durci depuis trois ans avec l’affirmation de la volonté chinoise de passer devant l’Améri-que. Trump a lancé la contre-offen-sive avec la guerre commerciale sino-américaine qui a effectivementc o m m e n c é l e 6 j u i l l e t 2 0 1 8 . Aujourd’hui, l’essentiel de leur com-merce est taxé.

Cette rivalité stratégique est dou-blée d’une rivalité dans la nouvelle révolution industrielle de l’informa-tique et des plateformes numéri-ques. Face aux Gafam s’imposent lesBATHX : Baidu, Alibaba, Tencent, Huawei et Xiaomi. Les Chinois ont bloqué Google ou Facebook pour des raisons politiques, permettant l’essor de Baidu et de Tencent. Ali-baba excelle face à Amazon tout en s’affirmant comme un acteur finan-

cier de rang mondial. Les Gafam et les BATHX s’affrontent dans le monde, en Asie et en Afrique, mais aussi et surtout en Europe.

C’est donc d’un double affronte-ment qu’il s’agit : stratégique et mili-taire, mais aussi économique et numérique. I ls s’exacerbent mutuellement. Quand les Etats-Unis cognent sur Huawei, quel que soit le prétexte, il s’agit de gêner cet acteur, gonflé aux subventions publiques, qui a l’audace de prendrede l’avance dans la 5G.

Dans ce double affrontement,l’Europe est deux fois absente. Stra-tégiquement d’abord, sans vision commune et sans politique solide face à ces deux géants. Les Alle-mands aiment obéir aux Améri-cains, comme l’a rappelé récem-ment la ministre allemande de la Défense, tout en ménageant la Chine, un si gros marché. La France,désindustrialisée et percluse de det-

tes, papillonne. Economiquement ensuite : il n’y a pas plus de « Gafam allemands que français ». Et il n’y ena aucun en Europe.

« Protégée » par l’Amériquedepuis soixante-quinze ans, l’Europe se pense à l’écart du choc sino-américain. Les Etats-Unis ont en réalité pris soin pendant ces trois quarts de siècle d’empêcher l’émer-gence de tout ce qui pourrait ressem-bler à des Etats-Unis d’Europe. Et la

zone euro, qui devait être une zone de convergence des performances économiques, accumule les diver-gences péniblement cachées par l’heureuse action de la BCE.

Non seulement l’Europe n’est pasprotégée mais elle est le lieu où les géants déploient leurs armées numériques et déroulent la soie de leurs routes où circulent leurs ambitions. La Grèce, mère de l’Europe, leur a livré son premier port. L’Europe centrale sourit à la Chine tout en se revendiquant amé-ricaine. Le Royaume-Uni prend le large dans une confusion suprême.

Penser, dans ce contexte, queBiden, s’il est confirmé, va renverserla table et centrer sa politique étran-gère sur des déclarations d’amour à l’Europe est « amusant ». Certes, déclarations il y aura, mais platoni-ques et non suivies d’effet. L’Améri-que continuera de faire son marchéen Europe, notamment en Allema-

gne, avec laquelle la réconciliation sera spectaculaire et massivement mise en scène de part et d’autre. On célébrera Paris, dans une courte étape, vraisemblablement à vélo. C’est si romantique.

Après le départ anglais, l’Europeaurait pu enclencher une nouvelle phase de sa construction en jetant les bases d’une politique stratégi-que, scientifique et économique ambitieuse, en s’appuyant sur un noyau dur d’une dizaine de pays s’accordant sur une politique déter-minée afin d’écarter doucement l’étau sino-américain. Mais les prin-cipales décisions, y compris le plan européen de relance, sont précau-tionneuses.

Biden ne sauvera pas l’Europe. Illui fera plaisir en lui disant les mots qu’elle veut tant entendre.

Christian Saint-Etienne est professeur au CNAM.

L’Europe est le lieu où les géants déploient leurs armées numériques et déroulent la soie de leurs routes où circulent leurs ambitions.

idées&débats

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Les Echos Mercredi 18 novembre 2020 IDEES & DEBATS // 11

opinions

Cessons de sacrifier le travail au Covid, libérons-le

d’argent, que la corruption du cœur a éri-gés en idoles, qui font absolument un homme riche et opulent. »

Pour Charles Gide, le mérite de lascience économique est d’avoir écarté lechrysohédonisme pour une défense et illustration de la « ponocratie », ce mot signifiant, de par son étymologie, que c’est le travail qui est à l’origine de la richesse. Par-delà les évolutions théori-ques, en énonçant comme principe huitde ses dix principes fondateurs de l’éco-nomie que « le niveau de vie d’un pays dépend de sa capacité à produire des bienset services », Nicholas Mankiw, dont les manuels structurent l’enseignement mondial de l’économie, ne dit pas autre chose.

Ainsi, la « grimace » économique estchrysohédoniste, alors que la « force » est ponocratique.

Appel à la responsabilitéRépondre à l’urgence sanitaire ne peut et ne doit pas se faire en se soumettant aux grimaces « pascaliennes ». La force doit reprendre la main. En termes éco-nomiques, cela implique de cesser de sacrifier le travail et de rompre avec les illusions chrysohédonistes de la toute-puissance de la Banque centrale et de l’efficacité de plans de relance dispen-dieux. Ce ne sont ni les substituts modernes de l’or et de l’argent, ni les det-tes publiques qu’ils financent qui ren-dent riche. Ce n’est pas parce que l’on dépense que l’on est riche. C’est parce que l’on est riche que l’on dépense. Et l’onn’est riche que des fruits du travail.

Dès lors, trois décisions semblent depremière nécessité : abandonner le plan de relance de l’été, véritable catalogue à laPrévert ne répondant en rien aux néces-sités du moment, qui sont celles d’une libération du travail ; libérer de fait le tra-vail en arrêtant le confinement pour faire place à un couvre-feu et à un appel àla responsabilité des personnes à risque,notamment les personnes âgées, dont l’intérêt évident est d’éviter de se mettre en danger ; garantir la survie financière des lieux où s’exprime le travail, à savoir les entreprises, grâce à la suppression des impôts dits « de production », c’est-à-dire la suppression des quelque 75 mil-liards d’euros dus à ce titre.

Jean-Marc Daniel est professeur émérite à l’ESCP Business School.

déploiement d’une justice-spectacle enchaînant les perquisitions chez les responsables de la politique sanitaire et la multiplication des querelles médiati-sées des pontes de la médecine pour-raient en faire douter.

Quoi qu’il en soit, une chose qui a clai-rement changé depuis le XVIIe siècle est le statut de la science économique. Cel-le-ci était alors balbutiante, si bien que Pascal ne s’en souciait guère. Néan-moins, aujourd’hui, prolongeant sa grille d’analyse, nous sommes en droit de nous demander si elle relève de la force ou de la grimace. L’histoire a quali-fié les proto-économistes de l’époque de Pascal de « mercantilistes ». Mais pour caractériser leurs idées, le terme le plus adéquat reste celui de « chrysohédo-nisme ». Ce terme signifie une identifica-tion abusive et erronée de la richesse à la

quantité d’or circulant dans un pays, et plus précisément une situation où l’Etat s’empare de la gestion courante de l’éco-nomie dans le but d’augmenter le stock de monnaie. Charles Gide qui devint, en 1877, le premier professeur d’économie au sein de l’université française, ensei-gnait que l’économie s’est engagée dans une approche réellement scientifique au XVIIIe siècle, quand Pierre Le Pesant de Boisguilbert a publié en 1707 sa « Dis-sertation sur la nature des richesses, de l’argent et des tributs ».

Richesse et travailIl y écrit : « L’erreur, dans la véritable acquisition de richesses qui puissent être permanentes, vient premièrement de ce que l’on s’abuse dans l’idée que l’on se fait de l’opulence, ainsi qu’à l’égard de celle de l’argent. […] Ce n’est donc ni l’étendue du pays que l’on possède ni la quantité d’or et

Le plan de relance de l’été ne répond en rien aux nécessités du moment, qui sont de libérer le travail et de garantir la survie financière des entreprises, grâce à la suppression des impôts dits « de production ».

Croire que la dette et les banques centrales résoudront la crise née de la pandémie est une illusion. On n’est riche que des fruits du travail, c’est pourquoi il faut le libérer, au lieu de le contraindre.

DANS LA PRESSEÉTRANGÈRE

idéologique « fondé sur de mauvais modèles économiques », le ministre « sera responsa-ble d’une augmentation du chômage et de la pauvreté ». Car la crise sanitaire a révélé queseul le gouvernement peut prendre la res-ponsabilité de maintenir un niveau de dépenses suffisant pour revenir le plus prèspossible du plein-emploi. Or, l’année pro-chaine, un million de jeunes vont arriver sur le marché de l’emploi, et les mesures pri-ses par le gouvernement sont trop faibles « et reposent trop sur les entreprises privées ».

Pour le « Guardian », le gouvernementdoit faire le secteur public « l’employeur de dernier ressort ». « Sans un stimulus du gou-vernement, comme Keynes l’a démontré, les économies peuvent rester longtemps en récession ». A la lecture du « Guardian », onpourrait dire que « l’emploi public sauve la reine ». — J. H.-R.

L’emploi public, le recours face à la pauvreté

L e retour du confinement areplongé l’Europe dans la réces-sion. Assez étrangement, en

France, le débat sur les dégâts de ce nou-veau confinement s’est focalisé sur le destin des librairies. Il se trouve que, d’après l’enquête régulièrement diligen-tée par le Centre national du livre sur le rapport des Français à la lecture, en 2019, 69 % d’entre eux souhaitaient lire davantage mais n’y parvenaient pas parmanque de temps. Quelle que soit l’évo-lution de la situation des librairies, qu’il nous soit donc permis de recommanderun ouvrage à tous ceux qui, obligés de rester chez eux, veulent redécouvrir les monuments de notre littérature. Il s’agitdes « Pensées » de Blaise Pascal.

Ils y trouveront, en particulier, un pas-sage où celui-ci oppose la force, terme désignant la capacité d’agir et d’orienter l’avenir, à la grimace, imposture sin-geant la force et abusant le public. La force se concrétise dans le prince – c’est-à-dire les dirigeants politiques – et dans le savant – dont l’archétype est, pour Pas-cal, le physicien. Quant à la grimace, reprenons le texte même de Pascal.

Querelles de médecins« Nos magistrats ont bien connu ce mys-tère. Leurs robes rouges, leurs hermines dont ils s’emmaillotent en chats fourrés, les palais où ils jugent, les fleurs de lys, toutcet appareil auguste était fort nécessaire. Et si les médecins n’avaient des soutanes etdes mules et que les docteurs n’eussent desbonnets carrés et des robes trop amples dequatre parties, jamais ils n’auraient dupé le monde, qui ne peut résister à cette mon-tre si authentique. S’ils avaient la véritablejustice et si les médecins avaient le vrai artde guérir, ils n’auraient que faire de bon-nets carrés. La majesté de ces sciences serait assez vénérable d’elle-même. Mais, n’ayant que des sciences imaginaires, il faut qu’ils prennent ces vains instru-ments, qui frappent l’imagination. »

Il est évident que la situation a évoluédepuis le XVIIe siècle, même si le

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LA CHRONIQUEde Jean-Marc Daniel

LE LIVREDU JOUR

Vive les librairies

LE PROPOS « Contre Amazon » : le titre du livre est trompeur. Non pas que son auteur, Jorge Carrion, critique espagnol et amoureux des librairies, ne porte le géant américain du commerce en ligne dans son cœur. Mais passé les premières pages de son ouvrage,où il règle son compte à Jeff Bezos, comme il est d’usage de le faire en ces temps de confinement où librairies et petits commerces se voient contraints de rester fermer, l’auteur nous invite avant tout à une promenade à travers les plus belles librairies et bibliothèques de la planète. Jorge Carrion aime les livres plus que tout, il aime les feuilleter, mais aussi les écorner, en souligner des passages, les lire dans le métro ou dans des cafés. Ce ne sont pas pour lui des reliques sacrées, même si les livres sont toute sa vie, et en font toute sa saveur. Et les librairies en deviennent des abris. « Je me dis souvent que les librairies ont été pour moi ce que les églises ont dû être pourma mère : le refuge le plus accessible à la quiétude de l’esprit », écrit-il.

L’INTÉRÊT Tout un chapitre porte sur Borges, comment pourrait-il en être autrement dans un livre

sur les bibliothèques, où on le suit, des plages de Majorque aux ruelles de Genève. S’ensuit une promenade à Londres avec l’écrivain Iain Sinclair. Tout l’intérêt de l’ouvrage tient dans ce cheminement à travers les villes – Séoul, Bogota, Porto – que l’auteur a explorées et à leur rapport au livre. « A Madrid, à Buenos Aires ou à Paris, on voit des gens avec un livre à la main. A New York, les gens ont plutôt un iPhone et je trouve cela perturbant », regrette Jorge Carrion. Tout cela a un petit goût de monde d’avant, mais on ne s’en lasse pas. —Marie Bellan

Contre Amazonde Jorge Carrion, Ed. Le Nouvel Attila, traduit de l’espagnol, octobre 2020.

Publiez vos contributions sur le Cercle des Echos :

lecercle.lesechos.fr

• Le débat entre keynésiens et partisans del’austérité budgétaire n’est pas terminé et prend toute sa valeur en Grande-Bretagne alors que le gouvernement dans son projet de minibudget d’avril envisage d’abolir l’allocation supplémentaire de 20 livres parsemaine aux 6 millions de familles les plus pauvres. « The Guardian » appelle le chan-celier de l’Echiquier, Rishi Sunak, à revenir en arrière alors que l’épidémie de Covid-19 aaggravé les inégalités dans le royaume poussant de plus en plus de personnes dansla misère. « Une grande part de la pauvreté enGrande-Bretagne est due au chômage, à l’insuffisance du nombre d’heures de travailet aux bas salaires », écrit le journal, proche des travaillistes. Sans un changement de cap, quelque 700.000 personnes dont 300.000 enfants vont sombrer dans la pau-vreté.

Or, d’après le journal, Rishi Sunak conti-nue à défendre l’idée qu’il est nécessaire d’équilibrer le budget préparant ainsi le chemin de l’austérité. Au nom d’un choix D

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SERVICE ABONNEMENTS LES ECHOS 4, rue de Mouchy 60438 Noailles Cedex. Tél. : 01 70 37 61 36 du lundi au vendredi de 9h à 18h. IMPRESSION L’Imprimerie (Tremblay-en-France), Midi Libre (Montpellier). TIRAGE DU 17 NOVEMBRE 2020 : 51.090 exemplaires. Origine du papier : France. Taux de fibres recyclées : 56%.Ce journal est imprimé sur du papier porteur de l’Ecolabel européen sous le numéro FI/37/002. Eutrophisation : P

tot0.01kg/tonne de papier Membre de membre ACPM OJD CPPAP : 0421 c 83015. Toute reproduction, même partielle, est interdite sans l’autorisation expresse de l’éditeur (loi du 11 mars 1957)

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LES ECHOS WEEK-ENDDIRECTEUR DE LA RÉDACTIONHenri GibierRÉDACTEURS EN CHEF Laura Berny,Karl De Meyer et Mariana RealiDIRECTRICE ARTISTIQUE Cécile Texeraud

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ÉDITRICEMarie Van de Voorde-LeclerqÉDITRICE ADJOINTEClémence CalliesDIRECTEUR DE LA DIFFUSIONET DU MARKETING CLIENTSEtienne PorteauxDIRECTEUR STRATÉGIEET COMMUNICATIONFabrice Février

Ce numéro comporte un 3e cahier de 10 pages « Les Echos Entreprises & Collectivités »

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12 // IDEES & DEBATS Mercredi 18 novembre 2020 Les Echos

opinions

LE POINTDE VUE

de Jean-Charles SimonLe « quoi qu’il en coûte » ne nous coûte pas grand-chose... pour l’instant

A force d’habitude ou parce quenotre attention porte ailleurs, ilarrive qu’on ne voie plus l’élé-

phant au milieu de la pièce. C’est le cas aujourd’hui avec le traitement écono-mique de la pandémie : aider « quoi qu’il en coûte » ceux qui en sont victi-mes semble aller de soi. Alors que cela tient d’une forme de miracle : pouvoir s’endetter quasiment sans limites et sans conséquences… en apparence.

Mais revenons au contexte. Lemonde traverse probablement sa pire crise sanitaire depuis un siècle. Afin d’éviter un bilan humain qui ne serait plus toléré aujourd’hui, compte tenu denotre rapport à la mort, et à la diffé-rence, par exemple, des grandes grip-pes de la fin des années 1950 et 1960, beaucoup de pays ont décidé de réduiredrastiquement les interactions humai-nes et donc l’activité économique. Cettedernière s’est dès lors effondrée certainsmois ou trimestres avec une ampleur inconnue en temps de paix, même lors des pires crises.

En Europe comme aux Etats-Unis, cechoc économique majeur est pourtant atténué comme jamais auparavant. Des mesures exceptionnelles ont cherché autant que possible à compenser les pertes de revenus dues à cet arrêt plus oumoins prononcé de l’activité économi-que. Chômage partiel massif, droits au chômage étendus, fonds de soutien aux entreprises et aux indépendants, prêts garantis aux entreprises, virements directs sur les comptes bancaires des ménages… : on ne compte plus les mesu-res d’exception et les centaines de mil-

puisqu’il se fait à taux proche de zéro. LaFrance va ainsi faire bondir de plus de 15 points son ratio de dette/PIB en quel-ques mois sans même supporter une hausse de la charge de cette dette… Et tout cela sans créer la moindre inflationapparente ni réduire l’appétit des inves-tisseurs. Merci l’euro, merci la BCE, merci les marchés !

Tandis qu’on espère l’arrivée pro-chaine du vaccin contre le virus, la dettefonctionne comme l’antidote idéale pour éviter la misère globale et l’effon-drement du tissu économique qui auraient accompagné sans nul doute un tel choc à une autre époque. Bien entendu, le dispositif de compensation des pertes de revenus n’est ni total ni parfait, et il y aura hélas quand même plus de pauvreté, de chômage et de faillites. Mais rien à voir avec ce qui serait advenu sans cette facilité d’endet-tement.

Est-ce pour autant le remède miraclesans effet secondaire ? Comme le souli-gnait récemment Pierre Cahuc, deux éléments qui ont rendu possibles ces politiques monétaires auront leur fin, qu’il s’agisse de la profusion d’épargne ou de l’écart salarial avec les pays en développement. Le retour de l’inflation serait un changement de paradigme, avec ses inconvénients, mais aussi le mérite d’écluser une partie des encoursde dette. Mais d’ici là, la dette à taux zéroaura servi de réassureur providentiel à notre année catastrophe.

Jean-Charles Simon, économiste, est président de Stacian.

liards mobilisées pour amortir le choc.Et ça a fonctionné : en France, d’après

l’OFCE, les ménages n’ont supporté, in fine, que 6 % de la perte globale de reve-nus de l’économie au deuxième trimes-tre 2020. Les entreprises ont été plus affectées, mais une part importante de leurs coûts d’exploitation a été prise en charge, là aussi avec le chômage partielremboursé par l’Etat et d’autres aides. Aux Etats-Unis, nombre de ménages ont même vu leurs revenus augmenter grâce au soutien direct des administra-tions publiques.

Comme l’argent de l’Etat est une fic-tion – ce n’est jamais que l’argent prélevésur les contribuables –, et puisque les hausses d’impôt sont taboues dans cette période pour ne pas tuer le malade, il n’y a qu’une solution, s’endet-ter, c’est-à-dire imposer les contribua-bles du futur. Or tout se passe à mer-veille : emprunter semble plus facile que jamais, l’épargne étant toujours abondante ; les grandes banques cen-trales y contribuent en achetant à tour de bras la dette de leur pays ou zone d’émission ; et leur politique monétaire rend cet endettement quasi indolore

La dette fonctionne comme l’antidote idéal pour éviter la misère globale et l’effondrement du tissu économique.

Les leçons de l’élection américaine pour la France

L a leçon la plus importante del’élection présidentielle améri-caine est la confirmation de

l’opposition entre progressistes et populistes qui était apparue en 2016. Cette opposition s’est installée progres-sivement aux Etats-Unis à compter des années 1980. Ronald Reagan avait déporté le Parti républicain sur la droiteet avait attiré une partie de l’électorat populaire qui votait jusque-là pour les démocrates. Cette double tendance s’estaccentuée au début des années 2000 sous l’influence du Tea Party, puis de Donald Trump. Parallèlement le Parti démocrate s’est recentré (on se souvientqu’en 1972, face à Nixon, républicain centriste, le candidat démocrate était McGovern, positionné très à gauche). Cela s’est fait sous l’impulsion de Bill Clinton, adepte de la troisième voie c o m m e To ny B l a i r e t G e r h a r d Schröder, proche de la position d’Emmanuel Macron aujourd’hui. Ce recentrage a été confirmé par Barack Obama puis par Joe Biden face à BernieSanders.

Cela annonce-t-il la répétition enFrance en 2022 de l’opposition de 2017 entre progressistes et populistes ? Une confirmation d’un nouveau second tourentre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, comme l’annoncent les sondages ? On est frappé par le parallélisme de l’évolution du paysage politique françaisavec celui des Etats-Unis. C’est aussi au milieu des années 1980 que le Front

Il est plus juste de parler d’un déplace-ment vers la droite de la classe politique,déplacement entamé au début des années 1980. Les populistes sont en effetà droite, même s’ils se différencient for-tement de la droite classique et sont plusproches de l’extrême droite. Quant aux progressistes ils viennent de la gauche etpeuvent être classés au centre-gauche. La France avait connu un certain dépas-sement du clivage droite-gauche dans les années 1960 quand Malraux, parlantdes gaullistes, disait « entre nous et les communistes il n’y a rien ». Le rassem-blement gaulliste avait son centre de gravité au centre-droit et le Parti com-muniste se positionnait quasiment à l’extrême gauche. Charles de Gaulle, dont nous venons de célébrer le cin-quantième anniversaire de la dispari-tion, voulait dépasser le clivage droite-gauche, comme Emmanuel Macron aujourd’hui.

Dernière leçon : quand les progressis-tes se mobilisent et remobilisent l’électo-rat ouvrier et populaire, comme l’a fait Joe Biden, les populistes sont battus.

Mais il reste une grosse différenceentre les Etats-Unis et la France : en 2020 aux Etats-Unis le sortant était populiste ; en 2022 en France le sortant sera progressiste.

Dominique Villemot est avocat, président du think tank Démocratie vivante, auteur de « La gauche qui gouverne » (Privat).

national est devenu un courant de la droite incontournable et c’est aussi durant les années 2000 que cette évolu-tion s’est amplifiée avec la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle en 2002. Parallèlement le PS s’est recentré, avec Michel Rocard, qui gouverna avec les centristes, puis avec Lionel Jospin, qui privatisa massi-vement les entreprises publiques et abaissa les taux de l’impôt sur le revenu et, enfin, avec François Hollande, qui baissa les charges des entreprises et simplifia le Code du travail jusqu’à ce qu’Emmanuel Macron séduise en 2017

les électeurs centristes du PS. Il est intéressant de voir que l’Italie a

connu la même évolution avec l’opposi-tion entre le Parti démocrate et la Ligue du Nord et que le Royaume-Uni en prend le chemin depuis la mainmise de Boris Johnson sur le Parti conservateur et le recentrage du Parti travailliste avecle départ de Jeremy Corbyn.

S’agit-il d’un effacement du clivagedroite-gauche ? Est-ce nouveau ?

Quand les progressistes remobilisent l’électorat ouvrier et populaire, comme l’a fait Joe Biden, les populistes sont battus.

LE POINTDE VUE

de Dominique Villemot

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Pour une information a minima

J e reprends la plume après de longsmois passés à cheval sur les routesd’Europe. A partir du 22 juin, date de

mon départ du château de Montaigne, jus-qu’à mon arrivée à Rome à la fin octobre, je n’ai pas une seule fois ouvert un journal ni regardé les nouvelles. Je n’ai connu de l’actualité que ce qu’on voulait bien m’en dire, au hasard des conversations : une Eglise a brûlé, il y a un nouveau Premier ministre, le virus a repris sa circulation. C’était bien assez pour organiser mon quoti-dien, laissant mon esprit disponible pour lesperceptions et les rencontres. Je ne fis d’exception que pour la presse régionale, fourmillant de renseignements et d’anecdo-tes sur les régions traversées.

De retour à la vie urbaine, je tente dereprendre le fil de l’actu, mais ce long sevrage m’interdit d’en absorber de trop grandes quantités : je me sens physiquementindisposé devant un site d’infos ; mon cer-veau se rebelle à la vue de tous ces titres décousus et criards. Je pense qu’une exposi-tion à Twitter me conduirait vite à l’éva-nouissement.

Accumulation d’informationsJe ne peux donc m’empêcher de poser cette question, éminemment paradoxale dans lespages d’un grand quotidien national : a-t-on vraiment besoin de toute cette information ?Il n’est sans doute pas inutile de connaître le nom du nouveau président des Etats-Unis, mais fallait-il perdre des dizaines d’heures àsuivre et à commenter le dépouillement ? On a coutume depuis les Lumières d’asso-cier le progrès à la diffusion des connaissan-ces, et le civisme à une forme de curiosité éclairée : l’honnête homme se doit de suivre la géopolitique, le débat d’idées et l’écono-mie mondiale. Encore aujourd’hui, dans une conversation, l’autorité morale va à celui-qui-a-lu-que. Or n’a-t-on pas atteint un stade de surproduction où l’accumulation exponentielle d’informations obère notre capacité d’analyse ?

Dès le XIXe siècle, le sociologue GeorgSimmel notait que la multiplicité des stimulidans la ville moderne empêchait le citadin de distinguer les individus dans la foule et leprivait de sa capacité de réaction. Aujourd’hui, les écrits et recherches sur l’« infobésité » pullulent, au point de générereux-mêmes un trop-plein d’analyses… Un adulte américain passe en moyenne douze heures par jour à consulter les médias (vousavez bien lu : la moitié de sa vie). La person-

nalisation des « newsfeeds » sur les réseaux sociaux porte le coup de grâce à la concep-tion vertueuse de l’info : le film documen-taire « The Social Dilemma » montre de manière glaçante comment les algorithmescapturent notre intelligence et l’entraînent vers des positions toujours plus radicales.

Je vous propose une expérience de pen-sée. Imaginons un instant que les citoyens cessent de s’intéresser à ce qui ne les concerne pas immédiatement et personnel-lement. Certains phénomènes déplaisants disparaîtraient d’eux-mêmes, à commencer

par le terrorisme, qui existe uniquement parson impact disproportionné dans l’opinion publique. A quoi bon égorger d’infortunés innocents si personne ne le sait ? Les théo-ries du complot s’effondreraient faute d’appétit pour les complots. Le populisme électoral aurait bien davantage de difficultésà se frayer un chemin dans nos consciences :les concepts grossiers et théories simplistes sur la mondialisation ou la justice sociale nepassionneraient personne. Quant à la dan-gereuse polarisation des opinions, elle lais-serait naturellement la place à la confronta-tion quotidienne des expériences.

La prière du matinL’espace cognitif ainsi libéré pourrait être avantageusement occupé par des préoccu-pations plus concrètes, appelant des solu-tions hic et nunc. Mieux vaut connaître ses voisins que les équipes de la Maison-Blan-che. Nul doute que chacun d’entre nous y gagnerait en paix intérieure, et la société en concorde collective. Dans les foyers qui m’accueillirent durant mon voyage, les nou-velles étaient considérées pour ce qu’elles sont : des épiphénomènes, dont on pouvait se lamenter le soir au dîner, mais qui ne changeaient pas le cours de la journée. J’ai traversé tranquillement les territoires fran-çais, du Périgord à l’Alsace, y compris les vil-les et les banlieues, en passant au travers desdébats sur l’« insécurité » que j’ai découvertsrétrospectivement. Qui est hors-sol ?

Il me faut désormais trouver la bonnediète pour une consommation raisonnée del’actualité. On ne me prendra plus la main dans la boîte à bonbons des sites d’infos, à chercher ma dose d’excitants. Hegel consi-dérait la lecture des journaux comme sa prière du matin. Voilà qui me semble un bonrythme.

Gaspard Koenig est philosophe et président du think tank GenerationLibre.

Aujourd’hui, les écrits et recherches sur l’“infobésité” pullulent, au point de générer eux-mêmes un trop-plein d’analyses…

LIBREPROPOS

Par Gaspard Koenig

Toutes les équipes travaillentdésormais à distance

pour assurer la parutionde votre journal

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Les Echos Mercredi 18 novembre 2020 IDEES & DEBATS // 13

art&culture

du stade » (1938), sur les Jeux Olympi-ques de Berlin en 1936.

En exhumant des archives inédites eten décrivant avec minutie le parcours deRiefenstahl en son temps, le documen-taire montre combien cette dernière n’a reculé devant aucune manœuvre pour s’imposer dans les hautes sphères du régime hitlérien et pour exploiter d’autres cinéastes et techniciens. Parmi eux : le talentueux Willy Zielke, que Rie-fenstahl contraint à collaborer avec elle et réduit à l’internement psychiatrique quand il se montrait trop rebelle.

Même si le film s’égare parfois endésirant à tout prix minorer le talent formel et les inventions stylistiques de Riefenstahl, ce document implacable passionnera ceux qui s’intéressent à l’Histoire et à la manipulation idéologi-que par les images. n

les camps de concen-tration des figurants tsi-ganes pour les besoins du film « Tiefland », tourné pendant les années de guerre. « Je pourrais tuer les gens qui propagent ces men-songes », dit-elle…

Leni Riefenstahl,décédée en 2003 à l’âge de 101 ans et miraculeusement épargnée par la dénazification aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, ne s’est jamais départie de son immense orgueil et n’a jamais cessé, contre l’évi-dence, de nier son implication majeure dans la propagande hitlérienne. Un passionnant documentaire inédit réa-lisé par l’Allemand Michael Kloft et dif-fusé sur Arte revient sur la carrière de

Riefenstahl et sur sesinnombrables manipu-lations.

Archives inéditesInspiré par les travauxde Nina Gladitz, uneréalisatrice qui a consa-cré de nombreuses étu-d e s h i s t o r i q u e s à

« L’Amazone du Führer », le film de Michael Kloft ne se contente pas de revenir sur les débuts de Leni Riefens-tahl en tant qu’actrice (entre autres dans« La Montagne sacrée », d’Arnold Fanck, en 1926) et d’évoquer ses docu-mentaires les plus célèbres. Des films qui, avec un certain génie formel, ont glorifié le IIIe Reich : « Le Triomphe de la volonté » (1935), sur le congrès de Nuremberg du parti nazi, « Les Dieux

DOCUMENTAIRE ALLEMANDLeni Riefenstahl, la fin d’un mythede Michael KloftDiffusion sur « Arte » le 18 novembre à 23.00. Sur arte.tv jusqu’au 15 février, 52 minutes.

Olivier De Bruyn @OlivierBruyn

En 2000, à la foire du livre de Francfort, l’infatigable Leni Riefenstahl vient pré-senter « Cinq vies », un nouveau livre tout à sa gloire, et signe des autogra-phes. A quatre-vingt-dix-huit ans, la démarche hésitante, mais le regard fier et le verbe haut, elle parade et n’hésite pas à agresser ceux qui l’accusent d’avoir été une servante zélée de la pro-pagande nazie et, parmi ses ignobles « faits de gloire », d’avoir recruté dans

Un passionnant documentaire, diffusé sur Arte, évoque avec précision le rôle considérable joué par Leni Riefenstahl dans la propagande nazie et ses arrangements avec la vérité.

Audrey in ParisCINÉMA // La savoureuse comédie parisienne d’Audrey Hepburn de 1957 ressort en DVD et Blu-ray. Un Billy Wilder malin, incompris à sa sortie et aujourd’hui restauré dans un splendide coffret.

Adrien Gombeaud @AdrienGombeaud

A Paris, tout le monde le fait. » Lavoix off de Maurice Chevalier,enrobée d’accent français, sug-

gère que lui aussi « le fait ». De quoi s’agit-il ? « Love in the afternoon », le titre original, est assez explicite : « Ariane » raconte l’histoire d’une fille qui va faire « l’amour l’après-midi ». Comme son personnage, ce film est l’undes plus secrets et des plus délicieux de Billy Wilder. Il ressort en DVD-Blu-ray, accompagné d’un copieux livret, dans un écrin digne des palaces parisiens.

Billy Wilder entame son treizièmetournage américain en 1957, dans un Paris photographié en noir et blanc comme par Robert Doisneau. Détectiveprivé, Paul Chavasse a pour principaux clients des maris trompés. Il passe une bonne part de l’année à surveiller FrankFlannagan, un célèbre milliardaire américain qui collectionne les conquê-tes sans lendemain aux quatre coins de

fictifs. Et encore ce manteau d’hermine dans lequel elle parade, puis qui s’affalesur la moquette du Ritz, telle une armure fendue…

Comédie aérienne, « Ariane » est àl’image d’Audrey Hepburn, fille-femmefunambule sous les lampadaires de la place Vendôme. Wilder venait de filmerce bloc d’érotisme qu’était Marilyn dans« Sept ans de réflexion ». Après la rose Monroe, il aborde Hepburn le coqueli-cot. « Je suis trop maigre, susurre Ariane, mes oreilles ressortent et mon cou est bien trop long. » Et Flannagan derépliquer : « Peut-être, mais j’adore l’harmonie de l’ensemble. » On écrit volontiers que, quand les magazines débordaient de volupté, l’actrice imposa son corps gracile comme ultime canon du chic. On a trop peu parlé de sa voix. De ce timbre rêveur, légèrement flouté qui paraissait tou-jours retenir un fou rire ou un torrent delarmes. Or il y a tout « Ariane » dans la voix d’Audrey, l’une des rares comédies qui parfois donne envie de pleurer. n

la planète. Par ailleurs, Chavasse élève seule sa fille adorée, Ariane, élève du Conservatoire, qui mène à ses côtés une vie très sage. A Paris, tout le monde le fait sauf elle… jusqu’à cequ’elle rencontre Flan-nagan.

Dans sa premièrepartie, « Ariane » décrit l’amour aussi bien que l’ennui. Car le Casanova améri-cain, joué par Gary Cooper, n’a rien d’unjouisseur. Passant d’une suite et d’une conquête à l’autre, escorté d’une bande de ménestrels gitans qui jouent en bou-cle les trois mêmes airs censés égayer son existence, il s’est empêtré dans une sempiternelle routine de séduction. Quant à Ariane, elle fait office de fille modèle dévouée à un père qui la main-tient dans le corset d’un appartement placard dessiné par le génial chef déco-rateur Alexandre Trauner. Coup de génie du scénario : pour mystifier le

coureur de jupon, elleva s’inventer une vie decoureuse de pantalon !Face à ce qu’il prendpour un double fémi-nin , le p lay-b oy setrouve désarçonné,j a l o u x a u p o i n td’embaucher… Cha-vasse !

L’ultime canon du chicA sa sortie, le film écope d’une interdic-tion aux mineurs tandis que la critique étrille son « immoralité » et sa « vulga-r i té » . S ix décennies plus tard, « Ariane » l’emporte par sa grâce et sonintelligence. Chaque accessoire devientl’objet d’un gag, d’une idée, d’une trou-vaille… Il y a la pantoufle de Flannagan qui retourne le mythe de Cendrillon contre le Prince charmant. Il y a l’étui à violoncelle, double d’Ariane, qui lui serre de cachette ou de complice. Et puis cette baignoire qui déborde tandis qu’elle énumère la liste de ses amants

FILM AMÉRICAINArianede Billy Wilder.Avec Audrey Hepburn, Gary Cooper, Maurice Chevalier. 2 h 10.Coffret Ultra Collector DVD B-ray et livre de 160 pages, Ed. Carlotta, 50 euros.

La malicieuse Ariane (Audrey Hepburn) fait tourner en bourrique le séducteur impénitent Frank Flannagan (Gary Cooper). Photo Mary Evans/Sipa

FILM AMÉRICAINRebeccade Ben WheatleyAvec Lily James, Armie Hammer et Kristin Scott Thomas.Disponible sur Netflix

L’art de la manipulation• Ben Wheatley, le réalisateur britannique de cette « Rebecca » new-look, a beau affirmer qu’il n’a pas voulu faire, quatre-vingts ans après, un remake du film culte d’Hitchcock, mais proposer une nouvelle adaptation fidèle du roman de Daphné du Maurier (1938), on ne peut s’empêcher de faire la comparai-son, qui n’est pas à son avantage. Ce long-métrage très léché, aux décors luxueux, manque de mystère et de perversité – ressorts du premier opus améri-cain de Mr. Hitch. De même, est pratiquement absente la dimension gothique du livre.

Le résultat est un thriller sentimental efficacemais classique. L’histoire de cette jeune fille pauvre qui épouse un bel aristocrate anglais, hanté par le fantôme de sa première femme, l’intrigante Rebecca, se déroule sans anicroche. Le couple Lily James- Armie Hammer a fière allure, mais c’est Kris-tin Scott Thomas qui rafle la mise dans la peau de Mrs. Danvers, la sinistre gouvernante du château deManderley. Un film idéal pour le confinement… dis-pensable après. —Philippe Chevilley

Film en bref

Affublé pour son exploitation en France d’un titre rébarbatif – en Italie, le film se nomme plus sobre-ment « Il Campione » –, « Le Défi du champion » estsorti discrètement l’été dernier dans les salles obscu-res. Sa diffusion sur les sites de VoD permet aujourd’hui de découvrir comme elle le mérite cettefiction stimulante qui révèle un cinéaste italien de talent : Leonardo D’Agostini.

Dans son convaincant coup d’essai, le metteur enscène débutant zoome sur les réalités contrastées dufootball contemporain et s’intéresse au cas de Chris-tian, un jeune joueur de l’AS Roma, qui enchante les tifosi grâce à ses dribbles irrésistibles, mais qui désespère les dirigeants de son club à force de multi-plier les frasques sur le terrain et en dehors. Soucieuxde remettre dans le rang ce joueur surdoué, mais ingérable et, surtout, de préserver sa valeur mar-chande en vue d’un futur transfert, les patrons de l’ASRoma contraignent leur star bling-bling à reprendreses études afin de policer son caractère et son image.Pour parvenir à leurs fins, ils engagent un professeur,Valerio, indifférent aux choses du « sport roi » et pourvu d’un tempérament aux antipodes de celui deson nouvel élève. Entre ces deux hommes que tout oppose, une amitié paradoxale voit le jour.

Les lois du marchéLes relations entre le cinéma et le football ne don-nent pas toujours des résultats convaincants, tant s’en faut. Et pour un Ken Loach qui parvint, en 2009,à signer une fiction passionnante sur le ballon rond (« Looking for Eric », avec Eric Cantona), on ne compte plus les films inutiles qui tentent de bâtir maladroitement des récits autour du foot et de ses principaux acteurs en short. Dans le « Défi du cham-pion », Leonardo D’Agostini déjoue avec élégance tous les pièges. Dans la meilleure tradition de la comédie à l’italienne (Dino Risi est l’une des influen-ces revendiquées du cinéaste), le néophyte met en scène les destins contrariés de deux personnages attachants qui, progressivement, apprennent à communiquer et s’aperçoivent que, nonobstant leurs différences, ils partagent beaucoup.

En toile de fond : la description acide de l’universdu foot contemporain. Un univers impitoyable où seule compte la loi du profit et où les joueurs, dès leurplus jeune âge, sont considérés comme des mar-chandises interchangeables. Cette radiographie du sport et de ses dérives – inspirée par l’itinéraire d’un authentique footballeur : Mario Balotelli – compte plus d’un atout pour séduire les spectateurs, même ceux qu’indiffèrent les us et coutumes du foot. — O. D. B.

FILM ITALIEN Le Défi du champion de LéonardoD’Agostini, avec Stefano Accorsi, Andrea Carpen-zano, 1 h 45, disponible sur les plateformes de VoD. En DVD le 2 décembre.

Le foot-business dans le viseurLe talentueux réalisateur italien Leonardo D’Agostini dresse le portrait d’un jeune footballeur en manque de repères et pointe les dérives du « sport roi ». Un film qui ignore avec élégance les pièges du hors-jeu.

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TRANSPORT MARITIME // Véritable poumon économique de la Bretagne, la compagnie maritime, qui emploie 2.800 marins, est au bord du gouffre. Elle a dû mettre à l’arrêt sept de ses douze ferries à cause du confinement en France conjugué à la quatorzaine imposée au Royaume-Uni. Une double peine qui frappe une entreprise déjà fragile et menace l’économie locale. A tel point que le gouvernement s’est saisi du dossier.

Stanislas du Guerny— Correspondant à Rennes

F ini les hordes de voitures immatricu-lées au Royaume-Uni et chargées àbloc qui quittaient en file indienne

chaque matin le port de commerce de Saint-Malo après une nuit à bord du ferry le « Pont-Aven », qui assurait la traversée entrePortsmouth, dans le sud de l’Angleterre, et lacité corsaire Le vaste terminal du Naye, situénon loin de la ville malouine, est désespéré-ment vide. Une même ambiance fantôme règne au port de Roscoff, siège de Brittany Ferries. Aujourd’hui, sept des douze bateaux sont à quai. Motif : les touristes sontabsents depuis que cet armateur breton a dûstopper la plupart de ses activités en septem-bre dernier, les autorités anglaises obligeantles passagers à se mettre en quatorzaine, quand le confinement en France limite les déplacements à l’étranger. « C’est simple, indique Frédéric Bossis, le dirigeant du magasin Wine Beer Supermarket installé tout près du port de Roscoff. J’ai perdu 50 % de mon chiffre d’affaires annuel. C’est désespé-rant. Brittany Ferries est un véritable poumonéconomique, si on ne sauve pas cette compa-gnie, un low cost étranger anglais ou irlandaisprendra malheureusement sa place. »

C’est exactement le scénario que ne veu-lent pas envisager les collectivités territoria-les. Elles ont d’autant plus leur mot à dire qu’elles financent en partie la flotte de la compagnie par l’intermédiaire de sociétés d’économie mixte pour le portage de ses investissements. Celle nommée «Sabe-men», dont la région Bretagne et les conseils départementaux sont actionnai-res, finance trois des douze ferries de l’armateur. Sa situation financière donne des sueurs froides. « Cette entreprise est à genoux, elle est face à un risque mortel. Ses résultats d’exploitation des cinq dernières années donnent le vertige à tout le monde », amême avancé, il y a quelques jours, Loïg Chesnais-Girard, le président du conseil régional de Bretagne devant l’ensemble desélus de son assemblée.

Confrontée à une perte qui devrait attein-dre les 100 millions d’euros en 2020 pour unchiffre d’affaires en baisse de plus de 50 % – ilétait de 440 millions d’euros en 2019 –, Brit-tany Ferries appelle au secours depuis des mois. L’Etat vient de lui concéder une exo-nération de charges patronales de 15 mil-lions d’euros et les banques lui ont accordé un PGE – prêt garanti par l’Etat – de 117 mil-lions d’euros. Les deux régions de Bretagne et de Normandie entrent dans la danse avec

une aide sous la forme d’avances rembour-sables de 85 millions d’euros réparties sur les exercices 2020 et 2021. « Nous savons, indique de son côté Richard Ferrand, prési-dent de l’Assemblée nationale et député du Finistère, que le gouvernail est bien tenu, mais le brouillard est bien épais. » Outre le confinement, Brittany Ferries va devoir, dans les prochains mois, supporter les conséquences du Brexit. Les Anglais seront-ils aussi nombreux à prendre place dans ses ferries ? Rien n’est moins sûr.

Née en 1974 des organisations agricoles bretonnesFace à la complexité de la situation, le Ciri –Centre interministériel de restructurations industrielles – s’est autosaisi du dossier. Il réalise actuellement, en collaboration avec les équipes de l’armement, un audit précis de la situation économique de ce pavillon. Ses conclusions seront rendues en décem-bre. « Les banques attendent beaucoup de l’arbitrage du Ciri », croit savoir le conseillerrégional finistérien Gwenegan Bui, un spé-cialiste du dossier. « L’Etat prendra toute sa place dans le plan de retournement. La solu-tion globale qui devra être trouvée va nécessi-ter de répartir les efforts avec les banques et les autres partenaires », indique le Ciri. Prési-dent du conseil de surveillance de la compa-gnie maritime bretonne depuis 2006, Jean-Marc Roué se bagarre depuis des mois pourtenter de maintenir le cap. « Nous avons absolument besoin d’un accompagnement public sur le long terme pour surmonter la crise. Il nous faut un plan de relance, pas un simple plan de sauvetage », martèle celui quimet régulièrement en exergue son statut d’armateur au pavillon national dont les marins – 2.800 salariés au total – sont tous payés sous statut social français. Il réclame une aide de l’Etat sous la forme d’annulationdes cotisations sociales, au moins pendant cinq ans et non au coup par coup. « C’est toutà fait euro-compatible », continue-t-il.

Contrôlé par les organisations agricoles,dont la puissante Sica de Saint-Pol-de-Léon

qui produit et vend des légumes cultivés principalement sur les terres fertiles dans lenord de la Bretagne, Brittany Ferries est un acteur clé de l’activité du Grand Ouest. « Chaque année, les Anglais que nous débar-quons en Bretagne et en Normandie injectentplus de 142 millions d’euros principalement dans l’économie touristique. Et on représenteune part importante des activités des ports bretons et normands », dit encore Jean-MarcRoué, lui-même producteur de légumes dans la petite commune de Plougoulm et évidemment adhérent de la Sica. Il faut ajouter le fret aux actifs des retombées de l’armement puisque de 15 à 20 % de ses recettes proviennent du transport de camions, une activité qui se maintient, même pendant le confinement, mais ne suf-fit évidemment pas à pérenniser l’entre-prise. C’est pour le transport de légumes queBrittany Ferries, initialement nommée BAI – Bretagne Angleterre Irlande –, est née en 1972 à l’initiative d’Alexis Gourvennec, pay-san finistérien visionnaire qui souhaitait désenclaver son territoire et lui ouvrir le marché anglais des choux-fleurs, pommes de terre et oignons cultivés dans le Léon… zone légumière alors loin de tout, faute de routes à deux fois deux voies.

Depuis cette date, l’aventure de l’arme-ment n’a pas été un long fleuve tranquille. Tant s’en faut. Il a failli plusieurs fois mettrela clé sous la porte.

Une compagnie résilienteFin connaisseur de la compagnie où il a étépendant plusieurs années l’un des collabo-rateurs directs d’Alexis Gourvennec, Phi-lippe Gallouedec est aussi l’auteur d’un court-métrage diffusé par France 3 sur l’« épopée » de Brittany Ferries. Il revient sur ses années de plomb. « Pour ne pas cou-ler, Alexis Gourvennec a eu l’idée d’en appeleraux collectivités territoriales qu’il a su mettredevant leurs responsabilités en 1981, se sou-vient Philippe Gallouedec. Il a alerté Louis Le Pensec, alors ministre de la Mer, ainsi queles présidents des quatre conseils généraux de

l’Irlande et 358.000 en Espagne. Secrétaire du CSE – comité social et économique –, Jean-Christophe Glidic n’est pas sans s’inquiéter de la situation actuelle et future.« La direction entend, explique-t-il, effectuer 15 millions d’euros par an d’économies sur lamasse salariale. Je crains pour la qualité du service. » De plus, indique encore le syndica-liste, le nombre des CDD est très réduit. « Comment faire autrement, rétorque Jean-Marc Roué. Cette année, on ne va transporterque 610.000 passagers. On privilégie les CDI, la plupart d’entre eux sont actuellement en chômage partiel ; personne n’a été licencié. » Professionnels du tourisme, gestionnaires de port commerce, élus… tous ont intérêt à ce que Brittany Ferries navigue au plus vite dans une mer calme.

Transformer l’apport régional en capitalLa région Bretagne a déjà son plan B. « Si ellen’arrive pas à rembourser ses dettes, nous pourrons transformer notre apport en capi-tal. Ce n’est pas notre objectif, mais c’est une option », insiste Loïg Chesnais-Girard. « C’est une mauvaise idée, rétorque Jean-Marc Roué, qui n’entend pas non plus demander à son actionnaire de mettre au pot. Il n’a jamais pris de bénéfice chez Brit-tany Ferries et s’il y avait accompagnement, ce serait une goutte d’eau, car la Sica n’a pas les moyens nécessaires. » Pour lui, la seule solution de pérennité de l’armement passe par la signature d’un plan de relance avec l’Etat, « qui doit comprendre notre singula-rité ». Même au milieu de la tempête, pas question pour ce dirigeant de baisser les bras. Il a récemment pris une participation au capital de la compagnie Condor Ferries, qui assure les liaisons entre Saint-Malo et les îles Anglo-Normandes, dont Jersey.

Afin de préparer l’avenir, Brittany Ferriesrenouvelle sa flotte. Elle avait initialement prévu un nouveau bateau nommé le « Honfleur ». Sa construction avait été confiée au chantier naval allemand Flens-burger Schiffbau-Gesellschaft, dont les dif-ficultés financières ont amené le groupe breton à annuler sa commande. Par contre,le « Galicia » va intégrer l’armement début décembre et sera suivi au cours des deux prochaines années par le « Salamanca » et le « Santoria ».

Ces trois bateaux – dont deux fonctionne-ront au gaz naturel liquéfié – sont construitsen Chine et affrétés pour une durée de cinq ans auprès du suédois Stena Line, avec une option d’achat… Si le retour à une meilleurefortune se concrétise ! n

Le « Pont-Aven », bâtiment de la compagnie Brittany Ferries, amarré au port du Havre. Photo Robin Letellier/Sipa

Bretagne pour qu’ils évitent la vente de l’entreprise. Elle n’était plus à même de financer ses bateaux. » C’est à cette époque qu’est créée la société d’économie mixte Sabemen. En 1986, un important conflit social a aussi failli renverser la compagnie alors que, en 1992, la très forte dévaluation de la livre sterling faisait perdre des mil-lions de francs à l’entreprise. « Quelles que soient les circonstances, elle a toujours su se relever, c’est une entreprise résiliente », indi-que encore Philippe Gallouedec. Il met notamment en exergue l’évolution des choix de la direction qui a su orienter ses activités du côté de l’art de vivre à la fran-çaise, très loin du low cost.

A bord, la qualité de son accueil et de sarestauration est vantée par tous ceux qui ont déjà effectué une croisière notamment sur le vaste « Pont-Aven », son navire amiral.La compagnie a su aller encore plus loin pour augmenter le nombre de ses passa-gers, à 85 % composés de citoyens britanni-ques. Progressivement, elle s’est mise à ven-dre non seulement des traversées mais aussi des séjours, des week-ends… dans 2.000 établissements composés d’hôtels oude maisons de charme. Une activité à l’arrêtdepuis le printemps dernier autant en Grande-Bretagne, qu’en Irlande et en Espa-gne, la plus récente des destinations de l’armement installé sur les ports galiciens de Bilbao et de Santander. En année hors Covid-19, Brittany Ferries transporte plus de 2,4 millions de passagers, dont 2,1 mil-lions sur le Channel, 97.000 à destination de

En temps normal, Brittany Ferries transporte plus de 2,4 millions de passagers par an, dont 2,1 millions sur le Channel. Cette année, ils ne seront que 610.000.

Brittany Ferries, une compagnie en lutte

pour sa survie

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L’arrivée des vaccins relève l’horizon. Il était temps. L’épidémie a enclenché un terrible réflexe de repli sur soi. Près de cent pays ont limité leurs exportations de produits sanitaires. Beaucoup d’entre eux ont fermé leurs frontières. En Europe, chacun a décidé dans son coin. Les souverainistes de droite et de gauche en ont profité pour promouvoir leurs idées d’autarcie, bien au-delà des réflexions nécessaires sur la sécurité d’approvisionnement médical ou alimentaire. Lors de la montée de l’épidémie, les Etats ont pris la main. C’était normal et même indispensable. Seuls les pouvoirs publics ont les moyens légaux de limiter les interactions physiques entre individus, meilleure façon de limiter la catastrophe sanitaire. Eux seuls ont les moyens financiers, avec l’appui des banques centrales, pour compenser les pertes subies par les entreprises et leurs salariés. Les anticapitalistes ont voulu y voir l’avènement d’un monde nouveau où l’Etat

deviendrait enfin l’acteurcentral de l’économie. Avec letournant décisif des vaccinsapparaît un paysage trèsdifférent. Car les deuxmoteurs qui ont permis defaire émerger cesmédicaments, et avec euxl’espoir d’enrayer enfin lapandémie, sont lamondialisation et laconcurrence. L’épisode desmasques avait déjà révélé quedes commerçants rivauxayant l’habitude d’acheter àl’étranger étaient infinimentplus efficaces pour équiper lapopulation qu’un Etat réduità réquisitionner des stocks.Les vaccins ne seraientjamais apparus aussi vitesans l’association de forcesvenant de différents pays.Celui de Pfizer a été conçu

par des Allemands nés de parents turcs soutenus par un laboratoire américain et un prêt européen. Celui de Moderna a été conçu dans une firme biotech américaine menée par un Français et dont le principe actif sera fabriqué en Suisse. Pour produire à grande échelle ces vaccins et ceux bientôt annoncés, il faudra mobiliser des usines du monde entier. La concurrence a aussi poussé les laboratoires à s’engager dans une extraordinaire course de vitesse qui a abouti en moins d’un an. Si l’Etat français avait sollicité un monopole public pour inventer le vaccin, on en serait encore à débattre de la couleur du formulaire à remplir pour obtenir une rallonge de 10.000 euros. Il faudra que les Etats restent actifs dans la suite de l’histoire. Ils devront notamment imposer des règles pour que le vaccin puisse être largement diffusé, au sein de leur population et dans les pays pauvres, tout en laissant aux laboratoires la rémunération de leurs efforts. La pandémie montre à son tour que l’avenir s’écrira en associant l’Etat et le marché, le local et le mondial.

L’ÉDITORIAL DES « ÉCHOS »

Un vaccin contre le repli

La pandémie montre que l’avenir s’écrira en associant l’Etat et le marché, le local et le mondial.

Par Jean-Marc Vittori

LA PHOTO DU JOUR

NOËL Le Covid et la fermeture des magasins n’empêchent pas les Galeries Lafayette de respecter la tradition de l’arbre de Noël et des vitrines thématiques et animéesqui seront inaugurées jeudi. Le grand magasin du boulevard Haussmann a érigé comme tous les ans un sapin de 20 mètres de haut et de plus de 5 tonnes, décoré surle thème du voyage. Comme tous les commerçants les « Galeries » espèrent pouvoir rouvrir le 27 novembre pour compter au moins quatre week-ends de shoppingd’ici à la fin de l’année et basculer ensuite sur une année 2021 enfin synonyme de retour à une certaine forme de normalité. Photo Thibaut Voisin

DERNIÈRE HEURE

Crise humanitaireen Ethiopie

'GUERRE – Une « crise huma-nitaire à grande échelle » esten train de se développer à la

frontière entre le Soudan et l’Ethio-pie, que des milliers de gens fuient tous les jours à cause de l’opération militaire en cours dans la région du Tigré, a indiqué l’ONU mardi. Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a annoncé mardi la phase « finale » imminente de l’opération lancée le 4 novembre, par l’armée fédérale contre cette région dissi-dente d’Ethiopie, après des mois de tensions avec les autorités régiona-les du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).

Un nouveau président au Pérou

'POLITIQUE – Le Parlementpéruvien a élu lundi soir ledéputé centriste Francisco

Sagasti président par intérim, après huit jours de chaos politique qui a vu se succéder pas moins de trois chefs d’Etat. Elu avec 97 voix sur 123 suffra-ges exprimés, M. Sagasti était le seul candidat. Le président Martin Viz-carra avait été destitué le 9 novembre à l’issue d’une procédure parlemen-taire expéditive. Il aurait dû être remplacé par le vice-président, poste vacant depuis une crise politique précédente, puis par le président du Parlement, qui a démissionné après la répression de manifestations.

Football : la Coupede France prenddu retard

'SPORTS – Le 8e tour et les32es de finale de Coupe deFrance, initialement prévus

en décembre et janvier prochains pour l’entrée en lice respective des clubs de Ligue 2 et Ligue 1, ont été reportés pour cause de suspension des compétitions, a annoncé mardi la Fédération française de football. Les compétitions ama-teur étant toutes suspendues depuis la fin du mois d’octobre en raison de la situation sanitaire, les tours précédents n’auront pas pu se tenir avant ceux prévus pour mi-décembre et début janvier.

Paris vote pour donner le nom de Samuel Paty à un lieu

'HOMMAGE – Le Conseil deParis a voté mardi pourqu’un lieu de la capitale

porte le nom de Samuel Paty, enseignant décapité le 16 octobre, à l’exception des écologistes, pour-tant alliés de la maire, qui se sont abstenus, suscitant un tollé. « Ces terribles événements nous affectent toutes et tous » mais « nous devons à tout prix nous prémunir de réac-tion guidée par l’émotion qui ne doit en aucun cas orienter nos décisions politiques », ont-ils souli-gné. « Chacun prend ses responsa-bilités », a répliqué Anne Hidalgo.

« Rencontre » par Golden Cosmos pour « Les Echos »

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Plus d’ESSisation,moins d’Uberisation :RELEVONS LE DÉFI !L’Économie sociale et solidaire vient de loin : des premières associations ouvrières créées il y a deux siècles,aux coopératives de consommateurs en passant par les sociétés de secours mutuel qui ont émergéces 50 dernières années.L’ESS se réinvente aujourd’hui dans de nouvelles formes entrepreneuriales en étant une pionnière activedes transitions : transition écologique avec l’agriculture biologique, transition sociale avec le commerce équitable etl’insertion par l’activité économique, transition économique avec les Sociétés Coopératives d’Intérêt Collectif et lesCoopératives d’Activités et d’Emploi, transition technologique avec les logiciels libres et les plateformes alternatives…Pourtant l’Histoire retiendra principalement de ces dix dernières années la déstabilisation de pans entiersde notre société par l’économie de plateforme : précarisation de l’emploi, notamment chez les jeunesgénérations, difficulté d’accès au logement dans les métropoles ou encore dévitalisation des commercesde proximité face aux géants du e-commerce.Dans ce monde en forte turbulence, nous avons besoin de repères humanistes robustes, besoin de dépasser« l’Uberisation » pour entrer dans l’ère de l’« ESSisation ».L’ESSisation c’est développer et diffuser de nouvelles façons d’entreprendre reposant sur la logiquede solidarité et d’utilité sociale dans l’ensemble des champs de l’économie.Làoù il y enaplusque jamais besoin :quand des entreprises sociales et solidaires investissent des secteurs essentielspour y proposer à grande échelle des alternatives durables, comme Enercoop sur l’énergie, il y a ESSisation.Là où on ne l’attend pas : quand la fondation DNDi déploie un modèle alternatif et collaboratif de R&Dpharmaceutique pour lutter contre des maladies « non rentables », il y a ESSisation.Là où elle rassemble les énergies de l’ESS : quand la coopérative Label Emmaüs et ses structures de l’ESSs’unissent pour favoriser l’insertion professionnelle et présenter un contre-modèle fort aux géants du e-commerce,il y a ESSisation.L’ESSisation est ouverte au champ des possibles.Nous sommes déjà des centaines de milliers de salariés et entrepreneurs de l’ESS.Nous sommes déjà des millions de consommateurs et de bénévoles de l’ESS.Nous sommes déjà des dizaines de millions, notamment parmi les jeunes générations, à vouloir un mondedifférent, plus juste et plus soutenable.Le temps est venu d’un nouvel esprit de conquête pour une ESS sans complexe et sans rivages, agileet disruptive, capable de co-construire des solutions durables avec l’ensemble des secteurs économiques,et porteuse de progrès pour chacun.

S’il y a « unmonde d’après », il doit êtremarqué par l’ESSisation !

Patrick BROTHIER, Président du Groupe AÉSIO / Pascal MICHARD, Président du Groupe MACIFAmandine ALBIZZATI, Présidente Directrice Générale d’Enercoop / Jean-Louis BANCEL, Président du Crédit coopératifFrédéric BARDEAU,Président et Cofondateur de Simplon.co / StéphaneBOSSUET, Président Directeur Général de Coopérer pour entreprendreAlexandra DEBAISIEUX, Directrice Générale déléguée de RailCoop / Luc DE GARDELLE, Président de la Fédération des entreprises d’insertionElise DEPECKER,Directrice d’Atis / Cyprien FONVIELLE, Directeur Général d’ACTA VISTA et de BAO Formation / Lena GEITNER,Directrice deRonalpia / Tarik GHEZALI, Fondateur de La Fabrique du nous / Stéphanie GOUJON,Directrice Générale de French Impact /Mathieu GROSSET,Directeur Général du Groupe coopératif Demain / Nicolas HAZARD, Fondateur et Président d’INCO / Cécile LECLAIR,Directrice Généralede l’AVISE /WilfriedMEYNET, Avocat Associé chez Alcya conseil / Benoît MIRIBEL, Président du Centre français des Fonds et FondationsDr. Bernard PECOUL, Directeur Exécutif de Drugs for Neglected Diseases initiative / Nils PEDERSEN, Président de La Fonda / Rudy PIGNOT-MALAPERT, Cofondateur de La Compagnie Générale des Autres / Rémi ROUX, Cofondateur et gérant d’Ethiquable / Jérôme SADDIER,Président d’ESS France / Eva SADOUN, Co-présidente d’Impact France /Maud SARDA, Cofondatrice et Directrice de Label EmmaüsThierry SIBIEUDE, Professeur titulaire de la Chaire Innovation et Entrepreneuriat Social de l’ESSEC / Bastien SIBILLE, Président de MobicoopHugues SIBILLE, Président du Labo de l’ESS / Hugues VIDOR, Président de l’UDES.

Groupe AÉSIO, Union Mutualiste de Groupe soumise aux dispositions du Livre I du code de la Mutualité. Immatriculée sous le n° 821 965 241 . Enregistrée à l’Oriasen tant que mandataire d’assurance sous le n°16006968. Siège social : 25 place de la Madeleine – 75008 Paris.

Aux aides à domicile, aides-soignants, médecins, directeurs d’EHPAD et de clinique,salariés du secteur du handicap et dumédico-social… À tous les salariés de l’ESSpleinementmobilisés pour permettre aux Français de traverser cette crise sanitaire.MERCI !

COMMUNIQUÉ

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Mercredi 18 novembre 2020www.lesechos.fr

Voiture électrique : une nouvelle gigafactory de batteries en Allemagneconstruire des usines en Pologne, et le chi-nois CATL s’implante en Allemagne pour fournir BMW.

Les constructeurs eux-mêmes ont aussicommencé à investir. Volkswagen va cons-truire une usine aux côtés du suédois Northvolt, tandis que PSA, qui s’est allié à Saft, la filiale de Total, a prévu des sites en France et en Allemagne. Sans parler de Tesla, dont la gigafactory, près de Berlin, esten train de sortir de terre. n

Vieux Continent qui, selon des rumeurs de presse, pourraient avoir été conclus avec le groupe PSA. Car pour les constructeurs européens, qui ont investi des milliards pour développer une offre de véhicules élec-triques dignes de ce nom, l’approvisionne-ment en batteries devient stratégique. Plu-sieurs acteurs asiatiques, qui dominent aujourd’hui le marché, ont déjà annoncé leur intention d’investir en Europe. Les coréens LG Chem et SK Innovation vont

de 24 gigawatts heures, qui permettra d’équiper entre 300.000 et 500.000 voiturespar an, elle devrait démarrer à la fin de 2023.

Hautement stratégiqueAyant démarré sa première usine fin 2019 dans la région de Changzhou, en Chine, SVolt prévoit de construire six usines dans le monde, pour une capacité totale de 100 GWh. La société avait indiqué cet été avoir sécurisé 7 GWh de contrats sur le

chinois Great Wall Motors en 2018, a choisila région de Sarrelouis, dans la Sarre, pour yimplanter son site. La région « est non seule-ment au cœur de l’Europe, mais elle repré-sente aussi une région d’innovation et de tech-nologie pour l’industrie automobile », a expliqué son patron, Yang Hongxin.

L’usine géante représente un investisse-ment de 2 milliards d’euros et devrait employer 2.000 salariés, a indiqué la société. Dotée d’une capacité de production

JCAC 405.483, points0,2105 % n

DOW JONES29.778,22 points-0,575 % J

EURO/DOLLAR1,1862 $0,0422 % J

ONCE D’OR1.889,05 $0,183 % n

PÉTROLE (BRENT)43,25 $-1,4582 %

DEVISES EUR/GBP 0,8954 EUR/JPY 123,605 EUR/CHF 1,0806 GBP/USD 1,3247 USD/JPY 104,2265 USD/CHF 0,911 TAUX EONIA -0,471 LIFFE EURIBOR 3 MOIS -0,522 OAT 10 ANS -0,3901 T-BONDS 10 ANS 0,901

Anne Feitz @afeitz

Après le chinois CATL, c’est au tour d’un autre chinois, SVolt, d’annoncer la cons-truction d’une usine géante de batteries pour voitures électriques en Allemagne. La société, née dans le giron du constructeur

AUTOMOBILE

Macron tendla main au sport

Florent Maussionet Christophe Palierse

Emmanuel Macron souhaite remettre la France au sport. Alors que la colère montaitdepuis quelque temps chez les amateurs et les professionnels, le président de la Répu-blique a fait baisser la température mardi lors d’une visioconférence tenue avec des représentants d’une filière plongée, elle aussi, dans une crise sans précédent avec lapandémie de Covid-19.

Il n’a pas rassuré les dirigeants de clubsprofessionnels en annonçant que le retour du public dans les stades n’était pas envisa-geable avant le début 2021. Il a seulement évoqué l’application d’une jauge propor-tionnelle à la capacité des stades ou des sal-les plus souple que le plafonnement actuel du nombre de spectateurs.

Le chef de l’Etat a toutefois annoncé etconfirmé des mesures de soutien. Le méca-nisme de compensation des pertes de billet-terie, dont la mise en œuvre était suspendue à l’approbation de la Commission euro-péenne, est désormais entériné. Une enve-loppe de 107 millions d’euros en faveur des

clubs, fédérations et autres organisateurs d’événements sportifs est prévue. La distri-bution s’effectuera selon le taux de dépen-dance de l’économie du club à la billetterie etest plafonnée à 5 millions par bénéficiaire. Leprincipe d’une mesure de soutien aux disci-plines plus « petites » et particulièrement auxsports de salle dépendants de la billetterie a été confirmé. En outre, Emmanuel Macron aannoncé une exonération de charges patro-nales pour les trois derniers mois de 2020. Cette mesure, soutenue par la ministre délé-guée aux Sports, Roxana Maracineanu, est chiffrée à 105 millions d’euros. Les plus gros clubs ne pourront toutefois en bénéficier, le dispositif ne visant que les entreprises comp-tant jusqu’à 250 salariés.

Jauge relativeAsphyxiés pour cause de fermetures répé-tées, les exploitants de salles de sport ont eudroit également à une écoute attentive. Deux mécanismes sont à l’étude pour les aider. Le premier vise à élargir l’accès au fonds de solidarité en l’autorisant au niveaude chaque établissement et non plus à celuide la société holding. « C’est une avancée trèssubstantielle », estime le délégué général de l’organisation interprofessionnelle Union Sport & Cycle, Virgile Caillet. L’autre piste

consisterait à mieux compenser des pertes d’exploitation par un « élargissement du fonds de solidarité ».

Le président de la République a aussi prisla mesure de la paralysie du sport et de la pratique sportive en tant qu’amateur. Il a souhaité que les activités des jeunes en clubpuissent reprendre en décembre. Cette reprise sera conditionnée à la mise en œuvre de protocoles renforcés, en particu-

lier pour les sports de salle. Emmanuel Macron a également annoncé le lance-ment, en 2021, d’un dispositif de « pass sport », d’un coût de 100 millions d’euros, pour relancer les adhésions aux clubs. Dansbeaucoup de fédérations, le nombre de licenciés a baissé.

« Le mouvement sportif français saluel’écoute et les annonces du président de la République pour soutenir les fédérations et les

clubs face à la crise », a déclaré dans un com-muniqué le Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Son président, Denis Masseglia, était remonté contre les pouvoirs publics. Au ministère des Sports, on rappelle pourtant que l’ensemble des aides attribuées avoisine les 4 milliards depuis le début de la crise sanitaire – qu’il s’agisse de chômage partiel, de financementsissus du fonds de solidarité, entre autres. n

La reprise du sportpour les jeunes,

envisagée en décembre,sera conditionnée

à un protocole sanitairepoussé.

Photo Thomas Samson/AFP

CORONAVIRUS

Voitures électriques : Tesla encore loin devant la concurrenceSur le premier semestre, Tesla a venduprès de 180.000 voitures électriques, con-tre 120.000 pour l’ensemble du groupeVolkswagen, hybrides rechargeablescomprises. // P. 20

l’essentielDeux cents aéroports européens au bord de la failliteFace à l’aggravation de la crise, l’associa-tion des aéroports européens appelle unenouvelle fois les Etats à venir en aide auxquelque 200 aéroports qui risquent demettre la clef sous la porte. // P. 18

Alstom 36Arianespace 21Atos 36Avio 21AXA 27Banco Santander 32BNP Paribas 33Booking 18BYD 20Cellnex 25Dassault 21Dassault Systèmes 26, 36Disney 26

Expedia 18Honor 25HSBC 33Huawei 25Hulu 26Hygena 24Ikea 24Ithaca Holdings 26MBDA 21Olmix 29Orange 25QantEv 27RATP 23Safran 36

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AVIS FINANCIER

PVL 23

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organisée, pour la première foisen trente ans, en vidéoconférence.

Avec un trafic inférieur de 86 %à celui de 2019 en novembre, lesquelque 500 aéroports membresde l’ACI Europe ont franchi cemois-ci le cap du milliard et demide passagers perdus depuis ledébut de l’année. Or, comme l’asouligné le directeur général del’ACI, Olivier Jankovic, les recettesdes aéroports sont essentielle-ment basées sur les passagers. Et80 % de leurs coûts sont fixes. Deplus, 70 % des aéroports euro-péens ont accordé des réductionsde redevances aux compagniesaériennes, afin de les aider à sau-ver les lignes qui pouvaient l’être.

350 millions d’eurospar semaineRésultat, malgré les efforts pourréduire les dépenses, « les aéro-ports européens brûlent encore350 millions d’euros par semaine,contre 600 millions au deuxièmetrimestre », souligne Olivier Jan-kovic. Sur les 500 aéroports del’ACI Europe, 193 seraient déjà aubord du dépôt de bilan. « Ce n’estclairement pas soutenable sans

une aide d’urgence des gouverne-ments », a-t-il martelé.

Pour l’heure, ces aides d’Etataux aéroports restent modestes :de l’ordre de 930 millions d’eurosau total pour les 500 aéroports del’ACI Europe et 590 millions sup-plémentaires pour les entreprisesde services aéroportuaires, contreprès de 32 milliards d’euros pourles compagnies aériennes.

Des tests au lieudes quarantainesAutre requête urgente des aéro-ports : l’abandon des mesures dequarantaine au profit de testsCovid rapides. Selon l’ACI, 55aéroports européens ont déjà misen place des tests rapides, mais laplupart des Etats européens exi-gent encore des tests PCR pluslongs à obtenir, et certains main-tiennent des mesures plus restric-tives comme l’interdiction desvoyages de loisirs et des quaran-taines à l’arrivée ou au retour.

« Les quarantaines sont ineffica-ces ; elles n’empêchent pas les genscontaminés de voyager », assure leprésident de l’ACI Europe et direc-teur de l’aéroport de Munich, Jost

que les aéroports devraient être gra-tuits, déplore Olivier Jankovic.A l’avenir, il sera nécessaire derevoir la répartition du gâteau,en s’appuyant davantage sur leprincipe de l’utilisateur payeur etsur la fixation des tarifs par lademande. »

Un message qui risque toutefoisd’avoir bien du mal à passerauprès des compagnies aérien-nes, plus que jamais opposées àtoute hausse des redevances aéro-portuaires, à l’instar de Ryanair.« Le trafic moyen-courrier peutrevenir très rapidement à la nor-male, mais à condition de faire desefforts sur les prix, affirme sonpatron, Michael O’Leary. De toutefaçon, les aéroports pourront tou-jours compter sur le soutien desrégions et des Etats. »

Son principal partenaire, ledirecteur de l’aéroport de Dublin,n’a pas la même vision des choses.« Ca va être un bain de sang, pré-vient Dalton Philips. Avec près de200 aéroports au bord de la faillite,tout le monde va casser les prixpour attirer des clients et cela aurades conséquences à long terme pourles aéroports. » n

Bruno Trévidic @BrunoTrevidic

Les aéroports européens sont àbout de souffle, et la perspectived’un prochain vaccin ne suffirapas à leur rendre le sourire. Tel estle message, en forme de SOS,envoyé mardi par le Conseil desaéroports internationaux euro-péens (ACI Europe) à l’occasion deson assemblée générale annuelle,

AÉRIEN

L’association des aéroports européens appelle une nouvelle fois les Etats à veniren aide aux quelque 200 aéroports qui risquent de mettre la clé sous la porte.

A moyen terme,leur modèle économi-que devra évoluer, estime le directeurde l’association.

Deux cents aéroports européens au bord de la faillite

qui sera sans nul doute l’événementde fin d’année à Wall Street, le pion-nier de l’économie du partage met en avant sa capacité à mieux résis-ter au Covid-19 que les hôtels ou lesplateformes de réservation, type Booking ou Expedia, avec un rebond des réservations cet été.

Après une baisse de 72 % sur unan en avril, le recul s’est stabilisé autour de 20 % depuis juillet. Privésde voyages à l’étranger, les utilisa-teurs de sa plateforme se sont reportés sur des séjours près de chez eux à la campagne.

Le télétravail a également « accé-léré la capacité à vivre partout », unetendance qui a conduit à des réser-vations plus longues et dans des maisons entières, en particulier en Amérique du Nord.

Ainsi, les réservations domesti-ques représentaient 77 % du total

en septembre, contre 52 % en janvier.

Ces choix plus onéreux ont per-mis à Airbnb d’amortir le recul de son activité, avec un tarif journalierpassé de 110 dollars en octobre 2019à 127 dollars en septembre 2020. Entre juillet et septembre, son chif-fre d’affaires n’était plus en baisse « que » de 18 % sur un an, un recul moins important que ses concur-rents Expedia (–58 %) et Booking (–47 %). « Nous croyons que de nou-

veaux comportements vont émerger de cette crise. Le travail à la maison deviendra le travail depuis n’importequelle maison, et la séparation entre le voyage et la vie va devenir floue », plaident les trois fondateurs de l’entreprise, dont son PDG, Brian Chesky, dans une lettre.

La société redresse aussi la pentecôté rentabilité : après une perte de près de 1 milliard de dollars lors du premier semestre, elle a généré un bénéfice de 307 millions au troi-sième trimestre, en hausse de 9 % sur un an. Une performance obte-nue en coupant à la hache dans ses coûts de marketing et en licenciant pas moins de 25 % de ses effectifs aumois de mai.

Le bilan 2020 reste cependantsinistre. Son chiffre d’affaires sur lesneuf premiers mois de l’année a chuté de 32 % sur un an, à 2,5 mil-

liards de dollars. Le nombre de nui-tées et d’expériences réservées a baissé de 41 % par rapport à la même période en 2019. La société de San Francisco reconnaît que l’avenir sera difficile : « Notre rythmede croissance a ralenti, et nous nous attendons à ce qu’il continue de recu-ler. […] Même après la levée du confi-nement et des restrictions de voyages,la demande pour nos offres pourrait rester déprimée pendant une périodede temps significative, et nous ne pouvons pas prédire si et quand la demande reviendra aux niveaux pré-Covid-19 ».

Baisse de la valorisation boursièreL’entreprise, qui n’a jamais été ren-table, compte aussi rester dans le rouge pour reprendre ses investis-sements après la pandémie. Avant

le Covid-19, elle creusait déjà ses pertes, passant de 16 millions de dollars à 674 millions entre 2018 et 2019. Sur les neuf premiers mois de 2020, e l les dépassent les 696 millions de dollars, soit plus dudouble de l’année dernière.

Difficile de ne pas imaginer queBrian Chesky se mord les doigts d’avoir attendu si longtemps pour s’introduire à Wall Street. Airbnb était valorisé 31 milliards de dollars lors de son dernier tour de table en 2017, mais les parts achetées par desinvestisseurs en avril la valorisaient18 milliards seulement. Il viserait désormais une capitalisation entre 25 et 30 milliards de dollars. Conso-lation pour Brian Chesky, qui a par ailleurs réduit son salaire à un dol-lar à cause de la crise sanitaire : il gardera le contrôle de la société grâce à des actions spéciales. n

Anaïs Moutot @AnaisMoutot

—Correspondante à San Francisco

Audacieux ou kamikaze ? Alors que le tourisme mondial traverse lapire année de son existence à causede la pandémie de coronavirus, Air-bnb se prépare à s’introduire en Bourse en décembre. Après tout, Brian Chesky et deux compères avaient bien lancé cette start-up en 2008, en des temps presque aussi troublés, pour proposer aux touris-tes des chambres ou des canapés chez l’habitant à vil prix…

Le moment reste tout de mêmeloin d’être idéal pour l’entreprise californienne, mais, après treize ans d’existence, Airbnb n’avait plus trop le choix. Les employés rému-nérés en stock-options et les fonds de capital-risque ayant investi dans la plateforme de location de loge-ment peuvent difficilement atten-dre plus longtemps. Même Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, qui asoutenu financièrement les débuts de l’inventeur de la location touris-tique entre particuliers, doit trou-ver le temps long.

Rebond cet étéAprès avoir levé en urgence 2 mil-liards de dollars sous forme de detteet d’échange de titres en avril, Air-bnb a également besoin de nou-veaux fonds et veut profiter de l’euphorie des marchés, voire de l’espoir d’un retour à la normale grâce aux nouvelles encouragean-tes sur le front des vaccins. L’entre-prise chercherait à lever 3 milliardsde dollars. Dans un prospectus publié lundi, première étape de ce

TOURISME

Dans un prospectus publié lundi, la plate-forme de location de logements met en avant sa capacité à mieux résister au Covid-19 que les hôtels.

Sur les neuf premiers mois de 2020 cepen-dant, ses pertesont plus que doublé.

Airbnb contraint de faire le pari de Wall Streetmalgré l’effondrement du tourisme

Lammers. Selon une étude réali-sée pour l’ACI, il n’y aurait ainsipas de corrélation entre le niveaude trafic aérien et l’évolution del’épidémie en Europe.

A moyen terme, le modèle éco-nomique des aéroports euro-péens, basé sur la croissance con-tinuelle du trafic, devra toutefoisévoluer, souligne Olivier Jankovic.Selon lui, les premiers à sortir dela crise seront les grandes compa-gnies low cost, comme Ryanair etWizz Air. Or ces dernières vontaccentuer leur pression en jouantde la concurrence entre les aéro-ports européens pour tenterd’obtenir de nouvelles baisses detarifs. « Il y a plus de 750 aéroportsen Europe avides d’attirer du traficet seulement une douzaine de com-pagnies capables de peser sur lemarché », souligne-t-il.

Libéraliser la fixationdes tarifsD’où la nécessité pour les aéro-ports d’obtenir du régulateur plusde liberté dans la fixation de leursredevances et la répartitiondes recettes annexes. « Certainsconsidèrent depuis trop longtemps

Entre juillet et septembre, Airbnb a connu un recul moins marqué que ses concurrents Expedia et Booking.

« Ça va être un bain de sang. Avec près de 200 aéroports au bord de la faillite, tout le monde va casser les prix pour attirer des clients et cela aura des conséquences à long terme pour les aéroports. »DALTON PHILIPSDirecteur de l’aéroport de Dublin

ENTREPRISES Mercredi 18 novembre 2020 Les Echos

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20 // ENTREPRISES Mercredi 18 novembre 2020 Les Echos

AUTOMOBILE

Anne Feitz @afeitz

Mais où sont donc passés les « Teslakillers » ? Il y a quelques années, lescontempteurs du fabricant califor-nien de voitures électriques étaient nombreux à prophétiser son déclinface à la concurrence : en particu-lier, l’arrivée sur le marché de la bat-terie des premium allemands, aux finitions bien supérieures, allait damer le pion aux bolides de l’arro-gant Elon Musk. Force est de cons-tater que pour le moment, ni l’Audi e-Tron, ni la Mercedes EQC, ni même les modèles plus abordables comme la Renault ZOE ou la Hyun-dai Kona, ne rivalisent en volume avec la Model 3 du constructeur américain.

Selon les données rassembléespar le cabinet EV-volumes sur le premier semestre 2020, il s’est ainsive n d u 1 4 2 . 0 0 0 M o d e l 3 s u r cette période, très loin devant la Renault ZOE, qui arrive sur la deuxième marche du podium, avec38.000 ventes. Et même en considé-rant les ventes de voitures à batteriepar constructeur, tous modèles confondus, la firme d’Elon Musk a continué à écraser la concurrence, avec près de 180.000 livraisons sur la période, contre un peu plus de 120.000 pour le groupe Volkswagenet ses 12 marques (dont VW, Audi, Porsche, Skoda, etc.), en incluant desurcroît les hybrides rechargeables.

Best-seller en Chine« Pour le moment, seul Tesla a une gamme étendue et une présence mondiale », relève Philippe Hou-chois, analyste chez Jefferies. Au premier semestre, la Model 3 s’est de fait mieux vendue en Chine (48.000 unités) qu’aux Etats-Unis (41.000) ou en Europe (33.000), dans un marché occidental il est vrai plombé par la crise sanitaire ducoronavirus. « Une voiture électri-

Schmidt. L’analyste anticipe toute-fois un sursaut du constructeur californien sur la fin de l’année, ne serait-ce que pour pouvoir vendre ses crédits CO2 à des constructeurs qui seraient en retard, comme l’y autorise la législation européenne. Car il compte bien sur l’accord con-clu avec Fiat Chrysler, et plus récemment avec Honda, pour con-tinuer à doper ses profits. n

Voitures électriques : Tesla encore loin devant la concurrencel Sur le premier semestre, Tesla a vendu près de 180.000 voitures électriques, contre 120.000 pour l’ensemble du groupe Volkswagen, hybrides rechargeables comprises.l Sur les neuf premiers mois de l’année, le constructeur californien a perdu des points en Europe de l’Ouest,mais il continue à y dominer le marché.

deux camps. Les uns voient en Elon Musk, le patron de Tesla, un visionnaire. Ils sont persuadés que l’avance prise par la firme dans les batteries, les logiciels de bord ou encore la création d’un réseau de « super-chargeurs » vont continuer de faire la diffé-rence à l’avenir.

Brevet de respectabilitéLes autres dénoncent une bulle spéculative, entretenue par des annonces calibrées pour soutenir le cours de l’action, et qui va se dégonfler sous la pression d’une concurrence de plus en plus vive sur le marché du véhicule électri-que. « Nous perdons quand il s’agit de prix de l’action. Mais quand on en vient aux produits, nous avons un menu complet qui sera choisi par les clients », s’est ainsi agacé il ya une dizaine de jours Akio Toyoda, le patron de Toyota.

Dans ce débat, l’inclusion dansl’indice S&P 500 est loin d’être neutre. Elle consacre la réussite dela société (au moins à ce stade) et équivaut à un brevet de respecta-bilité sur la place financière amé-ricaine. L’avenir dira si cette recon-naissance va pousser Elon Musk, réputé pour ses frasques (il avait, entre autres, annoncé la faillite dugroupe un 1er avril) et ses tweets déjantés, à s’assagir. n

que sur sept vendues dans le monde aété une Model 3 », relèvent les ana-lystes d’EV-Volumes. « Produire localement lui a permis de progresseren Chine, où elle est devenue le best-seller du 100 % électrique, et de loin ».Les ventes du constructeur local BYD, premier chinois dans l’électri-que, n’ont atteint qu’un peu plus de 60.000 unités sur la période.

Cela va-t-il durer ? « Les chosescommencent à changer, notamment avec VW et le réveil de la demande enChine, relève Philippe Houchois. Il est d’ailleurs souhaitable que Tesla perde des parts de marché, sinon il n’y a pas de marché ! » Lors de la pré-sentation de ses trimestriels, qui luia permis d’annoncer son cin-quième trimestre bénéficiaire de suite, Elon Musk a confirmé son objectif de 500.000 ventes sur l’année, ce qui supposerait qu’il écoule 180.000 bolides au dernier trimestre (contre 140.000 en moyenne sur les trois précédents).

Rush des constructeurseuropéensEn Europe, l’arrivée de la concur-rence lui a tout de même déjà coûtédes points. Le boom des ventes de voitures électriques observé depuisle début de l’année sur le Vieux Con-tinent, malgré la crise sanitaire, a defait avant tout profité à Renault et à sa ZOE, à Hyundai et à sa Kona, ou encore à Volkswagen et à son e-Golf(en attendant l’ID.3).

Certes, selon l’« European Elec-tric Car Report » de l’analyste berli-nois Matthias Schmidt, Tesla est resté numéro un du lithium-ion en Europe de l’Ouest entre janvier et septembre 2020 (62.600 ventes). Mais ses ventes ont reculé de 20 % sur la période, dans un marché en hausse de 64 %. La Model 3 a mêmeété dépassée sur neuf mois par la Renault ZOE, dont les ventes ont quasi doublé sur un an. « Tesla a étésubmergé par le rush vers l’électriquedes constructeurs européens, pous-sés par les objectifs CO2 imposés par Bruxelles », explique Matthias

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Lionel Steinmann @lionelSteinmann

Après plusieurs semaines plutôt calmes, le cours de l’action Tesla s’apprêtait à connaître mardi une nouvelle décharge d’adrénaline. La société qui gère les deux indicesboursiers S&P 500 et Dow Jones aen effet annoncé lundi soir dans un communiqué que le construc-teur californien de véhicules élec-triques allait rejoindre le mois prochain l’indice S&P 500, qui regroupe les 500 plus grandes entreprises de la place new-yor-kaise. Dans la foulée, le cours de lasociété avait bondi de 14 % dans leséchanges postérieurs à la clôture.

L’inclusion dans le S&P 500 vafavoriser mécaniquement la hausse du cours de l’action : cel-le-ci va être systématiquement incluse dans de nombreux pro-duits financiers qui suivent méca-niquement ses fluctuations, les ETF, ce qui va accroître la demande pour le titre.

Cinq trimestres de suite dans le vertCette décision était attendue depuis juillet dernier, lorsque Tesla a rempli le dernier critère qui lui faisait défaut pour intégrer le prestigieux indice : aligner qua-tre trimestres de profits consécu-

tifs, ce que Tesla a réalisé pour la première fois cet été. Mais le nom de la société avait été absent des changements annoncés en sep-tembre dans la composition de l’indice, ce qui avait surpris le mar-ché et brièvement fait dégringoler l’action. L’annonce d’un cin-quième trimestre bénéficiaire fin octobre a, semble-t-il, fini de convaincre les gestionnaires du S&P 500.

Cette décision vient couronnerla spectaculaire progression du cours de l’action, qui s’est envolé de483 % en un an, à plus de 400 dol-lars aujourd’hui. La firme a bénéfi-cié ces derniers mois d’un engoue-ment et d’une exubérance qui ont déconnecté sa valorisation (plus de 386 milliards de dollars lundi soir) des critères d’évaluation clas-siques. Tesla vaut désormais plus en Bourse que Toyota ou Volkswa-gen, alors que la société vend 20 fois moins de voitures que ses deux concurrents, et dégage des profits bien moins élevés, même s’ils sont en nette progression.

Cette situation scinde les inves-tisseurs et le milieu de l’auto en

Le groupe d’Elon Musk enfin admis dans la cour des grands à Wall StreetAttendue depuis juillet, l’inclusion de Tesla au sein du S&P 500, l’indice boursier de référence, va accroître la demande pour le titre. Le cours du constructeur de voitures électriques a grimpé de près de 14 % lundi dans les échanges électroniques après la clôture.

386MILLIARDS DE DOLLARSLa valorisation de Tesla (lundi soir). Le constructeur californien vaut désormais plus en Bourse que Toyota ou Volkswagen.

Les uns voient en Elon Musk, le patron de Tesla, un visionnaire...

Les autres dénoncent une bulle spéculative, entretenue par des annonces calibrées pour soutenir le cours de l’action.

Tesla a confirmé son objectif de 500.000 ventes sur l’année, ce qui supposerait qu’il écoule 180.000 bolides au dernier trimestre.

DPA

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CA

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Les Echos Mercredi 18 novembre 2020 ENTREPRISES // 21

malement jusqu’à l’allumage du quatrième étage Avum, huit minu-tes après le décollage. Une dégrada-tion de la trajectoire a alors été détectée, générant une perte de contrôle du lanceur, puis la perte dela mission et donc des satellites.

« Sur la base des premières inves-tigations, conduites cette nuit avec lesdonnées disponibles, un problème liéà l’intégration du système d’activa-tion de la tuyère du quatrième étage Avum est la cause la plus probable à l’origine de la perte du contrôle du lanceur », a expliqué Arianespace. Autrement dit, l’erreur viendrait d’un défaut d’exécution lors de la fabrication en Italie et non d’un pro-blème de conception de la fusée. Unproblème « d’inversion des câbles » a été identifié, survenu au stade de la « production » du lanceur, a pré-cisé le PDG d’Arianespace, Sté-phane Israël.

Accumulation de déboiresCe qui laisse espérer une remise en vol plus rapide du lanceur qu’après l’échec du vol de juillet 2019, dû à undéfaut lui de motorisation. Dès ce mercredi 18 novembre, Arianes-pace et l’Agence spatiale euro-péenne (ESA) vont mettre en place une commission d’enquête indé-pendante présidée par Daniel Neuenschwander, directeur du transport spatial à l’ESA, et Sté-phane Israël, président exécutif d’Arianespace. Elle devra mettre enévidence les raisons pour lesquellescette erreur d’intégration n’a pas étédétectée puis corrigée.

Cet échec entame en tout cas lemoral du secteur spatial européen. Face aux succès de SpaceX, la filièreaccumule les déboires : échec de Vega, retard d’Ariane 6 et retard dans la rénovation du chantier de Kourou. Avec Vega au sol, peu de fusées Ariane 5 encore disponibles et les retards d’Ariane 6, l’opérateurdevra se retourner vers le fidèle lan-ceur russe Soyouz. Ou perdre des clients fidèles qui iront vers la fuséeFalcon 9 de SpaceX. n

Anne Bauer @annebauerbrux

« La mission est perdue », a déclaré Stéphane Israël, le PDG d’Arianes-pace. Le lanceur européen Vega devait placer en orbite deux satelli-tes pour le compte de l’Europe dansla nuit de lundi à mardi depuisKourou. Las, il a essuyé « une ano-malie » dans sa « trajectoire ». « Huit minutes après le décollage de la mission, immédiatement aprèsle premier allumage du moteur du quatrième étage, une dégradation de la trajectoire a été constatée, entraînant la perte de la mission », indiquait par la suite Arianespace dans un communiqué.

Pour son deuxième lancementde l’année – après le succès de celui de septembre qui lui a permis de mettre en orbite des dizaines de petits satellites –, Vega devait placerà 700 kilomètres d’altitude deux satellites d’observation de la Terre et de ses phénomènes naturels pour le compte de l’Europe.

Vega emportait SEOSat-Ingenio(750 kg), le premier satellite d’observation espagnol de la Terrepour le compte de l’Agence spa-tiale européenne (ESA) et de l’Espagne. Un investissement de quelque 200 millions d’euros conçu sous la maîtrise d’œuvre d’Airbus Espagne. Malheureuse-

ESPACE

Le lanceur européen a dévié de sa trajectoire huit minutes après son décollage, alors qu’il devait mettre en orbite deux satellites pour le compte de l’Europe.

Un échec qui intervient au moment où son concurrent SpaceX réussit sa mission vers l’ISS.

Le lanceur européen Vega se perd dans le vide spatial

Le lanceur européen emportait notamment SEOSAT-Ingenio (750 kg), le premier satellite d’observation espagnol de la Terre. Photo Agence spatiale européenne

tir d’images satellites, les industriels français, au premier rang desquels Dassault, Thales, et MBDA qu’elles accusent d’être responsables de victimes civiles à la suite d’un bom-bardement mené par un Mirage. L’avion de chasse construit parDassault appartiendrait aux Emi-rats arabes unis, mais les ONG accu-sent les industriels de l’entretenir et le moderniser, et en tirent la conclu-sion qu’ils sont responsables du tir malheureux exécuté en Libye.

A chaque accusation, l’exécutifrappelle que la règle en France est de n’autoriser aucune exportation d’armes, sauf feu vert explicite décidé en Comité interministériel sur la base de « procédures très rigoureuses », comme le répètesouvent la ministre des Armées, Florence Parly. Comme ses prédé-cesseurs, elle récuse les critiques denon-transparence en renvoyant sesaccusateurs à la publication d’un rapport annuel au Parlement sur les exportations d’armement de la France. Malheureusement ce docu-ment, généralement publié l’été, ne fait l’objet de quasiment aucun débat au Parlement.

Pour les rapporteurs, le systèmen’est plus viable et ce, d’autant moinsque le consensus national autour des exportations d’armes s’effrite. Longtemps, elles ont relevé d’un malnécessaire pour garantir notre industrie militaire et donc notre sou-veraineté stratégique. Avec une classe politique qui n’a pas fait son service militaire et dans un contextegéopolitique toujours plus compli-

qué, ce consensus s’érode. En outre, la France, qui veut construire une défense européenne, ne peut expli-quer à ses partenaires la faiblesse deson contrôle parlementaire, plai-dent les deux députés. Ils soulignentqu’après avoir mené une comparai-son avec les Etats-Unis, la Suède, la Grande-Bretagne, et l’Allemagne, c’est bien en France que le pouvoir decontrôle du Parlement est le plus fai-ble. « L’analyse des modèles des autres pays exportateurs montre que la France est très en retard », note Michèle Tabarlot, en ajoutant que ces exemples prouvent qu’un bon contrôle n’est pas un frein, puisque « les pays avec les contrôles les plus poussés sont parmi ceux qui expor-tent le plus au monde ».

Nouvelles exigences internationalesDe son côté Jacques Maire fait observer aux « Echos » qu’un contrôle intelligent peut prémunir la France contre des risques politi-ques et juridiques grandissants. Notamment face à des ONG qui ne secontentent plus de militer, mais qui mènent des enquêtes sur le terrain ou via l’imagerie satellitaire, afin d’apporter la preuve d’utilisation d’armes françaises dans des conflits.Depuis l’adoption il y a six ans par la France du Traité sur le commerce des armes (TCA), certaines exporta-tions peuvent déboucher sur des recherches des responsabilités des Etats et des industriels devant les tri-bunaux. Par ailleurs, les incroyablesévolutions technologiques, notam-

Après deux ans de travail, des ren-contres avec 180 acteurs et des dépla-cements en Egypte, en Allemagne, aux Etats-Unis, les députés Jacques Maire (En marche) et Michèle Taba-rot (Les Républicains) vont défendrece mercredi devant la commission des Affaires étrangères de l’Assem-blée nationale la nécessité de renfor-cer le rôle du Parlement sur le contrôle des exportations d’armes.

La mission d’information, dont ilssont rapporteurs, est née il y a deux ans dans un contexte de polémique sur les dommages infligés au Yémenpar des armes d’origine française. Alors que l’Allemagne décrétait un veto sur ses ventes à l’Arabie saou-dite à la suite du meurtre de Jamal Kashoggi, certaines associations dénonçaient l’utilisation d’armes françaises par des soldats de Riyad au Yémen, accusant la France de ne pas respecter les droits humains. Aujourd’hui, elles accusent Paris d’avoir violé l’embargo sur les armesen Libye et mettent en cause, après une longue enquête conduite à par-

DÉFENSE

La commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale devrait adopter aujourd’hui un rapport qui permettra aux parlementaires un contrôle accru sur les exportations d’armes.

à suivreLa SNCF espère un « go sanitaire » pour les fêtes de NoëlFERROVIAIRE La SNCF attend un « go sanitaire » du gouverne-ment, « fin novembre ou tout début décembre », pour préparerses TGV pour les vacances de Noël, a indiqué mardi son PDG,Jean-Pierre Farandou. « La SNCF est prête, bien sûr. […] On a déjàdes plans pour être capable de remonter le niveau d’offre des TGV,qui est aujourd’hui à 30 %, et qu’on pourrait remonter pour faireen sorte que chaque Français dispose de son train pour partir pourles fêtes en famille », a affirmé M. Farandou sur Europe 1. « Il fautque le gouvernement puisse nous dire dix à quinze jours avant“vous pouvez y aller”. Donc on attend cette décision, qui devraitintervenir, je l’espère, fin novembre ou tout début décembre. »

L’Autorité de la concurrence autorise le rachat de Leader Price par AldiDISTRIBUTION Bonne nouvelle pour Aldi France. L’Autorité dela concurrence a autorisé son rachat de Leader Price au groupeCasino. Le gendarme de l’antitrust n’a exigé que la vente de9 points de vente sur un total de 554. « Compte tenu des faiblesparts de marché cumulées d’Aldi et Leader Price sur le marché del’approvisionnement au niveau national, l’Autorité a considéréque l’opération n’était pas susceptible de renforcer significative-ment la puissance d’achat d’Aldi vis-à-vis des fournisseurs », indi-que son communiqué. Casino avait confirmé, le 20 mars, avoircédé pour 735 millions d’euros son enseigne discount à Aldi,dans le cadre de son plan de désendettement.

Le partenariat Renault-Daimler sur les moteurs en questionAUTOMOBILE La perspective d’un partenariat entre Daimler etle chinois Geely dans les moteurs ne signifie pas la fin de la coo-pération entre Daimler et Renault dans ce domaine, a affirmémardi à l’agence Reuters une source du constructeur aulosange. Cette déclaration vient en réponse au journal allemand« Handelsblatt » : d’après le quotidien, la maison mère de Mer-cedes va collaborer avec l’entreprise chinoise pour développersa nouvelle génération de moteurs, ce qui scellerait, selon letitre, la fin du partenariat avec le losange, entamé en 2010.

ment des biens à double usage (civil et militaire), qui font d’objets en apparence civils de possibles outils d’armement ou de surveillance, multiplient les risques. Jacques Maire souligne ainsi que les ONG ont attaqué le gouvernement fran-çais pour ses exportations en Egypte, non pas tant sur la vente de navires de guerre ou de Rafale, maispour quelques logiciels de sur-veillance et une poignée de blindés légers qui ont été détournés de leur usage militaire par la police contre les civils égyptiens. Le jeu en vaut-il la chandelle ?

« Nous ne demandons pas à cogéreravec le gouvernement les licences d’exportations d’armes, précise Jac-ques Maire, mais nous demandons depouvoir exercer un contrôle utile pourattirer l’attention du gouvernement sur certains risques politiques et noussouhaitons pouvoir faire des recom-mandations ». Le parlementaire des Hauts-de Seine propose ainsi un pre-mier pas dans le contrôle avec le démarrage d’une commission de travail bicamérale entre le Sénat et l’Assemblée nationale. A terme, la création d’une délégation parlemen-taire de contrôle des armes et des biens à double usage, un peu sur le modèle de la délégation au rensei-gnement, pourrait être étudiée. Jac-ques Maire ajoute que ses proposi-tions sont plutôt bien accueillies par les industriels, pour lesquels un plusfort engagement du Parlement serait un gage de légitimité supplé-mentaire pour leurs exportations. — A. B.

Le Parlement souhaite renforcer le contrôle des exportations d’armes

ment, le satellite n’est pas assuré, car seuls les satellites commer-ciaux le sont et pas les satellites institutionnels.

Le lanceur comptait également àson bord Taranis, le premier satel-lite conçu pour observer les phéno-mènes électromagnétiques radia-tifs et lumineux survenant à des altitudes comprises entre 20 et 100 km au-dessus des orages. Fruit de quinze années de travail au CNES, Taranis a coûté quelque 115 millions d’euros.

C’est le deuxième échec du petitlanceur européen fabriqué par Avioen Italie. A l’été 2019, la fusée avait explosé avec à bord un satellite d’observation vendu aux Emirats arabes unis. Le revers intervient la nuit même où le concurrent améri-cain d’Arianespace, SpaceX, a réussi à transporter quatre astro-nautes dans la Station spatiale internationale (ISS).

Pour Vega, l’heure est grave. Ils’agissait de son 17e vol mais c’est le deuxième échec en trois lance-ments. Après une interruption d’un an, le lanceur était revenu en fanfare avec un vol réussi en sep-tembre au cours duquel il avait envoyé d’un seul tir 53 petits satelli-tes. Avio se félicitait alors de pou-voir devenir le futur vecteur du « new space » européen.

Dans un communiqué, Arianes-pace explique que, lors du décol-lage, les trois premiers étages du lanceur léger ont fonctionné nor-

Vega devait placer à 700 kilomètres d’altitude deux satellites d’observation de la Terre et de ses phénomènes naturels pour le compte de l’Europe.

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22 // ENTREPRISES Mercredi 18 novembre 2020 Les Echos

une réouverture des commerces dits “non essentiels” dès le 27 novembre etau décalage d’une semaine du Black Friday ».

Le crédit d’impôt n’est pas uneobligation pour les propriétaires. Mais outre le CNCC, la Fédération des sociétés immobilières et fonciè-res (FSIF), l’Association française de la gestion financière (AFG), l’Association française des sociétés de placement immobilier (Aspim), la Fédération nationale des agents immobiliers (Fnaim), l’Union nationale des propriétaires immo-biliers (Unpi) et CDC Habitat (groupe Caisse des Dépôts) ont salué la mesure dans un communi-qué commun. « Il y a une forte inci-tation à appliquer le dispositif », confirme Yohann Petiot.

Du côté des commerçants,l’Alliance du commerce et Procos ont dit leur satisfaction. La pre-mière organisation regroupe 450 enseignes et 27.000 points de vente et la seconde 300 marques et70.000 magasins. « Cela évite les guerres de tranchées du premier confinement », déclare le directeur général de l’Alliance du commerce.En mai, une médiation entre les bailleurs et commerçants avait échoué. « Il y a un cadre précis […] etun nombre important de fédéra-tions de bailleurs petits comme gros signataires », renchérit Emmanuel Le Roch, son homologue de chez Procos.

« Cela permet de fixer un cadred’abandon de loyer sans que le bailleur puisse exiger des contrepar-ties, comme la renonciation à la pos-sibilité de sortie du bail, tel que cela aété le cas lors du premier confine-ment, rappelle Emmanuel Le Roch.Cela n’arrange rien pour les com-merces restés ouverts, dont les chif-fres d’affaires actuels sont faibles. »

Parer à une nouvelle crise« L’outil fiscal proposé pousse vers lasolution amiable », confirme Nico-las Boytchev, avocat associé au seindu cabinet Racine, spécialiste de l’immobilier, qui représente aussi bien des bailleurs que des commer-çants. Mais « les commerçants se rendent compte qu’une franchise d’un mois de loyer ne va pas régler tous leurs problèmes et souhaite-raient réviser à la baisse leurs loyers

sur la durée. Sur cette question, les bailleurs sont très fermés, car réduirela rentabilité locative de leurs biens immobiliers affecterait leur valeur »,constate-t-il.

Les patrons d’enseignes souhai-teraient indexer leurs loyers sur leur chiffre d’affaires pour parer à toute nouvelle crise. Les grands magasins pratiquent cela pour les concessions qu’ils allouent aux marques. Mais sur ce point, les pro-priétaires seront durs à la négocia-tion. « Le crédit d’impôt ne règle pas les problèmes des loyers du premier confinement lorsqu’ils ne l’ont pas été », conclut Emmanuel Le Roch. Le dispositif n’est pas rétroactif. n

Le crédit d’impôt, la solution de Bercy au problème du loyer des commerçantsl En mai, une guerre de tranchées avait débuté entre les enseignes et les propriétaires des murs de leurs locaux.l Cette fois, le gouvernement a adopté une mesure fiscale qui dédommage partiellement les bailleurs faisant un effort envers leurs locataires. Le dispositif est salué par les parties.

Philippe Bertrand @Bertra1Philippe

et Elsa Dicharry @dicharry_e

Le gouvernement a évité un nou-veau casse-tête aux commerçants et à leurs bailleurs sur la question des loyers. En officialisant en fin de semaine dernière, c’est-à-dire avantl’engagement de négociations explosives sur le processus et l’agenda de la réouverture post-confinement des commerces, un dispositif amélioré de crédit d’impôt, Bercy devrait parvenir à calmer certaines tensions dans les boutiques. Les deux parties ont en tout cas salué le dispositif.

De quoi s’agit-il ? Les propriétai-res qui renonceront à un mois de loyer en novembre bénéficieront d’une remise fiscale de 50 %. Cette mesure vaut pour les commerces de moins de 250 salariés ayant dû fermer leurs portes. A l’origine, seuls les petits commerces (moins de 50 salariés) devaient en bénéfi-cier. Pour les commerçants qui emploient de 250 à 5.000 person-nes, l’abandon du terme sera de 70 % et les propriétaires des murs appliqueront le crédit d’impôt de 50 % sur cette part. « Pour résumer, explique Yohann Petiot, directeur général de l’Alliance du commerce, les bailleurs ne perdront que 50 % ouun tiers des loyers. »

Forte incitationAu-delà de 5.000 employés, c’est-à-dire pour des chaînes comme Zara et H&M, le ministre de l’Econo-mie ne propose rien. Les enseignes devront négocier avec les foncières au cas par cas.

« Ce dispositif est bon et devraitêtre largement appliqué », assure Jacques Ehrmann, président du Conseil national des centres com-merciaux et directeur général de la foncière Altarea. Il se félicite que lesdiscussions avec le gouvernement aient pu aboutir, après avoir peu goûté que Bruno Le Maire accuse les grandes foncières commercia-les de ne « pas jouer le jeu des réduc-tions de loyers ». Cependant, rappel-le-t-il, « nous appelons toujours à

CONFINEMENT

Les propriétaires des murs des magasins fermés pendant le nouveau confinement bénéficieront d’un crédit d’impôt en échange du renoncement aux loyers. Photo Philippe Lopez/AFP

de salles de moins de 2.000 places appartenant à des bailleurs parfois privés, souvent publics. « L’Etat appelle à la solidarité des acteurs mais certaines municipalités ne jouent pas le jeu alors qu’elles n’ont aucun intérêt à abandonner leurs délégataires », regrette un opéra-teur.

« Les négociations avec les collec-tivités locales sont compliquées. On arrive en fin d’année budgétaire, ellesmanquent de visibilité. Et certaines équipes municipales ont changé », confirme Sylvie Robert, vice-pré-sidente de la commission de la Culture du Sénat.

Si des exploitants tel celui duTransbordeur à Villeurbanne, sallede 1.800 places, ont obtenu gain de cause, d’autres comme ceux des Zénith de Dijon, Rouen, Nancy sonttoujours en pourparlers avec les élus concernés. « Nous sommes encore en discussion avec le départe-ment des Hauts-de-Seine et ce n’est pas si évident », confie le directeur de La Seine Musicale à Boulogne-Billancourt. Même constat pour Nicolas Dupeux, à la tête de l’AccorArena. « Les élus munici-

Ce stop-and-go a coûté cher enremboursements et en reports. Etle fonds de compensation pourjauge dégradée, annoncé le26 août par le Premier ministre,n’aura finalement été mis en placep o u r l e s t h é â t r e s q u e l e …10 novembre. Quant aux assu-reurs, ils ne veulent plus les cou-vrir, et le secteur doit réfléchir àun système mutualiste.

Difficultés avec les PGEUne certitude, les 220 millionsd’euros alloués au spectaclevivant privé par le ministère de laCulture suffiront à peine à com-bler le trou sur 2020. Le Prodissestime à 250 millions d’euros ledéficit cumulé des adhérents.Dans ce décor, 50 % des emploispermanents et 76 % des emploisintermittents générés par lespectacle vivant privé seraientmenacés.

« Les pure players du spectaclevivant vont perdre 84 % de leur chiffre d’affaires en 2020. Dans un secteur composé à 80 % d’indépen-dants, la moitié des acteurs risque

Le spectacle vivant privé étouffé par les charges fixes

Martine Robert @martiRD

Les exploitants de sal les deconcert, surtout de grandes jau-ges, sont excédés. « Sans spectacledepuis neuf mois, ils doivent conti-nuer à payer les loyers, non seule-ment aux bailleurs privés, maisaussi aux collectivités locales pro-priétaires », observe Malika Ségui-neau, directrice générale duProdiss, principal syndicat duspectacle vivant privé. Ces loyersou redevances peuvent représen-ter de 20 à 60 % des charges defonctionnement, souffle-t-on auProdiss.

Ses adhérents exploitent, endélégation de service public, une cinquantaine de salles Zénith et Arena ainsi qu’une quarantaine

Les exploitants de salles de concert et de théâtres ont de plus en plus de mal à assumer leurs loyers alors que leurs billetteries sont paralysées. La concentra-tion guette et pourrait menacer l’écosystème.

la faillite », s’inquiète Malika Ségui-neau. Beaucoup seront dans l’inca-pacité de rembourser les PGE contractés.

« 2021 et 2022 vont être très com-pliquées. On n’enclenche plus rien. Les artistes émergents, eux, ont les ailes coupées », reconnaît GenevièveGirard, à la tête d’Azimuth Produc-tions. « Après avoir pris des mesuresen faveur des intermittents, il fau-drait se focaliser sur les employeurs privés, sinon nous ne serons plus là pour les faire travailler quand la reprise sera possible », renchérit Aurélien Binder, à la tête de FimalacEntertainment, producteur et exploitant de théâtres et de salles de concert. n

50 % des emplois permanents et 76 % des emplois intermittents générés par le spectacle vivant privé seraient menacés.

La voie incertaine du procès

Lorsque les négociations sur les loyers commerciaux n’ont pu aboutir, certains commerçants se sont engagés dans des procédures judiciaires contre leur bailleur. « Plusieurs procès sont en cours, quelques jugements ont été rendus. Pour l’instant, les tribunaux ont plutôt tendance à donner raison à la partie qui a fait preuve de bonne foi dans sa relation contractuelle », note l’avocat Nicolas Boytchev. Sans qu’une jurisprudence claire se dégage pour l’instant en faveur des bailleurs ou de leurs locataires.

Le 5 novembre, la cour d’appel de Grenoble a été la première à se prononcer sur le sujet, s’agissant d’un locataire exploitant des résidences de tourisme. Dans son arrêt, elle a estimé que « le bail commercial n’a pas subordonné le paiement des loyers à une occupation particulière des locaux ni à aucun taux de remplissage. Il ne résulte d’aucun élément que l’appelant ait manqué à ses obligations contractuelles rendant impossible la location des lots et l’exercice par le preneur de son activité hôtelière. »

paux attendent la fin de l’année calendaire, on tient grâce au PGE et on espère une recapitalisation de nos actionnaires », dit-il.

Stop-and-go désastreuxDu côté des théâtres privés, ce n’estguère mieux. « Notre trésorerie est très éprouvée après sept mois de fer-meture et les baux des salles pari-siennes sont parmi les plus chers. Si certains bailleurs font preuve de compréhension, d’autres sont inflexibles. Deux théâtres ont ainsi vu leur compte bancaire saisi », expliquait récemment Bertrand

Thamin, président du Syndicat national des théâtres privés, devantle Sénat. Il espère que le crédit d’impôt égal à 50 % des loyers abandonnés (sur un à trois mois) promis par l’Etat aux bailleurs privés générera un geste de ces derniers.

Il y a urgence. « En août, le gouver-nement nous a demandé de rouvrir àla rentrée pour montrer l’exemple… mais alors qu’une pièce s’amortit sur4 à 5 mois, il a fallu refermer les por-tes au bout d’un mois et demi, après avoir entre-temps adapté nos horai-res au couvre-feu ! » rappelle-t-il.

Les acteurs du disque tirent leur épingle du jeuLes majors du disque, Vivendi avec Universal, Warner, Sony, ou des labels indépendants comme Wagram, déjà tous présents dans le spectacle et moins malmenés par la crise grâce à leur activité plus diversifiée, pourraient mettre la main sur des acteurs du live à l’agonie. Ils auront d’autant plus la capacité d’attirer des artistes qu’ils viennent d’obtenir un renforcement de leur crédit d’impôt, contrairement au live, pourtant le plus paralysé.

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de grands mouvements sur les quatrepremières années pour reposition-ner le groupe et accélérer sa crois-sance », poursuit-il en soulignant l’importance d’un engagement sur ce cycle de l’entreprise.

Le plan Suez 2030, dévoilé en octo-bre 2019, prévoit une transformationsur les quatre premières années, via 4 milliards d’euros de cessions d’actifs pour redéployer le capital surdes activités jugées plus porteuses. Pas question d’un « repositionne-ment » par un chevalier blanc qui serait un fonds d’investissement cherchant un profit à court terme. « Nous excluons les “désinvestisseurs” qui chercheraient un démembrement du groupe, ou voudraient rentabiliser leur investissement par des réductionsde coûts, car nous considérons notre plan Suez 2030 optimisé », insiste le dirigeant. La recherche se focalise sur des investisseurs qui permet-traient d’accélérer le développement « sur des activités d’avenir ou des géographies, par exemple la Chine ou l’Amérique du Nord, où il y a des besoins énormes », précise-t-il.

« Le calendrier, pour faire émergerces solutions alternatives, se compte en quelques mois. » Elles seront en effet soumises aux actionnaires lorsde l’assemblée générale 2021, qui doit se tenir avant le 30 juin. « Ça faitpartie de nos objectifs. Notre ligne de mire, c’est l’assemblée générale ordi-naire », indique le dirigeant, pour qui « l’histoire de Suez ne s’arrête pasà l’assemblée générale, mais ce sera un rendez-vous important avec nos actionnaires ». Veolia étant concur-rent de Suez, il ne sera pas autorisé ày voter, sauf sur certains points avecautorisation préalable, au cas par cas, par les autorités de la concur-rence, donc « je considère que le jeu reste très ouvert », souligne le diri-geant de Suez, pour qui « nous som-mes organisés non seulement pour protéger, mais aussi pour trouver desalternatives dans la durée ».

S’opposer à une fusion avec Veolian’empêche pas Suez de dénoncer en parallèle le fait qu’à ce stade, son con-current n’a toujours pas déposé

Myriam [email protected]

Suez espère bien faire de sa pro-chaine assemblée générale la riposte au projet de rachat par Veo-lia. Ce dernier a remporté la pre-mière manche en acquérant le 6 octobre un bloc stratégique de 29,9 % du capital de sa cible, mais « notre devoir est de travailler à des solutions alternatives. Veolia et ses alliés ont tout fait pour frustrer l’émergence d’offres mieux-disantes pour les actionnaires et les parties pre-nantes », indique le directeur géné-ral de Suez, Bertrand Camus, dans un entretien aux « Echos ». Ces alter-natives prennent « plusieurs formes, pas seulement une forme de réponse àcette attaque. L’univers des investis-seurs potentiels sur des solutions alternatives est assez large, car Suez est une belle entreprise, qui se déve-loppe et attire des investisseurs à la fois nationaux et internationaux ».

Transformation sur quatre ansLa solution passera-t-elle par le fonds d’investissement Ardian, qui dit regarder le dossier ? « Je ne ferai pas de commentaire particulier, mais je peux confirmer que beau-coup d’investisseurs sont intéressés àregarder le cas Suez », indique le dirigeant, qui souligne plus généra-lement la nécessité d’investisseurs de long terme. « Il faut une stabilité et un actionnariat qui accompagne l’entreprise dans son plan stratégi-que, sur une vision à long terme avec

ENVIRONNEMENT

Toujours opposé à une fusion avec Veolia, Suez travaille à des solutions alternatives, qui seront présentées aux actionnaires lors de l’assemblée générale, qui se tiendrad’ici au 30 juin.

Suez prépare des solutions alternatives à Veolia pour son assemblée générale

normal selon les lignes, tandis que le trafic chute à 20 % après l’heure de l’ancien couvre-feu.

Ajustements selon les lignesConséquence, IDFM va appliquerpour la RATP une réduction glo-bale d’environ 50 % de l’offre enheures creuses, ce qui permettrade faire des économies d’exploita-tion, voire de placer certains sala-riés en chômage partiel. En revan-che, « Ile-de-France Mobilités adécidé de maintenir l’offre detransports à 100 % durant les heu-res de pointe et de l’ajuster demanière différenciée en fonctiondes lignes durant les heures creu-ses », a résumé l’autorité régionaledans un communiqué.

Ne sont pas concernées par cetteréduction les lignes 13, 1 et 4 qui res-tent à 100 % toute la journée : la pre-mière car elle est très chargée et attend toujours d’être soulagée par le prolongement nord de la ligne 14(Saint-Ouen) qui a été repoussé à lami-décembre, et les deux autres carelles fonctionnent sans conduc-teur. Sur les autres lignes, les fré-quences seront également réduitesle week-end.

Pour les lignes de bus et de tram-way, IDFM n’a pas appliqué une for-mule uniforme, mais une « réduc-tion d’offre au cas par cas en fonctionde la fréquentation observée par les opérateurs ». Sauf pour les lignes

Denis [email protected]

Après plus de deux semaines à analyser les effets du confinement sur le trafic des transports en com-mun (et avoir choisi de laisser une offre globalement inchangée, sauf après 21 heures), Ile-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité orga-nisatrice des transports d’Ile-de-France, a finalement opté pour uneréduction des fréquences des transports en commun. Celle-ci concernera, à compter de mer-credi, essentiellement le réseau de métro aux heures creuses, soit de 10 heures à 16 heures.

Depuis l’instauration du confi-nement, la fréquentation des transports publics franciliens a chuté à environ 35 % de la normaleen moyenne, contre 68 % fin octo-bre. Il y a cependant plus de mondeaux heures de pointe actuelle-ment, soit jusqu’à 50 % du trafic

TRANSPORT

Les fréquences du métro parisien sont maintenues à 100 % sur les heures de pointe du matin et de fin d’après-midi, mais réduites le reste du temps.

A Paris, seulement un métro sur deux aux heures creuses

desservant des hôpitaux, qui reste-ront à 100 % de fréquences.

En ce qui concerne les RER ettrains de banlieue, l’offre restera normale sur les lignes A et B, les plus chargées du réseau. IDFM pré-voit pour les autres lignes « quel-ques suppressions de trains aux heu-res creuses, qui seront minimes […], ainsi que le week-end ».

En France, chaque autorité orga-nisatrice adapte son offre en fonc-tion de la demande locale, au cas parcas. Ainsi à Lyon, le Sytral a annoncéde nouveaux ajustements à la baisseen fin de semaine dernière, la fré-quence du métro le week-end étant nettement diminuée compte tenu de sa faible fréquentation. En semaine en revanche, l’offre lyon-naise est maintenue à 80 % en moyenne dans les jours à venir. n

Ne sont pas concernées par cette réduction les lignes 13, 1 et 4 qui restent à 100 % toute la journée.

Sur les autres lignes, les fréquences seront également réduites le week-end.

Net redressement de l’activité au 4ème trimestreChiffre d’affaires annuel 2019-2020 : 629 M€En M€Données non auditées

18-19 19-20 Variation

4ème trimestre 181,6 168,6 -7,1%

12 mois 728,4 629,2 -13,6%

Nombred’actions :22125600 -EuronextParis,CompartimentB– ISIN :FR0013252186-PVL-Reuters :PLVP.PA-Bloomberg :PVL.FP

Retrouvez le communiqué intégral sur le site du Groupe

Après un troisième trimestre (avril-juin) fortement impactépar la crise sanitaire Covid-19 et la fermeture des sitesde production pendant quasiment 2 mois, le GroupePlastivaloire réalise un 4ème trimestre (juillet-septembre)solide en enregistrant un chiffre d’affaires de 168,6 M€,en recul limité de -7,1%. L’amélioration progressivedes taux d’utilisation s’est poursuivie durant tout letrimestre. Le Groupe démontre ainsi la bonne résiliencede son activité dès que le contexte se normalise.

La reprise a été logiquement plus rapide sur la zone Europe1

qu’en Amérique (Etats-Unis – Mexique) compte tenu dudécalage dans l’évolution géographique de la pandémie.En Europe, le Groupe enregistre ainsi un chiffre d’affairesde 146,1 M€, en baisse de seulement -4,9%. La zoneAmérique a contribué pour 22,5 M€ au chiffre d’affaires,soit une évolution de -18%, mais avec une tendance quis’améliore mois après mois.

Cette nette amélioration de l’activité permet au Groupede générer un chiffre d’affaires annuel de 629,2 M€ etd’atténuer le recul annuel à -13,6% (-14,6% en organique).

Géographiquement, le chiffre d’affaires annuel se répartità 87,8% en Europe (552,6 M€, -13,0%) et 12,2 % enAmérique (76,6 M€, -18%).

Le chiffre d’affaires réalisé dans le secteur Automobile (pièceset outillages) ressort à 514,0 M€, soit 81,7% de l’activité duGroupe (80,2% en 2018-2019). Le secteur Industries (pièceset outillages) contribue pour 115,2 M€, soit 18,3% du chiffred’affaires annuel (19,8% en 2019-2020).

Marge d’EBITDA annuelle attendue autour de 7%

Grâce à la gestion réactive de ses coûts et aux mesuresde flexibilité et d’accompagnement mises en place danschaque pays, le Groupe est parvenu à atténuer l’impactde la baisse brutale d’activité sur sa rentabilité. La marged’EBITDA annuelle devrait ainsi se situer autour de 7%du chiffre d’affaires, en recul limité d’environ 3 points parrapport à l’exercice précédent.

Perspectives 2020-2021

L’exercice a bien démarré avec un mois d’octobre bienorienté dans la continuité de septembre. Toutefois, lesnouvelles mesures de restrictions mises en place débutnovembre perturbent à nouveau la visibilité, notammentsur les volumes de production à venir. Tous les sites deproduction poursuivent cependant leur activités.1 incluant l’activité en Tunisie

AVIS FINANCIERS

d’OPA, il a seulement exprimé une intention d’offre sur la place publi-que, mais n’a transmis aucune offre engageante auprès du conseil d’administration de son rival, qui estime ne pas pouvoir se prononcer sur une offre qui reste, du coup, vir-tuelle pour le moment. Pour lancer son offre, Veolia voulait en effet attendre le feu vert de l’antitrust. Mais le processus, en cours devrait prendre de douze à dix-huit mois. Etles actifs à céder pour que les autori-tés de la concurrence acceptent l’union de deux rivaux incluront forcément au moins l’activité Eau France de Suez,. Or Suez a bloqué cette cession prévisible en mettant cette activité sous la protection

d’une fondation de droit néerlan-dais. Pour lancer son OPA Veolia voudrait au préalable pouvoir désactiver cette fondation, donc en comprendre le fonctionnement. A cet effet, il a récemment sommé par huissier le conseil d’administration de Suez de lui communiquer les déli-bérations ayant créé la fondation.

Une situation bancaleChou blanc. « Notre communica-tion aux actionnaires sur la fonda-tion a été revue par l’autorité des marchés financiers. Veolia demandeaccès à des documents qui ne sont pas accessibles à des tiers, encore moins un concurrent. Nous lui avons répondu que s’il lance une

action judiciaire au fond comme il l’annonce, nous nous conformerionsà une décision de justice en matière de communication de pièces et som-mes pleinement confiants sur la légi-timité et la validité de la Fondation »,riposte Bertrand Camus. Ce sera le prochain terrain sur lequel les deuxgéants devraient croiser le fer.

La bataille entre les deux groupesest loin d’être terminée. Le raid éclairespéré par Veolia lancé à la fin de l’étén’a pour l’instant pas abouti. Mais le management de Suez n’a pas réussi àéviter que le groupe dirigé par Antoine Frérot s’empare de presque un tiers de son capital. Cette situa-tion bancale et inconfortable ne pourra pas durer éternellement. n

Bertrand Camus (au fond à gauche), directeur général de Suez, et Philippe Varin (à droite), président de Suez, ont exposé le 23 septembre aux députés leur absolue opposition à une fusion avec Veolia. Photo IP3 PRESS/MAXPPP

« Nous excluons les “désinvestisseurs” qui chercheraient un démembrementdu groupe, ou voudraient rentabiliser leur investissement par des réductions de coûts. »BERTRAND CAMUSDirecteur général de Suez

Page 24: Les Echos - 18 11 2020

24 // ENTREPRISES Mercredi 18 novembre 2020 Les Echos

promet Dominique Weber. Une première sur le marché.

Ces cuisines seront fabriquéesdans l’usine vosgienne de WM88 (130 salariés), qui réalise déjà 70.000 cuisines par an. L’objectif est d’atteindre 20 millions de chif-fre d’affaires additionnel en 2024 avec Hygena (contre 45 millions d’euros aujourd’hui). Le réseau va poursuivre son déploiement via la franchise avec, malgré la crise sani-taire, 25 ouvertures prévues par an.

Sur ce marché de la cuisine enkit, la marque cible les résidences secondaires, les locations saison-nières et les logements pour étu-d i a n t s . « No u s s o m m e s t rè s confiants malgré la pandémie. Le marché est là, poursuit Dominique Weber. Hygena nous apporte sa notoriété et nous fait entrer dans un nouveau métier. » Le potentiel est important, la France est un des pays d’Europe où le taux d’équipe-ment en cuisine intégrée est le plusfaible. n

Dominique [email protected]

Hygena, la célèbre marque de cui-sine née en 1925, est de retour. L’enseigne avait disparu des radars en 2015, après être passée de main en main, dont celles du suédois Nobia, leader européen du secteur. S on dernier propriétaire, le groupe Fournier (Mobalpa), avait transféré ses magasins il y a cinq ans sous sa propre enseigne SoCoo’c, et mis en sommeil la mar-que. Mais Hygena revient sur le devant de la scène depuis ce prin-temps, avec déjà quatre ouverturesde magasins dans l’Hexagone.

La marque a été rachetée à la fin2019 par une entreprise des Vosges,WM88, fabricant français de cuisi-nes et de salles de bains sous mar-que blanche. Il produisait jusque-là

AMEUBLEMENT

Stoppée depuis cinq ans, la marque a été rache-tée par un groupe vosgien qui a engagé sa relance sur les cuisines premier prix.

Un nouveau concept permet au consomma-teur de concevoir et payer sa cuisine en ligne puis de la recevoir en quinze jours grâce à une fabrication en France.

Les cuisines Hygena défient Ikea avec du made in France

Nathalie Steiwer @natbxltec

—Correspondante à Berlin

« La chance d’une vie. » De l’autre côté du Rhin, le succès affiché par BioNTech dans la course au vaccin contre le Covid-19 a donné le sourireaux blouses blanches concurren-tes. « Grâce à la visibilité qu’elle a acquise, nos chances de financement par les investisseurs explosent », veutcroire Franz-Werner Haas, le patron de CureVac, une autre bio-tech allemande qui développe des techniques de vaccination similai-res à celles de BioNTech. L’homme, qui a tout de même reçu le soutien affiché d’Elon Musk et l’assistance de Tesla, compte même finaliser avec la Commission européenne unaccord analogue à celui conclu par BioNTech et son grand partenaire, Pfizer, pour la réservation de 300 millions de doses du futur vac-cin. CureVac se dit également « en discussion avec plusieurs grands partenaires potentiels qui pour-raient l’aider dans la phase de com-mercialisation ».

« Un avant et un après » CovidBioNTech, CureVac : les biotechs allemandes sont en première ligne dans la lutte contre le coronavirus, comme leur consœur américaine Moderna. Un signe, a priori, de la vitalité de la « scène » germanique en matière de santé, une industrie plus que centenaire dans le pays.

Pour nous, il y aura « un avant etun après Covid », tranche Franz-Werner Haas. A première vue, le

secteur des biotechs est en pleine explosion outre-Rhin, avec une croissance de 10 % en 2019 pour un chiffre d’affaires de 4,87 milliards d’euros. De quoi remplumer la fierté d’une nation qui regrette les années 1990, un temps où elle était e n c o r e l e « p h a r m a c i e n d u monde », avec Bayer, Merck ou Schering.

Mais, quand on se penche sur lemicroscope, on s’aperçoit que l’essentiel de cette croissance est lié à une petite poignée d’entreprises seulement, prévient Siegfried Bialo-jan, qui prépare depuis quinze ans l’étude annuelle de EY sur les bio-techs allemandes. BioNTech, avec son entrée en Bourse, Qiagen et Evotec représentent à eux trois 40 % de la croissance du secteur. « Ce sont des résultats évidemment positifs, mais individuels », regrette Siegfried Bialojan.

20 levées de fonds en 2019Pour donner un ordre d’idées du fossé entre ces leaders et les autres, « il y a eu 20 levées de fonds en 2019, cequi est très peu rapporté aux quelque600 entreprises qui travaillent dans le domaine des biotechnologies en Allemagne », note l’expert de EY. Lesinvestissements se concentrent sur les grands noms en devenir, insiste Siegfried Bialojan. Très prudents, les investisseurs se concentrent sur les valeurs à plus court terme. Résultat : sur les 6,2 milliards de capital-risque investis dans les start-up allemandes en 2019, 1,5 milliard seulement est allé vers les biotechs, rapporte EY.

Ebauchant seulement une politi-que plus interventionniste, les Alle-mands envient à l’Hexagone son crédit impôt recherche. « Les allége-ments fiscaux pour la recherche et développement dans les PME n’ont été mis en place qu’en 2018 », rap-pelle Raimund Gabriel, de l’agence de communication spécialisée MC

Services. « Et la banque d’investisse-ment allemande, la KfW, est peu impliquée dans les biotechnologies »,souligne-t-il.

A vrai dire, seuls trois hommesont porté ces biotechs à bout de brasdepuis une quinzaine d’années : Dietmar Hopp, le cofondateur de SAP dans les années 1970, et les deux frères Strüngmann, créateurs du producteur de générique Hexal, qui a été vendu à Novartis. Le pre-mier a cru en CureVac bien avant que la fondation Bill Gates ou l’administration américaine de Donald Trump ne s’y intéressent. Depuis, CureVac a fait une entrée flamboyante sur le Nasdaq, le mar-ché des valeurs technologiques à New York. Les seconds ont accom-pagné les créateurs de BioNTech dès leurs premiers pas d’entrepre-neurs. Sans eux, « la biotech alle-mande n’existerait pas », note Franz-Werner Haas. « Il serait peut-être temps que l ’Allemagne et l’Europe se rendent compte que l’innovation a un coût », glisse-t-il. n

La crise sanitaire a mis sur le devant de la scène deux biotechs allemandes poussées par des mécènes.

Les biotechs allemandes montrent leurs muscles

pour la grande distribution (Casto-rama, But, Mr Bricolage…) et vou-lait changer de dimension. « Nous souhaitons profiter de la notoriété d’Hygena, qui reste très forte. Plus d’un Français sur deux connaît l’enseigne, souligne Dominique Weber, président de WM88. Sur cette base, nous proposons une offre de cuisines prêtes à monter. »

Le nouvel Hygena va se position-ner sur les premiers prix, entre

1.500 et 4.000 euros, face au géant Ikea, mais aussi But et Conforama. C’est ce segment qui a le plus pro-gressé depuis vingt ans. « Le prêt-à-monter représente 53 % en valeur des cuisines intégrées vendues en France, et seuls 5 % des spécialistes en cuisine proposent cette offre, reprend le dirigeant. Il y a une placeà prendre. » Le confinement, avec leretour des Français aux fourneaux,a encore dopé les ventes de cuisi-

nes, un marché qui était déjà en croissance de 6,2 % en 2019.

Commandes 100 % WebPour rivaliser, le propriétaire va proposer un nouvel outil de con-ception en 3D, mis au point avec Dassault Systèmes qui a demandé pas moins de… trois ans de travail. Il sera téléchargeable en ligne à partir de la fin novembre. A la diffé-rence d’autres cuisinistes, ce logi-

ciel permettra au client de l’utiliser sans aide à distance. Il pourra doncseul, via Internet, concevoir, com-mander et payer sa cuisine sur le site. Ou, s’il le souhaite, aller dans un magasin pour se rassurer et vali-der ses choix avec un profession-nel. « Grâce à ce configurateur, il suf-fira de trente minutes pour réaliser un projet. Nous assurerons ensuite une livraison sous quinze jours à partir de notre usine française »,

Hygena revient sur le devant de la scène depuis ce printemps, avec déjà quatre ouvertures de magasins dans l’Hexagone. Photo DR

« Nous souhaitons profiter de la notoriété d’Hygena qui reste très forte. Plus d’un Français sur deux connaît l’enseigne. »DOMINIQUE WEBERPrésident de WM88

Les chiffres clés

+10 %EN 2019Le secteur des biotech esten pleine explosion outre-Rhin, avec une croissance de 10 % en 2019, pour un chiffre d’affaires de 4,87 milliards.

40 %DE LA CROISSANCE DU SECTEURsont réalisés par seulement trois sociétés : BioNTech, Qiagen et Evotec.

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Vendredi 20 novembre

Page 25: Les Echos - 18 11 2020

Vantage Towers pourrait être valorisé entre 15 et 18 milliards d’euros lorsqu’il entrera à la Bourse de Francfort dans quelques mois.

Raphaël Balenieri @RBalenieri

et Sébastien Dumoulin @sebastiendmln

« Promener la vache » devant les marchés avant l’entrée en Bourse prévue début 2021. C’est ce qu’a fait Vodafone mardi pour sa nouvelle société, Vantage Towers. Pour la pre-mière fois depuis son lancement en juillet, la « tower co » du champion britannique des télécoms a été pré-sentée aux marchés lors d’une jour-née investisseurs. Cette entité à part rassemble 68.000 tours mobiles dans 9 pays et sur lesquelles d’autresopérateurs peuvent se greffer, moyennant le paiement d’un loyer.

L’enjeu est fort pour Vodafone.Vantage Towers ayant réalisé un Ebitdaal (avant loyer) de 680 mil-lions d’euros en 2020, la société pourrait être valorisée entre 15 et 18 milliards lorsqu’elle fera son entrée à la Bourse de Francfort dansquelques mois. « Le calendrier est parfait, nous sommes au tout début d’une décennie très favorable à l’industrie des tours télécoms, estimeVivek Badrinath, le PDG de la struc-ture. Nos équipes commerciales sont fortes et ont beaucoup d’appétit. »

Comme Orange, qui envisage luiaussi de placer une partie de ses tours dans une société dédiée afin demieux valoriser ces actifs stratégi-ques aujourd’hui fondus dans la masse – et faire remonter son cours en Bourse –, Vodafone compte sur Vantage Towers pour avoir un bon bol d’air frais, dans un contexte com-pliqué pour l’opérateur. Il doit simul-tanément financer le déploiement de la 5G, retirer les antennes Huaweide ses réseaux et réduire une dette de 48 milliards d’euros.

En compétition avec CellnexMais l’opérateur est resté discret mardi sur les détails de cette opéra-tion. Vodafone a préféré présenter la mariée sous ses plus beaux atoursà l’approche de l’échéance. Pour la première fois, Vodafone a donné des prévisions. Pour 2021, Vantage Towers s’attend à un chiffre d’affai-res compris entre 950 et 970 mil-

lions d’euros, contre 945 millions cette année. L’Ebitdaal, lui, devrait atteindre entre 530 et 540 millions, contre 523 millions cette année.

Autre promesse aux marchés, laconstruction de 7.100 nouvelles tours. De quoi rapporter 130 mil-lions d’euros supplémentaires d’Ebitdaal d’ici à 2027. Enfin, 1 mil-liard d’euros pourra être mobilisé pour acheter des tours supplémen-taires et faire grossir le parc. L’enjeu,là, est de rester dans la course face à l’espagnol Cellnex. La première « tower co » européenne vient de dépenser 10 milliards d’euros pour racheter 30.000 tours au conglomé-rat hongkongais CK Hutchison, por-tant son parc total à 103.000 tours. Sile milliard d’euros cranté ne suffisaitpas, Vantage Towers a affirmé qu’il pourrait, le cas échéant, procéder, comme Cellnex récemment, à une augmentation de capital.

Des locataires « solides »Dans l’immédiat, Vantage Towers doit inciter les opérateurs à venir se greffer sur ses tours existantes. Aujourd’hui, 83 % de ses revenus proviennent… de Vodafone et notamment de sa filiale en Allema-gne qui lui apporte 43 % de son Ebit-daal. La « tower co » doit donc se diversifier et attirer davantage de locataires. A l’heure actuelle, le taux d’occupation de ses tours est en effetde 1,38. Soit en dessous de la moyenne en Europe (1,5) et aux Etats-Unis (2). Vantage Towers a tenté de rassurer les investisseurs enexpliquant avoir déjà signé des contrats de long terme avec des loca-taires « solides » comme Orange, Deutsche Telekom ou Telefónica.

Pour en recruter davantage etatteindre son objectif de 1,5, VantageTowers met en avant le fait que 56 %de ses tours sont situées en ville. Or c’est justement dans les villes que lesopérateurs vont lancer la 5G et pour-raient donc avoir besoin d’emprun-ter les tours de Vantage. Au global, Vantage Towers a défini « une plate-forme solide pour la croissance, une structure du capital qui rend possible l’investissement et une division attrac-tive », écrivent les analystes de Jeffe-ries dans une note. En Bourse, le cours de Vodafone reculait toutefoisde 3,5 % mardi. n

Vodafone veut séduire les marchés en valorisant ses tours mobilesl Pour la première fois, le géant britan-nique des télécoms organisait mardi une journée investisseurs pour présen-ter Vantage Towers, la société dédiée qui héberge 68.000 tours dans 9 pays.l La « tower co » doit entrer en Bourse début 2021.

TÉLÉCOMS

Les tours télécoms continuent de faire tourner les têtes. Et ce ne sontpas les ondes radio qui sont en cause, mais l’appétit des investis-seurs pour un actif jugé peu risqué et rentable – deux qualificatifs qui électrisent les financiers en période de liquidités surabondan-tes. Après que Cellnex a signé le plus gros chèque de l’histoire du secteur en Europe, c’est au tour de Vodafone de faire miroiter aux marchés la mise en Bourse de Van-tage Towers. En cédant 20 % de sa filiale pour 4 milliards, le groupe britannique réaliserait, selon Bloomberg, la plus grosse IPO du continent depuis 2017.

L’idée de séparer les actifs dits« passifs » du réseau n’est pas neuve. En réalité, l’Europe ne fait qu’imiter un modèle développé à

l’étranger. Selon Morgan Stanley, seules 20 % des tours de téléphonieen Europe sont détenues par des entreprises indépendantes spécia-lisées, contre 95 % aux Etats-Unis et 100 % en Chine. Ailleurs, la situa-tion peut varier : 50 % en Inde, 70 %au Brésil , 95 % au Mexique. L’Europe est historiquement la plus en retrait, à l’exception du Japon et de la Corée du Sud, où les opérateurs locaux ne se sont jamais départis d’un seul pylône.

Frilosité européenneAmerican Tower, Crown Castle, Helios, IHS, China Tower… Jusqu’à l’irruption soudaine de Cellnex surles radars, tous les géants du sec-teur étaient extra-européens. Cette frilosité du Vieux Continent a des raisons géographiques et histori-ques.« Aux Etats-Unis, la couver-ture du territoire – très vaste et peu dense – est compliquée. Le dévelop-pement des “tower co” était néces-saire pour aider au déploiement des réseaux, explique Tariq Ashraf, consultant pour le cabinet Bearin-gPoint. En Asie ou en Afrique, c’est le

rester dans la course, il faut déployer la fibre, la 5G…

Les « jeunes » opérateurs,comme Bouygues Telecom en France, ont sauté le pas avant les « historiques » comme Orange, dont la préparation de sa propre « tower co » s’éternise. Dans un entretien au « Financial Times » lundi, le PDG de l’opérateur, Sté-phane Richard, a évoqué la possibi-lité de s’associer à des rivaux pour créer un champion paneuropéen des tours mobiles. Jumeler les 59.000 tours d’Orange que les ana-lystes valorisent 10 milliards à cel-les de Vodafone ou de Deutsche Telekom serait, selon lui, « une opportunité intéressante » à l’ave-nir, même s’il assure qu’il n’y a pas de discussions engagées à ce stade.

Bref, tous les opérateurs sontconvaincus par les vertus du par-tage d’infrastructure. Et la ten-dance ne devrait pas s’arrêter, car les nouveaux réseaux – IoT et sur-tout 5G – vont nécessiter à terme beaucoup plus d’antennes et justi-fier davantage de mutualisation. — R. Ba. et S. Dum.

Pourquoi les opérateurs européens se lancent dans la très lucrative vente de leurs tours télécomsLes ventes de pylônes se succèdent en Europe. Les opérateurs du Vieux Continent étaient une exception dans le monde. L’arrivée de la 5G les pousse à franchir le Rubicon.

ANALYSE

même problème. En Europe, a contrario, les opérateurs ont plus des cultures d’ingénieurs que de financiers. Ils étaient plus réticents àexternaliser, d’autant plus que leurs réseaux 2G, 3G et 4G étaient déjà bien maillés. »

La donne commence à changer,pour des raisons financières d’abord. La valorisation boursière des télécoms en Europe est très fai-ble. L’opportunité de mieux reflé-ter la valeur de certains actifs réseaux en les séparant de l’activitétradit ionnelle n’a donc pas échappé aux états-majors du sec-teur. Altice a magistralement démontré comment récolter des milliards en cédant des participa-tions minoritaires dans ses filiales de fibre ou de tours en France et auPortugal. Et alors que la concur-rence féroce sur les petits marchés nationaux réduit les marges du secteur, tous les leviers sont bons pour trouver des ressources finan-cières et continuer d’investir. Pour

que le départ de Trump ne changerarien aux restrictions pesant sur sa chaîne d’approvisionnement. « Les activités grand public de Huawei ont été soumises à d’énormes pres-sions ces derniers temps, explique le groupe. Cela est dû à une indisponibi-lité persistante des éléments techni-ques nécessaires à notre activité de téléphonie mobile. »

Pour tenter de la sauver, la mar-que Honor va donc être vendue à unconsortium composé d’une quaran-taine d’agents et de distributeurs dont la survie de certains dépend decelle de la marque. Cette vente, dontle montant n’a pas été communi-qué, comprend tous les actifs : la marque Honor, les capacités de R&D et la gestion de la chaîne de valeur. « C’est la meilleure solu-tion pour protéger les intérêts des

consommateurs, des vendeurs, des fournisseurs, des partenaires et des employés de Honor », a indiqué le consortium d’acheteurs, parmi lesquels figure Suning, le « Darty chinois ». A l’issue de l’opération, « Huawei ne détiendra aucune actionni ne participera à aucune activité de gestion commerciale ou de prise de décision dans la nouvelle société Honor », précise, de son côté, le géant chinois en difficulté.

« Décision radicale »« C’est une décision radicale étant donné que la marque Honor a été trèscomplémentaire du portefeuille de smartphones de Huawei », indique Nicole Peng, du cabinet d’études Canalys. La marque Honor a été lan-cée en 2013 sur le modèle de Xiaomi,en commençant par la vente sur

Honor a compté pour jusqu’à 37 % des ventes de mobiles de Huawei audébut 2019. Très prisé des jeunes, Honor est, par exemple, le premier vendeur de smartphones en Russie.De fait, la cession de Honor va pro-bablement lester le fabricant dans sa course aux ventes mondiales de smartphones, face à ses concur-rents Samsung et Apple. Huawei était devenu le numéro un au deuxième trimestre 2020, avant de retomber à la deuxième place au troisième trimestre, selon Canalys.

La marque n’a pas échappé auxrestrictions américaines infligées à Huawei, accusé par Washington d’espionnage pour le compte de Pékin. Outre l’interdiction des appli-cations de Google (YouTube, Gmail…), les Etats-Unis ont renforcéles restrictions afin de limiter davan-

tage l’accès de Huawei aux puces et aux technologies américaines. De nombreux fournisseurs de Huawei ont désormais besoin de licences dugouvernement américain pour ven-dre au groupe chinois. Une fois les liens rompus avec Huawei, Honor ne sera probablement plus sou-mis aux sanctions américaines. « Huawei va recevoir du cash et pouvoir concentrer davantage de ressources sur sa propre marque et ses capacités de R&D pour développerses propres composants », poursuit Nicole Peng. Le fabricant cherche également à se recentrer sur la télé-phonie haut de gamme. Et ce, alors que l’arrêt des livraisons en prove-nance du taïwanais TSMC pourrait remettre en question l’approvision-nement en puces pour son nouveau modèle Mate 40. n

Sous pression américaine, Huawei cède sa marque Honor

Frédéric Schaeffer @fr_schaeffer

— Correspondant à Pékin

L’élection présidentielle de Joe Biden n’a pas fait changer d’avis Huawei. Le géant chinois des télé-coms a annoncé, ce mardi matin à Shenzhen, la vente de sa marque de téléphones Honor, anticipant de fait

TÉLÉPHONIE

Le géant chinois vend sa seconde marque de smartphones à une quarantaine de distributeurs pour la faire échapper aux sanctions américaines.

Internet et en se concentrant sur le marché d’entrée de gamme. Huaweine publie pas de chiffres spécifiques,mais la marque participe au succès de la branche consumer business du groupe, qui regroupe les ventes de ses smartphones, ordinateurs et montres connectées.

Selon le cabinet d’études Canalys,plus du quart des smartphones écoulés par le groupe de Shenzhen au cours des six derniers mois le sont sous sa seconde marque.

Honor représente plus du quart des smartphones écoulés par Huawei au cours des six derniers mois.

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HIGH-TECH & MEDIASLes Echos Mercredi 18 novembre 2020

Page 26: Les Echos - 18 11 2020

26 // HIGH-TECH & MEDIAS Mercredi 18 novembre 2020 Les Echos

Florian Dèbes @FL_Debes

Compte tenu des prévisions de conjoncture économique pour les années à venir, même les analystes les plus au fait des forces de Dassault Systèmes ne croyaient plus vraiment le champion français du logiciel capable de tenir sa promesse de moyen terme.

Mardi, la direction a annoncéqu’elle se donnait finalement jusqu’à 2024, et non plus 2023, pour atteindre son objectif de 6 euros de bénéfice net par action, soit un doublement de cet indicateur par rapport à 2019. Plutôt anticipée par les investisseurs, la nouvelle n’a entraîné qu’une faible baisse de l’action Dassault Systèmes (–1,31 %). La direction justifie ce contretemps par une pro-gression moins importante qu’espéré du bénéfice par act ion cet te année . Pour l’exercice 2020, l’entreprise anticipe un bénéfice par action en progression de 1 à 3 % (contre+7 % en 2019) pour un chiffre d’affaires en croissance de 11 à 12 %, aux alentours de 4,5 mil-liards d’euros.

Logiciels en ligneAu cours d’un « capital market day » qui s’est tenu en ligne mardi, le directeur financier, Pascal Daloz, a précisé que le nouvel objectif de profitabilité pour les actionnaires s’appuyaitsur une prévision de croissancemoyenne du chiffre d’affaires de 10 % par an.

LOGICIELS

L’éditeur de logiciels a annoncé qu’il se donnait jusqu’à 2024, et non plus 2023, pour atteindre son objectif de 6 euros de bénéfice net par action.

Dassault Systèmes revoit son plan de croissance

dernier, à sa grande frustration. Il y a un an et demi, Ithaca Holdings, la société du manager Scooter Braun en conflit financier et personnel avec Taylor Swift, avait racheté ces albums et d’autres en mettant la main, avec le soutien du fonds Car-lyle, pour 300 millions de dollars sur Big Machine, le label implanté àNashville qui avait découvert la chanteuse à l’âge de quinze ans.

Aujourd’hui, si l’on en croit lapresse américaine, Ithaca aurait vendu seulement les six albums pour le même montant à ShamrockCapital, une société d’investisse-ment de Los Angeles qui fait ainsi sapremière acquisition dans les cata-logues musicaux. Taylor Swift avait de nouveau cherché à racheter les droits des enregistrements de ses albums et n’a pas été tenu au cou-rant de cette transaction.

Pour ne rien arranger, alors qu’unpartenariat entre elle et Shamrock

aurait été envisagé, il n’en aurait plusété question pour elle lorsqu’elle a appris que Scooter Braun resterait intéressé financièrement à l’exploi-tation de ces six albums.

Selon le « Wall Street Journal », lachanteuse a commencé à mettre à exécution sa menace de réenregis-trer ce catalogue pour l’exploiter elle-même, ce qui s’est déjà produit, mais peut donner lieu à une belle bataille d’avocats.

« Spoliée » de son travailLorsque Scooter Braun, manager deJustin Bieber et d’Ariana Grande, avait acheté Big Machine l’an der-nier, Taylor Swift avait immédiate-ment publié un communiqué de dépit, déclarant qu’elle « avait demandé, prié pour avoir une chance de posséder » ce catalogue, et qu’elle est aujourd’hui « spoliée du travail desa vie ». La pilule était d’autant plus amère que l’acheteur était pour elle

« le pire scénario ». Il l’avait notam-ment harcelée sur les réseaux sociaux par certains artistes interpo-sés, comme Kanye West, affirmait-elle. La star aux dizaines de millions de disques vendus est détentrice des droits d’auteur de ses six premiers albums en tant qu’auteure-composi-trice. Elle touche donc des royalties. En revanche, les masters (les enre-gistrements sonores) de ces produc-tions, qui donnent lieu à un autre type de rémunération, étaient, depuis ses débuts, la propriété de son label, Big Machine. Celui-ci lui avait proposé de les racheter mais dans des conditions qu’elle ne jugeait pas acceptables.

Taylor Swift est désormais chezUniversal Music pour la musique enregistrée, depuis 2018, et l’édition (les droits d’auteur), depuis 2019. Ausein de la filiale de Vivendi, elle gardeles droits de ses masters, mais seule-ment pour ses nouveaux albums. n

aussi « skinny bundle » (un bou-quet de chaînes de télévision à bas prix) se veut une alternative aux offres du câble outre-Atlantique puisqu’il permet d’accéder à un cocktail de plus de 65 chaînes, loca-les, sportives, nationales ou encore de divertissement (ESPN, CNN, VICE, etc.) ainsi qu’à l’offre SVoD (avec publicités) de Hulu qui propose son catalogue de program-mes (« The Handmaid’s Tale », « Mrs. America »…).

En juillet, son concurrent directsur ce segment de marché, You-Tube TV, avait aussi augmenté son prix à 65 dollars par mois. Lancé en2017, Hulu Live TV fait la course en tête dans le secteur avec 4,1 millionsd’abonnés outre-Atlantique, soit près de 1 million de clients de plus que l’offre de la plate-forme de vidéos appartenant à Google.

En un an, Hulu Live TV a vu sonparc d’utilisateurs payants aug-menter de 41 %. En décembre 2019, le groupe avait déjà augmenté le prix de ce service de 10 dollars (de 45 à 55 dollars), ce qui n’a en riencassé sa dynamique.

Ciblant spécifiquement les« cord-cutters » (les foyers améri-cains qui coupent leur abonnementau câble ou au satellite), ce service est décrit comme un réservoir de croissance par Bob Chapek, le patron de Disney qui est l’action-naire majoritaire de Hulu. « Nous sommes vraiment optimistes par rapport à ce business. […] C’est vraiment la solution complète, je pense », a-t-il assuré dans les échanges avec les analystes après lapublication des derniers résultats trimestriels du géant de l’entertain-ment, jeudi dernier.

Plus de 36 millions d’abonnés payants en toutEn tout, Hulu compte 36,6 millions d’abonnés, soit un bond de 28 % sur un an. Valorisé 27,5 milliards de dol-lars, le groupe propose également deux autres offres de SVoD : l’une à 6 dollars par mois avec de la publi-cité, soit moins cher que l’offre d’entrée de gamme de Netflix (8 dol-lars, mais sans publicité) qui a récemment augmenté les prix de ses deux autres offres de streaming

vidéo aux Etats-Unis. L’autre à 12 dollars (sans publicité), un prix mensuel presque deux fois plus élevé que le service Disney+ (7 dol-lars). Sans compter que Hulu est aussi intégré dans l’offre groupée incluant Disney+, Hulu et ESPN+ moyennant 13 dollars par mois.

En difficulté sur ses métiers plustraditionnels (parcs d’attractions, cinéma, croisières), Disney par-vient à garder la tête hors de l’eau grâce au streaming. Lancée il y a un an, son offre Disney+ a déjà séduit 73 millions d’abonnés payants dans le monde. Et le groupemise sur Hulu pour accélérer encore dans cette activité : le servicedevrait être déployé à l’inter-national en 2021. n

Iliad poursuit sa croissance, porté par son succès en ItalieTÉLÉCOMS La maison mère de Free a enregistré une solidecroissance de plus de 6 % au troisième trimestre. Ses activitésen France, qui continuent de représenter 88 % du 1,4 milliardd’euros encaissé par le groupe entre juillet et septembre, pro-gressent, plus modestement (+1,9 %), grâce à la fibre qui équipedésormais 38 % des abonnés Freebox. C’est surtout l’Italie quipermet cette dynamique. Iliad y compte près de 7 millionsd’abonnés mobiles, deux ans après son arrivée dans la Botte.L’opérateur français veut s’y lancer dans le fixe prochainement.

en pixels

Comme c’est déjà le casdepuis le printemps dernier et le déclenchement de la crise économique mondiale, le groupe de Vélizy s’attend à une plus forte dynamique pour ses logiciels de modélisation numé-rique dédiés aux sciences de la vie – sa filiale Medidata est utili-sée par les laboratoires pour les essais cliniques de vaccins contre le Covid-19 – et pour ses programmes de simulation des espaces dans les villes et les infrastructures.

Avec ses deux spécialitésrelativement nouvelles pour le groupe, Dassault Systèmes estime la taille de son marché adressable potentiel à 100 mil-liards de dollars par an, à une échéance non précisée, contre 41 milliards aujourd’hui. Son activité historique auprès des grands industriels (aéronauti-que, automobile notamment) mettra sans doute plus de temps à se relever de la crise. Audernier trimestre, Dassault Systèmes a enregistré un chiffred’affaires organique en baisse de4 %, largement compensé par les revenus de sa récente acqui-sition Medidata pour aboutir à 17 % de hausse des recettes.

Sur le plan opérationnel, legroupe souhaite accélérer net-tement sur sa stratégie cloud. L’entreprise s’est fixé comme objectif de réaliser 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2025, via des modèles d’abon-nement à des logiciels tout en ligne. Pour l’analyste d’Invest Securities, « cela laisse entendre une nette accélération dans les années à venir ». n

Dassault Systèmes espère une croissance moyenne de son chiffre d’affaires de 10 % par an pendant quatre ans.

+18 %L’AUGMENTATIONdes tarifs mensuels de l’offre Hulu Live TV, qui passe de 55 à 65 dollars.

Nicolas Madelaine @NLMadelaine

Le catalogue des six premiers albums de Taylor Swift va à nou-veau changer de mains et la star américaine n’a pas davantage eu son mot à dire cette fois qu’en juillet

MUSIQUE

Son ennemi personnel, Scooter Braun, vend les droits de ses six premiers albums à une société d’investissement.

Le manager de Justin Bieber et d’Ariana Grande restera inté-ressé financièrement à leur exploitation.

Le catalogue de Taylor Swift change encore de mains

Télévision : stratégie payante pour Hulu, pépite discrète de Disney

Nicolas Richaud @NicoRichaud

Les prix des offres de streaming vidéo sont sur une tendance haus-sière aux Etats-Unis. Elles ne sont pas les seules. Hulu, la pépite de Disney, vient d’annoncer qu’elle allait augmenter de 18 % les tarifs mensuels de son offre Hulu Live TV,qui va passer de 55 à 65 dollars. Ce service de télévision en direct, dit

AUDIOVISUEL

Ce service, mélangeant des chaînes de télévi-sion et un catalogue de contenus, compte 4,1 millions d’abonnés aux Etats-Unis.

L’offre s’adresse avant tout aux foyers américains qui rési-lient leur abonnement au câble ou au satellite.

Taylor Swift menace de réenregistrer son catalogue de titres pour l’exploiter elle-même.

TRIBUNAL DE COMMERCE DE COUTANCESJugement en date du 03/11/2020 prononçantla clôture pour insuffisance d’actif de laliquidation judiciaire simplifiée deBAIE DE SIENNE IMMOBILIER (SARL)42, rue de la Campagne50200 HEUGUEVILLE SUR SIENNE511 470 510 RCS COUTANCESEtablissement secondaire : 12 Avenue deCorbera, 75012 PARIS (RCS PARIS 2012 B3336)Activité : Transactions de biens immobiliers.CETTE INSERTION NE CONCERNE PASL’EXPLOITANT ACTUEL DU FONDS DECOMMERCE

PUBLICATION JUDICIAIRE

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France IA. Cette association loi 1901,fondée dans la foulée du rapport France IA commandé début 2017 par Axelle Lemaire, alors secrétaired’Etat au Numérique, rassemble de grands groupes (L’Oréal, La BanquePostale ou France Télévisions), des start-up et des représentants de la recherche (Inria, Sorbonne Univer-sité) dans l’idée de les faire collabo-rer pour créer une filière française et européenne de l’IA.

« Cette cartographie est perfectibleet peut être perfectionnée, notam-ment en accueillant de nouvelles start-up, dont les candidatures serontvalidées conformément à notre méthodologie, explique Gaëlle Pinson. Notre idée est d’aboutir à un outil opérationnel, pour que les PME ou les grands groupes qui sont à la recherche de partenaires français ou européens dans l’IA aient la possibi-lité de les évaluer. » A terme, cette cartographie a vocation à être enri-chie par des informations sur les technologies employées et le type de données traitées par chaque start-up. En parallèle, le Hub France IA travaille sur un outil appelé « Index IA », permettant aux entreprises et organisations de toutetaille d’évaluer leur maturité en matière d’intelligence artificielle. n

toire national, compter au moins deux salariés et « développer des solutions ou des usages significatifs de l’intelligence artificielle », indique Caroline Chopinaud, responsable de l’étude pour Hub France IA.

Principal enseignement : danschacun des pays étudiés, les sec-teurs où sont présentes les start-up de l’IA sont très différents. En France, elles sont les plus nombreu-ses en santé et pharmacie (à l’imagede Quantum Surgical, Cardiologs ou TheraPanacea), en services aux entreprises (comme Yatedo ou 365Talents) et en technologies de l’information (Deepomatic, Sen-sewaves, Ubble…). L’Allemagne, avec 240 start-up recensées, comptedavantage de jeunes entreprises d’IA proposant des solutions multi-sectorielles, suivies de spécialistes dans le manufacturing et dans les transports. Quant à la Suède (88 start-up), c’est dans les logiciels, le commerce et le consulting qu’elle compte le plus de jeunes pousses.

Une liste non exhaustivePar rapport aux évaluations déjà disponibles, le nombre de start-up retenues pour la cartographie du Hub France IA est particulièrementfaible : l’an dernier, bpifrance avait présenté une liste impressionnantede plus de 650 start-up françaises de l’IA. Quant à France is AI, une émanation de France Digitale qui établit depuis 2018 sa propre carto-graphie, il dénombre plus de 450 start-up dans sa dernière livrai-son, présentée lundi.

Avec trois fois moins d’entrepri-ses retenues, le Hub France IA se montre de très loin le plus sélectif etassume ne pas avoir recherché l’exhaustivité. « Notre objectif est d’apporter de la lisibilité à l’éco-système, à la fois en France et au niveau européen », explique Gaëlle Pinson, directrice générale du Hub

Benoît Georges @bengeorges

Dans quels secteurs travaillent les start-up françaises de l’intelligence artificielle (IA) ? Et comment se comparent-elles à leurs homolo-gues européennes ? Afin de répon-dre à ces questions et de fournir auxentreprises des listes de partenaires actifs dans leurs domaines d’activité,le Hub France IA a dévoilé mardi soir sa première cartographie, qui recense 153 start-up tricolores de l’IA dans une vingtaine de secteurs.

Cette liste s’inscrit dans unedémarche commune à trois pays européens. Elle a été présentée mardi soir à l’occasion des Sweden Innovation Days, en même temps que les cartographies équivalentes pour la Suède et l’Allemagne, soit près de 500 start-up de l’IA au total. La même méthodologie a été appli-quée dans les trois pays : pour faire partie de la liste, les entreprises doi-vent être âgées de moins de dix ans, avoir leur siège social sur le terri-

ÉCOSYSTÈME

Hub France IA vient de publier une cartographie des start-up spécialisées dans l’intelligence artificielle, réalisée en coopération avec ses homologues allemands et suédois.

Les jeunes pousses tricolores sont particulièrement actives dans la santé, les services aux entre-prises et les technolo-gies de l’information.

Les start-up de l’intelligence artificielle portées par les services

96% pensentque la réductiondes inégalitésFemmes-Hommes* Source : Sondage ipsos Août 2020 – Echantillon France

On en parle ?#WFGM20 womens-forum.com

MEMBRES DU COMITÉ STRATÉGIQUE

App à télécharger sur

En partenariat avec

père également des données liées à la qualité de soin des prestataires, ainsi que des informations publiéesdans les journaux ou par des orga-nismes internationaux.

QantEv, qui revendique être utili-sée « par deux des plus grands assu-reurs mondiaux » se concentre sur les marchés au système de santé basé sur un modèle anglo-saxon. « Nous travaillons avec des acteurs du Golfe, de l’Asie-Pacifique, d’Amé-rique latine et évidemment des Etats-Unis et du Royaume-Uni », indique son cofondateur.

Cette levée de fonds lui permettrade continuer à développer sa tech-nologie mais aussi de renforcer ses équipes commerciales. QantEv a ainsi recruté Arnaud Terville en tant que responsable des ventes. Ce dernier a travaillé dans la vente auxgrands comptes durant vingt-cinq ans, notamment chez Apple, Forrester et Solera, un fournisseur de logiciels d’automatisation de traitement des sinistres d’assu-rance. « Il nous aidera à naviguer lescycles de vente qui sont particulière-ment longs dans le secteur », se réjouit Tarik Dadi. Ce dernier a l’ambition de déployer une dizaine de pilotes chez des assureurs au premier semestre 2021, avant d’envisager une nouvelle levée. n

Déborah Loye @Loydeborah

La deeptech continue à se dévelop-per malgré la crise. La jeune pousseQantEv, créée en 2019, vient de bou-cler un tour de table de 1,5 million d’euros mené par Elaia Partners, suivi par le britannique Entrepre-neur First, ainsi que des business angels comme Gwénaël Moy, ancien PDG d’AXA Japon, et Nadav Rosenberg, Venture Partner chez Entrepreneur First.

Avant de créer QantEv, soncofondateur et PDG Tarik Dadi tra-vaillait chez AXA. « J’aidais les enti-tés à faire leur transformation digi-tale, et j’ai découvert la branche

DEEPTECH

La toute jeune pousse d’analyse de données vient de boucler un tour de table de 1,5 million d’euros auprès d’Elaia.

Elle accueille également un ancien dirigeant d’AXA à son capital.

QantEv aide les assureurs-santé à optimiser leurs décisions

santé, raconte-t-il. Un amas énorme de données devaient être gérées, et leséquipes opérationnelles prenaient des décisions basées sur leur expé-rience et des fichiers Excel. » Le data scientist y voit l’opportunité de créer une entreprise. Il rejoint alorsle programme Entrepreneur First, où il rencontre son cofondateur Hadrien De March. « Il sortait d’un doctorat en mathématiques et il avaitdéveloppé chez Goldman Sachs des algorithmes d’optimisation de pro-babilité sur des problématiques financières. On s’est rendu compte qu’ils s’appliquaient totalement à la problématique assurantielle », indi-que Tarik Dadi.

Modèle anglo-saxonQantEv se positionne aujourd’hui en solution d’aide à la décision des acteurs de l’assurance-santé. « Leurs équipes comprennent des médecins et des infirmiers chargés d’analyser les devis envoyés par les hôpitaux et les cliniques pour les chi-rurgies complexes et coûteuses, explique l’entrepreneur. Nous som-mes par exemple capables de leur pointer un hôpital qui fait la même chirurgie pour moins cher et avec un taux de réadmission moins élevé. » La start-up se base pour ce faire surles données de l’assureur mais récu-

« Notre objectif est d’apporter de la lisibilité à l’écosystème, à la fois en France et au niveau européen. »GAËLLE PINSONDirectrice générale du Hub France IA

START-UP Les Echos Mercredi 18 novembre 2020

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dans les abrasifs, qui a vu son chif-fre d’affaires fondre de 70 %. « L’engagement peut faire peur, maisil n’y a pas d’alternative. Les PME sont vraiment dans une situation dif-ficile », complète son collègue Antoine Quinson, directeur générald’Useo, une société de 100 person-nes spécialisée dans la vaisselle à u s a g e u n i q u e e t i n s t a l l é e à Chilleurs-aux-Bois (Loiret), qui va mettre en œuvre son accord à compter du mois de novembre.

Simplifier la procédureLorsque c’est possible, les entrepri-ses peuvent aussi avoir recours à des accords de branche qui se mul-tiplient. Mais pour la Direccte Cen-tre-Val de Loire, ce processus reste malgré tout complexe et peut cons-tituer un « frein » au développe-ment de l’APLD. Pour simplifier les choses, elle a donc proposé des ate-liers de vulgarisation, avec les par-tenaires sociaux, les chambres con-sulaires, etc., et va bientôt publier un catalogue de clauses type dans lequel les entreprises pourront pio-cher pour rédiger leur accord. Les services de l’Etat redoutent aussi

que les patrons se découragent du fait de la clause de maintien de l’emploi. La Direccte les incite donc à bien choisir le périmètre de leur accord. « On peut supprimer de l’emploi et faire porter l’APLD sur ce qui reste », précise le directeur régional, Pierre Garcia. Chez SeniorAerospace Ermeto, qui emploie près de 200 salariés à la fabrication des pièces de moteur d’avion près de Blois, cette démarche a permis de limiter l’ampleur du choc social. « Nous avons dû licencier 16 person-nes. Mais ce plan social aurait sans doute été bien plus dur si nous n’avi-ons pas eu la perspective du recours àl’APLD », souligne le directeur des opérations, Laurent Abiven.

Dans ce contexte incertain, laDireccte n’exclut pas de faire preuved’encore plus de souplesse si la situation des entreprises se dégradeà nouveau durant l’application de l’accord. « En cas de difficulté nou-velle et imprévue, il n’y aura pas forcé-ment de demande de remboursementdes aides », ajoute son directeur, qui promet « d’examiner chaque situa-tion de façon particulière ».— Ch. B.

L’Etat joue la carte de la pédagogie auprès des PME

Début octobre en Centre-Val de Loire, la direction régionale des entreprises (Direccte) s’inquiétait du démarrage poussif de l’activité partielle de longue durée (APLD), un dispositif qui permet aux entre-prises de continuer à percevoir uneindemnité de 60 % à 70 % du salairehoraire brut, selon les secteurs, alors qu’elle devait chuter à 36 % au1er novembre pour le chômage par-tiel classique (une règle depuis encore changée).

Depuis, le nombre de dossiers agonflé, avec 120 demandes enregis-trées, contre cinq seulement en sep-tembre. En contrepartie, les entre-prises doivent passer un accord avec les salariés et s’engagent à ne

Les directions régionales des entreprises encoura-gent les PME à s’inscrire largement dans le dispositif de chômage partiel longue durée en tentant de lever les freins liés à la procédure et aux obligations sur le maintien de l’emploi. Exemple en Centre-Val de Loire.

Un café et des commerces fermés, dans le centre de Montpellier. L’activité partielle longue durée (APLD) permet au salarié de percevoir 70 % de sa rémunération brute. De son côté, l’employeur est indemnisé sur ce qu’il verse à hauteur de 60 % ou 70 % du brut. Photo Pascal Guyot/AFP

jusqu’à la fin de l’année, tandis que le taux horaire de base, plus faible pour l’APLD, a été réaligné sur le taux le plus favorable.

Résultat, les deux régimes peu-vent apparaître aujourd’hui comme équivalents et les chefs d’entreprise, comme ils l’ont sou-vent fait jusque-là, pourraient continuer à arbitrer en faveur du chômage partiel classique, plus simple à activer puisqu’il suffit d’une déclaration en ligne.

Un taux garanti sur vingt-quatre moisMais à plus long terme, le système d’APLD continue d’être présenté comme plus sécurisant. « Le taux duchômage partiel classique n’est garanti que jusqu’à la fin décembre, tandis qu’avec l’APLD, vous signez pour vingt-quatre mois et vous stabi-lisez votre taux. Il y a donc un réel intérêt à y souscrire pour des entre-prises qui veulent vraiment préserverleurs compétences », rappelle une inspectrice à la direction régionale des entreprises (Direccte) Centre-Val de Loire, tout en admettant que cette modification des règles et les incertitudes de ce deuxième confi-nement ont généré « une certaine fébrilité » chez les chefs d’entre-prise. n

l Ce dispositif devait devenir plus favorable que le chômage partiel classique pour les entreprises au 1er novembre.l Mais le deuxième confinement et ses restrictions ont rebattu les cartes.

L’essor du chômage partiel longue durée bousculé par le confinement

Christine Berkovicius—Correspondante à Orléans

Le confinement risque de frei-ner l’activité partielle longue durée (APLD). Lancé cet été pour éviter leslicenciements face à la crise sani-taire, le dispositif a eu bien du mal àdémarrer. Mais il commençait depuis quelques semaines à gagnerdu terrain auprès des entreprises. Selon les derniers chiffres fournis début novembre par le gouverne-ment, 4.300 accords ont été passés, ce qui couvre plus de 300.000 sala-riés, dont 80 % travaillent dans des entreprises de moins de 50 salariés.Début septembre, le ministère du Travail avait dit tabler sur 450.000 équivalents temps plein couverts par l’APLD en 2021. A l’époque, on ne dénombrait qu’un millier d’accords.

L’APLD permet une réduction dutemps de travail allant jusqu’à 40 %,pour une durée de vingt-quatre mois, consécutifs ou non sur une période de référence de trente-six mois, renouvelable tous les six mois. L’organisation des modalités de chômage partiel est à la discré-tion de l’employeur, ce qui permet une utilisation souple.

En contrepartie, l’entreprise doitjustifier sa demande et fournir à l’administration un accord d’entre-prise ou de branche, assorti d’enga-gements sur le maintien de l’emploiet la formation.

Cinq accords de branche ont été conclusA ce jour, cinq accords de branche ont été conclus : métallurgie, Syn-tec, commercialisation et distribu-tion de boisson, bijouterie, exploita-tion cinématographique. Une vingtaine d’autres sont en discus-sion. Quand il n’existe pas d’accord de branche, le chef d’entreprise a l’obligation de négocier un accord spécifique avec les partenaires sociaux.

Ce dispositif permet au salarié depercevoir 70 % de sa rémunération brute (84 % du net). De son côté, l’employeur est indemnisé sur ce qu’il verse à hauteur de 60 % du brut, ou 70 % dans les secteurs pro-tégés ou fermés administrative-ment.

Initialement, ce système avait étéconçu pour être plus favorable que le chômage partiel classique, qui devait être revu à la baisse au 1er novembre. A cette date, il était prévu que l’indemnisation de l’employeur tombe à 36 % du brut au lieu de 60 ou 70 % jusqu’alors.

Mais avec le reconfinement, ledispositif en vigueur jusqu’au 30 octobre a été prolongé par décret

SOCIAL

Laurent Marcaillou—Correspondant à Toulouse

Depuis la crise, Akka Technologies reçoit deux fois moins de comman-

des d’Airbus, Safran, Thales Avio-nics, Dassault, etc. Le groupe d’ingé-nierie, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 1,8 milliard d’euros en 2019 avec 21.000 salariés dans le monde, a subi une chute de son acti-vité aéronautique de 38 % au troi-sième trimestre 2020 par rapport à l’an dernier.

A Toulouse où ce secteur pèse80 % de son activité, 900 de ses 2.200 consultants n’ont pas de mis-sion et 250 travaillent sur des projetsinternes, non facturés. La société a donc ouvert, le 6 novembre, une consultation avec les représentants

du personnel « pouvant déboucher sur […] un plan de restructuration adapté à la charge ». Pour éviter la suppression d’un millier d’emplois, la direction et les syndicats étudient la mise en place de l’activité partiellede longue durée (APLD), associée à un plan de départs volontaires.

Reste à chargeLa direction a laissé un mois aux syndicats pour étudier une solution.La décision de mettre en place l’acti-vité partielle ou de négocier un plan social sera prise au début décembre.La direction n’a pas encore formalisé

ses propositions par écrit mais veut négocier une APLD « dérogatoire » à l’accord de branche de la Fédéra-tion du conseil. Celle-ci prévoit que l’activité partielle est rémunérée à 84 % du salaire net et laisse un reste àcharge de 25 % à l’entreprise. Akka Technologies estime que c’est insou-tenable avec la chute des comman-des et demande une baisse des rémunérations. Une dérogation dif-ficile à accepter pour les syndicats. « Pour que notre fédération prenne une décision, il faudra une expertise externe sur la situation financière de l’entreprise, un rapport de la direction

et des contreparties sur la formation et les débouchés », prévient StéphaneLépine, délégué central CFDT.

Pour la CGT, il n’en est pas ques-tion. « La direction nous parle d’une APLD dérogatoire pour se donner la possibilité de faire ensuite un plan de sauvegarde de l’emploi, se méfie Franck Laborderie, secrétaire géné-ral du syndicat CGT. L’entreprise a lesmoyens d’assumer le reste à charge de25 % et l’APLD permet de faire des for-mations. Nous sommes prêts à négo-cier mais sans baisse de salaire autre que celle prévue pour l’APLD, car les salariés n’ont pas eu de participation

aux bénéfices depuis trois ans ! » A la suite de l’invalidation des élections professionnelles dans la société à la fin 2019, un accord sur l’activité par-tielle devra être signé par les six syn-dicats, ce qui complique la donne. « Mais si l’on ne trouve pas d’accord, ily aura un PSE », prévient Stéphane Lépine, qui déplore que les sociétés d’ingénierie ne puissent pas bénéfi-cier de l’aide de l’Etat à la R&D sur l’avion vert. D’un montant de 1,5 mil-liard d’euros sur trois ans, elle est dis-tribuée aux seuls industriels par le Conseil pour la recherche aéronau-tique civile. n

APLD et baisse des salaires, le deal d’Akka pour sauver 1.100 emploisLe groupe d’ingénierie a ouvert une consultation sur l’activité partielle de longue durée pour ne pas licencier 1.150 consultants sans mission à Toulouse. Mais il demande une dérogation pour baisser les rémunéra-tions. La CGT s’oppose à cette proposition.

pas licencier, sous peine de devoir rembourser les aides.

Souplesse du dispositifA Courtenay (Loiret), Christophe Pottier, patron de Saint-Gobain Matériaux Céramiques, n’a pas hésité à sauter le pas dès qu’il a entendu parler du dispositif, en ouvrant des négociations avec ses 30 salariés. « Ce qui m’a motivé, c’estle niveau de remboursement, le fait de pouvoir préserver mes effectifs et la souplesse du dispositif. Nous n’avi-ons aucun modèle, mais nous nous sommes débrouillés pour imaginer un texte en nous basant sur ce que demandait la Direccte », précise le patron de cette PME spécialisée

120DEMANDES d’activité partielle longue durée ont été enregistrées en novembre en région Centre-Val de Loire, contre cinq en septembre.

PME & REGIONS Mercredi 18 novembre 2020 Les Echos

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Les Echos Mercredi 18 novembre 2020 PME & REGIONS // 29

innovateurs

de grandes surfaces, mais pas en intérieur ».

Frédéric Naudet, producteurdans le Morvan attendait le décret du gouvernement. Les entreprises adhérentes de l’association comp-tent un millier de salariés perma-nents. « Nous avons mobilisé les élus locaux et les parlementaires en faveurde cet arbre symbole de fête, dont six millions sont vendus chaque année dans notre pays », ajoute-t-il.

Prestation complèteDepuis 1989, les Pépinières Grange, de Craintilleux (Loire), ont concen-tré leur activité sur cette production,dont la vente en jardinerie et en gran-des surfaces alimentaires et de bri-colage est très saisonnière. L’entre-

tien des plantations occupe sept personnes toute l’année, avec un effectif qui peut monter jusqu’à 90 sur novembre-décembre, dont des saisonniers portugais et polonais. « Nous sommes 45, et 32 personnes vont nous rejoindre pour les ventes endirect », explique Emmanuel Grange. « Les grandes surfaces se déchargent sur nous et achètent une prestation complète. On leur apporte les sapins et la main-d’œuvre pendantun mois », explique le dirigeant de la société qui va « gérer des stands de Tours à Marseille sur des parkings deshypermarchés ».

La PME du Forez vend chaqueannée plus de 200.000 arbres au moment des fêtes, « à 80 % des nord-mann, qui ne parfument pas l’atmos-

d’ailleurs beaucoup de frustration chez nos clients, qui constataient quela sécurité contre l’espionnage et le vol de données ou le sabotage était une illusion », assure Laurent Oudot. La jeune entreprise décide alors de changer de cap et de se lan-cer « sur ses fonds propres et à partird’une feuille blanche » dans le déve-loppement d’une solution de pro-tection innovante.

Surveillance automatisée« Un peu comme pour l’usine 4.0, nous surveillons le territoire numéri-que d’une entreprise à partir de cap-teurs intelligents. Alors qu’une solu-tion traditionnelle fait tout dépendre de la décision humaine, notre appro-che consiste à automatiser les choses, car le réseau se défend tout seul », résume Laurent Oudot. Dès 2013, elle diffuse son logiciel alors baptisé « eGambit » auprès de ses premiers clients. Depuis 2017, avec une offre rebaptisée Tehtris XDR Platform, la croissance s’est accélérée. L’entre-

Frank Niedercorn @FNiedercorn

— Correspondant à Bordeaux

Est-ce la future star française de la cybersécurité ? Tehtris établit en tout cas un record en Europe pour ce secteur en levant 20 millions d’euros. Les financeurs sont ACE Management, CNP Assurances, Nouvelle-Aquitaine Co-Investisse-ment (Naco) et différents business angels. Un investissement surprise car l’entreprise avait jusqu’à pré-

NOUVELLE-AQUITAINE

La discrète entreprise de Pessac fondée par des anciens de la DGSE affiche une des plus grosses levées dans le monde de la sécurité informatique.

« Les fondamentaux d’Olmix sontsains, mais l’entreprise doit retrou-ver une rentabilité », précise, de son côté, Jean-Christophe Julliard, qui vient d’être chargé par Motion Equity Partners de la direction générale d’Olmix. Il arrive de chez Sodiaal dont il était membre du comité exécutif. Hervé Balusson estdésormais président du conseil de surveillance du groupe breton.

Recentrer ses activitésC’est à partir de son siège social ins-tallé depuis sa création en 1995 dansla petite commune de Bréhan (Mor-bihan) que l’entreprise composée de 650 collaborateurs vend ses solutions dans une centaine de paysdifférents. 80 % de ses activités se réalisent hors de l’Hexagone. A côté

ture modulaire en aluminium pour l’accueil des postes de com-mandement de l’armée et a adapté son contenu aux besoinsdu Samu 31. Celle-ci est repliée dans un conteneur de 6 mètres de long qui peut être transporté sur un camion ou dans un avionavec son poids de 8,5 tonnes. Une fois déposé au sol, 4 person-nes suffisent pour déployer les 5 cellules qui se déplient en accor-déon en coulissant sur un rail. Cemini-hôpital de 66 m2 peut accueillir 18 patients, dont 8 en urgence absolue.

100 % autonome« Le module est entièrement auto-nome, se félicite Vincent Bounes,chef de service du Samu 31 et porteur du projet. On le met au milieu de rien et, en vingt minutes,on peut travailler car il est bourré de technologie ! » L’unité mobile embarque 300 litres d’eau, 2 groupes électrogènes avec un onduleur, un système de télé-communications satellitaires avec le wi-fi, un mât télescopiquede vidéosurveillance et, au prin-temps prochain, un drone filairemuni de caméras pour prévenir les dangers. Il est climatisé et embarque le matériel des urgen-ces : pousse-seringues électri-ques, scopes, respirateurs, bou-teilles d’oxygène B5… Cegelec Défense va le commercialiser, à un prix non divulgué. « Depuis saprésentation, nous recevons des demandes d’hôpitaux français et étrangers », se félicite Frédéric Tribet, chef de la division solu-tions et services de la société. n

Date de création : 1967Président : Gilles LabordeEffectif : 230 personnesSecteur : Défense

Laurent Marcaillou— Correspondant à Toulouse

Unique au monde, le nouveau poste médical d’urgence conçu par Cegelec Défense et le Samu 31 est déployé en vingt à trente minutes, au lieu d’un à deux jours pour un hôpital de campa-gne sous des tentes. Le 9 novem-bre, le CHU de Toulouse a prêté cette unité médicale mobile transportée sur un camion à l’hôpital de Bayonne, pour accroître ses capacités de réani-mation face à la deuxième vaguede Covid-19. Initialement, le module a été conçu pour traiter les urgences après les catastro-phes et les attentats. Le Centre deréponse à la catastrophe créé l’an dernier au CHU de Toulousea porté le projet avec des fonds européens du programme fran-co-espagnol Poctefa. Cegelec Défense a travaillé pendant un an avec le Samu 31 sur ce projet qui a coûté 600.000 euros.

La société a réutilisé sa struc-

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LE PROJET CEGELEC DÉFENSE

Un mini hôpital mobile d’urgence avec le Samu 31

Date de création : 2004Président-fondateur : Emmanuel FlessellesMontant : 3 millions d’eurosEffectif : 15 personnesSecteur : Logiciels

Chantal Houzelle @HouzelleChantal

Devenir le leader européen des logiciels de productivité comp-table dans un contexte régle-mentaire favorable avec la factu-ration électronique obligatoire àl’horizon 2023-2025. Pour s’en donner les moyens, Serensia vient de lever 3 millions d’euros auprès de Financière Fonds Pri-vés, qui seront investis à équité entre son plan de développe-ment commercial ambitieux et son pôle d’innovation renforcé par le recrutement d’experts en intelligence artificielle et en automatisation des processus par la robotique. Avec quelle stratégie distinctive la société compte-t-elle bâtir son lea-dership ? « Nos concurrents comme Itesoft, Generix, Tra-

Sere

nsia

phère, mais qui ne perdent pas leurs aiguilles », pour un chiffre d’affairesqui oscille entre trois et quatre mil-lions d’euros. « L’acheminement parcontainers frigorifiques a commencédébut novembre pour les destina-tions les plus lointaines, dans les Départements d’Outre-Mer et en Afrique de l’Ouest, où les sapins sont attendus par les expatriés », selon le patron de l’exploitation agricole de 210 hectares.

Côté clients, les commandes sontpassées depuis plusieurs semaines. « Nous n’enregistrons pas encore d’annulation, mais tout le monde esten stand-by. Notre livraison de sapinsd’une douzaine de mètres au Parc Astérix est pour l’instant reportée à la fin novembre », déclare-t-il. n

prise a doublé son chiffre d’affaires tous les ans et devrait dépasser les 5 millions d’euros cette année.

Pour les deux entrepreneurs, quiconservent la majorité du capital de leur entreprise, l’objectif est désor-mais d’accélérer le développement. Le recrutement d’environ 300 per-sonnes est prévu sur les trois pro-chaines années, la plupart d’entre elles restant basées à Pessac. Une partie ira s’installer l’an prochain dans l’immeuble du quartier de la Défense qui hébergera le futur « Campus Cyber », la vitrine fran-çaise du secteur avec une soixan-taine d’entreprises du secteur. n

Cybersécurité : Tehtris lève 20 millions d’eurossent joué la carte de la discrétion. « Nous ne les connaissions pas », avoue-t-on chez Aquiti Gestion, la société qui gère pourtant tous les fonds de la région Nouvelle-Aqui-taine, dont le fonds Naco, et suit de près le tissu des PME locales. Une discrétion qui tient au secteur mais surtout au parcours de ses fonda-teurs, tous deux des anciens de la DGSE. La patronne, Eléna Poincet, est passée par le service action et le directeur technique, Laurent Oudot, également par le CEA.

Girondin et diplômé de l’Enseirb-Matmeca, l’école d’ingénieur du campus bordelais, Laurent Oudot décide de créer Tehtris à Pessac. Et pendant deux ans, ces spécialistes de la sécurité vendent leurs servicesaux grandes entreprises : audit, tests d’intrusion, évaluation d’infrastructure… « Nous avons été les quatrièmes au monde à pouvoir pirater le BlackBerry et nous avons rapidement vu qu’on pouvait entrer à peu près partout. Ce qui créait

de la transformation des algues, le groupe effectue du négoce d’oligo-éléments et de produits pour l’entretien de piscines, des activités jugées hors du « cœur de métier d’Olmix », précise Jean-Christophe Julliard, qui prévoit de recentrer sesactivités.

Il y a quelques mois, le groupe adéjà abandonné sa diversification engagée dans l’élevage et l’abattage de volailles nourries à base d’algues.Hervé Balusson avait pris une parti-cipation dans la société La Trini-taise spécialisée dans la transfor-mation de poulets. Il voulait créer une nouvelle filière. L’aventure n’a pas été concluante. L’entreprise a été cédée suite à son placement en redressement judiciaire par le tri-bunal de commerce de Rennes. n

Denis Meynard—Correspondant à Saint-Etienne

« J’ai prévenu mes gars. Quand ça va démarrer, il va falloir marner », lan-çait ces derniers jours Emmanuel Grange, un pépiniériste de la Loire dans l’attente du décret gouverne-mental autorisant et fixant les modalités de vente des sapins de Noël. Le ministre de l’Agriculture a annoncé mardi que les fleuristes sont autorisés à partir de vendredi à vendre des sapins en extérieur, comme les autres points de vente habituels.

« Julien Denormandie nous aannoncé que le décret interministérielfixant les conditions de vente de nos produits à partir du 20 novembre paraîtra au plus tard jeudi. Cela nous satisfait », a déclaré aux « Echos » Frédéric Naudet, le président de l’Association française du sapin de Noël naturel (AFSNN). Il ajoute que « les sapins pourront être vendus par tous les acteurs habituels, y compris les fleuristes, sur le trottoir, et sous les chapiteaux installés sur les parkings

AUVERGNE RHÔNE-ALPES

Les producteurs et négociants des 6 millions de sapins de Noël vendus chaque fin d’année en France affirmaient ne plus pouvoir attendre pour lancer les coupes et les commandes d’arbres.

Sapins de Noël : feu vert à la vente, les pépiniéristes s’activent

Dans le Morvan, les sapins sont coupés pour être vendus pour Noël. Photo Jeff Pachoud/AFP

Olmix sort de la Bourse pour rejoindre Motion Equity Patners

parité du groupe avec son créateur et dirigeant Hervé Balusson.

« En bourse, nous n’avions pas suf-fisamment de visibilité », indique-t-il. L’entrée dans son périmètre de Motion Equity Partners se traduit par un apport de 50 millions d’euros qui va servir à désendetter une partie de l’entreprise spéciali-sée dans les produits à base d’alguespour la santé des plantes et celles des animaux. Les molécules extrai-tes sont utilisées notamment dans l’alimentation animale pour limiterl’usage des antibiotiques.

Olmix, qui réalise un chiffred’affaires annuel de 150 millions d’euros, a progressivement créé 13 usines en France et à l’étranger, en Allemagne, Russie, Pays-Bas, ainsi qu’au Vietnam.

60SALARIÉSL’effectif actuel de la PME qui prévoit d’en recruter 300 en trois ans.

deshift, Cegedim ou Docaposte mettent en avant le type de déma-térialisation ou de technologie : EDI, Scan-LAD… et visent surtoutà dématérialiser le plus de docu-ments et de processus possible », explique le président-fondateur de Serensia, Emmanuel Flessel-les, ancien directeur technique de BusinessObjects, racheté par SAP. « Notre vision est différente : nous souhaitons accompagner le directeur comptable dans tous sesbesoins de productivité et d’auto-matisation, la dématérialisation n’étant qu’un des moyens pour y arriver. Nous avons une approche“machine to machine” et “clé en main”, nous livrons un résultat et non une solution technique », argumente-t-il.

Solution adaptativeAujourd’hui profitable avec un chiffre d’affaires de 1,5 million au 30 juin 2020 et un prévision-nel de 2,5 millions en 2021, la société compte 200 clients et des partenariats avec de grandsfacturiers émetteurs (EDF, Orange…) et des éditeurs d’ERP(Cegid, Sopra Steria…). S’adap-tant à toute taille d’entreprise, lasolution Serensia Intelligent Gateway est modulaire, multi-canale, à la fois standard et adaptative, car elle repose sur une technologie d’architecture logicielle originale. « Les études montrent qu’un traitement digi-talisé et automatisé des factures fournisseurs permet un gain de plus de 60 % sur le coût com-plet », rappelle le président. n

LA LEVÉE DE FONDS SERENSIA

Etre leader du logiciel de productivité comptable

Stanislas du Guerny— Correspondant à Rennes

Après plusieurs années sur Euro-next Access, le groupe breton Olmix sort de la bourse via une offrede retrait de 5,80 euros de ses 5 % d’actions encore sur le marché. A laradiation de la cote, correspond l’arrivée du fonds Motion Equity Partners désormais actionnaire à

BRETAGNE

L’industriel, spécialisé dans les compléments naturels à base d’algues, s’associe à parité à ce fonds.

Page 30: Les Echos - 18 11 2020

Laurence Boisseau @boisseaul

La Commission des sanctions a pro-noncé lundi soir des sanctionspécuniaires pour un total de

Vincent Collen @VincentCollen

Donald Trump se sera battu jus-qu’au bout pour soutenir l’industriepétrolière américaine. Lundi, le président républicain a lancé la mise en vente de concessions pour l’exploitation des hydrocarbures dans l’Arctic National Wildlife Refuge, une zone de 78.000 km2 en Alaska, où vivent ours polaires, élans et caribous. L’attribution des concessions pourrait être effective avant le 20 janvier, jour de l’investi-ture de Joe Biden. Or le nouveau président s’est engagé à interdire les forages dans cette région.

Au-delà de ce clivage hautementsymbolique, la transition de Trump à Biden ne devrait pas bouleverser lesecteur pétrogazier américain, esti-ment les experts. « Malgré les grandesdéclarations de Biden, l’impact à court terme sera insignifiant », prédit même Ed Morse, spécialiste du pétrole de la banque américaine Citi.

Promesses spectaculairesLe futur président démocrate a pourtant fait quelques promesses spectaculaires. Il compte interdire la vente de concessions sur toutes les terres et zones maritimes appar-tenant à l’Etat fédéral. Il veut aussi renforcer la réglementation sur les fuites de méthane des installations pétrolières et gazières. Ces derniè-res sont concentrées dans le secteurdu gaz et du pétrole de schiste, qui a fait des Etats-Unis le numéro un mondial des hydrocarbures. Enfin Joe Biden compte s’opposer à plu-sieurs projets de pipelines.

L’expert de Citi observe que laplupart des compagnies se sont déjà fixé des objectifs ambitieux en matière de réduction des émis-sions de méthane, « sous la pres-sion d’actionnaires de plus en plus soucieux des enjeux environnemen-taux ». « C’est un changement important car cela signifie que la croissance du schiste américain sera beaucoup plus mesurée à l’ave-nir », estiment les analystes d’Energy Aspects. Mais cette ten-dance était déjà à l’œuvre avant l’élection de Biden.

« Le secteur sera OK »Pour résumer, l’industrie pétrolièreaméricaine n’a pas trop de raisons de s’inquiéter, même si elle aurait préféré que Trump soit réélu. « Je ne suis pas très inquiète, a déclaré il y a quelques jours la patronne d’Occidental Petroleum, Vicki Hol-lub. Je pense que le secteur sera OK. »« L’évolution des prix du pétrole et du gaz aura des conséquences bien plus importantes au cours des prochaines années que toutes les mesures que pourra prendre l’admi-nistration Biden », conclut Ed Morse. L’effondrement des cours provoqué par la crise sanitaire a déjà réduit la production des Etats-Unis de près de 2 millions de barils par jour, un recul de plus de 15 %. n

Il n’a en revanche pas promisd’interdire la fracturation hydrau-lique, la technique qui permet d’exploiter le schiste, contraire-ment à ce que réclamait l’aile gau-che du Parti démocrate. « Il n’en a de toute façon pas le pouvoir, car il faudrait une législation votée par le Congrès, souligne Ed Morse. Or outre les élus républicains, les repré-sentants démocrates d’Etats produc-teurs comme la Pennsylvanie ou le Nouveau-Mexique s’y opposeraient fermement. »

« Prises dans leur ensemble, cesmesures auront un impact minime sur la production des Etats-Unis », estime Per Magnus Nysveen, direc-teur de la recherche du cabinet Rystad Energy. D’abord, les conces-sions pétrolières et gazières exis-tantes ne sont pas remises en ques-tion. Elles sont attribuées pour de longues périodes et certaines conti-nueront à produire dans vingt ans ou plus. Ensuite, la plupart des terrains où sont exploités le pétroleet le gaz de schiste sont privés et ne sont donc pas concernés par l’interdiction. C’est le cas en parti-culier au Texas.

Dans d’autres Etats comme leNouveau-Mexique, le Wyoming oula Pennsylvanie, les terres fédéralessont plus vastes et l’arrivée de Bidenà la Maison-Blanche pourrait changer la donne. Le Nouveau-Mexique, en particulier, partage avec le Texas le très prolifique Bas-sin permien. « La production pour-rait diminuer au Nouveau-Mexique,mais elle serait alors compensée par une hausse dans la partie texane du Bassin », estime Per Magnus Nys-veen.

Au final, la production pétrolièredu Bassin permien ne diminuerait que d’une centaine de milliers de barils par jour, calcule Rystad, soit moins de 1 % du brut extrait quoti-diennement du sous-sol des Etats-Unis. « L’impact de la présidence Biden pourrait être plus marqué pour l’exploitation en mer dans le golfe du Mexique, juge Ed Morse, mais la production offshore mettra du temps à décliner étant donné la durée des concessions déjà at-tribuées. » Le renforcement des contrôles sur les fuites de méthane devrait pénaliser le secteur pétro-gazier en augmentant ses coûts, caril faudra réduire le torchage, une opération qui consiste à brûler le gaz excédentaire associé à l’extrac-tion du pétrole. Les producteurs devront aussi investir pour moder-niser les puits, les oléoducs et gazo-ducs, les stations de compression de gaz et les zones de stockage afin de limiter les fuites.

l Le nouveau président américain compte interdire la vente de concessions sur toutes les terres appartenant à l’Etat fédéral.l Il n’a en revanche pas promis d’interdire la fracturation hydraulique, la technique qui permet d’exploiter le schiste.

Pétrole : ce que change la victoire de Biden

MATIÈRES PREMIÈRES

Externalisezvos formalités d’entreprise avecLes Echos Formalités

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Le casse-tête de la crise sanitaire seprolonge pour les pays produc-teurs de pétrole. Les treize Etats membres de l’Opep et leurs dix alliés menés par la Russie se sont réunis en visioconférence mardi pour décider de la marche à suivre face à la deuxième vague de Covid-19, qui a contraint de nom-breux pays au reconfinement. Les 23 alliés ne prendront pas de déci-sion formelle avant le 30 novem-bre, date fixée pour leur prochain sommet. Le marché s’attend à ce qu’ils reconduisent leur accord de réduction de production. « Nous devons être prêts à ajuster les termesde notre accord si nécessaire », a déclaré Abdelaziz ben Salmane, ministre saoudien de l’Energie.

Les dernières prévisions pour laconsommation de pétrole ont été revues en baisse pour tenir compte

de la persistance de l’épidémie. L’Agence internationale de l’éner-gie (AIE) prévoit une chute de la demande mondiale de 8,8 millionsde barils cette année, soit environ 9 % de moins qu’en 2019. La reprisede la demande en Asie et la pers-pective d’un vaccin ne suffiront pasà court terme, souligne l’AIE.

Les stocks encore élevésLes stocks mondiaux, qui avaient atteint des niveaux record cet été, ne refluent que lentement. Ils s’élè-vent encore à 3,7 milliards de barilsselon le cabinet Kpler, l’équivalent d’une quarantaine de jours de con-sommation mondiale. Au prin-temps, l’Opep et la Russie ont réduit leur production dans des proportions inédites afin de soute-nir les cours de l’or noir. Près de 10 millions de barils quotidiens ontété retirés du marché entre mai et juillet. Les quotas ont ensuite été allégés : la réduction de productiondes 23 pays alliés est proche de 8 millions de barils actuellement.

L’accord signé en avril prévoitune nouvelle remontée de la pro-

duction à partir du 1er janvier, date àlaquelle les quotas tomberaient à moins de 6 millions de barils. Maisface à la deuxième vague de Covid-19, les pays producteurs se demandent si ce relâchement est pertinent. Ils pourraient décider demaintenir les quotas à leur niveau actuel pour trois ou six mois sup-plémentaires. « C’est l’option la plusplausible », estime Homayoun Falakshahi, analyste chez Kpler.

L’Opep se montre d’autant plusprudente que la production est repartie en flèche en Libye à la faveur d’une trêve entre les deux factions en guerre. « Les exporta-tions libyennes, exemptées de quo-tas, pourraient rapidement dépas-ser le million de barils, alors qu’elles étaient encore inférieures à 200.000 barils en août », prévoit l’expert.

Autre inconnue à surveiller,l’Irak, troisième plus gros produc-teur du groupe derrière la Russie et l’Arabie saoudite. Jusqu’à l’été, Bagdad avait bien respecté les quotas de production qui lui étaient assignés, mais ce n’est plusle cas aujourd’hui. — V. C.

L’Opep prête à réagir face à la crise sanitaire qui se prolongeL’Opep et ses alliés menés par la Russie envisagent de prolonger leurs quotas de production au-delà du 1er janvier pour soutenir les cours.

« L’évolution des prix du pétrole et du gaz aura des conséquences bien plus importantes au cours des prochaines années que toutes les mesures que pourra prendre l’administration Biden. »ED MORSESpécialiste du pétrole de la banque américaine Citi

275.000 euros contre cinq person-nes pour des manquements d’initié. Ces dernières sont accusées d’avoir transmis ou utilisé des informationsprivilégiées autour de l’offre publi-que d’achat en 2016 du groupe Cam-pari sur la Société des Produits Mar-nier Lapostolle (SPML), propriétairede la fameuse marque de liqueur Grand Marnier. Parmi les personnessanctionnées, le directeur général adjoint et directeur financier de la SPML, Cyril de Bournet, qui aurait transmis l’information privilégiée à Michael Aubourg, analyste finan-cier basé à Londres et spécialisé dansle secteur des boissons et spiritueux.Et ce, lors d’un rendez-vous organisépeu après que l’information en cause eut acquis son caractère privi-légié. L’analyste aurait acheté des titres SPML et réalisé une plus-value.

Le juge de l’AMF a aussi considéréque Marco Perelli-Cippo, membre

du conseil d’administration de Cam-pari, avait transmis l’information privilégiée en cause à un ami, le publiciste italien Davide Blei, qu’il avait reçu chez lui après avoir parti-cipé, dans la même journée, à un conseil d’administration. Lors de ce

dernier avaient été évoquées les négociations en cours portant sur SPML. Après avoir vu son ami, Davide Blei, qui n’était jamais inter-venu directement sur les marchés financiers avant, avait alors ouvert un compte-titres et acheté des actions SPML.

Une amende de 50.000 euroschacun a été prononcée à l’encontrede Cyril Bournet, Marco Perelli-Cippo et Michael Aubourg. Davide Blei a écopé, lui, d’une sanction de 100.000 euros. Enfin, Gérard Mon-net, directeur développement finance corporate de Moët Hen-nessy, a été sanctionné à hauteur de25.000 euros. Selon le juge de l’AMF,il détenait et a utilisé l’information privilégiée en cause en acquérant des titres SPML après avoir été en contact avec plusieurs personnes deMoët Hennessy, société qui, au moment des faits, était aussi en négociation avec la famille Marnier Lapostolle pour racheter une parti-cipation dans SPML.

Des rumeurs depuis 2014Cette décision de la commission dessanctions peut faire l’objet d’un recours. Les avocats de la défense,

lors d’une audience en septembre, avaient nié la transmission de l’information, mais aussi son carac-tère « privilégié », arguant que des rumeurs circulaient depuis 2014 sur une vente. La commission des sanctions n’a pas suivi l’avis de son

rapporteur, qui lui recomman-dait de mettre hors de cause l’ana-lyste financier – estimant plausible que les recherches faites en amont l’aient conduit à investir – et son informateur, le directeur financier de la SPML. n

RÉGULATION

Le juge de l’AMFa prononcé des sanc-tions pécuniairesd’un montant totalde 275.000 euros.

Il a estimé que les cinq mis en cause avaient transmis ou utilisé une « information privilé-giée » sur l’OPA de Campari sur la SPML.

Délits d’initié : sanctions autour de l’OPA sur Grand Marnier

La décisionde la commissiondes sanctionspeut faire l’objetd’un recours.

FINANCE & MARCHES Mercredi 18 novembre 2020 Les Echos

Page 31: Les Echos - 18 11 2020

Les Echos Mercredi 18 novembre 2020 FINANCE & MARCHES // 31

l Les investisseurs ont placé des montants records sur les actions à la suite des annonces prometteuses sur les vaccins.l Si le S&P 500 et le Dow Jones ont inscrit de nouveaux records, c’est en Europe que le rebond est le plus fort.

Bourse : l’Europe commence à réduire son retard sur Wall Street

Bastien Bouchaud @BastienBouchaud

C’est déjà le retour des jours heu-reux sur les Bourses mondiales. Rassurés par les annonces pro-metteuses des laboratoires phar-maceutiques sur les vaccins contrele Covid, les investisseurs sont revenus massivement sur les mar-chés. Près de 45 milliards de dol-lars ont été collectés par les fonds actions au cours de la semaine pas-sée, du jamais-vu, selon les don-nées d’EPFR Global pour Bank of America. De quoi porter le S & P 500 et le Dow Jones vers de nou-veaux sommets à la clôture lundi, l e p r e m i e r d é p a s s a n t l e s 3.600 points pour la première fois,et le second butant sur le seuil des 30.000. Les deux grands indices américains sont désormais en hausse d’environ 12 % et 5 % depuisle début de l’année.

Wall Street est certes au plushaut, mais c’est en Europe que l’on trouve les meilleures performancesdes derniers mois. Le CAC 40 a bondi d’environ 10 % depuis le 1er septembre. Une progression qua-tre fois plus importante que le S& P 500. Le Nasdaq, à forte colora-tion technologique, est quant à lui en recul sur la période. Au niveau des grandes Bourses mondiales, seul le Japon fait mieux. De belles performances qui reflètent l’opti-misme retrouvé des gérants : ils sont désormais plus de neuf sur dixà s’attendre à un rebond solide de lacroissance économique et des pro-fits des entreprises dans les douze mois à venir, un point haut de près de vingt ans, selon l’enquête men-suelle de Bank of America.

Potentiel de rebonden EuropeLa crise avait surtout profité aux géants de l’Internet, très bien repré-sentés dans les indices américains. A l’inverse, « le recul des risques mondiaux pointe vers une réduction de l’écart de performance des régionsà la traîne comme l’Europe par rap-port aux Etats-Unis », estiment les analystes de Goldman Sachs. L’Europe boursière pourrait-elle finalement combler son retard ? Lepotentiel de rattrapage est impor-tant : le CAC 40 reste en baisse de près de 9 % depuis le début de l’année.

Pour les analystes de MorganStanley, les marchés européens peuvent encore monter de plus de 10 % au cours des prochains mois. Le contexte est porteur. D’une part,

BOURSE

derniers font alors leur entrée à WallStreet par la petite porte, via le SPAC,et non directement par une intro-duction classique très balisée et encadrée. Ce faisant, ils attisent la défiance de ceux qui sont payés pourêtre sceptiques et méfiants : les ven-deurs à découvert qui traquent les fraudes et sociétés en difficulté.

Après Nikola, c’est MultiPlan quiest dans leur collimateur. Un des plus célèbres vendeurs à découvert, Muddy Waters fondé par Carson Block et connu en France pour s’êtreattaqué au groupe Casino, parie sur la chute de l’action de cette société dusecteur de la santé. Elle a été intro-duite en Bourse cet été par le biais duplus important SPAC de Wall Street,de 11 milliards de dollars. Ce dernier fut créé à l’initiative d’une des anciennes stars des fusions-acquisi-tions de Wall Street, Michael Klein,

un ancien de Citigroup. Muddy Waters estime que le SPAC n’a pas fait correctement son travail d’ana-lyse de sa cible et de ses risques. Le principal client de la société, l’assu-reur UnitedHealthcare serait sur le point de partir chez un concurrent etla comptabilité du groupe serait sus-pecte. Ces arguments ont été contes-tés par la société. Mais le marché semble accorder du crédit au ven-deur à découvert. Le cours de Multi-Plan a plongé de 23 % en 5 séances.

Activité nécrophilePlus généralement, pour le vendeur à découvert c’est le modèle même duSPAC, qualifié de « machine à engranger du cash », qui est fautif. Il le qualifie « d’activité nécrophile » carelle consiste à fusionner avec des sociétés qui sont déjà « mortes » (fraudes, chute de l’activité…).

Confier un chèque en blanc à unfonds pour qu’il réalise une acquisi-tion selon ses termes (calendrier…) est de fait risqué. Les entreprises noncotées qui se vendent et s’introdui-sent en Bourse par le biais d’un SPACpeuvent donner des prévisions d’activité et de revenus très optimis-tes. Alors qu’aux Etats-Unis elles n’ont pas le droit de se livrer à cet exercice de prévision lors des intro-ductions en Bourse classiques, dont les documents légaux ne doivent contenir que des données histori-ques passées.

Ces opérations financières par-fois complexes génèrent en revan-che des commissions très élevées pour les sponsors des SPAC. Dans le cas de MultiPlan, la société conseil de Michael Klein et ses soutiens financiers ont perçu plus de 170 mil-lions de dollars (actions MultiPlan,

options d’achat, cash). Une partie (27,5 millions d’actions) ne pourra toutefois pas être revendue les deux prochaines années.

Buffett dit nonBien plus lucratives que les intro-ductions en Bourse, ces opérations ont en outre des performances bien moins bonnes. Les financiers font debonnes affaires mais pas les action-naires. Les SPAC rachètent parfois des entreprises non cotées dont les fonds de capital-investissement cherchent à se débarrasser. Ces 14 dernières années MultiPlan était passé dans les mains de quatre fondsde capital-investissement. Michael Klein tenta de le revendre à Warren Buffett, qui refusa. Un membre de lafamille Buffett, Alex Buffett Rozek, anéanmoins succombé à la mode desSPAC en cotant son véhicule Yel-

lowstone Acquisition Company. Il a levé 150 millions de dollars pour faire une acquisition dans le secteur de la construction de logements, de l’immobilier commercial ou de la finance.

Cette année, 180 véhicules cotésont levé 65,4 milliards de dollars pour procéder à des fusions, soit cinq fois plus qu’en 2019, selon SPAC Research. Le mois dernier, plus d’une cinquantaine de SPAC ont été lancés à Wall Street. Avec untel afflux d’argent, certains redou-tent que leurs futures acquisitions soient de moins bonne qualité. Les sociétés attrayantes sont en nom-bre limité. Celles qui sont courtiséespar plusieurs SPAC pourront faire monter les enchères. Les actionnai-res risquent de payer le prix fort. Michael Klein va lancer son cin-quième SPAC. n

Les vendeurs à découvert alertent sur la bulle spéculative des SPAC

Nessim Aït-Kacimi @NessimAitKacimi

Les vendeurs à découvert s’atta-quent à la bulle spéculative des SPAC, ces sociétés introduites en Bourse par la voie rapide et simpli-fiée des « special purpose acquisi-tion companies ». Ces structures lèvent de l’argent à la Bourse dans l’unique but de procéder à des acqui-sitions de groupes non cotés. Ces

Les sociétés comme Nikola et MultiPlan qui se cotent à Wall Street par la voie rapide des SPAC sont dans le collimateur des vendeurs à découvert. Muddy Waters alerte sur cette mode qui favorise l’introduction en Bourse de sociétés de mauvaise qualité.

Sophie Rolland @Sorolland

Maintenant que les banques cen-trales ont éteint l’incendie, il est temps de trouver un moyen de consolider l’édifice. C’est le mes-sage délivré par le Conseil de stabi-lité financière, l’organisme qui supervise la régulation financière mondiale, dans un rapport qui vient d’être remis aux dirigeants du G20. L’industrie des fonds d’investissement et l’ensemble desintermédiaires financiers non bancaires sont depuis longtemps sous surveillance du CSF (aussi connu sous l’acronyme anglais FSB), mais ils n’ont jamais été aussiclairement dans le viseur des régu-lateurs. « La crise de mars souligne la nécessité de renforcer la résis-tance de l’intermédiation financièrenon bancaire », indique l’institu-tion. En effet, dans un contexte de « choc économique » et de « ten-sions sur la liquidité sans précé-dent », certains mécanismes du système financier ont propagé le stress.

PrécipitationLes fonds ouverts, d’abord : les investisseurs ont eu tendance à se précipiter pour retirer leurs encours avant les autres, afin de nepas se retrouver avec des actifs gelés dans un fonds en difficulté du fait de la crise. Les intermédiai-res, eux, « ont eu des difficultés à absorber d’importantes ventes d’actifs, amplifiant les turbulences sur les marchés de financement à court terme ». Les chambres de compensation centrales, enfin, ont bien résisté aux turbulences de marché, mais « dans certains cas les appels de marge ont pu être plus importants que prévu. »

La situation se serait considéra-blement détériorée si la Fed et les autres banques centrales n’étaient pas intervenues, a rappelé le FSB. « Il est clair que nous devons pren-dre des mesures pour remédier à cesproblèmes », a déclaré Randal

Pour le Conseil de stabilité financière, les turbulences du printemps soulignent la nécessité de mieux enca- drer les intermédiaires financiers non bancaires.

Le corona krach place la finance non bancaire dans le viseur des régulateurs

Quarles, président du FSB et vice-président de la supervision de la Fed, lors d’un point presse. « Les structures et les mécanismes à l’ori-gine de ces turbulences sont tou-jours en place. »

Le rapport publié mardi par leFSB mentionne en particulier les tensions liées aux retraits des fonds monétaires américains, dits « prime » (en principe, les plus liquides, car composés des actifs les plus sûrs). Les retraits ont atteint 125 milliards de dollars en mars, soit 11 % de leurs actifs totaux. Ces rachats massifs ont poussé certains fonds à la limite deleurs contraintes de liquidité. Les régulateurs ont d’ailleurs pris conscience de l’effet parfois con-tre-productif de certains aména-gements introduits après la grande crise financière, pour limi-ter les sorties.

En réalité, les « gates » (plafon-nement des rachats) et les « redemption fees » (commissionsrevues à la hausse en cas de rachats) auraient plutôt encou-ragé les investisseurs à se retirer encore plus rapidement. Sans l’intervention de la Fed, les fonds monétaires dont les vulnérabilitésétaient déjà apparues lors de la crise de 2008, auraient probable-ment été le premier domino du système financier à tomber.

Le FSB indique qu’il émettra despropositions pour renforcer la résistance des fonds monétaires en 2021. Il se penchera également dès l’année prochaine sur le rôle des investissements à effet de levier dans la crise et sur le bond des appels de marges imposés parles chambres de compensation sur les dérivés. En 2022, les régula-teurs s’attaqueront aux risques plus largement posés par le sec-teur financier non bancaire, afin de renforcer la résistance des fonds de pension, des assureurs etdes gestionnaires d’actifs. n

Sans la Fed, les fonds monétaires auraient probablement été le premier domino du système financier à tomber.

l’Europe est l’une des régions du monde les plus touchées par les mesures de confinement. Elle est donc logiquement vouée à bénéfi-cier à plein de l’arrivée de vaccins. La dynamique est la même pour lesentreprises : « Après une chute plus sévère cette année, le potentiel de rebond des revenus en 2021 est sans doute meilleur pour l’Europe que pour les autres régions », soulignent les analystes de Morgan Stanley. Les profits des entreprises euro-péennes devraient rapidement retrouver de l’allant, avec des haus-ses de plus de 20 % attendues en 2021 et 2022, précisent-ils.

D’autre part, de nombreux pro-fessionnels s’attendent à un rebonddes taux longs dans le monde, tirés par les investissements massifs des Etats pour relancer l’économie. Un thème qui bénéficie particulière-ment aux secteurs délaissés au cours des dernières années. L’éner-gie, les banques ou encore l’auto-mobile ont ainsi largement profité du récent regain d’optimisme des investisseurs. Or ce sont des sec-teurs encore bien représentés en Europe. Peugeot et Renault ont déjàrebondi d’environ 30 % depuis début septembre, Airbus et Société Générale ont grimpé de plus de 20 %.

Tous ne sont pas convaincus parce scénario. La crise « a détruit du potentiel de croissance », insiste Tangi le Liboux, stratégiste chez Aurel BGC. « Même si le retour à la normale intervient dans quelques mois, la croissance économique de long terme pourrait être encore plus faible une fois le rebond économique mécanique post-crise passé », préci-se-t-il. Une fois la poussière retom-bée, les marchés auront tendance àrevenir au statu quo antérieur, esti-me-t-il, soit un contexte favorable aux actions de croissance, et notamment des incontournables valeurs « tech. » n

L’énergie, les banquesou encore l’automobile ont largement profité du récent regain d’optimisme des investisseurs.

Or ce sont des secteurs encore bien représentésen Europe.

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32 // FINANCE & MARCHES Mercredi 18 novembre 2020 Les Echos

AUTREMENTEMENLE

LE mécénatau défi dela crise

Les 24 & 25novembre

2020

un événemdigmentgital

rendez vous surmecenesforum.com

en partenariat avec

du réseau reliant les banques aconstitué la « cause technique » decet incident. L’institution n’a passouhaité préciser les montantsbloqués lors de cette panne, maisils pourraient être très impor-tants : Target2 effectue d’ordi-naire plusieurs milliards d’eurosde transaction par minute.

Dans les faits, ni les commer-çants ni les particuliers ne sont affectés par ce type de pannes. Les conséquences sur le système finan-cier en lui-même sont minimes étant donné que les paiements ne sont que retardés le temps de la panne, assure-t-on au sein de la BCE. Mais ces épisodes ne passent pas inaperçus aux yeux des ban-ques. « Après le 23 octobre et les troisautres épisodes, la BCE doit montrer aux banques que le problème est pristrès au sérieux, confie une source européenne. Il en va de la réputationde l’eurosystème, garant de la stabi-lité financière de la zone euro. »

Contrôle techniqueL’enquête, confiée à un auditeur indépendant, doit notamment permettre de déterminer si un pro-blème de fond est à l’origine de ces pannes ou bien si ce sont les ban-ques centrales nationales relais et leurs équipes qui sont en cause.

Target2, qui a remplacé l’anciensystème de paiement interbancaireen 2007, est en effet piloté par les banques centrales française, alle-mande et italienne. « Cette enquête, c’est comme un contrôle technique

Après plusieurs pannes, la BCE enquêtesur son système de paiement interbancaire

Gabriel Nedelec @GabrielNedelec

La panne de trop. La Banque cen-trale européenne (BCE) a annoncé lundi l’ouverture d’une enquête indépendante afin de déterminer les causes de plusieurs pannes ayant touché le système de paie-ment entre banques de la zone euro, Target2.

Pour la seule année 2020, ce sys-tème – qui permet aux banques de transférer entre elles ou pour le co mpte de leur s c l ien ts des montants importants dans toute la zone euro sur une plateforme uni-que – est tombé en panne quatre fois. Mais c’est à la suite du dernier épisode, le 23 octobre dernier, que la BCE a décidé d’agir. Et pour cause : ce jour-là, « un incident a affecté le système de règlement brut en temps réel […], provoquant une panne de près de dix heures », précisela BCE dans un communiqué. Durant ce laps de temps, aucune transaction interbancaire dans la zone euro n’a pu être effectuée.

Selon les premiers éléments àsa disposition, la BCE affirmequ’un « défaut de logiciel » au sein

Le système qui permet aux banques de se transférerde l’argent au seinde la zone euro a subi quatre pannes en 2020.La dernière, le 23 octobre,a bloqué les transactions pendant près de dix heures.

Santander achète la plateforme européenne de Wirecard

trouvé un acquéreur, et 500 des 580 employés qui restaient seront repris par Santander.

Encore soumise à l’approbationdes autorités réglementaires, l’opé-ration coûterait environ 100 millionsd’euros au groupe espagnol, selon le « Süddeutsche Zeitung ». Une goutted’eau au regard des quelque 3,2 mil-liards perdus par les banques et les investisseurs obligataires de Wire-card. « Si la banque a pris soin de se défaire des actifs problématiques, c’estu n e b o n n e a f fa i re , c a r c e t t e plateforme va lui permettre de se renforcer sur le marché du grand e-commerce transfrontalier en Europe », observe un professionnel du secteur.

Santander a prisses précautionsLe groupe espagnol, parmi les acteurs internationaux les plus offensifs avec le néerlandais ING surle marché des paiements électroni-ques, a de fait pris soin d’exclure de la transaction la banque de Wire-card, qui sera liquidée, précise l’administrateur judiciaire. Santan-der souligne en outre qu’elle n’assu-mera aucune responsabilité légale concernant Wirecard AG et Wire-card Bank AG ou leurs actions pas-sées. Une précision utile alors que les investisseurs pourraient multi-

latine. « Notre objectif est d’offrir à nos clients les meilleures options de paiement, a commenté Ana Botín, laprésidente du groupe. Les actifs tech-nologiques et les talents de Wirecard vont accélérer l’expansion de Getnet en Europe et améliorer notre capacitéde développement de produits. »

Un tremplin européenEn Espagne, le mouvement de San-tander est lu comme l’affirmation de la force du groupe à l’internatio-nal, au moment où le paysage bancaire ibérique est secoué par d’énormes mouvements de consoli-dation. Deux mois après l’annonce de fusion entre CaixaBank et Ban-kia, BBVA a dévoilé lundi soir des pourparlers avec Sabadell dans le but de fusionner. Les experts s’atten-dent maintenant à un mariage entreLiberbank et Ibercaja.

Face à ces mouvements domesti-ques, Santander a choisi de renforcerson potentiel de croissance sur le front numérique, d’autant qu’en Espagne 64 % de ses clients actifs opèrent en ligne et plus de 50 % de sesclients au niveau mondial. Avec l’acquisition de la plateforme techno-logique de Wirecard, le groupe veut développer les solutions de paie-ment dans la distribution, où il est déjà très présent, mais aussi pour lesPME présentes à l’international. n

l Le groupe bancaire espagnol se dote d’un levier de croissancedans les paiements électroniques transfrontaliers en Europe.l L’opération marque une avancée importante dans le processusde démantèlement de l’ancienne star allemande des paiements.

Ninon Renaud @NinonRenaud

— Correspondante à Berlinet Cécile Thibaud

@CecileThibaud—Correspondante à Madrid

Quatre mois après la chute dugéant allemand des paiements,c’est finalement l’espagnol BancoSantander qui va mettre la mainsur la plateforme technologiquede Wirecard ainsi que sur « lesactifs technologiques hautementspécialisés » nécessaires à sonfonctionnement en Europe, aannoncé lundi soir l’administra-t e u r j u d i c i a i r e d u g r o u p e ,Michael Jaffé.

« Nous avons pu mener à bien leprocessus de cession du cœur de métier de Wirecard malgré les condi-tions les plus défavorables », s’est félicité ce dernier. « C’est la meilleuresolution pour les salariés et les créanciers », assure-t-il dans un communiqué. A la veille de la pre-mière réunion des créanciers du groupe, mercredi, Michael Jaffé peut en effet afficher un bilan important. Après la cession des filiales américaine et brésilienne, l’essentiel des actifs de Wirecard a

PAIEMENT

Après la cession des filiales américaine et brésilienne, l’essentiel des actifs de Wirecard a trouvé un acquéreur, et 500 des 580 employés qui restaient seront repris par Santander. Photo DPA/ABACA

Auditions devant la commission d’enquête du Bundestag

Si le démantèlement de l’ancienne étoiledu DAX avance à grands pas, l’affairepromet d’occuper encore plusieurs mois la classe politique allemande. La commission d’enquête parlementaire mise en placeil y a quelques semaines doit auditionner ses premiers témoins jeudi. Une poignée de cadres et de membres du conseil de surveillance de Wirecard sont convoqués,

en tête desquels l’ancien directeur général Markus Braun. Celui-ci se bat jusqu’àprésent pour éviter une confrontation directe avec les élus, militant pour une intervention vidéo. Les neuf élus membres de la commission veulent notammentfaire la lumière sur les liens de Wirecard avec les membres du gouvernement d’Angela Merkel.

plier les plaintes contre l’ex-vedette de la fintech. La plateforme de paie-ment de Wirecard permet notam-ment d’acquérir des transactions dans de nombreux pays moyennantdiverses méthodes de paiement, et ce, dans différentes devises utilisées aussi bien par le client que par le commerçant. Une offre particuliè-rement prisée d’acteurs comme les compagnies aériennes, que Banco Santander a annoncé vouloir inté-grer dans Getnet, sa propre plate-forme d’e-commerce en Amérique

« Notre objectifest d’offrirà nos clientsles meilleures options de paiement. Les actifs technologiqueset les talentsde Wirecard vont […] améliorernotre capacitéde développement de produits. »ANA BOTÍNPrésidente de Banco Santander

qui va permettre de resserrer tous lesboulons », confie cette source. Target2 n’est cependant pas le seul système de paiement interbancaireà connaître des ratés. L’année der-nière, son équivalent américain, Fedwire, a subi deux pannes.

La question de la solidité des sys-tèmes de paiements de la BCE est primordiale à l’heure des grands chantiers dans le secteur. La Ban-que centrale soutient en effet le projet d’un nouveau standard des paiements européen capable de rivaliser avec Visa ou MasterCard et lancé par une vingtaine de banques européennes (EPI). En outre, l’institution européenne s’est aussi lancée tout récemment dans la course à la monnaie numé-rique, sentant poindre le risque en matière de souveraineté face aux initiatives privées telle que le libra de Facebook. Et dans ce domaine, pour séduire les utilisateurs – par-ticuliers ou entreprises –, les maî-tres mots sont la confiance et la technologie. n

Ces épisodesne passent pas inaperçus aux yeux des banques.

Il en va de la réputationde l’eurosystème.

Page 33: Les Echos - 18 11 2020

Les Echos Mercredi 18 novembre 2020 FINANCE & MARCHES // 33

ETABLISSEMENT PUBLICTERRITORIAL VALLÉE SUD –

GRAND PARIS / VILLE DE CHÂTILLON

AVIS AU PUBLICRECTIFICATIF

Sur la tenue de l’enquête publiquerelative à la modification n° 4 du PLU

de ChâtillonLe 30 octobre 2020 est paru dans les co-lonnes des annonces légales des Echosl’avis d’enquête publique relative à la modi-fication n° 4 du PLU de Châtillon devant sedérouler du lundi 16 novembre 2020 à 9h00au mardi 15 décembre 2020 à 17h00. Auvu du contexte sanitaire actuel, l’enquêtepublique est reportée à une date ultérieure.Lorsque les dates de l’enquête publique se-ront connues, un nouvel avis paraîtra.

PRÉFECTURE DU VAL-DE-MARNEDIRECTION DE LA COORDINATION DES POLITIQUES PUBLIQUES

ET DE L’APPUI TERRITORIALBUREAU DE L’ENVIRONNEMENT

ET DES PROCÉDURES D’UTILITÉ PUBLIQUE

AVIS AU PUBLICAgrément des activités de ramassage des huiles usagées

dans le département du Val-de-MarneConformément aux dispositions de l’arrêté ministériel du 28 janvier 1999 modifié relatifaux conditions de ramassage des huiles usagées, le Préfet du Val-de-Marne, par arrêtén° 2020/3364 du 10 novembre 2020, accorde l’agrément pour 5 ans, à compter du1er janvier 2021, à la SOCIETE CHIMIREC dont le siège social se trouve 5/15, rue del’Extension - 93 440 DUGNY, pour le ramassage des huiles usagées dans le départementdu Val-de-Marne.Copie dudit arrêté définissant les mesures jugées nécessaires à cet agrément, avec laliste à jour des ramasseurs agréés dans le département du Val-de-Marne, peuvent êtreconsultées sur le site internet de la Préfecture du Val-de-Marne :http://www.val-de-marne.gouv.fr/Politiques-publiques/Environnement-et-prevention-des-risques/Environnement-loi-sur-l-eau-dechets-defrichement-publicite-sols-pollues-bruit/Dechets

La ligne de référence est de 40 signes en corps minimal de 6 points didot.Le calibrage de l’annonce est établi de filet à filet.

Les départements habilités sont 75, 78, 91, 92, 93, 94, 95 et 69.

LES ECHOS SOCIÉTÉS - LE PUBLICATEUR LÉGAL - LA VIE JUDICIAIRE

Edouard Lederer @EdouardLederer

Nouveau coup de pression chez BNP Paribas. Un mois après un mouvement de grève intersyndical portant sur la mise en place de nou-veaux horaires dans les agences en France, un volet de ce même projet fait à présent l’objet d’une action en justice, mais sans réunir l’ensembledes organisat ions . La CFDT (deuxième syndicat du groupe) et laCFTC ont ainsi averti leurs adhé-rents, mardi matin, qu’ils « lancent le recours juridique », sans guère plus détailler leurs intentions.

Selon nos informations, les deuxorganisations ont récemment assi-gné la direction devant le tribunal d’instance de Paris. L’assignation neporte pas sur l’ensemble du projet, mais sur un volet technique (la dénonciation par la direction de protocoles d’horaires variables), lesdeux organisations pensant y avoir décelé un vice de forme. Baptisé « Etre là pour nos clients », ce projet

porté par la direction, et qui doit être mis en œuvre dès 2021, consisteà aménager les horaires d’ouver-ture des agences et des plateformestéléphoniques en fonction de leur fréquentation effective. Le sujet inquiète les partenaires sociaux, notamment car il doit s’accompa-gner, pour certains, d’une réductiondu nombre de jours de RTT, celui-ciétant lié au nombre d’heures tra-vaillées chaque semaine.

« Insécurité ressentie » sur le Covid-19Rien ne dit à ce stade quelle sera l’issue de cette procédure, ni si elle sera maintenue. « Nous aurons activé tous les recours possibles », estiment les deux organisations.

Toutefois, selon un bon connais-seur, rien ne va changer dans le calendrier de déploiement initial etle parcours social entourant ce projet est désormais achevé. De fait, des négociations ont eu lieu ausein du groupe, impliquant cette fois le SNB CFE-CGC, syndicat majoritaire. Ces discussions por-tent sur les contreparties qui pour-ront être apportées aux salariés qui, du fait de ces nouveaux horai-res, verraient leur forfait annuel remis en cause.

Cet épisode intervient dans unclimat social assez lourd pour le

secteur dans son ensemble. Le moisdernier, les négociations salariales annuelles (NAO) se sont conclues chez BNP Paribas SA (qui regroupe le siège et le réseau France de BNP Paribas) par un accord, mais dans un climat économique morose, s a n s a u c u n e a u g m e n t a t i o n pérenne collective pour les salariés.A présent, c’est la suite de la crise sanitaire qui menace de troubler lesrelations sociales.

Les banques ont été pointées dudoigt ces dernières semaines par lessyndicats, qui estiment qu’elles ne mettent pas suffisamment en œuvre le télétravail, alors qu’il l’avait été lors du premier confine-ment. Les syndicats ont ainsi exercéleur droit d’alerte ces dernières semaines chez LCL. La semaine dernière, dans l’établissement Sud-Est de BNP Paribas, le SNB CFE-CGC a également tenu à exercer ce droit. L’organisation a ainsi pointé « l’insécurité ressentie » à l’égard du Covid-19, demandant que soit davantage favorisé le télétravail et que les clients ne puissent venir en agence que pour « des opérations relevant de première nécessité ».

Interrogée la semaine dernièresur ce même sujet, la banque avait indiqué aux « Echos » que « partoutoù cela est possible, le télétravail est largement déployé ». n

Nouvelles tensions chez BNP Paribas autour des horaires d’ouvertureLa CFDT et la CFTC ont décidé d’assigner en justice BNP Paribas SA sur un point de son projet phare : adapter les horaires d’ouverture des agences à leur fréquentation.

L’activité Entreprises de la banque en France emploie environ 1.200 personnes. Photo Carlo Alegri/Reuters

préparation en moins de six mois. Çacommence à faire beaucoup ! »

En juillet, la filiale française dugroupe anglo-saxon, dont les pertess’élevaient à 499 millions d’euros aupremier semestre, avait déjà annoncé un plan d’économies dansla banque de financement et d’investissement, qui prévoyait le départ de 235 salariés sur un total de 678. Certaines activités de pro-duits structurés avaient également été transférées.

Recentrage sur l’AsieLe groupe décline en France la stra-tégie mise en place par son patron Noel Quinn, officiellement nommé àla tête de HSBC en mars dernier, après un long intérim. Celui-ci avait annoncé en début d’année un plan de restructuration massif, avec la suppression de 35.000 postes (soit 15 % des effectifs) d’ici à 2022, essen-tiellement en Europe et aux Etats-Unis, alors que la banque souhaite serecentrer en Asie. n

l La filiale française a retiré le segment des PME du périmètre de cession de sa banque de détail.l Elle prépare en parallèle la réorganisation de sa branche Entreprises.

HSBC prépare de nouvelles suppressions de postes en France

Romain Gueugneau @romaingueugneau

La corbeille de la mariée se dégar-nit. Selon nos informations, la filialefrançaise de HSBC a retiré l’activité des PME du portefeuille d’actifs à vendre dans le cadre du projet de cession de sa banque de détail, engagé il y a un an et qui peine à se concrétiser. La direction de la ban-que a informé les organisations syndicales de cette décision lors d’une réunion la semaine dernière.

Le segment PME (appelé BBC eninterne, géré dans les centres d’affaires) correspond aux clients professionnels dont le chiffre d’affaires est en moyenne inférieur à 30 millions d’euros. Il faisait partieà l’origine du périmètre d’activités qui pouvaient être cédées avec le réseau d’agences de la banque. « Mais il n’y avait pas d’acheteur suf-fisamment intéressé », estime une source. Interrogée par « Les Echos », HSBC France confirme que« le segment des PME a été retiré du périmètre de la revue stratégique ».

Le réseau de banque de détailpour les particuliers reste donc à vendre. Il comprend environ 250 agences et des effectifs compris entre 2.500 et 4.000 personnes, selon le périmètre qui sera définiti-vement retenu pour la vente. La direction de la banque a assuré en interne que le processus de revue stratégique suivait son cours, malgréla crise, et que plusieurs acquéreurs potentiels demeuraient intéressés. Selon nos informations, seuls des fonds, dont Cerberus, restent en lice,mais exigent un transfert financier important de la part du vendeur.

Plan de départs volontairesLe retrait des PME du périmètre de cession va s’accompagner d’une nouvelle réorganisation des activi-tés Entreprises dans la banque. Tousles segments seront concernés : PME, ETI, grandes entreprises. Selon plusieurs sources, cette réor-

BANQUE

« Nous pensons que 2021 sera proba-blement plus dur que 2020 et sera le vrai test pour les banques car la levéeprogressive des mesures de soutien des gouvernements révélera la vraie qualité de leurs actifs », ajoute Emmanuel Volland. L’agence iden-tifie quatre risques majeurs : un rebond économique moins fort que prévu à la suite de l’aggravationou de la prolongation de la pandé-mie et des mesures de confine-ment, des séquelles de la crise sur les emprunteurs qui ne bénéficie-ront plus des mesures de soutien des Etats ou des moratoires des banques, la hausse probable de l’endettement et du nombre de défauts d’entreprises et une évolu-tion de l’immobilier défavorable aux banques.

Chômage et défaillancesAlors que celles-ci ont mis en avantune baisse du coût du risque d’impayés entre le deuxième et le troisième trimestre, les analystes restent prudents. « Il est trop tôt pour dire que les banques sont sorties d’affaire dans cette crise, pré-vient Nick Hill, directeur général de Moody’s France. Il ne faut pas rêver : le chômage va augmenter et il

y aura des défaillances d’entreprises.Cela va se traduire par des créances douteuses et des provisions dans les comptes des banques. »

La question des dividendesL’impact de la crise ne sera pas le même d’une région du monde à l’autre, mais l’Europe, particuliè-rement frappée par la deuxième vague, risque d’être plus exposée, selon Nick Hill. Pour Moody’s comme pour S&P, les annonces prometteuses de vaccins contre le Covid-19 ne devraient pas changerla donne : les deux agences avaientdéjà intégré dans leur scénario de base leur arrivée rapide et leur généralisation courant 2021.

Ce tableau ne devrait pas aiderla cause des banques qui veulent convaincre la Banque centrale européenne de leur permettre de verser à nouveau des dividendes en 2021. « Retenir le capital est une façon de préparer les banques à un scénario de reprise lente et à l’incon-nue concernant cette crise qui reste forte », constate Nick Hill, pour quila retenue des dividendes a permisde protéger le capital des banques cette année. n

Pour les agences de notation, les banques ne sont pas tirées d’affaire

Thibaut Madelin @ThibautMadelin

Quelques jours après la publica-tion de résultats trimestriels des banques meilleurs que prévu, les agences de notation financière maintiennent leur vigilance sur le secteur. « Pour de nombreux systèmes bancaires, nous n’envisa-geons pas de retrouver les niveaux pré-Covid-19 avant 2023 ou au-delà », prévient Emmanuel Volland, coordinateur mondial des institutions financières chez S&P Global Ratings et co-auteur d’une étude sur le secteur publiée mardi.

Pour l’agence, les mesures desoutien qui ont stabilisé les ban-ques et aidé les emprunteurs à sur-vivre ne peuvent pas durer éternel-lement. Qu’elles aient été prises parles Etats ou les banques centrales.

Selon S&P Global, l’heure de vérité pour les banques sonnera en 2021, avec le retrait des mesures de soutien des Etats, qui « révélera une image plus vraie de la qualité des actifs bancaires ».

ganisation devrait se traduire par des suppressions de postes et un plan de départs volontaires. Les sala-riés ont été informés de la prépara-tion de ce plan mais, pour l’instant, ses contours précis, et notamment lenombre de postes concernés, ne sont pas encore connus.

« Les premières réunions sont pré-vues courant décembre. On connaî-tra alors l’impact plus précis du plan », confie Eric Poyet, délégué national FO chez HSBC France. L’activité Entreprises emploie environ 1.200 personnes. Pour le syndicaliste, la pilule est dure à ava-ler. « C’est le deuxième plan social en

Le groupe avait annoncé en début d’année un plan de restructuration massif, avec la suppression de 35.000 postes.

annonces judiciaires & légalesANNLEGALECH

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34 // FINANCE & MARCHES Mercredi 18 novembre 2020 Les Echos

CAC 40

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

AIR LIQUIDE (AI) R A 137,85 138,3 + 0,33 + 9,59677804 138,95 + 2,6 144,45

FR0000120073 11/05/20 2,7 473.593.425 137,3 + 13,92 94,86 1,95AIRBUS GROUP (AIR) R A 90,14 90,09 + 0,1 - 30,95 3,4

2891922 90,2 +40,02 139,4 26,54NL0000235190 15/04/19 1,4 784.064.748 87,65 - 33,95 48,12 1,83ALSTOM (ALO) R A 40 41,26 + 3,28 + 5,37

3146905 41,34 + 7,4 47,094FR0010220475 15/07/19 5,5 226.894.751 39,09 + 16,15 27,648ARCELORMITTAL (MT) R A 14,108 13,878 - 2,02 - 11,28

5967267 14,28 +13,61 16,85LU1598757687 16/05/19 0,15 1.102.809.772 13,784 - 8,43 5,98ATOS SE (ATO) R A 68,82 68 - 1,36 - 8,5

612809 69,52 - 0,53 82,46FR0000051732 03/05/19 1,7 109.993.166 67,54 - 6,85 43,26AXA (CS) R A 18,734 19,052 + 1,64 - 24,13

7428016 19,076 +25,76 25,615FR0000120628 07/07/20 0,73 2.417.778.069 18,664 - 24,5 11,844 3,83BNP PARIBAS (BNP) R A 40,72 40,925 + 0,8 - 22,53

5016260 41,065 +27,08 54,22FR0000131104 29/05/19 3,02 1.249.798.561 40,12 - 19,17 24,505BOUYGUES (EN) R A 33,78 34,48 + 1,92 - 8,98

1069621 34,52 +12,2 41,32FR0000120503 09/09/20 1,7 380.654.936 33,68 - 10,9 22,27 4,93CAP-GEMINI (CAP) R A 115 114,15 - 0,74 + 4,82

565417 117,25 + 4,53 121,65FR0000125338 03/06/20 1,35 169.449.699 114,15 + 7,13 51,78 1,18CARREFOUR (CA) R A 14,37 14,7 + 2,3 - 1,67

3407628 14,745 + 4,59 16,915FR0000120172 08/06/20 0,23 817.623.840 14,37 - 4,64 12,095 1,57CREDIT AGRICOLE (ACA) R A 8,81 8,822 + 0,32 - 31,74

8032282 8,878 +20,13 13,8FR0000045072 24/05/19 0,69 2.884.688.712 8,644 - 29,98 5,7DANONE (BN) R A 54,72 54,44 - 0,69 - 26,33

1365512 55,06 + 2,14 75,16FR0000120644 14/07/20 2,1 686.629.600 53,88 - 27,59 46,03 3,86DASSAULT SYSTEMES (DSY) R A 153,25 151 - 1,31 + 3,04

280543 155,55 - 4,94 164,15FR0000130650 28/05/20 0,7 264.919.418 150,8 + 7,82 105 0,46ENGIE (ENGI) R A 12,33 12,24 - 1,21 - 15 1,21

5221142 12,395 + 4,26 16,795 10,15FR0010208488 21/05/19 0,8 2.435.285.011 12,135 - 14,82 8,626ESSILORLUXOTTICA (EI) R A 118,65 118,6 + 0,59 - 12,67

673539 119,45 + 1,89 145FR0000121667 21/05/19 2,04 438.611.346 117,45 - 14,77 86,76HERMES INTL (RMS) R A 844 843 + 0,02 + 26,54

56531 854,4 + 6,71 859,8FR0000052292 28/04/20 3,05 105.569.412 842 + 28,04 516 0,36KERING (KER) R A 619,4 620,1 + 0,16 + 5,96

121255 622,8 + 5,21 628,2FR0000121485 23/06/20 4,5 126.279.322 611,7 + 13,61 348,55 0,73L.V.M.H. (MC) R A 476,6 475 - 0,48 + 14,68

364032 479,35 + 9,8 489,5FR0000121014 07/07/20 2,6 504.757.339 472,45 + 17,14 278,7 0,55LEGRAND (LR) R A 72,1 72,06 + 0,08 - 0,8

488321 72,52 + 3,48 77,94FR0010307819 01/06/20 1,34 267.447.746 71,76 + 0,33 45,91 1,86L'ORÉAL (OR) R A 317,1 316,6 - 0,28 + 19,92

381848 320,6 + 8,65 321,4FR0000120321 03/07/20 3,85 559.856.576 315,7 + 21,07 196 1,22

MICHELIN (ML) R A 106 107,75 + 1,56 - 1,24549356 108,25 +15,07 112,8

FR0000121261 01/07/20 2 177.543.801 105,65 - 4,98 68 1,86ORANGE (ORA) R A 10,47 10,455 - 0,05 - 20,31

7124996 10,5 +10,01 13,545FR0000133308 02/06/20 0,2 2.660.056.599 10,25 - 27,9 8,632 1,91PERNOD-RICARD (RI) R A 161,5 161 - 0,83 + 1

416922 162,15 +13,78 171,1FR0000120693 08/07/20 1,18 261.876.560 159,8 - 5,32 112,25 0,73PEUGEOT (UG) R A 18,97 18,975 + 0,03 - 10,92

5176357 19,235 +18,26 22,01FR0000121501 02/05/19 0,78 894.828.213 18,745 - 20,24 8,878PUBLICIS GROUPE (PUB) R A 37,9 38,11 + 0,66 - 5,57

944663 38,39 +22,42 43,7FR0000130577 07/09/20 1,15 247.748.484 37,72 - 3,03 20,94 3,02RENAULT (RNO) R A 30 29,96 + 0,52 - 28,97

2293936 30,59 +25,54 43,365FR0000131906 18/06/19 3,55 295.722.284 29,07 - 32,6 12,77SAFRAN (SAF) R A 120,8 123,8 + 2,95 - 10,06

1131640 123,95 +36,43 152,3FR0000073272 27/05/19 1,82 427.235.939 118,45 - 17,41 51,1SAINT-GOBAIN (SGO) R A 39,51 39,66 + 0,3 + 8,66

1601051 39,66 + 7,98 40,24FR0000125007 10/06/19 1,33 535.683.713 39,21 + 5,82 16,408SANOFI (SAN) R A 85,45 84,82 - 0,83 - 5,36

1946974 86,08 - 1,41 95,82FR0000120578 04/05/20 3,15 1.258.964.700 84,36 + 2,09 67,65 3,71SCHNEIDER ELECTRIC (SU) R A 117,3 117,9 + 0,34 + 28,85

1170311 118,35 + 8,51 121,8FR0000121972 05/05/20 2,55 567.068.555 117 + 33,76 61,72 2,16SOCIÉTÉ GÉNÉRALE (GLE) R A 16,388 16,5 + 1,31 - 46,8

6728383 16,5 +36,84 32,23FR0000130809 27/05/19 2,2 853.371.494 16,028 - 42,05 10,774STMICROELETRONICS (STM) R A 29,82 29,66 - 0,47 + 23,74 0,23

1800390 30,05 + 1,51 30,67 130,52NL0000226223 21/09/20 0,04 911.204.420 29,53 + 34,82 13,73 0,14TELEPERFORMANCE (RCF) R A 270 273,8 + 1,37 + 25,94

210868 276,8 - 0,29 297,3FR0000051807 02/07/20 2,4 58.730.600 269,7 + 29,4 150,3 0,88THALES (HO) R A 79,4 80,08 + 1,04 - 13,45

651837 80,98 +22,15 99,96FR0000121329 03/12/19 0,6 213.364.420 78,18 - 9,98 52,5TOTAL (FP) R A 34,23 34,635 + 1,17 - 29,6

8349599 34,775 +21,72 50,93FR0000120271 25/09/20 0,66 2.653.124.025 33,62 - 29,71 21,12 1,91UNIBAIL-R/WFD (URW) R A 58,66 61 + 3,99 - 56,63

2399979 61 +47,99 142,05FR0013326246 24/03/20 5,4 138.472.385 56,48 - 57,33 29,08VEOLIA ENV. (VIE) R A 19,1 18,97 - 0,58 - 19,99

2176164 19,15 + 7,11 29,09FR0000124141 12/05/20 0,5 567.266.539 18,67 - 17,16 15,675 2,64VINCI (DG) R A 86,42 87,22 + 0,41 - 11,9

1326419 87,22 +20,47 107,35FR0000125486 23/06/20 1,25 613.519.218 84,88 - 14,53 54,76 1,43VIVENDI (VIV) R A 25,31 25,4 - 0,24 - 1,63

2770333 25,56 + 2,17 26,65FR0000127771 21/04/20 0,6 1.185.842.163 25,28 + 2,38 16,6 2,36WORLDLINE (WLN) G A 73,14 72,76 - 0,44 + 15,22

546298 73,6 + 1,17 82,66FR0011981968 273.837.025 72,42 + 31,34 36,36

A.S.T. GROUPE (ASP) g C 3,88 3,88 + 0,52 + 8,0812950 3,98 - 3 4,25

FR0000076887 19/06/19 0,25 12.903.011 3,78 + 21,63 1,82AB SCIENCE (AB) g B 9,67 9,42 - 1,15 + 75,09

100850 9,73 - 9,6 13,78FR0010557264 45.145.024 9,4 + 80,46 4,81ABC ARBITRAGE (ABCA) g B 7,4 7,33 - 0,95 + 9,4

36035 7,4 - 1,61 7,58FR0004040608 06/10/20 0,1 58.512.053 7,32 + 10,73 5,05 1,36ABIVAX (ABVX) g B 23,9 24 + 3,45 + 6,43

50362 24,7 +23,2 25FR0012333284 13.851.239 23,5 +122,22 10,4ACCOR (AC) LR A 30,35 30,41 + 0,1 - 27,16

1375714 30,48 +32,16 42,24FR0000120404 10/05/19 1,05 261.288.260 29,59 - 21,36 20,15ACTIA GROUP (ATI) g C 2,69 2,605 - 3,16 - 39,56

50065 2,7 +16,29 4,625FR0000076655 21/09/20 0,15 20.099.941 2,51 - 39,98 1,74 5,76ADOCIA (ADOC) g B 7,73 7,66 - 0,91 - 22,63

5062 7,73 + 2,82 16,18FR0011184241 6.977.854 7,6 - 16,01 5,6AÉROPORTS DE PARIS (ADP) G A 115,8 114,8 - 0,09 - 34,81

125492 117 +41,55 179,2FR0010340141 06/12/19 0,7 98.960.602 113,3 - 34,14 70,7AIR FRANCE-KLM (AF) LR A 4,468 4,345 - 0,14 - 56,22

10631662 4,564 +44,79 10,27FR0000031122 14/07/08 0,58 428.634.035 4,271 - 58,89 2,614AKKA TECHNOLOGIES (AKA) Gg B 24,95 23,9 - 3,63 - 59,86

190272 26 +20,71 62,273FR0004180537 28/06/19 0,49 20.291.990 23,35 - 56,47 14,54 2,93AKWEL (AKW) g B 19,5 19,4 - 0,51 - 3,96

16178 19,5 +15,48 20,8FR0000053027 08/06/20 0,2 26.741.040 19,24 - 4,43 8,8 1,01ALBIOMA (ABIO) Gg B 43,7 42,25 - 2,99 + 62,5

84953 43,9 - 8,45 47,6FR0000060402 11/06/20 0,35 31.641.910 42 + 74,59 22,85 0,83ALD (ALD) G A 11,62 11,6 + 0,87 - 16,18

139922 11,8 +29,61 14,2FR0013258662 29/05/20 0,63 404.103.640 11,5 - 15,33 6,29 5,43ALPES (CIE DES ) (CDA) g B 19 18,9 - 1,56 - 36,68

21819 19,08 +24,34 30,95FR0000053324 10/03/20 0,7 24.510.101 18,04 - 29,21 13,16 3,7ALTAREA (ALTA) A 140,8 139 - 0,71 - 31,36

5300 141,4 +21,29 210FR0000033219 06/07/20 4,5 17.275.839 137,6 - 27,75 103,2ALTEN (ATE) G A 92 93,55 + 0,38 - 16,84

46849 94,2 +12,04 119FR0000071946 20/06/19 1 34.205.863 92 - 7,1 54,5AMUNDI (AMUN) G A 68 67,55 - 0,22 - 3,36EX-DS 15/03/17 95169 68,35 +10,2 78,55FR0004125920 24/05/19 2,9 202.163.305 66,9 - 2,53 43,82ARCHOS (JXR) g C 0,033 0,034 + 3,03 - 68,22

8628548 0,036 - 0,58 0,115FR0000182479 167.279.961 0,033 - 70,07 0,025ARGAN (ARG) A 81,6 79,2 - 2,7 + 2,06

2033 81,6 - 7,69 93FR0010481960 26/03/20 1,9 22.309.227 79,2 + 8,49 54ARKEMA (AKE) LR A 90,9 90,94 - 0,15 - 3,97

215520 91,48 - 3,26 99,52FR0010313833 25/05/20 2,2 76.736.476 89,66 - 6,54 42,5 2,42ARTMARKET.COM (PRC) g C 6,62 7,3 + 8,96 - 23,24

39832 7,3 - 1,62 10,1FR0000074783 6.651.515 6,62 - 20,65 5,01ASSYSTEM (ASY) B 24,05 24,05 - 25,54OPA 24/11/17 6858 24,15 + 5,95 34,65FR0000074148 08/07/20 1 15.668.216 23,9 - 24,49 16,58 4,16ATARI (ATA) g C 0,4 0,395 - 1 + 19,85

1447758 0,404 +16,18 0,494FR0010478248 267.782.050 0,389 + 36,68 0,17AUBAY (AUB) g C 29,9 29,8 - 0,67 - 10,91

10559 30 - 2,61 35FR0000063737 06/11/20 0,33 13.208.296 29,35 - 7,02 15,32 1,11AXWAY SOFTWARE (AXW) g B 21,6 21,6 - 0,92 + 74,19

7865 22 + 1,41 23,1FR0011040500 02/07/19 0,4 21.316.266 21,5 + 92,86 10,55BAINS MER MONACO (BAIN) B 62,6 62 + 8,01

1102 62,8 67,6MC0000031187 26/09/14 0,01 24.516.661 60,6 + 15,24 44BÉNÉTEAU (BEN) g B 8,5 8,5 + 0,53 - 21,51

108420 8,68 +13,41 10,9FR0000035164 12/02/20 0,23 82.789.840 8,46 - 5,76 4,9 2,71BIC (BB) G A 50,8 51,1 + 0,79 - 17,58

48698 51,4 +18,45 66,05FR0000120966 01/06/20 2,45 45.532.240 50,6 - 17,98 38,5 4,8BIGBEN INT. (BIG) g C 15,6 15,9 + 1,79 - 0,87

63201 16,1 + 7 17,1FR0000074072 24/07/19 0,2 19.969.658 15,6 + 17,95 8,1BIOMÉRIEUX (BIM) G A 123 123,4 + 0,33 + 55,51

123268 126,6 -11,1 144,8FR0013280286 14/07/20 0,19 118.361.220 122,7 + 60,68 75 0,15BOIRON (BOI) g A 39,85 40 + 0,88 + 9,89

8901 40,2 - 4,76 44,8FR0000061129 02/06/20 1,05 17.545.408 39,55 + 23,84 26,75 2,63BOLLORÉ (BOL) G A 3,464 3,456 - 0,12 - 11,16

900252 3,496 + 5,3 3,996FR0000039299 02/09/20 0,02 2.946.208.874 3,45 - 14,54 2,01 0,58BONDUELLE (BON) g B 20,3 20,3 - 12,88

13210 20,45 + 6,84 23,9FR0000063935 06/01/20 0,5 32.538.340 20,2 - 18,96 16,58 2,46BUREAU VERITAS (BVI) LR A 22,12 21,61 - 2,22 - 7,09

920766 22,26 + 9,89 26,01FR0006174348 20/05/19 0,56 452.204.032 21,43 - 6,13 15,165BURELLE SA (BUR) A 642 650 + 0,93 - 20,54

114 650 +12,07 842FR0000061137 03/06/20 15 1.757.623 632 - 17,72 407 2,31CARMILA (CARM) g C 11,98 11,6 - 2,69 - 42

103610 11,98 +61,34 20FR0010828137 03/07/20 1 142.357.425 11,22 - 37,77 6,54CASINO (CO) G A 24,98 25,15 + 1 - 39,69

345728 25,23 +15,63 42,85FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 24,4 - 44,92 19,045 6,2CATANA GROUP (CATG) g C 2,55 2,67 + 3,69 - 38,34

406635 2,72 +31,53 4,49FR0010193052 30.514.178 2,53 - 0,19 1,7

CGG (CGG) G A 0,944 0,89 + 1,62 - 69,2643061502 0,978 +61,78 3,121

FR0013181864 711.324.929 0,835 - 62,46 0,443CHARGEURS (CRI) g C 16,92 16,76 - 0,71 - 3,01

102852 17,02 - 1,41 24,1FR0000130692 16/09/20 0,28 24.211.232 16,64 + 2,2 7,9 1,67CHRISTIAN DIOR (CDI) A 419,4 420,4 - 0,33 - 7,97EX D OP 08/06/17 5223 422,4 + 2,44 479,8FR0000130403 07/07/20 2,6 180.507.516 417,4 - 10,67 252,4 0,62CNP ASSURANCES (CNP) G A 12,33 12,46 + 1,71 - 29,72

522224 12,46 +17,44 18,17FR0000120222 26/04/19 0,89 686.618.477 12,15 - 30,66 5,3COFACE (COFA) G A 8,8 8,89 + 1,37 - 18,96

298549 8,93 +40,44 12,51FR0010667147 22/05/19 0,79 152.031.949 8,6 - 12,84 4,448COLAS (RE) A 114 114 - 19,03

757 114,5 + 8,57 143FR0000121634 08/09/20 6,4 32.654.499 111 - 21,92 90 5,61COVIVIO (COV) G A 71 71,4 + 1,06 - 29,45

156969 71,85 +28,42 112,2FR0000064578 27/04/20 4,8 94.488.052 69,95 - 30,14 38,84COVIVIO HOTELS (COVH) A 16 15,45 - 2,22 - 45,79

5915 16,2 +25,1 30FR0000060303 13/05/20 1,55 132.547.616 15,3 - 44,82 11,6DASSAULT AV. (AM) G A 923 926,5 + 0,6 - 20,81

8157 926,5 +22,23 1192FR0000121725 22/05/19 21,2 8.348.703 902 - 26,53 624DBV TECHNOLOGIES (DBV) G B 4,314 4,18 - 0,19 - 78,71

837363 4,32 +44,84 25,44FR0010417345 54.927.187 4 - 68,62 2,352DERICHEBOURG (DBG) g B 3,3 3,162 - 5,1 - 13,37

415530 3,3 +23,61 3,784FR0000053381 07/02/20 0,11 159.397.489 3,162 - 2,89 2,07 3,48DEVOTEAM (DVT) g C 97,8 97,8 + 3,49

4326 97,9 + 0,1 99,1FR0000073793 03/07/19 1 8.332.407 97,8 + 16,29 47,25EDENRED (EDEN) LR A 47,2 46,58 + 0,63 + 1,04

513137 47,24 +13,33 51,56FR0010908533 13/05/20 0,7 246.583.351 46,32 - 0,62 29,74 1,5EDF (EDF) LR A 11,535 11,55 + 0,17 + 16,34EX-DS 7/03/17 2393466 11,65 +11,97 13,61FR0010242511 26/11/19 0,15 3.099.923.579 11,53 + 25,68 5,978EIFFAGE (FGR) LR A 83 83,76 + 0,96 - 17,88

356498 83,94 +19,69 111,75FR0000130452 21/05/19 2,4 98.000.000 81,34 - 15,48 44,65EKINOPS (EKI) g C 6,11 6,08 + 0,33 - 8,02

26792 6,14 + 0,66 6,8FR0011466069 25.422.170 6,06 + 29,5 3,67ELIOR (ELIOR) G A 5,295 5,125 - 2,47 - 60,88

1316486 5,335 +44,04 13,83FR0011950732 07/04/20 0,29 174.147.823 5,095 - 56,6 3,062 5,66ELIS (ELIS) G A 13,68 13,26 - 2,43 - 28,32

882082 13,77 +24,39 19FR0012435121 27/05/19 0,37 221.807.226 13,17 - 24,27 5,375EOS IMAGING (EOSI) g C 1,694 1,62 - 4,03 - 26,86

480934 1,71 +15,71 2,9FR0011191766 26.569.946 1,59 + 10,96 1,18ERAMET (ERA) G A 34,15 33,17 - 2,44 - 27,64

166037 35,29 +40,85 47,18FR0000131757 29/05/19 0,6 26.636.003 32,59 - 30,07 18,665ERYTECH PHARMA (ERYP) g B 6,5 6,36 - 2,15 - 5,07

57956 6,6 +31,68 11,46FR0011471135 19.081.988 6,33 + 34,75 2,8ESI GROUP (ESI) g C 42,3 42,5 + 0,47 + 30,77

1061 42,5 +11,84 42,9FR0004110310 6.028.192 42 + 40,26 24,6EURAZEO (RF) G A 50,75 50,55 - 0,69 - 17,13

93412 51,25 +14,94 67,05FR0000121121 08/05/19 1,25 78.645.486 49,96 - 18,6 35,6EUROPCAR GROUPE (EUCAR) g B 1,24 1,272 + 9,75 - 70,65

27481006 1,48 +102,39 4,688FR0012789949 21/05/19 0,26 163.884.278 1,141 - 64,57 0,492EUTELSAT COM. (ETL) G A 10,195 10,12 - 0,3 - 30,16

809119 10,29 +24,08 14,825FR0010221234 21/11/19 1,27 230.544.995 10,01 - 38,98 7,984 12,55EXEL INDUSTRIES (EXE) B 40,7 40,8 - 12,45

413 40,9 +15,25 47,8FR0004527638 13/02/19 1,14 6.787.900 40,7 + 9,38 31FAURECIA (EO) LR A 39,36 39,77 + 0,99 - 17,2

435871 40,02 + 4,08 49,49FR0000121147 31/05/19 1,25 138.035.801 38,93 - 17,11 20,58FDJ (FDJ) G A 34,2 34,36 + 0,62 + 44,22

199582 34,6 + 0,7 35,84FR0013451333 26/06/20 0,45 191.000.000 34,05 + 76,21 18,3 1,31FFP (FFP) g A 90 87,1 - 3,12 - 16,25

8703 90 +16,6 105,6FR0000064784 22/05/20 2,15 24.922.589 86,3 - 20,53 42,15 2,47FIGEAC AERO (FGA) g B 3,78 3,88 + 4,3 - 58,28

78286 3,9 +42,65 9,69FR0011665280 31.839.473 3,725 - 65,36 2,415FIN. ODET (ODET) A 742 740 - 0,27 - 5,37

62 742 + 7,25 810FR0000062234 04/06/20 1 6.585.990 732 - 8,64 497 0,14FNAC DARTY (FNAC) G A 43,2 42,82 - 0,6 - 18,9

76611 43,8 + 5,52 53,85FR0011476928 26.608.571 42,2 - 13,14 16,29FONCIÈRE LYONNAISE (FLY) A 60,4 59,6 - 19,24

4386 61 + 0,68 83,4FR0000033409 21/04/20 2,65 46.528.974 59,4 - 16,99 51GECI INTERNATIONAL (GECP) g C 0,022 0,021 - 4,55 - 35,98

5476677 0,022 -19,23 0,07FR0000079634 01/10/01 0,1 246.583.099 0,02 - 41,67 0,018GECINA (GFC) LR A 129,7 130,3 + 0,62 - 18,36

141830 130,7 +22,12 183,6FR0010040865 01/07/20 2,5 76.461.700 127,9 - 14,78 88,5GENFIT (GNFT) G B 4,11 4,056 + 1,4 - 77,02

790571 4,15 + 7,93 20,96FR0004163111 38.858.617 3,86 - 70,33 3,022GENSIGHT (SIGHT) g C 4,575 4,705 + 3,63 + 89,34

400110 4,74 - 1,77 5,32FR0013183985 39.693.012 4,47 +302,14 1,36GETLINK (GET) LR A 14,26 14,4 + 1,05 - 7,16

852037 14,48 +20,91 17,04FR0010533075 23/05/19 0,36 550.000.000 14,22 - 5,45 8,615

GL EVENTS (GLO) g B 10,9 10,84 + 2,65 - 54,93160257 11,04 +53,32 24,45

FR0000066672 01/07/19 0,65 29.982.787 10,26 - 53,58 6,4GROUPE CRIT (CEN) g B 59,3 59,3 - 19,43

356 59,9 +15,82 74,4FR0000036675 26/06/19 1 11.250.000 59,3 - 10,83 36,15 1,69GROUPE GORGÉ (GOE) g B 12,54 12,88 + 2,71 - 24,41

10432 12,9 + 4,72 19FR0000062671 01/07/20 0,32 13.502.843 12,44 - 18,48 8,59 2,48GTT (GTT) G A 82 82,25 - 0,18 - 3,69

56637 82,45 - 4,47 102,7FR0011726835 03/11/20 2,5 37.078.357 81,55 - 0,54 48,76 3,04GUERBET (GBT) g B 31,5 31,5 - 23,73

3450 31,85 +13,11 44,1FR0000032526 30/06/20 0,7 12.600.874 31,2 - 39,07 24,05 2,22HAULOTTE GROUP (PIG) g B 4,54 4,42 - 1,01 - 16,6

43255 4,66 - 2,64 5,78FR0000066755 15/07/20 0,22 31.371.274 4,405 - 9,61 3,27 4,98HEXAOM (HEXA) g B 31,8 32 + 0,95 - 13,04

1265 32,8 + 2,24 39,8FR0004159473 11/06/19 1,5 6.937.593 31,8 - 5,04 21,7HIGH CO (HCO) g C 4,5 4,5 - 0,22 - 25,99

21824 4,6 - 6,25 6,32FR0000054231 24/05/19 0,16 22.421.332 4,43 - 18,18 2,95ICADE (ICAD) G A 66,25 65,5 - 0,83 - 32,51

148445 66,25 +42,95 106FR0000035081 06/07/20 1,6 74.535.741 62,75 - 24,63 41,88ID LOGISTIC (IDL) g A 198,4 195,2 - 1,61 + 8,2

869 198,4 + 5,29 220FR0010929125 5.649.427 195,2 + 7,85 115IMERYS (NK) G A 33,22 33,04 - 0,18 - 12,31

100114 33,5 +11,4 43,54FR0000120859 15/05/20 1,72 85.015.055 32,68 - 12,73 20,68 5,21INGENICO GROUP (ING) LR A /061120 + 30,99

- 6,42 151,15FR0000125346 17/06/19 1,1 63.713.047 + 31,26 64,46INNATE PHARMA (IPH) g B 4,038 3,936 - 1,89 - 33,96

543403 4,07 +17,49 7,48FR0010331421 78.980.640 3,92 - 28,89 2,9INTERPARFUMS (ITP) g A 42,6 42,65 + 0,24 + 26,8

23927 43,1 + 6,49 44,65FR0004024222 02/05/19 0,71 51.988.409 42,4 + 9,74 23,682IPSEN (IPN) G A 85,85 85,15 - 1,28 + 7,78

63517 86,75 + 9,17 95,9FR0010259150 03/06/20 1 83.814.526 85 - 12,93 34,2 1,17IPSOS (IPS) G A 25,55 26,05 + 1,76 - 10,02

32816 26,2 +21,16 32,1FR0000073298 01/07/20 0,45 44.436.235 25,35 - 3,7 15,82 1,73JACQUET METAL SERVICE (JCQ) g B 12,18 11,52 - 5,57 - 25,29

20444 12,2 +18,52 15,86FR0000033904 01/07/20 0,2 23.461.313 11,16 - 24,41 7,6 1,74JCDECAUX (DEC) G A 21,26 21,9 + 2,53 - 20,31

356790 22,04 +58,12 27,74FR0000077919 21/05/19 0,58 212.902.810 21,22 - 17,3 12,26KAUFMAN & BROAD (KOF) g B 36,3 37 + 1,37

39006 37 +13,5 41,86FR0004007813 08/06/20 1,75 22.088.023 36,3 + 0,43 19,4 4,73KLEPIERRE (LI) LR A 20,59 20 - 2,68 - 40,92

1991113 20,7 +61,81 34,66FR0000121964 07/07/20 1,1 299.939.198 18,94 - 39,38 10,05KORIAN (KORI) G A 29,5 29,52 + 0,07 - 24,41

149307 29,64 + 9,74 42,54FR0010386334 11/06/19 0,6 105.038.158 29,34 - 19,33 23,441LAGARDÈRE (MMB) G A 20,22 19,83 - 1,83 + 2,06

150124 20,4 -17,31 28,48FR0000130213 14/05/19 1,3 131.133.286 19,64 - 4,48 8,14LDC (LOUP) A 103 104 + 0,97 - 0,48

920 104 + 5,05 110,5FR0013204336 25/08/20 1,2 17.134.471 102,5 - 7,14 74,2 1,15LE BÉLIER (BELI) g C /131120 + 4,4

- 0,05 38,28FR0000072399 21/05/19 1,18 6.582.120 + 34,28 26,15LNA SANTÉ (LNA) g B 48,7 47,9 - 1,64 - 3,33

4521 48,95 + 4,93 53FR0004170017 08/07/20 0,45 9.705.937 47,9 + 1,59 31,75 0,94LECTRA (LSS) g B 20,9 20,7 - 1,43 - 7,38

19296 21,1 24,85FR0000065484 06/05/20 0,4 32.347.211 20,35 - 8 12,2 1,93LINEDATA SVICES (LIN) g B 26,3 25,7 - 1,53 - 3,75

1642 26,4 - 7,55 30,9FR0004156297 06/07/20 0,95 6.625.726 25,7 - 3,02 18 3,7LISI (FII) g A 21,1 21 + 0,96 - 30,12

34395 22 +37,25 32,7FR0000050353 30/04/19 0,44 54.114.317 20,8 - 36,84 12,5LUMIBIRD (LBIRD) g C 11,5 11,44 - 0,35 - 24,25

1694 11,5 +11,72 15,499FR0000038242 22.466.882 11,34 - 14,71 5,365M6-MÉTROPOLE TV (MMT) G A 12 12,2 + 0,83 - 27,29

90858 12,26 +19,14 17,07FR0000053225 15/05/19 1 126.414.248 12 - 25,47 8,55MAISONS DU MONDE (MDM) G B 13,1 13,23 + 1,3 + 2

89072 13,31 - 4,68 14,84FR0013153541 02/07/19 0,47 45.241.894 13,02 + 1,07 5,35MANITOU (MTU) g B 21 21,15 + 0,71 - 1,4

12395 21,2 +25,44 22,3FR0000038606 17/06/19 0,78 39.668.399 20,55 + 12,5 11,36MARIE BRIZARD W & S (MBWS) g C 1,316 1,314 - 0,15 - 17,98

13218 1,328 -12,4 1,7FR0000060873 27/09/07 0,5 44.698.844 1,304 - 24,57 0,651MAUNA KEA (MKEA) g C 1,25 1,246 - 0,16 - 8,78

133385 1,26 - 4,15 2FR0010609263 30.558.480 1,2 + 37,22 0,566MEDIAWAN (MDW) g B /271020 + 10,15

- 4,01 12,2FR0013247137 33.768.746 + 21,31 5,02MERCIALYS (MERY) G A 6,44 6,33 - 1,25 - 48,66

994173 6,445 +49,72 12,64FR0010241638 27/04/20 0,48 92.049.169 6,11 - 48,16 3,89MERSEN (MRN) g B 25,25 23,9 - 4,78 - 30,01

37734 25,3 - 6,82 35,3FR0000039620 03/07/19 0,95 20.858.964 23,9 - 23,4 12,38METABOLIC EXPLORER (METEX) g C 1,86 1,865 + 0,27 + 21,1

47545 1,885 +15,12 2,04FR0004177046 27.813.800 1,855 + 55,42 0,921NANOBIOTIX (NANO) g B 11,1 11,04 + 3,76 + 33,33

374559 11,28 +71,16 11,48FR0011341205 13/05/19 26.037.122 10,76 + 57,38 3,54NATIXIS (KN) G A 2,56 2,58 + 1,38 - 34,82

9182188 2,589 +25,06 4,411FR0000120685 31/05/19 0,78 3.155.951.502 2,511 - 35,16 1,471NEOEN (NEOEN) G A 45,2 44,5 - 1,66 + 44,01

167306 45,9 - 8,06 52,9FR0011675362 85.490.712 44,4 + 89,36 25,3NEXANS (NEX) G A 50,05 49,82 - 1,15 + 14,56

74451 50,5 +10,12 52,2FR0000044448 17/05/19 0,3 43.606.320 49,74 + 38,16 21,55NEXITY (NXI) G A 29,6 30,9 + 4,82 - 31

180133 30,9 +23,6 46,2FR0010112524 25/05/20 2 56.129.724 29,22 - 34,26 22,04 6,47NICOX (COX) g B 4,2 4,22 + 1,08 - 3,1

71156 4,265 +21,61 5,23FR0013018124 33.491.370 4,18 - 4,74 2,53NRJ GROUP (NRG) B 6 6,04 + 0,67 - 9,85

4822 6,1 + 9,03 6,88FR0000121691 03/06/19 0,17 78.107.621 5,92 + 0,67 4,5ONXEO (ONXEO) g B 0,711 0,716 + 0,85 + 29,01

74693 0,728 + 5,29 0,979FR0010095596 78.317.810 0,71 + 26,5 0,3ORPÉA (ORP) LR A 107,65 106,55 - 1,07 - 6,78

213790 107,75 +16,02 129FR0000184798 12/07/19 1,2 64.615.837 105 - 3,14 69,1PHARMAGEST INT. (PHA) g B 87,9 85,5 - 1,61 + 41,09

7569 88,1 - 2,84 95FR0012882389 01/07/20 0,9 15.174.125 85,5 + 38,8 41,25 1,05PIERRE & VACANCES (VAC) g B 13,75 13,1 - 2,24 - 35,15

44617 13,8 +14,41 33,9FR0000073041 19/03/12 0,7 9.893.463 12,9 - 14,71 9,08PLASTIC OMNIUM (POM) G A 24,22 23,8 - 1,49 - 4,42

193197 24,38 + 1,71 26,41FR0000124570 29/04/20 0,49 148.566.107 23,64 - 5,48 12,01 2,06PLASTIVALOIRE (PVL) g B 5,15 5,29 + 6,01 - 23,55DIV 8 02/05/17 176200 5,43 +54,23 7,48FR0013252186 18/04/19 0,2 22.125.600 4,85 - 23,67 2,79PROLOGUE (PROL) g C 0,285 0,285 - 0,35 - 16,67

223704 0,3 +10,89 0,387FR0010380626 46.585.630 0,272 - 35,37 0,15QUADIENT (QDT) g B 12,95 12,77 - 0,39 - 40,82

86595 12,95 + 7,76 24,3FR0000120560 07/09/20 0,35 34.562.912 12,41 - 34,31 9,615 2,74RALLYE (RAL) A 5,29 5 - 2,53 - 50,59

305629 5,35 +23,46 10,3FR0000060618 20/05/19 1 52.373.235 4,765 - 27,54 3,105RAMSAY GDS (GDS) A 17,8 17,4 - 2,25 + 3,57

632 17,9 - 5,18 21,8FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 17,1 + 2,96 15,2RECYLEX SA (RX) g C /130520 - 45,57

3,66FR0000120388 04/07/90 0,61 25.886.482 - 45,81 1,3RÉMY COINTREAU (RCO) G A 157,2 154,7 - 1,4 + 41,28

76200 157,4 - 3,13 162,8FR0000130395 28/07/20 1 50.503.106 154,3 + 24,86 79,2 0,65REXEL (RXL) G A 10,99 11,085 + 0,77 - 6,42

841839 11,1 + 3,74 13,415FR0010451203 02/07/20 0,48 304.425.106 10,83 - 5,09 4,921ROBERTET (RBT) G B 930 894 - 3,56 - 3,14

1480 930 -10,96 1068FR0000039091 02/07/20 5 2.172.551 875 - 3,14 662 0,56ROTHSCHILD & CO (ROTH) G A 27,3 27,55 + 0,92 + 7,62

48248 27,55 +18,24 27,55FR0000031684 20/05/19 0,79 77.617.512 27,05 + 7,62 14,62RUBIS (RUI) G A 33,64 34,24 + 2,15 - 37,46DIV 2 28/07/17 288423 34,26 +12,04 57,45FR0013269123 17/06/20 1,75 103.560.783 33,54 - 37,23 27,34 5,11

SARTORIUS STED. BIO. (DIM) G A 313 307 - 1,98 +107,85DIV 6 10/05/16 62769 317 - 2,04 367FR0013154002 29/06/20 0,34 92.180.190 305 +124,42 133,9 0,11

SAVENCIA (BH) B 54 53,8 - 0,74 - 12,382256 54,2 + 0,75 64,8

FR0000120107 13/05/19 1 14.032.930 53,2 - 10,33 45,1

SCOR (SCR) LR A 28,34 28,86 + 1,76 - 22,88464554 28,86 +20,65 39,12

FR0010411983 30/04/19 1,75 186.674.276 27,92 - 23,79 15,88

SEB (SK) G A 146,3 145,9 - 0,61 + 10,265886 148 - 3,44 155

FR0000121709 22/05/20 1,43 50.307.064 144,9 + 3,4 86,35 0,98

SES-IMAGOTAG (SESL) Gg B 26,5 26,5 - 16,41365 26,55 +16,48 37,5

FR0010282822 25/06/12 0,5 15.758.108 26,25 - 17,19 19,5

SHOWROOMPRIVÉ (SRP) g C 1,422 1,428 + 0,42 +115,99884231 1,458 +51,59 1,53

FR0013006558 117.461.769 1,312 +138,4 0,243

SOITEC (SOI) G A 134,6 134,2 - 0,37 + 43,22EX-DS 13/05/16 REGR.1P20 49009 136 + 2,21 141,6FR0013227113 33.278.901 133,6 + 25,66 48,86

SOLOCAL GPE (LOCAL) g B 0,027 0,026 - 1,52 - 90,62REGR. 29714485 0,027 +22,75 0,292FR0012938884 12.950.583.782 0,025 - 92,89 0,017

SOLUTIONS 30 (ALS30) A 17,68 17,69 + 1,03 + 77,61438892 18,03 - 1,78 19,16

FR0013379484 107.127.984 17,32 + 60,67 5,3

SOMFY (SO) A 133,6 130,2 - 0,31 + 48,84420 133,6 + 7,25 145

FR0013199916 30/06/20 1,25 37.000.000 130 + 49,83 63,6 0,96

SOPRA STERIA GP (SOP) G A 120,9 119,2 - 1,08 - 16,9328896 121,7 -13,44 162

FR0000050809 02/07/19 1,85 20.547.701 118,4 - 9,77 78,15

SMCP (SMCP) g B 4,496 4,984 + 13,79 - 47,261116996 4,984 +28,45 10,08

FR0013214145 74.117.760 4,424 - 61,54 2,945

SPIE (SPIE) G A 16,96 16,86 - 0,65 - 7,16244703 17,06 + 6,24 19,58

FR0012757854 24/09/19 0,17 157.698.124 16,77 - 8,86 7,805

SQLI (SQI) g C 19,6 18,95 - 0,79 - 22,652246 19,6 - 3,32 24,5

FR0011289040 21/07/17 0,88 4.613.975 18,9 + 2,99 13,42

STEF (STF) g B 72,5 71,2 - 1,52 - 11,443041 72,8 + 3,19 85,1

FR0000064271 17/11/20 1,5 13.000.000 70,8 - 21,06 57,2 2,11

SUEZ (SEV) LR A 16,1 16,25 + 0,62 + 20,51597554 16,345 + 2,85 16,345

FR0010613471 18/05/20 0,45 628.362.579 16,1 + 23,72 8,046 2,77

SWORD GROUP (SWP) g B 32 31,75 - 0,78 - 6,898015 32,2 - 1,4 37,15

FR0004180578 10/09/20 2,04 9.544.965 31,75 + 0,63 20,45 7,56

SYNERGIE (SDG) g B 29,6 29,6 + 1,37860 29,6 +23,85 31,4

FR0000032658 19/06/19 0,8 24.362.000 29,35 + 10,45 13

TARKETT (TKTT) G B 13,12 13,2 + 0,53 - 8,3373765 13,43 +14,98 16,56

FR0004188670 12/06/19 0,6 65.550.281 12,96 - 13,27 7,53

TECHNICOLOR (TCH) B 1,509 1,496 + 0,04 - 88,39439903 1,527 +28,29 13,735

FR0013505062 218.324.139 1,47 - 90,3 1,1

TELEPERFORMANCE (RCF) R A 270 273,8 + 1,37 + 25,94210868 276,8 - 0,29 297,3

FR0000051807 02/07/20 2,4 58.730.600 269,7 + 29,4 150,3 0,88

TF1 (TFI) G A 6,285 6,39 + 2,08 - 13,65432779 6,39 +21,71 7,805

FR0000054900 29/04/19 0,4 210.392.991 6,225 - 12,88 4,062 6,26

TFF GROUP (TFF) B 26,3 26,1 - 0,76 - 28,881639 26,4 + 1,95 38,2

FR0013295789 06/11/20 0,35 21.680.000 25,5 - 28,3 22 1,34

THERMADOR GROUPE (THEP) B 62,8 62,8 - 0,32 + 18,49595 63,6 + 7,9 63,6

FR0013333432 09/04/20 1,8 9.200.849 62,6 + 16,73 35,7 2,87

TIKEHAU CAPITAL (TKO) g A 23,3 24,6 + 5,13 + 11,82EX D S 03/07/17 20632 24,6 +17,14 26,4FR0013230612 22/05/20 0,5 136.802.970 23,3 + 3,8 15,45 2,03

TRANSGÈNE (TNG) g B 1,6 1,61 + 3,8747592 1,624 + 9,52 2,08

FR0005175080 83.841.334 1,562 - 10,85 0,81

TRIGANO (TRI) G A 129,8 132,4 + 11,73 + 40,7128740 137 + 5,5 137

FR0005691656 14/01/20 2 19.336.269 128,2 + 53,06 41,76 1,51

UBISOFT ENTERTAINMENT (UBI) LRA 79,82 79,42 - 0,95 + 28,97527446 80,8 - 4,27 85,14

FR0000054470 123.414.480 78,94 + 55,85 51,16

VALEO (FR) LR A 30,95 31,01 + 0,16 - 1,27744966 31,53 +12,19 33

FR0013176526 29/06/20 0,2 241.036.743 30,65 - 12,65 10,51 0,65

VALLOUREC REG (VK) G A 21,45 22,925 + 9,43 - 79,621291236 25,94 +60,16 114,68

FR0013506730 11.449.694 21,45 - 76,23 11,186

VALNEVA (VLA) g B 5,4 5,39 - 0,19 +109,73318317 5,5 -20,97 7,35

FR0004056851 90.954.937 5,34 +110,14 1,784

VERALLIA (VRLA) g A 26,5 27,25 + 2,83 - 9,9588859 27,25 +22,75 36,01

FR0013447729 15/06/20 0,85 123.272.819 26,3 - 5,09 19,26 3,12

VERIMATRIX (VMX) g B 2,785 2,775 - 0,36 + 40,1554160 2,8 +11,9 2,94

FR0010291245 84.927.567 2,75 + 37,38 1,138

VICAT (VCT) g A 34,15 33,8 - 0,88 - 16,2329792 34,8 +21,58 41,65

FR0000031775 20/04/20 1,5 44.900.000 33,4 - 11,86 22,5 4,44

VILMORIN & CIE (RIN) g A 47,5 46,4 - 1,8 - 3,837614 47,55 + 2,32 52,4

FR0000052516 11/12/19 1,35 22.917.292 46,4 - 6,73 34,25 2,91

VIRBAC (VIRP) G A 209 206 - 1,44 - 12,910601 209,5 - 3,51 244,5

FR0000031577 26/06/15 1,9 8.458.000 204 - 1,2 132,2

WAVESTONE (WAVE) g B 25,5 25,4 - 0,39 - 2,312493 25,5 - 0,39 29

FR0013357621 19/09/19 0,23 20.196.492 25,2 + 21,82 15,5

WENDEL (MF) G A 94 93,55 - 0,37 - 21,0547692 94,5 +13,33 127,5

FR0000121204 07/07/20 2,8 44.719.119 93,05 - 23,82 54,8 2,99

WORLDLINE (WLN) G A 73,14 72,76 - 0,44 + 15,22546298 73,6 + 1,17 82,66

FR0011981968 273.837.025 72,42 + 31,34 36,36

XPO LOGISTICS (XPO) A 256 260 - 0,76207 262 + 3,17 280

FR0000052870 20/06/19 0,6 9.836.241 254 - 7,8 214

AUTRES VALEURS DE LA ZONE EUROEURONEXT (ENX) G A 88,8 87,7 - 1,46 + 20,72

136920 89,1 -10,24 109,7NL0006294274 20/05/20 1,35 70.000.000 86,95 + 22,06 52,9 1,81

NOKIA (NOKIA) R A 3,276 3,28 + 0,54 - 0,82 0,3380933 3,303 - 3,88 4,352 11,08

FI0009000681 29/07/19 0,02 5.653.886.159 3,224 + 4,81 2,083 1,52

SES (SESG) LR 8,566 8,392 - 1,57 - 32,861122712 8,6 +28,79 14,165

LU0088087324 21/04/20 0,34 376.915.302 8,374 - 43,09 4,87 4,77

X-FAB SILICON (XFAB) g A 4,22 4 - 5,44 - 4,08212819 4,25 +26,58 6,08

BE0974310428 130.781.669 3,995 - 2,2 1,868

VALEURS ZONE INTERNATIONALEGENERAL ELECTRIC (GNE) 8,15 8,17 + 1,59 - 17,04 1,29

15970 8,17 +30,74 12,1US3696041033 USD 25/09/20 0,01 8.759.873.000 7,9 - 21,26 5,02

HSBC (HSB) 4,254 4,197 - 3,05 - 40,17 52,1972422 4,283 +24,37 7,121

GB0005405286 USD 27/02/20 0,21 20.693.492.491 4,141 - 37,28 3,081

LAFARGEHOLCIM LTD (LHN) A 43,29 43,38 + 0,32 - 11,38 432484 43,39 + 7,03 49,79

CH0012214059 CHF 15/05/20 2 615.929.059 42,97 - 8,71 26,89

SCHLUMBERGER (SLB) A 16,45 16,5 + 1,54 - 54,04 3,45109493 16,8 +26,92 36,9

AN8068571086 USD 01/09/20 0,13 1.385.122.304 16,2 - 48,11 11,05

SRD Suite VALEURS FRANÇAISES SRD Suite VALEURS FRANÇAISES

A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres A pour les capitalisations supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et C pour les capitalisations inférieures à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates.

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

euronext SÉANCE DU 17 - 11 - 2020CAC 40 : 5483 (0,21 %) NEXT 20 : 11925,93 (-0,11 %)

CAC LARGE 60 : 6075,54 (0,18 %)CAC ALL-TRADABLE : 4252,89 (0,16 %)

DATE DE PROROGATION : 25 NOVEMBRE

SRD VALEURS FRANÇAISES

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

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Les Echos Mercredi 18 novembre 2020 FINANCE & MARCHES // 35

Christophe Salmon, maître du jeu chez Mattel France

C’est un sésame pour les pépiniéristes : un décret immi-nent devrait autoriser la vente d’arbres de Noël malgré leconfinement. « Mais le pied du sapin risque d’être bien vide, puisque les magasins de jouets restent portes closes jusqu’au 1er décembre », s’alarme Christophe Salmon, le directeur général de Mattel France, également secrétairegénéral de la Fédération française des industries Jouet-Puériculture. Et, le dirigeant de 46 ans d’alerter : « Le ris-que de pénurie de jouets est réel. » De fait, la période des deux mois précédant les festivités, qui représente tradi-tionnellement 80 % des achats de Noël, a été amputée demoitié. Mais il en faut davantage pour abattre ce patron, enthousiaste, qui a rejoint, il y a quinze ans, la filiale fran-çaise de l’américain Mattel, géant de l’industrie du jouet avec 5 milliards de dollars de chiffre d’affaires et 25.000 collaborateurs dans le monde. Ainsi détaille-t-il, avec entrain, la stratégie de diversification de Barbie, célèbre poupée mannequin qui, à 62 ans, entend continuer à incarner son époque.

Une Barbie en fauteuil roulant« Ce n’est plus seulement une blonde aux mensurations irréelles, mais un symbole de diversité figurant plusieurs morphologies, tons de peau, couleurs de cheveux… Soit 170modèles différents », précise le natif d’Alençon, ajoutant que Mattel n’a pas de limite dans sa volonté d’inclusion. En témoignent les récentes Barbies en fauteuil roulant, dotée d’une prothèse de jambe ou encore avec une dépig-mentation de l’épiderme due au vitiligo.

Aîné de deux garçons, fils d’une mère comptable etd’un père empêché de travailler par une maladie généti-que, Christophe Salmon a occupé plusieurs postes chez Mattel France. « J’y ai débuté comme responsable de clien-tèle, avant d’en devenir directeur commercial puis directeurmarketing et, enfin, il y a cinq ans, directeur général », pré-cise le titulaire d’un DEA de cinétique chimique, décro-ché à l’Université Pierre-et-Marie-Curie (Paris-VI). Une fois son diplôme d’études scientifiques en poche, il effec-

tue un stage dans le secteur de l’énergie, mais l’alchimie n’est pas au rendez-vous. Les délais des projets, « pas via-bles avant cinq ou six ans », lui semblent interminables. Aussi celui qui carbure à l’émulation et à l’action s’orien-te-t-il vers un master en supply chain de l’Essec. Et le voilàimmergé dans la grande consommation, au départe-ment logistique d’Unilever.

Dix marathonsAprès avoir été chargé de la prévision des ventes de la multinationale anglo-néerlandaise, Christophe Salmon intègre l’équipe marketing, puis le service des ventes. « J’yai découvert le travail de terrain dans le cadre d’opérations pour des marques comme Axe, Rexona, Dove, Timotei ou Signal », se souvient, encore exalté, ce père de deux enfants. C’est justement quelques mois après la nais-sance de sa fille que cet ardent défenseur « des parcours professionnels non linéaires » se frotte à l’univers du jouet,« en tant que jeune papa », avant de devenir professionnel.

« Quand nous étions petits, il nous rapportait des pou-pées et des voitures que les autres n’avaient pas encore », racontent Laura et Victor Salmon, respectivement seize et treize ans, un peu gênés par ce privilège. Et les deux adolescents de dévoiler que leur père les sondaient par-fois sur des nouveautés, s’enquérant des histoires et de l’imaginaire que ces produits pouvaient susciter.

Décrit comme un « papa sportif », Christophe Salmona joué au foot pendant vingt ans comme milieu de ter-rain, couru près de dix marathons et gravi le mont Blanc.Depuis 2015, il pilote une entité qui abrite une quinzaine de marques dans l’Hexagone : Barbie, Polly Pocket, Hot Wheels, Fisher Price, Uno, Scrabble ou encore Pictio-nary. Désormais militant, Christophe Salmon rappelle que « les jeux, qui ont toujours contribué à renforcer les liens familiaux, ont plus que jamais un rôle à jouer en cettefin d’année si particulière ». n

CELLECTISKyung Nam-Wortmanest nommée vice-présidente exécutive, directrice des ressources humaines.

Kyung Nam-Wortman, 62 ans, diplômée en marketing de la NewYork University Stern School of Business et titulaire d’un master en GRH et développement orga-nisationnel de la New School of Social Research, a d’abord tra-vaillé chez Delta Consulting Group et IBM. Elle a également occupé divers postes de directiondans le domaine des RH pour les unités commerciales et les divi-sions de Pfizer avant de devenir vice-présidente et responsable monde de la gestion des talents etdes capacités organisationnelles chez Zoetis. Dernièrement, elle occupait chez Achillion, les fonc-tions de vice-présidente senior, chargée des RH, des technologiesde l’information, des installa-tions et de la communication interne.

BIRD & BIRDDavid Robinerejoint Bird & Bird en qualité d’avocat of counsel. Il vient renforcer le département restructuring.

David Robine, 48 ans, docteur en droit de l’université de Paris-I, titulaire du Capa, est professeur de droit privé à l’université Paris-Nanterre. Il est l’auteur ou le coauteur des Précis Dalloz « Droitdes entreprises en difficulté » et « Droit financier », ainsi que de plus d’une centaine de publica-tions scientifiques. Il fut consul-tant et avocat au sein de divers cabinets d’avocats à la cour et auxconseils. Il est membre de l’Asso-ciation européenne pour le droit bancaire et financier et expert auprès de la Conference on Euro-pean Restructuring and Insol-vency Law. ,Envoyez vos nominations à

[email protected]

+Ils sont nésun 18 novembre

•François Asselin, président de la CPME, 56 ans.•Margaret Atwood, romancière, poétesse, 81 ans.•Sara Bran, bijoutier designer, 48 ans.•Jérôme Lascombe, fondateur d’Hopscotch, fondateur de Wiztopic, 57 ans.•Alan Moore, scénariste et illus-trateur de bande dessinée, 67 ans.•David Ortiz, joueur de baseball, 45 ans.•Ludovic Pajot, député-maire du Pas-de-Calais, benjamin de l’Assemblée nationale, 27 ans.•Marlène Schiappa, militante, ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, chargée de la Citoyenneté, 38 ans.•Catherine Vautrin, ex-PDG de Paule Ka, 61 ans.•Rémy Weber, ex-président du directoire de La Banque Postale, 63 ans.•Kim Wilde, chanteuse, 60 ans.•Owen Wilson, acteur, 52 ans.

PORTRAIT

par Julie Le Bolzer @JulieLeBolzer

Mat

tel

LHH FRANCEAurélie Feldest la nouvelle directrice générale France. Elle intègre l’équipe de direction EMEA.

Aurélie Feld, 45 ans, titulaire d’un DESS en droit européen des affai-res de l’université de Paris-II et d’un LLM de la Cornell Law School (Etats-Unis), a notamment été présidente chez CSP-Docendi. Elle était senior advisor chez McKinsey & Company.

ENTREPRISES

THALES ALENIA SPACEMarc-Henri Serreest nommé executive vice-president des activités télécommunications.

Marc-Henri Serre, 38 ans, ancien élève de l’Ecole polytechnique et de l’Ecole nationale des Ponts et Chaussées, a débuté au sein du ministère des Finances puis au service du Premier ministre. Il a ensuite rejoint Thales Alenia Space où il est devenu directeur del’ingénierie et de l’intégration, assemblage et tests des charges utiles, observation et science. Plusrécemment, il était vice-président observation et science pour la France.

KLÉPIERRECécile PrestaMagali Fernandessont nommée respectivement directrice des ressources humaines et directrice juridique du groupe, membres de la corporate management team.

Cécile Presta, 43 ans, diplômée del’IEP de Bordeaux, a travaillé six ans chez Coca-Cola European Partners, notamment comme directrice du talent management pour la France. Plus récemment, elle était directrice des ressourceshumaines des sièges de Lafarge-Holcim.

Magali Fernandes, 39 ans, titu-laire d’un DESS droit des affaires et fiscalité et du Capa, fut pendantquinze ans avocate. Elle a notam-ment officié au sein des cabinets White & Case puis Herbert SmithFreehills.

carnet

CHANGES COURS AU COMPTANTVAR. VAR.

COURS VEILLE ANNÉE1 EURO EN DEVISE BCE EN % EN %17-11-2020

TAUX MARCHÉS MONÉTAIRES ET EURODEVISESMARCHÉS MONÉTAIRES

JOUR 1 MOIS 3 MOIS 6 MOIS 1 AN17-11-2020

ECARTS DE TAUX AVEC L’ALLEMAGNE6 MOIS 2 ANS 5 ANS 7 ANS 10 ANS17-11-2020

ALLEMAGNE 100,32 -0,70 -0,76 -0,72 -0,58

PORTUGAL 0 5,58 0,26 0,34 0,44

FRANCE -0,09 0,03 0,11 0,12 0,19

ESPAGNE -0,07 0,16 0,28 0,42 0,57

ITALIE -0,10 0,29 0,01 0,98 1,10

DOLLAR US 1,1862 0,04 5,71LIVRE STERLING 0,8954 -0,38 5,77FRANC SUISSE 1,0806 -0,12 -0,45COURONNE DANOISE 7,4476 0,02 -0,34COURONNE NORV. 10,7557 0,11 8,89KUNA CROATE 7,5639 -0,06 1,59COURONNE SUEDOISE 10,2368 0,21 -2,47DOLLAR CANADIEN 1,5545 0,23 6,69YEN JAPONAIS 123,605 -0,30 1,35DOLLAR AUSTRALIEN 1,6255 0,28 1,64ROUBLE RUSSE 90,5065 0,03 30,30ROUPIE INDIENNE 88,2784 0,15 10,33DOLLAR NEO-ZELANDAIS 1,7222 0,20 3,21COURONNE TCHEQUE 26,502 0,30 4,30FORINT HONGROIS 361,32 0,63 9,12ZLOTY POLONAIS 4,4903 0,45 5,20LEV BULGARE 1,9534 -0,14 -0,15DOLLAR HONG-KONG 9,1945 0,02 5,24WON SUD COREEN 1311,2021 -0,13 1,19PESO MEXICAIN 24,0874 0,26 13,39REAL 6,3342 -1,35 40,53DOLLAR SINGAPOUR 1,5927 -0,14 5,52RAND SUD-AFRICAIN 18,2985 0,77 16,47LIVRE TURQUE 9,1224 -0,12 36,67RENMIBI YUAN 7,7769 -0,37 -0,40RUPIAH 16671,3393 -0,35 7,02PESO PHILIPPIN 57,2245 -0,03 0,73RINGGIT MALAIS 4,8682 -0,28 6,00BATH THALANDAIS 35,8046 0,12 7,42

ZONE EURO -0,43/-0,73 -0,39/-0,69 -0,38/-0,68 -0,36/-0,66 -0,36/-0,66

SICAV/FCP

FR00133417812CRSI g C 3,835 3,875 3,8 3,8 27731

FR0013185857 ABEO g C 7,64 7,64 7,38 7,38 - 3,4 10266

FR0012616852ABIONYX PHARMA g B 0,788 0,84 0,784 0,804+ 2,55 303136

FR0000064602 ACANTHE DEV. C 0,445 0,446 0,432 0,432 - 3,57 8645

FR0000076861ACTEOS g C 1,37 1,385 1,345 1,345 - 1,83 1881

FR0000062978 ADL PARTNER g C 13,15 13,15 13 13 - 1,52 2031

FR0013296746ADVICENNE g C 7,78 8,28 7,34 8,16 + 7,09 107957

FR0000053837 ALTAMIR B 19,9 19,95 19,462 19,95 2729

FR0012789667AMPLITUDE g C 2,13 2,14 2,12 2,14 + 0,47 26996

FR0011992700 ATEME g C 16 16,2 15,76 16 5273

FR0000061780AUGROS CP. C 4,6 4,6 4,6 4,6 + 9,52 742

FR0000039232 AUREA g C 5,2 5,2 4,96 5,02 - 3,46 1391

FR0013183589AURES TECHNO g C 17,6 17,95 17,55 17,6 + 0,29 1436

FR0013529815 AVENIR TELECOM C 0,68 0,69 0,665 0,665 - 3,17 84105

FR0013258399BALYO g C 1,066 1,078 1,032 1,056 + 2,52 165567

FR0000062788 BARBARA BUI C 2,72 2,72 2,72 2,72 + 8,8 1380

FR0000035370 BASTIDE CONF.MED. g C 46,2 46,35 45,2 46 - 1,5 9245

FR0011814938 BOOSTHEAT C 1,58 1,735 1,56 1,625+ 2,85 71840

FR0000074254BOURSE DIRECT C 1,81 2,1 1,81 2,06 + 13,19 135549

FR0010151589 CAFOM C 4,66 4,66 4,56 4,56 - 1,72 588

FR0012969095CAPELLI g C 26,8 27,2 26,6 27,2 + 1,87 1995

FR0000072894 CAST g C 3,61 3,71 3,54 3,6 7145

FR0000064446CATERING INTL SCESg B 9,64 10,4 9,64 10,4 + 7,88 9339

FR0010193979 CBO TERRITORIA C 3,6 3,6 3,55 3,59 11021

FR0000053506CEGEDIM B 24 24,2 23,7 24,1 + 0,42 8043

FR0010309096 CEGEREAL B 29 29,6 29 29,6 + 2,78 581

FR0000054322 CIBOX INTERACTIVE g C 0,177 0,194 0,172 0,188 + 9,3 1181405

FR0013426004 CLARANOVA g B 6,335 6,335 6,125 6,22 - 0,96 255591

FR0000053399CNIM GROUP C 11,6 12,25 11,25 12 + 5,26 2126

FR0010483768 CRCAM BRIE PIC. CC B 19,85 19,85 18,8 18,9 - 3,58 9308

FR0000045239CRCAM LOIRE HAUTE C 75,49 75,49 73,89 74,76 - 0,98 730

FR0000185514 CRCAM NORD FR. B 18,6 18,84 18,4 18,45 - 0,81 2684

FR0000045528CRCAM PARIS IDF B 69,8 69,8 67,01 67,51 - 2,3 2380

FR0000045346 CRCAM SUD RHONE B 145,8 145,9 142,5 142,5 - 2,33 707

FR0007317813CS GROUP g C 3,6 3,67 3,6 3,6 6485

FR0011026749 DALET g C 13,2 13,2 13,2 13,2 + 0,76 1998

FR0013283108DELTA PLUS g B 62,2 62,8 59,8 59,8 - 3,55 7263

FR0000073793 DEVOTEAM g C 97,8 97,9 97,8 97,8 4326

FR0012202497 DIAGNOSTIC MEDICALg C 1,465 1,52 1,465 1,515 + 1 110009

FR0010099515 ECA g B 20,5 20,8 20,5 20,7 + 0,98 2309

FR0000072373EGIDE g C 0,942 0,958 0,94 0,94 - 1,67 18418

FR0012650166 ENGIE EPS g C 11 11,2 10,85 11 19178

FR0000120669ESSO g B 12,95 13,35 12,75 13 + 5,26 34720

FR0000038259 EUROFINS SCIENT. LR A703,2 713,4 700,6 701 - 0,14 30726

FR0000075343EUROMEDIS GROUPE C 12,6 13,2 11,9 12,9 + 2,38 41750

FR0010490920 EUROPACORP g C 0,782 0,782 0,73 0,75 - 1,83 106311

FR0011271600FERMENTALG g C 1,33 1,37 1,304 1,33 + 0,15 146937

FR0004076891 FLO (GROUPE) g B 0,142 0,148 0,142 0,148 + 2,42 50132

FR0011277391FONC. PARIS NORD g C 0,024 0,024 0,022 0,022 - 4,35 266987

FR0013030152 FRANCAISE ENERGIE g C 17,5 17,95 17 17,3 - 5,46 6924

FR0000034894GAUMONT B 99,8 99,8 98,6 99 - 0,6 1168

FR0010501692 GENERIX g C 6,82 6,84 6,7 6,8 - 0,59 8305

FR0013399474GENKYOTEX g C 3,04 3,07 3,01 3,06 + 0,66 23336

FR0011799907 GENOMIC VISION g C 0,765 0,784 0,714 0,726 - 5,71 4300906

FR0004010338GROUPE JAJ C 1 1 1 1 - 4,76 1430

FR0004050300 GROUPE OPEN g C 14,94 14,96 14,9 14,9 - 0,4 1374

FR0012612646GROUPE PARTOUCHE B 22,2 22,4 21,9 22,3 - 0,45 3325

FR0004155000 GROUPE SFPI g C 1,47 1,58 1,44 1,55 + 8,77 175774

FR0000066722GUILLEMOT g C 7,28 7,28 7 7,24 - 1,09 55491

FR0000038531 HF COMPANY C 4,73 4,74 4,68 4,68 - 1,06 1021

FR0012821916HIPAY GROUP g C 11,9 11,95 11,3 11,65 - 2,51 7476

FR0000065278 HOPSCOTCH GROUPE g C 4,61 4,87 4,61 4,87 + 5,64 2076

FR0004165801HOTELS DE PARIS C 2,48 2,48 2,48 2,48 2532

FR0000051393 IDI B 40 40 39,8 39,8 - 0,5 788

FR0000033243IMMO. DASSAULT B 59,2 59,2 58 58 - 1,02 851

FR0000071797 INFOTEL g C 39 39,1 38,7 38,9 967

FR0000064297 INNELEC MULTIMEDIAg C 4,96 4,96 4,81 4,82 - 2,82 5199

FR0013233012 INVENTIVA g B 12,1 12,12 11,72 11,88 62548

FR0012872141JACQUES BOGART g C 8,16 8,28 8,16 8,26 + 1,23 6079

FR0004029411 KEYRUS g C 2,39 2,39 2,28 2,33 - 2,51 15237

FR0000066607LACROIX g C 26 26,1 25,1 25,8 - 0,77 1255

FR0000032278 LATECOERE g C 2,1 2,18 1,95 2,09 + 1,95 267145

FR0006864484LAURENT-PERRIER B 76 77 75,8 75,8 - 0,26 743

FR0013233475 LYSOGENE g C 2,25 2,26 2,21 2,22 - 1,33 23586

FR0000060196M.R.M. C 0,92 0,93 0,92 0,93 + 3,33 3651

FR0000032302 MANUTAN INTER. B 59 60 58,8 59,6 + 1,36 2700

FR0000051070MAUREL ET PROM g B 1,62 1,632 1,48 1,49 - 3,87 265744

FR0011742329 MCPHY ENERGY g C 26,7 27,9 26,15 27,55 + 4,55 448136

ACTIONSEURONEXT HORS SRD FRANÇAISES

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL

ACTIONSEURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL

FR0000064404MEDIA 6 g C 7,3 7,75 7,05 7,1 + 1,43 1000

FR0004065605 MEDINCELL C 9,34 9,34 8,7 9,04 - 2,17 60459

FR0010298620MEMSCAP g C 0,996 1,03 0,96 0,996 + 1,63 68001

FR0000077570 MICROPOLE g C 1,095 1,1 1,07 1,07 - 1,84 13070

FR0013482791NACON SAS B 7,51 7,6 7,5 7,5 - 0,79 39276

FR0013018041 NAVYA g B 2,665 2,75 2,545 2,58 - 3,37 325601

FR0004154060NETGEM g C 1 1 0,992 0,998 - 0,2 14801

FR0004050250 NEURONES B 24,2 24,7 24,2 24,6 + 1,65 3326

FR0000052680OENEO g B 11,02 11,26 11,02 11,2 - 0,89 14922

FR0010428771 OL GROUPE g C 2,04 2,13 2,04 2,1 + 1,45 37038

FR0000075392ORAPI g C 7 7,14 6,76 6,82 - 2,29 15551

FR0010609206 OREGE C 0,876 0,878 0,84 0,86 - 1,83 28915

FR0004038263PARROT B 4,04 4,17 4,04 4,17 + 1,21 10180

FR0000038465 PASSAT g C 4,64 4,78 4,6 4,78 + 1,7 1056

FR0011027135PATRIMOINE ET COMM B 15,2 15,5 15,2 15,5 + 0,98 965

FR0000053514 PCAS B 9,55 9,55 9,4 9,5 - 3,06 1451

FR0012432516POXEL g C 7,16 7,17 6,91 7,08 118894

FR0012613610 PRODWAYS GROUP g C 1,91 1,92 1,865 1,865 - 1,06 28517

FR0000060329PSB INDUSTRIES g B 16,5 16,5 16,2 16,2 - 1,82 1370

FR0013344173 ROCHE BOBOIS SA B 18,5 18,5 17,85 18,4 + 1,38 1928

FR0000054199S.T. DUPONT C 0,073 0,077 0,071 0,077 + 4,91 164625

FR0000039109 SECHE ENVIRONNEM. g B 37,55 38,5 37,5 37,85 + 0,27 7615

FR0011950682SERGEFERRARI GP g C 5,98 5,98 5,78 5,8 - 2,69 9530

FR0000074122 SII g C 20,9 21,2 20,5 21 + 3,45 8501

FR0004016699SMTPC g B 16 16,65 15,95 16,3 + 1,88 4798

FR0000065864 SOGECLAIR g C 12,3 12,75 12,2 12,25 - 0,41 2068

FR0010526814SUPERSONICS g C 1,325 1,38 1,32 1,38 + 2,22 3130

FR0000060949TIVOLY C 13,7 13,7 13,6 13,7 3249

FR0000033003 TOUAX g C 7,2 7,42 7,18 7,42 + 6 22727

FR0000036816TOUR EIFFEL g B 29 29 28,6 29 2389

FR0000034548 UNION FIN.FRANCE g B 19,3 19,3 19 19 - 1,55 1835

FR0000074197 UNION TECH.INFOR. g C 0,51 0,525 0,51 0,51 - 0,97 15882

FR0004186856 VETOQUINOL B 87 87,2 85,2 85,4 - 2,73 4579

FR0000066680VIDELIO C 1,6 1,64 1,6 1,64 + 1,86 701

FR0000050049VIEL ET CIE C 5,44 5,46 5,38 5,46 + 0,37 4035

FR0004183960VOLUNTIS g C 5,12 5,2 4,61 4,9 - 5,77 671454

FR0000062796 VRANKEN - POMMERY B 14,3 14,35 14 14,2 11123

FR0004034072XILAM ANIMATION g C 46,8 46,8 44,75 45 - 2,81 6106

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL

ACTIONSEURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES

CERTIFICAT/FONDS INVESTIR 10INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 122,72 -0,04

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Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP.Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembour-geoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».

Banque Cantonalede Genève (France) SATél. 04 72 07 31 50bcgef.fr/fonds

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Page 36: Les Echos - 18 11 2020

36 // Mercredi 18 novembre 2020 Les Echos

Walmart tourne la page du passé lointain sans éclairer l’avenir immédiat.

Et de trois, en moins de deux mois. Tout le monde aura donc remarqué qu’une page se tourne pour Walmart. Le géant de la distribution vient d’annoncer son désengagement des supermarchés nippons Seiyu, après la filiale argentine et le britannique Asda. Sa longue opiniâtreté n’aura pas payé et la devise de son Arkansas natal – « Populus Regnat » – aurait pu lui rappeler plus tôt que ce sont les clients locaux qui ont le dernier mot, et non les stratèges de Bentonville. Le temps long de réaction – presque deux décennies de pertes dans l’Archipel avant d’appe-ler à la rescousse KKR et Rakuten, deux acteurs plus agiles – incitera probablement ses actionnaires à suivre de près le tempo de ses deux grandes offensives actuelles, l’Inde et la Chine, au nom du potentiel de croissance, d’autant que l’empire du Milieu va moins vite que la moyenne. Cette retraite sélective à l’international se traduira par des dépréciations « non cash » non négligeables (5,5 milliards de dollars après impôt). Mais les fonds propres ont augmenté davantage (1 milliard de plus) au cours des neuf premiers mois de l’exercice clos fin janvier, la dette a été bien contenue et le dernier bénéfice trimestriel a largement battu les attentes. Même si le manque de visibilité sur le « stimulus » de l’Oncle Sam rend Wall Street prudente, c’était la bonne année pour faire passer la pilule de la destruction de valeur passée.

L’âge de la retraite sélective

Malgré les espérances de vaccins, le Japon pourrait s’inquiéter de son paquet budgétaire anti-pandémie – plus de 10 % du PIB, avant le supplément en prépara-tion –, le deuxième derrière les Etats Unis, vu sa dette publique déjà record (plus de 250 % du PIB). Les stratégistes d’UBS expliquent pourquoi il n’en est rien, sans se limiter à la capacité d’absorption monétaire de la banque centrale, dont le taux de détention des emprunts gou-vernementaux est passé de 10 à 40 % depuis 2013, le début de l’ère Abe. Le facteur le plus important de cette audace nippone réside à leurs yeux dans le surplus d’épargne des ménages et entreprises, qui compense les déficits publics. Cette balance est excédentaire depuis plus de trente ans à l’exception du pre-mier trimestre de 2014. N’est pas l’empire du Soleil-Levant qui veut.

L’audace budgétaire japonaise repose sur l’épargne, au-delà des achats de la banque centrale. La remorque en avantTrigano recolle au peloton des valeurs parisiennes.

Comme l’on ne peut pas être et avoir été, les investisseurs rechignent à voir en pleine pandémie leur ancien chouchou Trigano faire mentir la sagesse proverbiale. A l’instar de la bonne surprise, en septembre, du chiffre d’affaires annuel, le bénéfice opérationnel courant de l’exercice 2019-2020, un septième plus copieux que prévu bien qu’en baisse de 14 %, a été pour eux une nouvelle occasion de ne pas rester à la remorque (+11,4 % pour le titre mardi). Ne jurant en ce moment que par les « valeurs décotées de qualité », les gérants ne semblent apprécier qu’en partie le confort du véhicule de François Feuillet. La qualité, le leader européen du camping-car n’a cessé de la démontrer par un recul très limité de sa marge opérationnelle (–0,7 point, à 8,3 % des revenus) et un renforcement d’un bilan désendetté, tenant du miracle dans le secteur dévasté du tourisme et des loisirs. Il offre, selon l’analyste d’Oddo BHF, la perspective d’une croissance d’au moins 15 % l’an prochain grâce à l’intérêt pour le camping-car perçu comme une « bulle sanitaire » et à la faiblesse des stocks des concessionnaires. Point de décote en revanche : revenu dans un Top 10 des meilleures performances (sur un an) de la place parisienne trustée par la santé, l’énergie verte et la technologie, le titre présente une prime de 15 à 25 % sur les ratios de l’américain Thor Industries, la maison mère d’Airstream. La caravane n’a pas fini de repasser.

// Budget de l’Etat 2020 : 399,2 milliards d’euros // PIB 2019 : 2.479,4 milliards d’euros courants// Plafond Sécurité sociale : 3.428 euros/mois à partir du 01-01-2020 // SMIC horaire : 10,15 euros à partir du 01-01-2020 // Capitalisation boursière de Paris : 1.827,78 milliards d’euros (au 06-01-2020)// Indice des prix (base 100 en 2015) : 103,55 en décembre 2020 // Taux de chômage (BIT) : 8,6 % au 3e trimestre 2019 // Dette publique : 2.415,1 milliards d’euros au 3e trimestre 2019

= Les chiffres de l’économie

Même pas peur sur le tatamicrible

EN VUE

Andrzej Duda

N ’en déplaise à Donald Trump,il y a des élections dont les sco-res sont vraiment serrés. Celle

qui a reconduit Andrzej Duda, 48 ans,à la présidence polonaise en juilletdernier en fait partie. Le camp conser-vateur et eurosceptique dont il faitpartie ne l’a emporté que d’un cheveu.C’est donc un jeu dangereux que jouele président polonais en opposant,comme la Hongrie, son veto au plan derelance européen. Il serait, selon lui,insupportable que Bruxelles condi-tionne ses financements au respect del’Etat de droit. Varsovie ne s’est, de fait,pas privée d’écorner l’indépendancede la justice comme celle des médias,un comble pour le candidat du partiDroit et justice. N’empêche, Duda aurabeau crier à l’atteinte intolérable à lasouveraineté, il lui sera difficiled’expliquer à son peuple qu’il le privede 25 milliards d’euros de subventionset à l’Europe qu’il bloque un processus

de relance vital de 1.800 milliards. Leslogan de l’ancien scout « Polonaisd’abord » pourrait y trouver ses limi-tes. L’affaire éclate dans une Pologneen pleine ébullition. Les seniors ontl’interdiction de sortir sauf pour allertravailler, faire leurs courses ou aller àla messe. Malgré cela, le gouverne-ment vient encore de serrer la vis. Il necontrôle plus rien du virus, il n’est pasle seul. Cela ne l’a pas empêché d’avi-ver encore ces plaies : « En tentant dedurcir l’accès à l’avortement alors qu’ila totalement perdu le contrôle de la pan-démie, le gouvernement suscite la colèrejusque dans les rangs de ses partisans »,écrit « Courrier international ». PourDuda, les LGBT ne sont « pas des hom-mes » mais « une idéologie ». Il n’est pascertain que la marionnette des frèresKaczyński soit un grand président.

(Lire nos informationsPage 7

La Bourse de Paris en légère hausse

• A la Bourse de Paris, l’indice phare CAC 40 a terminé la séance en hausse de 0,21 %, à 5.483 points. Les investisseurs ont repris leur souffle mardi après la forte hausse de la veille dans le sillage de l ’annonce par Moderna d’un deuxième vaccin efficace à plus de 90 %. Par ailleurs, la circulation du virus a obligé certains Etats améri-cains à prendre de nouvelles mesu-res. Les opérateurs de marché ont donc préféré jouer la prudence. Ailleurs en Europe, le DAX alle-mand a reculé de 0,04 % et la Bourse de Londres de 0,87 %.

Du côté des valeurs, les techno-logiques sont restés en queue de peloton. Après avoir profité de la

crise grâce à leurs produits, elles souffrent du rééquilibrage dans la distribution des investissements. Atos a perdu 1,36 % et DassaultSystèmes 1,31 %.

A l’autre bout du spectre, Uni-bail-Rodamco a poursuivi sur sa lancée et a progressé de 3,99 %, signant la meilleure performance de l’indice. Alstom a pris 3,29 % et Safran 2,95 %

Après un début de séance enbaisse, Total a inversé la tendance pour terminer la séance en hausse de 1,17 %. L’Opep et ses partenaires se sont dits prêts mardi à « ajuster »leur accord actuel de limitation de la production de pétrole pour pré-venir une nouvelle chute des prix.