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UE NB015- Neurosciences du Mouvement - Université Paris VI Véronique Marchand-Pauvert - U731 INSERM/Paris 6 - Pitié Salpêtrière [email protected] Générateur spinal de la locomotion chez l’Homme?… Chez l’animal… * réseaux neuronaux spinaux organisés > contrôle locomoteur * sous le contrôle des afférences périphériques et des centres suprasegmentaires * moelle épinière isolée > génération du rythme locomoteur Chez l’Homme * rôle important du cortex moteur dans le contrôle des mouvements * Marche bipède et plantigrade > pas de modèle animal * Générateur spinal de la marche > avantage pour le contrôle moteur et récupération locomotrice après lésion… illner S. Prog Brain Res. 2002;137:97-108 - Duysens J, Van de Crommert HW. Gait Posture 1998;7(2):131-141.

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Page 1: UE NB015- Neurosciences du Mouvement - Université Paris VI Véronique Marchand-Pauvert - U731 INSERM/Paris 6 - Pitié Salpêtrière Veronique.marchand@chups.jussieu.fr

UE NB015- Neurosciences du Mouvement - Université Paris VI

Véronique Marchand-Pauvert - U731 INSERM/Paris 6 - Pitié Salpêtrière

[email protected]

Générateur spinal de la locomotion chez l’Homme?…

Chez l’animal…

* réseaux neuronaux spinaux organisés > contrôle locomoteur

* sous le contrôle des afférences périphériques et des centres suprasegmentaires

* moelle épinière isolée > génération du rythme locomoteur

Chez l’Homme

* rôle important du cortex moteur dans le contrôle des mouvements

* Marche bipède et plantigrade > pas de modèle animal

* Générateur spinal de la marche > avantage pour le contrôle moteur et

récupération locomotrice après lésion…

Grillner S. Prog Brain Res. 2002;137:97-108 - Duysens J, Van de Crommert HW. Gait Posture 1998;7(2):131-141.

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Observations cliniques…

Luys 1893

après décapitation (animal et Homme) > contact cutané > mouvements

rythmiques (réflexe de flexion)

Lhermite 1919, Khun 1950

mouvements rythmiques après lésion de la moelle épinière

> après lésion incomplète (concerne la plupart des études cliniques)

> rares après lésion complète

Hanna & Franck 1995

patients en mort cérébrale > mouvements des jambes

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Afférences du réflexes de flexion…

ou FRA (flexor reflex afferents)

Afférences cutanées, articulaires, nociceptives et aussi proprioceptives via les afférences du

groupe II. En résumé : toutes sauf celles du groupe I (Ia des fuseaux neuromusculaires et Ib des

organes tendineux de Golgi)

côté ipsilatéral : facilitation des fléchisseurs et inhibition des extenseurs >

flexion ipsilatérale = réflexe de flexion

côté controlatéral : inhibition des fléchisseurs et facilitation des extenseurs

> extension controlatérale = réflexe d’extension croisée

Réflexe cutanéo-musculaire : bas seuil, oligosynaptique, convergence des autres FRA

Réflexe de retrait : polysynaptique, distribution spécifique (activation de muscles extenseurs)

Contrôlés par les voies descendantes (cortico- et rubro-spinale)

Sherrington 1900’ - Eccles & Lundberg 1960… - pour réf voir Jankowska. 1992. Prog Neurobiol;38(4):335-378.

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Voies réflexes alimentées par les FRA

FRA ipsilatérales (i.FRA) >

activation de deux réseaux

d’interneurones distincts >

réponse réflexe de courte

latence (C) et réponse réflexeFlex

C Li.FRA co.FRA

Les interneurones L activant les muscles fléchisseurs (Flex) inhibent les interneurones L

activant les muscles extenseurs (Ext) et réciproquement > inhibition mutuelle > alternance

de phase entre les muscles fléchisseurs et les muscles extenseurs

Flex

i.FRA

Ext

co.FRA…provenant de l’autre membre

L L

de longue latence (L) dans les muscles fléchisseurs (Flex). La chaîne d’interneurones L est

inhibée par la chaîne d’interneurones C et par les FRA controlatérales (co.FRA)

Rôle de servo-assistance au contrôle sensori-moteur

…d’un même membre

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FRA et générateur spinal de la locomotion chez l’animal

Flex

i.FRA

Ext

co.FRAL L

Après injection de L-Dopa chez des chats spinaux aigus, les réponses réflexes de courte

latence disparaissent > levée d’inhibition sur les interneurones L > les réponses de longue

latence apparaissent

Reproduit pharmacologiquement le contrôle monoarminergique descendant provenant du

tronc cérébral (région mésencéphalique locomotrice ou MLR)

Flex

C Li.FRA

Contrôle descendant > activation des réseaux neuronaux impliquant les interneurones L +

rétrocontrôle afférent (FRA) > alternance de phase entre les muscles fléchisseurs et

extenseurs par le biais des réseaux de l’inhibition mutuelle > support synaptique de la notion

de ‘half centre’’ développée par Brown dans les années 1910’ > CPG locomotion…

Levée d’inhibition présynaptique sur les FRA et

renforcement de l’inhibition présynaptique sur les

afférences du groupe Ia > rétrocontrôle via les FRA

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Réflexe de flexion chez des patients spino-lésés

Bussel fin 80’ - début 90’

patients présentant une lésion complète de la moelle épinière > stimulation des FRA

(stimulation de haut seuil au niveau du nerf sural) > réponses réflexes présentant les mêmes

caractéristiques que les réflexes évoqués chez le chat après injection de L-Dopa :

* Apparition de réflexes de flexion de longue latence accompagnés d’une

augmentation de l’inhibition présynaptique exercée sur les afférences du groupe Ia

* Inhibition spécifique des réflexes de flexion de longue latence controlatéraux

(pas d’inhibition des réflexes de flexion de courte latence ni de ceux transmis par les

afférences du groupe Ia - réflexe H dans les fléchisseurs)

Roby-Brami A, Bussel B. Brain. 1987;110(3):707-725 - Roby-Brami A, Bussel B.Exp Brain Res. 1990;81(3):593-601 - Roby-

Brami A, Bussel B.Exp Brain Res. 1992;90(1):201-208.

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Bussel 1988

myoclonies (< 1 Hz ; bilatérales et symétriques) de la musculature axiale et des

muscles extenseurs des jambes chez un patient tétraplégique complet. Contrôlées par les

afférences périphériques (FRA) > réduisent ou arrêtent ces contractions involontaires des

extenseurs et facilitent la contraction des muscles fléchisseurs > alternance d’activité entre

les fléchisseurs et les extenseurs sur quelques cycles (associée à une réduction des réflexes

H du soléaire et du quadriceps > renforcement inhibition pré-synaptique sur les afférences du

groupe Ia)

Lésions de la moelle épinière et mouvements locomoteurs

Bussel B, Roby-Brami A, Azouvi P, Biraben A, Yakovleff A, Held JP .Brain. 1988;111(5):1235-1245

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Stimulation de la moelle épinière

Stimulation chez l’animal

chez des chats spinaux ou intacts > électrodes placées sur la partie dorsale de la

moelle épinière > activité rythmique locomotrice au niveau des pattes postérieures (et parfois

des pattes antérieures). Position optimale : segments L3-L4Avelev et al. 1997 - cf. Rossignol. Neurorehabil Neural Repair. 2002;16(2):201-206

Stimulation chez l’Homme

patients présentant une lésion spinale complète (étude également chez des patients

scoliotiques) > stimulation épidurale continue > activité électromyographique proche de celle

observée pendant la marche. Position optimale : L2-L3

Activité électromyographique accompagnée d’un renforcement de l’inhibition

présynaptique sur les afférences du groupe Ia (réduction du réflexe H) > tout comme les

réflexes de flexion de longue latence et comme il l’a été observé chez sujet sain, au cours de

la marche sur tapis roulant (Dietz et al. 1990 - Faist et al. 1996)Gerasimenko et Dimitrijevic fin 1990’

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Interprétations des données après lésion spinale

Données chez patients présentant une lésion de la moelle épinière > bons

arguments en faveur de l’existence d’une organisation neuronale spinale permettant de

reproduire des mouvements rythmiques de type locomoteur

Ces réseaux présentent des caractéristiques (organisation et réponses réflexes

transmises par ces réseaux) analogues à celles décrites chez l’animal, concernant les

réseaux impliqués dans le générateur spinal de la locomotion

Questions ?…

Alternance fléchisseurs/extenseurs > ne correspond pas aux caractéristiques de la

marche humaine. Ces réseaux sont-ils utilisés chez les sujets sains, au cours d’une marche

bipède?

Chez les patients incomplets > réseaux spinaux difficiles à activer > les résultats

ne permettent pas de déterminer si les centres supérieurs sont requis pour interagir avec les

générateurs spinaux pour marcher ou si la locomotion est seulement contrôlée par les

centres supérieurs

Chez les primates après lésion spinale > activation d’un CPG inversement

proportionnelle aux connections cortico-motoneuronales…

Vestigial ou fonctionnel???

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Arguments cliniques supplémentaires

Marche du nouveau né : réflexes archaïques observés chez le nourrisson > coordination proche

de la marche adulte > maturation à partir de cette marche primitive. Ces mouvements

coordonnés ont pu être observés in-utéro

Mouvements des jambes pendant le sommeil : stéréotypés, périodiques (sommeil léger) et

répétitifs d’une ou des deux jambes (flexion cheville, hanche et genou et extension des orteils).

Ces mouvements ne sont pas spécifiques d’une pathologie (lésions spinales, hyperekplexie >

liés à une levée d’inhibition) et peuvent apparaître chez des sujets sains après 30 ans

Vibrations : sujets sains avec une jambe suspendue > vibration d’un muscle > mouvements

cycliques du genou + hanche des deux jambes, activité électromyographique rythmique au

niveau des muscles de la hanche. Mouvements produits # marche avant ou arrière. Idem en

bloquant les articulations. Mouvements facilités par stimulation cutanée au niveau de la plante

des pieds # contact avec le sol

Afférences proprioceptives (vibration) > initiation + maintien activité locomotrice. Pas

suffisantes pour assurer le maintien postural et la propulsion en avant

Suggère rythme locomoteur de base puisse être généré involontairement chez l’Homme…

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E

M

I

L

Prémotoneurone excitateur

Motoneurone

Interneurone inhibiteur croisé

Interneurone inhibiteur latéral

Thalamus

RéticuloSpinal

Récepteurs à l’étirement musculaire

excitateur ou inhibiteur

Région mésencéphaliquelocomotrice

Structures suprasegmentaires

noyaux gris

tronc cérébral

> Déclenchement et contrôle

Structures segmentaires

réseaux neuronaux croisés

> rythme locomoteur généré grâce aux propriétés des neurones et de celles du réseau

Afférences périphériques

> rythme locomoteur

Générateur spinal de la locomotion chez les vertébrés

Lamproie

Cf. Grillner S. Prog Brain Res. 2002;137:97-108

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Existence d’un GSL lombaire

système propriospinal lombaire

= ?

GSL chez le chat

Segments L3 et L4 pour évoquer une

rythmicité locomotrice (Cf. Rossignol 2002)

Segments L3 et L4 = interneurones

propriospinaux (Cf. Jankowska 1992) Propriospinal

Motoneurones

Interneurones inhibiteurs

AFFÉRENCES PÉRIPHÉRIQUES

VOIES DESCENDANTES : Cortico, rubro, vestibulo et tectospinale

Générateur spinal de la locomotion chez les vertébrés

Chat

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Interneurone

propriospinal

Quadriceps

Tibialis anterior (TA)

Etude descriptive

> Synergie entre TA et Quadriceps au

cours du mouvement

Approche électrophysiologique de la marche chez l’Homme sain

Réflexe impliquant des interneurones propriospinaux

Simonetta-Moreau M et al. J Physiol. 1999; 517(1): 287-300 - Marchand-Pauvert V et al. J Physiol 2002; 542(3): 963-976

Motoneurone

Contrôle descendant et interaction avec les neurones spinaux

Ib

Quadriceps

Tibialis anterior (TA)

Cortex moteur primaire (M1)Interneurone propriospinal

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Activation de la voie propriospinale au cours de la marche

Tapis roulant

EMG du quadriceps

EMG du TA

Capteur talon-sol

Stimulation du nerf fibulaire déclenchée en

moyenne 30 ms après le contact talon-sol

QUADRICEPS

TIBIALIS ANTERIOR

Phase d’appui Phase oscillante (PO)PO

100 ms

0 50 ms

EMG contrôle

EMG conditionné

25 30 35 25 30 35ms

Voie réflexe propriospinale au cours de la marche hyper-active

Rôle du cortex moteur?…

Marchand-Pauvert V, Nielsen JB. J Physiol. 2002;53852):647-657

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Contrôle corticospinal sur les interneurones propriospinaux au

cours de la marche

J

JJJ

J

J

JJJJ

70

85

100

115

130

-12 -11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3

Con

ditio

ned

relfe

x (%

con

trol)

TMS - CPN interval (ms)

Interneurone propriospinal

Quadriceps

Tibialis anterior (TA)

Motoneurone

??

Stim. nerf périphérique seule : réponse réflexe ‘test’

+ Stim. corticale (M1) : réponse réflexe ‘conditionnée’

Modification de l’intervalle entre les deux stimulations de manière

à optimiser la rencontre de la volée corticospinale et de la volée

périphérique au niveau des neurones de la moelle épinière

Interaction excitatrice ou inhibitrice?

standingwalking

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Rôle du cortex moteur et des circuits sous-corticaux ?…

Voie réflexe propriospinale : hyper-excitabilité au cours de la marche n’est pas liée à une

augmentation d’un contrôle corticospinal excitateur sur cette voie

Contrôle inhibiteur descendant : quand cette voie n’est pas pertinente dans certaines

conditions de marche

Origine de l’hyperexcitabilité de la voie réflexe propriospinale ? : structures du tronc

cérébrale et/ou propriétés de réseau

Rôle du cortex moteur au cours de la locomotion ? : dépend de la musculature cible >

contrôle corticospinal excitateur au cours de la marche sur les muscles de la cheville mais

apparemment pas sur la musculature proximale