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PLACEMENTS ACTIONS E n termes météorologiques, nous ne prévoyons pas d’«avis de tempête», ce qui signifierait une récession imminente. Nous parlerons de «vents violents», indiquant des conditions favorables à une récession si un certain nombre de facteurs de risque (commerce, taux d’intérêt, inflation) se détériorent. UN PIC BOURSIER DURANT LE PREMIER TRIMESTRE 2018? Les fortes baisses des marchés boursiers en 2018 ont généralement été provoquées par des problèmes d'inflation et de taux d'intérêt. Des indicateurs à surveiller de très près en 2019. Car la convergence des taux de chômage et d'inflation témoigne d'une économie en surchauffe. Suivent alors un repli prolongé du marché boursier et, environ un an plus tard, une entrée de l’économie en récession. Or, l'écart entre le taux de chômage et le taux d'inflation est proche d'un point de pourcentage dans les pays comme l'Allemagne, le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis. Un autre indicateur avancé, la courbe de rendement, a mis en évidence un rétrécissement de l’écart entre les rendements des obligations du Trésor américain à court et à long terme. Historiquement signe de l’approche imminente d’une récession. Par ailleurs, le cycle actuel est proche de la plus longue expansion ininterrompue depuis 1860, suscitant l'inquiétude des investisseurs. Cette préoccupation semble néanmoins exagérée. Le cycle actuel a connu deux réinitialisations, mi-2011 (crise de la dette européenne) et fin 2015 (crise boursière chinoise). L’année 2018 peut être considérée comme une troisième réinitialisation, de par un désendettement et La croissance mondiale pourrait ralentir en 2019 alors que le cycle économique approche d'un sommet sous l'effet de la détérioration de la situation financière conjuguée au plein emploi et à la hausse des prix. Les marchés boursiers mondiaux pourraient également atteindre un pic. par André Keller, CIO, Sequoia Advisory RALENTISSEMENT MONDIAL en vue un désinvestissement massif dans les actions les plus populaires du marché (GAFA), laissant un positionnement historique en actions à des niveaux très bas. A l’avenir, les fondamentaux devraient rester sains en ce qui concerne les bénéfices, les dépenses d’investissement, les bilans des entreprises et l’endettement. Bien que la croissance des bénéfices doive ralentir par rapport à 2018, elle devrait rester positive et continuer à croître. RALENTISSEMENT DE LA CROISSANCE AUX ÉTATS-UNIS, REBOND EN EUROPE La croissance de l’économie mondiale devrait ralentir légèrement en 2019 et se situer entre 2,7 et 2,9%, légèrement inférieure à la prévision de 3,1%. L'économie américaine a enregistré une croissance vigoureuse du PIB de 3,1% en 2018, un chiffre qui devrait tomber à 1,9% en 2019, alors que les politiques fiscale, monétaire et commerciale commencent à se resserrer. Les récentes perturbations dans l'industrie de la zone euro vont probablement s'atténuer et la région devrait connaître une croissance de 2%. La Chine, en revanche, fera face à des défis considérables pour maintenir une croissance d’environ 6% du fait de la gestion des déséquilibres internes et de la résistance externe. LEBREXITETL'ITALIETOUJOURSÀL'HONNEUR Les risques politiques extrêmes restent un obstacle pour les actions européennes. Il est encore difficile de savoir si l'important surendettement de l'Italie est gérable et si une sortie négociée du Royaume-Uni de l'Union européenne est toujours possible. • Les actions internationales pourraient continuer à connaître une volatilité accrue et entrer dans un marché baissier si les indicateurs clés se dégradent. • La croissance mondiale devrait ralentir alors que le cycle économique approche d'un sommet. • Les tensions commerciales, l'inflation et les taux d'intérêt sont des indicateurs clés à surveiller alors que les conditions financières se durcissent et freinent les marchés et l'économie. • Observez l'écart entre le taux de chômage et le taux d'inflation, ainsi que la courbe de rendement, à la recherche de signes d'un pic de croissance économique avant une éventuelle récession. A RETENIR L’ EXPERT WEALTH MAGAZINE • #1 • PATRIMOINE 2019 36 ACTIONS

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Page 1: L’ EXPERT ACTIONS - SEQUOIA...I l n’y a pas de nuages à l’horizon dans le private equity. Le marché de la collecte de fonds de capital reste solide après les niveaux record

PLACEMENTS ACTIONS

En termes météorologiques, nous ne prévoyons pas d’«avis de tempête», ce qui signifierait une récession imminente. Nous parlerons de «vents violents», indiquant des

conditions favorables à une récession si un certain nombre de facteurs de risque (commerce, taux d’intérêt, inflation) se détériorent.

UN PIC BOURSIER DURANT LE PREMIER TRIMESTRE 2018?

Les fortes baisses des marchés boursiers en 2018 ont généralement été provoquées par des problèmes d'inflation et de taux d'intérêt. Des indicateurs à surveiller de très près en 2019. Car la convergence des taux de chômage et d'inflation témoigne d'une économie en surchauffe. Suivent alors un repli prolongé du marché boursier et, environ un an plus tard, une entrée de l’économie en récession. Or, l'écart entre le taux de chômage et le taux d'inflation est proche d'un point de pourcentage dans les pays comme l'Allemagne, le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis. Un autre indicateur avancé, la courbe de rendement, a mis en évidence un rétrécissement de l’écart entre les rendements des obligations du Trésor américain à court et à long terme. Historiquement signe de l’approche imminente d’une récession. Par ailleurs, le cycle actuel est proche de la plus longue expansion ininterrompue depuis 1860, suscitant l'inquiétude des investisseurs. Cette préoccupation semble néanmoins exagérée. Le cycle actuel a connu deux réinitialisations, mi-2011 (crise de la dette européenne) et fin 2015 (crise boursière chinoise). L’année 2018 peut être considérée comme une troisième réinitialisation, de par un désendettement et

La croissance mondiale pourrait ralentir en 2019 alors que le cycle économique approche d'un sommet sous l'effet de la détérioration de la situation financière conjuguée au plein emploi et à la hausse des prix. Les marchés boursiers mondiaux pourraient également atteindre un pic.

par André Keller, CIO, Sequoia Advisory

RALENTISSEMENT MONDIAL en vue

un désinvestissement massif dans les actions les plus populaires du marché (GAFA), laissant un positionnement historique en actions à des niveaux très bas.A l’avenir, les fondamentaux devraient rester sains en ce qui concerne les bénéfices, les dépenses d’investissement, les bilans des entreprises et l’endettement. Bien que la croissance des bénéfices doive ralentir par rapport à 2018, elle devrait rester positive et continuer à croître.

RALENTISSEMENT DE LA CROISSANCE AUX ÉTATS-UNIS, REBOND EN EUROPE

La croissance de l’économie mondiale devrait ralentir légèrement en 2019 et se situer entre 2,7 et 2,9%, légèrement inférieure à la prévision de 3,1%. L'économie américaine a enregistré une croissance vigoureuse du PIB de 3,1% en 2018, un chiffre qui devrait tomber à 1,9% en 2019, alors que les politiques fiscale, monétaire et commerciale commencent à se resserrer. Les récentes perturbations dans l'industrie de la zone euro vont probablement s'atténuer et la région devrait connaître une croissance de 2%. La Chine, en revanche, fera face à des défis considérables pour maintenir une croissance d’environ 6% du fait de la gestion des déséquilibres internes et de la résistance externe.

LE BREXIT ET L'ITALIE TOUJOURS À L'HONNEUR

Les risques politiques extrêmes restent un obstacle pour les actions européennes. Il est encore difficile de savoir si l'important surendettement de l'Italie est gérable et si une sortie négociée du Royaume-Uni de l'Union européenne est toujours possible.

• Les actions internationales pourraient continuer à connaître une volatilité accrue et entrer dans un marché baissier si les indicateurs clés se dégradent.

• La croissance mondiale devrait ralentir alors que le cycle économique approche d'un sommet.

• Les tensions commerciales, l'inflation et les taux d'intérêt sont des indicateurs clés à surveiller alors que les conditions financières se durcissent et freinent les marchés et l'économie.

• Observez l'écart entre le taux de chômage et le taux d'inflation, ainsi que la courbe de rendement, à la recherche de signes d'un pic de croissance économique avant une éventuelle récession.

A RETENIR

L’ EXPERT

WEALTH MAGAZINE • #1 • PATRIMOINE 201936

ACTIONS

Page 2: L’ EXPERT ACTIONS - SEQUOIA...I l n’y a pas de nuages à l’horizon dans le private equity. Le marché de la collecte de fonds de capital reste solide après les niveaux record

Il n’y a pas de nuages à l’horizon dans le private equity. Le marché de la collecte de fonds de capital reste solide après les niveaux record d’activité de 2017. Dans le monde, au

cours du troisième trimestre de 2018, près de 800 fonds ont complété avec succès leur besoin en capital, générant un capital total de plus de 300 milliards de dollars. Bien que les chiffres pour 2018 ne dépasseront probablement pas ceux 2017, ce sera certainement l'une des années les plus réussies depuis la crise financière. Et rien n'indique que les activités de collecte de fonds ralentiront en 2019. Ainsi au début du 4e trimestre, plus de 3 900 fonds ciblaient un capital global de plus de 950 milliards de dollars. Par ailleurs, l'une des tendances les plus remarquables de la collecte en 2018 est le niveau croissant de la concentration de capital. Les cinq plus grands fonds actuellement sur le marché recherchent collectivement environ 20% du total des fonds propres globaux ciblés au niveau mondial. En Europe, comme l'année dernière, le Brexit a généré un bruit de fond constant pour les sociétés de capital-investissement, la pression augmentant à l'approche de la fin de l'année. Le Brexit a bien sûr dominé le programme de réglementation britannique et a eu tendance à évincer d'autres questions. L'incertitude persistante n'a laissé aux entreprises que le choix de réfléchir sérieusement aux conséquences d'un départ désordonné du Royaume-Uni de l'Union européenne.

HEDGE FUNDS: DES SOLUTIONS AUX INCERTITUDES MACROÉCONOMIQUES

Concernant les «hedge funds», bien que la surface reste relativement calme,

les préoccupations macroéconomiques -notamment les points chauds géopolitiques, l’incertitude politique croissante en Europe, les guerres commerciales et les grandes divergences des politiques des banques centrales -, posent toutes des problèmes légitimes à la stabilité du marché. De plus, l’une des préoccupations les plus négligées aujourd’hui est la menace de la hausse continue des taux d’intérêt aux États-Unis. Une hausse persistante et potentiellement dramatique des taux pourrait représenter un risque macro de type «Black Swan» pour les portefeuilles mal positionnés. Dans ce contexte de hausse des taux, les véhicules construits non seulement pour optimiser le bêta du marché des actions et du marché obligataire mais qui cherchent également à optimiser l'alpha pourraient très bien se porter voire prospérer. Les fonds événementiels sont une solution car l'activité des entreprises a été forte en 2018 et devrait le rester en raison du grand optimisme des PDG, des réductions d'impôts et du rapatriement des fonds. Les spreads d'arbitrage de fusion restent attrayants par rapport aux rendements du Trésor alors que les situations spéciales et l'activisme seront davantage dépendants des marchés actions. Les fonds Macro discrétionnaires sont une autre solution. Les divergences de politique des banques centrales continuent de contribuer à une plus grande volatilité sur les marchés tels que les titres à revenu fixe et les devises. Le calendrier politique est une autre source d’incertitude sur les marchés développés et en développement et pourrait potentiellement créer des opportunités de négociation attrayantes pour les gestionnaires discrétionnaires dotés d’une empreinte mondiale et d’un style d’investissement dynamique.

PLACEMENTS ALTERNATIFS

Le marché du «private equity» a enregistré une bonne performance en 2018, limitée seulement par la concurrence féroce pour les transactions. Et pour trouver des opportunités tout en maintenant la discipline, les fonds ont fait preuve de créativité.

par André Keller, CIO, Sequoia Advisory

ENTRE OPTIMISME et incertitudes

L’ EXPERT

WEALTH MAGAZINE • #1 • PATRIMOINE 201954

ALTERNATIFS

Les préoccupationsmacro- économiqueposent toutes des problèmes légitimes à la stabilité du marché.

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Pour rappel, depuis décembre 2017, le prix du bitcoin est passé de 19 000 dollars à 6 200 dollars et la valeur marchande totale de toutes les monnaies numériques a diminué

de 80%, passant de 750 milliards de dollars à moins de 200 milliards de dollars en janvier 2019. Pour certains analystes, 90% des crypto-devises sont susceptibles de mourir. Il semble que nous en soyons déjà à 50%: sur les 2000 crypto-monnaies, près de 1000 sont mortes et/ou frauduleuses.

L’ARRIVÉE DES INVESTISSEURS INSTITUTIONNELS EN 2019 ?

L'année 2019 pourrait bien être l'année où les investisseurs institutionnels entreront enfin sur le marché des crypto-monnaies. Cela pourrait changer la donne pour le marché. Bakkt, une plate-forme d’investissement sous forme de crypto-monnaies pour les investisseurs institutionnels, a retardé son lancement à plusieurs reprises en 2018. Elle pourrait être le catalyseur d’un tel événement en 2019. Il existe un élément positif pour le marché: le nombre de transactions quotidiennes pour toutes les crypto-monnaies a continué d’augmenter en 2018. De plus, l'introduction de nouveaux protocoles par des développeurs de logiciels open source simplifie considérablement l'utilisation des crypto-monnaies.

Wall Street semblait prêt à emballer ses ressources numériques pour le plus grand nombre - d'autant plus que les crypto-monnaies attiraient fortement les Millennials. L’intérêt pour le Bitcoin et d’autres monnaies a commencé à changer, passant de la vente au détail à celle des institutions. Mais le niveau d’infrastructure des sites commerciaux existants n’a souvent pas répondu à leurs exigences. C’est la raison pour laquelle ils attendent. En effet, les grandes banques avaient besoin de places d’échanges offrant une sécurité équivalente à celle dont elles jouissaient dans le négoce d’actions, d’obligations ou d’or. Pour les investisseurs institutionnels, le degré de confiance le plus élevé se portera probablement sur Ripple et son «token» XRP, suivis du Bitcoin et de l’Ethereum.

LES OUTILS OFFRANT VRAIMENT DE LA VALEUR SONT LÀ POUR RESTER

En 2018, il est apparu que les dépenses des entreprises dans la blockchain ont été bien moins importants que prévu. Toutefois, cela pourrait changer en 2019. Des sociétés de conseil ont récemment annoncé que bon nombre de leurs clients dépensaient davantage dans des initiatives de blockchain. Selon eux, la demande de services liés au conseil autour de la blockchain atteignait 1,7 milliard de dollars en 2018.En conclusion, ce secteur est en train de se réchauffer. Pour les investisseurs en crypto, il

s’agit bien sûr d’informations essentielles pour déterminer les positions à prendre, les points d’entrée et un plan de sortie décent.

PLACEMENTS CRYPTO-MONNAIES

Le sentiment entourant l’investissement dans la crypto-monnaie est épouvantable. Pourtant l’investissement dans la crypto-monnaie et la blockchain présente des fondamentaux intéressants, bien que cela ne concerne qu’une petite minorité des projets. Mais s'il y a bien une chose que le crash de la crypto-monnaie en 2018 a réussi à faire, c'est de nettoyer le secteur. En termes simples: créer une catharsis. Cela profitera certainement aux projets à forte valeur ajoutée en 2019.

par André Keller, CIO, Sequoia Advisory

L’ESSOR DES CRYPTO-MONNAIES, est-il pour 2019?

L’ EXPERT

WEALTH MAGAZINE • #1 • PATRIMOINE 201956

CRYPTO-MONNAIES

Les crypto-monnaies,un secteur qui se réchauffe.

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WEALTH MAGAZINE • #1 • PATRIMOINE 2019

Alors que 2018 cède la place à 2019, les investisseurs pourraient bientôt se rendre compte qu’atteindre le sommet est l’effort le plus facile. Les vrais

risques apparaissent dans la descente. Bien qu’il n’existe pas beaucoup de signes évidents suggérant la fin du marché haussier, tout du moins aux Etats-Unis, 2019 est susceptible de présenter pour les investisseurs un paysage plus compliqué à interpréter. En 2018, les politiques monétaires ultra accommodantes des principales banques centrales, et principalement aux USA, sont arrivées à leur terme. Le resserrement de la politique monétaire américaine a partiellement été compensé par une politique fiscale agressive, ce qui a permis à l’économie de croître et aux entreprises d’augmenter leurs bénéfices. Cependant, vers la fin de l’année, cette façade a lentement disparu, révélant un environnement défini par beaucoup comme une désynchronisation de la croissance mondiale.Aujourd’hui, quand les investisseurs jaugent leurs perspectives pour 2019, ils constatent un certain nombre de risques : relations sino-américaines tendues, disparition des politiques monétaires accommodantes et ralentissement de la croissance des bénéfices.En outre, les effets stimulants de l'énorme paquet de politique fiscale américaine montrent déjà des signes de fatigue. Après avoir augmenté de 4,2% au deuxième trimestre de 2018, la croissance économique américaine pour le quatrième trimestre est prévue à «seulement» 2,5%. Les conflits commerciaux et les hausses de

Depuis des années, les prévisionnistes du marché mettent en garde contre les nombreux pièges potentiels qui pourraient mettre fin à la hausse de près de dix ans des marchés financiers. Malgré le nombre croissant d’avertissements, les investisseurs, jusqu'à récemment, ont simplement haussé les épaules alors que les prix des actifs ont continué leur ascension.

par André Keller, CIO, Sequoia Advisory

LE VRAI DANGER COMMENCE quand vous atteignez le sommet

taux de la Fed commencent «enfin» à avoir un impact sur la croissance mondiale. Sans surprise, compte tenu de cette toile de fond de plus en plus difficile, le nombre de corrections boursières a augmenté et de facto la volatilité des actifs, après une inhabituelle et très longue absence.

EN BAS DE LA PISTE, MAIS PAS AU DEHORS

Ralentissement de la croissance économique mondiale, volatilité accrue, politiques monétaires restrictives et chute probable des bénéfices annoncent des rendements inférieurs pour les investisseurs en 2019. En conséquence, un plus grand nombre de pays sont susceptibles de mener des politiques budgétaires agressives afin de relancer la croissance et atténuer les effets du resserrement monétaire.De plus, le risque de récession, en particulier aux États-Unis, demeure assez faible. Cela devrait servir de support aux multiples du marché qui se sont déjà contractés notamment au cours de l’année dernière. Et, bien que la croissance des bénéfices ralentisse considérablement cette année, les bénéfices devraient néanmoins croître au taux encore solide de 9%.Par conséquent, les investisseurs avertis peuvent être en mesure de découvrir un plus grand nombre d’opportunités d’investissement de haute qualité en 2019.

Envisagez des stratégies d’investissement pour positionner votre portefeuille pour une descente exigeante:

• c iblez la qualité plutôt que la croissance

• soyez attentif aux corrélations entre les différentes classes d’actif

• focus sur les bénéficiaires des politiques fiscales expansives

L’ EXPERT

A RETENIR

PLACEMENTS FONDS

FONDS

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WEALTH MAGAZINE • #1 • PATRIMOINE 201950

MONÉTAIRES

La Réserve fédérale a ébranlé les marchés en décembre en relevant son taux directeur, portant à quatre le nombre total de hausses en 2018. Les taux d’intérêt à court terme

continueront de grimper, mais la banque centrale a indiqué qu’il pourrait y avoir deux hausses de taux cette année, au lieu des trois prévues. Les emprunteurs en USD devraient procéder avec prudence en 2019, les épargnants, quant à eux, ne devraient pas être trop inquiets. Après des années de faibles rendements, les taux liés aux meilleurs comptes d’épargne ont finalement battu l’inflation. Selon les analystes, les taux du marché monétaire pourraient atteindre 3% en 2019, puis baisser légèrement à 2,9% d'ici la fin de l'année avec le ralentissement de l'économie.

VERS UNE NORMALISATION DE LA POLITIQUE DE LA BCE EN 2019

De son côté, la Banque Centrale Européenne a mis fin en décembre au programme d'achat d'obligations. Ce programme d’assouplissement quantitatif lui a permis de constituer un portefeuille de 2'600 milliards d’euros d’actifs, sur près de quatre ans, qui lui a permis de stimuler la reprise économique dans la zone euro. L’économie s’est considérablement renforcée ces deux dernières années, réduisant la nécessité de prendre des mesures exceptionnelles en matière de politique monétaire. Ces derniers mois, la hausse des prix du pétrole a provoqué une hausse de l’inflation supérieure à l’objectif de la BCE («en deçà mais proche de 2%»). À l'avenir, la BCE devrait procéder très lentement à une normalisation de sa politique monétaire. La majorité des analystes prévoient la hausse du taux directeur avant la fin de 2019, avec un consensus pour que le taux termine l'année

Les taux d'intérêt continueront d'augmenter aux Etats-Unis en 2019, mais on assistera à un ralentissement économique et de facto à un ralentissement de cette hausse.

par André Keller, CIO, Sequoia Advisory

HAUSSE DES TAUX D’INTÉRÊT aux USA et en Europe

2019 proche de 0% et 2020 à 0,6%. En Suisse, la Banque nationale a finalement maintenu ses taux inchangés en décembre, minimisant les perspectives d'inflation. Lors de sa réunion du 13 décembre dernier, elle a conservé la fourchette cible du Libor à trois mois compris entre moins 1,25% et 0,25% depuis janvier 2015. De plus, le taux d'intérêt appliqué aux dépôts à vue est resté inchangé à moins 0,75%. La BNS continue de penser que son intervention sur les marchés des changes reste cruciale pour se protéger d’une nouvelle appréciation du franc.

LA LUTTE CONTRE LE FRANC FORT CONTINUE

Cette décision a été principalement fondée sur la valorisation élevée du franc suisse. Bien que légèrement déprécié par rapport au dollar depuis la réunion du 20 septembre, il est resté relativement stable par rapport à l'euro et la BNS considère que la situation sur les marchés des changes est toujours «fragile». La Banque nationale a par ailleurs estimé que la politique expansionniste actuelle était nécessaire pour réduire l'attractivité des investissements libellés en francs suisses, considérés comme des valeurs refuges, et par conséquent pour limiter les pressions sur la devise. En outre, la BNS a réduit ses perspectives d'inflation sur des prévisions de croissance économique plus faibles, ce qui donne une raison supplémentaire de maintenir le statu quo. Les perspectives d’inflation pour 2019 ont ainsi été ramenées à 0,5% (prévision d’inflation de septembre: 0,8%), tandis que l’inflation pour 2020 devrait maintenant être de 1,0% (prévision de septembre: 1,2%).Pour de nombreux analystes, la BNS attend que la BCE relève son taux pour commencer à resserrer les siens. La Banque nationale a noté que les risques à la baisse résultaient en grande partie d’un ralentissement de

l’économie mondiale, qui nuirait à l’économie ouverte de la Suisse. En outre, une éventuelle correction du marché du logement constitue un risque majeur de dégradation des perspectives d'inflation. Les analystes s'attendent à ce que le milieu de la fourchette cible du Libor à trois mois se situe en 2019 à moins 0,5% et à 0 en 2020.

L’ EXPERT

PLACEMENTS MONÉTAIRES

Pour de nombreux analystes, la BNS attend que la BCE relève son taux pour commencer à resserrer les siens.

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WEALTH MAGAZINE • #1 • PATRIMOINE 201940

OBLIGATIONS

Selon les prévisions les plus optimistes, les rendements à 10 ans aux USA devraient atteindre 3,6% d'ici la fin de l'année, soutenus par le resserrement de la politique monétaire, la hausse

des taux directeurs dans les autres pays développés et les anticipations d'inflation plus élevées. L'inversion de la courbe de rendement, ou la différence entre les rendements du Trésor à 2 et 10 ans, sera également regardée de près en 2019. Généralement suivie d’une récession, on s'attend à ce qu'elle devienne négative à la fin de 2019. En Europe, 2019 sera meilleure que 2018: les rendements des obligations allemandes à 10 ans devraient atteindre 1%; au Royaume-Uni, les taux devraient atteindre 1,75% pour les rendements des gilts à 10 ans au second semestre 2019.La divergence des politiques monétaires entre la Fed et la plupart des autres grandes banques centrales a poussé les écarts de rendement entre les États-Unis et le monde à des niveaux historiquement élevés. En effet, les bons du Trésor américains offrent les rendements des obligations d'État les plus élevés parmi les économies développées, à l'exception de l'Islande, de la Grèce et Italie. En conséquence, ils offrent une valeur relative aux investisseurs, tout en pouvant servir de valeur refuge lors de périodes de volatilité des marchés financiers. Le resserrement des politiques et l'optimisme croissant de l'économie américaine ont poussé les rendements du Trésor à 10 ans à plus de 3% à la fin de 2018, leur plus haut niveau en sept ans années. Nous pensons que la poursuite de la croissance américaine devrait entraîner les taux à long terme. Néanmoins, les coûts de couverture limitent la valeur relative pour certains investisseurs étrangers. Plus important encore, l’approvisionnement du Trésor américain devrait augmenter sensiblement afin de financer un déficit budgétaire grandissant. En même temps, il est probable que la Réserve fédérale réduise

La croissance mondiale devrait se synchroniser davantage alors que la Réserve fédérale (Fed) devrait augmenter ses taux à trois reprises en 2019.

TROIS NOUVELLES HAUSSES des taux aux USA?

PLACEMENTS OBLIGATIONS

par André Keller, CIO, Sequoia Advisory

L’ EXPERT

La hausse des taux peut créer des défis.

ses avoirs de 600 milliards de dollars en 2019. Les épargnants privés exigeront proba-blement plus de rendement pour l’achat de ces obligations supplémentaires.Cela dit, nous ne voyons pas les rendements augmenter trop brusquement. La guerre commerciale que se livrent Chinois et Américains et le resserrement de la politique monétaire créent des épisodes d’instabilité et de volatilité sur les marchés des actions, ce qui peut soutenir les bons du Trésor américain, comme nous l’avons vu en décembre 2018. De plus, la forme de la courbe de rendement devrait influencer significativement le sentiment des investisseurs. Bien que nous ne nous attendions pas à une courbe de rendement inversée jusqu'à la seconde moitié de 2019, l'inversion est généralement un indicateur avancé d'une récession américaine. Ainsi, nous pensons que les rendements du Trésor américain à 10 ans vont probablement être contenus sous 3,75%. La hausse des taux peut créer des défis. Cela dit, des coupons sur de nouvelles émissions sont maintenant 100bp plus élevés qu'ils ne l'étaient il y a un an. Ceci est significatif, car un intérêt accru peut aider à compenser la baisse du capital. De plus, l’écart supplémentaire des investissements de qualité par rapport aux obligations dites à rendement élevé (HY) offre même une plus grande protection contre la hausse des taux. De manière générale, les spreads des obligations sont proches des niveaux du début 2018.Ces écarts de référence sont inférieurs à leur moyenne de ces deux dernières années. Ceci n'est pas surprenant. L'histoire a montré que les phases de croissance économique robuste peuvent soutenir des périodes prolongées de resserrement. Mis à part des situations spécifiques à une industrie, les écarts peuvent se creuser sans pour autant annoncer une récession économique.