le rétablissement et les représentations sociales de la

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© Alexandra Ouellet, 2019 Le rétablissement et les représentations sociales de la dépression chez des personnes souffrant ou ayant souffert d'un épisode dépressif: un projet pilote Mémoire Alexandra Ouellet Maîtrise en service social - avec mémoire Maître en service social (M. Serv. soc.) Québec, Canada

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Page 1: Le rétablissement et les représentations sociales de la

© Alexandra Ouellet, 2019

Le rétablissement et les représentations sociales de la dépression chez des personnes souffrant ou ayant

souffert d'un épisode dépressif: un projet pilote

Mémoire

Alexandra Ouellet

Maîtrise en service social - avec mémoire

Maître en service social (M. Serv. soc.)

Québec, Canada

Page 2: Le rétablissement et les représentations sociales de la

Le rétablissement et les représentations sociales de la dépression

chez des personnes souffrant ou ayant souffert d’un épisode

dépressif : un projet pilote

Mémoire

Alexandra Ouellet

Sous la direction de :

Myreille St-Onge, directrice de recherche

Page 3: Le rétablissement et les représentations sociales de la

iii

Résumé

L’étude avait pour objectif principal de caractériser comment le concept de

représentation sociale de la dépression s’imbrique, évolue ou influence le rétablissement

chez des personnes souffrant ou ayant déjà souffert d’un épisode dépressif en élaborant

le profil de deux groupes de personnes. Cette recherche a été menée auprès de 25

participants, 12 se déclarant rétablis et 13 se considérant avancés dans leur processus de

rétablissement. La collecte de données s’est faite à l’aide de questionnaires quantitatifs

évaluant la dépression, l’autostigmatisation, le rétablissement et la disposition à l’espoir.

L’étude comprenait également une portion qualitative au moyen de la méthode des

réseaux d’associations et de questions ouvertes au sujet de l’expérience de la dépression.

Dans l’ensemble, les résultats indiquent que les représentations sociales de la dépression

sont connotées majoritairement négativement, mais que celles du groupe composé des

individus se considérant rétablis comprenaient toutefois une plus grande part de mots

positifs comparativement aux mots neutres. Un épisode de dépression laisse des traces

considérant la persistance de certains symptômes, notamment les difficultés cognitives et

de sommeil. En ce qui a trait au rétablissement, il demeure que sa définition est assez

personnelle. L’élément le plus déterminant du rétablissement soulevé par les participants

est le soutien de leurs proches, mettant en lumière l’importance de l’accueil de l’entourage

lors du dévoilement d’un trouble mental. De plus, la disposition à l’espoir est la variable la

plus corrélée au rétablissement et en serait donc un vecteur important. Enfin, par rapport à

la stigmatisation, notons que les personnes vivant ou ayant vécu une dépression

présentent un haut degré d’autostigmatisation, notamment en ce qui a trait à la honte, à

l’autoblâme et à l’inadéquation sociale, et ce, sans égard à leur avancement dans leur

rétablissement. Il est toutefois encourageant de constater que les participants

expérimentent peu d’inhibition à chercher de l’aide.

Mots-clés : représentations sociales, dépression, rétablissement, autostigmatisation,

stigmatisation

Page 4: Le rétablissement et les représentations sociales de la

iv

Abstract

This study had for principal goal to characterize how the concept of social

representation of depression fit in, evolve or influence the recovery of people who are

suffering or suffered of a depressive episode by elaborating the profile of two groups of

persons. This research have been led close by 25 participants, 12 of whom stating they

have fully recovered and 13 who considered themselves as advanced in their recovery

process. The data collection have been made with quantitative questionnaires that

evaluated depression, self-stigma, recovery and hope dispositional. The study also

included a qualitative part by the associative network method and by open questions about

their episode of depression. Overall, the results point out that the social representations of

depression are connoted mainly negatively but those of the group composed of individuals

who considerate themselves recovered include a greater part of positive words

comparatively of neutral words. Regarding recovery, it remains that its definition is quite

personal. The most determinant element of recovery that the participants have recalled is

the support of their relatives, which bring out the importance of the openness of the

entourage during the unveiling of a mental disorder. Furthermore, the hope dispositional is

the most correlate variable with recovery. Therefore, the hope of getting better would be

an important vector of recovery. Finally, regarding stigmatisation, the persons living or

having lived a depression show a high level of self-stigmatisation, especially regarding

shame, self-blame and social inadequateness, regardless of their advancement in their

recovery. However, it’s encouraging to note that the participants do not experience much

help seeking inhibition.

Page 5: Le rétablissement et les représentations sociales de la

v

Table des matières

Résumé............................................................................................................................ iii

Abstract ........................................................................................................................... iv

Table des matières........................................................................................................... v

Liste des tableaux .......................................................................................................... vii

Liste des figures ........................................................................................................... viii

Liste des abréviations .................................................................................................... ix

Remerciements ............................................................................................................... xi

INTRODUCTION ............................................................................................................... 1

CHAPITRE 1 : LA PROBLÉMATIQUE.............................................................................. 3

La pertinence scientifique ............................................................................................... 4

La pertinence sociale ..................................................................................................... 5

La pertinence disciplinaire .............................................................................................. 6

CHAPITRE 2 : LE CADRE D’ANALYSE ........................................................................... 8

L’épisode dépressif ........................................................................................................ 8

Les représentations sociales ........................................................................................ 10

Le rétablissement ......................................................................................................... 12

CHAPITRE 3 : LA RECENSION DES ÉCRITS ............................................................... 15

La démarche documentaire .......................................................................................... 15

Les représentations sociales de la maladie mentale ..................................................... 15

Les représentations sociales de la dépression ............................................................. 17

Les impacts de la stigmatisation ................................................................................... 19

L’autostigmatisation ...................................................................................................... 20

Les limites méthodologiques des études ...................................................................... 21

Les forces méthodologiques des études ...................................................................... 21

CHAPITRE 4 : LA MÉTHODOLOGIE ............................................................................. 23

L’approche privilégiée et le type de recherche .............................................................. 23

La population à l’étude ................................................................................................. 24

L’échantillonnage ......................................................................................................... 24

Le mode de collecte des données ................................................................................ 27

Les instruments de mesure .......................................................................................... 28 Le réseau d’associations .......................................................................................... 28 L’inventaire pour la dépression (DID) ........................................................................ 29 L’échelle d’autostigmatisation de la dépression (SSDS) ........................................... 31 L’échelle d’évaluation du rétablissement (RAS) ........................................................ 31 L’échelle de disposition à l’espoir (ADHS) ................................................................. 32

Page 6: Le rétablissement et les représentations sociales de la

vi

Le tableau d’opérationnalisation des principales variables ........................................... 33

Les considérations éthiques ......................................................................................... 34

CHAPITRE 5 : LES RÉSULTATS DE LA RECHERCHE ................................................ 36

Le cheminement d’analyse ........................................................................................... 36

Les caractéristiques des participants ............................................................................ 37

Les résultats à l’inventaire pour la dépression (DID) et des expériences liées à la dépression ................................................................................................................... 39

Les résultats aux autres questionnaires quantitatifs ..................................................... 42

L’analyse du réseau d’associations .............................................................................. 45

Les corrélations significatives ....................................................................................... 50

Les tests-T ................................................................................................................... 59

CHAPITRE 6 : LA DISCUSSION DES RÉSULTATS ...................................................... 61

Le contenu des représentations sociales de la dépression chez des personnes vivant ou ayant vécu un épisode dépressif ................................................................... 61

La dépression : une maladie mentale commune que l’on vit de manière personnelle .................................................................................................................. 63

Le processus de rétablissement ................................................................................... 66

L’autostigmatisation dans un contexte de dépression majeure ..................................... 71

Les limites et les forces de l’étude ................................................................................ 75

Les retombées et les recommandations pour la pratique en travail social .................... 76

CONCLUSION ................................................................................................................. 82

Références ..................................................................................................................... 85

Annexe A : Le dépliant informatif de recrutement ............................................................. 97

Annexe B : Le formulaire de consentement ................................................................... 100

Annexe C : Le questionnaire .......................................................................................... 106

Annexe D : Évaluation du résultat au DID ...................................................................... 123

Annexe E : Version anglaise originale de l’inventaire pour la dépression ....................... 125

Annexe F : Version anglaise originale de l’échelle d’autostigmatisation de la dépression ................................................................................................... 130

Annexe G : Listes de ressources suggérées .................................................................. 132

Annexe H : Tableaux détaillés des répartitions des mots des réseaux d’association selon les thèmes .......................................................................................... 134

Page 7: Le rétablissement et les représentations sociales de la

vii

Liste des tableaux

Tableau 1. Portrait de l’opérationnalisation des variables ........................................... 34

Tableau 2. Les moyennes, écarts-types, médianes et étendues pour les différents scores des sous-échelles d’autostigmatisation, de rétablissement et de disposition à l’espoir selon le groupe ........................ 44

Tableau 3. Scores modifiés obtenus au RAS (sur une échelle de 20) ......................... 45

Tableau 4. La liste de mots associés au mot-clé « Dépression » et leur fréquence .................................................................................................. 47

Tableau 5. Résumé des fréquences des thèmes provenant des réseaux d’association .............................................................................................. 49

Tableau 6. La matrice corrélationnelle selon les données sociodémographiques (n = 25) .................................................................. 51

Tableau 7. La matrice corrélationnelle selon les données en lien avec la dépression et le SSDS (n = 25) ................................................................. 53

Tableau 8. La matrice corrélationnelle selon les résultats au RAS et à l’ADHS (n = 25) ..................................................................................................... 55

Tableau 9. La matrice corrélationnelle selon les données quantitatives issues du réseau d’associations (n = 25) ............................................................. 57

Tableau 10. Tests-t associés aux variables selon le groupe (n = 25) ............................ 60

Page 8: Le rétablissement et les représentations sociales de la

viii

Liste des figures

Figure 1 Répartition des participants selon le groupe et le domaine d’occupation .................................................................................................. 38

Figure 2 Répartition des participants selon le groupe et la conformité aux critères diagnostiques du DSM-IV pour la dépression majeure ...................... 40

Figure 3 Les éléments considérés les plus importants dans le rétablissement ............ 41

Figure 4 Les scores globaux du SSDS, du RAS et du ADHS obtenus en fonction du groupe ......................................................................................... 42

Page 9: Le rétablissement et les représentations sociales de la

ix

Liste des abréviations

ACSM Association canadienne pour la santé mentale

APA American Psychiatric Association

CIUSSS Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux

CSBE Commissaire à la santé et au bien-être

CSMC Commission de la santé mentale du Canada

INSPQ Institut national de santé publique du Québec

ISQ Institut de la statistique du Québec

IUSMQ Institut universitaire en santé mentale de Québec

MSSS Ministère de la Santé et des Services sociaux

OMS Organisation mondiale de la santé

OTSTCFQ Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux du Québec

STRATA Service de traitement et de réadaptation ambulatoire des troubles affectifs

.

Page 10: Le rétablissement et les représentations sociales de la

x

On peut trouver le bonheur même dans les endroits les plus sombres.

Il suffit de se souvenir d’allumer la lumière.

-J.K. Rowling

Page 11: Le rétablissement et les représentations sociales de la

xi

Remerciements

À première vue, la rédaction d’un mémoire peut paraître comme une aventure

particulièrement solitaire, voire même recluse. En effet, après avoir passé presque une

décennie sur les bancs d’école des études postsecondaires à côtoyer quotidiennement

des centaines d’étudiants et d’enseignants, le dernier pas vers l’obtention de la maîtrise

semble être une expérience très individuelle. Toutefois, ce long cheminement a été tout

sauf solitaire, car sans l’apport de nombreuses personnes, l’écriture des pages qui suivent

n’aurait pas été possible, d’où l’importance de profiter de la présente pour les remercier

sincèrement.

Tout d’abord, je tiens à souligner l’incroyable travail de mentor de ma directrice de

recherche, madame Myreille St-Onge. Merci de m’avoir accompagnée et guidée à

chacune des étapes de ce parcours. Votre pertinence ainsi que la rigueur de vos

commentaires, toujours teintées de bienveillance, ont grandement contribué au succès de

ce projet. En bref, merci pour les opportunités que vous m’avez offertes, qui m’ont permis

d’évoluer autant personnellement que professionnellement.

Je souhaite souligner ma gratitude aux deux travailleuses sociales qui m’ont initiée

à la pratique au travers de mon stage, mesdames Sylvette Groleau et Isabelle Fillion. Vos

précieux conseils ainsi que votre humanité, votre ouverture et votre engagement teinteront

assurément la professionnelle que je deviendrai. Merci également, Sylvette et Sylvie, pour

votre temps et vos rétroactions pertinentes, alors que mon projet en était encore à ses

balbutiements, et qui ont permis de l’orienter en prenant compte de la réalité du terrain.

Merci à vous deux, ainsi qu’à madame Dominique Cazeau et monsieur Alain Laganière

pour votre générosité et votre aide précieuse dans le recrutement des participants. Je

tiens également à remercier l’Institut universitaire en santé mentale de Québec, plus

particulièrement l’unité des troubles de l’humeur, la clinique des troubles de l’humeur et

l’hôpital de jour. Les personnes y œuvrant ont, de près ou de loin, permis la réalisation de

cette étude. Merci également au Comité d’éthique de la recherche sectoriel en

neurosciences et santé mentale, plus particulièrement à madame Claire Billet, qui a eu la

gentillesse de m’accompagner dans cette étape charnière. Je tiens également à souligner

la contribution du Centre de recherche sur l’adaptation des jeunes et des familles à risque

(JEFAR).

Page 12: Le rétablissement et les représentations sociales de la

xii

Merci à mesdames Lisa J. Barney et Annamaria de Rosa ainsi qu’à messieurs

Patrick W. Corrigan, Kamel Gana, Charles R. Snyder, Mark Zimmerman, Jocelyn Bisson

et Jean-François Pelletier pour leur apport théorique au moyen de la création et de

l’autorisation d’utiliser les outils présentés dans l’étude.

Merci également à messieurs Gaétan Daigle et Maxime Tessier du service de

consultation statistique (SCS) de l’Université Laval pour leur expertise ainsi que leurs

précieux conseils.

Cette recherche n’aurait pas été possible sans la contribution inestimable des

participants qui ont accepté de prendre part à cette étude. Je tiens donc à souligner non

seulement leur générosité à partager leurs expériences ainsi que leurs sentiments et

opinions qui en ont découlé, mais surtout leur force, leur courage et leur détermination.

Vous êtes des modèles de rétablissement et j’ai confiance que, bien que ce processus ne

soit pas toujours linéaire, vous réussirez à atteindre le bien-être que vous méritez tous. En

somme, merci pour votre apport à la recherche et à la compréhension de la dépression,

mais aussi pour m’avoir fait grandir au travers de vos témoignages.

Plus personnellement, je ne peux passer sous silence le support constant, le

soutien inflexible et les encouragements réguliers de ma famille et amis, de près ou de

loin. Un merci tout spécial à ma mère, Andrée, qui m’a inculqué la valeur du travail bien

fait et la persévérance dans l’adversité, à mon père, Carl, qui a su susciter chez moi la

curiosité d’apprendre, ainsi qu’à ma grand-mère, Marie-Paule, qui a été pour moi mon

premier modèle de résilience et de rétablissement et qui, par son expérience de vie, a su

faire émerger en moi les premières réflexions qui ont pavé la voie de ce mémoire. Merci à

ma meilleure amie, Laurie, qui a été ma première partenaire de recherche, il y a

maintenant 5 ans, et qui m’a soutenue tout au long de ce projet personnel, autant

moralement que cognitivement. Je tiens également à souligner l’apport inestimable de

Steffi et Keegan, mes deux acolytes du quotidien, sans qui les moments où je rédigeais

seule à la maison auraient été bien plus difficiles et monotones. Steffi, merci pour ton

amour inébranlable, pour ta présence réconfortante ainsi que ton appui inconditionnel et,

surtout, pour ne jamais avoir cessé de croire en moi.

Page 13: Le rétablissement et les représentations sociales de la

1

INTRODUCTION

Au même titre que les maladies physiques, les troubles mentaux1 ont toujours été

présents dans la vie des gens de manière directe ou indirecte, et à différents degrés.

Toutefois, le sens donné aux maladies mentales diffère singulièrement de celui donné aux

affections physiques. Également, la culture et l’époque ont une grande influence sur la

manière dont elles sont perçues. Par exemple, au Québec, de la seconde moitié du 19e

siècle jusqu’à la Révolution tranquille, il était coutume d’associer les troubles mentaux à la

folie ainsi qu’aux asiles. Bien que ces perceptions évoluent avec le temps ainsi qu’au

travers d’actions comme la prévention et la sensibilisation, elles peuvent tout de même

représenter un obstacle à l’atteinte d’une santé mentale optimale. Dans cette optique, le

présent projet a pour thème général les représentations sociales de la dépression chez

des personnes vivant ou ayant vécu par le passé un épisode dépressif, dans un cadre

plus global de rétablissement.

L’étude a pour objectif principal de caractériser comment le concept de représentation

sociale de la dépression s’imbrique, évolue ou influence le rétablissement chez des

personnes souffrant ou ayant déjà souffert d’un épisode dépressif en élaborant le profil de

trois groupes de personnes2. Plus spécifiquement, je vise à caractériser les

représentations sociales de la dépression chez des personnes se trouvant à trois

moments de leur processus de rétablissement, à explorer les conséquences négatives et

positives des représentations sociales chez ces trois groupes de personnes dépressives

ainsi qu’à examiner les différences et les similitudes sur le plan des représentations

sociales qu’ont intégrées les personnes souffrant de ce trouble. Ces objectifs peuvent être

formulés sous forme de questions qui guideront par la suite l’orientation de l’étude :

Existe-t-il un lien entre les représentations sociales de la dépression chez des

personnes souffrant de ce trouble et leur rétablissement ou la perception de leur

rétablissement?

Y a-t-il des différences quant aux représentations sociales de la dépression entre

des personnes qui se trouvent au début de leur processus de rétablissement, qui

se considèrent avancées dans ce dernier et qui sont rétablies?

1 Pour faciliter la compréhension, il est à noter que les termes « maladie mentale » et « trouble mental » sont

utilisés comme synonymes dans le présent projet. 2 Il est à noter que l’échantillon final comporte deux groupes. Cet aspect sera approfondi dans la section

portant sur la méthodologie.

Page 14: Le rétablissement et les représentations sociales de la

2

Dans cette optique, je dresserai d’abord dans le présent travail un portrait de la

problématique et de la pertinence du projet sur les plans social, scientifique et

disciplinaire. Puis la recension des écrits sera approfondie par les sections concernant la

démarche documentaire ainsi que par l’état des connaissances sur les représentations

sociales de la maladie mentale, et celles plus particulièrement liées à la dépression, ainsi

que les impacts de la stigmatisation et de l’autostigmatisation sur les personnes. Les

limites et forces relevées des publications recensées dans la littérature scientifique seront

également présentées. De plus, je traiterai du cadre d’analyse en présentant les

principaux concepts à l’étude, soit la dépression, les représentations sociales et le

rétablissement. Les concepts secondaires à l’étude seront également abordés, suivis d’un

rappel des objectifs du projet et des hypothèses. Une esquisse de la méthodologie sera

introduite, comprenant l’approche privilégiée et le type de recherche, la population à

l’étude, l’échantillonnage, les instruments de mesure, le mode de collectes des données,

le tableau d’opérationnalisation des principales variables ainsi que les considérations

éthiques. Le chapitre suivant traitera des résultats de la recherche. Plus précisément, il

sera question du cheminement d’analyse, des caractéristiques des participants, des

résultats obtenus à l’inventaire pour la dépression et des expériences liées à la

dépression, de ceux obtenus aux autres questionnaires quantitatifs et de l’analyse du

réseau d’associations. Enfin, il sera également question des corrélations ainsi que des

tests-t significatifs. La partie discussion, quant à elle, présentera une interprétation des

données par l’entremise du contenu des représentations sociales de la dépression chez

des personnes vivant ou ayant vécu un épisode dépressif, du processus de rétablissement

et de l’autostigmatisation dans un contexte de dépression majeure. Finalement, les limites

et les forces de l’étude ainsi que les retombées et les suggestions pour la pratique en

travail social seront également explorées.

Page 15: Le rétablissement et les représentations sociales de la

3

CHAPITRE 1 : LA PROBLÉMATIQUE

Au cours des dernières années, l’importance de la sensibilisation aux troubles

mentaux a pris de l’ampleur. En effet, au Canada, une personne sur cinq sera touchée

directement par la maladie mentale au cours de sa vie, tandis que la totalité des

Canadiens est touchée de manière indirecte (Association canadienne pour la santé

mentale [ACSM], 2012). En d’autres termes, cela représente 6,7 millions de personnes

qui, chaque année, composent personnellement avec un trouble mental (Commission de

la santé mentale du Canada [CSMC], 2012b). Plus précisément, la dépression, qui est le

trouble le plus répandu dans la population, atteint à lui seul entre 8 et 14% des gens et est

la deuxième cause d’incapacité au monde (Institut de la statistique du Québec [ISQ];

2012; Organisation mondiale de la santé [OMS], 2001; Patten et Juby, 2008). Les coûts de

santé considérables y étant rattachés, la perte de capital humain au travail ainsi que les

impacts psychosociaux sur l’entourage, entre autres, représentent des enjeux de taille

auxquels la société se doit de s’attarder.

En ce sens, le gouvernement du Québec a lancé de nombreuses campagnes afin

de sensibiliser, d’informer et de faire de la prévention auprès de la population. Toutefois,

sensibiliser la population implique de se heurter aux représentations sociales parfois bien

ancrées dans la société. Notons que les campagnes de sensibilisation de 2007 à 2013

visaient spécifiquement à combattre les préjugés liés à la dépression (Ministère de la

Santé et des Services sociaux [MSSS], 2017). En effet, les préjugés représentent un

obstacle considérable, notamment quant au fait de demander de l’aide par les personnes

atteintes de dépression (Institut national de santé publique du Québec [INSPQ], 2012). En

2009, 37,9% des Canadiens de 15 ans et plus vivant avec un trouble mental ont déclaré

être victimes de discrimination ou avoir été traités injustement au cours des cinq années

précédant l’enquête, comparativement à 14,2% de la population générale. De ce fait, il

apparait que la stigmatisation des troubles mentaux fait partie intégrante des difficultés

qu’occasionne l’expérience d’une maladie mentale et qu’elle représente le principal

obstacle de la prestation de soins (Sartorius, 2007). Par ailleurs, s’attaquer aux préjugés,

aux croyances ancrées dans la population ainsi qu’au manque de reconnaissance de la

dépression en tant que maladie représente un moyen d’atteindre des objectifs plus

généraux de la sensibilisation, qui a non seulement pour but de réduire la prévalence des

troubles mentaux, mais aussi de favoriser le rétablissement des personnes touchées.

Page 16: Le rétablissement et les représentations sociales de la

4

L’approche du rétablissement s’implante largement dans la pratique au Québec et

favorise une meilleure qualité de vie (Provencher, 2002, 2008; Provencher et Keyes,

2010). Cette approche se trouve d’ailleurs au cœur du Plan d’action en santé mentale

2015-2020 du MSSS. Le processus de rétablissement, représenté sur un continuum, est

unique à chaque personne. Comme il s’accompagne généralement de changements,

entre autres d’attitudes et de valeurs, l’importance de se pencher sur un possible lien entre

le rétablissement et les représentations sociales dans un contexte d’expérience de

dépression pourrait amener des pistes de réflexion et d’intervention intéressantes.

La pertinence scientifique

D’un point de vue scientifique, l’objet d’étude a été peu exploré dans les écrits. En

effet, les représentations sociales de la dépression, au Québec plus spécifiquement, n’ont

été abordées, à notre connaissance, que dans une seule étude jusqu’à maintenant

(Tremblay, 2013). Cet objet d’étude constitue donc une préoccupation nouvelle au

Québec. Ailleurs dans le monde, principalement en Europe, des études sur le sujet ont

émergé dans la dernière décennie (Angermeyer, Holzinger et Matschinger, 2009; Aromaa,

Tolvanen, Tuulari et Wahlbeck, 2011; Cook et Wang, 2010; Davidson et Connery, 2003;

Reavley et Jorm, 2014; Shamblay, Botha et Dozois, 2015), mais les résultats demeurent

non généralisables à la population québécoise en raison du fait que les représentations

sociales se construisent dans un contexte et dans une culture donnés (Jodelet, 1989).

Notons également que la plupart des études portent sur les représentations sociales que

l’on retrouve dans la population générale (Angermeyer et Matschinger, 2003; Foster,

2001; Munizza et al., 2013; Roelandt, Caria, Defromont, Vandeborre et Daumerie, 2010).

Considérant que celles-ci peuvent différer d’un groupe social à un autre (Jodelet, 1989), il

est important de se centrer sur les personnes vivant ou ayant vécu un épisode de

dépression majeure afin de raffiner notre compréhension de ce phénomène. De plus, la

symptomatologie des personnes souffrant de dépression, notamment caractérisée par un

fort sentiment de culpabilité et une faible estime de soi, est fertile à l’intériorisation de

stigmates (Asmussen et Phelan, 2001; Camp, Finlay et Lyons, 2002; Link, Struening,

Neese-Todd, Major et O’Brien, 2005). Il est donc important d’explorer les différences ou

les similitudes entre les représentations sociales de la dépression en général et celles

qu’ils ont de la leur. Ajoutons que les représentations sociales de la maladie mentale ne

sont pas homogènes et se distinguent selon les troubles, ce qui n’a pas vraiment été

abordé dans les écrits scientifiques (Foster, 2001). Effectivement, les recherches portent

souvent sur la maladie mentale en général, alors qu’il est possible que des manifestations

Page 17: Le rétablissement et les représentations sociales de la

5

propres à chaque trouble apparaissent et qu’elles peuvent être perçues différemment par

la population. Par exemple, la schizophrénie est probablement l’un des troubles les plus

stéréotypés et stigmatisés, la société ayant tendance à placer ces personnes

singulièrement en marge et à les qualifier de dangereuses (Link, Phelan, Bresnahan,

Stueve et Pescosolido, 1999).

De ce fait, au regard du caractère novateur du présent mémoire, un projet pilote

visant à recruter un petit nombre de personnes a été privilégié. Il s’agira de caractériser le

profil de trois groupes de personnes selon leur degré de rétablissement perçu. Le choix

d’un projet pilote a été favorisé pour des raisons statistiques et éthiques qui seront

détaillées dans les parties subséquentes.

La pertinence sociale

Sur le plan social, la dépression représente un enjeu sociétal en touchant

directement plus d’un million de Canadiens et de Québécois. De ce fait, l’optimisation du

rétablissement d’un trouble mental est une visée ministérielle (MSSS, 2015). En effet, il

est au cœur du Plan d’action en santé mentale 2015-2020. La dépression, plus

précisément, engendre de nombreuses conséquences pour les personnes elles-mêmes,

tant aux plans financier, personnel et social. En effet, « la dépression est plus commune

que la plupart des principaux troubles médicaux et elle compromet tout autant le bien-être

et le fonctionnement des gens qui en sont atteints » (Patten et Juby, 2008, p.15). En plus

d’altérer le fonctionnement global et d’augmenter la détresse subjective des personnes

souffrant d’un trouble dépressif majeur, l’entourage (Hardwick, 1999) et la société ont à

composer avec des retombées négatives considérables (CSMC, 2012b). Par exemple, la

dépression représente l’une des principales causes de décès prématurés, le suicide

emportant au total 850 000 vies par année dans le monde (Patten et Juby, 2008). Selon

Goodwin et Jamison (1999), entre 15% et 20% des personnes dépressives mettent fin à

leurs jours. Parallèlement, il a été démontré que 50% des personnes qui s’étaient

suicidées souffraient de dépression (Puri et Hall, 2004). Également, les préjugés négatifs,

les comportements discriminatoires ainsi que les stigmates peuvent avoir de lourdes

conséquences sur l’estime de soi (Commissaire à la santé et au bien-être [CSBE], 2012).

En effet, il est fréquent qu’une personne s’identifie à la représentation que la majorité se

fait d’elle, ce qui altère la vision qu’elle a d’elle-même (Whitley, 2012). L’intériorisation des

attitudes négatives de la société retournées contre soi donne lieu à de l’autostigmatisation

Page 18: Le rétablissement et les représentations sociales de la

6

qui a aussi une influence négative sur l’autogestion de sa santé et sur son bien-être

psychologique (Schulze et Angermeyer, 2003).

De plus, sur le plan économique, la dépression ainsi que les problèmes de santé

physique chroniques que l’on retrouve souvent ensemble représentent des coûts

substantiels, liés aux soins de santé et aux médicaments antidépresseurs ainsi que

l’absence au travail (Patten et Juby, 2008). Notamment, la perte de productivité représente

environ 6,3 milliards de dollars en 2011 au Canada (CSMC, 2012b). Plus récemment, en

2013, on a relevé que 30,4% des réclamations de prestations d’invalidité du Régime de

pensions du Canada étaient reliées à un trouble mental, comparativement à environ 26%

en 2004 (CSMC, 2012a). Cela représente une augmentation considérable, d’autant plus

que l’on évalue que ce pourcentage est sous-estimé par rapport à l’ampleur du

phénomène, car il exclut les invalidités de courte durée ainsi que les personnes qui n’ont

pas versé suffisamment de cotisations au Régime des pensions du Canada (CSMC,

2012a). En définitive, les répercussions économiques en un an sont estimées à au-delà de

50 milliards de dollars, ce qui représente 2,8% du produit intérieur brut de 2011 au

Canada (Smetanin et al., 2011).

Dans un autre ordre d’idées, les impacts liés à une dépression non traitée sont

d’autant plus préoccupants, car l’absence de recours à une aide professionnelle peut

influencer la gravité et la persistance des symptômes, la probabilité de rétablissement

diminuant ainsi avec le temps (Patten et Juby, 2008). En effet, une proportion d’environ

50% des personnes atteintes de dépression majeure reçoit actuellement de l’aide

professionnelle (Cheung et Dewa, 2007; Rhodes, Bethell et Bondy, 2006; Wang, Langille

et Patten, 2003). Selon l’OMS (2001), le manque de ressources qualifiées ainsi que le

stigmate social associé aux troubles mentaux en représentent les obstacles majeurs.

D’ailleurs, Patten et Juby (2008, p. 21) soulignent qu’en « réduisant le stigmate associé

aux problèmes de santé mentale, l’information et la sensibilisation encourageront plus de

gens à demander de l’aide professionnelle avant que leurs problèmes ne s’enracinent ».

Ainsi, approfondir les connaissances sur les représentations sociales de la dépression

peut soulever des pistes de réflexion par rapport à la sensibilisation de la population, afin

de favoriser la recherche d’aide par les personnes touchées.

La pertinence disciplinaire

D’abord, le concept de rétablissement fait directement écho aux valeurs et aux

principes prônés par le travail social (Carpenter, 2002), tels que la justice sociale, le

Page 19: Le rétablissement et les représentations sociales de la

7

développement du pouvoir d’agir et la croyance dans le potentiel de chaque personne

(Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux du Québec [OTSTCFQ],

2012). Également, le rétablissement va de pair avec les principes qui guident le processus

d’intervention, dont l’engagement de la personne dans une perspective de pouvoir d’agir

(OTSTCFQ, 2011). Depuis les années 2000, les services en santé mentale au Québec

orientent de plus en plus leurs pratiques et leurs interventions dans ce sens (MSSS, 2005,

2015); ce courant permettant de développer une vision selon laquelle les personnes vivant

avec un trouble mental peuvent avoir espoir d’améliorer leur état (Carpenter, 2002). De

plus, les études consacrées aux représentations sociales ne les ont pas incluses dans une

perspective du rétablissement. En effet, il est davantage question, dans les études, de

succès d’une intervention ou de rémission des symptômes (Tremblay, 2013), ce qui donne

un caractère novateur à la présente étude. Enfin, l’angle d’analyse du travail social n’a à

peu près pas été abordé dans le contexte des représentations sociales, qui sont explorées

majoritairement dans les domaines de la sociologie et de la psychologie.

Page 20: Le rétablissement et les représentations sociales de la

8

CHAPITRE 2 : LE CADRE D’ANALYSE

Avant de se pencher davantage sur les constats émanant de la littérature

scientifique, il est primordial de définir les principaux concepts à l’étude, soit la dépression,

les représentations sociales et le rétablissement. En effet, c’est à partir du sens donné aux

différentes variables qu’il sera possible d’orienter et de structurer la suite du projet.

Ajoutons que le cadre d’analyse présenté ci-dessous est composé d’un cadre conceptuel

en lien avec la dépression et le rétablissement ainsi que d’un cadre théorique concernant

le courant des représentations sociales.

L’épisode dépressif

Au travers de l’histoire des troubles mentaux, la dépression a été l’une de ses

premières conceptualisations (Halder, 2015). Depuis que le terme « trouble dépressif

majeur » a été introduit dans le Diagnosis and Statistical Manual (DSM-III) en 1980

(Philipp, 1991), la définition la plus courante est celle utilisée dans le domaine de la

psychiatrie et répertoriée dans le DSM, élaboré par l’Association américaine de

psychiatrie. La définition retenue provient de la plus récente édition de ce manuel, le DSM-

5. L’épisode de dépression majeure, qui s’inscrit dans la catégorie des troubles de

l’humeur, est caractérisé par la présence d’au moins cinq des symptômes suivants : une

humeur dépressive persistante dans la majorité du temps, une perte d’intérêt ou de plaisir

générale, une perte ou encore un gain de poids, de l’insomnie ou de l’hypersomnie, un

ralentissement psychomoteur notable, une perte d’énergie ou un sentiment de fatigue

accablante, un sentiment de dévalorisation ou de culpabilité marquée pouvant être

considéré comme excessif ou inapproprié, une diminution de la capacité de prise de

décisions et, enfin, des pensées de mort ou des idées suicidaires récurrentes pouvant

précéder une tentative de suicide (American Psychiatric Association [APA], 2013). Une

souffrance significative découle évidemment de cet état qui crée également une altération

marquée du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines de vie

importants (APA, 2013). Cela se traduit fréquemment par l’incapacité, par exemple, d’être

en mesure d’assumer ses responsabilités professionnelles ou interpersonnelles (APA,

2013). L’équivalent européen du DSM, le chapitre V de la Classification internationale des

maladies (CIM-10), présente les mêmes critères diagnostiques en plus d’un dixième, soit

la perte de confiance en soi ou d’estime de soi (OMS, 2008). Ainsi, dans le domaine de la

psychiatrie, l’épisode dépressif est globalement défini de la même manière dans les pays

Page 21: Le rétablissement et les représentations sociales de la

9

industrialisés malgré le fait que la culture peut influencer d’une part l’expression des

symptômes (APA, 2003), et d’autre part, la compréhension et le traitement de la

dépression (Estingoy, 2015).

Dans un ordre d’idées connexes, notons que la dépression peut prendre diverses

formes selon la présence de certains symptômes, cette affection pouvant s’exprimer

différemment d’une personne à l’autre. De ce fait, Zimmerman et ses collaborateurs

(2015) ont mis en lumière qu’il existe théoriquement 227 façons différentes de satisfaire

les critères diagnostiques de l’épisode dépressif majeur. En d’autres termes, comme

certains critères ont de multiples composantes, deux personnes peuvent satisfaire les

mêmes critères de différentes façons sans toutefois présenter les mêmes symptômes. Il

est donc juste de dire que le trouble dépressif majeur est caractérisé par une

hétérogénéité de sa population (Haslam et Beck, 1994; Zimmerman, Ellison, Young,

Chelminski et Dalrymple, 2015), malgré qu’il s’agit du trouble psychiatrique le plus

commun de nos jours (Halder, 2015).

Néanmoins, malgré le consensus existant quant à la définition de la dépression en

psychiatrie, cette pathologie demeure un concept difficile à définir clairement compte tenu

de la pluralité des définitions au regard des domaines d’étude (Tremblay, 2013). Par

exemple, la manière de concevoir la dépression majeure, tout comme les causes et les

interventions privilégiées pour cette dernière, diffère entre les disciplines de la

pharmacologie et de la psychothérapie. Du point de vue du travail social, une attention

particulière est portée aux atteintes significatives à la sphère sociale des individus touchés

par la dépression. En effet, rappelons que cette dernière est typiquement caractérisée par

du retrait et de l’isolement social (Brown, Silvia, Myin-Germeys et Kwapil, 2007;

Kupferberg, Bicks et Hasler, 2016; Wade et Kendler, 2000), des compétences sociales

réduites (Gable et Shean, 2000), un désintéressement social (Silva et Kwapil, 2011), une

réduction de la qualité des relations interpersonnelles (Kronmuller et al., 2011) ainsi

qu’une altération dans la perception et la compréhension des autres (Csukly, Czobor,

Unoka, Takács et Simon, 2009).

Dans une optique multifactorielle et hétérogène, retenons que la dépression résulte

de l’interaction complexe entre des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux

(Deacon, 2013; Halder, 2015; Patten et Juby, 2008; Zimmerman, McGlinchey, Young et

Chelminski, 2006). Finalement, au regard de la littérature scientifique, il est essentiel de

donner une importance prépondérante à l’expérience d’un épisode dépressif ainsi qu’au

Page 22: Le rétablissement et les représentations sociales de la

10

sens y étant donné par ceux qui le vivent ou l’ont vécu (Kaite, Karanikola, Merkouris et

Papathanassoglou, 2016). En effet, même s’il est pertinent de se baser sur l’épidémiologie

élaborée dans le DSM, notamment en raison du fait qu’il s’agit d’un consensus qui

s’actualise dans le système de santé moderne, il demeure que les gens adoptent

différents modèles de compréhension qui font du sens pour eux afin d’expliquer ce qui leur

arrive et qu’ils ont le droit de définir eux-mêmes leurs expériences (Bailey, 2015).

D’ailleurs, sur le plan thérapeutique, il est plus aidant qu’un clinicien travaille avec la vision

du patient plutôt que d’insister sur le fait que sa propre compréhension est juste (Bailey,

2015), cette manière de voir les choses allant de pair avec l’approche du rétablissement

qui sera approfondie un peu plus loin dans le présent document. De ce fait, il sera retenu

dans cette étude que l’épisode de dépression majeure est, avant tout, un concept

socialement construit.

Les représentations sociales

Ce concept a été introduit en 1961 par Serge Moscovici et a largement été

approfondi par la suite; le courant des représentations sociales étant non seulement très

populaire en Europe, mais également en pleine émergence en Amérique. Elles se

définissent comme étant un savoir commun dans un contexte et un temps donnés se

rapportant à une construction consensuelle de la réalité sociale en fonction de l’interaction

et de la communication (Moscovici, 2004). Ainsi, ce savoir traduisant l’état de la réalité est

structuré par divers éléments (dont certains ont été abordés de manière isolée), soit des

éléments informatifs, cognitifs, idéologiques ou normatifs ainsi que des croyances, des

valeurs, des attitudes, des opinions et des images (Jodelet, 1989). Par conséquent, les

représentations sociales forment une totalité signifiante, socialement élaborée et partagée,

permettant d’interpréter l’environnement social et physique (Jodelet, 1989). De plus, les

représentations sociales véhiculées dans la société peuvent différer d’un groupe social à

l’autre et orienter les comportements des individus, ceux-ci étant l’expression de l’image

sociale qu’ils ont intégrée (Jodelet, 1989).

Dans un même ordre d’idées, les représentations sociales sont un concept de

croyances partagées faisant écho aux stigmates ainsi qu’aux attitudes véhiculés par la

société. À la lumière du relevé des écrits sur le sujet, ces trois concepts sont souvent

utilisés comme synonymes en raison de leur proximité sur le plan conceptuel (Major et

O’Brien, 2005; Phelan, Link et Dovidio, 2008; Stuber, Meyer et Link, 2008). Toutefois, les

attitudes appartiennent au domaine de la psychologie tandis que les représentations

Page 23: Le rétablissement et les représentations sociales de la

11

sociales s’inscrivent dans la branche de la psychologie sociale et que les stigmates ont été

élaborés dans une perspective sociologique. Les représentations sociales ainsi que les

stigmates peuvent faire le pont entre divers angles d’analyse et, surtout, s’inscrire dans

l’optique du travail social en mettant de l’avant l’interaction ainsi que l’interinfluence entre

un individu (ou un groupe d’individus) et son environnement. Sur le plan conceptuel, les

stigmates et les attitudes sont modulés par des jugements de valeur et des croyances qui

forment des préjugés propices à la différenciation sociale ainsi qu’à la discrimination. Plus

précisément, les attitudes sont une prédisposition mentale à agir d’une façon donnée

découlant d’un état d’esprit envers un groupe ou un individu reposant sur une

généralisation de croyances (Allport, 1935). Ces dernières, selon Moscovici (1973), se

différencient fondamentalement des représentations sociales. En effet, les représentations

sociales permettent de considérer les attitudes comme socialement partagées, dotées

d’un contenu et formant un système, bien qu’il admet toutefois que ces deux concepts

sont très proches.

Les stigmates, quant à eux, se définissent comme une construction sociale

exprimant les attributs personnels qu’une société désigne comme indésirables dans un

contexte et un moment donnés (Goffman, 1963). Ainsi, un stigmate est l’écart entre un

attribut de tout ordre et les idéaux devant la façon d’être et de se conduire, la différence

étant considérée comme déviante. En bref, la stigmatisation se différencie de la

stéréotypie en revêtant un caractère négatif, les stéréotypes pouvant quant à eux être

positifs (Crocker et Major, 1998). Ajoutons que, selon Howarth (2006), les stigmates jouent

un rôle quant aux tensions et aux conflits à l’intérieur des représentations sociales, parlant

alors de représentations stigmatisantes. D’ailleurs, notons que la souffrance liée aux

symptômes dépressifs est augmentée par les stigmates (Jönsson, Wijk, Skärsäter et

Danielson, 2008; McCann et Clark, 2004; Thompson et al. , 2008). De nombreuses études

suggèrent que le stigmate public associé à la dépression continue d’exister malgré les

nombreuses campagnes de sensibilisation (Barney, Griffiths, Jorm et Christensen, 2006;

Link, Phelan, Bresnahan, Stueve et Pescosolido, 1999; Perry, Pescosolido, Martin,

McLeod et Jensen, 2007). Dans le même ordre d’idées, la sensibilisation ciblant les

stigmates associés aux problèmes de santé mentale encouragerait davantage de

personnes à demander une aide professionnelle avant que leurs problèmes ne

s’enracinent (Patten et Juby, 2008). De manière appliquée, le stigmate public peut résulter

en une sympathie réduite dans la population générale face aux souffrances des individus

vivant une dépression ainsi qu’une tendance à invalider les impacts des symptômes

Page 24: Le rétablissement et les représentations sociales de la

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dépressifs (Pyne et al., 2009). Effectivement, l’idée que la dépression est une faiblesse

personnelle qui pourrait être réglée par la volonté fait largement partie du stigmate associé

à la dépression (Pyne et al., 2009). Ce type d’opinion est également perçu par les

personnes vivant un épisode de dépression majeure. Notamment, parmi les répondants

de l’Enquête sur la santé des collectivités canadiennes de 2002, 37,5% d’entre eux disent

avoir perçu que les autres avaient une opinion négative d’eux ou qu’ils avaient

l’impression d’être traités injustement en raison de leur trouble (Patten et al., 2015).

Enfin, il est important de retenir que l’intériorisation des stigmates découlant des

représentations sociales négatives chez les personnes stigmatisées peut avoir des

conséquences considérables sur elles, notamment sur les plans identitaire, psychologique

et social (Livingston et Boyd, 2010). Ces représentations sont des portraits socialement

construits de la réalité et sont propices à la discrimination, au développement de préjugés,

ainsi qu’à l’intériorisation de stigmates (Jodelet, 1985; Moscovici, 2004).

Le rétablissement

L’approche du rétablissement est au cœur des plans d’action en santé mentale de

divers pays (Slade, Amering et Oades, 2008). Le Québec n’en fait pas exception, le

rétablissement étant l’un des principes directeurs du Plan d’action en santé mentale 2015-

2020 (MSSS, 2015). Dans le cadre de cette étude, la définition privilégiée est celle de

William Anthony (1993, p. 527) :

Le rétablissement est un processus unique et profondément personnel de changement d’attitudes, de valeurs, de sentiments, de buts, d’aptitudes ou de rôles. Il s’agit d’une façon de vivre une vie satisfaisante, pleine d’espoir et enrichissante malgré les limitations causées par la maladie. Le rétablissement implique le développement de nouveaux sens et d’objectifs dans la vie alors qu’un individu évolue au-delà des effets […] de la maladie mentale. (traduction libre).

De plus, ce sont à la base des définitions émanant de l’expérience même de

personnes utilisatrices de services qui ont par la suite été reprises et approfondies par de

nombreux chercheurs (Andresen, Caputi et Oades, 2006; Silverstein et Bellack, 2008;

Spaniol et Koehler, 1994). Bien que le rétablissement est un processus unique à chaque

personne, quatre composantes principales du processus de rétablissement ont également

été mises en lumière, soit de trouver et maintenir l’espoir, de rétablir une identité positive,

de découvrir le sens de sa vie ainsi que de prendre la responsabilité de celle-ci (Andresen,

et al., 2006). De manière plus appliquée, Corrigan et ses collaborateurs (1999) ont relevé

Page 25: Le rétablissement et les représentations sociales de la

13

cinq facteurs qui servent à définir le rétablissement, soit la confiance en soi et l’espoir, la

volonté à demander de l’aide, les buts et l’orientation vers le succès, la dépendance

envers les autres et ultimement ne pas être dominé par ses symptômes.

Également, l’approche du rétablissement fait écho à la manière de concevoir la

santé. En effet, Keyes (2002, 2005, 2007) propose un modèle en deux axes de l’état de

santé complet. Le premier représente la santé mentale, défini sommairement comme un

fonctionnement positif opérationnalisé par des mesures de bien-être subjectif (Keyes,

2002). Selon l’OMS (2001), la santé mentale fait référence à un état de bien-être

permettant à une personne d’être en mesure de réaliser ses habiletés, de faire face au

stress normal de la vie quotidienne, de travailler de façon productive et épanouissante en

plus de contribuer à sa communauté.

Le second axe, quant à lui, représente la maladie mentale. De ce fait, la santé

mentale va plus loin que l’absence de maladie (Keyes et Grzywacz, 2005) et devrait être

perçue comme un état complet composé de la présence ou non de ses deux dimensions

(Keyes, 2005). En outre, se rétablir n’est pas un synonyme de guérir, qui est davantage

pour les situations spécifiques où le processus se fait en un temps. Dans le contexte de la

dépression, entre autres, le rétablissement représente un processus qui peut continuer

toute la vie pour certains, car il va au-delà de la rémission, c’est-à-dire de la disparition

des symptômes (Oostelbos, 2016). Autrement dit, le rétablissement n’implique pas la

disparition de la souffrance et des symptômes ni même la restauration complète du

fonctionnement; il est plutôt intimement lié au fait de vivre une vie significative au-delà des

restrictions de la maladie (Anthony, 2000; Deegan, 1996).

Le bien-être, facteur clé de la santé mentale florissante, a été conceptualisé et

divisé en trois composantes (Keyes, 2006; Provencher et Keyes, 2010; Ryan et Deci,

2001; Westerhof et Keyes, 2010). D’abord, le bien-être émotionnel correspond au

sentiment de bonheur et à la satisfaction qu’un individu peut ressentir par rapport à sa vie.

Ensuite, l’acceptation de soi, la croissance personnelle, le sens donné à la vie, la

perception de maîtrise de l’environnement, l’autonomie ainsi que les relations positives

avec autrui se rapportent au bien-être psychologique. Enfin, le bien-être a également une

dimension sociale composée de la cohérence, de l’acceptation, de l’actualisation, de la

contribution et de l’intégration sociales. En prenant en compte ces définitions, l’atteinte

d’une santé mentale dite florissante est tout à fait possible pour tout individu, qu’il vive ou

non avec un trouble mental. Enfin, l’approche du rétablissement est également très près

Page 26: Le rétablissement et les représentations sociales de la

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du concept de citoyenneté, qui est caractérisé par une liberté de vivre sans discrimination,

exclusion et oppression ainsi que de la capacité de définir sa propre identité et de la

célébrer de différentes façons (Bailey, 2015; Pelletier et al, 2015).

Page 27: Le rétablissement et les représentations sociales de la

15

CHAPITRE 3 : LA RECENSION DES ÉCRITS

La recension des écrits a été possible grâce à une démarche documentaire

rigoureuse, qui est résumée. Brièvement, il sera par la suite fait état de quatre thèmes

principaux reliés à la problématique à l’étude, soit les représentations sociales de la

maladie mentale, celles de la dépression, les impacts de la stigmatisation et

l’autostigmatisation.

La démarche documentaire

Afin de faire une revue des écrits scientifiques, plusieurs bases de données ont été

interrogées, notamment PsycNet (incluant PsycInfo et PsycArticles), Social Work

Abstracts, MedLine, SocIndex et Science Direct ainsi que quelques bases francophones

telles que Repère, Érudit et Cairn. Une série de mots-clés relatifs aux concepts de

dépression, de représentations sociales et de rétablissement a donc été déterminée à

l’aide des Thesaurus. En effet, les mots-clés utilisés pour le premier concept sont major

depression (dépression majeure), major depressive disorder (trouble dépressif majeur),

mood disorder (trouble de l’humeur) ainsi que major depressive episode (épisode

dépressif majeur). Pour le concept de représentations sociales, plusieurs mots-clés ont été

sélectionnés, soit social representation(s) (représentation(s) sociale(s)), stigma (stigmate),

stigmatisation, stereotype(s) (stéréotype(s)), prejudice(s) (préjugés(s)), social

discrimination (discrimination sociale), attitude(s), label(s) (étiquette(s) sociale(s)), social

identity (identité sociale) ainsi que mental illness (attitudes toward) (trouble mental

(attitudes)). Enfin, les mots-clés recovery (disorders) (rétablissement) et remission

(disorders) (rémission) ont servi de moteurs pour la recherche d’articles scientifiques pour

le troisième concept. L’état des connaissances actuelles a servi par conséquent de point

de départ pour l’orientation définitive de la suite de cette recherche. Lors de la sélection

des articles selon leur pertinence, la complétion de fiches de lecture a permis de dresser

un portrait des éléments clés à la présente étude.

Les représentations sociales de la maladie mentale

Dans la littérature scientifique, les concepts d’« attitude » et de « stigmate » sont

davantage étudiés que le concept de « représentation sociale ». En effet, bien que la

théorie des représentations sociales s’applique et ait été étudiée dans de nombreuses

situations, la stigmatisation semble demeurer un concept plus facile à saisir rapidement,

plusieurs chercheurs ne pouvant se permettre d’approfondir le processus et se centrant

Page 28: Le rétablissement et les représentations sociales de la

16

davantage sur la mise en évidence d’un problème social (Hinshaw et Cicchetti, 2000; Link

et al., 2001; Rosenfield, 1997). Malgré tout, plusieurs auteurs tentent davantage de

comprendre le mécanisme de formation et de cristallisation des représentations sociales à

partir de la théorie initialement élaborée par Moscovici (2004).

D’abord, les représentations sociales de la maladie mentale ont, selon De Rosa

(1987), évolué depuis les derniers siècles à travers les grands jalons de l’histoire,

notamment les transformations dans le domaine de la psychiatrie, donnant lieu à un

« polymorphisme » de son image sociale. Toutefois, bien que l’on dénote une amélioration

vis-à-vis des conceptions de la maladie mentale (Phelan, Link, Stueve et Pescosolido,

2000), plusieurs recherches ont fait la preuve qu’il existe des attitudes négatives par

rapport aux gens présentant une maladie mentale, ces derniers vivant également de la

stigmatisation (Feldman et Crandall, 2007; Hinshaw et Cicchetti, 2000; Link et al., 2001;

Murray, Pullman et Rodgers, 2003; Ottati, Bodenhausen et Newman, 2005). Par exemple,

la représentation sociale du « fou » fait référence, dans l’imaginaire collectif, à des

caractéristiques en lien avec la dangerosité et l’inadaptation au monde, à la société ainsi

qu’à la réalité (Roelandt et al., 2010). En effet, entre 65 et 90% des répondants d’un

échantillon représentatif de la population générale française (n=900) considèrent que le

fou est exclu des sphères sociale, familiale ou professionnelle (Roelandt et al., 2010).

Dans cette même étude, il est également soulevé que les maladies mentales sont, pour la

population générale, associées à la déviance, d’où la problématique de stigmatisation. En

ce sens, la marginalisation des troubles mentaux serait le résultat de l’imposition de

normes par les instances médicale et psychiatrique.

Dans le même ordre d’idées, Foster (2001) a exploré les représentations sociales

de la maladie mentale auprès de 17 étudiants universitaires londoniens par l’entremise de

rencontres de groupes. Les résultats ont révélé que les représentations sociales n’étaient

pas totalement homogènes chez ces étudiants. En effet, bien que les aspects

d’imprévisibilité, de persistance du trouble et de violence soient centraux à la

représentation sociale des troubles mentaux en général, les résultats de cette étude font

ressortir qu’il existe également un processus de différenciation entre les divers troubles. Il

en ressort également que la différenciation basée sur l’approche médicale est priorisée

quant aux caractéristiques des types de troubles mentaux, soit les causes, les effets, les

traitements, le pronostic, les effets sur autrui et la responsabilité de l’état mental. En

d’autres termes, selon l’auteure, les représentations sociales d’un trouble en particulier

Page 29: Le rétablissement et les représentations sociales de la

17

seront plus négatives si, selon l’approche médicale, le trouble est génétique, qu’il

provoque des effets violents et de la déviance sociale, qu’il ne peut être traité que par de

la médication, qu’il ne peut être guéri et qu’il provoque de la peur chez autrui, par

exemple.

Les représentations sociales de la dépression

Peu d’études empiriques traitent directement des représentations sociales de la

dépression spécifiquement. Toutefois, il est possible de remarquer l’émergence du

phénomène depuis les deux dernières décennies sur le plan international (Angermeyer,

Holzinger et Matschinger, 2009; Aromaa, Tolvanen, Tuulari et Wahlbeck, 2011; Cook et

Wang, 2010; Davidson et Connery, 2003; Reavley et Jorm, 2014; Shamblay, Botha et

Dozois, 2015). Munizza et ses collaborateurs (2013) se sont penchés sur les croyances

sociales et les attitudes en lien avec la dépression en Italie. Ils ont rejoint 1 001 personnes

par l’intermédiaire d’une enquête téléphonique où un court questionnaire leur était

administré afin d’explorer leurs connaissances de la dépression, des stigmates, des

croyances causales de la maladie et de ses traitements ainsi que des attitudes de

recherche d’aide. Dans cette étude, lorsque les chercheurs demandaient aux participants

laquelle des quatre définitions de la dépression proposées ils endossaient, il s’est avéré

qu’elle était davantage perçue comme une maladie situationnelle qu’un signe de faiblesse,

malgré que 58% des répondants croient que les gens souffrant de dépression devraient

être embarrassés d’en discuter avec un professionnel de la santé. C’est donc dire qu’il

existe toujours un écart de perception au sujet des croyances dans la population générale.

Notons également que les gens souffrant de dépression sont jugés généralement

plus négativement que ceux chez qui une étiquette générale de « maladie mentale »,

« trouble mental » ou « problème de santé mentale » a été attribuée (Szeto, Luong et

Dobson, 2013). Dans cette étude, l’échantillon était composé de 124 étudiants en

psychologie et ceux-ci devaient répondre à une série de questionnaires sur les attitudes,

les croyances, la distance sociale, les intentions comportementales, et les stigmates

perçus. Les chercheurs expliquent cette différence d’attitudes entre les termes plus

vagues et celui de dépression, plus spécifique, par l’hypothèse que les gens comprennent

mal les troubles mentaux et ne reconnaissent pas la dépression comme une maladie en

tant que telle, car la différence entre un état transitoire de tristesse et la dépression est

peu évidente pour eux.

Page 30: Le rétablissement et les représentations sociales de la

18

De plus, selon Deacon et Baird (2009), l’attribution des causes de la dépression

aurait un effet sur les attitudes subséquentes, la conceptualisation de causes

biopsychosociales étant davantage sujette à des attitudes stigmatisantes que la

conception uniquement biologique, soit un débalancement chimique dans le cerveau.

Retenons également que les conceptualisations non biologiques sont associées à des

attitudes de blâme et d’attribution de la responsabilité (Weiner, 1995) du trouble aux

personnes dépressives (Deacon et Baird, 2009; Rusch, Kanter et Brondino, 2009; Szeto,

Luong et Dobson, 2013). Bien que la dépression soit un concept que la population

générale a du mal à définir (Angermeyer et Matschinger, 2003), les résultats de l’étude

québécoise de Tousignant et Denis (1977) auprès de 1 158 participants font ressortir que

les participants la décrivent comme « une forme de désistement général, une incapacité à

remplir normalement un rôle; c'est l'état d'une personne qui pleure pour rien, qui ne réagit

plus aux stimulations » (p.353).

Enfin, Hsu et ses collaborateurs (2008) ont conclu que la formation ainsi que la

gravité des stigmates étaient déterminées par la peur, la honte, les distorsions cognitives,

la communication sociale, les consensus et les sanctions.

Au Québec, à notre connaissance, seul Tremblay (2013), dans le cadre de ses

études doctorales en psychologie, s’est penché sur les représentations sociales des

causes et des interventions relatives à la dépression, explorant celles-ci auprès de trois

catégories différentes de groupes, soit des personnes dépressives (n=43), des

professionnels de la santé mentale (n=92) ainsi que des étudiants universitaires (n=350).

Un questionnaire sur les représentations sociales était remis à l’ensemble des

participants, tandis qu’un second questionnaire mesurant l’état dépressif, soit la version

traduite de l’inventaire de dépression de Beck (1961 par Gauthier, Morin, Thériault et

Lawson, 1982), était administré uniquement aux patients dépressifs. Le premier

questionnaire était divisé en deux parties, soit l’une portant sur les causes, regroupées

autour de quatre principes organisateurs (stress sociaux, hérédité et réalités hors de

contrôle, traumatismes et isolement ainsi que Dieu, spiritualité et foi) et l’autre sur les

interventions, composé de trois principes organisateurs (prendre soin de soi/travailler sur

soi, interventions professionnelles ainsi que moyens extérieurs et contexte de vie). Les

participants devaient situer l’importance de chacune des affirmations sur une échelle de

type Likert allant de 1 (pas du tout important) à 7 (très important). Dans ce même

questionnaire, les participants dépressifs devaient répondre aux affirmations en se

Page 31: Le rétablissement et les représentations sociales de la

19

référant à leur propre dépression puis à la dépression en général. À la suite des analyses,

il a été démontré que les patients accordaient davantage d’importance aux causes et à

l’utilité des interventions comparativement aux deux autres groupes. De plus, il existe des

différences significatives entre les positionnements des patients et des professionnels, ces

derniers accordant, entre autres, moins d’importance aux stresseurs et à l’utilité de

moyens extérieurs pour le traitement de la dépression. Ainsi, selon Tremblay,

l’établissement d’une compréhension mutuelle de la dépression serait nécessaire à la

construction de l’espace thérapeutique au regard du succès de l’intervention.

Les impacts de la stigmatisation

Une étude ciblant les effets des étiquettes sur les attitudes de la population

générale vis-à-vis des personnes ayant des troubles mentaux a montré que dans le cas de

la schizophrénie, les stigmates reliés principalement à la dangerosité modulent

négativement les attributions personnelles, les réactions émotionnelles ainsi que la

distance sociale (Angermeyer et Matschinger, 2003). En effet, il ressort des écrits que

l’adaptation aux stigmates ainsi que le degré de stigmatisation perçu par les personnes

selon l’étiquette de « malade mental » façonnent leurs relations sociales, et inhibent par

conséquent le soutien de leur entourage (Link, Cullen, Struening, Shrout et Dohrenwend,

1989). Cela est également associé à un sentiment de démoralisation face aux traitements

(Link, Cullen, Frank et Wozniak, 1987). Ainsi, l’étiquette représente un stresseur qui

augmente les symptômes dépressifs (Link et al., 1989). En d’autres termes, les stigmates

et la perception de ceux-ci sont des prédicteurs significatifs de la recherche d’aide, ayant

un effet négatif important sur cette recherche d’aide (Link et Cullen, 1992).

Ces mêmes conclusions sont retrouvées dans l’étude menée par Barney et ses

collaborateurs (2006), qui ont envoyé 7 000 questionnaires par la poste à une sélection

aléatoire de résidents du sud de l’Australie. Le questionnaire incluait une vignette qui

décrivait les symptômes et les comportements d’une personne qui satisfaisait les critères

minimaux du DSM-IV pour une dépression majeure. Après la lecture de la vignette, les

participants étaient invités à se mettre à la place de John, la personne de la vignette, et à

répondre sur une échelle de type Likert à des affirmations en lien avec leurs intentions

d’aller chercher de l’aide, l’autostigmatisation et les stigmates perçus. Les symptômes

dépressifs étaient également mesurés à l’aide du Primary Care Evaluation of Mental

Disorders Patient Health Questionnaire et les participants devaient également indiquer

s’ils avaient déjà vécu un épisode dépressif. Au total, 1 312 personnes ont renvoyé un

Page 32: Le rétablissement et les représentations sociales de la

20

questionnaire rempli parmi lesquelles 55% avaient personnellement vécu une dépression.

Après analyses des résultats, il est ressorti que les attitudes face à la recherche d’aide de

ces dernières étaient plus négatives, plus particulièrement chez les jeunes hommes ayant

une 12e année d’étude ou moins. Les résultats suggèrent également que les stigmates

ainsi que la perception de ceux-ci créent des situations propices à l’intériorisation de

préjugés, soit l’autostigmatisation, qui a également un effet sur les comportements de

recherche d’aide tout comme l’accès difficile à un soutien professionnel.

L’autostigmatisation

Selon Freidl, Spitzl et Aigner (2008), la peur grandissante des stigmates, les

symptômes dépressifs et le manque d’estime de soi sont une barrière au rétablissement et

représentent un risque quant à la durée de la maladie, ces éléments pouvant retarder

l’adhésion à un traitement. En effet, notons que l’autostigmatisation est caractérisée par

une application sur soi des indices de stéréotypies retrouvés chez autrui, les personnes

souffrant de troubles mentaux se faisant vivre elles-mêmes de la discrimination et des

préjugés (Goffman, 1963). Dans l’étude de Freidl et ses collaborateurs (2008),

115 patients du département de psychiatrie de l’Université médicale de Vienne ont rempli

le questionnaire des stigmates perçus (Link, 1987) ainsi que l’inventaire de dépression de

Beck (1961). Près de 75% des répondants croient que la majorité des employeurs

privilégieraient une candidature d’une personne ne souffrant pas de trouble mental et que,

par conséquent, il est plus difficile pour eux d’obtenir un emploi. Ainsi, le fait de croire que

ses chances sont grandement réduites peut amener de l’évitement et, ultimement, de

l’isolement sur de nombreux plans.

Dans une optique similaire, l’étude menée par Manos, Rush, Kanter et Clifford

(2009) qui s’intéressait à l’autostigmatisation des personnes souffrant de dépression a mis

en évidence son rôle médiateur dans la relation entre la gravité de la dépression et

l’exacerbation des comportements d’évitement. En effet, les analyses des questionnaires

Center for Epidemiologic Studies Depression Scale, Depression Self-Stigma Scale,

Cognitive Behavioral Avoidance Scale et une question sur leur utilisation passée ou

présente d’un traitement quelconque de 167 personnes se considérant dans un état

dépressif laissent croire qu’une plus grande attention portée à l’autostigmatisation de la

dépression pourrait prévenir leur évitement à demander de l’aide. Effectivement, les

résultats laissent croire que les attitudes stigmatisantes liées à la dépression provoquent

l’évitement de comportements sociaux qui mènent à de l’isolement, exacerbant par le fait

Page 33: Le rétablissement et les représentations sociales de la

21

même les symptômes dépressifs et la durée de ceux-ci. Toutefois, la crainte des

répercussions sociales de stigmates ainsi que l’isolement peuvent provoquer de

l’autostigmatisation chez les personnes dépressives. Ainsi, un approfondissement du

phénomène serait bénéfique sur les comportements de recherche d’aide, d’autant plus

que les traitements liés aux stigmates apparaissent comme ayant une influence sur le

fonctionnement social.

Les limites méthodologiques des études

Les principales faiblesses des études se trouvent majoritairement sur le plan

méthodologique et plus spécifiquement à la formation de l’échantillon qui crée des limites

quant à la possibilité de généralisation des résultats (Barney et al., 2006; Foster; 2001;

Muzinna et al., 2013; Tremblay, 2013). De plus, la réplicabilité des études menées sur le

sujet dans différents pays n’est pas possible en contexte québécois en raison du fait que

les représentations sociales se construisent dans un contexte et dans une culture donnés

et diffèrent donc entre elles (Angermeyer, Holzinger et Matschinger, 2009; Aromaa et al.,

2011; Cook et Wang, 2010; Davidson et Connery, 2003; Munizza et al., 2013; Reavley et

Jorm, 2014; Roelandt et al., 2010; Shamblay, Botha et Dozois, 2015). Il ressort également

l’utilisation d’une diversité de théories qui ne sont pas toujours adaptées aux objectifs de

l’étude (Friedl et al., 2008). Au contraire, certains ne posent pas clairement leurs assises

théoriques (Roelandt et al., 2010). Enfin, considérant que les études impliquent

l’investigation de croyances, il est important de considérer les possibles biais de

désirabilité sociale.

Les forces méthodologiques des études

Globalement, les principales forces des études se trouvent sur le plan des questions

qu’elles soulèvent (Barney et al., 2006; Manos et al., 2009; Roelandt et al., 2010;

Tremblay, 2013). En effet, leurs résultats ainsi que leurs suggestions d’orientation de

recherches futures permettent de pousser les réflexions plus loin afin, ultimement, d’avoir

une meilleure compréhension des phénomènes à l’étude. Également, nombre d’entre elles

avaient des échantillons de grandes tailles, ce qui apporte plus de puissance statistique

aux résultats obtenus (Barney et al., 2006; Munizza et al., 2013; Roelandt et al., 2010;

Tremblay, 2013).

En résumé, il ressort de la recension des écrits que bien que les représentations

sociales de la maladie mentale évoluent avec le temps, il demeure qu’elles ne sont pas

homogènes et se différencient selon les différents troubles. Étant donné que la dépression

Page 34: Le rétablissement et les représentations sociales de la

22

semble être mal comprise, les attitudes subséquentes dépendent du fait de reconnaitre ou

non la dépression comme une maladie à part entière et non comme un état transitoire de

tristesse. Cela se manifeste par des croyances comme celles que les personnes

dépressives devraient être embarrassées d’aller chercher de l’aide. De plus, le fait que la

dépression est considérée comme situationnelle peut faire naitre chez autrui des attitudes

de blâme. Nécessairement, ce type d’attitudes négatives entraine de la stigmatisation.

Cela a de nombreuses conséquences pour ceux qui la vivent, dont le fait d’être exclus

socialement ou d’être marginalisés. En outre, la perception des stigmates et

l’intériorisation des préjugés créent de l’autostigmatisation qui s’est révélée avoir des

effets néfastes sur l’isolement social et l’évitement à demander de l’aide, augmentant par

conséquent la gravité ainsi que la durée des symptômes dépressifs. Également, la vision

des causes et des traitements subséquents semble être différente entre les personnes

dépressives et les professionnels de la santé. De ce fait, comme le rétablissement, la

dépression pourrait être considérée comme une expérience unique à chacun, les

personnes qui la vivent lui donnant un sens qui leur est propre.

Page 35: Le rétablissement et les représentations sociales de la

23

CHAPITRE 4 : LA MÉTHODOLOGIE

La méthodologie, qui permet au lectorat de juger de la fiabilité des données recueillies

(Lamoureux, 2003), sera sommairement esquissée par la présentation de l’approche et du

type de recherche privilégiés, de la population à l’étude, de l’échantillonnage, du tableau

d’opérationnalisation des variables ainsi que du mode de collecte des données et des

instruments de mesure qui ont été utilisés dans l’étude. Enfin, les considérations éthiques

inhérentes au projet seront abordées.

L’approche privilégiée et le type de recherche

Dans la présente étude, des données sont recueillies à l’aide d’un devis

principalement quantitatif, incluant également des aspects qualitatifs. Ce type de devis

permet de faire ressortir non seulement des liens entre les opinions, les attitudes et les

croyances qui forment les représentations sociales, mais également d’y associer des

variables dites plus objectives découlant des scores obtenus pour les concepts de

dépression et de rétablissement. En effet, l’utilisation de techniques de collecte

quantitative et qualitative a pour but de combiner les forces de chacune (Creswell et Plano

Clark, 2011). Par exemple, cela permet à la fois d’aller explorer la subjectivité de

l’expérience de la dépression et d’augmenter la validité externe du présent mémoire. Dans

le même ordre d’idées, l’utilisation d’un devis transversal de type exploratoire et descriptif

s’avère la plus adaptée à l’étude afin de remplir les objectifs visés par celle-ci.

Effectivement, ce type de devis permet d’approfondir et de clarifier un phénomène peu

connu, d’en tracer un portrait précis ainsi que d’établir des liens entre les différents

éléments de l’étude (Lamoureux, 2003).

À la suite d’une consultation statistique3, il s’est révélé impossible de calculer la

taille d’effets que nous devrions obtenir afin de déterminer le nombre de participants à

recruter. En effet, cette donnée est normalement déterminée à partir de moyennes et

d’écarts-types d’études similaires. Toutefois, en l’absence de telles études, il nous est

impossible de calculer combien de participants nous devrions recruter afin de mesurer la

force de l’effet observée des variables à l’étude. En d’autres termes, en l’absence de taille

d’effets, il est spéculatif d’arriver à obtenir des résultats statistiquement significatifs, car la

variabilité nous est inconnue. Par conséquent, une étude pilote où un petit nombre de

3Cette consultation a eu lieu par le biais du Service de consultation statistique (SCS) de l’Université Laval.

Page 36: Le rétablissement et les représentations sociales de la

24

personnes par groupe est visé s’avère être un choix plus judicieux et cohérent pour éviter

de solliciter un grand nombre de personnes sans avoir la garantie de dégager des

différences significatives. À la suite de quoi, éventuellement, d’autres chercheurs pourront

poursuivre l’exploration du phénomène à l’étude dans un contexte de rétablissement. Elle

pourra ainsi jouer un rôle de pivot dans la planification de recherche de plus grande

envergure en testant, entre autres, la faisabilité de la méthode qui sera approfondie un

peu plus loin.

La population à l’étude

Afin de répondre aux objectifs énumérés plus haut, la population à l’étude est

composée des personnes vivant ou ayant vécu un épisode dépressif majeur sans

caractéristiques psychotiques.

L’échantillonnage

Compte tenu du caractère exploratoire de ce projet pilote, nous escomptions

initialement recruter un échantillon de trois groupes de trois à cinq personnes chacun se

trouvant à différentes étapes de leur rétablissement. Ainsi, le premier groupe serait

composé de personnes se trouvant au début de leur processus de rétablissement. Le

deuxième comprendrait, quant à lui, des personnes qui sont à mi-parcours de leur

rétablissement, tandis que le troisième groupe serait composé de personnes se

considérant rétablies. Ainsi, la prise de mesures simultanée des trois groupes se trouvant

à différentes étapes de leur processus de rétablissement aurait permis de dresser un

portrait des représentations sociales intégrées par les personnes dépressives dans une

période précise, car le rétablissement est un processus personnel et unique, ce dernier

pouvant nécessiter plusieurs années (Provencher, 2002). Toutefois, en raison de

complications reliées à l’échantillonnage sur le terrain qui seront expliquées un peu plus

loin, certains ajustements se sont révélés nécessaires. De ce fait, un échantillon final de

25 personnes réparties également en deux groupes est utilisé dans la présente étude.

Pour être inclus dans l’étude, les participants devaient remplir ou avoir rempli les

critères diagnostiques d’un épisode de dépression majeure, être engagés dans leur

processus de rétablissement, et avoir 18 ans ou plus.

Les personnes vivant ou ayant vécu un épisode dépressif majeur ont toutes été

incluses dans l’étude sans égard à la possibilité que ce dernier s’inscrive dans un trouble

plus général. Par exemple, les troubles bipolaires, qui affectent environ 2,4% de la

Page 37: Le rétablissement et les représentations sociales de la

25

population générale mondiale (Belmaker, 2004; Merikangas et al., 2011), sont

fréquemment caractérisés par une polarité prédominante vers la dépression malgré la

présence d’épisodes maniaques ou hypomaniaques (Carvalho, McIntyre, Dimelis et al.,

2014). En d’autres termes, les personnes composant avec un trouble bipolaire passent

significativement plus de temps avec des symptômes ou des épisodes dépressifs que des

états maniaques ou hypomaniaques (Judd, Schettier, Akistal et al., 2003). Ainsi, il est

estimé que l’expérience d’un épisode dépressif majeur ne soit pas singulièrement

différente en fonction de la présence d’autres troubles mentaux, d’autant plus que la

population dépressive est, comme il a été relevé dans le contexte théorique,

particulièrement hétérogène.

En définitive, il s’agit d’un échantillonnage typique non probabiliste, considérant

que l’étude vise à explorer un phénomène plutôt qu’une population (Lamoureux, 2003) et

que des caractéristiques importantes doivent figurer chez les participants (Mayer, Ouellet,

Saint-Jacques et Turcotte, 2000). Toutefois, bien qu’il s’agisse d’une étude exploratoire, il

est à noter que la finalité n’est pas de faire ressortir des différences significatives au plan

statistique, mais plutôt de caractériser deux profils, que nous espérons distincts, par

rapport à leur situation de rétablissement.

En ce qui concerne le recrutement, la collaboration de l’Institut universitaire en

santé mentale de Québec (IUSMQ) fut capitale pour la suite du projet. En effet, l’appui des

deux travailleuses sociales de l’unité des troubles de l’humeur a été sollicité depuis les

débuts du projet. Une rencontre qui visait l’explication du projet a eu lieu avec ces

dernières et, à la suite de discussions empreintes de leur expérience pratique, nous avons

approfondi certaines réflexions qui ont donné lieu au présent projet. Après leur avoir

partagé les modifications apportées, une lettre plus officielle de collaboration a été

envoyée à M. François Villeneuve, chef d’unités visées par le projet, à l’IUSMQ.

Également, il a été offert, en contrepartie à leur soutien, de produire une présentation

orale des principaux résultats de la recherche dans le cadre d’un « midi-conférence »,

d’offrir un atelier psychoéducatif sur le sujet aux usagers de l’unité des troubles de

l’humeur ainsi que de leur remettre un rapport écrit à la fin du processus. De plus, la

Direction de la santé mentale et des dépendances du Centre intégré universitaire de santé

et de services sociaux (CIUSSS) de la Capitale-Nationale a confirmé l’approbation de

convenance du projet, ce qui officialisait un partenariat avec la clinique des troubles de

l’humeur et l’hôpital de jour. Deux travailleurs sociaux provenant respectivement du

Page 38: Le rétablissement et les représentations sociales de la

26

STRATA (service de traitement et de réadaptation ambulatoire des troubles affectifs) et de

l’hôpital de jour ont accepté de collaborer avec l’étudiante-chercheuse.

Ainsi, il fut visé que les travailleuses et travailleurs sociaux de l’unité des troubles

de l’humeur, du STRATA et de l’hôpital de jour distribueraient des dépliants (voir

l’Annexe A) avec les coordonnées de l’étudiante-chercheure expliquant les visées de

l’étude aux personnes pouvant répondre aux critères d’inclusion. Les répondants

potentiels pouvaient alors communiquer avec l’étudiante-chercheure par téléphone ou par

courriel afin de participer au projet.

Malheureusement, cette méthode d’échantillonnage n’a pas donné les effets

escomptés, et ce, malgré le grand soutien apporté par les travailleurs sociaux affiliés au

projet. En effet, deux participants ont manifesté le désir de prendre part à l’étude, mais un

seul d’entre eux a décidé de rencontrer l’étudiante-chercheuse, et ce, en presque trois

mois. Notons que les travailleurs sociaux affiliés au projet nous ont fait une rétroaction

importante; plus les personnes se trouvaient au début de leur processus de

rétablissement, plus les symptômes de la dépression prenaient une place importante dans

leur vie et, par conséquent, moins grand était leur intérêt à participer à l’étude. De ce fait, il

a été mis en évidence qu’il fallait un certain recul avec la maladie afin de pouvoir en parler.

En effet, bien que pour certains, leur expérience avec la dépression remontait à un long

moment, l’émotion s’y rattachant pouvait encore être vive à ce moment.

Ainsi, afin d’augmenter les chances de constituer un échantillon, il a été convenu,

ainsi qu’approuvé par le comité d’éthique, de faire un envoi de masse d’un courriel aux

étudiants et au personnel de l’Université Laval. Le courriel comprenait intégralement le

contenu du dépliant. La réponse a alors été très positive, et le recrutement a pu avoir lieu.

Toutefois, aucun participant potentiel ne se situait au début de son processus de

rétablissement. Cette constatation a d’autant plus mis en évidence l’hypothèse selon

laquelle il faut un certain recul afin de vouloir et de pouvoir parler de son expérience liée à

un épisode de dépression majeure. En réponse à ce nouvel écueil, il a été privilégié

d’abandonner la formation du premier groupe et de se concentrer, plutôt, sur la

constitution des deux autres, soit celui constitué de personnes se trouvant avancées dans

leur rétablissement et celui constitué de personnes se considérant rétablies. Il va de soi de

souligner cette nouvelle considération éthique, puisqu’une personne qui se trouve au

début de son processus de rétablissement peut être plus sensible à ressentir de la

Page 39: Le rétablissement et les représentations sociales de la

27

détresse en partageant son vécu avec la dépression, qui se trouve être au centre du

présent projet.

Également, comme la réponse lors de l’envoi de courriel fut positive, il fut décidé

d’accepter davantage de participants, l’échantillon obtenu de 25 personnes diffère donc de

celui espéré au départ. Malgré tout, comme les deux groupes retenus à l’étude comportent

plus de participants, cela pourra nous aider à soulever davantage les différences entre les

groupes sur le plan statistique, tout en gardant une certaine prudence dans l’interprétation.

Le mode de collecte des données

La collecte des données s’est faite au moyen d’une entrevue semi-structurée et de

questionnaires. Dans un premier temps, la prise de contact a été faite par un appel

téléphonique aux personnes ayant manifesté un intérêt à participer à l’étude ou encore par

l’intermédiaire de courriels électroniques. Les critères d’inclusion étaient contrôlés et,

ensuite, la question suivante leur était posée : « À quel point vous considérez-vous rétabli

sur une échelle de 1 à 10, de 1 à 3 représentant « un peu rétabli », de 4 à 7

« moyennement rétabli » et de 8 à 10 signifiant « assez rétabli » ? Expliquez pourquoi. »

Leur réponse permettait de former a priori les groupes afin de dresser un portrait de ces

derniers par rapport à leur degré de rétablissement. Ainsi, le premier groupe est formé des

personnes ayant indiqué se trouver entre 1 et 7 inclusivement, et le troisième est constitué

des participants se situant sur l’échelle à 8, 9 ou 10. Ce choix est couplé aux explications

fournies par les répondants. En effet, si un participant évaluait son rétablissement à 6 sur

l’échelle, mais que son explication nous laisse plutôt croire qu’il est rétabli, il nous était

possible de rectifier le tir et de plutôt l’assigner au groupe des personnes rétablies. Cela

nous permet donc d’avoir des groupes les plus représentatifs possible.

À la suite de cela, un rendez-vous était convenu avec les participants à l’endroit de

leur choix, soit à l’IUSMQ ou à l’Université Laval. Une lecture du formulaire de

consentement, placé à l’Annexe B du présent mémoire, avait lieu avec le participant. Une

fois que l’étudiante-chercheure s’était assurée de la compréhension du participant, ce

dernier pouvait signer le formulaire de façon libre et éclairée et l’entrevue en tant que telle

pouvait alors débuter. L’entrevue servait d’abord à évaluer de manière qualitative

l’expérience subjective de la dépression et des représentations sociales qui y sont liées

par la méthode d’évaluation des représentations sociales. Celle qui est privilégiée dans

cette étude est le réseau d’associations de De Rosa (2005). Par la suite, afin de recueillir

des données quantitatives, les questionnaires suivants furent administrés aux

Page 40: Le rétablissement et les représentations sociales de la

28

participants : le DID (Diagnostic Inventory for Depression) élaboré par Zimmerman,

Sheeran et Young (2004), le SSDS (Self-Stigma of Depression Scale) de Barney et al.,

2010, la version française et abrégée validée par Bisson et Pelletier (2007) du RAS

(Recovery Assessment Scale) (Corrigan et al., 1999) ainsi que le ADHS (Adult

Dispositional Hope Scale) élaboré par Snyder et ses collaborateurs (1991) et traduit et

validé par Gana, Daigre et Ledrich (2013). Par la suite, des questions ouvertes étaient

posées aux participants en lien avec leur expérience avec la dépression ainsi que le

rétablissement. Bien que l’entrevue ne fût pas enregistrée, des notes étaient prises tout au

long de cette dernière afin de retranscrire les commentaires et réponses verbales des

participants. Les réponses à certaines questions pouvaient être codifiées, mais retenons

que les commentaires des participants servaient principalement à étayer les résultats

quantitatifs de l’étude ainsi qu’à apporter certains éléments explicatifs.

Les instruments de mesure

Afin de répondre aux différents objectifs du présent projet, cinq outils ont été

sélectionnés. La complétion des différents questionnaires et du réseau d’associations

prend au total entre 40 et 55 minutes. De ce fait, le réseau d’associations, l’inventaire pour

la dépression (Diagnostic Inventory for Depression), l’échelle d’autostigmatisation (Self-

Stigma Depression Scale), l’échelle d’évaluation du rétablissement (Recovery Assessment

Scale) ainsi que l’échelle de disposition à l’espoir (Adult Dispositional Hope Scale) seront

respectivement présentés et peuvent être retrouvés intégralement à l’Annexe C du présent

mémoire. Il est également possible d’y retrouver le questionnaire sociodémographique

ainsi que les différentes versions, dépendamment du groupe, des questions ouvertes en

lien avec l’expérience de la dépression.

Le réseau d’associations

Originalement élaboré en 1995 par De Rosa, la version la plus récente du réseau

d’associations (2005) représente une technique efficace afin de détecter la structure, les

contenus, les indices de polarité, de neutralité et de stéréotypie du champ sémantique liés

aux représentations sociales. La passation, telle qu’élaborée par De Rosa (2005), se

déroule en quatre étapes. En premier lieu, il est demandé au participant d’écrire tous les

termes qui lui viennent à l’esprit en référence au mot-clé au centre. Dans le contexte du

présent projet, il est à noter que le terme « dépression » est le mot-clé en question. À cette

étape, le participant peut utiliser tout l’espace disponible et placer à sa guise les mots ou

les ramifications entre les mots, tout en inscrivant à côté de chaque mot un numéro

Page 41: Le rétablissement et les représentations sociales de la

29

correspondant à l’ordre dans lequel il les a pensés. En second lieu, le participant est invité

à jeter un nouveau regard sur le réseau d’association qu’il a construit et à y ajouter de

nouvelles connexions entre les mots ou groupe de mots à l’aide de flèches s’il le juge

nécessaire. En troisième lieu, il est demandé au participant de reconsidérer les mots écrits

en leur associant une valeur positive, négative ou encore neutre selon la signification qu’ils

ont pour lui dans le contexte du mot-clé. Enfin, en quatrième lieu, le participant doit poser

un dernier regard sur le réseau d’associations qu’il a construit et classifier les mots par

ordre d’importance. Pour cette dernière étape, l’auteur suggère l’utilisation de chiffres

romains ainsi que d’un crayon de couleur différente.

En plus d’être une tâche libre et attrayante pour le participant, cette technique a de

nombreux avantages. D’abord, elle est simple à administrer et les différentes données

qualitatives recueillies permettent l’émergence d’éléments implicites. Dans le même ordre

d’idées, cette technique permet d’obtenir différents types de données en une seule

occasion, soit la saillance, la polarité (attitude), le contenu et la structure du champ

sémantique, l’ordre d’importance pour l’individu ainsi que les significations moins

ambiguës en raison des ramifications et des connexions. Toutefois, notons que l’analyse

en plusieurs phases peut être laborieuse. Pour la présente étude, seules les étapes 1, 3 et

4 ont été retenues afin de simplifier la passation – ainsi que l’analyse subséquente – étant

donné que les participants devaient également répondre à quelques questionnaires par la

suite. Notons également que les mots soulevés lors de cette tâche peuvent être codifiés

afin de réaliser une analyse davantage quantitative.

L’inventaire pour la dépression (DID)

Composé de 38 énoncés, cet outil élaboré par Zimmerman et al. (2004) permet

d’évaluer la dépression de quatre manières, soit par la présence seule des symptômes, la

présence des symptômes et leur fréquence, la présence des symptômes et des altérations

du fonctionnement ainsi que la présence des symptômes, leur fréquence et les altérations

du fonctionnement. Le calcul du résultat fait directement écho à la manière dont le DSM-IV

permet de diagnostiquer la dépression. En effet, les énoncés 1 à 22 (à l’exception des

énoncés 2, 4 et 6 qui évaluent la fréquence des symptômes) servent à déterminer dans

quelle mesure les neuf critères diagnostiques sont satisfaits ainsi que la gravité de chacun

des symptômes. Selon le DSM-IV, la présence de 5 ou 6 critères caractérise la dépression

comme étant légère, tandis que la présence de la totalité ou presque des critères indique

une dépression grave. Par la suite, si le participant a une moyenne de 2 (modérément

Page 42: Le rétablissement et les représentations sociales de la

30

difficile), 3 (difficulté marquée) ou de 4 (extrêmement difficile) aux énoncés 23 à 28, cela

veut dire qu’il rencontre le critère quant au dysfonctionnement psychosocial. Enfin, la

moyenne des questions 30 à 38 permet de caractériser l’évaluation subjective de la qualité

de vie de la personne. Pour davantage de clarté, il est possible de visualiser de manière

davantage schématisée l’évaluation des résultats du DID à l’Annexe D.

Ce questionnaire possède de bonnes qualités psychométriques et cliniques.

D’abord, il correspond aux critères du DSM-IV, soit aux symptômes, aux détériorations

psychosociales et à l’évaluation subjective de la qualité de vie. Autrement dit, il permet de

mesurer si chacun des critères est rencontré. De plus, il permet de quantifier la gravité des

symptômes et, contrairement aux autres mesures largement utilisées dans un contexte de

dépression, n’utilise pas une vision dichotomique par rapport à la présence ou l’absence

des symptômes. Qui plus est, cet outil explore davantage les altérations du

fonctionnement et de la satisfaction perçue de la qualité de vie et porte une attention

particulière non seulement sur la gravité, mais également sur la persistance ainsi que la

durée des symptômes. En ce qui a trait aux qualités psychométriques, notons d’abord que

pour l’étude qui a mené à la validation du DID, Zimmerman et ses collaborateurs ont

recruté un échantillon de 626 patients. L’analyse de leurs résultats a permis de mettre en

lumière une très bonne cohérence interne avec des alphas de Cronbach à ,91 pour

l’échelle des symptômes, à ,89 pour celle du fonctionnement psychosocial et à ,90 pour

celle de la qualité de vie. Également, les associations entre le DID et les mesures

cliniques des symptômes dépressifs sont comparables avec une moyenne de corrélations

de ,64 et une moyenne des coefficients kappa pour les symptômes de ,50. Les

corrélations entre les énoncés et l’échelle globale se sont, quant à elles, toutes révélées

significatives. En effet, la moyenne était de ,55 pour les énoncés évaluant la gravité des

symptômes, de ,71 pour ceux du fonctionnement psychosocial et de ,67 pour ceux reliés à

la qualité de vie. De plus, le DID possède une très bonne habileté à discriminer les

différents degrés de gravité avec un résultat à une analyse de variance de F = 179,4,

dl(4,620), p < ,001. En d’autres termes, les résultats obtenus au DID étaient plus hauts

lorsque les évaluations de gravité globale étaient élevées. Enfin, Zimmerman et ses

collaborateurs (2004) concluent que le DID est une mesure valable pour évaluer la gravité

de la dépression et des altérations psychosociales étant associées à ce trouble. Notons

toutefois qu’il n’existe aucune validation française de cet outil, mais que, après avoir

obtenu l’aval de l’auteur principal, une traduction libre a été réalisée à l’aide de la

technique de la rétrotraduction. Cette dernière consiste à traduire l’outil de l’anglais au

Page 43: Le rétablissement et les représentations sociales de la

31

français puis à le faire traduire du français à l’anglais par une autre personne, permettant

la comparaison des deux versions. La version originale du DID peut être consultée à

l’Annexe E.

L’échelle d’autostigmatisation de la dépression (SSDS)

Cet outil a été élaboré par Barney et al. (2010) et comporte 16 affirmations. Celles-

ci composent les quatre sous-échelles, soit la honte, l’autoblâme, la non-conformité

sociale ainsi que l’inhibition à aller chercher de l’aide. Ce questionnaire est adapté

spécifiquement à la dépression et il est considéré comme étant prometteur pour la mesure

de l’autostigmatisation, considérant que les autres outils mesurent plutôt le stigmate perçu

(Barney et al., 2010). Également, le développement des échelles est basé sur les

expériences de personnes en lien avec la dépression. Enfin, le SSDS possède de bonnes

qualités psychométriques. En effet, après l’analyse des résultats d’un échantillon composé

de 408 étudiants universitaires, de 330 membres d’un réseau internet de personnes vivant

une dépression et de 1 312 personnes de la population générale australienne, l’outil a

montré de bonnes qualités psychométriques. Il présente une bonne cohérence interne

avec un coefficient alpha de Cronbach moyen de ,87 ainsi qu’une bonne fiabilité test-retest

avec une corrélation de p = ,63, p = 0,000. Afin de calculer les résultats obtenus à ce

questionnaire, il faut inverser l’échelle pour qu’un résultat plus haut corresponde à une

perception moins élevée d’autostigmatisation chez la personne. Autrement dit, lorsque l’on

observe les scores obtenus aux différentes sous-échelles, qui se situent entre 4 et 20, plus

ceux-ci sont élevés, moins élevé est le sentiment d’autostigmatisation. Comme pour le

DID, le SSDS a été rétrotraduit, car aucune étude de validation française n’a été identifiée.

La version originale du SSDS peut également être consultée à l’Annexe F.

L’échelle d’évaluation du rétablissement (RAS)

Parmi les différents outils mesurant le rétablissement, le RAS est l’un de ceux qui

est le plus fréquemment utilisé ainsi que très apprécié par les utilisateurs de services

(Paquette et Briand, 2011). Originalement, Giffort et ses collaborateurs (1995) ont

combiné la recherche-action participative et l’analyse narrative afin de générer des

affirmations pour leur Échelle du rétablissement qui deviendra par la suite l’Échelle

d’évaluation du rétablissement (Corrigan, Giffort, Rashid, Leary et Okeke, 1999) telle que

nous la connaissons aujourd’hui. La version longue comporte 41 affirmations qui évaluent

cinq dimensions, soit l’espoir et la confiance en soi, la motivation à demander de l’aide, les

objectifs et buts personnels, l’importance de se relier aux autres ainsi que l’autogestion de

Page 44: Le rétablissement et les représentations sociales de la

32

la maladie (Corrigan, Salzer, Ralph, Sangster et Keck, 2004). Lors de la passation du

questionnaire, le participant est invité à indiquer son degré d’accord avec les différentes

affirmations sur une échelle de type Likert de 1 à 5. La version courte de cet outil, quant à

elle, comporte 24 affirmations (Roe, Mashiach-Eizenberg et Corrigan, 2012). Afin d’obtenir

le résultat d’un participant à ce questionnaire, il suffit d’additionner les affirmations

correspondant aux différentes sous-échelles. Ainsi, le résultat correspondant à la sous-

échelle d’espoir et de confiance personnelle s’obtient par l’addition des affirmations 7, 8, 9,

10, 11, 12, 13, 14 et 20, la motivation à demander de l’aide par l’addition des affirmations

18, 19 et 20, les objectifs et buts personnels par les énoncés 1 à 5 inclusivement,

l’importance de se relier aux autres dépendant des affirmations 6, 22, 23 et 24 et, enfin,

l’autogestion de la maladie correspondant à l’addition des affirmations 15, 16 et 17.

Respectivement, l’étendue des scores à chacune des sous-échelles est de 9 à 45, de 3 à

15, de 5 à 25, de 4 à 20 ainsi que de 3 à 15. Lors de l’interprétation des résultats, bien que

cela puisse faire contre-sens, notons que plus les scores sont bas, plus haute est la

perception de rétablissement. Les traductions francophones des deux différentes versions

ont été réalisées ainsi que validées par Bisson et Pelletier (2007), qui ont mis en lumière

de bonnes qualités psychométriques de l’échelle. En effet, le RAS est l’outil évaluant le

rétablissement sur lequel il y a eu le plus de publications, ses propriétés psychométriques

ayant par conséquent été attestées (Shanks et al., 2013). Globalement, les études sur le

sujet relevées par Salzer et Brusilovskiy (2014) indiquent de très bons résultats en ce qui

concerne la cohérence interne, la fiabilité test-retest et la fiabilité interjuges en plus d’être

sensible aux changements. Malgré que le concept de rétablissement est un construit

difficile à opérationnaliser, il s’avère que le RAS est considéré comme un outil de pointe

dans le domaine (Burgess, Pirkis, Coombs et Rosen, 2011; Cavelti, Kvrgic, Beck,

Kossowsky et Vauth, 2012; Gregg, Scholte et White, 2006). Également, notons que les

résultats du RAS sont positivement associés avec l’estime de soi, la reprise du pouvoir sur

sa vie, le soutien social et la qualité de vie montrant une bonne validité de convergence

(Paquette et Briand, 2011).

L’échelle de disposition à l’espoir (ADHS)

Au début des années 1990, Snyder et ses collègues (1991) ont initialement élaboré

une théorie ainsi que différentes façons de mesurer le concept d’espoir. Ils ont développé

au total trois échelles afin de mesurer l’espoir : l’Adult Dispositional Hope Scale (Snyder et

al., 1991), le State Hope Scale (Snyder et al., 1996) ainsi que le Children’s Hope Scale

(Snyder et al., 1997). Plus précisément, l’ADHS évalue l’organisation des pensées et les

Page 45: Le rétablissement et les représentations sociales de la

33

« chemins » des pensées. En d’autres termes, la disposition à l’espoir dépend des voies

efficaces qu’un individu pense pouvoir trouver afin d’atteindre ses buts ainsi que de la

capacité à trouver la motivation nécessaire afin de les utiliser (Mehran, 2010). Ces aspects

sont mesurés par quatre énoncés chacun. De ce fait, les énoncés 2, 9, 10 et 12

concernent le facteur sur les moyens pour atteindre des buts (chemins de la pensée),

tandis que les affirmations 1, 4, 6 et 8 servent à évaluer la volonté d’atteindre des buts.

Ainsi, la somme de ces huit énoncés mesure le degré d’espoir, les questions 3, 5, 7 et 11

sont des énoncés filtres qui ne sont pas comptabilisés. De ce fait, le participant doit

indiquer son degré d’accord avec les douze affirmations à partir d’une échelle de type

Likert allant de 1 (toujours faux) à 8 (toujours vrai). Au final, le participant obtient un score

se situant entre 8 et 64, où un résultat élevé signifie une disposition à l’espoir plus grande.

Une version francophone a été validée par Gana, Saigre et Ledrich (2013) et supporte les

qualités psychométriques précédemment obtenues dans la version originale de l’outil. En

raison de sa proximité avec le concept de rétablissement, la disposition à l’espoir est

retenue comme une mesure complémentaire au présent projet.

Le tableau d’opérationnalisation des principales variables

Les concepts sur lesquels une étude est fondée sont souvent abstraits, les rendant

impossibles à tester de prime abord. Ainsi, l’opérationnalisation des concepts permettra de

retenir une signification de ceux-ci, telle qu’énoncée dans la section se rapportant au

cadre conceptuel, de dresser les aspects de la réalité, soit les dimensions, ainsi que de

fixer les indicateurs, c’est-à-dire les signes observables et mesurables des concepts à

l’étude (Lamoureux, 2003). L’opérationnalisation des principales variables est faite dans

l’optique de répondre aux objectifs de cette étude qui, rappelons-le, sont d’explorer

l’existence d’un lien entre les représentations sociales de la dépression chez des

personnes souffrant de ce trouble et leur rétablissement, de caractériser des groupes de

personnes se trouvant à différents moments de leur processus de rétablissement,

d’explorer les conséquences négatives et positives des représentations sociales ainsi

qu’examiner les différences et les similitudes sur le plan des représentations sociales

qu’ont intégrées les personnes souffrant de ce trouble.

Dans cette optique, le tableau 1 qui suit dresse un portrait de l’opérationnalisation

des variables principales à l’étude.

Page 46: Le rétablissement et les représentations sociales de la

34

Tableau 1.

Portrait de l’opérationnalisation des variables

Concepts Dimensions Indicateurs

Épisode de

dépression

majeure

Gravité des symptômes

DID (Zimmerman, Sheeran

et Young, 2004)

Fréquence des symptômes

Fonctionnement psychosocial

Satisfaction de sa qualité de vie

Représentations

sociales de la

dépression

Structure et contenus du champ sémantique Réseau d’associations

(De Rosa, 2005) Indices de polarité et de neutralité

Indices de stéréotypie

Autostigmatisation

Honte

SSDS (Barney et al., 2010) Autoblâme

Inadéquation sociale

Inhibition à aller chercher de l’aide

Rétablissement

L’espoir et la confiance en soi

RAS (Corrigan et al., 1999)

La motivation à demander de l’aide

Les objectifs et buts personnels

L’importance de se relier aux autres

L’autogestion de la maladie

La disposition à l’espoir ADHS (Snyder et al., 1991)

Les considérations éthiques

Le choix de privilégier une étude pilote s’est fait non seulement au regard des

arguments statistiques, mais également au travers de réflexions éthiques. En effet, il faut

considérer que les personnes que nous avions ciblées pouvaient vivre une période de leur

vie particulièrement difficile. En effet, certaines d’entre elles étaient peut-être dans un état

d’instabilité à la suite de leur hospitalisation, entre autres. Dans cette optique, il était

judicieux de recruter un petit nombre de participants puisqu’en l’absence de données

préalables nous ayant permis d’établir la taille de l’échantillon, rien ne nous assurait de

relever des résultats significatifs. Toutefois, un projet pilote nous permet de caractériser

les groupes à l’étude ce qui contribuera à différencier ces groupes et, éventuellement,

obtenir des résultats prometteurs. Dans cette perspective, dans le cadre de recherches

plus larges, le phénomène pourra être approfondi.

Dans un ordre d’idées connexes, le fait d’assurer la confidentialité aux participants

représente une des bases fondamentales de l’éthique en recherche. En effet, dans le

Page 47: Le rétablissement et les représentations sociales de la

35

cadre du présent projet, plusieurs mesures ont été appliquées afin d’assurer que les

données soient traitées de manière confidentielle. D’abord, les noms des participants sont

remplacés par un code et seule l’étudiante-chercheure a accès à la liste contenant les

noms et les codes, elle-même conservée séparément du matériel de la recherche, des

données et des formulaires de consentement. Tout le matériel de recherche, incluant les

formulaires de consentement et les questionnaires en format papier des participants, est

conservé dans un classeur barré dans un local sous clé. Les données en format

numérique sont, quant à elles, conservées dans des fichiers cryptés. L’accès est protégé

par l’utilisation d’un mot de passe auquel seule l’étudiante-chercheure a accès. Lors de la

diffusion des résultats, il va de soi que les noms des participants ne paraîtront dans aucun

rapport et que s’il advenait que les résultats de la recherche soient publiés dans des

revues scientifiques, aucun participant ne pourrait y être identifié ou reconnu. En effet, les

résultats seront présentés sous forme globale de sorte que les résultats individuels des

participants ne soient jamais communiqués.

En outre, dans le cas où des participants ressentent de l’inconfort ou de la détresse

lors de la passation des questionnaires, une liste de ressources, placée à l’Annexe G du

présent document, était mise à leur disposition. Également, comme il y a une question

dans le DID à propos de pensées suicidaires (la question 13) il fût prévu, si une personne

répond autre chose que « Non, pas du tout. », de lui poser les questions nécessaires à

l’estimation de la dangerosité du passage à l’acte (Suicide-Action Montréal et Centre

Dollard-Cormier, 2009). En effet, l’intervention subséquente est faite selon le guide des

bonnes pratiques en prévention du suicide publié par le Gouvernement du Québec (Lane,

Archambault, Collins-Poulette et Camirand, 2010). Le cas échéant, c’est-à-dire si la

situation est jugée urgente, la personne aurait été dirigée vers la ressource appropriée et

nous cesserions l’entrevue. Toutefois, cette situation n’est pas survenue lors des

entrevues avec les participants.

Page 48: Le rétablissement et les représentations sociales de la

36

CHAPITRE 5 : LES RÉSULTATS DE LA RECHERCHE

Dans la partie qui suit, le cheminement d’analyse sera d’abord sommairement

esquissé afin d’expliquer les choix statistiques qui ont été privilégiés pour faire ressortir les

résultats du présent projet. Par la suite, les profils des groupes seront présentés soit les

caractéristiques sociodémographiques des participants, les résultats obtenus à l’inventaire

pour la dépression (DID) et les expériences liées à la dépression, ceux obtenus aux autres

questionnaires quantitatifs (SSDS, RAS et ADHS), ainsi que l’analyse du réseau

d’associations. Enfin, les résultats des analyses des données à proprement dites,

comprenant les corrélations ainsi que les tests-t significatifs, seront abordées.

Le cheminement d’analyse

Considérant que certaines parties du questionnaire sont de type qualitatif,

certaines données ont d’abord dû être codées avant d’être minutieusement saisies dans

un fichier Excel, puis importées dans SPSS®. Le premier programme nous a permis de

calculer les scores obtenus aux différentes sous-échelles. Notons que l’utilisation des

scores obtenus aux différentes sous-échelles plutôt que des résultats globaux a été

privilégiée afin de soulever des portraits plus précis, certaines dimensions de

l’autostigmatisation ou du rétablissement pouvant être plus importantes dans l’expérience

d’un groupe ou de l’autre, par exemple. Le logiciel SPSS® a, quant à lui, été fort utile tout

au long de l’analyse des données. Afin d’en tirer le meilleur rendement ainsi que

d’optimiser les analyses en lien avec les objectifs de l’étude, nous avons eu recours à

deux reprises à une consultation avec un étudiant à la maîtrise en statistiques à

l’Université Laval. Après discussions, il a d’abord été décidé d’utiliser les fonctions

d’analyses descriptives afin de dresser un portrait du phénomène chez les deux groupes à

l’étude. Nous avons également opté pour des corrélations bivariées des variables à

l’étude. Comme la mesure de dépendance statistique est non-paramétrique, certaines

variables étant sur une échelle nominale ou d’intervalle, le coefficient de corrélation de

Spearman était un choix plus judicieux. Cette analyse a donné lieu à une matrice

corrélationnelle dont il sera question dans la section qui lui est dédiée. De plus, comme

certaines variables à l’étude étaient catégorielles, des tests du khi-deux ont été effectués

afin de comparer les fréquences des résultats chez les deux groupes dans le but d’inférer

une relation.

Page 49: Le rétablissement et les représentations sociales de la

37

Afin de comparer les moyennes des deux groupes à l’étude, le consultant en

statistique a suggéré d’opter pour un Test de Student, ou un test-t, pour échantillons

indépendants. En effet, il s’agit de la méthode la plus répandue pour évaluer les

différences de moyennes entre deux groupes et ce type de test nous permet d’avoir une

bonne puissance statistique. Également, comme nous avons comme prémisse que les

variables à l’étude sont distribuées normalement, les tests-t se révèlent fort utiles lorsqu’il

est question d’un échantillon de petite taille.

Les caractéristiques des participants

Après la période de recrutement, les données des 25 personnes ont été

comptabilisées. Le premier groupe est composé de 13 personnes se considérant

présentement en processus de rétablissement, tandis que le deuxième est constitué de

12 personnes s’estimant rétablies. Grâce au questionnaire sociodémographique, il a été

possible de dresser un portrait des différents groupes à l'étude. L’âge moyen de

l’échantillon est de 30 ans. La majorité des participants, soit 19 personnes, avaient vécu

ou vivaient, au moment de l’entrevue, un épisode dépressif majeur. Pour les 6 autres

participants, il était question de comorbidité, soit de dépression et d’un trouble de

l’adaptation ou d’un syndrome de stress post-traumatique, ou encore d’un épisode

dépressif à la suite d’une condition médicale. De ce fait, l’échantillon est homogène sur le

plan du diagnostic. Comme l’étude visait principalement à différencier les groupes selon

leur estimation de leur avancement dans leur processus de rétablissement, la section est

consacrée à la description du profil des participants en fonction du groupe dans lequel ils

ont été répartis.

Pour le groupe 1, les participants se situent, en moyenne, à 6 sur l’échelle

d’autoévaluation du rétablissement (sur 10) qui leur était présentée. L’âge moyen est

d’environ 29 ans, et le groupe est composé de 10 femmes et de 3 hommes, dont 8 sont

d’origine québécoise et 5 proviennent de pays autres que le Canada, soit principalement

de la France. Ce groupe est composé de 10 étudiants et de 3 professionnels provenant de

divers domaines, tels que présentés dans la figure 1. Concernant l’état civil, 7 sont

célibataires et 6 sont en couple, alors que 10 d’entre eux n’ont pas d’enfants et 3 sont

parents. Sur le plan de la scolarité, 5 personnes ont obtenu un diplôme universitaire, 7 ont

complété un diplôme d’études collégiales et 1 un diplôme d’études secondaires. Le

quartier d’où provient le plus grand nombre de participants est celui de Sainte-Foy-Sillery-

Cap-Rouge (n=7), suivi de la Cité-Limoilou (n=3) et de la Haute-Saint-Charles (n=2). Un

Page 50: Le rétablissement et les représentations sociales de la

38

participant réside à l’extérieur de la ville de Québec. Enfin, considérant que la majorité des

participants sont toujours aux études, il n’est pas surprenant que la tranche salariale dont

la fréquence est la plus élevée soit celle inférieure à 15 000$ (n=7).

Figure 1

Répartition des participants selon le groupe et le domaine d’occupation

Légende : A = Soins de santé et assistance sociale; B = Éducation; C = Arts et culture; D = Administration; E = Biologie; F = Sciences et génie; G = Philosophie.

Pour le groupe 2, les participants se situent à 8,75 sur l’échelle d’autoévaluation

du rétablissement, en moyenne. Notons que 3 d’entre eux se sont déclarés complètement

rétablis (10). L’âge moyen est un peu plus élevé que celui du premier groupe à 32,67 ans

et cet échantillon est majoritairement féminin, ne comportant qu’un homme. Sur le plan de

la nationalité, 10 individus sont Québécois tandis que 2 proviennent de l’Europe. De plus,

8 participants poursuivent actuellement un cursus universitaire tandis que 4 sont sur le

marché du travail. Leurs domaines occupationnels respectifs se retrouvent également

dans la figure 1. Sur le plan de l’état civil, 4 participants sont célibataires et 8 sont en

couple, tandis que 5 personnes ont au moins un enfant. Huit personnes ont un diplôme

universitaire et quatre ont complété des études collégiales. À l’instar du groupe 1,

5 participants habitent le quartier de Sainte-Foy-Sillery-Cap-Rouge, 4 celui de la Cité-

Limoilou, et 3 personnes résident respectivement dans les quartiers Les Rivières,

Charlesbourg ainsi que la Haute-Saint-Charles. Finalement, le salaire des participants est

5

1

2

0

2 2

1

7

0

2

1

2

0 0

A B C D E F G

Groupe 1 Groupe 2

Page 51: Le rétablissement et les représentations sociales de la

39

très hétérogène, variant de plus ou moins 15 000$ à 90 000$. Toutefois, la strate salariale

de 15 001 à 30 000$ est la plus fréquente (n=4).

Les résultats à l’inventaire pour la dépression (DID) et des expériences liées à la

dépression

Le rétablissement n’est pas un processus linéaire qui est similaire à la rémission

des symptômes, par exemple. En effet, plusieurs épisodes peuvent parsemer le processus

de rétablissement d’une personne, et celui-ci peut se poursuivre au-delà de la fin de

l’épisode en soi. La définition du rétablissement peut varier d’une personne à l’autre,

dépendamment du sens qu’elle lui donne ainsi qu’à celui donné à l’expérience de la

dépression. Dans cette optique, il n’est pas surprenant de voir des traces de dépression, si

nous pouvons appeler cela ainsi, chez quelqu’un qui se considère rétabli, entre autres.

De plus, bien qu’une personne ne soit présentement plus en épisode dépressif,

cela ne veut pas nécessairement dire qu’elle n’expérimente plus de symptômes

dépressifs. En effet, il a été rapporté que certains symptômes persistent au-delà de

l’épisode, bien que leur incidence sur le fonctionnement est moindre. Comme il est

possible de le constater dans la figure 2, les participants de l’étude ont satisfait certains

critères diagnostiques sur différents plans. Pour qu’un critère diagnostique soit rempli, les

énoncés reliés à chaque symptôme devaient avoir une note de 2, 3 ou 4 sur l’échelle de

Likert, sauf pour l’anhédonie qui devait avoir un score d’au moins 3. Ainsi, il est possible

de constater que les difficultés à penser, à se concentrer ou à prendre des décisions

représentent le symptôme qui touche le plus de participants (n=16), suivi des difficultés de

sommeil qui peuvent se traduire par de l’insomnie ou de l’hypersomnie (n=14). Notons que

le sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée ainsi que la

fatigue ou la perte d’énergie représentent des symptômes qui affligent plus du tiers des

participants (n=10). L’anhédonie (n=2) et l’humeur dépressive (n=5), qui sont des

symptômes clés de l’épisode dépressif et qui doivent être présents (au moins un des

deux) afin d’être diagnostiqué, sont ceux qui sont le moins ressortis dans les résultats du

DID. Également, bien que seules deux personnes aient obtenu un score de 2 ou plus aux

énoncés reliés aux pensées de mort et au suicide, il demeure important de prendre ce

symptôme au sérieux, ce pour quoi une intervention a été faite avec ces participants afin

d’évaluer le risque suicidaire, telle que décrite dans la section sur les considérations

éthiques. Également, spécifions qu’une telle intervention a été faite dès qu’un participant

choisissait un énoncé autre que 0. Finalement, les participants du groupe 1 affichent une

Page 52: Le rétablissement et les représentations sociales de la

40

moyenne de 3,77 symptômes en comparaison à ceux du groupe 2, chez qui l’on retrouve

une moyenne de 1,92 symptôme. Rappelons qu’il faut manifester 5 symptômes sur 9 afin

de remplir le critère A. Ainsi, seulement 4 personnes au total, 3 provenant du groupe 1,

satisfont ce critère.

Figure 2

Répartition des participants selon le groupe et la conformité aux critères diagnostiques du DSM-IV pour la dépression majeure

En ce qui concerne le critère C du DSM-IV, soit le fait que les symptômes induisent

une souffrance cliniquement significative qui résulte en une altération du fonctionnement,

6 personnes sur 13 répondent à ce critère dans le groupe 1, en comparaison à 1 sur 12

pour le groupe 2. Au final, afin d’obtenir un diagnostic provisionnel de dépression majeure

à l’aide du DID, seules 2 personnes provenant du groupe 1 remplissent les conditions

nécessaires. Ainsi, selon l’analyse de la gravité de l’épisode dépressif suggéré par le

DSM-IV, il a été mis en lumière qu’un participant vivait un épisode dépressif majeur sévère

tandis que l’autre en vivait un modéré. Toutefois, notons que 4 personnes du groupe 1

sont près de remplir le seuil minimal des critères diagnostiques, pouvant donc indiquer

une dépression mineure au moment de la passation du questionnaire. Au final, les

résultats obtenus au DID suggèrent que tous les participants du groupe 2 ainsi que 7 du

groupe 1 ne sont pas en dépression majeure.

0

2

4

6

8

10

12

14

Groupe 1

Groupe 2

Page 53: Le rétablissement et les représentations sociales de la

41

Lorsque questionnées davantage sur leur expérience en lien avec la dépression,

12 personnes (2 du groupe 1 et 10 du groupe 2) estiment leur plus récent épisode comme

étant terminé, avec une durée moyenne de 2 ans (1 an pour le groupe 1 et 2,2 ans pour le

groupe 2). La moitié de l’échantillon n’a jamais vécu d’épisode dépressif antérieur. Mais,

8 personnes du groupe 1 ainsi que 4 du groupe 2 ont déjà expérimenté une dépression à

un moment de leur vie. En moyenne, sans compter leur dernier épisode, ils en avaient

vécu 1,6. Concernant leur rétablissement, 7 participants, tous provenant du groupe 2, ont

été en mesure de déclarer leur processus comme étant terminé. En moyenne, ils évaluent

la durée de leur rétablissement à 1,74 an. Notons toutefois que plusieurs participants ont

spontanément manifesté qu’ils ne croyaient pas que le rétablissement à 100% était

possible à la suite d’un épisode dépressif.

Finalement, comme l’entrevue représentait un retour sur des moments qui font

partie des plus difficiles dans la vie des participants et qu’elle pouvait susciter certaines

émotions négatives, malgré le recul qu’ils aient pu avoir, une question ouverte leur était

posée avant de clore la rencontre : « Quel élément considérez-vous le plus important dans

votre rétablissement? ». Les participants étaient libres de parler d’autant d’éléments qu’ils

le souhaitaient, à la suite de quoi 32 éléments ont été comptabilisés et classés en

7 catégories distinctes, soit une thérapie psychologique, l’entourage (le soutien des

proches), le fait de recevoir un diagnostic, le droit à des mesures sociales, la médication,

le travail sur soi et les exutoires, comme le sport, l’art, les voyages et le fait de pratiquer

d’autres activités. Ces dernières sont illustrées dans la figure 3 ci-dessous.

Figure 3

Les éléments considérés les plus importants dans le rétablissement

6

14 1

2

1

4

4 Thérapie psychologique

Entourage (soutien des proches)

Recevoir un diagnostic

Droit à des mesures sociales

Médication

Travail sur soi

Exutoire(s)

Page 54: Le rétablissement et les représentations sociales de la

42

Bien que l’efficacité de plusieurs de ses catégories soit appuyée par la littérature

sur le sujet, il est intéressant de constater la part importante du soutien des proches dans

le rétablissement d’une dépression. En effet, dans l’étude, 14 personnes ont

spontanément nommé cet aspect dans leur rétablissement. Lorsque questionnées

davantage, elles ont spécifié les attitudes d’ouverture, de non-jugement et d’écoute de leur

entourage. Notons toutefois que, au contraire, les attitudes stigmatisantes de l’entourage

ont teinté négativement l’expérience d’autres participants. De ce fait, la manière

d’accueillir la personne lorsqu’elle se confie sur son état dépressif semble être

déterminante pour certains participants.

Les résultats aux autres questionnaires quantitatifs

Les 25 participants ont répondu à chacune des questions que comportent l’échelle

d’autostigmatisation de la dépression (Self-Stigma of Depression Scale [SSDS]), l’échelle

d’évaluation du rétablissement (Recovery Assessment Scale [RAS]) ainsi que l’échelle de

disposition à l’espoir (Adult Dispositional Hope Scale [ADHS]), ce qui fait qu’il n’y a aucune

donnée manquante. Bien que les sous-échelles du SSDS et du RAS ont été privilégiées

pour les analyses, tel qu’expliqué un peu plus haut, il est possible de prendre

connaissance, dans la figure 4, des scores globaux obtenus pour chacun des groupes en

fonction des étendues théoriques afin d’avoir une vision plus holistique.

Figure 4

Les scores globaux du SSDS, du RAS et du ADHS obtenus en fonction du groupe

Page 55: Le rétablissement et les représentations sociales de la

43

Dans le tableau qui suit, les moyennes, les écarts-types, les médianes ainsi que

les étendues des scores obtenus aux différentes sous-échelles à l’étude indiquent les

mesures de tendance centrale selon le groupe. Les différents scores ont été calculés par

le biais de sommes d’items donnés, tel que suggéré par les auteurs de ces outils. Dans le

but d’en avoir une meilleure interprétation, notons que pour les sous-échelles du SSDS,

plus les scores sont élevés, moins est élevée le sentiment d’autostigmatisation. Pour les

sous-échelles du RAS, plus les scores sont bas, plus haut est le niveau de rétablissement.

Enfin, pour le score obtenu au ADHS, plus celui-ci est haut, plus la disposition à l’espoir

est élevée.

Page 56: Le rétablissement et les représentations sociales de la

44

Tableau 2.

Les moyennes, écarts-types, médianes et étendues pour les différents scores des sous-échelles d’autostigmatisation, de rétablissement et de disposition à l’espoir selon le groupe4

Échelle Variable

Groupe 1 (n =13) Groupe 2 (n =12)

Moyenne Écart-type Médiane Étendue

réelle (théorique)

Moyenne Écart-type Médiane Étendue

réelle (théorique)

SSDS

Honte 7,77 3,52 7,00 4 à 16

(4 à 20) 8,33 5,14 5,00

4 à 17 (4 à 20)

Autoblâme 8,92 2,93 10,00 4 à 13

(4 à 20) 9,00 3,59 8,00

4 à 14 (4 à 20)

Inadéquation sociale 9,62 4,74 10,00 4 à 18

(4 à 20) 8,25 4,31 7,00

4 à 16 (4 à 20)

Inhibition à aller chercher de l’aide

14,54 3,84 15,00 8 à 19

(4 à 20) 13,33 4,33 13,50

4 à 19 (4 à 20)

RAS

Confiance en soi et espoir

22,38 6,28 21,00 13 à 31 (9 à 45)

17,67 6,29 16,00 10 à 34 (9 à 45)

Motivation à demander de l’aide

6,69 3,86 6,00 3 à 13

(3 à 15) 5,42 3,48 3,50

3 à 14 (3 à 15)

Objectifs et buts personnels

9,31 3,43 8,00 5 à 15

(5 à 25) 8,08 3,23 7,00

5 à 17 (5 à 25)

Importance de se relier aux autres

6,62 3,33 5,00 4 à 14

(4 à 20) 6,83 3,93 5,00

4 à 16 (4 à 20)

Autogestion de la maladie

7,38 3,45 7,00 3 à 14

(3 à 15) 3,92 1,17 3,50

3 à 6 (3 à 15)

ADHS Disposition à l’espoir 48,38 7,29 49,00 33 à 62 (8 à 64)

54,17 6,91 54,00 39 à 63 (8 à 64)

4 Il est à noter que les sous-échelles du SSDS et du RAS sont inversées. Rappelons que plus un score obtenu au SSDS est bas, plus l’autostigmatisation

est élevée. De façon similaire, plus un score obtenu au RAS est bas, plus le rétablissement est élevé.

Page 57: Le rétablissement et les représentations sociales de la

45

Considérant les étendues disparates des sous-échelles du RAS, comparativement

à ceux du SSDS, un court calcul a été effectué afin de pouvoir comparer les scores entre

eux. Afin de l’illustrer, prenons l’exemple du score de confiance en soi et espoir du groupe

1 : la moyenne est de 22,38 sur une étendue théorique allant de 9 à 45. Cela équivaut à

une moyenne de 13,38 sur une étendue théorique allant de 0 à 36. Grâce à une règle de

trois, nous obtenons un score moyen de 7,43 sur une étendue de 20 désormais commune

aux différentes sous-échelles du RAS. À titre informatif, le tableau qui suit présente

successivement ces scores « modifiés » afin de mieux illustrer les différences entre les

différentes sous-échelles du rétablissement.

Tableau 3.

Scores modifiés obtenus au RAS (sur une échelle de 20)

Groupe 1 Groupe 2

Confiance en soi et espoir 7,43 4,81

Motivation à demander de l’aide 6,15 4,03

Objectifs et buts personnels 4,31 3,08

Importance de se relier aux autres 3,28 3,54

Autogestion de la maladie 7,38 1,53

L’analyse du réseau d’associations

Au total, les participants ont associé 257 mots ou expressions au mot-clé qui leur

était présenté, soit « Dépression ». Le tableau qui suit présente la liste des mots fournis

par les participants ainsi que leur fréquence d’apparition au total. Notons toutefois que leur

valence n’est pas indiquée compte tenu de la pluralité des résultats. En effet, un mot

pouvait, par exemple, être considéré comme neutre pour un participant et négatif pour un

autre. En moyenne, le réseau d’associations de chaque participant comportait 10,20 mots

(9,54 pour le groupe 1 et 10,92 pour le groupe 2). Tel que suggéré par De Rosa, les

indices de polarité5 et de neutralité6 ont été calculés pour chaque participant afin

d’analyser la valeur qu’ils accordaient à leur réseau d’associations. L’indice de polarité est

très similaire pour les deux groupes, soit -0,56 pour le groupe 1 et -0,54 pour le groupe 2,

tandis que l’on peut dénoter une légère différence pour l’indice de neutralité qui est de

-0,62 et de -0,91. Les deux indices varient entre -1 et +1. Pour l’indice de polarité obtenu,

5 Indice de polarité (P) = (Nombre de mots positifs – Nombre de mots négatifs)/Nombre total de mots associés

6 Indice de neutralité (N) = (Nombre de mots neutres – (Nombre de mots positifs + Nombre de mots

négatifs))/Nombre total de mots associés

Page 58: Le rétablissement et les représentations sociales de la

46

nous pouvons comprendre que la plupart des mots sont connotés négativement. Pour

l’indice de neutralité, quant à lui, le résultat indique que peu de mots sont connotés de

façon neutre; la neutralité est donc faible. Toutefois, notons que, contrairement à l’indice

obtenu au groupe 1, celui du groupe 2 s’approche d’une neutralité inexistante. En d’autres

termes, les pourcentages sont de 76,85% pour le groupe 1 et de 74,67% pour le groupe 2

pour les mots négatifs, de 8,81 % et de 4,67% respectivement pour les mots neutres, et

de 14,35% et de 20,67% pour ceux qui sont positifs. Bien que les tests-t effectués n’ont

relevé aucune différence significative entre les moyennes de ces résultats, il est toutefois

possible de constater que bien que la connotation négative représente les trois quarts de

la valeur totale pour les deux groupes, le groupe composé de personnes rétablies

comporte un pourcentage plus élevé de mots positifs comparativement à celui associé aux

mots neutres.

Considérant que la méthode du réseau d’associations permet non seulement

d’établir un ordre d’apparition, associé davantage à la saillance et à l’aspect émotionnel

reliés aux mots, mais également de relever l’ordre d’importance accordé par les

participants dans le contexte de dépression, davantage associé à une pensée réflexive,

nous proposerons un nouvel indice d’analyse. En effet, en donnant un poids plus

important à un mot nommé en premier, ou encore placé en premier après réflexion, cela

nous donne une idée plus juste de la valeur réelle qu’a ce mot pour la personne. Ainsi,

pour chaque mot, afin d’obtenir le score selon l’apparition, il est possible d’utiliser la

formule mathématique suivante : (Nombre de mots total – (Ordre d’apparition – 1)) x

Valeur. Dans cette optique, pour les mots négatifs il faut indiquer -1 pour la valeur, +1 pour

les positifs et 0 pour ceux neutres. Le score de chaque mot est ensuite additionné et divisé

par le nombre total de mots afin d’avoir un score pour le réseau d’associations en entier.

La même logique peut être appliquée afin d’obtenir un score d’apparition. Puis, il est

possible d’également obtenir un score moyen.

Pour le groupe 1, le score d’apparition est de -0,61 et celui d’importance est de

-0,57, pour un score moyen de -0,59. Pour le groupe 2, la différence est légèrement plus

grande avec un score moyen d’apparition de -0,65 et un d’importance de -0,49, pour un

score moyen de -0,57. Bien que cette différence ne soit pas significative, cela peut

suggérer une tendance plus grande chez les gens rétablis de considérer davantage les

mots positifs après réflexion.

Page 59: Le rétablissement et les représentations sociales de la

47

Concernant les modes retrouvés dans les réseaux d’associations, les fréquences

des mots « Tristesse » (n=13), « Isolement » (n=11), « Solitude » (n=10) ainsi que

« Fatigue » (n=8) sont les plus élevées de l’échantillon. Les mots « Anxiété », « Pleurs » et

« Vide » ont également ressorti à cinq reprises chacun. Lorsqu’analysées selon le groupe,

les fréquences d’apparition des mots sont similaires entre elles, sauf pour le mot

« Fatigue » (n=7) qui est le mot le plus populaire pour le premier groupe, à égalité avec le

mot « Tristesse ».

Tableau 4.

La liste de mots associés au mot-clé « Dépression » et leur fréquence

Tristesse (13) Isolement (11) Solitude (10)

Fatigue (8) Anxiété (5) Pleurs (5)

Vide (5) Famille (4) Médication (4)

Noir (4) Suicide (4) Besoin d'aide (3)

Maladie (3) Peur (3) Souffrance (3)

Temps (3) Ami(es) (2) Colère (2)

Désespoir (2) Détresse (2) Échec (2)

Faiblesse (2) Frustration (2) Hôpital (2)

Idéations suicidaires (2) Impression de ne plus être

soi-même (2) Insomnie (2)

Médecin (2) Perte de plaisir (2) Rétablissement (2)

Santé mentale (2) Abandon (1) Acceptation de mes limites

(1)

Accepter de dépendre des autres (1)

Accepter l'aide des autres (1) Accident auto (1)

Activité physique (1) Affaiblissement réseau social

(1) Angoisse (1)

Apathie (1) Apprentissages (1) Arrêt de tous les projets (1)

Arrêt de vivre (1) Arrivée à l'âge « adulte » (1) Aucune solution (1)

Autonomisation (1) Baisse d'énergie (1) Bienveillance (1)

Brouillard (1) Cerveau ne fonctionne plus

normalement (1) Commun (1)

Compréhension de l'autre (1) Congruence (1) Conjoint (1)

Culpabilisation des autres (1) Curable (1) Déception (1)

Déception de soi (1) Décombres (1) Découragement (1)

Déprime (1) Destruction de soi (1) Détérioration des relations

(1)

Deuil (1) Difficile (1) Difficulté (1)

Dimension héréditaire (1) Dissociation (1) Distorsions cognitives (1)

Docteur (1) Dormir (1) Douleur (1)

Page 60: Le rétablissement et les représentations sociales de la

48

Ennui (1) Envie de rien faire (1) Épisodes passagers (1)

Épuisement (1) Espoir (1) Étape (1)

Exigence envers soi-même (1)

Faible (1) Faire attention à soi

constamment (1)

Fou (1) Fuite (1) Gain de poids (1)

Gris (1) Handicap (1) Honnêteté (1)

Honte (1) Hospitalisation (1) Hypersomnie (1)

Idées noires (1) Impuissance (1) Inactive (1)

Incapacités (1) Incertitude (1) Incompréhension (1)

Inconfort (1) Irritable (1) La parole arrange les choses

(1)

Larmes (1) Lassitude (1) Limitations (1)

Loin de chez-moi (1) Longue épreuve (1) Lourdeur (1)

Mal physique (1) Mal-être (1) Malaise (1)

Manque (1) Manque d'énergie (1) Manque de compétences (1)

Méfiance/paranoïa (1) Mélancolie (1) Méprisée (1)

Mort (1) Mort de personnalité (1) Motivation affaiblie (1)

Négatif (1) On peut demander de l'aide

(1) Pas d'énergie (1)

Pas de concentration (1) Pas de mémoire (1) Pas de motivation (1)

Pas de patience (1) Pas de plaisir (1) Pas de tolérance (1)

Pensées destructrices (1) Pensées négatives (1) Pensées noires (1)

Performance académique amoindrie (1)

Persévérance dans le rétablissement (1)

Persistance des symptômes

Perte d'intérêt (1) Perte de contrôle (1) Plate (1)

Pression (1) Problème social (1) Problèmes familiaux (1)

Processus (1) Psychologue (1) PTSD depuis l'enfance (1)

Réapprendre à s'aimer (1) Réapprendre à se faire

confiance (1) Recentrage (1)

Récurrence (1) Redécouverte de mes intérêts

(1) Redéfinition de mes relations

sociales (1)

Redéfinition de soi (1) Refus d'échanger (1) Regard de l'autre (1)

Rejet (1) Rejet de certaines personnes

(1) Relations limitées (1)

Remises en question (1) Rémission (1) Retrait social (1)

Signal d'alarme (1) Sommeil (1) Sport (1)

Stress (1) Suivre son instinct (1) Tabou santé mentale (1)

TCC (1) Tensions au sein du couple

(1) Tête pleine (1)

Thérapie (1) Traitement psychologique (1) Travail sur estime de soi (1)

Trouble alimentaire (1) Victoire (1)

Page 61: Le rétablissement et les représentations sociales de la

49

Afin de faire ressortir les représentations sociales de l’échantillon, il a été privilégié

de regrouper les différents mots des réseaux d’association sous forme de thèmes

généraux. Le premier thème regroupe les symptômes à proprement parler. Notons que

nous aurions pu faire des sous-thèmes avec les termes en lien avec un sentiment de

tristesse ainsi qu’avec les pensées suicidaires, qui auraient respectivement obtenu des

fréquences de 29 et de 11. Le deuxième thème s’intitule « Traitements et traitants », afin

de regrouper les professionnels de la santé et des services sociaux ainsi que les

traitements psychologiques et médicamenteux. Ensuite, le troisième thème regroupe les

causes perçues inhérentes à la dépression, tandis que le quatrième représente les

conséquences que ce trouble peut apporter. Le cinquième thème regroupe les mots

s’apparentant à des préjugés ou à des stéréotypes négatifs. Le sixième thème, quant à lui,

est en lien avec les définitions et les images liées à la dépression. Enfin, le septième

thème comprend les mots qui sont reliés au rétablissement, tant en ce qui a trait aux

définitions, aux composantes et au processus, et le dernier thème s’intitule « réseau

social ». Le tableau qui suit dresse un portrait schématique des différents thèmes avec

leurs fréquences respectives, autant pour l’échantillon en entier que pour les groupes de

manière individuelle7.

Tableau 5.

Résumé des fréquences des thèmes provenant des réseaux d’association

Symptômes

Total = 94 Groupe 1 = 45 Groupe 2 = 49

Traitements et traitants

Total = 14 Groupe 1 = 8 Groupe 2 = 6

Causes

Total = 7 Groupe 1 = 3 Groupe 2 = 4

Conséquences

Total = 68 Groupe 1 = 41 Groupe 2 = 27

Préjugés et stéréotypes

Total = 6 Groupe 1 = 4 Groupe 2 = 2

Définitions et images

Total = 27 Groupe 1 = 12 Groupe 2 = 15

Rétablissement

Total = 34 Groupe 1 = 8 Groupe 2 = 26

Réseau social

Total = 7 Groupe 1 = 4 Groupe 2 = 3

À la lumière de ces résultats, il est possible de conclure que les représentations

sociales de la dépression chez le présent échantillon sont constituées en grande partie

des symptômes ainsi que des conséquences négatives que peut apporter un épisode

dépressif. De plus, il est important de noter que les deux groupes ont des résultats

relativement semblables, ce qui signifie que les représentations sociales des personnes

rétablies ne diffèrent pas de celle des individus se considérant avancés dans leur

7 Il est possible de consulter en annexe H les tableaux détaillés des mots composants les différents thèmes.

Page 62: Le rétablissement et les représentations sociales de la

50

processus de rétablissement. Soulevons toutefois que la représentation sociale qu’a

construite le groupe 2 met un accent plus important au thème du rétablissement au

détriment des conséquences, contrairement au groupe 1.

Les corrélations significatives

Considérant que plusieurs variables à l’étude sont ordinales ou d’intervalles, une

matrice de corrélations non paramétriques de Spearman a été lancée au moyen du logiciel

SPSS®. Cette opération statistique avait pour but d’établir l’existence d’un lien entre les

variables ainsi que de mesurer la force ou l’intensité de ce lien. Également, les

corrélations ont été faites à partir de l’échantillon complet à l’étude (n=25. Les tableaux qui

suivent présentent les matrices corrélationnelles générées lors de l’analyse des données.

Comme plusieurs variables sont observées, les corrélations seront respectivement

présentées selon les données sociodémographiques (tableau 6), les données en lien avec

la dépression et le SSDS (tableau 7), les résultats au RAS et à l’ADHS (tableau 8) ainsi

que les données quantitatives issues du réseau d’associations (tableau 9)8.

La section qui suit relève uniquement des corrélations significatives, malgré que les

matrices corrélationnelles soient présentées dans leur entièreté dans les tableaux qui

suivront. Notons toutefois que, pour les corrélations, il a été privilégié d’observer les liens

entre l’autoévaluation du rétablissement et les autres variables plutôt que le fait

d’appartenir au groupe 1 ou 2. En effet, l’endroit où un participant se situe sur l’échelle du

rétablissement permet de discriminer davantage les liens entre les variables.

8 Il est à noter que les sous-échelles du SSDS et du RAS sont inversées. Rappelons que plus un score obtenu

au SSDS est bas, plus l’autostigmatisation est élevée. De façon similaire, plus un score obtenu au RAS est bas, plus le rétablissement est élevé.

Page 63: Le rétablissement et les représentations sociales de la

51

Tableau 6.

La matrice corrélationnelle selon les données sociodémographiques (n = 25)

Auto-évaluation

Âge Scolarité Salaire

Autoévaluation du rétablissement Âge ,33 Scolarité ,43* ,50* Salaire ,45* ,83** ,59** Nombre de symptômes -,44* -,55** -,40* -,46* Gravité de la dépression -,56** -,61** -,39 -,52** SSDS – Honte -,15 -,00 ,08 -,03 SSDS – Autoblâme -,21 -,11 ,01 -,13 SSDS – Inadéquation sociale -,18 -,18 -,22 -,18 SSDS – Inhibition à aller chercher de l’aide -,20 ,02 ,10 -,12 RAS – Confiance en soi et espoir -,47* -,08 -,14 ,00

RAS – Motivation à demander de l’aide -,26 -,45* -,16 -,36 RAS – Objectifs et buts personnels -,36 ,06 -,27 ,08 RAS – Importance de se relier aux autres -,14 -,05 -,10 ,02 RAS – Autogestion de la maladie -,68** -,28 -,23 -,25 Disposition à l’espoir ,55** ,29 ,17 ,22 Nombre de mots associés ,19 ,14 ,12 ,17 Indice de polarité ,12 -,00 -,20 ,16 Indice de neutralité -,32 -,12 -,56** -,14 Pourcentage de mots positifs ,26 -,02 ,01 ,18 Pourcentage de mots négatifs -,07 -,03 ,23 -,05 Pourcentage de mots neutres -,22 ,04 -,43* -,14 Score d’apparition ,07 -,06 -,29 ,07

Score d’importance ,15 -,06 -,15 ,13 Score moyen ,09 -,02 -,22 ,13

** p ≤ 0,01; * ≤ 0,05

Les corrélations significatives avec p < ,05 avec l’autoévaluation sont les

suivantes : la scolarité (r = ,43, p = ,03), le salaire (r = ,45, p = ,03, le nombre de

symptômes (r = -,44, p = ,03) ainsi que la sous-échelle « Confiance en soi et espoir »

(r = -,47 , p = ,02), ce qui indique qu’une scolarité plus élevée, un salaire plus élevé, un

nombre de symptômes moins élevé ainsi qu’une confiance en soi et de l’espoir plus élevés

sont liés à une autoévaluation du rétablissement plus élevée. Avec un seuil significatif

de ,01, la gravité de la dépression (r = -,56, p=,004), la sous-échelle « Autogestion de la

maladie » (r = -,68, p = ,00) et le score de disposition à l’espoir (r = ,55, p = ,01) corrèlent

avec l’autoévaluation. Ainsi, une gravité de la dépression moins élevée, une autogestion

de la maladie élevée et une forte disposition à l’espoir sont liés à une autoévaluation du

rétablissement élevée. Par rapport à l’âge des participants, cette variable corrèle avec la

sous-échelle « Motivation à demander de l’aide » (r = -,45, p = ,03) ainsi qu’avec le

nombre de symptômes dépressifs (r = -,55, p = ,01) et la gravité de la dépression

Page 64: Le rétablissement et les représentations sociales de la

52

(r = -,61, p = ,001), ce qui indique qu’une motivation à demander de l’aide élevée, un faible

nombre de symptômes dépressifs et une gravité de la dépression moins élevée sont liés à

un âge plus avancé. La scolarité, quant à elle, corrèle significativement avec le nombre de

symptômes dépressifs (r = -,40, p= ,05) et le pourcentage de mots neutres (r = -,43,

p = ,03) ainsi qu’avec l’indice de neutralité (r = -,56, p = ,004). Cela montre donc qu’un

faible nombre de symptômes dépressifs et un pourcentage de mots neutres moins élevés

est lié à un degré de scolarité plus élevé. La variable salaire corrèle significativement avec

le nombre de symptômes dépressifs (r = -,46, p = ,02) ainsi qu’avec la gravité de la

dépression (r = -,52, p = ,01). Ainsi, un salaire plus élevé est lié à un nombre de

symptômes plus bas et une gravité de la dépression moins élevée.

Page 65: Le rétablissement et les représentations sociales de la

53

Tableau 7.

La matrice corrélationnelle selon les données en lien avec la dépression et le SSDS (n = 25)

Nombre de symptômes

Gravité de la dépression

SSDS – Honte

SSDS – Autoblâme

SSDS – Inadéquation

sociale

SSDS – Inhibition à aller

chercher de l’aide

Nombre de symptômes

Gravité de la dépression ,76**

SSDS – Honte ,12 ,13

SSDS – Autoblâme ,07 ,18 ,70**

SSDS – Inadéquation sociale ,23 ,03 ,22 ,26

SSDS – Inhibition à aller chercher de l’aide -,04 -,04 ,44* ,63** ,11

Auto-évaluation -,44* -,56** -,15 -,21 -,18 -,20

Âge -,55** -,61** -,00 -,11 -,12 ,02

Scolarité -,40* -,39 ,08 ,01 -,22 ,09

Salaire -,46 -,52** -,03 -,13 -,18 -,12

RAS – Confiance en soi et espoir ,54** ,53** -,11 -,04 ,16 -,13

RAS – Motivation à demander de l’aide ,46* ,37 ,18 -,02 ,31 -,35

RAS – Objectifs et buts personnels ,45* ,45* -,05 ,26 ,17 ,22

RAS – Importance de se relier aux autres -,04 ,07 -,20 ,20 -,29 -,06

RAS – Autogestion de la maladie ,40 ,48* ,11 ,26 ,34 ,23

Disposition à l’espoir -,443* -,51** ,09 -,25 -,21 -,15

Nombre de mots associés ,10 ,10 -,00 -,18 ,16 ,02

Indice de polarité ,12 ,06 -,07 ,02 ,36 ,05

Indice de neutralité ,39 ,31 ,17 ,22 ,43* ,06

Pourcentage de mots positifs ,09 -,01 -,07 -,04 ,33 ,02

Pourcentage de mots négatifs -,08 ,04 -,08 -,16 -,55** -,19

Pourcentage de mots neutres ,23 ,06 ,26 ,22 ,56** ,12

Score d’apparition ,21 ,16 ,01 ,05 ,36 ,04

Score d’importance ,12 ,10 -,08 ,00 ,33 ,14

Score moyen ,14 ,11 -,03 ,03 ,37 ,08

** p ≤ 0,01; * ≤ 0,05

Page 66: Le rétablissement et les représentations sociales de la

54

Pour ce qui est des résultats obtenus grâce au DID, il n’est pas surprenant de voir

une corrélation significative entre le nombre de symptômes dépressifs et la gravité de la

dépression (r = ,76, p = ,00). Donc plus les personnes rapportent de symptômes

dépressifs, plus elles perçoivent leur dépression comme étant grave. Avec un seuil de

signification à p < ,05, le nombre de symptômes corrèle également avec les sous-échelles

« Motivation à demander de l’aide » (r = ,46, p = ,02) et « Objectifs et buts personnels »

(r = ,45, p = ,02) ainsi que la disposition à l’espoir (r = -,44, p = ,03). Notons la corrélation

significative à p < ,01 avec la sous-échelle « Confiance en soi et espoir » (r = ,54, p = ,01).

Dans cette optique, une motivation moindre à demander de l’aide, un rétablissement

moins élevé à la sous-échelle « Objectifs et buts personnels » ainsi qu’une disposition à

l’espoir moins élevée sont liés à un nombre de symptômes dépressifs davantage élevé. La

gravité de la dépression est liée significativement avec les sous-échelles « Objectifs et

buts personnels » (r = ,45, p = ,03), « Autogestion de la maladie » (r = ,48, p = ,02),

« Confiance en soi et espoir » (r = ,53, p = ,01) ainsi que la disposition à l’espoir

(r = -,51, p = ,01). Cela signifie qu’une gravité de la dépression plus élevée est liée à une

perception de rétablissement moins élevée à l’échelle « Objectifs et buts personnels »,

une autogestion de la maladie moins élevée, une confiance en soi moins élevée ainsi

qu’une disposition à l’espoir plus faible.

Les scores des différentes sous-échelles du SSDS corrèlent également avec

quelques variables. Pour la honte, elle corrèle significativement avec l’inhibition à aller

chercher de l’aide (r = ,44, p = ,03) et avec l’autoblâme (r = ,70, p = ,00). Cela signifie donc

qu’un sentiment de honte élevé est lié avec une forte inhibition à aller chercher de l’aide et

de l’autoblâme plus élevé. Cette dernière corrèle aussi avec l’inhibition à aller chercher de

l’aide (r = ,63, p = ,001), ce qui indique qu’une inhibition à aller chercher de l’aide plus

élevée est liée avec de l’autoblâme davantage prononcé.

Page 67: Le rétablissement et les représentations sociales de la

55

Tableau 8.

La matrice corrélationnelle selon les résultats au RAS et à l’ADHS (n = 25)

RAS –

Confiance en soi et espoir

RAS – Motivation à demander de

l’aide

RAS – Objectifs et

buts personnels

RAS – Importance de se relier aux autres

RAS – Auto-gestion

de la maladie

Disposition à l’espoir

RAS – Confiance en soi et espoir

RAS – Motivation à demander de l’aide ,27

RAS – Objectifs et buts personnels ,64** ,03

RAS – Importance de se relier aux autres ,18 ,04 ,29

RAS – Autogestion de la maladie ,37 ,26 ,34 ,11

Disposition à l’espoir -,69** -,19 -,57** -,29 -,57**

Auto-évaluation du rétablissement -,47* -,26 -,36 -,14 -,68** ,55**

Âge -,08 -,45* ,06 -,05 -,28 ,29

Scolarité -,14 -,16 -,27 -,10 -,23 ,17

Salaire ,00 -,36 ,08 ,02 -,25 ,22

Nombre de symptômes ,54** ,46* ,45* -,04 ,40 -,44*

Gravité de la dépression ,53** ,37 ,45* ,07 ,48* -,51**

SSDS – Honte -,11 ,18 -,05 -,19 ,11 ,09

SSDS – Autoblâme -,04 -,02 ,26 ,20 ,26 -,25

SSDS – Inadéquate sociale ,16 ,31 ,17 -,29 ,34 -,21

SSDS – Inhibition à aller chercher de l’aide -,13 -,35 ,22 -,06 ,23 -,15

Nombre de mots associés ,03 ,09 ,15 -,23 ,04 ,06

Indice de polarité ,03 -,16 ,29 -,13 -,03 -,12

Indice de neutralité ,28 ,05 ,41* -,05 ,28 -,44*

Pourcentage de mots positifs -,03 -,16 ,12 -,19 -,13 ,02

Pourcentage de mots négatifs ,11 ,04 -,24 ,24 -,01 ,06

Pourcentage de mots neutres ,09 ,12 ,26 -,23 ,14 -,26

Score d’apparition ,03 -,03 ,30 -,13 -,01 -,11

Score d’importance ,05 -,14 ,32 -,15 ,04 -,12

Score moyen ,05 -,11 ,32 -,13 ,04 -,11

** p ≤ 0,01; * ≤ 0,05

Page 68: Le rétablissement et les représentations sociales de la

56

Concernant la première sous-échelle du RAS, soit la confiance en soi et l’espoir,

elle corrèle significativement avec les objectifs et buts personnels (r = ,64, p = ,001) et la

disposition à l’espoir (r = -,69, p = ,00), ce qui signifie qu’une confiance en soi élevée est

liée à un rétablissement plus élevé selon la sous-échelle « Objectifs et buts personnels »

ainsi qu’avec une plus forte disposition à l’espoir. La sous-échelle « Objectifs et buts

personnels » corrèle significativement avec la disposition à l’espoir (r = -,57, p = ,003) et

avec l’indice de neutralité (r = ,41, p = ,05). Ainsi, cela indique que cet aspect du

rétablissement plus élevé est lié à une disposition à l’espoir plus haute ainsi qu’un indice

de neutralité davantage élevé. Enfin, l’autogestion de la maladie est significativement

corrélée avec la disposition à l’espoir (r = -,57, p = ,003), ce qui veut dire qu’une plus forte

disposition à l’espoir est liée à une meilleure autogestion de la maladie. Outre avec les

variables nommées plus haut, la disposition à l’espoir est corrélée significativement avec

l’indice de neutralité (r = -,44, p = ,03), ce qui indique qu’une plus forte disposition à

l’espoir est liée à un plus faible indice de neutralité.

Page 69: Le rétablissement et les représentations sociales de la

57

Tableau 9.

La matrice corrélationnelle selon les données quantitatives issues du réseau d’associations (n = 25)

Nombre de

mots associés

Indice de

polarité

Indice de

neutralité

% de mots

positifs

% de mots

négatifs

% de mots

neutres

Score d’appari-

tion

Score d’impor-

tance

Score moyen

Nombre de mots associés

Indice de polarité ,33

Indice de neutralité -,13 ,43*

Pourcentage de mots positifs ,43* ,89** ,07

Pourcentage de mots négatifs -,34 -,90** -,44* -,81**

Pourcentage de mots neutres -,13 ,34 ,85** ,09 -,54**

Score d’apparition ,41* ,96** ,50* ,80** -,88** ,39

Score d’importance ,32 ,95** ,35 ,84** -,83** ,25 ,90**

Score moyen ,35 ,98** ,44* ,83** -,88** ,34 ,97** ,97**

Auto-évaluation du rétablissement ,19 ,12 -,32 ,26 -,07 -,22 ,07 ,15 ,09

Âge ,14 -,00 -,12 -,02 -,03 ,04 -,06 -,06 -,02

Scolarité ,12 -,20 -,56** ,01 ,23 -,43* -,29 -,15 -,22

Salaire ,17 ,16 -,14 ,18 -,05 -,14 ,07 ,13 ,13

Nombre de symptômes ,10 ,12 ,39 ,09 -,08 ,23 ,21 ,12 ,14

Gravité de la dépression ,10 ,06 ,31 -,01 ,04 ,06 ,16 ,10 ,11

SSDS – Honte -,00 -,07 ,17 -,07 -,08 ,26 ,01 -,08 -,03

SSDS – Auto-blâme -,18 ,02 ,22 -,04 -,16 ,22 ,05 ,00 ,03

SSDS – Inadéquate sociale ,16 ,36 ,43* ,33 -,55** ,56** ,36 ,33 ,37

SSDS – Inhibition à aller chercher de l’aide ,02 ,05 ,06 ,02 -,19 ,12 ,04 ,14 ,08

RAS – Confiance en soi et espoir ,03 ,03 ,28 -,03 ,11 ,09 ,03 ,05 ,05

RAS – Motivation à demander de l’aide ,09 -,16 ,05 -,16 ,04 ,12 -,03 -,14 -,11

RAS – Objectifs et buts personnels ,15 .29 ,41* ,12 -,24 ,26 ,30 ,32 ,32

RAS – Importance de se relier aux autres -,23 -,13 -,05 -,19 ,24 -,23 -,13 -,15 -,13

RAS – Auto-gestion de la maladie ,04 -,03 ,28 -,13 -,01 ,14 -,01 ,04 ,04

Disposition à l’espoir ,06 -,12 -,44* ,02 ,06 -,26 -,11 -,12 -,11

** p ≤ 0,01; * ≤ 0,05

Page 70: Le rétablissement et les représentations sociales de la

58

Finalement, comme il est possible de le constater dans le tableau 9, plusieurs

variables quantitatives issues du réseau d’associations corrèlent fortement entre elles. En

effet, la majorité des corrélations sont significatives à un seuil de p < ,01. D’abord, le

nombre de mots présents dans les réseaux d’associations corrèle avec le pourcentage de

mots positifs (r = ,43, p = ,03) et le score d’apparition (r = ,41, p = ,04), ce qui indique

qu’un nombre élevé de mots est lié à un pourcentage de mots positifs ainsi qu’un score

d’apparition plus élevé. L’indice de polarité corrèle tel qu’attendu avec les pourcentages de

mots positifs (r = 89, p = ,00) et négatifs (r = -90, p = ,00) ainsi qu’avec les scores

d’apparition (r = ,96, p = ,00), d’importance (r = ,95, p = ,00) et moyen (r = ,98, p = ,00).

Cela signifie qu’un indice de polarité plus élevé est lié à un pourcentage plus élevé de

mots positifs et moins élevé de mots négatifs ainsi qu’avec des scores d’apparition,

d’importance et moyen plus forts. L’indice de neutralité, quant à lui, corrèle

significativement avec le pourcentage de mots négatifs (r = -,44, p = ,03), celui de mots

neutres (r = ,85, p = ,00), au score d’apparition (r = ,5 p = ,01) et au score moyen

(r = ,44, p = ,03). Ainsi, cela indique qu’un indice de neutralité plus élevé est lié à un

pourcentage de mots négatifs plus bas ainsi qu’à un pourcentage de mots neutres et un

score d’apparition plus élevé. Ensuite, le pourcentage de mots positifs corrèle

négativement avec celui de mots négatifs (r = -,81, p = ,00) et positivement avec les

scores d’apparition (r = ,80, p = ,00), d’importance (r = ,84, p = ,00) et moyen

(r = ,83, p = ,00), ce qui indique que plus le pourcentage de mots positifs est élevé, plus

celui de mots négatifs est bas et plus les scores d’apparition sont hauts. Le pourcentage

de mots négatifs, quant à lui, corrèle avec celui de mots neutres (r = -,54, p = ,01) et avec

les scores d’apparition (r = -,88, p = ,00), d’importance (r = -,83, p = ,00) et moyen

(r = -,88, p = ,00). Cela signifie qu’un pourcentage de mots négatifs plus élevé est lié avec

celui de mots neutres et de scores d’apparition, d’importance et moyen plus bas. Pour ce

qui est du score d’apparition, il est significativement corrélé avec celui d’importance

(r = ,90, p = ,00) et moyen (r = ,97, p = ,00). De ce fait, un score d’apparition plus élevé est

lié avec des scores d’importance et moyen également plus élevés. Enfin, le score

d’importance corrèle également de la même manière avec celui moyen (r = ,97, p = ,00).

Concernant les variables catégorielles à l’étude, soit le fait d’avoir ou non une

altération du fonctionnement ainsi que le diagnostic provisionnel de dépression (oui ou

non) obtenu par le DID, des tests du Khi-deux ont également été effectués. Notons que le

groupe 1 a répondu au critère C, soit l’altération du fonctionnement, à 6 reprises versus à

une reprise pour le groupe 2. La différence est significative entre ses variables

Page 71: Le rétablissement et les représentations sociales de la

59

(khi-deux = 4,43, dl = 1, p = 0,04). Nous pouvons donc conclure que l’appartenance à un

groupe influence cette variable. De ce fait, les participants du groupe 1 ont un

fonctionnement plus altéré en général. Pour la seconde variable, 2 participants au total,

provenant uniquement du groupe 1, ont obtenu le diagnostic provisionnel de dépression.

Toutefois, le test du Khi-deux est non significatif. Le fait d’avoir une dépression ou non ne

caractérise donc aucun des deux groupes.

Les tests-T

Afin d’évaluer s’il existe une différence entre les moyennes des scores obtenus

pour chacun des groupes, 11 tests-t à échantillons indépendants ont été effectués. Pour la

sous-échelle Confiance en soi et espoir, le test-t révèle que la différence entre les

moyennes du groupe 1 (22,38) et du groupe 2 (17,67) est tendancielle9 t(23) = 1,876,

p < .10. Le groupe 2 aurait donc tendance à avoir une meilleure confiance en soi. Pour la

sous-échelle « Autogestion de la maladie », la différence entre les deux moyennes du

groupe 1 (7,38) et du groupe 2 (3,92) 10, est significative t(23) = 3,417, p < .05, le groupe

se considérant rétabli ayant donc une capacité plus élevée à gérer leur maladie. Notons

que ce résultat a été corrigé étant donné qu’il ne respectait pas la prémisse de base de

l’égalité des variances. En effet, le test de Levene indique que les variances peuvent être

considérées comme hétérogènes (F = 7,218, p = ,01). En effet, lorsque ce test est

significatif, l’hypothèse nulle de l’égalité des variances doit être rejetée, nécessitant une

correction du calcul du t en utilisant la correction de Welch. Cela équivaut à utiliser les

variances individuelles des deux groupes plutôt que la variance combinée, comme il est le

cas lorsque la prémisse d’égalité des variances est respectée. La différence des

moyennes du score obtenu à l’échelle de disposition à l’espoir, quant à elle, est également

significative t(23) = -2,031, p < .05, le groupe 1 présentant une moyenne de 48,38 en

comparaison à celle de 54,17 du groupe 2. Ainsi, le groupe 2 perçoit une plus grande

disposition à l’espoir. Tous les autres tests-t se sont révélés non significatifs. Il est possible

d’apprécier les résultats de tous les tests-t dans le tableau 10.

Considérant que des différences de moyennes auraient pu se retrouver ailleurs

qu’entre les deux groupes à l’étude, des tests-t ont également été faits à partir de la

nationalité, du domaine d’occupation et du genre. En effet, en ce qui a trait à la nationalité,

9 Comme la valeur p se trouve entre ,05 et ,10, nous nous autorisons à la qualifier de « tendancielle », puisque

malgré qu’elle ne soit pas véritablement significative, elle indique une tendance. 10

Notons qu’un score plus élevé à cette sous-échelle dénote une perception plus faible d’autogestion de la

maladie.

Page 72: Le rétablissement et les représentations sociales de la

60

il faut considérer que la culture peut grandement jouer sur les représentations sociales

qu’intègrent les individus et que la vision des troubles mentaux en général peut varier d’un

pays à l’autre. Les résultats d’un groupe de personnes provenant du Québec ont donc été

comparés à ceux d’un deuxième groupe de personnes provenant d’ailleurs dans le

monde, principalement de la France. Toutefois, aucune comparaison des moyennes ne

s’est révélée significative. Par rapport au domaine d’occupation, l’échantillon était à moitié

composé d’individus œuvrant dans le domaine de la santé et des services sociaux. En

raison de leur champ professionnel, nous aurions pu être portés à croire qu’ils avaient une

opinion a priori plus positive sur les troubles mentaux et la recherche d’aide, entre autres.

Toutefois, aucun test-t n’a été significatif. Enfin, bien que le nombre de femmes et

d’hommes au sein de l’échantillon est très inégal (21 et 4), il demeure qu’il existe de

nombreuses différences entre les genres dans la littérature. Comme les analyses

précédentes, tous les tests-t se sont révélés non significatifs à l’exception du résultat

obtenu au SSDS à la sous-échelle « Inadéquation sociale ». En effet, la moyenne des

femmes, qui est de 8,14, est significativement différente de celle des hommes, qui est de

13,25, t(23) = -2,252, p < .05. Autrement dit, les femmes vivraient davantage

d’autostigmatisation que les hommes et se sentiraient davantage inadéquates

socialement. Toutefois, rappelons que ces tests ont principalement été faits d’un point de

vue exploratoire.

Tableau 10.

Tests-t associés aux variables selon le groupe (n = 25)

Moyenne Diff

moy t dl Sig.

Gr 1 Gr 2

Honte (SSDS) 7,77 8,33 -0,56 -0,318 23 0,75

Autoblâme (SSDS) 8,92 9,00 -0,08 -0,059 23 0,95

Inadéquation sociale (SSDS) 9,62 8,25 1,37 0,752 23 0,46

Inhibition à aller chercher de l’aide (SSDS) 14,54 13,33 1,21 0,737 23 0,47

Confiance en soi et espoir (RAS) 22,38 17,67 4,71 1,876 23 0,07*

Motivation à demander de l’aide (RAS) 6,69 5,42 1,27 0,866 23 0,40

Objectifs et buts personnels (RAS) 9,31 8,08 1,23 0,917 23 0,37

Importance de se relier aux autres (RAS) 6,62 6,83 -0,21 -0,150 23 0,88

Autogestion de la maladie (RAS) 7,38 3,92 3,46 3,417 23 0,004**

Disposition à l’espoir 48,38 54,17 -5,79 -2,031 23 0,05**

Score moyen du réseau d’association -0,59 -0,57 -0,02 -0,126 23 0,90

*p < 0,1 **p < 0,05

Page 73: Le rétablissement et les représentations sociales de la

61

CHAPITRE 6 : LA DISCUSSION DES RÉSULTATS

Dans la partie subséquente, il sera question d’apporter un sens ainsi que des

explications aux résultats présentés plus haut. Afin de couvrir les concepts centraux de

l’étude, tels que présentés dans le chapitre 1, la discussion est divisée de façon à

rapporter les résultats généraux en fonction des idées directrices de ce mémoire. Ainsi, le

contenu des représentations sociales de la dépression chez des personnes vivant ou

ayant vécu un épisode dépressif sera d’abord approfondi afin de répondre à l’un des

objectifs de l’étude qui est d’explorer l’existence d’un lien entre les représentations

sociales de la dépression et le rétablissement chez des personnes souffrant de ce trouble.

Le processus de rétablissement sera ensuite abordé et un bref retour sur la dualité du

caractère commun/spécifique de la dépression sera présenté. L’autostigmatisation, autre

concept clé à l’étude, sera approfondie à la lumière des résultats exposés précédemment.

Notons qu’au fil de cette section, afin d’apporter des éléments de réponses par rapport

aux résultats soulevés, des hypothèses explicatives seront proposées. De plus, plusieurs

éléments soulevés verbalement par les participants seront intégrés afin de faire davantage

ressortir leur vision, considérant que lors des entrevues, la passation à haute voix des

questionnaires permettait une rétroaction et un échange enrichissant. Enfin, il sera

également question des limites et des forces de l’étude ainsi que des retombées et des

suggestions pour la pratique du travail social et pour les recherches futures.

Le contenu des représentations sociales de la dépression chez des personnes

vivant ou ayant vécu un épisode dépressif

En premier lieu, la connotation des mots composant les réseaux d’associations

n’est pas surprenante, considérant que le mot-clé, soit « Dépression », est lui-même

négatif. En dépit de cela, il est intéressant de constater que plus les participants

perçoivent être avancés dans leur rétablissement, plus les mots connotés sont plutôt

positifs que neutres. Nous pouvons donc penser qu’une personne rétablie a tendance à ne

pas être neutre dans sa représentation sociale de la dépression. Le fait d’être rétabli, qui

représente une étape globalement positive, peut également permettre d’associer

davantage de mots positifs. Dans un même ordre d’idées, l’analyse des scores

d’apparition et d’importance suggère que les gens rétablis associent non seulement plus

de mots positifs au mot-clé « Dépression », mais considèrent adopter davantage ce type

de mots après réflexions. Mais spontanément, ce sont plutôt les mots négatifs qui viennent

Page 74: Le rétablissement et les représentations sociales de la

62

d’abord à l’esprit des participants. De plus, les gens auraient tendance à nommer en

premier les mots les plus importants pour eux comme « tristesse », « isolement » et

« solitude ».

En ce qui a trait aux représentations sociales comme telles, les résultats dénotent

un profil semblable pour les deux groupes. Les thèmes, qui regroupent les différents

termes proposés par les participants, se présentent au nombre de 8 et sont les suivants :

symptômes, traitements et traitants, causes, conséquences, préjugés et stéréotypes,

définitions et images, rétablissement ainsi que réseau social. La catégorie des symptômes

englobe un peu plus du tiers des mots présents dans les réseaux d’associations. Les

seules différences entre les groupes à l’étude se trouvent dans les fréquences des thèmes

« conséquences » et « rétablissement ». Effectivement, le groupe 2 (le groupe rétabli) se

représente davantage la dépression en des termes liés au rétablissement par rapport aux

conséquences liées à la maladie, et ce, contrairement au groupe 1, qui est formé des

personnes se considérant avancées dans leur rétablissement. Ainsi, le fait d’être rétabli

apporterait le recul nécessaire afin de pouvoir faire ressortir le côté positif d’une

expérience hautement négative a priori, telle qu’un épisode dépressif. De plus, notons que

les mots se trouvant dans le thème « cause » rejoignent les résultats obtenus par

Tremblay (2013), qui avait soulevé que les stress sociaux et l’hérédité étaient les causes

les plus importantes chez les patients dépressifs de son échantillon. Également, les

traitements de la dépression les plus importants, soit le travail sur soi et les interventions

professionnelles, ont aussi été relevés spontanément par les participants de la présente

étude. De plus, comme pour l’étude de Angermeyer et Matschinger (1999), la

psychothérapie a davantage été relevée que la médication.

À ce propos, comme la quasi-totalité des éléments considérés les plus importants

dans le rétablissement se recoupent dans les thèmes des représentations sociales, cela

nous laisse penser que le rétablissement s’imbrique dans les représentations que les

participants ont de la dépression. Ainsi, l’expérience du rétablissement augmente la

portion positive qu’un participant attribue au fait d’avoir vécu une dépression.

Fait intéressant, les termes péjoratifs, comme « fou », autrefois employés à

outrance pour décrire une personne vivant un trouble mental dans la société, sont peu

présents dans les représentations des participants à l’étude. Cela veut donc dire que les

participants n’ont peut-être pas intégré ces stéréotypes négatifs. De plus, « faible », soit le

mot dépréciatif autrefois le plus véhiculé en lien avec la dépression, n’est apparu que deux

Page 75: Le rétablissement et les représentations sociales de la

63

fois sur les 257 mots associés. Nous ne pouvons pas nécessairement en conclure que les

mentalités évoluent, mais nous pouvons toutefois proposer que les participants, étant des

personnes plus sensibilisées que la moyenne, n’aient pas intériorisé ce genre de mots

péjoratifs.

D’autre part, bien que les représentations sociales de la dépression ressortent de

manière assez homogène chez les participants, le sens donné à l’expérience par les

propos entendus lors de l’entrevue demeure toutefois très personnel. En effet, bien que

cela puisse à première vue sembler contradictoire, le sens donné à la dépression est

unique à chacun, mais plusieurs personnes peuvent toutefois s’y reconnaitre. L’exemple le

plus flagrant est sans nul doute celui de la célèbre écrivaine J.K. Rowling. En effet, cette

dernière a vécu un épisode dépressif majeur alors qu’elle débutait l’écriture de ses romans

qui dépeignaient les aventures d’Harry Potter et qui sont devenus un phénomène mondial

après leur parution. Afin de donner un sens à l’expérience marquante qu’elle vivait, elle

inventa une espèce de personnages qui représente exactement ce qu’est la dépression

pour elle. Ainsi, elle a donné vie dans ses romans aux « détraqueurs », des créatures des

ténèbres encapuchonnées d’une longue cape noire qui se nourrissent de la joie humaine

en provoquant par le fait même le désespoir et la tristesse. Cette tendance à donner un

visage à la maladie s’est également retrouvée dans l’expérience de certains participants.

En effet, au sein de l’échantillon, un participant a avoué que c’était même aidant pour lui

de se représenter la dépression avec un visage. En effet, pour lui, la dépression était

comparable au personnage maléfique Venom de l’univers du superhéros Spiderman; un

être qui ne peut vivre qu’en se collant, tel du goudron, à un hôte pour s’en nourrir à la

manière d’un parasite, l’enveloppant d’une sorte de noirceur et de pensées négatives.

Ainsi, soulevons que l’être humain a souvent besoin de donner un sens à ce qu’il vit. Ce

sens n’est pas le même pour tous malgré les recoupements possibles et représente fort

probablement un aspect non négligeable du rétablissement.

La dépression : une maladie mentale commune que l’on vit de manière personnelle

Au premier abord, les résultats obtenus au DID ainsi que les questions ouvertes

posées sur leur expérience mettent en lumière le caractère flou des limites temporelles

d’un épisode dépressif. En effet, les résultats au DID ainsi que les rétroactions verbales

des participants nous permettent de comprendre qu’il est difficile de délimiter clairement la

fin d’un épisode. En effet, même le début de ce dernier peut être difficile à cerner

exactement. Les gens tendent souvent à associer le début d’une dépression à un

Page 76: Le rétablissement et les représentations sociales de la

64

diagnostic ou encore à un évènement difficile d’ordre psychosocial. Toutefois, pour

plusieurs, la dépression s’installe de manière sournoise et se déclenche subtilement, petit

à petit. De ce fait, lorsqu’ils consultent, la dépression est souvent ancrée depuis un certain

temps et se vit en plus grande intensité. La fin d’un épisode dépressif peut être perçue de

manière similaire. Il peut coïncider avec un évènement particulier, comme un voyage par

exemple, mais le rétablissement peut également s’installer tranquillement. Certains

participants ont mentionné la fin d’une thérapie ou encore le retrait de leur médication

comme indicateurs de la fin de leur épisode dépressif.

Toutefois, une chose est certaine; la dépression laisse des traces, même lorsque

terminée. En effet, rappelons que les difficultés cognitives et de sommeil ont affecté

environ 60% des participants, malgré que la moitié des participants se disaient rétablis. À

cet égard, les symptômes persistent dans le temps indépendamment du rétablissement.

En plus des difficultés à se concentrer ou à prendre des décisions ainsi que des difficultés

de sommeil, relevons le sentiment de dévalorisation ou de culpabilité ainsi que la fatigue

ou la perte d’énergie comme étant les symptômes résiduels les plus courants.

Inversement, les symptômes d’anhédonie et l’humeur dépressive, qui représentent des

éléments centraux du diagnostic de dépression majeure, sont ceux le moins présents

dans l’échantillon. Ainsi, nous pourrions penser que plus le rétablissement avance, plus le

cœur de ce qu’est un épisode dépressif s’amenuise malgré la persistance dans le temps

de symptômes plus secondaires, un peu au même titre qu’une commotion cérébrale qui

laisse des séquelles. Cette idée est appuyée par le fait que le groupe 2 présente une

moyenne de 1,92 symptôme, alors que 7 participants sur 12 déclarent leur processus de

rétablissement terminé. Ainsi, on peut être rétabli, mais toujours devoir gérer certains

symptômes résiduels, leur incidence sur le fonctionnement étant évidemment moindre.

Cela est appuyé par le fait que plus les participants rapportent de symptômes dépressifs,

plus ils perçoivent leur dépression comme étant grave. De ce fait, il n’est pas surprenant

de remarquer que le nombre de symptômes et la gravité de la dépression sont liés, tel

qu’attendu à l’autoévaluation du rétablissement (r = -,44 et r = -,56). Ainsi, plus une

personne est aux prises avec des symptômes, moins elle a tendance à évaluer son

rétablissement comme étant avancé. Ces deux composantes sont également liées à l’âge

dans l’échantillon présent. En d’autres termes, plus une personne est avancée en âge,

moins la dépression est grave (r = -,61) et, par le fait même, moins elle présente de

symptômes (r = -,55). Cela pourrait s’expliquer par le fait que les participants du groupe 2

Page 77: Le rétablissement et les représentations sociales de la

65

sont en moyenne un peu plus âgés que ceux du groupe 1, qui ont par conséquent une

autoévaluation du rétablissement plus élevée.

Parallèlement, les corrélations issues du critère A, soit le nombre de symptômes,

ainsi que la gravité de la dépression mettent en lumière des résultats intéressants.

Relativement au critère A, plus une personne vit un grand nombre de symptômes

dépressifs, moins elle aura de l’espoir (r = -,44), sa motivation à demander de l’aide sera

plus faible (r = ,46)11 et elle aura moins tendance à avoir des objectifs et des buts

personnels (r = ,45). Nous pourrions être portés de croire que plus une personne a de

symptômes, plus il y a de risque qu’elle ait des idées noires. Cela va de pair avec un faible

espoir en l’avenir, qui a nécessairement un impact sur le fait d’avoir moins d’objectifs et de

buts personnels. Cependant, il est surprenant de constater le lien entre le nombre de

symptômes et la motivation à demander de l’aide. En effet, plus une personne est aux

prises avec un grand nombre de symptômes, plus nous pouvons estimer que son besoin

d’aide est élevé. Toutefois, les résultats suggèrent que les participants dans cette situation

ont tendance à s’isoler et, par conséquent, à rester seuls avec leurs problèmes. Notons

toutefois que l’isolement est l’une des conséquences de la dépression. Pour ce qui est des

liens avec la gravité de l’épisode dépressif, rappelons que plus une dépression est grave,

plus les corrélations avec la disposition à l’espoir (r = -,51), l’autogestion de la maladie

(r = ,48), la confiance en soi (r = ,53) ainsi que la tendance à avoir des objectifs et des

buts personnels (r = ,45) sont négatives. Ainsi, nous pourrions en comprendre qu’une

personne vivant une dépression de forte intensité gère moins bien sa maladie, ce qui a

pour effet d’avoir moins confiance en elle. Cela ne laisserait, par le fait même, peu de

place à l’espoir et à l’entretien d’objectifs et de buts personnels.

D’autre part, il est important de rappeler que le processus de rétablissement ne se

calque pas à l’évolution de la maladie. En d’autres termes, l’évolution d’un épisode

dépressif est indépendante du processus de rétablissement et, par conséquent, parallèle à

celui-ci. En effet, bien que deux personnes de l’échantillon remplissent les conditions

nécessaires à un diagnostic provisionnel de dépression majeure, d’une intensité de

modérée à grave, elles se considèrent tout de même avancées dans leur rétablissement.

De ce fait, nous pouvons penser que l’évolution de la dépression est parsemée de hauts

et de bas, au même titre que le rétablissement. De plus, à l’intérieur du processus de

11

Il est à noter que les sous-échelles du SSDS et du RAS sont inversées. Rappelons que plus un score

obtenu au SSDS est bas, plus l’autostigmatisation est élevée. De façon similaire, plus un score obtenu au RAS est bas, plus le rétablissement est élevé.

Page 78: Le rétablissement et les représentations sociales de la

66

rétablissement la personne peut vivre plus d’un épisode dépressif. En effet, la moitié de

l’échantillon a vécu au moins un épisode antérieur. Certains associent un processus de

rétablissement bien distinct à chacun de ces épisodes, tandis que d’autres perçoivent leur

rétablissement comme englobant ceux-ci.

Bien que le portrait de la dépression des deux groupes soit assez équivalent,

malgré que l’on dénote une évolution de la maladie plus favorable pour le groupe 2, il en

ressort qu’elle se vit de manière similaire chez les participants. En effet, même si les

causes attribuées à l’épisode diffèrent, entre autres, les impacts dans la vie des gens sont

assez semblables, c’est-à-dire une incidence similaire sur le fonctionnement en général.

De plus, rappelons que vivre un épisode dépressif est une expérience caractérisée par

une période transformatrice. Malgré cela, plusieurs participants ont déclaré se sentir seuls

à vivre une telle expérience. Cela est assez paradoxal avec le fait que la dépression est le

trouble mental le plus répandu dans la population. La symptomatologie de la dépression

pourrait peut-être expliquer l’amplification de ce sentiment de solitude, leur tendance à

s’isoler ainsi que leur impression d’être seuls à vivre avec une telle maladie. Cela

amènerait une vision bien personnelle et unique de chaque expérience malgré le fait qu’au

final, il demeure que la dépression représente une épreuve relativement commune.

Le processus de rétablissement

Tout comme le sens donné à l’expérience de la dépression peut varier, la définition

du rétablissement peut également être personnelle pour chaque personne. À la lumière

des échanges avec les différents participants, il apparait que le processus de

rétablissement n’est pas linéaire, s’échelonnant dans le temps à l’image de montagnes

russes. En effet, bien qu’il soit parsemé de hauts et de bas, les participants ont tout de

même l’impression d’avancer dans ce processus. Toutefois, un point qui a été relevé

spontanément par plusieurs participants et qui ne semble pas faire l’unanimité est la

finalité du processus de rétablissement. En effet, certains ont affirmé que le rétablissement

était réaliste à 100%. En d’autres termes, certains croient qu’il est possible d’être

totalement rétabli d’un épisode dépressif. Toutefois, d’autres ont affirmé qu’ils ne croyaient

pas pouvoir revenir au même point et que les vulnérabilités qu’avait créées en eux la

dépression les suivraient pour toute leur vie, les empêchant par le fait même d’atteindre un

10/10 à l’échelle d’autoévaluation du rétablissement. D’ailleurs, cette dualité d’opinions

transparait par le fait que 3 participants se sont situés à 10 sur l’échelle d’autoévaluation

du rétablissement, alors que 7 personnes au total considèrent leur processus comme

Page 79: Le rétablissement et les représentations sociales de la

67

étant terminé. C’est donc de dire qu’un peu moins de la moitié des personnes qui

considèrent avoir complété leur processus de rétablissement se déclarent rétablies à

100%.

Dans un ordre d’idées connexes, le début du processus de rétablissement est

aussi défini de manière plutôt personnelle. Comme la durée d’un épisode dépressif est

estimée, dans l’échantillon, à environ 2 ans en comparaison à 1,74 an pour le

rétablissement, il s’avèrerait que le processus de rétablissement s’enclenche plus tard,

soit lorsque la dépression est bien installée. Pour certains, il débute dès le moment où un

diagnostic a été posé. Toutefois, il semblerait que les gens attendent de vivre une

dépression d’une gravité élevée avant de se résoudre à aller chercher une aide extérieure.

Pour d’autres, le début du processus coïncide avec une décision d’aller mieux, une prise

de position vis-à-vis de sa dépression et des actions subséquentes faites dans un but de

bien-être. Pour d’autres encore, il s’agit du moment où ils ont remarqué qu’ils ont

commencé à aller mieux et où les symptômes s’amenuisaient, entre autres. Cela est

cohérent avec l’un des énoncés qui caractérisent l’expérience du rétablissement selon

Provencher (2002, 2007a), qui met en relief la singularité de celle-ci.

Parmi les éléments considérés les plus importants dans le rétablissement, le

soutien des proches et de l’entourage que les participants ont soulevé a été déterminant

tout au long de leur processus, mais plus spécifiquement au début de ce processus tant

sur le plan positif que négatif. En effet, le fait de partager son fardeau en se confiant sur

l’expérience négative qu’ils vivaient a été pour certains un premier pas vers le

rétablissement. Évidemment, la qualité de l’accueil d’un tel dévoilement a été cruciale. Par

exemple, des participants ont relevé que le fait d’être rejeté ou incompris dans sa

souffrance a pu augmenter certains symptômes. Toutefois, chez d’autres participants, le

fait d’être soutenu et écouté a été un gage d’un rétablissement parsemé de moins

d’embuches. De plus, spécifions que majoritairement, les gens vivent seuls avec leur

dépression malgré le fait qu’il s’agisse du trouble le plus répandu. Dévoiler son trouble

peut créer un effet d’entrainement où un plus grand soutien peut en résulter. Par exemple,

un participant a eu la générosité de nous partager qu’il avait « fait un coming-out » auprès

de son entourage au sens large. Non seulement il avait ressenti un soulagement

personnel, mais son sentiment d’être seul à vivre ce type d’expérience s’est évanoui, car

plusieurs personnes lui ont avoué vivre la même chose. S’en est suivi un partage entre

Page 80: Le rétablissement et les représentations sociales de la

68

eux ainsi que la création d’un réseau de soutien informel qui a favorisé le rétablissement

de chacun.

Toujours en lien avec les éléments jugés comme étant les plus importants dans le

rétablissement, il est intéressant de noter que les 7 catégories (voir la figure 3) peuvent

très bien s’imbriquer dans les thèmes qui sont ressortis des réseaux d’associations des

participants comme la thérapie psychologique, la médication et le fait de recevoir un

diagnostic qui pourraient entrer dans le thème « traitements et traitants ». En d’autres

termes, les éléments marquants du rétablissement font partie des représentations sociales

de la dépression.

Également, notons une bonne congruence du rétablissement perçu ainsi que celui

plus « objectif » tel que mesuré par le RAS. En effet, les résultats obtenus au RAS

donnent un score global de 41,92 pour le groupe 2 et de 52,38 pour le groupe 1.

Rappelons que le score obtenu à cette échelle est inversé, ce qui signifie qu’un score plus

bas représente un rétablissement plus élevé. D’ailleurs, ces scores équivaudraient à

environ 8 et 7 sur une échelle de 10 points, respectivement pour le groupe 2 et 1. À

l’échelle d’autoévaluation remise en début de rencontre, les participants du groupe 2

s’étaient placés, en moyenne, à 8,75, tandis que ceux du groupe 1 étaient à 6. Ainsi, il est

possible d’affirmer que les participants ont une vision réaliste de l’avancement de leur

rétablissement, bien qu’il demeure une parcelle très subjective.

En analysant davantage les résultats obtenus au RAS, plusieurs conclusions

peuvent en être tirées. D’abord, il en ressort que l’échantillon est bien avancé dans son

rétablissement. Pour le groupe 1, l’importance de se relier aux autres représente une

composante du rétablissement bien acquise pour les participants. Toutefois, la confiance

en soi et l’espoir ainsi que l’autogestion de la maladie représentent les sous-échelles

ayant eu les scores les plus élevés, ce qui signifie donc que le rétablissement est moins

avancé en ce qui a trait à ces deux sous-échelles. Ces résultats ne sont pas surprenants,

car il est logique de dire que plus on avance dans son processus de rétablissement, plus

la maladie est sous contrôle. Également, la dépression est une maladie qui peut

grandement affecter la confiance en soi, qui est un aspect qui prend davantage de temps

à rebâtir. Cette explication est également appuyée par les résultats obtenus par le groupe

2 (groupe de personnes rétablies) qui tendent à avoir une meilleure confiance en eux-

mêmes. En effet, ils ont obtenu, en moyenne, un score légèrement supérieur à la sous-

échelle « Confiance en soi et espoir » comparativement aux autres composantes. Bien

Page 81: Le rétablissement et les représentations sociales de la

69

que cela veuille dire qu’ils sont moins avancés dans leur rétablissement par rapport à cette

sous-échelle, la différence est minime avec celles de la motivation à demander de l’aide,

aux objectifs et buts personnels et à l’importance de se relier aux autres. Ainsi, cela

voudrait dire que plus on se rétablit, plus on retrouve de la confiance en soi, malgré que

cet aspect soit celui qui prend le plus de temps. De plus, considérant que les deux

groupes ont une bonne disposition à l’espoir, ce serait évidemment la composante sur la

confiance en soi qui serait le plus liée au rétablissement. Toutefois, notons que le

groupe 2 dénote une disposition significativement plus élevée à l’espoir. Cela pourrait

s’expliquer par le fait que lorsqu’une personne atteint le point culminant de son

rétablissement, elle obtient la preuve que ce dernier est possible, ce qui augmente son

espoir a posteriori. Rappelons qu’une plus forte confiance en soi est liée à un

rétablissement plus élevé à la sous-échelle d’objectifs et buts personnels (r = ,64) ainsi

qu’avec la disposition à l’espoir (r = -,69). Ainsi, plus une personne a confiance en elle,

plus elle se croit capable d’atteindre ses buts et développe par le fait même des objectifs

qu’elle croit réalisable. Il n’est pas surprenant que ces aspects soient aussi fortement liés

à la disposition à l’espoir qui, par définition, représente le « un état motivationnel positif qui

se base sur une interaction entre l’énergie et la motivation orientées vers les buts

(composante motivationnelle), ainsi que les différentes manières de les atteindre

(composante opératoire) » (Snyder, Irving et Anderson, 1991, p.287). Cet aspect fait

également écho à la définition du rétablissement par les usagers, qui comprend les

éléments de bien-être psychologique, d’espoir et de spiritualité (Corrigan et Ralph, 2005).

En outre, notons l’excellent résultat du groupe 2 à la sous-échelle « Autogestion de la

maladie ». Cette différence entre les moyennes des deux groupes nous permet d’affirmer

que, dans notre échantillon, l’autogestion est la variable la plus fortement corrélée avec le

rétablissement (r = -,68), d’autant plus que cet aspect est lié à une plus forte disposition à

l’espoir (r = -,57). De plus, soulevons la faible étendue de cette variable, les participants du

groupe 2 ayant tous des scores se situant entre 3 et 6 sur cette sous-échelle.

La disposition à l’espoir, qui obtient le plus grand nombre de corrélations

significatives avec les autres variables à l’étude (voir le tableau 8), est également

intimement liée au rétablissement, autant sur le plan de l’autoévaluation que des

différentes sous-échelles le constituant. Cela pourrait s’expliquer par de nombreuses

manières. D’abord, les idées suicidaires présentes dans la symptomatologie de la

dépression sont la représentation contraire de ce qu’est l’espoir. En effet, le fait de vouloir

mettre fin à ses jours ainsi qu’à sa souffrance est le résultat, entre autres, d’une absence

Page 82: Le rétablissement et les représentations sociales de la

70

d’espoir. L’espoir de se rétablir est donc un moteur non négligeable de ce rétablissement

au-delà de la rémission des symptômes. De plus, l’espoir peut représenter une motivation

importante afin d’atteindre le but ultime de toute personne souffrant de dépression, soit le

rétablissement. Par rapport aux représentations sociales, la disposition à l’espoir, qui est

aussi liée à une autoévaluation du rétablissement (r = ,55), implique un lien avec l’indice

de neutralité des mots des réseaux d’associations (r = -,44). En effet, plus un individu a de

l’espoir, moins les mots de son réseau d’associations sont connotés de manière neutre.

Cela pourrait vouloir dire que plus on avance dans le rétablissement et plus on a de

l’espoir, plus on prend position, que ce soit de manière négative ou positive, sur les

représentations que l’on a de la dépression.

Cependant, bien que plusieurs résultats fussent à prévoir, certains se sont révélés

fort surprenants. De ce point de vue, bien que les différences des moyennes n’étaient pas

significatives, les résultats obtenus à la sous-échelle du SSDS « Inhibition à aller chercher

de l’aide » et à celle du RAS « Motivation à aller chercher de l’aide » montrent une

certaine incongruence. En effet, le groupe 2 fait preuve de davantage d’autostigmatisation

quant au fait d’aller chercher de l’aide, mais est un peu plus motivé à demander de l’aide,

en comparaison au groupe 1. Considérant que les participants devaient, en remplissant le

SSDS, se placer en situation d’être présentement en dépression, ceux étant rétablis ont

pu évaluer plus sévèrement leur comportement de recherche d’aide, car le fait de devoir

revivre un tel processus alors qu’ils se considèrent rétablis pourrait être très déstabilisant

et pourrait aussi être vécu comme un échec. Soulevons toutefois le lien positif entre l’âge

et la motivation à demander de l’aide (r = -,45). En effet, selon les résultats obtenus, plus

une personne avance en âge, plus elle est motivée à demander de l’aide.

Dans le même ordre d’idées, notons le lien entre la scolarité et l’autoévaluation du

rétablissement (r = ,43) ainsi que le revenu et l’autoévaluation du rétablissement (r = ,45).

Cela pourrait s’expliquer par le fait que d’avoir une scolarité élevée tend à garantir un

revenu également plus élevé, ces éléments pouvant possiblement représenter des

composantes facilitantes dans le processus de rétablissement. Par exemple, le fait de ne

pas avoir à se soucier des aspects financiers pourrait enlever une inquiétude importante,

l’individu vivant une dépression ayant davantage la possibilité de se concentrer

uniquement sur sa guérison. De plus, avoir une sécurité financière peut permettre un

accès plus rapide à un psychologue, entre autres, considérant les longues listes d’attente

de consultations psychosociales des programmes publics.

Page 83: Le rétablissement et les représentations sociales de la

71

L’autostigmatisation dans un contexte de dépression majeure

La stigmatisation des troubles mentaux est sans contredit présente dans la société

québécoise actuelle et a été soulevée par plusieurs participants, qu’ils proviennent du

Québec ou d’ailleurs. Au-delà du diagnostic et du traitement, elle présente un obstacle de

taille pour l’acceptation dans la collectivité (Santé Canada, 2002).Toutefois, il est important

de souligner les efforts faits non seulement par les gouvernements (MSSS, 2015; CSMC,

2012) dans le but de sensibiliser aux problèmes de santé mentale, mais également chez

les différents intervenants du système de la santé de par leur bienveillance à soutenir le

rétablissement des personnes. En effet, l’OMS, l’Association mondiale de la psychiatrie, le

Gouvernement du Canada, la CSMC, l’Association québécoise pour la réadaptation

psychosociale, et bien d’autres organismes ont comme priorité la lutte contre la

stigmatisation vis-à-vis des personnes souffrant d’un trouble mental (Comité permanent

des affaires sociales, des sciences et de la technologie, 2006, Kirby, 2008; Samson, 2014,

Stuart, 2008;). De ce fait, bien qu’il reste encore du travail à faire afin de déconstruire

certaines idées préconçues vis-à-vis des troubles mentaux qui sont toujours véhiculées

dans la société, les représentations sociales de la maladie mentale au sens large

semblent évoluer positivement.

Toutefois, il existe toujours beaucoup de non-dits qui entretiennent la

stigmatisation, surtout, semblerait-il, dans un système plus près des individus; celui de la

famille et des proches. En effet, pour certains participants, il était impensable d’avoir une

discussion à cœur ouvert avec leur entourage à propos de l’épisode dépressif qu’ils

vivaient ou avaient vécu. Certains ont mentionné avoir gardé le secret, tandis que la

situation d’autres était connue des proches, mais jamais abordée directement.

Parallèlement à ce constat, notons, d’une part, que c’est le soutien provenant de

l’entourage qui représente l’élément considéré comme le plus important dans le

rétablissement, et d’autre part, l’attitude de certains proches quant à la dépression serait

un élément central à l’entretien d’idées stigmatisantes pouvant être intégrées chez les

personnes en souffrant. Il faut souligner que le manque de soutien social représente un

facteur de risque important au développement d’une dépression (Cacioppo, Hawkley et

Thisted, 2010; Rajaratnam, O’Campo, Caughy et Muntaner, 2008). Ainsi, rappelons que

les résultats de l’étude font ressortir que certains proches sont soutenants, tandis que

d’autres ne le sont pas, et que, pour les participants qui ont un entourage qui les épaulent,

ce soutien a été nommé comme étant très important dans leur rétablissement. Toutefois,

cet aspect ne peut en aucun cas expliquer à lui seul la présence ou l’absence

Page 84: Le rétablissement et les représentations sociales de la

72

d’autostigmatisation. En effet, il semblerait que les individus vivant un épisode dépressif

sont conciliants avec ce que peut vivre une autre personne dépressive, mais sont

excessivement durs envers leur propre situation. Cela sera d’ailleurs approfondi un peu

plus loin.

D’abord, en analysant les scores obtenus aux différentes sous-échelles du SSDS,

force est d’admettre que les personnes vivant ou ayant vécu un épisode de dépression

majeure présentent un haut degré d’autostigmatisation, et ce, sans égard à leur

avancement dans leur processus de rétablissement. En effet, indépendamment du fait

d’appartenir à un groupe plutôt qu’à un autre, les participants démontrent de la honte, de

l’autoblâme et de l’inadéquation sociale reliés au fait de vivre présentement un épisode

dépressif. Pour le groupe 1, la honte est l’aspect de l’autostigmatisation le plus présent,

tandis que pour leur groupe 2, il est davantage question d’inadéquation sociale.

Néanmoins, le résultat moyen de la sous-échelle honte (X = 8,33) est très près de celle

d’inadéquation sociale (X = 8,25) et, fait intéressant, la médiane est plus faible que la

moyenne du groupe 1 avec 5. Ainsi, le fait que la médiane soit nettement plus basse que

la moyenne sous-entend quelques données plus « extrêmes ». Dans le même ordre

d’idées, remarquons les étendues réelles des différentes sous-échelles qui sont

pratiquement les mêmes que les étendues théoriques (voir le tableau 2). Cela veut donc

dire qu’il y a des participants, bien qu’en minorité, qui tendent vers des scores plus bas

d’autostigmatisation. Afin d’expliquer les résultats élevés de l’autostigmatisation à la sous-

échelle « Honte », soulevons que l’on demande aux participants lorsqu’ils remplissent ce

questionnaire de répondre aux affirmations en se mettant dans la situation comme s’ils

vivaient présentement un épisode dépressif. Ceci pourrait évoquer automatiquement un

sentiment d’échec chez les participants. En effet, revivre un épisode peut équivaloir, pour

certains, à un retour douloureux en arrière ou peut connoter négativement l’avancement

de leur rétablissement. Notons également que l’autostigmatisation a notamment pour effet

de diminuer l’estime de soi, le sentiment d’efficacité et la confiance en son propre avenir

(Corrigan et Rao, 2012), qui sont des concepts très près de ceux composant les sous-

échelles du SSDS.

Concernant la sous-échelle « Inhibition à aller chercher de l’aide », il est

encourageant de constater que les participants de l’échantillon expérimentent peu cette

composante de l’autostigmatisation (X = 13,94), considérant le fait que la stigmatisation

représente une embuche non négligeable à la recherche d’aide ainsi qu’à la participation

Page 85: Le rétablissement et les représentations sociales de la

73

sociale (Corrigan, 2004; Corrigan, Druss et Perlick, 2014). Bien que l’étendue suggère que

certains participants vivent de l’inhibition par rapport à la recherche d’aide en raison de

l’autostigmatisation, la médiane ainsi que la moyenne nous confirment que les scores

varient normalement et qu’il y a peu de scores extrêmes. Ainsi, cela pourrait vouloir dire

qu’il est relativement encouragé par la société de chercher de l’aide au besoin et que les

personnes qui vivent ou qui ont vécu un épisode dépressif ont intégré le fait de ne pas

avoir à se sentir embarrassées d’aller chercher de l’aide professionnelle ou si d’autres

personnes étaient au courant de cela, par exemple. Également, cela met de l’avant le fait

que les participants reconnaissent les bienfaits d’une aide extérieure, d’autant plus que cet

aspect se retrouve autant dans les éléments considérés comme les plus importants dans

le rétablissement que dans les représentations sociales. Bien que la différence entre la

moyenne du groupe 1 (X = 14,54) ne soit pas significativement différente de celle du

groupe 2 (X = 13,33), il est intéressant de constater qu’elle est un peu plus élevée chez le

groupe 1. Cela pourrait être lié au fait que l’épisode dépressif duquel ils sont mis en

situation est plus près d’eux sur le plan temporel. Ainsi, le fait de consulter un psychologue

pour les participants, par exemple, est plus récent pour eux, rendant donc plus facile de se

rappeler d’une absence de honte par rapport à cet aspect. Toutefois, ce résultat demeure

assez paradoxal avec la portion de l’échantillon qui ne s’imaginait pas pouvoir parler de

leur situation avec leur entourage. Cela pourrait s’expliquer par le fait qu’il peut être plus

facile de parler avec un inconnu qui est formé pour avoir une attitude de non-jugement.

En ce qui concerne l’inadéquation sociale, la différence des moyennes relevée

entre les hommes et les femmes (respectivement X = 13,25 et X = 8,1412) indiquent que

les participantes ont intériorisé une plus grande stigmatisation d’un point de vue social. En

effet, le fait de vivre un épisode dépressif les font se sentir moins à leur place ainsi

qu’inadéquates dans les contextes sociaux. Cela pourrait vouloir dire que les femmes de

l’échantillon accordent davantage d’importance à l’opinion et au regard des autres et

qu’elles se considèrent davantage comme un fardeau socialement.

Compte tenu de ce qui précède, il est pertinent de se pencher sur une réaction

partagée par beaucoup de participants lors de la passation du SSDS. Effectivement, à

mesure qu’ils indiquaient leur degré d’accord ou de désaccord avec les différents

énoncés, plusieurs remarquaient qu’ils étaient très durs envers eux-mêmes dans leurs

12

Rappelons que les sous-échelles du SSDS sont inversées et que, par conséquent, plus le score obtenu est

bas, plus l’autostigmatisation est élevée.

Page 86: Le rétablissement et les représentations sociales de la

74

réponses. Ils n’avaient pas de compassion envers leur propre situation et manifestaient

très peu de bienveillance envers eux-mêmes. L’autostigmatisation semble donc être liée à

des exigences envers soi très élevées. De plus, ce phénomène pourrait être lié à la

responsabilisation. En d’autres termes, une personne qui vit un épisode dépressif a

tendance à s’attribuer la faute de sa situation, d’un point de vue personnel. Les

corrélations mettant de l’avant les sous-échelles du SSDS appuient cette idée. En effet, un

fort sentiment de honte est lié à une forte inhibition à demander de l’aide (r = ,44) ainsi

qu’à de l’autoblâme plus élevé (r = ,70), ces deux derniers aspects étant aussi liés entre

eux de la même intensité (r = ,63). Cela nous indique donc que plus on se blâme soi-

même, et par le fait même qu’on se convainc que notre situation est de notre faute, plus

on s’attribue la responsabilité. Cela apporte de la honte qui encourage des comportements

d’isolement car, d’une part, il est logique de croire que si le problème vient de nous, la

solution doit également venir de nous et, d’autre part, la responsabilisation accentue la

honte et peut amener la peur du jugement d’autrui. Quelques participants ont soulevé qu’il

est paradoxal de constater que ces réflexions ne sont jamais présentes pour un penchant

physique, comme une jambe cassée par exemple. Cela se reflète également dans la

tendance à moins financer les recherches et les programmes en lien avec la santé

mentale ainsi qu’à les considérer comme étant moins importants en comparaison avec

ceux concernant la santé physique (Kirby et Keon, 2006).

À la lumière des résultats, il est surprenant de constater que les différentes sous-

échelles du SSDS ne corrèlent d’aucune façon avec celles du RAS (voir le tableau 7).

Cela ne veut évidemment pas dire que l’autostigmatisation n’est pas un obstacle au

rétablissement. Après tout, l’autostigmatisation représente l’intégration des stigmates, et

ceux-ci occasionneraient davantage de souffrance que le trouble mental lui-même

(Schulze et Angermeyer, 2003; Stuart, 2003). En revanche, cela pourrait nous laisser

croire que ces deux concepts évoluent de manière indépendante. Ainsi, ce n’est pas parce

qu’une personne est rétablie qu’elle ne vit ou ne vivra pas d’autostigmatisation.

Toutefois, une question demeure; les représentations sociales négatives de la

dépression portent-elles la personne à vivre de l’autostigmatisation, et ce

indépendamment de son avancement dans son processus de rétablissement, ou bien

l’autostigmatisation porte-t-elle la personne à se construire des représentations sociales

négatives? Ou encore, ces deux concepts sont-ils liés de manière bidirectionnelle?

Page 87: Le rétablissement et les représentations sociales de la

75

Les limites et les forces de l’étude

Il va de soi que, comme il s’agit d’un projet pilote, les limites concernent

principalement les interprétations des résultats significatifs qui demandent de la prudence

et de la parcimonie en raison, notamment, du petit échantillon. Effectivement, la présente

étude n’a pas la prétention de pouvoir aller plus loin que la caractérisation des différents

groupes ainsi que la proposition d’hypothèses qui pourront être approfondies dans des

études subséquentes.

De plus, comme les personnes se trouvant au début de leur rétablissement sont

nettement plus difficiles à recruter, comme il a été question dans la partie traitant de la

méthodologie, l’échantillonnage peut représenter une limite. En effet, comme nous

suggérons qu’il devrait exister une différence plus grande entre un groupe de personnes

rétablies et un groupe d’individus se trouvant au début de leur processus, les différences

entre des personnes rétablies en comparaison à d’autres qui se considèrent avancées

dans leur rétablissement sont plus subtiles. D’un autre côté, rappelons que le fait de vivre

une dépression peut occasionner, entre autres, des difficultés sur le plan cognitif. Cela

pourrait représenter un obstacle quant à la participation optimale de certains participants

se trouvant au début de leur rétablissement, la complétion des questionnaires demandant

un effort de concentration et d’attention soutenu.

Enfin, notons que la catégorisation des différents mots sous forme de thèmes

demeure subjective. Également, comme les mots présents dans les différents réseaux

d’associations des participants ne présentent pas le contexte de leur apparition, cela a

rendu leur catégorisation plus difficile.

Toutefois, et ce particulièrement en lien avec la méthode des réseaux

d’associations, notons que les participants ont préféré cet exercice en comparaison à la

complétion de questionnaires. En effet, plusieurs ont manifesté le caractère à la fois

personnel et moins rigide de cet outil. De plus, la nature plus libre de cet exercice a

également permis d’ouvrir plus facilement le dialogue avec les participants, ces derniers

disant également se sentir « moins en évaluation ». Aussi, la tâche libre permettait aux

participants de sortir du discours dominant dans le domaine de la santé à propos de la

dépression pour se centrer sur leur position par rapport à cette maladie ainsi que sur leur

propre expérience. La méthodologie comportait d’autres forces, notamment le fait de lire

les énoncés à haute voix avec les participants, ce qui leur permettait de faire des

rétroactions lorsqu’ils le désiraient. La dernière question posée lors de l’entrevue, soit celle

Page 88: Le rétablissement et les représentations sociales de la

76

en lien avec l’élément qu’ils considéraient comme étant le plus important dans leur

rétablissement, représente aussi un bon point, puisqu’elle permettait de terminer la

rencontre sur une note positive et pouvait également susciter une plus grande ouverture

et, par le fait même, des confidences.

Malgré les écueils rencontrés durant le recrutement, la composition de l’échantillon,

quant à elle, peut aussi être considérée comme un point fort de l’étude. Effectivement, il

est important de souligner que la composition similaire des différents groupes les rend

comparables entre eux et le nombre de participants recrutés est, au final, plus grand que

celui espéré initialement. De plus, le fait d’avoir plusieurs personnes qui provenaient

d’ailleurs que le Québec a apporté une certaine richesse dans les réponses. Cela a donné

lieu à des discussions enrichissantes sur les différences culturelles, entre autres. Enfin, le

caractère novateur de l’étude a permis d’approfondir de nouvelles connaissances sur le

sujet, considérant que beaucoup d’études se sont penchées sur les croyances et attitudes

au regard des causes, des traitements et des conséquences possibles de la dépression,

mais qu’aucune n’avait abordé ce que représente la dépression pour des personnes

l’ayant expérimentée personnellement en lien avec leur rétablissement. Somme toute,

relevons que ce projet pilote serait réalisable, tel qu’il a été initialement pensé, à plus

grande échelle.

Les retombées et les recommandations pour la pratique en travail social

Plusieurs retombées découlent de la présente étude. Tout d’abord, considérant son

caractère novateur, les résultats apportent de nouvelles informations dans le champ

d’études des représentations sociales, du rétablissement, de la dépression ainsi que de

l’autostigmatisation. À la lumière des résultats, il est possible de constater que des

activités de sensibilisation doivent continuer d’être faites tant auprès de la population

générale qu’auprès des personnes vivant un épisode de dépression majeure.

Effectivement, il faut rappeler que les représentations sociales sont en mouvement;

celles de la société tendent à s’assouplir en raison des nombreuses campagnes de

sensibilisation. Il serait donc naturel de penser que les représentations de la dépression

envers soi-même peuvent aussi évoluer positivement, entre autres grâce à la promotion

du rétablissement et de la santé mentale. Cet aspect a toujours été présent dans les

valeurs du travail social, et les résultats appuient l’importance de la place qu’occupe la

croyance en l’espoir de se rétablir de chaque personne (OTSTCFQ, 2012). Aussi, toutes

les personnes qui ont participé à l’étude représentent des exemples de rétablissement et

Page 89: Le rétablissement et les représentations sociales de la

77

de persévérance. À la lecture de ce mémoire, il est donc inévitable de réaliser le caractère

temporaire d’un épisode dépressif. Toutefois, pour certains, ce caractère temporaire peut

également être récurrent, une personne ayant vécu un épisode dépressif étant plus à

risque d’en vivre d’autres.

Notons, pour les personnes ayant un historique de dépression, l’apport important

de l’intervention de pleine conscience couplée à la thérapie cognitivo-comportementale

pour aider à prévenir les rechutes (Segal, Williams et Teasdale, 2006)13. Parallèlement

aux évènements psychosociaux négatifs qui peuvent précipiter un épisode dépressif, les

modèles mentaux, qui structurent les relations entre les pensées et les sentiments

négatifs, peuvent être un facteur de risque à revivre une dépression. Opérer un

changement radical sur ceux-ci représente donc un moyen de prévenir les rechutes, ce

qui va de pair avec l’approche du rétablissement. De ce fait, opter pour un travail

introspectif, plutôt que de voir le rétablissement uniquement en fonction de la rémission

complète des symptômes, s’avère un choix payant à long terme.

L’un des résultats les plus importants qui est ressorti de l’étude et sans nul doute

l’importance du soutien des proches dans le rétablissement d’un épisode dépressif

majeur. Face à cette constatation, il demeure important, d’une part, d’offrir du soutien à

l’entourage des personnes souffrant d’un trouble mental et de les impliquer dans les suivis

psychosociaux. Cela préviendrait leur épuisement et représenterait une force considérable

chez l’individu. D’autre part, impliquer les proches pourrait agir comme un filet de

protection par rapport à la stigmatisation et l’autostigmatisation. Cela les protègerait

également de vivre eux-mêmes une catégorie de stigmatisation que Moses (2014) appelle

le stigmate de courtoisie. En parallèle à l’importance de l’entourage, l’étude a soulevé une

forte tendance à l’isolement chez les participants, et ce, sans compter que la

symptomatologie de la dépression cause régulièrement des bris au sein des différents

réseaux sociaux de la personne en souffrant (Cacioppo et al., 2010; Rajaratnam et al.,

2008). De plus, les personnes présentant des troubles mentaux se retrouvent

régulièrement en attente de services, contribuant ainsi à leur isolement. Une suggestion

importante à nos yeux est de miser sur l’offre d’aide mutuelle dans un groupe de soutien

lorsque les personnes sont en attente de services. Toutefois, considérant les limites

organisationnelles quant à la formation des groupes de soutien formel, il serait intéressant

13

Bien que la TCC soit une activité réservée aux psychologues selon la Loi 21, l’approche de pleine conscience n’est pas une activité réservée à une discipline.

Page 90: Le rétablissement et les représentations sociales de la

78

que les personnes en attente de recevoir des services psychosociaux soient fortement

encouragées à former des groupes de soutien davantage de type informel. Cette

suggestion fait directement écho au témoignage d’un participant qui avait spontanément

créé un groupe de soutien entre des personnes de son entourage qui vivaient globalement

les mêmes difficultés après s’être dévoilé « publiquement ». Ainsi, encourager les gens à

se dévoiler pourrait résulter en la création d’un réseau plus sensible et engagé. En

d’autres termes, éliminer l’aspect du secret d’un diagnostic contribue à sa normalisation et,

par le fait même, diminue la stigmatisation vécue. De plus, briser l’isolement pour recevoir

un meilleur soutien social est également indiqué au vu des résultats obtenus dans l’étude

de Tremblay (2013).

Dans le même ordre d’idées, considérant que les campagnes de sensibilisation

large public ont peu d’effets, il est recommandé d’opter vers des méthodes de

sensibilisation ciblée. D’abord, côtoyer directement la maladie mentale permet au grand

public d’être sensibilisé davantage à ce qu’ils vivent, diminuant par le fait même leurs

préjugés et augmentant l’inclusion sociale. L’activité de bibliothèque vivante en est un

excellent exemple, où les individus touchés par un problème de santé mentale deviennent

des « livres vivants » qui partagent leur expérience avec d’autres personnes de leur

communauté (Samson, 2014). Ces rencontres personnelles brisent les tabous et

permettent un sentiment plus élevé de proximité, d’autant plus que cela encourage la

vision que la population est responsable d’aider les gens avec des troubles mentaux

(Corrigan, 2016). Soulevons le changement d’attitude que ce type de campagne peut

soulever chez les gens en général, mettant l’accent sur une vision plus concrète de la

place centrale du rétablissement, de l’appropriation du pouvoir et de l’autodétermination.

Ces aspects sont non seulement positifs pour l’inclusion sociale (Corrigan, Powell et

Michaels, 2014), mais cette recommandation va également de pair avec l’un des principes

directeurs du plan d’action en santé mentale 2015-2020, soit des soins et des services

orientés vers le rétablissement avec des valeurs de primauté de la personne, de

partenariat avec les membres de l’entourage et de partage des responsabilités (MSSS,

2015).

Considérant l’effet que peuvent avoir les médias sur l’opinion publique, ces

derniers étant la principale source de renseignements sur la maladie mentale (Nairn et

Claasen, 2002; Wahl, 1992), une action serait aussi nécessaire en ce sens. Effectivement,

il faut soulever que les médias de masse propagent des images stigmatisantes selon trois

Page 91: Le rétablissement et les représentations sociales de la

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catégories; le divertissement, soit les films et les séries télévisées, les nouvelles, qu’elles

proviennent des journaux, de la radio ou de programmes télévisés, ainsi que les publicités

(Wahl, 1995). Les facteurs négatifs de dangerosité, de violence, de criminalité et

d’imprévisibilité sont mis de l’avant lorsque des situations impliquent une personne atteinte

d’une grave maladie mentale (Corrigan et al, 2005; Coverdale, Nairn et Claasen, 2002;

Stout, Villegas et Jennings, 2004; Wahl, 1995 et 1992). Plus spécifiquement à la

dépression, c’est le modèle biomédical qui est diffusé, contribuant à favoriser certains

préjugés et la stigmatisation par le fait même (Pescosolido et al., 2010; Phelan, 2005;

Tremblay, 2013). En réponse à cela, une sensibilisation ciblée du même type que l’activité

de bibliothèque vivante pourrait avoir lieu directement dans les médias. Par exemple, une

entrevue pourrait avoir lieu à la radio entre un animateur populaire et une personne vivant

avec un trouble mental. Elle pourrait non seulement changer la perception chez

l’animateur, qui pourrait par la suite avoir une attitude plus positive en ondes, mais aussi

chez les auditeurs. Non seulement être en contact avec un modèle positif de

rétablissement peut aider à diminuer la stigmatisation, mais cela peut permettre

l’apprentissage d’informations justes et dénuées de stéréotypes. De plus, promouvoir des

modèles psychosociaux positifs permet aux gens de voir la maladie mentale comme une

réaction compréhensible à certains évènements du contexte sociétal, ce qui diminue la

stigmatisation (Read, Haslam, Sayce et Davies, 2006). Il serait donc pertinent de donner

un droit de parole plus grand aux personnes touchées par un trouble mental, considérant

qu’entre 2005 et 2010, seulement 14% des articles de la presse francophone du Québec

axée sur la couverture de la santé mentale citaient les déclarations de personnes atteintes

de maladie mentale (Whitley, 2012).

De plus, tel que soulevé par Tremblay (2013) : « L’établissement d’une

compréhension mutuelle cohérente de la dépression reste un défi » (p.59). De ce fait, il

s’avère primordial que les professionnels de la santé mettent un point d’honneur à la

communication avec les personnes souffrant de dépression afin de pouvoir saisir leur

réalité bien personnelle ainsi que l’importance qu’elles peuvent accorder à certains

facteurs comme les effets secondaires d’une médication ou la perception du soutien

qu’elles reçoivent. De là, la collaboration ainsi que le travail thérapeutique en seront

grandement facilités. De plus, les intervenants, qui abordent déjà une attitude

bienveillante, auraient avantage à aider les personnes souffrant de dépression à

développer une attitude similaire envers eux-mêmes. En effet, les participants de l’étude

ont remarqué avoir été durs envers eux et leur situation. Éprouver de la compassion pour

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80

soi peut donc être un facteur de protection au long cours. Enfin, tel que suggéré par

certains participants, le fait de mettre un visage à son expérience de dépression par le

recours à des analogies est aidant non seulement dans le processus de rétablissement,

mais également dans le sens donné à son expérience.

Concernant les suggestions sur le plan de la recherche, comme cette étude est un

projet pilote, il va de soi qu’il serait pertinent de refaire la même étude à plus grande

échelle, considérant que plusieurs résultats qui sont ressortis de la présente étude tendent

à indiquer qu’un groupe plus avancé dans son rétablissement aurait des représentations

sociales plus positives, une meilleure confiance en soi et une plus grande disposition à

l’espoir, entre autres. Évidemment, il serait particulièrement pertinent de reproduire l’étude

en incluant des participants se trouvant au tout début de leur processus de rétablissement,

tel qu’il avait été envisagé au départ. Effectivement, les groupes avancés et rétablis sont

probablement plus similaires entre eux comparativement à celui des personnes se

trouvant au début, puisqu’à ce moment, seule l’expérience de la maladie est vécue, et non

celui du rétablissement. Ainsi, il n’est pas impensable de croire que les résultats entre trois

groupes seraient davantage significatifs. Notons toutefois que plus le processus de

rétablissement est avancé, plus la personne a du recul pour pouvoir parler de son

expérience. Plusieurs participants ont d’ailleurs soulevé qu’ils n’auraient pas été en

mesure de discuter de leur épisode dépressif au moment où ils le vivaient. Donc, ceci

représente une importante limite à recruter des personnes qui seraient au début d’un

processus de rétablissement. Il serait probablement plus facile pour des cliniciens

chercheurs ayant un accès plus direct aux personnes hospitalisées ou récemment libérées

de l’hospitalisation de recruter les personnes en début de rétablissement.

D’autre part, il serait intéressant d’explorer chez des personnes ayant vécu un

épisode dépressif les représentations sociales du rétablissement en soi, car la conception

peut être différente et varier d’une personne à l’autre. Également, il serait intéressant de

vérifier si les personnes croient que la rémission complète est possible ou non. En effet,

plusieurs participants ont manifesté par elles-mêmes leur opinion sur le sujet. Cela

pourrait éventuellement être une variable à contrôler, les personnes ne croyant pas au

rétablissement à 100% pouvant possiblement avoir des représentations plus négatives.

De plus, l’approfondissement du lien bidirectionnel entre l’autostigmatisation et les

représentations sociales négatives de la dépression serait aussi intéressant, étant donné

que les stigmates peuvent être une barrière significative à l’atteinte d’objectifs de

Page 93: Le rétablissement et les représentations sociales de la

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réadaptation (Corrigan, 2016). En ajout à cela, il serait recommandé d’explorer leur

expérience par rapport à la consultation d’un psychologue et la prise de médicaments, ces

variables pouvant possiblement être à contrôler en raison de l’impact qu’elles pourraient

avoir sur la vision de la dépression. Enfin, il serait pertinent, dans une étude subséquente,

d’explorer davantage l’aspect d’inadéquation sociale chez les femmes, considérant que

dans les écrits scientifiques, les hommes semblent moins bien accepter le fait d’être

dépressifs. Le contexte social pourrait être vécu différemment par les femmes et les

hommes, d’autant plus que les femmes sont plus à risque de vivre une dépression (Santé

Canada, 2009).

Page 94: Le rétablissement et les représentations sociales de la

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CONCLUSION

La dépression représente le trouble mental le plus répandu dans la population

canadienne actuelle. Malgré son caractère commun, il est théoriquement possible de

relever 227 manifestations cliniques répondant à un diagnostic d’épisode dépressif majeur

selon le DSM-IV-TR (Zimmerman et al., 2015). C’est donc dire que l’expérience de la

dépression peut grandement varier d’une personne à l’autre, tout comme la manière dont

elle se la représente et donne un sens au rétablissement qui s’en suit, d’autant plus

qu’une partie importante de la variance de l’état dépressif peut être expliquée par la

perception de la maladie (Edwardsa, Suresha, Lyncha, Clarksona et Stanley, 2001;

Scharloo et Kaptein, 1997). L’étude des représentations sociales de la dépression dans un

contexte québécois est un domaine très peu exploré à ce jour. De ce fait, ce mémoire

représente un projet pilote qui pourra être repris à plus grande échelle dans le futur afin de

se pencher davantage sur les résultats qu’il a soulevés.

La présente étude avait pour objectifs d’explorer l’existence d’un lien entre les

représentations sociales de la dépression chez des personnes souffrant de ce trouble et

leur rétablissement ainsi que de savoir s’il existait des différences entre celles-ci,

dépendamment de l’avancement dans le processus de rétablissement. Également, l’étude

visait la caractérisation des groupes. Ceux-ci sont définis selon l’avancement des

participants dans leur processus de rétablissement. À la suite de l’impossibilité de recruter

des personnes se trouvant au début de leur rétablissement, deux groupes ont été retenus

à l’étude. Le groupe 1 est donc constitué de 13 personnes se considérant avancées dans

leur processus de rétablissement, tandis que le groupe 2 est formé 12 personnes se

déclarant rétablies. La portion quantitative de la méthodologie a été réalisée à l’aide de

questionnaires évaluant la dépression, le rétablissement, l’autostigmatisation et la

disposition à l’espoir. Le volet qualitatif, quant à lui, a été analysé au moyen de la

technique des réseaux d’associations ainsi que des questions ouvertes à propos de

l’expérience de la dépression des participants.

L’analyse des résultats s’est faite en grande partie à l’aide du logiciel SPSS®. Au-

delà de la caractérisation des participants, des scores obtenus aux différentes échelles à

l’étude et de l’analyse des réseaux d’associations, des corrélations et des tests-t ont

permis de faire ressortir de nombreux résultats significatifs et de caractériser en bonne

partie deux profils distincts. Parmi les plus notables, notons la connotation générale

Page 95: Le rétablissement et les représentations sociales de la

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négative des représentations sociales, le groupe 2, soit celui composé des individus se

considérant rétablis, ayant énoncé une plus grande part de mots positifs que de mots

neutres. Spontanément, les participants nommaient dans leur réseau d’associations des

mots négatifs et importants pour eux. Sommairement, les profils des deux groupes en lien

avec les représentations sociales sont semblables, sauf en ce qui à trait pour les thèmes

« rétablissement » et « conséquences », le premier étant davantage présent chez le

groupe 2 par rapport au deuxième. De plus, le mot le plus fréquemment évoqué est

« tristesse » et le thème le plus populaire regroupe les différents symptômes de la

dépression. Enfin, notons que le recul avec l’expérience d’un épisode dépressif permet de

faire ressortir le côté plus positif d’une expérience hautement négative.

En ce qui concerne la dépression, il s’avère qu’un épisode laisse des traces

considérant la persistance de certains symptômes, notamment les difficultés cognitives et

de sommeil. Un nombre élevé de symptômes est lié à une disposition à l’espoir, une

motivation à demander de l’aide et une tendance à avoir des objectifs plus faibles. La

gravité de la dépression, quant à elle, est liée à une disposition à l’espoir, une autogestion

de la maladie, une confiance en soi et une tendance à avoir des objectifs personnels plus

faibles également. Il en ressort que l’évolution d’un épisode dépressif est indépendante du

processus de rétablissement et, par conséquent, parallèle à celui-ci.

En ce qui a trait au rétablissement, il demeure que sa définition est assez

personnelle et qu’il n’y a pas d’unanimité dans l’échantillon à propos de croire ou non à un

rétablissement possible à 100%. L’élément le plus déterminant du rétablissement soulevé

par les participants est le soutien de leurs proches, mettant en lumière l’importance de

l’accueil de l’entourage lors d’un dévoilement d’un trouble mental. Toutefois, notons que

beaucoup de participants ont mentionné le caractère secret et les non-dits en lien avec

leur diagnostic, ces derniers étant liés en partie à la stigmatisation ainsi qu’à

l’autostigmatisation. De plus, les éléments marquants du rétablissement font partie des

représentations sociales de la dépression. Chez le groupe 1, les participants ont obtenu

des scores plus élevés dans les sous-échelles de la confiance en soi et de l’espoir ainsi

que de l’autogestion de la maladie en comparaison avec l’importance de se relier aux

autres. Cela veut dire que le rétablissement du groupe 1 est moins avancé en ce qui a trait

aux sous-échelles de confiance en soi et d’autogestion de la maladie, alors que

l’importance de se relier aux autres est la composante du rétablissement la plus

développée. Le groupe 2, quant à lui, avait une confiance en soi plus grande que le

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groupe 1, malgré que cette composante du rétablissement était la moins avancée en

comparaison aux autres sous-échelles. Notons toutefois que les deux groupes ont une

bonne disposition à l’espoir malgré le fait que le résultat du groupe 2 est significativement

plus élevé. Enfin, la disposition à l’espoir est la variable avec le plus de corrélations

significatives avec le rétablissement. Donc l’espoir de se rétablir serait un vecteur

important du rétablissement.

Enfin, par rapport au dernier concept central à l’étude, notons que les personnes

vivant ou ayant vécu une dépression présentent un haut degré d’autostigmatisation,

notamment de honte, d’autoblâme et d’inadéquation sociale, et ce, sans égard à leur

avancement dans leur rétablissement. Il est toutefois encourageant de constater que les

participants expérimentent peu d’inhibition à chercher de l’aide. Également, soulevons

l’unique différence retrouvée entre les résultats des hommes et des femmes, ces

dernières manifestant davantage un sentiment d’inadéquation sociale et intériorisant, par

le fait même, une plus grande stigmatisation d’un point de vue social. Finalement, les

sous-échelles du SSDS (autostigmatisation) ne corrèlent d’aucune façon avec celles du

RAS (rétablissement), ce qui pourrait nous laisser croire que ces deux concepts évoluent

de manière indépendante.

Finalement, la rédaction de ce mémoire a donné lieu à de nombreuses

suggestions. D’abord, afin de briser l’isolement, nous soulevons l’apport bénéfique des

groupes de soutiens formel et informel. Cela va de pair avec l’encouragement du

dévoilement des personnes ayant un trouble mental. Pour les intervenants, il est suggéré

de privilégier une collaboration optimale afin de favoriser la compréhension mutuelle de la

situation des personnes dépressives, d’encourager la bienveillance envers soi ainsi que le

fait de mettre un visage sur son expérience par le recours à des analogies, par exemple.

Afin de gérer les rechutes, la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience comporte

de nombreuses forces. De plus, notons le caractère essentiel du soutien aux proches

d’une personne vivant un épisode dépressif. Enfin, dans une optique de sensibilisation à

plus grande échelle, la méthode de sensibilisation ciblée, soit la bibliothèque vivante, ou

encore la sensibilisation directe auprès de journalistes, par exemple, est assurément à

préconiser autant sur les plans individuels, de la population générale et auprès des

médias.

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Annexe A : Le dépliant informatif de recrutement

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Annexe B : Le formulaire de consentement

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Annexe C : Le questionnaire

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Annexe D : Évaluation du résultat au DID

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Annexe E : Version anglaise originale de l’inventaire pour la dépression

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Annexe F : Version anglaise originale de l’échelle d’autostigmatisation

de la dépression

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Annexe G : Listes de ressources suggérées

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Listes de ressources suggérées – lignes téléphoniques d’écoute ou d’intervention*

Association québécoise de prévention du suicide (AQPS)

418 614-5909

www.aqps.info

Centre de prévention du suicide de Québec

1 866 277-3553 (1 866 APPELLE)

www.cpsquebec.ca

Centre de crise de Québec

418 688-4240

www.centredecrise.com

Association canadienne pour la santé mentale Région de Québec

418 529-1899

www.acsmquebec.org

Maison de la famille de Québec

418 529-0263

http://www.mf-quebec.org/

OCEAN (Organisation communautaire d’écoute et d’aide naturelle)

418 522-3283

http://org-ocean.com/

Centre de jour l’Envol

418 622-8780

www.facebook.com/Centre-de-jour-lEnvol-Page-certifiée-1745287659087864

*Cette liste ne se veut pas exhaustive. Pour cibler des services qui répondent à vos besoins en

particulier, je vous recommande de contacter le 211, qui est un service téléphonique d’information

sur les services communautaires, publics et parapublics de la Capitale-Nationale et de la

Chaudière-Appalaches. Il est également possible de faire une recherche en visitant leur site

internet : http://www.211quebecregions.ca

Page 146: Le rétablissement et les représentations sociales de la

134

Annexe H : Tableaux détaillés des répartitions des mots des réseaux d’association

selon les thèmes

Page 147: Le rétablissement et les représentations sociales de la

135

Tableau de la répartition des mots des réseaux d’association de l’échantillon

1. Symptômes (94)

Activité physique (1) Lourdeur (1)

Angoisse (1) Mal-être (1)

Anxiété (5) Manque d'énergie (1)

Apathie (1) Mélancolie (1)

Arrêt de vivre (1) Mort (1)

Baisse d'énergie (1) Motivation affaiblie (1)

Cerveau ne fonctionne plus normalement (1) Pas de concentration (1)

Colère (2) Pas de mémoire (1)

Culpabilisation des autres (1) Pas de motivation (1)

Déprime (1) Pas de patience (1)

Désespoir (2) Pas de plaisir (1)

Destruction de soi (1) Pas de tolérance (1)

Détresse (2) Pas d'énergie (1)

Distorsions cognitives (1) Pensées destructrices (1)

Dormir (1) Pensées négatives (1)

Envie de rien faire (1) Pensées noires (1)

Épuisement (1) Persistance des symptômes (1)

Fatigue (8) Perte de contrôle (1)

Frustration (2) Perte de plaisir (2)

Gain de poids (1) Perte d'intérêt (1)

Hypersomnie (1) Pleurs (5)

Idéations suicidaires (2) Sommeil (1)

Idées noires (1) Souffrance (3)

Inactive (1) Stress (1)

Insomnie (2) Suicide (4)

Irritable (1) Tête pleine (1)

Larmes (1) Tristesse (13)

Lassitude (1)

2. Traitements & Traitants (14)

Docteur (1) Psychologue (1)

Hôpital (2) TCC (1)

Hospitalisation (1) Thérapie (1)

Médecin (2) Traitement psychologique (1)

Médication (4)

3. Causes (7)

Accident auto (1) Mal physique (1)

Arrivée à l'âge «adulte» (1) PTSD depuis l'enfance (1)

Dimension héréditaire (1) Trouble alimentaire (1)

Loin de chez-moi (1)

4. Conséquences (68)

Affaiblissement réseau social (1) Isolement (11)

Arrêt de tous les projets (1) Limitations (1)

Aucune solution (1) Malaise (1)

Besoin d'aide (3) Manque (1)

Déception (1) Manque de compétences (1)

Déception de soi (1) Méfiance/paranoïa (1)

Découragement (1) Méprisée (1)

Détérioration des relations (1) Mort de personnalité (1)

Deuil (1) Performance académique amoindrie (1)

Difficulté (1) Peur (3)

Dissociation (1) Pression (1)

Page 148: Le rétablissement et les représentations sociales de la

136

Douleur (1) Problème social (1)

Ennui (1) Problèmes familiaux (1)

Exigence envers soi-même (1) Refus d'échanger (1)

Fuite (1) Regard de l'autre (1)

Honte (1) Rejet (1)

Impression de ne plus être moi-même (2) Rejet de certaines personnes (1)

Impuissance (1) Relations limitées (1)

Incapacités (1) Remises en question (1)

Incertitude (1) Retrait social (1)

Incompréhension (1) Solitude (10)

Inconfort (1) Tensions au sein du couple (1)

5. Préjugés/stéréotypes (6)

Faible (1) Handicap (1)

Faiblesse (2) Tabou santé mentale (1)

Fou (1)

6. Définitions/Images (27)

Abandon (1) Longue épreuve (1)

Brouillard (1) Maladie (3)

Commun (1) Négatif (1)

Curable (1) Noir (4)

Décombres (1) Plate (1)

Difficile (1) Récurrence (1)

Échec (2) Signal d'alarme (1)

Épisodes passagers (1) Vide (5)

Gris (1)

7. Rétablissement (34)

Acceptation de mes limites (1) Processus (1)

Accepter de dépendre des autres (1) Réapprendre à s'aimer (1)

Accepter l'aide des autres (1) Réapprendre à se faire confiance (1)

Apprentissages (1) Recentrage (1)

Autonomisation (1) Redécouverte de mes intérêts (1)

Bienveillance (1) Redéfinition des relations sociales (1)

Compréhension de l'autre (1) Redéfinition de soi (1)

Congruence (1) Rémission (1)

Espoir (1) Rétablissement (2)

Étape (1) Santé mentale (2)

Faire attention à soi constamment (1) Sport (1)

Honnêteté (1) Suivre son instinct (1)

La parole arrange les choses (1) Temps (3)

On peut demander de l'aide (1) Travail sur estime de soi (1)

Persévérance dans le rétablissement (1) Victoire (1)

8. Réseau social (7)

Ami(es) (2) Famille (4)

Conjoint (1)

Page 149: Le rétablissement et les représentations sociales de la

137

Tableau de la répartition des mots des réseaux d’association du groupe 1

1. Symptômes (45)

Activité physique (1) Insomnie (2)

Anxiété (2) Irritable (1)

Apathie (1) Lassitude (1)

Baisse d'énergie (1) Lourdeur (1)

Colère (2) Mélancolie (1)

Déprime (1) Motivation affaiblie (1)

Désespoir (1) Pensées noires (1)

Détresse (2) Persistance des symptômes (1)

Distorsions cognitives (1) Perte de plaisir (1)

Dormir (1) Pleurs (1)

Envie de rien faire (1) Sommeil (1)

Fatigue (7) Stress (1)

Frustration (1) Suicide (2)

Idéations suicidaires (1) Tristesse (7)

2. Traitements & Traitants (8)

Docteur (1) TCC (1)

Médication (4) Traitement psychologique (1)

Psychologue (1)

3. Causes (3)

Dimension héréditaire (1) PTSD depuis l'enfance (1)

Loin de chez-moi (1)

4. Conséquences (41)

Affaiblissement réseau social (1) Manque (1)

Besoin d'aide (3) Manque de compétences (1)

Deuil (1) Mort de personnalité (1)

Difficulté (1) Performance académique amoindrie (1)

Douleur (1) Pression (1)

Ennui (1) Problème social (1)

Impression de ne plus être moi-même (2) Problèmes familiaux (1)

Impuissance (1) Refus d'échanger (1)

Incertitude (1) Regard de l'autre (1)

Incompréhension (1) Rejet (1)

Inconfort (1) Relations limitées (1)

Isolement (7) Solitude (6)

Limitations (1) Tensions au sein du couple (1)

Malaise (1)

5. Préjugés/stéréotypes (4)

Faible (1) Handicap (1)

Faiblesse (1) Tabou santé mentale (1)

6. Définitions/Images (12)

Échec (1) Noir (2)

Épisodes passagers (1) Plate (1)

Longue épreuve (1) Récurrence (1)

Négatif (1) Vide (4)

Page 150: Le rétablissement et les représentations sociales de la

138

7. Rétablissement (8)

Compréhension de l'autre (1) Santé mentale (2)

Espoir (1) Sport (1)

Persévérance dans le rétablissement (1) Travail sur estime de soi (1)

Rétablissement (1)

8. Réseau social (4)

Ami(es) (1) Famille (2)

Conjoint (1)

Page 151: Le rétablissement et les représentations sociales de la

139

Tableau de la répartition des mots des réseaux d’association du groupe 2

1. Symptômes (49)

Angoisse (1) Mort (1)

Anxiété (3) Pas de concentration (1)

Arrêt de vivre (1) Pas de mémoire (1)

Cerveau ne fonctionne plus normalement (1) Pas de motivation (1)

Culpabilisation des autres (1) Pas de patience (1)

Désespoir (1) Pas de plaisir (1)

Destruction de soi (1) Pas de tolérance (1)

Épuisement (1) Pas d'énergie (1)

Fatigue (1) Pensées destructrices (1)

Frustration (1) Pensées négatives (1)

Gain de poids (1) Perte de contrôle (1)

Hypersomnie (1) Perte de plaisir (1)

Idéations suicidaires (1) Perte d'intérêt (1)

Idées noires (1) Pleurs (4)

Inactive (1) Souffrance (3)

Larmes (1) Suicide (2)

Mal-être (1) Tête pleine (1)

Manque d'énergie (1) Tristesse (6)

2. Traitements & Traitants (6)

Hôpital (2) Médecin (2)

Hospitalisation (1) Thérapie (1)

3. Causes (4)

Accident auto (1) Mal physique (1)

Arrivée à l'âge «adulte» (1) Trouble alimentaire (1)

4. Conséquences (27)

Arrêt de tous les projets (1) Incapacités (1)

Aucune solution (1) Isolement (4)

Déception (1) Méfiance/paranoïa (1)

Déception de soi (1) Méprisée (1)

Découragement (1) Peur (3)

Détérioration des relations (1) Rejet de certaines personnes (1)

Dissociation (1) Remises en question (1)

Exigence envers soi-même (1) Retrait social (1)

Fuite (1) Solitude (4)

Honte (1)

5. Préjugés/stéréotypes (2)

Faiblesse (1) Fou (1)

6. Définitions/Images (15)

Abandon (1) Échec (1)

Brouillard (1) Gris (1)

Commun (1) Maladie (3)

Curable (1) Noir (2)

Décombres (1) Signal d'alarme (1)

Difficile (1) Vide (1)

Page 152: Le rétablissement et les représentations sociales de la

140

7. Rétablissement (26)

Acceptation de mes limites (1) Processus (1)

Accepter de dépendre des autres (1) Réapprendre à s'aimer (1)

Accepter l'aide des autres (1) Réapprendre à se faire confiance (1)

Apprentissages (1) Recentrage (1)

Autonomisation (1) Redécouverte de mes intérêts (1)

Bienveillance (1) Redéfinition des relations sociales (1)

Congruence (1) Redéfinition de soi (1)

Étape (1) Rémission (1)

Faire attention à soi constamment (1) Rétablissement (1)

Honnêteté (1) Suivre son instinct (1)

La parole arrange les choses (1) Temps (3)

On peut demander de l'aide (1) Victoire (1)

8. Réseau social (3)

Ami(es) (1) Famille (2)