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LES ANCIENNES PAROISSES DE DIJON (par M. l'abbé Chaume, membre résidant) I. — Etendue et limites de ces paroisses. a) Au xvm e siècle, les sept paroisses urbaines (Notre-Dame, Saint- Jean, Saint-Michel, Saint-Médard, Saint-Nicolas, Saint-Pierre et Saint-Philibert) embrassent à peu de chose près toute la partie méridionale du territoire actuel de la commune de Dijon. Les diffé- rences que l'on observe sont les suivantes : le domaine du Bassin, au lieu de dépendre uniquement de la paroisse de Sennecey, dépend pour partie de Saint-Michel ; le domaine de la Noue est attribué tantôt à Saint-Philibert et tantôt à Long vie ; le moulin Vaisson, qui appartient à Saint-Philibert, se trouve rattaché en l'ait à la paroisse de Talant. Une huitième paroisse est celle de Fontaines qui comprend, outre le territoire actuel de la commune de Fontaines, celui de Saint-Martin près de Dijon et celui de Pouilly, soit toute la partie nord du territoire actuel de la commune de Dijon. b) Les sept paroisses se présentent comme suit : au centre, Saint-Médard, dont les limites s'identifient à celles du castrum ; tout autour de Saint-Médard, les quatre paroisses de Notre-Dame. (au nord-ouest), de Saint-Michel (au nord-est et à l'est), de Saint-Pierre (au sud) el de Saint-Jean l'ouest) ; à l'ouest, de Saint-Jean, Saint-Philibert ; au nord-ouest de Notre- Dame, Saint-Nicolas. r) Trois paroisses sont nettement urbaines : Saint-Médard, Notre- Dame et Saint-Jean. Les quatre autres s'étendent largement sur la campagne environnante, savoir : Saint-Philibert, sur tout le territoire situé à l'ouest du chemin de Fontaines et au sud de l'Ouche (le faubourg d'Ouche, l'hôpital, Chèvre-Morte, la Motte-Giron, Châtenay, Larrey, la Noue) ; Saint-Pierre, sur la rive orientale de l'Ouche clans la direction de Longvic (le faubourg Saint-Pierre, le moulin Bernard, la chapelle de Belle-Croix) ; Saint-Michel, sur tout le territoire compris entre la dérivation du Suzon, d'une part, le boulevard de Strasbourg et le chemin de Cromois, d'autre part (le faubourg Saint-Michel, Champ-Maillot, Lromois, Mirande, les Argentières, Morveau, la rente de Bray) ;

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Page 1: LES ANCIENNES PAROISSES DE DIJON (par l'abbé Chaume, … CACO/1832-2001... · 2005-08-18 · Montmuzard). II. •— Histoire ancienne des églises et chapelles de Dijon et de. sa

LES ANCIENNES PAROISSES DE DIJON(par M. l'abbé Chaume, membre résidant)

I. — Etendue et limites de ces paroisses.

a) Au x v m e siècle, les sept paroisses urbaines (Notre-Dame, Saint-Jean, Saint-Michel, Saint-Médard, Saint-Nicolas, Saint-Pierre etSaint-Philibert) embrassent à peu de chose près toute la partieméridionale du territoire actuel de la commune de Dijon. Les diffé-rences que l'on observe sont les suivantes :

le domaine du Bassin, au lieu de dépendre uniquement de la paroissede Sennecey, dépend pour partie de Saint-Michel ;

le domaine de la Noue est attribué tantôt à Saint-Philibert ettantôt à Long vie ;

le moulin Vaisson, qui appartient à Saint-Philibert, se trouverattaché en l'ait à la paroisse de Talant.

Une huitième paroisse est celle de Fontaines qui comprend, outrele territoire actuel de la commune de Fontaines, celui de Saint-Martinprès de Dijon et celui de Pouilly, soit toute la partie nord du territoireactuel de la commune de Dijon.

b) Les sept paroisses se présentent comme suit :au centre, Saint-Médard, dont les limites s'identifient à celles du

castrum ;tout autour de Saint-Médard, les quatre paroisses de Notre-Dame.

(au nord-ouest), de Saint-Michel (au nord-est et à l'est), de Saint-Pierre(au sud) el de Saint-Jean (à l'ouest) ;

à l'ouest, de Saint-Jean, Saint-Philibert ; au nord-ouest de Notre-Dame, Saint-Nicolas.

r) Trois paroisses sont nettement urbaines : Saint-Médard, Notre-Dame et Saint-Jean. Les quatre autres s'étendent largement sur lacampagne environnante, savoir :

Saint-Philibert, sur tout le territoire situé à l'ouest du chemin deFontaines et au sud de l'Ouche (le faubourg d'Ouche, l'hôpital,Chèvre-Morte, la Motte-Giron, Châtenay, Larrey, la Noue) ;

Saint-Pierre, sur la rive orientale de l'Ouche clans la direction deLongvic (le faubourg Saint-Pierre, le moulin Bernard, la chapelle deBelle-Croix) ;

Saint-Michel, sur tout le territoire compris entre la dérivationdu Suzon, d'une part, le boulevard de Strasbourg et le chemin deCromois, d'autre part (le faubourg Saint-Michel, Champ-Maillot,Lromois, Mirande, les Argentières, Morveau, la rente de Bray) ;

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30 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

Saint-Nicolas, sur tout le territoire compris entre les deux paroissesde Fontaines et de Saint-Michel (la Maladière, Épirey, la Boudrenéc,Montmuzard).

II. •— Histoire ancienne des églises et chapelles de Dijon et de. sa banlieue.

a) Au vi° siècle, Grégoire de Tours distingue deux groupes d'édi-fices sacrés :

dans le castrum, l'ecclesia intramuranea, qui est Saint-Etienne, etle baptistère, qui est Saint-Vincent (entre la rue Longepierre et larue Vaillant) ;

hors du castrum, les basiliques : Saint-Jean, Sainte-Pasehasie (au-jourd'hui Saint-Philibert ?), Saint-Bénigne, et peut-être une quatri-ème église où reposaient les corps de sainte Floride, des saints Hi-laire et Quiète. Toutes ces basiliques se trouvaient de part etd'autre du Renne (qui coule derrière le chevet de Saint-Bénigne, etentre Saint-Jean et Saint-Philibert, pour se. jeter dans le Suzonprès de la place du Morimont), et au centre d'un vaste cimetière.

b) Après le vie siècle, nous voyons apparaître successivement(mais sans, pour autant, que la date indiquée soit-celle de. la construc-tion de l'édifice, qui peut être beaucoup plus ancien) :

en 630, un Saint-Pierre (Domnus Petrus) dont le site est inconnu,mais qui devait se trouver quelque part dans la direction de Long-vie (quartier des. Poussots ?) ;

en 801, Saint-Martin-des-Ghamps (S. Martinus de Campania ou dePrato), sur la rive est du Suzon, à mi-chemin entre le castrum etPouilly ;

en 801, Saint-Jacques de Trémolois (S. Jacobus de Tremoledo),dont le Puits Saint-Jacques, aux confins sud du territoire de Dijon,conserve le souvenir ;

en 822, Saint-Germain de Larrey ;en 850, une Sainte-Marie qui possède des biens à Fontaines, et

qui est peut être la capella de Foro d'où sortira Notre-Dame ;en 881, la basilique (dite aussi monasterium et abbatiola) de Saint-

Michel ;vers l'an 900, Saint-Médard, construit dansleca.s/rum entre Saint-

Étienne et Saint-Vincent ;vers 1100, Saint-Philibert, bâti peut-être sur l'emplacement d'une

des basiliques voisines de Saint-Bénigne.Saint-Pierre et Saint-Nicolas ne sont mentionnés qu'au xu e siècle,

mais remontent sans doute beaucoup plus haut. (A noter qu'un textede 1040 environ, et que l'on cite habituellement à propos de Saint-Pierre, se rapporte en réalité à l'église Saint-Pierre de Mirebeau.)

c) Tout autour de Dijon apparaissent, durant la même, période :en 801, Saint-Agnan d'Ahuy, Saint-Martin de Quetigny, et Saint-

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PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES 31

Germain de Gouchey (dont dépendent alors Marsannay et Perrigny) ;en 841, Saint-Nazaire de Chenoves ;en 869, Saint-Apollinaire ;en 377, K plusieurs églises » à Longvic ; en 887, Saint-Maurice de

Sennecey ;en 901, Saint-Grégoire d'Éehirey (dont dépend Ruffey) ;en 903, Saint-Pierre d'Hauteville et Saint-Laurent de Daix.

(I) Au xn e siècle, l'abbaye de Saint-Bénigne est en possession desparoisses de Saint-Jean et de Saint-Philibert, et celle de Saint-Étiennedes paroisses de Notre-Dame, de Saint-Michel, de. Saint-Médard etde. Saint-Nicolas.

Saint-Pierre, dont le territoire est donné à Saint-Étienne vers 1170,n'est mentionné qu'au début du siècle suivant comme paroisse dé-pendant de la même abbaye.

III. — Traditions locales et usages liturgiques. Conjectures sur lesrelations originelles des paroisses dijonnaises.a) Des traditions locales que nous trouvons enregistrées dès le

xiie siècle considèrent Saint-Étienne comme l'église-mère du castrum,Saint-Jacques de Trémolois comme l'église-mère de Notre-Dame deDijon, Saint-Martin-des-Chainps comme l'église-mère de Fontaines.

b) Suivant l'auteur de la Chronique de Saint-Bénigne (fin duxie siècle), il n'existait primitivement qu'un seul cimetière pour-toutel'agglomération dijonnaise : ce cimetière se trouvait près des basiliques,c'est-à-dire à l'ouest du Suzon, sur les deux rives du Renne, à l'endroitmôme où se constitua, au début du ix° sicèle, le bourg de Saint-Bénigne (viens ou burgus).

Néanmoins le vocable de Saint-Michel, porté par la basiliqueconstruite à l'est du castrum, laisse supposer que dès la fin des tempsmérovingiens — et probablement à une date voisine de celle (685-701) que l'on choisit pour situer les bulles confirmant le monopolefunéraire de Saint-Bénigne — il existait un autre cimetière, s'étendantà l'est et au nord-est du caslrum : c'est dans ce cimetière que se seraittenu le marché de Saint-Etienne, concurrent de celui qui se tenaitdans le bourg de Saint-Bénigne.

e) Suivant Courtépée, les habitants des campagnes voisines venaientencore, au xvinn siècle, recevoir les cendres à l'église Saint-Jean.Cette pratique semble indiquer, d'une part, que Saint-Philibert(paroisse de la campagne) a été démembré de Saint-Jean ; et, d'autrepart, que Saint-Jean a été le baptistère primitif de la banlieue di-jonnaise.

Comme le territoire de Trémolois se trouve absorbé (au xve siècle)dans le territoire de Saint-Philibert, il est à présumer que Saint-Jean

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32 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

et Saint-Philibert sont — comme Notre-Dame — des démembrementsrie la primitive paroisse de Saint-Jacques de Trémolois,

d) Au xve siècle, il y eut d'assez longues contestations entre Saint-Jean et Fontaines, le curé de Saint-Jean élevant des prétentionssur Saint-Martin-des-Champs et tout ou partie de Fontaines.

Ces contestations laissent entrevoir un état de choses extrêmementancien où la primitive paroisse de Saint-Martin des Champs (Saint-Martin, Pouilly, Fontaines et partie de ïalant) ne Taisait qu'un, auspirituel, avec la primitive paroisse de Saint-Jacques de Trémolois(Saint-Jacques, Notre-Dame, Saint-Jean et Saint-Philibert).

e) Ces relations anciennes semblent confirmées par l'organisationtraditionnelle des deux processions du 23 avril et du 1e r mai.

Celle du 23 avril se Taisait de Saint-Jacques-des-Vignes (Trémolois)à Saint-Germain de Larrey.

Celle du 1e r mai se faisait de la croix de la Charmotte (au carrefourdu chemin de Fontaines, du chemin de Talant, de l'avenue Victor-Hugo et de la rue Guillaume-Tell) à l'église de Fontaines : un autelétait dressé à la Charmotte par les soins des marguilliers de Saint-Philibert, de Saint-Jean et de Notre-Dame.

/) La liste traditionnelle des sept paroisses (Notre-Dame, Saint-Jean, Saint-Michel, Saint-Médard, Saint-Nicolas, Saint-Pierre, Saint-Philibert) représente peut-être la chronologie réelle des sanctuairesdijonnais — mais à condition d admettre que Notre-Dame tient laplace de Saint-Jacques de Trémolois, dont le vocable est, de Tait,extrêmement ancien. On aurait :

Saint-Jacques (ive siècle. Première attestation : 801) ;Saint-Jean (ive-ve siècle : lieu de sépulture de saint Urbain, mort

au ve siècle) ;Saint-Michel (fin du vn e siècle. Première attestation : 898) ;Saint-Médard (construit peu après l'an 900) ;Saint-Nicolas (vers l'an 1000 : date de l'introduction du culte de

saint Nicolas à Dijon) ;Saint-Pi erre (première attestation vers 1170) ;Saint-Philibert (première attestation, 1077-1112).g) La liste honorifique des sept paroisses, établie par Philippe le

Bon en vue des processions générales (Notre-Dame, Saint-Michel,Saint-Jean, Saint-Pierre, Saint-Nicolas, Saint-Philibert, Saint-Médard),ne s'explique que si l'on considère Saint-Médard comme tenant laplace de Saint-Etienne, mère-église de la ville ; les six autres paroissesse grouperaient deux par deux, Notre-Dame avec Saint-Pierre, Saint-Michel avec Saint-Nicolas, Saint-Jean avec Saint-Philibert.

On sait que Saint-Philibert est le prolongement rural, et le dé-membrement de Saint-Jean, paroisse du Bourg, et que Saint-Nicolassemble tenir de très près à l'origine, par son marché et par son cime-

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PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES 33

tière, avec Saint-Michel. — Resteraient à élucider les relations pos-sibles de Notre-Dame avec. Saint-Pierre.

jV. — Eclaircissements nouveaux sur l'histoire primitive de. l'agglo-mération dijonnaise.

a) A la fin de la période celtique ou au début de la période romaine,on entrevoit un état de choses où la limite territoriale du « pays »dijonnais passe assez près de l'emplacement du futur castrum : l'undes jalons est Pierrefîtte, sur les bords du Suzon, au nord de Saint-Martin ; l'autre est la Grande Borne, au delà de la Boudrenée, auxconfins des territoires actuels de Saint-Apollinaire et de Dijon.

C'est en dehors de cette limite que s'échelonnent les noms de do-maines gallo-romains en -acus : Pouilly, Épirey, Éguilly et Sully,Lichey et Quetigny, Senuecey. — Le Dijon primitif (Divio) se situeprès de la source divine de Larrey, au carrefour de cinq cheminsceltiques, non loin du gué de Chèvre-Morte.

b) Au 111e siècle, le castrum est bâti à proximité de la voie d'A-grippa, dans une position stratégique qui permet à ses défenseurs desurveiller plus efficacement la plaine dijonnaise (à noter sa situationexcentrique, par rapport au pagus celtique). — Les dévastationsdes barbares anéantissent le primitif Divio, dont le nom passe aucastrum qui a recueilli ses habitants.

Ce temps est celui de i'évangélisation de la région dijonnaise.On remarquera à ce propos qu'une tradition enregistrée dans laChronique de Saint-Bénigne veut que les ancêtres des « voisins » deLarrey aient été les persécuteurs de l'apôtre de Dijon (s'agirait-ildu clergé qui desservait la source divine ?) : cette tradition doit êtrerapprochée de celle qui date la venue de saint Bénigne de l'époqueoù furent construits les murs du castrum.

c) Au ve siècle, tandis que le carlrum devient la résidence desévoques de Langrcs, la région au sud de l'Ouche forme un vastedomaine auquel un gallo-romain du nom d'Hilarius a donné sonnom (Tlilariacus, Elariav.ua, d'où Larrey). Ce domaine a plusieursdépendances dont les chefs-lieux sont Buxetum, « la métairie desbuis », Bussy ; Castaneium, « la métairie des châtaigners », Châtenay ;Trimoletum, « la métairie des trembles », Trémolois.

Le caslrnm possède son église-mère (Saint-Etienne) et son bap-tistère (plus tard Saint-Vincent). En dehors des murs, nous rencon-trons le cimetière de. l'ouest, avec ses « basiliques » : Saint-Jean,Sainte-Paschasie et plus tard (vie siècle) Saint-Bénigne. — Saint-Martin-des-Champs, au nord du castrum, peut dater de la fin duVe siècle.

Au delà de l'Ouche, le sanctuaire le plus important est celui deTrémolois (Saint-Jacques). Les vocables des deux sanctuaires de

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34 PROCÈS-VERBAUX DES SKANC.RS

Larrey (Sairit-Anthide et Saint-Germain) appartiennent à des saintsdont la vogue l'ut extrême dans la seconde moitié du v6 siècle et audébut du vie.

d) A partir du vm e siècle, l'agglomération dijonnaise se partageen deux groupements souvent rivaux dont les deux pôles sont Saint-Etienne et Saint-Bénigne.

Les chanoines de Saint-Étienne ont pour résidence le castrum;Saint-Vincent est leur baptistère ; Saint-Michel est l'église de leurcimetière ; Saint-Médard sera bientôt leur église paroissiale. Ilsétendent leur domination spirituelle sur une partie de la banlieue(Trémolois et Saint-Martin-des-Champs). Enfin un important marchése tient dans leur cimetière (de Saint-Michel à Saint-Nicolas ?),sous leur surveillance immédiate.

Les moines de Saint-Bénigne ont annexé à leur abbaye un bourg,dont les origines semblent liées à celles du marché qui se tenait dansle cimetière des «basiliques». En 869-871, ce bourg est pourvud'une enceinte (dislriclum et claustrum), et Saint-Jean devient peuaprès (avant 903) son église paroissiale.

A noter la concurrence qui existe, au xp siècle, entre le culte deSaint-Médard (au castrum) et le culte de Saint-Bénigne (dans le Bourg),

c) Au xie siècle, la concurrence entre le Bourg et le castrum s'affirmesurtout sur le terrain économique. Saint-Bénigne, plus habile, Favoriseles intérêts de ses « bourgeois », et ceux-ci obtiennent du duc Hugues IIle transfert à l'intérieur du Bourg du grand marché qui se tenait surla terre de Saint-Étienne. Toutefois, cette concession ne tarde pas àêtre retirée, à la suite des réclamations des chanoines de Saint-Étienne (1102-1103).

Il est possible qu'une transaction soit intervenue par la suite. Cequi est sûr, c'est que le milieu du xn e siècle coïncide avec le pleindéveloppement d'un nouveau marché qui se tient au nord du castrum,peut-être sur la limite des possessions de Saint-Bénigne et de Saint-Étienne — le forum dont la chapelle Sainte-Marie paraît être dèslors le centre religieux.

L'incendie de Dijon, en 1137, peut avoir facilité cette transformation— comme il peut avoir marqué le point de départ de l'organisationdéfinitive du Dijon médiéval, civil et religieux : au centre, les troisparoisses de Saint-Nicolas {castrum), de Saint-Jean (bourg), de Notre-Dame (marché) ; tout autour, les trois paroisses de Saint-Michel, deSaint-Nicolas (banlieue de Saint-Médard) et de Saint-Philibert (ban-lieue de Saint-Jean).

Quant à Saint-Pierre, qu'il soit issu ou non de l'antique Dompierre,il semble se rattacher à une libéralité spéciale, dont les Rlailly-Fauver-ney et les vicomtes de Dijon sont probablement les auteurs. Sonaccession à la vie urbaine nous semble légèrement postérieure à l'or-ganisation des six autres paroisses,

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MÉMOIRESDE LA

COMMISSION DES ANTIQUITÉS DE LA COTE-D'OR

Tome XX - Fascicule I

Année 1933

ERRATA

page 34, 10 lignes avant la lin de la page, lire :au centre, les trois paroisses de Saint-Méclarcl (c.astrum), de

Saint-Jean (bourg), de Notre-Dame (marche) : tout autour lestrois paroisses de Saint-Michel (banlieue de Saint-Méclarcl), deSaint-Nicolas (banlieue de Notre-Dame) et de Saint-Philibert(banlieue de Saint-Jean).

page 96, -Ie ligne, lire : Post au lieu de Prost.

page 96, note 2, lire :V. Six, Les portraits de princes sur le polyptyque des van Eyck)

/ dans Revue archéologique, t. XVIII, 1911, p. 401-418.

page 96, note 3, lire :V. P. Post, Wen stellen die vier erslen Reiter auf dem Flùgel

der gerechten Richtcr am Genter Allar dar ? dans Jahrbuch derpreussischen Kiinstsammlungen, t. XLII-XLIII, 1921-1922,p. 67-81.