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SommaireRevue de presse 4

30 jours 5

Courrier 6

Débat/opinion 8• RIP libre-échange (1945-2009) ?

Actualité 10• La mobilisation s’annonce massive• Dans l’éducation,

exigeons une autre politique• Formation des maîtres• Imposer la revalorisation de nos métiers• Fonction publique

Droits et libertés 17• Printemps : le retour des expulsions

Éco/social 18• Politique économique :

les quatre budgets de Sarkozy• Retraites complémentaires :

Medef à l’offensive• Libéralisme : le passé d’une illusion

Dossier 21• Les médias en France

21

L’Université Syndicaliste, hebdomadaire du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES, 46, avenue d’Ivry, 75647 Paris Cedex 13. Tél. standard : 01 40 63 29 00). Directeurde la publication : Serge Chatelain. Tél. : 01 42 80 91 04. Rédacteurs en chef : Matthieu Leiritz, Alexis Chabot. Secrétaire de direction : Thérèse Bara. Collaborateurs permanents : NicolasBéniès, Carole Condat, Nicolas Morvan. Régie publicitaire : Com d’habitude publicité, 25, rue Fernand-Delmas, 19100 Brive. Clotilde Poitevin, tél. : 05 55 24 14 03 - Fax : 05 55 18 03 73 -Site : www.comdhabitude.fr. Compogravure : C.A.G. Imprimerie : RPN, Livry-Gargan (93). C.P. N° 0108 S 06386. I.S.S.N. N° 0751-5839. Dépôt légal à parution. Conception : Voltaire & Associés,15, rue de la Banque, 75002 Paris. Photo de couverture : © Thierry Nectoux. Prix du numéro : 1,30 €. Abonnement : 1) Personnels de l’Éducation nationale : France

30 € ; étranger et DOM-TOM : 44 €. 2) Autres, France : 42 € ; étranger : 56 €. Publicité : CASDEN (p. 2), GCU (p. 6), MAIF (p. 7), Union desAutonomes de Solidarité (p. 20), Ecotours, Arvel, Didacthèque de Bayonne (p. 46), Établissement Français du Sang (p. 47), CRIF (p. 48). Joints à ce numéro : un supplément de 24 pages de Contributions au congrès (3e cahier), 24 pages « Mouvement intra 2009 », 16 pages« 31 S3 2009 », 4 pages « Formations des maîtres », 24 pages « Retraités » et une affiche A2 (dans les établissements uniquement).

Entretienavec Jacques Bernardin

DossierLes médias en France

Métier 28• Livrets de compétences : troisième version• Mathématiques en Seconde.

Quel programme pour 2009 ?

Portrait 30• Michel Caserta

Catégories 32• Agrégés : avancement d’échelon 2008-2009• Question-réponse : retraite pour les mères• CO-Psy : le moment de se faire entendre• Assistants d’éducation : vers un « plan social »

Fenêtre sur 34• Une jeunesse délinquante ?

International 36• Japon : métier enseignant

en danger : banzaï !• Forum syndical de Budapest

Culture 38• Livres-revues• Cinéma/Théâtre/Spectacles/Expositions• Multimédia

Entretien 44• Jacques Bernardin

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ÉditoDans la crise que nous connaissons,il faudrait « un peu plus de civismeet un peu moins de revendications ».Voilà la réponse d’Éric Woerth auxmillions de fonctionnaires en grèvele 29 janvier. Ces propos ont ététenus par le ministre de la Fonctionpublique le 3 mars devant l’ensembledes fédérations de fonctionnaires,en réponse à leur revendicationunanime d’une politique salarialeambitieuse et de l’abandondes suppressions de postes.Les fonctionnaires seraient dansl’ensemble épargnés par la crise etcelle-ci ne nécessiterait rien d’autreque la poursuite des « réformes ». Aumoment où de multiples économistessoulignent que, si les conséquencesde la crise sont moins sévèresen France qu’ailleurs, c’est peut-êtreparce qu’il y existe des« amortisseurs » que sontla protection sociale et les servicespublics, le gouvernement continueà faire comme si fonction publiqueet services publics étaient avanttout d’insupportables dépenses. Derrière ces discours provocateurs,il est toutefois contraint face à desmobilisations puissantes de faire desconcessions. À des échelles diverses,c’est ce qui s’est passé dans les DOM,c’est ce qui se passe aujourd’huidans l’enseignement supérieur avecl’annonce du gel des emplois en 2010et 2011, c’est ce qui s’est passéau premier trimestre avec une partiedes emplois de RASED dans lepremier degré ou avec le report de laréforme du lycée dans notre secteur.Autant de raisons pour se mobilisermassivement, faire grèveet manifester le 19 mars avecl’ensemble des salariés du privécomme du public, pour l’emploi,les salaires, les services publics.L’objectif est de dépasserles résultats impressionnantsdu 29 janvier pour imposer au

gouvernementd’autresréponses.Tous ensemble,nous le ferons !

Fenêtre surUne jeunesse délinquante ?

Claudie Martenscosecrétaire générale

34

Page 4: Secrétaire de direction - SNES

4 - US MAGAZINE - Supplément au no 678 du 25 février 2009

REVUE DE PRESSEDOUCE FRANCE

Ce beau pays qui est le mien...2 mars 2009

La crise économique et l’éthiquedu capitalismepar Jean-Paul Fitoussi

29 janv. 2009

LA POLICE FAIT DU CHIFFREÀ Châlons-en-Champagne,50 000 habitants, le nombre depersonnes qui vont être interpelléescette année par les services depolice est déjà connu. Le nombre deconducteurs qui vont être mis engarde à vue pour conduite en étatalcoolique, aussi. De même que laquantité d’amendes pour non-respect des feux rouges qui serontdistribuées, de défauts d’assurancequi seront verbalisés, etc. Ici, lescontours de la délinquance pour2009 ont été dessinés dès le15 janvier. Ce jour-là a été diffuséeune note de service fixant avec uneprécision jamais égalée jusqu’ici lenombre exact de toute une séried’infractions que le commissariatlocal devra relever au cours del’année. Bienvenue dans la police duchiffre ! [...] Ainsi est déclinée lafameuse « culture du résultat »,promue par Nicolas Sarkozy depuis2002. Au départ, l’ancien ministrede l’Intérieur devenu président de laRépublique cherchait à mesurerl’activité sur le terrain. Aujourd’hui,les objectifs quantitatifs sontplanifiés au début de l’année...

4 février 2009

LA FCPE DÉNONCE LASEMAINE DE QUATRE JOURS« Le pire des rythmes ! » Imposéeen septembre dernier par XavierDarcos, dans le cadre de la réformedu primaire, la semaine de quatrejours, avec suppression du samedimatin, continue de faire des vagues.Accusée déjà par les enseignantsd’alourdir les journées de classe,cette mesure est désormais dans laligne de mire de la FCPE, quidénonce ses effets néfastes sur lerythme biologique des enfants. Lapremière fédération de parentsd’élèves a annoncé, hier, lelancement d’une « campagnenationale » afin de convaincre lesétablissements de revenir à unrythme scolaire de 4,5 jours parsemaine, avec trois heures de coursle mercredi matin. « La semaine de4 jours est beaucoup tropfatiguante pour les enfants,explique Jean-Jacques Hazan,président de la FCPE. On aconcentré 872 heures sur moins de

Le dessin du mois

De Gaulle à la plage, de Jean-Yves Ferry, Dargaud 2008

136 jours alors que dans toutel’Europe il y a plus de jours declasse avec des journées moinschargées. » [...]

10 février 2009

LA FRACTURE UNIVERSITAIREpar Gérard Courtois« Ce pouvoir nous méprise et veutnous humilier », « ils veulent notrepeau comme Thatcher a eu celledes mineurs anglais. » Qui tient cespropos rageurs ? Des sidérurgistesde Gandrange désespérés ? DesGuadeloupéens en colère ? Les plusvirulents des cheminots de SUD ?Non, ce sont des universitaireschevronnés, des chercheursréputés, de solides patrons delaboratoire : le projet de réforme deleur statut les fait littéralementdisjoncter ; quant à la réformeannoncée de la formation desprofesseurs d’école ou de lycée, quisupprime l’essentiel del’apprentissage devant des élèves,ils la jugent désastreuse. [...]

10 février 2009

LOI BACHELOT :PEUR SUR L’HÔPITALMaintes fois repoussé, l’examen duprojet de loi de réforme du systèmede santé arrive aujourd’hui auParlement, où il devrait sepoursuivre quelques semaines. Lesdébats s’annoncent d’ores et déjàhouleux tant les propositions sontinversement proportionnelle auxattentes des professionnels de lasanté. Le mécontentement est telque, fait rarissime, il agrège tout lemonde : des médecins – rarementattendus sur le terrain des luttessociales – aux personnels de santé,en passant par les syndicats, lespartis de gauche et les associationsd’usagers. Tous dénoncent une loiqui, sous couvert de modernisation,va « privatiser la santé ». [...] Pourtous les professionnels de santé,cette marchandisation de la santén’est pas concevable. « Laconvergence entre le secteur publichospitalier et le secteur privé sefera essentiellement sur descritères de rentabilité financière, audétriment des malades nonrentables », ont dénoncé plus de900 praticiens et cadreshospitaliers, qui, pour la premièrefois, sont montés au créneau. [...]

Nous vivons une époque où l’éthique semble avoir envahi l’espace :le commerce est éthique, la finance est éthique, les entreprises adop-

tent des chartes éthiques, etc. Pourtant le capitalisme est dans tous sesétats ; jamais « l’amour de l’argent », comme dirait Keynes, ne l’avaitconduit à de telles extrémités : rémunérations extravagantes des plus aisés,rendements chimériques, obscénité de la misère, explosion des inéga-lités, dégradation de l’environnement... L’émergence de l’éthique est-elle une réaction au spectacle affligeant des conséquences morales etsociales d’un monde économique déserté par l’éthique ? Car on ne peutrejeter avec légèreté l’hypothèse que l’oubli de l’éthique aujourd’hui,comme hier, a conduit le système à la crise. « Les deux vices marquantsdu monde économique où nous vivons, écrivait Keynes, sont que le plein-emploi n’y est pas assuré et que la répartition de la fortune et durevenu y est arbitraire et manque d’équité. » D’où vient que l’onpuisse porter un tel jugement ? L’économie ne se donne-t-elle pascomme la science par excellence disjointe de toute considération éthique? Le glissement irrésistible de l’économie politique vers l’économie-science s’est cristallisé dans un concept d’« économie de marché », appa-remment débarrassé de toute connotation historique ou institutionnelle.Pourtant le capitalisme est bien une forme d’organisation historique, unmode de production, disait Marx, né des décombres de l’Ancien Régime.Son destin n’est pas écrit dans le marbre. C’est l’interdépendance entrel’État de droit et l’activité économique qui a donné au capitalisme sonunité. L’autonomie de l’économie est une illusion, comme sa capacitéà s’autoréguler. Et c’est parce que le balancier a penché un peu trop ducôté de cette illusion que nous en sommes arrivés à la rupture présente.Ce mouvement de balancier correspond à une inversion des valeurs.L’éthique, pensait-on, serait mieux servie si l’on régulait davantage lefonctionnement des États et si l’on dérégulait davantage les marchés.L’ingéniosité des marchés financiers d’abord, leur aveuglement ensuite,a fait le reste. [...]

Page 5: Secrétaire de direction - SNES

Supplément au no 678 du 25 février 2009 - US MAGAZINE - 5

Un mois après. Un accord salarial est finalement signéen Guadeloupe mais sans l’engagement du MEDEF.

26fév.

44 jours plus tard. Le LKP signe l’accord mettant finà la grève générale en Guadeloupe.

5mars

Internet. L’Assemblée nationale examine une loi visant àréprimer le téléchargement illégal : coupures en vue.

10mars

En voiture. L’Union européenne valide le plan français enfaveur de l’automobile, en dépit du soupçon de protectionnisme,mais refuse une aide spécifique aux pays de l’Est de l’Europe.

28fév.

Sagesse. Le Conseil constitutionnel valide l’essentiel de la loisur l’audiovisuel public.

Changement. Barack Obama rétablit les protections en faveurdes espèces menacées supprimées par l’administration Bush.

Nouvelle diplomatie. En visite en Israël, Hillary Clinton estime « inévitable » une solution à deux États,israëlien et palestinien.

3mars

3mars

3mars

IsraëlNétanyahou chargé de former le nouveau gouvernement.

AttentatL’explosion d’une bombe au Caire tue une lycéenne française.

22fév.

Travailler plus90 200 chômeurs de plus en janvier en France

24fév.

30 JOURSAmen. L’évêque négationniste Williamson profère defausses excuses en arguant du fait qu’il n’est pas « historien ».

Administration. Le rapport adopté par le comité Balladurprône la fusion de Régions mais pas la disparition du département.

25fév.

25fév.

Tristes tropiquesIl aura fallu plus d’un mois et demi pour que la grève générale

en Guadeloupe s’achève, après la signature d’un accord sala-rial qui devrait être étendu à toutes les entreprises de l’île. Unmois et demi de tergiversations gouvernementales, de com-passion forcée, d’annonces présidentielles tardives, de réti-cences patronales et d’une société entière en révolte contre la viechère, les situations de monopole et les vestiges du colonialisme.Un mois et demi durant lequel un syndicaliste a été tué, dans descirconstances mal éclaircies. Un mois et demi durant lequel la« contagion » tant redoutée par le gouvernement a bien eulieu, la Martinique et la Réunion ayant à leur tour manifesté leurrefus de l’injustice perpétuée. Un mois et demi qui laisseront destraces, non seulement à l’économie de la Guadeloupe, mais auxrelations sociales et à la cohésion de la communauté guade-loupéenne. Malgré les progrès accomplis, la justice et la dignitérestent à construire.

Banco

Acheter ses devoirs toutfaits sur Internet pour

5 à 30 euros : le site mar-chand FaisMesDevoirs.comn’aura finalement étéouvert que quelquesheures. Après « Note2be »qui invitait les élèves ànoter leurs profs, l’ouver-ture de ce site a provoquéun véritable tollé dans laprofession comme chez lesparents d’élèves. Son créa-teur a décidé de le fermeravant même de le voir fonc-tionner, après s’être offertune sacrée pub...

Se déclarant, pour l’occa-sion, hostile aux dispositifspayants, X. Darcos a tenu àpréciser que « l’école dela République est lemeilleur endroit pour êtreéduqué ».Banco monsieur le Ministre :restituez les postes, sup-primez les crédits d’impôtspour cours particuliers, etvous pourrez manifesteravec les défenseurs del’École Publique – celle dela République quoi ! – le19 mars.

Monique Daune

BILLET D’HUMEUR

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Guadeloupe. Le syndicaliste Jacques Bino est tuéen revenant d’un piquet de grève.

Sommet social. Les organisations syndicales ressortent déçues de l’Elysée après l’annonce des mesures« sociales » de Nicolas Sarkozy.

18fév.

18fév.

20fév.

Page 6: Secrétaire de direction - SNES

6 - US MAGAZINE - Supplément au no 678 du 25 février 2009

DÉBAT Courriers

SOLIDARITÉPour ceux qui aiment l’Afrique et lesoiseaux, offrez et offrez-vous ce beaulivre d’histoires. Étonnantes rencontresentre nature et culture.Soutenez les actions de lutte contre le sidaet le développement de l’associationUraca en Afrique. http://www.uraca.org • Pour commander : [email protected]. 24 euros l’exemplaire + port

Du théâtre pour adolescents... et les autresLe Théâtre Dunois est spécialisé dans le théâtre pour la jeunesse depuis unedizaine d’années après avoir vibré au rythme du jazz et de diverses expres-sions musicales. De l’époque des improvisations sous les poutres du vieil entre-pôt, aujourd’hui menacé de démolition, subsiste une place pour la recherchemusicale avec l’Ensemble Aleph dont les concerts alternent avec des créationsthéâtrales pour enfants. Un grand respect pour l’enfant-spectateur, toutautant que pour les plus grands, et les engagements de l’équipe ont conduitaussi, depuis trois ans, sa directrice Nelly Le Grévellec, à proposer uneréflexion sur des questions culturelles de société avec des invités, un lundi parmois : Lundi c’est tout réfléchi. Une publication accompagne ces rencontres,en relation plus ou moins directe avec le théâtre pour la jeunesse et les thé-matiques de spectacles programmés. Il développe aussi les autres initia-tives : ateliers, actions avec les classes de collèges/lycées et enseignants (dos-siers pédagogiques téléchargeables sur chaque spectacle), partenariats avecassociations locales... Du 25 mars au 12 avril, sous l’appellation Les iconoclastes,deux spectacles proposent « du théâtre autrement pour les adolescents », avecdes formes décalées et jubilatoires (détails sur www.snes.edu) pour toutpublic à partir de 12 ans : Et Blanche aussi, un conte onirique où la parole prendcorps (Cies Agnollo Crotche et Les Nuits claires, 25-29/3), La remise (Cies Le PetitThéâtre et Caméléon, 8-12/4) qui fait planer les ombres de Médée et d’Électresur le quotidien de deux femmes autour d’un petit potager incongru au milieud’une prison. Entre les deux (1-5/4), accessible dès 7 ans, une nouvelleapproche de l’histoire du Petit Poucet... P. L.• Scène conventionnée jeune public, partenaire Réduc’snes – 7, rue Louise-Weiss, 75013Paris, 01 45 84 72 00 - www.theatredunois.org

Pu

blic

ité

Dans L’US Retraités n° 676 du 20 décembre, une révélation :• L’éditorial « 60 ou 65 heures, 70 ans » explique calmement ceque recouvre la liberté de choix pour les libéraux français et

européens.• Deux pages plus loin, Pierre Toussenel, ancien secrétaire général,sans doute pas encore 70 ans, montre que sa plume n’a rien perdu deson acuité, de sa verdeur. Là tout est clair, les prédateurs sontdésignés, leurs valets aussi… Citons-le : « Aujourd’hui, c’est uneimmense bataille d’opinion qu’il faut aussi conduire pour briser lecarcan d’une information aux mains des Lagardère… ».Alors, allons-nous demander à Pierre Toussenel de reprendre duservice… Grand merci, Pierre pour cette analyse U et A. Je regretteque les seuls retraités aient pu lire ce morceau de bravoure… un vraichangement par rapport aux articles ampoulés de L’US… qui respectetellement ses syndiqués, que ceux-ci (je parle pour ceux qui lisent)croient qu’ils ont envoyé leur cotisation à l’UNSA.Justement dans le même envoi, mais sur L’US, un encadré jaune (toutun symbole) : à propos d’un livre de Paule Masson, intitulé« Syndicalistes ! de la CFDT à la CGT », on peut lire : « la position de ladirection nationale de la CFDT … en 2003 s’est traduite… par unedémission de syndicalistes… choisi de rejoindre la CGT… » puis, oncroit rêver : « leur pari, faire évoluer la CGT ».Cette dernière affirmation est-elle le thème du livre ou l’opinion ducommentateur ?Dans tous les cas, un syndicaliste FSU avait à dire sur le sujet :• La position de la CFDT sur les retraites : tout simplement une trahisonvis-à-vis de l’ensemble de ceux (notamment les jeunes enseignants) qui

ont perdu des semaines de salaire pour défendre des acquiscommuns ;• la CFDT n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai : statut desintermittents du spectacle, récente modification de l’indemnisation duchômage, CPE, régimes spéciaux des retraites… ;• son ancien secrétaire général, père de l’actuel (?), a participé auxrestructurations (à la casse !) de la sidérurgie lorraine.Pour nous enseignants, on ne peut oublier que :• depuis bien longtemps le SGEN (CFDT) est pour 35 h de présence desenseignants sur leur lieu de travail ;• malgré une représentativité minuscule (confirmée par les électionsprofessionnelles), le SGEN (CFDT) est l’inspirateur et la chevilleouvrière de toutes les contre-réformes de l’Éducation de moins enmoins nationale. La CFDT (comme l’UNSA) sont pour le contrôlecontinu des connaissances (et la suppression du bac), les modules enSeconde et la réforme Pécresse conduisant à la concurrence entreuniversités.Dans une enquête du Figaro-Magazine début 2007, les Français dedroite doivent choisir le syndicat le plus efficace, celui en qui ils ont leplus confiance : sans hésiter, ils désignent la CFDT, très loin devant leMEDEF. Eux savent où est la CFDT !!!Donc, à l’instar du Nouvel Obs ou de France Inter, pour qui lesyndicaliste à écouter est à la CFDT et un gréviste preneur d’otagesforcément de la CGT, le chroniqueur de la FSU ne craint pas d’écrire — sans commentaire — que le pari des anciens CFDTistes serait de« faire changer la CGT ».Lire Toussenel : « une immense bataille d’opinion qu’il faut aussiconduire pour briser le carcan d’une information aux mains… hier de… ».N. Béniès insultant Aragon, le traitant de « stalinien »… là, d’un… jaune.L’un et l’autre ne peuvent s’exprimer dans mon journal syndical sansêtre contredits.Mesdames, Messieurs les rédacteurs en chef, demandez l’avis d’AlainDalançon qui a beaucoup fait pour la qualité de L’US. Courage.

RévélationJ.-V. Ruffec (16)

Retraites

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8 - US MAGAZINE - Supplément au no 678 du 25 février 2009

DÉBAT opinion

La hausse du chômage, consécutive à la crise financière quifrappe l’économie mondiale depuis l’automne 2008, susciteinquiétudes et propositions visant à contrôler le libre-échange.

De quoi parle-t-on ? Le libre-échange suppose que la spécialisationdes producteurs dans leurs domaines d’excellence permet d’amé-liorer le bien-être collectif. Plutôt que de produire du blé, du vinet des chaussures, un producteur a intérêt à produire du blé en obte-nant de meilleurs rendements et à acheter du vin et des chaussuresà d’autres producteurs. La généralisation de cette approche au plan international supposeque tous les pays obéissent aux mêmes règles de droit et auxmêmes normes sociales et environnementales. Les travailleurschinois subissent des niveaux élevés de pollution et ne bénéficientque d’une protection sociale très réduite en dehors des membres desadministrations et des entreprises publiques. Normalement, il fau-drait imposer aux produits venant de Chine des taxes compensa-toires pour tenir compte de ces éléments. L’Organisation mondialedu commerce (OMC) a refusé jusqu’ici de prendre en compte ceséléments nouveaux, en dépit de nombreux débats. Il est clair quecette opposition n’est plus tenable. L’Europe a toujours adopté une vision de trèsgrande ouverture au libre-échange, en sortequ’elle est aujourd’hui la zone la plus ouverteau monde. Elle n’exige même pas de récipro-cité dans l’ouverture aux échanges. Il ne fautdonc pas imputer au libre-échange ce qui estdû à la politique commerciale européenne.Même dans le cadre de l’OMC, l’Europe pourrait être beaucoupplus exigeante en termes de réciprocité en n’admettant sur sesmarchés que les produits des pays dont les marchés sont ouverts. Ensuite, la Banque centrale européenne ne mène pas une poli-tique de change offensive. Elle a accepté sans réagir la très fortemontée de l’euro de 2005 à l’été 2008. La zone euro est la seulezone monétaire qui n’a pas d’objectifs de change car il n’y a pasd’accord entre les pays membres de la zone sur le niveau appropriédu taux de change. Ce n’est pas le libre-échange qui est responsablede l’absence de politique de change dans la zone euro.Quant à la France, elle perd des parts de marché massivementdepuis 1999, notamment à l’intérieur de la zone euro : ce n’est pasle libre-échange international qui explique ces pertes de parts demarché alors que l’Allemagne a su maintenir les siennes, notam-ment en augmentant massivement ses exportations vers la Franceet l’Italie. Les principaux déséquilibres au sein des échanges exté-rieurs de la France ne sont pas dus au libre-échange mais à des choixeuropéens contestables et à des faiblesses économiques mani-

DEPUIS L’ÉCLATEMENT DE LA CRISE FINANCIÈRE, le spectre de 1929 rôde à nouveau. Confronté à l’explosion duchômage, chaque pays serait tenté de protéger ses entreprises, et donc ses emplois, de la concurrence étrangère.

Que penser du protectionnisme ?

RIP libre-échange

festes en France. Indépendamment du libre-échange, il y a donc unecrise d’offre spécifique à la France. La France souffre notammentde n’avoir pas su favoriser le développement de ses petites et

moyennes entreprises, en sorte qu’il nousmanque aujourd’hui, à population résidentedonnée sur le territoire métropolitain, dix milleentreprises de 500 personnes pour avoir destaux d’activité de la population comparables àceux des pays dont la croissance à moyenterme est plus équilibrée que la nôtre. Par ailleurs, en ce qui concerne la France, les

donneurs d’ordre dans l’industrie et la distribution écrasent leurspropres sous-traitants français alors que les entreprises indus-trielles allemandes et japonaises protègent les leurs. Ce n’est pasle libre-échange international qui est responsable de l’attitudeintolérable de donneurs d’ordres en France vis-à-vis de leurs sous-traitants.Le libre-échange est comme l’eau : on peut nager dessus ou se noyerdedans. Le résultat dépend du nageur et non de l’eau.

Que faire ?Il faut déjà que l’Europe balaie devant sa porte en intégrant la réci-procité dans les échanges et l’intégration des coûts environne-mentaux dans les prix à l’importation : nous ne pouvons pas êtrele seul continent au commerce sans réciprocité.Il faut que la zone euro se dote d’un gouvernement économiquecohérent et d’une politique de change pour peser sur les parités entrel’euro, le dollar, le yuan et le yen.Il faut que la France réforme les pratiques de son appareil deproduction, et qu’elle réforme sa sphère publique pour en améliorerl’efficacité et baisser le poids des prélèvements sur l’activitéproductive. Tant que l’Europe et la Francen’auront pas de stratégie d’actioncohérente avec la nature du mondetel qu’il est, il ne sert à rien d’ac-cuser le libre-échange de mauxqui lui sont étrangers. ■

Il ne faut donc pas imputer

au libre-échange ce qui est

dû à la politique

commerciale européenne

Dernier ouvrage paru :

• La France est-elle enfaillite ? Bourin Éditeur,2008.

ChristianSaint-Étienne

Professeurdes Universités,

membre duConseil d’analyse

économique

©D

R

REPÈRES« Les idées, le savoir, la science, l’hospitalité, le voyage, doivent parnature être internationaux. Mais produisons chez nous chaque fois quec’est raisonnablement et pratiquement possible, et surtout faisons ensorte que la finance soit nationale. » John Maynard Keynes (1883-1946),cité par Alternatives économiques, mars 2009, page 50.

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Supplément au no 678 du 25 février 2009 - US MAGAZINE - 9

La crise relance le débat entre protectionnisme et libre échange.Les libéraux brandissent le spectre d’une récession aggravée parle repli du commerce international tandis que les « néoprotec-

tionnistes » présentent l’instauration de taxes comme la mesure cléd’une sortie de crise. Ils commettent une erreur commune – mais ensens inverse – qui revient à faire de la mondialisation le déterminantessentiel de la dynamique économique. Les libéraux devraient sefaire plus discrets, à l’heure où les bienfaits supposés de la déré-glementation tous azimuts se transforment sous nos yeux en une véri-table débâcle.Quant aux propositions des néoprotectionnistes comme EmmanuelTodd ou Jean-Luc Gréau, elles reposent sur une analyse tronquée :le libre-échangisme serait la cause essentielle de la compressionsalariale, du chômage, de la désindustrialisation ou encore dudéficit commercial. Ce tableau ne correspond pas à la réalité (1) quicombine les effets de la mondialisation et des politiques néoli-bérales. Prenons l’exemple des États-Unis : ce qui est en crise,c’est un modèle fondé sur la surconsommation et le surendette-ment des ménages. Plus généralement, la crise résulte d’unpartage des revenus de plus en plus défa-vorable aux salariés qui a alimenté laspéculation financière faute de conduireà un surcroît d’investissement. Certes,la mise en concurrence directe des sala-riés de tous les pays a renforcé cetteconfiguration mais elle n’en est pas lacause unique.Tel qu’il est posé – pour ou contre le protectionnisme – le débatpasse à côté des vraies questions : que protège-t-on et contre qui ?Un système de taxes et de quotas d’importations est conçu pourprotéger les industries nationales : c’est le « patriotisme écono-mique ». S’il s’agit au contraire de mener une expérience detransformation sociale, il faut d’abord se protéger d’un « ennemi

intérieur » à savoir les intérêts sociaux qui tirent profit des inégalitéscroissantes dans la répartition des richesses. Il faudra alors anticiperles mesures de rétorsion prévisibles (fuite de capitaux, grève de l’in-

vestissement, etc.) ce qui implique dese donner les moyens de contrôler lesmouvements de capitaux. Ce dont il fautse protéger, ce sont les multinationalesqui vont investir dans les pays à bassalaires, délocalisent ou menacent de lefaire, etc. On constate que le protec-tionnisme commercial, ou encore la

rupture avec les préceptes de l’Europe libérale, ne sont pas des objec-tifs en tant que tels mais des moyens accessoires de contrôler lescapitaux.Les propositions néoprotectionnistes ont en commun de sous-estimer systématiquement le rôle des multinationales et de prendreprétexte de considérations sociales ou environnementales pourdésigner les pays émergents à bas salaires comme les responsablesde tous nos maux. Cela conduit à préconiser des mesures unilaté-rales qui ne peuvent être perçues que comme autant de manœuvresmenant à la guerre commerciale. Une telle orientation risque en outred’alimenter les tentations nationalistes voire xénophobes. Maiselle est surtout contradictoire avec la perspective de rapports Nord-Sud coopératifs.Il faut au contraire affirmer le droit des pays du Sud à protéger leurdéveloppement, notamment en matière de souveraineté alimentaire.L’investissement international prédateur exerce une pression perma-nente sur les conditions d’emploi des travailleurs dans les pays à bassalaires. Elle doit être réduite au profit d’accords de coopérationvisant notamment à stabiliser les cours des matières premières et àinstituer un véritable codéveloppement fondé sur des transfertstechnologiques, spécialement en matière énergétique. La crisedevrait être ainsi l’occasion de réfléchir sur un projet demondialisation parcimonieuse où la satisfaction des besoins sociauxdomestiques prendrait le pas sur la logique du profit. ■

(1) Pour une analyse plus détaillée, voir Michel Husson, Protectionnismeet altermondialisme, février 2009, http://hussonet.free.fr/protec9.pdf

Sommes-nous à la veille d’une remise en cause d’un libre-échange régulièrement présenté, depuis 1945 – notammentà travers la construction européenne –, comme une condition nécessaire à la prospérité et à la paix ?

Que protège le protectionnisme ?

e (1945-2009) ?

La crise résulte d’un partage des

revenus de plus en plus défavorable

aux salariés qui a alimenté la

spéculation financière (...)

Michel HussonMembre

du conseil scientifiqued’Attac

http://hussonet.free.fr

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REPÈRES« Sont incompatibles avec le marché commun (...) les aides accordéespar les États ou au moyen de ressources d’État sous quelque forme quece soit qui faussent ou qui menacent de fausser la concurrence enfavorisant certaines entreprises ou certaines productions. » Article 87du Traité instituant la Communauté européenne (1957), cité parGuillaume Duval, « La tentation protectionniste », Alternativeséconomiques n° 278, mars 2009, page 13.9 février : la France dévoile un plan de soutien de 7,8 milliardsd’euros à l’automobile.25 février : la Commission européenne rappelle qu’elle « ne permettrapas de nationalisme économique et elle veillera à ce que les règles dela concurrence soient respectées, sur le marché européen et hors dumarché européen ».1er mars : Neelie Kroes, commissaire européenne à la concurrence, sedit « satisfaite des garanties présentées par les autorités françaisessur l’absence de caractère protectionniste » de ce plan.

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10 - US MAGAZINE - Supplément au no 678 du 25 février 2009

E M P L O I , S A L A I R E S , S E R V I C E S P U B L I C S

TOUS EN GRÈVE LE 1CGT-CFDT-FO-FSU-UNSA-Solidaires-CGC-CFTC : toutes les organisations syndicales appellent à une nouvelle journée d’actioninterprofessionnelle le jeudi 19 mars. La mobilisation s’annonce massive dans le privé comme dans le public, peut-être

Après le succès de la mobili-sation du 29 janvier – plusde deux millions et demi de

manifestants dans toute la France– les déclarations très décevantesdu président de la République le5 février ont conduit toutes lesorganisations syndicales à déciderensemble d’une nouvelle jour-née de grèves et de manifesta-tions le 19 mars. Le sommetsocial du 18 février, la caricaturede dialogue social dans la fonc-

tion publique le 3 mars (voirpage 13), loin d’apporter desréponses satisfaisantes auxrevendications ont été vécues enparticulier dans notre secteurcomme de nouvelles provoca-tions avec le refus présidentielde revenir sur les suppressionsd’emplois de fonctionnaires etles propos méprisants d’ÉricWoerth à l’égard des salariés desservices publics.Face à l’aggravation rapide dela situation économique, ladégradation de l’emploi avecl’accumulation des plans de

licenciements, du pouvoird’achat, les mesures du plan derelance sont aujourd’hui perçuescomme totalement inefficaces etdérisoires. L’attitude particuliè-rement fermée du MEDEFempêche toute discussion dansles entreprises. Toutes les orga-nisations syndicales font lemême constat : le 19 mars s’an-nonce comme une journée demobilisation massive qui pourraitdépasser en participation lesrésultats déjà impressionnants del’action du 29 janvier.Les mouvements menés dans lesDOM, en particulier en Guade-loupe et en Martinique, s’ils nesont pas transposables à la situationen métropole contribuent large-ment toutefois à redonner l’espoirdans l’action collective aux salariésdu privé comme du public, toutcomme la détermination du mou-vement dans l’enseignement supé-rieur qui a contraint le gouverne-ment à de premières concessions enparticulier sur l’emploi public etsur le statut des enseignants cher-cheurs.Dans ce contexte, les réunionsintersyndicales de préparation du19 s’organisent un peu partoutdans les entreprises et les sec-teurs professionnels sur les basesde l’appel du 29 janvier. Desassemblées générales sont d’oreset déjà programmées dès le 20.Au plan national, CGT, CFDT,FO, FSU, UNSA, Solidaires,CGC, CFTC se retrouveront dès8 heures le 20 mars pour tirer lebilan de la journée et débattredes suites. ■ Claudie Martens

La mobilisations’annonce massive

DES APPELSUNITAIRES

DANS LAPLUPART

DESSECTEURS

SNCF : sept fédérations syndicales –CGT, CFDT, FO, SUD-Rail, UNSA, CFE-CGC, FGAA – appellent à la grève le19 mars. MÉDICO-SOCIAL : quatrefédérations syndicales (CGT, CFTC, FO et CFE-CGC) appellent à la grève le 19 mars. VENTE : les cinqorganisations syndicales confédérées

ÉDUCATION : FAEN, FERC-CGT, FNEC-FP-FO, FSU, SGEN-CFDT, Sud-Éducation, UNSA Éducation appellent às’inscrire pleinement dans la journée d’action du19 mars. Le Collectif des 25 organisations (syndicats,parents d’élèves, lycéens, étudiants, mouvementspédagogiques) à l’initiative de la manifestation du19 octobre appelle à faire du 19 mars un moment fortd’expression des revendications dans l’éducation.

FONCTION PUBLIQUE : lesfédérations de fonctionnairesde la CGT, la CFDT, la CFTC, laCFE-CGC, FO, FSU, Solidaires etl’UNSA ont appelé les5,2 millions de fonctionnaires àse joindre à la nouvelle journéed’action nationale du 19 mars.

Journée d’actioninterprofessionnelle

Jeudi 19 marsGRÈVE NATIONALE

À l’appel de toutesles fédérations

de l’Éducation etde la fonction publique

POUR➡ Maintenir et développer l’emploi public et privé

➡ Lutter contre la précarité

➡ Exiger des rémunérations qui assurent le maintiendu pouvoir d’achat

➡ Défendre le cadre collectif et solidaire de la protection sociale

➡ Promouvoir des services publics qui répondentaux besoins sociaux et de solidarité

DANS L’ÉDUCATION EXIGEONS➡ Le rétablissement des 13 500 emplois à la rentrée 2009

➡ Le doublement des postes aux concours de recrutement

➡ L’ouverture de véritables négociations sur la revalorisationde nos métiers

➡ Un projet ambitieux pour l’école et la réussite de tous les élèves

➡ Une formation des maîtres de haut niveau

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19 MARSsupérieure à celle du 29 janvier qui avait déjà rassemblé plus de 2,5 millions de manifestants. Dans l’éducation, tous lessyndicats appellent à la grève, soutenus par l’ensemble du collectif pour l’école.

RENTRÉE 2009 :REFUSER LES SUPPRESSIONS D’EMPLOIS

Suppressions d’emplois dans les établissements, pression sur lesHSA, suppression des moyens de remplacement, développement de laprécarité : la rentrée 2009 se prépare dans les académies et les éta-blissements sous le signe de la casse de l’emploi public, de surcroît dansdes conditions de concertations le plus souvent inacceptables.Le ministère vient de rendre publique la ventilation des suppressionsd’emplois de remplacement entre les académies. Si ces suppressionsne devraient pas amputer directement les DHG des établissements, ellesaffecteront durement tous les établissements et les collègues dès lepremier trimestre de l’année prochaine. En effet, dans toutes lesacadémies, les moyens pour assurer les remplacements sont déjàtrès insuffisants : d’une part des élèves restent de nombreusessemaines sans profs, d’autre part les conditions de travail des per-sonnels sont de plus en plus dégradées : zones de remplacementétendues pour les TZR, discipline d’enseignement autre que celle durecrutement imposée, multiplication des contrats précaires...Dans le même temps, le gouvernement vient d’annoncer le recru-tement de 5 000 contrats aidés chargés de traiter l’absentéisme desélèves. Ce choix de personnels précaires, sous-payés, sans qualifi-cation marque bien à la fois l’ignorance du travail fait par les CPE,assistantes sociales, infirmières, médecins scolaires, CO-Psy et le dénides qualifications indispensables pour assurer ces missions. Et làencore la transparence n’est pas de mise : décision en secret duministère, élus aux CA qui doivent se battre dans les établisse-ments pour que les recrutements soient soumis aux voix et non déci-dés par le seul chef d’établissement.Enfin la bataille contre les HS continue, car on se heurte à de nou-velles tentatives de remplacer des heures postes en heures sup-plémentaires, notamment là où les combats de l’an passé avaientréussi à l’empêcher.Autant de raisons d’être en grève et dans la rue le 19 mars.

Fabienne Bellin

La déclinaison dans le systèmeéducatif de la politique éco-nomique et budgétaire du

gouvernement, appuyée sur unevision passéiste de l’éducation,conduit à une diminution impor-tante de l’offre de formation, àdes tentatives de glissements desmissions des personnels, aurenoncement, de fait, d’amenerplus de jeunes à des qualifica-tions de haut niveau.Les suppressions massives d’em-plois se traduisent par la remise encause d’options, des regroupementsantipédagogiques d’élèves, le déve-loppement de l’accompagnementéducatif en lieu et place d’une véri-table lutte contre la difficulté sco-laire, la hausse des effectifs declasse tout particulièrement en col-lège, l’augmentation de la chargede travail des personnels. La voieprofessionnelle, avec l’impositiondu baccalauréat en trois ans estdevenue une cible privilégiée dansles recherches rectorales d’écono-mies d’emplois.Dans le même temps, le ministretente de contourner le refus mas-sif de sa réforme du lycée généralet technologique en utilisant la

possibilité d’expérimentation dansles établissements, ouverte par laloi de 2005 sur des moyens ini-tialement réservés aux établisse-ments les plus en difficulté, et enenvoyant le nouveau chargé demission sillonner la France pour« recueillir les attentes ».Les personnels, les parents, leslycéens ont montré depuisdeuxans, dans une unité réguliè-rement réaffirmée malgré les ten-tatives de division du ministre,qu’ils entendaient qu’une autrepolitique éducative soit menée. C’est une nécessité sociale, éco-nomique. C’est une urgence,l’École devant répondre aux aspi-rations des jeunes dont l’avenir nedoit pas être ainsi sacrifié.La journée de grève et de mani-festations est l’occasion d’exiger,encore plus nombreux et plusdéterminés, un second degré auservice de la réussite de tous, cequi implique le développementde l’offre de formation dans lescollèges et les lycées, les moyenspour la diminution des effectifs declasse, les dédoublements et lestravaux en groupe... ■

Roland Hubert

Dans l’éducation,exigeons une autre politique

de la profession (CFDT, CFTC, CFE-CGC,CGT, FO), appellent VRP, technico-commerciaux, cadres de la vente,vendeurs à domicile et autrescommerciaux à se mobiliser le19 mars. SAINT-GOBAIN : lesorganisations syndicales, CFDT, FO, CGT, CFTC, CFE-CGC, appellent

l’ensemble des salariés du groupe àmarquer leur opposition aux choix dela direction de Saint-Gobain enparticipant massivement à la journéenationale interprofessionnelle degrève et de manifestation du 19 mars. AIR FRANCE : CFDT, CFTC, CFE-CGC,CGT, UGICT-CGT, FO, CI.FO et Unsa

Aérien invitent l’ensemble des salariésd’Air France à une nouvelle journéede grève le 19 mars. BANQUE : les cinqsyndicats CGT, CFDT, CFTC, FO et SNB-CFE-CGC de LCL (Crédit Lyonnais) ontappelé les salariés à faire grève le19 mars. DÉFENSE : appel desfédérations FO-CFDT-CGTUNSA-CFTC-

CGC des travailleurs de l’État(salariés du ministère de la Défense,des entreprises nationales DCNS,Giat Nexter et SNPE, et des personnelsde l’IGESA). TOTAL : la Coordinationdes syndicats CGT de Total appelle àune grève de 24 heures le 19 marsdans l’ensemble des raffineries [...]

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Sourd aux mobilisations dansles IUFM et les universités etaux nombreuses critiques

concernant son projet, le ministrechoisit de continuer à avancerjouant de la provocation et dumépris dès qu’il en a l’opportunité.Le SNES reste convaincu quel’élévation du niveau de recrute-ment des enseignants et CPE aumaster sont le moyen de recon-naître leur qualification réelle etun point d’appui important pour la

revalorisation de nos professions.Cette dernière ne se limite pas àl’aspect financier, mais concerneégalement les conditions d’exer-cice de nos métiers : un recrute-ment au niveau master doit abou-tir à une meilleurequalification disciplinaire desenseignants leur permettantune meilleure transpositiondes savoirs universitaires ensavoirs scolaires. Conditionnécessaire, la maîtrise desconnaissances ne peut suf-fire sans une formation uni-versitaire et professionnellede qualité, conçue sur l’en-semble du cursus universi-taire de façon progressive.Le SNES ne peut que s’éle-ver contre la suppression pro-grammée de la formation ini-tiale durant l’année de stagesuivant la réussite auconcours. Il revendique une

année pleine et entière de forma-tion suite à l’admission.Conscient que l’Éducation natio-nale doit montrer l’exemple del’ascension sociale, le SNESestime que le recrutement des

enseignants et CPE se doit d’êtrediversifié. Pour y parvenir, il estnécessaire de développer les aidessociales sous toutes leurs formeset l’accès au second cycled’études supérieures doit être réel-lement démocratisé. De plus, lamise en place de prérecrutementsinspirés du modèle des IPESfavoriserait la revalorisation desvoies menant aux métiers de l’en-seignement et de l’éducation.Le projet du gouvernement, sansprendre en compte ces exi-gences, est inacceptable et doitêtre revu. Le SNES exige l’ou-verture immédiate de discus-sions sur l’ensemble du sujet.Pour peser sur les choix duministre, il faut construire unrapport de force suffisammentfort. Le 19 mars doit enclenchercette dynamique. ■

Emmanuel Mercier

Pour une formation des maîtres de haut niveau

Laurence Parisot(MEDEF)« On donne le sentiment de traiter les jeunescomme des chasseurs de primes. »à propos de la prime exceptionnelle de500 euros pour les salariés ayant travaillé deuxà quatre mois, adoptée lors du sommet social.B

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S Vous trouverez dans L’USenvoyé aux établissements

une affiche d’appel au19 mars pour le panneau

syndical. Des tracts noir etblanc sont également

disponibles surwww.snes.edu

De puis des semaines des milliers de chercheurs, d’universitaires, rejoinsensuite par les chercheurs-étudiants, les BIATOS et ITA sont entrésdans un mouvement extrêmement solidaire, puissant, qui touche tous lesétablissements.Le 10 février, 30 000 universitaires étaient en grève et 100 000 mani-festaient dans toute la France pour exiger le retrait du décret sur le sta-tut des enseignants chercheurs, porter leurs exigences sur la formationdes maîtres, les créations d’emplois (1030 suppressions d’emplois au bud-get 2009 dans l’enseignement supérieur). Ils étaient à nouveau 50 000dans les rues le 18 février et le 5 mars malgré les congés d’hiver. Le11 mars, ils étaient rejoints par les personnels du premier et du seconddegré à l’appel en particulier du SNES et de la FSU.Face à ce mouvement d’une ampleur exceptionnelle, le gouvernement aannoncé le gel des emplois en 2010 et 2011 et ouvert des discussions le27 février avec les organisations syndicales siégeant au Comité techniqueparitaire des personnels de statut universitaire (CTPU), pour une nouvelleécriture du décret sur les statuts. Le SNESUP FSU a refusé d’y prendre part,exigeant une réunion sur l’ensemble des revendications hors de bases pré-contraintes, associant toutes les organisations syndicales et les collec-

tifs investis dans le mouvement. Dans un courrier adressé au Premierministre, au ministre de l’Éducation nationale et à la ministre de l’Ensei-gnement supérieur et de la Recherche, il a précisé les conditions qui per-mettraient sa participation à des négociations. Sous la pression de la mobi-lisation, il était reçu le 4 mars par Valérie Pécresse. La ministre s’estmontrée très évasive sur des inflexions que le gouvernement pourraitconcéder, admettant toutefois que le processus lancé sur le décret sta-tutaire n’était pas satis-faisant. L’intersyndicaledu supérieur, danslaquelle sont engagés leSNESUP, le SNCS, le SNA-SUB et le SNEP, appelle àpoursuivre la mobilisa-tion et l’on peut s’at-tendre à une forte parti-cipation du mondeuniversitaire à la grèvedu 19 mars. C. M.

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LE SUPÉRIEUR MOBILISÉ

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E M P L O I , S A L A I R E S , S E R V I C E S P U B L I C S

TOUS EN GRÈVE LE 19 MARS

Pour souligner la nécessité derevaloriser nos professionsles bonnes paroles présiden-

tielles ne manquent pas mais lesactes tardent. Le gouvernementest déjà dans la préparation dubudget 2010. Le ministère vientde proposer un calendrier et unedémarche. Il est temps de mettredes propositions sérieuses sur latable.C’est dès maintenant que nousvoulons des engagements minis-tériels sur de premières mesuresimmédiates et significatives sus-ceptibles d’engager une véritabledynamique pour tous, indiquantclairement les objectifs et lesétapes. Cela suppose d’obtenir des amé-liorations indiciaires n’excluantpersonne ni aucune catégorie, ycompris en créant des nouveauxdébouchés de carrière, d’articu-ler la revalorisation de tous quenous revendiquons avec l’élé-vation du recrutement au master,de traiter aussi des conditionsde travail et d’emploi, de recon-naître vraiment les différentestâches constitutives de nosmétiers. Les déclarations de F.Fillon sur les revendications,

des cadres soutiennent le mouvementSelon un sondage Viavoice pour HEC, Le FigaroRéussir, L’Express Réussir, France Inter et France 24,publié le 2 mars. Ceux dont les revenus sont endessous de 3 000 euros bruts mensuels sont près desept sur dix (68 %) à soutenir le mouvement.

Le 3 mars dernier Eric Woerthrecevait les organisationssyndicales de la fonction

publique pour leur présenter« l’agenda social » des prochainessemaines.Il a réaffirmé dans son proposliminaire le refus gouvernemen-tal d’entendre les revendicationsportées dans l’action du 29 jan-vier. S’agissant des salaires, ilestime que les augmentations dupoint d’indice annoncées enjuillet dernier pour 2009, 0,5 %au 1er juillet et 0,3 % au 1er octo-bre seront supérieures à l’in-flation, dont le gouvernementvient de revoir la projection à0,4 % pour 2009.Il a surtout longuement déve-loppé les raisons qu’il y aurait àconfirmer les 30000 suppressionsd’emploi dans la fonctionpublique de l’État pour 2009 : lacrise rendrait plus impérieuse lanécessité de réformer l’État, com-prendre de renoncer à nombredes missions qu’il assure aujour-d’hui. Expliquant que ne pas rem-placer les départs en retraite n’en-traînait pas de licenciement, il amontré son mépris pour lesjeunes qui ne seront pas recru-tés, et pour tous ceux à qui l’Étatn’offre que des emplois très pré-caires.L’Assemblée nationale devrait,selon le calendrier ministériel,examiner en avril le projet de loi« mobilité », véritable plan socialpour la fonction publique. Lesfonctionnaires dont l’emploi oules missions seraient suppriméspourraient, au terme d’un par-cours de « réorientation profes-

Imposer la revalorisationde nos métiers

sionnelle », être placés d’office endisponibilité sans traitement s’ilsvenaient à refuser trois proposi-tions d’affectation. Et, comme sicela ne suffisait pas, le projetenvisage le recours à des salariésdes agences d’intérim, l’élargis-sement du recours aux non-titu-laires, l’affectation de titulaires

sur des postes à cheval entre dif-férentes administrations.Au moment même où toutes lesenquêtes d’opinion montrent lasatisfaction des Français de lafonction publique et leur rejetmassif des suppressions d’em-ploi, le gouvernement, lui, conti-nue son travail de sape et afficheson mépris.Les propos du ministre nousapportent une raison de plus pournous mobiliser massivement le19 mars. ■ Anne Féray

Fonction publique :pour un tout autreagenda social

celles de Santini sur les fonc-tionnaires ne peuvent que rece-voir la riposte qu’elles méritentde la part des personnels. Dansle cadre de la plate-forme uni-taire sur les salaires et la fonc-tion publique, nos exigences enmatière de revalorisation et decarrières sont au cœur de lagrève et des manifestations du19 mars. Faire sauter le verroubudgétaire et le dogme gouver-nemental sur les salaires et l’em-ploi public, c’est possible, c’estnécessaire. ■ Nicole Sergent

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Éric Woerth, ministrede la Fonction publique « Un peu plus de civisme et un peumoins de revendications. »Voilà ce que demande notre ministre,devant l’ensemble des fédérationsde fonctionnaires le 3 mars.

19 mars, tous les rendez-vous de manifestations www.snes.edu

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ACTUALITÉ

14 - US MAGAZINE - Supplément au no 678 du 25 février 2009

Ces annonces de « projet »comportent un très grandnombre d’erreurs. Certaines

sont évidentes et manifestes ;d’autres se découvrent au fur et àmesure de l’étude que mènent lesélus nationaux.Ce faisant, l’administration a prisune très lourde responsabilité :celle de diffuser aux demandeursde mutation, de manière précipi-tée et anticipée, des informationsnon vérifiées, en tentant de s’af-

franchir du contrôle exercé parles commissaires paritaires élus ausuffrage universel direct de la pro-fession. Le ministre veut ainsi,par son opération de communi-cation promotionnelle contour-ner et empêcher tout contrôleparitaire à l’intra et sur lesaffectations de TZR.Dans cette situation, le SNES adécidé de ne pas laisser les per-sonnels isolés face à l’adminis-tration. Dans l’immédiat, ses élus

ont communiqué aux intéressés lecontenu du projet ministériel, quiest substantiellement modifié parles travaux des commissions.Pour le SNES, le rôle des com-missions paritaires est deveiller au respect des droits dechacun et à l’application, dans latransparence, des règles com-munes à tous. Dans ce cadre, lesélus nationaux travaillent àdépister les erreurs et à rétablirles droits de chacun à mutation,

dans le respect du barème.Depuis le 11 mars, au sein desFormations paritaires mixtesnationales (FPMN), ils propo-sent à l’administration la cor-rection de ces erreurs, qui secomptent par milliers.Le SNES informe les deman-deurs de mutations de leurrésultat fiable et définitif, au furet à mesure du déroulement descommissions par discipline, etpublie à l’issue de chaque FPMNles barres définitives et justes dumouvement. La meilleure trans-parence est l’application à tousde règles claires, connues et équi-tables : c’est bien cela qu’aujour-d’hui le ministère entend remettreen cause. À travers l’attaque enrègle contre le paritarisme, cesont les personnels et leursdroits qui sont visés. À l’expé-rience de ce qui est constatépour le mouvement inter-académique, on mesure ce queseraient les conséquences désas-treuses pour les affectations despersonnels et la préparation dela rentrée 2009 si le ministremaintenait ses choix dévasta-teurs pour le mouvement intra-académique. Déterminé à faire respecter lesrègles en matière de barème, leSNES a pris l’initiative d’uneintersyndicale qui appelle, una-nime, l’ensemble des person-nels à signer la pétition natio-nale ci-contre. Consulter le sitewww.snes.edu pour suivre l’évo-lution de la situation. ■Christophe Barbillat, Nicole Sergent

[email protected]

Site :www.mutations2009.org

La signature en lignedoit être massive, rapide

et relayée partoutdans les établissements.

Pour défendre le paritarismecontre l’arbitraire,

rassemblerdes dizaines de milliersde signatures s’impose.

PARITARISME

LA RIPOSTE DES PERSONNELSDepuis le 23 février dernier, le ministère diffuse par téléphone à certains demandeurs de mutation, des « résultats » présentés comme définitifs du mouvement interacadémique, et ce plus de 15 jours avant le début des commissions paritaires qui se sont ouvertes le 10 mars.

Mutations 2009

Le paritarisme contre l’arbitraire

Les organisations syndicales unanimes appellent tous les personnels à ne pas s’en

laisser conter. Sous couvert d’information, le ministère mène une offensive de

grande envergure contre les droits des personnels et le paritarisme qui les garantit.

Le droit de chacun à muter et à obtenir une affectation la plus conforme à ses vœux

dans le respect des règles communes est très menacé.

Ce qui est en cause aujourd’hui est l’existence de règles transparentes,

connues de tous, applicables à tous, et la capacité pour les élus du personnel

de s’assurer de leur respect. Le ministre tente d’y substituer une gestion

opaque, « à la tête du client », qui ne peut que conduire à de graves injustices.

Communiquant des « résultats » anticipés et non vérifiés par les commissions paritaires,

et alors même que les élus n’en ont pas eu connaissance, le ministère veut instaurer,

tant pour le mouvement interacadémique que pour le mouvement intra-académique,

des mutations sans contrôle et arbitraires.

Cette logique conduit le ministre et nombre de recteurs à refuser de mettre à

disposition des élus des personnels les documents permettant de déceler les

erreurs, empêchant de les corriger et d’améliorer le mouvement dans l’intérêt de tous

les demandeurs de mutation.

Les personnels refusent cette remise en cause de leurs droits, de la

transparence et de l’égalité de traitement dans les opérations de mutation.

Les personnels soussignés exigent du ministre des décisions rapides qui

rétablissent le contrôle paritaire. Elles doivent garantir la possibilité pour leurs

représentants d’effectuer leur travail d’élus du personnel afin d’assurer le

respect de règles applicables à tous au niveau national et dans toutes les

académies. Cela implique en particulier de fournir aux élus des documents

identiques à ceux des années précédentes.

Page 15: Secrétaire de direction - SNES

Supplément au no 678 du 25 février 2009 - US MAGAZINE - 15

COMITÉ BALLADUR

SOUS LE MILLEFEUILLE :L’ENJEU DÉMOCRATIQUE

Si les médias se sont jusqu’àce jour surtout fait l’échodes réactions aux projets de

réorganisations territoriales(regroupements de certainesRégions et/ou de départements,« Grand Paris », évolutions desliens institutionnels entre les dif-férentes collectivités, création deonze grandes « métropoles »...),la question des missions, de leursfinancements, de leur niveau demise en œuvre et de leur pilo-tage, celle des régulations et despéréquations garanties par l’Étatsont singulièrement absentes dudébat, voire pour certaines àpeine effleurées par les conclu-sions du comité. Ce sont pourtantdes questions essentielles, commecelle de la démocratie locale quimérite aussi d’être posée.

Évolution territoriale etpartage des compétencesLe comité a renoncé à imposerdes regroupements mais les pro-pose sur la base du volontariatau niveau régional et/ou départe-mental. L’appréciation serait lais-sée aux assemblées des collecti-vités concernées, le cas échéant àleurs électeurs.Au-delà de ces projets de redé-coupage administratif se pose laquestion de la répartition descompétences.Dans certains domaines, l’Étatpartage des compétences avec lescollectivités territoriales. C'est-à-dire que les décisions sont censéesêtre prises suite à un accord entrel’État et la collectivité aveclaquelle l’État partage la compé-tence concernée. Le plus souvent,dans cette situation, l’État dis-pose des moyens légaux pour, enbout de course, imposer son pointde vue. Dans notre secteur c’est lecas, par exemple, pour l’offre deformation dans le second degré ouencore pour la construction descollèges et des lycées.Le rapport ne remet pas en cause

ce partage des compétences et neprévoit pas de nouveaux trans-ferts de l’État vers les collectivi-tés locales. Il ne propose pas nonplus de modification majeure enmatière d’éducation.Par contre le rapport propose desupprimer la clause générale decompétence aux départements etaux Régions (tout en la mainte-nant pour les communes).Cette clause permet aux collecti-vités territoriales d’agir, auniveau du fonctionnement et desinvestissements, pour des mis-sions qui sont en dehors de leurscompétences institutionnelles dèslors que la loi ne l’interdit pasexplicitement. Ainsi les collec-tivités territoriales ne peuvent pasrecruter et affecter des ensei-gnants dans les collèges et les

lycées, mais elles peuvent inter-venir dans le cadre de l’accom-pagnement scolaire par exemple.Les défenseurs du maintien de cetteclause mettent en évidence le faitqu’elle a permis d’abonder consi-dérablement, sur les ressources descollectivités territoriales, les cré-dits de nombre de missions, créditsqui s’avéraient dramatiquementinsuffisants s’ils étaient limités àceux fixés par l’État ; ils expliquentaussi qu’elle a permis de financerdes besoins nouveaux que per-sonne ne prenait en compte.Pour autant, cette clause pose desérieux problèmes : elle permet àl’État de se défausser chaque jourdavantage des responsabilités quisont les siennes et donc de per-mettre, de fait, à d’autres d’in-tervenir sur des questions qui

relèvent de sa compétence ; ellepermet aux collectivités territo-riales les plus riches de pouvoirdégager des crédits pour amélio-rer la qualité de certaines mis-sions en dehors de leur champ,alors que, dans le même temps,les collectivités les plus pauvrespeinent à pouvoir assurer neserait-ce que les missions insti-tutionnelles que la loi leur aconfiées. Les inégalités s’en trou-vent ainsi renforcées.

Fiscalité, financementet dépenses publiquestransférés au local Le comité Balladur acte la sup-pression d’une partie de la taxeprofessionnelle décidée par Sar-kozy, propose une révision desbases foncières des impôts locauxet la compensation de la taxe pro-fessionnelle par une taxation fon-dée sur la valeur ajoutée et le fon-cier des entreprises. Il prévoit aussile contrôle de la dépense publiquelocale par un débat parlementairesur un objectif annuel de dépense. En revanche, aucune propositionn’est faite pour combattre, par lebiais d’une véritable péréquationfinancière, les déséquilibres exis-tants, aucune piste n’est formuléepour réformer l’impôt local donton sait qu’il est particulièrementinégalitaire.Le SNES fera donc tout pour quele débat porte d’abord sur les mis-sions de service public, leur niveaude financement et de pilotage maisaussi leur gestion démocratique. Ilpense par ailleurs indispensableune véritable réforme de la fisca-lité qui rende à l’impôt sur lerevenu, seul impôt progressif,toute sa place et son importance,qui supprime les niches fiscaleset réduise tous les impôts, indi-rects et locaux, générateurs d’uneprofonde injustice. ■

Fabienne BellinDaniel LecamDaniel Robin

Le comité Balladur chargé de faire des propositions sur l’organisation des compétences entre lescollectivités territoriales, sur l’avenir même de certaines d’entre elles et sur la fiscalité locale vient derendre son rapport le 5 mars. Celui-ci comporte 20 propositions et s’accompagne de deux projets deloi : le premier concerne l’organisation territoriale et le second la création d’un « Grand Paris ».

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NANTES : LA RECETTE

Recette pour un bon congrès : ingrédients pour 60 –70 per-sonnes (attention, le nombre de convives n’est pas constant).Une salle suffisamment vaste mais pas trop, une tribune, des

rapporteurs – jamais les mêmes – des micros fixes qui bougent, ducafé (merci le S2), un micro sans fil et sans pile, des chaises, plu-sieurs ordinateurs portables, un vidéo-projecteur, des téléphones por-tables (plein) et leur catalogue de sonneries, des tables, un peu dedéco, quelques milliers de feuilles de papier, plus tout ce que l’ona oublié, tout ce qui n’est pas prévu mais dont on a absolumentbesoin, un peu de bonne humeur, ...Prévoyez un ordre du jour précis, avec un déroulé rationnel et deshoraires ambitieux (dès 8 heures le deuxième jour), votez-le, géné-ralement à l’unanimité ou presque et maintenant, oubliez-le...La course contre la montre (vous avez bien sûr débuté en retard) acommencé, façon marathon.Commencez par le débat général, pour déblayer le débat sur l’action,qui ne viendra qu’en toute fin du congrès.Rajoutez alors des invités prestigieux qui décoiffent.Ensuite attaquez les commissions pilotées par des rapporteurs qui sedivisent en deux espèces – parfois croisées : ceux qui n’ont pas eu letemps de fignoler la préparation, et ceux qui y ont passé la nuit et ensont déjà à leur troisième litre de café.Prévoyez ensuite un (long) temps de travail des rapporteurs et une(courte) nuit de sommeil.Le lendemain, commencez l’étude des thèmes avec ambition etenthousiasme.Mélangez les questions les plus générales avec les plus ciblées, lesstatuts des personnels avec la pédagogie, le politique – au sensnoble, bien sûr – avec la vie de la « boutique » : tout est dans tout.Incorporez de nombreuses inter-ventions, permettant à chacun des’exprimer, dans le détail ou la fan-taisie, mais pas trop longtemps nitrop souvent. Rajoutez une bonne dose d’expertise,beaucoup de pertinence, une pointede mauvaise foi, pas mal d’écoute,quelques agacements...Vous obtenez alors un momentcondensé complètement représenta-tif de notre réalité de professionnels del’enseignement : le temps y joue unrôle prépondérant, l’utilisation qui enest faite n’est pas toujours propor-tionnelle à la portée des sujets qui ysont traités. Mais c’est un momentincomparable d’échanges d’unegrande richesse dont on sort souventrepu, voire grisé : c’est un congrèsacadémique du SNES. ■

Jacques Lacroix

ACTUALITE

16 - US MAGAZINE - Supplément au no 678 du 25 février 2009

VERS LE CONGRÈS NATIONAL DU SNESDU 23 AU 27 MARS À PERPIGNAN

Depuis quelques semaines, les congrès académiques sesuccèdent. Les délégués réfléchissent, échangent et débattentsur les thèmes proposés dans les rapports préparatoires. À l’issue de ces congrès, les délégations élues porteront denouvelles propositions au Congrès national de Perpignan :témoignages des congrès de Nantes et de Lyon.

Le congrès académique de Lyon s’est tenu mardi 3 et mercredi4 mars. Un congrès académique peut paraître un peu formel, ça faitun peu « appareil » et, parfois, certains militants d’établissements se

disent que ça ne vaut pas le coup d’y assister. Voyons cela de plus près.D’abord, nous étions plus de 60 militants à participer aux débats, etce pendant deux jours. Le congrès, c’est la seule occasion, tous lesdeux ans, de réunir autant de militants d’établissements sur une silongue période. Au-delà des débats, c’est ce congrès qui permet auxmilitants venus de tous les départements de se rencontrer, se connaître,partager les expériences de leur S1. C’est ce qui permet à de nouveauxmilitants de prendre conscience des enjeux syndicaux, de prendre despremières responsabilités. Et puis, c’est ce qui permet aussi de faireune soirée festive tous ensemble : ça n’a rien de négligeable !Le congrès, cette année, est l’occasion de débats avec des enjeux par-ticuliers. On taxe toujours le syndicalisme d’être dans la contestation,et non dans la proposition. Au sein de notre congrès, tous les militantsont délibéré pour proposer le lycée qu’ils veulent, construire le modèlede formation des maîtres qu’ils souhaitent (et la façon d’élever le niveaude recrutement), mettre au cœur de notre réflexion le collège, réfléchirà l’avenir du SNES et de la FSU. La plupart du temps, les militants ontl’impression d’avoir le « nez dans le guidon » : le congrès, c’estfinalement le lieu où on a pu se confronter aux enjeux syndicauxmajeurs et prendre le temps d’y réfléchir vraiment, à plusieurs. Pour finir, le congrès de Lyon, c’est un exercice où l’on a voté ungrand nombre de mandats ambitieux. Tous ces mandats seront por-tés au Congrès national par la délégation académique que nous avonsélue. Chacun de ces mandats a pour vocation de « faire bouger leschoses », de faire avancer notre syndicat et notre lutte. C’est donc unenjeu démocratique essentiel ! ■ Jean-Louis Pérez

Congrès national

PERPIGNAN 23 - 27 mars 2009

LYON : LE NEZ HORS DU GUIDON

Le dernier cahierde contributions

est publié en annexede ce magazine.

Vous pouvez retrouverl’ensemble des

contributions surle site www.snes.edu

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Supplément au no 678 du 25 février 2009 - US MAGAZINE - 17

Entretien avec JEAN-BAPTISTE EYRAUD, porte-parole du DAL (Droit Au Logement)

Printemps : le retour des expulsionsL’US Mag : Quelle est lasituation du logementaujourd’hui en France ?Jean-Baptiste Eyraud :Jamais le logement n’a étéaussi cher. La totalité desloyers encaissés par les

bailleurs en une année a été multipliée parquatre depuis vingt ans, l’immobilier a flambé,tout autant que les charges locatives et les coûtsde l’énergie, tandis qu’une crise sociale degrande ampleur s’annonce. La charge du loge-ment dans le budget des ménages est donc de

plus en plus lourde, et érode le pouvoir d’achat.Les migrants, les familles vulnérables, les sala-riés modestes n’arrivent plus à se loger, tandisque les marchands de sommeil font fortune.À l’approche de la fin de la trêve hivernale du15 mars, les expulsions seront plus nombreusesque l’année précédente, avec la crise sociale.Des maires publient des arrêtés anti-expul-sion, et certains prennent des arrêtés de réqui-sition, comme à Saint-Denis, mais chacundans son école doit être vigilant car une expul-sion, c’est rarement suivi d’un relogement.Les enfants en précarité de logement sont alorsdéstabilisés et l’expulsion les marque dura-blement, y compris dans leur relation à l’école.

L’US Mag : Où en est-on avec la loi Boutin ?J.-B. E. : Cette loi néolibérale, applicable finmars aggrave la situation, remet en cause ledroit au relogement des habitants de taudisen multipliant les statuts locatifs précaires, ens’attaquant au droit à un logement stable dansles HLM et dans le privé. Elle ponctionne desfonds du logement social pour maquiller unbudget logement en forte baisse et franchitune étape décisive dans la marchandisationdu logement social, en volant au secoursdes promoteurs par la relance de la spéculationdans les quartiers populaires anciens.Parallèlement, la crise immobilière vientimpacter la production de logements dansle privé.Les résistances à cette loi ont été nombreusesmais dispersées, et n’ont donc pas été enmesure de la mettre en échec, sauf en ce quiconcerne une nouvelle attaque de l’article 55de la Loi SRU, celui qui impose la réalisationde 20 % de logements sociaux dans chaquecommune.

L’US Mag : Le 15 mars, vous appelez àmanifester « pour l’arrêt des expulsions etpour la baisse des loyers », dites-en plus ?J.-B. E. : L’approche de la fin de la trêvehivernale et les manifestations qui l’entourentpeuvent permettre de poursuivre le travail deconstruction unitaire entamé depuis plusieursmois.Nous avons quatre objectifs : suspendre lesexpulsions locatives ; baisser les loyers et lesprix de l’énergie pour alléger les coûts dulogement et permettre aux ménages modestesd’affronter la crise sociale ; réaliser massive-ment des logements sociaux pour satisfaireles besoins et maintenir la production d’uneoffre de logement ; appliquer la loi de réqui-sition pour réduire le nombre de sans-logis etd’habitants de taudis, en attendant l’édificationdes logements sociaux. ■

Entretien réalisé par Philippe Castel, [email protected]

Lettre ouverte à vous tous,graines de délinquants

UNE TRENTAINED’ORGANISATIONS,

DONT LA FSU,APPELLENT

à manifesteret à se mobiliser

à Paris ledimanche 15 mars

à 14 h 30PLACE DE LA RÉPUBLIQUE

À juste titre vous luttez pour uneautre école, une autre société,pour l’amélioration de vos condi-tions de vie et de travail. Dans lacontinuité syndicale et leur intérêtbien compris, les retraités sont àvos côtés : des retraités libres deleurs mouvements et, pour l’im-mense majorité d’entre eux, avecdes casiers judiciaires vierges.Les choses ne sauraient durer,c’est prévu et – osons le dire –organisé.La délégation à la prospective et àla stratégie du ministère de l’Inté-rieur y veille qui, anticipant lestendances émergentes en matièrede sécurité, pointe la montée en

puissance du « crime gris » à l’ho-rizon 2025. Donc, partant duconstat des experts en criminolo-gie, selon lesquels la précaritéqu’auront connue les retraités, lemontant insuffisant des pensions,leur isolement augmentant lesactes violents, la police françaiseanticipe l’explosion de la « délin-quance grise » , les escroqueries,vols, homicides, pas moins.Montluçon 2025(1) : c’est le nomdu scénario construit pour y faireface.Une prison spécialement équipée yaccueillera les criminels de plusde 60 ans ; le Japon, précurseur enla matière, sert de référence : 11 %

des crimes commis en 2005 l’ontété par des plus de soixante ans,deux ont été pendus en septembredernier et certains pénitenciersleur sont dédiés ; c’est aussi le casen Allemagne où existent des pri-sons pour les plus de 62 ans.Le gouvernement pratique le hold-up sur les pensions et ce sont lesretraités qu’on a prévu d’incarcé-rer ? Décidément il n’y a pas detemps à perdre : continuons à nousbattre tous ensemble avant d’êtreenfermés ! Annie Clavel

(1) La ville est le siège d’une école... degendarmerie ; la RGPP en a-t-elle prévula fermeture ? Une autre affectation ?

DROITS ET LIBERTÉS

À l’approche de la fin

de la trêve hivernale

du 15 mars, les expulsions

seront plus nombreuses

que l’année précédente,

avec la crise sociale.

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JEUNES : TOUS COUPABLES ? Jeudi 5 mars, des collégiens de Gironde envoyage scolaire à Paris, croisent le trajetd’une manifestation étudiante, à la gareMontparnasse, alors qu’ils vont prendre letrain. Les CRS interviennent de façon « mus-clée » et plusieurs collégiens sont moles-tés (coups de matraque et de bouclier). Les adultes encadrant les jeunes ont dénoncéles violences policières : M. Alliot-Marie leura répondu par le mépris, estimant qu’il étaitde la responsabilité des enseignants de nepas exposer les élèves à des incidents pos-sibles, en les éloignant des lieux « où il peuty avoir des mouvements de foule ». Ellecomprend donc que des CRS frappent dejeunes manifestants... et elle recommanded’éviter les gares avec les élèves.

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La crise financière rebonditet la portée historique de cette crise économique et sociale se confirme.

La vulgate médiatique dit quela France est moins touchéeque les autres pays et que le

bon président avec son État sur leretour s’occupe de nous. Pour-tant l’opinion n’y croit guère etdans la plupart des secteurs de lasociété, les gens, loin d’être écra-sés par le catastrophisme, s’indi-gnent et se mobilisent.Le logiciel sarkozyste connaîtquatre bugs massifs.Le premier est la puissance desintérêts qu’il protège : action-naires, banquiers, Medef, pro-priétaires bailleurs, grands du BTPet de la distribution, promoteurs...Pourquoi refuser la nationalisationdes banques et avan-cer la « solution » àhaut risque d’une« bad bank » danslaquelle on enferme-rait les « actifstoxiques », sinonpour protéger jus-qu’au bout les inté-rêts des actionnaires ? Pourquoirenforcer les droits des propriétairespar la loi Boutin, accorder de nou-veaux avantages fiscaux auxbailleurs privés (le « de Robien » estremplacé par un dispositif plusavantageux), alors que l’urgenceserait à relancer le logement social,à compenser la baisse de pouvoird’achat des aides au logement(- 12 % depuis 2001), à geler desloyers qui ont augmenté de 50 % en

dix ans, et à anticiper la grave crised’impayés qui s’annonce, avec desmécanismes pérennes de solidarité.Quant aux entreprises, les aides

et exonérations pleu-vent sans que le par-tage du revenu défa-vorable aux salairessoit remis en cause...Le second bug est sonprogramme politiquelibéral dans lequel ils’est emmuré : ce pro-

gramme est d’autant plus dange-reux que son inspirateur a lesentiment que son abandon consti-tuerait un suicide politique. Il iradonc jusqu’au bout du grotesqueen maintenant la défiscalisationdes heures supplémentaires enpleine envolée du chômage etjusqu’au bout de l’injustice enmaintenant le bouclier fiscal,même s’il est lâché sur ce pointpar la Cour des comptes.

ECO/SOCIALPOLITIQUE ÉCONOMIQUE

Les quatre bugs de SarkozyMaisons du HandicapT

DifficultésprévisiblesL’assemblée des départements deFrance a alerté sur les risques dedégradation du fonctionnement desMDPH, quatre ans après la loi du11 février 2005. En effet, alors que denouvelles missions sont confiées auxMDPH, l’État ne respecte pas sesengagements financiers et humains,alors que les départements ont lar-gement doté les maisons des moyensmatériels et humains afin de les fairefonctionner. Aujourd’hui, l’instabilitédes personnels, la remise en cause dela quote-part de l’État pour le fonc-tionnement et le non-abondementdu fonds de compensation du handi-cap suscitent les plus vives inquié-tudes de l’ADF, qui demande que l’Étatrespecte sa parole et que la com-pensation du handicap reste uneaction prioritaire.

Frustrationet « droitisation »de la société

Camille Peugny analyse unedes données fondamentales dela période qui s’ouvre dans lesannées 1980, le déclassement.L’ascenseur social devient undescendeur social alors que,

dans le même temps, le nombre dediplômés augmente et des diplômesplus « élevés » que les parents. Ilssont un amortisseur du chômage touten ne permettant plus le mêmeniveau social que pour les parents.Les déclassés se sentent les laissés-pour-compte. Un sentiment de frus-tration en résulte... et un vote pourl’extrême droite ou une sympathiepour ce parti « pas comme lesautres » et pour ses valeurs. Cetteproblématique fait réfléchir aussi surle rôle de l’école, sur la méritocratie.Elle suscitera des réactions, c’est cequi fait son intérêt.• Le déclassement, Camille Peugny, Grasset/Mondes vécus, 179 p.

Un métier à risque ?L’administration a construit unconcept « l’enseignant en difficulté »sans trop le définir. Le travail de cesdeux sociologues – Françoise Lan-theaume et Christophe Hélou – vise àréfuter cette construction pour pro-poser, au travers d’une enquête réa-lisée dans sept établissements, uneétude sur la « souffrance des ensei-

gnants ». Le métier est consi-déré comme dévalorisé et àrisque du fait de la « respon-sabilisation » – terme forgépar le libéralisme – des ensei-

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Le troisième bug est l’enferme-ment idéologique de ce gouver-nement.Le premier ministre dénonce les« politiques émotionnelles » quipoussent à l’accroissement desdépenses publiques : l’essentiel estde garantir que le grand bal libéralpuisse reprendre une fois la tem-pête passée. Or les déficits publics(5,5 % en 2009) s’accroissentessentiellement du fait de la réces-sion que la « relance » très timideaccompagne plus qu’elle ne lacombat. Le gouvernement fondesa politique sur l’idée que leschoses vont s’arranger, ce qui inter-dit d’anticiper et de frapper fortpour provoquer une modificationdes comportements déflationnistesdes acteurs économiques.Au rayon idéologique, le pom-pon est détenu par la fixation surla réduction de l’emploi public :on est prêt à couler du béton pourconstruire des infrastructures, desécoles, des hôpitaux, mais pas àdépenser de l’argent pour les ser-vices correspondants : éducation,santé, transports...Le quatrième bug est celui del’Union européenne : la criserévèle combien le mode deconstruction de l’Europe fondésur la concurrence entre les Étatset sur les règles issues de Maas-tricht (pas de politique budgé-taire, de possibilité de lancer unemprunt européen...) conduisentà l’impasse du chacun pour soi,alors que de nombreux pays,notamment à l’Est, sont en diffi-culté. ■ Daniel Rallet

Le gouvernement

fonde sa politique

sur l’idée

que les choses

vont s’arranger

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gnants dans la réussite des élèves.Comment définir dans ces conditionsle métier d’enseignant ? Il sembleéchapper aux enseignants. Commentle défendre en le faisant évoluer ?Cette nécessité devient de plus enplus problématique face aux attaquesqui visent désormais l’ensemble del’école. Une école qui réfracte la crisedu modèle d’assimilation à la fran-çaise. Un travail qui nous concerne,nous interroge à la fois sur le ter-rain de nos pratiques individuelleset sur celui des réactions syndicales.• La souffrance des enseignants, Fran-çoise Lantheaume, Christophe Hélou,PUF/Éducation & Société, 173 p.

Un nouveausyndicalisme ?Le syndicalisme au défi du 21e siècle,le titre même de ce colloque desEspaces Marx résume le propos. Faut-il que le syndicalisme se transformeet comment ? Pour donner quelqueséléments de réflexion, deux parties. Lapremière sur la situation française,chiffres, analyse du contexte – « Lesarkozysme, un stimulant pour lesluttes ? » nous demande Jean-MariePernot –, du rapport entre « fédéra-lisme et démocratie », entre « syndi-calisme et politique » et sur sesformes d’internationalisation pouroffrir une sorte de panorama. Ladeuxième porte sur la situation dansd’autres pays pour permettre les com-paraisons et surtout la connaissancepermettant de voir autrement lesconstructions syndicales internatio-nales. Des informations nécessairesalimentant des débats en cours.• Le syndicalisme au défi du 21e siècle,sous la direction de Jean Magniadas etRené Mouriaux, Syllepse, 239 p.

Supplément au no 678 du 25 février 2009 - US MAGAZINE - 19

RETRAITES COMPLÉMENTAIRES

Medef à l’offensiveLes négociations difficilesentre le patronat et lesorganisations syndicalesmettent en évidence lavolonté du Medef d’un reportde l’âge légal de départ enretraite, à 65 voire 70 ans.

Déjà en difficulté en raisondes politiques salariales etd’emploi des entreprises

(depuis des années, l’équilibren’est réalisé qu’en diminuant lesdroits des salariés), les régimesAGIRC et ARRCO(1) risquentd’être très rapidement en désé-quilibre avec la crise et l’explo-sion du chômage. La crise finan-cière aura également desconséquences sur les produitsfinanciers générés par le place-ment des réserves des régimes. Ilest également raisonnable à pluslong terme d’évaluer les besoinsliés à l’augmentation du nombrede retraités (650 000 par an pourl’ARRCO, dont 150 000 prove-nant de l’AGIRC) par rapport aunombre d’actifs, ainsi que l’en-semble des paramètres démogra-phiques.Pour résoudre le problème, lepatronat a pour piste essentielle ledécalage, éventuellement pro-gressif, de l’âge légal de départ enretraite, ce que dénoncent lesorganisations syndicales (hormisla CGC qui pourrait l’envisagerpour les cadres sous certainesconditions). D’autant qu’il refuseune véritable prise en compte dela pénibilité ! Au contraire, l’ob-

jectif doit être d’inscrire l’âge de60 ans pour l’ouverture des droitsà retraite complémentaire sansabattement. De même, le patronatverrait bien uneouverture plustardive du droità une pensionde réversion, etune réductiondes majorationsde pension àpartir de troisenfants. Lecatastrophismeest toujours de rigueur alors queles réserves des régimes sontimportantes.Les organisations syndicales dessalariés, soucieuses de maintenirla confiance des salariés dans lesrégimes complémentaires parrépartition et de conforter leur

financement, souhaitent quant àelles une hausse des cotisations,dont le taux est resté le mêmedepuis dix ans. Celle-ci permet-trait de ne pas toucher aux autresparamètres, notamment celui durendement des régimes qui s’estbeaucoup dégradé depuis laréforme Balladur de 1993, et biensûr l’âge de départ. Ainsi pour laCGT, la contribution à l’ARRCOet l’AGIRC devrait permettre untaux de remplacement garanti de75 %. Et l’assiette de cotisationpourrait être élargie à la partici-pation et à l’intéressement.Contraint d’entendre les proposi-tions syndicales d’augmentationdes ressources des régimes, le patro-nat a dû avancer des propositionsintégrant l’idée d’une légère aug-mentation de la cotisation, tout enmaintenant le principe d’un déca-

lage de l’âgede la retraite.Il doit fairede nouvellespropositions le12 mars. Lessalariés duprivé et dupublic quimanifesterontle 19 auront

aussi en tête la défense des retraites.Le MEDEF comme le gouverne-ment devront en tenir compte. ■

Élizabeth Labaye

(1) L’ARRCO est le régime deretraite complémentaire obligatoiredes salariés du privé. L’AGIRC estcelui des cadres.

Pour résoudre le

problème, le patronat a

pour piste essentielle le

décalage, éventuellement

progressif, de l’âge légal

de départ en retraite

CHIFFRES EN VRAC90 200Demandeurs d’emploi supplémen-taires en janvier 2009, soit + 4,3 %en un mois (DARES, Pôle emploi).

2 204 500Demandeurs d’emploi (Idem).

+ 15,4 %Augmentation du chômage enFrance en un an (Idem).

13 %Hausse du bénéfice de GDF Suez en2008 (site Eco89).

15,3 %Hausse des tarifs du gaz en 2008

6,5 milliards d’eurosProfits de GDF Suez en 2008, dont5,1 reversés aux actionnaires.

1,30 euroSomme détournée par une cais-sière de la chaîne de supermar-ché allemande Kayser’s, licenciéede ce fait après 31 ans d’ancienneté(Républicain lorrain, 25/02/09).

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La profondeur de la criseactuelle, crise du systèmecapitaliste, suscite des interrogations quand aux bien-fondés des dogmessur lesquels a reposé toute la politique mise en œuvre.

Les gouvernements comme lesinstitutions internationales,depuis les années 1980 nous

répétaient qu’une seule politiqueétait possible, reposant sur l’idéo-logie libérale. Les marchés autoré-gulateurs ne devaient pas être régle-mentés, l’intervention de l’Étatbloquerait la réalisation de l’équi-libre général, de l’allocation opti-mum des ressources. Un langage quise retrouvait dans l’OMC – Organi-sation Mondiale du Commerce –,dans le FMI et dans les textes de laCommission européenne.Plus personne n’ose l’affirmerdésormais. Nicolas Sarkozy,confronté à la question, se dit« pragmatique ». Mais les traces decette idéologie imprègnent toutes

les politiques proposées. Le déficitbudgétaire important – plus de 5 %du PIB et d’un PIB qui va baisserfaisant ainsi augmenter mécani-quement le pourcentage – et l’en-dettement en hausse constante nefont plus partie des problèmes. Ledogme de la nécessité de l’équi-libre budgétaire vole en éclats.Mais pas la volonté de baisser lesdépenses publiques (voir p. 18),ni de baisser la masse salariale desfonctionnaires. Les pays baltescomme l’Islande annoncent labaisse des rémunérations, l’Irlandeannonçant 7 %, provoquant desmanifestations. Le FMI demandecomme contrepartie à ses prêtscette diminution... Cette politiquefut celle des gouvernements lors dudéclenchement de la crise de 1929,provoquant la déflation.La déréglementation à son tour estmise à mal par la crise elle-même.La réglementation revient en forcepour limiter les effets de la crise.C’est le retour de l’État ! Le « cha-cun pour soi » s’impose qui éclate

les solidarités. Le protectionnisme,lui aussi, fait un retour en force.L’ouverture des économies n’estplus considérée comme la pana-cée permettant de développer tousles pays. Au contraire. Elle est miseau banc des accusés.Enfin la privatisation, maître motde toute cette construction pra-tique et idéologique, faisant dumodèle de l’entreprise privée, deses critères, de la concurrence, labase même de la société, estcontestée par les États-Unis eux-mêmes. Il est fortement questionde nationaliser une grande partiedu système financier américain,certes pour le sauver tout en évin-çant les actionnaires privés.Force est de conclure que l’idéo-logie libérale souffre d’une crisede légitimité sans faire disparaîtreles politiques antisociales qu’ellejustifiait, ouvrant ainsi la porte à ladéfinition d’alternatives de trans-formation sociale. À nous de sai-sir cette opportunité. ■

Nicolas Béniès

LIBÉRALISME Le passé d’une illusionECO/SOCIAL

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DécryptageChristian Laval décrit aujourd’hui,avec le philosophe Pierre Dardot,le néolibéralisme commerationalité englobante, « raison »qui veut gouverner notre monde.Loin de n’être que l’apologiedu laisser-faire, le néolibéralismepoursuit deux impératifs majeurs :tout d’abord, l’État doit organiserau mieux les conditions optimalesdu marché, devenir « un Étatfort gardien du droit privé ».D’autre part, il construit – et seconstruit sur – un nouvel individu,appelé ici « sujet néolibéral » :l’entreprise étant le modèle -de tout ! - l’individu doit êtreun « homme entrepreneurial »,performant, adaptable,en concurrence permanenteavec autrui. La résistance,plus que jamais, s’impose donc.• La nouvelle raison du monde.Essai sur la société néolibérale,Pierre Dardot / Christian Laval,La Découverte, 498 pages, 26 euros.

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DOSSIERLes médias en France

L’informationsous influences ?

Supplément au no 678 du 25 février 2009 - US MAGAZINE - 21

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Dossier coordonné par Carole Condat et réalisé par Monique Abellard, Gérard Anthéaume, Guillaume Delmas, Clément Dirson,Catherine Gourbier, Vassilia Margaria, Claudie Martens, Nicolas Morvan et Véronique Ponvert.

Multiplication du nombre de titres menacés,accélération des fusions, emprise croissante desgrands groupes financiers, remise en cause dustatut de l’AFP, réforme de l’audiovisuel publicavec en particulier le retour de l’intrusion du

politique : l’inquiétude est grande quant à l’avenir des médiasdans notre pays.Les évolutions mises en œuvre constituent pour certains devéritables menaces pesant sur la liberté de la presse et sonpluralisme. L’enjeu est majeur car il ne s’agit pas simplement,sur ce sujet, d’une liberté individuelle mais d’un rouage essentielde la démocratie. En rendant visible le monde, les situationsoubliées, en assurant la circulation des opinions, leurconfrontation, en permettant que se formulent de véritablescontroverses, en donnant la distance réflexive au lecteur, lesmédias ont contribué depuis au moins deux siècles à l’essor de

la démocratie. Serait-on aujourd’hui face à un mouvementinverse des médias contre la démocratie ? Les critiquesrécurrentes qu’ils suscitent mettent en avant leur vision unilatéraledu monde, leur parti pris, leur priorité à l’émotivité. Dans cecontexte, l’apparition de nouvelles technologies en offrant auxcitoyens la possibilité de concurrencer les journalistes dans lasaisie et le traitement de l’information constitue-t-elle un progrèsou est-elle plutôt le signe du recul d’une information publique,soumise à des règles déontologiques, au profit d’enfermementségotistes ou d’emballements grégaires ?Dans ce dossier, loin de vouloir trancher le débat, L’US proposesimplement quelques éléments d’éclairage sur la fabrique del’information, la protection des journalistes, les mobilisations etdébats en cours, la médiatisation d’une action... Autant de sujetsqui nous concernent tous. ■

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Les médias en FranceDO

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Le taux de lecteurs de la presse quotidienne est de 73 % enAllemagne, 83 % en Suède, 40 % en France et en Espagne.La presse populaire présente en Suède, en Allemagne et auRoyaume-Uni n’a pas réussi à s’implanter en Espagne et enFrance. La presse quotidienne régionale représente plus de 70 %de la presse quotidienne payante en Suède, Allemagne et France.

La part des gratuits est en hausse (14 % des quotidiens diffusésau Royaume-Uni) sauf en Allemagne : les éditeurs de presse quo-tidienne payante, en refusant d’imprimer les journaux gratuits ontfait obstacle à leur développement.Source : la situation de la presse dans quatre pays européens, rapport del’Inspection générale des finances (novembre 2008).

Presse quotidienneLes sourcesde

l’nformation

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IER Crise des médias, crise de l’informa

L’info dans tous se

de la tendance à considérer les médiascomme une industrie comme une autre : elledoit obtenir des résultats financiers rapidesalors que, depuis la Libération, la fonctioncivique et la responsabilité sociale desorganes d’information étaient protégées.Les médias ont des besoins croissants liés auxmutations technologiques, ils affrontent unecrise sans précédent (diminution des recettespublicitaires, diffusion en baisse) accentuéepar la récession économique. Une décisioncomme la suppression de la publicité sur leschaînes publiques après 20heures, entrée envigueur le 1erfévrier2009, s’est fait sans com-pensation financière. Pour beaucoup, cette déci-sion n’est qu’un habillage pour aider les chaînesprivées, et d’abord TF1 dont le chiffre d’affairespublicitaire est en chute libre. Quant aux Étatsgénéraux de la presse, ils se sont réduits à uneopération de sauvegarde temporaire en refusantd’aborder des questions comme celles de lafabrication et de la distribution.

Renforcement du pouvoir politiqueMise en œuvre au mépris des droits duParlement, la réforme de l’audiovisuel publica consacré la toute puissance du président dela République. En s’accordant le droit denommer le dirigeant de France Télévision(mais aussi de Radio-France et de l’audio-visuel extérieur), le pouvoir exécutif impose

sa volonté au pouvoir législatif et au contre-pouvoir médiatique. Et on ne s’attarderapas sur les multiples pressions que subissentcertains journalistes et les critiques régu-lières de Frédéric Lefebvre, porte-parole del’UMP qui s’en prend à l’AFP pour ne pasavoir relayé fidèlement tous ses communi-qués de presse.

Crise de confiance, crise éthiqueLes ventes de journaux sont en baisse régu-lière et l’audience du journal de 20heuress’effrite. L’opinion publique se lasse demédias moutonniers, qui couvrent les mêmessujets, fonctionnent à l’émotivité et àl’instantanéité, livrent les mêmes analyses etla même grille de lecture du monde (les35 heures sont responsables du chômage demasse et le déficit de l’assurance maladies’explique par l’attitude irresponsable depatients surconsommateurs...).Le referendum sur la Constitution euro-péenne a manifesté à l’extrême la fracturemédiatique. Les rédactions ont préférécompiler les sondages plutôt que d’aller son-der la vie réelle. Elles se sont coupées desréalités sociales et économiques. Le fossése creuse inexorablement entre le réel produitpar les médias et la vie réelle des Français.Il faut reconnaître que les journalistes n’ontplus forcément les moyens de produire une

Concentration financièreEn France, les médias sont en majorité inté-grés aux groupes Lagardère, Bouygues etDassault. Les trois plus grands groupes depresse appartiennent à Hachette, Dassault etBouygues, dont certains dépendent directe-ment de l’État pour leurs marchés (arme-ment, bâtiment). Ils sont eux-mêmes liésentre eux. Lagardère a une position domi-nante dans le groupe Hachette-Filipacchiqui est propriétaire d’environ 47 magazineset quotidiens et le deuxième libraire deFrance à travers le réseau Relay et lesmagasins Virgin. La législation antitrust, quiinterdit à un groupe de dépasser un seuil de30% de la diffusion totale de la presse quo-tidienne d’information générale et de possé-der à la fois une télévision, une radio et unquotidien de diffusion nationale montre seslimites. Sur ce point les États généraux de lapresse (voir encadré) n’ont marqué aucuneavancée même si la volonté de Nicolas Sar-kozy de faire sauter les verrous de la concen-tration n’a pas été suivie.Le phénomène aboutit inévitablement à desconflits d’intérêts entre les actionnaires etles rédactions. Cela conduit-il pour autant àune très forte menace sur l’indépendancedes médias ? Le pluralisme de l’informationest bien sûr mis à mal. Mais le véritabledanger de la concentration de la presse vient

Rapport Giazzi sur les médias et le numérique, réforme de l’audiovisuel public, États généraux de la presse, nomination du président defont l’actualité… Dans notre société de l’information et de la communication, ils sont traversés par une triple crise : économique,de l’information dans une société démocratique.

Le fossése creuseinexorable-ment entre leréel produitpar lesmédias etla vie réelledes Français.

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Quels médias utilisent les Français ?Si, en 2006, un Français âgé de plus de treizeans avait recours aux médias 39 fois par jour,cette moyenne s’évalue en 2007 à 41,3(+ 5,8 %).Au cours d’une journée, 90 % regardent la TV,82,5% écoutent la radio, 78,3% lisent la presse

écrite, 35,7 % surfent sur Internet, 24,1 % uti-lisent le téléphone fixe et 31 % le téléphonemobile, 20,2 % écoutent de la musique, 11,3 %regardent des vidéos et 10,3 % jouent aux jeuxvidéo.Les Français sont donc adeptes de la diversité

dans les médias, puisque près de 7 sur 10(69,7%) pratiquent en moyenne sur une journéeau moins trois activités médias.

Source : Les Français toujours plus accros auxdifférents médias ; Marketing Magazine N° 122 –01/05/2008.

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information fiable et rigoureuse. La profes-sion de journaliste est précarisée commejamais avec des effectifs dans les rédactionsqui diminuent et un travail d’enquête réduità peau de chagrin. Le paroxysme est atteintdans la Holding d’Alain Weill (RMC, BFM,NextRadioTV, RMC Sport, La Tribune), quis’est spécialisée dans l’information « lowcost » : pas de bureau fixe, pas le temps devérifier les sources. Les journalistes sontmultitâches et payés au rabais. L’info devientun produit comme un autre et les journalistesrémunérés au nombre de signes.

Quelles perspectives ?Le risque est d’aller vers une information àplusieurs vitesses : les gratuits et les médiasspectacles pour la majorité de la population ;

une presse écrite de qualité mais chère pourune élite. L’usage croissant d’internet et desblogs, individualisant la consommation-d’information, loin d’être une solution, risquede conduire chaque citoyen à se confection-ner son média sur mesure en fonction de cequ’il lui plaira de savoir ou de croire avecl’illusion que ce média sera démocratique carproduit par tous.L’enjeu est de rendre plus intelligible lemonde qui nous entoure, de fournir une infor-mation qui soit un outil efficace pour éclai-rer l’opinion. Il faut pour cela préserver desmédias pluralistes, des médias qui éclairent,qui mettent à distance les paillettes du diver-tissement et produisent une information dehaut niveau au service de la démocratisa-tion de l’espace public. ■

France Télévision par le chef de l’État, plan social à RFI, réforme envisagée de l’AFP : les médiaspolitique et éthique. Ces crises cumulatives interrogent profondément la fabrique

États généraux de la presse écriteLa presse écrite traverse une crise profonde, et les professionnels réclament un Grenelle depuis plus d’un an pour trouver des réponses auxproblèmes que posent, entre autres, les coûts de fabrication et de distribution, la concurrence des nouveaux médias sur le Net – blogs, sitesd’informations – et les déficits que cela engendre.

Le 2 octobre dernier, Sarkozy ouvre les Étatsgénéraux de la presse écrite, et installe quatrecommissions composées de patrons de médias,syndicats et autres « experts », qui serontchargées d’élaborer des propositions. Pre-mière déception, les journalistes ne sont pasconviés à participer aux travaux. Le public nonplus n’est pas invité, les commissions se réunis-sent en secret, dans la plus grande opacité. Cer-tains suspectent alors que ces États générauxne soient le moyen de déréguler le systèmepour servir des patrons de presse amis :Bouygues, Lagardère, Bolloré...Dans son discours d’ouverture, N. Sarkozyinsiste sur le fait que la solution pour sortir lapresse de la crise résiderait dans la « concen-tration ». Il marque ainsi sa volonté de ras-sembler les journaux dans des grands groupes,à l’image de celui que détient le grand patronde presse Rupert Murdoch. Il prétend que lesjournalistes seraient « plus forts économique-ment, donc plus indépendants », orientation àl’encontre des lois anti-concentration votées aulendemain de la Guerre, qui visaient à défendre

la diversité. Quant à lier la force économiqued’un groupe à la garantie de l’indépendance desa presse, rien ne permet d’affirmer une telleassertion, bien au contraire.Durant quatre mois, les commissions ont ainsitravaillé, essentiellement sur des questionsd’industrie et d’économie de la presse, en lais-sant en retrait les problématiques liées à ladéontologie et à l’indépendance... Les conclu-

sions font l’objet d’un Livre vert qui avance90 recommandations. N. Sarkozy reprend unepartie de ces propositions et annonce, finjanvier, son plan de « sauvetage » de la presse :plan de soutien de l’État de 600 millions d’eu-ros, report d’un an de l’augmentation des tarifspostaux, exonération des charges pour lesmarchands de journaux, ou encore créationd’un statut d’éditeur de presse en ligne... Ilrevient, en outre, sur sa volonté initiale etretient l’idée du Livre vert de ne pas toucher àla législation anti-concentration.Les conclusions rendues n’ont donc rien d’unerévolution. Il n’empêche : N. Sarkozy, en com-mandant les États généraux, et en décidantdes conclusions à donner, a tenté de boulever-ser les équilibres. La presse, quatrième pouvoir,est censée surveiller les trois autres (exécutif,judiciaire, législatif) ; pourtant, cette fois-ci,c’est l’exécutif qui « surveille » la presse...On peut, en outre, regretter que ces Étatsgénéraux n’aient pas abordé des questionsessentielles : la qualité de l’information,l’indépendance et la liberté de la presse.

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Il faut pour cela préserverdes médias pluralistes, [...]qui mettent à distance lespaillettes du divertissement [...]

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Les adolescents européens déclarent à 94 % utiliser Internet. Lemédia qui pâtit le plus de cet usage est la TV (39 % des jeunes laregarderaient moins souvent). La lecture (livres, BD, etc.) est aussi enbaisse pour 31 %.

Les adolescents et les médias Rapports officiels

S’il existe des processus différents selonla nature de l’événement et le type demédias qui en font état, cette question un

peu scolaire a le mérite de poser le problème,central dans une société de la communication,de la construction de l’information, c’est-à-dire les étapes et les méthodes qui conduisentd’un fait brut à une information médiatiséemarquant l’actualité.C’est une question qui intéresse chaquecitoyen-ne mais aussi chaque militant-e dansla mesure où la compréhension des méca-nismes de la médiatisation est la conditionqui permet à la fois un regard critique surl’expression médiatique d’une réalité maisaussi l’élaboration d’une politique de com-munication.Le journalisme est par essence une médiationentre la réalité et un public. Les journalistesse placent donc dans une situation à la fois derécepteur et d’émetteur d’une information.À l’origine, se trouve un fait ou un événement,une sorte de réalité brute, d’information-source,dont les acteurs seuls ont conscience : unaccident de la route, un remaniement minis-tériel, une action revendicative...

Dépêches et communiqués de presseLa médiatisation d’un événement débute leplus souvent par la publication d’une dépêchede presse. Les agences de presse jouent eneffet un rôle particulier dans la constructionde l’information. À l’échelle mondiale, l’AFP,Reuters et l’Associated press, créées dans lapremière moitié du XIXe siècle, sont lesagences de presse les plus importantes. Autreagence, à l’échelle française, l’AEF est spé-cialisée dans les domaines de l’éducation etde la formation.Constituées de réseaux denses de correspon-dants organisés en services spécialisés etbureaux locaux, ces agences assurent le plussouvent la première mise en forme d’un évé-nement en information sous la forme dedépêches publiées en temps réel. À titred’exemple, l’AFP publie en moyenne 5000dépêches par jour.Les rédacteurs de ces dépêches travaillent àpartir des communiqués de presse qu’ilsreçoivent, des interviews et des reportagesqu’ils effectuent, des contacts réguliers qu’ilsentretiennent avec de nombreuses organisa-

tions, des représentants de corps intermé-diaires, des acteurs sociaux.Les dépêches se présentent comme une trans-cription, la plus neutre possible d’une réalité.Ces dépêches, disponibles par abonnement,constituent les principales sources d’informa-tion des journalistes, tous médias confondus.C’est en effet le plus souvent à partir de ce «fildes dépêches» que les organes de la pressequotidienne, écrite, radio ou télévisuelle, orga-nisent l’essentiel de leur travail rédactionnel.

Conférence de rédactionChaque jour, autour du rédacteur en chef,les responsables des services se réunissent enconférence de rédaction afin de déterminer lessujets qui seront traités et l’angle qui seraprivilégié pour chacun d’entre eux. En effet,faute de temps et de place, en raison d’unevolonté d’adaptation à leur lectorat mais aussien fonction du traitement choisi par leursconcurrents, les médias abordent rarementun événement dans sa globalité.L’exemple récent de la couverture média-tique importante dont a bénéficié l’ouvertured’un site de devoirs payants est significatif.Alors que les priorités des enseignants sont,par exemple, la revalorisation et la formation,de nombreux médias ont fait le choix, pour-suivant la logique de l’information-spectacle,de mettre en lumière cet événement sans

l’inscrire dans les problématiques globales dusystème éducatif.Cette étape de la conférence de rédaction estcentrale dans le processus de constructionde l’actualité. C’est en effet à ce moment-là,et selon des motivations différentes pourchaque média, que sont définis non seule-ment l’ensemble des informations qui serontprésentées comme étant les faits marquants àun moment donné mais aussi leur angle detraitement.

Subjectivité et interprétationAinsi, à grand traits, un événement devient unfait d’actualité en passant par les filtres d’unemédiation qui laisse une part nécessairementimportante sinon de subjectivité du moinsd’interprétation : transcription en dépêche,médiatisation éventuelle selon un choix rédac-tionnel et finalement accession au rang d’in-formation d’actualité.Pour une organisation – syndicale par exemple– une stratégie efficace et transparente de com-munication a pour objet la diffusion d’infor-mations spécifiques dans le cadre d’un dialoguepermanent avec les médias.L’élaboration d’une telle stratégie repose surla connaissance préalable du métier de jour-naliste, des mécanismes de médiatisationmais aussi des contraintes et des tensions quipèsent aujourd’hui sur la presse. ■

La fabrique de l’actualité

Du fait brut à l’événement médiatiqueComment un fait, un événement, est-il relayé et devient-il un événement médiatique ?

En raison d’unevolonté d’adaptation à leur lectoratmais aussi en fonction du traitement choisipar leurs concurrents,les médias abordentrarementun événementdans sa globalité

Éduqueraux

médias•Rapport de l’Inspection généralesur l’éducation aux médias (août 2007)À la fois remarquable état des lieux et cata-logue de propositions constructives, ce rapport,non publié sur le site du ministère, est à décou-vrir sur le site du SNES:http://www.snes.fr/spip.php?article13920

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•L’Impact des nouveaux médias sur la Jeunesse :rapport du sénateur Assouline (oct. 2008)Il propose des mesures pour aider les jeunes à bienutiliser les nouveaux médias, où l’Éducationnationale, et tout particulièrement les professeursdocumentalistes, devraient jouer un rôle central. http://www.snes.fr/ spip.php?article16183

La médiatisation d’une actionrevendicatrice est une des conditions,sinon de sa réussite complète,du moins de son efficacité.

L’institution est de plus en plus sensibleà cette médiatisation qui, dans unesociété de la communication, joue un

rôle majeur pour donner à une réalité tout sonpoids. Trop souvent, les acteurs institution-nels (rectorats, inspections d’académie maisaussi élus locaux) attendent qu’une réalitésoit médiatisée pour en prendre toute lamesure et envisager des réactions adaptées.Ainsi, de même qu’une action locale seconstruit en associant les acteurs (enseignants,parents d’élèves, élus locaux), elle gagnedans la communication avec la presse unevisibilité et donc une force non négligeables.L’exemple récent de l’action menée aucollège Paul Langevin à Drancy est à ce titreemblématique.

Un collège laissé à l’abandon ?Classé ZEP et Prévention violence, l’éta-blissement connaît depuis presque deux ansune nette dégradation des conditions de vieet de travail des élèves et des personnels :multiplication des « jeux dangereux », nom-breuses intrusions, souvent violentes, dansl’établissement, violences entre élèves etcontre les personnels. Le tout dans uncontexte de réduction des moyens et depénurie de personnels formés pour assurerl’encadrement et le suivi – y comprismédico-social – des élèves en difficulté. Àplusieurs reprises, les enseignants ont alerté en

vain l’inspection d’académie et le rectorat.En septembre, un CPE, déjà agressé aupa-ravant, a été menacé de mort et son bureaudévasté. Mis en congé, il a, à sa demande, étémuté en octobre, sans être remplacé. Reçueen audience au rectorat à la fin du mois dedécembre, une délégation d’enseignants et de parents d’élèves s’est inquiétée desavoir ce qu’ils pourraient faire si un incidentparticulièrement grave survenait. Il leur aété répondu qu’ils n’auraient qu’à « appelerles pompiers »...

Action visible et médiatiquePendant une semaine entière, du lundi 19au vendredi 23 janvier, les parents d’élèves,soutenus par les enseignants ont donc orga-nisé une opération « collège désert » : lesparents étaient invités à ne pas envoyer leursenfants au collège et des représentants desparents se sont relayés pour tenir un piquetde grève.Dès le lundi, un article est publié dans l’édi-tion locale du Parisien, prévenu par télé-phone la veille, un communiqué de presse estenvoyé. Mardi matin, une dépêche de l’AFPfait état du mouvement. À partir de cemoment-là, de très nombreux médiasenvoient des journalistes et diffusent desreportages sur l’action : Radio France, RTL,RMC, Itélé, BFM, France 2, France 3, TF1,Le Parisien, L’Humanité, Le Figaro... Lejeudi, un reportage est diffusé au journal de13 heures de France 2 et un autre au journalde 20 heures de TF1.Ce succès médiatique à l’échelle nationaled’un mouvement très local tient sans doute

à trois éléments. D’une part, l’originalité dela démarche : ce que les médias ont vu, cesont des usagers qui organisent le boycottd’un service public parce qu’il ne remplitpas ses obligations. D’autre part, le thème très médiatique de laviolence et des jeux dangereux du type «pontmassacreur ».Enfin, un effet « boule de neige » média-tique : parce que quelques médias parlentd’un fait, celui-ci devient d’actualité et puis-qu’il est d’actualité, tous les médias doiventen parler.

Les médias au service de la mobilisationLe vendredi, une réunion est organisée aucollège avec tous les acteurs locaux : ledéputé-maire, des représentants du Conseilgénéral, de l’Inspection d’Académie et durectorat, le commissaire de Police, la direc-tion de l’établissement, les représentants desenseignants et des parents.Des décisions sont prises : le poste d’infir-mière vacant depuis dix-huit mois est pourvuimmédiatement ; un assistant d’éducation àtemps plein vient renforcer l’équipe de viescolaire ; les travaux de sécurisation ducollège sont effectués dans des délaisrecords ; la semaine suivante, l’équipe dedirection est partiellement renouvelée.Après un aveuglement d’un an et demi, tousles dysfonctionnements ont été identifiés etmis à plat, ce qui a permis de sortir de laconfrontation explosive entre enseignants etparents en donnant toute sa responsabilité àl’institution et à la structure.Les parents d’élèves et les personnels ducollège Langevin ont le sentiment que cesdécisions sont le résultat direct de la média-tisation de leur action.La mise en lumière d’une situation inad-missible a obligé l’institution et les pouvoirspublics – interrogés par les journalistes – àrendre publiquement des comptes sur leursresponsabilités et leurs actions. ■

Retour sur le terrain

Un collège à la Une

•Le CIEM : un collectif interassociatifsur la question des jeunes et des médiasIl regroupe depuis 2001 une vingtaine d'associationsfamiliales, d'éducation populaire, de parents d'élèves,de chercheurs sur les médias, de syndicats ensei-gnants (dont le SNES). Ses actions, prises de posi-tions et publications sur www.collectifciem.org

•Une étude sur l’éducation aux médiasdans le second degréRéalisée par La DEEP au cours de l’année 2006-2007auprès de 2 000 enseignants de collège et de lycée, elle viseà mieux connaître les pratiques utilisées pour éduquer lesélèves aux médias, notamment dans le cadre de la Semainede la Presse. Note d’Information n° 08.31, nov. 2008.

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Effet « boule de neige »médiatique : parce que quelquesmédias parlent d’un fait, celui-cidevient d’actualité, [...] tous les médias doivent en parler

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Entretien

Questions croisées à deux journalistes de l’AFP,Jean-Louis Doublet, représentant du SNJ etDavid Sharp, représentant du syndicat CGT.

L’US : La pétition rappelle le statut unique et originalde 1957 qui fait de l’AFP une entreprise ni publique,ni privée. N’est-il pas nécessaire de le réactualiser ?

Jean-Louis Doublet : Le statut de 1957nous garantit la pérennité de notre finan-cement et notre indépendance en nousassignant une mission très claire : fournirl’information la plus exacte, complète etobjective. Ce statut ne nous dote pas d’uncapital. Nos revenus sont constitués duproduit de nos abonnements et du finan-cement public. Nos premiers clients, cesont les autres médias et, pour ce qui est

de la France, les administrations. Il est évident que le fruit de nosabonnements ne nous permet pas de financer nos charges de plusen plus lourdes.David Sharp : Certains points tout à fait secondaires de ce statutsont peut-être désuets, après tout il a été voté en 1957. Cela dit, iln’est nullement besoin de passer devant le Parlement pour réglerce genre de problème. Mais quelle que soit la composition du CA,ce qui est important c’est le respect de nos principes fondateurs.Le problème de fond est politique : la modification du statut del’AFP passerait par une procédure parlementaire et nous n’aurionsalors aucune garantie sur l’ampleur de ces réformes. Dans lecontexte actuel, ce serait ouvrir la boîte de Pandore et permettretout simplement de casser notre statut.

L’US : Vous avez cependant besoin de nouveauxfinancements pour vous moderniser...J.-L. D. : C’est l’analyse du PDG. La révolution de l’internet,le développement de la photo, de la vidéo et du multimédia ontun coût. Nous avons en effet besoin de développer de nouveauxproduits que nous n’avons pas les moyens de financer.Il faut être réaliste, ces investissements ne sont pas une prioritépour l’État et sa réactivité est trop lente. Ce qui nous inquièteactuellement c’est la dérive des annonces depuis septembredernier : on est passé d’une modification du statut à l’arrivée d’unactionnaire privé.L’objet de la pétition est d’alerter sur le danger de privatisation del’AFP dans un contexte médiatique inquiétant. Mais les questionsde financement demeurent et il va bien falloir trouver des solutions.Trouver des financements extérieurs, c’est forcément changer lestatut sauf si cet actionnaire n’avait aucun droit sur notre fonc-tionnement. Ça me paraît peu probable. L’idée d’une fondationavait été évoquée pour développer par exemple un produitmultimédia ou gérer nos archives. C’est une possibilité à étudier.

D. S. : La nécessité de se moderniser : c’estl’argument avancé par ceux qui veulent trans-former l’AFP en société anonyme.Précédemment, nous avons su négocier letournant du multimédia sans changer notrestatut. Nous pouvons aussi emprunter commepar le passé. Ce n’est donc pas crédible. Il ya aussi une contradiction majeure: on nous ditvouloir moderniser l’AFP mais dans lesmêmes temps, la direction gèle les salaires,réduit les effectifs et parle d’un plan d’austérité. De plus les projetsqui sont envisagés par la direction sont de développer le tout multi-média et de faire le pari de la disparition de la presse papier mais c’estun piège. À titre d’exemple, l’AFP a ouvert une filiale à San Franciscoconsacrée à la fabrication de produits innovants sur internet commela création de jeux interactifs sur l’information. Le contenu et la fré-quentation sont décevants et on voit mal comment un tel projet peutun jour être rentable. On ne gère pas une agence de presse en suivantles effets de mode. Nous devons garder notre vocation généraliste. Pource qui est de la création d’une fondation, c’est une solution importéedu monde anglo-saxon, sur le modèle de la BBC ou du Guardian, maiselle n’est pas adaptée au contexte français. Je n’y crois pas. Et puis,le but d’une fondation est d’abord de permettre l’évasion fiscale.

L’US : Vous considérez que votre indépendance journalistique est menacée ?D. S. : Si un groupe important qui a des intérêts géostratégiquesdans le transport ou les produits de luxe décide d’investir dansl’AFP, il est évident que le travail des journalistes va changer. Lestatut de SA et nos obligations d’exactitude et d’objectivité ne sontpas conciliables.J.-L. D. : Si nous ne garantissons plus à nos clients une informationfiable et objective, c’est tout simplement la fin de l’AFP.

L’US : Quelles suites allez-vous donner à la pétition et à l’action ?J.-L. D. : La direction joue la fausse transparence. Nous avons peude visibilité et il est difficile de cerner les enjeux politiques qui sejouent autour de l’AFP. En interne, il y a ceux qui sont pour le statuquo et ceux qui sont prêts à réfléchir à des financements extérieursavec bien sûr des garanties très fortes. La question est aussi desavoir jusqu’où on est prêt à ouvrir le débat sur le statut. Lespersonnels sont très attachés à notre organisation et nous refusonsmassivement la société anonyme. Mais nous sommes prêts ànégocier sur d’autres options.D. S. : La pétition a un impact fort dans toutes les catégories dela population. Nous avons aussi le soutien de nombreusespersonnalités qui sont des autorités morales et intellectuelles.Chez les personnels de l’AFP, l’inquiétude est réelle et le calendrierpeut s’accélérer à partir de fin mars. Notre but est d’organiser lamobilisation la plus large possible. ■

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SOS Agence France-PresseLe rapport de Danièle Giazzi, députée UMP, sur les médias et le numérique publié en septembre dernier

préconise la transformation de l’Agence France-Presse en SA (Société Anonyme). Le PDG de l’AFP,Pierre Louette, est chargé de proposer une modernisation du statut qui pourrait prendre la forme

d’une ouverture à un actionnaire. Des propositions sont attendues pour la fin du mois de mars.L’intersyndicale de l’AFP (CGT, SNJ, FO, CFDT, Sud) dénonce une remise en cause de l’indépendance

et de l’existence même de l’AFP. Elle a mis en ligne une pétition « SOS Agence France-Presse »qui a déjà recueilli plus de 13 400 signatures : http://www.sos-afp.org.

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Le Sénat a adopté le 5 novembre der-nier un projet de loi relatif à la protec-tion du secret des sources des journa-

listes. Cette loi bénéficiera ensuite d’unedeuxième lecture dans chacune des assem-blées. Il s’agit d’insérer symboliquement cesmesures dans l’article 2 de la loi du 29 juillet1881, immédiatement après l’article 1 surla liberté de la presse.

Jurisprudence européenneLe secret des sources en droit français est malprotégé, de même que le droit de perquisition,qui permet de fouiller la voiture du journa-liste en cours de reportage : conséquence dela loi du 18 mars 2003. La jurisprudenceeuropéenne consacre la protection dessources sauf impératif prépondérant d’inté-rêt public (arrêt Goodwin contre Royaume-Uni, 27 mars 1996). Une série d’arrêts atraité des perquisitions dans leurs lieux de tra-vail ou aux domiciles des journalistes et ena conclu qu’elles étaient disproportionnéesavec le but recherché (arrêt Roemen contreLuxembourg, 25 février 2003 et Ernst contreBelgique, 15 juillet 2003).La Belgique, parce qu’elle était condamnée,a adopté une loi très protectrice : les journa-

Protection des sources des journalistes

Un manteau trouélistes, convoqués comme témoins, peuvent setaire et sont protégés contre les saisies, lesrepérages téléphoniques, les poursuites pourrecel de documents. Le secret des sources nepeut être forcé que pour prévenir des infrac-tions constituant une menace grave pourl’intégrité physique d’une ou plusieurs per-sonnes et seulement si le renseignementrecherché est crucial et ne peut être obtenud’aucune autre manière. Cette protections’étend aux collaborateurs des journalistes.

Projet de loiLe projet de loi français est différent : si lepremier alinéa rappelle que « le secret dessources des journalistes est protégé afin depermettre l’information du public sur desquestions d’intérêt général », le second pré-voit qu’il ne peut être porté atteinte au secretdes sources qu’à titre exceptionnel et lors-qu’un « impératif prépondérant d’intérêtpublic » le justifie. On le voit, les députés sesont calqués sur la jurisprudence européenne,alors que l’exécutif parlait « d’intérêt impé-rieux », notion éminemment floue.Il en va tout autrement de l’amendementadopté par le Sénat : « Au cours d’une pro-cédure pénale, il est tenu compte, pour appré-cier la nécessité de l’atteinte [à la protec-tion des sources], de la gravité du crime oudu délit, de l’importance de l’informationrecherchée pour la répression ou la préven-tion de cette infraction et le fait que lesmesures d’investigation envisagées sontindispensables à la manifestation de lavérité ». Quand on sait que la protection dessources est importante dans des affairesgraves et délicates, on voit dans cet ajoutun rétropédalage en beauté. Alors que ledroit belge privilégie la prévention d’at-teintes physiques, le législateur françaisembrasse la prévention et la répression descrimes et délits, c’est-à-dire quasiment latotalité, hormis les contraventions, de la pro-cédure pénale qui peut se terminer d’ailleurspar un non-lieu, une relaxe ou un acquitte-ment. Il n’est fait référence qu’aux journa-listes professionnels, leurs collaborateursn’existent pas.

En débatAu lieu d’harmoniser le droit français surla législation européenne comme la Belgiqueen 2005, l’État français, sous un discourspolitiquement correct, entérine la possibi-lité de peser de tout son poids sur le travaildes journalistes. Une seconde lecture estprévue dans chacune des deux assemblées,espérons que ce sera une lecture protectricedes droits des personnes et de la presse quiprévaudra. ■

150 éditeurs

170 publications

Vingt millionsde lecteurs

La presse dite sociale rassemble les titresédités par des associations, desorganismes mutualistes, des organisationscoopératives, syndicales ou familiales.La presse sociale à laquelle appartientL’Université Syndicaliste participe àl’approfondissement des connaissances etdu savoir. Plus singulièrement, en tant quevecteur privilégié des pratiques socialesdans leur diversité, elle contribue àla formation permanente des individus,à l’enrichissement de la pensée socialeet à la valorisation du savoir-faire néde l’expérience sociale. C’est une pressecitoyenne, pour des lecteurs acteurs etpas seulement consommateurs.La presse sociale qui regroupe, à ce jour,près de 150 éditeurs, plus de170 publications pour vingt millionsde lecteurs a une finalité non lucrative,ce qui est une garantie supplémentairede son indépendance. Cette presse, quia toujours bénéficié des aides de l’État,via l’entreprise publique des servicespostaux, est aujourd’hui en grand dangerdu fait de la privatisation de ces dernierset des augmentations tarifaires(1) qui vontavec, rentabilité oblige...

1. En réponse aux multiples protestations,un moratoire État-Presse-Poste reportant cesaugmentations devrait voir le jour. Il consisteraità compenser provisoirement les vingt-six millionsd’euros de « manque à gagner » pour La Poste.Quant au futur manque à gagner pour ladémocratie, il ne peut concerner que les espritschagrins...

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Presse syndicale

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28 - US MAGAZINE - Supplément au no 678 du 25 février 2009

MÉTIERLE SNES A RENCONTRÉ LA DGESCO (direction générale des enseignements scolaires) le 4 mars sur deux sujets :l’expérimentation d’une troisième version du livret de compétences permettant la validation du socle commun ducollège en Troisième, d’une part, et la mise en place d’un programme transitoire de mathématiques en Seconde, d’autrepart. Après avoir protesté contre la conception du dialogue social de ce ministère (les documents de travail nousont été envoyés la veille, alors qu’ils circulent depuis plusieurs semaines!) le SNES a rappelé son opposition au soclecommun et réaffirmé que l’urgence allait à l’amélioration significative des conditions de travail des élèves commedes personnels, et donc au rétablissement des postes supprimés pour la rentrée.En ce qui concerne le livret de compétences, le SNES ne peut accepter « l’expérimentation » présentée, tant au niveaude la forme que du fond (voir ci-dessous). La mise en œuvre des nouveaux programmes de mathématiques en Troisième

Le ministère n’a publié aucunbilan officiel de l’expéri-mentation des livrets de com-

pétences de l’an dernier alors quecelle-ci a mis en évidence quel’évaluation de micro-compé-tences posait problème tant surle fond que sur la forme. Ilannonce pour autant la générali-sation du livret pour la rentrée2009 après l’expérimentationentre mars et avril d’une troisièmeversion (http://www.snes.edu/spip.php?article16547) dans prèsde 400 collèges choisis par laDEPP(1).

Expérimental ?L’opération n’a d’expérimentaleque le nom: les équipes doiventsuivre les consignes indiquéesdans le document d’accompa-gnement sans être explicitementinvitées à faire remonter les pro-blèmes qu’elles rencontreraient,leurs critiques éventuelles sur lanature ou le nombre d’items àévaluer, ou sur la méthode devalidation... Elles doivent sim-plement renseigner les attesta-tions qui correspondent à chaquepilier du socle (en cochant la caseoui ou non pour chaque domaine)et les faire remonter à la DEPP!

VariationsLe nombre d’items à évaluervarie considérablement entre lesversions A et B du livret expéri-menté l’an dernier et cette troi-sième version, ce qui montre bienque la définition du socle com-mun était loin d’être consolidée etpensée en lien avec son évalua-tion. Des items disparaissent(« faire preuve d’esprit critique »,par exemple !), d’autres appa-raissent (« connaître quelquesnotions économiques et budgé-

taires de base »), certains sontminorés et d’autres prennent uneplace plus importante.Si la règle de non-compensationentre les sept piliers (rebaptisés« compétences ») est rappelée,c’est le plus grand flou pour lereste car le texte ne précise pas oùse place le curseur pour décider siun pilier est validé ou non. Leschoses ne sont pas plus clairespour attester de la maîtrise d’undomaine. Les équipes doiventdonc se débrouiller localement,avec un risque de fortes dispari-tés d’un collège à l’autre.Tous les piliers (sauf celui quiconcerne les LV) mettent à

compagnement éducatif contri-buent pleinement à l’acquisitiondu socle, notamment dans lepilier 7 (« autonomie et initia-tive »). La validation d’une par-tie du socle commun s’appuie-rait donc sur des compétences enthéorie « travaillées » en dehorsdes enseignements.Certaines compétences sont éva-luées globalement, en cours d’an-née, mais le pilier 5 (« culturehumaniste ») doit aussi s’appuyersur une épreuve de 50 minuteset le pilier 6 (« compétencessociales et civiques ») sur unquestionnaire et une grille d’auto-évaluation, avec obligation de

contribution plusieurs disciplinesdans la validation de nombreusescompétences. Ainsi, l’enseignantde lettres ne peut pas être seul àvalider le pilier 1 (« maîtrise de lalangue française »), qui requiertune évaluation dans au moinsdeux disciplines différentes !

ValidationIl est aussi précisé que les pra-tiques scolaires artistiques, cul-turelles et sportives, la formationdes délégués, le tutorat entreélèves, les séances préparant lesstages en entreprise, les heuresde vie de classe, le parcours dedécouverte des métiers et l’ac-

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Livrets de compétences :troisième version

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rend problématique celui de la Seconde générale et technologique. Cette situation était prévisible, mais l’entêtementdu ministre, cet automne, au sujet du calendrier de la réforme des lycées l’a conduit à ne pas traiter la question. Devantla nécessité d’une adaptation de l’actuel programme, le SNES a insisté sur deux points: pas de programme transitoirequi se traduirait par un investissement important des enseignants pour un ou deux ans seulement et pas d’anticipationde la réforme du lycée en reprenant, par exemple, le travail commandé en novembre dernier à l’inspection généralesur le découpage des disciplines en semestres.Dans les deux cas, le ministère navigue à vue, sa principale préoccupation restant de trouver les moyens dejustifier la réduction de l’offre de formation et sa politique budgétaire, destructrice de l’emploi. Sur ces deuxdossiers, à des degrés divers, ce sont encore les élèves qui seront les premières victimes !

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Malgré les demandes réité-rées du SNES sur la néces-sité de prévoir un ajuste-

ment de programme en Secondeà la rentrée 2009, pour une miseen cohérence avec les pro-grammes de collège mis en œuvreprogressivement à partir de2006 et qui conduisent à la sup-pression des vecteurs, de la géo-métrie analytique, des transfor-mations et à l’introduction de lanotion de probabilité en Troi-sième, ce n’est qu’en mars 2009qu’un projet est enfin dévoilé. Il est centré sur trois champs(fonctions, géométrie plane, sta-tistique-probabilités) avec descontenus très réduits et découpésen modules semestriels, auxquelss’ajoute un enseignement d’algo-rithmique (avec boucle et ins-truction conditionnelle).La géométrie est une géométrieanalytique sans vecteurs, limitéeà des calculs de distances etd’équations réduites de droites enrepère orthonormé. La géométriedans l’espace mettant en jeu lespropriétés d’incidence disparaît.Parallèlement à ces contenus trèsmodestes, ce projet affiche de

grandes ambitions sur l’appren-tissage du raisonnement (tellesque les notions de conditionnécessaire suffisante, contrapo-sée, raisonnement par l’absurde).Enfin un thème d’étude prévupour une durée entre 15 heures et20 heures est à choisir parmi lestrois suivants : cryptologie et

codage, graphes (très proche de laspécialité en TES), phénomènesd’évolution. Le SNES doit rencontrer l’ins-pection générale dans la semaine,un compte-rendu sera disponiblesur le site.Peut-on accepter, dans de telsdélais, sans consultation des

enseignants et sans perspectiveclaire pour l’organisation dulycée, la mise en œuvre à la ren-trée d’un programme en ruptureavec les programmes actuels etqui engage de fait les enseigne-ments qui vont suivre dans lesclasses de Première et de Termi-nale, et préfigure certainement laréforme du lycée ?La suppression de la notion devecteur et de la géométrie dansl’espace ne concerne pas quedes élèves désireux de pour-suivre des études scientifiqueset qui risquent de ne pas trouverdans ce programme les élémentspour conforter leur choix et lespréparer à la Première ; elleconcerne aussi ceux qui, aucours de leurs études supé-rieures, par exemple en scienceshumaines, vont rencontrer desfonctions de plusieurs variablesou faire des traitements statis-tiques qui supposent, pour êtrecompris, des images mentalesdans l’espace, par exemple, d’in-tersection de plans et de droites.Quand les aura-t-on créées cheznos élèves ? ■

Brigitte Sotura

Mathématiques en Seconde.Quel programme pour 2009 ?

mener un entretien avec l’élèveen cas de désaccord entre sonauto-évaluation et l’évaluationde l’équipe éducative. On ima-gine déjà les effets pervers decette « négociation ».

Usine à gazPoint d’orgue de la mise enœuvre du socle commun auquelle SNES reste farouchementopposé, ce livret apparaît clai-

rement comme une usine à gazqui n’apportera rien aux élèveset à leurs familles, tout en aug-mentant la charge de travail desenseignants (en particulier duprofesseur principal qui doitrenseigner toutes les attesta-tions) et en dénaturant leurmétier, via une forme d’évalua-tion qui retire tout sens auxapprentissages scolaires.Comme pour le niveau A2 en

LV et le B2i l’an dernier, ils’agit-là d’une mascarade d’éva-luation qui vise à afficher lamaîtrise du socle pour un maxi-mum d’élèves. Nul doute queles équipes subiront des injonc-tions pour satisfaire aux exi-gences des contrats d’objectifs.

BoycottPour toutes ces raisons, le SNESappelle les collègues à boycot-

ter cette pseudo-expérimentationet met sur son site un argumen-taire à utiliser sans modérationen direction des parents d’élèves,des recteurs et de la DGESCO. ■

Sandrine Charrieret Monique Daune

1. Voir la méthodologie de consti-tution dans les articles de la DEPP.La liste des établissements concer-nés ne nous pas été communiquée.

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d’autres professions du spectacle, ety compris des élus. Et le matin il yavait cinq commissions, une sur lacomposition, une sur la place du dan-seur dans la vie sociale, etc.

L’US : Ce fut donc, en 1979, le Fes-tival de danse en Val-de-Marne, lapréfiguration de la Biennale ? M. C. : Oui, car ces trois jours ontpris une telle importance que les cho-régraphes, les danseurs, spontané-ment, ont dit, pourquoi on ne conti-nuerait pas ? C’était la première fois

qu’on voyait des élus dans uneréunion professionnelle, très heureuxd’entendre une profession qui s’ex-primait comme ça. Nous avions desrevendications : un statut, la recon-naissance officielle d’un secteurdanse, puisque ça n’existait prati-quement pas... et ce mouvement s’estmis en marche, et pendant un an nousnous sommes réunis, environ deuxfois par mois, en se cotisant pourpayer les frais de timbres... c’était le

« mouvement pour la danse ». Nousvoulions obtenir de l’État la recon-naissance de notre métier par la créa-tion d’une direction de la Danse, àégalité avec la Musique, ce que nousn’avons jamais obtenu, mais nousavons quand même obtenu un ins-pecteur chargé de la Danse...Et puis nous avons mis en place àcette époque-là quelque chose quiva se développer, le partenariat avecles théâtres. Nous avons commencéà faire ça dans le Val-de-Marne. Est-ce que les théâtres vont vouloir rece-voir la danse, qu’ils ne connaissentpas ? Et bien pendant un an on asillonné le Val-de-Marne, nous avonsrencontré toutes les villes, tous lesélus, à part une ou deux villes quin’ont pas voulu nous recevoir. Quandon a fait ce « pélerinage en Val-de-Marne », comme je l’appelle, c’étaitpour expliquer aux théâtres, ou audirecteur de la Culture, quand il yen avait un, même s’il n’y avait pasde théâtre : « pourquoi vous ne pro-grammez pas de danse ? Il faut pro-grammer de la danse, pour ça il fautla connaître, on est là pour vous enparler, on peut faire des débats, desconférences... ». On a fait ça pen-dant un an. Et pour intéresser lesgens on leur disait : « vous nousdemandez le style de danse que vousvoulez ». C’est-à-dire que pour laBiennale 1981, la première édition,

chaque directeur de théâtre a dit « moije veux du classique, moi je veux dufolklore, moi je veux du jazz, moi jeveux ceci, cela... ». Ce que je voulais,c’était qu’ils répondent, et leur mettrele pied à l’étrier, et qu’il y ait dumonde dans la salle pour leur fairecomprendre que la danse pouvaitaussi parler à un grand public. Et çaa été un grand boom en 1981 : on afait des gymnases, des chapiteaux,des théâtres, des gymnases ouverts…mais j’ai dit « ça, ça ne durera qu’unan, parce que c’est une réponse àvotre demande ».Dès 1983, nous nous sommes dits :« Alignons les objectifs de la Bien-nale : création, diffusion, sensibili-sation, et uniquement de la dansecontemporaine ». Nous avons aussiadopté cette ligne forte, qui a per-mis à la Biennale d’exister : proposerun spectacle en payant 50 %. Par lasuite, vont naître la Biennale de Lyon,les Îles de Danse, et d’autres encore,sur le même principe : payer une partdes spectacles pour que les théâtresprogramment des compagnies.

L’US : Quelles lignes de forces pourle 30e anniversaire de la Biennale ?M. C. : Toujours celles qui ont pré-sidé à sa création : aller vers un trèslarge public, travailler avec des musi-ciens (ceux de la Merce CunninghamCompany, l’ensemble 2e2m et sondirecteur artistique Pierre Roullier),produire des créations (six cetteannée, dont Cunningham), program-mer des chorégraphes mondialementreconnus mais aussi s’ouvrir à detrès jeunes dans une diversité destyles, poursuivre la collaborationavec les théâtres de l’origine, sur labase du cofinancement. Mais ce quime fait plaisir c’est d’y retrouver,comme chorégraphes reconnusaujourd’hui, certains qui, commeDobbels, s’étaient quasiment montréspour la première fois ici comme dan-seurs en 1979 !

L’US : Comment voyez-vous l’évo-lution de la danse et de la professiondepuis 1979 ?M. C. : Les années 80 ont été mar-quées par un déferlement de dansecomme on n’en avait jamais connuauparavant en France, et non plusdans des endroits institutionnaliséscomme l’Opéra : on a pu voir de ladanse dans les départements, dansles provinces, ce qui a donné la

PORTRAIT MICHEL CASERTA

S’il est vrai qu’aujourd’hui la danse

est reconnue comme objet de réflexion

et d’étude, y compris universitaire,

c’est toujours avec très peu de moyens.

L’US : La 15e Biennale nationale dedanse en Val-de-Marne, que vousdirigez depuis l’origine, ne marque-t-elle pas en réalité l’aboutissementde 30 années de travail ?Michel Caserta : Je préfère parler de30 ans plutôt que d’une 15e Bien-nale, parce qu’au-delà de ce mois defestivités, la Biennale est aussi uneassociation qui s’emploie tout aulong de l’année à promouvoir ladanse contemporaine, par des actionspédagogiques, des publications, descoproductions, des accueils en studio.C’est ce qui nous a valu d’être label-lisés centre de développement cho-régraphique en 2006.

L’US : Pouvez-vous nous rappeleroù a pris sa source ce qui est devenula Biennale ?M. C. : D’abord d’un coup de colère,du besoin des professionnels, dan-seurs, chorégraphes, de se faireentendre, de se faire reconnaître.C’était à la fin des années 70, la jeunedanse française explosait, avecDominique Bagouet, Daniel Dob-bels, Anne-Marie Reynaud, FrançoisVerret et d’autres. Mais il y avaitmoins de vingt compagnies de danseen France, il n’y avait pas de sub-ventions, pas d’Assedic... Avec macompagnie, j’employais des gens aumois, il n’y avait qu’une dizaine depersonnes, dont six danseurs. Commej’étais directeur de l’école munici-pale de danse, je ne me faisais paspayer. Ce genre de gestion devenaitde plus en plus difficile. Nous, lescompagnies qui existions, nous étionsde plus en plus accablées, nous sen-tions qu’il fallait dire, faire quelquechose. Mais la profession n’était pasorganisée. Je me suis dit : pour par-ler de nos problèmes, le meilleurmoyen c’est de le faire sur scène enmontrant de la danse, en parlant de ladanse avec ceux qui la font, les dan-seurs et les chorégraphes. En 1979,on a demandé au Théâtre Jean-Vilarde Vitry-sur-Seine s’il voulait bienmettre à notre disposition un lieu. Laville de Vitry, voyant que ça prenaitde l’importance, a fait dresser deuxchapiteaux devant le théâtre, et il y aeu pendant trois jours de 10 heures à22 heures, un non-stop où alternaientspectacles et discussions, avecquelque deux cents danseurs, choré-graphes de 18 compagnies, maisaussi des syndicalistes, des compo-siteurs, des techniciens, des gens

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LE CHORÉGRAPHE fête ses trente ans d’action au service de la danse contemporaine, depuis ce coup d’éclat : la création,en 1979, du Festival de danse en Val-de-Marne devenu « Biennale » en 1981.

Trente ans au service de la danse

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possibilité à de jeunes danseurs dedevenir à leur tour chorégraphes, dedécouvrir l’intérêt de l’écriture de ladanse. Nous avons alors appris àécrire la danse autrement, enparticulier avec la révélation de cho-régraphes américains, dont évidem-ment Cunningham(1). Les jeunes dan-seurs curieux vont s’engouffrer danscette voie : Bagouet, Maguy Marin (sacréation May B, inspirée de Becketten 1981, a fait le tour du monde etplus de 500 représentations), plusrécemment Angelin Preljocaj (quicréa Noces en 1989 pour la Bien-nale)... Les années 80 seront les plusbrillantes. Les années 90 seront cellesdes confirmations avec la création degrandes œuvres par leurs compagnies.Mais on s’aperçoit que si l’on parlebien des chorégraphes, on ne parlequasiment jamais des danseurs. C’estaussi que, si la danse est reconnuedans son principe, le métier n’est pasréellement considéré : or c’est un tra-vail usant, mal payé, court – on nepeut pas l’exercer de nombreusesannées. S’il y a aujourd’hui en France600 compagnies de danse, c’est aussiparce que, pour un danseur, devenirchorégraphe et créer sa compagniereprésente l’espoir d’une visibilité.

L’US : Quelles articulations entrevotre travail autour de la Biennale etd’autres équipes dans d’autreslieux ?M. C. : Nous entamons une colla-boration avec des lieux d’accueil horsdépartement, dans le 95 (Bezons), le93 (Noisy), et Paris (l’Atelier Caro-lyn-Carlson à La Cartoucherie)notamment. Nous irons sans doutevers des collaborations plus déve-loppées en Île-de-France, c’est aussiune question de rationalisation desmoyens pour multiplier les possibi-lités d’aide à la création... et puis unepartie de notre financement est régio-nale, par la DRAC.

L’US : Où en est le projet de « LaBriqueterie de Gournay », nouveau

lieu pour la danse, en Val-de-Marneet nationalement ?M. C. : Le financement se relance.Ce devrait être un lieu de produc-tion chorégraphique, une salle despectacle et des studios de répétition,et pour la formation, pour des com-pagnies en résidence et pour montrerde la danse qui ne serait pas vue surles autres scènes.

L’US : La revue Adage était née àVitry-sur-Seine au début des années70, comme revue originale d’uneacadémie municipale de danse, puisétait devenue une publication de laBiennale, avec le sous-titre « danseet société ». Qu’est-elle devenue ?M. C. : Après une interruption de plu-sieurs années, la revue reparaît sousforme semestrielle, depuis 2003, sousun nouveau titre : Repères, cahiersde danse. Danseurs, chorégraphes,philosophes, historiens, enseignants,ceux qui font la danse et qui réflé-chissent sur la danse l’abordent dansses multiples aspects : esthétiques,

historiques, politiques, sociologiques...C’est devenu une véritable revue deréférence dont je suis très fier.

L’US : Adage était aussi le refletd’une volonté pédagogique etsociale. Alors que la danse s’estaffirmée dans quelques cursusuniversitaires et quelques ensei-gnements artistiques en lycée,quel regard portez-vous aujour-d’hui sur la danse à l’école ?Quels liens avec des établisse-ments scolaires ?M. C. : S’il est vrai qu’aujourd’huila danse est reconnue comme objetde réflexion et d’étude, y comprisuniversitaire – à Paris VIII essen-tiellement avec Isabelle Ginot –c’est toujours avec très peu demoyens. Quant à la volonté péda-gogique de la Biennale, elle est tou-jours à l’œuvre. C’est une compo-sante essentielle de son ancrageterritorial. Concrètement : le délé-gué d’une compagnie en résidenceva faire travailler pendant des moisdes élèves d’écoles de danse duVal-de-Marne sur des extraits durépertoire de danse contemporaine,travail qui débouche sur une pré-sentation dans un théâtre, accom-pagnée d’un débat.

L’US : Comment vivez-vous lecontexte de régression financièrequi concerne aussi la politiqueculturelle nationale ?M. C. : Nos financements provien-nent de l’État, de la DRAC et desvilles du Val-de-Marne. Mais ilsconcernent l’ensemble de notre tra-vail dans la durée. Il faut prendregarde à ce que le nombre de repré-

sentations ne devienne pas trop lourd,car ce serait au détriment de notreprésence permanente.

L’US : Est-ce que tout ce travail...n’a pas été au détriment de votrepropre travail de chorégraphe ?M. C. : Vous mettez le doigt sur uneplaie, qui s’est refermée maintenant,mais... À l’époque, nous ne recevionsaucune aide : la première subventiondate de 1975 et a été supprimée par lasuite... Je dirigeais l’École de Danseet avec la Biennale, je n’avais plus unseul jour pour ma compagnie. J’aipris la décision de la mettre enveilleuse et, de fait, j’ai mis fin à cettepart de mon activité. Tout au long deces trente ans, j’ai travaillé pour laBiennale... C’est qu’elle ne se faitpas en quinze jours : dès que l’une setermine, l’autre commence.Pour ma part, je m’arrête à la fin del’année. À plus de 70 ans, il esttemps... mais j’ai un autre projet. ■

Propos recueillis parPierre Heumetz et Philippe Laville

(1) Merce Cunningham, dans sa coopé-ration avec le compositeur et musicienJohn Cage, fut l’un des premiers àaffirmer que la chorégraphie contem-poraine n’est pas la traduction scéniquede la musique.

15E BIENNALE NATIONALE DE DANSE EN VAL-DE-MARNE :UN FOISONNEMENT DE CRÉATIONS INTERNATIONALES ET DE DÉCOUVERTES

Du 4 mars au 9 avril, pour sa 15e édition, laBiennale nationale de danse en Val-de-Marneprogramme dans 18 lieux, dans le départe-ment mais aussi ailleurs en Île-de-France,18 compagnies de danse contemporaine. La programmation affirme plus que jamaisson ouverture internationale, avec deschorégraphes originaires d’Algérie (NaceraBelaza), d’Australie (Rosalind Crisp), deTurquie (Ziya Azazi), de Corée (Yong-buHa), d’Afrique du sud (Nelisiwe Xaba), duJapon (Hiroaki Umeda), de Belgique (Joanne Leighton,Karine Ponties), de Suisse (Jean-Marc Heim), d’Italie(Virgilio Sieni). La venue exceptionnelle de la Merce Cunningham DanceCompany vient rappeler le rôle qu’a tenu, il y a trente ans,le premier Festival organisé à Vitry, dans la mise enlumière de la danse contemporaine en France. Elle sedéploie en une véritable tournée dans sept lieux différentsd’Île–de-France, avec une création « composée spécifi-quement pour chaque performance et chaque lieu ».

Autre preuve de fidélité aux principes quiguident l’action de la biennale depuis lesorigines, la place faite à huit créations, à descompagnies déjà reconnues et vues lors deprécédentes éditions, comme GeorgesMomboye, Thomas Lebrun ou Daniel Dobbels,comme à d’autres moins connues commeAnne Nguyen, Philippe Ménard, Geisha Fontaineet Pierre Cottreau, Thomas Guerry et CamilleRocailleux… Des pièces relevant d’esthétiqueset de pratiques très diverses, de formats

variés, souvent en collaboration avec des musiciens,parfois des compositeurs, des comédiens.Un foisonnement particulièrement spectaculaire durantun mois, mais qui est la partie la plus visible d’un travailtenace, mené depuis trente ans au service de la promo-tion de la danse contemporaine, comme nous en fait lerécit Michel Caserta, directeur de la Biennale et duCentre de développement chorégraphique du Val-de-Marne, dans l’entretien qu’il nous a accordé.Renseignements : www.danse94.com, 01 46 86 70 70.

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Chaires supérieuresi

PromotionsLes professeurs de chaire supé-rieure promouvables au choix aucours de l’année civile 2008 ver-ront leurs cas examinés lors de laCAPN qui se tiendra début avril. Sivous ne l’avez pas déjà fait, envoyezsans tarder votre fiche syndicale(disponible aussi en ligne http://www.snes.edu/spip.php?article16011)au SNES national.

Agrégési

Liste d’aptitudeLes CAPA devant examiner les can-didatures à la liste d’aptitude aucorps des agrégés vont bientôtcommencer à se tenir dans toutesles académies. Pensez à renvoyervos fiches syndicales à votre sectionacadémique du SNES.

Mouvement intrai

PublicationsVous trouverez avec ce Mag, commechaque année, deux supplémentsconsacrés au mouvement Intra2009.

CATÉGORIES

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QUESTION-RÉPONSE

Retraite pour les mères

La CAPN des agrégés a étéréunie du 24 au 26 févrierpour examiner l’avancement

d’échelon des agrégés promou-vables entre le 1er septembre 2008et le 30 août 2009. Les notesprises en compte sont celles arrê-tées au 31/08/2008 (ou au01/09/2008 en cas d’entrée dansle corps) (1).Les arrêtés de promotions vien-nent d’être pris par le ministère.Les promotions à rythme uniqueou à l’ancienneté ont été pronon-cées début février. Il faut compterensuite au moins deux mois, selonla célérité des services rectoraux,pour une traduction sur la feuillede paye et le versement d’un rap-pel, le cas échéant.

Interventions des élu-e-sdu SNESL’examen des fiches syndicales etdes courriers électroniques a per-mis, avant et pendant la CAPN,de faire corriger des notes ou desdates de promouvabilité, maisaussi de rattraper des promotionsoubliées l’année dernière ou il y adeux ans ! Nous rappelons queseule la fiche syndicale dûmentrenseignée nous permet de contrô-ler les situations individuelles àpartir de nos archives. Nous conti-nuons d’intervenir sur toutes lessituations qui nous sont signaléesdepuis la fin de la CAPN et nous

informons les collègues concer-nés au fur et à mesure des réponsesapportées par le ministère.De plus, tous les retards d’ins-pection relevés dans les fichessyndicales ou signalés depuis ontété dénoncés en CAPN et trans-mis à l’administration pour l’ins-pection générale. Ces situationsqui perdurent demeurent inac-ceptables tant elles pénalisentinjustement les collègues qui ensont victimes. Nos interventionspassées ont été suivie d’effets.Nous avons aussi renouvelé notredemande d’une réelle mise à platde la notation pédagogique desagrégés et exigé qu’elle ne fassepas l’impasse sur ces retards.

Revendications du SNESLe SNES revendique un avance-ment d’échelon au rythme le plus

AGRÉGÉS

Avancement d’échelon 2008-2009

favorable pour tous comme celase fait pour les inspecteurs parexemple, donc la déconnexionentre notation et avancementd’échelon et une prise en comptedu travail collectif au travers desmodalités de l’inspection qui doitévoluer vers un rôle de conseil etde soutien.Dans l’immédiat il demande lasuppression de l’avancement àl’ancienneté.Un compte rendu ainsi que lesbarres et divers outils réservésaux syndiqués sont disponiblessur le site du SNES à http://www.snes.edu/spip.php?article16710. ■

Didier Pihoué, [email protected]

1. Les modalités de l’avancementd’échelon sont rappelées dans l’articlehttp://www.snes.edu/spip.php?article15833

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Mère de trois enfants, je pensaispartir en retraite à 58 ans endécembre 2009, mais le rapport duCOR me fait craindre que celane soit plus possible. Faut-il que jemodifie mon projet ?La réforme des retraites a désta-bilisé le droit accordé aux fonc-tionnaires parents d’au moins troisenfants de pouvoir liquider leurpension de retraite après quinzeannées de service, avant 60 ans(1).En effet, les paramètres du calculde la pension sont fixés auxvaleurs correspondant à l’annéeoù l’agent a rempli ces conditions.De ce fait, une partie des fonc-tionnaires est à l’abri de la baisse

des pensions voulue par le gou-vernement en 2003.Cette situation conduit le conseild’orientation des retraites à recen-ser, dans l’annexe du rapport qu’ila publié le 18 décembre 2008, dif-férentes pistes d’évolution de cedroit. À noter que le conseil, qui apour fonction d’éclairer les termesdu débat, préconise de conduiretout changement de manière pro-gressive. Dès la publication du rap-port, la FSU a souligné le risqued’une fuite de nombreuses femmesvers une retraite précipitée. Elledemandait au gouvernement dejouer la transparence et d’expri-mer ses intentions.

Eric Woerth, ministre du Budget,en charge de la Fonction publiquevient de le faire, le 3 mars dernier.« (...) sur le dispositif de départanticipé en retraite des parentsayant trois enfants et plus, lesobservations du COR seront dis-cutées dans le même cadre... [quel’emploi des seniors, discussionprévue au niveau interprofession-nel en 2010]. D’ici cette date, rienne change donc, ce qui signifie queles fonctionnaires n’ont pas à modi-fier leurs projets ». ■

1. Sous condition d’arrêt de leur acti-vité, voir les conditions sur le sitewww.snes.edu (rubrique retraite).

Qu’est-ce qu’un fonctionnaireaujourd’hui ? Un nanti, un pri-vilégié, protégé par un statutarchaïque, jamais évalué,jamais sanctionné et troppayé ? Ce petit livre répondpied à pied à ces accusationslancinantes, relayées par ungouvernement qui semble envi-sager une privatisation com-plète de la société. Il analyseavec précision les missions etvaleurs des fonctionnaires,leurs différents statuts, etéclaire des questions crucialescomme le paritarisme, la mobi-lité, la précarité, l’évaluation...

Parution : février 2009, 148 pages Format : 11x19

ISBN : 978-2-84950-210-58 euros

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Le moment de se faire entendre

ASSISTANTS D’ÉDUCATION

Vers un “plan social”

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Les projets se précisent ducôté de la mise en place du« grand service d’orienta-

tion tout au long de la vie ». Leprésident de la République, dansle cadre de la réforme de laformation professionnelle vientd’indiquer sa volonté d’inscriredans la loi un « vrai » droit àl’information et à l’orientation,de « labelliser » les organismesd’orientation professionnelle etde créer un centre de réponses enligne (téléphone et internet).

Ces dispositions ne manquerontpas d’avoir des conséquencessur le service d’orientation del’Éducation nationale. Antici-pant la proposition présiden-tielle, X. Darcos n’a-t-il pas déjàannoncé la mise en place d’uneplateforme de ce type ouverte7 jours sur 7 de 9 heures à20 heures afin d’offrir un « accom-pagnement individualisé » ?Réduire l’accompagnement indi-vidualisé à une réponse ponc-tuelle, non inscrite dans un

contexte, une histoire, une évo-lution, en dit long sur la manièredont nos décideurs conçoiventl’orientation. On sait d’ores etdéjà que c’est bien en prélevantdes moyens sur le terrain que leMEN espère mettre ce serviceen œuvre.Martin Hirsch vient d’annoncerune concertation pour une nou-velle politique de la jeunesse quidevrait comprendre des propo-sitions sur la réorganisation dusystème d’information etd’orientation. En outre lesRégions reprennent l’offensiveet se font fort d’assurer la coor-dination de l’information et del’orientation pour tous, y com-pris le public scolaire. Les« maisons de l’orientation » sontde nouveau à l’ordre du jouravec leur corollaire de mutuali-sation de « bonnes pratiques » etde construction d’outils pour desprofessionnels qui n’ont ni lesmêmes métiers ni les mêmes for-mations, ni les mêmes missions !Il est effectivement urgentqu’une réflexion s’engage sur lepositionnement des CO-Psy dansce nouveau paysage où tout lemonde veut s’occuper d’orien-tation et de psychologie. Leministre a écrit au SNES pour

faire cette proposition. Les basessur lesquelles pourraient s’ou-vrir une réflexion sont pour lemoment bien éloignées de notreconception de l’orientation. Maiselles amèneront le ministre àpréciser enfin quelles sont sesintentions. Les nôtres sontconnues : c’est la défense du ser-vice public de l’Éducation natio-nale, de ses missions d’éléva-tion du niveau de formation et dequalification de tous les jeunes,de suivi et d’accompagnementpar des CO-Psy en nombre suf-fisant. Avec les parents, lesélèves et les enseignants, c’estmaintenant qu’il faut nous faireentendre. Le 19 mars en est uneétape importante. ■

Catherine Remermier

Nombre d’assistants d’éduca-tion vont arriver en fin d’ac-tivité au mois d’août

prochain. En effet la limitationà six ans de la durée d’exercicede cette mission va conduire lavague des premiers recrutés àquitter leur fonction.Deux constats peuvent être faits :• nombre de ces collègues vont seretrouver dans une situation per-sonnelle difficile dont l’adminis-tration de l’Éducation nationalene se préoccupe guère ;• malgré les engagements prislors de création des assistantsd’éducation, très rares sont ceuxqui ont bénéficié d’une forma-tion leur permettant de construireun parcours professionnel aprèssix ans d’activité en tant qu’AED.

Le SNES était opposé à la créa-tion des AED en lieu et place desMI-SE, dotés du statut d’étudiant-surveillant. Pour autant, nous nepouvons accepter que ces per-sonnels soient ainsi remerciéssans leur donner les moyens, dansl’Éducation nationale ou ailleurs,de pouvoir exercer une activitéprofessionnelle.Il est donc nécessaire d’offrir àces personnels, à ceux en fin decontrat, comme à ceux qui sonten fonction aujourd’hui, des pos-sibilités de formations quali-fiantes.Les conseils d’administration descollèges et des lycées peuventjouer un rôle très important pourimposer à l’administration cespossibilités de formation.

d’hui que l’Éducation nationalese prive de personnels qui pen-dant plusieurs années ont acquisune expérience et souhaitent faireleur métier de l’aide aux élèveshandicapés dans les établisementsscolaires. ■

Daniel Robin

Enfin, s’agissant des AVS quiaident les élèves handicapés enclasse et plus largement dans toutl’établissement, leur activité cor-respond à un métier qui nécessiteformation, qualification et com-pétences pédagogiques.Il est totalement absurde aujour-

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gation de l’ordonnance de 1945 et la créationd’un code pénal des mineurs : c’est remettreen cause l’ambition éducative dont cetteordonnance était porteuse.

Une jeunesse à enfermer ? Le syndicat de la magistrature, comme leSNPES-PJJ-FSU ont vivement réagi à l’an-nonce des conclusions de la commission Vari-nard. Parmi ses soixante-dix propositions sus-

FENÊTRE SUR LA CRIMINALISATION DES JEUNES

Une jeunesse à protéger Au lendemain de la guerre, reconstruire lepays et refonder la société imposent desmesures résolument progressistes ; parmielles, l’ordonnance de 1945 fixe les termes dela justice des mineurs en insistant sur troisgrands principes : primauté de l’éducationsur la répression, différenciation des peinesentre mineurs et majeurs, et enfin spéciali-sation des juridictions pour enfants. L’or-donnance de 1958 sur l’assistance éducativerenforce encore la notion de « protection »de la jeunesse.En revanche, au cours des années 1990, lespolitiques sécuritaires, portées par des gou-vernements de droite comme de gauche,connaissent un essor dans notre pays et modi-fient considérablement la donne ; les déci-sions gouvernementales, qui « revisitent »l’esprit de l’ordonnance de 1945, vont cres-cendo : lois Perben de 2002 et 2004, loi deprévention de la délinquance de 2007, loisur les peines-plancher et la récidive de 2008,sont toutes plus régressives les unes que lesautres. Rachida Dati va encore plus loin :elle commande un rapport à la commissionVarinard dont les conclusions parachèventles politiques à l’œuvre. Elle préconise l’abro-

ceptibles de servir de support à l’élaborationd’un projet de loi annoncé pour mars 2009, lesplus emblématiques sont la possibilité d’em-prisonner un enfant dès l’âge de 12 ans etl’instauration d’un tribunal correctionnel pourles 16/18 ans. Si l’âge pénal fixé à 12 ans aému la population et fait reculer le gouver-nement, les autres mesures risquent néan-moins de trouver un écho favorable. Ellesvisent toutes à imposer plus de contrôle, plus

Une jeunesse délinquante ?

34 - US MAGAZINE - Supplément au no 678 du 25 février 2009

EPM: ÉTABLISSEMENTS PÉNITENTIAIRES POUR MINEURSLa loi d’orientation et de programmation de la justice de 2002 prévoit la création de « prisonspour mineurs ». En juin 2007, le premier des sept établissements prévus voit le jour ; implantéà Meyzieu, dans le Rhône, il peut accueillir soixante jeunes détenus âgés de 13 à 18 ans. Ces éta-blissements prétendent placer l’éducation au cœur de la prise en charge des jeunes avec un objec-tif : préparer leur sortie et leur réinsertion. Mais le SNPES-PJJ/FSU (syndicat national des personnels de l’éducation et du social) s’élève dèsle début contre les EPM, et martèle qu’une prison reste une prison, malgré l’habillage éducatifqu’on lui donne.Quelques mois seulement après leur implantation, la commission nationale de déontologielivre un rapport qui pointe les dysfonctionnements graves des EPM ; le 2 février 2008, un faitdivers tragique consacre la violence interne des EPM : un jeune mineur se suicide, à Meyzieujustement, premier EPM sur le territoire. Julien avait 16 ans. Il s’est pendu dans sa cellule. Il yétait incarcéré depuis un mois et demi.

CHIFFRES DE LA DÉLINQUANCE EN HAUSSE, rajeunissement des délinquants, récidives en augmentation… La peur est lefonds de commerce du gouvernement. Elle lui permet d’entretenir et de développer une politique sécuritaire qui ne datepas d’hier dans notre pays. La jeunesse, « racaille » ou « grands géants noirs » comme l’a stigmatisée le Président de laRépublique, est diabolisée. C’est dans cet esprit que la commission Varinard a rendu son rapport le 3/12 dernier. Chargéepar Rachida Dati de faire des propositions pour refonder la justice des mineurs, ses conclusions visent surtout à rompreavec l’esprit humaniste de l’ordonnance de 1945, qui prévoyait de sanctionner, mais aussi de protéger la jeunesse.

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Supplément au no 678 du 25 février 2009 - US MAGAZINE - 35

Abroger l’ordonnance de 1945,

c’est remettre en cause

l’ambition éducative dont elle

était porteuse

L’US: Le gouvernement s’appuie sur des chiffrespour justifier sa politique sécuritaire : est-il vrai queles actes de délinquance juvénile sont en augmen-tation ?Maria Inès : Les chiffres avancés par le gouverne-ment sont des chiffres bruts : il utilise les statistiquepolicières et ne les croise pas avec les chiffres judi-ciaires. Par conséquent, il ne tient pas compte desmodifications du droit pénal et des politiquespubliques en matière de sécurité. Une étude récente du CNRSdémontre une baisse en dix ans (22 % à 18 %) du taux de ladélinquance des mineurs par rapport à la délinquance des majeurs.Le « populisme pénal » développé par Sarkozy, qui préfère lapolice à la justice, consiste à démontrer que la justice, notammentcelle des mineurs est laxiste (or, le taux de réponse pénale pourles mineurs est de 90% par rapport à celui pour les majeurs). Toutcela résulte évidemment d’un choix politique...

L’US : Les Établissements Pénitentiaires pour Mineurs (EPM)sont présentés comme une mesure de prévention pour les jeunes(mise à l’écart des adultes incarcérés) et d’éducation (prise encharge par des éducateurs). Cela semble relever du bon sens…Maria Inès : Mais c’est une totale imposture : « rendre la prisonéducative » est une aberration pour tous les professionnels de lajeunesse. L’incarcération doit être un ultime recours, c’est rappelédans les textes, c’est inscrit dans l’ordonnance de 1945. Aucontraire, l’enfermement provoque soit de la dépression, soit de laviolence chez les adolescents, et cet enfermement est encoreaggravé avec les EPM par des phénomènes de groupes: les jeunesvivent sous le regard d’autres jeunes, ils se mettent en scène à tra-

vers des actes violents. Les EPM exacerbent lesdifficultés liées à l’enfermement, et n’ont d’autre butque de renforcer la coercition dans la prise en chargedes mineurs. On prétend améliorer les conditions dedétention des mineurs, mais c’est faux.

L’US : La prise en charge éducative de la jeunessea donc réellement laissé place à la seule réponserépressive ?

Maria Inès : La notion de « protection » est en train de dispa-raître ; en 1958, l’ordonnance sur l’assistance éducative délivreune double compétence, civile et pénale, au juge des enfants età la Protection Judiciaire de la Jeunesse qui s’occuperont dès lorsdes mineurs délinquants, mais aussi des jeunes en danger. Lesréformes visent à casser cette double mission : au nom de laréduction des coûts imposée par la Révision Générale des Poli-tiques Publiques (RGPP), et en cohérence avec les politiquessécuritaires, nous assistons au transfert de la mission de pro-tection (qui relève aussi de la Protection Judiciaire de la Jeunessedepuis 1958) aux conseils généraux ! Cela va engendrer uneinégalité de traitement sur le territoire, et laisser place à une autrelogique, la contractualisation, soumise aux résultats. Il est évi-dent que certaines familles, très fragiles et très précarisées,vont «échapper» à l’aide, et ce sont celles qui en auraient le plusbesoin... La PJJ passait du temps avec elles, les accompagnait.Mais pour une partie de l’opinion publique, ce n’est pas probant: il faut des réponses rapides, même si ce ne sont pas lesbonnes... ■

(1) Cosecrétaire nationale du SNPES-PJJ/FSU

Trois questions à Maria Inès(1)

Dénoncer une imposture

d’enfermement, plus de peines pour lesjeunes. La Défenseure des enfants, Domi-nique Versini, s’est également élevée contre cerapport en dénonçant des recommandations encontradiction avec les engagements interna-tionaux de la France, notamment la ratifica-tion de la Convention Internationale des Droitsde l’Enfant en 1990. Elle explique ainsi : «Décréter que les enfants qui se mettent eninfraction avec la loi pénale ne sont plus desenfants mais des «mineurs» ne réglera aucundes problèmes de fond qui se posent aujour-d’hui». Selon la convention de 1990, l’in-carcération des mineurs doit rester excep-tionnelle, et il faut réaffirmer le principe despécialisation de la justice des mineurs qui nedoit pas se rapprocher de celle des majeurs.Les signataires de l’appel du Collectif Liberté-Égalité-Justice (CLEJ dont fait partie la FSU)affirment ainsi : « (…) Nous, organisationssyndicales, associatives, politiques etcitoyennes, regroupées au sein du CollectifLiberté, Égalité, Justice (CLEJ), réclamonsl’abandon d’orientations et de propositionsinjustes et inadaptées à la réalité des pro-blèmes posés. Nous revendiquons un réen-gagement de l’État et de ses moyens dans lesecteur de la protection de l’enfance, afinque l’éducation revienne au centre des poli-

tiques concernant la jeunesse en diffi-culté. (…) » Cet appel explique que «la phi-losophie qui est à l’œuvre est claire : lesenfants n’ont plus de problèmes, ils sont leproblème».

Quelle place pour la jeunessedans notre société ?Alors qu’est célébré le soixantième anniver-saire de la Déclaration universelle des Droitsde l’Homme, la France rompt ainsi avec sesambitions humanistes et progressistes...Néolibéralisme et politiques sécuritaires vontde pair, il suffit de se tourner vers les États-Unis pour en voir les effets ; en France aussi,l’incarcération augmente, les prisons connais-sent une surpopulation inquiétante. Lecontexte d’exclusion sociale et de grandeprécarité a un impact très important sur lescomportements et peut conduire à toutessortes de délits ; la réponse à apporter nepeut se cantonner à l’enfermement : la péna-lisation qui s’abat sur les populations lesplus fragiles ne résout en rien leurs difficul-tés... Il faut assurer à la jeunesse le traitementde ses difficultés en conjuguant prévention,protection et répression. La seule répressionest indigne d’une société éclairée. ■

Véronique Ponvert©

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36 - US MAGAZINE - Supplément au no 678 du 25 février 2009

MériteLe comité est très critique surl’évaluation du mérite dont rêventnombre de ministères. Ces dis-positifs « peuvent se substituerà la liberté et la responsabilitéprofessionnelles d’enseignantscorrectement formés et motivésque préconise la Recommanda-tion de 1966 », ils sont de peud’effet en général sur « la per-formance » et ils ne sont « pasjustifiés lorsqu’il s’agit d’attirerou de recycler des enseignants ».Et de conclure : « s’il n’y a pas deconsultations appropriées entreles autorités qui emploient lesenseignants et les organisationsd’enseignants débouchant surl’acceptation d’un dispositifd’évaluation du mérite par lesprofessionnels de l’enseignementreprésentés par leurs organisa-tions, une disposition clé de laRecommandation de 1966 nesera toujours pas respectée ! ».D’où un véritable plaidoyer pourle paritarisme : « le Comitéconjoint recommande que des dis-positions soient prises pour créerdes systèmes de consultation etde négociation institutionnalisésplus solides en fonction des ques-tions pertinentes pour la profes-sion d’enseignant ».Le CEART ne peut contraindrele gouvernement japonais à seconformer à tout ce qui figuredans le rapport, mais le travailopiniâtre de Zenkyo met en diffi-culté les autorités japonaises. ■

Roger [email protected]

JAPON. La recommandation de l’UNESCO de 1966 sur la condition du personnel enseignantest à utiliser sans modération.

À utiliser sans modération !

INTERNATIONAL

ÉvaluationEn ce qui concerne la compétenceet l’évaluation des enseignants, ycompris les mesures relatives auperfectionnement professionnel,les gratifications et les mesuresdisciplinaires, le CEART rappelleque la Recommandation de 1966ne s’oppose pas à un systèmed’évaluation des enseignants effi-cace. S’agissant de l’applicationde ce qu’elle appelle les « sys-tèmes d’inspection ou decontrôle », le texte insiste sur lecaractère essentiel de l’encoura-gement et de l’aide à prodigueraux enseignants dans l’accom-plissement de leurs tâches profes-sionnelles de façon à ne pas res-treindre leur « liberté, [leur]initiative et [leur] responsabilité ».

IngérenceLes enseignants devraient être pro-tégés contre toute ingérence abu-sive ou injustifiée des parents« dans les domaines qui sontessentiellement de la compétenceprofessionnelle des enseignants ».Si l’on veut que soient respectées« la liberté, l’initiative et la res-ponsabilité » des enseignants, quisont des éléments essentiels pourgarantir un niveau élevé de pro-fessionnalisme dans l’enseigne-ment dans son ensemble, lessystèmes d’évaluation des ensei-gnants devraient concilier ces exi-gences concurrentes de telle façon

que le professionnalisme desenseignants dans l’intérêt d’unsystème éducatif global plussolide soit préservé plutôt que deprivilégier telle ou telle préoccu-pation particulière des parents.

TransparenceLes procédures applicables à laqualification de ces enseignantsn’ont toujours pas la transparencenécessaire. Selon les éléments depreuve présentés à la mission, lesrapports initiaux de la direction del’établissement scolaire ne sont pastoujours divulgués aux enseignants.Ils n’ont donc pas la possibilité derépondre ou de se faire entendre,l’environnement n’est donc guèrefavorable lors de la première étape– capitale – de cette évaluation.

Le syndicat japonais Zenkyo,avec lequel le SNES entre-tient des relations depuis long-

temps, confronté à des problèmesde licenciement de personnelspour « incompétence », a faitappel au Comité conjoint OIT-UNESCO d’experts sur l’appli-cation de la Recommandationconcernant la condition du per-sonnel enseignant (CEART).À la demande du syndicat Zenkyoet du ministère japonais (MEXT),une mission d’évaluation duCEART comprenant des membresdu comité et des fonctionnairesde l’UNESCO et du BIT s’est ren-due sur place en avril 2008. Lerapport de cette mission a fait l’ob-jet d’un examen du CEART surtrois points en rapport avec larecommandation de 1966 :• la compétence et l’évaluationdes enseignants, y compris lesmesures relatives au perfectionne-ment professionnel, les gratifica-tions et les mesures disciplinaires ;• l’évaluation du mérite en rela-tion avec le salaire des ensei-gnants ;• la consultation et les négocia-tions comme formes de dialoguesocial sur ces politiques et pra-tiques.Sans entrer dans le détail du rap-port de séance, un certain nombrede considérations intéressantespeuvent être retenues pour nossyndicats.

Le comité est très critique sur l’évaluation

du mérite dont rêvent nombre de ministères.

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comme une priorité et que le Som-met débouche sur des décisionsd’action concrètes des États.Dans de nombreux pays, les ten-sions sociales sont croissantes enraison des baisses de salaires quitouchent la profession enseignanteet des diminutions de crédits quiaffectent le fonctionnement desétablissements scolaires.Les organisations syndicalesdemandent donc le renforcementdu dialogue social dans lequelune attention particulière doit être

apportée aux augmentations desalaires, aux conditions de travailet à la qualité de l’éducation.Dans ce contexte de crise, lessyndicats des PECO s’inquiètentde l’aggravation de la fuite descerveaux.Rappelant avant tout que l’édu-cation est une priorité pour nossociétés, les syndicats seront vigi-lants quant à l’évolution de lasituation dans leurs différentspays et demandent l’ouverturede négociations pour l’élabora-

tion de propositionsconcrètes afin de préser-ver l’éducation desconséquences de la crisefinancière actuelle. ■

Roger Ferrari

(1) FSASH-FSAS, Albanie ;SEB, Bulgarie ; PODKREPA,Bulgarie ; CUWPSEC, Croa-tie ; KOiW-NSZZ, Solidarnosc,Pologne ; ZNP, Pologne ;CMOS-PS, Slovaquie ; FSLI,Roumanie ; Spiru Haret, Rou-manie ; OZPSaV, Slovaquie ;STESU, Ukraine ; PDSZ, Hon-grie ; SEH-PSZ, Hongrie. Avecle soutien de GEW, Allemagne,et SNES-FSU, France.

HONGRIE. Les salaires des enseignants en Europe centraleet orientale sont un véritable enjeu pour une éducation de qualité

Forum syndical de Budapest (6-7 mars 2009)

Supplément au no 678 du 25 février 2009 - US MAGAZINE - 37

OTANi

Le retour ?Le prochain sommet de l’OTANcélébrera son 60e anniversairedébut avril à Strasbourg. Ilmarquera le retour de la Franceau sein de son commandementintégré. En effet, ce sommetdoit être l’occasion d’unréalignement stratégique de laFrance et plus largement de l’UEsur la politique d’hégémoniemilitaire américaine visantà « sécuriser » une zone allantjusqu’à l’Asie centrale. Déjàcertaines voix s’élèvent pourdemander un referendumsur la réintégration ou nonde la France dans lecommandement intégré del’OTAN (abandonné en 1966sous l’impulsion de De Gaulle).Un contre-sommet (le 3 avril),une manifestation (le 4) et uneconférence internationale (le 5)s’organisent à Strasbourg.Un premier meeting aura lieuà Paris à la Bourse du travailà 14 heures le 14 mars. La FSUparticipera à ces initiativescontre les politiques militairesagressives de l’OTAN etpour un monde de paix.

G20i

Riposte syndicaleLe gouvernement britanniquequi accueille le second sommetdu G20 à Londres le 2 avril2009 propose de mettreen place un accord mondial surlequel s’appuierait la relancepour sortir de la crise financièreet économique mondiale. L’IEet le CSEE travaillent à inclurel’investissement public dansune éducation gratuite pourtous, en tant que mesurenécessaire pour surmonterla récession économiqueet financière actuelle.En cohérence avec lesmobilisations syndicalesdu 29 janvier et du 19 mars enFrance, une journée mondialed’action est organisée le28 mars en lien avec laréunion du G20 (rendez-vousplace de l’Opéra à 14 heures).Une manifestationinternationale aura lieu àLondres également le 28 marsà l’appel des TUC et soutenuepar la CSI.

Les organisations syndicalessoussignées(1), réunies à Buda-pest, ont présenté leurs rap-

ports sur les conséquences de lacrise économique et financièrepour le secteur de l’éducation.Des gouvernements nationaux etlocaux utilisent la crise pourréduire les dépenses publiques eten particulier celles de l’éduca-tion alors que la priorité devraitêtre de développer l’emploi public.Les organisations rappellent queles dépenses en éducation ne doi-vent pas être considéréescomme des coûts maiscomme un investissementpour le futur de nos socié-tés. L’histoire a montréque l’investissement dansl’éducation, la science et larecherche sont lesmeilleurs remèdes pourlutter contre la pauvreté,pour réduire les inégali-tés, pour favoriser la cohé-sion sociale et relancer lacroissance économique àlong terme.Les syndicats exigent quel’éducation figure àl’ordre du jour du G20

DÉCLARATION FINALE DU FORUM DE BUDAPESTLes salaires des enseignants en Europe centrale et orientale,

un véritable enjeu pour une éducation de qualité« À l’initiative du SNES et du SEH-PSZ (Syndicat desenseignants de Hongrie) et avec la participation de laGEW d’Allemagne et du Secrétaire Général du CSEE(Comité Syndical Européen de l’Éducation), 35 militantsissus des pays d’Europe centrale et orientale, Albanie,Bulgarie, Croatie, Pologne, Slovaquie, Roumanie,Ukraine et Hongrie ont débattu des politiques salarialesauxquelles ils sont confrontés. Ce forum syndical dedeux journées a permis non seulement d’échangersur la situation dans chaque pays mais aussi d’identi-fier des tendances. La crise économique et financièrene doit en aucun cas servir d’alibi aux gouvernementspour refuser d’engager des négociations salarialespourtant indispensables à la revalorisation de la pro-fession enseignante. Il est tout aussi inacceptable devoir les salaires des enseignants être réduits (c’est lecas en Roumanie) ou versés en retard ou partiellement(c’est le cas en Hongrie). Les débats ont montré qu’ilest certes difficile d’élaborer des stratégies com-munes en matière de revendications salariales tant les

systèmes de rémunération et le statut des ensei-gnants diffèrent d’un pays à l’autre.D’où l’idée que les luttes salariales se mènent d’abordet avant tout au plan national. Cela n’empêche pasqu’elles s’inscrivent dans un cadre de mobilisation beau-coup plus large, celui de l’Europe, avec le soutien du CSEE.La déclaration adoptée à l’issue du Forum a été envoyéeà la Présidence tchèque de l’UE. En effet, il y a urgenceà faire pression sur les chefs d’État et de gouvernementqui, dans le cadre du Conseil Européen de printemps (19et 20 mars), vont préparer le positionnement que l’UEaura lors du sommet du G20 organisé à Londres le2 avril sur le thème « Comment surmonter la crisefinancière ». L’éducation doit figurer comme prioritéà l’ordre du jour de ce Sommet.Les camarades tchèques ont d’ores et déjà appelé àparticiper à la manifestation programmée à Prague le16 mai prochain. Il s’agit là d’une des quatre euro-manifestations organisées par la CES (Bruxelles, Ber-lin et une ville d’Espagne). »

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À LIRENotre sélection

� REBELLESMichel Ragon, romancier, avoulu rendre compte d’unepartie du bilan du mouvementouvrier et culturel par le biaisde ce dictionnaire. L’anarchieest multiple. L’auteur ne

craint pas d’associer Proudhon,Bakounine à Breton, Camus, Dubuffet,Wagner... tout en ouvrant desrubriques autour de l’autogestion, lerégicide. N. B.• Dictionnaire de l’Anarchie, Michel Ragon,Albin Michel, 662 p.

� POURQUOI POLLUER ?Quiconque crache dans la soupeou la salade s’en assure la pro-priété... la propriété se marquecomme le pas laisse sa trace…L’essai de Michel Serres n’estpas banal. Il montre comment

les animaux et les hommes ont l’habitudede souiller leur territoire pour s’en décla-rer propriétaires. Dépassant la notion decontrat social, il affirme que seul « uncontrat naturel » mettra les hommes,non plus propriétaires, mais simpleslocataires de leur espace, en paix avecla nature. La question posée n’est pas desavoir comment nous polluons la pla-nète, mais pourquoi nous la polluons.On peut ne pas suivre l’auteur jusqu’aubout de sa démarche, mais c’est unsouffle rafraîchissant sur les miasmes dece monde si sale ! Jacqueline Dérens• Le Mal Propre. Polluer pour s’approprier,Michel Serres, 90 p., Éd. Le Pommier.

� POLÉMIQUEDominique Janicaud (1937-2002) a lancé une attaquepolémique contre les ten-dances transcendantales dela phénoménologie existantes

à partir des années 1970, renforcéespar la vague libérale des années 80.Deux textes (1991 et 1997) pour redon-ner du sens à cette philosophie défen-due par Merleau-Ponty. Plaisir et intel-ligence font ici bon ménage. N. B.• La phénoménologie dans tous ses états,D. Janicaud, 90 p., Folio, 326 p.

� BARBARIESArchanges, un roman à quatre voix,trois bourreaux et une victime,témoigne de l’horreur des guerres quiont déchiré l’ancienne Yougoslavie.C’est noir, sans espoir, dur et violent.Du grand Velibor Colié, né en 1964à Modrica, en Bosnie-Herzégovine,et qui vit aujourd’hui à Douarnenez.Archanges est son premier roman écritdirectement en français. Il retravaille ettranscende, quinze ans après, la matièretragique des Bosniaques et de La chro-nique des oubliés. Un livre essentiel,

l’un des plus forts sur la tragé-die et la folie des années 1990.

J. D.• Archanges (Roman a capella),Velibor Colié Larbey, Éditions Gaïa.

À voir et à rêver

des réalités cachées, qu’il fautaller trouver. Cette exposition, lapremière depuis 1978 d’unpeintre intrinsèquement parisien,devrait lui redonner sa place etpermettre des rencontres,quelques chocs esthétiques dontnous avons besoin permettant – àla lecture du catalogue – de rêverà d’autres mondes. N. B.• L’Ombre, le Reflet, Photographiesde Minot-Gormezano, textes deRobert Misrahi, exposition à la Mai-son européenne de la photographie,jusqu’au 5 avril, 5/7, rue de Fourcy(M° Saint-Paul), Paris 4e, Catalogueaux éditions Skira Flammarion, 45 €.• Asger Jorn, 1914-1973. Œuvressur papier, exposition au CentrePompidou, jusqu’au 11 mai, Cata-logue co-édité par Gallimard/CentrePompidou, avec un recueil d’essaispermettant de comprendre la placesingulière de cet artiste, 39 €.

Paradoxalement, AsgerJorn – né Jorgensen auDanemark en 1914 –joue aussi des Ombres etdes Reflets dans ses des-sins. Il ne craint pas delaisser voir des brouillonsd’œuvres à venir ou quisont restées à l’état deprojet. C’est un art quidoit beaucoup à l’écri-ture automatique des sur-réalistes et à FernandLéger son premiermaître. Il souffrira de lafaim plus souvent qu’àson tour donnant à ses œuvresune ombre de désespoir. À la findes années 50 il se spécialiseradans les « modifications » –Butor en fera le titre d’un de sesromans – à partir de tableauxachetés aux Puces ou sur desaffiches. Le détournement per-met l’ironie, l’humour, la distan-ciation et la réflexion. Il dévoile

des enchaînements diffé-rents des œuvres de cepoète. On sait qu’il adéfrayé la chronique avecl’aide de Verlaine, qu’il avoulu partir pour des rai-sons indéterminées maisque ces histoires n’expliquent en rien la forcetragique de ses écrits.Cette nouvelle édition fait la part belle à cette« œuvre petite et fermée comme un poing »(Pierre Michon) et aurait pu s’intituler À larecherche d’une voix comme l’indiqueAndré Guyaux lui-même.Pour redécouvrir une nouvelle fois « l’assez brefmoment où [Rimbaud] a parlé – mais ce qui s’ap-pelle parler – comme on n’avait jamais parlé avantlui » (Julien Gracq). Nicolas Béniès

• Œuvres complètes, La Pléiade, 42,50 € jusqu’au 30/06.

Le dessin de Fernand Léger qui orne la couver-ture des dites Œuvres complètes pour cettenouvelle édition sous la responsabilité d’André

Guyaux, dit l’essentiel : nous savons sans leconnaître qui est Rimbaud. Une énigme qui nesera pas résolue. Comment concilier le poète et lenégociant d’armes ? Le choix a été fait ici depublier dans une première partie tous les poèmes,tous les essais, les faux départs, arrivées, les dif-férentes versions et même ceux des lettres de la der-nière période pour indiquer la place originale decette parole, de cet univers en expansion. Lesautres parties peuvent être considérées, contretoute logique, comme des hors-d’œuvre reprenantla chronologie et un choix de documents. De quoiépaissir le mystère.Rimbaud n’avait fait imprimer qu’Une saison enenfer, tout le reste est travail d’éditeur. Chacunpeut faire la preuve de sa créativité en construisant

UNE ŒUVRE EN DEVENIR

L’énigme Rimbaud

CULTURE Livres /Revues

La photographie a longtempsété considérée comme un« art moyen » sinon mineur,

un peu comme le jazz et lecinéma. Pourtant le travail sur lalumière devenant ombre, dévoi-lant et obscurcissant notre réa-lité dans le même mouvement,est partie prenante de l’art actuel.La peinture se transforme, habitela photographie. Pierre Minot etGilbert Gormezano ont vouluretraduire le déploiement de l’êtrehumain dans ses relations avecses constructions qu’elles soientphysiques ou conceptuelles.Robert Misrahi, philosophe dansla lignée de Spinoza, apporte lecontrepoint nécessaire à cetteréflexion sur notre monde résul-tat de voyages se voulant épui-sants. « Ni l’imaginaire, ni le ventne peuvent abolir l’être » écrira-t-il pour résumer leur démarche etle titre de cette expositionL’Ombre, le Reflet.

S MAGAZINE - Supplément au no 678 du

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NOS COLLÈGUES PUBLIENT�TSUNAMI DE SOUVENIRSLa souffrance physique – un cancerdu sein – appelle les souvenirs desdrames passés, des secrets defamille enfouis dans ces terres deBretagne dont Yselle entend lalangue sans la comprendre. Peut-onvaincre nos maladies ?• Les blessures fossiles, Marie-HélèneProuteau. La Part Commune.

� ... ET TRADUISENTUn conte pour enfants et pour ceuxqui le sont restés tout en visitantles paysages du Sud du Chili à tra-vers le périple, à cheval, de deuxenfants. Les traducteurs nous per-mettent de continuer à découvrircet auteur chilien.• Les enfants de la croix du Sud, ManuelPeña Muñoz, traduit par Janine Philipps etRenato Paveri, L’Harmattan, 89 p.

� DRAMES QUOTIDIENSDes scènes de la vie. Un père dontla mémoire s’en va, un enfant àvenir, une séance chez le psycha-nalyste... et tous ces petits mal-heurs et bonheurs qui font la tramede notre quotidien, de notre vie.Autant de nouvelles zébrées d’inter-mèdes sur l’amour et son absence.• Baignade interdite, Cendrine Dumatin,Artistfolio, 148 p.

Notre sélection� REDÉCOUVERTEDumas, l’Alexandre, le vrai, leseul. Il se fait oublier, et pafune réédition nous le remetsous les yeux. Et la magieopère. Cette saga de Chicot, unde ces personnages inou-

bliables, passant de la Dame de Monso-reau aux Quarante-Cinq permet de faireparticiper le lecteur à la cour d’Henri IIIcomme si Dumas avait fait parler lesmurs. C’est aussi la fin d’un monde.Cette agonie avait besoin de Dumas. Iln’y a pas résisté. Nous non plus. N. B.• La Dame de Monsoreau. Les Quarante-Cinq, Alexandre Dumas, présenté par ClaudeAziza, Omnibus, 1 440 p.

Polars� PASSÉ ET PRÉSENT MÊLÉSLa Russie de Poutine doit-elle plus aux

tsars qu’à Staline ? C’est lathèse brillante que développeBoris Akounine dans ces deuxenquêtes parallèles, l’une dansla Russie d’aujourd’hui, l’autredans la Russie impériale avecson héros récurrent Fando-

rine. Comme d’habitude, lesréférences littéraires sont par-ties prenantes de l’intrigue.D’une seule intrigue ! Une mêmehistoire racontée dans deux

contextes différents mais qui fait agirdes protagonistes semblables. Cettecomparaison qui, on le sait, n’est pasraison, est un ressort littéraire puissantet surtout interroge sur la Russie d’au-jourd’hui, sur son avenir. Il faut liretout Boris Akounine ! N. B.• Bon sang ne saurait mentir, Boris Akou-nine, tome 1 et 2, 336 p. et 336 p. (!!),Presses de la Cité.

� UNE HISTOIRE DES ÉTATS-UNISDennis Lehane est un des grands écri-

vains américains, classésdans les auteurs de polar.Un genre qui est l’avenir dela littérature. Et il le montre.Il s’attaque dans Un pays àl’aube à l’Histoire de sonpays, l’Histoire moderne

après la première guerre mondiale.Une seule année de la présidence Wil-son est racontée via Luther Laurence,un Noir joueur de base-ball et DannyCoughlin, Irlandais donc flic dont larencontre hautement improbable alieu dans cette ville-clé, Boston. Elleest le personnage principal, c’est ellequi façonne ses habitants via laconstruction de ses quartiers, de sesdivisions. Une recherche sur la défi-nition de l’identité étatsunienne. Riend’évident mais un grand roman.• Un pays à l’aube Dennis Lehane, traduitpar Isabelle Maillet, Rivages/Thriller, 765 p.

� L’HEURE DE GLOIRELe polar est un genre qui n’en finitpas de s’étendre. Ce n’est pas la pre-mière fois que Jean-Pierre Gattégno

s’y risque. Là, c’est la mortd’une auteure à succès,Anémie Lothomb. Qui l’atuée ? Antoine Galoubet quis’en accuse ? Ou s’agit-il

BRIC-À-BRACDenis Polge se sert detous les débris de notremonde qui se trouventsur une plage, sur lesrives des rivières ou desfleuves ou même dans les livres de bota-nique pour construire des paysages inté-rieurs faisant rêver ou cauchemarder,c’est selon. Une manière de découvrirnotre monde que nous ne savons pasregarder ou que nous refusons de consi-dérer pour conserver un semblant d’op-timisme. Il faut contempler ces travauxpour apercevoir d’autres horizons,d’autres limites. Se promener sur cesAutres rives, c’est vouloir arriver nullepart tout en ayant envie de partir...N. B.• Autres rives, Denis Polge, 45 illustrationsavec des poèmes d’Henry Mathieu et XavierGirard, Le Promeneur/Gallimard, 35 €.

RECHERCHESLe livre, surtout le livre pourenfants, a toujours suscitél’imagination des peintres,leur permettant de chercherde nouveaux horizons. Cetteexposition et ce très beaulivre veulent faire revivre le livre yiddish,une langue oubliée et une littératurequi ne l’est pas moins.Or, les expérimentations picturales, typo-graphiques permettent de retracer desparcours et apprécier les relations entretextes et illustrations. La renaissancejuive des années 1910-1930 a beaucoup àvoir avec le climat révolutionnaire decette époque. Le constructivisme parexemple se retrouve nettement dansquelques couvertures. Une découvertenécessaire. N. Béniès• Futur antérieur. L’avant-garde et le livreyiddish (1914-1939), sous la direction deNathalie Hazan-Brunet, exposition au muséed’Art et d’Histoire du judaïsme, jusqu’au17 mai, Hôtel de Saint-Aignan, 71, rue duTemple, Paris 3e, catalogue co-édité par lemusée et par Skira Flammarion, 49 €.

plutôt d’avoir les 15 mn de gloire dontparlait Warhol ? Cette enquête permetde se moquer de ce monde des« arts » qui ne pense qu’à sa noto-riété, qu’à se faire connaître. AmélieNothomb est devenue une spécialistede ce créneau en se racontant elle-même. Un bon moyen de faire sa pub.Mais elle n’est pas la seule... À lirepour rire. Et réfléchir. N. B.• J’ai tué Anémie Lothomb, Jean-Pierre Gat-tégno, Calmann-Lévy, 247 p.

� LES ANNÉES 1980Le 10 mai 1981, c’est la liesse. La gauchea gagné. Du moins le croit-on. Unmeurtre horrible a lieu. L’enquête pié-tinera. Trois ans plus tard, en 1984,c’est la grande manifestation pourl’Ecole privée, et un tournant duseptennat. Maurice Laice se lancedans sa première enquête et tombe

follement amoureux...Chantal Pelletier utiliseun procédé initié parDos Passos, les cou-pures de journaux, l’in-

formation brute pour rappeler cecontexte. Amour politique et meurtres.Toute une époque ! N. B.• Montmartre. Mont des Martyrs, ChantalPelletier, Série Noire/Gallimard, 236 p.

� TRAVAIL DE MÉMOIREKnut Faldbakken est un écrivainreconnu...en Norvège. Il se lance avecL’athlète – et il faut faire attention à laphoto de couverture – dans le polarpour une sombre intrigue relevant dupassé et de l’Occupation nazie. Ce paysa connu l’équivalent de la Milice... Noussommes à la veille de l’an 2000, dansun quartier de retraités dans une petiteville au nom imprononçable. Le décèsd’un homme de 71 ans marque le débutd’une enquête langoureuse. Il a pu mou-rir de mort « naturelle ». Or il a étéassassiné. Pourquoi ? Et le roman prendune autre direction. Les voiles selèvent. Et on découvreun monde pourri. Nicolas Béniès• L’athlète, Knut Faldbak-ken, Seuil/Policiers, 361 p.

Peut-on être à la fois facétieux et profond,insolent et grave, ironique et politique,drolatique et philosophique ? L’écrivain

russe Vassili Axionov, révélé en France par lesuccès de sa Saga moscovite (Gallimard Folio), a choisi de mêler lesregistres et d’exploiter les inépuisables ressources du genre romanesque.Son œuvre foisonne, tour à tour picaresque et épique, réflexion sur lepouvoir et éloge de la tolérance ; elle procède par saccades, ne cessed’inventer, d’innover, grâce à une narration d’une liberté exception-nelle. Axionov fait de la liberté du romancier son principe absolu, ceque son nouveau roman Terres rares (Acte Sud) vient confirmer,après des ouvrages aussi réjouissants que Les oranges du Maroc(Actes Sud, un livre culte en Russie) ou encore À la Voltaire (ActesSud, qui met en scène avec jubilation la rencontre imaginaire deVoltaire et de l’impératrice Catherine II de Russie).La liberté est d’ailleurs le leitmotiv de l’homme comme de l’œuvre. Axio-nov est le fils de l’écrivaine Evguénia Guinzbourg, déportée au goulagsoviétique en 1937. Il a écrit ses premiers romans pour dépeindre unejeunesse soviétique éprise de liberté et il en paiera le prix : après la décou-verte, en 1980, du manuscrit de son roman Une brûlure, il est déchu dela nationalité russe et expulsé. Installé aux États-Unis, où il vivra jus-qu’à la chute du régime, il refuse de se déclarer dissident mais sesromans mettent en scène la Russie communiste, ses utopies et ses hor-reurs, le stalinisme oppressant mais aussi ses avant-gardes artistiques(ainsi des Hauts de Moscou, Actes Sud). Son livre le plus puissant, dontle style et la construction sont les plus classiques, reste cette Saga mos-covite – dont le modèle avoué est le Guerre et paix de Tolstoï – qui suitde 1924 (mort de Lénine et guerre de succession entre partisans de Trotskiet de Staline) à 1953 (mort de Staline) la destinée de la famille Gradov,dynastie de médecins dont les générations successives nous font vivrela terreur totalitaire, la « grande guerre patriotique », les vagues de purgeset les angoisses nocturnes de Staline. Aujourd’hui, dans Terres rares,son roman le plus déconstruit et le plus débridé – et sans doute sondernier, car l’écrivain est gravement malade –, Axionovévoque la Russie d’aujourd’hui, ses oligarques et sesnouveaux riches : « Tu n’expliques pas aux gens de quoitu parles, tu les obliges à chercher » explique un ami aunarrateur. On ne saurait mieux dire : Axionov est un grandécrivain qui exige de chacun la plus créatrice des lectures.

Alexis Chabot

ÉCRIVAIN DE LA LIBERTÉ

À l’est, du nouvveeaauu

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Au milieu des années soixante, un pro-fesseur d’histoire enseignant à Palo Altoen Californie tente une expérience avec

sa classe de lycéens. Il s’agit, au départ, derépondre de façon concrète à une questionportant sur le nazisme et sur le fait qu’unegrande partie du peuple allemand ait pu igno-rer l’existence des camps de concentration. L’expérience consiste à imposer aux élèvesun régime de discipline stricte qui prône lasoumission de l’individu et sa totale dévotionà la règle générale imposée.Contre toute attente, la classe réagit bien auxcontraintes et aux règles d’obéissanceextrême. L’expérience qui devait porter surune journée est reconduite. Elle déborde bien-tôt le cadre de la seule classe et s’étend àl’école tout entière. Très vite, les élèves réfrac-taires à l’engagement font l’objet de repré-sailles ou sont exclus des groupes. Devantl’ampleur du mouvement, le professeur estobligé de mettre un terme à l’expérience.Ces faits authentiques ont inspiré à ToddStrasser un ouvrage qui est devenu, depuisplus de vingt ans, un classique de la littératurede jeunesse et qui figure au programme dansde nombreuses écoles allemandes.Dennis Gansel avait déjà, dans un autre de ses

MUSIQUES• CLASSIQUEUn Italien à ParisAprès Salzbourg et Vienne, Rome,New York et Tokyo, c’est à Parisque le pianiste Maurizio Pollini pré-sente son «Progetto», les PolliniPerspectives, un cycle de neufconcerts présenté sur deux saisons,de 2008 à 2010, à la salle Pleyel. Leplus grand pianiste vivant a inter-prété ce mois de janvier deux

sonates deBeethoven etla secondesonate deBoulez. Unrécital somp-tueux àl’image duprojet : jux-

taposer des œuvres de musiqueancienne et des œuvres du ving-tième siècle, dont Pollini s’est tou-jours fait l’ardent défenseur. Demars 2009 à juin 2010, il joueraBach et Bartok, Beethoven etSchoenberg, Brahms et Berio, Cho-pin et Webern... Pour ce faire, ils’entoure d’interprètes amis, deschefs d’orchestre éminents, PierreBoulez dirigeant l’Ensemble inter-contemporain, Riccardo Chaillydirigeant le Gewandhausorchester

de Leipzig, Peter Eötvös dirigeantle London Symphony Orchestra,mais aussi le Quatuor Hagen et lasoprano Petra Lang. Musique dechambre, concertos, symphonies,minimalisme dodécaphoniquecoexistent dans cette véritable uto-pie musicale. Elle est à l’image dugénie et de l’ouverture d’esprit dupianiste milanais, premier prix duconcours Frédéric Chopin àVarsovie en 1960, élève d’ArturoBenedetti Michelangeli. Ses enre-gistrements de Beethoven, Chopin,Brahms, Schubert ou Schumann,et récemment de plusieurs concer-tos de Mozart – tous publiés parDeutsche Grammophon – fontfigure de référence. Alexis Chabot• Rens. : www.sallepleyel.fr

• ROCKUn héros du XXe siècleElvis Presley, le King, est une sorted’énigme, comme toutes les stars.Peter Guralnick a voulu réaliser labiographie deson idole poursavoir si ellerésisterait à cetraitement. Il ainterrogé tousceux et toutescelles qui l’ontconnu pour

en revue l’histoire, lespolitiques publiques,l’économie, les genres, lespublics et les scèneslocales de ces musiquesdites amplifiées. Ce livrecollectif appelle des suitespour continuer un débatnécessaire. N. B.• Stéréo, sociologie comparée desmusiques populaires France/G. B.,sous la direction de Hugh Dauncey etPhilippe Le Guern, co-éditionmélanie séteun/irma.

• CHANSON FRANÇAISEMémoire et souvenirsChaque chanson pourrait raconterses histoires s’inscrivant dans l’His-toire. Les souvenirs se construisentautour d’elles. Autant de person-nalités, autant de constructions liéesà ces madeleines sonores.Ivan-Claude Perey, ex-animateurde radio, a choisi 120 chansons de1888 (Le Fiacre) à 2008 (Suzanne)pour les resituer dans leur contextetout en insistant sur leur poésie. Unplaisir de la lecture en même tempsqu’un travail sociologiquenécessaire. N. B.• 120 chansons que l’on fre-donne, petites histoires etanecdotes, Ivan-ClaudePerey, éd. Didier Carpen-tier, 288 p.

reconstruire sa vie. Dans le premiertome, celui de l’ascension, se lisaitl’ambition de ce petit employé dansle contexte de ces années 50 mar-quées par le « baby-boom » et larévolte contre la génération précé-dente. Dans ce second – Auroyaume de Graceland – c’est la vieoisive dénuée de sens sinon de celuide gagner de l’argent, qui détruit lapersonnalité. Elvis ne vit que sur lascène ou dans les studios. Il est népour chanter, c’est son don et il enest conscient. Le biographe ne laissepasser aucun détail. Pourtant, aumoment où cette énumération devide, de rien pourrait lasser, il seproduit... une séance en studio.Elvis, si on voulait résumer, a aiméêtre Elvis – et il l’a fait de manièremoins ostensible que Frank Sinatra– tout en détestant les conditionsdans lesquelles il le devint. À lirepour comprendre cette période desannées 1958-1977. Nicolas Béniès• Elvis Presley, Careless Love, PeterGuralnick, Le Castor Astral, 857 p.

• MUSIQUES ACTUELLESRéflexions croiséesPeut-on comparer le paysage musi-cal français et britannique ? Cettequestion a réuni treize chercheurspour tenter de cerner la sociologiedes musiques pop/rock. Ils passent

films Napola, posé la question desavoir comment le nazisme étaitparvenu à rendre aveugle d’unetragique réalité, tout un peuple.Dans La vague, il a fait le choix detransposer dans l’Allemagned’aujourd’hui, des faits situés auxÉtats-Unis dans les années soixante. Il l’afait en se posant la question de savoir si unetelle chose serait possible dans l’Allemagnecontemporaine. Les notes originales de RonJones, le professeur qui a lancé l’expérience,ont servi de tracé narratif pour la constructiondu scénario.Un professeur charismatique qui provoquel’admiration de ses élèves, l’occasion pour desjeunes à la personnalité effacée de s’appro-prier, par le biais du jeu engagé, un person-nage inédit et inespéré, un adolescent en mald’environnement familial constituent les élé-ments déclencheurs du processus romanesque.Dennis Gansel réussit parfaitement à rendreinsaisissable la ligne frontière entre le jeuengagé et la situation machiavélique qu’ilengendre. Il démontre la simplicité du méca-nisme. Comment une implication artificiellepeut se greffer sur des esprits vierges de toutengagement, la façon souterraine et insidieuse

d’entrer dans une escalade idéologique, lefonctionnement aveugle de l’individu quandil s’identifie à une cause, le désengagement del’individu quand il obéit à l’idéal d’un groupe.Un film qui aborde un tel sujet s’expose auxdangers du manichéisme. La vague n’yéchappe pas complètement et certaines faci-lités scénaristiques nécessaires aux articula-tions narratives ne sont pas évitées. Mais lefilm, dans sa forme précipitée est d’une belleefficacité quand il fait la démonstration d’unedérive idéologique.La vague devrait être vue par le plus grandnombre possible de jeunes gens au titre d’uneœuvre cinématographique forte et boulever-sante mais aussi comme la base idéale pourdébattre à propos d’un sujet qui reste, aujour-d’hui, d’une brûlante actualité. ■

Francis Dubois

• La vague, Allemagne. Un film de Dannis Ganseld’après le roman de Todd Strasser.

CULTURECinéma/Théâtre/SpectacleSCÉNARIO DU NAZISME

Psychologie de masse

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L’US Mag : Comment est né ce lieu ?Alain Alexis Barsacq : À la mort d’AndréBarsacq en 1973, ses héritiers ont dû céder leThéâtre de l’Atelier. C’est alors, qu’avecAgathe Alexis, nous avons récupéré une desailes souterraines du Théâtre. Ces locaux, aumilieu de masures qui tombaient en ruines,après avoir servi à entreposer décors et cos-tumes ont été transformés en salle de Théâtre.Et c’est ainsi qu’en 1984 s’installait dans l’es-pace actuel, la compagnie des Matinaux. Ceuxqui constituaient avec moi-même la jeuneéquipe d’alors s’appellent Agathe Alexis,Christian Schiaretti, Robert Cantarella...L’US Mag : Quels étaient vos projets ?A. A. B. : C’était au départ un projet decompagnonnage. Ouvrir le lieu à d’autrescompagnies. Mettre à l’affiche du théâtre descréations d’auteurs contemporains. La salle esttoute petite mais nous bénéficions d’une scèneassez importante dont l’ouverture est à peuprès équivalente à celle du théâtre de l’Atelier.Nos spectacles sont généralement facilementtransportables et nous sommes passés orfèvresdans la transformation des espaces...L’US Mag : Quel est le statut de l’Atalante ?A.A.B. : Lorsque nous avons créé la com-pagnie en 1984 nous avons assez vite obtenuune subvention qui comprenait une ligne bud-gétaire pour le fonctionnement et une autrepour les créations.Mais lorsque nous avons, Agathe Alexis etmoi, pris la direction d’un Centre dramatiqueen province, nous avons perdu la subventionpour la création.

Actuellement je conduis l’aventure avec laseule subvention de fonctionnement et labilletterie. J’ai récemment déposé unedemande d’aide à la Ville de Paris.L’US Mag : Quelle est votre lignede programmation ?A. A. B. : En général, je programme cinqspectacles par an. parmi lesquels figurentdeux ou trois mises en scène « maison ».Cette saison, il y aura eu le travail présentépar Agathe Alexis Loth et son Dieu,l’Antigone montée par René Loyon et mamise en scène du texte de Dürrenmat PlayStrindberg. Les autres spectacles sont choi-sis parmi les propositions qui se rapprochentle plus, dans l’esprit, de notre « famille dethéâtre ». À cela s’ajoutent des petites formesqui nous viennent souvent du théâtre àl’étranger. Nous avons depuis quelquesannées établies des rapports complices avecde petites scènes proches de notre structureà Moscou, Barcelone ou Saint-Pétersbourg...L’US Mag : Quels sont les dangers qui,selon vous, menacent le théâtre ?A. A. B. : Je pourrais dire, en ce qui nousconcerne que, n’ayant jamais bénéficié de lagénérosité des années fastes, nous ne souf-frons pas encore vraiment de la période dif-ficile qui s’annonce. D’autres dangers mena-cent : c’est la mauvaise formation et la faibleculture théâtrale des jeunes comédiens. C’estaussi le problème de l’organisation de l’ins-titution théâtrale, le travail cloisonné de cha-cun, la dérive marchande du théâtre privé... ■

Propos recueillis par Francis Dubois

Toujours du nouveau sur internet !Avez-vous visité les pages culture sur le site duSNES, dont la présentation a encore été amé-liorée en février 2009 ? Constituées de plusieurscentaines d’articles, avec des actualisationschaque semaine, ces pages sont accessibles encliquant dès la page d’accueil sur «Publications,éditions, culture» dans le premier encadré àgauche titré « Le SNES », puis sur «Culture»(http://www.snes.edu/spip.php?rubrique2562) :on peut découvrir en 3 «clics » les différentesrubriques affichant les derniers articles mis enligne, les précédents étant consultables en« archives » de chaque rubrique... Sont ainsiproposés de multiples compléments aux pagesculture du Magazine, avec l’actualité cinémato-graphique, théâtrale, chorégraphique, musi-cale... dans les théâtres partenaires... des débatset conférences, expositions, festivals, entretiensavec des auteurs et artistes, des informationsde collègues créateurs... et, chaque fois quenous en avons connaissance, des échos de mobi-lisations des professionnels de divers secteursartistiques en lutte contre les conséquencesdes orientations gouvernementales de culture du«résultat», de désengagement de l’État rédui-sant le budget, démantelant l’action culturelle,précarisant la création... Est par ailleurs toujoursaccessible en permanence, pour les syndiqués(avec le mot de passe de la carte SNES), la base«Réduc’snes» de la centaine de théâtres accep-tant de faire bénéficier les syndiqués d’un tarifréduit, dans diverses régions... qui est en coursde mise à jour.Si vous connaissez d’autres lieux pouvant accep-ter d’être partenaires, d’autres initiativesculturelles de qualité à soutenir... contactez-nous.

[email protected]

En mars-avril, parmi les grandsfestivals annuels dont nousapprécions la qualité : Films defemmes, 31e festival internatio-nal, à Créteil jusqu’au 22/3; 01 4980 38 98 (www.filmsdefemmes.com) ; la Biennale nationale dedanse du Val-de-Marne fête son30e anniversaire (jusqu’au 9/4, 0146 86 7070, www.danse94.com ;voir entretien avec son concep-teur Michel Caserta, en « por-trait ») ; également trentenaireCinéma du réel, festival interna-tional de films documentaires(www.cinereel.org) jusqu’au 17/3à la BPI et dans une quinzained’autres lieux ; Festival de l’ima-

ginaire, 13e édition autour de laMaison des Cultures du Monde etdans six autres lieux (www.mcm.asso.fr 01 45 44 4142), Ban-lieues bleues, 26e édition jusqu’au10/4 en Seine-St-Denis, avec undrôle de trio, Benat Achiary(voix)/Philippe de Ezcurra (accor-déon)/Ramon Lopez (batterie),

les saxophonistes Donald Harri-son, David Murray, le blues bos-niaque avec Ljijana Buttler, leTaraf de Bucarest, la bassistechanteuse Meshel Ndegeo-cello... (01 49 22 10 10, www.banlieuesbleues.org)...

Ont participé à la conception de ces pages : Nicolas Béniès, Alexis Chabot, Carole Condat, Jacqueline Derens,Francis Dubois, Pierre Heumetz, Philippe Laville, Micheline Rousselet

Nos collègues enregistrentMichel Fernandez, saxophonisteténor évoluant entre Sonny Rol-lins et John Coltrane, compagnonde John Tchicai, est en poste àCasablanca. De ces nouvelles ren-contres est issu son groupe actuelcomme cet album. Pour unemusique de notre temps. N. B.• Casa-port/Rabat-ville, Dar Jazz,Blue Marge.

Théâtre musicalCréé en fin d’année 2007 au Vingtième Théâtre,le spectacle écrit et interprété par FrançoisBréant avec ses dix-sept complices de la com-pagnie Okéko, Les animaux malades de la peste,revient du 25 mars au 5 avril dans une versiontoujours aussi jubilatoire... L’humour et la qua-lité théâtrale et musicale sont constants, et lestranspositions du texte de La Fontaine dans laréalité des gouvernants d’aujourd’hui particu-lièrement savoureuse... P. L.• Au Théâtre de Ménilmontant, 15, rue du Retrait,75020 (M° Gambetta). Rés. 01 46 36 98 60 (détails surwww.snes.edu).

Sauver le LMP !Le « Lavoir Moderne Parisien » dérange et sesdifficultés financières (malgré 100 000 visiteursdans l’année) peuvent entraîner sa liquidation.Nous avons déjà évoqué son activité très diver-sifiée, lieu de création tout autant que de résis-tance aux injustices, de solidarités en actes avecla population et les associations de son quar-tier... à rebrousse-poil des conceptions gouver-nementales de la culture. P. L.• En savoir plus, signer la pétition, faire un don, par-ticiper à l’AG du 31/3... : www.rueleon.net, 01 42 52 4263, et sur place à partir de 16 h du lundi au samedi au35, rue Léon ou à l’Olympic café, 20, rue Léon, 75018Paris (M° Château rouge).

ALAIN ALEXIS BARSACQ, directeur du Théâtre del’Atalante, appartient à une grande famille duThéâtre. André Barsacq, son père, succéda àCharles Dullin en 1940, à la direction du Théâtrede l’Atelier. C’est à l’arrière de ce bâtiment, au fondd’une ruelle, que se situe un des plus anciens lieuxdes petits théâtres parisiens : l’Atalante.

Lieu de création

Festivals : inventaire à la Prévert

AVISLa période d’été est particulièrement riche en festivals dans toutes lesrégions et nous préparons dès maintenant un supplément à L’US, consacréà ceux que vous pourriez rencontrer pendant vos vacances et qui ne sontpas toujours parmi les plus connus... comme nous l’avons fait en juindernier (n° téléchargeable : www.snes.edu/spip.php?rubrique2582). Vousavez un point de vue sur ceux que nous avions présenté, vous en appréciezd’autres, vous êtes peut-être même co-organisateur de certains... dites lenous ! Envoyez-nous les projets, proposez le partenariat « Réduc’snes »...

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LES LOGICIELS LES PLUS UTILISÉS : PETITE ENQUÊTE SUR LA LISTE DE DIFFUSION SVT-SNES

En Sixième : Phyloboite (classement du vivant), Plante (nutrition desvégétaux verts), Clé de détermination (de quelques végétaux), divers logi-ciels et animations gratuits sur la nutrition végétale, les pelotes deréjection... ; les suites des Cahiers de la Cypriolette (éditions créées pardes enseignants)... En Cinquième : Pulmo (appareil respiratoire), McDo (alimentation)... (gra-tuits) ; Logiprof Energie (métabolisme, éd. Pierron).En Quatrième : TectoGlob, Educarte, Google Earth (qui montre séismes,volcans, plaques), Seismic waves, ou Tectonique, Cycle, Reproduction, Hor-mones (ces quatre derniers sont des animations Flash en géologie et phy-siologie de la reproduction, cf. site www.ac-rouen) ou Cmd (dissection dela grenouille, site www.ac-creteil) ; Reproduction humaine (éd. Jeulin). En Troisième : AllèlesABO et Phagocytose (gratuits) ; Caryotype du CNED,Immunologie et Génétique (éd. Jeulin).

En Seconde : Rastop, Rasmol et Phylogène (de l’INRP) ou Cœur, Regnerv,Heart régulation, Respir, Cellule3D (ces huit derniers sont gratuits) ; Ana-gène du CNDP, payant.En Première et en Terminale : Phylogène, Gene (Transcrire, traduire,comparer et muter l’ADN), Lignée humaine, VIH, diverses animations surles cycles sexuels... ou, en spécialité de TS, Oxygène, Vostock, Climat2,parmi les nombreux logiciels et animations de SVT gratuits ; Mesurim pourle traitement simple des images (capturées par webcam, etc.) ; etquelques outils payants comme Sismolog de Chrysis ou Diet et Modsim(hormones sexuelles) de Jeulin, Anagène.Nous avons compilé dans un tableau synthétique l’ensemble des logiciels uti-lisés par les collègues ayant répondu à une enquête sur la liste de diffusionde SVT : cette liste est disponible en ligne sur le site d’ADAPT(http://www.adapt.snes.edu/spip.php?rubrique69), avec l’ensemble des liens.

DEPUIS LES ANNÉES QUATRE-VINGTS, à côté des logiciels d’ExAO — expérimentation assistée par ordinateur —,se sont développés les logiciels d’EAO — enseignement assisté par ordinateur. Illustrer pour faire comprendre estun souci permanent des enseignants de SVT, avec des outils qui ne cessent de progresser : «prenez le livre, pagenn», dessins polycopiés à l’alcool des années 1960, projection d’images argentiques,... et maintenant vidéopro-jecteur et ordinateur. Avec ces derniers médias, se sont développés deux supports plus ou moins interactifs :— le logiciel de simulation, — le logiciel d’animation (Flash...) ou le diaporama. Comme toujours en informatique,deux logiques se confrontent, celle du logiciel propriétaire payant et celle du logiciel libre ou gratuit, développéle plus souvent par des collègues passionnés. Nous avons voulu nous faire une idée des produits les plus utilisés :ce dossier a été réalisé après consultation des adhérents du SNES inscrits sur le forum de SVT. Y. C.

Modélisation et simulation

c’est-à-dire que le procédé estjugé artificiel et qu’il éloigne dela réalité. Il devient même parfoisune imitation frauduleuse de laréalité. Les automates font sourireet les « lois d’échelle» nous rap-pellent que si la longueur double,la surface est multipliée parquatre et le volume par huit. Lamaquette en réduction est doncfaussée. Mais, en même temps, lasimulation apparaît indispensabledans de nombreux domainesscientifiques qui échappent àl’observation ou à l’échellehumaine (temps en géologie,taille des atomes et molécules enchimie et en biochimie...).En fait la simulation met lesélèves en position active car ilsdoivent prévoir et obtenir desrésultats puis les confronter auxdonnées expérimentales. La simu-lation permet aussi d’isoler les

différentes variables pour rendreles phénomènes plus facilementaccessibles aux élèves. La simu-lation nous ramène nécessaire-ment à l’expérience réelle.Générateur de nombres auhasard (fonction ALEA deExcel, ou RANDOM des calcu-latrices), calcul de l’espérancede vie, prévisions de la trans-mission verticale des gènes aucours des générations selon lemodèle de Hardy-Weinberg,dérive génétique (genetic drift),dynamique des populationsselon une loi continue ou dis-continue, phénomènes chao-tiques, modélisation de l’ADN àl’aide des chaînes de Markov,croissance homothétique ou allo-métrique des divers organes d’unorganisme, etc. : tout cela setrouve sur des sites Internet. ■

Guy Rumelhard

Le mot modélisation corres-pond à des maquettes géo-logiques, des maquettes 3D

de molécules, des réseaux deneurones représentés par desrésistances et des capacités, à lacinétique de molécules et d’en-zymes représentées par desboules ou des points sur un écran

2D ou dans un espace 3D, à latransmission de gènes au coursdes générations représentés pardes boules tirées « au hasard »dans une urne, ou bien à uneformule mathématique. Ainsi,le modèle est une représentationsimplifiée et si possible parfai-tement contrainte d’un objet ou

d’un phénomène réel.Tous ces modèles per-mettent de réaliser dessimulations, c’est-à-dired’obtenir des résultatspossibles en faisantvarier les divers para-mètres du modèle. Il fautensuite comparer cesrésultats théoriques auxdonnées expérimentales(ou d’observation)réelles pour observer ledegré de concordance,ou bien un écart quidevient alors source demodification du modèle,de modification de l’ex-périence ou de recherchedes causes biologiques(ou géologiques) de cetécart. Le mot simulation a par-fois un sens très négatifcar il fait penser à «simu-lateur», ou à simulacre,

SVT et logiciels de simulation...CULTUREMultimédia

L’appel à des logiciels lors de l’évaluation des capacité expérimentalesen TS est devenu très fréquent, au point qu’il est prudent par exempled’entraîner les élèves à produire des images numériques lors desobservations microscopiques... Un rapide inventaire des outils numé-riques (hors ExAO) nous conduit à cette liste d’incontournables : logi-ciels spécialisés Anagene, Phylogene, Rastop, Sismolog, Educarte,PaleoVu, Radiochronologie ; logiciels généralistes Google Earth, Mesu-rim ou Paint (traitement d’images), tableur (Excel ou d’OpenOffice),voire traitement de texte et éditeur de diaporamas ; éventuellementMetamod (pétrographie). Pensez-y avant la Terminale !

EN PERSPECTIVE DE L’ECE

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Supplément au no 671 du 18 septembre 2008 - US MAGAZINE - 43

La modélisation en géologiesur le site du CNRS

Les principes et les pionniers de lamodélisation : http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosgeol/01_decouvrir/07_principes/03a.htm. Avec GéoManips, vousaccompagnerez le chercheur sur leterrain, découvrirez les expé-riences qu’il mène en laboratoire,les « réaliserez » à l’aide deprésentations pédagogiques.

L’actualié

– Droits partagés, http://www.droitspartages.net/index.php :avec plus d'un millier de docu-ments multimédias, ce site met àla disposition du public scolaireet éducatif une base de donnéesretraçant l'évolution des droitsde l'homme aux droits de l'enfantde 1789 à nos jours. Pour favori-ser le partage d'expériences etle travail collaboratif, l'associationvous convie à une Journée PortesOuvertes Interactive le 25 mars2009 de 13 heures à 18 heures,40, rue Corvisart à Paris.

– Google Ocean a été inauguré le2 février (http://earth.google.fr/ocean/). Nouvelle fonctionnalitéde Google Earth (incluse dans laversion 5.0), il permet de décou-vrir ce qui se passe sous le niveaude la mer, en 3D.

NOS SITES DU MOIS

De la simulation élaborée uti-lisant une base de donnéesconsidérable à l’illustra-

tion-visualisation, les utilisationspédagogiques des différentstypes de supports ne sont pascomparables.D’un côté, les logiciels « lourds»permettent de réelles « manipu-lations » par les élèves. Ceux-cisont devenus quasiment incon-tournables, principalement dansle programme actuel du lycée.On peut citer Sismolog pourl’étude des phénomènes géo-physiques, Anagène pour le trai-tement des séquences d’ADN,tous deux étant des logicielspayants. Des alternatives gra-tuites existent cependant : Tec-toglob possède quasiment toutesles fonctionnalités de Sismolog,de même qu’Educarte (utilisableuniquement en ligne sur le siteSismo à l’école) ; tandis queGene, quoique plus simple, peutremplacer Anagène. Dans la listedes logiciels gratuits, trois sontassociés à de grosses bases dedonnées et font partie des grandsclassiques : Phylogène (phylo-genèse), Rasmol et RasTop (bio-logie moléculaire).De l’autre, les logiciels plus« modestes » sont généralementmoins interactifs, mais possè-dent un vrai intérêt pédagogique.

Parmi les plus utilisés, on peutciter :– des gratuits comme Phyloboite(classification en Sixième),Cœur, Pulmo, AllèlesABO... ;– des payants comme Modsim(hormones sexuelles) et Diet(alimentation).Mesurim est un peu à part : logi-ciel gratuit de traitementd’images, il peut être utilisé dansdes contextes très variés (sché-matisation, comptage, biomé-trie...). Enfin, des animationsFlash ou des diaporamas ani-més, disponibles sur de nom-breux sites, peuvent efficace-ment compléter et illustrercertaines parties plus magistralesd’un cours.Plutôt que de dresser une listequi ne pourrait être exhaustiveet qui évolue sans cesse, nouspréférons recommander laconsultation de quelques sites

très complets qui proposent, enplus d’un classement par niveauou par thème, des informationspratiques, techniques et pédago-giques ainsi que des liens de télé-chargement pour chaque logicielréférencé : svtolog.free.fr, animépar plusieurs collègues, ethttp://pagesperso-orange.fr/jourdan.eric/logiciel.htm, sited’Eric Jourdan, collègue faisantun travail impressionnant, sontparmi les plus complets. Cer-tains sites académiques (Dijon,Toulouse et Rouen par exemple)complètent cette collection avec,en plus, des animations et desdiaporamas.Notre enquête auprès des ensei-gnants de SVT membres duSNES, comme notre pratique declasse, nous amènent à noter quel’utilisation des outils multimé-dia nécessite un investissementimportant de l’enseignant :recherche du logiciel, installa-tion sur l’ensemble des postesou sur le serveur (s’il l’accepte),mises à jour et importation desnouvelles bases de données,formation à son utilisation, pré-paration rigoureuse desséquences, résolution de bugs…Des outils précieux et aussibeaucoup de travail supplémen-taire. ■

Xavier Hill

Simulation élaborée ou simple visualisation ?

• Articles et liens du thème principal : Yves Cauet, Xavier Hill et Guy Rumelhard, groupe SVT du SNES.

• Pages réalisées par Alain Prevot, pour Adapt-SNES, 46 avenue d’Ivry, 75641, Paris Cedex 13, 01 40 63 27 70, [email protected]

Ces articles sont soumis à la licence Creative Commons, la reproduction exacte et la distribution intégrale sont permises sur n’importe quel support, à autantd’exemplaires que vous le désirez, pourvu que cette notice et les mentions de copyright soient préservées, et à l’exclusion de toute utilisation commerciale.

Tous les articles multimédias parus dans L’US Magazine, des centaines de tests de cédéroms éducatifs, de nombreux liens,le catalogue des publications d’Adapt (commande en ligne possible) sur http://www.adapt.snes.edu

POUR EN SAVOIR PLUSSites de logiciels libres (ou propriétaires gratuits) :

http://svtolog.free.fr, déjà cité ;http://pagesperso-orange.fr/jourdan.eric/logiciel.htm (déjà cité), très

bien classés ;http://svt.ac-rouen.fr/tice/logitheque/utilitaires/listelogiciels/logiciels5.htm (logiciels divers, non spécifiques aux SVT) ;http://svt.ac-rouen.fr/tice/logitheque/gratuicielspeda/logicielpedag/index.htm.

Animations :http://svt.ac-rouen.fr/tice/animations/animations.htm ;http://www.biologieenflash.net/sommaire.html (site de Claude Perrin).

Diaporamas :http://svt.ac-dijon.fr/schemassvt/rubrique.php3?id_rubrique=55.

Des articles de fond sur modélisation et simulation parus dans lesDossiers de l‘Ingénierie éducative :

http://www.cndp.fr/DossiersIE/63-64/ptidos63-64.asp, avec égalementdes liens. Profitez-en pour découvrir le dernier numéro de cetteexcellente revue, http://www.cndp.fr/DossiersIE/63-64/som63-64.asp.

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effet pervers : le risque pour l’enseignant –sachant que certains seront pris en chargeultérieurement – de laisser moins de placeau cheminement des élèves, au retour surleurs erreurs, de participer ainsi à un« décrochage » accru des plus fragiles.D’autant que ceux-ci se complaisent dansla relation de proximité. Ce que confirmentles professeurs rencontrés : plus on aide,plus il faut aider. Ils notent même deseffets contre-productifs : certainsn’écoutent plus en cours sachant qu’ilsvont pouvoir bénéficier d’un soutien dansle cadre d’un contact direct et chaleureuxavec le professeur ! Avec tout le parasitagedes affects qu’on peut imaginer.

L’US : L’aide telle qu’elle est conçueactuellement pourrait renforcer la dépendancedes élèves ?J. B. : Ce n’est pas automatique mais c’estun risque. Les élèves peu sûrs d’eux sonten attente. Lorsqu’on multiplie lesétayages et lorsqu’on accompagne l’élèvedans la réalisation au pas à pas de ce quiest demandé, il est confirmé dans l’idéeque la réponse est bien du côté de l’expert.On ne fait alors que retarder laconfrontation à la complexité desapprentissages, au péril de l’autonomie

L’US Magazine : De l’école primaireau lycée, on assiste à une explosiondes dispositifs d’aide en dehors dutemps scolaire. Commentexpliquez-vous cette inflation del’accompagnement des élèves endehors de la classe ?Jacques Bernardin : Lesattentes à l’égard de l’écolen’ont cessé de s’amplifier et ilapparaît de plus en plusimpérieux d’avoir un « bonbagage » pour assurer l’avenir.Pour les uns, il importe d’avoirle « plus » indispensable dans unmarché de l’emploi saturé ; pourles autres, il s’agit de ne pasdécrocher. Cette inflation est uneréponse en trompe-l’œil face àune vraie question : celle de ladémocratisation de l’accès auxsavoirs. S’il est normal quel’école assure un suivi des élèvesayant peu de soutien dans leurenvironnement, ce qui nous estactuellement proposé est un jeu de dupespour les parents et l’opinion publique.Dans le primaire, l’aide personnalisée sepaye par une réduction des horairescommuns. Sous la double pression deshoraires et des évaluations, les collèguesrisquent fort de raboter ce qui « ne comptepas ». Aux États-Unis, après 20 ans depolitique scolaire axée sur lesfondamentaux, on a relevé d’énormeslacunes des élèves en littérature, enhistoire et en éducation civique. EnFrance, le socle commun pourrait bienêtre réduit aux seules compétencesappréciées lors des évaluations.

L’US : Aider un élève, c’est donner la prioritéaux fondamentaux ? J. B. : Tous les domaines permettentd’interroger le monde, d’accroître sacuriosité et de légitimer les apprentissages.Bien des élèves, notamment en ZEP,investissent la lecture et l’écriture à partirdes questions posées en sciences ou engéographie. Les réductions horairesportent un sale coup aux sources demotivation à un moment où la crise desens est patente. Il faudra parer à un autre

intellectuelle recherchée.Poursuivons le questionnementde cette idée d’un redoutable« bon sens ». Sur le plan del’organisation, échappera-t-on àla logique des groupes de niveaudont on connaît les effetsmédiocres ? Aux attentes etsollicitations différentielless’ajoutent des dynamiques moinspropices à la stimulationintellectuelle. Par ailleurs,l’empilement des dispositifs estsource de confusion. Qui relèvede quoi ? Quelle est la spécificitéde chaque instance ? Fauted’éclaircissement, chacun risqued’attendre de l’autre qu’il assurece sur quoi il fait l’impasse. Lesparents peu familiers de l’universscolaire ont du mal à s’yretrouver et cette prise en chargepeut les éloigner davantage du

suivi scolaire, qu’ils délèguent déjàvolontiers aux professionnels.Ces dispositifs, censés participer àl’« égalité des chances » et présentés àl’opinion dans un masquage récurrent de laquestion sociale, désignent les faiblessesdu seul côté des élèves et exonèrent d’uneinterrogation sur ce qui se passe dansl’espace de la classe. Jusqu’où faudra-t-ilajouter des dispositifs supplétifs pour« faire école » en plus de l’école ?...

L’US : Peut-on pour autant rejeter le principed’aider certains élèves ?J. B. : Même si les différents acteurs –parents, enfants, enseignants – apprécientces moments, cela ne doit pas nousempêcher de questionner ce qui s’y fait etd’interroger le travail fondateur quis’opère en classe. Les effets del’accompagnement à la scolarité sontd’autant plus patents que le travail s’estinitialement fait dans l’école : desévaluations réalisées depuis dix ans dans leNord parisien en attestent ! Au collège, desprofesseurs engagés depuis trois ans dansun dispositif d’aide nous ont dit êtreextrêmement troublés par le faible retourde ces dispositifs dans l’ordinaire du cours

ENTRETIEN AVEC JACQUES BERNARDIN, PRÉSIDENT DU GFEN

L’empilement des dispositifs est source de

confusion. Qui relève de quoi ?

Quelle est la spécificité de chaque instance ?

Jacques Bernardin répond aux questions de Carole Condat et Bruno Mer

«L’accompagnement est insuffisantpour enrayer l’échec scolaire»

À l’occasion des deuxièmes Rencontres Nationales sur l’Accompagnement organisées par le Groupe Français d’ÉducationNouvelle (GFEN), le SNES a rencontré son président pour évoquer les questions liées à l’accompagnement éducatif.

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et ne pas comprendre le changement decomportement entre les deux espaces,parfois même à une demi-heured’intervalle.

Tout cela nous conforte dans l’idée quel’accompagnement est insuffisant pourenrayer l’échec scolaire. Notons cependantun effet intéressant. Les collègues investisdans ces dispositifs, plus proches desélèves, sont conduits à prendre consciencede fréquents malentendus et découvrentdes planètes insoupçonnées : cela va de ladifficulté de l’élève à copier les devoirs àl’illusion de la transparence du contenu àrevoir ou du travail demandé. Avec cesélèves qui ne partagent pas le rapport à laculture convoqué par l’école, il fautréfléchir à d’autres pratiques, y comprispour le travail le soir.

L’US : Quelles seraient les conditions pour quel’aide aux élèves soit efficace, aussi bien àl’intérieur de la classe que dans le cadre d’undispositif à l’extérieur ou en lien avec la classe ? J. B. : On peut agir sur plusieurs plans.Sur le plan culturel, comme nous y inviteSerge Boimare, les « fondamentaux »peuvent êtreentendus commedes occasions derencontre avec dessupportsculturellementriches : lesmythes, les récitsinitiatiques parlentà tous. Au-delà,quel que soit lechamp considéré,l’approcheépistémologique et historique des savoirsen restaure la dimension culturelle etémancipatrice, le sens premier. Au lieu dese contenter de choses simples etd’entraînements techniques, les objets etles situations de travail doivent être d’unecertaine complexité. Remettre sur pied lesélèves fragiles passe par la reconstructiondu sentiment d’efficacité personnelle :l’expérience de maîtrise, le défi relevé ensont les tremplins.Sur le plan cognitif, pour réamorcer ladynamique intellectuelle, il faut privilégierles activités qui sollicitent l’explorationindividuelle, préalable aux interactionsentre pairs (encore faut-il préserver unehétérogénéité stimulante). Activités quiconvoquent de la réflexivité autant enamont de l’activité – lors del’appréhension de la consigne par exemple– que pendant ou à l’issue de celle-ci, dansl’échange des points de vue, procédures ettechniques de travail. Les élèves endifficulté sont souvent arc-boutés sur unefaçon de faire, manquent de souplesseadaptative. Se satisfaisant du faireopératoire, ils ne perçoivent pas toujours

l’importance du « faire par la pensée », dela reprise compréhensive.

Enfin, il faut repenser le rôle del’enseignant qui, bien qu’expert de samatière, aurait parfois intérêt à adopter laposture du « maître ignorant », selonl’expression de Jacques Rancière. Face àl’élève qui redemande sans cesse ce qu’ilfaut faire ou la validation de ses essais, ilest important de renvoyer en miroir : « jene sais pas ; d’après toi ? », ce qui autorisesymboliquement à chercher soi-même. Ilfaut sans cesse réactiver le contratdidactique, signifier aux élèves que c’estde leur côté que l’essentiel se passe :renvoyer au groupe l’avancée du travailintellectuel, mettre en tension le débat depreuves, différer la validation pour quechacun s’empare des moyens pourfinalement oser penser par lui-même.

L’US : Mais on se heurte aussi bien chez lesélèves que chez les parents à des représentationsde ce que doit être le travail scolaire.J. B. : On sait que certains parents sont surun modèle d’école type TroisièmeRépublique. D’où l’importance

d’expliciter nosattendus et notreaction. Cela nepeut se faire ques’il y areconnaissance etrespect mutuels.On constate destransformationsassezspectaculairesquand les élèvesentendent des

discours convergents entre leurs parents etl’enseignant à leur égard. On a beaucoupde travail à faire sur ce point quand on saitque, dès l’école élémentaire, certainsparents se sentent hors-jeu pour lesdevoirs. Et combien craignent d’allerrencontrer les professeurs ?

L’US : L’accompagnent éducatif tel qu’il a étémajoritairement mis en place au collège estune sorte de boîte noire qui n’associe ni laclasse, ni les parents. Il peut aussi êtreanxiogène pour les enseignants quin’obtiennent pas les résultats attendus.J. B. : C’est un espace qui pourrait êtreintéressant s’il faisait retour sur la classe,mais ce n’est pas souvent le cas. L’écolen’est pas seule responsable de l’échecscolaire. Il y a des effets de contextelourds. En zone prioritaire, on est passé de58 % de parents ouvriers ou inactifs en1995 à 75,5 % en 2006, dans les collègesAmbition Réussite. Les conditions de viedes familles se sont dégradées, sur fond dechômage et de précarité croissante, ce qui ades incidences sur l’appétence et ladisponibilité des élèves vis-à-vis de l’école.

De plus, les discours politiques ont un effetde déstabilisation de l’institution publique.Face à cela, nous ne sommes cependant pasimpuissants. Entre l’écrasementsociologique et la toute-puissancepédagogique, il y a l’espace de laresponsabilité. Il est encore possible d’agir. On peut développer aux côtés de l’école desstructures qui permettent aux élèves de sereconstruire, de renforcer l’estime d’eux-mêmes, mais il est difficile de l’imaginerdans un contexte de réduction des missionsprincipales de l’école et d’abandon de fait dela démocratisation. Il faut garder un horizonstructurant pour l’école, viser le meilleurpour tous. C’était le projet Langevin-Wallonau lendemain de la guerre. En périoded’incertitude, il est raisonnable de poursuivrel’objectif d’une éducation de haut niveaupour tous. Nous avons besoin d’un projetambitieux pour l’école. Une société nes’honore pas en acceptant l’éviction scolaireprécoce d’une partie de sa population. Il est indispensable de renforcer la formationdes enseignants et l’accompagnement deséquipes. La formation continue est en peaude chagrin, on rabote la formation initiale etréduit ses liens avec la pratique. Lesenseignants sont accablés par l’image qu’onleur renvoie, ils doutent de leurs missions,sont isolés et ne trouvent pas d’appui dansleur exercice professionnel. La formationpeut les aider à identifier la nature précisedes difficultés des élèves et à élaborer desalternatives pédagogiques. C’est possible,nous le faisons déjà dans l’élémentaire, encollège et en lycée, avec des résultatsprometteurs. ■

Une société ne s’honore pas en

acceptant l’éviction scolaire

précoce d’une partie de sa

population. Il est indispensable

de renforcer la formation des

enseignants et

l’accompagnement des équipes

COLLOQUE GFENLes Deuxièmes rencontres nationales surl’Accompagnement organisées par le GFEN sedérouleront les 4 et 5 avril 2009 à l’IUT de laHalle Montjoie à Saint-Denis. Avec la parti-cipation de Serge Boimare, Stéphane Bon-néry, Yves Clot, Philippe Meirieu… Pour plusd’informations : GFEN, 14, avenue Spinoza,94200 Ivry, 01 46 72 53 17, [email protected],site internet : www.gfen.asso.fr

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Tarifs : • 1 ligne = 10 € pour les adhérents ou abonnés au SNES • 1 ligne = 15 € pour les autresannonceurs • 1 espace entre chaque mot compte pour un caractère • Chaque ligne comprend28 à 30 signes et intervalles.

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