No 113 • 23 janvier 2012 Supplément de Tout l’Immobilier No 617

Elle vit au Japon depuis une trentaine années et elle est tombée amoureuse

du dépouillement et du minima-lisme qui sont à la base de la culture japonaise. Après avoir publié un premier livre devenu un best-seller, «L’art de la sim-plicité» (Editions Robert Laffont), la Française Dominique Loreau a exploré et célébré, dans ses ou-vrages suivants, les bienfaits de la frugalité et de la sobriété, tels qu’ils sont pratiqués et intériori-sés au pays du Soleil levant. Son credo: «Simplifier sa vie, c’est l’enrichir».

Un exercice quotidien de zénitudeDans son dernier livre qui vient de paraître, elle affirme même que faire le ménage ne doit pas être une corvée, mais une sorte de thérapie quotidienne, un exer-cice de zénitude qui permet de progresser mentalement et même spirituellement, s’il est vécu en pleine conscience. Le titre apparaît ainsi, à la fois, comme un véritable acte de foi et une pro-clamation : «Faire le ménage chez soi, faire le ménage en soi» (Editions Marabout).«C’est lors d’un séjour initiatique dans un temple japonais que j’ai appris ce que repré-sentait véritablement la pratique du ménage pour les adeptes du zen, explique-t-elle. C’est tout un art de vivre le quotidien avec lenteur, profondeur et simplicité. Le ménage peut de-venir un plaisir, un art, un exercice spirituel: il suffit pour cela de retrouver l’envie de vivre

pour soi, chez soi, et de renouer avec des va-leurs aussi anciennes qu’universelles».

L’harmonie de la maison et de soi-mêmePour Dominique Loreau, le ménage est donc beaucoup plus que le ménage. C’est une manière de renouer avec ses énergies, de reprendre la maîtrise de son environnement, de retrouver son rythme et ses valeurs. «Si nous voulons être en harmonie avec le monde extérieur et avec nous-mêmes, nous

devons être en harmonie avec notre maison. Elle reflète ce que nous sommes, désirons être ou paraître. Si nous cherchons à avoir une bonne image de nous, il nous faut garder notre intérieur à la hauteur de cette image: propre, net, harmonieux et sain».D’où cette vérité un peu paradoxale, c'est-à-dire tout à fait zen: faire le ménage est une activité qui se déroule à l’extérieur (les nettoyages, les rangements), mais qui vise un objectif intérieur: le perfectionnement de soi! Même s’il est plutôt répétitif et pénible, le ménage est une manière de s’alléger soi-même, de se dépouiller, de devenir la per-sonne que l’on veut être. Dominique Loreau concède que c’est «un mal nécessaire», mais ajoute aussitôt qu’il permet de redyna-miser son énergie et de revitaliser son être.

La recherche de l’harmonie«Il faut cultiver son jardin», disait Voltaire, et c’est au fond la même philosophie qui appa-raît chez Dominique Loreau: une école d’hu-milité, de réalisme, de patience, d’obstination, de satisfactions minuscules mais précieuses. C’est la même envie de se consacrer à la vie concrète pour mieux s’en évader et pour mieux prendre de la hauteur. Le ménage im-pose ses innombrables contraintes: les auto-matismes, la rigueur, la ténacité, la méthode. Il s’inscrit dans la durée et exige une discipline, ou plutôt une autodiscipline, aussi régulière et minutieuse que celle du jardinier. Mais il apporte aussi, en récompense, le sentiment du devoir accompli, une impression de maî-trise, de bien-être et d’harmonie. «La façon dont nous habitons et soignons notre intérieur influe sur notre destinée», conclut Dominique Loreau. n

Jaques Rasmoulado

Quand le ménage devient un art de vivre!C’est la nouvelle tendance à la mode: faire le ménage ne doit plus être considéré comme une corvée inévitable, mais comme une espèce de thérapie qui permet de reprendre le contrôle de son environnement et de sa vie quotidienne, tout en cultivant une approche très zen de l’existence. Pour l’écrivain Dominique Loreau, c’est en prenant soin de sa maison que l’on parvient le mieux à «nettoyer son cœur et son esprit».

phovoir• Faire le ménage peut devenir une tâchetrès excitante.