fv juillet août

26
TRAVAIL DE VACANCES Après la période électorale douloureuse des municipales puis des européennes, l'actualité politique ne faiblit pas. Des sujets aussi divers que la fusion des régions, les grèves à la SNCF, l'interpellation musclée dans l'affaire de la ferme des Mille Vaches, en Picardie, ou les affaires à l'UMP sont restés à la Une malgré l'omniprésence du Mondial de foot dans les médias. Dans ce contexte, grande est la tentation de la réponse instantanée et du zapping. Prendre un peu de recul est pour- tant indispensable. Souvent, derrière ces sujets d'actualité, se cachent des inquiétudes ou des problèmes bien plus vastes. Profitons de la période estivale pour mener cette réflexion de fond. La fusion des régions, par exemple, n'est pas seulement une question de découpage géographique. Les décisions qui vont être prises devront tenir compte, au-delà du contexte économique, de l'histoire de nos territoires, des habitudes de leurs habitants, des tissus culturels, sportifs et associatifs… Ces décisions, pour être acceptées, devront s'appuyer sur une concertation large et réelle. Elles devront aussi intégrer la question des compétences et de l'autonomie fiscale des Ré- gions et celles de la solidarité et de la péréquation interrégio- nale. Il faut, disions-nous, prendre le temps de la réflexion. Pour cela, nous ne pouvons que vous encourager à participer aux Journées d'été de notre mouvement. Elles se tiendront du 21 au 23 août à Bordeaux. Ces journées regroupent bien sûr des militants écologistes, mais aussi des personnes d'ori- gines très diverses, venues témoigner de leurs expériences et échanger sur les sujets les plus variés. Il ne nous reste plus qu'à vous souhaiter de bonnes va- cances. Et pour notre région, rendez-vous aux Journées d'au- tomne, les 4 et 5 octobre prochains. Des journées qui, cette année, seront communes à la Bourgogne et à la Franche Com- té. JUILLET–AOÛT 2014 / n°198/ 1,70 € Corinne Tissier et Bernard Lachambre Co secrétaires EELV

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Page 1: FV Juillet Août

TRAVAIL DE VACANCES

Après la période électorale douloureuse des municipales

puis des européennes, l'actualité politique ne faiblit pas. Des

sujets aussi divers que la fusion des régions, les grèves à la

SNCF, l'interpellation musclée dans l'affaire de la ferme des

Mille Vaches, en Picardie, ou les affaires à l'UMP sont restés à

la Une malgré l'omniprésence du Mondial de foot dans les

médias.

Dans ce contexte, grande est la tentation de la réponse

instantanée et du zapping. Prendre un peu de recul est pour-

tant indispensable. Souvent, derrière ces sujets d'actualité, se

cachent des inquiétudes ou des problèmes bien plus vastes.

Profitons de la période estivale pour mener cette réflexion de

fond.

La fusion des régions, par exemple, n'est pas seulement

une question de découpage géographique. Les décisions qui

vont être prises devront tenir compte, au-delà du contexte

économique, de l'histoire de nos territoires, des habitudes de

leurs habitants, des tissus culturels, sportifs et associatifs…

Ces décisions, pour être acceptées, devront s'appuyer sur une

concertation large et réelle. Elles devront aussi intégrer la

question des compétences et de l'autonomie fiscale des Ré-

gions et celles de la solidarité et de la péréquation interrégio-

nale.

Il faut, disions-nous, prendre le temps de la réflexion.

Pour cela, nous ne pouvons que vous encourager à participer

aux Journées d'été de notre mouvement. Elles se tiendront

du 21 au 23 août à Bordeaux. Ces journées regroupent bien

sûr des militants écologistes, mais aussi des personnes d'ori-

gines très diverses, venues témoigner de leurs expériences et

échanger sur les sujets les plus variés.

Il ne nous reste plus qu'à vous souhaiter de bonnes va-

cances. Et pour notre région, rendez-vous aux Journées d'au-

tomne, les 4 et 5 octobre prochains. Des journées qui, cette

année, seront communes à la Bourgogne et à la Franche Com-

té.

JUILLET–AOÛT 2014 / n°198/ 1,70 €

Corinne Tissier

et Bernard Lachambre

Co secrétaires EELV

Page 2: FV Juillet Août

LE CHANGEMENT, C'EST QUAND ?

Sommaire

2

P 1 : Edito

P 2 : Au joli mois de mai

P 3 : Lendemain de dérouillée électorale

P 4 : Fascisme ordinaire

P 5 : Les aventures d’Optymo

P 6 : Message de la base nationale de données

P 7 : Contournement de Gray

P 8 : Réforme territoriale

P 9 : Un audit citoyen de la dette

P 11 : Les inégalités selon Thomas Piketty

P 13 : Les enjeux actuels de l’économie

P 15 : Lecture : l’Archipel de la vie

P 16 : Lectures : Islam et islamisme

P 18 : Sciences et écologie

P 20 : Conseil fédéral des 14 et 15 juin : tensions

P 22 : Les écolos ont rendez-vous à Bordeaux

P 24 : Un mois, émois, et moi

P 25 : Journées d’automne

P 26 : Bulletin d’adhésion

utomne

À quelques détails près (Ah ! la Force tranquille,

le Panthéon...!), voici une chanson qui aurait pu être

écrite aujourd'hui. Pourtant, c'est en 1982 que François

Béranger l'a chantée...

Pour les p'tits jeunes (et les autres) qui ne le con-

naîtraient pas, ledit Béranger (à ne pas confondre avec

le célèbre et prolifique chansonnier du 19e siècle) a été

pendant une trentaine d'années, pour les gens de ma

génération, LA référence en matière de chanson con-

testataire et libertaire. On écoutait en boucle Tranche

de vie, Rachel, Natacha, L'alternative, Magouille Blues,

Mamadou m'a dit, et tant d'autres qu'on connaissait

sur le bout des doigts... Un cancer nous l'a embarqué, il

y a un peu plus de dix ans, et c'est peu dire que sa

gouaille manque terriblement à une chanson française

désespérément sage...

Si vous voulez le découvrir ou le retrouver, une

bonne anthologie en trois CD et un DVD est parue en

2004 sous le titre Le vrai changement, c'est quand ?

Au fait, c'est vrai, ça : le changement, on va l'at-

tendre encore longtemps ?...

Gérard Roy

Au joli mois de mai, en plein état de grâce,

J'en ai connu plus d'un qui s'est dit, prophétique :

Qu'est-ce qu'ils vont devenir, nos chanteurs enragés,

Les grandes gueules à message, les chanteurs engagés.

Maître François-la-rose, sur son trône perché,

Leur enlève leur fromage !

Maintenant je vais ranger au musée des souvenirs

Les mots pour protester, les phrases pour dénoncer,

Les cris pour réveiller, les colères pour survivre.

Les temps bénis sont là : terminées les rêveries,

Envolée l'utopie, c'est maintenant qu'on vit.

Place au vrai changement !

Place au vrai changement !

Et puis, comme les saisons, les promesses passent.

Les nouveaux locataires se sont mis en ménage

Dans les vieilles pantoufles des occupants d'avant.

Les vrais propriétaires sabotent l'économie,

Font la gueule par devant et se marrent par derrière.

Les lendemains qui chantent : assez de ces foutaises !

C'est maintenant qu'on vit, pas hier ni demain.

Pour vraiment tout changer, faut changer dans nos têtes,

Et ceux qu'on a élus devraient montrer la voie.

Où sont les belles idées et la Force tranquille ?

Le vrai changement, c'est quand ?

Le vrai changement, c'est quand ?

Au joli mois de mai

Page 3: FV Juillet Août

Président-à-la-rose, attention au pouvoir !

Ne joue pas au roi de France, redescends dans la rue.

Fais nous des Panthéons tous les jours si tu veux.

Fais nous vibrer encore. Trouve des mots nouveaux.

Gouverne avec les gens. Redonne-leur la parole.

Dirigeants distingués, servez-vous du pouvoir

Pour ouvrir les portes à l'imagination.

Ce bateau est trop vieux, sa coque est pleine de trous.

Abandonnez l'épave, faut en construire un neuf.

Tout est entre vos mains pour changer maintenant.

Place au vrai changement !

Place au vrai changement !

François Béranger

3

Lettre ouverte

LENDEMAIN (1) DE DÉROUILLÉE ÉLECTORALE

Tout d’abord, je voudrais exprimer mes sincères

regrets à Sandrine Bélier, qui ne méritait vraiment pas

d’être ainsi mise sur le banc de touche.

La première émotion passée, de très nombreuses

questions se posent concernant les leçons à tirer du scru-

tin européen. Je n’ai nullement la prétention de mêler ma

voix à celle des analystes politiques : je voudrais simple-

ment vous faire part d’une question qui me taraude.

Que les électeurs aient exprimé leur rejet de la

politique menée est incontestable et incontesté. Je me

souviens qu’il n’y a pas si longtemps, les votes de rejet se

répartissaient de façon sensiblement équivalente entre

l’extrême droite et la gauche radicale. Progressivement,

un déséquilibre s’est fait au bénéfice du FN. Mais cette

fois-ci, les scores des deux extrêmes n’ont plus rien de

comparable. De toute évidence, le FN a capté l’électorat

populaire : pourquoi ?

Les réponses sont évidemment multiples et

complexes et je laisse aux professionnels le soin d’en dé-

mêler l’écheveau. D’un point de vue pragmatique, ce qui

m’intéresse directement, c’est ce sur quoi nous pouvons

(et devons) agir rapidement sous peine du pire en 2017 :

la communication.

Je m’explique. D’une manière générale, le discours

de la gauche s’adresse aux « bac + n ». C’est particulière-

ment vrai pour nous autres écolos, mais c’est vrai pour

l’ensemble de la gauche qui peine à se faire entendre des

« bac - n ». C’est là que le FN triomphe. Un discours sim-

pliste (un peu élaboré pour ratisser jusque dans les

classes instruites), axé sur une seule idée qui, à force

d’être accommodée à toutes les sauces, finit par devenir

une évidence pour un nombre important de nos conci-

toyens, à savoir : « Ça ne va pas fort, alors resserrons nos

liens nationaux ». Vous avez dit populisme ? Bien sûr. Et

ça marche, car c’est facile à comprendre, à retenir, et joue

sur des ressorts instinctifs de repli sur soi devant

l’adversité.

Que faire ? Constater et nous lamenter, ou ap-

prendre à parler nous aussi en des termes que le peuple

peut entendre ? J’entends déjà une rumeur d’indigna-

tion dans mon dos. « Pouah ! On ne va pas s’abaisser à

faire dans le populisme ! » « On a des valeurs !»... Mais

discours intellectuellement construit et vulgarisation

des idées pour Monsieur-tout-le-monde sont-ils donc

incompatibles ? J’ai connu un temps où la gauche avait

son tribun populaire : Georges Marchais était souvent

réducteur et simpliste, mais il était compris par ceux à

qui parle aujourd’hui Marine Le Pen. Mélanchon s’es-

saie bien à l’exercice, mais avec les résultats que l’on

connaît, faute peut-être de constance ou de clarté dans

la thématique.

Si la gauche veut sortir la tête de l’eau, il faut

qu’elle clarifie ses valeurs, sache fixer un cap, parle vrai,

et qu’elle arrive à se faire comprendre par les popula-

tions socialement et culturellement défavorisées. Il me

semble nécessaire de délivrer un message clair et acces-

sible, qu’elle dira sur tous les tons, avec et sans déve-

loppement, dans la langue propre à chacune de ses

composantes, mais avec une insistante et constante

obstination, quelque chose du genre : « Ne comptez pas

sur la croissance - qui, au mieux, restera molle - pour

assurer à tous un revenu décent. Notre richesse, c’est

l’humain et les ressources naturelles qu’il faut préser-

ver. Partageons autrement les richesses produites pour

vivre ensemble en harmonie. »

À travers ce courrier, j’espère susciter des réac-

tions et contribuer ainsi au débat.

François Vetter, Coopérateur EÉLV.

(1) Cette lettre était à l'origine prévue pour le nu-

méro de juin de La Feuille Verte [Note du CL].

Page 4: FV Juillet Août

Mortifiée par le lynchage d'un jeune Rom à Pierre-

fitte-sur-Seine, le 13 juin, j'ai pensé à trois façons d'abor-

der cette sinistre actualité.

Par le cinéma

La Zona, propriété pri-

vée raconte une chasse à

l'homme au sein d'une « gated

community » de Mexico, une

cité résidentielle aisée, entou-

rée de murs et protégée par un

service de sécurité privé.

Ceux qui vivent là sont riches et ont l'éducation des

gens bien / des gens de biens ; mais les penchants violents

et l'aigreur que chaque homme a au fond de lui vont resur-

gir à l'occasion de l'intrusion d'une autre classe sociale dans

cet « organisme ». Certains habitants se découvrent lâches,

d'autres voient se dessiner une réalité nouvelle, celle du

quotidien de l'autre côté du mur, donnant corps à la for-

mule de Bertolt Brecht : « Un fasciste n’est souvent qu’un

bourgeois effrayé. ».

Ce film de 2007, du réalisateur mexicain Rodrigo

Pla, permet de saisir les écarts de richesses en Amérique

latine. Il nous entraîne dans une spirale infernale, de la

peur à la haine, jusqu'aux pulsions violentes qui mènent à

se faire justice soi-même. Il a reçu en 2007 le Lion du futur

(meilleur premier film) au Festival de Venise, ainsi que le

Prix de la Critique internationale au Festival de Toronto.

En DVD (14,00 € sur fnac.com) ou en médiathèque.

Par la littérature

Matin brun, de Franck Pavloff

(2002) expose en quelques

pages (12 !) l'installation du

fascisme ordinaire. Quand les

petites lâchetés du quotidien

nous font détourner les yeux, la

réalité brutale nous rattrape... Il

est si court et si bien mené que

je ne peux en dire plus.

Cheyne éditions, 2,00 €. Je vous conseille d'en ache-

ter plusieurs d'un coup (si possible dans un vraie librairie...)

pour en donner autour de vous, enfants compris.

Par la musique

Plus divertissante, mais tout aussi percutante, une

chanson d'une artiste franc-comtoise, Maggy Bolle,

« chanteuse réaliste et décapante » : Les Romanos.

Il n'existe qu'une vidéo sur le web, dont voici

quelques extraits retranscrits :

« Bonne nouvelle pour les Arabes, les clochards, les

re-noi, les sans-papiers, les pédés, les anarchistes, les

Polonais, les étudiants, les chômeurs, les artistes (…) Fini

le temps du monopole des emmerdes de l'Hexagone (…),

dormez sur vos deux oreilles, vous avez des remplaçants.

Ils sont célèbres, on ne parle plus que d'eux (...)

(refrain)

Ah les ro-ro-ro, les ro-ro-ro, les Romanos,

les vols et les viols, tous les contrôles c'est pour leur

gueule.

Ah les ro-ro-ro, les ro-ro-ro, les Romanos,

tu peux en profiter, c'est eux qui seront accusés.

Ah les ro-ro-ro, les ro-ro-ro, les Romanos,

mais dépêche-toi, on sait pas combien ça durera. »

Sur son site, ses albums, et surtout ses concerts :

www.maggybolle.fr

Sur YouTube, ne ratez pas :

- Au nom du cœur, sur le don d'organe : « Moi qui

suis morte et toi qui souffres ...»

- Génération plastoc, sur le préservatif, avec un clip

tourné par et avec les lycéens de Morteau.

À Besançon, vous trouverez son CD chez Forum et

chez Merlin Tattoo (rue d’Arène). À Belfort, au Roger’s

Café. Pour ceux qui ne sont ni à Belfort, ni à Besac, vous

pouvez envoyer un mail à [email protected]

Anna Maillard

4

Un jeune Rom lynché

FASCISME ORDINAIRE

Page 5: FV Juillet Août

5

Ça bouge à Belfort

Après trois ans de fonction-

nement d'Optymo (1), le réseau de

bus du Territoire-de-Belfort (2),

l’exécutif du SMTC (Syndicat Mixte

des Transports en Commun, dont

je suis vice-président) a décidé de

l’améliorer encore. Il a donc plan-

ché sur le projet « Optymo Phase

II », qui comportait des améliora-

tions d’infrastructures, mais sur-

tout de services.

Au bout de deux ans de procédures administra-

tives (étude du projet, études d’impact…) et un an et de-

mi de travaux, notre nouveau réseau Optymo II a été mis

en service fin 2013.

Il est basé sur une offre triple : bus + vélos + voi-

tures en libre service.

Les bus

Les infrastructures ont été améliorées (plus de

priorités aux feux, linéaire de site propre augmenté), mais

surtout le service a été amplifié : deux nouvelles lignes

créées (fréquence 10 minutes), qui desservent directe-

ment le secteur Nord de Belfort sans passer par la vieille

ville, deux lignes passant à la fréquence 5 minutes. Le

tout pour 37 millions d'euros (l'équivalent de 3 km de

tram).

Les vélos

Mis en service en avril 2013 à Belfort et à l’au-

tomne sur certaines communes périphériques (Bavilliers,

Offemont, Essert), 200 vélos en libre service ont été mis à

disposition des habitants. Le succès a été rapidement au

rendez-vous (voir plus loin).

Les voitures en libre service

(ALS)

À partir de janvier 2014, 140

voitures ont été déployées progressi-

vement à Belfort et dans sa périphé-

rie. Le but n’est évidemment pas de

concurrencer le bus, mais d’offrir une

alternative « longue distance » à des

endroits ou des périodes où le bus

est peu ou pas présent (campagne, nuit…). Si les utilisa-

teurs se passent de leur deuxième ou première voiture

grâce au système, ils deviendront aussi usagers du bus

pour les courtes distances.

Le fonctionnement et les coûts

La simplicité reste le maître mot puisque les 3 offres

(bus, vélo, voiture) sont accessibles directement avec le

Pass Optymo (notre carte sans contact) et le post-

paiement (paiement en fin de mois). Les coûts sont de

0,80 euro par voyage pour le bus (inchangé), 2 centimes la

minute pour le vélo, de 1 à 2,50 euros l'heure et 0,20 à

0,35 euro par km pour les voitures suivant les modèles

(cinq modèles proposés).

Les résultats

- Bus : augmentation de 15 à 20 % de la fréquenta-

tion sur les lignes nouvelles ou à fréquence augmentée.

- Vélos : jusqu’à 800 utilisateurs par jour à certaines

périodes.

- Voitures : Le système démarre et monte régulière-

ment en puissance ; sur 6 mois, 500 clients utilisateurs,

28 000 heures de location, 280 000 km réalisés.

Une déception et un couac

La déception : malgré mes efforts répétés, les dix

nouveaux bus commandés ont une motorisation diesel

(certes norme Euro 6, mais…), aucun constructeur ne pro-

LES AVENTURES D’OPTYMO (SUITE)

Page 6: FV Juillet Août

6

Message de la base nationale de données

posant plus de motorisation GPL. J’avais proposé des bus

hybrides, mais ils sont apparus comme trop chers avec un

amortissement insuffisant.

Le couac : à la rentrée scolaire, notre système

suburbain et scolaire n’a pas bien fonctionné. Basé sur

l’intercomplémentarité entre lignes suburbaines, trans-

ports à la demande et scolaires, il a souffert de capacités

insuffisantes à certains endroits et de temps de parcours

trop longs à d’autres. Ça a provoqué un beau bordel et

pas mal de réclamations, mais les dysfonctionnements

ont été rapidement corrigés et, en un mois, le réseau

fonctionnait de nouveau correctement.

Une crainte

Après les dernières élections municipales, la nou-

velle majorité à la Communauté d’Agglomération belfor-

taine (CAB) et au SMTC ne risque-t-elle pas de dégrader le

réseau, dans le but de favoriser à nouveau la voiture ?

Nous sommes deux de l’ancienne équipe à avoir été réé-

lus dans le nouvel exécutif (au titre du Conseil général et

des Communautés de Communes), et il nous appartien-

dra de montrer que le développement des transports en

commun, c’est l’avenir, pour nous, nos enfants et notre

environnement.

De toute façon, mieux vaut convaincre que con-

traindre…

Jean Siron

Vice-président du SMTC du

Territoire-de-Belfort

(1) Voir La Feuille Verte n° 179

(novembre 2012), pp.10-11.

(2) Mis en service fin 2007.

Vous avez été nombreux à vous inquiéter de rece-

voir le message suivant :

« Objet : mise à jour de vos données personnelles

Cher-e [prénom]

Cher-e adhérent-e ou coopérateur-trice, bonjour,

Vous recevez ce message car vous apparaissez,

dans nos fichiers, en tant qu'adhérent-e ou coopérateur-

trice d'Europe Écologie Les Verts en 2013 et/ou 2014.

Pour améliorer la qualité de nos échanges, et

dans le cadre d’un projet de développement des outils

numériques, nous avons besoin que vous vérifiiez vos

informations personnelles. Dans la mesure du pos-

sible, nous avons fait des mises à jour régulières, mais si

les informations que nous détenons sur vous ont changé,

vous pouvez procéder aux rectifications nécessaires.

Pour confirmer et/ou modifier vos données, vous

trouverez toutes les informations ci-dessous, il vous suffit

de cliquer ici et vous laisser guider. [lien de confirma-

tion] » ...

Ce message émane bien du national. Il

s’agit en effet dans un premier temps de procéder à

la vérification des coordonnées de tous les adhérent-

e-s et coopérateurs/trices d’EELV de France et de

Navarre. Dans un deuxième temps, un envoi postal

sera effectué vers les personnes n’ayant pas répondu

à cette première vague.

Puis il y aura une migration de toutes ces don-

nées vers un autre hébergeur.

Alors n’hésitez pas à répondre car il ne s’agit

pas d’une attaque informatique. Nous avons besoin

de recueillir le maximum de données fiables.

D’avance merci pour votre coopération.

Suzy Antoine

Page 7: FV Juillet Août

7

Le 24 avril, les trois membres de la commission

d’enquête publique ont adressé au préfet de la Haute-

Saône un avis unanimement défavorable au projet de

grand contournement routier de l’agglomération de

Gray. La DREAL (1) et France Nature Environnement

avaient soulevé des objections importantes au projet du

Conseil Général. Mais, position rare, les commissaires

enquêteurs sont allés plus loin : ils ont mené une analyse

poussée du dossier pour contester l’opportunité même

du projet. Un courage à souligner.

Une vieille lubie des 30 glorieuses

Depuis 50 ans, certains Graylois en rêvaient. Ils

voyaient franchir le grand Pont de Pierre sur la Saône par

des voitures de Britanniques se rendant en Suisse ou en

Italie par la route nationale Chaumont-Besançon. D’où

l’envie de créer une déviation pour la « route des

Anglais». Pendant ce temps, les élus gaullistes et les ur-

banistes créaient une « zone industrielle et portuaire »

sur la rive droite de la Saône et une ZUP HLM sur la rive

gauche, à l’autre bout d’une ville de 10 000 habitants,

imaginant ainsi une métropole de 20 000 âmes.

Comme le second pont de Gray existant sur la

Saône débouchait inutilement en cul-de-sac sur la cour

de la gare SNCF désaffectée, il ne restait plus qu’à inven-

ter une déviation utilisée aussi par les Graylois pour fran-

chir quotidiennement la Saône ; et pour traverser la

large rivière, à imaginer un superbe viaduc sur l’hypothé-

tique futur grand canal Saône-Moselle. Mais tout cela ne

fut jamais financé.

Il y a 20 ans, élus locaux et départementaux réac-

tivaient le projet d’une déviation devant les quelques

bouchons constatés sur le Pont de Pierre, vers 17 heures,

à la sortie des usines.

Mais la situation a évolué. Depuis 30 ans, la po-

pulation de l’agglomération stagne autour de

10 000 habitants. Les « Anglais » ont déserté Gray pour

emprunter les autoroutes et la route nationale a été

déclassée. Les quartiers d’’habitation et d’activités se

sont mieux répartis sur chaque rive de la Saône. Une

voie nouvelle a été créée entre la gare et la zone indus-

trielle, permettant que le deuxième pont absorbe une

partie du trafic urbain.

Un grand projet inutile

Parmi les six routes départementales qui conver-

gent vers Gray depuis la rive droite de la Saône (Dijon,

Langres, Combeaufontaine), ou la rive gauche (Dole,

Besançon, Vesoul), aucune ne supporte un trafic de

transit important traversant la Saône. Pour justifier son

projet, le Conseil général a donc dû imaginer une grande

rocade récupérant toutes ces routes. Mais il semblait

difficile de justifier une grande boucle avec deux viaducs

sur le fleuve. Alors les arbitrages ont tranché pour trois

quarts de cercle seulement, avec un seul franchissement

de la plaine inondable en amont de l’agglomération.

Pendant la campagne municipale, les candidates

et candidats ont soutenu ce projet… à payer par le dé-

partement. Pourtant la tête de liste PS avait affirmé à

EÉLV que cela ne figurerait pas dans son programme…

avant de déclarer le contraire dans le journal.

L’enquête d’utilité publique a eu lieu pendant la

période électorale. Les commissaires enquêteurs ont

analysé que ce grand projet, annoncé à 86 millions d’eu-

ros (avant dépassement), ne concernerait pas un trafic

justifiant une telle infrastructure. Par exemple, le viaduc

sur la Saône porterait moins de véhicules que la plus

empruntée des six routes d’accès à l’agglomération.

Contournement de Gray

ROUTE OU DÉROUTE ?

Page 8: FV Juillet Août

8

Une proposition des écologistes

Il reste à espérer que le Préfet suivra l’avis una-

nime et motivé de la commission d’enquête sur ce grand

projet inutile et qu’il renverra le dossier aux archives du

Conseil général.

EÉLV suggère que les élus, les principaux em-

ployeurs et les salariés de l’agglomération réfléchissent à

un aménagement du temps : si les usines de la rive droite

fermaient leurs portes avec un léger décalage entre 16 h

45 et 17 h 15, les bouchons ne seraient plus qu’un mau-

vais souvenir.

Et quelques investissements beaucoup plus mo-

destes amélioreraient la vie de tout le monde, tout en

redynamisant une agglomération gravement touchée par

le chômage, les inégalités sociales et la précarité.

Alain ROPION,

pour le Groupe Local

Vesoul-Gray

(1) Direction régionale de l'Environnement, de

l'Aménagement et du Logement.

Réforme territoriale

SUPPLIQUE À NOTRE SOUVERAIN DE HOLLANDIE

Grand merci, ô notre Roy bien-aimé, François II :

vous avez décidé d’octroyer de nouvelles permissions à

nos provinces et communautés de paroisses.

Espérons que vos sujets sauront y choisir des

édiles et des échevins honnêtes et respectueux, capables

d’utiliser ces nouveaux droits :

* pour gérer au mieux nos sesterces ;

* encourager les artisans et paysans ;

* protéger nos rivières et les animaux de nos fo-

rêts ;

* organiser les relations entre nos bourgades et

hameaux ;

* soutenir nos œuvres de bienfaisance ;

* entretenir nos chemins et nos écoles ;

* développer des festivités…

* le tout en évitant les Très Grandes Voiries.

Ainsi, les meilleurs pourraient même être dotés

d’un habit vert.

Toutefois, permettez-nous de dénoncer certains

de vos sujets, qui regrettent que leur comté ou leur prin-

cipauté ne soit pas rattachée à la province de leur choix.

D’autres osent même critiquer la carte des octrois, éta-

blie nuitamment, en votre palais, par votre grand cham-

bellan et deux de vos vassaux.

Pour le plein succès de votre bienveillante déci-

sion, nous vous prions, notre somptueux monarque, de

bien vouloir :

* doter nos provinces et communautés des ga-

belles nécessaires à leur épanouissement ;

* veiller à une répartition juste et équilibrée des

écus et gratifications que vous leur accorderez ;

* offrir à vos sujets reconnaissants le droit de choi-

sir les hommes, et peut être les femmes, qui les repré-

senteront ;

* convaincre les barons et petits marquis de nos

cantons de s’effacer devant nos prochains échevins et

édiles.

Enfin, permettez à un humble manant de vous

suggérer de limiter les pouvoirs de vos surintendants

dans chaque baillage. Qu’ils s’assurent :

* du plein respect de votre auguste politique

royale ;

* de la justice et de l’égalité de chacun ;

* de la collecte de la dîme ;

* de la protection de la sécurité de tous face au

brigandage, etc.,

mais en laissant à nos échevins et édiles la respon-

sabilité de leurs honorables décisions. Ne serait-ce pas le

plus sûr moyen de réaliser les économies qui vous sont si

chères ?

Ainsi tous vos sujets pourraient glorifier éternelle-

ment votre œuvre réformatrice.

Alain Ropion

Simple clerc de Vesoul

dans le baillage d’Amont

Page 9: FV Juillet Août

9

UN AUDIT CITOYEN DE LA DETTE

Coaliser les énergies à gauche et en Europe

La dette et les déficits font peser une lourde hypo-

thèque sur l’avenir de notre pays, sur l’ensemble des pays

membres de l’Union européenne affectés et plus généra-

lement sur l’avenir du projet européen.

Mais la question centrale est bien de savoir qui va

payer la dette. Aussi, le travail d’audit citoyen de la dette

constitue une contribution précieuse pour permettre de

coaliser les énergies autour d’un message commun à la

gauche (enfin !) plutôt que de voir celle-ci se déchirer sur

la question : « Faut-il ou non rembourser la dette ? »

Certes, le débat est plus nuancé ; il porte plutôt

sur le rythme de réduction des

déficits ; mais les postures prô-

nant un infléchissement du rem-

boursement révèlent parfois une

méconnaissance partielle, par

certains, de la gravité de la situa-

tion.

À plusieurs reprises, et

constamment depuis deux

ans, j’ai eu l’occasion d’écrire, de

dire et de redire que l’effort principal devait être réalisé

par les créanciers ayant profité et abusé de la dette et

par ceux qui en étaient à l’origine, c’est-à-dire les évadés

fiscaux, qui sont responsables des principales pertes fis-

cales.

Ce qui n’exonère pas totalement l’ensemble des

citoyens de leur responsabilité pour la part des 40 %

correspondant au déséquilibre entre recettes et dé-

penses de notre système de financement public. Par

exemple les dépenses de santé redondantes, voire inu-

tiles, avec un budget qui a progressé de 1,5 point du PIB

(de 6,8 à 8,3 %) depuis 1981. Ou encore la dépense pour

le financement des retraites, qui représente aujourd'hui

13,7 % du PIB, contre 9,7 % il y a trente ans, alors que le

niveau élevé des retraites des plus aisés s'ajoute au

capital foncier et immobilier qu'ils ont acquis pendant

leur période de vie active (2). Ce qui représente au to-

tal, pour ces deux régimes, 5,5 points de PIB supplé-

mentaires, soit 110 milliards par an en euros constants

(progression mesurée hors inflation).

Pour en revenir au cœur du sujet, il faut

faire aboutir, à l’échelle européenne, un processus

d’extinction de l’évasion fiscale, en résonance avec la

demande de l’Union européenne d'une « trajectoire »

de baisse des déficits publics. Car

rien n’oblige à réduire ces déficits ex-

clusivement en baissant la dépense

publique. C’est l’urgence et l’absence

de convergence sur une alternative

qui expliquent les orientations uni-

voques adoptées jusqu’ici.

Et pendant ce temps, notre

pays, lesté par cette dette, fait néan-

moins le choix de soutenir les entre-

prises, dont beaucoup, en grande

difficulté, ont vu leurs marges de

manœuvre se réduire fortement et ont perdu, pour ne

pas s'être modernisées, des parts de marché à l'inter-

national, comme en atteste le déséquilibre croissant de

notre balance commerciale. C'est la politique de l'offre,

qui vise à favoriser l'émergence de produits, de ser-

vices, de « process », d'organisations plus attractifs, par

le développement de la recherche, de l'innovation et de

l'investissement. Il reste au législateur à s'assurer que

ces nouvelles marges n'iront pas accroître dividendes et

haut salaires, et aux écologistes à se battre pour la prise

Le Collectif pour un audit citoyen de la dette publique, qui rassemble de nombreuses associations militantes, a dévoilé

le 27 mai dernier une étude-diagnostic importante et précise de la dette française (1).

Celle-ci se veut une contribution au nécessaire débat public sur des questions cruciales : D’où vient la dette ? A-t-elle été

contractée dans l’intérêt général, ou bien au bénéfice de minorités déjà privilégiées ? Qui détient ses titres ? Peut-on alléger

son fardeau autrement qu’en appauvrissant la population ? Les réponses apportées à ces questions détermineront notre ave-

nir.

L'étude établit que la dette publique aurait été limitée à 43 % du PIB en 2012, au lieu des 90 % constatés, si la France ne

s’était pas lancée dans « une course folle aux baisses d’impôt et avait refusé de se soumettre à des taux d’intérêt exorbi-

tants ». Sa principale conclusion : 59 % de la dette publique proviennent des cadeaux fiscaux et des taux d’intérêt excessifs.

L’occasion pour Éric Alauzet de réagir aux récents débats européens sur le poids de la dette publique.

Page 10: FV Juillet Août

10

en compte, dans ce mouvement, de la transition écolo-

gique.

Encore faut-il, pour parler trivialement, trouver un

acheteur face au vendeur : d'où le débat sur les investisse-

ments publics, le pouvoir d'achat et le risque d'austérité, et

l'importance de ne pas faire excessivement porter le poids

de la dette sur les services publics et sur les classes

moyennes et les plus modestes. Il est donc impératif de

trouver un équilibre entre politique de l'offre et politique

de la demande, alors que bon nombre de nos concitoyens

ne sont pas en mesure de dépenser davantage ; pire en-

core, certains ne parviennent plus à subvenir à leurs be-

soins essentiels et souffrent de la faiblesse ou de la stagna-

tion de leurs revenus, cependant que le marché du travail

ne permet pas à la majorité des personnes concernées de

retrouver un emploi.

À l’heure du choix des personnalités qui forme-

ront le collège des Commissaires européens, le gouverne-

ment français doit rester ferme et faire de l’extinction de

l’évasion fiscale le cœur de sa politique européenne (3). De

cet enjeu dépend l’avenir du projet européen.

Il faut faire naître une alternative plausible à la

baisse de la dépense publique pour réduire la dette des

États, mais celle-ci ne pourra exister sans une alliance

des gauches en France et en Europe.

Éric Alauzet

Député de la 2e

circonscription du Doubs

(1) Résumé et rapport : http://www.audit-

citoyen.org/?p=6291

(2) Thomas Piketty en fait notamment la dé-

monstration et assure que l’accumulation du capital s’est

opérée principalement sur la pierre.

(3) À signaler que la loi contre la fraude et la

grande délinquance financière produit ses effets, avec

« le retour à la raison et à la maison » de 23 000 mé-

nages pour un produit fiscal de l’ordre de 2 à 3 milliards

d’euros, ce qui permettra de faire moins peser sur les

ménages modestes les réductions de dépense publique

pour rembourser la dette ; c’est l’exemple à suivre pour

les multinationales.

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Page 11: FV Juillet Août

11

On assiste en ce moment aux États-Unis à une

« pikettymania ». En effet, le livre de l'économiste français

Thomas Piketty, sorti en anglais au mois d'avril de cette

année, Le capital au XXIe siècle (1) a déjà été vendu à

400 000 exemplaires dans les pays anglophones. Des éco-

nomistes américains de renom comme Paul Krugman et

Joseph Stiglitz, « nobels » d'économie, ne tarissent pas

d'éloges sur ce monument de recherche en histoire écono-

mique. Le numéro de juin d'Alternatives Économiques y

consacre 10 pages (2). Qu'y a-t-il de nouveau sur la planète

de la répartition des richesses ?

Explosion des inégalités dans les pays indus-

trialisés

Piketty démontre que les inégalités de revenus et

de patrimoine sont en train d'exploser dans les grands pays

industrialisés. Par exemple, aux États-Unis, la part de reve-

nus accaparée par les 1 % les plus riches passe de 8 % en

1982 à près de 20 % en 2012. Toujours aux États-Unis, les

0,1 % les plus riches s'attribuent aujourd'hui 8 % des reve-

nus. Voilà l'effet spectaculaire des politiques ultralibérales

de Reagan. En Europe, les inégalités sont un peu moins

criantes mais aussi en forte augmentation.

C'est la différence entre le taux de croissance faible

(1 à 1,5 %) et le taux de rendement du capital (4 à 5 % en

moyenne) qui alimente les inégalités. Quand le taux de

rendement du capital, du fait de la concurrence fiscale

croissante entre les pays (liée à la mondialisation), est dura-

blement supérieur à la croissance, cela aboutit mécanique-

ment à des inégalités croissantes de patrimoine.

Même les experts de l'OCDE estiment que ce sont

les politiques fiscales qui sont responsables de cette situa-

tion : abaissement des tranches les plus hautes d'imposi-

tion et diminution de la taxation des profits des entreprises

et du capital. De fait, durant les vingt dernières années, les

10 % les plus riches ont accaparé entre deux tiers et trois

quarts du fruit de la croissance. C'est un cinglant dé-

menti de la théorie du « ruissellement » qui prétend

que, quand les riches s'enrichissent, tout le monde en

profite.

Capital privé : le retour en force

Jusqu'à la Première Guerre mondiale, la valeur

des patrimoines privés (immobiliers, financiers ou pro-

fessionnels) atteignait 6 à 7 années de revenu national.

Dans les années 50, cette valeur était tombée à 2 an-

nées de revenu national. Mais depuis, le capital revient

en force pour retrouver des valeurs proches de la fin du

XIXe siècle : 5 à 6 années.

L'explication est simple : en un an, la croissance et

les salaires progressent très peu alors que ce que rap-

porte le capital - profits, dividendes, loyers, intérêts, etc.

- progresse beaucoup plus vite. La vérité est donc bien

loin des pleurnicheries des responsables du Medef, qui

ont dû bien se marrer en entendant Moscovici plaider le

« ras-le-bol fiscal »…

On notera le contraste : pendant que les patri-

moines privés s'envolent, la dette publique s'aggrave

non du fait de l'accroissement inconsidéré des dé-

penses, comme les économistes libéraux voudraient

nous le faire croire, mais par les baisses d'impôts des

plus riches, qui leur permettent d'accumuler toujours

plus de richesses. Et globalement, déduction faite de la

dette, nos sociétés n'ont jamais été aussi riches, mais

l'essentiel des richesses est confisquée par une petite

fraction très privilégiée de la population, qui arrive à

faire prévaloir ses intérêts, avec un succès certain, au-

près des politiques et des médias.

Débat économique

LES INEGALITÉS SELON THOMAS PIKETTY

Page 12: FV Juillet Août

12

Pour une refonte du système fiscal

La déduction de ce qui vient d'être dit est

simple : les riches ne paient pas assez d'impôts et la

fiscalité n'arrive pas à contribuer suffisamment à la

redistribution des revenus. La nécessité d'une grande

réforme fiscale, qui figurait dans le programme du can-

didat Hollande, garde donc toute sa pertinence. La fis-

calité ne s'oppose pas au développement économique :

Thomas Piketty fait remarquer que « parmi les 28 États

membres de l'Union européenne, ceux qui ont le plus

haut niveau de prélèvements obligatoires sont les pays

les plus développés ».

L'originalité de Piketty est de proposer un impôt

progressif sur le patrimoine net, c'est-à-dire déduction

faite des emprunts. Cet impôt s'appliquerait à tous les

actifs, donc aussi aux actifs financiers et professionnels.

Le barème serait de 0 % jusqu'à 1 million d'euros de

patrimoine net, 1 % entre 1 et 5 millions et 2 % au-

dessus de 5 millions. Un tel impôt appliqué à l'échelle

de l'Union européenne rapporterait des recettes équi-

valant à 2 % de PIB : elles permettraient de faire face

aux défis de notre époque, comme le réchauffement

climatique et la transition énergétique.

Depuis un quart de siècle, on assiste à une recon-

centration des patrimoines au sommet de la hiérarchie

sociale. À l'inverse, les revenus des classes populaires et

des classes moyennes stagnent, provoquant un senti-

ment d'injustice, de frustration et de déclassement. Mais

ces inégalités, qui sont inacceptables du point de vue

moral, ont d'autres effets négatifs, comme celui d'être à

l'origine des crises : ce sont les revenus des riches qui

alimentent les bulles spéculatives. Enfin, n'oublions pas

non plus que ce sont les plus riches qui ont la plus lourde

empreinte écologique (3) et qui font la promotion d'un

modèle de consommation ostentatoire totalement insou-

tenable pour la planète.

Gérard Mamet.

(1) Thomas Piketty, Le capital au XXIe siècle, Seuil,

septembre 2013. 25 €.

(2) Inégalités : l'onde de choc Piketty, Alternatives

Economiques, numéro 336, Juin 2014, pp. 59 – 68.

(3) L'empreinte écologique est un indicateur de la

pression exercée par les hommes sur l'environnement et

les ressources naturelles.

Europe Ecologie Les Verts de Franche-Comté

(14, rue de la République, 25000 Besançon)

Directeur de publication : Gérard Roy

Comité de lecture : Michel Boutanquoi, Gérard Mamet,

Gérard Roy, Suzy Antoine

CPPAP: 0518 P 11003

Maquette : Corinne Salvi Mise en page : Suzy Antoine

Page 13: FV Juillet Août

13

Pour apporter des

billes à notre réflexion écono-

mique, voici mon retour sur

la conférence-débat du Pro-

fesseur Henry Sterdyniak,

économiste atterré (1), au

Bar des Sciences, à Montbé-

liard, en avril.

L'économie en trois grandes périodes ré-

centes

Des années 90 à 2007, les échanges écono-

miques suivent un courant néolibéral. Des pays

comme la Chine et l'Allemagne prennent une posture

mercantiliste, c'est-à-dire qu'ils se développent par l'ex-

portation et accumulent les excédents sans les redistri-

buer, ce qu'ils auraient pu faire notamment par le salaire

(les Allemands finissent par y venir). Mais si des pays ac-

cumulent des richesses, il faut bien que d'autres accumu-

lent des dettes...

Dans le même temps, le modèle anglo-américain

fait que l'on distribue également peu de salaire mais que

l'on encourage massivement le crédit aux classes

moyennes. Les prix de l'immobilier montent, les gens se

croient riches, mais ce n'est qu'illusion car, lorsque éclate

la bulle, on s’aperçoit que le patrimoine immobilier ne

vaut pas ce qu'on croyait.

Les années suivantes (2008 à 2010) laissent

apparaître l'affolement des dirigeants, des écono-

mistes « conventionnels » et surtout des spécula-

teurs. Or, « les spéculateurs sont des gens simples » :

tous achètent dans le même sens et d'un seul coup, s'af-

folent et revendent tous dans le même sens. Ces gens

ont besoin qu'on les rassure, ce à quoi s'emploient nos

États en nationalisant les pertes, alors que les profits

étaient privés ! Ce que les Islandais ont refusé de faire,

laissant aller à la faillite les banques sur leur territoire

national.

Depuis 2010, les libéraux reviennent à l'offensive

avec le refrain « Y a trop d'impôts ! » : on oublie que c'est

le modèle spéculatif qui est en cause. En Europe, les pays

du nord continuent d'accumuler les excédents

(Allemagne), tandis que les pays du sud, qui ont misé sur

la spéculation immobilière, plongent dans le marasme

(Cf. l'Espagne et ses complexes immobiliers vides, ses

aéroports neufs à l'abandon). Les marchés spéculent sur

les dettes et les grandes entreprises préfèrent verser des

dividendes plutôt que d'investir (2).

Car il faut toujours avoir en tête que, malgré la

« crise », d'énormes masses d'argent circulent et cher-

chent à se placer. Les marchés sont friands des dettes

des États, au point de leur prêter à taux 0 %, voire à taux

négatif ! Aux Allemands, les Chinois ont parfois prêté de

l'argent ET versé les intérêts.

Et maintenant, comment agir ?

1) Quelques propositions des Économistes

atterrés à l'échelle de l'Union européenne :

- faire une Europe sociale et écologique (transition

écologique notamment) ;

- harmoniser les salaires ;

- investir les excédents dans les pays du sud ;

- garder les retraites par répartition et ne pas aller

vers la capitalisation car cela alimente le marché et la

spéculation ;

- harmoniser les règles fiscales, de façon à avoir un

impôt progressif, et surtout éviter l'optimisation fiscale,

voire la fraude (Starbuck ne paie pas d'impôt en France

car il achète ses cafés en Suisse ; le café est si cher que la

filiale française est déficitaire par rapport à Starbuck

mère et ne paie donc pas d'impôt ! ) ;

- séparer les banques de dépôt de celles de spécu-

lation.

2) Quid de l'€uro ?

Il manque les mécanismes pour que cette mon-

naie fonctionne. Nous avons mis en place des règles

« stupides » imposées par l'Allemagne, celle par exemple

que la BCE n'assure pas les dettes publiques.

La sortie de l'euro n'est pas une solution : ce serait

une usine à gaz, notamment parce que dettes et capi-

taux sont mêlés (par exemple, la dette portugaise déte-

nue par l'Allemagne devrait-elle être chiffrée en marks

ou en escudos ?).

Économistes atterrés

LES ENJEUX ACTUELS DE L'ÉCONOMIE

Page 14: FV Juillet Août

3) On lègue la dette à nos enfants.

Henry Sterdyniak nous invite à relativiser.

Mieux vaut naître en France qu'au Nigeria : ici, l'enfant

naît avec des soins gratuits, écoles, infrastructures,

hôpitaux, etc. Mais il convient d'avoir en tête que,

« quand il y a dette, il y a créance. En réalité, on lègue

aux enfants des salariés la dette qu'ils devront aux en-

fants des rentiers. »

4) Qui possède la dette ?

On dit que la dette française est détendue à

50 % à l’étranger. En réalité, notre dette se trouve :

- dans certains pays du Proche-Orient, du

Moyen-Orient et d'Afrique, par proximité et parce que

notre diplomatie sillonne ces pays pour leur « vendre »

notre dette ; de fait, leurs excédents ne vont pas vers

leur propre population, mais servent au maintien de

notre niveau de vie ;

- dans les fonds de pension anglais et améri-

cains (retraite par capitalisation) ;

- dans l'épargne des Français au

Luxembourg (!);

- dans l'Assurance vie des Français (cocktails de

placements) (3).

5) Et les Élections européennes, là-

dedans ? (4)

Nous sommes prisonniers de la culture du con-

sensus entre PPE (Parti populaire européen) et PSE

(Parti socialiste européen), lesquels ne remettent pas

en cause la politique d'austérité. Les peuples ne sont

pas dupes, et se tournent par dégoût vers les popu-

lismes.

6) Quid de la décroissance ?

« Voilà la seule question sérieuse ! » s'exclame

Henry Sterdyniak. Car avec la crise écologique, on

épuise la planète, et principalement aux dépens des

pays émergents. Il faut lutter contre les gaspillages et

convaincre tous les pays, au moins européens, de con-

verger vers ces principes.

On pourra poursuivre avec deux ouvrages col-

lectifs : Le Manifeste des économistes atterrés et Chan-

ger l'Europe. Site internet : www.atterres.org/

Anna Maillard

(1) M. Sterdyniak enseigne à Sciences-Po Paris, il

est directeur du Département Économie de la mondiali-

sation à l’Observatoire français des Conjonctures écono-

miques (OFCE) et signataire du Manifeste des Écono-

mistes atterrés.

(2) Cf. les mauvais choix stratégiques de PSA il y

quelques années.

(3) Je m'occupe avec mon compagnon de faire

connaître l'épargne équitable (notamment chez

Oïkocrédit), laquelle, 100 % traçable, permet de savoir à

quoi sert l'argent placé. Je vous présenterai le principe

dans un prochain numéro.

(4) La conférence a eu lieu avant…

ATTENTION : ÉCONOMISTES MÉDIA-

TIQUES !

La crise nous apprend que de nombreux travaux

d'économistes sont biaisés. En effet, beaucoup d'entre

eux travaillent pour les banques, ce à quoi s'ajoute que

ces mêmes banques possèdent les médias, ou y ont des

parts (le Crédit mutuel possède toute la Presse Quoti-

dienne Régionale - PQR - de Nancy à Avignon...).

Résultat : ces économistes ont les oreilles des

dirigeants et sont toutes les semaines dans les médias !

Patrick Artus, Christian de Boissieu, Daniel Cohen, Elie

Cohen, Jean-Hervé Lorenzi, Olivier Pastré, Alain Minc et

Jacques Attali cumulent des cursus académiques et des

participations dans des banques, des Conseils d’admi-

nistrations de grands groupes, commissions, think

tanks, etc.

Personnellement, j'aime écouter l'émission

« L'Économie en questions », le samedi, sur France Cul-

ture. Lors d'une émission sur les ressources naturelles,

j'ai été édifiée d'entendre les commentaires d'Oliver

Pastré, prônant de poursuivre les sondages pour le pé-

trole à tout prix. Un animateur de cette émission a alors

précisé que ce Pastré est membre du conseil de surveil-

lance de… Total ! Ébranlée, je me demande toujours

depuis «d'où parle » l'expert.

Cela dit, ce serait une indigne facilité que de re-

courir à la théorie du complot (des économistes, des

pouvoirs...). Nous avons la société que nous méritons.

Elle se constitue par touches, ajouts, retraits, et il est

difficile de la bouleverser car, à coup de compromis-

sions, de recherche du confort, nous évitons de re-

mettre en cause nos acquis, même pour les sauver.

D'où ce que j'approuve chez les Verts : préférer les pe-

tits matins au grand soir...

14

Page 15: FV Juillet Août

L'été dernier, j’ai eu la

chance de rencontrer Jacques

Blondel, Directeur de Re-

cherche émérite au CNRS, spé-

cialiste d’écologie évolutive. Il a

été président, de 2000 à 2004,

de la commission scientifique de

l’Institut Français de la Biodiver-

sité (devenu en 2008 Fondation

pour la Recherche sur la Biodi-

versité). Il a écrit récemment un

excellent ouvrage sur la biodi-

versité. (Un conseil cependant :

il s’agit d’un « pavé » et, si on n’est pas un spécialiste, il

faut se prendre le temps de le lire, de le poser pour digé-

rer la masse d’informations.) Le synopsis que vous allez

découvrir est le sien.

Jacques Blondel a été très intéressé par la propo-

sition de publier dans notre Feuille Verte un article fai-

sant la promotion de son livre car, dit-il, « comme vous

pouvez vous en douter, la sensibilité politique d’Europe

Écologie Les Verts est la mienne ». Bienvenue chez les

écolos, Monsieur Blondel !

Ce livre est un regard du biologiste sur la

diversité biologique, dénommée aujourd’hui biodiver-

sité, son origine, son histoire, sa trajectoire, ses fonc-

tions, mais aussi celui de quiconque est préoccupé par

son érosion, sa conservation et les relations qu’il s’agit de

construire entre elle et les sociétés humaines pour le

bien-être de ces dernières.

L’ouvrage est structuré en trois parties. Il

commence par dérouler l’histoire d’une diversité

biologique qui s’enracine dans la profondeur des temps

géologiques et dont l’évolution garantit le perpétuel de-

venir. Il analyse ensuite les processus écologiques par

lesquels la diversité biologique actuelle se maintient dans

les écosystèmes et, par les fonctions qu’elle y assure,

fournit les services écosystémiques (1) qui sont à la base

de la vie et du bien-être des sociétés humaines en leur

offrant les biens de consommation dont elles se nourris-

sent, s’habillent, se logent, se chauffent, se soignent, se

cultivent et se ressourcent. Il s’interroge enfin, par une

réflexion épistémologique (2) et philosophique, sur la

légitimité d’un anthropocentrisme (3) conquérant, dont

la pression sur les écosystèmes ne fait que s’accentuer.

En altérant profondément la diversité biologique ac-

tuelle, l’homme en modifie nécessairement les trajec-

toires, donc le sens de l’évolution, portant ainsi grave-

ment atteinte à ce qui fonde le bien-être des sociétés

humaines. Mais il porte aussi atteinte à la dignité de tout

être vivant, ce que dénoncent plusieurs courants rele-

vant de l’éthique de l’environnement, qui confèrent au

vivant non humain une valeur intrinsèque qui le rend

digne de considération morale.

L’analyse de l’histoire de la biodiversité et de

son statut actuel permet de mesurer l’ampleur des alté-

rations que les humains lui font subir par dégradation

des habitats, surexploitation des ressources vivantes,

appropriation excessive de la productivité organique. Les

déterminismes (4) de ces pressions sur l’environnement

sont nombreux, complexes et en interaction les uns avec

les autres. On les rassemble sous l’expression de

« changement global », qui se décline en plusieurs com-

posantes, liées à la domination des humains sur une

planète devenue à ce point anthropisée et modifiée que

le terme d'« anthropocène » a été proposé pour dési-

gner cette nouvelle ère géologique. Isolément ou en

synergie, ces composantes du changement global se

combinent pour exercer sur la diversité biologique et sur

les fonctions et services écologiques d’approvisionne-

ment et de régulation des pressions inédites dans l’his-

toire de la vie. Ces pressions sont telles que les capacités

d’autorégénération de la planète sont dépassées car la

production organique de la biosphère ne compense plus

ce qui lui est prélevé par les sociétés humaines.

Mais l’espoir n’est pas perdu et l’horizon n’est

pas bouché si, conscient des responsabilités qui lui in-

combent et réalisant que la crise actuelle de l’environne-

ment touche les fondements mêmes de la civilisation -

car elle est aussi d’ordre social, moral et politique -,

l’homme se décide avec courage et lucidité à construire

un nouveau « vivre-ensemble » avec la nature. Car les

moyens ne manquent pas qui permettraient de concilier

le développement des sociétés humaines avec le respect

15

Lecture

L’ARCHIPEL DE LA VIE

Page 16: FV Juillet Août

16

du vivant non humain, en substituant une société de fonc-

tionnalité à une société d’appropriation : sauver la planète

implique de la penser comme un espace de solidarité

entre toutes les composantes de la vie, qu’elle soit hu-

maine ou non humaine.

L’Archipel de la Vie. Essai sur la diversité biologique

et une éthique de sa pratique - Jacques Blondel, Éd.

Buchet-Chastel, 20,30 €

Suzy Antoine

(1) Qui concerne un

système écologique complet

et donc les relations existant

entre les êtres vivants et leur

milieu dans un endroit don-

né (Wikipédia).

(2) Qui prend la con-

naissance scientifique pour

objet (Larousse).

(3) Attitude qui place

l’homme au centre de

l’univers et qui considère que toute chose se rapporte à lui

(Larousse).

(4) Enchaînement de cause à effet entre deux ou plu-

sieurs phénomènes (Larousse).

Lectures

ISLAM ET ISLAMISME

Que les choses soient claires : il n'est pas question

de plonger tête baissée dans l'alarmisme, voire la para-

noïa, dans lesquels certains (politiques, médias...) vou-

draient à tout prix nous entraîner. Il n'en est pas moins

vrai que nul esprit un tant soit peu raisonnable ne peut se

réjouir, ni même seulement se dire indifférent, devant

l'actuel prurit de l'intégrisme islamiste qui, ces derniers

temps, s'est manifesté sous trois formes particulièrement

détestables : les départs sinon massifs, du moins non né-

gligeables, de jeunes écervelés pour le djihad en Syrie ;

l'assassinat de sang-froid de touristes juifs au musée

bruxellois de la Shoah ; la progression fulgurante des fana-

tiques surarmés et désormais richissimes de l'EIIL (État

islamique en Irak et au Levant). Sans parler - événements

devenus trop courants pour qu'on s'y intéresse encore,

n'est-ce pas ? - des massacres, au Nigéria, au Kenya ou

ailleurs, de croyants sans doute un peu trop tièdes dont

on consolide ainsi définitivement la foi…

Mon intention n'est pas, dans les lignes qui suivent,

de tirer une sonnette d'alarme qui, de toute façon, vu

l'audience de notre Feuille Verte, serait forcément d'une

efficacité limitée. Pas même de broder sur le thème « Ça

fout les jetons » (1) alors que je serais bien incapable de

proposer à ce redoutable problème la moindre amorce de

solution un tant soit peu crédible. Je voudrais simplement

saisir cette occasion - une occasion dont je me serais vo-

lontiers passé - pour vous conseiller la lecture de trois

livres en rapport avec l'islamisme (2) et avec les défis que

celui-ci lance aujourd'hui à la fois à l'intelligence, à la dé-

mocratie et à la liberté.

Dans le premier, Le Sexe d'Allah (3), Martine

Gozlan cherche à comprendre comment toute une partie

du monde musulman est passé « des mille et une nuits de

l'Islam » aux « mille et une morts de l'islamisme » (4). On

pourra certes trouver quelque peu angélique la descrip-

tion d'un islam des origines où le sexe aurait été à la fois

triomphant et « poétisé », et bien insuffisante l'explication

de l'intégrisme islamiste, quasi exclusivement, par la frus-

tration et l'obsession sexuelles devenues la règle dans les

sociétés musulmanes, d'Alger à Téhéran et de Gaza à cer-

taines de nos banlieues. Il n'en demeure pas moins que la

comparaison est subtile et stimulante entre ce que nous

disent de l'Islam les textes des poètes et des philosophes

arabes du passé, ou encore les miniatures persanes, et la

haine du sexe - en particulier du sexe féminin -, alliée à la

fascination pour la mort, professées aujourd'hui par tout

ce que la planète compte d'allumés wahhabites, de cinglés

salafistes ou d'azimutés talibans. À lire donc, ne serait-ce

que pour découvrir aussi bien des textes d'une sensualité

époustouflante que des monuments d'imbécillité satis-

faite.

Page 17: FV Juillet Août

La même Martine Gozlan a publié cette an-

née un livre intitulé Les Rebelles d'Allah, dont le

sous-titre dit à peu près tout : Ils ont défié l'ordre isla-

miste. Quelque 170 pages pour dresser les portraits de

sept personnalités très différentes les unes des autres,

mais que réunissent la même haine du fanatisme, la

même revendication du droit à étudier, à écrire, à créer,

à aimer, à ne pas croire en Dieu, et le même courage

pour affronter, quasiment seules contre tous, l'ordre

obscurantiste qui, du Maghreb au Proche-Orient (et

même plus loin, comme on l'a vu encore récemment au

Brunei), cherche à interdire toute pensée libre au nom

des traditions et de la charia. On lira avec émotion et

consternation à la fois les véritables épopées vécues

aussi bien par un pianiste turc que par un poète saou-

dien, par une Femen tunisienne que par un blogueur

palestinien, par une avocate iranienne que par un uni-

versitaire de Tunis ou par la désormais célèbre Malala,

l'écolière pakistanaise que les talibans ont voulu tuer

pour châtier sa soif d'apprendre. Un livre à conseiller à

tous ceux qui débusquent l'islamophobie et le racisme

dans toute critique des dérives de l'islam, confondant

par là islam et islamisme, musulmans et fanatiques (5).

Quant à Boualem Sansal, c'est un romancier

algérien qui jouit aujourd'hui d'une indéniable notorié-

té en France, où l'on a réservé un excellent accueil à son

Serment des Barbares, à Harraga, au Village de l'Alle-

mand (parus en Folio), etc. Mais c'est son dernier essai

qui retiendra ici notre attention : Gouverner au nom

d'Allah – Islamisation et soif de pouvoir dans le monde

arabe (6) - encore un sous-titre qui en dit long. Bien plus

qu'une investigation journalistique ou qu'un rapport

d'expert, ce livre se veut « la réflexion d'un témoin, d'un

homme dont le pays […] a été très tôt confronté à l'isla-

misme, un phénomène inconnu de lui jusque-là ». Il traite

de la montée de l'intégrisme musulman en Algérie et

dans le monde arabe en général, décrit le mélange

d'inconscience et de relative sympathie avec lesquels ces

bigots en apparence si insignifiants ont d'abord été ac-

cueillis, pointe du doigt les responsabilités multiples qui

ont permis, par légèreté ou par cynisme, au fanatisme

de se répandre comme une lèpre : « les États prosélytes,

les élites opportunistes, les intellectuels silencieux, les

universités, les médias, la “rue arabe“ » (7), mais aussi les

réponses inappropriées que lui opposent les pouvoirs occi-

dentaux et les politiques, totalement inefficaces, d'intégra-

tion des immigrés dans les pays d'accueil. Très pédago-

gique, le livre propose aussi une classification bien utile

des divers courants, mouvements et écoles qui se parta-

gent et se disputent un islam à l'histoire mouvementée,

parcourue de schismes, de combats et de persécutions.

Gérard Roy

(1) Et pourtant si : d'une certaine façon, moi, ça me

fout les jetons.

(2) Est-il nécessaire de préciser que me répugnent

autant TOUS les intégrismes, de quelque obédience qu'ils

soient, même si, à l'heure actuelle, c'est celui-ci qui s'avère

le plus agressif ?

(3) Martine Gozlan, Le Sexe d'Allah – Des mille et

une nuits aux mille et une morts, Grasset, 2004, réédité en

Livre de Poche Biblio essais.

(4) Grand reporter et rédactrice en chef à l'hebdo-

madaire Marianne, Martine Gozlan est, tout comme

Caroline Fourest, traînée dans la boue

comme « islamophobe », « sioniste », « juive », etc., sur

quantité de sites internet qui manient avec dextérité

l'injure, l'amalgame et la désinformation.

(5) Martine Gozlan, Les Rebelles d'Allah, préface de

J.-F. Kahn, L'Archipel, 2014.

(6) Boualem Sansal, Gouverner au nom d'Allah, NRF

-Gallimard, 2013.

(7) Si l'on veut bien m'autoriser le rappel d'une ex-

périence personnelle : j'ai vécu, entre 1974 et 1977, dans

l'Algérie « socialiste » de Houari Boumédiène, vers laquelle

dardaient les regards aussi naïfs qu'énamourés de toute

une certaine gauche tiers-mondiste en mal de Mecque

(sans mauvais jeu de mots). C'est pourtant dans cette Algé-

rie « révolutionnaire » qu'on construisait d'abord les mos-

quées dans les nouveaux villages dits « de la Révolution

socialiste » et qu'affluaient du Moyen-Orient des ensei-

gnants aussi nuls dans la matière qu'ils étaient censés ap-

prendre que redoutablement formés à l'art d'inculquer à la

jeunesse les beaux principes d'un Coran made in Riyad...

Inutile de vous dire que, plus tard, les tragiques événe-

ments des « années de braise » ne m'ont guère surpris...

17

Page 18: FV Juillet Août

1. La nouvelle donne du stockage d'énergies

Avec le développement des énergies intermit-

tentes (solaire, éolien), les besoins de stockage augmen-

tent. Les deux formes de stockage les plus répandues de

l'électricité, batteries classiques et STEP (1), ne suffisent

plus. Il faut donc étendre la panoplie des formes de

stockage : nouvelles batteries sodium-soufre, supercon-

densateurs, volants d'inertie, stockage sous forme d'air

comprimé et surtout hydrogène fabriqué par électro-

lyse. La forme « hydrogène » a l'avantage de pouvoir

être massivement stockée et facilement transportée via

les réseaux de gaz existants ou à réaliser. On peut aussi

stocker l'énergie sous forme de chaleur, ce qui permet

d'utiliser en période froide l'énergie produite en été (La

Recherche n° 488, juin 2014, pp. 42-43).

Commentaire : Le stockage est un enjeu impor-

tant de la transition énergétique pour éviter d'avoir

recours aux énergies carbonées aux périodes de pointe.

On parle de la nécessité de 100 milliards d'euros

d'investissement en 10 ans au niveau mondial. D'après

les prévisions actuelles, la France ne se situerait qu'au

dixième rang mondial en 2022, avec 10,7 gigawatts ins-

tallés, ce qui n'est pas à la hauteur des enjeux.

2. La querelle du lait cru

Les risques et les bénéfices des fromages au lait

cru ont été rarement débattus de bonne foi. On a sou-

vent parlé du risque de listériose pour imposer la pas-

teurisation du lait. En réalité, les industriels laitiers pré-

fèrent utiliser du lait pasteurisé, qu'ils ensemencent

avec quelques souches de micro-organismes. Ils arrivent

ainsi à fabriquer des fromages « standard », mais peu

goûteux. Les artisans travaillent avec de plus petits vo-

lumes de lait, en général cru. Ce lait cru va bénéficier d'une

plus grande diversité de micro-organismes provenant de

sources variées, allant de l'air de l'étable au fourrage et

aux ustensiles de manipulation. Il en résulte des fromages

au goût plus prononcé. (Pour la Science n° 439, mai 2014,

p. 91)

Commentaire : La question sanitaire a souvent été

évoquée, en particulier par les États-Unis, pour refuser les

importations de fromages au lait cru. Des études ont été

réalisées à Caen et à Besançon. En fait, la listériose liée à la

consommation de fromage est très rare et il arrive que des

fromages au lait pasteurisé soient contaminés aussi. Il est

maintenant établi que les fromages au lait cru sont plus

sains : ils contiennent moins de sucres fermentescibles et

ont une acidité plus grande, qui prévient l'installation de

bactéries pathogènes. Vive la fabrication artisanale de fro-

mages au lait cru !

3. L'éthique animale entre science et droit

Par un amendement à la loi de modernisation et de

simplification du droit, le 15 avril 2014, le statut de l'ani-

mal est passé de « bien meuble » à celui d' « être vivant

doué de sensibilité ». En fait, c'est surtout une mesure

symbolique, qui ne change pas grand chose au niveau pra-

tique : pas de changement sur les élevages concentration-

naires, la chasse à courre et la torture des taureaux dans

les corridas. Les défenseurs des animaux proposent que

soient définis, avec l'aide des scientifiques, les différents

degrés de sensibilité des animaux pour adapter les législa-

tions.

18

Science et écologie

STOCKAGE D'ÉNERGIE, FROMAGES AU LAIT CRU, ÉTHIQUE ANIMALE ET

BIODIVERSITÉ DES POMMIERS

La science pour éclairer les choix de l'écologie politique.

La réflexion politique pour développer la critique de la science.

Page 19: FV Juillet Août

19

On sait que l'ensemble des vertébrés et quelques inverté-

brés comme les pieuvres sont aptes à éprouver douleur

ou angoisse. (Pour la Science n° 440, juin 2014, pp. 12-13)

Commentaire : La législation français reste très

largement incohérente. Les actes de cruauté et les mau-

vais traitements sur les animaux domestiques sont punis.

Mais de nombreuses dérogations existent : corrida,

chasse de loisir, sans parler des mauvais traitements dans

les élevages industriels. Autre exemple d'incohérence :

les faisans. Tant qu'ils restent dans les élevages, les fai-

sans sont protégés par la loi contre tout acte de maltrai-

tance par les humains. Une fois relâchés dans la nature

pour les besoins de la chasse, ils sont considérés comme

« sauvages » et peuvent être blessés ou mutilés à sou-

hait.

4. Les pérégrinations du pommier domes-

tique

11 000 variétés de pommiers sont cultivées dans

le monde et en France, 376 sont autorisées à la culture,

mais 65 % de la production française ne correspondent

qu'à trois variétés : Golden, Gala et Granny. Les formes

domestiques du pommier seraient issues d'une espèce

sauvage du Kazakhstan, en Asie centrale. Cette espèce

asiatique présente une forte diversité en matière de

forme et de goût. Mais le pommier cultivé se serait en-

suite hybridé avec le pommier sauvage européen au

cours de sa dispersion jusqu'à l'Atlantique, d'abord le

long de la route de la soie (2). (Pour la Science n° 439, mai

2014, p. 36-41).

Commentaire : Le pommier sauvage européen

est menacé à la fois par la fragmentation de son habitat

forestier et par son hybridation avec le pommier domes-

tique. Or les variétés sauvages, qui ont une grande varia-

bilité génétique, détiennent certains caractères spéci-

fiques absents des variétés domestiques, comme la

résistance à des maladies. Ce qui pourrait permettre

d'améliorer les variétés domestiques.

D'autre part, certaines associations de pommo-

logie tentent de préserver le maximum de variétés

anciennes de pommes.

Gérard Mamet

(1) STEP : Station de Transfert d'Énergie par

Pompage. La technique consiste à pomper de l'eau

d'un bassin inférieur vers un bassin supérieur pendant

les heures creuses. En cas de besoin, on récupère

l'énergie ainsi stockée par turbinage. En 2011, les STEP

représentaient 99 % des 140 gigawatts de capacité de

stockage dans le monde.

(2) Le pommier sauvage européen (Malus

sylvestris) est distinct du pommier domestique (Malus

domestica), lui-même distinct du pommier sauvage du

Kasakhstan (Malus sieversii). Le fruit du pommier sau-

vage européen est appelé « buchin » en Franche-

Comté.

Page 20: FV Juillet Août

20

Franchement, le cœur n’y est pas : faire le compte

rendu de ce Conseil fédéral est pénible, parce que ce

Conseil fut pénible. Les invectives, les noms d’oiseaux

(pardon aux amis de la LPO), les sifflets ont ponctué ce

week-end, dans la grande tradition chaotique des Verts

puis d’EÉLV.

Ces comportements ont pris une telle dimension

que Thierry Brochot (le président du CF) est venu à la

tribune lire la déclaration suivante : « Le Bureau du Con-

seil fédéral et le Bureau exécutif constatent et regrettent

certains actes isolés de conseillers fédéraux, lesquels ont

perturbé les travaux du Conseil fédéral. Les valeurs de

l'écologie comprennent l'écoute, le respect des opinions

et la non-violence et ne sont pas compatibles avec ces

attitudes. Ils rappellent qu'il est inacceptable qu'un inter-

venant soit sifflé au seul énoncé de son nom, avant même

sa prise de parole. D'autre part, le Bureau du Conseil fé-

déral et le Bureau exécutif condamnent l'action d'intimi-

dation que la Secrétaire nationale a subie alors qu'elle

répondait en direct à une interview télévisée. Ils désap-

prouvent fortement ce type de pratique et demandent à

chacune et chacun de respecter les règles collectives ga-

rantissant la tenue d'un débat politique ouvert et cons-

tructif. »

Fatiguant de constater qu’une partie des

conseillers (et conseillères, celles-ci n'étant pas en

reste) se comportent comme des gosses mal élevés et

ne supportent pas l’expression de points de vue diffé-

rents des leurs.

Il est vrai que nous avions à statuer sur l’exclu-

sion d’Alain Lipietz et de ses colistiers (et colistières)

pour cause d’alliance électorale avec l’UMP à Villejuif

et que cela a sans doute exacerbé les passions. (Il est

d'ailleurs intéressant de noter que cette alliance inha-

bituelle a été défendue par Gilles Lemaire et ses amis,

qui se situent habituellement à la gauche du mouve-

ment !).Constater la lente dérive d’une figure histo-

rique de l’écologie politique est triste et son exclusion

ne réjouit personne, mais les choix ont des consé-

quences et les instances de notre parti servent à ga-

rantir le respect de nos engagements de congrès ; con-

grès qui, depuis des années, confirment notre ancrage

à gauche. Ce n’est pas parce que l’ensemble du pay-

sage politique bascule vers la droite que nous devons

suivre ce mouvement.

Le samedi matin, la convention sur la ré-

forme territoriale, organisée à la hâte, fut plutôt

réussie. Des points forts ont émergé des débats, qui

permettront à nos parlementaires, s’ils le souhaitent,

de préparer leurs amendements pour :

- qu'un volet réforme démocratique soit intégré

à la loi et que ce volet comprenne des avancées inté-

grant démocratie participative et démocratie repré-

sentative, ainsi qu’une séparation nette des pouvoirs

entre délibératif et exécutif ;

- acter la proportionnelle et le scrutin universel

direct avec une prime majoritaire faible pour les scru-

tins territoriaux (communes, intercommunalités, mé-

tropoles et régions…) ;

Conseil fédéral des 14 et 15 juin

TENSIONS

« Le poison du présidentialisme va nous tuer. »

Emma Cosse, Secrétaire nationale

Page 21: FV Juillet Août

21

- que l'égalité des territoires soit retenue comme

objectif de la réforme et que la loi précise la péréqua-

tion interrégionale et la maitrise des recettes fiscales ;

- définir les principes de l’égalité des territoires à

l’échelle infrarégionale ;

- faire reposer en partie l’autonomie fiscale sur

une décentralisation des recettes fiscales de l’État et

sur le développement d’une fiscalité écologique ;

- que la clause de compétence générale des ré-

gions soit garantie et que des statuts différenciés puis-

sent être mis en place selon les territoires ;

- que la carte des fusions de régions proposées

par le gouvernement soit amendée pour mieux corres-

pondre aux territoires vécus et que ce redécoupage ne

se cantonne pas aux limites actuelles des régions.

Lors de son discours de politique générale,

Emma Cosse a décrit les travers des mécanismes de

péréquation actuels, qui aboutissent parfois à ce que

« les pauvres des régions riches paient pour les riches

des régions pauvres », et affirmé que l’évolution de la

loi sur la transition énergétique aura un impact direct

sur nos relations avec nos partenaires politiques. (Bon,

je ne suis pas sûr que le PS en tremble, mais ça va tout

de même mieux en le disant...) Enfin, elle a fustigé le

dénigrement de l’impôt qui est devenu la norme alors

qu’en démocratie, « l’impôt est une arme au service de

l’égalité ».

Une représentante des intermittents du spec-

tacle est également venue à notre rencontre et a pu

entendre, par la bouche de notre Secrétaire nationale

et à travers la salve d’applaudissement qui a suivi son

intervention, le soutien d’EÉLV à ce combat.

Je devrais également me réjouir de l’appel du CF

aux parlementaires à voter contre le collectif budgé-

taire si le financement de la transition énergétique n’est

pas assuré ; mais l'expérience nous a appris que nos

parlementaires ne cherchent pas forcément leur inspi-

ration dans les résolutions du CF de leur parti...

Enfin, il y eut le dynamisme de Karima Delli,

jamais découragée, et les remerciements de Sandrine

Bélier à tous ceux qui l’ont soutenue pendant la difficile

campagne des Européennes (une pensée à ce propos

pour Patricia Gueguen, son attachée, dont la compé-

tence et la capacité de travail auront grandement contri-

bué à l’efficacité de Sandrine au Parlement européen). La

standing ovation du CF aura peut-être atténué un peu

l’amertume de la défaite ; en tout cas, nous sommes sûrs

de retrouver Sandrine et Patricia lors de prochains com-

bats.

Naturellement, l’ensemble des textes adoptés est

à lire dans le compte rendu officiel. J’espère quand

même que les tensions internes vont s’apaiser et que

nous retrouverons collectivement le sens de l’intérêt

général et le sentiment d’urgence face aux défis environ-

nementaux, sociaux et économiques que nous, écolo-

gistes, sommes censés mesurer mieux que d’autres. (1)

Philippe Chatelain

(1) Et la citation d’Emmanuelle Cosse en exergue,

quel rapport avec ce compte-rendu? En fait, aucun,

mais… je trouve que qu’elle « sonne bien »...

Un peu de Charlie Hebdo?

Page 22: FV Juillet Août

22

Les 21, 22 et 23 août...

LES ÉCOLOS ONT RENDEZ-VOUS À BORDEAUX

Marine Tondelier, membre du Bureau exécutif

d'EÉLV, déléguée aux Journées d’été, vous invite à un mo-

ment convivial, accessible, formateur et festif. Les Journées

d’été 2014 se dérouleront à Bordeaux les 21, 22 et 23 août

prochains, sur le site de l’Université Bordeaux Montaigne.

« 40 ans après la candidature à la présidentielle de René

Dumont, 30 ans après la création des Verts, ces journées

d’été « anniversaire » seront l’occasion de célébrer nos

combats et notre histoire, de rassembler le plus largement

possible la famille écologiste, mais aussi de préparer la

suite pour écrire ensemble nos succès à venir. »

Le programme - en cours de finalisation - vous

permettra, selon vos besoins, de vous former, de débattre

et d’échanger, d’approfondir certains aspects programma-

tiques, de militer ou encore de (re)découvrir l’histoire de

l’écologie.

Les militants aquitains seront heureux de vous pro-

poser leurs spécialités culinaires, une architecture et des

paysages uniques, mais également des débats d’actualité

sur le réchauffement climatique, les échanges Nord-Sud,

les emplois de la transition économique ou encore les dé-

rives de l’agriculture productiviste.

Et le tout sera clôturé par une « Fête des 40

ans » dont les générations futures se souviendront !

Hébergement

Cette année, pas de chambres CROUS : il y aura

mieux et moins cher ! Appartements étudiants, chambres,

dortoirs de 6 personnes, et même un camping créé ex nihi-

lo sur un terrain tout à côté du site des Journées d’été.

Cette année, votre hébergement vous coûtera jusqu’à trois

fois moins cher que l’année dernière.

Quelques exemples : à 100 m du site des JDE, un

terrain de camping, à 7,50 € la nuit ; un hôtel (entre 48 et

78 € la nuit) à 1,3 km de là ; en colocation dans des rési-

dences étudiantes type F5, F6, à 25 € par personne et par

nuit ; des chambrées de lycée à partager entre 6 personnes

pour les nostalgiques des dortoirs, à 15 € la nuit ; ou

au contraire pour plus d’intimité, des petits apparte-

ments, à 27,70 € la nuit. Bien entendu, plus vous vous

y prendrez tôt, plus vous aurez de chances d’obtenir ce

que vous souhaitez. Alors n’attendez pas le dernier

moment !

Les forfaits solidaires

Des possibilités d'hébergement à bas prix sont

proposées.

Lors du dernier CPR, il avait été convenu de lan-

cer un appel à la colocation d'appartements, proposée

comme un des types d'hébergement possible.

Deux formules :

- 3 personnes pour 3 nuits soit 250 € (84 eu-

ros chacun)

- 4 personnes pour 4 nuits soit 400 € (100 eu-

ros chacun)

Pour vous inscrire, rien de plus simple, vous

envoyez vos coordonnées (nom, prénom, adresse, tél.,

mail, date de naissance) à [email protected],

avec en copie [email protected] Ob-

jet :"colocations JDE 2014", en précisant votre choix.

Ne tardez pas, les places partent vite !

Buvette et restauration

Cette année encore, vous retrouverez le cocktail

« fond de cuve », qui finira tout ce qui reste encore

dans le camion frigo (d’où l’intérêt de boire avec mo-

dération le reste de la semaine…) et de nombreux pe-

tits restaurateurs qui, cette année, vous surprendront

par des spécialités encore inconnues des écologistes,

comme la guimauve au chocolat.

Jusqu’à une quinzaine de restaurateurs vous

attendent pour vous faire découvrir des plats variés,

bio ou locavores, du sandwich à la daube bordelaise,

ou bien encore vous faire déguster une bouse au cho-

colat (si, si…).

Page 23: FV Juillet Août

Attention : vous devez acheter des tickets pour les

dépenser à la buvette ou chez les restaurateurs. Ils sont

prévendus en ligne ou à l’accueil pour des montants de

10 ou 20 €. Une écocup (caution: 1 €) est indispensable

pour consommer à la buvette. Buvette et village restau-

ration sont ouverts de 8 h 30 à 0 h 00.

Exemples de prix : café 1 €, bière 2 €, sandwichs

de 3 à 5 €, plats chauds jusqu’à 10 €.

Transports

Tapez http://www.covoiturage.fr/ (BlaBlacar), un

site fonctionnel et sympa. Il met en relation les usagers

de façon sécurisée pour que vous puissiez faire un bout

de route avec d’autres écolos, ou avec des nouvelles

têtes qui viendront peut-être faire un tour aux Journées

d’été !

N’oubliez pas le train. Plus vous vous y prendrez

tôt, plus vous avez de chances de trouver des offres inté-

ressantes. Il existe ensuite tout un réseau de transports

en commun pour vous conduire sur le site, notamment

le tram.

Mobilité et handicap

Cette année, tout sera de plain-pied. Salles d’ate-

liers, amphithéâtres et salle plénière : tout est acces-

sible, sans ascenseur ; aucune activité à l’étage. Le site

est relativement compact puisque seuls 150 mètres

séparent la salle plénière de l'extrémité du village.

Hébergement. Si les hôtels à proximité disposent

tous d’une chambre accessible, vous pourrez également

être accueillis dans le dortoir du lycée hôtelier, qui dis-

pose de deux chambres PMR.

Au quotidien. Le site de Bordeaux est très acces-

sible aux personnes ayant des difficultés de déplace-

ment. Non seulement il est quasiment plat et très ramas-

sé, mais il y a des cheminements et des rampes partout,

de nombreuses portes automatiques avec bouton, et la

signalétique est bien faite. Par ailleurs, pour les défi-

cients visuels, les cheminements sont équipés de

plaques podotactiles aux carrefours et certains bâti-

ments ont des plaques podotactiles et des rampes adap-

tées au niveau des escaliers.

Toilettes. Des toilettes PMR sont présentes dans le

bâtiment C. Une toilette sèche sera installée en com-

plément dans la partie village.

Transports. L’accès au campus depuis Bordeaux

se fait soit en bus, soit en tram. Pour les bus, la ligne

10 est accessible et dépose tout près du site. Quant au

tram, il est totalement accessible et l’arrêt est situé

juste devant l’entrée du campus. Si vous en éprouvez

le besoin, un bénévole pourra faire le « taxi » jusqu’à

votre hébergement le matin et le soir, sous réserve

que vous ayez spécifié cette demande dans le formu-

laire d’inscription.

Plénières. Les plénières sont toutes traduites en

langue des signes française et sont retransmises

grâces à la boucle magnétique dans une zone dédiée.

Des bénévoles seront spécialement destinés à l’accueil

des personnes à mobilité réduite, des personnes âgées

et de toute personne ayant besoin d’une assistance

pour se déplacer sur le site.

Si vous avez la moindre question, vous pouvez écrire à

[email protected]. Pour faciliter votre bon accueil,

un formulaire “Personne en situation de handicap et

ayant des difficultés de déplacement“ sera mis en

place sous peu.

Le programme

L’imposant programme des Journées d’été a été

travaillé au fur et à mesure avec tous ceux qui le sou-

haitaient : les propositions n’ont pas manqué.

Il se compose de six grandes plénières et d’une

centaine d’ateliers et débats, mais également d’exposi-

tions, de concerts, de balades militantes et d’événe-

ments inattendus.

Il n’est pas encore en ligne à l’heure où ces pages

sont rédigées, mais il y sera lorsque vous recevrez

cette Feuille Verte. Vous pourrez le découvrir dans les

pages du menu déroulant sous « Programme » (http://

jde.eelv.fr/le-programme/). Mais on peut déjà vous

promettre trois journées bien occupées !

Les inscriptions en ligne sont ouvertes (http://

jde.eelv.fr/sinscrire/). À vous de jouer maintenant !

Suzy Antoine

23

Page 24: FV Juillet Août

24

Rosbifs. J'apprends par la presse que lors des

dîners officiels à l'Élysée, on place les verres devant

l'assiette, alors qu'à Windsor, les Anglais les posent à

droite. Comment voulez-vous qu'on s'entende avec ces

gens-là ?

Hombre ! Le sous-commandant Marcos an-

nonce son retrait de la direction zapatiste. Et le sous-

commandant Copé de la pétaudière UMPiste.

Bisou. L'actrice iranienne vedette d'Une sépara-

tion présente ses excuses pour avoir fait la bise au prési-

dent du Festival de Cannes. Si elle croit que ça va lui

éviter la lapidation, cette conne !

Malchance. À peine élue, la Morano se fait vo-

ler sa mallette d'eurodéputée. Déjà qu'elle s'était fait

faucher sa cervelle à la naissance...

Chimie. Assad continue à utiliser contre sa po-

pulation des barils contenant du chlore, une arme inter-

dite. Embarrassés, les occidentaux veulent pourtant

éviter d'intervenir. C'est vrai que balancer de l'eau de

Javel sur des quartiers qui manquent sans doute un peu

d'hygiène, y a pas de quoi en faire un fromage.

Route. Le secrétaire d'État aux Transports pro-

pose d'autoriser la circulation sur les bandes d'arrêt

d'urgence. Et de permettre plus tard aux avions d'utili-

ser les départementales.

Jobards. Affaire Bygmalion : un sympathisant

UMP confie au Monde que « cette gabegie raie d'un

trait l'impression d'honnêteté qu'avaient Copé et

Sarkozy à [s]es yeux ». On se doutait bien qu'il fallait

être gland pour cotiser à l'UMP, mais là, ce n'est plus de

la naïveté, c'est de la cécité volontaire !

Sable. Le Qatar accusé d'avoir versé des pots-de-

vin pour pouvoir organiser le Mondial de foot. Je vous

dis pas ce que ce sera quand il s'occupera des cham-

pionnats du monde de ski de fond !

Rabibochage. Dominique de Villepin appelle au

retour de Sarkozy ! Finalement, l'autre aurait peut-être

bien fait de le pendre à un croc de boucher.

Déchu (1). L'inénarrable Copé déclare qu'il veut

« désormais faire de la politique autrement ». Il veut

adhérer aux Verts ?

Déchu (2). Copé lors de son dernier meeting en

tant que président de l'UMP : « J'ai fait le choix d'être

silencieux, c'est difficile pour moi. » Mais tellement bon

pour nous, Jean-François !

Bisbilles. « Sur la transition énergétique, les éco-

logistes ne sont pas d'accord entre eux », titre Le Monde

du 20 juin. Ce serait peut-être plus simple de dire

quand ils le sont.

Beaufs. Il paraît que le jet-ski (ou moto marine)

se démocratise. Je ne vais pas tarder à détester la dé-

mocratie.

Romagnan. Elle n’a voté ni la confiance à Valls,

ni son plan de 50 milliards d’économies, ni la réforme

des retraites ou l’accord sur l’emploi du gouvernement

Ayrault ; elle pense que « l'argent public est gaspillé ».

Ô Barbara, quelle connerie d'être au PS !

Élysée. En 2012, il avait « la finance » pour

« principal adversaire » ; aujourd'hui, Hollande prend

comme conseillère économique quelqu'un qui dé-

barque tout droit de la City londonienne. Y a que les

imbéciles qui ne changent pas d'avis.

UN MOIS, ÉMOIS, ET MOI

Dessin publié avec

l’aimable autorisation

de Charlie Hebdo

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Charlie Hebdo

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Journées d’automne pour la Bourgogne et la Franche-Comté

Calcul. Soumise à un redressement fiscal, sa

femme, la comédienne Rachida Khalil, n'avait déclaré

aucun revenu. Explication d'Henri Proglio, PDG d'EDF :

« C'est une artiste, et sa comptabilité est un peu artis-

tique, elle aussi. » Au championnat du monde de foutage

de gueule, on sait qui sera premier !

Enfoirés ! Selon deux rapports de l'ONU, les

Danois sont le peuple le plus heureux du monde. Et ils

ont voté à 26,6 % pour l'extrême droite aux Européennes.

On attend la subtile analyse des spécialistes autoprocla-

més qui nous expliquent que si on vote pour les fachos,

c'est parce qu'on est malheureux.

Djihad. Devant la décomposition de l'Irak sous les

coups de boutoir islamistes, l'Iran dénonce « le terrorisme

idéologique » et « le radicalisme religieux et sectaire ».

C'est l'hôpital ayatollesque qui se fout de la charité entur-

bannée.

Béziers. Pour justifier la passivité de l'opposition

municipale, le leader socialiste local explique : « Si on

réagit à chaque arrêté de Ménard, on contribue à alimen-

ter le brasier. » Tandis que si on somnole tranquillement,

je vous dis pas comme ça fait reculer le FN !

Bêtes. En Helvétie, loups (il y en a 25 à 30) et

lynx (environ 160) pourraient désormais être plus facile-

ment abattus (1). Y en a que ça rassure de voir qu'on

est aussi con en Suisse qu'en France ?

Calcul. Alors que certains États européens intè-

grent désormais à leur PIB la drogue et la prostitution,

peut-on suggérer aux États-Unis, si ce n'est déjà le cas,

d'intégrer au leur les exécutions de condamnés, qui

viennent de reprendre allègrement ?

Accompagnement. « La gauche peut mourir »,

prévient Manuel Valls, qui a déjà entamé la procédure

d'euthanasie.

Yo man ! Les nouveaux rappeurs ne se battent

plus contre le FN et ne s'intéressent plus à la politique.

Le rap, c'était déjà chiant quand ils avaient quelque

chose à dire, mais alors maintenant... !

Rose (Eau de -). « Les chemins de Cécile Duflot

et de Jean-Vincent Placé se séparent. » (Le Monde des

15-16 juin.) C'est à la fois triste et beau comme du

Barbara Cartland...

Gérard Roy

(1) Ne comptez pas sur moi pour dire

« prélevés » !

Après les Journées d’été, voici déjà les Journées d’automne, autre temps fort d’EELV, mais cette fois-ci sur le plan régio-

nal. En effet, chaque année, les écolos francs-comtois se retrouvent pendant 2 jours, le temps d’un week-end, pour débattre

des sujets brûlants de l’actualité, tout en profitant de ce moment pour y mêler convivialité et temps festif.

Retenez d’ores et déjà le week-end des 4 et 5 octobre 2014 dans votre agenda. Nous avons choisi la MFR (Maison

Familiale et Rurale) d’Amange, à côté de Dole. En effet, nous voulions être proches de la Bourgogne, afin d’inviter nos amis

Bourguignons à participer à nos travaux concernant la fusion des régions.

Un groupe de travail va se réunir pour élaborer le programme et à la rentrée, vous recevrez une plaquette concernant

tous les détails de ces deux journées ainsi que les modalités d’inscription.

Nous espérons vous y retrouver nombreux. EELV-Franche-Comté

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