l'ecole primaire, 30 novembre 1928

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Annés ' .. i N 12 30 Novembre 192 8 ORGAl}11 Df LA 50ejétè valai,aQI]€ d · édueafion l L'ECOLE PRIMAIRE paraît 14 fois pendant le cours scolaire Abonnement annuel: Fr. 4.50 Les se règlent par chèque postal Ilc 56 SIOn, ou à ce défaut contre remboursement. Tout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au Dé- partement de l'Instruction publique à Sion. p Les annonces sont reçues exclusivement par UBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité, Sion Rue de Lausanne 4 - Téléphone 2.36

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Page 1: L'Ecole primaire, 30 novembre 1928

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N 12 30 Novembre 1928

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lL'ECOLE PRIMAIRE paraît 14 fois pendant le cours scolaire

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Les a~)Qnnements se règlent par chèque postal Ilc 56 SIOn, ou à ce défaut contre remboursement.

Tout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au Dé­

partement de l'Instruction publique à Sion.

p Les annonces sont reçues exclusivement par UBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité, Sion

Rue de Lausanne 4 - Téléphone 2.36

Page 2: L'Ecole primaire, 30 novembre 1928

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Le Jemal1, une friandise!

Chaque maman connaît lÏnfluence de l'huile de foie de morue sur la formation du sang et comme dé­puratif chez les enfants faihles et scrofuleux. Malheu­reusement, heauèoup d'enfants ne peuyent pas hénéfi­cif'r de l"action bienfaisante de l'huile de foie de morue à cause de son goût répugnant.

Nous avons résolu ce prohlème en parvenant à présenter l'huile de foie d'e morue sous une forme ap­pétissante et d'tm goiH agn>able. Ce nouveau produit se l10nune .Jemalt.

C'est vraiment une joie de voir les enfants prendre le Jemalt. Autrefois, une cure dlll1ile de foie de morue n 'était rien moins qu'un tourment pour les parents et les enfants. Aujourd'hui tout est chanlgé. Lorsque les enfants refusent rhuile de foie de morue ou ne la sup­porte pas bien, on leur donne du Jemalt, préparation savoureuse et facile ù digérer.

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Dr. A. WANDER S. A., BERNE SANS LE GOUT DÉSAGRÉABLE

NI LA FORME HUILEUSE

DE L'HUILE DE FOIE DE MORUE

47me Année No 12 30 Novembre 1928

Organe de la Société "alaisànne d'éducation

SOMMAIR E. - Communications diverses. - Situations difficiles. _. Chronique de l 'Union. - Langue française : Les sports "(suite) ; L'eau. - En g :a nant. - Leçon de calcul. - Hygiène. - NOS PAGES. - Causerie fi,ocÏule: Pl'opriété et collectivisme. - Bi­bliographie.

Communications diverses

Allocations familial es . - Il est rappelé la teneur de la circulaire que le Département a adressée au Personnel enseignant en date du 15 courant, concernant l'aHocation familiale.

Les intéressés qui n 'ont pas encore r e tourné le QnestioIl1wiJ'e qui accOlnpagnaÏt la dite circulaire sont in vités à faire le néces,· sair e sans retard afin que le Département puisse r égler immé­diatem.ent cette question.

Indemnité aLlX lTlembl'es dLl P. E. qui tombent malades. -J llsqu 'ici les membres du C. E. qui devaient interrompre leur activité pour des raisons de santé ne recevaient Je traitement que pendant le premier Inois de leur Inaladie.

Cette situation a justement ému le Chef du Départelnent qui a à cœur f'amélioration de la situation n1atérielle des instituteurs . Aussi a-t-il fait inscrire d'ans le budget de 1929 un crédit lui per­mettant de verser trois Iuensualités au P. E. malade au lieu d 'une con1me jusqu'ici. Cette mesure entr'e en vigueur avec le prochain budget, soit le. premiei' janvier 1929.·

Comme jusqu'ici, l'instituteur n1alade devra fournir au Dé­partement une déclaration médicale du Médecin traitant. Il devra égale'ment aviser le Département le jour où il reprend ses fonc­tions.

Brochure « SLll' le Chemin de la Santé ». - Les maîtres et maîtresses qui désirent procurer à leurs élèves cet intéressant giène peuvent en faire la commande directem ent à 1' « Ecolier Ro­mand », rue de Bourg, 33, Lausanne.

Prix de l'exemplaire: 10 cent.

Avis aux m~lÎ~!'es qLli cl~~'ig ent !!.s COLll'S cOlnplémentail'es. -- - -.- ..

Le Département de l 'Instruction Publique a adressé aux Com-missions scolaires la brochure de M. Sermoud: «Pl'oclLzction et con­sOlnmation cie ['eaLl-eZe-vie en SLlisse '». Ces intéressants opuscules devront être distribués à vos élèves. Pour le cas où ils ne seraient

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pas encore en votre possession, veuillez les récla mer à votre Com­mission scolaire.

Pour se conformer au désir exprim.é par M. le Conseiller fédéral Musy , les maîtres sont priés d'en faire un conllnentaire discret à leurs élèves . MM. les inspecteurs l'es questionneront lors de leur visite des cours, sur l'AlcoolisIne.

Aux commisions scolail'es. - Lorsque les instituteurs doivent interrompre leurs fonctions pour une raison ou pour une autre, les Commissions scol aires sont. priées d 'en aviser le Département­et de soumettre à l'approbation du Départeluent la nomination du remplaçant. Souvent le payement des Inensualîtés est retardé 'par le fait que le Sen ice de la comptabilité du Département n'est pas r enseigné en temps utile.

Situations difficiles C'est beaucoup pour la bonne tenue d 'une école que le zèle

et le dévouement du maître, une exactitude parfaite à remplir tous ses devoirs, une surveillance assidue sur la conduite des élèves, sur leurs habitudes et leurs moindres actes; c'est beau­coup encore pour leur instruction que des connaissances étendues et solid'es de la part de l'instituteur , de l'habileté pour trans­Illettre ce qu'il sait, une grande aptitude à développer l'intelligence des enfants et le talent d'éveiller en eux le goüt de l"instruction et l'an10ur du travail. Cependant, cela ne suffit pas . Il faut en­core que l'instituteur trouve aide et concours chez ceux qui doivent travailler a, ec lui à l'œuvre de l'éducation; il faut aussi qu 'il puisse disposer d 'un ensemble de moyens matériels appro­priés aux besoins de son enseigneIllent.

Or , ceci n 'est pas toujours le cas, et le maître rencontre sur sa route quantités d'obstacles: obstacles, du côté d'es enfants, obstacles du côté des familles , obstacles même fréqueInment du côté des autorités locales. Nous ne parlerons aujourd'hui que des difficultés qui proviennent soit des familles , soit des autorités, et :nous indiquerons brièvement les moyens de les surn10nter.

Ces difficultés se rapportent à l'éducation ou à l'enseigne­ment, souvent aux deux à la fois.

Un des l)l'incipaux obstacles à l'éducation d'e la junesse, c'est le défaut de considération pour les maîtres . Or, sans considéra­tion, il n'y a pas d'influence, pas d 'éducation.

Si le père lui-même, avec l'autorité que lui donne la nature, avec l'influence qu'il peut avoir par suite de la tendresse et des soins dont il entoure ses enfants, éprouve déjà tant de peine à les conduire, con1bien la tâche sera-t-elle plus difficile à un hom­me qui n'a sur l'enfant qu 'une autorité d'éléguée et toujours fort restreinte?

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Que deviendra surtout cette tâche, si l'autorité du maître est contestée, si elle n 'est accordée qu'avec r éserve? Si les pa­rents parlent avec dédain de l'instituteur en présence des élèves et s'ils le traitent comme un mercenaire à qui l'on marchande son salaire et que l'on trouve toujours trop payé pour ce qu'il fait?

En privant ainsi l'instituteur de son influence sur les enfants et en voulant le rendre responsable de la nullité de l'éducation qui en résulte, on commet à son égard une véritable injustice, sans pader du tort qu 'ôn cause aux enfants.

:Mais sans aller jusque là, que ,d'obstacles les parents n'ap­portent-il pas à la bonne éducation d'es enfants par leur indif .. férence à soutenir le maître, à appuyer ses leçons, ses recom­mandations expresses, à exi1ger de leurs enfants la régularité, l' assiduité dans la fréquentation de J'école. ,

L 'instruction ne rencontre pas de leur part des difficultés moins nombreuses.

Les obstacles que nous venons de mentionner ne nuisent pas moins à l'instruction des enfants qu'à leur éducation, car pour bien instruire, il faut commencer par bien éduquer.

En ce qui concerne l'instruction, beaucoup de parents trou­vent qu 'on est trop exigeant vis-à-vis de leurs enfants, que la durée des écoles est trop longue, que les enfanLs n'ont pas besoin de tant de connaissances pour ce qu'ils auront à faire plus tard, etc., etc.

Or, con1ment instruire convenableIllent un enfant lorsqu'il ne vient à l'école qu'une partie de l'année et parfois encore très irrégulièrement? Il oubliera durant six mois ce qu'on a eu tant de peine à lui apprendre les six autres Inois. S'il y ' a quelque chose de décourageant pour l'instituteur, c'est d'être condarané à l'œuvre de Pénélope, d 'être forcé à reCOlnmencer chaque année îa tâche péniblement ébauchée l'année précédente. Aussi, tous les efforts doivent-ils tendre à faire cesser un usage tout aussi funeste à l'instruction qu'à l'éducation.

Un travers dans lequel. tOlnbent certains parents en ce qui concerne l'instruction que leurs enfants reçoivent il l'école, c'est qu'ils veulent s'immiscer dans les n1éthodes d 'enseignement, com­me s'ils avaient eu eux aussi une formation pédagogique spéciale pendant plusieurs années.

Ils ne comprennent ni les améliorations, ni les perfection­nements qu'ils repoussent d'une manière générale comme des innovations inutiles et coüteuses, en disant: « De notre temps , on ne se servait pas de toutes ces choses, et on apprenait quand lnême » .

Nous n 'en finirions p as si nous voulions énumérer tous les obstacles que la bonne d'iredion des écoles rencontre de la part des familles.

Il en est encore d 'un autre genre et dont nous tenons aussi à dire un mot.

Certaines autorités municipalès ne remplissent certainement

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pas toutes leurs obrigations vis-à-vis de l'école. Pour s 'en COl1-\ aincre, il suffit de visiter certains locaux scolaires. On sera frappé de leur vicieuse distribution, de leur éclairage défectueux, de l'insuffisance du Inatériel d 'école: tableaux, cartes , objets nécessaires à l 'enseig:nement intuitif, etc. Et les bancs, con1.ment répondent-ils aux exigences pourtant si formelles de l'hygiène?

Les inspecteurs scol'aires font d'es rapports sur lu n écessité d 'amél'iorations; ces rapports sont n1is au panier. Un méd'ecin scolaire nous affirmait, il y a peu d 'années, que les bras lui tom­haient devant l'incurie opiniâtre de certaines autorités con1.mu­nales.

COB1.ment, dans ces conditions, les enfants au,raient-ils du plaisir à venir dans une salle de classe où il se sentent mal à l'aise, où le défaut de 1umière rend le travail pénible, où les tables­hancs condamnent le corps à une attituàe fatigante ou déforma­trice?

Or, un bon matériel est surtout indispensable dans une école rurale où le maître est seul pour enseigner à'es écoliers à tous l s degrés d 'instruction , depuis l 'enfant qui étudie ses lettres jus ­qu 'à l'élève qui va quitter l'école. Comme il' ·doit se multiplier en quelque sorte pour donner ses 'leçons à chaque division , il faudrait de toute nécessité lui venir en aide par un enseTnhle de moyens propres à abréger le travail. Par une espèce de fatalité , c 'est pré­cisément dans ces écoles que ces moyens manquent le plus et qu'on est le moins porté à les fournir.

Nous savons très bien que les présidents de COn1.lnUneS et leurs conseillers sont à la fois pères de famille et administrateurs d'e la commune. Comme pères de famille , ils participent souvent aux défauts de beaucoup de parents: ignorance de l'iInportance de l'éducation, sentiment peu dé\ eloppé de l'utilité de l'instruction et des nécessités de l'enseignement et, comme conséquence, trop peu de considération pour l'a personne de l'instituteur, une trop faible idée de ses services et de la dïtficulté de sa tâche. Comme administrateurs municipaux, ils se trouvent pris entre l'obligation d'employer les mesures nécessaires à la prospérité de l'école et ­celle de veiller avec une sage économie à la dispensation des de­niers de la commune. On con1.prend que ces intérêts sont souvennt opposés, et que dans Yeur elnbarras, ·les autorités préfèrent encore subordonner l'intérêt de l'école à la question d 'économie, surtout aujourd'hui où l'on se plaint partout d'u chiffre élevé des contri­butions.

Telle est la cause des votes parcimonieux d 'un bon nombre de municipalités en ce qui concerne les écoles primaires, telle est aussi la cause de la résistance que les instituteurs rencontrent parfois auprès d'elles, lnême dans les delnandes les mieux fondées . Les régents voient quelquefois dans ces refus le Inauvais vouloir à l'égard de l'instruction, ou peut-être même l'effet d 'une hostilité personnelle; le plus SoU\ ent il n'en est rien. Ils gagneraient à

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a \'oir une Opl1ll0n différente de leurs autorités. Presque toujours en montrant qu 'on croit ù la mauvaise volonté d'es gens, on la fait naître . En paraissant au contraire, ne pas douter de la bien­veillance pour nous et de la sy"n1.pathie pour nos fonction~, on ré­ussit à leur en inspirer.

Essayons lnaintenanl, de voir comment l'instituteur peut, au moins dans une certaine mesure , diminuer ou même faire disparaître les difficultés dont nous venons de parler, qu 'il s 'agisse des difficultés qui proviennent des famil'les ou de celles qui sont in1.putables aux autorités communales.

Faisons remarquer tout d'abord que les questions person­nelles excitent toujours la méfiance. Plus donc les d'emandes des instituteurs aux autorités locales paraîtront désintéressées de leur part et plus elles sembleront dictées par l'intérêt de l'école, mieux elles seront accueillies et plus il y aUra de chances pour qu 'on y fasse droit; plus ils prouveront dans leurs relations avec les fa­mines qu 'ils n'ont en \. ue que le bien des enfants, plus 'ces relations seront avantageuses aux progrès de l'école . Quand le personnel ensdgnant aura conquis à l'école et à l'instruction primaire les sympathies des familles et des autorités locales, il obtiendra hien­tôt leur bienveillance et leur sympathie pour le maître. Donc que les instituteurs se persuadent que le moyen le plus sür d 'an1.éliorer leur position est de COlTllUencer par améliorer leur école. La pros­périté d'e leur école sera considérée comme leur œuvre et ce serait injurier le cœUl~ humain de ne pas croire que les familles seront disposées à faire davantage pour celui à qui elles sauront devoir les progrès de leurs enfants.

Voici encore un autre conseil. Comme on est porté à croire que quand l'instituteur réclame une amélioration quelconque, il le l'ait dans son intérêt personnel afin d'avoir moins de travail ou se donner quelque mérite, il \ aut lnieux qu'au lieu de faire la demande lui-même, il la fasse adresser par un intern1.édiaire, 1 inspecteur, par exemple, ou un Hlembre de la cOI11.mission sco­laire, à qui l'autorité -n1.unicipale ne saurait opposer la même fin ü'e non-recevoir, et à qlÜ, en cas de refus, elle sera du moins forcée de donner des raisons de quelque valeur. De plus , comme la de­mande ne viendra pas de l"instituteur, elle ne sera pas exposée à être repoussée .ou COlnhattue par les petites animosités person­nelles, malheureusement si fréquentes dans les communes rurales.

En ce qui concerne les difficultés mentionnées ci-dessus, nous a jouterons encore que 1 institu teur finira immanquablement par les surmonter s 'il suit constamment l'unique voie du devoir, s 'il reste àans ses droits et respecte ceux d'autrui; s 'il cons en e le calme et la dïgnité qui con\ iennent à ses fonctions; s 'il évite soi­gneusement les critiques, les blâmes, les médisances; s'il se montre toujours poli et prévenant, zélé et consciencieux.

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Chronique de l'Union

Assemblée des Délégués.

,Po-:u' la première fois , à Sion, le 15 nm embre, les Délégués . de 1 UnIOn du Personnel enseignant tiennent leur assemblée an­nuelle.

Tous l~s. districts OIH envoyé leur représentant et nous leur adre~sons ICI nos plus sincères fél'icitations . Les présidents de JV[~rt~gny et de Monthey apparaissent même flanqués de leur se­cretaIre. Cette, n'larque d 'intérêt à l 'Union nous remplit de bon­he~ll' et nous forn'lon.s des vœux pour une participation plus im­P?I tante aux prochaInes Assemblées. Elle facilitera la diffusion d une atmosphère de sympathie pour notre organiSl11.e et nous aurons de la sorte bientôt le bonheur de fêter l'adhésion il l'Union de tous les membres du corps enseignant primaire .

A lordre du jourù'e la séance figurent les questions sl1i­vantes: . 1) n0l11.inatiOI~s statuaires , 2) connaissance des ~nn'lples , 3) ral:port du comIté cantonal, 4) ses propositions , ;')} élabcwntion du Regl~ment d~ l' ~ssemblée des Délégués. H) propositions des Assemblees de DIstrICt.

Monsieur Bérard adresse quelques I110ts de bienvenue aux. Délégl~és et , sans 2.utre préambule, on passe aux nominations statuaIres. . Monsieur Hugon , de Martigny-COlnbes , est appelé aux. fonc -

hons de Président de l'Assemblée des Délégués , lVIon :"; H~ Ul' Pignat de, S,t-Maurice à celles de Vice-président, landis que MM. BOllJ:din , H~r~men~e ?~f?-go , IIIiez et Udry, Vétroz , font parlie de la ~OIn -111.1SS1On ete reVlSlOn .

Invité ~nsuite à donner connaissance des comptes, nous ne p~u"ons pr~se~1ter que l'avoir en caisse à ce jour. MM. les Secré­tall'es de DIstnct sont "ivement priés d 'activer J'encaissement des dernières cotisations e t J'établissement définitif du bordereau.

. L~ situa t.ion financière de l' nion sera publiée clans l ' « Ecole pnmall'e » du 15 janviel: 1929.

Monsieur Bérard présente le rapport du comité ~antonaJ. Nous en extrayons les id'ées principales suivantes, Le dit Comité a tenu trois séances durant l'année. Son activÏ-té s 'est déployée ~n~tant que possible cians le cadre des attributions qui lui ont 'été dey~lLles par les statuts. Cependant l'absence d 'organisation ferme ~t VIvante dans J'un ou l'autre district à pri, é 1re Comité cantonal de moyens d 'action efficaces ainsi qué d 'orientations et d acti­,'ités nouvelles. L Union est encore en voie de formation et ne produira son plein que lorsque tous nos membres se seront hipn imprégnés de l'organisation établie. -

Néanmoins l'activité du comité a été très intense. Releyons à la hâte la nomination GU secrétaire, l 'exécution

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des déôsions de l'Asseml lée générale , la proposition au Dépar­tement de FUnification des réglures et qualités de papier pour les cahiers d école celle de 1 indemnité pour les instituteurs au chô­malo'e avec' ersement pendant trois mois de leur traitement aux instituteurs 'malades 1 introduction du principe des allocations familiales , la deman'de au DéparteI11.ent fédéral d'e l'Intérieur de l'augmentation de la subvention scohüre, 1 abonnement à di~fé­rentes revues Fou, erture d un compte de chèques , l 'élaboratIOn d 'un l)}'Ol'et de rèŒlem ent pour l'Assel11.blée des Délégués, l'envoi

, n 1 d 'une circulaire avec bulletin de versement à tout le personne enseignant, l 'information dans les journeaux en faveur de l'a loi sur le chômage, l'aide accordée à quelques uns de nos collègues dans l'embarras , les démarches auprès des députés pour l'abou­tissement de nos revendications, l'appel aux. instituteurs du Haut­Valais pour leur adhésion à ] Un~o.n , 1 étude des lois sco~~ires. et caisses de retraite des cantons V01S1ns, en vue de la modIfIcatIOn de celles qui nous régissent, l'étude de réformes à introd'uire dans la prochaine modification de la loi scolaire, les tentatives auprès du cartel chrétien-social pour l'obtention de renseignements et enfin 1 envoi d 'une correspondance volumineuse en vue du place­Inent des instituteurs, Nous négligeons ici certains détails d'ordre administratif CJui, malgré Jreur insilgnifiance, absorbent malgré tout du temvs et du travail.

L Assemblée adop'te ensuite les propositions (Yu com.ité can­tonal. Elle' regardent les principales modifications des lois sco­laires , et se résument aux. points suivants:

1. Les traitements sont el1.tièrement à la charge de l'Etat. 2, La scolarité est annuelle et l'époque d es vacan ces laissée etU

choix. des commissions scolaires, :1. L 'Eta t nom.mera ]e personnel enseignant , les candidats se ­

ront 'proposés par la commune sur préavis cie la commission scolaire.

Mais 1 alloutissement. de ]a r éforme scolaire obli'ge la colla­boration générale de tous les membres du corps enseignant pri ­maire, Il < y a donc œln l~e d 'apostolat à accomplir. Il s 'agit. de s'arrêter ù des formules précises appuyées par une argumentahon profonde,

Après ct'iscussion on aboutit à la proposition Pignat. Le Comité cantonal préparera et présentera aux Assemblées

de District un projet de modification de la loi. Ce projet remanié par le Comité cantonal, selon les propositions des Assemblées de District et arrêté définitivelnent, sera proposé à la Société ~Talai­sanne d 'Education , à la SoCiété féminine, aux. instituteurs du Haut, puis soumis ensuite au Département de l' Instruction publi­que.

Malheureusement , dans ]a discussion , les heures s 'écoulent, rapides et hrè, es. A la hâte, l'on adopte le règlement de l'Assem-

Page 6: L'Ecole primaire, 30 novembre 1928

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bMe des Délégués . L es propositions des Districts, faute de t emps, n e sont qu 'effleurées .

Nous invitons les secrétaires des Dis tricts à n ous les trans­m ettre par éqi t, elles seront discutées et étudi ées au Comi té c::m­tonal.

La séance est le, ée . L 'on emporte avec soi le sentiment d 'une profonde espérance. L e contact avec les collègues de toutes les r égions du canton vous a réconforté . Le courage augm ente et l'on se r em et à la tâch e avec plus d 'enthousiasm e encore.

Langue frança ise

Jeux et Sports ( suite)

j\lI.

Lectures . - 1. Saint J ean et le chasseur. Un chasseur ayant V Ll saint J ean qui tenait une p erdrix et la car essait de ]a m aül , lui en tém oign a sa surpri se. «Mon a mi , lui r épondit l'ap ôtre, que ten ez-, ous en n1ain ? - Un a r c, lui dit ce ch asseur. - Pourquoi don c n 'est-il p as ha ndé, et n e le ten ez -vous point toujours prêt ? _ Il n e le faut pas, répondit l autre, p ar ce q ue, s ' il était toujours tendu, quand .i e vou d rais m 'en servir , il n 'a urait plus de force. -Ne vous étonnez clonc pas, r eprit saint J ean , que n otre esprit d'oive se r elâch er a uss i quelquefois : si n ou s Ile tenions toujours tendu, il s' affa iblirait p ar cette contention et n ous ne p ourrions plus n ous en ser vir, lorsque nou s voudrions l'a ppliquer avec plus ci e j-'orce et de ,;igu eur. »

Cassien.

a) Dire les temps primitifs des verb es s ui, ants e t les conju ­gel' au présent de lïn dicatif : tenir un e perdrix en m ain , car esser u n oiseau , témoigner S ~ surprise ba nder son ar c, se r elâch er quel-quefois, s 'appliquer a \'ec for ce. ,

b ) Cassien compar e l' esprit e t l'a r c. La compar aison est ­eil e jus te?

c) COIllment appelle- t-on l 'homme qui ch asse (chasseur), qui voit (voyant), qui ti ent (t en eur , tenancier ), qui témoign e (témoin ), qui r épond (r épon dant), qui tire à l' a rc (a rch er ), qui ten d (ten ­deur) , qui sert (ser vant , serviteur), qui peut (puissant).

2. L e footboll . Comme tous les exer cices de plein air , comme to us les jeux de puursu ite ayant pour caractère essentiel de forcer les .joueur à rivaliser de vitesse, le foo tba ll es t un sport excellent· 11 m et en mouvement les br as, les ja mbes , déyeloppe à la fois ]a force, la souplesse e t l'ad·resse. Un b on jou eur de footba ll doit posséder à la fois une certaine dose de courage e t de sang- t'roicl ; il doit être actif et adroit ; il doit sa voir ohéir et faire ah andon de

- 357 -

i:uut sentiment égoïs te. Car le fo otball , tel qu ' il es t joué de nos jours, es t presque une scien ce; d e jeu s au~r ag.e qu 'il é t?~t allt ~'efoi s . on es t a rrivé à en fair e un .i eu de COmhlllalSOns varIees . C est la gu erre a vec sa stratégie et sa tactique : .i ~ u d 'attaque, de renconlre. ~l e fe intes, avec ses tira ill eurs, ses soutiens e t ses réserves .

G. d e Saint-Clair. a) Dire les temps primilifs des \. nrhes sui"::ll1ts et l es c~m ­

juger a u p assé simpl e : ri vali ser. cre \'ite~se avec s ~n ad."ersmre posséder du courage, oh éir sans dl scuter , .lou er üvec Intelhg~n ce .

h) Deu x parties : le footb all dé veloppe l'homme ph ysIque e t l'homm e morflL Refaire le p lan. .

c) Dire le contraire de : Lous (nul ), de pl'ein a ir (de ch aml?r eL poursuite (fuite), essenti e l (commun) , for cer ( a.h and~mner , l alss~r lihre), .ioueur (specta teur), excell ent (maU~' al S, detes tahl e, n e­fas te), for ce (faiblesse, an émi e), so upl esse ( r al.de ~ll' ), ac1resse (mal­adresse), courage (l âch eté, moll esse), sang- ITOld (eml~or temen t. p ass ion ) actif (inactif) , obéi r (désohéir), ~~o ïs le (altrmste), S?U ­

valge (c i vili sé, policé) , vari é (monoton e, llllI/ orm e), guerre (pan:. ) , attaqu e (défense). . , , . ," ..

:3. Un e prom enude en aernplcll1e. .J al pu enfl11 me, l~ln ce l dans l'azur , en plein ciel, a vec, devant m es yeu x, la route aen enn e et f] uide, par-dessus la pl aine b aignée ' de ra yons.; les r outes,. les fossés, les t:tlu s, les a rbres, tou t galopait sous mm da ns une fan ­tas m agori e de songe . .Je côtoyais les yillages aux hlan cs. cloch ers; les f erm es ri aient au soleil ; les laboureurs m e r ega rdaIent avec , da ns les yeu x, une s tupéfaction soudain ~, le ges te ü1telTOI~lpU , la face éhahi e. J e l'n 'étais tracé un cb emm sur la car te et ,le le suivais avec une parfaite exacti tude, sans c1éyier u n in ;t~nt ile la ligne tracée . L. Blerzot .

:t) Dire les temps primitifs des verhes sui yants et les con ­juger ensui~e au présent de l'i n dic~tif: se la nce r da ns 1 az ur : ga­loper dans la pla ine, cMoyer un vI1I age r ega rder avec stupefac­ti on, se tracer Ull ch emin , dévier de sa rou te.

h ) Qu ell es son t les im pressions : r i de l' aviateur; 2° des sp ec­taJ eu rs ?

c) Donn er des hom on ym es de : pu (pus , il put), plein (il plaint, plain), m es (mets, il m et , Mai , m ais, maie), par -dessus (pardessus), pla ine (pl'ein e), sous (soul , sou ), moi (moi), f erm e (il f erm e, f erme), face (fasse) .. .,.. , . . ~

4. A l'affût. J 'entrai sou s hOlS et .1 arn.vaI a 1~0l1 ? ftut p ar le couyert. J e restai là hi en cflla tre h eures, lmmobll e, ecoutant les b ruits lointains . . . ,

:lVIalgré m a patien ce, .i e commen çais à cl ése~p érer , quand tout­ù-coup .l e vois veni r dans le senti er un gros a nImaI :dont les ~' eux lui sa ient connue des ch andell es . Le loup lTlar ch aIl c1ou ceme~1t comme une hê te hien repu e, qui a vait fa it grassem ent sa l:l1lt . A m esure qu 'il approch ait .l e le vo~ais m ieu x :, c'~ta it UT~ YI eUX lou p vr aiment superhe avec so n pOlI rude et epalS ses ep aul es

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rohustes et son énorme tête aux oreilles dressées, au nez pointu. Je le tenais au bout de mon canon de fusil, le doigt sur le dédic et, lorsqu 'il fut à dix pas , je lui lâchai le coup en plein poilrail. II fit un saut jeta un hurlement rauque, comme un sanglot étouf­fé par le sang et retomha raide mort.

El~gi!ne Le Roy.

a) Dire les temps primitifs des verbes suivants et les con ­jllguer ensuit~ au passé simple: entrer sous hois , arriver ~l SOlI

affût, rester immohile, 'commencer à se désespérer , marcher dou ­cement, tenir un loup au bout de son fusil , lâcher un ('oup de fnsi 1.

h) Trois parties d'ans ce récH: l'attente l'arriyée du loup., la lllOrt du loup. Refaire le pl'an.

c) Dire un nom formé de : entrer (entrée), arriver (arrivée) , rester (restant, reste) , écouter (aux écoutes) , commencer (com ­mencement) , désespérer (désespoir, désespérance) , voir (vision) ,-enir (venue) march er (marche, marcheur) , approcher (appro­cher '( approche), dresser (dresseur , dressage, dressoir), tenir (te ­nue tenailles), lâcher (lâchage), é touffeT (ét()uffement), retomher (retombée) .

5. Partie de canotage. Tous mes cahiers de classe au foncl du bateau, la veste à bas le chapeau en arrière , et, dans les che­venx le bon coup d 'éventail de la brise d 'eàu, .le tirais ferme sur mes ranles, en fronçant les sourcils pour bien me d'onner la tour ­nure d un vieux l'oup de mer ... Par moments , à la vigueur de mes efforts, à l'élan de l'eau sous ma barque, .l e me figurai s que .i allais lrès vite; n1ais , en relevant la tête, je voyais toujours le même arhre, le même mur en face de moi , sur la rive.

Enfin, à force de fatigues tout moite et rouge de chalcur. .i e l)arvenais à sortir de la ville. Le terrible, par exemple, c était le retour , l'a rentrée; fayais beau revenir à toutes rames , j'arrivais toujours trop tard , longtemps après la sortie des classes.

A. Daudet.

a) Dire les temps primitil's des verbes suivants et les con ­juguer ensuite au présent de l'indicatif: tirer sur les rames, fron ­cer les sourcils, se figurer aller très vite, sortir de la ville, n)\ 't'nir à toutes rames, alTi\ er après la sortie des elas'ics.

h) Le gamin dont il est question ici faisait l"école buisson ­nière . A qucls d'éL.lils le reconnaît-on?

c) Dire les verbes dérivés de : fond (fonder, foncer , enfoncer . défoncer) veste (, êtir, dévêtir) , bas (baisser abaisser, surbaisser) hon (bonifier), ferme (affermir, raffermir), rame (ramer) , sourcil (sourciller), effort (s'efforcer) , élan (élancer) , barque (emharquer. débarquer) , tête (s 'entêter) , mur (murer , emmurer, emmuraiIler). l'i\'e (arriver), retour (retourner) , tard (tarder , retarder) .

G. Jeux cl' enfants. Je vais vous dire le jeu qui nous amusn le plus pendant deux étés.

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Voici: au début 011 é lait des chenilles on se traînait par terre , péniblement , sur le venlre et sur les genoux , cherch::ll1t des feuilles pour manger. Puis bientôt , on se figurait qu'un invincible som · meil nous engourdissait les sens, et on allait se coucher d'ans quelque recoin sous les branches , la tête recouverte de son tahli er blanc: on était devenu des cocons des chrysalide:'i. Cet état durait pIns ou moins longtemps , et nous entrions si bien dans notre rôle d 'in secte en métamorphose, qu une oreille indiscrète eût pu saisir d es phrases de ce genre, échangées entre nous sur un ton de COll­"iction compl'ète: «Penses-tu que lu t'envoleras hientôt ? - Oh ~ je sens que ce ne sera pas long cette foi s ' dans mes épaules dé.iù ... ça se déplie ... » (ça , naturellement, c 'était les ailes.)

Enfin, on se réveillait, on s'étirait en prenant des poses et 'sans plus rien dire, comme pénétré d'u grand phénomène de la transformation finale ...

Puis, tout à coup, on commençait d'es courses folles , très lé­gères , en petits souliers minces toujours; à deux m.ains, on ten:1Ït les coins de son tabl'ier de bébé qu'on agitait tout le temps en manière d 'ailes; on courait, on courait, se poursui, ant, se fuyant. 'se croisant en courhes hrusques et fantasques; on allait sentir de près toutes les fleurs , imitant le continuel empressement des 1)ha1ènes ; et on imitait leur bourdonnement aussi en faisant: «Hou , ou , ou ... » l::t bouche ù demi fermée et les .ioues bien gonflées cl' air .. , Pierre Loti.

n) Dire les temps primitifs des verhes suivants e t les con­juguer ensuite au passé simple: s'amuser au jeu se t'aîner par terre , s'engourdir de sommeil se coucher sous les hranches , s 'é­tirer en prenant des poses, s'agiter comme un pap111'On .

b) Ces enfants jouen t «ù la chenille qui devient papillon ,) . Quelles sont les transformations successives du papillon ? Com ­m ent sont-elles figurées dans le .ieu d'es petits?

c) Dire un adjectif dérivé de : jeu (joueur), été (estival), terre (terrestre t.erreux , terri en) , l'euille (feuil'lu) , sommeil (somnifère) , sens (sensuel), état (stationnaire) , conviction (convaincu) ail e (ail é), phénomène (phénoménal) , main (maniable, manue1) cour­l)e (courbé), fleur (fleuri , floral) , bouche (buccal).

7. Le manège des ch evaux de bois. Le manège des Che\'LHI\ de hois tournait aux sons d 'un puissant orgue de harbarie. Etin­celant de verroteries , de glaces de houles de verre, de franges· d'or e t d 'argent, paré cre den~ell'es et de fanfreluches , il ruissebit de spl endeurs papillotantes et légè res . Jean n 'aurait pas su donner un nom :1 la moitié des choses qui l' éblouissaient. Cela hrillait , cela chantait, cela tournait ,. c'était beau comme le Paradis donl on lui parIait qu.elquefois ; voil'à ù peu près tout ce qu il aurait pll dire, Il eût été plus incapable encore de dépeindre sa joie, quand, l1issé sur Je cheval de carton qu'empalait une barre de fer, il se .'entait emporté dans la course vertigineuse du manège.

Mais qu 'un tour étnit vite p3ssé . l ne cloche sonnait et. ù

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ce signal, le ch eval qui , les yeux bandés , virait entre les drap eri es et l'es dentell es , ral enti ssait le pas ; le m anège faisait encor e deux ou trois tours , puis , a vec le ch eval s'arrêtait. Il f allait descendre ou débourser un sou de plus. L ouis .Mer cier.

a) Dire les t.emps primitifs des verbes s ui vants et les con . .iuguer ensuite à l indicatif présent: tourner au x sons d 'un orgll e de barbarie, se pa r er de dentell es et de fanfr eluch es, se hisser sur un ch eval, se sentir emporté, r a lentir le pas, débourser un sou .

b) Dans toute la premi ère p artie - .iusqu'au son de cloch e _ to us les a d.iectifs son t ch oisis pour r enforcer l 'iùée de b eauté. Le dém ontrer.

c) Dire un ve rbe dérivé de : ch eval (ch evau ch er) , bois (boiser , déboiser ) , son (sonner , résonner ) , glace (glacer) , verre (, itri/ïer) or (dorer , auréfi er) , n om (nom.m er dénomm er ) b eau (embellir) joie (jouir , ré.iouir) , harre (barrer , ren1harrer) , f er (ferrer , défer ­rer , enferrer). tour (tourn er , détourner , r etourn er , contourner ) , pas (passer ,dépasser , outrepasser , trép asser) , trois (tripl er ) , sou (solder ) .

c;~ Le cerf .. volant ~ Bien au-desus de la m er bl eu e,

Dans le ciel clair , De son interminahl e qu eu e

Balayant l'a ir , E t comme un gros corps sans cervell e,

Cabrio1an t, S'agite au haut d 'u ne fkell e

Le cerf-vol ant.

Majes tu eusem ent cocasse, T out galonné,

Au heau mili eu de sa carcasse, Il es t orné

D 'un grand soleil où l'or rui ssell e E tincelant,

E t qu e vient trou er la fi celle Du cerf-vo1ant.

Le grand oiseau fantasquE' et bête Du fil léger

Veut , p ar maint et Inaint COllp cre tê te Se dégager;

Mais une force l'ensor cèle Le turhul ent...

C'es t l'enfant qui ti ent la fi celle Du cerf -volant.

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Ainsi dans le lnonde où n ous somm es, Combien souvent ,

Nous voÏl-on r ester , pau vr es homm es Bas dans le vent!

Le grand ciel libre nuus a ppell e Affriol a nt...

l'VIais une main ti ent la fi cell e Du cerf -volant.

Les vieux 10uets

J acques Normand.

Ils sont tou t au fond du greni er , Entassés d'ans un gra nd pa ni er , L es vieux .i ouj oux de m on enfa nce; E t pour tous ceux qui n' en ont pas Bien sou vent, m a Mère, tu vas En ch erch er là par hienfaisance.

Tu montes le "ieil esca lier , Dont tu sens la r ampe plier Dès que la frôlent tes n1ains bla nch es; Puis, le cou vercle soulevé, Après avoir lon gtemps r êvé , Sur tous ces débris tu te penches:

Pauvr es fortin s dém antelés . Ch evaux , pa r les " ers épil és , ' oitures a ux solides ro ues, Sabre terni , pantin cassé, Eyoquan t, pour toi le Passé, Des larmes coulent sur tes JOLi es!

Tu le sai s, lu le sais trop hi ell Ces .i eux n e seryent plu s à rien Qu'à m ettre aiIJ eurs, quelque all égresse; Cependant , de t' en sépa rer Ma .Mère, cela fa it pl eurer Ta délicieuse tendresse?

Ici-bas, tout est, ::mité ; Mais d 'avoir f a it la charité, Ton cœur trou, e sa récompense Chaque foi s qu 'un petit enfant Se réjouit en recevant Un vieux jouet de m on enfa nee.

René d Helbingue

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Rédactions.

1. Un catalogue cle jouets. Vous avez , ' U et feuill eté lin ca­talogue de jouets. Décrivez-le. Vos r éflexions.

Développemenl. - Et voilà que, comme les proprié ta ires de' grands magilsins . Saint Nicolas 111i-n1ême envoie le catalogue des, jouets à la mode cette année. Quand .ie dis à la mod'e, c'est ma ­nière de parler , car il y a des .iouets . .. éternels. Malgré la mod e changeante et sotte souvent, la tambour reste tambour , le salwe sahre, et le pantin pantin. Mais les goüts des parents changent; or , ce sont eux , qui , chez Saint Nkolas , choisissent pour leurs p etits. E l voilà comn1ent pour se hausser au niveau du progrès et conten­ter sa clientèle, le bon vieux Saint a dü modifier ses étrennes. 1] a maintenant le chemin de fer électriqu e, la poupée 'savante, le mi ­nuscule m,énage en fin e porcelaine, l'auto pour balnbin - avec pneus crevables et condLli te intéri eure - le ballon captif, l'aéro­plane de guerre, le cinéma et le m écano. Et co mme mon toul peti l frère s'éta it hi ssé sur une chaise, debout derrière mon épaul e pOUL' ,"air lui aussi les images, j'ai dû tourner tou tes les p ages . Et savez­vous ce qui l ' intére~sait Je plus, lui , l'e privilégié de Saint Nicolas ') Eh ! bien c'était les jouets ... étern els. Il ne veut pas d 'aéroplane .. mais il aspire après un clairon et un sabre. 1\10i .1) a.ioll ten11s en­core une carahine ... pour fai. r e d'u bruit.

2. Au baznr) ln veille de Saint- Nicolas. II y a les jouets exposé.., parmi lesquel's de vraies n1erveilles; il y a les promeneurs, et i i ~T a les vendeurs. Décrire successivement les trois groupes .

3. Un e partie de ballon . Vous assistez à une partie de ballon . Décrire successivement le cham_p et la lutte, les équipes' en pré­sence, les péripéties de ln lutte en racourci le premier «bu t» . Eyi ­ler l'emploi des vocables anglais dont un e mode servil e Gl ü1troduit l 'u sage.

Développement. - Un cordon de spectateurs dessine l'arcn'" uù von t se n1esurer vingt-deux champions. Dans ce rectangle a l­longé au hout desquels deux portiques marquent les huts, Jes' joueurs, en maillot de sport causent amicalement. Au coup de sifflet de l'arbitre, tous prennent place, les maillots blancs d'un côté, les maillots rouges dt' l'autre. Au milieu du .i eu, les deux lign es de cinq «avants-» se font face; dans chaque can1p, derrière ces cinq éclaireurs, trois joueurs, puis dEUX complètent l'équipe en form e de triangl e dont de gardien du but forme le sommet.

L 'arbitre lance le bal10n et la partie s'eng:J.lge . Ce sont alors, des co urses p récipitées, des ruées , des passes , des enchevêiremen ts de couleurs des plus pittoresques . Un étranger au .i eu se perd'r:.1it clans 'cette confusion app arente des positions primitives. Tout ce mouvement n a qu 'un objectif: lancer le ballon au but aclYerse. Et toutes ces man œuvres, passionnén1ent suivies, s'opèrent sans bruit. Par intervalles seulemènt, un href coup de sifflet signale une faute et arrête pour un instant le .ieu . Mais voici qu une passe savante des lTlaillots blancs a amené 'l'e hallon vers 1 un des l'mts:-

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l es maillots rouges se ruen t à la défense : h~()p ta rd , le ballon roule " ers le but, un coup sourd et ... une acclamation enthousias te lllOnte des rangs des spectateurs . Le bnlIon est au but. Un peu fi ers ou un peu vexés, calmes pourtant, m aill'ots hlancs et m aillots' rou.ges reprennent leur position premièr e. Quelques instan ts de r epos, le siffl et retentit e t la partie recommence.

4. La petite reine blaIlch e. Décrire une partie de ba lle entre équ ipes riva les . Faire ressortir l"élégance de ce jeu.

5. Les plaisirs - ou les ennllis - de [a bicucletL e. Décrire une ranO'onnée en ,élo et y introduire, a u choix , 1 éloge ou la cri ­liqne de la bicycle tte: l 'une ou l'autre.

(). Une .iollrnée d e campina . Scouts, vous avez participé à un ca mpem ent. Décrire le lieu c1lOi~i et l'emploi de ,"otre journée.

L'eau (suite) Adj ectifs (voir No ;) et suivants , Ecole primaire No 13 - 192ï )

Co ntraires,' L 'eau bienfaisante on dé, astatrice. L 'eau limpide ou , l'angeuse. L 'eau courante ou stagnante. L 'eau potable ou in1pure.

Verb es . Ranger les verbes. - Jaill'ir, s'amasser , sourdre, suin -ter, ruisseler, s'égoutter , tressaillir , baigner, arroser, irriguer ,

filtrer, s 'infiltrer , pleuvoir , grêler, neiger - puiser verser abreu­,'er, désaltérer , se gorger 'i apaiser _étanch er la soif, éteindre la .':ioif , laver , nettoyer , blanchir , lessiver , rincer, empeser , r epasse r Le linge, inonder , ,déborder , h ausser , haisser, ravager , saccager , ra, iner , emporter , couler , se noyer, nager, surnager, flotter , débi­ter, se doucher baptiser , ondoyer , geler, degeler , congeler, éva­pOl'er, se je ter, descendre" remonter le courant, creuser , dévaster, ravager, n1urmurer , serpenter , s'écouler , s 'infiltrer , disparaltre , l11.ugir, entralner - déborder aborder, transborder - purifier. . .':i tériliser , fertili ser , sanctifier - n1archer, dissoudre - plonger. replonger , enfoncer , naviguer affluer, refluer , afflouer , r enflouer. L'cou,' sourdre, jaiI'lir, couler, ruisseler , s 'infiltrer , etc. L e rllisseau,' murmurer, chanter, .iaser , serpenter. La rivière ,' haigner , arroser, fertiliser. Le t01'rent: bondir, rouler , écumer , se précipiter , dévaster. L )affluent : se réunir , se jeter , grossir. Lo lnvandière,' savonner, frotter , rincer , bavarder. Le SCLVon,' mousser , détacher, dégraisser-. L e bateau: flotter , naviguer , fendre, si1Jonner , sombrer , s'engloutir L e pêcheur,' amorcer, ferr er , capturer. ' L e gal'cl e-pêche: surveiller r éprimander. Lo pluie ,' fouetter , cingler, entrer, pénétrer , ruisseler , couler. L )eau " cJapoter, murmurer , chanter, humecter , rafraîchir. r efl é-

ter, croupir, se transformer, s 'évaporer. La source,' jaillir, murmurer , .iaser, tarir.

Mettre ces verhes ù la troisièm e personne du pluri el.

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Mettre ces verhes ù l ' imparfait , au passé simple, au futur·. Mettre sous cette forme: .le suis ruisseau , je murmure, je

chante, etc. Tu es ruisseau , tu murmures , tn chantes , etc.

Dictées - Crammaire

La pluie. La pluie Lombe. Ce n 'était d abord qu'une légère pluie; c 'est maintenant une ·averse . Tout ruisselle: les toits les chemins, les rues. Pour s abriter, les passants ont mis l'etH' 1m­

. perméable ou ouvert leur parapluie. Les chemins sont boueux et défoncés.

Le brouillaru. Ce matin le soleil ne se montre pas. Un brouil ­lard épais emplit toute la vallée. L horizon est bien petit; à pein e voit-on à quelques pas. Aucun oiseau ne' se montre, aucun cri n e se rait entench:e. Peut-ê tre le soleil dissipera-t-il tantôt ces vapeurs épaisses. Rien alors ne restera du brouillard, qu 'une rosée sur l'herbe.

La s()utce coule: c'est un sim.ple filet d 'eau. Grossi, on rap ­pelle le ruisseau. Plusieurs ruisseaux se réunissent pour forn1er une rivière. Quelques rivières mélangent leurs eaux et deviennent un fleuve. Le fJeln e se jette dans l'a n1er.

Il pleut. La nue s 'ouvre, la pluie raye l'air et frappe le sol. De deux choses l'une: ou ses (gouttes glisseront jusqu au ruisseau de là jusqu'au torrent; ou elles entreront sous terre. Le sort de celles qui coulent sous le soleil n'a rien de mystérieux. On con­naît maintenant le ténél l'eux voyage de celles qui pénètrent dan s le sol. O. Reclus.

a) Expliquer les mots uue , sort, m.ystérieux, ténébreux, pé­nètrent. la nue: les nuages chargés de pluie. l'e sort: ce qui arrivera. mystérieux: qui contient quelque secret. pénètrent: entrent profondément.

b) Mots de la Inême famille de nue: nuage, nuée, nuageux, nuance, nuancer.

c) Relever les noms, les verbes. d) MeUre les verbes au futur. Une goutte cfeclll. Je suis née par un Inatin de mai. Il pleu­

vait. La tête la première, je tombais dans le calice d'une giroflée. Quelle chute! J'avais peur et je tremblais. De ses pétal'es, la giroflée m.e caressa doucement au soleil, me berça. J'étais devenue une perle étincelante, plus belle que le plus beau diamant.

D'après Fournier. Mon bateau. Mon petit bateau flotte sur le bassin du parc.

Le vent gonfle sa voil'e. courbe sa mâture et fait pencher le léger

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esquif. Plus tard, je naviguerai sur un ,rai bateau, je serai un vrai marin.

Ecl'ivons : je flotte, tu flottes - le bateau: floUe; le bassin -le matin - le moulin; le vent gonfle, nous gonflons; je fais pen­cher, tu fais pencher - je naviguerai, tu navigueras, etc.

Au bord de la mer. La n1.arée basse laissait apercevoir, entre la lisière écumeuse des flots e t le dernier échelon de la falaise , le lit de l'Océan pa,:é de roches et tapissé à'e végétations noirâtres. Des flaques d 'eau n1.iroitaient au loin parmi les varechs et deux ou trois chercheurs de crabes, si petits qu 'on les aurait pris pour des oiseaux-pêcheurs , se promenaient au hord des lagunes.

E. Fromentin.

Lisière écumeuse: bord de la mer, ' blanc d 'écume. Echelon: bâton d 'échélle, ici, la base de la falaise. vëgétation : ensemble des végétaux. miroiter: renvoyer la IUlnière, comme un miroir. varech: plante marine. crabe ': animal crustacé qu'on trouve au bord de la mer.

h) Ecrire la dictée au présent. c) Conjuguer au futur: se promener au bord d'es lagunes. cl) bas, basse; gras, grasse; gros, gi'osse ; las , lasse. SUl' le canal. Une péniche chargée de tonneaux vogue sur le

canal. EUe est tirée, au moyen d 'un long câble, par deux chevaux qui remontent ]a rive. Le marinier tient la harre et dirige la marche du bateau .

Les carpes. Dans les profondeurs de l'eau claire, les carpes se promenaient. Toute leur file déployait avec une lenteur facile , un lnouvement égal et sinueux.

On avait peine à distinguer leur dos noirâtre, mais parfois elles se retournaient toutes d'un coup de queue et, alors, dans la profondeur de l'eau, on voyait hriller leurs, entres blancs et leurs nageoires.· E. Mosselly.

File: rangée d 'objets ou d 'êtres vivants placés l'un derdère l'autre. sinueux: qui fait des détours. noirâtre: d'une couleur tirant sur le noir (rapprocher: rougeâtre,

jaunâtre, ... )

EN CLANANT

~ La rencontre des anges ~

A mi- chemin dlI ciel et de ce triste 1nonde, Dans les jardins d'azur que la lumière inonde, Au détour d'lIn sentier bordé d'nstl'es en flelIrs. Un nnge souriant rencontre lln ange en plellrs.

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Celui qlli souriait rel1lOntait de la terre; L'autre eIl venant vers nous penchait SOIl front Clustère. - Frère, dit le premier, quel dellil voile tes yeux? - Un nouveau-né In'attend là-bas , bien loin des cieux)' - Mais d'o ù vient le bonheur qui fait battre ton aile? .. - J'ai pris dans un berceClu cette fleur éternelle.

P. Delaporte.

La lettre quim}Cirrive est de noir entourée: El! e annonce la mort et j'hésite il [} ouvrir. M nll âme 11' est ,;amais tranquille et l'assurée A cette voix qui (lit: «Q uel qu) un vient cl e mourir! »

Ami vieill([lTl) enfant) fille ou femme adorée) Quel est le corps glacé qu' un marbre va couvrir? Sous quel toit la douleur est-elle encore entrée? Qui va portel' le deuil, et quels cœurs vont souffrir ?

Je clevrClis le savoir! mais l' heure est trop remphe. De dél((is en délais, l'âlne en soi se replie: On remettait hier, on oublie UU';OLLrcl'luzi.

A l'ami de vingt cms on aiourne un sourire, Et la lettre de mort un matin vient vous dire: « Vnus ne le verrez plllS .ramais! ... Priez pour lui! »

E . Manuel.

Le toit

_ Je franchis d 'un cœur ému le seuil de}a demeure Inimaine dont le seul nom résumé, pour chacun, tant de souvenirs.

Le toit est d'abord un abri. Le froid et la chal-eur, toutes les in­tempéries et tous les ennuis, poussant l'homme à le créer et à le fortifier. A qui Inanque ce refuge , tout manque. Pour écrire d'un trait la suprême misère, nous disons d 'un honune qu il est sans feu ni lieu . Vouliez-vous, au contraire, une des plus parfaites ima­ges du bonheur civilisé, la voici. Une famille au grand complet, jeunes et vieux en cercle, sous le toit protecteur, près d 'une joyeu­se flaIllbée , où le repas du soir chante dans le grand chaudron.

Mais le toit est autre chose qu'un abri; il est un centre de sta­bilité. Si r'homme n'avait pas besoin de demeure pour se couvrir et se garantir, il se sentirait pressé de trouyer, dans ce vaste Inon­de, un coin à lui, un home familier pour s'y fixer. Il est vrai que la vie est un voyalge et nous tous des pélerins; mais nous cher-

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chons une patrie. Le plus intrépide voyageur , l 'explorateur le plus infatigable ne saurait sans fin ni trève voguer de lieu en lieu. Après l'attraction du lointain, les. courses a, entureuses , les périls affrontés, les · spectacles contemplés, le désir s'éveiI1e au cœur de rencontrer un gîte. Plus nous avons vu de pa~'s, d'homnles et de choses , plus 1 intime soif grandit de kt demeure stable, de la paix et des affections du foyer domestique. Le Juif-Errant lui­même n 'a qu un soupir: fah'e une hane, et pour toujours.

Abri sûr, point de ralliement où tous ses chemins le ramènent, le toit, pour 1 hom.me, est" autre chose encore, et plus que cela. C'est une des formes matérielles en qui se traduit et se rnanifeste son esprit. L 'hom.me a h esoin de se créer un monde à son image; qui l'aide à s'affirmer , à se rester fidèle à lui ,même. La demeure est le résumé de ce monde. Il y a en elle un. langage saisissant. De­puis l'ahri rudimentaire et grossier .iusqu'à l'hahitation la plus accom.plie, toute maison révèle l'âllle de l'habitant. Les lignes de la toiture et des nlurs. Les contours des fenêtres, les couleurs de la façade, l'arrangement e t le style des Ineubles , les portraits, les tableaux, la cuisine, la table, l'atelier et jusqu'à la fleur que nous cultivons sur la fenêtre, tout porte le cachet humain.

Tel est l 'honlme, son idéal, sa yie, telle est sa demeure. Cha­que civilisation , chaque époque n1arquante de l'histoire a eu sa Inaison décalque fidèle de son état social. Bâtir a toujours été un acte de foi et une déclaration de principes. L 'honlme assied sa Inaison, sur le fond qui lui inspire le plus de confiance, avec les matériaux qui hIi paraissent offrir le plus de garantie, et il sait lui donner la figure de son âme, la physionomie de son goût, l'al­lure de sa volonté . Sa dem.eure est ornée de sa yertu, chaud e de sa tendresse, souillée de son impureté. Sa 11ienveiUance y sourit, sa nléchante humeur y grogùe. La nlaison de l'un est conlme une bauge de sanglier farouche et de mauvais accueil , la maison de l'autre est avenante et familière, nlên1e à l'hôte d 'un jour , à l'étranger qui passe. Ici, on se ,oit entouré comme d'un parfum religieux, c'est presque un sanctuaire . Là , tout rapel1e les in­térêts positifs , Je calcul, l'âpre combat pour l'a possession: YOUS

vous croyez au marché ou à In Bourse. Ailleurs ,dès le seuil, une atmosphère studieuse nous envelop­

pe, il s'exhale des lieux je ne sais rrueUe puissance de rêve et de pensée, qui gagne le visiteur le plus obtus. De nombreux inté­rieurs font penser au restaurant, à l'hôtel , et même à une gare de chenlin de fer, Dans certains autres, on se rappelle involontaire­ment ce passage du livre de Job: «L'hypocrite construit sa n1aison comlne l'araignée construit si toile. » Tout y est combiné pour circonvenir, leurrer, séduire ...

Cet esprit des lieux se respire, se sent et prouve son pouvoir par nlille organes. Il est d'une réalité si intense, qu'il se mani< feste là Inême où l 'homlne n 'a aucune prise sur la forme exté-

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rieure de sa. dem.eure. Prenez au hasard , dans une de ces, astes maisons ouyrières qu 'on appelle casernes, sur le même corridor , une dizaine d'habitations. Elles sont identiques , même taille, n1ême exposition, lnême plan. Et pourtant eIJes diffèrent entre elles d'une façon notabl e, et présentent parfois d'étranges con­trastes.

On n~y respire pas le n1ême air . Telle est la différence des impressions reçues, qu'en passant de l'une dans l'autre, on croit avoir franchi une frontière , émigré dans un autre .contÎnent. C'est qu 'une charl1bre, voire une cellul'e de prison prend la physiono­mie du locataire. Les Inêmes gants sur des mains différentes, les n1êmes vêtements et les 111.êmes chapeaux de femmes , portés par d 'autres personnes , changent d'aspect et se transforment selon la taille, l'esprit et l'éducation de celles qui s'en servent. Et les mê­mes murs , encadrant d'autres personnes, produisent un effet tout différent. Chades ,~Tagner.

Lecon de calcul ,

Addition. - Passage par la Dizaine.

Pour les élèves qui ont bien étuàïé les nombres de 1 à 10, l'é­tude des dix nombres suivants n 'es t plus qu 'un jeu. Une difficultt. cependant se recontre dans cette étude c'est le passage par la Dizailie. Exemple: 6 + 7.

Cet exercice est comme l'es autres, basé sur la connaissance approfonà'ie des dix premiers nombres. En effet, pour · effectuer l'opération « 6 + 7 » l'enfant doit trouver sans hésitation qu'il manque 4 à f) pour faire 10, et que 7 c est 4 + 3.

La difficulté consiste donc uniquement dans la façon d opé-rel'.

Plusieurs procédés intuitifs peuvent aider à l 'enseignement du passage par la Dizaine.

Avant cl 'énumér2r ces différents procédés , VOICI un tableau qui est destiné à faciliter le passage par la Dizaine.

56789 10 = + + +. + + = 10

5 4 3· 2 1

Il suffit de regarder ce tableau pour constater que la somme des deux chiffres superposés égale 10. Pour mieux le faire sai-.;ir par les élèves arriérés il est utile que chaque paire de chiffn~'3 ait une couleur spéciale, et que chaque chiffre porte sa valeur in­diquée au moyen de points disposés comlne pour l'étude des c inq premiers chiffres .

1 1

( - 3UD -

GOmIne il est dit plus haut , plusieurs procédés peuvent aider à l'étude de l 'addition en passant par la Dizaine.

Au maître de choisir celui de ces procédés qui lui conviellt le mIeux.

1 el' procédé) que l'on peut appeler le procéde d'es fiches et qui consiste dans l'elnploi : a) de deux planchettes percées chacune de dix trous; b) d 'une vingtaine de chevilles en bois ou en liège.

2c procédé. - Un cercle de la éièves se donnant la main pour former la Dizaine. Pour opérer l'exercice « 7 + 5 », on peut pro­céder comme suit: Trois des élèves pl'acés en cercle se détachent laissant ainsi la Dizaine incomplète. Ensuite 5 élèves sont envoyés pour se joindre aux 7 res tant en cercle; 3 se placeront ·d'abord pour complèter la Dizaine, puis ceux-ci soulevant les bras lais­seront pénétrer d'ans le cercle les 2 autres élèves. Pendant que les écoliers appelés à effectuer le calcul manœuvrent, ceux qui assis­tent à l 'opération comptent à haute voix disant au moment où les trois premiers élèves se joignen t aux 7 pour compléter le cercle « 7 + 3 égale la » et au moment où les 2 autres s'introduisent clans Je cercle « la + 2 = 12 ».

Ce procédé ù l'avantage de meUre beaucoup d 'élèves en mOll ­"ement et donner ainsi grand intérêt ù la leçon.

3e procédé. - :Matériel intuitif. - Un petit tahleau r ectan­gulaire divisé en deux parties dans le sens de la largeur par un e réglette servant à porter les petites 11ancartes suivantes:

2 pancartes portant le chiffre 1 2 2 2 ;3 2 4 1 pancarte ;)

1 ». ()

1 7 1 8

U ne réglette sera également placée à la partie inférieure du tahleau. Cette réglette est destinée à porter les pancartes qu e r élève de, ra manier pour effectuer l'exercice du passage par hl dizaine.

Fonctionnement. - Soit à effectuer 8 + 5. L 'enfant écrit d"abord sur la partie inférieure du tableau l'o­

pération 8 + 5; puis , après le « ; » ~ui signifie « c 'es t », il écrit de nouveau le chiffre 8 suivi du signe « +». Sachant qu 'il manque 2 Ù 8 pour faire la il prend' sur la réglette supérieure la pancarte portant le chiffre 2 et la place sur la réglette inférieure à la suite du signe « + » . Sachant également que 5 c'est 2 + 3, après avoir de nouveau tracé un signe plus, il pl'ace la pancarte portant le chiffre 3 et la fait suivre du signe « = » ; ensuite reprenant la lecture du tra,;ail l'enfant dit: 8 + 5 ; 8 + 2 égale dix, réunit par

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un arc' ces deux derniers chiffres et écrit au-dessus le nombre 10; puis réunissant par un second arc la dizaine avec les :3 unités il dit~ 10 +:3 égale V3 et il écrit le résultat à la suite du signe « = » .

Il oh ti e nt ai n s 1 : 10 ~ ~

8 + 5 ; 8 + 2 + :3 = 13.

Hygiène

L'école et le5 maladies de l'enfance

Il n'est que trop évident que les program.mes scolaires 11n­posent souvent aux enfants des efforts supérieurs à la résistance physique de ceux-ci. On a bien raison de dire que ~' entrée ù l 'école marque un nouveau chapitre de l'histoire ,de l 'enfant. r..ela esl \ rai au point de vue physique aussi bien que dans Je domaine in ­telIectuel.

Il ne nous paraît donc pas superflu de relever ici quelques points qui nléritent toute l'attention des parents et des instituteurs , car nous sommes d 'avis que tout aussi bien qu'à la maison pater­nelle on a à l'école' le devoir de veil1er au hien être matériel et ù la santé des enfants.

Chez beaucoup d 'enfants on constate dès les premières se­Inaines d 'école une propension à la nervosité . La première marque est l'épuisement cérébral qui se manifeste par le fait que l'enfant se fatigue anornlalemept vite en travail1ant. Puis on enregistre d'autres symptômes fâcheux , soit des maux de tête ou une peine plus grande à travailler, soit la pâleur du teint , soit aussi c[uel­quefois la difficulté que l'enfant éprouve à fixer son attention et à penser.

L 'énervenlent se traduit aussi par les soubresauts que pro\'()­que la lnoindre émotion ou la moindre surprise chez l 'écolier qui conllnence à souffrir de cette neurasthénie scolaire.

Mais ]e symptôme le plus net et aussi le plus grave est l'ané­mie qui se manifeste et qui ne tarde pas à s'a/ggraver si on n ' ~T Inet pas bon ordre. J 'ai souvent pu observer l'e début et trop souvent la nlarche de cette maladie. Les petites filles en sont surtout frapp ées. Elle conlmence par la perte de l 'appé tit et les enfants marquent précisélnent la plus forte répugnance à prendre les aliments dont ils auraient besoin pour se fortifier. Le lait en particulier est cbns ce cas. Cependant on ne, peut pas constater une affection organique déternlinée qui provoque cette inappé­tence. La cause doit en être sans aucun doute une insuffisance de nutrition. Il y a quelques années, j'ai essayé de rechercher les causes de cet état de santé et les remèdes à y apporter et, sans

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vouloir imposer mes idées aux parents , sous forme de règle fix.e je crois utile de donner ici le résultat de mes . expériences sur la base desquelles on pourra se former un jugement personnel. Tout d 'abord , il faut reconnaître que l'école commence trop tôt le 1natin. Les enfants fatigués dorment jusqu'à la dernif're minute , surtout en hiver ; ensuite conlmence ce qu 'on appel1e chez nous une vraie chasse, Toute la maison s occupe d 'hahiller et de pré­parer l 'enfanl pour qu'il arrive assez tôt à l'école. On avale en toute hâte une tasse de café. La pluspart du temps , on ne nlange rien et l 'enfant part en courant pour l'école où il arrive essoufflé et déjà énervé, mais ce qui est pis encore, c'est que le tra, ail in­tellectuel commence imlnédiatement, sans une minute de grâce , et c'est un effort trop considérahle pour de petits organismes . -Pendant quelque temps l'enfant supporte ce fâcheux état de cho­ses , mais il ne tarde pas à être affaibli, car l 'eslomac vide, à peine trompé par quelques gouttes de café, n 'est pas à m ême de fournir à l 'organisme les forces dont il aurait besoin et le paIn re petit corps se consume sous cet effort incessant jusqu'au moment où il est complètement épuisé.

Mais ce n'est pas seulement l'anénlie et la nervosité qu'il s'agit de comhattre. Il y a aussi la position des écoliers pendant le travail. Entrez dans une classe et observez un i11s1an t la façon dont les enfants se tiennent pour écrire. La poitrine est écrasée contre le pupitre, le dos courbé, l'épaule droite en haut, 1 épaule gauch e affaissée. RésuHat : des déviations de la colonne vertéhra­le et des épaules. On ne recommandera jamais assez aux écoliers de se tenir- bien droits pour écrire.

La position courbée qu on leur laisse prendre a encore un e grave t:onséquence par le fait qu'elle entraîne la myopie, que fa ­vorisent encore le mauvais éclairage, l'impression trop faihle des livres scolaires , l'encre trop claire, etc. , etc.

Les paren ts, pour obliger les petites écolières à se tenir droi­tes devraient leur imposer , comme aux garçons , le sac porté sur le dos et non pas la serviette que 1 on tient sous le bras.

Il y a une quantité de domaines où l'éducation scolaire et l'éducation familiale peu, ent 111archer de pair en se complétant l'une l'autre, pour le plus grand hien des enfants.

Si l'es expériences que j'ai faites et dont .i ai 'consigné briève-111ent ici les résultats peuvent être mises en pratique, j'en serai profondément heureux, car ce sera, j 'en suis convain'cu, pour le plus grand bien de notre jeunesse, qui en deviendra plus saine, plus robuste physiquement et plus puissante au point de yue 111-

tellectuel.

' (Feuilles d hygiène et de médecine populaire) .

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~~~ ~ ~);Ç.,~ (0\ @k~ Nos Pages ~) @J"@~ COURRIER DES INSTITUTRICES ~~ ~~~~ @j)~

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SOMMAIf,'E - Vallitas; Vanitatum ... - L 'art de punir. - La goutte d·eau. - L 'automne. - Pensée.

G2.--- « \7anitas vanitatum ... » ~

Au rameau vert encor où ma .ieunesse penche Vers le triste destin des fleurs) Mûris ]J({l' lu lumière intime et pal' les pleurs) DéJà les fruits sont lourds ct tant ployer la branche ..

Ces fl'uits ) après ces fleurs ) qui viendra les cueillir Pour apaiser l'ardente soif de quelles lèvres? Dans le calme apais({nt où vont s)user les fièvres ) 1\1 es pensers sont troublants et lne font cléfaillil'.

C'est l'automne el le crépuscule . . . A peine j'ai goûté les douceul's du matin

Que les heures du sail' sonnant SUI' le Jardin FeJ'lnent le cœur D1uet de chaque campanule.

Ainsi les nuits) les .tours) les printemps) les étés Ont fui l)LIn après l'autre - ô fantasmagorie! Tous les pal'fwns sont emportés Dans un souffle de vide et de mélancolie.

Il est nuit au .tardin) il est nuit SUI' 11lOn cœur; Sentiment doulourellx que tout passe et s)achève ! . . . La lumière n ) est plus qu)une clail~e vapeur . .. . . . Inconsistance de nos rêves! . . .

Que sentir cm dedClns et que voir cm dehors Sinon que l'amour ll1eUl't et que ICl clarté b~tisse ?

Tout 11lOn passé s)estompe en une brume épaisse Où) comme lin beau fal'clin) ma Jeunesse s) enclort.

G. Thil'ouin.

~ L'Art de punir

L 'art de punir est un art difficile car il exige d'e la part de l'éducateur beaucoup de vertu, de la ,:olonté, et, par-dessus tout beaucoup de jugement.

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On pourrait écrire un livre entier sur l'art de punir; VOiCI résumées, en quelques mots, les conditions d'une punition sagement donnée:

1. Qüand vous corrigez un enfant , gardez votre calme, car la colère est mauvaise conseillère et fait faire d'es sottises;

2. Punissez tout de suite après un premier avis, sans discuter a "ec 1 enfant, sans faire d 'inu tiles menaces;

3. Punissez rarement, mais sévèrement. Il faut savoir fermer les yeux. sur une espièglerie sans importance pour mieux punir les j··autes où il y a méchanceté ou mauvaise volonté;

4 . Proportionnez la pénitence ù la faute commise; on ne punit pas un oubli ou une nlaI'adresse comme on punit une t'aute grave ou de nl~lice ;

5. Ne cédez .laInais devant la résistance cl un enfant, ce serait abdiquer votre autorité et a', ouer votre inlpuissance ;

6. Ne vous exposez pas à punir un innocent, entourez-\'ous de toutes les précautions nécessaires pour ne pas faire erreur;

7. Encouragez et félicitez l'enfant chaque fois qu 'il montre un peu de bonne volonté. Faites-lui surtout remarquer que son obéissance, si elle est motivée par la foi aura un jour sa récom­pense dans le ciel.

Voici, à titre d ex.emple, un trait que nous puisons dans une étude que M. l'abhé Lecigne a publiée dans une revue de Lille sur 1 œuvre de Jean Aicard , à l'occasion de son livre Tata:

Tata est la tante du petit Gustave' Bonnaud, le grand-père. II a été convenu que, lorsque 1 enfant sort pendant le dlner , il renonce par cela même à la confiture du dessert .

On était donc à table. La porte était ouverte. Le petit s 'échappa et courut dans le

.iardin . Ce n 'est pas grave, dit Bonnaud'. Il se fait hOlnme ; c 'est l'a

,'olonté qui apparaît; ça n 'est pas un m:11. Je l'ais le chercher , ajouta-t-il sous l'œil sévère d 'Adèle (Tata).

Pas avant que nous ayons mangé notre soupe, dit Tata, et que la sienne soit refroidie . Ne perdons pas l'occasion qui s 'offre d 'une si belle leçon.

Bonnaud, docile, mangea sa soupe, l'œil ù tout Inoment tourné vers 1:1 porte.

- .J 'y vais, dit-il enfin, n 'y tenant plus. Il revint avec l 'enfant. - Notre soupe était bien bonne, bien chaude, dit Adèle. La

tienne est toute froide.

Le révolté prit sa cuillère et goüta la soupe. - C'est bon! dit-il, faisant bon visage ù mauvaise fortunec - Tant mieux, dit Tata.

I l

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. qu~n~\' les confitures arrivèrent, ell e en prit. l'enfant la re-'gardalt fèl1re avec 1 attention d'un chiennat gourmand .

Oh! Adèle, essaya le gi'and-père. - Puisqu il n 'en a pas voul'u , dit Taia. - Comment cela ?

- Je lui ai dit: «Si tu sors, c'est que tu n e veux. pas de confi-ture .» Il est sorti. C'est qu il n 'en YOLilait pas.

- J 'en veux hien, grogna le p etit.

, - :- Trop t~rd , d.it l'inflexible Tata. J ai cru ce que Gus taye m ~ ~ht. Je crOlS t?ll.lOUr~ c~ qu'on me dit. Et j 'ai promis qu'il n' .aUI aIt. pas ?e conhture, .le tIens tou.iours ce que l'ai promis, .i e n e mens .lamaIS. .

-----: J 'en veux bien, dit J'enfant, les yeux écarquillés , cher-chant a comprendre le fond des choses. .

- ,Puisqu'il en veut bien! dit Bonnaud. , . Adele rega rda son pèr e d 'un œil si terrible qu 'il se hMa

d a.lOlüer:

, -:-!e ne ciis. pas qu 'il. faut lui en donner . . . puisqu e tu as pI.oml~ ~e contraIre. ' . nî~IS s'il n'en prend pas. " moi je n 'en ·prendraI pas non plus ... .le ne pourrais pas.

- Vous ne vous en porterez pas plus mal, mon père. Bonnaud la regardait tout penaud.

---Le petit Gu:tave, suffoqué , sa nglotait avec ces secousses de

tont le corps qUI anl:lOncent les gi'ands désespoirs d 'enfant. -- A?ele ! s~ppha Bonnaud, je ne veux pas voir ca. - C est faCIle , Illon père, éloignez-vous un J110lne;Ü . . .

,. Le pau.vre grand-père mit ses coudes sur la table et elle yit qu Il pleuraIt.

- ~~L ,~ois,~l~ ~s fai~ d'u chagrin, un gros chagrin à bon-papa AlOI s, la . VOIX eplOl:ee du pauvre petit sanglota : ----:- Eh bIen! E h hlen! ... donne-lui-en tout de suite à bon­

papa. A ce cri, Tata fut g::rgnée aussi par les larmes.

r .-, Il, aur? bon "cœur , .n~us s~mmes sauvés, dit-elle, mais ous n aUI ez oe confIture nI l un nI l'autre. Quand tu d' sol " ,

Lon O'rand' 1 4 e )els . 5 ,pere p eure el ne peut plus mang'er tu vois 1 Reg'al'de-le'

bIen ' br' . " c

f': ' , n ou ~e .lamaIS cela. C'est toi qui a pri, é O'rand-père de

con Iture parce que tu as désob éi . b

. L 'enfant n 'avait plus de larmes, mais il respirait à grand bnut, par ~ec.o~lsse.s toujours. plus précipitées.

- Cela faIt bIen ma], dIt Bonnaud ,

- Il faut souffrir pour leur faire une â~l1e dit Tata. Et ce n, 'es t p~s tout, reprit-eHe en s'adressant au petit~ i l n 'v aura l)a.) (de mUSIque ce soir . . ' J

. - Oh ! ça, dit Bonnaud, ça par' exenlp]e !

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Pardon , Tata! Pardon , grand-père! hurb l'enfa nt à. ce tte 111enace ,

_ Ah! s'écria Bonnaud, éperdu d 'anlOlH , il a clit pardon! Il l'a dit de lui-même!

_ Puisque tu as demandé pardon de toi-m ême , tu auras de la musique, fit- elle.

Et quand il s le portèrent d'ans sa chambre, il passa les bras' de l'un dans les bras de l'autre ...

- A présent,i1 est à nous , dit Bonnaud, lorsque l'enfant se fut endormi aux sons les plus doux de sa flûte. NIa is , con, iens -en , j'ai été superbe. Vrai, j'ai souffert.

- Et lTloi , dit Adèle croyez-Yous , mon p ère, que j 'étais sur un lit ele roses? ... J'attendais cette occasion inévitable du pre­lui el' châtiment. Je crois que de cette épreuve dépend tout le reste, si nous sommes logiques.

_ J 'aime mieux m 'êtr e chargé des récréations! d'it le "ieux.. Allons dormir , c'est un l'Op os bien gagné! , ..

Voilà une scène admi rahl e de véri té, un modèle de punition à la portée de tous,

Observation pratique. - Dans les tentatives de r évolte qui se luanifestent vers l 'âge de deux ou trois ans , com.nîe aussi pOUl' les faute gr aves () ù il y a malice et m échaIlccté) si l'enfant paraît insensihle aux. a utres ch âtiments il faut faü'e usage de la verge; c'est alors le seul remède efficace. , . '

n faut que l 'enfant sache de honne h eur e qU]\ est lnuhle à lui de résister que l'on exige de lui une ohéissance complète, et que pour l'oh tenir on ne reculera pas deva nt une sévère cor­r ection,

Ne lisons -nous pas , d 'ailleurs, au livre des Proverhe:;, que celui qui épargn e la VCl'g,c à S011 fil .~ Il C raime pas, ? , .

De nos jours, il y a une tendance pronon cee a suppn~Ler toutes les corrections manuell'es; Il 'est -ce pas pour cela peut-etre que les hommes de caractèr e sont aujourd hui si rares? ..

En principe don c, avec des enfants tout jeunes, surlou t sIls ont le caractère peu souple, il faut user de sé, éri té. Plus taret quand la première formation ser a faite , on fera pluWt appel a ux sentÏIuents du cœur.

Al111é Simon .

Une goutte d'eau Su spendue a.u bout cl '111e feuille, après l ondée, elle se balançait"

transparente et gonflée, ne se décidant pas à choir. Le reflet des ver­dures lui prêtait un e teinte douce, un peu glauque, où brilla it un point lumineux. _

Comm e elle était frêle et petite, a.insi détachée dans le vide et

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pr ète· à tomber sur le sol l. .. La feuille' qui la r etenait lui devait son éclat :' lavée, ell e a ura it pu s'apf'ar enLel' a u x jeunes bl'a nch es épa ­noui es du m atin mêm e; c'éta it la fr a ich eur et la g râce uni es. U n p eu cl e soleil brilla, tr an s-per ça la voute cl es a rbres et la gou tte cl'ea u r essembla souda in à une p erl e d 'Ori ent. Les ~ep t couleurs d 'iri s la p én étr èr ent: a u bout de la ver te f eume tr embl an te, il y eut un e pe­ti te m erv eill e fragile ... l a goutte d 'ea u ...

On a ura it dit un e la rme.

Les désespoirs d 'enfants en on t de telles, bell es et limpides vi te .i a illi es, vite essu yées, pluies d 'or age s,a l1S lendem ain. Ains i, vous p leu­l'ez, m es amours, p OUl' un jOUf~t brisé, pOUl' un oiseau mort; et c'es t, je vous assure, si peu cl e chose ! .. . Comme .i e serais h eureu se s i l' av e-11ir m e promettait de n e vous en arrach er jam a is de plu,_, (' j' L1 enes 1. ..

Vous pleurez au ssi quelquefoi s pour un e fau te, h élas ! com m ise èt qui gonfl e votr e r 'etH cœur d'un r em or ds spontan é ! .. , J'a im e ces la rmes, ces bell es larm es canclides : Dieu les a ime au ssi. Le Da nte . emporté 'a u pa ra di s cla ns t:,on r êve génia l, n'a -t -il pas l'en con tr é là ­h au t l 'âm e d 'un grand coupable sau vé à son h eure derni ère pa r un e petite la rm e .. . «un a lagrimetta» de l'emords ? .. .

La gou tte d 'eau suspendue au bout de la joli e feuill e brilla n te, me fa it penser à toutes les la rmes que le ven t inlassab le a séchées depuis les temps r eculés où , pleura n t l'Eden perdu , les pr emi er s h ommes.' commen çaien t ici-bas l'au s tèr e et rud e péni ten ce ...

... Dan s le r ougeoiem en t d 'un brasier , Eve, vêtue d e pea Ll X cl bêtes, pleure a u fond d 'un e ca verne d evan t Abel assassiné. Eternell e pla inte des m èr es ! ... C'est là qu 'elle a commen cé, c'est là dan s ce la m ento sauva ge, tour à tour gémissan t et tragique, épouvan tan t pal' sa viol ence les fl. ni maux fa mili ers et l'h omme lui-même ... Savait-elle seulem ent ce CJU 'était en r éalité cette mort dont son r éché éta it la cau se ? ... Non . Pour en c'Ümprenclre l' eff et, il a fa llu qu'ell e voie ce corps. a imé s 'en a ller en lambeau x dan s l'norreur des suprêm es dé­compositions 1. ..

Et sur le Ca lva ire, a u pi ed d'tll1 gibet où se m eurt la gr ande Innocence m éconnue, la mêm e pla in te s 'élève, plus r ésignée : un e m èr e douloureu se se t ient debout...

Larmes d e Mari e-Ma deleine a u d éser t proven çal; larm es d e P ier­r e sur la route de Rome qua nd le ch an t des coqs à l'aurore lui r ap­p ela ient son r eni em en t ; la rmes purifiantes du bon larron agonis,a nt sur le g ibet voisin d e celui du Maître et r ecevant l 'ineff able promess e qui lui ouvrait l 'éternité ... Elles étaien t sa intes et belles , toutes, tou­tes, l. .. Ce n 'est pa s le vent qui les a séch ées : c'est l'a nge' des repen­t irs qui les, a r ecu eillies pour les offrir à Di eu.

Comme l 'Océa n , la vie a de gr andes tempêtes. ul ici-bas n 'é­cha ppe à leurs tourbillons imf'étueux : crises d 'âme, débats de cons­ci ence, révoltes de'vant d e trop cruelles injustices, dra m es obscurs, plus pénibles à vivre que bien des drames éclatants,.

L 'orage passe, ploi e et brise; puis tout s'apaise. Le calme r en a ît , ·et il ne r este plus, épar ses, que les la rmes versées , suprêm es gouttes

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cl'eau que le 8.ale iJ leva n t tr fl n sform e en perles prismatiques. Quel pst le bel ang'e qui les r ecu eille, celles-là, pour l e~ em por ter v er s le Se ign eur ?

. . . Et souven t cet an ge a des l'ires fr a is, des yeu x innocen ts, de' tendres petites m ains car essan tes : c'est llJ1 ch ér ubi n à qu i Dieu n'a l)aS donné d 'Ril es, a fin qu 'il r este parmi nous,.

a peti ts enfan ts qu e j'a.ime, .i oie de m a m aison, fl eurs de mon be l été pourra is-j e lorsqu e vous êtes là près de m oi, si doux , s i sagesy

PO~llT8 i S- .i e m'e 'souveni r des a.mères gouttes d' ea u r épandues- jadis ? . .. -Bénis soien t les ber ceaux où s 'éveill en t nos a n ges, et cette purete

des gr a ncls yeu x tr anspar en ts, et ce rire s i d air, qu 'on n e conna ît point l 'ombres a u foyer bi enheureu x où Di eu le fa it t inter . ,.

Béni soit tout ce qui s'agite et vit au monde, car l'univer s n e semble' être fai t que pour eu x, depuis. la mouch e c1"or don t le vol les a muse, jusqu 'au astr es cl 'ar gen t ,veill a ~1t su~· leur s~mm eil. L~ .ter re qui l es por te et le .iour qui les bmgn e s extaSIen t en SIlen ce, et 1 OI seau pr ès du nid s 'ém er veille de voir les petits enfan ts des h ommes ga­zouill er comm e l'oi sillon . . .

\.prè~', l'assau t des souveni rs, il y a des gouttes d'eau pa rfois suspen du es a ux cils fr émi ssa n ts des m èr es, Béni e soit, béni e soi t a lors la fra.gile m ain rose qui s 'approch e pour les cu eillir , et, par eille' au sol eil sur l es gr ands f eu illages humid es, m et da n E:" ces larmes tout un a r c-en-ciel, .. M. Bar rère- \ffre.

llflutomne N ostrdgie rwtomnale et paisible langu eur D es labours dé pouillés qu e longe le sem eur

J

Mon âme vous ress emble, elle est dou ce et pensiv e, V ofre charme si cloux l'apais e et la captive . Elle aime les sentiers et les côtCLU X roussis , L es horiz on voilés d e brouillards indécis, L es plaintes d e la bis e et l'arbre qui s'e ff euille D e sa parure (lU gré du v ent qui ICI recueille; L es déclins d e soleil SUl' les champs assoupis ; L es soirs, où près d e l'âtr e en rond, tous accroupis" On écoute rouler le fra cas du tonn err e, Et la pluie en chantant tomber dans la gouttière. L es ch emins creu x où coule le trop-plein d es eaux~ Lorsqu e ["orag e éclate et gonfl e les ruiss eau x, L es pétales tombés d es corolles fl étries, _ La campagn e où, sur l'h erb e éparse d es prairies, S cintille le matin mlX f eux d e froids l'ayons , L e givr e qui r ecouvre et blanchit les sillons , Et ies l'os es moul'Cwtes , les l'os es (['Clutomn e Oue le moindre aquilon d' un sOllffle décollronn e, ~, VV.

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~ Pensées ~ Fairc plaisir) semer de la joie autour de s?i : quel a~·t exquis,

1uais trop ignoré 1 Un cadeau modeste, un serVIce rendu a 'prop()~, une attention dé1icate, un mot du cœur, un sinlple sounre sut -­fisent parfois ... Pourquoi l'oublier si souvent?

Faire plaisir autour de soi: quel placement seneux de ce capital instable qu 'est le honheur! En embellissant la vie des autres, n 'est-ce pas surtout notre vie profonde que nous embel­lissons?

Faire plaisir autour dc soi: quelle vertu précieuse aux yeu"\. du Très-Haut! Le divin Maître vous rendra en torrents de grâces les petites jojes que vous répandrez sur les plus humbles d'entre les siens . Clwnoinc clé Soint-L(lLll'ent ,

Causerie sociale

Propriété -et collecti lisme

Lc Mcunier de Sans-Sollci. - C'est par une hisloire - et une histoire vraie - que nous a llons commencer aujourd'hui:

Frédédc II , roi c1e Prusse, s'était fa it construil'e un château ma­gnifiqu e à. Potsdam, à quelques lieues, de Berlin. Il eùt aimé venir s'y r eposel', mais tout auprès se trouvait un moulin CJui, jOU1' et nuit, fa'isait un tapage insupportable, où l'on allélit et venait comme dan' tous les moulins, l e sor1e que le roi n'avaH ni tranquillité ni silence. Ennuyé, Il voulait acheter l e moulin afin de le démolir. Un beRu jour clone, 11 manc1a lc-l meunier: «Vous compl'enez, lui dit-il, que nous n e pouvons. pas vivre ainsi l'un à càté de l'autre. L 'un de nous r[ IJUX doit céder la place. Combien voulez-vous me donner de ntOn }Jetit château? - Le meunier sans se troubl er , répondit: «Combien l'estimez-vous, mon royal voisin?» - Le roi répliqua vivemenl: «Homme étrange, vous n 'avez ras assez d'argent pour m'acheter mon château; elites-moi plutôt combien vous estimez votre mouliIll>. A son tour If' meunier, s 'inclinant, di : «S ire, vous n 'avez pas non 111us ass,ez d'argent pour m 'acheter mon moulin, Il n 'est pas à vendre.» Le roi alo1's proposa un prix, puis, un second, puis un troisième, toujours de plus en plus élevé; mais l e meunier' persista dans son dire: «lvIon 1110ulin n'~st pas à vendre. J 'y suis né, .i e veux y mourir; je l 'ai reçu de mes pères, de mème mes, descendants le recevront de moi». \101'8 le roi devint m enaçant: «Savez-vous, mon brave homme, que ,ie n 'a i pa.s besoin de fair e tant de discours. J e vais faire estim er votre moulin ,et .ie le démolirai. Vous prendrez votre argent ou vous n e le pl'en­"(h 'ez ras, à votre aise: cela m est égal ,» Le m euni er se mit alors à

so urire et bl'avement l'épandit au roi: «Voilà qui serait bien dit, Sire" SIl n'y avait pas des .iuges, à Berlin! » - Le roi était juste; la fran­chise du meunier le charma. Depuis c-e jour-là, jl la issa son voisin tranquille clans son moulin et le princ e et le meunier vécurent en lX\ ix côte à c-âte.

.T e n e doute pas, vous êtes con tents de la façon vraünent heureuse dont finit cette hi s toire: vous étiez pour le meunier contre le roi Frédéric, car vous trouviez que le m.eunier était pleinement dans son droit défendant son moulin: ses parents l'avaient acquis et payé ù force de travail; ils le lui avaient légué en mourant et il espérait bien le léguer lui-même, à son tour, à ses enfants. Ce moulin était sa propriété et il n'entendait pas que le capr,ice ou le bon plaisir d'un roi l 'en dépouillât, même en le lui payant un bon prix.

L'histoire de ce meunier célèbre nOLLS aidera à comprendre' une qlLestion fort importante: la question d e la propriété. Nous en avons dit quelques nlots d'ans un des entretiens précédents , le troi~ième, mais il est nécessaire, ù cause de toutes les c1isCl1S'

sions que vous entendrez là-dessus, CJue nous en parlions plu s longuement. .

Le droit de propriété.

Un e tendance na turelle. - Vous sa vez très bien ce que ces d'eux nlots-lù velüent dire , Inême si 'ous ne sa vez pas l 'expliquer; car vous savez très bien en pratique et depuis longtemps, ce que c'est que: être propriétaire. On dirait que les bêtes elles-mêmes le savent, par instinct. Essayez donc de prendre à un chien l 'os qu 'il tient clans sa gueule; allez voir comment une Le. mille de moineaux défend son nid contre un méchant ,oisin moineau qui voudrait s 'y installer!

Et l'on peu t dire aussi que , dans r homme) il n/ y a pas d )in­stinct plus puissant de besoin) de tendance plus naturelle qu e' celle-ci: s)approprier ) fnire sien , posséd er certains objets , en user pour soi, à son profit, comme l 'on veut, bref a, oir sur eux Ull

droit de propriété. Vous n e saviez pas encore parler que, ous sn­viez déjà distinguer vos jouets, qui étaient ~l ,ous, pour vous , et pas aux autres ni pour les autres .

La propriété indiviclLlelie. - Le ,droit de propriété , c'est le droit de dispoer librement d 'une chose, c 'est-à-dire de s'en serdr, de la donner, de la vendre, de 1 échanger , de la consommer, de la prêter; par exemple du nl obilier , de l argent, des vêtements , cles terres , une nlaison, etc. On peut en faire ce qu 'on veut, mais' bien entendu à . condition de re:.5pecter toutes les règles de la justice, de la charité et toutes les justes lois.

Pal' exemple, un père de famille, quoiqu'il soit en conseience de devant IR, Loi seul et légitime propriétaire de 200,000 fr. , n'a pas l e dl'Olt cependant de gaspill er à tort et <'1 tra V 61'S cet argent pour n 'e11

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r ien la isser à ses en fa n ts; n i tel a u tre par exem ple, varce que celel lui passe pal' l n tète, de mettre l e feu à u n e m aison qui lui apparLient, en cléclarc.lnt quïl peu t fa ire de son bien ce qu 'il veu t, Pareillemen t, on n 'accepterait plus auj ourd 'h ui , com m E. on l'a vu durant le s,iècle derni er , en \ngleter r e par exem ple, qu 'u n propriétaire très r iche ach etât des villages entier s et d es t er r es fert iles immenses, pOUl' fa ire évacu er les maisons et tr an sformer ]e tou t en simples terr a in s de ch asse in cultE.s.

Dans ces cas et un e quantité d 'autres, le droit de propriété est limit é) es t précisé dans son usage pal' certains devoirs dll propriétair e) OH encore pal' des droits d )cmtrui. En somme, le proprié taire a Je dr oit de fa ire un jus te et ra isonnahle usage de ce qui lui appartient ; ce t u sage qui , n aturellem ent, tendra d'ahorc1 à lui procurer son inté.rêt p ersonn el, de, r a égalem ent contrI buer à la vie et à la prospérité de la société tout entière ou du moins, n e pas lui ê tre nuisibl e.

C'es t pourquoi la p ossessüH1 de la p ropriété entraîn e, p ou r celui qui en .ioui t, des obligations cli ve'rses : p a r exemple l'aumôn e, le pa iem en t des impôts, le travail , le bon exemple, etc. ; s ' jl n e les r empli pas, il n t co n lre l'ordr e m ême de Dieu et r ejette injuste­m ent les charges de la p ropriété pour n 'en garder que les profits . C'es t pourquoi au ss i J'E ta t, a u nom de l' intérêt généra l qu 'il est tenu de procurer, en vue d 'un e meill eure utilisation de la ri ch esse na tional e, peut , da ns Jes cas p révus p a r la loi , et avec les .iuste.s gar a nties f ixées p ar elle, li m iter les droits et réglem en ter 1 us:age de la propriété privée : c 'es t ce qui a rri, e p a r exempl e cb ns les « expropria tions pour cause d 'u tilité puhlique » , qua n j on veut élar gir un e rue, construire une gar e, cr euser un can al, etc. ; da 11 S

certa ines associations syn d icales, en yu e d 'irrigation , de déssè­ch em ent, de chute d 'eau ... où le p ro pri éta ire p eut être forcé d 'en ­trer pour exécu te r su r son terrain les travaux. prescri ts; c'es t ce qu on a vu en plu sieurs p ays depuis la guerre, où, p our favoriser la culture et multipli er les petits propriétaires , l'E tat , com me r e­présentants des in térêts du p ays et défenseur du hi en commun , a pris, moyenna n t un e juste in dem n ité, au x possesseurs d 'énorm es p ropri étés fon cièr es , tout ce q ui dépassait une certa in e étendu e et l'a m or celé, etc.

'Mais, hormis ces cas, l'l~ tat , et les particul iers comme l 'Etat., sont tenus de respecter la propriété pr ivée et de laisser le posse:: seur joui!' en p'a ix et librem ent d e son bien . L 'Etat, tou t spécia1.ement , es t t en u de la isser la plus gra n de indépendan ce possi111e à tou s les citoyens dans l'usage de leu rs biens: C" e::,f , en eff et , l e m eill eu r moyen cl" assul'er la prospéri té gén éra le. L 'Etat qui inte rvi en dr a it trop, r églem ent erait trop , sous prétexte de bien commun en r éa lité fel;a it la m isèr e com­'m u n e ; n ous le ver r on s u n r eu p lus lBS, en p a rla n t du co' lectivism e.

COMMENT DEVIENT-ON P ROPRIETAIRE ?

Une réponse ottensnnte. - A cette qu es tion. qu elqu es s()cja-

- . 3~ :i --

lis ~es réponden~ tout COlu~t: « E n vola nt. L a propriété est le pro­chut du vol ». C'es t trop SImple e t p as fl a tteur pour celui qui POS­sède quelque ch ose et qui a la prétention d 'être !ln h onnête. h om ­m e. Mai.s ce tte r éponse d 'un certain nombre de socia li.s tes n'a p as gran de ImportaI~~e : p our eu x, c 'est sllrt~llt une façon tapalgeu se , aula nt que pedIde, de l'a n cer la doctnne déraisonnable qu ils professent, sur la des tination , sur le but de tous les biens, de tou s l'es oh jets, de toutes les rich esses qui sont sur la terre. « Tout di­sent-il s, ~s t de.s tiné, pa r la na ture (c'es t le mol qu 'on emploie l; ollr n e pas due DIeu) a to us les h om.m es , de façon que tous en ;oLlis­sent égalem ent » (a ttention à ce m ot) ; rien ne peut deve~1ir la pr?prié t~ p ersonnell e, pl:ivé~ , cI e quelqu 'un , sans que ce quelqu'un , qlll en dISp OSe en propnétall'e n e comm ette une espèce de vol au c~ é~r iment ci e lous. A ce com p te- là ,devenir , pa r son trava il quo­lI ch en et ses écon omies , propri é ta ire d 'une ce~·tain e for tune p er ­sonnelle serait yoler. A ce co mp le- Ià en cor e, un pa resseu x, un

..i o~l e lu l!U un i, rogne, qui p eu à p eu d issipe sa fo r lune, se m et , lUI sa l emme e t ses en fants dans la misère, pourra it dire qu 'il es t volé p ar ceu x CJui , en trava illa nt , au gm entent leur capita l. C'est déraiscmn ahle. V()~r e hon sens YOUS ·-:1it que. da ns la langu e de tau t le m ond e, , oler , ce 11 'es t p as : posséder , acquéri r quelqu e ch ose , c' est, au contraire : prendre p ar tromperie, par fr au de, en le dérohant et en le r eten a n t, etc., lin oh.i e t ou un e so mm e qu el­con qu e il celui qui en es t le propri é taire ,

Il est cer tain qu e, plus d 'une fo is, et on ra vu après la guerre 6 11

parti culi er , p lus (l'un s 'es t fait un e for tune PHI' des procédés, plus ou moin s pr oches du vol ; mais ces pr océdés coupah] es, la conscien ce et l'opini on des h onn êtes gens les conclFllnnent, m èm e qUél ncl IR loi et les juges n e les pu n issent pas; en tou s ca s., b ien loin qu e le vo l donn e jam8 is élU vol eu r u n dr oit (l e propriété, « l a chose vo léc' », comm e di ­sen t en t er m es pittoresques les vieux li vl'es de droit, « c l'i e apr ès S Oli

maître t r éclame de lui êtl'e r endu e»: R es clamat domino.

L c T ravail. - E n gros , l'on peut dire q ue la façon l1orJnnl e, lwbitLU!lle) de devenir propriétrtlr e de qu elqu e chose est de le pro­duir c ou de l'acqu érir pur son trewClil. La proprié té es t le fr uit naturel du travail. L 'h omm e tra vaill e pour gagner sa vie, la sien ­ne t cell e de sn famill e; tra vaill an t, il produit qu elqu e ch ose , e t ce quel que ch ose peut ê tre ex traor :::l inairem ent vari é, depuis la sa lade qu e fa it pousser un m ar a îcher da ns son ja rdin , la l'ohe qu e coud' la couturière, le filon de rniner ai d 'or ou la source de pé trole que c1 écoü, re un ch erch eur , ju squ 'au livre d 'as tronomie que compose lin as tronom e, .iu squ'a ux progrès en histoire, en calcul , en h onn e conduit E' qu un p rofesseur fait fa ire à ses élèves , aux. ser vices qu un dom es tiqu e r end à ses m aîtres , etc. \'e f ruit, ce r és ulta t de l' ac tivité du tra vaill eur , qu e ce so it l'objet directe­m en t produit par lui , ou l'a rgent, sa la ire ou t ra item ent, qu Oll lui donn e en éch an ge de son tra yail , toul cela lui a pp a rti ent , es t sa

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propdété ; il s'en nourrit , il le donne, le conserve, le vend, l'échan­ge comme il l 'entend.

L)Epargne. - En prélevant chaque jour un peu sur ce fruit de son tra \ ail et en le mettant de côté, il peut se constituer un capital (argent,. mobilier , vêtements , terres, maisoIi , etc.) destiné ù améliorer sa vie et celle de~ siens, ù assurer ses vieux jours, Ù élever s~s enfants, etc. car c'est pour cela qu est faite la l)ro ­priété privée; c'est cela qui la rend indispensable à la bonne marche de la société: parce qu' il peut devenir propriétaire, F ]W1l1-

lne a goût au travail et cherche d faire de économies ,. et aussi parce qu'il peut léguer I.e fruit de ses efforts à sa famille cl ses enfants, cl ceux qu 'il' aime et dont il sait, en mourant, qu ' ils le continueront lui-même en quelque façon après sa mort.

L 'Héritage . - On vous a cité peut-ê tre la phrase qu 'on prête au roi Louis XV : « Après moi , le déluige ! » et l'on, ous a dit quel égoïsme ces mots révèlent chez ce roi , s'il les a prononcés. Eh hien ! enlever à cet homme le droit de léguer aux siens le fruit de son travail et de son épargne, supprimer complèten'lent ou res­treindre trop rigoureusement le droit d 'héritage, comme certains le réclament, ce serait inviter et comme obliger l' hOlnme d cet égoïsme court, étroit, paresseux, et lui enlever les meilleures rai­sons de travailler et d'économiser ; ce serait priver la fam.il1e cl'tlll de ses liens les plus forts et les plus naturels, et finalement ar­river à faire souffrir la société tout entière de l 'égoïsme, du laisser­il 11er, de la paresse même qui en résulteraient chez un très QTand nomhre. C'est alors que hea LlCOU p diraient Oll penseraient: « Après moi. le dèlu ge ! Pas la peine de s'en faire! ))

PROPRIETE PRIVEE ET COLLEC'rIVISME

Les deux moitiés du titre que vous \ enez de lire ont rail" cle se faire tête l'une cl l'autre comme deux adversaires; et c'est hien ainsi, en effet , que 1 on entend généralement et que l'on op ­pose , avec raison , ceux qui défendent la propTiété privée et ceux (fni , sous le nom de collectivistes ou de socialistes, l attaquent .. Milis vo yons eX8ctement le point sur lequel porte la discussion.

Le Collectivisme ou COl1lltwnisme. - Les plus farollC'hes soc.i:11istes conviennent qu e tout homme a Je droi t de i)ossécler personnellement , en propriété privée une certaine quantlLé d 'ob ­jets , d 'usage courant et de consommation immédiate par exemple quelqlles aliments , qllelques habits , quelques outils. Mais l ClIr grande errellr , en cette matière, est de vouloir réduire ridi cule­ment le nombre et la quantité de choses qut' chacun pourrait posséder personnellement; en pratique ils en arrh eraient, le .iour où ils \ ol1draient et pourraient appliquer totalement leurs idées, Ù ~llpprimer ce droit- de propriété pri, ée, dont ils semblent re­connaître en théorie la lég itimité.

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Pour quel nlotif , allez-volls me denlander , veulent-ils supprimer ce qui nous apparaît .iustement si raisonnable ? Pour faire disparaître tous les abus de notre société « ca­pitaliste », pour supprimer les inégalités, l'exploitation de la mi­,-;ère · et de la faiblesse par des hommes cupides; pour faire cesser l'usl~re etla sp~culation, pour donner à chacun une .iuste part de la rIchesse n:l.honale , etc. On peut être d'accord avec · eux tant qu 'i 1 s'agit de reconnaître que la société actuelle, comme tOllte~ celles qui l'ont précédée, est loi]) d 'être parfaite, qu'il y a des abus ù réprimer, des lllisères à soulager, des faibles à protéO'er contre l 'égoïsme des forts; qu il faut tendre à donner Ù cha~~1ll la plus large part possible de bi en-être, etc. Mais clans nos cha­})itres précédents nous avons dit nous-mêlues plus ou moins tout cela e t vous verrez un peu plus bas, à la fin du chapitre, ce qu 'en a dit le pape Léon Xln et quels moyens il propose pour améliorer - sans COlnmencer par la démolir - notre société actuelle. Car toute lCl question est id: il s'agit d_e sovoir si, sous prétexte de sup­primer les abus présents , de faire cesser l 'inégalité et régner la justice, le système collecti\ iste n 'aboutirait pas fatalemen t, au contraire, à créer des abus cent fois pires, à faire de tous les ci­toyens les esclaves d 'un Etat tyrannique, tous égaux peut-être , mais dans la misère commune.

Examinons un peu ce CJue pOLllTalt bien êtr e Cr rll~,r ès les plan:", (Ille n ous proposent l es socialistes, la Société de l'avenir, la cité futur e qu 'il s rêv ent. Vous c1 evirlerez 8isément ce qu 'en aurRit pensé le m ei..l­ni er d e Sans-Souci .

La Société collectiviste OH cOlTll1111nistc . - Des esprits simples s'imaginent parfois que, pour hâtir tout d 'un coup cette société nouvelle, il n est pas hesoin de calculer tant que cela; il suffir8it de ce qu'ils appellent lc partage général.

On réunirait toutes les t erres, usines, m a.isons, be.:.tiaux, ttr!2:ent. el c., et on ferait avec cela. autant de parts éga,les qu 'il y a Llra.it cle citoyens. Outre que ce pa.rtage serait extl'aordin tt irement diffi c il 8 R fa.ir e, où en arriverait-on au bout d'un seul mois ? Quelques-uns se­rai ent déjà morts; d 'autres seraient nés; les habiles" l es én er g iqu es les sobres auraient dé.ià C0mmencé à arrondir leur lot aux déppn ~'

des paresseux, des buveurs, ou des imbéciles, et ce serait toujours à r ecommencer.

Aussi les socialistes ne \ eulent-ils pas recourir à ce pr()céd~ en fa nLin , et qui aurait d 'ail'leurs pOUl' résultat de reconstituer et de maintenir cette propriété privée qu 'ils veulent au conlnJ.Ïre dé­truire. On ne partagerait donc pas ; au contraire, de tout ce qui , .i~ISqll 'à présent, est propriété privée, sauf les très modestes excep­tlOns dont j'ai parlé pIns haut, de tout ahsolument, on ferait un immense bloc qui serait déclaré propriété nationale. ; il 11\ aurait 'qu 'un seul propriétaire: L 'Etat ; l'Etat qui serait maître unique de

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toutes les terres, de toutes les usines, de tou s les n avires, ci e tou tes les mines, de toutes les maisons , etc., etc. Plus de mien , plus de tien ; tout serait à tous: un seul propriétaire: la collectivité ) c'est-ft dire, tout le monde) représ enté pal' l ) Etut. C'est le premier acte.

Supposons, p a r impossible, que ce soit arrivé. Comment va s'y prendre l 'Etat pour faire fonctionner J'énorme Inachine. si ext~'aordinairement compliqu ée, qu 'est la Société d 'un pays?

Jusque-l à chacun viva.it plus ou moin::o· indépendant sur son bien, dans son ateli er, à son ét.abli , à son comptoir, sur 3Œ1 champ, clans sa m aison ... , il travaillait pour lui , touchait son s81aire ou ses bénéfices, ramassait et vendait ses récoltes; son intérèt pen:.onnel étFlÎt de travailler le mieux et le plus possible, de m ettr e de côté pour les mauvais .iours; et l 'Etat se consentait de contrôler si ce travail libre de chacun s'accomplissait sans violer les loi s générales, félites' en vue clu bien de tou s.

A présent tout es t changé. L e citoyen n e peut plus rien pos-· séder personnellement, rien épargner pour . lui et ses enfants' il ne peut plus ouvrir, com.m e il l'entend , un magasin , une u sin e, un atelier; exploiter, comme il l'entend , ses terres, ni choisir sa pro .. fes sion à lui , bâtir sa nlaison à lui. Sur les cadavres de toutes les libertés privées, sur 1es ruines de toutes les initiatives, de tous les efforts individuels , de toutes les proprié tés individuelles il . n 'y a plus qu 'un seul propriétaire, un seul commerçant, un seul in ­dus triel , un seul en trepreneur de transports un seul cultivateur , et c'es t l' Etat ) qui devra tout prévoir , tout organiser, tout com ­hiner , tout diriger , tout contrôl'er ... , pour que les usines conti­nuent à fabriquer , les chemins de fer à marcher , les champs ~\ porter les r écoltes, les maîtres à enseigner les magasins à distri­huer les marchandises, etc ., etc . ..

L 'Etat, ce n 'est qu ' un mot. En r éalité ce seraient des fonc­tionnaires et des em)JZoués , ou isol és, ou assamhlés en comités en commissions, en bureaux , en administrations, en délé!gations, e tc .; fonctionnaires au sommet de l'Etat ; fonctionnaires et employés dans les cantons et dans toutes les cnmm.unes, ou choisi !:> par l 'Etat, ou choisis par les syndicats, les groupements, les co()pé­ratives, les exploitations publiques des mines, des forêts, des che­mins de fer , des domaines nationalisés, de l 'enseignement des grandes u sines , etc ... Car il faudra toute une armée d '·emplo~,és.. et de fonctionnair es pour remplacer l'armée des anciens trayail ­leurs libres: patrons , commerçants , ouvriers, employés; pour fi xer à chacun sa h esogn e, r égler ce que chaque u sine doit pro­duire , ce qui doit ê tre échangé d une ville à l 'autre, vendu à l 'é­tranger; ce qui d()it ê tr e sem é et r écolté ici , emmagasiné, moulu , transformé là-bas ...

Que de papier il faudra noircir pour tous ces calculs et pour tous ces Ol'cires! Quell e science il faudra pour tout combiner assez tôt, 8S-

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sez bien, afin que personne n'ait faim, que chacun so~t habillé, nourri, logé, soigné ! et que de contrôleurs , et que d 'inspecteurs et que de gendarmes surtout il faudra! D'aut8nt que ce système 3-oclaliste se préoccupe assez peu de fair e intervenir la conscience et qu 'il n e ti ent pas compte de Dieu,

Rêveries dang ereHses. - Bref, que fau t-il penser de tous ce~, beaux projets? Ce qu' en pense à cette heure, après quatre an­nées d'expérience, la très grande majorité du peuple russe. Car c'est chez lui qu 'on a fait pour la première fois en grand . res~ai du système : nationalisation de tous l'es biens, usines , terres, ch e­nlins de fer, mines, forêts , etc .. . ; suppression totale du COnll1.1.er -. ce priyé, de l 'industrie privée, saisie par l'Etat et pour l'Eta t de.s . récoltes. Résultat: paresse, désord r e, laisser-aller , misèr:e géné­rale et fmnine ; désorganisation des usines, arrêt des ch emins de fer; enfin les dirigeants réduits cl nlendier, auprès d'es Pl1YS voi­sins, de l 'argent et des hommes pour rétahl ir. leu rs affai:res;· obli­gés de démolir par de nouveaux décrets, l'es règlements et ordon ­nances col1ectivistes qu'ils avaient lancés au début, et refaisant des progrès dans l'ordre, dans le tra, ail , dans la prospérité, suivant la mesure même où ils renient leurs l?rincipes et leurs réglementati()ns désastreuses des années précédentes . .

CONCLUSION

Deux critiqu es. -' Le collectivisme es t trop contraire à la nature de l'homme, à ses hesoins, à ses traditions , pour pou voir ê tre sérieusement, intégralem.ent appliqué.

E n pr étendant délivrer J'ouvrier du capitalisnle, il arriverait ?l rétablir un vérit:lble esclavage de tons) sous le gOllvernenlent autoritair ~, irresponsable, de quelqu es-uns: Ill : supprimerait en effet, en p remier lieu bien entendu , la liherté d être propr.iétaire _ mais encore, la liberté de choisir sa profession - la lihel'té de choisir' son logement - la liberté de choisir et d'orgàniser' soi­m ême son travail - la liberté de l'enseignenlent et finale­lnent la liberté de conscience.

Sous prétexte de réaliser un bonheur égal pour tous, ; il ré­aliserait plutôt l'égalité d e la misère; car l'Etat serai t écrasé p ar cette tâche colossale d'organiser la vie de toute une nation.

Contentons-nous de ces deux critiqu es, que l 'on l pourrait développer et au xquelles on pourrait en ajouter· d 'autres.

La doctrine catholique. - Combien, en revancp.e, est p~u~ humaine, plus éprise de bon sel)S, plus soucieus.e de tous · le;; pro­grès possibles, notre doctrine sociale catholiqwy. Elle ne pie pas. les abus réels de la richesse à notre époque : elle les recQpnaît et les condanlne comme l'e fait, par exemple, le pape Léo:Q. xii!' d,a.ns son Encyclique sur la Condition des Ouvriers.

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Et voici en quels termes :

« ... Peu à peu, les ira vailleurs isolés se sont vus, a vec le temps, livrés à la merci de maîtres inhumains et à la cupidité d 'une con­currence effrénée. Une usure dévorante est venue ajouter encore au m al. Condamnée à plusieurs reprises par l'Eglise, elle n 'a cessé d 'être pratiquée sous une autre forme par des hommes avides de gain et d 'une ülsatiable cupidité », etc.

La doctrine sociale catholique n'en conclut pas pour cela à la condamnation de la propriété privée; au contraire, elle la dé­clare indispensable; Inais aussitôt elle lui rappelle ses devoirs. EUe ne nie pas le droit de l'Etat d'intervenir pour apporter re­mède aux abus et pour développer le bien commun; elle' le pro­clame et demande à l'Etat d'intervenir spécialement en faveur de la classe ouvrière. Ecoutez plutôt ces paroles prises encore dans cette Encyclique d'ont je vous ai parlé plus d'une fois et que je viens de vous citer tout à l'heure.

« ... Il est évident que l'autorité publique doit aussi prendre les mesures voulues pour sauvegarder la vie et les intérêts de la classe ouvrière. Si elle y manque, elle viole la stricte justice qui veut qu'on rende à chacun son dû ... L'équité demande que l'Etat 8,e J',réocGupe des travailleurs. Il doit faire en sorte qu 'ils reçoivent une part con­venable des biens qu'ils procurent à la Société, comme l 'habitation et le vêtement et qu 'ils puissent vivre au prix de moindres peines et de privations. Ainsi, l 'Eta.t doit favoriser tout ce qui, de près ou de loin, paraît de nature à améliorer leur sort... Dans la protection des droits privés, l'Etat doit se préoccuper d 'une manière spéciale des faibles et des indigents. La classe riche se fait comme un rempart de ses richesses et a moins besoin de la tutelle publique ».

Toutefois notre doctrine catholique maintient dans de justes limites cette intervention de l'Etat et né lui perm.et pas, par exemple, de blesser, à plus forte raison de réduire à néant, les droits de la famille, le droit individuel à la liberté de travailler, de posséder, etc. Elle ne prétend' pas que notre société soit ar­rangée pour le mieux et que, sous prétexte de défendre la pro­priété privée et ses droits, il faille laisser toute liberté à la con­currence et à la cupidité, etc. Au contraire. Et c'est pourquoi elle pousse à l'organisation d'associations professionnelles qui défendront et réaliseront le bien commun.

Par-dessus tout ,l'Eglise possède, pour faire respecter les droits de tous et de chacun, une force bien supérieure à tous les gendarmes du mond'e. Instituée gardienne de la morale, elle agit sur les consciences pour rappeler le devoir intérieur; elle montre Dieu, le souverain et juste Juge. Redisant les leçons de l'Evangile, elle apprend à tous que fa paix et la prospérité de la Société ne se réalisent que lorsque les hommes unissent la Charité à la Justice et sont dociles à la voix de leur conscience. Nous verrons cela tous spécialement dans notre prochain entretien.

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RESUME.

1. Le droit de propriété est le droit cre disposer librenlent d 'une chose, d'en faire ce que l'on veut, la vendre, la donner, la prêter, l'échanger, la ~on~ommer, et~., ~ condition tout~f?is d ' observer toutes les oblIgatIons de la JustIce et de la chante.

Ce droit Ïlnpose aux autres le devoir de ne pas enlever au propriétaire la possession de son bien et de lui en laisser faire usage librement.

2. En général, la façon normale de devenir propriétaire d'e quelque chose est de le produire ou de l'acquérir par son travail. La propriété est l ~ fruit naturel du travail. .

En économisant sur le fruit de son travail, l'hOlnule peut se constituer un capital (argent, terres, ulaison, mobilier, vête­ments, etc.) destiné à an1éliorer sa vie, celle de sa famille et de ses enfants. Il en est justement le propriétaire. Il a le droit de le donner, de le léguer à ses enfants, ~ ceux qu'il aime. Par con­séquent, ceux-ci ont le droit d'en hérIter.

3. Les collectivistes ou communistes sont les adversaires de la propriété privée. Ils veulent la remplacer par la propriété collective qui, d"après eux, permettrait de répartir également entre tous les richesses de la nation. .

Voici con11nent : on réunirait tous les biens, toutes les ri­chesses toutes les propriétés privées et On en ferait un bloc qui serait l~ propriété de tous. LJ Etat deviendrait le seul propriétaire. le seul industriel le seul commerçant; il aurait, bien entendu , la charge de fah.'e fonctionner, au moyen d 'une armée de f~nc­tionnaires, d'employés, de gendarmesl, cette énorn:e machll~e, de telle sorte que partout tout le lnonde eùt de quOI se nou~Tlf, s'habiller, se loger, se chauffer, s instruire, que partout les USInes continuassent à fabriquer , les terres à porter des récoltes, les mines à être exploitées, les chemins de fer à h:ansporter, etc., ,etc. Plus de -travailleurs libres. Tout, jusqu'au ChOIX de la professlOn, à la manière de travailler, serait réglé adlninistrativement.

Le résultat serait: suppression de la liberté, tyranniè de l'Etat frais énormément accrus dans l'exploitation, gaspillage, désor~1re. L'elpérience qui vient d 'être faite en Russie pendant quatre ans, en a donné une preuve irréfutable.

4. Autant le collectivisme est contraire à la nature humaine, autant notre docrine sociale catllOliq!1e favorise tom;; les hcsOIn~ léaitimes de l'hOInme, tout en combattant son égoïsme par le ra~pel des devoirs de Justice et de Charité.

Page 22: L'Ecole primaire, 30 novembre 1928

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Bibl iogra p h ie

f 1 ~

Le jeune citoyen 1)

Il paraît depuis h en (l es années déjà. Et pourtant, 11 n e vieillit point, tout au contraire. Il change et n e se r ér ·ète pas; c'est là son ecret. Il veut èt.re tou.iour,' un 'nouv eau venu pOUl' ses .i eunes lecteurs.

Cette année, il les invite à faü 'e üe nombr 'uses excursions dan8· la Vallée de l 'Orbe, la Région suisse du Doubs et même à aller contem­pler d 'a.ssez près le .. géants qui dominent Z rma.tt. Pour l'étude, il 'leur a préparé des al'tic es SUl' rader, le papier, le coton, les carbù­runts, les moteurs à expl o:::·i on. Nos .i eunes cam}Jagnards trouveront à enrichir leurs connaissances sur les ennemis du jardin potager, les soins à donner aux arbres fruiti ers, les engrais naturels. Et un cha­pitre spécial invite à accorder toute l'attention voulue à ces deux sem:· si précieux: la vue et l 'ouïe, aux moy en de lutter avec succès contre les agents des maladies contagieus'es. Les actualités ont leur place importante : Fète fédéra le de Chant, l ouveau Palais du Tribunal fédéral, tremblem ents d e t el'l'e, fusil-mitrailleur, etc. La partie pra­tique c'ontl'ibuera à pl'épc1l'er nos futurs citoyens aux tàchet'· qui les atterl.dent. Ils auront entre autres l 'occas ion 'd se familiariser avec l 'organisation politique de la commune. De nombreuses illustrations renforcent l 'intérèt. Et une belle carte au 1 : 100000 représentant tout le Jura bernois, accompagne le petit volume de 200 pages. C'est dire qu'il est un guide sùr, d ailleurs toujours plu8' al précié. Il est en vente dans les principales librairi es avec ou sans la brochure-anexe com­portant un ' Cours élémentaire de fl'ançais pour jeunes gens de langue allemande.

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~ Pensée ~~

L'Eglise est combattue au nom d'une doctrine, l 'athéisme poli­tique et s·odal, r·ar des hommes politiques, avec dE.S procédés poli­tiques. Qu'on le veuille ou non, elle ne peut être détendue efficace­ment qu 'au nom d 'une doctrine, par des hommes politiques avec des procédés politiques. C'est du simple bon sens. En préconisant le sys­tème contraire, on fait le jE.U de des ennemis.

Dom Besse.

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