le taurillon dans l'arène - n°11

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Le Taurillon dans l’Arène Dans ce numéro : Edito 1 SIDA/VIH : que fait-on en Europe ? 2 L’Eurotour des facs est de retour ! 3 Elections au Kosovo 2010 Nicolas Dupont- Aignant, provocateur à deux francs 4 5 Festival Cinemascien- ces 2010 6 L’Union européenne vue d’ailleurs 7 Agenda 8 Bonne année européenne du volontariat ! L’année 2010 s’est achevée avec un café sur le Sida en Europe, laissant place à 2011 qui commence en beauté : des étudiants Erasmus ac- cueillis à leur arrivée à Bor- deaux, une soirée plus que vivante, et déjà une longue liste de projets (pour plus de renseignements, rendez- vous à la page Agenda) ! C’est ainsi avec enthousias- me que toute l’équipe des Jeunes Européens Bor- deaux vous souhaite une excellente année 2011, mili- tante, européenne et surtout très heureuse ! Cette année, la devise sera : « Changez les choses : devenez bénévole ! ». L’injonction émanant du Parlement et de la Commission succède à celle de s’indigner, insufflée par l’ouvrage de Stéphane Hessel (Indignez-vous ! Indi- gènes Editions). 2011 sera donc l’année européenne du volontariat, c’est dit. Parmi les porteurs du projet, on compte notamment Viviane Reding, membre de la Com- mission chargé de la justice, des droits fondamentaux et de la citoyenneté. Le volon- tariat serait une manière de renforcer les valeurs de l’Eu- rope : solidarité, cohésion, paix sociale. Chacun peut trouver une infinité de ma- nières de contribuer à un « monde meilleur ». L’engage- ment citoyen doit structurer notre société actuelle et pro- mouvoir nos idées. Il y a le bénévolat évident (passer du temps { l’hôpital) et le volon- tariat de long terme : les échanges internationaux en sont une parfaite illustration. Aller dans un pays voisin, apprendre une nouvelle culture et échanger : voilà qui permet de consolider un monde meilleur. La ren- contre et la découverte, no- tamment possible dans le cadre du Service volontaire européen sont structurant pour chacun d’entre nous. Vous aussi, vous pouvez devenir un SVE ! La mobilité, sous quelque forme qu’elle soit est bénéfique. La campa- gne de l’Eurotour s’inscrit d’ailleurs dans cette veine : la seconde édition de la campagne nationale des Jeunes Européens France a pour thème « Bougeons l’Europe » et a été labellisée par le ministère de l'Éduca- tions nationale, de la jeu- nesse et de la vie associati- ve (voir p. 3). Nous vous invitons donc à vous joindre à nous à tra- vers nos diverses actions, qu’il s’agisse de se rendre dans une école pour expli- quer l’Europe de manière pédagogique, ou bien d’être partie prenante du public lors des cafés-débats et autres conférences. Cette année encore, avec tout ce que l’actualité permet de dire ou de contredire sur l’Europe, nous sommes prêts à prendre la parole et défendre ce que nous pen- sons juste. Car c’est au- jourd’hui, la seule manière de faire bouger les choses autour de soi ! Stéphanie Khoury Février 2011, n° 11 Action FREE BELARUS, décembre 2010 - par Kévin Perrottet

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Le journal mensuel et gratuit des Jeunes Européens-Bordeaux

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Page 1: Le Taurillon dans l'arène - n°11

Le Taurillon dans

l’Arène

Dans ce numéro : Edito 1

SIDA/VIH : que fait-on en Europe ?

2

L’Eurotour des facs est de retour !

3

Elections au Kosovo 2010

Nicolas Dupont-Aignant, provocateur à deux francs

4

5

Festival Cinemascien-ces 2010

6

L’Union européenne vue d’ailleurs

7

Agenda

8

Bonne année européenne du volontariat !

L’année 2010 s’est achevée avec un café sur le Sida en Europe, laissant place à 2011 qui commence en beauté : des étudiants Erasmus ac-cueillis à leur arrivée à Bor-deaux, une soirée plus que vivante, et déjà une longue liste de projets (pour plus de renseignements, rendez-vous à la page Agenda) ! C’est ainsi avec enthousias-me que toute l’équipe des Jeunes Européens – Bor-deaux vous souhaite une excellente année 2011, mili-tante, européenne et surtout très heureuse !

Cette année, la devise sera : « Changez les choses : devenez bénévole ! ». L’injonction émanant du Parlement et de la Commission succède à celle de s’indigner, insufflée par l’ouvrage de Stéphane Hessel (Indignez-vous ! Indi-gènes Editions). 2011 sera donc l’année européenne du volontariat, c’est dit. Parmi les porteurs du projet, on compte notamment Viviane Reding, membre de la Com-

mission chargé de la justice, des droits fondamentaux et de la citoyenneté. Le volon-tariat serait une manière de renforcer les valeurs de l’Eu-rope : solidarité, cohésion, paix sociale. Chacun peut trouver une infinité de ma-nières de contribuer à un « monde meilleur ». L’engage-ment citoyen doit structurer notre société actuelle et pro-mouvoir nos idées. Il y a le bénévolat évident (passer du temps { l’hôpital) et le volon-tariat de long terme : les échanges internationaux en sont une parfaite illustration. Aller dans un pays voisin, apprendre une nouvelle culture et échanger : voilà qui permet de consolider un monde meilleur. La ren-contre et la découverte, no-tamment possible dans le cadre du Service volontaire européen sont structurant pour chacun d’entre nous. Vous aussi, vous pouvez devenir un SVE ! La mobilité, sous quelque forme qu’elle soit est bénéfique. La campa-gne de l’Eurotour s’inscrit

d’ailleurs dans cette veine : la seconde édition de la campagne nationale des Jeunes Européens – France a pour thème « Bougeons l’Europe » et a été labellisée par le ministère de l'Éduca-tions nationale, de la jeu-nesse et de la vie associati-ve (voir p. 3).

Nous vous invitons donc à vous joindre à nous à tra-vers nos diverses actions, qu’il s’agisse de se rendre dans une école pour expli-quer l’Europe de manière pédagogique, ou bien d’être partie prenante du public lors des cafés-débats et autres conférences. Cette année encore, avec tout ce que l’actualité permet de dire ou de contredire sur l’Europe, nous sommes prêts à prendre la parole et défendre ce que nous pen-sons juste. Car c’est au-jourd’hui, la seule manière de faire bouger les choses autour de soi !

Stéphanie Khoury Février 2011, n° 11

Action FREE BELARUS, décembre 2010 - par Kévin Perrottet

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péens n’y répondent pas uniformé-ment. On remarque une pénalisation forte dans les pays peu touchés par l’épidémie. Ainsi, au Danemark, le fait de prendre le risque de transmettre à autrui le VIH est punissable d’une peine de prison dont la durée maxi-male est de huit ans. En France, la Chambre criminelle de la Cour de cassation a élaboré une jurispruden-ce selon laquelle se rend coupable de l’infraction d’administration de subs-tances nuisibles l’individu qui, connaissant sa contamination au VIH, a entretenu des relations sexuelles non protégées avec son compagnon ou sa compagne en lui dissimulant volontairement son état de santé et qui a pour conséquence de provoquer chez la victime une affectation virale constituant une infirmité permanente (Crim., 5 octobre 2009). En droit français, seule la transmission effecti-ve est punissable, contrairement au Danemark qui punit le risque de transmission. . En Allemagne, une personne séropositive qui transmet le virus du sida alors qu’elle s’en sa-vait porteuse tombe sous le coup de l’article du code pénal relatif aux lé-sions corporelles dangereuses, à moins qu’elle n’ait fait le nécessaire pour éviter la contamination ou qu’el-le n’ait prévenu son partenaire de sa séropositivité. Le risque de transmis-sion, ou même la transmission, est alors possible « par amour », sans qu’aucune sanction pénale ne soit encourue.

La pénalisation de la transmission soulève des enjeux moraux et sociaux importants. Certains considèrent en effet la négligence d’un séropositif comme condamnable, d’autres au contraire affirment qu’il appartient { chacun d’être vigilant et que la pose d’un préservatif est une décision qui se prend entre partenaires. Les pou-voirs publics néerlandais ont souli-gné les défauts d’une pénalisation accrue, qui pourraient selon eux constituer un obstacle au dépistage. Une pénalisation excessive entraine-rait également une certaine forme de stigmatisation, et irait ainsi { l’en-contre des objectifs poursuivis par les organisations européennes préconi-sant l’insertion des séropositifs dans la société.

Aristoménis Kanellopoulos

de divers tests. L’opinion publique, au départ réservée quant { l’idée d’un dépistage systématique, semble de mieux en mieux en comprendre les enjeux. L’administration d’un traite-ment efficace doit être recherchée pour parvenir aux objectifs fixés. En France, les critères pour déclencher une trithérapie pour un séropositif ont changé. Aujourd’hui il suffit d’une baisse des lymphocytes T4 à 500 pour que le traitement puisse être adminis-tré (une personne en bonne santé dispose d’environ 1000 lymphocytes T4). Cependant le coût astronomique des trithérapies proposées les rend inaccessibles sans couverture sociale, donc inaccessibles à certaines catégo-ries de population, notamment les immigrés et les sans-papiers.

Des différences dans la prise en charge du SIDA dans les pays euro-

péens

La prise en charge du SIDA en Europe est à la fois disparate et relativement standardisée. Les recommandations européennes (celles émises par la Commission européenne et le Conseil de l’Europe) ne sont pas forcément appliquées uniformément, y compris en France. Il est évident que les pays plus faibles économiquement ont plus de mal à appliquer ces guidelines. Les méthodes de prise en charge peuvent être assez différentes. En France, l’or-ganisation des soins est très hospitalo-centrée et les médecins généralistes ne se sont pas investis d’entrée dans les mécanismes de prévention. Au-jourd’hui, on observe une perte de moyens, des équipes fragilisées, un difficile maintien du niveau qui tra-duisent l’inadaptation de l’hôpital { la prise en charge de la maladie. Des méthodes et modèles de prise en charge innovant sont pris en compte tel que l’accompagnement associatif des patients, le cocooning psychoso-cial… En Allemagne, les méthodes sont très différentes, orientées vers la ville avec des maisons médicales et des cliniques de quartiers, pour le moment, inconnues en France. Par ailleurs, la prise en charge du virus dans le monde carcéral n’est pas ho-mogène en Europe. Les associations d’ailleurs pointent du doigt le retard français en la matière.

Faut-il pénaliser la transmission du SIDA ?

La question est délicate et les pou-voirs publics des différents pays euro-

Denis Lacoste et Aristoménis Kanellopoulos

Source : Stéphanie Khoury

Dans le cadre de la journée mondiale de la lutte contre le SIDA, en partena-riat avec le Sidaction, les Jeunes Euro-péens – Bordeaux ont organisé le jeudi 2 décembre un café européen sur le thème du SIDA en Europe, en présence du docteur Denis Lacoste, actuel prési-dent de la COREVIH Aquitaine (Coordination Régionale de la lutte contre le VIH) se distingue par son expertise au sujet du SIDA et des pro-blématiques connexes.

De nouvelles problématiques

En France, le changement de paradig-me et d’objectifs avec une lutte axée sur une réduction des nouvelles contaminations de 50% en 5 ans pose la question des moyens nécessaires pour atteindre ces objectifs. Le perfec-tionnement des méthodes de dépista-ge semble capital. Jusqu’{ aujourd’hui, le dépistage individuel est entière-ment volontaire et repose sur la res-ponsabilité de chacun. C’est un hérita-ge direct de l’époque où il n’existait aucun traitement efficace contre le virus, désormais révolue : en 1996, la découverte de la trithérapie, véritable révolution médicale, a laissé entrevoir la possibilité d’endiguement de la maladie. Ce traitement médicamen-teux permet une baisse puis une sta-bilisation de la charge virale ce qui a un double effet : sur le séropositif, puisqu’elle lui permet d’atteindre une espérance de vie quasiment égale à celle d’un individu en bonne santé, et sur la collectivité, car un traitement de la maladie permet de diminuer les risques de transmission. Les spécialis-tes considèrent que chacun devrait avoir fait au moins une fois dans sa vie un dépistage du VIH. En France, l’idéal serait que les médecins généra-listes s’emparent de cet objectif et proposent un dépistage lors de consultations banales, où { l’occasion

SIDA/VIH : que fait-on en Europe ?

Page 3: Le Taurillon dans l'arène - n°11

Page 3

« Bougeons l'Europe » est le thème de la seconde édition

de l'Eurotour des Facs qui se dé-

roulera entre les mois de février

et d'avril 2011 sur toute la France

et qui sera parrainé entre autres

par Sylvie Goulard, députée euro-

péenne Modem de la circonscrip-

tion Ouest.

11. C'est le nombre de villes dans

lesquelles s'arrêtera la caravane

virtuelle de l'Eurotour des Facs

pour cette édition 2010-2011. Le

principe est simple : une caravane

virtuelle sillonne la France sur

plusieurs semaines. Pour l'ac-

cueillir, chaque groupe local orga-

nise plusieurs journées d'actions

(stands, café-débats, conférence

et actions Europe { l’Ecole axée

sur la mobilité européenne) afin

d'informer, d'échanger et de dis-

cuter. C'est une occasion de ras-

sembler des personnes issues

d'horizons divers et d'expérien-

ces variées qui apporteront leur

expertise pour enrichir les ren-

contres et discussions.

Inaugurée sous la Présidence

française du Conseil de l'Union

européenne (PFUE) par Nicolas

Jean et son équipe, cette campa-

gne avait été un formidable suc-

cès. Elle avait été, dans la tradi-

tion des Jeunes Européens, un

véritable forum de débats, de

discussions sur les enjeux et ap-

ports de la PFUE. Elle avait com-

me ambition d'apporter aux ci-

toyens les éléments du débat

pour mieux comprendre les

questions posées par les élec-

tions européennes qui appro-

chaient. C'était un pari difficile,

mais réussi. Nous tenons à félici-

ter les organisateurs d'avoir lan-

cé cette dynamique.

Cette année, c'est le thème de la

mobilité qui a été choisi à travers

le credo « Bougeons l'Europe ».

Informer sur les possibilités de

mobilité étudiante, et plus large-

ment de tous les citoyens, est

une façon de sensibiliser et de

promouvoir une conception de la

citoyenneté européenne qui se

veut active.

Nous avons par ailleurs reçu le

label « 2011, Année européen-

ne du bénévolat et du volonta-

riat » de la Commission euro-

péenne qui a pour but de pro-

mouvoir la citoyenneté active.

Cette campagne sera également

l'occasion de dresser un bilan

de la perception des obstacles à

la mobilité, et de la perception

de la mobilité par rapport à la

citoyenneté. Un sondage sera

disponible sur tous les stands

de l'Eurotour, qui est d'ores et

déjà disponible sur le site inter-

net www.eurotourdesfacs.eu

(rubrique Questionner).

Premier rendez-vous en date :

Paris, le 8 février 2011 !

D’Jor-Krévys Moueza

L’Eurotour des facs est de retour !

Toutes les informations

sont disponibles à cette

adresse

www.eurotourdesfacs.eu

Rejoignez-nous sur

Facebook, Twitter,et

même sur Minitel (code

1957 Traités de Rome) et

Télégraphe.

« C'est en allant

vers eux que l'on

construira l'Euro-

pe des citoyens ! »

Page 4: Le Taurillon dans l'arène - n°11

Page 4

Elections au Kosovo 2010 :

l’agenda politique international n’attend pas

Source : Pierre Bonifassi

Le Kosovo aura donc attendu que

l'hiver s'installe durablement pour

en finir avec un cycle d'élections

qui aura tenu en haleine le pays et

la communauté internationale. Les

résultats finaux des élections se-

ront connus dans les jours pro-

chains, mais sur les bases du pre-

mier scrutin du 12 décembre, les

partisans d’Hashim Thaçi auront

tout lieu de fêter leur victoire à

nouveau. Pourtant, avec 33.5% des

voix (en décembre), le PDK ne pourra

gouverner seul et devra surtout faire

accepter une victoire émaillée de

lourds soupçons de fraudes qui a

amené à la réorganisation des élec-

tions dans six régions au mois de jan-

vier. Toutefois, le corps diplomatique

international presse fortement pour la

formation rapide d’un nouveau gou-

vernement.

Bien plus que les Kosovars eux-

mêmes, Washington et Bruxelles veu-

lent trouver dans ces élections le

moyen de préparer l’avenir du Koso-

vo.

Malgré une participation en hausse

(47% en moyenne), les scrutins du 12

décembre et des 9 et 23 janvier n’ont

pas été l’occasion d’un grand boule-

versement du jeu politique national.

Le PDK restera au pouvoir, la LDK, au

bord de l’implosion en octobre, limite

la casse (23.6%), tandis que l’AAK

(10.8%) et l’AKR (7%) garderont

leurs sièges au Parlement. Vetëven-

dosje, quant à lui, devient la troisième

force politique du pays mais obtient

un score inférieur à ce qui était

attendu (12.2%). Fryma e Re, en dépit

du soutien officiel des États-Unis, n’a

pas atteint la barre des 5%. La

révolution partisane n’a donc pas eu

réellement lieu, se heurtant { l’ancra-

ge social et territorial des partis tradi-

tionnels.

Cependant, les partis d’opposition, la

LDK en tête, ont longtemps remis en

question les résultats officiels, appe-

lant { l’annulation du scrutin dans la

région de la Drenica, fief du PDK. En

effet, la promesse faite par l’ensemble

des formations d’assurer des élections

loyales a rapidement été rattrapée, et

sans grande surprise, par la réalité du

terrain : intimidations, convois orga-

nisés d’électeurs, contournement des

procédures de contrôle des votes, et

autres échanges et falsifications des

procès verbaux. Ainsi, à Gračanica,

une voix se négociait autour de 50

euros, tandis qu’{ Prizren les citoyens,

même absents des listes, ont eu le

privilège de voir leur nom inscrit sur

les registres de vote. La municipalité

Skënderaj affichait, quant à elle, une

participation de 94% au mois de dé-

cembre, quand certains bureaux de

vote de la région culminent à 148%.

La réorganisation des élections a per-

mis de faire redescendre ce chiffre à

aux alentours de 45%, sans toutefois

heurter l'écrasant leadership du PDK.

Dans un pays où feu le Président Ru-

gova, disparu en 2006, avait voté l’an-

née suivante près d’une quinzaine de

fois, les manipulations ont certes cho-

qué par leur ampleur mais n’ont tou-

tefois étonné personne.

Les Serbes du Kosovo: entre prag-

matisme et indifférence

Par ailleurs, le vote serbe, très atten-

du, a confirmé le clivage entre le Nord

et le reste du pays. Si 35% des Serbes

des enclaves se sont rendus aux urnes

en décembre, la participation au Nord

a été quasi nulle : deux bulletins seu-

lement ont été comptabilisés à Mitro-

vica et Leposavić. Les tensions per-

ceptibles à Zvečan, où les bureaux de

vote mobiles ont dû fermer prématu-

rément, ne doivent pas faire oublier le

calme relatif dans lequel se sont dé-

roulées les élections.

Toutefois, si Pristina reste officielle-

ment intangible sur la question de la

partition du Kosovo, celle-ci n’est

cependant plus seulement une situa-

tion de fait. Elle se trouve affirmée,

voire justifiée, par la participation

discordante des Serbes. En somme,

par le pragmatisme contraint des uns,

au Sud, et l’indifférence clairement

affichée des autres, au Nord de l’Ibar.

Et bien qu’elle ne soit une solution

heureuse ni pour le pays, ni pour la

région, aucune autre issue crédible

n’est aujourd’hui envisageable.

Sûrement bien plus que pour les Ko-

sovars eux-mêmes, les élections revê-

tent ainsi une importance primordiale

pour les diplomaties européenne et

américaine. En dépit des cas de fraude

reconnus par les observateurs, le

corps diplomatique international

presse le PDK de constituer au plus

vite le prochain gouvernement. En

jeu : le lancement des négociations

tant attendues avec Belgrade. Et dans

cette perspective, les premières élec-

tions du Kosovo indépendant ne pou-

vaient être un échec pour Washington

et Bruxelles.

La constitution définitive du gouver-

nement pourrait toutefois prendre

encore plusieurs plusieurs semai-

nes. L’AKR et le parti serbe SLS de-

vraient vraisemblablement former la

future coalition autour du PDK. Il fau-

dra cependant attendre les résultats

officiels et le règlement des nombreux

contentieux électoraux.

Mais compte-tenu du contexte poli-

tique tendu, marqué hier par la

résurgence des affaires de trafic

d'organes impliquant Hashim Tha-

çi et de nombreux ex-dirigeants de

l'UCK, il possible que les Kosovars

soient amenés à retourner aux ur-

nes dans les mois prochains.

Pierre Bonifassi

www.lechantdesmerles.wordpress.com

Page 5: Le Taurillon dans l'arène - n°11

Page 5

Nicolas Dupont-Aignan :

Provocateur à deux francs

contrôler les uns les autres. C’était aussi l’idée de faciliter les échanges et de rendre le marché unique effectif. Tuer l’euro, ce serait tuer l’UE.

Derrière cette proposition, plusieurs implications pratiques également. « L’addition serait salée » comme le révèle The Economist. Réintroduire une monnaie nationale présenterait un défi technique considérable. Refai-re tourner la « planche à billet », re-programmer les ordinateurs et les distributeurs automatiques. Au-delà de ces considérations, c’est grâce { l’UE que les États ont pu venir en aide { la Grèce, { l’Irlande. Et c’est l’UE que la France sera contente de trouver si elle connaît un sort commun à celui de ces deux pays.

M. Dupont-Aignan, vous avez déchiré un billet de 10 euros. Sans doute un hommage à Serge Gainsbourg. Votre programme fait peur, comme tous les programmes très démagogiques. Sortir de l’euro, revenir au franc ce n’est pas seulement réactionnaire, c’est aussi très risqué. Vous essayez peut-être de dissimuler la faiblesse de vos idées derrières des phrases choc. Vous n’êtes qu’un provocateur { deux francs. N’est pas Gainsbourg qui veut.

Ophélie Duprat

pas responsable mais que ce sont les objectifs budgétaires qui n’ont pas été mis en œuvre ? N’avez vous pas peur d’avoir choisi un mauvais cheval de bataille ?

Ceci dit, l’idée est { la mode. Difficile d’écouter un débat entre économistes sans qu’il y soit évoqué un retour { la « souveraineté monétaire. » Selon une étude IFOP réalisée en début d’année, près de 70% des Français regrettent ce bon vieux franc.

Après tout, c’est cela une campagne électorale : choisir une idée choc qui rassemble, y ajouter dans le cas pré-sent un soupçon de démagogie et une pincée de provocation. Reste plus qu’{ distribuer les tracts et coller les affi-ches. Ah, mais j’oubliais il faut obtenir les 500 parrainages d’élus pour être candidat { la présidentielle… Nicolas Dupont-Aignan n’avait pas réussi { réunir le nombre requis de signatures en 2007.

Que serions-nous sans l’euro ?

Sortir de l’euro, l’idée séduit parce que beaucoup de personnes conver-tissent encore en francs et se rendent compte que « le coût de la vie a aug-menté. » L’idée séduit parce qu’on a l’impression de « payer pour les Grecs et les Irlandais. »

Pourtant, l’euro nous a sans doute permis d’être un peu épargnés dans cette crise. Au commencement était Maastricht et la volonté des États membres de se contrôler les uns les autres. Les économies européennes sont très liées dans l’UE du fait du marché unique. Créer une monnaie unique c’était faire le constat de ce lien et choisir d’être capable de se

Nicolas Dupont-Aignan déchirait ré-cemment un faut billet de 10 euros dans l’un de ses meetings. Député de l’Essonne, NDA (pour les intimes et partisans) a quitté l’UMP en janvier 2007 pour fonder son propre parti, Debout la République. Il a annoncé dès cet été qu’il serait candidat pour la présidentielle en 2012. Ses idées ? Un euroscepticisme à donner froid dans le dos.

Du souverainisme au nationalisme il n’y a qu’un pas

Un petit tour sur son blog et c’est la crise cardiaque assurée pour tout europhile qui se respecte. Florilège d’articles aux titres plus provocateurs les uns que les autres : « Retraites et création monétaire : vers la dictatu-re », « Pour les Chinois Trichet c’est gagné ».

Les articles quant à eux regorgent de raccourcis, le député y évoque une « fermeture de la Maison France », « une fusion avec l’Allemagne », prône « un retour à la souveraineté monétai-re. » Et ce n’est pas tout : NDA s’est actuellement lancé dans un « tour de France de la sortie de l’euro » et pro-pose sur son site de signer la pétition « L’euro tue » qui reprend la typogra-phie bien connue des paquets de ciga-rettes.

Défendre à ce point, la souveraineté, la République, diaboliser l’Europe. Cela ne vous rappelle pas quelque chose ? Oui, ses idées sont très pro-ches de celles de Marine Le Pen et du FN. Quand on l’interroge sur la ques-tion, NDA répond que, certes, les idées sont proches, mais que, contrairement aux frontistes, il veut rassembler les français et non pas les diviser. Du souverainisme au nationalisme, il n’y a qu’un pas.

Un étendard : la sortie de l’euro.

Pour Dupont-Aignan, l’euro est { l’ori-gine de tous les maux : de la vie chère, des délocalisations, du chômage, de la misère et de la pauvreté…Pourquoi ne pas ajouter le SIDA et le réchauffe-ment climatique aux conséquences dramatiques qu’engendrerait « ce poison qu’est l’Euro » ?

Cher M. Dupont-Aignan, les pays qui n’ont pas la monnaie unique, ne sont-ils pas tout autant empêtrés dans cet-te crise ? Jean-Claude Trichet, prési-dent de la Banque centrale européen-ne ne nous dit-il pas que l’Euro n’est

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articles sur le

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Page 6: Le Taurillon dans l'arène - n°11

Le Festival Cinémascience 2010 :

comment marier la science, le cinéma et l’Europe ?

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Dans le cadre de l’année France-Russie 2010, les Jeunes Euro-péens-Bordeaux ont été parte-naires du festival Cinémascien-ce qui se déroulait à Bordeaux du 30 novembre au 5 décembre 2010. Petite rétrospective sur l’événement.

Cinémascience 2010 :

la découverte

Le festival Cinémascience est un événement bordelais orga-nisé par le CNRS en collabora-tion avec de nombreux parte-naires publics ou privés. Loin d’être un simple festival inter-national de films, il est unique en Europe et a pour vocation de diffuser la science par le biais du cinéma. Une vulgari-sation, direz-vous ? C’est sur-tout l’occasion de faire un ma-riage détonnant entre cinéma, science et culture étrangère et d’inciter le grand public { s’in-téresser davantage aux évolu-tions scientifiques de notre époque. Plus de quarante films internationaux de tout genre sont diffusés lors de ce festi-val, complétés par des docu-mentaires et des conférences. Le programme de 2010 était très riche de découvertes et a permis au public de ren-contrer et d’appréhender sous un autre jour les acteurs, mais aussi les cinéastes et surtout les chercheurs.

Après une compétition officiel-le au théâtre Fémina de Bor-deaux, entre dix films en pro-venance de divers pays et iné-

dits en France, cinq récom-penses ont été décernées. Cette année, le Millésime du Grand jury, qui récompense le meilleur film, a été attri-bué à Gordos, un film espa-gnol de Daniel Sánchez Aré-valo qui traite avec justesse le problème de l’obésité. Un film « techniquement et artis-tiquement maîtrisé », abor-dant « un sujet grave traité avec légèreté et intelligence. À la fois profond, drôle, so-cial. », a précisé Isabelle Pas-co, actrice française et prési-dente du Grand Jury. Autre récompense importante, le prix du jury Jeunes cher-cheurs, attribué à How I En-ded This Summer, un film russe d’Alexei Popogrebsky. Les deux acteurs principaux du film ont reçu en 2010 l’ours d’argent du meilleur acteur au festival internatio-nal du Film de Berlin. Le film explore les recoins d’une relation entre deux cher-cheurs installés pour plu-sieurs mois dans une station polaire, sur une île déserte de l’Océan Arctique, coupée du monde.

Cinémascience 2010 :

la Russie mise à l’honneur

Cette année, le Festival Ciné-mascience a reçu le label « Evénement majeur de l’An-née France-Russie 2010 », s’inscrivant ainsi dans la volonté de promouvoir la découverte, et la connaissan-ce de nos deux pays l’un par rapport { l’autre. Le Festival aura été l’occasion pour nous de partir à la découver-te du cinéma russe et d’ap-préhender différemment la culture et l’histoire de ce pays. Cinq films russes ont

été projetés au Théâtre Fe-mina, Tsar de Pavel Loungui-ne (2009), Neuf jours d’une année de Mikhail Romm (1961), Dersou Ouzala d’Aki-ra Kurosawa (1975), Solaris d’Andrei Tarkovski (1972) et surtout Le Cuirassé Potemki-ne de Sergei Mikhailovich Eisenstein (1925). Ce der-nier, réalisé en pleine pério-de révolutionnaire avait ren-contré un grand succès en Union soviétique et a marqué l’histoire du cinéma russe. Racontant et retraçant la société russe et ses inégalités { travers l’équipage du cui-rassé, le film démontre l’am-pleur du talent novateur d’Eisenstein pour l’époque.

Pour bien terminer l’année 2010, Bordeaux et le Festi-val Cinémascience auront su rapprocher la France et la Russie par la culture et le cinéma, dans un cadre agréable et convivial !

Marine Privat

Page 7: Le Taurillon dans l'arène - n°11

Page 7

L’Union européenne vue d’ailleurs ...

Premièrement, l’Union européenne signifie pour moi le respect des

gens et des hauts standards de vie. Si ceux qui font la propagande de

l’Etat aiment comparer le Belarus avec l’Iran, la Russie ou l’Azerbaïd-

jan, dans la Pologne voisine, qui est membre de l’UE, les salaires sont

trois à quatre fois plus élevés qu’au Belarus. Dans les Etats membres

de l’UE les gens ne peuvent pas être arrêtés sans raison et mis en

prison, il n’y a aucune persécution de langue, aucune torture ou peine

de mort. Il y a bien sur beaucoup d’autres problèmes, mais ils ont un

autre caractère. Deuxièmement, l’Union européenne est pour le Bela-

rus un choix de civilisation et de restauration de la justice de l’his-

toire. Il ne peut pas être un pont éternel entre est et ouest, l’histoi-

re et la culture biélorusses étant une partie intégrante de l’Europe.

L’UE est pour nous une chance de rompre avec le passé soviétique qui

nous maintient encore au XXe siècle.

Viachorka Franak, 22 ans, Minsk, Belarus

Quand je pense à l’Europe, je vois des cultures riches et variées sur un seul petit continent. Comme dans le cas du Japon, ces cultures sont très anciennes. Je pense surtout à la chance des Européens de pouvoir passer d’une frontière à l’autre sans problè-me alors que malheureusement, en ce moment, nous avons plus de problèmes avec nos pays voisins que de coopération. L’UE re-présente pour moi le progrès, dans le sens où nombre de ses Etats membres sont déterminés à répondre aux défis d’aujourd’hui, comme le réchauffement climatique et la pauvreté. Je ressens en Europe un attachement à l’égalité sociale et économique, égale-ment présent au Japon dans une certaine mesure, mais la “justice” n’y a pas le même sens. Ces préoccupations sociales sem-blent d’ailleurs dirigés vers les Européens eux-mêmes comme vers le reste du monde. Mais finalement ce qui me frappe le plus c’est à quel point, même si l’UE est unie, chaque pays a conservé son identité propre! Et j’adore aussi leur nourriture !

Taeka H. 22 ans (Kôbe, Japon)

Je pense que l'Union européenne est quelque chose de très positif

car elle a permis d'éliminer les barrières existantes entre les pays.

Il est facile de voyager en Europe et les citoyens européens peu-

vent travailler où ils le souhaitent. Cela rend l'Europe plus forte

dans son ensemble lorsque les États agissent de concert. Si on

considère la taille de mon pays, le Brésil, cela a du sens pour

nous de percevoir l'Union européenne comme étant une seule fédé-

ration. En même temps, le traitement des touristes brésiliens

n'est pas le même partout en Europe: dans certains pays on leur

refuse l'entrée sans aucune raison. Je participe moi-même au pro-

gramme Erasmus Mundus à Bruxelles et cela m'offre une excel-

lente opportunité du point de vue universitaire et m'apporte une

très bonne expérience culturelle.

Rodrigo P. R., 25 ans, Brésil

Page 8: Le Taurillon dans l'arène - n°11

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Le Taurillon dans l’Arène est la version bordelaise, mensuelle et papier du Taurillon.org, le magazine en ligne des Jeunes Européens-France. Il regroupe les articles publiés par les Jeunes Européens-Bordeaux et vous informe sur les prochains activités de l'association. Notre objectif est de montrer que la construction européenne

ne se limite pas aux institutions et de promouvoir une Europe citoyenne.

Si vous souhaitez participer { la rédaction du journal ou nous donnez votre avis, n’hésitez pas et écrivez-nous à [email protected]

Editeur de publication : Association Les Jeunes Européens - Bordeaux , [email protected]

Directeur de publication : Yohan Baril

Rédactrice en chef : Marine Privat Relecture : Stéphanie Khoury

Imprimeur : COREP Pessac 1, 158, avenue du Dr Schweitzer, 336000 PESSAC Dépôt légal : à parution

ISSN : 2112-3497

Ce numéro a été imprimé grâce au financement de l’Université Montesquieu Bordeaux IV,

Sciences Po Bordeaux et l’Université Bordeaux I.

L’Agenda - février 2011

Mercredi 2, 10h-16h, Université Montesquieu Bordeaux IV

Journée internationale : stand d’information des Jeunes-Européens Bordeaux

Mercredi 2 :

17h30, salle des actes de l’université Montesquieu Bordeaux IV

Cérémonie de parrainage des étudiants Erasmus du 2nd

semestre

21h30, Connemara Irish Pub, Bordeaux : soirée Erasmus avec

des tarifs préférentiels.

Vendredi 4, Archives municipales de Bordeaux

Atelier : « Les Espagnols dans les Archives municipales de Bordeaux » - places limitées et réservation

obligatoire à [email protected]

Mardi 8, 20h, Goethe-Institut Bordeaux

Cinéclub en partenariat avec BEM, DAAD et IEP, Sept taches de rousseur/Sieben Sommersprossen

de Hermann Zschoche, Allemagne (RDA) 1978, VOSTF. Karoline et Robby se rencontrent dans un

camp de vacances, dans une petite ville en RDA. Au cours des répétitions pour Roméo et Juliette, un

amour passionnel va naître…

Mercredi 9, Institut Cervantes, Bordeaux

Conférence « 1931-1939, la IIème République espagnole »

Mercredi 16, 19h, Connemara Irish Pub

Café européen : La montée de l’extrême droite en Europe, en présence du professeur Gilles Bertrand.