n l’afrique, le private equity et le leverage...

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Rédaction : Alger, Casablanca, Dakar N o 17 : 21 au 27 février 2008 Le journal de la finance africaine Hebdomadaire www.lesafriques.com Les bourses africaines ont aug- menté de 210% en cinq ans. Page 9 Léger repli de la Bourse de Tunis. Page 9 Casablanca : positionnement en vue des dividendes. Page 9 Vers de nouveaux départs au Groupe Banque Populaire. Page 5 Le secteur algérien des assurances boudé par les compagnies étrangères. Page 8 La BMCE lance un emprunt obligataire de 1 milliard de dollars pour financer son développement international. Page 8 Le groupe Caisses d’Epargne lancera sur le marché la carte « Téranga ». Page 5 Les banquiers d’Afrique cen- trale veulent mettre en place un Office monétique. Page 18 Londres : Nouvel accord international sur le café et la production africaine. Page 11 L'Afrique de l'Ouest veut uni- formiser la gestion de son secteur minier. Page 12 Le groupe Bolloré va investir 30 milliards de francs CFA au Cameroun en 2008. Page 14 L’aéroport international d’Abidjan se bat pour sa certification. Page 15 Télécommunications : les opérateurs ivoiriens récla- ment un nouveau code. Page 18 Côte d’Ivoire : Une alterna- tive à l’inefficacité de l’épargne. Page 13 L’OHADA veut rallier les anglophones. Page 17 La Mauritanie sur le chemin de son unité nationale. Page 22 Le domino Kosovo, un poten- tiel désintégrateur en Afrique. Page 23 Alpha Oumar Konaré : l’Afrique est notre devenir à tous… Page 24 BOURSE BANQUES, ASSURANCES ENTREPRISES ET MARCHÉS ECONOMIE POLITIQUE Afrique CFA 1500 FCFA. - Belgique 1,9 a..... - Luxembourg 1,9 a. - Maroc 15 DH. - France 1,9 a. - Suisse CHF 3,80. - Tunisie 2,3 DT - Canada 3,3 $ CAD. MATIERES PREMIERES L’Afrique, le private equity et le leverage finance Le Dr Eric Soubeiga est un spécialiste du private equity et du leverage finance à la City, au sein du groupe Fortis. Les Afriques explore ses domaines de compétence au regard des réalités du continent africain et de la politique développée par son groupe, à la lumière des récents évènements liés à la crise des subprimesL’Afrique est certainement un marché qui bénéficie d’un intérêt grandissant de la part des fonds d’investissement. Il y a déjà des fonds de private equity basés en Afrique et développés par des Africains, notamment en Afrique du Nord, en Afrique australe, au Nigeria, au Sénégal et en Afrique de l’Est. (…). Cependant, cette activité du private equity en Afrique ne signifie pas l’existence d’un marché pour le financement d’acquisitions d’entreprises par la dette, ou leverage finance. Il fau- dra encore attendre quelques années pour assister à l’émergence significative d’un marché de ce type en Afrique. » Lire en page 7 Georges Bush, un tour en Afrique, et puis s’en va Les Etats Unis sont-ils pour quel- que chose dans le fait que la crois- sance moyenne de l’Afrique sub- sahrienne est supérieure d’un point à celle de la planète depuis trois ans ? Georges Bush n’est pas loin de le penser. Et l’idée seule que les Etats-Unis puissent envisa- ger d’élire un Afro-Américain à la magistrature suprême rend la connexion quasi mystique. La visite de Georges Bush a surfé sur cet enchantement. Lire en page 23 « Le Maghreb ne peut qu’aller à la rencontre du Sahel » Ali Bensaad, géographe algérien, fait le point sur l’émigration des Subsahariens vers le Maghreb : « Les Maghrébins disent, à juste titre, que leur population a contribué à construire l’Europe. Les Subsahariens peuvent dire que le Sahara n’aurait pas pu être ce qu’il est sans eux (…). Les villes sahariennes comme Agadez, Tamanrasset ou Sebha sont depuis très longtemps de véritables tours de Babel africaines, avec près de la moitié de la population consti- tuée de migrants d’une vingtaine de nationalités ! Dans les années 90, les autorités locales de Tamanrasset esti- maient que les migrants consti- tuaient les deux tiers de la popula- tion de la ville, et on en expulsait déjà dans les années 70 et 80, même si une bonne partie des expulsés étaient alors des Touaregs nigériens et maliens. La Libye, depuis les années 70-80, accueille et expulse par centaines de milliers des migrants africains. Et pourtant, à l’époque, on ne parlait pas d’elle comme d’un pays de transit pour l’Europe ! » Lire en page 19 Latécoère fait monter les enchères entre le Maroc et la Tunisie Depuis que le groupe aéronautique français Latécoère a annoncé son intention de s’implan- ter au Maghreb, les spéculations vont bon train. Le 28 janvier 2008, la Dépêche du Midi, reprise par l’AFP, annonce que l’équipementier aéro- nautique « prépare la construction d’une nou- velle usine implantée en Tunisie » avec, à terme, un millier d’emplois à la clef. La Dépêche pré- cise que l’usine en question fabriquera des pointes avant d’Airbus. Une semaine plus tard, soit le 4 février dernier, le président du groupe confirme bien la création d’une filiale low cost au Maghreb, mais tout en précisant que le choix définitif du pays d’implantation ne sera pas fait avant la fin mars. Le suspens est d’au- tant plus complet qu’un des hauts responsables du groupe vient de boucler une tournée d’ins- pection au Maroc. Lire en page 3 Cameroun : les douanes et le patronat craignent les conséquences de la signature des APE Une récente étude de l’admi- nistration douanière et du patronat démontre que le Cameroun pourrait perdre, en moyenne, 100 milliards de francs CFA par an à cause des APE. Des conclusions qui relancent le débat dans ce grand pays d’Afrique centrale qui a signé un « accord d’étape » en décembre dernier. Le gouvernement camerounais met un bémol à ces craintes et compte toujours sur le secteur douanier pour renflouer les caisses de l’Etat. Lire en page 17 Le Sénégal peaufine son pacte national de stabilité Au terme de concertations tous azimuts entre les différents partenaires sociaux, un pacte national de stabilité sera finalisé d’ici la fin de cette année. La paix sociale s’avère indispen- sable pour que le pays de la Téranga réalise son ambition de devenir un pays émergent à l’horizon 2015. Le Sénégal est déterminé à inverser la tendance à l’appauvrissement de sa population pour, ensuite, impulser le progrès. Lire en page 15. Georges Bush. Ali Bensaad.

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Page 1: N L’Afrique, le private equity et le leverage financefinance.consulting.free.fr/publi/Interview/Les Afriques.pdf · 2009. 5. 2. · Rédaction : Alger, Casablanca, Dakar La BMCE

R é d a c t i o n : A l g e r , C a s a b l a n c a , D a k a r � N o 1 7 : 2 1 a u 2 7 f é v r i e r 2 0 0 8

Le journal de la finance africaine

Hebdomadairewww.lesafriques.com

Les bourses africaines ont aug-menté de 210% en cinq ans.

Page 9

Léger repli de la Bourse deTunis.

Page 9

Casablanca : positionnementen vue des dividendes.

Page 9

Vers de nouveaux départs auGroupe Banque Populaire.

Page 5

Le secteur algérien des assurances boudé par lescompagnies étrangères.

Page 8

La BMCE lance un empruntobligataire de 1 milliard dedollars pour financer sondéveloppement international.

Page 8

Le groupe Caisses d’Epargnelancera sur le marché lacarte « Téranga ».

Page 5

Les banquiers d’Afrique cen-trale veulent mettre en placeun Office monétique.

Page 18

Londres : Nouvel accordinternational sur le café et laproduction africaine.

Page 11

L'Afrique de l'Ouest veut uni-formiser la gestion de sonsecteur minier.

Page 12

Le groupe Bolloré va investir30 milliards de francs CFAau Cameroun en 2008.

Page 14

L’aéroport internationald’Abidjan se bat pour sa certification.

Page 15

Télécommunications : lesopérateurs ivoiriens récla-ment un nouveau code.

Page 18

Côte d’Ivoire : Une alterna-tive à l’inefficacité del’épargne.

Page 13

L’OHADA veut rallier lesanglophones.

Page 17

La Mauritanie sur le cheminde son unité nationale.

Page 22

Le domino Kosovo, un poten-tiel désintégrateur en Afrique.

Page 23

Alpha Oumar Konaré :l’Afrique est notre devenir àtous…

Page 24

BOURSE

BANQUES, ASSURANCES

ENTREPRISES ET MARCHÉS

ECONOMIE

POLITIQUE

Afrique CFA 1500 FCFA. - Belgique 1,9 a..... - Luxembourg 1,9 a. - Maroc 15 DH. - France 1,9 a. - Suisse CHF 3,80. - Tunisie 2,3 DT - Canada 3,3 $ CAD.

MATIERES PREMIERES

L’Afrique, le private equityet le leverage financeLe Dr Eric Soubeiga est un spécialiste du privateequity et du leverage finance à la City, au sein dugroupe Fortis. Les Afriques explore ses domaines decompétence au regard des réalités du continentafricain et de la politique développée par songroupe, à la lumière des récents évènements liés àla crise des subprimes. « L’Afrique est certainement

un marché qui bénéficie d’un intérêt grandissant dela part des fonds d’investissement. Il y a déjà desfonds de private equity basés en Afrique et développéspar des Africains, notamment en Afrique du Nord, enAfrique australe, au Nigeria, au Sénégal et enAfrique de l’Est. (…). Cependant, cette activité duprivate equity en Afrique ne signifie pas l’existence

d’un marché pour le financement d’acquisitionsd’entreprises par la dette, ou leverage finance. Il fau-dra encore attendre quelques années pour assister àl’émergence significative d’un marché de ce type enAfrique. »

Lire en page 7

Georges Bush, un tour enAfrique, et puis s’en vaLes Etats Unis sont-ils pour quel-que chose dans le fait que la crois-sance moyenne de l’Afrique sub-sahrienne est supérieure d’unpoint à celle de la planète depuis

trois ans ? Georges Bush n’est pasloin de le penser. Et l’idée seuleque les Etats-Unis puissent envisa-ger d’élire un Afro-Américain à lamagistrature suprême rend la

connexion quasi mystique. Lavisite de Georges Bush a surfé surcet enchantement.

Lire en page 23

« Le Maghreb ne peut qu’aller àla rencontre du Sahel »

Ali Bensaad, géographe algérien, faitle point sur l’émigration desSubsahariens vers le Maghreb : « Les

Maghrébins disent, à juste titre, queleur population a contribué àconstruire l’Europe. Les Subsaharienspeuvent dire que le Sahara n’auraitpas pu être ce qu’il est sans eux (…).Les villes sahariennes commeAgadez, Tamanrasset ou Sebha sontdepuis très longtemps de véritablestours de Babel africaines, avec prèsde la moitié de la population consti-tuée de migrants d’une vingtaine denationalités ! Dans les années 90, lesautorités locales de Tamanrasset esti-maient que les migrants consti-

tuaient les deux tiers de la popula-tion de la ville, et on en expulsaitdéjà dans les années 70 et 80, mêmesi une bonne partie des expulsésétaient alors des Touaregs nigérienset maliens. La Libye, depuis lesannées 70-80, accueille et expulsepar centaines de milliers desmigrants africains. Et pourtant, àl’époque, on ne parlait pas d’ellecomme d’un pays de transit pourl’Europe ! »

Lire en page 19

Latécoère fait monter les enchèresentre le Maroc et la Tunisie

Depuis que le groupe aéronautique françaisLatécoère a annoncé son intention de s’implan-ter au Maghreb, les spéculations vont bon train.Le 28 janvier 2008, la Dépêche du Midi, reprisepar l’AFP, annonce que l’équipementier aéro-nautique « prépare la construction d’une nou-velle usine implantée en Tunisie » avec, à terme,un millier d’emplois à la clef. La Dépêche pré-cise que l’usine en question fabriquera despointes avant d’Airbus. Une semaine plus tard,soit le 4 février dernier, le président du groupeconfirme bien la création d’une filiale low costau Maghreb, mais tout en précisant que lechoix définitif du pays d’implantation ne serapas fait avant la fin mars. Le suspens est d’au-tant plus complet qu’un des hauts responsablesdu groupe vient de boucler une tournée d’ins-pection au Maroc.

Lire en page 3

Cameroun : les douanes et le patronat craignent les conséquences de la signature des APEUne récente étude de l’admi-nistration douanière et dupatronat démontre que leCameroun pourrait perdre, enmoyenne, 100 milliards defrancs CFA par an à cause desAPE. Des conclusions quirelancent le débat dans ce

grand pays d’Afrique centralequi a signé un « accordd’étape » en décembre dernier.Le gouvernement camerounaismet un bémol à ces craintes etcompte toujours sur le secteurdouanier pour renflouer lescaisses de l’Etat. Lire en page 17

Le Sénégal peaufineson pacte nationalde stabilitéAu terme de concertations tous azimuts entreles différents partenaires sociaux, un pactenational de stabilité sera finalisé d’ici la fin decette année. La paix sociale s’avère indispen-sable pour que le pays de la Téranga réaliseson ambition de devenir un pays émergent àl’horizon 2015. Le Sénégal est déterminé àinverser la tendance à l’appauvrissement de sapopulation pour, ensuite, impulser le progrès.

Lire en page 15.

Georges Bush.

Ali Bensaad.

Page 2: N L’Afrique, le private equity et le leverage financefinance.consulting.free.fr/publi/Interview/Les Afriques.pdf · 2009. 5. 2. · Rédaction : Alger, Casablanca, Dakar La BMCE

2 Les Afriques - N° 17 - 21 au 27 février 2008CONDENSÉ

�AFRIQUE DU SUD

Des fonds étatiques pour lesprojets d’EskomLe gouvernement accorderaun financement à la compa-gnie nationale d’électricitéEskom Holdings Ltd pourl'aider à parer à la pénuried'électricité qui menace la croissance économique quidevrait atteindre 3,7% cetteannée son plus bas niveaudepuis cinq ans. La décision,annoncée par le présidentThabo Mbeki, va à l’encontredu refus exprimé en octobredernier par le ministre desFinances, qui estimait que lacompagnie devait recourir àl’autofinancement ou à descrédits. Eskom prévoit dedépenser quelque 39 mil-liards $ sur cinq ans pouraugmenter ses capacités deproduction.

Révision à la baisse desobjectifs de croissanceSelon le directeur général duTrésor, le gouvernement sudafricain ne va probablementpas atteindre son objectifd’une croissance économiquede 6% d’ici 2010, en raisondu ralentissement de la crois-sance au niveau mondial etd'une pénurie d'énergie dansle pays qui freine des domai-nes porteurs comme le sec-teur minier. Ainsi l’objectifde croissance de 4,5% en2008 (contre 4,9% en 2007)sera revu à la baisse pourn’atteindre que 3,7%.

Les limites de consomma-tion électrique persisterontjusqu’en 2012La compagnie Eskom annonceque les limitations d'alimenta-tion des utilisateurs tels que lesmines et les fonderies à 90%des besoins normaux en élec-tricité seront maintenuesjusqu'à la fin de 2012.

�ALGÉRIE

Eemar prêt à investir 30milliards de dollarsSelon le ministre del’Industrie et de la Promotiondes investissements, HamidTemmar, le groupe émiratiEemar serait prêt à porter sesinvestissements en Algérie de5 milliards à 30 milliards dedollars.

Les négociations conti-nuent avec Dubaï Ports Les discussions avec la sociétédes « ports de Dubaï », à pro-pos de la concession du ter-minal à conteneurs du Portde Djendjen de Jijel, sontentrées en phase finale, adéclaré le ministre del’Industrie et de la Promotiondes investissements, HamidTemmar. Le gouvernement aalloué 13 milliards de dinarspour développer l’activité duPort de Djendjen.

Investissement égyptiendans le médicamentL'entreprise pharmaceutiqueégyptienne Eipico prévoitd’investir 200 millions dedollars dans la création d’uneusine en Algérie. (www.ani-maweb.org)

Les Emiratis investissentdans le lait La société d’investissementémiratie Eiic compteconstruire la plus grandeferme laitière d’Afrique enAlgérie. La ferme sera situéedans les environs de Tiaret.Le projet, un investissementglobal de 150 millions de

dollars, verra la constitutiond’un cheptel de 10.000vaches laitières. De quoiassurer une des plus grandesproductions de lait enAfrique, soit, 90 millions delitres de lait et 3000 tonnesde viande bovine par an.

DZ Assistance, un réseaude 1000 véhicules DZ Assistance, premièresociété d’assistance créée enAlgérie et dirigée par DaoudiNabil, chapeaute un réseauqui s’étend sur toutes leswilayas du pays et dispose de1000 véhicules entre véhicu-les de dépannage et taxis. Leconcept adopté par l’entre-prise, qui s’inspire d’uneexpérience acquise chezMondial assistance France,consiste à assurer 24h/24 et7j/7 une aide personnaliséeaux particuliers, mais aussiaux entreprises, suite à unepanne ou un accident.

Cetelem arrive…Société Générale Algérien'est plus la seule banqueprésente sur le marché ducrédit personnel. Elle a dés-ormais un concurrent, lespécialiste du crédit à laconsommation Cetelem. Lafiliale locale de Cetelemvient en effet de lancer unnouveau produit, le prêt per-sonnel, plafonné à 300000dinars et avec un taux et unedurée de remboursementvariables selon le montantdemandé.

Formation de «super mana-gers »La Chambre de commerce etd'industrie algéro-allemande(AHK), en partenariat avecla fondation KonradAdenauer, a entamé sonsecond cycle de formationcontinue (la 1ère a eu lieu enjanvier 2007). L’« Académiealgéro-allemande pourcadres », une formation de18 semaines, est destinée auxcadres exerçant de hautesfonctions au sein d'entrepri-ses implantées en Algérie.Pour manque de finance-ment, seuls 12 cadres partici-pent à ce 2e cycle sur unetrentaine de demandes. Ils’agit de cadres exerçant chezSiemens, DHL, Messer,Transit, GTZ, Alco,Abb, Vectographics et DB International.

Gulf Keystone découvre dugaz à BecharLa compagnie Gulf Keystonea annoncé des résultats posi-tifs dans les tests d’évalua-tion sur le périmètre deHassi Ba Hamou situé dansle bassin de Béchar-OuedNamous. Les essais sur lepuits HBH-4, d’une profon-deur de plus de 1000 m, ontdonné un débit de 12 800 m3

par heure.

Les pharmacies publiquesne trouvent pas preneursSur 1200 pharmacies d’offi-cines, appartenant àl’Entreprise nationale de dis-tribution détail des médica-ments (Endimed), seules 200ont été privatisées depuis1998. Pour encourager lareprise de ces pharmacies, leCrédit populaire d’Algérie(CPA – banque publique)financera 80% du prix decession. Les jeunes pharma-ciens qui ne disposent pasdes 20% restants pourrontbénéficier du dispositif del’Agence nationale de sou-tien à l’emploi de jeune(Ansej).

Appel d’offres pour la priva-tisation de quatre entreprisesUn appel d’offres national etinternational a été lancé pourla cession totale ou partielledu capital de quatre entrepri-ses des secteurs du BTP et dela métallurgie. Il s’agit del’ECM d’Alger, constructionen métallurgie et aluminium(capital social de 65 millionsde DA), EBAG de Relizane,production d'agrégats et debéton (1 million de DA),EGTO d’Oran, travauxpublics (388,9 millions deDA), EPBTP d’Oum El-Bouaghi, construction (18millions de DA).

Des assises pour relancer letourismeUn millier de participants(opérateurs et experts) ontpris part, à Alger, aux assisesnationales et internationalesdu tourisme. Cette rencontredestinée à tracer une stratégiede relance et de promotiondu secteur, intervient au len-demain de l’adoption duSchéma directeur pour ledéveloppement du tourisme.A l’horizon 2025, l’Algérieveut accueillir 20 millions detouristes par an.

�ANGOLA

Ouverture probable de labourse cette annéeL’Angola est en train de met-tre en place le cadre juridiqueet institutionnel pour unmarché boursier. La premièreBourse pourrait être opéra-tionnelle cette année,selon le Vice-PremierMinistre Aguinaldo Jaime.

Un nouveau contrat pourMota EngilL'entreprise portugaise MotaEngil a remporté un contratde 50 millions de dollarspour la construction d'unquai au port de Cabinda.L'entreprise portugaise estimpliquée dans une série deprojets en Angola qui aconnu une guerre civiledévastatrice de 27 ans.

Prévision d’une forte crois-sanceLe gouvernement prévoit unecroissance de 24% pour 2008et un objectif d'inflation de10%. Le déficit budgétaire del’Angola, deuxième plus grosproducteur de pétrole, est à6% du produit intérieur brut(PIB). Chaque année, 5% desrecettes provenant du pétroleet des industries du diamantseront versées dans un fondsde développement national.

Unitel a choisi Alcatel-Lucent L’opérateur angolais Unitel achoisi la dernière générationd’équipements radio GSM/EDGE d’Alcatel-Lucentpour étendre et moderniserson réseau mobile. Lecontrat, estimé à environ 20millions d’euros, s’inscritdans le cadre d’un pro-gramme d’évolution duréseau mis en oeuvre parUnitel pour améliorer la qua-lité de ses services et étendresa couverture radio dans lepays.

Diamants : 9,7 millions decarats en 2007La production de diamantsde l'Angola a atteint 9,7 mil-lions de carats en 2007, soitdes recettes estimées à 1,27milliard de dollars. Selon unesource de la NationalDiamond Company ofAngola ( ENDIAMA) citée

par l'agence de presse Angop,sur la production totale de9,7 millions de carats, 8,6millions sont produits indus-triellement et le 1,1 millionrestant l'est artisanalement.L'Angola est le cinquièmeproducteur de diamants dumonde.

�BÉNIN

Modernisation du marchéDantokpaLe marché Dantokpa àCotonou, le plus grand duBénin, subira des travaux demodernisation pour unmontant de 3 milliards defrancs CFA. Plus de 767 bou-tiques seront édifiées, 752places sous-hangars et desouvrages connexes, notam-ment des voies de circulationet travaux d’assainissement yseront aménagés.

�CAMEROUN

Bolloré investira 30 mil-liards de FCFA en 2008Le groupe français Bolloré aannoncé son intention de renforcer sa présence au Cameroun en investissant30 milliards de francs CFAcourant 2008. Présent déjàdans les secteurs du transit, dela manutention, de la logisti-que portuaire, et dans l’acti-vité pétrolière et minière, legroupe Bolloré s’intéresseparticulièrement aux grandsprojets de développementminier, de bauxite, de nickel etde cobalt.

Hausse des prix des carbu-rantsLe prix de l’essence super estpassé de 584 à 600 FCFA,celui du gasoil de 535 à 550FCFA et celui du pétrolelampant de 365 à 380 FCFA.Cette hausse des prix du car-burant devrait se répercutersur les transports.

�CONGO

La Banque mondialeréclame une feuille deroute économiqueA l’issue d’une visite de sixjours, la directrice des opéra-tions de la Banque mondialepour le Congo-Brazzaville etla République démocratiquedu Congo (RDC), MmeMarie Françoise Marie-Nelly, a exhorté les autoritéscongolaises à établir unefeuille de route pour parfairela bonne gouvernance, assai-nir les finances publiques etdynamiser leur économie.(APA)

Le Britannique Tullow Oilse retire d’un bloc d’explo-rationTullow Oil Plc se retire dubloc I d’exploration dans leBassin d’Albertine et risqueainsi de perdre le droit d’ac-cès au bloc II, a annoncé leministre des Hydrocarbures,Lambert Mende. Tullow Oila renoncé à sa participationdans le bloc I suite à un dif-férend avec le gouvernementà propos du relèvement duniveau de partage de pro-duction. Le bloc I est désor-mais attribué à un consor-tium sud-africain, DivineInspiration et PetroSA,partageant un intérêt de51%. La société H-Oil, baséeen Espagne, détient quant àelle 37% du bloc. Le reste des parts est détenus par la compagnie étatiqueCohydro et deux autres partenaires « mineurs »congolais.

Un don de 33 millions FCFAde la GrèceLa Grèce a accordé un don de33 milliards FCFA pour lefinancement d'un projet delutte contre le ViH/SIDA, quirecouvre plusieurs volets dontle dépistage du VIH chez lesfemmes enceintes. Quelque110 000 personnes sont attein-tes du SIDA au Congo et80000 enfants orphelins àcause de cette pandémie.

�CONGO RDC

Gecamines, augmentationde la production de cuivrepour réduire la detteAfin de rembourser le maxi-mum de sa dette, estimée à 2,3milliards de dollars, la compa-gnie minière publique,Gecamines prévoit d'augmen-ter de 13% sa production decuivre pour atteindre 24000tonnes et de réduire ses effec-tifs durant l’année 2008. Lasociété souhaite une aide gou-vernementale pour l’annula-tion de 900 millions $ contrac-tés auprès du Club deLondres. La compagnie devrase passer, par ailleurs, de 3800employés sur les 8800 qu’ellecompte actuellement.

�EGYPTE

Rond à béton à la hausseLe groupe Ezz Al-Dekheila aaugmenté de 370 LE le prix dela tonne de rond à béton quiatteint maintenant 4170 LEchez les revendeurs. Leconsommateur final paye4800 LE la tonne, toutes taxescomprises.

Asek Mining nie vouloir ven-dre une partie de son capitalEn réponse aux demandes derenseignements formulées parla Bourse du Caire etd’Alexandrie (CASE), AsekMining Company dément êtreen négociation avec une com-pagnie des Emirats arabes unisconcernant la cession d'unepartie de son capital.

MobiNil va contracter uncrédit de 2,2 milliards LEL’opérateur égyptien de téléphonie mobile MobiNils’est lancé dans un processusd’acquisition de prêts bancai-res à long terme de 2,2 mil-liards LE. Les contrats de prêtseront signés avec quatre ban-ques : Banque Misr, laCommercial InternationalBank, National SocieteGenerale Bank (NSGB) et laBanque HSBC Égypte.

Nile Cotton Ginning amé-liore ses résultatsLes résultats financiers deNile Cotton Ginning pourl'exercice 2007 montrent un

bénéfice net de 10,275 mil-lions LE et des ventes de11,642 millions LE. A noterqu’en 2006, les résultatsétaient beaucoup moins bonspuisque la compagnie a enre-gistré une perte nette de20,132 millions LE et des ven-tes qui ont atteint 10,031 mil-lions LE.

La banque centrale lève sesintérêtsPour la première fois depuisplus d’un an, la Banque centrale d'Egypte (BCE) arelevé ses taux d'intérêt de 25points de base, portant sontaux de dépôt à 9% et sontaux de prêt à 11%. La déci-sion a été prise suite à lahausse de l'inflation qui aatteint 11,5% en janvier, etcelle des prix des produits ali-mentaires, passée à 16,2%.

Transports, 90 milliards LEd’investissements dans lescinque ans à venirDes investissements de 90milliards LE dans le dévelop-pement des infrastructures detransport sont prévus dans lescinq prochaines années. 50milliards LE seront le fait dusecteur privé dans les infra-structures portuaires, 30 mil-liards LE d’investissementspublics et privés dans les rou-tes, et 10 autres milliards LEpour le réseau ferroviaire.Des investissements étran-gers, Chine, Emirats etDanemark, sont égalementattendus dans les ports.L'investissement dans lestransports pour l'exercice encours, qui se termine en juin,devrait atteindre 5 milliardsde LE, soit six fois plus quel’année dernière.

Dubaï Ports investira 3 mil-liards $La compagnie émiratie DubaïPorts a racheté la sociétéégyptienne de développe-ment de Aïn Al-Sokhna.L’accord porte sur un inves-tissement de 1,3 milliard dedollars au cours des trois pro-chaines années.

684 milliards LE de detteintérieureLa dette intérieure a baissé à684 milliards LE, soit 81% duproduit intérieur brut (PIB,qui s’élève à 845 milliards deLE), contre 90% du PIB l’an-née dernière. Les prévisionspour 2008 tablent sur un tauxde 76%.

Suez Cement lance un nou-veau produitSuez Cement et ses filiales(Helwan Cement et TourahPortland Cement) ont lancéun nouveau produit appelé « Oasis de ciment ».

Le nouveau produit est unciment composite Portland,produit dans les usines deHelwan et Tourah selon lesnormes européennes, quiconvient à des utilisationsdiversifiées comme les mor-tiers de maçonnerie, le plâ-trage, le rendu, les trottoirs etles produits de cimentcomme les tuiles, briques etblocs creux. Il dispose demeilleures propriétés derétention d'eau, il améliore laplasticité du mortier, la cohé-sion et l'adhésion à des murs,avec des risques plus faiblesde crack, affirme la compa-gnie.

Bénéfices en hausse pourEgypt AluminiumLa compagnie EgypteAluminium annonce une aug-mentation de 12,6% de sesbénéfices pour les six premiersmois de l'exercice en cours, cequi correspond à 450,8 mil-lions LE (environ 81,81 mil-lions $), contre 400,3 millionsLE pour la même période del’exercice précédent.

�GABON

Plus de 11 milliards FCFApour financer le développe-mentTrois institutions financièresvont accorder au Gabon desprêts d’un montant global de11,19 milliards FCFA pourfinancer trois projets de déve-loppement. La Banque dedéveloppement des Etats del'Afrique centrale (BDEAC)financera, à hauteur de 3,8milliards de FCFA, la réhabili-tation de l'aéroport de la villede Bitam. Le second prêt, de2,8 milliards de FCFA,contracté auprès du Fondsinternational de développe-ment agricole (FIDA), servirapour des projets de développe-ment agricole et rural. LaBanque arabe pour le dévelop-pement économique enAfrique (BADEA) accordera àson tour 4,59 milliards deFCFA pour la réhabilitation del'aéroport de Port-Gentil.

�GAMBIE

Slok Air reprend ses volsAprès trois mois d'arrêt pourdes problèmes de sécurité, lacompagnie aérienne Slok AirGambia a repris ses vols à la finde la semaine écoulée. L'avionutilisé par la compagnie a ététotalement révisé dans la capi-tale éthiopienne, Addis Abeba,selon le directeur commercial.L'Autorité gambienne del'aviation civile a assuré queSlok Air Gambia allait assurerune maintenance continue deses avions, en vue de garantirde meilleurs services.

Editeur : Editions Financières duSud Eurl, 11 rue de Bassano – F-75116 Paris. Gérant : Koly Keita.Filiale à 100% de Les AfriquesEdition et Communication SA.Genève. Administrateurs : PhilippeSéchaud (Président), AbderrazzakSitail, Michel Juvet, François-EricPerquel, Dominique Flaux (Adm.délégué, directeur de la publica-tion). Editeurs partenaires : AtlasPublications (Maroc). AvenirCommunication (Sénégal) etSyscomtech (Cameroun).

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(Abidjan), Mohamed Baba Fall(Casablanca), Said Djaafer (Alger),Amadou Fall (Dakar), SouleymaneNiang (Dakar), Daikha Dridi (LeCaire), Charles A. Bambara(Londres).

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ACTUALITÉLes Afriques - N° 17 - 21 au 27 février 2008 3

Aérien : le coût des monopoles

Malgré le niveau élevé ducours du kérosène, la ten-dance est toujours à labaisse pour les billets dansle transport aérien mon-dial, et européen en parti-culier. Les récentes surchar-ges de carburant n’y chan-gent rien. Le développe-ment de l’Internet, l’arrivéedes compagnies low cost, ladérégulation et la suppres-sion des commissions desagences de voyages sur lebillet, ont accéléré le phé-nomène, tout en contri-buant à une sélection dar-winienne entre les compa-gnies aériennes. La Belgiquea vendu sa compagnie enpièces détachées et larationnelle Suisse a préféréenterrer une compagnienon rentable plutôt que definancer une souverainetéaérienne devenue relative.Le dernier acte dans cetteconsolidation du ciel euro-péen a cours en ce momentavec Alitalia, qui sera vrai-semblablement soldée auxenchères. Pendant ce temps,l’Afrique tente, vaille quevaille, de résister à la mon-dialisation. Quitte à réper-cuter les coûts d’exploita-tion élevés sur le client et à

voter régulièrement desdotations exceptionnelles,nos Etats optent encorepour la survivance descompagnies porte-drapeau,quel qu’en soit le prix.Conséquence, l’Afrique estla seule contrée au mondeoù les taxes aéroportuaireset les prix des billetsd’avion continuent de croî-tre à deux chiffres d’uneannée à l’autre. S’il fautparfois 100 euros pour ral-lier les deux heures sépa-rant Casablanca de Paris àbord de la low cost, il en fautmalheureusement 600, et enApex, pour la même dis-tance en direction deNouakchott. Pour aller plusloin, vers Abidjan ouLibreville, le minimumpasse par 1000 à 1500euros, alors qu’en traver-sant l’Atlantique, entreFrankfurt et New York, avecservice à bord, l’on payedeux fois moins. S’il estadmis, comme nous le rap-pellent souvent les direc-tions de ces compagnies,que le ticket d’avion n’estpas indexé sur le kilomètreparcouru, il n’en est pasmoins vrai que cette politi-que tarifaire dissuasive n’asauvé ni Air Gabon, niCameroon Airlines etencore moins AirMauritanie.

Adama Wade,Casablanca

Le groupe aéronautique ne choisira qu’à la fin de mars, le pays maghrébin qui accueillera sa future

usine. Enjeux, un millier d’emplois.

Latécoère fait monter les enchèresentre le Maroc et la Tunisie

Depuis que le groupe aéronautique fran-çais Latécoère a annoncé son intentionde s’implanter au Maghreb, les spécula-tions vont bon train. Le 28 janvier 2008,la Dépêche du Midi, reprise par l’AFP,annonce que l’équipementier aéronauti-que « prépare la construction d’une nou-velle usine implantée en Tunisie » avec à

terme un millier d’emplois à la clef. LaDépêche précise que l’usine en questionfabriquera des pointes avant d’Airbus.Une semaine plus tard, soit le 4 févrierdernier, le président du groupe, qui pré-sentait sa nouvelle stratégie, confirmebien la création d’une filiale low cost auMaghreb, tout en précisant que le choixdéfinitif du pays d’implantation ne serapas fait avant la fin mars prochain.Et d’ajouter, en outre, que l’usine enquestion ne fabriquera pas des pointesavant d’Airbus mais des « sous ensem-bles simples ». Ce dont on est pour lemoins sûr c’est que le groupe aéronau-tique français, qui ambitionne d’em-ployer 7100 personnes en 2010, dont2600 en dehors de la France, continued’évaluer minutieusement les avanta-

ges offerts par les deux pays en s’ap-puyant sur les visites in situ.

Mise en concurrenceDernier acte en date, la tournée deFrançois Junca au Maroc pour faire lepoint sur les modalités d’implantation.L’investissement porterait entre 50 et 100millions d’euros pour la création d’unparc aéronautique, la construction d’uneusine et l’embauche de plus de 1000ouvriers locaux. Cette ultime annonce arelancé la concurrence et les spéculationsà propos de cette implantation stratégi-que. Le groupe compte en effet sur saprésence maghrébine pour accélérer sonplan de développement destiné à le faireentrer dans le top ten mondial des équi-pementiers aéronautiques, en devenantle fournisseur de référence dans ledomaine des composites.La décision finale du groupe françaisdépendra beaucoup des critères en ter-mes de logistique, des conditions d’em-bauche, du niveau des salaires, mais aussidu montant des aides et incitationsfinancières de l’Etat, etc. Si le groupeLatécoère compte déjà deux unités deproduction spécialisées dans le câblageen Tunisie, il bénéficie, avec le Maroc, dela présence de tous ses clients et desgrands groupes internationaux à l’instarde Safran, Eads, Auvergne, Labinal, Aero.Lors de sa visite au Maroc, FrançoisJunca se serait particulièrement intéresséà la création d’une cité dédiée exclusive-ment à l’industrie aéronautique, le« Casa Aero City 2.0 » et, dit-on, à l’offre

foncière et fiscale alléchante et à fortimpact sur le business plan.De plus, la création, au Maroc, par lafondation Steinbeis, le plus grand réseaueuropéen pour le transfert du savoir etdes technologies, du premier aérocam-pus d’Afrique destiné aux cadres locauxet internationaux, fait partie des avanta-ges que présente le Maroc.

Des choix handicapantsIl n’en va pas sans dire, déclare-t-on dansles coulisses du Groupement des indus-triels marocains (GIMAS), que le choixfinal sera déterminé, certes par l’offreglobale, mais aussi et surtout par lesdébouchés offerts. « Le fait que la RoyalAir Maroc ait opté résolument pourBoeing plutôt qu’Airbus représente unhandicap, certe surmontable, mais réel ».Certains observateurs mettent aussi enrelief, mais à un degré moindre, le récentchoix de Lockhead Martin (fournisseurde F-16) pour l’aviation militaire,comme élément d’importance, comptetenu du poids de la géopolitique dans uninvestissement d’une telle envergure.Pour l’heure, les syndicalistes françaissont restés plutôt neutres, entendu,comme l’a précisé le groupe aéronauti-que, qu’il ne s’agit pas d’une délocalisa-tion, processus qui suppose un transfertd’emplois de la France vers le futur site,mais plutôt d’une création de nouveauxpostes de travail. Rendez-vous donc aumois de mars pour la fin du suspens.

Mohamed B. Fall

« Le fait que la Royal Air Maroc ait opté

résolument pour Boeing plutôt qu’Airbus, représente

un handicap, certesurmontable, mais réel ».

Où en est la promesse faite au Sommet du G8 en 2007 de doubler l’aide de l’Afrique pour 2010, par rapport à son niveau de 2004 ? Le dernier rapport de

l’OCDE répond à la question.

Les chiffres de l’aide publique au développement

Par Mohamed B. Fall, Casablanca

Le dernier rapport du Comité d’aide au dévelop-pement (CAD) de l’OCDE sur l’aide publique audéveloppement note que l’on est encore loin despromesses faites au sommet du G8 en 2007même si, remarque-t-il, la part du continent dansl’aide programmable est en nette augmentation.Ainsi, à la fin 2006, la part de l’Afrique subsaha-rienne dépassait 40 milliards de dollars, contreenviron 9 pour l’Asie du Sud et centrale et moinsde 7 milliards pour l’autre partie de l’Asie et

l’Océanie. Quant à la région Mena (MoyenOrient et Afrique du Nord), elle présentait uneaide publique au développement qui dépassaitlargement 27 milliards de dollars, constitués engénéral sous forme de remise de dettes.

Efficacité de l’aide ? Les pays qui ont libéré la totalité de leurs contri-butions au CAD sont l’Australie, l’Irlande, laNorvège et le Royaume Uni. Un autre groupe depays (Belgique, Danemark, Finlande, Suède etSuisse) ont délié la « quasi-totalité » de leur aide,souligne le rapport. La part de l’aide financière

émanant des membres du CAD, et qui est notifiéecomme non liée, est, quant à elle, passée de 42,5%en 2002 à 53% en 2006. Les chiffres les plusrécents semblent par ailleurs indiquer qu’unepart importante des marchés financés par l’aidenon liée est encore attribuée à des fournisseurs dupays donneur. D’autre part, une proportion net-tement plus grande de l’aide est alignée sur lespriorités, programmes et systèmes locaux, ettransite par les budgets des pays bénéficiaires.Compte tenu de tous ces éléments, il est difficilede mesurer l’efficacité de l’aide publique au déve-loppement. Le rapport, qui rappelle les chiffres del’objectif du millénaire, note que le nombre depersonnes vivant dans l’extrême pauvreté enAfrique subsaharienne s’est stabilisé et que le tauxde pauvreté a diminué de près de 6% depuis2000, dans cette région.

Autres facteurs L’aide internationale peut-elle pour autant se tar-guer d’avoir contribué à ces progrès ? A l’évi-dence, elle est loin d’en être le seul facteur.L’augmentation des courants d’échanges et desenvois de fonds des émigrés, la croissance induitepar la hausse des prix de nombreux produits debase et une conjoncture internationale favorable,surtout depuis 2002, y sont indubitablementpour quelque chose.En outre, dans de nombreux pays « en transi-tion », le volume de l’APD est vraisemblable-ment trop faible pour prétendre jouer un rôleautre que marginal. Cela dit, dans de nom-breux pays pauvres, l’augmentation notable del’APD en faveur de la santé et, dans une moin-dre mesure, de l’éducation, a certainement

contribué aux améliorations relevées dans cessecteurs. Par ailleurs, en Afrique, l’envolée desprix des produits de base a été, dans de nom-breux pays, un des moteurs de la croissanceenregistrée ces derniers temps, et la pauvretérecule enfin à un rythme digne de ce nom.Reste que ce reflux de la pauvreté n’aurait vrai-semblablement pas été possible sans l’effetcombiné des réformes, des améliorations de lagouvernance et des investissements opérésavec le soutien de l’aide, au fil des ans. Desrecherches consciencieuses et une soigneuseanalyse des données, perpétuellement chan-geantes, sont comme toujours indispensablesavant de titrer des conclusions définitives.Pour l’avenir, les pays membres de l’APD sou-haitent promouvoir l’aide pour le commerce,identifié comme étant un puissant moteur decroissance économique.

L’aide publique a atteint 77, 8 milliards dedollarsEntre 2002 et 2006, la part de l’aide publiqueau développement consacrée par l’OCDE auxpays les plus pauvres (Pays les moins avancéset pays à faibles revenus) est passée de 40% à46%. Sur cet intervalle, le volume de l’aide estpassé de 57,5 milliards de dollars à 77,8 mil-liards aux prix et taux de change de 2002. Cechangement comporte cependant une certainerelativité. En effet, les chiffres de 2006 ont étégonflés par l’accroissement de l’aide publiqueconsentie à l’Irak et à l’annulation d’unvolume important de créances commercialessur le Nigeria. Si on exclut ces opérations, lapart de l’APD bilatérale nette qui est allée aux

PMA et autres PFR a, en fait, légèrement dimi-nué puisqu’elle est revenue de 40% en 2002 à39% en 2006.D’autre part, note le dernier rapport de l’OCDEsur la question, l’augmentation du volume globalde l’aide entre 2002 et 2006 a pris la forme d’allè-gements de dette et non d’une aide programma-ble. Il ne s’agit pas, prévient le rapport de nierl’importance des allégements de dette, lesquels« ont permis une amélioration radicale de la situa-tion de nombreux pays ces dernières années ».Seulement, comme ce type d’apports ira décrois-

sant au fur et à mesure, il sera impératif que l’aideprogrammable augmente en proportion desengagements pris par les membres du CAD.L’une des nouveautés apportées par ce rapport,c’est l’importance grandissante des apports desdonneurs non membre du CAD et des organis-mes caritatifs. Les apports nets des pays del’OCDE, qui ne sont pas encore membres duCAD, sont passés de 0,4 milliards de dollars en2002 à 1,9 milliard en 2006. A noter aussi unepoussée spectaculaire de l’aide émanant des orga-nisations bénévoles et de fondations privées despays membres du CAD, passée de 8,8 milliards en2002 à 14,6 milliards quatre ans plus tard.

Ce reflux de la pauvreté n’auraitpas été possible sans l’effet combiné des réformes, des

améliorations de la gouvernanceet des investissements opérés

avec le soutien de l’aide, au fil des ans.

Les chiffres de 2006 ont été gonflés par l’accroissement

de l’aide publique consentie àl’Irak et à l’annulation d’un

volume important de créancescommerciales sur le Nigeria.

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4 Les Afriques - N° 17 - 21 au 27 février 2008CONDENSÉ

�GUINÉE

Une aide de 500000 $ de laCEDEAO pour les législativesLa CEDEAO a décidé d'oc-troyer 500000 dollars à laCommission électorale de laGuinée en guise de contri-bution à l'organisationd'élections législatives trans-parentes et crédibles.

Une société espagnole vaproduire du biocarburantLa société espagnoleInternational Ingermas asigné un accord de partena-riat avec la Guinée pour laculture du Jatropha Curcas,une plante utilisée pour laproduction de biocarbu-rant. L’accord prévoit l’amé-nagement, avant la fin dupremier semestre de 2008,de 100000 hectares de cultu-res pour un investissementglobal d’environ 150 mil-lions d’euros. Un hectare deJatropha permet la produc-tion de 2.000 litres d’huilestransformable en biodiesel.A noter qu’un contrat similaire a été signé fin 2007 avec la sociétéfrançaise Agro-EnergieDéveloppement.

�KENYA

Plus d’un million de touris-tes en 2007 Le Kenya a reçu plus d’unmillion de touristes en 2007,ce qui représente une haussede 15% par rapport à l’an-née 2006, qui a généré desrecettes de l’ordre de 95 mil-lions de dollars. Cependant,l’on s’attend à ce que 2008soit une année sombre pourle secteur touristique auKenya en raison de la gravecrise politique que vit lepays. A ce jour, seulement27000 touristes ont été enre-gistrés depuis le mois dejanvier contre les 300000pour la même période del’année écoulée. LeRoyaume-Uni, qui a interdità ses citoyens de se rendre auKenya, reste le principalfournisseur de touristes aupays, suivi des Etats-Unis.

�LESOTHO

Délestages fréquents dans lacapitaleLa capitale du Lesotho,Maseru, fait face à de grosproblèmes de délestage enraison du déficit de produc-tion électrique de la compa-gnie sud-africaine Eskom,principal fournisseur enélectricité du Lesotho. Lespays voisins de l’Afrique duSud, le Swaziland, laNamibie, le Botswana et leZimbabwe, connaissent,pour les mêmes raisons, desproblèmes de délestage.

�LIBYE

Coopération avec l’Indonésiedans le domaine énergétiqueLa Libye et l'Indonésie ontsigné trois accords de coo-pération dans le domainedu pétrole et du gaz. Il s’agitd’un mémorandum d'en-tente en matière de coopé-ration dans le domaine del'Energie, et de deux autresaccords concernant la for-mation et l'approvisionne-ment du marché indonésienen pétrole. La Libye prévoitaussi de créer une raffineriede pétrole en Indonésied'une capacité de 300000barils par jour. On estime à7 milliards de dollars lavaleur de cet investissement.

Une Cité de l’Energie pour3,8 milliards $Le Fonds libyen de dévelop-pement économique et sociala signé avec la Gulf FinanceHouse un contrat pour laconstruction centre intégrédes affaires, dénommé Cité del’Energie, pour un montantde 3,8 milliards de dollars. Leprojet sera implanté sur 528hectares à Sebratha, située à70 km de Tripoli. Il seraconstitué d’un quartier com-mercial, d’une zone résiden-tielle, d’un hôpital, et demagasins de vente en détail etd’une gamme complète d’infrastructures d’affaires.Quelque 30000 emploislocaux seront créés.

�MADAGASCAR

40 millions de dollars pourla rizicultureL'Etat et la Banque mondialefinanceront à hauteur de 40millions de dollars un pro-gramme de relance de lafilière riz, dans le cadre duprojet qui s'étale sur quatreans (2007 à 2011).

Toamasina, future capitaleéconomiqueLe président MarcRavalomanana a annoncéque Toamasina sera la futurecapitale économique deMadagascar. Située à 320 kmà l’est de la capitale malga-che, Toamasina abrite le pre-mier port de Madagascar,classé 3e port dans l’Océanindien et de l’Afrique aus-trale. De plus, l’installation,depuis septembre 2007, de lafirme Sheritt International(un investissement de 3,3milliards $), dans cette partieEst du pays, pour exploiterl’important gisement decobalt et de nickel, a aug-menté l’intérêt économiquepour cette ville.

�MALAWI

Production de tabac enbaisse à cause des pluies tor-rentiellesLa production de tabac auMalawi, principale source endevises étrangères, a considé-rablement baissé en raisondes fortes pluies enregistréesdepuis le début de l’année.Des 135000 tonnes récoltéesl’année dernière, la produc-tion de tabac a chuté à121.000 tonnes cette année.

�MALI

L’UE accorde 366 milliardsde FCFA pour le développe-mentLe Mali a bénéficié d’une aideau développement de la partde l’Union européenne (UE)d’un montant de 366 mil-liards de francs CFA pour lapériode 2008-2013. Cette aidesera consacrée à la gouver-nance, à l'appui au dévelop-pement économique dansplusieurs régions du pays.

�MAROC

Une nouvelle compagniepour le transport aérien desVIPMedi Business Jet (MBJ) estdésormais la première com-pagnie aérienne destinée autransport des hommes d’af-faires et des personnalités.MBJ dispose d’une flotte deplusieurs bombardiers Learjet45, et compte offrir des servi-ces très compétitifs par rapport aux compagnieseuropéennes.(http://www.dev-export.com/)

Gulf PharmaceuticalIndustries délocalise auMarocLe groupe pharmaceutiqueémirati Gulf PharmaceuticalIndustries délocalisera sesunités de production auMaroc dans les deux prochai-nes années.

Aircelle renforce sa présenceAircelle Maroc, filialed'Aircelledu groupe SAFRAN, a signéune nouvelle convention d'in-vestissement portant sur ledoublement de la taille de sonusine de Nouasser, près deCasablanca, afin de répondreaux augmentations des com-mandes notamment dans l'as-semblage de pièces de structu-res de nacelles destinées àl'Airbus A380, et d’autres piè-ces en matériaux compositespour l'industrie aéronautique.L'usine, opérationnelle depuisdébut 2006, atteindra ainsiune superficie de 20000 m2

couverts et un effectif de 500personnes à l'horizon 2009.

La RAM au LibèriaRoyal Air Maroc annonce lacréation d'une agence auLibèria et promet une assis-tance en matière de formationdes Libériens dans la gestiondes compagnies aériennes.

Une facture de 7 milliards $en produits énergétiques en2007La facture d’importation desproduits énergétiques s’estélevée à environ 7 milliards dedollars en 2007, en hausse de14,2% par rapport à l’exerciceprécédent. Les importationsde brut ont atteint plus de 3,5milliards $, soit une hausse de4,3% par rapport à 2006, et cemalgré la stagnation duvolume importé (6,2 millionsde tonnes). A noter que lesproduits énergétiques repré-sentent près de 20% (envaleur) des importationsmarocaines en 2007.

22 milliards DH pour lasubvention des prixUne enveloppe de 22 mil-liards de dirhams sera consa-crée en 2008 pour le soutiendes prix des produits de base.Un peu plus de la moitié decette subvention sera affectéeaux hydrocarbures.

10 milliards $ d’investisse-ments en 200772 projets d’investissementsd’un montant global avoisi-nant les 10 milliards de dollarsont été approuvés en 2007. Enhausse de plus de 15% par rap-port à 2006, ces projetsdevraient créer près de 40000emplois. Plus de la moitié deces investissements sont d’ori-gine marocaine et 30% pro-viennent de capitaux arabes.

Jorf Lasfar ouverte à l’inves-tissement étrangerL'Office chérifien des phos-phates (OCP) a annoncél'ouverture aux investisse-ments étrangers de son pôlechimie de Jorf Lasfar, uneunité industrielle intégréedotée d'importantes infra-structures et d'un port capa-ble d'accueillir des bateauxd'une capacité d'environ100000 tonnes. Le complexeindustriel de Jorf Lasfar, quis'étend sur 1700 hectares,produit annuellement 2 mil-lions de tonnes d'acide phos-phorique, provenant de latransformation de 7,7 mil-lions de tonnes de phospha-tes, de 2 millions de tonnesde soufre et de 0,5 million detonnes d'ammoniac.

�MAURICE

Une croissance de 10 %attendue dans le tourismeen 2008Dans la lancée de la bonneperformance du secteur tou-ristique durant l'année der-nière, l'Association des hôte-liers et restaurateurs de l'îleMaurice (AHRIM) se fixecomme objectif d’atteindre990000 touristes en 2008. Cechiffre correspond à une aug-mentation de 10% à réaliserannuellement pour atteindreles deux millions de touristesd'ici 2015. Le secteur a réalisédes recettes de l’ordre de 40,6milliards Rs en 2007, soit27,2% de plus qu’en 2006.

Air Mauritius augmente sescapacitésPour accompagner l’élan tou-ristique du pays, la compa-gnie Air Mauritius vise l’aug-mentation de ses capacités detransport à 1,69 million desièges en 2008. Deux nouvel-les destinations, Madrid etBangalore, ont été lancéesdans le cadre de cette politi-que. A partir de juillet pro-chain, un 3e vol hebdoma-daire sera ajouté sur les des-sertes Cape Town et Perth.

�MOZAMBIQUE

Global Steel Holdingsexplore le charbonLa firme indienne Global SteelHoldings de Calcutta a obtenuune licence d’exploration decharbon, d’une durée de cinqannées, dans deux blocs dansla province de Tete, pour unmontant de 116 millions dedollars. Les deux blocs, quis’étendent sur une superficiede 30000 hectares, ont desréserves de charbon estimées à70 millions de tonnes.

�NIGER

Plus de 131 milliards FCFAde recettes fiscales en 2007Les recettes fiscales ont atteint131,254 milliards FCFA en2007, soit un excédent de 8,5milliards FCFA par rapportaux objectifs annuels de122,745 milliards FCFA inscrits au titre du budgetgénéral pour l’année écoulée.

�NIGERIA

Le gaz à des prix abordablesLes autorités nigérianes ontadopté une nouvelle politiquede fixation des prix et de régle-mentation du gaz destinée àassurer la disponibilité du gazà des tarifs abordables aussibien pour la population quepour les industries dites straté-giques, telles que les produc-teurs d'engrais et de méthanol,pour leur permettre d’êtrescompétitives. Le nouveaurégime oblige tous les opéra-teurs économiques du secteurpétrolier à allouer une certainequantité de leurs réserves degaz, périodiquement détermi-née par le ministre d'Etat del'Energie, au marché intérieur.

Les vieux ordinateurs, unrisque pour l’environne-mentLe Nigeria a décidé de restreindre l'importation desordinateurs d'occasion etautres appareils électriques etélectroniques, considéréscomme une menace pour lasanté et l'environnement. Cesappareils, classés désormaiscomme des e-déchets, sontmassivement importés autitre de matériel pédagogiquequi est exempté de taxes.

Alcatel-Lucent et Globacomlancent la téléphonie 3GPlusAlcatel-Lucent et Globacom,le 2e plus grand opérateur detéléphonie mobile au Nigeria,ont lancé avec succès le ser-vice de troisième générationUMTS/HSPA. En vertu del'accord liant les deux opéra-teurs, Alcatel-Lucent a fourniune solution clé en mainincluant l'UMTS/HSPA etune plate-forme de ServicesMultimédia. Le réseau 3GPlus améliore les infrastruc-tures de télécommunicationde Globacom, et fait de lui undes premiers opérateurs enAfrique à investir dans denouvelles solutions pouraméliorer la disponibilité deservices de communicationavancés.

�OUGANDA

Hausse des exportations decaféLes exportations ougandaisesde café ont progressé de 14%en janvier 2008, passant de316000 à 360000 sacs.Cependant, cette progressiondes ventes à l’extérieur n’a pasentraîné une augmentationconséquente des revenus tirésdu café. Les gains n’ont pro-gressé que de 4,6%, en raisondu renchérissement du coûtdu transport et des dépensesde sécurité.

�SÉNÉGAL

Reprise des activités de laSOSECHAL en marsLa SOSECHAL, usine detransformation de produitshalieutiques, reprendra sesactivités en mars prochainaprès quatre ans de fermeture.La société reprendra avec pourobjectif de diversifier ses activités en se lançant notam-ment dans des industries « adaptées aux besoins locaux »,telles que la savonnerie ou letraitement des produits frui-tiers. La SOSECHAL a bénéfi-cié d'un financement de 500millions de FCFA de la part duFonds de promotion écono-mique (FPE).

Une aide de 10,5 millionsd’euros de la part de l’AFDL’Agence française de déve-loppement (AFD) accorde10,5 millions d'euros pour lefinancement de travauxd’électrification rurale, et àun projet d'assainissement dela baie de Hann.

Inflation en hausse en janvierL'indice des prix à la consom-mation a enregistré unehausse de 0,1% en janvier.Cette augmentation estimputée aux restaurants ethôtels (+2%), aux meubles,articles de ménage et d’entre-tien (0,9%), et aux biens etservices divers (0,5%). Pourles produits alimentaires et lesboissons non alcoolisées, lahausse n’était que de 0,1%.Calculés sur un an, les prix àla consommation se sontaccrus de 6,1%.

�SIERRA LEONE

Une société saoudiennereprend les mines deMarampaDepuis janvier 2008, lasociété minière britanniquebasée à Londres (LMC) a cédéson bail d’exploitation desmines de Marampa à sa par-tenaire saoudienne, la sociéténationale minière, sur la basede 50% des parts chacune. La

firme saoudienne prévoit dedévelopper le projet de mine-rais de fer de Wadi Sawawindans les zones de Pepel,Marampa et Lunsar.

�TUNISIE

10 milliards $ pour la « villedes roses »Le groupe émirati El Maabarprévoit d’investir 10 milliardsde dollars dans le projet «Bled El Ward » (la ville desroses), ancienne dénomina-tion de l'Ariana, qui s'étendrasur 5000 hectares dont 2600ha de plans d'eau. Le projetest composé de deux parties.La 1ere, appelée Diar El Fell,s’étend sur 300 ha, comporteune cité sportive et des rési-dences, et sera achevée danscinq ans, pour un montant de2,83 milliards $. La 2e tranche,nommée « Diar El Yasmine »,comportera une cité de santéet un centre d'affaires dispo-sant d'une infrastructuretechnologique de pointe.

Partenariat euro-méditer-ranéen entre PME La Tunisie accueillera le 6mars prochain, en marge du4ème Salon méditerranéen del’électricité et de l’électroniquequi se tient à Sfax, une journéede rencontres qui permettraaux entreprises européenneset méditerranéennes de déve-lopper des partenariats straté-giques en Tunisie dans les sec-teurs de l’électronique, l’élec-tricité, énergies renouvelableset extraction. Une liste de 70offres de partenariat d’indus-tries tunisiennes est déjà prête.

Changement à la tête deTunisianaL’ancien ministre-conseillerauprès du président de laRépublique Fethi Merdassisuccède à Fethi Houidi à la têted’Orascom Telecom Tunisie(Tunisiana), annonce un com-muniqué de l’opérateur detéléphonie mobile à la suite del'assemblée générale qui s’estdéroulée la semaine écoulée.

Concorde Equipements etDistributions rachète lasociété BatamLa société ConcordeEquipements et Distributionsa annoncé le rachat de l’en-semble des actifs de la sociétéHela Batam d’électroménager,y compris les fonds de com-merce. Le contrat stipule l'obli-gation pour la société preneusede continuer à employer toutle personnel travaillant pour lasociété Batam, comme elles'engage à payer les salaires etindemnités dus au personnel.

Révision du code des hyrdo-carburesLa Chambre des députés aadopté un projet d’amende-ment du code des hydrocarbu-res qui habilite l'entreprisenationale à détenir, à elle seule,ou en partenariat avec desinvestisseurs étrangers, despermis de prospection et deproduction ainsi que la possi-bilité de contribuer au financement des activités derecherche et de prospectiond'hydrocarbures.

Alstom décroche un contratd’électrification ferroviaireLa société de chemins de fer(SNCFT) a attribué à unconsortium français composéd’Alstom et d’Ansaldo STS uncontrat d'électrification et designalisation de la ligne ferro-viaire Tunis-Borj Cédria pour un montant de 54 millions d'euros.

1000 voyagistes français envisite de prospection àDjerbaUn millier d’agents de voya-ges français effectueront du3 au 6 avril prochain unevisite au Complexe DarDjerba pour découvrir lesnouveaux bâtiments et ser-vices du complexe quiregroupe cinq ClubMarmara. Un million d’eu-ros a été investi pour cetteopération par Marmarapour augmenter les capaci-tés d’accueil du site.

Les italiens pour un méga-projet de 15 milliardsd’euros

Le groupe italien Preatoniprojette de construire desrésidences, des hôtels, desstations balnéaires, des cen-tres de loisirs et une marina,ainsi que l'aménagementd'une réserve pour certainesespèces animales. Coût global du projet : 15 mil-liards d’euros. 30000 postesd’emplois sont attendus de ce projet dont les travaux devraient démarrercette année et durerontdouze ans.

Trois centrales éoliennes àBizerteTrois centrales éoliennesseront construites d'ici 2009à Bizerte. La capacité de pro-duction de ces centrales estde 120 MW au total. Le sur-plus de l’électricité produitealimentera le gouvernorat deBéja. Le projet permettraune économie d’énergie fos-sile de plus de 89000 TEP(tonnes équivalent pétrole).Les trois centrales serontimplantées dans les sites deBéni Aouf (20 MW),Metline (50 MW) et ElK'chabtna (50 MW).

�ZAMBIE

Ambitieux projet d’unecentrale de 750 MWUn important projet d’unecentrale hydro-électrique àItezhi Tezhi, d’une capacitéde 750 MW, sera lancé par laZambie. La future centrale,dont le coût est d’un milliard de dollars, permet-tra de combler le déficiténergétique estimé à 400MW. Le contrat pour laconstruction de ce projetsera signé dans 24 mois.

Le cuivre, moteur de crois-sanceAu cours des cinq dernièresannées, la filière minière ducuivre a attiré plus de 4 mil-liards de dollars d’investis-sements, grâce à la décou-verte et l’exploitation denouvelles réserves. Cetteactivité a permis l’ouverturede nouvelles entreprises etla création de milliers d’emplois.

Une forte fiscalité estcontraignante pour l’in-vestissement Le directeur général de laChambre zambienne desmines (ZCM) estime que lapolitique d’augmentationfiscale aura un impact néga-tif sur l’investissement dansle secteur minier, qui aconnu une croissance régu-lière au cours des cinq der-nières années. Pour rappel,le gouvernement a décidéd’une hausse de 31% destaxes sur l’activité minière,pour améliorer ses revenuset profiter des prix élevés ducuivre sur le marché mondial.

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BANQUES ET ASSURANCESLes Afriques - N° 17 - 21 au 27 février 2008 5

Kenya : la Commercial Banklance son business clubDernière tendance des banques kenyanes pour fidéliser laclientèle des PME-PMI, le lancement d’un business club destinéà installer une relation de confiance et de confort avec la clien-tèle des managers et des hommes d’affaires. La CommercialBank a mis en place, dans ce cadre, le Biashara Club. Lancé le12 février, cet organe s’adresse à une clientèle de PME estiméeà 1,6 million selon le Ministère kenyan du commerce.

Algérie : Baraka Bank lance une opération de recouvrement des créancesLa Baraka Bank pourrait recourir à la justice pour recouvrirles créances détenues sur 3 000 clients, rapporte LeMaghreb. La Banque islamique aurait accordé des créditsautomobiles à 71500 clients entre 2001 et 2007. Une opéra-tion qui n’empêche pas Baraka Bank de lancer de nouvellesoffres d’acquisition de voitures de tourisme en directiondes célibataires et des couples.

Maroc : arrangement autourde la TVA de 20% Suite aux différentes discussions engagées entre l’APSF(Association professionnelle des sociétés de financement) et legouvernement, concernant l’augmentation de la TVA passée de10 à 20% sur la LOA (location avec option achat), les sociétésde financement auraient accepté de prendre en charge une par-tie ou la totalité du surcoût résultant de ce changement de taux.En contrepartie, le gouvernement aurait proposé une nouvelletarification des prestations fournies par la Paierie principale duroyaume (PPR), la libération du taux d’intérêt ou encore lapossibilité d’offrir la gestion des services d’assurances. Lesnégociations sont toujours en cours.

Les dépôts clientèle atteignent 498 milliards à la fin 2007L’année 2007 a vu les dépôts de la clientèle des banques maro-caines en hausse de 17% pour atteindre 498 milliards de dir-hams selon les statistiques du Groupement professionnel desbanques Marocaines. Par catégorie, les comptes chèques res-sortent à 206 milliards de dirhams devant les dépôts à terme(124 milliards) et les comptes d’épargne (59 milliards).

Ghana : les taux d’intérêt àl’emprunt jugés élevésLe ministre ghanéen des Finances et de la Planification del’économie, Georges Gyan-Baffour, a indiqué que les taux d’in-térêt élevés pratiqués par les banques sur les prêts aux entrepri-ses sont en train de freiner le développement des PME. Selon leministre, qui s’exprimait à l’occasion de la cérémonie de l’inau-guration de la Bank of Baroda à Accra, « la Banque centrale abaissé son taux à 13,5% alors que les banques commercialesmaintiennent les leurs dans la fourchette de 22-24%. »

Coface annonce la créationde « Coface Egypt »Coface, le spécialiste français du crédit à l’exportation,annonce le rachat de l’activité de Fiani Partners, leaderégyptien du secteur de l’information et du marketingd’entreprise. Objectif, créer dans ce pays une plateformepermettant à l’ensemble des entités de Coface dans lemonde d’améliorer les services à leurs clients sur cettezone. Dans un second temps, Coface, avec des partenaireségyptiens, proposera des services d’assurance crédit etd’affacturage, à la fois à ses clients implantés en Egypte etaux entreprises égyptiennes.

La BAD conventionne avecle FIDALa Banque africaine de développement (BAD) a signé le13 février 2008 un mémorandum avec le Fonds interna-tional de développement agricole (FIDA) pour l’éradica-tion de la pauvreté rurale en Afrique. Les deux institu-tions, qui collaborent depuis 1978, ont mobilisé à ce jour2,4 milliards de dollars de cofinancement pour un porte-feuille de 35 projets.

Mohamed Benchaaboun, précédemment directeur général de l’Agence nationale de règlementation

des télécoms (ANRT), remplace Noureddine Omary à la tête du Groupe Banque Populaire. Au-delà

de la passation de pouvoir, c’est toute la philosophie de la banque qui est appelée à changer. En ligne

de mire, le développement en Afrique.

Vers de nouveaux départs auGroupe Banque Populaire

Par Adama Wade, Casablanca

L’arrivée de celui qui était, jusque-là,directeur général de l’Agence nationalemarocaine de règlementation des télé-coms, Mohamed Benchaaboun, à la têtedu Crédit populaire du Maroc (établisse-ment qu’il connaît bien pour y avoiroccupé un poste de responsabilité en1999) marque, à bien des égards, la find’une époque : celle de la toute puissantethéorie de la croissance organique, portéeau pinacle par Noureddine Omary. Sousl’ère de ce banquier prudent et rigoureux,la banque a ouvert au moins 200 nouvel-les agences à travers le royaume. La pre-mière institution marocaine par lesdépôts a réussi, certes, à maintenir intac-tes ses parts de marché à travers tous lessegments (27% en dépôts clientèles, 19%en ressources locales); mais sans réaliserd’opération accélératrice de business et,le plus souvent, en finançant ses investis-sements par fonds propres. « Ni dévelop-pement à l’international, ni acquisitionmajeure », tranche un indéboulonnablecadre du groupe qui considère la prési-dence de Nourredine Oumary commel’exemple-type d’une gestion de bonpère de famille : «Il avait toutes les cartesentre les mains. De la ressource abondanteà bon marché grâce à l’adossement de labanque aux banques régionales, des quasi-coopératives, une carte blanche de la partdes actionnaires, mais n’a jamais vouluanticiper. »

Conséquence, sur la période 2003-2007,alors que l’ex-BCM fusionnait avec laWafa pour former Attijariwafa Bank etque, dans l’assurance, la fusion entreRMA et Al Wataniya donnait à la BMCEBank un puissant levier, le cheval (c’est

l’emblème du GBP) est resté assis sur sesfondamentaux, en misant sur le dyna-misme de la clientèle captive des travail-leurs marocains à l’étranger dont ilcontrôle 55,3% des dépôts.

Le spectre de la CNIALa tentative d’acquisition des 67% de lacompagnie d’assurances CNIA, mise envente en 2004, si elle s’était avérée, allaitsans doute faire rattraper au GBP sonretard, en misant sur la bancassurance,devenue, depuis, l’un des pivots de déve-loppement. Le dernier code marocain desassurances permet désormais aux établis-sements bancaires de commercialiserpresque tous les produits d’assurances, àl’exclusion des assurances dommages.Anticipant cette opportunité, toutes lesbanques avaient renforcé leurs branchesdans l’assurance. Pour la Banque popu-laire, une opportunité inespérée se pré-sentait avec la mise en vente de 67% ducapital de la CNIA par un fonds saou-dien. L’offre du groupe, d’avance donnéegagnante car appuyée par les signaturesde la CDG et du groupe Holmarcom,deux partenaires qui détenaient d’impor-tantes parts dans la CNIA, allait pourtantéchouer, coiffée par celle du groupeSaham, plus réactive. L’échec était d’au-tant plus cuisant que le GBP a fait perdu-rer les négociations pour économiser 50millions de dirhams. Des hésitations quifurent payées cash puisque, outre la pertede la CNIA, le GBP assistera en invité demarque au mariage entre ses deuxanciens alliés, la CDG et le groupeHolmarcom, avec l’entrée du premierdans la branche assurance du second, legroupe Atlanta Sanad.Depuis, la banque assiste au développe-ment fulgurant de ses deux concurrents,BMCE Bank et Attijariwafa Bank, dans cecréneau de la bancassurance. Pour com-bler le GAP, Noureddine Omary a tout demême conclu un deal, durant les derniersmois de sa présidence, pour une copro-priété à travers une prise de participationdans le capital de la Marocaine Vie, enpartenariat avec la Société générale maro-caine des Banques (SGMB)

La Banque populaire marocaineMauritanie au bout de la pisteSur l’international, la prudence aura étél’une des constances de la politique ban-caire du GPB. La banque aura prospectéau Mali, au Togo, en Centrafrique et auCongo Brazaville. Aura noué plusieurscontacts. Mais ce sera quand même sarivale, la BMCE Bank, plus avisée, quimettra le grappin sur l’affaire de l’an-née, la BOA (Banque of Africa). Demême, ce sera Atttijariwafa Bank quis’installera coup sur coup en Tunisie etau Sénégal sous différentes formes.Dans l’une de ses dernières sortiesmédiatiques, Nourredine Oumary

expliquera que l’implantation enAfrique se fera progressivement avec,d’abord, l’installation de comptoirsjouer le rôle d’observateurs pour atté-nuer d’éventuels risques. La peur du ris-que sera aussi omniprésente enMauritanie où la banque avait pris atta-che, dès 2005, avec quelques institutionslocales comme la BMCI, sans succès.Finalement, et c’est le dernier acte de laprésidence Oumary, un agrément seraobtenu dans ce pays où le GBP évolueraen green field. La filiale dispose d’uncapital de 186 millions de dirhams.Cette entité dénommée Banque popu-laire mauritanienne devrait réaliser desbénéfices à partir de sa quatrième annéed’exercice. Les bénéfices escomptés àl’horizon 2012 sont de 19 millions dedirhams. Le PNB de la filiale devraitquant à lui passer de 37 millions en2008 à 108 en 2012, en progression de30,7%.

« Ni développement à l’international, ni acquisitionmajeure », tranche un cadredu groupe qui considère laprésidence de NourredineOumary comme l’exemple-type d’une gestion de bon

père de famille.

Depuis, la banque assiste au développement fulgurant

de ses deux concurrents,BMCE Bank et AttijariwafaBank, dans ce créneau de

la bancassurance.

Un nouveau produit qui couvre une gamme complète allant de l’assurance maladie à la prévoyance retraite

pour la protection et la sécurité de l’environnement financier aussi bien formel qu’informel des migrants.

La Caisse d’Epargne lancera surle marché la carte « Téranga »

Par Ismail Aidara, Paris

L’établissement financier français Caissed’Epargne va lancer dans les semaines àvenir une nouvelle offre de carte bancairedénommée « Téranga » ou « Welcome » surle marché de la France et du continent afri-cain. L’offre sera disponible à partir de la finfévrier. Après sa première opération bapti-sée « carte Méditérano » l’an dernier, via safiliale Océor, le groupe Caisse d’Epargne adécidé de renforcer sa politique commer-ciale et son engagement sur le marché desservices financiers des migrants africainsétablis en France. Selon son président,Charles Milhaud, les banques françaises ont

été trop longtemps réticentes sur le marchédes services financiers de transferts desmigrants vers leurs pays d’origine. « Nouscomptons leur proposer des services adaptés,moins coûteux, souples et incitatifs à courtterme », rassure le patron du groupe Caissed’Epargne.

Pré-bancarisation Le marché des transferts d’argent desmigrants est largement dominé par legroupe américain Western Union, qui acumulé un bénéfice net de 4 milliards dedollars pour 2005-2006 sur une mannefinancière globale de transferts estimée à 30milliards d’euros vers l’Afrique. C’est ce qui

explique l’ambition des autorités de mettreen chantier un nouveau produit bancaireclé en main « Téranga » qui va constituer,selon le promoteur, un support de pré-ban-carisation dans les pays du Sud, pour lesmigrants ou leurs familles restées au paysd’origine. Engagé dans un processus decommercialisation du produit « compted’épargne co-développement », le groupeCaisse d’Epargne entend mobiliser delourds investissements à l’international.Après une première expérience qui est entrain de se développer au Maroc, le groupefrançais est déjà en pourparlers avec desopérateurs banquiers de plusieurs paysd’origine.

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BANQUES ET ASSURANCES6 Les Afriques - N° 17 - 21 au 27 février 2008

L’argent noir représente 1500 milliards de dollars, soit le PIB de la 8e puissance économique du monde. L’argent gris, qui provient de délits d’initiés,

des commissions d’intermédiaires et de faux bilans, génère 4 500 milliards de dollar, soit 1 dollars sur cinq. L’Afrique a-t-elle les moyens d’y faire face ?

L’Afrique à l’heure des cellulesde renseignements financiers

Par Adama Wade, Casablanca

Le Maroc, la Tunisie et Maurice ontparachevé à des degrés divers la miseen place de cellules de renseignementsfinanciers, destinées à prévenir le blan-chiment de l’argent noir. Pour l’expertfrançais Eric Vernier, qui s’exprimaitrécemment à Casablanca à l’occasiond’une conférence organisée parl’Association pour le progrès des diri-geants, l’inégalité de moyens est mani-feste entre d’une part l’industrie ducrime organisé et d’autre part lesmécanismes de lutte mis en place parles Etats. Les chiffres sont éloquents.Actuellement, le produit criminel brutde l’argent noir est de 1500 milliardsde dollars, soit quasiment la 8e puis-sance du monde. Plus inquiétantencore, d’après le conférencier quicompte à son actif plusieurs publica-tions, l’argent gris, généré par desacteurs « honnêtes » (délits d’initiés,commissions d’intermédiaires, fauxbilans) et qui consiste en délits diversde « crimes sans victimes », est estiméà 4500 milliards de dollars, soit 20%du PIB mondial.

L’industrialisation du trafic de ladrogueL’origine de l’argent noir reste le traficde drogue qui génère à lui seul 8000milliards de dollars. C’est la deuxième

activité au monde après la vente d’ar-mes. L’on assiste à une tendance à l’in-dustrialisation et à l’utilisation des grosmoyens par les trafiquants, tel ce sousmarin transportant de la coke et qui aété arraisonné entre la Colombie etMiami. Une sophistication apparaîtaussi dans le circuit de l’argent du has-chich, blanchi en général à Paris, selonle conférencier qui précise que l’argentretiré du trafic est investi dans l’or puisrapatrié vers le pays d’origine. Leniveau actuel de l’or est donc uneaubaine.

De la blanchisserie aux faux procèsSi leurs origines sont diverses, l’argentnoir et l’argent gris empruntent engénéral le même circuit de blanchi-ment utilisé depuis Al Capone, et sonprincipe simple : acheter des blanchis-series et gonfler les recettes par de l’ar-gent noir. Cette technique qui a lemérite de la simplicité a donné le nomde « blanchiment » à toute une indus-trie et reste encore utilisée par la mafiarusse dans le Sud-Est de la France. Ilfaut plus d’ingéniosité, cependant,pour déjouer les procédures decontrôle dans un pays aussi avancédans la lutte contre l’argent sale que lesEtats-Unis d’Amérique. Là aussi, lecrime organisé s’en sort plus ou moinsbien en s’adaptant à l’air du temps. Ilsuffit de créer une entreprise sur le sol

américain et une autre parfaitementindépendante de la première dans unparadis fiscal, les Bahamas en général.L’entreprise installée en Amériqueattaque en justice sa consoeur loin-taine pour retard de livraison, parexemple, finit par gagner le procès et sefaire transférer légalement de l’argentpour paiement de dommages et inté-rêts. C’est la technique du « faux pro-cès » dans laquelle le juge blanchit del’argent noir sans le savoir. Sachantque, dans certains pays, les dommageset intérêts sont exonérés, la mafia

gagne doublement.Une autre technique de blanchimentutilisée par les trafiquants est la techni-que des faux gains au jeu. Arriver dansun casino avec de l’argent sale, acheterdes jetons, passer la soirée à se prome-ner et revendre ses jetons à la sortiecontre un chèque. A la limite, pasbesoin de jouer. Le gentleman agree-ment des cinq personnes membresd’une même organisation jouant à lamême table de black jack entre aussidans l’arsenal utilisé. Les plus aguerrisutilisent un système complexe de jeux à

somme nulle, systèmequi est reproduit dansles grands marchésfinancier comme celuide la Monep.

Comment lanature anonymedes marchés finan-ciers est mise àprofitMalgré la méticulo-sité des gendarmesboursiers, le procédéest simple. Un cer-veau fait intervenirplusieurs traders ne seconnaissant pas et quiprennent des posi-tions exactementcontraires, afin queles pertes soient com-pensées par les gains.L’argent qui ressortest certes déduit desdifférentes commis-sions et taxes, maispropre. Le caractèreanonyme de ces mar-chés lesquels, en plus,ne font apparaîtreque le solde et non latotalité des opéra-tions, fait d’eux unparadis idéal et ano-nyme. On estime à 10000 milliards le mon-tant des transactionsjournalières effec-tuées dans le monde.Il paraît probablequ’un milliard de dol-lars –autant qu’unegoutte d’eau dans lamer- soit blanchi tousles jours, estime leconférencier.

Autre circuit efficace, la technique duprêt adossé. Procédé simple : l’argentsale part des Caraïbes au Luxembourg.En France, une personne - un étrangerde préférence- emprunte, pour uninvestissement quelconque, à une ban-que londonienne qui exige une garan-tie. Cette personne donne en garantiele compte bloqué au Luxembourg,obtient effectivement son crédit etoublie de rembourser à la banque quilève ainsi son option. A ces règles com-plexes, la mafia italienne a longtempspréféré la pizza connexion qui permet,

par ailleurs, comme les blanchisseries,de gonfler les recettes et de constituerun réseau de vendeurs pouvant écou-ler des substances illicites comme l’hé-roïne. Attention seulement à ne pascroire que le portrait robot du narco-trafiquant n’a pas évolué au gré dutemps et de la mondialisation.L’exemple le plus accompli en lamatière est l’oeuvre d’un brillant cer-veau recruté à la sortie de Columbia, etqui, dans les années 80, a initié unetechnique de blanchiment en deuxmouvements : d’abord le prélavage enfaisant transférer de l’argent de compteà compte et de pays à pays. Les fondspassaient de la Colombie, àl’Allemagne puis à Monaco, en Suisseou au Luxembourg. L’argent issu de cemouvement était stocké dans deslivrets anonymes en Autriche. Ce paysrésista longtemps aux injonctions del’UE avant de se résoudre à supprimerces livrets anonymes en 2004. Ladeuxième étape faisait revenir l’argentde ces pays vers la Colombie pour êtreinvesti dans les hôpitaux et les écoles.D’où sans doute la popularité de cer-tains barons auprès des milieux asso-ciatifs et même de quelques stars dushowbiz engagés dans l’humanitaire.Avec cette technique, environ 36 mil-liards ont été blanchis en trois ans, soiten moyenne 1 milliard tous les mois.

La discrète technique des LBOL’autre moyen de blanchir de l’argent àgrande échelle est le rachat de sociétéspar endettement suivant la méthodeLBO (Leverage buy out). Procédé assezsimple qui passe d’abord par la créa-tion d’une holding qui bénéficie, en

général, d’avantages fiscaux. Deuxassociés, dont l’un ayant de l’argentnoir domicilié dans les paradis fiscaux,mettent ensemble des parts de 50 mil-lions de dollars chacun. Le reste dufinancement de l’entreprise est réalisépar le levier que constitue l’emprunt.Au passage, l’un au moins des apportsen capitaux a été blanchi. Le reste del’argent noir sera blanchi à travers l’en-treprise en question. Cette techniquemontre que ce ne sont pas seulementles banques qui sont exposées face àl’industrie du crime organisé.

Le rôle des cellules de renseigne-ments financiersAujourd’hui, basculer dans l’ère descellules de renseignements financierssignifie un pas supplémentaire versl’abandon du fameux secret bancaire.L’une au moins des prescriptions de lafameuse loi 43-05 d’avril 2007 adoptéeau Maroc et instituant la mise en placed’un CRF est la « déclaration de soup-çon ». Le banquier devra signaler à lacellule de renseignements tout ce qu’iljuge louche. Une démarche qui seretrouve en confrontation directe avecles coutumes du métier. En France, sur15 000 à 20 000 déclarations par an,seules 400 aboutissent à une décisionde justice. Depuis le 11 septembre, leGroupe d’action financière (le fameuxGAFI) mis en place par le G7 tente,avec 40 recommandations et 9 supplé-mentaires, rajoutées après l’attaque surle Word Trade Center, de fédérer toutesles tentatives nationales et régionalesmises en place contre le blanchiment.

La politique s’invite dans le débatMais là aussi, difficile d’aller del’avant. L’une des missions du GAFI,qui consistait en l’établissementd’une liste noire de pays qui ne lut-tent pas contre le blanchiment, estdevenue lettre morte. De 40 à sesdébuts, la liste est tombée à six puis àtrois. Depuis un an et demi, plusaucun pays ne figure dans cette liste.Ne reste plus aux policiers et auxjuges que de faire face, avec leurs fai-bles moyens et leurs formations engénéral inadéquates, aux puissantsréseaux de blanchiment qui recrutentdans les grandes écoles de commerce.C’est ce qui explique sans doute lesrésultats modestes des prisesd’Interpol, lequel en 20 ans n’a inter-cepté que 3 milliards de dollars, alorsque tous les jours 1 milliard est blanchi.

L’une des missions du GAFI, qui consistait en l’établissement d’une liste noire de pays qui ne luttent pas

contre le blanchiment, est devenue lettre morte. De 40 à ses débuts, la liste est tombée à six puis à trois.

L’Afrique doit-elle fermer les yeux ?Alors que la Tunisie, le Maroc et L’IleMaurice adaptent leurs législations àla réalité des luttes contre le fléau dublanchiment, il est de bon ton, enAfrique aujourd’hui, de s’interrogers’il faut fermer les yeux sur tout apportd’argent, quelque soit sa provenance,pourvu qu’il serve à financer le déve-loppement. Après tout, clament lesadeptes de cette démarche, lesBahamas ont un niveau d’éducationcomparable à celui des USA, lapetite Ile de Nieu et ses 1800 habi-tants compte 300 sièges de banquesrusses et Chypre est indexé à la 30e

place des pays les plus développés.

Ces rares exemples constituent, enfait, des exceptions qui ne devrontpas faire oublier que l’argent noirprend pied dans les périphéries despays en développement, mais à ten-dance à migrer vers les opportunitésoffertes par les pays développés. Lemonde compte plus de Colombie quede Chypre. Outre le fait d’accentuerle déséquilibre Nord-Sud, l’argentsale a tendance à détruire l’économiede marché. La petite pizzeria servantde blanchiment n’a pas de contraintede coûts et peut donc vendre ses pro-duits moins cher que les pizzeriashonnêtes.

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BANQUES ET ASSURANCESLes Afriques - N° 17 - 21 au 27 février 2008 7

Nigeria : la capitalisationboursière de la First Bankdépasse le milliard de nairasLe 11 février 2008 fut une journée historique pour laFirst Bank of Nigeria avec une capitalisation boursièrequi a atteint 1,039 milliard de nairas à la clôture. Cetteperformance confirme la FBN dans sa position de pre-mière institution financière nigériane et de premièreentreprise nigériane cotée à avoir une capitalisationsupérieure au milliard. La dernière augmentation decapital par émission de nouvelles actions a donc été bienappréciée par le marché.

Maroc : bonnes performancesdu Crédit Agricole en 2007Au terme de l’année 2007, le Crédit Agricole du Maroctotalise des dépôts de 42 milliards, en progression de182% par rapport à l’année 2003. La banque porte sa partde marché de 3,2 à 8,13%, soit à la quatrième position dusecteur bancaire marocain. Le CAM a accordé 36,8 mil-liards de dirhams sous forme de crédits à la clientèle en2007. Le produit net bancaire et le résultat net se situentrespectivement à 1,85 milliard et à 302 millions de dir-hams à la fin 2007. La banque, qui n’a pas encore confirmésa date d’introduction en Bourse, va bientôt acquérir unsystème d’information Phoenix destiné à mesurer entemps réel l’évolution de ses principaux indicateurs,notamment les dépôts et les crédits par agence.

Une compagnie sud-africainerachète PrincipalLa Sud-Africaine Sanlam, deuxième compagnie d’assurancessud-africaine, a racheté Principal, entreprise britannique degestion d’actifs, intervenant particulièrement dans l’assurance-vie et les fonds de pension. Principal est une compagnie leaderdans le sud de l’Angleterre gérant plus d’un milliard de livressterling de clientèles familiale et privée. A travers Principal, lasociété sud-africaine accède à un nouveau marché tout en uti-lisant l’expertise de sa filiale pour améliorer l’offre de sa clien-tèle sud-africaine.

Une banque indiennes’installe au GhanaL’Indienne Bank of Baroda, qui a récemment obtenu unagrément auprès des autorités centrales ghanéennes, com-mencera ses activités le 18 février 2018. Les services délivrésconcerneront le financement des opérations commerciales,des PME-PMI et d’une manière générale les services ban-caires classiques. La filiale ghanéenne est la 68e de la Bank ofBaroda qui compte ouvrir des représentations au Nigeria etau Mozambique. A noter que la Bank of Baroda est présenteen Afrique depuis 1953 et l’ouverture d’un bureau àMombassa (Kenya).

La Banque de développementde Namibie (BDN) fait son bilanLa Banque de développement de Namibie (DBN) est àl’origine, à travers ses opérations de financement de l’éco-nomie, de la création de 4500 emplois dont 1168 nou-veaux, selon une note de recherche publiée par l’institu-tion. La banque a pour objectif le financement des projetsde développement à moyen et long termes de manièredirecte ou à travers les lignes de crédits mises en place parles banques commerciales.

Sénégal : la BICIS lance uneoffre spéciale pour les policiersLa Banque internationale pour le commerce et l'industrie duSénégal (BICIS) accorde une nouvelle ligne de crédit d'unmontant de 3 milliards de francs CFA destinée aux personnelsde police, annonce un communiqué transmis à l’Agence depresse sénégalaise. Le produit permet aux policiers d’obtenirdes crédits immobiliers pour l’achat et la construction de mai-sons, des crédits d’équipements et des crédits automobiles. Adéfaut d’être une cible à rendement élevé, la police constituetout de même une population, normalement, à faible risque denon remboursement.

Fortis : l’Afrique, le private equity et le leverage financeLe Dr Eric Soubeiga est un spécialiste du private equity et du leverage finance à la City au sein du

groupe belgo-néerlandais Fortis Bank. Les Afriques explore ses domaines de compétence au regard

des réalités du continent africain et de la politique développée par son groupe et à la lumière des

récents évènements liés à la crise des subprimes.

Entretien réalisé par Charles Bambara, Londres.

Les Afriques : Expliquez-nous ce quesont le leverage finance et le privateequity ?Dr Eric Soubeiga : Les fonds de privateequity investissent des capitaux pro-pres (c’est-a-dire leur propre argent)dans des entreprises où ils acquièrentles actions (en partie ou en totalité –selon le montant de leur investisse-ment). Il arrive parfois qu’une partiedu coût d’acquisition de l’entreprisesoit financée par la dette. C’est cettedette que l’on dénomme leveragefinance. La dette d’acquisition est miseà la disposition du fonds de privateequity (pour lui permettre d’acquérirl’entreprise cible) et sera rembourséepar les flux de liquidités générés par lesrevenus futurs de l’entreprise cible.

LA : Ce marché du private equityest il perturbé par la crise des subprimes à l’actuelle ?ES : Certainement. Dans la plus part des pays développés d’Europe,d’Amérique et d’Asie les acquisitionsd’entreprises par les fonds de private

equity sont généralement financées, neserait-ce qu’en partie (des fois jusqu’àhauteur de plus de 70% du prixd’achat), par un emprunt (leveragefinance). Les plus grands fournisseursde ce genre de dettes, pour l’acquisi-tion d’entreprises, sont les banquesd’affaires parmi lesquelles il y a eud’énormes pertes financières annon-cées dans la presse. Ces pertes finan-cières sont liées à des investissementsque ces banques ont effectués directe-ment ou indirectement dans le secteurdu crédit immobilier de basse qualité(dits subprimes) aux Etats-Unis. Lescrédits immobiliers subprimes sont desprêts immobiliers alloués à des indivi-dus non solvables. L’ampleur des per-tes liées aux subprimes dans le systèmefinancier n’est pas encore connue entotalité puisque certaines ne sont pasencore annoncées. Même si certainesbanques n’ont pas essuyé de pertesliées aux subprimes, la crise a créé unesituation de méfiance entre les ban-ques qui hésitent à se prêter de l’ar-gent, ce qui induit un manque deliquidité pour financer, entre autre, lesacquisitions d’entreprises. Par consé-quent, nous assistons depuis le débutde la crise à une réduction du volumed’activité d’acquisitions d’entreprisespar les fonds de private equity. Les grosdeals (c’est-a-dire les acquisitionsd’entreprises ayant de gros chiffresd’affaires) se font de plus en plus rares.Parmi les victimes, on compte l’acqui-

sition du géant pharmaceutiqueAlliance Boots (par KKR), l’acquisi-tion du constructeur d’automobilesChrysler (par Cerberus), CadburySchweppes a été forcé de reporter lavente de son unité de production deboissons aux Etats-Unis, et puis signa-lons la vente annoncée, puis suspen-due jusqu’à nouvel ordre, de VirginMedia à 23 milliards de dollars.

LA : L’Afrique est-elle un marchéfavorable au développement duprivate equity ?ES : L’Afrique est certainement unmarché qui bénéficie d’un intérêtgrandissant de la part des fonds d’in-vestissement y compris les fonds deprivate equity. Il y a déjà des fonds deprivate equity basés en Afrique etdéveloppés par des Africains, notam-ment en Afrique du Nord, en Afriqueaustrale (surtout l’Afrique du Sud),au Nigeria, au Sénégal et en Afriquede l’Est. Il y a aussi les fonds étrangerset multilatéraux qui œuvrent pourpromouvoir le développement du sec-teur privé en Afrique, notamment laCDC britannique, Actis (issue de laCDC), la FMO néerlandaise, laBanque mondiale à travers la SFI, laBAD, etc. Il y a enfin des fonds d’in-vestissement montés par des indivi-dus, parmi lesquels il y a Hélios dontles activités d’investissement seconcentrent sur l’Afrique. A titre d’il-lustration, signalons que l’associationafricaine du capital risque -Africa Venture Capital Association-compte une cinquantaine de fondsqui investissent en Afrique.Cependant, cette activité du privateequity en Afrique ne signifie pasl’existence d’un marché pour lafinance de la dette d’acquisition d’en-treprise ou leverage finance. Il faudraencore attendre quelques années pour

assister à l’émergence significatived’un marché de ce type en Afrique.Il faut aussi noter que les montantsinvestis en Afrique sont encore infi-mes comparés aux niveaux d’investis-sement que l’on voit dans les paysdéveloppés ou dans les BRIC (Brésil,Russie, Inde et Chine). Par exemple,en 2005, le montant des fonds de typede private equity investis en Afriques’élevait à environ $1 milliard. Lamême année le private equity d’ori-gine américaine investissait environ$10 milliards uniquement en Grande-Bretagne et environ $28 milliardsdans le reste de l’Europe.

LA : Y a-t-il des pesanteurs audéveloppement des affaires sur lecontinent ?ES : Comme partout ailleurs dans lemonde, il y a des pesanteurs sur ledéveloppement des affaires enAfrique. Cependant ces pesanteurssont très lourdes en Afrique, compa-rée au reste du monde, comme entémoigne le rapport Doing Businessin Africa de la Banque mondiale.

Personnellement, je demeure opti-miste quant à l’intérêt des investis-seurs étrangers pour l’Afrique. Eneffet, on voit de plus en plus d’institu-tions financières privées qui dévelop-pent leurs activités sur le continent.C’est un signe très prometteur.

« L’existence d’activité du private equity en Afrique nesignifie pas l’existence d’unmarché pour la finance de

la dette d’acquisition d’entreprise ou

leverage finance. »

Un éventuel ralentissement,ou une éventuelle récession,de l’économie américaine et,par la suite, de l’économiemondiale, pourrait conduire

à une réduction des exportations africaines.

Dr Eric Soubeiga

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BOURSES8 Les Afriques - N° 17 - 21 au 27 février 2008

Le secteur algérien des assurancesboudé par les compagnies étrangères

Par Lyes Taibi, Alger

Contrairement au secteur bancaire algé-rien qui a connu, depuis sa libéralisation,l’installation de nombreuses banquesinternationales de premier plan en Algérie,le secteur des assurances n’a pas suscitél’intérêt des grandes compagnies étrangè-res. Plus de treize ans après la publicationde l’ordonnance qui ouvrait, en 1995, lesassurances algériennes à la concurrenceprivée nationale et étrangère, le bilan estrapidement dressé. Sur les sept compa-gnies privées créées en Algérie depuis cettedate, seule la Trust Algérie, compagnie àcapitaux mixtes algériens, bahreini etqatari, créée en 1997, occupe une placesignificative dans le paysage des assurancesalgériennes. Cette désaffectation sembled’autant surprenante que le potentiel dumarché algérien est, pour beaucoup d’ob-servateurs, considérable. Avec un ratiomesurant le rapport du chiffre d’affairesdu secteur au PIB voisin de 0,5%, l’Algériefigure en queue de peloton parmi les paysde la région, et même sur le continent afri-cain. Au cours des dernières années, lemême indicateur atteint 2% en Tunisie etprès de 3% au Maroc. S’agissant de certai-nes branches de la profession comme lesassurances de personnes, qui représententdans les économies développées près de60% du chiffre d’affaires du secteur, lepays peut être quasiment considérécomme une terre vierge.

La timide percée des compagnies privéesLa suppression du monopole de l’Etat aprincipalement profité à un petit nom-bre d’entreprises privées algériennes quiont manifesté un certain dynamisme enélargissant la gamme des produits offertsà la clientèle et en pratiquant une sévèreconcurrence sur les tarifs.En dépit des pratiques de « dumping »évoquées par les compagnies publiques,le secteur privé, en raison de ses moyens

limités, n’a pas été en mesure de capterplus de 10% du chiffre d’affaires du sec-teur. Cette dernière performance n’ad’ailleurs été rendue possible que grâceau feu vert donné à l’installation de prèsde 400 agents généraux d’assurancesintervenant en dehors du réseau directdes compagnies pour une distribution deproximité des produits.

Les assurances obligatoires d’abordOutre cette timide percée des compa-gnies privées, le marché algérien est sur-tout caractérisé par la prévalence desassurances obligatoires. Selon les termesd’un expert européen intervenant dans lecadre d’un projet de coopération :« En Algérie, les particuliers continuent deconsidérer l’assurance comme une démar-che forcée et un impôt subi, ou plus précisé-ment comme une redevance parafiscale. »C’est ainsi que plus de 80% des contratsd’assurance souscrits dans le pays résul-tent d’une obligation légale. L’assuranceautomobile se taille la part du lion, avecplus de 45% de part de marché, suivie del’assurance sur les risques industriels etdes assurances souscrites par les trans-porteurs de voyageurs et de marchandi-ses.Conséquence d’une absence d’obligationlégale dans ce domaine, le patrimoineimmobilier reste le parent pauvre de l’as-surance algérienne. On estime que moinsd’un logement sur dix est couvert par uncontrat. La création récente, dans le sil-lage du séisme qui a touché la régiond’Alger en 2003, d’une assurance contreles catastrophes naturelles n’a pas encorepermis à ce type d’assurances de décollersignificativement.

Demain les assurances de personnesLa branche des assurances de personnes(vie, décès, accident, maladie, etc.) repré-sente aujourd’hui une part insignifiantede l’activité des compagnies d’assurancesalgériennes ; à peine 4% de part de

marché. C’est le domaine où le potentielde développement du marché apparaîtcomme le plus important. Longtempsconsidéré comme « généreux », le sys-tème de couverture sociale algérienmontre aujourd’hui ses limites avecl’émergence de couches sociales plus exi-geantes en matière de qualité de soins

médicaux ou de retraites. L’introductiond’un système de retraite par capitalisa-tion, la couverture des soins médicaux,proposés par des structures privées plusperformantes, sont les pistes les plus pro-metteuses.Ce sont aussi les domaines où l’expertiseet la réputation des opérateurs interna-tionaux pourraient faire la différence.

Le chiffre d’affaires du secteur pourrait avoir franchi les 50 milliards de dinars (500 millions d’euros)

en 2007. La marge de progression est pourtant énorme et la frilosité des investisseurs incompréhensible.

Africa Investor lance une édition en françaisAfrica Investor, titre édité à Londres, spécialisé sur lafinance et la banque africaines et initiateur de l’indice AI40, vient de lancer la version française de son magazinebimestriel. Ce nouveau magazine couvre l’actualité desinvestissements, propose des commentaires et analyses. Ilsera distribué sur l'ensemble de la zone francophoned’Afrique et du reste du monde.

BMCI Bourse certifiée ISO 9001 BMCI Bourse est la première société de bourse marocaineet la première filiale du groupe BMCI (lui-même filiale deBNP Paribas) à avoir obtenu en janvier 2008 la certificationISO 9001 (version 2000). Lors de cet audit, le BureauVeritas Certification a certifié les opérations d’intermédia-tion boursière, d’analyse et de conseil en investissementboursier. Les points forts relevés sont l’engagement dudirectoire de BMCI Bourse et l’implication de ses équipes,la maîtrise du métier et la forte sensibilité aux valeursdéontologiques du secteur.

Un journaliste pour la communication de CosumafJacques Junior Schule est le nouveau responsable de la commu-nication de la commission de surveillance du marché financierde l’Afrique centrale (Cosumaf). M. Schule était précédem-ment rédacteur en chef du mensuel économique et financierFinancEco, collaborateur de l’agence Reuters et consultant encommunication auprès de l’Association des sociètés d’assuran-ces du Cameroun.

Nouveaux indices à la Boursede BotswanaDe nouveaux indices ont été introduits à la Bourse deBotswana (BSE). Ces indicateurs permettront aux inves-tisseurs de disposer d’une meilleure mesure des perfor-mances réelles des valeurs cotées. Les gestionnaires defonds qui sont à l’origine de ces changements pourrontdésormais suivre les tendances avec plusieurs indices trai-tant des valeurs locales, des valeurs étrangères, desvaleurs industrielles. Les anciens indices (DCI et FCI)restent en vigueur.

Kenya : possible report del’IPO sur SafaricomLes autorités de régulation n’ont pas encore visé le plan decession en Bourse de 25% des 60% de parts de l’Etat dansle capital de l’opérateur Safaricom. L’opération, qui devaitintervenir à la fin février, serait repoussée à cause destroubles et de la morosité qui règnent actuellement dansle milieu financier du pays. Pour être validée, l’IPO devaitobtenir le feu vert de l’autorité du marché (CMA), dudirectoire de la Bourse de Nairobi et des deux actionnai-res, à savoir l’Etat kenyan et le Britannique Vodafone.

La Bourse du Rwanda dopéepar les obligations étatiquesVieille de seulement deux semaines, la Bourse du Rwandavient d’enregistrer la deuxième émission d’une obligationde l’Etat. D’un montant de 9,1 millions de dollars, cettedeuxième opération montre, de l’avis des spécialistes, toutle potentiel de cette place financière, capable d’absorber untel niveau de demande à quelques jours d’intervalle.Prochaine étape, une opération de charme envers les inves-tisseurs privés.

Les experts misent sur unrebond de la bourseougandaise en 2008La Bourse d’Ouganda (USE) a réalisé entre octobre etdécembre 2007 un volume de transactions trois fois supé-rieur à ce qui a été enregistré sur la période de mars à sep-tembre. Les analystes qui craignent de possibles répercus-sions de la crise du Kenya voisin restent largement opti-mistes quant à l’évolution positive des tendances de labourse en 2008.

Cette désaffectation sembled’autant surprenante que lepotentiel du marché algérienest, pour beaucoup d’obser-

vateurs, considérable.

Un secteur qui reste dominé par les

compagnies publiques• 17 sociétés d’assurances activesaujourd’hui au sein du marché algérien.• 4 sociétés publiques d’assurancesdirectes qui réalisent plus de 80% duchiffre d’affaires du secteur : SAA,CAAR, CAAT et CASH.• 1 société de réassurances : CCR.• 2 mutuelles : MAATEC et CNMA (tra-vailleurs de l’éducation et agriculture).• 7 sociétés privées : 2A, CIAR, TrustAlgeria, GAM, Alliance, Salama,Rayan Assurances.• 3 sociétés spécialisées : CAGEX(assurance à l’exportation), AGEI,SGCI (Société de garantie des crédits).

La BMCE lance un emprunt obligataire de 1 milliard de dollars

Par Adama Wade, Casablanca

Quelques mois après l’acquisition de 35%de la Bank of Africa et l’ouverture deMediCapital Bank à Londres, la Banquemarocaine pour le commerce extérieur(BMCE Bank) vient d’obtenir, le 14 février2008, un visa du CDVM (Conseil déonto-logique des valeurs mobilières) pourl’émission d’un emprunt obligataire de 1milliard de dirhams destiné à financer sondéveloppement à l’international et à renfor-cer sa capacité d’octroyer des crédits. Pourles analystes de BMCE Capital,« l’émission obligataire devrait permettre augroupe le financement de ses projets dedéploiement à l’international ainsi que ladynamisation de son activité de distributionde crédits. » L’opération porte sur 10 000

obligations dont 4000 cotées et 6000 noncotées. Caractéristique de l’opération, unevaleur nominale de 100 000 dirhams, untaux d’intérêt révisable annuellement sur labase du dernier taux des bons de trésor à 52semaines, observé sur le marché secondairele 22 février de chaque année, et une primede risque allant de 75 à 80 points de base. Lamaturité est de dix ans avec possibilité deremboursement anticipé à partir de la cin-quième année, après accord de Bank AlMaghrib. La période de souscription s’étaleentre le 18 et le 21 février 2008. Le fait quel’opération soit réservée aux seuls institu-tionnels marocains (OPCVM, compagniesfinancières, établissements de crédit, com-pagnies d’assurances et de réassurances,Caisse de dépôt et de gestion et organismesde pension de retraite) traduit, selon les

observateurs, la volonté du management dela banque marocaine de ne pas subir la vel-léité des fonds d’investissements étrangers,à l’affût des placements à rendements éle-vés. D’aucuns l’expliquent plutôt par lesconditions défavorables qui règnent actuel-lement sur le marché international et l’at-trait relatif de tous les actifs liés au crédit ycompris les émissions souveraines. Les pri-mes de risques qui accompagnent les titresobligataires des pays émergents sont actuel-lement en augmentation, à l’instar de ladernière émission du Trésor marocain surle marché international (500 millions d’eu-ros sur 10 ans). L’emprunt obligataire de laBMCE Bank n’est adossé à aucune garantieautre que les perspectives solides de la ban-que qui a réalisé un exercice 2007 sous lesigne de la performance.

10 000 obligations d’une valeur nominale de 100 000 dirhams sur une maturité de dix ans.

L’opération est réservée aux seuls institutionnels marocains.

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9BOURSESLes Afriques - N° 17 - 21 au 27 février 2008

La Séma-SA, première entreprise malienne non bancaire à rejoindre la BRVMLes coupons de l’emprunt de 5 milliards de FCFA au taux de 6,85%sur la période 2007-2012 émis par la société d’équipement du Mali(Séma) sont cotés à la Bourse des valeurs mobilières d’Abidjandepuis le 11 février 2008. La Séma devient ainsi la première entre-prise malienne non bancaire à être cotée à la Bourse régionale del’Afrique de l’Ouest. La Séma est à la recherche de fonds pourfinancer de grands chantiers dont des logements sociaux aucompte de l’Etat.

Le régulateur chinoisapprouve l’entrée d’ICBCdans la Standard Bankd’Afrique du SudLa Commission de régulation bancaire de Chine a approuvé unprojet de la Banque industrielle et commerciale de Chine (ICBC)de prise de participation dans une banque sud-africaine, ontconfirmé récemment des officiels de l'ICBC. L'ICBC, la plusgrande banque de crédit de Chine, a annoncé le 25 octobre 2007qu'elle avait l'accord pour acquérir 20% des parts de la StandardBank d'Afrique du Sud, la plus grande banque commerciale enAfrique, pour un montant de 5,46 milliards de dollars. L'opérationa déjà été approuvée par les actionnaires des deux banques ainsique par les régulateurs d'Afrique du Sud, dont le South AfricanRegistrar of Banks et le Johannesburg Securities Exchange.

Performances de ScipionCapital sur janvier 2008La plupart des indices étaient dans le rouge durant le mois de jan-vier, à l’image du FTSE 100 (-9%), du S&P (-6%), du MSCI EM (-12,6%), du MSCI BRIC (-15,5%), du CSI 300 (-13%) et du S&PCNX Nifty (-16%). Des contre-performances qui ont affecté enpartie la classe I du fonds Scipion Capital, classe indexée sur l’AI40.En effet, sur le mois de janvier, ce compartiment perd 5,26% àcause des marchés égyptien et sud-africain. A noter que l’indiceAI40 présente un PER de 18,5 x contre 19 pour le MSCI EM et23,66 pour le MSCI BRIC. Quant à l’autre compartiment deScipion Capital, la Classe A, destinés au financement des exporta-tions de marchandises et de services, il réalise une performance de0,8% sur le mois de janvier 2008.

Tunisie : Africa EmergingMarkets Fund renforce sespositions dans le capital de la Banque de l’habitatAfrica Emerging Markets Fund a déclaré avoir franchi, en hausse,le seuil de 5% du capital de la Banque de l’habitat et ce, en date du8 février 2008. Le déclarant, qui détenait directement 4,763% ducapital, a acquis directement en bourse 140 000 actions, représen-tant 0,778% du capital, et détient désormais directement 5,54% ducapital de la BH. Africa Emerging Markets Fund a précisé qu'ilenvisage de poursuivre l'acquisition et la cession des actions etdroits de vote lui appartenant.

L’ouverture du capital de la Star à un partenaireprivé décaléLe programme de recapitalisation de la Star, visant la participa-tion d’un partenaire stratégique à concurrence de 35% dans soncapital, continue conformément au programme annoncé dans lerèglement de l’appel d’offres. Toutefois, le planning de réalisationa été décalé pour répondre aux demandes des candidats qui sou-haitent notamment disposer des données financières relatives àl’exercice 2007. La date de remise des offres sera annoncée inces-samment en fonction de l’état d’avancement des opérations d’ar-rêté du bilan 2007.

Les bourses africaines ont augmenté de 210% en cinq ans

Les bourses africaines ont progressé de210% sur les cinq dernières années. C’estce que rapporte l’agence Xinhua qui sebase sur des statistiques officielles, plaçantl’Afrique au fronton des places financièresmondiales les plus dynamiques.

Succès égyptienCette attractivité est aisément perceptibleà la Cairo and Alexandria Stock Exchange(CASE), qui a connu une hausse de 51%en 2007, et ce pour la sixième annéeconsécutive. La place aura atteint l’apogéeen 2005, avec une hausse de 155%. Selonl’agence chinoise, les 1 000 entreprisescotées sur le CASE totalisent une capitali-sation boursière de 120 milliards de dol-lars, ce qui le place au deuxième rang enAfrique après le Johannesburg Stock(JSE). Le 13 janvier dernier, l’indice Case30 a franchi les 11 000 points pour la pre-mière fois depuis plus d’un siècle.

Tendance soutenueCette forte croissance boursière égyp-tienne s’inscrit sur une tendance conti-nentale analogue. Si on les considéraitcomme une seule entité, les boursesafricaines seraient l’une des meilleuresplaces au monde durant ces 15 derniè-

res années. Les analystes attribuent cetteperformance à une croissance économi-que rapide sur l’ensemble du continent.Selon les statistques, le nombre desactionnaires au Kenya a été multiplié

par 15, passant de moins de 50 000 en2002 à 780 000 actuellement. La capita-lisation boursière du Nairobi StockExchange (NSE) est ainsi passée d’unmilliard de dollars en 2002 à 12 mil-liards de dollars aujourd’hui. Une ten-dance qui devrait se poursuivre en dépitde certains facteurs exogènes. Le boomactuel des matières premières placel’Afrique sur des perspectives de crois-sance intéressantes. Selon le FMI, leséconomies de l’Afrique subsahariennepourraient connaître une hausse de6,8% en 2008 contre 5,7% et 6,1% en2006 et 2007. Des prévisions identiquesà celles de la Banque africaine de déve-loppement qui table sur 6,5% de crois-sance du PIB. Vue de la Chine, l’Afriqueest une belle opportunité.

MBF (avec Xinhua)

Semaine boursière sans relief à laBourse de Tunis. Entre le 8 et le 15février 2008, le Tunindex a enregistréune baisse de 0,97% en clôturant lasemaine à 2649,61%. L’indice BVMT apour sa part enregistré une baisse de0,93% à 1909,9 points. Signe de labaisse d’activité, le recul du volume detransactions est passé d’une semaine àl’autre de 22,239 millions de dinars à12,058 millions de dinars, selon lesanalystes de CGF. Au terme de lasemaine, la capitalisation boursière desvaleurs ressort en baisse de 0,77% ens’établissant à 6 306 millions de dinarscontre 6 355 millions de dinars unesemaine plus tôt. 13 valeurs ont vuleurs cours s’inscrire à la hausse dontSTIP (+5,76%), TPR (+5,66%) etASTREE (+4,50%). A l’inverse, 28valeurs ont vu leurs cours reculer dontAttijari Bank (-6,06%), ICF (-5,88%)et Sotetel (-4,13%). La valeur qui adrainé le volume de transactions le

plus élevé est celle de la Somocer pourun montant global de 1,542 millions dedinars et un nombre de titres échangéségal à 520 967, soit 2,48% du capital dela société. Le Price earning ratio (PER)du marché s’établit, sur la base des

cours de clôture du 15 février 2008, à15,97x. De son côté, le PEG (PriceEarning Growth) moyen pondéré dumarché est de 0,4x.

L’agence Xinhua salue les performances des bourses africaines, et plus particulièrement des

bourses du Caire et de Nairobi. Vue de la Chine, l’Afrique est un continent qui gagne.

Léger repli de la Bourse de Tunis

Le Moroccan All Shares Index (MASI) aclôturé en progression de 0,3% sur laséance du jeudi 14 février 2008. L’indicedes valeurs cotées en continu, leMADEX, s’est également renforcé de0,35% à 11 674,77 points. A mi-février,l’activité du marché est animée principa-lement par des repositionnements sur les

valeurs des entreprises susceptibles dedégager des bénéfices élevés en vue de laprochaine distribution de dividendes.C’est le cas du CIH (Crédit immobilier ethôtelier), filiale du groupe Caissed’Epargne qui a drainé 28,9% du volumede la séance estimé à 874,8 millions dedirhams. Cas aussi de Maroc Telecom

qui annoncera ses résultats dans quel-ques jours et qui a accaparé un volumede 81,9 millions de dirhams. L’on assisteaussi à un repositionnement sur la CGI(en recul) qui a drainé 9,3% du fluxenregistré durant cette séance.

Casablanca : positionnement en vue des dividendes

Les valeurs bancaires et minières ontplombé la bourse sud-africaine vendredi15 février 2008, essentiellement à causede la crainte d’une récession américaineet des nouvelles informations faisant étatde possibles pertes des institutions ban-caires américaines liées à la crise des sub-primes. L’indice du Top 40 local a clôturéen baisse de 2,01% à 26 249,04 pointsdans le sillage de Wall Street. L’indice

global de la place de Johannesburg a cédé1,84% à 28 505,82 points. Après desperspectives revues en baisse par MorganStanley et Goldman Sachs, les quatreplus grandes banques de la place accu-sent le coup, à l’image de l’indice du sec-teur, en baisse de 3,71%. Les baisses s’ex-pliquent aussi par des mouvements deprises de bénéfices, suite à la publicationde chiffres peu probants sur la consom-

mation et le commerce. Les investisseurss’inquiètent aussi de la situation du sec-teur minier et en particulier d’un possi-ble effondrement de la demande enmatières premières, jusque-là nonconcernée par la crise qui secoue lesmarchés financiers. A noter que BHPBilliton et Anglo American ont tous deuxclôturé en baisse de respectivement 2,45et 4,05%.

Johannesburg suit Wall Street

Si on les considérait commeune seule entité, les boursesafricaines seraient l’une desmeilleures places au monde

durant ces 15 dernièresannées.

La note d’Attijari Leasing sous surveillanceFitch Ratings a placé sous surveillancepositive la note nationale à long terme « B+ (tun) » et la note nationale à courtterme « B (tun) » d’Attijari Leasing (précé-demment Général Leasing), indique lalettre d’information de CGF. La mise soussurveillance positive des notes nationalesd’Attijari Leasing reflète le démarrageeffectif du processus d’intégration de lasociété dans le groupe Attijariwafa Bank(« AWB », « BB+ »/ « B » / « Stable »),comme en attestent le changement dedénomination de la société ainsi que lesdiscussions menées entre l’agence etAWB, le principal actionnaire d’Attijari

Leasing. Fitch considère favorablementce processus d’intégration car il permet-tra d’adosser Attijari Leasing à ungroupe bancaire solvable, en cas denécessité. Il pourra également lui fournirdes appuis techniques et commerciaux,contribuant au redressement de son acti-vité et de ses fondamentaux financiers.L’agence lèvera la surveillance positivesur les notes nationales d’Attijari Leasinglorsqu’elle disposera d’éléments suffi-sants pour évaluer le degré de contrôled’AWB au terme de l’augmentation decapital prévue en mars 2008.

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MATIERES PREMIERESLes Afriques - N° 17 - 21 au 27 février 2008 11

Le Premier ministre guinéen plaide pour une bourse régionale des matières premièresLe Premier ministre guinéen, Lansana Kouyaté, a exhortémardi à Conakry les pays membres de la Communauté éco-nomiques des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) àapprofondir la réflexion sur la création d'une bourse sous-régionale des matières premières et de sous-traitancesindustrielles. M. Kouyaté, qui s'exprimait à la clôture d'unforum sous-régional de deux jours sur les industries miniè-res en Afrique de l'Ouest, a également invité les pays de laCEDEAO à se pencher sur les aspects de leur participationau capital des sociétés-mères, la mise en place de véhiculeset instruments répondant aux exigences des marchés finan-ciers, la création d'un centre d'études des ressources natu-relles et la réalisation de corridors miniers à l'intérieur del'espace CEDEAO.

L’OCP ouvre son pôle chimie de Jorf LasfarL’Office chérifien des phosphates -OCP- ouvre son pôlechimie de Jorf Lasfar, la plus grande plate-forme dans lemonde, aux investissements étrangers. L’offre drainera desinvestisseurs des pays importateurs de phosphates (Unioneuropéenne, Inde, Brésil, Etats-Unis, Pakistan). Le pôle chi-mie de Jorf Lasfar est une unité industrielle intégrée dotéed’importantes infrastructures et d’un port pouvant accueil-lir des bateaux d’une capacité d’environ 100 000 tonnes.Rappelons par ailleurs que le complexe industriel de JorfLasfar, installé dès 1986, a permis au groupe OCP de dispo-ser d’une capacité de production annuelle de 2 millions detonnes sous forme d'acide phosphorique.

Les recettes du marché floral kenyan en hausse de 87% en 2007Le conseil du marché floral du Kenya a annoncé mercredi àNairobi que ses recettes tirées de ce produit avaient aug-menté de 87% à 43 milliards de shillings (616 millions dedollars) en 2007 par rapport à 2006 (23 milliards de shil-lings soit 328 millions de dollars). La directrice du Conseilhorticole du Kenya, Jane Ngigi, a indiqué que la productionétait passée à 91 000 tonnes en 2007 contre 86 480 tonnesen 2006. « Mais l'augmentation du prix du pétrole a conduità la hausse des coûts de production pour les producteurs dontla marge de profit a diminué. L'euro et la livre sterling ontaussi montré une certaine instabilité », a dit Ngigi à la presselors d'une conférence à Nairobi. Elle a précisé que la pro-duction de janvier 2008 était de 8 495 tonnes, soit plus queles 7 380 tonnes de janvier 2007.

Baisse de la productionchez Anglo PlatinumPour la 2e année consécutive, en Afrique du Sud, AngloPlatinum Ltd, le plus grand producteur de platine, prévoitune baisse de sa production en 2008, en raison des acci-dents mortels et des coupures d’électricité qui perturbentl'exploitation minière. La production de platine devraitatteindre 2,4 millions d'onces cette année, contre 2,47 mil-lions d'onces en 2007 qui représentait déjà une baisse de 12% par rapport à 2006. Par contre, la hausse des prix du pla-tine devrait compenser la baisse de production. Le bénéficenet réalisé l’année dernière est en hausse de 3,5% par rap-port à 2006.

Le Nigeria veut étoffer soninfrastructure gazièreLe gouvernement nigérian a adopté un projet prévoyantla création d'une infrastructure gazière dans le premierpays pétrolier d'Afrique, a déclaré à la presse EmmanuelOdesina, vice-ministre du Gaz. « Le Conseil des ministresa approuvé le premier projet de création d'infrastructuregazière », a déclaré mercredi M. Odesina à l'issue d'uneréunion. Le gouvernement avait décidé la semaine der-nière qu'une partie de la production des gisements degaz du Nigeria, et particulièrement les condensats,devrait désormais être réservée au marché intérieurnigérian, en vertu d'une politique nationale de régula-tion du gaz.

Le coton africain en crise

Par Robert Adande, Dakar

Le coton a fourni pendant longtemps desrevenus importants pour l’économie deplus d’une dizaine de pays africains. 75%de recettes d’exportation pour le Bénin,plus de la moitié des recettes en devises et60% des recettes d’exportation du Mali, etplus du tiers du PIB du Burkina-Faso…En dehors des devises obtenues grâce à lacommercialisation du coton, ses dérivésoffrent de multiples bénéfices pour lespays producteurs. Une part de la consom-mation d’huile alimentaire pour ces paysprovient des graines de coton, sans comp-ter l’alimentation du bétail. Cependant,depuis quelques années, la filière est souf-frante. Ses cours connaissent une chuterégulière, avec pour corollaire l’accumula-tion des arriérés de paiement par les socié-tés d’égrenage vis-à-vis des paysans.

SurproductionLa descente aux enfers a commencé

autour des années 2003-2004, où pour lapremière fois le coton atteignait, sur leplan mondial, un niveau très élevé de pro-duction, plus de vingt millions de tonnes,soit un accroissement de près de 25% surl’année précédente, selon le Conseilconsultatif international de coton. Lesexperts justifient ce boom par une corréla-tion de facteurs que sont : la hausse desprix en 2003 ; les excellentes conditionsclimatiques et l’utilisation de la biotechno-logie (encore appelée coton génétique-ment modifié, qui représente 24% de lasuperficie cotonnière mondiale). Enfin, ily a l’accroissement des surfaces modifiéeset la nette progression des rendements.Cette surproduction cotonnière entraîne,par ricochet, un excédent de l’offre. Lescours mondiaux baissent de 30% par rap-port à l’année précédente. C’est la chute laplus importante depuis les années 1970,précisément en 1974 où pareille crise avaitdéjà causé de sérieux préjudices aux Etatsafricains. Ce déclin déstabilise les écono-

mies africaines et leurs millions de pro-ducteurs qui ne bénéficient pas des géné-reuses subventions accordées aux produc-

teurs occidentaux. En plus de cette situa-tion qui atteint de plein fouet les pays de lazone franc, les économies africaines pâtis-sent de la faiblesse du dollar par rapport àl’euro, et donc, par ricochet, par rapportau FCFA. Autre facteur aggravant la situa-tion, c’est la flambée des cours du pétrolepour des pays enclavés comme le Mali et leBurkina-Faso par exemple ; ce qui affectele prix des engrais importés et augmenteles coûts d’évacuation de la fibre.

La surproduction mondiale et les subventions ont causé l’effondrement des cours.

Soumaïla Cissé : 41 millions d’euros pour redresser la filièreLLeess AAffrriiqquueess :: LLee ccoottoonn,, pprriinncciippaall pprroo--dduuiitt dd’’eexxppoorrttaattiioonn ddee cceerrttaaiinnss ppaayyssddee ll’’UUnniioonn,, ttrraavveerrssee uunnee ccrriissee.. QQuueeffaaiitteess--vvoouuss ffaaccee àà cceellaa ?? Soumaïla Cissé : La crise que traverse lafilière coton-textile dans l’UEMOA nedate pas d’aujourd’hui. Je rappelle quecette filière fait vivre plus de dix millionsde personnes directement ou indirecte-ment. Les facteurs explicatifs de cettecrise sont d’ordre interne à nos Etats, maissurtout exogènes. Au nombre des fac-teurs exogènes qui sont les plus impor-tants dans cette crise, on peut citer la dis-torsion des prix de la fibre de coton dufait des subventions et aides accordéespar les pays développés, Union euro-péenne et Etats-Unis d’Amérique notam-ment, à leurs producteurs nationaux etqui faussent le jeu de la concurrence surle marché international. Pour ce qui est

du sous-secteur textile, les difficultés vien-nent, d’une part, du manque de compéti-tivité des unités industrielles locales et,d’autre part, de l’envahissement de nosmarchés par des produits textiles de basde gamme, souvent par le canal de lafraude, du dumping, de la contrebande,etc. C’est dans ce cadre que nous avonsabouti, avec la BAD, à un accord definancement de l’ordre de 27 milliards deFCFA (41 millions d’euros ) destiné à sou-tenir l’accès aux intrants, une plus grandeproductivité de coton graine, la réalisa-tion de pistes rurales et la formation dejeunes et femmes évoluant dans le secteurartisanal. Cette confiance de la BADconstitue pour nous un signal très positifque nous aimerions voir suivi par d’autrespartenaires au développement de l’es-pace communautaire. Sur le plan interna-tional, la commission assiste les Etats

dans le cadre des négociations agricolesau sein des instances compétentes del’OMC, en particulier.

LLAA :: LL’’UUnniioonn ss’’ééttaaiitt ffiixxééeeppoouurr oobbjjeeccttiiffddee ttrraannssffoorrmmeerr 2255%% ddee ssoonn ccoottoonndd’’iiccii 22001100.. LL’’oobbjjeeccttiiff sseerraa--tt--iill aatttteeiinntt ??SC : Cet objectif de valorisation de 25%peut paraître aujourd’hui irréalisable auvu des résultats actuels de la mise enœuvre du plan d’action de l’Agenda parnos différents Etats, mais l’option de valo-risation progressive s’impose dans lecontexte de la mondialisation des écono-mies et des mutations qui s’opèrent dansla filière coton-textile à l’échelle dumonde. Nous y travaillons, nous ycroyons car c’est de l’avenir de nos popu-lations dont il s’agit !Propos recueillis par Hamza Touré,Ouagadougou

Ce déclin déstabilise les économies africaines et leursmillions de producteurs qui nebénéficient pas des généreuses

subventions accordées aux producteurs occidentaux.

Londres : accord sur le café

Par Robert Adande, Dakar

Lors de la dernière réunion du conseil, ausiège de l’organisation à Londres, le direc-teur exécutif de l’OIC, Nestor Osorio, en aprofité pour faire le point de la situationsur le marché mondial du café, des projetsfuturs et des questions phytosanitairesliées à l’amélioration continue de la pro-duction. La vigueur du marché du café,cette année, s’est traduite par une progres-sion des exportations de l’ordre de 7,7%,ce qui assure une stabilité des prix et per-met l’approvisionnement d’un marchéconsommateur dynamique.

L’Afrique et le café mondialApres les discussions et l’adoption des tex-tes juridiques et administratifs, le débattechnique sur la situation du marchéinternational du café a été lancé par ladirection de l’OIC. Mme Josépha Sacko, lasecrétaire générale de l’Organisation inter-africaine du café, dira que cette hausse desprix du café encourage la production afri-caine qui a un impact positif direct sur lemilieu rural africain, à l’opposé des matiè-res premières minières. Les dernières sta-tistiques montrent qu’à l’heure actuelle lesplus grands producteurs africains de café

sont : l’Ethiopie, l’Ouganda, la Coted’Ivoire, le Kenya et le Cameroun. Depuisla création de l’OIC, en 1963, la part del’Afrique dans la production mondiale decafé n’a cessé de chuter. De 19-20% dansles années 60-70, cette production afri-caine ne représente plus que 13% du cafédisponible sur les marchés internationaux.La Côte d’Ivoire, qui était leader de cetteproduction africaine, a dû céder sa place àl’Ethiopie, dont la force intrinsèque est saforte consommation intérieure. Ce quin’est pas le cas des autres pays africains quicomptent essentiellement sur leurs expor-tations.Mais cette production africaine reste trèsfaible comparée à celles des grandes puis-sances caféières que sont le Brésil, leViêtnam ou la Colombie. Le seul Viêtnam,deuxième producteur mondial, met sur lemarché plus que l’ensemble de la produc-tion africaine (930 000 tonnes contre 871560 tonnes). Ces réalités n’ont pas empê-ché la production africaine, essentielle-ment du Robusta, de connaître une hausseà l’exportation, malgré la baisse du dollar.Par rapport à 2005, la production ducontinent a augmenté de près de 6%. Lesexportations cumulées des dix premiersmois de l’année caféière (oct. 06 Juillet 07)

sont en augmentation de 13,31% par rap-port à la précédente période.

Encourager le café africainLe café a de beaux jours devant lui. EnAfrique, les kiosques à café sont beaucoupplus nombreux qu’il y a dix ans. Mais laconsommation annuelle du continentreste tout de même dérisoire par rapportaux grands consommateurs que sont lesEtats-Unies, la Finlande et l’UnionEuropéenne.Il faut donc investir et soutenir les produc-teurs de café africains afin de rattraper lesgéants de la production que sont le Brésil,le Viêtnam et la Colombie. C’était là l’undes objectifs de la 47ème assemblée généralede l’Organisation interafricaine du café, organisée à Yaoundé fin 2007.L’Organisation internationale du café veutjouer sa partition dans ce sens. Un finan-cement de 9 millions de dollars a étéconclu pour relancer la production ango-laise. Des négociations avec des bailleursde fonds internationaux comme la BAD etle Fond commun des produits de base, desNations Unies, à Amsterdam, devraientsoutenir, dans les prochaines années, l’ef-fort des pays africains désirant se lancerdans cette production.

L’accord a été officiellement déposé au siège de l’Organisation internationale du café, OIC, à l’issue

de la réunion du conseil à la fin du mois de janvier. Mais il n’entrera en vigueur que si les deux tiers

des États membres le signent.

Page 12: N L’Afrique, le private equity et le leverage financefinance.consulting.free.fr/publi/Interview/Les Afriques.pdf · 2009. 5. 2. · Rédaction : Alger, Casablanca, Dakar La BMCE

ENTREPRISES ET MARCHES12 Les Afriques - N° 17 - 21 au 27 février 2008

Bank Al Maghrib signe uncontrat de gestion déléguéeavec Exp ServicesDans le cadre de la réforme des systèmes d’information en vuede la maîtrise des risques et la solvabilité, Bank Al Maghribdélègue la gestion du service central des risques à ExperianMaroc, Crédit Bureau international. En effet, ce projet vise àassurer une meilleure gestion du risque à travers la centralisa-tion de l’information sur les crédits octroyés par les banques àleur clientèle, ce qui devrait réduire les créances en souffranceet protéger les droits des emprunteurs. La société Experian,désignée suite à un appel d'offres international sur la base decritères techniques et financiers, est une entreprise internatio-nale présente dans 36 pays et réalise un chiffre d'affaires de 3,8millions de dollars.

Niger : lancement du rapport sur le développement humainLe président nigérien Mamadou Tandja a présidé, mercredi matin,la cérémonie de lancement officiel du Rapport mondial sur ledéveloppement humain (RMDH) du PNUD. Elaboré depuis 1990,ce rapport traite chaque année d'un thème spécifique en rapportavec le contexte mondial de développement. Autour de « la luttecontre le changement climatique, un impératif de solidarité humainedans un monde divisé », le rapport 2007-2008 est exceptionnel en cequ'il s'étend sur deux années, mais aussi en ce qu'il intervient dansun monde marqué par une interaction entre les défis du change-ment climatique et ceux du développement.

Rawabi Holding Company va construire une usine debitume au Congo La firme saoudienne Rawabi Holding Company s'engage àconstruire, dans les prochains jours, une usine de bitume et àagrandir la Congolaise de raffinage (Coraf), en vue de renfor-cer la capacité de la République du Congo en produits pétro-liers, ont annoncé, mercredi à Brazzaville, les responsables decette firme saoudienne. L'annonce relative à ces deux projetsd'intérêt économique a été faite au terme des négociationsentre la délégation saoudienne, conduite par Georges Nasri, etles autorités congolaises. M. Nasri a indiqué que le présidentcongolais Denis Sassou N'Guesso, avec qui ils ont eu des dis-cussions, était favorable pour la mise en place de ces deux pro-jets, surtout celui lié à la construction de l'unité de bitume.

Les autorités togolaises vonttaxer les mouvements detranshumanceLes autorités togolaises ont décidé d'instaurer désormais destaxes et des amendes de transhumance en raison de « gravesproblèmes sans cesse croissants » que crée ce mouvement dans lavie des populations de ce pays, a appris mercredi l'AgenceXinhua. Une communication du ministre de l'Agriculture, del'Elevage et de la Pêche sur la problématique de la transhu-mance au Togo a motivé ces décisions du gouvernement togo-lais, au terme d'un Conseil des ministres tenu mercredi. Seloncette communication, les mouvements de bétail occasionnentla transhumance et sont à l'origine de graves problèmes dans lavie des populations togolaises, notamment la pollution deseaux de surface et des cours d'eau utiles à la population locale.

Les investisseurs de paysislamiques scrutent lesréformes bancaires àMauriceDes groupes financiers des Emirats arabes unis, plus précisé-ment de Dubaï, et de la Malaisie seraient intéressés au projetdes autorités mauriciennes d'élargir la panoplie de services etproduits bancaires avec l'introduction de la banque islamique,a-t-on appris mardi de sources proches de ce dossier au niveaude la Banque de Maurice (BoM). La première licence de ban-que islamique pourrait être accordée dans un délai relative-ment court, selon ces sources. Les autorités bancaires ontaccueilli en l'espace d'une semaine des délégations de Dubaï etde la Malaisie.

Analyser les problématiques de l'industrie minière afin d'harmoniser la législation du secteur dans les pays

de l'Afrique de l'Ouest. C'était l'enjeu du forum régional sur les industries minières tenu du 11 au 12 février

à Conakry.

L'Afrique de l'Ouest veut uniformiser la gestion de sonsecteur minier

Par Ougna Camara, Conakry

Des représentants des gouvernementset sociétés civiles de douze pays del'Afrique de l'Ouest, ainsi que des insti-tutions comme la Banque mondiale, laBAD, la CEDEAO, l'UEMOA, l’AFD etdes bailleurs de fonds du secteurminier, ont pris part à la rencontre deConakry consacrée aux problèmes del’industrie minière. Durant deux jours,les débats ont essentiellement porté surla gouvernance dans ce secteur, l’ana-lyse de codes miniers de la région ledéveloppement des infrastructurespubliques et privées, l’assainissementde la gestion des revenus miniers et lacréation d’un environnement politiqueet social propice à l’épanouissement dusecteur.

15 milliards de dollars investis enAfriqueDes efforts sont fournis par les parte-naires et les ensembles régionaux pourl’harmonisation des codes miniers.L’UEMOA a engagé des reformes pourréglementer le secteur minier dans leshuit États membres. Ce qui se traduitpar l'adoption de la Politique minièrecommune en 2002, destinée à renforcerla compétitivité économique et finan-cière dans le cadre d'un marché ouvertet concurrentiel et à créer un marchécommun entre États membres. Selon lecommissaire en charge des mines del'UEMOA, ces efforts trouvent leur jus-tification par le fait que les exporta-tions minières représentent plus de40% des exportations de ces pays, alorsque la production minière constitueune infime partie des gisements. Au fildes années, le secteur minier a attiré degros investissements. L'approche deIFC (groupe Banque mondiale), à titred'exemple, révèle qu'au cours desquinze dernières années, 15 milliardsde dollars ont été investis en Afrique,contre 435 millions en Amérique latineet 93 millions en Asie du sud.

Un fonds fiduciaire à décaissementrapideAu regard de toutes les potentialitésminières de l'Afrique de l'Ouest, laBanque mondiale, l'UEMOA, laCEDEAO et l'ensemble des partenaires,

estiment que l'harmonisation des législa-tions des pays membres est une nécessité.L'UEMOA en particulier, appuyée par lePremier ministre guinéen LansanaKouyaté, pense que sa politique minière,axée sur la convergence des politiqueséconomiques des États membres et surune procédure de surveillance multina-tionale, serait une référence. La BAD,l'AFD et la Banque Mondiale proposentde supporter les gouvernements del'Afrique de l'Ouest dans la promotion dudéveloppement durable du secteurminier. Ils s'accordent sur le fait que lamise en place d'une facilité d'assistancepour les politiques et les transactions dansles industries extractives est indispensa-ble. Cette facilité, disent-ils, pourrait êtreun fonds fiduciaire à décaissement rapide,logé dans la région, pour le renforcementdes politiques et des capacités. Enfin, lesmultinationales ont été invitées à sepréoccuper de la préservation de l’envi-ronnement et à accélérer la mise en valeurdes secteurs miniers.

Des discordesSi tous sont unanimes pour faire du sec-teur minier un des moteurs de croissanceéconomique de l'Afrique de l'Ouest, la

procédure à adopter a cependant été àl'origine des divergences entre les pays dela communauté. Pour le Nigeria, le ren-forcement des capacités doit passer, prin-cipalement, par la formation des natio-naux. Le leader économique de la régionsouhaite également que la consultationjuridique soit poussée au-delà desconventions minières. Et d'en faire unpréalable avant un programme régional.Pour Gboto Gbia Mathias-Bonaventure,du Ministère du plan de la républiquecentrafricaine, l’organisation d’un foruminternational sur les industries minièresne saurait être une réussite que si elleimplique effectivement les populationsvivant dans les zones d'exploitation. «Nous déplorons que l'expertise internatio-nale ait été préférée à celle des pays de lasous-région alors que nous demandons auxgouvernements d'investir dans les forma-tions techniques. Nous déplorons aussi quele concept de genre soit largement négligé.Le forum ne s'est pas intéressé à la placeréservée aux femmes, jeunes et enfants quivivent dans les zones d’exploitation »,déclare-t-il.Le Niger, fort de son expérience de 15%des recettes minières destinées aux com-munautés d'exploitation minière, pro-pose un plan de développement commu-nautaire et une promotion de la bonnegouvernance axée sur la coalition:« Publiez ce que vous payez ». Le Liberia,l’un des pays à avoir fait la triste expé-rience des conflits miniers, pense qu'ilvaut mieux veiller au partage des intérêtsdes communautés rurales. Le Ghana,pour sa part, estime que le développe-ment des infrastructures facilitera l’inté-gration régionale et la mobilité des per-sonnes. Il indique, en exemple, le projetde gazoduc du Nigeria au Ghana. SteveManteaw, de Integrated SocialDeveloppment Center, va plus loin etpropose un réseau ferroviaire de laCEDEAO pour dépasser, dit-il, les politi-ques sectorielles. Pourvu que ces richespoints de vue débouchent sur duconcret.

Au regard de toutes lespotentialités minières del'Afrique de l'Ouest, la

Banque mondiale,l'UEMOA, la CEDEAO et

l'ensemble des partenaires,estiment que l'harmonisation

des législations des paysmembres est une nécessité.

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Page 13: N L’Afrique, le private equity et le leverage financefinance.consulting.free.fr/publi/Interview/Les Afriques.pdf · 2009. 5. 2. · Rédaction : Alger, Casablanca, Dakar La BMCE

ENTREPRISES ET MARCHES 13Les Afriques - N° 17 - 21 au 27 février 2008

L’ONA se lance dans unmégaprojet à proximité de Bouznika.ONAPAR, filiale immobilière de l’ONA, devrait se lancer dansun mégaprojet portant sur la construction d’un golf résidentielentre les plages David et Dahomey. Baptisé Bahia Golf Beach,ce projet devrait s’étaler sur une superficie de 530 ha pour 6,5km de front de mer. Signalons, par ailleurs, que ce mégaprojet,dont la réalisation devrait se faire en partenariat avec le groupeEMAAR, livrera, à terme, 90 appartements de 90 m2 à 160 m2,2 000 villas de plus de 500 m2 et un golf de 18 trous. La réalisa-tion de ce projet d’envergure devrait permettre à ONAPAR derenforcer sa position dans un marché porteur et apporter de lacroissance additionnelle au groupe ONA.

Les industriels appelés àréduire de 10% leurconsommation d’énergieLa compagnie publique d'électricité sud-africaine Eskom, quipeine à répondre à la demande, a appelé jeudi le secteur indus-triel, et notamment les mines, à réduire de 10% sa consomma-tion d'électricité jusqu'en 2012 pour éviter les coupures decourant.Le directeur d'Eskom, Jacob Moroga, a relevé que les efforts desmines pour diminuer leur consommation avaient aidé le paysà surmonter la crise majeure de début janvier, caractérisée pardes délestages quotidiens. En attendant la mise en service denouvelles centrales électriques prévues pour 2012, il a décrit unplan « en trois phases qui requiert 3000 mégawatts d'économiesur une période de quatre ans » et prévoit que le secteur industrielcontribue à hauteur de « 1200 MW, soit 10% de sa consomma-tion actuelle. »

Le taux officiel d’inflationau Zimbabwe à plus de 66 000%« Le taux annuel d'inflation pour le mois de décembre 2007 (...)est de 66 212,3%, en hausse de 39714,5 points par rapport aumois de novembre », précise un communiqué du CSO transmisaux banques du pays. Le taux mensuel d'inflation pour décem-bre est de 240,1%, en hausse de 108,7 points par rapport ànovembre, a ajouté le CSO.« Cela signifie que les prix ont augmenté de 66 212,3% entredécembre 2006 et décembre 2007 (...) et de 240,1% entre novem-bre et décembre 2007 », explique l'office.

Un salon de l’immobilier etde l’investissement au MarocLe Salon international de l'immobilier et de l'investisse-ment en Méditerranée et au Moyen-Orient, Medestate2008, aura lieu du 9 au 12 avril prochain à Casablanca,indique un communiqué des organisateurs. Cette manifes-tation mettra l'accent sur les perspectives d'investissementet les opportunités offertes aux opérateurs économiquesdans les secteurs de l'immobilier résidentiel, touristique,professionnel et social, ajoute la même source. Le salon seraaussi une plate-forme privilégiée de rencontres pour tisserdes relations d'affaires et de partenariat entre promoteursimmobiliers, lotisseurs, entreprises de construction, inves-tisseurs, bailleurs de fonds, architectes et bureaux d'études.En marge du salon, un forum sera organisé avec la partici-pation d'experts et décideurs nationaux et internationaux,pour discuter des tendances du marché et jeter la lumièresur les dernières innovations en matière de financement,d'investissement, de services d'assurances et de législation,ajoute le communiqué.

Maroc : privatisation de septentreprises en 2008Le capital de sept entreprises publiques sera ouvert pour unmontant total de 6 milliards de DH : la Société nationale decommercialisation des semences (Sonacos), à hauteur de99,50%, la Société chérifienne des sels (SCS) à 50%, laSociété de commercialisation de charbon et bois(Sococharbo) à 98,3%, la Briqueterie et tuilerie nord-afri-caine (BNTA) à 61,7% et le Complexe textile de Fès (Cotef)à 98,5%. Le désengagement sera total pour Biopharma etSSM. Les recettes seront versées au Fonds Hassan II pour ledéveloppement économique et social et une autre partierenforcera le budget de l’Etat de cette année.

L’aéroport internationald’Abidjan se bat pour sa certification Par Parfait Kouassi, Abidjan.

La Côte d’Ivoire, pays phare de l’UEMOA,vise la certification de son aéroport inter-national. Le pays a lancé les bases d’unesérie de mesures destinées à atteindre cetobjectif. Le président ivoirien a promul-gué, fin janvier 2008, un nouveau code del’aviation civile. Une révolution pour letransport aérien ivoirien qui fonctionnaitjusqu’ici sur la base d’une loi de 1963. Lenouveau code corrige les ambiguïtés del’ancienne loi et institue une Autoriténationale (autonome) de l’aviation civile.

« Nous sommes en train de prendre toutesles mesures nécessaires pour modernisernotre système d’aviation civile, » expliqueJean Kouassi Abonouan, le directeurgénéral de l’aviation civile ivoirienne.Ces mesures de modernisation ont per-mis à la Côte d’Ivoire de subir, avec satis-faction, la première phase de l’audit del’Organisation internationale de l’aviationcivile (OACI), début février 2008, destinéà évaluer la capacité des Etats membres decet organisme spécialisé de l’ONU et àsuperviser la sécurité des vols sur leursterritoires. Cette évaluation a porté,

notamment, sur les normes et pratiquesédictées par l’OACI, sous forme d’annexeà la convention relative à l’aviation civileinternationale. Toutefois quelques caren-ces ont été constatées, que la Côte d’Ivoiredevra corriger sous 90 jours. « Nous allonsredoubler d’ardeur pour réussir cet auditsur la sécurité aérienne et nous préparer àrecevoir l’audit portant sur la sûretéaéroportuaire qui nous ouvrira tout droit la porte à la certification de l’aéroport international Félix Houphouët Boigny d’Abidjan », assure Jean KouassiAbonouan.

Faisant suite à l’article paru dans Les Afriques en date du 27 jan-vier 2008 sous le titre : « Maroc-Tunisie : bataille dans le ciel »,nous voudrions faire part des précisions suivantes. Bien qu’àl’image des deux peuples frères, marocain et tunisien, Royal AirMaroc et Tunisair entretiennent des relations de partenariat trèsétroites, leurs stratégies commerciales diffèrent.Par ailleurs, il y a lieu de noter qu’entre la Tunisie et le Maroc, iln’y a pas encore d’accord du type «ciel ouvert », mais précisémentun accord limité à la libéralisation des troisième et quatrièmelibertés, accordant ainsi aux compagnies tunisiennes et marocai-nes le droit de transport des passagers et des marchandises pluslibrement entre les deux pays. Les accords de ciel ouvert permet-tent une plus grande liberté d’exploitation des lignes aériennesentre deux pays, puisqu’ils intègrent également la cinquièmeliberté relative au droit de trafic au-delà des deux pays et celle destarifs aériens relatifs, essentiellement, aux accords commerciauxet au partage de capacité «code share ».Eu égard à ce qui précède, nous considérons que c’est tou-

jours l’esprit d’une concurrence loyale, associée à un partena-riat commercial à chaque fois que l’occasion le permet, quicaractérise les relations bilatérales dans le transport aérien etnon l’esprit de guerre ou de bataille dans le ciel comme indi-qué dans l’article.

Farouk Ben Zina, Chef de l’entité des relations publiques & presse

Message de Tunisair

Une alternative à l’inefficacité de l’épargne

Par Louis S. Amédé, Abidjan

Les années passent et semblent se ressem-bler pour les pays producteurs de pétrole.Les cours internationaux de l’or noir n’enfinissent pas de grimper. Ensembles lesexportateurs africains ont vu leurs revenusaugmenter de 15 milliards de dollars en2004 par rapport à 2003. Les prévisions deproduction pour l’Afrique subsahariennecette année établissent celle-ci aux alen-tours de 6,8 milliards de barils par jourcontre 3,8 milliards de barils par jour en2003. Une perspective qui, mise en rap-port avec la montée des prix du pétrole,réhabilite la récurrente question de « lagestion des revenus pétroliers aux fins d’unmeilleur service du développement des payset de la lutte contre la pauvreté. » Surtoutque les recettes d’inspiration BrettonWoods, jusque-là prescrites et appliquéespar ces pays, n’ont pas eu raison des dis-torsions économiques.

Malédiction de l’or noirLa solution de l’épargne du surplus derevenu consistant à le conserver dans unfonds de stabilisation -qui est investi surles marchés de capitaux des pays occiden-taux et dont les retombées serviront à lapéréquation des prix lorsqu’ils sont bas etaux futures générations- a fait long feu. Ledramatique mal développement quicaractérise la plupart des grands pays pro-ducteurs de pétrole du continent, duNigeria à l’Angola, en passant par le

Congo Brazzaville, le Gabon, la Guinéeéquatoriale, en dit long sur la persistancede l’apparente « malédiction de l’or noir ».Dernier à en avoir fait les frais, le Tchad,

auquel était prédit meilleur sort pours’être doté -sur suggestion comminatoirede la Banque mondiale- d’une loi portantgestion des revenus pétroliers en décem-bre 1999. Et qui, en 2007 a décidé de s’af-franchir de la stipulation de cette loi quiveut que « tous les revenus directs provenantdu pétrole doivent être versés en dépôt fidu-ciaire sur un compte offshore… A partir delà, 10% des sommes déposées alimentent unfonds pour les nouvelles générations et lereste est transféré sur un compte spécial(dans le pays)… », au grand dam des insti-tutions de Bretton Woods.

Troisième voieLes experts de la CNUCED prônent unetroisième voie : réinjecter une part des sur-plus de revenus dans des investissementsstratégiques pour l’avenir de l’Afrique. Unrapport intitulé « Boosting Africa’s growththrough re-injecting surplus oil revenue ; Analternative to the traditionnal advice to saveand stabilize » suggère cette nouvelle

approche. Les gouvernements des paysafricains exportateurs devront mettre unepart de leurs surplus de revenus, par exem-ple l’équivalent du 10ème de leur partannuelle des recettes d’exportation dupétrole dans une série de Fonds d’investis-sement, administrés par de véritables pro-fessionnels… « Et bien qu’ils en fourni-raient le capital, les gouvernements nedevraient avoir aucune influence véritablesur les décisions d’investissement », prescritl’organisation spécialisée des NationsUnies. Qui rappelle qu’il ne serait nulle-ment difficile de trouver des « nationauxafricains travaillant à de hauts niveaux deresponsabilités sur le marché financier inter-national, y compris dans les grandes ban-ques d’investissements occidentales pourgérer professionnellement ce type de fonds ».Cette « solution complète, parce qu’elle alliepréoccupation de bonne gouvernance etsouci économique, mérite intérêt » de l’avisd’un expert de la finance anciennement enactivité dans la City londonienne. Pour qui« les ressources financière générées par l’ex-portation du pétrole ne serviront la crois-sance et le développement de nos pays que sielles contribuent au financement des inves-tissements nécessaires pour renforcer lacompétitivité des économies. » Ainsi, lacréation de fonds d’investissements gérésprofessionnellement par des expertsnationaux, la recette miracle pour conver-tir les importantes recettes pétrolières enmoyens de développement et vaincre lamalédiction de l’or noir ?

L’envolée depuis plusieurs mois du cours de l’or noir (ré)actualise la question de l’optimisation et de

la capitalisation par les pays producteurs africains de la manne tirée de cette situation pour servir leur

développement et la réduction de la pauvreté.

« Et bien qu’ils en fourniraientle capital, les gouvernements ne devraient avoir aucuneinfluence véritable sur les

décisions d’investissement. »

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ENTREPRISES ET MARCHES14 Les Afriques - N° 17 - 21 au 27 février 2008

Atelier de validation del’avant-projet de charte del’eau du bassin du NigerUn atelier de validation de l'avant-projet de charte de l'eaudu bassin du Niger s'est ouvert mardi à Niamey, sous la pré-sidence du ministre nigérien de l'Hydraulique, président duConseil des ministres de l'autorité du bassin du Niger(ABN), Tassiou Aminou. Cet atelier, qui durera deux jours,a pour objet d'examiner et de valider l'avant-projet decharte de l'eau du bassin du Niger, un élément essentieldans la gestion concertée des ressources en eau et ses sec-teurs connexes dans le bassin du Niger.

La délocalisation du Dakarpréoccupe les autoritéssénégalaisesL'Agence nationale de promotion du tourisme (ANPT)du Sénégal a mis en place une cellule de crise chargée demesurer les impacts du transfert annoncé du rallye « LeDakar », en Amérique latine, a-t-on appris mercredi desource officielle à Dakar. Convaincu que l'annulationdécidée au dernier moment de l'édition 2008 laisse pla-ner un doute sur le niveau de la sécurité dans ce pays, lastructure de promotion de la destination Sénégal veutmener une communication efficace, pour rassurer tou-ristes et tours-opérateurs, selon Abdou Mboup, un cadrede l'Agence, cité par l'Agence de presse africaine. Le sec-teur touristique a enregistré un flux de 900 000 arrivéeset occasionné des recettes de 306,2 milliards de francsCFA en 2006. Les prévisions font état d'un million cinqcent arrivées en 2010 et trois millions en 2015, selon lecadre de l'ANPT.

Hausse des importationsmarocaines de pétroleLes importations marocaines de pétrole brut ont atteint, auterme de l'année 2007, quelque 26,2 milliards de dirhams (1 dollar = 7,5 dirhams), en hausse de 4,3% par rapport à2006, a indiqué mardi l'Office des changes du Maroc. Cettecroissance de la facture pétrolière s'explique essentielle-ment par le renchérissement des cours du pétrole sur lemarché international. Le prix moyen de la tonne importéea progressé de 4,4%, passant de 4 020 DH/T à 4 196 DH/T,a précisé l'Office des changes. Pour le seul mois de décem-bre dernier, les achats de pétrole brut ont enregistré unehausse de 64,4% en valeur et de 16,5% en volume, par rap-port au même mois de l'année 2006.

Vers un ralentissement de la croissance sud-africaineLa croissance économique de l'Afrique du Sud pourraitbaisser à 3,9% en 2008 si les coupures d'électricité conti-nuent de paralyser la production minière, a informé mardile Bureau des recherches économiques (BER). Dans uncommuniqué, le BER explique : « La liste des facteurs decroissance négative a considérablement augmenté, suite auxfermetures exceptionnelles de mines le 25 janvier. » Ces fer-metures de mines sont en partie responsables de la révi-sion à la baisse, par le BER, des prévisions de croissancepour 2008. Le scénario de base part du principe que les fer-metures de mines conduiront à une baisse de 30% de lavaleur ajoutée réelle totale du secteur au premier trimestre2008, par rapport à la même période de 2007, suivie d'unereprise, les trimestres suivants, grâce au rétablissement del'alimentation en électricité, selon le BER.

Le terminal 3 de l’aéroportinternational du Caire opérationnel en juilletLe terminal 3 de l'aéroport international du Caire sera misen service à la fin du mois de juillet, a affirmé samedi leministre égyptien de l'Aviation civile, Ahmed Shafiq. M.Shafiq a fait cette annonce lors d'une inspection dans l'aé-roport, précisant que les travaux du terminal avancentselon le plan prévu. Le terminal 3 permettra à l'aéroportinternational du Caire de doubler sa capacité. Avec le ter-minal 1 et le terminal 2, ce deuxième aéroport le plusoccupé en Afrique, après celui d'OR Tambo deJohannesburg, est capable d'accueillir environ 10 millionsde passagers chaque année.

Londres: Les Occidentaux en faveur de plus d’aide pour l’Afrique

Par Charles Bambara, Londres

L’Institut de Développement InternationaleBritannique, ODI, qui présentait ce rap-port avec les experts du GMF, a exhortéles gouvernements européens à avoir unepolitique d’aide plus audacieuse. Le suc-cès de la lutte pour la réduction de la pau-vreté dépend en partie de l’aide au déve-loppement, d’où ce rapport annuel duGMF au niveau de ces deux plus grandspourvoyeurs de l’aide internationale, lesEtats-Unis et l’Europe. Le rapport met enlumière cette nécessité d’une aide plusimportante mais évoque aussi les défisnouveaux liés à cette situation, comme ladélocalisation de certains emplois nonstratégiques vers l’étranger.Chris Stevens, du groupe deDéveloppement International de l’ODI,affirme que l’attitude des Européens, quirejettent l’imposition à l’Afrique des APE(Accords de partenariat économiques del’Union Européenne) est en conformitéavec les conclusions de ce rapport 2008.Même si certains pays africains ontdécidé de signer, ces accords sont loin defaire l’unanimité en Afrique même. Il y a,par exemple un premier groupe de paysqui n’avait pas besoin de signer, ce sontles pays les moins avancés, et qui ontrejeté toute signature précipitée. Dans cegroupe on retrouve des pays comme leTogo, le Burkina, ainsi que les autres paysde l’Afrique de l’ouest et du centre. Etpuis, il y a un autre groupe qui a négociéun accord qui ne les engage pas sur lelong terme, comme le Kenya. Enfin, il y aun troisième groupe qui, selon ChrisStevens, a signé sans avoir mûri laréflexion sur les implications sur le longterme, ce sont des pays comme la Cote

d’Ivoire et le Cameroun. On peut sedemander s’ils pourront ou voudrontmettre en œuvre ces accords de partena-riat économiques.

Choix de prioritésJonathan White du GMF a affirmé, lorsde la présentation officielle du rapport àLondres, que l’aide au développementdevra augmenter, comme le souhaite lescitoyens du Nord. Concernant la sup-pression des barrières commerciales,prônée par l’OM, Mr White a soulignéqu’il faudrait mettre en place des mesu-res d’accompagnement pour aider lespays africains à éliminer ces barrières. Ila souligné qu’on déjà vu des situationsoù les suppressions de barrières n’ontguère profité et n’ont pas donné lesrésultats escomptés.Le défi premier de l’Afrique resteaujourd’hui la production. Productionpour sa propre consommation et aussiproduction pour l’exportation. Et pourrésoudre cette équation, il faut plus d’in-vestissements publics et privés. Ainsi,pour Chris Stevens et l’ODI, la prioritén’est pas aujourd’hui de régler les ques-tions de suppression des barrières com-merciales.Tout cela dépend de la mise en place unenvironnement bénéfique au monde desaffaires. En effet au cours des 50 derniè-res années on aurait dépensé plus de 2,5trillions de dollars d’aide au développe-ment sans grand résultat. Il faudrait aprésent voir, comment l’aide au dévelop-pement doit travailler avec les institu-tions multilatérales, le secteur privéepour créer des opportunités nouvellesafin de connecter les marchés africainsaux marchés mondiaux.

Répondre à la demandeL’expérience américaine de l’AGOA estintéressante à ce niveau. Même si elle n’estpas parfaite, l’AGOA a permit un accroisse-ment de la coopération entre l’Afrique et les

Etats-Unis, surtout dans le domaine dupétrole. Cependant, le secteur des textiles,dont l’Afrique est producteur, devraitmieux profiter de cet accord de coopéra-tion.Pour Chris Stevens, la question n’est pasde savoir si l’Afrique doit produire plus deproduits manufacturiers ou plus dematières premières. La question est desavoir où sont les besoins aujourd’hui duconsommateur. Et le consommateur estaujourd’hui chinois, indien, russe ou brési-lien. Ces pays ont besoin de matières pre-mières et non de produits manufacturiers.L’Afrique doit donc produire, produire etencore produire pour engranger des devi-ses afin de relever ses défis immenses dedéveloppement. Mais tout cela doit ce fairedans un cadre de bonne gouvernance, dansun climat des affaires assainis. On espèredonc que le rapport 2008 du GMF, co-pré-senté par ODI, sera à même de galvaniserles puissances occidentales à mieux aiderl’Afrique.

Le German Marshall Fund, GMF a récemment présenté à Londres son rapport

annuel sur la perception des Européens et des Américains envers le commerce et

l’aide en faveur des pays en développement, et notamment l’Afrique. Conclusion:

L’opinion publique occidentale serait en faveur de plus d’aide vers l’Afrique.

La question est de savoir oùsont les besoins aujourd’hui duconsommateur. Et le consom-

mateur est aujourd’hui chinois,indien, russe ou brésilien. Cespays ont besoin de matièrespremières et non de produits

manufacturiers.

Le groupe Bolloré va investir 30milliards de francs CFA en 2008

Par Achille Mbog Pibasso, Douala

Le groupe Bolloré qui mène diversesactivités au Cameroun, notamment dansle domaine des portiques portuaires,l’activité pétrolière, l’acconage, ouencore le secteur minier entend diversi-fier et renforcer sa présence auCameroun en investissant au cours decette année quelque 30 milliards defrancs CFA, ce qui représente l’un desplus gros investissements consentis dansun pays africain pour une seule année.Le directeur général du groupe auCameroun, Christophe Pujalde, égale-ment directeur général des sociétésSDV/SAGA et SOCOPAO, a indiqué quele groupe appartenant à l’homme d’affai-res français Vincent Bolloré, fait duCameroun, l’un de ses principaux pointd’ancrage en Afrique, où cette multina-

tionale est en pleine expansion. « Legroupe Bolloré souhaite accompagner ledéveloppement du Cameroun et souhaiteparticiper à tous les grands projets de déve-loppement minier, bauxite, nickel et cobaltet autres. Nous entendons injecter 30 mil-liards de francs CFA au Cameroun en2008 dans divers secteurs d’activité » a-t-ilsouligné.

Affaires.Avec cinq sociétés présentes auCameroun, le groupe Bolloré est surtoutactif dans le transit, la manutention, lalogistique portuaire, l’activité pétrolièreet minière. Le directeur général dugroupe s’est également prononcé sur laprivatisation du terminal à conteneursdu Port autonome de Douala (PAD) en2003 au profit du groupe Bolloré pourquinze années d’exploitation, où l’on a

fait état de corruption, son principalconcurrent, le groupe espagnol Progosa,affirmant avoir fait une meilleure offre.Une situation qui a amené le présidentdu groupe Progosa, JacquesDupuydauby, à porter plainte en octobre2007 contre le groupe Bolloré devant lestribunaux de Douala. L’audience estannoncée dans les prochains jours.« Nous récusons toutes ces accusations.Nos relations avec le PAD ont toujours étédes relations d’acconier à autorité por-tuaire et selon notre entendement, ces rela-tions ont été et restent courtoises », ainsisté le directeur du groupe Bollorépour le Cameroun.Coté en bourse, le groupe Bolloré figureparmi les cinq cent grandes compagniesdu monde. Il est présent dans 104 paysdont 43 en Afrique. Son chiffre d’affairesannuel est de 6 milliards d’euros.

Le groupe Bolloré se propose d’accroître ses investissements au Cameroun et de faire de ce

pays l’un de ses principaux points d’ancrage en Afrique.

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GESTION PUBLIQUELes Afriques - N° 17 - 21 au 27 février 2008 15

Un Nigérian à la tête duConseil des gouverneurs de la FidaLe ministre nigérian de l'Agriculture et de l'Eau, Abba SayyadiRuma, a été élu mercredi à Rome président du Conseil des gou-verneurs du Fonds international de développement agricole(Fida), a annoncé jeudi l'organisation. Les représentants des164 pays membres de cette organisation des Nations unies ontélu M. Ruma à cette fonction par acclamation à l'ouverture duConseil des gouverneurs du Fida, réuni pour deux jours àRome. Le Conseil des gouverneurs est l'instance de décision duFida et il se réunit chaque année pour arrêter ses politiques etl'allocation de ses financements.

Togo : le 4e Forum social del'Afrique de l'Ouest appelleau boycott des APE Le 4e Forum social de l'Afrique de l'Ouest sur la gouvernance etla souveraineté alimentaire s'est achevé par un appel aux chefsd'Etat africains à ne pas signer les Accords de partenariat éco-nomique (APE) avec l'Union européenne, a-t-on apprisdimanche des sources de ce forum. 200 délégués de la sociétécivile des quinze pays de la Communauté économique desEtats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), réunis dans la capitaletogolaise, ont participé à une marche pour la paix en Afrique àl'issue de cette rencontre. Au terme de la marche, les manifes-tants ont appelé les chefs d'Etat de la CEDEAO et de l'Unionéconomique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) à ne passigner les APE. Ils leur ont demandé d’informer les popula-tions sur les conséquences possibles de la signature et aussi dela non signature des APE.

Le Comesa a exporté pourplus de 9 milliards de dollars vers l’Union européenneLe Marché commun des Etats d'Afrique de l'Est et australe(COMESA) a exporté l'année dernière pour plus de 9 milliardsde dollars de marchandises vers l'Union européenne (UE), aindiqué mardi, à Lusaka, un ministre zambien. L'organisationrégionale a également importé pour 8,1 milliards de dollars debiens de l'UE, selon le ministre des Affaires, du Commerce etde l'Industrie, Felix Mutati. Sur l'avènement de l'union doua-nière du COMESA, composé de 14 pays membres, Mutati asouligné que d'énormes progrès avaient été réalisés. SelonMutati, les ministres du COMESA ont souligné l'implicationde tous les acteurs, notamment du secteur privé, dans la miseen oeuvre du programme de travail sur l'union douanière quidoit être lancé le 8 décembre 2008.

L’Allemagne et le Togoreprennent la coopérationbilatéraleLa délégation allemande et les représentants togolais ont définilundi à Lomé quelques contours de la reprise de la coopérationbilatérale, à l'issue d'une série de discussions, a constaté unjournaliste de l'agence Xinhua. Le ministre allemand desAffaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, à la tête d'unedélégation parlementaire de 60 personnes, a reconnu une nou-velle dynamique au Togo, après des périodes difficiles. La pre-mière priorité indiquée pour le Togo, qui renoue sa coopéra-tion avec la communauté internationale, est la réconciliationau niveau national, a souligné le chef de la diplomatie alle-mande, qui a encouragé les différentes parties togolaises àpoursuivre leur dialogue.

L’Egypte sur la bonne voiedes technologies de l’informationDans un récent rapport, la branche koweitienne de SatyamComputer Services Ltd (SCS) attribue à l’Egypte un rôle deplus en plus éminent dans le domaine des technologies de l'in-formation (TI) dans la région du Moyen-Orient. Selon SCS, lepays a fait de grands progrès pour attirer les sociétés interna-tionales de premier plan spécialisées dans le consulting et lesservices des TI. En 2007, le marché des services informatiquesen Egypte a atteint 163 millions de dollars.

Croissance : le Sénégal en quêtede paix sociale

Par Aliou Diongue, Dakar.

La paix sociale s’avère indispensable pourque le Sénégal réalise son ambition de deve-nir un pays émergent à l’horizon 2015. LeSénégal est impatient de créer une sociétéprospère. Pour le moment, le compte n’y estpas. Dans les conditions actuelles, le taux decroissance de l’économie, qui est enmoyenne de 5% par an, ne permettrait dedoubler le PNB par habitant, qui est de 710dollars, qu’en trente ans, alors que laStratégie de croissance accélérée adoptéerécemment prévoit, dans les dix prochainesannées, de le porter à 1 500 dollars. Il fau-drait pour cela un taux de croissance éco-nomique de 7 à 8% par an.

Un levier de développementDeux ans après son arrivée au pouvoir, le 1er

avril 2000, le président Abdoulaye Wadeaffirme son attachement au dialogue, indis-pensable à « l’approfondissement de ladémocratie » et à « la modernisation des rela-tions sociales. » Il propose alors l’instaura-tion au Sénégal d’une charte nationale dudialogue social. L’idée séduit tout de suite.Le processus de sa mise en œuvre est aussi-tôt lancé et, le 22 novembre 2002, le texte dela « Charte nationale sur le dialogue social »est adopté et signé par les partenairessociaux, à savoir l’Etat, sept organisationspatronales et quinze organisations de tra-vailleurs. Une Charte comprenant unpréambule et dix-neuf articles et qui, selon

le chef de l’Etat, traduit « l’option de l’Etatd’en faire un levier important du développe-ment économique et social » du Sénégal.Un comité national est mis en place. Il estplacé sous la présidence d’un homme d’ex-périence et de consensus, M. YoussouphaWade, qui a dirigé pendant plus d’une

décennie l’une des principales organisa-tions patronales du Sénégal, le Conseilnational du patronat (CNP). Le CNDS aune mission double : travailler à la préven-tion des conflits sociaux et servir de facilita-teur, de médiateur entre les différents parte-naires sociaux. Outre la gestion des négo-ciations, le CNDS doit veiller sur la protec-tion sociale des travailleurs.

L’esprit du pacteLe nouveau Premier ministre, CheikhHadjibou Soumaré, a élargi l’ambition de laCharte en proposant le 17 septembre 2007,dans son discours de politique générale,aux partenaires sociaux un projet de « Pactenational de stabilité sociale et de croissance

économique ». Il confie au CNDS, ainsi « considérablement renforcé », selon son pré-sident, la mission de le définir et de le pro-poser à la signature des partenaires sociaux.Trois mois plus tard, le CNDS consacrait sa4è session ordinaire, du 12 au 18 décembre,à la faisabilité du pacte et à la meilleure stra-tégie pour y faire adhérer l’ensemble despartenaires sociaux. L’étape suivante seraconsacrée à répertorier les « attentes et lesengagements » de chaque partenaire vis-à-vis des deux autres, de manière à ce que levéritable pacte puisse être finalisé avec desobjectifs chiffrés à atteindre dans le court etle moyen termes.Le pacte social devra aussi, pour être crédi-ble et emporter l’adhésion générale, définirdes règles précises de redistribution de larichesse qui devrait être créée au bout duprocessus. Youssoupha Wade espère, touten étant très prudent, que le Pacte pourraêtre signé avant la fin de l’année 2008.« L’esprit est là », dit-il. « Le plus important,estime cet ancien patron du patronat, estqu’un consensus a été réalisé.» Le reste, pourlui, sera une question de « volonté politique » et il espère qu’elle aussi suivra.Interrogé sur le paradoxe entre les proces-sus très avancés d’élaboration et d’adop-tion du pacte social et de croissance écono-mique et le caractère actuellement trèstendu du climat social, Youssoupha Wadese veut confiant et optimiste. La clé del’apaisement et du progrès reste, pour lui,la signature du pacte.

Les partenaires sociaux pourraient, avant la fin de cette année, signer un Pacte national de stabilité sociale

et de croissance économique pour que le Sénégal augmente ses chances de devenir un pays émergent.

L’étape suivante sera consacrée à répertorier les

« attentes et les engagements »de chaque partenaire, de

manière à ce que le véritablepacte puisse être finalisé avec

des objectifs chiffrés.

Global Integrity Report 2007 :l’Afrique et la corruption

Par Saïd Djaafer, Alger

Les études par pays sont réalisées sur labase de critères essentiellement fondés surla responsabilisation des gouvernements,leur tendance à rendre des comptes ounon, l'existence de mécanismes efficacesde lutte et de prévention de la corruptionet sur l'accès des citoyens à ces mécanis-mes. L'une des conclusions remarquablesde ce rapport est qu'il n'existe pas de cor-rélation forte entre la tenue d'électionsrégulières et la responsabilisation du gou-vernement. Il met en cause la tendancedes pays occidentaux à focaliser sur lesélections comme moyen de parvenir àune meilleure gouvernance et défend uneapproche globale et « gradualiste » quiinclut réforme électorale, juridique et ins-titutionnelle afin de « stimuler à longterme l'amélioration de la responsabilisa-tion des pouvoirs publics. »

Le paradoxe de l’investissement enChineOnze pays africains figurent au rapport.Les premiers africains, le Kenya, le Malawiet l’Ouganda, ont une note globale « moyenne », la Tanzanie est classée dansla catégorie « mauvais », mais en meilleureposture, malgré tout, que le reste des paysafricains (dans l'ordre : Mozambique,Burundi, Nigeria, Cameroun, Egypte etAlgérie qui sont notés « très mauvais »).

Le Nigeria a même reculé de quelquespoints par rapport à l'évaluation de 2006.Maigre consolation pour les Africains,60% des pays étudiés ont reçu des notesglobales « faible » ou « très faible » dans ledomaine de la lutte contre la corruptionet de l'intégrité de l'administration.Aucun pays n'obtient la note « très fort »et seulement 16% ont reçu la note « fort».Le rapport souligne d'ailleurs que mêmeles pays riches du G8 connaissent, enmatière de corruption, des défis similairesaux pays en développement. Le rapportpointe du doigt la corruption dans le sys-tème de financement des partis politiquesqui est un problème majeur dans tous lespays. Et qui est le « défi majeur unique »aux Etats-Unis. Il met en avant, pour laChine, les « faiblesses significatives » ducadre de la lutte anti-corruption, s'in-quiète de l'empressement des investis-seurs occidentaux à y investir et des ris-ques que font peser les fonds d'investisse-ments chinois sur les marchés occiden-taux. Dans la moitié des 23 sous-critèresde gouvernance, la Chine a la plus bassenote possible. Les auteurs se demandentcombien de temps les investissementsétrangers pourront continuer à fonction-ner efficacement dans un marché où leParti joue un « rôle primordial dans lecontrôle des mécanismes clés de la luttecontre la corruption, y compris le pouvoirjudiciaire. »

Des changements rapides sont possi-blesL'élément le plus positif du rapportréside dans le constat que, contrairementaux idées reçues, des changements enmatière de gouvernance et de luttecontre la corruption peuvent être rapi-des. C'est le cas du Népal, del'Azerbaïdjan et surtout de la Bulgariequi ont connu une amélioration percep-

tible en 2007, par rapport à 2006. LaBulgarie, qui a adopté des réformes dansle cadre de l'adhésion à l'Union euro-péenne, a été propulsée à la tête du clas-sement en 2007. Deux pays enregistrentdes reculs significatifs entre 2006 et 2007: la Géorgie et le Nigeria. Dans le premiercas, c'est la concentration du pouvoir ausein de l'exécutif qui a mené à la crise.Dans le cas du Nigeria, ce sont les élec-tions « très imparfaites » d'avril 2007 quiont contribué au recul remarquable de laperformance globale de la gouvernance.

Le rapport est réalisé par une association basée à Washington DC qui observe les tendances de la gou-

vernance et de la corruption dans le monde. Il évalue l'action de 55 pays dans leurs efforts pour

construire la démocratie.

L'une des conclusions remar-quables de ce rapport est qu'il

n'existe pas de corrélationforte entre la tenue d'électionsrégulières et la responsabilisa-

tion du gouvernement.

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Les Afriques - N° 17 - 21 au 27 février 2008 17DROIT, FISC, DOUANES

Les chargeurs africains sepenchent sur les textesrégissant leur professionLa réunion du comité des experts de l'Union des chargeursafricains (UCCA), présidée par Marafa Boubacar, représen-tant du secrétaire général de ladite union, s'est ouvertemardi à Niamey. Cette union, créée en 1977 à Accra(Ghana), qui regroupe tous les conseils des chargeurs del'Afrique de l'Ouest et du centre, soit 14 pays, est chargée dela défense et de la protection des chargeurs africains. Dansson allocution, M. Boubacar a déclaré que « les textes del'union sont vieux, et ils doivent faire l'objet d'un toilettagepour être adaptés au nouveau contexte de transport ». Quantau directeur général du Conseil nigérien des utilisateurs destransports, Mahaman Manzo, il a affirmé que « cette union,chargée de la promotion de notre commerce extérieur, doit êtreredynamisée. Cette redynamisation ne peut se faire sansmoyens; c'est pourquoi je vous demande (...) de transmettreaux premiers responsables de vos conseils de doter cette unionde moyens de sa politique. »

La Cameroun prévoit 435milliards de FCFA en 2008La Direction générale des douanes prévoit des recettes de 435milliards de FCFA pour l’année 2008. Les responsables de cecorps écartent pour le moment toute incidence des APE sur cesprévisions. L’administration camerounaise des douanescompte favoriser le renforcement de l’intégration régionale etaméliorer la compétitivité des entreprises à travers les régimesdouaniers particuliers. Des investissements sont, par ailleurs,prévus pour le renforcement du processus d’informatisationdes services douaniers.

Le gouvernement ougandaislève l’interdiction de licences aux nouvellesentreprisesLe gouvernement ougandais a levé l'interdiction de déli-vrer des licences à de nouvelles entreprises pour l'explo-ration de pétrole et de gaz, suite à l'approbation de lapolitique sur le pétrole et le gaz national qui guidera lepays dans la gestion de ce secteur, a indiqué lundi unofficiel du gouvernement. Kalisa Kabagambe, secrétairepermanent au Ministère de l'énergie et des mines, a dità Xinhua, par téléphone, que l'interdiction avait étélevée et que le gouvernement mettrait, dès ce mois-ci,les entreprises en concurrence pour l'octroi de licences.Auparavant, les licences étaient accordées selon le prin-cipe du « premier arrivé, premier servi. » L'année der-nière, le ministère a cessé d'attribuer des licences d'ex-ploration dans ce secteur en attendant que la politiquequi le régit soit en place. Depuis, cinq licences ont étéaccordées à trois compagnies, Tullow Oil, Heritage Oilet Dominion Petroleum.

Le Sénégal crée un observatoire de la pauvretéL'Agence nationale de la statistique et de la démogra-phie (ASND) vient d'organiser à Dakar un atelier pourse pencher sur le document de projet de l'Observatoirede la pauvreté et des conditions de vie (OPCV),apprend-on vendredi de source officielle. Présidée par leministre d'Etat, ministre de l'Economie et des FinancesAbdoulaye Diop, cette réflexion devra valider un travailen cours depuis 2004, avec le soutien du PNUD, dansl'optique de la réalisation des OMD d'ici 2015, indiquele quotidien national Le Soleil. Compte tenu du rôle quedevra y jouer la société civile, l'atelier organisé parl'ASND prépare l'assemblée générale constitutive del'observatoire qui doit s'inscrire dans un processus par-ticipatif.

L’OHADA veut rallier les anglophones

Par Aliou Diongue, Dakar.

Trois pays d’Afrique francophone membresde l’espace de l’OHADA travaillent active-ment, à travers leurs Clubs OHADA, àobtenir l’adhésion du Ghana, pays anglo-phone non-membre, au Traité de Port-Louis qui a institué l’Organisation pourl’harmonisation en Afrique du droit desaffaires. En collaboration avec la Chambrede commerce franco-ghanéenne, sise àAccra, les Clubs OHADA du Togo et deCôte d’Ivoire ainsi que le Cercle OHADAdu Bénin organisent, le 28 février dans lacapitale ghanéenne, une conférence axéesur le thème: « L’OHADA, un vecteur desécurité juridique et judiciaire au service dudéveloppement en Afrique ».

Vers l’intégration La conférence vise, d’une part à familiari-ser les opérateurs économiques ghanéensavec les garanties significatives qu’offre ledroit OHADA aux investissements dansson espace et, d’autre part, à inciter lesautorités de ce pays anglophone, à traversla société civile, à engager une démarche

d’intégration de l’espace OHADA. Outre lasécurité juridique et la sécurité judiciaire,un troisième sous-thème sera traité aucours de cette conférence : les impacts deces deux types de sécurité sur l’environne-

ment économique africain. Au lendemainde cette conférence, la Chambre de com-merce franco-ghanéenne va commanditer,en mars, une étude sur les relations com-merciales actuelles entre le Ghana et lespays francophones de l’espace OHADA. Cequi est en train d’être fait au Ghana entredans le cadre général d’une action vigou-reuse de promotion, de diffusion et de vul-garisation du droit uniforme issu del’OHADA, qui est considéré comme

« un but de l’intégration africaine. »

Secteur privéUne mission de sensibilisation a aussi étéconduite en octobre dernier à Kinshasa envue de préparer l’adhésion de laRépublique démocratique du Congo.L’extension du droit uniforme dans les paysde la communauté lusophone d’Afrique estaussi en cours. Le Club OHADA Guinée-Bissau va organiser prochainement unséminaire international d’information àl’Université de Lisbonne, au Portugal, quiva réunir les acteurs juridiques du pays hôteet ceux des pays africains afin de travailler àl’introduction du droit uniforme dans l’es-pace lusophone. La promotion du droitcommunautaire s’adresse également auxopérateurs des pays membres. C’est danscet esprit que la Cour commune de justiceet d’arbitrage (CCJA) de l’OHADA a orga-nisé, le 5 février à Conakry, en Guinée, unatelier de sensibilisation au droit uniformeà l’intention de 60 opérateurs économiqueset professionnels des médias, venant de 16pays d’Afrique francophone de l’espaceOHADA.

Le droit communautaire africain veut s’étendre aux pays anglophones et

lusophones sous l’impulsion de leurs voisins francophones.

Une action vigoureuse depromotion, de diffusion et de vulgarisation du droit

uniforme issu de l’OHADA, qui est considéré comme « un but de l’intégration

africaine ».

La douane camerounaise face aux défis des APE

Par Achille Mbog Pibasso, Douala

Les Accords de partenariat économique(APE) sont au centre d’un grand débat auCameroun, comme c’est le cas dans la plu-part des pays africains. Un sujet qui a prisde l’ampleur depuis que le gouvernementcamerounais a décidé de signer en décem-bre 2007 un « accord d’étape ». C’est direqu’en dehors des industriels qui ont una-nimement condamné la signature desAPE, ces derniers sont également redoutéspar d’autres acteurs économiques, et sus-citent des craintes comme c’est le cas pourla douane qui pourrait voir ses recettesbaisser de manière drastique au cours desprochaines années. Des craintes d’autantcompréhensibles, puisqu’une récenteétude de l’administration douanière et duGroupement interpatronal du Cameroun(GICAM) indique que la douane came-rounaise pourrait perdre beaucoup d’ar-gent à cause des APE, en moyenne 100milliards de francs CFA par an.

Risque élevéBien que le GICAM affirme ne pas êtretotalement opposé à la signature des APE, legroupement patronal entend cependant «se battre pour que le Cameroun ne signe pasde mauvais accords », le risque étant élevé devoir l’économie nationale plonger vers le

précipice, tant il est vrai que les entrepriseslocales n’ont pas l’expertise nécessaire etencore moins les moyens appropriés pourpouvoir concurrencer les entreprises despays développés. Pour le GICAM, il ne faitl’ombre d’aucun doute que les APE consti-tuent une réelle menace pour l’économie

embryonnaire africaine, et ce serait joueravec le feu que de vouloir appliquer en l’étatles APE sans obtenir quelques aménage-ments conséquents. « Lorsque, dans deux outrois ans, on procédera à des licenciementsmassifs des travailleurs dans les entreprisesparce que celles-ci ne seront pas autant com-pétitives que celles des pays européens, onfinira par comprendre la réalité de cettemenace », a souligné le secrétaire général duGICAM. Une position qui rejoint celle d’unexpert financier et fiscaliste, pour qui l’avè-nement des APE consacrera quasiment le

démantèlement de la douane « puisqu’il yaura plus de douanier pour dédouaner, peude marchandises. »

Un rôle régulateur.Le gouvernement camerounais met unbémol à ces inquiétudes, car il compteénormément sur le secteur douanier pourrenflouer les caisses de l’Etat. Pour preuve,au cours de l’exercice 2008, dont le budgetglobal du pays est estimé à 2276 milliardsde francs CFA, la douane camerounaisedevrait produire 435 milliards de francsCFA au titre des recettes de l’Etat. Ce quireprésente environ? des revenus attenduspar le gouvernement. Le ministre desFinances Essimi Menye a souligné que « les APE ne viendront pas amoindrir le rôlede la douane. Si, à terme, on peut envisagerune révision progressive des objectifs de recet-tes, les APE s’accompagnent d’un rôle accrude la mission économique de la douane.L’administration de douane, qui reste ungrand régulateur du commerce extérieur, aun rôle qui amènera la douane à se déployerpour favoriser le renforcement de l’intégra-tion régionale, puis à contribuer, à travers lesrégimes techniques douaniers en vigueur, àaccroître la compétitivité de l’économienationale. » Cette position gouvernemen-tale laisse dubitatifs la plupart des acteurséconomiques.

Une récente étude de l’administration douanière et du patronat démontre que le Cameroun

pourrait perdre en moyenne 100 milliards de francs CFA par an à cause des APE

« L’administration de douane,qui reste un grand régulateurdu commerce extérieur, a un

rôle qui amènera la douane àse déployer pour favoriser lerenforcement de l’intégration

régionale. »

Des facilités fiscales pour doper l’investissement au CamerounDepuis l’atteinte du point d’achèvementde l’initiative PPTE (Pays pauvres trèsendettés) en avril 2006, le gouvernementdu Cameroun œuvre à la mise en placed’un cadre fiscal attractif en vue d’accélé-rer la croissance et de promouvoir ledéveloppement durable de l’économienationale. L’application du nouveaucadre fiscal devrait, selon le gouverne-ment, contribuer à la résorption du chô-mage de masse et à la lutte contre la pau-

vreté au Cameroun. La mise en place desfacilités fiscales, qui intervient au momentoù le Cameroun est en passe de bouclerle programme triennal 2005–2008 sousla houlette du FMI, devrait permettre auxentreprises de capitaliser les recomman-dations de la réforme fiscale en créant uncadre favorable aux investissements. «L’instauration de ce régime matérialise lavolonté des pouvoirs publics d’étendre lebénéfice des régimes fiscaux incitatifs

aussi bien aux PME/PMI qu’aux entrepri-ses à forte capitalisation », a expliqué legouvernement. En d’autres termes, le pro-cessus de simplification des procéduresamorcé il y a quelques années a été justi-fié par les attentes du secteur privé, avecpour objectif, notamment, de réduire lenombre de procédures ainsi que les per-tes de temps et les coûts qui en découlentpour les contribuables.

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TECHNOLOGIES18 Les Afriques - N° 17 - 21 au 27 février 2008

Monaco Telecom renforce sa présence en AfriqueL'opérateur historique monégasque annonce l'acquisition de49% des parts du groupe Connecteo à Dakar, fournisseur deservices satellite, data et Internet sur le continent africain. Baséà Dakar, Connecteo est présent dans six pays d’Afrique (Bénin,Burkina-Faso, Cameroun, Guinée, Niger et Sénégal).Détenteur de licences VSAT dans quatre pays et de fréquencesradio compatibles avec le standard WiMax dans cinq pays,Connecteo déploie une gamme complète de services de trans-mission de données et d’accès Internet dans les zones géogra-phiques non desservies par le haut débit filaires.

Deuxième édition ducongrès des directeurs dessystèmes d’informationLa deuxième édition du congrès des directeurs des systèmesd'information (DSI) d'Afrique aura lieu du 21 au 23 févrierà Marrakech, à l'initiative de l'Association des utilisateursdes systèmes d'information du Maroc (AUSIM). Initié enpartenariat avec le Club Informatique des grandes entrepri-ses françaises (CIGREF) et le réseau des DSI d'Europe(EuroCIO), ce forum verra la participation d'un parterre dechercheurs, de spécialistes, de responsables et de personna-lités du monde des technologies de l'information. Cettemanifestation scientifique et technique constituera uneplate-forme pour un échange d'informations et de connais-sances et pour un partage des bonnes pratiques, outre lefait qu'elle permettra de consolider l'assise du réseau desdirecteurs des systèmes d'information d'Afrique(AfroCIO). Lors des séances plénières, les participants sepencheront sur une série de questions intéressant, entreautres, les relations DG/DSI et DSI/fournisseurs, l'architec-ture des systèmes d'information et les référentiels de bon-nes pratiques.

Maroc : 200 000 unités d’ordinateurs vendus à fin 2007La baisse du prix des PC et la réduction des coûts d’accès àl’internet ont boosté le marché des ordinateurs au Marocdurant l’année 2007. Ainsi, ce sont 200 000 unités qui ontété vendues à la fin de l’année dernière, en accroissement de25%. En parallèle, les écoulements de PC d’occasion recu-lent de 50% pour ne plus représenter que 20% du total. Entermes de parts de marché, les clones accaparent 40% desventes, compte tenu de leur prix bon marché. Capitalisantsur la notoriété de sa marque et sur l’importance de sescanaux de distribution, HP contrôle 35% du marché maro-cain des ordinateurs. Notons que ce leader mondial réaliseune croissance de 37% sur le segment des particuliers, tiréessentiellement par les PC portables. De son côté, DELLpolarise 10% de PDM, le reliquat étant partagé entre unemultitude de marques.

La Poste tunisienne proposeun service de messageriepublique gratuitLa Poste tunisienne mettra en place le Mail Post, système demessagerie publique, qui permettra d’utiliser le support élec-tronique pour une distribution dématérialisée et sécuriséedes courriers, rapporte la lettre « African Manager ». Sontconcernés les anciens courriers en support papier comme lalettre ordinaire, la lettre recommandée, le télégramme, lemandat, la facture, les pensions, les relevés de compte etautres. La plate-forme permettra aux titulaires des comptesde messagerie Mail Post d’envoyer et de recevoir des messa-ges électroniques (e-mail) ainsi que la réception du courrieradministratif électronique.

MTN Group vend 9,45% desparts de sa filiale au NigeriaL’opérateur africain de téléphonie mobile MTN Group avendu 9,45% des actions de sa filiale nigériane. 5,96% desactions de MTN Nigeria ont été cédées à des opérateursprivés pour un montant de 594,5 millions de dollars. Aprèsla vente, l’action de MTN a enregistré un repli de 1,8%,l’équivalent de 2 rands, pour clôturer à 109 rands à laBourse de Johannesburg, atteignant ainsi une valeur de26,1 milliards $.

Télécommunications :les opérateurs réclament un nouveau code

Par Parfait Kouassi, Abidjan.

Avec un chiffre d’affaires cumulé d’envi-ron FCFA 600 milliards en 2007, les télé-communications restent le secteur d’acti-vité le plus florissant de la Côte d’Ivoire.Devant les résultats prodigieux réaliséspar les deux premiers opérateurs installésen 1996 - Ivoiris, devenu Orange Côted’Ivoire, et Telecel, devenu MTN Côted’Ivoire -, de nombreux autres se sontinvités sur le marché. Aujourd’hui, sixopérateurs, dont quatre de la téléphoniemobile, se livrent la concurrence tandisque deux autres frappent à la porte.

Marketing dynamiqueLa floraison des entreprises de télécoms acréé un environnement très concurrentielqui a favorisé une chute des tarifs.L’ingéniosité des services de marketing, quilancent des offres promotionnelles à cha-que événement de l’année, n’a fait qu’ac-croître le nombre de nouveaux abonnés.Les compagnie de télécommunicationscomptent aujourd’hui environ 5 millionsde clients contre 100 000 au début de lalibéralisation du secteur en 1995.Orange Côte d’Ivoire et MTN restent lesleaders de la téléphonie mobile avec plusde deux millions d’abonnés chacun.Moov, en moins de deux ans d’existence, adéjà conquis plus d’un million d’abonnés,tandis que le dernier venu, KoZ, tire son

épingle du jeu avec plus de 500 000 en sixmois de présence. Dans la téléphonie fixeet les services Internet, Côte d’IvoireTélécom, une autre filiale de FranceTélécom, tient la dragée haute à ArobaseTélécom, son unique concurrente actuel-lement confrontée à des problèmes struc-turels. Les télécommunications contri-buent ainsi à hauteur de près de 7% au PIBde la Côte d’Ivoire, offrant par la mêmeoccasion quelque 10 000 emplois directs.Les revendeurs des services de téléphonie -qui concourent à 60% au chiffre d’affairesdes opérateurs - et les équipementiers, ontfavorisé la création de plus de 50 000emplois indirects dans le secteur.

Malgré une performance apparente, lesprofessionnels du secteur combattentdepuis des années de nombreux problè-mes au nombre desquels le code des télé-communications. « L’ancien code des télé-coms, qui date de 1995, est une momie del’Egypte ancienne », s’est plaint AndréApété, le directeur exécutif de l’Union desentreprises de télécommunications deCôte d’Ivoire (UNETEL). Ce code ignorenon seulement les questions d’intercon-nexions, qui gouvernent le marché actuelde la téléphonie, mais n’intègre pas nonplus les exigences de convergences dans unenvironnement de téléphonie de 3e géné-ration où le même opérateur pourra offrirà la fois les services du mobile, du fixe et de

l’internet. Recherchant une solution à cetenvironnement juridique caduc, les entre-prises de télécommunications ont contri-bué à l’élaboration d’un projet de code en2004. Mais faute d’avoir été adopté àtemps, il a été à nouveau retiré del’Assemblée nationale, vu qu’il était déjàdépassé par l’évolution technologique.« Nous avons travaillé sur un nouveau codequi tient compte des dernières directives dela CEDEAO. Nous souhaitons que le gou-vernement le soumette au Parlement auplus vite. Cela nous permettra de mieuxgérer les problèmes sectoriels ».Depuis la libéralisation en juillet 1995 –jadis, le marché était uniquement tenu parla Citelcom – quelque 600 milliards deFCFA ont été investis dans ce secteur d’ac-

tivité où le business model change aurythme de l’évolution technologique. Laconcurrence entraîne l’introduction detechnologies de plus en plus évoluées.Alors que tous fournissent les servicesGSM et Edge, des services de 3e générationpourraient faire leur entrée au cours del’année. Parallèlement, le taux de couver-ture spatials en réseau a atteint les 60% duterritoire.

Malgré cinq ans de crise politico-militaire, les opérateurs téléphoniques

n’ont cessé de s’installer en Côte d’Ivoire. Mais aujourd’hui, tous bataillent

pour un cadre réglementaire plus approprié.

« L’ancien code des télécoms,qui date de 1995, est une

momie de l’Egypte ancienne ».

Les banquiers d’Afrique centralepour un Office monétique

Par Achille Mbog Pibasso, Douala

Un Office monétique communautaire estenvisagé par les banquiers de la zoneCEMAC dans le but de doper les écono-mies des Etats membres par le biais de l’in-ter-opérabilité des banques et par une par-ticipation accrue des banques locales aufinancement de l’économie sous-régionale.

Surliquidité bancaireCette réunion, qui s’est tenue dans uncontexte marqué par une surliquidité ban-caire, a surtout permis aux participantsd’engager certaines réformes visant unegrande implication des institutions bancai-res locales dans le développement de l’éco-nomie sous-régionale à travers un finance-ment accru des projets de développement.La finalité étant de voir comment cetteépargne peut être rentabilisée en projetséconomiques bancables, fiables et viablesau profit des pays de la sous-région. « LaCEMAC forme un territoire unique en cequi concerne la monnaie. Il est importantque les banquiers se retrouvent de tempsen temps pour revoir leurs méthodes detravail, s’informer et se former. La mise enplace d’un Office monétique constitue leprincipal objectif que nous poursuivons,puisque la vulgarisation et la démocratisa-tion de la carte de crédit sont au cœur denos travaux », a déclaré le président du

comité d’organisation Benedict Belibi, parailleurs secrétaire général de l’Associationprofessionnelle des établissements de cré-dit du Cameroun (APECAM).

Soutenir les PMELes banquiers d’Afrique centrale ontconvenu de la nécessité de faire en sorteque la carte de crédit ne soit plus uneaffaire réservée à l’élite, mais qu’elle fassedorénavant partie des habitudes du grandpublic. Pour que ce projet prenne corps, lesexperts ont préconisé « l’inter-opérabilitédes établissements financiers », une techni-que qui donne la possibilité « à un client Xdétenteur d’une carte de crédit d’effectuerdes retraits dans un distributeur Y à l’ins-tant T ». Etant donné la sensibilité de cemécanisme de financement, le fonctionne-ment d’un Office monétique communau-taire requiert l’existence d’un système detélécommunications fiable, d’où l’expéri-

mentation en cours de la fibre optique etdes ondes radio. Si les grandes entreprisesn’éprouvent pas d’énormes difficultés pourle financement de leurs activités, les experts

pensent que ce n’est pas le cas pour lesPME, qui concentrent pourtant une partimportante du marché de l’emploi, et quiont besoin du soutien des banques pouraccompagner leur croissance.

Culture de remboursement Toutefois, ont insisté les banquiersd’Afrique centrale, il va dans l’intérêt detous que la culture de remboursements’installe pour une coopération bénéfique.Citant un récent rapport, ceux-ci ontaffirmé que « beaucoup de gens n’ont pasencore la culture de remboursement. Denombreux prétendus opérateurs économi-ques prennent des prêts, refusent de les rem-bourser et oublient que le métier du ban-quier consiste d’abord à faire du commercede l’argent. Du coup les banques deviennentfrileuses lorsqu’elles sont approchées ». Lereprésentant de la commission de laCEMAC s’est félicité de l’initiative prise parles banques d’Afrique centrale de mettresur pied un Office monétique, soulignantque ce type de structures faisait défaut àl’économie sous-régionale. « La qualité deséchanges et des expériences des uns et desautres présage de la mise en place d’unOffice monétique, ce qui sans doute, estune bonne chose pour nos économiesémergentes », a conclu le secrétaire généralde l’APECAM.

Les banquiers d’Afrique centrale réunis le 7 février 2008 à Douala ont convenu de la nécessité

de mettre sur pied un Office monétique pour booster l’économie sous régionale.

« La vulgarisation et la démocratisation de la cartede crédit sont au cœur de

nos travaux. »

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19Les Afriques - N° 17 - 21 au 27 février 2008 MEDIAS - REFLEXION

Les syndicats des médias del’Afrique centrale marchentvers l’unionLes délégués syndicaux du secteur des médias d’Afriquecentrale ont décidé de créer une structure syndicale sous-régionale afin de mieux coordonner leurs actions. Réunisrécemment à Brazzaville à la faveur d’un atelier sur lestechniques de négociation des conventions collectives etde résolution des conflits de travail dans les médias, ils ontmis en place une structure syndicale appelée l’Union syn-dicale des professionnels de la presse de l’Afrique centrale(USYPAC).

Vers l’amélioration dessalaires des travailleurs de la presse privéeLa convention collective sur l'amélioration des salaires destravailleurs de la presse privée a été signée mardi àAbidjan, en présence des ministres de la Fonction publiqueet de l'Emploi, Hubert Oulaye, et de la Communication,Ibrahim Sy Savané. Les documents ont été paraphés par lesdeux ministres, le président du Groupement des éditeursde presse de Côte d'Ivoire ( GEPCI), Denis Kah Zion, et lesecrétaire général du Syndicat national de la presse privéede Côte d'Ivoire (SYNAPP-CI), Guillaume Gbato. «Aujourd'hui, avec nos patrons et le soutien du gouvernement,la presse ivoirienne a décidé de parier sur l'avenir, de faire unsaut qualitatif dont elle a besoin pour occuper la place qui luirevient de droit dans la construction de notre nation », adéclaré M.Gbato.

Ethiopie : prochain lancement d'une nouvellechaîne de télévision privée GTV-Gateway Community Télévision (GTV) est la nou-velle compagnie de services de télévision payante quidiffusera bientôt ses programmes en Ethiopie. Ce nou-veau-né de l'audiovisuel ambitionne de répondre à tousles goûts, à travers la mise en place d'une grille de pro-grammes variés comprenant notamment les jeux télévi-sés, les feuilletons, les débats et les programmes instruc-tifs et de divertissement, a indiqué son président fonda-teur, Julian Mcintyre, lors d'une conférence de presse àAddis-Abeba.

La culture africaine àl’honneur au Théâtre royalde MarrakechLa culture africaine sera à l'honneur le 23 février cou-rant au Théâtre royal de Marrakech, lors de la célébra-tion de la 8e édition de la Journée culturelle africaine,placée cette année sous le signe « L'Afrique de demain,tous concernés ». Initiée par la Confédération des élè-ves, étudiants et stagiaires africains étrangers au Maroc(CESAM), section Marrakech, cet événement a pourobjectif notamment de valoriser et mettre en lumière lepatrimoine culturel et artistique de 29 pays représentésau sein de cette confédération.

L’Afrique du Sud se donnetrois ans pour diffuser latélé en numériqueL'Afrique du Sud se donne trois ans pour diffuser sesémissions sur la télévision numérique à compter du lan-cement, en novembre de cette année, du projet, aannoncé lundi au Cap la ministre des CommunicationsIvy Matsepe-Casaburri. « L'Afrique du Sud commencera àallumer son signal numérique en novembre de cette annéeet elle aura éteint son signal analogique d'ici à novembre2011 », a-t-elle précisé aux médias lors de la session par-lementaire en cours. « Cela laisse trois ans pour une tran-sition en douceur », a-t- elle ajouté. Matsepe-Casaburri aexpliqué que l'un des avantages du mode de diffusionnumérique était que cette technologie ouvrait un largeéventail d'autres usages possibles, notamment la diffu-sion de programmes dans davantage de langues parléesdans le pays et l'extension des services gouvernemen-taux, d'éducation notamment.

« Le Maghreb ne peut, en se développant, qu’aller à la rencontre du Sahel »Propos recueillis par Yassin Temlali

Les Afriques : Les flux migratoires sub-sahariens vers les Etats du Maghrebsemblent beaucoup plus importantsque par le passé. Qu’est-ce qui expliqueleur développement rapide ?Ali Bensaad : La migration subsahariennevers le Maghreb n’est pas nouvelle, maiselle a acquis une plus grande visibilitédepuis qu’elle s’est greffée sur la circula-tion migratoire irrégulière entre leMaghreb et l’Europe et qu’elle est devenueune préoccupation pour l’Europe. Il estvrai que longtemps, elle n’a concerné queles régions sahariennes. Les Etats maghré-bins s’en sont bien accommodés tantqu’elle restait au Sahara. Le taux d’urbani-sation au Sahara est plus élevé que dans lereste des territoires, avec une forte concen-tration dans des villes de plus de 100000habitants. L’agriculture se développe, pro-

portionnellement, plus qu’au Nord. LesMaghrébins disent, à juste titre, que leurpopulation a contribué à construirel’Europe. Les Subsahariens peuvent direque le Sahara n’aurait pas pu être ce qu’ilest sans eux.Graduellement, la migration subsaha-rienne a fini par se diffuser vers le Nord etles métropoles littorales et attirer desAfricains plus lointains que les seulsNigériens, Maliens et Sénégalais. Les fluxmigratoires vers le Nord ne s’expliquentdonc pas par l’attraction européenne,même si celle-ci participe, maintenant, àles doper. Ils sont le produit du développe-ment du Maghreb et de son rapproche-ment, à travers le Sahara, du Sahel.

LA : Hormis les rapports de police,nous possédons peu d’informationssur l’immigration subsaharienne dansles pays du Maghreb… AB : Même les rapports de police neconcernent que les refoulements demigrants censés être là « en transit vers

l’Europe ». Ils occultent ceux, beaucoupplus nombreux, qui sont installés sur le solmaghrébin et y travaillent. En Algérie,comme ailleurs au Maghreb, les servicesde sécurité possèdent les chiffres sur l’émi-gration subsaharienne mais ils ne les ren-dent pas publics. L’Office algérien des sta-tistiques (ONS, Algérie, NDR) a mené uneenquête sur ce phénomène, mais les résul-tats de cette enquête restent à ce jourinconnus.Il y a une résistance des pays du Maghrebà admettre leur nouveau statut de paysd’accueil, car il implique des réponses juri-diques et sociales qu’ils ne sont pas encoredisposés à donner, surtout qu’ils reprodui-sent à l’égard des migrants africains, en lesaggravant, les ségrégations subies par leurspropres migrants en Europe.Pour l’Algérie uniquement, on estime lenombre de migrants subsahariens à plu-sieurs dizaines de milliers, soit entre 100 et300 000. Si les détails vous intéressent, jevous renvoie à une étude que j’ai faite etdont une partie porte sur tous les enjeux etmanipulations autour des chiffres (publiéesur le site de l’European UniversityInstitute, NDR).

LA : Sur ces dizaines de milliers demigrants, quelle est la proportion deceux pour qui le Maghreb est une « des-tination finale » ?AB : L’écrasante majorité de ces migrantsest présente au Maghreb pour y travailler.Mais ils ne sont pas forcément très visiblesparce qu’ils s’installent essentiellementdans les villes du Sahara. Il y en a plus d’unmillion dans un pays riche comme laLibye, et même dans un Etat aussi pauvreque la Mauritanie il y en a 300000, chiffrecautionné officieusement par les autoritéscar l’immigration dans ce pays est davan-tage admise.

Les villes sahariennes (Agadez,Tamanrasset, Sebha) sont depuis trèslongtemps de véritables tours de Babelafricaines, avec près de la moitié de lapopulation constituée de migrants d’unevingtaine de nationalités ! Dans les années90, les autorités locales de Tamanrasset(extrême sud algérien, NDR) estimaientque les migrants constituaient les deuxtiers de la population de la ville et on enexpulsait déjà dans les années 70 et 80,même si une bonne partie des expulsésétaient alors des Touaregs nigériens etmaliens. La Libye, depuis les années 70-80,accueille et expulse par centaines de mil-liers des migrants africains. Et pourtant, àl’époque, on ne parlait pas d’elle commed’un « pays de transit » pour l’Europe !

LA : Comment appréciez-vous l’atti-tude des Etats du Maghreb vis-à-vis dela politique européenne dite de « luttecontre l’immigration clandestine » ?AB : L’émigration a toujours été un noeudde crispation dans les relations euro-maghrébines. Avec l’apparition deSubsahariens, l’Union européenne faitpression sur les Etats du Maghreb les invi-tant à « maîtriser leurs frontières », nonseulement avec elle mais aussi avec lesEtats africains limitrophes. Pratiquementtous les pays maghrébins, entre 2003 et2007, ont légiféré des mesures plus restric-tives de circulation sur leur territoire. Al’égard des migrants africains, ils ampli-fient les dépassements et les violationsqu’ils exercent déjà aux dépens de leurscitoyens.Il n’est pas dans l’intérêt de ces pays dejouer le rôle du supplétif de répressionpour le compte de l’Europe et d’aller àl’encontre de leur profondeur historiqueet géostratégique. L’émigration noire afri-caine vers les Etats du Maghreb, je lerépète, est consubstantiel au développe-ment économique de ces Etats. L’avenir del’Afrique est dans son intégration. LeMaghreb ne peut, en se développant,qu’aller à la rencontre du Sahel. C’est fata-lement la logique du NEPAD et de latranssaharienne alors même qu’elle estinachevée ! Faut-il y renoncer ? L’Algérie etle Nigeria ont raison de vouloir la financer,en dehors même de l’espace de leurs pays.En agissant ainsi, ils ne font que reconsti-tuer l’axe du commerce transsaharien quifut, il y a plus de douze siècles, l’une despremières phases de mondialisation.

Il y a une résistance des paysdu Maghreb à admettre leur

nouveau statut de pays d’accueil, car il implique desréponses juridiques et sociales

qu’ils ne sont pas encore disposés à donner.

L’Afrique des idées reçues

Par Aliou Diongue, Dakar

L’Afrique. Encore l’Afrique. Toujoursl’Afrique. L’Afrique dont tout le mondeparle mais que personne ne connaît vrai-ment. L’Afrique que tout le monde veutaider, tirer du sous et du mal développe-ment mais que tout semble enfoncer tou-jours davantage dans la pauvreté.C’est l’Afrique des idées reçues queraconte Georges Courade, directeur derecherches à l’Institut de recherche pourle développement (IRD) et professeurassocié à l’Université de Paris 1(Panthéon-Sorbonne). Georges Couradenote que, de l’exposition universelle fran-çaise de 1931 à l’évacuation des Français

d’Abidjan, au début des années 2000, enpassant par la chute du Mur de Berlin, le11 septembre 2001, le retrait de la Franced’Afrique et la dévaluation du franc CFA,« l’évolution des représentations occidenta-les du sous-continent [africain] a été parti-culièrement rapide et donne le tournis. »

Tout est là, dans la représentation.L’Afrique n’a jamais été vue en elle-même,pour ce qu’elle est réellement. Elle a tou-jours été appréhendée à travers la percep-tion de celui qui la regarde, qui projettesur elle ses intérêts, ses désirs, ses espoirs.Les idées reçues sur l’Afrique, GeorgesCourade en a répertorié une cinquan-taine, dans ce volumineux ouvrage collec-

tif de 400 pages « destiné à tous ceux quiveulent éviter de juger, de jauger aveccondescendance et commisération le conti-nent africain. »

L’Afrique des idées reçues, Sous la directionde Georges Courade, Editions Belin,Paris, 2006, 400 pages.

Entre représentations biaisées, idées reçues et désinformation, l’image de l’Afrique est

altérée. Georges Courade essaie de rétablir les faits.

L’Afrique a toujours été appré-hendée à travers la perception

de celui qui la regarde, quiprojette sur elle ses intérêts,

ses désirs, ses espoirs.

Page 20: N L’Afrique, le private equity et le leverage financefinance.consulting.free.fr/publi/Interview/Les Afriques.pdf · 2009. 5. 2. · Rédaction : Alger, Casablanca, Dakar La BMCE

POLITIQUE - ÉCONOMIE20 Les Afriques - N° 17 - 21 au 27 février 2008

La revue de presse africaine de Londres

Par Charles Bambara, Londres

Le Zimbabwe, l’Afrique du Sud, le voyagede George Bush en Afrique, mais aussi leDarfour et l’invasion chinoise del’Afrique, la presse britannique est trèsloquace, cette semaine, sur les questionsd’actualité économiques et financières ducontinent.

Au-delà de Saint ValentinA preuve, le Financial Times nous a grati-fié d’un article sur la Saint Valentin. Nonpas sur la fête elle-même, mais plutôt surles difficiles conditions de vie des travail-leurs africains et latino-américains quiproduisent fleurs et chocolat, abondam-ment distribués à la Saint-Valentin par lesamoureux. Alors que l’on fêtait le 14février dernier la Saint Valentin, le FTsignale que le siège des Nations unies àNew York a vu les militants des droits destravailleurs emmenés par l’Organisationinternationale du travail souligner lessouffrances de ces travailleurs dans leschamps de cacao, en Cote d’Ivoire, et dansles exploitations de fleurs. Le FT précisequ’en Cote d’Ivoire, premier producteurmondial de cacao, qui sert à faire le choco-lat, la bataille pour le contrôle des 1,4 mil-liard de dollars liés à la productioncacaoyère a débouché sur une guerreentre le gouvernement et des groupesrebelles. Et ce journal de souligner que lescompagnies internationales productricesde chocolat dans le monde, qui s’étaientengagées à produire des chocolats où n’in-terviendrait aucun enfant dans la chaînede production, n’ont pas respecté leursengagements. Une nouvelle date butoir aété fixée à juillet 2008.

Le ZimbabwéLes misères économiques du Zimbabwereviennent au devant de la scène. C’estencore le FT qui titre « Zimbabwe: l’infla-tion atteint de nouveaux sommets. » Aumois de décembre dernier, l’inflation aatteint dans le pays 240%. Pour toute l’an-née 2007, ce taux record est chiffré à66212% d’inflation. Le litre de lait coûte àprésent 5 millions de dollars zimbab-wéens. La miche de paix est à 4,5 millionsde dollars zimbabwéens.Ces sombres performances économiquesdu pays ont été publiées à six semaines decruciales élections dans le pays, af irme leFT, car le président Mugabe doit faire face

à une forte compétition de la part de sonancien ministre des Finances SimbaMankoni, et du principal parti de l’oppo-sition, le MDC, Mouvement pour le chan-gement démocratique. Les mesures dra-coniennes prises pour juguler l’inflation,selon le correspondant à Harare du quoti-dien financier, n’ont donc pas relevé ledéfi. D’ici fin février, certains économistesprévoient une inflation de 120 000 %.The Voice, le journal de la communautéafro-caribéenne de Londres, évoque éga-lement l’affaire Mankoni. L’ancien minis-tre zimbabwéen des Finances, qui a quittéson poste en 2002 après un profond dés-accord avec le président Mugabe, est can-didat à la prochaine élection présiden-tielle. L’hebdomadaire cite le ministredéclarant devant ses militants : « J’aiaccepté l’appel et j’informe donc le peupledu Zimbabwe que je me présente commecandidat à la présidentielle. »

Le défi sud-africain.The Economist et le FT analysent et com-mentent le discours à la nation du prési-dent sud-africain Thabo Mbeki. Le quo-tidien financier titre : « Mbeki présente sesexcuses pour les coupures d’électricité. »Mais The Economist précise qu’à côté desincertitudes politiques liées aux cas decorruption, le peuple s’inquiète, à présent,de la situation économique. Une enquêtede la Chambre de commerce et d’indus-trie du pays révèle que le moral est tombéà son niveau le plus bas depuis 2003.Moins de la moitié des Sud-Africains pen-sent que l’économie du pays est bien géréepar le gouvernement. C’est pourquoi,analysant ces faits, The Economist titre :« Serrer la ceinture. » Il faut serrer la cein-ture parce que les analystes économiquesprédisent un ralentissement économiqueaprès des taux de croissance de l’ordre de5%, ces quatre dernières années. Le FTsouligne que le rand, la devise sud-afri-caine, a chuté de 10 points, son niveau leplus faible ces 16 derniers mois. Mais dansson discours à la nation, le présidentThabo Mbeki se voulait rassurant, affir-mant que la coupe du monde de footballen Afrique du Sud sera le plus beau tour-noi jamais organisé.

Bush et l’AfriqueC’est The Economist qui analyse le derniervoyage sur le continent africain du prési-

dent américain. Il sera au Bénin, auGhana, au Liberia, au Rwanda et enTanzanie. Notre confrère explique lesraisons du choix de ces pays. Le journalinsiste surtout sur les avancées réaliséespar l’administration Bush sur le conti-nent. 18,8 milliards de dollars ont étédépensés, principalement en Afrique,dans la lutte contre le sida. Et 30 autresmilliards devraient être disponiblesdans les cinq prochaines années pourlutter contre le sida dans les pays pau-vres. Des millions ont aussi été dépenséspour fournir des moustiquaires impré-gnées et des médicaments anti-paludi-ques en Afrique. Le président Bush veutaussi célébrer à sa manière les succèsafricains qui se traduisent par la bonnemaîtrise des agrégats économiques :inflation, taux de croissance, etc.

Le Darfour et la ChineThe Guardian et The Times sont les deuxjournaux qui analysent, cette semaine,la présence et l’implication chinoisesdans la crise du Darfour et aux côtés dugouvernement de Khartoum. Sansambages, The Guardian rappelle que lesdeux tiers du pétrole soudanais, soitquelque 500 000 barils/jour, soit encoredeux milliards de dollars par an, sontachetés par la Chine. Le gouvernementsoudanais achèterait ainsi des armes quifinissent aux mains de ces milicesJandjawids qui commettent des atroci-tés au Darfour. The Times met, lui, l’ac-cent sur la décision de Steven Spielbergde renoncer à jouer le rôle de conseillerartistique pour les Jeux olympiques chinois. C’est encore The Times qui ana-lyse la présence « envahissante » desChinois en Afrique. Le journal titre :« l’Afrique, nouvelle frontière chinoise. »750 000 Chinois vivent aujourd’hui enAfrique, et 900 compagnies chinoisestravaillent sur le continent. Les Chinoisy investiraient quelque six milliards dedollars annuellement. Un expert chinoisannonce, selon le quotidien britanni-que, que pour faire face à sa surpopula-tion, la Chine devrait envoyer, enAfrique, 300 millions de citoyens dansles prochaines années. Et le journalrevient sur l’impact grandissant desChinois dans les économies africaines,au grand dam des puissances occidentales.

George W Bush « frustré »par le DarfourLe président George W. Bush s'est dit frustré, jeudi, à laveille de son départ en Afrique, par le manque de progrèsau Darfour et a appelé la communauté internationale àaccentuer ses efforts pour mettre fin aux violences danscette région du Soudan. « Je suis un peu frustré par la len-teur avec lesquelle les choses avancent », a déclaré M. Bush,qui doit rester six jours en Afrique, à moins qu'il nedécide de reporter son voyage en raison d'un bras de feravec le Congrès sur le vote d'un programme d'écoutesantiterroristes.

Le Gabon rembourse sadette par anticipation« Le rachat anticipé de 86% de la dette au Club de Parispermet désormais à notre pays de sortir de la tutelle de ceclub, de renforcer son crédit et son prestige international etd'avoir désormais une politique active de gestion de ladette », s'est régalé le gouvernement gabonais dans uncommuniqué du Conseil des ministres publié vendredipar le quotidien l'Union.

Yoweri Museveni plaidepour l’augmentation de lavaleur ajoutée du caféInaugurant la session d'ouverture de la 5e Conférencesur le café africain qui durera quatre jours et une expo-sition du secteur, M. Museveni a fait remarquer que lespays africains continuaient de perdre beaucoup de reve-nus en raison du café non transformé. « Quand vousexportez du café non transformé, vous gagnez deux dollarsaméricains par kilogramme, mais quand vous augmentezla valeur ajoutée, le même kilogramme va jusqu'à 10 à 70dollars », a-t-il notamment déclaré.

Le Gabon s’endette pourconstruire un aéroportLe gouvernement gabonais empruntera une somme de3,8 milliards de FCFA auprès de la Banque de dévelop-pement des Etats de l'Afrique centrale (BDEAC) pourconstruire un aéroport à Bitam, au nord du pays, indi-que un communiqué d'une réunion du Conseil desministres gabonais rendu public vendredi par le quoti-dien L'Union. Selon le communiqué, le Gabon contrac-tera également une somme de 10 millions de dollarsauprès de la Banque arabe pour le développement éco-nomique en Afrique (BADEA). Ce prêt permettra deréhabiliter l'aéroport de Port-Gentil, capitale économi-que du pays. Un troisième prêt de 2,8 milliards de FCFAsera contracté auprès du Fonds international de déve-loppement agricole (FIDA). L'enveloppe sera destinéeau développement agricole et rural dans la province duWoleu-Ntem (nord).

Un ancien ministre défend les revenus des rurauxen Algérie

Par Samy Injar, Alger

Des vérités cinglantes dans un essai bien édité.Fréquent. Ce qui change ici, c’est qu’elles trai-tent du dossier toujours « explosif » de la terreagricole en Algérie et qu’elles viennent sous laplume d’un ancien ministre du secteur,Mohamed Elyas Mesli (1991-1993). La pre-mière concerne la carte de la pauvreté enAlgérie. Elle est d’essence rurale, car la pro-gression des revenus, ces 20 dernières années,s’est faite au profit de la ville, sur le dos de lacampagne. Un effet de ciseaux qui a vu, parexemple, le prix des céréales, qui intéresse 48%des exploitants, resté bloqué par l’Etat depuis1995 ; tandis que le prix des tracteurs a étémultiplié par 14 entre 1986 et 2005. Le livre de

Elyas Mesli, l’agronome et la terre propose uneédifiante répartition de la pauvreté – environquatre millions d’Algériens – fortement corré-lée à la spécialisation agricole de la région. Leszones de céréaliculture sont celles qui souf-frent le plus. Leurs revenus se sont effondrés. «Un fellah possédant une exploitation de 6 hecta-res, cas de 17% du nombre total, situé dans unezone essentiellement céréalière, cas de 50%, nesaurait espérer un revenu annuel dépassant60 000 dinars (600 euros) ! ». Deux tiers dusalaire minimum annuel.

Politique foncièreL’essai de Elyas Mesli ne s’arrête pas là. Ilrepose la question foncière dans un pays qui achoisi de la mettre sous le mouchoir ces dix

dernières années. Les plus belles terres, cellesreprises aux colons en 1962, sont publiques.Elles sont aujourd’hui distribuées en exploita-tions collectives ou individuelles avec libertéde gestion pour les exploitants. Conséquence,« cette transition vers la privatisation » qui s’estbloquée depuis 1987 a provoqué une aggrava-tion du morcellement des parcelles, déjà carac-téristique de la propriété privée. 350 000exploitations (environ 45%) sont inférieures à2 hectares. 62% des exploitations n’atteignentpas 5 hectares. La taille moyenne de l’exploita-tion est passée de 11,5 hectares en 1973 à 8,3hectares actuellement. Elle était de 13,2 hecta-res en 1958. Et la dégradation se poursuit. Uneréforme du foncier agricole qui « sécurise » lestatut de la propriété est urgente. Aucune

avancée significative dans l’amélioration desrendements n’est possible sans reconstitutionde parcelles plus grandes. Parmi d’autresconditions. Le débat est donc relancé sur lesort des terres publiques en panne d’investis-sements. Leur vente, leur location, leur mise enconcession ou leur attribution en bail emphy-téotique : chaque option est évaluée par l’au-teur. Tout sauf le statut quo. Les politiquespubliques ont pris un autre parti depuis huitans. Elles ont injecté de l’argent pour équiperles exploitations, organiser un tournant trèscontroversé vers l’arboriculture, développerl’irrigation au goutte à goutte. Un plan quipatine désormais dans une impasse avec l’ex-plosion des importations de produits alimen-taires en 2007 (+ 52%).

L’agronome et la terre (Alpha Editions), le livre de Mohamed Elyas Mesli, ancien ministre de l’Agriculture, relance le débat sur le sort des terres publiques

fortement parcellisées.

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POLITIQUE - ÉCONOMIELes Afriques - N° 17 - 21 au 27 février 2008 21

Les rivaux kenyansparviennent enfin à un accordLes rivaux politiques kenyans ont signé un accord pour sortirle pays de l'impasse dans laquelle il se trouve depuis les élec-tions du 27 décembre, a-t-on appris jeudi à Nairobi. L'accord aété signé dans un endroit secret qui pourrait être la réservenaturelle animalière de Tsavo, à 300 km de la capitale Nairobi,où des négociations intensives ont été menées pendant 48 heu-res pour trouver une solution politique. Mardi, les députéskenyans ont soutenu le projet d'une grande coalition gouver-nementale pour mettre un terme aux violences ethniques quisecouent le Kenya depuis l'élection présidentielle contestée. Lesdéputés du Mouvement démocratique orange (ODM, opposi-tion) et ceux du PNU rival (Parti d'union nationale) ontconvenu de soutenir le plan pour la fin de l'impasse politique,mais de fortes divisions demeurent sur les détails de la solutionpolitique proposée.

Togo : 258 réfugiés rentrentau bercailQuelque 258 réfugiés togolais au Ghana voisin ont fait leurrapatriement volontaire mercredi, portant à 2 083 le nombretotal des rapatriés du Ghana depuis la signature d'un accordtripartite de rapatriement, intervenu en avril 2007 entre cepays, le Togo et le Haut-Commissariat des Nations unies auxréfugiés (HCR), a appris jeudi l'Agence Xinhua de source offi-cielle. Cette vague de réfugiés, qui a été accueillie par le Haut-Commissariat national aux réfugiés et aux rapatriementsvolontaires (HCRAH) au poste frontière d'Aflao, à Lomé, est ledouzième des groupes jusque-là enregistrés. Dès leur arrivée,les rapatriés volontaires ont bénéficié d'une enveloppe finan-cière du HCR, attendant les procédures pour leur réinsertionsociale.

33e session de laCommission mixte nigéro-nigérianeLa 33ème session de la Commission mixte nigéro-nigériane decoopération s'est ouverte jeudi sous la présidence de la minis-tre nigérienne des Affaires étrangères et de la Coopération,Mme Aïchatou Mindaoudou. Cette commission de 36 ansd'existence de coopération bilatérale a pour but de renforcerles relations politiques, économiques et sociales. Les deux paysont enregistré des progrès très remarquables dans de nom-breux domaines tels que la fourniture d'énergie électrique duNiger par le Nigeria, les liaisons téléphoniques internationales,les liaisons routières internationales, le commerce, l'élevage,l'éducation, etc.

Cameroun : des opposantscontre la modification de la ConstitutionJohn Fru Ndi, leader du parti d'opposition camerounais SocialDemocartic Front (SDF), est farouchement opposé à l'idée,soutenue par le parti au pouvoir, le RDPC, de modifier laConstitution pour lever la limite des mandats présidentiels, a-t-on appris jeudi sur la radio nationale du Cameroun. Devantla presse mercredi à Douala, John Fru Ndi a affirmé que sonparti « invite toutes les couches de la population, toutes les cou-ches sociales, la société civile, les étudiants, les taximen etc... à sejoindre pour dire non à cet amendement de la Constitution. » Ila proposé une sorte de « conférence constitutionnelle » quiregrouperait, dans un débat, toutes les forces.

Gabon : les élections localesfixées au 27 avril prochainLa Commission électorale nationale et permanente (CENAP) afixé mardi au 27 avril prochain la date des élections locales auGabon. A cette occasion, la CENAP a invité les partis politiqueset les indépendants à déposer leur candidature à partir du 25février. La liste des candidats retenus sera publiée le 25 mars. Lacampagne électorale sera ouverte le 12 avril et close le 26 avrilà minuit. Les élections locales permettront d'élire les conseil-lers municipaux et départementaux. Ces derniers éliront ausuffrage indirect les maires, les présidents d'Assemblées dépar-tementales et les sénateurs. L'opposition, qui boudait lesconditions de préparation de ce scrutin, a finalement annoncéqu'elle y prendra part.

Flambée des prix des denrées debase au Togo et au Burkina-Faso

Par Aliou Diongue, Dakar

Le jour n’est peut-être pas très loin où ilfaudra ouvrir davantage le dialoguesocial, pour le moment limité à l’Etat,aux organisations d’employeurs et auxorganisations de travailleurs, pourl’élargir aux organisations consuméris-tes. Les consommateurs sont aussi desacteurs de la vie sociale et ils gagnent eninfluence, du fait de l’approfondisse-ment de la crise.Deux Premiers ministres ont dû monterau créneau, au début de ce mois defévrier, pour prévenir des troublessociaux dans leurs pays respectifs, le Togoet le Burkina-Faso.

Marche contre la vie chèreL’Association togolaise des consomma-teurs (ATC) avait prévu d’organiser unemarche pacifique, le 9 février, pour pro-tester contre la flambée des prix des den-rées de première nécessité. Au cours desdernières semaines, les prix ont crû de 6à 15% dans le pays de Faure Gnassingbé.L’ATC s’apprêtait à battre le macadamlorsqu’une rencontre organisée in extre-mis avec le Premier ministre KomlanMally a convaincu les consuméristes desuspendre la marche.Une nouvelle rencontre est prévue autout début de la semaine prochaine. Lacréation d’un comité élargi à d’autresacteurs devrait intervenir très rapide-

ment à l’effet de procéder à un examenapprofondi de la question des prix desdenrées de première nécessité.Une telle étude a déjà été menée auBurkina-Faso où le Premier ministre,Tertius Zongo, a présidé, le 7 février, unConseil de cabinet consacré à la flambéedes prix que la presse burkinabée désignesous le vocable tantôt d’« épidémie » tan-tôt d’« ouragan ».

SpéculationLa hausse des prix a oscillé, au BurkinaFaso, en un seul mois, entre 10 et 67%.Sont principalement concernés : l’huile,le poisson, la viande, le riz. Pourtant, lescours mondiaux de certains de ces pro-duits n’ont pas connu de variations signi-ficatives et les droits de douane ou la fis-calité qui leur sont appliqués dans le paysn’ont pas, non plus, été revus à la hausse.L’étude examinée par le gouvernement le7 février est venue mettre un terme auxspéculations des populations sur les rai-sons profondes de cette envolée des prix.Elle a conclu à des dysfonctionnementset des dérèglements dans la structure desprix. En janvier, le gouvernement avaitmême opéré une baisse substantielle surles frais perçus pour les prestations deservices du Laboratoire national de santépublique ainsi que de l’Inspection géné-rale des affaires économiques. Cette ini-tiative aurait dû, au contraire, estime legouvernement, conduire à une baisse

tendancielle ou, à tout le moins, à unestabilisation des prix, par exemple desmédicaments. Soupçonnant les commer-çants de spéculation, le gouvernement ademandé aux services compétents de

procéder à une surveillance plus rigou-reuse des prix. Parallèlement, uneconcertation va être organisée prochai-nement avec les acteurs de la chaîne decommercialisation des produits de néces-sité courante pour un respect strict deslois et règlements en matière de fixationdes prix des denrées de première néces-sité.Une hausse continue des prix des pro-duits de grande consommation a récem-ment provoqué une grande émotion auSénégal et une organisation consumé-riste, SOS Consommateurs, avait orga-nisé une marche de protestation. Le gou-vernement a procédé à une baisse desprix de certains produits, mais lesSénégalais déplorent toujours la chertéde la vie.

Deux Premiers ministres montent au créneau pour calmer le jeu.

Soupçonnant les commer-çants de spéculation,

le gouvernement a demandéaux services compétents deprocéder à une surveillance

plus rigoureuse des prix.

Guinée : l’impatience de la rue

Par Chérif Elvalide Sèye, Dakar

A première vue, rien n’a changé àConakry. Hormis l’autoroute qui reliel’aéroport au centre-ville aves sesponts et autres échangeurs : « SékouTouré ne se perdrait pas à Conakry s’ilrevenait, résume sarcastique, le chauf-feur de taxi ».Jugement sévère. De l’aéroport à l’hô-tel, l’éclairage public, ou ce qui entient lieu, ne s’est pas brutalementéteint. Les coupures d’électricité nesont donc plus aussi fréquentes. LesConakriens le confirment. Le Premierministre le revendique aussi dans sonbilan. Dans certains quartiers, l’élec-tricité pouvait être coupée pendantdeux jours. Ce n’est plus le cas,confirme ce fonctionnaire internatio-nal. « Nous ne restons plus 24 h sansélectricité. » Même les syndicats, leconcèdent. Mais ce n’est pas assez,ajoutent-ils aussitôt.« L’électricité doit être disponible enpermanence pour les ménages, maisaussi pour que les entreprises puissenttourner. »

Le soutien de la rueLes émeutes de janvier 2007 n’aurontdonc pas été vaines. Le gouvernementde Lansana Kouyaté, Premier ministrede consensus, choisi par le présidentLansana Conté sur une liste de trois, aprobablement plus de marge deman?uvre que ses prédécesseurs. Il nedoit pas sa nomination à la seule

volonté du président et il a surtout unallié de taille, la rue.Les partis politiques, écartés du jeudepuis l’installation du gouvernement,à la formation duquel ils n’avaient pasété associés malgré leur soutien auxsyndicats, reviennent également dansla partie et entendent y demeurer. Lechemin est plus dégagé qui mène auxélections législatives. Elles ne pourrontpas se tenir, comme ils le voulaient,avant la saison des pluies, qui rendimpraticables la plupart des routes,mais une étape importante a été fran-chie avec l’installation de laCommission électorale nationale indé-pendante, CENI, les formations politi-ques ayant fini par s’entendre sur sacomposition. Tout n’est toutefois pasencore réglé. Le Premier ministre rap-pelle, fort à propos, que la quasi-tota-lité des préfectures avait été pillées etqu’il va falloir du temps et de l’argentpour les reconstruire et, surtout, pourreconstituer les états-civils. Il n’est cruqu’à moitié. Certains secteurs politi-ques le soupçonnent de vouloirman?uvrer pour retarder le renouvelle-ment de l’assemblée jusqu’à la prési-dentielle de 2010, à laquelle beaucoupestiment que le président ne se présen-tera pas. Fort de son bilan et de laprime au sortant, Kouyaté, craignent-ils, serait en pole position.

Effets tardifs Ces savants calculs pourraient êtrebrutalement être remisés par la rue.

Depuis un an, ainsi que le revendique àjuste titre Lansana Kouyaté, il y a eudes progrès certains. La Banque mon-diale et le Fonds monétaire internatio-

nal ont attesté du redressement du payset commencé à allouer des ressourcespour accompagner le gouvernement.L’inflation s’est décélérée, la monnaie atrouvé une certaine stabilité, l’eaucoule à nouveau, mais le prix du riz aaugmenté et, surtout, le chômage est là.Les hôtels de Conakry affichent com-plet. Les 4x4 des plus grandes sociétésminières mondiales se multiplient àConakry et les investissements com-mencent à venir. Mais les effets neseront pas immédiats. Le chômage desjeunes va perdurer et le dés?uvrementaidant, la rue aura tôt fait d’oublier lesréussites du gouvernement. Il estconnu, comme ne peut l’ignorer lePremier ministre, que les peuples neretiennent que ce qui leur manque.Jamais ce qu’ils viennent d’obtenir.

Les institutions internationales saluent le redressement économique guinéen, mais la

situation économico-sociale reste difficile et les populations s’impatientent.

Les hôtels de Conakry affichent complet. Les 4x4des plus grandes sociétés

minières mondiales se multi-plient à Conakry et les

investissements commencentà venir. Mais les effets

ne seront pas immédiats.

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POLITIQUE - ÉCONOMIE22 Les Afriques - N° 17 - 21 au 27 février 200822

150 milliards DA pour redynamiser le marchéfinancier algérienPour relancer le marché financier, le gouvernement a décidéd’introduire des obligations assimilables du Trésor (OAT) à laBourse d’Alger. Ces titres de dettes émis par l'État sur le mar-ché primaire des valeurs du Trésor totalisent un encours globalde plus 150 milliards de dinars. Ils peuvent être échangés entreinvestisseurs sur le marché secondaire. Avec ces OAT, le volumeen présence sur la Bourse d’Alger est estimé à 300 milliards DA.Les autorités espèrent ainsi donner de la substance au marchédes capitaux.

1,8 milliard $ d’exportationsallemandes vers l’AlgérieLes exportations allemandes vers l’Algérie ont atteint 1,8 mil-liard de dollars US durant l’exercice 2007, traduisant une crois-sance en valeur de 20%, selon Andreas Hergenröther, directeurgénéral de la Chambre algéro-allemande de commerce et d’in-dustrie (AHK). Celui-ci a indiqué que plus de 150 sociétés alle-mandes sont implantées en Algérie, les plus en vue étant LindeAG, Siemens, Henkel, Knauf, BASF, DHL, Messer, ZF, Dywidag,Pilz GmbH, Deutsch Bank, Lufthansa ou encore Jokey.

Gulf Finance House donne le coup d’envoi à ses investissementsLa banque d’affaires islamique du Bahrein Gulf FinanceHouse (GFH) a annoncé le démarrage des Due Diligence etdes études relatives à son projet de port financier deTunis. Un investissement de 3 milliards $, qui s’étend sur450 hectares dans la zone de Raoued et comprend unemarina, un complexe commercial et résidentiel de villas,des locaux commerciaux et bureaux professionnels, ungolf et un stade, ainsi qu’un Business School de classeinternationale.

L’opposition peine à trouver ses marques face au pouvoir conciliateur du président Sidi Ould

Cheikh Abdellahi.

La Mauritanie sur le chemin de son unité nationale

A la sortie de l’ère du pouvoir militaire, une bonne partie desMauritaniens a encore du mal à s’habi-tuer à la relative discrétion de l’actuelprésident de la République. Modérédans ses apparitions à la télé, absent leplus souvent sur les murs des édificespublics (on voyait les portraits des

anciens dès l’enceinte de l’aéroport deNouakchott), Sidi Ould CheikhAbdellahi passe pour un président reli-gieux et quasi-mystique. La pressenouakchottoise a rapporté, avechumour, que l’un de ses premiersréflexes aurait été de diligenter ses ser-vices pour la construction d’une mos-quée dans le Palais présidentiel.D’autres observateurs voient aussidans « Sidioca » un conciliateur, àl’image, d’ailleurs, du nouveau parti dela majorité qui le soutient et où l’onretrouve tous les courants de la vie

politique mauritanienne. Matérialiséle 29 janvier dernier par le retour dupremier contingent d’une centaine depersonnes, l’aboutissement du proces-sus de retour des réfugiés négro-afri-cains déportés au Sénégal et au Maliau plus fort des tensions ethniquesd’avril 1989 entre le Sénégal et laMauritani, aura été l’un des faits mar-quants de ce premier mandat, placésous le signe de l’unité.

Comme SarkozyToutefois l’absence d’instituts de son-dages interdit de se prononcer sur lapopularité actuelle de ce président quine donne pas l’impression de vouloir sereprésenter. D’où, d’ailleurs, les remouset les impatiences dans la majorité et lesatermoiements de l’opposition mauri-tanienne qui, depuis qu’elle a en faced’elle un pouvoir décontracté, a du malà retrouver sa base populaire. En fait, leprésident mauritanien – BernardKouchner; qui vient de boucler unevisite à Nouakchott le certifiera sansdoute – a agi avec cette opposition unpeu comme l’a fait Nicolas Sarkozy quia récupéré quelques pièces fortes duparti socialiste dans son gouvernement.Ainsi, Messaoud Ould Boukheir, prési-dent de l’APP, figure de proue de lalutte contre l’esclavage et souffre-dou-leur de l’ancien règne, est désormais

incorporé dans la majorité présiden-tielle et siège en tant que président del’Assemblée nationale. Ses rares sortiesmédiatiques ne vont pas plus loin quele rappel formel de la nécessité de rom-pre avec l’Etat hébreu. Une exigencequ’il ne conditionne pas à son départ dela majorité présidentielle et qui passedonc comme une déclaration symboli-que jetée aux militants de son parti for-més en partie de nasséristes. Quant àl’autre opposant et homme fort de lavie politique mauritanienne, AhmedOuld Daddah, il a du mal à focaliser lesmille et une tendances qui périclitentdans cette opposition. Comment fédé-rer pèle-mêle islamistes, marxistes,conservateurs ?D’aucuns, balanceurs d’encensoirs sansdoute, disent froidement que l’opposi-tion a du mal à exister face à la crédibi-lité et à la popularité du présidentSidioca. De là à les soupçonner de rêverd’un pouvoir fort, il n’y a qu’un pas…Ce pouvoir fort risque pourtant derevenir dans sa version sécuritaire puis-que un vaste plan anti-terroriste est missur les rails, suite aux séries d’attentatsterroristes qui ont coûté la vie à septpersonnes et dont le dernier épisode futl’attentat contre l’ambassade d’Israël àNouakchott.

MBF

Un conciliateur, à l’image,d’ailleurs, du nouveau partide la majorité qui le soutientet où l’on retrouve tous lescourants de la vie politique

mauritanienne.

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Les Afriques - N° 17 - 21 au 27 février 2008 23INTERNATIONAL

Bush remercie la France pourson « travail responsable » au TchadLe président américain George W. Bush a remercié la France pourson « travail responsable » au Tchad et son rôle dans la mise surpied d'une force européenne pour aider les victimes du conflit duDarfour, dans un entretien diffusé vendredi par Radio Franceinternationale. « Je crois effectivement que l'instabilité au Darfouraffecte le Tchad et les intérêts français », a déclaré M. Bush dans cetteinterview à RFI enregistrée à la veille de son départ.

Une dizaine de tribunauxislamiques à LondresLes propos du chef des Anglicans, Rowan Williams, appelant àl’adoption de certains aspects de la loi islamique, ont été largementcommentés par la presse britannique. Rowan Williams a été rappeléà l’ordre par le gouvernement qui a réaffirmé la primauté du droitbritannique. Cela même si de plus en plus de musulmans se tour-nent vers la dizaine de tribunaux islamiques existant dans le pays etqui se sont spécialisés dans le règlement de litiges de nature nonpénale. Quelque 7 000 cas de divorces ont été, par exemple, pronon-cés par le Conseil islamique de la Charia depuis sa création en 1982.

Volte-face de la Thaïlande sur l’autonomie de son Sud musulmanLe ministre de l'Intérieur de Thaïlande a fait machine arrière ven-dredi après avoir déclaré que le nouveau gouvernement deBangkok serait prêt à accorder une certaine forme d'autonomie auSud musulman et malais du royaume. Cette région est en proie àun vif regain de séparatisme. Des violences quotidiennes, imputéesà des groupes d'insurgés, y ont fait près de 3000 morts en quatreans. Mardi dernier, le ministre thaïlandais de l'Intérieur, ChalermYubamrung, avait affirmé que l'autonomie était possible mais qu'ilfallait « d'abord discuter de quel type d'autonomie. »

La zone euro dégage unexcédent de 28,3 milliardsen 2007La zone euro a dégagé un excédent commercial de 28,3 milliardsd'euros en 2007, malgré l'euro fort, après un déficit de 9,3 mil-liards en 2006, selon une première estimation publiée vendredipar l'office statistique européen Eurostat. Cette amélioration de labalance commerciale a été réalisée en dépit de la hausse de l'euro,qui s'est apprécié au total de 10% sur l'ensemble de l'année 2007.La devise européenne avait atteint un nouveau record face au bil-let vert en novembre, à 1,4967 dollar.

Dubaï : le bureau le pluscher au mondeUn investisseur mystérieux a acheté sur Internet des locaux d'unevaleur de 12 millions de dollars dans la plus haute tour du mondeque Dubaï est en train de construire, a rapporté vendredi la presseémiratie. L'investisseur européen, dont le nom n'est pas révélé, aacheté plus de 1000 mètres carré de bureaux au 121ème étage de laBurj Dubai (Tour de Dubaï, en arabe) via le site Internet d'unesociété immobilière locale, selon Gulf News. Burj Dubaï est encoreen cours de construction, mais elle dépasse déjà la tour Taipei 101à Taïwan, considérée jusqu'alors comme la plus haute tour dumonde, depuis l'été 2007 lorsqu'elle a atteint 512 mètres. Sa hau-teur finale reste un secret.

La déclaration d’indépendance unilatérale des Albanais du Kosovo ouvre une large brèche dans le

droit international quant à la souveraineté des Etats et l’intangibilité des frontières.

Le domino Kosovo, un potentieldésintégrateur en Afrique

Par Saïd Djaafer, Alger

L’indépendance du Kosovo est proclamée.Elle est adoubée par les Etats-Unis et quatregrands pays d’Europe occidentale (laFrance, l'Allemagne, la Grande-Bretagne etl'Italie), rejetée par la Serbie, la Russie et sixautres pays d’Europe occidentale commeChypre, l’Espagne, la Grèce, la Slovaquie, laRoumanie et la Bulgarie… C’est une pro-clamation unilatérale, l’accession à l’indé-pendance n’ayant pas été validée par leConseil de sécurité. C’est surtout un précé-dent dont les effets pourraient se ressentirpartout dans le monde et principalementen Afrique. La mise sous tutelle onusiennedu Kosovo est fondée sur la résolution 1244de l’ONU qui a réaffirmé la souveraineté dela Serbie sur le territoire. Cette résolutionest désormais bafouée. Belgrade a officielle-ment protesté contre l’envoi par l’UE d’unemission de 2000 personnes (policiers, jugeset procureurs) pour accompagner le pro-cessus. Mission préventive pour empêcherles Serbes du nord du Kosovo de faire séces-sion à leur tour ? Mais au nom de quoi etsur quelle base leur serait-il interdit ce quiest permis aux Albanais ?

Un précédent déjà évoquéLa décision de reconnaître un Etat Kosovarsur la base d’une proclamation unilatéralede l’indépendance sape le droit internatio-nal. Ce n’est pas un hasard si le chef du gou-vernement arménien déclare sans attendre,

que le « précédent » devra servir pour lehaut Karabakh, contrôlé militairement parles séparatistes, mais qui ne bénéficie pasd’une reconnaissance internationale. Le jeude dominos pourrait commencer par lesBalkans. Outre le nord du Kosovo, qui estdéjà quasiment sans lien avec Pristina, c’estla Bosnie-Herzégovine qui risque de faire leplus rapidement les frais du feu vert desOccidentaux. Les Serbes pourraient, eneffet, mettre à exécution un projet de réfé-rendum pour l’indépendance de leurentité, la Republika Srpska. Le terrain estaussi balisé pour l'Abkhazie en Géorgie, laTransnistrie en Moldavie, la Transylvanieen Roumanie ou encore la Tchétchénie…

L’intangibilité des frontières L’Union Européenne pense être suffisam-ment attractive pour Belgrade pour pou-voir « gérer » les conflits potentiels, nés deson soutien à la proclamation de l’indépen-dance. L’Espagne et Chypre qui font face àdes problèmes de séparatisme semblentplus inquiètes sur les conséquences possi-bles de cet évènement. Si l’affaire du Kosovofait jurisprudence, elle pourrait trouver desprolongements dangereusement fertiles enAfrique. On ne redessine pas sans risquesles frontières. Au moment des indépendan-ces, les Etats africains, face au potentiel deconflits qui ne s’est pas démenti par la suite,ont choisi de consacrer le principe de l’in-tangibilité des frontières héritées du colo-nialisme. Ce choix était le moins mauvais et

il l’est toujours. Des Kosovo potentiels exis-tent en Afrique et ils pourraient être encou-ragés par l’attitude de l’Europe. Car, au-delàdes arguments défendus par les Européens,le signal peut-être perçu au sens premier : ilest possible pour un groupe ethnique deproclamer un Etat. Ce n’est pas un hasard sil’Afrique du Sud fait partie de ceux qui sesont opposés au niveau du Conseil de sécu-rité. Alors que pour de nombreux africains,

le dépassement des conflits potentiels passeune politique d’intégration par la démocra-tie, le précédent du Kosovo offre une solu-tion plus « facile », fondée sur un « remode-lage » ou une « désintégration » de nombred’Etats actuels. Le pire n’est jamais sûr, maisl’Union africaine aurait peut-être besoin derenouveler et de « rafraîchir » le principe del’intangibilité des frontières. Histoire deconjurer l’effet domino en émettant endirection du continent un signal différentde celui qui vient d’être émis au Kosovo parles Etats-Unis et l’Europe.

Au-delà des arguments défendus par les Européens,le signal peut-être perçu ausens premier : il est possible

pour un groupe ethnique de proclamer un Etat.

La tournée du président Georges W Bush dans cinq pays africains, la semaine dernière, serait presque

parue incongrue dans le contexte américain et mondial actuel. Vite pensé.

« Ma part » dans les réussitesafricaines, un argument posthume de Bush

Par Ihsane El Kadi, Alger

A bien y regarder, c’est àCotonou – où il n’a pas quittél’enceinte de l’aéroport – àAccra ou à Dar es Salam, enterre africaine, que le présidentaméricain pense retrouver unéchantillon « présentable » desa doctrine de politique inter-nationale. Ailleurs, c’est soit lechaos permanent comme auProche-Orient, soit le reflux dela solution américaine, commeen Amérique latine ou en Asie.En Afrique, le président Bush apu montrer les « bons effets »de l’appui de son administra-tion à la démocratie et à labonne gouvernance. Il est vraique Paul Wolfowitz, l’anciennuméro deux du Pentagone,n’a pas jugé utile de faire enva-hir le Zimbabwe pour diffuserla culture démocratique aucœur du continent. La nou-velle administration républi-caine avait opté dès son arrivéeen janvier, avant le 11 septem-bre 2001, pour l’utilisation« incitative » de l’AfricanGrowth and Opportunity Act,

l’AGOA, adopté l’année précé-dente sous l’ère Clinton : lesmauvais élèves politiques del’Afrique perdraient l’avantagede l’accès préférentiel à l’im-mense marché américain. Lorsde sa « turbo-tournée » sur lecontinent, le président Bush afait plusieurs fois fait allusionaux vertus du libre échangedans le progrès et au rôle ducoaching américain dans lesréussites africaines. Au total2,4 milliards de dollars ontété mobilisés depuis 2004 ensoutien des expériences debonne gouvernance, 250 mil-lions de dollars pour soutenirl’alternance démocratiquebéninoise : le MilleniumChallenge Account (MCA),lancé cette année là, prendune autre envergure avec unaccord de développement de698 millions de dollars pourun seul pays, la Tanzanie,signé à la faveur de la visite.Les bons exemples africainsfonctionnent presque ennégatif de la politique duGrand Moyen Orient (GMO),la démocratisation au pas de

charge des régimes arabesprincipalement.

Un accès préférentiel pourquels produits ?Les Etats-Unis sont ils doncpour quelque chose dans le faitque la croissance moyenne del’Afrique subsahrienne estsupérieure d’un point à celle dela planète depuis trois ans ?Georges Bush n’est pas loin dele penser et cela lui donne une« raison de vivre ». La réalité estbien plus contrastée. Sur les5500 lignes tarifaires sur les-quelles 36 états africains bénéfi-cient d’un accès préférentiel(AGOA) sur le marché améri-cain, 94% ne correspondent àaucun produit fabriqué sur lecontinent. Les cinq pays qui ontbénéficié le plus de l’AGOAentre 2001 et 2005, l’ont du auseul textile, avant la fin de l’ac-cord multifibres. Le pétroledomine toujours très largementles exportations africaines versles Etats-Unis et la tendances’accélère. Les IDE américainesen Afrique subsaharienne cor-respondent toujours à 1% du

total des engagements améri-cains dans le monde. L’AGOA,sans être le débouché stimulantque l’on prétend, a sans doutecoûté au pays les moins avancé(PMA) en Afrique, la bourras-que des APE, nouvelle mouturede la relation économique àl’Europe, qui impose le libreéchange dans les deux sens, enlieu et place de l’accès préféren-tiels du vieux ACP.

Un destin américain enAfriqueIl faut bien se rendre à l’évi-dence, l’Afrique subsahrienneest un des rares endroits dumonde ou une visite du prési-

dent Georges Bush ne déclen-che pas l’émeute hostile. Ilexiste un destin américain sur lecontinent. Au-delà des turpitu-

des de l’administration républi-caine, assagie, il est vrai, par l’ef-fet Irak, une autre Amériquetravaille, autrement, en Afrique.

Avec ses ONG luttant contre lepaludisme et le sida, la fonda-tion Bill Gates en Afrique aus-trale, les missionnaires évangé-

listes, même si le procédé n’au-gure pas du meilleur, l’Afriqueentretient un vestige d’âmepionnière américaine. LesAfricains le perçoivent. L’idéeseule que les Etats-Unis puis-sent envisager d’élire un Afro-Américain à la magistraturesuprême rend la connexionquasi mystique. La visite deGeorges Bush a surfé sur cetenchantement. Et a veillé à nepas l’abimer. Pas d’engagementmilitaire au Darfour, pas d’in-sistance sur l’implantation del’Africom : l’avenir est peut-êtreencore sauf.

L’idée que les Etats-Unis puissent envisagerd’élire un Afro-Américain à la magistraturesuprême rend la connexion quasi mystique.

La visite de Georges Bush a surfé sur cet enchantement.

Page 24: N L’Afrique, le private equity et le leverage financefinance.consulting.free.fr/publi/Interview/Les Afriques.pdf · 2009. 5. 2. · Rédaction : Alger, Casablanca, Dakar La BMCE

L’AFRICAIN DE LA SEMAINE24 Les Afriques - N° 17 - 21 au 27 février 2008

L’agenda

Conférence internationale sur les mécanismes de

financement de la gestion durable des écosystèmes

forestiers du Bassin Congo

21 et 22 février 2008 à Tunis. Contact : [email protected]

Premier congrès hispano-africain des femmes chefs

d’entreprise

18 et 19 février 2008 à Las Palmas - Gran CanariasInfo : [email protected]

Séminaire sur l’Algérie

Les marchés publics & comment répondre aux appels d’offres, 16 mai2008 – Marseille. Contact : Laurence Hautefeuille, [email protected]

2e Convention d’affaires franco-sino-africaine

21 et 22 mai 2008 à Paris. Contact : 00 33 1 46 94 69 09.http://www.cicp.biz

Chad International Oil and Mining (CIOME)

8 au 10 octobre 2008 à Ndjaména (Palais du 15 janvier). www.cubicglobe.com

Cycle de conférences régionales sur l’environnement -

Sensibilisation des journalistes africains et des décideurs

23 au 25 février à Nouakchott, Mauritanie. Contact : African network ofenvironnemental journalists - [email protected].

Forum international sur le private equity au Moyen-Orient

4 et 5 mars 2008 à Dubaï - www.peimedia.com/peime08.

Une union pour la Méditerranée, pour quoi faire et

comment ?

28 au 30 mars à Paris (Unesco) - www.forumdeparis.org.

Deuxième forum euro-méditerranéen du Capital

Investissement

24 et 25 avril 2008 à Tunis. Contact : www.euromed-capital.com

1er Forum international des affaires du Nepad

Business Group

Créer un véritable courant d’affaires entre économies anglophones et fran-cophones en Afrique de l’Ouest. Du 3 au 5 mars 2008 à Abidjan, HôtelIvoire. Informations : [email protected]

« Gateway des femmes d’affaires » à Dakar

25 au 28 février 2008 à Dakar (Sénégal). Organisateur : Organisationdes femmes africaines. Contact : Tél : +221 33 825 51 65

Africa Hedge Funds 2008

13 mars 2008, Genève, Hôtel President Wilson (Suisse). www.jetfin.com

4e Forum international de la finance13 et 14 mai 2008 à Alger - Contact : www.fif-alger.com

Tech for Food 2008Forum international dédié aux Nouvelles Technologies au service dudéveloppement agricole dans les pays du Sud. 26 février 2008 – AuSalon international de l’agriculture de Paris. www.techforfood.com –Contact [email protected]

7e conférence de l’AVCA

16 au 18 mars 2008 à Gaborone (Botswana). Centre international deconférence à Gaborone. Tél : (+09267) 363 7777

Forum de la finance islamique

2 et 3 avril 2008 à Casablanca. Informations : [email protected]

3e édition de Carte d’Afrique (monétique)

17 et 18 avril 2008 à Marrakech (Maroc). Organisateur : I-conférences(Groupe Success Publication)

Cycles des salons de Med It 2008

22 et 23 avril 2008 : Med-IT @ Alger, Algérie. 18 et 19 juin 2008 :Med-IT @ Casablanca, Maroc. 22 et 23 octobre 2008 : Med-IT @ Tunis,Tunisie. 25 et 26 novembre 2008 : Med-IT @ Dakar, Sénégal Organisateur : XCOM. Contact : Tel. +33 442 70 95 10 - Fax. +33 (0)4 42 70 91 89

Militant clandestin, leader syndicaliste, journaliste, président du Mali, président de la Commission de

l’UA, Alpha Omar Konaré semblait ne devoir jamais cesser de combattre. Sa démission de l’UA n’est

qu’une nouvelle étape.

Alpha Oumar Konaré : l’Afriqueest notre devenir à tous…

Par Chérif Elvalide Sèye, Dakar

Cet archéologue, marié à une histo-rienne, a naturellement le sens de l’his-toire. Il a déjà marqué de son empreintecelle de son pays, de la démocratie et dela construction, encore boiteuse, del’unité africaine.

Alpha Oumar Konaré est le premier pré-sident élu démocratiquement au Mali.Indépendant dans une fédération mort-née avec le Sénégal en 1960, le Mali ad’abord connu le régime socialisant deModibo Keita, ce géant de 1,98 m dontde Gaulle disait qu’il était le seul chefd’Etat au monde devant lequel il n’avaitpas besoin de se pencher pour lui parler.Panafricaniste, tiers-mondialiste, il estde la trempe des grands leaders charis-matiques des premières années d’indé-pendance avec les Houphouët-Boignyde Côte d’Ivoire, Léopold Sedar Senghordu Sénégal, Gamal Abdel Nasserd’Égypte, Kwame Nkrumah du Ghana,Ahmed Ben Bella d’Algérie… Il brillesur la scène africaine et mondiale, maisle Mali est l’envers du décor. Le régimese durcit. Keita fait incarcérer ses oppo-sants Fily Dabo Sissoko et HammadounDicko, anciens députés représentant leSoudan à l'Assemblée nationale fran-çaise. Cela ne suffit pas à calmer le jeupolitique. C’est l’escalade avec, en 1967,la « révolution active », la suspension dela Constitution et la création du Comiténational de défense de la révolution(CNDR). Les exactions se multiplientpendant que le franc malien, symbole deson pouvoir, dégringole. Le mécontente-ment est général. Coupé de son assisepopulaire, le régime tombe comme unfruit mûr entre les mains de quelquesmilitaires avides de pouvoir, conduitspar le lieutenant Moussa Traoré.

Né le 2 février 1946 à Kayes, Konaré estencore étudiant en histoire à l'École nor-male supérieure de Bamako (1965-1969). Déjà engagé politiquement, il estélu en 1967 secrétaire général de laJeunesse US-RDA (Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain,de Modibo Keïta). Le coup d’Etat estd’abord, pour lui et les siens, un dramepolitique et un défi à relever.Immédiatement, la Constitution est sus-pendue sous la férule du directeur de laSureté nationale, Tiécoro Bagayoko, etdu ministre de la Défense, KissimaDoukara, s’impose une véritable dicta-ture. Pour faire face, les « héritiers » de Modibo Keita, et lesdémocrates d’une manière générale,créent un parti clandestin, le Partimalien du travail. Konaré en fait partie.Le travail de l’opposition clandestine etles dérives d’une dictature corrompue,qui s’est illustrée par le détournementdes aides destinées aux victimes de lasécheresse qui frappe le Sahel à partir de1968, finissent par retourner toute lapopulation contre Moussa Traoré. Il luifaut lâcher du lest. Il se débarrasse, sousprétexte de coup d’Etat, de ses encom-

brants alliés, Tiécoro et Kissima. Il pro-met l’ouverture politique et parvient àrallier à sa cause quelques intellectuels,dont Alpha Oumar Konaré. Par aviditéde pouvoir, lui repprochent ses détrac-teurs, par stratégie ou parce qu’il croitaux gages et au discours de Traoré, ledéfendent d’autres. Toujours est-il qu’ilrejoint le gouvernement d’un présidentné comme lui à Kayes. Il sera son minis-tre des Arts et de la Culture avant dedémissionner en 1980 pour retourner àl’enseignement.

La vision de Modibo KeitaS’il partage avec Moussa Traoré l’atta-chement à la ville de Kayes, c’est plutôtde Modibo Keita qu’il veut se réclamer.« J’étais étudiant, puis professeur stagiaireà Bamako, et la vision qu’avait le prési-dent Modibo de l’Afrique nous inspiraitprofondément. » Comme son modèle,Konaré a fréquenté le lycée Terrasson deFougères de Bamako, puis poursuivi desétudes au Sénégal, mais, lui, au collègedes Maristes alors que Modibo Keita aplutôt fait la célèbre école WilliamPonty. L’engagement panafricaniste deModibo Keita, un des principaux arti-sans de la création de l’Organisation del’unité africaine dont il a participé à larédaction de la charte, s’est effective-ment perpétué avec Konaré. « L’Afriqueest notre pays, l’Afrique est notre patrie,l’Afrique est notre devenir à tous… »,déclame-t-il de sa voix de stentor, auxaccents gaulliens.

Un visage à l’UnionAlpha Oumar Konaré a donc inauguré laprésidence de la commission de la nou-velle Union africaine. Un poste qui sem-blait taillé sur mesure pour lui. Justeaprès qu’il ait effectué son second man-dat à la présidence du Mali. Par sa per-sonnalité, sa stature d’ancien chef d’Etatdémocrate, ses convictions panafricanis-tes. Son retrait volontaire au terme deson premier mandat vaut toutes les éva-luations. AOK n’a pas eu les moyens dedonner corps à sa vision d’une Afriqueintégrée. Il n’aura même pas réussi à luidonne « un visage et un verbe » comme ill’ambitionnait. Pas même soutenu ladémocratie. Quand il croit l’occasionopportune pour réaffirmer l’engage-ment démocratique africain, le prési-dent Obasanjo du Nigeria, alors prési-dent en exercice de l’Union africaine, sefait fort de lui rappeler que le syndicatdes chefs d’Etat est toujours pour l’ordreou le désordre, pourvu qu’il soit établi,pourvu que rien fondamentalement nechange car il ne faut pas faire des émules.

Pourtant l’occasion était effectivementrêvée avec ce militaire togolais filmés’emparant d’urnes. « Si le Togo, lesTogolais ne se décident pas à un vrai com-promis démocratique fondé sur un sys-tème de partage et d’équilibre, il faut alorss’attendre à de plus grandes épreuves, plusdouloureuses. » En conséquence, ilnomme un médiateur. C’est trop pour lesyndicat. Décision rapportée parObasanjo.

Précoce politicienSon départ de la commission de l’UA estdonc un aveu d’échec. Moins de lui-même que de l’ambition continentaled’intégration en butte aux jouissancesde chefs drapées d’un drapeau et ryth-mées d’hymnes. Quid du bilan nationalD’un engagement politique précoce ?Une carrière tôt commencée et particu-lièrement variée, politique, syndicale etjournalistique. En plus de la JeunesseUSRD, AOK a aussi dirigé le Syndicatnational de l’éducation et de la culturede l’Ecole Normale supérieure deBamako. Comme journaliste, il fonde etdirige la Revue Culturelle Jamana, leJournal des Jeunes, GrinGrin en 1983. En1989, le quotidien Les Echos et en 1991,il lance Bamakan, la première radio libredu Mali.« Sept Maliens sur dix survivent au-des-sous du seuil de la pauvreté. Un Maliensur trois n’a pas accès à l’eau potable.Un Malien sur trois n’a pas accès auxsoins de santé. Cinquante pour cent desjeunes Maliens n’ont pas la chance d’allerà l’école à seulement trois ans du XXIe

siècle » avouait-il à Rome devant leFonds international pour le développe-ment agricole. Il était au terme de ses dixans de présidence. Pourtant, disait-il « ma principale raison d’être demeure ces

enfants, ces nombreux enfants du Malidont beaucoup, le long des routes et despistes que nous empruntons, nous accla-ment, scandent quelquefois notre nomavec le sourire, l’innocence, la confiance,mais dont beaucoup aussi sont sortis leventre creux et n’ont aucune assurance depouvoir déjeuner ou souper. » Il ne peut dès lors que reconnaître: « Jen’ai pas fait ce que j’avais souhaité.J’aurais certainement pu mieux faire. »Pour se consoler, il n’est pas le seul.L’Afrique après quarante sept ans cher-che à soigner les mêmes maux. Cet échecne lui est pas propre. En revanche, saréussite sur le plan démocratique estsingulière. Alors qu’il quittait la prési-dence de la commission de l’UA, unautre chef d’Etat, tout aussi démocrati-quement élu que lui, le Kenyan MwaiKibaki, finissait d’endeuiller son pays.Konaré a su préserver son pays d’unecrise aussi funeste. Par sa pratique dupouvoir, par son engagement, il a irré-versiblement placé le Mali sur une orbite démocratique qui lui survivra.Désormais, la liberté d’action et de verberetrouvée, AOK ne tardera pas à enfour-cher un nouveau cheval. L’Afrique aencore besoin de lui.

« L’Afrique est notre pays,l’Afrique est notre patrie,

l’Afrique est notre devenir à tous… »

« Je n’ai pas fait ce quej’avais souhaité.

J’aurais certainement pu mieux faire. »

Alpha Omar Konaré avec Thabo Mbeki