les territoires de l’innovation en quoi la silicon valley est...

25
MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 1 Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est-elle un modèle des territoires d’innovation ? Elle possède les caractéristiques d’un territoire d’innovation Elle met en synergie les différents acteurs de l’innovation Elle est un espace territorial modèle pour les autres territoires. http://ec.europa.eu/environment/ecoap/about-eco- innovation/research-developments/eu/705_fr.htm

Upload: truonghanh

Post on 07-Jun-2018

217 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 1

Les territoires de l’innovation

En quoi la Silicon Valley est-elle un modèle des territoires d’innovation ? Elle possède les caractéristiques d’un territoire d’innovation Elle met en synergie les différents acteurs de l’innovation Elle est un espace territorial modèle pour les autres territoires. http://ec.europa.eu/environment/ecoap/about-eco-innovation/research-developments/eu/705_fr.htm

Page 2: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 2

UNIVERSITES GRANDES ECOLES LABORATOIRE

DE

RECHERCHES

ACTEURS

PRIVES

INNOVATION ET COMPETITIVITE

INDUSTRIES DE HAUTE TECHNOLOGIE

ACTEURS PUBLICS

CREATIONS DE TERRITOIRES SPECIFIQUES TECHNOPOLES TECHNOPÔLES

DEVELOPPEMENT REGIONAL DES TERRITOIRES DEVELOPPEMENT MONDIAL DES TERRITOIRES + HIERARCHIE

financement

échanges

créent

Savoirs et savoir-faire

Page 3: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 3

Cœur technologique

Haute technologie Prix élevés Marché limité Production faible

Croissance Innovation Prix qui augmentent Marché qui se développe Production de masse

Marges technologiques

Maturité Production stabilisée Prix en baisse Consommation de masse Production de masse

Périphéries de montage

Déclin Technologies banales Prix bas Marché saturé Production en baisse

Page 4: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 4

En quoi la Silicon Valley est-elle un modèle des territoires d’innovation ? « Les vainqueurs de cette compétition mondiale seront ceux qui pourront réunir le meilleur du design, de la fabrication, de la recherche, de l'exécution, du marketing. Ces différents éléments se retrouvent rarement dans un même pays ou sur un même continent » (Jack Welsh, Président de General Electric).

I. Elle possède les caractéristiques d’un territoire d’innovation

Les critères d’un territoire d’innovation Les formes des territoires

Un technopôle, territoire de l'innovation, est donc caractérisé par :

une situation périurbaine (quelques exceptions ; par exemple, Nantes Atlanpole est au coeur de la ville), avec souvent affirmation d'une nouvelle centralité.

une genèse souvent liée à une politique volontariste des collectivités territoriales.

un nombre important d'acteurs qui travaillent en synergie ; les plus importants étant les entreprises.

Les clés du succès de la Silicon valley sont multiples CF http://www.senat.fr/ga/ga47/ga475.html

La Silicon valley tire parti de la mondialisation, en développant un « habitat » propice à l'innovation, au point d'avoir acquis dans ce domaine un avantage comparatif inégalé. D'après William F. Miller, professeur à l'Université de Stanford, la force de la Vallée ne réside pas seulement dans ses percées scientifiques ou technologiques, mais aussi dans l'existence d'un milieu particulièrement favorable à la transformation des idées en produits, mis rapidement sur le marché grâce à la création de nouvelles entreprises. Aucune région au monde n'a su, aussi bien que la Silicon valley, tirer parti des synergies du couple innovation-entrepreneuriat.

Toujours selon le professeur Miller, les principales caractéristiques de l' « habitat » siliconien sont :

Des « règles du jeu » adéquates, établies par les autorités publiques : Les règles légales (droit de la concurrence, de la propriété intellectuelle etc.) sont indispensables au développement économique. Tout manquement doit être sanctionné par un régulateur.

L'existence de services aux entreprises, créateurs de valeur ajoutée, en matière financière par exemple, ou en matière de gestion des ressources humaines.

Un fort développement du capital-risque, dans un climat récompensant l'audace économique. CF. échec pas irrémédiable, donc pas peur de l’échec qui est pris en compte dans le processus de développement économique. Tirer parti des erreurs commises permet à l'entrepreneur de repartir éventuellement sur une autre voie plus prometteuse.

La libre circulation des capitaux : c'est la condition d'une allocation optimale des ressources.

La circulation des idées: elle favorise un processus d' « apprentissage collectif » (« collective learning ») par des interactions fortes entre le monde des affaires, la recherche et le secteur public. Donc il faut savoir profiter des savoirs acquis dans toutes les régions du monde, grâce à ses liens au niveau mondial avec d'autres « clusters » industriels, notamment grâce à l'immigration.

Enfin, le dynamisme démographique est également un facteur de la réussite économique californienne. La population active s'élève à 17,5 millions d'individus, pour 35 millions d'habitants. La population californienne est en constante augmentation, 4.1 millions d'habitants supplémentaires ayant été recensés entre 1990 et 2000. La libre circulation des personnes permet d'employer le personnel le plus qualifié. La politique d'immigration américaine a pris en compte cet impératif, ce qui s'est traduit par une augmentation récente du quota de visas H1B, réservés aux immigrants qualifiés, notamment dans les secteurs scientifiques et technologiques. Beaucoup d'entreprises naissantes sont créées par des migrants de première génération.

http://www.senat.fr/ga/ga47/ga475.html

Page 5: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 5

Une localisation efficace : proximité de San Francisco : Sud de SF, vallée

Mais aussi des caractéristiques uniques : Un modèle unique et non-duplicable Le modèle Californien s’appuie sur des caractéristiques identifiables:

Des entreprises à succès, qui agissent comme modèles, dynamisent la recherche scientifique et soutiennent l’entrepreneuriat local grâce à des initiatives spécifiques,

Une recherche de pointe, grâce à des institutions de haut niveau (Stanford, Berkeley, etc.) qui alimente l’innovation grâce à la valorisation de la recherche,

La présence d’un vivier d’investisseurs privés parmi les plus denses au monde, qui sont parfaitement intégrés dans les réseaux entrepreneuriaux, facilitant la détection de projets et l’accès des entrepreneurs à des fonds de financement, Un réseau de talents particulièrement bien maillé, qui interagit en permanence, génère des idées et collabore, ce qui accélère grandement les développements des entreprises locales. La plupart de ces professionnels ne sont pas originaires de la région, mais sont attirés par capillarité, ce qui produit un renouvellement constant des talents présents, et donc des idées.

Une culture de l’entrepreneuriat unique, et un taux de création de startups 3 ou 4 fois supérieur aux régions concurrentes.

Bien que la plupart de ces caractéristiques soient "transférables", recréer la culture locale semble une tâche impossible, voire sans doute également peu souhaitable. Cela n’empêche pourtant pas d’autres écosystèmes, aussi bien aux Etats-Unis (Boston, New York, etc.) que dans le reste du monde (Londres, Toronto, Tel Aviv, Berlin, Paris, etc.) de favoriser l’éclosion d’une dynamique entrepreneuriale locale qui leur est propre, et qui se différencie nettement de celle de la Silicon Valley. http://territoireentrepreneurial.wordpress.com/2012/04/20/la-silicon-valley-fera-t-elle-des-petits/ Analyse de la Silicon Valley http://www.clubic.com/actualite-71185-direct-usa-portrait-silicon-valley.html

Vagues d’innovation dans la Silicon Valley de 1950 à nos jours Source : Collaborative Economics, Inc.

Page 6: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 6

II. Elle met en synergie les différents acteurs de l’innovation

http://www.slate.fr/economie/82657/logiciels-europeens-cluster-silicon-valley

http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/etpays/Europe/EurScient8.htm

Page 7: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 7

FTN et Banques : Riches familles industrielles : Parmi eux, on trouve notamment Arthur Rock (Davis & Rock : Intel, Apple Computer, Scientific Data Systems,...) et Tommy Davis (Mayfield Fund : 3Com, Amgen, Atari, Compaq, Genentech, Sandisk, etc.). l’industrie des semi-conducteurs. Les nouveaux venus, dont Kleiner, Perkins, Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road, la fameuse route qui longe Stanford et maintient aujourd’hui sa réputation de mecque mondiale du capital-risque ETATS : Investissement dans les technologies de défense amorcée par le gouvernement fédéral pendant la Seconde Guerre mondiale (la côte pacifique était un emplacement stratégique), et dont Stanford était l’un des principaux bénéficiaires. L’industrie du capital-risque a été officiellement institutionnalisée en 1958 avec le Small Business Investment Act. Cette loi permettait à l’Agence américaine des petites et moyennes entreprises (U.S. Small Business Administration) d’accréditer des sociétés d’investissement dans les PME (Small Business Investment Companies ou SBIC) afin de soutenir le financement et la gestion de la création d’entreprises. Les SBIC recevaient une grande partie de leurs fonds de la part du gouvernement. William Henry Draper III, qui a créé en 1959 la première firme officielle de capital-risque de la Silicon Valley, Draper, Gaither & Anderson (DGA), a souvent crédité ce programme gouvernemental d’un rôle décisif dans son initiative. AUTRES ACTEURS : Universités : Standford : L’université de Stanford continue à cultiver ses relations avec l’industrie technologique qui vit à ses portes. « Stanford a conscience de la valeur essentielle de faire partie intégrante de la Silicon Valley », Citoyens : De fait, la région s’épanouit grâce au flux ininterrompu d’individus venus de toutes les contrées pour participer au bouillonnement intellectuel et d’affaires local. Selon le 2010 Silicon Valley Index publié par Joint Venture: Silicon Valley Network et la Silicon Valley Community Foundation, 60 % des ingénieurs et autres talents scientifiques de la Silicon Valley sont nés à l’étranger Ce melting-pot est concentré sur un territoire exigü entre la baie de San Francisco et une petite chaîne de montagnes océaniques. « Quiconque s’imagine que les distances ne comptent plus à l’ère numérique ferait bien de venir faire un tour dans la Silicon Valley pour se rendre compte à quel point la proximité géographique est un facteur fondamental du succès de cette région », déclare Paul Duguid, professeur à la School of Information de l’université de Berkeley Le « networking », ou l’art d’accroître et cultiver son réseau de contacts, est une pratique qu’on ne peut ignorer ici qu’à ses risques et périls. Ainsi, l’écosystème local est respectueux des échecs dont il se nourrit et qui forment le terreau d’où émergent les succès créateurs d’innovation et de richesse

Page 8: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 8

III-Elle est un espace territorial modèle pour les autres territoires.

Page 9: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 9

http://archives-fig-st-die.cndp.fr/actes/actes_2001/raba/article.htm

Des espaces spécifiques à l’échelle locale : Une agglomération : main d’oeuvre, marché

Des infrastructures de transport et de communication

Des lieux de haute technologie : Universités, centres de recherches des sièges d’entreprises

Des lieux d’échanges : centres de conférences, espaces de travail, espaces de vie agréables (récréatifs)

Donc création d’un modèle de Cluster qui peut être transposable

Page 10: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 10

Des espaces spécifiques à l’échelle mondiale : Développement des clusters et des technopôles dans le monde

Rôle des agglomérations

Rôle des hubs donc déterminent des centres et des périphéries : cœurs technologiques, périphéries de montage donc une hiérarchie se crée.

Rôle des littoraux ou des vallées. Écosystème vertueux, fort de son ancrage universitaire et du succès de ses progénitures, la Silicon Valley fascine et fait des émules.

Clusters d'innovation dans le monde Source : Juan Alacer, Harvard Business School et New York University ; analyse McKinsey

Page 11: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 11

Page 12: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 12

Une hiérarchie mondiale Des pôles mondiaux d’innovation :

Etats-Unis avec Megalopolis et la Californie

L’Europe avec des systèmes polycentrés : 3 pôles régionaux Londres, Paris, Europe Rhénane

Le Japon avec le Tokkaïdo La montée en puissance des pays émergents :

Brésil, Chine, Inde : développement de territoires d’innovation cf Bengalore

Développement autour des transferts de technologie entre les états

Le Comité d'Honneur réunit 16 « références » mondiales dont 9 prix Nobel. icm-institute.org rei.revues.org Interactions de connaissance à proximité et à distance

rei.revues.org Interactions de connaissance à proximité et à distance La mobilité et l’ancrage de connaissance dans la région Source : auteurs, à partir de Berset et Crevoisier (2006)

Page 13: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 13

Du paradigme d’innovation et de proximité aux dynamiques territoriales de connaissance

Un schéma théorique d'un technopôle (vu par un manuel) qui vient compléter ...deforge.eklablog.com

Page 14: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 14

de hautes technologies, ont proposé un nouveau concept, celui de cluster ...cybergeo.revues.org http://www.mfcpole.com.tn/technopole-textile_124_F124_P117

Page 15: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 15

... complète

impliquant, au-delà des trois piliers que constituent les ...

assemblee-nationale.fr

Page 16: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 16

Page 17: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 17

Fiche sur la Silicon Valley et son évolution La genèse de Silicon Valley La Silicon Valley est un espace relativement réduit d'une quinzaine de kilomètres de large et d'environ cinquante de long, située au sud de San Francisco. Son noyau central se trouve entre Palo Alto et San José dans Santa Clara County (ce dernier terme est une unité territoriale que l'on peut assimiler à un département en France). Aujourd'hui ce nom est célèbre mais il ne fut utilisé pour la première fois qu'environ vingt ans après la naissance du centre d'activités. Autrefois, on disait « Palo Alto », « l'industrie électronique de la Côte Ouest », ou « Santa Clara County », car l'activité de cet espace était encore limitée et peu connue. C'est en 1971 qu'un journaliste, Don Hoefler, a publié dans « Electronics News » un article intulé « Silicon Valley ». Ce nom à la fois imagé et bien adapté, donnait à ce lieu l'authenticité irréfragable d'un mythe. Dans les années 1940, Santa Clara County était une zone agricole tranquille, qui depuis la fin du XVIII, siècle, avait connu une certaine prospérité économique grâce à la fertilité du sol, mis en valeur par les colonisateurs ibériques. San José est la grande ville du « Comté » avec une population de 68 000 habitants (en 1940) et un centre économique doté d'une industrie alimentaire, de machinerie et de services. La seule communauté exceptionnelle était Palo Alto, une charmante ville universitaire de 20 000 habitants, à 35 kilomètres au nord de San José. L'Université y avait été fondée par la magnat du chemin de fer et sénateur Leland Stanford en 1885. Il fit don d'environ 20 millions de dollars à la nouvelle université ainsi que d'une ferme de 9 000 acres pour servir de campus. Comme nous allons le voir, cette petite enclave sera un élément essentiel pour la transformation de la région. La naissance et la croissance de la Silicon Valley s'intègrent dans une logique industrielle en mutation, liée à plusieurs concepts : la division sociale du travail, l'organisation interne de la firme (division technique du travail), le marché du travail, et l'économie d'agglomération (éléments plus loin). Cependant, à part ces aspects généraux de l'industrialisation contemporaine, chaque technopôle est un mélange de ces mécanismes logiques et d'une série d'événements individuels dont l'importance est loin d'être négligeable, surtout aux premières étapes de la croissance. Parmi ces « facteurs de localisation isolés », nous retenons quelques points historico-économiques. 1°- D'abord, nous pouvons évoquer le rôle de l'Université de Stanford qui a créé un réseau de recherche. Fred Terman, professeur, puis vice-président à l'Université, a joué un rôle capital dans le développement de son établissement et de la « Silicon Valley ». L'ascension de Stanford - qui atteint le rang des meilleures universités américaines dès les années 1960 - favorisa le développement de l'industrie de la microélectronique et en retour la « Silicon Valley » contribua à la célébrité de l'Université. La conviction de Terman était que l'Université a besoin de développer d'autres relations avec le nouveau type d'industrie basée sur la science et la technologie. Il démontra aussi que l'industrie locale profiterait de cette relation. En 1951, il fonda le fameux « Stanford Industrial Park », qui lui permit de recruter des professeurs de haut niveau et de faire entrer de l'argent à l'Université par le biais de la location du parc. En 1955, les entreprises rapportèrent un demi-million de dollars, somme portée à deux millions en 1965, et à plus de sept millions en 1976. En 1981, les droits au bail et les locations de terrains ont donné 24 millions de dollars (18+6), recette directement utilisable par l'Université. En 1951, la première société qui a signé une location dans le parc était Varian Associates, suivie en 1954 par Hewlett-Packard. En 1955, sept sociétés se trouvaient dans le centre, puis 32 en 1960 et 70 en 1970. Les 90 entreprises locataires en 1980, qui emploient environ 25 000 personnes, sont toutes axées sur une activité de haute-technologie. C'est ainsi que le centre de recherche de Stanford a servi de modèle à de nombreux centres de haute-technologie développés aux Etats-Unis et dans le monde entier. 2°- Le deuxième élément à noter est la localisation des premières industries en électronique et plus particulièrement des entreprises produisant des semi-conducteurs. Ces sociétés en électronique ont favorisé la création d'une économie d'agglomération (au début à un niveau très modeste mais positif). La naissance de l'électronique a débuté en 1912 à Palo Alto ; Lee de Forest et deux chercheurs de la Federal Telegraph Company (une des premières firmes d'électronique) ont découvert les propriétés amplificatrices du tube à vide. Forest entretenait des liens avec l'Université et son travail était en partie financé par Stanford. Il est à la base d'un processus local d'industrialisation. Géant de l'informatique et de l'instrumentation, Hewlett-Packard ou H.P. a connu le destin typique de la croissance californienne. Créée par deux étudiants de Stanford pour commercialiser un simple oscillateur (un modèle perfectionné par Hewlett), l'entreprise s'est rapidement diversifiée pour devenir le leader mondial de l'instrumentation et un fournisseur important d'informatique. La petite société de Dave Packard et de Will Hewlett se développe rapidement après sa création en 1938. Quatre ans plus tard, son effectif atteint une centaine de

Page 18: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 18

personnes et les ventes s'élèvent à plus d'un million de dollars. En 1950, les 200 employés fabriquent 70 produits différents avec un chiffre d'affaires de 2 millions de dollars. En 1985, H.P. emploie 84 000 personnes dans le monde et réalise un chiffre d'affaires de 6,5 millions, ce qui situe l'entreprise au 58, rang des sociétés américaines selon le classement du magazine Fortune. Le siège social de l'entreprise se trouve toujours au Stanford Research Park. La période la plus dynamique de la croissance économique régionale est associée à la naissance d'une nouvelle industrie révolutionnaire: l'industrie des semi-conducteurs. William Shockley - Prix Nobel en 1956 - participe en 1947 à l'invention du transistor dans les laboratoires Bell (branche de R & D de l'American Téléphone and Telegraph). En 1955, il a fondé sa société, la Shockley Transistor Company, à Palo Alto, en réunissant autour de lui huit jeunes et brillants chercheurs des laboratoires de la côte Est, qui allaient constituer le noyau du développement de l'industrie des semi-conducteurs sur la côte Ouest. Ces personnes furent de toute évidence attirées par la renommée scientifique de Shockley. En 1957, à la suite d'un désaccord avec ce dernier, le « groupe des huit », avec l'aide de l'industriel Sherman Fairchild, fonda la première société à se concentrer uniquement sur le silicium : la Fairchild Semiconductor. L'entreprise de Shockley disparut peu de temps après mais son fondateur, avec Fred Terman, peut être considéré comme le co-fondateur de la « Silicon Valley ». Parmi les fondateurs de Fairchild, plusieurs d'entre eux quittaient leur entreprise pour de nouvelles sociétés : Aneleo, Union Carbide Electronics, Intersil, Intel. Mouvement qui donna naissance au travers de ce « spin-off » intense, à toute une descendance d'entreprises dont certaines continuent à prospérer. Selon Semiconductor Equipment and Materials Institute, en remontant l'histoire de plus de 80 firmes, on trouverait sur leur arbre généalogique, une origine liée à Fairchild (entre 1959 et 1983;). 3°- Le troisième élément est la présence des importantes installations militaires et aérospatiales dans la baie de San Francisco (comme la Moffett Field Naval Air Station à Mountain View). L'implantation de Lockheed au nord de la Californie fut aussi un événement prépondérant. Dans les années 1960, les achats de semi-conducteurs par les départements de la Défense américaine représentaient environ 40% de la production totale. Même si la part du marché militaire est relativement modeste aujourd'hui (environ 7% en 1988), il faut considérer que ce faible pourcentage représente la technologie la plus sophistiquée. Les ingénieurs et les scientifiques travaillant dans ce secteur (par exemple Lockheed employait 2 200 scientifiques en 1962) ont créé une force de travail hautement qualifiée. Dans la recherche gouvernementale, la Californie s'est taillée la part du lion depuis 30 ans. A tous ces éléments on peut ajouter les avantages qualitatifs comme la douceur du climat et l'espace disponible. Ce sont des facteurs non quantifiables mais les enquêtes auprès des entreprises montrent qu'ils sont attractifs. La Silicon Valley est devenue également une zone importante pour les investisseurs, essentiellement en capital-risque. Environ un tiers des plus grandes sociétés en capital-risque sont situées à proximité de Silicon Valley. Dans les années 1950 et 1960, il n'était pas vraiment difficile de trouver les fonds nécessaires au démarrage d'une entreprise de haute-technologie (la somme correspondait à un million de dollars environ). Les entreprises ont pu facilement entrer sur les marchés grâce à la nouveauté des produits ; l'importance de la commande publique (militaire), donc l'absence des coûts de marketing, a minimisé les risques. De ce fait, l'offre et la demande de capital-risque ont trouvé un bon équilibre. La Silicon Valley a fait naître également une nouvelle idéologie car les succès de certaines personnes ont été très médiatisés. Les exemples sont nombreux, le plus cité est celui de Steve Jobs et Steve Wozniak, les créateurs d'Apple. La légende est très connue : deux jeunes passionnés d'informatique mettent au point en 1974, un premier appareil Apple Due, qui connait très vite le succès et la faveur des banquiers. Grandie très vite, la jeune entreprise de génie emploie en 1987 plus de 6 000 personnes et réalise un des meilleurs ratios de toute l'industrie américaine, avec un chiffre d'affaires moyen par employé supérieur à 400 000 dollars. Après le départ de Steve Jobs - qui a commencé une nouvelle aventure avec Next, le micro du XXI siècle l'entreprise est entrée dans l'âge adulte, a créé Macintosh et s'installe avec force sur le marché de la micro. Cet idéal de création, d'innovation et d'argent est tout à fait compatible avec la culture américaine dominante. Cette dimension idéologique ne doit pas être sous-estimée, elle a contribué à un climat de stimulation et de compétition qui fait partie du visage technopolitain. B. Le modèle de croissance à Silicon Valley L'emploi dans l'industrie des semi-conducteurs à Silicon Valley s'est considérablement développé entre 1964 et 1985 : 1 178% en 22 ans ! Parallèlement, le nombre des entreprises dans la branche est passé de 7 à 136. Cette expansion de la production de semi-conducteurs s'était accompagnée d'un développement industriel en amont et en aval, aidé par la formation d'une économie d'agglomération. Tous les secteurs de haute-technologie sont liés d'une façon ou d'une autre, à l'industrie des semi-conducteurs, soit comme producteur, en offrant un produit, soit d'une manière directe ou indirecte comme consommateur de produits finis. L'emploi lié à la haute-technologie était multiplié par dix entre 1962 et 1982, tandis que les autres industries restaient stagnantes.

Page 19: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 19

La contribution de la production des semi-conducteurs dans l'ensemble des branches de haute-technologie est passée de 15,6% en 1967 à 22,3% en 1982. Le nombre d'emplois s'est accru de manière spectaculaire en dix ans (1972-1982) dans le secteur de la fabrication des ordinateurs, en étant multiplié par cinq. L'étude de Business Directories Inc. a identifié, en 1985, plus de 2 500 établissements appartenant aux activité de haute-technologie dans la Silicon Valley. L'économie d'agglomération de Silicon Valley a été davantage intensifiée par la croissance des villes locales. Cette population était la base d'un marché intensif du travail dans le secteur électronique. Au total, de 1940 à 1980, la population du Comté a augmenté de plus d'un million d'habitants et son taux de croissance est très supérieur à celui de la Californie et des Etats-Unis. D'une part, une large gamme de cadres, ingénieurs et techniciens s'y établit, créant un marché local du travail très fluide, de haut niveau, d'une grande mobilité. D'autre part, l'immigration est forte, composée majoritairement d'Hispaniques et d'Asiatiques qui représentent une force de travail non-qualifiée et non syndiquée en nombre croissant. (17,5% de la population du Comté est hispanique et 7,8% d'origine asiatique). Silicon Valley possède donc une main-d'œuvre très particulière : technique, administrative, très qualifiée d'une part, et immigrée, non-formé d'autre part. Sur ces bases, les producteurs de semi-conducteurs construisent de nouveaux rapports salariaux (Scott, 1988). L'urbanisation est fulgurante: en vingt ans (1955-1975), 325 000 nouveaux logements sont construits, soit 83% du parc total des logements existants en 1975. La croissance urbaine se fait d'abord autour de Palo Alto et de l'Université de Stanford, l'industrie électronique se développe alors dans les communes adjacentes de Montain View, Sunnyvale et peu à peu en direction du Sud vers Santa Clara et Cupertino. Très vite, les pouvoirs publics perçoivent l'importance de cette industrie naissante et opèrent une politique d'attraction en développant un immobilier industriel conçu pour ce type d'activités. En 1950, San José devient le centre urbain de la Silicon Valley : sous la pression des propriétaires fonciers, des constructeurs, des aménageurs et de la communauté financière, la ville connaît une croissance très supérieure à celle des autres villes du Comté. Sa population est multipliée par trois entre 1950 et 1960. Dans les années 1960-1970, San José accueille plus de 50% de la population totale du Comté de Santa Clara. A la fin des années 1970, plus de 70 000 personnes travaillent à Palo Alto, mais parmi elles, seulement 1 1 000 y résident. San José joue le rôle de centre résidentiel de la vallée, elle est devenue la « chambre à coucher » de la Silicon Valley. Un fort déséquilibre se développe entre le nord qui concentre la population et l'industrie par rapport au Sud de la vallée restée zone naturelle. A ce phénomène s'ajoute dans les villes du Nord le développement de l'immobilier industriel tandis que se ralentit la construction de l'habitat. Le Comté n'offre plus assez de logements. Au total en 1980, il abrite environ 67 000 emplois contre 480 000 logements. Un déséquilibre spatial s'installe entre le Nord plus industrialisé et le Sud plus résidentiel. Les municipalités du Nord freinent la construction pour préserver la qualité de l'environnement pour les entreprises et les résidents. Selon Anna-Lee Saxenian (1981) un mouvement anti-croissance s'organise dans la vallée. Si la population employée dans l'industrie électronique se caractérise par une faible politisation et reste peu organisée et revendicative dans son cadre de travail, en revanche, les résidents se mobilisent pour leur cadre de vie. Près de la moitié des nouveaux arrivant dans la région appartiennent aux strates sociales élevées. Fortement impliquée dans les structures associatives, cette société participe activement aux organisations politiques locales. La crise de l'urbanisation est directement perçue par la population résidente. La qualité de l'environnement s'est fortement détériorée, le paysage naturel a disparu, la vallée s'est transformée en zone d'activités et de parking, les extemalités négatives se sont accrues : pollution de l'air et de l'eau, congestion, coûts du logement, dispositions des espaces libres. Les revendications portent sur la redéfinition des espaces (industriels et résidentiels) et la limitation de la densité d'emploi. Les municipalités développent des actions pour maîtriser et gérer la croissance par des mesures de régulation qui dirigent les activités vers le Sud du Comté. Le mouvement social et la nouvelle politique urbaine ont contribué, à l'apparition d'un nouveau contexte économique local. Les entreprises locales sont confrontées à une croissance rapide de leurs coûts de production dans le Comté. Au manque d'espace s'ajoute de plus en plus le manque d'emploi : la population de main-d'œuvre qualifiée, essentielle pour la production électronique, devient de moins en moins accessible aux industriels. La décentralisation de la production hors de la région sera en partie une réponse au nouveau contexte économique et social de la région. Dans les années 1970, l'arrivée à maturation des technologies de la microélectronique permet une nouvelle logique d'organisation de la production industrielle. Le marché lui aussi a évolué : la croissance des entreprises, les coûts à l'entrée sur les marchés plus élevés, l'arrivée de nouveaux concurrents japonais et européens sur le marché international, nécessitent la recherche de nouveaux gains de productivité . L'évaluation technique et économique affecte les différentes phases du processus de production. D'une part, les phases de conception technique et matérielle des circuits devenues très sophistiquées sont plus capitalistiques et moins accessibles aux petites entreprises, d'autre part, les phases de production (« wafer fabrication ») et

Page 20: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 20

d'assemblage test des semi-conducteurs, devenues standardisées tendent à être segmentées voire automatisées. Une nouvelle division spatiale des fonctions se développe . En effet, I° Les opérations de production utilisant le travail peu qualifié sont délocalisées vers les pays d'Asie (Hong Kong, Corée, Malaisie, Singapour, Tî(iwan) qui deviennent des lieux de production. II° Les régions semi-rurales de l'Ouest américain, à la main-d'oeuvre bon marché, accueillent les fonctions d'assemblage. Michael Storper appelle ce phénomène les « travailleurs de ghetto-paysan en haute-technologie », ces derniers sont d'ailleurs majoritairement une force de travail féminine qui n'a aucune chance de trouver un autre emploi dans ces régions. (Essentiellement Washington State, Utah, Colorado, Arizona, Oregon). Les entreprises de Silicon Valley retiennent comme critère de localisation la distance de trois heures de vol aérien, ce qui montre l'importance de la communication entre les différentes étapes du processus de production. III°. De nouveaux centres de conception apparaissent sur le territoire américain, à la suite de la saturation de Silicon Valley comme celle de la Route 128, et de la croissance de la demande. Ces nouvelles localisations sont généralement aidées par les contrats de la Défense ou par les Etats (Research Triangle). IV°. Dans les années 1980, de nouvelles zones sont apparues, combinant la recherche et la production à grande échelle. Ainsi Texas-Phoenix-Tucson, Austin-San Antonio, Salt Lake City, avec leur marché du travail diversifié, sont devenues des centres industriels de haute-technologie avec des coûts plus accessibles que ceux de la Silicon Valley. Aujourd'hui, Silicon Valley présente l'image d'un vaste complexe industriel diversifié de haute-technologie. On s'aperçoit qu'une large majorité des producteurs de semi-conducteurs se sont concentrés le long de la route 101, et d'une manière moins dense près de la route 17, dans les municipalités de Mountain View, Sunnyvale, Santa Clara, San José et Milpitas. Cet ensemble forme un espace relativement fermé, de 25 km de long où les producteurs sont associés à une grande variété de fournisseurs en amont et une non moins grande diversité de consommateurs en aval. La production de semi-conducteurs est soutenue par tout un réseau de fournisseurs spécialisés et de sous-traitants, qui constitue l'un des lieux importants de l'économie d'agglomération dans la région. Ces fournisseurs et ces sous-traitants sont essentiellement des assembleurs, des concepteurs de circuits « maskmakers », etc. et sont en relation les uns avec les autres. Cette localisation fermée et de proximité prouve la présence de relations fonctionnelles entre les producteurs, les fournisseurs et les sous-traitants. La corrélation entre la localisation des producteurs de semi-conducteurs et celle des principaux clients les constructeurs d'ordinateurs) réduit le coût des transactions. La carte des localisations prouve cette particularité de la proximité spatiale. Mais si la croissance continuelle a provoqué l'apparition des économies d'agglomération, l'évolution de l'économie internationale, - l'entrée du Japon et de l'Europe dans la compétition - ont favorisé la séparation des fonctions et la délocalisation de certaines unités à la périphérie, pour économiser sur les coûts de production. La Silicon Valley, spécialisée dans les fonctions de haut niveau, reste un centre attractif pour les fonctions administratives et de R & D des grandes entreprises. La qualité de son environnement technologique, la présence des services spécialisés, sa compétence en haute technicité continuent à exercer un fort pouvoir de concentration dans la région. Cette attraction est due essentiellement à une importante économie d'agglomération spécialisée - qui est basée sur un environnement où les transactions sont très intensives comme à la disponibilité de services très variés provenant des fournisseurs et des sous-traitants verticalement désintégrés, et la présence d'un marché du travail composé de personnel hautement qualifié et d'une main d'œuvre non qualifiée. Les établissements produisent des produits finis et semi-finis en quantité relativement faible comme les prototypes, en consommant des services très variés, en petite quantité selon des intervalles irréguliers. Tout ceci nécessitant un travail qualifié, ces entreprises ont des problèmes concernant les liaisons externes au niveau input-output. Dans ce cas, les relations sont flexibles et intenses. Ces éléments expliquent le regroupement des fabricants dans un espace commun réduit.

Page 21: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 21

Fiche résumé sur Silicon Valley : Source web I - La Silicon Valley aujourd'hui : comment en est-elle arrivée là ? La Silicon Valley est une zone stratégique pour les États-Unis. Si cette dernière est implantée au sud de San Francisco, ce n’est certainement pas le fruit du hasard. À travers une présentation générale du site et d’une étude cartographique sur son environnement, nous découvrirons les raisons de son implantation. a) Un lieu, un peuple Les États-Unis sont la première puissance mondiale, incontestablement. Avec une population de 314 826 000 habitants en 2012, ils constituent le 3ème pays le plus peuplé au monde, derrière les nouveaux géants que sont l’Inde et la Chine. La Californie, quant à elle, regroupe 38 millions d’habitants, soit 12,5% de la population américaine ; et parmi ces 38 millions d’habitants, 3 millions vivent dans la Silicon Valley. Étalée sur une aire de 4800 km², elle équivaut à seulement 1/100 du territoire californien… Sur un rapport puissance/superficie, la Silicon Valley ne laisse aucune place à la concurrence. Elle est un lieu atypique, et propice à l’épanouissement. D’ailleurs, Steve Jobs (1955-2011), ex-président d’Apple, né à San Francisco (et mort dans son domicile de Palo Alto –en plein cœur de la Silicon Valley-), a souvent exprimé sa fascination pour la région. En 1995, il déclare, à propos de son enfance, lors d’une interview au Smithsonian Institution, une institution de recherche scientifique, que la Silicon Valley est « le plus merveilleux endroit pour grandir ».

Étudions tout d’abord l’emplacement géographique de la Silicon Valley. Cette « company of companies » se situe entre la Baie de San Francisco et les Santa Cruz Mountains. La ville de San José (environ 1 million d’habitants) s’autoproclame capitale de la Silicon Valley. L’axe principal qui la traverse est la « U.S Route 101 », reliant San Francisco à Los Angeles en passant par des villes comme Burlingame, Palo Alto, Sunnyvale ou encore San José. Étudions maintenant la population de la Silicon Valley. Cette population, d’après l’Index of Silicon Valley 2011, est inégalement répartie selon l’âge des personnes : en effet, plus d’un tiers d’entre eux ont entre 20 et 44 ans et un quart en possède entre 45 et 64. A contrario, les jeunes (0 à 19 ans), ne forment qu’un quart de la population de la Silicon Valley. Toujours d’après l’Index of Silicon Valley 2011, 2/5 des habitants sont « blancs, non hispaniques ». Les asiatiques arrivent en deuxième position. En effet, avec près de 30% de la population, ils représentent une proportion non négligeable. Ce pourcentage est d’autant plus élevé que, lorsque l’on dresse une comparaison avec la population ethnique de l’État de Californie, on remarque que les asiatiques en représentent seulement 12%, malgré la proximité du continent asiatique. Les hispaniques représentent un peu plus d’un quart des habitants de la Silicon Valley. Cela s’explique très facilement. En effet, San Jose, une des villes principales de la Silicon Valley, n’est séparé que par 740 km de San Diego, ville frontalière avec le Mexique. Cela est représentatif de l’État de la Californie, puisque sa population est composée d’environ 35% d’hispaniques. Intéressons-nous à présent à la qualification de la population californienne et aussi plus précisément à celle de la Silicon Valley. En 2009, le taux d’obtention d’un « Bachelor degree » ou diplôme supérieur était le plus important parmi la population asiatique, avec un pourcentage atteignant les 48% ; cela signifie que près de la moitié de la population asiatique de Californie possède un niveau équivalent à un Bac+3 ou plus. Et dans le cas de la Silicon Valley, la proportion est d’autant plus marquée que 57% des asiatiques ont ce niveau. A contrario, la population hispanique, quasi-équivalente en nombre à celle des asiatiques, bénéficie d’un niveau de qualification beaucoup plus inférieur ; en effet avec 10% de diplômés avec un niveau Bac+3 ou plus en Californie et 14% dans la Silicon Valley, cette ethnie est la moins qualifiée de la région. Nous pouvons donc en conclure que les asiatiques réfléchissent, innovent tandis que les hispaniques, de leur côté, exécutent.

Page 22: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 22

b) Pourquoi ici ? La Silicon Valley est dotée d’une interactivité exceptionnelle. Sa puissance est mondialement reconnue et ce depuis quelques décennies. Trois facteurs majeurs font de ce cluster une zone particulièrement attractive. L’Université Stanford est un premier facteur de puissance. Située sur la commune de Palo Alto, elle a été fondée en 1885 par un magnat des chemins de fer, Leland Stanford. Son campus s’étend sur près de 32 km². Près de 15 000 étudiants sont scolarisés chaque année dans des domaines qui vont de la nanotechnologie au marketing. Sa réputation d’excellence en fait une des meilleures universités au monde. Parmi les nombreux cursus proposés, son école de commerce est en particulier reconnue. Cependant, certains anciens élèves font aujourd’hui parti d’une élite scientifique : c’est le cas des fondateurs de Google (Larry Page et Sergey Brin), par exemple. Les brillantes carrières de certains anciens élèves de l’université leur ont permis d’obtenir au total 19 prix Nobels et 4 prix Pulitzer. Aussi, au sein de cette entité se trouve L’Office of Technology Licensing, l’office des brevets de l’Université Stanford. C’est un organisme qui est chargé de délivrer des brevets, dans le but de générer un revenu qui sera utilisé pour développer la recherche et l’enseignement. Constitué d’experts dans le domaine des sciences, il s’accorde sur la loi Bayth-Dole votée en 1980, qui prône notamment le partage des gains apportés par un brevet entre le ou les inventeurs, leur lieu de conception et surtout les écoles ou universités qui furent le cadre des recherches, pour soutenir la recherche future. Une université obtient donc des subventions des inventions brevetées en son sein. Cela encourage les élèves et favorise le développement et par conséquent la puissance de la région. De plus, la Silicon Valley se trouve dans une région que l’on appelle la Sun Belt (ceinture du soleil en français). Mais qu’est-ce que la Sun Belt ? Pour simplifier, nous dirons que c’est une zone qui présente une certaine force, une certaine vivacité économique. Elle est surtout reconnue pour le dynamisme de ses industries de pointe, comme par exemple dans la Silicon Valley, lieu d’innovation. Elle se compose essentiellement des États de l’Ouest et du Sud des États-Unis. Cette dernière attire de nombreux flux migratoires, notamment du Mexique, pays frontalier des États-Unis. Ainsi, la main d’œuvre est facilement mobilisable. Les scientifiques inventent, les ouvriers fabriquent. Ce circuit, dans la Sun Belt, ainsi que dans la Silicon Valley, est particulièrement rapide. Et c’est cela qui fait sa force et qu’elle parvient à se démarquer des autres. D’ailleurs, les hispaniques composaient à eux-seuls plus d’un quart de la population de la Valley en 2011, preuve de l’importance des « exécuteurs » dans ce haut lieu d’innovation. Enfin, les États-Unis jouissent d’une importante attractivité et sont liés aux pays qui les entourent. Ainsi, l’ALÉNA (Accord de Libre-Échange Nord-Américain) facilite le dialogue et le commerce entre les trois pays majeurs d’Amérique du Nord que sont le Mexique, les États-Unis et le Canada. Grâce à cet accord, certaines usines américaines proches de la frontière mexicaine bénéficient d’une exonération des droits de douane, pour amoindrir leurs coûts de production, et ainsi offrir du travail à une main d’œuvre souvent peu qualifiée ... ce sont les maquiladoras. La Silicon Valley est donc un petit territoire à grand potentiel. L’innovation y est le maître mot. Cluster inégalable, elle jouit d’une attractivité importante et sa situation géographique fait d’elle un carrefour entre les hauts lieux d’innovation mondiaux. Ainsi, elle entretient de forts liens avec l’Asie ... seul l’océan Pacifique les séparent. Dans cette première partie nous avons découvert le lieu. Dans la seconde, nous étudierons les activités et les richesses qui y sont produites. http://la-silicon-valley.e-monsite.com/pages/i-la-silicon-valley-aujourd-hui-comment-en-est-elle-arrivee-la.html

Page 23: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 23

II - La Silicon Valley : quel est son poids dans l'économie américaine ? La Silicon Valley, nous l’avons vu dans la première partie de cet essai, est un haut lieu d’innovation. Malgré une situation géographique restreinte et assez « fermée », son champ d’action est mondial, c’est-à-dire que son activité dépasse ses frontières naturelles. Dans cette seconde partie, nous allons essayer de comprendre pourquoi elle est d’une importance capitale pour la première puissance mondiale que sont aujourd’hui les États-Unis. a) Son influence sur le travail La Silicon Valley possède sept universités, réparties uniformément sur le territoire : en effet ces universités se trouvent de part et d’autre de la baie, au nord avec Berkeley, Oikos (à Oakland) et San Francisco, au sud avec San José, à l’ouest avec Stanford (à Palo Alto), et à l’est avec Devry (à Fremont) et East Bay (à Hayward). Ces universités regroupent au total 117 583 étudiants selon les sites des universités. Cependant, la part des élèves dans chaque université n’est pas proportionnelle, l’université de Berkeley regroupant plus de 35 000 étudiants tandis que l’université Oikos n’en possède qu’une centaine. Certaines universités sont les propriétés de l’État de Californie (San José et East Bay), une fait partie d’une organisation à but lucratif (Devry), et les autres "sont indépendantes", les universités de l’État et de l’organisation n’ont pas indiqué l’origine de leurs élèves, les autres ne l’ont pas caché et sans surprise les étudiants asiatiques sont très nombreux dans certaines universités ; à Stanford, par exemple, ils sont 22% des 19 945 étudiants soit 4350 étudiants environ :dans cette université on peut voir que les étudiants sont de toutes origines, 10% des étudiants sont noirs et 30% sont blancs. L’université de Berkeley, considérée comme l’une des meilleures du monde, est très conservatrice puisque 73% de ses étudiants proviennent de la Californie sur ses 36 142 étudiants soit 26 380 étudiants environ. L’université Oikos, située à Oakland, tristement célèbre pour une fusillade ayant eu lieu le 2 avril 2012 et qui fit 7 morts et 3 blessés graves, possède seulement une centaine d’étudiants, tous d’origine coréenne. L’université de San Francisco respecte quant à elle une certaine équité des origines puisque 38,6% des 9036 élèves sont blancs et 36.3% sont asiatiques latins ou africains soit respectivement environ 3490 et 3280 étudiants. Enfin, dans les deux universités appartenant à la Californie, il y a au total 43 160 étudiants, 13 160 à East Bay et 30 000 à San José. L’université Devry placée à Fremont appartient à une organisation regroupant à travers toutes ses universités 90 000 étudiants, dont 9200 dans la Silicon Valley. La répartition de la main d’œuvre est divisée en 6 secteurs d’activité par l’index de la Silicon Valley 2010 : la gestion des infrastructures, les services et produits d’information, l’innovation et services spécialisés, la gestion administrative et des ressources, autres activités industrielles, et les sciences biologiques. Ces domaines sont très inégaux en nombre, puisque la gestion des infrastructures occupe à elle seule 749 311 emplois sur les 1 305 331 actuellement disponibles soit 58% du total, alors que le domaine des sciences biologiques occupe 20 807 personnes dans la Silicon Valley. Le secteur des services et produits d’information est le deuxième plus important avec 273 377 postes ce qui représente 21% du total. Celui de l’innovation et services spécialisés emploie quant à lui 141 012 individus soit 11%. Enfin, les domaines de la gestion administrative et des ressources et des autres activités industrielles sont équivalents, puisque le premier emploie 55 843 personnes et le second 54 663 et représentent chacun 4% du total. La Silicon Valley est un pôle d’innovation majeur pour les Etats-Unis et pour le monde entier. Sa concentration d’ingénieurs et scientifiques est hors norme puisqu’ils sont 200 000. En 2008, 60% de ces ingénieurs sont nés à l’étranger, soit 120 000, ce qui démontre l’attractivité de cette région de par le monde. De plus, ce nombre est en augmentation puisqu’en 2000 les ingénieurs nés à l’étranger représentaient 50% du total qui avoisinait les 200 000 soit une progression de 10 points et ce en 8 ans. Enfin, cette part des étrangers est anormalement plus élevée que la moyenne américaine puisqu’en 2000 ces ingénieurs et scientifiques représentaient 18% du total et 21% en 2008. Ces ingénieurs et scientifiques proviennent en grande majorité d’Asie du sud et de l’est : en effet, en 2000, sur la part de ces intellectuels, 20% étaient originaires d’Inde, 12% du Vietnam, 11% de la Chine, 7% de Taiwan, 7% des Philippines, 4% de Hong-Kong, 3% du Japon, 2% de la Corée du Sud, ce qui représente 66% du total réparti dans 8 états. La connaissance du vieux continent semble oubliée puisque dans ces données, en 2000 il y avait 3% de ces techniciens qui étaient russes, 3% britanniques, 2% allemands et 2% français soit 10% du total pour des pays qui étaient déjà à cette époque les dirigeants du monde avec les États-Unis et le Japon. Ce phénomène de privilégier l’Asie dans le secteur de la recherche s’est accentué puisqu’en 2008, on peut noter une augmentation de ce total de 9 points, soit 75 % du total pour ces mêmes pays, en Inde ils représentaient 28% du total, 14% pour la Chine, 10% pour le Vietnam, 7% pour Taiwan, 7% pour les Philippines, 3% pour la Corée du Sud, 3% pour Hong-Kong et 3% pour le Japon, pendant cette courte période, ces pays ont su tirer leur épingle du jeu et notamment l’Inde et la Chine avec des augmentations respectives de 8 et 3 points sur ces 8 années. L’enlisement de l’Europe a progressé puisque les 8 pays nommés en 2000 ont encore perdu de la marge, la Russie étant le seul pays à

Page 24: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 24

garder son taux tandis que les autres perdent 1 point chacun, soit pour le Royaume-Uni un passage à 2% et pour l’Allemagne et la France un passage à 1%. Les deux autres membres de l’Aléna ne sont pas non plus privilégiés, puisque le Canada a sa part qui va rester la même au cours de cette période au nombre de 3% et pour l’autre voisin, le Mexique sa proportion passe de 3 à 2%. En 2009, pour le total de ces ingénieurs et scientifiques, la répartition dans les domaines est la suivante : 50% sont dans l’informatique, 31% sont physiciens, 8% travaillent dans le design, 6% sont des biologistes, 3% sont des mathématiciens, et 2% sont présents dans le domaine de l’aérospatial.

b) Son influence sur l’économie L’économie américaine est la plus important du monde. Avec près de 4,5% de la population mondiale, les États-Unis génèrent près de 20% de la richesse planétaire mesurée en termes de parité du pouvoir d’achat. La conjoncture actuelle des États-Unis étant assez compliquée, nous pourrions avancer l’hypothèse que ce pays est en proie à de graves problèmes politico-financiers. Or, le pays d’où a débuté la crise économique mondiale que nous subissons depuis 2007 parvient à se relancer. Le PIB (Produit Intérieur Brut) des États-Unis s’élevait, en 2011, à 15 423 milliards de dollars USD. À titre comparatif, celui de la France, toujours en 2011, s’élevait à 1 996 milliards d’euros courants, soit 2 600 milliards de dollars américains. Quant à celui de la Californie, il s’élève à 1900 milliards de dollars. La puissance du « Golden State » est donc énorme. Certes, la situation économique mondiale n’est pas au beau fixe et de ce fait, les investissements à risque se raréfient. D’ailleurs, les investissements tout court se raréfient, comme en témoigne l’échec d’entrée en bourse de Facebook (sa valeur a baisée de 19 milliards de dollars en seulement quatre jours). La Silicon Valley s’est développée grâce aux personnes qui ont investies dans des « start-up », des entreprises parties de rien, et qui présentent un fort potentiel. Ainsi, les capital-risqueurs, qui étudiaient les projets des étudiants, la plupart du temps fraichement sortis de l’université Stanford, investissaient dans leurs entreprises et les aidaient à devenir grands ... la Silicon Valley étaient donc leur paradis. C’est le cas de l’entreprise mondialement connue aujourd’hui Apple. Et dire que Steve Jobs et Steve Wozniak ont conçu leur premier ordinateur dans le garage de Bill Fernandez, le voisin de Woz ! Aujourd’hui, leur siège est à Cupertino (toujours dans la Silicon Valley) mais cette firme emploie plus de 60 000 personnes. Cet exemple est typique d’une entreprise de la Silicon Valley. Partie de rien, devenue (co ?)leader de son secteur, c’est aujourd’hui une entreprise très populaire, si ce n’est la plus populaire : près de 80 000 Macintosh vendus en 10 ans, une vente en augmentation de 442%, plus de 260 millions d’Ipod achetés, et plus de 67 millions d’Ipad livrés ... Chaque produit est un succès planétaire. Si la Silicon Valley était parvenue à se relever après l’explosion de la bulle internet, il semble que pour la première fois depuis 2004 l’économie de la région présente de légers signes de fatigue. Mais, alors que l’économie américaine est entrée en récession en 2007, la Valley, elle, subit moins les effets de la crise. D’ailleurs, le marché des technologies de l’information et de la communication (TIC) américain est le plus grand au monde. Ce secteur est déterminant dans la croissance américaine des vingt dernières années. Représenté uniquement par des grands noms tels qu’Apple, Google, Microsoft, IBM, Hewlett-Packard ou encore Facebook, ce marché s’appuie essentiellement sur une région : la Silicon Valley. Apple, en 2010, c’est un chiffre d’affaires de 15,68 milliards de dollars. Facebook, sur le même exercice, c’est 3,711 milliards de dollars. Que dire de plus ? Grâce notamment à la Silicon Valley, la Californie serait à elle seule la septième puissance mondiale ... Google, quant à lui, a pratiquement multiplié son chiffre d’affaires par 10 en moins d’une décennie ! De plus, quatre entreprises du top 20 des plus grandes entreprises des États-Unis (classement du magazine Fortune en 2011) sont des firmes implantées dans la Silicon Valley. Les 10 plus grandes entreprises de la Valley (dans l’ordre Hewlett-Packard, Intel, Apple, Oracle, Google, Amgen, Sun Microsystems, Seagate Technology, Solectron Flextronics et Applied Materials) créent à elles-seules près de 300 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Aussi, l’entreprise Ford, classée neuvième dans le classement Fortune des entreprises les plus riches, possède, depuis juin 2012, un laboratoire de recherche (le « Ford Silicon Valley Lab ») situé à Palo Alto. Fruit du hasard ou non, cet atelier a été construit à quelques centaines de mètres du siège social de Facebook et à moins d’une dizaine de kilomètres de ceux de Google, Microsoft ou encore Intel. La Silicon Valley, pour beaucoup, c’est le paradis de l’innovation, le lieu où l’on peut changer le monde. D’ailleurs, la révolution numérique a pris sa source dans la Silicon Valley : des premiers ordinateurs d’IBM aux récentes tablettes d’Apple, il n’y a qu’un pas.

Page 25: Les territoires de l’innovation En quoi la Silicon Valley est …sbdc86c72621db62c.jimcontent.com/download/version/...Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road,

MMurphy-Chanéac, Territoire d’innovation, Cours, sources citées, 2014 Page 25

La Silicon Valley est donc d’une importance capitale pour les États-Unis. Des start-up des années 80 aux firmes transnationales d’aujourd’hui, du premier ordinateur au premier écran tactile, elle est la base de beaucoup d’innovations de la première puissance économique mondiale : de l’énergie aux nanotechnologies en passant par les sciences chimiques, ce cluster de renommée mondiale a subit la crise économique généralisée de 2007. Mais, comme le dit Tina Seelig, professeur d’ingénierie à l’université Stanford, « tous les problèmes sont en fait des opportunités dormantes » ... la Silicon Valley mise donc sur la crise pour se réinventer et ainsi retrouver son slogan d’antan : « créer, inventer, innover ». Conclusion La Silicon Valley est bel et bien d’une importance capitale pour les États-Unis. Ce cluster est un haut lieu d’innovation mondialement reconnu. Sa situation géographique fait d’elle un carrefour au croisement des mondes latino-américain et asiatiques. Espace certes concis mais ouvert sur le monde, il tire tout d’abord sa force de sa mixité. En effet, près de 35% des employés de la Silicon Valley sont non-américains. Ce mélange de culture se répand aussi dans les universités, très nombreuses dans la Valley, où près d’un étudiant sur cinq n’est pas américain. Aussi, la population composant la Silicon Valley est à 36% née à l’étranger (dont 57% en Asie, 32% en Amérique et 9% en Europe). Ce véritable melting pot est à l’origine de sa réussite : des scientifiques de différentes cultures combinent leurs savoirs et leurs savoir-faire au service de grandes firmes, qui, en échange, il faut le dire, leur fournissent un salaire plutôt élevé (le salaire annuel moyen est de 79116 $). L’étroit lien qui unit formation et emploie est aussi un facteur de réussite. La plupart du temps, une formation d’excellence amène à un travail plutôt bien rémunéré. Ainsi, Stanford ou Berkeley, les deux principales universités de la Silicon Valley, fournissent chaque année des nouvelles élites, qui travailleront surement pour les plus grandes entreprises implantées ici. Au carrefour des principaux pôles de compétitivité mondiaux (Asie, côte Est des Étas-Unis), elle entretient de plus en plus de relations avec l’Asie, qui sera bientôt le nouveau centre du monde. Aussi, la Silicon Valley tire sa force du fait qu’elle a toujours su se renouveler. En effet, depuis ses débuts, elle a toujours fondé sa puissance sur une technologie qui faciliterait la vie aux humains (notamment la nanotechnologie). Mais aujourd’hui, pour faire face à un changement de mentalité massif, les efforts se concentrent de plus en plus sur les énergies vertes, en témoigne la hausse de 94% des investissements dans les énergies renouvelables depuis quelques années. Ainsi, près de 700 entreprises de toute taille sont nées dans ce secteur en moins de cinq ans, créant du même coup près de 10 000 emplois. La Silicon Valley a-t-elle survécu à la crise économique de 2007 ? Bien sûr que oui ; d’ailleurs les crises, pour la Silicon Valley, sont des tremplins pour se projeter sur d’autres horizons et d’autres secteurs. Les investissements, certes, sont en recul (la méfiance des capital-risqueurs s’est accrues), mais ce n’est pas pour autant que les bénéfices sont en baisse. À titre général, Fortune, dans son classement des 500 plus grandes entreprises américaines, affichait clairement des bénéfices record malgré la crise, les gains des 500 plus grandes firmes s’accentuant de 16,4% par rapport à 2010, générant ainsi 824,5 milliards de dollars. Autant dire que ce n’est pas la crise pour tout le monde ... Avec son secteur industriel spécialisé, son isolement géographique, sa communauté de gens « hors normes » et son mode de vie particulier, la Silicon Valley pourrait presque être qualifiée de nation à elle seule. Aussi, beaucoup d’entreprises, qu’elles soient américaines ou non, possèdent une branche, une antenne dans la Silicon Valley, pour s’assurer d’être au courant des dernières nouveautés du monde high-tech. Ce pied à terre est un gage pour l’avenir afin de se démarquer de la concurrence. La Californie est un état qui est potentiellement la sixième puissance économique mondiale : c’est la région la plus riche, disposant d’une ouverture sur l’Asie-Pacifique en plein essor. C’est un état industriel à forte croissance de l’emploi industriel. Elle produit à elle seule 15% de la valeur ajoutée de la production industrielle des États-Unis. Enfin, elle possède la plus forte concentration d’entreprises de haute technologie au monde ... la Silicon Valley.