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Ce trimestriel de Corail Vivant TdH est paru en fin novembre 2015. Le prochain sortira courant mars 2016.

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Page 1: Magasine changer d'ère n°1 Association Corail Vivant Terre des Hommes
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2 Changer d’ère - Novembre 2015 Changer d’ère - Novembre 2015 3

Tous les responsables d’édition vous le diront : quand on arrive au chapitre « éditorial », c’est que tout est « plié » - ou presque ! Surtout quand la naissance du bébé s’est trop fait attendre… Mais bon !Donc, voici le nouveau trimestriel de la presse calédonienne, un magazine gratuit, dans l’air du temps, qui s’inscrit dans cet événement-phare qu’est la COP 21 où 193 pays vont se donner rendez-vous et sont sensés ouvrir au monde de nouvelles perspectives dans la lutte contre le réchauffement climatique…Gilbert TEIN, le nouveau Président du Sénat coutumier dont vous trouverez l’interview en pages 8 et 9 rap-pelle que les peuples du Pacifique sont en première ligne pour en supporter les conséquences. Mais les grandes puissances qui nous empoisonnent sauront-elles prendre enfin les bonnes décisions ?SOS Climat ! Tous solidaires ! Bouge avec nous ! C’est l’invitation faite aux collectifs et aux associations lo-cales par Corail Vivant, Terre des Hommes pour participer massivement à la réalisation d’un visuel aérien relayé par le réseau Internet du Groupement AVAAZ. Mobilisez-vous donc le 29 novembre prochain grâce à la Coordination Coordi Line qui bénéficie du précieux soutien du Sénat coutumier et, à travers lui, de l’en-semble des Aires coutumières du Territoire.Rappelons au passage que c’est grâce à ce même soutien si Corail Vivant a pu mener jusqu’au bout à Paris son projet d’inscription des lagons calédoniens au Patrimoine mondial de l’UNESCO, voici sept ans. Pour cet anniversaire, le CEN (Conservatoire d’Espaces Naturels), avait organisé les 3 et 4 juillet à la tribu de Gossa-nah (Ouvéa), le second Forum des 13 Comités de gestion (lire en page 12 et 13).La lutte contre le réchauffement climatique passe aussi par la réduction drastique des gaz à effet de serre. Et sur ce plan, la Nouvelle-Calédonie est un modèle du genre avec ses trois usines et leurs centrales. La plus obsolète, celle de la SLN, a récemment défrayé la chronique par une enquête publique. Or, sans attendre le dépouillement des résultats, le groupe ERAMET dont dépend la SLN a annoncé ex-abrupto la suspension provisoire. Est-ce pour des raisons financières avec un cours du nickel au plus bas ou du fait de la proximité de la COP 21 ? Dans tous les cas, une affaire à suivre…Dernier élément important de cette première publication, un état des lieux du Comité de gestion du Parc naturel de la Mer de Corail, un an après sa création, et dont notre association fait partie aux côtés de Conser-vation International.Enfin, nous vous invitons à participer à notre Assemblée Générale annuelle qui se tiendra le jeudi 10 dé-cembre à 18 heures au Sénat coutumier. Merci de venir nombreux ! Bernard Villechalane

D’ABORD parce qu’elle est l’organe médiatique de l’association « CORAIL VIVANT », fondée le 31 août 2000 à l’initia-tive de l’inscription des lagons calédoniens au Patrimoine mondial de l’UNESCO, le 8 juillet 2008.ENSUITE parce que notre association s’est transformée en 2013, par la définition de nouveaux objectifs sous l’appel-lation « CORAIL VIVANT, TERRE DES HOMMES », dont le principal élément statutaire est non seulement de préserver la biodiversité de nos milieux marins et terrestres mais également d’améliorer la qualité de vie des habitants de la Nouvelle-Calédonie en promouvant toutes les initiatives - économiques, écologiques, techniquement innovantes et durables – dans une rigoureuse indépendance d’esprit et de dialogue.POURQUOI « TERRE DES HOMMES » ? Pour faire référence à l’un des livres d’Antoine de Saint-Exupéry, mondiale-ment célèbre pour son « Petit Prince ». Ecrivain, poète et philosophe, c’est un modèle d’humanisme, de courage et de culture pour nos générations. Pilote de guerre émérite, il disparut lors d’une mission en Méditerranée le 31 juillet 1944 à l’âge de 44 ans.POURQUOI « CHANGER D’ÈRE » ? Parce que l’Humanité est à un tournant important de son évolution, ce que l’on peut constater dans les progrès technologiques comme dans les crises économiques et climatiques qui provoquent la montée des extrémismes favorisant les guerres et les migrations de centaines de milliers – voire de millions - de désespérés cherchant asile en Europe comme sur le continent asiatique. Mais on ne peut changer d’Ère sans vouloir changer de mentalité.Il est vrai qu’au fil des siècles l’Histoire des Hommes a déjà beaucoup changé d’Ères - ces cycles astronomiques d’une période de 20 000 ans. Or, nous sommes dans l’Ère du Verseau, signe révolutionnaire à plus d’un titre : la Santé, l’In-dustrie, le Développement durable, la communication numérique interplanétaire, la recherche mondiale, les nouvelles technologies ouvrant à tous les moyens de la connaissance.L’ÈRE DES DÉFIS MAJEURS : Réchauffement climatique, progression exponentielle des gaz à effet de serre, montée dramatique des eaux menaçant des populations entières, basculement des économies non durables dans tous les domaines – à commencer par les énergies les plus polluantes.LA CONFÉRENCE MONDIALE DU « COP 21 » : elle se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre prochain et réunira environ 190 nationalités à l’initiative de la France pour prendre les mesures ultimes afin de sauver la planète par tous les moyens… C’EST AUSSI L’OBJECTIF DE CE NOUVEAU MAGAZINE qui est de servir d’interface – y compris grâce à notre site internet www.corailvivant-terredeshommes.nc – à celles et ceux (scientifiques, industriels, agriculteurs, commerçants, artisans) qui croient à la nécessité absolue de changer le monde où nous vivons en promouvant les initiatives locales… mais aussi les idées nouvelles.AVEC VOUS, GRÂCE À VOUS, CHANGEONS LE MONDE, CHANGEONS D’ÈRE !

C’est en regardant à la télé l’apothéose du Tour cycliste 2015 sur les Champs-Elysées que m’est revenu le souvenir de Rémi Le Goff, dispa-ru tragiquement le 22 décembre 2014. Car ce passionné de la « Petite Reine » avait largement contribué à sa renaissance sur le Caillou en as-surant durant des années la direction du Tour de Nouvelle-Calédonie qui vient de se dérouler. À notre connaissance, aucune mention de son nom n’a été faite. Rémi avait travaillé avec Gérard Cauville, à ce qui allait être l’ultime chapitre de sa vie : l’édition de L’HISTOIRE DU CYCLISME EN NOUVELLE-CALÉDONIE, sorte de Mémorial en deux gros volumes de 600 pages, dont le premier tome paraîtra en fin d’année.Avec Rémi, on se connaissait depuis plus de 40 ans ! D’abord à « La France Australe » puis on s’est perdus de vue longtemps avant de se retrouver lors d’une Assemblée générale de CORAIL VIVANT TERRE DES HOMMES. Par amitié, Rémi avait pris sa carte de membre avant de pousser plus loin son engagement en acceptant de faire partie du C.A puis du Bureau.Rémi a consacré sa vie à l’information, d’abord en Métropole puis en Nouvelle-Calédonie comme directeur des Relations publiques à la SLN. Chaque fois qu’on se retrouvait, c’était un sacré numéro de duettistes, chacun complétant par ses souvenirs telle ou telle anecdote… Et ça n’ar-rêtait pas, tant était grande notre complicité !Le devenir du bâtiment de « La France Australe », propriété de la SLN, faisait partie de nos préoccupations. Comment faire revivre ce vestige

historique de la rue de la Somme pour lui épargner la pelle des démolisseurs ? Notre solution : en faire « La Maison des associations environnementales de Nouvelle-Calédonie » après réno-vation complète. Une idée que Rémi s’était fixé de faire rapidement adopter par la Direction. On en parlait encore quelques jours avant sa mort… Fidèle à sa mémoire, j’ai décidé de reprendre le flambeau.Le 18 décembre 2014 au soir, lors de la nouvelle A.G de notre association, Rémi était réélu à l’unanimité Secrétaire général. À peine quatre jours plus tard, le 22 décembre, par un matin ensoleillé, il descendait à pied comme à l’accoutumée de son appartement à « L’île de lumière » qui surplombe la baie de la Moselle. La mort l’attendait un peu plus tard sur le parking de Mac Donald.Le 14 janvier 2015, le C.A et le Bureau de CORAIL VIVANT, TERRE DES HOMMES, profondément touchés par cette tragédie, élisaient à l’unani-mité Johanito WAMYTAN, notre Trésorier-adjoint, au poste de Rémi.

BV

La composition du conseil d’administration 2015 Président : Bernard VILLECHALANE - Vice-présidente : Marika KAPOERI - Secrétaire général : Johanito WAMYTAN - Secrétaire adjoint : Florian FAYARD - Trésorière : Brigitte BILLE-LANQUETIN - Membres : Ingrid WAMYTAN, Bruno VAN PETEGHEM (correspondant perma-nent à Paris) - Membre honoraire permanent : le Président du Sénat Coutumier ou son représentant.

Hommage à notre ami : Rémi LE GOFF

Tous les chemins mènentà Paris à la COP 21 !

Pourquoi changer d’ÈRE ?

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4 Changer d’ère - Novembre 2015 Changer d’ère - Novembre 2015 5

Antoine de Saint-ExupéryEn ajoutant « Terre des Hommes » à son patronyme initial « Corail Vivant », nous avons voulu rendre hommage à cet homme exceptionnel, disparu en mer méditerranée le 31 juillet 1944 lors d’une mission aérienne. Humaniste et philosophe, pilote émérite, écrivain et poète et, surtout, visionnaire du monde à venir, Antoine de Saint-Exupéry nous a laissé des œuvres impérissables : « Terre des Hommes », « Le Petit Prince », « Pilote de guerre », « Vols de nuit »… C’est la rai-son pour laquelle chaque numéro de notre magazine gratuit publiera une citation puisée dans l’un de ses livres.

« Voici mon secret, il est très simple :on ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux. »

Nous avons retrouvé par hasard un écrit de Saint-Exupéry, publié dans une an-cienne revue dont la couverture avait été déchirée. Un texte en tous points admi-rable et d’une actualité fulgurante que nous vous proposons ici.

… « Vous n’êtes point chargés de tuer l’homme dans les petits d’hommes ni de les transformer en fourmis pour vivre dans une fourmilière. Car peu m’importe que l’homme soit ou non comblé, ce qui m’im-porte c’est qu’il soit plus ou moins homme. Et je ne demande point s’il sera ou non heu-reux mais quel homme sera heureux.Vous ne les comblerez point de formules vides ou de connaissances mortes mais vous leur forgerez un style afin qu’ils puissent s’en saisir.

Vous ne jugerez pas de leurs aptitudes sur leur apparente facilité. Car celui-là va le plus loin et réussit le mieux lorsqu’il a tra-vaillé contre lui-même, en tenant compte d’abord de l’amour.Vous ne vous appesantirez point sur l’usage mais sur la création, afin que l’homme puisse raboter le mieux sa planche dans la fidélité et l’honneur.Vous enseignerez le respect, car l’ironie est du cancre et oubli des visages.Vous lutterez contre les liens de l’homme avec les biens matériels qui l’entravent. Et vous fonderez le petit d’homme en lui en-seignant d’abord l’échange car, hors de cela, tout n’est que racornissement.Vous enseignerez la méditation et la prière car l’âme y devient plus forte et plus vaste. Et l’exercice de l’amour, qui le remplacerait ?

L’amour de soi, c’est le contraire de l’amour. Vous châtierez le mensonge et la délation. Seule, la fidélité créée les forts, car il n’est point de fidélité dans un camp et non dans un autre. Qui est vraiment fidèle l’est tou-jours. Moi, j’ai besoin d’une cité forte et je n’appuierai pas cette force sur le pourrisse-ment des hommes.Vous enseignerez le goût de la perfection car toute œuvre est une longue marche qui ne peut s’achever que dans la mort.Vous n’enseignerez point d’abord le pardon ou la charité. Car ils pourraient être mal compris et n’être plus que respect de l’in-jure. Mais vous enseignerez la merveilleuse collaboration de tous à travers chacun, car il s’agit là d’un véhicule dont nous sommes les mortels conducteurs »…

Antoine de Saint-Exupéry

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CHANGER D’ÈRE est une publication de l’association CORAIL VIVANT TERRE DES HOMMES - BP 8336 - 98807 NOUMEA CEDEX - Tél. 77 72 75 - www.corailvivant-terredeshommes.ncMaquette et mise en page Parenthèses 27 57 25 - Rédaction et corrections Bernard VILLECHALANE ([email protected]) - Régie publicitaire Rezo Communication

Ce numéro a été imprimé à 4.000 exemplaires - Tous droits de reproductions autorisés à condition d’en mentionner l’origine.

Extraits de nos statutsARTICLE 3 - L’association a pour but pre-mier de défendre la protection du massif corallien calédonien dans son intégralité, de promouvoir son extraordinaire poten-tialité naturelle et de veiller au bon fonc-tionnement des structures nécessaires au maintien de son inscription au Patrimoine Mondial de l’UNESCO.❱ Elle exerce ses activités sur le territoire de

la Nouvelle-Calédonie, y compris dans la Zone Économique Exclusive (ZEE) et son extension.

❱ Elle vise à améliorer la qualité de vie de l’ensemble des habitants de ce Territoire, en contribuant à l’évolution des sciences, des technologies, des mentalités.

❱ L’association entend sensibiliser la po-pulation par des actions de communica-tion, y compris l’édition d’un magazine. Elle est complètement indépendante des groupes de pression (médiatiques, politiques, syndicaux, religieux, finan-ciers) et de tout intérêt contraire à ses objectifs.

ARTICLE 201 – Outre les objectifs prioritaires portés à l’article 3 des statuts, l’associa-tion se mobilise sur les thèmes suivants :❱ sauvegarde de la faune et de la flore

endémiques (maritimes et terrestres) et lutte contre les espèces invasives ;

❱ essor des énergies renouvelables, y com-pris de nouveaux concepts d’architec-ture plus économes en énergie ;

❱ combattre les effets du réchauffement climatique dont la cause principale est la pollution sous toutes ses formes ;

❱ en matière d’exploitation minière, exiger des normes restrictives ;

❱ promouvoir les connaissances tech-niques innovantes dans tous les secteurs, notamment dans les ressources natu-relles du milieu marin (phytoplancton, algues marines) ;

❱ transformer les déchets par la revalorisa-tion et le recyclage ;

❱ soutenir l’agriculture raisonnée ou Bio, en privilégiant les « circuits courts » du producteur au consommateur ;

❱ lutter contre les addictions (alcool, dro-gues, tabac) et l’insécurité routière, sou-tenir le co-voiturage.

3 À Paris, à la COP 21 6 On se bouge et on se mouille pour sauver nos lagons ! 8 Gilbert TEIN, le gardien de la tradition 10 UNESCO un label d’excellence 12 Rencontres et partages à la tribu de Gossanah 14 Un enjeu mondial pour la santé changeons d’air ! 17 Un redoutable fléau social

18 Création du parc naturel de la Mer de corail

20 La nouvelle génération des méga-réserves marines 24 Un premier bilan de 2015 l’année mangroves

26 Sauver les requins de la Mer de Corail

28 Les animaux doués de sensibilité 30 Mobilisons-nous pour sauver les roussettes 32 2015, l’an 1 de l’agro-écologie

33 Fukushima, un certain 11 mars

34 Tianjin ou les feux de l’enfer 35 La page d’humour

Sommaire

p. 18

p. 26

p. 33

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6 Changer d’ère - Novembre 2015 Changer d’ère - Novembre 2015 7

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À la veille de la 21° conférence des Nations Unies pour le climat (COP 21) qui se réunira à Paris du 30 novembre au 11 décembre prochains, la société civile de Nouvelle-Ca-lédonie a remarquablement réagi puisque deux Collectifs ont été mis en place depuis plusieurs mois et représentent de nombreuses associations environnementales ou de simples citoyens. Qu’ils se nomment « Coordi-line » avec Corail Vivant Terre des Hommes ou « Collectif Calédonien Climat » (CCC) avec Ensemble Pour la Planète, que leurs programmes soient différents, l’objectif, le lieu et le jour de la mobilisation sont les mêmes : le dimanche 29 novembre à l’Anse-Vata pour sensibiliser les populations locales et internationales sur les enjeux essen-tiels de l’indispensable transition énergétique.

Grande menace sur le PacifiqueA défaut de diminuer drastique-ment les émissions de gaz à effet de serre (GES) engendrées par la com-bustion des énergies fossiles, la Na-ture telle qu’elle existe aujourd’hui, ne serait plus et l’Humanité courrait à sa perte.Scientifiquement prouvé, le dérè-glement rapide du climat a donné lieu à des rencontres coûteuses marquées par autant d’échecs des engagements internationaux an-térieurs (Protocole de Kyoto 1997, Copenhague 2009…). Ses consé-quences régulièrement dévasta-trices inquiètent particulièrement les Petits États et Territoires Insu-laires (PETI) du Pacifique.Parmi les plus pauvres de la planète, les PETI n’ont pas les moyens de lut-ter contre les effets du changement climatique. C’est pourquoi ils ont lancé cette année plusieurs appels solennels (Déclarations de Lifou, de Taputapuatea, ainsi qu’au 46e Som-met du Forum des Iles du Pacifique) afin que la communauté interna-tionale prenne conscience de leur vulnérabilité.La perte progressive de leurs terres met en danger leurs moyens de subsistance et leurs patrimoines culturels. Des migrations de popu-lation importantes sont à prévoir dans un avenir proche.

La Nouvelle-Calédonien’est pas épargnéeSécheresses plus sévères, incen-dies dramatiques, cyclones plus violents, inondations dévastatrices, maladies vectorielles amplifiées ou émergentes, montée des eaux

inexorable… La gestion de l’eau douce devien-dra une problématique complexe, source d’inégalités, notamment pour le monde agricole.Les rejets de CO2 (principal gaz à effet de serre) rendent les océans plus acides, ce qui contribue à la destruction des coraux et des or-ganismes aquatiques ayant une co-quille ou un squelette calcaire.Le changement climatique, ce sont aussi des risques sociaux et écono-miques accrus dont les populations les plus vulnérables, enfants, vieil-lards, handicapés et femmes, feront les frais…Dans ce contexte, comment accep-ter sans réagir que la Nouvelle-Ca-lédonie, avec bientôt trois usines au charbon, devienne l’un des plus grands pollueurs de la planète par habitant ? Comment accepter une économie du tout nickel fondé sur les énergies fossiles ? Comment supporter les retards considérables dans les réglementations visant à réduire les émissions de polluants ?

LA JOURNÉEDE LA CORDYLINE

Comme le rappelle fort à propos le Collectif Coordi-lines, les Iles du Paci-

fique seront parmi les premières à être touchées par le dérèglement clima-

tique – certaines le sont déjà ! Nous, simples citoyens, avons un rôle à jouer pour

montrer aux Chefs d’États que nous sommes mobilisés

afin de les inciter à agir.De nombreuses initiatives ont vu le jour autour de

la COP21, partout dans le monde. L’une d’entre elles, - le

groupement web AVAAZ - propose une nouvelle mobilisation grâce à la possibi-lité de relayer des photos par pays auprès des chefs d’état réunis à Paris.

Le symbole de la COP21 est une feuille verte avec un soleil. Le Collectif Coordi-lines a re-pris ce thème en le calédonisant avec une feuille de cordyline – un symbole fort dans le monde Kanak, à la fois lien entre les gens et protection de l’environnement.

Afin de renforcer cette symbolique, le Col-lectif avait organisé le 15 octobre dernier devant la Grande case du Sénat coutumier une cérémonie traditionnelle en présence du Président Gilberft TEIN mais aussi d’en-fants porteurs de plants de cordyline qui ont ensuite été placés dans les jardins.Le temps fort de cette grande journée du 29 novembre sera donc la prise de photos par hélico d’une représentation géante de la feuille de cordyline à l’aide de plaques de couleur verte et rose brandies sur la plage par les participants – à coup sûr très nom-breux !

Le 29 novembre prochain, on se bouge et on se mouille

pour sauver nos lagons !

Selon la CPS à qui nous devons cet article, les îles du Pacifique ne sont responsables que de 0,03 % des émissions de carbone mondiales. Mais en raison de leur situation géographique et topologique, elles sont frappées de plein fouet par les conséquences du réchauffe-ment global.

« Nous sommes les victimes vivantes des effets négatifs du changement climatique. Parce que nous sommes petits, nous devons parler d’une seule et unique voix », a déclaré Fonotoe Pierre Lauofo, vice-premier mi-nistre des Samoa.Dans cette déclaration qui constitue la contribution de la région à la COP21, les dirigeants océaniens demandent un en-gagement sincère, ambitieux, de long terme et contraignant sur un objectif de réchauffement limité à moins de 2 degrés.Ils demandent aussi que la conférence de

Paris leur permette un meilleur accès aux fonds internationaux et la mise à dispo-sition de crédits supplémentaires « pour soutenir les actions mises en place afin de faire face au changement du climat ».En contrepartie, les pays océaniens s’en-gagent à développer des systèmes d’ob-servation pour améliorer la surveillance et la gestion de ces impacts et à élaborer une plate-forme commune sur les connais-sances traditionnelles en lien avec la rési-lience aux aléas climatiques.

CYCLONES ET SUPER-TYPHONSCette déclaration a été faite alors que la ré-gion venait d’être frappée par deux puis-sants cyclones : Pam, phénomène de ca-tégorie 5, qui a dévasté le Vanuatu, puis le super-typhon Maysak qui s’est abattu sur les États fédérés de Micronésie.« On s’attend à ce qu’il y ait de plus en plus de cyclones de catégorie 5 dans la région », a indiqué David Sheppard, directeur gé-néral du programme régional océanien

pour l’Environnement. Nous savons dé-sormais qu’au-delà de la perte d’habitats et de la prolifération des maladies, les espèces fauniques et végétales ont maintenant com-mencé à souffrir des impacts du réchauffe-ment de la planète.Ours polaires, espèces marines, coraux, arbres… la liste ne cesse de s’allon-ger. Une étude parue le 30 avril 2015 dans la revue Science en donne un aper-çu tangiblement chiffré : indifféremment du type d’animaux ou de végétaux, 1 es-pèce sur 6 risque l’extinction dans la tra-jectoire climatique actuelle. L’Amérique du Sud remporte la palme avec 23 % de ses espèces menacées. L’Australie et la Nouvelle-Zélande sont classées bonnes secondes avec toutes deux un risque éva-lué à 14 %.Au terme de l’analyse, il apparaît que les changements climatiques ne peuvent plus être dissociés des problématiques de santé et d’habitat puisqu’ils en sont sou-vent des catalyseurs décisifs.

« SE MOUILLER POUR LE CLIMAT »C’est le leitmotiv choisi par le CCC qui vous donne ren-dez-vous de 9h à 11h aux farés de l’Anse-Vata - soit avec 10 h d’avance (décalage horaire oblige) sur l’ouverture of-ficielle du COP 21 à Paris. « Venez avec bouées, valises et baluchons pour le voyage » précise le CCC qui propose sur place expositions et animations gratuites… jusqu’au PLONGEON FINAL !Un manifeste sera par ailleurs remis aux instances déci-sionnelles de Calédonie, dont nous reproduisons ci-après l’essentiel, y compris les 11 propositions. Avec pour objec-tif la limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C d’ici à 2100 !

« Nous exhortons les Pouvoirs publics de notre pays à s’en-gager immédiatement dans une transition énergétique responsable en mettant en œuvre les propositions sui-vantes :1. Inclure la Nouvelle-Calédonie dans l’Accord de Paris ;2. Faire de la protection de la Nature notre meilleure alliée

contre le changement climatique ;3. Transférer immédiatement les exonérations à l’impor-

tation et les aides à l’utilisation des énergies fossiles au profit des énergies renouvelables ;

4. Instaurer une fiscalité écologique incitative ;5. Inscrire dans le Schéma énergie-climat l’objectif de

100 % d’électricité renouvelable pour la distribution pu-blique d’ici 2030 et 100 % d’énergie renouvelable pour les métallurgistes d’ici 2050 ;

6. Développer et soutenir les pratiques agricoles durables et respectueuses de la Vie ;

7. Lancer un Plan d’Action Feux Nouvelle-Calédonie afin de réduire drastiquement le nombre d’incendies, gros émetteurs de CO2, ainsi que les surfaces impactées an-nuellement ;

8. Lutter résolument pour la préservation de nos forêts puits de carbone, en maîtrisant les populations de cerfs ;

9. Développer massivement les transports collectifs non polluants et les infrastructures indispensables aux mo-des doux ;

10. Privilégier l’économie circulaire à travers notamment, le soutien aux structures locales et aux circuits courts ;

11. Adopter une politique efficace en matière de gestion des déchets, privilégiant la réduction à la source et la responsabilisation de tous ».

Les principaux objectifs :•  Sensibiliser la population à l’urgence

climatique ;• Mettre en valeur les initiatives locales,

qu’elles viennent d’associations, de particuliers, d’entreprises ou d’institu-tions ;

•  La préservation du climat doit passer par le plaisir d’être ensemble, por-té par des messages positifs (pas de marches militantes ni de messages an-xiogènes) ;

•  Rencontres avec le public, échanges, démonstrations, présentations, ponc-tués d’animations artistiques gratuites et familiales tout au long de la jour-née : musique, danse, théâtre de rue, cirque, échasses, sculptures et perfor-mances artistiques en tous genres, sur le même thème…

Les hasards du calendrier veulent qu’à la même date et au même endroit se déroule la finale du championnat du monde de kite surf. Les membres du Comité sont volontaires pour s’associer, d’une manière ou d’une autre, à l’événe-ment.Précisons que les deux Collectifs parti-ciperont également le 26 novembre au Jeudi de l’Environnement sur la Place des Cocotiers : stands de présentation tenus par les associations, les institu-tions et les entreprises, tous engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique.

La sécheresse nous menace tous !

LES PREMIÈRES VICTIMES DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

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Q : Qu’avez-vous retenu de votre prédé-cesseur ?R : Jean Kays est un grand professionnel au plan des structures administratives dont il connaît tous les rouages. Il a participé du-rant 4 ans à l’élaboration de la charte kanak et l’a « portée » courageusement sur l’en-semble du Territoire durant son mandat. Mais nous n’en sommes encore qu’aux bal-butiements. La Charte a aujourd’hui une valeur juridique, c’est la chair de l’identité kanak…Q : Vous avez engagé le Sénat coutumier à soutenir l’action du Collectif « Coor-di-line » le 29 novembre à l’Anse-Vata, en marge de la Cop 21 à Paris. Pour quelles raisons ?R : Les mêmes que celles qui ont permis à l’association « Corail Vivant » d’obtenir, voici 7 ans, l’inscription des lagons calédo-niens au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Les multiples impacts du changement cli-matique sont maintenant reconnus par la communauté internationale… Sauf que c’est nous, les peuples du Pacifique, qui sommes en première ligne pour en suppor-ter les conséquences. Mais qui doit prendre les bonnes décisions, sinon les grandes puissances qui nous empoisonnent ? A

nous le statut de réfugiés climatiques quand nos terres seront submergées … POUR AL-LER OU ?Q : Que pensez-vous du conflit des rou-leurs et des mineurs…R : Selon moi, la ressource doit toujours être protégée. C’est le respect de cette règle qui nous a permis de survivre depuis des siècles. Tout est question de partage, comme le rap-pelait Jean-Marie Tjibaou : se contenter de la part qui nous est dûe en pensant aux généra-tions futures.Q : Quelle politique entendez-vous suivre ?R : On ne fait pas de politique au Sénat cou-tumier ! Notre parole n’est ni indépendan-tiste ni loyaliste, elle est libre, coutumière, adaptée à chaque sujet.Q : Et la place des jeunes dans tout ça ?R : Les aînés parlent souvent des jeunes comme s’il s’agissait de bêtes curieuses, parce qu’il ne les com-prennent pas ! Tout est affaire de formation et de culture, chacun doit puiser dans ses propres racines pour y trouver « sa solution ». Bien sûr, il y a les jeunes en perte de repère, les SDF, les délinquants, le Camp Est… Le maître-mot est « accompagnement » dans une responsabilité partagée.J’ai quelques idées là-dessus pour des opérations-pi-lotes en faveur des jeunes délinquants. Avec pour projet, l’an prochain en mars-avril, de fêter avec eux l’igname nouvelle, élément central de la culture kanak.Voyez-vous, il est nécessaire – et même vital – pour moi de veiller chaque jour à conserver et à faire vivre nos traditions.

Propos recueillis par Bernard Villechalane

Le Sénat coutumier de Nou-velle-Calédonie vient d’élire pour un an son nouveau Pré-sident en la personne de Gil-bert TEIN. Comme le hasard fait bien les choses, il se trouve que nous nous étions rencon-trés voici plus de 20 ans pour la revue « Vivre à Hienghène » au Centre culturel devenu Centre provincial, dont il avait été nommé Directeur en 1992. Il y restera de longues années avant d’être nommé à Koné, voici cinq ans, à la direction de la Culture de la Province Nord. Celui que l’on considère à juste titre comme « le papa emblé-matique du kaneka » nous a donc accordé cette interview, avec sa simplicité et sa gentil-lesse… coutumières !

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VIE

WNOUVEAU PRÉSIDENT DU SÉNAT COUTUMIER

Gilbert TEIN, le gardien de la tradition

Le jeudi 15 octobre à 15 heures devant la grande case du Sénat coutumier, les responsables du Collectif Coordi-line avaient convié les associations environnementales à participer à une cérémonie coutumière pour l’annonce officielle de l’opération de mobilisation du 29 novembre à l’Anse-Vata. Le Président TEIN et une délégation du Sénat coutumier étaient présents et des pieds de cordilyne ont été plantés dans les jardins.

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Cet événement, qui s’était tenu pour la pre-mière fois en 2013 et reconduit cette année, du 2 au 5 juillet, est incontournable pour les Comités de gestion qu’il fédère autour d’espaces de discussions et de recherche de solutions communes.Le Comité du Patrimoine mondial de l’UNESCO a reconnu en juillet 2008 la Valeur Universelle Exceptionnelle des écosystèmes marins de Nouvelle-Calédonie en inscrivant sur la liste du Patrimoine Mondial : « Les la-gons de Nouvelle-Calédonie : diversité ré-cifale et écosystèmes associés ».Depuis cette date, les trois Provinces et le Gouvernement calédonien travaillent pour porter et consolider la gestion participative en renforçant l’adhésion des communautés locales déjà très impliquées…

13 comités de gestionDans chaque Comité de gestion sont réunis les différents acteurs locaux et usagers du lagon : coutumiers, pêcheurs, plaisanciers, opérateurs touristiques, associations, ONG, société civile, institutions etc. Ensemble, et avec l’accompa-gnement des collectivités, les membres des comités réflé-chissent et élaborent conjoin-tement les plans de gestion et mettent en œuvre des actions concertées.Ainsi, il existe aujourd’hui 13 co-mités de gestion répartis sur les 6 sites du Bien inscrit. Les membres de ces comités sont majoritaire-ment des bénévoles s’investissant pour préserver la richesse et la va-leur universelle des lagons calédo-niens, avec l’appui des collectivités et de divers partenaires (associations environnementales, ONG, Instituts de recherche)…

Organisé tous les deux ans, ce forum a pour objectif de créer du lien, de renforcer la cohésion entre des Comités de gestion éloignés géographiquement mais ayant les mêmes engagements et une mission unique : Protéger les lagons calédoniens pour l’Humanité.

Le Conservatoire d’Espaces Naturels de Nouvelle-Calédonie (CEN) en charge de la coordination de la gestion du Bien inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et le groupement de droit particulier local pour la gestion des Atolls d’Ouvéa et Beau-temps Beaupré « Bomene Tapu », ont organisé de concert à la tribu de Gossanah (Ouvéa) le 2e Forum des Comités de Gestion du Patrimoine Mondial de Nouvelle-Calédonie.

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Des richesses sous-marines

au VanuatuLe Projet CPS-UE Ressources minérales des grands fonds marins

prête assistance à Vanuatu depuis sa mise en place, en 2011. Les études déjà réalisées dans ces eaux ont révélé la présence, à

l’intérieur de la zone économique exclusive (ZEE), de gisements sous-marins de sulfures massifs qui pourraient contenir des quantités

importantes de cuivre, d’or, de zinc, d’argent et d’autres minéraux commercialement exploitables. Ces gisements pourraient améliorer

grandement les perspectives de développement économique de Vanuatu, à condition que leur exploitation soit réalisée correctement, en veillant à assurer une bonne gestion juridique et financière des projets ainsi que leur viabilité environnementale. L’équipe du Projet insiste sur l’importance de la consultation et encourage les autorités publiques à solliciter l’avis des parties prenantes avant de prendre des décisions qui pourraient avoir une incidence sur les ressources naturelles et l’environnement. Il apporte son appui technique et financier aux autorités de Vanuatu pour la conduite de cet important exercice de consultation, et il poursuivra sa collaboration avec le comité national multipartite sur l’exploitation des ressources minérales des grands fonds marins, dont fait partie l’Association des organisations non gouvernementales de Vanuatu (VANGO), à mesure que ce travail se poursuivra.

Précisons que le Projet CPS-UE a pour but d’aider 15 pays insulaires océaniens à améliorer la gestion et la gouvernance de leurs

ressources minérales profondes, notamment en élaborant des politiques et des lois nationales à cet effet.

Au second forumdes comités de gestionUNESCO

L’inscription au Patrimoine de l’UNESCO

un label d’excellenceDepuis le 8 juillet 2008, une partie des lagons, récifs et mangroves de Nouvelle-Calédonie est ins-crite sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO à l’initiative de l’association CORAIL VIVANT.

Changement climatiqueLa gestion de ces écosystèmes et la réa-lisation d’actions de conservation et de protection permet de lutter contre les effets liés au changement climatique, en maintenant des écosystèmes de qualité capable de fournir durablement des ser-vices écosystémiques aux populations.

Un processus participatifEn Nouvelle-Calédonie ont été mis en place des processus de gestion partici-pative afin d’inspirer une nouvelle vision de la gestion des ressources et de la faire partager. Il s’agit aussi de permettre aux autres d’agir, en renforçant la collabora-tion et la confiance. Les personnes qui ont pris part à ce processus sont :

❱ Les acteurs locaux et associations, riverains de la zone classée, qui s’impliquent dans les plans de gestion.

❱ Les collectivités (État, Nouvelle-Calédonie, provinces) compétentes en matière d’envi-ronnement, qui coordonnent la gestion et la conservation de ses sites inscrits au Patri-moine Mondial de l’Unesco.

❱ Les personnels provinciaux.

Les objectifs de cette approche❱ d’allier la préservation des sites avec le dé-

veloppement local qu’il soit touristique ou agricole,

❱ de prévenir et anticiper les risques pour ga-rantir la préservation du site,

❱ de développer la conscience de bonnes pra-tiques et modifier les comportements,

❱ d’associer les populations dans la gestion pour la préservation du bien à long terme,

❱ de faire en sorte que les socioprofessionnels, les collectivités et les populations locales collaborent à un projet collectif fédérateur.

Les étapes de l’élaborationLes menaces réelles ou potentielles dé-crites, d’une part par le groupe de projet provincial, et, d’autre part, par les membres du comité de gestion ont permis de déga-ger des thématiques et enjeux prioritaires qui répondent ainsi fidèlement aux at-tentes des acteurs.L’approche séparée des problèmes par les techniciens provinciaux et par les acteurs locaux a été ensuite confrontée et analysée lors de réunions de travail communes.

Le plan de gestionDe ces réunions de consultations, et sur la base des arbres à problèmes consolidés par l’ensemble des acteurs, des grands objectifs répondant aux exigences de garantie de la pérennité du bien fixé par l’Unesco ont pu être dégagés. Ces objectifs s’inscrivent dans la démarche globale validée et mise en œuvre par les autres collectivités pour garantir l’intégrité du bien dans chacun des 6 sites.

Il s’agit respectivement de :1 L’amélioration des connaissances pour la

protection, le suivi et l’évaluation du patri-moine environnemental.

2 La maîtrise des causes de pollutions dans la zone tampon, pouvant impacter le bien.

3 La préservation des paysages du littoral et des îlots.

4 La préservation et la protection de la biodi-versité : espèces emblématiques et écosys-tèmes (hors actions liées à la sensibilisation et à la réglementation).

5 La promotion et le développement de com-portements responsables.

6 La mise en œuvre d’une réglementation adaptée.

7 La valorisation et la promotion du bien au niveau local et international.

Une reconnaissanceinternationaleCette inscription d’une partie des lagons, récifs et mangroves de Nouvelle-Calédonie sur la liste du patrimoine mondial géré par l’UNESCO représente un label d’excellence. Il s’agit d’une reconnaissance au niveau international, de la valeur universelle ex-ceptionnelle de ce bien, tant au niveau de sa beauté, de son état de préservation que de sa diversité en termes de paysages sous-marins et de sa richesse en espèces marines.

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7e anniversaire a l’UNESCOLes Comités de gestion ont été créés à l’ini-tiative des collectivités provinciales et du Gouvernement au moment de la constitu-tion du dossier d’inscription. Dès 2007, le Centre du Patrimoine mondial de l’UNES-CO réclamait l’implication des populations locales dans la gestion du Bien proposé à l’inscription.

C’est dans ce contexte qu’a émergé le concept de « gestion participative » et que sont nés les 13 Comités de gestion dont les principaux responsables étaient représentés à ce Forum, de même que deux agents du Parc marin de la grande barrière de corail australienne, lesquels œuvrent avec les Aborigènes sur la gestion des ressources marines. Sans oublier les scientifiques, les administra-tifs, les associations de tout poil plus ou moins concernées… et les autres, car le

transport par avion, le gîte et le couvert pour 3 jours faisaient partie du deal du

CEN. Soit environ 120 personnes… Merci le Fonds européen !

L’organisation du premier Forum avait été conçue comme la phase initiale d’une mé-thode de travail partagée entre les Comités de gestion, chacun dressant son propre état des lieux. Cette seconde édition était principalement axée sur des ateliers thé-matiques et pratiques où chaque Comité devait apporter sa contribution sur des thèmes de réflexion : aménagements lit-toraux, usage des lieux et des ressources, espèces envahissantes, suivis, surveillance et contrôle participatifs, eau et assainisse-ment, fréquentation touristique, gestion des déchets.

Un totem « témoin »des espèces envahissantesIl a, bien entendu, été question de l’inquié-tante érosion littorale à Ouvéa, de la pollu-tion des mers toujours plus préoccupante, de la réduction des déchets et des points d’apport volontaire, de la limitation des engrais et du refus des pesticides, du bon usage du compostage, de la sauvegarde des perruches d’Ouvéa et des dugongs, de la reconnaissance du rôle important joué par les propriétaires terriens coutumiers au sein des Comités de gestion…Lors de la restitution de l’atelier « Espèces exotiques envahissantes (EEE) », une ac-tion particulièrement fédératrice a été proposée. Ce projet consiste à transmettre un totem sculpté tenant lieu de relais sym-bolique, d’un Comité de gestion à l’autre. Ce passage de témoin serait associé à la mise en place d’une action de lutte contre

les EEE, (laissée au choix de chaque Comi-té) et à une danse théâtrale permettant de sensibiliser le public. En fin de course, ce symbole sera remis au Sénat Coutumier qui le relaiera au sein des différentes aires coutumières. On retiendra également le projet de création d’un corps de garde-na-ture territorial indépendant et d’un corps de garde-champêtre…

Un bilan contrastéÀ l’heure des bilans, une très large majorité de participants a apprécié la mise en place des ateliers de réflexion et des ateliers pra-tiques. 91 % d’entre eux ont jugé très utile la mutualisation des échanges… mais 52 % ont estimé que ce Forum avait partielle-ment répondu à leurs préoccupations…Bien que la durée de cette deuxième édi-tion ait été notablement allongée par

rapport à la première, 54,5 % l’ont trou-vée encore trop courte et beaucoup ont fait état d’un programme trop chargé et

du manque de temps passé dans chaque atelier. Gageons que le CEN fera mieux en 2017 !

Le 2e Forum des Comités de gestion de Nouvelle-Calédonie s’est déroulé les 3 et 4 juillet à Ou-véa, tribu de Gossanah, sous l’égide du CEN (Conservatoire d’Espaces Naturels), en partenariat avec le GDPL Bomene Tapu et avec l’appui financier de l’Union Européenne.Une excellente opportunité de réunir en un même lieu les 13 Comités de gestion que compte le Territoire pour faire le bilan des actions décidées lors du premier Forum de Ouano (La Foa) en juillet 2013.

Rencontres et partages à la tribu de Gossanah

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Un enjeu mondial pour la santéchangeons d’air !La pollution de l’air est la première cause de mortalité environnementale avec, à l’échelle mondiale, près de 3,7 millions de décès anticipés chaque année. C’est également la première préoccupation environnementale des habitants des grandes villes, soit plus de 50 % de l’Humanité. À l’échelle nationale, des millions de Français vivent dans des zones impactées par des dépassements de normes. La France est, à ce titre, visée par un contentieux européen pour non-respect des valeurs limites relatives aux particules fines (PM10) et au dioxyde d’azote (NO2). Mais elle n’est pas la seule en Europe à faire l’objet de telles procédures…

Il existe d’importantes disparités en termes d’exposition de la population. La pollution de l’air est plus forte près des grands axes routiers et dans des secteurs particulière-ment exposés, notamment à des facteurs industriels. Or les logements situés dans ces zones sont principalement des logements moins coûteux. Ce qui signifie que les iné-galités environnementales viennent aussi renforcer les inégalités sociales.

La pollution du climat (gaz à effet de serre), est étroitement liée aux déplace-ments motorisés et aux secteurs industriel et agricole, associés à une consommation importante d’énergie modifiant les équi-libres existants. Ainsi les canicules intensi-fient le risque d’apparition d’ozone, irritant respiratoire et oculaire. De même les trans-formations sur la biodiversité favorisent l’extension d’espèces invasives.

Au sommet mondial de LyonEn participant au Sommet mondial Climat et Territoires qui s’est tenu à Lyon début juillet, ATMO France défend de longue date une approche transversale air/climat/éner-gie intégrant le volet sanitaire dans l’élabo-ration des outils législatifs mis en œuvre à l’échelle territoriale. Elle confirme les liens étroits entre ces différentes sources de pol-lution dans l’air :❱ Urbanisme : Si la densification en cours

des villes limite les besoins en dépla-cement et en consommation d’énergie dans les bâtiments, elle peut générer des

zones soumises à des niveaux importants de pollution. Cette densification doit s’ac-compagner d’une attention pour les po-pulations, en particulier les plus fragiles, à travers des prescriptions dans les outils de planification.

❱ Dans les bâtiments : l’isolation des bâ-timents permet de limiter très fortement les consommations énergétiques, une attention particulière doit être portée sur la qualité de l’air intérieur dans ces bâti-ments.

❱ Mobilité : Les véhicules diesels émettent moins de CO2/km mais sont plus forte-ment émetteurs de particules et d’oxydes d’azote, (surtout les plus anciens) que les véhicules à essence. D’où la nécessité, en Nouvelle-Calédonie, d’encourager par tout moyen fiscal l’importation et la vente de véhicules hybrides et électriques.

❱ Énergie : La combustion de bois et la bio-masse sont des modes d’énergie renou-velable préconisés dans la lutte contre le changement climatique car ils permettent de diminuer les émissions de CO2 tout en évitant de recourir aux énergies fossiles. Mais, ces combustions s’accompagnent de rejets de polluants de l’air plus ou moins importants selon les installations de chauffage. • De manière générale les polluants ayant à la fois un effet sur la san-té et sur les gaz à effet de serre doivent être visés en priorité dans les efforts économiques. En pratique, les politiques d’aménagement du territoire, d’urba-nisme, de déplacements, etc. doivent te-nir compte de façon conjointe des enjeux liés à l’air, au climat et à l’énergie.

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L’air de rien, çà coûte… 100 milliards par an !

20 à 30 milliards d’euros de coûts sanitaires causés chaque année par la pollution de l’air en France : voilà les chiffres dont disposait le public jusqu’à aujourd’hui. Ce mercredi 15 juillet 2015, le Sénat a publié une enquête qui bouleverse les ordres de grandeur et conclut à une facture de plus de 100 milliards d’euros par an à cause de l’air pollué. Pour France nature environnement (FNE), la Fondation Nicolas Hulot et le Réseau Action Climat, si le constat ne change pas, l’urgence reste d’actualité et commande de mieux réguler.L’enquête du Sénat compile de nombreuses études déjà publiées sur la pollution de l’air. Elle inclut les impacts de la pollution de l’air non seulement sur la santé humaine (dé-cès prématurés, consultations médicales, dépenses en médicaments, arrêts maladie, pertes de productivité au travail…) mais également sur la biodiversité, les rende-ments agricoles et les bâtiments.Le coût de la pollution de l’air est supporté directement par tous les Français. Prise en charge des bronchites chroniques, crises d’asthme, insuffisances respiratoires, can-cers et autres maladies causées chaque jour par la pollution impactent donc directe-ment la santé financière des ménages.L’enquête met en valeur des recommanda-tions qui devraient être impératives pour le gouvernement : aligner la fiscalité du ga-zole sur celle de l’essence pour mettre fin au tout-diesel, sortir par le haut du fiasco de l’écotaxe, favoriser la recherche, lutter contre l’impact sur l’air de l’usage des pesticides, se donner les moyens d’une réglementation contraignante sur la qualité de l’air, etc.Pour Lorelei Limousin, responsable des transports au réseau Action Climat « Les re-commandations de la commission d’enquête sénatoriale sont sans appel : il faut faire évo-luer la fiscalité pour passer d’un système qui encourage l’utilisation d’énergies fossiles à l’application du principe pollueur-payeur ».

Le Secrétariat général de la Communauté du Pacifique (CPS) a contribué à un article scientifique, publié par l’initiative Océans 2015 et paru dans l’éminente revue Science, à la veille de la conférence scientifique organisée début juillet à Paris sur le thème « Notre avenir com-mun face au changement climatique ». L’article évalue et compare les risques d’impact sur les écosystèmes ma-rins et côtiers, ainsi que sur les services associés, au re-gard de deux scénarios d’émissions de dioxyde de carbone (CO2) envisagés pour le XXIe siècle.

« Il existe de nombreuses manières d’aider les communautés côtières à faire face aux impacts du réchauffement et de l’acidifi-cation des océans. Toutefois, la plupart des solutions disponibles se révèlent moins efficaces, moins fiables et plus coû-teuses dès lors que l’on franchit le seuil des deux degrés Celsius », constate Raphaël Billé, responsable du Projet RESCCUE à la CPS, qui a coordonné les travaux de recherche sur les solutions de gestion.Le taux de CO2 dans l’atmosphère a augmenté de plus de 40 % au cours de l’ère industrielle, engendrant une série de changements environnementaux majeurs.Les océans tempèrent le réchauffe-ment atmosphérique d’origine hu-maine au prix d’altérations profondes

de leurs caractéristiques physiques, chimiques et écologiques, ainsi que des services écosystémiques qu’ils fournissent.Ils ont absorbé 93 % de l’excédent de chaleur généré depuis les années 1970 et aident ainsi à limiter le réchauffe-ment de l’atmosphère, mais voient leur température s’élever par contrecoup ;Ils ont piégé 28 % des émissions an-thropiques de CO2 depuis 1750, mais pâtissent de ce fait d’un phénomène d’acidification ;Ils ont recueilli pratiquement l’inté-gralité des eaux issues de la fonte des glaces, ce qui se traduit par une accen-tuation du phénomène d’élévation du niveau de la mer.

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ueChangement climatique

Le futur incertain

Changer d’ère - Novembre 2015 15

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16 Changer d’ère - Novembre 2015 Changer d’ère - Novembre 2015 17

Des changements significatifsLes effets des émissions anthropiques de CO2 sur les principaux organismes, écosystèmes et services marins et côtiers se font d’ores et déjà sentir, sous toutes les latitudes (voir encadré).La région Pacifique connaît déjà des change-ments significatifs en matière de conditions météorologiques, d’intensité et de fréquence des tempêtes, d’érosion du littoral, d’augmen-tation des taux de salinité dans les atolls, et d’amplitude accrue des grandes marées.Dans le futur, l’article fait état des impacts que risquent fort de subir certains organismes, même en cas de scénario favorable – c’est-à-dire conforme à l’objectif fixé dans l’Accord de Copenhague d’une limitation de la hausse de la température atmosphérique mondiale en deçà du seuil des 2° d’ici 2100.

Vulnérables coraux…Parmi les organismes les plus vulnérables fi-gurent les coraux d’eaux chaudes, dont les populations insulaires océaniennes sont lar-gement tributaires pour leur subsistance. Pour autant, si l’on s’en tient à ce même scénario, les risques d’impact resteront modérés tout au long du XXIe siècle pour la plupart des autres organismes.En revanche, dans les scénarios d’émissions plus élevées tel que cela se profile actuelle-ment, la situation serait appelée à se détériorer considérablement : la quasi-totalité des orga-nismes couverts par l’initiative Océans 2015 (à l’exception des mangroves) ainsi que l’en-semble des services écosystémiques (notam-ment la protection du littoral et la pêche de capture) seraient alors exposés à des risques d’impact très élevés d’ici 2100.« Compte tenu de l’ampleur des changements prévus, aucun pays n’est à l’abri, ce qui confère aux enjeux climatiques une dimension plané-taire et transcende le traditionnel clivage Nord-Sud », écrit Alexandre Magnan, chercheur à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) et co-auteur de l’article.

Les différentes optionsL’étude réalisée se penche également sur les différentes options de gestion auxquelles peuvent recourir les sociétés confrontées au

réchauffement et à l’acidification des océans. Elle souligne les développements prometteurs récents, tant théoriques que pratiques, visant à :❱ atténuer les changements ;❱ protéger les écosystèmes côtiers et marins

de manière à accroître leur résilience ;❱ favoriser l’adaptation des sociétés ;❱ réparer les dommages causés aux milieux cô-

tiers et marins, une fois le mal fait.

L’expérience de la région Pacifique dans ces différents domaines a été précieuse. Il en res-sort notamment qu’une gestion efficace de l’environnement et des mesures d’adaptation fondées sur les écosystèmes, permettent de réduire la vulnérabilité des pays insulaires face aux impacts du changement climatique.Le milieu naturel fait office de mécanisme d’adaptation. Partant, toute mesure visant à améliorer et à renforcer sa gestion contribuera à diminuer notre vulnérabilité face aux risques liés au changement climatique.

Sonnette d’alarmeL’article paru dans la revue Science tire néan-moins la sonnette d’alarme. Aussi encoura-geantes que puissent être les expériences en cours, la palette des solutions disponibles, de même que la confiance qu’elles suscitent au sein de la communauté des experts, se ré-duisent comme peau de chagrin à mesure que les océans se réchauffent et s’acidifient.Les futurs contrastés qui se dessinent pour les océans viennent donc s’ajouter à la liste des arguments irréfutables qui plaident pour des mesures rapides, rigoureuses et ambitieuses en matière de réduction des émissions de CO2.Au vu de leur vulnérabilité particulière, il est impératif que les pays océaniens continuent de réclamer des mesures immédiates en ce sens.Les auteurs concluent que tout nouvel accord mondial sur les changements climatiques qui ne permettrait pas de réduire au minimum les impacts subis par les océans serait incomplet et inadapté. Les négociations devraient égale-ment déboucher sur la garantie d’un soutien financier et technique accru des pays indus-trialisés en faveur des petits États insulaires en développement.

L’initiative

océans 2015

L’initiative Océans 2015 a pour

mission de fournir aux négocia-

teurs et aux parties prenantes

de la 21° Conférence des Par-

ties à la Convention-cadre des

Nations Unies sur les change-

ments climatiques (COP21)

des informations clés sur le

devenir des océans tel qu’il se

dessinera à l’issue des négo-

ciations internationales. Pi-

lotée par l’UMPC-CNRS et

l’IDDRI, cette initiative bénéfi-

cie du soutien de la Fondation

Prince Albert II de Monaco, du

Centre de coordination inter-

nationale sur l’acidification des

océans de l’Agence internatio-

nale de l’énergie atomique, de

la Fondation BNP Paribas, et de

l’Association monégasque sur

l’acidification des océans.

Le projet RESCCUE (Restau-

ration des services écosysté-

miques et adaptation au chan-

gement climatique), mené avec

le concours de l’Agence fran-

çaise de développement (AFD)

et du Fonds français pour l’en-

vironnement mondial (FFEM),

est mis en œuvre par la CPS.

http://www.spc.int/resccue/

Un redoutable fléau socialDepuis une bonne dizaine d’années, l’insécurité routière en Nouvelle-Calédonie est devenue un véritable fléau social qui continue de prélever, année après année, une moyenne de plus de 60 morts et de 300 blessés hospitalisés, pour un coût estimé entre 12 et 17 milliards CFP. Ces résultats catastrophiques pour une si petite population font du Territoire le plus mauvais élève de l’ensemble des DOM-TOM avec un taux annuel moyen de mortalité routière proche de 4 fois celui de la Métropole 1.

Une calamité sociale aux multiples causesÀ la différence des grandes nations, la Nouvelle-Calédonie ne s’est approprié réellement l’automobile comme moyen de transport de masse que depuis les années 1970-1980. Qui ne se rappelle l’époque - pas si lointaine - où l’on se retrouvait pratiquement seul sur la route passés Saint-Louis ou le pont de La Tontouta ?

Devenue bien vite la composante incon-tournable de la société de consommation, l’automobile s’est imposée sur le marché trop rapidement pour qu’en soient mesurés les effets pervers. Par suite, au rythme des évolutions législatives durant ces trente dernières années, la sécurité des transports routiers n’a jamais vraiment constitué une priorité de nos élus et des institutions…Ainsi les conducteurs calédoniens - bien qu’ils l’ignorent - évoluent dans un envi-ronnement beaucoup moins sécurisé que dans la plupart des grands pays qui nous entourent.

Un marché automobile « hors contrôle »Tout commence par l’anarchie absolue qui règne sur notre marché automobile : libre importation de véhicules « king size » dont le gabarit est inadapté aux carrefours à angle droit de nos cités comme à un grand nombre de routes, notamment commu-nales, publicités agressives incitant à la puissance guerrière ou au dépassement des limites… tout concours à transformer les véhicules en instrument de compétition et la route en champ de bataille.Mais le pire est encore l’absence de contrôle technique périodique obligatoire qui conduit au sous-entretien chronique d’un grand nombre de véhicules ainsi qu’à la transformation sans contrôle de véhi-cules « trafiqués » dont les caractéristiques d’adhérence et de sécurité ne sont plus du tout celles élaborées par les constructeurs !Tragique exemple de ce laisser-aller : chaque épisode particulièrement pluvieux s’accompagne de son lot de sorties de route ou de chocs frontaux meurtriers. En cause, le plus souvent, l’alcool au volant et/ou une vitesse excessive ou inadaptée à l’état de la chaussée, dont les conséquences sont

amplifiées par la perte d’adhérence des pneumatiques qui ne sont pratiquement jamais contrôlés. Savez-vous qu’on importe légalement sur le Territoire des pneus d’oc-casion… déjà usagés ?En fait un contrôle technique périodique obligatoire de tous les véhicules devrait être instauré rapidement - comme il le fut jadis. Si le projet de délibération déposé sur le bureau du Congrès depuis plusieurs années avait été voté, combien de vies perdues ou gâchées auraient déjà pu être épargnées ?

Une réglementationtrop hésitante et disperséeLe Code calédonien de la route - que beau-coup croient simplement « adapté » au Code métropolitain - n’est en fait qu’un recueil de textes qui n’a ni sa clarté ni sa cohérence. Principale différence : le permis à points qui n’a pas été institué chez nous.Mais c’est surtout en raison du statut par-ticulier de la Nouvelle-Calédonie (col-lectivité territoriale « sui generis » de la République) que le Code calédonien se compose tantôt d’articles législatifs prove-nant du code métropolitain et rendus ap-plicables, tantôt d’articles réglementaires issus de délibérations du Congrès. Cette complexité juridique provoque au mini-mum des délais dans la transposition à la Nouvelle-Calédonie des mesures nouvelles votées en Métropole, qui ont réussi, elles, à réduire de moitié en 10 ans le nombre de morts sur les routes.

Elle laisse enfin subsister certaines « zones judiciaires floues » dans lesquelles s’en-gouffrent, bien entendu, les délinquants

routiers et leurs avocats !Pas moyen non plus de compenser ces faiblesses par les effectifs et les moyens de contrôle routier qui sont loin d’être à la hauteur de ceux de la Métropole, rapportés à notre popu-lation. Dès lors, comment faire aussi bien que l’hexagone national quand

la délinquance est beaucoup plus grave et les moyens beaucoup moins

importants ?

Une publicité massivesur l’alcoolImpossible de passer sous silence ce qui est devenu un cauchemar pour beaucoup de familles calédoniennes : la surconsom-mation chronique de boissons alcoolisées, parfois aggravée par celle de stupéfiants.En Nouvelle-Calédonie, Les alcools forts re-présentent 25 % et la bière 42 % 2 ; quant à l’ivresse au volant, elle est constatée dans 59 % des accidents mortels 3.Violence et délinquance routière côtoient violence et délinquance domestique liée à cette surconsommation largement entre-tenue par les volumes publicitaires – mas-sifs et quasiment indécents – consacrés à l’alcool dans les publications, gratuites ou non. Nous voudrions savoir pourquoi l’interdiction absolue des publicités sur le tabac, observée depuis des années sur le Territoire, ne s’appliquerait pas sur l’al-cool ? Pourtant le coût social de l’alcool est considérable : 13 milliards CFP pour les ac-cidents sur la voie publique, chiffré par la DASS pour 2011 4.À croire que l’on est face à des lobbies très puissants et que le courage n’est pas la ver-tu cardinale de nos élus… À moins qu’ils ne soient complices !

François LEVACHERPrésident de la commission

« Insécurité routière »à UFC Que Choisir NC.

(1) 23,9 décès pour 10 000 habitants, contre 6,4 en Métropole, moyenne de 2008 à 2012(2) estimation DASS, mémento 2012

(3) estimation 2013,mais pratiquement constante depuis

(4) rapport DASS 2011-2014

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Dans un délai de 3 ans à compter de cet « acte de naissance » un plan de gestion va être élaboré par un comité ad hoc. Avec de nombreux impératifs : située au cœur du Pacifique, la Nouvelle-Calédonie n’est pas isolée des grandes évolutions du monde. L’accroissement du transport maritime, des pollutions de toutes sortes, de l’urba-nisation galopante et leurs conséquences sur le changement climatique, les rejets de matières plastiques et des décharges sau-vages, deviennent des enjeux de plus en plus importants. D’où la nécessité de définir des orientations dont les principales sont :❱ mettre l’Homme au cœur du projet de Parc,

❱ créer les conditions d’un développement durable,

❱ permettre à la Nouvelle-Calédonie de deve-nir un moteur de la dynamique régionale de sauvegarde et de protection des espèces.

des récifs, du plancton à la grande faune migratrice, tout un peuple de la mer, aux formes et aux interactions innombrables, s’est développé.

Promouvoirune « économie bleue »C’est ainsi qu’est née l’idée de créer ce Parc naturel de la mer de Corail. Protéger, valo-riser, connaître et faire connaître la vie, les ressources de ces environnements excep-tionnels, réunir les conditions d’une écono-mie bleue et participer à la dynamique in-ternationale de protection des océans : tels sont les grands objectifs au service de ce nouvel outil de gestion de l’environnement, sorte de parlement de la mer où les acteurs concernés pourront échanger et construire un projet de développement durable à la hauteur des richesses naturelles que recèle cet espace maritime privilégié formé de monts sous-marins, de pentes insulaires et de canyons, de plaines immenses coupées de fosses abyssales, de sources hydrother-males actives…D’où l’existence d’écosystèmes profonds remarquables au niveau mondial pour leur grande diversité biologique (coraux froids, poissons, crustacés, mollusques).Trois catégories de récifs coralliens sont présents : des récifs d’îles océaniques, des atolls et des bancs. Soit une dizaine de sites répartis dans cet ensemble et qui repré-sentent 41 % de la superficie des milieux coralliens de Nouvelle-Calédonie.On y trouve 25 espèces de mammifères marins, 48 espèces de requins, 19 espèces d’oiseaux nicheurs, 5 espèces de tortues, 13 espèces menacées de requins figurant parmi les captures accessoires de l’activité palangrière…Pauvres requins ! Avant 2006, plusieurs tonnes d’ailerons étaient commercialisées chaque année. La production s’est ensuite stabilisée autour de 200 kg/an à partir de 2010. Depuis 2013 enfin, leur capture et leur commercialisation (entiers ou non) sont strictement interdites.

Un fourmillementd’espèces raresD’autres espèces sont très protégées comme la tortue grosse tête et la tortue verte qui naissent ici avant d’effectuer de longues migrations saisonnières vers l’Australie, le Vanuatu, la Papouasie Nou-velle-Guinée ou les îles Salomon. Les îles des récifs d’Entrecasteaux constituent des sites majeurs de ponte des tortues vertes dans l’océan Pacifique.Certains oiseaux marins ne sont, eux aussi, présents qu’en Nouvelle-Calédonie. C’est

lions de km2 (plus de 10 % de la surface des océans) des Iles Marshall au nord, jusqu’à la pointe septentrionale de la Nouvelle-Zé-lande au sud… soit l’équivalent de la sur-face de la lune ! Cette gestion doit assurer une utilisation pérenne des ressources, en valorisant au mieux les activités existantes ou poten-tielles qui contribuent au développement économique du pays, tout en préservant le patrimoine naturel exceptionnel dans le-quel elles prennent place.

Préserver un patrimoineexceptionnelL’objectif affiché contribue au schéma d’aménagement et de développement NC 2025 qui intègre l’ensemble de ces travaux. Outre les collectivités et institutions - no-tamment le Sénat coutumier et les maires - la concertation est largement ouverte aux acteurs professionnels comme aux repré-sentants de la société civile au travers des associations locales et des ONG internatio-nales.

Le Comité de concertation mis en place s’appuie sur les travaux des organismes scientifiques et techniques et bénéficie de l’expertise de l’Agence des Aires Marines Protégées dans l’analyse stratégique de l’es-pace maritime. Ce développement durable s’accompagne ainsi d’une prise en compte des enjeux de conservation des milieux afin d’éviter toutes nouvelles dégradations.Les vastes étendues océaniques de l’Es-pace maritime de la Nouvelle-Calédonie - qui représentent 98 % du Territoire - sont ponctuées d’ îles éloignées et d’importants ensembles coralliens encore mal connus, en dépit d’une fréquentation souvent an-cestrale.L’histoire géologique de cet espace a fa-çonné des reliefs sous-marins complexes, souvent invisibles de la surface, mais qui favorisent l’existence d’environnements singuliers, dynamiques et d’écosystèmes d’une extraordinaire diversité et légitime-ment considérés comme des sources de richesses potentielles. De l’obscurité des abysses aux eaux chaudes et turquoises

De la terre à la lune !Lors de la réunion du Forum des Iles du Pa-cifique (FIP) en août 2012 à Rarotonga (Iles Cook) la Nouvelle-Calédonie avait annoncé le lancement de l’analyse stratégique pour la gestion intégrée de son espace maritime et contribuer ainsi, à l’instar de Kiribati et des iles Cook, à la dynamique régionale du Pacific Oceanscape portée par le FIP.Il héberge une biodiversité importante et le plus grand stock de thons au monde. Cependant, face à la diminution des res-sources halieutiques, la hausse du niveau des mers et des températures océaniques, les océans sont en pleine mutation. Ces changements auront une incidence sur la survie même des îles du Pacifique.Pour faire face aux menaces importantes pour la santé de l’océan Pacifique et ceux qui en dépendent, une action immédiate, collective et concertée à grande échelle est requise. C’est pourquoi Pacific Oceanscape vise à augmenter la surface des aires pro-tégées en englobant des archipels entiers.Ce projet permettra de sanctuariser 40 mil-

le cas de l’océanite à gorge blanche, de la sterne néréis et du pétrel de Gould (notre article en page 5).Des études menées sur les oiseaux marins migrateurs identifient la Nouvelle-Calédo-nie, la Grande Barrière de Corail d’Austra-lie, le Vanuatu, les îles Tonga, Fidji, Wallis et Futuna, comme un même grand ensemble. Il semble ainsi que différentes espèces uti-lisent le Parc naturel comme un vrai cor-ridor et le traversent ou viennent y accom-plir une partie de leur cycle de vie.Avec plus de 200 000 couples d’oiseaux marins qui s’y reproduisent et y nichent, les îles éloignées accueillent 80 % des effectifs nicheurs du pays (toutes espèces confon-dues, en excluant le puffin du Pacifique). Onze espèces présentent des abondances telles que les îles éloignées constituent des zones d’importance internationale pour leur conservation. Les milieux océaniques adjacents sont, en outre, essentiels à l’ali-mentation de ces colonies reproductrices qui y trouvent petits poissons, calmars et crustacés. Enfin, voici les baleines à bosse, bien connues pour leurs longues migrations entre les eaux tropicales et antarctiques. Leur sous-population présente en Nou-velle-Calédonie apparaît très proche de celle de Nouvelle-Zélande, mais elle est dis-tincte des populations observées en Aus-tralie et aux Tonga.

Une valeur symboliqueLes Océaniens portent un intérêt très fort à la mer qui, dans la culture kanak, est repré-sentée et appropriée de la même façon que les autres systèmes naturels (montagnes, forêts, rivières). Les zones maritimes sont perçues comme des extensions des limites du territoire foncier, même si ces limites de-viennent plus floues vers le large.La mer revêt donc une forte valeur sym-bolique. De nombreux clans se retrouvent dans des totems naturels du milieu ma-rin, générateur d’une grande diversité de mythes, légendes, croyances et rites.Au sein de la société néo-calédonienne prise dans son ensemble, la mer est perçue comme étant à la fois une grande richesse environnementale pour le pays mais aussi une source de richesse économique.

Création du parc naturel de la Mer de corailLe 23 avril 2014 est à inscrire dans les anales de l’Histoire calédonienne puisque c’est au cours d’une réunion du Gouvernement (présidé alors par Harold Martin) qu’a été validé l’important projet de création du Parc naturel de la mer de Corail. Cet immense domaine désormais protégé représente 75 000 km2 d’eaux territoriales et intérieures gérées par les trois Provinces et 1,3 million de km2 par le gouvernement local - dont 1,25 million pour la seule zone économique, soit la moitié de la superficie de la Mer Méditerranée.

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La nouvelle génération des P

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Le défi des Britaniquesaux PitcairnsPlus récemment encore, nous avons appris la création de la plus grande réserve ma-rine au monde dans la région des Pitcairns. Une opération menée conjointement par le Pew Charitable Trusts et la National Geo-graphic Society. Avec une superficie de 831,334 km2 cette réserve est 3 fois et demi plus vaste que le Royaume-Uni. Abritant au moins 1 249 espèces de mammifères marins, d’oiseaux et de poissons, elle repré-sente l’un des derniers habitats océaniques encore intacts de notre planète.« Avec la création de cette réserve, le Royaume-Uni établit une nouvelle réfé-rence, un modèle à suivre pour tous », se réjouit Matt Rand, directeur de Global Ocean Legacy, qui poursuit : « Le Royaume-Uni a plus de 6 millions de kilomètres car-rés d’océan sous sa responsabilité, soit la cinquième plus grande zone marine au monde. L’action menée aujourd’hui par le Premier ministre David Cameron va assu-rer la protection du véritable joyau des îles Pitcairn – l’incroyable diversité d’espèces marines qui évolue dans les eaux pristines qui les entourent » explique Paul Rose, res-ponsable de l’expédition Pristine Seas or-ganisée par National Geographic. « Notre

toute première exploration scientifique dans cette zone avait révélé l’existence d’es-pèces jusqu’alors totalement inconnues, ainsi qu’une abondance de prédateurs su-périeurs comme les requins. »Effectivement, voici deux ans, cette expé-dition avait révélé un écosystème luxuriant - et notamment l’existence d’une plante abyssale qui détient le record mondial de vie en profondeur, une espèce d’algue co-rallienne qui se développe à 382 mètres en dessous du niveau de la mer ! La réserve abrite également l’un des deux derniers atolls de corail surélevés de la planète, ain-si que le récif corallien le plus profond et le plus développé au monde, dit « Récif des 40 Miles »« La création de la plus grande réserve ma-rine au monde dans les eaux vastes et in-tactes des îles Pitcairn - dont Ducie, Oeno et Henderson - est une grande nouvelle pour nous et les générations futures » a déclaré pour sa part le Conseil des îles Pitcairn.

Une protection high tech’par satellitePar ailleurs, Pew et la fondation suisse Ber-tarelli se sont engagées sur cinq ans pour soutenir la surveillance de la réserve dans le cadre du projet Eyes on the Seas, qui fait appel à une technologie connue sous le nom de « Virtual Watch Room » (centre de surveillance virtuel).Grâce à ce système de surveillance par sa-tellite, né d’une collaboration entre Pew et l’entreprise britannique Catapult Satellite Applications, les autorités pourront détec-ter, en temps réel, toute activité de pêche illégale.C’est la première fois qu’un gouvernement combine la création d’une réserve marine à l’utilisation de technologies de pointe pour la surveillance et le contrôle d’une zone protégée.Pitcairn s’inscrit donc pleinement dans cette nouvelle génération de méga-ré-serves en plein essor afin de protéger les zones océaniques les plus importantes de la planète. Ce qui a déjà permis de sanctua-riser plus de 6,5 millions km2 à travers le monde durant ces neuf dernières années. Malgré ces succès, seul environ 1 % de nos océans est aujourd’hui hautement protégé.

Cette tendance a commencé en 2006 à Hawaii avec la création de l’U.S Marine National Monument où toute exploitation a été interdite dans une zone marine de 362 000 km2. Les iles Chagos (U.K.) ont suivi en 2010 avec 640 000 km2 d’océan en réserve marine, puis l’Australie en 2012 avec la création du Parc national marin de la mer de Corail (502 000 km2).La création d’un des parcs marins les plus vastes du monde a été actée le 23 avril 2014 par le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie afin que 95 % (1 300 000 km2) des eaux calédoniennes soient incluses dans le Parc Naturel de la mer de Corail. Ce parc représente 12,7 % de l’espace maritime français et inclut 55 % des récifs coralliens du Territoire. Et depuis 2013 est interdite totalement la pêche au requin dans les eaux placées sous sa compétence dans notre Zone Économique Exclusive (ZEE) de 1 300 000 km².Cette nouvelle génération de méga-réserves permet aux divers processus écologiques de continuer à fonctionner et protège efficacement de nombreuses espèces dont les aires de dispersion et de migration sont très étendues (baleines, poissons, tortues, requins, oiseaux marins).

La nouvelle génération des méga-réserves marines

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Un défi d’envergure…Le défi est bien de créer à l’intérieur de ce Parc Marin une ou plusieurs grandes ré-serves où toute activité extractive (animal,

végétal ou minéral) serait inter-dite, afin que ces milieux

quasiment vierges restent préser-

vés pour les générations

futures. Ain-si ces éco-s y s t è m e s

pourront-ils assurer leur rôle de régénéra-tion et d’essaimage indispensable à l’en-semble du Parc.Dans le cadre de l’élaboration du plan de gestion du Parc Marin confiée à un comité représentatif des différents acteurs et ins-titutions – dont l’ASNNC et Corail Vivant, Terre des Hommes font partie – PEW préco-nise la création d’au moins une très grande réserve naturelle regroupant une ou plu-sieurs zones de conservation prioritaires. Ces zones de biodiversité exceptionnelle incluent notamment les récifs pristines de

l’Astrolabe et Pétrie, les monts sous-marins de la ride de Norfolk, les récifs d’Entrecas-teaux et, surtout, la ride comprenant Ches-terfield et Bellona, déjà pressentie en 2008 pour être inscrite sur la liste du Patrimoine Mondial de l’Unesco.Cette grande aire marine, hautement proté-gée et contigüe au Parc National de la Mer de Corail australien, constituerait la pre-mière et la plus grande réserve transfron-talière au monde, créant ainsi un immense corridor écologique entre nos lagons et la « Grande Barrière de Corail » australienne.

La réelle menace des multinationalesL’A u t o r i -té inter-

n a t i o n a l e des fonds

marins est un organisme peu

connu du grand public où siègent 24

personnes composant son Comité technique, lequel analyse les de-mandes et garanties environnementales des multinationales. Avec un minimum de transparence puisqu’on leur a déjà oc-troyé plusieurs licences exploratoires sur 1,2 million de kilomètres carrés de fonds océaniques ! Bref, un Comité totalement sourd aux nombreux avertissements de

scientifiques de renom qui réclament de-puis longtemps le gel de toute exploita-tion minière dans les fonds océaniques, jusqu’à ce que des expertises indépen-dantes prouvent qu’il n’existe aucun im-pact sur la nature.Bien sûr, ces grandes compagnies mi-nières affirment qu’elles peuvent exploiter ces fonds sans danger… mais la Namibie, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont ré-cemment bloqué leurs projets miniers de haute mer !La réalité, c’est que les multinationales redoublent d’initiatives. Non contentes d’empoisonner les embouchures de ri-vières, de détruire des forêts, de ruiner des villages côtiers, elles se battent au-

jourd’hui pour exhumer de précieux mé-taux des fonds océaniques en organisant le pillage de l’écosystème le plus fragile de notre planète…Quant aux scientifiques, ils rappellent que de nouvelles espèces peuplant les grands fonds sont découvertes chaque jour, et que le sol marin peut prendre des décen-nies avant de se remettre des perturba-tions causées par ce type d’exploitations, comme par exemple les nuages de sédi-ments qu’elles rejettent.

Au moment de la mise en place du Plan de gestion du Parc Naturel de la Mer de Corail il est nécessaire de se souvenir de la réelle menace des multinationales…

Co-fondateur de l’organisation écologiste Conservation International (CI) Peter Selig-mann affirme en préambule : Ce que nous voyons naître est tout simplement le plus grand projet de protection de la nature de l’Histoire. Morceau après morceau, nation après nation, il prend forme. Il y a vraiment une dimension économique dans ce projet, en plus de la protection de la biodiversité. Il permet en effet aux petites nations du Pacifique de mieux s’en sortir économique-ment.Il est vrai que le Territoire abrite de nom-breuses espèces à large espace de vie, ou migratrices, dont la gestion et la préser-vation doivent être appréhendées à une échelle beaucoup plus importante que celle de notre espace maritime. La mer de Corail apparaît donc comme l’échelle ap-propriée à cet égard.

La coopérationfranco-australienneDepuis 2010, la Nouvelle-Calédonie et l’Australie se sont engagées dans un pro-cessus de coopération par la signature de la déclaration d’intention franco-australienne pour une gestion durable de la mer de Co-rail. L’objectif est une concertation renfor-cée entre les processus de création et de gestion d’aires marines protégées engagés par l’Australie et la Nouvelle-Calédonie au sein de cet espace.Il s’agit également d’étendre cette concer-tation aux autres états riverains. En effet, des liens traditionnels existent dans la culture mélanésienne avec certaines Îles de l’Espace maritime. Ces liens, qui perdurent, doivent être pris en considération dans le cadre des travaux d’élaboration du plan de gestion du Parc naturel.Cela suppose la mise en œuvre avec l’Aus-tralie de projets transfrontaliers de partage, de compilation et d’analyse de données

existantes, en complément de nouvelles acquisitions de connaissances, notamment sur les milieux profonds et récifo-lago-naires.

Intégrer la dimension coutumièreIl est donc nécessaire d’intégrer progres-sivement les trois autres pays situés en partie dans la mer de Corail - Vanuatu, îles Salomon, Papouasie-Nouvelle-Guinée - à ce processus de coopération, mais aussi de rechercher la cohérence des objectifs de gestion dans l’ensemble des eaux com-posant la mer de Corail, en s’appuyant sur la visibilité du Parc naturel néo-calédonien au sein de la mer de Corail, afin d’améliorer la connaissance et la gestion de cet espace partagé, en participant aux initiatives à l’échelle régionale (Pacific Oceanscape, pro-jet PACIOCEA) ou internationale (réseau Big Ocean des gestionnaires de très grandes aires marines protégées) et en s’alimentant de leurs résultats ou expériences.Enfin, il faut intégrer la dimension coutu-mière régionale dans le cadre de la colla-boration avec les États voisins pour une gestion concertée, afin que la définition de certaines mesures de gestion de l’Espace maritime puisse donner écho aux enjeux coutumiers identifiés.

Une dimension supranationaleCette dimension prise par les diverses pro-blématiques de gestion a fait l’objet de plusieurs initiatives régionales dans les do-maines des pêches, de l’environnement et des ressources minérales dont le Territoire est partenaire - et membre associé du Fo-rum des îles de Pacifique. Ce qui lui a permis de construire des liens solides avec les pays voisins.La création de ce Parc naturel est un donc un précieux outil permettant de prendre part aux différentes initiatives régionales -

au premier rang desquels figure la feuille de route Pacific Oceanscape, adoptée en 2009 par les chefs d’État du Forum, mais aussi en constituant un exemple de mise en œuvre concrète du principe de gestion à l’échelle des écosystèmes - principe consacré par la Convention sur la diversité biologique adoptée en 1992 lors du sommet de la Terre à Rio, dont l’objectif global est de protéger, d’ici à 2020, au moins 10 % des zones ma-rines sous juridiction au moyen de réseaux écologiquement représentatifs d’aires pro-tégées, reliés entre eux, gérés efficacement et équitablement. Ce qui doit permettre à la France d’avoir, au plan national et interna-tional, une contribution significative dans l’atteinte de cet objectif, grâce à ses Outre-mers.

Une gouvernance des océansLe Territoire contribuera enfin, par son ex-périence, à la mise en œuvre du dispositif de gouvernance des océans, voulu par la déclaration finale du Sommet de la terre Rio+20, en s’associant pleinement au pro-jet PACIOCEA dont le but est, précisément, d’apporter un éclairage sur les enjeux de gestion à l’échelle du Pacifique central et occidental, en vue de la mise en œuvre concrète de la feuille de route (Accord de jumelage avec les Îles Cook pour la création et la gestion d’aires marines protégées).Autre objectif général : la gestion des es-pèces migratrices et des ressources tho-nières partagées, l’organisation des ren-contres Oceania 21 sur le thème des défis de la préservation et de l’exploitation du-rable de l’océan Pacifique et l’intégration au réseau Big Ocean dont l’objectif est d’améliorer la compréhension et la gestion des plus vastes aires marines protégées (AMP) du monde, sachant que huit des neuf d’entre elles (supérieures à 100 000 km2), sont situées dans le Pacifique !

Le plus vaste espace marin du monde Le plus vaste espace marin du monde L’espace maritime de la Nouvelle-Calédonie est en très grande partie situé dans la mer de Corail, qu’elle partage avec l’Australie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les Îles Salomon et le Vanuatu. Bien qu’encore partiellement connue, la mer de Corail constitue une entité biogéographique cohérente au sein de laquelle de nombreux processus physiques et biologiques apparaissent interconnectés, parfois sur de très grandes distances. Ce processus pourrait ainsi conduire au plus vaste espace marin du monde, géré durablement, de façon concertée et à une échelle cohérente au regard des écosystèmes concernés.

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Le CNRS et l’IRD ont dédié aux mangroves cette année 2015 afin de mieux faire connaître le rôle crucial joué par ces écosystèmes pour le bien-être des populations locales et de la planète en général. Petit tour d’horizon des recherches actuellement en cours sur le sujet.

Les mangroves sont des écosystèmes fores-tiers couvrant près des trois quarts des côtes tropicales, où leur capacité à s’adapter leur permet de prospérer dans des estrans soumis aux variations des courants marins, des flux sédimentaires et de la salinité. Ils assurent des services écosystémiques irremplaçables, limi-tant l’érosion côtière, séquestrant le carbone et servant de zone tampon face aux cyclones et aux tsunamis.Riches en jeunes crustacés et en alevins qui finissent par migrer dans les eaux côtières voisines, ils constituent, directement ou in-directement, une ressource importante pour les populations locales. Toutefois, leur surface s’est réduite de 30 % au cours des trois der-nières décennies, et elle continue de régres-ser au rythme inquiétant de 1 à 2 % par an, principalement en raison de l’extension des fermes d’élevage de crevettes… Une régres-sion continue parfois aggravée par des catas-trophes ponctuelles.

La plus grande du monde :au Bengla-DeshParadoxalement, peu d’études détaillées ont été consacrées aux mangroves, et l’intérêt croissant qu’elles suscitent depuis quelques années n’est pas parvenu à ralentir le déclin de cet écosystème. Des équipes du CNRS et de l’Institut de recherche pour le développe-ment (IRD) ont tenté de combler cette lacune en étudiant les mangroves dans une perspec-

tive pluridisciplinaire. Elles ont de plus contri-bué au lancement de l’opération CNRS/IRD 2015 « Année de la mangrove » afin d’alerter le public sur leur importance tant en France que dans les territoires d’outre-mer où se si-tuent certaines des forêts les mieux préser-vées au monde.

Une étonnante capacitéde dépollutionMayotte, située dans l’archipel des Comores, au large de Madagascar, abrite de belles fo-rêts de mangroves qui subissent cependant une pression considérable en raison de l’essor de l’urbanisation et d’une très forte densité humaine.« Nous avons établi un réseau de collecte des eaux usées domestiques, explique Fran-çois Fromard, responsable du groupe Ecolab. Nous avons ensuite introduit ces eaux, de façon strictement contrôlée, dans différents faciès de mangrove pour retracer comment y sont exfiltrés les polluants tels que le phos-phore ou l’azote, et analyser l’effet que cela a sur l’écosystème en général. »Les scientifiques ont constaté que les zones de mangroves recevant les eaux usées ont une croissance plus rapide, comme si la forêt parvenait à intégrer les polluants dans sa bio-masse. Les chercheurs réalisent maintenant une étude microbiologique afin de détermi-ner comment les polluants tels que l’azote sont absorbés, ainsi que l’effet qu’aura une

a u g m e n t a -tion de cette pollution sur les sédiments, l’eau et la faune qui vit dans cet écosystème.

Un processus cycliqued’expansion et retraitFrançois Fromard et ses collègues étudient aussi la mangrove de Guyane, autre territoire français d’Outre-mer situé cette fois en Amé-rique du Sud. Là, les mangroves subissent peu l’influence humaine, mais elles sont soumises aux variations incessantes de la ligne côtière, qui peut avancer ou reculer de deux à trois kilomètres par an. Ce phénomène naturel est dû à l’énorme quantité de sédiments déposés à l’embouchure de l’Amazone, qui, migrant le long de la côte guyanaise, repousse au large la ligne côtière jusqu’à ce que l’érosion la ra-bote à nouveau.Le dynamisme des mangroves guyanaises se manifeste, entre autres, par leur grande biodi-versité et le rôle de celle-ci au sein de cet éco-système. Emma Michaud et ses collègues s’in-téresse à la faune qui vit dans les sédiments, notamment les petits coquillages et crusta-cés ; « Les crabes peuvent être très nombreux, environ 100 à 500 au mètre carré, et ils jouent un rôle très important par leur activité de bio-turbation, lorsqu’ils creusent le sédiment de la

mangrove. L’eau passe à travers les trous créés, oxygénant l’environnement, ce qui permet à d’autres organismes de proliférer, accroissant ainsi la biodiversité locale. »Le surcroît d’oxygène active également cer-tains types de bactéries capables de décom-poser rapidement des déchets organiques tels que les feuilles mortes. « Nous ne savons pas encore quel est l’impact global de ces bactéries sur la dynamique de l’écosystème, notamment sur la séquestration ou la minéra-lisation du carbone, précise Emma Michaud. Néanmoins, des projets sont en cours pour mieux évaluer ce phénomène, ainsi que pour réaliser un inventaire des différentes espèces benthiques de l’écosystème, sur lesquelles nous disposons de peu d’information. »

Un piège à carbone efficaceDes chercheurs du CNRS et de l’IRD basés en Nouvelle-Calédonie ont étudié les mangroves locales pour mieux comprendre leur capacité à séquestrer le carbone et comment cette ca-pacité évolue avec le changement climatique.« La Nouvelle-Calédonie est l’endroit idéal pour ce type d’étude, souligne le responsable d’équipe, Cyril Marchand, parce que ses man-groves, quoique bien conservées - certaines

bénéficiant même du statut de Patrimoine mondial de l’Unesco - sont néanmoins su-jettes à une pression humaine significative : déforestation, aquaculture et exploitation minière. » Cyril Marchand et ses collègues ont mis en place dans les forêts de mangroves un dispositif de mesure. Celui-ci inclut des trépieds équipés de détecteurs d’ultrasons capables de mesurer le niveau des eaux et les flux sédimentaires, ainsi que des tours per-mettant d’enregistrer les concentrations de gaz et le régime des vents.Ces mesures leur ont permis de calculer les échanges de CO2 entre l’écosystème et l’at-mosphère et d’analyser différents facteurs contribuant à la séquestration du carbone, tels que la température ou la charge sédi-mentaire de l’eau. Les données recueillies ont également amené les chercheurs à identifier un facteur jusqu’ici négligé : le biofilm qui recouvre la surface sédimen-taire. Constitué de micro-organismes végétaux, il réduit le flux de CO2 des sédiments vers l’atmosphère, accrois-sant ainsi la quantité de carbone pié-gée dans la mangrove. Des études plus poussées de l’impact de ce biofilm pourraient aider à établir des budgets carbone plus précis.

Soulignons par ailleurs l’action continue et efficace de Monik Lorfanfant qui, de « SOS Mangroves Rivière Salée », a poursuvi cette année l’extension de son association en la développant à l’ensemble du Territoire sous « SOS Mangroves NC ». Avec les conseils, bien sûr, de Cyril Marchand.

Un premier bilan de 2015 l’année mangrovesm

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Étudier les requins des récifs les plus vierges de la planète afin de contribuer à la mise en place d’une des plus grandes aires marines protégées du monde pour améliorer la protection de ces grands prédateurs emblématiques, menacés et très mal connus : telle est la mission d’une équipe de biologistes marins dirigée par Laurent Vigliola de l’IRD Nouméa et David Mouillot de l’Université de Montpellier. La première campagne océanographique de ce projet nommé « APEX » s’est déroulée aux atolls d’Entrecasteaux et dans le Grand Lagon Nord, du 15 au 31 juillet derniers à bord de l’Amborella.

Un rôle crucial« APEX » (qui signifie « sommet » en latin) est le nom de ce projet scientifique financé pour quatre années par la Fondation Total, avec le soutien du Gouvernement de la Nouvelle‐Calédonie et en partenariat avec le PEW Charitable Trusts.APEX, c’est aussi le rôle crucial pour le bon fonctionnement des écosystèmes marins joué par les requins dans les récifs coral-liens comme prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire. Car ces espèces sont parmi les plus vulnérables et les plus mena-cées des océans à cause d’une exploitation trop importante (surpêche et braconnage incontrôlé) et une sensibilité très forte aux activités humaines. Dans leur précédant projet « PRISTINE », la même équipe de scientifiques avait montré que l’abondance des requins avait chuté de 80 % en Nou-velle‐Calédonie. Or ici la pêche au requin est quasiment inexistante. Du coup, le dé-clin des requins est un vrai mystère.

L’objectif du projet APEX est donc de ré-soudre ce mystère en collectant de nou-velles données sur la biologie des requins, en vue de contribuer à une meilleure défi-nition du périmètre des aires marines pro-tégées.

Émetteurs radio,balises et vidéos

Comment étudier les grands prédateurs marins alors que ceux‐ci peuvent nager des dizaines, voire des centaines de kilo-mètres en quelques jours dans l’immen-sité des océans ? La réponse réside dans les nouvelles technologies qui permettent aujourd’hui d’étudier les requins à distance. Il est par exemple possible d’utiliser un réseau de stations d’écoute sous‐marine qui indiquera précisément la position des animaux équipés d’émetteurs radio acous-tique. Ainsi, chaque fois qu’un requin pas-sera à proximité, la minuscule puce élec-tronique insérée chirurgicalement sous sa

peau émettra un signal qui sera enregistré par le récepteur de la station d’écoute.Une autre manière de suivre les requins à distance est de les équiper de balises satel-lites qui enregistrent la position mais aussi l’environnement du requin, par exemple la température de l’eau ou la profondeur. Au bout d’un temps préprogrammé (en gé-néral plusieurs mois) la balise se détachera automatiquement, flottera vers la surface et transmettra ses donnés aux scientifiques par communication satellitaire.La miniaturisation des technologies vidéo peut aussi être remarquablement utile pour étudier les requins. En développant des caméras minuscules mais de grande autonomie, les scientifiques peuvent au-jourd’hui fixer une « caméra embarquée » sur la nageoire dorsale et obtenir ainsi un enregistrement de ce que l’animal voit et fait pendant 48 heures.Toutes ces nouvelles technologies sont uti-lisées dans le projet APEX en combinaison

avec d’autres comme, par exemple, la vidéo par stéréo‐caméra appâtée qui permet de mesurer l’abondance et la taille des requins par triangulation - une technologie simi-laire à la 3D !

Une équipe internationaleexceptionnelle

Comprendre pourquoi les populations de requin sont en déclin en Nouvelle‐Calédo-nie et trouver des solutions pour enrayer ce déclin nécessite l’intervention de nom-breux scientifiques.Dans le projet APEX, Laurent Vigliola (cher-cheur à l’IRD) apportera son expertise sur les poissons des récifs coralliens. David Mouillot (professeur à l’Université de Mont-pellier) est un expert en écologie théorique et leader du volet modélisation mathéma-tique de l’étude, Laurent Dagorn (IRD Sète) et Michelle Heupel (Australian Institute of Marine Science) sont experts en télémétrie acoustique et satellite, Eric Clua (Ministère de l’Agriculture), Mark Meekan et Jeremy Kiszka (Université Internationale de Floride) sont spécialistes des requins.L’équipe américaine a amené sur place technologie des « caméras embarquées ».

Le PrOccidentale et le Dr Tom Letessier (Société Zoologique de Londres) sont en charge des mesures par stéréo‐ca-méra appâtées. Germain Boussarie et Lucas Bonnin (Ecole Normale Supé-rieure de Lyon) sont les deux docto-rants du projet.Cette remarquable équipe travaille en étroite liaison avec les gestion-naires, en particulier avec l’Agence des Aires Marines Protégées et le Gou-vernement de la Nouvelle Calédonie, ce dernier ayant la charge du Parc Naturel de la Mer de Corail et mettant à disposition son navire océanographique, l’Amborella.La mise en place du Plan de gestion du Parc est activement menée et les données recueillies grâce au projet APEX seront fournies en temps réel au Gouvernement calédonien.

Un record mondialde biomasse

Si la première campagne du projet APEX aux atolls d’Entrecasteaux et dans le Grand Lagon Nord est maintenant terminée, les récifs des Chesterfield seront explorés en septembre et le grand Lagon Sud entre

octobre et décembre. Chaque site sera en-suite visité tous les 6 mois.Les informations collectées dans le réseau acoustique de Nouvelle‐Calédonie seront comparées avec celles des autres réseaux de surveillance des requins, notamment ce-lui maintenu par les partenaires australiens dans leur partie de la mer de Corail.Étudier l’écologie des requins dans les ré-cifs coralliens, est un vrai challenge car ils ont déjà disparu de la plupart des récifs. Dans un précédent projet (PRISTINE), cette équipe a montré que les récifs éloignés de la Nouvelle‐Calédonie étaient dans un état vierge de tout impact. En fait, ces récifs iso-lés détiennent le nouveau record mondial de biomasse en poissons de récif corallien.Il n’est donc pas trop tard pour étudier les propriétés remarquables de nos récifs vierges où les requins - et tant d’autres es-pèces de poissons - sont encore très abon-dants, mais cela doit être fait sans attendre afin d’enrayer le déclin des prédateurs tout autour de la planète.

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Libération d’un requin-tigre de 2,60 méquipé d’une balise satellite

à Chesterfield, Nouvelle-Calédonie

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marquage d’un requin tigre de 3,60m dans les récifs de Chesterfield en Nouvelle-Calédonie

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Mesure de l’abondance et la taille des requinsdu Grand Lagon Nord de la Nouvelle-Calédoniepar cameras stéréo appâtées

Sauver les requins de la mer de corailLancement d’une première campagne

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28 Changer d’ère - Novembre 2015 Changer d’ère - Novembre 2015 29

Des êtres vivants douésde sensibilitéLe 30 octobre 2014, l’Assemblée nationale avait voté un premier amendement sur la modification du Code civil concernant les animaux, qualifiés pour la pre-mière fois « d’êtres vivants doués de sensibilité ». Le Sénat eut ensuite à se saisir du dossier : il botta en touche ! Heureusement, en dernière instance, l’Assemblée nationale adopta définitivement ce texte le 29 janvier dernier.

Une belle v i c t o i r e

pour les n o m b r e u x défenseurs des ani-maux, à c o m m e n -cer par

« 30 millions d’Amis » qui

portait le pro-jet mais aussi pour

d’autres associations comme la Ligue Protectrice des Oiseaux (LPO), laquelle estimait que « l’essai venait d’être marqué mais restait à être transfor-mé ». Car tout l’enjeu du projet se jouait au moment où nos parlementaires avaient à voter la loi sur la Biodiversité… comportant notamment l’extension du Code civil aux animaux sauvages !

Des biens meublesaux biens corporelsDepuis le 29 janvier 2015 en Métropole, ne sont plus taxés de « biens meubles » mais comme « biens corporels » les animaux « appropriés » c’est-à-dire de compagnie ainsi que tous animaux apprivoisés ou dé-tenus en captivité.Pour l’instant donc, les animaux de ferme ou de rente, d’élevage et de laboratoire ins-crits au Code rural ne sont pas concernés, de même que les animaux sauvages.Cependant, le nouveau texte améliore sen-siblement les conditions de détention, de transport, d’élevage et d’abattage pour les animaux dits « de consommation ». Ainsi,

un important producteur breton de foie gras a été traduit en justice pour « actes de cruauté et sévices graves ».

Des « activités récréatives »à dénoncerLa preuve que cela doit bouger en Calédo-nie même si la promulgation de cette loi n’est pas encore à l’ordre du jour. Du moins est-ce notre ambition pour protéger et défendre les animaux, notamment contre les pratiques de certains éleveurs. Cela concerne aussi bien le bétail que les poules pondeuses élevées en b a t t e -rie ! A commencer par la commer-cialisation des poussins pour amuser les enfants (!!!), le dépeçage en public d’une carcasse de cerf où encore le concours de mar-quage du bétail. Tout cela sous le stupide prétexte « d’activité récréative ».Rappelons avec En-semble Pour la Pla-nète (EPLP) que le marquage des cuirs est une brûlure vo-lontaire du troisième degré, infligée sans analgésie-anesthésie. Laquelle association estime avec nous que le

maintien du « folklore des rodéos » dans les Foires est bien suffisant au compteur de la souffrance animale !A coup de communiqués et de pétitions, EPLP dénonce d’autres pratiques inaccep-tables comme la castration et l’amputa-tion des cornes à vif, l’exsanguination sans étourdissement préalable des porcs dans certaines tueries, l’utilisation fréquente du « teazer » . Sans oublier les conditions épouvantables dans certains élevages « concentrationnaires » : stress, mauvaises conditions alimentaires et d’hygiène…Et de conclure : « Avec une telle légitimation de la violence gratuite faite aux animaux, faut-il s’étonner que la société calédonienne

accouche de comportements révol-tants, tant à leur égard qu’à celui des Hommes ? »

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28 Changer d’ère - Novembre 2015

Analyse de l’écologie trophique des dugongsComprendre la relation entre la distribution d’une espèce et son milieu est une étape préalable à la mise en place de mesures de conservation efficaces. C’est pourquoi un certain nombre d’études ont été initiées afin d’améliorer nos connais-sances sur l’usage des habitats par la population de Dugongs de Nouvelle-Ca-lédonie. À grande échelle, elles s’intéressent notamment à la distribution de l’espèce autour dans les lagons de la Grande Terre et à petite échelle à ses déplacements.

Quel régime alimentaire ?À partir de ces travaux, les zones impor-tantes pour l’espèce pourront être éva-luées mais aucune relation ne pourra être faite avec l’usage qu’en font les animaux. Servent-elles à la reproduction ? Consti-tuent-elles des zones d’alimentation ?À ce jour, aucune information n’est dispo-nible…Les dugongs sont des herbivores qui se nourrissent principalement de phanéro-games marines. Les connaissances dis-ponibles sur le régime alimentaire des siréniens sont traditionnellement réali-sées grâce à l’analyse des contenus sto-

macaux. Or en Nouvelle-Calédonie il est rare d’obtenir de tels échantillons. C’est pourquoi il faudrait utiliser la composi-tion isotopique des tissus disponibles pour répondre à ces questions. D’où la proposition d’une étude utilisant une méthodologie innovante qui per-mettra d’obtenir les premières informa-tions dans ce domaine.

Pour quel résultat ?Ce projet ne nécessite aucune collecte de données puisqu’il met en œuvre le même jeu de données majoritairement collec-tées sur les carcasses d’animaux échoués.

Entre 30 et 40 échantillons de peau sont disponibles ainsi qu’une dizaine de dents.Les analyses réalisées sur la peau permet-tront d’obtenir des informations sur le ré-gime alimentaire actuel de l’animal alors que celles conduites sur les dents pour-ront nous renseigner sur les éventuelles variations annuelles ou saisonnières de l’alimentation et/ou des changements d’habitats.Cette étude fera l’objet d’un sujet propo-sé à un étudiant. Un rapport sera remis à l’issu de cette étude. Les analyses seront conduites au cours du premier semestre 2016.

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Depuis 65 millions d’annéesLes Chiroptères (chauves-souris et rous-settes) ont apparu sur Terre voici environ 65 millions d’années. Leur nom grec se décompose en chiro (main) et ptere (aile) car leurs mains forment des ailes. D’où viennent-ils ? Selon l’hypothèse la mieux admise, ils ont peuplé la Grande Terre et les Loyautés par migrations successives depuis l’Australie du Nord-Ouest en passant par l’arc Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ensuite, à partir d’une espèce-mère, l’évolution et l’isolement ont généré un endémisme. A noter que ce sont les seuls mammifères terrestres présents à l’origine de la Nou-velle-Calédonie.Il existe actuellement en Nouvelle-Calédo-nie 9 espèces de chiroptères, dont 4 sortes de roussettes : la roussette rousse (endé-mique) : la plus commune, la roussette noire (née ici), la plus grosse (environ 700 g.

pour 110 cm d’envergure) la roussette des roches (endémique) : la roussette à queue (endémique), la plus petite (à peine 70 g. pour 41 cm d’envergure).

Elles peuvent vivre 40 ansLeur cycle de reproduction est lent, avec un seul petit par an. La mise bas s’opère de septembre à octobre après une gestation d’environ 6 mois, généralement à l’époque où les érythrines sont en fleurs. L’allaite-ment des jeunes dure 6 mois ou plus, mais ils peuvent commencer à voler dès l’âge de 4 mois et sont matures à 30 mois.Les roussettes vivent en colonies - plus com-munément appelées nids - dans une zone choisie pour sa situation géographique faiblement exposée aux vents dominants et donnant facilement accès aux points de nourriture. Ces nids sont permanents pour

plusieurs générations et peuvent compter des centaines de roussettes, à la différence des campements qui ne sont que des lieux de passage mais doivent aussi être impéra-tivement préservés.Chaque colonie est très organisée sociale-ment, sous la houlette des roussettes les plus vieilles, donc les plus expérimentées, qui assurent l’éducation des plus jeunes. Il faut savoir que, dès leur naissance, et jusqu’à 18 mois environ, les petits vivent en symbiose avec leur mère, ils ont besoin de leur contact. Elles sont d’autant plus vulné-rables qu’elles sont très sociables, chaque famille vivant dans le même arbre. Tuer de vieilles roussettes, c’est mettre en question la survie même du groupe.Leurs zones de prédilection ne se limitent pas à la Grande Terre, dans les grandes fo-rêts de la Chaîne centrale, on les trouve aussi en grand nombre aux îles Loyauté. On

les observent souvent dans les niaoulis en fleurs ou suspendues aux plus gros banians. Elles peuvent nicher près de la mer si elles trouvent des conditions propices. On les trouvent également près des aggloméra-tions, dans les anciennes propriétés où les Anciens avaient planté différentes espèces d’arbres et des fleurs dont elles raffolent…

Les jardinières de la forêtParticulièrement gourmandes - elles peuvent manger en une nuit l’équivalent de leur propre poids ! – les roussettes sont capables de parcourir plusieurs dizaines de kilomètres pour chercher leur nourriture grâce à leur odorat très développé, leur excellente vision nocturne et leur mémoire des lieux qui leur permet de regagner leur nid sans problème. Comme les abeilles, elles lèchent le nectar et le pollen des fleurs et leurs dents aiguës ont raison des noix les plus dures ! Leurs mets préférés sont les fleurs de niaouli, d’érythrine, de cerisier bleu, de faux tamanou, de cocotier, les fi-gues de banian, de goyave, d’acajou, de jamelon…Il est essentiel de savoir que les roussettes jouent un rôle écologique de premier ordre car elles participent activement à la fé-condation des fleurs mais aussi au transport

des graines qu’elles re-jettent. Sans forêt, pas de roussettes, et sans roussettes moins de forêts et moins de di-versité végétale. Ce sont de véritables jardinières !

Face à l’urbanisationOutre la chasse, le braconnage (voir encadré) et les feux de brousse ra-vageurs, l’urbanisation galopante est une menace très importante pour nos pauvres roussettes car elle engendre la destruction et la perturbation de leurs habitats. Bien que situé sur une propriété privée, le nid de Florian - qui compte plusieurs centaines de roussettes noires - est directement menacé par l’extension d’un grand lotissement à proximité : avec l’invasion des bulldozer qui rasent la forêt naturelle et charrient tout dans la rivière, et l’ouverture de pistes per-mettant l’accès aux gros engins, notre ami a, effectivement, du souci à se faire pour

ses protégées ! Car la moindre intervention extérieure les dérangent, à commencer par le bruit. Mais que dire demain, avec la mise sous tension des éclairages du chantier ? Et le nid de Florian, ce havre de paix, risque de disparaître…

Bernard VillechalanePhotos : Florian FAYARD

* Sources : le témoignage de Florian, le flyer de la Province Nord sur les roussettes, la documentation du Centre de Do-cumentation pédagogique (dossier SC 22) et « Le monde mystérieux des chiroptères » (revue Inter-îles d’Aircal n°4, janvier-mars 2002).

Depuis des décennies, elles vivent en abondante colonie dans un havre de paix et d’abondance situé sur une propriété privée du Grand Nouméa. Le problème, c’est que le développement ex-traordinaire de l’urbanisation dans cette région impacte directement un important « nid » de roussettes... C’est pourquoi Florian a décidé d’alerter l’opinion en rappelant que cette espèce, protégée et emblématique - y compris au plan coutumier – est très menacée : environ 35 % des nids de roussettes ont disparu durant ces trente dernières années sur la Grande Terre et aux Loyauté. Et comme le dit un spot télévisé de la Province Nord, « Arrêtons le massacre » ! Raison de plus pour mieux faire connaissance avec ces étranges animaux aux mœurs crépuscu-laires. Vivipares comme nous, ils sont les seuls mammifères à voler, sont essentiellement fru-givores et - comme les abeilles - assurent la pollinisation des fleurs mais aussi la régénération de nos forêts naturelles par la dispersion des graines…

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Sauver les roussettes !

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2015, l’an 1 de l’agro-écologie Le plan Ecophyto 2018 devait réduire la consommation des pesticides de 50 % en France d’ici 2018. A mi-parcours, c’est le constat d’un échec cuisant. Pour redresser la barre, le ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll a présenté le plan Ecophyto 2 qui reporte de 2018 à 2025 la moitié des consommations de pesticides… Avec un palier intermédiaire de – 25 % en 2020 !

Tout n’est néanmoins pas à refaire. Ce pre-mier plan a permis d’éliminer 80 % des subs-tances les plus dangereuses, a insisté le mi-nistre à l’occasion de la conférence « 2015 : l’an 1 de l’agro-écologie ».La nouvelle monture de ce plan insiste da-vantage sur les moyens à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs. Aujourd’hui, beaucoup d’agriculteurs mettent des pes-ticides dans leurs champs à titre préventif même si leurs cultures ne sont pas mena-cées par des insectes nuisibles (notamment en traitant les semences). Dans un contexte de concurrence mondiale, les pesticides représentent une « assurance-récolte » et coûtent moins cher, à court terme, que les solutions alternatives encore trop oné-reuses.Un pesticide de synthèse ne se remplace pas sans repenser en profondeur le sys-tème de culture. Pour que la baisse de la consommation des pesticides soit possible, le nouveau plan mise donc sur la forma-tion et l’accompagnement pour répandre un ensemble large de pratiques agrono-miques alternatives, telles que la rotation des cultures.

Des milliers de« fermes modèles »Pour y parvenir, le plan Ecophyto 2 mise sur ce qui a marché entre 2009 et 2014 : son réseau de 2 000 fermes modèles Dephy qui ont vu une baisse de leur consommation de pesticides de 12 % en moyenne en 2013.Chacune de ces structures pionnières ac-compagne dans leur transition une dizaine de fermes grâce à des ingénieurs agro-nomes cofinancés par les conseils régio-naux ou les agences de l’eau. Le nouveau plan prévoit de recruter1 000 nouvelles fermes pionnières, ce qui permettrait d’accompagner un total de 30 000 fermes.Les fermes Dephy ont leur importance, mais il faut élargir la dynamique au-delà de ce cercle réduit. Car, selon le recensement agricole de 2010, la France comptait encore 326 000 exploitations professionnelles. Il reste donc plus de 90 % du chemin à faire ! Pour s’y attaquer, la grande nouveauté du plan Ecophyto 2 est la mise en place d’un système de certificats d’économie de pro-duits phytosanitaires (CEPP), inspiré par le modèle des Certificats d’économies d’éner-gie. Pour accompagner toutes ces actions, 30 millions d’euros supplémentaires vien-dront s’ajouter aux 40 millions déjà al-loués chaque année au plan Ecophyto. Ces nouveaux capitaux seront financés par un élargissement de l’assiette de redevance pour pollutions diffuses collectée par les agences de l’eau.

Premières victimes :les agriculteursDans une récente expertise, l’INSERM avait pointé du doigt « une association positive entre exposition professionnelle à des pesticides et certaines pathologies chez l’adulte », notamment la maladie de Parkin-son et le cancer de la prostate. Le fait que des agriculteurs victimes de pesticides se soient regroupés au sein d’une association appelée Phyto-Victimes témoigne bien de l’ampleur du problème.Pour José Cambou, secrétaire national de France Nature Environnement (FNE) « les maladies professionnelles liées à l’exposi-tion aux pesticides sont davantage recon-nues aujourd’hui, grâce à l’engagement des mutuelles agricoles et des lanceurs d’alerte ». Marie-Catherine Schulz-Van-naxay, chargée de mission agriculture, ajoute : « Les agriculteurs ne sont pas seuls responsables. Ils traitent parce qu’ils sont conseillés par des coopératives qui vendent des pesticides, ou parce que les entreprises agro-alimentaires et la grande distribution exigent des produits standardisés. Cela doit changer. Le choix du consommateur sera déterminant aussi. »

Lundi 20 juillet : nous apprenons que l’Office Mondial de la Santé (OMS) MS a rendu un avis défavorable à l’utilisa-tion du malathion, classé « cancérogène probable », en pulvérisation. Le gouvernement local a donc immédia-tement suspendu (provisoirement) les épandages de ce produit à Nouméa. Mais pour la Présidente d’EPLP, cette « victoire » n’est que relative puisque c’est dorénavant la deltaméthrine* qui sera utilisée en remplacement. Hors elle est très toxique pour les abeilles et classée « pertur-bateur endocrinien » dans l’espace européen.

l’épandangedu malathionsuspenduemais les abeilles toujours menacées…

Fukushima, un certain 11 marsIl y a eu 4 ans le 11 mars, un épouvantable accident à la centrale de Fukushima nous a rappelé avec une force tragique que le nucléaire n’est pas un secteur industriel comme un autre. Un accident nucléaire est une catastrophe humaine, sanitaire, environnementale et économique dont le Japon est loin de se remettre tant certains territoires sont condamnés pour des siècles. Des centaines de milliers de mètres cubes de déchets sont en attente et l’eau contaminée s’accumule tous les jours dans les réservoirs de la centrale… dont le trop-plein fuit dans l’océan tout proche.

Plus de 8 millions de personnes vivent tou-jours en zone interdite… Et leur état de santé est très préoccupant : outre les pro-blèmes psychologiques, nombreux sont les cas de leucémie, de pneumonie, les saigne-ments de nez, les diarrhées, les thyroïdes enflées. Sans parler des effets génétiques prévisibles à long terme… Ni oublier les 1 415 morts « officiels ».Celui qui dirigeait la centrale au moment du drame - Masao Yoshida - est mort à l’âge de 56 ans, non sans avoir témoigné sur les circonstances de la tragédie : Lorsque le séisme a été ressenti, les système de sécuri-té ont bien fonctionné et la centrale s’est ar-rêtée comme prévu. Mais le drame est venu de la mer avec cette énorme vague de plus de 10 m de haut qui a tout envahi.Il n’empêche que, pour d’évidentes raisons économiques - et en prévision des Jeux Olympiques de 2020 – les autorités japo-naises veulent remettre en service les 52 réacteurs (sur 54) du pays. Au grand dam d’une majorité de l’opinion publique nip-pone.

Que dire de nos centralesfrançaises ?Responsable à France Nature Environne-ment (FNE) du dossier Énergie, Maryse Ar-diti, précise : Parmi les quatre pays les plus nucléarisés au monde, trois ont eu un très grave accident : Three Mile Island aux États-Unis en 1979, Tchernobyl en URSS en 1986,

et Fukushima. Reste la France avec son an-tique centrale, Fessenheim, située sur une zone sismique et inondable, à la frontière avec l’Allemagne et la Suisse. Le problème est que l’Autorité de Sureté Nucléaire (ASN) vient de prolonger sa vie jusqu’en 2023 ! Peu d’élus français ont eu le courage d’al-ler voir ce qui se passe réellement au Japon et de discuter avec leurs homologues. Face à l’impuissance absolue en cas d’accident, chacun ferme les yeux. À ce stade, ce n’est plus une épée mais un marteau de Damo-clès qu’il y a au-dessus de nos têtes !

Un coût estiméà 400 milliards d’euros !26 réacteurs français doivent recevoir en 2019 leur qua-trième visite décennale et, d’ici 2017, l’ASN collectera les rapports de réexamen de sûreté d’une cinquantaine d’installations nucléaires. Pour la plupart de ces instal-lations, ce rapport constitue la première réévaluation de sûreté depuis leur création précise l’ASN. L’Assemblée nationale a fixé un seuil qui interdit d’ouvrir une nou-velle centrale sans en fermer

une autre. Le Sénat a relevé ce seuil en sup-primant l’échéance de 2025. Sans calen-drier, le risque est que cette échéance soit repoussée aux calendes grecques. Ce qui n’est pas le moment !Pour Maryse Arditi, suite à Fukushima, si un tel accident arrivait en France, com-ment ferions-nous ? Aujourd’hui, 77 % de notre production d’électricité est d’origine nucléaire. Notre dépendance nous rend extrêmement vulnérables. Les études de l’IRSN parlent d’un coût estimé à 400 mil-liards d’euros en cas d’accident nucléaire en France.

Un risque énorme…Porte-parole de FNE, Benoît Hartmann ré-sume la situation : Nos centrales sont vieil-lissantes. Prolonger leur durée de vie au-de-là de 40 ans est un risque énorme pour l’ensemble de la population. La France doit se tourner vers les solutions d´avenir plutôt que de s’obstiner à défendre un modèle obsolète. L’avenir est aux énergies renouve-lables, à l’efficacité énergétique et au stoc-kage de l’énergie. Les sénateurs ont sans doute oublié que ce n’est pas par hasard si l’électricité mondiale d’origine nucléaire ne représente que 3 % seulement. L’État doit oublier sa casquette d’actionnaire d’EDF au moment de définir l’avenir énergétique de la France.

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Tianjin ou les feux de l’enferTianjin, vous connaissez ? C’est un énorme champignon urbain de 15 millions d’habitants, la porte ouverte sur la mer de Pékin (à 150 km de là), le troisième port de commerce mondial avec ses quais immenses, ses innombrables entrepôts, ses conteneurs par milliers…Tianjin, c’est aussi la nouvelle zone éco-nomique chinoise de libre-échange, juste derrière Shangaï, et l’une des 5 principales municipalités dépendant directement du Pouvoir central. Promise à un avenir radieux comme on dit en Chine…Tianjin serait inconnue du grand public s’il n’y avait eu ces terribles et aveuglantes explosions, ces tonnerres de feu soufflant tout sur leur passage, les gens comme les immeubles transformés en squelettes de béton, une vision d’apocalypse comme à Hiroshima dont - coïncidence étrange - on vient de commémorer le 70e anniversaire… Ou encore Fukushima.Tianjin est donc entrée dans l’histoire des hommes. Certes, ce n’est ni un tsunami, ni une catastrophe nucléaire, mais un feu toxique provoqué par l’explosion de cen-taines de tonnes de cyanure de sodium et de divers produits chimiques entreposés… à proximité de la zone résidentielle !À Tianjin, on ne connaît ni les problèmes de contamination de l’air, ni Toulouse et Seveso, ni Fukushima. Une semaine après la catastrophe, les incendies ne sont toujours pas maîtrisés, les particules en suspension vous saisissent à la gorge, les masques à gaz sont ressortis, les combinaisons inté-grales antitoxiques aussi, une zone inter-dite de plusieurs kilomètres a été imposée, les gens ne peuvent plus rentrer chez eux, l’opinion publique accuse les autorités d’in-compétence et d’imprévoyance, il y a des centaines de morts, des milliers de victimes, des centaines de milliers de sans-abri…

Beaucoup de jeunes pompiers ont été carboni-sés en tentant d’arrêter les flammes. Quoique certains aient été engagés par l’usine même, on ne leur avait pas dit que ce genre d’incendie s’éteint avec du sable, surtout pas avec de l’eau qui transforme les cristaux en gaz. C’est pour-quoi tout le monde redoute la pluie qui pourrait amplifier le désastre. Lorsque les Occidentaux nomment la Chine « l’usine du monde », ils le font avec respect, voire envie. Or, si j’admire la Chine, ce n’est sûrement pas pour cette perfor-mance. La Chine devient victime du processus dans lequel elle s’est engagée : la réussite économique à tout prix ! À Tianjin on peut craindre que la sécurité passe après la recherche du bénéfice. L’efficacité du travail compte davantage que les conditions de travail. L’industrie robotise les corps et les âmes. Nous sommes sollicités par les mêmes démons que les Chinois. Nous y avons succombé com-plètement, jadis, et aujourd’hui certains en cultivent encore la nostalgie. Par pitié, cessons de nous émerveiller devant les taux de croissance ! Même si, effectivement, Tianjin a exhibé l’an dernier un taux de croissance de 10 % l’an dernier, c’est au prix du mépris ! Mépris de l’humain en construisant une usine chimique dangereuse près des immeubles. Mépris de la sécurité des travailleurs en ne les formant pas aux règles élémentaires.L’Empire du Milieu subit des centaines d’accidents industriels chaque année. Le gouver-nement chinois a, fort justement, durci les lois sur la sécurité en 2014 en augmentant les amendes. Mais édicter de bonnes mesures et désigner des boucs émissaires n’empêche pas que lui et les autres soient l’otage d’un seul principe, ce cancer mortel qui dévore la Chine comme une grande partie du monde, ce monstre impitoyable : LE PROFIT !Aux dernières nouvelles, un autre entrepôt de produits chimiques a explosé à quelques centaines de kilomètres de Tianjin, non loin de la zone urbaine.

Le monstre impitoyable du profitRomancier, dramaturge et scénariste à succès, Eric-Emmanuel Schmitt a très bien décrit la si-tuation dans son émail posté sur les réseaux sociaux peu après la catastrophe :

C’est l’histoire d’un mec- comme dirait Coluche -qui raconte les tracasseries d’un éléphant qui s’est coincé la trompe dans une porte et dont les copains se moquent car il chuinte ! Mais il finit tou-jours par dire - allusion faite à leurs histoires :« Et vous trouvez çà drôle ? ».

La victime de trop !67 morts l’an dernier sur les routes calé-doniennes : une hécatombe record sur la-quelle nous reviendrons… Mais parmi ces victimes, il en est une qui a défrayé la chro-nique tant son « cas » est sidérant. C’est l’in-vraisemblable et tragique histoire d’un oc-togénaire bien connu qui a toujours préféré la marche à pied à la voiture et qui descend tranquillement tous les matins de son « île de Lumière » pour aller faire ses emplettes. Mais, ce jour-là, il ne sait pas qu’il a ren-dez-vous avec le destin. Aurait-il commis quelque imprudence, marché en dehors des clous… Aurait-il songé un instant qu’en marchant tranquillement en plein centre-ville, il était en danger de mort ? Que nenni ! C’est pourtant la mort qui l’attendait : un conducteur inconscient, une remorque mal arrimée transportant un bateau, un virage en descente qui, brusquement, libère l’atte-lage, et voilà notre infortuné piéton fauché à mort. Aurait-on pu imaginer histoire plus stupide…• Et vous trouvez çà drôle ?

Course de vitesse à la météoComme tout téléspectateur qui veut se te-nir au courant du temps qu’il fera demain, vous avez sans doute remarqué que les temps d’antenne réservés à la météo sont de plus en plus courts, même en deux sé-quences, obligeant Miss Météo à réaliser une véritable performance pour liquider son sujet en 3 minutes « chrono ». A croire, pour les responsables de notre chaîne, que la météo n’intéresse personne et que plus ça va, plus c’est rapide, plus c’est « Pre-mière ». Plus c’est « Top Chef » ! • Et vous trouvez çà drôle ?

Halte à l’huile de palme« Huile végétale, huile de palme » : les fabri-cants de produits industriels ne manquent pas d’imagination pour nous faire bouffer leurs résidus ! C’est à vous, consommateurs, de ne pas vous faire berner. Prière de dé-

chiffrer les étiquettes avant d’acheter… même si leur lecture trop mini est de plus en plus problématique. Les marques les plus connues vous jouent des tours pendables si vous n’avez pas LU (comme les biscuits du même nom) ! Mais il existe beaucoup d’autres marques dans toute la gamme des petits-déj. apéros, amuses-bouches…. Et, surprise, les produits vertueux ne sont pas toujours les plus chers ! • Et vous trouvez çà drôle ?

Question de stationnementToujours la chaleur, c’est de l’actu comme le chômage ou la vie chère. Et ce n’est pas facile de trouver à l’ombre une place de sta-tionnement. On ne dénoncera jamais assez le massacre des arbres qui, autrefois, faisait tout le charme de Nouméa. Depuis des dé-cennies, nos édiles ont pour obsession de faire couper « tout ce qui dépasse » - et plus encore ! Le résultat est particulièrement af-fligeant…Autre problème de stationnement, celui

qui touche les sociétés d’avocats, les cabi-nets médicaux où les services de santé. Car rares sont ceux qui disposent d’un parking privé. Et c’est du sport pour trouver une place ! Alors on « squatte » à gauche ou à droite, dans les entrées de garage, les es-paces privés. Bien entendu, les « chers » clients n’y sont pour rien. • Et vous trouvez çà drôle ?

Grands cars et gros gabaritsLes problèmes de la circulation urbaine sont multiples. A commencer par ces im-posants autocars qui ont bien du mal à manœuvrer en circulation dense dans ce canevas de carrefours à angle droit. Mais a-t-on vraiment besoin de ces grands ma-chins patauds, la plupart du temps vides en dehors des heures d’affluence. Mais où sont nos baby-cars d’antan ?Il y a aussi les gros gabarits, ces énormes 4x4 sans limitation de taille qui font la fortune des importateurs. Évidemment,

aucun élu responsable ne se soucie de sa-voir si ces « hors normes » sont bien adap-tés aux dimensions de nos rues, plaçant les usagers en situation dangereuse aux abords des carrefours dont ils masquent complètement les feux tricolores placés sur les bas-côtés. Quand se décidera-t-on à installer des feux suspendus au-dessus des voies ? Et quand imposera-t-on des li-mites au gigantisme de certains véhicules uniquement faits pour les Highways. La Calédonie, c’est pas l ‘Amérique… • Et vous trouvez çà drôle ?

Elle consomme combien ?Vous l’avez sans doute constaté, très rares sont les pubs innombrables consacrées aux voitures qui mentionnent la consommation dans les différents types de parcours (ur-bain, mixte urbain-route, route). La récente tricherie du groupe Volkswagen, qui a eu d’énormes répercussions commerciales, va-t-elle inciter les publicitaires des construc-teurs à plus de transparence sur la conso (essence ou diesel) de leurs modèles vis-à-

vis de la clientèle – comme ce fut le cas pendant très longtemps en Nouvelle-Ca-lédonie ? Où faudra-t-il faire appel à une réglementation plus contraignante ?• Et vous trouvez çà drôle ?

Nouméa, ça pue !Je ne sais pas si vous avez remarqué mais il y a comme des odeurs de rats crevés dans les caniveaux, même du côté du Centre-ville. A

croire qu’il n’est pas toujours très bien fré-quenté… où que ce sont les services d’hy-giène qui ne font pas bien leur boulot. Ac-cessoirement, ce sont les pauvres touristes qui trinquent… Mais, n’en doutez pas, ils s’en souviendront ! • Et vous trouvez çà drôle ?

Ordures et caniculePar ces temps de canicule, voilà un sujet qui empeste, surtout à l’heure du déjeuner ! Contrairement à tout principe sanitaire, il n’est pas rare de voir nos éboueurs en plein exercice au plein « chaud » de la journée. Avec les odeurs et les mouches en partage. Mais si ce n’était que çà ! La ville compte nombre de rues étroites à sens unique où les camions-poubelles bouchent toute la circulation. Et quand la rue est longue, plus désespérante est l’attente – surtout pour les automobilistes qui ne possèdent pas la clim’ ! • Et vous trouvez çà drôle ?

Et vous trouvez çà drôle ???

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Page 19: Magasine changer d'ère n°1 Association Corail Vivant Terre des Hommes

HALTE AUX PILLAGES

Rappel du code de l’Environnementen province Sud

RAPPELA N N U E L

De nombreuses autres espèces sont soumises à une

réglementation stricte. Préservons ces espèces fragiles.

Soyons responsable et appliquons le code de l’Environnement.

Il est en ligne sur le site province-sud.nc, rubrique

environnement.

ESPÈCES PROTÉGÉES

> Notou & RoussetteLa chasse pour ces deux espèces est ouverte exclusivementles samedis et dimanches du 1er au 30 avril inclus. Le commerce,la vente et l’achat de notous et roussettes sont interdits.

Amende supérieure à 3,5 millions de francs et 2 ans d’emprisonnement.

> BulimeLe fait de transporter, consommer ou vendre des bulimes surla Grande Terre est passible d’une amende de plus d’1 million de francs et 6 mois d’emprisonnement.

> Crabe de palétuviersLe fait de pêcher ou d’acheter des crabes entre le 1er décembre et le 31 janvier vous rend passible d’une amende supérieure à 2,5 millions de francs.

> Loche, Picot & BénitierIls sont soumis à des quotas très stricts, des périodes de capture

et des limites de taille. Les sanctions vont de 180 000 F à plus de 2,5 millions de francs.

> TortueLa tortue est une espèce protégée.Tout acte de pêche, perturbation, mutilation, destruction des nids, consommation, capture, vente ou

achat sont punis d’une forte amende.