mémoire vivante - collectif des prêtres-ouvriers · prêtre ouvrier du prado de france c ......

20
Mémoire vivante Claude Gillier Prêtre ouvrier du Prado 1929 - 2016

Upload: phunganh

Post on 14-Sep-2018

217 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

1

Mémoire vivante

Claude GillierPrêtre ouvrier du Prado 1929 - 2016

2

Journal Le Progrès – Article paru sur Le Progrès.fr, le 8 avril 2016

Saint-Julien-Molin-Molette - nécrologieAdieu à Claude GillierPrêtre ouvrier du Prado de France

C’est avec une très grande émotion que la grande famille catholique de France et de Saint-Julien-Molin-Molette vient d’apprendre le décès du Père Claude Gillier,

prêtre-ouvrier du Prado de France survenu à l’âge de 87 ans.

Le Père Gillier est né en 1929 à Saint-Julien-Molin-Molette dans une famille de huit enfants dont il est le cinquième, il était le fils de M. et Mme Victor Gillier, industriels, décédés, qui ont résidé et œuvré dans le village toute leur vie, no-tamment pour M. Victor Gillier, maire de très nombreuses années.

Ordonné prêtre à Lyon le 29 juin 1957, Claude a d’abord été professeur au petit séminaire du Prado, puis curé d’une paroisse à Oullins (Rhône). Appelé à servir dans le diocèse de Pontoise (Val d’Oise), il quitte la région lyonnaise pen-dant 45 ans. Prêtre au travail, il est intervenu à maintes reprises au sein du syndicat CGT et président du conseil des prud’hommes. Apôtre du Christ au milieu des petits et des humbles, il laisse un grand souvenir à tous. Homme de foi, d’écoute et de dialogue, il s’est consacré à faire jaillir la lumière de la vérité et de la justice, ainsi que l’amour des autres. Fatigué, il est revenu à Lyon, il y a deux ans à l’Ehpad Saint-François d’Assise. Il a accepté ce retrait de la vie avec courage et humilité. Il y a déjà de nombreuses années Claude avait eu énormément de peine lors du décès de son frère Michel, prêtre Jésuite au Liban.

Il s’est éteint, alors que brillait le cierge pascal. Il a rejoint le ci-metière de Saint-Julien, son village natal, accompagné par sa nombreuse famille, mais aussi par énormément d’habitants de la cité qui avaient conscience de perdre un ami, un frère, un guide dans le Christ.

Le père Claude Gillier a œuvré toute sa vie aux côtés du monde ouvrier. Photo Claude BONNARD

3

Histoire familiale, hier et aujourd’hui

Né dans la campagne, sur les flancs du Mont Pilat, au sud d’une ligne St Étienne-Lyon, à St Julien Molin Molette, village rural de 1200 habitants, agriculture pauvre, industrie textile aujourd’hui presque disparue. Mon père était, avec mon oncle, pa-

tron d’une usine de 200 salariés dont il ne reste aujourd’hui presque plus rien. (...)

Je suis le 5ème de 8 enfants, (...) la maison est grande (...) et il n’est pas rare, en été, que nous soyons une trentaine à y séjourner. Nous avons la chance, je crois, d’avoir, au-delà de nos différences, une vie de famille assez forte, marquée par l’âge de ma mère, 88 ans, (décédée en 1994) - mon père est décédé en 1963 - (…).

J’ai fait mes études chez les Jésuites en Avignon (à cause de la guerre) et n’ai obtenu mon bac que 3 ans plus tard alors que j’étais à Limonest. La question du sacerdoce s’est posée pour moi dès l’âge de 13 ans et a été nourrie, je crois, par l’apprentissage de la prière (« Croisade Eucharistique ») et l’éveil à la responsabilité apostolique (« la JEC »). C’était pour moi une chose grave que de me reconnaître et de me vouloir responsable au milieu de mes camarades d’un « plus » à vivre. Quand j’ai quitté le collège en 1947, je savais que je voulais devenir prêtre mais je ne savais rien du comment.

Ma famille a été surprise de mon entrée au séminaire mais en même temps très heureuse. Les moments difficiles sont venus plus tard, d’abord lorsque j’ai refusé de faire mon service militaire dans les EOR (Élèves Officiers de Réserve), j’avais été appelé à l’école de cavalerie de Saumur où mon beau-frère était instructeur. Mais surtout lorsque je suis devenu Prêtre ouvrier (PO), tant au point de vue du minis-tère que du point de vue politique, cela était incompréhensible pour eux. (...)

Extraits de la « Présentation Personnelle » de Claude Gillier(23 juillet 1929 - 21 mars 2016)

Le 11 octobre 1988, nouvellement élu au Conseil du Prado de France, Claude Gillier a écrit cette présentation personnelle pour que les autres membres le connaissent mieux. Claude a accepté de représenter les PO (Prêtres-Ouvriers) au sein de ce Conseil.

4

Itinéraire apostolique

Ordonné en 1957, j’ai été envoyé de suite au Petit Séminaire de La Roche (celui du Prado), bien malgré moi. C’est sans doute parce que le Prado faisait pour moi de tels projets que j’ai été incardiné au Prado et envoyé au Séminaire Universitaire

de Lyon. J’ai rencontré, dans ce Petit Séminaire de La Roche, des prêtres soucieux d’être des éducateurs de la Foi mais je me faisais très mal au métier de professeur et à l’univers fermé dans lequel nous vivions. Dès que j’avais du temps, je m’échappais, aux beaux jours, dans la montagne et lisais la « Doctrine Sociale de l’Église » par J-Y Calvez sur une hauteur d’où je pouvais voir au loin fumer les cheminées de la ville. Je crois pouvoir dire qu’ainsi, dès le début, mon ministère a été placé sous le signe de l’obéissance à l’Église. En 1960, le Prado m’a enfin libéré pour m’envoyer à Oullins-banlieue de Lyon- comme vicaire dans une équipe de 4 prêtres. Découverte de la vie du peuple, pastorale entièrement façonnée par l’Action Catholique de façon sans doute très intransigeante, travail suivi et sérieux avec les prêtres du secteur qui voulaient marcher dans ce sens. Je dois beaucoup en particulier à Joseph Demaugé qui était notre chef de file. C’est là que, responsable d’un quartier chemi-not un peu excentrique, la Cité Clément Desormes, j’ai été marqué par 3 genres de familles : des chrétiens qui se voulaient militants ouvriers chez lesquels j’ai découvert, à travers une grève, combien la vie de travail provoquait à un engagement de toute la famille, des petites gens non pratiquants, divorcés-remariés en particulier, chez qui j’ai découvert des richesses humaines et évangéliques profondes, un militant communiste que je n’ai jamais vu mais dont j’ai souvent entendu parler pour son dévouement sans limite et sa présence aux problèmes concrets des familles (expulsions…déjà… un soir de Noël !). Et c’est ainsi que petit à petit je suis devenu aumônier d’ACO (Action Catholique Ouvrière).

En 1967, j’ai fait le « Noviciat » (du Prado), vi-vant en équipe à St Étienne et j’ai obtenu de le faire en travaillant. C’est ainsi que j’ai dé-couvert l’intérim, le chômage (non rémunéré) et le travail de nuit. J’aurais bien voulu rester dans ma boîte mais les objectifs du Noviciat étant stricts, j’ai dû la quitter et j’ai été en-voyé dans le diocèse de Versailles, paroisse de Conflans-Ste-Honorine, en échange d’Olivier De Berranger que le Prado désirait pour la formation. Curé de la paroisse périphérique de « Chennevières », j’ai vite fait équipe avec la paroisse du centre ville et c’est notre ré-flexion commune, tournée vers la prise en compte des milieux de vie (ACO, JOC, MCC, ACI) qui nous a amenés à nous poser la ques-tion de l’envoi de l’un d’entre nous au travail. J’ai été le dernier à parler et avec l’accord du Vicaire Général, de la Mission Ouvrière sur le

5

secteur et à Paris (le Père Frossard), je me suis présenté à l’embauche en janvier 1970. J’ai simplement pensé par la suite à en informer le Prado qui ne s’est pas manifesté alors.

Sur ma vie de PO, vous savez beaucoup de choses puisque un papier a paru dans PPI n° 41 (revue du Prado), mais je voudrais ajouter que dans le même temps j’étais aumônier d’ACO, 1 équipe, 2 équipes, le secteur (malgré moi) et j’ai vécu des moments difficiles avec l’aumônerie lorsque, au cours d’une grande réunion sur Paris-Nord, un de mes bons co-pains aumônier lui aussi m’a lancé suite à une intervention de ma part : « Mais enfin Claude entre les PO et l’ACO, il faudra bien que tu choisisses ! », ce qui a provoqué dans l’assem-blée une foire indescriptible où se sont affrontés partisans et adversaires, tout ceci à ma grande stupéfaction. Je remercie les copains de mon équipe ACO avec qui j’ai partagé cela de n’avoir rien dramatisé et de m’avoir soutenu. Car pour moi, dans ma peau de Prêtre, PO et ACO ne pouvaient faire qu’un, l’un donnant sens à l’autre, se nourrissant mutuellement.

Ministère actuel, emploi du temps, style de vie

Prêtre-Ouvrier en pré-retraite en 1985.J’habite depuis 15 ans une cité HLM de 5000 habitants en bordure de la ville de St Ouen l’Aumône, beaucoup d’immigrés, beaucoup de jeunes, déclarée «îlot sensible»,

notre cité a fait l’objet d’investissements (maison de jeunes, maison de quartier, éduca-teurs de rue, peinture des montées d’escaliers …etc…). J’occupe le même appartement que Georges Désandes qui, après 18 mois d’hôpital et de maison de repos, puis 16 mois de FPA, a trouvé sur Paris un travail de bureau qui lui convient mais n’est pas encore embauché de façon définitive alors qu’il est depuis 20 mois dans la boîte.

Mon temps se partage de la façon suivante : Prière et Évangile jusqu’à 10 h au moins, dans toute la mesure du possible. Vie syndicale à la CGT principalement à travers l’activité juridique (Conseiller Prud’homme et défense juridique) qui est le lieu de combats très forts et très prenants qui, depuis le mois d’avril dernier surtout, m’ont particulièrement fatigué, -UL, UD, USR-Contacts variés à travers les familles que je connais, amis, voisins, anciens de Citergaz, etc…Liens d’Église : ACO, Religieuses Salariées, Groupe Travail Monde Ouvrier, Prêtres du sec-teur, Commission diocésaine « Justice et Paix », CDMO, PO, Prado diocésain, PO Prado. (on peut ajouter une équipe fraternité Charles De Foucault, Administrateur du Foyer de Vie pour Adultes Autistes « La Garenne du Val », la vie de la Paroisse avec un groupe biblique…).

Actuellement, la question se pose à moi d’un certain discernement pour élaguer ces activi-tés, en vue d’un engagement renouvelé dans le ministère PO authentique, ce qui veut dire sans œillères et loin de tout esprit de chapelle.

6

Itinéraire pradosien et participation à la vie du Prado

L’usine était sans doute pour mon père son gagne-pain et celui de sa famille, mais aussi celui de tous les ouvriers et ouvrières qui y travaillaient. Dans un petit pays comme le nôtre, les rapports entre patron et ouvriers étaient très personnalisés. A travers la ma-

nière dont mon père portait le souci de l’usine, j’ai peu à peu découvert une responsabilité à l’égard des hommes et toujours j’ai voulu faire comme lui. Lorsque j’ai décidé de deman-der à être prêtre ce ne pouvait être selon moi que « prêtre pour les ouvriers ». J’ai été tout près d’entrer chez les Jésuites - bien sûr ! - mais la perspective de ne pas être consacré pour eux m’en a écarté définitivement bien que ce choix m’ait laissé un grand vide. Je ne savais pas où aller. Depuis son passage à « l’École des Chartreux » à Lyon, en même temps que le Père Ancel (Responsable du Prado), mon père avait gardé quelques liens avec lui et c’est ainsi, je crois, qu’après l’avoir rencontré à mon sujet, il m’a proposé de lire « l’essai sur la spiritualité du Père Chevrier ». Effet immédiat. Je n’avais pas osé espérer jusque-là qu’il fût possible de chercher à suivre le Christ avec autant de simplicité et de vérité. Je suis rentré à Limonest en octobre 1949, j’y suis resté 3 ans. Très heureux : vie d’équipe, pauvreté maté-rielle, pratique de la coulpe, lectures spirituelles, vie de prière, tout m’allait, tout m’entraî-nait. Connaître et suivre Jésus-Christ, c’est tout, le reste n’est rien. Nous avons été formés comme des religieux et je suis resté longtemps dans cette optique, au risque de couper la vie de foi de la vie du monde. Je suis progressivement sorti de mes étroitesses à travers la rencontre des autres séminaristes au Séminaire Universitaire, à travers la vie de paroisse et l’ACO, à travers le « Noviciat » en travaillant et maintenant à travers la vie de PO. L’enfan-tement de l’apôtre chez le disciple est pour moi un long chemin. Je me réjouis beaucoup

7

de l’accent mis aujourd’hui sur la conversion de notre ministère. Ma participation actuelle à la vie du Prado se situe à l’intérieur du ministère PO. C’est parce que nous ne voulions pas nous référer au Prado comme à une générosité du passé mais sentions le besoin d’inventer le Prado dans nos vies de PO aujourd’hui que nous avons mis en route le groupe PO Prado Région Parisienne qui se réunit régulièrement depuis plus de 10 ans et mis sur pied depuis 1971 la retraite PO Prado de chaque été. Aujourd’hui, la conversion des PO du Prado dans leur attachement aux hommes est pour moi la préoccupation fondamentale car c’est elle qui, selon moi, nous permettra de découvrir et d’inventer en quelque sorte les chemins du ministère dont nous avons reçu la charge au milieu des autres prêtres.

Mon équipe de base rassemble Georges mais aussi Quentin Besson et André Berthe (dé-cédé) PO à Soissons (02) avec qui nous nous retrouvons 24 h tous les mois. Au-delà de nos lenteurs, elle est pour moi sujet d’émerveillement. J’ai été 7 ou 8 ans au CAPMO (Collectif d’Animation Monde Ouvrier) un partenaire parfois encombrant. Mais ce serait une erreur de tout mettre sur le dos de mes défauts de caractère. C’est à l’Assemblée de 1982, je crois, que Louis Magnin demandait au Prado d’accompagner les PO dans leur effort mission-naire. Il me semble que beaucoup reste à faire.

Au cours de l’Assemblée de juillet 1988, je crois que ma mauvaise humeur a été percep-tible. Il me semblait en effet que la vie des PO dans son originalité n’avait pas été apportée et craignant pendant les élections que le ministère PO passe complètement sous la table, j’étais saisi d’une véritable angoisse.

Aujourd’hui, je suis très heureux de la manière dont j’ai vu, à la retraite d’Annecy, les PO s’engager dans un mouvement de responsabilité collective et de conversion.

Arrivant au Conseil de France, je compte bien assumer les solidarités dans lesquelles mon passé m’a plongé, mais je n’entends pas m’y laisser enfermé. Même à l’approche de la soixantaine, l’avenir est ouvert pour que vive le Prado.

8

Nous croyons facilement que c’est nous qui aimons les hommes, nous voulons aimer les hommes pour de vrai.Il nous faut découvrir que l’amour n’est pas né de nous, découvrir qu’il a sa source

en Dieu.

Dans l’Évangile, contempler l’amour de Dieu pour les hommes, contempler l’amour de Dieu parmi les hommes, et désirer nous y associer, y être associés.

Consentir à longueur de temps, en pensées, paroles et actes A l’amour de Dieu pour les hommes, C’est là que germera l’amour vrai ; C’est de là que sortira le ministère authentique.

La source n’est pas en nous mais en Dieu.

La prière, une activité qui vient de nous ? Pas tellement.

Sans doute il faut s’y préparer, s’y disposer, en prendre le temps Au point qu’on peut la considérer comme un travail qui est effort,

Mais tout cela n’est que préliminaire, désir, attente.

La prière c’est Dieu qui se fait proche, Dieu qui se donne à aimer, à toucher, à sentir,

Et qui pourtant est au de là de tous ces sentiments.

L’amour de Dieu appelle l’amour de Dieu, la connaissance appelle la connaissance, la prière exige la prière. Voilà pourquoi je demande pardon à Dieu de n’être pas plus priant, consacré dans la prière, du milieu d’un peuple, acte sacerdotal.

S’immoler dans la prière, dit Chevrier, pas seulement par ce que la prière comporte persé-vérance et nuits, mais par ce que dans la prière on ne fait rien, on a disparu, offert à la seule activité de Dieu. Dieu seul agit. L’Unique Sauveur du monde.Et il me semble qu’il faut dire la même chose de la mission apostolique. Faire l’œuvre de Dieu, dit Chevrier. Pas la nôtre, mais la sienne. une conscience très forte que Dieu a com-mencé son œuvre et la poursuit en nous y invitant. Venez vous aussi travailler à ma vigne.Non pas n’importe quoi. Se dépenser, s’occuper, s’attacher aux hommes pour le plaisir d’être au milieu d’eux, comme eux, avec eux ; déployer sa générosité, son initiative, son intelligence.Si grande et légitime et nécessaire que soit cette action, celui qui n’est pas « du Christ » perd son temps, celui qui n’amasse pas avec moi disperse. Je suis le cep, vous êtes les sar-ments. Hors de moi, vous ne pouvez rien faire.

Communier à un amourTestament spirituel du Père Claude Gillier, prêtre ouvrier du Prado

9

Apôtre en disciple, parce que disciple. Le fruit, le sommet de la vie de disciple. St Paul qui désirait mourir pour être avec le Christ accepte et choisit de rester pour continuer à lui attacher de nombreux disciples.

Apôtre en mourant à soi-même dans l’accomplissement de l’œuvre de Dieu.

Tout ce que j’ai voulu faire par moi-même, il a fallu le défaire. Il faut commencer avec Dieu et finir avec Dieu. Avoir l’Esprit de Dieu c’est tout.

Nous ferons de l’obéissance notre vertu principale. Initiatives et mort à soi-même : pas l’un sans l’autre. Plus on est mort, plus on a la vie, plus on donne la vie. Ne pas faire obstacle à la vie de Dieu.

Compter sur la vie de Dieu.

Vous me suivrez dans ma gloire.

Voilà l’œuvre de Dieu.

Père Claude Gillier

Temps d’accueil et de partage de ce qui nous a été donné de vivre avec Claude organisé le dimanche 24 avril 2016, à 16 heures,à la Chapelle Sainte Thérèse, à St Ouen l’Aumône (rue Guy Sourcis)

10

L’homme libre que tu étais nous a toujours poussé, nous tes neveux et nièces et même petits-neveux , à nous remettre en question. Habité par l’Évangile, tu prenais parti pour le plus faible, au risque de ne pas toujours te faire comprendre au sein de ta belle

et grande famille. Enfant ou adolescent, je me souviens d’un voyage en voiture avec mes parents où le temps pour parcourir les 550kms qui séparaient St Julien de Paris (en 404 !) suffisaient tout juste pour un débat, où politique et religion faisaient parfois monter le ton …. mais qui, toujours, finissaient dans la paix et la réconciliation. Là je pense à mon père qui aurait bien aimé venir te dire un dernier au revoir aujourd’hui, mais qui a dû au dernier moment annuler ce projet.

Lorsqu’à Drevard tu venais passer quelques jours avec tes amis de la cité, tes copains du Portugal et d’ailleurs, c’était la fête ; il y avait Georges, Domingo et tous les autres ; Ils se-ront toujours nos amis. Tu nous réjouissais avec des histoires souvent rocambolesques, tu avais un don pour captiver ton auditoire. Il faut bien dire que tu conduisais ta vie, guidé par Dieu, en mêlant audace et humour ; ce qui menait bien souvent à des situations aussi ori-ginales que comiques, je citerai la chasse aux pigeons dans l’église d’Oullins par exemple où tu avais commencé en faisant un feu pour enfumer et chasser les braves bêtes et finale-ment tu conclus ton opération à la carabine ; les épisodes heureux se sont intercalés avec d’autres moins réjouissants qui t’ont fait passer quelques mois à l’hôpital ….mais pas assez pour entamer ton goût pour la vie !

Ton énergie et ta joie de vivre te permettaient d’entreprendre les choses les plus insensées au service de ton prochain, de tes amis, de ta famille ; rien ne t’arrêtait - je citerai l’éla-boration d’une généalogie de la Famille Montgolfier, tes descendants, sur une bande de papier calque de 300m de long sur 2m de large, un travail de concepteur et d’ingénieur, pour cela tu avais annexé un placard de Drevard ou deux gros cylindres et toute la méca-nique associée permettait de faire défiler les générations devant l’œil admiratif de tous … quel travail !

Je n’oublie pas non plus quelques parties de tennis où tu avais fait équipe avec ton frère Pierre - vous aviez baptisé votre team les « tontons flingueurs » …tout un programme pour nous les jeunes, de tenter de battre cette équipe redoutable !

Pour ta famille tu as toujours répondu OUI pour fêter et célébrer les grands événements qui sont des étapes fortes de notre vie de Chrétiens, de notre foi : fiançailles, mariages, baptêmes. Chaque préparation à ces événements était l’occasion de nous recentrer vers Dieu, tu nous rappelais que nous sommes aimés de Dieu et qu’avec Lui tout est possible.

J’ai relu le texte du sermon que tu avais prononcé lors de notre mariage ; les conseils que tu nous donnais résonnent encore dans nos têtes: ils sont toujours applicables aujourd’hui pour Pascale et moi. Merci pour tant de cadeaux, mon cher parrain !

L’« Adieu » d’Hervé, le filleul de Claude, lors des obsèques

Mon cher oncle et parrain !

11

Bonjour à toutes et à tous.

Nous sommes réunis, avec nos diversités, pour nous souvenir de Claude Gillier («Claude», comme nous l’appelions), dans un temps fraternel d’hommage et de recueillement ; pour lui rendre hommage, en quelque sorte.

Et c’est bien. C’est bien et c’est juste.Tout comme il est bien de le faire dans cette chapelle, composante de la paroisse pour et dans laquelle il s’est investi, a œuvré, durant plusieurs décennies. Mais pas seulement. Claude s’est impliqué de diverses façons dans la commune, dans son quartier, dans le dio-cèse. Cette chapelle est un édifice situé au cœur de la commune. C’est donc le lieu qui cor-respond à la plénitude de sa vie dans cette partie du Val d’Oise.Nous le faisons à plusieurs voix, tant sa vie est riche : riche de sens, de fonctions, d’actions, de rencontres, d ‘amitiés, de loyauté.Homme d’action(s), homme de foi, Claude a réussi à concilier sa vocation religieuse et une activité syndicale et prud’homale. Il a su surmonter les difficultés, des discordes, des vicis-situdes, certaines critiques ou incartades.Il fut animé par cette philosophie de vie durant tout son parcours.Ayant connu Claude dans le cadre de l’activité syndicale, j’aurais pu parler de lui en tant qu’ancien secrétaire général de l’union locale CGT. Mais cela aurait été réducteur. Bien d’autres aspects nous rapprochaient. C’est donc en ami, en membre de la paroisse, que je le fais humblement.Lui et moi nous sommes connus il y a trente ans. C’était en fin de journée, lors d’une ré-union préparatoire d’un congrès de l’union locale. Je me souviens de la gentillesse, de la bienveillance, avec lesquelles il m’a accueilli dans cette réunion (Laurent Dumont était le secrétaire général de l’UL et celle-ci se trouvait dans l’ancienne mairie, à cette époque). Depuis, nos parcours se sont juxtaposés. Une amitié sincère s’est construite. Les circons-tances de la vie nous ont empêché de nous voir aussi souvent que nous l’aurions voulu au cours des quatorze années où j’étais conseiller confédéral, à Montreuil. Mais un lien indéfectible, durable, existe et s’est prolongé jusqu’au 21 mars. Nous retrouver, même briè-vement, était un vrai plaisir.Ces toutes dernières années, ce lien a perduré par l’échange de nouvelles grâce à toi, Georges, et par courriers ; courriers qu’il rédigeait avec ton aide ou celle de sa sœur Colette. Notre dernière correspondance fut pour les vœux de début d’année. Des contraintes m’ont empêché de rédiger à temps la lettre que je voulais lui adresser pour Pâques.Nul besoin de préciser, à cet instant, que Claude compte beaucoup pour moi.Tous les deux, nous parlions du présent, de l’avenir ; peu du passé. En préparant ce temps de rencontre, j’ai appris à mieux le connaître encore, en dialoguant avec Georges.

Ma contribution exprime ma reconnaissance pour son dévouement et sa gentillesse.

Hommage de Jean-Pierre Séguin à Claude Gillier

Témoignages

12

Comment parler de Claude ?Tout d’abord, des mots me viennent à l’esprit. Je ne cite que ceux qui donnent du sens à l’évocation d’une personnalité, de liens sociaux, d’une démarche d’ouverture et de consé-cration aux autres : « attention, humilité, consécration, douceur, sourire, partage, généro-sité, empathie, fidélité, solidarité, fraternité, courage, transmission, pédagogie, authenti-cité et foi (en Dieu et envers la nature humaine).Des mots et puis un timbre vocal empreint de douceur, probablement celui de la région du Pilat, et agrémenté d’un sourire expressif. Une expression également : « les copains » aimait-il nous appeler.Mon propos n’évoquera que cette tranche de vie allant de 1986 à 2016. Mais l’échange que j’ai eu ces dernières semaines avec Xavier Bordet mettent en évidence une constante dans les liens qui unissaient Claude avec celles et ceux qui ont accompli un bout de chemin avec lui. J’y reviendrai.Dans le champ syndical, nous nous sommes le plus côtoyés de 1986 à 1993, durant mon mandat de secrétaire général de l’union locale de Saint Ouen l’Aumône.Outre l’attention qu’il portait au fonctionnement de l’union locale, Claude était investi dans deux activités : celle du service juridique et celle des retraités CGT.L’UL ayant été transférée du centre ville à Épluches, ces deux domaines d’activités avaient lieu au premier étage, à l’arrière du bâtiment de la salle de fêtes.Claude a su concilier une dualité d’engagements. Par ses activités, il a contribué à donner du sens à nos vies. Il l’a fait en conciliant l’action pour la satisfaction des besoins sociaux et vie spirituelle.Il y avait beaucoup d’humanité, chez Claude. Il faisait preuve d’empathie.Il allait vers les autres. J’espère qu’il a rejoint certain(e)s, là où il est.Il y avait également de l’humilité dans ses propos. Et depuis que Georges m’a parlé de la jeunesse de Claude, j’en suis encore plus convaincu.Conseiller Prud’hommes à Pontoise, Claude participait au fonctionnement du service juri-dique de notre UL et y tenait des permanences juridiques. Ce service juridique était animé par Jean Carrère, surnommé « Pépère », car il était l’aîné d’entre nous.Les discussions avec Jean Carrère reflétaient deux tempéraments différents. A certains moments, Jean affirmait son point de vue en haussant le ton. Mais ces discussions se fai-saient généralement sans mots agressifs ou désagréables. Il y avait juste une différence de tonalité. A la voix rocailleuse de Jean répondait la douceur de celle de Claude. Un respect mutuel existait entre eux. Une forme de complicité s’était établie. Claude fut d’ailleurs présent auprès de Jean lorsque sa santé s ‘est altérée, puis auprès de sa femme et de la famille au moment du décès et des obsèques.Bien que dans un mandat différent, l’un et l’autre mettaient autant de sérieux et d’atten-tion pour étudier les dossiers et rétablir les salariés dans leurs droits.Leurs activités faisaient référence. Les avocats venaient confronter leurs connaissances, leurs points de vue, leurs interprétations du droit. Claude et Jean étaient écoutés et res-pectés.

13

Claude parlait peu des difficultés vécues au sein du Conseil de Prud’hommes ou dans l’exercice de son mandat ; avec moi tout au moins ! Pour autant, je sais qu’il en a rencon-trées.Il était tout autant apprécié et écouté par les retraité(e)s CGT sur le secteur de l’UL. Jean et lui ne manquaient jamais de m’inviter à participer aux réunions des retraités. Claude y était vigilant pour la réunion de début d’année qui s’achevait par la galette de l’Épiphanie. Là encore, il associait le partage, le souci du « bien vivre » pour le plus grand nombre, l’échange transgénérationnel et la convivialité.Je considère, qu’à sa manière, il fut un « passeur ». Outre les connaissances acquises avec lui, il a veillé à faciliter les transitions entre les générations de dirigeant(e)s des deux UL : de Pontoise, puis de St Ouen l’Aumône. De l’époque de Xavier Bordet à celle de Daniel Bousson, Claude fut un passeur de savoirs, de « connaissance du terrain », de mémoire ouvrière, auprès de Jean-Jacques Guérin, Laurent Dumont, Georges Abadie et moi-même (pour ne citer que les secrétaires généraux). Voilà une autre qualité de Claude ! Cela m’a considérablement aidé. Je ne suis pas le seul. Voici ce que Xavier Bordet me disait, le 18 avril : « Claude a toujours été une référence pour moi ; nous avons eu des discussions passionnées qui m’ont permis de réfléchir, d’évoluer, et de ne jamais perdre de vue l’essentiel : la priorité à l’humain. Sa façon de vivre l’Évangile, de témoigner du Christ au cœur du monde ouvrier, jusque dans son engagement cégétiste est exemplaire. Il m’a permis de ne pas laisser s’éteindre en moi la quête incessante de la part de divin enfoui au plus profond de mon être. ».Et dans un projet de « Mémoires » qu’il rédige, il évoque les rendez-vous conviviaux entre militants de l’UL de Pontoise organisés au bord de l’Oise (l’UL de St Ouen l’Aumône n’exis-tait pas, à cette époque).Claude a beaucoup apporté à toutes les personnes qui l’ont côtoyé et à la CGT notoire-ment, au sein des unions locales de Pontoise et de Saint Ouen l’Aumône.Il avait la faculté de créer autour de lui un rapport singulier d’où émanait la sérénité et qui donnait envie d’agir et d’avancer ensemble.Il a agi :- agi, je l’ai dit, pour concilier un mandat syndical et une vocation religieuse ;- agi auprès des personnes dans le besoin, de salariés, de retraités ;- agi pour faire face aux ennuis de santé …A sa manière, il est un homme qui a lutté.Je garde de lui le souvenir d’un homme chaleureux, attachant, ouvert, possédant une ri-chesse de pensée et d’immenses qualités de cœur. Ainsi, à la moindre occasion, ne man-quait-il pas de prendre des nouvelles de ma femme et de nos deux filles.Il y avait la richesse de l’échange et tout ce qui était perceptible dans le regard. J’ai remar-qué cette constance, que ce soit lors de nos discussions au service juridique ou lors des offices religieux. J’ai en tête, le regard lumineux en direction de moi et de mon épouse lorsqu’il nous apercevait à certains offices dominicaux ou à la messe de Noël.Je faisais référence à son sourire, précédemment. Si un jour vous avez une baisse de moral,

14

un manque de dynamisme, rappelez-vous de Claude. Le souvenir de son sourire, de son énergie pour se consacrer à autrui, booste.Claude est l’une des belles rencontres que j’aurai faites au cours de ma vie d’adulte. Il avait le goût de faire partager ce qui fait l’essentiel de nos vies.Il nous a quitté physiquement. Il s’est éloigné mais il n’est pas disparu. Il n’est pas très loin. Il est passé dans la pièce d’à côté. Il s’est endormi durablement au cours de la semaine sainte. Faut-il y voir le destin ou, pour celles et ceux qui partagent sa foi, y voir le signe d’une invi-tation à entretenir la flamme de la vie, de l’espérance, la main tendue vers les personnes dans le besoin ?Dans le contexte actuel, il n’aurait certainement pas été insensible au vécu des migrants qui cherchent refuge en Europe.Sachons poursuivre ce qu’il a accompli, réalisé. Continuons à transmettre ce qu’il nous a permis d’apprendre. A nous d’essaimer ce que nous avons appris à ses côtés.Faisons-le à notre manière, selon nos convictions, nos parcours. Faisons-le par la pensée, dans la prière, par un regard porté sur des photos, par l’évocation de moments partagés.Faisons-le avec respect, humilité, mais aussi avec compassion pour sa famille.Claude, mon ami, mon compagnon de vie et de parcours d’action, mon camarade (même si ce mot est raillé par certaines personnes), tu me manques, comme tu vas manquer à beaucoup.Merci aussi ! Merci pour tout le bien que tu as fait, pour ta bienveillance, ta gentillesse, le bonheur que tu as généré, ainsi que pour tout ce que tu as partagé.Je n’ai pas la pleine légitimité pour le dire avec justesse, mais je crois que tout cela est fi-dèle et conforme aux valeurs auxquelles tu étais attachées, aux vœux que tu as prononcés.Par ailleurs, l’œuvre de ta vie exprime bien le profond humanisme qui te caractérisait.Le syndicalisme, c’est l’école de la vie.

Ta famille, la communauté catholique, n’ont pas à rougir de tes engagements. La CGT peut s’enorgueillir de te compter parmi ses adhérents, ses militants.Je savais qu’un jour nos chemins sur terre se sépareraient, s’arrêteraient. Mais je n’étais pas prêt à ce que cela soit ce printemps.Toi, pasteur parmi les apôtres, tu es devenu une nouvelle étoile dans le ciel.Repose en paix.

Jean-Pierre Séguin

* Jean-Pierre Séguin fut le Secrétaire général de l’union locale CGT de St Ouen l’Aumône, de 1987 à 1993.

15

C’est à l’union locale CGT de Saint Ouen l’Aumône que nous avons fait connaissance …Tu n’étais pas facile à voir … Très discret et surtout très pris par les dossiers juridiques des salariés de la zone industrielle et des environs.

Puis nous fûmes au Centre de tri confrontés à l’embauche de CDD, chose dont nous avions entendu parler dans le privé et dont nous pensions ne pas voir dans la fonction publique, vu le statut.C’est ainsi qu’avec Georges ABADIE, secrétaire de section du centre de tri, nous avions décidé, après maintes discussions entre syndiqués, de vous rencontrer toi et Jean-Pierre puisque vous représentiez le pôle juridique et l’union locale, pour avoir des conseils et vé-rifier les contrats de ces nouveaux salariés.Bataille que nous avons menée avec ténacité et ferveur puisque nous avons obtenu la transformation d’une dizaine de contrats en CDI et l’application de la règle de l’embauche en CDD comme il est prévu dans le cadre du Code du travail (règle dont tu nous avais par-lé).Les militants du centre de tri s’ouvraient au juridique …Et tu continuais à nous rendre visite au centre de tri et nous encourager, surtout dans la lutte à l’heure où certains camarades voulaient en découdre avec colère contre ce système, toi tu veillais sur nous en nous rappelant le cadre juridique.Merci Claude d’avoir pris le temps de m’écouter parler de mes liens distants avec la religion à l’époque … Je te fis part de ma déception de ce prêtre que j’avais rencontré à un moment difficile de ma vie et tu m’as demandé si je croyais le Seigneur capable d’écarter ses en-fants.Et c’est ainsi que j’ai repris le chemin de l’église de Saint Ouen l’Aumône puisque tu officiais le dimanche.Merci Claude de ta présence et je sais aujourd’hui que tu nous regardes et nous écoutes en souriant comme tu as toujours su le faire.

Marie-Claude

Hommage prononcé par Marie-Claude Clain

16

C’était en 2001, lors de l’Assemblée générale de l’association LA GARENNE DU VAL.Bernard Hance présente un ami qui veut bien se joindre à nous, parents qui avons créé le Foyer de Vie de Mériel afin de la faire vivre et de procurer aux adultes autistes qui y sont accueillis le plus grand bien-être possible.

CLAUDE GILLIERPrêtre-ouvrierToute une vie consacrée au service du monde du travailUn regard bienveillant sur toutes les différencesUn visage jovial, plein d’humanitéDes paroles rares, mais paroles pleines de sens et de poidsAmitié profondeNotre reconnaissance est infinie, grande est notre tristesse.Ce n’est qu’un au-revoir, CLAUDE.

Mariette, au nom de tous les administrateurs de La Garenne du Val

Témoignage des administrateurs du « Foyer de vie La Garenne du Val »

L’adieu à notre sage

Tu nous as aimés Claude à travers l’accompagnement de notre secteur dans nos aumône-ries d’équipe, la formation biblique, nos retraites.Tu nous as toujours soutenus avec bienveillance et permis de grandir dans la foi au Christ dans nos vies de travailleurs pendant toutes ces années.Tu as été l’image auprès de nous de la fidélité au Christ et au monde ouvrier.Merci, Claude

Message du secteur A.C.O de Pontoise-Vallée de Montmorency aux obsèques de Claude Gillier

17

Hommage à Claude Gillier (chants)

Envoi : Notre vie fraternelleElle a la saveur du vin. Elle est parfum de roses.Elle est comme le pain. Ce n’est pas une chose !Elle est couleur de nuit. Elle est aux doigts bien douce.Elle est repos dans bruits. Elle est la fleur qui pousse.

Oui, amis, elle est belleEt quand nous saurons toutNous la chanterons debout

Notre vie fraternelle.Elle est notre matin. Elle est notre soirée.Elle est notre destin. Elle est souvent fêtée !Elle est belle et lointaine. Pas facile toujours.Également prochaine. Elle est de tous les jours.Elle est jolie, jolie. Elle donne sens à tout.Discrète aussi, polie. Elle est bonne pour nous.Elle a la saveur du vin. Elle est parfum de roses.Elle est comme le pain. Ce n’est pas « une chose ».

Composé par Paul Anglade, prêtre ouvrier

Avec tous ceux qui espèrent

Avec tous ceux qui espèrentau-delà de tout,Avec tous ceux qui espèrent,ces hommes un peu fous,Nous voulons crier au mondece que nous croyons,Nous voulons crier au mondece que nous vivons,Nous vivons …

1. Voici, les temps peuvent changer,Voici, l’avenir est ouvert,La confiance balaye la peurEt nos luttes, nos résignations …

2. Voici, les temps peuvent changer,Voici, l’avenir est ouvert,L’amour fait reculer la haine,Et la guerre laisse place à la paix …

3. Voici, les temps peuvent changer,Voici, l’avenir est ouvert,La lumière fait la nique à la nuit,Et la mort ressuscite à la Vie

Si t’as pas d’bons yeux …

Si t’as pas d’bons yeux,Tu n’verras rien d’tout ça,Si t’as pas bons yeux,Si t’as pas bons yeux.Si t’as pas bons yeux,Tu n’verras rien d’tout ça,Si t’as pas d’bons yeux …

1. Ces gens qui se respectentcomme ils sont, d’où qu’ils viennent,ces gens qui refusent la haine,composent une harmoniede mille différences.

2. Ces gens qui multiplienttant de liens fraternels,qui mettent dans leurs viesdes p’tits bouts de soleil,habillent des matinsOù mille joies s’éveillent.

3. Ces gens qui se rencontrent,et pour mieux se connaître,ces gens qui se rencontrentet s’invitent à leurs fêtes,reprennent les refrainsde mille chansons fières.

4. Ces gens qui s’organisent,qui se parlent et s’écoutent,ces gens qui s’organisentet surmontent leurs doutes,font résonner les ruesde mille mots rebelles.

5. Ces gens qui se démènent,qui débattent et proposent,ces gens qui se démènentpour faire bouger les choses,éclairent l’avenirde mille vies nouvelles.

18

Prière d’abandon du Bienheureux Charles de Foucauld

Quelques textes appréciés par Claude

Poème de Michel GosseClaudeTu es de ceux qui ont de la lumière dans les yeux.Ton âme peut chaque jour de nouveaux cieux.La douceur s’éveille par ta seule présence.Le bonheur est un art dont tu connais la science.Nous voulons être pour toi ce que tu nous as donné.Tu es un pays où la vie prend mille couleurs.Nos larmes plein le yeux te couvrent de douceurs.Regardons les cieux se noyer dans tes yeux.Nous avons compris combien ton cœur était pieux.La douceur s’éveille par ta seule présence.Le bonheur est un art dont tu connais la science.

Prière de Père ChevrierO Christ, que tu es beau … Qui saura te reconnaître ?Te voir et te comprendre, n’écouter que toi.Te suivre et te connaître, Toi mon seul Seigneur, Jésus Christ,Laisse venir sur mon âme un rayon de ta lumière.Fais retentir ta parole, qu’elle éclaire mes chemins !Laisse briller sur mon âme ta tendresse pour les pauvres.Ils connaîtront ta parole et partageront ta vie.Merci, Claude, pour ton amour ! Tu faisais partie de notre Famille.

Mon Père,Je m’abandonne à toi.Fais de moi ce qu’il te plaira.

Quoi que tu fasses de moi,Je te remercie.Je suis prêt à tout.J’accepte tout.

Pourvu que ta volonté se fasse en moi,En toutes tes créatures,Je ne désire rien d’autre, mon Dieu.

Je remets mon âme entre tes mains.Je te la donne, mon Dieu,Avec tout l’amour de mon cœur.

Parce que je t’aimeet que ce m’est un besoin d’amourde me donner,de me remettre entre tes mains sans mesureavec une infinie confiance,

Car tu es mon Père.

19

Texte de Marcel Perrier, ancien évêque de Pamiers (Ariège) en retraiteà Moutiers (Haute-Savoie)

Avoir, non pas pour accumuler,mais pour partager.

Savoir, non pas pour éblouir,mais pour éclairer.

Pouvoir, non pas pour dominer,mais pour servir.

Valoir, non pas pour paraître,mais pour être.

Croire, non pas pour limiter l’homme, mais pour le grandir.

C’est en novembre 2013 que Claude a quitté St Ouen l’Aumône pour la maison de re-traite (ehpad) St François d’Assise à Lyon dans la quartier de la Croix Rousse. Dans ce nouveau milieu de vie, Claude, devenant de plus en plus dépendant, a été bien

entouré par sa sœur Colette qui lui rendait visite presque tous les jours, par toute sa fa-mille à laquelle il était très attaché, par Georges et Maurice ses frères d’équipe PO, par ses anciens camarades de travail, par ses frères du Prado, des Prêtres Ouvriers et ses amis. De nombreux courriers reçus ont été le signe qu’il n’a pas été oublié. Grâce au personnel de l’établissement et à des résidents, Claude a pu tenir le coup avec des hauts et des bas. Après 2 ans et 4 mois, Claude nous a quittés le lundi de la semaine sainte 21 mars 2016. Le mardi 29 mars, une eucharistie d’A Dieu a été célébrée à la chapelle du Prado à Lyon avec une simplicité remplie d’espérance et Claude, par son testament spirituel, nous a aidés à rendre grâces pour toute sa vie donnée à Dieu et aux autres et à retrouver la joie et la paix du Ressuscité. Le 24 avril 2016, à la chapelle Ste Thérèse de St Ouen l’aumône, nous étions 150 personnes de la cité « chennevières » où Claude a vécu plus de 40 ans, des membres de l’ACO, de la CGT, du PCF, des anciens de Citergaz où Claude a travaillé 15 ans, des paroissiens etc…pour rendre hommage à Claude, pour tout ce qu’il nous a donné de vivre avec lui : chants, té-moignages, prières et le verre de l’amitié fraternelle.

Un grand merci à Claude pour tout : ton goût pour une vie humble, ta joie de vivre, ta fidé-lité à Jésus-Christ et à la classe ouvrière et spécialement aux « blessés de la vie».Salut mon frère et au revoir.

Georges

20

Claude Gillier : «sur la route, dans ma 2 cv, nous étions quatre délégués du personnel qui revenions de voir l’Inspection du travail : nous réclamions justice contre la mise à pied que l’employeur venait de nous infliger. Brusquement, Roger interrompt notre échange et dit : «Cela vous étonne, tout ça ? Vous vous rappelez pas ce qu’a dit un homme qu’on appelle Jésus ? Si tu veux avancer, laisse ta femme, ton chien et marche !» Puis il se tourne vers moi : «Oh Claude, excuse-moi, ce n’est pas à moi de dire ça ! Parce que à l’église, moi j’y vais jamais... mais j’y peux rien, ça me tient là», dit-il en frappant sa poitrine avec son poing.» Georges Desandes : «Je me réfère à ce que les évêques de la Mission en monde ouvrier ont déclaré, à Strasbourg, en 2001 (voir plus haut). Voilà pourquoi j’ai décidé de vivre comme prêtre dans le travail salarié, ouvrier et employé, et depuis peu retraité, au sein du mouve-ment ouvrier, habitant une cité populaire : militant syndical, politique et associatif, acteur avec d’autres du mouvement social. Ensemble, avec eux qui subissent les injustices de puissants, nous pouvons relever la tête pour nous faire respecter, et bâtir une cité frater-nelle dans la justice et la paix. J’aime à croire que c’est dans ce mouvement de libération que l’esprit de Jésus nous précède sur les routes de toutes les «Galilées» du monde. J’essaie de vivre ce ministère de P.O. pour participer au «Tous ensemble» des blessés de la vie dont je fais partie. Le lieu de Dieu, c’est le monde des hommes.»

Paroles de «P.O.»«Eglise en Val d’OIse - avril 2004»