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Directeur de publication : Mme Ohayon-Fontaine Mission départementale sciences /EDD sur le 95 : Serge Conneau 06 49 74 04 52 Groupe départemental du Val d’Oise « Sciences & EDD » Numéro 14 mai 2013 1 Merci de nous faire part de vos réactions, idées,… À l’adresse : IEN de Sarcelles sud, Ecole M. Delpech, 148 Av de la Division Leclerc 95200 Sarcelles Tél. : 01 39 90 22 32 [email protected] Sommaire : P 1 : Enjeux et intérêt de la classification P 2 : Bref historique P 3 : Instruction et progressions P 4 : Les écueils / ressources Comprendre la nouvelle classification Le monde vivant actuel est le résultat d’une longue évolution au cours de laquelle les espèces se sont trans- formées en donnant naissance à de nouvelles espèces (1). Toutes les espèces actuelles et disparues ont entre elles des relations de parenté. Ceci s’explique par la présence d’une unité structurale et fonctionnelle du monde vivant : la cellule. Ainsi classification et évolution sont étroitement liées. L’enjeu de la classification est de refléter la succession des ramifications de l’arbre unique du monde vi- vant. Regrouper les espèces, d’autant plus étroitement qu’elles sont apparentées, permet une compréhension du monde, des origines de l’humanité et de la diversité du vivant. La classification scientifique actuelle est la classification phylogénétique encore appelée "nouvelle classi- fication ". Elle se fonde sur les récentes découvertes en génétique reliant la proximité génétique des organismes à leur évolution. Des critères définis par les scientifiques (ailes, squelette, poils, plumes…) permettent de situer les êtres vivants d’espèces différentes. L’ancienne classification - reposant sur la distinction vertébrés/invertébrés et définissant 5 classes de vertébrés (mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons) - tenait compte des caractéristiques « a ou n’a pas », n'a plus cours. L’actuelle classification prend en compte ce que les espèces ont en commun. Connaître un être vivant, c'est répondre à la question " qu'est-ce qui le caractérise ? " Les êtres vivants sont classés en groupes emboités, définis uniquement à partir des caractères homologues : les espèces ainsi regroupées possèdent un ancêtre commun. A l’école élémentaire, on travaillera uniquement sur les attributs observables, essentiellement externes, d’ordre anatomique. On regroupera dans un même ensemble les organismes qui partagent les mêmes caractères morpholo- giques . Au cycle 3, les deux notions de « transmission de caractères » et « d’hérédité » amèneront les élèves à compren- dre la notion d’ancêtre commun. Il est nécessaire que les connaissances installées à l’école primaire soient conformes aux savoirs scientifiques actuels. (1) espèce = Des animaux ou des végétaux sont d’une même espèce s’ils se ressemblent, s’ils peuvent se reproduire entre eux et si leurs pe tits sont fertiles. http://lewebpedagogique.com/michelsvt/?p=28997 Enjeux et intérêt de la classification

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Page 1: « Sciences & EDD

Directeur de publication :

Mme Ohayon-Fontaine

Mission départementale sciences /EDD sur le 95 :

Serge Conneau 06 49 74 04 52

Groupe départemental du Val d’Oise

« Sciences & EDD »

Numéro 14 mai 2013

1

Merci de nous faire part de vos réactions, idées,… À

l’adresse :

IEN de Sarcelles sud, Ecole M. Delpech,

148 Av de la Division Leclerc

95200 Sarcelles Tél. : 01 39 90 22 32

[email protected]

Sommaire :

P 1 : Enjeux et intérêt de la classification

P 2 : Bref historique

P 3 : Instruction et progressions

P 4 : Les écueils / ressources

Comprendre la nouvelle classification Le monde vivant actuel est le résultat d’une longue évolution au cours de laquelle les espèces se sont trans-

formées en donnant naissance à de nouvelles espèces (1). Toutes les espèces actuelles et disparues ont entre elles

des relations de parenté. Ceci s’explique par la présence d’une unité structurale et fonctionnelle du monde vivant :

la cellule. Ainsi classification et évolution sont étroitement liées.

L’enjeu de la classification est de refléter la succession des ramifications de l’arbre unique du monde vi-

vant. Regrouper les espèces, d’autant plus étroitement qu’elles sont apparentées, permet une compréhension du

monde, des origines de l’humanité et de la diversité du vivant.

La classification scientifique actuelle est la classification phylogénétique encore appelée "nouvelle classi-

fication ". Elle se fonde sur les récentes découvertes en génétique reliant la proximité génétique des organismes à

leur évolution. Des critères définis par les scientifiques (ailes, squelette, poils, plumes…) permettent de situer les

êtres vivants d’espèces différentes. L’ancienne classification - reposant sur la distinction vertébrés/invertébrés

et définissant 5 classes de vertébrés (mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons) - tenait compte des

caractéristiques « a ou n’a pas », n'a plus cours. L’actuelle classification prend en compte ce que les espèces ont

en commun.

Connaître un être vivant, c'est répondre à la question " qu'est-ce qui le caractérise ? "

Les êtres vivants sont classés en groupes emboités, définis uniquement à partir des caractères homologues :

les espèces ainsi regroupées possèdent un ancêtre commun.

A l’école élémentaire, on travaillera uniquement sur les attributs observables, essentiellement externes, d’ordre

anatomique. On regroupera dans un même ensemble les organismes qui partagent les mêmes caractères morpholo-

giques.

Au cycle 3, les deux notions de « transmission de caractères » et « d’hérédité » amèneront les élèves à compren-

dre la notion d’ancêtre commun. Il est nécessaire que les connaissances installées à l’école primaire soient conformes aux savoirs scientifiques

actuels. (1) espèce = Des animaux ou des végétaux sont d’une même espèce s’ils se ressemblent, s’ils peuvent se reproduire entre eux et si leurs petits sont fertiles.

http://lewebpedagogique.com/michelsvt/?p=28997

Enjeux et intérêt de la classification

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Bref historique des pensées concernant les sciences de l’évolution

Aristote (-384 ;-322) propose une échelle de la nature où les êtres vivants sont classés des

plus simples aux plus perfectionnés. Il développe aussi l’idée de cause finale (finalisme). Il néglige

alors les variations entre individus d’une même espèce.

Au XVIII°s, Carl Von Linné (1707-1778) établit une classification des vivants. Selon lui, les espèces

créées par Dieu sont immuables (fixisme), les différences relèvent de l’anomalie. Il est critiqué par Georges

Louis Leclerc de Buffon (1707-1788) qui pense que les espèces initiales auraient divergé par l’influen-

ce de l’environnement (climat, nourriture…). Il a écarté les dogmes religieux en fondant sa théorie sur une analys

raisonnée d’observation.

Georges Cuvier (1769-1832) étudie les fossiles, et montre que des espèces se sont éteintes dans le passé

et que des faunes différentes se succèdent dans les strates géologiques.

Jean Baptiste Lamarck (1744-1829) quant à lui, prônait la transformation des espèces. Sa théorie re-

pose sur la diversification des espèces grâce à leur adaptation aux variations de l’environnement (un organe peut

se renforcer ou s’atrophier suivant son degré d’utilisation) et sur la transmission des caractères acquis

(transformisme).

En 1859, Charles Darwin (1809-1882) dans son ouvrage « Origine des Espèces », expose sa

théorie de la « transmutation » des espèces par la sélection naturelle.

Alfred Russel Wallace partage ce point de vue mais Darwin n’emploie pas le terme d’ « évolution »,

car la transformation des espèces n’est pas guidée, selon lui, par une marche vers le progrès.

Les mécanismes de l’hérédité (aspect crucial de la doctrine de Darwin) étant inconnus des biologistes à cette épo-

que, celui-ci manquait d’argumentation.

Grégor Mendel (1822-1884) met à jour les modalités de transmission héréditaire des caractères, les fac-

teurs héréditaires de chaque parent sont nommés gènes : ce sont les lois Mendel. Ses travaux sont à l’origine de la

génétique.

Vers 1920, les généticiens Ronald Fisher, John Haldane et Sewall Wright, concilient la génétique

mendelienne et le principe de sélection naturelle de Darwin. La génétique des populations voit le jour et permet

d’expliquer ce qui caractérise les espèces et comment elles apparaissent.

En 1953, James Watson et Francis Crick découvrent la structure de la molécule d’ADN.

Dans la seconde moitié du XX ème, l’essor de la biologie moléculaire permet de comparer le matériel génétique

appartenant à des organismes d’espèces diverses. On peut ainsi reconstruire l’histoire évolutive des êtres vivants

et établir les relations de parenté entre eux.

Une première vision, soutenant que les changements évolutifs sont lents et graduels, est bousculée dans les an-

nées 1970 par la théorie de Stephen Jay Gould et Nils Eldredge : des périodes au cours des-

quelles les espèces n’évoluent pas ou peu alternant avec des épisodes de changements évolutifs.

Les développements récents montrent que l’évolution est un domaine de recherche en perpé-

tuel mouvement. Une théorie scientifique évolue, se complète, se corrige au fur et à mesure

des avancées scientifiques. La théorie de l’évolution n’a donc pas fini d’évoluer...

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PROGRAMME DE L’ÉCOLE MATERNELLE - Petite section, moyenne section, grande section

L’enfant découvre le monde proche. Il observe, il pose des questions et progresse dans la formulation de ses interrogations

vers plus de rationalité. Il devient capable de compter, de classer, d’ordonner et de décrire, grâce au langage et à des formes

variées de représentation (dessins, schémas). Il commence à comprendre ce qui distingue le vivant du non-vivant (matière,

objets).

Découvrir le vivant

Les enfants observent les différentes manifestations de la vie.

CYCLE DES APPRENTISSAGES FONDAMENTAUX-Programme du CP et CE1

Découvrir le monde du vivant, de la matière et des objets

Les élèves repèrent des caractéristiques du vivant : naissance, croissance et reproduction ; nutrition et régimes alimentaires

des animaux. Ils maîtrisent le vocabulaire spécifique correspondant.

CYCLE DES APPROFONDISSEMENTS – Programme du CE2, CM1 et CM2

L’unité et la diversité du vivant

Présentation de la biodiversité : recherche de différences entre espèces vivantes.

Présentation de l’unité du vivant : recherche de points communs entre espèces vivantes.

Présentation de la classification du vivant : interprétation de ressemblances et différences en termes de parenté.

Instruction et progressions

PS MS GS Observation de quelques animaux (oiseaux,

poissons, insectes, mammifères)

Mise en évidence des caractéristiques d'un ani-

mal : aspect physique, alimentation, locomotion Mise en évidence des caractéristiques d'un

animal : croissance, reproduction

Emergence des caractéristiques du vivant par opposition au non vivant Première notion de chaîne alimentaire.

CP CE1

Observation et comparaison des êtres vivants pour établir des classements. Élaboration de quelques critères élémentaires de classement, approche de la classification scientifique

Distinction entre le vivant et le non vivant : être

capable d’indiquer les principaux critères caractérisant

le vivant : les animaux et végétaux naissent, grandis-

sent, se nourrissent, se reproduisent, meurent… Être capable de différencier, à partir de l’ensemble des

critères établis, les animaux des végétaux.

Découvrir le monde du vivant Savoir décrire la variété des espèces animales dans un milieu. Savoir décrire la diversité du monde animal par l’utilisation de quelques critè-

res (clés) simples de classification comme l’aspect extérieur (morphologie:

caractères du squelette et du corps, nombre de pattes…), le mode de déplace-

ment, le comportement alimentaire…

On définira progressivement les spécificités du vivant

à partir de l’observation des animaux. Un objet ou un phénomène naturel qui semble présen-

ter un des caractères du vivant n’est pas forcément

vivant. Par ailleurs, la découverte de la matière, des

objets et des matériaux offre une première approche

concrète du non vivant.

Certaines caractéristiques des êtres vivants (morphologie, alimentation, repro-

duction, milieu de vie) permettent d’approcher progressivement la notion d’es-

pèce. On procédera à des comparaisons et classements simples. On pourra re-

chercher des renseignements (livres, photographies, documents filmés, supports numériques) et les utiliser pour le repérage d’un ou de plusieurs critè-

res de classement. La classification scientifique ne fera pas l’objet d’un appren-

tissage systématique. L’accent sera mis sur les principes d’élaboration de clés

de détermination pour en comprendre le principe. Ce n’est qu’en conclusion

que les élèves pourront découvrir les grandes lignes de la classification scienti-

fique des animaux.

CE2 CM1 CM2

Présentation de l’unité du vivant

- Identifier les différentes caractéristi-

ques du vivant (s’alimenter, se repro-

duire…). - Découvrir que les êtres vivants ont

une organisation et des fonctions

semblables. Vocabulaire : vivant et non vivant, reproduction, alimentation, respira-

tion, cycle de vie (naissance, crois-

sance, maturité, vieillissement, mort),

espèce.

Présentation de la biodiversité

- Rechercher des différences et des ressemblances entre espèces vivantes (présence de vertèbres, nombre de membres, présence de poils, présence de plumes…). - Proposer des tris en fonction des différentes caractéristiques mises en évidence, justifier ses choix. Vocabulaire : biodiversité, animaux, végétaux. Le vocabulaire est enrichi selon les critères retenus par les élèves (mammifère, ovipare, zoophage, phytophage, terrestre, aquatique…).

Présentation de la classification du Vivant

À partir de petites collections (3 ou 4 espèces), par exemple,

animaux, champignons, végétaux : - approcher la notion de caractère commun avec le support

de schémas simples (ensembles emboîtés) ; - interpréter les ressemblances et les différences en terme de

parenté. Vocabulaire : caractère commun, parenté. Le vocabulaire des caractères identifiés est enrichi selon la

collection d’êtres vivants proposée aux élèves dans la recherche (se nourrit de façon visible ou invisible, se dépla-

ce activement ou est fixé à un support, squelette interne/

externe, présence de membres, d’yeux, de bouche…). Présentation de la biodiversité CM2 - Constater la biodiversité animale et végétale d’un milieu

proche ; les êtres vivants dans leur environnement.

Page 4: « Sciences & EDD

Enseigner l’évolution en France (Assemblée parlementaire,

résolution 1580, octobre 2007, « Dangers du créationnisme dans

l’éducation »)

Comprendre et enseigner la classification du vivant, Auteur(s) :

Guillaume Lecointre Éd Belin, Collection : guide Belin de l'en-

seignement

Graines de sciences 4, fondation des Treilles, ed Le Pommier.

Darwin c’est tout bête, Giraud, ed Laffont

L’évolution c’est tout simple, ed Vuibert

Doc sciences n°12 : l’évolution en marche, CRDP Versailles

TDC n°981 Darwin et le darwinisme

TDC n°946 L’évolution des espèces

TDC n°856 Les origines de l’homme

4 S. Conneau, A. Deschamp, M. Nguyen, S. Correas, F. Vincent

Quelques écueils à la classification On caractérise à partir de ressemblances. Toutefois :

Certains animaux se ressemblent mais n’appartiennent

pas à la même espèce : Certaines ressemblances comme les ailes de la chauve sou-

ris ou de la chouette (liées à la locomotion mais de structure dif-

férente) sont de simples analogies et non des homologies (critère

de parenté).

Autre exemple :

Certains animaux ne se ressemblent pas mais appartiennent à la même espèce : Les chiens : Les différentes races canines appartiennent

toutes à la même espèce et pourtant il y a de grandes variances

entre certains.

Le coq et la poule : le mâle et la femelle ne se ressemblent pas et

appartiennent pourtant à la même espèce (le dimorphisme

sexuel).

Certaines espèces très différentes en apparence vont être re-

groupées sur la base d’une ressemblance pas toujours très visible.

C’est le cas du squelette interne commun aux amphibiens et aux mammifères.

Des idées reçues : La grenouille est considérée comme la femelle du crapaud.

Tout ce qui vit dans l’eau est « poisson »… donc la baleine est « poisson »...

Les anciennes connaissances qu’il faut détruire...

Il n’existe plus une catégorie « poisson » mais 2 catégories :

-poissons osseux (téléostéens)

-poissons cartilagineux (chondrichtyens)

Il n’existe plus une catégorie « reptile » mais 3 catégories :

-tortues

-crocodiliens

-squamates (lézard, serpent)

Mamba vert (serpent) Orvet (lézard)

coq poule

Chouette

(catégorie des

oiseaux)

Chauve-souris

(catégorie des

mammifères...)

Ressources

Mise en garde Travailler sur des espèces adultes :

Certaines espèces ont une forme

larvaire totalement différente de la

forme adulte (chenille/papillon).

DVD et albums :

DVD « biologie et classification du vivant » SCEREN

« Des bêtes pas si bêtes », guide pédagogique et DVD, CRDP

Montpellier

Charles Darwin « Le voyage d’un naturaliste autour du mon-

de », CNRS vidéo

« Les lunettes à voir le squelette » Textes de Gérald Stehr, ima-

ges de Renaud Chabrie, Éd Archimède, l’École des loisirs, 2002

« les sales bêtes » G Bonotaux, ed Milan Jeunesse

Revue « La classe » Hors Série « A l’école de la biodiversité »

Darwin et l’évolution expliqués à nos petits enfants, Pascal

Picq, ed Seuil