Lausanne – Majorque 08.09 – 16-09-13

Jour 1

Ce matin, réveil difficile vu l’heure matinale : 4h30. Je pars pour un voyage en Espagne avec un billet

allez simple pour Palma, c’est la seule chose que j’ai réservée. Avec moi, mon sac à dos 26L et le strict

minimum à l’intérieur. En gros : de quoi m’habiller 3 jours, du savon pour faire la lessive, une brosse

à dent, du dentifrice, de la crème solaire, un chapeau, mes lunettes de soleil, mon mobile sur lequel

j’ai téléchargé un guide pdf d’Espagne Lonely Planet et ma trousse de secours avec pansement et

médicaments d’urgences (et ma couverture de survie en alu, bien évidemment).

Je suis donc partie avec le train de 5h06 pour Genève-aéroport. Une chouette expérience de côtoyer

des jeunes encore saouls et des couples déchirés parce que la jeune donzelle a dansé avec un

inconnu et que « Abel pourra jurer qu'il ne s'est rien passé, c'est vrai, demande-lui!!! ». « MAIS

ARRÊTE DE M'EMMERDER » fut la réponse. Le tout répété une 40aine de fois...Bref, vive le train du

dimanche matin.

Et justement, comme c’est dimanche, difficile de trouver à manger à Palma où il n’existe pas de Coop

Pronto. Mais finalement j’ai dénich éun resto indien. L'avantage c'est que ce n’est pas cher et que

quand on ressort, on a mangé pour trois jours. Donc j'ai bien mangé et même reçu des charmantes

paroles. Le serveur me demande en anglais si je viens des Etats-Unis. Je lui réponds que je suis suisse.

Il prend alors un air surpris et me dit : « Really? You look better than that. » Merci du compliment...

J'ai visité un peu Palma, un peu morne quand tout est fermé. Néanmoins, la vue sur la baie est belle,

surtout depuis la résidence royale que je visite, ainsi que la forteresse médiévale dans laquelle a lieu

un concours international d’épéiste. Après ce tour de la capitale, j'ai pris le car pour Soller Port. C'est

assez joli, les café sont ouverts, l’ambiance est détendue. J'ai trouvé une chambre dans l’hôtel le plus

modeste et enfilé mon maillot de bain pour aller faire trempette dans la méditerranée. L'eau était

bonne et tellement claire que j'ai vu des gros poissons même sans masque. Finalement je me suis

achetée à manger, et suis montée à pied jusqu'au phare pour manger en profitant du coucher du

soleil. Avant que la nuit tombe entièrement, je suis retournée à l'hôtel me coucher après uen longue

journée.

Vue du port de Palma depuis la résidence royale.

Chemin menant au château de Palma

Port de Soller

Pique-nique au coucher de soleil

Jour 2

La journée a commencé de façon merveilleuse. Je me suis réveillée à 8h40 alors que je m'étais

endormie à 22h. Ca faisait des lustres que je n'avais pas dormi aussi bien. Le petit-déjeuner composé

d’un grand buffet m’a étonné vu que l’hôtel était plutôt simple. En attendant, il m’a permis de bien

me restaurer avant la journée sportive qui m’attendait. J'ai loué un vélo et fait un tour par les villages

du coin. Ce qui impliquait une bonne montée sous le soleil. J'ai découvert une chapelle cachée au

bord d'un petit chemin, et d'un style inclassable... Puis j’ai visité un village qui devait être en pleine

fête patronale annuelle, vu les guirlandes qui le traversaient.

Suite à cela, j'ai visité une plantation d'agrumes. En effet, les agrumes sont la spécialité locale...

d'ailleurs je dors au Citric hôtels. Dans la région, il y a des oranges et des citrons partout, en jus, en

confiture, en garniture, en savon, en glace… À la fin de la visite de la plantation, la proprio prépare

pour les visiteurs un jus d'orange frais, un petit en-cas et 1 kg d'Orange à emporter. Je pensais que ça

me ferait juste l'entrée avant le dîner et j'avais donc emporté mon pic-nic pour le reste. Finalement

je me suis retrouvée devant du pain, des olives, des tomates, du jus d'orange et des figues. Le tout de

la propriété même. Et après avoir tout mangé, je n’avais plus faim du tout ! Ça m'a fait mon repas...et

comme nous avons discuté et qu'elle était heureuse de savoir que j'étais suisse comme son prof

d'allemand (ce qui m'a fait craindre pour son allemand), elle m'a proposé d'emporter encore le reste

des figues (700 g...). Je lui ai expliqué que c'était gentil mais pas possible de prendre tout ça car je

voyageais léger et que j'étais à vélo. Elle a pris un air compréhensif et m'a dit que dans ce cas, elle me

mettrait les figues dans un sac séparé pour pouvoir l'accrocher sur mon guidon. Je n'ai pu que la

remercier de tant d'attention...Tout ça pesait lourd et je ne savais ensuite que faire de tous ces fruits.

J’ai pensé les offrir aux premiers touristes que je croisais, mais ils auraient sans doute trouvé ça

louche si je les avais accosté pour leur offrir 1 kg d'oranges. Je suis donc allée à la poste pour les

envoyer à mon oncle. Il se fait venir chaque année des oranges bio directement de Sicile, je me suis

dit qu'il devrait aussi apprécier celle de Majorque. Le postier, quant à lui, a dû se poser des questions

sur ma santé mentale quand, à sa grande stupéfaction, je lui ai confirmé que je voulais bien envoyer

des oranges pour 20 euros!! J'espère que mon oncle appréciera. Après ça, j'ai encore visité un autre

village, Déia, et finalement je suis rentré à 18h, pile à l'heure pour rendre mon vélo.

Dans un petit magasin du port, je me suis achetée un masque et un tuba avant d'aller nager avec les

poissons. C'était génial! J'en ai vu plein, même des voraces qui m'ont mordu les pieds! Les fonds ne

sont pas magnifiques, mais apparemment, ça plait quand même aux poissons.

J’ai grimpé sur la colline du côté opposé au phare du jour précédent afin de regarder le coucher de

soleil. J'y ai soupé en mangeant le repas que j’avais prévu pour midi mais que je n'avais pas mangé.

Une fois n’est pas coutume, je suis retournée avant l’obscurité totale jusqu’à l’hôtel.

À part ça je trouve impressionnant la pression de devoir garder les touristes et qui justifie que tout le

monde doit apprendre l'allemand vu que ce sont les plus présents sur l'île. Un employé de l'office du

tourisme engeulait sa fille qui n'avait pas assez bien réussi à répondre à des allemands et lui disait

qu'elle devait absolument étudier plus cette langue. Moi je parle espagnol à tout le monde parce que

j'estime que c'est à nous de nous adapter et pas l'inverse.

Je supporte de moins en moins les Allemands et leur façon vivre ici comme s’ils étaient en Allemagne. Ils n'essaient même pas de dire un mot en espagnol, ils entrent n'importe où et disent "Hallo! Zwei karten bitte!". Dans les kiosques on trouve tous les journaux allemands possibles et tous les livres dans les hôtels sont en allemand. Finalement, le soir, ils regardent les matchs de foot du Bayern Munich. Si c'est pour vivre comme à la maison, ils peuvent y rester, pas besoin de venir jusqu'ici.

En route à vélo dans les montagnes surplombant Port de Soller.

Intérieur et extérieur d’une chapelle extraterrestre.

Rue décorée de Fornalutx

Kakis persimons en cours de maturation dans la plantation d’agrumes

La dure vie d’un chat dans la plantation d’agrumes.

Jour 3

Après une excellente nuit de sommeil, départ en bus pour Valdemossa. Fait étrange, c'est un bus

articulé comme à Lausanne qui prend les 2 voies de la route dans chaque virage...et vu que nous

circulons en montagne, autant dire qu'il y en a beaucoup...nous roulons donc à 10 à l'heure pour ne

pas nous prendre une voiture en contresens. Où finir dans le ravin, à choix. Souvent les voitures

doivent s'arrêter et reculer pour nous laisser passer. C'est pratique quand il y a une colonne de

véhicule. Du coup, je comprends pourquoi le bus met une heure pour une distance qui me paraissait

relativement courte. À part ça, la vue est splendide.

Cette nuit, il a plu. Et ce matin, je vois qu'il y a plein de feu de jardin...je me demande si les locaux

profitent du fait que la nature est humide pour se débarrasser de leur déchets organiques. Il faut dire

qu'il y a eu un énorme incendie de forêt cette année dans la région. Donc mieux vaut éviter d’en

créer un nouveau.

J'ai visité le village de Valdemossa qui est assez joli. C'est là qu'ont séjourné Chopin et Sand pendant

un hiver... C’est resté l’événement qui attire les foules.

Ensuite je voulais marcher jusqu'au prochain village côtier. Malheureusement, après avoir tourné 2

heures dans la forêt, en croyant être sur le bon chemin, je suis arrivée à nouveau à Valdemossa. J'ai

donc abandonné et suis remontée dans un bus pour Palma. Eh oui, les bus sont centralisés et tous

passent par la capitale. À Palma, j'ai repris un autre bus pour Port d'Andratx. Le système de vente de

billet de bus est assez pénible et je ne comprends pas tellement la logique derrière. En effet, c'est

d'une grande efficacité, car on paie le billet directement au conducteur et il ne semble même pas y

avoir d’abonnement pour les locaux. Or, quand il y a environ 50 personnes qui veulent monter, vous

imaginez le retard que prend le départ du bus.

En bus, j'ai traversé toutes les villes côtières les plus touristiques...c'était une horreur! Que des

immeubles immenses du genre HLM, alignés les uns à côté des autres. Finalement, je suis arrivée à

Andratx qui ne valait guère mieux. Voyant que je regardais une carte, un homme retraité m'a accosté

pour me demander s'il pouvait m'aider. Il a rapidement compris que je parlais la même langue que

lui, à savoir le français. Il m’a demandé où j’allais et où je comptais passer la nuit. Comme je n’avais

pas encore de projet, dans un geste de soutien des compatriotes francophones (c'est lui qui l'a

présenté ainsi), il m'a proposé de dormir chez lui. Je l'ai remercié et j'ai continué mon chemin à pied

vers St Elm. C'est un joli village, tout petit, constitué d’une seule rue et que j'ai atteint après 2h de

marche. J’ai dû traverser des chemins broussailleux et je me suis griffée les jambes en beauté.

Au village, j'ai acquis l'une des dernières chambres disponibles (il n’y a que 2 hôtels dans le village),

et ensuite je suis retournée voir les poissons à la plage. J'adore ça! Par contre, j'ai les jambes

recouvertes de griffures d'arbustes épineux et des bras bosselés de dialysés chroniques tant j'ai de

piqûres de bêtes bizarre et cela est relativement douloureux dans l'eau salée!

Finalement, un petit souper au coucher de soleil (ça devient une habitude...) et ma tranche de gâteau

au fromage blanc. En effet, le gâteau au fromage blanc est une pâtisserie très courante en Espagne,

et ça tombe bien, parce que j’adore ça ! J’en mange tous les jours !

Vue sur le chemin vers St-Elm.

Pique-nique au coucher de soleil à St-Elm

Mes jambes griffées et mon poignet boudiné (en temps normal on voit les veines et les tendons)

après une piqûre d’insecte

Jour 4

Aujourd'hui fut une excellente journée, une de plus. Mais en sus, j'ai vécu l'un des moments les plus intenses de ma vie.

Tout commença par un petit-déjeuner royal. C'est bien la seule chose positive que la vague allemande a amené à Majorque, le petit-déjeuner est un vrai repas et non un café-biscuit comme le font les espagnols. Ensuite, j'ai embarqué pour un court trajet en bateau vers Sa Dragonera. C’est une île devenue parc naturel après le soulèvement des habitants contre le projet de la construction d'un complexe hôtelier sur l'île dans les années 70. Il n'y a donc aucune construction en dehors de trois phares et d’un débarcadère. Au moment de monter sur le bateau, le conducteur m’a lancé "And you, what do you speak, german or english?" Je lui ai répondu « Español! » Il m'a observé d'un air empreint de scepticisme et me jette "Hablas?". J'ai rétorqué sûr de moi, "Si señor". Ce dialogue fut digne d'une corrida. Et apparemment, j’ai été acceptée dans le cercle des gagnants puisqu’il ne m’a parlé plus que castillan. Une fois sur l'île, j'ai suivi l'un des 4 chemins de randonnées pour atteindre son sommet à quelques 300 m de hauteur, orné d’un phare. Arrivée en haut, je découvre que le phare est condamné et qu'il n'y a pas grand-chose à voir si ce n'est une jolie vue sur Majorque. Malgré le fait que je n'y étais pas vraiment invitée, j'ai contourné le bâtiment et là, j’ai découvert une vue incroyable, à couper le souffle. J'étais au bord du précipice, la mer à 300m sous les pieds, et rien d'autre, pas un bruit, pas un souffle de vent, pas le bruit d'un oiseau, juste le silence absolu et le grand bleu. C'était inimaginable...rien que cet instant a justifié tout mon voyage en Espagne… C’était magique. Malheureusement, je n'ai pas pu en profiter longtemps car je savais un troupeau d'Allemands sur la route. J'ai donc quitté les lieux et suivi un autre chemin pédestre jusqu’au phare de la pointe sud de l’île. J’y ai mangé mon pique-nique assise sur une pierre. Sa Cabrera abrite une espèce de lézard unique au monde, puisqu'elle a évolué seule sur son île. Ce lézard est vert foncé avec une queue verte fluo. On dirait qu’il s’est fait sprayé la queue. Mais je pense que ça caractéristique principale est qu’il n’est pas craintif pour 2 sous. En effet, pendant que je mangeais, des lézards me grimpaient sur les jambes, essayaient d'entrer dans mes chaussures, regardaient ce que j'avais dans mon sac et visitaient mon pique-nique...c'était marrant, je me sentais tout de suite moins seule. Une autre espèce endémique des Baléares est le faucon Eleonore. Il ressemble à mon avis à un faucon croisé avec un hibou Petit Duc. Chaque hiver, il se déplace néanmoins jusqu'à Madagascar après avoir traversé toute l'Afrique au vol, et sans GPS. C'est incroyable! Et dire que l'être humain se vante d'avoir inventé une boîte, qui d'une voie féminine lui indique où il doit diriger sa voiture, en indiquant un chemin non carossable 1 fois sur 2... Il n’y a pas de quoi se vanter ! En redescendant, j'ai de justesse loupé le bateau de 15h. Le suivant ne se présentant qu’à 15h50, cela m'a permis de profiter d'utiliser mes masque et tuba dans la crique constituant le débarcadère. Je ne loupe aucune occasion! Petite baignade seulement dérangée par trois crétins en jet-ski qui sont venus s’arrêter dans cette crique. Heureusement, ils n’ont pas dû trouver les bars du coin à leur goût et sont rapidement repartis. Finalement, j'ai repris le bateau et suis rentrée à St-Elm. Néanmoins, comme j'étais encore en pleine forme, j'ai décidé de grimper jusqu'aux ruines d'un monastère trappiste. Des moines ayant fui la Révolution Française sont venus s'installer là, après avoir vécu quelques années en Catalogne d’où ils ont dû fuir également en raison de la guerre d’indépendance espagnole. Puis, ils ont quitté St-Elm quelques décennies plus tard quand la situation en France leur a permis de rentrer. J'ai marché une heure et je surplombais la mer quand le ciel s'est obscurci et que le vent s'est levé. Je n'étais pas loin des ruines, mais le chemin était à flanc de montagne, à découvert et j’ai entendu dire que les orages pouvaient être violents dans la région. Si une pluie forte se mettait à laver ce terrain, la situation pouvait devenir dangereuse. J'ai donc décidé qu'il valait mieux rebrousser chemin. Mais ça m'a coûté d'abandonner en route...surtout en voyant que 2 autres marcheurs me dépassaient et continuaient le chemin sans s’inquiéter. Bien m'en a pris, car j'ai atteint la rue principale du port de St-Elm quand l'orage a éclaté d'un coup. J'ai juste eu le temps de courir à mon hôtel et j’étais déjà bien rincée en arrivant. J'espère que les deux marcheurs s’en seront sortis sains et saufs... Le soir, j’ai mangé au restaurant de l’hôtel. Une véranda avec vue directe sur la mer. Pendant la longue attente du plat (une heure !) j’ai observé les autres clients. Tous des couples en pré-retraite

ou retraités. Vu la saison, les familles ne sont plus en vacances. Ce qui m’a frappé c’est qu’ils étaient tous pareils, un air satisfait d’eux-mêmes, mais pas assez pour avoir quelque chose à se dire, et Madame qui promenant ses cheveux blonds décolorés et ses gros bijoux voyants. Je me suis sentie bien loin de ça, et j’espère que je le resterai. Après 50 minutes d’attente, mon plat est arrivé. Pas de chance, le poisson était froid…manifestement, il n’avait pas été chauffé suffisamment pour décongeler complètement. Je l’ai fait remarquer au serveur qui n’a pas été étonné plus que ça, et l’a ramené en cuisine. Au moins, j’étais sûr qu’il avait été bien congelé et que je ne risquais pas d’être contaminée par l’anisakis. J’ai donc attendu encore 10 minutes qu’il me revienne. Cette fois tellement brûlant que ma bouche en a souffert. Au moins la vue sur était splendide.

La vue de ma table de petit-déjeûner

Le paysage en montant au sommet de l’île.

La vue depuis l’île sur Majorque

Le silence absolu et la vue sur la mer à 300m sous mes pieds

Un lézard qui explore mon pique-nique (à droite c’est ma cuisse) Jour 5 Après un petit-déjeuner rapide, j'ai regagné Port d'Andratx à pied en 2h. J’avais fait le trajet dans un sens, mais il était assez difficile de retrouver le chemin dans l’autre sens, car celui-ci n’était pas marqué. Finalement, après quelques égarement, je suis arrivée au but où j'ai repris le bus pour Palma. J’étais juste à l’heure, sinon, j’étais bonne pour attendre 1h30. De là je suis répartie pour Soller où j'avais donné rdv à Arnaud. J'avais prévu ensuite de rejoindre une jolie plage de l'autre côté des montagnes, d'où partait des chemins pédestres. Je prévoyais 15 minutes pour y aller. Je ne m'étais pas rendue compte qu'il y avait juste un col à franchir et des routes étroites avec des séries de cars de touristes à croiser. Bref, nous avons mis plus d'une heure. Il était donc 15h quand nous

sommes arrivés, mais l’endroit en valait la peine. Nous avons mangé le pique-nique que j'avais eu la bonne idée d'acheter à l'avance, car il n'y avait rien du tout à part du sable dans cette petite crique. Puis nous avons marché 2 h à travers les oliviers, les buissons de romarin et autres plantes parfumées, avec une magnifique vue sur la mer. Nous avons croisé des chèvres « traditionnelles » et même une chèvre majorquine, une espèce endémique. L’une d’elles était une chèvre grimpeuse qui avait l'air très satisfaite des feuilles qui craquaient sous ses dents… Malheureusement, nous n'avons pas pu nous baigner tellement les vagues étaient fortes...ainsi qu’en raison de la présence de méduses. Nous sommes donc répartis pour le monastère de Lluc où nous avions réservé pour 2 nuits. A l’origine quatre, mais quand nous avons vu le temps que ça prenait pour atteindre l’endroit, nous avons diminué le nombre de nuitées. Le monastère est un lieu de pèlerinage du 13eme siècle, patrimoine UNESCO. Une statue de vierge serait apparue comme par magie à cet endroit. Elle fut déplacée par un berger, et le jour suivant, elle s’était à nouveau télétransportée à Lluc. Depuis, les pélerins s’y transportent également. L’hôtellerie est extrêmement bien entretenue, tout confort et pour 2 seulement 64 euros avec le petit-déjeuner digne du Waldorf-Astoria. En plus, nous avons mangé une délicieuse fideu (une paella avec des pâtes) et le personnel est très sympathique. Autant dire que je recommande le monastère comme lieu de résidence! Et le chœur des servants de messe recrute...

Une chèvre grimpeuse.

Le monastère de St Lluc

Vue depuis la cour du monastère. Jour 6 Aujourd'hui, après le petit-déjeuner qui n’avait rien de monacal, nous sommes allés marcher dans la région. Nous avons traversé les paysages karstiques où l’activité charbonnière battait son plein il y a quelques siècles. En effet, à l’époque on y trouvait des domaines agricoles et des charbonniers qui produisaient de la chaux et du charbon. Ils passaient toute la belle saison a récolter des pierres et du bois, ainsi qu'à surveiller leur feu. Un porteur apportait de temps à autre des provisions et emportait leur production. Une vie qui devait être assez pénible. Après la promenade, nous somme descendus dans la baie d’Alcudia où nous avons loué des vélos pour faire un tour dans un parc naturel marécageux. À l'entrée du parc, un panneau nous annonçait qu'il fallait demander une autorisation au centre d'information pour avoir le droit de visiter. Nous nous y sommes rendus directement vu qu’il fermait à 16h et qu’il était autour de 15h55. Nous avons à peine eu le temps de franchir le seuil du centre, que l'employé s’est jetté sur nous pour nous demander de quel pays nous venions et nous lancer un dépliant sur le parc, non sans l’avoir d’abord tamponné du jour même et écrit un « 2 » dessus. En 20 secondes nous étions de nouveau dehors. Apparemment, les autorisations ne sont pas très difficiles à acquérir et nous n'en avons donc pas vraiment compris l'utilité. Sans compter qu’après 16h, les gens continuent à visiter le parc. Nous avons donc fait le tour du parc à vélo. La route faisait un carré de 2.5 km de côté environ et passait d’abord à travers une roselière, puis par des marais découvert. Le paysage était donc un peu monotone, mais nous avons quand même rencontré quelques vaches, des aigrettes et des canards indéterminés. Ainsi que quelques cyclistes dont 2 ayant crevé. A ce moment, j’ai espéré très fort qu’il ne nous arrive pas la même malchance. Ce qui fut le cas. Notre but était de finir la journée sur une plage avec masques et tubas, mais manque de chance, celle que j'avais savamment sélectionnée était magnifique mais fermée, sans doute en raison des forts rouleaux. Encore raté... Il ne nous restait qu'à remonter au monastère pour manger. Ce jour-là nous avons opté pour une paella, avec du riz. Je pense que les cuisiniers ne sont pas habitués à ce

que l’on termine leur plat. Comme le soir d’avant nous avions mangé toute la fideu, ils ont surement pensé qu’il fallait augmenter les portions pour nous. En effet, la paella que le serveur nous a apportée aurait suffi pour quatre ! Elle était énorme, mais délicieuse…et nous l’avons finie quand même !

Au pays des charbonniers

Un magnifique mouton qui avait l’air aussi propre et doux que les peaux vendues à IKEA. Jour 7 Pour commencer, nous avons fait un petit tour du monastère que nous n’avions pas encore vraiment visité, et investit dans une tuile afin de participer à la réparation du toit qui s'est envolé lors d'une tempête. En effet, un tas de tuiles attend les visiteurs qui peuvent payer 2 euros pour dessiner sur l'une d'elles. Celle-ci sera déposée sur le toit ensuite. Nous avons ensuite repris la voiture et traversé toute l'île d'ouest en est par des routes secondaires, jusqu'au parc naturel de Mandrago. Cela a duré 2h et nous a donné l'occasion de découvrir des terrains et des villages agricoles pittoresque, choses que nous n’avions pas encore vues sur cette île. Et surtout, nous nous sentions bien loin des côtés défigurées par le tourisme de masse. Il y avait peu de voiture sur les routes et surtout, aucun car!

Le parc naturel entoure une plage magnifique, mais ne permet que quelques randonnées de 15 minutes. L’une d’elles traversait la plage où un vendeur ambulant de fruits criait fortement et sans discontinuer « Piña-coco-platano-pomeeeeloooooo » (en français « ananas- noix de coco- banane-pomelo). Le pauvre ne devait plus avoir beaucoup de voix à la fin de la journée. Et les baigneurs plus beaucoup d’ouïe. Nous avons donc fait rapidement le tour des 4 itinéraires avant de manger et de nous lancer à l'eau pour découvrir le monde sous-marin. C'était sensationnel! Il y avait des bancs de centaines de poissons (des petits, peut-être des sardines) et des néons, des poissons volants et j'ai même vu un barracuda. Il devait faire au moins 1m de long. Les poissons sont assez variés : des touts petits de 5 cm aux gros de 40 cm. Il y en a des zébrés, c'est les plus drôles, des gris avec 2 rayures jaunes, des blancs à points noirs qui se confondent avec le sable, j'en ai vu un gros rouge avec des moustaches (s'était-il échappé d'un étang japonais?). Eux ils se déplacent seuls. Après 1h je suis resortie de l'eau parce que j'avais froid et j’avais un peu viré au bleu. Même si l'eau devait être à 26 degrés, on se refroidit assez vite. Le temps était alors venu de se trouver un endroit pour passer la nuit et nous avons donc repris la voiture en direction de Colonia St Jordi. Là, nous avons eu la chance de trouver l'une des dernières chambres disponibles dans un petit hôtel traditionnel, et non un horrible complexe soi-disant 4 étoiles mais qui ressemblait plus à un HLM. Qui dit traditionnel dit conditions plus simple… J'avais beau parler espagnol au propriétaire, il répondait dans un mélange de mauvais allemand, d’anglais et d'espagnol. Par contre, il nous a expliqué qu’il ne pouvait pas nous parler français car il était originaires des canaries, ce qui rendait selon lui son anatomie incompatible avec la pratique du français. Lors du souper, les serveurs n’étaient pas spécialement chaleureux et n’avaient pas non plus envie de nous répondre quant aux termes alimentaires que nous ne connaissions pas. La chambre sentait le renfermé et les lits craquaient. Traditionnel, quoi. Après avoir pris la chambre, au moment de décharger nos sacs de la voiture, une femme nous a accostée en français en nous lançant: "Eh bien j'espère que vous ne venez chez moi!". Je me suis retournée un peu surprise et ai aperçu une femme retraitée, blonde décolorée et la peau trop bronzée jusqu'au bout des doigts, tirant sur une cigarette. Je lui ai répondu, heureuse, par la négative et me suis retenu de lui dire que de toute façon, je n'en aurais pas eu envie. Elle a ajouté : « C'est bien car j’attends 2 français et je pensais que c'était vous. ». J’ai rétorqué que de toute façon nous n’étions pas Français. Ce à quoi elle a répondu que pourtant, nous parlions tout de même bien français...et nous a demandé si nous étions Belges. Finalement, elle s'est satisfaite de savoir que nous étions suisses et s'en est allée. Pas de chance pour les deux Français qui allait bientôt la rencontrer.

Ma tuile

Cala Mondrago

Après une heure avec un masque.

Jour 8

Nous avons quitté notre splendide hôtel de la veille qui était soi-disant complet et où, en sus de

n'avoir vu aucun autre convive, nous avons dû mettre nous-même la table de petit-déjeuner.

Nous sommes donc partis en bateau pour Sa Cabrera, un archipel classé parc national. Le trajet dure

40 min et il est recommandé de s’inscrire à l’avance car seuls 200 personnes ont le droit d’y

descendre par jour. A cette période de l’année pourtant, nous n’étions pas beaucoup et nous

aurions pu nous passer de réserver. La plupart des autres touristes vont sur l’ile uniquement pour se

baigner. En effet, il n’y a qu’un petit musée, 2 plages et des itinéraires de randonnées. Le shopping

n’attire donc pas les foules à cet endroit. Nous avons fait un tour à pied et visité le musée que j’ai

trouvé intéressant mais qui n’a pas passionné Arnaud vu que tout était en Castillan ou en Catalan. Sa

Cabrera a eu une longue histoire. C’était le lieu de vie de moines au 10ème siècle, mais le pape a dû

leur envoyer un surveillant parce qu’ils étaient trop indisciplinés à son goût. Ensuite, elle a servi de

prison pendant la Guerre d'Indépendance Espagnole et a vu passer plus de 9000 prisonniers français.

Après, il y a eu quelques centaines de personnes qui ont vécu là comme pécheurs. Des bateaux

échoués en nombres, des aviateurs écrasés pendant la 2ème guerre, des fantômes de prisonniers

décédés…Étant aujourd'hui quasi déserte, il est difficile de croire qu'il y a eu tant "d'habitants" à une

époque.

La visite terminée, nous avons profité d'une plage pour pique-niquer. J'ai pris un morceau de pain et

l'ai posé à ma droite. Je me suis tournée à ma gauche pour parler à Arnaud, avant de me retourner

pour reprendre mon quignon…et j’ai vu une espèce de gerboise partir avec. Une seconde gerboise

est rapidement venue lui prêter patte forte. Sans compter qu'elles n’ont même pas paru gênées de

ce méfait puisqu'elles se sont installées à 1m de moi pour finir de le dévorer.. Ça alors ! Les habitants

de cette île ne connaissaient vraiment pas les bonnes manières! Je n’ai plus eu de peine à croire qu’à

une certaine époque, les moines locaux étaient tout aussi indisciplinés.

Quant aux poissons, ils ne semblaient pas plus inquiets de notre visite parmi eux. A côté de nous, un

couple de Français retraité faisait également du snorkelling. Madame n’en avait visiblement jamais

fait et Monsieur prenait sa tâche de professeur très au sérieux. Il criait « Mais non Sylvie, la tête

dans l’eau, là tu nages comme un petit chien ! », « Mais non Sylvie, ne sort pas les jambes de l’eau

quand tu palmes, il faut les mettre dans l’eau. Allez Sylvie, dans l’eau, DANS L’EAU !!!! » C’était assez

drôle.

Après un tour jusqu'au sommet du château qui nécessitait de grimper un escalier en colimaçon pour

nain médiéval, nous avons re-embarqué. Il était 18h à notre retour au port et nous n'avions nul

endroit pour dormir. Nous avons décidé d'aller dans un village côtier à une demi-heure de route.

Quelle ne fut pas notre surprise en arrivant dans une espèce de quartier résidentiel américain (vu la

présence de plusieurs drapeaux du pays en question) étendu sur au moins 1,5 km...et aucun hôtel.

Un supermarché et 3 restaurants au bord de la plage était la seule infrastructure du lieu. Nous avons

donc repris la route un peu dépités vu que nous étions à distance de tout autre lieu habité et qu’il

était près de 20h. Mais comme j'ai plus d'un tour dans mon sac, je nous ai déniché au milieu de la

rase campagne une ferme reconvertie en hôtel spa. Avec un excellent restaurant, une chambre

immense, télé, minibar. Comme c'est la dernière nuit d'Arnaud, autant profiter.

La gerboise voleuse.

La baie de Sa Dragonera et la forteresse

Le phare de Sa Dragonera

Jour 9

La journée fur un peu plus dur que d'habitude parce qu'Arnaud repartait et que je n'avais pas envie

d'être de nouveau seule.

Comme la journée était principalement faite de trajets, c'était une journée de repos.

Nous avons profité du spa et des piscines de l’hôtel le matin. Puisqu'on était là-bas, autant tenter

l'expérience. C'était vraiment totalement absurde. Nous étions dans la campagne majorquine, à 3 km

de la plus belle plage de l'île (selon la propriétaire), et pourtant quelqu'un a eu l'idée de construire un

spa avec sauna et hamam. Alors qu'il suffisait de sortir de la maison pour cuire au soleil. Le meilleur

était qu'il y avait 3 piscines. Une chaude avec jacuzzi dans le spa, puis à l'extérieur, une piscine d'eau

salée (ça sert à quoi???) et une piscine normale. En plus, nous étions tout seul dans cette installation.

Peut-être les autres convives en profitaient-ils plutôt l'après-midi. Les employés étaient navrés pour

nous que nous ne puissions rester plusieurs jours pour profiter suffisamment de tout. Le personnel

était d'ailleurs très sympathique et avec leur jeans/t-shirt, ils faisaient plutôt employé agricole que

personnel d'un hôtel chic, ce qui rendait le tout assez bon enfant.

Nous sommes donc répartis pour Palma, que nous avons mis 50 minutes à pénétrer en raison d'une

manifestation pour la qualité de l'école publique qui perturbait le trafic. Arnaud devait reprendre

l'avion, et moi, le bus. Il m’a accompagné jusqu’à la station de bus et nous nous sommes séparé. J'ai

pris un bu pour retourner à Alcudia d’où partent les ferrys pour Minorque. Il n'y avait à peu près

personne sur le bateau, nous n'étions que 28 passagers et j’ai alors compris pourquoi il y avait si peu

de bateaux qui font la traversée. On nous a passé un film "Percy Jackson". Un film américain à gros

budget, mélange de Harry Potter, X-men, des mythes grecques et des lieux américains les plus

touristiques: Las Vegas, Hollywood...bref, je me suis infligée ça pour exercer un peu mon espagnol.

Après quoi nous avons eu la télé espagnole. Une télé réalité où les gens racontent leur désespoir de

vie sans argent et sans travail, avant que quelqu'un appelle pour leur annoncer qu'il a un travail pour

eux. On voit alors les gens qui pleurent d'un tel bonheur et la présentatrice qui s'extasient devant

cette chance extraordinaire comme si un miracle divin venait de survenir. Ce qui est le cas dans un

sens quand on sait que le chômage atteint 25%. Mais en faire un show, ça me dépasse franchement!

J'ai débarqué à Ciutadella. C'est une très jolie ville et l'ambiance est très différente de Palma. Déjà

parce que c'est beaucoup plus petit. Il y a moins de touristes, plus de gens locaux et beaucoup de

petites boutiques d'artisanat local. En outre, le centre est piétonnier, ce qui ne gâche rien. J'ai mangé

sur une petite place animée, devant 2 femmes obèses qui s'embrassaient. Ce n'étaient que des

statues au milieu d'une fontaine, heureusement.

Après, je suis retournée à mon hôtel situé dans une petite ruelle tranquille et me suis couchée.

La salle d’attente pour Minorque

Le ferry, pour 28 passagers.