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SUR SACQUENAI ET SON HOPITAL.

• .

P !"- — 1 ;_•_

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SACQUENAI , village à l'extrémité de la province deChampagne et de la Bourgogne, avant la révolution,du baillage et diocèse de Langres, est aujourd'hui dudépartement de la Côte-d'Or.

Les plus anciennes chartes ont appelé ce lieu Sago-necum , Secuninum , Secuniacum, Saconei, Secune,Sefuneium, Sagonecum, Sagoneum, Saconnei, Sa-cuneiet Sacqaenet, maintenant Sacquenai. On voit icicomment ces noms ont été corrompus par la suite destemps, par ceux qui ont écrit près de onze sièclesaprès la charte de Waré, et qui ont latinisé ces nomssur la prononciation populaire ". Le nom primitif de

• On doit remarquer que dans ces dénominations anciennes dunom de Sacquenai, le Q et le 6. ont le même son que K, et souvent ils

4.

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ce lieu a signifié en langue celtique (langue anciennedu pays) habitation dans les pommiers sauvages; sa,dans, dedans, ou ça, maison, habitation, coma,pommes sauvages '. Nous trouvons encore la mêmesignification dans l'origine du mot Avalon ( aujour-d'hui Saint-Maurice-sur-Vingeanne); qui doit aussison nom à des pommiers; Aval, pomme; Avalenn,pommiers. Les noms de ces deux villages sont tirésdes climats où ils ont été fondés, parce qu'ils étaienttrès-fertiles en cette espèce de fruits.

Sacquenai doit son origine à un hôpital romain, telque les empereurs en àfvaient construit sur les grandschemins 2. On en trouve à Grossesauve, ïronchoi,Beauchemin, Mormant, Sussi, près Nogent-le-Roi,et Pontarlier au comté de Bourgogne. Ces hôpitauxétaient des gîtes pour les voyageurs et les soldats ro-mains. L'empereur Constance voulut qu'ils fussentcompris dans les ouvrages publics, et sur lesquels lecode théodosien contient des réglemens de Valenti-nien 1er et de Valens. Le père Vignier et l'abbé Man-gin pensent que la plupart de ces hôpitaux étaientdes espèces de refuges où se retiraient les soldats ro-

ont été exprimés l'un pour l'autre, ou par le C. Ducange G. lifteraquœ mutata in C.

x Les Celtes employaient des mots qui avaient des significationsdifférentes, quand ces mots devaient remplir l'acception de tout cequ'ils voulaient dire de la chose.

* Hospitia, mensiones quœ manendi et quiescendi causa hospitianecessarisadvitae usum instructa habuerunt. Comden. Rom, in Brett. p. 45.

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mains. On croit que ces hôpitaux furent restaurésdans le siècle de Charlemagne •.

Waré ou Widrad, issu d'une famille illustre deBourgogne, fils d'un puissant seigneur nommé Cor-bon , fut le fondateur de l'abbaye de Flavigni. Par sontestament, daté de l'an 721, il donna aux religieuxde cette abbaye les lieux de Sacquenai, Viévignes,Luce et Vonges, situés dans le canton des Attuariens.(In pago Alhoariorum Sagonecum, Vedis Vineas,Luco et Vogontias. Dom PLANCHER. Histoire de Bour-gogne, 1.1, aux preuves).

A l'époque de son testament, fait en 745, Pépinrégnait sous le nom de Childéric; mais il paraît que,malgré l'anéantissement de l'autorité du roi, et l'im-mense crédit de ce maire du Palais, on flottait encoreentre l'incertitude de la perte de l'un et le succès del'entreprise de l'autre; Waré, dans ce doute, ne s'a-dresse nia Childéric, ni à Pépin, pour l'exécution desdispositions de son testament, il en demande simple-ment la confirmation à celui qu'il plaira à Dieu dechoisir pour monter sur le trône de Bourgogne 2.Dans ce testament il donna encore à la.même abbaye,in pago Athoariorum, Flexo et Blandoneco : Flei etBlagni {^Notice des Diplômes, par l'abbé DE FOI, t. i,p. 124).

« Mangin. Histoire tlu diocèse de Langres, t. m, p. 67.Annuaire du département de la Haute-Marne, 1808, p. 3ag.Vignier. Chron. Lingon, p. III.D'Anville. Notice des Gaules.2 II paraît qu'à cette époque la légitimité de la succession des rois

48L'auteur de la Chronique de l'abbaye de Flavigni,

faite par son abbé Hugues, qui vivait vers l'an 1097,a porté la1 date de ce testament en l'an 606. Mais sonignorance en chronologie a été démontrée par nossavans historiens français. ; > . ; . •

Isaac, surnommé le Bon, évêque dé Langres, quivivait sous Charles-le-Chauve, secondé par ce roi,rétablit, en 870, l'église Saint-Bénigne de Dijon quitombait en ruines; avec le consentement du roi etcelui de son clergé,: il détacha de son évêché desbiens qu'il donna aux religieux de Saint-Bénigne,particulièrement un colon avec les terres qu'il culti-vait dans le territoire de Sacquenai (In-Sacunino co-loniçam unam. Chronique de Saint-Bénigne, p. 413).

Vers l'an 1100, le chevalier Odo, de Villa, quœIcius vocatar \ Is-sur-Tille ), sentant approcher le'terme de sa vie, donna aux religieux de Bèze un meixau lieu de Sacquenai, avec ses dépendances de condi-tion libre, réservé les droits de glandées de tierces etfranchises sur tout le territoire du lieu 1. Ce meixavait l'étendue de terre suffisante pour occuper aulabourage deux bœufs pendant l'année •»..-••' ..<,)

Le chevalierG al ter ius de Chortosan(Cortêsou), peude temps avant sa mort, donna aux religieux de Bèze,

n'était point encore établie, puisqu'ils étaient choisis par Dieu, etqu'aujourd'hui ilsl sont par les hommes; témoin, Louis-Philippe I",élu par le peuple ^ le 7 août i83o. j , ; , • ;

1 Unum mansum, in villa quœ dwitur Secuniaçus cum appenditiis etc.2 Ducange, au mot mansus.

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en aumône, un meix franc au lieutde Sacqùenai- avecles terres, bois et toutes ses dépendances, et Galteriusson nevew.j,4o.nnaj aussi aux mêmes religieux ses terreset bois, avec une femme esclave nommée Doda '. ' :

Au nombre des seigneurs qui furent témoins,en 1144, du don fait par Jean, de Courchamp auxreligieux de la Milice du Temple, de tout ce qu'il avaitaux confins du;môulin de;Tégérii (moulin de la Rochesur le tinage de Percei) ,< on y trouve Tégéric de Sac-quenai, Milon de. Sacquenai, Thëodoric et Ponce deFontaines {Inventaire de la Romagne). .;'

Avin du Fôsseeut des débats avec les religieux del'abbaye Saint-Etienne de Dijon, pour lés tierces duterritoire de Sacquenai; il les termina en les abandon-nant à l'abbaye, ainsi que ses droits sur les bois, laplaine, les hommes serfs et leurs descendans., de lamétairie cultivée par Hugues Amasiat. Milon et No-cher de Sacquenai furent présens à ce traité 2. :

Gauthier de Bourgogne, sixième et dernier fils deHugues II, duc de Bourgogne, occupant le siègeépiscopal deLangres, vers l'an 1179, attesta que Mi-lon du Fossé avait donné en aumône, à la maison desfrères de l'hôpital de Sacquenai 5 , tout ce qu'il pos-

'•: • • • • • : . • • ^ . . • • • . A . - • : j . J . i • . • - ; ï :••'• • . . . • : .

' Chroh.de Bèze. p. 656.2 Infinagio de Secunc... tenementwn Hugonis amasiati, in siU'is, planis ,

villanis et vUlanibus ( Histoire St-Etienne de Dijon, aux prenvesp. 108).

3. Apud villam quœ dicitur Sacuniaciun, seu in. finibus ejiisdém 'villas( T i t r e d e l ' h ô p i t a l d e S a c q u e n a i ) . "-'•'•<• ' • •' • < • • • . '

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sédait en franc-alleu et en fief au territoire de ce lieu,soit en terres, prés, bois, même le pré de Gui; et quece don avait été confirmé par Hersenne, son'épouse;Jacob, Wèrric, Widon, ses fils, et Hermengarde, safille; Avin et Robert, frères de Mil on, donateur, e.ten présence d'Odo, prêtre de Sacquenai, et de plu-sieurs autres.

On croit que cet hôpital a été fondé par les Ro-mains, mais on ignore Fépoque où il est passé dansles mains des Templiers et des chevaliers de Saint-Jeaiwle-Jérusalem,

Manassès, évêque de Langres, déclare qu'Odo liFrançois, Renaud, son frère, et Julienne, leur sœur,ont donné en aumône, à Phôpital de Sacquenai, toutce qu'ils possédaient dans le territoire du lieu, àquelque titre que ce fut »;. Frère Beron de Sacquenaifut témoin de cette donation.

Orner Doyen, de Sacquenai, notaire, reçoit en 1226l'acte de donation que fait le chevalier Hamo Coluns a,et Odon, son fils, aux frères de la Milice du Templed'Autrei, des dîmes qu'ils avaient en ce lieu.

En 1228, le même Omer reçoit l'acte du donfait aux mêmes frères par Hamo de Coluns, damoi-seau de Renêves, du consentement de Clémence,son épouse, et de Hugues, son fils, de tous leurs

• , . . . . . . . • .

i Quidquid Itabebant in omnibus commodes in finagio de Secune ( Charlede l'hôpital de Sacquenai).

> De Golonge. Ancienne abbaye des Bernardines, située procheR.enéves, partie sur la Bourgogne, et partie sur le comté de Bourgogne.

51droits sur les dîmes d'Autrei, soit sur les vignes outerres cultivées [Inventaire de la Romagne).

Huo, seigneur de Beaumont, en 1.229, permet àPierre de Sacquenai (de Sacuneio), et àHarumboe,son épouse, de vendre, aux frères du Temple d'Autrei,une vigne située à Autrei, mouvant du fief dudit sei-gneur, pour le prix de vingt livres estevenahs et deuxvaches. Ce qui fut ratifié par Laurent, et Hugues,leurs enfens, et de Sybille et Marie, leurs épouses{Inventaire de la Romagne').

Noble femme Aalix d'Ortes, et Girard, son fils (deHortes), en 1231, reconnurent tenir en fief des frèresde l'hôpital de Saint-Jean-de-Jérusalem de Sacquenai,les terres et bois qu'ils possédaient dans ce territoire,déclarant en devoir faire l'hommage à cet hôpital. Cefief étant engagé sur le chevalier Milon de Sacquenaienvers les dits frères, ladite Aalix et son fils se désis-tèrent de ces terres et bois en faveur de l'hôpital, etles frères promirent payer audit Girard et aux siens,dans la grange de Sacquenai {in grangia de Sacuneyo),tous les ans à la Saint-Remi, un cens de trois cartesde blé, froment et avoine, par moitié, ce qui futconfirmé par Guillaume, père de ladite Aalix [Ar-chives de l'hôpital de Sacquenai).

Les frères de l'hôpital de Sacquenai [de Sacuneio),et leurs hommes de la même ville, ont des débatsavec le chevalier Huon dit laBoiche; par accord faiten 1235, ce chevalier quitte les frères et leurs hommesde tout ce qu'ils lui doivent, pour une émine de fro-

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ment. En tète de ce titre latin, on lit ces mots : Titresde l'hôpital de Saconai {Inventaire des titres de laMagdelaine de Dijon).

Le seigneur Huo dit Boiche, chevalier, l'an 1239,en présence de Robert, évêque de Langres, el deWillerme de Vergi, sénéchal de Bourgogne, déclaratenir en fief des frères de l'hôpital de Saint-Jean-de-Jérusalem tout ce qu'il possédait dans le lieu etterritoire de 'Sacquenai ( de Sacane ) avec les dé-pendances, excepté le quart des dîmes qu'il tient del'évêque de Langres. La même année, le même che-valier Huo, avec Reine, son épouse, etLuquet, sonfils, pour leur urgente nécessité reçurent des frèresde l'hôpital de Sacquenai trente francs, monnaie deSaint-Etienne, qu'ils hypothéquèrent sur leur fief deSacquenai, et en laissèrent la jouissance aux. frèresjusqu'à ce qu'ils eussent remboursé ( Cartulaire dela Magde laine de Dijoyi).

La dame Sybille, veuve du seigneur Milon de Sac-quenai, chevalier, en 1247, du consentement de Guil-laume , Legarde Poncotte et Mariotte, ses enfans,donne en aumône, aux frères chevaliers du Templede la Romagne, leurs biens situés à Montigni ( Char-trier de la Romagne').

Luquet, fils du seigneur Huon dit la Boiche, che-valier, en 1265, donne en aumône, aux frères de l'hô-pital de Sacquenai, le fief que possédait son père et samère dans le lieu et territoire de Sacquenai, soit enterres, prés, bois, eaux, cours d'eau, maisons, cens,

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coutumes, revenus, rentes, en quoi, le toufcpuisse con-sister ( Chartr^ier de l'hôpital de Sacquenai). • ,

Barthélemi de Cusey, chevalier, voulant retirer, pardroit de retrait lignage, des mains des frères de l'hôpi-tal de Sacquenai, les biens et fiefs que leur avait conrcédés Luquet, son neveu, lîls de Huon dit la Bqiche,chevalier, par accord fait en l'an 1271, se départ de;sa prétention, et donne le tout en aumône aux frèresdudit Hôpital ( Char trier de l'hôpital de Sacquenai).

JLn 1298, vivait Hugon de Sacquenai>, clerc, etMarguerite, sa femme {Inventaire de la Romagnè).

Noble homme Valterus, chevalier, seigneur,deRoset, ayant droit de prendre annuellement, sur.lesrevenus de l'hôpital de Sacquenai, neuf émines, deblé à la mesure du lieu, donne en aumône, en 1305,,cette redevance aux frères-4e cet hôpital, religieuxde l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, aux conditionsqu'ils feront faire son anniversaire perpétuellementen leur maison de Dijon, à laquelle la maison de; l'hô-pital de Sacquenai est réunie, et que les prières decet anniversaire seront pour lui, ses parens et aïeux[Chartrier de la Magdelaine de Di/onij. : ;

En 1317, Jeannette, veuve de Jean dit Granet deSacquenai, Humblet et Odo, ses enfans, vendent àMarguerite et Poncette, filles de défunt Barthélemide Cusey, chevalier, sœurs de la sainte maison del'hôpital de Saint-Jean-de-Jérusalem de Sacquenai,leur portion d'une forêt nommée Commune, situéeau territoire de Sacquenai, joignant le bois de la

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Grange dit La mousse, qui avait appartenu aux Tem-pliers {Chartrier de Phôpital de Sacquenai).

Cette charte démontre que dans l'hôpital de Sac-quenai , il y avait des frères et des sœurs pour servirles malades.

Donation faite, en 1348, par Marguerite de Cusey,femme pieuse et sœur de la maison de Saint-Jean-de-Jérusalem de Sacquenai, par le motif que Poncette,sa sœur, a été reçue religieuse dudit hôpital, qu'elley est décédée, qu'elle-même y demeure depuis quatre-vingts ans, qu'elle veut reconnaître les bienfaitsqu'elle a reçus de cette maison : c'est pourquoi elledonne en aumône, aux frères de cet hôpital et à leurssuccesseurs, tous les meubles et immeubles qu'ellepossède dans le lieu et territoire de Sacquenai ', soiten meix, maisons, terres, prés, vignes, dîmes, cen-sives et rentes, s'en réservant l'usufruit pendant savie. Cet acte fut reçu par Garnier de Lixei, prêtre,tabellion de Langres, en présence de Joseph Perrenetde Sacquenai, de Michelet, fils de Nicolas Maire, deJean Joly, et Jean Maire de l'hôpital de Sacquenai.

Charles de Poitiers, évêque dé Langres, contesta,en 1427, au commandeur de la Magdelaine de Dijonla justice sur les biens de l'hôpital de Sacquenai; ilprétendit qu'à cause de son évêché, il avait la haute,moyenne et basse justice dans toute la ville et terri

1 /// villa et finagio de Sacuneyo, tara in domibus, mansis, terris, pratis,

vineU, decimis, censivis, redditibus (Charte de l'hôpital de Sacquenai ).

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loin- de Sacquenai, sur les hommes, meix, maisons,et héritages, même sur ceux du commandeur, quisoutenait le contraire, et prétendait avoir toute jus-tice, du moins la moyenne et basse sur ces hommes,leurs meix et héritages situés au territoire de Sacque-nai- Ce débat, porté au parlement de Paris, il y eutaccord, et l'arrêt déclara que le procès serait regardécomme non avenu, sans préjudicier aux droits desparties, ni en acquérir de nouveaux de part et d'autre{Tiares de l'hôpital de Sacquençii),

En 1442, l'hôtel de Jean de Sacquenai était dansla rue de la Maladière. Il appartint, en 1494, à Etiennede Sacquenai, écuyer [Archives de l'hôpital de Sac-quenai),

Les Croisades avaient fait passer en Europe l'hor-rible maladie de la lèpre; elle était devenue si com-mune en France, et en particulier en Bourgogne eten Champagne, que les villes, les bourgs et les vil-lages avaient été forcés de construire des léproseriessur leur territoire.

Le commandeur de la Magdelaine de Dijon, en 1527,donna à titre de bail à rente, pour trois vies, à JeanRegnaut de Sacquenai, une pièce de terre appelée laMaladière [Terrier de Sacquenai).

Cet acte annonce que la Maladière était réunie àl'hôpital de Sacquenai.

Le commandeur de la Magdelaine, en 1531, achètede Richard Barberot un drôitde passage par la porteau-dessus du clos, au bas de la maison de l'hôpital de

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Sacquenai, pour le prix de vingt sous ( Inventairede Sacquenai). . . -;i.. ,: ••;: :.!.:\ ; .:

Le roi Charles IX, en 1560, parain édit, ordonnaà ses baillis de mettre sous sa main toutes les Maisons-Dieu, Hôpitaux, Maladières, Léproseries et Maisonspitoyables du royaume. L'hôpital de Sacquenai futsaisi en vertu de cet édit. Le commandeur de la Mag-delaine de Dijon, à la Gommanderie de laquelle étaitréuni cet hôpital, prétendait que l'établissement deSacquenai appartenait à l'ordre de Saint-Jean-de-Jé-rusalem, qu'il n'était pointcompris dans les lettres deconfiscation, et prouva par témoins que cet hôpitaldevait être excepté. .

Pierre Bertiot de Sacquenai déposa qu'en ce lieuil y avait une chapelle vulgairement appelée l'Hôpitalde Sacquenai, .dépendant de la Commanderiede'laMagdelaine de Dijon, qu'elle consistait en maisons,granges, prés, terres et censives; mais que dans cethôpital, « on n'a vu oneques faire œuvre d'hospitalité« comme y recevoir pauvres, y faire aulmone, de« sorte que cet hôpital en retient seulement le nom. »

Guillemot Michel de Sacquenai déposa aussi qu'ily; a dans ce , lieu une chapelle vulgairement appeléel'Hôpital, réunie à la Magdelaine de Dijon ; qu'il-endépend des maisons, granges, accins ( clos, enclos,accin), terres, prés et censives;« qu'il n'a'vu oric-« qiiçis audit .hôpital faire aulttignerou y recevoir ma-« ;lades,, qui, fait direîii celui qui dépose i que cet; hô<-« pital est de nom seulement. » :

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M essire Guillaume Désarmes, prêtre-chapelain d'Oc-cei, déposa que son oncle, messire Jacques Désormes,curé d'Occei, a été fermier de la chapelle de l'hôpi-tal de Sacquenai ; que dans cet hôpital, il n'a vu faireaucune aumône, recevoir pauvres et autres officesd'hospitalité; que depuis deux ans, il a desservi laditechapelle, et y a dit une messe chaque semaine»

Messire Vital Désormes, prêtre, curé d'Occei; dé-posa qu'il avait vu son oncle, messire Jacques Désor-mes, curé d'Occei, être fermier de la chapelle vul-gairement appelée la Chapelle de l'Hôpital de Sac-quenai, pour la Commanderie de la Magdelaine deDijon, et ne vit oncques recepvoir ou héberger audithôpital aulcun pauvre ou malade, ni faire aulmones.

Le roi, sur ces informations par ses lettres-pa-tentes, données à Orléans en janvier 1560, ordonnala main-levée du séquestre, mis sur les revenus del'hôpital de Sacquenai, en faveur du commandeurde la Magdelaine de Dijon (Titres de Phôpital deSacquenai). • ••'•',• >

Ces lettres - patentes furent surprises au roiCharles IX; le commandeur n'ignorait pas que cethôpital avait été desservi par des frères et des •reli-gieuses : il possédait les titres de cet établissement,puisqu'on les retrouve aujourd'hui dans les papiersde cette Commanderie ; les témoins qu'il produisitétaient à sa dévotion. - ' • • :i ' *

•En 1590, les bâtimens de l'hôpital de Sacquenaiétaient encore en bon état; Le commandeur, dans

un bail, charge le fermier de les entretenir, et seréserve son habitation dans la maison (Archives dela Magdelaine).

Le grand-prieur de Champagne échangea, en1 608, avec le commandeur du petit temple de Di-jon, le membre de Curtil, contre l'hôpital de Sac-quenai ; mais cet acte ne fut point ratifié par le grand-maitre de l'Ordre de Malte.

Pierre de Sacquenai, écuyer, déposa, en 1608,que l'hôpital du lieu était une dépendance du petittemple de Dijon.

Frère Pierre Moillet, religieux de l'Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, commandeur de la Magdelainede Dijon et de l'hôpital de Sacquenai, déclare, à lachambre de la Charité Chrétienne, que, quoiquel'hôpital de Sacquenai soit ainsi qualifié, il ne doitpoint être compris au nombre des Hôpitaux, Maladre-ries, Hôtels-Dieu et Léproseries de la France; que cethôpital est à la disposition du grand-maître de l'Or-dre, et séparé des hôpitaux du royaume, régi pardes économes et administrateurs; que c'est injuste-ment qu'en vertu de l'édit de 1606, on le veut, ensa qualité de commandeur de l'hôpital de Sacquenai,contraindre q se charger de l'entretien et nourriturede soldats estropiés. Sur ces défenses, la chambre dela Charité Chrétienne, séante à Paris, à Sainte-Croixde la Bretonnerie, par des lettres du 3 octobre 1609,lève la saisie faite sur les revenus de l'hôpital de Sac-quenai , parce que les soldats estropiés n'ont rien à

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prçéfendre sur les biens de l'Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem (Archives de la Magdelaine).

Des baux de cet hôpital, de 1628 et 1632, char-gent le fermier de faire desservir la chapelle de cethôpital (Archives de la Magdelaine).

Un procès-verbal de reconnaissance des biens, decet hôpital, dressé en 1645, porte qu'au milieu dela grande rue de Sacquenai, au lieu où soulvit êtrel'hôpital, y il a plusieurs années, il y a une grandeplace inculte, qui jadis était fermée de murailles,avoisinant le chemin qui conduit à l'église; d'autrecôté, à l'égal de ladite place, est une terre de laCommanderie, du côté de bise, qui contient en lon-gueur cent douze pas, de deux pieds et demi chacun,ce qui revient à deux cent quatre-vingts pieds de long»et de largeur, par le milieu, cinquante-cinq pas, valant,cent quarante-huit pieds; que, dans cet espace, iln'y a aucun bâtiment ni fermeture ; ains ( mais ) seu-lement quelques ruines de la fermeture et de quelquesconstructions qui étaient au milieu de la place, où iln'y a à présent que des ruines qui paraissent, et unemuraille d'environ huit à dix pieds de haut d'un côté,et abattue de tous les autres. La clôture de cette placeest entièrement ruinée ; il n'en paraît plus rien, si-non une porte du côté du midi, totalement ruinée,et dont les vestiges paraissent encore. Le même pro-cès-verbal porte aussi que les villages des environssont ruinés; qu'il ne demeure personne à Percei-le-

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Grand, fort peu d'hommes à Sacquenai, Monter*inentier et Courchamp (Mêmes archives).

On doit faire remarquer que ces dévastations ontété la suite des guerres de 1636 , faites par lesimpériaux ».

Cejourd'huy 3e du mois d'aoust 1665, pardevantnous, Etienne Auberthot, lieutenant ordinaire de lajustice et maire de Sacquènay, se sont présentés,M. Nicolas Charles, procureur fiscal; MM. Hum*-bert Perruguet, Nicolas Couchenet, Claude De-lye, Pierre Joliet, Didier Mot, Claude Berthiot-Noirot, Jean Charron, Jacques Perrot, Etienne Tru-chot, Barthelemi Louot, Sébastien Jannel, UrbainMacherot, Etienne Febvre, Didier Gayet, EtiennePatet, Pierre Jonnel, Jacques Huot, Richard Dro-not, Michel Combot l'aîné, Mammes Pauffert> Mi-chel Combot le jeune, Pierre Combot, Jean Quahtin,André Poullot, Louis Humbert, Pierre Berthiot lejeune, Jean Boudrot, Claude Buffet, Sébastien Bil-lardet, Georges Cordival, Pierre Berthiot l'aîné,Remy Cordival, Pierre Couchenet, Jean Truchot,Didier Barbier, Pierre Raffiot, Noël Margnier, LégerRagot et Nicolas Chardeiiet, lesquels nous ont ditet remontré, qu'aux années mil six cent trente-cinqet trente-six (le dit lieu de Sacquenay pour lorscompose de plus de 200 feux), seroient survenues

1 II faut, sur les désastres des pays aux environs de la Romagne ,consulter les registres de l'élection de Langres, du a5 mai 1640,depuis i635 à 1639.

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de grandes ruines et désolations dans le pays, causéespar les gens de guerre, tant Cravates, Suédois queFrançais qui auroient fait un tel désordre et dégâtaudit Sacquenay, qu'après avoir brûlé une grandepartie des maisons du village, fait mourir quantitédes habitans, le reste avoit été si maltraité et réduità une telle nécessité, qu'il ne leur seroit demeuréaucunes commodités pour vivre, moins encore pourlabourer ni ensemencer aucune chose, tant par dé-faut de bestiaux tous tués et emmenés, que d'hommeset de temps, à cause de quoi ils n'auroient recueilliaucuns grains lesdites années, ce qui les auroit ré-duit à une extrême pauvreté, de quoi il nous auroientrequis acte après qu'ils nous ont fait attester de ceque dessus parlesdits Perruguet, Couchenet, Delye,Çombot et Joliet, anciens habitans, qui, après ser-ment d'eux pi'is, ont dit unanimement et rapporté êtrevéritable que, ladite année 1636, l'armée ennemie,composée d'Allemands, Slaves, Suédois, gens deguerre conduits par Galas, au nombre de centvingt mille hommes étant entrés en ce pays sur lafin du mois d'août, se seroient jetés dans le villagede Sacquenay, où par trois diverses fois, ils y au-roient brûlé quantité de maisons, tué grand nombred'habitans, emmené les bestiaux, et depuis fait tantde courses continuelles, que le reste desdits habitansauroit été contraint de quitter et abandonner, etpeu de temps après s'y étant retirés incontinent,aussitôt l'armée de Sa Majesté, composée de Suédois,

5.

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Français, conduits par Monsieur le cardinal de LaValette et duc de Veimard, s'étant venus loger àMontsaugeon et villages circonvoisins, les Suédoisayant pris leur logement audit Saequenay et trouvétous ample logement de l'armée, qui depuis sonretour de Bourgogne, l'espace de deux mois, faisoitnombre de 60,000 hommes et plus; lesdits habitansauroient été contraints d'abandonner le village oùils ne seroient rentrés qu'après la St-Martin, pendantlequel temps tous leurs bestiaux mêmes et autreschoses généralement auraient été brûlés , mêmesplus des trois quarts des maisons brûlées, n'ayantété possible auxdits habitans restant en petit nombrede semer aucune chose pendant ledit temps; qu'étantà saison pour semer ni de recueillir aucun fruit devigne, étant mortes audit Sacquenay, pendant ledittemps plus de 2000 personnes, dont la plus grandepartie auroit été faite prisonnière; pour la rançonde laquelle lesdits habitans, l'estant en corps de com-munauté, auroient été obligés de faire un empruntde notable somme pour sauver le reste du villaged'un incendie général, le surplus, comme dit est,ayant été tenu. Ensuite de quoi les ennemis de l'états'étant emparés du château de la Romagne, distantd'une demi-lieue dudit Sacquenay, obligèrent lespauvres habitans dudit lieu de composer avec euxet de leur payer de grandes contributions, et l'annéesuivante, l'armée du roi ayant été conduite devantledit château de la Romagne, pour le reprendre sur

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l'ennemi, ayant pris son passage par ledit lieu etlieux circonvoisins, elle y auroit pareillement causéune ruine notable, de telle sorte qu'il n'y auroitresté que sept ou huit habitans et le reste des mai-sons brûlées, ce qui auroit été cause qu'ils n'auroientpu emplanter aucune chose et qu'ils auroient laisséle finage en friche; de plus qu'en l'année 1638, lejour de l'Ascension, lesdits habitans restans s'étantencore trouvés en petit nombre avec leur familleau même lieu, une partie de l'armée de Gallas se ren-dit audit lieu, où, après avoir pillé l'église où lesditshabitans s'étoient réfugiés, ils y auroient été tués,et causé un tel désordre, que ledit lieu seroit de-meuré inhabité l'espace de sept ans. Depuis lequeltemps seroit arrivé audit lieu une compagnie dechevau-légers, conduite par le sieur d'Antignat, au-quel lesdits habitans auroient été obligés de donnerune somme de 1,400 fr. pour en faire déloger etempêcher d'être ruinés entièrement, laquelle sommeils auroient été empêchés d'emprunter. Qu'en l'an-née 1654, le 3e jour d'août, les cloches et partie,de l'église dudit Sacquenay furent brûlées du feu duciel; les cloches y étant fondues, et la plus grandepartie du métal perdu; pour quoi réparer ils auroientété contraints d'emprunter autre notable somme dedeniers jusques à plus de trois mille livres, les intérêtsde tous lesquels emprunts ayant absorbé les princi-paux, comme ceux des sommes immenses qu'ilsavoient empruntées pour le rachat des prisonniers

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faits pendant lesdites guerres, au moyen des gensde guerre et logemens par eux supportés, au nombrede plus de dix régimens, tant d'infanterie que decavalerie; et notamment l'année dernière, qu'entreautres logemens, il arriva audit Sacquenay un régi-ment royal d'infanterie, composé de quatre compa-gnies, au nombre de plus de huit cents hommes,conduits par le sieur Martinet, colonel dudit régi-ment , qui auroient vécu à discrétion audit lieu ,sans avoir payé aucune chose, même auroient telle-ment battu et outragé plusieurs desdits habitans, cequi leur cause une perte de plus de deux mille livres,et des grêles et gelées survenues plusieurs années;lesquelles dettes leur causent des poursuites et con-traintes journalières; que s'il n'y est remédié, ilsseroient de rechef contraints d'abandonner ledit lieu;que si présentement obérés de plus de neuf à dix millelivres de principaux de rente et plus de deux millelivres d'intérêt, qu'il leur est impossible d'acquitter,s'il ne plaît à Sa Majesté leur permettre de lever sureux une double dixme qu'ils regardoient humblementleur être octroyée ; desquelles nous ont acquis et dé-claration ci-dessus, ils nous ont requis acte que nousleur avons octroyé pour leur valoir et servir ce que deraison, et se sont les faisans signés, soussignés avecnous. Ont signé, Perruguet, .T. Quantin, P. Com-bot, Nicolas Charle, Pierre Jannel, P. Berthiot,etc., etc.

Dans les reconnaissances générales des habitans de

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Sacquenai, portées au terrier de 1654, ils ont ditunanimement que l'enclos de l'hôpital était autrefoisle lieu où était bâtie une chapelle, ruinée long-tempsavant les guerres, appelée la Chapelle de l'Hôpital,qui dépendait de la Commanderie de la Magdelainede Dijon; qu'avant que la chapelle fût ruinée, lefermier de l'hôpital payait par an, au curé de Sac-quenai, neuf livres pour dire la messe tous les sa-medis. Que, dans la rue des Marois, proche lacroix, il y a un enclos, dans lequel sont les vestigesd'une vieille chapelle ruinée dès long-temps, souslaquelle est une grande voûte ; qu'il y avait un enclosde six journaux, dit le Clos de l'Hôpital, maisonnéde vieilles murailles, et tenant aux vieilles masuresde l'hôpital; que le commandeur possédait une piècede terre au climat des Hayers, proche la BellePierre, tenant de côté au haut chemin [Terrier deSacquenai).

Cet article de la Belle Pierre se trouve consignédans une déclaration des biens de l'hôpital de 1652.

Les habitans déclarèrent au terrier de 1670, qu'ilappartient au commandeur de la Magdelaine de Di-jon, à cause de l'hôpital de Sacquenai, un enclos,à présent en ruine et masures, appelé le Clos del'Hôpital, situé en la rue des Marois, qui était autre-fois fermé de murailles, et y avait un appartementpour le commandeur, des granges et hébergeagespour les rentiers; qu'au milieu de cet enclos, il yavait une chapelle sous le nom et invocation de

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Saint Jean - Baptiste, qui est le lieu de la maisonseigneuriale, les bâtimens entièrement ruinés; qu'iln'y reste que quelques vieux vestiges, à cause desguerres qui ont ravagé le pays. Dans la déclarationdes biens de cet hôpital, les habitans disent que dansla rue des Marois, proche la croix, où est le Clos del'Hôpital, dans lequel sont les vestiges d'une cha-pelle et bâtimens ruinés dès long-temps, que souscette chapelle est une voûte, et contre ce clos uneautre propriété de six journaux, appelée le Closde l'Hôpital, et une autre propriété de quatre jour-naux , aux Montans, proche le Moulin - à - Vent(Mêmes archives).

Si les croisades ont été un fléau pour la noblessefrançaise et le peuple qui l'avait suivie, il en estrésulté quelques avantages. Ces voyages lointainsont fait reparaître les arts, les sciences, le commerce;on apprit l'usage inconnu des moulins à vent, lacoutume des habits longs; les églises s'enrichirentde reliques vraies ou fausses, etc.

En 1674, le procureur du roi du bailliage deLangres fit saisir les revenus de l'hôpital, entre lesmains du fermier, pour sûreté des réparations à faireaux bâtimens et chapelle qui étaient ci-devant cons-truits sous le titre de Saint-Jean-Baptiste, elles sommesy être employées tant au service divin qu'à recevoirles pauvres à cet hôpital. Le commandeur Languetforma opposition à la saisie; il produisit des titresde donation sous charge. Il fut jugé, le 20 novem-

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bre 1675, que le sieur Languet serait renvoyé, pourles réparations des bâtimens et chapelle, à la chargede faire faire et continuer les services accoutumés enl'église de là Magdelaine de Dijon, dont il certifierale procureur du roi et le commandeur condamné auxdépens [Mêmes archives).