le parisien magasine du vendredi 02 octobre 2015

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VENDREDI 2 OCTOBRE 2015 I SUPPLÉMENT AU PARISIEN N° 22104 I NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT I DISPONIBLE EN FRANCE MÉTROPOLITAINE I COMMISSION PARITAIRE N° 0120 C 85 979 RÉGIONS : LE VRAI COÛT DE LA RÉFORME AUTOMOBILE FAUT-IL BANNIR LE DIESEL ? Messmer en fait un show, la médecine s’en empare Soigner par l’hypnose Bientôt en tournée en France, l’artiste québécois a posé pour nous le 7 septembre, à Paris. GRÈCE VAROUFÁKIS RACONTE LA CRISE

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Page 1: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

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 979

RÉGIONS : LE VRAI COÛT DE LA RÉFORME

AUTOMOBILEFAUT-IL BANNIR

LE DIESEL ?

Messmer en fait un show,

la médecine s’en empare

Soigner par l’hypnose

Bientôt en tournée en France, l’artiste québécois

a posé pour nous le 7 septembre,

à Paris.

GRÈCEVAROUFÁKIS RACONTE LA CRISE

Page 2: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015
Page 3: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

Next is now = Le futur,maintenant. Live Streamvidéo = Diffusion en direct.DASGalaxy S6 edge : 0,473W/kg - DASGalaxy S6 edge+ : 0,216W/kg. Le DAS (débit d’absorption spécifiquedes téléphones mobiles) quantifie le niveau d’exposition maximal de l’utilisateur aux ondes électromagnétiques, pour une utilisation à l’oreille. La réglementation française impose que le DAS ne

dépasse pas 2W/kg. © 2015 - Samsung Electronics France. Ovalie. CS 2003. 1 rue Fructidor. 93484 Saint-Ouen Cedex. RCS Bobigny 334 367 497 SAS au capital de 27 000 000 €. Visuels non contractuels.

Ecrans simulés.

Page 4: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

avant tout I Colcanopa

4 MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015

ZÉRO EN ÉCOLOGIE

Page 5: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015
Page 6: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

Anne Landois,

scénariste en chef de la

5e saison d’Engrenages.

6 MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015

sommaire COUVERTURE © WILLIAM BEAUCARDET, BANDEAU © J.-F. BIANCHETTO/MAXPPP

54 Erbol, 12 ans,

sur le chemin de l’école

74 Un vent nouveau chez Billtornade

82XC90, une Volvo de haut vol

Les bienfaits de l’hypnoseA Paris, à La Rochelle, à Aix-en-Provence, tout le

monde s’y met. Les hôpitaux et les cabinets français

pratiquent l’hypnose pour compléter ou remplacer

l’anesthésie classique. La technique est utilisée aussi

bien lors des accouchements que de la pose de valves

cardiaques, d’implants ou pour l’extraction de dents.

Avantages immédiats : une durée d’hospitalisation

réduite, un réveil plus rapide. Mais, au-delà, l’enjeu

est d’accorder davantage de place au soin, de

privilégier la relation avec le patient et de réduire

ainsi son anxiété. cette reconnaissance des vertus

thérapeutiques de l’hypnose se double de recherches

scientifiques sur les efets qu’elle produit sur l’activité

cérébrale. Le Québecois Messmer, qui pose pour

notre couverture, y participe. car, avant de faire

des spectacles, il exerçait l’hypnothérapie en cabinet.

comme quoi le show-business peut faire avancer

la médecine ! François Vey

avant toutLe dessin de Colcanopa 4

week-end 9 I 36DÉCOUVERTE | CULTURE | PASSION

le phénomène culturelLes nouveaux maîtres des séries 10

notre coup de cœur cinémaL’Etudiante et Monsieur Henri, d’Ivan Calbérac 16

nos favorisThéâtre, musique, spectacles…les choix de la rédaction 18

le guide cinéLes sorties de la semaine 20

la libraire vous conseilleSœurs de miséricorde, de Colombe Schneck 24

l’expo idéaleL’actualité de l’art en un coup d’œil 26

ce qu’il a appris...Jean-Yves Lafesse 28

itinéraire Trois tours pour la Toussaint 30

dégustationLes pickles, des légumes qui font crac ! 34

restaurantsL’Escudella, à Paris 36

10 Profession créateur de séries

ce numéro comporte un encart de 8 pages « Peugeot » piqué entre les pages 50 et 51 sur la totalité du tirage.

Page 7: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

Yánis Varoufákis, ex-ministre des Finances grec.

 48 Messmer : « Vos paupières sont lourdes... »

MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015 7

En couverture

66 Son combat pour la Grèce

58 Cette très chère

réforme des régions

grand angle 37 I 72DÉCRYPTAGE | ENQUÊTE | REPORTAGE

plein les yeux

Les images fortes de la semaine 38

le débat

Pour ou contre l’interdiction totale du diesel ? 44

l’antisèche

Comment sont fixés les prix du gaz  ? 46

solidaires

Pour ne pas garder sa langue dans sa poche 47

En couverture

médecine

> Le réveil de l’hypnose 49

> Vrai-faux : huit idées reçues 50

> Messmer : « L’hypnose fait des miracles » 52

édition

Des héros en route pour l’école 54

territoire

Régions : le prix de la réforme 58

hippisme

La gagne dans le sang 64

international

Yánis Varoufákis : « L’austérité, ça finira mal en France aussi » 66

futur

Un pays qui marche sur les eaux 70

plaisirs 73 I 89STYLE | ART DE VIVRE | AUTO

dans l’atelier de…

Billtornade 74

podium

Tony Parker : fashion lover 77

collection

Le culte du cubisme 78

beauté

Objectif zéro défaut 80

auto-portrait

Volvo XC90, la classe viking 82

santé par le Dr Alain Ducardonnet

Le sucre, somnifère inattendu 84

qui veut gagner des euros ?

Dopez votre épargne salariale 86

jeux 88

agenda 90

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Page 8: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015
Page 9: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

week-enddécouverte I culture I passion

Le château de Rully,

en Saône-et-Loire.

Jean-Yves Lafesse,

l’humour libre.

p. 28Le Cirque Plume rend le cœur léger, léger…

p. 18

Le nouveau roman de Colombe Schneck a ému notre libraire.

p. 24

Nos plus belles destinations pour les vacances de la Toussaint.

p. 30

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L’auteur de polars Harlan Coben crée une série pour TF1.

p. 10

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week-end I le phénomène culturel

Les nouveaux maîtres des sériesDans le jargon, on les appelle des showrunners : ils écrivent, produisent voire réalisent des séries, avec des millions de téléspectateurs à la clé. En faisant appel à l’auteur de polars américain Harlan Coben, TF1 entend bien profiter de la manne. PAR PHILIPPE GUEDJ PHOTO VIVIEN ROBERT

Cet automne, TF1 sort la grosse artillerie. Une chance de trop, thriller en six épisodes adapté du best- seller du même nom de l’Américain Harlan Coben, suit le cauchemar d’une mère aux abois

après l’assassinat de son mari et le kidnapping de sa flle. Suspense, rebondissements, gros moyens atténuent les quelques maladresses de cette série supervisée par Coben en personne. Malgré son manque d’expérience télévisuelle, le romancier fut contacté par le producteur français Sydney Gallonde, qui lui fit une proposition alléchante : être lui-même le showrunner de la série tirée de son polar et, à ce titre, présider à toutes les grandes étapes d’adaptation, d’écriture et de production de la série. Showrunner : ce terme – intraduisible en français – désigne le chef d’orchestre d’une série télé. Souvent créateur du programme (mais pas forcément), le showrunner est généralement scé-nariste, parfois aussi producteur voire réalisateur. Mais, surtout, face à la chaîne difuseur, il incarne une autorité responsable de tous les choix artis-tiques et logistiques : intrigues, casting, décors, budget, mise en scène… Bref, c’est lui le patron.

HARLAN COBEN,

DOCTEUR POLAR

4 janvier 1962

Naissance à Newark,

dans le New Jersey.

2002

Sortie en France de Ne le dis

à personne (Belfond), son

premier succès international.

2004

Une chance de trop (Belfond).

2006

Guillaume Canet adapte

à l’écran Ne le dis à personne,

avec François Cluzet et Kristin

Scott Thomas.

2015

Ses ventes mondiales

dépassent 60 millions

d’exemplaires. TF1 lance la

série Une chance de trop, sur

laquelle Harlan Coben a

travaillé comme showrunner

en adaptant son propre livre.

Page 11: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

11

LA DÉFINITIONC’est quoi, un showrunner ?A la base simple scénariste, réalisateur, producteurexécutif ou et/ou créateur, le « showrunner » est aussi le responsable du bon déroulement dutournage d’une série télévisée. Il veille à la cohérencede l’intrigue d’un épisode à l’autre et prend les principales décisions.

« Il n’y a pas une décision que je n’aie validée, je suis

responsable du résultat à 100 % », nous confie ce

colosse de 1,95 mètre (lire l’interview page 12). A

l’en croire, TF1 lui a laissé un boulevard et, à 53 ans,

Coben a visiblement pris goût au petit écran puisqu’il

vient aussi de créer (de toutes pièces, cette fois) une

autre mini-série policière pour la chaîne britan-

nique Sky 1. Alors, tout-puissants, les showrunners ?

Nouveaux nababs auxquels les difuseurs ne refusent

plus rien ? La réalité est bien plus complexe. Mais en

matière de séries télé, ils ont un pouvoir désormais

sans égal dans l’organigramme de la production.

Celui qui tire les ficellesPourtant, vous ne verrez jamais le terme show runner

apparaître au générique de vos séries préférées :

cette fonction hybride n’existe pas statutairement

et, à l’écran, le showrunner est souvent mentionné

comme « créateur » et/ou « producteur exécutif ».

Aux Etats-Unis, en 1992, le magazine Variety fut l’un

des premiers à utiliser le terme dans un article évo-

quant une nouvelle race de producteurs/scénaristes

érigés en véritables chefs de projet. Le résultat d’une

lente évolution où, peu à peu, les auteurs de séries

prirent le pouvoir pour imposer une vision plus

Harlan Coben

a posé pour notre

magazine devant

le siège de TF1,

à Boulogne-

Billancourt

(Hauts-de-Seine),

en juin dernier.

Page 12: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

Si vous n’aimez pas, c’est moi qu’il faut blâmer !

Harlan Coben

Pour Une chance de trop, l’auteur américain à succès a dirigé l’adaptation de son propre roman.PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE GUEDJ

Sur les traces de Canal +, avec Borgia et

Versailles, TF1 a aussi fait appel à un

showrunner américain pour Une chance

de trop : Harlan Coben en personne, l’auteur

du best-seller dont est tirée cette nouvelle

série policière, où Alexandra Lamy incarne

un médecin amnésique après l’assassinat

de son mari et l’enlèvement de sa fille.

Vous passez pour la première fois de

l’écriture de romans à celle d’une série télé.

Qu’est-ce qui vous a attiré ?

Je reçois régulièrement des propositions

d’adaptation à l’écran de mes romans,

au cinéma ou à la télé. Je dis non la plupart

du temps et je n’ai accepté qu’une seule

fois : pour le film Ne le dis à personne, parce

que le réalisateur Guillaume Canet

m’avait donné l’impression de vraiment

comprendre mon livre. Lorsque le

producteur Sydney Gallonde m’a

contacté pour me proposer de produire

une adaptation d’Une chance

de trop, à laquelle je serais associé, il a

su me montrer lui aussi qu’il avait compris

le thème central de cette histoire :

jusqu’où nous sommes capables d’aller

pour sauver ceux que nous aimons.

Comment définiriez-vous votre poste

de showrunner sur Une chance de trop ?

Cela peut paraître présomptueux au vu

de mon inexpérience, mais je considère

que j’ai exercé un vrai rôle de showrunner :

c’était moi le boss. J’ai validé toutes les

décisions de casting, approuvé tous les

scripts après les avoir réécrits à partir d’une

première version, je disais aux scénaristes

ce que j’aimais ou pas, je suggérais des

changements dans l’ordre des séquences…

Sur le tournage, je n’ai été présent que

quatre semaines au total, mais même

lorsque j’étais à New York, je me faisais

envoyer les rushes quotidiennement par

mail et j’étais en contact chaque jour avec

Sydney, le réalisateur François Velle

et Alexandra Lamy. Je suis responsable

à 100 % de cette série, et si vous ne l’aimez

pas, c’est moi qu’il faut blâmer ! J’ai

même joué un petit rôle, celui du mari

du personnage joué par Dana Delany

dans le dernier épisode. Il était hors de

question que je me contente de vendre

les droits du livre en disant à TF1 :

« Maintenant, débrouillez-vous ! »

Avez-vous demandé conseil à votre ami

Michael Connelly, lui aussi auteur de polars

à succès, qui s’est lancé dans la création de

séries à partir de l’un de ses romans ?

(rires) Non ! Avec Michael, on va voir les

courses de chevaux ensemble, on participe

à des opérations caritatives, on parle

de tout, mais presque jamais du travail.

C’est un très bon ami, mais je ne lui ai rien

demandé. La coécriture d’Une chance

de trop fut pour moi beaucoup moins

compliquée que sur Ne le dis à personne où,

dans le cadre du film, ce fut une vraie torture

de devoir sabrer dans le roman. Là, au

contraire, j’ai pu garder quasiment toutes

les intrigues d’Une chance de trop. Il m’a

même fallu les rallonger.

Comment fait-on pour être le showrunner

d’une série française, tournée en français,

quand on ne parle pas un mot de français ?

Avec la production et les six scénaristes,

on se parlait en anglais, tout simplement.

Et, à chaque fois qu’un script était achevé,

on m’envoyait la version traduite en anglais

et j’apportais mes corrections.

Sur le plateau d’Une

chance de trop,

Harlan Coben (à g.)

regarde les images

qu’ils viennent de

tourner avec ses

acteurs principaux,

Alexandra Lamy

et Pascal Elbé.

PHOTOS

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12 MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCtObRE 2015

Page 13: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

Dans le livre, votre héros était un homme.

C’est vous qui avez décidé d’en faire

une femme pour la série ou est-ce TF1 ?

C’est moi, je ne voulais juste pas répéter

la même histoire. J’ai écrit Une chance

de trop en 2002 et je crois que je n’étais pas

assez confiant à l’époque pour créer une

héroïne. J’ai écrit trois ou quatre romans

depuis et j’ai évolué. Lorsque François Velle

m’a présenté Alexandra, j’ai su qu’elle

était la bonne personne pour le rôle, même

si je sais que, en France, elle est plus connue

pour des rôles comiques.

Quelles contraintes TF1 vous a-t-elle

imposées ?

Aucune ! A notre première rencontre, je leur

ai dit : « Je suis un romancier, je n’ai pas

besoin de ce projet, je suis heureux comme

ça. Si je ne peux pas faire cette série comme

je l’entends, j’irai voir ailleurs ! » Ils étaient

prêts à faire quelque chose de plutôt

sophistiqué et, de mon côté, je ne voulais

pas trop aller dans le glauque pour cette

histoire. Je souhaitais rester dans un certain

optimisme, donc ça allait pour TF1.

Vous fixiez-vous un but en tant que

showrunner ?

Oui. Faire en sorte que, du réalisateur

aux scénaristes en passant par les acteurs,

nous ayons tous la même vision. Et,

surtout, j’espère que, après sa difusion,

Une chance de trop aura profité à la carrière

de tous ceux qui y ont participé.

audacieuse et, qui plus est, adoubée par le public.Mais l’explosion défnitive de ces nouveaux seigneurs du petit écran, on la doit à la chaîne câblée américaine HBO qui, à partir de 1998, s’engagea dans une « poli-tique des auteurs », en donnant carte blanche à des génies tels que David Chase, Alan Ball ou David Simon pour créer respectivement Les Soprano, Six Feet Under

et The Wire. Le phénomène s’est étendu au monde entier. Paul Abbott (Shameless) et Steven Mofat (Doctor

Who) en Grande-Bretagne, Hagai Levi (The Affair) en Israël, Adam Price (Borgen) au Danemark ou Lars Lundström (Real Humans) en Suède : le club de ces rois de la fction ne cesse de s’agrandir. Derrière la tou-jours dominante Amérique, de plus en plus de nations exportent leurs séries grâce au travail sophistiqué des showrunners.

Une autre façon de travaillerEt la France dans tout ça ? Poussé par la nécessité impérative de s’élever au niveau international après vingt-cinq ans de Julie Lescaut, Navarro et Joséphine

ange gardien, notre pays accorde tout doucement plus de liberté aux créateurs. Lesquels s’organisent à leur tour, stages aux Etats-Unis compris, pour se familiariser avec les rouages de la production et mieux contrôler leur bébé. Coproducteur du Bureau

des légendes, l’ambitieuse série diffusée au prin-temps dernier par Canal +, Eric Rochant se défnit sans complexe comme showrunner : « J’ai inventé Le Bureau des légendes, je dirige sa fabrication quo-tidienne et, en plus, j’en suis le réalisateur. » Homme pressé, Rochant supervise une équipe de cinq scéna-ristes et, alors qu’il vient d’entamer la mise en scène de la saison 2 pour une difusion au printemps 2016, son équipe planche déjà sur des axes pour la saison 3. L’objectif : fournir à la chaîne cryptée une saison par an, à l’américaine, grâce à la création d’un atelier d’écriture mobilisant à plein temps des scénaristes qui se répartiront l’ensemble des dix épisodes. Pour fdéliser le téléspectateur, la régularité est

Le lexique des séries

ARCHE NARRATIVEIl s’agit d’une intrigue liée

à un personnage,

un événement, un lieu,

que les scénaristes étalent

sur plusieurs épisodes (ou

saisons) pour maintenir

le spectateur en haleine.

BIBLEC’est un document de travail

qui réunit les informations

fondamentales concernant

la série (biographie des

personnages, intrigues,

décors…). Conçue très tôt,

elle sert notamment aux

scénaristes dans l’écriture

des épisodes et assure la

cohérence du résultat final.

PILOTEC’est le tout premier épisode

d’une fiction télé. Il permet

de convaincre (ou pas)

les chaînes sur la pérennité

et le succès futur d’une

nouvelle série avant

d’en lancer la production.

WRITERS’ ROOMTerme anglais pour désigner

« la salle où se réunissent

les scénaristes » d’une série.

Ils s’y retrouvent pour

discuter et faire évoluer

les personnages, l’intrigue,

les décors… Le showrunner

dirige les séances.

CLIFFHANGER Révélation ou action forte

d’un personnage à la fin

d’un épisode qui donne très

envie au téléspectateur

de voir la suite de la série.

SPIN-OFFUne série dérivée d’une autre

série, qui s’inspire très

fortement de son univers.

PREQUELSérie qui se déroule en

amont d’une autre série et

qui reprend, si besoin, tous

les éléments importants

de l’histoire principale.

SEQUELSérie qui se déroule en aval

d’une autre série et qui

reprend, là aussi si besoin,

tous les éléments importants

de l’histoire principale.

THRILLER IMPLACABLE

Inspirée du polar d’Harlan Coben

et réalisée par François Velle

(Alice Nevers : le juge est une femme,

Bones...), la série en six épisodes

de 52 minutes raconte la quête d’Alice

Lambert, interprétée par Alexandra

Lamy, pour retrouver son bébé de

6 mois, enlevé lors du meurtre de son

mari. Pour l’aider, elle fait appel à son

premier amour, Richard Millet (Pascal

Elbé), devenu flic à Paris...

> A partir du 15 octobre, à 20 h 55 sur TF1.Selon Frédéric Krivine (arrière-plan), l’un des créateurs

de la série Un village français (France 3), « les chaînes

devraient investir plus encore » dans les scénarios.

week-end I le phénomène culturel

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14 MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015

donc indispensable. Mais c’est avant tout dans l’inven tion d’univers et de personnages que réside le secret de l’addiction. A la tête d’Engrenages (Canal+), la scénariste et productrice exécutive Anne Landois va enchaîner tout l’automne des réunions de travail par groupes avec la douzaine de scénaristes sous ses ordres. Les scénarios des douze épisodes de la saison 6 seront prêts pour un tournage fxé à mai 2016. « Je pars toujours des personnages, jamais des intrigues poli-cières. Dans la saison 5, l’an dernier, j’ai choisi comme axe principal l’enquête sur l’assassinat d’une mère et

de sa fille pour mieux coller aux tiraillements inté-rieurs de la capitaine Laure Berthaud, qui elle-même démarre la saison enceinte et en deuil du père. »

La France maîtrise le suspense La difusion de deux épisodes consécutifs par semaine sur nos chaînes a conduit aussi les scénaristes à s’astrein dre de plus en plus à la culture du clifanger, cette scène de suspense insoutenable qui clôt souvent un épisode et rend le spectateur en manque de sa pro-chaine dose… La botte secrète de ces satanés magi-ciens du récit. Cocréateur (avec Marc Herpoux) et showrunner du polar Les Témoins sur France 2, Hervé Hadmar explique : « Chaque épisode des Témoins était conçu pour se terminer par un clifanger moyen et un encore plus fort pour la fn du deuxième épisode de la soirée, afn d’être sûr de faire revenir le spectateur la semaine suivante. »Les efforts paient : grâce à ses qualités visuelles et des histoires fortes, Les Témoins s’exportent, tout comme Les Revenants, Engrenages ou encore Candice Renoir. « Les choses bougent enfin, mais pas assez vite », regrette Frédéric Krivine. Selon le co- créateur d’Un village français, pour vraiment permettre à la France d’égaler ses concurrents étran-gers, « les chaînes devraient investir plus encore. Il faudrait qu’en moyenne 10 % du budget global d’une série française soit consacré à l’écriture, et on en est encore loin… » La route est donc longue mais... Vivement la suite !

Je pars toujours des personnages, jamais des intrigues policières Anne Landois, showrunner d’Engrenages (Canal +)

ENGRENAGESSous la direction

d’Anne Landois

(ci-dessus), il faut

six mois pour écrire

les douze épisodes

d’une saison

d’Engrenages.

LES REVENANTS

Créée et réalisée par Fabrice Gobert

(à dr.), la saison 2 des Revenants est

difusée depuis fin septembre sur Canal+.

LE BUREAU DES LÉGENDES

Créateur,

réalisateur,

scénariste

et producteur

de la série

de Canal +,

Eric Rochant

(accroupi) est le

showrunner

intégral !

LA CURIOSITÉ EST UN VILAIN DÉFAUT

Rom

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Boé / A

baca p

ress

SIDONIE BONNEC & THOMAS HUGUES

L’émission qui part à la découverte de lieux, d’aventures humaines, de personnages, de grands et petits moments d’histoire avec curiosité et appétit.

DU LUNDI AU JEUDI DE 20H À 22H

week-end I le phénomène culturel

Page 15: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

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Le savoir-faire américainChacun dans son genre, ils ont trouvé la bonne recette pour rendre accros les téléspectateurs à leur série. PAR TANNEGUY DE KERPOISSON

COMÉDIE « THE BIG BANG THEORY » (DEPUIS 2007) Jeux vidéo, costumes de super-héros et théories

incompréhensibles sur les sciences physiques…

Leonard et Sheldon, colocataires dans la banlieue de

Los Angeles, sont des « geeks » assumés. Mais leur

quotidien va être perturbé par Penny, fraîchement

installée dans l’appartement d’en face. cette

création de Chuck Lorre (Mon Oncle Charlie…) est

un bijou d’humour à consommer sans modération.

> Cofret DVD, saisons 1 à 6, 55,99 €.

THRILLER « THE WIRE » (2002-2008)Ville de 2,5 millions d’habitants au nord-est des

Etats-Unis, baltimore est contaminée par un trafic de

drogue de plus en plus intense. Policiers, enseignants,

politiques, journalistes… tous vont être afectés.

Une fiction en cinq saisons exigeante, réaliste, tournée

« façon documentaire » par le showrunner David

Simon (Treme, Generation Kill…) et considérée

encore comme une des plus grandes séries de tous les

temps. Une institution en somme.

> Cofret DVD intégral, 44,99 €.

ÉPOUVANTE « AMERICAN HORROR STORY » (DEPUIS 2011)Maison hantée, fantômes, asile de fous, sorcières,

cirque maudit… cette fiction grand frisson, s’inscrit

dans la pure tradition des grands classiques du

cinéma d’épouvante. créée par le duo Ryan Murphy

et Brad Falchuk (Nip/Tuck, Glee…), elle a l’avantage

de changer d’intrigue à chaque saison. La cinquième

démarre d’ailleurs le

7 octobre aux Etats-Unis.

Une série à ne pas à laisser

à la portée des enfants !

> Cofret DVD, saisons 1 à 4, 65,99 €.

FANTASTIQUE« LOST : LES DISPARUS » (2004-2010)

Un avion reliant Sydney à

Los Angeles explose en plein

vol au dessus d’une petite île

mystérieuse non répertoriée sur

les cartes. Par chance, quelques

voyageurs survivent au crash…

La principale œuvre télévisuelle

du showrunner J.J. Abrams

(Fringe, Alias, Person of

Interest…), qui vient d’achever,

cette fois en tant que réalisateur

pour le cinéma, le tournage

de Star Wars : Episode VII, en

salle le 16 décembre prochain.

> Cofrets DVD, environ 30 € par saison.

DRAME « SIX FEET UNDER » (2001-2005)Patron d’une entreprise

familiale de pompes funèbres

à Los Angeles, Nathaniel Fisher

est victime d’un accident mortel.

Ses deux fils, Nathaniel Jr. et

David, sont chargés de prendre

les rênes de l’afaire. Hypnotique,

décalée, cette série en cinq

saisons n’a rien de déprimant.

Le showrunner Alan Ball (True

Blood, Banshee…)

réussit l’impossible :

rendre sympathiques

et attachants

les croque-morts.

> Cofret DVD intégral, 59,99 €.

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16 MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015

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week-end I notre coup de cœur cinéma

Ancien notaire, Monsieur Henri (Claude Brasseur) est peu commode. La mort de sa femme l’a, depuis longtemps, rendu aigri et son fls, Paul (Guillaume de Tonquédec), qui a repris l’étude, fait les frais de

sa mauvaise humeur. Outre son manque d’imagination, Henri reproche à Paul d’avoir épousé Valérie, une gourde BCBG (Frédérique Bel). En plus de ces rapports électriques, Paul est confronté à la santé fragile de son père, déterminé à ne pas bou-ger de chez lui. Il le convainc de louer une chambre de sa maison à une étudiante. La provinciale Constance (Noémie Schmidt) sera choisie. Constance est par ailleurs pianiste. Or il y a un pia-no chez Monsieur Henri. Encore faut-il que cet acariâtre accepte de voir s’y poser d’autres mains que celles de sa chère disparue. C’est alors qu’Henri, cherchant à dynamiter le couple de Paul, propose à la jeune femme un marché assez tordu.

Un monstre sacré et une actrice prometteuseNul besoin de chercher l’invention à tout prix pour signer une bonne comédie. Ivan Calbérac – Irène, Une semaine sur

deux (et la moitié des vacances scolaires) –, qui adapte ici une de ses pièces à succès, aime mijoter de bons plats familiaux avec arômes sûrs et petits piments. Il a commencé par marier

les saveurs. Côté terroir, avec ce diable de Claude Brasseur. Le public retrouvera ce monstre sacré dans un rôle qu’il endosse à merveille. Côté saveurs nouvelles, la jeune Noémie Schmidt est quasiment de toutes les scènes. Elle a fait sensa-tion au Festival du flm francophone d’Angoulême, où ce long-métrage a reçu un accueil du meilleur augure. La jeune femme a ce naturel acidulé et charmant qui lui ouvre toute grande la route du métier. Frédérique Bel, quant à elle, incarne Valérie. Comme pour Claude Brasseur, elle seule était faite pour le rôle. L’ex-« blonde » de Canal+ est épatante dans la peau de ce pur personnage de comédie, si touchant qu’on n’a pas envie de s’en moquer – tout le cinéma de Calbérac est en équilibre sur cette équation pleine d’humanité. Quant à Guillaume de Tonquédec, révélé au cinéma dans Le Prénom et dont le rôle est, ici, le plus

complexe, il trouve là personnage en or, qui pourrait le conduire aux Césars. Rire, émo-tion, piquant, tendresse, belle musique… L’Etudiante et Monsieur Henri porte en lui la mélodie du succès.

> Comédie d’Ivan Calbérac, France (1 h 38). Avec Claude Brasseur, Noémie Schmidt, Guillaume de Tonquédec, Frédérique Bel… En salle le 7 octobre.

Sauce douce-amèreDans L’Etudiante et Monsieur Henri, la cohabitation entre une jeune fille

dynamique et un vieil acariâtre sert une comédie pleine de piquant.

Dans le nouveau film d’Ivan

Calbérac, Noémie Schmidt

et Claude Brasseur

forment un duo touchant.

PAR PIERRE VAVASSEUR

Page 17: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015
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week-end I nos favoris

18 MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015

MUSIQUE

Lou DoillonElle avait fait la preuve de ses talents de chanteuse il y a trois

ans avec Places, un très beau disque produit par Etienne Daho.

Sa voix éraillée oscillant entre graves et aigus et ses mélodies

folk à la guitare ou au piano sont devenues sa signature.

Aujourd’hui, on reconnaît instantanément un morceau

de Lou Doillon, et c’est déjà beaucoup. Sur son nouvel

album, Lay Low, elle creuse ce sillon avec des chansons qui

rappellent tour à tour Marianne Faithfull et Patti Smith. Un bel

héritage pour la fille de Jacques Doillon et Jane Birkin.

> Lay Low, Barclay, 14,99 €. Sortie le 9 octobre.

JEUNESSE

Festival des sciencesLa science est à l’honneur

à Rennes et dans une trentaine

de communes alentour.

Le 10e Festival des sciences

propose ateliers, conférences,

jeux et expériences sur des

thèmes variés (archéologie,

compost, objets connectés…).

Pour les scientifiques en herbe,

mais aussi pour leurs parents !

> Jusqu’au 11 octobre à Rennes et ailleurs en Ille-et-Vilaine. www.espace-sciences.org

L AA

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MINISTÈREDE ’ÉDUC TIONN TIONALE, DE’ENSEIGNEMENT

SUPÉRIEUR ET DELA RECHERCHE

www.espace-sciences.org

Du 26 sept. au 11 oct. 2015

ÉVÉNEMENTILLE-ET-VILAINE / RENNES MÉTROPOLE

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THÉÂTRE

Le MensongeDeux couples d’amis. L’épouse de l’un a vu le mari de l’autre embrasser

une femme. Parlera-t-elle ? tromperies, jeux de dupes… Le dramaturge

Florian Zeller excelle dans les dialogues ciselés. Après La Vérité,

en 2011, Le Mensonge remet en piste Pierre Arditi (à dr.), qui

partage l’afiche avec Evelyne bouix (à g.), Josiane Stoléru

et Jean-Michel Dupuis. ce quatuor eficace et la mise en

scène soignée de bernard Murat font de ce vaudeville

contemporain une grande réussite. N. V. E.

> Jusqu’au 29 novembre au théâtre Edouard-VII, à Paris (9e). www.theatreedouard7.com

JEUNESSE MARTIN ET LES FÉESSur ce disque adapté d’un

roman pour enfants, Martin

et les fées est chanté par des

artistes comme Véronique

Jannot, Gérard Lenorman

ou Garou. Pour redécouvrir,

en musique, le parcours

initiatique de ce petit garçon

qui doit délivrer la fée Iris,

prisonnière d’un réveil-matin.

> Sony, 18,99 €.

HUMOURJEAN-FRANÇOIS CAYREYHabitué du Jamel comedy

club, Jean-François cayrey

collectionne les seconds rôles

tordants au cinéma. Son

one-man show ne l’est pas

moins. Un vrai régal d’humour

politiquement incorrect.

> Jusqu’au 2 janvier 2016 au Petit Palais des Glaces, à Paris (10e). www.palaisdesglaces.com

MUSIQUE TRIBU FESTIVALNul doute que la mayonnaise

prendra, à Dijon, entre les

musiques d’Amérique du

Sud, d’Afrique et d’ailleurs

à l’occasion de ce festival

éclectique. De Dom La Nena

à David Murray, en passant

par bassekou Kouyaté,

un joli tour du monde

en chansons.

> Du 10 au 18 octobre à Dijon. www.tribufestival.com

Et aussi…

SPECTACLE

Cirque PlumeNi clowns ni animaux au cirque

Plume, mais un jongleur de

soleil couchant, un nageur

de l’espace, des acrobates

en suspension et une troupe

de musiciens déjantés. créé

en 2013 pour les 30 ans de la

troupe, « tempus fugit ? » est

un joyeux concentré de toute la

poésie du nouveau cirque. I. C.

> Du 15 au 25 octobre à Auch (Gers) et en tournée jusqu’au 2 juillet 2016. www.cirqueplume.com

PAR LUCAS BRETONNIER

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week-end I le guide ciné

20 MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015

Coup de cœur Très bien Sympa Bof A éviter

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Toujours à l’afiche

Les Deux AmisAbel, qui travaille

dans un parking,

et clément, qui vit

de petits rôles dans

des films, sont liés par

une amitié indéfectible. Mais clément

tombe follement amoureux d’une belle

jeune femme, Mona… L’originalité

du scénario, qui montre une amitié

à fleur de peau, est l’une des clés de la

réussite de ce film. P. V.

> Comédie dramatique de et avec Louis Garrel, France (1 h 40). Avec aussi Vincent Macaigne, Golshifteh Farahani…

MargueriteDans le Paris

des années 1920,

Marguerite Dumont,

une femme fortunée,

passionnée d’opéra,

donne régulièrement des récitals

devant un cercle d’initiés qui n’a jamais

osé lui avouer la vérité : elle chante

tragiquement faux. La performance

de catherine Frot est proprement

hallucinante. P. V.

> Comédie dramatique de Xavier Giannoli, France (2 h 07). Avec Catherine Frot, André Marcon, Michel Fau, Christa Théret…

EverestLe camp de base

de l’Himalaya. Deux

expéditions distinctes

se lancent à l’assaut

du plus haut

sommet du monde,

8 850 mètres d’altitude… tourné en 3D,

ce film à grand spectacle, inspiré

d’une histoire vraie survenue en 1996,

est à la fois divertissant et angoissant.

Alain Grasset

> Film d’aventures de Baltasar Kormákur, Grande-Bretagne-Etats-Unis-Islande (2 h 02). Avec Jason Clarke, Jake Gyllenhaal, Josh Brolin, Robin Wright…

Ni le ciel ni la terre DE QUOI ÇA PARLE ? Afghanistan, 2014. Tandis

que les troupes françaises se préparent à amorcer

leur retrait, le capitaine Antarès Bonassieu et sa

section sont afectés à une mission de surveillance

dans une vallée reculée du Wakhan, à la frontière du

Pakistan. Mais de curieux événements surviennent…

ALLEZ-Y POUR… être plongé sans détour dans

la réalité des guerres modernes, où la haute

technologie ne joue pas le moindre rôle. Certaines

scènes de nuit, filmées à la caméra thermique,

sont fascinantes et fantomatiques.

EMMENEZ-Y… un amateur de cinéma intense, qui

appréciera le souci de réalisme auquel s’est attaché

le cinéaste. Ici, le barda pèse aussi sur les épaules

du spectateur et le soleil des montagnes de l’Atlas,

au Maroc, où le film a été tourné, cogne dur.

ÇA VOUS RAPPELLERA… Le Grand Homme, de Sarah

Leonor (2014), qui se passait aussi pour partie en

Afghanistan et dans lequel Jérémie Renier incarnait un

légionnaire indocile. Pierre Vavasseur

> Film de guerre de Clément Cogitore, France (1 h 40). Avec Jérémie Renier, Kévin Azaïs, Swann Arlaud…

L’Odeur de la mandarineDE QUOI ÇA PARLE ?

Nous sommes en 1918.

charles, oficier de cavalerie,

a perdu une jambe au front.

La guerre lui a tout pris.

Seul dans sa propriété,

il embauche une infirmière,

Angèle, fille-mère, à qui

la vie n’a pas fait de cadeau

non plus. Un jour, un soldat

français surgit à cheval

sur un étalon qu’il afirme

tenter de sauver. car l’armée

réquisitionne les chevaux…

ALLEZ-Y POUR… la force

d’un scénario auquel il

ne manque pas un bouton

de guêtre et celle de la

mise en scène, qui donne

lieu à des séquences assez

spectaculaires. olivier

Gourmet et Georgia Scalliet

(à gauche), pensionnaire

de la comédie-Française,

qui fait ses premiers

pas à l’écran, forment

un duo d’une rare intensité.

EMMENEZ-Y… un passionné

de chevaux. car, sans en

être l’axe essentiel, l’étalon

du film est bien, à sa façon,

le troisième personnage.

ÇA VOUS RAPPELLERA…

par l’époque traitée,

le soin apporté à l’image

et le classicisme du récit,

La Chambre des oficiers,

que François Dupeyron avait

adapté en 2001 du roman

de Marc Dugain. P. V.

> Comédie dramatique de Gilles Legrand, France (1 h 50). Avec Olivier Gourmet, Georgia Scalliet, Dimitri Storoge…

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Page 22: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

week-end I le guide ciné

22 MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015

Coup de cœur Très bien Sympa Bof A éviter

NOS SÉRIES PRÉFÉRÉES

EN

VOD

NARCOS Saison 1

Pablo Escobar règne sur le marché mondial de la drogue.

Jusqu’à ce que des fédéraux américains s’en mêlent… Filmée

entre la colombie et les Etats-Unis, cette fresque rythmée

retrace le parcours et la chute du célèbre narcotrafiquant.

> Netflix, à partir de 7,99 € par mois.

ENDVD

SCANDAL Saison 3

Ex-conseillère du président des Etats-Unis, la brillante olivia

Pope est devenue la papesse de la gestion de crise. Un job

qui l’amène à traiter régulièrement avec la Maison-blanche

et avec son amant, le président... Une véritable afaire d’Etat.

> ABC Studios, 35,99 €.

À LA

TÉLÉ

LES REVENANTS Début de la saison 2

Les revoilà enfin, les morts mystérieusement revenus

à la vie dans une petite ville de montagne. Que viennent-ils

chercher ? c’est tout l’enjeu de cette suite très attendue. La

meilleure série française de ces dernières années, de loin.

> Samedi, 9 h 35, Canal+, et le lundi à 21 heures.

La Loi du marché

Stéphane

brizé met

en scène

un homme

confronté au

chômage,

puis à

l’intolérable quand il retrouve

un travail. Avec un Vincent

Lindon au sommet de

son art et des comédiens

amateurs sidérants, ce film

témoigne de notre époque

avec force et sensibilité.

> Drame de Stéphane Brizé, France (1 h 33). Avec Vincent Lindon, Yves Ory… Studio Diaphana, 17,99 €.

Avengers : L’ère d’Ultron

Dans cette

suite, on

retrouve Iron

Man qui tente

de relancer un

programme

de maintien

de la paix jusque-là suspendu.

L’humour est souvent

présent. Et la belle Scarlett

Johansson plutôt à l’aise dans

le genre action après Lucy,

de Luc besson. A.G.

> Film fantastique de Joss Whedon, Etats-Unis (2 h 22). Avec Robert Downey Jr., Scarlett Johansson, Chris Hemsworth… Studio Marvel, 16,99 €.

Sorties DVD

Je suis à vous tout de suiteDE QUOI ÇA PARLE? Dans

la famille d’Hanna, jeune

DRH, on ne sait pas dire non.

Ni elle, ni son père (Ramzy

bedia, à dr.), épicier, ni sa

mère (Agnès Jaoui, à g.), qui

est psy à domicile. Il y a aussi

son frère, Donnadieu, qui

s’est rebaptisé Hakim parce

qu’il se sent plus algérien

que français. Hakim et Hanna

ont fini par se brouiller…

ALLEZ-Y POUR… cette actrice

pétillante et tout en légèreté

qu’est Vimala Pons, déjà

impeccable au printemps

dernier dans Comme

un avion, de bruno Podalydès.

Elle est l’âme du film.

EMMENEZ-Y… un amateur

de ces comédies douces-

amères qui s’interrogent

sur notre société. Ici,

entre condition féminine et

embrouillaminis religieux,

les sujets ne manquent pas !

ÇA VOUS RAPPELLERA…

l’esprit du Nom des gens,

de Michel Leclerc (2010) ;

et pour cause, baya Kasmi,

la réalisatrice, en cosignait

le scénario. Et aussi

l’univers des films de bruno

Podalydès. P. V.

> Comédie dramatique de Baya Kasmi, France (1 h 40). Avec Vimala Pons, Mehdi Djaadi, Agnès Jaoui, Ramzy Bedia…

Page 23: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

DANS UN MONDE QUI CHANGE,

LESMEILLEURES ADRESSESSONT À PORTÉE DE CLIC

Les détails et conditions des offres en fonction des programmes sont disponibles auprès de nos Conseillers Commerciaux sur les espaces de vente. Ces offres s’appliquent sur le prix de vente TTC, hors parkings, lors de la réservation et sur

une sélection de lots en fonction des stocks disponibles au 15 septembre 2015 ainsi que sur certains programmes, pour tout contrat de réservation signé entre le 25/09/2015 et le 18/10/2015 et une signature de l’acte authentique de

vente au plus tard le 31/02/2016. Cette offre est non cumulable avec toutes autres offres en cours chez BNP Paribas immobilier. Programmes réalisés par BNP Paribas Immobilier Promotion Résidentiel – SAS au capital de 1.000.000 €

– RCS Nanterre B 421 291 899. Identifiant CE TVA : FR 47421291899 – Siège social : 167 Quai de la Bataille de Stalingrad - 92867 Issy-Les-Moulineaux Cedex et en co promotion avec Bouygues Immobilier – RCS Nanterre 562 091 546

sur la résidence « Cœur boisé » à Chaville. Commercialisateur : BNP Paribas Immobilier Résidentiel Transaction & Conseil (RCS Nanterre 429 167 075) une société du Groupe BNP Paribas (art. 4.1 loi N°70-9 du 2/01/70) Siège social :

167 Quai de La Bataille de Stalingrad 92867 Issy-les-Moulineaux Cedex - Carte Professionnelle Transaction N°92/A/0373 délivrée par la Préfecture des Hauts-de-Seine – Garantie financière : Galian – 89, rue de la Boétie, 75008 Paris

pour un montant de 160.000 € - Identifiant CE TVA FR 61 429 16 7075. Vente en état futur d’achèvement, faculté de rétractation de 10 jours qui court à compter du lendemain de la présentation de la lettre notifiant le contrat de

réservation aux réservataires (L. 271-1 du Code de la Construction et de l’Habitation). Document non contractuel – 09/2015. Ledouze. IBIZA

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Page 24: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

week-end I livres

24 MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015

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Sœurs de miséricorde

La libraire vous conseille

Anne-Sophie Thuard, au Mans, s’est émue du destin d’une travailleuse bolivienne immigrée à Paris.

Roman

Un amant encombrant

C’est l’histoire d’un

brave type qui rentre

chez lui et découvre

un mort dans son salon.

Pis, sa femme le plante

là et disparaît. Que faire ? Le dénommé

Simon prend la pire des décisions :

faire disparaître le corps de l’amant.

Mais nous ne sommes pas au théâtre

dans une pièce de boulevard. L’écrivain

Christian Oster, qui obtint le prix

Médicis en 1999 avec Mon grand

appartement, s’attache à nous faire

partager le désarroi d’un grand lâche

parfaitement sympathique. Son roman

judicieusement intitulé Le Cœur

du problème nous place dans la tête

du pauvre Simon, conférencier bien

tranquille, en proie à des dilemmes

qui le dépassent, coincé dans une

maison qu’il ne peut plus supporter.

Avec une jubilation diabolique,

Oster embobine son lecteur, piégé

à son tour par une histoire qu’il

n’a de cesse de finir… François Vey

> Le Cœur du problème, de Christian Oster, Editions de l’Olivier, 192 p., 17 €.

Autobiographie

Nathalie Rykiel

à découvert

Une date qui tombe

comme un couperet.

Le 4 décembre 2015,

Nathalie Rykiel aura

60 ans. Au même

moment elle vend, pour assurer

la succession, la célèbre maison

de mode créée par Sonia, sa mère.

Que reste-t-il de vos atours quand

on vous réduit à « fille de », que

votre parent s’égare au point de vous

appeler maman, que vos enfants

s’envolent au bout du monde ?

Le soufle court, Nathalie Rykiel

revient sur son parcours de

mannequin-fille-patronne-femme

qui, étrangement, ressemble à bien

d’autres. Et on la suit, sans en perdre

une miette. Mère séductrice, père

rarement content, succès, renommée,

histoires d’amour, dépression…

Elle se livre dans un texte extrêmement

touchant. Gentiane Lenhard

> 4 décembre, de Nathalie Rykiel, Plon, 200 p., 15,90 €.

Notre sélection

de la semaine

Marquée par sa rencontre avec une Bolivienne anal-phabète et sans papiers voi-là quelques années à Paris,

Colombe Schneck (née en 1966), s’en est inspirée pour son nouveau roman, Sœurs

de miséricorde, qu’elle présentera à la 25e Heure du livre* au Mans. Pour Anne-Sophie Thuard, de la Librairie Thuard au Mans (Sarthe), « la romancière nous embarque de manière inattendue. Elle-même issue d’une famille d’immigrés d’Europe de l’Est, Colombe Schneck nous plonge dans le quotidien d’Azul, une Bolivienne venue travailler en France pour rembourser les dettes de son mari et subvenir aux besoins de ses enfants, restés au pays. A Paris, Azul est une déracinée parmi d’autres femmes, nombreuses, parties seules travailler à l’étranger. On découvre ce pétulant brin de femme, que rien ne décourage, et son enfance en Bolivie. Car, avant d’être celle qui s’affaire à nettoyer les riches foyers français, Azul était une petite flle heu-reuse et insouciante, dans un village indi-gène quechua qui cultivait la terre, et où la richesse réside dans le lien à l’autre. Forte de ces valeurs, elle se montre généreuse, aide ses sœurs d’infortune à trouver un

logement, et apporte du réconfort à celles pour qui elle travaille, souvent malheu-reuses. Dans un style sobre, le récit de Colombe Schneck aborde les thèmes de la maternité, de la séparation, de la solitude, et le décalage économique et social entre la France et la Bolivie. C’est une belle histoire de femmes et une belle leçon de vie, qui sans verser dans le cliché, nous invite à retrouver la foi dans les choses simples. » Mathilde Nivollet

> Sœurs de miséricorde, de Colombe Schneck, Stock, 216 p., 18 €.

Librairie Thuard : 24, rue de l’Etoile, Le Mans (Sarthe). Tél. : 02 43 82 22 22.

* Les 10 et 11 octobre au Mans. www.la25eheuredulivre.fr

MEILLEURES VENTESESSAIS - DOCUMENTS*

1 I Le Charme discret de l’intestin,

de Giulia Enders, Actes Sud.

2 I La Nuit de feu, d’Eric-Emmanuel

Schmitt, Albin Michel.

3 I Dieu, les a�aires et nous, de Jean

d’Ormesson, Robert Lafont.

4 I Faire, de François Fillon, Albin Michel.

5 I Loué sois-tu, du pape François, Cerf.

* Classement du 14 au 20 septembre 2015.

Page 25: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

Poche

Parisien, tête de…

Ce livre amusant

s’ouvre sur une

révélation : le Parisien

n’existe pas.

Néanmoins, pour

s’éloigner le plus

possible de cette étrange créature,

une journaliste de la presse féminine

livre sa méthode, un anti-guide

qui croque avec humour le look,

les coutumes, les vacances et les

pratiques sportives de ces Parisiens,

tous ex ou futurs provinciaux. N. V. E.

> Comment ne pas devenir Parisien en huit leçons, de Caroline Rochet, J’ai lu, 288 p., 10 €.

Renommée XXL

JR a l’art du coup d’éclat. En 2007, l’artiste français investit sans

autorisation le mur de séparation entre Israël et la Palestine,

et le recouvre avec les portraits géants des habitants de la zone,

imams et rabbins compris. Tous sont immortalisés en train de faire

des grimaces. Un pied de nez magnifique aux tensions qui minent

la région. Ainsi va JR, collant ses photos XXL d’anonymes dans

les favelas du Brésil, sur des trains au Kenya et jusqu’à l’intérieur

du Panthéon, à Paris, en 2014. Enfin disponible, son imposante monographie retrace,

à travers 500 images, ce parcours artistique qui va toujours crescendo. Car, par

son audace, JR a conquis le cœur du monde. En 2011, à 27 ans, il remporte le prestigieux

prix TED, ce qui lui permet de financer son projet Inside Out. Partout, les gens sont

encouragés à coller dans les rues leurs propres photos géantes, toujours des portraits

noir et blanc. Et 250 000 personnes participent à l’opération. Artiste devenu star,

vendu dans les plus illustres galeries, JR peut tout oser aujourd’hui. Et même

collaborer avec le New York City Ballet et faire venir les danseurs stars à Montfermeil

(Seine-Saint-Denis), aux Bosquets, la cité de son enfance. Benjamin Jérôme

> JR : l’art peut-il changer le monde ? Phaidon, 304 p., 49,95 €.

Enfants

Dans le château

de Barbe-Bleue

Cet homme riche,

« si laid et si terrible »,

mal-aimé en raison

de sa barbe bleue,

est aussi le premier

tueur en série de conte pour enfants.

Née dans l’esprit de Charles Perrault

(1628-1703), l’histoire est ici sublimée

par les illustrations délicates de Frédéric

Bélonie. Le bleu est omniprésent,

seules quelques taches de rouge

s’invitent pour figurer le sang. Glaçant.

Nedjma Van Egmond

> Barbe-Bleue, de Charles Perrault et Frédéric Bélonie, Actes Sud junior, 32 p., 16,90 €.

Beau livre

Directiondelacommunication/sept.2015-création:MargaritaMimovic-photos©Fotolia,

©DrôneAudiovisuelProduction-Licencesd’entrepreneurdauspectacle:2-1053406et3-1053407

A c c è s

Tram T2 + navette gratuitePont de Bezons / Porte deVersailles : arrêt SuresnesLongchamp. Puis Bus 144, 244.

Train + navette gratuite : Ligne LParis Saint-Lazare / Versailles :arrêt Suresnes Mont-Valérien.Ligne U La Défense / La Verrière.Puis Bus 241.

Autolib’ : stations Suresnes /Rueil Malmaison

Voiture : à 10 min. dela Porte Maillot

Page 26: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

week-end I l’expo idéale

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2 CASQUE À CORNES (200 - 50 AV. J.-C.)tHE bRItISH MUSEUM, LoNDRES

PAR SARAH BELMONT

1 Un éventail pour se vanterTulipes, œillets et roses ornent une face

de cet éventail en ivoire, argent et peau

de chevreau. Ce motif floral est typique

de la mode du XVIIe siècle, qui opte

non plus pour des fonds noirs, mais écrus.

Les matériaux précieux suggèrent

que cet accessoire appartenait

à un membre de l’aristocratie française.

> « Etre femme sous Louis XIV : du mythe à la réalité », jusqu’au 14 février 2016. Musée Promenade, Louveciennes (Yvelines). www.musee-promenade.fr

2 Port du casque ostentatoirePlus qu’une arme ou une protection,

ces cornes encombrantes étaient un indice

de puissance sur le champ de bataille.

Repêché au XIXe siècle dans la Tamise,

fleuve du Royaume-Uni, ce casque en bronze

date de La Tène, période considérée comme

l’apogée de l’âge de fer (450 - 25 av. J.-C.).

Cette coife était à l’origine incrustée de

morceaux de verre rouge.

> « Celts : Art and Identity », jusqu’au 31 janvier 2016. The British Museum, Londres. www.britishmuseum.org

3 Les nuits fauves de DerainCette femme dévêtue défie le spectateur,

avec une impudeur propre aux prostituées,

que le peintre français André Derain

(1880-1954) prenait pour modèles à Paris.

L’artiste, figure du fauvisme, mouvement qui

axait ses recherches sur la couleur, joue ici

sur la complémentarité des tons. Le bleu des

collants renforce le roux des cheveux, et le

mur rouge accentue le vert des coussins.

> « Splendeurs et misères - Images de la prostitution, 1850-1910 », jusqu’au 17 janvier 2016. Musée d’Orsay, Paris (7e). www.musee-orsay.fr

1 ÉVENTAIL PLIÉ (FIN DU XVIIe SIÈCLE)MUSÉE PRoMENADE, LoUVEcIENNES

3 « LA FEMME EN CHEMISE OU DANSEUSE » (1906)ANDRÉ DERAIN, MUSÉE D’oRSAY, PARIS

Page 27: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015 27

L’actualité de l’art en un coup d’œil

4 Un singe en verre de BianconiQuelle est cette créature à dos de zèbre ? Un

singe que le designer italien Fulvio Bianconi

(1915-1996) imagina en verre de Murano,

joyau du patrimoine vénitien. Ce drôle de duo

(16 cm de hauteur) s’inscrit dans une série

de figurines animales de la manufacture

italienne Venini. Cette œuvre présentée à la

Biennale de 1948 fait partie d’une série de dix

pièces emblématiques de l’ironie de l’artiste.

> « Fulvio Bianconi alla Venini », jusqu’au 10 janvier 2016. Le Stanze del Vetro, Venise. www.lestanzedelvetro.org

5 La grande tente du petit-neveu de WatteauCette toile du peintre français François

Watteau (1758-1823), qui associe plans

d’intérieur et d’extérieur, représente

le Colisée de Lille, théâtre en plein air

où se réunissait l’aristocratie du Nord.

Cette scène de vie prolonge le genre des

fêtes galantes, créé par son grand-oncle

Jean-Antoine Watteau (1684-1721). A un

détail près : les coifes des femmes étaient

moins volumineuses à l’époque de l’aïeul.

> « Joie de vivre », jusqu’au 17 janvier 2016. Palais des Beaux-Arts, Lille. www.pba-lille.fr

4 « ZEBRA CON SCIMMIETTA IN VETRO POLICROMO

OPACO » (« ZÈBRE AVEC SINGE EN VERRE OPAQUE

POLYCHROME ») (1948-1949)FULVIo bIANcoNI, LE StANZE

DEL VEtRo, VENISE

6 « MIAMI, FLORIDA, UNITED STATES » (1998)MARtIN PARR, PALAIS LUMIÈRE, ÉVIAN

5 « UNE FÊTE AU COLISÉE » (1787-1792)FRANÇoIS WAttEAU, PALAIS DES bEAUX-ARtS, LILLE

6 Le rêve américain vu par Martin ParrRecouvert du drapeau américain, ce fessier

masculin est plus patriotique que séduisant.

Pris à Miami (Floride), ce cliché

du photographe britannique Martin Parr

(né en 1952), dont l’œuvre a une vocation

documentaire et humoristique, n’a pas été

retouché. La pilosité du modèle, amateur,

sa peau flasque et ses marques de bronzage

alimentent une critique de la société.

> « Life’s a Beach », jusqu’au 10 janvier 2016. Palais Lumière, Evian (Haute-Savoie). www.ville-evian.fr/fr/culture/palais-lumiere

Page 28: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

28 MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015

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week-end I ce qu’il a appris…

Suivre son instinct, garder son indépendance d’esprit, laisser les enfants choisir leur voie… L’humoriste de 58 ans, roi des canulars téléphoniques, nous raconte ce qu’il a retenu de la vie.

Chaque semaine, une per-sonnalité se prend en photo et nous raconte, pêle-mêle, les petits enseignements

de sa vie. Conseils utiles ou anecdotes surprenantes.

L’humour ne doit pas être pensé ou

intellectualisé… Il doit sortir des tripes. L’improvisation est beaucoup plus drôle et savoureuse. Mes canulars télépho-niques, sur Europe 1, ou mes caméras cachées dans la rue ont fonctionné parce que je ne préparais presque rien.L’adrénaline donne des ailes. Dès l’âge de 9 ans, je m’amusais à sauter par- dessus les rails d’une voie ferrée lorsqu’un train arrivait. J’ai besoin de ressentir cette peur pour être bien. J’ai de la chance d’être encore en vie (rire).C’est pratique, une bonne mémoire

sensorielle. La mienne me projette très loin dans le passé. Je me souviens de la première fois où je suis monté sur scène, par exemple. J’avais 14 ans et je me suis trop concentré sur les regards posés sur moi, le maquillage, la poussière des rideaux… Du coup, j’ai eu une crise d’asthme. Je n’ai jamais fait deux fois la même erreur.Toujours protéger sa tête. Quand j’avais 3 ans, lors d’une manifestation avec mes parents, j’ai assisté à une bagarre et un mec a fni par terre avec le crâne ensan-glanté. A ce moment-là, ne me demandez pas pourquoi, je me suis dit : toute ma vie, je protégerai ma tête, mes idées, mon imaginaire… Et je garderai mon indé-pendance d’esprit.Pourquoi ne pas transformer les éta-

blissements scolaires en labyrinthe ?

Tu lâcherais un enfant là-dedans, et tu le laisserais découvrir, à son rythme, des salles « secrètes ». Il y aurait une salle d’arts plastiques, de maths, de musique, de français, de sport… Le gamin s’arrête-rait là où il aurait envie d’être, et choisi-rait sa voie beaucoup plus tôt.

Il faut se fier à son instinct. C’est le pou-voir le plus précieux qu’on obtient à la naissance. Il y a vingt ans, je devais me faire opérer du genou. Je ne sais pas pourquoi, mais une petite voix m’a dit : « N’y va pas. » J’ai refusé la chirurgie. Et j’ai bien fait ! Quelques semaines plus tard, j’ai appris que l’hôpital dans lequel je devais me faire opérer avait eu des problèmes sanitaires et que plusieurs patients avaient attrapé une tuberculose osseuse.Je suis pour une Europe fédérale. Si on la divisait en petites régions indépen-dantes, avec des gouvernements locaux, les gens se sentiraient plus proches du

BAPTÊME DE ScÈNELafesse monte sur scène après

trente-trois ans de trac, et une vieille

dame surgit… C’est Germaine Ledoux,

héroïne de ses impostures d’antan, qui

n’a pas l’intention de lui faciliter la tâche.

Un premier one-man show loufoque.

> Jean-Yves Lafesse vs Germaine Ledoux,

le combat, jusqu’au 31 décembre au Théâtre des 2 Anes, à Paris (18e).

pouvoir politique. Dans ce contexte-là, la Bretagne, ma terre natale, mériterait son autonomie.

Propos recueillis par Tanneguy de Kerpoisson

Jean-Yves Lafesse

Jean-Yves

Lafesse s’est

pris en photo

le 18 septembre

à Paris, dans

son restaurant

préféré,

La Pointe

du Grouin.

SON SELFIE

 L’humour doit sortir des tripes, il ne faut pas tout préparer 

Page 29: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

Bienvenueen Île-de-Foot.

NOUVELLE APPLICATION LE PARISIEN FOOT:

L’appli pour tout savoir du football en Île-de-France,des coulisses aux compétitions:

Paris Saint-Germain, Red Star, Paris FC, Créteil-Lusitanos.

Page 30: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

Le palais de

Westminster, avec

sa célèbre tour de

l’horloge, abritant

Big Ben, accueille

le parlement

britannique.

Un parc d’attractions

consacré au

personnage Shrek.

La tour Shard,

309,6 mètres, est la

plus haute d’Europe

occidentale.

Capitale britannique, mer Méditerranée ou terroir bourguignon ? En famille, en amoureux, avec des amis ? Quoi que vous choisissiez, voici nos conseils pour bien profiter de vos vacances. PAR DOMINIQUE SAVIDAN

1 Il y a toujours une bonne raison

de se rendre dans la bouillonnante

capitale britannique. Dépaysement

garanti entre tradition et modernité,

du palais de Buckingham

aux gratte-ciel vertigineux.

Se divertir dans « l’antre » de Shrek

Le colosse vert des studios

d’animation Dreamworks possède

son parc de loisirs de 2 000 mètres

carrés, dans le quartier de South

Bank, au centre de Londres.

On retrouve Shrek, évidemment,

et tous les personnages du film,

survolant la capitale en bus magique,

à coups d’animations stupéfiantes.

> www.shreksadventure.com

Découvrir les archives

de la police londonienne

Jack l’Eventreur (1888), l’attaque du

train postal Glasgow-Londres (1963),

le casse du siècle déjoué au Dôme

du millénaire (2000)… Pour la

première fois, Scotland Yard ouvre

ses archives aux visiteurs et donne

accès aux témoignages audio de

victimes et de policiers et aux pièces

à conviction pieusement conservées.

> « The Crime Museum Uncovered », Museum of London. www.museumoflondon.org.uk

Dominer la City depuis une tour

Projetez-vous dans le Londres du

XXIe siècle, au 68e étage du Shard,

l’immeuble en forme d’aiguille

dessiné par Renzo Piano, le building

le plus élevé d’Europe occidentale

(309,6 m). Puis dégustez, non loin,

un fish and chips au Borough Market,

le plus ancien marché de Londres.

> The View from the Shard, Joiner Street. www.theviewfromtheshard.com/fr www.boroughmarket.org.uk

Y ALLER> Eurostar au départ de Paris. A partir

de 89 € l’A/R. www.eurostar.com

> Forfait trois jours deux nuits Ferry

depuis Saint-Malo, Caen/Ouistreham

ou Le Havre, puis car de Portsmouth

à Londres. Deux nuits à l’hôtel et

entrée au parc Shrek à partir de 281 €

pour un adulte et 70 € pour les moins

de 16 ans. www.brittanyferries.fr

OÙ DORMIR ?> Qbiq London City 42, Adler Street.

Un hôtel dans le quartier branché de

Shoreditch, avec des photos géantes

dans les chambres qui raviront

les enfants. Chambre double à partir

de 190 €. www.qbichotels.com

S’INFORMER> www.visitlondon.fr

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En famille à Londres

week-end I escapade

30 MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015

Trois tours pour la Toussaint

Page 31: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

Sur le pont de

ce bateau

à taille

humaine, une

piscine pour

divertir tous

les passagers.

Depuis Marseille,

le Zénith vous

emmènera

à Barcelone, puis

à Minorque, en

sillonnant la

Méditerranée.

2 S’ofrir plusieurs escales

en moins d’une semaine, en Grèce

ou en Méditerranée, sans porter

ses valises, s’amuser à bord

d’un paquebot tout confort

aux multiples attractions,

c’est tout l’intérêt de ces nouvelles

croisières courtes qui permettent

de changer d’air à moindre frais.

Naviguer en mer Egée

Quatre jours menés tambour battant

à bord du Celestyal Olympia, navire

rapide aux cabines confortables,

vous permettront de plonger

au cœur de l’Antiquité. Escales

à Mykonos, Patmos, en Crète

et à Santorin. On se balade dans les

rues pittoresques de petits villages

blancs, où l’on déguste un apéritif

au coucher du soleil. A bord, on

profite de bufets pantagruéliques

de plats grecs et on bénéficie du spa

ou de la piscine du pont supérieur.

Et pendant ce temps-là, le bateau

vogue vers la prochaine escale.

> Vol A/R Paris-Athènes (environ 150 €), transfert de l’aéroport au bateau (70 €). Départs les 16 et le 23 octobre à partir d’Athènes : 265 € par personne en pension complète (3 jours et 3 nuits de navigation). Excursions en plus, de 50 à 65 €. www.celestyalcruises.com

Une croisière en amoureuxL’église d’Imerovigli et sa petite tour au clocher, l’une des visites

à ne pas rater lors de l’escale sur l’île grecque de Santorin. Cap sur l’Espagne

A bord du Zénith, on joue la carte

de la french touch. On embarque

à Marseille, le personnel parle

français, les spectacles sont

en français et la cuisine est

hexagonale, avec un chef bien

de chez nous, Francis Lévèque,

dont certains plats sont labellisés

« Coup de cœur Gault et Millau ».

Ce paquebot à taille humaine

(721 cabines) fait deux escales

d’une journée entière, à Barcelone

puis à Minorque. En Catalogne,

on peut visiter la Sagrada Familia,

la célèbre basilique de Gaudí,

s’attarder sur La Rambla – l’avenue

emblématique de la ville – pour

déguster un verre et des tapas

sans faire l’impasse sur le musée

Picasso. Le lendemain, on accoste

sur l’île de Minorque, dans la baie

préservée de Mahon. On flâne dans

le dédale des petites rues d’un

village blanc typique des Baléares

en profitant du soleil de l’été indien.

Et retour de nuit vers Marseille !

> Croisière Guapa de 4 jours et 3 nuits, Croisières de France. Départ de Marseille, le 29 octobre. A partir de 332 € par pers. (-70 % hors taxes pour les -17 ans). www.cdfcroisieresdefrance.com

MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015 31

Page 32: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

3 Des vignobles prestigieux,

des campagnes qui rappellent

la Toscane, de sublimes châteaux

médiévaux… C’est en Saône-

et-Loire, à une heure et demie

de Paris ! Ce décor a servi de

cadre au film Premiers Crus, avec

Gérard Lanvin et Jalil Lespert.

Visiter les lieux du tournage

La propriété du personnage joué

par Gérard Lanvin dans le film est

en fait le domaine Jaeger Defaix,

à Rully. Vous pouvez le visiter avec

la propriétaire, Hélène Jaeger,

découvrir ses six hectares de vignes

et déguster ses excellents rully (sur

rendez-vous, tél. : 03 86 42 40 75).

Les domaines de Brenière et de

Chanzy, eux, ont servi de cadre aux

scènes de vendange. Un peu plus

loin, à 20 kilomètres, Chalon-sur-

Saône a conservé ses maisons

à colombages du XVe siècle.

Intéressant aussi le musée consacré

à l’inventeur de la photo, Nicéphore-

Niépce, dont Hélène Jaeger est

l’arrière-petite-nièce… Les amateurs

de vieilles pierres peuvent visiter

des édifices médiévaux comme les

châteaux de Couches et de Sully,

la forteresse de Rully, l’abbaye de

La Ferté ou la demeure des ducs

de Bourgogne, à Germolles.

> www.bourgogne-du-sud.com

La Bourgogne entre amis

En Bourgogne,

de nombreuses

voies vertes,

comme celle-ci,

qui longe le canal

du Nivernais

(Yonne), ravissent

les cyclistes !

Au cœur des

vignes, le château

de Rully,

en Saône-et-

Loire, date

du XIIe siècle.

Les tuiles

vernissées

du château

de Santenay

sont typiques

de la Côte-d’Or.

A vélo sur l’une des voies vertes

La meilleure façon de faire la route

des vins sans prendre le volant !

Parmi les nombreuses voies

vertes, celle de 31 kilomètres,

facile, entre Chalon-sur-Saône

et Saint-Léger-sur-Dheune,

permet de traverser les villages

de Rully, Chagny, Santenay. Le tout,

en suivant la Saône ou les pistes

forestières, à l’abri de la circulation.

> Location vélo et conseils sur Bourgogne-evasion.fr ou Terreditinerances.com

Y ALLER> TGV Paris-Gare de Lyon - Mâcon

(1 h 37) ou en voiture depuis Paris par

l’autoroute A6, sortie Mâcon (3 h 45).

OÙ DORMIR ?> Hôtel le Vendangerot 6, place

Sainte-Marie, à Rully. Dans un cadre

rustique, 15 chambres de charme

près du domaine de Rully. Elles

ont servi de loges aux acteurs

du film. Chambre double à partir

de 60 €. www.vendangerot.fr

OÙ MANGER ?> Maison Lameloise 36, place

d’Armes, à Chagny. Une folie

pour les gourmands.

Ce Relais & Châteaux héberge

le chef Eric Pras, trois étoiles

Michelin. A partir de 130 € le menu,

78 € au déjeuner. www.lameloise.fr PH

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32 MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015

week-end I escapade

Page 33: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015
Page 34: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

34 MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015

week-end I dégustation

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Des légumes qui font crac !

En anglais, to pickle signifie

« plonger dans le vinaigre ou

la saumure ». Si à l’origine, on

conservait fruits et légumes en

les faisant macérer dans du sel pour pro-

duire une fermentation – comme pour

la choucroute –, on a plus tard utilisé du

vinaigre. Le résultat est identique : des

bactéries se développent, permettant

une conservation de plusieurs mois à

température ambiante. On retrouve

la méthode partout dans le monde :

citron conft marocain, kimchi coréen,

tsukemono – la version japonaise… Le

terme pickles regroupe des préparations

aigres-douces, vinaigrées et sucrées,

qui modifient le goût et la texture des

aliments en dopant leurs qualités nutri-

tionnelles. Plus riches en vitamines B

et C qu’avant fermentation, ils évitaient

ainsi les carences aux navigateurs.

Oignons, carottes, navets…« Avec l’importation d’épices indiennes

au temps de l’Empire britannique, à par-

tir du XVIIe siècle, le succès des pickles

s’est accru, explique Marie Grave, auteure

de Royaume-Uni, un livre sur la cuisine

anglaise1. Leur saveur aigre-douce, leur

touche d’acidité et leur texture croquante

réveillent le palais et favorisent la diges-

tion. On les sert comme condiments,

avec des viandes froides ou du fromage,

ou encore dans les sandwichs. » Ainsi, les

oignons grelots, les morceaux de carotte,

de navet, les bouquets de chou-feur ou les

radis roses sont « pickelisables » à loisir.

Au restaurant Pickled2, à Paris, ces

délices relèvent (presque) tous les

plats. Les deux fondatrices du lieu

sont unies par cette passion, comme

l’explique Myrtille Couten : « Je suis

devenue fan en Angleterre, où j’ai vécu,

et les origines malgaches d’Amandine

Rakotobe, la chef, expliquent son amour

des achards (les pickles créoles). Pour

nous, ils apportent de la surprise et de

l’assaisonnement. »

Choisir le bon vinaigre« La base est toujours la même, explique

Amandine Rakotobe. Une portion de

sucre, deux de vinaigre et trois d’eau,

à laquelle on ajoute ce que l’on veut !

On chauffe le tout, que l’on verse dans

le bocal stérilisé, avec les légumes. Si

les pétales d’oignon rouge n’ont besoin

que de trente minutes de macération,

d’autres, comme les œufs durs, néces-

sitent au moins trois semaines. Les

pickles de concombre peuvent, eux,

fermenter longuement ou brièvement,

selon la texture recherchée. » Pour

varier les plaisirs, elles piochent dans

une sacrée palette de vinaigres. « Les

Anglais utilisent du vinaigre de malt

et les Asiatiques, du vinaigre de riz,

on s’amuse avec celui de cidre, ou du

Xérès mélangé avec de la bière », ajoute

Amandine Rakotobe.

Toutes les associations sont permises :

concombre au vinaigre de riz noir et au

poivre du Sichuan, fermenté trois jours

et pimenté, carottes à la cardamome ou

à la badiane dans un mélange vinaigre

de cidre - orange… Dernier conseil :

« Utilisez le liquide de fermentation de

votre pickle ! Pour aromatiser une vinai-

grette, une sauce ou récupérer les sucs de

cuisson dans la poêle, c’est magique ! »

1. Collection Epicerie du monde, éditions La Plage. 2. Pickled, 54, rue Basfroi à Paris (11e).

Si nous avons les cornichons, les Anglais, eux, conservent toutes sortes d’aliments dans du vinaigre. God save the pickles !PAR ROXANE SALMON PHOTO AIMERY CHEMIN STYLISME CHAE RIN VINCENT

Un minervois

Le plus accessible

des pickles, celui

d’oignon, assaisonne

de sucre et d’acidité

n’importe quel

plat, sans l’éclipser.

Pour lui donner

de la rondeur

et une note épicée,

ce minervois blanc d’un jaune

très pâle associe citron et anis

dans une agréable fraîcheur.

> Cuvée Alice 2013, château Cabezac, 7,90 € chez les cavistes et sur www.chateaucabezac.com

Un saumur

Un vin de la vallée de la

Loire, 100 % chenin, tout

en élégance, est idéal

avec des carottes, radis

blancs ou concombres

marinés rapidement

au vinaigre de riz,

par exemple dans un

banh-mi, un sandwich

vietnamien. Ses notes passant

des fruits tropicaux aux agrumes,

arrondies d’une pointe d’épices,

n’en feront ni trop ni trop peu !

> Saumur blanc 2014, domaine Langlois-Château, 9,85 € sur www.la-boutique-langlois.fr

Le bon accord

Un bourgogne blanc

Avec les pickles, misez

sur un vin complexe !

L’attaque vive

de ce saint-véran

en soulignera les notes

végétales et les enrobera

d’un arôme de brioche

toastée. Sa douceur

finale sera bienvenue avec les

pickles de concombre. Un vin

de coopérative « Vignerons

en développement durable ».

> Saint-véran croix de Montceau 2013, Vignerons des Terres secrètes, 9,90 € au domaine.

Page 35: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

PICKLES… DE CONCOMBRESPréparation 10 minutes

> Portez à ébullition 25 cl de vinaigre

blanc, 1 c. à s. de gros sel marin et 380 g

de sucre, jusqu’à leur dissolution.

> Coupez 750 g de concombres noa (les

petits) en quatre dans la longueur.

Placez-les dans des bocaux avec 100 g

d’oignons, 1 c. à s. de graines de

moutarde, quelques branches d’aneth.

> Versez le liquide sur les concombres.

> Laissez refroidir, fermez les bocaux

et placez-les dans le réfrigérateur.

> Attendez 1 semaine avant de déguster,

par exemple avec des hamburgers.

… DE RADIS

Préparation 5 minutes

> Portez à ébullition 1 litre d’eau, 1 litre

de vinaigre de riz, 3 c. à s. de gros sel

marin et 1 c. à s. de sucre jusqu’à leur

dissolution. Laissez refroidir à l’air libre.

> Nettoyez 2 bottes de radis en gardant

le début des fanes et les radicelles.

Placez-les avec 1 c. à s. de graines de

coriandre, 1 c. à s. de graines de carvi,

1 c. à s. de mélange de cinq baies,

6 branches de thym dans les pots.

> Couvrez avec le mélange au vinaigre.

> Fermez les bocaux et placez-les dans

le réfrigérateur. Attendez 1 semaine

avant de déguster.

… DE CHOUX-FLEURS

Préparation 25 minutes

> Portez 1,5 litre d’eau à ébullition avec

180 g de gros sel jusqu’à ce qu’il soit

dissous. Laissez refroidir.

> Epluchez 3 gousses d’ail, coupez

1 oignon en rondelles et 1 chou-fleur

en bouquets. Laissez-les mariner

une nuit dans l’eau salée.

> Portez 75 cl de vinaigre blanc ou de

cidre, à ébullition avec 2 c. à s. de sucre,

1 c. à s. de poivre concassé, 3 branches

de thym frais, 1 feuille de laurier, 1 c. à s.

de graines de cumin. Laissez refroidir.

> Egouttez les légumes. Placez-les dans

les pots et couvrez avec le vinaigre.

> Fermez les bocaux et placez-les dans le

réfrigérateur. Attendez 1 semaine avant

de déguster, avec, par exemple,

un plateau de charcuterie.

Page 36: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

Le chef Paul-Arthur Berlan, 32 ans, a ouvert L’Escudella en août dernier.

Ci-dessous :fuseau au chocolat et sorbet cacao.

A g. : œuf mollet croustillant, fricassée de cèpes.

week-end I restaurantsPAR PHILIPPE TOINARD

Pour une grande occasionL’Escudella, à Paris

A moins de 30 euros

ARGENSON, À LYONAux portes du stade de l’Olympique

lyonnais, une belle brasserie lumineuse

pour apprécier de grands classiques,

comme le pâté en croûte au magret et foie

gras de canard, les quenelles de brochet

sauce nantua ou la sole meunière.

Baba au rhum, vacherin, profiteroles

et tarte Tatin sont aussi de la partie.

LA CANTINE, À CHOMÉRACDans une ancienne usine de textile,

une bande de joyeux drilles a ouvert une

table à l’opposé des bistrots ardéchois.

On ne vient pas ici pour la caillette

ou la tarte aux myrtilles, mais pour un

saint-pierre cuit vapeur, un lapin farci

aux échalotes, un cheesecake au citron

et un incontournable fondant au chocolat.

De tous les anciens candidats de

l’émission « Top Chef », Paul-

Arthur Berlan, 32 ans, n’est

pas le plus médiatique, mais

il est l’un des plus consciencieux. Après

le Métropolitain, dans le quartier du

Marais, à Paris, il s’installe dans le très

chic 7e arrondissement, où il propose

des assiettes plus abouties, notamment

au niveau des jus et des sauces, qui ne

manquent pas de caractère.

Digne d’une table étoiléeOn ne trouve certes pas de voiturier à

l’entrée, d’hôtesse d’accueil ni de ver-

rerie hors de prix, mais les créations du

chef sont dignes d’une table étoilée. La

preuve, ce sublime œuf mollet crous-

tillant posé sur des cèpes en persillade

et surmonté de quelques fnes tranches

de cèpe cru. Cuisson parfaite de l’œuf,

contraste des textures… et une furieuse

envie de saucer ! Le carpaccio de pied

de cochon, sauce gribiche et anchois en

tempura est peut-être moins gastro-

nomique, mais terriblement canaille.

L’anchois et le pied de porc sont un

exemple réussi d’association osée.

Le plat du jour, filet mignon de porc,

haricots tarbais et fines lamelles de

radis, avait du goût mais manquait d’élé-

gance dans sa présentation, comparé à

l’agneau de Sisteron en trois cuissons

déposé sur une aubergine confte au jus

de tamarin, ce fruit tropical provenant

d’Inde. Quant au fuseau croustillant au

chocolat et sorbet cacao, il prouve qu’il y

a bien un pâtissier dans la brigade !

> OÙ ? 41, avenue de Ségur, Paris (7e). Tél. : 09 82 28 70 70. > COMBIEN ? De 36 € à 50 € (à la carte).

Le grand chic à petit prix

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Une salle élégante et colorée pour des plats dignes d’une table étoilée.

36 MAGAZINE DU VENDREDI 2 OcTOBRE 2015

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Page 37: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

grand angledécryptage I enquête I reportage

L’hypnose, un show pour Messmer, un soin pour les médecins.

p. 48

Avec Trêve, Christiane Head-Maarek vise une 3e victoire de suite au Qatar Prix de l’Arc de Triomphe.

p. 64

On a calculé : la fusion des régions pourrait coûter plus de 1 milliard d’euros !

p. 58

Les confidences de Yánis Varoufákis, l’ex-ministre grec des Finances.

p. 66

Un livre de photos suit Olivier, au Mali, et d’autres enfants du monde, sur les chemins de l’école.

p. 54

Page 38: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

Quand la bise fut venue27 septembre. Dimanche, au pavillon Baltard, à Nogent-sur-

Marne (Val-de-Marne), Valérie Pécresse avait tout de la nouvelle

star du parti Les Républicains ! Car François Fillon, Alain Juppé et

Nicolas Sarkozy, entre autres, étaient venus soutenir leur tête

de liste aux élections régionales en Ile-de-France, en décembre.

Si les meilleurs ennemis de la primaire à droite de 2016 ont su

garder leurs distances, le maire de Bordeaux s’est laissé aller

à une petite marque d’afection pour la députée des Yvelines.

© CHRISTOPHE PETIT TESSON/MAXPPP

grand angle I plein les yeux

Page 39: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015
Page 40: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

grand angle I plein les yeux

Page 41: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

Catalogne, le rêve d’indépendance25 septembre. A deux jours des élections régionales,

les Catalans indépendantistes se rassemblaient, illuminant

les rues de Barcelone avec leurs téléphones portables.

Le 27 septembre, sans avoir la majorité des voix (47,8 %),

mais avec la majorité des sièges (72 sur 135), les partisans

de la liste Junts pel Sí (Ensemble pour le oui) l’ont emporté.

Si les séparatistes espèrent obtenir l’indépendance de la

Catalogne d’ici à 2017, le gouvernement de Madrid avait déjà

jugé inconstitutionnel, en 2014, un éventuel référendum.

© ALBERTO ESTEVEZ/EPA/MAXPPP

Page 42: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

Les princes ennemis de l’Ovalie26 septembre. Le match Angleterre - Pays de Galles, comptant

pour la Coupe du monde de rugby, fut à l’origine d’une situation

cocasse en tribunes. Le prince Harry de Galles (à g.), fils cadet

de Charles, prince de Galles, portait le maillot… de l’Angleterre !

Son frère aîné, le prince William, duc de Cambridge, en

Angleterre, et adoré des Anglais dont il pourrait devenir le roi,

arborait celui… du Pays de Galles ! La raison d’un tel imbroglio ?

Harry est vice-président de la Fédération anglaise de rugby,

et William, le gagnant du soir (28-25), de la Fédération galloise.

© I-IMAGES/BUREAU233

grand angle I plein les yeux

Page 43: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015
Page 44: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

grand angle I débat

POUR OU

POUR

44 MAGAZINE DU VENDrEDI 2 octobrE 2015

Volkswagen tousse, et c’est toute la filière diesel qui s’enrhume. Dans la foulée des révélations sur le constructeur allemand, qui a admis avoir installé un logiciel permettant de fausser les résultats des tests

de pollution de 11 millions de véhicules à travers le monde, des voix se sont élevées la semaine dernière pour exiger l’interdiction du gazole. « Arrêtons de mentir aux Français en les incitant à acheter des voitures soi-disant écologiques (...). Le diesel propre, ça n’existe pas », a ainsi déclaré, le 23 septembre, Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts. Elle a réclamé la suppression des aides au diesel d’ici cinq ans, et son « interdiction totale dans l’en-semble du pays d’ici à 2025 ».

Les deux tiers du parc automobileCombattue depuis longtemps par les écologistes, la motorisation au gazole reste, et de loin, la préfé-rée des Français : elle représente les deux tiers du marché automobile national, et des dizaines de milliers d’emplois. Pas question, donc, pour Ségo-lène Royal, de bannir les véhicules diesel. « Ce n’est pas sérieux », a expliqué la ministre de l’Eco-logie, qui préfère « investir massivement dans la voiture électrique ». Du côté de l’opinion publique, le « dieselgate » n’a pas encore convaincu les auto-mobilistes d’abandonner le gazole. Selon un son-dage Tilder/LCI/Opinionway, publié le 24 sep-tembre, 27 % des personnes interrogées ont un avis « plutôt négatif » sur le diesel depuis l’afaire Volkswagen, alors que le regard de 70 % des son-dés n’a « pas changé ».

Pour bannir le gazole, trop polluant, les écologistes surfent sur le scandale Volkswagen. Problème : il s’agit du carburant le plus utilisé par les Français.PAr CLARISSE BOULAIN Et PAULINE LANDAIS-BARRAU PHotoS FRANCK BELONCLE Et PASCAL BASTIEN

1 Un problème de santé publique

majeur. La nocivité du diesel est connue des autorités sanitaires depuis des décennies. En 2012, l’Organisation mondiale de la santé l’a reconnu comme cancéro-gène certain. Des mesures ont été prises, telle l’obligation d’installer des fltres à particules, mais ceux-ci retiennent-ils les particules les plus fnes, c’est-à-dire les plus dan-gereuses ? Comme l’a été l’amiante, le diesel devrait être interdit.

2 Le diesel propre est impossible. Les constructeurs d’automobiles font pression sur les autorités pour que le diesel ne soit pas interdit, et ainsi continuer de faire du profit sur leurs investissements passés.

Dans ce but, ils tentent de faire croire à un diesel « propre », mais c’est impossible. Le fait de tricher lors des tests de contrôle des émis-sions de polluants, comme l’a fait Volkswagen, est un exemple par-lant de ce jeu de dupes.

3 Cela empêche le développe-

ment de nouvelles technologies.

La combustion d’énergies fos-siles est toujours polluante. Les pressions des constructeurs pour continuer de commercialiser d’an-ciennes technologies empêchent le développement d’énergies vertes, comme l’énergie électrique, qui est déjà efciente. La population doit en prendre conscience et privilé-gier les transports alternatifs.

Sébastien Vray, porte-parole de l’association Respire (Paris).

 L’Organisation mondialede la santé l’a reconnu comme

cancérogène certain

L’INTERDICTION

Page 45: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

CONTRE ?

MAGAZINE DU VENDrEDI 2 octobrE 2015 45

Une institution en France

1 Les moteurs sont de plus en plus propres. En Europe, les voi-tures sont soumises à des normes « Euro », avec des plafonds d’émis-sions de polluants de plus en plus contraignants. Depuis jan-vier 2011, les filtres installés sur les voitures Euro 5 permettent d’éliminer 95 % des particules fines et ramènent les perfor-mances du moteur diesel à un niveau équivalant à celles du mo-teur essence. Et une norme Euro 6 s’applique depuis septembre !

2 Rajeunir le parc automobile. Sur près de 20 millions de voitures diesel que compte la France, seules 2,3 millions sont équipées de la norme Euro 5. Or la pollution aux

Les nouveaux véhiculesfonctionnant au gazole sontde plus en plus propres

TOTALE DU DIESEL

C’EST LE PRIX MOYEN à la pompe, le 18 septembre

en France, d’un litre de gazole, contre 1,30 €

pour le sans-plomb 95.

1,11 €

63,9 %C’EST LA PART DU DIESEL dans les ventes de voitures neuves en 2014. Un marché en baisse, qui s’établit à 59 % sur la période janvier-septembre 2015.

16 %DES ÉMISSIONS DE PARTICULES en Ile-de-France sont dues aux véhicules diesel.

VOITURES PARTICULIÈRES DIESEL

ont été produites en France en 2014.

1 835 289

particules fines est particulière-ment le fait des véhicules anciens. Plus qu’une interdiction, il faudrait donc des aides pour inciter les mé-nages à remplacer leur voiture, et accélérer ainsi le rajeunissement du parc automobile français.

3 Il faut mener une réflexion plus large. Améliorer les politiques de déplacement urbain, proposer une aide au stationnement en infor-mant en temps réel de la disponibi-lité des places, ou encore organiser des transports de marchandises plus fluides pour une meilleure gestion du trafc. Ce sont des pistes auxquelles il faudrait réfléchir à tous les niveaux pour réduire la pollution liée à l’automobile.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Réagissez sur la page Facebook du Parisien.

Sources : Comité des constructeurs français d’automobiles, Airparif, Direction de l’énergie et du climat.

CONTRE

Céline Kastner, directrice juridique de l’Automobile Club Association (Strasbourg).

Page 46: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

46 MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015

grand angle I l’antisèche

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Le 1er octobre, les tarifs réglementés du gaz appliqués par Engie (ex-GDF) ont baissé de 1,4 % en moyenne. Sept millions de Français sont concernés.

COMMENT SONT FIXÉS LES PRIX DU GAZ ?

*Au 30 juin 2015. **Consommation moyenne, hors abonnement.

Page 47: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015 47

QUI A EU L’IDÉEAnna Stevanato, 36 ans, mère

de trois enfants franco-italiens.

COMMENT ÇA MARCHEDulala organise, dans vingt

écoles parisiennes, des ateliers

d’éveil aux langues qui sont

parlées au sein des familles.

QUI EN PROFITELes enfants, mais aussi

les familles et les professeurs.

grand angle I solidaires

POUR NE PAS GARDER SA

LANGUE DANS SA POCHEA Paris, l’association Dulala fait découvrir

aux enfants toutes les langues parlées par leurs camarades à la maison.

Anna Stevanato

organise

des groupes

de jeux

en langue

« maternelle »,

notamment à

l’école d’Alésia,

à Paris (14e).

A l’école maternelle d’Alésia, à Paris (14e), les dix enfants qui participent à l’atelier d’éveil aux langues sont un peu dissipés. Elena Ruffoni, l’ani-

matrice d’origine italienne et professeure des écoles, les apaise en leur faisant écouter des musiques du monde. L’atelier débute. Les enfants ouvrent une boîte magique, y trouvent une lettre qui les invite à compter jusqu’à 3, en anglais, allemand, espagnol, italien. Puis ils découvrent, sur un enregistrement audio, les nombres en portugais, serbo-croate, alba-nais. Et font, avec grand plaisir, un petit exer-cice corporel variant en fonction des chifres énumérés dans diférentes langues par l’ani-matrice. Enzo, 5 ans, se lance et compte fère-ment jusqu’à 5 en arabe, sa langue maternelle.

« Le bilinguisme est un cadeau ! »Un Français sur quatre grandit avec une autre langue que le français durant son enfance. C’est pour la valoriser qu’Anna Stevanato a créé, en 2009, l’association Dulala (D’une

langue à l’autre) : « J’ai enseigné l’italien dans une école élémentaire parisienne. Je me suis aperçue que les enfants avaient honte de la langue de leurs parents. Ils ressentaient leur bilinguisme comme un handicap. Or c’est un cadeau, pas un fardeau ! »

2 000 enfants en ont déjà bénéficiéAnna Stevanato a alors conçu des ateliers ludiques pour leur donner très tôt le goût des langues. Après un an de formation en éco-nomie sociale et solidaire au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), la jeune femme a fondé l’association Dulala. Elle orga-nise également des groupes de jeux en langue maternelle et des formations. Pour atteindre ses objectifs, elle a développé ses propres outils : livres, vidéos, infographies…Aujourd’hui, environ 2 000 enfants ont pu bénéfcier de ces ateliers de découverte et plu-sieurs centaines de professionnels de l’éduca-tion, du social et de la santé (orthophonistes, psychologues, etc.) ont été formés. A l’école d’Alésia, les petits sont ravis : « C’est trop bien, on fait des jeux ! » s’exclame Rime-Riham, 6 ans. Arrivederci et à la semaine prochaine ! Florence Heimburger Photos Cyril Marcilhacy

Et si vous participiez… en contactant l’association Dulala, www.dunelanguealautre.org

Page 48: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

grand angle I médecine

notre dossierenquêteComment l’hypnothérapie s’impose en médecine P. 49

vrai-fauxHuit idées reçues P. 50

interviewMessmer : « L’hypnose fait des miracles » P. 52

Page 49: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015 49

LE RÉVEIL DE L’HYPNOSE

Elles ne se lâchent pas la main et papotent.

Lucienne, étendue sur le lit d’une chambre

de l’hôpital d’Annecy-Genevois (Haute-

Savoie), et Christine Favier, infirmière

anesthésiste, parlent randonnée et jardi-

nage. La patiente de 90 ans a le cœur qui

s’essouffle. En ce début septembre, on va lui poser

une valve artificielle. « Concentrez-vous sur votre

respiration, demande avec gentillesse l’infrmière.

Fermez les yeux, c’est plus facile. Vous allez respi-

rer diféremment. Gonfez bien les poumons… Fort,

fort, fort… Vous allez sentir que ma voix ralentit.

Continuez à respirer tranquillement. » Elle invite

ensuite Lucienne à partir en balade : « C’est comme

si vous empruntiez un chemin, pour une randonnée

que vous avez particulièrement aimée. »

Contre la douleur et en anesthésieComme de plus en plus de patients, Lucienne

vient d’être hypnotisée. Taboue il y a encore dix

ans, cette pratique se répand dans le monde médi-

cal. Partout en France, le personnel hospitalier se

forme : à La Rochelle (Charente-Maritime), Aix-

en-Provence (Bouches-du-Rhône), à l’hôpital de la

Pitié-Salpêtrière, à Paris… Dans les cabinets aus-

si, l’hypnose s’enracine. On compte une douzaine

de cursus universitaires reconnus par l’Ordre des

médecins, et de nombreuses formations associatives

ou privées. La technique est utilisée dans divers cas :

contre la douleur, les troubles psychologiques,

Longtemps taboue, cette pratique se généralise dans le monde médical, qui lui reconnaît des vertus thérapeutiques. De quoi réjouir le Québécois Messmer, la star des hypnotiseurs.PAR EMMANUELLE VIBERT PHoto WILLIAM BEAUCARDET

Auteur de spectacles étonnants,

le Québécois Messmer, 44 ans,

collabore aussi avec des

scientifiques. Il a posé pour notre

magazine le 7 septembre à Paris.

COIFFURE,

MAQUILLAGE ANNE GUILMARDACCESSOIRES

PAULINE GLAIZAL

Page 50: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

50 MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015

les addictions (tabac, alcool, drogues), en cours d’accouchement, ou pour compléter l’anesthésie. Dans son cabinet dentaire à Echiré (Deux-Sèvres), Claude Parodi y recourt en permanence. Il peut ain-si atténuer la phobie de la piqûre. « Cela me permet d’arrêter un saignement, une nausée, et de diminuer la quantité d’anesthésiants, explique-t-il. Et je peux aller jusqu’à extraire des dents, poser des implants, sans une goutte d’anesthésiant. » Au sein de son asso-ciation Hypnoteeth, il forme 200 à 300 dentistes par an et croule sous les demandes.

« Clignez de l’œil, si jamais vous avez mal »Retour dans la salle d’opération de l’hôpital d’Annecy. Sous hypnose, Lucienne ressent une piqûre comme l’épine d’un rosier qui l’érafe. Pour rendre la peau de sa main insensible à la douleur de la perfusion, on la recouvre d’un gant imaginaire. En une demi-heure,

les soignantes l’ont préparée à l’opération. Placer une valve artifcielle se fait habituellement sous anesthé-sie générale, à cœur ouvert. Mais un procédé récent permet d’opérer via l’artère fémorale, grâce à une petite incision dans l’aine. Ainsi, pour la quatrième fois à l’hôpital d’Annecy, l’intervention va se dérouler sous hypnose, à l’aide d’une simple anesthésie locale ! Lucienne est maintenant au bloc, sur un lit high-tech. Un cardiologue et un chirurgien, plus cinq infrmiers spécialisés, s’occupent de la technique. Il y a un écran géant rempli de radios et de courbes, des tables sté-riles couvertes de pinces et de sondes. Lucienne ne dort pas, mais ne voit rien de tout ça. Christine Favier lui caresse le front, lui chuchote à l’oreille de cli-gner de l’œil si jamais elle a mal afn que Frédérique Mangin, le médecin anesthésiste, lui administre une dose d’anti douleur. Une heure et demie plus tard, l’opération est terminée. Lucienne est fatiguée, mais parle déjà recettes de cuisine et fait des blagues.

DES IDÉES REÇUES MISES À MAL

L’HYPNOSE EST UNE SUPERCHERIE

Faux Les techniques

d’imagerie médicale ont

montré que les suggestions

de l’hypnothérapeute (images,

sons, douleurs…) déclenchent

les mêmes réactions

dans le cerveau que si elles

étaient réelles.

L’HYPNOSE S’APPARENTE AU SOMMEIL

Faux Hypnos veut dire

« sommeil » en grec, mais

l’hypnose n’endort pas.

c’est un état modifié de

conscience, entre veille

et sommeil, qui peut même

se caractériser par

une grande concentration.

L’HYPNOSE, C’EST DE LA MANIPULATION

Vrai Faux Un sujet

hypnotisé devient sensible aux

suggestions. Les hypnotiseurs

de spectacle en profitent

pour tourner en dérision leurs

cobayes. Mais il est impossible

de faire un lavage de cerveau

grâce à l’hypnose.

L’HYPNOSE NE MARCHE PAS AVEC TOUT LE MONDE

Vrai Faux L’hypnose est

un état naturel, accessible

à tous, que nous traversons

quand nous sommes dans

la lune, par exemple. Mais

l’hypnose médicale ne peut

marcher que si le patient

est motivé et coopère.

grand angle I médecine

L’hypnose à l’hôpital d’Annecy

L’intervention approche. Christine Favier et l’équipe d’infirmiers emmènent Lucienne en salle d’opération.

« Respirez fort », demande gentiment Christine Favier, l’infirmière anesthésiste, à Lucienne, pour la préparer à être opérée sous hypnose.

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Page 51: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015 51

Les Egyptiens l’utilisaient pour soignerChristine Favier a été la première de l’hôpital d’Annecy-Genevois à se former à l’hypnose, il y a cinq ans. Depuis, deux médecins et quatre autres infirmiers anesthésistes de l’hôpital se sont mis à cette pratique. Dès novembre, ils seront 25 de plus : un chirurgien, deux anesthésistes, un cardiologue et 21 infrmiers. De quoi instaurer une vraie dyna-mique. Cette technique est en fait vieille comme le monde : les Egyptiens l’employaient probable-ment déjà pour soigner, puis, avec l’Allemand Franz Anton Mesmer (dont Messmer, la star québécoise de l’hypnose-spectacle, s’est inspiré pour son pseu-donyme), elle a connu un renouveau en Europe au XVIIIe siècle. D’autres grands noms de la médecine l’ont ensuite fait progresser : Charcot, Bernheim, Freud au XIXe siècle. Mais, au XXe siècle, l’essor de la psychanalyse et les progrès techniques ont remisé l’hypnose au placard avant que le médecin américain Milton Erickson ne lui donne de nouveaux fonde-ments, dans la seconde moitié du siècle dernier. Et désormais, c’est l’efervescence.

Pourquoi un tel succès ? « L’hypnose réduit la durée d’hospitalisation et divise par deux le temps passé en salle de réveil », souligne Marianne Jung, infrmière anesthésiste à l’hôpital d’Annecy-Genevois. « On s’en sert tout le temps, raconte Frédérique Mangin. L’hypnose, c’est aussi une façon d’expliquer, avec des mots positifs. Cela diminue l’anxiété et c’est impor-tant, car le stress peut provoquer des complications. » Les avantages sont aussi humains. « Cela a changé ma vie, s’enthousiasme Christine Favier. On sort de la technique pure pour nouer une relation avec les patients, trouver des paroles adaptées, rassurantes. » L’hypnose redonne du sens à son travail, et un côté humain au soin, comme l’écrit l’un des pontes de la dis-cipline, le Dr Patrick Bellet, dans son livre (L’Hypnose

pour réhumaniser le soin, Odile Jacob).Sur le plan thérapeutique aussi, l’hypnose commence à faire ses preuves. Au CHU de Liège, en Belgique, près de 9 000 patients ont été opérés sous hypnose

« J’ai tout de suite accroché

avec Nathalie Von Paris »,

s’enthousiasme claire Dubois,

une Niçoise de 29 ans.

L’hypnothérapeute dirige, à Nice,

le cabinet Hypnoprocess, qui

regroupe des thérapeutes sans

diplôme oficiel de soin. « J’ai

commencé à la voir il y a plus d’un

an, à raison d’une séance par mois,

pour des troubles alimentaires.

on a travaillé sur l’apparence,

l’estime de soi. J’ai résolu pas mal

de névroses qui me hantaient

depuis longtemps. Puis, la veille

de mon anniversaire, il y a un an,

j’ai voulu arrêter la cigarette. » La

jeune femme, soigneuse dans un

parc zoologique, fumait presque

un paquet par jour depuis quinze

ans. Il n’a fallu qu’une séance pour

lui couper l’envie. « Nathalie a fait

appel à la non-fumeuse que j’étais

avant de commencer la cigarette.

En sortant, j’ai jeté mon paquet.

Je n’ai ressenti aucun manque »,

assure-t-elle. chaque séance

commence par un bilan. « Pour

me faire entrer en transe, elle me

demande par exemple de fixer

un point dans sa main, elle compte

et, très vite, je déconnecte. »

 Après une séance, je n’ai plus eu envie de fumer Claire Dubois, 29 ans, Nice (Alpes-Maritimes)

 Cette pratique réduit la durée d’hospitalisation et divise par deux le temps passé en salle de réveil Marianne Jung, infirmière anesthésiste

ON PEUT RESTER BLOQUÉ SOUS HYPNOSE

Faux Un rituel permet de faire

sortir quelqu’un de l’hypnose :

« comptez jusqu’à 3, vous allez

ouvrir les yeux », par exemple.

Des expériences ont montré

qu’une personne revient

spontanément à son état

normal en dix à quinze minutes.

L’HYPNOSE EST ADAPTÉE AUX ENFANTS

Vrai Les enfants sont

particulièrement réceptifs

à l’hypnose, qui fait appel

à l’imagination, au jeu.

Elle est utilisée par exemple

pour traiter la douleur

à l’hôpital trousseau

et à Robert-Debré, à Paris.

L’HYPNOSE PEUT CRÉER DE FAUX SOUVENIRS

Vrai Elle peut faire naître

des souvenirs erronés

(agression sexuelle, mauvais

traitement…). L’hypnose

médicale est d’ailleurs plus

utilisée pour stopper les

ruminations concernant le

passé que pour le réactiver.

ON PEUT FAIRE DE L’AUTO-HYPNOSE

Vrai on peut entrer seul

dans la transe hypnotique,

en se concentrant par

exemple sur un point ou sur

sa respiration. on peut alors

suggérer des phrases, des

images pour lutter contre la

douleur ou gérer ses émotions.

Le cardiologue

et le chirurgien

placent une

valve artificielle

sur le cœur

de Lucienne,

à l’aide

d’une simple

anesthésie

locale.

Page 52: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

52 MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015

L’HYPNOSE FAIT

DES MIRACLES

Messmer

Avant de devenir célèbre grâce à ses spectacles, « Le Fascinateur » exerçait l’hypnothérapie. Il livre ici sa vision de la pratique.PRoPoS REcUEILLIS PAR TANNEGUY DE KERPOISSONPHotoS WILLIAM BEAUCARDET

grand angle I médecine

(à l’aide d’une anesthésie locale), depuis 1992, sous la direction du Dr Marie-Elisabeth Faymonville. Cette dernière a montré que les régions du cerveau concernant l’attention, la motricité et la douleur sont activées pendant l’hypnose. Ce n’est donc pas une supercherie. Un avis partagé par Pierre Pouget, cher-cheur au CNRS (Centre national de la recherche scien-tifque). « Nous avons lancé la toute première étude du CNRS sur l’hypnose il y a un an, explique le scienti-fque. L’idée n’est pas de prouver son efcacité, dont on est sûrs, mais plutôt d’étudier ce qui se passe dans le cerveau d’une personne hypnotisée. »

Donner un cadre légal à la professionPour cela, les scientifques ont comparé l’activité céré-brale d’un sujet hypnotisé par le célèbre Messmer (lire ci-contre) à celle d’un individu dans un état « nor-mal ». Les résultats seront publiés dans les prochaines semaines. Ils intéresseront l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). Après avoir analysé plusieurs dizaines d’études, en juin dernier, l’organisation a conclu qu’elles « prouvent sans discus-sion l’efet thérapeutique de l’hypnose pour l’anesthé-sie et les douleurs chroniques ». Les résultats ne sont en revanche pas probants pour le sevrage tabagique.Malgré tout, les diplômes d’hypnose n’ont toujours pas de valeur légale. Conséquence : n’importe qui peut se présenter comme hypnothérapeute. Pour s’y retrouver, la Confédération francophone d’hypnose et de thérapies brèves (CFHTB) conseille de consul-ter uniquement des thérapeutes dotés d’un diplôme de soignant (médecin, psychologue, sage-femme, dentiste…). La CFHTB milite d’ailleurs pour l’enca-drement de la discipline comme cela a été naguère le cas pour l’ostéopathie. En attendant, partout dans le milieu médical, l’hypnose s’impose.

Des régions du cerveau sont activées pendant l’hypnose, ce n’est donc pas une supercherie

UNE SOIRÉE SENSATIONNELLEAux spectacles de Messmer,

c’est le public qui fait le show.

« Le Fascinateur » fait monter

une vingtaine de personnes

sur scène pour leur faire vivre

une expérience hypnotique

aussi drôle qu’« oubliable ».

> Du 27 au 29 novembre au Zénith de Paris (19e), puis en

tournée dans toute la France à partir du 2 février 2016.

Comment parler hypnose sans évoquer le Québécois Messmer ? A 44 ans, « Le Fascinateur », comme il s’est lui-même surnommé, subjugue les Français. Dans ses spectacles ou dans son émis-sion, « Stars sous hypnose », il fait son

show et séduit le public. Plutôt sceptique au début, j’ai été étonné lorsque, en mai dernier, il m’a hypnotisé et fait monter sur scène pour danser un slow avec un inconnu… Avant d’enfammer les planches, il exerçait l’hypnothérapie. Il a collaboré, cette année, avec le CNRS (Centre national de la recherche scientifque) à une étude sur « l’induction rapide », l’art d’hypnotiser à une vitesse éclair, sa spécialité. Rencontre.

Page 53: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015 53

de réfléchir, son cheminement

intellectuel… La séance d’après,

je l’hypnotise et j’utilise, par exemple,

la technique de « régression ». L’idée est de

lui faire revivre la situation qui a créé

un blocage chez lui tout en lui posant

des questions pour qu’il trouve lui-même

comment résoudre son problème.

Quels problèmes traitiez-vous

le plus souvent ?

La grande majorité de mes patients

venaient me voir pour arrêter de fumer.

Ensuite, il y avait les problèmes liés

aux phobies, à la sexualité… Tous

ces cas-là, liés au psychisme, peuvent

être traités. On peut même parfois

agir sur le physique. Prenez le cas d’un

adolescent qui a beaucoup d’acné. Cette

afection a tendance à s’installer sur une

personne timide, qui a envie de s’efacer,

de se cacher. Sous hypnose, on peut aider

le jeune à être plus extraverti et, ainsi,

régénérer sa peau plus rapidement.

On a du mal à croire que cela puisse

remplacer une bonne pommade…

L’idéal est de combiner une séance

d’hypnose avec un traitement

plus traditionnel. L’hypnotiseur aide

le patient à se sentir bien, ce qui lui permet

de mieux accueillir le médicament

qu’un médecin va lui prescrire. Cette

combinaison de deux traitements

peut vraiment faire des miracles.

Tout ce que vous racontez peut

paraître surréaliste. Qu’avez-vous

envie de dire aux sceptiques ?

J’ai abandonné avec certains. J’aime

les gens qui n’y croient pas forcément

mais qui veulent comprendre, essayer.

Parce que, si j’arrive à les convaincre, ils

deviennent les meilleurs ambassadeurs

de ma pratique. A leurs amis, ils vont dire :

« J’y croyais pas, mais ça marche ! »

Y a-t-il de bons et de mauvais sujets ?

Il y a quelques années, on pensait

que les personnes avec de gros lobes

d’oreilles étaient de meilleurs sujets,

c’est faux. Dans mes spectacles

et dans mon cabinet, j’ai hypnotisé

85 000 personnes dans ma vie,

toutes étaient diférentes. Il n’y a pas

de bons ou de mauvais sujets, certains

sont simplement plus réceptifs.

C’est comme une radio : moi, je suis

émetteur, vous êtes récepteur,

si on arrive à créer une fréquence

entre nous, ça marche.

L’hypnothérapie a-t-elle évolué

ces dernières années ?

L’hypnose est à la mode ! C’est le plus

grand changement. Au milieu des années

1990, j’ai dû fermer mon cabinet

parce que je n’avais qu’une dizaine

de clients par semaine et que j’avais

besoin d’argent pour élever mes enfants.

C’est pour ça que j’ai monté un spectacle.

Et, sans prétention, je pense que

c’est en grande partie grâce à ce show

que l’hypnose est aussi tendance

aujourd’hui. Des hypnothérapeutes

m’appellent régulièrement pour

me remercier et me dire que leurs

carnets de rendez-vous sont pleins grâce

à moi. Cela me fait plaisir parce que

c’est un peu la « mission » que je me suis

donnée depuis que je connais l’hypnose :

convaincre tout le monde de ses bienfaits.

Pouvez-vous nous parler de votre

étude réalisée avec le Centre national

de la recherche scientifique ?

On a étudié l’hypnose rapide

et la connectivité qui peut exister

entre deux cerveaux. C’était exaltant

de collaborer avec des scientifiques.

Il faut aller chercher les preuves,

cette conviction, cette vérité,

quelque chose de solide.

D’où vous vient cette maîtrise

de l’hypnose ?

Je suis 100 % autodidacte. Quand j’avais

sept ans, mon grand-père m’a transmis

un vieux bouquin sur l’hypnose (il refuse

d’en donner le titre pour entretenir « le

mystère », NDLR). Je me suis tout de

suite plongé dedans et j’ai commencé

à m’entraîner sur mes copains. Je n’en

revenais pas, ça marchait vraiment !

Cet ouvrage m’a accompagné tout

au long de ma vie, même quand je

devais traiter mes patients dans mon

cabinet d’hypnothérapie au Québec.

Comment se déroulaient

vos séances d’hypnothérapie ?

Un peu comme chez le psychothérapeute.

La personne prend rendez-vous pour

quarante-cinq minutes ou une heure.

La première séance, je discute avec

le patient pour comprendre sa manière

Jusqu’au milieu

des années 1990,

« Le Fascinateur »

exploitait

son talent dans

son cabinet

d’hypnothérapie.

ON EST FAIT POUR S’ENTENDRE

Rom

ain

Boé / A

baca p

ress

FLAVIE FLAMENT

Avec Emmanuelle Vibert, journaliste au Parisien Magazine / Aujourd’hui en France Magazine

VENDREDI 5 OCTOBRE 15H-16H

L’Hypnose médicale

Page 54: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

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54 MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015

grand angle I édition

DES HÉROS EN ROUTE POUR L’ÉCOLEAprès le film, le livre. Dans Les Chemins de l’école, en librairie le 7 octobre, des enfants bravent mille dangers pour aller en classe. Nous en publions quelques photos. PAR TANNEGUY DE KERPOISSON

Page 55: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015 55

Au Vietnam, des sentiers escarpés interminables

FRANCE

KIRGHIZISTAN

MALIVIETNAM

VIETNAM

MEO VAC

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NE

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ITIO

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HO

ËB

EK

E 2

015

CHO, 10 ANS,

VIETNAM

Pour rejoindre

son école, Cho

(suivie ci-dessus

par sa meilleure

amie, Tho Thi Ly,

et sa petite sœur,

Gia) marche une

heure et quart dans

les montagnes

de Meo Vac, au

nord du Vietnam.

Page 56: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

56 MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015

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015

grand angle I édition

Souvenez-vous : l’idée de suivre des enfants dans leur périple avait été lancée par le réalisateur Pascal Plisson. Sur le chemin

de l’école, sorti en 2013, a reçu le césar du meilleur documentaire en 2014. Marie-Claire Javoy, coscénariste du film, fait

renaître le projet avec huit autres enfants. Des gamins des quatre coins du monde, qui, une fois encore, forcent l’admiration. Il faut quand même les faire, ces dizaines de kilomètres aller-retour, pour se rendre à l’école ! La petite Cho, 10 ans, traverse les montagnes brumeuses du nord du Vietnam, Erbol, 12 ans, che-vauche dans les paysages glacés du Kirghizistan

(Asie centrale)… Pour eux, comme pour les autres, le parcours est long et semé d’embûches. Rendez-vous compte : Olivier, Malien de 9 ans, et ses sœurs mettent une heure et demie pour rejoindre leur établissement à vélo ! « Cela peut nous sembler étonnant, mais ces gamins sont heureux d’aller étudier, apprendre… C’est une chance pour eux d’accéder au savoir, que leurs parents ou leurs grands frères et sœurs n’ont pas for-cément eue », explique Marie-Claire Javoy, auteure du livre Les Chemins de l’école, à paraître le 7 octobre, mais aussi d’une série documentaire, diffusée en novembre sur France 5. Que de chemins parcourus pour ces petits héros…

Ces gamins sont heureux d’aller étudier… C’est une chance pour eux d’accéder au savoirMarie-Claire Javoy, auteure des Chemins de l’école

KIRGHIZISTAN

NARYN

Page 57: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015 57

OLIVIER, 9 ANS, MALI

Au sud du Mali, Olivier arrive à

l’école fatigué par l’heure et

demie de vélo qu’il vient de faire

avec ses deux sœurs. La famille

n’a pas assez d’argent pour ofrir

à chaque enfant son propre vélo.

La neige, la chaleur… Rien n’altère l’enthousiasme de ces enfants

ERBOL, 12 ANS, KIRGHIZISTAN

Sur son cheval, Erbol parcourt

13 km dans la neige pour rejoindre

son collège. Dans les montagnes

du Kirghizistan, petit Etat voisin

de la Chine, la température peut

descendre jusqu’à - 50 °C.

MALI

BAMAKO

Rien n’altère la joie de vivre et la soif d’apprendre

de ces huit enfants. Ni la chaleur du Mali, ni les

loups du Kirghizistan, ni les montagnes

du Vietnam… Un récit fascinant, illustré de photos

sublimes et touchantes.

> Les Chemins de l’école, de Marie-Claire Javoy, Hoëbeke, 192 p., 29,90 €. En librairie le 7 octobre.

VOYAGES EN PREMIÈRE cLASSE

Page 58: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

58

grand angle I territoire

RÉGIONS : LE PRIX DE LA RÉFORME

Dix milliards d’euros d’économies. Fort

de cette promesse alléchante, le gouver-

nement vantait, à l’été 2014, sa réforme

territoriale, qui fera passer le nombre de

régions de 22 à 13 le 1er janvier prochain.

« C’est un objectif, pas seulement un

calcul », prévenait alors le secrétaire d’Etat en charge

du dossier, André Vallini. Le calcul, nous l’avons

fait : le résultat est tout autre. Entre les bâtiments à

construire ou à louer, les déménagements à prévoir

ou encore les augmentations de salaires, la mesure

coûtera 381 millions d’euros, selon notre estima-

tion (dont 65 millions à renouveler chaque année et

337 millions d’investissement). Avec des hypothèses

prudentes, l’addition se limiterait à 314 millions

d’euros. Mais elle pourra atteindre le milliard d’eu-

ros si les conseils régionaux et les antennes locales

de l’Etat, elles aussi concernées (directions des entre-

prises, de l’environnement…), ne font pas preuve de

retenue. Pour Joël Elkaïm, associé au cabinet d’audit et

de conseil Deloitte, « à court terme, cela va forcément

créer une surcharge sur les plans fnancier et humain,

car les régions devront se réorganiser tout en assurant

la continuité de leurs services » dans des domaines

cruciaux comme la gestion des lycées, des trains régio-

naux ou la formation. « Tout ce temps et cet argent

ne seront pas consacrés à l’essentiel : améliorer

Le 1er janvier 2016, la France passera de 22 à 13 régions. Au lieu des économies promises, la réforme territoriale coûtera, selon nos calculs, au moins 315 millions d’euros… et peut-être plus d’un milliard.PAR STÉPHANE LOIGNON ET PAULINE LANDAIS-BARRAU ILLUSTRATION ANNE-LISE BOUTIN

NORMANDIENouveaux outils,

formations,

maintenance…

La mise à jour

des systèmes

informatiques

coûterait 2,8 millions

d’euros.

LA FACTURE NATIONALEen millions dÕeuros

minimum probable maximum

Harmonisation

des primes

Augmentation

des Žlus

PrŽsidents

dŽlŽguŽs

Formations et

accompagnement

B‰timents

DŽplacements

des Žlus

DŽmŽnagements

Politiques

communes

Communication

Informatique

Total

Sept nouvelles régions,sept exemples de gaspis !

40

7

0

26

2,1

21

100

25,5

72,8

19,6

314

50

7

3,8

26

3,8

21

100

76,5

72,8

19,6

380,5

218 p. 60

p.61

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p.62

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p.63

p.63

p.63

7

19

75

43

42

200

273

72,8

52

1 001,8

La méthode de l’enquête Il n’existe aucune étude sur les coûts de la réforme.

Pour chacun des 10 types de dépenses qu’elle va occasionner, nous avons

donc interrogé experts, fonctionnaires et élus pour parvenir à trois estima-

tions : le montant minimum, le maximum et une facture probable, que nous

détaillons poste par poste dans les pages qui suivent.

Page 59: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015 59

AQUITAINE- LIMOUSIN- POITOU-CHARENTESL’alignement

des primes

des agents des

régions fusionnées

s’élèverait

à 13 millions

d’euros par an.

AUVERGNE-RHÔNE-ALPESLes déplacements

des élus entre leur

ancien chef-lieu

et la nouvelle

capitale régionale

occasionneraient

500 000 euros

de frais par an.

ALSACE-CHAMPAGNE-ARDENNE-LORRAINELe déménagement,

d’Epinal à Metz,

de la chambre

régionale des

comptes coûterait

5 millions d’euros.

BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ Un changement

de nom implique

de nouveaux outils

de communication.

Logos, panneaux…

devraient coûter

10,4 millions d’euros.

NORD-PAS-DE-CALAIS-PICARDIEAvec la fusion,

les indemnités des

élus seront alignées

sur celles des mieux

rémunérés…

Coût estimé

de l’harmonisation :

670 000 euros

par an.

LANGUEDOC- ROUSSILLON- MIDI-PYRÉNÉESLe nouveau poste

de président

délégué de région

entraînerait

1,2 million d’euros

de frais par an.

Limite des nouvelles régions.

Limite des anciennes régions.

Page 60: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

60 MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015

grand angle I territoire

l’attractivité et l’emploi », regrette le géographe Gérard-François Dumont. Un coup dur, d’autant que les régions doivent déjà se serrer la ceinture : la dota-tion de l’Etat diminuera de 1,3 milliard d’euros entre 2015 et 2017.

Attentisme jusqu’aux régionalesPour ne rien arranger, les élections régionales, les 6 et 13 décembre prochains, paralysent les élus, qui ne veulent pas prendre de décisions majeures alors qu’ils quitteront peut-être bientôt leurs fonctions. « Presque aucune négociation avec les syndicats n’a commencé », s’étonne Viviane Flatreaud, de la CGT des services publics. « L’inquiétude monte chez les agents, qui se demandent où ils vont travailler, combien ils seront payés et si leur mission va changer », ajoute-t-elle. Le scrutin tout proche fait aussi taire les critiques. En campagne, les candidats préfèrent vanter les mérites des grandes régions qu’ils veulent présider plutôt que pointer les efets pervers de ces rapprochements. Les gains futurs de la réforme, pourtant, demeurent très incertains. « En devenant la septième plus vaste

région d’Europe, Auvergne-Rhône-Alpes aura une vraie force de frappe pour soutenir les exportations et la recherche », promet par exemple le président auvergnat, René Souchon (PS). Idem en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, future première région agricole d’Europe. « Cela nous donnera un plus grand poids pour attirer les investisseurs et négocier », se félicite Alain Rousset (PS), président du conseil général d’Aquitaine, également à la tête de l’Asso-ciation des régions de France (ARF). Ça reste à voir. « On n’a pas encore lu d’études qui permettent de dire qu’il y aurait des économies d’échelle », remarquait Valérie Montmaur, analyste chez Standard & Poor’s, en conférence de presse, le 22 septembre. « La fina- lité de la réforme est de gagner en efficacité, pas de faire des économies », convient René Souchon. Pour cela, il aurait mieux valu s’attaquer aux services régionaux de l’Etat qui doublonnent avec les col-lectivités locales », remarque Alain Rousset, ou aux « 36 000 communes françaises, trois fois plus nom-breuses qu’en Allemagne », recommande François Mouterde, consultant chez Planète publique. Selon ce dernier, « François Hollande voulait prouver qu’il pouvait faire une réforme administrative, il a choisi la moins compliquée car toutes les régions étaient de gauche, sauf l’Alsace ». Plus pour longtemps, sauf sur-prise dans les urnes.

D’un conseil régional à l’autre,

les agents ne bénéficient pas du

même système de primes

(le « régime indemnitaire »). Pour

ne léser aucun employé, les

régions devront aligner ces bonus

sur le régime le plus généreux

des deux ou trois collectivités

réunies. Le gouvernement évalue

le coût total à 40 millions

d’euros par an. « Plutôt

50 millions d’euros », confie-t-on

à l’Association des régions de

France. Un chifre encore optimiste,

comme le prouve notre enquête.

L’exemple Les 1 552 agents

du Limousin sont moins bien payés

que leurs futurs collègues

d’Aquitaine et de Poitou-Charentes.

« La loi nous laisse deux ans

pour délibérer, et jusqu’au

1er janvier 2023 pour harmoniser »,

temporise le président du conseil

régional du Limousin, Gérard

Vandenbroucke : « Si nous alignons

le régime indemnitaire sur

le barème le plus élevé, celui

de Poitou-Charentes, cela nous

coûtera autour de 13 millions

d’euros par an », admet-il.

Soit 8 376 euros par agent.

Sur cette base, le coût à l’échelle

nationale atteindrait 218 millions

d’euros. En Haute et Basse-

Normandie, un rapprochement

partiel a déjà été voté, pour un

million d’euros sur quatre mois

en 2015, et 3 millions d’euros en

année pleine, selon Gaëlle Pioline,

vice-présidente PS de la région

Basse-Normandie.

C’est autant d’argent qui ne sera pas consacré à améliorer l’emploi Gérard-François Dumont, géographe

1 DES PRIMES ALIGNÉES PAR LE HAUT

Primes en augmentation et indemnités à la hausse,

la réforme va faire des heureux à grands frais.

Traitement des élus et agents

50MILLIONS

D’EUROS

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T/A

FP, D

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Page 61: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015 61

La loi régit les indemnités des

conseillers régionaux selon un

principe simple : plus la région est

grande, mieux les élus sont payés.

Ils touchent 1 520,59 euros brut par

mois pour une région de moins d’un

million d’habitants, 1 900,73 euros

pour une région en comptant entre

1 et 2 millions, 2 280,88 euros entre

2 et 3 millions, et enfin 2 661,03 euros

au-delà de 3 millions d’habitants.

Les sept fusions prévues feront donc

des heureux dans la plupart des

régions : les augmentations iront de

380 euros (en Lorraine, par exemple)

à 1 140 euros (dans le Limousin).

Au total, ces alignements coûteront

presque 7 millions d’euros, charges

comprises. A condition, toutefois,

qu’ils soient bien votés par les

diférents parlements de région.

Ce qui sera certainement le cas :

dificile d’imaginer, sur les bancs

d’une même assemblée, des élus

payés diféremment…

L’exemple Pourquoi, en Picardie,

les 57 conseillers régionaux

accepteraient-ils de conserver

leurs 1 901 euros mensuels au lieu

de toucher, comme leurs nouveaux

collègues du Nord-Pas-de-Calais,

et comme la loi l’autorise, 2 661 euros ?

Cet ajustement devrait coûter

670 000 euros par an. « C’est la

règle », commente sobrement

Catherine Bové, la porte-parole de la

région Picardie, qui précise que les

conseillers picards toucheront aussi

10 % d’indemnités supplémentaires

en tant que membres d’une

commission permanente.

Du côté des conseils régionaux fusionnés,

beaucoup d’agents vont changer de chef, d’équipe

et de méthodes de travail. Du côté des directions

régionales de l’Etat, de 2 000 à 3 000 fonctionnaires

auront carrément de nouvelles missions, selon le

gouvernement. Il faudra donc investir dans des

dispositifs d’accompagnement du changement

et de formation. « Surtout en cas de changement

de métier », insiste Guy Barbier, du syndicat Unsa

Fonction publique. Pour les 3 000 fonctionnaires

concernés, deux semaines de formation au tarif

du marché (3 000 euros par semaine) coûtent

18 millions d’euros. Si l’on y ajoute une semaine

pour un agent régional sur six (hors lycées) dans

les 16 collectivités fusionnées, l’addition atteint

26 millions d’euros au minimum.

L’exemple En 2008, les cabinets Edater et Ineum

évaluaient les coûts d’accompagnement et de

formation, en cas de fusion des deux Normandie, à 4 %

de la masse salariale (7,5 millions d’euros). « Irréaliste »,

balaie Gaëlle Pioline, la vice-présidente (PS) de

Basse-Normandie. Pour l’instant, aucune somme n’a

été engagée. « Mais nous avons ouvert un marché sur

l’accompagnement au changement », indique-t-elle.

Appliqué aux 16 régions fusionnées, ce même ratio

donnerait jusqu’à 75 millions d’euros de dépenses.

2 DES ÉLUS MIEUX INDEMNISÉS

4 DES FORMATIONS À GOGO

Chaque région compte un président et 15 vice-présidents. Quand

deux d’entre elles fusionnent, comme en Languedoc-Roussillon-

Midi-Pyrénées, ces 32 places se réduisent à 16. En théorie… A ce jeu,

l’actuel président languedocien, Damien Alary (PS), se retrouvait

perdant, mi-juillet, à l’issue d’un accord électoral entre le PS et les

radicaux de gauche. Peu après, il annonçait donc la création d’un

nouveau poste de « président délégué », déclenchant la colère de

110 parlementaires de l’opposition. Cela n’entraînera aucune dépense

supplémentaire, promet le gouvernement, car ce poste serait optionnel

et viendrait en remplacement d’un des vice-présidents.

L’exemple « Mais alors, à quoi va-t-il servir ? » s’étonne Dominique

Reynié, candidat LR dans la région. Pour lui, les présidents délégués

auront forcément un cabinet. « Ajoutez l’indemnité du président

(66 145,56 euros brut annuels) et 2 900 euros brut de salaire pour ses

32 conseillers, le total atteint 1,2 million d’euros par an », calcule-t-il.

Soit 19 millions d’euros pour les 13 régions et les Dom. Si les présidents

délégués se contentent de cinq collaborateurs, la somme se limite à

3,8 millions d’euros par an. « C’est absurde ! » se défend le directeur de

cabinet de Damien Alary, Renaud Helfer-Aubrac, qui ajoute : « Il ne faut

pas se focaliser sur un bout de chandelle de salaire en plus ou en moins. »

3 DE NOUVEAUX PRÉSIDENTS DÉLÉGUÉS

En juillet dernier,

Damien Alary (ici,

avec Manuel Valls)

a obtenu la création

d’un poste de

président délégué

pour la future région

Languedoc-

Roussillon-

Midi-Pyrénées.

26MILLIONS

D’EUROS

3,8MILLIONS

D’EUROS

7MILLIONS

D’EUROS

Page 62: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

62 MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015

grand angle I territoire

Les hôtels de région des futurs chefs-lieux seront-ils assez grands pour accueillir les élus et agents des collectivités fusionnées ? « Nous n’avons pas d’élément précis sur ce point », élude-t-on à l’Association des régions de France. Inquiétant. A Strasbourg, « il n’y aura ni achat ni location, on déplacera seulement quelques cloisons », promet Christophe Kiefer, directeur de cabinet du président alsacien, Philippe Richert. En Auvergne-Rhône-Alpes, Lyon sera la capitale. Pas de chance pour Clermont-Ferrand, où un hôtel de région a été inauguré en 2014, pour un montant de 80 millions d’euros. « Il sera plein », promet le président auvergnat, René Souchon (PS). « Mais les régions qui ne sont pas préparées auront des problèmes », admet-il. Les mêmes questions se posent pour les bureaux des directions locales de l’Etat qui fusionnent. Entre locations, constructions et travaux d’aménagement, « cela pourrait coûter entre 100 et 200 millions d’euros, en comptant le temps de travail des fonctionnaires qui géreront ces dossiers », juge Jean-Luc Bœuf, spécialiste des collectivités territoriales.

L’exemple En Alsace-Champagne-

Ardenne-Lorraine, seul l’hémicycle lorrain,

à Metz, était assez grand pour accueillir les

169 élus. La capitale lorraine était donc toute

désignée pour devenir chef-lieu de région.

Inconcevable pour Strasbourg, où le conseil

régional alsacien n’a pas hésité à aligner

250 000 euros pour s’ofrir 70 pupitres

supplémentaires et rester dans la course.

Dans les collectivités fusionnées, il n’y aura plus que 7 assemblées de région, au lieu de 16. Quelque 439 élus, venus des régions dont le chef-lieu perd son statut, devront donc faire la navette avec la nouvelle capitale pour quatre à six assemblées plénières par an. L’Union européenne, qui, sur un modèle similaire, a un Parlement à Strasbourg et un autre à Bruxelles, dépenserait, pour ses parlementaires et leurs équipes, 180 millions d’euros par an (frais immobiliers inclus), selon l’association S1ngle Seat. A ce tarif (20 000 euros par élu et par session), l’addition atteindrait 43 millions d’euros pour les régions. Une estimation plus raisonnable de l’Association européenne des jeunes entrepreneurs chifrait, en 2011, à 16 millions d’euros les frais de transport et de mission pour l’Europe (1 775 euros par élu et par session). Sur cette base, l’addition pour les régions n’atteindrait plus que 3,8 millions d’euros (et 2,1 millions d’euros à 1 000 euros par élu et par session). Sans compter les chefs de service, qui rendront eux aussi visite à leurs équipes dans les anciens chefs-lieux.

L’exemple Les élus et agents auvergnats

devront être patients : 1 h 57 en voiture et

2 h 23 en train entre l’ancien chef-lieu,

Clermont-Ferrand, et le nouveau,

Lyon, comme l’a relevé l’Inspection générale

de l’administration. Avec des nuits d’hôtel

en cas de réunions matinales ou tardives,

nous estimons le coût de ces déplacements

à 500 000 euros par an. Les conseils

régionaux auvergnat et rhône-alpin ont

obtenu une liaison SNCF directe sans arrêt

Clermont-Ferrand-Lyon, dès la fin de l’année.

2 PLUS DE TRAJETS POUR LES ÉLUS

1 DES TRAVAUX DANS LES BÂTIMENTS

La réforme territoriale déplace

des dizaines de directions locales

de l’Etat dans les régions fusionnées.

Un rapport de l’Inspection générale

de l’administration daté d’avril 2015

évaluait à 10 700 le nombre d’agents

forcés de déménager et à 23 500 euros

le montant moyen de leur indemnisation.

Ajoutons 2 000 euros par poste de travail

à créer (sur la base d’une étude

Edater-Ineum, deux cabinets privés),

et le budget total atteint alors 273 millions

d’euros. Pour éviter cela, l’Etat entend

limiter les déménagements, en incitant

ses fonctionnaires à travailler à distance,

par visioconférence. Selon le

gouvernement, seuls 1 000 agents

– les chefs – devront faire leurs valises.

La facture se réduirait alors à 25,5 millions

d’euros. Un chifre très optimiste.

En tablant sur une estimation prudente

de 3 000 mobilités, l’addition atteindrait

vraisemblablement 76,5 millions d’euros.

L’exemple La Cour des comptes,

qui habituellement juge les gaspillages

publics, se retrouve cette fois

en position d’accusée. En Alsace-

Champagne-Ardenne-Lorraine,

elle va fermer ses deux chambres

régionales existantes, à Strasbourg

et Epinal, pour en ouvrir une nouvelle

à Metz. Le maire d’Epinal, Michel

Heinrich (LR), est furieux : « Pour faire

plaisir à quelques magistrats qui

souhaitent travailler dans une plus

grande ville, on va désafecter

un immeuble immense, aménager

de nouveaux locaux à Metz et

indemniser les agents d’Epinal et

de Strasbourg. L’opération va coûter au

moins 5 millions d’euros et n’améliorera

en rien le service aux habitants. »

3 DE COÛTEUX TRANSFERTS

3,8MILLIONS D’EUROS

100MILLIONS D’EUROS

A Strasbourg, le conseil régional alsacien a déjà

acquis 70 pupitres de plus, pour 250 000 euros.

76,5MILLIONS D’EUROS

Il faudra transférer des bureaux, financer les

mouvements de fonctionnaires entre chefs-lieux…

De nombreux déménagements

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Les élus se

mobilisent

contre le

transfert de

la Chambre

des comptes

d’Epinal

à Metz, estimé

à 5 millions

d’euros.

Page 63: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015 63

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Bloquées par les élections à venir, peu de régions ont commencé à rapprocher leurs politiques. « Aucun président de région ne peut s’engager sur l’avenir », avoue un proche collaborateur de l’un d’entre eux. Comme si de rien n’était, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon ont même annoncé, début septembre, des tarifs de TER diférents. Les politiques régionales, consacrées à la formation professionnelle, au développement économique ou à l’aménagement du territoire, sont formalisées dans des « schémas ». « Entre l’achat d’études, les prestations, le déplacement des intervenants et d’élus, les audits financiers, chaque schéma coûte de 300 000 à 500 000 euros à concevoir », évalue Jean-Luc

Bœuf, spécialiste des collectivités territoriales. Si les sept grandes régions issues des fusions s’attellent chacune à six schémas, il faudra dépenser 21 millions d’euros pour redéfinir leurs politiques. « Multipliez ce chifre par deux avec le temps de travail des agents », ajoute l’expert. Soit 42 millions d’euros.

L’exemple Les régions Auvergne

et Rhône-Alpes font figure de bonnes

élèves : « Nous avons défini

dix mesures communes dès

novembre 2014 et dix autres en

février dernier », se félicite le

président auvergnat, René Souchon.

Parmi elles, la fusion des pôles de

compétitivité aéronautiques,

achevée en juin, ou la conception

d’un plan d’aide commun aux PME.

Les directeurs des services informatiques ont du pain sur la planche. « Nous n’avons pas les mêmes systèmes dans le Limousin, en Aquitaine et en Poitou-Charentes », regrette Gérard Vandenbroucke, président de la région Limousin. Toutes les régions fusionnées devront rendre compatibles leurs logiciels de comptabilité et de gestion des ressources humaines. Il faudra, pour cela, investir dans de nouveaux outils, former les agents et payer la maintenance, avec l’appui d’un cabinet spécialisé. « Une région pourrait investir 30 millions d’euros dans ses systèmes d’information, au sens large, en quatre ans », évalue Marie-Joëlle Thenoz, du cabinet Kurt Salmon. Soit 52 millions d’euros par an pour les sept fusions. Peu de collectivités se sont lancées. « Les systèmes intégrés ne seront pas prêts avant 2016 ou 2017, tranche Joël Elkaïm, associé au cabinet Deloitte. Mais il n’y aura pas de Grand Soir où plus rien ne marchera ! » rassure-t-il.

L’exemple Les conseils régionaux normands ont pris

de l’avance. « Nous avons commencé à interconnecter

les régions, en matière d’outils de gestion financière,

de messagerie et de bureautique partagée », précise

Gaëlle Pioline, vice-présidente de Basse-Normandie.

Un appel d’ofres de 800 000 euros a été lancé

pour rapprocher les systèmes des deux Normandie

actuelles. Selon une étude de 2008 des cabinets

Edater-Ineum, le devis total s’élèvera à 2,8 millions

d’euros pour Caen et Rouen. Sur cette base, le coût

à l’échelle nationale atteindrait 19,6 millions d’euros.

1 DES POLITIQUES COMMUNES À INVENTER

3 DES AJUSTEMENTS INFORMATIQUES

Parmi les premières décisions à prendre, les futures

assemblées régionales devront choisir un nouveau nom,

ce qui promet de longs débats (« Grand Est » est par

exemple envisagé pour Alsace-Champagne-Ardenne-

Lorraine, et « Occitanie » pour Languedoc-Roussillon-

Midi-Pyrénées). Il faudra ensuite en faire la promotion,

inventer un logo, l’aficher sur les façades des bâtiments

administratifs, les TER, les bus scolaires, les lycées…

Autant de panneaux, autocollants, pancartes et papiers

à en-tête à remplacer.

L’exemple Les départements en ont fait l’expérience

en mai 2013, quand les conseils généraux sont devenus

conseils départementaux. A l’époque, en Côte-d’Or,

l’addition s’était élevée à 1,3 million d’euros, nous a

confirmé le président du conseil, François Sauvadet

(UDI). Sur cette base, la facture s’élèverait à 10,4 millions

pour la région Bourgogne-Franche-Comté, qui compte

huit départements, et à 72,8 millions d’euros au niveau

national. « Compte tenu du nombre de lycées (135),

il est certain que cela va coûter cher », admet François

Sauvadet. « Mais ce n’est pas la priorité », tempère-t-il.

Une étude Edater-Ineum (deux cabinets privés)

de 2008 prévoyait, pour les deux Normandie,

550 000 euros de frais de communication par an,

sans compter le renouvellement des panneaux.

2 DE NOUVEAUX NOMS À PROMOUVOIR

19,6MILLIONS D’EUROS

Les régions Midi-Pyrénées (en haut) et Languedoc-Roussillon, bientôt réunies,

ont pourtant annoncé, début septembre, des tarifs de TER diférents.

21MILLIONS D’EUROS

72,8MILLIONS D’EUROS

Les régions fusionnées devront définir et promouvoir une identité

commune, et apprendre à travailler ensemble.

Toute une organisation à revoir

Page 64: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

64 MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015

LA GAGNEDANS

LE SANG

Seul entraîneur féminin à avoir gagné le Qatar Prix de l’Arc de triomphe, Christiane Head-Maarek peut signer, dimanche 4, une troisième victoire avec trêve.PAR GAËTANE MORIN PHOTOS VINCENT BOISOT

grand angle I hippisme

Page 65: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015 65

Derniers

entraînements

avec Trêve,

la jument qui

pourrait faire

entrer Christiane

Head-Maarek

dans l’histoire

hippique.

A chacun de leurs passages, « Criquette », ainsi qu’on la surnomme dans le monde des courses, échange quelques mots avec les jockeys d’entraînement qui montent ses chevaux. « Il est un peu raide, non ? » Christiane Head-Maarek, 67 ans, n’a

d’yeux que pour ses pur-sang. Sortis des box à 7 h 15, lundi 21 septembre, ils sont une vingtaine à trotter sur la piste des Aigles, baignée par la lumière rasante du soleil, à Chantilly, dans l’Oise. Avec elle, pas de fo-ritures ni de longues discussions : elle aime l’épure, la décontraction et l’efcacité. C’est sa manière de parler. Sa façon de faire, aussi. Sa clé pour gagner, surtout.

Une histoire de familleHead : le nom impressionne dans le milieu hippique. Gravé sur les tablettes des courses les plus presti-gieuses depuis le XIXe siècle, il est aujourd’hui encore porté haut par Christiane, devenue la deuxième femme à exercer le métier d’entraîneur en 1978. Elle suit les traces de son père Alec, lui-même ancien joc-key et éleveur de renom, qui lui donne 30 chevaux pour l’aider à ses débuts. Ils achètent ensemble une pouliche, Three Troïkas, et l’engagent sous la casaque familiale dans le Prix de l’Arc de Triomphe, en 1979. Freddy, le frère de « Criquette », la monte ce jour-là, à Longchamp. « Je me souviens de cette course comme si c’était hier, raconte Christiane Head-Maarek. Quand Three Troïkas a déboulé dans la fausse ligne droite (à plus de 500 mètres de l’arrivée, NDLR), je me suis écriée : “On a gagné !” Maman, qui était à côté de moi, m’a engueulée parce que c’était loin d’être fni. » « Criquette » descend alors les esca-liers quatre à quatre pour rejoindre sa pouliche sur la piste. « Je me suis retournée, les tribunes étaient bondées et, pour la première fois, tout ce monde qui applaudissait, c’était pour moi ! »

Plusieurs cheikhs à son compte« Etre une femme dans un monde d’hommes ne m’a jamais posé de problème. » Christiane Head-Maarek refuse le combat féministe. « J’ai grandi dans les

écuries, on ne m’a jamais manqué de respect. » Même les familles royales du monde arabe viennent toquer à sa porte. Elle cite le prince Khalid Abdullah d’Arabie saoudite, le cheikh Maktoum al-Maktoum, émir de Dubaï décédé en 2006, et le cheikh Joaan al-Thani, frère de l’émir du Qatar. Et sourit : « Qu’ils me confent leurs chevaux est un honneur, d’autant plus grand que je suis une femme. Mais ils ne me voient pas comme telle : pour eux, je suis d’abord un entraîneur. »Après avoir compté jusqu’à 250 chevaux et 100  employés, son écurie est aujourd’hui réduite à 75 pur-sang et 34 salariés. Mais « Criquette » n’a pas changé sa manière de travailler. Réfractaire aux méthodes modernes d’entraînement, qui font la part belle aux statistiques et aux données biologiques (GPS, pesées et prises de sang), elle ne jure que par son œil. « Les chevaux me montrent quand ils sont bien. Et je crois à ce qu’ils me racontent. » La pre-mière chose qu’elle regarde, c’est « la condition de leur poil : selon qu’il est hirsute ou soyeux, on a une idée de leur état de forme ». Puis, elle s’attarde sur « la façon dont ils marchent », déliée ou, au contraire, un peu raide. Enfn, elle scrute leur regard pour mesurer leur stress, leur fatigue, la fèvre parfois.

Trêve, le cheval de trois... victoires ?Double vainqueur du Qatar Prix de l’Arc, épreuve dans laquelle elle visera une troisième couronne ce dimanche, à Longchamp – ce serait inédit –, Trêve partira ultra-favorite. Dotée d’une pointe de vitesse exceptionnelle (70 km/h), cette jument de 4 ans n’avait pourtant intéressé personne lors de sa mise en vente au marché des yearlings (futurs chevaux de course), à Deauville (Calvados), en 2011. Née dans le haras fami-lial du Quesnay, en Normandie, elle était revenue à l’entraînement chez Christiane Head-Maarek, atten-dant de gagner le prix de Diane en 2013 pour être ache-tée à prix d’or par le cheikh Joaan al-Thani. « Elle est rigolote, s’émeut Christiane. Quand elle a couru il y a trois semaines à Longchamp, c’est elle qui a cherché à emmener Thierry (Jarnet, son jockey, NDLR) ! Là-bas, elle est chez elle. »

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En 2013, Christiane Head-Maarek et le jockey Thierry Jarnet (ci-contre avec l’acteur

Christophe Lambert) remportent leur premier Prix de l’Arc de Triomphe avec Trêve.

Le 21 septembre, à Chantilly (Oise), la jument star, en tête, se prépare pour le 4 octobre.

Page 66: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

Nous avons

rencontré

Yánis Varoufákis

lors de son

passage à Paris,

le 28 septembre.

grand angle I international

66 MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015

Page 67: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

L’AUSTÉRITÉ, ÇA FINIRA MAL EN FRANCE AUSSI

Yánis Varoufákis

Durant les six mois de son exercice, l’ex-ministre des Finances grec a tenté, en vain, de négocier avec ses homologues de la zone euro pour éviter à son pays un nouveau plan d’austérité. Chronologie d’un échec annoncé.PAR STÉPHANE LOIGNON PHOTO MARC CHAUMEIL

MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015 67

A peine nommé ministre,

Yánis Varoufákis reçoit,

le 30 janvier 2015, à Athènes,

le président de l’Eurogroupe,

le Néerlandais Jeroen

Dijsselbloem, qui refuse de

renégocier le plan d’austérité

imposé à la Grèce.

Veste noire, chemise bleue entrouverte :

comme s’il n’avait pas vraiment quitté

son poste, Yánis Varoufákis, 54 ans,

porte, en interview, le même uniforme

que lors des sommets européens qui

ont rythmé son passage mouvementé

au ministère des Finances grec, entre fn janvier et

début juillet. Durant son court mandat, cet écono-

miste élu sous la bannière du parti de gauche radicale

Syriza a tenté de convaincre ses homologues de la

zone euro d’assouplir les conditions drastiques impo-

sées à la Grèce, incapable de rembourser ses créan-

ciers. Sans succès. Malgré le référendum du 5 juillet,

à l’issue duquel 61,3 % des Grecs se sont déclarés

opposés aux nouvelles mesures d’austérité deman-

dées par les créditeurs, son Premier ministre, Aléxis

Tsípras, a été contraint de les accepter dans la fou-

lée, sous peine de voir les banques hellènes fermer.

Varoufákis, lui, a démissionné. Il revient pour nous

sur ces six mois de combat, perdu, derrière les portes

closes des salles de réunion bruxelloises.

25 JANVIER 2015 I LES ÉLECTIONS SONT GAGNÉES, LES CAISSES SONT VIDES« Nous savions que nous allions remporter l’élection

législative, mais j’ai ressenti un stress incroyable

devant la tâche monumentale qui nous attendait.

Nous n’étions pas un gouvernement comme les autres :

on ne nous a pas laissés une seule seconde nous habi-

tuer au pouvoir. Je suis entré dans un ministère des

Finances déserté, dans un pays en faillite. Quand j’ai

rassemblé les fonctionnaires du Trésor, et que je

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leur ai demandé quelle était la situation, ils m’ont répondu que nous avions de l’argent (pour régler les dépenses de l’Etat, NDLR) jusqu’au 11 ou 12 février. Vous pouvez imaginer ma nervosité… »

30 JANVIER 2015 I « MON DÉFI À L’UNION EUROPÉENNE ET AU FMI »« Peu après, j’ai reçu à Athènes le président de l’Euro-groupe (la réunion des ministres des Finances de la zone euro, NDLR), M. Dijsselbloem. Il voulait savoir si nous allions respecter les termes du mémoran-dum (l’accord signé par le précédent gouvernement grec avec ses créanciers, le 1er mars 2012, prévoyant des mesures d’austérité contre des prêts supplé-mentaires, NDLR). Or nous avions reçu un mandat du peuple grec pour en renégocier les termes. Je lui ai donc proposé de trouver un compromis, mais il a refusé. Il m’a fait comprendre que j’avais le choix entre accepter le mémorandum ou voir les banques grecques fermer. C’était une menace directe à un gouvernement démocratiquement élu. Lors de la conférence de presse qui a suivi, j’ai été interrogé sur la troïka (le surnom, depuis 2010, du groupe de créanciers composé par le FMI, l’Union euro-péenne et la Banque centrale européenne, NDLR). J’ai répondu que nous étions prêts à travailler avec les trois institutions qui la composent, mais que les visites humiliantes des technocrates dans nos minis-tères, pour imposer des politiques vouées à l’échec, étaient terminées. A la fn, M. Dijsselbloem m’a chu-choté dans l’oreille que je venais de tuer la troïka. Je lui ai répondu que j’en étais honoré. »

1er FÉVRIER 2015 I LE DOUBLE JEU DE MICHEL SAPIN« J’avais hâte de rencontrer Michel Sapin, comme les autres ministres des Finances de l’Eurogroupe. Je lui ai dit que nous étions des Européens convaincus, persuadés que ce qui est bon pour l’Europe est bon

pour la Grèce, et réciproquement. Le mémorandum imposé à la Grèce ces dernières années n’était bon pour personne. Michel Sapin a eu une attitude très positive durant notre rencontre, nous n’étions pas en désaccord. Je me suis senti très encouragé. Mais sa position publique, dans la foulée, a été très diférente : en conférence de presse, il a commencé à évoquer le devoir de la Grèce de remplir ses obligations. Il y avait un large fossé entre ce qui avait été dit portes closes et ce qui l’a été devant les caméras. »

5 FÉVRIER 2015 I DUEL GLACIAL À BERLIN« Quand j’ai rencontré le ministre des Finances alle-mand, M. Schäuble, je lui ai dit que je savais qu’il n’ai-mait pas les gauchistes radicaux comme nous, mais que nous pouvions travailler ensemble, car nous avions des intérêts communs, comme la lutte contre la corruption et l’évasion fiscale. J’ai vite compris que cela ne l’intéressait pas. Il avait un autre projet en tête, qui passait par l’écrasement de notre gouver-nement et, éventuellement, la sortie de la Grèce de la zone euro. Il refusait de négocier et me renvoyait sans cesse vers la troïka. A la fn de mon mandat, nos conversations sont devenues plus riches. Il a admis que le programme d’austérité n’allait pas sortir la Grèce de la crise et il recommandait que notre pays quitte (temporairement, NDLR) la zone euro. »

27 AVRIL 2015 I VAROUFÁKIS DÉSAVOUÉ PAR SON PROPRE GOUVERNEMENT« On a dit que j’avais été écarté de l’équipe de négocia-tion, mais ce n’est pas vrai. Avec l’aide du commissaire européen Pierre Moscovici, j’ai créé un organisme appelé le groupe de Bruxelles, qui a remplacé la troïka. Les technocrates des créanciers et les nôtres pou-vaient s’y rencontrer. Fin avril, mon représentant y a été remplacé par un autre, que je n’avais pas choisi. Ce dernier a fait, avec l’accord d’Aléxis Tsípras, des concessions que je désapprouvais. Ils ont accepté que

Si l’échange avec Michel Sapin, le 1er février 2015,

à Paris, fut chaleureux, le ministre des Finances

français a très vite déçu Yánis Varoufákis.

Sourire de façade, le 5 février 2015, à Berlin, pour

masquer une rencontre tendue avec Wolfgang

Schäuble (en fauteuil), son homologue allemand.

« Non »,

répondent ces

Grecs, à Athènes,

le 3 juillet,

deux jours avant

le référendum

leur demandant

s’ils approuvent

le plan d’austérité

qui leur est

imposé par

l’Europe.

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Page 69: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

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L’ÉCONOMIE (DE GAUCHE) POUR LES NULSComment sont nés les premiers marchés, pourquoi la monnaie a-t-elle été inventée, quand les krachs surgissent-ils ? Dans cette traduction d’un ouvrage paru en 2013, en Grèce, avant l’arrivée au pouvoir du parti Syriza, Yánis Varoufákis définit les notions de base de l’économie, tout en livrant une vision critique du capitalisme d’aujourd’hui. Un exercice de pédagogie engagé, fondé sur la conviction « que l’économie

est trop importante pour être laissée aux seuls économistes ».> Un autre monde est possible, de Yánis Varoufákis, Flammarion, 224 p., 15 €.

nous visions, à partir de 2018, un excédent primaire (la diférence entre les recettes et les dépenses de l’Etat, hors paiement de la dette, NDLR) de 3,5 %. Cet objectif allait renforcer l’austérité. Après cela, la troïka a com-pris que nous étions prêts à nous rendre. »

5 JUILLET 2015 I LES GRECS DISENT NON À L’AUSTÉRITÉ, MAIS TSÍPRAS DÉPRIME« J’avais perdu espoir et je savais que la troïka ne pro-poserait pas à Aléxis Tsípras un bon accord. Ils vou-laient seulement humilier un gouvernement qui avait osé leur dire non. Mais j’ai cru qu’Aléxis serait dyna-misé par le résultat de ce référendum, à l’issue duquel 61,3 % des Grecs ont refusé l’austérité. Cela ne s’est pas passé ainsi. Le soir du scrutin, le Premier ministre était déprimé : au lieu d’y trouver la volonté de se battre, il y a trouvé celle de se rendre. A ce moment-là, j’ai démissionné. En fin de compte, non seulement l’accord qu’a signé Aléxis Tsípras quelques jours plus tard n’est pas viable, mais il est conçu pour échouer. Il ne permettra pas le remboursement des créanciers. Il est la conséquence d’une décision politique qui vise à montrer aux peuples français, espagnol, italien et autres, ce qui les attend s’ils s’opposent à la troïka. »

23 AOÛT 2015 I « L’EUROPE VA ÉCLATER »« Je me suis rendu à la Fête de la rose à Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire), à l’invitation d’Arnaud Montebourg (ex-ministre du Redressement produc-tif, NDLR), qui a quitté votre gouvernement l’année

L’architecture de la zone euro n’a pas été conçue pour faire face à une crise financière

(en haut)

Yánis Varoufákis

quitte son

ministère

avec son épouse

après sa

démission,

le 6 juillet 2015.

(en bas)

Rencontre avec

Aurélie Filippetti

et Arnaud

Montebourg,

le 23 août, lors

de la Fête de

la rose à Frangy-

en-Bresse

(Saône-et-Loire).

dernière pour des raisons semblables aux miennes. Nous pensons tous deux que les politiques d’austérité imposées à nos pays, ces dernières années, étaient des impasses. Cela s’est mal terminé pour la Grèce, cela fnira mal pour la France. Le problème est que l’architecture de la zone euro n’a jamais été conçue pour faire face à une crise fnancière. Je partage aussi certaines convictions très importantes de votre actuel ministre de l’Economie, Emmanuel Macron. Même si nous avons des désaccords sur la réforme du marché du travail ou les 35 heures, nous nous retrou-vons sur l’idée que la manière dont la zone euro a été bâtie encourage la divergence entre les pays (l’écart croissant entre les réussites économiques des Etats membres, NDLR) et non la convergence. Si ces diver-gences continuent, l’Union va éclater, et le coût sera immense pour toute l’Europe. »

23 AOÛT

Page 70: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

grand angle I futur

UN PAYS QUI MARCHE SUR LES EAUXUne fondation américaine veut faire naître, d’ici à 2020, une société utopique indépendante, bâtie selon des idéaux libertaires, au large de la Californie.PAR THOMAS LEROY

Page 71: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

Un Etat indépendant doublé d’un paradis

fscal, à mi-chemin entre le gigantesque

navire et l’atoll paradisiaque. Voilà

l’incroyable ambition du Seasteading

Institute. Depuis 2008, cette fondation

américaine s’est mis en tête de fonder la

première ville fottante du monde, d’ici à 2020. Petit

à petit, le projet avance. Sur le plan fnancier d’abord,

il a bénéfcié d’un soutien de poids, en la personne du

milliardaire américain Peter Thiel : le cofondateur de

PayPal a déjà misé 440 000 euros dans l’aventure. Un

bon début, même s’il faudra encore plusieurs dizaines

de millions d’euros, voire plus, pour la faire aboutir.

Sur le plan politique aussi, l’initiative progresse.

Début août, le Seasteading Institute a annoncé avoir

entamé des négociations diplomatiques avec certains

pays (dont les noms sont tenus secrets) pour instal-

ler, au large de ces derniers, la fameuse ville fottante.

Objet des discussions : obtenir la plus large auto-

nomie politique possible, en échange de créations

d’emplois pour les locaux.

Une société basée sur des principes morauxCette nouvelle Atlantide, écologique et autosuffi-

sante en énergie, veut pouvoir défnir ses propres

Artisanopolis, le projet retenu

par la fondation Seasteading

Institute pour son Etat indépendant.

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Page 72: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

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LIBERLAND, L’UtoPIE DES bALKANS

Avec ses 7 kilomètres

carrés de superficie,

le petit Etat du Liberland

est à peine visible sur

la carte. Coincée entre

la Croatie et la Serbie,

cette micro-nation a été

fondée par un jeune

Tchèque, Vít Jedlička,

le 13 avril dernier.

L’objectif ? Créer un

territoire autonome

ultralibéral, où seule règne la propriété privée. Vít Jedlička s’est proclamé

président du Liberland en revendiquant cette petite « terra nullius » :

un territoire qui n’appartient à aucun pays, depuis la guerre fratricide des

deux pays voisins dans les Balkans. Si les demandes de nationalité ont

explosé (plus de 300 000 à ce jour), le Liberland n’est reconnu par

aucune autre nation. Son président, toutefois, espère bien faire émerger,

sur cette petite terre déserte, les prémices d’une nouvelle société.

lois, conformes à la philosophie libertarienne

qui anime les initiateurs du projet (le Seasteading

Institute est mené par Patri Friedman, petit-fils de

l’économiste libéral et prix Nobel Milton Friedman).

Cette doctrine politique, très en vogue aux Etats-Unis,

prône une liberté absolue dans tous les domaines.

La terre ferme étant la chasse gardée des diférents

Etats du monde, Patri Friedman souhaite lancer une

nouvelle société, en mer, sur la base de quelques prin-

cipes moraux fondateurs : nourrir l’afamé, enrichir le

pauvre, soigner le malade, stopper les guerres, respec-

ter son environnement… Quoi de mieux qu’une com-

munauté indépendante pour y parvenir ?

L’île artifcielle qui accueillera cette utopie n’existe

encore que sur le papier. Mais Internet a permis

d’accélérer son avancement en fédérant, autour du

projet, des milliers de personnes convaincues de son

potentiel. Des campagnes de fnancement participa-

tif ont permis de réunir des dizaines de milliers d’eu-

ros pour réaliser les premières études de faisabilité.

Entre 2013 et 2014, le Seasteading Institute a donc

pu commander un vaste rapport aux architectes de

DeltaSync, un cabinet néerlandais spécialisé dans la

construction sur l’eau. Très détaillé, il garantit la fai-

sabilité d’une première plateforme de 3 000 mètres

carrés, composée d’une constellation d’îles autour de

trois tours principales, pour un coût de 167 millions

de dollars (149 millions d’euros) d’ici à 2020. Elle

pourrait accueillir quelque 300 citoyens.

Des designers du monde entier en compétitionA cette première ébauche sont venues s’ajouter de

nombreuses autres, grâce au grand concours d’archi-

tecture lancé par la fondation en avril dernier. Des

designers des quatre coins de la planète ont planché

avec enthousiasme sur cette cité flottante. « Vivre

sur la mer est la prochaine étape humaine », promet

l’Argentin Matias Perez, qui a obtenu le troisième

prix. Son projet, Prismatic Module Island, prévoit un

verdoyant croissant où l’énergie serait créée par des

panneaux solaires, des éoliennes et des hydroliennes,

pour ne plus dépendre des énergies fossiles. Ecoles,

supermarchés, restaurants… A bord, tous les équipe-

ments nécessaires à la vie en société ont été prévus.

Parfaitement réalisable aujourd’hui, mais à un certain coût…Le projet vainqueur, Artisanopolis, va plus loin

encore. Son concepteur, le graphiste américain

Luke Crowley, fasciné par les idées que véhicule le

Seasteading Institute, a imaginé une grande struc-

ture en forme de flocon de neige, entourée d’une

large barrière de béton pour protéger la cité des tem-

pêtes maritimes. « Nous voulions créer de petites

plateformes qui, une fois rassemblées, formeraient

une ville où les gens pourraient choisir d’habiter »,

explique ce designer. Pour faire fotter dans l’océan

une masse si importante de béton, l’architecte a

prévu d’utiliser de larges flotteurs d’acier, remplis

d’air. « C’est totalement faisable aujourd’hui. Il suf-

ft de regarder les grands navires ou les plateformes

pétrolières pour constater que cela fonctionne très

bien », assure-t-il. La ville mise sur le soleil, le vent

et les courants marins pour s’alimenter en énergie,

mais aussi sur la désalinisation de l’eau de mer pour

assurer la fourniture d’eau potable. Aquacultures

et fermes, installées sur d’autres plateformes, per-

mettront de produire la nourriture nécessaire. « Le

coût de construction sera d’environ 6 000 euros par

mètre carré », évalue le designer. Avantage décisif

de son concept : chaque module fottant pourra être

déplacé, tiré par un navire. Ainsi, si le pays hôte ne

convient plus, il sera toujours possible de déplacer

la ville, tel un gigantesque bateau, vers une mer plus

accueillante. Et vogue la galère. Début du voyage d’ici

cinq ans, sauf avarie.

Le concept

Prismatic Module

Island, avec

ses panneaux

solaires,

éoliennes

et hydroliennes,

permettrait

une totale

indépendance

énergétique.

Page 73: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

plaisirsstyle I art de vivre I auto

Leçon de mode par Tony Parker.

p. 77

Des défilés cubistes sur toute la ligne.

p. 78

Volvo XC90, la belle Suédoise.

p. 82

Un vent nouveau soufle sur Billtornade.

p. 74

Perso

Tout pour optimiser son

épargne salariale.

p. 86

Le sucre, un doux allié du sommeil.

p. 84

Argent

Santé

Notre spécialiste

santé, le docteur

Alain Ducardonnet.

Samuel Zenou, directeur artistique de la

maison de mode masculine Billtornade.

Page 74: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

Samuel Zenou,

directeur

artistique, ajuste

les modèles de

l’été 2016 lors

d’un essayage

avec Gaël,

mannequin.

74 MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015

Un garçon dans le ventA presque 40 ans, la maison de mode masculine Billtornade vient de nommer un tout jeune directeur artistique très prometteur.PAR HÉLÈNE BRUNET-RIVAILLON PHOTOS ROBERTA VALERIO

Les sources d’inspiration ?

Des photos rétro que l’équipe

fixe aux murs du studio.

Page 75: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

En ton sur ton,

la marinière en

tricot Tribor

joue le rappel de

couleurs avec le

blouson Maden.

plaisirs I dans l’atelier de BilltornadeCow-boy de BD dans les sixties, Bill Tornade a donné

son nom à une maison de mode masculine née en 1977.

L’acteur Mathieu Amalric porte souvent leurs costumes.

MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015 75

Dans le studio Billtornade de la rue Vieille-du-Temple, à Paris (3e), Samuel Zenou, diplômé de l’Ecole supérieure des arts et techniques de la mode (ESMOD), se souvient : « J’ai fait mes premiers pas de styliste ici.

Puis, en 2012, j’ai été recruté par la marque Iro, pour laquelle j’ai travaillé pendant quatre saisons. » De retour à ses premières amours, il n’a eu aucun mal à se réapproprier les codes historiques de la grife dont, à tout juste 25 ans, il dirige le style depuis février der-nier. « Dès sa création en 1977, Billtornade a été l’une des premières maisons à proposer une mode mascu-line très parisienne aux imprimés fantaisistes. » Sur

les portants autour de lui, les vêtements semblent pourtant moins excentriques qu’aux saisons précé-dentes. « L’originalité est une constante de Billtornade depuis près de quarante ans, je n’y ai absolument pas renoncé. J’ai façonné un style apaisé, assagi, un peu plus classique, avec des détails atypiques. » Les scratchs des baskets et les poches hautes sur les manches des blousons participent de cette prouesse d’équilibriste : attirer l’attention sans en faire trop.

Sur un air militaireSamuel Zenou a misé sur le travail de groupe en réu-nissant les quatre membres de l’équipe chargée du développement des collections. Ensemble, ils

Page 76: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

Cette saison, la gamme de couleurs décline les gris, beiges et

bleus d’inspiration militaire, réveillés par le rouge maison.

La jeune équipe

(28 ans en

moyenne !) signe

le renouveau

du mariage.

Samuel Zenou

s’est inspiré du

costume de marin

pour créer

la veste Vasco.

76 MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015

plaisirs I dans l’atelier de Billtornade

ont décidé de placer l’été 2016 sous le signe de

l’univers militaire. « On a dessiné des poches pla-

quées, opté pour des boutons ornés de blasons, des

jacquards, des chemises camoufage, ou encore des

marinières. » Ils ont ensuite fait quelques emplettes

dans des friperies, à la recherche de modèles anciens

susceptibles de doper leur imagination. « J’ai déniché

une veste pour femme Regina Rubens. Un modèle

bleu marine des années 1980, avec une coupe un peu

bancale, s’enthousiasme le directeur artistique. La

forme du col et ses proportions m’ont inspiré pour la

création d’une veste homme de l’été prochain. »

De toutes les matièresPour approfondir ses recherches, la petite troupe a

afché sur les murs du studio des images piochées

dans de vieux magazines ou sur Internet. Une étape

indispensable qui leur a permis de débattre et, au

bout du compte, d’établir le plan de la collection,

« en tenant compte des modèles qui ont le mieux

ou le moins bien marché les saisons précédentes »,

explique le jeune créateur. Avec « du kaki, du vert-

de-gris, des beiges, des anthracites, du bleu marine

et du rouge, constante de la maison », les couleurs

répondent également au thème militaire.

Samuel Zenou et ses complices ont privilégié le

confort et la tenue, avec des soies, des laines, du

coton, du lin, du denim, du cuir et du modal (une

fbre de cellulose de bois). Les dessins, les montages

sur toiles et les patronages ont tous été réalisés sur

place. Et la production, elle, dans différents pays

d’Europe. Leur collection semble très sage ? Elle fait

la part belle aux produits phares de la maison : les

blousons (« bombers » et « perfecto »), les smokings,

les pantalons cigarette, la chemise courte Martin

(un best-seller). Des indémodables qui côtoient de

nouvelles pièces comme le jogging, les chaussures

de ville, les cravates et nœuds papillon. La recette

du succès : des prix justes au vu des matières et de la

fabrication (comptez 600 euros pour un costume), et

le bon compromis entre les détails dans l’air du temps

et les lignes faites pour durer. « Quand je crée, confe

Samuel Zenou, je pense toujours à mes amis et à ce

que j’ai envie de mettre tous les jours. Je ne dessine-

rai jamais un vêtement que je ne m’imagine pas por-

ter ! » Un bon critère, visiblement.

J’ai façonné un style apaisé, assagi, un peu plus classique, avec des détails atypiques Samuel Zenou

Page 77: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015 77

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Egérie de l’horloger Tissot, la star du basket français nous parle de ses projets et de son amour de la mode. Rencontre sur son terrain de jeu.PAR AIRY AUBRY, ENVoYÉ SPÉcIAL À VILLEURbANNE

Tony Parker, fashion lover

plaisirs I podium

FAN DE LOUBOUTIN

Quand on lui demande qui est son créateur favori, sa réponse ne se fait pas attendre. « christian Louboutin, qui est un très bon ami. Sur toute ma collection de chaussures, j’ai environ 70 % de Louboutin. Depuis qu’il a commencé à faire des modèles pour homme, je suis fan, des baskets aux mocassins, qu’il décline dans toutes les matières. »

LE SENS DU DÉTAIL

Pour Wap two, créée en 2013, tony Parker, 33 ans, souhaitait lancer une marque abordable, qui corresponde à son public. « L’idée était aussi de mettre en avant de jeunes artistes qui créent leurs propres tee-shirts. L’esprit décontracté que l’on retrouve dans Wap two me correspond. Jean, tee-shirt et veste : c’est la tenue dans laquelle je me sens le plus à l’aise. »

ACCRO AU CHRONO

« Dans mon métier, je dois avoir une certaine discipline, et la ponctualité en fait partie. Mes amis le savent, je peux partir s’ils ont cinq minutes de retard. Généralement, après, ils sont à l’heure ! Etant amateur de belles montres, c’est un honneur de collaborer avec tissot. J’ai même converti ma famille. c’est un peu ma mentalité, à l’américaine, quand tu signes un contrat avec une marque tu restes très corporate. »

LA TÊTE DANS LES ÉTOILES

Du haut de son 1,88 m, tony Parker n’a pas que le basket en tête. « L’Asvel (le club de Lyon, qu’il préside) est une aventure qui va durer longtemps, et mon fils Josh, qui a 1 an et demi, en héritera. Mais je développe aussi ma marque de prêt-à-porter, Wap two. » Des vêtements de sport pour homme et enfant, vendus dans les magasins La Halle et sur Internet.

Page 78: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

plaisirs I collection

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L’hommeDans son camaïeu

de gris, il assume

sa part d’ombre.

Défilé Valentino.

La femmePar l’efet d’optique de

lignes bien pensées,

elle étire sa silhouette.

Défilé Ferragamo.

RETROUVEZ LE CARNET D’ADRESSES DE TOUTES CES MARQUES SUR

www.leparisien.fr/magazine/plaisir

Au diapason de l’exposition Picasso Mania*, à Paris, les créateurs ont tracé des lignes franches et jeté des couleurs inspirées du génie espagnol.

PAR GENTIANE LENHARD PHotoS ALEXANDRE PATTEIN

StYLISME MÉLANIE MARCHOU

Le culte du cubisme

VITRAILBoucles d’oreilles en métal> Stalactite, 145 €.

TOILE

Sac en cuir> Longchamp, 280 €.

ARCHITECTURE

Manteau en laine> Derhy, 180 €.

Ceinture en cuir> Asos, 19,99 €.

TISSAGE

Pull en coton et laine> Cos, 59 €.

Foulard en laine> Moismont, 135 €.

Pantalon en velours côtelé> Hackett, 200 €.

SCULPTURE

Sandales en veau velours> Minelli, 119 €.

ENCRE

Casquette en polyester> Roseanna, 155 €.

INSTALLATION

Tee-shirt en coton> JW Anderson,

en exclusivité au Printemps, 220 €.

ORIGAMI

Jupe en viscose> Deby Debo, 99 €.

LAVIS

Baskets en cuir> PHM Saint Père, Pierre

Hardy, 236 €.

* Du 7 octobre 2015 au 29 février 2016 au Grand Palais, Paris (8e). www.grandpalais.fr

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1 FLÉCHÉS Gants pour femme en cuir, Isotoner > 62,90 €. 2 QUA-

DRILLÉS Escarpins en simili cuir > Justfab, 39,95 €. 3 STRUCTURÉES Lunettes en acétate

et métal > Miu Miu, 230 €. 4 ENCADRÉE Montre pour homme en silicone > Lexon, 119 €. 5 DÉCOU PÉ Sac

à main en cuir > Angel Jackson, 435 €. 6 EMBOÎTÉ Bracelet en métal > Fashionvictime, 127 €. 7 CROISÉES Baskets pour

homme en cuir > Bocage, 115 €.

Page 80: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

80 MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015

plaisirs I beauté

La peau est capricieuse. Excès de sébum,

mauvaise hydratation, stress, fatigue ou

encore dérèglement hormonal laissent

sur le visage points noirs, boutons et

rougeurs, qui ne sont malheureusement

pas réservés à l’adolescence. Ainsi, 35 % des femmes

entre 30 et 39 ans et 14 % des hommes de 35 à 54 ans*

soufrent régulièrement ou ponctuellement de ces

imperfections. Si chacun rêve d’un teint lumineux et

sans défaut, on ne pense pas nécessairement à chan-

ger ses habitudes de soins et ses produits de beauté.

Pour mettre toutes les chances de son côté, le mieux

est d’explorer la palette des nouvelles formules ima-

ginées par les laboratoires : gels nettoyants, lotions,

crèmes, masques désincrustants… Ils vous permet-

tront de faire enfn la paix avec votre épiderme.

* Source : La Roche-Posay.

1 Le bain de vapeurIdéal pour les fêtards et adapté à toutes

les peaux, ce soin bio chasse les toxines

dues aux excès, à la pollution ou au tabac.

Ses extraits de lotus, d’hamamélis et de

zinc ravivent le teint. cette solution 2-en-1

s’utilise en lotion matin et soir ou en bain

de vapeur, une fois par semaine. Pour cela,

versez un bouchon de lotion dans un bol

d’eau chaude, placez-vous au-dessus dix

minutes, la tête couverte d’une serviette,

et profitez de son parfum aux huiles

essentielles d’orange douce, santal, rose

et élémi, un arbre aux vertus cicatrisantes.

La sensation d’apaisement est blufante.

> Lotion-bain vapeur purifiante, So’ Bio étic, 8,70 € les 200 ml.

2 Le fluide traditionnelCette crème fluide et légère,

parfaite pour toutes les peaux adultes

aux imperfections récurrentes,

s’applique le matin et/ou le soir sur

l’ensemble du visage bien nettoyé.

Grâce à son action hydratante,

on gagne d’abord du confort,

et la sensation de fraîcheur dure toute

la journée. Dès la première application,

l’épiderme semble aussi moins gras.

Et, en un mois, le grain de peau

est lissé, les pores sont désincrustés

et la brillance reste sous contrôle

grâce au complexe anti-sébum.

> Soin rénovation peaux grasses, Efaclar K(+), La Roche-Posay, 12,80 € les 30 ml.

Homme, femme, jeune ou plus âgé… Pour lutter contre les imperfections de la peau, misez sur la méthode douce.PAR AIRY AUBRY

Objectif zéro défaut

Page 81: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015 81

5 Le masque purifiantUltra-léger, ce masque en nanofibres est une

vraie seconde peau. Réservé aux femmes (les poils

empêchent son adhésion au visage), il est aussi

la réponse express aux pics de brillance.

Posez le masque sur le visage (en évitant yeux,

narines et bouche), pressez

du bout des doigts et laissez-le

quinze minutes. Son efet frais est

immédiat. Il difuse de l’or et de

l’argent régénérant et assainissant,

et des extraits de camomille et de

thé vert adoucissant et hydratant.

A renouveler, si nécessaire,

une fois par semaine.

> Masque Biocyte gold, Biocyte Cosmetic, 12 € l’unité.

4 La brosse nettoyanteNettoyer sans relancer la production de sébum,

c’est le défi que clinique a décidé de relever.

Son gel nettoyant au dérivé d’algues évite

l’obstruction des pores et l’acide

salicylique, un grand classique,

élimine les bactéries tout en apaisant

l’épiderme. Pour un résultat probant

dès la première utilisation, appliquez-le

sur sa brosse vibrante, à déplacer sur

le visage, sans pression. Les poils bleu

clair, plus doux, sont destinés aux joues,

et les plus foncés, aux front, nez et

menton. Le duo gel-brosse est la solution

la mieux adaptée aux imperfections.

> Gel nettoyant anti-imperfections, Clinique, 22,50 € les 125 ml, et 119 € la brosse.

3 La lotion désincrustante Destinée aux peaux à boutons,

des adolescents comme des adultes,

cette lotion 100 % made in France lutte

localement contre les imperfections

grâce à sa formule épicée et herbacée

aux sept huiles essentielles. La cannelle,

le citron et le chanvre, pour ne

citer qu’eux, combinent leur action

anti-infectieuse, antiseptique

et nourrissante. Facile à appliquer,

matin et soir, la lotion accélère la

disparition des importuns en quelques

gouttes, à masser du bout du doigt

jusqu’à pénétration complète.

> Lotion Déboutonnez-moi ! Indemne, 21,90 € les 50 ml.

6 L’outil high-techDepuis 1948, Talika mise sur l’innovation.

A son actif, un gel stimulant pour les

cils, des masques en biocellulose, des

appareils nomades à lumière. Son petit

dernier, un « stylet » lumineux, très intuitif

et sans efet secondaire, combine deux

longueurs d’ondes. La lumière bleue stoppe

la prolifération des bactéries et réduit la

brillance due au sébum. La rouge atténue

les rougeurs et les imperfections. En deux

à trois séances par jour, de deux minutes

chacune, il traite les imperfections et

accélère la disparition des micro-cicatrices.

Un outil de pro à prix accessible.

> Lumière anti-imperfections Free Skin, Talika, 69 €.P

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Page 82: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

plaisirs I auto-portrait

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82 MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015

Déterminé à rivaliser avec Mercedes, BMW et les autres cadors du marché des utilitaires sportifs, le constructeur suédois joue la carte du design viril.PAR BENJAMIN CUQ

As s ez b ou r ge oi s , ma is accessible. Tel fut le credo de Volvo. Mais c’était à l’époque de la

social-démocratie à la suédoise… Racheté à Ford par le chinois Geely, en 2010, Volvo assume sa volonté d’enrichissement. « Avec notre actionnaire, qui a investi 3 milliards d’euros, nous visons une montée en gamme. La XC90 a été conçue, dessinée et fabriquée à Göteborg. Son style donne le la

de notre gamme future, qui sera

totalement renouvelée d’ici trois ans », explique David Laventure, responsable marketing de la marque. Et question style, cette Volvo est une réussite. Sa ligne fuide, même massive, fait oublier les gros breaks d’antan. L’intérieur correspond à l’idée qu’on se fait du design suédois : lumineux, ergono-mique et durable.

Sécurité maximaleLa XC90, essayée en version diesel de 225 chevaux, propose le pack « City Safety » de série :

Avec la XC90,

Volvo initie le

renouvellement

complet de ses

gammes.

SIGNES PARTICULIERS

Modèle essayé XC90 D5 AWD Inscription Luxe.

Catégorie Suédoise chaleureuse.

Dimensions Longueur : 4,95 m,

largeur : 2,14 m, hauteur : 1,78 m.

Consommation 5,7 l aux 100 km (cycle mixte).

Autonomie 800 km lors de notre test.

Bilan carbone 149 g de CO2 par km.

Accélération De 0 à 100 km/h en 7,8 s.

Vitesse maxi 220 km/h.

Rapport poids/puissance 10,4 kg/ch.

Rivales BMW X5, Mercedes GLE.

Prix 74 840 € (à partir de 50 050 €).

La classe viking Volvo XC90

Page 83: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

Sac en similicuir,

Etam, 34,95 €.

MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015 83

des équipements de sécurité

appréciables qui, avec les radars,

détectent les véhicules, les

cyclistes et les piétons et prévient

les risques de collision par l’avant

et l’arrière. « Nous nous sommes

fixé l’objectif de 0 mort en Volvo

pour 2020. Nous y arriverons. La

XC90 bénéfcie d’une structure en

acier renforcé de dernière généra-

tion », afrme David Laventure.

Très grand, mais maniableLes amateurs de technologie se

réjouiront de l’écran tactile très

simple d’utilisation qui permet

de tout contrôler, de la musique

au GPS, en passant par la clima-

tisation ou le téléphone. Parlons

du téléphone… Volvo facture

480 euros l’option Apple CarPlay

qui permet d’utiliser Siri et d’autres

fonctions de son iPhone depuis la

tablette du XC90… Un peu cher,

puisque c’est pratiquement le prix

d’un téléphone ou d’une option

plus utile comme la caméra de

recul (facturée 510 euros).

En dépit de son gabarit de masto-

donte (elle ofre sept vraies places),

cette Volvo est très maniable et

agile. La fonction caméra 360°

– qui détecte tous les obstacles

environnants – est utile. Au cours

de notre essai entre Nantes et

Lorient, sur tous les types de

routes, elle s’est révélée plaisante

à conduire et confortable, à l’avant

comme à l’arrière. Les barres anti-

roulis évitent aux passagers arrière

les nausées liées aux mouvements

de l’habitacle.

Un bémol toutefois : la consomma-

tion. Donnée pour une moyenne

de 5,7 litres aux 100 kilomètres,

nous l’avons relevée à 8,9 litres…

Et cela, en conduisant comme une

Volvo doit se conduire : en père

de famille responsable et respec-

tueux des limites de vitesse.

LA PANOPLIE VOLVO XC90

UN SOUFFLE AUTOMNAL

L’habitacle ultra-spacieux propose sept grandes places,

aussi confortables à l’avant qu’à l’arrière.

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Haut en synthétique, Nice Things,

92 €.

Derbys en cuir, Eram, 79 €.

Le pack « City Safety », de série, prévient les collisions en

permettant à la Volvo de détecter véhicules, voitures et piétons.

Au-dessus du levier de vitesse automatique en cuir, comme tout l’intérieur de la

XC90, un écran tactile simple d’utilisation, avec une large gamme de commandes.

Lunettes en gomme, See Concept, 30 €.

1984-1989,

de Lloyd Cole and the Commotions,

Polydor, 12 €.

Pantalon en coton, Lab Dip, 75 €.

Page 84: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

Des chercheurs français viennent de prouver que, contrairement aux idées reçues, le glucose facilite l’endormissement et augmente la durée du sommeil.PAR ALAIN DUCARDONNET INFOGRAPHIE ASK MEDIA

LA DÉCOUVERTEQu’est-ce qui déclenche l’endormissement ? Deux processus, bien connus, agissent de concert dans notre cerveau : notre horloge biologique, sous l’in-fuence de la lumière ou de l’obscurité, qui organise nos périodes d’éveil et de sommeil, et notre activité cérébrale au cours de la journée, qui crée petit à petit chimiquement un besoin de récupération. Un troi-sième acteur vient d’être identifé, chez la souris, par une équipe française : le sucre. Les chercheurs ont démontré que le glucose facilite l’apparition du som-meil et augmente sa durée.

COMMENT ÇA MARCHE« La régulation de notre sommeil peut être assi-milée à un balancier qui oscille entre éveil et som-meil grâce à des structures bien localisées dans le cerveau. Quand les neurones de l’éveil – dissémi-nés dans le cerveau – s’activent, ceux du sommeil – localisés dans le noyau préoptique ventrolatéral (VLPO), une zone de l’hypothalamus – s’éteignent.

Et vice versa », précise Thierry Gallopin, chercheur au CNRS-ESPCI (Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles), à Paris. Cette balance est modulée par deux systèmes.D’une part, notre horloge biologique. Située dans l’hy-pothalamus, au centre du cerveau, elle commande un cycle veille-sommeil d’environ vingt-quatre heures. La rétine de nos yeux, détectant la lumière, est l’un des informateurs de cette horloge biologique, qui pilote la sécrétion périodique de plusieurs hormones, dont la mélatonine, impliquée dans le sommeil. C’est pour-quoi, la nuit, la lumière des tablettes ou de la télévision peut perturber le sommeil en leurrant ce circuit.D’autre part, l’activité des neurones durant la journée produit une accumulation de substances. On parle de substances hypnogènes : au-delà d’un certain niveau, elles induisent la somnolence. L’une d’elle, l’adénosine, agit comme un neuromodulateur qui va diminuer l’ac-tivité des neurones de l’éveil et stimuler ceux du som-meil. La caféine empêche l’adénosine de se fxer sur ces neurones, c’est ce qui explique son côté stimulant.

perso I santé

Le sucre, un somnifère inattendu

84 MAGAZINE DU VENDREDI 2 OctObRE 2015

Infarctus Alzheimer Allaitement

AUCUN RISQUE LIÉ À L’ACTIVITÉ SEXUELLE « Il paraît très improbable que l’activité sexuelle provoque une crise cardiaque. » C’est le résultat d’une étude allemande, publiée dans le Journal of the American

College of Cardiology, qui a examiné la vie sexuelle de 536 personnes ayant fait un infarctus ou un AVC : 78 % d’entre eux ont afirmé que leurs derniers ébats remontaient à plus de 24 heures avant l’accident, et seulement 0,7 %, à moins d’une heure avant. Un rapport sexuel correspond à un efort équivalent à la montée de deux étages à pied.

LES MÉFAITS DU CHOLESTÉROL RÉVÉLÉSD’après les travaux de deux équipes françaises publiés début septembre dans la revue Human Molecular Genetics,

l’hypothèse selon laquelle un excès de cholestérol cérébral est impliqué dans les maladies neurovégétatives comme Alzheimer est confirmée. En cause, une enzyme (CYP46A1), qui élimine le cholestérol : quand on la bloque, chez la souris, on observe un déclin cognitif marqué. Si on la réinjecte, tout se normalise. Reste à vérifier ces résultats chez l’homme.

LA FRANCE RÉSISTE !En France, sept mères sur dix allaitent à la naissance. Après dix-sept semaines, la moitié d’entre elles ont déjà arrêté. Et aux six mois de l’enfant, elles ne sont plus que 19 %, selon une étude du Bulletin épidémiologique

hebdomadaire réalisée sur 18 000 bébés. C’est loin des recommandations de l’OMS, qui préconise d’allaiter le plus longtemps possible (entre six et vingt-quatre mois), et de façon exclusive – sans ajouter ni eau ni jus de fruit – jusqu’aux 6 mois de l’enfant, le lait maternel étant jugé le meilleur pour le nourrisson.

Cardiologue et médecin du sport à Paris, le Dr Alain Ducardonnet mène depuis plusieurs années une carrière de consultant en matière de santé pour les médias.

Notre expert

ÉCHOS DE LA RECHERCHE

Page 85: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

Des chercheurs de l’Université du Colorado (Etats-

Unis) viennent de montrer qu’un double expresso

pris trois heures avant le coucher retarde de quarante

minutes le cycle normal du sommeil, décalant l’hor-

loge biologique.

Un troisième facteur, métabolique, interviendrait

dans l’endormissement. Des études ont montré une

augmentation du risque de diabète, d’hypertension

et d’obésité en cas de privation de sommeil. Autre

constat en laboratoire, la vigilance des animaux est

modulée par l’apport en sucre : tendance à la som-

nolence après un repas sucré et vigilance augmen-

tée lors d’un jeûne. L’un des mécanismes au niveau

du cerveau vient d’être découvert par l’équipe de

Thierry Gallopin, en collaboration avec une équipe

du centre des neurosciences de Lyon. Ils ont constaté

que l’injection de glucose dans le VLPO, zone du cer-

veau responsable de l’endormissement et de la pre-

mière phase du sommeil, stimulait précisément les

neurones du sommeil. A l’inverse, lorsqu’il y a moins

de sucre dans cette zone, les neurones du sommeil

sont moins excités, ce qui favorise le réveil. Ces tra-

vaux ont été publiés dans le Journal of Neurosciences

en juillet dernier.

LES PERSPECTIVESContrairement à ce que l’on pourrait croire, le glucose

favoriserait donc la somnolence et non l’hyperacti-

vité. Si la consommation de sucre peut entraîner une

courte phase d’excitation, la somnolence survient

assez vite. L’action du glucose sur les neurones du som-

meil pourrait ainsi expliquer l’assoupissement après

un repas riche en sucres. D’où l’intérêt de privilégier

les sucres lents (riz, pâtes…) au dîner – deux heures

avant le coucher, pour permettre une bonne diges-

tion – au détriment des protéines, à consommer au

petit déjeuner, pour être en forme le matin. Petit clin

d’œil de Thierry Gallopin : « Le bon vieux lait chaud au

miel de nos grands-mères est parfaitement justifé. Le

tryptophane, acide aminé du lait à l’origine de la méla-

tonine, et le sucre du miel nous aident à tomber plus

facilement dans les bras de Morphée. »

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MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015 85

Page 86: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

86 MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015

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argent I qui veut gagner des euros ?

Quelque 12,2 millions de salariés ont

la chance de bénéficier d’un dispo-

sitif d’épargne salariale dans leur

entreprise. Mais cette enveloppe est

souvent sous-utilisée : un tiers des

encours sont investis en fonds monétaires. Or,

« dans un contexte de taux d’intérêt très bas,

85 % de ces fonds ont réalisé une performance

nulle ou négative pendant les cinq premiers mois

de 2015 », constate Olivier de Fontenay, directeur

général d’Eres, société de gestion spécialisée

dans l’épargne salariale. C’est donc le moment

idéal pour revoir votre stratégie.

1 I Plusieurs types de fondsLes salariés ont le plus souvent accès à cinq ou six

fonds dans le cadre de leur Plan d’épargne entre-

prise (PEE). Du plus frileux au plus risqué : moné-

taire, prudent, équilibré, dynamique, voire investi

à 100 % en actions. Les employeurs doivent aussi

leur proposer un fonds solidaire, investi à hau-

teur de 5 à 10 % dans l’économie solidaire (inser-

tion, logement, écologie…). Les salariés ont donc le

choix. Mais la plupart se contentent de placer leur

épargne en monétaire. « Il est logique d’investir

sur ce type de fonds, sans risque, si on a besoin de

récupérer son épargne au bout de six mois, pour

acheter sa résidence principale, par exemple.

Mais, à plus long terme, mieux vaut panacher avec

d’autres fonds », conseille Olivier de Fontenay.

2 I Des arbitrages à réaliserVarier vos placements permet d’augmenter vos

gains potentiels. Les Fonds communs de place-

ment d’entreprise (FCPE) diversifiés –  inves-

tis à la fois en actions, en obligations et en fonds

monétaires  – ont grimpé de 4,89 % en 2014,

contre 0,20 % en moyenne pour les FCPE moné-

taires. Ainsi, pour 10 000 euros placés sur un plan

d’épargne, vous pouvez empocher 469 euros de

plus sur un an. Ce gain supplémentaire n’est pas

garanti, puisqu’une fraction des fonds diversifés

est investie en actions, mais ces produits à risque

maîtrisé correspondent aux attentes de la plupart

des salariés. Il n’est jamais trop tard pour réagir :

vous pouvez réaliser des arbitrages d’un fonds à

l’autre à tout moment.

3 I Une fiscalité douceL’épargne salariale reste aujourd’hui l’une des

meilleures enveloppes fiscales. Les sommes

déposées (participation, intéressement, verse-

ments volontaires) sur un PEE sont bloquées cinq

ans, puis sont disponibles à tout moment, sans

aucun impôt sur les plus-values. Seuls les prélève-

ments sociaux s’appliquent (15,5 % actuellement).

Mieux, la loi prévoit neuf cas de déblocage antici-

pé (mariage, cessation du contrat de travail, achat

de la résidence principale…) permettant de récu-

pérer son argent plus rapidement, toujours sans

payer d’impôt. Agnès Lambert

OLIVIER DE FONTENAYDirecteur

général

d’Eres, société

de gestion,

spécialiste

de l’épargne

salariale,

de la retraite et

de l’actionnariat

salarié.

Notre expert

le site le chifreDÉMÉNAGER MOINS CHERLes tarifs de déménagement sont souvent fixés à la tête du client. Le site Mooov promet de 20 à 40 % d’économies. Le principe est simple : vous réalisez un devis en ligne, un déménageur vient vous livrer les cartons et en profite pour vérifier que vous avez bien calibré vos besoins. Vous réglez 30 % d’acompte sur le site, le solde sur place le jour J. Une fois installé dans votre nouveau nid, vous notez l’équipe de déménagement.

> www.mooov.co

CRÉDIT IMMOBILIER : NIVEAU RECORD POUR LES RENÉGOCIATIONSLes renégociations de crédit représentent 44 % de la production de nouveaux crédits sur les sept premiers mois de l’année 2015. Les particuliers ont su saisir l’opportunité de la baisse historique des taux d’intérêt, passés de 2,60 % sur vingt ans en décembre 2014 à 2,30 % en mai 2015, pour réduire le coût de leur achat immobilier. Mais le phénomène devrait ralentir puisque les taux ont repris le chemin de la hausse cet été.

La plupart des salariés n’optimisent pas leur Plan épargne entreprise. Nos conseils pour adopter la bonne stratégie.

Dopez votre épargne salariale

Cette semaine,

469 € de gain

Page 87: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

A vous de jouer !plaisirs I jeux

MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015 87

MOYEN

MOYEN

DIFFICILE

9 2 3

8 2 5

3 4 8

7 4 6 2 9

1 3 2 5

9 5 4 8 6

6 9 1

2 4 7

4 2 9

A B C D E F G H I J K L M N O P

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6

7

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9

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11

12

HORIZONTALEMENT

1. Fit de l’aviation. Inventivités. 2. Brouillon d’artiste. Récurage de cheminée. 3. A contrer quand on a de la voix. Se retrouve dans une friture. Il sonne à la chasse. 4. Jeu divinatoire. Arrivée au bout du rouleau. Qui ne laisse jamais tomber. 5. Drôle de mouette. Dernier repas du Christ. Gamin parisien. 6. L’iridium du chimiste. Appareil de radiorepérage. Produit à chiquer. 7. Ce n’est pas grand-chose. Plante qui donne de l’huile. Grande puissance. Arbres aux fruits rouges. 8. Ça ofre une alternative. Chef chinois. Qui a de la bouteille. 9. Séance sur un plateau. Diabolique. 10. Obtenue après demande. Beaucoup de grands ont fréquenté ses bancs. Après l’apogée. 11. Pour accorder nos violons. Ensemble musical. Fameux désert. 12. De quoi tirer un trait. Neuf pour un vieux Romain. Ardoises sans craies. Ses portes sont étanches.

VERTICALEMENT

A. Qui a de la brioche. B. Long fleuve sibé-rien. Nid des oiseaux de proie. Dans l’alter-native. C. Prénom de Manaudou. Tel un mot souvent utilisé. D. Dans les environs. Beau métal. Animal paresseux. E. Catherine la grande. F. Il fut fidèle à Fidel. Difusant des ouvrages. G. Content de son repas. Actinium pour le chimiste. Département de Nîmes. H. Se pratique à la pointe de l’épée. C’est-à-dire en raccourci. I. Monts bretons (d’). Mot de jeune en révolte. Richesse de beau parti. J. Remarquable aptitude. Fait preuve de courage. K. Institut arabe à Paris. Elément d’une chute. Il est rédigé à l’étude. L. Se rendent. Quatre garçons dans le vent. M. Dans le coup. Elément d’un ancien alphabet. C’est tout bénéfice. N. Fines négociatrices. O. Canalisation souterraine. Dame à dons et à doigts. Il chauffait le sphinx. P. Qui sont sans inquiétude. On les préfère secs.

Placez dans la grille les pions violets disposés sur la gauche, de façon à obtenir la somme indiquée au bout de chaque ligne et de chaque colonne.

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6

MOTS CROISÉS SUDOKU

FUBUKI

SOLUTIONS DU NUMÉRO PRÉCÉDENT MOTS FLÉCHÉS

MOTS CROISÉS SUDOKU FUBUKI

8 7 6 21

9 2 5 16

3 1 4 8

20 10 15

dificile

1 4 7 12

2 6 5 13

8 9 3 20

11 19 15

moyen

Le nom à trouver est : LA MAMMA.

J A M U C I A R I P AL E S P L A I S I R S D E M O D E S U L L A

Z U T I R I S E A G E A M O U R P RB E R E T A N E T H E R G S E S N E M

B S E C A E U R E A A T A M I S EF E S K A T I A M A S I G N E U S N

C G L U C S U T U R E A U N E S O N P IB O H E M E I L O T E T I R E Z E N E P I R A E

M I L I T A S P O R T E S N O M T G V T A R NE P E E A U S T E R E L E T T I N O I L V I N

O R A U T E U R Z I E I R E E L V E N I S EO S E N T R M E S L A S S E R O U L A

I N O D E S O R M A I S S E M E S A LE T C J O U R S I T R A L A L A C A

E O L E P R A O S O R E S T I N A VA U R E T A I L L E N E T A C E M O I

R E V I E N S T R O U S S E C H E M I S E

G R O U P E S H A R A S S E ER E S T R U C T U R A T I O N SE N T A I R E M I T M U S CN O H O R U S S I T U E OO M S R A P L E B E L A RU T R I T U R E O C E L O TI S E U T L U T A I R O U EL A N I E R E A N S E U T EL I O N E U R L E S S A IE S S E S S I E D T O N E RR I R U S E E E L O I G N EE R S C V L Y R I C E S E

5 6 9 4 2 1 3 8 7

3 7 4 6 8 5 9 2 1

2 8 1 7 3 9 6 5 4

6 3 8 2 7 4 5 1 9

7 9 5 3 1 8 2 4 6

4 1 2 5 9 6 7 3 8

9 5 7 1 4 2 8 6 3

1 2 3 8 6 7 4 9 5

8 4 6 9 5 3 1 7 2

En partant des chifres déjà inscrits, remplissez la grille de manière que chaque ligne, chaque colonne et chaque carré de 3 par 3 contiennent une seule fois tous les chifres de 1 à 9.

Page 88: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

plaisirs I jeux

88 MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015

MOTS FLÉCHÉS

PLUS PETIT QUE LE

CANARDPALMIPÈDE MIGRATEUR

BÂTIMENTS ANTIQUES

MUET

PROBLÈME INFORMA-

TIQUE

GÉNITRICE

RELEVÉS

SIÈGE DE JARDIN

POUR ATTIRER LES

OISEAUX

HOMME DE COUR

MÉTAL RÉSISTANT

LAPIN

REMETTENT SUR

LA CHAISE

CHEMIN UTILISÉ PAR LE PÊCHEUR

MIS UN TERMEFRAIS DE

SCOLARITÉ EN SUISSE

PERSONNEL FÉMININ

OISEAU ÉCHASSIER

PARTIE DU COCHON

FAÇONNAS

ASPIRÉ

POSSÉ-DÂMES

LE DORÉ A UN BEAU PLUMAGEUN GROS

GIBIER

BÂTIMENT RELIGIEUX

SANS HABITS

MONNAIE BULGARE

FATIGUÉE

CHAMOIS DES

PYRÉNÉES

RÉGION OÙ CHASSER LE GRAND

GIBIER

OBJET UTILE

CARTES QUI COUPENT

MILLE-PATTES

CASSÉ, BRISÉ

CERVIDÉ CHASSÉ

ATTACHÉ

MAUVAIS FILM

TSAR TERRIBLE

AUSSI

ADOLES- CENT

PARESSEUX

PERÇU

TOURNONS EN ROND

HOMME DE L’ARCHE

MOUTARDE SAUVAGE

FIT FEU

BAS DE GAMME

IL SE TROUVE À L’ENTRÉE

BERGER CHAOS DE GLACE

SE CONDUIRE EN PIRATE

ON LE CHASSE

À COURRE

POSITION POUR

UN PACK AU RUGBY

CARDINAL DU LEVER

DIEU SOLAIRE

SOMMETBICOLORE

CHASSABLE…MAIS PEU CHASSÉE !

ANCIEN DIRIGEANT YOUGOS-

LAVE

VERGUE

MONNAIE ROUMAINE

PLATS PRO-VENÇAUX

MAJEUR EN ITALIE

TEL UN CORBEAU CHASSÉ

VILLE DE NORMANDIE

MÉTAL POUR

PAPILLOTESLETTRE

GRECQUE

PAYS MÉDI-TERRANÉEN

CUBE

CANARD QUI N’EST

PLUS CHASSÉ

ASTATE SYMBO-

LIQUE

CANARD PLONGEUR

T’EXPOSAS À UN

DANGER

5

3

8

9

Page 89: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015 89

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CK

LE GIBIER Avec les neuf cases numérotées, reconstituez

le nom d’un petit cervidé qui est un gibier très couru. 1 2 3 4 5 6 7 8 9

ESSENCES TROPICALES

BANDAGE DE ROUE

MAUVAIS REPAS

ESSIEU

LIQUIDE À ÉLIMINER

TRÈS TRAN-CHANTE

SIGNAL SONORE

RIVIÈRE ALSACIENNE

CHIENNE QUI CHASSE

SA POULE EST UN GIBIER

PETIT MIGRATEUR

TE RENDS

ARRÊT DES COMBATS

ILS SONT À APPORTER

AUX BLESSÉS

ÉCRASA

ARME D’ÉROS

TALENT

S’ÉVANOUIR (SE)

PIGEON CHASSÉ DANS LE

SUD-OUEST

ARTICLE ÉTRANGER

NE RESTE PAS INACTIF

PIF

OFFICE RELIGIEUX

ANCIEN DYNAMISME

POUR COMPARER

DIRIGIEZ

APPRÉCIER

COUVRIR DE DETTES

LETTRE GRECQUE

OISEAU DE TYPE PLUVIER

POUR LE MATIN

SYMBOLE DE LA THERMIE

ANTIQUE VENT

PRÉNOM DE ZOLA

GREFFÉE

RAPPELLE

ART DE LA CHASSE

RIVIÈRE AFRICAINE

BIEN FIGNOLÉE

N’IMPORTE QUI

RIVIÈRE DE SUISSE

COUVRE-JOINT DANS LE BÂTIMENT

ÉCHASSIERS PRISÉS

JEU DE CARTES

GROUPE DE CHEFS ÉTOILÉS

MUSTÉLIDÉ

ÉCHASSIER DE LA TAILLE DU PIGEON

PREMIER MINISTRE JAPONAIS

ALLÉGEREZ

PATRON

OUTIL DE PAVEUR

BOISSON INFUSÉE

TISSÉE, ENTRELACÉE

MOMENTS DES

CHALEURS

JEUNE CERF

SYMBOLE DE L’ÉTAIN

OUVERTURE DE VIOLON

LE CHROME

LE PLATINE

EN CET ENDROIT PRÉCIS

VILLE RÉPUTÉE

POUR SES TRIPES !

UNE CERTAINE

COMPAGNIE

CENDRÉESDANS LES LANDES

4

6

2

17

Page 90: Le Parisien Magasine Du Vendredi 02 Octobre 2015

90

agenda

A suivre la semaine prochaine…

PHOTOS

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59

Lundi

5 JUSTICE Scandale de l’hormone de croissance : procès en appel du professeur Fernand Dray et de l’ancienne pédiatre Elisabeth Mugnier. Sur 1 698 enfants atteints par la maladie de Creutzfeldt-Jakob et traités à l’hormone entre 1983 et 1985, 125 en sont morts.

EUTHANASIE Examen en deuxième lecture, à l’Assemblée nationale, de la proposition de loi des députés Alain Claeys (PS) et Jean Leonetti (LR) sur « le droit de dormir avant de mourir pour ne pas soufrir ».

Mardi

6

PRIX GONCOURT Le jury, présidé par Bernard Pivot, annonce sa deuxièmesélection. Le prix littéraire sera attribué le 3 novembre.

Vendredi

9 POLITIQUE Annonce du lauréat du prix Nobel de la paix, parmi 273 candidats (dont 68 organisations). L’an passé, c’est la militante pakistanaise Malala Yousafzai (photo), ex æquo avec l’Indien Kailash Satyarthi, qui l’avait obtenu.

Samedi

10 ENVIRONNEMENT 7e édition du Jour de la nuit, avec extinction de l’éclairage public des collectivités participantes. L’objectif de cette manifestation est de sensibiliser les citoyens et les élus aux conséquences de la pollution lumineuse.

Dimanche

11 CAMPAGNE Journée internationale de la fille, sous l’égide de l’ONU, et lancement d’une campagne de lutte contre les discriminations faites aux filles. Aujourd’hui, 62 millions de filles sont toujours privées d’éducation à travers le monde.

Jeudi

8 SOCIAL Grève à la SNCF. Mobilisation nationale interprofessionnelle, à l’appel de la CGT et de Sud-rail, pour « annuler » les réformes « des retraites », « du travail » et « du système ferroviaire ». La grève prendra efet le 7, à 19 heures.

ASIE Les deux Corées échangent la liste définitive des participants à la réunion des familles séparées par la guerre, se tiendra du 20 au 26 octobre dans la station de montagne nord-coréenne de Kumgang. Quelque 66 000 Sud-Coréens sont sur liste d’attente.

Mercredi

7www.fetedelascience.fr

CHASSE Soirée de comptage et d’écoute des cerfs au brame dans le Médoc (Gironde), en marge de l’ouverture de la chasse. Ces soirées ont pour but de mieux connaître l’espèce et de participer à la récolte de données scientifiques.

SCIENCE Premier jour de la 24e édition de la Fête de la science, qui fait la part belle aux expérimentations (jusqu’au 11 octobre). Des centaines d’animations gratuites sont organisées dans toute la France.

ÉCOLOGIE Premier jour de l’exposition itinérante du Train du climat, gare de Lyon, à Paris (12e). L’objectif est d’expliquer au grand public les enjeux, impacts et solutions en faveur du climat. Le Train du climat fera étape dans 18 villes de France.

LE PARISIEN LIBÉRÉ25, avenue Michelet, 93408 Saint-Ouen Cedex.

Société par actions simplifiées.

Président Intra-Presse, représentée par Jean HornainPrincipal associé Intra-PresseDirecteur de la publication Jean HornainDirecteur général adjoint Eric HerteloupDirecteur des rédactions Stéphane Albouy Directrice marketing Julie Costes Fabrication José Raposo

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INFOGRAPHIE ASK MEDIA Stéphane Saulnier (chef de service), Mathilde Boireau, Marie Coussin, Hadrien Pennes, Arnaud Picandet

INFORMATIQUE Sébastien Gariel

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N°ISSN Aujourd’huien France Magazine 2262-6077

N°ISSN Le Parisien Magazine 2263-2506

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