le développement des communautés dans une perspective d’intégration locale des immigrants

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Dissertação de Mestrado de Maria Celina Nina Bernardes, baseado na experiência advinda do trabalho realizado com imigrantes na região de Quebec, Canadá.No resumo elaborado por Maria Celina temos:Dans une première partie du travail, j’analyse l’histoire de l’immigration au Canada, au Québec et à Sherbrooke. De plus, j’étudie, à ce moment, les enjeux que l’immigration amène à la pratique des travailleurs et travailleuses sociales. Une deuxième partie de l’essai est dédiée au développement des communautés et aux principaux concepts associés à ce domaine. Ensuite, une troisième section porte sur l’analyse de la Table de concertation Ascot en santé. Finalement, je fais une synthèse de cette étude, en proposant un modèle qui me semble le plus adéquat pour l’intégration locale des nouveaux arrivants.Le fil conducteur du présent essai est de démontrer que les concepts de développement des communautés sont aussi un outil important pour favoriser l’intégration locale des immigrants. Ainsi, j’utilise l’expérience Ascot en santé comme illustration d’un travail axé sur le développement de quartier avec l’intention de favoriser le rapprochement interculturel. Dans ce sens, l’implication des immigrants à la vie et aux décisions du quartier augmente leur sentiment d’appartenance à la société québécoise.

TRANSCRIPT

  • DPARTEMENT DE SERVICE SOCIAL Facult des lettres et sciences humaines

    Universit de Sherbrooke

    Le dveloppement des communauts dans une perspective dintgration locale des immigrants

    Illustration par lexprience Ascot en Sant Sherbrooke

    Par

    Maria Celina Nina Bernardes

    Essai prsent en vue de lobtention du grade

    Matre en service social, M.Serv.soc.

    Sherbrooke MAI 2011

  • i

    RSUM

    Cet essai est labor partir dune recension des crits, en conjonction avec lanalyse des

    expriences de la Table de concertation Ascot en sant.

    Dans une premire partie du travail, janalyse lhistoire de limmigration au Canada, au

    Qubec et Sherbrooke. De plus, jtudie, ce moment, les enjeux que limmigration

    amne la pratique des travailleurs et travailleuses sociales. Une deuxime partie de lessai

    est ddie au dveloppement des communauts et aux principaux concepts associs ce

    domaine. Ensuite, une troisime section porte sur lanalyse de la Table de concertation

    Ascot en sant. Finalement, je fais une synthse de cette tude, en proposant un modle qui

    me semble le plus adquat pour lintgration locale des nouveaux arrivants.

    Le fil conducteur du prsent essai est de dmontrer que les concepts de dveloppement des

    communauts sont aussi un outil important pour favoriser lintgration locale des

    immigrants. Ainsi, jutilise lexprience Ascot en sant comme illustration dun travail ax

    sur le dveloppement de quartier avec lintention de favoriser le rapprochement

    interculturel. Dans ce sens, limplication des immigrants la vie et aux dcisions du

    quartier augmente leur sentiment dappartenance la socit qubcoise.

  • ii

    REMERCIEMETS

    Premirement, je dsire remercier profondment ma directrice dessai, Mme Michle Vatz-

    Laaroussi. Ses commentaires prcis, son appui et sa disponibilit sans rserve ds les

    premiers changes propos du sujet du prsent essai ont t fondamentaux pour

    mencourager pendant ce processus de rflexion et dcriture. Merci encore pour me

    montrer la richesse de la recherche dans le domaine interculturel.

    Je veux galement remercier mes collgues de matrise qui, pendant ces dernires annes,

    mont aide normment dans mon processus darrive et dintgration dans un nouveau

    pays. Merci dtre mes cts dans cette intense et merveilleuse aventure qua t la

    maitrise. Par la suite, je veux exprimer ma gratitude envers le personnel du Dpartement de

    service social. Leur professionnalisme et attention ont facilit beaucoup ma dmarche pour

    raliser ce projet.

    Je remercie immensment Mme Linda Ppin, la personne responsable de la rvision de mes

    textes. Merci Linda de maider amliorer mon criture en franais et de me montrer la

    beaut de cette langue.

    Un merci tout spcial ma famille qui, mme tant loigne, tait toujours prsente, me

    donnant tout le support dont javais besoin dans les moments difficiles.

    En terminant, je dsire plus que tout remercier mon conjoint, Joo, de mavoir

    accompagne dans ce cheminement. Grce ton encouragement et ton appui, jai t

    capable de raliser cette maitrise. Merci dtre dans ma vie.

  • iii

    TABLE DES MATIRES

    ITRODUCTIO ............................................................................................................... 1

    1. LA PROBLMATIQUE DE LIMMIGRATIO ET DE LITGRATIO DES

    OUVEAUX ARRIVATS .......................................................................................... 5

    1.1. Immigration au Canada : une vision historique ...................................................... 6

    1.2. Immigration au Qubec : une vision actuelle ........................................................ 11

    1.3. Immigration Sherbrooke : une vision locale ...................................................... 17

    1.4. Intgration des immigrants : enjeux par rapport lintervention .......................... 20

    2. LE DVELOPPEMET DES COMMUAUTS : PRICIPAUX COCEPTS .................................................................................................................. 25

    2.1. Communaut, territoire et proximit ..................................................................... 32

    2.2. Partenariat et concertation ..................................................................................... 36

    2.3. Empowerment et participation citoyenne .............................................................. 40

    3. LEXPRIECE ASCOT E SAT : LE DVELOPPEMET DES COMMUAUTS COMME U OUTIL IMPORTAT POUR LITGRATIO LOCALE DES IMMIGRATS ................................................ 45

    3.1. Vision des organismes de la Table sur le travail interculturel .............................. 52

    3.2. Contribution des immigrants aux rgions ............................................................. 55

    3.3. Dveloppement des communauts et intgration locale des immigrants : une liaison pleine de bon sens ..................................................................................... 57

    4. EJEUX ET RECOMMADATIOS ..................................................................... 62

    4.1. Enjeux ................................................................................................................... 62

    4.2. Recommandations ................................................................................................. 63

    BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................. 72

  • iv

    LISTE DES FIGURES ET DES TABLEAUX

    Figure 1.1 Croissance de limmigration dans la province de Qubec ............................... 14

    Figure 1.2 Distribution de limmigration dans la province de Qubec (2010) .................. 15

    Figure 2.1 Boucle du dveloppement des communauts ................................................... 29

    Tableau 1.1 Immigrants selon la province ou le territoire, 2006-2010 .............................. 11

  • 1

    ITRODUCTIO

    Lexprience migratoire est la fois un projet (de vie),

    un trajet (le voyage), un parcours (des tapes).

    Jol Fronteau

    Larrive des immigrants, qui viennent de plusieurs pays origines, est chaque fois plus

    prsente dans la ralit de la socit canadienne et qubcoise. Pour rsoudre le problme

    du vieillissement et de la diminution de la population, la solution prise par les

    gouvernements passe par une hausse de l'immigration. Cest cette ide qui figure dans

    lintroduction de louvrage Lintervention interculturelle :

    Divers facteurs, dont la compensation de la faible fcondit des populations qubcoises de souche, le dsir de maintenir son poids dmographique dans lensemble canadien et daugmenter le pourcentage de la population active, ont fait que linsertion des immigrants dans la socit francophone est devenue une priorit (Legault, 2000, p.41).

    Ainsi, cest un fait que la socit qubcoise devient de plus en plus une socit

    interculturelle, mais en mme temps linsertion sociale des immigrants ne se fait pas sans

    difficults, chocs et conflits. De plus, limmigration est un sujet sensible qui gnre

    dimportants dbats et qui inquite de nombreux Canadiens et Qubcois. Dune part, il y a

    les personnes qui dfendent la stratgie du gouvernement daugmenter limmigration

    comme tant une bonne option pour le dveloppement social et conomique du pays.

    Dautre part, il y a les opposants qui disent exactement le contraire, cest--dire que les

    impacts ngatifs, justement du point de vue conomique et social des immigrants, sont

  • 2

    normes. Pendant que le dbat a lieu, savoir si limmigration est une solution ou un

    problme pour la socit canadienne et qubcoise, les immigrants sinstallent.

    Ainsi, cet essai se penchera sur lintgration des immigrants partir des concepts de

    dveloppement des communauts. Je mintresse ce domaine depuis le dbut de mon

    programme de maitrise et je crois quil savre un outil trs intressant pour penser

    ladaptation des immigrants. Je suis enthousiaste face un changement social qui vise

    linclusion et la participation sociale de tous les individus. Toutefois, dans le prsent

    travail, la population sur laquelle je porte un regard spcifique est la population

    immigrante.

    Dabord, je considre important de comprendre que lexprience dimmigration est une

    exprience dstabilisante qui ne se fait pas sans deuil, dsirs et sans transgressions

    (Fronteau, 2000, p. 3). Elle implique des transformations profondes tant au niveau

    individuel quau niveau familial. Il y a des problmes familiaux qui mergent justement

    comme consquence de limmigration : la relation de couple, la relation des parents avec

    leurs enfants, lducation des enfants, le rle des femmes, entre autres.

    Cette exprience exige alors de chaque individu la construction dun nouveau cadre de

    rfrence dans un nouveau mode de vie. Ainsi, lidentit personnelle et sociale que la

    personne avait delle-mme se transforme en raison dun environnement inconnu.

    Limmigration touche au premier chef limage de soi, cest--dire lidentit tant personnelle que sociale. Elle est le paradigme de ladaptation. lorigine de ladaptation, il y a une rupture, au cur de ladaptation, on trouve lidentit, car cest un sujet qui se transforme ; et lobjet de ladaptation, cest la recherche de lquilibre (Ibid., p. 3).

  • 3

    De cette faon, le changement provoqu par limmigration requiert une nouvelle

    construction identitaire et reprsente aussi une qute de sens pour comprendre le nouveau

    milieu dans lequel on vit. Dans ce sens, cette population qui vient dailleurs a beaucoup

    besoin daide pour sintgrer pleinement la socit daccueil.

    Il sagit dune traverse pleine dmotions et de dcouvertes : le passage dun monde

    connu et familier o je ne sais pas que je sais un monde inconnu et trange o je sais

    que je ne sais pas (Ibid., p. 3). Cest justement dans ce passage que je vois les ides du

    dveloppement des communauts comme tant un moyen trs riche pour aider parcourir

    cette traverse.

    Comme suite ce qui prcde, lobjectif du prsent essai est de dmontrer que, dans ce

    parcours dintgration, le domaine du dveloppement des communauts est une voie

    pertinente, avec beaucoup de bnfices. Je mintresse de faon plus spcifique

    lintgration au niveau local.

    ce propos, je crois quil est important de mettre en contexte les principales questions

    entourant limmigration au Canada, au Qubec, dans les rgions et aussi les effets que cette

    population provoque dans la pratique des travailleurs et travailleuses sociales. Le premier

    chapitre consiste prcisment en un survol de lhistoire de limmigration sur le plan des

    diffrentes chelles territoriales : nationale, provinciale et rgionale. Les dfis pour

    linstallation des immigrants en rgions tout comme pour lintervention du champ du

    service social seront aussi abords dans cette partie.

    Le deuxime chapitre se penche davantage sur les principaux concepts du dveloppement

    des communauts. En premier lieu, je commence ce chapitre en prsentant une vision

  • 4

    historique de lorganisation communautaire qui est lorigine des concepts du

    dveloppement des communauts. Jexplique comment ce domaine est apparu au Qubec,

    mais tout en prenant soin daborder aussi certaines initiatives de lAmrique Latine.

    Le troisime chapitre, qui est mon avis le cur de lessai, veut montrer comment tout ce

    qui a t prsent prcdemment sapplique dans la pratique. Pour illustrer lapplication des

    concepts de dveloppement des communauts, jutilise lexemple de la Table de

    concertation Ascot en sant, initiative qui a lieu dans le quartier dAscot, Sherbrooke. De

    plus, je dvoile dautres expriences trs positives par rapport lintgration des

    immigrants dans diffrentes rgions du Qubec.

    Finalement, dans la quatrime partie, je souligne les enjeux qui, mon avis, sont apparus au

    fil de lcriture du prsent travail. En outre, je fais rfrence quelques recommandations

    qui, mon sens, peuvent aider lvolution et la consolidation du domaine du

    dveloppement des communauts comme pratique solide dintervention sociale, plus

    spcifiquement avec la population immigrante.

  • 5

    1. LA PROBLMATIQUE DE LIMMIGRATIO ET DE LITGRATIO

    DES OUVEAUX ARRIVATS

    En ce qui concerne la question de limmigration, on peut dire quelle a toujours t prsente

    dans lhistoire du Canada : Depuis 1867, la politique canadienne en matire

    d'immigration a constamment volu. Ce mouvement a eu une importance primordiale dans

    le dveloppement du Canada, que ce soit au plan dmographique, go-spatial, conomique

    ou culturel (Chouinard et Pelletier, 1983).

    Le passage ci-dessus montre clairement limportance du phnomne de limmigration pour

    la formation du pays et introduit mon intrt, dans le prsent chapitre, dmontrer que

    laccueil dimmigrants a t une stratgie importante pour le dveloppement du Canada,

    malgr le fait quil sagit encore aujourdhui dun sujet trs controvers. Cette politique

    d'ouverture l'immigration a toujours t prsente par les autorits canadiennes comme

    essentielle la croissance conomique nationale (Le Goff, 2004).

    Il est important de souligner que, dans ce premier chapitre, mes objectifs sont de prsenter

    un aperu historique de l'immigration au Canada, de dresser un portrait actuel de

    limmigration au Qubec et de montrer les aspects de la politique qubcoise de

    rgionalisation de limmigration ayant la ville de Sherbrooke comme rfrence. Dans ce

    sens, je nenvisage pas entrer dans les dtails des politiques, des lois et de la lgislation par

    rapport mon objet dtude, car une analyse historique plus en profondeur nest pas le but

    de cet essai. la fin du prsent chapitre, jaborde aussi quelques aspects importants de

    lintervention interculturelle. Dabord, un peu dhistoire

  • 6

    1.1. Immigration au Canada : une vision historique

    Les premiers immigrants arriver en sol canadien, il y a 1000 ans, sont les Vikings

    dIslande qui atteignent le Labrador et lle de Terre-Neuve. Les vestiges de leur

    tablissement, lAnse aux Meadows, sont un site du patrimoine mondial (CIC, 2010, p.

    14). Aprs eux, les Europens commencent faire des explorations partir de 1497.

    Pendant cette anne, lexpdition de Jean Cabot dbarque Terre-Neuve pour prendre

    possession de cette nouvelle terre au nom de lAngleterre (Ibid., p. 14). Je ne peux passer

    sous silence que, lorsque les Europens arrivent au Canada, ils remarquent que cette rgion

    est dj habite par les autochtones quils appellent Indiens, car les premiers explorateurs

    croyaient avoir atteint les Indes orientales (Ibid., p. 14).

    Lanne 1534 est celle o Jacques Cartier arrive en Amrique du Nord par le fleuve Saint-

    Laurent et dcouvre des terres o sont construites les villes de Qubec et Montral (Ibid.).

    Ainsi commencent plusieurs vagues dimmigration europenne.

    Dune faon gnrale, le Canada a connu trois diffrentes grandes priodes en relation avec

    lvolution de son histoire dimmigration (Chouinard et Pelletier, 1983).

    La premire priode, comprise entre 1867 et 1914, a comme buts principaux daugmenter

    la population et aussi de dvelopper les territoires de lOuest. Cette phase est reconnue

    comme tant un moment de portes ouvertes o le gouvernement encourage une

    immigration massive, principalement des ouvriers agricoles dans lOuest du pays : il ne fait

    aucune exclusion de ceux qui veulent entrer au Canada (Ibid., p. 201).

  • 7

    Toutefois, la deuxime priode, de 1914 1945, est dj marque par lincertitude des deux

    Guerres mondiales et la crise conomique de 1930. Pendant cette priode, le gouvernement

    adopte une srie de rglements qui visent limiter l'arrive d'lments jugs

    indsirables (Ibid., p. 203). Lopinion publique sincline vers un rejet de limmigration

    considrant les nouveaux-arrivants comme tant un facteur responsable des difficults

    conomiques et du chmage. Cest intressant de noter que, en 1926, apparait pour la

    premire fois le concept dimmigration parraine (Ibid., p. 203).

    Lclatement de la Seconde Guerre mondiale est un moment dcisif de suspension de

    quelques politiques de stimulation de limmigration. Ainsi, cette deuxime phase est un

    moment o la politique dimmigration a peu avanc. Nanmoins, il est important de

    souligner que, justement cause dune priode de guerres, le gouvernement canadien a pris

    des mesures spciales par rapport aux rfugis, offrant des asiles politiques ces derniers et

    aussi aux enfants vacus de la Grande-Bretagne (Ibid., p. 204).

    La troisime priode de lhistoire de limmigration au Canada, de 1946 1978, est marque

    par la reprise dune ouverture rapide en matire dimmigration. La proccupation de

    laccroissement de la population est toujours prsente, mais maintenant il y a un souci de la

    part du gouvernement canadien de jouer un rle plus important dans le scnario

    international (Ibid., p. 204).

    Ci-dessous, un vnement important qui a marqu cette phase. Je considre essentiel de le

    faire ressortir, car mon avis, il aura un effet considrable dans le portrait contemporain de

    la population canadienne :

  • 8

    Larrive au pouvoir du Parti Conservateur et de son chef John D. Diefenbaker en 1962 inaugure une nouvelle re en ce qui a trait aux politiques relatives limmigration. On veut supprimer les aspects discriminatoires de la loi. La mme anne, toutes les barrires raciales l'immigration sont leves. Pour la premire fois, les ressortissants de tous les pays dAfrique, dAsie, dAmrique latine et des Antilles ont accs la catgorie dimmigrants non parrains (Gouvernement du Canada 1974, vol. I: 32; Beaujot et McQuillan, 1982: 97 dans: Chouinard et Pelletier, 1983, p. 204).

    Ainsi, cette nouvelle re reprsente une ouverture sans prcdant envers des pays qui

    ntaient pas vus comme tant une priorit en matires dimmigration, immigration qui a

    toujours plus connu des vagues dimmigrants europens.

    Je considre important de rendre visible que, selon Le Goff (2004), lhistoire canadienne

    en, ce qui concerne limmigration, a toujours eu trois objectifs fondamentaux :

    renverser le vieillissement de la population

    renforcer lconomie

    dvelopper lconomie des rgions

    Comme dj cit plus haut, la stimulation de limmigration a toujours t une stratgie

    utilise par le gouvernement canadien pour augmenter sa population. Nanmoins, un dfi

    contemporain sajoute cette ancienne inquitude qui tait de seulement accrotre le

    nombre populationnel : le vieillissement de la population. Tous les tats industrialiss

    sont conscients du vieillissement de leur population, qui va saccentuer durant la premire

    moiti du 21e sicle (MFA, 2008). Ainsi, cette proccupation est maintenant trs prsente

    dans les politiques canadiennes sur limmigration.

    En relation avec le deuxime objectif de renforcer lconomie, Le Goff (2004) dit dans son

    tude quil faut encore mesurer dune faon plus prcise limpact conomique de

  • 9

    limmigration. Toutefois, cest un fait que le gouvernement croit quun recrutement des

    immigrants chaque fois plus jeunes, justement pour faire face au vieillissement de la

    population, amnera des bnfices lconomie du pays.

    Finalement, le troisime objectif rfre limmigration comme tant un moyen pour

    dvelopper les rgions qui subissent aujourdhui une situation dmographique proccupante

    cause du grand nombre dhabitants du milieu rural qui quittent leurs villages pour

    sinstaller dans les grands centres urbains.

    Pour plusieurs intervenants rgionaux et locaux, limmigration pourrait permettre de contrer les effets de cette situation. En effet, de nombreuses rgions du pays aimeraient attirer un plus grand nombre d'immigrants pour stimuler leur conomie et favoriser leur accs aux marchs internationaux. Dans cette optique, la rgionalisation de limmigration est devenue un axe prioritaire pour CIC, qui collabore actuellement avec les provinces et les organismes locaux en vue dvaluer divers moyens pour encourager les nouveaux arrivants s'tablir dans les petites villes et les rgions rurales. (Le Goff, 2004, p.16)

    Cest justement cet aspect de penser une intgration locale des immigrants qui est le fil

    conducteur de mon essai. Mon effort a comme perspective de dmontrer que les concepts

    de dveloppement des communauts peuvent tre un moyen trs important pour aider les

    immigrants stablir localement.

    mon avis, ce survol de lhistoire canadienne par rapport limmigration nous permet de

    comprendre pourquoi la population canadienne actuelle est considre comme tant une

    mosaque :

    Le Canada contemporain est une mosaque ahurissante. Toronto, la plus grande ville du pays, serait, dit-on, la plus cosmopolite de la plante; ses rues, ses coles et ses stations de mtro accueillent les membres de plus de deux cents groupes ethniques. (Nelles, 2005).

  • 10

    Cest intressant que le recensement de 2006 de Statistique Canada par rapport

    limmigration ait reu le titre de La mosaque ethnoculturelle du Canada . En terminant

    cette partie, qui porte un regard historique sur limmigration au Canada, je considre

    pertinent de livrer quelques chiffres importants selon ce recensement de 2006.Ce document

    identifie plus de 200 origines ethniques diffrentes et fait une comparaison avec le

    recensement de 1901 qui a dnombr 25 origines ethniques. Ces donnes montrent que

    limmigration est une ralit indniable dans la socit canadienne qui a connu un

    accroissement tonnant durant le dernier sicle.

    En somme, avant mme dtre officiellement un pays admis dans la Confdration du 1er

    juillet 1867, le Canada tait dj un pays dimmigration.

    Le Tableau 1.1 qui suit prsente une vision des rcentes vagues dimmigration dans les

    diverses provinces du Canada.

  • 11

    Tableau 1.1 Immigrants selon la province ou le territoire, 2006-2010

    Provinces 2006 2007 2008 2009 2010

    Terre-Neuve-et-Labrador 508 546 616 603 681

    le-du-Prince-douard 565 992 1,443 1,723 2,581

    Nouvelle-cosse 2,586 2,523 2,651 2,424 2,408

    Nouveau-Brunswick 1,646 1,643 1,856 1,913 2,125

    Qubec 44,684 45,200 45,219 49,491 53,981

    Ontario 125,892 111,316 110,878 106,859 118,116

    Manitoba 10,047 10,954 11,218 13,521 15,803

    Saskatchewan 2,724 3,516 4,835 6,890 7,617

    Alberta 20,716 20,861 24,200 27,017 32,640

    Colombie-Britannique 42,083 38,961 43,992 41,440 44,176

    Yukon 65 83 110 174 350

    Territoires du Nord-Ouest 98 88 127 107 137

    Nunavut 12 19 50 10 19

    Province/territoire non declares 16 52 52 0 2

    Total 251,642 236,754 247,247 252,172 280,636

    Adapt de CIC, 2011.

    1.2. Immigration au Qubec : une vision actuelle

    En ce qui concerne lhistoire qubcoise, les crits recenss montrent que historiquement,

    limmigration a jou un grand rle au Qubec et elle contribue indniablement sa

    prosprit. Cet enrichissement se fait tant sur le plan conomique et dmographique que sur

    le plan social (Turcotte, 2010, p. 11).

    Comme expos dans la section prcdente, limmigration a toujours reprsent une

    stratgie du Canada daugmenter sa population pour se dvelopper : la situation au Qubec

  • 12

    nest pas diffrente. Les nouveaux arrivants qui sinstallent au Qubec sont une faon pour

    le gouvernement dobtenir une main-duvre active et jeune. Entre 1991 et 2001, 60 %

    de la croissance des besoins de main-duvre qubcoise ont t combls par des

    immigrants (Ibid., p. 14).

    De plus, le Qubec vit des particularits par rapport au reste du Canada du fait que la

    langue franaise est la langue prdominante de la province. Ainsi, laccroissement

    populationnel est un moyen de prserver la langue et la culture qubcoise. Plutt que de

    mintresser lhistoire de l'immigration au Qubec, dans une vision vaste et dtaille, mon

    intrt ici est plutt de la dlimiter dans un contexte plus rcent. Je me concentrerai sur les

    annes 70 jusqu aujourdhui, car je considre cette priode importante o limmigration

    devient chaque jour plus prsente dans la socit qubcoise. Ainsi, mon objectif est de

    tracer un portrait actuel de la ralit qubcoise par rapport au contexte dimmigration.

    Selon Taschereau (1988, p. 576), dans les annes 1960-1970, le monde a connu un peu

    partout des mouvements ethniques, rgionaux et nationaux de nature et d'importance

    diverses et o les rapports interethniques semblent se modifier . Selon cette auteure, en

    Amrique du Nord, ce moment a t marqu par un veil de lethnicit qui a connu son

    dpart avec le mouvement noir amricain. Cest dans cette priode que la pluralit

    ethnique et culturelle de la socit canadienne est officiellement reconnue par la politique

    de multiculturalisme nonce par le gouvernement fdral en 1971 (Ibid., p. 576).

    partir de ce moment, limmigration est plus que jamais reconnue comme tant un lment

    central de la stratgie de dveloppement du Canada. Consquemment, le pluralisme culturel

    est de plus en plus prsent dans la ralit canadienne et le Qubec, encore une fois,

    nchappe pas cette tendance.

  • 13

    En 1976, le Parti qubcois est lu et dirig par Ren Lvesque qui sintresse crer une

    politique de convergence culturelle qui tient son expression de llaboration du plan

    daction Autant de faons d'tre Qubcois, de 1981 (Jacob, 1992). Ce plan introduit

    pour la premire fois la notion de communaut culturelle . De cette faon, la culture

    devient alors laxe dorganisation de toutes les actions gouvernementales (Ibid., p. 40). Le

    gouvernement croyait que, seulement avec la mise en place de la notion de communaut

    culturelle, les problmes entre ltat et les diffrents groupes ethniques seraient rgls, mais

    dans la ralit, les changements ne se font pas de cette faon. Ainsi, ce plan daction a mis

    plus en vidence le dbat sur les questions interculturelles, qui a travers plusieurs

    institutions gouvernementales, comme les rseaux des services sociaux et de la sant. Un

    dbat qui est loin dtre termin et qui est compltement dactualit (Ibid., p. 40).

    Un autre fait important pour limmigration au Qubec, qui sest pass aussi dans les annes

    70, et qui doit tre mentionn, est lAccord Canada-Qubec. Aprs une ngociation qui

    remonte la fin des annes 1970, en 1991, cet accord est enfin sign. De cette faon, le

    Qubec obtient du gouvernement fdral le contrle politique de slectionner ses propres

    immigrants et dtre responsable de lintgration des nouveaux arrivants sur son propre

    territoire (Germain et al., 2010).

    mon avis, lobtention de cette autonomie dmontre limportance stratgique pour le

    Qubec douvrir ses portes aux immigrants. Selon moi, il est trs clair que la contribution

    des immigrants au dveloppement conomique est aujourd'hui une proccupation majeure

    dans les politiques dimmigration au Qubec (Ibid.).

  • Dans cette perspective, en 2008, le Qubec accueillait 45

    2010). En 2010, ce chiffre atteint 53 981

    nombre significatif dimmigrants qui arrivent au Qubec

    indique la croissance de limmigration dans la province.

    Figure 1.1 Croissance de limmigration dans la province de Qubec

    Adapt de CIC, 2011.

    Il est important de souligner quune proccupation trs actuelle, qui oriente les politiques

    dimmigration, fait rfrence la rgionalisation des nouveaux arrivants. Le passage

    suivant illustre bien cette ide

    limmigration existent depuis 1993 au Qubec et ont t maintenu

    des annes, quels que soient les gouvernement

    concentration des personnes immigrantes dans la rgio

    observe la figure 1.2.

    0

    10,000

    20,000

    30,000

    40,000

    50,000

    60,000

    2006 2007

    44,684 45,200

    14

    2008, le Qubec accueillait 45 264 immigrants

    e chiffre atteint 53 981 personnes (CIC, 2011). Ces donnes montrent le

    igrants qui arrivent au Qubec chaque anne. La figure 1.1

    indique la croissance de limmigration dans la province.

    Croissance de limmigration dans la province de Qubec

    Il est important de souligner quune proccupation trs actuelle, qui oriente les politiques

    dimmigration, fait rfrence la rgionalisation des nouveaux arrivants. Le passage

    suivant illustre bien cette ide : Les orientations politiques de rgionalis

    immigration existent depuis 1993 au Qubec et ont t maintenues et renforces au cours

    des annes, quels que soient les gouvernements (Vatz-Laaroussi et Bezzi, 2010

    concentration des personnes immigrantes dans la rgion urbaine de Montral peut tre

    2008 2009 2010

    45,200 45,219

    49,49153,981

    264 immigrants (Turcotte,

    ). Ces donnes montrent le

    chaque anne. La figure 1.1

    Il est important de souligner quune proccupation trs actuelle, qui oriente les politiques

    dimmigration, fait rfrence la rgionalisation des nouveaux arrivants. Le passage

    e rgionalisation de

    s et renforces au cours

    Laaroussi et Bezzi, 2010, p. ?). La

    n urbaine de Montral peut tre

  • Figure 1.2 Distribution de limmigration dans la province de Qubec (2010)

    Adapt de CIC, 2011.

    Jaimerais porter une attention spciale cet asp

    actuelles dimmigration parce que je crois que les concepts de dveloppement des

    communauts ont beaucoup apporter cette perspective.

    mon avis, lide dintgration locale peut justement contribuer la d

    concentration populationnelle dans les centres urbains en dveloppant davantage les rgions

    qui ont justement besoin de main

    local.

    Les auteures Vatz-Laaroussi et Bezzi (2010) mettent e

    rgionalisation de limmigration. Selon elles, les rgions ne prsentent pas une

    infrastructure et des politiques daccueil pour les nouveaux immigrants. De plus,

    concordance entre les domaines de qualification des

    propose est encore loin dtre tablie

    est encore un problme majeur pour lattraction et la rtention des immigrants en rgion.

    15

    Distribution de limmigration dans la province de Qubec (2010)

    Adapt de CIC, 2011.

    Jaimerais porter une attention spciale cet aspect de la rgionalisation dans les politiques

    actuelles dimmigration parce que je crois que les concepts de dveloppement des

    communauts ont beaucoup apporter cette perspective.

    mon avis, lide dintgration locale peut justement contribuer la diminution de la

    concentration populationnelle dans les centres urbains en dveloppant davantage les rgions

    qui ont justement besoin de main-duvre pour collaborer lessor conomique et social

    Laaroussi et Bezzi (2010) mettent en relief les enjeux par rapport la

    rgionalisation de limmigration. Selon elles, les rgions ne prsentent pas une

    infrastructure et des politiques daccueil pour les nouveaux immigrants. De plus,

    concordance entre les domaines de qualification des immigrants et les emplois qu'on y

    est encore loin dtre tablie (Ibid., p. 35). Alors, le manque demplois qualifis

    est encore un problme majeur pour lattraction et la rtention des immigrants en rgion.

    Montral

    Qubec

    Gatineau

    Sherbrooke

    Distribution de limmigration dans la province de Qubec (2010)

    ect de la rgionalisation dans les politiques

    actuelles dimmigration parce que je crois que les concepts de dveloppement des

    iminution de la

    concentration populationnelle dans les centres urbains en dveloppant davantage les rgions

    duvre pour collaborer lessor conomique et social

    n relief les enjeux par rapport la

    rgionalisation de limmigration. Selon elles, les rgions ne prsentent pas une

    infrastructure et des politiques daccueil pour les nouveaux immigrants. De plus, la

    immigrants et les emplois qu'on y

    Alors, le manque demplois qualifis

    est encore un problme majeur pour lattraction et la rtention des immigrants en rgion.

    Montral

    Gatineau

    Sherbrooke

  • 16

    Selon ces auteures, ces difficults font apparatre des questions thiques importantes. Une

    premire question thique pertinente prendre en considration fait rfrence la non-

    participation des immigrants et des habitants locaux au centre de llaboration des mesures

    et des politiques de rgionalisation. Une deuxime problmatique thique est dinduire

    une nouvelle sgrgation entre les immigrants et les locaux en rgion (Ibid., p. 37). Le

    portrait actuel de la rgion est dnomm par les auteures comme tant bipolaire, car dun

    ct, il y a des politiques labores pour les immigrants et, dun autre ct, il y a des

    politiques diriges envers les locaux. Ainsi, ce scnario dmontre deux mondes, deux

    solitudes : les immigrants avec leurs diffrences et les locaux avec leur homognit

    (Ibid., p. 37).

    Mon angle danalyse, qui se configure comme tant le but majeur du prsent essai, est de

    dmontrer que les concepts de dveloppement de communauts peuvent reprsenter des

    outils importants pour diminuer cette sgrgation : eux contre nous, caractrise par une

    relation verticale de pouvoir de la part de la population locale envers les nouveaux

    arrivants.

    Toutefois, si les villes plus petites ont des difficults intgrer les immigrants, les villes

    moyennes comme Sherbrooke ou Gatineau russissent de mieux en mieux attirer de

    nouveaux arrivants (Vatz-Laaroussi, 2010, p. 19).

    Dans la prochaine section, jaborderai les caractristiques de Sherbrooke en matire

    dimmigration.

  • 17

    1.3. Immigration Sherbrooke : une vision locale

    Sherbrooke a une population de 154 793 dhabitants et la ville stend sur un territoire de

    366,4 km (Ville de Sherbrooke, 2011). Depuis le 1er janvier 2002, six

    arrondissements divisent la ville : Brompton, Fleurimont, Lennoxville, Mont-Bellevue,

    Rock Forest Saint-lie Deauville et Jacques-Cartier. Sherbrooke est considre le ple

    principal de la rgion de lEstrie (Ville de Sherbrooke, 2007).

    Il est important de mentionner que la ville de Sherbrooke a t cible par le gouvernement

    du Qubec comme tant une des trois villes les plus importantes par rapport la

    rgionalisation de limmigration, les deux autres sont Gatineau et Qubec (La Tribune

    2007). Dans ce sens, la ville de Sherbrooke travaille fort pour mettre en place une structure

    daccueil et dintgration des personnes immigrantes. Ainsi, limmigration est vue

    comme tant une richesse et une valeur ajoute pour Sherbrooke par son ouverture et le

    partage qu'elle favorise entre les individus de diffrentes nationalits et de la communaut

    d'accueil (Ville de Sherbrooke, 2007).

    Dans ce contexte, le gouvernement municipal a mis sur pied plusieurs ressources pour

    accueillir les nouveaux arrivants. Si on regarde dans le bottin des organismes

    communautaires du Centre daction bnvole de Sherbrooke (CAB, 2009), qui soccupent

    de la clientle immigrante, nous en trouverons au moins dix, sans citer les services du

    ministre de lImmigration et les autres services du rseau institutionnel, comme le Centre

    de sant et de services sociaux (CSSS). Je crois quil est important de faire rfrence cette

    structure de services pour montrer quelle signifie un support fondamental pour aider les

    immigrants dans leurs dmarches dintgration la socit qubcoise.

  • 18

    Il est important de souligner que les organismes communautaires ont t crs partir de

    linitiative de la population et non comme services mis en place par la ville de Sherbrooke.

    Ces organismes dmontrent limplication de la population prendre en charge les

    problmes qui la concerne.

    titre dexemple, je considre intressant de citer le Service daide aux No-canadiens

    (SANC). Cet organisme a t fond en 1954 et, ce moment, avait lArchevch de

    Sherbrooke comme responsable de son financement. Aujourdhui, le SANC a comme

    mission : accueillir les personnes immigrantes venant sy tablir; faciliter leur intgration

    sur les plans social, psychosocial (en lien avec leur processus migratoire), conomique et

    culturel, en collaboration avec les ressources du milieu; favoriser le dveloppement et le

    maintien de relations interculturelles entre toutes les citoyennes et tous les citoyens dans

    une socit pluraliste (Sanc, 2000). Le Service daide aux No-canadiens offre plusieurs

    services : assure le maintien des liens entre les communauts ethniques, travaille la

    runion des familles, aide les immigrants surmonter les ternels obstacles lintgration,

    mconnaissance de la langue, isolement, nostalgie, chmage, difficult dobtenir la

    reconnaissance des expriences antrieures (Ibid.).

    De plus, Sherbrooke a t la premire ville laborer une politique spcifique daccueil et

    dintgration des personnes immigrantes. Cette politique a quatre orientations principales :

    favoriser l'accs aux services municipaux tous les citoyens issus de l'immigration,

    encourager la reprsentativit des personnes immigrantes dans les secteurs d'activits

    municipales, favoriser le rapprochement interculturel et dvelopper le partenariat (Ville

    de Sherbrooke, 2009).

  • 19

    Je crois essentiel de faire ressortir que lactivit daccueil est dune importance

    fondamentale lors de larrive de la personne immigrante : l'accueil n'est pas quune

    attitude propre des individus mais aussi une pratique sociale collective, mme si on l'a

    trop peu souvent envisage sous cet angle. L'accueil comme pratique sociale fait donc

    troitement partie du processus d'adaptation et d'intgration de l'immigrant la socit

    (Jacob, 1997, p. 47). Ainsi, on peut constater comment la ville de Sherbrooke sest attarde

    crer cette structure daccueil qui constitue vritablement une pratique du service social.

    Comme dj cit dans la section prcdente, la rgionalisation de limmigration constitue

    encore un dfi important pour le gouvernement du Qubec, car les immigrants sont attirs

    vers les grands centres urbains dans lespoir de trouver des emplois et, consquemment,

    davoir une meilleure qualit de vie. Ainsi, la politique daccueil et dintgration de

    Sherbrooke signifie un pas essentiel pour favoriser la rtention des immigrants dans la

    rgion.

    Dans cette perspective, le visage de Sherbrooke prend de plus en plus une couleur

    multiculturelle. Actuellement, Sherbrooke est peuple dhabitants qui viennent des cinq

    continents, de plus de 90 pays diffrents, qui pratiquent une vingtaine de religions et parlent

    une quarantaine de langues (La Tribune, 2007).

    Tout compte fait, Sherbrooke peut tre considre comme une rfrence en rgionalisation

    de limmigration malgr le fait de vivre encore beaucoup de mobilit de la part de ses

    nouveaux arrivants.

  • 20

    1.4. Intgration des immigrants : enjeux par rapport lintervention

    Comme dmontr tout au long de ce chapitre, la diversit culturelle est chaque fois plus

    prsente dans la socit qubcoise. Ce constat produira certainement des effets dans la

    pratique des intervenants sociaux. Ici, je considre important daborder les enjeux auxquels

    ces intervenants sont confronts dans leur pratique quotidienne avec une clientle

    immigrante. la fin du prsent essai, jai comme objectif de proposer des pistes de

    rflexion pour penser un modle dintgration qui correspond aux besoins des immigrants,

    mais aussi ceux des intervenants dans ce domaine. Jaborderai donc quelques lments

    importants de lintervention interculturelle qui seront essentiels pour faire avancer dans

    mon travail ce modle dintgration.

    Pendant ma priode de stage au CSSS, qui a eu lieu entre les mois daot et de dcembre de

    2010, jai eu loccasion de faire des entrevues avec plusieurs intervenants des organismes

    communautaires uvrant auprs dune clientle immigrante. Il y a eu consensus que la

    prsence chaque fois plus forte dune population immigrante les a obligs repenser leur

    pratique. En relation avec des modifications apporter dans leurs faons dintervenir, trois

    points importants sont ressortis : les intervenants ont d apprendre tablir un lien de

    confiance, apprendre se faire comprendre et apprendre travailler avec toute la famille

    dans lintervention. Parmi les difficults qui ont t numres par les intervenants, celle

    qui est souvent ressortie a t de se faire comprendre par les personnes immigrantes

    (Bernardes, 2010). Cette difficult impose un dfi important : parler un langage commun,

    cest--dire passer la frontire entre nous et eux pour produire un sens commun qui

    soit un compromis et o lintervention pourra avoir lieu.

  • 21

    Ce dfi peut amener des chocs culturels qui, trs souvent, produisent des malentendus

    compliqus qui peuvent mettre fin lintervention. Le choc culturel vcu par un immigrant

    se caractrise par une dsorientation, parfois par une grande angoisse. Il sagit dune

    rponse psychologique et psychosomatique aux expositions un environnement non

    familier (Legault et Fronteau, 2008).

    Selon Legault et Roy (2000), les chocs culturels sont une source dincomprhension

    rciproque entre les intervenants sociaux et leurs clients . Il est important de souligner que

    ces conflits surgissent plusieurs niveaux. Les auteures cites plus haut mentionnent

    quelques zones sensibles de chocs entre diffrentes cultures : chocs lis la

    reprsentation de la famille, aux rles et statuts de ses membres, aux codes relationnels,

    chocs lis aux codes dchanges interpersonnels, la socialisation et la biensance, chocs

    relatifs aux rites et aux croyances religieuses , entre autres (Ibid., p.187). Consquemment,

    ces conflits, dans un premier temps, peuvent reprsenter une faiblesse de lintervention

    interculturelle.

    Nanmoins, faire un effort pour comprendre le choc culturel, cest--dire pour comprendre

    la diffrence culturelle est une position qui permettra aux travailleuses et travailleurs

    sociaux dintervenir sans prjugs et sans conceptions prconues partir de leurs rfrents

    culturels. Ainsi, cest une attitude douverture et de relativisation des valeurs personnelles

    qui amne les praticiens repenser leurs modes dinterventions traditionnels, bass sur un

    modle occidental (Blanchard, 1999, p. 25). Cette posture demande que les intervenants

    soient capables de prendre une distance sur leur propre culture en rflchissant sur soi-

    mme, en tant un sujet qui se peroit en tant quobjet, porteur dune culture et de sous-

    cultures auxquelles sintgrent des modles professionnels et des normes institutionnelles

  • 22

    (Cohen-mrique, 1993, p. 74). Cette capacit prendre une distance et rflchir sur soi-

    mme, Cohen-mrique (1993) la nomme processus de dcentration, dans son

    texte Lapproche interculturelle dans le processus daide.

    Ce processus fait rfrence notre capacit de comprendre autrui, qui est diffrent de nous,

    mais sans nous oublier, en ayant conscience de qui nous sommes. Ainsi, le choc culturel

    qui pourrait tre une faiblesse dans la pratique interculturelle devient une force sil est

    transform par le processus de dcentration.

    De cette faon, lintervention interculturelle permet de crer un lieu entre lintervenant et

    le client, o va se construire un systme de sens que tous deux pourront emprunter pour

    interagir sur un problme dfinir et rsoudre (Blanger, 2002, p. 90). Cette citation

    dmontre comment je vois lintervention interculturelle. Quand cet auteur faire rfrence

    o va se construire un systme de sens , je vois clairement la composante de

    linteractionnisme sur la construction de sens et limportance de cet lment dans la

    pratique. Cela veut dire quil ny a pas de sens ferm, prconstruit a priori, mais que cette

    construction va plutt se faire dans linteraction intervenant-client. Ainsi, lintervention est

    une rencontre entre deux systmes (intervenant et client) o va se produire une recherche

    de sens. Cette recherche signifie dessayer de comprendre des signes, des symboles et des

    reprsentations dune culture.

    Je considre ces trois lments, qui caractrisent lintervention interculturelle, le choc

    culturel, le processus de dcentration et la recherche du sens, comme une voie essentielle

    que les intervenants doivent parcourir justement pour arriver parler un langage commun

    avec leurs clients qui viennent dailleurs.

  • 23

    Une remarque intressante tre faite, dans un sens plus large sur lintervention sociale, est

    que les deux composantes que sont la dcentration et la recherche de sens pourraient

    caractriser dautres interventions et non seulement celles avec une clientle immigrante.

    Cette posture reprsente, mon avis, la sensibilit des intervenants aux enjeux identitaires

    et de qute de sens de leurs clients.

    Une dernire observation que je juge importante de noter est que nous, comme

    intervenants, ne devons jamais oublier que, quand nous tudions une culture, on ne

    rencontre pas une culture, mais des individus (Cohen-mrique, p. 72). mon avis, cette

    affirmation touche un enjeu crucial pour les interventions faites auprs des immigrants.

    Nous ne devons pas mettre de ct comment chaque individu a vcu son processus

    migratoire, ses difficults, ses traumatismes et ses russites. Je considre trs important que

    les intervenants dans ce domaine fassent une analyse plus fine des trajectoires

    individuelles (Blanchard, 1999, p. 25). Alors, si les savoirs sur les spcificits

    culturelles savrent indispensables, ils sont insuffisants, voire dangereux ne pas tenir en

    compte de lindividu qui lon attribue, lavance, une culture strotype, ce qui

    constitue une vritable violence (Ibid., p. 25).

    Dans cette perspective de bien saisir toutes les difficults du processus dimmigration, sans

    oublier lindividu en arrire de sa culture, Roy (2008, p. 173) propose une grille

    dvaluation en approche interculturelle qui a comme objectifs d : intgrer les

    dimensions psychosociales de la migration et de lexil dans lvaluation des situations,

    produire un cadre global danalyse pour une orientation culturellement sensible de

    lintervention (Ibid., p. 173). Cette grille prend en considration les points suivants : 1.

    le contexte migratoire, contexte de dpart, contexte darrive, projet de retour au pays

  • 24

    dorigine, mode dans le pays dorigine, 2. le statut relativement limmigration, 3.

    linvestigation sur les croyances, les visions du monde, les valeurs, 4. le rseau

    dappartenance et son utilisation, 5. la dfinition de la situation-problme, 6. le reprage de

    diffrentes situations de fragilit (Ibid.).

    Ainsi donc, le travail dans linterculturel exige non seulement un apprentissage sur la

    culture de lautre, mais requiert aussi un apprentissage sur nous-mmes, sans jamais oublier

    que lindividu prime sur sa culture : cest lui le point de dpart de lintervention. cet

    effet, se servir du point de vue des clients savre donc dune importance majeure, et cette

    pratique devrait tre mise profit par tous les intervenants (Ibid.).

    Dans le prochain chapitre, jaborderai les principaux concepts du domaine du

    dveloppement des communauts avec le but de montrer comment ils peuvent tre des

    outils importants pour lintervention interculturelle.

  • 25

    2. LE DVELOPPEMET DES COMMUAUTS : PRICIPAUX COCEPTS

    Ce chapitre vise dcrire le domaine du dveloppement des communauts et les principaux

    concepts et dimensions qui se rattachent ce champ dtude. Je considre important

    dabord danalyser les origines du concept de dveloppement des communauts au Qubec

    tout en faisant ressortir ces stratgies dintervention.

    Dans ce sens, le passage suivant illustre ces ides principales :

    Le dveloppement des communauts renvoie un nouveau paradigme dintervention, une nouvelle faon de lire les problmes sociaux ainsi que lintervention. Cette approche prend lespace, le territoire, comme trame de fond pour penser une action, tant individuelle que collective, rsolument tourne vers des dynamiques multi-acteurs et multisectorielles, et ce, en faisant de la participation civique et citoyenne une pierre angulaire de lintervention (Caillouette et al., 2009, p. 1).

    mon avis, il est important de souligner que le dveloppement des communauts a ses

    racines dans lorganisation communautaire et quil gagne une force comme outil

    dintervention depuis quil est devenu une stratgie du Programme national de sant

    publique du Qubec en 2003 (Bourque et Favreau, 2003, p. 295).

    Toutefois, je considre important de situer le mouvement dorganisation communautaire

    dans un contexte plus large puis quil a de fortes origines dans lAmrique Latine. Par

    exemple, au Brsil, il y a un auteur qui a t un prcurseur dans le travail communautaire

    qui se faisait l-bas, pendant les annes 60 et 70. Je parle de Paulo Freire. Cet auteur est trs

    connu justement pour avoir cr une mthode dalphabtisation pour les groupes sociaux

    dfavoriss qui prenait en considration le contexte de vie de ces personnes qui vivaient

    dans un environnement trs pauvre. Cest cette nouvelle mthode denseignement quil

  • 26

    explique dans son clbre ouvrage Pdagogie des opprims . Dans son travail, on peut

    voir les concepts dempowerment, dont il sera question plus tard dans ce chapitre.

    Toutefois, il faut marquer que les auteurs en dveloppement des communauts adoptent peu

    la perspective critique de Freire. Ils font peu mention des concepts doppression et de

    conscientisation.

    De plus, au Prou, il y a une exprience russie dorganisation communautaire, plus

    prcisment dans la Villa el Salvador : Lexprience dorganisation communautaire

    laquelle se livrent les habitants de Villa el Salvador est unique en son genre et riche en

    enseignements. Un bidonville de 300 000 personnes, autogr et capable de

    dveloppement, voil ce qui en fait toute sa richesse (Favreau et al, 1992, p. 185).

    Cest dans ce bidonville, cause du problme de la faim, quest apparue la cration des

    cuisines collectives comme tant une tentative pour rsoudre cette terrible problmatique.

    Mises sur pied par les femmes depuis le dbut des annes 80, elles auront permis de traverser la crise en rduisant les cots grce au regroupement des achats et la prparation en commun des repas. Outre le fait daider abaisser le cot de lalimentation, les cuisines collectives offrent aussi une forme de socialisation (Favreau et al, 1992, p. 195).

    Dans ce sens, selon Favreau et ses collgues (1992), lexprience de la Villa el Salvador

    fournit de nouveaux points de repres pour lorganisation communautaire, comme les

    cuisines collectives, un processus autogestionnaire la fois simple et efficace, applicable

    une ville de grande taille (Favreau et al, 1992, p. 196).

    Au Qubec, pendant les annes 60, lorganisation communautaire entre dans le scnario de

    lintervention sociale et y subit une grande influence des mouvements sociaux,

  • 27

    communautaires et syndicaux qui mergeaient fortement cette priode (Bourque et al.,

    2008). Ainsi, influence par ces mouvements sociaux, elle devient un mtier du champ

    social : lorganisateur communautaire (Ibid.).

    Aujourdhui reconnu comme une profession, les organisatrices et organisateurs

    communautaires ont cre en 1988 le Regroupement qubcoise des intervenantes et

    intervenants en action communautaires (RQIIAC). Il sagit dun rassemblement de plus

    de 300 organisateurs et organisatrices communautaires exerant dans le rseau public,

    adoptait un cadre de rfrence dfinissant les grandes lignes de lorganisation

    communautaire en CLSC et Centre de sant (RQIIAC, 2010, p.5).

    Il est important de dire que le RQIIAC est une association sans but lucratif qui runit sur

    une base volontaire les professionnels de ce domaine. Ses objectifs, entre autres, sont :

    promouvoir et dfendre lintgrit et la spcificit de laction communautaire en CLSC et

    Centre de sant, favoriser les changes sur les pratiques et les dossiers, dvelopper des

    activits et des outils de formation et assurer une visibilit la pratique daction

    communautaire (RQIIAC, 2010, p.66).

    Dans cette optique, lorganisation communautaire vise une intervention planifie des

    changements sociaux, dans, pour et avec les communauts locales (Ibid.). Son but majeur

    est de produire ce changement social local en travaillant avec les acteurs qui font partie de

    la communaut, dans une logique horizontale, cest--dire dans une relation galitaire avec

    tous les citoyens, o tout le monde a le droit de sexprimer. Lorganisation communautaire

    est contre les rapports de pouvoir qui excluent plusieurs couches de la population les

    empchant davoir accs une vraie participation citoyenne. Une des stratgies de

  • 28

    lorganisation communautaire est justement axe sur la dfense des droits (Ibid.). Ainsi,

    sengager dans laction communautaire suppose un minimum de conscience quant la

    ralit de lexploitation et de loppression (Lamoureux et al., 1984, p. 10).

    Dans ce sens, je vois clairement que les principes mme de la dmocratie guident les

    actions de lorganisation communautaire. Toutefois, une dmocratie ne se fait pas toute

    seule : elle est entendue comme tant le rsultat dun processus, dun chemin parcourir

    qui a ses difficults et ses obstacles (Bourque et al., 2008).

    Une observation faite par ces auteurs, que je considre extrmement intressante, est que

    lorganisation communautaire sintresse aux milieux dfavoriss parce quelle croit

    normment dans la force et le potentiel de changement de ces milieux (Ibid.).

    Le dveloppement des communauts est une expression du travail de lorganisation

    communautaire et concerne une action entreprise par la population pour amliorer ses

    conditions de vie partir de ses propres ressources et de lusage de techniques qui

    favorisent lautonomie, linitiative et lentraide (Comeau, 2008).

    Le dveloppement des communauts est alors le processus par lequel on va crer des liens

    communautaires en mobilisant les diffrents acteurs de la communaut autour dun projet

    commun. Ce processus est une invitation aux gens pour quils prennent leurs

    responsabilits en tant que citoyens. Ainsi, quand on parle du dveloppement de la

    communaut, on parle de limplication de la population dans une action commune qui

    produira un lien entre les personnes. Le dveloppement des communauts consiste donc en

    un processus de coopration volontaire, dentraide et de construction de liens sociaux

  • entre les rsidents et les institutions dun milieu local, visant lamlioration des conditions

    de vie sur le plan physique, social et conomique

    Dans cette perspective, les chercheurs du dveloppement des communauts croient que

    lenvironnement social influence les comportements et les habitudes de vie des gens

    En fait, leur objectif majeur est de prendre soin de lenvironnement plutt que de prendre

    soin de la personne, en construisant des espaces de vie solidaires pour le plein

    dveloppement des citoyens.

    Lide que je considre intressante de mettre en relief est que lind

    habilets et ses forces en participant des projets de la communaut laquelle il appartient.

    Ainsi, lindividu se dveloppe parce quil simplique dans le dveloppement de sa

    communaut. La figure 2.1 illustre cette ide.

    Figure 2.1 Boucle du dveloppement des communauts

    Adapt de Caillouette, 2010.

    29

    entre les rsidents et les institutions dun milieu local, visant lamlioration des conditions

    le plan physique, social et conomique (INSPQ, 2002, p.16).

    Dans cette perspective, les chercheurs du dveloppement des communauts croient que

    lenvironnement social influence les comportements et les habitudes de vie des gens

    bjectif majeur est de prendre soin de lenvironnement plutt que de prendre

    soin de la personne, en construisant des espaces de vie solidaires pour le plein

    Lide que je considre intressante de mettre en relief est que lindividu dveloppe ses

    habilets et ses forces en participant des projets de la communaut laquelle il appartient.

    Ainsi, lindividu se dveloppe parce quil simplique dans le dveloppement de sa

    communaut. La figure 2.1 illustre cette ide.

    u dveloppement des communauts

    Adapt de Caillouette, 2010.

    entre les rsidents et les institutions dun milieu local, visant lamlioration des conditions

    Dans cette perspective, les chercheurs du dveloppement des communauts croient que

    lenvironnement social influence les comportements et les habitudes de vie des gens (Ibid.).

    bjectif majeur est de prendre soin de lenvironnement plutt que de prendre

    soin de la personne, en construisant des espaces de vie solidaires pour le plein

    ividu dveloppe ses

    habilets et ses forces en participant des projets de la communaut laquelle il appartient.

    Ainsi, lindividu se dveloppe parce quil simplique dans le dveloppement de sa

  • 30

    Il est pertinent de citer les quatre composantes fondamentales du dveloppement des

    communauts nommes par lInstitut national de sant publique du Qubec (INSPQ,

    2002) :

    1. Lintervention met de lavant des stratgies qui tendent renforcer la capacit de la communaut en organisant ou en crant des forums qui resserrent les liens entre les membres, appuient leur engagement, favorisent la mobilisation, la participation et lempowerment individuel et communautaire.

    2. Lintervention sappuie sur la participation des citoyens et citoyennes de tous les milieux de la communaut travaillant ensemble lamlioration du bien-tre et de la sant de leur communaut.

    3. Lintervention suscite des partenariats lintrieur des lieux de concertation locale, qui unissent dans laction les secteurs privs, publics et communautaires.

    4. Lintervention cre un climat propice laction. Elle doit se dvelopper au mme rythme que la capacit de collaborer (INSPQ, 2002, p.18).

    mon avis, ces composantes soulignent les notions de participation citoyenne, de respect

    la dmocratie, de responsabilit tant individuelle que collective et aussi de solidarit. Ce

    dernier fondement, la solidarit, ma fait rflchir sur la collaboration que le travail de

    dveloppement des communauts peut amener pour contrer un enjeu trs actuel de notre

    socit : lindividualisme.

    Selon plusieurs tudes philosophiques et sociologiques, il y a un consensus que les annes

    80 ont connu une monte de lindividualisme dans la socit qubcoise (Jett, 2008). Cet

    individualisme est ax sur un mouvement de marchandisation croissante de la vie

    quotidienne des personnes et des communauts qui trouverait dsormais dans la

    consommation de biens et de services la manire de se distinguer et daffirmer leurs

    singularits dans nos socit (Ibid., p. 344). De cette faon, cest le pouvoir dachat des

    personnes et le mode de vie valoris par ce pouvoir qui semble constituer les principaux

  • 31

    moyens choisis par les individus pour se diffrencier socialement et, en mme temps,

    donner un sens leur vie (Ibid.).

    Le lien que je considre important tablir ici est que le dveloppement des communauts

    vise justement mobiliser collectivement les personnes (Ibid.). mon avis, il est une

    voie de sortie de lindividualisme vers une conscience et une mobilisation collective pour

    agir ensemble sur les enjeux de la communaut dans laquelle on vit.

    Simpliquer dans une dmarche de dveloppement des communauts, cest poursuivre des

    objectifs collectifs en crant un projet commun qui vise lamlioration de la qualit de vie

    de tous les citoyens. Ainsi, derrire ce projet commun, il y a la notion de nous : cest

    notre projet cr par notre communaut. Cest une conception dun nous qui reprsente

    tous les acteurs qui font partie de la communaut. Cest lagir ensemble qui vient dtre cit

    dans le paragraphe prcdant et qui signifie la possibilit de sortir de lindividualisme en

    construisant un dnominateur collectif. Toutefois, il est important de noter que la

    construction de cette conception dun nous est un enjeu prendre en considration, car

    elle exige un effort de respecter, mais en mme temps, de surmonter les diffrences

    individuelles. Selon Caillouette (2010), pour crer une action collective, il faut un nous ,

    cest--dire quil faut avoir la construction des liens communautaires structurant laction

    des acteurs.

    Par ailleurs, laction qui rassemble cette diversit dacteurs doit aussi sarticuler dans un

    croisement entre lconomique et le social. Ainsi, linterdpendance de ces deux

    dimensions dans la vie dune communaut est essentielle et doit tre prise en considration

    dans le processus de dveloppement des communauts. cet effet, Tremblay (2007)

  • 32

    affirme que cest par lentremise des liens sociaux que se dveloppe la sphre conomique

    dun quartier qui, son tour, aura des rpercussions sur la dimension sociale et sur le

    mieux-tre des personnes et des communauts (Bernardes et al., 2010).

    Le domaine du dveloppement des communauts rfre donc ltendue et la

    profondeur des liens communautaires structurant laction des acteurs (citoyens, institutions,

    entreprises prives, associations) uvrant sur un territoire donn (Caillouette et al.,

    2009). Selon cette perspective, la communaut regroupe lensemble des citoyens et des

    organismes communautaires, mais fait aussi appel lensemble des institutions et

    entreprises en regard dun territoire donn (Ibid.).

    Ici, le concept de communaut gagne une place centrale dans la notion de dveloppement

    des communauts. Pour cette raison, janalyserai plus tard ce concept qui est extrmement

    en lien avec les conceptions de territoire et de proximit.

    Aussi, il est important de souligner que la notion de dveloppement des communauts fait

    rfrence plusieurs concepts qui sarticulent entre eux. Je me pencherai justement sur ces

    concepts dans les prochaines sections.

    2.1. Communaut, territoire et proximit

    Selon Caillouette et al. (2009), le concept de communaut fait rfrence tant aux citoyens

    quaux organismes communautaires quaux institutions publiques et entreprises prives qui

    ralisent leurs activits sur un territoire donn. Ainsi, ces auteurs comprennent le

    phnomne de communaut comme un construit qui rsulte de laction et de linteraction

  • 33

    des groupes, des individus et des institutions structurant les rapports de ladite

    communaut (Ibid.). Une remarque faite par Caillouette et ses collgues (2009), et que je

    considre importante de souligner, est que la cohsion de ces acteurs communautaires nest

    pas un acquis de dpart (Ibid.). Au contraire, il sagit dune cohsion qui fait face

    plusieurs obstacles parce que le fait dhabiter sur un mme territoire ne signifie pas que des

    liens mutuels dappartenance, de confiance, de solidarit et de collaboration existent entre

    les acteurs. Dans ce sens, les relations de proximit ne constituent pas des liens de

    communaut en soi, elles le sont quand elles permettent de crer et de mener ensemble des

    projets, des actions (Ibid.).

    Ainsi, cest lagir ensemble en sortant dune logique individualiste vers une construction

    dune logique communautaire en augmentant les diffrences et les singularits de chaque

    acteur qui rendra possible la cration dun acteur local collectif sujet de son

    dveloppement (Ibid.).

    mon avis, il est important de remarquer que le concept de communaut avec lequel le

    domaine de dveloppement des communauts travaille est une communaut territoriale.

    Toutefois, ltude de Caillouette et ses collgues (2009) fait ressortir que les concepts de

    communaut et de liens communautaires outrepassent compltement la notion

    dappartenance un territoire. Les individus peuvent appartenir diffrentes communauts,

    par la profession, la religion, la famille et les activits sportives, sans ncessairement

    croiser lespace territorial. De plus, nous vivons dans une re de globalisation qui est en

    contradiction avec lide de territoire.

  • 34

    Ici, il est important de faire une rflexion justement sur le local et le global .

    Aujourdhui, linternet est un outil qui permet aux gens de vivre des relations virtuelles

    dune faon compltement dtache de la notion de territoire. Ainsi, dans la socit

    contemporaine avec la prsence chaque fois plus forte de la circulation des informations et

    des relations virtuelles, il y a une remise en question actuelle du sens du territoire dans le

    contexte de la globalisation (Garneau, 2003, p. 95). mon regard, une grave

    consquence de ce scnario notre poque est que les liens sociaux deviendraient de plus

    en plus atrophis de leur dimension communautaire (Caillouette et al., 2009, p. 15).

    Dans la perspective du dveloppement des communauts, le territoire est plus quun simple

    espace gographique, il est un lieu symbolique pour ses habitants, qui permet une proximit

    entre les individus, comme une construction de liens communautaires. Cest pour cette

    raison que limportance essentielle du concept de communaut territoriale cest la

    dimension territoriale qui est privilgie dans la perspective du dveloppement des

    communauts (tout en nexcluant pas les autres types de communauts). Lancrage

    territorial des communauts joue en effet un rle central sur le plan du dveloppement, car

    il constitue un moteur de laction collective (Bourque et Favreau, 2003, p. 298). Cest

    cette action collective qui permet de dvelopper une proximit, un sentiment

    dappartenance et une identit entre les acteurs dun territoire donn.

    Ainsi, mon avis, une observation quil est important de souligner est que les notions de

    territoire et communaut ne se confondent pas, il sagit de deux concepts diffrents mais

    complmentaires (Lamoureux et al., 1984).

  • 35

    Le territoire est un lieu physique, comme un quartier, une ville, une rgion ou un pays qui a

    une valeur subjective trs importante aux gens qui y habitent, comme cit plus haut. Quand

    on se rfre la communaut, on parle de la population qui fait partie de ce territoire, on

    parle alors des liens entre les individus (Ibid.). cet effet, la notion de communaut

    locale qui a lavantage de lier les dimensions humaine et gographique dun lieu

    dintervention (Ibid.).

    Ainsi, alors que le concept de territoire fait davantage rfrence un espace physique, la

    notion de communaut , elle, relve plutt des interactions des acteurs par rapport au

    territoire vcu en donnant un sens ce dernier.

    Dailleurs, une communaut territoriale rfre donc ltablissement de liens

    communautaires (au sens de communaut) entre les citoyens, les institutions, les entreprises

    et les associations en rfrence un territoire donn (Caillouette et al., 2009). Dans ce

    cas, cest laction qui construit des liens et une identit entre les personnes du territoire.

    Ainsi donc, les notions dappartenance, didentit, de liens, dactions collectives et

    dengagement caractrisent le concept de communaut. Alors, quand on dveloppe une

    communaut, les gens se sentent impliqus parce que le concept mme de communaut

    prend en considration leurs vcus, leurs histoires de vie, leurs relations symboliques avec

    le territoire et leurs engagements.

    De plus, lide dun projet commun btit un sentiment dun nous partag par tous les

    acteurs du territoire. Il est important de noter que ce projet commun est le rsultat dun

    partenariat entre les divers acteurs de la communaut, les institutions publiques ou prives,

    les organismes communautaires et les citoyens, pour co-construire un plan daction

  • 36

    territorial local. Cest justement le concept de partenariat, et aussi celui de concertation, que

    janalyserai plus en dtail par la suite.

    En terminant cette section, une dernire remarque importante faire est que la construction

    identitaire dune communaut avec sa pluralit dacteurs doit toujours laisser un espace

    douverture aux transformations et aux changements que lavenir peut amener. Si tel nest

    pas le cas, il sera possible dassister la construction dune communaut fige, referme

    sur elle-mme sans la possibilit de renouvellement et dinnovation.

    2.2. Partenariat et concertation

    Tout au long de la prcdente section, jai mis laccent sur limportance de la construction

    des liens communautaires entre les acteurs dun territoire comme tant le point de dpart

    pour construire des projets communs et des actions collectives. Toutefois, ces actions ne

    peuvent pas se pratiquer ni se concevoir sans la prsence de relations ou dinterfaces entre

    des acteurs de provenances diverses (tatique, institutionnelle, communautaire, prive) et

    de diffrents secteurs (sant et services sociaux, municipalits, ducation, logement,

    emploi, etc.) (Bourque, 2009, p. 1). La faon de construire ces relations est travers des

    partenariats et des concertations qui reprsentent un moyen daugmenter le pouvoir dagir

    collectif (Ibid., p. 2)

    Selon Bourque (2009), la concertation et le partenariat sont indissociables du

    dveloppement des communauts tel que pratiqu au Qubec depuis plus de 25 ans (p. 2).

    Dans cette perspective, la mise en relation des acteurs communautaires, lidentification des

  • 37

    obstacles et des difficults qui simposent la construction de cette relation de partenariat

    constituent un large champ dintervention pour les travailleuses et travailleurs sociaux.

    mon avis, le passage suivant met en lumire limportance et la beaut des relations

    bases sur le partenariat :

    Lagir ensemble des acteurs sur un territoire donn, en affiliation avec la participation citoyenne, et partir de projets issus du milieu, est pour ces acteurs lexprimentation dune mise en partenariat rvlatrice de leur capacit de faire communaut. Les acteurs peuvent ainsi unir leurs forces plutt que de vivre lisolement ; ils entrent dans une logique daction communautaire plutt que de se cantonner dans la ralisation de programmes ne participant pas dune rationalit de communaut. Les partenariats tissent la ralit de communaut, ils construisent le capital social, ils introduisent non seulement de la confiance, des normes de rciprocit et un apprentissage de la collaboration, mais aussi une identit territoriale (Caillouette et al., 2009, p. 19).

    Mais, de quoi parle-t-on exactement quand on parle de partenariat et de concertation?

    Bourque (2009) nous aide rpondre cette question avec des dfinitions trs prcises sur

    ces concepts.

    Selon lui, la concertation est un processus collectif de coordination auquel adhrent sur

    une base volontaire un ensemble dacteurs autonomes ayant des logiques et des intrts

    diffrents dans une forme de ngociation en vue de prciser des objectifs communs. Je

    considre important de souligner les lments adhsion volontaire et prciser des

    objectifs communs qui caractrisent beaucoup loptique dintervention de dveloppement

    de communauts.

    La diffrenciation faite par Bourque (2009) entre la concertation et le partenariat est que ce

    denier implique un engagement contractuel partager des responsabilits, mettre en

    commun des ressources et diviser des tches suite une entente ngocie (p. 6). Ainsi,

  • 38

    le partenariat gagne une force comme outil de travail parce que laction ne peut pas tre

    ralise par un seul acteur. De plus, il se caractrise par un change plus structur et

    formalis entre les acteurs sociaux. Dans ce sens, le partenariat exige llaboration dun

    cadre spcifique qui guidera lagir ensemble des partenaires (Bourque, 2009).

    mon avis, un aspect intressant tant de la concertation que du partenariat est que la forme

    que ces concepts vont prendre dpend de chaque milieu, de chaque communaut et de

    chaque acteur impliqu. Le point que je veux faire ressortir ici est quil est possible davoir

    une diversit de modles de concertation et de partenariat : il ne sagit pas dune formule

    ferme et prte tre applique indpendamment du milieu. Au contraire, ils sont justement

    construits partir de lengament des individus en fonction des besoins de la ralit locale

    de leurs communauts.

    Pour Lamoureux (1994, dans Bourque 2009), la signification de ces deux concepts dans la

    socit contemporaine est dun nouveau rapport social, une nouvelle dynamique de

    confrontation des forces sociales, une manire inusite de coupler le social avec

    lconomie, le social le politique et ltatique (p. 10).

    Toutefois, cette interface peut aussi tre rvlatrice des conflits et des tensions entre les

    partenaires. Ces conflits, qui pourraient signifier un chec aux relations de partenaires,

    peuvent tre importants justement pour montrer les difficults surmonter afin de se

    construire comme acteur collectif .

    Il est important de souligner que plusieurs facteurs, tant individuels quorganisationnels,

    peuvent contribuer lchec dune relation de partenariat. Les facteurs individuels sont : un

    manque dcoute, un manque de respect de lautre, un manque de transparence, une

  • 39

    incapacit de se remettre en question et de reconnatre lexpertise de chacun, etc. (Bourque,

    2008). Parmi les facteurs organisationnels qui existent, je citerai : le manque dintgration

    de lorganisme sa communaut, la fermeture la participation des usagers, le manque

    dobjectifs communs et dencadrements formels du partenariat, entre dautres (Ibid.). Ainsi,

    ces facteurs signifient donc un terrain o les interventions des professionnels du service

    social jouent un rle essentiel. De cette faon, tenir compte des diffrences et des

    singularits de chaque partenaire et btir un projet commun constituent un enjeu important

    du concept de partenariat.

    Le point important ne pas perdu de vue pour les partenaires est quils doivent sassurer

    quils ressortent plus gagnants que perdants, mme si le niveau dinvestissement nest pas

    le mme pour chacun (Ibid.). Ainsi, un facteur de succs dun partenariat requiert que les

    rapports soient tablis dans une relation dgalit sans hirarchie.

    Cest pour cette raison que tant la concertation que le partenariat demeurent porteurs dun

    potentiel de dmocratisation des services, programmes et politiques dintrt public

    (Bourque, 2009, p. 20).

    Ainsi, cette conscience collective, dlimite territorialement, constitue une base

    essentielle pour laction conjointe des acteurs locaux sociaux et conomiques dans un

    contexte partenarial (Klein, 2008). Dans ce sens, il est galement possible de parler de

    dveloppement de la participation citoyenne, qui sinscrit dans une autre dimension

    importante lie au dveloppement des communauts, qui est celle de lempowerment. Ce

    sont les prochains concepts tre analyss dans la prsente tude.

  • 40

    2.3. Empowerment et participation citoyenne

    Le concept dempowerment est une dimension significative du dveloppement des

    communauts et sinscrit plusieurs endroits dans le processus (Caillouette et al., 2009).

    La notion dempowerment fait rfrence lide que les individus et les communauts ont

    le droit de participer activement aux dcisions les concernant et que les comptences

    requises pour cette participation sont dj prsentes chez les individus et les collectivits,

    ou que le potentiel pour les acqurir existe (Ninacs, 2008). Selon Ninacs (Ibid.), le

    terme empowerment dsigne la succession dtapes par lesquelles un individu ou une

    collectivit sapproprie le pouvoir ainsi que sa capacit de lexercer de faon autonome .

    Dans cette perspective, il est possible didentifier diffrents niveaux danalyse du concept

    de lempowerment : individus, organisations, quartiers, communauts (Caillouette et al.

    2009). Ainsi, afin de rendre compte de linfluence de la dimension de lempowerment et de

    son intgration dans le processus et les pratiques de dveloppement des communauts, il

    importe de dfinir ces niveaux. Toutefois, je me concentrerai sur la dimension individuelle

    et communautaire, car je considre ces deux dimensions plus centrales dans le domaine du

    dveloppement des communauts. Elles sont justement les dimensions reprsentes la

    figure 2.1. De plus, lanalyse de tous les niveaux qui caractrisent le concept

    lempowerment chappe aux dimensions du prsent essai.

    Dune faon gnrale, le concept dempowerment vise rendre plus solides le pouvoir

    dagir et la capacit des citoyens se mettre en action tant dans leur vie personnelle que

    dans la vie de leur communaut.

  • 41

    Lempowerment individuel, selon Ninacs (2008), rfre au processus dappropriation dun

    pouvoir par une personne ou par un groupe dindividus. Il sagit dun processus

    dinteractions des composantes agissant sur quatre plans : la participation, les comptences

    pratiques, lestime de soi et la conscience critique (Ibid.). Ces lments, dans leur ensemble

    et par leur interaction, permettent le passage dun tat sans pouvoir dagir un autre o

    lindividu est capable dagir en fonction de ses propres choix (Ibid.). Par participation,

    Ninacs (Ibid.) comprend limportance de lindividu de se mettre en contact avec dautres

    personnes. Selon sa vision, un individu ne peut pas acqurir son pouvoir dagir en restant

    isol sans relation avec au moins une autre personne. Ainsi une personne sans pouvoir

    dagir entreprend donc son cheminement en participant une activit de nature collective

    (Ibid.).

    Toutefois, Caillouette et ses collgues (2009) distinguent le processus dempowerment

    individuel de lempowerment de groupe, ce dernier sadressant davantage aux groupes qui

    vivent une forme de marginalisation ou doppression quelconque. Ce type dempowerment

    vise, selon ces auteurs, permettre un contrle et un juste accs au pouvoir et aux

    ressources ncessaires pour que ces groupes soient en mesure de rpondre leurs besoins

    spcifiques et de construire leur destine (Ibid.).

    Lautre dimension de lempowerment individuel, les comptences pratiques, est vue par

    Ninacs (2008) comme tant la capacit de la personne acqurir des connaissances et des

    habilets qui lui permettront de participer plus activement des activits communautaires

    en exerant des actions particulires. Dans ce mme ordre dides, llment de lestime de

    soi de lempowerment individuel fait rfrence la transformation psychologique qui

    annule les valuations ngatives antrieures intriorises et par laquelle il arrive tre

  • 42

    satisfait de lui-mme et penser quil est capable dagir de manire adquate dans les

    situations importantes (Ibid.). Finalement, ltape de la conscience critique commence par

    une prise de conscience dun problme vcu par la personne. Ensuite, il pourra dvelopper

    une conscience collective dans le sens de percevoir que le problme quil vit est aussi vcu

    par dautres personnes. En prenant conscience de cette ralit, la personne sera en mesure

    davoir une conscience sociale, cest--dire de reconnatre que ses problmes sont

    influencs par la faon dont la socit est structure. Cette conscience sociale, selon Ninacs,

    va aider lindividu sortir dun haut niveau dauto-culpabilisation. En parcourant ce

    cheminement, la personne sera capable de dvelopper une conscience politique :

    limportance de sengager pour promouvoir un changement social (Ibid.). Ce processus

    renvoie la construction de la conscience critique de Paulo Freire.

    Quant lempowerment communautaire, Ninacs (2008) le dfinit comme tant la prise en

    charge du milieu par et pour lensemble du milieu, dune faon qui favorise le

    dveloppement du pouvoir dagir des individus, groupes et organisations . Lanalyse de

    Ninacs (2008) sur lempowerment communautaire est que celui-ci peut devenir un

    vhicule de lempowerment individuel . travers une interaction rciproque entre le

    pouvoir dagir dun individu et aussi de sa communaut, les deux niveaux, individuel et

    communautaire, se dveloppent dans le mme processus. nouveau, la figure 2.1 illustre

    cette ide.

    Ainsi donc, lempowerment communautaire est un moyen par lequel une communaut

    augmente son pouvoir collectif [] renvoie un tat o la communaut est capable dagir

    en fonction de ses propres choix et o elle favorise le dveloppement dagir de ses

    membres (Ninacs, 2008).

  • 43

    Selon Caillouette et ses collgues (2009, p. 79) :

    Lempowerment communautaire pris dans une perspective de territorialit renvoie un accroissement de laction et du pouvoir citoyens sur un territoire, ce qui, selon des dynamiques de rciprocit densemble, permet un pouvoir accru de tous les acteurs travaillant au dveloppement de la communaut en action sur ce territoire.

    En somme, la finalit dune intervention oriente vers lempowerment est de stimuler la

    participation citoyenne comme condition primordiale de la russite des actions de

    dveloppement communautaire (Ibid.). Cest pour cette raison que jai pris la dcision

    danalyser ces deux concepts dans la mme section.

    En ce qui rfre au concept de participation citoyenne, elle est associe la prise en

    compte dautres voix, la reconnaissance, lmancipation, au pouvoir dagir, au bien-tre,

    bref lide dun monde plus solidaire et plus juste, un monde o les rapports hirarchiques

    sattnueraient (Pelchat, 2010, p. 114).

    Cette dfinition comporte les principales notions lies au champ du dveloppement de

    communaut que je viens dexposer dans le prsent chapitre : pouvoir dagir, mancipation,

    solidarit et rapports galitaires.

    Il y a plusieurs types de dispositifs pour mettre en place la participation citoyenne, par

    exemple, les forums de consultation, forums de la population, tables de concertation,

    comits dusagers, comits de rsidants, rfrendum, assembles de quartier, etc. (Ibid.).

    Il est important de souligner que ces dispositifs participatifs sadressent lensemble des

    citoyens, travers des outils semblables ceux des lections. Les meilleurs exemples

    demeurent le rfrendum et linitiative populaire. Cette mthode a lavantage de ne pas

  • 44

    sappuyer strictement sur une minorit particulirement mobilise (Bherer, 2006, p. 28).

    Ainsi, le concept de participation citoyenne est inclusif, parce quil prend en considration

    dans le processus de prise de dcision les droits de tous les citoyens et citoyennes.

    De plus, quel que soit le dispositif, le but est le mme : crer des espaces de convivialit et

    de collaboration o les individus peuvent sexprimer et sengager dans la vie

    communautaire. Selon Pelchat (2010), ces dispositifs sont des instruments de lgitimation

    du pouvoir dun groupe social.

    Tout compte fait, lanalyse faite dans ce chapitre sur le domaine du dveloppement des

    communauts et ses principaux concepts ma permis dobserver que ces concepts sont

    vraiment proches et interrelis. Loin dtre exclusifs, ils sont extrmement

    complmentaires : il semble y avoir un chevauchement entre eux.

    Dans le prochain chapitre, il sera question de Sherbrooke, plus spcifiquement du quartier

    dAscot o plusieurs initiatives de travail communautaire ont lieu, dans lesquelles les

    concepts de dveloppement des communauts sont utiliss dans une perspective

    dintgration locale des immigrants.

  • 45

    3. LEXPRIECE ASCOT E SAT : LE DVELOPPEMET DES

    COMMUAUTS COMME U OUTIL IMPORTAT POUR

    LITGRATIO LOCALE DES IMMIGRATS

    Dans le prsent chapitre, je prsente lhistorique et les activits de la Table de concertation

    Ascot en sant qui est une action communautaire initie dans le quartier dAscot, un

    quartier de la ville de Sherbrooke. Selon Caillouette et Morin (2008), lexprience dAscot

    en sant est une pratique particulire dorganisation communautaire territorialise, que

    nous appelons galement pratique de dveloppement de communaut (p. 141).

    Ainsi, dans cette partie du prsent essai, je montrerai premirement les caractristiques du

    quartier dAscot et le droulement du travail de la Table de concertation Ascot en sant. Il

    est important de souligner quune des proccupations du travail ralis par la Table Ascot

    en sant est de promouvoir le rapprochement interculturel suscit par le grand nombre

    dimmigrants qui y habitent. Pour cette raison, jaborderai ensuite la vision de

    lintervention interculturelle de certains organismes communautaires qui composent cette

    Table. Finalement, mon intention est de montrer, partir de cette exprience dAscot en

    sant comme illustration, que les concepts de dveloppement des communauts

    reprsentent un outil important pour lintgration locale des immigrants.

    Tout dabord, je considre important de dcrire le contexte dans lequel lexprience Ascot

    en sant a lieu. Le territoire de rfrence o les activits sont ralises est le quartier

    dAscot, un quartier de larrondissement du Mont-Bellevue situ au sud de Sherbrooke. Ce

    quartier est reconnu comme tant lun des quartiers les plus pauvres de la ville de

    Sherbrooke (Ibid., p.141). La prsence des immigrants Ascot augmente de faon

    significative chaque anne. Dans ce sens, il devient de plus en plus un quartier

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    multiethnique, comme cit plus haut. Il est donc important de souligner quAscot compte

    une population immigrante rcente dont le pourcentage, 14,4 % (Ascot en Sant, 2003), est

    plus lev que dans les autres quartiers de Sherbrooke (Ibid., p. 142).