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Avantages et inconvénients de l’arthroscanner de l’épaule dans les lésions de la coiffe des rotateurs Didier GODEFROY L’arthroscanner de l’épaule est souvent considéré par les cliniciens comme l’examen de référence en cas de suspicion de lésion de la coiffe des rotateurs. Ses avantages sont indiscutables : - C’est un examen relativement ancien parfaitement connu des radiologues et des cliniciens. - Il est facilement réalisable pratiquement partout. Sa qualité est constante dès qu’on en a l’habitude. Il ne reconnait pratiquement aucune contre-indication ni aucun échec quel que soit le patient. - Son interprétation est assez facile et binaire car les image obtenues sont précises, nettes et le plus souvent indiscutables. C’est le cas notamment dans les ruptures transfixiantes où on apprécie facilement les dimensions de la rupture tendineuse dans le plan frontal et sagittal ainsi que l’existence d’une éventuelle dégénérescence graisseuse de la coiffe musculaire. Il reconnait cependant plusieurs inconvénients : - Il nécessite une injection intra-articulaire d’iode. Les risques d’infection ou de réaction allergique sont très rares mais non nuls. Son indication doit donc être bien posée. - L’injection intra-articulaire du produit de contraste ne va opacifier (donc rendre visible) que la cavité articulaire et les structures qui communiquent avec elle. - Les tendons en eux-mêmes ne sont pas directement visibles. Seuls leurs contours et leurs surfaces sont dessinés par le produit de contraste. Leur face profonde est toujours visible. Leur face superficielle n’est visible qu’en cas de rupture transfixiante faisant communiquer la cavité articulaire et la bourse séreuse sous-acromio- deltoïdienne. La face superficielle de la coiffe n’est donc pas visible en cas de rupture non transfixiante (à moins d’y associer un burso-scanner, ce qui alourdit nettement l’examen). Une isolée à la face superficielle de la coiffe reste donc invisible et l’arthroscanner serait considéré comme normal. - Les structures qui ne sont pas directement au contact de la cavité articulaire, comme la jonction myo-tendineuse par exemple, ne sont pas étudiées. Il ressort de ces remarques que l’arthroscanner représente encore un excellent examen pour faire le bilan préopératoire d’une rupture qu’on sait être transfixiante (par exemple par une échographie réalisée précédemment). Mais c’est un mauvais examen pour étudier une rupture non transfixiante ou pour rechercher la cause d’une épaule douloureuse éventuellement en rapport avec une lésion de la coiffe.

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Page 1: Avantages et inconvénients de l’arthroscanner de l’épaule ... · PDF fileAvantages et inconvénients de l’arthroscanner de l’épaule dans les lésions de la coiffe des rotateurs

Avantages et inconvénients de l’arthroscanner de l’ épaule

dans les lésions de la coiffe des rotateurs

Didier GODEFROY

L’arthroscanner de l’épaule est souvent considéré par les cliniciens comme l’examen de référence en cas de suspicion de lésion de la coiffe des rotateurs.

Ses avantages sont indiscutables :

- C’est un examen relativement ancien parfaitement connu des radiologues et des cliniciens.

- Il est facilement réalisable pratiquement partout. Sa qualité est constante dès qu’on en a l’habitude. Il ne reconnait pratiquement aucune contre-indication ni aucun échec quel que soit le patient.

- Son interprétation est assez facile et binaire car les image obtenues sont précises, nettes et le plus souvent indiscutables. C’est le cas notamment dans les ruptures transfixiantes où on apprécie facilement les dimensions de la rupture tendineuse dans le plan frontal et sagittal ainsi que l’existence d’une éventuelle dégénérescence graisseuse de la coiffe musculaire.

Il reconnait cependant plusieurs inconvénients :

- Il nécessite une injection intra-articulaire d’iode. Les risques d’infection ou de réaction allergique sont très rares mais non nuls. Son indication doit donc être bien posée.

- L’injection intra-articulaire du produit de contraste ne va opacifier (donc rendre visible) que la cavité articulaire et les structures qui communiquent avec elle.

- Les tendons en eux-mêmes ne sont pas directement visibles. Seuls leurs contours et leurs surfaces sont dessinés par le produit de contraste. Leur face profonde est toujours visible. Leur face superficielle n’est visible qu’en cas de rupture transfixiante faisant communiquer la cavité articulaire et la bourse séreuse sous-acromio-deltoïdienne. La face superficielle de la coiffe n’est donc pas visible en cas de rupture non transfixiante (à moins d’y associer un burso-scanner, ce qui alourdit nettement l’examen). Une isolée à la face superficielle de la coiffe reste donc invisible et l’arthroscanner serait considéré comme normal.

- Les structures qui ne sont pas directement au contact de la cavité articulaire, comme la jonction myo-tendineuse par exemple, ne sont pas étudiées.

Il ressort de ces remarques que l’arthroscanner représente encore un excellent examen pour faire le bilan préopératoire d’une rupture qu’on sait être transfixiante (par exemple par une échographie réalisée précédemment). Mais c’est un mauvais examen pour étudier une rupture non transfixiante ou pour rechercher la cause d’une épaule douloureuse éventuellement en rapport avec une lésion de la coiffe.