classification des activites...

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LES SPORTS ACROBATIQUES LE TRANSFERT D ' APPRENTISSAGE PAR T. POZZO ET C. STUDENY L'objet initial de cet article était principalement de présenter des hypothèses sur le transfert d'apprentissage dans les APS acrobatiques ; mais, aucune étude n'ayant encore été établie à ce sujet dans la littérature sportive, une vision globale du domaine « acrobatique » s'avère indispensable si l'on ne souhaite pas parler en termes entendus et subjectifs de spécialistes. Il est nécessaire alors de répertorier, de classer les APS de type « acrobatique », puis de cerner un domaine spécifique. La difficulté principale d'une telle réunion est l'éclatement de ces activités dans le temps (du fait de leur apparition historique et de leurs conditions de divulgation spécifiques), et dans l'espace (fédérations internationales de plongeon, trampoline, gymnastique, ski artistique, des pratiques de spectacle, de cirque..., et des lieux de pratique éloignés...) Pour tenter de se justifier, on peut faire appel à la classification de Bernard Jeu « les enfers féeriques » [1] où sont regroupés gymnastique, danse, et, pêle-mêle, le patinage artistique, le ballet nautique, le trampoline, le plongeon, le ski nautique... mais ici, on perçoit mal les contours éventuels d'un contenu commun . A titre de comparaison, on peut évoquer le domaine des « sports de glisse » (ski, monoski, surf...) où, au-delà d'une étude sociologique, il est possible d'établir une communauté motrice, technique ; le parallèle est frappant avec les sports acrobatiques où, là aussi, les similitudes l'emportent sur les différences et suscite, à juste titre, une étude comparative*. I REPERTOIRE I DES ACTIVITES PHYSIQUES ET SPORTIVES « ACROBATIQUES » Le répertoire que nous proposons ici vise à classifier. selon leur degré acrobatique, iden- tifié par des critères moteurs (qualité des relations aériennes), plusieurs activités phy- siques et sportives où les seules similitudes visuelles ne permettent pas de comparaison objective (cf. tableau I). PEUT-ON DONNER UNE DEFINITION DE L'ACROBATIE ? Pour saisir l'ensemble du tableau synoptique et notre démarche, quelques précisions s'im- posent : - d'une part, l'acrobatie est un terme gal- vaudé : « acrobaties oratoires d'un avocat », par exemple ; ou encore, tout le phénomène « free-style » : - d'autre part, peut-on réellement distinguer ce qui est de l'acrobatie et ce qui n'en est pas ? Car les enjeux sociaux d'une définition de « l'acrobatie » sont de première impor- tance [2] : il n'est pas fortuit que les auteurs de cet article soient des spécialistes de gym- nastique et de trampoline... Si nous impo- sions en premier des critères (réels mais diffus) sous-tendus par des valeurs telles que « pratique à haut risque », « recherche esthé- tique », « continuité du geste », nous nous placerions d'emblée dans le jeu d'une lutte sociale pour la légitimation d'un domaine. Nous n'avons donc retenu que les seuls critè- res moteurs qui seraient à la fois communs à toutes les activités citées plus haut et spécifi- ques du domaine acrobatique - les rotations aériennes du corps. • les rotations du corps selon plusieurs axes (transversal et longitudinal surtout, parfois sagittal) : la danse, le patinage libre, par exemple, n'utilisant qu'un seul axe. • les rotations « aériennes » : après une im- pulsion, l'acrobate réalise des impulsions sans contact avec un engin, de manière active, directe. Cette classification n'est qu'un outil com- mode afin de permettre une vision d'ensem- ble du domaine d'étude et, provisoire car les activités et leurs pratiquants suscitent une évolution originale et régulière. On observe des « glissements » .telle activité évolue sur- tout vers la chorégraphie (exemple du pati- nage libre où le saut périlleux arrière est réalisé par des pratiquants mais n'est pas considéré comme figure officielle), telle autre évoluera plus vers l'acrobatie (exemple de la barre fixe depuis un passé très récent : le Def Pogorolev pour les lâchers de barre, Full in pull out pour les sorties). Cette classification, enfin, est ouverte pour permettre l'intégration éventuelle de nouvel- les disciplines acrobatiques. * Livre des auteurs à paraître chez Vigot : « Théorie et pratique des sports acrobatiques ». 50 Revue EP.S n°194 Juillet-Août 1985 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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LES SPORTS ACROBATIQUES

LE TRANSFERT D'APPRENTISSAGE P A R T. P O Z Z O ET C. S T U D E N Y

L'objet initial de cet article était principalement de

présenter des hypothèses sur le transfert d'apprentissage dans les APS acrobatiques ; mais, aucune étude n'ayant encore été établie à ce sujet dans la littérature sportive, une vision globale du domaine « acrobatique » s'avère indispensable si l'on ne souhaite pas parler en termes entendus et subjectifs de spécialistes. Il est nécessaire alors de répertorier, de classer les APS de type « acrobatique », puis de cerner un domaine spécifique. La difficulté principale d'une telle réunion est l'éclatement de ces activités dans le temps (du fait de leur apparition historique et de leurs conditions de divulgation spécifiques), et dans l'espace (fédérations internationales de plongeon, trampoline, gymnastique, ski artistique, des pratiques de spectacle, de cirque..., et des lieux de pratique éloignés...) Pour tenter de se justifier, on peut faire appel à la classification de Bernard Jeu « les enfers féeriques » [1] où sont regroupés gymnastique, danse, et, pêle-mêle, le patinage artistique, le ballet nautique, le trampoline, le plongeon, le ski nautique... mais ici, on perçoit mal les contours éventuels d'un contenu commun. A titre de comparaison, on peut évoquer le domaine des « sports de glisse » (ski, monoski, surf...) où, au-delà d'une étude sociologique, il est possible d'établir une communauté motrice, technique ; le parallèle est frappant avec les sports acrobatiques où, là aussi, les similitudes l'emportent sur les différences et suscite, à juste titre, une étude comparative*.

I REPERTOIRE I D E S ACTIVITES P H Y S I Q U E S ET

S P O R T I V E S « A C R O B A T I Q U E S » Le répertoire que nous proposons ici vise à classifier. selon leur degré acrobatique, iden­tifié par des critères moteurs (qualité des relations aériennes), plusieurs activités phy­siques et sportives où les seules similitudes visuelles ne permettent pas de comparaison objective (cf. tableau I).

P E U T - O N D O N N E R U N E D E F I N I T I O N D E L ' A C R O B A T I E ? Pour saisir l'ensemble du tableau synoptique et notre démarche, quelques précisions s'im­posent : - d'une part, l'acrobatie est un terme gal­vaudé : « acrobaties oratoires d'un avocat », par exemple ; ou encore, tout le phénomène « free-style » : - d'autre part, peut-on réellement distinguer ce qui est de l'acrobatie et ce qui n'en est pas ? Car les enjeux sociaux d'une définition de « l'acrobatie » sont de première impor­tance [2] : il n'est pas fortuit que les auteurs de cet article soient des spécialistes de gym­nastique et de trampoline... Si nous impo­sions en premier des critères (réels mais diffus) sous-tendus par des valeurs telles que « pratique à haut risque », « recherche esthé­tique », « continuité du geste », nous nous

p lace r ions d ' e m b l é e dans le j eu d ' u n e lutte socia le p o u r la légi t imat ion d ' u n d o m a i n e . N o u s n ' avons d o n c re tenu que les seuls critè­res moteurs qui seraient à la fois c o m m u n s à toutes les activités citées plus hau t et spécifi­ques du d o m a i n e a c r o b a t i q u e - les ro ta t ions aé r iennes du corps .

• les rotations du corps selon plusieurs axes (transversal et longitudinal surtout, parfois sagittal) : la danse, le patinage libre, par exemple, n'utilisant qu'un seul axe. • les rotations « aériennes » : après une im­pulsion, l'acrobate réalise des impulsions sans contact avec un engin, de manière active, directe. Cette classification n'est qu'un outil com­mode afin de permettre une vision d'ensem­ble du domaine d'étude et, provisoire car les activités et leurs pratiquants suscitent une évolution originale et régulière. On observe des « glissements » .telle activité évolue sur­tout vers la chorégraphie (exemple du pati­nage libre où le saut périlleux arrière est réalisé par des pratiquants mais n'est pas considéré comme figure officielle), telle autre évoluera plus vers l'acrobatie (exemple de la barre fixe depuis un passé très récent : le Def Pogorolev pour les lâchers de barre, Full in pull out pour les sorties). Cette classification, enfin, est ouverte pour permettre l'intégration éventuelle de nouvel­les disciplines acrobatiques.

* Livre des auteurs à paraître chez Vigot : « Théorie et pratique des sports acrobatiques ».

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DIFFERENTS NIVEAUX ACROBATIQUES

La terminologie « général spécial/spécifi­que » [3] qui s'applique aux planifications d'entraînement et au développement de la forme physique permet de distinguer trois niveau de pratique (cf. tableau 2). • L'acrobatie comme partie intégrante de la préparation physique générale d'un sportif Dans la formation générale d'un sportif sont incluses des activités diverses qui agissent sur le développement de toutes les capacités motrices. L'acrobatie en tant qu'activité complémentaire en fait partie (Matveiev [4] :

on retrouve de nombreux cas de pratique acrobatique chez les sportifs dont la spécia­lité est une activité de type topocinétique (I) -judokas, gardiens de but de football... - et donc très éloignée de la finalité du geste acrobatique.

• Le travail acrobatique général Ce niveau de pratique, déjà établi depuis de nombreuses années (par exemple pour la préparation des plongeurs soviétiques ou américains) est en pleine expansion ces der­nières années, et principalement en France avec la création d'un Centre National d'Acrobatie et de Trampoline à Antibes (en 1982), et des Semaines Internationales des Sports Acrobatiques. La convergence des pratiques acrobatiques devient une évidence aussi bien sur le plan technique que visuel. L'exemple le plus frappant est l'Américain Steve Elliot, actuellement spécialiste de ni­veau international en tumbling, plongeon, trampoline, saut de cheval, barre fixe, sol...

• L'entraînement spécifique L'étude se situe en dehors de nos préoccupa­tions présentes.

LE TRANSFERT DANS LES ACTIVITES ACROBATIQUES

Nous devons d'abord préciser que notre tra­vail relève de la spéculation théorique, sus­ceptible toutefois, de regrouper de manière

1 - C L A S S I F I C A T I O N D E S A C T I V I T E S P H Y S I Q U E S ET S P O R T I V E S A C R O B A T I Q U E S

2 - D I F F E R E N T S N I V E A U X DE P R A T I Q U E A C R O B A T I Q U E

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cohérente un certain nombre de données expérimentalement fondées. Néanmoins, il nous a paru nécessaire de clarifier certaines hypothèses que le praticien observe quoti­diennement. Ainsi, nous essayerons de cerner le problème de transfert en acrobatie selon les trois ni­veaux de pratique, énoncés précédemment, en éludant volontairement un des paramètres du transfert : le mode d'intervention pédago­gique [5].

TRANSFERT ET COMPETENCE D'ORDRE GENERAL

Ce paragraphe concerne les activités physi­ques et sportives pour lesquelles les déséqui­libres posturaux et la prise d'information liée à ces déséquilibres prennent une dimension privilégiée. Une des caractéristiques des activités physi­ques et sportives acrobatiques est le « sup­port informationnel » dont dépend ce type d'habileté motrice. Celui-ci est lié à la parti­cularité qu'ont ces disciplines de « placer la tète et ses organes essentiels dans des posi­tions inhabituelles de renversement en les soumettant à des vitesses élevées » [6]. Cette constante a pour conséquence : - d'établir une particularité fonctionnelle dans les interactions sensorielles [7] ; - d'éloigner, comme dans aucune autre acti­vité, l'individu du référentiel postural de base (référentiel vertical). Les principaux objectifs deviennent : • mettre en place des situations facilitant le remodelage des montages posturaux de base, pour aboutir à l'élargissement du référentiel dans des proportions plus ou moins grandes, selon l'activité : • aider l'individu dans sa prise d'information dont la pertinence est fortement perturbée par l'état émotionnel propre à la grande distanciation vis-à-vis de la motricité habi­tuelle du terrien qui contribue à surcharger la collecte sensorielle [8].

TRANSFERT I ET COMPETENCE

• D'ORDRE SPECIAL A ce niveau d'analyse, ce sont les disciplines acrobatiques de type morphocinétique (2) qui sont prises en compte : ce qui préoccupe avant tout le technicien, c'est la forme ges-luelle développée spatialement. L'esthétique et l'efficacité de la figure étant liées aux données biomécaniques et fonctionnelles, nous constatons à l'observation des différen­ces dans les quatre phases propres à la réali­sation des figures acrobatiques : prise d'élan horizontale, verticale... impulsion sur maté­riaux d'élasticité différente, trajectoire de type parabolique, elliptique... : réception sur le même niveau que l'impulsion, en contre-bas. sur des surfaces de qualités différentes. Malgré ces dissemblances, la projection en l'air la plus efficace possible afin de réaliser le plus grand nombre de combinaisons de rotation, reste une spécificité des disciplines acrobatiques. Le gymnaste, le trampoliniste ou le skieur acrobatique, une fois projeté en l'air et doté d'un certain moment cinétique en rotation transversale, est soumis aux mêmes principes physiques régissant le déclenche­ment des rotations longitudinales [9]. Aussi

pour le technicien, l'ensemble des figures acrobatiques, réalisées soit au trampoline, en gymnastique, en ski acrobatique..., gardent une unité fonctionnelle. Cette constatation peut être rapprochée des hypothèses émises à propos des morphogrammes et de leur dé­pendance vis-à-vis d'un générateur de force qui permettrait de réaliser ceux-ci dans des conditions spatiales différentes (vitesse de projection, temps de suspension), de la même façon que l'on peut dilater notre signature tout en conservant sa forme globale [10].

• L'aspect psychophysiologique L'étude du transfert en rapport avec les données psychophysiologiques actuelles as­socient celui-ci avec la flexibilité d'ajutement de l'habileté motrice[ 11]. La variété des condi­tions d'exécution lors de l'apprentissage d'une habileté motrice solliciterait le système de contrôle intentionnel et augmenterait la marge de flexibilité de cette habileté, néces­saire à son éventuel transfert à une autre habileté dans la même discipline, ou à la même habileté dans des disciplines différen­tes. Exemple : la vrille arrière (une rotation arrière plus une rotation longitudinale) acquise, se­lon les conditions énoncées avant, faciliterait l'acquisition du full-full au trampoline (deux saltos arrières avec une vrille dans chaque salto) et pourrait être transférée en sortie de barre fixe. • L'aspect cognitif Il est lié au fait que les mêmes méthodes ou les mêmes principes s'appliquent à des tâches différentes [12], Si nous reprenons la finalité acrobatique qui est la complexification des figures par com­binaison de rotations, il n'est pas difficile de montrer la complexité de la combinatoire associant le nombre de rotations et les sec­teurs de déclenchement des rotations. Exemple I : une rotation arrière plus une demi-rotation longitudinale offrent deux possibili­tés :

- salto arrière plus une demi-vrille déclenchée au début du salto arrière ; - salto arrière plus une demi-vrille déclenchée à la fin du salto arrière. Exemple 2 : deux rotations arrières plus une rotation longitudinale donnent trois possibili­tés : - l'half in half out. une demi-rotation longitu­dinale dans chaque saut périlleux : - le back in full out. la rotation longitudinale étant déclenchée dans le deuxième saut péril­leux (cf. photos ci-dessus). On constate également l'augmentation du nombre de possibilités d'agencer ces rota­tions lorsque l'on multiplie le nombre de rotations et les secteurs possibles de déclen­chement des rotations longitudinales. La compréhension d'un tel principe et l'identifi­cation de nombreuses figures nées de cette combinatoire sont tributaires de l'expérience, dans l'observation et la pratique, ainsi que d'une méthode utilisée à l'origine en trampo­line et qui semble s'imposer dans toutes les disciplines acrobatiques soucieuses d'un lan­gage commun ; - le full in back out. rotation longitudinale déclenchée dans le premier saut périlleux.

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I TRANSFERT I ET COMPETENCE

D'ORDRE SPECIFIQUE

La conjoncture du milieu social (codification, jugement...) et du milieu physique (matériel) implique des adaptations motrices spécifi­ques : l'entrée à l'eau en plongeon, l'enchaî­nement des figures en trampoline pour ne citer que ces deux exemples. Il est donc nécessaire d'appréhender maintenant l'as­pect diachronique (3) de notre démarche, à savoir la progression dans une même disci­pline (l'aspect synchronique (4) considérant les interactions entre les différentes discipli­nes acrobatiques). Pour illustrer cet aspect, prenons l'exemple de la progression d'ap­prentissage en trampoline, qui repose sur la « part-method »(Cf. EPS 173, p. 56-61). Cette méthode procède par combinaison de parties de figures : soit à réaliser le double saut périlleux avant avec une demi vrille dans le deuxième saut périlleux, le « barani oui » : - situation A : un 3/4 de saut périlleux (récep­tion dos) ; - situation A" : un saut périlleux plus une demi vrille (« le barani »).

La combinaison des deux situations aboutit au « barani out ». Il ne s'agit pas d'une addition puisque les deux situations ont une phase commune : la fin de trois-quart, phase intermédiaire du barani. Le principe pédago­gique s'appuie sur la décomposition d'une figure complexe, en figure appartenant aux acquis antérieurs. Une telle méthode permet une graduation des rotations effectuées et une prise d'information visuelle plus longue (celle-ci favorisant l'ancrage fovéal sur la toile, le corps de l'individu ou les murs envi­ronnants, en début d'apprentissage). 11 est intéressant de noter que cette démarche don­nant un rôle primordial à la prise d'informa­tion visuelle, s'accorde avec les données ex­périmentales qui montrent l'importance du référentiel oculo-centrique dans l'organisa­tion des positionnements et des transports du corps [13).

CONCLUSION La notion de transfert en acrobatie est fon­damentale, car elle se situe au centre des problèmes posés dans la pratique : d'une part, elle permet une meilleure compréhen­sion du processus de progression dans une

activité acrobatique (par des variations dans le déroulement, la création des rotations et des combinaisons) d'autre part, elle clarifie les types de relations qu'entretiennent entre elles, les diverses activités acrobatiques. De plus, elle met en évidence l'intérêt d'une pratique acrobatique généralisée, et ce à tous les niveaux : de la séance d'initiation à l'ap-prentisssage d'une figure complexe. Néan­moins, un des problèmes à résoudre pour aller plus loin dans cette réflexion, reste l'éva­luation quantitative : concrètement, l'établis­sement de critères objectifs permettant de prendre en compte les effets du transfert, et d'accéder à une vérification expérimentale.

Thierry Pozzo Professeur EPS

UER-EPS de Dijon Christophe Studeny

Professeur agrégé d'EPS, Collège de Liernais

(1) Topocinétique .au contraire des morphocinèses, la finalité gestuelle est déterminée par un objet spatialement repéré. Exemple : Un crochet face a un adversaire en sport collectif. (2) Morphocinétique : activités dont la finalité ges­tuelle est de développer ou reproduire une forme spatiale. Exemple : une pirouette ou un double salto au sol. (3) Diachronique : étude du transfert d'apprentis­sage selon la pratique d'une même discipline dont le déroulement se complexifie (du salto. on pro­gresse vers la vrille ou le double salto (ceci au trampoline). (4) Synchronique : étude du transfert d'apprentis­sage selon la pratique de plusieurs disciplines (gymnastique, trampoline, plongeon, ski artistique).

Bibliographie

[I] Jeu (B.). - « Le sport, l'émotion, l'espace » -Vi-got, 1977. pp. 57-70. [2] Pociello (C) . Sports et société « La force, l'éner­gie, la grâce et les réflexes ». - Vigot, 1981, pp. 175-176. [3] Van Praagh (E.). - Planification de l'entraîne­ment - Revue EPS n° 159, p. 14. [4] Matveiev (L.-P.). - La base de l'entraînement -Vigot, 1980. p. 62. [5] Dubois (M.). Godin (P.). - Interventions péda­gogiques et transfert d'apprentissage en EP - Revue EPS n° 168, pp. 67-72. Pozzo T., Studeny C. - Pour l'organisation pédago­gique en acrobatie - EPS 173, pp. 56/61. [6] Menant (G.I. - In-Eléments de neurobiologie du comportement moteur. Ripoll et Azemar - Editions INSEP 1982. p. 91. [7] Rezette ( D ) . - Contribution à l'étude des infor­mations sensorielles impliquées au contrôle de la posture en situation acrobatique chez les athlètes de haut niveau - Mémoire pour le Diplôme de l'IN­SEP, 1983. [8] Paillard (J.). - L'acte moteur comme facteur d'adaptation et de progrès évolutif. -/«-Sport et progrès de l'homme - Colloque international -Edi-lion française, 1976, pp. 71/108. |9) Frohlich ( C ) . - La physique du saut périlleux et de la vrille - Pour la science n° 31. 1980. [10| Paillard (J.). - Séminaire de neurobiologie -IN­SEP, 1980. [11]Migeon (B.). - Le transfert dans les tâches d'ajustement balistique - Monographie française de Psychologie - Edition du CNRS n° 51. [12) Oleron ( G ) . - Le transfert - In-Fraisse et Piaget. Traité de psychologie expérimentale IV, PUF, Paris. 1964. pp. 117/173. [13] Paillard (J.). - Les déterminants moteurs de l'organisation de l'espace - Cahiers de Psychologie, 1971, n° 4, pp. 261/316. P

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