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    200 !

    Il serait bien difficile de le nier : mme si l'anne n'est

    pas acheve (et a peut encore tre pire !), 2014 ne nous lais-

    sera pas un souvenir particulirement plaisant. Syrie, Irak,

    Gaza, Ukraine, Ebola, Poutine, Valls, Trierweiler, Marine

    Le Pen, et j'en passe : les raisons de se rjouir auront surtout

    brill par leur raret. Aussi, c'est sans rserve aucune qu'il

    faut saisir au passage les petits plaisirs et les petites fierts

    qui se prsentent avec parcimonie : qui nous en voudra, donc,

    de dboucher quelques bouteilles pour clbrer dignement -

    dfaut d'occasions plus riches de sens et de portele 200e

    numro de notre Feuille Verte ?

    Plaisir et fiert, oui, car ces 200 numros, ces quelques

    3 500 pages ( vue de nez...), sont tout de mme un cas dans

    la presse militante (ou du moins Verte) franaise. notre con-naissance (1), aucune structure Verte, qu'elle soit rgionale,

    locale, etc., n'a jamais assur, et cela sans interruption, une

    aussi longue parution ; mme Vert Contact, qui fut longtemps

    l'organe officiel des Verts, a connu une existence bien plus

    tourmente (2)... avant de disparatre.

    Cette prennit, qui lui a permis d'accompagner et de

    reflter tant bien que mal, depuis 1995, les hauts et les bas,

    les satisfactions et les dconvenues, les enthousiasmes et les

    doutes des Verts de Franche-Comt, puis d'ELV-FC, La Feuille

    Verte la doit tous ces gens qui, de prs ou de loin, pendantquelques mois ou durant des annes, ont donn de leur

    temps et de leur nergie pour qu'elle paraisse vaille que

    vaille ; qui ont relu, discut, corrig, dfendu, critiqu, illustr,

    mis en page, imprim, pli, post, distribu... Mille mercis

    Hubert, Marie-Agns, Franois, Pauline, Laurence, Annie,

    Jean-Jacques, Toinette, Christophe, Ccile, David, Michel,

    Grard M et Grard P, Suzy, Corinne, Lucas, Jeannine, Jean-

    Pierre, Roland et aux autres que j'oublie btement. Sans

    omettre, bien videmment, les lecteurs de notre canard... qui

    en sont aussi, du moins pour bon nombre d'entre eux, les

    auteurs. Rptons-le une fois encore : notre Feuille comtoisene peut tre que ce qu'en font ses lecteurs.

    (suite p 2)

    OCTOBRE 2014 / n200/ 1,70

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    Sommaire

    2

    P 1 et 2 : Edito

    P 3 : JDE : quattend-on des cologistes?

    P 5 : Point de vue : opposition/propositions

    P 6 : TAFTA : un dni de dmocratie

    P 7 : Communiqu de presse Stop TAFTA

    P 8 : En finir avec TINA

    P 10 : Un changement de cap, mais lequel?

    P 15 : Pourquoi je me suis abstenu

    P 16 : 200en de La Feuille Verte : petit historique

    P 21 : Tunisie : notes de voyage

    P 23 : Classes prpa

    P 25 : Comment se promener dans les bois sans se faire

    tirer dessus?

    P 26 : Science et cologie

    P 28 : Photos de la marche pour le climat Besanon

    Ce petit accs d'autosatisfaction ne doit cependant

    pas nous faire perdre de vue nos difficults (le Comit de

    lecture vous en a assez entretenus pour ne pas y revenir

    aujourd'hui) et nos insuffisances : au premier rang de celles

    -ci, le fait que nous ne nous soyons gure, collectivement,donn les moyens d'largir notre diffusion au-del du cercle

    des adhrents et des militants (ce quoi s'efforcent nan-

    moins et il faut leur en savoir gr - un certain nombre

    de bonnes volonts). Si le ciel (!!) lui prte vie, La Feuille

    Verte soufflera ses vingt bougies dans peine plus d'un

    an : on verra alors si, comme le prtend l'adage, c'estvraiment le bel ge ... (3)

    Grard Roy

    (1) Suzy a rcemment men son enqute ce

    sujet auprs de ses homologues des autres rgions.(2) J'en sais quelque chose pour en avoir t long-

    temps le rviseur .

    (3) En attendant, retrouvez en pages intrieures

    l'historique succinct de notre journal.

    dito suite

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    3

    Bordeaux, Journes d't

    QUATTEND-ON DES COLOGISTES ?

    Cette question, qui ne traverse pas seulement

    notre mouvement mais la socit en gnral, tait pose

    aux intervenants dune table ronde organise au cours

    des Journes dt de Bordeaux (1), table ronde anime

    par Edwy Plenel, en prsence dEmmanuelle Cosse. Ce qui

    suit nen est pas un compte rendu, mais plutt un focus

    sur des rponses, des informations, des avis, des re-

    marques de certains intervenants, qui pourraient alimen-

    ter notre rflexion.

    En guise dintroduction

    Edwy Plenel, cofondateur et prsident deMediapart, attend des colos quils nous rveillent,

    quils nous bousculent.

    Il explique ce quil

    entend par la.

    La mlancolie et

    la lassitude attei-

    gnent toutes les

    formations poli-

    tiques qui se bat-

    tent pour unee s p r a n c e .

    Comme le disait

    Stphane Hessel, "nous sommes tous responsables". Der-

    rire les dsordres du monde, il y a des injustices que nous

    laissons faire.

    Jamais lcologie politique na eu autant raison.

    Jamais ne sest fait autant sentir la ncessit dune r-

    ponse radicalement et indissociablement cologique, d-

    mocratique, sociale aux immenses dfis qui nous mena-

    cent, qui menacent la survie de lespce, qui menacent laterre. Et en mme temps, jamais ne sest autant loigne

    la proximit dune rponse vidente face ce que nous

    ressentons comme une course labme.

    En observateur de la vie politique, sappuyant sur

    les engagements dELV et sur le bilan de la participation

    gouvernementale, Edwy Plenel nous demande de ne pas

    nous dsesprer. Mais aujourdhui, il attend que nous

    parlions davantage la socit, que nous sortions de

    notre entre soi . On attend que vous mobilisiez la soci-

    t car dautres la mobilisent, dautres savent lui parler,

    dautres sont son coute, et pour le pire.

    Enfin, quand les autres partis politiques rpondent

    aux urgences conjoncturelles, Plenel souhaite que nous

    sachions imposer ce quil appelle lurgence de lessen-

    tiel , lurgence de linjustice, des dsquilibres, du r-

    chauffement climatique, de la destruction des richesses

    de la plante, lurgence des quilibres nouveaux.

    Le regard dun observateur de lopinion

    Jean-Daniel Levy, de lInstitut Harris Interac-

    tive, ne sest pas appuy sur des chiffres mais a essay

    de comprendre ce qui structure lopinion autour de

    lcologie. Il a relev plusieurs paradoxes : jen retien-

    drai deux et un souhait.

    Tout dabord, si lcologie politique a gagn

    beaucoup de dbats idologiques (drglement clima

    tique, transition nerg-

    tique, OGM, gaz de

    schiste par exemple), si

    elle a russi mettre en

    dbat dans la socit

    franaise des thma-

    tiques comme le nu-

    claire, la pollution lie

    au transport routier, la

    capacit du capitalisme

    apporter les rponses

    quil promet, elle ne parvient pas capitaliser ces avan-

    ces au niveau lectoral, ni mme en matire de soutien

    de lopinion. Pourquoi? Sans doute parce que les Fran-

    ais sinterrogent sur larticulation entre la mise en

    uvre des propositions cologistes et la promesse que

    notre modle social puisse perdurer . Ils attendent les

    cologistes sur cette question : comment faire en sorte

    quil puisse y avoir une articulation entre la sauvegardede nos acquis sociaux et ces sujets de proccupation que

    sont la dgradation globale de la qualit de vie et la mise

    en pril de lavenir de la plante?

    Le second paradoxe concerne la transition ner-

    gtique. Les Franais ont un double regard quand on les

    interroge : ils sont convaincus de lurgence agir pour

    des raisons financires, gostratgiques, etc., mais i ls ne

    veulent pas sengager dans les investissements nces-

    saires. Ils doutent, ils demandent : Rassurez-nous sur

    le bout du chemin et assurez-nous que les efforts con-sentis court terme nous seront bnfiques moyen et

    long terme en matire de confort de vie, de pouvoir

    dachat, mais aussi de comptitivit. Et la rponse des

    cologistes est attendue.

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    Enfin, les Franais se tournent vers les cologistes

    pour leur dire : Aidez-nous ! Pourquoi ? Parce quils ont

    parfois le sentiment de mal agir, dadopter des comporte-

    ments individuels cologiquement irresponsables . Ils ne se

    sentent pas laise mais ne trouvent pas la solution. Ils se

    tournent alors vers les formations politiques et ELV leur

    semble la plus lgitime pour rpondre cette contradic-

    tion.Un parallle entre la problmatique du loge-

    ment et la transition nergtique

    Pour commencer, Patrick Doutreligne, de la

    Fondation Abb Pierre, demande aux cologistes, pour

    dpasser la dsesprance ,

    daller au-del du constat

    en entrant dans ce que

    nous appelons parfois lco-

    logie concrte. Il faut trou-

    ver un juste quilibre entre

    tre des lanceurs dalerte et

    proposer des solutions. Il

    faut faire de la pdagogie :

    Cest trs dur, mais il faut

    le faire. Doutreligne, bien

    sr, sest appuy sur son exprience auprs des plus dmu-

    nis dans le domaine du logement. Il sest lev contre le

    procs fait la loi ALUR, procs qui voudrait rendre cette loi

    responsable de tous les maux, de tous les problmes que

    rencontrent les Franais en matire de logement. Il en pro-

    fite pour faire le parallle entre les questions dinvestisse-

    ment dans le logement (construction et rnovation) et dans

    la transition nergtique. Pour ces deux thmatiques, il faut

    faire la triangulation environnementale, sociale et co-

    nomique. Enfin, il termine son intervention par ce slogan :

    jattends, dit-il, quELV dfende Aucun avantage fiscal et

    financier sans une contrepartie sociale ; sans trahir son

    message, j'ajouterai : et environnementale .

    Quels cologistes ?

    La question nest pas trs bien pose pour

    Denez LHostis, prsident de France Nature Environne-

    ment (FNE). On commence avec Quattend-on des colo

    gistes ? pour finir par Quel

    rle peut et doit jouer ELV ? .

    Cette dmarche est trop nom-

    briliste, car la question se pose

    pour tous les cologistes, issus

    du monde associatif ou poli-

    tique.

    Le monde de lcologie

    doit analyser les critiques qui

    lui sont faites et dpoussirer son discours.

    Denez L'Hostis sinterroge aussi sur un des ADN de

    notre rpublique : elle refuse la diversit culturelle. Com-

    ment peut-elle ensuite comprendre quil y a une biodiver-

    sit ? Et il reprend les conclusions dune enqute dopi-

    nion : Les Franais sinquitent de lenvironnement,

    mais ils nen rvent pas.

    Pour lui, les cologistes doivent clarifier leurs in-

    tentions, faire vibrer les citoyens et en mme temps treplus proche de leurs proccupations. Mais avant tout, ils

    doivent mettre en avant les questions de la justice et de

    lgalit environnementales: comment motiver un ci-

    toyen qui vit dans des conditions environnementales

    dgrades, des conditions qui ont en plus un impact

    ngatif sur sa sant ?

    Edwy Plenel terminera sur un constat et un encou-

    ragement : face la complexit des problmes poss et

    des solutions proposer, le dfi est immense. Il ny a pas

    de raccourcis. Il faut de bons randonneurs : Marchez,

    les cologistes !

    Bernard Lachambre

    Cosecrtaire EELV

    (1) Plus prcisment, la question pose aux interve-

    nants tait la suivante : Alors que lurgence cologique

    est de plus en plus pressante, la pression de la crise co-

    nomique et sociale tend systmatiquement la relguer

    au second plan. Au-del de son rle dalerte reconnu par

    tous, quel discours et quelles propositions lcologie poli-

    tique doit-elle porter en rponse cette multicrise pour

    constituer une alternative reconnue comme crdible ?

    Alors que le logiciel productiviste atteint ses limites et

    que les partis politiques traditionnels connaissent un

    essoufflement sans prcdent, quel rle peut et doit

    jouer Europe cologie Les Verts ?

    4

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    Point de vue

    Au mois de juin dernier, Martine Aubry dcla-

    rait : Il n'est pas trop tard pour russir le quinquen-

    nat. Voil ce qui s'appelle pcher par excs d'opti-

    misme. Entre le renoncement la loi Alur, les embras-

    sades au Medef (qui en redemande) et on en passe, il

    semblerait que l't ait annonc des saisons encore plus

    cruelles venir.

    Il est craindre que se rejoue de manire encore

    plus dramatique, en 2017, le scnario de 2002 : un non-

    choix entre la peste et le cholra, entre la droite et

    lextrme droite. Pardonnez-moi d'avance si j'annonce

    qu'on ne m'y prendra pas deux fois.

    Si le quinquennat parat d'ores et dj au bord

    du naufrage, faut-il pour autant penser comme inluc-

    table le passage de la Rpublique sous l'touffoir

    lepeniste ?

    Toute la difficult rside dans une capacit

    faire natre une alternative crdible. Soyons lucides :

    nous en sommes loin. Les rodomontades autour du vote

    de confiance l'ont montr : suffit-il de renverser le gou-

    vernement pour trouver une nouvelle majorit ? Suffit-ilde se rencontrer sur un stand de la fte de L'Humanit,

    de partager ses dceptions et ses colres pour tracer les

    contours communs d'une autre politique ? Rien n'est

    moins vident.

    Nous l'observons localement dans la parti-

    cipation diffrents collectifs, Stop Tafta ou Comit de

    dfense des retraites. Nous nous retrouvons pour dnon-

    cer des choix qui nous paraissent contraires lintrt

    gnral, c'est--dire sur une logique d'opposition. Nous

    taisons alors nos divergences nombreuses : les posi-

    tions fdralistes et rgionalistes d'ELV heurtent les

    logiques jacobines de certains ; mettre en avant la

    question du travail, du rapport au travail et de ses

    conditions d'exercice comme pralable la question

    de la retraite nous vaut quelques regards suspicieux.

    Et puis, n'est-ce pas, tout le monde est cologiste.

    C'est de mode, pas forcment de conviction, surtout

    si cela remet en cause les approches productivistes

    ou oblige aller au-del d'une critique ncessaire du

    capitalisme pour interroger les logiques individuelles

    et collectives - de consommation, par exemple.

    S'agit-il l de raisons suffisantes pour ne pas

    se mettre la tche avec les partis qui ne refusent

    pas d'assumer la ralit de l'exercice des responsabi-

    lits, avec ceux des socialistes qui ne se retrouvent

    pas dans les injonctions du Premier Ministre ?

    Comment ne pas souscrire aux propos

    d'Eva Joly (1) lorsqu'elle invite constituer une

    dynamique de projet et non de rejet, base sur le

    virage cologique, une rforme des institutions, desrponses sociales la violence de la crise, une envie

    dEurope ? Convaincre de la ncessit de s'engager

    dans la voie de la transition cologique, qui n'est pas

    le verdissement des politiques, ne sera pas chose

    aise, mais ne devons-nous pas porter de manire

    un peu plus flamboyante cette perspective ?

    C'est le rle du parti, non seulement au ni-

    veau national, mais aussi aux niveaux rgional et

    local, d'impulser ce travail de construction indispen-

    sable. Et de grce, laissons les parlementaires leurfonction : l'laboration de la loi, c'est--dire ces ten-

    tatives parfois sans lendemain de faire voluer les

    textes soumis l'Assemble et au Snat, une ma-

    nire de porter au cur des dbats un autre son de

    voix.

    On peut comprendre les interrogations sur

    tel ou tel vote, on peut comprendre que certains

    aient appel les dputs ne pas voter la confiance

    Manuel Valls (2). Mais au nom de cette lgitime

    prise de position, d'aucuns, sur des listes de diffu-sion, n'hsitent pas s'riger en commissaires poli-

    tiques et exiger (au nom de qui ?) une soumission

    sans rserve au Parti . Tous les murs trotskistes

    OPPOSITION / PROPOSITIONS

    Dessin publi

    avec laimableautorisation de

    Charlie Hebdo

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    TAFTA

    ne sont pas tombs

    Rappelons que, si un dput doit une certaine

    lgitimit politique au parti et surtout aux militants qui le

    dsignent, il doit sa lgitimit dmocratique aux lec-

    teurs ! Et il y a toujours un temps pour rendre compte de

    son mandat.

    Alors plutt que d'exiger on ne sait quoi des

    dputs et snateurs dont les positions peuvent ef-

    fectivement tre soumises la critique, mettons

    toute notre nergie ce que le naufrage annonc de

    Hollande ne se transforme pas en Brzina pour les

    cologistes.

    Michel Boutanquoi

    (1) http://www.reporterre.net/spip.php?

    article6299

    (2) Et je suis satisfait du choix de l'abstention.

    UN DNI DE DMOCRATIE

    Dans le cadre d'une lutte contre le projet de trait

    TAFTA (TransAtlantic Free Trade Area), grand march tran-

    satlantique auquel il faut dsormais ajouter le CETA(Canada-EU Trade Agreement), accord Europe-Canada du

    mme type, et l'accord TISA (Trade in Services Agree-

    ment), sur les services comme son nom l'indique, diverses

    organisations avaient demand la Commission euro-

    penne la mise en uvre d'une Initiative citoyenne euro-

    penne (ICE).

    De quoi s'agit-il ? LICE permet un million de

    citoyens europens, issus dau moins sept pays de lUnion,

    dinviter la Commission europenne proposer des me-

    sures lgislatives dans un domaine relevant de sa comp-tence. Prsente par un comit, elle doit d'abord tre

    adopte par la Commission avant de pouvoir tre mise en

    uvre (rcolte des signatures).

    La Commission actuelle, qui est la commis-

    sion sortante, dont la lgitimit prendre des dci-

    sions au-del de son mandat mrite un srieux exa-men, a rcemment rejet la demande.

    Il n'y a pas grand-chose ajouter au commu-

    niqu ci-aprs, que la presse n'a pas relay. Il est sou-

    haitable que nos parlementaires nationaux et euro-

    pens ne restent pas sans voix devant ce dni de d-

    mocratie.

    Michel Boutanquoi

    Dessin publi

    avec laimable

    autorisation de

    Charlie Hebdo

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    7

    La Commission europenne a rejet ce jeudi

    11 septembre une proposition dInitiative Citoyenne

    Europenne (ICE) visant obtenir des tats membres

    quils ne concluent pas les traits UE -USA et UE-Canada -

    TAFTA et CETA. LInitiative avait t dpose par une al-

    liance de plus de 230 mouvements citoyens de 21 tats

    membres de lUnion europenne, dont le collectif fran-

    ais Stop TAFTA, Non au Grand March Transatlan-

    tique .

    Plutt que de rpondre aux inquitudes lgi-

    times concernant la politique commerciale de lUnion

    europenne, la Commission a, par son refus, ferm une

    porte supplmentaire la participation des citoyens.

    Les bases technico-lgales sur lesquelles la Com-

    mission fonde ce rejet sont contestes par les promo-

    teurs de l'Initiative, qui fournissent une contre-analyse

    juridique : la Commission ne peut sabriter derrire lar-

    gument selon lequel un mandat de ngociation dun trai-

    t commercial nest pas un acte lgal de lUnion, et quil

    ne peut tre contest, ce titre, par une Initiative ci-

    toyenne europenne.

    Pour Michael Efler, porte-parole de la coalition

    dorganisations linitiative de cette ICE, si lopinion l-

    gale de la Commission tait justifie, la population euro-

    penne serait de fait exclue du dveloppement de tout

    type daccords internationaux, une ide aussi ef-

    frayante que scandaleuse daprs lui.

    Selon Michel Dubromel, de lassociation

    France Nature Environnement, une des organisa-

    tions initiatrices de lICE en France, au lieu de r-

    pondre aux inquitudes lgard dune politique

    commerciale europenne compltement opaque au

    citoyen, la Commission refuse un dbat de bon sens.

    Dun point de vue citoyen, cest un acte despotique

    alinant tous les peuples dEurope.

    Dans les jours venir, les initiateurs de lICE

    feront connatre leur stratgie face la rponse de

    la Commission europenne.

    Le Collectif Stop TAFTA et tous ses

    membres nen restent pas moins dtermins d-

    montrer la nocivit de laccord transatlantique et de

    son marchepied, laccord UE-Canada. Nous prpa-

    rons ds maintenant la journe de mobilisation eu-

    ropenne du 11 octobre prochain, au cours de la-

    quelle des centaines dactions auront lieu partout en

    Europe.

    Pour en savoir plus :

    - Site du collectif Stop TAFTA : https://

    www.collectifstoptafta.org/

    - Site europen pour la journe daction du

    11 octobre 2014 : http://www.stop-ttip-ceta-tisa.eu/

    fr/

    - Statement by the alliance on the rejection :

    http://stop-ttip.org/europaeische-kommission-will-

    buergereinfluss-bei-ttip-und-ceta-ausschalten/

    - Rejection by the EU Commission : http://

    ec.europa.eu/citizens-initiative/public/initiatives/

    non-registered/details/2041

    Communiqu de presse du collectif franais Stop TAFTA,

    Non au Grand March Transatlantique

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    8

    Je suis, videmment, contre la peine de mort,

    mais j'ai des envies de meurtre contre Tina. Elle a peineune quarantaine d'annes, mais, depuis les annes 70,

    elle empoisonne compltement le dbat sur les questions

    conomiques en empchant toute remise en cause du

    modle libral, toute approche nouvelle, toute crativit.

    Tina - there is no alternative -, c'tait le cri de guerre

    de Margaret Thatcher, en rponse ceux qui critiquaient

    sa politique conomique ultralibrale et injuste. Il n'y a

    pas d'alternative , c'est exactement la traduction en

    franais de cette formule qu'a employe Valls pour r-

    pondre aux propositions des contestataires du PS au moisd'aot de cette anne.

    Retour sur la rvolution nolibrale

    Avec le krach boursier du 24 octobre 1929 com-

    mence la Grande Dpression. La crise boursire dgnre

    en crise financire : la production s'effondre et le ch-

    mage explose. Commence aux tats-Unis, la crise se

    propage en Europe et devient mondiale.

    Pour y rpondre, Franklin Roosevelt, qui prend

    ses fonctions en mars 1933, va lancer le New Deal, une

    intervention conomique massive de l'tat. Roosevelt

    entreprend une grande rforme boursire et bancaire et,

    face l'insuffisance de la demande, il lance une politique

    de relance inspire par Keynes : il met en place une assu-

    rance chmage, des allocations vieillesse et des aides auxplus dmunis. Il soutient l'agriculture par des subven-

    tions et lance une politique de grands travaux. Cette poli-

    tique peut tre caractrise par une forte rgulation par

    l'tat de l'activit conomique et financire et la mise en

    place d'un tat-providence qui va persister jusqu' la fin

    des Trente Glorieuses.

    Mais pour les tenants du libralisme conomique,

    l'tat-providence et les politiques de rgulation sont des

    entraves la course aux profits. Pour Friedman, Hayek et

    les thoriciens du nolibralisme, il faut dbarrasserl'conomie de toutes les contraintes : impts, rglemen-

    tation, intervention de l'tat, etc. C'est le march qui va

    tout rgler et il va en rsulter une grande prosprit pour

    tous. Thatcher et Reagan vont mettre en musique cette

    politique en commenant par diminuer les impts des

    plus riches et en s'attaquant l'tat-providence. Et en

    plus, ils vont faire croire que c'est la seule politique pos-

    sible : Tina.

    Thorie du ruissellement et dogme du mar-

    ch efficient

    Thatcher et Reagan vont justifier le tournant no-

    libral par deux principaux arguments : le ruissellement

    et l'efficience du march. Selon la thorie du ruisselle-

    ment, quand les riches s'enrichissent, mme les plus

    pauvres en profitent aussi : par leur consommation ou

    par l'investissement, les revenus des plus riches sont

    injects dans l'conomie, contribuant l'activit cono-

    mique et l'emploi. Ainsi, selon cette thorie, les riches

    ne sont pas riches au dtriment des pauvres.

    Le dogme du march efficient prtend que, quand

    le march est suffisamment large, les cours rsultant de

    la loi de l'offre et de la demande quivaudraient toujours

    au juste prix (des actions, des marchandises, des sa-

    laires). Or si c'tait vrai, il ne pourrait jamais y avoir de

    bulle spculative, puisque dans ce cas, les prix ne sont

    pas justes, mais surestims. Avec la rvolution nolib-

    rale, l'tat n'a plus intervenir dans l'conomie, il faut

    simplement laisser faire le march. Les crises succes-

    sives, jusqu' celle des subprimes, ont dmenti, dans les

    faits, ce dogme.

    On comprend aisment que les vrais objectifs des

    nolibraux sont inavouables : travers la politique dite

    conomie

    EN FINIR AVEC TINA

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    9

    de l'offre, travers les activits spculatives, il s'agit d'ac-

    caparer toujours plus de richesses, d'largir la sphre du

    profit par la privatisation des services publics et de r-

    duire l'tat ses fonctions rgaliennes - police, arme,

    justice. Mais qu'en est-il de la prosprit annonce pour

    tous ?

    Du mythe la ralit

    On est trs loin des objectifs affichs par les te-

    nants du nolibralisme. D'abord, les ingalits sociales

    ont explos. L'ONG Oxfam explique en janvier de cette

    anne que 1 % de la population mondiale dtient prs de

    50 % des richesses. Pour Thomas Piketty, les 10 % les plus

    riches ont absorb entre deux tiers et trois quarts des

    fruits de la croissance au cours de ces vingt dernires

    annes (1). Mme le forum conomique de Davos, qui

    s'est termin le 25 janvier 2014, identifie les disparits

    grandissantes de revenus comme un risque pour les pro-

    grs humains.

    Depuis des annes, les Nobel d'conomie Krugman

    et Stiglitz alertent les responsables politiques au niveau

    mondial. Ils disent que c'est cette politique de l'offre qui

    est l'origine de l'aggravation des ingalits, du chmage,

    de la prcarisation, mais galement de la constitution des

    bulles spculatives et des crises, dont celle de 2008.

    En effet, les drgulations ont permis un formi-

    dable dveloppement de la sphre financire. Les traders

    ont pu s'en donner cur joie dans la mise au point de produits drivs , dans l'opacit la plus totale. Tout cela

    aboutissant finalement l'clatement de la bulle spcula-

    tive immobilire amricaine (subprime) et, par cascades,

    la crise financire mondiale de 2008, dans laquelle nous

    sommes encore.

    Les Trente Glorieuses n'avaient dj pas t ter-

    ribles pour la plante, mais en 30 ans de nolibralisme,

    toutes les drgulations ont eu des consquences colo-

    giques encore plus dramatiques : l'puisement des ner-

    gies fossiles, la dforestation massive, la destruction des

    cosystmes, l'appauvrissement de la biodiversit et le

    drglement climatique d'aujourd'hui. Et le modle de

    consommation ostentatoire des plus riches, qu'on nous

    impose longueur de journe sur les mdias et qui n'est

    pas gnralisable l'ensemble de la plante, est une sorte

    de pousse-au-crime contre un modle durable.

    Hollande, Valls et le social-libralisme

    Le social-libralisme n'est qu'une variante du lib-

    ralisme. Avec le Pacte de responsabilit, la politique co-nomique actuelle du gouvernement s'inscrit dans la ligne

    de la politique de l'offre : il faut permettre aux entreprises

    de rtablir leurs marges pour qu'elles puissent investir,

    retrouver les chemins de la croissance et ainsi crer de

    l'emploi. Or l'conomiste Lim Hoang-Ngoc explique que

    le thorme de Schmidt - Les profits d'aujourd'hui

    sont les investissements de demain et les emplois

    d'aprs-demain - est faux. Il montre que la part

    des profits dans la valeur ajoute s'est accrue, mais

    celle consacre l'investissement a diminu au profit

    des dividendes (2).

    Actuellement, dans la mesure o les capacits

    de production des entreprises sont sous-utilises, elles

    n'ont aucun intrt investir, mme en prsence de

    mesures fiscales favorables (3). D'ailleurs, plus de la

    moiti des PME se plaignent de la pauvret de leur car-

    net de commandes. On voit bien que les mesures

    d'austrit induites par la politique de l'offre ne font

    qu'aggraver les choses. Elles n'ont pas permis de r-

    duire les dficits tout en entranant un accroissement

    du chmage et de la pauvret. Et il est vident aussi

    que la rduction des dotations de l'tat aux collectivits

    aura des effets rcessifs.

    Si, d'autres choix sont possibles !

    Il y avait donc d'autres solutions que le Pacte de

    responsabilit : par des mesures budgtaires aux mon-

    tants quivalents, le gouvernement pouvait agir sur la

    demande en ciblant l'augmentation du pouvoir d'achat

    sur les mnages les plus modestes. C'est la demande

    qui cre l'offre et non l'inverse. C'est elle qui pousse les

    entreprises investir et innover. (3). En fait, non

    seulement les politiques de l'offre sont inefficaces, maiselles accroissent les ingalits : finalement, c'est leur

    but rel... mais inavouable.

    Une autre faon de relancer l'activit cono-

    mique et l'emploi est la transition cologique ; il faut

    dgager des moyens financiers importants pour des

    investissements d'avenir : l'isolation thermique et l'effi-

    cacit nergtique, les nergies renouvelables, les

    transports en commun, les quipements de proximit.

    Pour toutes ces politiques conomiques, le niveau le

    plus pertinent est le niveau europen, mais encore fau-drait-il que les responsables franais mnent la bataille

    politique.

    Non, feu Madame Thatcher, non, Monsieur Valls,

    il n'y a jamais une seule politique conomique possible,

    il y a toujours des alternatives. Dcidment, il faut vrai-

    ment euthanasier Tina

    Grard Mamet

    (1) L'enjeu fiscal est d'abord dmocratique,Alternatives conomiques n 336, juin 2014, p. 64.

    (2) L'conomie Politique n 63, juillet-aot-

    septembre 2014, p. 31.

    (3) idem p. 32.

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    10

    Devant le risque

    dpuisement de laction

    publique, une demande

    de changement de cap

    s'exprime. Mais de quel

    cap parle-t-on ? Ny a-t-il

    quune seule alternative

    possible celui que les

    pays de lUnion euro-

    penne se sont impos ?

    Laustrit: une consquence de laugmenta-tion de la dpense publique pendant 35 ans

    Pour une partie de la socit, laustrit rsulte de

    la baisse de la dpense publique. Or, lvolution des

    comptes publics des trente-cinq dernires annes montre

    linverse, savoir que laustrit est la consquence de la

    hausse - crdit - de la dpense publique, accentue avec

    la crise de 2008. Alors, comment est-il possible que des

    thses aussi opposes puissent tre dfendues ? En ralit,

    deux phnomnes peuvent se cumuler. Dans la situation

    actuelle de ralentissement conomique, une baisse impor-tante de la dpense publique, comme on la observe au

    sud de lEurope, peut prcipiter la rcession. Cela pourrait

    galement arriver en France. Mais le ralentissement co-

    nomique peut aussi venir d'une relance par l'investisse-

    ment, comme ce fut le cas la suite des 35 milliards enga-

    gs en 2011 par Franois Fillon, provoquant une augmenta-

    tion importante des dficits et de la dette.

    Tout a commenc aprs la crise ptrolire de

    1974 et linterdiction faite aux tats demprunter auprs

    des banques centrales, et avec lacclration de la mondia-

    lisation, qui a conduit une rosion continue de la crois-

    sance - mesure avec le PIB - en occident. L, beaucoup

    ont considr, enferms dans le mythe des Trente

    Glorieuses, que cette

    situation tait passa-

    gre, et ils ont suc-

    comb aux sirnes de

    la finance, qui leur

    offrait des crdits sur

    un plateau, pourmaintenir un niveau

    de dpense publique

    identique, voire crois-

    sant, en installant lillu-

    sion du modle social

    sans limites. Le crdit

    tait mme vant

    comme un moyen de

    senrichir. Il en fut de

    mme pour les agents

    conomiques privs et

    les mnages.

    Pourtant, au gr des

    relances successives de la dpense - mtine doffre et

    de demande, mais surtout de demande (relance de la

    consommation, investissements publics...) -, dont la

    premire a t engage par Raymond Barre et la der-

    nire par Franois Fillon (les gouvernements de gauche

    y ont pris leur part, bien entendu), et faute de retour de

    cette croissance tant vnre, on a observ de manire

    systmatique, avec un dcalage d'un ou deux ans, un

    manque de recettes qui a systmatiquement conduit

    une compensation par laugmentation du recours lem-

    prunt et aux prlvements obligatoires. Ce qui a fait

    gonfler les dficits, la dette et la pression fiscale et so-

    ciale sur les mnages et les entreprises, pour aboutir

    la rduction de nos marges de manuvre et la rces-

    sion.

    La baisse de la dpense publique en France

    constitue un sujet qui, bien quil occupe une place im-

    portante dans les dbats depuis plusieurs annes, est

    dans les faits dune actualit trs rcente. En effet, elle

    nest vritablement mise en uvre que depuis cette

    anne, avec le budget 2014, et ne peut tre que trspartiellement en cause dans la situation actuelle de ra-

    lentissement de lconomie. Il est donc totalement abu-

    sif de lui faire porter le chapeau de la rcession et des

    difficults des mnages.

    Concrtement, si on observe lvolution des sa-

    laires, on constate que, dans le secteur priv, ils ont

    augment au moins autant que linflation. Certes, ils

    sont bloqus dans le secteur public depuis quatre ans,

    mais la progression des indices permet globalement un

    maintien du pouvoir dachat (sauf pour les contractuels,malheureusement de plus en plus nombreux, et les re-

    traits). En ralit, les difficults des mnages il faut

    sintresser principalement la classe moyenne basse,

    entre un et deux SMICont bien dautres origines que

    Dficit, dette et autres joyeusets

    UN CHANGEMENT DE CAP, MAIS LEQUEL ?

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    11

    la baisse de la dpense publique. On y trouve notamment

    laugmentation du cot de lnergie et des loyers dans une

    catgorie pour laquelle laccession la proprit reste diffi-

    cile (do la pertinence dune action dtermine dans le

    temps sur ces deux sujets), mais aussi la perte demploi qui

    fait s'effondrer le pouvoir dachat des mnages concerns

    et des familles dont les jeunes ne trouvent pas de travail.

    Et, bien entendu, les augmentations dimpts, dont la res-ponsabilit revient en grande partie la majorit gouverne-

    mentale et parlementaire en place : gel du barme de lim-

    pt et suppression de la demi-part des veuves , certes

    dcids sous Sarkozy, mais non remis en cause ; suppres-

    sion de la dfiscalisation et de la dsocialisation des

    heures supplmentaires ; fiscalisation de la part patronale

    de la cotisation mutualiste ; fiscalisation du supplment

    retraite pour famille nombreuse, etc. Les cologistes peu-

    vent accabler le gouvernement en se convainquant que la

    baisse du pouvoir dachat des classes moyennes rsulte de

    sa (celle du gouvernement) politique daustrit, quils ne

    cautionnent pas, mais ils devront rendre des compte sur

    leur (celle des partis au pouvoir) politique fiscale, celle

    laquelle ils ont particip, quils ont vote sans la moindre

    hsitation et qui a pes lourdement sur le pouvoir dachat

    des classes moyennes basses. On peut citer lexemple de ce

    couple denseignants retraits qui a vu ses impts augmen-

    ter de 600 avec la fiscalisation du supplment de 10 % de

    pension retraite pour famille nombreuse, quand ses reve-

    nus ne baissaient (en euros constants) que de 40 50 par

    an, ou de cette vieille dame qui a perdu 450 de pouvoir

    dachat (suppression de la demi-part des veuves ) en

    tant impose pour la premire fois, alors que son revenu

    ne baissait que de 20 (en euros constants).

    Mme si cela bouscule des raisonnements apparemment

    bien huils, qui ont pour consquence dempcher une

    remise en cause profonde du modle, cest bien lexcs de

    dpenses publiques non compens (je ne dveloppe pas ici

    la question du transfert de richesses) depuis 35 ans et ladette qui sensuit qui sont en cause dans la rcession co-

    nomique, et non la perspective de baisse de la dpense

    publique, qui pourrait toutefois laggraver.

    Le changement de cap a dj eu lieu

    Dans ce contexte, quel doit tre le cap poli-

    tique ?

    Il est bien lgitime et naturel, dans ce contexte

    de crise, de critiquer les choix de celles et ceux qui sont

    en responsabilit et dappeler des changements, un

    changement de cap. Il y a ceux qui veulent le change-

    ment sans trop savoir ce qui pourrait tre fait et repren-nent sans discernement les slogans la mode, et ceux

    qui ont une ide bien prcise. Dans cette seconde cat-

    gorie, on trouve toutes les orientations possibles, y com-

    pris un scnario et son contraire. Cela pour dire quau-

    cun modle ne simpose

    gauche, le changement de cap correspond le

    plus souvent une proposition de relance de la de-

    mande, sur des base cologiques quand elle est dcline

    par les partis du mme nom. Ce qui laisse supposer de

    belles empoignades et de nouvelles divisions entre lesdiffrents partisans de la demande si cette option tait

    l'ordre du jour, tant le modle et les partisans de la

    croissance lamineraient les cologistes. Et ce nest pas

    prendre beaucoup de risques que daffirmer que la ma-

    jorit des projets dinvestissements auraient peu voir

    avec lcologie. Par ailleurs, le regain dactivit ne serait

    que passager et serait suivi une fois encore dune d-

    pression conomique en sortie... comme ce fut le cas

    systmatiquement pendant les 35 dernires annes (Cf.

    plus haut).

    Si on peut lgitimement douter des rsul-

    tats dune politique de loffre, on doit avoir autant

    de circonspection concernant les rsultats dune poli-

    tique de la demande et ne pas cder aux chimres, qui

    dsespreront une fois encore les citoyens. En ralit, il

    faut de loffre et de la demande, sachant que les dcen-

    nies passes ont connu un dsquilibre en faveur de la

    demande. Mais cela ne suffit pas et a, les cologistes le

    savent mieux que dautres. Si on reste accroch au mo-

    dle productiviste et au seul indicateur de la croissanceet du PIB, il ny aura pas dissue. Mais convenons que

    nos propositions ne convainquent pas.

    Ce cap de la relance par la demande est suppo-

    s correspondre au programme lectoral sur lequel se

    sont engags les partis de gouvernement et le prsident

    de la Rpublique. Cest vrai, mais en partie seulement,

    car le projet promettait dabord de mettre en premier la

    lutte contre le chmage et la restauration des comptes

    publics.

    Mais que sest-il pass en ralit depuis

    llection prsidentielle de 2012 ? Au dbut de la

    mandature, cest bien le programme lectoral qui a t

    mis en uvre, le redressement dans la justice , avec

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    pas moins de 30 milliards dimpts supplmentaires et

    une rduction limite de la dpense publique sur les

    budgets 2012 et 2013. Malheureusement, cette poli-

    tique a chou trs rapidement. Certes, elle a permis

    de mettre contribution les revenus levs (tranche

    d'impt sur le revenu 45 %, baisse du quotient fami-

    lial de 2 300 2 000, puis 1 500 , alignement de la

    fiscalit des revenus du patrimoine sur ceux des sa-laires, maintien de la surtaxe de 10,7 % sur l'impt sur

    les socits des socits dont le CA est suprieur

    250 M, etc.), mais elle a chou pour redresser les

    comptes publics dans la justice.

    chec dans la justice, parce que la classe

    moyenne basse a vu ses impts augmenter alors mme

    que ses revenus naugmentaient pas (ou augmentaient

    peu), et cela dans des proportions importantes, plu-

    sieurs centaines deuros par an ; certains devenaient

    imposables et perdaient du coup des exonrations di-verses (taxe d'habitation, redevance tl). En compl-

    ment des exemples cits plus haut, on peut galement

    observer quun retrait percevant 1 300 par mois

    aura vu son impt augmenter de plusieurs centaines

    deuros en 2013 et 2014, alors quil ne perdra que

    6,5 par mois avec le gel des pension au-del de

    1 200 par mois en 2015, quand un retrait percevant

    1 100 euros par mois aura vu les mmes hausses dim-

    pts, mais maintiendra son niveau de retraite en 2015,

    tout cela en euros constants. Il en est de mme pour unouvrier ou un chauffeur routier, qui auront perdu les

    avantages lis aux heures supplmentaires. Ces l-

    ments expliquent en grande partie les revers lectoraux

    du printemps dernier, bien plus que la baisse de la d-

    pense publique, que la plupart de nos concitoyens

    nont pas (encore) vue.

    chec du redressement galement, puisque

    les 30 milliards de recettes supplmentaires program-

    ms nont en ralit produit quune recette de 15 mil-

    liards, soit un manque gagner de la moiti, ce qui napas permis de rduire les dficits autant que prvu.

    Cest l aussi un chec sur lequel il conviendrait de sar-

    rter pour en comprendre les raisons, alors que la

    croissance moindre que prvu ne peut en expliquer

    que le quart. En tout cas, les libraux ont eu vite fait de

    ressortir leur slogan favori : Trop dimpt tue limpt,

    expliquant que les augmentations dimpts avaient pro-

    voqu des changements de comportement, des adapta-

    tions des agents conomiques destins rduire leur

    assiette fiscale. cet instant, je voudrais partager une

    rflexion. Durant toutes ces annes, alors que je soute-

    nais le renforcement de limpt progressif que je sou-tiens toujours puisque je propose rgulirement linstau-

    ration par amendement dune tranche marginale de lIR

    49 et de lIS -, jai refus longtemps de croire que laug-

    mentation des impts pouvait favoriser lvasion fiscale.

    Je suis oblig de dire aujourdhui que cest pourtant une

    ralit, et chacun connat les chiffres faramineux que cela

    reprsente. Je dois me rendre lvidence : laugmenta-

    tion des impts engendre fraude, vasion et optimisation

    fiscales.

    Cest bien ce double chec qui a conduit le gouver-nement, courant 2013, confirmer et amplifier le chan-

    gement de cap amorc avec le Crdit d'Impt Comptiti-

    vit Emploi (CICE) 6 mois plus tt, en dcembre 2012,

    lors du collectif budgtaire. Le changement de cap a donc

    eu lieu et il ny en aura pas dautre, parce que nos diri-

    geants actuels sont convaincus que

    la relance par la demande a

    trop longtemps chou et quils

    nont pas de modle alternatif,

    pas plus que les frondeurs ,le Parti de gauche ou

    Montebourg ; cest ce que le

    prsident de la Rpublique a

    voulu indiquer quand il a dit

    quil ne voulait pas faire de

    godille . Cette clarification

    est importante et elle sexplique quand on reprend len-

    semble des lments et de la squence depuis 2012. En

    tout cas, elle donne un cadre au dbat stratgique dans

    les mouvements politiques. Soit on campe sur une d-

    nonciation du cap actuel en rcitant notre programme,

    et dautres le leur, et on cristallise la rupture entre deux

    gauches dans la perspective dune lutte mort pilote

    par un conglomrat htrogne contre la social-

    dmocratie, soit on rflchit dans ce cadre en sinscri-

    vant dans la perspective dune mutation de cette social-

    dmocratie. Chacun aura son avis sur ce qui peut tre le

    plus efficace, mais il ne faudra pas oublier de prendre en

    compte, dans ce dbat stratgique, ltat des forces et

    des quilibres politiques une chelle supranationale,

    au moins en Europe.

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    13

    Unir la gauche et les cologistes autour dob-

    jectifs clairs et dun changement de cap rel

    Le drame politique je ne parle pas ici du drame

    social - dans tout cela, cest la division des forces de pro-

    grs, au sein desquelles on peut craindre que lapptence

    pour lindignation et les combats mort (politique) ne

    servent de principale motivation, au risque de confiner la

    gauche limpuissance.

    Plutt que de scharper au sujet de lutilit ou

    non de rduire les dficits, la gauche ferait mieux dap-

    profondir sa rflexion et son unit sur une rponse une

    autre question : qui doit payer la dette ? Cela fait

    20 ans que lon repousse lchance de la matrise des

    dficits et de la dette en promettant qu'une fois la crois-

    sance revenue avec la relance, on pourra rduire les pre-

    miers pour rembourser la seconde. Cest une pure chi-

    mre, que les faits illustrent parfaitement. Et les colo-gistes, porteurs plus que dautres de lintrt des gnra-

    tions futures, devraient tre les fers de lance de cette

    bataille.

    Concrtement, il sagit de rduire les dficits et de

    faire payer la dette, dune part par celles et ceux qui pra-

    tiquent lvasion fiscale, dautre part par les cranciers de

    la dette, et notamment ceux qui ont spcul sur les

    dettes souveraines pour senrichir plus que de raison.

    Mais cela ne nous dispensera pas de questionnements et

    dvolutions sur la dpense publique. Il ne sagit pas desubstituer un mythe un autre et dchapper nos res-

    ponsabilits. Et mme si lUnion europenne devait l-

    cher du lest sur le rythme de rduction des dficits ce

    quelle a fait dj une fois en faveur de la France, courant

    2013, en reculant lchance des 3 % de deux annes, et

    ce qu'elle pourrait faire encore lavenir , le problme

    ne serait pas rgl pour autant.

    Il faut donc satteler cette tche consid-

    rable et cela passe invitablement par lEurope. Il est

    temps que celle-ci ne se proccupe plus seulement des

    dpenses des tats pour fixer une trajectoire de rduc-

    tion des dficits publics, mais quelle associe cette trajec-

    toire une autre, celle de lextinction de lvasion fiscale,

    pour amliorer les recettes des tats. Si les tats peuvent

    mener des politiques efficaces pour stopper lvasion

    fiscale des particuliers (voir la russite de la loi contre la

    fraude et la grande dlinquance financire de lt 2013,

    si peu mise en valeur), il est ncessaire quils sallient

    pour mettre fin celle pratiques par les multinatio-

    nales, sur la base du Programme BEPS prpar par

    l'OCDE (un ensemble de 15 actions prtes lemploi,

    destines lutter contre lrosion des bases fiscales et

    les scandaleux prix de transfert). Jinsiste : seule unetrajectoire dextinction de lvasion fiscale et la mise

    contribution des cranciers de la dette permettront une

    adhsion des peuples une trajectoire de rduction des

    dficits publics et permettront de ne pas ruiner laction

    et la dpense publiques.

    Le second sujet est celui de linvestissement

    public et des grands travaux , quil faut regarder ga-

    lement sous langle de la dette et des dficits. Linvestis-

    sement est devenu le talisman du progrs. Il est dail-

    leurs ncessaire la transition cologique. Mais il faut

    faire trs attention au fait que linvestissement public

    na pas les mmes caractristiques que linvestissement

    priv. En effet, ce dernier samortit au sens o il est ren-

    table, dans la mesure o les annuits demprunt et les

    intrts de la dette sont financs par autant dcono-

    mies de fonctionnement (baisse deffectifs), destines

    amliorer la productivit ou la vente dun nouveau

    produit ou service. Et si cet investissement nest a priori

    pas rentable, les dirigeants de lentreprise dcideront de

    ne pas le raliser. Linvestissement public a un autreobjectif : rendre des services (culturels, sportifs, duca-

    tifs, de dplacement, etc.). Non seulement il nest pas

    rentable au sens financier, mais il peut coter trs

    cher, surtout au-del de linvestissement initial

    (personnel, maintenance, fluides), qui peut ne repr-

    senter quune petite partie de la dpense totale (75 %

    des cots dun btiment seront engags dans les 60 ans

    qui suivent linvestissement initial). En consquence, en

    labsence de recettes correspondantes, il psera soit sur

    la dette, soit sur les prlvements, soit sur les deux. Voi-l comment il faut analyser les rticences, notamment

    au niveau de lUnion europenne, vis--vis dun grand

    programme dinvestissement qui va obligatoirement

    aggraver les dficits et creuser la dette. Cest ainsi que le

    programme de relance par linvestissement du gouver-

    nement Fillon a conduit cette situation. Et l, nous

    avons, nous cologistes, une chance extraordinaire : les

    investissements dans la transition nergtique, en parti-

    culier les conomies dnergie, sont rentables . Ce

    sont en effet les seuls investissements qui engendrent

    des conomies et pour lesquels on connat prcisment

    le temps de retour. Autrement dit, la transition colo-

    gique nest pas un sujet et un grand chantier dinvestis-

    sement parmi dautres, elle doit tre le cur des inves-

  • 8/11/2019 FV octobre 2014.pdf

    14/28

    tissements. Un grand chantier, qui consiste en ralit

    en des millions de petits projets ancrs sur les terri-

    toires.

    Voil donc les deux priorits que le gouverne-

    ment franais doit faire siennes et faire valoir au sein

    de la Communaut europenne. Il sera bien plus cr-

    dible en empruntant cette voie qu'en se contentant

    desprer toujours de nouveaux reports des objectifs

    de rduction des dficits publics, en ajoutant de la

    dette la dette et en hypothquant encore un peu plus

    lavenir.

    Ce sont les deux priorits sur lesquelles les par-

    tis de gauche et cologistes devraient sunir.

    Tout changement de cap qui voudrait

    sexonrer de la rduction des dficits et de la

    dette est vou lchec, car il expose notre pays

    de graves dconvenues et ne fera que reporter

    lchance sur nos successeurs. Il revient donc aux par-

    tis politiques, notamment Europe cologie Les Verts,

    de sinscrire dans ce cadre et dy faire valoir leurs pro-

    positions originales en phase avec leurs valeurs. Cest--dire une vision offensive du remboursement de la

    dette, qui mobilise les diffrents acteurs proportion

    de leurs capacits financires respectives, et une ap-

    proche slective des investissements en direction de la

    transition nergtique. Pour vraiment redresser les

    comptes publics dans la justice et grce lcologie.

    Il y a donc bien un changement de cap faire

    valoir, mais cest celui de lcologie, pas celui de la

    vieille gauche.

    ric Alauzet

    Dput EELV Doubs

    14

    Vous ntes pas adhrent dEurope Ecologie Les Verts de Franche -Comt ?

    Et du mme coup, vous ne recevez pas systmatiquement

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    Comment recevoir La Feuille Verte ?

  • 8/11/2019 FV octobre 2014.pdf

    15/28

    Pour la deuxime fois depuis sa nomination

    Matignon, la premire depuis le remaniement du 26 aotdernier, Manuel Valls, loccasion de la constitution dun

    nouveau gouvernement, a prononc le 16 septembre son

    discours de politique gnrale et sollicit la confiance des

    parlementaires. lissue de cet exercice, ces derniers la

    lui ont majoritairement accorde, avec 269 voix pour et

    244 contre. 52 se sont abstenus.

    Jai soutenu et je continue soutenir le

    gouvernement, parce quil faut se serrer les coudes tel-

    lement la situation est difficile et parce que personne ne

    peut prtendre dtenir une solution cl en main.

    Ce soutien au gouvernement, je l'ai apport jus-

    quici sur la base de deux lments. D'une part, on ne

    peut plus continuer vivre crdit et aggraver la

    dette ; a nous cote une fortune (2) ; et d'autre part,

    il faut soutenir nos entreprises ds lors quelles ne prati-

    quent pas lvasion fiscale et que les dividendes et les

    revenus des dirigeants ne sont pas excessifs.

    Mais je me suis abstenu sur le vote de con-

    fiance au gouvernement Valls 2, dune part en raisondune dcision de groupe (3) en faveur de labstention, et

    dautre part parce que jai souhait cette occasion

    adresser trois messages au gouvernement.

    Le premier en rponse aux dclarations et aux

    dcisions hasardeuses depuis la rentre (renoncement

    la maitrise des loyers prvue par la loi ALUR, remise en

    cause des normes sur les rejets de nitrates, ou encore

    stigmatisation des chmeurs .

    Les deux autres messages pour inviter une autre

    politique conomique et des mesures plus sociales.

    Un second message, plus au fond, qui sadresse autant

    au gouvernement qu ceux qui sy opposent gauche;

    les uns comme les autres ne voient la sortie de crise qu

    travers la relance (offre ou demande), qui repose exclusi-

    vement sur le pari de la croissance, dont on sait quelle ne

    reviendra pas du fait de la mondialisation, de la rarfac-

    tion des matires premires et du changement clima-

    tique. Parce que son contenu est parfois ngatif (dgts

    et rparation contribuent au PIB !) et parce quelle oublie

    les nombreux changes bnfiques notre niveau de viemais qui ne sont pas montariss (conomie domestique,

    associative, collaborative, etc.)

    Le troisime message concerne la baisse de la

    dpense publique. On peut en limiter le montant si lEu-rope sorganise pour consolider la recette des tats en

    luttant contre lvasion fiscale agressive. Ce qui permet-

    tra de prserver les plus modestes, notamment les pe-

    tites retraites et les petits salaires ( signaler nanmoins,

    pour les salaris au SMIC et un peu au-dessus, un crdit

    dimpt de 350 700 en 2014 et encore plus lev en

    2015, financ par la lutte contre lvasion fiscale).

    Je demande galement un soutien plus fort aux

    collectivits locales afin quelles soient capables doffrir

    du travail aux entreprises de leur territoire, ce qui per-mettra galement de prserver les investissements des

    collectivits, en particulier ceux qui sont orients vers la

    transition nergtique .

    ric Alauzet

    (1) Cet article reprend en grande partie les termes de

    l'explication de vote d'ric Alauzet.

    (2) Voir dans ce numro l'articleUn changement de cap,

    mais lequel ?

    (3) On trouvera l'intervention de Barbara Pompili au

    nom du groupe ELV sur : http://www.ecolodepute-e-

    s.fr/2014/09/16/c-est-l-ensemble-de-la-classe-politique-

    qui-n-a-plus-la-confiance-des-fran%C3%A7ais/

    15

    Dclaration de politique gnrale du 2egouvernement Valls

    POURQUOI JE ME SUIS ABSTENU (1)

    Dessin publi

    avec laimable

    autorisation de

    Charlie Hebdo

  • 8/11/2019 FV octobre 2014.pdf

    16/28

    16

    Le premier numro de La Feuille Verte des

    Verts du Jura (dcembre 1991)

    Le premier numro de la nouvelle Feuille

    Verte des VFC mal numrote !

    Un numro de la Feuille Verte Besanon

    cologie (octobre 1994)

    Le n1 de la nouvelle Feuille Verte qui

    devrait sappeler n2 ...

    PETIT HISTORIQUE

    200enumro de La Feuille Verte

  • 8/11/2019 FV octobre 2014.pdf

    17/28

    La Feuille Verte a un an. Happy birthday to

    you !

    La Feuille Verte fte labandon du Grand Canal

    Aprs les premires journes dt Lamoura

    17

    Des intrus se sont glisss parmi les Feuille Verte suivantes. Saurez-vous les retrouver ?

  • 8/11/2019 FV octobre 2014.pdf

    18/28

    La Feuille Verte entre dans le XXIesicle avec

    un nouveau look.

    Le numro 100 !

    Aprs les secondes journes dt de Lamoura

    La Feuille Verte a 10 ans et soffre une belle

    coquille !

    18

  • 8/11/2019 FV octobre 2014.pdf

    19/28

    19

    Janvier 2011 : le dernier numro avec le

    look ancien

    t 2012 (n177), La Feuille Verte est en tat

    de mort clinique !

    et le nouveau look en fvrier 2011.

    Elle ressuscite en novembre (n179) avec

    28 pages, record battu ! (Et un nouveau respon-

    sable de la mise en pages.)

  • 8/11/2019 FV octobre 2014.pdf

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    20

    Fvrier 2013, nouveau passage de relais (n182)

    Europe Ecologie Les Verts de Franche

    omt

    (14, rue de la Rpublique, 25000 Besanon)

    Directeur de publication :

    Grard Roy

    omit de lecture : Michel Boutanquoi, Grard Mamet,

    Grard Roy, Suzy Antoine

    CPPAP:

    0518 P 11003

    Maquette :

    Corinne SalviMise en page :

    Suzy Antoine

  • 8/11/2019 FV octobre 2014.pdf

    21/28

    21

    Du 10 au 18 juin, mon pouse et moi-mme

    avons particip avec 25 autres personnes un voyage

    en Tunisie, organis par l'Universit ouverte de Franche

    -Comt et s'inscrivant dans le cadre d'un cycle de con-

    frences sur les processus rvolutionnaires dans le

    monde arabe. Il faisait suite surtout une confrence

    donne Besanon par le doyen de l'universit de la

    Manouba de Tunis, Habib Kazdaghli. Confrence axe

    essentiellement sur les fortes tensions subies par lui,

    depuis la fin novembre 2011 jusqu' l't 2012, de la

    part de jeunes salafistes. Ceux ci, pour la plupart tran-

    gers l'tablissement, se sont installs dans les locaux

    pour rclamer le droit au port du niqab en classe et lors

    des examens, ainsi qu'un lieu de prire, ce qui tait

    contraire au rglement intrieur. L'universit a t oc-

    cupe pendant plus d'un mois avant que les ministres

    concerns, de l'Intrieur et de l'Enseignement sup-

    rieur, tous deux du parti Ennahdha, rpondent sa de-

    mande de faire vacuer les locaux. Aujourd'hui, la si-

    tuation est moins tendue mais le doyen reoit encore

    rgulirement des menaces de mort et il est accompa-

    gn dans tous ses dplacements par un garde du corps.

    Voici donc quelques impressions de ce voyage.

    Les rencontres

    La connaissance de la Tunisie par nos deux orga-

    nisateurs, Jacques Fontaine et Jean-Paul Bruckert, ns

    dans ce pays, professeurs l'Universit de Besanon,

    nous a permis de faire deux rencontres intressantes.

    La premire, tout au nord de la Tunisie, Menzel

    Bourguiba (ex-Ferryville), prs de Bizerte (ancien arse-

    nal de la marine franaise), avec un groupe d'une quin-

    zaine de personnes appartenant une association cul-

    turelle et citoyenne, compos d' une majorit de

    femmes. La deuxime, Tunis, avec une professeure

    d'histoire, Kmar Bendana, et un gographe, Fathi

    Chamki.

    Deux vnements qui ne sont pas ressortis dans

    les mdias franais ont t cits par les deux groupes.

    Pour eux, la rvolution a dbut dans le Sud tunisien,

    en 2008, lors d'une grve des ouvriers des les mines de

    phosphates, qui a dur prs de 6 mois et a t rpri-me avec une grande brutalit.

    Ils estiment qu'en 2011, la rvolution a t enca-

    dre par les pays occidentaux, qui ont estim qu'il

    fallait donner une chance aux islamistes modrs. Ils se

    demandent toujours ce qui s'est pass le jour du dpart

    de Ben Ali entre 12 et 16h.

    Les femmes rencontres prs de Bizerte ont t

    particulirement vises par les partis islamistes. Les

    hommes prsents ont salu le combat des femmes et

    exprim leur admiration. J'y reviendrai en abordant la

    nouvelle constitution.

    Les 23 ans du rgime de Ben Ali ont t un mal-

    heur, la culture a t dtruite, ce qui a cr une sorte de

    dsert intellectuel. De ce fait, les jeunes ont t une

    proie facile pour les partis islamistes. Aujourd'hui, une

    partie de la jeunesse est dsabuse.

    La prsence des islamistes dans les quartiers po-pulaires est forte et il est impossible aujourd'hui d'y orga-

    niser une runion culturelle : pour eux, il n'y a qu'un seul

    livre ! On commence mme assister une dscolarisa-

    tion des filles dans les collges.

    Les lections

    Le parti Ennahdha tait

    arriv en tte des lections en

    2011 avec 37 % des voix. Les

    autres partis n'avaient pu s'en-tendre pour former des listes

    communes. Au total, 150 partis

    environ avaient prsent des

    candidats dans une partie ou la totalit du territoire. Les

    prochaines lgislatives auront lieu en octobre et no-

    vembre 2014 et la prsidentielle en dcembre. Lors de

    notre voyage, un sondage plaait Ennahdha en deuxime

    position, en net recul par rapport en 2011, avec 14 % des

    voix. C'est le parti Nida Tounes, centriste, dirig par un

    ancien compagnon de Bourguiba g de 86 ans, qui tait

    en tte avec 17,1 %. Les autres partis taient crdits de

    moins de 5 %. La grosse interrogation est donc de savoir

    si les partis lacs arriveront s'unir pour ces lections.

    Tunisie

    NOTES DE VOYAGE

  • 8/11/2019 FV octobre 2014.pdf

    22/28

    22

    Le port du voile

    Sous Ben Ali, le port du voile tait interdit dans tous

    les lieux publics, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. J'ai

    ralis plusieurs comptages de femmes voiles ou non ou

    portant le foulard, dans diffrents lieux et villes, et je peux

    affirmer que plus de la moiti des Tunisiennes portent le

    voile dans la rue, d'autant que nous ne nous sommes pas

    promens dans les banlieues populaires o le voile est

    encore plus port. Cependant, nombreux taient les

    groupes de femmes dont certaines taient voiles, d'autres

    pas, ce qui montre une volont de bien vivre ensemble.

    La Constitution

    Elle a t vote en janvier 2014 par l'Assemble

    constituante lue en octobre 2011. Elle est le fruit d'un

    compromis entre le parti Ennahdha et les autres forces

    politiques. Les femmes ont l aussi t en premire ligne

    pour dfendre leurs droits. Il faut savoir que Bourguibaavait donn en 1956 aux femmes le statut le plus progres-

    siste du monde arabe. Les femmes tunisiennes ont, par

    exemple, bnfici du droit l'avortement un an avant les

    Franaises. Dans ces conditions, toutes les gnrations de

    femmes taient concernes pour dfendre leurs droits,

    voire les amliorer. Il n'tait pas question pour elles d'ac-

    cepter dans cette Constitution la version propose par les

    islamistes, qui voulait y inscrire que la femme tait la

    complmentaire de l'homme. Elles ont t soutenues

    par le syndicat UGTT, l'Union des avocats et les partis lacs.

    Le syndicat UGTT

    Ce syndicat s'tait un peu compromis dans les der-

    nires annes du rgne de Ben Ali, particulirement dans

    les sphres dirigeantes. La rvolution lui a permis de re-

    trouver une virginit. Les deux personnes rencontres

    Tunis ont cependant soulign la quasi- absence des

    femmes dans les diffrents niveaux des instances diri-

    geantes. Pour elles, une des causes de cette situation vient

    du fait que les runions syndicales se tiennent dans les

    cafs : y aller ne fait pas partie de la tradition chez les

    femmes tunisiennes.

    L'conomie

    Les personnes rencontres ont soulign l'im-

    portance du poids des entreprises trangres dans

    l'conomie tunisienne, ce qui, pour elles, est une sorte

    de mainmise sur le pays. Elles constatent que les

    riches Tunisiens sont souvent rticents s'engager

    conomiquement dans leur pays et placent leurs fonds

    dans des pays srs.

    Les problmes de scurit psent aussi sur

    l'conomie. Nous avons visit Menzel Bourguiba une

    entreprise de chantiers navals. Elle tournait manifeste-

    ment au ralenti et venait de voir annuler deux contrats

    par l'Allemagne pour des raisons de scurit.

    Le tourisme n'a pas retrouv les niveaux de

    2010 : moins 13 % sur les cinq premiers mois de 2014,

    et mme moins 3 % par rapport la mme priode de

    2013. La baisse la plus forte concerne les Franais.

    La scurit

    Avant et pendant notre visite, les problmes de

    scurit affectaient surtout la partie proche de la fron-

    tire algrienne, o des groupes s'attaquaient diff-

    rentes cibles. La situation ne s'est pas amliore de-

    puis, puisque vers le 20 juillet, 14 militaires ont t

    tus prs de cette frontire. la suite de cette at-

    taque, le gouvernement a fait fermer les mosques

    qui n'taient pas sous contrle, celles qui s'taientrjouies de la mort de ces militaires, et plusieurs m-

    dias islamistes.

    Un autre problme se pose aujourd'hui : celui

    de la situation chaotique en Libye, qui amne chaque

    jour des milliers de Libyens tenter de se rfugier en

    Tunisie (actuellement, il y a au moins 600 000 Libyens

    dans le pays). Or, dans la situation encore fragile que

    connat la Tunisie, cela peut tre un lment amplifica-

    teur des diffrents problmes.

    Je terminerai en vous laissant mditer sur deux

    dfinitions donnes par une participante la runion

    organise Menzel Bourguiba :

    Un islamiste est quelqu'un qui croit dfendre

    Dieu, un musulman est quelqu'un qui croit que Dieu le

    protge.

    Grard Pavageau

  • 8/11/2019 FV octobre 2014.pdf

    23/28

    D'un point de vue idologique, les cologistes sontopposs au systme des classes prparatoires (les

    prpas ) et des Grandes coles. En effet, ce systme

    est litiste et favorise la reproduction des lites, tant au

    niveau social qu'conomique (les frais dinscription et de

    scolarit peuvent atteindre quelques milliers d'euros par

    an), ce qui est contraire aux principes d'quit et de soli-

    darit chers aux cologistes.

    C'est entre autres pour cette raison que j'ai hsit

    choisir cette voie dans l'enseignement suprieur la

    fin de mon anne de terminale. Deux ans aprs avoir faitce choix, et alors que j'ai fini ma prpa et suis entre en

    cole d'ingnieurs, j'ai un point de vue un peu plus com-

    plet sur les CPGE (Classes prparatoires aux Grandes

    coles).

    La psych l'preuve

    On va vous dire que vous tes nuls, et qu'aprs

    deux ans de prpa, vous intgrerez des coles que vous

    ne mritez pas , m'a expliqu Solne, une amie du

    Lyce du Parc Lyon, lorsque je lui ai demand commentelle avait vcu sa prpa. Elle avait obtenu son bac avec

    19,74 de moyenne et a intgr Centrale Nantes la ren-

    tre. Ses annes en prpa l'ont convaincue qu'elle tait

    nulle et qu'elle l'avait toujours t. Elle n'est pas la seule

    dans ce cas.

    Plus d'une trentaine d'heures de cours, 4 heures

    de DS (devoirs surveills) et 2 heures de colles

    (interrogations orales) par semaine, des DM (devoirs

    maison ) et des exercices de TD chercher, le cours

    apprendre, des TP prparer et rsumer... La liste dece qu'on doit faire en prpa est longue et le temps dont

    on dispose ne suffit pas. Il faut faire un choix entre sacri-

    fier des heures de sommeil, parfois sauter des repas,

    arrter le sport rgulier et... accepter de ne pas tout

    faire. Et c'est difficile, mme en dormant moins de

    6 heures par nuit.

    C'est particulirement stressant et difficile de res-

    ter motiv quand on sait que, quelle que soit la quantit

    de travail fourni, on ne pourra pas tout faire. a l'est

    encore plus quand, mme en travaillant beaucoup, lesrsultats ne viennent pas, et que l'on continue tre

    class dans les derniers. C'est difficile de travailler quand

    on se sent nul, quand les notes tendent prouver que

    c'est vrai . a l'est encore plus quand certains pro-fesseurs nient le fait que vous travaillez - alors que,

    parfois, vous avez des problmes personnels qui ren-

    forcent le stress.

    En plus de devoir acqurir des connaissances en

    quantit astronomique et toute vitesse, il faut ap-

    prendre, en deux ans, rdiger correctement et s'ex-

    primer l'oral de faon fluide et comprhensible, en

    franais et dans des langues trangres... Les exi-

    gences sont trs hautes, et il faut toujours travailler

    plus, au fur et mesure que la date fatidique des con-cours approche, pour atteindre les objectifs que fixent

    les professeurs.

    De ce fait, je pourrais vous conseiller de fuir au

    plus vite lorsque l'on prononce le mot prpa, ou de

    vous prononcer haut et fort contre ce systme litiste

    et dvastateur... Cela serait justifi, mais pas avant

    d'avoir soulign quelques points positifs des classes

    prpas... parce qu'il y en a, quand mme !.

    Le lyce du Parc Lyon

    Finalement, on y gagne

    Il est vident qu'il n'y a pas que du ngatif dans

    la prpa. C'est une merveilleuse cole de la vie ! Aprs

    deux ans de prpa, la notion d'urgence devient rela-

    tive, dans la mesure o il nous est possible de raliser

    ce qu'on nous demande dans des temps trs courts.

    De plus, on acquiert une rsistance au stress et des

    mthodes de travail trs utiles par la suite.

    Par ailleurs, le systme prpa / Grandes coles

    permet une insertion en gnral un peu plus rapide

    dans le monde du travail que lorsqu'on sort d'un cur-

    sus la fac. En effet, les employeurs, la vue d'un CV

    mentionnant une prpa et une Grande cole, saventqu'ils ont affaire des gens brillants, capables de tra-

    vailler. Sortir de la fac assurerait un emploi temps

    plein dans les 30 mois, et plutt dans les 12 mois au

    sortir d'une Grande cole : c'est du moins ce qui est

    Exprience personnelle

    23

    CLASSES PRPA : SI TU N'ES PAS CONTENT,TU PEUX ALLER AU CLUB MED !

  • 8/11/2019 FV octobre 2014.pdf

    24/28

    24

    dit dans toutes les prsentations d'cole d'ingnieurs !

    Bien videmment, les personnes issues de la fac,

    niveau quivalent, sont tout aussi capables de travail-

    ler que les ex-prpa. Ce n'est pas beaucoup plus facile

    de valider un master la fac que dans une grande cole.

    (L'inverse est peut-tre mme vrai, puisqu'une fois

    qu'on est entr en cole, la vie est belle !) Et les tu-

    diants en fac obtenant tous leurs crdits ECTS (1) avec

    mention Trs Bien sont souvent aussi brillants que la

    plupart des tudiants de prpa - sauf peut-tre ceux qui

    entrent Polytechnique, l'ENS (Normal Sup' pour les

    intimes) ou aux Mines de Paris. Mais certains em-

    ployeurs engagent en priorit les gens qui ont fait les

    Mines plutt qu'un M2 la fac de - au hasard -

    Besanon

    Le positionnement tranch des cologistes

    contre les prpas peut donc tre rvis. Peut-on sinc-

    rement penser que tout systme litiste est bannir et

    qu'il est possible d'avoir un enseignement suprieur

    dpourvu de la moindre trace d'litisme ? Si oui, est-ce

    rellement souhaitable ?

    Je l'admets, j'ai manifest contre la rformePeillon sur les classes prparatoires, fin 2013. Non pas

    parce que je suis persuade que ce systme est un bon

    systme, mais parce que tant qu'il n'y aura pas d'alter-

    natives dignes de ce nom, il faut le dfendre tel qu'il est.

    Il faudrait donc rflchir un autre systme

    Vers un nouveau systme d'enseignement

    suprieur ?

    Un grand nombre de personnes proposent de

    fusionner les Grandes coles et les universits, afin dediminuer l'litisme des formations et d'en rduire le

    cot. Il faut savoir que cela se fait dj et que, lorsque

    les coles ne dpendent pas d'une universit, il existe

    de nombreux partenariats permettant la fois des

    lves d'une cole d'tudier l'universit et des tu-

    diants de la fac d'aller tudier en cole.

    De nombreuses coles tentent de dvelopper

    leur diversit en admettant en premire et/ou en deu-

    xime anne des tudiants ayant valid leur L2 ou leur

    L3 (2e ou 3e anne de licence) la fac, mais aussi en

    intgrant leur promotion des personnes ayant fait un

    BTS ou un DUT, une partie de leur cursus l'tranger...

    Bref, ces coles font en sorte de ne pas rserver leur

    cursus aux seuls lves issus de classes prparatoires.

    Par ailleurs, la fusion des Grandes coles et des

    universits ne rsoudrait pas le problme si c'en est

    unde l'litisme, dans la mesure o il y aurait toujours

    un parcours sur dossier, slectif et donc litiste.

    Si l'on prend l'exemple des tudes de mdecine,

    pour lesquelles il n'existe aucune grande cole dispen-

    sant des formations de mdecin, mais qui fonctionnent

    nanmoins avec un systme, on saperoit que le pro-blme n'est pas rsolu par l'absence d'coles. En effet,

    il existe des prpas privs (et donc moins accessibles

    financirement que les CPGE) qui permettent aux

    lves pouvant s'offrir leurs services de russir le con-

    cours (dans 80 % des cas). Sans prpa, seuls les gens

    extrmement brillants peuvent esprer russir la pre-

    mire anne en un seul passage. Cela montre bien que

    le problme n'est pas uniquement l'existence des

    Grandes coles.

    Et, par ailleurs, la fusion des grandes coles avec

    les grandes universits, si elle n'est pas correctement

    conue, risquerait de dvelopper l'existence des prpas

    prives.

    Pour conclure, le systme d'enseignement sup-

    rieur idal est un systme o :

    - les tudiants arrivant dans le systme ont t

    correctement orients depuis le collge en fonction de

    leurs intrts et de leurs aptitudes (encourager quel-

    qu'un faire mdecine alors que l'on sait pertinem-

    ment qu'il ne russira pas est une mauvaise chose) ;- toutes les possibilits de cursus sont prsentes

    aux futurs tudiants, quelles que soient leurs origines

    sociales, de manire ce que le choix d'tudes soit to-

    tal ;

    - les cursus sont prsents de la manire la plus

    neutre possible, afin que les tudiants n'aient pas de

    prjugs sur une filire et ne s'autocensurent pas ;

    - les diffrentes formations sont paritaires

    (minimum 40 % de filles ou 40 % de garons) ;

    - les passerelles entre les formations sont nom-

    breuses, avec la possibilit d'avoir une formation dans

    plusieurs domaines en parallle ;

    - les lves en difficult sont soutenus par le

    personnel encadrant ;

    - le taux d'chec est faible dans toutes les filires

    (l'idal tant bien sr le zro chec, ce qui semble

    bien difficile atteindre, certains lves chouant

    cause de problmes mdicaux ou familiaux difficile-

    ment vitables).

    Mathilde Tessier

    (1) European Credits Transfer System, systme permet-

    tant une valuation internationale (europenne) des

    tudiants.

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    Comment se promener dans les bois...

    a y est : depuis le 14 septembre, dans la majeure

    partie de notre beau pays, on peut rentendre les coupsde feu dans les champs et les bois et de nouveau tomber,

    au dtour des chemins, sur les fiers porteurs de fusil tra-

    quant les malheureuses bestioles d'levage lches la

    veille. La chasse est de retour, cette plaie de nos au-

    tomnes campagnards, et avec elle la vague inquitude

    qu'on ne peut s'empcher de ressentir quand on se ba-

    lade en fort : et si un chasseur me/nous prenait pour

    son gibier ?...

    Heureusement, dix jours avant cette fichue date,

    est paru en librairie un essai indispensable de MarcGiraud, crivain, naturaliste, documentariste, vice-

    prsident de l'ASPAS (1) : Comment se promener dans les

    bois sans se faire tirer dessus ? (2).

    On ne m'en voudra pas, j'espre, de confier le soin

    de faire la promotion de ce livre... son diteur lui-

    mme ; en quatre paragraphes, tout est dit, ou presque :

    Savez-vous que certaines armes de chasse peu-

    vent tuer trois kilomtres et que ce loisir fait une ving-taine de morts par an ? Que l'on peut chasser sur la plage

    en plein mois d'aot ? Qu'une chasse peut se terminer

    dans votre jardin ? Que cette pratique met la biodiversit

    en danger ? Qu'il est impossible de sanctionner des chas-

    seurs ivres ?

    Pouvoir politique (le premier groupe l'Assemble

    est le groupe Chasse), pouvoir conomique (bnficiant

    en partie d'argent public), le lobby des chasseurs jouit en

    France de droits et de passe-droits qui bafouent les rgles

    de la dmocratie.

    La France compte des dizaines de millions depromeneurs, cyclistes, randonneurs ou cueilleurs de

    champignons ; mais dans les bois, ce sont les fusils qui

    font la loi.

    Rglementations d'une extrme complexit, d-

    rogations, tolrances, exceptions : tout est fait pour que

    les usagers de la nature ne puissent pas comprendre ce

    qui est autoris ou pas. Tout, sauf ce livre, qui rend ces

    rgles enfin accessibles... sans se priver de pointer les

    abus.

    Bonne lecture et... bonnes promenades dans lesbois !

    Grard Roy

    (1) Association pour la Protection des Animaux Sau-

    vages BP 505 26401 CREST Cedex 04 75 25 10 00

    [email protected]

    (2) Allary ditions, 200 pages, 16,90 .

    SANS SE FAIRE TIRER DESSUS ?

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    1. Les solvants, dangereux mme faible

    dose

    On connat les effets des solvants des doses im-

    portantes. Par exemple, une exposition professionnelle

    aux vapeurs de solvants peut entraner des problmes de

    mmoire et mme, pour le benzne, des risques de leu-

    cmie. Les effets dpendent de la quantit inhale. Mais

    deux autres problmes se posent, celui des expositions

    ponctuelles et celui des expositions chroniques de

    faibles concentrations. Les tudes ralises montrent que

    les effets des solvants comme le tolune ou le trichlor-

    thylne sont comparables ceux de l'alcool (qui est d'ail-

    leurs aussi un solvant) : en affectant le cerveau, ils ac-

    croissent le temps et la prcision de raction au point

    d'augmenter les risques d'accident de voiture. (Pour la

    Sciencen 443, septembre 2014, pp. 60-66)

    Commentaire : Une des difficults dans l'valua-

    tion du risque des faibles doses est que celui-ci est trop

    faible pour apparatre significatif dans des statistiques.D'autre part, la concentration de solvants dans l'air am-

    biant dpend aussi de l'aration du lieu. D'o la difficult

    pour valuer l'impact des solvants sur la sant publique

    et pour dfinir des normes plus adquates.

    2. Il faut supprimer le Code minier

    Le Code minier, qui compile des textes plus an-

    ciens, date de 1956. Il a t tabli pour fixer les condi-

    tions lgales de l'exploitation du sous-sol franais. Il dis-

    tingue deux tapes : l'exploration et l'exploitation. De-

    puis, des obligations sur le respect de l'environnement

    ont t ajoutes. Mais il n'est pas toujours conforme la

    Charte de l'environnement, qui a t introduite en 2005

    dans la Constitution. Ainsi le Code minier ne fait pas de

    distinction entre les hydrocarbures conventionnels et

    les gaz et huiles de schiste, et il est indiffrent la m-

    thode d'extraction. C'est pour cette raison qu'en 2011,

    la loi Jacob a t vote la hte pour interdire la fractu-

    ration hydraulique. (La Recherche n 489, juillet-aot

    2014, pp. 78-81)

    Commentaire : La loi Jacob de 2011 ne rgle

    pas toutes les insuffisances du Code minier et prsente

    des failles qui ouvrent la porte des diffrences d'inter-

    prtation, et donc des conflits juridiques avec les so-

    cits gazires ou ptrolires. Il semble donc qu'un

    simple toilettage du Code minier ne soit pas suffisant. Il

    faudrait soit engager sa refonte complte en y incluant

    aussi la consultation des populations et des lus, soit le

    supprimer pour l'intgrer au Code de l'environnement.

    Mais avant toute dcision, un dbat politique pralable

    doit avoir lieu, associant les ONG de protection de l'en-

    vironnement.

    3. nergies renouvelables : l'essor sera lent

    Les transitions nergtiques majeures, du bois

    au charbon, puis du charbon au ptrole, ont pris cha-

    cune 50 60 ans. Ces transitions n'ont d'ailleurs pas eu

    lieu au mme moment selon les pays. Il a fallu attendre

    1875 en France et 1885 aux tats-Unis pour que les

    nergies fossiles (essentiellement le charbon) fournis-

    sent plus d'nergie que le bois. Mais la bascule ne s'est

    produite qu'en 1930 en Union Sovitique et en 1965 en

    Chine. Au niveau mondial, le ptrole n'a dpass le

    charbon qu'en 1964. Dans deux pays, la Russie et le

    Royaume-Uni, la consommation de gaz dpasse celle du

    ptrole. Globalement, la part des nergies renouve-lables reste faible. Aux tats-Unis elles ne reprsen-

    taient en 2011 que 9,4 % de l'nergie consomme.

    (Pour la Science n 441, juillet 2014, pp. 64-69)

    Science et cologie

    SOLVANTS, CODE MINIER, HOMO SAPIENSET LENTEUR DU RENOUVENABLE

    La science pour clairer les choix de l'cologie politique.

    La rflexion politique pour dvelopper la critique de la science.

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    Commentaire : La premire difficult est la

    quantit considrable d'nergie produire. Mais on de-

    vrait pouvoir rduire d'un tiers la consommation en

    amliorant l'efficacit nergtique. L'autre obstacle est

    l'intermittence du solaire et de l'olien, et la question du

    stockage se pose. On ne dispose pour l'instant que d'une

    seule technique applique grande chelle : le pompage

    de l'eau vers un rservoir d'altitude quand la productiond'nergie est excdentaire, puis le turbinage en cas de

    besoin pour fabriquer de l'lectricit. Les investisse-

    ments ncessaires pour la transition sont considrables :

    ils sont estims 20 000 milliards de dollars pour les

    installations existantes au niveau mondial. Mais la transi-

    tion nergtique n'est plus gouverne uniquement par

    des facteurs conomiques et technologiques. Les risques

    lis au rchauffement climatique devraient inciter aller

    plus vite pour faire diminuer plus rapidement la part des

    nergies carbones.

    4. Nous ne sommes pas que des Homo

    sapiens

    Les tudes rcentes ralises sur l'ADN fossile de

    squelettes d'hommes prhistoriques ont dbouch sur

    une dcouverte surprenante : nous avons, en moyenne,

    dans notre gnome (1) environ 2 % d'ADN de

    Nandertalien (2) et moins de 1 % d'ADN de Denisovien

    (3). Les hommes actuels diffrent les uns des autres de

    seulement 0,1 %, ce qui nous fait semblables 99,9 %.Les Nandertaliens et les Denisoviens nous ressemblent

    seulement 99,85 %. D'aprs ces tudes, nous avons

    donc des anctres qui n'taient pas des homo sa-

    piens : 2 % d'anctres nandertaliens en moyenne

    (mais le pourcentage peut monter 4 % dans les po-

    pulations subsahariennes) et moins de 1 % d'anctres

    denisoviens (mais le pourcentage peut monter 5 %

    chez les Aborignes australiens). (La Recherche n 149,

    septembre 2014, pp. 28-33)

    Commentaire : Ces travaux montrent aussi que

    les gnes provenant des Nandertaliens et des

    Denisoviens ont jou un rle positif dans l'adaptation

    l'altitude et dans le contrle du systme immuni-

    taire. Ces dcouvertes reprsentent un changement

    important dans notre comprhension de l'volution

    humaine. Ainsi le mtissage n'aurait pas fonctionn

    seulement l'intrieur du groupe homo sapiens, mais

    il aurait t largi d'autres lignes humaines.

    Grard Mamet

    (1) Gnome : ensemble du matriel gntique d'un

    individu cod prsent dans son ADN.

    (2) Appel aussi homme de Nandertal, du nom d'une

    petite valle allemande situe du ct de Dsseldorf

    o il a t dcouvert pour la premire fois.

    (3) Ou homme de Denisova, du nom d'une grotte si-

    tue au sud de la Sibrie.

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    Marche pour le climat Besanon : dimanche 21 septembre