la performance environnementale etsociale À hec : … · entrepreneurs, chercheurs) à...

4
WE DEMAIN PARTENAIRE LA PERFORMANCE ENVIRONNEMENTALE ET SOCIALE À HEC : «UNE NÉCESSITÉ ABSOLUE» Joseph Adrien - Photos : Xavier Lambours (sauf mention) DEPUIS 2013, LE CENTRE SOCIETY & ORGANIZATIONS DE LÉCOLE DE COMMERCE CONCILIE BUSINESS, DÉFIS ENVIRONNEMENTAUX ET SOCIAUX. INTERVIEW CROISÉE DE BÉNÉDICTE FAIVRE-TAVIGNOT, DIRECTRICE EXECUTIVE, ET RODOLPHE DURAND, DIRECTEUR ET FONDATEUR. Tous droits de reproduction réservés PAYS : France PAGE(S) : 168-171 SURFACE : 403 % PERIODICITE : Trimestriel JOURNALISTE : Joseph Adrien 1 juin 2018 - N°41

Upload: others

Post on 13-Jul-2020

2 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: LA PERFORMANCE ENVIRONNEMENTALE ETSOCIALE À HEC : … · entrepreneurs, chercheurs) à l'origine de modèles alternatifs. Enfin, nous bâtissons des MOOCs [massive open online course,

WE DEMAIN PARTENAIRE

LA PERFORMANCE ENVIRONNEMENTALEET SOCIALE À HEC : «UNE NÉCESSITÉ ABSOLUE»

Joseph Adrien - Photos : Xavier Lambours (sauf mention)

DEPUIS 2013, LE CENTRE SOCIETY & ORGANIZATIONS DE LÉCOLE DE

COMMERCE CONCILIE BUSINESS, DÉFIS ENVIRONNEMENTAUX ET SOCIAUX.INTERVIEW CROISÉE DE BÉNÉDICTE FAIVRE-TAVIGNOT, DIRECTRICE

EXECUTIVE, ET RODOLPHE DURAND, DIRECTEUR ET FONDATEUR.

Tous droits de reproduction réservés

PAYS : France PAGE(S) : 168-171SURFACE : 403 %PERIODICITE : Trimestriel

JOURNALISTE : Joseph Adrien

1 juin 2018 - N°41

Page 2: LA PERFORMANCE ENVIRONNEMENTALE ETSOCIALE À HEC : … · entrepreneurs, chercheurs) à l'origine de modèles alternatifs. Enfin, nous bâtissons des MOOCs [massive open online course,

L'IDEE EST DE FUSIONNERLOGIQUES ÉCONOMIQUE,

POLITIQUE ET SOCIALE,POUR CRÉER DE

NOUVEAUX BUSINESSMODELS.»

QUELLE EST L'AMBITION DU CENTRESOCIETY & ORGANIZATIONS D'HEC?RODOLPHE DURAND : Le Cen tr e

SnO est né en 2009 de la nécessitéabsolue d'inventer de nouvellesmanières de faire du business,qui prennent en compte les défisenvironnementaux et sociaux.Notre mission s'appuie sur troispiliers : la recherche, l'enseignementet l'action. Sur le volet Éducation,l'objectif est de former une nouvellegénération de managers et dedirigeants qui poursuivent une doubleperformance : économique d'une part,environnementale et sociale de l'autre.

DE QUAND DATE CETTE PRISEDE CONSCIENCE?BÉNÉDICTE FAIVRE-TAVIGNOT :

Cette réflexion a commencé dès2003 avec la création du Masterdéveloppement durable. Nous avons trèstôt voulu faire entendre d'autres voix.Comme celle de Muhammad Yunus(Grameen Bank), acteur majeur de lamicrofinance et du social business, prixNobel de la paix 2006. Sa rencontre surle campus en 2005 avec Frank Riboud[PDG de Danone de l'époque, ndlr] adonné lieu à la création du projet de

social business Grameen-Danone, danslequel de nombreux étudiants d'HEC sesont engagés. Nous avons ainsicréé, en 2008, la chaire Social Business/Entreprise et Pauvreté, coprésidéepar Muhammad Yunus et MartinHirsch [Directeur général de l'AssistancePublique-Hôpitaux de Paris, ancienprésident d'Emmaus France, ndlr],

LE SNO CHERCHE À AVOIR UN IMPACTCONCRET SUR LE TERRAIN. COMMENT?RODOLPHE DURAND : Via son

pôle Action, incarné notammentpar l'Action Lank Entrepriseet Pauvreté, une structure crééeconjointement avec Martin Hirschet Emmanuel Faber [actuel PDGde Danone, ndlr]. Il s'agit d'unincubateur de projets de social business,cocréés par des grandes entreprises,la société civile et les acteurs publics.Autre outil : le Movement for SocialBusiness Impact. Il réunit de grandsleaders comme Danone, Renault,Schneider Electric, Sodexo et Veolia.La collaboration entre les chercheursdu SnO et les entreprises du« Movement » vise à repenser uneéconomie plus juste et inclusive.Lidée est de fusionner logiques

économique, politique et sociale, pour,in fine, créer de nouveaux businessmodels au sein des entreprises.

COMMENT SE STRUCTURE LE VOLET

ÉDUCATIF DU CENTRE?BÉNÉDICTE FAIVRE-TAVIGNOT : Les

programmes phares sont le MasterSustainability & Social Innovation (ex-Master développement durable), quiaccueille chaque année, pour un an, unecinquantaine d'étudiants venus du mondeentier, et aux parcours variés (ingénieurs,sciences éco, sciences po, etc.) ; et leCertificat Social Business, validé en6 semaines. On trouve aussi un modulede formation à l'entrepreneuriat socialcouplé à u n stage de terrain de 6 semainesauprès d'entrepreneurs sociaux ; desrencontres entre des étudiants et desfemmes entrepreneures issues desquartiers sur le thème innovation etinclusion. Autre dispositif clé : les AlterLeaders Sériés. Ce sont des séminairesconviant des personnalités (philosophes,entrepreneurs, chercheurs) à l'origine demodèles alternatifs. Enfin, nous bâtissonsdes MOOCs [massive open online course,cours en ligne ouverts à tout le monde,ndlr], à l'instar de « Devenir entrepreneurdu changement», suivi par près de50000 personnes!

En parallèle, nous travaillons avec lesresponsables de cours fondamentaux àl'intégration des perspectives sociales etenvironnementales dans leursenseignements. •

Le Centre Society & Organizations (SnO) :réfléchir, enseigner et agir pour un mondeinclusif et durable!Le Centre SnO d'HEC est un centre interdis-ciplinaire unique en Europe. Ses membres,professeurs, chercheurs et doctorants, étu-

dient les organisations (entreprises, ONG,régulateurs, etc.), leurs comportements etla façon dont elles appréhendent les grandsdéfis contemporains. Les enjeux sociauxet environnementaux sont au cœur de sarecherche, de son enseignement et de sonaction auprès des entreprises, avec qui il

collabore activement.

++EC Society & Organizations Center

Tous droits de reproduction réservés

PAYS : France PAGE(S) : 168-171SURFACE : 403 %PERIODICITE : Trimestriel

JOURNALISTE : Joseph Adrien

1 juin 2018 - N°41

Page 3: LA PERFORMANCE ENVIRONNEMENTALE ETSOCIALE À HEC : … · entrepreneurs, chercheurs) à l'origine de modèles alternatifs. Enfin, nous bâtissons des MOOCs [massive open online course,

WE DEMAIN PARTENAIRE

« Mettre mes compétencesau service d'une économie

utile à mon pays»

Avant HEC, Nadia Stand, 28 ans, native de Barran-quilla (Colombie) a étudié la finance et l'économie àl'université del Rosario, à Bogota. Après cinq ans dansune société de capital-risque, elle décide de bifurquervers une approche plus sociale du métier. «J'avais enviede mettre mes compétences au service d'une économieplus inclusive, utile à mon pays», explique-t-elle. Sesrecherches la mènent au SnO et le Master Sustainabi-lity & Social Innovation. «J'ai vite été convaincue que j'ytrouverai ce queje cherchais.» Elle s'inscrit donc pour larentrée 2017. Elle ne s'estpas trompée. « Outre la qualitédes cours, j'apprécie l'espacedonné au développement per-sonnel. C'est un préalable fondamental pour comprendrel'impact que nous voulons avoir, et le type de leader quenous aimerions être. » Les séminaires Changemakerl'ont conquise. « Ce sont desjournées durant lesquellesnous sortons du campus pour réfléchir à nos aspirationspersonnelles. » Nadia en a retiré deux convictions : «Jeveux sortir des organisations traditionnelles pour lancermon propre business; et je ressensune obligation moralede m'investir positivement pour mon pays. » C'est plutôtbien parti. «J'ai beaucoupavancé mon projet cetteannée.»Il s'agira d'une entreprise d'accompagnement des entre-preneurs sociaux et à impact en Colombie : commentfonder sa boîte, vendre ses idées, bien négocier avec lesfonds de capital-risque et les autorités, etc. «Le regardcritique et bienveillant desprofesseurs a été décisif», sou-ligne Nadia, enthousiaste. «Jesuis entrée à HEC avec uneidée,etj'en sorsavec un businessplan ! »

JEAN-MARC GUESNE, directeur d'Ashoka France.

NADIA STAND, étudiante en Master Sustainability & Social innovation.

« Quête de sens et entreprise :deux notions qu'on n'oppose plus»

Jean-Marc Guesné n'a pas traîné pour s'engager. Celui qui pré-side aujourd'hui la branche française de l'ONG Ashoka a fondé,à 19 ans, une association pour électrifier grâce à l'énergie solairedes zones rurales en Afrique. C'est donc asseznaturellement qu'ils'inscrit, en 2004, au Master management du développementdurable d'HEC, futur diplôme phare du SnO. «Ce qui m'a frappéd'emblée, c'est qu'HEC réconciliait quête de sens et entreprise, deuxnotions qu'on continuait, à l'époque, d'opposer » Le Master vient denaître. « En tant que première promo, nous nous sentions comme despionniers ! », se souvient-il. À HEC, Jean-Marc Guesné se forme,bien sûr, mais se bâtit surtout un réseau. « Pour moi, HEC est unehistoire de rencontres. On y croise desprofesseurs qui nous challengent,nouspoussait, et cultivait notre droit à rêver. »

Un droit dont il a usé avec éclectisme par la suite : au Cambodge,d'abord, dans une ONG dédiée à de jeunes artisans d'art puis dansl'agriculture bio ; au Tibet, ensuite, dans l'économie pastorale ; enFrance, enfin, en tant qu'intrapreneur social business au sein dugroupe Bel. «À HEC, j'ai appris à affiner et à écouter mon intuition...voire mon inconscience, sourit-il. Et à cultiver aithousiasme, anpa-thie et prise d'initiative, desqualités sans lesquellesje n'aurais pas eule parcours que j'ai eu.» De même, il a hérité de son Master uneaptitude à « valoriser les rencontreset un esprit de collaboration ». Unmode de pensée essentiel à ses activités social business, qu'il par-tage avec les nouvelles promos d'HEC, où il enseigne désormais.

Tous droits de reproduction réservés

PAYS : France PAGE(S) : 168-171SURFACE : 403 %PERIODICITE : Trimestriel

JOURNALISTE : Joseph Adrien

1 juin 2018 - N°41

Page 4: LA PERFORMANCE ENVIRONNEMENTALE ETSOCIALE À HEC : … · entrepreneurs, chercheurs) à l'origine de modèles alternatifs. Enfin, nous bâtissons des MOOCs [massive open online course,

« Comment rendre une entreprisedu CAC 40 plus responsable»

C'est forte d'un diplôme d'ingénieure et d'une envie d'élar-gir son horizon que Marie-Laure Piednoir a rejoint, en 2014,le Master Sustainability & Social Innovation. À 34 ans, cettediplômée de Supéléc (Rennes) est en poste au développementdes systèmes multimédias chez Renault. Plancher sur les véhi-cules électriques de la marque lui a donné « l'envie d'approfondirla problématique développement durable », et de se former.

«La promo comptait vingt nationalités pour une quarantained'élèves I Pour moi, qui avais passé dix ans dans l'industrie au seind'une boite franco-française, ça chamboulait positivement mes cer-titudes. J'y ai découvert une variété de points de vue et d'idées. »

À l'issue de son cursus, elle retourne chez Renault, mais à ladirection de la responsabilité sociale d'entreprise, à u n poste dechef de projet stratégie RSE. l'enjeu : « Comment, dans une entre-prise du CAC40, pousser des comportements plus responsables etlever les freins au changement. » Elle dispose désormais d'outils.«Depuis mon passage à HEC, je communique mieux et je fédèredonc davantage autour des missions que je pilote», explique-t-elle. De même, « convertir les diagnostics en actions concrètes »lui semble plus aisé, comme lorsqu'elle plaide pour la miseen place d'une veille sur les sujets RSE, ce qui n'existait pasjusqu'alors dans le service. Enfin, le « langage » de la finance etdes dirigeants d'entreprise, acquis à HEC, lui permet, lorsqu'ellerencontre les investisseurs, « de parler d'égal à égal avec eux, etde saisir leurs logiques ».

THOMAS ANDRÉ, responsable Performance & Stratégie - programme Accès à l'énergie de Schneider Electric.

— — «

MARIE-LAURE PIEDNOIR, chef de projet Stratégie RSE chez Renault (en congé maternité).

« Intégrer les pluspauvres à l'économie»

Ingénieur de formation (ESME Sudria),Thomas André a très tôt voulu se réorien-ter. Après deux ans comme concepteurélectronique dans une PME, il se tourne,en 2008, vers HEC et son Certificat SocialBusiness/Entreprise et Pauvreté. «J'aivoulu ajouter une dimension sociale, socié-tale et humaine à mon travail », justifie-t-il.«À HEC, j'ai découvert la stratégie dite labasede la qui cible les segmentsde population les plus pauvres, pour les inté-grer à l'économie. J'en ai finalement fait monmétier ! » A 34 ans, il occupe chez Schnei-der Electric une fonction transversale ausein du programme Accès à l'énergie. Cedispositif, créé en 2009, promeut l'inves-tissement à impact social ; développe desservices et des produits développementdurable et forme des électriciens dansles pays en développement, en partena-riat avec des ONG locales. « Lorsque l'onplanche, par exemple, sur l'électrificationd'un village, on doit être capable d'intégrerdes acteurs multiples (Banque mondiale,comités de village, associations de micro-crédit, agents locaux, etc.) dans un sys-tème cohérent qui fonctionne. Cette visionsystémique de la RSE et du développementdurable, je l'ai apprise à HEC. » •

Tous droits de reproduction réservés

PAYS : France PAGE(S) : 168-171SURFACE : 403 %PERIODICITE : Trimestriel

JOURNALISTE : Joseph Adrien

1 juin 2018 - N°41