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PROCÈS-VERBAUX DKS SÉANCES 17 Gomme suite à cette communication, le président l'ait circuler parmi l'assistance un manuscrit du fonds Baudot conservé à la Bibliothèque de la ville (ms. 1607), dans lequel est inséré un la- vis anonyme, représentant la Chapelle Saint-Jacques, à la fin du xvni e siècle. Il attire l'attention sur les particularités du monument : édifice non voûté, à nef romane unique, à chevet remanié au xm e siè- cle ; sur la façade antérieure un clocher-arcade présente une fenêtre ouvrant sous les combles ; la toiture est effondrée ; des contreforts épaulent le choeur et l'abside. La séance est levée à 18 h. 30. * * * ANNEXES L'ORIGINE DU NOM DE DIJON (par M. l'abbé M. Chaume, membre résidant) « Entre les diverses hypothèses qui ont été présentées pour expli- quer le nom de Dijon, Divio, deux seulement peuvent être retenues, » La première est celle qui retrouve dans Divio un gentilice Divins, combiné avec le suffixe d'appropriation -o, -onis : Dijon serait le « domaine de Divius », exactement comme Gaillon, dans le dépar- tement de l'Eure est la « propriété de Gallius ». Cette hypothèse, présentée pour la première fois par H. Chabeuf, dans son Dijon, Monuments et Souvenirs, a été reprise depuis lors par MM. Berthoud et Matruchot dans leur Elude sur les noms de. lieux habités de la Câte- d'Or (II, p. 251). » La seconde remonte à Adrien de Valois qui, s'appuyant sur un Lexte du poète Ausone relatif à la Divona de Bordeaux (« Divona, Ccltarum lingua, fous addite divis » ), voit dans le nom de Dijon le souvenir d'une « source divine ». M. C. Jullian semble s'y rallier puisque, au tome VI de sa grande Histoire de la Gaule, p. 428, et n. 11, il indique que Dijon, la bourgade « divine », devait tenir son nom de quelque sanctuaire important, probablement de source. » En dépit de l'autorité qui s'attache aux travaux de MM. Berthoud et Matruchot, nous ne croyons pas que la première hypothèse, qui est, du point de vue philologique, irréprochable, s'impose véritable- ment. Comment expliquer, en effet, cette formation en -o, -onis, dans une région où le suffixe normal d'appropriation est -acus ? Sans doute MM. Berthoud et Matruchot citent, à côté de Dijon, toute une série de noms de la Côte-d'Or construits de la même façon : Arçon, Bar j on, Brognon, Grignon, Meulson, Mosson, Poinçon, Touillon. Mais il se trouve, par un hasard singulier, que tous ces noms sont susceptibles d'une explication différente ; dans ces conditions, il nous paraît prudent de demeurer sur la réserve.

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Page 1: PROCÈS-VERBAUX DKS SÉANCES 17 CACO/1832-2001...PROCÈS-VERBAUX DKS SÉANCES 17 Gomme suite à cette communication, le président l'ait circuler parmi l'assistance un manuscrit du

PROCÈS-VERBAUX DKS SÉANCES 17

Gomme suite à cette communication, le président l'ait circulerparmi l'assistance un manuscrit du fonds Baudot conservé à laBibliothèque de la ville (ms. 1607), dans lequel est inséré un la-vis anonyme, représentant la Chapelle Saint-Jacques, à la fin duxvnie siècle. Il attire l'attention sur les particularités du monument :édifice non voûté, à nef romane unique, à chevet remanié au x m e siè-cle ; sur la façade antérieure un clocher-arcade présente une fenêtreouvrant sous les combles ; la toiture est effondrée ; des contrefortsépaulent le chœur et l'abside.

La séance est levée à 18 h. 30.

** *

ANNEXES

L'ORIGINE DU NOM DE DIJON(par M. l'abbé M. Chaume, membre résidant)

« Entre les diverses hypothèses qui ont été présentées pour expli-quer le nom de Dijon, Divio, deux seulement peuvent être retenues,

» La première est celle qui retrouve dans Divio un gentilice Divins,combiné avec le suffixe d'appropriation -o, -onis : Dijon serait le« domaine de Divius », exactement comme Gaillon, dans le dépar-tement de l'Eure est la « propriété de Gallius ». Cette hypothèse,présentée pour la première fois par H. Chabeuf, dans son Dijon,Monuments et Souvenirs, a été reprise depuis lors par MM. Berthoudet Matruchot dans leur Elude sur les noms de. lieux habités de la Câte-d'Or (II, p. 251).

» La seconde remonte à Adrien de Valois qui, s'appuyant sur unLexte du poète Ausone relatif à la Divona de Bordeaux (« Divona,Ccltarum lingua, fous addite divis » ), voit dans le nom de Dijonle souvenir d'une « source divine ». M. C. Jullian semble s'y rallierpuisque, au tome VI de sa grande Histoire de la Gaule, p. 428, etn. 11, il indique que Dijon, la bourgade « divine », devait tenir sonnom de quelque sanctuaire important, probablement de source.

» En dépit de l'autorité qui s'attache aux travaux de MM. Berthoudet Matruchot, nous ne croyons pas que la première hypothèse, quiest, du point de vue philologique, irréprochable, s'impose véritable-ment. Comment expliquer, en effet, cette formation en -o, -onis,dans une région où le suffixe normal d'appropriation est -acus ?Sans doute MM. Berthoud et Matruchot citent, à côté de Dijon,toute une série de noms de la Côte-d'Or construits de la même façon :Arçon, Bar j on, Brognon, Grignon, Meulson, Mosson, Poinçon, Touillon.Mais il se trouve, par un hasard singulier, que tous ces noms sontsusceptibles d'une explication différente ; dans ces conditions, il nousparaît prudent de demeurer sur la réserve.

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» Par contre, l'hypothèse de la « source divine », ou mieux, de la« rivière divine », s'impose de plus en plus à l'attention lorsqu'onrapproche les données de la philologie, de la géographie historiqueet de l'archéologie.

» 1° Si l'on examine la nomenclature des rivières de notre pays,on ne tarde pas à être frappé par ce fait qu'il existe un très grandnombre de cours d'eaux homonymes, ou du moins différenciés lesuns des autres par l'addition d'un simple suffixe. C'est ainsi quenous avons l'Oze et l'Ozain, la Meuse et le Meuzin, la Cure (Casa)et le Cousin, l'Aire et l'Airain, etc. — et de même l'Aube (Alba) etl'Anjou (Albio), la Bièvre et le Brevon, la Laigne et le Lignon, laDruge et le Drugeon, la Luze et le Lison, etc. M. F. Pajot, à quij'emprunte la plupart des exemples de cette seconde série (BienPublic, du 15 avril 1909), se demande, si l'on ne pourrait pas rappro-cher la Suize du Suzon, et de la Dive (Diva), le Dijon (Divio) ? Uefait, il existe en Haute-Loire un village nommé Digons (Digonz en1178, Digoncius au xTie siècle, Digons en 1308), voisin de. Desge.s(Dega au xiie siècle, Deghc en 1378, Desja en 1401), et situé commelui sur les bords de la Dège (Deia en 1248, aqua Degic en 1458) : cetteDège peut représenter philologiquement une Divia plus anciennequi nous rapproche singulièrement de Divio.

» 2° Pour M. Pajot, le Dijon aurait été le nom primitif soit duSuzon, soit de l'Ouche. — Affirmation téméraire, croyons-nous, dumoins en ce qui regarde le Suzon : car si l'on s'explique à la rigueurqu'une rivière ait pu avoir (comme par exemple la Saône, Sauconnaet Arar) deux noms empruntés à deux langues différentes, rien ne per-met de comprendre pourquoi elle aurait deux noms empruntés àla même langue. — Reste l'Ouche. Si l'Ouche s'est vraiment ap-pelée, à une certaine date, le Dijon, il n'y aurait rien de surprenantà ce que la bourgade construite sur ses bords, au gué que franchis-sait l'importante route de Pied-de-Mont, lui ait emprunté son nom :de ceci nous possédons plus de cent exemples similaires, dispersés surtoute l'étendue du territoire de l'ancienne Gaule. - Mais,si nous re-gardons la carte, nous constatons que le gué historique se trouve àChèvremorte, tout près de la fontaine de Larrey, et que dans ce mêmequartier aboutissent trois autres voies anciennes provenues respecti-vement d'Autun, d'Alise et de Saint-.Jean-de-Losne. Pourquoi le Dijonne serait-il, pas tout simplement la fontaine de Larrey? On serait ainsidébarrassé du nom — malgré tout un peu gênant. — de l'Ouche,et l'on aurait non seulement une « rivière », mais une « source » onne peut plus apte à recevoir l'épithète de « divine ».

» 3e Si l'on en croit des rapports malheureusement peu précis, onaurait, à diverses reprises, recueilli d'importants débris archéologiquesau voisinage de la fontaine de Larrey. Aujourd'hui encore, on entendassez souvent parler de vestiges de constructions, de monnaies,

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voire d'objets d'art que l'on rencontrerait dans les jardins de lacontrée. —• Je me souviens, en outre, que feu G. Fourier m'assuranaguère qu'on avait trouvé des ex-voto près de la source — jambes,bras ou yeux, je ne sais. — N'est-ce pas plus que suffisant ? et nepeut-on dire avec une quasi-certitude que Dijon est, comme le veutG. Jullian, une bourgade « divine » bâtie non loin de la « source divine. »qu'était le Divio de la fontaine de Larrey.

» Si Dijon avait été une fondation romaine issue plus ou moinsdirectement des établissements militaires de la Noue, il n'est pasdouteux qu'il aurait reçu un nom romain. — Si le nom de Divios'est imposé au caslrum construit à l'occasion des premières invasionsgermaniques, c'est, sans contestation possible, qu'il existait aupara-vant, sinon dans le lieu même, du moins dans son voisinage immédiat.

a A notre avis, rien ne s'oppose à ce que le Divio primitif, situésur les bords de la « source divine » de Larrey, ait émigré au 111e sièclevers les bords du Suzon, pour prendre possession d'un site d'oùl'on surveillait mieux les abords de la vallée de l'Ouche — d'oùl'on surveillait mieux aussi la grande voie d'Agrippa. »

***

AKNUULD PICORNET,PEINTRE DE PHILIPPE LE HARDI

(par M. E. Fyot, vice-président)

« Arnould Picornet ligure parmi les ouvriers de Beaumez, dèsl'année 1377. En 1384, il est occupé aux peintures murales de la cha-pelle du château d'Argilly, sur la lisière de la forêt de Cîteaux. Onsait que le château d'Argilly, après avoir servi de rendez-vous dechasse aux ducs de Bourgogne, dès le xm e siècle, devint châtellcnieet fut détruit pendant la Ligue. Eudes IV y avait construit, en 1345,une belle chapelle, dont notre musée archéologique possède le seulsouvenir palpable : une grande fleur de lys en plomb.

» Cependant, comme la construction de la chartreuse de Champmolexigeait d'urgence des décorateurs, Picornet et ses compagnons sontrappelés à Dijon. C'est là qu'on le trouve, en 1387, aidé d'un valetet d'un apprenti et recevant pour lui et ses gens six gros par jour.Il paraît être ainsi le chef d'atelier de Beaumez et dirige, commetel, les dix compagnons qui décorent la voûte de la chapelle, de lachartreuse.

» Ces travaux étant terminés le 23 mai 1388, Jean de Beaumezrenvoie aussitôt ses ouvriers en deux équipes, les uns à Argilly, lesautres au château de Germolles.

» Picornet, de retour au château d'Argilly, peint d'or et d'azur« les douze apostres, ensemble les tabernacles (dais) d'iceulx apostres