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MARDI 31 MARS 2009 TRIBUNE DE GENÈVE Dieu, une place sur les bancs de l’école laïque? Vaste conférence publique sur l’enseignement du fait religieux. Le Département de l’instruc- tion publique genevois, en colla- boration avec le groupe citoyen Culture religieuse et humaniste à l’école laïque, organise une conférence-débat. Objectif? Faire le point sur l’évolution du paysage religieux en Suisse et à Genève ainsi que sur les travaux engagés pour renforcer un enseignement laï- que du fait religieux.. Comment mieux prévenir les risques de dérives communauta- ristes dans un canton multicul- turel où cohabitent des hommes et des femmes de cultures reli- gieuses et de traditions très diffé- rentes? Pourquoi les élèves doi- vent-ils acquérir une meilleure connaissance des faits religieux en tant que réalités culturelles et historiques? De quoi les ensei- gnant(e)s doivent-ils être pour- vus pour être en mesure d’infor- mer et de former les élèves dans le respect des croyances. Cette conférence-débat, à laquelle par- ticipent notamment le conseiller d’Etat Charles Beer, Shafique Keshavjee, écrivain et professeur de théologie œcuménique à l’Université de Genève, Nicole Durisch Gauthier, professeure vaudoise en didactique de l’his- toire et des sciences des reli- gions, est ouverte à tous. Conférence-débat: Samedi 4 avril de 9 h 30 à 12 h 00 à Uni Dufour - Auditoire Jean Piaget Charles Beer. Le chef du Département de l’instruction publique organise une vaste conférence publique sur les religions. (IUNCKER)

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MARDI 31 MARS 2009TRIBUNE DE GENÈVE

GenèveSociété 29

Les vocations contrariées de l’A1Arrêt sur image, chaquesemaine, sur le parcoursd’une pendulaire.

U n bon pilote de For-mule 1 doit être «fier,ambitieux, hargneux et

teigneux»… C’est un spécialiste,ancien pilote lui-même,qui l’a dit l’autre jour àla radio, insistant surl’importance de ces«qualités»!Tout s’explique: s’ils(ou elles, bien sûr)zigzaguent d’une file àl’autre sur l’autoroute, s’ilsusent et abusent de l’appelde phares et du bras d’honneur,s’ils pratiquent la queue depoisson avec assiduité, histoirede gagner quelques centièmesde secondes, ce n’est pas parcequ’ils rêvent d’arriver les

premiers au bureau. Non, ilsambitionnent – bon point! – departiciper à un hypothétiquefutur Grand Prix. Pour ce qui estde s’afficher hargneux etteigneux – deux bons points –ils sont déjà champions: fautpas les chatouiller…

Quel virage ont-ils raté,ces (peu) fiers chauf-

fards, qui les tientéloignés des presti-gieuses écuries?Mais peut-être que,

pour cause de voca-tions contrariées, ils ont

contracté les défauts deleurs qualités?Toute à ces pensées, une pen-dulaire contemple les jonquillesilluminant les talus de l’A1.Aucune chance, n’est-ce pas,de hanter un jour les grandscircuits?

La chanson rapqui affole la Toile

Le titre «Sale pute» divise: ode à la violence sexiste ou liberté d’expression?CÉCILE DENAYROUSE

«Orelsan? Maisc’est qui ce-lui-là? Y aque toi qui le

connais!» C’est en substance ceque s’est vu répondre la fémi-niste suisse Thérèse Moreaulorsqu’elle s’est mise à parlerautour d’elle de Sale pute, lemorceau polémique du rappeurnormand Aurélien Cotentin,alias Orelsan. Sa chanson, pourle moins crue, secoue actuelle-ment le Web, irrite les féminis-tes, agace la scène politiquefrançaise mais enthousiasme lepublic adolescent.

Le titre met en scène ungarçon qui, découvrant que sacopine le trompe, se saoule etlui envoie un mail d’insultes etde menaces. Morceaux choisis:«On verra comment tu fais labelle avec une jambe cassée/Onverra comment tu suces quandj’te boiterai la mâchoire/T’esjuste une truie, tu mérites taplace à l’abattoir.»

Appel au boycott

Il y a quelques jours, desblogueuses atterrées par ces pa-roles ont immédiatement invitéles internautes à réagir. Le pro-pos? Appeler au boycott duchanteur et faire en sorte qu’ilsoit déprogrammé du festivalmusical du Printemps de Bour-ges.

Thérèse Moreau elle-mêmes’est fendue de deux lettres biensenties aux organisateurs. «Mal-heureusement, ils ont annoncéqu’ils le maintenaient à l’affiche,sous prétexte qu’il n’inclura pasce morceau dans sa prestation.L’auraient-ils fait s’il s’agissaitd’un chanteur appelant à rou-vrir les chambres à gaz? Dèsqu’il s’agit des femmes, on laissepasser!» Délégué aux violencesdomestiques, David Bourgozcomprend et soutient cette le-vée de boucliers. «J’ai travailléavec des auteurs de violenceconjugale et ce sont exactementles propos qu’ils peuvent tenirlorsqu’ils s’adressent à leurcompagne.»

En France, les politiquesaussi s’en sont mêlés. Sur le siteYouTube, le clip d’Orelsan vientjuste d’être retiré, après l’inter-vention très médiatisée de laministre française ChristineAlbanel, choquée par la violence

des paroles. «Certaines person-nes peuvent penser que ce n’estpas grave, mais c’est le rôle del'Etat de dire que c’est bel etbien de la violence et que cen’est pas acceptable», ajouteencore David Bourgoz.

Encensé par les médias

Liberté d’expression martè-lent les uns, ode à la violenceconjugale assènent les autres…Le sujet divise. Sur Facebook,les groupes de soutien ou deboycott du rappeur pullulent.Les jeunes, des garçons pour laplupart, ne comprennent pasl’ampleur de la polémique etestiment Orelsan victime d’unecensure abusive. «Ce qui medégoûte le plus dans cette his-toire c’est que personne n’a étéchoqué de la chanson de KoxieGare aux cons qui se moqueouvertement des hommes», ex-plique par exemple Florent.

«Il ne faut pas minimiser laportée des propos d’Orelsan. Ce

garçon est loin d’être un illustreinconnu. Les jeunes l’adorent etles médias ne cessent del’encenser…» se désole ThérèseMoreau. Le magasine Elle lui-même chantait dans son der-nier numéro les louanges dunouveau «Eminem français».

Une «vieille» chansonbien lourde à porter

Reste qu’effectivement lemorceau incriminé date de deuxans et ne figure pas sur lepremier album du rappeur. Ilaurait juste servi à nourrir lebuzz marketing… Le bruitautour de cette «ancienne»vidéo embarrasse à présentquelque peu le chanteur.

A cause d’elle, il vient de sevoir retiré de l’affiche de cer-tains festivals, et donc privé desources de revenus plus consé-quentes. Dans un premiertemps, interrogé par les médias,il «fanfaronnait» et minimisaitla portée de ses paroles. Mais

vendredi, retournement de si-tuation: le rappeur de 26 ans afait savoir, via Wagram, sa mai-son de disques, qu’il était «dé-solé» que le texte de sa chansonait pu «choquer certaines per-sonnes». Il a affirmé qu’il ne seposait en aucun cas en «agres-seur de la gent féminine».«C’est une fiction, ce n’est pasmoi qui parle. Je ne suis pas unbad boy», clame-t-il.

«Ce sont des larmes de croco-dile, rétorque Thérèse Moreau.Sale pute n’est pas la seule chan-son tendancieuse. Par exemple,dans le titre Saint-Valentin, ildit: Je vais te marie-trintigner.Ce genre de propos banalisentla violence sexiste. Pire même,ils la normalisent…»

Chez Wagram, on se désolede toute cette affaire. D’autantque son single Le changement etson premier album Perdud’avance avaient été chaude-ment accueillis par la critique.Refroidie depuis…

Orelsan, 26 ans: «Ce n’est pas du tout un bon coup de pub! Moi je voulais parler de mon album, demon single, pas me justifier sur une chanson!» (WAGRAM)

Climat et justicesociale en débatCONFÉRENCES Il est tempsde penser à l’après-Kyoto et depréparer la mobilisation inter-nationale contre le change-ment climatique. En ligne demire? La prochaine réunionqui aura lieu en décembre2009 à Copenhague. Pour cefaire, la Coordination climat etjustice sociale, avec le soutiendu Réseau objection de crois-sance, organise une journée deconférences, samedi 4 avril à laMaison des associations (15,rue des Savoises). Dès 9 h 30, ilsera question des diversesactions mondiales proposées etdes décisions prises durant cesommet, ainsi que de la politi-que du Conseil fédéral enmatière de changement clima-tique. A 14 h, autre sujet deréflexion: la décroissance et/oul’écosocialisme. SJ❚ Infos: www.decroissance.ch

Et si on chantait…CAFÉ Comme l’écrit MichelFugain: «Vive le café chan-tant!» Celui du samedi 4 avrilest sur le thème du printemps,si cher aux poètes. Trente airsconnus (de Brassens à HuguesAufray) seront interprétés parRené Grand, à la guitare, etJean-François Gerdil, au piano.Ce moment sympathique sedéroule entre 18 h et 20 h auGobelet d’argent, 20, rue deMontchoisy. SJ

Duo un peu déjantéCITÉ SENIORS Leurs instru-ments savants leur font faire…n’importe quoi. Mais certaine-ment pas n’importe comment!N’importe quoi, c’est un duoun peu déjanté mais qui jouetrès sérieusement de la musi-que pas comme les autres. Adécouvrir dimanche 5 avril à14 h à Cité Seniors, angle 28,rue Amat et 62, rue de Lau-sanne. L’entrée est libre. Et,comme d’habitude, buffet dès11 h 45. SJ❚ Tél. 0800 18 19 20.

Hommage auxbrigadistes suissesFONCTION CINÉMA Lesautorités suisses viennent deréhabiliter les brigadistessuisses de la guerre d’Espagne.Pour fêter l’événement, rendez-vous vendredi 3 avril au Grütli.Avec, à 19 h 15, la projection dufilm de Daniel Künzi La Suisseet la guerre d’Espagne, suivie à20 h 15 d’une discussion avecEolo Morenzoni, le dernierbrigadiste genevois encore envie, et de la présentation del’ouvrage de Peter Huber DieSchweizer Spanienfreiwilligen.Et une verrée. CP❚ Vendredi 3 avril, Fonctioncinéma, Maison du Grütli.

SOCIÉTÉ EN BREF

Dieu, une place sur les bancs de l’école laïque?Vaste conférence publique surl’enseignement du faitreligieux.

Le Département de l’instruc-tion publique genevois, en colla-boration avec le groupe citoyenCulture religieuse et humanisteà l’école laïque, organise uneconférence-débat.

Objectif? Faire le point surl’évolution du paysage religieuxen Suisse et à Genève ainsi quesur les travaux engagés pourrenforcer un enseignement laï-que du fait religieux..

Comment mieux prévenir lesrisques de dérives communauta-ristes dans un canton multicul-turel où cohabitent des hommeset des femmes de cultures reli-gieuses et de traditions très diffé-

rentes? Pourquoi les élèves doi-vent-ils acquérir une meilleureconnaissance des faits religieuxen tant que réalités culturelles ethistoriques? De quoi les ensei-gnant(e)s doivent-ils être pour-vus pour être en mesure d’infor-mer et de former les élèves dansle respect des croyances. Cetteconférence-débat, à laquelle par-ticipent notamment le conseillerd’Etat Charles Beer, ShafiqueKeshavjee, écrivain et professeurde théologie œcuménique àl’Université de Genève, NicoleDurisch Gauthier, professeurevaudoise en didactique de l’his-toire et des sciences des reli-gions, est ouverte à tous.❚ Conférence-débat: Samedi 4avril de 9 h 30 à 12 h 00 à UniDufour - Auditoire Jean Piaget

Charles Beer. Le chef du Département de l’instruction publiqueorganise une vaste conférence publique sur les religions. (IUNCKER)

Cinzia Santini,20 ans.❚ Si une femmetrompe soncopain c’est unepute, mais

l’inverse, c’est normal!

Sheila Aerni,21 ans.❚ Sous prétextequ’il s’agit demusique, ondevrait touttolérer? Cesparoles vont trop loin.

Bruno Pinheiao,19 ans.❚ Ce sont desmots durs, maisil s’agit deliberté d’expres-sion... Je ne sais

pas ce que lui a fait sa copinemais peut-être qu’elle leméritait.(cd/photos: O.Vogelsang)

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