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ROYAUME DU MAROC LE MAROC DU CHANGEMENT : LES CHOIX DE L’A VENIR Sixième Session Méknes, 26 & 27 février 1997

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ROYAUME DU MAROC

LE MAROC DU

CHANGEMENT :LES CHOIX DE L’AVENIR

Sixième Session

Méknes, 26 & 27 février 1997

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LE MAROC DU

CHANGEMENT :LES CHOIX DE L’AVENIR

Sixième Session

Méknes, 26 & 27 février 1997

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«Les mutations profondes qui ont affecté tous les

domaines d'échange, au cours des cinq dernières

années, ont fait que le monde est passé d'une ère

à une autre, de sorte que l'on n'a plus désormais

aucune chance de résister aux courants extérieurs,

sinon par l'éclosion des potentialités endogènes,

que ce soit au niveau de la créativité et de l'inno-

vation, ou à celui de la productivité et de la

concurrence.»

EXTRAIT DU DISCOURSDE SA MAJESTÉ LE ROI HASSAN II

À L’OCCASION DE LA FÊTE DU TRÔNE 3 MARS 1996

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Conse i l Nat ional de la Jeunesse e t de l 'Avenir

Parus dans la même Collection :

Première Session

Le chômage des jeunes diplômés :Evaluation des résultats du recensementdes jeunes diplômés en chômage et del'enquête auprès des employeurs, janvier-février 1991. Rabat, CNJA, 1992

L'insertion des jeunes diplômés : program-me d'urgence pour un traitement productifdu chômage des jeunes diplômés, Rabat,CNJA, 1992.

Programme d'Information et d'Assistanceà la Création d'Entreprises, Rabat, CNJA,1992.

Programme National de FormationInsertion, Rabat, CNJA, Novembre 1992.

La Concertation Sociale au Maroc. Rabat,CNJA, Avril 1995 (Version française sousPresse).

Deuxième Session

Emploi des Jeunes en Milieu Rural, CNJA,1992.

Programmes intégrés de développementdans les zones d'actions prioritaires -Provinces de Fès, Taounate, Chefchaouenet Al Hoceima, Rabat, CNJA, Juin 1993.

Promotion des Activités Economiques enMilieu Rural, CNJA, Juin 1993.

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Le Maroc du changement : les cho ix de l ’Avenir

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Emploi et Structures Fonçières, Rabat,CNJA-AIAM, Janvier 1993.

Troisième Session

Quelle Education-Formation, quel Emploipour le Maroc de demain ? Programmed'action pour une meilleure articulationentre l'Education, la Formation etl'Emploi, Rabat, CNJA, Juin 1993.

Le développement de l'éducation de base,CNJA, Novembre 1994.

L'information et l'orientation dans le sys-tème de l'Education-Formation : Réalitéset perspectives, CNJA, Décembre 1994.

L'audiovisuel éducatif au service du déve-loppement des ressources humaines(Projet de création d'une radio-télévision àcaractère éducatif au Maroc), CNJA, Mars1995.

Formation concertée et partenariat, lesvecteurs de l'insertion professionnelle,CNJA, Avril 1995.

Quatrième Session

Les jeunes et l’entreprise : nouveauxenjeux, Rabat, CNJA, juillet 1995

Forum International : PartenariatInternational et création d’entreprise parles jeunes, Rabat, CNJA-CES Français, juillet1995

Cinquième Session

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SOMMAIRE

AVANT-PROPOS 12

INTRODUCTION 15

I. LES DIMENSIONS ET LES ATOUTSDU CHANGEMENT 22

A. Les dimensions du changement 22

1. L'état de la croissance économique 22

2. Les enjeux de la globalisation 35

3. Les mutations démographiques et la demande sociale 42

4. Les changements institutionnels et la participation de la population 53

B. Les atouts du changement 58

1. L'optimisation de la position géo-stratégique du Maroc59

2. La mobilisation des ressources physiques 59

3. La valorisation des ressources humaines 60

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II. LES CHOIX DE L'AVENIR 61

A. Les principes directeurs 61

1. L'efficacité économique et la cohésion sociale 61

2. La confiance et la stabilité 64

B. La vision stratégique 67

1. Les scénarios de l'avenir 67

2. Le scénario tendanciel 69

3. Le scénario alternatif 70

3.1. Les fondements du scénario alternatif 70

3.2. La dimension économique du scénario alternatif 79

3.3. La dimension sociale du scénario alternatif 87

C. La faisabilité des choixstratégiques de l'avenir 89

1. La stratégie globale 89

2. Les stratégies sectorielles 101

3. La stratégie sociale 128

4. La mobilisation des ressources 146

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D. Le rôle des acteurs 153

1. L'Etat et l'Administration 154

2. Les Collectivités Locales 161

3. Le rôle de l'entreprise 165

4. Le mouvement associatif 176

5. La femme : moteur du changement 179

6. Les jeunes 181

RAPPORTS DES COMMISSIONS 187

DECLARATION DE MEKNES A PROPOS 206DE L’INITIATIVE ROYALE RELATIVEA L’INSERTION DES JEUNES TITULAIRESD’UNE LICENCE

PLATE-FORME POUR LE MAROC 208DU 21EME SIECLE

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AVANT PROPOS

Al’aube du troisième millénaire, le Marocconnait une dynamique de changementcommandée par des facteurs internes et

externes. Les mutations de l’économie, de lasociété et celles structurant l’espace nécessitent larecherche de moyens adéquats pour maîtriser cechangement. Le Maroc prend ainsi conscience del’importance des enjeux liés à la mondialisation.

Alliant la réflexion à l’action pour rendre possiblela participation de toutes ses composantes, leCNJA a pu réunir les éléments d’un modèle dechangement concerté. Ce modèle prend appui surl’existence, la prospection et la transformation deslieux et acteurs du changement.

C’est dans ce sens que le thème de la sixièmeSession propose une synthèse entre les élémentsd’une nouvelle culture, qui réunit, dans un espritde dialogue, de solidaité et de concertation, l’en-semble des acteurs, des lieux et des valeurs duchangement.

L’ouverture peut être un facteur de changement àmême d’insuffler une nouvelle dynamique à l’éco-nomie nationale, grâce à des réformes touchant letissu socio-économique

Mais si l’insertion du Maroc dans l’économie mon-diale est un impératif, elle devrait intervenir aumoyen d’une participation active au sein des lieuxdu changement. Toutefois, ce processus d’inser-tion et d’adaptation ne pourra s’accomplir qu’à la

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condition que le Maroc se mette en position demettre en oeuvre, de manière maîtrisée, les choixstratégiques appropriés à ses contraintes écono-miques, ses choix politiques et à son identitésocioculturelle.

Cependant, on ne saurait percevoir la mondialisa-tion comme substitut d’un projet de société alter-natif.

La dynamique de la demande sociale est égale-ment identifiée comme facteur de changement.Les tendances démographiques et les mutationsdes structures familiales mettent en évidence l’im-portance de cette évolution dans les choix d’ave-nir.

Le cadre institutionnel constitue à son tour, unvecteur de changement, surtout que les transfor-mations, que le Maroc opère à ce niveau, tendentà instaurer une meilleure représentativité et unélargissement de l’exercice des libertés et de par-ticipation de tous les acteurs de la vie nationale.

En effet, la valorisation et le renforcement de lafonction consultative consacrent cette évolutioninstitutionnelle et contribuent à la consolidationde l’édifice démocratique.

Le contexte du changement ainsi identifié met enévidence le rôle particulier des différents acteurs.A côté des partis politiques, des syndicats et desorganisations issues de la société civile, les jeunes,la femme, l’école, l’entreprise, l’Administration etla Région sont désormais considérés comme les

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nouveaux acteurs du changement.

La réussite du changement passe par l’écoute etl’adhésion active de ces acteurs et des autres com-posantes de la société.

Les travaux de la sixième Session ont été orientésvers l’exploration des nouvelles frontières duchangement, à travers l’articulation d’un certainnombre de scénarios relatifs à l’évolution de l’éco-nomie nationale. L’identification de ces nouvellesfrontières a été tentée grâce à une approche pros-pective.

Il est certain que les choix stratégiques que leMaroc est appelé à faire, au regard des interac-tions et des exigences du changement, se définis-sent par référence aux principes essentiels quesont : la cohésion sociale et l’efficacité écono-mique d’une part, la confiance et la stabilitéd’autre part.

Si le Conseil a fait de 1995, l’année de l’Entrepriseet de 1996 l’année de la Région; 1997 est consa-crée au thème du Changement. Il s’agit d’unChangement soutenable et maîtrisé, qui s’inscritdans la dynamique d’édification de la société dedemain.

LE PRÉSIDENT DE SESSION LE

SECRÉTAIRE GÉNÉRAL

ABDELLATIF LARAKI HABIB

EL MALKI

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INTRODUCTIONDans toute société, le changement constitue uneconstante de l'évolution sociale. Ce changementpeut être latent ou visible, rapide ou lent, provo-qué ou subi, progressif ou régressif.

L'appréciation du changement social en coursrévèle que l'évolution de la société marocaine estmarquée par d’importantes mutations.Ces der-nières se traduisent à la fois par des progrès dans

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plusieurs domaines, par des inerties et par desévolutions régressives dans d'autres sphères.

En effet, des progrès importants ont été accomplisconcernant la maîtrise de la croissance démogra-phique et du niveau de vie des populations, le déve-loppement des institutions politiques de l'émancipa-tion relative de la société civile, etc.

A titre d'illustration, les indicateurs démogra-phiques dénotent un net recul de la mortalité dontle taux a chuté de 20 pour 1000 à 7 pour 1000entre 1960 et 1995 et d'une baisse de la natalitédont le taux est passé de 50 pour 1000 à 25 pour1000 entre 1950 et 1995. Cette tendance enregis-trée corrélativement à la baisse du taux d'accrois-sement naturel de la population (qui est passé de28 pour 1000 à 19 pour 1000 entre la fin desannées 50 et le milieu des années 90) traduit unetransition démographique, certes lente mais réel-le. Les effets de cette décélèration de la croissan-ce démographique se sont faits sentir au niveaude l'amélioration du niveau de vie des popula-tions, notamment en milieu urbain où la couver-ture des besoins en logements, en soins de santéet en services publics essentiels (eau, électricité,transport) s'est sensiblement améliorée, et ce mal-gré la persistance de nombreux goulots d'étran-glement et de déficits particulièrement significa-tifs.

En revanche, dans d'autres secteurs économiques etsociaux l'inertie demeure dominante : la croissanceéconomique reste faible et repose encore sur le sec-

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teur primaire, tandis que le système d'éducation-for-mation et l'administration sont peu performants.

En effet, saisi sur une longue période, le taux decroissance en prix 1969 a oscillé autour d'unemoyenne de 3 à 4% entre 1969 et 1996, taux net-tement insuffisant pour répondre aux contraintesde l'investissement et de la couverture des besoinssociaux.

La croissance économique reste, par ailleurs, tri-butaire du secteur primaire et des aléas clima-tiques. La permanence de cette dépendance est àla base des fluctuations que connaissent lesgrands équilibres macro-économiques. Elleempêche de ce fait l'économie nationale de s'ins-crire dans un sentier de croissance durable, seulgarant de la consolidation et de la capitalisationdes avancées réalisées sur les plans économiqueet social.

De même, l'inertie est particulièrement visibledans le domaine stratégique de l'éducation-forma-tion. En effet, outre la question de l'inadéquationde la formation par rapport aux besoins de l'éco-nomie et de la société, le déficit en matière descolarisation demeure le trait marquant du systè-me éducatif national. Selon le recensement natio-nal de 1994, six enfants âgés de 7 à 12 ans, sur dixsont actuellement scolarisés. Cette situation estparticulièrement préoccupante en milieu rural où43% seulement des enfants de 7 à 12 ans sont sco-larisés.

Par ailleurs, l’évolution de la société est aussi

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génératrice de changements brutaux porteurs dedéséqulibres : exode des populations rurales versles espaces urbains, forte urbanisation, aggravationdu chômage, notamment des jeunes, dont l'am-pleur représente l'un des grands défis pour leMaroc d'aujourd'hui.

Ainsi, si le taux d'urbanisation, expression de cer-tains aspects de la mobilité de la population, estpassé de 26% en 1960 à 51,4% en 1994, force estde constater une aggravation du chômage desjeunes qui a concerné en 1995 près du quart desactifs âgés de 15 à 34 ans.

POURQUOI UN CHANGEMENT MAÎTRISÉ ?

L'histoire nous apprend que dans le domainesocial, les transformations brutales conduisentsouvent à des impasses. C'est en revanche, lechangement progressif, maîtrisé et concertéqui est de nature à fournir une issue positive auxproblèmes de société.

Dans le contexte économique et social actuel, ledéfi majeur, au Maroc et ailleurs, demeure l'em-ploi. Or, le traitement du chômage fait appel tantà la psychologie sociale, à la sociologie, à l'histoi-re, au droit qu'à l'économie. L'emploi se trouve,ainsi, au carrefour des domaines économiques etsociaux : éducation, croissance, technologiesappropriées, environnement institutionnel et poli-tique.

C'est dans le cadre de cette réalité complexe quele CNJA entend initier une réflexion sur les actions

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à mener dans le cadre d'une vision stratégique duchangement social.

Le thème "le Maroc du changement : les choix del'avenir" est, de ce fait, le prolongement et l'abou-tissement naturels des travaux et actions entreprispar le CNJA depuis sa création. En effet, à chaqueétape de sa réflexion et de son action, le Conseila, toujours inscrit son approche, grâce à l'apportde toutes ses composantes, dans le cadre d'unevision globale, intégrée et prospective de l'avenirde la jeunesse, avec les jeunes et pour les jeunes.

Parti de l'urgence d'une insertion productive desjeunes diplômés dans la vie active, en vue de ren-tabiliser les investissements collectifs consentisdans le domaine de l'éducation-formation (1èresession, Rabat, mars 1991), le CNJA a prolongé sonaction en s'intéressant à la problématique de l'em-ploi des jeunes en milieu rural. Ce thème traduitl'urgence des problèmes posés par les déséqui-libres existants entre le milieu urbain et rural et parles opportunités mobilisables pour un développe-ment local intégré et auto-entretenu (2ème session,Rabat, octobre 1991).

Cependant, l'impulsion de la croissance écono-mique tant en milieu urbain qu'en milieu rural estune condition nécessaire à la promotion de l'em-ploi mais non suffisante.

Dans cette optique, un autre paramètre lié à l'arti-culation entre le système d'éducation et de forma-tion d’une part, et les besoins sans cesse croissantsde l'économie et de la société marocaine d’autre

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part, a permis de mettre en perspective les choixà faire en matière d'adéquation de la formation etde l'emploi (3ème session, février 1993, Rabat).

Identifiée comme un lieu de production de larichesse, d'emploi, de formation, et donc commeun acteur du changement économique, social etculturel, l'entreprise a été au centre de la quatriè-me session (Ifrane, janvier, 1995).

De même, une mise en perspective aux plans spa-tial et temporel de toutes ces dynamiques a ététentée dans le domaine institutionnel par l'élabo-ration du projet régional (5ème session, Laâyoune,janvier 1996), ce qui a permis de mettre en valeurle rôle novateur de la région et de la régionalisa-tion dans la nouvelle dynamique du changementque connaît le Maroc.

De surcroît, la corrélation entre l'emploi et lechangement social a été établie dans nombred’expériences où les approches de l'emploi ontévolué d'un traitement technique, considérant lechômage comme le résultat de dysfonctionne-ments du marché, à l’adoption de solutions glo-bales qui perçoivent l'insertion comme un phéno-mène de société.

Aussi, les solutions aux problèmes complexes duchômage relèvent-elles du changement global dumode d'organisation sociale. Un tel changementnécessaire ne concerne pas seulement l'économie.Il exige également une réorganisation, progressi-ve, mais profonde, de la répartition des revenusdans la société contemporaine, une répartition qui

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garantirait au monde rural et aux couches socialesmarginalisées un meilleur statut au sein de lasociété. Il implique, en outre, la participation desprincipaux acteurs du changement aux activitéséconomiques et politiques de la société. Il passe,enfin, par une décentralisation qui confère à lasociété civile des possibilités d'organisation luipermettant de se prendre en charge et d’assurerson propre épanouissement.

QUEL CHANGEMENT ?

L'appréciation du changement social soulève leproblème de sa maîtrise. Celle-ci implique l'exis-tence d'une vision stratégique de la configurationde la société de demain afin d'impulser la dyna-mique à même d’y conduire.

Dans le cadre d'une telle stratégie, les tendancesdu changement progressif sont à consolider et àaccélérer. En revanche, à l'inertie relative quicaractérise d'autres pans de la société et de l'éco-nomie, doit se substituer une dynamique cumula-tive de progrès. Les facteurs déstructurants doi-vent, enfin, céder la place aux facteurs structu-rants.

En somme, le défi majeur de cette mouvancesociale réside dans le fait que face à des change-ments irréversibles, la société est appelée à s'or-ganiser et à se préparer pour amortir les effets desfacteurs déstructurants et pour essayer d'infléchir,voire d'inverser les mutations régressives.Cela signifie que la maîtrise du changement relè-ve de l'existence d'une volonté clairement expri-

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mée. L'extension en cours des espaces de dia-logue et de concertation est le meilleur fondementpour réussir un tel changement volontariste résul-tant des choix stratégiques du Maroc de demain.

La présente contribution constitue une tentativede définition des contours de la société dedemain. Elle propose une évaluation des défiséconomiques et sociaux majeurs et des ingré-dients nécessaires à l'animation d'un débat natio-nal sur la problématique du changement.

Elle vise, en outre, à sensibiliser les principauxacteurs du changement à l'ampleur des défis etaux conditions à réunir pour les relever.

Elle entend, enfin, faciliter la mise en place d'unevision stratégique des choix de l'avenir où lechangement est à la fois voulu, progressif etconcerté.

UN CHANGEMENT MAÎTRISÉ :COMMENT ?

La présente contribution a pour objet la mise enperspective des différents éléments d'une stratégiede développement, appropriée pour le Maroc dedemain, adaptée aux préoccupations de l'en-semble de ses composantes et mieux préparéeaux contraintes internes et externes.

Pour ce faire, le principe de base consiste à érigerla promotion de l'homme en priorité nationale etla réalisation de l'équilibre entre la population etles ressources en moyen essentiel pour atteindre

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un tel objectif.

L’étude tente d'élucider plusieurs questions :

- Comment concilier l'efficacité économique et lacohésion sociale ? Quel contenu donner audomaine social ? Comment intégrer et évaluer lescoûts de l'homme dans l'élaboration de la straté-gie de croissance et quel rôle doit jouer la répar-tition du produit social dans cette croissance ?

- Comment assurer l'instauration, la préservationet la dynamisation de la confiance et le renforce-ment de la stabilité comme fondements éthiques,nécessaires à toute stratégie de développement ?

- Comment répondre aux impératifs de l'économiede marché, devenue aujourd'hui une réalitéincontournable, et dans quelles perspectives faut-il définir les nouveaux rôles de l'Etat, compte tenude l'existence d'un déficit en matière de servicespublics (infrastructures de base, santé et éduca-tion) et des politiques sociales ?

- Comment mettre l'insertion dans le système del'économie mondiale au service de la satisfactionprioritaire des besoins du marché intérieur ?Autrement dit, quels types de priorités écono-miques, financières et sociales établir afin de sou-mettre la contrainte externe au service de laconsolidation des bases nationales de croissanceet de développement ?

- Quelles perspectives institutionnelles et quelsrôles pour les principaux acteurs du changementdans cette vision stratégique ?

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En posant ces différentes questions d'une impor-tance stratégique pour le Maroc de demain, leConseil National de la Jeunesse et de l'Avenir, viseà promouvoir une réflexion nationale sur ce quedevraient être, dans un cadre concerté, les choixstratégiques les plus appropriés pour le Maroc duXXIe siècle.

I. LES DIMENSIONS ET LES ATOUTSDU CHANGEMENT

Percevoir et apprécier la nature, les rythmes et lesfinalités des changements en cours : tel est l'objetde ce chapitre. De nombreux changements sontaujourd'hui à l'oeuvre sous la pression de facteurset de contingences multiples, dans les différentsdomaines de la vie sociale, économique, culturel-le ou institutionnelle.

L'objectif de cette appréciation est de contribuer àla consolidation et à l'accélération des dyna-miques de progrès, au dépassement des inerties età l'inversion des tendances régressives par l'iden-tification et la mobilisation des potentialités duMaroc de demain.

A. LES DIMENSIONS DU CHANGEMENT

Identifier les niveaux de changement, d'inertie etde régression de la vie sociale constitue une étapepréalable dans le processus long et complexe dela maîtrise du changement.

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1. L'état de croissance économique

L'analyse de l'évolution de l’activité économiquesur une période relativement longue est le pointde départ de toute réflexion cherchant à faire res-sortir les traits principaux du processus de crois-sance et à identifier ses facteurs les plus décisifs.Les tendances globales de l’économie marocaine,appréhendées à travers l’évolution du PIB, déga-gent un taux de croissance réel de 4.4 % enmoyenne annuelle sur la période 1970-96. Sousl’effet des fluctuations à caractère conjonctureltant au plan interne qu’externe mais surtout desorientations imprimées à la politique économique,le rythme de croissance a été tout au long de cettepériode assez irrégulier avec de fréquentes alter-nances entres les mouvements d’accélération et dedécélération.

1.1. Les grandes phases de la croissance

L’évolution de l'économie nationale durant lestrois dernières décennies fait apparaître globale-ment trois grandes phases de croissance qui sedémarquent nettement aussi bien du point de vuedes performances qu'en termes d'orientation depolitique économique. Bien que ces différentesphases puissent faire l'objet d'un découpage plusfin en distinguant des sous-périodes plus homo-gènes, on peut convenir que la première phase decroissance s'étale globalement sur les deux pre-mières décennies de l'indépendance. Le profil de

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croissance qui s'est singularisé durant les annéessoixante par son rythme modéré, avec un tauxd'accroissement de la production ne dépassantguère 4% en moyenne annuelle, devait connaîtreune forte accélération au cours du quinquennat1973-77 pour atteindre le taux moyen de 6.7 % paran. L'ensemble de la décennie soixante-dix devaiten outre s'achever sur un rythme de croissancenettement plus élevé que celui enregistré lors dela décennie précédente, soit 5.6 % par an.

La deuxième phase coïncide approximativementavec la période de mise en application du pro-gramme d'ajustement structurel et s'étend prati-quement sur l'ensemble de la décennie quatre-vingt. Au plan des performances économiques,cette phase a été marquée par un net ralentisse-ment de régime avec un taux de croissancemoyen qui s'est établi en deçà du plancher de 4% par an. On notera que ce ralentissement a étéparticulièrement marqué au début de cette phaseoù le taux de croissance, ayant subi de fortesvariations dues à des conditions climatiques parti-culièrement défavorables, s'est établi autour d’unemoyenne de 3 % par an. La deuxième moitié de la période d'ajustementstructurel a cependant connu une certaine amélio-ration du point de vue des performances écono-miques globales avec un rythme de croissanceatteignant la moyenne de 4.5 % durant les années1986-90.

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Enfin, la troisième phase est celle qui corres-pond à la période de l'après-ajustement etcouvre à peu près la première moitié de l'ac-tuelle décennie. Cette phase, qui devaitconsolider les acquis de la période d'ajuste-ment et ouvrir la voie à de nouvelles pers-pectives pour l'économie nationale, a connude fortes fluctuations sous l'effet d’une séche-resse récurrente (pratiquement une année surdeux). Les performances économiques ontété en conséquence fortement contrariées,tandis que le taux de croissance moyen aucours des années 1991-96 s'est vu réduit à 2.8% par an.

1.2. Les sources de la croissance

Aussi bien par leur régularité que par l’importan-ce de leur contribution directe à la dynamiqueéconomique, les activités secondaires paraissentmieux placées pour jouer un rôle moteur dans lamise en oeuvre d’une stratégie de croissance forte.Cette appréciation est d’autant plus justifiée quecertaines de ces activités exercent un effet d'en-traînement important directement sur l’ensembledu système productif, à travers les demandesadressées aux autres secteurs d’activité, et, indi-rectement, à travers les revenus qu’elles génèrent.

Les activités du secteur secondaire peuvent serévéler par ailleurs comme le meilleur vecteur per-mettant la réalisation d'importants gains de pro-ductivité. Dans un contexte de rareté de res-sources, cette possibilité revêt d'autant plus d'im-

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portance que l'économie marocaine semble enre-gistrer de faibles performances dans ce domaine.

Les analyses les plus récentes, portant sur les

sources de croissance, montrent en effet que la

contribution du facteur résiduel qui correspond à

la productivité totale des facteurs s'est limitée à 22

% sur la période couvrant les années 1980-1996,

contre 40 % pour le facteur travail et 38 % pour le

facteur capital. Ce constat établit que toute straté-

gie visant l'accès à des sentiers de croissance forte

et régulière doit puiser de nouvelles ressources

dans les gisements de productivité encore insuffi-

samment exploités. De tels gisements sont à

rechercher et à mettre en évidence en priorité

dans les principales branches du secteur secon-

daire. Les résultats obtenus en matière de crois-

sance durant la décennie soixante-dix, qui ont fait

suite à l'effort important d'investissement public

dans le secteur industriel, visant, notamment, la

valorisation des ressources minières et agricoles,

en donnent précisément une bonne illustration.

L’environnement qui caractérise l'économie maro-

caine des années quatre-vingt-dix, où les pouvoirs

publics se cantonnent dans un rôle d'encadrement

et d'orientation, montre la nécessité de la mise en

place d'infrastructures économiques, administra-

tives et sociales à même de favoriser l'émergence

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d'activités industrielles à forte productivité.

1.3. Les contributions sectorielles aux perfor-mances économiques

Au plan sectoriel, la dynamique de croissancedans laquelle s'est engagée l'économie nationaledepuis plus de deux décennies a produit defaibles changements sur le plan de la structure deproduction considérée d'un point de vue agrégé.Les parts relatives des principaux secteurs d'activi-té dans la production nationale, calculées commemoyennes décennales, sont en effet restées relati-vement stables. La valeur ajoutée réelle de labranche de l'agriculture a ainsi varié d'unemoyenne de 15.8 % du PIB durant la décenniesoixante-dix à 17.5 % au cours de la décenniequatre-vingt pour se réduire à 16.2 % sur la pério-de couvrant les années 1990-95, en raison de lafréquence des années de sécheresse.

Quant aux activités des industries extractives, del'énergie et des industries manufacturières quel'on peut considérer comme constituant l'essentieldu secteur secondaire, leur part dans la produc-tion nationale a observé depuis la fin des annéessoixante une certaine stabilité en se maintenantautour de 24.5 % du PIB. Il en est de même dusecteur du bâtiment et travaux publics dont lavaleur ajoutée réelle a oscillé autour d'une moyen-ne de 5.3 % du PIB durant les deux dernièresdécennies. Seules les branches constituant le sec-teur tertiaire ont connu quelques changementssensibles quant à leur contribution dans la pro-

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duction nationale. Ceci est en particulier le cas dela branche du commerce dont la part dans le PIBincluant les droits et taxes sur les importationss'est trouvée réduite d'une moyenne de 25.1 %durant la décennie soixante-dix à une moyennede 20.2 % au cours de la décennie suivante.

Parallèlement, la branche des transports et com-munications, dont la contribution à la productionnationale s'est située autour de 5.6 % durant lescinq dernières années, a réalisé un progrès sen-sible en comparaison avec les résultats enregistrésdurant les deux dernières décennies. Enfin, lapart revenant aux administrations publiques dansla production nationale s'est légèrement renforcéedurant les années quatre-vingt puisqu’elles ontproduit une valeur ajoutée réelle représentant 14.9% du PIB, contre une moyenne de 12.0 % durantla décennie précédente.La fluctuation des résultats des activités agricoles,devenue de plus en plus marquée ces dernièresannées, montre que l’essentiel du potentiel decroissance est à rechercher dans les activitéssecondaires. Ce constat ressort par ailleurs desévaluations portant sur les contributions des diffé-rentes composantes du système productif à ladynamique de croissance. On relève en effet queles industries manufacturières ont participé defaçon régulière et soutenue à la croissance réali-sée au cours des deux dernières décennies pourune part moyenne atteignant 19 %.

La prise en compte des autres activités composant

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le secteur secondaire que sont les industries extra-ctives, l’énergie ainsi que le bâtiment et travauxpublics permet d’accroître cette part à près de 30%. Pour un taux de croissance annuel moyen de4.7 points en pourcentage calculé sur la période1970-90, le secteur secondaire aura ainsi contribuéde façon directe pour 1.4 point. Les activités ter-tiaires englobant le commerce, les transports et lescommunications ainsi que les autres services mar-chands, qui dépendent habituellement du niveaud’activité des autres secteurs productifs et desrevenus qu’ils génèrent, ont participé en moyennepour 1.2 point.

La valeur ajoutée des administrations publiquesaura, quant à elle, induit près d’un point de crois-sance sur la même période. Enfin, la contributiondirecte du secteur agricole s’est en revanche limi-tée à une moyenne de 0.8 point sur l’ensemblede la période considérée du fait que les perfor-mances exceptionnelles enregistrées lors des cam-pagnes agricoles favorables sont souvent suiviesdeux ou trois années plus tard de contre-perfor-mances de même envergure, neutralisant ainsitout bénéfice attendu pour la dynamique de crois-sance.

Dans une économie en développement, commel'économie marocaine, l'appréciation de la crois-sance à travers les seules branches classiques dela comptabilité nationale ne peut nullementrendre compte de la dynamique réelle du chan-gement. En effet, un pan considérable de l'écono-

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mie échappe (et/ou est occulté) à la comptabiliténationale, il s'agit de cet ensemble de petites acti-vités dénommées "secteur informel", qui sontexercées à domicile ou de façon ambulatoire etdont les résultats ne sont pas pris en compte dansles calculs du PIB.

Ce sont toujours les déséquilibres du marché del'emploi qui sont à l'origine du gonflement du sec-teur informel.

L'enquête menée en 1988, par la Direction de laStatistique, sur les entreprises non structuréessituées en milieu urbain fournit les principalesgrandeurs suivantes : 542.000 entreprises, réalisantune production de 30.937 millions de DHS etdégageant une valeur ajoutée de 20.632 millionsde DHS, soit 11,5% du PIB. Ce pourcentage, cal-culé sur la base des branches couvertes par l'en-quête, s'élève à environ 26%. Depuis, la crise éco-nomique (et son corollaire : la crise de l'emploi)et l'application du Programme d'AjustementStructurel, ont dû contribuer de façon détermi-nante à la pléthore de l'économie informelle, quece soit en milieu urbain ou en milieu rural (sousla forme du développement de la pluri-activité).

En somme, le gonflement de l'économie informel-le est sans doute la dimension la plus prégnanteet la plus visible du changement. Associé, enmilieu urbain notamment, à l'exode rural (le sec-teur informel jouant le rôle de structure d'accueildes immigrants d'origine rurale) et à la pauvreté,le secteur informel marque de son emprunte la vie

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quotidienne des villes (pléthore des activitésambulantes et atomisation des activités localisées).De même, il façonne le tissu urbain, par l’exten-sion de la sphère de l'habitat insalubre et la miseà mal de la maîtrise urbaine.

Le secteur informel est au centre de l'enjeu dudéveloppement économique et social. Dans unpays, comme le notre, où les activités informellesemploient plus de la moitié de la population acti-ve et contribuent pour une part non négligeable àla formation du PIB, la politique du développe-ment doit d'une manière ou d'une autre, intégrerla sphère de l'économie informelle.

1.4. La politique macroéconomique

Les inflexions apportées aux grandes orientationsde la politique économique ont ponctué le régimede croissance de l’économie nationale ainsi queles étapes les plus décisives de son évolution. Cesinflexions apparaissent à travers la révision suc-cessive des objectifs prioritaires assignés à la poli-tique économique ainsi qu’à travers les configura-tions de ses principaux instruments de régulation.

a. La politique budgétaire

Instrument privilégié de régulation, la politiquebudgétaire a connu une forte inflexion tant en cequi concerne son rôle que ses objectifs depuis lamise en application du programme d’ajustementstructurel. La croissance impulsée initialement parles différentes composantes du secteur public et

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soutenue par d’importants moyens budgétairesdevait, sous le poids de la contrainte financière,s’appuyer progressivement sur les autres acteurs.Cette orientation devait conduire à une révisiondes objectifs assignés à la politique budgétairetout en imposant de nouvelles règles quant à lagestion des finances publiques, au premier rangdesquels figure la réduction des déficits publics.

Force est de constater cependant qu’en dépit desprogrès enregistrés en la matière, l'objectif deréduction des déficits par une plus grande maîtri-se des dépenses publiques n'a été atteint que par-tiellement. En effet, le déficit budgétaire, bienqu'ayant été fortement réduit en comparaisonavec la situation qui a prévalu au tout début de lapériode d’ajustement, s’établit encore à un niveauoscillant selon les années entre 2.5% et 3.5% duPIB. Le déficit public considéré au sens largepourrait, quant à lui, connaître même une certai-ne aggravation en se situant à un taux de l'ordrede 8% du PIB.

Plusieurs raisons peuvent être avancées pourexpliquer ces résultats. Du côté des recettes,l’amélioration du recouvrement induite par laréforme fiscale constitue certes un progrès réel,mais elle reste tout de même insuffisante eu égardaux objectifs arrêtés. Le gain enregistré se limiteen effet à près de trois points seulement à l’issued’une période couvrant une dizaine d'exercicesannuels.

La structure du système fiscal n'a pas connu non

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plus une modification fondamentale puisque lapart des impôts directs dans les recettes a enre-gistré un gain de deux points seulement. L'apportde ces impôts demeure par ailleurs sans commu-ne mesure avec les objectifs fixés par la réforme.Par contre, les impôts indirects continuent d'ali-menter les recettes de l'Etat de façon importante(36%) à côté des droits de douane (20%), desmonopoles publics et plus récemment des privati-sations.

Du côté des dépenses, la politique d'ajustements'est traduite par une réelle compression desdépenses globales de l'Etat. Les dépenses d'équi-pement ainsi que celles allouées à la caisse decompensation ont été les plus touchées. A titred'illustration, le coût public des subventions à laconsommation a baissé en termes absolus et rela-tifs pour atteindre aujourd'hui 0,6% du PIB etmoins de 1% de la consommation des ménages.

On constate également un accroissement de lapart des dépenses publiques correspondant aupaiement des intérêts de la dette. Cette évolutiona induit un changement dans la structure du modede remboursement, en ce sens que la dette inter-ne a tendance à se substituer de plus en plus à ladette extérieure.

Ces configurations que prennent les dépensespubliques entraînent des fluctuations fortes se tra-duisant par des reports fréquents des investisse-ments d'équipement et par des taux d'exécutiondes budgets publics très faibles, le tout se réper-

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cutant sur le rythme de la croissance et ce par unesuccession de phases de freinage, de relance et derécession.

Ces réalités qui ont marqué la politique écono-mique de manière générale et qui ont eu desrépercussions directes sur la dynamique écono-mique durant ces dix dernières années révèlent,en définitive, que, toute proportion gardée, lemode d'utilisation de la politique budgétaire lui afait perdre beaucoup de son efficacité et de sapertinence en tant qu’instrument privilégié derégulation et de croissance.

Les fonctions traditionnelles de la politique bud-gétaire, à savoir la stabilisation, l'affectation et laredistribution, ne peuvent, de ce fait, être rempliesde façon optimale. Aussi, une reconsidération dustatut de la variable budgétaire dans la nouvellestratégie nationale de croissance s'avère-t-ellenécessaire.

b. La politique monétaire

Si la maîtrise de l'inflation, la stabilisation moné-taire, la préservation de la parité du Dirham et laconstitution d'un stock stratégique de réserves dechange représentent les quatre objectifs essentielsde la politique monétaire, la stabilité des prix figu-re au premier plan de ces préoccupations dansl'optique de renforcement de la compétitivitéexterne de l'économie nationale.

Cependant, la réalisation de ces objectifs est entra-vée par de nombreux dysfonctionnements.

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La raison principale de ces dysfonctionnementsréside dans le fait que le marché monétaire natio-nal demeure cloisonné et peu ouvert parce qu'ilreste encore peu diversifié et peu soumis à lalogique des fonctions traditionnelles de la mon-naie dans une économie de marché.

c. La politique de la balance des paiements

La question fondamentale qui se pose à ce niveauest de savoir comment l'économie marocaineréagit aux contraintes externes et comment mesu-rer l'impact de ces contraintes sur les équilibresinternes. Autrement dit, est-ce que la libéralisationdu commerce extérieur permet une dynamisationdes exportations, une réduction des importationset un changement dans les structures deséchanges extérieurs ?

La réponse à ces interrogations révèle que le bilanest controversé en raison de la complexité dumode d'évaluation des performances du commer-ce extérieur, notamment l'appréciation du conte-nu donné à la notion de taux de couverture, letype d'agrégation utilisé, l'identification desvariables déterminantes servant de base à lamesure du taux de pénétration des marchés exté-rieurs, la prise en compte des balances sectoriellesdu commerce extérieur (emploi, démographie desentreprises, devises, etc.) et l'impact de la paritémonétaire sur l'équilibre de la balance des opéra-tions courantes.

L'examen des données relatives aux commerce

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extérieur permet toutefois de relever des amélio-rations sensibles depuis le début de la décenniequatre-vingt tant en ce qui concerne le volumedes échanges que la situation des équilibresexternes. La valeur totale des exportations et desimportations a en effet enregistré une progressionmoyenne de l'ordre de 10 % par an au cours decette période. Cette évolution s'est accompagnéed'un changement notable dans la structure desventes à l'extérieur en faveur des produits manu-facturés. Elle s'est traduite au plan des comptesextérieurs par une réduction significative du défi-cit du compte courant comparativement à la situa-tion qui a prévalu au début des années quatre-vingt. Ce déficit qui avait culminé à 12 % du PIBdurant les années 1981-82 a été en effet ramené àune moyenne variant ente 3% et 4 % ces dernièresannées.

1.5. Les retombées de la croissance : les revenus, le niveau de vie et l’emploi

Le rythme de croissance qu’a connu l’économienationale depuis le début de la décennie quatre-vingt a permis de générer d’importants progrès auniveau de la formation des revenus. Le revenunational évalué aux prix courants s’est en effetaccru au taux de 10 % en moyenne annuelle surla période couvrant les années 1980-94. Expriméeen termes réels, cette évolution correspond à uneprogression des revenus générés par les activitésproductives de l’ordre de 2.9% par an.

Ces résultats qui témoignent d’une tendance réel-

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le à l’amélioration des revenus sur la longuepériode restent cependant empreints d’une certai-ne lenteur et s’avèrent, de ce fait, insuffisants euégard aux attentes. Le revenu réel rapporté à lapopulation a en effet enregistré une progressiond’à peine 1.5 % par an durant la décennie quatre-vingt. Ce rythme se serait même ralenti de façonsignificative au cours de la première moitié del’actuelle décennie en raison de l’incidence néga-tive du facteur climatique. Le revenu réel per capi-ta calculé pour les années 1991 à 1995 a ainsi pra-tiquement stagné sous l’effet de la sécheresse quia sévi une année sur deux au cours de cette pério-de.

Mais au delà de l’incidence du facteur climatiqueet de l’aléa qu’il induit dans l’évolution des activi-tés productives, force est de constater que les per-formances en matière de croissance restent enco-re en deçà des potentialités que recèle l’économienationale. Outre l’évolution des revenus, ceconstat trouve sa pleine justification dans le prin-cipal indicateur de niveau de vie que constituel’agrégat de consommation. Les dépenses deconsommation des ménages font en effet appa-raître une évolution sensiblement plus ralentieque celle des revenus. Le processus de croissancedurant la décennie quatre-vingt aura généré uneprogression de la consommation réelle de 3.9 %par an. La valeur nominale de la dépense deconsommation par personne, qui est passée de2634 DH en 1980 à 7375 DH en 1995, se seraitaccrue, en termes réels, d’à peine 0.8 % par an au

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cours de cette période.

Au plan de la répartition des fruits de la croissan-ce, les résultats enregistrés marquent encore d'im-portants écarts en ce qui concerne le partage durevenu national, que ce soit entre les facteurs deproduction, entre groupes socio-économiques ouencore entre les milieux urbain et rural. A défautde données plus précises en matière de répartitiondes revenus, la référence aux seuls indicateurs dedépenses des ménages permet d'apprécier l'éten-due des disparités entre groupes socio-écono-miques. L'enquête nationale sur les niveaux de vierévèle en effet que la part des 10 % des ménagesles plus aisés dans la dépense globale de consom-mation a représenté en 1991 près de 14 fois celledes 10 % des ménages les plus défavorisés. Bienqu'elle marque une tendance à l'amélioration parcomparaison à la situation qui a prévalu au coursdes deux décennies précédentes, cette donnéetémoigne de l'importance des efforts à déployeren la matière.

La même appréciation semble s'appliquer à lasituation de l'emploi. On relève en effet que,parallèlement aux résultats enregistrés au plan dela croissance et de la répartition, le déséquilibreentre une offre de main-d'oeuvre de plus en pluscroissante et un faible rythme de créations d'em-ploi n'a cessé de s'amplifier. Les données les plussignificatives à ce sujet montrent que la situationde l'emploi, bien que soumise à d'importantesvariations en relation avec les différentes phases

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de croissance, s'est détériorée de façon notableces dernières années. Le taux de chômage qui sesituait autour de 8.8 % en 1971 a atteint 16 % en1994. Cette évolution s'avère d'autant plus préoc-cupante qu'elle affecte plus particulièrement lescatégories de population les plus vulnérables etles jeunes.

2. Les enjeux de la globalisation

Aujourd’hui, les débats sur la mondialisationdominent les analyses de l’environnement inter-national, de ses opportunités et de ses menaces.Aujourd’hui et demain la question de l’inser

tion de l’économie nationale dans les échangesinternationaux de biens et de services est au cœurdu processus de changement.

La mondialisation consiste dans la mise en contactplus étroite des économies, qui se traduit à la fois,par une concurrence vigoureuse sur les différentsmarchés et une mobilité internationale accrue desfacteurs de production. Etant un processus plusqu’un état, elle exprime l’ouverture croissante deséconomies aux échanges extérieurs de biens etservices. Elle s’explique par la conjonction et lesinteractions de trois facteurs fondamentaux :l’abaissement des barrières aux échanges, le ryth-me soutenu de l’innovation et des investissementsà l’étranger et la globalisation financière.

L’opinion commune tend à considérer que les dif-ficultés actuelles et les risques de demain sont larésultante de cette évolution inexorable de l’éco-

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nomie internationale. Or, pour mieux apprécier ladimension de la mondialisation, il est indispen-sable de préciser ce qu’il faut en attendre commeeffet, en particulier pour les stratégies de déve-loppement économique national et social.

Quatre phénomènes d’importance croissante défi-nissent cette nouvelle configuration intégrée parles échanges, la production et la finance :

- la réduction relative de la taille du monde avecle développement des moyens de transport et decommunication ;

- le double phénomène de "tripolarisation" et defragmentation du monde (nord - sud, nouveauxpays industrialisés, pays les moins avancés,etc ...), se substituant au découpage géopolitiqueen blocs ;

- la divergence croissante entre ce qui est territo-rial et ce qui est national, ce qui donne un nou-veau contenu à la notion de souveraineté écono-mique ;

- la globalisation des lois de fonctionnement dessecteurs économiques, plus particulièrement del’industrie.

Il existe de fortes probabilités que ce processus demondialisation des économies soit plus prégnantet plus intense à l’avenir. Face à ce processusdeux écueils sont à éviter :

- le premier serait de sous-estimer les contrainteset faire comme si l’économie nationale est capablepar une politique économique protectionniste de

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se soustraire aux évolutions mondiales. Une tellestratégie serait inéfficiente économiquement etconduirait à des remises en cause de choix iné-luctables.

- le deuxième écueil consiste, à l’inverse du pre-mier, de surestimer les contraintes, de ne perce-voir les difficultés de l’économie nationale quesous le prisme des causes externes et de considé-rer que la seule politique possible est celle desubir ou de s’adapter passivement à l’évolution del’environnement international.

Il est donc nécessaire de mettre au clair ce quipeut être fait au niveau national et ce qui appelledes traitements au niveau international. La dimen-sion nationale demeure un espace privilégié desactions collectives sous l’encadrement et l’incita-tion de l’Etat. Il est aussi fondamental de réunir lesconditions et de mettre en œuvre les moyensd’une insertion valorisante de l’économie nationa-le dans la sphère mondiale.

2.1. La maîtrise de l'impact de la libéralisationextérieure sur les équilibres macro-écono-miques

Dans le passé, la politique du commerce extérieurdu Maroc obéissait à trois considérations princi-pales : protéger l'économie nationale en préser-vant les structures agricoles et industrielles nais-santes de la concurrence internationale ; redresserles déséquilibres des comptes extérieurs en recou-rant à des restrictions commerciales; procurer des

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ressources au trésor en faisant de la tarificationdouanière un palliatif aux insuffisances desrecettes fiscales intérieures. La récente réforme dela politique du commerce extérieur, les engage-ments du Maroc au sein du GATT, l'accord delibre-échange UE-Maroc s'inscrivent dans unevision diamétralement opposée aux orientationspassées.

Ces dernières années, le Maroc a entrepris de libé-raliser ses échanges, d’ajuster la parité de samonnaie, de rénover sa législation du commerceextérieur et d’intensifier ses efforts pour stimulerses exportations. Par ces réformes, il entend inci-ter les entreprises à soutenir la concurrence inter-ne et externe à long terme et à obtenir des per-formances du point de vue de la croissance de laproduction, des exportations et de la défense dumarché intérieur. Dans cette perspective, la poli-tique du commerce extérieur ne saurait être consi-dérée indépendamment d’autres facteurs. Lesrésultats commerciaux dépendent non seulementd’une politique de commerce extérieur efficiente,mais d’autres facteurs tels que l’infrastructure éco-nomique du pays, les compétences de la main-d’œuvre, ainsi que des facteurs connexes commela politique d’investissement et le taux de change.La stabilité macro-économique est également unpréalable à toute amélioration soutenue des résul-tats commerciaux.

La libéralisation de la politique du commerceextérieur et l’accord de libre échange offrent,certes, des opportunités à l’économie marocaine

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mais ils comportent aussi le risque de perturberles équilibres précaires des balances externes etde déstabiliser l’état des finances publiques si despolitiques d’accompagnement adéquates ne sontpas initiées.

2.2. La gestion des équilibres extérieurs

Dans un processus de libéralisation des échanges,la maîtrise des équilibres de la balance des paie-ments courants est une condition fondamentaledans la perspective d’optimiser les effets attendusde l’ouverture. Un déficit cumulatif implique uneforte ponction sur les réserves de change et peutse traduire par des dévaluations successives, sus-ceptibles de compromettre à long terme les avan-tages tirées de l'ouverture. Au cours de ces deux dernières décennies lacroissance des exportations a été relativementsoutenue mais la montée des importations a étéaussi sinon plus forte, ainsi que la dégradation dusolde commercial. Les chocs climatiques, la crois-sance des investissements des entreprises expli-quent en partie les variations du déficit ; mais lesfluctuations conjoncturelles ne doivent pas voilerle phénomène le plus grave : la tendance de longterme au creusement du déficit.

Demain, la progression des taux de pénétrationdes produits en provenance d’Europe ou d’autresrégions du monde soulèvera des interrogationssur les voies et les moyens susceptibles d'enrayerle déséquilibre extérieur. Rigidité à la baisse desimportations (produits de base ou équipements),

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fort coefficient à l'importation, exportations peudiversifiées et incorporant peu de valeur ajoutée :telles sont les principales caractéristiques de noséchanges.

Des caractéristiques qu'il s'agit de modifier si l'onenvisage d’atténuer le choc négatif de l'ouverture.Car elles témoignent d'une faible densification dutissu productif et d'une insuffisante aptitude à sai-sir les opportunités offertes par le marché mon-dial. Parmi quarante trois familles de produits, leMaroc n'est excédentaire que pour treize, etparmi elles à peine quatre semblent se détachernettement : les poissons et préparations de pois-son, les fruits et légumes, les engrais et les vête-ments. Les mauvaises performances sont pourpartie dues à l'insuffisante adaptation des capaci-tés productives marocaines aux mutations de lademande interne et externe. Elles s'expliquentégalement par une mauvaise compétitivité-prix.

Par ailleurs, l'équilibre externe ne se limite pas ausolde des échanges de marchandises : c'est l'en-semble des transactions courantes qu'il faut consi-dérer pour prendre la mesure de la contrainte exté-rieure. Dans cette optique il faut souligner que leralentissement des recettes touristiques et la décé-lération des rapatriements des économies des RMEcompensent de moins en moins le solde négatifdes échanges de biens. De leur côté les décaisse-ments afférents pour l'essentiel aux intérêts de ladette extérieure continuent de représenter unelourde ponction sur les ressources du pays. Aussi,les besoins de financement de l'économie risquent-

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ils de s’accroître si les économies en devises décou-lant de la maîtrise des importations et les gains endevises générés par les exportations ne sont pasassez substantiels. Les capitaux reçus de l'extérieurparticiperont à la couverture de ces besoins.Cependant, leurs mouvements sont encore forte-ment imprégnés par la part de l'Etat et des établis-sements publics. La contribution des investisse-ments privés demeure toujours limitée.

Dans la compétition mondiale, la réussite de lastratégie macro-économique d'un pays se juge àsa capacité à renforcer sa performance notammentdans les échanges de produits manufacturés. C'estde l’intensité de l'effort à l'exportation et de lacapacité de se positionner sur un marché intérieurouvert que dépendra l'efficacité de la nouvellepolitique commerciale. Desserrer la contrainteexterne en exportant plus et en important moinsdemeure une nécessité pour garantir une crois-sance à long terme de l'économie nationale.

2.3. La gestion des équilibres des finances publiques

En vertu du principe de la réciprocité instauré parle nouvel accord avec l’Union Européenne, leMaroc est amené à ouvrir progressivement le mar-ché domestique aux produits industriels euro-péens. Aucun nouveau droit de douane à l'impor-tation, ni taxe d'effet équivalent ne seront doréna-vant introduits dans les échanges entre l'Union etle Maroc. L'accord comprend aussi d'autres mesures dontles effets ne sont pas moins importants sur les

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échanges. Ainsi, le Maroc s'engage à éliminer, auplus tard trois ans après l'entrée en vigueur del'accord, les prix de référence appliqués à diversproduits (textiles et habillement, biens durablesménagers...). De même, les mesures exception-nelles de dérogation aux dispositions du déman-tèlement sont de durée limitée et ne peuvent s'ap-pliquer qu'à des industries naissantes ou à certainssecteurs en restructuration ou confrontés à desérieuses difficultés.

Une libéralisation accrue du commerce extérieursuppose une moins grande dépendance des reve-nus de l'Etat à l'égard de celui-ci. Or, le fait que lesystème fiscal marocain soit fortement tributairedes recettes provenant du commerce extérieur estabsolument contraignant pour l'Etat. L'Etat serainévitablement conduit à chercher les moyens decompenser les moins values fiscales résultant dudésarmement tarifaire.

A priori, la libéralisation des échanges avecl'Europe devrait se traduire par une baisse desrecettes de l'Etat, suite à l'abaissement progressifdes droits de douane sur les importations en pro-venance de l'Union Européenne. Certes, ledémantèlement se produira sur une douzained'années ; l'impact de celui-ci sera peu importantles trois premières années parce qu'il concerneraen premier lieu les biens d'équipement et lesmatières premières qui ne sont que peu ou pastaxés, mais c'est à partir de la quatrième annéeque les moins values fiscales risquent d’être sub-

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stantielles.

La nécessité d'une politique financière compensa-toire s’impose comme une réponse indispensableà la libéralisation commerciale. Ainsi, avec l'ac-cord de libre-échange Maroc-UE, la gestion desfinances publiques se posera sous de nouveauxaspects et appellera l’adoption de nouvellesmesures. La compensation ne peut être raisonna-blement recherchée par la compression desdépenses publiques. Une telle option rencontrenon seulement un seuil d'intolérance sociale maisserait nuisible à la compétitivité globale de l'éco-nomie nationale, parce qu'elle se ferait au détri-ment de l'effort indispensable d'équipement eninfrastructures. L'augmentation de la pression fis-cale directe est difficilement envisageable sachantque l'Etat cherche à se désengager au profit dusecteur privé, ce qui exige le renforcement de sacapacité d'épargne et d'investissement par desprélèvements fiscaux moindres. Dans un telcontexte, l'assise souhaitable des recettes fiscalesde compensation ne saurait être en définitive quela croissance.

L'analyse de l'état de la croissance économique etdes enjeux de la globalisation a permis de mettreen relief la nature, les rythmes et les consé-quences des changements en cours au sein del'économie nationale. D'autres mutations, nonmoins importantes, animent l'évolution des struc-tures démographiques conditionnant, par là, la

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dynamique de la demande sociale.

3. Les mutations démographiqueset la demande sociale

Urbanisation accélérée, maîtrise de la procréation,montée de la famille nucléaire, allongement de ladurée de vie et croissance des besoins insatisfaitsen matière culturelle et artistique sont quelquesuns des changements sociaux les plus importantsque connaît le Maroc d'aujourd'hui.

Ces mutations démographiques ont des consé-quences réelles au niveau aussi bien de la crois-sance et de la structure démographique, qu’àl'échelle de la répartition spatiale de la populationet de la satisfaction de ses besoins.

Vers 2020, la population du Maroc s'élèvera à 37,5millions d'habitants ; soit 11 millions de personnesde plus par rapport au dernier recensement de1994. Malgré un net ralentissement, le rythmed'accroissement de la population sera encoreassez soutenu (1,3% par an en moyenne) durantles deux prochaines décennies.

La structure par âge de la population, actuelle-ment très jeune et recelant un potentiel d'accrois-sement considérable, va continuer à se transfor-mer sous l'effet des changements de niveau et destructure de la mortalité et surtout de la fécondité.Désormais, l'effectif annuel des naissances connaî-tra une tendance à la baisse et le nombre moyend'enfants par femme ne sera plus que de 1,9

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enfants vers 2020.

Quelques unes des conséquences les plus impor-tantes de cette évolution seront la diminution dela part des moins de 15 ans et l'augmentation decelle des personnes en âge d'activité (15 à 60 ans)et des personnes âgées (60 ans et plus).

Cette nouvelle configuration démographique pré-sentera des avantages certains, notamment unebaisse des effectifs à scolariser, mais elle impli-quera également d'autres défis à relever, notam-ment celui de la création d'un plus grand nombred'emplois.

Ainsi, on ne peut continuer à envisager les consé-quences de la nouvelle structure démographiqueuniquement à travers les besoins des populations.A un moment où la mondialisation s'impose dansquasiment tous les domaines, où l'ouverture et lesexigences de compétitivité doivent guider notrestratégie d'avenir, les besoins de la population,aussi bien que la manière de les satisfaire, doiventêtre repensés différemment.

3.1. L’activité et l'emploi

L’emploi des jeunes en général et des jeunesdiplômés en particulier sera l’un des défis majeursà relever pendant les deux prochaines décennies.En effet, l’essentiel des demandes d’emploi estexprimé par une population âgée de 15 à 34 ans.Actuellement plus de 80% des demandeurs d’em-ploi sont des jeunes dont le quart environ sont

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titulaires au moins du baccalauréat.

Le chômage des diplômés ne cesse de s’accentueret commence à prendre la forme d’une tendancelourde. Si au début des années 80, les diplôméschômeurs ne représentaient que 5% de la popula-tion active à la recherche d’un emploi, actuelle-ment ils représentent plus de 15%.

Le chômage des diplômés supérieurs (ayant aumoins le DEUG) prend également des proportionsinquiétantes et dépasse 30%.

En ramenant le niveau de chômage des jeunes àenviron 16 % en 2010 (équivalent du taux du chô-mage actuel), le nombre de chômeurs âgés de 15à 34 ans s'établirait encore à un peu plus d’un mil-lion environ.

Ce déséquilibre spectaculaire du marché de l'em-ploi est révélateur de plusieurs carences qui sesituent non seulement au niveau économique(croissance économique insuffisante) mais aussiau niveau des faibles performances du système del'éducation-formation.

Le processus d'augmentation de la productivitégrâce à la technologie ne cesse de remettre encause la place et le rôle de l'homme dans le pro-cessus productif. Des bouleversements profondsdans la nature de l'activité économique se profi-lent à l'horizon. Les services domineront l'activitééconomique au détriment de la production desbiens.

On doit reconsidérer ainsi plusieurs paramètres de

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l'organisation économique et sociale dans le sensd'une redéfinition du travail productif, de la natu-re de la richesse et d'une meilleure valorisationdes ressources humaines.

Il est bien évident que la phase actuelle de transi-tion révèle des incertitudes de toutes natures, maisdes choix doivent être faits rapidement et notam-ment celui de l'investissement dans le capitalhumain.

3.2. L'éducation et la formation

La généralisation de l'enseignement notamment,et de l'enseignement fondamental en particulierconstitue l'un des grands défis des prochainesannées. Cette action a d'autant plus de chancesd'aboutir que, du fait de la baisse de la fécondité,amorcée il y a deux décennies, le nombre d'en-fants à scolariser est en diminution.

La généralisation de l'enseignement fondamentalqui concerne déjà les enfants âgés de 7 à 12 ans(1er cycle de l'enseignement fondamental), tou-cherait, à partir de l'an 2000, les enfants de 13-15ans (correspondant au 2ème cycle fondamental)et quelques années plus tard (vers 2003), lesenfants de 16-18 ans (Enseignement secondaire).

En supposant que la généralisation de l'enseigne-ment fondamental (1er et 2ème cycle), se réaliseet avec un taux de scolarisation de 50% dans lesecondaire, l'enseignement fondamental et secon-daire devraient pouvoir recevoir près de 6,4 mil-lions d'élèves à l'horizon 2010, contre près de 4

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millions en 1995.

L'accroissement important de cet effectif s'ex-plique par les faibles taux de scolarisation actuels.On notera d'après le recensement de la popula-tion de 1994, que seuls six enfants sur dix âgés de7-12 ans sont scolarisés.

Il convient toutefois de noter que les efforts degénéralisation de l'enseignement fondamental doi-vent s'orienter en priorité vers le milieu rural, oùmoins de la moitié (43%) des enfants de 7-12 anssont scolarisés (contre plus de huit enfants sur dix-84%- en milieu urbain).

Pour faire face aux exigences du siècle prochain,la réforme de notre système d'éducation-forma-tion constitue un facteur déterminant.

La mise en place d'une politique hardie et nova-trice en faveur de l'enfance est à cet égard indis-pensable. La persistance des carences nutrition-nelles, relevées par plusieurs études, l'absenced'un environnement social et d'une éducationadéquats permettant l'épanouissement des facul-tés physiques et mentales de l'enfant, représententautant d'obstacles dans la formation de la person-nalité du citoyen de demain. Le développementdu pays et sa place dans le monde sont fonctiondes facultés d'imagination et de créativité des nou-velles générations. La rentabilité de l'investisse-ment dans ce domaine n'est que trop évidente.Encore faut-il que cet effort s'inscrive dans unenouvelle logique, plus moderne et plus orientéevers le futur et qu'il profite aux enfants des diffé-

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rentes couches sociales et notamment aux enfantsdes couches les plus vulnérables !

L'avenir du Maroc est fonction de son aptitude àvaloriser son riche et jeune potentiel humain.L'effectif des jeunes âgés de 20 à 34 ans qui s'élè-ve aujourd'hui à quatre millions environ dépasserales six millions vers 2010. Cette population jeuneappelée à jouer un rôle crucial dans les décenniesà venir est déjà née ; elle a aujourd'hui entre 4 et18 ans. Cependant, elle compte 38% d'enfants nonscolarisés et une proportion similaire d'analpha-bètes. C'est dire l'ampleur des retards accumulés etla nécessité d'une forte mobilisation pour les com-bler.

3.3. La santé

L'un des domaines où ces retards se sont grande-ment accumulés est sans conteste celui de lasanté.

En matière d'encadrement médical notamment, leMaroc ne dispose en 1995 que de 35 médecinspour 100.000 habitants. En maintenant le rythmeactuel de formation, ce rapport ne dépassera pas58 en 2020.

De même, l'augmentation actuelle de la capacitéhospitalière (140 lits par an en moyenne durant ladernière décennie) reste insuffisante.

Pour assurer une capacité de 500 habitants par lità l'horizon 2010, le Maroc devrait pouvoir dispo-ser de plus de 40.000 lits supplémentaires.

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Connaissant la rareté des ressources disponibles,la politique sanitaire devrait procéder d'une visionplus volontariste tournée vers la correction desdisparités sociales et géographiques, qui accordela priorité aux dépenses, moins coûteuses, de pré-vention et d'information. L'infrastructure de santéest certes essentielle, mais elle doit intervenir pluscomme moyen que comme objectif de santépublique à atteindre.

L'examen de la demande de santé montre en effetque la dépense annuelle moyenne est quinze foisplus importante chez les 20% de la population lesplus aisés que chez les 20% les plus défavorisés.Cette situation est d'autant plus inquiétante que lacouverture du système de protection sociale neconcerne que 1% des couches sociales vulné-rables.

On notera que les dépenses budgétaires allouéesau secteur de la santé sont essentiellement (75%)destinées aux soins hospitaliers, du reste pluscoûteux, au détriment des centres de consultationet de prévention et surtout des centres ruraux.

Si la mortalité infantile a connu une baisse appré-ciable durant les dernières décennies, force est deconstater que, comparé aux pays de niveau dedéveloppement similaire, son niveau actuel resteparticulièrement élevé (plus de 60 décès pourmille naissances). En outre, les deux dernièresenquêtes réalisées par le Ministère de la SantéPublique en 1992 et 1995, indiquent que le sché-ma d'évolution de cet indicateur a amorcé une

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certaine inflexion.

Il est bien évident que la santé ne dépend pas uni-quement de la médication mais aussi et surtout dudegré de salubrité du milieu, de la disponibilité del’eau potable et d'une pratique systématique desrègles de l'hygiène.

Le recensement de 1994 nous apprend à cet égardque 4% seulement des ménages ruraux habitentdes logements raccordés à un réseau de distribu-tion d'eau potable. Si la situation est plus favo-rable pour les citadins, on notera toutefois queplus du quart des ménages en milieu urbain nedisposent pas d’eau potable dans leur lieu d'habi-tation.

3.4. Le logement

Prenant en considération la croissance démogra-phique et la situation actuelle du parc immobilier(précarité et vétusté), le Maroc devrait construire,chaque année jusqu'en 2010, 180.000 logementspar an environ.

Sachant que la population rurale sera en 2010moins nombreuse qu'aujourd'hui, il convient depréciser que l'essentiel de ces besoins sera expri-mé par la population citadine (soit 170.000 loge-ments environ).

Etant donné, par ailleurs, que les réalisationstout au long des dernières années se situent àmoins de 70.000 logements, le déficit annuel

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net devrait se chiffrer à plus de 100.000 loge-ments.

Il convient de souligner par ailleurs que du faitque les ménages additionnels chaque année(inhérents à la structure démographique) sontconstitués de jeunes qui se mettent en couple,l'écrasante majorité des besoins en logements(75% environ) devrait satisfaire des demandesprovenant de ces nouvelles générations.

Mais il ne suffit pas de construire des logements;encore faut-il qu'ils soient dotés d'un minimumd'équipement et qu'ils respectent les règlesrequises de salubrité.

Sur les 4 millions de logements environ quecompte le Maroc, près de 2,2 millions (dont 74%en milieu rural) ne sont pas raccordés au réseaude distribution de l'eau courante et près de 2millions (dont 78% en milieu rural) ne disposentpas d'électricité.

Pour ce qui est de la salubrité, on remarqueraque, selon une définition approximative de cephénomène, près du quart (22%) des ménagesurbains résident dans des quartiers d'habitat insa-lubre.

En somme, le domaine de l'habitat se présentecomme un secteur où il y a beaucoup à faire tantsur le plan réglementaire que sur le plan de l'in-vestissement et de l'industrialisation à grandeéchelle de la production (car jusqu'à présent c'estle secteur informel qui est prédominant). C'est

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aussi un ,potentiel important de créations d'em-plois aussi bien dans ce secteur que dans d'autres.

3.5. L'eau

Denrée de plus en plus rare, de plus en plusdemandée, l'eau risque d'être difficilement acces-sible à l'avenir. La politique de l'eau est de ce faitappelée à s'inscrire dans une stratégie globale àmême de satisfaire les besoins futurs

Selon certaines estimations, la demande des usa-gers connaîtrait un accroissement important. D'icià 2020, les besoins se chiffreraient à 20 milliardsde m3 d'eau contre la moitié environ actuellement; sans compter les besoins dans le domaine agri-cole, où les superficies irriguées devraient néces-sairement connaître une grande extension (pouratteindre 1,3 millions d'hectares dans une dizained'année).

L'une des premières actions à mener à cet égardconsiste d'une part, dans la protection des res-sources en eaux par le biais de programmes d'as-sainissement, d'épuration et de lutte contre la pol-lution ; et d'autre part, dans la mise en place d'unepolitique active de recyclage des eaux usées.

Du lien entre la qualité de l'eau (de l'environne-ment en général) et la santé dépendront les effortsqui seront entrepris dans ce domaine et qui aurontdes répercussions favorables sur l'améliorationdes conditions de vie de la population (luttecontre les maladies dont notamment les maladieshydriques).

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Il convient également de noter le rôle de la pau-vreté et de l'ignorance dans la dégradation de l'en-vironnement. La lutte contre la pauvreté (surtouten milieu rural) et la mise en place de pro-grammes de vulgarisation et de sensibilisationd'envergure nationale constituent à cet égard desactions pour le moins indispensables.

3.6. La demande culturelle

L'émergence d'une demande culturelle au sein dela société marocaine révèle en même temps l’am-pleur des déficits qui caractérisent la situationactuelle de la culture.

En effet, avec une population dépassant les 27millions d’habitants, l’industrie du livre ne peutproduire au mieux qu'un livre par jour. Selon lesdonnées du registre du dépôt légal, cette produc-tion n’a pas dépassé 300 titres en 1996 contre 365en 1995 et 406 en 1994.

En matière de distribution du livre, les chiffressont assez faibles ne dépassant guère la limite de5000 exemplaires et au minimum 1000 unités (àl’exception du livre scolaire). Les ventes dépassentrarement mille copies.

Dans le domaine du cinéma, la situation restemarquée par la prédominance d’initiatives indivi-duelles limitées. Le Fond de soutien à la produc-tion cinématographique a vu ses ressourcesdécroître de manière régulière suite à la diminu-

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tion des recettes des salles de cinéma.

Concernant la distribution de la presse, le Marocn'a pas encore atteint le plafond des 100 000copies par journal.

Dans le domaine de la production audiovisuelle,la part consacrée aux programmes culturels estinsignifiante. Seules des productions étrangèresdédiées à la culture sont diffusées.

Ce ne sont là que des exemples quantitatifs decette réalité qui marque le domaine culturel. Desexemples que l’on pourrait étendre au domainesde la chanson, des arts plastiques (à travers lesexpositions et la présence dans les espacesurbains), du théâtre, des festivals artistiques, cul-turels et des arts populaires et tout ce qui concer-ne la conservation du patrimoine culturel.

Cette donne culturelle est encore plus ressentiedans les structures de production et de distribu-tion, sanctionnant davantage la production cultu-relle de qualité. Celle-ci n’atteint pas le consom-mateur selon des prix raisonnables correspondantà son pouvoir d’achat. Cette situation est aggravéepar l’inexistence de structures d’accueil du produitculturel et l’absence d’un véritable marketing cul-turel à même de promouvoir ce produit à l’inté-rieur et à l’étranger (campagnes d’information,prix d’encouragement, sociétés de distribution,expositions locales et régionales, etc...).

En définitive, qu'il s'agisse de la santé, de l'éduca-tion, du niveau de vie en général ou de la cultu-

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re, de nombreux déficits persistent qui concernentplus particulièrement la population rurale restéequasiment à la marge du développement écono-mique et social.

Deux indicateurs éloquents à cet égard : troisruraux sur quatre sont analphabètes ; sur 1000naissances en milieu rural, près de 80 enfantsdécèdent avant d'atteindre leur premier anniver-saire.

Le développement du monde rural est donc undes grands défis que doit relever le Maroc durantles deux prochaines décennies. Il implique nonseulement la participation des populations ruralesau développement, mais aussi la sécurité alimen-taire, l'aménagement du territoire et la conserva-tion des ressources naturelles.

Ainsi, de par ses répercussions multiples etdiverses, la démographie n'est pas un phénomèneisolé. C'est justement pour cette raison que desefforts doivent être entrepris pour relier les poli-tiques de population aux objectifs plus générauxde développement économique et social.

Durant les deux prochaines décennies, la crois-sance de la population continuera d'exercer unepression assez forte sur les ressources. En effet,la jeune structure démographique de la popula-tion, fruit notamment de la forte fécondité dupassé, est encore caractérisée par un potentiel

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d'accroissement considérable.

Il convient toutefois de noter que la baisse récen-te, et de plus en plus rapide, de la fécondité a déjàcommencé à avoir des effets favorables que l'onpeut aisément lire sur la pyramide des âges. Bienplus, tout porte à croire que cette tendance conti-nuera à l'avenir.En somme, le Maroc est en bonne voie pour cequi est de la maîtrise de sa croissance démogra-phique. Désormais, il s'agira de porter plus l'at-tention à l'amélioration du capital humain, garan-te non seulement de la pérennité d'une faiblefécondité, mais aussi d'un développement écono-mique et social rapide et soutenu.

La mise en relief des changements et des inertiesdans les domaines économique et social n'est passuffisante pour appréhender le devenir du Maroc.Ainsi, l'évolution des institutions est, aujourd'hui,une partie intégrante de la dynamique sociétaledu changement.

4. Les changements institutionnels et laparticipation de la population

Les changements opérés dans le domaine institu-tionnel, au courant des années 1990, sont réels.Mais leur traduction, dans la vie de tous les jours,par des comportements rationnels fondés surl'éthique de la confiance et de la participation, estrelativement plus lente parce que complexe et dif-ficile.

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4.1. Les avancées constitutionnelles

Les amendements successifs de la Constitution de1992 et de 1996 donnent à l'évolution institutionnel-le du pays un nouvel élan.

En 1992, de tels amendements ont consacré l'atta-chement aux principes des droits de l'homme et lerespect des droits économiques, sociaux et cultu-rels de l'homme, érigé la région en Collectivitélocale, transformé la Chambre constitutionnelle enConseil constitutionnel composé de membresreprésentatifs et élevé le Conseil économique etsocial au rang d'institution constitutionnelle.

En 1996, outre la recherche d'un équilibre institu-tionnel, l'adoption du bicaméralisme (art. 36 et 38)vise un élargissement de la base socio-politique,professionnelle et territoriale de la représentationau Maroc. Ainsi, la chambre des conseillersentend jouer un rôle d'intermédiation plus actifentre les niveaux local, régional et national, touten conférant à la région le statut d'acteur de ladémocratie locale.

Aussi, les pouvoirs accordés à la chambre desconseillers traduisent-ils la volonté d'associer desacteurs de base – les collectivités locales, leschambres et les associations professionnelles – àla définition et au contrôle des politiques natio-nales.

Par ailleurs, les nouvelles dispositions de laConstitution de 1996 consacrent "la liberté d'en-treprendre" (art. 15) comme voie irréversible pour

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la démonopolisation et la déréglementation del'économie. De même, la nécessité de contrôledes deniers publics par la Cour des Comptes (art.96, 97, 98 et 99) est érigée en disposition consti-tutionnelle.

Dans cette perspective, la mise en place des Coursrégionales des Comptes permettra auxCollectivités locales d'inscrire leurs activités dansle sens rigoureux de l'intérêt général et du res-pect de la règle du droit. Le contrôle régionalisédes comptes et de la gestion des Collectivitéslocales produira, par ses effets préventifs, etrépressifs l'action dissuasive et pédagogiquepour orienter la gestion locale vers la modernitéet le respect de la légalité.

La Constitution de 1996 réhabilite enfin, le plan dedéveloppement (art. 32, 50 et 66) soulignant, parconséquent, la nécessité pour le Maroc d'avoirune vision stratégique de son avenir.

4.2. La fonction consultative

Le développement institutionnel se traduit en par-tie par la mise en place d'une fonction consultati-ve.

Cette fonction s'est nettement intensifiée depuis ledébut des années 1990 par la mise en place de troisinstitutions opérant dans des domaines stratégiques: le Conseil consultatif des droits de l'Homme, leConseil National de la Jeunesse et de l'Avenir et leConseil Consultatif Chargé du Suivi du DialogueSocial.

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La mise en place de ces lieux de concertation éco-nomique, sociale et culturelle et en matière desdroits de l'homme a contribué à valoriser le rôlede la fonction consultative dans le processus de ladécision publique.

De plus, ces lieux de concertation, assumentaujourd'hui, de manière différenciée, une missionde conseil économique et social qui éclaire laprise de décision.

Dans le domaine de la promotion et de la défen-se des droits de l'Homme, les avis du CCDH ontpermis de réelles avancées en direction des liber-tés fondamentales et des droits économiques,sociaux et culturels.

Dans le cadre de l'exercice de cette fonctionconsultative, le CNJA a émis une série d'avis et derecommandations, fruit d'une large concertation,qui constituent une contribution à la définitiond'une politique active et prospective d'insertiondes jeunes dans le tissu productif national.

En effet, l'action du CNJA a permis d'initier lespratiques de concertation et de dialogue au seind'une structure institutionnelle nationale, repré-sentative des différentes forces vives de la nation.

Par cette approche, le CNJA et son positionne-ment institutionnel ont contribué à la mise enplace de mécanismes de médiation entre les dif-férents partenaires économiques, sociaux, associa-tifs et institutionnels, en vue de promouvoir une

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dynamique consensuelle.

De même, par ses réflexions et son anticipation,le CNJA fournit les instruments nécessaires à unemeilleure visibilité de l'avenir. Dans ce contexte,l'exercice de la fonction consultative constitue unnouveau jalon dans la consolidation de l'édificedémocratique.

C'est dans cette même perpective que le ConseilConsultatif chargé du suivi du dialogue social aété créé en tant qu’espace de concertation et dedialogue en matière de relations profession-nelles.

On constate ainsi que la question de l'extensiondes espaces de concertation par une meilleurereprésentation des agents économiques, sociaux etculturels dans les différentes structures consulta-tives, est le fruit d'une volonté réelle d'associer lesorganisations représentant les intérêts collectifs dela société civile dans le processus de gestion desaffaires publiques.

Elément de base d'un Etat de droit démocratique,la fonction consultative permet en effet de donnerforme à la démocratie sociale. Elle s'appuie surl'implication de toutes les forces vives concernéeset la recherche d'un consensus entre les repré-sentants des différentes catégories de la vie éco-nomique et sociale qui trouvent dans leurs ins-tances respectives un moyen de communicationvers les pouvoirs publics de leurs avis et propo-sitions.

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L'établissement et l'organisation, au sein d'ins-tances consultatives, de rapports permanents entrele politique, l'économique, le social et le cultureldans tous les pays à tradition démocratique,répondent donc à l'exigence fondamentale deconsultation par la concertation, afin d'asseoir ladécision sur des bases qui garantissent l'adhésion.

4.3. Vers une plus grande effectivitéde la décentralisation

La décentralisation connaît des progrès importants,notamment depuis 1976. L'élargissement des com-pétences de la commune et la consécration de larégion en tant que collectivité locale en sont uneillustration significative.

Cependant, le degré d'effectivité de la décentrali-sation dépend de l'importance des moyens mis auservice des Collectivités locales et du développe-ment de la déconcentration.

Un tel développement de la concentration suppo-se d'abord l'uniformisation des découpages et desimplantations régionales et provinciales desAdministrations.

Cette uniformisation permet d'abord de pallier ledéficit de cohérence et d'efficacité de l'action del'Administration.

La consolidation du processus de déconcentrationpasse ensuite, par une meilleure couverture spa-tiale, par une véritable déconcentration institu-tionnelle (délégation des pouvoirs au profit desservices extérieurs de l'administration), par l'affec-

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tation de moyens humains et financiers suffisantset par l'assouplissement des procédures qui condi-tionnent l'efficacité et la célérité du service public.Le progrès de la déconcentration exige, enfin, lasynchronisation et la coordination des différentesactions de l'Administration. C'est au prix de telsajustements que la décentralisation pourraitconnaître un nouvel élan, qui ferait des collectivi-tés locales un véritable acteur du changement.

Ces développements institutionnels ont, certes, euune incidence réelle sur la vie politique : exten-sion des domaines des libertés, progrès des droitsde l'homme, une plus grande institutionnalisationdes rapports politiques entre acteurs et un renfor-cement de la démocratie locale. Mais de tels chan-gements peuvent paraître, par moments, insuffi-sants au regard des défis que le pays doit relever.Dans cette perspective, la dynamique enclenchéedoit être consolidée par d’autres changementsconcertés qui sont à l'ordre du jour. Pour ce faire,la mobilisation des atouts de changement dontdispose l'économie marocaine est un préalablemajeur.

B. LES ATOUTS DU CHANGEMENT

Bien que de grands défis se trouvent sur le che-min du Maroc, celui-ci dispose d'un importantpotentiel et d'atouts majeurs susceptibles d'y faireface :

• une position géographique à optimiser ;

• des ressources physiques appréciables ;

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• des ressources humaines potentiellementimportantes ;

1. L'optimisation de la position géo-stratégique du Maroc

Dans l'ère de la mondialisation et des alliancesstratégiques, la situation géographique du Marocconstitue un facteur déterminant pour la coopéra-tion internationale, et l'intégration dans des grou-pements économiques régionaux. Elle offre aussiaux entreprises nationales exportatrices l'opportu-nité pour d'importantes percées dans la compéti-tion mondiale et permet, par la proximité del'Europe, à l'ensemble du système productif natio-nal de tirer profit en priorité des avancées tech-nologiques du vieux continent. Cette position pri-vilégiée par une nature diversifiée, les ouverturessur l'Océan Atlantique et la Méditerranée, l'appar-tenance au continent africain présente d'indé-niables opportunités pour le développement decertaines activités sectorielles, principalement letourisme, les transports, le commerce et l'intermé-diation financière.

2. La mobilisation des ressources physiques

Pour ce qui est des ressources physiques, lesphosphates représentent, en termes de "stocks",plus de la moitié des réserves mondiales. Elleconstituent dans les deux décennies prochainessous forme brute ou par transformation enengrais, des sources relativement importantes de

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devises et ce en dépit de la tendance à la baisseaffichée récemment par la demande mondiale. Endehors des phosphates et même de certains autresgisements miniers, le Maroc dispose d'un impor-tant potentiel agricole suffisamment diversifié,capable, moyennant quelques réformes de base,de contribuer à une croissance soutenue et per-formante. Les ressources halieutiques gérées sur labase de la durée, constituent, elles-aussi,d'énormes potentialités pour l'économie dedemain.

3. La valorisation des ressourceshumaines

De par sa structure démographique, le Maroc dis-pose d'un potentiel humain considérable.Importante en volume et surtout jeune, la popula-tion en âge d'activité représente un atout essentielpour l'économie marocaine.

Considérant toutefois la qualité de cette popula-tion, on ne manquera pas de s'apercevoir que cetavantage demeure très limité. En effet, le Marocconnaît un taux d'alphabétisation particulièrementfaible, qui n'évolue, du reste, que très lentement.Comparé à des pays de niveau de développementsimilaire, le système éducatif marocain se présen-te comme l'un des plus inefficace.

Le milieu rural, où réside encore près de la moitiéde la population du Maroc, est, à cet égard, dansune situation plus déplorable : trois ruraux sur dixet près de neuf femmes rurales sur dix sont anal-phabètes.

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Dans la perspective de 2020, et afin que la popu-lation jeune active puisse jouer pleinement son rôleen tant que facteur essentiel de compétitivité, il estdevenu urgent d'améliorer significativement la qua-lité de ce capital humain dans le cadre d'une nou-velle vision du système d'éducation-formation.

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II. LES CHOIX DE L’AVENIRL'analyse du contexte dans lequel s'opère aujour-d'hui le changement et l'évaluation des potentiali-tés de croissance et de développement que recè-le l'économie marocaine incitent à mettre en pers-pective les scénarios possibles offerts à l'ensembledes acteurs et à identifier les choix stratégiquesglobaux et sectoriels qui permettent de les réali-ser.

Cette identification suppose, cependant et au préa-lable, la référence prioritaire à des principes direc-teurs pouvant éclairer la vision des acteurs, guiderleur action, donner un sens à leur projet collectif etoffrir par là une visibilité à leur comportement.

Ces principes constituent les fondements indis-pensables à ce que pourrait être demain une véri-table culture du changement.

A. LES PRINCIPES DIRECTEURS

L'expérience marocaine de développement, saisiesur une longue période, révèle que la réussite duchangement est tributaire de la recherche conjoin-te de l'efficacité économique et de la cohésionsociale ainsi que de la confiance et de la stabilité.

Sources de progrès et de prospérité de la nation,ces principes directeurs et ces valeurs-repèresconstituent les garants de la réalisation d'un chan-gement maîtrisable et soutenable.

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1. L'efficacité économique et la cohésionsociale

Le principe de l'efficacité économique signifiel'optimisation des performances globales du systè-me productif national.

La cohésion sociale renvoie à la redistribution desfruits de la croissance, permise par de telles per-formances.

De tels objectifs peuvent paraître antinomiques.

Toutefois, dans le cadre d'une nouvelle visionstratégique, la maximisation de la croissance -donc de l'efficacité économique - peut se réaliserdans la perspective d'une meilleure répartition desrevenus, donc de la cohésion sociale.

Ainsi, au regard de l'ampleur des défis que nour-rit une demande sociale en croissance se poseune question fondamentale : comment mettre enplace des stratégies de croissance et élaborer despolitiques sociales sans que les institutions et lesdispositifs qui en constituent le fondement nesoient économiquement contre-productifs ? Ditautrement, quelles modalités publiques de traite-ment des défis économiques et sociaux mettre enplace pour concilier les préférences individuellesdes acteurs et les choix collectifs de la Nationdans une perspective de conciliation entre l'effica-cité économique et la cohésion sociale ?

Ce constat part du postulat selon lequel, toutepolitique de croissance ne peut garantir l'équilibrenécessaire entre efficacité et cohésion sans être

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valablement ancrée dans le social.

En effet, le social ne doit pas être considérécomme un résidu de la croissance mais plutôtcomme un facteur et un objectif de celle-ci.

Ce constat étant fait, deux questions se posent :

• Quel serait le coût global de cette nouvelle stra-tégie sociale ?

• Comment en assurer le financement ?

En fait, le principe de la conciliation entre effica-cité économique et cohésion sociale pose le pro-blème des instruments de redistribution des fruitsde la croissance. La légitimité de l'impôt et l'amé-lioration des relations professionnelles constituentles principaux instruments de cette conciliation.De sorte que, si l'efficacité économique et la cohé-sion sociale sont appréhendées selon cette pers-pective de changement, elles incitent à réfléchirsur la nécessité d'élaborer un véritable contratsocial réunissant l'ensemble des composantes dusystème économique et social national.

Il s'agit donc d'une perspective privilégiant la soli-darité nationale et élevant les stratégies d'insertionpar l'économique, la formation, l'action socio-cul-turelle et la décentralisation au rang de prioritésnationales. Ces priorités doivent se fonder aussibien sur l'Etat que sur le potentiel d'acteurs nou-veaux que recèle la société civile.

En effet, devant les limites objectives de l'Etat etdu marché à apporter des solutions durables àune demande sociale croissante et de faire face

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aux multiples défis internes et externes, la com-plémentarité organique entre les acteurs poli-tiques, économiques et sociaux nationaux sur labase d'une gestion solidaire de ces défis devientune nécessité stratégique. Cette gestion solidaireest une condition essentielle pour accroître lesperformances globales du système productifnational, et pour favoriser la conciliation entre l'ef-ficacité économique et la cohésion sociale.

Dans cette perspective, la concertation politique,économique et sociale entre acteurs, devient uneoption fondamentale dans la gestion du change-ment pour au moins quatre raisons :

- Politiquement, elle permet d'accroître les capaci-tés immunitaires du système social contre les aléaset les incertitudes liés au phénomène de la globa-lisation et de l'ouverture ;

- Economiquement, elle rend efficientes et fai-sables les stratégies de mise à niveau du systèmeproductif national au moindre coût pour l'en-semble de la collectivité. Elle rend également pos-sible une maîtrise relative de la relation entre lesystème éducatif et de formation d’une part, lesbesoins de l'économie et de la société d’autre part,contribuant ainsi à réguler les déséquilibres queconnaissent les marchés, en particulier du travail.

- Socialement, elle stimule une dynamique demodernisation des relations professionnelles pou-vant déboucher à terme sur la conciliation entre laflexibilité et la solidarité;

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- Sur le plan stratégique enfin, la concertation enmatière de gestion des conflits sociaux et poli-tiques, permtet de réconcilier d'un côté l'entrepriseet les salariés et de l'autre l'Etat et le citoyen. De cefait, elle produit auprès de la collectivité une ratio-nalité axée sur le droit et le respect des institutionset entraîne par là une homogénéisation progressi-ve de l'ensemble du système social autour d'uneculture du dialogue.

De telles perpectives nécessitent, une véritablemutation culturelle à l'échelle de l'ensemble desacteurs économiques, sociaux et politiques, axéesur la confiance et la stabilité.

2. La confiance et la stabilité

Le deuxième principe directeur qui fonde la stra-tégie du changement concerne la confiance et lastabilité, comme fondements éthiques de tout sys-tème économique performant.

La lecture de l'histoire de l'Occident a conduit,pendant longtemps, à considérer les progrès éco-nomiques, sociaux et politiques comme la résul-tante logique et directe des nombreuses réformeséconomiques intervenues (réforme agraire, forma-tion du capital, libération de la main-d'oeuvre,révolution technologique, révolution industrielle,taylorisme....). Or, de nouvelles interprétations del'histoire de l'humanité indiquent que le progrèspuise sa source, au-delà des facteurs écono-miques, dans l'éthique de la confiance qui a fondéles différents systèmes économiques performants.

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Là où cette éthique a pris place, le développementa été rapide et global.

Aujourd'hui, la confiance est au coeur de la pro-blématique de la croissance économique et dudéveloppement social. Le comportement desagents est de plus en plus régi par la logique dela confiance dans l'entreprise, la monnaie, le mar-ché financier, l'investissement et les institutions.

Dans les pays en développement comme leMaroc, le positionnement dans l'économie mon-diale dépend de la confiance qui anime les agentséconomiques nationaux et étrangers pour investiret entreprendre. De même, les rapports de parte-nariat entre le Maroc et d'autres pays sont, de plusen plus, soumis au degré de confiance dont jouis-sent ses institutions.

Autant d'arguments qui témoignent, aujourd'hui,de l'importance cruciale de la confiance dans laréussite de tout projet de développement écono-mique et social.

C'est dans ce contexte de dynamisation de laconfiance que doivent s’inscrire les ajustements àl’oeuvre : relance du dialogue social, améliorationdes rapports entre les opérateurs privés et l'admi-nistration, réformes institutionnelles.

La confiance n'est pas une simple catégorie mora-le, abstraite. Elle est aussi une culture. Dans toutedémocratie, elle nourrit le quotidien des citoyens.Sa traduction dans les comportements des opéra-teurs et dans le fonctionnement des institutions

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revêt la forme d'une efficacité accrue dans la ges-tion des affaires publiques d’une plus grandetransparence dans les rapports entre institutions etcitoyens, d’une participation plus large de lapopulation au traitement des problèmes écono-miques et sociaux et, enfin, d’une améliorationréelle des relations professionnelles.

Aussi, l'initiation de l'éthique de la confiance setraduit-elle, d'abord, au niveau des comporte-ments des opérateurs, par le respect de la loi, laculture du civisme et de la solidarité ainsi que parune plus grande rationalité dans le comportementsocial et dans le mode culturel de consommation.

Au sein de l'administration, une telle perspectivedevrait induire plus d'efficience et plus d'équité.Dans ce contexte, le service public se présentecomme le résultat de l'instauration de rapportsconventionnels entre l'administration et lescitoyens.

L'émergence de l'éthique de la confiance est,enfin, tributaire, de l'amélioration réelle des rela-tions professionnelles sur lesquelles est fondé lesystème productif. En effet, l'évolution récente denombreuses expériences a montré que les écono-mies modernes qui résistent le mieux à la mon-dialisation et qui enregistrent de meilleurs perfor-mances sont précisément celles qui ont établi leursystème économique sur des relations profession-nelles modernes, c’est à dire sur la concertation etle respect des intérêts mutuels.

Par ailleurs, les trajectoires différenciées des socié-

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tés révèlent que les transformations brutalesconduisent souvent à des impasses et que les rup-tures radicales engendrent de lourds coûts civili-sationnels.

Dans l'histoire du Maroc, l'éthique de la confian-ce, qui a toujours fondé les rapports entre lamonarchie et le peuple, explique, en tant quesource de légitimité, la permanence de la stabilitédu système politique.

C'est dans cette perspective qu'il convient d'inscri-re les processus de dynamisation de la confianceque matérialisent les réformes institutionnelles encours, consacrant et consolidant la légitimité his-torique, gage de la stabilité, et ouvrant de ce faitune nouvelle ère plus propice à l'élaborationconsensuelle des choix stratégiques de l'avenir.

B. LA VISION STRATEGIQUE

La satisfaction des besoins essentiels et l'améliora-tion des conditions de vie de la population consti-tuent les principaux objectifs à attendre de lavision stratégique. Ces objectifs s’imposent d’au-tant plus que les perspectives démographiquesdonnent toute la mesure des défis à relever.L’ensemble des actions à long terme, program-mées dans le cadre de cette vision tendent à com-bler les déficits accusés au niveau des besoins dela population dans les domaines vitaux de l'em-ploi, l'alimentation, l'eau, la santé, l'éducation,l'habitat, les loisirs et la culture.

Les options stratégiques proposées devraient à

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terme conduire à l'image finale prévisible du scé-nario alternatif proposé. Loin d’être exhaustives,elles constituent un large éventail d'actions cohé-rentes et suceptibles d’être éventuellement com-plétées.

1. Les scénarios de l'avenirDans le but de donner un contenu à cette visiond’avenir et de mettre en relief le potentiel decroissance que recèle l'économie nationale, deuxscénarios sont proposés. Le premier dit " scénariotendanciel" est fondé principalement sur la pro-longation des tendances lourdes en prenant encompte les orientations et réformes économiquesactuelles. Le second, dit “ scénario alternatif ”,opte pour le changement dans le cadre de lavision stratégique envisagée. Pour ces deux scé-narios contrastés, des conditions relativementfavorables ont été adoptées comme hypothèsesde base à deux niveaux : l'économie mondiale etla population. Les nouvelles structurations économiques et lemouvement de globalisation rapide devrait profi-ter à terme à l'économie mondiale et générer unecroissance notable du commerce international quiserait de l’ordre de 4,5% avant l'an 2010 et de 5,7%dans la décennie suivante. Les grandes firmestransnationales joueront un rôle important danscette dynamique à travers notamment l’introduc-tion et la mise en oeuvre de nouveaux facteurs decompétitivité.

Pour ce qui est des tendances démographiques,

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elles continueront à connaître un ralentissementpour atteindre en fin de période un taux de crois-sance qui sera de l'ordre de 1,2%. Mais en dépitde cette évolution positive, la variable démogra-phique reste déterminante dans toute visiond’avenir. Ainsi les principaux indicateurs intégrésdans les scénarios proposés connaîtront l’évolu-tion qui suit :

1995 2005 2010 2020Population totale (millions) 26,7 31,3 33,6 37,5Population urbaine ( millions)13,718,3 20,8 25,9Pop. Active jeune ( millions) 5,0 5,8 6,6 7,0Pop. de moins de 15 ans (%)36,2 28,9 26,5 23,0Pop. âgées 60 ans et + (%) 7,1 7,8 8,1 11,2Espérance de vie ( en années)68,0 71,0 72,0 74,0Mortalité infantile (%o ) 63,0 52,0 48,0 41,0

Source : CNJA - perspectives établies sur la base des hypo-thèses des projections démographiques du CERED, Ministèrede la Population

2. Le scénario tendanciel

Conçue essentiellement à des fins de comparaisonavec le scénario alternatif proposé, la configura-tion de ce scénario ne sera abordée que succinc-tement. Les principaux indicateurs macro-écono-miques de ce scénario se présentent somme suit :

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Principaux indicateurs macro-économiques duscénario tendanciel

1995-20002000-2010 20102020Taux de croissance du PIB (en %) 4,6 4,44,7Prix implicite du PIB (en %) 4,5 5,0 5,5Importations / PIB (en %) 26,0 26,0 28,0Exportations / PIB (en %) 22,0 22,0 23.0Taux d'investissement : FBCF/PIB (en %) 23,0 24,0 24,5Dépenses Publiques (évolution en valeur %) 7,0 9,5 9,0Taux d'épargne 18,0 20,0 21,0Déficit budgét. / PIB (en %) 3,5 3,7 4,0Consommation des ménages Amélioration du niveau de vie2,0 2,1 2,2Taux de chômage 16,0 16,5 18,0

Source : CNJA, Cellule de Prévision et de Prospective.

Au vu de ces perspectives, ce scénario demeureprudent et teinté d'optimisme Il retient uneconstante et légère évolution de l'investissementen volume à l'inverse de ce qui s'est produit aucours des cinq dernières années. Le taux d'inves-tissement, compte tenu de cette faible progres-sion, n'augmentera que d'un point entre l'an 2000et 2020, passant de 23% à 24,5%, mais l'efficien-ce marginale du capital n'affichera aucune amé-lioration. La croissance de l'économie marocainese situera, dans le cadre de ces hypothèses, enmoyenne à environ 4,5% contre 3,5% la décenniepassée. Au niveau sectoriel, aucune modificationstructurelle ne se produira et la hiérarchie secto-

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rielle actuelle sera respectée avec un regain d'im-portance du secteur agricole au détriment de l'in-dustrie. En effet, sans une préparation et uneaction collective concertée, le tissu industrielnational risquera de passer le cap de l'ouverturetotale non sans dégâts tant au niveau de la pro-duction que de la création d'opportunités de tra-vail. Le marché de l'emploi restera tendu, avecquelques embellies conjoncturelles : le taux dechômage atteindra des niveaux (18%) difficile-ment supportables. Au regard de ces perfor-mances, la demande intérieure connaîtra desaccroissements modestes et l'amélioration duniveau de vie de la population permettra à peinede compenser les pertes du pouvoir d'achat enre-gistrées au cours de années 80. Quant à la deman-de extérieure, elle ne jouera, en dépit d'un envi-ronnement international favorable, qu'un rôlelimité dans la contribution à la croissance. Parailleurs, les indicateurs sociaux (scolarisation,accès aux soins de santé, alphabétisation) reste-ront préoccupants et risqueront même de se dété-riorer en milieu rural.

3. Le scénario alternatif

Contrastant avec les évolutions tendancielles pré-cédentes, le scénario alternatif s’inscrit dans unedynamique de changement. Il prend appui surune stratégie volontariste pour esquisser lescontours de la société de demain dans une doubleperspective économique et sociale.

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3.1. Les fondements du scénario alternatif

a. Une corrélation positive entre la croissance et l'em-ploi

Les tendances démographiques montrent, à tra-vers l'évolution du taux brut d'activité, que lapopulation active continuera à progresser à unrythme plus élevé que celui de la population tota-le. L'objectif central de la vision stratégique pro-posée est l'emploi pris dans tous ses aspects. Toutd'abord parce que dans la société actuelle, etencore plus dans le projet de société recherché àtravers cette stratégie dont l'un des fondements debase est de récompenser l'effort et la compétence,l'emploi constitue une valeur fondamentale pourla dignité de l'individu, l'accomplissement de sonêtre et son insertion dans la société. D'un autrecôté et mis en rapport avec les autres objectifs dela stratégie, l'emploi pourrait répondre à la satis-faction des autres besoins de la population àsavoir l'éducation, la santé et l'alimentation.Ensuite, l'emploi n'est pas considéré dans cettevision comme un résultat immuable du processusde croissance de l'économie mais en tant quevariable stratégique fondamentale contribuant à lafois à la création des richesses et à sa redistribu-tion. Enfin le niveau de l'activité et par consé-quent l'emploi est un facteur d'autant plus straté-gique qu'il joue un rôle déterminant dans l'équi-libre social susceptible de contrebalancer, dans lecadre de la solidarité sociale, les charges (éduca-tion, prévoyance, retraite, ...) de la population

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non active. Ainsi, la création d'emplois devrait êtreune action collective mobilisant l'ensemble despartenaires socio-économiques et non pas unsouci majeur et présent ressenti uniquement par lafrange de la population en chômage.

Compte tenu des potentialités de croissance inex-ploitées, l’intégration progressive des flux de per-sonnes arrivant sur le marché de l’emploi devraits’accomplir moyennant une stratégie de croissan-ce économique soutenue. Cette stratégie a pourforces motrices :

- le développement et la modernisation du secteuragricole : ce qui augmentera sa productivité et larémunération de son travail. Ce mouvement qui sefera de façon progressive et procédera d'un chan-gement de mentalité afin de considérer l'agricul-ture comme une activité et non comme un modede vie ;

- la création d'un réseau suffisamment dense depetites et moyennes entreprises organisées dansune logique de filière tirant profit entre autres, dela demande générée par l'activité agricole, de sanouvelle organisation et de la main d'oeuvre qu'el-le sera amenée à libérer. De par leur taille, leuradaptation à de nouvelles situations et la facilité deleur implantation, cette génération d'entreprisesformera les relais nécessaires entre les différentsrouages de l'économie et constituera de véritablesressorts pour la promotion de l'emploi ;

- le renforcement de la position compétitive dutissu économique dans son ensemble avec une

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attention particulière accordée aux entreprisesd'exportation et à celles intègrant une dimensioninternationale dans leur stratégie. La préparationdu secteur industriel à une agressivité écono-mique plus ardue, créée par le mouvement deconcentration mondiale en cours de formation parles implantations étrangères sur l'espace écono-mique national.

b. Education - Formation du capital humain

La valorisation du capital humain constitue unpréalable à toute vision stratégique de l'avenir enraison de l'effet qu'elle produit sur l'accroissementde la productivité, sur l'épanouissement de lapopulation et sur la compétitivité des secteurs del'économie nationale. En outre, des cadres techni-quement mieux formés et une main-d'oeuvre qua-lifiée constituent avec le niveau de développe-ment des infrastructures physiques de base lesprincipaux éléments d'attractivité des investisse-ments étrangers.

Pour ces principales raisons et compte tenu desrésultats insuffisants encore en matière d'enseigne-ment et de formation, il est devenu une obligationimpérieuse de repenser le système actuel, de capita-liser les nombreux efforts investis dans ce domaineet de prendre, dès maintenant, des mesuresconcrètes afin de provoquer la rupture en l'an 2020et de préparer une génération d'enfants ayant ache-vé le cycle de leurs études, composée de jeunes

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adultes plus qualifiés et mieux préparés à la vie acti-ve. Le système en mesure de relever ce défi doit êtredécentralisé, avec des cellules d'orientation profes-sionnelle au niveau de chaque établissement pre-nant en considération les tendances individuellesdes enfants et guidant, dans leur choix, élèves etparents. Les adultes devront bénéficier d'une forma-tion permanente et institutionnalisée dans le cadrede ce système. La formation des travailleurs par lesentreprises qui les emploient présente aussi un cer-tain nombre d'avantages dans l'amélioration de laqualité du travail et dans le suivi spécifique de l'évo-lution du progrès technologique. La réussite d'unetelle option requiert évidemment des employés unminimum d'éducation préalable, en plus d'unevolonté et d'une prise de conscience par les entre-prises de l'importance de l'enjeu.

c. Intégration et maîtrise du paramètre technologique

Le Maroc aura à l’avenir à relever le défi de lacompétitivité par la maîtrise du savoir, du savoir-faire et de la technologie. Le développement ducapital humain à travers un enseignement supé-rieur et technique de haut niveau devra aller depair avec la définition d’une stratégie en matièrede développement et d’assimilation des technolo-gies nouvelles. Cette stratégie devra s’inscrire dansune vision de croissance et de promotion de l’em-ploi.

L'action de Recherche - Développement à diffé-

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rents niveaux (entreprise, université, Collectivitélocale, Administration ...) devrait être un des élé-ments stratégiques les plus porteurs de change-ment. Elle sera favorisée par l'accélération du pro-cessus de diffusion du progrès technique, consé-quence du mouvement de mondialisation.

d. Développement des infrastructures

Dans une économie mondialisée, ouverte à d'im-portants flux de capitaux, l'existence d'une bonneinfrastructure constitue l'une des forces princi-pales de l'attractivité du territoire économiquenational et facilite l'afflux des capitaux étrangersvenant renforcer l'effort intérieur nécessaire eninvestissement productif. En dehors de son impactsur la compétitivité et la productivité des entre-prises, le développement du réseau d'infrastructu-re et l'amélioration de son efficacité permettraaussi le désenclavement de certaines zones etaugmentera les voies d'accès pour les popula-tions. Il contribuera à raffermir la demande et pro-voquera inéluctablement d'importants change-ments dans les structures du marché intérieur.

Dans ces perspectives à long terme, promouvoirun réseau intégré d'une vaste infrastructure debase dans toutes ses composantes (transports,télécommunications, barrages, eau, électricité ...),même s’il s’agit d’une entreprise coûteuse dont larentabilité pour la Collectivité n’apparaît qu’àterme, demeure le meilleur moyen de dynamiserl'économie et de provoquer à terme des change-

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ments quantitatifs et qualificatifs favorables.

d. Organisation et restructuration du marché intérieur

Les tendances lourdes en matière de population etles options stratégiques retenues pour la construc-tion de ces scénarios alternatifs à savoir les actionsd'éducation et de formation, le développement desinfrastructures et la promotion de l'emploi par unecroissance forte convergent et laissent présagerpour l'avenir un poids important du marché inté-rieur à travers les changements de comportementset des modes de vie de la population. Ainsi, dansle cadre de cette vision de l'avenir, des opportuni-tés de croissance des activités économiques sontorientées de façon à satisfaire les besoins de lapopulation et des entreprises. Cette orientationdevrait aller de pair avec le développement desexportations en tant que débouché important de laproduction nationale.

Une telle démarche cherche, par une combinai-son harmonieuse, à faire du marché intérieur unélément moteur de la croissance et à mieux sepositionner au niveau des marchés extérieurs.

e. Développement des exportations et meilleure gestiondes équilibres extérieurs

Dans un processus de libéralisation des échanges,le développement des exportations constitue l’undes fondements essentiels du scénario alternatifproposé.

En effet, à l’avenir, la libre entrée des produits en

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provenance de l’extérieur, et notamment dans lecadre de l’accord d’association signé entre leMaroc et l’Union Européenne, soulèvera, avecplus d’acuité encore, des interrogations sur lesvoies et les moyens susceptibles d’aider à mieuxmaîtriser les déséquilibres extérieurs.

Une politique volontariste, visant à améliorer lesperformances du commerce extérieur, à travers demultiples mécanismes prenant en compte la consti-tution d’espaces économiques régionaux (UnionEuropéenne et Union du Maghreb Arabe notam-ment), s’avère nécessaire pour assurer une crois-sance fortement créatrice d’emplois. Elle devraitpallier les insuffisances qui subsistent aussi bienau niveau de l’offre à l’exportation que des ins-truments de promotion.

Mais l'équilibre extérieur ne se limite pas au soldedes échanges de marchandises. C'est l'ensembledes transactions courantes qu'il faut considérerpour prendre toute la mesure de la contrainteextérieure. Dans cette optique il convient de sou-ligner que le ralentissement des recettes touris-tiques et la décélération des rapatriements deséconomies des RME compensent de moins enmoins le solde négatif des échanges de biens. Deleur côté, les décaissements afférents à la detteextérieure continueront d’opérer une lourdeponction sur les ressources nationales.

Dès lors, afin de répondre aux besoins croissantsde financement de l'économie, il y a lieu demettre à profit les économies en devises décou-

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lant d’une meilleure maîtrise des importations, lesgains en devises générés par le renforcement descapacités d’exportations ainsi que les capitauxreçus de l'extérieur et les exportations qu’ils peu-vent engendrer, à condition bien entendu que cescapitaux soient orientés vers les secteurs les plusproductifs.

f. Organisation de l'espace économique national

La dimension prospective de l’organisation du ter-ritoire est à intégrer dans cette vision stratégiquepermettant d'anticiper l'image future de l'écono-mie. L'aménagement géographique de l'espaceéconomique national doit être conçu comme unfacteur d'équilibre à travers le système de péré-quation entre les régions, constituant ainsi un fac-teur supplémentaire de cohésion sociale, de soli-darité et d'unité autour du projet collectif choisi.Cette organisation offre aux collectivités territo-riales, qui sont les entités de base, la possibilitéd'appliquer certains éléments de la stratégie à uneéchelle réduite, sur la base des spécificités de lalocalité, et avec une participation directe de lapopulation.

g. La dynamisation de l’espace maghrébin

L'optimisation des possibilités offertes par le par-tenariat entre le Maroc et l'Union Européenne etpar la constitution à l'horizon 2010 d'une grandezone de libre-échange à l’échelle de l'ensembleméditerranéen élèvent la construction du projetmaghrébin au rang des principaux choix straté-

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giques du Maroc de demain.

Ce choix est rendu nécessaire par les mutationsprofondes que connaît le nouvel ordre écono-mique international. La caractéristique majeure deces mutations est la structuration du système del'économie mondiale autour de trois grands pôles:les Etats-Unis, le Japon et l'Europe et cela sur unfond de promotion d'une coopération régionalede proximité devant conduire à la constitution etau développement de grands groupements éco-nomiques.

Afin de s'inscrire de façon active et maîtrisée dansle cadre de cette nouvelle donne géostratégique,la dynamisation du projet maghrébin s’avère indis-pensable tant pour le Maroc que pour les autrespays du Maghreb et d'Europe.

En effet, le projet maghrébin constitue pour leMaroc un vecteur d'élargissement de ses marchés,de diversification de son système productif, de lapromotion d' entreprises-jointes, de croissance del'attractivité de son économie pour les investisse-ments étrangers directs, (notamment en prove-nance de l'Union Européenne) et de développe-ment d'une nouvelle division régionale du travaildans les domaines agricole, industriel et des ser-vices.

Ces perspectives offertes par la constructionmaghrébine sont en mesure de consolider lesavantages compétitifs du Maroc et son pouvoir denégociation dans le cadre de ses relations avecl'ensemble euro-méditerranéen.

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h. Une meilleure prise en compte de l’environnement

les constats établis ont permis de conclure à ladégradation accélérée de l’environnement. Cettedégradation affecte en particulier le sol, l’air etl’eau avec toutes ses répercussions sur la santé, laqualité de la vie et les produits locaux. Or, aprèsle démantèlement des barrières douanières et tari-faires, les normes de qualité respectueuses del’environnement risquent de constituer de nou-velles contraintes à l’exportation.

Pour le Maroc, dont l’essentiel du tissu productifreste à construire, le pari de la protection de l’en-vironnement peut être gagné à moindre coût, eninstituant une réglementation appropriée.

Dans cette perspective les stratégies envisagéesvisent la réalisation de deux objectifs majeurs :dans une première phase, ramener à l’horizon2005 le niveau de dégradation à son niveau de1990, et dans une seconde phase infléchir à labaisse, de manière significative, à l’horizon 2020,les seuils enregistrés.

Il s’agit en effet d’une dimension importante dansla vision proposée et d’un fondement essentiel dela croissance que cette vision implique. Pour lamise en oeuvre d’une telle stratégie, il y a lieu derenforcer les dispositifs institutionnels et juri-diques et de mobiliser les moyens humains etfinanciers nécessaires. L’adhésion des populationsconstitue un préalable à la réussite de cette straté-gie.

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i. Actions collectives nouvelles

Parmi les préalables fondamentaux de la stratégieproposée se trouvent le consensus social, la mobi-lisation des différents acteurs autour d'un projetcollectif et l'aptitude des divers opérateurs écono-miques (Etat, entreprises et travailleurs) à coopé-rer dans l'intérêt national. Cette cohésion socialene peut se faire qu'autour d'un Etat modernejouant le rôle de stratège, mettant en oeuvre desactions ciblées dans les domaines de servicespublics (infrastructure, éducation, sécurité et justi-ce) et préservant l'égalité des chances descitoyens. Elle ne peut pas non plus se réalisersans la promotion d'une entreprise citoyenne etde nouvelles relations contractuelles entre les tra-vailleurs et le patronat. Cette cohésion sociale nesaurait enfin exister durablement que si elle per-met de créer de façon simultanée des richesses etde l'emploi.

3.2. la dimension économique du scénario alternatif

Par rapport au scénario tendanciel le scénarioalternatif met en évidence le potentiel de dévelop-pement que l'économie marocaine est en mesurede libérer dans le cadre d'une stratégie à longterme visant une croissance forte. L'accent est misessentiellement sur la création d'emplois en tantque priorité dans la hiérarchie des besoins de lapopulation.

Les perspectives de croissance à long terme tra-

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duites par ce scénario devront profiter largementde l'ampleur et de la rapidité du mouvement deglobalisation de l'économie, en matière d'investis-sement, de débouchés et de transfert technolo-gique. Elles sont aussi et surtout le résultat d’unevision collective basée sur la cohésion sociale etcherchant à opérer des modifications progres-sives, au sein des structures de l'édifice socio-éco-nomique. Il s'agit fondamentalement de l'effort àla fois quantitatif et qualitatif d'éducation et de for-mation, du renforcement du réseau infrastructurel,de la promotion du marché intérieur, du dévelop-pement des exportations et de la mobilisation desressources financières.

Dans cette perspective, l'économie nationaleabordera les vingt prochaines années avec unecroissance économique ascendante allant de6,1% en début de période à 8,4% en moyennepour la décennie 2010-2020. Cette évolution s’ex-plique par le fait que la plupart des actions stra-tégiques envisagées dans le cadre de cette visionn'apporteront leur plein effet qu’au voisinage de2005.

a. Principaux indicateurs macro-économiques

Les performances envisagées, du côté de l'offre,devront être engendrées par un effort d'investis-sement important, le taux d'investissement passantde 23,0% au cours de la période quinquennale1995-2000 à 29,5% pour la décennie 2010-2020.L’efficacité du capital augmentera aussi sensible-

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ment. Cette dynamique devra se réaliser grâce àune mobilisation de l'épargne intérieure et àl'amélioration de l'image attractive du Maroc pouraccueillir une part accrue des flux d'investisse-ments dégagés par la croissance soutenue del'économie mondiale.

Mises en regard des tendances passées, les pers-pectives de croissance retenues dans ce scénariopermettront une nette amélioration du niveau devie de la population de l'ordre de 4,5% annuel-lement, durant la décennie 2010-2020. Ces gainsde pouvoir d'achat proviendront essentiellementà terme d'une croissance jumelée à la créationd'opportunités d'emploi. Lente au démarrage, lasynergie ainsi créée doit aboutir à une réductionsubstantielle du chômage et du sous-emploi le tauxdiminuant progressivement pour atteindre une moyen-ne de 10,2% sur la période 2010-2020 et environ 8% enl'an 2020.

L'amélioration du niveau de vie de la populationdevra être renforcée, dans le domaine social, parles actions que mènera l'Etat, en partenariat avecles collectivités territoriales et le secteur privé, enmatière d'éducation, de formation, de santé etd'infrastructures sociales.

Les orientations de la politique économique quifondent le scénario alternatif impliqueraient unengagement accru de l’Etat au plan budgétaire. Untel engagement devrait engendrer, dans un pre-mier temps, un besoin de financement qui, comp-te tenu des normes actuellement en vigueur, pour-

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rait s’avèrer relativement élevé. Le déficit budgé-taire compatible avec la perspective de croissanceforte devrait en effet s’élargir progressivementpour atteindre la proportion de 5,3% du PIB enmoyenne sur la période 2000 - 2010. On notera,cependant, que cette tendance connaîtrait un netinfléchissemenmt durant la seconde phase du scé-nario alternatif et ce, à la faveur de l’accélérationdu processus de croissance et de l’importance desressources financières qu’elle est en mesure degénérer. Les projections à l’horizon 2020 fontapparaître à ce propos une atténuation sensibledes pressions sur les finances publiques avec undéficit, budgétaire qui se réduirait à une moyennede 4,7% du PIB sur la période 2010 - 2020, soitprès de 3% seulement en 2020.

Mais au delà de la configuration temporelle qu’ilemprunterait aux différentes phases du scénarioalternatif, il importe de souligner qu’à chacune deces phases, le déficit budgétaire s’établirait à unniveau qui satisfait amplement aux conditions desoutenabilité. Résultat d’une gestion dynamique etintertemporelle de la contrainte budgétaire del’Etat, la soutenabilité du déficit a cet avantaged’assurer aux pouvoirs publics de plus grandesmarges de manoeuvre en vue d’entreprendre desactions de soutien et/ou d’impulsion de l’activitééconomique.

L’expansion économique prévue dans ce scénariodoit aussi s'accompagner, en comparaison avec lescénario tendanciel, d'un léger mouvement infla-

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tionniste.

Le tableau qui suit retrace l’ensemble de ces pers-pectives en comparaison avec le scénario tendanciel:

1995-2000 2000-2010 20102020

Scénario Scénario Scénario Scénario Scénario ScénarioTendancielAlternatifTendancielAlternatifTendanciel

Alternatif

Taux de croissance du PIB4,66,1 4,4 7,4 4,7 8,4Prix implicite du PIB 4,5 4,5 5,0 5,0 5,5 3,5Importations / PIB 26,027,0 26,0 26,0 28,0 25,0Exportations / PIB (en %)22,024,022,0 25,0 23,0 28,0Taux d'investissement : FBCF/PIB 23,025,0 24,0 27,0 24,5 29,5Dépenses Publiques (évolution en valeur %) 7,0 11,0 9,5 13,5 9,0 11,0Taux d'épargne 18,021,0 20,0 25,0 21,0 28,0Déficit budgét. / PIB (en %) 3,5 4,5 3,7 5,3 4,04,7Déficit commercial / PIB (%) 4 3 4 1 5 -3Consommation des ménages (évolution en volume %)3,8 3,8 3,7 5,2 3,7 6,1Amélioration du niveau de vie2,0 2,0 2,1 3,5 2,24,5Taux de chômage 16,015,0 16,5 13,4 18,0 10,2

Source : CNJA -Cellule de Prévision et de Prospective.

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b.Evolutions sectorielles

Par ailleurs, la configuration sectorielle de cettecroissance de l'économie repose sur des hypo-thèses relatives aux changements prévisibles auniveau de la structure de la demande intérieuredurant les années à venir et aux ruptures qui ris-quent de se produire en raison de la mondialisa-tion. Les déterminants à long terme à même de pro-voquer des modifications de la structure sectoriellede la croissance sont principalement la consolida-tion de la compétitivité des entreprises, la vitesse deréorganisation interne du tissu industriel, mais aussil'adaptation de l'offre à la demande extérieure et lacapacité d'accueil des investissements étrangers.

Ainsi, les principaux secteurs d'activité devrontconnaître de forts taux de croissance suffisammentresserrés mais avec de légers avantages pour lessecteurs des services et de l'industrie qui connais-sent des taux respectifs de 9,3% et 8,4%. Quant ausecteur de l'agriculture, il affichera, au fil des ans,une dynamique assez vigoureuse, située entre6,5% et 7,4%, facilitant l'introduction de nouvellestechnologies plus adaptées aux diverses spécifici-tés régionales du secteur ainsi qu’une améliora-tion croissante de sa productivité.

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1980-1994 1995-2000 2000-2010 2010-2020Base ScénarioScénarioScénarioScénarioScénario

Scénariotendancielalternatiftendancielalternatiftendanciel

alternatifAgriculture4.0 8.5 10.4 5.0 6.5 5.2 7.4Mines 0.1 3.2 3.2 3.0 4.0 3.5 5.5Industries 3.7 4.0 5.4 4.5 7.2 4.7 8.4BTP 0.2 3.8 6.0 4.2 9.5 5.0 10.2Serv. March. 3.3 4.2 5.5 4.4 8.2 4.5 9.3Adm. Publ. 6.1 3.2 5.0 4.0 6.5 4.7 6.5PIB total 3.7 4.6 6.1 4.4 7.4 4.7 8.4

Source : CNJA - Cellule de Prévision et de Prospective.

c. Contributions sectorielles au Produit Intérieur Brut

La dynamique de croissance dans laquelle s'estengagée l'économie nationale depuis plus dedeux décennies a produit de faibles changementssur le plan de la structure de production considé-rée d'un point de vue agrégé. Les parts relativesdes principaux secteurs d'activité dans la produc-tion nationale calculées comme moyennes décen-nales sont en effet restées relativement stables. Lavaleur ajoutée réelle de la branche de l'agricultu-re a ainsi varié d'une moyenne de 15.8 % du PIBdurant la décennie soixante-dix à 17.5 % au coursde la décennie quatre-vingt pour se réduire à 16.2% sur la période couvrant les années 1990-95, enraison de la fréquence des années de sécheresse.

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Quant aux activités d’industries extractives, d'éner-gie et d’industries manufacturières, considéréescomme constituant l'essentiel du secteur secondai-re de l'économie nationale, leur part dans la pro-duction nationale a observé depuis la fin desannées soixante une certaine stabilité en se main-tenant autour de 24% du PIB. Il en est de même dusecteur du bâtiment et travaux publics dont lavaleur ajoutée réelle a oscillé autour d'une moyen-ne de 5% du PIB durant les deux dernières décen-nies. Seules les branches constituant le secteur ter-tiaire ont connu quelques changements sensiblesquant à leur contribution dans la production natio-nale.

L’évolution structurelle de la croissance prévuedans le scénario alternatif marque une certaine rup-ture avec les tendances décrites précédemment.Elle montre un fléchissement significatif de la partrelative de l'agriculture, qui se situerait autour de14% à l’horizon 2020, à l'avantage des activitésindustrielles et de services. Le secteur industrieldevrait, quant à lui, consolider sa position dans lesystème productif avec une contribution de l’ordrede 22% dans la formation PIB. Sur la base de cetteconfiguration sectorielle, des déplacements impor-tantes d'emplois sont à prévoir du secteur de l'agri-culture vers ceux de l’industrie et des services. Lescréations d'emplois resteront essentiellement le faitdu secteur tertiaire.

80-94 2000 2010 2020Périodes Scénario ScénarioScénario ScénarioScénario

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Scénariode baseTendancielAlternatifTendancielAlternatifTendanciel

AlternatifAgriculture 16.9 16.8 17.1 17.8 18.5 18.714.4Mines 2.9 2.9 2.7 2.6 2.0 2.3 2.3Industries24..2 21.9 21.8 22.1 21.4 22.1 22.1BTP 5.3 3.7 3.9 3.7 4.7 3.8 3.8Services50.7 54.6 54.5 53.9 56.1 53.2 57.1PIB 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Source : CNJA - Cellule de Prévision et de Prospective,

d. Equilibre du PIB à prix courants

Outre les opportunités d’exportation que peut offrirla nouvelle dynamique du marché international, lesperspectives de croissance qui ressortent du scéna-rio alternatif confèrent une importance stratégiqueau développement du marché intérieur. C’est ainsique la demande de consommation devraitconnaître une croissance soutenue durant toute lapériode au rythme moyen de 11% en termesnominaux. Il en sera de même pour la demanded’investissement qui, compte tenu de l’effort d’ac-cumulation envisagé, particulièrement en débutde période, croîtrait au taux moyen de 14%. Pource qui est de la demande extérieure, le scénarioalternatif retient un accroissement annuel moyendes exportations variant entre 11% et 14 % selonles sous-périodes.

L’équilibre prospectif des emplois et ressources,illustrant ces tendances se présente comme suit :

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1980-1994 1995-2000 2000-20102010-2020Périodes ScénarioScénarioScénarioScénarioScénario

Scénariode basetendancielAlternatiftendanciel Alternatif tendan-

ciel AlternatifPIB 10.0 9.3 10.9 9.6 12.8 10.5 12.2 Importations 9.7 10.3 11.9 9.6 12.3 11.3 11.5Consommation 9.9 8.6 8.6 9.5 10.8 9.2 11.0finale intérieure dont :- Administrations 9.6 7.0 10.0 7.5 12.5 8.0

10.0publiques

- Ménages 10.1 9.0 9.0 10.0 11.5 9.4 11.4F.B.C.F 9.3 13.3 15.4 10.1 14.1 10.7 13.0Exportations 11.0 10.0 12.6 10.1 14.0 11.1 12.9

Source : CNJA - Cellule de Prévision et de Prospective.

Les retombées économiques susceptibles d’êtregénérées par le scénario alternatif, au regard desdéfis à relever par le Maroc de demain, en fontune option prioritaire. Par ailleurs, ces retombéeséconomiques se traduiront au plan social par uneamélioration substantielle des principaux indica-teurs de développement social. Il s'agit notam-ment du niveau d'emploi et de l'insertion sociale,des taux de scolarisation aux différents niveauxéducatifs, des conditions d'accès aux soins desanté, de l'habitat et des infrastructures qui s’y rat-tachent.

3.3. la dimension sociale du scénario alternatif

Les indicateurs sociaux élaborés, en relation avecle scénario alternatif, couvrent trois secteursessentiels à savoir : l’éducation, la santé et lelogement

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a. L’éducation

Dans le domaine de l’éducation, le scénario alter-natif prévoit la généralisation de l’enseignementfondamental au niveau du premier cycle à tous lesenfants âgés entre 7 et 12 ans à l’horizon 2005.Quant au second cycle de l’enseignement fonda-mental, sa généralisation à l’ensemble des enfantsâgés de 13 à 15 ans est envisagée en l’an 2020.Parallèlement, le développement de l’enseigne-ment secondaire et de la formation professionnel-le permettra d’accueillir près de 70% des jeunesâgés de 16 à 18 ans vers 2020. On notera que,compte tenu des disparités enregistrées entre lesmilieux rural et urbain, l’essentiel des efforts addi-tionnels à consentir sera orienté vers le milieurural. Le tableau qui suit retrace l’évolution prévi-sible des taux de scolarisation :

Taux de scolarisation (%)1995 2005 2010 20207-12 ans ( Fondamental1)76 100 100 10013-15 ans ( Fondamental 2) 48 75 9010016-18 ans (Secondaire et Formation Professionnelle) 22 40 5570

Source : CNJA - Cellule de Prévision et de Prospective,

b. La santé

L’amélioration des conditions d’accès aux services

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de santé de base constitue un défi non moinsimportant pour le Maroc du 21ème siècle. Parmiles principaux indicateurs utilisés à l’échelle inter-nationale figurent le nombre d’habitants parmédecin, le nombre d’habitants par dispensaire etla capacité d’hospitalisation. Par référence à cesratios, la vision stratégique retenue dans le cadredu scénario alternatif, permettra la réalisation desobjectifs suivants :

Habitants par : 1994 2005 2010 2020Médecin 2950 1690 1360 1000Pers. paramédical 1020 750 640 500Pharmacien 10960 10790 10570 10000Dispensaire 24300 20000 18000 15000Hôpitaux 186000 143000 125000100000Lits 990 730 630 500

Source : CNJA - Cellule de Prévision et de Prospective,

c. L’habitat

En matière d’habitat, il y a lieu de distinguer entreles actions qui impliquent l’Etat et celles qui,accompagnant normalement l’évolution démogra-phique et économique, sont le fait d’initiativesexclusivement privées. Les indicateurs retenus enrelation avec le scénario alternatif concernent lesactions qui seront initiées et/ou réalisées parl’Etat. On y trouve, entre autres, la lutte contrel’habitat précaire en milieu urbain et et la mise enplace des infrastructures de base liées au loge-

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ment. Ces indicateurs évolueront, dans le cadredu scénario alternatif, comme suit :

1994 2005 2010 2020Urbain% Habitat précaire 11 6 4 0Couverture Eau potable (%) 74 100 100100Couverture Electricité(%)81 100 100 100RuralCouverture Eau potable (%) 4 30 6090Couverture Electricité(%)10 50 80 95

Source : CNJA - Cellule Prévision et Prospective.

La mise en œuvre de cette vision de l’avenir, véhi-culée à travers le scénario alternatif, nécessite uneréflexion approfondie sur les stratégies écono-miques et sociales globales et sectorielles et surles formes de mobilisation des ressources et desacteurs.

C. LA FAISABILITE DES CHOIX DE L'AVENIR

La dynamique de changement suggérée par lescénario alternatif suppose, en vue de sa réalisa-tion, un certain nombre de conditions financières,économiques, sociales et institutionnelles.

Ces conditions ont trait aux sources de finance-ment des choix stratégiques, aux options glo-bales en matière de politique économique, auxchoix sectoriels essentiels, aux principales prio-

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rités sociales et aux rôles des acteurs dans lastratégie de changement.

1. La stratégie globale

La stratégie globale consiste en la mise en perspec-tive de la vision stratégique appelée à définir lecadre dans lequel devrait s'inscrire, pour le Marocde demain, les orientations générales, les objectifs àatteindre et les moyens pour les réaliser.

De ce fait, la stratégie globale vise à définir lescomposantes d'une vision sur la base de laquel-le devrait reposer une série de stratégies secto-rielles, sociales et spatiales indispensables pourl'accroissement des performances du systèmeproductif national.

Par ailleurs, la stratégie globale retenue consiste àvaloriser l'ensemble des potentialités du pays envue d'orienter et de mieux maîtriser le processusde changement. L'objectif d'une telle vision est deréaliser une croissance soutenue et un développe-ment durable dans un cadre organisationnel et ins-titutionnel réduisant l'impact des aléas et des dys-fonctionnements sur l'évolution de l'activité éco-nomique, l’objectif ultime étant de garantir unemeilleure insertion de l'homme dans l'espacesocial.

1.1. Stabiliser le taux de croissance à un niveau élevé

Régulariser l'activité économique dans un contex-te de changement, nécessite trois types d'actions :

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• Le premier est une action de long terme sur lesstructures de l'économie dont elle cherche àréduire les rigidités. Il vise, d'une part, à normali-ser et développer l'activité agricole, afin de larendre moins sensible aux aléas climatiques.D'autre part à développer les activités non agri-coles et à en accroître la part dans l'emploi et lePIB.

• Le second type d'action, de court et moyentermes, vise à libérer la politique économique del'unique objectif d'équilibre budgétaire, à luirendre sa flexibilité et à en élargir le champ d'ac-tion pour atténuer les effets des fluctuations éco-nomiques le long du sentier de croissance. Lespolitiques budgétaires et monétaires recouvreraainsi toute leur dimension à côté notamment despolitiques de change et des échanges extérieurs.Les effets indésirables des fluctuations de grandeamplitude de la production agricole sur le reste del'économie, pourront ainsi être au moins partielle-ment neutralisés. Il en est de même des chocsextérieurs.

• Le troisième type d'action consiste en la créationd'un dispositif de sécurité conjoncturelle et degestion de l'incertain. Ces actions, tout en contri-buant à une régulation positive des fluctuations dela croissance, améliorent la compétitivité interneet externe de l'économie nationale.

Un tel objectif suppose, cependant, un environne-ment productif favorable au moyen d’un renforce-ment des infrastructures de base, d’un système

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d’éducation et de formation approprié et d’uncontexte culturel et institutionnel stimulant l‘initia-tive, la concurrence loyale et la solidarité.

1.2. Renforcer les infrastructures publiques

Le diagnostic relatif à la situation des principalescomposantes des infrastructures publiques révèleque le déficit dans ce domaine est tel que seuleune stratégie volontariste est à même d'en atté-nuer l'ampleur. Cependant, dans un contextenational de rareté relative des ressourcespubliques allouées aux infrastructures de base, lamise en place d'une stratégie diversifiée impli-quant le secteur privé, les Collectivités locales, etles populations est nécessaire.

Ces perspectives offrent trois formes de prise encharge des infrastructures publiques :

a. L'implication des communes et des syndicats de com-munes dans la prise en charge des infrastructurespubliques.

Cette implication peut se situer à deux niveaux,somme toute, complémentaires aux actions des"développeurs" locaux et régionaux. Des actionsde financement sous la forme d'une prise de par-ticipation aux investissements d'infrastructure etdes actions de gestion sous la forme de la mise àla disposition des promoteurs potentiels de projetsd'équipement de tout appui et support logistiquerelevant du ressort de la commune ou du syndicatdes communes.

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La faisabilité de cette alternative dépend, cepen-dant, d'un certain nombre de préalables. Il s'agit,en particulier, de l'élargissement du champ desprérogatives financières des collectivités locales,de la simplification des procédures de finance-ment des projets d'intérêt local ou régional et del'accroissement des ressources des communes parune implication volontariste du Fonds d'équipe-ment communal en faveur des projets d’infra-structures publiques, entrant dans le cadre du par-tenariat communal et intercommunal.

b. La mise en place de programmes d'intérêt publiclocal impliquant la participation des populations

Cette forme de prise en charge des infrastructurespubliques rentre dans le cadre du principe dufinancement alternatif. En effet, face aux difficul-tés croissantes d'une gestion centralisée, laréflexion s'achemine, aujourd'hui, de plus en plusvers la recherche de nouvelles modalités de réali-sation des projets d'intérêt public local, axées surune participation et une adhésion accrues despopulations.

Cette tendance est justifiée par le principe selonlequel la conception concertée et négociée desprojets, leur prise en charge par les populationsconcernées et la gestion participative constituentles meilleurs garants de la réussite, de la viabilitéet de la pérennité des projets.

Le financement alternatif suppose cependant la

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définition, par les populations, des priorités enmatière de projets et des objectifs qui en sontattendus. Il suppose également l'existence d'unenvironnement institutionnel et culturel localfavorable aux initiatives décentralisées et d'un sys-tème de crédit approprié.

Il peut, enfin, faire l'objet d'un programme natio-nal de travaux d'intérêt public local, basé sur ladétermination de zones à équiper en priorité,pouvant bénéficier de l'appui de l'Etat notammentsur le plan financier et ce dans le cadre decontrats Etat-régions.

c. La définition de formes appropriées d'implication du secteur privé

Au regard des déficits croissants en infrastruc-tures publiques et face aux limites objectives del'Etat et des Collectivités locales à contribuerfinancièrement à la couverture des besoins, l'im-plication du secteur privé s’avère cruciale.Cependant, en vertu de la nature des biens et desservices relevant de ce secteur, une telle implica-tion nécessite des formes différenciées et appro-priées de désengagement de l'Etat en fonction dela nature des infrastructures considérées. Cesmodalités d'implication peuvent prendre laforme de contrats de programmes, de conces-sions et de sous-traitances, de systèmes d'incita-tion et d'encouragement et enfin de rationalisa-tion de la gestion de certains services publicsd'infrastructures (électricité, eau, assainissement,...) en les soumettant aux règles et normes de la

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concurrence.

1.3. Un système approprié d’éducation et de formation

Le diagnostic du secteur éducatif marocain permetl'identification de nombreux atouts pouvantcontribuer à favoriser un développement du sec-teur. Il révèle aussi l'existence de lacunes et dedéficits importants en matière de scolarisation etde formation.

Le développement harmonieux d'un systèmed'enseignement et de formation de qualité néces-site la définition claire des missions et des priori-tés du système, la mise en oeuvre d'orientations etde mesures susceptibles de remédier à ses insuffi-sances.

a. La généralisation de l'enseignement fondamental

Parmi les grandes priorités du secteur éducatif, ily a la mise en place progressive de la généralisa-tion de l'enseignement fondamental. Cetteorientation devrait aboutir, en particulier, àl'adoption de mesures visant la réduction desinégalités d’accès à l'école entre les filles et lesgarçons et entre les ruraux et les urbains.

Le retard pris en matière de scolarisation - en par-ticulier en milieu rural - rend difficile la réalisationimmédiate de la généralisation. Cependant, ceconstat devrait se traduire par un engagementferme et progressif sur la voie de la généralisation.La concrétisation de cet objectif incontournable

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pour le développement de l'économie et la socié-té marocaines, peut être facilitée par l'élaborationd'une loi-cadre fixant les modalités de la générali-sation et du développement du secteur.

b. La rationalisation et le développement du secteur dela formation professionnelle

Les actions à prendre à ce niveau concernent lacoordination, la mise en place d’un meilleur sys-tème d'orientation et d'articulation avec le systèmeproductif et une plus grande flexibilité et adapta-bilité avec les besoins changeants qu’impose l’ob-solescence rapide des savoir-faire et des qualifica-tions.

c. Les nouvelles missions de l'enseignement supérieur

Le rôle nouveau de l'Université découle de lanécessité de son ouverture aux nouvelles exi-gences économiques, scientifiques et technolo-giques.

Outre sa vocation traditionnelle et nécessaired’appropriation du savoir, l’unitervité doit s'assi-gner quatre missions essentielles :

- préparer à la recherche et à l'enseignement. Acet égard, le développement de l'assistance-conseil et de la recherche-développement estdevenu un enjeu stratégique de taille à la foispour l'université, l'entreprise et l'économie natio-nale ;

- offrir des formations spécialisées et adaptées auxbesoins du marché du travail ;

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- s’ériger en lieu de culture et d'étude ouvert àtous, pour répondre aux besoins de l'éducationtout au long de la vie ;

- s’inscrire dans la nouvelle dynamique decoopération scientifique internationale et tirerparti de la mondialisation en vue à la fois decombler les déficits scientifiques et technolo-giques constatés à l’échelle nationale et d'enri-chir le dialogue interculturel.

d. L’amélioration des conditions de l’environnement de l’apprentissage

Cette amélioration nécessite la formation, l’impli-cation et la valorisation du statut des formateursconformément aux exigences de la recherche dela qualité. Ce qui implique l'élaboration d'un plande valorisation, de perfectionnement et de pro-motion au profit des enseignants et formateurs,en accordant, toutefois, une attention particulièreà la situation des enseignants en milieu rural.

e. Des moyens adaptés à une gestion efficace et moder-ne du système éducatif

L'action à ce niveau suppose une approche nou-velle basée l'instauration d'un système de gestionmoderne visant la rationalisation et l'optimisationdes moyens mis à la disposition du secteur édu-catif.

Cette gestion nécessite l'adoption du principe dela transparence et le développement par laconcertation de l'implication des partenaires et

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des acteurs concernés : élèves, étudiants, parents,enseignants, formateurs, responsables administra-tifs, employeurs et organisations professionnelles.

Elle suppose, également, le développement desétudes et de l'information afin de disposer d’uneconnaissance précise et fiable de l’état réel descoûts et des dépenses afférents au fonctionnementde l’ensemble des composantes du secteur.

Elle nécessite par ailleurs, une politique dyna-mique et novatrice des ressources humaines, axéed’un côté sur la définition des bases permettant demotiver, de responsabiliser et d'impliquer le per-sonnel dans l’amélioration des performances à lafois qualitatives et quantitatives du système del'éducation et, de l’autre, sur la mise en place d‘unprogramme de formation, de perfectionnement etde recyclage des formateurs et des gestionnaires.

Elle suggère, enfin, des outils modernes de contrôleet de gestion, basés sur la programmation et lescontrats- programme.

f. Des moyens de financement suffisants et adéquats

Les moyens susceptibles de renforcer les res-sources nécessaires au développement de l'édu-cation et de la formation sont multiples. Quatreoptions complémentaires peuvent être envisa-gées :- améliorer l'utilisation des ressources disponibles;

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- accroître les ressources disponibles affectées ausecteur ;

- diversifier et mobiliser les ressources nouvelles ;

- développeer l'enseignement privé.

1.4. La politique de la concurrence

Dans le contexte national actuel de libéralisationdes échanges, la mise en place d’une politique deconcurrence s’impose. L’objectif de cette poli-tique est de tendre vers un plus grand respect desrègles du jeu du marché par les opérateurs et uneconcurrence plus loyale. Dans cette perspective,l’Etat est appelé à jouer un rôle important aussibien pour réaliser l’égalité des entreprises devantles lois de la concurrence que pour protéger leconsommateur.

L’interdiction des pratiques anticoncurrentielles(ententes et abus de position dominante), le res-pect de la transparence dans les transactions com-merciales, la lutte contre les fraudes de toute natu-re ( contrebande et contrefaçon ) et la mise enplace d’un dispositif de contrôle de la qualité desproduits constituent les principaux aspects decette politique.

Cependant, afin de favoriser un climat de sérénitéet d’équité pour l’application de l’ensemble descomposantes du droit de la concurrence, l'autori-té chargée de surveiller le fonctionnement concur-rentiel du marché doit être indépendante et lepouvoir de sanction, doit revenir à une instancerigoureusement définie.

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1.5. La promotion de la culture comme base essen-tielle du changement

La culture représente un large substrat du change-ment auquel aspire la société marocaine. Mais ledéveloppement culturel semble tributaire d'unesituation dont les caractéristiques sont les sui-vantes :

- les potentialités importantes mais insuffisammentexploitées : taille de la population, urbanisation,vaste champ universitaire, ouverture sur le marchéde la région maghrébine.

- une faiblesse des structures dans le domaine cul-turel due au caractère limité de l’investissementpublic et privé. A cela s’ajoute le retard pris dans lepassage de la culture d’une simple pratique margi-nale au rang d’industrie culturelle moderne.

Par ailleurs, le secteur culturel, en outre de sonlien avec le développement de la vie politique etéconomique du pays, dispose aujourd’hui de nou-veaux moyens de conquête des marchés culturelsavec des marchandises échappant au contrôle dumodèle dominant.

Il est indéniable que la préparation d’un hommenouveau ouvert et intégré aux préoccupationsactuelles, requiert sa réconciliation culturelle aveclui-même en lui permettant de s’adonner à desexpressions culturelles appartenant à sa propresociété. Elle nécessite en outre d’éviter une disso-

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nance entre ce que le citoyen vit et ce qu’il reçoitculturellement sous forme de valeurs esthétiqueset expressions diverses.

Dans ce domaine précis, l’espace culturel disposede la capacité de contenir les interrogations desjeunes, leurs potentialités de renouvellement etleurs initiatives.

Compte tenu de toutes ces considérations, il estnécessaire d’adopter une stratégie globale dans ledomaine culturel, ce qui permettra de faire évo-luer la vie politique en cohérence avec le déve-loppement économique. Cette stratégie pourraits’articuler autour des éléments suivants :

- relever le niveau de l’investissement public dansle domaine culturel en le considérant comme uninvestissement stratégique à rentabilité effective ;

- promulguer des législations et des dispositifsincitatifs qui contribuent à la promotion des indus-tries culturelles et en conséquence de l’entrepriseculturelle ;

- élaborer un programme national de lutte contrel’analphabétisme avec la participation d’institu-tions publiques et de secteurs productifs, desorganisations, des associations, des instituts, desuniversités et des Collectivités locales ;

- promouvoir le partenariat entre tous ces acteursdans les domaines stratégiques, notamment de lasauvegarde du patrimoine, la construction descomplexes culturels et de l'organisation des festi-vals ;

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- élaborer un programme spécifique à l’industriedu livre qui consiste à réduire le coût de l’édition,la modernisation des circuits de diffusion et l’amé-lioration du niveau de lecture ;

- ouvrir l’Université sur son environnement cultu-rel, régional et national ;

- élaborer un programme de réhabilitation desspécificités locales en s’appuyant sur leur diversi-té comme base de l’ouverture du Maroc sur sonenvironnement ;

- élaborer un programme de production audiovisuelle prenant en considération les défis lancéspar la révolution des médias dont la caractéris-tique est l’échange et la participation ;

- élaborer une stratégie nationale de communica-tion destinée à améliorer l'image du Maroc à l’ex-térieur ;

Les développements consacrés aux objectifs trans-versaux de la stratégie globale ne signifient pas unecentralisation de la gestion des problèmes écono-miques, sociaux et culturels. Ils traduisent aucontraire une vision globale tenant compte de ladimension territoriale. Car, aujourd'hui, une gestionpublique centralisée a tendance à laisser place àune planification plus efficace de type régionale etlocale.

1.6. Une planification régionale et locale appropriée

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Une gestion maîtrisée du changement supposeune forme de planification restituant la croissanceet le développement dans leur dimension territo-riale.

Cette perspective semble dictée par une considé-ration majeure. En effet, la complexité et l'impor-tance des problèmes économiques et sociaux, lacroissance continue des besoins et la diversité descontextes territoriaux rendent de plus en plus dif-ficile une maîtrise centralisée du changement.

La planification régionale et locale devient, de cefait, une composante essentielle de toute stratégieglobale de développement économique et socia-le.

Par une meilleure proximité du lieu de décision,des moyens et des acteurs, la planification régio-nale permet de mieux identifier les priorités éco-nomiques et sociales et de mettre en oeuvre, avecplus d’efficacité, les programmes de développe-ment, garantissant par la participation de la popu-lation, une meilleure transparence dans l'alloca-tion des ressources.

Cependant, le degré de cohérence attaché à cetteforme de planification dépend de la mise en placede mécanismes de contractualisation entre les dif-férentes entités régionales d'une part, l'Etat et larégion de l'autre. Ce qui suppose l'organisation,de façon permanente, de la concertation et de laparticipation de tous les acteurs locaux et régio-naux à l'élaboration des programmes de dévelop-pement économique et social.

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Cette condition a comme objectif principal degarantir l'adhésion des acteurs, leur engagementdans le processus de changement et leur respon-sabilisation par rapport aux principaux choix stra-tégiques de l'avenir.

La traduction de la stratégie globale qui vientd’être présentée est concrètement perceptibleau niveau des stratégies sectorielles.

2. Les stratégies sectorielles

Il s’agit, de savoir quel type de développementdu monde rural promouvoir et quelles politiquesindustrielle et de services mettre en place pourinscrire la société marocaine dans la dynamiquedu XXIème siècle.

2.1. Le développement du monde rural

La redéfinition de nouveaux rôles pour le secteuragricole dans la réalisation des grands équilibreséconomiques, financiers et sociaux et l'identifica-tion de nouvelles missions de la politique agri-cole s'avèrent nécessaires. Ceci implique de nou-velles orientations dépassant le secteur agricoleet concernant le monde rural et, au-delà, l'éco-nomie nationale.

a. Concilier performance économique et promotionsociale du monde rural

La politique agricole vit un grand tournant. Cetournant est lié en grande partie, aux programmesd'ajustement structurels (P.A.S.A.1, P.A.S.A.2,...)

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qui ont essayé d'assigner au secteur agricole denouvelles fonctions et un nouveau statut dansl'économie nationale.

Cette politique agricole se traduit par un désenga-gement de l'Etat revêtant des formes diversesfinancière, technique et humaine. Un tel change-ment d'options semble coexister avec les objectifstraditionnels de sécurité alimentaire et de promo-tion des exportations.

La conséquence immédiate de cette nouvelleorientation est le désengagement de l'Etat vis-à-visd'actions de nature socio-économique en direc-tion des populations rurales, pour ne s'intéresserqu'aux producteurs les plus performants et auxrégions présentant le maximum de conditions deréussite.

Le caractère productiviste de la politique agricoleconduit à des dynamiques déstructurantes au seindu monde rural. Or, contrairement à l'expériencedes économies européennes – où les villes ontamorti le choc des changements opérés en milieurural avec à l'origine un transfert substantiel de lapopulation réalisé sans difficultés majeures- auMaroc la relation rural/urbain est différente.

L'exode rural croissant n'est pas le produit d'unemodernisation de l'agriculture mais le résultat d'unedétérioration des conditions d'existence des exploita-tions familiales. Pour le moment, la libéralisation dusecteur agricole semble contribuer à accélérer ce phé-nomène. Parallèlement, les villes dotées d'activités

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économiques fragiles et d'infrastructures socialesinsuffisantes ne sont pas en mesure d’amortir leschocs des mouvements migratoires brutaux. Une stra-tégie de développement intégré en milieu rural,fondé sur l'organisation professionnelle, la diversifi-cation des activités agricoles et non agricoles et l'amé-lioration des infrastructures de base, constitue doncun impératif d'équilibre économique et social. Lesatouts d'une économie agricole familiale (réseaux desolidarité, gratuité du travail féminin et modestie dumode de consommation) peuvent être optimiséspour donner au monde rural un statut de performan-ce et d'équilibre dans le cadre de la globalisation encours.

b. Concevoir une politique foncière conforme à la com-plexitédes dimensions des exploitations agricoles

L'observation empirique de l'agriculture marocai-ne révèle la prédominance de la petite et moyen-ne exploitation agricole. Celle-ci représente, selonle Ministère de l'Agriculture et de la Mise enValeur Agricole, près de 68% de la SAU et intéres-se près de 95% des exploitations.

La petite et moyenne exploitation fourni environ50% des productions céréalières et animales.Outre la couverture des besoins essentiels d'unepartie de la population rurale, elle dote la ville enproduits vivriers. Elle fournit aux grandes exploi-tations une main-d'oeuvre abondante et constitueun débouché non négligeable pour les produitsindustriels, contribuant ainsi à l'élargissement du

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marché intérieur.

Mais en dépit de ce rôle stratégique, la petite etmoyenne exploitation ne bénéficie que d’un inté-rêt limité eu égad à sa contribution aux grandséquilibres économiques et sociaux. Aussi, subit-elle négativement les effets des ajustements encours et se trouve exposée aux contraintes éco-nomiques, financières, institutionnelles et environ-nementales.

Cette position marginale de l'agriculture vivrièreest révèlée par l'analyse de la structure du systè-me de financement de l'agriculture. En effet, l'es-sentiel des crédits alloués à la CNCA bénéficie à lagrande exploitation agricole. La même tendanceest confirmée par l'action du Fonds deDéveloppement Agricole.

Or, de telles tendances s'opèrent à un moment oùpartout dans le monde, notamment au niveau desinstitutions financières internationales, la luttecontre la pauvreté absolue en milieu rural devientun axe prioritaire des composantes sociales desprogrammes d'ajustement.

En outre, la grande exploitation agricole, tradi-tionnellement performante notamment en matièred'exportation tend à s'essouffler sous la pressionde la concurrence de l'Union Européenne élargieaux pays spécialisés dans les mêmes produits agri-coles. Ainsi, les difficultés de commercialisationcombinées au gigantisme des investissementseffectués et aux prix croissants des inputs(semences sélectionnées, gazoil, fertilisants) sem-

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blent compromettre les perspectives d'avenir dusecteur d'exportation.

Compte tenu de toutes ces considérations, la gran-de problématique foncière qui se pose aujour-d'hui au Maroc réside dans la capacité de conci-lier entre la nature parcellaire des exploitations etles exigences d'une mise en valeur agricole ration-nelle ; ce qui nécessite une refonte du cadre fon-cier actuel devenu peu approprié même pour lesgrandes exploitations évoluant en zones irriguées.

Une telle perspective incite à réfléchir sur lesmoyens juridiques, institutionnels et financierspouvant conduire de façon concomitante à l'allè-gement de la pression sur la terre, à la gestion del'indivision et à la modernisation de la gestion despetites et moyennes exploitations.

c. Promouvoir les activités non agricoles en milieu rural

La nécessité de promouvoir les activités non agri-coles en milieu rural trouve sa raison d'être dansl'évolution des rapports hommes-terre au sein del'agriculture impulsés par le nouvel équilibre entrela ville et la campagne.En effet, les données disponibles montrent que lapopulation rurale a atteint, en 1994, 12,6 millionssoit environ 48,6 % de la population totale duMaroc, enregistrant ainsi un nouvel équilibre entrela ville et la campagne. Malgré ce nouvel équi-libre, la population rurale continue d'augmenteren valeur absolue. Selon les prévisions du CERED,elle atteindra 15 958 000 en l'an 2020. De ce fait,sur la même surface agricole utile vit et aura à

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vivre une population plus importante que par lepassé.

La conséquence de cette nouvelle réalité est unetendance à l'aggravation de la pression de l'hom-me sur la terre, avec comme corollaire, l'exacer-bation de la saturation des activités agricoles pro-prement dites. Un tel phénomène place l'élabora-tion d'une politique nationale de promotion desactivités non agricoles en milieu rural au centre detoute stratégie de développement rural et agrico-le.

d. Reconsidérer le statut des rapports ville-campagne

Cette reconsidération doit partir du postulat selonlequel les mouvements de population entre laville et la campagne sont irréversibles. Aussi, leproblème n'est-il pas tant d'arrêter l'exode ruralque de le réguler positivement par l'adoptiond'une stratégie de promotion des communesrurales et de création de nouveaux pôles de déve-loppement péri-urbains s'insérant dans le cadre deschémas régionaux d'aménagement du territoire.Cette stratégie doit prendre en ligne de compte lesévolutions à venir des populations d'un côté, etles multiples relations d'interdépendance entre lemilieu rural et le milieu urbain, de l’autre.

L’aménagement de l'espace rural doit s'appuyersur l'identification de cadres territoriaux définis enfonction de spécialisations inter-régionales baséesà la fois sur les avantages comparatifs et sur lagéographie de l'emploi ainsi que sur l'état des

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équipements, des contraintes et des ressourceslocales.

e. Mettre en place une stratégie de gestion de l'aléa

La gestion d'une agriculture en situation aléatoireest l'un des défis majeurs de l'économie nationa-le. La mise en place d'une stratégie de maîtrise del'aléa en agriculture s'avère indispensable.

Les axes prioritaires de cette stratégie pourraientêtre :

- une politique volontariste de valorisation del'eau ;

- un renforcement du potentiel national derecherche agronomique en zone aride etsemi-aride ;

- une politique adéquate et conséquente de stoc-kage de sécurité aussi bien pour l'alimentationhumaine qu'animale ;

- un système général et permanent de solidaritéen direction des opérateurs économiques (agricul-teurs, éleveurs, entreprises de transformation, etc.)potentiellement touchés par les aléas de toutenature. Ce système permettrait à la collectivitéd'anticiper sur les coûts sociaux et financiers desdysfonctionnements résultant de la situation d'uneagriculture évoluant dans un contexte d'aléas.

f. L'usage d'une gestion concertée et participative de lapolitique agricole

Cette forme de gestion consiste à mettre à contri-

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bution les populations rurales et leurs organisa-tions représentatives à l'échelle socio-profession-nelle dans la conception et la prise en charge desprincipaux choix et projets en matière de poli-tique agricole. Tout en garantissant l'adhésion desacteurs et en responsabilisant les principales com-posantes de la population rurale, une telleapproche induit, par la concertation et la partici-pation, un consensus minimal autour des objectifsassignés à la politique agricole. De ce fait, ellerenforce la capacité immunitaire de l'agriculturepar rapport à la gestion de la contrainte externe,elle rend possible l'implication des populationsdans le cadre d'une politique de préservation desressources naturelles et permet la mise en placede formules innovantes de financement alternatif.L'optimisation de cette forme de gestion nécessi-te, cependant, la promotion volontariste deformes d'organisation des populations rurales nonseulement sur le plan socioprofessionnel maisaussi et surtout autour des autres aspects de la viesociale, culturelle et institutionnelle du monderural.

La dimension institutionnelle de la gestion futuredu développement du monde rural est une condi-tion décisive tant pour la réussite d’une politiquenationale de protection des ressources en milieurural que pour la maîtrise des contraintes et défisliés au déficit des infrastructures et aux conditionsde la production dans un environnement en coursde libéralisation.

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En définitive, quelle que soit la portée de la stra-tégie du développement du monde rural, elle n’ar-rêtera pas pour autant pas l’exode des populationsvers les villes, tellement ce phénomène est inéluc-table. Or, dans la mesure où une frange importan-te des immigrants en milieu urbain trouvent refu-ge dans l’économie informelle, celle-ci ne doit pasêtre laissée pour compte dans la stratégie de déve-loppement sectoriel.

2.2. Quels choix pour l’économie informelle ?

Ces choix découlent de quatre principes pré-gnants :

• au regard de l'ampleur prise par le secteur infor-mel, notamment en milieu urbain, toute stratégiede développement, pour être viable, doit intégrerce pan de l'économie ;

• la prise en compte de la diversité de l'économieinformelle doit être la base de l'action sur ce sec-teur. Il est, en effet des activités productives debiens (comme l'artisanat) et des commerces et ser-vices, dispensés aux catégories faiblement sol-vables de la population, qui doivent être soute-nues. En revanche, certaines activités à l'impactnégatif sur l'économie et la société doivent êtrecombattues (contrebande, diverses formes de tra-fic) ;

• il convient par ailleurs, de prendre en compteles contraintes structurelles de l'économie infor-melle : les activités qui la composent n'arrivent àsuivre que moyennant l’exploitation de certains

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avantages comparatifs, tels que l'absence ou l'allè-gement de la charge fiscale, la faiblesse des coûtsde la main-d'oeuvre (non respect du code du tra-vail) et assez souvent la non-localisation (activitésambulantes, semi-ambulantes et à domicile). Dansces conditions, les priver de tels avantages n’estpas sans entraîner à terme leur faillite, sans risquede le faire à l'appui de mesures d'accompagne-ment ;

• enfin, la stratégie de développement de l'éco-nomie informelle doit s'inscrire dans uneapproche privilégiant dans le court terme lesconsidérations sociales par rapport à la logiqueéconomique.

Les choix, quant à eux, doivent viser à aider lesactivités informelles à évoluer progressivementvers la petite et moyenne entreprise et à s'articu-ler fonctionnellement au tissu économiquemoderne.

A cet effet, l'action est à mener au niveau dequatre domaines :

- L'organisation : elle constitue la clé de voûte del'évolution de l'économie informelle. En effet, unefois regroupées dans des associations profession-nelles, des coopératives, des petites sociétés,enregistrées et intégrées dans leurs chambres pro-fessionnelles respectives, les activités cessentd'être fugaces et deviennent accessibles à l'action.

- Le financement : au vu de leurs tailles et de leurspécificités fonctionnelles, les activités informelles

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sont exclues des systèmes institutionnels de finan-cement et se trouvent ainsi privées de moyensd'évolution. Or, il existe actuellement plusieursopportunités de financement de telles activités,dont la plus accessible est le système du micro-crédit, mis en place dans le cadre de la luttecontre la pauvreté. Toutefois, un travail de sensi-bilisation est à faire pour amener les acteurs àdépasser leur réticence à l’égard du crédit en tantque tel et à mieux l’utiliser.

- la formation : les besoins à ce nouveau se fontressentir particulièrement dans les secteurs de l’ar-tisanat et des services. Mais il s’agit moins d’uneformation de base, que d’un perfectionnement dusavoir - faire technique et gestionnaire.

- La formation de la qualité : à l’heure où l’écono-mie nationale est appelée à se mettre à niveau,pour faire face à la concurrence étrangère, toutdoit être fait pour promouvoir la qualité au moyende l’enregistrement des labels, de la défense duconsommateur et de la sensibilisation des acteurs.

2.3. Développement du secteurde la pêche maritime

Avec 3 500 km de côtes, une zone exclusive deplus de 1.000.000 de km2, une production de 852000 tonnes, près de 100 000 emplois directs etenviron 800 millions de dollars d’exportations soit16% du total des exportations et 56% des exporta-tions agro-alimentaires, la pêche maritimes consti-tue pour le Maroc un secteur stratégique.

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Dans une perspective de consolidation et dedéveloppement des avantages comparatifs dansce domaine, le Maroc est appelé à se doter d’unestratégie à moyen et long terme capable de per-mettre au secteur de la pêche maritime de contri-buer à l’élévation des performances globales dusystème productif national.La base de cette stratégie doit s’articuler autourde deux dimensions :

- une dimension politique visant la préservationdes ressources halieutiques nationales de touteforme étrangère de surexploitation ;

- une dimension économique axée sur unemodernisation généralisée du secteur de la pêchemaritime. Une modernisation doit s’appuyer surle renforcement des infrastructures de pêche,l’élaboration d’un dispositif approprié de forma-tion et de qualification des personnels de la mer,un accroissement de la valeur ajoutée des pro-duits du secteur par la mise en place des méca-nismes incitatifs à la création d’unités intégrées etla mise à contribution d’une nouvelle conceptionde la coopération internationale basée sur un par-tenariat au service de tous ces objectifs.

Ces orientations stratégiques nécessitent cepen-dant une réorganisation du secteur en concerta-tion avec tous les acteurs économiques et sociauxde la mer. De même, une politique de promotiondes produits de la pêche en direction du consom-mateur est nécessaire en vue d’étendre le marchéintérieur pour cette denrée stratégique tant sur le

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plan de la sécurité alimentaire que sur celui desperformances à l’exportation.

2.4. Concevoir une stratégie industrielle rénovée

Les contraintes et les faiblesses que recèle aujour-d'hui le tissu productif national sont de plusieursordres. Ils concernent à la fois une valorisationlimitée de la production nationale, une faible inté-gration des filières de production, un déficitimportant dans la diversification des marchés ainsiqu'un encadrement des entreprises ne permettantpas des gains substantiels de productivité et,enfin, une compétitivité fragile de l'économie.

En même temps, l’industrie marocaine est appeléeà relever de plus grands défis sous la pression deson intégration progressive à l’économie mondia-le.

C'est pourquoi un renforcement de la positionindustrielle constitue un objectif fondamental dela stratégie de croissance préconisée. Dans cetteoptique, une stratégie industrielle rénovée consti-tue une composante majeure des choix straté-giques de demain.

Deux niveaux principaux devront être pris enconsidération :

• la mondialisation sous la double emprise desaccords du GATT et de l’association avec l'UnionEuropéenne, nécessitant à la fois la restructura-tion de l'économie nationale et sa diversification

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;

• la contrainte relative à l'environnement généraldu système productif national.

a. L'insertion dans la mondialisation

L’industrie marocaine est confrontée à la contrain-te de la mondialisation. Les produits indutriels etles services se définissent, de plus en plus, parrapport à des standards internationaux. Dès lors,la production et la diffusion ne doivent plus secantonner au marché local. L'espace d'organisa-tion de la production et de la commercialisations'étend progressivement au monde entier. Le processus de mondialisation des économies estplus prégnant et plus dynamique que jamais.L'échange de biens et services a crû sans cesse àdes taux supérieurs à ceux de l'économie mon-diale, marquant ainsi la montée continue de lamondialisation des marchés. Face à cette nouvel-le donne, la stratégie des entreprises marocainesdoit se focaliser sur l'ouverture sur l'extérieur,avec la recherche d'une postion sur les principauxmarchés.

Dans cette perspective, la stratégie industrielledoit s’assigner les principaux objectifs suivants :

- Une diversification industrielle qui doit privilégier lesbranches de seconde transformation à forte valeurajoutée, conformes au potentiel de notre agricul-ture et de nos ressources minières, diversifier lesindustries dont la faiblesse actuelle est respon-sable du contenu élevé en importation, organiser

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les filières qui sont déséquilibrées en faveur de lasous-traitance internationale, rendre les industriesintermédiaires plus résistantes à la concurrenceinternationale.

Les perspectives sont encore incertaines si l'onobserve le positionnement sectoriel actuel de l'in-dustrie nationale vis à vis de l'évolution mondiale.En effet, les positions du Maroc sont souvent plusfortes dans les secteurs "murs", dont la croissancepotentielle du marché est limitée, que dans lesdomaines à forte croissance.

Si l'on se fixe – à l'instar de nos concurrents –comme ambition première le redressement de labalance des échanges industriels (reconquête dumarché intérieur et amélioration de la positiondans les échanges internationaux), deux condi-tions de base semblent nécessaires :

• le positionnement des entreprises nationales surles activités d'avenir, à haute valeur ajoutée, àcontenu technologique et à forte croissancepotentielle dans la demande et les échanges mon-diaux au lieu d'un simple recentrage sur leurspoints forts traditionnels (habillement, engrais etagro-alimentaire) ;

• l'adoption par les entreprises de stratégies deconquête leur permettant de s'émanciper et depréparer les conditions d'une réelle émergenceindustrielle au lieu de se confiner dans les objec-tifs de rentabilité à court terme.

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- Une stratégie de spécialisation optimale qui ne découlepas spontanément d’une politique d'intensificationdes échanges. Elle ne peut être que le résultatd'un fonctionnement d'ensemble du systèmesocio-économique, permettant d'assurer au tissuproductif industriel une plus grande cohérence.

Face aux contraintes pesant sur les équilibresinterne et externe, la stratégie industrielle doit agirsur l'adaptation de ses structures à l'ouverture parune politique appropriée de l'offre.

Par ailleurs, compter à l'avenir sur une croissancebasée exclusivement sur l'exportation pour la cou-verture du déficit des échanges industriels risquede conduire à des situations incertaines. La réduc-tion de la propension à importer reste une priori-té cruciale de toute politique industrielle.

La croissance insuffisante des exportations et ladépendance excessive à l'importation sont deuxeffets conjoints qui incitent à orienter la produc-tion industrielle vers une valorisation du travailnational sur les marchés mondiaux.

- L'acquisition de capacités technologiques et l’impulsion dela recherche-développement constituent désormais unavantage certain dans le nouvel environnement dela compétition mondiale. Qu'elles y soientcontraintes par la concurrence ou qu'elles en fassentla clé de leur pénétration sur les marchés, l'innova-tion est plus que jamais au coeur de la compétitivi-té des entreprises.

L’innovation et la recherche-développement étantdésormais au coeur de toute stratégie industrielle,

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elles doivent être inscrites comme une priorité natio-nale et des choix stratégiques de tous les acteurs dusystème productif.

Parallèlement, la recherche-développement ne devraplus être conçue dans un cadre académique maisrevêtir un aspect pratique pour être définitivementintégrée à la stratégie industrielle.

- La restructuration de l'économie nationale est uncorollaire dela mondialisation

L'insertion dans l'espace des échanges internatio-naux est synonyme d'enjeux pour l'économie et lasociété marocaine. Elle peut également être vec-teur d'opportunités et source de croissance.L'enjeu le plus important est sans doute l'aptitudede l'économie marocaine à générer, à terme, uneoffre compétitive sur les marchés extérieurs maiségalement à soutenir une concurrence accrue surle marché domestique. Dans cette perspective, larestructuration de l'économie nationale s'imposecomme une condition incontournable. D'elledépendront, en effet, à l'avenir l'équilibre desbalances externes, l'évolution du système produc-tif, la dynamique de croissance et le niveau de viede la population marocaine.

L'objectif fondamental d'une politique de restruc-turation est d'améliorer la compétitivité de l'éco-nomie nationale. Celle-ci suppose le positionne-ment des entreprises sur des créneaux porteurs etla flexibilité assurant l'adaptation à la demandemondiale. Elle implique une maîtrise accrue des

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méthodes modernes de gestion. Elle dépend del'aptitude de l'Etat à faire respecter des règles dujeu et la transparence, de l'existence d'une admi-nistration facilitatrice, d'un environnement régle-mentaire incitatif de l'entreprise et des affaires,d'un système judiciaire transparent et efficace, etc.En ce sens, la compétitivité est une performanceglobale qui ne concerne pas seulement le tissu desentreprises mais également le territoire et les struc-tures de gestion des territoires.

Si la restructuration concerne tout un ensemblede domaines interdépendants (ressourceshumaines, relations professionnelles, infrastruc-tures économiques de base, Administration, légis-lations relatives à l'environnement de la produc-tion et des affaires), il n’en demeure pas moinsqu’elle concerne d'abord la sphère de la produc-tion des richesses, les entreprises industrielles, enparticulier les entreprises privées).

L'appréciation de l'état de l'industrie nationale, deses faiblesses et de sa vulnérabilité peut fournirune base pour l'évaluation des besoins de restruc-turation. Compte tenu de leurs handicaps structu-rels, et, plus généralement des insuffisances quicaractérisent la gestion des entreprises, la plupartdes activités ne sont guère armées pour procéderavec succès à la restructuration sans aide. LeFonds de restructuration a besoin d'une plus gran-de flexibilité pour répondre de façon adaptée à ladiversité des situations économiques. Il doit aussise fixer des objectifs et codifier ses modalités d'in-

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tervention.

Dans cette optique, l'appui à la restructurationindustrielle doit revêtir des formes diverses : uneaction horizontale par le biais de programmesd'appui destinés à agir sur l'environnement globalde l'entreprise (formation, diagnostic, infrastructu-re technologique, recherche-développement,innovation...) ; mais aussi une action spécifique,orientée vers la modernisation de branches oud'entreprises particulières, soutenue par desmécanismes financiers adéquats (prêts bonifiés àmoyen et long terme, fonds de garantie, capital-risque, co-financement, prises de participation).Un programme de restructuration se réduisant à laseule action horizontale ne peut qu'un impactlimité sur l'efficience des structures industrielles,s'il ne s'accompagne d'une action de modernisa-tion des entreprises.

Les supports de la restructuration sont amenés pardéfinition à être sélectifs. Il s'agit d’abord decontribuer à la restructuration, , de branches et desous-branches industrielles préalablement ciblées,disposant d'avantages compétitifs effectifs oupotentiels et d'un positionnement sur des activitésà valeur ajoutée élevée. Il s'agit ensuite d'inciter àla restructuration d'entreprises viables, disposantd'un potentiel de productivité important, par desactions multiformes intégrant les facteurs d'ordretechnique, financier et organisationnel.

Quant au financement de la restructuration, ilimporte de souligner que les fonds MEDA mis à la

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disposition du Maroc sont certes substantiels parrapport à ceux inscrits dans le cadre de la qua-trième génération de protocoles financiers, maisils demeurent bien modestes eu égard auxbesoins. L'essentiel des fonds européens destinésau secteur privé servira à financer des actionshorizontales, dans le cadre d'une "stratégie-pro-grammes" : soutien à la qualité, à la normalisation,à la formation ; appui technique à la promotiondes exportations et des investissements, à la pri-vatisation, à la réforme du service public et au dia-gnostic.

La problématique du financement de la mise àniveau reste par conséquent entière. Un tel finan-cement nécessite des moyens autrement plus sub-stantiels que ceux mis à la disposition par l'U.E. Ilrequiert à la fois un "couplage" de fonds prove-nant de plusieurs sources (MEDA, prêts BEI,Banque Mondiale, etc). ainsi qu’un surcroît demobilisation de ressources annexes, locales etexternes (lignes de financement des organismesinternationaux, fonds de la privatisation...). Lacontribution du système bancaire à un programmede restructuration est un impératif et peut revêtirdiverses formes : création de sociétés financièresde participation, financement de rachat d'affaires,financement d'opérations de fusion/absorption,etc.

Face au choc que constitue le désarmement tari-faire, la restructuration du tissu productif indus-triel est à peine amorcée. Elle risque d'être rédui-te à sa portion congrue si elle se limite à des inter-

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ventions horizontales... à un moment où les défisauxquels est confrontée l'entreprise marocainesupposent une stratégie de restructuration indus-trielle d'ensemble.

Au cours de la période de transition, l'économienationale doit apporter des adaptations néces-saires à ses structures pour parvenir au niveau decompétitivité souhaitée. La progression vers l'hori-zon 2010 exige une accélération du rythmed'adaptation. Tous les secteurs n'ont pas lesmêmes possibilités face à cette accélération. Lesinterventions du Fonds doivent soutenir l'objectifde redressement des entreprises viables. Il est parconséquent nécessaire d'insister sur le respect decette dimension de cohérence avec les choix éta-blis par la politique sectorielle dès la conceptionet la formulation des principes d'intervention etdes actions initiées par le Fonds. Les prestationsdu Fonds doivent être canalisées vers des presta-tions de services liés à la mise à niveau sur le planorganisationnel et le financement des investisse-ments physiques liés à la modernisation des équi-pements. Les prestations de service viseront àaméliorer la productivité, la promotion de la qua-lité, la gestion de l'outil de production et la com-mercialisation.

b. Amélioration de l'environnement général du systèmeproductif

Une politique active de l'offre industrielle dépendétroitement de l’existence d'un environnementfavorable à l'investissement.

Cet environnement qui recouvre plusieurs volets

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(réglementaire, incitatif, financier, infrastructurelmais aussi politique et social) doit évoluer enfonction des besoins spécifiques du système pro-ductif afin que les entreprises se mettent au dia-pason de la compétitivité internationale imposéepar une mondialisation accrue.

Au Maroc l'entreprise a vu récemment son arsenalréglementaire et incitatif progressivement amélio-ré : Charte de l'Investissement, Code deCommerce, Loi sur les sociétés anonymes et SARL,tribunaux de commerce, etc.

Ces dispositifs doivent être tout d'abord rapide-ment opérationnels et complétés ensuite dans lebut de parfaire l'environnement institutionnel qui,à lui seul, ne suffira pas à faire du Maroc unenation compétitive.

En effet, l'efficacité des marchés des capitaux ainsique la qualité des prestations financières doiventêtre au service d'une entreprise à la recherchecontinue de performances.

Par ailleurs et pour qu'elle soit viable, la stratégieprécédemment développée doit contribuer àrepenser les relations entre partenaires sociauxafin de doter l'entreprise des meilleurs atouts pourrelever les défis.

Dans ce sens, l'entreprise doit être désormaisconçue comme un lieu où se réalise une coopé-ration entre employeurs et salariés dans un espritde solidarité permanente.

La réussite de la stratégie doit s'appuyer aussi sur

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l'aménagement d'un environnement général favo-rable à la consolidation de l'Etat de droit.

Le Maroc a déjà franchi des étapes dans cette voie,mais il est appelé à en faire plus dans l'avenir afinde restaurer un climat de confiance, meilleurgarant de l'investissement.

Enfin, le rôle de l'Etat reste fondamental à traversla recherche d'une plus grande disponibilité etd’une efficience accrue de l’Administration "facili-tatrice", d'une justice impartiale et transparenteainsi que de règles claires et conventionnelles dujeu de la concurrence.

La conjuguaison de ces conditions est susceptiblede conduire à une promotion du partenariat, derendre notre territoire plus compétitif en matièred'afflux des investissements étrangers et decontribuer à dynamiser les investissements natio-naux.

En effet, l'investissement à caractère internationalconstitue désormais une composante majeure dela formation du capital productif dans les indus-tries des pays du Sud.

Le Maroc est, dès lors, mis en concurrence avecles autres pays pour attirer l’investissement deve-nu très sollicité et transfrontalie. Celui-ci peutcontribuer largement à valoriser les atouts de l'at-tractivité (infrastructures de base, ressourceshumaines, stabilité, cadre réglementaire, institu-tionnel ...) et faire du Maroc une destination com-pétitive de l'investissement étranger.

A cette fin, la promotion du partenariat constitue

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un moyen nécessaire et indispensable.

Aussi, privilégier le rapprochement industriel,notamment avec des partenaires européens, est-ille moyen essentiel pouvant permettre aux entre-prises marocaines de faire face à la concurrencesur le marché européen et mondial.

Le partenariat est appelé ainsi à stimuler la taillede l’entreprise pour faire face à la percée excercéepar les économies asiatiques sur les marchés où leMaroc est présent.

2.5. Promouvoir le secteur des services

Le secteur tertiaire (ou des services) englobe lestransports, les communications, les banques, lesassurances, les activités d'assistance-conseil (auxparticuliers, aux entreprises, àl’Administration...), les entreprises d'étude etd'expertise, l'intermédiation commerciale, lesactivités d'accueil et de restauration, etc...

Traditionnellement, les services sont induits parles besoins de l'économie et de la société, et de cefait, constituent un indicateur des changementsqui affectent le tissu économique, les modes devie et les valeurs de la société. Cependant, les pro-fonds bouleversements économiques, sociaux etculturels des sociétés et la révolution technolo-gique ont fini par donner au secteur tertiaire uneplace centrale dans l'induction de la croissance etdu développement. Désormais, le tertiarisation estdevenue un indicateur significatif du niveau dedéveloppement de l'économie et de la société et

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un vecteur du changement.

Dans cette optique, le tertiaire devenu un secteurstratégiques dont le développement est sous-tendu par des enjeux à la fois économiques,socio-culturels, politiques et géo-stratégiquesdétermine le positionnement de notre pays dansl'espace économique mondial du XXIème siècle.

a. Les enjeux du développement des services

Certains de ces enjeux ont trait à la sécurité natio-nale et à l'autonomie politique. Il s'agit essentiel-lement des transports et des télécommunications,des services financiers et des médias. C'est ce quiexplique que les services ont dans bon nombre depays toujours été pris en main par l’Etat.

D'autres déterminent le développement écono-mique des pays. En effet, l'expérience des paysdéveloppés a démontré que certains services des-tinés aux entreprises (assistance-conseil, étude etexpertise, intermédiation, etc..) et ceux afférentsaux techniques d'information contribuent defaçon décisive au dynamisme de l'ensemble del'économie. Ils constituent dans ce sens une sour-ce importante de valeur ajoutée et un détermi-nant de la compétitivité internationale dans unlarge éventail d'activités et de production debiens. C'est pour cela que le renforcement de sec-teurs modernes, tels que la télématique, est deve-nu un objectif majeur de développement et unvecteur de positionnement des pays dans le com-merce international.

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Par ailleurs, le niveau d'équipement en services aune incidence directe sur les aptitudes des pays etdes espaces à attirer les investissements, sur l'im-plantation des unités de production et sur lesdécisions des entreprises.

On comprend, dès lors, pourquoi les entreprisess'efforcent de consolider leur position concurren-tielle en s'assurant la maîtrise des services aux dif-férents stades de la conception, de la productionet de la distribution.

Enfin, l'enjeu des services est aussi de naturesocio-culturelle et identitaire. Sous l'effet de l'évo-lution et de la complexification des besoins de lasociété comtemporaire, d'importantes perspec-tives de développement de l'économie tertiairesont offertes. Ce faisant, le secteur des services esten mesure de contribuer efficacement à résorberune part sans cesse accrue de la demande d'em-ploi et à réguler les déséquilibres du marché dutravail.

Au Maroc, le tourisme, les services de main-d'oeuvre et certains services professionnels sontdevenus d'importantes sources de recettes endevises. Si les services représentent au Maroc,comme dans les pays développés, une part appré-ciable du PIB, l'expansion de ce secteur a été plu-tôt associée à des phénomènes tels que l'urbani-sation, l'accroissement démographique et les diffi-cultés des secteurs de production de marchan-dises d'assurer le plein-emploi.

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Cette croissance a ainsi été concentrée dans lescatégories de services à faible productivité, y com-pris dans le secteur non structuré, qui ne sont engénéral pas intégrées au processus de production.Si les capacités existantes n'évoluent pas pourfournir les services faisant appel à des compé-tences spécialisées ou ceux liés au commerce desmarchandises, le Maroc risque de se retrouversans moyens appropriés pour participer active-ment à la division internationale du travail dans ledomaine des services et pour renforcer sa compé-titivité internationale dans les autres secteurs.

Dans ce sens, le Maroc sera confronté à la concur-rence internationale pour le commerce des ser-vices. Il risque cependant de ne pas profiter decette évolution s'il ne renforce pas son secteur ter-tiaire et sa capacité d'exportation dans ce domai-ne. Il doit s'employer en priorité à maximiser lacontribution des services à son développement. Ilest donc appelé à consolider ses chances de suc-cès en redressant ses handicaps dans les infra-structures, en mobilisant le savoir-faire et les res-sources financières nécessaires pour rivaliser véri-tablement avec les entreprises des pays dévelop-pés.

b. Eléments de stratégie pour le développement des ser-vices

Le Maroc se doit aussi d'être conscient de l'impor-tance d'une stratégie de développement tenantcompte des indépendances entre le secteur des

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services et les secteurs manufacturier et agricole.Une telle stratégie doit viser non seulement àaccroître la compétitivité du secteur mais aussi àintensifier sa contribution à l'efficacité, à la pro-ductivité et à la compétitivité dans d'autres sec-teurs.

Le renforcement du secteur des services au Marocdoit notamment être axé sur la formation du capi-tal humain à travers le développement de servicesà forte intensité de connaissances, qui sont le plussouvent des services aux producteurs associés auxtechniques d'information. Un point fondamental,en l'occurrence, est de renforcer la synergie dusecteur des services et du secteur manufacturier. Lesmesures relatives au secteur des services au Marocdevraient être considérées comme complémentaires,et non pas exclusives, du processus d'industrialisa-tion, même si, l'expansion des services, en soi, peutfortement stimuler le développement et la croissan-ce.

Compte tenu de ces enjeux et de l'ensemble deces considérations, la stratégie nationale relativeaux services pourrait s'appuyer sur :

- le développement des services locaux aux pro-ducteurs et leur intégration au processus d'adop-tion et d'application de techniques avancées dansdivers secteurs de la production ;

- la modernisation et l'expansion de l'infrastructu-re des télécommunications ;

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- des mesures visant à accroître l'efficacité et larentabilité de la production nationale de services,y compris la création de branches de services etd'infrastructures qui, moyennant des mesures d'in-citation appropriées, peuvent contribuer aussi àattirer des investissements dans le secteur des ser-vices et le secteur manufacturier ;

- la formation de stratégies d'exportation efficaceset de mesures de promotion des exportations judi-cieuses -avantages fiscaux, assouplissement ducontrôle des changes, importation en franchise dematériel essentiel, etc.

- enfin des mesures visant à encourager la créa-tion d'entités nationales intégrées, capables defournir des services sur les marchés étrangers.

2.6. Mettre en place une stratégie offensive decommerce extérieur

Dans ce dernier domaine, la stratégie commercialeextérieure doit en premier lieu favoriser l'internatio-nalisation des entreprises nationales en réalisantleur ancrage au moins aux niveaux de l'UnionEuropéenne et du contour méditerranéen.

Elle doit être focalisée, par ailleurs, sur le dévelop-pement des exportations et l'amélioration de lacompétitivité de la production destinée au marchélocal.

Bien que la croissance des exportations ait été éri-gée en priorité nationale dans le cadre duProgramme d'Ajustement Structurel, un ensemblede mesures devant être prises simultanément pour

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traduire cette priorité, n'ont en fait été mises enœuvre que partiellement .

Aussi, et compte tenu des contraintes budgétaires, ils'avère nécessaire de mettre en œuvre des mesuresplus intégrées pour pallier les insuffisances aussibien au niveau de l'offre à l'exportation que des ins-truments de promotion extérieure. Les mesures pré-conisées relèvent autant des pouvoirs publics quedes entreprises exportatrices.

Ainsi en matière institutionnelle, il est indispensablede renforcer les institutions intervenant dans ledomaine de la promotion des exportations et de lesdoter de moyens matériels et humains nécessaires àl'amélioration de l'efficacité de leurs interventions.De même, l'ouverture de représentations commer-ciales à l'étranger, le développement de l'offre deproduits et services à l'exportation, la diversificationdes marchés et l'amélioration du niveau d'encadre-ment commercial de l'entreprise marocaine sont desmesures incontournables en vue de promouvoirnos exportations.

La réalisation de meilleures performances desexportations nécessite, en plus de l'améliorationde la compétitivité des produits exportés, la miseen œuvre d'une stratégie industrielle favorisantl'émergence de produits nouveaux et à fortevaleur ajoutée nationale. A cet égard, les mesuresà mettre en œuvre sont :

• L'encouragement des investissements orientésvers l'exportation dans les secteurs à forte valeurajoutée ;

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• l'amélioration du potentiel des exportations desservices ;

• l'encouragement à la création et au développe-ment de sociétés de négoce d'envergure interna-tionale afin de permettre aux PME/PMI de mieuxutiliser les opportunités offertes par le marchéinternational ;

• l'amélioration de la qualité des produits et lamise en place d'incitations aux secteurs exporta-teurs pour encourager les investissements dans laRecherche- Développement ;

• l'amélioration des structures de gestion desentreprises exportatrices ;

• le renforcement des associations profession-nelles du secteur privé ;

• la réduction des coûts des facteurs de produc-tion notamment de l'énergie, du transport, du ter-rain et du financement ;

• l'encouragement des connexions aux réseauxinternationaux d'information commerciale et lacréation de bases de données transmissibles parréseau national d'échanges de données électro-niques ;

• l'élaboration de supports en vue d'une cam-pagne de communication intégrée de promotioncommerciale à l'étranger.

En matière de diversification des débouchés, lastratégie devrait s'orienter vers :

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• la consolidation et le développement des expor-tations sur les marchés traditionnels de l'UnionEuropéenne et leur diversification au sein mêmede cette zone notamment au Royaume Uni, enAllemagne, dans les pays de la Scandinavie et laPéninsule Ibérique ;

• la diversification des débouchés commerciauxvers les pays hors Union Européenne notammentvers certains pays de l'Europe Centrale etOrientale, du Moyen Orient, du Maghreb, del'Amérique et de l'AELE (Suisse, Norvège) et decertains pays d'Afrique (Afrique du Sud, Afriquede l'Ouest) ;

• l'encouragement de l'internationalisation dessalons marocains spécialisés.

En matière d'importation, la poursuite de la réduc-tion de la protection tarifaire et sa rationalisationd’une part, et la mise en place d'un dispositif régle-mentaire de mise en œuvre des mesures d'urgencede sauvegarde de la production nationale, d’autrepart, sont les grands axes de mesures à prendre envue de réduire le coût des importations et d’assu-rer la rationalisation et l'efficacité de la politique deprotection.

Il convient de rappeler à cet égard que l'entrée envigueur de l'Accord d'Association avec l'UnionEuropéenne, va se traduire par un démantèlementdu tarif douanier sur les importations en provenan-ce de cette zone qui se fera à deux rythmes : unrythme rapide, pour les biens d'équipement etquelques produits non fabriqués localement et un

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rythme long pour les produits fabriqués locale-ment.

Ces engagements s'inscrivent pleinement dans lapolitique de libéralisation des importations pour-suivie par notre pays, depuis la mise en œuvredu PAS. Cette politique doit s'atteler à la réalisa-tion des objectifs suivants :• réduire les effets de surprotection tarifairenotamment sur les produits échangés avec leszones hors Union Européenne, en vue d'alléger lebiais anti-exportation que génère le systèmeactuel de protection ;• poursuivre le processus de rationalisation dutarif douanier par l'application des taux les plusbas sur les matières premières, les moyens sur lesdemi-produits et les plus élevés sur les produitsfinis, avec la prise en considération des produitsfaisant l'objet de contrebande pour lesquels, undroit de douane réduit devrait être appliqué ;

• harmoniser les niveaux de la protection effecti-ve entre les différents secteurs de production,notamment par la limitation du nombre de quoti-tés tarifaires.

Dans un contexte marqué par la globalisation desmarchés, la facilitation des procédures du com-merce extérieur est un domaine d'importance pri-mordiale, au même titre que les autres facteurs deproduction, à l'amélioration de la compétitivitédes exportations et de l'attrait des investissementsétrangers. Ce processus doit être poursuivi etaccéléré.

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Par ailleurs, la coopération commerciale interna-tionale doit s'inscrire dans un nouveau cadre stra-tégique caractérisé par la nécessité de prise encompte :

• des dispositions de l'OMC ;

• de l'Accord d'Association avec l'UnionEuropéenne ;

•de l'action de diversification des partenairescommerciaux.

Elle doit s'articuler autour de la participation acti-ve aux travaux de l'OMC de l'approfondissementde nos relations avec l'Union Européenne et dudéveloppement de nos relations commercialesavec les pays de la zone euro-méditerranéenne.Ces choix globaux et sectoriels doivent, cepen-dant, s’inscrire dans le cadre d’une stratégie natio-nale de progrès social. En effet, en garantissant lesconditions objectives de réussite du changement,cette stratégie est la seule à même de donner unsens à la conciliation entre l’efficacité économiqueet la cohésion sociale.

3. La stratégie sociale

Par stratégie sociale, il s’agit d’entendre les poli-tiques visant à promouvoir le progrès social. Dansle scénario alternatif proposé, la stratégie socialeest indissociable de la stratégie économique. Eneffet, il ne s'agit pas seulement de programmespartiels visant à prendre en charge à posteriori leseffets sociaux négatifs de la croissance écono-

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mique, mais d'un ensemble cohérent et intégré destratégies sectorielles, destinées à réaliser desobjectifs d'amélioration du niveau de vie de lapopulation.

Cette stratégie sociale considère par ailleurs lavariable emploi comme la préoccupation nationa-le fondamentale du présent et de l'avenir, car cetobjectif est suceptible de faciliter la satisfactiond'autres besoins sociaux tels que l'éducation, lasanté et le logement. L'éducation-formation ayantdéjà été abordée, l'attention est portée dans ce quisuit sur les autres composantes sociales.

Plusieurs niveaux peuvent être distinguées :

• la modernisation des relations profession-nelles,

• l'amélioration des conditions sociales despopulations, notamment dans les domaines del'éducation, de l'emploi, du logement, de lasanté et de la protection sociale.

3.1. moderniser les relations professionnelles

a. Elaborer de nouveaux principes d’organisation des rela-tions professionnelles

Il s’agit de définir un cadre législatif et réglemen-taire qui assure à la fois la cohérence d’ensembleet la souplesse que commande la modernisationdes relations professionnelles.

b. Construire un compromis institutionnalisé

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Plusieurs objectifs économiques, sociaux, poli-tiques sont visés : stabiliser le rapport salarial, pré-server la cohésion du tissu social, favoriser le jeucoopératif, rendre compatibles les stratégies desacteurs, etc.

Un compromis institutionnalisé suppose uneméthodologie pertinente, elle-même objet decompromis. Celle-ci est fonction du contextepolitique dans lequel elle est appelée à être miseen oeuvre.

L'élaboration d'un compromis autour de la confi-guration générale des relations professionnellesn'est plus exclusive d'une démarche menée, auniveau local et micro-économique, en termesd'établissement de relations professionnellescontractuelles. Au contraire, ces dernières peuventprendre appui sur la procédure de dialogue, deconcertation et de négociation définie au niveaunational.

Le dispositif de la négociation sociale se trouve aucoeur du principe de compromis salarial. Il doitêtre codifié, spécifié et rendu obligatoire.

L'ensemble de ces principes d'organisation et decoordination du rapport salarial appellent desinterventions publiques originales.

c. Faciliter le jeu des acteurs

Cette tâche incombe à l’Etat. Celui-ci doit sedéployer dans l'espace des relations profession-nelles (constitution du salaire, formation, organi-sation du travail, conditions du travail).

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Cette nouvelle tâche suppose deux conditions :

• une organisation des acteurs (patronat et syn-dicats) ;

• une organisation du jeu des acteurs (recon-naissance syndicale, négociation des conflits,etc.).

d. Mettre en oeuvre une nouvelle convention d'emploi

Il s'agit de tirer la politique d'emploi vers une poli-tique de ressources humaines incorporant plu-sieurs composantes :

• une composante sociale : éducation, santé,protection sociale, etc. ;

• une composante professionnelle : insertion,formation, qualification ;

• une composante organisationnelle : organisa-tion du travail, conditions du travail, ergonomie,etc.

e. Mettre en place des services d'emploi multifonction-nels

Les tensions sur le marché du travail sont asso-ciées aux mutations économiques et sociales desannées 80 (chômage des jeunes diplômés) maissemblent également tenir à un déficit durable enmatière d'intermédiation du marché du travail.

Le caractère complexe et segmenté du marché dutravail implique la mise en place de structuresd'intermédiation à la fois variées, spécialisées etadaptatives pour répondre à des besoins et à desprofils en mutation constante.

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De même, la multiplicité des besoins, entermes de services d'emploi, commande lamise en place de structures multifonction-nelles, offrant des prestations variées :accueil, information, orientation, insertion,etc.

Des agences privées d'emploi peuvent contribuerà diversifier l'offre de services et à répondre à desdemandes plus spécifiées des entreprises enmatière de mobilisation des ressources humaines(recrutement des diplômés, des cadres, recherchede compétences).

Toutefois la gestion de l'emploi, parce qu'elleimplique la construction, par le travail, d'un liensocial, doit s'inscrire dans le cadre d'un dispositifinstitutionnel public d'optimisation des transac-tions sur le marché du travail. L'intervention del’Etat, outre qu'elle vise à assurer l'équilibre social,peut se justifier par l'existence de segments dedemande du travail ne faisant pas partie deschamps d'intervention du privé (main-d'oeuvrenon - qualifiée par exemple).

Un autre facteur permet de plaider en faveur de lacréation d'une Agence nationale pour l'emploi : laproduction de l'information relative au marché dutravail suppose l'existence d'une institution char-gée de l'observation et du suivi à la fois des "don-nées sociales" et des transactions (volume, nature,flux) du marché du travail.

Mais il importe de souligner la nécessité de conce-voir, en termes de structures, de modes de fonc-

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tionnement, de management et de stratégies, unearmature souple, légère et fortement décentrali-sée. Il y a dans les expériences étrangères desmodèles bureaucratiques à éviter et des instru-ments qui semblent plus appropriés.

f. Définir de nouveaux modes de formation du salaire

Le système de formation du salaire nominal secaractérise par l'opacité des logiques et des prin-cipes et la tendance à la «désinstitutionnalisation»des procédures. La conséquence n'est pas forcé-ment un apurement des formes concurrentiellesqui suppose l'existence d'un référentiel instru-mental et procédural (cadre, base).

La référence au salaire minimum légal, outrequ'elle permet de préserver un seuil de couvertu-re des coûts de l'homme, sert d'étalon approxi-matif à l'intensité et à la qualité du travail. Ellerend, par conséquent, possible une évaluation entermes relatifs des salariés et un établissement dela classification et de la hiérarchie salariale. Il fautsouligner aussi le fait que la détermination d'unniveau minimum de salaire peut contribuer àrendre irréversibles certaines évolutions que com-mandent les nouvelles interdépendances interna-tionales (partenariat avec l'Europe, Accords duGATT, zone de libre échange) et les nouveauxstandards de la compétitivité.

Dans cette optique, il convient de lier évolutiondes salaires et progression des gains de pro-ductivité, en référence aux exigences de la

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compétitivité externe.

Un tel mécanisme met en évidence la nécessitéd'améliorer les structures et les instruments d'ob-servation et de suivi des données relatives aucomportement à la fois des salaires et de la pro-ductivité.

Une démarche décentralisée (entreprise, branche)doit permettre aux entreprises d'opérer les ajuste-ments nécessaires sur la base d'une concurrencetirée par l'efficacité organisationnelle, la revalori-sation des ressources humaines et l'accroissementdes compétences. Elle peut constituer une pistenouvelle dans le cadre de l'amélioration desconditions de vie des salariés, notamment dans lesdomaines du logement, de la santé et de la pro-tection sociale.

3.2. Améliorer le logement et le cadre de vie

La politique de logement et d’amélioration ducadre de vie des populations constitue une com-posante essentielle du progrès social. Elle suppo-se une vision et des moyens d’action à moyen etlong termes.

a. Fondements d'une stratégie à moyen terme dans ledomainedu logement

Dans l'optique de la définition d'une stratégie delogement à moyen et long terme, cinq axes d'in-tervention paraissent s'imposer :

- L'intensification de la lutte contre l'habitat insalubre :

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L'ampleur du phénomène de l'habitat insalubre, lapression démographique et l'afflux massif despopulations rurales vers les villes maintiendront àmoyen terme ce choix prioritaire dans l'affectationdes ressources publiques, notamment dans lespetites et moyennes villes du royaume.

Des formes nouvelles d'insalubrité préoccupantesse sont développées (l'habitat clandestin et lesanciennes médinas) et nécessitent un renforce-ment des programmes et des actions destinés àleur résorption à la mesure de leur dimension.

L’action dans ce domaine appelle les propositionssuivantes :

• augmenter l'efficience des interventionspubliques dans la lutte contre le phénomènebidonvillois ;

• amplifier les actions de restructuration desquartiers d'habitat non réglementaire ;

• initier des opérations de réhabilitation des tis-sus anciens.

- La promotion du logement social

Dans leur politique d'intervention en faveur dulogement social, les pouvoirs publics privilégient– depuis la mi-décennie quatre-vingts – la fourni-ture de parcelles viabilisées plutôt que la produc-tion de logements. Cette préférence se justifiaitpar le temps nécessairement plus réduit pour la

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réalisation de ces opérations de lotissement, par lemoindre coût par personne pour la fourniture desparcelles et surtout par le mécanisme de péréqua-tion qu'elles permettaient.

Le programme de construction de 200.000 loge-ments à destination des couches les plus défavori-sées a imprimé une nouvelle orientation à la poli-tique du logement social au Maroc. Cette orienta-tion met l'accent sur la programmation de la pro-duction de logements. L'inflexion de la stratégiepublique vers la production de logements enfaveur des ménages modestes pose nécessaire-ment la question de ses implications sur le budgetde l'Etat. Si le coût de production des logementsn'est pas maîtrisé, les ressources à mobiliser danscette éventualité augmenteront les déboursannuels moyens au titre des subventions des ris-tournes à des montants difficilement supportablespar le budget.

- Le développement de l'habitat rural

La politique d'intervention publique dans ledomaine de l'habitat a été essentiellement unepolitique urbaine. Pour différentes raisons, lesprogrammes de construction rurale et de rénova-tion de l'habitat rural traditionnel ne furent réali-sées qu'à de faibles taux : dispersion de la popu-lation, absence de financement public adéquat,difficulté de faire participer les bénéficiaires,manque de coordination des intervenants, projetscoûteux et rarement acceptés par les usagers.

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Les conditions d'habitation des ruraux sont en faitautrement plus précaires que celles des urbains.Face à la réalité des conditions d'habitat dans lemilieu rural, il y a lieu de :

- poursuivre l'achèvement des opérations d'habitatrural encore en suspens en conjuguant les effortsdes divers intervenants pour résoudre ce leg, étantdonné que la situation foncière de ces opérationsn'est pas encore apurée et que l'âge et l'état de ceslogements constituent un obstacle au financement;

- prêter une attention particulière au développe-ment intégré du monde rural ;

- étendre l'intervention des organismes financiersdans l'octroi de crédits au logement rural etappuyer cette intervention par des modalitésd'aides appropriées (bonifications des taux d'inté-rêt ou aide directe) aux personnes réalisant deslogements économiques dans les zones rurales ;

- conjuguer les efforts de tous les agents écono-miques opérant dans le milieu rural en vue d'amé-liorer les conditions d'habitat dans le monde rural: l'efficience des programmes d'intervention est tri-butaire de l'implication de la population rurale etde la cohérence des politiques contractuellesentre l'Etat et les collectivités d'une part et lesintervenants publics, semi-publics et privés d'autrepart.

- La promotion immobilière privée

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L'intervention publique ne peut à elle seule faireface à la couverture des besoins en terrains équi-pés ou en logements. L'action publique doit êtresoutenue, complétée par un dynamisme pluspoussé du privé "organisé". Si actuellement, laproduction de logement est en grande partie réa-lisée par l'initiative privée, celle-ci se caractérisepar son manque de structuration.

Les incitations à mettre en oeuvre doivent êtreciblées pour favoriser la création d'un marché fon-cier, une meilleure adéquation entre l'offre et lademande de logements en milieu urbain ainsi quel'accroissement de la production du secteur loca-tif actuellement en grave récession.

- Le renforcement du rôle des Collectivités locales

Dans le domaine de l'habitat, l'intervention desCollectivités locales se situe à un double niveau :

• au niveau de la réalisation des équipements etdes infrastructures de base ayant une influencedirecte sur les conditions d'habitat ;

• au niveau de la réalisation de projets d'habitatsous forme de constructions ou de lots équipés.

La commune a pour fonction première la produc-tion des infrastructures de base et des équipe-ments nécessaires à la vie en communauté. Il vade soi que la réalisation de ces infrastructures etde ces équipements rétroagit sur les conditionslocales d'habitat. Malgré une évolution remar-quable des ressources des collectivités localesentre 1976 et 1993 (les ressources de l'Etat ont

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progressé pendant la même période à un rythmedeux fois moins important), elles ne couvrent quepartiellement les besoins en évolution dans cedomaine.

Les prérogatives des collectivités locales sontassez larges en matière de gestion de l'espaceurbain. Cependant, leurs actions en matière deproduction de logement et de lutte contre l'habi-tat insalubre restent limitées. Pour étendre lechamp d'intervention des collectivités locales, lesformes de partenariat devront être encouragéessoit sous forme de maîtrise d'ouvrage déléguée,soit de sociétés mixtes. La promotion d'une poli-tique conventionnelle entre les collectivitéslocales et les opérateurs de l'habitat dans un cadreconcerté, trouveront ainsi des structures d'appuiadaptées à la nature de leurs actions.

L'extension des opérations réalisées en modeCollectivités locales se heurte à divers obstaclesqu'il faudrait lever dont : la mobilisation de préfi-nancements auprès des populations attributairesde lots ou de logements, l'affectation du patrimoi-ne foncier disponible en considération desbesoins en lots et en logements, la concertationpermanente entre les opérateurs publics de l'habi-tat et les collectivités locales

b. les actions d'appui à la stratégie à moyen terme

La mise en oeuvre d'une telle stratégie supposedes actions d'envergure sur les contraintes tant ducôté de la demande que de l'offre.

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Du côté de la demande, les domaines d'actionconcernent les conditions de solvabilité desménages à revenu limité, une meilleure utilisationet distribution des ressources publiques et ladynamisation du rôle du système bancaire dans lefinancement du logement social.

Du côté de l'offre, des perspectives d'action pro-metteuses se situent d'abord au niveau du foncierqui constitue un élément stratégique dans la maî-trise de l'urbanisation et la production du loge-ment en particulier. L'accès au foncier, à un prixraisonnable, et dans des délais maîtrisables est unimpératif pour la conduite d'une politique delogement social.

Il s'agit ensuite de maîtriser les coûts de produc-tion du logement (infrastructure primaire et fisca-lité) afin de le rendre plus accessible aux ménagesà revenu modeste.

La restructuration du secteur privé et la valorisa-tion de l'apport du locatif constituent deux autresinstruments de dynamisation de l'offre de la pro-duction du logement.Enfin, il convient d'introduire plus de coordina-tion dans les interventions des secteurs public etprivé et de consolider le mouvement de participa-tion de la population et du mouvement associatifen la matière.

3.3. Promouvoir une politique novatrice de santéet de protection sociale

La formulation d'une stratégie alternative de santé

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découle de l'évaluation de la situation de ce sec-teur. L'objectif étant de corriger les déséquilibresdu système national de santé et de renforcer l'ef-ficacité et l'équité du système de fournitures desoins, en tenant compte des contraintes exercéespar les répercussions de la pression et des muta-tions démographiques sur les choix, le rôle desacteurs, les modes de financement et de gestiondu secteur.

Le Maroc se pose des questions sur l'évolution deson système de santé. Il est incontestable que lescontraintes économiques pèsent sur les perspec-tives d'évolution du secteur de la santé. Cettesituation s'accompagne d'interrogations visant àréformer les mécanismes de fonctionnement dessystèmes de soins.

Quelle place faut-il accorder à la prévention dansla politique de la santé ?

Comment faut-il aménager les relations entre lesdifférentes institutions de soins ?

Comment rationaliser les dépenses tout en élevantl'efficacité globale du système ?

Partant des objectifs et contraintes, les choix etorientations majeurs s’articulent autour des cinqaxes suivants.

a. Mobiliser et utiliser plus équitablement et plus effica-cement les ressources

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Si l'inégalité face à la maladie est inhérente à lacondition humaine, aux modes de vie et de travailou même à des facteurs culturels, prévoir la sur-venance des maladies constitue l'un des axesessentiels de la santé publique pour agir sur l'in-égalité face à la maladie. Cette orientation consti-tue un facteur de réduction des inégalités, et dansla recherche de cet objectif trois conditionsdevraient être remplies :

- Les choix prioritaires de la prévention et des soins debase

Investir dans la prévention est la première priori-té du système national de la santé pour trois rai-sons : une très grande charge de morbidité auMaroc est en rapport avec des maladies infec-tieuses et des causes relatives à la fécondité (mor-talité maternelle et infantile), les maladies à trans-mission hydrique et alimentaire constituent uneautre charge importante de morbidité (manqued'hygiène, contamination de l'eau, du sol, des ali-ments), les actions de prévention sont caractéri-sées par un bon rapport coût/efficacité pour lacollectivité.

A un deuxième niveau, se fondant sur la précoci-té du diagnostic et du traitement, la préventionindividuelle peut diminuer la prévalance de cer-taines maladies par le contrôle de certaines affec-tions, les examens physiques traditionnels, lesbilans de santé, les dépistages systématiques, etc...Il est certain que d'un point de vue purementmédical, le développement de cette seconde

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forme de la prévention constitue un objectif ensoi. Il convient cependant devant cette forme deprévention de ne pas tomber dans une conceptionpurement médicale, car il n'est pas prouvé que lesavantages l'emportent sur les coûts.

Face à la contrainte des moyens et du nécessaireordonnancement des priorités, il faut accorder plusd'importance au premier type de prévention dansun pays comme le notre. En tout cas, l'effort publicà déployer dans l'hygiène de vie et des conditionsde travail peut s'avérer un préalable à la préventionindividuelle. Mais si la prévention collective estincontestablement du ressort de la Santé Publique,elle nécessite aussi une plus grande participation duprivé.

- La correction des déséquilibres et l’amélioration del’équité du système de santé

Le système de santé national souffre de gravesdéséquilibres liés, à l'inégale répartition des ser-vices, notamment entre milieu urbain et milieurural ou entre secteur hospitalier et non hospita-lier, à l'insuffisante différenciation des niveauxdes soins, à l'importance accordée au curatif parrapport au préventif, ou encore à la multiplicationd'initiatives ou de programmes verticaux.

Les grandes priorités pour l'action de rééquilibragerésident dans l'amélioration de la couverture dansles zones les moins desservies, le renforcement desservices de base, la différenciation des niveaux desoins notamment en élevant dans les centres de

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santé et les hôpitaux provinciaux ou régionaux leniveau de compétence des équipes et des plateauxtechniques et en intégrant les activités de préven-tion.

En pratique, la définition des mesures de réformeexige de répondre aux problèmes posés par l'ur-banisation rapide sans délaisser le monde rural,d'organiser en un système fonctionnel les servicesde différents niveaux et d'intégrer dans un"paquet minimum" les services à délivrer par cha-cun des niveaux de soins. C'est une conditionpour que les programmes de santé, plus particu-lièrement de prévention puissent toucher de façonégale toutes les catégories sociales.

- L'amélioration de l'efficacité

Une combinaison plus équilibrée de l'allocationdes ressources humaines et financières entre lesdifférents segments du processus de productionde soins, et les niveaux de qualification aura desconséquences positives sur l'efficacité du systèmeet sur la qualité des soins.

Dans ce cadre, pour augmenter l'efficience desservices de santé de base, il s'avère nécessaired'affecter un personnel qualifié de manière à cou-vrir les déficits identifiés, en donnant la priorité aumilieu rural. La planification familiale doit aussifaire l'objet d'un effort particulier par le renforce-ment des activités en matière de contraception, desurveillance de la grossesse et de l'accouchement.

b. Définir de nouveaux rapports entre les secteurspublic et privé en matière de santé

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On sait que les ressources financières mobilisablespour la santé sont particulièrement limitées etqu'elles le resteront encore dans le futur prévi-sible. Une augmentation des budgets de la santéest possible, notamment par le biais de réalloca-tions intersectorielles, mais restera insuffisantetant que la croissance économique n’est pas sou-tenue.

Les institutions existantes, les modes actuels d'or-ganisation, la répartition actuelle des rôles entrepublic et privé constituent des contraintes à l'amé-lioration des services rendus ou en limitent l'effi-cience. La réforme des systèmes de soins passeaussi, et peut être surtout, par une réforme insti-tutionnelle.

Une plus grande participation du privé dans l'offrede soins peut contribuer à améliorer le systèmeglobal de santé.

L'essentiel est de définir des règles permettant lavalorisation de la contribution de ce secteur (favo-riser l'installation dans les régions sous-médicali-sées, réformes des textes de loi régissant l'hospi-talisation privée, etc...). Il faudrait agir en sorteque ces développements ne produisent pas denouveaux déséquilibres dans l'offre de soins, denouvelles inéquités face à la maladie. Il s'agira deréguler ces développements dans le cadre d'unepolitique concertée.

c. La recherche de la rationalité dans la gestion et la

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régulation du système global des soins

Cet objectif appelle des interventions dans plu-sieurs directions :

- Programmation : établissement d’une carte sanitaire pour unemaîtrise de l'articulation entre les différents segments du sys-tème des soins

La polarisation des moyens sur certains segmentsprécis de l'activité sanitaire a conduit à quelquesinsatisfactions tant du côté des consommateurs deces services que de leurs acteurs. C'est là une desexpressions du dysfonctionnement que connaît lesystème national de la santé et l'une des causes desa faible efficacité technique.

Un des aspects de la politique de restructurationdu système de soins se traduit par l'adoption d'unprocessus de programmation fondé sur l'établisse-ment d'une carte sanitaire nationale sur la base decritères ayant pour objectifs de corriger les dispa-rités géographiques.

Ces objectifs consistent dans : la mise en placed'un système intégré (prévention-soins) ; l'orga-nisation d'un déploiement spatial équilibré desressources (personnel et infrastructures) ; ladéfinition de normes à atteindre à deséchéances fixées ; l'harmonisation des systèmesde soins et de formation du personnel ; la hié-rarchisation fonctionnelle des segments du sys-tème (soins spécialisés, généraux, de premierrecours) ; la décentralisation-régionalisation dusystème de santé visant à faire assurer au niveau

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de chacune des entités géographiques l'en-semble des soins préventifs et curatifs.

L'établissement de normes de ressources sanitairesà distribuer sur le territoire selon un découpageapproprié est en soi une démarche nécessaire.Elle risque cependant de se traduire en unesimple convention si les données socio-écono-miques ne sont pas prises en compte (décentrali-sation de l'activité économique, renforcement desmoyens de communication).

- L'autonomie de gestion des grandes unités

La maîtrise du financement des unités hospita-lières, la gestion rationnelle de leur patrimoine, deleurs ressources humaines sont les facteurs déter-minants de l'efficacité des prestations de soins. Uncontrôle centralisé des activités de ces unités peutnuire au rendement de leurs services. Aussi, latendance serait de favoriser l'autonomie de ges-tion de certains segments du système de santé.

Des actions concernant l'organisation et la gestionde l'hôpital public ont été entamées, avec l'adop-tion de la loi dotant les Centres Hospitaliers deRabat et de Casablanca de la personnalité civile etde l'autonomie financière, et avec l'institution d’unrégime plus souple de gestion (SEGMA) au profitde quelques hôpitaux régionaux ou provinciaux.

Cette première étape de décentralisation de lagestion et de l'amélioration du fonctionnementdevrait être poursuivie par une réforme visantl'instauration d'une gestion rationnelle desmoyens matériels et humains (statut de l'hôpital

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public, système de financement, facturation etrecouvrement, organisation interne, comptabilitéanalytique et informatisation)Ces mesures de décentralisation de la décision etde sanction de la gestion peuvent dégager desgains d'efficacité favorables au système de soins.

d. Le renforcement de la couverture des soins et la maî-trisedes dépenses

La rationalité économique se doit d'être accompa-gnée d'une rationalité sociale pour éviter que larestructuration de la politique de santé ne condui-se à des effets sociaux négatifs. Des réformes dessystèmes de protection sociale devraient été entre-prises. Elles concernent d’une part l’extension dela couverture des soins et d’autre part la maîtrisedes dépenses de santé.

- L'extension de la couverture des soins

La question de l'extension de la couverture estune des composantes principales de la réformeen cours de gestation du système de couvertureen matière d'assurance maladie. Ces efforts doi-vent être poursuivis dans l'objectif de la générali-sation de la couverture sociale à moyen ou longterme. Les potentialités d'amélioration de cettecouverture sont réelles, il s'agit de mettre en placeles modalités les plus efficientes de façon àprendre en considération toutes les catégories depopulation concernées et à assurer une gestionéquilibrée des régimes de protection et d'assu-

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rances.

Etant donné que l'assurance maladie ne couvriraau mieux qu'environ 45% à 50% de la populationen l'an 2000, les couches de la population à basrevenu risquent d'être exclues de cette prise encharge. D'où la nécessité de mettre en place unsystème d'aide aux indigents. Le principe étantque la gratuité des soins dans les établissementsdu MSP soit réservée aux vrais indigents et qu'unepartie des coûts des soins qui leur sont procuréssoit pris en charge par un Fonds d'Aide Médicale(Fonds de Solidarité Nationale), le budget du MSPprenant en charge la partie non couverte quidevrait aller en s'amenuisant.

- La maîtrise des dépenses de santé

Le Maroc est confronté à cette nécessaire maî-trise des dépenses publiques et de rationalisa-tion du fonctionnement de leurs systèmes desanté. La demande de soins risque d'être supé-rieure à la croissance économique étant donnéla pression démographique.

Selon les prévisions, si les dépenses publiques enmatière de santé augmentent pour étendre la cou-verture des services à 80% de la population, lasanté absorbera 15% du total des dépenses del'Etat en 2020, ce qui reviendra à tripler la partbudgétaire de la santé en 20 ans.

Aussi, le processus de réforme du financement dela santé doit s'appuyer sur une consultation trèslarge et une participation active des différents res-

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ponsables, acteurs, utilisateurs effectifs ou poten-tiels du système.

e. La participation des Collectivités locales

La loi reconnaît aux Collectivités locales un certainnombre de prérogatives en matière d'hygiène etde salubrité publiques. Ces compétences ont étéélargies à la fin des années 80 lorsque le législa-teur a autorisé ces collectivités locales à réaliserdes investissements dans le secteur de la santé. Ilfaut cependant souligner que l'exécution des pro-grammes connaît un certain retard qui peut êtredû au manque d'expérience des collectivitéslocales dans ce domaine, à la faiblesse de leurencadrement et aux difficultés de mise en oeuvrede procédures appropriées de coopération entrele Ministère de la Santé Publique et ces collectivi-tés.

D'autres actions, ponctuelles voire informelles,viennent compléter cette intervention dans lecadre du renforcement de l'encadrement médicalet paramédical des collectivités locales, ou de lacoopération entre les communes et certains hôpi-taux. Enfin, il faut rappeler que les collectivitéslocales auront un rôle à jouer au niveau du règle-ment du problème de l'indigence. Ce rôle pourraitse réduire à fournir une contribution financière auFonds National de Solidarité, mais aussi s'étendreà l'identification des indigents, voire à la gestionde structures locales d'Aide Médicale.

La contribution des collectivités locales au secteur

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de la santé en est encore à ses débuts. Elle estporteuse de beaucoup de promesses qui pourrontse réaliser assez facilement si elles sont soutenuespar une volonté politique active

Cependant, quelque soit la validité des stratégiesglobales, sectorielles et sociales mises en place,l’efficacité de ces dernières dépend largement dela capacité du Maroc à mobiliser les ressourcesnécessaires au financement des choix stratégiquesde l'avenir.

4. La mobilisation des ressources

La faisabilité des choix stratégiques retenus n’estpas une simple question de financement. Unetelle faisabilité implique, en premier lieu, le chan-gement des comportements des acteurs : réformede l’Administration, changement dans le compor-tement de l’entreprise et des Collectivités localeset développement de la société civile.

La réalisation des objectifs visés par le scénarioalternatif, requiert en second lieu des effortsimportants en matière de mobilisation et de ges-tion des ressources. En effet, la croissance etl'amélioration du marché du travail recherchées àtravers cette nouvelle dynamique de l'économienationale dépendent, dans une large mesure, descapacités du système économique à mobiliser et àorganiser une épargne intérieure plus importante,à stimuler et renforcer l'investissement national età créer un environnement plus propice et plusattractif pour les ressources financières extérieures

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et les flux d'investissements directs étrangers.Aussi, le succès de la stratégie et la réalisation desperformances économiques sont-ils conditionnéspar la mobilisation des ressources, particulière-ment au cours du démarrage du programme decette politique à long terme. Pour lever cettecontrainte, il convient de mener une réflexion col-lective sur les moyens et les domaines d’actionsusceptible d’accroître la mobilisation et l’optimi-sation des ressources. Dans cette perspective,plusieurs orientations sont à souligner.

4.1. La participation de la population : un instru-ment de mobilisation de ressources

De plus en plus, la décentralisation apparaîtcomme une modalité efficiente de mobilisationdes ressources. Dans un contexte d’amplificationdes problèmes économiques et sociaux. l’Etat atendance de se désengager, progressivement, auprofit des Collectivités locales. Celles-ci ont à leurcharge l’identification des priorités économiqueset sociales locales et la mise en place des méca-nismes de mobilisation des ressources nécessairesà leur réalisation.

Aussi, la participation de la population à la gestiondes affaires publiques locales représente t-elle lemoyen le plus efficace pour la mobilisation desressources. L’émancipation de la société civile parle développement du mouvement associatif s’ins-crit dans cette nouvelle dynamique de mobilisa-tion des ressources. La gestion des problèmeséconomiques et sociaux doit être désormais, en

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partie assurée par la population : équipementscollectifs (pistes, forages de puits, dispensaires),assistance sociale, alphabétisation, etc..

4.2. Rationalisation, réallocation et recherche desources altérnatives de financement

La mobilisation des ressources implique la ratio-nalisation et la réallocation du financement ainsique la recherche de sources alternatives. La ratio-nalisation des dépenses publiques constitue uncorollaire de la réforme de l’Administration.

Le volume des dépenses de fonctionnement affec-te l’étendue et la qualité du service public. Lesmécanismes d’engagement des dépenses d’inves-tissement sont à l’origine d’une grande déperdi-tion des deniers publics.

De même, l’efficience de la rationalisation desdépenses publiques est conditionnée par l’amélio-ration des recettes publiques. En ce sens, le«manque à gagner» en matière de droits de doua-ne, lié à la mise en place de l’Accord d’Associationentre le Maroc et l’Union Européenne, devrait êtrelargement compensé par un système fiscal plusefficace et reposant sur une assiette élargie.De plus, la réallocation des moyens de finance-ment permet une meilleure redistribution desdeniers publics au profit des secteurs déficitaires,conformément aux priorités retenues.

En outre, la recherche de sources alternatives definancement vise la génération de sources extra-budgétaires. Le développement du mouvementassociatif et un meilleur ciblage des catégories

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sociales bénéficiaires des services publics permet-tent, la prise en charge d’une participation impor-tante de ce financement extra-budgétaire.

4.3. L’impulsion de l'Epargne intérieure

Divers instruments d'épargne collective – dontpeut bénéficier tout épargnant potentiel – ont étécréés par le truchement des organismes de place-ment collectif en valeur mobilière dans le but d'in-citer et de draîner l'épargne.

Il s'agit principalement des sociétés d'investisse-ment à capital variable (SICAV) et des FondsCommuns de Placement (FCP) dont la multiplica-tion récente laisse présager un développementnotable de l'épargne.

Cependant, pour relever le taux d'épargne inté-rieure situé présentement à un niveau relative-ment modeste (environ 17%), il y a lieu toutd'abord de repenser la structure et les comporte-ments actuels du système bancaire, en poursui-vant et en consolidant les réformes en cours. Eneffet, seule une concurrence effective au sein dusystème bancaire pourrait leur faire jouer un rôlebeaucoup plus dynamique dans la mobilisation del'épargne et les amener à s'orienter vers les petitsépargnants. Outre la détermination de taux d'inté-rêts qui cadreraient avec le niveau de l'activitééconomique, la libéralisation de ce secteur devrait

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pousser les institutions bancaires à réduire leursmarges d'intermédiation et à dépasser leur attitu-de conservatrice et trop prudente en matière d'al-location des ressources financières. Elles pren-draient ainsi des risques et engageraient ces res-sources dans des prêts à long terme pour financerl'investissement.

D'autres institutions financières (sociétés d'assu-rances, caisses de retraites, Caisse Nationale deSécurité Sociale, ...) devraient, par un développe-ment de leurs activités et par une organisationplus efficace, promouvoir la collecte de l'épargneintérieure.

a. Développement des marchés de capitaux

Les réformes du système financier et les autresactions conduisant à la mobilisation de l'épargneintérieure aussi bien privée que publique ne peu-vent constituer les éléments moteurs de la crois-sance que si elles sont accompagnées d'une orga-nisation et d'une animation active des marchésdes capitaux. La structuration et le développementde ces marchés reflèteront le niveau de moderni-té et de transparence de l'économie nationale etformeront un facteur attractif pour les investis-seurs institutionnels et individuels, locaux ouétrangers.

b. Amélioration de l'épargne publique

La mobilisation de l'épargne intérieure globale est

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conditionnée aussi par une amélioration de lasituation financière du budget de l'Etat dans l’ob-jectif de générer une épargne publique plusimportante. Compte tenu des hypothèses du scé-nario alternatif, cet objectif de la politique budgé-taire devrait se réaliser grâce, d'une part, à unaccroissement soutenu des ressources fiscalesengendré par l'élargissement de l'assiette et parl’amélioration de l'activité économique, et d'autrepart, à une rationalisation des dépensespubliques. L'épargne publique dégagée de ce pro-cessus assurera une partie du financement d'unesélection optimale de programmes et de projetsd'infrastructures de base. Par ailleurs, les perfor-mances économiques du scénario alternatif (crois-sance élevée, allégement de la dette extérieure,inflation contenue, évolution substantielle et sou-tenue des exportations ...) peuvent contribuer àélargir la marge de manoeuvre budgétaire. Le défi-cit budgétaire que l'économie pourrait soutenir sesitue aux environs de 5% du Produit IntérieurBrut.

4.4. Une politique monétaire accommodante

Le rythme de croissance accéléré, l'augmentationdes opportunités d'emploi et le maintien d'un hautdegré de stabilité des prix, qui caractériseraient lescénario alternatif, associés au développement età la réforme des marchés financiers et de capitauxdevraont faciliter la conduite de la politique

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monétaire.

Dans un tel contexte, les conditions monétaires nedevront pas demeurer immuables et préserver lestendances restrictives actuelles ; elles connaîtront,au contraire, un certain desserrement pour accom-pagner l'activité dans son expansion. Cependant,cet assouplissement doit se réaliser sans porterpréjudice à la crédibilité de la politique monétaireet en s'assurant qu’il ne contribuera pas à unereprise de l’inflation.

4.5. Une politique budgétaire plus active

La rigueur budgétaire actuelle a conduit à un défi-cit social important qu’une croissance faible etirrégulière ne peut combler.

Or, la restauration des équilibres financiers estrecherchée pour créer une marge de manoeuvrebudgétaire afin de relancer la machine écono-mique sans grand risque de dérapage budgétaire.

Le scénario alternatif proposé montre que lerecours à l’instrument budgétaire pour financer,dans une première phase, l’amélioration des infra-structures économiques, et sociales est souhaité.

Ainsi, un déficit budgétaire contenu dans des pro-portions maîtrisables (autour de 5%) pourraîtcontribuer au financement de la relance écono-mique.

4.6. Amélioration de l'attractivité de l'espaceéconomique national

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Les réformes structurelles et les politiques quiseront menées pour la consolidation et la stimula-tion de l'épargne intérieure ne suffiront pas à ellesseules pour atteindre les montants d'investisse-ment afin de générer et de maintenir la croissan-ce forte et les niveaux d'emploi élevés prévusdans le cadre du scénario alternatif. D'autresactions n'en seront pas moins nécessaires pourpromouvoir les opportunités d'investissement,permettre une allocation efficace des ressourcesintérieures, et impulser un transfert accru del'épargne extérieure sous forme d'investissementdirect. En effet, pour appuyer cette vision straté-gique et assurer les performances économiquesescomptées de manière viable à long terme, desefforts supplémentaires devraient être déployéspour améliorer l'environnement économique etsocial en vue d'accueillir les investissementspotentiels d'une manière générale et les flux d'in-vestissements directs étrangers en particulier.Cette stratégie de promotion de l'investissementdevrait s'inscrire dans le prolongement des pro-grammes de réformes déjà entrepris dans ce senspour créer un climat politique et économique plusfavorable aux investisseurs. Les gains d'attractivitépourront provenir de nombreuses sources : lacroissance soutenue, l'amélioration des infrastruc-tures, le développement du marché intérieur et lamise en valeur du capital humain, mais aussi lesincitations fiscales, l'aménagement des zonesindustrielles, la stabilité sociale et politique, l'ef-ficacité administrative ... Pour cela il y a lieu de

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créer une institution qualifiée avec des agences dedéveloppement au niveau régional et local char-gée essentiellement de la promotion de l'investis-sement.

4.7. Gestion des contraintes

Parmi les contraintes fondamentales qui ont eu,au cours des dernières années, un impact négatifsur l'accroissement de l'investissement se trouventau premier rang le coût du crédit, suivi du climatd'incertitude généré par l'alourdissement de ladette. Aussi, pour assainir la situation et offrir desconditions nouvelles plus favorables à une crois-sance économique soutenue, les actions straté-giques à mener devraient-elles intégrer une solu-tion relative à l'allègement de la dette intérieure etextérieure ainsi qu’une gestion plus judicieuse desengagements futurs. Il s'agit en l'occurrence deprocéder à un reprofilage de la dette extérieure,de s'engager dans des opérations de conversionmais aussi et surtout d'adopter une politique acti-ve vis à vis des créanciers.

Cependant, quelque soit la capacité du Maroc àmobiliser les ressources internes et externesnécessaires pour la réalisation des choix straté-giques de l'avenir, la viabilisation de cette mobili-sation et son effectivité passent nécessairementpar un engagement réel et une adhésion effective,consciente et volontaire de tous les acteurs éco-

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nomiques, sociaux et politiques.

D. LE ROLE DES ACTEURS

Les avancées que connaît le Maroc sur le plan ins-titutionnel semblent ouvrir la voie aux différentsacteurs économiques, sociaux et politiques pourjouer pleinement le rôle qui leur est dévolu entant qu’objets et facteurs du changement.

Outre les partis politiques, les syndicats,l’Administration, les Collectivités locales et l’entre-prise, le mouvement associatif notamment desjeunes et des femmes constitue l’acteur privilégiédu changement.

De même, l’expression de nouvelles aspirationsde la part de ces acteurs et la revendication d’uneparticipation accrue à la conception et à la miseen oeuvre des choix fondamentaux de l’avenir,favorisent l’émergence de nouveaux comporte-ments.Cette réalité qui commande aujourd’hui les rap-ports entre les acteurs et les institutions se trouvede fait au coeur de la dynamique actuelle dechangement. Elle trouve sa raison d’être dans lanécessité de relever, sur la base de la solidarité etde la participation, les multiples défis lancés àl’économie et à la société dans les domaines stra-tégiques (emploi, couverture des besoins sociaux,maîtrise de la globalisation et de l’ouverture).

Dans un contexte national marqué par la raréfac-tion des ressources, la fragilisation progressive des

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RAPPORT DE LA PREMIERE COMMISSION

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droits acquis, la fréquence des aléas de toute natu-re et la complexité des nouvelles donnes écono-miques et sociales, notamment le chômage, l'im-plication des acteurs dans une telle forme de ges-tion devient une nécessité pour une meilleuremaÎtrise du changement.

1. L'Etat et l'Administration

Le rôle de l'Etat et de l'Administration dans la réa-lisation des choix stratégiques de l'avenir est cru-cial. Il implique, d'un côté, la redéfinition de nou-veaux rôles de l'Etat dans un contexte de libérali-sation et d'ouverture et d'un autre côté la moder-nisation de l'Administration.

1.1. Redéfinir les nouveaux rôles de l’Etat

Les nouvelles donnes de l’économie et de la socié-té imposent la reconsidération des rôles de l’Etat.Cette reconsidération se se traduirait par la défini-tion de nouvelles fonctions des interventionspubliques dans le domaine économique et social.

Dans ce sens, plusieurs fonctions nouvelles peu-vent être mises en perspective :

- Prendre en charge la question sociale

La question sociale se pose avec acuité au Maroc.A ce niveau, les nouvelles fonctions essentiellesde l'Etat pourraient s’articuler autour des axes sui-vants :

- une fonction d'insertion économique de lapopulation active.

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l'Etat employeur appartient à une phase désor-mais révolue fondée sur l'hypothèse du plein-emploi. Aujourd'hui l'emploi est devenu une affai-re qui concerne la société en général et l'entrepri-se en particulier. Mais l'Etat est le régulateur del'insertion des demandeurs d'emploi dans l'activi-té. Il peut s'en acquitter de quatre façons princi-pales :

•en favorisant les conditions et les opportunitésde création d'emplois et d'auto-emploi ;

• en organisant le marché du travail et en déve-loppant le service public d'emploi (Agence natio-nale d'intermédiation sur le marché du travail) ;

• en mettant en oeuvre une codification du rapportsalarial à même de fonder les modes de productionsur la modernisation des relations professionnelleset sur le progrès social ;

• en assurant la régulation des formes de mise autravail autres que la forme salariale.- Une fonction d'intégration sociale. De fait,l'insertion ne se détermine plus exclusivement parle travail, même si celui-ci demeure encore un fac-teur d'intégration sociale et d'affiliation. Il y a lieude tirer profit de l'avantage culturel, dont estdotée la société civile marocaine, en termes decohésion et de solidarité sociales. L'Etat peut,en effet, capitaliser un tel ressort afin de repro-duire sur une base plus élargie les mécanismes decouverture des coûts de l'homme et de protectionsociale.

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- Repenser la planification et réhabiliter le plan en tant

qu'instrument de pilotage stratégique

Prendre en charge la question sociale (dans sadimension vitale pour le développement)implique, pour l'Etat, d'adopter une démarchestratégique de long terme.

Il est, sur ce registre, largement admis que la visi-bilité économique et sociale suppose une capaci-té accrue d'anticipation et de prévision. Pour cefaire, l’Etat se doit de :

- repenser le principe de la planification eu égardà une pluralité de contextes et de territorialités :mondial, national, régional et local ;

- (ré)activer les dispositifs institutionnels d'élabo-ration et d'adaptation des perspectives straté-giques en matière de développement écono-mique, social et culturel (C.E.S., Conseil supérieurdu Plan ) ;

- Organiser les conditions de la performance globale

L'engagement de l'Etat dans le domaine socialpeut s'avérer contre-productif s'il n'est pas tiré parune croissance durable et s'il n'est pas généré parles performances globales du système productifnational.

Le rôle de l'Etat dans la régulation de la croissan-ce peut s'articuler autour de la perspective d'éta-blissement et de viabilisation des critères de per-formance globale. Ce qui implique plusieuractions :

- combiner, dans une approche globale, compéti-

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RAPPORT DE

LA DEUXIEME COMMISSION

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tivité - coût (en terme de prix) et compétitivitéhors coût (en termes de qualité et de délais ) ;- développer et faciliter la coopération et la com-plémentarité inter-entreprises (notamment entregrandes entreprises et PME), d'une part et entreentreprises, établissements de formation et d'en-seignement et collectivités locales, d'autre part ;

- favoriser des modalités de partenariat internatio-nal en matière d'investissement, de formation, demanagement, de savoir-faire, d'assistance-conseilaux entreprises ;

- organiser la concurrence et les marchés ;

- contribuer à la rationalisation des modes et ins-truments de gestion dans la perspective de contri-buer à lancer les bases d'une entreprises citoyen-ne ;

- recomposer les rapports entre acteurs notam-ment entre l’Administration et les entreprises, lesorganisations professionnelles et les Collectivitéslocales.

1.2. Moderniser les structures et les modesde fonctionnement de l'Etat

L’évaluation de l’expérience du développementdans le monde montre que l’Administration a jouéun rôle déterminant dans la dynamisation des sys-tèmes productifs nationaux, dans la modernisa-tion des comportements des acteurs et dans laconsolidation des institutions et du droit, fonde-ment de la confiance entre les citoyens et l’Etat.

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Le rôle de l’Administration en tant qu’acteur duchangement trouve sa raison d’être dans les pou-voirs qui lui sont attribués par la puissancepublique en matière de planification du déve-loppement, de promotion d’activités économiquespar le biais des autorisations d’investissement, dela coordination des activités publiques et privéesà l’échelle du territoire national, de l’organisationde la concertation économique et sociale et de lafixation du cadre légal de l’action des individus etdes groupes dans les domaines économique,social, politique et culturel.

Pour toutes ces raisons, l’Administration peutcontribuer soit à améliorer ou à bloquer les per-formances globales du système productif, à favo-riser ou à contrecarrer la modernisation des insti-tutions et du tissu social.

Au Maroc, hormis l’appréciation faite par les opé-rateurs économiques et par les citoyens sur labase de leurs expériences respectives, une éva-luation quantitative et fiable de la productivité del’Administration et des formes de déviances dontelle est l’objet, est aujourd’hui rendue difficile carles données essentielles se rapportant à son fonc-tionnement interne et à la gestion de ses res-sources matérielles et humaines sont soit impré-cises, soit indisponibles et inaccessibles.

Il en est ainsi de l’état des effectifs et de la venti-lation des différentes catégories d’agents (les fonc-tionnaires civils et militaires, les temporaires, lesoccasionnels, les contractuels et les détachés). De

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même, il n’existe pas de schéma relatif aux pro-cédures et aux circuits administratifs. Il n’existepas non plus de nomenclature nationale despostes et des emplois, ni de classification desmétiers ou de descriptif des missions administra-tives par secteur administratif et par type de struc-tures administratives.

Cette réalité, saisie sur un plan strictement admi-nistratif, ne permet pas à l’heure actuelle deprendre la mesure réelle des dysfonctionnementsque connaît l’Administration marocaine. Elle rendégalement complexe la formulation de stratégiesde modernisation.

De fait, l’Administration, en tant qu’acteur majeurdu changement, pose un problème de connais-sance nécessitant pour ce faire la création d’unobservatoire national de l’Administration et de lafonction publique permettant d’éclairer l’Etat et lasociété sur les choix les plus appropriés en matiè-re de réforme administrative.

Quelque soit cependant le diagnostic, l’évolutionfuture de l’Administration marocaine devra s’ins-crire dans le cadre d’une reforme globale. Celle-cidoit s’articuler autour de trois axes essentiels :

- l’assainissement et la préparation de l’environne-ment administratif interne ;

- la normalisation et la rationalisation de la gestionpublique ;

- la modernisation et la revitalisation de l’appareiladministratif.

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- L’assainissement et la préparation de l’environnementadministratif

Cet objectif nécessite la réconciliation de l’hommeavec son organisation et une véritable politique degestion des ressources humaines permettant d’en-gager l’Administration marocaine dans la voie duchangement. Dans cette perspective, l’adoptiond’une Charte des services publics permettrait, nonseulement de légitimer ces derniers aux yeux ducitoyen, mais aussi, une plus grande adhésion despersonnels de l’Administration à l’action publique.

Par ailleurs, l’assainissement et la préparation del’environnement administratif supposent unerestructuration de la fonction publique avec pourobjectifs d’une part de rechercher la meilleureadéquation possible entre la nature des tâches, leniveau de responsabilité et le cadre statutaire cor-respondant, et d’autre part, de reformuler le sys-tème de rémunération à travers une politique sala-riale fondée sur la récompense du mérite et lamotivation.

- La normalisation et la rationalisation de la gestion

publique

L’objectif de cette normalisation/rationalisation estd’accroître l’efficacité des services publics à tra-vers une meilleure maîtrise des coûts de fonction-nement et corrélativement une utilisation optima-le des deniers publics.

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RAPPORT

DE LA TROISIEME COMMISSION

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- La modernisation et la dynamisation de l’appareil

administratif

A ce niveau, c’est le système décisionnel dans sonensemble qui est interpellé parce que source delourdeurs et de vieillissement des structures, decomplexité des procédures et surtout dedéviances de toutes natures, préjudiciables tantpour les performances globales del’Administration que pour la qualité des services etdes rapports de l’Administration avec son envi-ronnement national et international.

Les dysfonctionnements, liés au processus déci-sionnel dans le contexte actuel del’Administration, imposent une stratégie globalede modernisation au moyen d’une redéfinitionprécise des fonctions et des missions des diffé-rents segments du service public, notamment envue d’éviter les chevauchements de compétenceset la dilution des responsabilité que cela induit.

Deux orientations semblent nécessaires dans cecadre : la simplification des procédures et larefonte du pouvoir de décision.

Toutefois, toute réforme affectant la géographiede l’Administration doit reposer sur l’interdépen-dance et l’interaction profonde entre le centre etla périphérie. Le couple centre/périphérie doitfonctionner comme un véritable système d’échan-ge dans lequel le national et le local confondentleur légitimité réciproque dans le cadre de rela-tions solidaires, afin que la décentralisation et ladéconcentration puissent opérer dans un contexte

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de synergie collective et d'unité nationale.

2. Les Collectivités locales : un vecteurdu changement

Sous la double pression des phénomènes écono-miques et socio-culturels – qui prennent aujour-d’hui une ampleur singulière (chômage et impor-tance des besoins sociaux) – ainsi que du redé-ploiement de l'Etat, la décentralisation apparaît,de plus en plus, comme le cadre adéquat d'élabo-ration de stratégies alternatives de croissance et dedéveloppement.

Au Maroc, la décentralisation connaît des progrèsimportants, particulièrement depuis 1976.L'extenstion des prérogatives de la commune(Charte de 1976), son rapprochement des citoyens(découpage administratif de 1992), et l'élévationde la région au rang de Collectivité locale (laConstitution en 1992), en sont une illustrationsignificative. Une nouvelle étape est franchie parla mise en oeuvre de la loi organisant la région(janvier 1997).

Ce parti pris pour la région, considérée commecadre de développement économique autono-me, de gestion des affaires publiques, d'exercicedes libertés individuelles et collectives et commepartenaire de l'Etat, intervient dans un contextemarqué par :

- l'essoufflement de l'approche sectorielle et cen-tralisée du développement économique, qui acertes permis au Maroc de s'équiper et de faire

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des percées significatives dans nombre dedomaines, mais qui se révèle actuellement inadap-tée pour faire face aux nouveaux défis écono-miques et sociaux (ralentissement de la croissan-ce, raréfaction des ressources d'investissement etexacerbation du chômage...) ;

- la persistance, voire l'accentuation des déséqui-libres régionaux que la politique de développe-ment poursuivie depuis l'indépendance n’a pasréussi à résorber ;

- la mondialisation de l'économie et les défis quien découlent se traduisant par l'exacerbation de laconcurrence internationale sur les marchés tradi-tionnels du Maroc ;

- le poids de la dette et son impact négatif sur lesressources publiques allouées à l'investissementproductif.

Pour relever ces défis, le Maroc se trouve contraintde revoir sa stratégie de développement dans uneoptique de mobilisation des potentialités endo-gènes encore inexploitées. L'identification et lamobilisation de telles potentialités ne peuvent seréaliser que dans le cadre d'un nouveau moded'organisation et de gestion privilégiant le local etle régional, comme niveaux adéquats d'interven-tion et d'implication des acteurs.

Le renforcement de la décentralisation trouve,ainsi, son expression dans cette nouvelle visionrégionale qui aspire à mobiliser toutes les poten-tialités et les ressourrces disponibles. De même,

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face à une demande sociale forte et dans uneperspective de raréfaction des ressources finan-cières, la décentralisation contribue à la rationna-lisation de l'action publique.

Il est, certes, évident que le degré d'effectivité dela décentralisation, à l'oeuvre au Maroc, dépenddes moyens humains et financiers mis au servicedes Collectivités locales, de l'apprentissage desélus en matière de gestion des affaires publiqueset du développement de la déconcentration. Maisdans toutes les expériences des économies avan-cées, la décentralisation constitue un long pro-cessus fortement influencé par les particularitéset les contraintes nationales . C'est ce quiexplique pourquoi après que, la Charte ait jetéles jalons de la démocratie locale, la communes'affirme comme espace effectif de développe-ment local non sans difficultés.

Dans ce cadre, la Charte de 1976 a conféré auxPrésidents des Conseils communaux de largescompétences, le découpage administratif opéré en1992 a rapproché davantage les communes despopulations. Mais les moyens, surtout financiers,alloués aux Collectivités Locales s'avèrent insuffi-sants. De même, la gestion des Conseils commu-naux constitue un problème crucial que les cyclesde formation des élus, organisés à l'initiative de laDirection générale des Collectivités locales, nerésoudraient que partiellement, l'autre solutiondépendant d'un long apprentissage des élites enmatière de gestion de la démocratie locale.Dès lors que la réforme communale a inauguréune pratique plus moderne de la décentralisation,

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il s'agit de dynamiser davantage la gestion de laCommune en renforçant ses propres capacitésadministratives et techniques. Sa promotion, grâceà un cadre régional plus actif, favorisera la miseen oeuvre d'un développement alternatif, etencouragera le déploiement de pratiques de ges-tion concertée.

Cette nouvelle configuration de l'espace desCollectivités locales doit faire de la Province uneinstance médiatrice entre les localités qui la com-posent et le niveau régional. Le cadre de laProvince sera, ainsi, un espace d'intégration descommunes, notamment au niveau de la concep-tion et de la mise en oeuvre des programmesdépassant le cadre communal. Il gagnerait égale-ment à servir une dynamique de mobilisation etde solidarité entre différentes communes, à parti-ciper à l'élaboration de plans de développementet à lutter efficacement contre les disparités intra-provinciales.

Par ailleurs, alors que la région, intermédiaire pri-vilégié de l'Etat, a connu une mise en chantier il ya une vingtaine d'années, sa dernière consécrationvise à lutter pour la correction des déséquilibresspatiaux engendrés par les dynamiques écono-miques et sociales.

Le projet régional aspire, dans cette perspective, àla création de régions, solidement articulées entreelles, mettant en oeuvre leur propre programmede développement et gérant les affaires de leurspopulations sur la base d'une stratégie fondée sur

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la mobilisation des potentialités locales, l'affecta-tion rationnelle des ressources, la participation etl'engagement de l'ensemble des acteurs.

C'est là le principal défi que doit relever la décen-tralisation en tant que processus dynamique quis'inscrit dans la durée, où la construction régiona-le doit concilier l'exercice d'une autonomie relati-ve et progressive des compétences et des moyens,d’une part, le renforcement de l'unité nationale,d’autre part. Toutefois, la consistance de ce projetrégional ne sera pleinement ressentie que si ellerepose sur un processus parallèle de développe-ment de la déconcentration. En effet, un tel déve-loppement dépend, d'abord, de l'uniformisationdes découpages et des implantations régionales etprovinciales des administrations. Il suppose,ensuite, une extension de la couverture spatiale,par une véritable délégation des pouvoirs au pro-fit des services extérieurs de l'Administration, parl'affectation de moyens humains et financiers suf-fisants et par l'assouplissement des procédures quiconditionnent l'éfficacité et la célerité du servicepublic. Ce développement passe, enfin, par lasynchronisation et la coordination des différentesactions de l'Administration.

Dans le cadre de cette recomposition de l'espacerégional, la société civile a une place centrale.L’institutionnalisation des relations desCollectivités locales avec la société civile peutbénéficier des mécanismes de solidarité, favo-rables à l’élaboration de stratégies assumées col-

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lectivement en matière de développement globalintégré. Par ailleurs, partant de l’expérience vécueau niveau des grands espaces urbains, il sembleplus indiqué d’instituer au niveau des commu-nautés où seront réunis tous les efforts et toutesles synergies nécessaires à la promotion desinvestissements et à la réalisation des équipe-ments nécessaires. La Collectivité nationale dansson ensemble bénéficiera ainsi de la disponibilitédes services publics et des économies d’échelledes infrastructures, liant ainsi efficacité et cohé-sion socio-spatiale. Cette approche pourrait s’ap-puyer sur une mobilisation des acteurs de lasociété civile, au sein notamment du mouvementassociatif, pour assigner à la dynamique du chan-gement un contenu et un rythme à la mesure deleurs aspirations.

3. Le rôle de l’entreprise

Les principes qui fondent la mise en oeuvre dechoix stratégiques en faveur de l'entreprise maro-caine peuvent tenir dans la perspective suivante :

- combiner des critères d'efficience et de perfor-mance ;

- concevoir des formes d'implication des salariéset des modalités de gouvernance et organiser lesdivers instruments permettant à l’entreprise uneplus grande participation au progrès économiqueet social.

Le premier principe a trait aux ressorts de la com-pétitivité : une mise en perspective des logiques

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de l'avantage concurrentiel implique pour lesentreprises l'impératif d'améliorer les modes degestion des ressources humaines et de reconfigu-rer l'objectif de performance autour notammentde la rationalisation de l'organisation du travail.

En second lieu, il importe de souligner l'interac-tion entre efficacité productive, efficience organi-sationnelle et progrès économique et social. Defait, la rationalisation des processus de travail peuts'avérer non-optimale si elle n'est pas prolongéeen termes de valorisation des ressourceshumaines et d'implication collective des sala-riés. L'atmosphère sociale est cruciale à la pro-ductivité et tend à se déterminer de plus en plus– à l'instar de l'environnement économique –comme un critère de performance. Dès lors, uneréorganisation du système des relations profes-sionnelles peut se justifier, d'un point de vuestrict, en termes d'efficience et d'amélioration desrésultats de l'entreprise.

Le troisième principe renvoie d'une part, à l'ob-jectif de maîtrise des coûts de transaction et desétats du marché que vise l'organisation profession-nelle des entreprises et d'autre part, aux effets decomplémentarité liés à la coopération et au parte-nariat inter-entreprises pour la croissance du bienêtre général.

Il convient, cependant, de préciser que la mise enoeuvre de tels principes généraux doit être indui-te par des procédures concrètes différenciées,tenant compte de la variété des configurations en

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fonction à la fois du type d'entreprise et de sanature (entreprise privée/publique, entrepriseindustrielle/ commerciale / tertiaire / agricole ) ;de la forme juridique, de la taille, etc.C'est en référence à ces principes qu’un program-me cohérent de promotion et de modernisationde l'entreprise au Maroc pourra produire tous seseffets.

3.1. Améliorer l'environnement compétitif de l’en-treprise

Trois niveaux complémentaires sont à prendre enligne de compte :

- Incitatif : élaborer un cadre intensifiant l'attrac-tivité économique pour les investissements pro-ductifs sous la double contrainte de la compétiti-vité et de l'innovation sociale.

- Institutionnel : le cadre inci-tatif lié à l'investissement peuts'avérer improductif s'il n'estpas porté par un dispositif effi-cace et des procédures effi-

cientes. Dans cette optique, il est préconisé uneréforme globale et rapide de l'Administration et

des services publics poursuivantles objectifs de rationalisation,d'assouplissement, de simplifi-cation, de décentralisation et deproximité des services publics.

Dans cette perspective visant le renforcement dela compétitivité, la croissance et la capacité de

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UN CHANGEMENTVOLONTARISTE

UNE VISION STRA-TÉGIQUE ET PROS-PECTIVE

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environnement favorable à l'initiative et à la créa-tivité.

6 - La recherche d'une croissan-ce forte et durable est le moyenle plus approprié pour l'édifica-tion d'un Maroc performant etsolidaire, espace de conciliation

de l'efficacité économique et de la cohésion socia-le.

La mise en oeuvre des choix de l'avenir devrait,permettre, d'enclencher une dynamique de crois-sance reposant sur un meilleur équilibre entre lescontributions des activités agricoles et non agri-coles, économiques et non économiques à la créa-tion des richesses.

Dans ce cadre, la modernisation des relationsprofessionnelles se traduirait par une réconci-liation entre l'entreprise et la société.

Cette mise en oeuvre est appelée à être confortéepar une intervention publique adaptée et par lerenforcement des mécanismes de solidarité dontsont porteurs le projet régional et l'émancipationde la société civile.

Elle prendrait compte desbesoins des générationsfutures par une politique devalorisation et de préservationdes ressources naturelles et de

recherche d'un meilleur équilibre environne-mental.

UNE ÉCONOMIEPERFORMANTE ETUNE SOCIÉTÉ SOLI-DAIRE

UNE SOCIÉTÉ D'OU-VERTURE ET DETOLÉRANCE

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création d’elmplois des entreprises, il est suggéréqu’un ensemble de services d’appui leur soit four-ni comme la formation à la gestion, l’appui à l’in-novation, l’aide à la commercialisation et l’accèsau crédit.

Concernant ce dernier point, le secteur financieret bancaire doit jouer un rôle novateur pour éle-

ver sa mission au rang d’ac-teur à part entière dans leprocessus de changementenvisagé. Le financementest, en effet dans cette

optique un vecteur et un appui de la compétitivi-té tant il est admis que le rôle des institutionsfinancières et des banques est déterminant pouraccompagner l’émergence d’un tissu industrielperformant et pour en assurer la pérennité.

- Structurel : développerles infrastructures et amé-liorer la qualité des ser-vices afférents à la priseen compte des exigencesde modernisation des

entreprises implique une augmentation desinvestissements affectés aux infrastructures. Untel effort est susceptible de trouver les condi-tions qui lui sont nécessaires dans la mise enoeuvre d'une politique industrielle axée sur l'at-tractivité d'espaces économiques et la multipli-cation d'effets d'agglomération.

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ET UNE OUVERTUREMAÎTRISÉE

UNE SOCIÉTÉ AUSERVICE DE L'EM-PLOI

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7 - Les choix de l'avenir sont conditionnés parl'aptitude de la société marocaine à maîtriser leseffets de l'ouverture pour asseoir et renforcer ledéveloppement du marché intérieur.

La double perspective d'intégration régionale duMaroc au sein de l'Union du Maghreb Arabe et del'Union Européenne constitue un atout straté-gique pour la réalisation de tels choix.

8 - Une société cherchant à s'insérer pleinementdans son environnement est appelée à intégrer lesfacteurs de progrès liés aux mutations que connaîtle monde dans les domaines de la culture, dessciences, des techniques, de l'information et de lacommunication. La réussite d'une telle option sup-pose l'adhésion aux valeurs de tolérance et d'ou-

verture.

Tolérance et ouverture sontles garants d'une médiationpermanente entre tradition etmodernité, entre essence et

devenir afin de permettre au Maroc de garder sonidentité en développant toutes ses potentialitéscréatrices.

IV. UNE SOCIÉTÉ DE PARTAGE FONDEE SURUNE COMPLÉMENTARITÉ FONCTIONNELLE ET

DES RAPPORTS CONTRACTUELS ENTREACTEURS

9 - Le changement doit être porteur de plusieurssens à travers la conquête de la dignité, la restau-

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UNE SOCIÉTÉ DECITOYENNETÉ ACTI-VE

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ration de l'éthique et l'esprit de responsabilité afinde préparer les bases de la société de demain.Une société régie par des principes aussi noblesque novateurs tels : l'efficacité économique auservice de la cohésion sociale et la confiance auservice de la stabilité.

Ces valeurs ne prennent, par ailleurs, leur pleinesignification qu'à travers laparticipation organisée et acti-ve de tous.

Ainsi, la participation est,aujourd'hui, un levier pour

une croissance forte et durable, un instrumentd'émancipation sociale et un moyen de consolida-tion de la pratique démocratique au quotidien.

10 - La configuration globale du Maroc dedemain repose sur la redéfinition des rôles desacteurs dans ce processus : l'Etat, les Collectivitéslocales, l'entreprise et la société civile.

Une telle redéfinition suppose un changementpréalable au niveau des comportements et uneidentification précise des cadres d'interventiondans le respect de l'éthique de la transparence, dela confiance et de l'efficience.

11 - L'implication effective des acteurs dans lechangement nécessite le respect de la loi et l'ad-hésion aux principes de la complémentarité fonc-tionnelle et de la contractualisation.

Ces principes supposent, d'abord, la mise en

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PARTENARIAT ETCOMPLÉMENTARITÉFONCTIONNELLEDES ACTEURS

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place d'un cadre institution-nel définissant les préroga-tives respectives des acteurset des espaces de leur com-plémentarité.

Ils exigent, ensuite, une nouvelle approche desrelations entre les acteurs basée sur une contrac-tualisation qui définit leurs droits et leurs obliga-tions respectifs, les élevant ainsi au rang de parte-naires.

Ils impliquent, enfin, une convergence des actionsdes partenaires économiques et sociaux vers desobjectifs d'intérêt collectif générant un développe-ment solidaire.

12 - Le redéploiement du rôle de l'Etat, la décen-tralisation et le nouveau statut de l'entreprise dansla société confèrent à la société civile une placecentrale dans la nouvelle dynamique du change-ment.

Aussi la maîtrise du changement est-elle indisso-ciable de l'émancipation de la société civile.L'organisation de celle-ci à travers un mouvementassociatif efficace constitue, de fait, le complémentaux actions de l'Etat, des Collectivités locales et del'Entreprise.13 - L'édification du Maroc du 21ème siècledépend, enfin, de la participation et de la mobili-sation des jeunes autour de ces objectifs.

La valorisation des atouts des jeunes représente legage véritable de la réussite du changement dans

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UN NOUVEAUCONTRAT SOCIAL

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le respect d'une meilleure médiation entre l'au-thenticité nationale et la modernité ; une média-tion où la famille et l'école en constitueraient lesprincipaux leviers.

La participation active et l'implication réelle de lafemme à tous les échelons de la vie économique,sociale, politique et culturelle représentent une cléessentielle de cette réussite.

Responsabilisation, adhésion, mobilisation et par-ticipation sont les termes d'un nouveau contratsocial indispensable pour consolider les fonde-ments du projet de société du Maroc du 21èmesiècle.

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