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CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – N o 16406 – 7,50 F FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, 450 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS; Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. b TELEVISION aRADIO HMULTIMEDIA SEMAINE DU 27 OCTOBRE AU 2 NOVEMBRE 1997 CINÉMA « La Leçon de piano », un film de Jane Campion, romantique, sensuel, extravagant. Page 22 FIP Eclectisme, couleur et engagement au programme de la radio musicale parisienne. Page 26 Un CD-ROM à la découverte du tombeau de Toutankhamon Page 36 Naissance du télésurfeur Pages 2 à 4 Ce que le DVD va changer Déjà bien implantés aux Etats-Unis, le DVD-ROM et le DVD vidéo font leur apparition en France. Faut-il acheter disques et lecteurs dès aujourd’hui, ou attendre que les prix baissent ? Pages 32 et 33 International .............. 2 France ........................... 6 Société........................... 10 Carnet ............................ 11 Horizons....................... 12 Entreprises .................. 14 Placements/marchés 16 Aujourd’hui ................. 19 Communication ......... 19 Abonnements............. 20 Météorologie-Jeux.... 21 Culture.......................... 22 Guide............................. 24 Radio-Télévision........ 25 Typhon boursier a DANS LA MÉMOIRE des boursiers, la semaine qui vient de s’achever restera marquée par le krach de Hongkong, jeudi 23 octobre. L’événement sera d’autant plus facile à retenir qu’il « tombe » pratiquement dix ans, jour pour jour, après le krach de 1987. Les conséquences de la crise financière asiatique et la chute de la Bourse de Hongkong ont frappé de plein fouet l’ensemble des Bourses mondiales. Pourtant, les actions restent le meilleur place- ment à terme. Encore faut-il, pour limiter les risques, respecter un certain nombre de règles que rap- pelle notre B.A.-ba de la gestion d’un portefeuille. Lire pages 16 à 18 Un neurologue au théâtre OLIVER SACKS AUX BOUFFES DU NORD, Pe- ter Brook reprend L’Homme qui, adaptation du livre du neurologue anglo-américain Oliver Sacks L’Homme qui prenait sa femme pour un chapeau. Pour mettre en scène les cas cliniques du livre et la relation avec le thérapeute, les ac- teurs ont longtemps observé les patients de la Salpêtrière. Une ex- périence qui élargit le champ de l’art à des zones qui lui étaient jusque-là étrangères. Lire page 22 Nouvelle-Calédonie : quand le nickel menace la paix TROISIÈME DÉTENTEUR mondial de réserves en minerai de nickel, la Nouvelle-Calédonie tient le bon filon. De tous les derniers lambeaux de l’ancienne puissance coloniale que fut la France, le « Caillou » est assurément le pre- mier à pouvoir prétendre vivre, à l’avenir, sans trop de subsides de la métropole. C’est, du reste, l’une des raisons pour lequelles le mou- vement indépendantiste dépasse, là-bas, largement, les petits cercles gauchisants de la Guyane ou des Antilles. Mais, pour l’heure, le nic- kel est d’abord un boulet. Voilà un an et demi qu’à la suite d’informations de presse le Front de libération nationale kanak so- cialiste (FLNKS) a fait un « préa- lable » du règlement de la ques- tion minière. Informé par le président du Rassemblement pour la Calédonie dans la République (RPCR), Jacques Lafleur, Le Figaro avait dévoilé des documents de travail, effectivement co-signés par trois dirigeants indépendan- tistes calédoniens, selon lesquels la Nouvelle-Calédonie se verrait reconnaître « une identité propre au sein de l’ensemble français ». Evidemment, la position exprimée dans ces textes ne correspondant pas aux engagements publics du FLNKS, leur révélation a entraîné une radicalisation du mouvement indépendantiste : les trois diri- geants ont été « débarqués », au profit d’une nouvelle équipe qui a rapidement haussé le ton. Pour l’immense majorité des Ka- naks, on ne maîtrise pas son des- tin si l’on n’a pas de prise sur sa terre, la terre des ancêtres. La terre et son sous-sol. C’est dans ce contexte, culturel, identitaire, qu’il faut replacer, pour le comprendre, l’interminable feuilleton de « l’usine du nord ». C’est en 1995 que la Société minière du Sud-Pa- cifique (SMSP), contrôlée par la province Nord, à majorité indé- pendantiste, se met à bâtir le pro- jet d’une vaste usine de traitement du nickel, en association avec le groupe canadien Falconbridge, numéro deux mondial de la spé- cialité. L’une apporterait sa terre ; l’autre ses capitaux et sa technolo- gie. On n’est pas peu fier de cette aventure dans les milieux indé- pendantistes : l’hypothétique « Kanaky libre » serait cotée à la Bourse de Londres, qui fait auto- rité pour les métaux non ferreux. Jean-Louis Saux Lire la suite page 13 TÉLÉVISION RADIO MULTIMÉDIA a Le zapping pour sortir de la télé a Le DVD va tuer le CD-ROM Les Bermudes, paradis fiscal en quête de vertu HAMILTON (Bermudes) de notre envoyée spéciale Ne dites pas à Pamela Gordon, premier mi- nistre des Bermudes, l’une des dernières co- lonies britanniques, que son archipel, en plein Atlantique, est un paradis fiscal. Encore moins que, comme dans d’autres centres fi- nanciers « off-shore », le blanchiment d’argent sale pourrait y avoir droit de cité. Car les Bermudes – capitale : Hamilton – sup- portent mal d’être mises dans le même panier que « les îles d’en bas », comme ils disent, fai- sant allusion aux Caraïbes : les Caïmans, Bar- bade, Antigua et autres Turques-et-Caïques. Les Bermudes se veulent atypiques. Il est vrai que leurs habitants surprennent. Crava- tés et sanglés dans des vestes très classiques, ministres, présidents, cadres et employés ont délaissé le pantalon pour... le bermuda. Les chaussettes arrivent juste au-dessous du ge- nou, les chaussures sont forcément de facture anglaise, l’attaché-case est de rigueur, le pa- rapluie souvent utile. Cette version bermu- dienne de l’uniforme de la City londonienne fait ressembler le centre des affaires de la ca- pitale à une annexe d’Eton. A ceci près que les hommes d’affaires bermudiens, plus fan- tasques que leurs cousins britanniques, affec- tionnent les couleurs vives. Les bermudas sont roses, jaunes, verts ou violets. Les Bermudiens ne sont pas pour autant des rigolos. Les Bermudes sont depuis vingt- cinq ans un centre d’affaires réputé et qui tient à sa réputation. La vie y est belle puisque on n’y connaît pas l’impôt. La proxi- mité des Etats-Unis – l’île, 53 kilomètres car- rés, se situe 600 milles à l’est de la Caroline du Nord – en fait un havre fiscal tout trouvé pour les ressortissants américains. Bon nombre d’entre eux y mettent leur fortune à l’abri. Des acteurs évitent de payer d’énormes pen- sions alimentaires en cas de divorce, des mé- decins échappent à d’éventuels recours de patients, des compagnies aériennes y domici- lient leurs avions pour éviter de les voir saisis par des créanciers. Quelque 100 milliards de dollars seraient ainsi gérés dans les trusts ber- mudiens. Rien que de très légal. Légale également la réassurance financière, spécialité locale. Pas de sociétés en kit, de passeports à la de- mande, ni de centaines de milliers de boîtes aux lettres, comme aux îles Vierges. « Seule- ment » 10 000 sociétés sont enregistrées sur le territoire. Le blanchiment ? « Personne ne peut jurer qu’il n’en existe pas », admet le mi- nistre des finances. L’évasion fiscale ? Sho- king. On parle ici d’« optimisation » fiscale. Les Bermudes ont entrepris une grande opération de séduction. « Les jours des para- dis fiscaux sont comptés », prédit le directeur général de la Bank of Bermuda, l’un des trois établissements de l’île. Aussi, chaque paradis fiscal exotique fait de la surenchère dans la vertu. Les Bahamas, les îles Caïmans, Antigua et la Barbade affirment ainsi, dans une ré- cente publicité commune, que, « inquiètes du phénomène du blanchiment d’argent, elles se sont dotées de législations modernes inspirées par la lutte anti-drogue. » Babette Stern A l’aube du XXI e siècle, 250 millions d’enfants travaillent SELON LES ESTIMATIONS de diverses agences de l’ONU, plus de 250 millions d’enfants âgés de cinq à quatorze ans travaillent au- jourd’hui dans le monde et sont exposés souvent à des tâches dan- gereuses. Un sur deux vit en Asie, un sur trois en Afrique. Ce fléau n’épargne pas tout à fait le monde développé, notamment les Etats- Unis et plusieurs pays d’Europe du Sud et d’Europe centrale. En colla- boration avec le Fonds des Na- tions unies pour l’enfance (UNI- CEF) et le Bureau international du travail (BIT), le gouvernement norvégien organise, du 27 au 30 octobre à Oslo, une conférence à laquelle doivent participer une quarantaine de pays. L’objectif est de tenter de définir une stratégie mondiale pour combattre le travail des enfants. Lire page 2 et notre éditorial page 13 a Une lettre de VGE aux juges de Papon Valéry Giscard d’Estaing explique dans une lettre au président de la cour d’as- sises de la Gironde pourquoi il préfère ne pas témoigner à la barre. p. 26 a Algérie : élections sans surprises Les élections locales du 23 octobre en Algérie, contestées par l’opposition, renforcent le pouvoir en place. p. 4 a Trois cas de dopage au PSG Après le footballeur Vincent Guérin et le judoka Djamel Bouras, le handbal- leur Christophe Zuniga, lui aussi licen- cié dans le club parisien, a été contrôlé positif à la nandrolone. p. 19 a Un entretien avec Jean-Pierre Davant Le président de la Fédération nationale de la Mutualité française s’alarme de la lenteur de la réforme du système de Sécurité sociale. p. 8 a Piccoli le magnifique A soixante-douze ans, l’acteur devient réalisateur et se « flatte de ne rien faire comme tout le monde ». p. 12 a Au « Grand Jury » Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’intérieur, sera l’invité du « Grand Jury RTL-Le Monde-LCI », dimanche 26 oc- tobre à 18 h 30. L’émission est retrans- mise en direct sur LCI. Les auteurs de « L’Affaire Yann Piat » n’ont produit aucune preuve COMPARAISSANT vendredi 24 octobre devant le tribunal civil de Paris présidé par Jean-Marie Coulon, André Rougeot et Jean- Michel Verne, les auteurs du livre L’Affaire Yann Piat, des assassins au cœur du pouvoir, et leur éditeur Flammarion n’ont pu apporter au- cun élément de preuve permettant d’étayer leurs « révélations » sur les commanditaires de l’assassinat de la députée du Var. Ils n’ont pas non plus, révélé l’identité de leur mystérieux informateur, qu’ils pré- sentent toujours comme un « gé- néral ». « Je suis atterré », a laissé tomber en guise de commentaire le substitut Pierre Dillange. Défen- seur de François Léotard, M e Pa- trick Devedjian a pour sa part esti- mé qu’au travers du président de l’UDF, mis en cause dans l’ou- vrage, « c’est la fonction même de l’Etat qui est en accusation ». Lire page 10 LIONEL JOSPIN a annoncé, sa- medi 25 octobre, au terme d’un colloque organisé par le ministre de l’intérieur, Jean-Pierre Chevène- ment, à Villepinte, en Seine-Saint- Denis, la création d’un Conseil de sécurité intérieure qui aura pour mission « de définir les orientations générales de la politique de sécuri- té ». Placée sous l’autorité du pre- mier ministre, cette instance re- groupera les ministres de l’intérieur, de la justice, de la dé- fense, de l’emploi, de l’éducation nationale et le secrétaire d’Etat au budget. M. Jospin a plaidé pour un « droit à la sécurité » car « l’insé- curité est aussi une inégalité » : « Un citoyen dont la sécurité n’est pas as- surée ne peut exercer son droit à la liberté, a-t-il déclaré. Le principe ré- publicain de l’égalité entre les ci- toyens ne peut ignorer ce droit à la sécurité. [...] Il ne peut y avoir des quartiers sûrs et des zones de non- droit. Il en va de la solidité du lien social. » Il a également annoncé le dépôt, « dès le début de l’année 1998 », de deux projets de loi sur les polices municipales et sur les sociétés de gardiennage. En outre, une commission, qui aura « le sta- tut d’autorité indépendante », sera mise en place pour « contrôler le respect des règles de déontologie par les services en charge de la sécuri- té ». Enfin, M. Jospin a décidé de confier une mission au député (MDC) Roland Carraz et au séna- teur centriste Jean-Jacques Hyest afin de conduire une « réflexion sur la répartition des moyens de la po- lice et de gendarmerie sur le terri- toire », c’est-à-dire sur le redé- ploiement de ces forces. Lire page 6 M. Jospin défend « le droit à la sécurité » b Le premier ministre annonce la création d’un Conseil de sécurité intérieure b Une commission indépendante sera chargée de contrôler la déontologie des services de police b Deux projets de loi seront déposés début 1998 sur les polices municipales et les sociétés de gardiennage

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Page 1: o 7,50 F DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 FONDATEUR ... · sensuel, extravagant. Page 22 FIP Eclectisme, couleur et engagement au programme de la radio musicale parisienne. Page

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CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16406 – 7,50 F FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIDIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997

Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ;Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce,450 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg,46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas,3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ;Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ;Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $.

b TELEVISION a RADIO H MULTIMEDIA

SEMAINE DU 27 OCTOBRE AU 2 NOVEMBRE 1997

CINÉMA« La Leçon de piano », un film de Jane Campion,romantique, sensuel, extravagant. Page 22

F I P

Eclectisme, couleuret engagementau programme de la radio musicaleparisienne. Page 26

Un CD-ROM à la découverte du tombeau de Toutankhamon Page 36

Naissance dutélésurfeur

Pages 2 à 4

Ce que le DVD va changerDéjà bien implantés aux Etats-Unis, le DVD-ROM et le DVD vidéo font leur apparition en France. Faut-il acheter disques et lecteurs dès aujourd’hui, ou attendre que les prix baissent ? Pages 32 et 33

TÉLÉVISION RADIOMULTIMÉDIA

a Le zapping poursortir de la télé a Le DVD va tuerle CD-ROM

A l’aubedu XXIe siècle,250 millionsd’enfantstravaillent

SELON LES ESTIMATIONS de

Les auteursde « L’AffaireYann Piat »n’ont produitaucune preuve

COMPARAISSANT vendredi

LIONEL JOSPIN a annoncé, sa-

les polices municipales et sur les

M. Jospin défend « le droit à la sécurité »b Le premier ministre annonce la création d’un Conseil de sécurité intérieure b Une commission

indépendante sera chargée de contrôler la déontologie des services de police b Deux projetsde loi seront déposés début 1998 sur les polices municipales et les sociétés de gardiennage

medi 25 octobre, au terme d’uncolloque organisé par le ministrede l’intérieur, Jean-Pierre Chevène-ment, à Villepinte, en Seine-Saint-Denis, la création d’un Conseil desécurité intérieure qui aura pourmission « de définir les orientationsgénérales de la politique de sécuri-té ». Placée sous l’autorité du pre-mier ministre, cette instance re-groupera les ministres del’intérieur, de la justice, de la dé-fense, de l’emploi, de l’éducationnationale et le secrétaire d’Etat aubudget.

M. Jospin a plaidé pour un« droit à la sécurité » car « l’insé-curité est aussi une inégalité » : « Uncitoyen dont la sécurité n’est pas as-surée ne peut exercer son droit à laliberté, a-t-il déclaré. Le principe ré-publicain de l’égalité entre les ci-toyens ne peut ignorer ce droit à lasécurité. [...] Il ne peut y avoir desquartiers sûrs et des zones de non-droit. Il en va de la solidité du liensocial. » Il a également annoncé ledépôt, « dès le début de l’année1998 », de deux projets de loi sur

Nouvelle-CaléTROISIÈME DÉTENTEUR

Les HAMILTON (Bermudes)

sociétés de gardiennage. En outre,une commission, qui aura « le sta-tut d’autorité indépendante », seramise en place pour « contrôler lerespect des règles de déontologie par

donie : quandes raisons pour lequelles le mou-

Bermudes, paradis fait ressembler le centr

les services en charge de la sécuri-té ». Enfin, M. Jospin a décidé deconfier une mission au député(MDC) Roland Carraz et au séna-teur centriste Jean-Jacques Hyestafin de conduire une « réflexion sur

d le nickel melable » du règlement de la ques-

fiscal en quête de vere des affaires de la ca- Rien que

la répartition des moyens de la po-lice et de gendarmerie sur le terri-toire », c’est-à-dire sur le redé-ploiement de ces forces.

Lire page 6

nace la paixreconnaître « une identité propre

tude très légal. Légale également la

24 octobre devant le tribunal civilde Paris présidé par Jean-MarieCoulon, André Rougeot et Jean-Michel Verne, les auteurs du livreL’Affaire Yann Piat, des assassins aucœur du pouvoir, et leur éditeurFlammarion n’ont pu apporter au-cun élément de preuve permettantd’étayer leurs « révélations » surles commanditaires de l’assassinatde la députée du Var. Ils n’ont pasnon plus, révélé l’identité de leurmystérieux informateur, qu’ils pré-sentent toujours comme un « gé-néral ». « Je suis atterré », a laissétomber en guise de commentairele substitut Pierre Dillange. Défen-seur de François Léotard, Me Pa-trick Devedjian a pour sa part esti-mé qu’au travers du président del’UDF, mis en cause dans l’ou-vrage, « c’est la fonction même del’Etat qui est en accusation ».

Lire page 10

diverses agences de l’ONU, plus de250 millions d’enfants âgés de cinqà quatorze ans travaillent au-jourd’hui dans le monde et sontexposés souvent à des tâches dan-gereuses. Un sur deux vit en Asie,un sur trois en Afrique. Ce fléaun’épargne pas tout à fait le mondedéveloppé, notamment les Etats-Unis et plusieurs pays d’Europe duSud et d’Europe centrale. En colla-boration avec le Fonds des Na-tions unies pour l’enfance (UNI-CEF) et le Bureau international dutravail (BIT), le gouvernementnorvégien organise, du 27 au30 octobre à Oslo, une conférenceà laquelle doivent participer unequarantaine de pays. L’objectif estde tenter de définir une stratégiemondiale pour combattre le travaildes enfants.

Lire page 2et notre éditorial page 13

Typhonboursier

DANS LA MÉMOIRE des

de notre envoyée spécialeNe dites pas à Pamela Gordon, premier mi-

nistre des Bermudes, l’une des dernières co-lonies britanniques, que son archipel, en pleinAtlantique, est un paradis fiscal. Encoremoins que, comme dans d’autres centres fi-nanciers « off-shore », le blanchimentd’argent sale pourrait y avoir droit de cité.Car les Bermudes – capitale : Hamilton – sup-portent mal d’être mises dans le même panierque « les îles d’en bas », comme ils disent, fai-sant allusion aux Caraïbes : les Caïmans, Bar-bade, Antigua et autres Turques-et-Caïques.

Les Bermudes se veulent atypiques. Il estvrai que leurs habitants surprennent. Crava-tés et sanglés dans des vestes très classiques,ministres, présidents, cadres et employés ontdélaissé le pantalon pour... le bermuda. Leschaussettes arrivent juste au-dessous du ge-nou, les chaussures sont forcément de factureanglaise, l’attaché-case est de rigueur, le pa-rapluie souvent utile. Cette version bermu-dienne de l’uniforme de la City londonienne

pitale à une annexe d’Eton. A ceci près que leshommes d’affaires bermudiens, plus fan-tasques que leurs cousins britanniques, affec-tionnent les couleurs vives. Les bermudassont roses, jaunes, verts ou violets.

Les Bermudiens ne sont pas pour autantdes rigolos. Les Bermudes sont depuis vingt-cinq ans un centre d’affaires réputé et quitient à sa réputation. La vie y est bellepuisque on n’y connaît pas l’impôt. La proxi-mité des Etats-Unis – l’île, 53 kilomètres car-rés, se situe 600 milles à l’est de la Caroline duNord – en fait un havre fiscal tout trouvé pourles ressortissants américains. Bon nombred’entre eux y mettent leur fortune à l’abri.Des acteurs évitent de payer d’énormes pen-sions alimentaires en cas de divorce, des mé-decins échappent à d’éventuels recours depatients, des compagnies aériennes y domici-lient leurs avions pour éviter de les voir saisispar des créanciers. Quelque 100 milliards dedollars seraient ainsi gérés dans les trusts ber-mudiens.

réassurance financière, spécialité locale. Pasde sociétés en kit, de passeports à la de-mande, ni de centaines de milliers de boîtesaux lettres, comme aux îles Vierges. « Seule-ment » 10 000 sociétés sont enregistrées surle territoire. Le blanchiment ? « Personne nepeut jurer qu’il n’en existe pas », admet le mi-nistre des finances. L’évasion fiscale ? Sho-king. On parle ici d’« optimisation » fiscale.

Les Bermudes ont entrepris une grandeopération de séduction. « Les jours des para-dis fiscaux sont comptés », prédit le directeurgénéral de la Bank of Bermuda, l’un des troisétablissements de l’île. Aussi, chaque paradisfiscal exotique fait de la surenchère dans lavertu. Les Bahamas, les îles Caïmans, Antiguaet la Barbade affirment ainsi, dans une ré-cente publicité commune, que, « inquiètes duphénomène du blanchiment d’argent, elles sesont dotées de législations modernes inspiréespar la lutte anti-drogue. »

Babette Stern

a boursiers, la semaine quivient de s’achever restera marquéepar le krach de Hongkong, jeudi23 octobre. L’événement serad’autant plus facile à retenir qu’il« tombe » pratiquement dix ans,jour pour jour, après le krach de1987. Les conséquences de la crisefinancière asiatique et la chute dela Bourse de Hongkong ont frappéde plein fouet l’ensemble desBourses mondiales. Pourtant, lesactions restent le meilleur place-ment à terme. Encore faut-il, pourlimiter les risques, respecter uncertain nombre de règles que rap-pelle notre B.A.-ba de la gestiond’un portefeuille.

Lire pages 16 à 18

Un neurologueau théâtre

mondial de réserves en minerai denickel, la Nouvelle-Calédonie tientle bon filon. De tous les dernierslambeaux de l’ancienne puissancecoloniale que fut la France, le« Caillou » est assurément le pre-mier à pouvoir prétendre vivre, àl’avenir, sans trop de subsides dela métropole. C’est, du reste, l’une

vement indépendantiste dépasse,là-bas, largement, les petits cerclesgauchisants de la Guyane ou desAntilles. Mais, pour l’heure, le nic-kel est d’abord un boulet.

Voilà un an et demi qu’à la suited’informations de presse le Frontde libération nationale kanak so-cialiste (FLNKS) a fait un « préa-

tion minière. Informé par leprésident du Rassemblement pourla Calédonie dans la République(RPCR), Jacques Lafleur, Le Figaroavait dévoilé des documents detravail, effectivement co-signéspar trois dirigeants indépendan-tistes calédoniens, selon lesquelsla Nouvelle-Calédonie se verrait

France ........................... 6Société........................... 10Carnet............................ 11Horizons....................... 12Entreprises .................. 14Placements/marchés 16

Communication ......... 19Abonnements............. 20Météorologie-Jeux.... 21Culture.......................... 22Guide............................. 24Radio-Télévision........ 25

OLIVER SACKS

AUX BOUFFES DU NORD, Pe-

au sein de l’ensemble français ».Evidemment, la position expriméedans ces textes ne correspondantpas aux engagements publics duFLNKS, leur révélation a entraînéune radicalisation du mouvementindépendantiste : les trois diri-geants ont été « débarqués », auprofit d’une nouvelle équipe qui arapidement haussé le ton.

Pour l’immense majorité des Ka-naks, on ne maîtrise pas son des-tin si l’on n’a pas de prise sur saterre, la terre des ancêtres. Laterre et son sous-sol. C’est dans cecontexte, culturel, identitaire, qu’ilfaut replacer, pour le comprendre,l’interminable feuilleton de« l’usine du nord ». C’est en 1995que la Société minière du Sud-Pa-cifique (SMSP), contrôlée par laprovince Nord, à majorité indé-pendantiste, se met à bâtir le pro-jet d’une vaste usine de traitementdu nickel, en association avec legroupe canadien Falconbridge,numéro deux mondial de la spé-cialité. L’une apporterait sa terre ;l’autre ses capitaux et sa technolo-gie. On n’est pas peu fier de cetteaventure dans les milieux indé-pendantistes : l’hypothétique« Kanaky libre » serait cotée à laBourse de Londres, qui fait auto-rité pour les métaux non ferreux.

Jean-Louis Saux

Lire la suite page 13

International .............. 2 Aujourd’hui ................. 19

ter Brook reprend L’Homme qui,adaptation du livre du neurologueanglo-américain Oliver SacksL’Homme qui prenait sa femmepour un chapeau. Pour mettre enscène les cas cliniques du livre et larelation avec le thérapeute, les ac-teurs ont longtemps observé lespatients de la Salpêtrière. Une ex-périence qui élargit le champ del’art à des zones qui lui étaientjusque-là étrangères.

Lire page 22

Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche,25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ;

a Une lettre de VGEaux juges de PaponValéry Giscard d’Estaing explique dansune lettre au président de la cour d’as-sises de la Gironde pourquoi il préfèrene pas témoigner à la barre. p. 26

a Algérie : électionssans surprisesLes élections locales du 23 octobre enAlgérie, contestées par l’opposition,renforcent le pouvoir en place. p. 4

a Trois casde dopage au PSGAprès le footballeur Vincent Guérin etle judoka Djamel Bouras, le handbal-leur Christophe Zuniga, lui aussi licen-cié dans le club parisien, a été contrôlépositif à la nandrolone. p. 19

a Un entretien avecJean-Pierre DavantLe président de la Fédération nationalede la Mutualité française s’alarme de lalenteur de la réforme du système deSécurité sociale. p. 8

a Piccolile magnifiqueA soixante-douze ans, l’acteur devientréalisateur et se « flatte de ne rien fairecomme tout le monde ». p. 12

a Au « Grand Jury »Jean-Pierre Chevènement, ministre del’intérieur, sera l’invité du « Grand JuryRTL-Le Monde-LCI », dimanche 26 oc-tobre à 18 h 30. L’émission est retrans-mise en direct sur LCI.

Page 2: o 7,50 F DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 FONDATEUR ... · sensuel, extravagant. Page 22 FIP Eclectisme, couleur et engagement au programme de la radio musicale parisienne. Page

LeMonde Job: WMQ2610--0002-0 WAS LMQ2610-2 Op.: XX Rev.: 25-10-97 T.: 10:40 S.: 111,06-Cmp.:25,11, Base : LMQPAG 37Fap:99 No:0291 Lcp: 196 CMYK

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I N T E R N A T I O N A LLE MONDE / DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997

Au Bangladesh, huit mille enfants ouvriers ont quitté l’usine pour l’écoleUne expérience unique au monde qui pourrait servir de modèle

REPORTAGELes industrielsdu vêtement, l’Unicefet l’OIT ont financécette opération

DACCAde notre envoyé spécial

C’est une école minuscule, auxtrois classes un peu sombres, dansun quartier de Dacca, mégapole

grouillante et miséreuse. Sur lesmurs, il y a des dessins d’enfants,un planisphère, une carte du Ban-gladesh, l’anatomie d’un corps hu-main, quelques conseils d’hygièneet des petites phrases illustréespour apprendre l’anglais : « Ceciest une reine, une mangue, unrat... » Les élèves, en majorité desfilles, ont entre neuf et quator-ze ans. Ils étudient trois heurespar jour avant de laisser leur salle,faute de place, à un secondgroupe.

Ces enfants sont des élèves d’ungenre particulier. Il y a un an, ou àpeine plus, ils travaillaient dixheures par jour, six jours par se-maine, dans l’un des 2 600 ateliersde confection du pays. Au termed’une épreuve de force soldée parun accord international, ces en-fants ouvriers ont quitté l’usinepour l’école, délaissé la machine àcoudre pour le tableau noir. Ilssont aujourd’hui les acteurs, et lesbénéficiaires, d’une expérienceunique au Bangladesh – et dans lemonde – qui pourrait servir demodèle.

Tout commence en 1993,lorsque Tom Harkin, sénateur ré-publicain de l’Idaho, dépose auCongrès une proposition de loi vi-sant à interdire l’entrée aux Etats-Unis des produits fabriqués totale-ment ou en partie par une main-d’œuvre enfantine. Le texte pré-voit aussi des sanctions contre lesimportateurs. Pour le Bangladesh,dans le collimateur américain, laloi Harkin est une catastrophe. Le

vêtement est devenu sa premièreindustrie non traditionnelle. Elleemploie 1,3 million de personnes,procure au pays 70 % de ses de-vises, et exporte les deux tiers desa production aux Etats-Unis,dont elle est le septième fournis-seur mondial.

BIENFAITS DE LA CONCURRENCELe Bangladesh commence par se

cabrer dans un réflexe « patrio-tique ». « On ne comprenait paspourquoi nous étions, avec le Gua-temala, la principale cible de la loiHarkin », raconte Mostapha Qud-dus, devenu le « patron des pa-trons » du secteur. « On a préconi-sé des changements progressifs. Envain. » Les producteurs bangladaissoupçonnent aussi, non sans quel-que raison, les instigateurs decette loi d’obéir à des motivationsmoins nobles, en relayant les do-léances protectionnistes d’un sec-teur de l’industrie américaine qui,avec l’appui des syndicats, seplaint d’une concurrence déloyaleaggravée par le travail des enfants.Fabriquer un T-shirt au Bangla-desh coûte, il est vrai, deux fois etdemie moins cher qu’en Inde etsept fois moins qu’au Sri Lanka.

Quoi qu’il en soit, intérêts etcompassion mêlés, la menaceaméricaine se précise. Parant auplus pressé, les patrons bangladaiscongédient la plupart des enfants– environ 80 000 à l’époque –,dont une moitié se trouvent aussi-tôt rejetés vers les pires travaux dusecteur informel, plus pénibles etencore moins payés. Peu à peu,pourtant, une solution originale,et bénéfique pour tous, prendraforme. Elle donne lieu à un proto-cole d’accord, signé à Dacca le4 juillet 1995, par les industriels duvêtement, l’Unicef (Fonds des Na-tions unies pour l’enfance) et l’OIT(Organisation internationale dutravail), avec le soutien des gou-vernements bangladais et améri-cain.

Cet accord, global et cohérent,repose sur un principe auquel le

patronat souscrit : éliminer decette branche toute main-d’œuvreenfantine, chaque emploi libéréétant offert à un parent plus quali-fié. C’est chose faite depuis le31 octobre 1996. Mais son idée-force est de scolariser les anciensouvriers en préparant, pour ceuxqui le souhaitent, leur éventuel re-tour dans cette industrie.

Sur les quelque 10 000 jeunestravailleurs identifiés dans lesusines au lendemain de l’accord– dont la plupart travaillaient de-puis l’âge de onze ans –, plus de8 000 fréquentent maintenant les315 écoles ouvertes à leur inten-tion, 85 % étant des filles. Chaqueenfant reçoit une petite allocationmensuelle, d’environ 40 francs,qui sans prétendre compenser lesalaire perdu, soulage un peu safamille. Cette opération, cofinan-cée par les parties signataires, estpour l’instant un succès. 95 % desélèves devraient mener à termeleur cycle de trois ans.

Rentrés chez eux, ces enfantsont du temps pour étudier et pouraider leurs proches, fût-ce... entravaillant, pourvu que cet emploià temps partiel ne perturbe pasleur scolarité. Comme Idris,treize ans, qui encaisse l’argent àbord d’un taxi-vespa ; commeNargi, douze ans, qui brode deschemises. Mais les artisans de cetaccord veulent surtout assurer unmeilleur avenir professionnel auxenfants pris en charge.

L’expérience en cours profite àtous. Elle améliore le sort de mil-liers d’enfants. Elle redore l’imagedu Bangladesh et de son gouver-nement. Elle permet au patronat,qui pourtant signa l’accord àcontrecœur, d’en tirer aujourd’huiavantage en exaltant le caractèreaudacieux de ce « scénario social »inédit. « C’est la première foisqu’un secteur industriel tout entierélimine le travail des enfants, sou-ligne Mostapha Quddus. J’espèreque d’autres pays nous imiteront. »

Décidée à jouer le jeu, l’indus-trie du vêtement participe au suivi

de l’opération. Elle prête sonconcours au système de surveil-lance mis en place sous la houlettede l’OIT. Trois fois par semaine,des équipes d’inspecteurs du tra-vail débarquent à l’improvistedans les usines de Dacca et deChittagong pour vérifier la bonneapplication de l’accord. Pendantles premiers mois, elles ont décou-vert deux mille enfants. Lesfraudes sont aujourd’hui deve-nues rares grâce à la vigilance dupatronat, résolu à sanctionner lestricheurs.

UN AMBITIEUX PROGRAMMEProfitant de la dynamique mise

en œuvre, l’Unicef veut aller plusloin. Elle lance un ambitieux pro-gramme destiné à attirer350 000 enfants, qui travaillent enzone urbaine et vivent le plussouvent dans des bidonvilles, vers12 000 « centres d’enseignement »que géreront une soixantained’ONG.

Tous ces progrès, si louablesqu’ils soient, doivent pourtant êtremesurés à l’aune du contexte ban-gladais. Que sont 10 000, voire350 000 enfants dans un pays quien compte 6,3 millions au travail,soit un enfant sur trois entre 10 et14 ans, soit encore 12 % de lamain-d’œuvre nationale ? Dansun pays où un enfant sur quatreseulement en âge d’aller à l’écoletermine le cycle primaire ?

Parmi ceux qui travaillent, septsur dix ne reçoivent aucun salaire,car ils sont aux champs ou serventcomme domestiques. Ceux qui nesont pas employés dans l’industrieou l’artisanat – tanneries, ateliersde tissage ou de mécanique,usines de cigarettes – font toute lagamme des petits métiers : ven-deurs, porteurs, mendiants, pros-titués, fabricants de bougies, ra-masseurs d’ordures, concasseursde briques. Est-ce un hasard si,dans la langue bengalie, le mot« enfant » n’existe pas ?

Jean-Pierre Langellier

La conventioninternationale de 1989

Adoptée en 1989 et ratifiée de-puis par l’ONU – sauf les Etats-Unis et la Somalie –, la conven-tion relative aux droits de l’en-fant reconnaît « le droit del’enfant d’être protégé contre l’ex-ploitation économique et de n’êtreastreint à aucun travail compor-tant des risques ou susceptible decompromettre son éducation oude nuire à son développementphysique, mental, spirituel, moralou social » (art. 31). Les Etats si-gnataires s’engagent à protégerl’enfant « contre toutes les formesd’exploitations préjudiciables àson bien-être » (art. 36). Pour sapart, la convention du Bureauinternational du travail (BIT)fixe à 15 ans l’âge minimumd’admission à l’emploi, tout enautorisant les enfants de 13 à15 ans à accomplir des travauxlégers.

Une quarantaine de pays par-ticipent, du 27 au 30 octobre àOslo, à une conférence interna-tionale qui doit mettre au pointun programme d’action contrele travail des enfants. Elle est or-ganisée par l’Unicef en collabo-ration avec le BIT. Alors que denombreux Etats seront repré-sentés au niveau ministériel, laFrance, elle, a délégué son am-bassadeur en Norvège.

LE MONDE compte 250 millionsde « travailleurs » âgés de cinq àquatorze ans, dont la moitié àplein temps. Selon cette estima-tion du Bureau international dutravail (BIT), un sur deux vit enAsie. En Afrique, un enfant surtrois travaille ; en Amérique latine,un sur cinq. Ce fléau n’épargne pastout à fait le monde développé,notamment les Etats-Unis et plu-sieurs pays d’Europe du Sud etcentrale.

Le Fonds des Nations unies pourl’enfance (Unicef) opère une dis-tinction cruciale entre le travail in-tolérable et le travail acceptable,voire bénéfique pour l’enfant. Lepremier entrave son développe-ment physique et mental ; il parti-cipe à son exploitation écono-mique et sociale ; il viole sonintégrité spirituelle et morale. Lesecond donne à l’enfant quicontribue au revenu familial assu-rance et fierté ; il lui procure uneformation, voire un métier, mêmes’il ne préserve pas toujours sascolarité, son repos et ses loisirs ; illui confère un statut et facilite sonintégration au milieu.

Tenir toute activité économiquedes enfants pour également nociverelève de l’imprécation inutile et

complique le vrai combat contre laservitude, qui ne tolère aucunecomplaisance. Très souvent, lesenfants se plaignent moins du faitmême de travailler que des mau-vais traitements et des humilia-tions subis. La difficulté du pro-blème tient au fait que la grandemajorité des tâches qu’ils ac-complissent se situent dans unezone intermédiaire entre les deuxcatégories extrêmes définies parl’Unicef.

La main-d’œuvre enfantine oc-cupe une gamme infinie d’emplois(plus de trois cents inventoriés auBangladesh). La majorité des en-fants travaillent dans l’agriculture.Soit ils participent bénévolementau cycle des récoltes sur le lopinfamilial. Soit ils sont exploités,moyennant un faible pécule, surles plantations : sucre au Brésil,thé au Népal, coton au Zimbabwe,jasmin en Egypte, sisal en Tanza-nie, tabac en Indonésie.

L’artisanat et l’industrie en-gendrent les tâches les plus dange-reuses. Les enfants manient desfours où coule du verre fondu(Inde), s’abîment les yeux à fabri-quer des tapis (Népal, Pakistan),s’épuisent au fond des mines(Afrique du Sud). En Asie du Sud– mais aussi au Brésil ou en Mauri-tanie –, il s’agit parfois d’un travailforcé, où les parents endettésmettent en gage leurs enfants enéchange d’un prêt modique dontune vie de servitude ne suffira pasà s’acquitter.

Le travail domestique est sansdoute le plus pernicieux de tous,car il échappe aux contrôles. Peuou non rétribués, les enfants sontsurchargés de tâches ménagères,coupés de leurs familles, privésd’éducation, exposés aux vio-lences, notamment sexuelles. L’ex-ploitation domestique – principa-lement des filles – peut avoir lieudans le giron familial. Restent tousles « métiers de la rue », insa-lubres, précaires ou dégradants :vendeurs, portefaix, laveurs devoitures, chiffonniers, mendiants,prostitués.

PARENTS « FAKIRS »L’ampleur du problème tient

d’abord à la pauvreté. Un salaired’enfant, si modeste soit-il, est unappoint essentiel au maigre bud-get familial. Les enfants, qui repré-sentent un capital immédiatementexploitable, savent qu’on attendd’eux qu’ils travaillent. En Asie duSud, un « bon fils » remet, jusqu’àl’âge de quinze ans, tout son sa-laire à son père, qui se rendsouvent lui-même chez l’em-ployeur, le jour de la paie, pourl’empocher.

Mais la pauvreté ne peut ex-cuser ni l’inaction des Etats nil’avidité des parents. Il est des de-

grés dans la misère, et bien des fa-milles pourraient, si elles le vou-laient, adopter d’autres stratégiesde survie. Au Bangladesh, certainspères encore jeunes, entretenuspar leurs enfants, vivent une exis-tence paresseuse. On les appelledes « fakirs ». A l’inverse, nombrede parents démunis n’obligent pasleurs enfants à travailler. Unechose est sûre : le travail des en-fants perpétue la pauvreté, en lesvouant, devenus adultes, à desemplois non qualifiés et mal payés.

Les déficiences du système édu-catif aggravent le phénomène.Même gratuite, l’école coûte cher– en livres, en uniformes – auxplus pauvres, pour qui elle repré-sente un manque à gagner, l’en-fant ne « rapportant » rien. Elle estperçue comme un luxe, qui répondmal aux attentes des élèves, sur-

tout avides d’acquérir une forma-tion professionnelle : programmeinadapté, pédagogie peu moti-vante sollicitant la mémoire plusque l’intelligence, maîtres peu ré-munérés et découragés.

A cela s’ajoute, bien sûr – mon-dialisation oblige –, la quête effré-née d’une main-d’œuvre à bonmarché et rendue encore plus dis-ponible dans un contexte de sous-emploi. Dociles, vulnérables, inor-ganisés, les enfants ne reven-diquent pas et ne font jamaisgrève. En Asie du Sud, leurs sa-laires journaliers varient entre1,5 franc pour une vendeuse defleurs et 3,5 francs pour dix heuresen usine. Un enfant bangladaisperçoit 1/600e du prix de vente auxEtats-Unis d’une chemise qu’il afabriquée.

Que faire ? En premier lieu,

exercer – sans trop d’illusions –des pressions publiques pour obli-ger les gouvernements, et tous lesacteurs sociaux, à respecter laConvention relative aux droits del’enfant, adoptée en 1990 et rati-fiée par la quasi-totalité des Etats.Ce texte interdit toute forme d’ex-ploitation et de travaux dange-reux.

DANGEREUX SIMPLISMELes pressions extérieures

exigent beaucoup de discerne-ment. L’enfer étant, dans ce do-maine, pavé de bonnes intentions,les réactions trop simplistes, prô-nant par exemple des sanctions,engendrent surtout des effets per-vers. Le cas du Bangladesh estexemplaire. La loi Harkin, qui me-naçait ce pays d’un boycottage deses vêtements exportés aux Etats-

Unis, a provoqué le licenciementde quelque 50 000 enfants – dont85 % de fillettes –, dont le sort asoudainement empiré.

En privilégiant la répression, lesartisans de la loi avaient ignoré lecontexte économique et la naturepatriarcale de cette société, où lesfemmes, étant systématiquementdéfavorisées – moins scolarisées,moins payées, moins soignées –,tiennent pour un progrès person-nel, après avoir échappé à l’op-pression de leur milieu rural, depouvoir travailler dans un atelierde confection dans des conditionset moyennant un salaire qu’ellesjugent acceptables, et d’avoir pu yfaire recruter auprès d’elles leurfillette.

Au demeurant, les menaces desanctions n’ont, à l’échelle mon-diale, qu’une cible et qu’un impactréduits, puisque moins de 5 % desenfants qui travaillent sont em-ployés dans les industries d’expor-tation. Mieux vaut favoriser desaccords internationaux, commecelui conclu en février au Pakistanet qui prévoit d’éliminer la main-d’œuvre enfantine de la fabrica-tion des ballons de football coususmain.

Mais, comme le dit Carol Bella-my, directrice de l’Unicef, « la clé,c’est l’éducation ». D’où l’intérêt deparrainer des solutions combinanttravail partiel et scolarisation. Ain-si peut-on aider à satisfaire deuxbesoins prioritaires de l’enfant – lebesoin de manger et celui d’ap-prendre –, à concilier deux de sesdroits : le droit à l’éducation et ledroit, encore plus sacré, à une viedécente.

J.-P. L.

Pays avec le plus fort taux d'enfants au travail

Source : OIT, chiffres 1995/AFP

EUROPE ASIE

45,4 %45,2 %30,1 %24 %

OCÉANIE

28,9 %19,3 %

3,7 %

AFRIQUE

Mali

45,3 %Niger 45,2 %

AMÉRIQUE DU SUD

Haïti 25,3 %Guatemala 16,2 %Brésil 16,1 %R. dominicaine 16,1 %Bolivie 14,4 %

Portugal 1,8 %Albanie 1,1 %Italie 0,4 %Hongrie 0,2 %Roumanie 0,2 %

Bhoutan 55,1 %Timor OrientalNépalBangladeshTurquie

I. SalomonPapouasie NGPolynésie

54,5 %Burkina Faso 51,1 %Burundi 49 %Ouganda

POURCENTAGE D'ENFANTS RÉTRIBUÉS ÂGÉS DE 10 À 14 ANS

SOUS-DÉVELOPPEMENTLe gouvernement norvégien orga-nise, du 27 au 30 octobre à Oslo, uneconférence internationale qui cher-chera à définir une stratégie mon-

diale pour combattre le travail desenfants. Une quarantaine de paysparticipent à cette réunion parrai-née également par l’Unicef et le Bu-reau international du travail. b LES

MENACES de sanctions et de boy-cottage contre les pays qui ex-ploitent les enfants et les adoles-cents, notamment en Asie et enAfrique, n’ont, à l’échelle mondiale,

qu’un impact réduit puisque moinsde 5 % des enfants qui travaillentsont employés dans les industriesd’exportation. b AU BANGLADESH,des programmes originaux ont été

mis en œuvre, en coopération avecl’Unicef et le BIT, pour libérer lesjeunes du travail et leur permettred’aller à l’école. (Lire aussi notre édi-torial page 13.)

250 millions d’enfants continuent à travailler dans le mondePauvreté, déficiences du système éducatif, quête d’une main-d’œuvre bon marché : l’exploitation des enfants demeure une réalité, notamment en Asie.

Appliquer des sanctions contre les pays coupables n’est pas forcément la meilleure solution. Le dossier est examiné à Oslo

Page 3: o 7,50 F DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 FONDATEUR ... · sensuel, extravagant. Page 22 FIP Eclectisme, couleur et engagement au programme de la radio musicale parisienne. Page

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I N T E R N A T I O N A L LE MONDE / DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 / 3

La Colombie tente d’aller aux urnesdans un climat de guerre civile

Les adversaires de la violence appellent à un scrutin parallèle « pour la paix »Les Colombiens étaient appelés à élire, dimanche26 octobre, leurs représentants locaux. Le scru-tin, où sont désignés gouverneurs, maires et

quelque 15 000 membres des assemblées dépar-tementales, a lieu dans un climat de décomposi-tion politique extrême. Les guérillas d’extrême

gauche, résolues à empêcher la consultation, af-frontent les paramilitaires d’extrême droite quiont imposé leurs candidats par la force.

BOGOTAde notre correspondante

Dans un climat de confusion etde violence rare, le gouvernementcolombien et les groupes armésclandestins – guérillas de gaucheet paramilitaires d’extrême droite– devaient se livrer, dimanche26 octobre, une véritable bataille.Ce jour-là, les Colombiens sontappelés à élire leurs 32 gouver-neurs, 1 069 maires et15 000 membres d’assemblées dé-partementales, conseils munici-paux et autres instances locales. Al’appel du Mandat pour la paix, lavie et la liberté, association re-groupant plusieurs forces de la so-ciété civile et qui bénéficie de l’ap-pui de l’Unicef, de l’Unesco, ainsique de nombreuses organisationnon gouvernementales internatio-nales (ONG), il leur était égale-ment demandé de voter « pour lapaix », dans une urne à part.

L’épreuve de force a commencédepuis plusieurs semaines. Repré-sentant ensemble plus de15 000 hommes en armes, les deuxplus importants groupes de guéril-la colombiens, l’Armée de libéra-tion nationale (ELN), d’obédiencecastriste, et les Forces armées ré-volutionnaires de Colombie(FARC), de filiation marxiste, ontannoncé le sabotage des élections,qu’ils considèrent comme une« grande farce démocratique ».Leurs adversaires des groupes pa-ramilitaires, forts de quelque6 000 hommes, ont, eux, pratiquéune politique de terreur pour im-poser leurs candidats dans denombreuses régions. Quant augouvernement, qui entend main-tenir les élections à tout prix, il aannoncé la mobilisation totale dela police et de l’armée sous le cou-vert d’une opération appelée« Plan démocratie ».

« C’est la première fois, souligneAlejandro Reyes, politologue del’Université nationale, que desélections ont lieu dans un tel contex-te de guerre civile. » L’intimidation

de la population et des candidatspar la guérilla ou les paramilitairesa atteint une ampleur inégalée.1 879 candidats menacés de mortont démissionné. Officiellement, ily a soixante et une municipalitésdans lesquelles les élections sontsuspendues faute de candidats oupour des raisons d’ordre public,mais les démissions de candidatsn’ont été enregistrées que jus-qu’au 14 août. Et, chaque semaine,de nouvelles localités se conver-tissent en villages fantômes, vi-dées de leurs habitants qui fuientla violence.

L’enlèvement par l’ELN, le24 octobre, de deux membres del’Organisation des Etats améri-cains (OEA) en mission d’observa-tion électorale (Le Monde du25 octobre) a marqué le débutd’une nouvelle phase de sabotagede la guérilla. C’est la premièrefois que les observateurs d’une or-ganisation qui a accompli trente-sept missions du même ordre dansquinze pays différents sont prispour cible. Dès vendredi, la guéril-

la a aussi organisé des barrages surles routes colombiennes, afin deparalyser la circulation et d’empê-cher la population de se rendreaux urnes.

TERREUR DANS LES CAMPAGNESDans les grandes villes, en re-

vanche, la campagne électorale aeu lieu quasi normalement,comme s’il y avait deux Colom-bies : celle des campagnes, de laterreur et de la guerre civile, etcelle des villes où règne une classepolitique élitiste et traditionnelle.Le système bipartite qui régit lepays depuis plus de cinquante ansa éliminé toute forme d’opposi-tion politique. Le dernier sénateurcommuniste, menacé de mort, adû fuir le pays cette semaine avectoute sa famille. Les deux princi-paux partis colombiens – le Partilibéral et le Parti conservateur –apparaissent cependant au-jourd’hui de plus en plus fragmen-tés, et les listes en jeu le 26 octobrereprésentent un véritable imbro-glio politique avec leurs centaines

de sigles différents. L’enjeu desscrutins est important dans la me-sure où, depuis 1991, la décentrali-sation a donné de plus en plus depouvoirs aux acteurs politiques lo-caux. Plus, dans le système clienté-laire qui régit la politique colom-bienne, ceux-ci représententautant de relais pour l’électionprésidentielle du 31 mai. La lecturedes résultats sera délicate entre lesmunicipalités où il n’y aura pasd’élections, celles où les résultatsne s’expliquent que par la pressiondes menaces et celles où les garan-ties minimales ont existé.

La guérilla aura de toute façondémontré sa force. Tout commeles paramilitaires, elle cherche à seplacer dans la perspective de fu-tures négociations de paix. Caraussi contradictoire que celapuisse paraître, l’intensification dela guerre s’est accompagnée denouvelles et crédibles propositionsde paix, issues en majorité delarges secteurs de la société civile.

Pour le gouvernement, qui faitface à une grave crise politique,ces élections peuvent être l’occa-sion de retrouver à la fois une cer-taine légitimité vis-à-vis de l’exté-rieur et celle de promouvoir soncandidat pour la future électionprésidentielle, l’ex-ministre de l’in-térieur et dinosaure du Parti libé-ral, Horacio Serpa, chargé d’assu-rer la continuité du système.

Reste que les élections localesrassemblent rarement plus de 30 %de votants (65 % d’abstention lorsdes dernières en 1994). La cam-pagne du Mandat pour la paix, lavie et la liberté, soutenue par tousles médias colombiens et qui aconnu un succès croissant, pour-rait entraîner, espèrent ses organi-sateurs, une diminution de l’abs-tention et une véritablesensibilisation au sein de la popu-lation, première victime de l’inter-minable et meurtrier conflit co-lombien.

Anne Proenza

Le Commonwealth impuissantface à la dictature nigériane La conférence des chefs de gouvernement,

réunie dans la capitale écossaise, Edimbourg,se contente d’une mise en garde à Lagos

EDIMBOURGde notre envoyé spécial

La reine Elizabeth a ouvert, ven-dredi 24 octobre, dans la capitaleécossaise, la conférence bisan-nuelle des chefs de gouvernementdu Commonwealth (CHOGM). Il ya vingt ans qu’un tel sommetn’avait pas eu lieu au Royaume-Uni et c’était la première fois que lasouveraine, qui est aussi chef duCommonwealth, y prononçait uneallocution. Elle a rappelé les objec-tifs de cet organisation qui re-groupe cinquante-quatre nationset 1,7 milliard de personnes à tra-vers le monde – des plus peupléscomme l’Inde aux plus petitscomme les micro-Etats des Antilleset du Pacifique Sud : « La promo-tion de la démocratie, la recherchede la prospérité au moyen ducommerce et du développement, etle consensus. »

Si « le Commonwealth n’a nicentre ni périphérie » et si « chaquenation y joue un rôle égal », la reinecontinue d’en être le ciment, ne se-rait-ce que sentimental. Mais cesgrands principes ont été éclipsésavant l’ouverture du CHOGM parla question du Nigeria, l’un desdeux membres, avec la SierraLeone, sur cinquante-quatre à êtresuspendu pour cause de dictaturemilitaire ; les îles Fidji ont été réin-tégrées le 1er octobre après avoirdémocratisé leur Constitution.

UN « LION ÉDENTÉ » Il y a deux ans, à Auckland, le ré-

gime de Lagos avait été mis au bandu Commonwealth après avoirexécuté neuf opposants, dontl’écrivain Ken Saro Wiwa. Se fon-dant sur les engagements souscritsà Harare, en 1991, sur la promotionde la démocratie et des droits del’homme, les participants avaientdonné deux ans au général SaniAbacha pour rétablir un Etat dedroit. « En l’absence de tout progrèssignificatif, le Nigeria sera exclu »,avaient-ils menacé.

Aujourd’hui, en dépit d’effortsdu gouvernement travailliste bri-tannique, le groupe d’action minis-tériel (CMAG) chargé de suivrel’affaire semble n’être parvenu qu’àun compromis boiteux. L’« actionvigoureuse » annoncée par le secré-taire au Foreign Office, qui devaitêtre rendue publique samedi, se ré-sume à une nouvelle mise en gardeà Lagos. Loin de mettre sa menaceà exécution, le Commonwealth secontente de prendre au mot les en-gagements du général Abacha derestaurer la démocratie d’ici un an.Sinon, « des mesures sévères » tellesqu’un embargo pétrolier pour-raient être recommandées.

Le refus d’un certain nombre dedirigeants – en particulier NelsonMandela – de soutenir ces sanc-tions rendait toute action vaine.D’autant que le Nigeria est aussiune puissance pétrolière. Les pro-testations des opposants nigérians,dont l’écrivain Wole Soyinka, qui aaccusé le Commonwealth de « col-

laboration avec une dictature », n’yont rien fait. L’organisation,comme le remarque le Scotsmand’Edimbourg, n’est qu’un « lionédenté qui a raté son examen depassage ». L’autre crise grave, quioppose l’Inde et le Pakistan sur leCachemire, n’a même pas été évo-quée.

Mais est-ce bien surprenant ? Lanature même du Commonwealth,une « organisation bénévole d’Etatssouverains et indépendants », estd’être une communauté de nationsqu’unissent pour la plupart desliens historiques et informels et quiest dépourvue de pouvoirs contrai-gnants : tous, sauf le Mozambique,ont fait partie de l’empire britan-nique. C’est plus un club qu’uneorganisation politique, militaire ou

commerciale. Même si Tony Blair avoulu lui donner pour thème de ré-flexion cette année le développe-ment. Le sommet a été précédéd’une réunion d’hommes d’affaireschargée de promouvoir le partena-riat entre secteur public et privé sicher au premier ministre britan-nique. Les échanges entremembres représentent 20 % ducommerce international.

La reine demeure la pierre angu-laire de l’organisation. Elle a jouéun rôle crucial en 1979, alors que leCommonwealth était menacéd’éclatement en raison de l’opposi-tion de Mme Thatcher à toute formede sanctions contre le régime sud-africain de l’époque. Sa popularitéquasi matriarcale reste immense etil ne viendrait à l’idée de personned’envisager de la remplacer de sonvivant.

Patrice de Beer

Jim Bolger, premier ministre néo-zélandais

« La Nouvelle-Zélande a pardonné la France pour le “Rainbow-Warrior” »LA VISITE en France du premier

ministre néo-zélandais, Jim Bolger,qui arrive à Paris lundi 27 octobre,devrait marquer un réchauffementdes relations entre les deux pays.C’est la première fois, depuis plusde vingt ans, qu’un chef de gouver-nement de la Nouvelle-Zélande serend en France et l’on s’attend à ceque Wellington tourne une pagesur un passé marqué par des rela-tions conflictuelles, principalementen raison de l’affaire du Rainbow-Warrior et des essais nucléairesfrançais dans le Pacifique.

« La France et la Nouvelle-Zé-lande ont eu longtemps des rela-tions difficiles. Pourquoi avez-vous personnellement souhaitéce voyage en France ?

– Nous foulons désormais un ter-rain neuf. Cette visite va permettred’installer les relations franco-néo-zélandaises dans un environne-ment nouveau et constructif. Lescirconstances ayant changé, j’ai es-timé qu’il fallait mettre derrièrenous les difficultés que nous avons

eues, principalement à cause desessais nucléaires, qui ont durétrente-cinq ans. La France a cesséses essais, signé le CTBT (traité surl’interdiction globale des essais nu-cléaires) et le protocole de Raro-tonga (traité de dénucléarisationdu Pacifique). Et on voit la Francedevenir une alliée de la Nouvelle-Zélande dans la lutte pour le désar-mement nucléaire...

– Essais nucléaires atmosphé-riques, puis souterrains, poli-tique agricole européenne, af-faire du Rainbow-Warrior,événements en Nouvelle-Calé-donie, Uruguay Round, reprisedes essais nucléaires : la Nou-velle-Zélande, comme l’Austra-lie, semble se réconcilier avec laFrance tous les cinq ans. En quoicette période de « réchauffe-ment » diffère-t-elle des précé-dentes ?

– Cette fois, il n’y a vraiment plusde contentieux. En matière d’essaisnucléaires, c’est clair. En ce quiconcerne la politique commerciale

de l’Europe, nous continuons à dis-cuter certaines conditions d’accèsau marché européen mais cela neconcerne pas spécifiquement laFrance. Pour être tout à fait hon-nêtes, nous sommes encore un peupréoccupés par le passage dansnotre région de navires transpor-tant des déchets nucléaires.

– Les pays concernés (France,Grande-Bretagne, Japon) ontpourtant fait un gros effort...

– Oui, mais nous pensons qu’ilspeuvent mieux faire.

– Les crises entre la France et laNouvelle-Zélande auront para-doxalement permis aux deuxpays de mieux se connaître...

– Il est certain que, à cause duprofond désaccord entre les deuxpays, qui a culminé avec le sabo-tage du Rainbow-Warrior (qui fitun mort dans le port d’Auckland en1985) et tout ce qui en a découléjusqu’à la cessation des essais nu-cléaires, la relation s’est aigrie etconsidérablement détériorée ;mais en même temps les deux pays

sont devenus beaucoup plusconscients l’un de l’autre. Il faut au-jourd’hui se servir de cette sensibi-lisation réciproque pour construireune bonne relation.

– Douze ans plus tard, la Francea-t-elle été pardonnée en Nou-velle-Zélande pour le sabotagedu bateau Rainbow-Warrior ?

– Oui, je crois. Mais le pardonn’est venu que quand la France aaccepté d’arrêter les essais. Le par-don n’aurait pu avoir lieu avant. Lesessais étaient un rappel permanentdu sabotage du Rainbow-Warrior.

– Avez-vous été étonné d’ap-prendre que le président Mitter-rand était au courant ?

– Les rumeurs ont été endé-miques en Nouvelle-Zélande surqui savait ou ne savait pas. Au-jourd’hui, cela n’a plus aucune im-portance. Le président Mitterrandn’est plus, la question ne se posedonc plus. »

Propos recueillis parFlorence de Changy

������VENEZUELA

EQ.

BRÉSIL

PÉROU

Mer des Caraïbes

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BOGOTA

200 km

Colombie

1 140 000 km2

35,7 millionsBOGOTA

Ernesto Samperprésidentiel

SUPERFICIE

CHEF DE L'ÉTAT 1994

NATURE DU RÉGIME

POPULATION

CAPITALE

MONNAIE peso colombien (1 peso = 0,005 F 1997)

LANGUES espagnol

AGRICULTURE : banane, cacao, café (2e producteur mondial), canne à sucre, pomme de terre, bovins.INDUSTRIE : charbon, nickel, or, pétrole.

PRINCIPALES PRODUCTIONS •

ÉCONOMIE • 1995

CARACTÉRISTIQUES

1 900 $

8,7 %

PNB/HAB.

TAUX DE CHÔMAGE

19,5 %TAUX D'INFLATION

6 %CROISSANCE

69,4 ansESPÉRANCE DE VIE

Le retour des Fidjidans le gironde l’organisation

Les îles Fidji viennent de re-joindre le Commonwealth aprèsen avoir été exclues il y a dixans. Les deux coups d’Etat mili-taires de 1987 et la promulgationd’une Constitution discrimina-toire envers l’importantecommunauté indienne de l’ar-chipel avaient mis les Fidji auban de l’Organisation, notam-ment en raison de l’hostilité deNew Delhi à la politique du gou-vernement local. L’auteur ducoup d’Etat, le général StiveniRabuka, entendait en effet« rendre Fidji aux Fidjiens » etn’avait cessé de se poser enchampion de la communautémélanésienne de souche. La ré-cente révision constitutionnelleet les excuses présentées par legénéral à la reine Elizabeth ontchangé la donne et permis laréintégration de l’archipel ausein du Commonwealth.

Cette autre Argentine où les chômeurs se cousent la boucheLe pays se prépare à d’importantes élections législatives partielles

REPORTAGEA Jujuy, les laissés-pour-compted’une marche forcéeengagée en 1991

SAN SALVADOR DE JUJUYde notre envoyé spécial

A Jujuy, là « où le nord parle auciel », cinq chômeurs se sont cousula bouche jeudi 23 octobre, à qua-

rante-huit heures d’importantesélections législatives partielles. Lanouvelle a circulé en fin de matinée,lors d’une manifestation de soutienorganisée par la Coordination dessans-emploi pour soutenir lesquatre-vingts personnes qui, dansle patio de la cathédrale de la ville,ont cessé de s’alimenter depuis le14 octobre.

Les murs d’accès au patio sont re-couverts de messages sur lesquelsles passants manifestent leur soli-darité. Le campement sommaire ades airs de cour des Miracles avecces corps allongés. Les cinq qui sesont résolus à ce geste ultime sesont abrités, dans un recoin àgauche en entrant, derrière desbâches noires. Ils sont étendus surdes matelas de mousse gorgés decrasse qui renvoient une odeurforte et âcre. Ils s’obligent à ouvrirles yeux, mais leur regard hagard nerésiste pas longtemps à leur fatigue.Ils baissent leurs paupières et lesfoulards blancs qui masquent leurbouche. Leurs lèvres sont liées endeux points, à environ 1 centimètredes commissures. « Ils sont tellementépuisés qu’ils n’ont pas souffert », in-dique leur porte-parole, qui attendune réponse du gouverneur de laprovince à leurs multiples de-mandes d’emploi.

La province de Jujuy, dans le nordde l’Argentine, à la frontière avec laBolivie, c’est, avec 600 000 habi-tants, dont des dizaines de milliers

de travailleurs victimes « d’ajuste-ments structurels », une autre Ar-gentine dans l’Argentine qui gagne.Depuis le plan d’ajustement lancéen 1991, les habitants s’accrochent ;les riches sont riches et les pauvresvraiment pauvres. Parmi ces der-niers, un nombre croissant d’enraci-nés dans la misère se disent qu’ilsn’arriveront nulle part. Ce sont les60 000 chômeurs et sous-employés,pour l’essentiel des travailleurs ru-raux qui se vendent à la journée ouà la semaine.

Jujuy s’accroche désespérémentaux mutations, au peso rivé au dol-lar selon une stricte parité de unpour un. Les petites et moyennesentreprises locales qui survivent en-core demandent en vain, indiquel’un de leurs porte-parole, « qu’unepause soit faite pour permettre d’ab-sorber le choc de la globalisation del’économie et de l’ouverture dupays ». Personne ne dit regretter lagestion économique catastrophiquede l’ancien président Alfonsin mais,dans la marche forcée où le payss’est engagé depuis 1991 – soutenuepar la quasi-totalité des partis del’opposition –, Jujuy, l’une des pro-vinces les plus pauvres du pays, nesemble pas avoir encore trouvé sesmarques.

« LA MISÈRE PRIVATISÉE »« Ils ont tout privatisé : la sidérur-

gie, l’eau, l’électricité, le téléphone.Tout. Même la misère. Et ce secteur-là, c’est sûr, personne ne veut s’en oc-cuper », s’écrie un conseiller écono-mique du dirigeant syndicaliste desemployés municipaux de Jujuy pourexpliquer pourquoi la région s’est il-lustrée, ces derniers mois, en orga-nisant des manifestations d’unerare violence avec routes coupées etaffrontements avec les gendarmes.Il dénonce, pêle-mêle, « l’impéria-lisme, la globalisation, les méfaits dessociétés étrangères ».

Dans le patio de la cathédrale seretrouvent tous les exclus : ceux de

la petite localité de Palpala, où,après la privatisation de l’usine, lasidérurgie a perdu 4 500 emplois sur6 000 ; ceux des plantations de ta-bac, de l’industrie sucrière où ils tra-vaillent, parfois, « pour 10 à 12 pesospour une journée de dix heures »,sans aucune couverture sociale.Ceux là ne pèsent rien face à la mo-dernisation des plantations et à laconcurrence « des clandestins boli-viens qui acceptent de travailler pour3 pesos par jour, alors que 1 kilo depain vaut 1 peso ».

Essentiellement rurale, et loin ducœur de l’activité du pays concen-trée à Buenos Aires et à Cordoba, laprovince tient pourtant de la « mer-

veille » que vantent les dépliantstouristiques. Avec Salta, la capitalede la province voisine, au sud, SanSalvador de Jujuy était le point depassage des routes colonialesqu’empruntaient les charrettes deretour des mines d’argent, sur leshauts plateaux du Pérou. Jujuy estune vieille gloire, une terre acciden-tée. Un peu plus au nord, Purma-marca, avec ses collines aux septcouleurs selon les heures et les sai-sons, et Tilcara, avec ses vestigesprécolombiens, sa vieille cité forti-fiée édifiée au Xe siècle, renvoient àl’époque de son véritable triomphe.

Alain Abellard

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4 / LE MONDE / DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 I N T E R N A T I O N A L

Victoire écrasante pour le RND et le FLNLe parti du Rassemblement national démocratique (RND) a large-

ment remporté les élections de jeudi, enlevant plus de 55 % dessièges des assemblées communales, selon les résultats diffusés ven-dredi 24 octobre, à l’issue d’un vote contesté par plusieurs partis.Parti du président Liamine Zéroual, le RND, premier parti à l’Assem-blée, a très nettement devancé le Front de libération nationale (FLN,ex-parti unique) et le premier parti islamiste légal, le Mouvement dela société pour la paix (MSP, ex-Hamas). Pour les conseils commu-naux, le RND a remporté plus de la moitié des sièges en jeu (7 242sur 13 123), devant le FLN (2 864) et le MSP (890). Viennent ensuite leFront des forces socialistes (FFS) avec 645 sièges, les indépendantsavec 508 sièges, le Rassemblement pour la culture et la démocratie(RCD) avec 444 sièges et le parti islamiste Ennahda avec 290 sièges.Pour les assemblées départementales, le RND a obtenu 986 des1 880 sièges, là-aussi devant le FLN (373) et le MSP (260). – (AFP.)

Arrêt des expériences américaines utilisant des placebos contre le sida en AfriqueLA TRÈS VIVE polémique inter-

nationale née des attaques formu-lées dans les colonnes du presti-gieux New England Journal ofMedicine (daté du 18 septembre)contre diverses institutions améri-caines accusées d’expérimenta-tions contraires à l’éthiqueconduites en terre africaine (LeMonde du 23 septembre) a rebondiavec la décision annoncée jeudi23 octobre de mettre un terme àces essais.

Ces expérimentations concer-naient des travaux conduits enCôte d’Ivoire, Ouganda, Tanzanie,Afrique du Sud, Malawi, Ethiopie,Burkina-Faso, Zimbabwe et Kenya,ainsi qu’en République Domini-caine. Il s’agissait, pour les méde-cins et les scientifiques qui les me-naient, de confirmer l’efficacité del’action de certaines molécules an-tirétrovirales (l’AZT pour l’essen-tiel) chez les femmes enceintes sé-ropositives de manière à prévenirla transmission du VIH (virus del’immunodéficience humaine)entre ces femmes et l’enfantqu’elles portaient. L’efficacité decette thérapeutique a été, scienti-fiquement, démontrée dans lespays industrialisés dès le début desannées 90 avant de faire l’objet derecommandations officielles, dû-ment codifiées, dès 1994.

RÉQUISITOIRE ACCABLANTOr, loin de reproduire ces re-

commandations occidentales, lespromoteurs des essais contestéscherchaient à étudier comment onpourrait – pour des raisons écono-miques, compte tenu du dénue-ment des malades du tiers-monde – conserver une certaineefficacité tout en diminuant lesdoses des médications antirétrovi-rales. D’autre part, ces travaux ontété conduits contre placebo. End’autres termes, la moitié desfemmes enrôlées dans ces étudesscientifiques ont pu bénéficier del’AZT et l’autre moitié n’a reçu quedes substances chimiquementinactives. Cette procédure visait àétablir, d’un point de vue mathé-matique, l’efficacité de nouvellesstratégies thérapeutiques condui-sant à utiliser des doses beaucoupplus faibles, donc moins coû-teuses, du médicament antirétrovi-ral.

Dans les colonnes du New En-

gland Journal of Medicine, les doc-teurs Peter Lurie et SidneyM. Wolfe, du Public Citizen’sHealth Research Group, de Was-hington, dressaient sur ce point unréquisitoire accablant pour l’admi-nistration et le gouvernementaméricains, représentés par l’Insti-tut national de la santé, les Centersof the Deseases Control ou encorele Programme national contre le

sida. Ils estimaient à un millier lenombre d’enfants qui étaient néscontaminés par le VIH parce queleur mère séropositive n’avait pas,quoique participant à une étudemédicale, été efficacement traitée.

Le plus étonnant, dans ce dos-sier, tenait sans doute au fait quel’administration américaine étaitallée jusqu’à s’opposer à des cher-cheurs de l’Ecole de santé publique

d’Harvard qui, conduisant uneétude sur ce thème en Thaïlande,avaient bâti un protocole expéri-mental permettant de ne pas avoirrecours au placebo mais s’étaientvu demander par leurs autorités detutelle de modifier ce protocole etd’avoir recours à une substancechimiquement inactive.

En dépit des déclarations réité-rées de nombreux responsablesadministratifs et scientifiques amé-ricains, tout, aujourd’hui, changeavec l’annonce faite, jeudi 23 octo-bre à Washington, de l’arrêt d’unepartie de ces expérimentations. Unporte-parole de la Johns HopkinsUniversity a confirmé que la déci-sion avait été prise de renoncer àutiliser des placebos, notammentpour une expérience menée enEthiopie, tout en assurant quecette décision avait été prise pourdes raisons scientifiques et non enréponse à la récente et violentepolémique. Il a expliqué que l’ex-périence similaire menée en Thaï-lande par des chercheurs de l’uni-versité d’Harvard avait montré quele fait de traiter toutes les pa-tientes – et donc de prohiber le re-cours au placebo – n’était pas denature à affecter la qualité scienti-fique des résultats.

Jean-Yves Nau

Le Kenya victime d’une épidémie de choléra NAIROBI

de notre correspondantL’ouest du Kenya est touché par

une épidémie de choléra qui, de-puis juin, a fait près de deux centsmorts, sur deux mille cinq cents casrecensés, et se propage dangereu-sement à d’autres régions. Elle estd’autant plus difficile à maîtriserqu’elle se développe en « milieuouvert » où les personnes circulentsans restriction, à l’inverse du « mi-lieu fermé » d’un camp de réfugiés.

La tradition luo – la tribu locale –du banquet de funérailles, au coursduquel des centaines de parents serassemblent autour du corps du dé-funt, est un facteur qui décuple lesrisques de contamination. De plus,la coutume interdit de manipulerles morts et donc de désinfecter lescadavres. On note des éruptions decholéra dans des familles après un

enterrement. Pour Gerardo Priotto,de Médecins sans frontières, il fautintensifier l’éducation sur l’hygiène.MSF veille à ce que le personnelmédical isole les malades, désin-fecte les salles et les cadavres.L’ONG installe aussi des postes deréhydratation en brousse.

PÉRIODE PRÉÉLECTORALE Le maire de Kisumu, la capitale

régionale – qualifiée par un journalde « bombe cholérique à retarde-ment » –, a banni les banquets defunérailles. Il appelle les gens àfaire bouillir l’eau, mais cela exigeune dépense en bois que les pluspauvres ne peuvent pas payer. L’ef-ficacité de ces mesures reste limi-tée, tant la région est pauvre en in-frastructures sanitaires. Moins de20 % des habitants ont accès à deslatrines, et l’habitude de se soulager

dans la nature aggrave la propaga-tion du choléra. De plus, la plupartdes gens vont puiser leur eau dansdes cours d’eau parfois contaminés.

Les autorités semblent chercher àdissimuler leur incapacité à enrayerl’épidémie. Le Kenya est en périodepréélectorale : l’opposition branditle choléra pour dénoncer l’inactiondu régime en pays luo. Elle évoquedes détournements de l’aide inter-nationale.

L’épidémie paraît difficile à éradi-quer et pourrait ne se résorber quelorsque la population concernéedéveloppera des anticorps. Le virusrestera toutefois à l’état endémiqueet, lorsque l’immunité des individusaura faibli, il pourra surgir à nou-veau, comme en 1992 et en 1974dans cette région.

Jean Hélène

Les élections locales en Algérieont renforcé le président Zeroual

Son parti domine des institutions qui n’ont cependant pas de poids politique véritableLes élections locales du 23 octobre en Algérie,contestées par l’opposition et par une partie desformations représentées au gouvernement, ont

été, comme prévu, remportées par la formationdu président Liamine Zeroual (Rassemblementnational démocratique, RND), alliée au Front de

libération nationale (FLN). Ces électionscomplètent le dispositif institutionnel souhaitépar le président.

ALGERde notre envoyé spécial

« Jamais en Algérie un chef del’Etat n’a eu un tel pouvoir. » Ceconstat d’un responsable politique,le résultat des élections locales dujeudi 23 octobre le confirme : leprésident Zeroual n’aurait, en prin-cipe, plus rien à redouter de per-sonne. Le futur Conseil de la nation– une sorte de « super »-Sénat –qui sera issu des élections locales,pas plus que la nouvelle Chambredes députés, n’entravera l’action duchef de l’Etat. La future Assembléelui sera toute dévouée.

Elu en novembre 1995 à la têtedu pays, où il avait été placé par sespairs de l’armée deux ans aupara-vant, protégé des turbulences poli-tiques par une Constitution tailléesur mesure, l’ancien général peutdiriger l’Algérie comme il l’entend,mener la politique qu’il a choisie,sans entrave apparente.

Le paradoxe est que cette puis-sance illimitée se trouve au serviced’un homme que ses détracteursjugent dépourvu de projet poli-tique clair. « Zeroual est un velléi-taire », affirme l’un de ses condis-ciples. « Avant son élection à laprésidence, il était considéré commeun dialoguiste, partisan d’uncompromis avec les islamistes. De-puis, il a endossé sans état d’âme unepolitique inverse », note un journa-liste.

Mais peut-être que cet ancien gé-néral d’artillerie, trapu, le visagebarré par une épaisse moustache,doit justement à son absence deconvictions trop fortement reven-diquées le fait d’avoir été propulséau sommet de l’Etat. « En l’instal-lant dans le fauteuil présidentiel, as-sure un ancien ministre, les mili-

taires qui dirigent l’Algérie ensous-main savaient qu’ils n’avaientrien à redouter de lui. »

Le fait est que la carrière du gé-néral Liamine Zeroual n’est pascelle d’un homme de rupture. Natifd’un village proche de Batna, la ca-pitale des Aurès, théâtre des pre-mières luttes pour l’indépendance,il est issu d’un milieu modeste. Sonpère était cordonnier de rue. En

même temps qu’il fréquentel’école, le jeune Zeroual est commischez un bijoutier juif. En 1957, âgéde seize ans, il rejoint le maquis. Iln’y reste que quelques mois avantd’être envoyé en formation auCaire puis en Jordanie par le Frontde libération nationale (FLN).

Affecté à l’armée des frontièresde 1960 à 1962, il part suivre desstages, une fois la paix revenue, àMoscou puis en France, à l’école deguerre. Commence ensuite une car-rière sans histoires pour le jeuneofficier algérien (alors que son frère

a fait toute sa carrière dans l’arméefrançaise). Liamine Zeroual grimpedans la hiérarchie militaire, épouseNaziha Chérif – la sœur d’un géné-ral –, qui lui donnera deux garçons(aujourd’hui étudiants au Canadaet en Egypte) et une fille, installéeen Algérie.

Les émeutes d’octobre 1988, aucours desquelles plusieurs cen-taines de jeunes Algériens sont tués

par l’armée, vont le propulser sur ledevant de la scène. Alors qu’ilcommande la région militaire deConstantine, le président ChadliBendjedid l’appelle au ministère dela défense pour prendre lecommandement des forces ter-restres en remplacement du géné-ral Nezzar, promu chef d’état-ma-jor des forces armées.

« Avant de partir, Nezzar avaitpréconisé une réorganisation desunités en introduisant un échelon decommandement supplémentaire, ladivision, comme dans toutes les ar-

mées modernes. A l’image de la ma-jorité des officiers, Zeroual était op-posé au projet, mais le présidentChadli a fini par arbitrer en faveurde Nezzar », se souvient un hommedu sérail. Désavoué par le chef del’Etat, Liamine Zeroual démis-sionne.

En guise de lot de consolation, ilest nommé ambassadeur en Rou-manie, poste qu’il remet à la dispo-sition du chef de l’Etat moins d’unan plus tard. Installé entre Alger etBatna, il prépare à cinquante ansune reconversion dans les affaireslorsque, à la surprise de ses pairs,en juillet 1993, le porte-feuille de ladéfense nationale lui est confié. Ilremplace, une fois de plus, le géné-ral Nezzar, natif de Batna.

AUCUNE DÉCISION IMPORTANTEA ce poste-clé, le général Zeroual

ne prend aucune décision impor-tante, ne procède à aucune muta-tion susceptible de lui aliéner unclan ou un autre, tant et si bienqu’en janvier 1994, lorsque l’arméese résigne à installer l’un des siensdans le fauteuil présidentiel, c’estlui qui en hérite. Par défaut. Propul-sé à la tête de l’Etat, cet homme ju-gé « agréable, peu cultivé, mais ai-mant bien les plaisirs de la vie [ils’est remarié récemment] », resteune énigme. Taciturne, maîtrisantmal l’arabe classique – d’où des in-terventions laborieuses à la télévi-sion –, il ne suscite ni intérêt ni rejetparmi les Algériens, qu’il a déçuspour n’avoir pas tenu sa promessede ramener la paix. Ils sontconvaincus que leur président nedétient en fait que l’apparence d’unpouvoir sans partage.

Jean-Pierre Tuquoi

Pékin réduirait sa coopérationnucléaire avec l’IranWASHINGTON. Le président américain Bill Clinton a plaidé, ven-dredi 24 octobre, pour « une politique pragmatique de coopération »avec la Chine, à l’avant-veille de l’arrivée aux Etats-Unis du chef del’Etat chinois Jiang Zemin. « L’isolement de la Chine est infaisable,irait contre l’effet recherché et est potentiellement dangereux », a lan-cé Bill Clinton à ceux qui l’accusent de fermer les yeux sur les piresabus de la politique de Pékin.Le Washington Post a, par ailleurs, révélé, samedi, que de hauts res-ponsables américains sont parvenus à obtenir des Chinois qu’ils ré-duisent leur coopération nucléaire avec l’Iran et leurs ventesd’armes à ce pays. De son côté, le président Jiang Zemin a déclaréqu’il avait autorisé son gouvernement à signer la Convention surles droits économiques, sociaux et culturels, l’une des deux chartesdes Nations unies pour la protection des droits de l’homme.– (AFP.)

La Russie propose aux Baltesun pacte de sécurité régionaleMOSCOU. Les présidents Boris Eltsine et Algirdas Brazauskas ontsigné, vendredi 24 octobre à Moscou, un accord frontalier entre laRussie et la Lituanie, le premier du genre conclu entre la Fédérationde Russie et une République issue de l’éclatement de l’Union sovié-tique. A cette occasion, le président russe a remis à M. Brazauskasune « déclaration présidentielle » dans laquelle il propose la conclu-sion d’un « accord de bon voisinage et de garantie de sécurité réci-proque entre la Russie et les pays baltes ». Ce document pourrait êtreparrainé par les Etats-Unis, l’Allemagne ou la France, et se trans-former à terme en un « pacte de sécurité et de stabilité régionale »,suggère M. Eltsine dans cette déclaration.Moscou a déjà offert des garanties de sécurité aux pays baltes (Li-tuanie, Lettonie, Estonie) – mais jamais encore sous la forme d’untraité multilatéral –, avec l’espoir tacite de dissuader ces pays devouloir adhérer à l’OTAN. – (AFP, Reuter.)

Arrivée de techniciensdans le gouvernement thaïlandaisBANGKOK. La coalition au pouvoir en Thaïlande a fait appel, ven-dredi 24 octobre, à des techniciens choisis en dehors du monde po-litique pour restaurer sa crédibilité économique et surmonter unevague de mécontentement sans précédent depuis le soulèvementpopulaire de 1992. Le remaniement ministériel touche vingt desquarante-huit portefeuilles. La liste a été approuvée par le roi Bhu-mibol Adulyadej, elle devait prendre ses fonctions dès samedi.« Cette fois, le gouvernement a enrôlé des gens qui sont qualifiés pourles postes », a déclaré à l’Agence France-Presse le porte-parole dugouvernement. Le portefeuille le plus exposé, celui des finances, aainsi été attribué à un banquier relativement peu connu du grandpublic, Kosit Panpiemras, qui sera notamment chargé de superviserla restructuration du secteur financier, endetté à hauteur de 40 mil-liards de dollars (environ 240 milliards de francs), sous l’œil duFonds monétaire international. – (AFP.)

AFRIQUEa COOPÉRATION : les Guides de France, membres de l’Associa-tion mondiale des guides et éclaireuses, fêtent leur 75e anniver-saire en lançant leur Projet 98 d’aide humanitaire internationale etsollicitent à cette fin des volontaires (de 19 ans à 25 ans) pour desactions de coopération (enseignement et animation) dans des paysafricains, mais également dans les pays asiatiques et à Haïti.(Contacter Agnès de Nanteuil, 65, rue de la Glacière, 01-47-07-85-59.)

ASIEa SRI LANKA : les forces de police et de sécurité de Colomboont bloqué, samedi 25 octobre, toutes les voies d’accès à la capitaleet arrêté un millier de personnes. Cette opération d’une ampleursans précédent est intervenue après l’annonce de l’inflitration decommandos suicide appartennant au mouvement séparatiste des« Tigres » tamouls. – (AFP.)

EUROPEa ALLEMAGNE : les chefs de gouvernements régionaux alle-mands ont donné, vendredi 24 octobre, leur préférence à Sarre-bruck, en Sarre, pour accueillir le siège de la future université fran-co-allemande. La création de cette université « hors murs » avaitété décidée lors du dernier sommet franco-allemand, à Weimar,en septembre. Il reste à trancher si son siège sera en France ou enAllemagne. Deux villes sont candidates côté français, Strasbourg etMetz. − (AFP.)a BIÉLORUSSIE : une militante biélorusse des droits del’homme, Tatiana Protko, qui dirige notamment le Comité biélo-russe Helsinki, a été arrêtée par la police, jeudi 23 octobre, dans unvillage de l’est de cette République ex-soviétique. Amnesty Inter-national estime que les autorités biélorusses tentent ainsi d’empê-cher Mme Protko de se rendre prochainement à l’étranger pour té-moigner de la situation dans son pays. – (AFP.)a RUSSIE : le Français Christophe André, de l’organisation hu-manitaire Médecin sans frontières (MSF), retenu en otage pen-dant près de quatre mois dans le nord du Caucase, est arrivé, ven-dredi 24 octobre, en avion à Moscou en provenance de la capitaletchétchène, Grozny. M. André, trente ans, décrit comme « très af-faibli », s’est rendu à l’ambassade de France en Russie, sans faire dedéclaration. MSF a indiqué, vendredi, avoir reçu, le 21 juillet, unedemande de rançon d’un million de dollars (près de 6 millions defrancs) pour la libération de l’otage, mais dément l’avoir versée.Quatre autres Français, dont trois membres de l’organisation hu-manitaire EquiLibre, sont toujours retenus en otage dans le Cau-case russe, depuis le 2 août. – (AFP.)

Les nouvelles destinationsdes Français expatriésPARIS. Un million sept cent mille Français vivent à l’étranger et lacarte des pays d’accueil est riche d’enseignements sur l’évolutionde l’influence française de par le monde, observent Alain Vivien(député PS) et Mireille Raunet, co-auteurs d’un « Que sais-je ? »très complet sur le sujet (numéro 3207, Paris, PUF, juillet 1997). Lamoitié de ces expatriés vivent en Europe, tandis que les pays del’ancienne URSS, l’Asie et le Proche-Orient, deviennent des desti-nations privilégiées au détriment de l’Afrique. Ces mouvements dela carte de l’expatriation sont liés à ceux des entreprises françaisesà la recherche de nouveaux marchés. L’ouvrage aborde aussi les as-pects pratiques de l’expatriation : protection sociale, enseignementet représentation politique.

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LE MONDE / DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 / 5(Publicité)

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M. Allègre veut rétablir la morale civique à l’école

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F R A N C ELE MONDE / DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997

INVITÉ à plancher sur la citoyen-neté au colloque de Villepinte,« Des villes sûres pour des citoyenslibres », Claude Allègre, ministre del’éducation nationale, s’est lancé,vendredi 24 octobre, dans un vi-brant plaidoyer pour une rénova-tion du projet civique de l’école.Tous les lycéens de première se ver-ront dispenser, dès la rentrée 1998,« un module d’éducation à la ci-toyenneté » s’appuyant sur l’histoirede la conquête de la démocratie enFrance, dispensé par les professeursde philosophie. Quant aux futursenseignants, ils devront passer une« épreuve de morale civique », dansles instituts universitaires de forma-tion des maîtres (IUFM).

Par ces deux mesures, le ministrede l’éducation nationale a voulurappeler à l’école que l’apprentis-sage de la citoyenneté était l’une deses missions essentielles, ce que des« incohérences » lui avaient fait« oublier ». Il est ainsi absurde, a es-timé Claude Allègre, que l’éduca-tion civique, dispensée en primaireet au collège, s’arrête aux portes dulycée, alors que celui-ci forme « desjeunes en âge de voter ». De plus, leprojet civique « n’est plus expliqué etn’est plus porté par un discours glo-bal cohérent », a fait valoir le mi-nistre.

Ni une réponse d’urgence à lacrise urbaine ni un « remède ou unepotion amère », l’apprentissage dela citoyenneté est « un droit desjeunes », a estimé M. Allègre. « Jesuis parfois inquiet que la demandede sécurité émane de tout le monde,sauf des jeunes eux-mêmes », a-t-il

relevé, en recommandant d’inven-ter pour eux « une citoyenneté mo-derne ».

Deux idées, pourtant bien an-ciennes et consubstantielles àl’école, la définissent, selon ClaudeAllègre : la raison, qui permet « uneincessante entreprise de libération »par l’esprit, et l’universalité, car laRépublique « doit être celle de toussous peine de sombrer ». Plusconcrètement, le ministre de l’édu-cation nationale a souhaité redon-ner vie au statut démocratique desélèves dans les établissements, pré-vu par la loi d’orientation de 1989mais guère mis en œuvre.

« TOUS LES ENSEIGNANTS »C’est au système éducatif de

transmettre des valeurs comme lerespect des droits, des lois, la tolé-rance, ou le tryptique qui figure auxfrontons de la République – liberté,égalité, fraternité –, a encore expli-qué M. Allègre. « Tous les ensei-gnants, dans toutes les matières,doivent y participer. Je donnerai desinstructions claires pour cela », a-t-ilprécisé. Elles iront de pair avec une« rénovation de l’enseignement del’histoire », afin que soient mises enévidence les évolutions de longuedurée. « Il faut montrer aux jeunescomment les valeurs de la Répu-blique ont été acquises, perdues, re-conquises », a souligné le ministre.

Cette « morale civique », dont lemot même s’était perdu, car « il fai-sait peur aux gens, surtout degauche », ne devra pas craindre derevenir « aux notions de base de lamorale : le bien, le mal, le respect de

l’autre », a plaidé M. Allègre. En re-vanche, le ministre est resté muetsur le plan de lutte contre la vio-lence à l’école, préparé avec Jean-Pierre Chevènement et dont l’an-nonce, initialement prévue en juil-let, a été retardée. Celui-ci devraitfaire l’objet d’une communicationen conseil des ministres le 5 no-vembre.

Aux envolées du ministre ont ré-pondu les préoccupations deshommes de terrain. Toujours enpremière ligne parmi les institu-tions de la République, l’école nepeut cependant être seule danscette lutte pour la conquête de la ci-toyenneté, a souligné Jean-LouisNembrini, inspecteur général del’éducation nationale. « On necherche pas l’ordre dans le quartier,mais l’intégration des citoyens dansla Nation, par consentement éduca-tif », a-t-il expliqué, ajoutant que lesparents avaient un rôle capital àjouer.

Claude Charbonnier, principal decollège dans l’Isère, a expliqué com-ment cette citoyenneté se construi-sait, chaque jour, avec des adoles-cents âgés de 11 à 16 ans. « Etablirun rapport clair à la loi, que ce soitcelle de la République ou celle ducollège, implique d’y voir clair dansnos comportements d’adultes », a-t-ilsouligné. « Quand on parle de mo-rale civique aux élèves de troisième etqu’ils nous renvoient les “affaires” decette région, c’est quelquefois difficilede développer le sens des valeurs »,a-t-il conclu.

Béatrice Gurrey

« Notre société est en situation d’échec »« Après l’emploi, la sécurité est

l’une des préoccupations essen-tielles des Français, a déclaré LionelJospin, vendredi 24 octobre. Il faut lereconnaître, nos compatriotes sont

trop souventconfrontés àl’insécuritédans leur viequotidienne.C’est inaccep-table. Si cedroit n’est pasrespecté,

d’autres ne pourront l’être. Si lesentiment d’insécurité se déve-

loppe, c’est d’abord parce que l’in-sécurité progresse depuis le milieudes années 60. Parallèlement se dé-veloppent des incivilités (bruits, nui-sances diverses) qui ne sont pas desfaits pénaux, mais pèsent sur la viede chacun (...). »

« Elément aggravant, a ajouté lepremier ministre, l’insécurité est aus-si une inégalité : les plus démunis denos concitoyens sont précisémentceux qui ont le plus à souffrir del’insécurité. (...) L’inégalité estd’abord territoriale : en 1994, moinsde 30 % des infractions ont étéconstatées dans des secteurs ruraux

et semi-urbanisés. A l’inverse, la ré-gion Ile-de-France a concentré, àelle seule, plus du quart des crimeset délits enregistrés ; plus globale-ment, les vingt-sept départementsles plus urbanisés ont représenté àeux seuls plus de 80 % des crimes etdélits. »

« L’inégalité est aussi d’ordre so-cial, a poursuivi M. Jospin : c’est eneffet dans les zones difficiles, dansles banlieues à chômage élevé, queles faits délictueux sont les plus im-portants et que la présence policièreest la moins dense. Ce sont donc lesplus fragiles et les plus démunis de

nos concitoyens qui sont les plustouchés. »

« Malgré tous les efforts engagés,a déclaré M. Jospin, notre société esten situation d’échec dans ce do-maine, et les attentes de la popula-tion sont considérables. Or non seu-lement les délits augmentent, maisils connaissent trop peu souvent desuites judiciaires (79 % des affairestransmises aux parquets n’ont pasde suites judiciaires), et les tauxd’élucidation sont faibles (8 % pourles cambriolages). La demande so-ciale qui s’exprime est donc légi-time, et il nous faut l’entendre. »

M. Jospin annonce la création d’un Conseil de sécurité intérieureCette instance coordonnera l’action de l’ensemble des services de l’Etat concernés. Lors du colloque « Des villes sûres pour des citoyens libres »

à Villepinte (Seine-Saint-Denis), le premier ministre a insisté sur la déontologie policièreINSTAURATION d’un Conseil

de sécurité intérieure placée sousla « présidence » du premier mi-nistre, redéploiement des effectifsde police et de gendarmerie, créa-tion d’une commission de la déon-tologie, réglementation des policesmunicipales et des sociétés de gar-diennage, réexamen du régime degarde à vue : Lionel Jospin a an-noncé, samedi 25 octobre, un pro-chain programme de réformes.Concluant le colloque « Des villessûres pour des citoyens libres » or-ganisé par le ministre de l’intérieur,Jean-Pierre Chevènement, à Ville-pinte (Seine-Saint-Denis), M. Jos-pin a dévoilé une batterie de pro-jets grâce auxquels il entend« donner la priorité à la sécuritéquotidienne des Français ».

« J’ai décidé de créer un Conseilde sécurité intérieure, a indiqué M.Jospin, en rendant public son pro-jet d’instauration d’une structuresans précédent dans la vie institu-tionnelle française. Il réunira, sousma présidence, le ministre de l’inté-rieur, le garde des Sceaux, le mi-nistre de la défense pour la gendar-merie, le ministre de l’emploi et dela solidarité pour la ville, le ministrede l’éducation nationale, le secré-taire d’Etat au budget pour lesdouanes et, tant que de besoin,d’autres ministres. »

Cette décision de M. Jospin re-flète une volonté de s’engager per-sonnellement dans la conduited’une politique de sécurité résolu-ment innovante. De toute évi-dence, le poids du premier mi-

nistre ne sera pas de trop pourfaire avancer les projets de ré-formes annoncés à Villepinte qui,tous, dans le passé, ont provoquédes crispations dans les milieuxconcernés. La question du redé-ploiement des effectifs de policierset de gendarmes suscite ainsi deslevées de boucliers chez les inté-ressés, au moins autant que le dos-sier des polices municipales du cô-té des édiles... La précédenterefonte du régime de garde à vueavait, elle, entraîné des crispationsau sein de la police judiciaire, tan-dis que les précédents essais de« Haute Autorité » de la déontolo-gie policière se sont soldés par deséchecs.

Iconoclaste, le Conseil de sécuri-té intérieure « aura pour mission dedéfinir les orientations générales dela politique de sécurité », a préciséM. Jospin. « Ces orientations consti-tueront, pour le garde des Sceaux,une contribution à l’élaboration desinstructions générales de la politiquepénale. Elles feront l’objet d’un dé-bat au Parlement », a-t-il noté àpropos de la justice.

« GÉOGRAPHIE DES PRIORITÉS »En ce qui concerne la police na-

tionale, la gendarmerie et ladouane, ce nouvel organismetransversal « examinera égalementla répartition des effectifs des ser-vices de sécurité sur le territoire. Ilveillera à la bonne articulation entreles services et à une gestion mieuxcoordonnée des moyens qui devraitconduire, plus souvent, à une mise

en commune des infrastructures etdes équipements . » Le premier mi-nistre a indiqué que « les moyens,notamment humains, de la police etde la gendarmerie doivent être mo-bilisés en priorité dans les zones oùla délinquance est la plus forte », ennotant que « c’est aujourd’hui unobjectif qui est loin d’être atteint ».Au vu des conclusions d’une mis-sion confiée au député socialisteRoland Carraz et au sénateur cen-triste Jean-Jacques Hyest, « le gou-vernement étudiera et mettra enœuvre les redéploiements d’effectifset de moyens nécessaires sur la base

d’une géographie des priorités, ré-sultant de l’état des lieux des phéno-mènes de violence urbaine et d’insé-curité », a dit M. Jospin.

En vue de remettre de l’ordredans les polices municipales et lessociétés privées spécialisées, quiont connu des développements ra-pides et hétéroclites depuis le dé-but des années 80, M. Jospin aajouté que deux projets de loi se-ront déposés au début d’annéeprochaine afin d’assurer une régle-mentation plus stricte. Il s’agiranotamment de fixer les tâches etles moyens de ces polices et des

sociétés de gardiennage, « sansqu’aucune confusion soit possibleavec les services de l’Etat en chargede la sécurité ». Rappelant sa dé-claration de politique générale,M. Jospin a également noté qu’unprojet de loi sera prochainementdéposé « afin de créer une commis-sion, qui aura le statut d’autorité in-dépendante, chargée de contrôler lerespect des règles de déontologiepour les services en charge de la sé-curité [cette formulation peut viserla police, la gendarmerie et ladouane]. Saisie d’éventuelles ano-malies, elle pourra conduire des in-vestigations et faire connaître sesobservations. »

« DÉFAUT DE CITOYENNETÉ »La veille de l’intervention de

M. Jospin, le colloque avait réuniquelque mille cinq cents acteurs dela sécurité (policiers, gendarmes,magistrats, élus, travailleurs so-ciaux, militants associatifs), en pré-sence des six ministres appelés àsiéger au futur Conseil de sécuritéintérieure. Organisés sous la hou-lette de M. Chevènement, les dé-bats ont porté sur trois thèmes : lacitoyenneté, la sécurité de proxi-mité, la coopération entre police etjustice. « Le défaut de citoyenneté,voilà la cause principale de l’insé-curité », a d’abord souligné le mi-nistre de l’intérieur. Etabli parGilles Sanson, inspecteur généralde l’administration, le diagnosticrelatif aux modes de traitement lo-cal de la délinquance n’est guèreencourageant : « La recherche desolutions n’a jamais été aussi intensequ’au cours de ces vingt dernièresannées» ; or la comparaison desstatistiques de la délinquanceconstatée fait apparaître,entre 1980 et aujourd’hui, « plusd’un million de crimes et délits sup-plémentaires ». Insistant néam-moins sur la nécessité de « faire dela sûreté un droit égal pour tous,c’est-à-dire de réduire massivementla petite délinquance », M. Chevè-nement a fondé l’espoir que les fu-turs « contrats locaux de sécurité »– leur création va être officialiséepar une circulaire – permettront,en associant l’ensemble des parte-naires concernés, de renverser latendance.

Les débats de Villepinte ont aus-si démontré combien sont tenaces

certaines divergences entre les re-présentants du ministère de l’inté-rieur et ceux de la justice. Déplo-rant que, sur un total de5,2 millions de plaintes, dénoncia-tions et procès-verbaux rapportéspar les services répressifs, « 79 %des affaires transmises aux parquets[n’ont] pu avoir de suite judi-ciaire », le ministre de l’intérieur aégalement pointé la justice dudoigt en soulignant la nécessité deraccourcir le délai, « pas inférieureà dix mois », qui sépare la constata-tion d’une infraction pénale et saréponse judiciaire. A quoi le gardedes Sceaux, Elisabeth Guigou, a ré-pliqué en estimant que, en sens in-verse, « le sentiment d’impunité [dedélinquants] peut résulter de l’ab-sence d’élucidation des affaires, quela police et non la justice peut seulemaîtriser », tout en regrettant que« trop souvent les magistrats nesoient pas informés [par les poli-ciers ou les gendarmes] des inter-pellations des auteurs d’infractionspénales ».

Une majorité de policiers et demagistrats se sont accordés àconstater que la délinquance desmineurs concerne des sujets deplus en plus jeunes et qu’elle est deplus en plus violente. Mais les re-présentants des deux administra-tions de la « chaîne pénale » sesont nettement opposés sur le sortà réserver à l’ordonnance de fé-vrier 1945 relative à la jeunesse dé-linquante. Anachronique, aux yeuxdu ministre de l’intérieur et de sessubordonnés, ce texte fondateurde la justice des enfants a été fer-mement défendu par le garde desSceaux et ses magistrats. Prudem-ment, M. Jospin a ménagé les par-ties : « Concernant la délinquancedes mineurs, dont le développementest tout à fait préoccupant, une ré-flexion en profondeur doit êtreconduite afin d’évaluer le dispositifpublic actuellement en vigueur bâtiautour de l’ordonnance de 1945.Une mission interministérielle vaêtre constituée dans les prochainessemaines pour proposer au gouver-nement les adaptations néces-saires. » Voilà un premier pointconcret pour le Conseil de sécuritéintérieure.

Olivier Biffaud et Erich Inciyan

Le sentiment d’impuissance des élus locaux Ils savent que, dans les quar-

tiers difficiles, ils ont perdu laconfiance des citoyens, que, mal-gré toutes leurs initiatives, la dé-linquance des mineurs n’a fait queprogresser, les signes d’incivilité sepropager. C’est un sentimentd’impuissance que les élus locauxont exprimé au cours du colloque« Des villes sûres pour des ci-toyens libres ». Impuissance,constat d’échec et amertume faceà, disent-ils, « l’impunité » dontbénéficieraient les fauteurs detroubles.

L’ensemble des pays occiden-taux sont confrontés, en matièrede sécurité intérieure, à deuxmaux pour Eric Chalumeau,commissaire divisionnaire, cher-cheur à l’Institut des hautes étudesde la sécurité intérieure : le parte-nariat interinstitutionnel s’es-souffle et la délinquance des mi-neurs arrive en tête despréoccupations.

En France, le partenariat a vu lejour en 1983, avec la mise en placedes conseils communaux de pré-vention de la délinquance (CCPD),qui seraient devenus « complète-ment inopérants », selon un maireadjoint. Ils tiennent « moins dumillefeuille que de la tarte à lacrème », renchérit un maire.

ÉVOLUTION DES ESPRITSCes attaques en règle ont évi-

demment suscité des réactions.« Là où ça n’a pas marché, les élusont une part de responsabilité », anoté Michel Marcus, délégué gé-néral du Forum européen pour la

sécurité urbaine. Inspirateur etmaître d’œuvre des CCPD, le so-cialiste Gilbert Bonnemaison asouligné l’énorme évolution desesprits : « Il y a quinze ans, dire queles procureurs devaient siéger dansles CCPD, c’était une grande au-dace. Vouloir faire travailler en-semble la police et les travailleurssociaux, c’était pour certains del’utopie. Aujourd’hui, non seule-ment ce n’est plus de l’utopie, maisil faut aller plus loin. »

Pour M. Bonnemaison, des phé-nomènes sont apparus qui n’exis-taient pas il y a une quinzained’années, comme la peur des re-présailles et le développement desincivilités, « un problème crucial,qui doit être traité au plus près duterrain, en se souvenant que lecontrôle judiciaire peut être effec-tué par des bénévoles ».

L’intervention la plus détermi-née, saluée par la salle, a émané deJean-François Coppé, maire (RPR)de Meaux (Seine-et-Marne), qui adénoncé les « inhibitions », les« tabous » qui entourent tout dis-cours sur la sécurité, et mis enexergue le phénomène d’« impu-nité ».

« Si nous ne sommes pas ca-pables de traiter ce problème, nousn’arriverons à aucun résultat », a-t-il dit, provoquant la réaction deLouis Di Guardia, procureur de laRépublique de Marseille. « Notresociété attend tout de l’interventionjudiciaire, mais ce n’est pas dansune enceinte de tribunal correction-nel que l’on va faire fonctionner unesociété ! », a rétorqué M. Di Guar-

dia, qui a préconisé des « systèmesdérivatifs », comme la médiationet les rappels à la loi.

Développer les conseils de quar-tier, les maisons du citoyen, lesconseils municipaux d’enfants,créer une « conférence inter-communale » en matière de loge-ment, mettre sur pied, pour lesjeunes, un « engagement civique »qui serait valorisé dans le cursusscolaire... Ces propositions ont étéénoncées par Laurence Douvin,membre du Conseil économiqueet social, qui estime que les élus nejouent pas un rôle suffisant face àla crise de la citoyenneté.

« PROJET ÉDUCATIF DE QUARTIER »Reste que les élus, pas plus que

l’Etat, ne peuvent agir seuls,comme l’a expliqué Martine Au-bry. Pour le ministre de l’emploi etde la solidarité, c’est « à nous, poli-tiques, de donner un sens et uneperspective à cette société », mais« il faut aussi mobiliser le citoyen »,notamment en le rapprochant dupouvoir.

« De plus en plus de gens necomprennent plus qui fait quoi, oùs’adresser. Notre fonction publiquedoit s’adresser à tous de la mêmefaçon, que l’on soit riche ou pauvre,que l’on sache s’exprimer ou non »,a martelé la ministre, en annon-çant qu’elle travaillait à l’idée de« projet éducatif de quartier » avecses collègues de l’éducation natio-nale, de la culture et de la jeunesseet des sports.

Marie-Pierre Subtil

SÉCURITÉ A l’occasion d’un col-loque intitulé « Des villes sûres pourdes citoyens libres » qu’organisait leministre de l’intérieur, Jean-PierreChevènement, vendredi 24 et same-

di 25 octobre, à Villepinte (Seine-Saint-Denis), le premier ministre aannoncé la création d’un « Conseilde sécurité intérieure » qu’il préside-ra. b CETTE INSTANCE symbolisant

l’action transversale du gouverne-ment regroupera, autour de LionelJospin, les ministre de l’intérieur, dela justice, de la défense, de l’emploi,de l’éducation nationale ainsi que le

secrétaire d’Etat au budget. b LESELUS LOCAUX, présents à ce col-loque, ont manifesté leur inquié-tude devant l’ampleur que prendl’insécurité dans leurs collectivités.

b PLAIDANT pour la morale civique,Claude Allègre a indiqué que les ly-céens de première se verront ensei-gner une « éducation à la citoyenne-té » dès la rentrée 1998.

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8 / LE MONDE / DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 F R A N C E

LE MINISTRE de l’équipementet des transports, Jean-ClaudeGayssot, a défendu vendredi24 octobre devant l’Assemblée na-tionale un budget doté de85,2 milliards de francs, noncompris les budgets annexes et lescomptes spéciaux, qui, pour « sor-tir des règles et des normes issues dela pensée unique et de l’ultralibéra-lisme », accorde la priorité auxtransports collectifs et à l’intermo-dalité.

Si l’opposition a annoncé son in-tention de ne pas le voter, en rai-son notamment de l’arrêt de la pri-vatisation d’Air France – dénoncépar François d’Aubert (UDF-DL), –dans l’ensemble les intervenants– plaidant souvent pour un dossierparticulier concernant telle auto-route, tel canal, telle ligne de che-min de fer, de métro ou de tram-way – ont souligné ses aspectspositifs.

Les socialistes et les commu-

nistes ont exprimé leur soutien etle groupe RCV a annoncé par lavoix de Guy Hascoët (Verts, Nord)un vote favorable, tout en souhai-tant des infléchissements volonta-ristes dans ce « budget de transi-tion » et en annonçant le dépôtd’amendements pour indiquer« des pistes pour un meilleur rééqui-librage entre les différents modes detransport ».

Les crédits du ministère ne de-vant être votés que le 6 novembre,après la présentation du volet dulogement, seul le budget annexede l’aviation civile a été adopté enfin d’après-midi, malgré les inter-rogations de l’UDF, mais aussi deJean-Pierre Blazy (PS, Val-d’Oise)sur la taxe de sécurité et de sûreté,qui ne serait plus affectée assezdistinctement aux dépenses de sé-curité.

L’information selon laquelle desaccords d’exclusivité continueraitde lier Delta Airlines à Boeing, en

violation de l’engagement pris parle constructeur américain pour ob-tenir le feu vert de Bruxelles à safusion avec McDonnell-Douglas, asuscité des réprobations de l’UDFet du PS. Le ministre des trans-ports estime que la Commissioneuropéenne doit réagir « avec laplus grande vigueur » contre cetteviolation apparente des engage-ments, qui constituerait un « dé-fi ».

« L’INTÉRÊT DU TGV RHIN-RHÔNE »Dans le domaine ferroviaire,

M. Gayssot a souligné l’« effort im-portant » qui a été fait. « Au total,les concours publics au secteur fer-roviaire progresseront en 1998 depresque 2,5 milliards », ce qui re-présente « une augmentation totalede près de 8 % en moyens déga-gés ». Il a indiqué que « le TGV Mé-diterranée, annoncé et commencépar le précédent gouvernement sansqu’aucun financement ait été déga-

gé, sera enfin financé ». Sur unequestion de Jean-Marie Bockel,maire (PS) de Mulhouse, qui a prisle relais de Jean-Pierre Chevène-ment à la tête du lobby pro-TGVRhin-Rhône, M. Gayssot a souli-gné « l’intérêt manifeste » de ceprojet et annoncé le lancement en1998 « des études préalables à l’en-quête publique ».

« Il n’est pas juste que les créditsdisponibles soient entièrementconsacrés aux lignes à grande vi-tesse », a-t-il cependant rappelé enindiquant que « des crédits impor-tants » seront réaffectés à la « mo-dernisation et au développement duréseau classique ». Enfin, le mi-nistre a justifié la priorité donnéeaux transports collectifs, notam-ment en province (+ 10 %), par lanécessité « d’offrir aux usagers unevéritable alternative à l’automobileen milieu urbain ».

Robert Belleret

Le budget des transports privilégie le « collectif » Roissy : les engagements« seront tenus »

Devant les députés, vendredi24 octobre, Jean-Claude Gayssotest revenu sur les décisions annon-cées le 23 septembre sur l’exten-sion de la plate-forme de l’aéro-port de Roissy-Charles-de-Gaulle.Le ministre des transports a indi-qué qu’une table ronde sera orga-nisée en janvier pour faire le pointsur les « concertations ». Par ail-leurs, la création de l’« autorité in-dépendante » chargée de vérifier labonne application des règles desti-nées à lutter contre les nuisancessonores « prendra place dans le pro-jet de loi en préparation sur lestransports ».

Enfin, l’engagement d’augmen-ter d’environ 20 % la taxe dite « debruit » payée par les compagnies« sera tenu dans l’actuel projet de loide finances » par le biais d’« unamendement (...) déposé à cette finpar le gouvernement lors du débatsur le budget de l’environnement ».

JEAN-PAUL PROBST, président (CFTC) de la Caissenationale des allocations familiales (CNAF), ne décolèrepas contre le projet du gouvernement de mise souscondition de ressources des allocations familiales. Cettedécision, a-t-il affirmé vendredi 24 octobre, va se tra-duire par « l’exclusion de quelques centaines de milliersde bénéficiaires » et « créer une nouvelle fracture socialeentre les familles qui paient, mais ne perçoivent plus, etcelles qui paient plus ou moins mais continuent à tou-cher » des allocations.

« C’est une mise à mal de la cohésion sociale », a-t-ilpoursuivi. Le mot « solidarité », utilisé par le gouverne-ment pour justifier cette mesure, est, selon M. Probst,« galvaudé ». Si la mise sous condition de ressourcesdes allocations familiales est adoptée par les députés,trois cent cinquante mille familles seraient écartéesen 1998, et cela représentera une économie de 4 mil-liards de francs.

M. Probst soutient que cette décision, « politique » etnon technique, « dénature le dispositif » créé à la Libéra-tion, qui prévoyait « une ouverture de droits pour toutepersonne cotisant à la sécurité sociale ». Il considère

qu’ainsi le gouvernement « fait l’impasse sur l’avenir desgénérations ». S’appuyant sur le vote du conseil d’ad-ministration de la CNAF, qui a émis un avis défavorablesur le projet de loi de financement de la sécurité sociale,M. Probst a aussi rappelé son hostilité à la disparitionou à la réduction du quotient familial. En revanche, iln’est pas opposé à une imposition des allocations fami-liales, si le produit est « réaffecté à la branche famille » :« Cette voie-là me semble plus juste », a-t-il dit.

Enfin, M. Probst a souligné que le « risque d’un désen-gagement du CNPF de la branche famille » de la Sécuritésociale « existe ». « Ce sera au nouveau président duCNPF d’avoir un mandat clair » sur ce point, a-t-il ajou-té. « Ce risque sera d’autant plus fort que la branche fa-mille ne gérera que des prestations familiales sous condi-tions de ressources », recentrant donc la politiquefamiliale « sur les plus défavorisés ». Dans ce contexte,« le CNPF serait même fondé à remettre en cause le fi-nancement de la CNAF, qui repose sur les cotisations pa-tronales », a expliqué M. Probst.

B. C.

Le président de la CNAF craint « une nouvelle fracture sociale »

Jean-Pierre Davant, président de la Fédération nationale de la mutualité française

« La Sécurité sociale continue à produire des dépenses inutiles »Un « lourd déficit » du régime général est à craindre en 1998 si les instruments d’une meilleure gestion ne sont pas créésMembre du comité de vigilance de la Sécuri-té sociale, mis en œuvre après le plan Juppéde novembre 1995, avec la CFDT et la CFE-CGC, Jean-Pierre Davant, président de la Fé-dération nationale de la mutualité française,

manifeste son inquiétude sur l’avenir du sys-tème de protection sociale, qui continue à« produire des dépenses inutiles ». Jugeantqu’il y a « un problème d’inadaptation » aux« besoins de la population », M. Davant

craint qu’à défaut de mettre en place de nou-veaux instruments de gestion le régime gé-néral ne connaisse un « lourd déficit » en1998 de la dette sociale de « fausse solu-tion ». Le président (CFTC) de la Caisse natio-

nale des allocations familiales (CNAF), Jean-Paul Probst, a de nouveau critiqué, vendredi24 octobre, le projet du gouvernement demise sous condition de ressources des alloca-tions familiales. (Lire ci-dessous.)

« Vous avez été un ardent dé-fenseur de la réforme Juppé dela Sécurité sociale, allant jusqu’àconstituer un « comité de vigi-lance » avec notamment laCFDT et la CFE-CGC. Commentappréciez-vous la manière dontle gouvernement Jospin gère cedossier ?

– Le projet de loi de finance-ment de la Sécurité sociale dugouvernement prévoit un tauxd’évolution des dépenses de 2,2 %.On va donc encore injecter dansun système que l’on sait imparfait13,4 milliards de francs supplé-mentaires. Dix milliards avaientdéjà été injectés en 1997. Oncontinue à vivre sur des méca-nismes dépassés. L’informatisa-tion des cabinets médicaux n’estpas commencée. Les agences ré-gionales d’hospitalisation ont étéinstallées, mais sans directivesprécises. Le gouvernement Jospina prévu un fonds de 500 millionsde francs pour la restructurationdes hôpitaux. Une enveloppe quine représente pas grand-chose,compte tenu de l’ensemble desrestructurations à prévoir pourrendre le système hospitalier enconcordance avec les besoins.

– Vous pensez que la mise enplace de la réforme Juppé ne sefait pas assez rapidement ?

– Il faut cesser de parler de la ré-forme Juppé. Le problème n’estplus là. Il y a un problème d’ina-daptation de notre système desoins aux besoins de la popula-tion. En France, en moyenne, ondépense 12 000 francs par per-sonne, essentiellement pour dessoins curatifs. Et on doit consacrer270 francs par personne pour laprévention, la médecine scolaireet la médecine du travail. C’est unrapport aberrant. L’objet essentield’un dispositif de santé n’est pasuniquement de dispenser dessoins curatifs, c’est aussi d’éviter

les maladies, ce qu’on appelle glo-balement la politique de santé pu-blique. En France, on ne sait pasce que c’est. Nous sommes en Eu-rope le pays qui dépense le plus etqui propose les remboursementsles plus faibles, ce qui entraîne desproblèmes sociaux puisque beau-coup de nos concitoyens n’ont pasaccès à des soins de qualité.

– La réforme Juppé n’a doncpas fait sortir le système de laspirale des dépenses ?

– Le système continue à pro-duire des dépenses inutiles. Il nepeut en être autrement tant queles réformes structurelles restentà faire. Selon les chiffres de laCNAM, les prescriptions ont aug-menté de 6,6 % entre août 1996 etaoût 1997. En 1996, les honorairesdes médecins généralistes ontprogressé de 2,1 % et ceux desspécialistes de 2,9 %. Il n’y a paseu, durant cette période, de pau-

périsation des professions médi-cales. S’il y a rationnement, c’estpour les personnes en difficultéqui n’ont pas accès aux soins.

– L’assurance-maladie univer-selle devrait répondre au be-soins de ces personnes en diffi-culté.

– Cette assurance figureracertes dans la loi de financement

de 1998, mais ne sera pas opéra-tionnelle avant 2000. D’ici là, ilfaut régler le problème des600 000 personnes exclues du sys-tème de santé et vite imaginer undispositif transistoire.

– Le gouvernement espèreparvenir à l’équilibre descomptes de la Sécurité socialeen 1999. Cela vous semble-t-ilpossible ?

– Si, rapidement, on ne met enplace les instruments qui visent àmieux gérer, on va se retrouver,fin 1998, face à un lourd déficit.On pourra toujours prolonger leremboursement de la dette so-ciale (RDS), comme on vient de lefaire : j ’avais pourtant crucomprendre que le PS, dans l’op-position, était contre la créationdu RDS. L’inaction peut conduire,à nouveau, à ce type de fausse so-lution. On va encore ouvrir uncrédit sur les générations à venir.

» Je ne porte pas de jugementsur la volonté du gouvernement.Je comprends que le changementsoit délicat politiquement, mais jene comprends pas qu’on n’avancepas plus vite. C’est l’intérêt géné-ral qui devrait primer. Je constateque, depuis environ dix mois, onn’a pas fait vivre un certainnombre de structures et de méca-nismes qui avaient été installéspour gérer différemment la Sé-curité sociale.

– Qu’est-ce qui empêche lefonctionnement de ces méca-nismes ?

– On est revenu à un débatentre ceux qui, d’un côté, ontconscience des difficultés, sansposséder des recettes miracles, et,de l’autre, ceux qui s’arcboutentsur des corporatismes, des inté-rêts financiers colossaux. Ceux-làsont aussi alliés à d’autres qui ver-raient d’un bon œil la Sécurité so-ciale mise en bas pour faire ducommerce avec la santé.

– Certains responsables patro-naux évoquent la possibilité dese retirer des organismes pari-taires. Comment appréciez-vouscette menace ?

– Je ne vais pas être hypocrite.J’ai toujours pensé que le systèmeparitaire était complètement ina-dapté à la gestion d’un dispositifd’assurance-maladie qui, théori-quement, doit permettre un accèsaux soins égal pour tous. Aprèscinquante ans de paritarisme dansla gestion de la santé, la dérive dusystème est considérable. Le pari-tarisme est à refonder. Mais, si lepatronat français se retirait main-tenant du système, il prendraitune énorme responsabilité quin’aurait d’autre objectif que defaire le lit des assurances commer-ciales. »

Propos recueillis parBruno Caussé

JEAN-PIERRE DAVANT

Les anciens combattants défendus par l’intransigeant Maxime GremetzSOUS LE REGARD particulièrement atten-

tif et vigilant des représentants des associa-tions d’anciens combattants, qui garnissaienten rangs serrés, vendredi 24 octobre au soir,les tribunes du public surplombant l’hémicyclede l’Assemblée nationale, les députés ontadopté les crédits qui leur sont alloués dans leprojet de loi de finances pour 1998. Le PS et leRCV ont voté pour, le PCF s’est abstenu, l’op-position RPR-UDF s’est prononcée contre.

Un groupe de pression aussi organisé queles anciens combattants méritant considéra-tion de la part des parlementaires, l’affaire nes’est pas déroulée sans mal pour le secrétaired’Etat, Jean-Pierre Masseret. Elle avait mêmefort mal débuté, le 8 octobre, lors de l’examende ses crédits (25,952 milliards de francs, endiminution de 3,5 % par rapport au budget1997), par la commission des affaires sociales,saisie pour avis.

Sous la plume de son rapporteur, MaximeGremetz (PCF, Somme) – l’un des quatre dé-putés commmunistes qui se sont abstenus,mardi 21 octobre, lors du vote sur les re-cettes –, la commission avait fustigé un projetde budget « médiocre », « pas acceptable enl’état ». Suivant les recommandations de l’in-transigeant député de la Somme, soutenu sur

ce dossier par le président du groupe commu-niste, Alain Bocquet, la commission avait alorsdécidé de reporter son vote à une date ulté-rieure.

La stratégie s’est révélée payante : samedi18 octobre, lors de l’examen de l’article d’équi-libre, le gouvernement inscrivait 40 millionsde francs de crédits supplémentaires en faveurdes anciens combattants. Trois jours plus tard,la commission se réunissait à nouveau... pourexprimer encore son insatisfaction : elleconditionnait son vote en séance publique àl’adoption de trois amendements déposés parle PS.

EXASPÉRATION PASSAGÈRETout en restant à l’intérieur de l’enveloppe

des 40 millions de francs supplémentaires, legouvernement a accepté, vendredi, de faireun nouveau pas en direction des députés.Avant cette annonce, les orateurs de tous lesgroupes ont eu encore l’occasion de manifes-ter leur mécontentement. Salué pour son « es-prit de dialogue » tout en se trouvant assaillide demandes qu’il savait ne pouvoir satisfaire,M. Masseret a connu quelques instantsd’exaspération − « Les chiffres, vous les connais-sez, à quoi bon que je les répète ! L’impérialisme

de l’argent a ses limites, quand même ! » –avant de retrouver son calme.

La principale revendication des députés,non satisfaite dans la ventilation initiale des40 millions, portait sur l’ouverture d’un droit àretraite anticipée pour les anciens combat-tants en Afrique du Nord, chômeurs, pouvantjustifier d’une durée de cotisation de 40 an-nuités à l’assurance vieillesse, diminuée dutemps passé en Afrique du Nord.

Soulignant que l’ouverture d’un tel droit né-cessiterait un accord interministériel, alorsqu’il s’était précisément heurté à un « pro-blème de champ de compétence » lors de lapréparation de son budget, M. Masseret adonné l’accord du gouvernement sur unamendement socialiste, adopté à l’unanimité,revalorisant l’allocation différentielle perçuepar les chômeurs, afin de leur permettre debénéficier d’un revenu équivalent à une re-traite anticipée de 5 600 francs nets par mois.Le gouvernement a prévu d’affecter 25 des40 millions à cette mesure.

Plusieurs intervenants ont indiqué, durantla séance, que la « réserve parlementaire »– somme d’argent répartie entre les députésde façon discrétionnaire par le président de lacommission des finances et le rapporteur gé-

néral du budget – serait mise à contribution,pour le même objet, à hauteur de 25 millionsde francs.

Conformément à des engagements prisprécédemment, le gouvernement a égalementpermis l’adoption des deux autres amende-ments du PS : l’un revalorise la retraite mu-tualiste en modifiant son mode de calcul ;l’autre élargit les conditions d’attribution de lacarte de combattant en faveur des anciensd’Afrique du Nord, une durée des services enAlgérie d’au moins dix-huit mois étant re-connue équivalente à la participation aux« actions de feu et de combat » précédemmentexigée. Lors d’une brève suspension deséance, les députés communistes arrêtaientleur position : approbation des amendements,mais abstention sur les crédits. Toujoursd’aussi mauvaise humeur lors de la reprise dela séance, M. Gremetz a commencé à irritersérieusement les députés socialistes, soucieuxde se réjouir le plus ostensiblement possibledes « avancées » accomplies lors du débat,lorsqu’il a minimisé leur ampleur. « Il est hon-nête et ça vous gêne ! », lançait-on à droite, ra-vi de tant d’audace.

Jean-Baptiste de Montvalon

M. Pasquas’accommodede l’abandondu projetMUSE

CHARLES PASQUA a pris« acte », vendredi 24 octobre, lorsde la séance du conseil général desHauts-de-Seine, de la décision duministre des transports, Jean-Claude Gayssot (PC), de stopper leprojet Maille urbaine souterraineexpresse, dit MUSE (Le Monde du24 octobre). Ce projet titanesque,au coût total estimé de plus de40 milliards, était composé d’uneautoroute souterraine à péage al-liée à une ligne de métro. Il devait,à l’horizon 2015, relier Villeneuve-la-Garenne, au nord du départe-ment, à Antony, au sud.

MUSE a toujours été combattupar les élus de gauche du départe-ment. Dès juillet, lors de l’inaugu-ration du tram Val-de-Seine, ladeuxième ligne de tramway en ré-gion parisienne, M. Gayssot, évo-quant la première phase de réali-sation de MUSE entreIssy-les-Moulineaux et Clamart,avait indiqué qu’il allait « appré-cier l’opportunité de retenir ou nonce projet », puisqu’il ne souhaitaitpas « continuer à privilégier le tout-routier ».

« J’ai compris que je ne devaispas me faire beaucoup d’illusionssur ces choix en matière de trans-port », a avoué M. Pasqua, rendantcompte de son récent entretienavec le ministre : « M. Gayssot m’afait savoir d’entrée de jeu son oppo-sition au péage urbain. Dans cesconditions, il ne pouvait retenir leconcept MUSE pour ce quiconcerne la circulation des véhi-cules particuliers. »

290 MILLIONS ENGAGÉSTout en soulignant que « les

problèmes liés à la circulation auto-mobile demeurent entiers »,M. Pasqua a indiqué qu’il avaitconstaté, lors de son entrevueavec le ministre, « une convergencede vues » pour la réalisation decertains modes « de transports encommun ». L’ancien ministre RPRcoupait du même coup l’herbesous le pied des communistes etsocialistes qui devaient interveniraprès lui sur ce sujet. Souhaitantqu’une prochaine séance duconseil général soit consacrée auxproblèmes de transport dans lesHauts-de-Seine, où « le réseauroutier est saturé et les transportscollectifs insuffisants », M. Pasquas’est déclaré favorable au prolon-gement de la ligne de tramwayBobigny-Saint-Denis jusqu’à Nan-terre et à une liaison par métro, detype Val, qui reprendrait le tracésouterrain au sud du département.

Répondant par avance aux at-taques de ses opposants, qui luireprochent les 290 millions enga-gés pour les études de MUSE,M. Pasqua a précisé que M. Gays-sot lui avait demandé que celles-ci« puissent être remises au Syndicatdes transports parisiens ». Ce qu’ila « volontiers accepté en lui préci-sant que cela constituait la partici-pation du département » au futurprojet.

M. Pasqua a conclu en indiquantqu’il allait maintenant se tournervers le concessionnaire pour exa-miner « les modalités de suspensiondu projet pendant cinq ans »,comme le prévoit le cahier descharges, « en attendant des joursmeilleurs ». En fait, au fil des an-nées, des interrogations s’étaientfait jour jusque chez certains élusde droite du département, qui es-timaient que le conseil généralsortait de son rôle en voulant réa-liser des infrastructures routièresou universitaires, comme le trèscontesté pôle Léonard-de-Vinci.La décision de M. Gayssot devraitramener un peu de sérénité ausein de l’assemblée départemen-tale et retirer du même coup uneépine du pied de M. Pasqua, quitrouve ainsi une issue honorableface à ses adversaires.

Au demeurant, l’opposition,sans faire de triomphalisme, a dé-taillé ses propositions en matièrede transports en commun. M. Pas-qua a rappelé que « cela supposeleur inscription aux futurs contratsPlan-Etat-région, ce qui, au mieux,pourrait conduire à un lancementdes travaux dans la première dé-cennie du prochain millénaire ».

Jean-Claude Pierrette

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F R A N C E LE MONDE / DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 / 9

Annulation de l’électionde deux députés de droiteFrançois Guillaume (RPR, Meurthe-et-Moselle)et Jean-Jacques Weber (UDF-FD, Haut-Rhin)devront se représenter dans les trois mois

MICHEL PÉRICARD, députéRPR des Yvelines, qui présidait laséance publique de l’Assembléenationale, vendredi 24 octobre, aannoncé l’annulation de l’électiondes députés François Guillaume(RPR, Meurthe-et-Moselle) etJean-Jacques Weber (UDF-FD,Haut-Rhin) par le Conseil constitu-tionnel. Ce sont les premières déci-sions d’annulation prises par cettehaute juridiction qui a été saisie decent soixante-dix demandes aprèsles élections législatives anticipéesdes 23 mai et 1e r juin. Le Conseil,qui a commencé leur examen le14 octobre, a déjà rejeté quinze de-mandes d’annulation d’élection,dont celle de l’ancien premier mi-nistre Alain Juppé (RPR, Gironde).

Dans la IVe circonscription deMeurthe-et-Moselle, M. Guil-laume, ancien ministre RPR, l’avaitemporté de 12 voix au second tourface au candidat socialiste MichelClosse, maire de Luneville :23 935 voix contre 23 923. Le dépu-té invalidé, qui a « pris acte » decette annulation, souligne « ledanger d’une telle décision quipourra à l’avenir faire jurisprudencechaque fois que, dans toute élection,un faible écart séparera les candi-dats en présence ».

FIABILITÉ PAS GARANTIESelon lui, le Conseil a décidé

d’annuler son élection « au motifde l’incertitude liée au faible écartqui a séparé les candidats ». C’estdu reste une raison fréquented’annulation quand toutes les ga-

ranties de fiabilité du scrutin nesont pas apportées. M. Guillaumesollicitera à nouveau les suffragesdes électeurs.

Dans la VIe circonscription duHaut-Rhin, c’est « une pression surles électeurs » qui est à l’origine del’annulation de l’élection deM. Weber par le Conseil. Présidentde l’assemblée départementale, ilavait devancé, au second tour, lecandidat socialiste, Joseph Spiegel,maire de Kingersheim, de 651 voix :19 566 suffrages contre 18 915 dansune triangulaire qui mettait égale-ment en présence un représentantdu Front national.

Entre les deux tours, le présidentde l’office départemental HLM,Jean-Paul Schmitt, avait adresséune lettre à 824 locataires, leur de-mandant de voter pour M. Weberdont l’élection, selon lui, devaitservir l’action de cet organisme. Laliste des locataires et les éti-quettes-adresse avaient été four-nies par l’office. « Eu égard à leurcontenu et à leur caractère person-nalisé, ces lettres ont constitué unepression sur les électeurs » à la-quelle M. Spiegel n’a pu apporterune « réponse efficace », estime leConseil constitutionnel dans sa dé-cision. M. Spiegel, qui sera à nou-veau candidat, s’est réjoui que « lamorale politique [soit] sauvegar-dée ».

Deux élections législatives par-tielles seront organisées dans undélai de trois mois.

O. B.

Le Conseil d’Etat précisela notion d’association cultuelleSAISI d’une demande d’avis du tribunal administratif de Clermond-Ferrand, qui voulait savoir si une association locale des Témoins deJéhovah peut être exemptée de taxe foncière, le Conseil d’Etat a pré-cisé, vendredi 24 octobre, les trois critères qui permettent de direqu’une association a un caractère cultuel et qu’elle a droit aux exoné-rations foncières. Deux d’entre eux n’étaient contenus que de façonimplicite par la jurisprudence, avait précisé le commissaire du gouver-nement, Jacques Arrighi de Casanova, qui a été suivi.Il faut, premièrement, que l’association se voue bien à un culte, c’est-à-dire qu’elle organise des cérémonies réunissant des croyants quipratiquent en commun certains rites ; les religions minoritaires nedoivent pas être exclues. Il faut, deuxièmement, que l’association seconsacre exclusivement à ce culte, ce qui interdit les activités cultu-relles, éditoriales ou sociales. Il faut enfin qu’elle ne porte pas atteinteà l’ordre public. Cette condition avait été opposée aux Témoins de Jé-hovah de France dans un arrêt de l’assemblée du contentieux du1e r février 1985 (Le Monde du 5 février 1985).

DÉPÊCHESa NOUVELLE-CALÉDONIE : Jean-Jack Queyranne, secrétaired’Etat à l’outre-mer, estime, dans un entretien à Libération daté 25 et26 octobre, que le FLNKS et le RPCR souhaitent « éviter un référen-dum-couperet ». « Aujourd’hui, il y a, dans chaque camp, une volontépour qu’un référendum n’ait pas lieu sur une question aussi tranchéeque : « Etes-vous favorable à l’indépendance ? », juge M. Queyranne.Il importe donc de trouver une formule consensuelle, un accord parta-gé. »a ÉCOLOGIE : les Verts estiment que Valéry Giscard d’Estaing,père du projet Vulcania – auquel Dominique Voynet, ministre del’aménagement du territoire et de l’environnement, a donné son feuvert implicite (Le Monde du 23 octobre), – « a été aidé (...) par le préfet,qui a accordé le permis de construire avant consultation du ministère ».« VGE n’a pas encore son mausolée », juge le parti écologiste, jeudi23 octobre, dans un communiqué indiquant que les études complé-mentaires commandées par le ministre « placent Vulcania sous hautesurveillance ».a EURO : Jacques Chirac a assuré les pays de la zone franc, ven-dredi 24 octobre, que « l’euro ne comporte pour eux que des avantageset aucun inconvénient », à l’occasion d’une réception à l’Elysée desgouverneurs des banques centrales des pays francophones, parmi les-quels les gouverneurs des banques centrales de l’Afrique de l’Ouest etde l’Afrique centrale. Le président de la République a insisté sur la né-cessité d’une « coopération sans faille » des autorités monétaires« pour assurer la stabilité du système financier mondial ».a HOMMAGE : une plaque au nom de Michel Debré sera dévoiléeà l’Assemblée nationale le 26 novembre, à la place qu’occupait MichelDebré dans l’hémicycle. L’ancien premier ministre, décédé le 2 août1996, plusieurs fois ministre du général de Gaulle, fut longtemps dé-puté gaulliste de la Réunion. Cette décision, prise en décembre 1996,sous la précédente législature, a été confirmée jeudi 23 octobre par lebureau de l’Assemblée.a PARTI COMMUNISTE : Robert Hue participera au troisième fo-rum franco-africain de Ouadagoudou (Burkina-Faso), les 25 et26 octobre. Le secrétaire national du PCF poursuit une tournée inter-nationale entamée au siège des Nations unies, à New-York.a RÉGIONALES : Pierre Moscovici, ministre délégué aux affaireseuropéennes, s’est déclaré « amusé », vendredi 24 octobre, sur RadioFrance Belfort-Montbéliard, par l’éventualité d’une candidature del’ex-PDG de PSA, Jacques Calvet, aux élections régionales enFranche-Comté. « Je me demande si la personnalité la plus adaptéepour représenter la Franche-Comté est le chef d’une entreprise qui asupprimé 23 000 emplois dans le Pays de Montbéliard », s’est interrogéle ministre. « Cela prouve, a ajouté M. Moscovici, dans quelle crise pro-fonde se trouve la droite (...), incapable de trouver en son sein la person-nalité capable de l’amener au succès. »

Les chambres régionales des comptes suggèrentde développer leur mission de « conseil » aux élus

Le Syndicat des juridictions financières dénonce l’insuffisance des effectifs

LIMOGESde notre correspondant

L’Association professionnelledes magistrats des chambres ré-gionales des comptes (Apmcrc)change de nom et devient le Syn-dicat des juridictions financières(SJF). Ainsi en ont décidé les ju-ristes des 25 chambres régionalesdes comptes (22 métropolitainesauxquelles s’ajoutent celles de LaRéunion, des DOM atlantiques etdes TOM pacifiques) réunis encongrès à Limoges les jeudi 23 etvendredi 24 octobre.

Il ne s’agit pas d’une simplifica-tion de sigle, a souligné le pré-sident de l’ex-association – re-conduit dans cette fonction par lenouveau syndicat –, Pierre Rocca,de la chambre régionale de Pro-vence-Alpes-Côte d’Azur (PACA),mais d’une « volonté d’être re-connus pour ce que noussommes », un corps de magistratsprofessionnels spécialisés cohé-rents et résolus à se faire en-tendre dans leur domaine, celuide la gestion financière des col-lectivités territoriales et pu-bliques.

Depuis plusieurs années, l’ac-tualité, par le biais des multiples« affaires » qui ont impliqué desélus locaux, illustre à la fois l’im-portance croissante de ces ques-tions et les difficultés qu’elles sus-citent.

Emanation de la Cour descomptes, les chambres régionales,issues des lois Defferre sur la dé-centralisation, sont les instancesde contrôle a posteriori des déci-sions des collectivités locales, li-bérées de la tutelle préfectorale etdevenues, en 1982, maîtresses deleurs initiatives financières.

UN CHIFFRE JAMAIS ATTEINTAu départ, était prévu un corps

de 340 magistrats. Ce chiffre nefut jamais atteint. Ils ne sont en-core aujourd’hui que 312, pourquelque 36 000 communes,100 départements, 30 DOM-TOM,plus les intercommunalités, lesoffices HLM, les sociétés d’écono-mie mixte, etc... La chambre d’Ile-de-France compte cinquante ma-gistrats, celle du Limousin quatre,les régions les plus peuplées(Nord-Pas-de-Calais, Rhône-

Alpes, PACA) vingt-cinq. Lamoyenne nationale est de quinze.

Selon les magistrats, la plupartdes régions sont en sous-effectif,d’autant que le ratio des collabo-rateurs prévu (greffiers, docu-mentalistes, secrétaires : troispour un magistrat) n’est pas nonplus atteint. En 1997, il a mêmeété amputé par treize suppres-sions d’emplois administratifs.L’association, souligne son vice-président, Jean-Michel Champo-mier (Rhône-Alpes), « redoutel’asphyxie par excès de missions ».Autre raison pour se transformeren syndicat, mieux apte à se faireentendre de la puissance pu-blique.

D’autant que, depuis leur créa-tion, ces chambres régionalesn’ont cessé de voir s’élargir leurscompétences : examen de dos-siers sur demande des préfets(1991), procédure d’audition desélus (1993), contrôle des groupesprivés délégataires d’un servicepublic pour l’eau, la voirie ou l’as-sainissement (1995).

Enfin, les chambres régionalesdes comptes sont de plus en plus

sollicitées par les élus eux-mêmes : « la médiatisation des« affaires », explique Pierre Roc-ca, a entraîné un sentiment d’insé-curité juridique, surtout chez lesmaires de petites et moyennescommunes qui n’ont pas les moyensmatériels de bien mesurer lesconséquences de leurs initiatives,qui craignent de se retrouver dansl’illégalité et qui attendent de nousun rôle de conseil et de préventiondes aléas. Une attente à laquellenous n’avons pas la possibilité ma-térielle de répondre, et qui d’ail-leurs poserait vite des problèmesdéontologiques en nous faisant à lafois juges et parties. »

Il y a là une lacune, estime leSJF, dans le processus de décen-tralisation. Ce rôle de conseilpourrait être joué, estime-t-il, parun pôle de compétence, une sortede guichet unique qui serait unlieu de contact pour les élus, à lafois avec les administrations dé-concentrées de l’Etat, les orga-nismes économiques et l’institu-tion judiciaire.

Georges Chatain

Les juristes des 25 chambres régionales descomptes réunis en congrès à Limoges les jeudi23 et vendredi 24 octobre, ont décidé de créer le

Syndicat des juridictions financières (SJF). Ils sesont plaints de la faiblesse des moyens dont ilsdisposent, d’autant que le champ de leurs

compétences ne cesse de s’élargir : les élus lo-caux les consultent souvent pour éviter de nou-velles « affaires ».

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S O C I É T ÉLE MONDE / DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997

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Suppression de la subvention d’Aides ProvenceTOULON

de notre correspondant« Attentatoires à la dignité hu-

maine », ainsi Hubert Falco, pré-sident (Force démocrate) duconseil général du Var, juge-t-il cer-taines illustrations ou formulescontenues dans une plaquette dif-fusée auprès d’adolescents parAides Provence, moyennant quoi,sans autre forme de procès, il asupprimé la subvention annuellede 130 000 francs que l’assembléedépartementale accordait à cetteassociation de lutte contre le sida,préférant les redistribuer à d’autresstructures œuvrant dans le do-maine. « Je ne cautionnerai jamais

de telles dérives », précise cet élu.Les responsables d’Aides Provenceétaient prêts à s’en expliquer en re-grettant l’incident du 20 mars ayantmis le feu aux poudres. Ce jour-là,dans le cadre de la TransVar de l’es-poir, une manifestation sportive demasse destinée à faire circuler l’in-formation sur le sida, un groupe decollégiens se rue sur un stand ets’en retourne avec des plaquettesintitulées « Pendant le sida, l’amourcontinue », généralement destinéesà des lycéens plus âgés. Illustrée dedessins très explicites, tant en cequi concerne les risques de conta-gion que les différents modessexuels plus ou moins courants, et

financée depuis 1994 par la direc-tion générale de la santé, cette pla-quette a été diffusée à ce jour àplus de 300 000 exemplaires sans lemoindre problème... jusqu’à laréaction outragée de M. Falco, cho-qué par sa « crudité ».

« En fait, nous employons le lan-gage de ceux et celles à qui nousnous adressons et nous préférons queles choses soient claires sans volontéde choquer », explique Jean-MarcGuibout-Ribaud, un des respon-sables d’Aides Provence, s’éton-nant que « M. Falco se soit cabré dela sorte, alors que, en 1996, il avaittenu à ce que cette TransVar de l’es-poir arrive devant le bâtiment duconseil général et nous y avait ac-cueillis. A l’époque, il s’était servi denous comme contrepoison contre leFront national, qui venait de prendrela mairie. Nous en étions conscientsmais ça ne nous gênait pas. Concer-nant l’incident de mars, nous nousétions excusés (...) et nous pensionsque cette affaire était enterrée. Iln’en est rien... » Et Aides Provences’inquiète d’autant plus que le Varest un département fortement tou-ché par le VIH et où le taux de sé-ropositivité hétérosexuel (45,3 %)est le plus fort de la région PACA.

En amateur de rugby qu’il est,M. Falco aura préféré botter entouche. La balle a été reprise par lemaire FN de Toulon, Jean-Marie LeChevallier, qui a tenu à « approuverle conseil général d’avoir comprisqu’il ne faut pas subventionner lesassociations à tort et à travers mêmesous couvert de lutte contre le sida ».Dès 1995, la municipalité avait sup-primé la subvention de 18 000francs allouée précédemment àAides Provence, considérantcomme aujourd’hui que « l’argentdes contribuables ne doit pas servir àfinancer le prosélytisme homosexuelet l’esprit de position politicienne decette association ».

José Lenzini

DÉPÊCHESa AFFAIRES : le président (RPR) du conseil général de l’Essonne,Xavier Dugoin, a été entendu, vendredi 24 octobre, dans les locauxde la police judiciaire de Versailles, à propos de deux enquêtes préli-minaires en cours. La première concerne son utilisation personnellede billets d’avion facturés au conseil général. Avec diverses locationsde voitures utilisées sur des lieux de villégiature, la note s’élevait à300 000 francs. Xavier Dugoin a également été interrogé sur l’emploid’une femme de ménage rétribuée par le conseil général. Le parquetd’Evry a demandé la semaine dernière la levée de son immunité par-lementaire. a INTOXICATION : le centre anti-poison de Champagne-Ardennea signalé un cas d’intoxication avec troubles cardiaques chez unepersonne adulte ayant consommé une tisane à base de plantain,commercialisée sous la marque Florina. Cette tisane est égalementvendue en pharmacie sous les marques Alliance santé et Pharma etplantes. Dans un communiqué publié vendredi 24 octobre, le secré-taire d’Etat à la santé, Bernard Kouchner, a annoncé que ces produitsétaient retiré de la vente. Il recommande aux personnes en possédantde ne pas les consommer.a JUSTICE : le président de la Conférence des bâtonniers, Chris-tophe Ricour, a lancé vendredi 24 octobre un appel à la grève des au-diences, le 6 novembre, afin d’« interpeller les pouvoirs publics » sur lasituation « catastrophique et désastreuse » de la justice. Au coursd’une conférence de presse, il a expliqué que 172 bâtonniers sur 18Oavaient exprimé « leur colère et leur désespérance face au dysfonc-tionnement des tribunaux, au manque d’effectifs, à la longueur des dé-lais pour obtenir un jugement ». Me Bernard Vatier, bâtonnier del’Ordre des avocats de Paris, le seul à ne pas faire partie de la confé-rence des bâtonniers, a précisé que les avocats parisiens « manifeste-raient à coup sûr leur solidarité » avec leurs collègues de province,mais que la décision ne serait prise que mardi 28 octobre.

Les assurances de M. Allègre sur les emplois-jeunesMARSEILLE

de notre envoyée spécialeDans l’amphithéâtre du collège

Jacques-Prévert, au cœur desquartiers nord de Marseil le,Claude Allègre, ministre de l’édu-cation nationale, a expliqué, ven-dredi 24 octobre, qu’il ne voulaitpas se retrouver, un jour, face àdes manifestations d’emplois-jeunes en mal de reconnaissance.

« Votre avenir, ce n’est pas de re-vendiquer dans cinq ans avec despancartes pour demander votre ti-tularisation », a insisté le ministredevant les cent trente premiersaides-éducateurs recrutés dansl’académie d’Aix-Marseille. Il estvrai que, si le dossier des em-plois-jeunes s’est rapidementconcrétisé au sein de l’éducationnationale – des centaines decontrats sont désormais conclusdans différentes académies(Le Monde du 14 octobre) –, lesnouveaux aides-éducateurs s’in-terrogent sur le volet formationpromis par le gouvernement.

« C’est un engagement formel :vous aurez droit à une formationcontinue pendant votre temps detravail à partir du mois de janvierpour préparer des métiers variésdans lesquels vous pourrez vieillirtranquillement », leur a assuréM. Allègre.

BEAUCOUP D’ESPOIRSi le ministre met beaucoup

d’espoir dans les emplois-jeunespour, pêle-mêle, « aider les ensei-gnants à faire évoluer le systèmeéducatif », « combattre la violencedans les collèges », « apporter uneautre manière de dialoguer avecles élèves », « développer la ci-toyenneté », les aides-éducateursont, eux, fait part de leurs appré-hensions. « Sera-t-i l possibled’avoir une ligne de conduite pourne pas empiéter sur le travail deséquipes éducatives et éviter lesconflits ? », a demandé Virginie,

qui vient d’être embauchée dansune école marseillaise.

« Vous n’êtes pas à l’armée », luia répondu le ministre. « Je ne vousdonnerai pas de textes car la vien’est pas faite de règlements et decirculaires », a-t-il ajouté.

Pour mener à bien ce dossierdes emplois-jeunes, M. Allègrecompte avant tout sur « l’initia-tive et l’apprentissage du terrainpour inventer l’avenir ». Les aides-éducateurs devront « rechercherl’excellence dans la diversité deleurs talents » et les enseignantsdevront « être capables d’inventerun tutorat » pour ces jeunes.

« Vous allez faire du bon travail.Vous n’avez pas besoin de cours autableau noir sur la pédagogie. Jefais confiance aux professeurs pourfaire cette formation sur le tas », alancé le ministre. « Notre payscroit trop à la théorie et pas assez àl’expérience. Je veux changer cetétat esprit dans l’éducation natio-nale », a-t-il martelé.

« Mais pourquoi créer des em-plois de cinq ans et pas des métierspour la vie ? », s’est interrogé Ni-colas. Tout simplement, selon leministre, à cause du mot« jeune ». « Ces emplois serontmieux remplis si c’est un flux conti-nu de personnes proches de l’âgedes élèves qui les occupent », a jus-tifié M. Allègre. Quant à Emma-nuel qui a proposé un système deprogression salariale au cours descinq années du contrat, le mi-nistre a coupé court à toute pos-sibilité d’évolution salariale. « Jefais vous faire une confidence, jene suis pas partisan d’un systèmede reconnaissance à l’ancienne-té », a-t-il confié devant un am-phithéâtre bondé. Conscient desaléas de la politique, Thierry a de-mandé si le budget nécessaire auxemplois-jeunes devrait être rené-gocié chaque année. « Ne vous oc-cupez pas de mes soucis, vous enavez déjà assez comme cela », a

répondu en souriant M. Allègre.Plus sérieusement, le ministre a

fustigé, sans les nommer, ceuxqui polémiquent aujourd’hui surle financement de l’opération as-suré à 100 % par l’Etat, dont 20 %sur le budget de l’éducation na-tionale.

« LE MOT SOLIDARITÉ »« Pour trouver ces 20 %, il est

vrai que je dois faire des sacrifices.Ceux qui ne comprennent pas celane comprennent pas le mot solida-rité. Toute la nation – et il n’y aurapas d’exception – doit faire des sa-crifices pour que les jeunes aientun emploi », a insisté M. Allègre.

La semaine dernière, le Syndi-cat national des enseignants dusecondaire (SNES) s’inquiétait,dans un communiqué (Le Mondedu 18 octobre) que le finance-ment de ces emplois se fassent audétriment du temps d’enseigne-ment devant les élèves. « Je sou-haite petit à petit faire disparaîtreles heures supplémentaires etcomplémentaires pour créer desemplois », a expliqué le ministre.

Enfin, il a promis de faire évo-luer les contrats de droit privé desemplois-jeunes vers les trente-cinq heures de travail hebdoma-daires.

Pour marquer le lancement decette opération, Claude Allègre asigné les contrats des neuf em-plois-jeunes qui prendront leurfonction au lendemain des va-cances de la Toussaint au collègeJacques Prévert, classé en Zoned’éducation prioritaire (ZEP). Ils’agit de deux répétiteurs en fran-çais et mathématiques, une « in-formaticienne », une assistantevie scolaire, un accompagnateurfootball, un spécialiste en pré-vention santé et deux assistantschargés de développer les rela-tion avec les entreprises.

Sandrine Blanchard

France 2 sur la piste du « général »France 2 a peut-être dévoilé le nom et le visage du fameux « géné-

ral », présenté comme leur informateur par André Rougeot et Jean-Michel Verne dans L’Affaire Yann Piat. Lors du journal de 20 heures,vendredi 24 octobre, la chaîne publique a diffusé une interview d’undénommé Jacques Jojon qui, tout en niant être la « source » des deuxjournalistes, a toutefois reconnu « avoir eu de longues conversations avecAndré Rougeot », que ce dernier aurait à son insu enregistrées. SelonM. Jojon, André Rougeot lui « semblait parti dans des délires certains ».

Pour France 2, Jacques Jojon et le « général » ne feraient qu’un. In-terrogé par Marcel Trillat, l’homme, qui s’est présenté comme un agentdes services secrets français, correspondrait au portrait brossé dans lelivre et ses dires reprendraient ceux tenus par le « général ». SelonMarcel Trillat, M. Jojon nie appartenir à l’armée.

LE SUBSTITUT, Pierre Dillange,est « atterré ». Les mots convien-draient à une grande partie du pu-blic de journalistes et de curieuxqui remplissaient la salle du tribu-nal civil de Paris, vendredi 24 octo-bre. Certes, après l’audience déce-vante du 10 octobre, personnen’était vraiment convaincu qu’An-dré Rougeot et Jean-Michel Verneapporteraient la preuve suprêmedes graves accusations contenuesdans leur ouvrage L’Affaire YannPiat, édité par Flammarion. Maischacun espérait que, fauted’étayer formellement l’affirma-tion selon laquelle François Léo-tard, reconnaissable sous le pseu-donyme de « l’Encornet », auraitcommandité l’assassinat de la dé-putée du Var, l’audience apporte-rait une amorce d’explication,même si elle devait se faire par lebiais peu glorieux de la manipula-tion.

Le 10 octobre, le tribunal présidépar Jean-Marie Coulon avait inno-vé. Profitant d’une évolution de lajurisprudence, les magistrats

s’étaient refusés à ordonner im-médiatement l’occultation d’unevingtaine de pages du livre,comme le demandait Me PatrickDevedjian, conseil de FrançoisLéotard. Tout en constatant la gra-vité extrême de la diffamation, lesmagistrats avaient donné aux au-teurs une chance ultime d’appor-ter la preuve de leurs affirmationsou de faire valoir leur bonne foi enleur accordant un délai. « Cette op-portunité, ils ne l’ont pas saisie »,gronde M. Dillange, qui ne trouvepas assez de mots pour s’insurgercontre « l’image lamentable qui estdonnée du journalisme d’investiga-tion ».

A l’ouverture de l’audience,l’huissier appelle neuf témoins :Jean Girerd, l’expert en informa-tique qui a analysé le disque durdes frères Saincené, dont le suicideest contesté par les auteurs del’ouvrage (Le Monde du 25 octo-bre) ; Jean-Pierre Murciano, ma-gistrat au tribunal de Grasse ; Al-bert Lévy, substitut à Toulon ;André Ride, procureur général

près la cour d’appel de Limoges ;Yves Bertrand, directeur des ren-seignements généraux ; René Be-nedetto, maire de La Londe-les-Maures ; Bernard Nicolas, journa-liste à TF 1 ; et Maurice Arreckx,ancien maire de Toulon. Aucund’eux n’est présent, chacun ayantadressé un courrier au tribunalpour s’excuser et certains pours’étonner d’être cités dans unetelle affaire. Seul René Espanol,adversaire obstiné de FrançoisLéotard, se présente à la barre.Mais il n’a rien à dire. Alors on al-lume un téléviseur pour diffuserun extrait du journal télévisé deFrance 2 du 13 octobre, où Mau-rice Arreckx donne son avis sur lamort de Yann Piat en disant : « Onl’a assassinée parce qu’elle faisaitpeser des menaces très graves, in-contestablement sur des personnali-tés importantes. »

Avec quelques autres attesta-tions écrites, c’est tout ce que lesauteurs de l’ouvrage et les éditionsFlammarion ont rassemblé en dixjours. Le reste, ce ne sont que des

plaidoiries. Celles des auteurs,d’abord, qui ne souhaitent queparler de leur livre. André Rougeotrécite des pans entiers de l’ou-vrage en traduisant ses « impres-sions ».

« AUCUN MOYEN POUR VÉRIFIER »Mais quand il évoque les

conversations qu’il a eues avecl’expert en informatique et le mys-térieux « général » – source princi-pale citée par le livre –, c’est pourdire : « Les noms qu’ils m’ont don-nés, je n’ai aucun moyen pour lesvérifier, je me suis contenté de pseu-donymes. La presse a dit des noms,c’est leurs déductions, pas lesmiennes. »

« Etes-vous sûr que le “général”existe bien ?, demande Me Deved-jian.

– Oui, mais ce serait le dénoncerque le décrire précisément. J’ai donc“désourcé” un peu le personnage.

− Est-il vraiment général ? − C’est un général.− Pourquoi ne pas avoir contacté

François Léotard avant de publierl’ouvrage ?

− Je ne vise personne. Je ne voispas pourquoi je l’aurais appelé. Jel’avais contacté par le passé pourdes dossiers immmobiliers et celuidu mur (...).

− Avec tous les qualificatifs quevous fournissez, ne pensez-vous pasque François Léotard pouvait se re-connaître ?

− Si l’on rapproche, chapitreaprès chapitre, tous les qualificatifsdu commanditaire, alors tous lesblancs à lunettes sont coupables. »

Plus tard, André Rougeot ra-contera sa rencontre, dans le bu-reau du juge Murciano, avec l’ex-pert qui avait étudié l’ordinateurdes frères Saincené, le professeurGirerd : « L’expert m’a dissuadé deparler de tout ça. Il m’a dit : “Vousvous en prenez à deux ministres dela République. Ils vont vous tuer, ilsont déjà tué Piat et Saincené.” »

Le ton de Jean-Michel Verne estdifférent. Il évoque son travail surle terrain en précisant : « J’ai refuséde rencontrer le “général”. Moi, mabase de travail, c’est les articles duCanard. » Puis il ajoute, ulcéré :« Au travers de notre affaire, on faitle procès du Canard enchaîné. »Est-il pris d’un doute quand il dé-clare enfin : « Je n’ai pas la préten-tion de détenir la vérité. Je suis jour-naliste. C’est à la justice de prendre

le relais de notre travail » ? Pour ladéfense, la tâche est difficile. Lefond ne sera qu’effleuré parMe Christophe Bigot et Me Jean-Yves Dupeux pour l’éditeur etMe Antoine Comte pour les au-teurs. Les trois avocats argu-mentent surtout sur le droit. Undroit qui, selon la décision prisepar le tribunal, ne leur impose pasd’apporter la preuve des accusa-tions portées dans l’ouvrage maisseulement de présenter « l’appa-rence » de la preuve. C’est la « por-tée apparente » des éléments four-nis qui pourrait conduire letribunal des référés à se déclarerincompétent. Car la preuve enelle-même ne peut être apportéeque devant les juges du fond,c’est-à-dire devant le tribunal cor-rectionnel. Aussi, les avocats

plaident essentiellement sur cette« apparence » dans une démons-tration qui semble plutôt destinéeà faire apparaître des ectoplasmesde preuves. Subsidiairement,Me Dupeux propose l’insertiondans l’ouvrage d’un texte préci-sant que M. Léotard « conteste vi-goureusement » la véracité des faitsprésentés par les auteurs.

Mais Me Devedjian ne secontente pas de preuves fantoma-

tiques. « On vous apporte un rideaude fumée, s’insurge l’avocat. Au-delà de la personnalité de FrançoisLéotard, c’est la fonction même del’Etat qui est en accusation. Si desofficiers, en obéissant à leurs mi-nistres, peuvent tuer des parlemen-taires, on n’est plus en France, onn’est plus en démocratie, c’est gra-vissime. » Et il ajoute, se tournantvers les auteurs : « Vous voulezvraiment terminer avec un régimefasciste ? Alors continuez ! Vous al-lez y arriver. » Autre avocat deM. Léotard, Me Jean Veil demandeenfin la saisie des gains de la ventedu livre, en prévision des pour-suites sur le fond qu’engagera sonclient.

Jugement le 28 octobre.

Maurice Peyrot

L’AFFAIRE VARUne affaire d’Etat se profile-t-elle derrière l’assassinat, le 25février 1994, du député du Var,Yann Piat ? Une manipulation or-chestrée par un mystérieux « ré-seau » de personnes gravitantautour de la Direction du rensei-gnement militaire (DRM) est-elleà l’origine de la publication dulivre L’Affaire Yann Piat, des as-sassins au cœur du pouvoir ?

L’incapacité des deux auteursdu livre, André Rougeot et Jean-Michel Verne, et de leur éditeurFlammarion, à fournir la moindrepreuve destinée à étayer leurs

« révélations » conduit à envisa-ger une autre hypothèse, celle dedeux journalistes en définitivebernés par un informateur mi-mythomane, mi-manipulateur.

Politiquement moins explosif,ce scénario, s’il était exact, n’enposerait pas moins de graves pro-blèmes, tenant en particulier aurespect des règles essentielles dela déontologie éditoriale. Defait, refusant que cette affaire nesoit utilisée pour jeter le discréditsur la profession de journaliste,et tout particulièrement sur lejournalisme d’investigation,l’avocat de François Léotard,Me Patrick Devedjian, a fort heu-reusement rappellé, au cours del’audience, le rôle fondamentalde la presse, contre-pouvoir sans

lequel le risque serait grand que« l’Etat étouffe les affaires ».

De ce point de vue, le Var estun département où les affaires,justement, ont trop longtempsété étouffées. Cette triste mésa-venture aura eu au moins le mé-rite de rappeler la dérive an-cienne d’un territoire où grandbanditisme et politique localeont trop longtemps dangereuse-ment voisiné. A quelques moisdes élections régionales, la res-tauration dans ce départementdes « principes républicains »,appelée de ses vœux par le mi-nistre de l’intérieur Jean-PierreChevènement, s’impose en effetplus que jamais.

Franck Nouchi

COMMENTAIRE

JUSTICE André Rougeot et Jean-Michel Verne, les deux journalistesauteurs de L’Affaire Yann Piat, desassassins au cœur du pouvoir (Edi-tions Flammarion), n’ont pu fournir,

vendredi 24 octobre, devant le tribu-nal civil présidé par Jean-Marie Cou-lon, la moindre preuve venant étayerles « révélations » contenues dansleur livre. b ANDRÉ ROUGEOT a

maintenu que son informateur est un« général », mais a refusé d’en dévoi-ler l’identité. Le journaliste du Canardenchaîné a affirmé qu’il ne visait pasM. Léotard derrière le pseudonyme

de l’« Encornet ». b Me PATRICK DE-VEDJIAN, avocat du président del’UDF, s’en est pris violemment auxdeux auteurs : « Vous voulez vrai-ment terminer avec un régime fas-

ciste ? Alors continuez ! Vous allez yarriver. » Au cours du journal de20 heures, France 2 a diffusé l’inter-view d’un homme qui pourrait êtrel’informateur d’André Rougeot.

Les auteurs de « L’Affaire Yann Piat » n’ont produit aucune preuveDevant le tribunal civil de Paris, André Rougeot et Jean-Michel Verne n’ont apporté aucun élément permettant d’étayer

les « révélations » contenues dans leur livre. « Je suis atterré », a laissé tomber le substitut Pierre Dillange

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C A R N E T LE MONDE / DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 / 11

DISPARITIONa MANUSH MUFTIU, ancienhaut responsable du régimecommuniste albanais, est mortmercredi 22 octobre à Tirana, àl’âge de soixante-dix-huit ans, dessuites d’une attaque cérébrale.Membre du bureau politique duParti du travail albanais (commu-niste) de 1954 à 1990, ManushMuftiu fut successivement mi-nistre de l’enseignement, ministrede la santé, vice-premier ministreet président de la commissionpour la déportation de citoyens,commission qui décidait de la dé-portation des personnes considé-rées comme une menace pour lepouvoir communiste. Incarcéré en1991, après la chute du régimecommuniste, il était resté en pri-son jusqu’en 1994. L’année sui-vante il fut inculpé de génocide etde crimes contre l’humanité, maisacquitté, la Cour de cassation esti-mant qu’il ne pouvait être pour-suivi pour des délits que le codepénal ne prévoyait pas à l’époqueoù il exerçait le pouvoir.

JOURNAL OFFICIELAu Journal officiel du jeudi 23 oc-

tobre sont publiés : b Accords internationaux : un

décret portant publication de l’ac-cord entre la France et l’Autrichesur les relations cinématogra-phiques, signé à Paris le 10 avril1995.

b Heure légale : un arrêté rela-tif à l’heure légale française. Dansles départements métropolitains,les prochains changementsd’heure sont fixés au dernier di-manche de mars et au dernier di-manche d’octobre pour les années1998, 1999, 2000 et 2001.

Au Journal officiel du vendredi24 octobre sont publiés :

b Accords internationaux : undécret portant publication de l’ac-cord d’amitié et de coopérationentre la France et la Mongolie, si-gné à Paris le 18 avril 1996.

b Logement : une circulaire re-lative aux expulsions, signée parJean-Pierre Chevènement, mi-nistre de l’intérieur, et Louis Bes-son, secrétaire d’Etat au logement.

NOMINATION

ENVIRONNEMENTChristine Lazerges, députée (PS)

de l’Hérault, a été élue, jeudi 23 oc-tobre, présidente du Conservatoiredu littoral et des rivages lacustres.Cette élue du littoral méditerranéensera la première femme à la tête decet organisme. Elle succède à Am-broise Guellec (UDF-FD), ancien se-crétaire d’Etat à la mer, maire dePouldreuzic (Finistère) et vice-pré-sident du conseil régional de Bre-tagne, qui a exercé ce mandat dejuin 1993 à mai 1997. Robert Pou-jade, ancien ministre de l’environne-ment, Guy Lengagne et LouisLe Pensec, tous deux anciens mi-nistres de la mer, et Olivier Gui-chard, ancien ministre de l’aménage-ment du territoire, ont aussi exercécette fonction. Le Conservatoire du

littoral acquiert les espaces naturelsde bord de mer les plus fragiles et lesplus menacés, notamment par l’ur-banisation. Ravie de cette« confiance peut-être imprudente... etaudacieuse (...) » que le conseil d’ad-ministration lui a témoignée en l’éli-sant à l’unanimité, Christine La-zerges a toutefois précisé, dans sondiscours, qu’elle veillerait « non seu-lement à la stabilité du budget, maisencore si cela est possible, à son aug-mentation régulière ». Les crédits del’Etat s’élèveront à près de 130 mil-lions de francs pour 1998.

[Née le 21 novembre 1943 à Clermont-Fer-rand (Puy-de-Dôme), agrégée de droit privé etde sciences criminelles, Christine Lazerges estprofesseur à la faculté de droit de Montpellieret membre du Conseil national des universitésdepuis 1992. Elle a aussi été adjointe au mairede Montpellier, Georges Frêche (PS), jusqu’àson élection à l’Assemblée nationale en juin.]

AU CARNET DU « MONDE »

Naissances

François-Régis etWania CHAUMARTIN

ont la très grande joie d’annoncer l’avène-ment de

Cerise,au foyer de

François-Régis et Chrystelle.

Eugène et Pierrette ABRAYont la très grande joie d’annoncer la nais-sance de

Clarissedans le foyer de leurs enfants,

Pascale et Franck ABRAY,le 23 octobre 1997.

1, rue de Pontoise,75005 Paris.7, boulevard Anatole-France,92000 Boulogne.

Corinne RIGAUDY-GUITELet

Jean-Baptiste RIGAUDY,ont la joie d’annoncer la naissance de

Faustine,

le 21 octobre 1997, à Bordeaux.

58, rue du Hâ,33000 Bordeaux.

Sandra JOXE et Christian LABRANDE,Héloïse et Mélisande,

partagent les 3 kilos de bonheur de

Flore,

née le 17 octobre 1997, à Paris.

Paul NAEGELremercie

Cindyet son fils

Françoispour avoir donné la vie à

Xavier,né le 23 octobre 1997, à Bruxelles.

Mariages

– Vous connaissez la nouvelle ?

Papa épouse maman.

Camille, Benjamin, Mathilde.

Orgeval, le 25 octobre 1997.

Noces d’or

– Vouziers, 27 octobre 1947.

Huguette et Roger MARX.

Avec les affectueuses pensées de toutela famille.

Décès

– Le docteur Michèle Boucker,son épouse,

Ses enfants,Sa petite-fille,Et toute la famille,

ont la tristesse de faire part du décès du

docteur Charles BOUCKER,chirurgien orthopédiste,

AIHP,ancien chef de cliniqueassistant des hôpitaux,

survenu le 16 octobre 1997, à Paris.

L’inhumation a eu lieu à Saint-Dié-des-Vosges (Vosges).

69, boulevard Soult,75012 Paris.

– La Fondation de la Résistance,Le président,Les membres du conseil d’administra-

tion et du bureau,L’Association Mémoire et espoirs de la

Résistance,ont la douleur de faire part du décès du

préfet Jean BRENAS,ancien président des Houillères

du Bassin de Lorraine,secrétaire général élu de la Fondation,commandeur de la Légion d’honneur,

médaillé de la Résistance,croix de guerre avec palmes.

Une cérémonie en son honneur auralieu prochainement à Paris.

– Nous avons le regret de faire part dudécès de notre ancienne collègue

M me Marguerite LAUTOUT-MAGAT,

survenu le 20 octobre 1997.

Nous souhaitons aussi rappeler le sou-venir du

professeur Michel MAGAT,

son mari, disparu il y a presque vingt ans.

Ses anciens élèves et collaborateurs dulaboratoire de physico-chimie des rayon-nements qu’il a créé et dirigé jusqu’à samort, lui rendent un affectueux hommage.

– Sa famille,Ses amis,

ont la tristesse de faire part du décès, sur-venu à Paris, le 22 octobre 1997, de

M. Roland MARTIN,administrateur civil.

Une cérémonie religieuse aura lieu enl’église Notre-Dame-du-Rosaire, 194, rueRaymond-Losserand, Paris-14e, le mardi28 octobre, à 11 heures.

Vers les eaux du repos Il me mènepour y refaire mon âme.

– Bernadette et Yves Blancet leurs enfants,

Gilles Schnéeganset Catherine Droszewskiet leur fille,

Les familles Dumont, Jénot, Lestevenet Capron,ont la tristesse de faire part du décès deleur très cher

Jean-Marie SCHNÉEGANS.

Les obsèques ont eu lieu le 17 octobre1997, à Cormeilles (Eure).

3246 Lacombe,Montréal PQ H3TIL7(Canada).49, rue Bargue,75015 Paris.

– Arlette Taïeb,Daisy Taïeb,Pierre et Dina Taïeb,Monique Taïeb,Et toute sa famille,

ont la douleur de faire part du décès de

Raymond TAÏEB,créateur du Sarmien,

survenu le 23 octobre 1997.

Les obsèques auront lieu au cimetièrede Pantin, le lundi 27 octobre, à 11 heures.

Gisèle THOMAS,âgée de quarante-huit ans,

chargée de mission au GAN,

est décédée le jeudi 23 octobre 1997, d’uncancer.

Elle aura lutté durant plusieurs années,sans jamais perdre espoir, avec l’aide deson compagnon, de sa famille et de sesamis.

Mais la maladie ne l’a pas épargnée.Gisèle était une personne de grande va-leur, chaleureuse, généreuse, vivant toutavec une grande intensité.

Ses amis se joignent à son compagnonet à ses proches en leur souhaitant beau-coup de courage dans cette difficileépreuve.

Ses obsèques auront lieu le lundi 27 oc-tobre, à 14 h 30, en l’église de Marcq(Yvelines).

Remerciements

– Toute la famille de

M me Marguerite MAGAT

remercie les personnes qui, par leur pré-sence, leurs envois de fleurs et leurs mes-sages, se sont associées à son deuil et lesprie de trouver ici l’expression de sa vivereconnaissance.

La Tour de Mémillion,28800 Saint-Maur-sur-le-Loir.

Anniversaires de décès

– Il y a un an, le 26 octobre 1996,

Anaïs,quatre ans,

était tragiquement arrachée à la vie, seule,abandonnée par celles et ceux chargés deveiller sur elle ou de la secourir.

Ni oubli, ni pardon.

– Le 27 octobre 1995, elle s’envolavers Dieu à l’âge de treize ans,

Zéna Zahi BOUSTANI.

Paix de Celui qui l’a élueà ceux qu’elle a émus.

– Il y a quatre ans, le 27 octobre 1993,

Léo HAMON,

nous quittait.

A tous ceux qui l’ont connu, estimé etaimé, nous demandons d’avoir une penséepour lui.

Sa famille.

– Le 25 octobre 1996,

Thomas LOWIT,

quittait ce monde.

Sa famille et ses amis se souviennentde l’être d’exception qu’il fut.

– Il y a déjà dix ans, le 26 octobre1987,

Luba

s’est éloignée. Elle ne cesse pourtantd’être présente pour

Robert, Suzanne et Daniel,Cathy, Hervé, Jean-Marc, Nathalie,Et tous ses proches,

qui l’ont connue et aimée, sans oublier

Jérémie, Benjamin, David, Mickaêlet Salomé,

qui la connaissent très bien.

Manifestations du souvenir

– La réunion annuelle à la mémoire denos chefs et des camarades décédés dansl’année aura lieu au siège des

Eclaireuses et éclaireursisraélites de France,

27, avenue de Ségur, Paris-7e, le jeudi30 octobre 1997, à 19 heures.

– Le Consistoire de France lance unappel à l’occasion de la journée

Hommage aux Justes de France,qui sera célébrée à Thonon-les-Bains, le2 novembre, pour que tous ceux qui ontconnaissance du sauvetage de juifs ounon-juifs menacés d’arrestation suivie dedéportation (entre 1940 et 1945) fassentconnaître d’urgence leurs noms (ou ceuxde leurs descendants). Ainsi, par leur pré-sence ou leur mémoire, ils seront associésà l’hommage qui leur sera rendu à Tho-non-les-Bains.

S’adresser au Consistoire de France,19, rue Saint-Georges, 75009 Paris. Tél. :01-49-70-88-00. Fax : 01-42-81-03-66.

Conférences

– Lundi 27 octobre 1997, à 19 h 30, leprofesseur Yves RAOUL et le docteurJacqueline BOUSQUET donneront uneconférence dans le cadre du Cercle 21 :« Enjeux des évolutions de l’alimentationpour la santé de l’homme », Paris-5e. In-formations : 01-47-04-23-19.

Soutenances de thèse

– Jean-Luc Richard a soutenu sathèse de doctorat en démographie écono-mique (section économie), le 22 octobre1997, à l’IEP de Paris. « Dynamiques dé-mographiques et socio-économiques del’intégration des jeunes générationsd’origine immigrée en France. Etude àcaractère longitudinal. » Mention trèshonorable avec félicitations, à la majorité.Président du jury : professeur Tapinos.

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12 / LE MONDE / DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997

H O R I Z O N SPORTRAIT

Michel Piccoli, magnifique, non ? Imprévisible, insaisissableavec ses étonnementsd’enfant et sa sagessede patriarche,cet acteur devenu vedettesur le tard vient de réaliserson premier long métrage,« Alors voilà, ». Un film« pauvre, pauvre maisheureux » qui honorele cinéma

QUESTION pourjeu à la té lé :quelle grandevedette fran-çaise chantait,en jupette,Comme un gar-çon de SylvieVartan, dans unpremier film

d’une réalisatrice inconnue ? Laréponse exacte n’est pas : MichelPiccoli, dans Ruptures de Chris-tine Citti, en 1993. Mais plutôt :ce ne peut être que Piccoli. Pic-coli qui ne fait rien comme toutle monde, Piccoli qui s’amuse ets’invente des places, des têtes,des lieux et des fonctions. Qui sedécale, comme on dit au rugby,pour aller plus vite, ou ailleurs,là où ça lui chante. « Je n’ai pasenvie de devenir un vieil acteurqui attend qu’on lui propose dejouer Le Roi Lear. »

Piccoli est , en ce moment,deux fois dans la lumière. Et c’esten deux endroits où on ne l’at-tendait pas. Sur la scène de Bo-bigny, il joue, mais au théâtre. LaMaladie de la mort, Duras miseen scène par Bob Wilson, en duoavec Lucinda Childs (Le Mondedu 25 septembre) , qui ditmieux ? Il est aussi sur les af-fiches de cinéma, mais commeréalisateur de son premier longmétrage, Alors voilà, une petitesplendeur audacieuse et discrète(Le Monde du 23 octobre).

C’est magnifique, non ? C’estsa phrase, ça. « C’est magnifique,non ? », il en ponctue des récits,des souvenirs, des envolées degamberge où la générosité poli-tique et le goût des gens ont pré-séance. Il dit ça avec un étonne-ment d’enfant et une sagesse depatriarche, étonnement et sa-gesse joués : Piccoli est un grandacteur. Mais « joué » ne signifiepas simulé, mensonger. « Joué »veut dire mis en forme, pour êtremieux montré, mieux perçu.

Sollicité sur ces représenta-tions où il est, au théâtre, chaquesoir rieur et éperdu, en déséqui-libre-limite sur l’équation vi-suelle de Bob Wilson, il s’étonnequ’on lui en reparle, alors quepour lui, qui l’a joué longtempsen tournée, c’est une vieille his-toire déjà. Et puis , tout demême : « Chaque soir, c’est ja-mais pareil. Extravagant, non ? »On se souvient peut-être que cethomme-là faillit devenir, si onavait écouté les gazettes, unesorte d’archétype de la (haute)bourgeoisie à l’écran, promis àune carrière interminable dansl ’ inusable costume-cravatecommun aux médecins, avocats,patrons, chirurgiens, politiciensou promoteurs immobiliers : fi-gures dont le cinéma françaisn’est pas avare. Mais à quoi son-geaient-ils, ceux qui, en le sa-crant « star » (qu’il ne fut jamais,il dit : « La dernière star, c’étaitMarcello »), il y a près d’un quartde siècle, prétendaient l’enfer-mer dans un sarcophage deconformisme.

Ils n’avaient pas vu Themrocoù, retourné à l’état préhisto-rique en plein Paris, Michel Pic-

coli se nourrissait de CRS cru ?I ls n’avaient pas entendu laconnivence avec le dynamiteroMarco Ferreri : les excès crépus-culaires de La Grande Bouffe,bien sûr, et les ironies extrava-gantes de Touche pas à la femmeblanche, mais, surtout, la foliefeutrée et libertaire de Dillingerest mort, ce chef-d’œuvre. C’étaiten 1969, vingt-huit ans déjà, etPiccoli en avait 44. La granderencontre, celle qui, in fine, auramarqué du sceau le plus signifi-catif tout ce qu’il fit depuis, avaiteu lieu depuis longtemps. Ren-contre avec le grand obsession-nel, le dingue en chef, rigoureux,courtois et halluciné, pervers,Dieu merci ! et connaisseur del’intérieur de la Loi, Luis Buñueldonc.

C’est Buñuel qui a trouvé Pic-coli, avec La Mort en ce jardin,qui n’est pas un très bon film,mais là n’est pas la question. En1956, c’est pourtant le quinzièmefilm d’un comédien que, depuis1945, on avait vu – entrevu, aumoins – chez Christian-Jaque,chez Daquin, chez Astruc, chezDelannoy, chez Renoir même(French Cancan). Piccoli étaitjeune alors, c’est-à-dire qu’iln’était pas lui. Heureusement, çane dura pas longtemps. Cas ex-ceptionnel d’un acteur qui de-vient une vedette, et une figurede séducteur, en cessant d’êtrejeune. Face à Signoret dès la pre-mière rencontre avec le maître-soufre espagnol, face à Moreaudans Le Journal d’une femme dechambre, face à Deneuve dansBel le de jour , puis dans LeCharme discret de la bourgeoisie,titre qui lui convient moins bien,contrairement à ce qu’on a tou-jours dit, que le suivant : Le Fan-tôme de la liberté. La liberté etson double, fantasmagorique :voilà.

E TRANGE, cette affaired’âge (qui n’a rien à voiravec la jeunesse d’esprit,

bla-bla-bla) . C’est peut-êtrepourquoi il paraîtra, plus tard,

Photo Thierry Arditti

« Dans le métier, je passepour un « canard », un qui ne fait riencomme tout le monde.Je m’en flatte d’ailleurs »

avoir manqué le coche d’alors,celui de ce surgissement qu’onappela la nouvelle vague. C’estqu’il fallait non pas être jeune,mais « faire jeune ». Questiond’apparence, puisqu’en réalitéPiccoli est là.

Il est chez l’un des principauxet des moins compris parmi lesprécurseurs de cette modernité,Jean-Pierre Melville, dans LeDoulos (1962), il est au rendez-vous du crucial Le Mépris deJean-Luc Godard (1963), puis selance dans Les Créatures d’AgnèsVarda (1965) , part ic ipe à Laguerre est finie d’Alain Resnais(1966). Et fait le fou chez Jacques

Demy, un fou commerçant etamoureux, fou tendre et gentilde M. Dame dans Les Demoisellesde Rochefort, fou dangereux etbouleversant d’Une chambre enville. Pas moderne, Piccoli ? Al-lons donc ! Mais sans exhibition.

Moderne aussi, et étrange plusencore, la façon dont le publicl’aura plébiscité. Personne, enFrance, n’est jamais devenu unevedette de cinéma grâce à la té-lévision. Sauf Michel Piccoli. Lemoyen de cette opération nes’appelait pas Navarro ou L’Institmais, autres temps, Don Juan. DeMolière, exactement, réalisé parMarcel Bluwal, et diffusé en1965. Et la France connut et re-connut cette prestance, cette fi-nesse policée et hardie où se de-vinent des gouffres. La gloire deMichel Piccoli était faite, elle nese défit plus. La célébrité ac-quise, une solide réputation deséduction et d’élégance, un pro-fil d’aristocrate contemporainpour comédies et tragédies so-ciales : d ’autres se seraientcontentés de ce capital de sym-

pathie et d’admiration, l ’au-raient géré en épargnant pépère.D’ailleurs, ils l’ont fait. Piccoli,lui, passait par d’autres chemins.

« Avec orgueil, passion et amu-sement », lâche-t-il aujourd’hui,avant de préciser : « Mon rêveaurait été que Robert Bresson,sans m’avoir jamais vu à l’écran,m’arrête un jour dans la rue pourme proposer un rôle. J’aurais ré-pondu que j’avais trop de travailau bureau, ma vie d’acteur auraitété comblée. »

Avec les cinéastes, pas tous,ceux qui comptent – « Godard,Sautet, Ferreri... » –, il dit avoireu le sentiment de devenir leur

porte-parole, leur représentant àl’écran ou, mieux, avoir occupépour eux l’emploi qu’on appelleau théâtre celui du confident. Enretour, il s’intéresse de plus enplus près à ce qui se passe en-deçà et au-delà du plateau detournage : la pellicule, le mon-tage, l’auditorium. « Je regardedepuis longtemps à travers la ca-méra, ce qui se passe de l’autrecôté. »

L A production aussi, danslaquelle il se lance pourfaire exister des films qui

sans lui n’adviendraient pas, jus-qu’à se ruiner avec Le Général del ’armée morte (1983) . Cettemême année, i l est aussi surscène pour jouer Combat denègres et de chiens, pièce d’un in-connu nommé Bernard-MarieKoltès, mise en scène par PatriceChéreau, qui le dir ige aprèsBrook dans La Cerisaie, avantBondy dans Conte d’hiver. Il es-saie aussi la mise en scène dethéâtre, Une v ie de théâtred’après David Mamet, en 1989 :« Un ratage . » Qui a dit qu’ilavait tous les talents ? Pas lui entout cas. Ce n’était pas la ques-tion.

La question était et reste plu-tôt une certaine idée de l’exis-tence, dont on voit bien qu’ellelui a réussi, et à nous aussi,puisque c’est publiquement qu’ill’a mise en œuvre. Mais il de-meure amer et conscient d’avoiréchoué dans cette tâche de pré-sidence de la mission du premiersiècle du cinéma, qui coordonna,en 1995, les célébrations du cen-tenaire du cinéma. « J’avais ac-cepté à la demande de Jack Lang,avant le changement de majorité,en sachant qu’à ce moment j’au-rais eu le soutien politique néces-saire pour exécuter cette tâche.Mais, en 1995, Mitterrand étaitmalade, et Toubon (devenu mi-nistre de la culture) nous a bara-tinés. On s’est fait piéger. ParChirac aussi, il m’a reçu à l’Hôtelde ville de Paris, charmant, atten-tif, il a fait plein de promesses.Rien n’est venu. Mais sans doute

n’étais-je pas fait pour cette fonc-tion, je n’ai pas ce type d’autori-té. » Du rôle principal dans lefilm semi-officiel réal isé parAgnès Varda pour l’occasion, LesCent et Une Nuits, il ne dit rien.Ça vaut mieux.

On lui parle de sa premièreréalisation, il réfute : « Mon pre-mier film, c’était mon court mé-trage pour Amnesty Internatio-

nal » [dans la série Contre l’oubli,en 1991]. J’étais prêt à jouer dansce projet, et puis est venue l’idéeque je réalise, j’ai dit “Pourquoipas ?” sans trop savoir. J ’a icompris combien j’aimerais réali-ser lorsque cela a commencé de seproduire, devant la caméra, avecles enfants , l ’ impress ion degroupe. C’est magnifique, non ? »Oui, c’était, en quelques minutesde rap aux paroles joyeusementindispensables, assez magni-fique.

Ensuite, il y eut un autre courtmétrage, en 1994, Train de nuitd’après une nouvelle de FrançoisMaspero, où il y avait déjà, et dé-jà formidable, Dominique Blanc,l’une des interprètes d’Alors voi-là,, film aux acteurs nombreux,peu connus, remarquables. « Pasconnus ? Je les connais, moi ! Laplupart viennent du théâtre, je lesai choisis un par un. La distribu-tion à mes yeux faisait partie duscénario, elle était cruciale. »

« Connu », tout de même,Maurice Garrel : « Mon ami de-puis toujours, et je n’avais paspensé à lui. Pour ce rôle, celui dupatriarche qui règne sur toute lafamille, je voulais un non-comé-

dien. Ça tombe bien, me répondMaurice, moi qui depuis quaranteans essaie de ne pas être acteur. Ilavait raison. Il y a, aussi, RolandAmstutz. Le rôle était écrit pourlui. Il s’est suicidé juste après la findu film. » Un silence.

Piccoli est gai par élégance, af-fable par morale, il se revendi-querait même volontiers « imbé-cile heureux », c’est un choix, pasun état.

Il travaille sa légèreté, commeun acrobate, nie posséder de« l’expérience » pour diriger desacteurs, lui qui l’est depuis cin-quante ans. Et se contredit aussi-tôt, lucide et souriant : « Je saisêtre attentif. Je sais quand on abesoin de moi et faire alors cequ’il faut. Comme acteur, j’aimeles cinéastes qui ont l’autorité del ’auteur mais qui restent auxaguets des autres. Je sais, parexemple, qu’il faut être présentchaque jour au maquillage, c’estlà qu’on perçoit les ambiances,l’humeur de chacun. A partir delà, chaque jour, j’essaie d’ouvriraux comédiens des espaces de li-berté, d’invention. De faire ensorte qu’ils s’amusent. »

C’est peu dire qu’on retrouve,à l’écran, cette liberté, cette ri-chesse des relations. Alors voilà,en est entièrement tissé. Le titresemble un constat d’évidence,mais rien n’y est évident, et sur-tout pas qu’une célébrité comme

Michel Piccoli veuille réaliser unlong métrage. « Je ne trouvais pasd’argent, toutes les télévisions re-fusaient. Dans le métier, je passepour un "canard", un qui ne faitrien comme tout le monde. Jem’en flatte d’ailleurs. Mais qu’enplus je veuille mettre en scène ! Iln’y a pas que les décideurs deschaînes qui se soient défilés d’ail-leurs : j’ai montré le scénario àdes spécialistes, les notables del’écriture. Ils m’ont dit : on ne peutpas faire un film avec ça. Mais ilsn’ont pas dit pourquoi. Heureuse-ment, il y a eu Paolo Branco, ren-contré parce qu’il produisait Gé-néalogie d’un crime de RaoulRuiz, où je jouais, et que je vais re-trouver, pour l ’adaptation duTemps retrouvé qu’il prépare àprésent. Branco [producteur, aus-si, de Manoel de Oliveira, chezqui Piccoli faisait, dans Party,une si mémorable prestation] estl’un des rares producteurs ca-pables de se lancer sur un projetcomme le mien. Après, on a faitun film pauvre, pauvre mais heu-reux. C’est magnifique, non ? »

Jean-Michel Frodon

« Il faut être présent chaque jourau maquillage, c’est là qu’on perçoitles ambiances, l’humeur de chacun.A partir de là, chaque jour, j’essaied’ouvrir aux comédiensdes espaces de liberté, d’invention »

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ÉDITORIAL

Duel théologique en AngleterreUN NOUVEAU schisme menace-

t-il l’anglicanisme ? On pourrait lepenser ces jours-ci à lire les man-chettes des journaux britanniquesrelatant le duel théologique entrel’archevêque de Cantorbéry etl’évêque de Birmingham. En effet,ce dernier, le docteur Barnes, dansun livre intitulé Le Progrès du chris-tianisme (The Rise of Christianity),cherche à concilier les doctrines del’Ecriture avec la pensée scienti-fique moderne.

Le livre avait déjà fait quelquebruit lors de sa publication, en avrildernier. Mais c’est devant le synodede Cantorbéry, qui tient en ce mo-ment à Westminster sa réunion an-nuelle, que le docteur Fisher, pri-mat de l’Eglise d’Angleterre, devaitcondamner énergiquement ce livrecomme contenant des propositionshérétiques incompatibles avec laposition que son auteur occupe ausein de l’Eglise anglicane.

L’évêque de Birmingham, qui es-saie par l’analyse critique de se dé-barrasser de tout ce qu’il considèrecomme des additions historique-ment fausses, écarte, selon le doc-teur Fisher, beaucoup de ce qui faitla substance de la foi chrétienne : lafoi dans les miracles, la naissancesurnaturelle du Christ, sa résurrec-tion et le baptême des jeunes en-fants. Le trouble et l’indignationque ce livre a causés parmi lesmembres du clergé sont dus moinsaux idées qu’il développe qu’au faitqu’il a été écrit par un hommed’Eglise. Un évêque lors de son or-dination ne doit-il pas prêter ser-ment d’exprimer avec fidélité dansson enseignement les doctrines del’Ecriture, et ne doit-il pas les dé-fendre et les propager ?

Jacqueline Doz

(26-27 octobre 1947.)

MOBILISERL’ÉPARGNE DORMANTE

La conférence pour l’emploin’avait de chance d’aboutir que sil’on consentait à poser les vrais pro-blèmes et à chasser les tabous.

La première vérité est qu’il n’y apas, qu’il n’y a jamais eu et qu’il n’yaura jamais suffisamment de travailet d’emplois à temps complet pour latotalité des adultes entre 18 et 65 ans.Le développement du travail à tempspartiel pour les hommes commepour les femmes et le dégagementd’un maximum de temps pour la for-mation (initiale différée ou continue)sont des impératifs autant écono-miques que sociaux.

La seconde vérité est que, dansleur grande masse, les salariés n’ontpas profité, ces dernières décennies,des formidables progrès de la pro-ductivité, ni par réduction du tempsde travail ni par augmentation dessalaires en due proportion. Il y a doncun rattrapage légitime dans ces do-maines.

La troisième vérité est que la ré-duction constatée des ressources dis-ponibles des ménages de salariés, etnotamment des jeunes, du fait duchômage total ou partiel et de labaisse sensible des rémunérations àl’embauche, freinent la consomma-tion et donc la reprise de l’activité.Une politique de bas salaires est anti-économique. Un relèvement impor-tant des bas salaires, du SMIC, de larémunération des contrats type CES,une revalorisation du RMI, sont salu-taires pour l’économie, y compris, etsurtout, pour l’activité des PME.

La tradition du bas de laine à lafrançaise est plus que jamais d’actua-lité. Il faut donc, d’une manière oud’une autre, mobiliser cette épargnedormante pour l’investissement etredonner aux particuliers, mais sur-tout aux banques, le goût du risque

pour l’avenir, du pari en faveur desgénérations futures et une confiancerenouvelée dans la construction eu-ropéenne avec euro, politique so-ciale européenne et institutions dé-mocratiques.

Paul OudartAmiens (Somme)

PAPONSANS REPENTANCE

Les évêques de France, les méde-cins de l’ordre créé sous Pétain, lesavocats, une partie des policiers se« repentent », plus d’un demi-siècleaprès la Shoah, de leur attitude du-rant la guerre de 40 envers les juifs...Mais derrière les mots, la réalité duprésent nous interpelle : Papon as-siste à son procès en homme libre...Le fonctionnaire de Vichy, l’hommede Charonne va narguer les fan-tômes de ses victimes avec l’aide dela « justice »... Papon ne se repentpas. Pire : il démontre que le passén’est pas mort sous les déclarationsofficielles. Excessif ? Peut-être. Peut-être pas. Aucun travail de deuil pourcet homme décoré par la Républiqueet sans doute protégé par des dos-siers conséquents ! Mais au-delà deson cas misérable, il s’agit de consta-ter sans détour et sans illusion quenotre pays ne peut accepter de voirsa tache aveugle, son passé vichyste,ne peut reconnaître que le pouvoirpétainiste était une idéologie antisé-mite et fasciste. La vraie question estalors : et si demain un pouvoir extré-miste revenait ou sortait des urnes,que se passerait-il ? Comment réagi-raient les petits-enfants des genssans repentance qui ont devancé lesordres meurtriers des Allemands etqui ont été éduqués sans honte, sansregrets, sans reconnaître les mons-trueuses erreurs des « collabora-teurs » ni les tristes lâchetés desclasses dirigeantes ? L’enseignement

du mépris a laissé place, hier, aucrime absolu. L’indifférence et le dé-ni d’aujourd’hui, où mèneront-ils ?

Alain SuiedParis

UNE FAMILLEINTÉRESSANTE

Ma famille est une famille ordi-naire, intéressante certes, mais ordi-naire. Nous n’avons pas de héros.C’est, toutefois, ce que jusqu’ici jepensais. Jusqu’ici... car depuis qu’enFrance on renoue avec le passéproche et que cela me fait évoquerdes souvenirs, je n’en suis plus sisûre. Des souvenirs de guerre pen-dant laquelle il semblerait, à écouter,à lire, les uns et les autres, qu’il n’yaurait eu que des résistants ou descollaborateurs... fâcheux dualisme. Ily eut surtout tous les autres, beau-coup plus nombreux, qui luttaientpour survivre. Nous en avons été.

Nous avions peu d’hommes au-tour de nous – et pour cause : du côtéde mon père, tous morts en mer ; ducôté de ma mère, tous morts dessuites de la guerre de 14. Quant àmon père, officier sur le paquebotNormandie, il se trouvait à New Yorklorsque les Allemands ont occupé laFrance. Il choisit, plutôt que de re-tourner dans son pays pour se mettreaux ordres de Philippe Pétain, de res-ter aux Etats-unis à la disposition desAlliés. Commandant de convoistransportant des troupes, il a doncpendant toute la guerre risqué sa vieà chaque traversée de l’Atlantique.Un oncle par alliance, libéré d’uncamp de prisonniers allemand, fut leseul homme proche de nous pendantcette période. Homme d’une tellepudeur que ce n’est qu’en fouillantdans mes souvenirs que je me suisrappelée qu’il avait, en revenantd’Allemagne, donné sa démission àla police du Havre, où une carrière

prometteuse lui était assurée, pourne pas risquer d’avoir à collaborer àdes actes qu’il jugerait répréhen-sibles.

Quant aux femmes de notre fa-mille, ce sont elles qui ont dû assurerle quotidien avec le minimum demoyens. Nous n’étions pas racistes.Nous avons souffert lorsque le portde l’étoile jaune a été imposée auxjuifs de France (...). Nous avons eufaim, nous avons eu froid, nousavons eu peur parfois comme desmillions de Français. J’ai, moi aussi,chanté comme tous les enfants Ma-réchal, nous voilà. Mais à la maisonles femmes de la famille reprisant leschaussettes écoutaient Radio-Londres en espérant que les Alliés fi-niraient par gagner (...). Nousn’étions qu’une famille ordinaire, niprofiteurs, ni collaborateurs, ni dé-nonciateurs. Simplement chacunavait fait son devoir, à sa place, où ilse trouvait.

Monique AgnierayLes Clayes-sous-Bois

(Yvelines)

RESPONSABILISERLES BIBLIOTHÉCAIRES

Dans l’enquête de la page « Hori-zons » du 18 octobre sur « Les biblio-thèques-vitrines du Front national »,j’ai lu en sous-titre : « Devant cesabus, le ministère de la culture prépareun projet de loi pour responsabiliser lesbibliothécaires et garantir le plura-lisme » – et j’applaudis. Mais dans lemême numéro, j’apprends queMme Trautmann, ministre de laculture, « informée de l’existence d’unabonnement de la salle de presse de laBibliothèque nationale de France auquotidien Présent, a demandé sa rési-liation immédiate ». Cela me semblecontradictoire !

J.-M. DelettrezParis

LE COURRIER DES LECTEURS De nombreux lecteurscontinuent de nous écrire pour nous faire part de leurs réac-tions au procès de Maurice Papon, de leurs points de vue sur la« repentance » ou de leurs témoignages sur Vichy. Nous pu-blions ci-dessous deux de ces lettres. Les autres sujets abordés

concernent, entre autres, la question des 35 heures et de lalutte contre le chômage. Nous avons choisi de présenter les ré-ponses – négatives – de lecteurs sollicités de souscrire unabonnement au Monde. Ces lettres n’étant pas destinées à lapublication, nous n’indiquons pas le nom de leurs auteurs.

Des sujets de mécontentementpar Thomas Ferenczi

ON CONNAÎT la phrase célèbre d’HenriRochefort, placée en ouverture du premiernuméro de son journal La Lanterne, en 1868,selon laquelle la France contient 36 millionsde sujets, « sans compter les sujets de mé-

contentement ». Des sujetsde mécontentement, leslecteurs du Monde n’enmanquent pas à l’égard deleur journal. En réponse àla dernière campagned’abonnements lancée parla direction commercialede notre journal, plusieurs

d’entre eux nous ont ainsi exposé les raisonspour lesquelles, lecteurs plus ou moins régu-liers du Monde, ils n’entendent pas s’y abon-ner. Certains nous indiquent qu’ils préfèrentacheter leur journal au numéro parce qu’ilsveulent faire vivre la maison de la presse deleur quartier qui est, nous dit l’un d’eux, « unlieu convivial et important pour la liberté d’ex-pression ». D’autres invoquent des difficultésfinancières ou des contraintes pratiques. « Letemps m’a toujours manqué pour lire un jour-nal quotidien tous les jours », nous dit un lec-teur parisien.

Les refus assortis de commentaires sur lecontenu du journal nous intéressent parti-culièrement. La plupart des critiques portentsur les partis pris politiques du Monde. « Noussommes choqués par l’esprit partisan, par lemanque d’objectivité, par la mauvaise foi duMonde d’aujourd’hui », nous disent deux en-seignants de Marseille, qui nous accusent de« diaboliser » le Front national et ses élec-teurs. Un lecteur de Lons-le-Saunier, qui nousjuge « beaucoup trop tiers-mondistes », consi-dère que notre « systématisme » a pour effetde « renforcer par réaction les convictions desélecteurs du Front national ». « Ce journal estdevenu le faire-valoir du Parti socialiste et sur-tout un soutien inconditionnel aux assassins pa-lestiniens », estime un lecteur d’Aix-en-Pro-vence. « Excel lent quotidien, mais trèstendancieux et manquant totalement d’objecti-vité au sujet de l’actualité israélienne », déclareun lecteur des Yvelines. « L’idéologie marxisteorthodoxe qui y prévaut continue à y transpa-raître majoritairement », regrette un lecteurde Bayonne.

Plusieurs lecteurs nous reprochent de nouscomporter, à l’égard de l’énergie nucléaire,comme « les perroquets des Verts » (un lecteur

de Montpellier), de « dénigrer systématique-ment » l’Eglise catholique (un prêtre de l’Ar-dèche) ou encore « d’insister sur ce qui vamal » (un lecteur de Marseille). D’autres, il estvrai, déplorent que « l’idéologie néo-libéralebaigne, de façon diffuse et même sournoise, lescolonnes de ce journal » (un lecteur de l’Isère)et que la « pensée unique » y soit dominante(une lectrice d’Aix-en-Provence). Quelques-uns de nos correspondants pensent que notrejournal s’éloigne de la tradition « qui lui a va-lu son ancienne réputation de sérieux et dequalité » et qu’en consacrant « des pleinespages » à « des thèmes de plus en plus ano-dins » il peut sans doute « gagner une placedans les salles d’attente des salons de coiffure etdes médecins » (un lecteur de la région deNice).

Les critiques que nous adressent ces lec-teurs mécontents sont trop diverses ou tropgénérales pour que nous entreprenions de lesdiscuter. A chacun de décider, au cas par cas,aussi honnêtement que possible, si elles re-lèvent de divergences d’opinions politiquesou si elles démasquent, comme le soutiennentnombre de nos correspondants, une façonpartisane de traiter l’information.

Nouvelle-Calédonie :quand le nickelmenace la paixSuite de la première page

Mais il se trouve qu’au mêmemoment Eramet, société semi-pri-vatisée en 1994 par Edouard Balla-dur, se dresse contre l’arrivée éven-tuelle sur le territoire de l’un de sesprincipaux concurrents. L’épisodeest la plus pure démonstration del’une des thèses défendues parJacques Chirac pendant sa cam-pagne présidentielle, selon laquellel’Etat ne parvient pas à se faire en-tendre des grands commis censésle servir. L’acharnement mis, envain, par le gouvernement d’AlainJuppé pour changer le PDG d’Era-met, Yves Rambaud, en deviendraitpresque drôle, ou pitoyable, s’iln’avait de lourdes conséquencespolitiques en Nouvelle-Calédonie.

Rien n’y fait, pas même la nomi-nation, en avril, de l’ancien direc-teur du cabinet de M. Chirac àl’Hôtel de ville de Paris, RémyChardon, à la tête du groupe Erap,qui contrôle Eramet. Grâce à l’aidede ses actionnaires minoritaires– des fonds de pension améri-

cains –, grâce aussi au soutien del’administration de Bercy, M. Ram-baud parvient à demeurer « droitdans ses bottes », jusqu’à la disso-lution de l’Assemblée nationale. Ala veille de la reprise de négocia-tions politiques, destinées à clore lapériode transitoire ouverte par lesaccords de Matignon de 1988, leFLNKS a alors beau jeu de douterde la parole d’un Etat qui n’estmême pas capable de se faire en-tendre au sein d’une société qu’ilcontrôle à 56 %.

Fortement inspiré par l’ancienneéquipe Rocard, qui, précisément,avait su imposer la paix en Nou-velle-Calédonie, le gouvernementde Lionel Jospin a choisi de calmerle jeu. Un médiateur, Philippe Es-sig, ancien président de la SNCF, aété nommé, qui juge crédible leprojet industriel présenté par lesindépendantistes. D’ici à deux se-maines, il doit dire commentl’usine du nord peut être approvi-sionnée en minerai. C’est la condi-tion de la reprise de négociationspolitiques sur l’avenir institutionneldu Caillou. C’est donc la conditionde la paix.

Aussi l’annonce, le 24 octobre àNouméa, par M. Rambaud du pro-jet d’une autre usine du nord a-t-elle été diversement appréciéedans les milieux gouvernementaux.Au secrétariat d’Etat à l’outre-mercomme à Matignon, on s’est effor-

cé d’expliquer en quoi le nouveauprojet n’était pas « un produit desubstitution » au dossier défendupar les indépendantistes. Le mine-rai exploité ne serait pas le même,et la technologie serait donc diffé-rente, ce qui est vrai. Il n’empêche :au sein même du groupe métallur-gique Eramet, on reconnaît que leprojet monté avec l’australien QNIrisque de déstabiliser le planconcocté par la SMSP et Fal-conbridge. Il y a, reconnaît-on chezEramet, « le chaudron calédonien »d’un côté et, de l’autre, les coupsde poker menteur du « marchémondial du nickel ».

Voilà donc les Kanaks tenaillés,comme bien d’autres, par les effetsde la mondialisation. Le 1er sep-tembre à Nouméa, face au secré-taire d’Etat à l’outre-mer, Jean-JackQueyranne, le président du FLNKS,Roch Wamytan, disait gentiment àpropos de l’affaire du nickel : « Ilest important que le PDG d’Erametaccepte enfin de donner un sens aumot “partage”, mot-clé des accordsde Matignon, entaché du sang debeaucoup de nos morts, à commen-cer par celui de Jean-Marie Tji-baou. »

Dans l’entourage du premier mi-nistre, on se félicite du fait que leFLNKS ait pu opposer, ces derniersjours, une « riposte graduée » auséjour, sur le territoire, du PDGd’Eramet. Quelques dizaines de

jeunes Kanaks, le plus souvent dé-sœuvrés à cause du chômage, onten effet suffi à bloquer l’accès auxcentres miniers, et par repentir dumassacre d’Ouvéa, en 1988, la Ré-publique se garde bien de donnerla charge contre ces manifestants.« C’est bien maîtrisé, dit-on à Ma-tignon. Par ses réactions combatives,le FLNKS agit bien, en levant, detemps à autre, la soupape sur la Co-cotte-Minute. Mais il nous faut agirvite. »

Pendant combien de temps, eneffet, les dirigeants du FLNKS sau-ront-ils contenir une jeunesse calé-donienne qui, mal informée, a cruque, dix ans après les accords deMatignon, ce serait l’indépendanceà coup sûr ? La gauche, puisqu’il setrouve qu’elle est aux affaires à unan du référendum d’autodétermi-nation, n’échappera pas à ce choix :la logique des fonds de pension oucelle du droit des peuples à dispo-ser d’eux-mêmes. Ainsi posée, l’al-ternative est certes sans nuances.Mais, depuis qu’en 1988 le dramed’Ouvéa a mis en scène une répres-sion coloniale d’un autre âge, hu-miliant durablement la populationkanake, il n’est pas inutile d’en re-venir à des questions simples. L’an-cestrale tradition de ce peuple nedit-elle pas aussi que la terre est lesang des morts ?

Jean-Louis Saux

Le droit à l’enfanceC E siècle finissant

reste cruel à tropd’enfants. Les souf-frances que le monde

adulte inflige aux plus jeunes ré-sultent, pour une bonne part, del’exploitation qu’ils subissent autravail : la planète compte deuxcent cinquante millions de « tra-vailleurs » âgés de cinq à quator-ze ans, un chiffre qui ne cesse degonfler.

Certes, une minorité d’entreeux, employés à des tâches mo-destes mais acceptables, trouventconfiance et fierté en contribuantà augmenter le maigre pécule fa-milial. Mais la grande majoritévit un calvaire, d’un bout à l’autredu tiers-monde. Enfants malnourris, malades, battus, endet-tés, humiliés, ces petits forçatsmodernes, qui souffrent dansleur chair et dans leur âme, ontpeu de chances de briser leur ser-vitude. Enchaînés, parfois jusqu’àl’épuisement, à d’ingrates be-sognes, ils n’ont jamais mis lespieds dans une école et n’ima-ginent même pas pouvoir vivresous d’autres horizons. Beaucoupignorent jusqu’à leur âge.

S’ils peinent au labeur à l’âgedes jeux et des rires, c’est avanttout pour survivre, tant il est vraique le fléau dont ils sont acteurset victimes provient d’abord de lamisère qui les accable. La malnu-trition, l’analphabétisme, la sur-population, le sous-emploi, l’en-dettement des familles et desEtats, l’exode rural massif quipousse vers la ville des mèresabandonnées avec leurs bam-bins : toutes ces plaies du sous-développement expliquent et ag-gravent le drame du travail desenfants.

Mais l’extrême pauvreté ne

justifie pas tout et n’excuse ja-mais l’état de quasi-esclavagetrop souvent imposé à la main-d’œuvre enfantine. L’appât dugain, la cruauté, les intérêts declasse ou de caste, les préjugésancestraux perpétuent, voire ren-forcent, ce phénomène. Des gou-vernements bafouent leurspropres lois. Des employeurssans scrupules exploitent impu-nément une main-d’œuvre nom-breuse, docile et bon marché.Des parents criblés de dettes ousimplement avides s’impa-tientent d’investir dans leur pro-géniture. Dans de nombreusessociétés, l’enfant n’est pas perçucomme un être spécifique, fragileet dépendant, encore moinscomme un détenteur de droits,mais comme un capital qu’ilconvient de rentabiliser au plusvite.

Comment combattre cette ca-lamité ? D’abord en en parlantpubliquement et au plus haut ni-veau. C’est l’objet de la confé-rence internationale qui se tien-dra à Oslo du 27 au 30 octobre.Ensuite, en faisant pression surles Etats pour les inciter à respec-ter la Convention sur les droits del’enfant que presque tous ont si-gnée. Surtout, en aidant les ac-teurs sociaux à trouver peu à peudes modes d’organisation du tra-vail qui éloignent les enfants destâches les plus dangereuses, etdes formules éducatives qui leuroffrent un enseignement à tempspartiel sans les priver totalementde ressources.

Aucune société moderne nepeut garder sa dignité si elle semontre incapable de protéger sesenfants contre ce mal extrême, sielle ne leur accorde pas le droit àl’étude et au rêve.

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E N T R E P R I S E SLE MONDE / DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997

City Birdtraverse l’Atlantique

Une nouvelle race de compa-gnies « low cost » est née enmars avec City Bird. Créée parle fondateur d’EBA, rebaptiséeVirgin Express depuis que Ri-chard Branson l’a rachetée, enavril 1996, pour près de 300 mil-lions de francs, City Bird selance sur les liaisons transatlan-tiques, alors qu’EasyJet ou AirOne se consacrent exclusive-ment aux vols intra-européens.Aux Etats-Unis non plus, per-sonne n’a tenté le pari d’ouvrirdes lignes régulières à très basprix entre les deux continents.La clientèle est plus exigeantesur un vol de huit heures quesur un vol d’une heure. Difficile,dans ce cadre-là, d’offrir un ser-vice minimum.

City Bird sert des repas etoffre des films à ses clients.Pour le reste, elle applique lesmêmes recettes que Virgin Ex-press. Elle dessert pour l’instantMexico, Miami et Orlando audépart de Bruxelles. Des lignesqui n’existaient pas avant queCity Bird les ouvre. Les prixcommencent.... à 140 dollars(840 francs) l’aller.

Les bonnes recettes de DebonairLONDRES

de notre correspondantDebonair Airways a été créée, il

y a plus d’un an, par Franco Man-cassola, un Italien qui a fait car-rière en Amérique avant de sefixer à Londres. Depuis le 25 juil-let, elle est cotée à l’EASDAQ, unnouveau marché basé à Bruxellesdestiné aux PME qui veulent déve-lopper leurs activités en Europe.Debonair recherche la rentabilitémaximale. Aucune immobilisationde capital par l’achat d’avions oude hangars : « Leur productivité estdouble de celle de la concurrence,comme Ryanair ou Air France, ex-plique un analyste de la City. Leursavions volent dix heures par jour,leurs pilotes soixante-treize heurespar mois. Debonair est une excep-tion en Grande-Bretagne : il n’y aaucune voiture de société. »

« Nous avons supprimé les coûtsinutiles » en sous-traitant tout cequi n’est pas essentiel, y comprisl’entretien des appareils et l’enre-gistrement des passagers, explique

M. Mancassola. « Parmi nos210 employés, nous n’avons qu’uneseule secrétaire, Lydia, qui est enmême temps responsable desachats. A quoi sert d’avoir du per-sonnel au sol qui lit son journalentre deux vols ? Nos sept avionssont entretenus par leur fabricant,British Aerospace. Si vous avezquatre voitures, allez-vous acheterun garage pour les réviser ? », de-mande-t-il avec une conviction àl’américaine doublée d’une volu-bilité toute méditerranéenne.

Comme ses concurrents, Debo-nair débite immédiatement lecompte de ses clients, qui nepeuvent se faire rembourser, maisses billets sont valables un an. Et,si elle ne fournit aucun repas àbord – « Est-ce bien nécessaireentre Londres et Madrid ? » –, elleoffre des boissons et un écran vi-déo où l’on peut voir des films oujouer à des jeux de casino enpayant avec sa carte de crédit.

Patrice de Beer

Les compagnies aériennes à bas coûts décollent dans le ciel européenLa libéralisation des tarifs et la déréglementation ont suscité de nombreuses vocations. En moins de quatre ans sont apparues des sociétés

qui exploitent un nombre limité de lignes à prix cassés. Leur concurrence déstabilise les transporteurs traditionnels700 FRANCS : c’est le prix des

deux allers-retours Paris-Dublinsur Ryan Air, payé par Claire etJacques pour aller fêter Hallo-ween en Irlande. Sur Air France,ils auraient, dans le meilleur descas, déboursé 1 745 francs parpersonne, le tarif le plus bas de lacompagnie nationale sur cetteligne.

Pas d’hésitation donc, même s’illeur faut prendre un bus à la porteMaillot, devant le pub James-Joyce, pour se rendre à l’aéroportde Beauvais, à 60 kilomètres deParis, où la compagnie irlandaisea élu domicile.

Partout en Europe les compa-gnies à bas coûts qui cassent lesprix se développent. La libéralisa-tion totale des tarifs intra-euro-péens en matière aérienne en 1993et la perspective d’une dérégle-mentation totale du ciel au1er avril 1997 ont incité des entre-prises à se lancer dans cette aven-ture depuis moins de quatre ans.EasyJet et Debonair en Angle-terre, Spanair et Air Nostrum enEspagne, Air One en Italie, VirginExpress et City Bird en Belgique,Eurowings en Allemagne, Transa-via Airlines en Hollande : lesexemples se multiplient, tous cal-qués sur le même modèle. Lignesrégulières point à point, aéroportssecondaires où les redevancessont relativement faibles, serviceminimal à bord, centres de réser-vation téléphoniques, procédures

d’embarquement simplifiées pouraccélérer les rotations, flotte ho-mogène pour abaisser les frais demaintenance, salaires minimes etprimes de productivité ou partici-pation au capital : telles sont lesrecettes appliquées par ces nou-velles venues du transport aérieneuropéen.

Avec ses rotationsaccélérées,ses places à bordnon attribuées,son service minimalet ses tarifs modulés selon les horaires,Air Inter avait faitfigure de pionnier

Toutes se réfèrent au modèleSouthwest, une compagnietexane lancée en 1971. Avec lescoûts les plus bas du secteur auxEtats-Unis, Southwest est deve-nue une success story à l’améri-caine : en vingt-cinq ans d’activi-té, elle n’a connu que deuxexercices déficitaires et n’a jamaiseu recours aux licenciementséconomiques.

Aujourd’hui, Southwest, c’est240 avions, plus de 2 000 vols parjour, 23 000 salariés, 45 millionsde passagers par an, 3,4 milliardsde dollars de chiffre d’affaires et207 millions de dollars de béné-fices.

En Europe, le transport aérien àbas prix a également un ancêtre,qui n’est autre... qu’Air Inter. Avecses rotations accélérées, sesplaces à bord non attribuées, sonservice minimal et ses tarifs mo-dulés selon les horaires, l’an-cienne compagnie intérieure a faitfigure de pionnière à bien deségards. Mais le coût de ses piloteset son rachat, en 1990, par AirFrance, qui s’est opposé à cequ’elle se développe sur le cré-neau des vols européens à bas ta-rifs, lui ont coupé les ailes dans unenvironnement de déréglementa-tion.

Air Liberté, à sa création parLofti Belhassine, a pris le relais, encassant ses prix. Mais une gestionhasardeuse, une course effrénée àl’ouverture de lignes et une guerredes prix suicidaire avec le groupeAir France ont eu raison de soninsolence : Air Liberté a déposé lebilan en septembre 1996 avantd’être racheté par British Airways.Depuis, la petite compagnie s’estassagie et ses prix se sont ajustésà des niveaux plus élevés, permet-

tant à Air France de souffler unpeu. Si les nouvelles venues ne re-présentent encore qu’une trèsfaible proportion du trafic aérienen Europe, elles se révèlent trèsnéfastes pour les compagnies tra-ditionnelles lorsqu’elles jettentleur dévolu sur une de leurslignes. EasyJet, en vendant à par-tir de juin 1996 des allers-retours à780 francs sur Nice-Londres (aé-roport de Luton), a mis à mal laconcurrence. Air France Europe,qui peinait à rentabiliser cetteligne, l’a fermée à l’hiver 1996.

Qui plus est, cette forme deconcurrence détourne indirecte-ment des passagers de la compa-gnie nationale : pour aller àl’étranger, un Niçois a désormaisaccès, grâce à EasyJet, TransaviaAirlines ou Virgin Express, aux aé-roports d’Amsterdam, Londres ouBruxelles qui deviennent desplates-formes de correspondancetout aussi intéressantes que celle

de Roissy – Charles-de-Gaulle. AirOne, en s’attaquant au pont aé-rien Milan-Rome, a taillé descroupières à Alitalia, qui s’esttrouvée contrainte de baisserconsidérablement ses prix et derogner sur ses marges.

Mieux vaut parfois pactiser : Sa-bena a choisi de s’allier à Virgin

Express plutôt que de se lancerdans une guerre des prix. Désor-mais, les deux compagniesvendent conjointement au départde Bruxelles des billets pourRome, Barcelone et Londres.C’est Virgin Express qui les ex-ploite, avec ses hôtesses et ste-wards en jeans et tee-shirt. Sabe-

na a arrêté d’exploiter des lignesdéficitaires et a ainsi économisé125 millions de francs en 1996,tandis que Virgin Express a ré-cupéré les créneaux de décollageet d’atterrissage de sonconcurrent belge. Les passagers,eux, payent moitié moins cher.KLM a annoncé, le 1er octobre,qu’elle allait cesser de desservirl’aéroport de Strasbourg et qu’ellepourrait en confier l’exploitationà Eurowings. De la même ma-nière, Lufthansa est en discussionavec Spanair pour compléter sonréseau dans la péninsule Ibérique.

Ces nouvelles compagnies à bascoûts et à bas prix se développentà grande vitesse. EasyJet, Debo-nair, Ryanair ou encore Air Oneprojettent toutes des achatsd’avions et des ouvertures delignes. Pour le plus grand bonheurdes consommateurs.

Virginie Malingre

Proteus Airlines s’installe à PerpignanA partir du lundi 27 octobre, la compagnie régionale Proteus Air-

lines s’installe à Perpignan, qu’elle relie deux fois par jour à douzeautres villes via sa plate-forme de correspondance de Saint-Etienne.Du lundi au vendredi, avec départ le matin et retour le soir, ces liai-sons, effectuées par des Beechcraft 1 900 (la flotte doit être renouve-lée début 1998), d’une capacité de dix-neuf places, s’adressent à uneclientèle d’affaires. Un avion sera en « stop » à Perpignan du ven-dredi soir au dimanche soir et permettra des liaisons pour des petitsgroupes.

Seront reliées à Perpignan : Annecy, Avignon, Bordeaux, Chambé-ry, Dijon, Lille, Nantes, Nice, Reims, Saint-Etienne, Strasbourg etToulouse. Le taux de réservation du premier vol est déjà de plus de50 %.– (Corresp.)

TRANSPORTS En 1971, une pe-tite compagnie texane, Southwest,bouleverse les règles du jeu en offrantdes voyages à bas prix et un serviceréduit. Vingt-cinq ans plus tard, elle

transporte 45 millions de passagerspar an. b CE MODÈLE inspire de plusen plus de compagnies en Europe, oùles tarifs sont libéralisés depuis 1993.Les exemples se multiplient : EasyJet

et Debonair en Angleterre, Spanair etAir Nostrum en Espagne, Air One enItalie, Virgin Express et City Bird enBelgique, Eurowings en Allemagne,Transavia Airlines en Hollande.

b LEUR CONCURRENCE déstabilise lestransporteurs traditionnels. Certainsdécident de s’allier à ces nouveaux en-trants, comme Sabena avec Virgin Ex-press. b CES NOUVELLES COMPA-

GNIES à bas coût et à bas prix sedéveloppent à grande vitesse. Easy-Jet, Debonair, Ryanair, ou encore AirOne, projettent toutes des achatsd’avions et des ouvertures de lignes.

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E N T R E P R I S E S LE MONDE / DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 / 15

Victime de son succès,Boeing plonge dans le rouge

Le numéro un mondial de l’aéronautiquea provisionné 1,6 milliard de dollars

pour réorganiser sa productionBOEING a perdu 696 millions

de dollars (plus de 4 milliards defrancs) au troisième trimestre,après une provision exception-nelle de 1,6 milliard de dollarspour couvrir les coûts de réorga-nisation et d’ajustement de saproduction.

Le premier constructeur aéro-nautique mondial connaît de sé-rieuses difficultés pour faire faceà une demande sans précédentdes avions civils. Selon Boeing,l’explosion du transport aérien etle nécessaire renouvellementd’une flotte mondiale vieillissanteet non conforme aux nouvellesnormes de bruit ont créé un mar-ché estimé à 7 330 appareils aucours des dix prochaines années,dont il compte fournir 70 %.

Pour faire face aux commandesfermes déjà enregistrées, Boeingdoit porter son rythme de pro-duction de 18 appareils par moisen 1996 à 43 d’ici au printempsprochain. Le groupe affronte, se-lon Boeing, « des pénuries de ma-tériaux de base – comme l’alumi-nium et le titanium, – mais aussid’autres composants, ainsi que des

pertes de productivité liées à l’em-bauche de milliers de nouveauxemployés ».

Depuis 1995, l’avionneur, quiavait licencié plusieurs dizainesde milliers de salariés à la suite dela crise du transport aérien au dé-but des années 90, a recruté32 000 personnes, portant ses ef-fectifs à près de 150 000 salariés.

Boeing devra dépenser 2,6 mil-liards de dollars sur environ un anpour régler ces problèmes, soit5 % de son chiffre d’affaires atten-du sur la même période. « L’aug-mentation du rythme de produc-tion est tellement ambitieuse pourBoeing qu’il est virtuellement im-possible d’y parvenir sans à-coups », commente Steven Ud-vard-Hazy, PDG de InternationalLease Finance, une société de lea-sing d’avions. Le rachat, en juillet,de McDonnell Douglas et l’andernier des activités défense deRockwell International a absorbél’activité d’une grande partie del’encadrement et distrait leur at-tention, a-t-il ajouté.

V. Ma

L’usine de pièces de Pessacse prépare à frapper l’euro

BORDEAUXde notre correspondante

En mars 1998, l’établissementmonétaire de Pessac en Gironde vavivre une petite révolution : elleabandonnera la frappe de la mon-naie française pour celle de l’euro.De 1998 à 2001, la seule entreprisepublique en France à produire despièces courantes fabriquera7,6 milliards d’euros. Un triple défipour cette usine délocalisée en1993, qui dépend de la Monnaie deParis, une direction du ministère del’économie et des finances.

Défi logistique, d’abord : elle vapasser de 1,3 milliard de piècesfrançaises et étrangères produitescette année (contre 850 millions en1996) à 2,5 milliards, dont 60 %d’euros, en 1998. Cette année-là, lamonnaie française disparaîtra despresses après une ultime produc-tion de 700 millions de piècesjaunes – des centimes français, deplus en plus rares sur le territoire.L’usine devra être prête pour le1er janvier 2002, date de la premièremise en circulation généralisée despièces et billets européens. Lamonnaie française sera alors ré-cupérée, recyclée et transformée.

Défi technologique, ensuite : leshuit pièces européennes serontconçues avec de nouveaux métauxet alliages pour éviter les contrefa-çons. Ces procédés n’ont encore ja-mais été utilisés en France et peudans le monde. Poussée par laconcurrence étrangère et par lesdeux derniers ministres de l’écono-mie et des finances, désireux d’aug-menter la compétitivité, la direc-tion des monnaies et médailles adéfini en 1996 un plan « Monnaie2000 ».

A Pessac, ce plan se traduit enpartie par un investissement de80 millions de francs sur trois ans :achat de nouvelles presses ultrara-pides, de systèmes de conditionne-ment en rouleaux, d’une presse à

découper ; création d’un centred’autoproduction d’électricité,d’une aire de stockage pourconserver les 30 000 tonnes d’eurosen attendant 2002 ; renforcementdu plan de sécurité. Une trentainede jeunes ouvriers sont recrutés(sur 377 emplois), la plupart desembauches compensant des dé-parts à la retraite.

SOUS-TRAITANCELes ateliers de fonderie, anciens

et inadaptés, sont fermés. Cette ac-tivité est sous-traitée depuis avril,au grand désespoir du syndicatCGT, majoritaire : le personnels’était mis en grève, craignant deslicenciements et la fermeture défi-nitive de la fonderie. Un récentcourrier du ministère de l’écono-mie, Dominique Strauss-Kahn, enréponse à un député socialiste gi-rondin, ne rassure pas les syndica-listes. Les soixante-huit postes decette unité ont été transférés auservice frappe, et une étude sur larequalification de la fonderie estactuellement en cours.

Défi économique, enfin : ces res-tructurations doivent entraîner unemeilleure productivité de l’établis-sement. La direction de la Monnaiede Paris compte aussi poursuivreses objectifs budgétaires : diminuerde 50 % l’an prochain la part dessubventions (106 millions en 1997pour un chiffre d’affaires de850 millions), augmenter son vo-lume d’activité et gagner dix pointsde productivité en cinq ans.

Les dix milliards de pièces reti-rées de la circulation en 2002 puisrecyclées devraient couvrir environla moitié de la valeur métal desnouveaux euros. Après cette date,la production retombera à un mil-liard de pièces par an : 500 millionspour les euros, le reste en mon-naies étrangères.

Claudia Courtois

LES NÉGOCIATIONS entre lessyndicats de chauffeurs routiers,transportant des marchandises, etle patronat ont été suspendues,vendredi 24 octobre à minuit, aprèsprès de neuf heures de discussions.Elles reprendront mardi 28 octobre.Pour l’instant, un an après lagrande grève de novembre 1996 quiavait paralysé les routes françaisespendant douze jours, la menaced’une grève illimitée des routiers àpartir du 2 novembre plane tou-jours. CFDT, CGT, FO et CFTC ontappelé à « une action dure etlongue » et demandent la « desmi-cardisation » de leur profession.

« Le patronat est divisé », expliqueAlain Renaud, secrétaire généraladjoint de la fédération CGT destransports. « Il serait bon qu’entreeux, déjà, les patrons créent lesconditions permettant de nous pré-senter une position la plus communepour nous permettre de sortir de lacrise dans le transport », estimeJean-Pierre Prou, secrétaire généralde la fédération CGT des trans-ports. L’UFT, la principale organisa-tion patronale, propose un salaireannuel de 107 000 francs pour

200 heures de travail par mois fin1998, contre 100 000 francs au-jourd’hui, et une augmentationprogressive de celui-ci à120 000 francs à la fin de l’an 2000.

Pour les syndicats, cette proposi-tion est inacceptable à deux égards.D’abord, elle ne concerne que leschauffeurs les plus qualifiés. « Ils re-présentent 5 000 personnes sur les50 000 grands routiers que l’oncompte en France. Dans sa totalité, letransport routier français, c’est350 000 individus », explique AlainRenaud. Ensuite, l’UFT réclame uneannualisation des rémunérations etdu temps de travail, ce qui est« hors de question », pour Jean-Pierre Lecœuvre, secrétaire généraladjoint de la fédération FO destransports. Pour Philippe Choutet,secrétaire général de l’UFT, « c’estla seule solution pour que les entre-prises puissent absorber l’effort consi-dérable qui est demandé » d’aug-menter les salaires de 20 % en troisans.

L’UNOSTRA, qui représente deplus petites entreprises, ne réclamepas l’annualisation. L’organisationpatronale a proposé un échéancier

plus précis et sur une base men-suelle : il s’agirait de faire passer lesalaire des chauffeurs à 8 620 francsau 1er octobre 1997, puis 9 051 francsau 1er décembre 1998, 9 500 francsun an plus tard, pour aboutir aux10 000 francs à la fin de l’an 2000.« Les PME supportent moins bien unconflit, c’est pourquoi nous avonsune position plus souple, plus so-ciale », explique le secrétaire géné-ral de l’UNOSTRA, Christian Rose.

RETRAITE A 55 ANSCette offre est beaucoup plus sa-

tisfaisante au regard des syndicats.Mais elle présente l’inconvénient,comme celle de l’UFT d’ailleurs, dene concerner que les conducteursdu secteur marchandise et pas lesecteur voyageurs. Des négocia-tions ont eu lieu, jeudi 23 octobre,entre les syndicats et la Fédérationnationale des transporteurs devoyageurs (FNTV, patronat) etdoivent reprendre mercredi 29 oc-tobre. Les syndicats, qui ont égale-ment appelé à la grève pour le2 novembre, réclament que la re-traite à 55 ans, dont bénéficientleurs confrères du secteur mar-

chandise depuis l’an dernier, s’ap-plique aussi à eux.

Jean-Claude Gayssot, le ministredes transports, avait fait des décla-rations pour les soutenir. Vendredi23 octobre, lors d’une interventionsur RTL, il a également demandéaux transporteurs routiers du sec-teur marchandise de « respecter lesengagements » qu’ils avaient prisl’an dernier, sur les congés de find’activité à 55 ans et le versementd’une prime de 3 000 francs. Celle-ci n’a, jusqu’à maintenant, été ver-sée que par une minorité des socié-tés de transport. « Je souhaite queles négociations aboutissent. Per-sonne n’a envie de revoir une situa-tion bloquée comme nous l’avonsvue », fin 1996, a indiqué le mi-nistre. « Un gouvernement raison-nable et sensé ne peut pas voir d’unbon oeil la paralysie de l’économie.Donc, à un moment ou à un autre, ilpourrait peut-être trouver le moyende faire avaler la pilule à la partiepatronale », estime Roger Poletti,secrétaire général de la fédérationFO des transports.

V. Ma

DÉPÊCHESa THOMSON MULTIMÉDIA : la recapitalisation de la filiale élec-tronique grand public de Thomson SA de 11 milliards de francs parl’Etat se fera « intégralement » d’ici à la fin 1997, a annoncé, vendredi24 octobre, le ministère de l’économie et des finances. Ce versement,effectué au travers de Thomson SA, maison-mère de TMM, sera finan-cé par les recettes tirées de l’ouverture du capital de France Télécom(42 milliards de francs au total). Thomson SA a annoncé, vendredi, laconvocation d’une assemblée générale mixte pour le 10 décembre pourentériner l’augmentation de capital.a SWISSCOM : la compagnie de téléphone helvétique, qui doit fairel’objet d’une privatisation partielle en 1998, a annoncé, vendredi 24 oc-tobre, une réduction d’effectifs. Swisscom (21 000 personnes) suppri-mera 1100 postes l’an prochain, et 4 000 d’ici à l’an 2000.a ROQUEFORT : le groupe laitier Besnier, actionnaire majoritairedepuis 1996 du groupe Société des caves de Roquefort (Aveyron) a dé-posé plainte contre X pour abus de biens sociaux. La plainte a été dé-posée à Paris après le refus de l’administration fiscale de déduire desfactures d’un montant de 7 millions de francs d’un contrôle fiscal surles comptes 1993 de Société des caves, a indiqué, vendredi 24 octobre,Eric Boutry, directeur général de l’entreprise. « S’il y a eu manœuvre liti-gieuse, nous ne souhaitons pas être complices », a-t-il poursuivi.

Les négociations dans le transport routierreprendront mardi 28 octobre

La menace de grève illimitée à partir du 2 novembre pèse toujoursSuspendues vendredi 24 octobre à minuit, après9 heures de discussions, les négociations entreles syndicats de chauffeurs routiers dans le

transport de marchandises et le patronat re-prendront mardi 28 octobre. Les syndicats récla-ment 10 000 francs par mois pour 200 heures de

travail. Le patronat est divisé sur l’annualisationdes rémunérations et du temps de travail, querefusent les syndicats.

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P L A C E M E N T SLE MONDE / DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997

Les dividendes de la patiencePlusieurs études ont démontré que les actions étaient le meilleur

placement. A condition d’investir en Bourse pour plusieurs années,on est assuré de gagner plus d’argent en achetant des actions qu’enachetant d’autres produits financiers ou en investissant dansl’immobilier. Mais, pour être sûr de gagner, il faut placer en Boursedes sommes régulières et constantes. Pour se lancer, quelquescentaines de francs par mois suffisent.

En appliquant une règle simple, on est sûr de gommer les varia-tions de cours. La règle est la suivante : lorsque les cours chutent, onachète plus de titres ou plus de sicav pour le même montant. En casd’envolée de la Bourse, on en obtient moins. Mais on peut constituerainsi un portefeuille en éliminant pratiquement le risque de perte.Cette technique permet, à condition de conserver ses actions ou sessicav sur plusieurs années, de les revendre avec un gain assuré.Même si la Bourse chute la veille du jour où l’investisseur récupèreson capital. En Bourse, la patience finit toujours par êtrerécompensée.

Le B. A. BA de la gestion d’un portefeuille d’actionsIl ne faut pas investir en Bourse de l’argent dont on pourrait avoir besoin dans les mois suivants

et il faut miser sur plusieurs titres, plusieurs secteurs économiques et plusieurs paysAVANT de se poser la question

de savoir quelle est la meilleure fa-çon de gérer un portefeuille d’ac-tions, la grande règle de toutes lesrègles est de n’investir en Bourseque de l’argent dont on n’a pas...besoin. Faute de quoi, on prend unrisque majeur, celui d’être obligé devendre au plus mauvais moment,c’est-à-dire quand les cours ontbaissé, pour récupérer son capitalparce qu’on a à faire face à des dé-penses imprévues. Quand on placede l’argent en Bourse, c’est pourlongtemps. Il faut avoir l’esprit dé-gagé des contingences immédiates.C’est la condition sine qua non pourque les choses ne tournent pas à lacatastrophe.

« Ne pas mettre tous ses œufs dansle même panier ! » Les boursiersont une vraie passion pour les pro-verbes. Celui-ci est un de leurs pré-férés. Mais il s’agit aussi d’un deceux qui recouvrent la plus granderéalité. La diversification est un desmaîtres mots de la gestion bour-sière. Pour diminuer, sinon éliminercomplètement, les risques, il ne

faut pas tout miser sur un seul che-val. Il est prudent de répartir lesrisques en investissant sur plusieurstitres d’abord, sur plusieurs sec-teurs économiques ensuite et surplusieurs pays enfin.

Qui dit diversification ne dit pasdispersion. Un portefeuille émiettécoûte plus cher à gérer parce queles frais (en particulier les « droitsde garde » facturés par les établis-sements financiers pour la« conservation » des titres) dé-pendent du nombre de « lignes »,c’est-à-dire d’actions différentes. Etil est plus difficile à suivre parceque, plus on a de valeurs à surveil-ler, plus il est difficile d’être attentifà tout. Un « petit » portefeuilled’actions (c’est-à-dire dont le mon-tant ne dépasse pas 100 000 francs)ne doit pas comporter plus d’unedizaine de lignes. Ce qui fait unemoyenne de 10 000 francs par ligne.

Une bonne façon de diversifiergéographiquement un portefeuilleest d’avoir recours aux sicav et auxfonds communs de placement. Ilest plus compliqué d’acheter des

valeurs étrangères en direct quedes valeurs françaises. Les fraissont plus élevés si elles ne sont pascotées à la Bourse de Paris. Et il estplus difficile d’avoir des informa-tions régulières. Si on achète desactions de sicav ou des parts defonds communs de placement(FCP) investis en valeurs étran-gères, c’est le gérant de la sicav oudu FCP qui fera ce travail. Le « sui-vi » est une des conditions essen-tielles du succès en Bourse. Il fautprendre régulièrement des nou-velles de ces titres et suivre leurcroissance. La lecture régulière dela presse financière constitue enparticulier un exercice obligé à par-tir du moment où on a décidé degérer soi-même un portefeuilled’actions.

RESTER ATTENTIFS’il faut rester attentif à toutes

les informations qui peuventconcerner les actions que l’on a enportefeuille, il faut se méfiercomme de la peste des « tuyaux »colportés complaisamment par tel

ou tel interlocuteur. Si le « tuyau »se révèle crevé, l’épargnant seracomplètement désemparé. Il nesaura plus quelle attitude adopter(garder le titre qu’on a acheté ou levendre), dans la mesure où il n’auraplus aucune information « ration-nelle » à laquelle se raccrocher.

Contrairement à ce qu’on croit,on en sait souvent assez pour ga-gner en Bourse. Acheter des ac-tions obéit à des règles de bon sensqui sont à la portée de tout lemonde. Un des plus grands et desmeilleurs gérants professionnelsaméricains, Peter Lynch, avait cou-tume de dire que l’achat d’actionsne passait pas forcément par desdémarches sophistiquées. Il re-commande en particulier de s’inté-resser aux titres des entreprisesdont on est dans la vie de tous lesjours de bons clients. Si leurs pro-duits ont fait la démonstration deleur qualité, pourquoi aller cher-cher ailleurs ? « Si vos enfantsprennent du plaisir à jouer avec lesjouets d’une marque et si ces jouetsprésentent un bon rapport qualité-

prix, il faut acheter des actions de lasociété qui fabrique cette marque »,disait-il.

Gérer un portefeuille d’actions,cela ne veut pas dire qu’il faut avoirseulement des actions dans sonportefeuille. Il est recommandé degarder des disponibilités, c’est-à-dire d’avoir des liquidités qui per-mettront de saisir des opportunitésd’investissement quand elles seprésenteront. Les plus belles plus-values se font quand on achète lestitres... Il y a une part d’exagérationdans cette affirmation. Mais elle estloin d’être complètement infondée.

SAVOIR « SE COUPER UN BRAS »Plus on achète un titre cher,

moins on a de chances de réaliserune belle progression. Pour acheterdans les meilleures conditions enBourse, il faut passer ce qu’on ap-pelle un ordre « à cours limité ».Cela veut dire que l’on fixe une li-mite maximale au-delà de laquelleon renonce à acheter un titre. Si onne le fait pas et si le cours montebeaucoup au cours de la séance de

Bourse, on risque de payer l’actiontrop cher et de... « manger » unepartie de son bénéfice futur.

S’il faut savoir acheter, il fautaussi savoir vendre. Et ce n’est pasle plus facile. « Nul n’est jamaismort pour avoir pris son bénéficetrop tôt », avait la bonne habitudede dire un membre de la familleRothschild. Il ne faut pas en effetespérer vendre au plus haut, pasplus qu’il ne faut rêver d’acheter auplus bas. Il vaut mieux se fixer unobjectif raisonnable de gain (20 %par exemple) et vendre le titrequ’on a en portefeuille quand l’ob-jectif qu’on s’est fixé a été atteint. Ilfaut également avoir le courage de« se couper un bras », pour re-prendre une expression familièreaux boursiers. Cela veut dire que,quand un titre n’a pas répondu auxespoirs de progression placés enlui, il ne faut pas attendre que lachute du cours prenne des propor-tions vertigineuses pour s’en sépa-rer. Il sera alors trop tard !

Michel Turin

Le renforcement de la fiscalité de l’assurance-viepousse les taux obligataires à la hausse

LE DURCISSEMENT de la fiscali-té sur l’assurance-vie (hausse desprélèvements sociaux, limitation del’exonération de l’impôt sur le reve-nu, réforme du mode d’impositionen cas de retrait partiel) décidé parle gouvernement dans le cadre de laloi de finances pour 1998 provoquedes remous sur le marché obliga-taire français. Depuis plusieurs se-maines, celui-ci se comporte moinsbien que son homologue allemand :le taux de l’emprunt d’Etat françaisà dix ans est ainsi repassé au-dessus(+ 0,02 %) du rendement du titre al-lemand de même durée alors qu’ilse situait en dessous (autour de– 0,10 %) depuis plus d’un an. Cerenchérissement est une mauvaisenouvelle pour l’économie fran-çaise : si ce phénomène perdure, ilalourdira la charge de la dette pu-blique et il pénalisera les entre-prises françaises par rapport à leursrivales européennes en augmentantleurs coûts de financement.

Selon les experts, ce mouvementtrouve d’abord son origine dans laremise en cause des avantages fis-caux de ce qui constituait le place-ment préféré des ménages français.Avec plus de 2 500 milliards de

francs d’encours gérés, l’assurance-vie représentait à elle seule 19 % dupatrimoine financier des Français àla fin de l’année 1996. Aux deuxtiers placée en obligations, elle étaitaussi l’un des plus gros acheteursd’emprunts émis par l’Etat, permet-tant de couvrir le déficit budgétaireet venant se substituer aux investis-seurs non résidents, en net retraitsur le marché français. « Depuis1992, les assureurs-vie ont acheté, ennet, près de 300 milliards de francsd’OAT (obligations assimilables duTrésor), soit un montant proche dubesoin de financement de l’Etat »,notent les spécialistes de la sociétéde Bourse Aurel.

STABILISATIONLe premier semestre avait déjà

été marqué par une stabilisation dela collecte (– 2 % par rapport à lamême période de 1996). Le tour devis fiscal décidé par le gouverne-ment a, semble-t-il, encore nette-ment accentué la tendance au ra-lentissement au cours du troisièmetrimestre. « Les assureurs-vie sontbeaucoup moins présents sur le mar-ché de la dette publique depuis lemois d’août », note un intervenant

sur les marchés financiers. Ce taris-sement de la demande affecte selonlui directement le marché obliga-taire français, qui perd ainsi l’un deses principaux soutiens. « Si les fluxd’assurance-vie se ralentissent pourrevenir à un rythme de progressionidentique à celui du revenu nominaldes ménages (hypothèse de stabilisa-tion du flux en pourcentage du reve-nu), les souscriptions ne seront plusque de 100 milliards de francs enrythme annuel », estiment les ex-perts de la société Aurel. « Parallèle-ment, en incluant les recettes de pri-vatisation, le besoin de l’Etat seraitréduit à 200 milliards de francs. Sousces hypothèses, il restera un “trou”de 100 milliards de francs. »

Comment sera-t-il comblé ? Lesanalystes comptent sur le retourdes investisseurs étrangers sur lemarché français. Alors que ces der-niers détenaient à la fin de 199335 % du stock de la dette publique,ils n’en possèdent plus aujourd’huiqu’un peu plus de 10 %. Dans lesportefeuilles des gestionnairesaméricains, les titres français sontfaiblement représentés. Ils ont unpoids nettement inférieur à la pon-dération théorique telle qu’elle est

définie par les grandes banques in-ternationales pour les marchés obli-gataires mondiaux. Si les spécia-listes ne comptent pas sur lesdernières mesures gouvernemen-tales pour faire revenir les investis-seurs étrangers sur le marché desemprunts français – la loi sur les35 heures, par exemple, est sévère-ment critiquée par les économistesanglo-saxons –, ils estiment en re-vanche que la création de l’euro,facteur d’égalisation des rende-ments dans l’Union monétaire, fa-vorisera ce retour.

Si les taux français venaient à dé-passer sensiblement les rendementsallemands, les gestionnaires inter-nationaux mettraient rapidement àprofit cette anomalie pour acheterdes obligations françaises plus ré-munératrices. Ce mouvement au-rait pour effet de ramener automa-tiquement les taux français auniveau de ceux observés en Alle-magne. Les perspectives euro-péennes constituent aujourd’hui,selon les analystes, la meilleure pro-tection pour le marché obligatairefrançais.

Pierre-Antoine Delhommais

Deux petites mesures en faveur de l’immobilierLe projet de loi de finances présenté par le gouvernement prévoit deux mesurestimides en faveur de l’immobilier. Si le texteest voté, propriétaires et locataires devraientbénéficier d’un crédit d’impôt sur le revenu

pour les dépensesd’entretien et de« revêtement des surfaces »entreprises dansl’habitation principale.Les petites réparationslocatives ne sont pasconcernées.Cette réduction d’impôt

serait égale à 15 % des sommes dépenséesprises en compte dans la limite d’un plafondde 4 000 francs pour une personne seule etde 8 000 francs pour un couple marié.

Seuls les travaux menés par une entrepriseet ayant fait l’objet d’une facture pourraienty ouvrir droit. Ce dispositif s’appliqueraitpour les dépenses engagées entre le 1er janvier 1998 et le 31 décembre 2000.L’avantage fiscal maximum serait donc égalà 600 francs pour une personne seule et de1 200 francs pour un couple marié. Pour lescontribuables non imposables les sommescorrespondantes seraient remboursées.Une deuxième mesure prévoit l’instaurationd’un régime d’imposition simplifié pour les propriétaires immobiliers. Lorsque lemontant de leur revenu brut foncier annueln’excède pas 30 000 francs, ils pourraient,s’ils exercent l’option qui leur est proposée,inscrire ce montant sur leur déclarationd’ensemble des revenus sans avoir à remplir

une déclaration spéciale de revenus fonciers.Dans ce cas, le revenu net foncier imposableserait égal au montant du revenu brutfoncier annuel diminué d’un abattementforfaitaire d’un tiers. L’option serait exercéepour trois ans et tacitement renouvelable.Sauf si le seuil de 30 000 francs est dépassé.Rappelons que les revenus fonciersbénéficient dans le régime de droit commund’un abattement forfaitaire de 14 %. L’optionpour le nouveau régime ne serait doncfavorable que si les autres chargeshabituellement déductibles des revenusfonciers (réparations, travaux, intérêtsd’emprunts, taxes...) n’excèdent pas 14 % des revenus bruts.

Laurent Edelmann

Résidence étudiante : le marché proche de la saturationL’amortissement Périssol a donné un coup defouet au logement pour étudiants. En attestela multiplication des petites annonces vantantles charmes de l’investissement en « résidence étudiante ». Que penser

de ce type de placementimmobilier ? Tout d’abord que le marché est proche de l’encombrement, alors que le nombred’étudiants recensés en France est en voie de stabilisation : pour

1997-1998, l’enseignement supérieur a accueilli2,3 millions d’étudiants, soit une hausse de2,3 % par rapport à l’année précédente.Durant la même période, 9 000 nouveauxlogements ont été construits, ce qui porte letotal du parc français à 50 000. Ces chiffres netiennent évidemment pas compte deslogements gérés par le Crous et de ceuxappartenant au secteur diffus qui, à lui seul,

assure l’hébergement d’au moins 80 % desétudiants. A l’avenir, c’est d’ailleurs enpiochant dans la « réserve » du secteur diffusque les résidences étudiantes espèrentmaintenir un taux d’occupation élevé. Mais ce pari n’est pas gagné, a fortiori si le parc delogement privé augmente chaque année aurythme actuel. Second paramètre à garder en mémoire : le remplissage des résidencesétudiantes est, en partie, conditionné par la pérennité de l’ALS (allocation logementsocial). Cette aide, dont le montant estd’environ 1 000 francs à Paris et de 700 francsen province, est – théoriquement – versée aux étudiants pour qu’ils puissent payer leurloyer. Sa remise en cause, évoquée à plusieursreprises, compromettrait la solvabilité d’uncertain nombre de locataires avec les effetspervers que l’on devine. Pour ces différentesraisons, un investisseur souhaitant acheter un ou plusieurs logements étudiants aurasouvent intérêt à souscrire une formuleassortie d’un bail commercial. Principe :

lors de l’achat, le propriétaire signe un bail de neuf ans avec une société de gestionspécialisée qui lui versera un loyer mensuelau montant garanti dès l’origine. Cettesécurité est possible grâce à l’amortissementPérissol qui permet d’amortir un bien à concurrence de 80 % sur une période de24 ans et aussi de profiter d’un dégrèvementde TVA pour les logements neufs. D’où unepromesse de rentabilité locative qui se situeragénéralement autour de 5 % à 5,5 %.Pour l’investisseur, il est naturellementindispensable de vérifier que la société degestion avec laquelle le bail est signé a lesreins solides et que le promoteur du projet estadossé à un groupe de renom. Pour le reste, c’est-à-dire quant à une éventuelleplus-value, inutile de se leurrer. Elle seradérisoire si elle existe, ce qui est loin d’être sûrcompte tenu du nombre de biens qui serontmis sur le marché dans sept à huit ans.

Arnaud de Fréminville

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Page 17: o 7,50 F DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 FONDATEUR ... · sensuel, extravagant. Page 22 FIP Eclectisme, couleur et engagement au programme de la radio musicale parisienne. Page

LeMonde Job: WMQ2610--0017-0 WAS LMQ2610-17 Op.: XX Rev.: 25-10-97 T.: 09:38 S.: 111,06-Cmp.:25,11, Base : LMQPAG 38Fap:99 No:0306 Lcp: 196 CMYK

P L A C E M E N T S E T M A R C H É S LE MONDE / DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 / 17

REVUEDES ACTIONS

ENERGIE24-10-97 Diff.

Coflexip 685 + 2,54Elf Aquitaine 749 + 0,67Esso 509 – 3,04Total 648 – 0,15Elyo .... ....

PRODUITS DE BASE24-10-97 Diff.

Air Liquide 909 – 5,60Eramet 267 – 1,47Gascogne (B) 510 – 11,91Metaleurop 68,70 – 1,99Pechiney 273,50 – 5,03Rhone Poulenc A 245,90 – 8,41Rochette (La) 27,90 – 9,12Usinor 111,50 – 3,87Vallourec 405 – 4,45CFF.(Ferrailles) 453,30 – 4,16Oxyg.Ext-Orient 4750 – 4,23

CONSTRUCTION24-10-97 Diff.

Bouygues 556 – 6,86Ciments Francais 248 – 3,31Colas 885 – 1,66Eiffage 263 – 5,39GROUPE GTM 367,20 – 3,36Imetal 662 – 7,79Lafarge 388 – 4,90Lapeyre 353 – 3,55Saint-Gobain 865 – 3,24SGE 153,90 + 8,76Vicat 545 + 0,73

BIENS D’EQUIPEMENT24-10-97 Diff.

Alcatel Alsthom 736 – 8,91Bull# 68,30 – 3,25Carbone Lorraine 1615 – 1,22CS Signaux(CSEE) 195 – 10,95Dassault-Aviation 1246 + 1,30Dassault Electro 589 – 3,60De Dietrich 272 + 5,42Fives-Lille 374 – 10,73Intertechnique 1420 – 5,33Legrand 1118 – 5,09Legris indust. 210 – 3Sagem SA 2850 – 1,55Sat 1595 + 9,62Schneider SA 337 – 8,12SFIM 1075 + 0,46Sidel 345 – 9,16Thomson-CSF 168,90 – 3,92Zodiac ex.dt divid 1230 – 9,42CNIM CA# 196 – 6,44Faiveley # 188,50 – 12,73Gebo Industries # 706 – 10,63GFI Industries # 1098 – 2,83HIT Ly # 520 – 0,57Manitou # 769 – 0,12Mecatherm # 266 – 9,86NSC Groupe Ny 824 – 3,62Radiall # 650 – 6,74Sediver 155 – 0,12

AUTOMOBILE24-10-97 Diff.

Bertrand Faure 360 – 4,25Labinal 1614 – 6,21Michelin 345 – 0,51Peugeot 752 – 0,66Plastic Omn.(Ly) 610 – 5,71Renault 170,50 + 1,79Sommer-Allibert 200 – 5,66Valeo 400 + 5,12Ecia 986 – 2,37Sylea 548 + 2,23

AUTRES BIENS DE CONSOMMATION24-10-97 Diff.

BIC 383,10 – 6,92Chargeurs 408 + 1,24Clarins 476,50 – 5,45Deveaux(Ly)# 632 – 3,21DMC (Dollfus Mi) 113,90 + 1,69Essilor Intl 1510 – 1,88Hachette Fili.Med. 1065 – 5,75L’Oreal 2069 – 8,65Moulinex # 138,50 – 10,06Salomon (Ly) 513 – 0,19Sanofi 500 – 7,23S.E.B. 693 – 9,17Skis Rossignol 113 – 3,82Strafor Facom 390 – 1,01Synthelabo 650 – 4,83Arkopharma# 309 – 1,27Boiron (Ly) 319 – 3,24

Devanlay 640 – 2,88Gautier France # 241,50 + 4,54Guerbet 210 – 4,10Hermes internat.1# 389 – 12,97Info Realite # 213,30 + 9,32Pochet 630 + 1,61Reynolds 389 – 3,23Robertet # 1085 – 1,18Smoby (Ly)# 602 – 5,79Virbac 482 – 3,60

INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE24-10-97 Diff.

Bongrain 2220 – 1,28Danone 890 – 3,47Eridania Beghin 835 – 3,69Fromageries Bel 4155 + 1,34LVMH Moet Hen. 1033 – 11,02Pernod-Ricard 270 – 6,73Remy Cointreau 108,50 – 8,05SEITA 184,70 – 2,78Brioche Pasq.(Ns)# 626 – 7,12L.D.C. 961 – 3,90

DISTRIBUTION24-10-97 Diff.

Bazar Hot. Ville 565 + 2,16Carrefour 3324 – 4,56Casino Guichard 337 – 5,20Castorama Dub.(Li) 549 – 2,48Comptoirs Mod. 2430 – 7,07Damart 3820 + 4,94

Galeries Lafayette 2779 – 3,50Groupe Andre S.A. 569 + 1,60Guilbert 793 – 6,37Guyenne Gascogne 1905 – 5,69Pinault-Print.Red. 2584 – 7,01Primagaz 411 – 10,39Promodes 1934 – 6,20Rexel 1590 – 2,69Monoprix 315,10 + 0,03But S.A. 279,50 – 3,05Grandoptic.Photo # 1017 – 4,05IMS(Int.MetalSer)# 83 – 15,26Manutan 411 – 4,41Rallye(Cathiard)Ly 314 – 5,33Rubis # 137 – 1,29

AUTRES SERVICES24-10-97 Diff.

Accor 1050 – 3,84Atos (ex.Axime) CA 655 + 4,13BIS 495 ....Canal + 1065 + 1,23Cap Gemini 462,70 + 3,67Cipe France Ly # 161,50 – 11,98Club Mediterranee 416 – 9,76Dassault Systemes 188 – 0,94Degremont 500 ....Eaux (Gle des) 672 – 4Euro Disney 7,90 – 1,25Europe 1 1261 – 0,86Eurotunnel 5,65 – 5,83Gaumont # 385 – 8,33Havas 410 + 1,48

Havas Advertising 735 + 0,68Infogrames Enter. 843 – 0,70NRJ # 860 – 1,71Pathe 1085 – 2,34Publicis # 550 – 2,65S.I.T.A 1050 – 5,82Sodexho Alliance 2858 – 4,41Spir Communic. # 399 – 8,06Suez Lyon.des Eaux 602 – 3,37Technip 671 – 8,08G.T.I (Transport) 213 – 0,93Louvre # 307 + 0,32Sligos 745 – 4,48Altran Techno. # 1500 – 4,45Assystem # 192 – 24,64Fraikin 2# 349 + 2,04Groupe Partouche # 390,70 – 0,33M6-Metropole TV 525 – 6,25Norbert Dentres.# 623 – 6,17Sogeparc (Fin) 375 – 3,59TF1 543 + 2,45

IMMOBILIER24-10-97 Diff.

Bail Investis. 780 + 0,90Finextel 108,10 – 1,72G.F.C. 525 – 1,86Immeubl.France 342,90 + 0,85Klepierre 802 + 0,75Rue Imperiale(Ly) 5620 – 0,70Sefimeg CA 355 – 5,20Silic CA 833 – 0,23Simco 441,40 – 1,71

UIF 406 – 4,91Unibail porteur 570 – 0,86Fonciere (Cie) 602 + 0,33Fonciere Euris 332 + 0,60Fonc. Lyonnaise # 715 ....Foncina # 504 – 0,19Imm.Plaine Monc. 190 – 8,21Im.Marseillaise 8250 – 0,36Frankoparis # 82 + 0,36Immob.Batibail Ny# 245 + 0,40Immob.Hotel. # 25,90 – 3,35

SERVICES FINANCIERS24-10-97 Diff.

AGF-Ass.Gen.France 316,50 ....Axa 402,90 – 0,14Bancaire (Cie) 742 – 6,90B.N.P. 295,90 – 3,99C.C.F. 347,50 – 5,51Cetelem 640 – 2,14CPR 460 – 2,33Cred.Fon.France 63,60 – 0,78Credit Lyonnais CI 332 – 7Cred.Nat.Natexis 348 – 4,07Dexia France 585 – 0,34GAN ex.dt sous. 130 – 1,51Interbail 170 – 8,10Locindus 776 – 0,89Paribas 447,30 – 3,51SCOR 262 – 0,75Selectibanque 71,90 – 0,13Societe Generale 865 – 5,77Sophia 225 – 5,66UFB Locabail 562 – 6,33UIS 212,90 – 0,04Union Assur.Fdal 667 – 1,18Via Banque 176,50 – 6,36Worms & Cie CA 501 + 0,20France S.A 1200 + 2,12Immobanque 640 – 1,08Cardif SA 890 – 1,11C.A. Paris IDF 747 – 0,26Factorem 645 – 0,76Fructivie 595 + 8,57I.C.C. 145 – 2,68Union Fin.France 595 – 4,03

SOCIETES D’INVESTISSEMENT24-10-97 Diff.

Bollore Techno. 790 – 2,34Cerus Europ.Reun 33 – 4,76CGIP 1895 + 0,26Christian Dior 626 – 14,24Dynaction 158,10 – 6,17Eurafrance 2435 – 2,56Fimalac SA 510 – 0,97Gaz et Eaux 2430 – 2,99Lagardere 170,10 – 8,44Lebon 240,30 + 0,12Marine Wendel 665 – 1,48Nord-Est 123,50 – 1,98Salvepar (Ny) 458 – 2,53Albatros Invest 160 + 0,31Burelle (Ly) 280 – 5,72Carbonique .... ....Centenaire Blanzy 405 – 4,02F.F.P. (Ny) 268,80 – 1,53Finaxa 342 ....Francarep 290 – 1,05Sabeton (Ly) 695 – 4,92Finatis(ex.LocaIn) 259,50 + 12,82Montaignes P.Gest. 2186 – 17,50Siparex (Ly) # 118,50 – 0,42

LES PERFORMANCESDES SICAV DIVERSIFIEES(Les premieres et les dernieres de chaque categorie) le 17 octobre

L I B E L L EOrganisme

RangPerf. %

RangPerf. % Valeur

promoteur 1 an 5 ans liquid.

DIVERSIFIEES FRANCEPerformance moyenne sur 1 an : 15,05 %, sur 5 ans : 54,51 %Emergence Poste SOGEPOST 1 41,74 .... .... 156,11Interselection France SG 2 29,50 2 86,20 736,81Norwich Selection NORWICH 3 25,41 3 84,32 165,08Midland Options Plus MIDLAND 4 25,38 11 49,66 54736,64Pervalor SG 5 24,19 5 68,19 789,86Valeurs de France BRED 6 22,67 .... .... 565,28Natio Epargne Retraite BNP 7 22,56 1 88,36 160,28Ouest Valeurs (C) CIO 8 20,07 8 60,54 1923,05Ouest Valeurs (D) CIO 9 20,06 9 60,15 1654,33State Street Allocation Euro STATE ST 10 19,62 .... .... 1348,70Objectif Patrimoine LAZARD G 11 15,55 4 69,68 998,15Federal Croissance (C) FEDFIN 12 15,32 6 60,87 207,79Federal Croissance (D) FEDFIN 13 15,31 7 60,85 188,02BSD Avenir BSD 14 13,94 15 42,26 129,89Alliage (D) BGP 15 12,17 .... .... 1147,02

BSD Avenir BSD 14 13,94 15 42,26 129,89Alliage (D) BGP 15 12,17 .... .... 1147,02Alliage (C) BGP 16 12,16 .... .... 1273,46CM Option Equilibre (C) CDT MUTU 17 11,60 13 44,79 261,32CM Option Equilibre (D) CDT MUTU 18 11,56 14 44,72 237,94Avenir Alizes (C) CDT MUTU 19 11,14 16 40,25 2325,47Avenir Alizes (D) CDT MUTU 20 11,13 17 40,23 2113,73Sevea CNCA 21 10,26 .... .... 115,34Avenir Epargne CM ASSUV 22 9,94 10 53,40 18111,25SBS France O.A.T. Plus SBC BRIN 23 8,68 .... .... 1184,11Tresor Avenir CDC TRES 24 7,68 12 48,12 118,75Paribas Tresorerie 2 Plus B PARIBA 25 4 .... .... 115431,51Acti 2 (D) BBL FRAN 26 3,69 19 32,41 14338,35Acti 2 (C) BBL FRAN 27 3,68 18 32,42 16792,73Stardex France CAPSTARD 28 – 7,63 20 22,83 11196,85

DIVERSIFIEES INTERNATIONALESPerformance moyenne sur 1 an : 21,62 %, sur 5 ans : 77,15 %Mediterranee Emergence SMC 1 71,40 .... .... 1867,91China Europe Fund IFDC LTD 2 45,18 .... .... 2684,96Atlas Maroc ATLAS 3 42,79 .... .... 173,17Sogevar SG 4 41,80 4 126,69 1821,21Soginter SG 5 41,58 5 119,43 2560,85Paramerique B PARIBA 6 40,95 3 127,40 1492,23Provence Europe HOTTINGU 7 39,17 39 71,99 1600,24Natio Euro Perspectives BNP 8 39,13 17 98,91 1696Capital-France Europe PALUEL 9 37,92 32 80,85 2221,22Pareurope B PARIBA 10 35,66 2 130,76 1986,42Le Livret Portefeuille CDC 11 33,41 15 102,40 1137,68Placement Nord (C) SMC 12 32,64 7 112,52 1745,36Placement Nord (D) SMC 13 32,64 8 112,51 1740,64Athena Valeurs ATHENA B 14 32,15 41 70,66 306Horizon ECUREUIL 15 31,72 13 106,40 2302,82JPM Epargne Patrimoine JP MORGA 16 31,63 22 92,78 1156,16Biosphere CYRIL FI 17 31,35 18 98,41 2008,76Saint-Honore Investissements CF ROTHS 18 30,82 12 106,82 1433,50C.I.P.E.C. CIPEC 19 30,63 6 118,22 1623,76Natwest Croissance (C) NATWEST 20 29,41 37 72,95 142,87Natwest Croissance (D) NATWEST 21 29,39 38 72,89 133,93Natio Epargne Patrimoine BNP 22 28,46 14 105,41 141,17Finarval COURCBOU 23 28,39 24 90,86 2606,95Epargne Unie CNCA 24 28,24 16 101,23 212,55Eagle Investissement EAGLE ST 25 27,89 10 111,16 238,68Conservateur Saint-Honore CF ROTHS 26 27,51 21 95,32 1587,22Capital-DR.International PALUEL 27 27,39 57 52,39 1485,81Provence International (D) HOTTINGU 28 26,33 69 40,24 1640,45Provence International (C) HOTTINGU 29 26,33 70 40,22 1699,87Saint-Honore Vie & Sante CF ROTHS 30 26,18 9 111,82 1883,73Alsace Moselle Investissement SOGENAL 31 25,68 29 85,67 494,74Slivam CL 32 25,54 23 92,31 594,66Cicamonde CIC PARI 33 25,30 35 76,38 1588,44

Preparval BRED 62 13,62 54 54,62 1258,63Barclays-Monde (C) BARCLAYS 63 13,19 48 61,41 337,08Barclays-Monde (D) BARCLAYS 63 13,19 48 61,41 337,08Paribas Croissance (D) B PARIBA 65 12,50 46 64,24 836,10Paribas Croissance (C) B PARIBA 66 12,50 47 64,24 838,55Gestion Associations B PARIBA 67 12,38 45 64,29 262,42Alliance VIA BANQ 68 11,98 60 50,27 12974,22Cortal Sicav des Sicav CORTAL 69 11,58 .... .... 114,56

France Japaquant Sicav B PARIBA 70 11,17 64 47,61 539,71Saint-Honore Indices Cliquet CF ROTHS 71 10,04 53 56,72 329,56Ste Fra d’epargne et de Retr. ABEILLE 72 9,80 .... .... 127,97Objectif Strategie Long Terme LAZARD G 73 9,14 .... .... 1099,77Leumi Long Terme (D) CDT MUTU 74 8,94 62 48,09 8645,62Leumi Long Terme (C) CDT MUTU 75 8,94 63 48,09 9395,43Egeval (C) BRED 76 8,71 51 59,37 160,72Egeval (D) BRED 77 8,70 52 59,36 147,52Acti-Rendement (C) BBL FRAN 78 8,46 .... .... 1123,94Acti-Rendement (D) BBL FRAN 79 8,45 .... .... 1103,17Etoile Patrimoine Equilibre C CDT NORD 80 7,97 .... .... 120,93Etoile Patrimoine Equilibre D CDT NORD 81 7,96 .... .... 118,44Vendome Patrimoine Sicav CHEUVREU 82 6,80 20 95,39 198,27Orsay Arbitrage ORSAY 83 5,59 73 33,88 18187,56Institutions Opportunites B PARIBA 84 5,11 55 52,57 230,15Optigest-BMM Strategie Int (D) OPTIGEST 85 4,72 67 42,31 1635,94Optigest-BMM Strategie Int (C) OPTIGEST 86 4,72 68 42,30 1648,85Atalante Gestion CDC GEST 87 4,17 .... .... 1230207,93Novactions BQ EUROF 88 3,81 .... .... 1203,17Orsay Investissement ORSAY 89 2,87 72 34,66 13260,06

IMMOBILIERES ET FONCIERESPerformance moyenne sur 1 an : 20,09 %, sur 5 ans : 54,57 %MDM Immobilier MDMASSUR 1 27,18 1 77,99 134,94Fructi-Actions Rendement GRP BP 2 27,08 7 63,91 38,01Foncier Investissement (D) BQUE POP 3 26,70 17 54,82 1094,84Foncier Investissement (C) BQUE POP 4 26,70 18 54,82 1120,75Natio Immobilier BNP 5 24,77 2 77,76 1437,95Francic Pierre CIC PARI 6 24,53 4 68,41 139,44Placement Immobilier (C) SMC 7 24,26 23 47,15 131,32Placement Immobilier (D) SMC 8 24,25 24 47,14 130,27Objectif Actifs Reels LAZARD G 9 22,99 21 50,16 13420,56Convertimmo SG 10 22,77 6 65,49 103,79Haussmann Pierre (C) WORMS 11 22,71 10 62,53 1234,68Haussmann Pierre (D) WORMS 12 22,71 11 62,46 1108,37Uni-Foncier CNCA 13 20,95 15 56,33 1420,54Indosuez Rendement Actions (C) INDOSUEZ 14 20,75 8 63,81 924,58Indosuez Rendement Actions (D) INDOSUEZ 15 20,75 9 63,70 677,09

CNP Assur Pierre CNP 17 19,99 5 66,94 628,21Croissance Immobiliere EPARGNE 18 19,90 14 56,60 621,18ABF Fonciere Selection ABF 19 19,84 28 30,23 4049,61Conservateur Unisic CONSERVA 20 19,39 3 73,94 487,83Leven Investimmo LA MONDI 21 18,38 16 55,08 11251,80Agfimo AGF 22 18,13 20 50,21 562,38AGF Foncier AGF 23 17,75 22 47,68 92,20Gestion Immobilier Inte. (C) INDOSUEZ 24 15,79 12 58,96 788,27Gestion Immobilier Inte. (D) INDOSUEZ 25 15,72 13 58,67 536,66Fonciere Long Terme (C) VERNES 26 14,56 27 37,96 654,67Fonciere Long Terme (D) VERNES 27 14,51 26 37,97 507,40Zurich Actions Pierre ZURICH 28 13,98 .... .... 1109,19Foncival BRED 29 13,44 19 54,23 313,59Capital Pierre Investissement PALUEL 30 11,62 29 28,28 592,01Alizes Pierre CDT MUTU 31 10,37 30 16,87 1112,14

OR ET MATIERES PREMIERESPerformance moyenne sur 1 an :– 6,39 %, sur 5 ans : 72,21 %Selection Geologia CCF 1 19,56 2 87,62 156,04

Energia WORMS 2 14,09 1 90,46 447,01Premior CDT NORD 3 13,49 4 83,86 364,10Oraction CNCA 4 2,78 3 87,27 1747,63Groupama Or GROUPAMA 5 – 15,69 .... .... 8821,15Acti Mines d’or (C) BBL FRAN 6 – 17,19 6 75,06 1951,97Acti Mines d’or (D) BBL FRAN 7 – 17,19 7 74,96 1556,72Orvalor SG 8 – 19,45 5 77,97 1207,13Aurecic CIC PARI 9 – 37,92 8 0,47 983,39

.... .... .... .... .... ....

CONVERTIBLESPerformance moyenne sur 1 an : 14,58 %, sur 5 ans : 62,40 %Objectif Convertible LAZARD G 1 25,40 1 77,09 2782,24Convertibles Monde (D) VERNES 2 22,46 4 72,74 15482,12Convertibles Monde (C) VERNES 3 22,46 5 72,73 17524,95Pasquier Convertibles (C) BIMP 4 20,65 .... .... 14441,76Pasquier Convertibles (D) BIMP 5 20,64 .... .... 13736,13CPR Capital Expansion (D) CPRGESTI 6 18,71 8 63,72 1287,77CPR Capital Expansion (C) CPRGESTI 7 18,71 9 63,72 1340,31Fineurope Convertibles COURCBOU 8 17,52 6 72,14 1867,64Converticic CIC PARI 9 15,90 .... .... 405,50

Ofima Convertibles (D) OFIVALMO 21 11,88 11 46,46 21248,89Valcomex Placem. Convertibles B NATEXI 22 11,67 14 45,79 20390,80SG Convertibles SG 23 10,52 .... .... 57589,09Inogestion (D) ECOFI FI 24 9,11 12 45,83 17430,68Inogestion (C) ECOFI FI 25 9,11 13 45,83 17998,67Provence Convertibles HOTTINGU 26 8,57 .... .... 12812,97Pyramides Convertibles (D) VERNES 27 8,32 .... .... 11944,50Pyramides Convertibles (C) VERNES 28 8,31 .... .... 13428,96Yama C.B Asia YAMAGEST 29 1,83 .... .... 10083,78

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(PubliciteÂ)

http://www.fininfo.fr

Sicav diversifiées, risques limitésLE CLASSEMENT des sicav diver-

sifiées françaises n’a pas grand sens.Cette catégorie « fourre-tout » re-groupe une trentaine de fonds quin’ont pas beaucoup de choses encommun. Il est par exemple impos-sible de comparer la performance deParibas Trésorerie Plus 2, une sicavmonétaire dynamique de la BanqueParibas et Midland Options Plus, unfonds aujourd’hui investi à 95 % surla Bourse de Paris et qui envisage derejoindre la catégorie actions fran-çaises. Pourtant, les sicav diversifiéesfrançaises qui affichent les meil-leures performances méritent l’at-tention. Souvent ignorées ou délais-sées, ces produits peuvent présenterdes caractéristiques intéressantespour les épargnants.

Ainsi, Emergence Poste, premièredu palmarès de Fininfo pour sa per-formance sur un an, fait nettementmieux que la moyenne des sicav ac-tions françaises. Cette sicav, plusparticulièrement investie sur les va-leurs privatisables ou privatisées, aun actif composé au minimum de60 % d’actions françaises, mais ellemise également sur les Boursesétrangères. Son portefeuille contient15 % d’actions européennes, 9 %d’actions américaines et 3 % d’ac-tions japonaises. Cette diversifica-tion, bénéfique pour la perfor-mance, permet également dediminuer la volatilité. De plus, Emer-gence Poste est éligible au PEA etpeut donc bénéficier de sa fiscalitéavantageuse.

D’autres fonds jouent la diversifi-

cation sur les obligations. NatioEpargne retraite, première sicavpour sa performance sur cinq ans,recherche le meilleur équilibre entreplacements obligataires et place-ments en actions. IntersectionFrance et Pervalor, deux sicav de laSociété générale, se sont fixé pourobjectif de battre un indice composépour environ deux tiers du CAC 40et, pour le reste, du CNO 3-5 ans,l’indice qui retrace l’évolution ducours des obligations françaisesd’une durée de vie de trois à cinqans. Ce mélange peut pénaliser cessicav lorsque les marchés actionsprogressent fortement, comme celafut le cas ces derniers mois. Mais ildevrait permettre à ces fonds de tra-verser la bourrasque boursière ac-tuelle sans trop de dommage. Cecocktail présente un intérêt majeur :« La partie obligataire du portefeuillede la sicav permet de compenser lesà-coups des marchés », expliqueJean-Pierre Assié, gérant d’intersé-lection France. Autre avantage, « lesouscripteur n’a pas à faire son allo-cation d’actif lui-même », souligneEric Turjeman, gestionnaire de Per-valor, une sicav achetée essentielle-ment au travers de contrats d’assu-rance-vie. Le dosage est fait par legérant, le souscripteur n’a donc pasà payer des frais d’arbitrage ou às’inquiéter des éventuelles plus-va-lues qu’il peut dégager en vendant,par exemple, un OPCVM obligatairepour un OPCVM action.

Joël Morio

La grippe asiatiqueLA BOURSE de Paris a eu toutes les raisons de

baisser cette semaine. Ou presque toutes. Dèslundi, le marché cédait déjà du terrain. Les bour-siers restaient prudents dans la crainte d’unehausse des taux en Europe. Mardi, la bonne te-

nue de Wall Street et dudollar a redonné un coupde fouet à l’indice CAC 40,dernier sursaut avant lespremières secousses de laBourse de Hongkong tou-chée de plein fouet par lacrise monétaire asiatique. Apartir de mercredi, le

CAC 40 a perdu pied avant de se reprendre tem-porairement pour finir la séance de vendredi surune nouvelle baisse. En cinq séances, l’indiceCAC 40 a perdu 3,68 % ramenant ainsi sa pro-gression annuelle à 23 %. La liquidation duterme boursier d’octobre qui intervenait vendre-di s’est soldée par une perte de 4,94 %.

Les opérations financières en cours, pas plusque l’arrivée sur le marché de France Télécom, leretour à la cotation des AGF et la hausse du bil-let vert n’ont été suffisants pour se protéger ducoup de froid venu de l’ex-colonie britannique.

France Télécom termine la semaine à207,80 francs, en hausse de 14,18 % sur son coursd’OPV réservé aux particuliers, mais en baissede 3,35 % par rapport à son premier cours coté.

L’opération a finalement séduit plus de 3,9 mil-lions d’actionnaires. Reste à fidéliser cet action-nariat, a reconnu Michel Bon, le président deFrance Télécom, dont l’action devrait entrerdans la composition de l’indice CAC 40 mercredi12 novembre.

Les AGF sont revenues à la cotation, lundi20 octobre. L’action termine la semaine sur unehausse de 34,68 % sur son cours antérieur à lasuspension de cotation. Le titre avait été sus-pendu après le projet d’OPA lancé par Generaliau prix de 300 francs l’action. Les opérateurs pa-rient sur une surenchère et sur le scénario d’unecontre-offre dans laquelle pourrait intervenirl’assureur allemand Allianz.

Plusieurs valeurs ont été particulièrement af-fectées par la crise du Sud-Est asiatique en rai-son, notamment, de la part importante de leuractivité réalisée dans cette région du monde.LVMH en fait partie. Jacques-Antoine Bretteil,d’lnternational Capital Gestion, note que legroupe de Bernard Arnault réalise, avec sa filialeDFS, 50 % de son chiffre d’affaires, dont les deuxtiers au Japon. C’est le plus gros ratio à l’expor-tation d’une société européenne.

Les investisseurs s’interrogent sur l’impact dela crise financière, limitée jusqu’à présent auxmonnaies du Sud-Est asiatique, sur l’économiejaponaise et sur le pouvoir d’achat des consom-mateurs nippons. Les entreprises japonaises

vont-elles délocaliser leur production ? Le mar-ché de l’emploi sera-t-il déprimé ? Autant d’in-terrogations qui traversent l’esprit des investis-seurs confrontés au degré de risque qu’ilsacceptent de payer sur des valeurs commeLVMH. Le titre du groupe de luxe termine la se-maine sur un recul de 11,02 % à 1 033 francs. Cerecul reste inférieur à celui de Christian Dior, quise retrouve à son plus bas niveau de l’année à626 francs, en baisse de 14,25 %. Hermès a égale-ment payé un lourd tribut à la baisse, abandon-nant 12,98 % à 389 francs. Clarins s’en tiremieux, ne perdant « que » 5,46 % à476,50 francs. D’autres entreprises, telles RemyCointreau et Pernod Ricard, n’ont pas mieux tiréleur épingle du jeu : le premier a baissé de8,05 % à 108,50 francs et le second de 6,74 % à270 francs.

Paribas Capital Market considérait, dès lemois d’août, que le secteur du luxe et des bois-sons était exposé, mais aussi les grandesbanques (BNP, Société générale, Crédit lyonnais)en raison des risques de contreparties avec leursclients asiatiques. La BNP termine la semaine à295,90 francs en repli de 3,99 %. La Société géné-rale a perdu 5,77 % en cinq séances à 865 francset le Crédit lyonnais abandonne 7 % à332 francs.

François Bostnavaron

Page 18: o 7,50 F DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 FONDATEUR ... · sensuel, extravagant. Page 22 FIP Eclectisme, couleur et engagement au programme de la radio musicale parisienne. Page

LeMonde Job: WMQ2610--0018-0 WAS LMQ2610-18 Op.: XX Rev.: 25-10-97 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:25,11, Base : LMQPAG 38Fap:99 No:0307 Lcp: 196 CMYK

18 / LE MONDE / DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 P L A C E M E N T S E T M A R C H É S

Le dollar de Hongkong se stabiliseLe dollar de Hongkong s’est redressé vendredi après un repli tac-

tique des spéculateurs, permettant aux devises et aux Boursesd’Asie du Sud-Est de souffler un peu, même si de nouvelles attaquespourraient être lancées prochainement. Sur le marché asiatique, ledollar de Hongkong s’échangeait en fin de journée à 7,73 dollarspour un billet vert, contre 7,61 la veille. La Hongkong Monetary Au-thority semble avoir paré aux dernières offensives contre la mon-naie locale. Toutefois, les cambistes n’excluent pas de nouvelles at-taques contre le « peg », le lien fixe établi depuis quatorze ans entrele dollar de Hongkong et le billet vert américain, à 7,80 dollars deHongkong. Ils jugent aussi prématuré le discours triomphant duchef de l’exécutif de Hongkong, Tung Chee-hwa, qui a prédit ven-dredi la défaite inévitable de ceux qui spéculent. « Nous parvien-drons à battre les spéculateurs. Nous ferons en sorte qu’ils échouentquoi qu’ils entreprennent », a-t-il déclaré.

LE PRIX de l’once d’or est tom-bé, vendredi 24 octobre en clô-ture, à New York, à son plus basniveau depuis douze ans. L’oncede métal précieux a chuté de15,70 dollars à 307,30 dollars.

Selon les analystes, ce recul estdû à des liquidations massives depositions courtes. « Les fonds d’in-vestissement ont liquidé leurs posi-tions courtes », indiquait vendredisoir Joseph Rosta, responsable duCPM Group, précisant que lesventes se sont multipliées lorsquele prix de l’or est tombé sous leplancher de 314,60 dollars, déjàtouché en juillet. « Les prix pour-raient continuer à reculer les pro-chains jours, mais devraient par lasuite se stabiliser à 320-330 dol-lars », a observé M. Rosta, indi-quant que le niveau de clôture devendredi était le plus bas depuismars 1985.

EXCÉDENT DE RÉSERVESLe mouvement de recul s’est

déclenché sur le marché deLondres après l’annonce par desexperts du gouvernement suisseque l’état des réserves de métaljaune de la banque centrale suisseétaient excédentaires de 1 400tonnes.

La Banque nationale suisseavait indiqué au mois de mars quedans le cadre de la réévaluationde ses réserves, une partie de sonstock de métal jaune serait mis envente pour, entre autres, alimen-ter le Fonds d’indemnisation auxvictimes de l’Holocauste.

Un spécialiste notait que « lemarché savait déjà qu’il y auraitdes ventes suisses. La seule in-connue jusque-là restait la quantitémise sur le marché ».

Mais cette annonce a été sur-tout un prétexte pour vendre. Lesanalystes attribuent essentielle-ment le recul du métal jaune à ladéception des opérateurs pourson incapacité à jouer le rôle devaleur refuge face à la tempêtemonétaire en Asie.

D’autres analystes new-yorkaisont attribué le mouvement de li-quidation aux craintes que lesbanques centrales des pays del’Asie du Sud-Est ne vendent leursréserves d’or afin de se procurerles liquidités nécessaires pourfaire face à la crise monétairefrappant la région depuis juillet. –(AFP.)

Le dollar et les obligations jouent les valeurs refugesLa crise asiatique et les anticipations d’un relèvement prochain par la Réserve fédérale américaine de ses taux d’intérêt

ont eu pour effet de doper le billet vert face au yen et aux monnaies européennesLa secousse violente sur les marchés asiatiquesa nettement inversé la tendance qui se dessi-nait la semaine dernière sur les marchés detaux et de change. Les obligations américaines,qui avaient perdu beaucoup de terrain se sont

nettement redressées, jouant un rôle de valeurrefuge. Le taux des obligations du Trésor amé-ricain à trente ans est revenu d’un vendredi àl’autre de 6,43 % à 6,31 %. Les taux à dix ansen France et en Allemagne se sont ainsi stabili-

sés autour de 5,70 %. Du côté des changes, ledollar s’est apprécié à la fois contre le yen etles devises européennes. Les analystes nesemblent plus croire à un nouveau relèvementde ses taux par la Bundesbank. La masse mo-

nétaire en Allemagne et l’indice des prix « nevont pas dans une direction qui nous oblige-rait à relever une nouvelle fois les taux », a es-timé jeudi Ernst Welteke, membre du conseilcentral de la banque centrale allemande.

APRÈS avoir perdu du terrain lasemaine dernière, les marchés obli-gataires européens et américainsd’un côté, le dollar de l’autre, ontprofité de l’onde de choc de la criseasiatique pour retrouver un peu delustre et un rôle de valeur refuge.

C’est particulièrement vrai pour lebillet vert. Certes, la devise améri-caine a souffert, jeudi 23 octobre, dela vente d’actifs américains par lesbanques centrales asiatiques pourdéfendre leurs devises. Vendredi àTokyo, le billet vert a baissé un peuen fin de séance face à la devise nip-pone à la suite de rumeurs faisantétat d’une intervention de la Banquedu Japon pour défendre le yen. Maisfinalement la devise américaine ter-mine la semaine à 121,13 yens contre120,74 le vendredi précédent, à1,7830 mark contre 1,7573 et à5,9744 francs contre 5,9379.

YEN AFFAIBLILa monnaie japonaise reste affai-

blie, car les marchés s’interrogentsur les conséquences de la deuxièmevague de la crise financière asiatiquesur l’économie nippone. Proximitégéographique oblige, le Japon,comme exportateur, investisseur di-rect ou prêteur, se trouve bien plusexposé que les autres pays industria-lisés au risque asiatique. Cette ré-gion absorbe 40 % de ses exporta-tions qui, elles-même, représentent10 % de son produit intérieur brut.Mais les engagements des banquesjaponaises inquiètent encore plus les

analystes que les conséquences d’unralentissement de la croissanceéconomique en Asie. Environ 50 %des crédits bancaires obtenus àl’étranger par les pays de la régionproviennent des banques japo-naises, rendues déjà très fragiles parla crise immobilière et la masse decréances douteuses qu’elles ontdans leurs bilans.

Le rebond du dollar a été encore

plus sensible face aux devises euro-péennes. « Les achats de dollarscontre le yen tirent mécaniquement ladevise américaine à la hausse face aumark », explique Nordine Naam, dela banque Dresdner Kleinwort Ben-son. Selon lui, le billet vert devraitmême tester le seuil de 1,85deutschemark. « Le dollar profite dela maîtrise de l’inflation en Alle-magne, qui éloigne la perspective d’unnouveau relèvement de taux d’intérêtoutre-Rhin », poursuit l’analyste.

L’indice des prix à l’importationen Allemagne a reculé de 0,5 % enseptembre par rapport à août, ce quiporte sa hausse à 4,1 % par rapport àseptembre 1996 (contre + 5,4 % enaoût en glissement annuel), a indi-qué vendredi l’office fédéral des sta-tistiques. « Beaucoup de com-mentaires de responsables allemandssont également favorables au dollar »,précise M. Naam. La masse moné-taire en Allemagne et l’indice desprix « ne vont pas dans une directionqui nous obligerait à relever une nou-velle fois les taux », a estimé jeudiErnst Welteke, membre du conseilcentral de la Bundesbank. Dans lajournée, à l’issue de la réunion deson conseil central, la banque cen-trale allemande a décidé de laisserl’ensemble de ses taux directeurs in-changés.

En revanche, la possibilité d’unehausse prochaine de ses taux par laRéserve fédérale américaine, autrefacteur de soutien du billet vert, estloin d’être écartée par les écono-

mistes. Ces derniers seront très at-tentifs la semaine prochaine au dis-cours du président de la Réservefédérale américaine, Alan Greens-pan, et au chiffre du coût du travailaux Etats-Unis. En tout cas, le mar-ché obligataire américain, dopé, sur-tout jeudi, par des achats de précau-tion, ne semble toujours pas

craindre le moindre dérapage infla-tionniste. Le taux des obligations duTrésor à trente ans est revenu encinq séances de 6,43 % à 6,31 %.

Du côté des obligations euro-péennes, la tendance est redevenueplus favorable, mais les cours destitres à taux fixes (les cours montentquand les taux baissent) sont restésfinalement inchangés d’un vendredi

à l’autre. Le rendement des obliga-tions d’Etat à dix ans en France et enAllemagne s’est inscrit vendredi àrespectivement 5,71 % et 5,69 %contre 5,72 % et 5,68 % une semaineauparavant.

Pour les analystes, la tendance defond des marchés obligataires euro-péens et français reste pour l’heure

orientée à la baisse depuis le relève-ment de leurs taux par la Bundes-bank et la Banque de France. Il fautaussi souligner que le marché obli-gataire français continue à secomporter moins bien que son ho-mologue allemand : le taux de l’em-prunt d’Etat français à dix ans estainsi repassé au-dessus (+ 0,02 %) durendement du titre allemand demême durée, alors qu’il se situait endessous (autour de – 0,10 %) depuisplus d’un an. Pourtant, en France,l’inflation est maîtrisée : les prix à laconsommation ont augmenté de0,2 % en septembre, soit 1,3 % surdouze mois, selon les statistiquespubliées vendredi. Mais les investis-seurs s’inquiètent des conséquencesdu durcissement de la fiscalité del’assurance-vie, qui assure depuisplusieurs années l’essentiel desachats des emprunts d’Etat.

Enfin, le marché obligataire japo-nais était lui aussi en grande formeet a encore établi, vendredi, un re-cord, en réaction à la défaillance dela place de Hongkong, avec unenouvelle baisse des taux à longterme qui ont brièvement touché1,66 %. Le précédent record datait dela veille, lorsque le rendement desobligations à 10 ans du Trésor nip-pon était tombé à 1,68 %.

Les rendements obligataires japo-nais ont cassé la barre des 2 % le27 août et ont pénétré en territoireinconnu le 1er octobre lorsqu’ils sonttombés sous les 1,8 %, un niveau ja-mais vu sur la planète depuis plus decinquante ans (le précédent recordremonte à la seconde guerre mon-diale). Des intervenants ont expliquéce nouvel accès de fièvre du marchéobligataire par un retrait des inves-tisseurs nippons des marchés bour-siers asiatiques.

Eric Leser

TOKYO NEW YORK PARIS LONDRES FRANCFORTNIKKEI DOW JONES CAC 40 FT 100 DAX 30 IBIS

q– 0,66% q– 1,68% q– 3,68% q– 5,71% q– 1,67%17 363,74 points 7 715,41 points 2 849,03 points 4 970,20 points 3 981,44 points

1997Source : Bloomberg

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COURS DE L'OR

L'or à son plus bas depuis 12 ans

en dollars par once

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1997Source : Bloomberg

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COURS DU DOLLAR EN YENS

La devise japonaise a continué à perdre du terrain face au billet vert, victime de la crise financière à Hongkong.

Faiblesse du yen

échelle inversée

A S OJJM

121,63

Marché international des capitaux : des agences de notation reconnuesLE RÔLE des agences de notation, ces éta-

blissements privés qui évaluent la qualité desemprunts, est officiellement reconnu dansl’Union européenne. L’Institut monétaire euro-péen met en évidence leur importance dans sondernier rapport, qui traite des instruments et dela procédure de la politique du futur système debanques centrales. Ce système sera composé dela banque centrale européenne et des banquescentrales nationales qui auront accepté l’euroconformément au traité de Maastricht. Il fonc-tionnera dès le début de la prochaine étaped’union économique et monétaire et son butpremier sera de maintenir la stabilité des prix.Les transactions financières destinées à approvi-sionner l’économie en liquidités le conduiront àacheter ou à vendre des avoirs que lui fourni-ront ses contreparties, soit directement, soit in-directement en prenant des titres en pension.

Une liste est en préparation – elle pourraitêtre publiée au printemps 1998 – qui énumérerales titres susceptibles de rentrer dans ce cadre.Mais les critères sont déjà précisés dans leur en-semble. Pour ce qui est des émetteurs, ils irontdu système européen de banques centrales lui-même, du secteur public, des institutions inter-nationales et supranationales au secteur privé.

C’est à propos de cette dernière catégorie queles agences de notation sont mentionnées. Cer-taines obligations devraient être éligibles auto-matiquement si elles sont strictementconformes aux normes d’une directive anciennede la Communauté européenne. Mais les autresobligations du secteur privé ne seront admises

que si elles répondent à des conditions de cota-tion en Bourse, de prospectus d’émission et dequalité. L’Institut monétaire européen indiquespécifiquement que chaque émission devra êtrenotée (par une agence de notation) de telle fa-çon qu’elle satisfasse aux normes élevées dequalité aux yeux du système de banques cen-trales.

S’il est question d’« une agence de notation »,aucun nom n’est cité. Dans les milieux finan-ciers, on prévoit que les trois principalesagences seront retenues. Il paraît évident queles grandes maisons américaines Moody’s etStandard & Poor’s figureront en bonne place, demême que Fitch IBCA, américaine également,mais contrôlée par la société française Fimalac.

Pour les investisseurs institutionnels, l’impor-tance des agences de notation est évidente. AuxEtats-Unis, elle est prépondérante, et chez nouselle le devient. Certes, il arrive que l’emprunteurjouisse d’une réputation telle que ses opérationssoient généralement considérées comme étantau-dessus de tout soupçon. Lui-même ou sespromoteurs (les intermédiaires financiers) affir-ment alors que les obligations n’ont pas besoind’être notées par une agence et que, si ellesl’étaient, elles obtiendraient de toute façon leprestigieux AAA qui orne la tête des meilleursémetteurs. Agir de la sorte est parfois présomp-tueux et peut conduire à quelques déceptions.

Ainsi, récemment, les chemins de fer alle-mands Deutsche Bahn ont lancé un emprunt de1 milliard de deutschemarks de dix ans, sansavoir fait noter leurs transactions. Lorsque l’em-

prunt a été contracté, il a été assorti de condi-tions très économiques pour le débiteur. Or, peude temps après, les télécommunications alle-mandes, Deutsche Telekom, qui, contrairementaux chemins de fer, avaient décidé de faire noterleurs emprunts, obtenaient une note certes trèsbonne de la part des agences américaines, maistoutefois pas la plus haute. Cela a jeté un froidsur l’ensemble du marché. Comme beaucoupd’investisseurs plaçaient sur le même plan leschemins de fer et les télécommunications, leprix des obligations de Deutsche Bahn a baisséquelque peu pour pousser leur rendement auniveau auquel il se serait situé au départ siDeutsche Bahn avait obtenu des agences lamême note que celle décernée à Deutche Tele-kom.

Le faible nombre des agences de notation,leur jugement sans appel et leur influence consi-dérable ne manquent évidemment pas de susci-ter la critique. Il faut donc se réjouir de laconcurrence internationale apportée aux princi-pales par Fitch IBCA (qui résulte d’une fusionrécente), de même qu’il faut saluer les initiativesdes services d’études des banques internatio-nales, qui sont de plus en plus nombreuses à pu-blier leurs propres analyses de crédits et quin’hésitent pas à contester les jugements desagences. On l’a vu notamment avec la SNCF,dont Moody’s pense que les emprunts ne mé-ritent pas les AAA, qui reviennent pourtant auxautres établissements publics français.

Christophe Vetter

MATIÈRESPREMIÈRES

Hongkong ébranleles Bourses mondiales

CETTE SEMAINE restera mar-quée, dans la mémoire des bour-siers, par le krach de la Bourse deHongkong, jeudi 23 octobre. L’évè-nement sera d’autant plus facile àretenir qu’il « tombe » pratique-ment dix ans, jour pour jour, aprèsle krach de 1987.

La Bourse de l’ex-colonie britan-nique a atteint son plus bas niveaudepuis dix ans, jeudi 23 octobre. Enune seule séance, l’indice HangSeng, son principal indicateur, a dé-vissé de 10,4 % jeudi perdant1 211,47 points à 10 426,30 points,après être passé momentanémentsous le plancher de 10 000 points. Enmoins de trois semaines, la correc-tion atteint 5 000 points. Sur la se-maine, le marché affiche un recul de18,06 %. Un courtier d’une maisonde titres européenne à Tokyo résu-mait ainsi la situation en Asie :« L’effondrement du marché à Hong-kong illustre bien la détérioration dela confiance des investisseurs vis-à-visdes économies asiatiques, y comprisbien entendu le Japon ». L’un desprincipaux soucis reste l’impact

qu’aura à terme la tempête bour-sière et monétaire asiatique sur leJapon, la seconde économie mon-diale.

Les conséquences de la crise fi-nancière asiatique et la chute de laBourse de Hongkong ont frappé deplein fouet l’ensemble des Boursesmondiales. Comme à chaque foisque se produit un tel évènement, lesréactions ont été différentes suivantles places. Mise à part la Bourse deHongkong, qui a perdu 18,06 %, leplus fort recul est affiché par laBourse de Londres (-5,71 %) suiviepar celle de Paris (-3,68 %). Francfortet Wall Street terminent la semainesur une baisse d’ampleur quasiidentique perdant respectivement1,67 % et 1,68 %. Le marché nippon,pourtant géographiquement trèsexposé, n’a finalement perdu que0,66 %.

Les opérateurs de la Bourse deLondres ont pu se rendre compte dela rapidité de réaction du nouveausystème de transactions automati-sées du Stock Exchange (Le Mondedu 21 octobre), mis en service au dé-

but d’une semaine marquée par latourmente asiatique et les hésita-tions sur l’euro. L’indice Footsie aterminé vendredi à 4 970,2 points,en baisse de 300,9 points sur la se-maine, soit un recul de 5,71 % parrapport au vendredi précédent.

BONNE RÉSISTANCE DE LONDRESComme les autres places finan-

cières, le Stock Exchange a subi lecontrecoup de la tourmente moné-taire et boursière asiatique. Bienqu’à la baisse, la Bourse de Londresa plutôt mieux résisté que les autresplaces européennes, compte tenude sa très forte exposition à la situa-tion à Hongkong. Sont cotées à laBourse de Londres plusieursgrandes sociétés dont les liens avecl’ancienne colonie britannique sonttrès étroits, comme la HongkongShanghai Banking Corp. (HSBC),Standard Chartered et Cable andWireless. HSBC a perdu 18 %, Stan-dard 15,3 % et Cable and Wireless12,6 %.

A la Bourse de Paris, qui terminela semaine sur un recul de 3,68 %,

les boursiers s’efforcent désormaisd’apprécier les conséquences de lacrise asiatique. Selon la société deBourse, Ferri, « au plan global, l’im-pact sur la croissance économique, lesmouvements de capitaux et l’orienta-tion des taux en Europe est faible ».Mais l’intermédiaire n’exclut pasque la crise déclenche « une phasede correction justifiée par une reprisefragile, les perspectives de poursuitede la remontée des taux aux USA etl’ouverture d’une ère « plus redistri-butive » en France qui limitera lesprogressions de résultats des socié-tés ». Certaines sociétés, en raisonde leur présence en Asie, pourraientêtre plus touchées que d’autres parcette crise. Paribas Capital Market aainsi fait preuve de prudence sur lesecteur bancaire français : « Lesbanques sont bien montées ces der-niers mois et dans l’attente d’y voirplus clair, je préfère conseiller d’arrê-ter d’acheter. On verra dans quelquesjours ou dans quelques semaines »,explique Romain Burnand.

Les analystes interrogés s’at-tendent néanmoins à un rebond

après cette correction qui pourraitmener le marché à 2 800 voire 2 750points et maintiennent pour cer-tains d’entre eux un objectif de3 100 points pour la fin de l’année.

Outre-Rhin, la Bourse de Franc-fort termine la semaine sur un reculde 1,67 % selon l’indice DAX Ibis oude 0,26 % suivant l’indice tradition-nel. Le recul de la place francfor-toise « ne doit cependant pas êtreexagéré », estime la Commerzbankdans son rapport boursier hebdo-madaire. Selon l’institut, les pro-blèmes monétaires dont souffre de-puis longtemps l’Asie ont déjà étéanticipés par la Bourse. La banquetable en conséquence sur un DAXvolatil mais qui restera « dans lesprochains mois » dans une four-chette de 3 750 à 4 250 points.

Wall Street n’a pas été épargnépar le plongeon de la Bourse deHongkong incitant les investisseursà chercher refuge sur le marchéobligataire. L’indice Dow Jones aperdu 131,62 points (-1,68 %) à7 715,4 points sur la semaine. Ladernière séance de la semaine a été

particulièrement volatile : l’indice agagné en une matinée, plus de100 points avant de reculer d’autantquelques heures plus tard. Le reculde Wall Street vendredi, en dépitd’une reprise de 6,9 % de la Boursede Hongkong avant le week-end,démontre la grande nervosité desinvestisseurs américains, ont souli-gné les analystes. Ces derniers ontnéanmoins précisé que la baisse dela Bourse new-yorkaise restait limi-tée au regard de la forte volatilité deces derniers mois, des variations deplus de 100 points étant devenuesmonnaie courante.

Paradoxalement, c’est la Boursede Tokyo qui a le moins souffert desturbulences asiatiques. L’indice Nik-kei termine la semaine sur un replide 0,66 % à 17 363,74 points aprèsavoir touché mercredi son plus basniveau depuis le mois d’août 1995.Pour la semaine à venir, les perspec-tives ne sont guère brillantes en rai-son des incertitudes qui continuentde régner dans la région.

F. Bn

Page 19: o 7,50 F DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 FONDATEUR ... · sensuel, extravagant. Page 22 FIP Eclectisme, couleur et engagement au programme de la radio musicale parisienne. Page

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A U J O U R D ’ H U ILE MONDE / DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997

SPORTSAlors que des clubs defootball français se distinguent dansles compétitions européennes,d’autres défendent modestementleur place en deuxième division du

championnat national. L’Associationsportive de Saint-Etienne, qui ren-contre dimanche 26 octobre le clubde Nice à l’occasion de la 17e jour-née, fait partie de ces habitués de la

fin du classement. b L’ÉPOQUE DEGLOIRE des Verts n’est plus qu’unsouvenir dans la préfecture de laLoire. Le stade Geoffroy-Guichard,qui est actuellement en travaux

pour accueillir la Coupe du mondede football, n’attire plus beaucoupde spectateurs. b LES AMATEURSapprécient moyennement les pres-tations de joueurs entraînés par

Pierre Repellini et toujours suivis parle pilier du club, Robert Herbin. Etpourtant le club dispose de res-sources financières supérieures àcelles de ses adversaires de la D2.

Saint-Etienne n’en finit pas de pleurer son passéLe prestigieux club de football des années 70 tente aujourd’hui d’échapper à la dernière place du classement de la deuxième division.

Les Verts ne manquent pas de moyens financiers mais plutôt d’une équipe dirigeante qui définisse des perspectives ambitieuses

Un produit retirédes pharmacies

Samedi 1er novembre, les cinqmarques de spécialités injec-tables contenant de la nandro-lone seront toutes retirées despharmacies. La décision n’a, apriori, pas été influencée par lacampagne antidopage actuelle.Mais l’autorisation de mise surle marché de ces produits a étérevue dans le cadre d’une procé-dure de validation de tous lesmédicaments anciens. « Leurrapport bénéfice/risque a été jugéinsuffisant comme pour2 000 autres médicaments qui ontété retirés du marché », expliqueFrançois Meyer, responsable del’Agence du médicament. Deuxlaboratoires avaient déjà retiré,en 1995 et au début de l’année,leur marque. Un autre vientégalement de retirer les deux la-bels qu’il proposait. Le 1er no-vembre, il n’y aura plus de nan-drolone injectable dans lespharmacies. Ne restera plusalors sur le marché qu’unemarque de collyre, qui subit ac-tuellement son test de valida-tion.

Un européen rencontre un relégableAprès les trois soirées de Coupes d’Europe, le championnat de

France deuxième division (D2) reprend ses droits. En match avancéde la dix-septième journée, vendredi 24 octobre, Lorient s’est hissé àla seconde place en s’imposant largement, à domicile, trois buts àzéro, face à Troyes. Sochaux, troisième à un point de Lorient, pour-rait profiter de la venue d’Amiens, samedi 25 octobre, pour re-prendre son bien et rester le dauphin de Nancy. De son côté, l’actuelleader de la deuxième division sera en danger en se rendant à Va-lence, cinquième à sept points. Dimanche 26 octobre, la dernièrerencontre de cette dix-septième journée aura un arrière-goût d’Eu-rope et de première division. Les Nicois, à peine remis de leur matchnul, deux buts partout, face au Slavia de Prague en match aller de laCoupe des coupes, affronteront Saint-Etienne. Avant-dernier de laD2, les Verts devront impérativement l’emporter pour s’extraire duquatuor des relégables.

COMMUNICATION

Bruxelles abandonne son projetde directive anticoncentration

BEAUNEde notre envoyée spéciale

L’audiovisuel souffre-t-il d’unexcès de concentration ? Aucours des 7es Rencontres cinéma-tographiques de Beaune, qui ontdébuté jeudi 23 octobre, cettequestion, qui prend un reliefparticulier avant la discussionsur la loi sur l’audiovisuel prévuepour l’an prochain, a été parti-culièrement débattue. Premieraveu : le projet de directive éla-boré depuis plusieurs années parla Commission européenne deBruxelles et visant à limiter laconcentration dans les médias,notamment dans les journaux etles télévisions, risque de tomberaux oubliettes.

« C’est un domaine où noussommes à la limite de ce qui doitse faire au niveau des Etats », aexpliqué Jean-François Pons, di-recteur général adjoint de laDGIV (concurrence) à laCommission européenne. « Sicette directive avait été proposée,les différents pays n’en auraientpas voulu », a-t-il assuré.

Ce constat n’a, semble-t-il, pasconvaincu Luciana Castellina,présidente de la Commission desrelations économiques exté-rieures au Parlement européen,qui n’hésite pas à demander« des lois antitrust » dans la me-sure où « 80 % du marché (au-diovisuel) est occupé par un seulpays (les Etats-Unis) ».

Ce marché audiovisuel mon-dial, a estimé Thierry Miléo, di-recteur de la stratégie des af-faires extérieures de BouyguesState Télécom, est constitué à80 milliards de dollars par desrecettes publicitaires, 40 mil-liards des abonnements à deschaînes payantes – la partie quise développe le plus – et le restepar des financements publics.

Aux yeux de Didier Mathus(PS), rapporteur pour avis dubudget de la communication àl’Assemblée, il faudrait « envisa-ger des seuils anticoncentrationen fonction des parts de marché etde la nature des capitaux investisdans les médias. Dans n’importequelle ville de France, on naîtdans une clinique de la Lyonnaiseou de la Générale des eaux ; la té-lévision par câble, comme l’eau etle ramassage des ordures, y estsouvent commercialisée par l’un

des deux opérateurs ». « J’ai lafaiblesse de penser que la commu-nication n’est pas de même natureque les autres activités. Ces opéra-teurs peuvent promouvoir certainssecteurs d’activité grâce aux mé-dias. Avec une limite rassurante :quand Bouygues et TF 1 ont soute-nu Edouard Balladur pendant lacampagne présidentiel le, leurcandidat n’a pas été élu... », a-t-ildéclaré.DROITS AUDIOVISUELS

Pour sa part, Véronique Cayla,directeur général de MK2 Pro-duction, a dénoncé l’existencede deux types de concentration,l’une horizontale, qu’il faudraitréguler selon des critères detaille sur le marché, et l’autreverticale (les chaînes de télévi-sion qui détiennent des sociétésde production). « Aux Etats-Unis,la séparation des fonctions diffu-seur-producteur a permis à l’in-dustrie des programmes de deve-nir prépondérante », a-t-el leexpliqué , en précisant qu’enFrance un autre type de concen-tration avait également vu lejour, celui des droits audiovi-suels, ce qui bloque la circula-tion des œuvres.

Souhaitant garantir l’existenced’un réseau de producteurs in-dépendants et créatifs, Jack Ra-lite, sénateur communiste (re-fondateur), a fustigé les tropfaibles efforts de l’Europe, « quine dégage que 300 millions d’écussur cinq ans pour 15 pays », poursa politique d’audiovisuel.

Certaines proposit ionsconcrètes ont été faites. Ainsi,Carol Tongue, présidente de l’in-tergroupe cinéma et audiovisuelau Parlement européen, a sou-haité « la naissance d’une chaîneeuropéenne thématique de ciné-ma et de fiction, regroupant lesté lévis ions publ iques euro-péennes », tandis que Jean Stock,directeur de l’audiovisuel chezHavas, a milité en faveur d’uneplus importante ventilation desdroits de film. « Chaque semaine,950 longs métrages sont diffusésou multidiffusés par CanalSatel-lite. Les producteurs auraient in-térêt à inventer une nouvelle chro-nologie des médias, pour obtenirde nouveaux droits de passagedans la télévision numérique. »

Nicole Vulser

SAINT-ETIENNEde notre envoyée spéciale

Saint-Etienne ne survit pas, Saint-Etienne vit. Loin des clichés, la pré-fecture de la Loire est une ville plutôtpimpante, polie et manucurée deson gris. Victime de la plupart descrises économiques du siècle, elleressemble à beaucoup d’autresbourgades françaises. Ici comme ail-leurs, il y a la crise, le chômage est lé-gèrement supérieur à la moyennenationale (13,5 %). Comme ailleurs,on tente de l’enrayer en installantdes entreprises françaises ou en atti-rant des entrepreneurs étrangers.Les vastes locaux de Manufrance ontété rénovés et sont occupés par desentreprises du secteur tertiaire.

Bien sûr, Saint-Etienne a des sou-cis. L’offensive de Promodès surl’entreprise Casino, le fleuron local,mobilise une partie de la population(Le Monde du 23 octobre). Et dans lecœur des Stéphanois, il y a pire : lesterribles résultats de l’ASSE, l’Asso-ciation sportive de Saint-Etienne. Leclub de football vient à peine dequitter le peu enviable poste de lan-terne rouge de deuxième division.Ces piètres résultats commencent àse faire sentir. Le stade Geoffroy-Guichard, en cours de réfectionpour... la Coupe du monde de foot-ball 1998, est de plus en plus déserté.Huit mille spectateurs en début de

saison, moins de cinq mille au-jourd’hui. Le « chaudron » s’esttransformé en théâtre des décep-tions d’un public réputé bon enfant.

La ville du foot pleure son passéprestigieux. Saint-Etienne fut le hé-ros français de la Coupe d’Europe1976 en se hissant en finale, un 12mai, contre le Bayern de Munich.C’était à Glasgow, à l’époque desDominique Rocheteau, Jean-PierreLarqué ou Dominique Bathenay – ilsétaient entraînés par Robert Herbin.A Glasgow, les poteaux étaient car-rés. Cette forme géométrique estl’une des plus célèbres de l’histoiredu football : les supporters arguentencore que les deux tirs sur la barretransversale se seraient glissés dansles buts si celle-ci avait été elliptique.Les Verts remontèrent néanmoinsles Champs-Elysées. La France conti-nua de s’arracher leur tube « Quic’est les plus forts ? Évidemment c’estles Verts» ; dans les cours des écoles,les vignettes Panini des héros mal-heureux restèrent les plus côtéesdans les échanges ; Manufrance futplus d’une fois en rupture de stockde maillots verts.

Depuis le 12 mai 1976, le club abien grappillé des titres en cham-pionnat de France (en 1976 et 1981)ou en Coupe de France (en 1977),mais n’a plus regoûté à la fièvre desCoupes d’Europe. Petit à petit, la tra-

dition s’est décousue, les matchesont été moins passionnés, les Vertsont perdu leurs petits. Le temps a filévite, finalement. Et puis l’histoire lesa rattrapés. Ce fut l’affaire de lacaisse noire, le premier gros scandaledu football français. Des millions defrancs détournés, des joueurs impli-qués, dont Larios, Piazza ou Platini,l’entraîneur Robert Herbin. RogerRocher fit trois ans de prison.

Après vinrent la réputation et unemélancolie visible sur le terrain. Lesjeunes ne parviennent à insuffler unnouvel esprit à l’histoire. En 1993,Jean-Michel Larqué est nommé ma-nager général ; il ne fera qu’unebrève apparition. Le club termine lasaison 1993-1994 à la onzième placede la première division. Un an plustard, Saint-Etienne est sauvé de larelégation en deuxième divisiongrâce à l’interdiction de monter enpremière division infligée à l’Olym-pique de Marseille dont les diri-geants sont reconnus coupables decorruption dans l’affaire VA-OM. Leclub est placé sous le contrôle de laDNCG.

Un nouvel ancien est appelé : Do-minique Bathenay devient l’entraî-neur. En juin 1996, Saint-Etienne,dix-neuvième de la D1, rétrograde endeuxième division. Un an plus tard,les Verts terminent dix-septième.En octobre 1997, ils entrevoient une

relégation en national 1. De l’avis gé-néral, celle-ci entraînerait certaine-ment le dépôt de bilan de l’ASSE.

Et pourtant ! L’équipe, gérée parune société d’économie mixte(SAEM), jouit du budget le pluslourd de la deuxième division : 43millions de francs financés engrande partie par la ville, la région,Casino et les recettes. Le centre deformation à lui seul pèse 10 millionsde francs par an, mais il ne « pro-duit » que des défenseurs – ce quin’est pas le poste le plus coté en 1997en matière de prestige et donc detransferts. Ceux-ci ont, semble-t-il,été faits en dépit du bon sens. En-

trées cher payées, départs piteuse-ment négociés. Depuis le début desannées 90, le recrutement auraitcoûté 100 millions de francs quandcelui-ci en rapportait 15 millions.Pour la saison 1997, les dirigeants duclub comptent sur une rentrée de 16millions de publicité pour équilibrerle budget. Casino en donne 5, mais ilsera difficile de trouver les 11 autresen évoluant dans le bas du classe-ment de la deuxième division.

« BEAU ET DUR À PORTER»Pour sauver le club, l’idée en

vogue a survolé les esprits, celle durepreneur. Mais ces oiseaux rares

ont déjà fait leur choix, le groupeIMG et Patrick Proisy à Strasbourg,Adidas à l’Olympique de Marseille.Christian Constantin, président del’équipe suisse de Sion, s’est portécandidat, pour l’heure, sans pro-messes. Michel Thiollière, maireUDF radical de la ville, se veut opti-miste quant à l’avenir et estime que« le club peut seul se tirer de cettemauvaise situation. Il en a lesmoyens ».

Les joueurs entraînés par PierreRepellini et toujours suivis par le pi-lier du club, Robert Herbin, sebattent match après match. « Lais-sez-nous venir petit-à-petit, dit Repel-lini. Nous essayons de sortir la tête del’eau. » « Nous sommes jeunes, nousnous entendons bien, mais sur le ter-rain, c’est le blocage », explique Jé-rôme Alonzo. Le gardien de but ve-nu de l’Olympique de Marseille n’estpas découragé. Dans la cité pho-céenne il a connu une grève des sup-porters parce que l’équipe ne jouaitpas bien : « Ici, il ne nous reste plusqu’à gagner. » Le public ? A Saint-Etienne, il paraît qu’il en veut beau-coup mais qu’il n’est jamais ran-cunier, qu’il est prêt à tout pardon-ner grâce aux souvenirs. « Le maillotdes Verts, dit Jérôme Alonzo, est beauet dur à porter. »

Bénédicte Mathieu

DÉPÊCHESa SKI : l’Autrichien Josef Strobl et la Française Leïla Piccard ont en-tamé victorieusement la saison de Coupe du monde de ski alpin en s’im-posant, vendredi 24 octobre, dans le slalom parallèle de Tignes. Strobl,qui s’était déjà illustré en descente, en Super-G et en géant, ajoute à sonpalmarès une quatrième discipline, absente de la Coupe du monde de-puis vingt-deux ans. Le succès de Leïla Piccard fut en revanche une vraiesurprise, la skieuse des Saisies n’ayant jamais triomphé en Coupe dumonde. La petite sœur du champion olympique n’avait connu jus-qu’alors que des places d’honneur, dont une médaille de bronze engéant aux championnats du monde de Sestrières.a FOOTBALL : l’Arabie saoudite a battu, vendredi 24 octobre, l’Iran1-0 (mi-temps : 0-0) à Riyad en match éliminatoire pour la phase finalede la Coupe du monde 1998, zone asiatique, groupe A. Dans le mêmegroupe, le Qatar a battu le onze koweïti 1-0 (mi-temps : 1-0).a L’ambassade d’Italie à Londres a rejeté les accusations de la Fédé-ration anglaise de football (FA), qui affirme que la police italienne avait« provoqué » les supporteurs anglais lors du match éliminatoire de laCoupe du monde Italie-Angleterre, le 11 octobre, à Rome.a VOILE : après l’arrivée de Paul Cayard (EF-Language) au Cap, pre-mière étape de la Whitbread, course autour du monde à la voile en équi-page et avec escales (Le Monde du 22 octobre), Merit-Cup (Monaco,Grant Dalton) s’est classé deuxième devant Innovation-Kvaerner (Nor-vège, Knut Frostad) et Silk-Cut (G.-B., Laurie Smith).a RUGBY : le président de la Fédération française de rugby, BernardLapasset, a estimé, vendredi à Toulouse, que « le projet sportif de l’élite aenfin vu le jour », après la réunion de la Commission nationale du rugbyd’élite (CNRE) et l’Union des clubs. « L’ensemble des clubs est parvenu àmettre en place les premières étapes du rugby de l’élite de demain », apoursuivi M. Lapasset. Evoquant la poule unique envisagée le 13 octo-bre par les présidents des clubs du groupe A1, le président de la FFR a in-diqué qu’elle « n’est pas acquise aujourd’hui » et n’est concevable qu’àpartir du moment « où le calendrier international sera défini ».

Le Paris Saint-Germain victime de la nandroloneUn cinquième cas de dopage aux anabolisants concerne un handballeur du club

LE PARIS SG a un adversairebien plus redoutable que le Bayernde Munich, pourtant intraitable(5-1) face aux joueurs de Ricardo,mercredi 22 octobre, lors de la troi-sième journée de la Ligue deschampions. Il s’appelle la nandro-lone.

Quelques heures avant le coupd’envoi du match, les responsablesdu club apprenaient que le milieude terrain Vincent Guérin et le ju-doka Djamel Bouras, championolympique en titre des moins de78 kilos, membre du PSG omni-sports, avaient été contrôlés posi-tifs à cause de cet anabolisant. Et,samedi 25 octobre, le Parisien a ré-vélé que le handballeur ChristopheZuniga, évoluant dans les rangs dela formation parisienne, est dans lemême cas. Selon le quotidien, l’in-ternational espoir a été contrôlé le30 septembre, au stade Pierre-de-Coubertin, à l’issue de la rencontrede championnat PSG-Chambéry.

Pour Charles Biétry, président dePSG omnisports, interrogé par leParisien, il ne s’agit là que d’une« coïncidence ». « Il n’y a rien decommun, explique-t-il, entre Vincent

Guérin, Djamel Bouras et le hand-balleur incriminé. Ils n’ont ni lesmêmes dirigeants ni le même suivimédical. »

Il n’empêche. Les trois athlètesportent le même maillot, celui d’unclub qui veut rivaliser avec les plusgrands dans toutes les disciplines,défend les couleurs d’une granderégion sportive (l’Ile-de-France),dont le vivier de jeunes espoirs ali-mente ses filières de formation, etsert également de devanture à unechaîne de télévision dont le sportest un des arguments de vente. Lemalaise est donc réel.

Le cas Bouras en est une des il-lustrations. La Fédération françaisede judo (FFJDA) et le PSG ont hési-té toute la journée du jeudi 23 oc-tobre avant de décider qui mène-rait la contre-offensive, donnantl’impression que la panique était àbord. Dans un premier temps, il aété question de confier la missionau club du champion olympique.Thierry Rey, le président, a cherchévainement à organiser « quelquechose ». Puis la FFJDA a repris leschoses en main. Djamel Bouras estmembre de l’équipe de France et

son contrôle a été effectué à l’Insti-tut national d’éducation physiqueet sportive (INSEP). Mais le PSGdéveloppe son propre système dedéfense. « Les athlètes visés se sontexprimés avec tant de sincérité qu’onpeut se demander s’il n’y a pas uneautre raison pour expliquer cescontrôles positifs », a confié CharlesBiétry au Parisien.

POLITIQUE DE PRÉVENTIONLe PSG redouterait-il d’être pris

pour cible par les pouvoirs pu-blics ? Mercredi soir, après l’an-nonce des contrôles positifs deVincent Guérin, le président-délé-gué Michel Denisot déclarait qu’ilsoumettrait toute son équipe à untest. Peine perdue. Dès le lende-main, dix de ses joueurs étaientcontrôlés à la demande de la direc-tion régionale de la jeunesse et dessports d’Ile-de-France (le Mondedu 25 octobre).

« Le hasard a voulu qu’une mis-sion de contrôle des joueurs du PSGait été décidée bien avant qu’on ap-prenne le cas Guérin », nous avaitalors confié Jean Poczobut, conseil-ler auprès du ministre de la jeu-

nesse et des sports. Au ministère,on répète qu’« aucune fédération etaucun club n’est spécialement visépar les contrôles. Le PSG pas plusqu’un autre. »

Pour rassurer, Charles Biétry ex-plique que le club a, depuis un mo-ment, pris les devants en matièrede lutte contre le dopage : « Il y alongtemps déjà que nous pratiquonsdes contrôles internes, et on va conti-nuer. Toutes les sections sont surveil-lées. Je peux même vous avouer qu’ily a deux ans j’ai moi-même mis desjoueurs contrôlés positifs sur latouche sans le révéler à personne. AuPSG, on ne plaisante pas avec ça. »

Pour éviter la psychose, cette po-litique de prévention se généralise.Vendredi 24 octobre, le présidentdu Comité national olympique etsportif français Henri Sérandour, aannoncé que tous les athlètes fran-çais retenus pour les JO d’hiver deNagano (février 1998) subiraient uncontrôle, tandis que le président dela Fédération française de rugby,Bernard Lapasset, affirmait qu’unsystème antidopage complémen-taire à celui du ministère allait êtremis en place pour tous les clubs dugroupe A.

M. D. (avec P. Ce.)

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20 / LE MONDE / DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 A U J O U R D ’ H U I - A U T O M O B I L E

Accrochage fatalAux Etats-Unis, les accidents de la routepeuvent être d’un genre très particulier.Selon l’Association automobile américaine(AAA), les victimes de différends entreautomobilistes sont légion. L’Association aenquêté sur 10 037 accidents consécutifs àl’une de ces altercations qui dégénèrent etpour lesquelles on estime à quelque 1 500 lenombre de morts et de blessés qu’ellesprovoquent chaque année. En général, ces règlements de compte sefont à l’arme à feu. L’AAA cite le cas de cetimpatient à la gâchette facile qui a abattuun étudiant parce qu’il ne parvenait pas àarrêter l’alarme de sa Jeep. Toutefois, on

signale aussi que des froissements d’ailespeuvent se terminer par des tirs d’arbalèteou par des bagarres à coups de club de golf.Il arrive également qu’on lance le véhiculelui-même contre les autres voitures, lespiétons, les policiers (quarante-sixreprésentants des forces de l’ordre blessésou tués), voire des bâtiments publics ouprivés.Il ne s’agit pas toujours d’une automobile.On relève des attaques à la pelleteuse, aubus et même au char d’assaut (dont celuiqui l’avait détourné a dû être abattu).Conflits de priorité et disputes de parkingconcourent à libérer cette agressivité auvolant qui sert aussi de révélateur auracisme ordinaire. Les fauteurs de trouble ?Selon l’AAA, ils viennent de tous les milieux,

y compris les plus favorisés, même si l’onnote une prédominance « d’hommes plutôtjeunes, d’un niveau socio-éducatif assez bas,avec des antécédents judiciaires pour violencesayant souvent eu, peu de temps avant, unrevers émotionnel ou professionnel ».Dans un fascicule intitulé Conseils pourgarder son calme, le Royal Automobile Clubbritannique formule une recommandationpleine de bon sens : « Chaque fois que vousêtes tenté de descendre de voiture, comptezlentement jusqu’à dix en respirantprofondément. » Le conseil s’adresse avanttout aux hommes. Parmi les 10 037 caspassés au crible, l’AAA n’en a relevé que 413dans lesquels l’agresseur était une femme.

J.-M. N.

Une batterie placée juste devant la roue arrière alimenteun moteur électrique implanté au-dessus du pédalier.

DR

DÉPÊCHESa PERMIS : les stages permet-tant de récupérer des points reti-rés à la suite d’une infraction sontconsidérés comme « une expé-rience bénéfique » par 89 % des sta-giaires. Ce chiffre provient d’uneenquête menée auprès de1 500 personnes par la Préventionroutière et réalisée un an et demi àdeux ans après le stage. a ÉTHYLOTEST : la préfecturedes Côtes-d’Armor lance, du 3 au30 novembre, une « opérationéthylotest » destinée à « sensibili-ser les conducteurs à la nécessité del’autocontrôle ». Dans le départe-ment, un éthylotest à prix réduit(100 francs) sera proposé aux millepremiers acheteurs d’un véhiculeneuf.a VOLVO : deux versions turbode 200 chevaux viennent enrichirla gamme des S 40 (berline) etV 40 (break). Baptisés T 4, ces mo-dèles (à partir de 170 000 francs)permettent d’élargir la gamme etde « muscler » l’image de marquede Volvo.a MAZDA : la nouvelle 626, pre-mier modèle de la marque japo-naise spécialement adapté à l’Eu-rope, sera commercialisée à partirde novembre. Le tarif de cettelongue (4,57 mètres) berline cinqportes disponible en versions1,8 litre et 2-litres débute à103 500 francs.a 4 × 4 : Subaru lance le Forester,un 4 × 4 de tourisme à quatre rouesindépendantes animé par un mo-teur deux-litres essence, au prix de152 900 francs.a TOURISME : les principauxéditeurs européens de tourisme(Hachette, pour la France) ont dé-cidé de former un consortium afinde proposer des bases de donnéesdestinées aux systèmes de naviga-tion embarquée. Ils fourniront desinformations touristiques mises àjour destinées aux automobilisteséquipés du matériel de réception.

Yamaha propose le pédalage assisté par batterie électriqueIL PÈSE son poids (28 kilos),

mais, dès le premier coup de pé-dale, on oublie tout. Le PAS (Po-wer Assyst System) de Yamaha estun vélo à assistance électrique quioffre au cycliste une aide discrètemais précieuse. De 0 à 15 km/h, unpetit moteur exerce sur l’axe dupédalier un effort égal à celui exer-cé par les mollets. La formule« aide-toi, le PAS t’aidera » fonc-tionne ensuite de manière décrois-sante pour cesser au-delà de24 km/h.

Doté de quatre vitesses inté-grées dans le moyeu et comman-dées par une poignée, le PAS seracommercialisé à partir du 15 no-vembre. Une batterie au cad-mium-nickel de 24 volts placéejuste devant la roue arrière ali-mente un moteur électrique de235 Watts implanté au-dessus dupédalier. L’autonomie varie, selonla charge et le profil de la route, de30 à 40 kilomètres et il fautcompter trois heures et demiepour recharger la batterie, dont lepoids n’excède pas 3,8 kilos.

On peut facilement l’extraire ducadre pour la connecter sur lechargeur, qui se raccorde à uneprise de courant classique. Le PASn’est pas le premier vélo à péda-lage assisté, mais sa structure– notamment la disposition dumoteur, qui abaisse le centre degravité – représente un net pro-grès. Son maniement est aisé (uninterrupteur, des diodes pour indi-quer le niveau de charge, un sys-tème de verrouillage) et sa lignetrès citadine est plutôt jolie, avecpetit panier à l’avant et porte-ba-gage à l’arrière.

Fondé sur l’idée que le vélo se-rait encore plus pratique s’il ne fal-lait pas pédaler, cet engin fera sou-rire les infatigables vélocipédistesdu dimanche. Reste que ceux quisont attirés par le vélo ne sont pastous des cyclistes dans l’âme.L’ambition de PAS est précisémentde redonner envie de faire de la bi-cyclette aux quadragénaires quitiennent les montées en horreur etredoutent d’arriver tous les matinsau bureau en nage. A un moment

où le nombre de déplacements àbicyclette dans la capitale auraitété multiplié, selon les dernierscomptages de la mairie, par cinq,passant de 1 % à 5 % (Le Monde du22 octobre).

Les avantages de l’assistancesont manifestes. Au feu rouge,plus besoin de se dresser sur le pé-dalier. On ne zigzague pas au dé-marrage et l’on « enroule » avecune facilité inattendue. Le PAS nepermet pas d’avaler les raidillonsen sifflotant, mais il soulage sen-siblement les mollets dans lesmontées et, lorsque le vent soufflede face, il exerce un méritoire effetpositif sur le moral du cycliste.Toutefois, mieux vaut ne pas cher-cher à pousser son avantage. Apartir de 25 km/h, le PAS, privé deses pouvoirs électriques,commence progressivement àfaire sentir son poids, supérieurd’une dizaine de kilos à celui d’unebicyclette classique.

La question, désormais, est desavoir s’il existe réellement desperspectives pour un vélo magiqueà plus de 7 000 francs. Yamaha, quien a déja vendu 240 000 au Japondepuis 1994, évalue le marchéfrançais entre 8 000 et 10 000 uni-tés dès 1998. Cycl’Europe, qui adiffusé 500 unités de son Vélectronen sept mois, table sur un chiffremoins optimiste (pas plus de3 000 « électrocyclistes » l’an pro-chain). En mars, apparaîtra le Ve-lectron 2, un modèle très prochedu PAS (28 kilos, 4 vitesses, 35 ki-lomètres d’autonomie) commer-cialisé au prix d’environ8 000 francs. Sa cible est parfaite-ment identifiée : les femmes deplus de cinquante ans.

J.- M. N.

. Yamaha PAS. Prix : 7 590 francs.

Le vrai chic coréen visela raison avant le cœurPremière Daewoo haut de gamme,la Leganza est plutôt une réussite

DAEWOO est un constructeursans complexes. Ce vaste conglo-mérat, plus connu jusqu’alors pourses fours à micro-ondes et seschantiers navals que pour ses au-tomobiles, a vendu 30 000 voituresen France depuis 1995. Daewoo leroturier n’a pas de susceptibilité deblason ; ses modèles, largementdépassés, sont vendus à des prixdéfiant toute concurrence. LaNexia, qui réalise le plus clair desimmatriculations, est une ancienneOpel Kadett et l’Espero découle dela première génération de l’OpelVectra. Et cela marche assez bien.

Très à son aise dans la guerre desprix, la marque diffuse chez nousdeux fois plus de voitures(12 500 l’an dernier) que le numéroun coréen Hyundai qui commer-cialise des modèles moins datés etplus « branchés » (le coupé et lebreak Lantra, par exemple).

Ce positionnement exclusif enbas de gamme ne pouvait pas du-rer éternellement. Attirée par lesmarges plus importantes que pro-cureraient des modèles plus chers,

l’industrie automobile coréenneréalise aussi qu’elle ne peut plusjouer sur le seul coût de sa main-d’œuvre qui augmente tendanciel-lement sous la pression de ses sala-riés. La Leganza, premier haut degamme coréen importé en Europe,reflète donc un virage important etrisqué. Ce modèle suscite d’autantplus de curiosité qu’il s’agit – avecles récentes Lanos et Nubira, deuxvoitures moyennes – d’une« vraie » Daewoo puisqu’elle n’estpas dérivée d’un ancien modèleGeneral Motors.

ASPECT ITALIENAttendue au tournant, la Legan-

za tire assez bien son épingle dujeu. Proposée à 134 900 francs,cette voiture, grande à l’extérieur(4,67 mètres) et spacieuse à l’inté-rieur, marque un net progrès encomportement routier comme enqualité de fabrication. Conscientde certaines de ses limites, Dae-woo s’en est remis à des parte-naires expérimentés. Le style de laLeganza est signé Italdesign, le bu-

reau animé par le maestro Giorget-to Giugiaro.

L’épure générale est d’inspira-tion très italienne, mais on re-trouve des éléments esthétiquespropres à la culture automobile co-réenne, très versée dans le « biodesign » et ses formes envelop-pantes. Best-seller sur son marchénational, cette voiture plus longuede vingt centimètres qu’une Mer-cedes classe C est, aussi, très co-réenne dans sa façon de faire« cossu », avec sa grosse calandrerecouverte de (faux) chrome et son(vrai) grand coffre. Dommage quele plastique des pare-chocs soit sisensible aux rayures.

Bien agencé, l’habitacle n’est pasun modèle d’ergonomie, mais il enremontre aux japonaises qui n’ont

jamais vraiment percé dans cettecatégorie. La Leganza est agréableà vivre : matériaux de bonne quali-té, finition en progrès, instrumen-tation complète sans être surchar-gée, sièges à multiples réglages etpetits raffinements (comme le pla-fonnier qui s’éteint progressive-ment lorsque l’on ferme le véhiculede l’extérieur). A l’arrière, les pas-sagers ne manquent pas d’espaceet la dotation en équipements estgénéreuse (climatisation, doubleairbag, ABS, lecteur CD, directionassistée).

Au volant, la Leganza ne té-moigne pas d’un caractère volca-nique. Son moteur, conçu avec leconstructeur australien Holden, fi-liale de General Motors, est undeux-litres de 133 chevaux assez

placide avec des rapports de boîteassez longs. Un tantinet bruyantsur autoroute, il est aussi un peugourmand (9,2 litres en moyenne,selon le constructeur). Point faibledes voitures coréennes lorsqu’onles rudoie, le comportement rou-tier de la Daewoo n’inspire cettefois aucune défiance. La voiturereste bien en ligne et sa suspensionsouple n’est pas spongieuse.

« ACHAT RÉFLÉCHI »Tout cela ne saurait pourtant

suffire à assurer un succèscommercial. Ces temps-ci, lesgrosses voitures se vendent mal.Ainsi, pour faire reprendre descouleurs à sa 605, Peugeot a dûabaisser son prix de 25 000 francsen le portant à 135 000 francs pour

la série limitée Pleiade, soit prati-quement le tarif de base de la Le-ganza.

Autre difficulté : dès qu’il pro-pose des modèles un peu chics, lacrédibilité d’un constructeur dé-pend avant tout de ses quartiers denoblesse. Daewoo, venu à l’auto-mobile en 1970 et qui ne disposepas d’une généalogie très étoffée,va donc jouer un air connu, celuide « l’achat réfléchi » . Efficacepour vendre une voiture de50 000 francs, cet argumentaire lesera-t-il pour un modèle trois foisplus cher ? « Aujourd’hui, le seulbudget que les ménages ne maî-trisent pas est le budget automobile.Aussi, allons-nous leur proposer unensemble de services pour que leurachat soit rationnel », plaide-t-onchez Daewoo.

Outre l’habituelle garantie detrois ans ou 100 000 kilomètres, lespropriétaires d’une Leganza pour-ront, sous certaines conditions, bé-néficier pendant un an d’une assu-rance tous risques pour la modiquesomme de 100 francs ou de troisannées d’entretien gratuit. Aprèstout, des firmes aussi respectablesque Jaguar et Alfa Romeo viennentelles aussi de lancer des opérationsdu même genre.

Jean-Michel Normand

. Daewoo Leganza (9 cv), à partirde 134 900 francs (version SX) et144 900 francs (CDX). Disponibleen boîte automatique(10 000 francs supplémentaires) et,début 1998, en motorisation GPL.

Une création, pas une copie d’un ancien modèle Opel, comme d’autres voitures de Daewoo.

DR

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PRÉVISIONS POUR LE Ville par ville, les minima/maxima de température et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; C : couvert ; P : pluie ; * : neige.FRANCE métropole AJACCIO BIARRITZ BORDEAUX BOURGES BREST CAEN CHERBOURG CLERMONT-F. DIJON GRENOBLE LILLE LIMOGES LYON MARSEILLE

NANCY NANTES NICE PARIS PAU PERPIGNAN RENNES ST-ETIENNE STRASBOURG TOULOUSE TOURS FRANCE outre-mer CAYENNE FORT-DE-FR. NOUMEA

PAPEETE POINTE-A-PIT. ST-DENIS-RÉ. EUROPE AMSTERDAM ATHENES BARCELONE BELFAST BELGRADE BERLIN BERNE BRUXELLES BUCAREST BUDAPEST COPENHAGUE DUBLIN FRANCFORT GENEVE HELSINKI ISTANBUL

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26 OCTOBRE 1997

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4/14 S 8/15 S4/12 S4/12 N2/15 S3/12 N4/16 S

5/12 C5/16 S3/15 S

11/19 S

6/15 S 3/11 C

10/20 S5/13 S7/20 S9/20 S

6/14 S5/15 S 4/12 C 8/20 S3/13 S

24/31 P 26/31 N 19/24 N

14/20 S 10/16 S 4/11 C

20/27 N

25/31 S 25/31 P

6/10 S 1/11 N 1/5 N 2/10 C 6/11 C -5/10 S 2/10 N -2/4 S 7/10 S 3/9 C

5/13 C -6/-3 C 8/10 C

6/16 S 11/22 S 4/10 C

5/10 S 5/11 S

-3/1 * 17/21 S

-4/0 * 3/6 N 7/17 S -6/3 S

11/23 C -1/4 N 5/17 S

17/26 S -6/8 S -3/-2 C -6/1 S

16/21 S -4/2 *

3/5 P 26/30 P 12/23 P 21/31 C

5/13 S 2/7 C

16/23 C 14/20 S 8/24 S -4/5 S

9/16 C 12/17 N 13/19 C -2/6 C

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14/25 S 26/31 S 23/28 P

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27/32 P 24/32 S 26/31 N 23/32 S 23/31 N 22/27 C 18/28 S 17/27 C 6/15 S 4/14 S

26/32 C 18/25 S 13/18 S

26 OCTOBRE 1997

A U J O U R D ’ H U I LE MONDE / DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 / 21

MOTS CROISÉS PROBLÈME No 97236 ÉCHECS No 1763

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

HORIZONTALEMENTI. Triangle de sustentation. – II.

Tours de poitrine. Entrer en action. –III. Deviennent amoureux quand onles chauffe. Le seigneur des anneaux.– IV. Tombés bien bas. Petite répu-blique de la Fédération de Russie. –V. Son monstre nage en eauxtroubles. Extraite de la houille, elledonne des couleurs à la vie. – VI. Entout cas, il faut le faire pour briller. –VII. Remise en mémoire. En principedans la pensée chinoise. – VIII. Lais-sèrent de côté. Petit ou grand, il estde la deuxième génération. – IX. Allu-mée par un bout. La plus grosse a prisplace à la Cité des sciences. Boutd’ébène. – X. Illustre le l vertical et

coule en Bretagne. Se mange par laracine ou par les branches.

VERTICALEMENT1. Réconcilie tous les lecteurs,

qu’ils soient de gauche ou de droite. –2. A pleine voix. Repère pour lemarin. – 3. Accessoire sur la moto-

cyclette. – 4. Premières couverturessociales. Parti. – 5. Ancienne capitaledu Roussillon. Mathématicien alle-mand. – 6. Madame Claude à Rome.– 7. Prend la tête. Algue. – 8. La plusgrande ville d’Afrique. Préposition. –9. Douce pour l’artiste, fine chez lemodèle. Donne la mesure en déci. –10. Moi, encore moi, toujours moi. –11. Vient d’avoir. Révolution. A euune prise de bec. – 12. Formulemagique pour arroser la terre entière.

Philippe Dupuis

SOLUTION DU No 97235HORIZONTALEMENT

I. Modus vivendi. – II. ESO. Taxa-tion. – III. Germaniser. – IV. Armo-rias. Vit. – V. Laid. Amati. – VI. Oirai.Planta. – VII. Pe. Lucre. – VIII. Oseille.Este. – IX. Steeple. Vu. – X. Entes.Adémar.VERTICALEMENT

1. Mégalopole. – 2. Oseraies. –3. Dormir. Est. – 4. Modalité. – 5. Star.Iules. – 6. Vania. Clé. – 7. Ixia. Prépa.– 8. Vassale. Ld. – 9. Eté. Ma. EEE. –10. Nirvanas. – 11. Do. ITT. TVA. –12. Initiateur.

g SOS Jeux de mots :3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min).

TOURNOI DE TILBURG (1997)Blancs : J. Polgar.Noirs : A. Chirov.Partie espagnole.

1. é4 é52. Cf3 Cç63. Fb5 a64. Fa4 Cf65. 0-0 b5 (a)6. Fb3 Fç5 (b)7. a4 (c) Tb8 (d)8. a×b5 (e) a×b59. C×é5! C×é5

10. d4 F×d411. D×d4 d612. f4 Cç6 (f)13. Dç3 Cé7 (g)

14. Ta7 (h) ç5 (i)15. é5! Cf-d5 (j)16. F×d5 (k) C×d517. Dg3 0-018. Cç3 Cé7 (l)19. é×d6! Cf5 (m)20. Df2 Db6 (n)21. Tç7! Cd4 (o)22. f5!! (p) b4 (q)23. f6!! (r) g6 (s)24. Cd5! D×d625. Cé7+ Rh826. Fh6! (t) abandon (u)

NOTESa) Evitant les deux grands sys-

tèmes (ouvert après 5..., C×é4 et fer-mé après 5..., Fé7), Chirov joue unevariante peu connue qui lui estchère (5..., b5 et 6..., Fç5 ou 5..., Fç5).

b) Ou 6..., Fb7 ; 7. Té1, Fç5 ; 8. ç3,d6 ; 9. d4, Fb6.

c) 7. C×é5 est une autre possibili-té : 7..., C×é5 ; 8. d4, F×d4 ; 9. D×d4,d6 ; 10. f4 (ou 10. ç4, ou 10. ç3), ç5 ;11. Dç3, C×é4 ; 12. f×é5! , C×ç3 ; 13.F×f7+, Rd7 ; 14. C×ç3, Fb7 (si 14...,d×é5 ; 15. Fé3) ; 15. Ff4, Dé7 ; 16. é6+,Rç7 ; 17. Ta-d1, Ta-d8 ; 18. Td5!, h6 ;19. T×ç5+, Rb8 ; 20. Cd5, F×d5 ; 21.T×d5 suivi de Tf-d1, avec avantageaux Blancs malgré la perte de la Dcontre deux C et un pion.

d) Ou 7..., Fb7 ; 8. d3, d6 ; 9. Cç3,b4 ; 10. Cd5.

e) Après 8. ç3, d6 ; 9. d4, Fb6 ; 10.Ca3, Fg4 ; 11. a×b5, a×b5 ; 12. C×b5,0-0 ; 13. Fç2, d5.

f) Ou 12..., Cé-g4 ; 13. é5, ç5 ; 14.Dd1, d×é5 ; 15. D×d8+, R×d8 ; 16.f×é5!

g) Après 13..., Fb7 ; 14. é5, Cé4 ; 15.Dé3, Cé7 ; 16. f5!, d×é5 ; 17. Cç3,C×ç3 ; 18. b×ç3, 0-0 ; 19. f6!, g×f6 ; 20.Fa3, les Blancs ont un avantage dé-cisif.

h) La continuation 14. é5, Cé4 ; 15.Dé3, Cç5 ; 16. é×d6, D×d6 ; 17. Té1,Fé6 ne donne que l’égalité.

i) 14..., Fb7 est aussi à envisager.Dans la partie Ye Jiangchuan-Tka-chiev (Genève, 1997), les Noirsprirent l’avantage après 15. f5, 0-0 ;16. Fg5, C×é4 ; 17. Dé3, C×g5 ; 18.C×g5, d5 ; 19. f6, Cg6 ; 20. h4, ç5 ; 21.h5, ç4.

j) Chirov refuse maintenant 15...,Cé4, craignant peut-être la suite 16.Dé3, d5 ; 17. T×é7+, R×é7 (si 17...,D×é7 ; 18. F×d5) ; 18. f5.

k) Si 16. Dg3?, Cf5! et 17..., ç4.l) 18..., C×ç3 ; 19. b×ç3, Ff5 ; 20.

é6!, F×é6 ; 21. f5! avec une forte at-taque.

m) Et non 19..., D×d6? ; 20. Td1!n) 20..., D×d6 perd le pion ç5

après 21. Cé4.o) Et non 21..., ç4? ; 22. D×b6,

T×b6 ; 23. d7.p) L’ouverture de la diagonale ç1-

h6 donne aux Blancs d’énormesperspectives tactiques. Le pion d6est défendu : si 22..., D×d6? ; 23. Ff4!

q) Si 22..., C×f5? ; 23. T×ç8! et 24.D×f5. Si 22..., F×f5 ; 23. Ff4 (et non23. Cd5, D×d6 ; 24. Cé7+, Rh8 ; 25.Ff4, D×f4! ; 26. D×f4, Cé2+ et 27...,C×f4), Fé6 ; 24. Cé4, Tb-ç8 ; 25. ç3,T×ç7 ; 26. D×ç7, Cb3 ; 27. Td1 avecun net avantage.

r) Et non 23. Cd5, D×d6! ; 24.

Cé7+, Rh8 ; 25. Ff4, D×f4! suivi de26..., Cé2+ et de 27..., C×f4.

s) Si 23..., b×ç3 ; 24. f×g7, R×g7 ;25. Tç×f7+. Si 23..., D×d6 ; 24. f×g7.

t) Une sortie efficace qui menace27. Fg7 mat.

u) Si 26..., Tg8 ; 27. Fg7+, T×g7 ;28. f×g7+, R×g7 ; 29. D×f7, Rh6 ; 30.C×ç8, etc.

SOLUTION DE L’ÉTUDE No 1762V. POMOGALOV (1973)

(Blancs : Ra8, Pç7 et f6. Noirs :Rh6, Fa6, Pa5 et d6. Nulle.)

1. Ra7, Fç8 ; 2. Rb8!, Fé6 ; 3.ç8=D!, F×ç8 ; 4. Rç7!!, Rg6 ; 5.R×d6!, R×f6 ; 6. Rç5 nulle.

Si 4. R×ç8, Rg6 ; 5. Rd7, R×f6, etles Noirs gagnent.

ÉTUDE No 1763K. TATTERSOLLS (1910)

a b c d e f g h

8

7

6

5

4

3

2

1

Blancs (2) : Rç2, Pb2.Noirs (2) : Rf6, Pa4.Les Blancs jouent et gagnent.

Claude Lemoine

Un carnaval celte naturalisé américainFruit de la rencontre entre tradition celte et chrétienne, Hallo-

ween est la déformation de « All Hallows Eve » (veille de tous lessaints). Dans l’ancien calendrier celtique, cette fête marquait la findes récoltes et le début de la nouvelle année. Le soir, les esprits desancêtres étaient de sortie et l’on allumait de grands feux pour lesguider et les réchauffer. Sorcières, fées et lutins en profitaient aussipour jouer des tours : il fallait donc les effaroucher, par exemple eninstallant une bougie dans une citrouille (« Jack’o’lantern ») sur la-quelle on découpe des yeux, un nez et une bouche. Tradition auxEtats-Unis, où les immigrants irlandais l’ont installée, Halloween estl’occasion d’organiser des processions exubérantes où le mauvaisgoût est de rigueur. Traditionnellement, les enfants vont de maisonen maison pour qu’on leur offre des friandises.

La célébration de Halloween se répand dans l’HexagoneDIFFICILE, cet automne,

d’échapper à Halloween. Ci-trouilles décorées et grimaçantsmasques de sorcière envahissentles vitrines alors que les anima-tions commerciales se multiplientà l’approche de cet événement quele calendrier fixe au 31 octobre.Fête populaire aux Etats-Unis et enGrande-Bretagne, Halloweencommence à prendre racine enFrance. Cette année, une nouvelleétape paraît avoir été franchie.

Logiquement, les grandes en-seignes anglo-saxonnes ont été lesplus promptes à mettre en scène cecarnaval d’automne issu de la tra-dition irlandaise. Marks & Spencervend des sucreries spéciales, Dis-neyland Paris « se met à l’heure desrevenants » du 25 octobre au 2 no-vembre, le distributeur de jouetsToys’R’Us fait de même et proposemaquillages et déguisements, laplupart des restaurants McDo-nald’s organisent des animations,et la chaîne Habitat offre aux en-fants confiseries et spectacles demarionnettes.

Les entreprises françaises n’hé-sitent pas, de leur côté, à fêter Hal-loween, mais prennent soin d’in-sister sur ses origines celtes,comme s’il s’agissait de se justifier.Tous les magasins des Galeries La

fayette, du Bon Marché et du Prin-temps, à Paris, ainsi que nombrede grandes surfaces – mais aussides boulangeries qui vendent le« gâteau Halloween » ou desmarques de champagne comme laVeuve Clicquot, qui sort une édi-tion spéciale – célèbrent la ci-trouille. Jusqu’à France Télécom,qui orchestre une campagne depublicité sur ce thème et qui, pourla promotion de son service de té-léphone mobile Ola, s’approprieral’esplanade du Trocadéro les 30 et31 octobre, où elle annonce l’arri-vée de « cinq semi-remorques de ci-trouilles ».

Au beau milieu d’une période

plutôt creuse, un peu avant legrand battage de Noël, cette célé-bration est orchestrée pour relan-cer les achats. « Halloween devientune opportunité commerciale depremier ordre, souligne BabetteLe Forestier, directrice des étudesà la Sécodip, société qui suit lesstratégies de la grande distribu-tion. C’est un véhicule promotionnelefficace, qu’il s’agisse de vendre desproduits saisonniers ou, tout simple-ment, de générer de l’animationpour améliorer sa notoriété. »

L’expansion de Halloween ren-contre l’hostilité de ceux qui n’yvoient qu’une mise en scène mer-cantile et superficielle, un signe

supplémentaire de l’américanisa-tion de la culture française. AuxEtats-Unis, les intégristes catho-liques accusent Halloween lapaïenne d’apparaître comme unenégation de la fête de la Toussaint,célébrée le lendemain. Pourtant,ce folklore importé – dont l’un desatouts est d’être particulièrementapprécié des enfants, dont on saitl’influence qu’ils exercent sur laconsommation – ne se limite pasau seul univers commercial. Çà etlà, il commence à s’intégrer dansles traditions de quelquescommunes (davantage, semble-t-il, dans l’Ouest que dans l’Est, oùl’on préfère la Saint-Nicolas) etfait même son entrée dans cer-taines écoles.

Organisée dans le quartier Bouf-fay, en plein centre de Nantes,pour la première fois en 1995, lafête de Halloween devrait recevoircette année quelque 40 000 visi-teurs. Au programme : défilé dansles rues, enfants maquillés,commerçants déguisés. La journéese termine avec une tournée desmaisons et des magasins par lesécoliers qui, comme le veut la tra-dition, lancent la formule « Trickor treat » (« une farce ou unefriandise »).

« Les enfants attendent Hallo-

ween avec impatience. Pour eux,c’est une occasion de faire la fêteavec leurs parents », souligne An-nabelle Moreau, présidente del’association organisatrice de cesfestivités. On célèbre aussi Hallo-ween en grande pompe à La Selle-sur-le-Bied, un petit village prochede Montargis (Loiret), au Muy(Var), où les préparations à basede citrouille et autres cucurbita-cées sont depuis longtemps desspécialités locales, mais aussi à Va-rin, près de Saumur (Maine-et-Loire).

LE GOÛT D’AVOIR PEURDes enseignants s’intéressent

aussi à cette fête. « Halloween estl’occasion rêvée d’établir un lien di-rect entre l’enseignement de l’an-glais et la civilisation anglo-saxonne. En plus, expliquer à desélèves de CE 1 que cette fête mar-quait, chez les Celtes, le début del’année nouvelle permet decomprendre que le découpage dutemps peut varier selon l’époque etla civilisation », insiste Judith, pro-fesseur des écoles en région pari-sienne. Et les psychologues ob-servent que le folklore de cettefête s’accorde parfaitement avec lepenchant des enfants pour « toutce qui fait peur ». La collection

best-seller chez les 8-12 ans s’ap-pelle « Chair de poule »...

« Halloween répond aussi à unedemande des adultes, et ce succèss’intègre à un contexte plus généralde regain des fêtes traditionnelles,considère pour sa part AnneMontjaret, sociologue au CNRS.Depuis plusieurs années, tout ce quipeut y ressembler s’apparente à unerecette à succès. D’où une nette ten-dance à la revitalisation des foires etautres kermesses mais aussi, d’unecertaine manière, des bizutages. »

La fête de la citrouille ne serait,au fond, qu’une raison supplé-mentaire de sortir de la grisaille duquotidien, au moment de l’annéeoù la nuit gagne sur le jour.

Numéro un mondial de la fabri-cation de masques, accessoires dedéguisement, cotillons et autresfaux-nez, le groupe César, qui réa-lise l’essentiel de son chiffre d’af-faires (27 millions de francs) au-tour de la mi-Carême et de Mardigras (pas moins de quatre-vingt-dix villes françaises organisent leurpropre carnaval), semble avoir étépris de court par l’emballementpour Halloween et se trouve, cetautomne, en rupture de stock. Vic-time des sorcières et des farceurs.

J.-M. N.

Situation le 25 octobre à 0 heure TU Prévisions pour le 27 octobre à 0 heure TU

LE CARNETDU VOYAGEUR

a CONGO. Après avoir annulépour la quatrième semaine consé-cutive son vol hebdomadaire dusamedi 25 octobre qui assure, audépart de Paris, la liaison avecKinshasa, la compagnie Air Francea annoncé qu’elle n’effectuera plusce vol jusqu’au milieu du mois dejanvier 1998. Les deux autrescompagnies mondiales établies àKinshasa, Swissair et Sabena, ontmaintenu leurs navettes vers la ca-pitale de la République démocra-tique du Congo, au rythme dedeux à trois vols par semaine.a ÉTATS-UNIS. La compagnie aé-rienne United Airlines propose,jusqu’au 31 mars 1998, des prix trèsbas pour des destinations auxEtats-Unis sous certaines condi-tions. Elle annonce ainsi des vols àdestination de New-York, Phila-delphie ou Boston pour 2 429 F,pour Washington à 2 929 F et pourSan Francisco à 3 561 F. Rensei-gnements au 01-41-40-30-30.

Soleil dominantUN VASTE ANTICYCLONE est

centré au nord des îles Britan-niques. Il influencera, dimanche,le temps de nos régions, avecdes bancs de brouillard le matinet du soleil l’après-midi. Toute-fois, à proximité d’une perturba-tion circulant sur le Benelux, lesnuages resteront nombreux prèsdes frontières du nord. Les tem-pératures resteront fraîches surune grande moitié nord, avecdes gelées matinales.

Bretagne, pays de Loire,Basse-Normandie. – Lesbrumes matinales se dissiperontrapidement, et le temps sera gé-néralement ensoleillé. Les tem-pératures maximales serontcomprises entre 11 et 14 degrés.

Nord-Picardie, Ile-de-France,Centre, Haute-Normandie, Ar-dennes. – Sur le Nord, le cielrestera très nuageux et sera par-fois accompagné de faiblesbruines. Sur les autres régions,après dissipation des brouillardsmatinaux, le soleil brillera large-ment. Il fera de 8 à 14 degrés.

Champagne, Lorraine, Al-sace, Bourgogne, Franche-Comté. – Sur le nord de la Lor-raine et de l’Alsace, les nuagesseront souvent présents. Ail-leurs, les bancs de brouillard sedissiperont le matin, et le soleilsera dominant. Il fera 11 ou12 degrés.

Poitou-Charentes, Aquitaine,Midi-Pyrénées. – Les bancs debrouillard et les nuages bas sedissiperont dans la matinée etlaisseront place à un large soleil.Il fera de 17 à 20 degrés.

Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes. – Les brouillards et lesnuages bas matinaux, en parti-culier le long des vallées, se dis-siperont rapidement, et le soleilbrillera de tous ses feux. Il ferade 13 à 17 degrés.

Languedoc-Roussillon, Pro-vence-Alpes-Côte d’Azur,Corse. – Malgré quelques pas-sages nuageux sur la Côted’Azur, le soleil brillera sur l’en-semble de ces régions. Il fera de19 à 23 degrés.

Page 22: o 7,50 F DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 FONDATEUR ... · sensuel, extravagant. Page 22 FIP Eclectisme, couleur et engagement au programme de la radio musicale parisienne. Page

LeMonde Job: WMQ2610--0022-0 WAS LMQ2610-22 Op.: XX Rev.: 25-10-97 T.: 10:00 S.: 111,06-Cmp.:25,11, Base : LMQPAG 38Fap:99 No:0311 Lcp: 196 CMYK

NEUROLOGUE narratif, neuro-logue à la mode, Oliver Sacks n’ou-blie jamais de rendre hommage àses pairs et surtout à ses patients.Car ce sont eux, les épileptiques,

les parkinso-niens, lesaphasiques, lestourettiens, lesachromates etles autistes,qui forment lebataillon fan-tomatique de

ses histoires. Toujours chaleureux,jamais malveillant, il refuse d’en-fermer les malades dans leur mala-die. Pour lui, l’important, au-delàdu mal et de la douleur, tient à unconstat qui en « langue vulgaire »pourrait se dire ainsi : un estropiédu cerveau n’en est pas moins unhomme à part entière.

Qu’est-ce que le normal a ?Qu’est-ce que le naturel a ? Cha-cun, du fond de sa maladie, doittrouver les ressources de sa survie.Reconstruire le monde en fonctionde ses moyens. Inventer des voiesnouvelles. De sorte que, cas parcas, Oliver Sacks, plutôt que des’apesantir sur le handicap, fait l’in-ventaire des traits positifs, des îlotsd’aptitude et des réponsescompensatoires. Ce simple dépla-cement de l’attention, induit par un

22

C U LT U R ELE MONDE / DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997

Le neurologue buissonnier chez les achromatesoptimisme galopant et un vrai dond’empathie, éclaire d’un nouveaujour l’activité du praticien : la mé-decine mécaniste « qui préfère lachimie aux chimères » devient in-teractive et passionnelle. Elle dé-cloisonne le physiologique, l’émo-tionnel et le symbolique. Elleconfronte l’observateur « et, parvoie de conséquence, le lecteur » àsa propre étrangeté.

Avec son nouvel ouvrage, L’Ile ennoir et blanc, Oliver Sacks tombe lablouse blanche pour aller à la ren-contre de quelques îliens du Paci-fique frappés par une étrange céci-té aux couleurs. L’équipée tienttout à la fois de l’expédition scien-tifique et de Trois hommes dans unbateau. Son regard clinique et ja-mais froid cependant se prête àmerveille aux notations sur le vif etaux impressions fugitives du bour-lingueur. Et, comme l’apprentis-sage de l’ailleurs invite à la régres-sion et à l’aveu, le voilàs’interrogeant sur les raisons deson escapade. La soixantaine pas-sée, porté par la curiosité et l’espritbuissonnier, il ne cache pas le ca-ractère personnel de l’entreprise : ilavait envie de recoller à ses mythesd’enfance.

Oliver Sacks parle de ses fascina-tions et de ses terreurs. Il fait allu-sion à sa peur panique de devenir

aveugle lorsque, momentanément,à cause de ses vilaines migraines vi-suelles, il perd le sens des couleurs.Les statues énucléées de l’île dePâques le hantent, et il se souvientd’avoir lu et relu une nouvelle deH. G. Wells : Le Pays des aveugles.Humboldt, Darwin et Melville luiinstillent la passion de la bota-nique, des îles et de l’insularité. LeMonde perdu de Conan Doyle qu’ilconnaît « quasiment par cœur » luifait caresser l’idée de devenir unautre professeur Challenger. Cesconfidences, en contrepoint du ré-cit, à peine esquissées, échappent àla complaisance. Elles ont valeurdocumentaire et générique. Nousassistons à la naissance in vitrod’un savant amoureux.

LE MONDE EN NOIR ET BLANCMais qui sont ces achromates

que Sacks va chercher au bout dumonde ? Pourquoi, flanqué de mé-decins aussi allumés que lui, vole-t-il d’île en île dans des avions pas-sablement déglingués ? Pourquoitous ces tests ? tous ces entre-tiens ? toutes ces rencontres ? L’af-faire s’éclaire au fil des pages. Sen-sibles aux luminances, auxtonalités, aux contrastes et auxmouvements, les achromates per-çoivent le monde en noir et blanc.Leur vision décolorée a la même

définition que l’écran d’un vieuxtéléviseur. Pour eux, tous les arcs-en-ciel sont gris. Or les îles de Pin-gelap et Ponape, confettis de l’ar-chipel micronésien, accusent untaux anormalement élevé d’achro-mates. Oliver Sacks entrevoit lapossibilité « dans un lieu parfaite-ment circonscrit » de mettre au jourune société invisible et inédite : uneculture achromate.

Bien sûr, le livre tente d’expli-quer les origines du mal, comme ilessaie, dans une seconde partie, dedéterminer les facteurs génétiqueset environnementaux qui seraient àl’origine d’une extraordinaire ma-ladie endémique, le lytico-bodig.Les hypothèses sont examinéesune à une et discutées. Oliver Sacksa un talent d’exposition hors ducommun et il ne se prive jamais d’yajouter un peu de burlesque. Resteque, pour lui, la maladie « qui dé-règle les sens » s’apparente à unefaçon d’être, une expérience totale.Elle pousse l’homme en ses confinset, au prix de la solitude, de la souf-france, de la mort, le révèle.

Oliver Sacks n’admire rien tantque ce qui lutte et qui survit. Il n’estpas darwinien pour rien. Il faitl’éloge de l’holoturie (le concombrede mer) et du cycas (une fougèrearborescente), qui sont des resca-pés de l’évolution. Il marie, dans la

même quête du primordial, la neu-rologie de pointe et la nostalgie dunéolithique. Il évoque avec émo-tion le carbonifère, le paléozoïqueet le jurassique. Il guette l’étincelledans l’œil de ceux qui sont ailleurs,déconnectés, étrangers, lointains,inatteignables. C’est un médecin del’arrière-monde et de la régénéra-tion. Un militant de la vie. Un écri-vain aussi.

Jacques Meunier

. L’Ile en noir et blanc (The Islandof the Colorblind and Cycad Is-land), d’Oliver Sacks. Traduit del’anglais par Ghislain Chauffour,Seuil, 320 p., 140 F.

Sept livresOliver Wolf Sacks est né àLondres le 9 juillet 1933 dans unefamille de médecins. Après desétudes de médecine à Oxford etun stage dans les hôpitauxlondoniens, il émigre auxEtats-Unis à l’âge de vingt-septans. Il s’installe d’abord enCalifornie, puis à New York, auAlbert Einstein College ofMedecine, dans le Bronx, où il estneurologue depuis 1965.b Livres. Migraine (1970), L’Eveil(1973), Sur une jambe (1984),L’Homme qui prenait sa femmepour un chapeau (1985), Des yeuxpour entendre (1989), Unanthropologue sur Mars (1995),L’Ile en noir et blanc (1996). Tousont été publiés au Seuil. Laplupart sont disponibles dans lacollection « Points-Poche ».b Adaptations. Outre la pièce dePeter Brook, L’Homme qui prenaitsa femme pour un chapeau ainspiré un opéra à MichaelNyman. L’Éveil est à l’origined’Une sorte d’Alaska, de HaroldPinter, et a été adapté au cinémapar Penny Marshall, avec RobertDeniro et Robin Williams, lequely interprète le rôle du docteurSacks. L’un des récits d’UnAnthropologue sur Mars a inspiréMolly Sweeney, pièce dudramaturge Brian Friel.

TROIS QUESTIONS À

OLIVER SACKS

1 Quelle a été votre réaction àl’idée d’une adaptation de

L’Homme qui à la scène ? J’ai été amusé, intrigué, alarmé àl’idée d’une adaptation de mon« Chapeau » à la scène, mais lapensée que ce serait Peter Brookm’assurait que le travail serait faitavec sensibilité, honnêteté et ori-ginalité.

2 Le théâtre peut-il apporterplus de réalité à la réalité ?

Oui, je pense que le théâtre peutêtre plus réel que la réalité, qu’ilpeut la concentrer, la faire ressor-

tir et en un sens en exprimer laquintessence. Je l’ai ressenti forte-ment avec Une sorte d’Alaska, lapièce de Pinter inspirée par L’Eveil.J’ai senti que Pinter (commeBrook) avait d’une manière oud’une autre deviné plus que jen’avais écrit. Et que si la patienteréelle, portraiturée dans la pièce,avait pu se voir, elle aurait dit :« Oui, c’est exactement cela ! Maiscomment l’avez-vous su ? »

3Qu’est-ce que l’expérience dePeter Brook vous a apporté ?

J’ai vu « l’expérience » de PeterBrook un certain nombre de fois,dans différents endroits, en fran-çais et en anglais, et chaque foiselle a suscité des sentiments nou-

veaux chez moi. Elle m’a paru es-sentielle dans le sens où le maté-riau clinique (qui peut paraîtreintouchable ou fondamentale-ment intime) a pu devenir entreses mains un sujet artistique adé-quat et puissant, et élargir lechamp de l’art à des zones qui luiétaient auparavant opaques. L’es-sence et l’étrangeté de certainesconditions neurologiques, la situa-tion parfois inimaginable de cer-tains patients, et la complexité desrelations entre patients et théra-peutes ont été magistralementrendues dans son travail.

Propos recueillis parJean-Louis Perrier

Peter Brook et les siens replongent dans l’univers d’Oliver SacksQuatre ans et demi après sa création à Paris, le metteur en scène reprend aux Bouffes du Nord « L’Homme qui », recherche théâtrale menée à partir

d’un livre du thérapeute anglo-américain. Une expérience unique pour les comédiens qui offrent corps et verbe aux victimes d’affections neurologiquesL’HOMME QUI, recherche théâ-trale de Peter Brook. Avec Mau-rice Bénichou, Sotigui Kouyaté,Bruce Myers, Yoshi Oida.THÉÂTRE DES BOUFFES DUNORD, 37 bis, boulevard de laChapelle, Paris, 10e . Mo La Cha-pelle. Tél. : 01-46-07-34-50. Dumardi au samedi à 20 h 30, sa-medi à 16 heures. Durée : 1 h 40.De 50 F à 110 F. Jusqu’au 31 dé-cembre.

Quatre ans et demi après sa créa-tion à Paris, Peter Brook et les siensreprennent L’Homme qui auxBouffes du Nord. Une « recherchethéâtrale » menée à partir du livredu neurologue anglo-américain Oli-ver Sacks, L’Homme qui prenait safemme pour un chapeau. Durantdeux années, la pièce a été jouéeplusieurs centaines de fois en fran-çais et en anglais. En Allemagne, enSuisse, aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Unepièce ? Non, « une expérienceunique », répètent à l’envi les comé-diens qui ont été du voyage et ontoffert leur corps et leur verbe auxvictimes d’affections neurolo-giques : amnésiques, aphasiques,parkinsoniens, tiqueurs, tourettiens.Et à leurs thérapeutes.

Ils sont quatre, qui, tous, semettent à regarder au loin, àcompter mentalement et à s’excla-mer : « Déjà ! », lorsqu’on leur de-mande depuis combien de temps ilssont fidèles à Peter Brook. Près detrente années partagées. Pour cha-cun, L’Homme qui représente da-vantage que tout autre engage-ment : « Parce que nous sommes aucœur de la tragédie. Ou de la comé-die. Cela dépend du moment et dupoint de vue où on se place », diraMaurice Bénichou ; « Parce qu’il n’ya pas de différence entre eux etnous », pousuivra Yoshi Oida ;« Parce que montrer avec clarté lamaladie exige un mélange de préci-sion et de vie intérieure, idéal pour unacteur », ajoutera Bruce Myers ;« Parce que ce n’est pas une fiction :c’est l’être humain qui se joue lui-même », concluera Sotigui Kouyaté.

C’est au cours d’une soirée àLondres que Harold Pinter éveillel’attention de Peter Brook sur OliverSacks. Dès le lendemain, le metteuren scène de La Tragédie de Carmena lu L’Homme qui prenait sa femmepour un chapeau. Curiosité inlas-sable, absence de dogmatisme, hu-manisme profond rapprochentSacks et Brook, qui pense pouvoirmettre en scène certains de ses ré-cits. Les comédiens se jettent sur ce

qu’ils voient d’abord comme desrôles excitants. Mais une premièrephase d’improvisation en présencedu neurologue les convainc qu’ilssont loin du compte. Une tentatived’adaptation de Jean-Claude Car-rière, le pilier des expériences broo-kiennes, se révèle une impasse. Dequoi attiser le désir du metteur enscène plutôt que le décourager. Ilprend la tête d’un groupe restreint,et plonge en mission dans le réel dulivre et de la neurologie.

Outre Peter Brook et la drama-turge Marie-Hélène Estienne,quatre comédiens sont de l’aven-ture : Maurice Bénichou, DavidBennent (remplacé ici par BruceMyers), Sotigui Kouyaté, Yoshi Oidaet le musicien Mahmoud Tabrizi-Zadeh, disparu depuis. Ils vi-sionnent des films, rencontrent etdiscutent avec des spécialistes. In-suffisant. Leur découverte et leurapprentissage vont s’effectuer lorsde consultations à la Salpêtrière.Pendant plus de trois mois, ils en-dossent une blouse blanche. Lesvoici à côté des médecins face aux

patients. La tension et l’attentionextrême des comédiens déplacent lecadre, et conduisent les médecins àressentir leur travail autrement.

« Quand on a mené notre travailsur la folie à Charenton, chaque ac-teur cherchait à trouver en lui-mêmele point de départ de la folie. A faire

émerger le refoulé, explique PeterBrook. On peut faire monter desimages de la folie par l’intérieur, enchauffant l’artistique à blanc. La neu-rologie, c’est le contraire. Même si oncherche à entrer dans les profondeursd’un parkinsonien, il y aura un gestetrès précis à découvrir. C’est un travail

d’observation. C’est de l’extérieur qu’ilfaut œuvrer. L’acteur doit imiter l’ap-parence, et il faut tout son talent pouracquérir la compréhension du pro-cessus. »

Lentement, les comédiens ont dé-couvert le langage de malades quideviendront parfois des proches. Ils

sont frappés, entraînés par leur vo-lonté de vivre. « Nous avons ren-contré des gens d’une force exception-nelle, témoigne Bruce Myers.Comme Ian, ce boucher anglais quis’était coupé un doigt et avait perdutoute sensation. Il ne savait plus oùétait son corps. Il tombait. Il s’est misau travail. Lorsqu’il regardait soncorps, il parvenait à le faire fonction-ner. J’ai rencontré cet homme. Il s’ex-plique avec calme et autorité. C’est unhéros, un grand guerrier. » Eux aussisont venus voir la pièce aux Bouffes.« Une drôle de sensation » pour lescomédiens « qui n’ont pas voulu tra-hir des gens qu’ils respectaient » etpour les patients, « touchés de se voirdans une autre version ».

« DES PERSONNAGES »Car il a bien fallu un moment

donné en arriver à la scène. Mettreen forme les impressions accumu-lées. Jouer. Est-ce le mot le plus ap-proprié ? Chacun a beau passer dupyjama du patient à la blouseblanche du médecin, chacun estprêt à reprendre le mot de SotiguiKouyaté : « Ce ne sont pas des rôles,pas des personnages. » Mais la piècen’en est pas pour autant documen-taire. « C’est notre témoignage sur cequ’on a vu, ce qu’on a compris de cesmalades et de leurs relations avec lesmédecins, dit Maurice Bénichou. Cen’est pas une reproduction. Sinon, onpourrait considérer les patientscomme des acteurs qui nous seraientsupérieurs. Ce sont des témoignagesde l’humain dans la vie de tous lesjours, sa richesse, sa diversité. »

Pour la « re-création », le metteuren scène et les comédiens ont opéréde nouveaux ajustements, perçuscomme des détails qui soudent plusencore le groupe. Le côté collectifd’une démarche partagée de bouten bout explique aussi leur attache-ment très particulier à ce travail.Concentration, densité, épuisement.Chaque soir, ils ont la sensation demettre en même temps leur peau etcelle d’un autre sur la scène. Et d’ensortir plus vidés qu’après lesneuf heures du Mahabharata. Maisavec l’impression d’avoir atteint,comme le dit Yoshi Oida, le plushaut du métier de comédien :« Notre travail, c’est de montrer labeauté et le mystère de l’humain.Nous devons oublier notre désir desuccès, oublier notre narcissisme,notre exhibitionnisme et ne pas tenterde séduire le public. Enlever tout cequi est décoratif, pour être plus nu.Ne pas penser au résultat, mais cher-cher le cœur de l’humain. »

J.-L. P.

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THÉÂTRE Le metteur en scènebritannique Peter Brook reprend jus-qu’au 31 décembre au Théâtre desBouffes du Nord L’Homme qui, la re-cherche théâtrale qu’il a menée à

partir du livre du neurologue anglo-américain Oliver Sacks, L’Homme quiprenait sa femme pour un chapeau.La pièce avait été créée il y a quatreans et demi à Paris et depuis, elle a

été jouée plusieurs centaines de foisen français et en anglais. b AMNÉ-SIQUES, aphasiques, parkinsoniens,tiqueurs, tourettiens, en sont lespersonnages. Les comédiens, qui ont

endossé une blouse blanche à l’hôpi-tal de la Salpêtrière pour observerdes patients, affirment avoir vécuune expérience unique. b POUR OLI-VER SACKS, Peter Brook a réalisé là

un travail essentiel. L’auteur deL’Eveil publie un nouvel ouvrage,L’Ile en noir et blanc (Seuil) : à la ren-contre de Micronésiens frappés parune étrange cécité des couleurs.

Sotigui Kouyaté (assis) et Yoshi Oida dans « L’Homme qui », recherche théâtrale de Peter Brook, d’après Oliver Sacks.

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LE MONDE / DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 / 23

Comment l’incapable Mr. Beanest devenu une star mondialeLes aventures du célibataire grimaçant sortent sur grand écran

LA FRANCE a été le dernier paysà diffuser la série anglo-saxonne(sur France 3) Mr. Bean, dont le per-sonnage principal est interprété parle désormais fameux Rowan Atkin-son. La sortie de Bean, de MelSmith, capitalise l’énorme succèsdu personnage à la télévision, pouren faire une star du grand écran.C’est la dernière initiative en dated’un acteur qui a réussi à bâtir au-tour de son nom une véritable fran-chise commerciale. Bean, le film,qui arrive sur les écrans français le29 octobre, est déjà sorti danspresque toute l’Europe. Il a réaliséun million d’entrées aux Pays-Bas,plus de deux millions en Espagne,plus de quatre millions en Grande-Bretagne, plus de cinq millions enAllemagne.

Qui est Mr. Bean ? Un sale type etun délinquant, la quintessence duparasite incapable qui transformetout ce qu’il touche en cendres etsème le désastre là où un pauvreemployeur a commis l’erreur fatalede l’engager. En Grande-Bretagne,Bean portait comme sous-titre :« The Ultime Disaster Movie » – lefilm catastrophe absolu, un signereconnaissable entre tous. RowanAtkinson repousse plus loin encoreles limites de la bêtise et de l’inca-pacité. Dans Bean, Rowan Atkin-son, dépêché, par un concours decirconstance aberrant, dans un mu-sée américain sous le titre de

conservateur d’art émérite alorsqu’il n’est qu’un gardien de muséehypersomniaque, réussit l’exploitde transformer, après plusieurs ma-nipulations malheureuses, un chef-d’œuvre de l’impressionnisme enune toile de Jackson Pollock. Mr.Bean semble porter en lui tous lessymptômes du psychopathe. C’estNorman Bates, en moins sanglantet plus drôle. Il vit dans unechambre de vieux garçon, dort encompagnie de son ours en peluche,conduit une voiture d’occasion, etne se départ jamais de son uni-forme habituel : une veste entweed, une cravate noire, et unpantalon sans forme. A cette alluredéplorable s’ajoute une mine en-core plus douteuse, où se super-posent grimaces, rictus, souriresbéats qui ont pour vertu d’interlo-quer tous ceux qui le croisent.

COMIQUE VISUELCe comique exclusivement fondé

sur le visuel – Rowan Atkinson neprononce presque jamais un mot –est à la source de son succès.« Vont-ils rire à ce que je fais enEgypte ? » est la phrase favorited’Atkinson lorsqu’il se trouve surun plateau. Mr. Bean aura été conçudès le départ pour toucher le publicle plus large possible. « Tout le suc-cès de la série, explique RichardCurtis, le scénariste de Bean avecRowan Atkinson, est fondé sur le

slapstick, c’est-à-dire un comiqueentièrement fondé sur le visuel. Cetype de comique serait un peu l’équi-valent du film d’action, le genre ciné-matographique qui s’exporte lemieux. Mais le succès de Rowan estpeut-être encore plus simple que ce-la. Il est un immense comédien, et merappelle par certains côtés lesgrandes stars du muet. En plus, la sé-rie télévisée Mr. Bean a bénéficiéd’un système de production très effi-cace qui lui a permis d’être regardéedans pratiquement tous les pays. »

Les débuts de Rowan Atkinsondans le show-business ne furentpourtant pas couronnés de succès :un one-man-show, qu’il avait mon-té à Broadway en 1986, avait été in-terrompu par manque de specta-teurs. C’est à ce moment-là qu’ildécide avec Richard Curtis de créerMr. Bean. Avec ce personnage, Ro-wan Atkinson n’aura pourtant rieninventé, puisque Mr. Bean – il necesse de le répéter – c’est lui. Lesuccès de la série est mondial. Lestreize épisodes d’une demi-heure,produits par Tiger Aspect, lacompagnie d’Atkinson, ont été ven-dus depuis 1990 dans 94 pays, dontle Venezuela et le Zimbabwe. TigerAspect dégage un chiffre d’affairesde 20 millions de livres sterling paran (190 millions de francs). EnGrande-Bretagne, la série est leprogramme vedette de la chaîneITV avec 18,5 millions de téléspec-

tateurs en moyenne. Aux Etats-Unis, Mr. Bean a sauvé, grâce à sestaux d’audience records, la chaînepublique PBS. Il est curieusementdevenu aussi une vedette des parcsd’attractions, dont les propriétairespassent sur moniteur les sketchesde l’acteur, pour calmer le publiclassé de faire la queue devant lesmontagnes russes. Les cassettes vi-déo de la série se sont vendues àplus de 8 millions d’exemplaires ; 53compagnies aériennes program-ment la série durant leurs vols ; lescarnets intimes de Mr. Bean se sontvendus à plus de 1 million d’exem-plaires, alors que Tiger Aspect s’ap-prête à lancer toute une gamme deproduits dérivés à son effigie. Ce tir

groupé fait désormais de RowanAtkinson l’artiste le mieux payé enGrande-Bretagne.

Celui-ci a pourtant beau être par-tout, il demeure toujours aussi dif-ficile à cerner, et ses apparitions pu-bliques sont très rares. Mel Brookslui a proposé de jouer dans unenouvelle version de Robin des Bois.Rowan Atkinson n’a pas dit non, àla condition de pouvoir encoretrouver le temps d’animer ses dé-bats théologiques dans l’église deson petit village, de travailler pourplusieurs associations caritatives, etde conduire son tracteur dans sapropriété.

Samuel Blumenfeld

DÉPÊCHESa ROCK : Liam et Noel Gallag-her, du groupe britannique Oa-sis, ont créé un nouveau scandale,jeudi soir 23 octobre, en faisantl’apologie de la drogue sur BBC-Radio One et en traitant de « sé-niles » les Rolling Stones et lesBeatles. « Tous ces vieux crabes quiont un problème avec moi n’ontqu’à laisser leurs cannes à la mai-son et je vais les recevoir avec unebonne droite », s’est exclamé LiamGallagher, le chanteur. Son frère,guitariste et compositeur, faisantréférence à une chanson dugroupe The Verve, The DrugsDon’t Work (« Les drogues nemarchent pas »), a proclamé : « Jedirais que la drogue, ça marche. »« Radio One s’excuse pour toute of-fense qui aurait pu être faite auxauditeurs », a annoncé un porte-parole vendredi. L’animateur del’émission a été convoqué pours’expliquer. Plusieurs députésconservateurs, outrés, ont qualifiél’attitude de la BBC d’« irrespon-sable ». L’un d’eux a réclamé quela radio ouvre une enquêteinterne.a MUSIQUE : la 15e édition deMusica a été un succès. Le festi-val de musique contemporaine deStrasbourg, qui a pris fin, à Bâle,le 8 octobre, a enregistré près de14 500 entrées, soit un taux de fré-quentation de 90 %, a indiqué sondirecteur, Jean-Dominique Marco.Le public a également connu « unrajeunissement très net » dû auxrelations étroites nouées avec leConservatoire de Strasbourg,l’université et certains collèges etlycées d’Alsace. Musica réclamenéanmoins « des moyens supplé-mentaires pour conforter sa mis-sion » : son budget n’a quasimentpas évolué en francs constants de-puis 1983 et représente la moitiédu budget d’autres festivals,comme par exemple « Octobre enNormandie », souligne Jean-Do-minique Marco dans un commu-niqué.a THÉÂTRE : les théâtres sub-ventionnés (nationaux et munici-paux) de Paris ne feront pas re-lâche pour le 1er novembre, àl’exception du Théâtre de la Villeet du Châtelet, qui seront fermés.La Comédie-Française, salle Ri-chelieu, affichera un spectacle dif-férent en matinée et en soirée et leVieux-Colombier et le StudioThéâtre seront ouverts à leursheures habituelles le samedi.L’Opéra de Paris se produira ensoirée à Garnier et Bastille, demême que trois autres théâtresnationaux, Chaillot (grande et pe-tite salle), Colline (grande salle) etl’Odéon (grande salle).

ROUENde notre correspondant

Le Théâtre des Arts (TDA) deRouen survivra-t-il en 1997 ? Lascène lyrique normande, au cœurdes polémiques depuis des années,est cette fois menacée de dispari-tion si d’ici à la fin du mois de dé-cembre aucune solution n’est ap-portée pour qu’elle retrouve unevéritable assise culturelle autantque financière. La ville de Rouenest déterminée à cesser de soute-nir à bout de bras une maisond’opéra qui lui a coûté jusqu’à40 millions de francs par an (et n’aattiré que 14 000 spectateurs en1997).

La municipalité d’union de lagauche et écologie de Rouen ad’abord tenté de convaincred’autres collectivités de participerau financement, en particulier leconseil général de Seine-Maritime,qui apporte déjà 3,5 millions defrancs par an, et le conseil régionalde Normandie, qui limite son sou-tien à 500 000 francs. Mais la ten-sion politique très forte entre cesdeux collectivités régies par ladroite et la ville de Rouen a bloquéle processus. D’un côté, CharlesRevet, président (UDF) du conseilgénéral, avançait l’argument d’unengagement déjà très importantde sa collectivité avec le festivalOctobre en Normandie, qu’il fi-

nance à hauteur de 6 millions defrancs. De l’autre, Antoine Rufe-nacht (RPR), à la tête du conseilrégional, exigeait que le maire deRouen lui soumette un projet glo-bal. L’un et l’autre renvoyaient laville de Rouen face au district del’agglomération, que préside leprésident de l’Assemblée natio-nale, Laurent Fabius (PS), député,maire de Grand-Quevilly. Collecti-vité intercommunale qui n’avaitpour mission que de gérer lestransports en commun et les sa-peurs-pompiers, le district n’a niles compétences ni la volonté poli-tique pour se lancer dans uneaventure culturelle.

Paradoxalement, l’ultime propo-sition de relance vient d’être faitepar Laurent Langlois, directeur

d’Octobre en Normandie, à la de-mande du maire de Rouen. Sonidée : la transversalité des disci-plines et des lieux. Ce qui a fait lesuccès d’Octobre, festival qui ir-rigue Rouen, Le Havre et Dieppeavec de la musique, de la danse,des rencontres directes avec les ar-tistes, peut-il être transposé à uneseule scène sur une saison en-tière ? La caractéristique du projetLanglois est justement de tirer untrait sur un Théâtre des arts exclu-sivement dédié à l’opéra, lieu decréation et de production. Il ne se-ra plus que le siège d’une nouvellestructure « de production, de diffu-sion lyrique musicale et chorégra-phique en Normandie ». LaurentLanglois lui a donné un nom :« Léonard de Vinci ».

L’ensemble quelque peu disten-du naviguerait de lieu en lieu etd’une discipline à l’autre, des têtesd’affiche viendraient tirer la nou-velle maison. Un nom est avancé :Oswald Sallaberger, jeune chef au-trichien qui s’est déjà produit àRouen. Le chœur Accentus, dirigépar Laurence Equilbey, viendraiten résidence permanente à Rouen.Le corps de ballet, que LaurentLanglois juge actuellement ina-dapté au répertoire en raison de sataille médiane, pourrait être asso-cié au Centre chorégraphique deNormandie, dirigé par FrançoisRaffinot et installé au Havre

Le projet a immédiatement pro-voqué de vives réactions des 160personnes qui travaillent auThéâtre des arts, car il sous-entend

des disparitions de postes decontractuels que personne n’est enmesure de chiffrer aujourd’hui.Une grève a obligé d’annuler unecréation à Rouen de François Raf-finot, prévue initialement auThéâtre des arts, dans le cadred’Octobre en Normandie.

RÉFERENDUMMais surtout, « Léonard de Vin-

ci » a laissé perplexes les élus poli-tiques qu’il était censé séduire. Auconseil général, M. Revet s’arc-boute sur Octobre en Normandie.Personnel et élus s’étonnent qu’unprojet chiffré à 52 millions defrancs pour 180 spectacles dansl’année puisse fédérer des parte-naires qui refusent déjà d’appuyerune scène lyrique qui coûte 40 mil-

lions de francs. A Rouen, on at-tend beaucoup d’un signal favo-rable du ministre de la culture, quele maire, Yvan Robert (PS), devaitrencontrer vendredi 24 octobre.Auparavant, Catherine Trautmannavait fait parvenir une lettre aumaire appuyant le projet deLaurent Langlois.

Les 160 salariés du TDA ont lan-cé un référendum auprès des300 000 habitants de l’aggloméra-tion rouennaise sur les projets deréforme du théâtre. Pour sa part,le directeur de l’opéra de Norman-die, Marc Adam, oublié de tous,attend une fin d’année qui signifie-ra, quoi qu’il arrive, la fin de sonaventure rouennaise.

Etienne Banzet

Rouen cherche une alternative pour sauver son opéra, objet de tensions politiques

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CORRESPONDANCE

Une lettre du groupement ArtisA la suite de notre article sur la

gestion de l’Adami (Le Monde du8 octobre), le groupement Artis asouhaité apporter les précisions sui-vantes :

Artis GEIE est un groupementeuropéen d’intérêt économique. Ilne s’agit aucunement d’une struc-ture française. Artis GEIE estcomposé de sept sociétés de sixpays de l’Union européenne : Ada-mi (France), AIE (Espagne), Dyo-nisos et Erato (Grèce), GDA (Por-tugal), Imaie (Italie), Uradex(Belgique). Le groupement doit te-nir compte de la voix de ces septsociétés, même si l’expérience etle niveau de technicité de l’Adamilui confèrent auprès des autresmembres une écoute indéniable.Par ailleurs, l’Adami finançait ef-fectivement en 1995 à hauteur de45 % le budget du groupement,contre 50 % lors de sa création.C’est un pourcentage encore élevéqui s’explique par la « jeunesse »

et l’assise financière encore fragiledes autres membres. Cette situa-tion n’a pas vocation à durer. Onne peut, dans ce contexte, parlerde société « satellite » de l’Adami.

Artis GEIE, n’étant pas une so-ciété commerciale, n’a pas voca-tion à réaliser de bénéfices. Parlerde « société déficitaire » est doncimpropre. Depuis sa création, Ar-tis GEIE a mené ou participé à plu-sieurs actions couronnées de suc-cès, dont les plus remarquablessont l’obtention de l’« exceptionculturelle » dans le cadre duGATS, la mobilisation du Parle-ment européen sur la question desquotas de diffusion des œuvreseuropéennes, lors du vote de la di-rective « Télévision sans fron-tières », et la reconnaissance àl’Organisation mondiale de la pro-priété intellectuelle (OMPI), aprèscinq ans de négociations, du droitmoral et du droit exclusif d’auto-riser de l’artiste.

Rowan Atkinson, alias Mr. Bean.

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Alan Smithee, le fantôme le plus célèbre de Hollywood

La première étudesystématique

des discours du présidentdu Front national

« Enfin, dans ce livre,voici Le Pen pris au filetde ses propres mots »

JEAN-PIERRE FAYE

AN ALAN SMITHEE FILM était le projet decomédie de Arthur Hiller, le réalisateur deLove Story. Alan Smithee est le fantôme le pluscélèbre de Hollywood et le réalisateur le plusprolifique de sa génération. Alan Smithee estun pseudonyme. Lorsqu’un metteur en scènerefuse de signer un film parce qu’il a été re-monté derrière son dos et que son œuvre estmassacrée, il retire son nom du génériquepour le remplacer par le désormais standard« an Alan Smithee film ».

Arthur Hiller, donc, venait de finir sa satiredes mœurs hollywoodiennes, calquée sur lemodèle du Player de Robert Altman, mélanged’humour corrosif et d’ironie, où des starsfont une brève apparition, Sylvester Stalloneentre autres. Mais voilà qu’on apprend, àquelques semaines de sa sortie, qu’An AlanSmithee film sera signé par... Alan Smithee. Ar-

thur Hiller a claqué la porte, à la suite d’undifférend avec le scénariste, Joe Eszterhas, surle montage final du film. Sa comédie n’estplus la sienne et s’en va rejoindre la longuecohorte de ces films nés de père inconnu.

Ce père intéresse pourtant de plus en plusde monde, y compris des généalogistes ama-teurs. Alan Smithee serait né en 1968 avecDeath of a gunfighter, western commencé parRobert Totten et terminé par Don Siegel. Ilaura mis son nom sur plus de trente et unfilms, la version télévision de Dune de DavidLynch, Riviera, de John Frankenheimer, Back-track, de Dennis Hopper, le montage destinéaux avions de Scent of a woman, de MartinBrest, une suite pour la télévision des Oiseauxd’Alfred Hitchcock, une Histoire d’O. J. Simp-son et une œuvre de 1991, Les Pharaons su-ceurs de sang de Pittsburgh. Il ne faut néan-

moins pas confondre Alan Smithee avec unautre Alan Smithee, parfaitement identifiable,réalisateur de The Indiscreet Mrs. Jarvis, avecAngela Lansbury, une dramatique télé diffu-sée en 1955. Interrogée sur les antécédents dece monsieur, Angela Lansbury admettait nepas se souvenir de lui. Cet Alan Smithee estdonc un imposteur.

L’autre, le vrai, continue de fasciner l’intel-ligentsia américaine. L’université de Pennsyl-vanie a tenu le 27 septembre à Philadelphieun séminaire consacré à « un metteur en scènetellement reclus et insaisissable qu’il en estpresque non existant ». Parmi les sujets dis-cutés : la théorie de l’auteur peut-elle s’appli-quer à un metteur en scène qui n’existe pas ?La réponse est oui. Dans une des communi-cations les plus brillantes, consacrée à Smi-thee et la loi, Jeremy Braddock, un étudiant

de l’université de Pennsylvanie avançait lathèse suivante : « Il est facile de voir la signa-ture d’un réalisateur dans un film. Death of agunfighter est très fortement inspiré de Leone,mais il raconte l’histoire d’un shérif suicidairedont les initiatives désastreuses le mettent enporte-à-faux avec les membres de sa commu-nauté qui veulent lui retirer le pouvoir. C’est unemétaphore parfaite de la condition d’Alan Smi-thee, un metteur en scène audacieux qui veutfaire les choses à sa manière et s’en trouve pé-nalisé. »

Le prochain film d’Alan Smithee s’appelleSub down, un thriller avec Stephen Baldwin.Pour la première fois, on ne cherchera plus àsavoir qui se cache derrière ce pseudonymequi a fini par imposer sa signature.

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24 / LE MONDE / DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 C U L T U R E

SORTIR

FILMS NOUVEAUXAlors voilà,de Michel Piccoli (France, 1 h 33), avecDominique Blanc, Maurice Garrel, Ro-land Amstutz, Arno, Bernard Bloch,Pascal Elso.Chagrin d’amourde Frank Borzage (Etats-Unis, 1 h 40),avec Jeanne MacDonald, BrianAherne, Gene Raymond.Kini et Adamsd’Idrissa Ouedraogo (France, 1 h 33),avec Vusi Kunene, David Mohloki,Nthati Moshesh.Le Monde perdude Steven Spielberg (Etats-Unis,2 h 14), avec Jeff Goldblum, JulianneMoore, Pete Postlethwaite.Petite sœurde Robert Jan Westdijk (Pays-Bas,1 h 31), avec Kim Van Kooten, HugoMetsers, Roeland Fernhout.The Full Montyde Peter Cattaneo (Grande-Bretagne,1 h 32), avec Robert Carlyle, Tom Wil-kinson, Mark Addy.

TROUVER SON FILMTous les films Paris et régions sur leMinitel, 3615-LEMONDE ou tél. : 08-36-68-03-78 (2,23 F/mn)

ENTRÉES IMMÉDIATESLe Kiosque Théâtre : les places dujour vendues à moitié prix (+ 16 F decommission par place). Place de laMadeleine et parvis de la gare Mont-parnasse. De 12 h 30 à 20 heures, dumardi au samedi ; de 12 h 30 à16 heures, le dimanche.Eloge de l’ombrede Junichiro Tanizaki, mise en scènede Jacques Rebotier, avec DominiqueReymond.Théâtre des Amandiers, 7, avenue Pa-blo-Picasso, 92 Nanterre. 21 heures, le25 ; 16 h 30, le 26. Tél. : 01-46-14-70-00. 80 F à 140 F.La lune se couche (Moonlight)de Harold Pinter, mise en scène deKarel Reisz, avec Jean-Pierre Marielle,Nelly Borgeaud, Maryvonne Schiltz.Théâtre du Rond-Point Champs-Ely-sées, 2 bis, avenue Franklin-Roose-velt, Paris 8e. Mo Franklin-D.-Roose-velt. 20 h 30, le 25 ; 15 heures, le 26.Tél. : 01-44-95-98-10. 80 F à 180 F.Orchestre philharmoniquede Radio-FranceWeber : Mouvements pour orchestreà cordes op. 5. Mozart : Concertopour piano et orchestre KV 271. Bee-thoven : Symphonie no 7. Lars Vogt(piano), Günther Herbig (direction).Salle Pleyel, 252, rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris 8e. Mo Ternes.20 heures, le 25. Tél. 01-45-61-53-00.70 F à 175 F.Heinz Holliger (hautbois),Tabea Zimmermann (alto), Thomas Demenga (violoncelle),Christiane Jaccottet (clavecin)Bach : Sonate pour hautbois, alto,violoncelle et clavecin BWV 528, So-nate pour hautbois et clavierBWV 1031. Ligeti : Sonate pour altoseul. Telemann : Sonate pour haut-bois, alto et basse continue.Théâtre des Champs-Elysées, 15, ave-nue Montaigne, Paris 8e. Mo Alma-Marceau. 11 heures, le 26. Tél. : 01-49-52-50-50. 100 F.Steel PulseZénith, 211, avenue Jean-Jaurès, Pa-ris 19e. Mo Porte-de-Pantin. 19 h 30, le25. Tél. : 01-42-31-31-31. 140 F.Paco De LuciaSalle Pleyel, 252, rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris 8e . Mo Ternes.20 h 30, le 26. Tél. : 01-45-61-53-00.Location Virgin. 242 F et 275 F.Jean-Louis MuratThéâtre Grévin, 10, boulevard Mont-martre, Paris 9e. Mo Rue-Montmartre.20 h 30, le 26. Tél. : 01-48-24-16-97.143 F.

BévindaThéâtre de la Ville, 2, place du Châte-let, Paris 4e. Mo Châtelet. 20 h 30, le25. Tél. : 01-42-74-22-77. 95 F.Le Likembé Géant (Congo)The Panafrican Orchestra (Ghana)Théâtre de la Ville, 2, place du Châte-let, Paris 4e. Mo Châtelet. 17 heures, le26. Tél. : 01-42-74-22-77. 95 F.Dans la compagnie des hommesd’Edward Bond, mise en scèned’Alain Françon, avec Jean-Luc Bi-deau, Jacques Bonnaffé, CarloBrandt, Jean-Paul Roussillon...héâtre national de la Colline, 15, rueMalte-Brun, Paris 20e. Mo Gambetta.20 h 30, le 25 ; 15 h 30, le 26. Tél. : 01-44-62-52-52. 110 F à 160 F.

ANNULATIONSUB 40MC SolaarLe concert de UB 40 prévu le 3 no-vembre et ceux de MC Solaar les 6 et7 novembre au Zénith sont annulés.Zénith, 211, avenue Jean-Jaurès, Pa-ris 19e. Mo Porte-de-Pantin. Tél. : 01-42-08-60-00.

RÉSERVATIONSMeasure for measurede William Shakespeare, mise enscène de Stéphane Braunschweig(Festival d’Automne).Théâtre des Amandiers, 7, avenue Pa-blo-Picasso, 92 Nanterre. Du 4 au16 novembre. Tél. : 01-46-14-70-00.80 F à 140 F.Eclipsepar le Théâtre équestre Zingaro,conception et mise en scène de Barta-bas. Fort d’Aubervilliers, 176, avenueJean-Jaurès, 93 Aubervilliers. A partirdu 4 novembre. Tél. : 01-49-87-59-59.130 F et 220 F.La TordueL’Européen, 5, rue Biot, Paris 17e.Mo Place-de-Clichy. Du 4 au 22 no-vembre. Tél. : 01-43-87-97-13. 80 F.Brigitte FontaineAuditorium des Halles, Forum desHalles, Niveau – 2, porte Saint-Eus-tache, Paris 1e r. Du 11 au 22 no-vembre. Tél. : 01-44-68-44-08.

DERNIERS JOURS30 octobre : Les Petites Heuresd’Eugène Durif, mise en scèned’Alain Françon, avec Clovis Cornillac,Valérie de Dietrich, Aline Le Berre etAntoine Mathieu.Théâtre national de la Colline, 15, rueMalte-Brun, Paris 20e. Mo Gambetta.Tél. : 01-44-62-52-52. 110 F à 160 F.31 octobre : Nan GoldinGalerie Yvon Lambert, 108, rueVieille-du-Temple, Paris 3e. Mo Hôtel-de-Ville. Tél. : 01-42-71-09-33. De10 heures à 13 heures et de 14 h 30 à19 heures ; samedi de 10 heures à19 heures. Fermé dimanche et lundi.Entrée libre.2 novembre : Que-Cir-Queavec Emmanuelle Jacqueline, Hya-cinthe Reisch et Jean-Paul Lefeuvre.Parc de la Villette, avenue Corentin-Cariou, Paris 19e. Mo Porte-de-la-Vil-lette. Tél. : 08-03-07-50-75. 80 F à140 F. 2 novembre : AmoursFondation Cartier, 261, boulevardRaspail, Paris 14e. Mo Raspail. Tél. : 01-42-18-56-50. De 12 heures à20 heures ; jeudi jusqu’à 22 heures.Fermé lundi. 30 F.2 novembre : Tadashi KawamataChapelle Saint-Louis de la Salpê-trière, 47, boulevard de l’Hôpital, Pa-ris 13e. Mo Gare-d’Austerlitz. Tél. : 01-42-17-60-60. De 8 h 30 à 15 h 30 et de16 h 30 à 18 h 30. Entrée libre.9 novembre : Allemagne, années 80Maison européenne de la photogra-phie, 5-7, rue de Fourcy, Paris 4e .Mo Saint-Paul. Tél. : 01-44-78-75-00.De 11 heures à 20 heures. Fermé lun-di, mardi et jours fériés. 30 F.

GUIDE

PARIS

MagmaVersant électrique de la musique deChristian Vander, Magma a repris laroute avec succès. Envolées des voix,cycles hypnotiques des deux claviers, an-crage terrien de la basse et de la batte-rie et découverte d’un nouveau guita-riste, James Mac Gaw. Le groupe atoujours un large public, souvent jeune,qui ne demande qu’à se laisser envoûterpar une musique sans équivalent. Le CDKompila (Seventh records/HarmoniaMundi) pourra mettre en appétit avantd’entendre les versions épiques de DeFutura, Köhntarkösz ou Mekanïk Des-truktïw Kommandöh.Centre culturel Saint-Exupéry, 32 bis, ruede la Station, 95 Franconville. 21 heures,le 25. Tél. : 01-39-32-66-06. De 85 F à110 F.

Charles Ferdinand Ramuz, l’amour du cinémaDans le cadre des trois mois de spec-tacles, lectures, rencontres, concertsconsacrés à l’écrivain Charles FerdinandRamuz (1878-1947) au Centre culturelsuisse, une rétrospective de films adap-tés de ses œuvres débute ce week-end.Le 25 : La Grande Peur dans la mon-tagne, de Pierre Cardinal (1966), Adamet Eve, de Michel Soutter (1983), Farinet/l’or dans la montage, de Max Haufler(1938).Le 26 : Rapt, de Dimitri Kirsanoff (1933),Derborence, de Francis Reusser (1985),Jean-Luc persécuté, de Claude Goretta(1965).Centre culturel suisse, 38, rue des Francs-Bourgeois, Paris 3e . Mo Rambuteau. Du25 octobre au 2 novembre. Tél. : 01-42-71-44-50. Entrée libre sur réservation.

Aperçu de la photo japonaisePRÉSENCE JAPONAISE, Centrephotographique d’Ile-de-France,Hôtel de Ville, 107, avenue de laRépublique, 77340, Pontault-Combault. Tél. : 01-64-43-47-10.Du mardi au dimanche, de14 heures à 18 heures. Jusqu’au7 décembre.

Le titre de l’exposition est floudonc périlleux : « Présence japo-naise ». Brandir un étendardcomme sujet, rassembler quinzeauteurs, accrocher au mur unequinzaine de photographies pourchacun et le tour est joué. Côtépositif : découvrir un aperçu si-gnificatif de ce qui s’est fait au Ja-pon depuis la seconde guerremondiale ; côté négatif : prendreun pays pour fil conducteur estpeu satisfaisant tant le sujet estvaste, à moins de le centrer surune période, un mouvement, lacréation actuelle – ce qui n’estpas le cas – ou d’avoir les moyensd’un musée, pour imaginer un ac-crochage d’ampleur.

Le Centre photographiqued’Ile-de-France, installé à Pon-tault-Combault (Seine-et-Marne), n’est pas un musée maisun centre d’art voué à l’imagefixe. Il reçoit des subsides mo-destes, alloués par la ville et

l’Etat. Sylvain Lizon, jeune direc-teur des lieux, a donc fait avec lesmoyens du bord. Il a empruntédes images au Fonds nationald’art contemporain, au Muséed’art moderne de la Ville de Paris,à la Zeit Foto Gallery de Tokyo, età quelques collectionneurs pri-vés, comme Claude Berri. Maisaucune image ne provint d’unmusée japonais.

Dans ce lieu vaste et blanc, unpeu froid, les images sont accro-chées par auteur. Certains sontcélèbres, comme Ueda, Araki,Hosoe ou Moriyama. D’autrescomplètement oubliés, commeTanaka (né en 1909), au point de« ne plus avoir de nouvelles delui ». Plusieurs vivent à Paris – cequi aurait pu être une approcheintéressante : Tahara, Shiraho-ka – qui ont une certaine notorié-té en France – mais aussi Sumida,Ono et Ogasahara.

INÉDITSIl y a des images très connues,

comme le portfolio littéraire etbaroque que Hosoe a réalisé avecl’écrivain Mishima, ou quelquesextraits de la série Sand Dunes(1946-1949), de Ueda, dont lespersonnages mis en scènes, avecaccessoires, se dessinent surl’étendue blanche, bouleversent

la perspective et l’échelle, et for-ment un univers poétique prochedu surréalisme.

A l’opposé, on trouve desimages inédites, comme cellesd’un Paris ancestral, enregistréespar le jeune Tadashi Ono. Au mi-lieu ? Des hérons blancs et styli-sés pour Tanaka qui poursuiventla tradition de l’estampe anima-lière ; les écrans blancs de cinémaet les mers grises de Sugimoto ;ou les autoportraits travestis deMorimura, dans la lignée de Cin-dy Sherman...

Il est difficile, dans cet inven-taire, de dégager une sensibilitéjaponaise, tant les univers sontdistincts, tant le sage classementpar auteurs oppose plus qu’il nerassemble. Pour donner unestructure, il manque surtout Sho-mei Tomatsu, figure centrale decette photographie nippone, àpartir de laquelle, justement,nombre d’auteurs se sont déter-minés. Tomatsu a été, en 1959, undes fondateurs de l’agence Vivo,qui a imposé un nouveau styledocumentaire, éloigné du repor-tage pour les magazines. Il a for-gé son style dans le Japon duchaos, celui de la Guerre et d’Hi-roshima.

Les autres photographes pour-suivent cet héritage, quand il est

question de la confrontationentre société de consommationet tradition, des bouleversementsdu paysage urbain et natureldans un territoire étroit mais trèsdense en population.

Dans ce contexte, on retiendradeux noms méconnus, dévoilés àPontault-Combault, qui pour-suivent avec conviction cette in-terrogation du territoire. ToshioShibata offre des images contem-platives d’une grande qualité for-melle, dans la lignée d’un RobertAdams, qui abordent les altéra-tions du paysage, ce qu’elles ontde dramatique et beau à la fois :béton projeté sur la pierre pourconsolider une route, « matelas »qui serpente dans la montagnepour diriger un ruisseau, barrageen nid d’abeilles.

Motoaki Sumida, qui a long-temps vécu à Kobé, est retournédans la ville après le tremblementde terre de 1995. En vingt pay-sages carrés présentés en mo-saïque, bruts et lyriques à la fois,il reconstruit, redonne vie au ter-ritoire à partir de la pierre dislo-quée, le transforme en espace sa-cré, de recueillement, pour nepas oublier. Cinquante ans aprèsHiroshima...

Michel Guerrin

Un Pirandello sans risque ni mystère au TNP

VILLEURBANNEcorrespondance

Une bataille de théâtre des plus mémo-rables eut lieu à Rome, le 9 mai 1921, lors dela création de Six personnages en quête d’au-teur. Traité de « buffone », invité à gagner leplus proche asile de fous, l’auteur eut biendu mal à s’esquiver sans autre dommage.Quelques mois plus tard, cependant, c’enétait fini de la fureur publique : reprise à Mi-lan devant des spectateurs unanimementconquis, la pièce inaugurait une paisible car-rière de classique contemporain. Et même sitelle ou telle représentation historique a frô-lé la catastrophe, comme cette soirée per-turbée, chez les Pitoëff, par une panne dumonte-charge qui devait faire descendre descintres les « personnages », la pièce a dû sarenommée à d’autres facteurs que la sur-

prise ou le scandale. Faut-il s’en réjouir ? Onse prend à rêver par instants, devant l’im-peccable mise en scène de Jorge Lavelli, àquelque accident, dysfonctionnement ou dé-rapage qui rappellerait le risque initial prispar Pirandello. Un soupçon de laisser-aller,peut-être, dans un décor un peu moins soi-gné : un rappel, si ténu soit-il, de la précaritédu théâtre quand l’art n’y cède pas la place àla production de spectacles bien huilés.

Le problème, dans ces Six personnagesmontés par Lavelli, tient en partie au décortrop parfait de Pace, une « architecture d’in-térieur » dans une belle harmonie de rougessombres et d’acajou, où tous les accessoires– de la porte-tambour au cahier de notes surla fausse table de régie installée dans lasalle – pourrait porter la griffe du meilleurensemblier.

DÉCOR DE PAPIER GLACÉPas question, ici, de laisser à nu le mur du

fond du plateau, forcément dégradé, ou detendre une toile peinte maladroitementbrossée, comme dans la mise en scène deGeorges Pitoëff. Ce décor ferait bon effetsur le papier glacé d’une revue d’ameuble-ment. Comme dans la boutique de modistede Mme Pace (qui n’est pas l’épouse du déco-rateur mais le personnage de maquerellemondaine à l’origine du drame des « person-nages»...), tout exhibe son chic sur la scène

du TNP. On tente en vain d’apercevoir lasordide chambre de maison close derrière lavitrine aux fanfreluches.

Au-delà de ces flatteuses apparences deMusée Grévin, qui accentuent la dimensionhistorique de la pièce mais la privent du fré-missement de la chose vivante, on peutprendre plaisir, heureusement, au jeu desacteurs. Les « personnages » en particulier,de Michèle Gleizer en « pauvre mère » hu-manisée par son absence de conscience, àJérôme Robart en fils d’autant plus présentqu’il affiche son absence. L’interprétation laplus remarquable est celle de Michel Du-chaussoy, le père , moins humi l ié quecombattant pour transformer son drame fa-milial en destin. Face à une Elsa Zylbersteinqui joue l’hystérie de bout en bout, dans lerôle de la belle-fille, il rappelle le martyreque connut réellement l’auteur, exposépendant des années au délire de sa propreépouse.

Il faudrait presque rien, sans doute, unetouche de grâce ou de fragilité, pour que lesfantômes de ces êtres de chair, Luigi et An-tonietta Pirandello, viennent hanter les« personnages » doublement fictifs. Mais cepresque rien est l’indispensable part demystère qui manque à la mise en scène deLavelli.

Bernadette Bost

SIX PERSONNAGES EN QUETE D’AUTEUR,de Luigi Pirandello. Mise en scène : Jorge La-velli. Avec Michel Duchaussoy, Michèle Glei-zer, Elsa Zylberstein, Jérôme Robart, MaïtéNahyr, Dominique Pinon, Catherine Dave-nier, Frédéric Norbert... THÉÂTRE NATIONAL POPULAIRE, 8, placeLazare-Goujon, Villeurbanne. Tél. : 04-78-03-30-50. Jusqu’au 8 novembre. Mardi, vendredi(sauf le 31 octobre) et samedi 8, 20 h 30 ; mer-credi et jeudi, 19 h 30. De 90 F à 178 F.

Les cris dansés et enfiévrésde Saburo Teshigawara

Le Japonais sort sa danse de l’esprit de système et la métamorphose à nouveauLe Japonais Saburo Teshigawara n’est pas un in-connu en France. Il y a dix ans, on découvrait sonunivers d’estampes. Installé depuis six ans à

Francfort, il cherche comment sa danse pourraitaussi se nourrir de cette culture occidentale, touten l’enfermant progressivement dans une méca-

nique en forme de système. Cette recherchepourtant porte ses fruits : I Was Real – Docu-ments est une œuvre toute en variations.

I WAS REAL – DOCUMENTS, deSaburo Teshigawara (chorégra-phie, scénographie, lumières,costumes). Kei Miyata (compi-lation musicale). Willi Bopp(sons, effets spéciaux). Maisondes arts et de la culture, PlaceSalvador-Allende, Créteil, jus-qu’au 25 octobre, 20 h 30.Mo Créteil Préfecture. De 55 F à100 F. Tél. : 01-45-13-19-19. Les 30et 31, à Charleroi.

Ouf ! Saburo Teshigawara estsorti du gouffre dans lequel ilavait précipité sa création depuisplusieurs années, dénonçant lesconditions de travail et de vie dumonde occidental : gestes de ro-bots, décibels et sirènes d’alerte.Non pas que son univers man-quait de qualités esthétiques, aucontraire, ni du sens de la compo-sition, mais le spectateur pouvaitlégitimement rager de voir tant detalent réduit à une pensée et à unedanse si univoques qu’elles en de-venaient forcément banales. Avecce côté épate bourgeois qui affai-blit toute œuvre. Mais le publicmarche. La compagnie Karas rem-plit les salles. Alors...

I Was Real – Documents est ungrand spectacle, et pourtant lagrande salle de Créteil, hier soir,était à moitié pleine. Ce qui estfort rare pour une programma-

tion du Festival d’Automne. Le Ja-ponais installé à Francfort depuissix ans se rappelle enfin qu’il est...japonais, mais ne renie pas pourautant ce que l’Europe lui a appor-té. Des bruits d’oiseaux, une hautesilhouette noire qui bat des bras– on dirait le méchant Rothbart duLac des cygnes (Teshigawara a étu-dié le ballet classique à Tokyo) –,une femme, longtemps agenouil-lée, immobile, se met à avancer, lescheveux devant la figure et les brasmous. Un calme inquiétant s’ins-talle. Des objets bougent toutseuls. Quatre choses non identi-fiées atterrissent sur la scène avecun bruit mat. Quatre hommes,torse nu, en un très beau mouve-ment de ploiement, plongent pours’en saisir. Il s’agit de casquettesdont ils se coiffent. Mélange depoésie et de trivialité.

Le chorégraphe installe un climatde fièvre où les gestes vibrent àl’infini, avec les trébuchements etles apnées qu’entraîne l’in-conscient. Tout s’arrête. Teshiga-wara, en combinaison blanche,sort de l’ombre avec ce déhanche-ment glissé et maintenu qui n’ap-partient qu’à lui, entre gestuelle dunô et du kabuki. Son corps estdoué d’une telle dyslexie qu’on sedemande seulement si, à l’inversede ce que nous annonce le titre, ilest bien « réel ». Dans une mêmeimpulsion, il envoie bras, épaules,

genoux dans des directions oppo-sées, ou légèrement décalées. Lavitesse d’exécution, en soi déjà uneprouesse, s’autorise des ralentisque seule permet une concentra-tion très zen. Soudain, la couleuréclabousse. Danseuse rouge, dan-seuse jaune, danseur au pantalonbleu. Une irruption de lumière, devie. Cette agitation ne cessera devenir côtoyer les ténèbres. Leconscient et l’inconscient sont àl’œuvre.

INHABITUELQu’importe alors que la musique

vrombisse à nouveau tel un mo-teur d’usine lancé à toute vapeur.On est prêt à l’entendre, puisqu’onsait dorénavant que le spectacle estconstruit en ruptures et en dénivel-lations. On ne voit que les bras. Ilsmènent les corps. Ils sont la forcede cette danse. Le vocabulaire deTeshigawara s’est assoupli (sauts,grands jetés, et surtout humour) ;mais une des vraies nouveautés decette pièce est la multiplication despropositions musicales quiviennent subrepticement désorien-ter notre perception du mouve-ment. Jusqu’à cette musique defoire accompagnée de sauts, qui serépète en se moquant d’elle-même.

Tout est nécessaire. Tout est in-habituel. Quand soudain Teshiga-wara devient tout à fait boulever-sant parce qu’il invente, parce qu’il

est lui. Dévoilé jusqu’à l’os. Il ins-crit sa danse dans le cri et le ca-tarrhe. Le cri et la mort. Mourir derire ; mourir de plaisir ; mourir toutcourt. Au fond de la scène, unecarte avec des taches. Fonds sous-marins ? Plus la toux se fait grasse,plus on pense à des radios. On pé-nètre dans le monde de la maladie,du sanatorium avec ces chariotssur lesquels se déplacent les dan-seurs. Notamment une petite filleen robe blanche que suit son dan-seur-chien.

Puis la toile de fond verdit, d’untendre vert amande. Les danseurs,vêtus de noir, mi-hommes, mi-vo-latiles, viennent danser leur cri,parfois plusieurs, repris en un véri-table concert d’échos sur la bande-son. Travail sonore si subtil qu’onmet assez longtemps avant de sa-voir, là encore, quel est le cri réel etcelui contrefait. On est totalementabsorbé tant les cris sont incorpo-rés au geste qui les fait naître.

Sur un espace restreint, style ta-tami, deux femmes. L’une est de-bout. L’autre, de dos, est allongéesur le côté. Parfois, elle redresse satête avant de la laisser retomber.Scène d’intérieur. Des oiseaux ànouveau se font entendre. Est-ce lematin ou le soir ? Le réel n’estqu’un mystère. Quelle belle pièce àdéfendre.

Dominique Frétard

Page 25: o 7,50 F DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 FONDATEUR ... · sensuel, extravagant. Page 22 FIP Eclectisme, couleur et engagement au programme de la radio musicale parisienne. Page

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R A D I O - T É L É V I S I O N LE MONDE / DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 / 25

SAMEDI 25 OCTOBRE

DIMANCHE 26 OCTOBRE

SIGNIFICATION DES SYMBOLES : LES CODES DU CSA :E Signalé dans « Le Monde 4 Accord parental souhaitable

Télévision-Radio-Multimédia ». 5 Accord parental indispensablea On peut voir. ou interdit aux moins de 12 ans

a a Ne pas manquer. 6 Public adultea a a Chef-d’œuvre ou classiques ou interdit aux moins de 16 ansLe Monde publie chaque semaine, dans son supplément daté dimanche-lundi, les pro-grammes complets de la radio et – accompagnés du code ShowView – ceux de la télévisionainsi qu’une sélection des programmes du câble et du satellite.d Sous-titrage spécial pour les sourds et les malentendants.

GUIDE TÉLÉVISION

DÉBATS

0.00 Spécial procès Papon. Invités :Dominique Veillon, historienne ;Jean-Pierre Bertin-Maghit ; LaurenceBertrand Dorléac, historienne etPascale Nivelle, envoyée spéciale dujournal Libération. Histoire

MAGAZINES

17.00 Les Dossiers de l’Histoire.La chute de la maison Potin. Histoire

19.00 T.V. + . Canal+

19.05 L’Invité de Cajou.Jean-Marc Thibeault. Canal J

19.30 Histoire parallèle.Semaine du 25 octobre 1947.La révolution automobile.Invité : Patrick Fridenson. Arte

19.30 Femmes et Société.Des ours à l’hôpital.Mélanie, enfant du sida. Téva

20.45 Le Club.Invité : François Guérif. Ciné Cinéfil

21.00 Le Magazinede l’Histoire. Histoire

21.45 Metropolis. Arte

22.00 Cap’tain Café.Invités : Daran et Louise Attaque.

France Supervision

22.25 Strip-tease. Charité bien ordonnée.René l’Africain. Brise-larmes. France 3

23.55 Mise en scène.Invités : Francis Huster ; CristianaReali ; Jérôme Savary. France 3

0.25 La 25e heure.Lueur d’espoir. France 2

DOCUMENTAIRES

18.00 Corot, la naturedans l’atelier. France Supervision

19.50 De Gaulle première. Planète

20.35 Gospel, la voixde l’émancipation. [2/3]. Planète

20.35 Espagne, le retour des loups. TMC

20.45 E L’Aventure humaine.Ishi, le dernier des Yahis. Arte

21.25 Histoires de la mer. [1/13]. Planète

21.30 L’Enfance. [2/7]. TMC

22.50 Les Oubliées. Planète

23.45 Music Planet.Hype : le grunge à Seattle. Arte

23.45 Le Monde inconnudes serpents. Planète

0.35 Femmes, une histoire inédite. [3/6].A corps défendant. Planète

SPORTS EN DIRECT

14.45 Tennis.Tournoi messieurs de Stuttgart :2e demi-finale. Eurosport

15.10 Rugby.Championnats d’Angleterre.Leicester - Bath. Canal +

16.10 Gymnastique rythmique et sportive. Championnatsdu monde à Berlin. France 2

20.30 Danse sportive. Championnatsd’Europe à Angers. Paris Première

DANSE

19.30 Le Croupier amoureux.Ballet. Muzzik

23.50 Tarass Boulba de Janacekpar Smok. Ballet. Muzzik

MUSIQUE

18.00 Deep & Hot Blues,Montreux 96. Muzzik

20.15 Symphonie no 8,d’Anton Dvorak. Muzzik

20.30 Selva Morale e Spirituale.France Supervision

21.00 Messe glagolitique de Janacekpar Vaclav Neumann. Muzzik

21.50 Les Smokiades, de Pavel Smok. Muzzik

22.25 Ma Vlast, de Smetana. Muzzik

23.35 Geneva. Paris Première

TÉLÉFILMS

20.35 E Un homme digne de confiance.De Philippe Monnier. Canal+

20.50 Langevin.Le Secret, de Patrick Jamain. France 3

20.55 Nuits secrètes.De Billy Hale [3 et 4/4]. Téva

22.00 Docks des anges.De Bruno Gantillon. Festival

22.35 La Rivière infernale.De Chris Thompson. M 6

23.00 Hollywood Night.5 Police future, de Rick King. TF 1

SÉRIES

19.55 FX, effets spéciaux :la série. Série Club

20.30 Afghanistan. Le Pays interdit. Festival

20.30 Derrick. L’affaire Druse.Une sorte de meurtre. RTL 9

20.45 Aux frontières du réel.4 Journal de mort.4 La prière des morts. M 6

21.00 Profit. Chinese Box. Canal Jimmy

21.30 Inspecteur Derrick. La bonnedécision. Justice aveugle. TSR

21.35 Jake Cutter. Série Club

22.00 La Cloche tibétaine. [3/7]. Histoire

22.45 E Du rouge à lèvressur ton col. [1/6]. Arte

23.15 Murder One :L’Affaire Jessica. Série Club

0.00 Mission impossible. Gaz. Série Club

0.20 Star Trek : la nouvelle génération.Jeux de guerre (v.o.). Canal Jimmy

0.50 New York District.Une star est morte. France 3

1.10 Seinfeld. La fondation (v.o.). Canal Jimmy

FILMS DE LA SOIRÉE19.00 Temps sans pitié a a

De Joseph Losey (Grande-Bretagne,1956, N., v.o., 85 min). Ciné Cinéfil

20.45 Backdraft aDe Ron Howard (Etats-Unis,1991, 135 min). RTBF 1

23.00 Le Président et Miss Wade aDe Rob Reiner (Etats-Unis,1995, 109 min). Canal+

23.00 Gorki a aDe Mark Donskoï (Urss, 1940,N., 60 min). Histoire

23.00 Tonnerre sur Malte aDe Brian Desmond Hurst (GB, 1953,N., v.o., 105 min). Ciné Cinéfil

23.15 Monsieur Hire a aDe Patrice Leconte (France,1989, 80 min). Ciné Cinémas

23.40 Les Contes de la nuit noire aDe John Harrison (Etats-Unis, 1990, 100 min). TSR

0.45 Todo un hombre a aDe Pierre Chenal (Argentine, 1943, N.,v.o., 90 min). Ciné Cinéfil

1.05 Créatures célestes a aDe Peter Jackson (Nouvelle-Zélande,1995, 100 min). Canal+

PROGRAMMES

TÉLÉVISION

TF 113.15 F1 à la Une.

Spécial Grand Prix d’Europe.13.55 La course. 15.45 Podium.

16.00 Rick Hunter, inspecteur choc.16.50 Disney Parade.18.05 Vidéo Gag.18.30 30 millions d’amis.19.00 Public.20.00 Journal, Spécial Transat,

Résultat des courses, Météo.20.42 Simple comme...20.45 Banzaï.

Film de Claude Zidi.22.35 Ciné dimanche.22.45 Predator a

Film 5 de John McTiernan.0.40 Effraction a

Film 5 de Daniel Duval.

FRANCE 213.30 et 16.00 Dimanche Martin.15.10 Le Client.16.55 Naturellement.17.55 Stade 2.18.45 1 000 enfants vers l’an 2000.18.55 Drucker’n Co.19.30 Stars’n Co.20.00 Journal, A cheval, Météo.20.50 E Le Grand Batre.

[7/9] L’Arlésienne.22.40 E Lignes de vie.

La Conquête de Clichy.23.50 Journal, Météo.0.05 Musiques au cœur.

La dernière nuit des Proms 1997.1.20 Polémiques.

FRANCE 313.20 Les Quatre Dromadaires.14.13 Keno.14.20 Les deux font la loi.14.50 Sports dimanche.

15.00 Tiercé à Longchamp.15.20 Rugby. France - Argentine.

17.25 Corky, un adolescentpas comme les autres.

18.20 Va savoir.18.55 Le 19-20 de l’information.20.00 et 23.00 Météo.20.10 Mister Bean.20.35 Tout le sport.20.50 Derrick.

Tuer ceux que l’on aime.21.55 Un cas pour deux.

L’ange déchu.23.05 Soir 3.23.15 Dimanche soir.23.55 Lignes de mire.0.40 La Corde a a

Film d’Alfred Hitchcock (v.o.).

CANAL +

E En clair jusqu’à 14.0013.35 La Semaine des Guignols.14.00 Dimanche en famille.14.05 Des saules en hiver.

Film d’animation de William Horwood.15.15 Reboot III.15.45 Blake et Mortimer.E En clair jusqu’à 17.1016.30 Cascadeurs.17.10 Babylon 5.18.00 Orky.

Film de Rick Stevenson.E En clair jusqu’à 20.3019.35 et 22.30 Flash infos.19.45 Ça cartoon.20.15 Football.

20.30 Bordeaux - Nantes.22.35 L’Equipe du dimanche.1.05 Leaving Las Vegas a

Film de Mike Figgis (v.o.).

LA CINQUIÈME/ARTE13.20 Les Lumières du music-hall.14.00 La Planète ronde.15.00 Acre : l’Amazonie oubliée. [2/4].15.55 Le Cinéma des effets spéciaux.16.20 Le Sens de l’Histoire.

Juan Carlos : Naissance d’un roi.17.50 Le Journal du temps.17.55 L’Aéropostale.

Feuilleton de Gilles Grangier [1/6].19.00 et 1.20 Cartoon Factory.19.30 Maestro.

Les Grands Chefs en répétition.[2/3] Zubin Mehta répète Till l’Espiègle,de R. Strauss.

20.30 8 1/2 Journal.20.40 Soirée thématique. Science-fiction.20.45 Brave New Worlds.21.35 Le Bunker de la dernière rafale.22.00 Aldous Huxley.22.50 Woody et les robots a a

Film de Woody Allen (v.o.).0.15 Metropolis.

M 613.15 Confusion tragique.

Téléfilm de Waris Hussein [1 et 2/2].16.45 Plus vite que la musique.17.15 Cherche famille désespérément.

Téléfilm de François Luciani.19.00 Demain à la une.19.54 6 minutes, Météo.20.00 E = M 6.20.35 et 0.40 Sport 6.20.45 Capital.

Les fortunes de la récupération.22.40 Météo.22.45 Culture pub.23.20 L’Amant.

Téléfilm 6 de Franck De Niro.0.50 Boulevard des clips.

RADIO

FRANCE-CULTURE18.35 Culture physique.19.00 Dimanche musique.20.30 Laissez-passer.21.30 Le Concert. Rock.

22.35 Atelier de créationradiophonique.

0.05 Radio archives.Charles-Louis Philippe [2].

FRANCE-MUSIQUE19.37 L’Atelier du musicien.20.30 Concert international.

Par le Quatuor silésien. Œuvresde Vaughan-Williams, Weir, Elgar.

22.00 Voix souvenirs.Bidu Sayao, soprano.

23.07 Transversale.

RADIO-CLASSIQUE

20.00 E Soirée lyrique.Oberto, Conte di San Bonifacio,de Verdi.

22.10 Neville Marriner, chef d’opéra.Œuvres Rossini, Haendel, Lehar,Mozart.

PROGRAMMES

TÉLÉVISION

TF 119.05 Beverly Hills.20.00 Journal, Spécial F1,

Résultat des courses, Météo.20.42 Simple comme...20.45 Drôle de jeu.23.00 Hollywood Night. 5 Police future.

0.40 Formule F1.1.15 Formule foot.1.50 TF1 nuit, Météo.

FRANCE 218.50 1 000 enfants vers l’an 2000.18.55 Farce attaque... Albi.19.50 et 20.40 Tirage du Loto.19.55 Au nom du sport.20.00 Journal, A cheval, Météo.20.50 Fort Boyard.

Fort Boyard de nuit.22.40 Du fer dans les épinards.

On ne peut pas échapper au notaire.0.10 Journal, Météo.0.25 La 25e heure. Lueur d’espoir.1.15 Bouillon de culture.

FRANCE 318.50 et 1.35 Un livre, un jour.18.55 Le 19-20 de l’information.20.00 et 23.30 Météo.20.05 Fa si la chanter.20.35 Tout le sport.20.50 Langevin : Le Secret.

Téléfilm de Patrick Jamain.22.25 Strip-tease.

Charité bien ordonnée.René l’Africain. Brise-larmes.

23.40 Soir 3.23.55 Mise en scène.0.50 New York District.1.45 Musique graffiti.

CANAL +E En clair jusqu’à 20.3518.50 Flash infos.19.00 T.V. +.20.05 Les Simpson.20.30 Le Journal du cinéma.20.35 E Un homme digne de confiance.

Téléfilm de Philippe Monnier.22.05 Flash infos.22.15 Jour de foot.23.00 Le Président et Miss Wade a

Film de Rob Reiner.0.50 Surprises.1.05 Créatures célestes a a

Film de Peter Jackson.

ARTE

19.00 KYTV.19.30 Histoire parallèle.

La révolution automobile.

20.20 Le Dessous des cartes.20.30 8 1/2 Journal.20.45 E L’Aventure humaine.

Ishi, le dernier des Yahis.

21.45 Metropolis.Marc Lambron. Mermoz.Venezia Poesia. Architecture [3].

22.45 E Du rouge à lèvres sur ton col.Feuilleton de Dennis Potter [1/6].

23.45 Music Planet.Hype : le grunge à Seattle.

1.05 Ballade allemande.Téléfilm de Tom Toelle [3/3].

M 6

19.05 Turbo.19.40 Warning.19.54 6 minutes, Météo.20.00 Hot forme.20.35 Ciné 6.20.45 X-Files : Aux frontières du réel.

4 Journal de mort.4 La prière des morts.

22.35 La Rivière infernale.Téléfilm de Chris Thompson.

0.15 Le Monstre évadé de l’espace.1.05 DJ d’une nuit.

RADIO

FRANCE-CULTURE

20.00 Fiction. Les Justes, d’Albert Camus.21.40 Albert Camus, l’étrange étranger.

22.35 Opus.Retour à Saint-Germain-des-Près.

0.05 Le Gai Savoir.Marie Pouchelle, ethnologue.

FRANCE-MUSIQUE

19.30 A l’Opéra.Manon Lescaut, de Puccini.

23.07 Présentez la facture.Les sons de Berlin.

RADIO-CLASSIQUE

19.30 Intermezzo. Œuvres de Tchaïkovski,Prokofiev, Borodine.

20.40 Mozart à Paris. Œuvres de Mozart,Gluck, Cambini, Gossec.

22.35 Da Capo.Œuvres de Brahms, Dvorák.

FILMS DU JOUR13.05 L’Escadron noir a

De Raoul Walsh (Etats-Unis, 1940, N.,v.o., 95 min). Ciné Cinéfil

17.45 Fabiola a aD’Alessandro Blasetti [1/2](Italie, 1949, N.,85 min). Ciné Cinéfil

18.00 La Colline de l’adieu a aDe Henry King (Etats-Unis, 1955,105 min). Ciné Cinémas

19.00 Gorki a aDe Mark Donskoï (Urss, 1940, N.,60 min). Histoire

20.30 Todo un hombre a aDe Pierre Chenal (Argentine, 1943, N.,v.o., 95 min). Ciné Cinéfil

20.30 Runaway :L’évadé du futur aDe Michael Crichton (Etats-Unis, 1984,105 min). RTL 9

20.35 Absence de malice a aDe Sydney Pollack (Etats-Unis, 1981,120 min). TMC

20.40 Frenzy aD’Alfred Hitchcock (Grande-Bretagne,1972, 115 min). Ciné Cinémas

21.00 Trust Me a aDe Hal Hartley (Etats-Unis, 1991, v.o.,110 min). Paris Première

21.45 Cabaret aDe Bob Fosse (Etats-Unis, 1972,125 min). Téva

22.05 The Painted Desert aDe Howard Higgins (Etats-Unis,1931, N., v.o., 80 min). Ciné Cinéfil

22.15 Morts suspectes aDe Michael Crichton (Etats-Unis, 1977,115 min). RTL 9

22.35 Ali Babaet les quarante voleurs aDe Jacques Becker (France, 1954,100 min). TV 5

22.45 Predator a5 De John McTiernan (Etats-Unis,1987, 115 min). TF 1

22.50 Woody et les robots a aDe Woody Allen (Etats-Unis, 1973, v.o.,85 min). Arte

23.25 Galia aDe Georges Lautner (France, 1965, N.,100 min). Ciné Cinéfil

0.10 Buster aDe David Green (Grande-Bretagne,1988, 95 min). RTL 9

0.15 Juste cause aD’Arne Glimcher (Etats-Unis, 1994,v.o., 100 min). Ciné Cinémas

0.40 Effraction a5 De D. Duval (F, 1982, 95 min). TF 1

0.40 La Corde a aD’Alfred Hitchcock (Etats-Unis, 1948,v.o., 80 min). France 3

1.05 Leaving Las Vegas aDe Mike Figgis (Etats-Unis, 1995, v.o.,105 min). Canal+

1.05 Temps sans pitié a aDe Joseph Losey (Grande-Bretagne,1956, N., v.o., 90 min). Ciné Cinéfil

1.45 La Vie facile aDe Francis Warin (France, 1971,85 min). RTL 9

1.55 Johnny Stecchino aDe Roberto Benigni (Italie, 1991,110 min). Ciné Cinémas

2.50 Caméléone aDe Benoît Cohen (France, 1996,95 min). Canal+

GUIDE TÉLÉVISION

DÉBATS

12.05 et 1.20 Polémiques.Invité : Charles Pasqua. France 2

18.30 Le Grand Jury RTL-Le Monde.Invité : Jean-Pierre Chevènement. LCI

20.00 Spécial procès Papon.Invités : Dominique Veillon ;Jean-Pierre Bertin-Maghit ;Laurence Bertrand Dorléac ;Pascale Nivelle. Histoire

23.15 Dimanche soir.Invité : Jacques Barrot. France 3

MAGAZINES9.30 Journal de la création. Castro -

Montalvo - Thurnauer. La Cinquième10.55 Droit d’auteurs.

Invités : Edouard Balladur ;Michel Winock ;Alain Gluckstein. La Cinquième

12.25 Arrêt sur images.Le 17 octobre 1961 : histoire d’un oubli.Invités : Constantin Melnik ; Jean-LucEinaudi ;Daniel Mermet. La Cinquième

13.20 Les Quatre Dromadaires.Chroniques de l’Amazonie sauvage[2/12]. la naissance de Xada. France 3

16.15 Faut pas rêver. Invité : Marc Veyrat.USA : Les peintres de la Porte d’Or.France : Les plombiers du glacier.Italie : Les femmes des rizières. TV 5

16.20 Le Sens de l’Histoire. Juan Carlos :Naissance d’un roi. La Cinquième

16.55 Naturellement.Tigres dans la neige. France 2

19.00 Public. Invité : Michel Charasse. TF 1

20.00 Envoyé spécial.Charlotte aux Philippines.Grandir sans camisole.L’ambassadeur des ours. TV 5

20.45 Capital.Les fortunes de la récupération. Datelimite de vente. La bataille deschiffoniers. Autos : des épaves en or.Recyclage : la grande illusion ? M 6

21.00 Les Dossiers de l’Histoire.Le piège indochinois [1/2].Le temps desillusions, 1940 - 1945. Histoire

22.25 Viva. Le nounours,premier et dernier amour. TSR

23.00 Envoyé spécial, les années 90.Les soldats du désert.Valence, ceux qui restent.Israël dans le cyclone. Histoire

23.55 Lignes de mire.Invité : Albert Du Roy. France 3

0.15 Metropolis. Marc Lambron. Mermoz.Venezia Poesia.Architecture. Arte

DOCUMENTAIRES

19.00 Corot, la nature dans l’atelier.France Supervision

19.30 Maestro. Les Grands Chefs enrépétition. [2/3]. Zubin Mehta répèteTill l’Espiègle, de Richard Strauss. Arte

19.30 Femmes d’Alger. Téva

20.35 Femmes, une histoire inédite. [3/6].A corps défendant. Planète

20.45 Brave New Worlds. Arte

21.00 Novo Fado, une reconquêtemusicale. Muzzik

22.00 Aldous Huxley. Arte

22.00 Ceux de Saint-Cyr. Histoire

22.00 Grand document.O Belgio Mio. RTBF 1

22.40 E Lignes de vie.La Conquête de Clichy. France 2

23.15 Confidence d’une création.Les Jumeaux vénitiens. Planète

00.20 Prince of Paisley Park.Canal Jimmy

SPORTS EN DIRECT

13.00 Ski. Coupe du monde à Tignes(Savoie). Slalom géant messieurs(2e manche) Eurosport

13.15 Formule 1. Championnat du monde.Grand Prix d’Europe. TF 1

14.00 Tennis. Tournoi messieursde Stuttgart : finale. Eurosport

15.20 Rugby. Coupe latine :France - Argentine. France 3

20.30 Football. Bordeaux - Nantes. Canal+

21.30 Football. Championnatsdes Etats-Unis, finale :Washington - Colorado. Eurosport

MUSIQUE

20.00 Tancrèdele croisé. France Supervision

20.35 Le Couronnementde Poppée. France Supervision

22.25 Le Tour d’écrou. Muzzik

22.50 Archie Shepp. Paris Première

TÉLÉFILMS

20.30 Les Rives du paradis.De Robin Davis. Festival

SÉRIES

19.00 Demain à la une.Un mariage mouvementé. M 6

20.00 Seinfeld.La fondation (v.o.). Canal Jimmy

20.25 Dream On.La veuve (v.o.). Canal Jimmy

20.50 E Le Grand Batre.[7/9] L’Arlésienne. France 2

20.50 Derrick.Tuer ceux que l’on aime. France 3

21.00 Une fille à scandales.Larguez... les amarres (v.o.).

Canal Jimmy

22.10 New York Police Blues.Surf sur la neige (v.o.). Canal Jimmy

22.30 Twin Peaks.Episode no 3 (v.o.). Série Club

23.25 Aux frontières du réel.Les dents du lac. TSR

NOTRE CHOIXb 20.40 ArteThema : Science-fiction

De la littératureau cinéma

QU’EST-CE que la science-fic-tion ? Quels sont ses thèmes ? A-t-elle pour objet de décrire l’avenirou de parler métaphoriquementdu présent ?

En ouverture de cette soiréethématique, Brave New Worlds re-late de manière sommaire l’his-toire de la SF littéraire et cinéma-tographique. Le documentaire dePaul Omerland s’appuie sur desentretiens avec les écrivains ma-jeurs des années 60 – J. G. Ballard,Brian Aldiss, Arthur C. Clarke, Ro-bert Silverberg – et de la nouvellegénération – William Gibson –, etavec plusieurs réalisateurs et scé-naristes comme Paul Verhoeven– Robocop, Total Recall –, RobertWise – Le Jour où la terre s’arrêta –ou Dan O’Bannon – Dark Star,Alien.

Cet aperçu synthétique abordeles principales étapes de la SF, desdébuts avec les premiers romansde H. G. Wells aux premières re-vues spécialisées – Astounding Sto-ries, Planet Stories, Tales of Tomor-row – et à l’apparition du genre aucinéma. La démarche, visant à dé-crire le passage d’une SF fantai-siste à une SF réaliste, davantageancrée dans le présent que dans lefutur, illustrée par le 2001, l’Odys-sée de l’espace de Stanley Kubricket par les premiers romans de Wil-liam Gibson, est tout à fait perti-nente. Il est simplement dommageque les grands écrivains des an-nées 50 – Zelazny, Bradbury, VanVogt, Asimov – soient à peine ef-fleurés, alors que la figure majeurede Philip K. Dick est tout justeévoquée.

Brave New Worlds est suivi d’uncourt-métrage de Caro et Jeunet,Le Bunker de la dernière rafale,d’un documentaire sur AldousHuxley et du film Woody et les ro-bots. Réalisé en 1973, juste aprèsBananas et Tout ce que vous aveztoujours voulu savoir sur le sexe sansjamais oser le demander, au mo-ment où Woody Allen devient unesuperstar, il s’agit d’une comédiede science-fiction où le réalisa-teur-acteur interprète un person-nage congelé à la suite d’une opé-ration et qui est réveillé deuxsiècles plus tard. C’est l’un de sesfilms les moins réussis – les gagsont beaucoup vieilli et l’atmo-sphère « flower power » a pris uncoup de vieux. Thema méritaitmieux que cette pochade.

Samuel Blumenfeld

NOTRE CHOIX

b 17.00 HistoireLes Dossiers de l’Histoire :La Chute de la maison PotinPour beaucoup, la grande distribu-tion a été inventée par AristideBoucicaut, le fondateur du BonMarché. C’est oublier Félix Potinqui créa un réseau de magasins deproduits alimentaires, en 1850.Jean-Michel Gaillard, StéphaneKhemis et Philippe Kohly ra-content l’histoire de ce visionnaire. Autre diffusion : dimanche 26,15.00.

b 23.15 Ciné CinémasMonsieur HireUn homme chauve et bizarre,d’origine incertaine et soupçonnéd’être l’auteur d’un crime dans sonquartier, s’est épris d’une em-ployée de crémerie. Pour protégerle véritable assassin, elle entre-prend de le séduire. Adaptation duroman de Simenon totalement dif-férente de celle réalisée par JulienDuvivier, en 1946, sous le titre Pa-nique. Patrice Leconte a construitun monde presque onirique, esthé-tiquement surprenant, pour unehistoire d’amour fou, une doublefascination érotique. – J. S.

b 1.05 Canal +Créatures célestesEn Nouvelle-Zélande, en 1952, uneadolescente introvertie rencontre,à l’école supérieure, une nouvelleélève venue d’Angleterre et qui n’apas froid aux yeux. Elles de-viennent inséparables et s’in-ventent un pays imaginaire. Sépa-rées, elles feront tout pour seretrouver. Une amitié proche del’amour lesbien, un univers fantas-mé, une société rigide et des réac-tions sauvages : ce film de PeterJackson, à l’atmosphère véné-neuse, touche au fantastique. Il en-voûte les amateurs. – J. S.

Page 26: o 7,50 F DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997 FONDATEUR ... · sensuel, extravagant. Page 22 FIP Eclectisme, couleur et engagement au programme de la radio musicale parisienne. Page

LeMonde Job: WMQ2610--0026-0 WAS LMQ2610-26 Op.: XX Rev.: 25-10-97 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:25,11, Base : LMQPAG 38Fap:99 No:0315 Lcp: 196 CMYK

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DIMANCHE 26 - LUNDI 27 OCTOBRE 1997

Tirage du Monde daté samedi 25 octobre : 502 953 exemplaires

Les Quinze réfléchissent aux conditionsde l’élargissement de l’Europe à l’Est

Les ministres des affaires étrangères sont réunis à Mondorf, au LuxembourgMONDORF

(Union européenne)de notre envoyé spécial

En décembre, à Luxembourg, leschefs d’Etat et de gouvernement desQuinze devront indiquer comments’opérera l’élargissement de l’Unionaux dix pays candidats d’Europecentrale, ainsi qu’à Chypre et quellesdispositions seront prises sur le planinterne, notamment en matière fi-nancière, pour rendre l’opérationviable. Dans cette perspective, leursministres des affaires étrangères te-naient, samedi 25 octobre, à Mon-dorf (Luxembourg), une réunionafin de rapprocher les positions enprésence.

Les Quinze considèrent l’élargis-sement comme une donnée inéluc-table, mais chacun d’entre eux vou-drait éviter d’en faire les frais. D’oùleur difficulté à s’entendre sur lesconclusions que le Conseil européende décembre devra approuver. LaCommission propose d’engager lesnégociations avec cinq des pays can-didats, plus Chypre, à savoir la Hon-grie, la Pologne, la Républiquetchèque, la Slovénie et l’Estonie. Cesont, dit-elle, les mieux préparés.Une majorité d’Etats membres, dontla France, sont favorables à cette« différenciation ». Mais le Dane-

mark, la Suède (parce qu’ils sou-haitent la venue rapide des trois Ré-publiques baltes), la Grèce,l’Espagne, le Portugal, pour des rai-sons tactiques, préfèreraient ouvriravec les onze candidats.

Les propositions de la Commis-sion ont déçu ceux qui n’ont pas étéretenus pour la première vague. LaFrance, pour ne pas les démotiver, aproposé de mettre en place uneconférence permanente rassem-blant les Quinze et l’ensemble descandidats, y compris ceux avec les-quels on ne négocierait que plustard, afin de délibérer de manière ré-gulière de sujets d’intérêt commun.La Commission préconise en outrela mise en place d’une stratégie depré-adhésion prévoyant des aides fi-nancières importantes pour per-mettre aux pays candidats de se pré-parer.

Aux yeux des Français, de laCommission, ainsi que d’une majo-rité d’Etats membres, la « confé-rence » devrait être ouverte à la Tur-quie, pays associé à l’Uniondepuis 1964, avec qui elle est enunion douanière depuis 1995 (6 mil-liards d’écus d’excédents pour l’UE)et qui est candidate à l’adhésion. LesTurcs sont conscients qu’ils ne sontpas pour l’instant en état d’adhérer,

qu’engager des négociations n’au-rait aujourd’hui guère de sens, maisils aspirent à être mieux traités parune Europe qui agit à leur égard sansrespecter les promesses faites, no-tamment concernant le volet finan-cier de l’accord d’Union douanière.

Autre difficulté de l’exercice, plu-sieurs pays – la France en tête – neveulent pas se lancer dans l’élargis-sement sans être certains qu’il serafinancé et que les politiques exis-tantes, telle la PAC ou les fondsstructurels, ne seront pas remises encause. C’est le sens d’une lettrequ’Hubert Védrine, le ministre fran-çais des affaires étrangères, vientd’adresser à son collègue luxem-bourgeois, Jacques Poos. « LaFrance a toujours considéré que leprocessus d’élargissement et les autreséléments de l’Agenda 2000 – en parti-culier l’évolution du cadre financier etdes politiques communes – formaientun tout indissociable, sans oublier laréforme institutionnelle », peut-on ylire. Quelques garanties semblent eneffet devoir être prises, alors quel’Allemagne et les Pays-Bas, avocatsdéterminés de l’élargissement, ré-clament une réduction de leurcontribution au budget européen.

Philippe Lemaître

Corse : Mme Voynetveut développerles énergiesrenouvelables

A L’OCCASION d’une visite enCorse, vendredi 24 octobre, Domi-nique Voynet, ministre de l’aména-gement du territoire et de l’envi-ronnement, a annoncé qu’elleprésenterait « bientôt » un plan dedéveloppement de l’énergie – hy-draulique, éolienne, solaire notam-ment – pour cette région, en ac-cord avec Edmond Alphandéry,président d’EDF. Les conditions ac-tuelles de fourniture, de fabrica-tion, de distribution et de tarifica-tion de l’électricité dans l’île nesont en effet, selon elle, pas satis-faisantes. Pour le seul secteur élec-trique, la fourniture d’énergie occa-sionne chaque année une perted’environ 500 millions de francs.

A cause de la progression régu-lière de la consommation, EDFavait envisagé la constructiond’une turbine à gaz de 600 méga-watts pour remplacer les deux cen-trales actuelles près de Bastia etd’Ajaccio. Selon Mme Voynet, « ils’agirait là d’un investissement sur-dimensionné très coûteux qui finale-ment ne profiterait pas au dévelop-pement de l’île ». En revanche, ilfaudrait développer les énergies re-nouvelables car « grâce au relief ac-cidenté et au couvert forestier, laCorse dispose de ressources natu-relles importantes, tant hydrauliquesqu’en bois... sans oublier le potentieléolien et solaire ».

PLATE-FORME D’EXPÉRIMENTATIONL’île de Beauté « pourrait ainsi

devenir un exemple et une plate-forme d’expérimentation et d’expor-tation des énergies renouvelablespour l’ensemble des îles méditerra-néennes ». Ce plan, qualifié d’« am-bitieux » par la ministre, sera cou-plé à un programme d’économiesd’énergie spécifique et « l’aide quepourra accorder l’Agence pour leséconomies et la maîtrise de l’énergiene fera pas défaut à la Corse ».

Par ailleurs, devant le congrès del’Association nationale des élus dela montagne (ANEM), réuni à Bas-tia vendredi, Mme Voynet a préciséque la future loi d’aménagementdu territoire « favorisera la capacitédes “ pays ” et aussi des aggloméra-tions à faire valoir leurs objectifsdans la préparation des contrats deplan de la future génération à partirde l’an 2000 ». Les zones de mon-tagne continueront à être un« point fort » de la politique d’amé-nagement.

Les premières lignes du plan multimédia pour l’écoleLES MODALITÉS nécessaires pour relier tous les éta-

blissements scolaires à Internet avant l’an 2000 de-vraient être rendues publiques en novembre. Le gouver-nement souhaite adopter à ce sujet une attitude plusoffensive pour remédier à la situation actuelle, selon lesdéclarations au Monde de Ségolène Royal, ministre dé-léguée chargé de l’enseignement scolaire. Seulement sixmille écoles, soit environ un établissement sur dix seule-ment, sont ou seront reliées à Internet avant la fin del’année.

Dans un premier temps, il sera demandé à tous lesrecteurs de fournir un plan de développement des nou-velles technologies de l’information avant février 1998.Un enseignant responsable de l’introduction des nou-velles technologies devra également être nommé danschaque établissement avant mars 1998. Enfin, uneadresse électronique devra être fournie dans le courantde la même année à chaque établissement qui en fera lademande. « L’éducation nationale va accélérer le mouve-ment. Des plans académiques vont être définis, région parrégion, pour entraîner les écoles plus timides qued’autres », déclare la ministre.

Ce plan devrait concerner non seulement toutes lesrégions mais aussi toutes les classes, y compris les ma-ternelles. « Loin de nous l’idée de balancer d’en haut desorganisations toutes faites », précise la ministre. L’échec

du plan « Informatique pour tous » est encore tropprésent dans les esprits pour renouveler une telle erreur.

« Les outils multimédias doivent avant tout favoriserl’acquisition des savoirs fondamentaux. L’informatiquedoit être un instrument et non un objectif en soi, a-t-ellerépété aux élèves, parents et enseignants des écoles deGuéret (Creuse) et de Lannion (Côtes-d’Armor), parti-culièrement bien équipées et auxquelles elle était venuerendre visite, à l’occasion des Netdays. Les nouvellestechnologies peuvent rénover le système scolaire et jouerun rôle majeur pour contrer les problèmes d’échec dansl’apprentissage de la lecture. Mais mon souci est qu’il y aitun projet pédagogique derrière chaque projet multimé-dia. »

Les nouvelles technologies devraient être aussi utili-sées pour favoriser le travail en commun, « un facteuressentiel de l’amélioration du système scolaire ». Outre lesplans de formation qui seront proposés aux ensei-gnants, il sera également fait appel aux emplois-jeunes.Enfin, les nouvelles technologies devront aussi contri-buer à ouvrir l’école sur l’extérieur, « [de sorte] quel’école devienne un centre de ressource pour le village,pour le quartier, où les adultes viendraient eux aussi pouraccéder à la connaissance ».

Annie Kahn

Retour à l’heure d’hiverFRANÇAIS, à vos montres ! L’heure d’hiver est de retour avec sonéternel casse-tête : faut-il avancer ou retarder sa montre ? Les gar-diens du temps sont formels. Il faut retarder dès samedi soirmontres, horloges, pendules et autres clepsydres car, dimanche26 octobre, à 3 heures du matin, il sera 2 heures. Ces soixante mi-nutes de sommeil supplémentaires devraient faire le bonheur duplus grand nombre même si des voix se font régulièrement entendrepour protester contre ses changements de rythmes biologiques.Premier ministre, Alain Juppé avait proposé de rester à l’heure d’hi-ver toute l’année. Sa proposition n’a pas plu à ses partenaires del’Union européenne qui l’ont aussitôt rejetée. Seule concession faiteaux maîtres du temps : la décision de changer d’heure en octobreplutôt qu’en septembre, ce qui aligne tous les habitants ducontinent sur les insulaires britanniques et irlandais. L’opération,Union européenne oblige, se poursuivra au moins jusqu’en 2001.

a MERCANTOUR : le conseil régional de Provence-Alpes-Côted’Azur (PACA) a adopté, vendredi 24 octobre, une motion exigeant« l’enlèvement immédiat de tous les loups des Alpes-Maritimes [où setrouve le parc national du Mercantour] et des départements voisins,et leur installation dans des parcs fermés ». La motion a été votée parles élus RPR-UDF, PS, PC et « Région Action » (centre-gauche).Ecologistes et FN n’ont pas pris part au vote. La motion précise que« les diverses mesures de protection des troupeaux ne peuvent en au-cun cas permettre aux bergers de travailler dans des conditions nor-males ».

Maurice Paponhospitalisé tout le week-end

Maurice Papon devrait resterhospitalisé jusqu’au lundi 27 oc-tobre en fin de matinée. « La gra-vité de l’infection bronchique dontil souffre nécessite son maintien enhospitalisation pendant tout leweek-end », indique le communi-qué publié vendredi 24 octobrepar le centre hospitalier régional(CHR) Haut-Lévêque de Pessac.M. Papon, qui a subi un triplepontage coronarien en 1996, esthospitalisé dans le service desoins intensifs de l’unité médicalede cardiologie. Les médecins de-vraient décider si l’accusé est enétat de comparaître, lundi, jourde la reprise de son procès.

L’avocat Serge Klarsfeld a dé-claré, jeudi, que « la responsabilitéde cette hospitalisation incombe(...) au président de la cour d’assiseset à ses assesseurs, qui ont choisi, àla surprise et à l’indignation géné-rales, de remettre M. Papon en li-berté plutôt que de le conserver endétention en milieu hospitalier, oùsa santé aurait été surveillée et pré-servée comme le souhaitaient leparquet et les parties civiles ».

Procès Papon : la dépositionécrite de M. Giscard d’Estaing

Le texte de la lettre de l’ancien président CITÉ à comparaître par la défense

de Maurice Papon, inculpé decomplicité de crimes contre l’huma-nité, Valéry Giscard d’Estaing aadressé deux lettres au président de

la cour d’assisesde la Gironde,Jean-Louis Cas-tagnède. Dansson premiercourrier, l’an-cien présidentde la Répu-blique s’était

déclaré disposé à témoigner par écrit,ce qu’il a fait spontanément dans saseconde lettre datée du 13 octobre.Nous publions l’intégralité de cetexte :

« Monsieur le Président,» J’ai reçu une citation à témoi-

gner dans le procès de M. MauricePapon à la demande de son défen-seur.

» Comme je vous l’ai écrit le1er octobre dernier, il m’était impos-sible de me présenter devant la courle mercredi 8 octobre lors de laséance d’ouverture du procès. Audemeurant, il ne semble pas qu’il yait eu ce jour-là audition de té-moins. Je vous indiquais égalementque j’étais prêt à déposer par écrit,le cas échéant.

» Si la question devait se reposer,et que la cour ait à décider d’une ci-tation à comparaître, je voudraisvous faire part des réflexions sui-vantes.

» La présence dans un prétoired’un ancien président de la Répu-blique, appelé en qualité de témoin,est une procédure en elle-même ex-ceptionnelle. Elle ne se justifie, àmon avis, que si elle peut contribuerutilement à éclairer la cour surl’homme ou sur ses actes qu’elle a àjuger – sur l’homme et sur ses actesexclusivement, comme le veulentnos principes de droit et les disposi-tions du code pénal. Or, en l’espèce,je pense ne pouvoir rien apporterqui puisse aider la cour dans sa re-cherche de la vérité sur les actes deM. Maurice Papon :

– s’il s’agit d’apprécier ses actesentre 1940 et 1944, je ne l’ai jamaisrencontré, et je n’en connais que ceque la presse a rapporté à partir demai 1981 ;

– s’il s’agit d’établir un rapportentre le passé de M. Papon et sa no-mination, en avril 1978 comme mi-nistre, sur la proposition de M. Ray-mond Barre, conformément àl’article 8 de la Constitution, alorsque j’étais président de la Répu-blique, je répondrai qu’à cetteépoque, j’étais dans l’ignorance to-tale des faits qui lui sont reprochésaujourd’hui. Ceux-ci n’avaient faitl’objet d’aucune plainte judiciaire,d’aucun article de presse, ni d’aucundossier dont j’aurais pu avoirconnaissance ;

– je ne connaissais de M. Paponque ce qui était connu de tous : sacarrière politique, qu’il avait menéedepuis vingt ans dans la mouvancedu parti gaulliste, et les fonctions

d’autorité qu’il avait exercées à despostes divers ; d’abord lorsque legénéral de Gaulle était arrivé aupouvoir en juin 1958, où il avait étéconfirmé dans ses fonctions anté-rieures ; par la suite, du fait de sonélection à l’Assemblée nationale,lorsqu’il avait été désigné commeprésident de la commission des fi-nances, puis comme rapporteur gé-néral du budget.

» Tels sont, monsieur le Pré-sident, les seuls éléments dont jepourrais faire état, car un témoindoit porter témoignage sur les faitset les actes qu’il a connus lui-même,à l’époque où ils se sont déroulés. Iln’est pas nécessaire de m’étendre icisur les sentiments personnels quem’inspire l’évocation d’une des plustragiques périodes de notre histoire,qui a endeuillé ma famille. Monémotion est aussi profonde quecelle de beaucoup d’autres. Elle a

été prouvée à l’époque par mesactes, aussi modestes fussent-ils.

» La comparution d’un ancienprésident de la République n’est pasune procédure insignifiante. La dé-fense peut être tentée de fairegrand cas de sa déposition, même sielle est dépourvue de substance. Lapartie civile également. C’est enm’interrogeant sur la pertinenced’une telle procédure dans cette af-faire importante et douloureuseque je me permets de soumettre cesobservations à votre appréciation. Ilva de soi que je m’en remettrai à ladécision de la cour (...). »