l’activité bain thérapeutique en ergothérapie

103
Institut de Formation en Ergothérapie de Rennes UE 6.5 S6 : Evaluation de la pratique professionnelle et recherche JOBIN Clémire Mai 2014 L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie Auprès de patients atteints de la maladie d’Alzheimer au stade avancé

Upload: others

Post on 18-Jun-2022

6 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

Institut de Formation en Ergothérapie de Rennes

UE 6.5 S6 : Evaluation de la pratique professionnelle et recherche

JOBIN Clémire

Mai 2014

L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

Auprès de patients atteints de la maladie d’Alzheimer au stade avancé

clarisse
Zone de texte
Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est illégale.
Page 2: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

Institut de Formation en Ergothérapie de Rennes

Sous la direction de Michel LOLLIVIER

UE 6.5 S6 : Evaluation de la pratique professionnelle et recherche

JOBIN Clémire

Mai 2014

L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

Auprès de patients atteints de la maladie d’Alzheimer au stade avancé

Page 3: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

Abstract

In France, Alzheimer Plan 2008-2012 has helped develop and refine to cares of

dying patients of people with Alzheimer 's disease at advanced stage. Strengthened

services were created for personalized and adapted to cares of dying patients. Therapeutic

bath activity performed by the occupational therapist in a closed unit, allows the patient to

immerse themselves in an environment of sensory stimulation and allow a relaxing and

calming influence on psycho-behavioral disorders. Furthermore, team medical

collaboration in this activity has a substantial interest, impacting on the daily

accompaniment of patients.

These areas of work will then be discussed and argued by theoretical contributions,

and relevant research tools. The testimonies of therapists and professional experience of

the author will enrich the discussion on the usefulness of this activity from people with

Alzheimer 's disease.

Key words : Alzheimer’s disease, Therapeutic bath, Occupationnal therapy,

Interdisciplinarity, Accompaniment

Résumé

Le plan Alzheimer 2008-2012 a permis de développer et de préciser

l’accompagnement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer au stade évolué. Des

services renforcés ont étaient créé permettant l’accompagnement personnalisé et adapté de

ces patients. L’activité bain thérapeutique réalisée par l’ergothérapeute, dans une unité

fermée, permettrait au patient de se plonger dans un environnement de stimulation

sensorielle et ainsi favoriserait une détente et un apaisement influençant les troubles

psycho-comportementaux. De plus, la collaboration de l’équipe dans cette activité a un

intérêt réel, impactant sur l’accompagnement au quotidien des patients.

Ces axes de travail seront alors discutés et argumentés par le biais d’apports

théoriques, et d’outils de recherche pertinents. Les témoignages de thérapeutes et

l’expérience professionnelle de l’auteur permettront d’enrichir cette discussion sur l’intérêt

d’une telle activité auprès de ce public.

Mots clés : Maladie d’Alzheimer, Bain thérapeutique, Ergothérapie, Interdisciplinarité,

Accompagnement

Page 4: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

Remerciements,

A tous les professionnels interrogés qui m’ont permis de faire évoluer mon travail de

recherche et ma réflexion,

A mon entourage, pour leurs encouragements et leur soutien tout au long de l’année et pour

la relecture de mon travail,

A mon directeur de mémoire, Michel Lollivier, ainsi qu’à mon groupe de mémoire pour leurs

conseils et leur disponibilité.

Page 5: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

SOMMAIRE

INTRODUCTION ...................................................................................................................... 1

1 PROBLEMATIQUE ........................................................................................................... 2

2 APPORTS THEORIQUES ................................................................................................. 9

2.1 La maladie d’Alzheimer .............................................................................................. 9

2.2 L’accompagnement institutionnel des personnes démentes ...................................... 12

2.3 Les stimulations multi sensorielles auprès de personnes démentes .......................... 17

2.4 L’ergothérapie ........................................................................................................... 22

3 METHODOLOGIE DE RECHERCHE ........................................................................... 27

3.1 Population et établissement ciblés ............................................................................. 27

3.2 Choix des outils/supports ........................................................................................... 27

3.3 Elaboration et passation des outils ............................................................................. 28

4 RECUEIL ET ANALYSE DES DONNEES .................................................................... 29

4.1 Questionnaire ............................................................................................................. 29

4.2 Entretiens ................................................................................................................... 32

5 DISCUSSION ................................................................................................................... 43

5.1 Conclusion de l’enquête ............................................................................................ 43

5.2 Vérification des hypothèses ....................................................................................... 45

5.3 Critiques et limites du mémoire ................................................................................. 49

5.4 Apports personnels et positionnement ....................................................................... 50

CONCLUSION ........................................................................................................................ 51

BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................... 52

TABLE DES MATIERES ...........................................................................................................

ANNEXES ...................................................................................................................................

Page 6: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

1

INTRODUCTION

Avec le vieillissement de la population, les pathologies du grand âge ont évoluées et sont de

plus en plus présentes dans notre société. La maladie d’Alzheimer en ait un exemple

significatif. La prise en charge et l’accompagnement de ces patients ainsi que de leurs aidants

est une des problématiques soulevées depuis plusieurs années par l’Etat Français. Au stade

démentiel, les patients présentent des troubles psycho-comportementaux importants ayant des

répercussions sur leur confort de vie, leur autonomie au quotidien et sur leur entourage.

Quelles est alors la prise en charge la plus adaptée pour ces patients, et quelles activités

peuvent favoriser la diminution de ces troubles psycho-comportementaux ? Le plan

Alzheimer 2008-2012 a permis la création d’unités fermées accueillants des personnes

atteintes d’une démence de type Alzheimer ou de maladies apparentées ayant des troubles du

comportement très importants, dans le but d’améliorer l’accompagnement de ces patients au

quotidien.

L’ergothérapeute a un rôle important à jouer dans la prise en charge des troubles cognitifs et

du comportement auprès de ce public. Ma première expérience de stage en psycho-gériatrie a

été déterminante pour amorcer cette réflexion. Je me suis alors questionné sur les modalités

d’interventions, et les moyens mis en place par l’ergothérapeute au sein de ces services. Suite

à plusieurs expériences de stage, j’ai pu observer que l’utilisation de stimulations sensorielles

par l’ergothérapeute auprès de ce public avait un impact certain. Mais pourquoi ces patients

sont-ils aussi réceptifs aux stimuli sensoriels ? Quel est alors l’intérêt de telles activités auprès

de ce public ? Tout au long de ce travail de recherche et de mes expériences professionnelles,

ma réflexion a évoluée. J’ai en effet effectué un stage dans une Unité d’Hébergement

Renforcé, et j’ai pu réaliser l’activité bain thérapeutique, activité multi-sensorielle, auprès de

plusieurs patients. Ceci m’a permis de cibler mes recherches et mon sujet. Ainsi, ce mémoire

de fin d’étude portera sur l’intérêt de la réalisation de l’activité bain thérapeutique auprès de

personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer au stade évolué, en services fermés.

Dans un premier temps, la problématique fera part de l’évolution de ma réflexion, jusqu'à

l’aboutissement de la question de recherche. Puis la deuxième partie concernera l’apport de

données théoriques, complétant ainsi la problématique. Suite à cela, le recueil de données

apportera des résultats concrets, par le biais de questionnaire et de témoignages de plusieurs

thérapeutes. L’analyse et l’interprétation de ces données permettront alors de poursuivre sur la

discussion afin de vérifier ou de réfuter les hypothèses présentées dans ce travail de recherche.

Page 7: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

2

1 PROBLEMATIQUE

Mon sujet de mémoire porte donc sur la prise en charge ergothérapique des patients atteints

d’une maladie d’Alzheimer à un stade avancé. Ce sujet m’a interpellé, suite à une situation de

stage vécue en 2ème

année de formation. Je vous présenterai donc cette observation, avant de

vous faire part du constat sur la prise en charge actuelle de ce public. Suite à cette réflexion,

j’ai réalisé un stage en 3ème

année dans un service fermé pour patients atteints d’une démence

Alzheimer, ce qui m’a permis de faire évoluer et de cibler mon sujet de mémoire, pour arriver

à ma question de recherche.

Ainsi, j’ai réalisé le premier stage de 2ème

année de formation à mi-temps dans une Unité

Cognitivo-Comportementale (UCC). Les UCC1 s’adressent à des patients atteints de la

maladie d’Alzheimer ou maladies apparentées qui présentent des troubles du comportement

productifs, de l'agressivité et de la mobilité. Les objectifs principaux d’une UCC sont de

réduire et/ou stabiliser les troubles du comportement, mais aussi d’améliorer ou de maintenir

l’adaptation aux actes de la vie quotidienne.

Lors de ce stage, j’ai pu observer et participer à la prise en charge ergothérapique de patients

atteints de la maladie d’Alzheimer, par le biais d’activités collectives et individuelles (atelier

corporel, travail de l’indépendance à la toilette, atelier musiques « de leur temps »). Plus

particulièrement, j’ai pu expérimenter l’activité musique auprès de ce public. Cinq résidents

participaient à cette activité. Je vais cibler mon observation sur Mr M. Au début de son

hospitalisation, il était replié sur lui-même. Il ne communiquait pratiquement pas, mise à part

par des cris, de l’agitation et de l’agressivité verbale, notamment lorsqu’il était seul est qu’il

n’y avait pas de soignant près de lui. Au niveau comportemental, on observait une apathie

importante notamment lors d’activités collectives. Avec l’ergothérapeute, nous avions décidé

de l’inclure dans le groupe pour l’atelier musical car c’était une activité signifiante pour Mr

M.

Ainsi, la séance commençait par la présentation de chaque participant et des thérapeutes, puis

il y avait l’écoute de la chanson. Les résidents devaient essayer de retrouver le titre de la

1 Mesure 17 du plan Alzheimer 2008-2012 : « Création d’unités spécialisées au sein des services de Soins de

Suite et de Réadaptation (SSR), pour malades atteints d’Alzheimer. ». [En ligne] Disponible sur Internet :

http://www.plan-alzheimer.gouv.fr/mesure-no17.html (consulté le 12/12/2013)

Page 8: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

3

chanson, ou bien le chanteur. Le thérapeute intervenait en donnant des indices, de plus en plus

précis pour les aider, et pour ne pas les mettre en échec. Une fois le titre trouvé, la chanson

était reprise par tout le monde, avec les paroles pour les patients ayant encore la capacité de

lire. Lors de cet atelier, Mr M nous a paru plus éveillé et plus réactif. Il a trouvé plusieurs

titres ou chanteurs, connaissait la plupart des paroles, et lorsque celles-ci lui manquaient il

fredonnait fort la mélodie. Il était heureux de participer, et il nous a confié qu’il aimait danser

sur certaines de ces mélodies dans sa jeunesse, avec sa femme. Il était dans une relation de

communication avec nous, et était très impliqué dans l’activité. Après l’atelier, ce fut l’heure

du repas. Habituellement, lors de la prise du repas, Mr M nécessitait une stimulation

importante à cause de la présence de troubles praxiques et d’un comportement apathique.

Pourtant, Mr M était très éveillé, il attrapait la cuillère seul, et l’amenait à sa bouche sans

stimulation. Il paraissait plus présent et apaisé.

Cette expérience professionnelle m’a donné envie d’approfondir mes connaissances sur la

prise en charge en ergothérapie des patients Alzheimer à un stade avancé de la maladie par le

biais d’activités de stimulation sensorielle. C’est ainsi que ma réflexion et mon intérêt se sont

portés sur ce sujet pour la réalisation du mémoire. Je me suis alors posé plusieurs questions :

Quelle est la prise en charge la mieux adaptée pour des personnes ayant une démence

sévère ? Comment intervient l’ergothérapeute auprès de ces patients et par quels

moyens prend-il en charge les troubles cognitifs et du comportement dans la vie

quotidienne ? Quel est l’intérêt des stimulations sensorielles auprès de ce public ?

Avant de parler du rôle de l’ergothérapeute auprès de ce public, je vais faire un rappel sur la

manifestation des troubles au stade avancé de la maladie et sur les enjeux de santé publique de

nos jours. Ceci permettra d’aborder ensuite la prise en charge actuelle des patients atteints

d’une démence sévère ayant des troubles psycho-comportementaux.

La maladie d’Alzheimer, aussi appelée démence de type Alzheimer, est une affection

neurodégénérative liée à l’âge (une définition plus complète sera donnée dans la partie

théorique). Elle est principalement caractérisée comme une « maladie de la mémoire ». La

maladie d’Alzheimer se manifeste par trois types de symptômes selon C.BELIN, A.ERGIS et

O.MOREAUD dans «Actualités sur les démences: aspects cliniques et neuropsychologiques »

(2006) : Les troubles cognitifs, les modifications psychologiques et comportementales, et les

restrictions dans les activités de la vie quotidienne (AVQ). L’évolution de la maladie se fait

Page 9: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

4

en trois temps. Le premier stade est la phase préclinique ou aucuns signes cliniques ne sont

observés. Ensuite, il y a la phase pré-démentielle, qui est l’apparition des premières

difficultés. La phase démentielle est la dernière, c’est l’aggravation des troubles

initiaux caractérisée par l’apparition de troubles cognitifs tels que des troubles du langage, des

praxies, des gnosies etc. Ces troubles vont retentir sur le plan de l’indépendance et de

l’autonomie dans les activités de la vie quotidienne.

L’ergothérapeute intervient tout au long de l’évolution de la maladie du patient atteint d’une

démence. Au vu de mon expérience de stage, je me suis intéressée à la phase démentielle de la

maladie. Je vais donc parler plus précisément des troubles manifestés à ce stade, qui ont des

répercussions importantes dans la vie quotidienne du patient et de l’entourage. De par mon

expérience, au stade avancé de la maladie, les fonctions cognitives sont majoritairement

atteintes, ce qui rend la stimulation cognitive, et l’acquisition de nouveaux apprentissages

difficiles. Je vais insister sur les troubles psycho-comportementaux, et les troubles de la

communication : à ce stade de la maladie ce sont les troubles qui ont un retentissement

significatif sur le patient et l’entourage. Ces troubles sont principalement dus à une

détérioration majeure des fonctions cognitives, et à des troubles psychologiques. L’ensemble

de ces troubles entraîne une restriction importante de leur participation dans les activités de la

vie quotidienne, et donc entrainent une dépendance quasi-constante. La première cause

d’institutionnalisation des personnes présentant une maladie d’Alzheimer aujourd’hui est la

présence de troubles psychologiques et comportementaux, qui ne permet plus le maintien à

domicile. Au stade de démence sévère, ces troubles du comportement sont spécifiés par les

manifestations psychotiques telles que l’apparition d’idées délirantes et d’hallucinations

(visuelles et auditives). De plus, les troubles du comportement moteur aberrant sont fréquents,

manifestés par de la déambulation, des comportements répétitifs, et des comportements

violents (verbalement et physiquement).

Un travail a été effectué par T. ROUSSEAU2, B. FROMAGE, et C. TOUCHET (2009)

intitulé «Interaction entre le sujet âgé Alzheimer et son environnement. » dans le but

d’observer comment les variations du contexte environnemental (humain et matériel) peuvent

contribuer à l’apparition de comportements différenciés. Cette étude est réalisée dans une

unité de soins accueillant 20 personnes atteintes de démence Alzheimer ou de maladies

apparentées à un stade avancé. L’hypothèse émise est que les comportements observés ne sont

2 Thierry ROUSSEAU est orthophoniste, docteur en psychologie et habilité à diriger des recherches (HDR). En

tant que chercheur, enseignant et clinicien, il s’est intéressé au vieillissement pathologique et principalement à la

maladie d’Alzheimer.

Page 10: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

5

pas toujours dus à une détérioration cognitive, mais à des modifications environnementales,

des attitudes irrationnelles et inappropriées de l’entourage professionnel ou familial. Ainsi,

beaucoup de comportements sont mal compris, et interprétés comme anormaux et

pathologiques, mais très souvent, ces comportements font suite à une situation particulière, et

ont une valeur communicationnelle qui n’est pas reconnue comme telle par l’entourage.

Selon Thierry ROUSSEAU (2011) dans l’ouvrage intitulé « maladie d’Alzheimer et troubles

de la communication », après les troubles mnésiques, les troubles de la communication sont

les plus importants dans la maladie d’Alzheimer. En effet, leurs répercussions dans la vie

quotidienne et sociale sont significatives, et leurs influences indirectes sur les troubles du

comportement sont importantes. Les troubles du langage et de la communication au stade

avancé de la maladie sont caractérisés par des écholalies (répétition de manière systématique

des derniers mots entendus), des palilalies (répétition involontaire et spontanée, deux ou

plusieurs fois de suite, de la même phrase ou le même mot), et du mutisme. Ces troubles

rendent la communication orale compliquée, voire impossible. Le seul élément de

communication est alors l’expression de sentiment, d’émotion et d’humeur par le mode non

verbal. Au vu des troubles manifestés au stade de démence sévère, et de leur retentissement, il

est donc important que la prise en charge et l’environnement (matériel et humain) de ces

patients soient adaptés et personnalisés, et que les soignants travaillant auprès de ce public

soient formés.

Concernant la prise en charge actuelle des patients déments, voici quelques données qui

seront abordés de manière plus approfondie dans la partie théorique. Ces données sont

fournies par l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) (2013) dans le Bulletin épidémiologique

hebdomadaire. En 2013, plus de 350000 personnes sont prise en charge suite à une démence

de type Alzheimer, ou maladie d’Alzheimer. Ce chiffre ne cesse d’augmenter, du fait de

l’augmentation de l’espérance de vie et du vieillissement de la population. En 2010,

l’augmentation de taux d’hospitalisation de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et

de démences apparentées était de 23 %3. Ainsi, au vue de l’enjeu de santé publique majeur

que représente l’évolution de cette maladie, et de la problématique de la prise en charge des

patients qui sont au stade de démence sévère, le Plan Alzheimer 2008-2012 a été soumis en

décembre 2008. Il présente 44 mesures prises par le gouvernement pour faire face à cet enjeu.

3 InVS (Institut de Veille Sanitaire), 2013. « Bulletin épidémiologique hebdomadaire ». [En ligne]. Disponible

sur internet : http://www.invs.sante.fr/beh/2013/30/pdf/2013_30.pdf (consulté le 15/12/2013)

Page 11: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

6

La mesure 164 de ce plan prévoit la création d’unités de soins et d’activités adaptées (PASA)

aux résidents ayant des troubles du comportement modéré, et la création d’unités

d’hébergements renforcées (UHR) pour des patients ayant des troubles du comportement très

importants.

Je vais maintenant parler plus particulièrement des UHR, car c’est un service qui accueille des

personnes ayant une démence de type Alzheimer à un stade avancé. De plus, j’ai réalisé le

premier stage de troisième année de formation dans une de ces unités, au centre hospitalier.

Les UHR sont des lieux d’hébergements séquentiels pour des personnes ayant des troubles du

comportement sévères. Dans ces services, les modalités de soins et d’accompagnement sont

appropriées, et un projet personnalisé de soins est établi. Celui-ci est réévalué régulièrement

par l’équipe soignante afin d’adapter au mieux ce projet aux besoins du patient et de

l’entourage. L’accompagnement adapté pour chaque patient est permis grâce à la formation

du personnel soignant sur l’utilisation d’outils d’évaluation, de techniques d’observation et

d’analyse des comportements, et de techniques de soins et de communication adaptées. De

plus, l’architecture du service doit être réfléchie pour être un environnement confortable,

rassurant et stimulant pour les patients.

Ainsi, j’ai pu effectuer un stage de 2 mois dans une UHR auprès de personnes ayant une

démence sévère. L’objectif principal de l’ergothérapeute auprès de ce public en UHR est de

ralentir la perte d’autonomie des patients et d’améliorer leur qualité de vie par la prise en

charge des troubles du comportement. Le mode d’intervention de l’ergothérapeute est

l’activité. Selon Eric TROUVE (2008) dans « Ergothérapie en gériatrie : approches

cliniques », avec les personnes ayant une démence avancée, la réalisation ou la participation à

une activité a un sens particulier favorisant la valorisation, l’amélioration du bien-être et de la

qualité de vie. Ainsi, avec ce public, l’activité n’a pas pour objectif la compensation de

capacités, ou la récupération. L’intervention de l’ergothérapeute doit être influencée par

l’histoire de vie du résident, ses besoins, les activités signifiantes pour lui. L’activité doit être

adaptée en fonction des compétences du résident, pour ne pas le mettre en échec, puis doit

être réalisée dans un lieu adapté. Durant ce stage, j’ai été amenée à prendre en charge, en

autonomie, individuellement et collectivement les résidents de l’UHR. Ainsi, je menais un

4 Mesure 16 du Plan Alzheimer 2008-2012 : « Création ou identification, au sein des EHPAD, d’unités adaptées

pour les patients souffrant de troubles comportementaux ». [En ligne] Disponible sur Internet : http://www.plan-

alzheimer.gouv.fr/mesure-no16.html (consulté le 20/12/2013)

Page 12: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

7

atelier cuisine thérapeutique tous les jeudi matin, et un atelier réminiscence, en partenariat

avec la psychologue le lundi matin. De plus, je prenais en séance individuelle 2 patientes une

fois par semaine, pour réaliser l’activité bain thérapeutique.

Le bain thérapeutique est un soin qui peut s’inscrire dans le projet personnalisé du résident en

UHR. L’objectif n’est pas le maintien de l’hygiène, mais c’est la création d’un espace

relationnel qui favorise la mise en confiance, et qui va ainsi permettre une détente et une

diminution des troubles psycho-comportementaux. L’ergothérapeute a un rôle primordial dans

cette activité, car c’est lui qui va mettre en place cette activité avec le patient, instaurer un

climat relationnel rassurant et stimulant, définir les objectifs thérapeutiques et ritualiser cette

activité pour que d’autres soignants puissent prendre le relais par la suite. Ceci peut permettre

à l’ergothérapeute de débuter l’activité auprès d’un autre patient.

Le bain thérapeutique se déroule dans une salle de bain adaptée et aménagée de façon à

favoriser la relaxation et la mise en confiance du résident. Durant la séance, plusieurs sens

sont sollicités : la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat. Ces stimulations sensorielles sont possibles

par plusieurs moyens, comme par exemple les huiles essentielles, les lumières, la mousse,

l’eau, etc. Le thérapeute doit trouver quels sont les moyens les plus efficaces auprès du

patient, ceux qui lui permettent d’atteindre les objectifs initiaux. Cela fait partie de la

ritualisation de l’activité.

Je vais faire une présentation rapide des patientes auprès desquelles j’ai réalisé l’activité bain

thérapeutique :

- Mme D était une patiente très anxieuse, état principalement dû à son histoire de vie et

à sa pathologie. Elle présentait des troubles du langage importants tels qu’une aphasie

caractérisée par l’émission de gémissement (augmenté lors de situation anxiogène).

Les troubles du comportement productifs se caractérisaient par de l’agitation et un

comportement de déambulation important lors de situation anxiogène (environnement

bruyant, agitation autour d’elle).

- Mme G présentait des troubles attentionnels majeurs (déficit de l’attention soutenue,

divisée, sélective) qui influaient sur ses capacités cognitives préservées, notamment

sur les capacités praxiques. De plus, Mme G avait une aphasie caractérisée par des

manques du mot, une persévération dans le discours, et un discours non informatifs

(jargonnement).

Page 13: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

8

Les objectifs généraux de prise en charge de ces 2 patientes étaient : pour Mme D, diminuer

l’anxiété et favoriser la valorisation par la prise d’initiative ; et pour Mme G, centrer son

attention sur une activité et favoriser un discours approprié et une attitude adaptée à la

situation. Lors de l’analyse de l’activité5, des comportements et de la communication des

patientes au cours de la séance, j’ai pu constater que, au niveau comportemental, chez Mme

D, on observait un apaisement et une diminution de l’agitation. L’anxiété était alors diminuée,

et les gémissements moins importants que dans le service, la communication était facilitée et

Mme D exprimait ses émotions et ses besoins clairement. Pour Mme G, durant la séance, elle

avait un discours plus adapté au sujet, une attitude rationnelle et adaptée à la situation. Elle

arrivait à se concentrer sur une tâche, et à exécuter les gestes attendus (par exemple se frotter

le corps avec le gant, se sécher avec la serviette). J’ai dû adapter pour chaque patiente la

séance : le déroulement, le rythme, la communication et l’attitude. En effet, le thérapeute doit

prendre en compte les différents aspects de la vie et de la pathologie de la personne : son

histoire de vie, sa pathologie et ses troubles, les facteurs favorisant et diminuant l’apparition

de ses troubles, les facteurs de bien-être. Cela permet d’atteindre les objectifs thérapeutiques

fixés en équipe. Je me suis réellement questionné sur le rôle et l’attitude de l’ergothérapeute

dans cette activité, sur l’intérêt d’une telle activité dans la prise en charge d’un patient atteint

d’une démence Alzheimer à un stade avancé.

Ma question de recherche est donc la suivante:

En quoi l’activité bain thérapeutique réalisée par l’ergothérapeute a-t-elle un

intérêt dans la prise en charge des patients atteints de la maladie d’Alzheimer au stade

avancé dans un service spécialisé dans l’accompagnement de ce public?

Mes hypothèses sont:

- L’activité bain thérapeutique permettrait la création d’un environnement sécurisant et

rassurant. Ceci faciliterait l’état de bien-être chez le patient, et la diminution des

comportements psycho-comportementaux au moment de l’activité et au sein du

service.

- Dans l’activité bain thérapeutique, l’ergothérapeute ritualise l’activité et cible les

informations pertinentes pour les transmettre et passer le relais aux soignants,

améliorant ainsi l’accompagnement au quotidien des patients.

5 Annexe 1 et 2 : analyse de l’activité bain thérapeutique avec Mme G et Mme D

Page 14: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

9

2 APPORTS THEORIQUES

2.1 La maladie d’Alzheimer

2.1.1 Un enjeu de santé publique

La maladie d’Alzheimer est une maladie grave. En effet, elle est considérée comme la 4ème

cause de mortalité en France. Cette maladie a de fortes répercussions sur la qualité de vie du

malade qui se voit, au fur et à mesure de l’avancé de la maladie, perdre son autonomie et son

indépendance. En outre cette maladie a des répercussions sur l’entourage du malade.

En septembre 2013, l’institut de veille sanitaire (InVS) a sorti le Bulletin Epidémiologique

Hebdomadaire (BEH). Cette étude montre l’augmentation des hospitalisations et la hausse de

prise en charge médicale de patients atteints de la maladie d’Alzheimer entre 2007 et 2010. Il

n’existe pas de chiffre plus récent à ce jour. Ainsi, cette étude montre qu’en 2010, le nombre

de patients atteints d’une maladie d’Alzheimer ou de maladie apparentée est de 750 000 à 1

000 000. Le nombre d’hospitalisation de 2007 à 2010 a augmenté de 23%, ce qui est

considérable. Pour les chercheurs, cette hausse massive s’expliquerait par le vieillissement de

la population.

Aujourd’hui, il n’existe aucune surveillance de la prévalence, ni de l’incidence de

l’hospitalisation des patients atteints de cette maladie, car il y a une constante évolution des

règles de codage de la maladie d’Alzheimer, et aussi parce que cette maladie est encore sous

diagnostiquée. En effet, en France, il semblerait que seulement 50% des patients atteints de

cette maladie soient repérés par le système de santé, et donc que l’autre moitié n’ait pas accès

à un diagnostic recommandé et spécialisé.

2.1.2 Définition

2.1.2.1 Définition de l’OMS

Selon l’OMS, la maladie d’Alzheimer est une «altération progressive de la mémoire et de

l’idéation, suffisamment marquée pour handicaper les activités de la vie quotidienne, apparue

depuis au moins 6 mois, et associée à un troubles d’au moins une de ces fonctions : langage,

calcul, jugement, altération de la pensée abstraite, praxies, gnosies ou modification de la

personnalité.». Ainsi, c’est une détérioration progressive des fonctions intellectuelles, sans

trouble de la conscience, associée à deux autres troubles.

Page 15: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

10

2.1.2.2 Les différents stades de la maladie

Le stade préclinique dure entre 15 et 20 ans. Durant cette phase, aucun signe clinique n’est

observé.

Au stade initial ou pré démentiel, le début est insidieux, d’aggravation progressive. C’est à ce

stade que les premières manifestations apparaissent. Cela commence par des oublis à mesure

sur des faits récents et une perte de la capacité de concentration. La personne ressent des

difficultés pour acquérir de nouvelles informations, pour faire de nouveaux apprentissages. La

mémoire épisodique est la plus touchée. Au fur et à mesure de l’évolution de la maladie,

d’autres troubles sont retrouvés tels que des dysphasies, des dyspraxies, des dysgnosies et de

la désorientation temporo-spatiale.

Au stade évolué, avancé ou phase démentielle, on retrouve des pertes de mémoire

biographique et épisodique importantes, avec l’oubli des faits anciens, et souvent une

prosopagnosie (non reconnaissance des visages). Il y a une atteinte des fonctions cognitives

plus prononcée et une modification de la personnalité, les personnes démentes ont une

mauvaise adaptation à leur environnement. En effet, la compréhension de l’environnement

devient perturbé ce qui engendre une grande hétérogénéité des comportements. Cette phase

peut se présenter sous trois formes : démences légères (besoin d’aide limitée), modérée (aide

constante mais limitée), et sévère (perte d’autonomie).

2.1.2.3 Manifestations des troubles

Les troubles cognitifs, et les manifestations psychologiques et comportementales ont un

retentissement significatif sur la participation des patients dans les activités de la vie

quotidienne, et sur leur entourage. Les difficultés se portent en premier lieu sur des activités

élaborées, puis sur des activités de la vie quotidienne et sur des gestes simples. C.BELIN,

A.ERGIS et O.MOREAUD dans «Actualités sur les démences: aspects cliniques et

neuropsychologiques » ont définis les aspects cliniques et les fonctions préservées ou perdues

dans la maladie d’Alzheimer. Je vais maintenant vous présenter ces différents troubles, et

leurs manifestations.

Les troubles cognitifs

Les troubles de la mémoire représentent une des symptomatologies la plus connue de la

maladie d’Alzheimer. Dans un premier temps, c’est la mémoire épisodique qui est touchée.

Page 16: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

11

Cela ce manifeste par des oublis des faits récents, des questions à répétition, des oublis d’actes

à effectuer. La mémoire de travail est également touchée. Plus la maladie progresse, plus la

personne a des troubles de mémoire impactant sa vie quotidienne et ses interactions avec son

entourage.

Les troubles du langage et de la communication se caractérisent, dès les premiers signes

cliniques et les symptômes de la démence, par la perturbation des habiletés de

communication. Ils suivent notamment les troubles de la mémoire et les modifications

comportementales. Dans un premier temps, ces troubles se manifestent par des manques du

mot, des intrusions et des circonlocutions (périphrases) dans le discours, et plus rarement des

paraphasies verbales6. Les habiletés discursives sont perturbées dès le début de la maladie. A

un stade plus avancé de la maladie, les paraphasies verbales sémantiques sont de plus en plus

fréquentes, le discours déstructuré, et il y a des persévérations dans le discours. Elles se

rendent compte de leur difficultés ce qui engendre de la frustration et de la fatigue. De plus, à

ce stade, ces difficultés sont accompagnées de troubles de la compréhension du langage oral

et écrit, ce qui engendre une situation de handicap dans la sphère sociale et occupationnelle.

Au stade de démence sévère, ces troubles sont caractérisés par des écholalies (répétition), des

palilalies7 ou du mutisme. Les principaux éléments de communication sont l’expression de

sentiments et d’émotions, notamment par le biais de la communication non verbale, voire de

comportements dits « inadaptés ».

Autrement, les troubles praxiques, les troubles de fonctions exécutives, les troubles gnosiques,

la désorientation temporo-spatiale, les troubles du jugement et de la logique, les changements

de personnalité et de caractère sont des troubles également présents dans la maladie

d'Alzheimer.

Modifications psychologiques et comportementales

Les modifications psychologiques et comportementales sont multiples dans la maladie

d’Alzheimer. Il y a des modifications des activités psychiques et relationnelles qui sont

principalement dues aux troubles cognitifs, entrainant des troubles de communication avec

l’entourage, une modification des capacités de la personne et perturbant la vie relationnelle du

6 Paraphasie : « Trouble de l'utilisation des mots, dans lequel les signifiants ou les signifiés sont employés de

façon incohérente. » Définition du CNRTL, [en ligne]. Disponible sur internet :

http://www.cnrtl.fr/definition/paraphasie (consulté le 15/05/2014) 7 Palilalie : « Trouble de l'utilisation des mots, dans lequel les signifiants ou les signifiés sont employés de façon

incohérente. » Définition du Larousse, [en ligne]. Disponible sur internet :

http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/palilalie/57416 (consulté le 15/05/2014)

Page 17: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

12

patient. Les modifications de l’identité personnelle sont également importantes à aborder, car

le déclin de ces fonctions entraîne souvent chez le patient une perte de l’estime de soi, un

vécu affectif douloureux, de l’agressivité et un rejet d’autrui (aidants et famille).

Suite à ces modifications, les manifestations engendrées sont multiples, et dépendent du stade

d’évolution de la maladie, et également de la personne. Les manifestations

psychoaffectives sont principalement caractérisées par de l’apathie, de l’anxiété et des

manifestations émotionnelles. Les manifestations psychotiques surviennent plus tardivement

dans l’évolution de la maladie, et sont caractérisées par des idées délirantes, des hallucinations

(visuelles surtout). Ces manifestations ont un rôle important dans la perte de l’identification

personnelle. Les troubles du comportement moteur (également appelé comportement moteur

aberrant) se manifestent par le biais de comportements stéréotypés, répétitifs (déambulation,

comportement de dépendance sociale), par de l’agitation et des comportements violents

(agressivité verbale et physique) lors d’opposition et d’imposition d’un acte souvent. Les

troubles du comportement sexuel sont caractérisés soient par de l’indifférence, soient par une

désinhibition et une familiarité avec l’entourage.

Après avoir développé les manifestations des troubles cognitifs et comportementaux

retrouvées chez les personnes atteints de la maladie d’Alzheimer, nous allons maintenant voir

ce qui a été mis en place en France afin de prendre en charge ces patients.

2.2 L’accompagnement institutionnel des personnes démentes

2.2.1 Plan Alzheimer 2008-2012

Le 1er

février 2008 a été lancé le plan Alzheimer 2008-2012 en France par le président de la

République. Celui-ci propose 44 mesures centrées sur la personne malade et sa famille, et a

pour objectif de développer plus la recherche, de favoriser un diagnostic plus précoce et de

mieux prendre en charge les malades et leurs aidants. Dans ce plan, on distingue alors 3 axes :

« améliorer la qualité de vie des malades et des aidants », « connaître pour agir » et « se

mobiliser pour un enjeu de santé publique ».

Voici ce qui est proposé dans la mesure 16 du plan Alzheimer pour les patients atteints de la

maladie d’Alzheimer avec des troubles psycho-comportementaux retentissant sur leur qualité

Page 18: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

13

de vie et celle de leurs aidants8 : « Pour les patients ayant des troubles très importants du

comportement, les structures renforcées seront développées, sous forme de petites unités

accueillant nuit et jour une douzaine de personnes, qui soient à la fois lieu d’hébergement et

lieu d’activité et répondant à tous les critères d’une unité de soins et d’activités adaptée. Ces

unités spécialisées doivent également être adaptées dans leur aménagement voire leur

architecture à la prise en charge des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. ».

L’Unité d'Hébergement Renforcée (UHR) 9

est un lieu de vie séquentiel pour personnes ayant

une démence, avec des troubles du comportement sévère. Ceux-ci, ainsi que leur

retentissement sont évalués par le biais du NPI-ES10

, et les troubles cognitifs sont évalués par

le MMSE11

(Mini Mental State Examination). Quant à l’évaluation de l’indépendance, elle

est réalisée par le biais de la grille AGGIR12

(Autonomie Gérontologique - Groupe Iso-

Ressources). Le projet de l’UHR favorise un accompagnement thérapeutique pour les

patients, des modalités de soins et d’accompagnement adaptées, un accompagnement

personnalisé de vie et de soin est prévu pour chaque patient. Le personnel soignant doit être

volontaire et formé spécifiquement aux techniques de soins et de communication adaptées

pour travailler avec ce public. L’environnement architectural et matériel est également adapté

à ce public, il doit être conçu de manière à favoriser le confort, le bien être, la stimulation et la

sécurité.

2.2.2 L’accompagnement des personnes atteintes de la maladie

d’Alzheimer

2.2.2.1 L’accompagnement au quotidien

Les recommandations faites par l’ANESM (Agence Nationale de l’Evaluation et de la Qualité

des établissements et services Sociaux et Médico-sociaux) (2009) spécifiques à

l’accompagnement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer sont valables quels que

8 Mesure 16 du Plan Alzheimer 2008-2012 : « Création ou identification, au sein des EHPAD, d’unités adaptées

pour les patients souffrant de troubles comportementaux ». [En ligne] Disponible sur Internet : http://www.plan-

alzheimer.gouv.fr/mesure-no16.html (consulté le 20/12/2013) 9 Direction générale de l’action sociale, 2009, « Cahier des charges relatif aux pasa et uhr pour une prise en

charge adaptee en ehpad et en usld des personnes atteintes de la maladie d’alzheimer ou d’une maladie

apparentee et presentant des troubles du comportement » [En ligne] Disponible sur Internet : www.plan-

alzheimer.gouv.fr/IMG/doc/annexe-8-3.doc (consulté le 01/02/2014) 10

Outils d’évaluation du retentissement des troubles du comportement au sein du service, tout professionnel peut

être évaluateur. [en ligne]. Disponible sur internet : http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/NPI-ES.pdf (consulté

le 20/12/2013) 11

Outil d’évaluation des fonctions cognitives. 12

Outils d’évaluation de l’autonomie des personnes âgées par l’observation des actes de la vie quotidienne.

Page 19: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

14

soit l’âge de la personne et le stade de la maladie. Ainsi, elles sont valables pour les unités

dédiées à la maladie d’Alzheimer, telles que le Pôle d’Activité et de Soins Adaptés (PASA) et

l’UHR.

Tous les établissements recevant des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer doivent

leur permettre d’avoir la meilleure qualité de vie possible. Chaque sujet doit être considéré

comme un sujet à part entière, et bénéficier du droit à la dignité. Ainsi, l’objectif principal du

projet personnalisé du patient est de maintenir la qualité de vie. Les rôles des établissements

médico-sociaux des patients atteints de la maladie d’Alzheimer dans l’accompagnement sont

multiples selon l’ANESM (2009, p.10) :

- « de préserver, maintenir et/ou restaurer l’autonomie de la personne, dans les

choix et actes de la vie quotidienne comme dans les décisions importantes à

prendre ;

- de mettre en place des mesures préventives et thérapeutiques des troubles

psychologiques et comportementaux ;

- d’assurer à chaque personne un accès à des soins de qualité, sans discrimination

liée à l’âge ou aux troubles cognitifs ;

- de soutenir les proches en fonction de leurs attentes, les aider à maintenir du lien

avec le malade et de leur proposer une participation active au projet

personnalisé. »

En lieu d’hébergement renforcé, les patients sont pour la plupart dépendants, et nécessitent

une surveillance et un guidage dans les activités de la vie quotidienne. Peu de patients sont en

capacités d’exprimer leurs besoins, et de prendre des décisions concernant leur prise en

charge et les soins. C’est pour cela que toute prise de décision par l’équipe et la famille doit

être guidée par des principes éthiques tels que le « principe d’humanité et de dignité,

principe de solidarité, principe d‘équité et de justice, et principe d’autonomie. » selon

l’ANESM (2009, p.9)

Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, comme nous l’avons vu précédemment,

ont une altération importante des fonctions cognitives, ce qui entraîne des retentissements

dans les activités quotidiennes. Au vue de ces troubles, le patient a des difficultés, voire une

incapacité à exprimer ses souffrances, ses attentes et ses besoins. C’est pour cela que ces

personnes vont s’exprimer par le biais de modifications comportementales souvent

inappropriées. L’accompagnement au quotidien de personnes atteintes de la maladie

Page 20: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

15

d’Alzheimer nécessite une attention et une vigilance constante aux troubles psycho-

comportementaux. Pour cela, il est nécessaire de construire un environnement adapté autour

du patient, que ce soit l’environnement matériel ou l’environnement humain. Il est important

que les soignants aient un comportement et des attitudes de communication adaptés au public

concerné. Une fiche a été créé par l’université de Nice, à l’initiative de la direction Générale

de la Santé, intitulée « savoir être et savoir-faire pour limiter les troubles du comportement

dans les moments forts de la journée »13

reprenant des conseils pour les aidants de personnes

atteintes de la maladie d’Alzheimer, afin d’améliorer leur accompagnement au quotidien.

2.2.2.2 Le projet de soins personnalisé

L’élaboration du projet personnalisé du patient doit être réalisée dans les 3 premiers mois

après son admission dans le service, ou 6 mois après maximum. Il doit être actualisé et

réévalué tous les 6 mois par l’ensemble de l’équipe lors de réunions prévues à cet effet.

Ainsi, pour la réalisation de ce projet personnalisé, l’expression et la participation du patient

est recherchée. Si celle-là n’est pas possible alors le contact avec la famille et leur implication

dans la prise en charge de leur proche sont d’autant plus importants. Deux volets doivent être

présents dans ce projet : la qualité de vie, et les soins. Un recueil d’informations doit être

réalisé incluant l’histoire de vie de la personne, ses antécédents, ses goûts, ses liens familiaux,

ses loisirs etc. Une évaluation gériatrique globale doit également avoir été réalisée incluant

plusieurs bilans normés et validés, réalisés par les différents professionnels intervenants

auprès du patient (médecins, ergothérapeute, infirmier psychiatre, aide-soignant, psychologue

etc.). Ainsi, en fonction de ces évaluations sera adaptée chaque pratique professionnelle, et le

projet de soins et la prise en charge seront précisés. Les différentes prises en charges seront

régulièrement réévaluées et la mise en œuvre du projet sera suivie de façon continue.

2.2.3 L’Humanitude, une philosophie de soin

L'Humanitude est une philosophie de soin au service des personnes âgées. Elle a été créée il y

a 30 ans, par Yves GINESTE et Rosette MARESCOTTI. Cette méthode propose une

approche différente des soins dispensés aux personnes âgées, le but étant la réhabilitation dans

leur dignité et l’amélioration des relations entre soignants et patients.

13

Annexe 3 : fiche « savoir être et savoir-faire pour limiter les troubles du comportement dans les moments forts

de la journée »

Page 21: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

16

Cette philosophie de soin définit les comportements d’agitation pathologique (CAP) comme

« une très vive opposition, verbale (cris, insultes…) et/ou physique (coups, morsures,

griffures…) au soin », comme le cite Yves GINESTE (2008, p42) dans « l’Humanitude dans

les soins ». Très souvent, ces comportements sont interprétés par l’entourage professionnel et

familial comme agressif. Mais bien souvent ce sont des réactions défensives face à des

situations qu’ils ne comprennent pas, qu’ils interprètent mal dus à des facultés d’autonomie

psychique diminuée. Souvent, le soignant ne respecte pas la volonté du soigné, et continue le

soin malgré le refus de celui-ci, pensant que c’est pour son bien, car « il ne sait pas ce qu’il

fait ». Ne serait-ce pas une sorte d’atteinte à la dignité de la personne, et d’atteinte au libre

choix et au droit au consentement des soins ? Pour éviter ces soins de force, et pour le respect

de l’autonomie et de la dignité de la personne, il faut alors prévenir ces CAP. Il faut cibler les

situations anxiogènes et favorisant les comportements perturbateurs afin de les éviter. Voici

une liste de certains éléments pouvant prévenir ces CAP : Respect du refus, du sommeil, du

ressenti et des rythmes individuels, des habitudes, et du non désir. Ces principes se retrouvent

souvent au cœur de la philosophie de soin à travers les réflexions sur le sens du soin, sur la

notion de personne, sur le travail sur le milieu de vie de la personne, et sur la méthodologie de

soin. La diminution des CAP peut être favorisée par un travail sur l’entrée en relation avec le

patient, sur la communication non verbale, sur la manière de toucher la personne, de la

regarder et de lui parler. Avec les personnes hypersensibles aux éléments relationnels et

sensoriels de l’environnement, l’utilisation de certaines techniques particulières est

essentielle. Le regard débute la relation, la parole la continue et le toucher la conclu. Une

évaluation a été réalisée au Québec et en Suisse sur le bienfait de ces méthodes. Il en est

ressorti que cette méthode permettait la diminution des CAP de 90%. Cette méthode est donc

favorable, mais il faut néanmoins que l’insertion dans cette démarche globale de réflexion sur

le soin soit cohérente avec l’organisation et les principes de l’établissement.

Ainsi cette philosophie de soin me semblait importante à aborder car elle apporte une vision

plus humaine des soins auprès des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Certains

principes sont intégrés aux pratiques des professions médicales et paramédicales aujourd’hui,

mais la maladie d’Alzheimer est une pathologie très complexe, et les manifestations très

diverses également. Souvent les soignants ne savent pas quelle attitude adopter face à certains

comportements « gênants et inappropriés ». Pour cela, chaque soignant travaillant auprès de

ce public doit être formés sur les techniques et les attitudes communicationnelles. Pour

l’activité que je vais aborder, tous ces principes doivent être respectés. La personne doit être

Page 22: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

17

prise en compte dans sa globalité, et si elle refuse le soin ou l’activité, alors l’arrêt du soin

s’impose, n’empêchant en rien de le réitérer plus tard. Les techniques d’entrée en relation et

les attitudes communicationnelles sont importantes afin de bien aborder cette activité avec le

patient, cela permet une meilleure implication de celui-ci, par la mise en confiance et la

création d’un cadre sécurisant.

2.3 Les stimulations multi sensorielles auprès de personnes démentes

Nous recevons en permanence des informations sensorielles, que notre corps interprète afin

d’y répondre de manière appropriés. Les informations sensorielles reçues nous permettent de

prendre conscience pleinement de notre corps. Pour cela, il faut être en capacité de recevoir

ces informations. Ce sont les expériences sensorielles que nous faisons qui nous permettent de

nous construire, d’élaborer notre schéma corporel.

Gilles LEHNHART (2001), dans sa thèse intitulée « Evaluation des effets de la stimulation

sensorielle par la méthode Snoezelen auprès des personnes âgées atteintes de démence »,

nous fait part de plusieurs études qui ont été réalisées sur la privation sensorielle entrainant

des manifestations psychiatriques importantes telles que de l’anxiété, des hallucinations, des

altérations des fonctions cognitives, de la dépression etc. Ainsi, les patients institutionnalisés

se retrouvent dans un lieu qui leur est inconnu, ou les stimulations sensorielles ne sont plus les

mêmes. C’est souvent lors de l’institutionnalisation des patients qu’on observe une majoration

ou une apparition de troubles ayant des retentissements importants sur la vie des patients et de

leur entourage. Ceci peut être alors dû à une privation de stimulations sensorielles, à une perte

totale de repère. Ainsi, Gilles LEHNART (2001, p93-94) met en avant l’importance des

stimulations sensorielles auprès des patients âgés déments, entrainant une amélioration de

l’humeur, une diminution du syndrome dépressif, une diminution de l’anxiété et d’autres

évolutions significatives.

2.3.1 Le concept Snoezelen

Le concept Snoezelen a été créé dans les années 70 par AD VERHEUL et J.HULSEGGE. Le

terme Snoezelen vient de Snueffelen (renifler, sentir) et de Doezelen (somnoler), on peut ainsi

le traduire par des notions telles que « exploration sensorielle », « détente » et « plaisir ».

Les séances Snoezelen peuvent être pratiquées auprès des personnes poly handicapées, des

personnes âgées, des personnes atteintes de maladies psychiques. La réalisation de ces

Page 23: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

18

séances par les soignants nécessite une formation. En effet, il est nécessaire de bien préparer

sa séance, d’avoir une attitude communicationnelle adaptée avec le patient, d’analyser

correctement la séance et de faire des transmissions aux autres professionnels.

« Une séance Snoezelen consiste à s’immerger à deux, soignant et patient, dans un « bain »

de stimulations sensorielles simultanées dans une ambiance de détente, de plaisir, en toute

sécurité, dans un endroit prévu à cet effet. » (BERBIGIER ESCHAUZIER L, 2012, p45). Les

5 sens peuvent alors être stimulés : le goût, l’odorat, l’ouïe, la vue et le toucher par le biais de

différents outils, tels que des colonnes à bulles, des jeux de lumières, des fibres optique, des

huiles aromatiques, de la musique etc.

Le concept Snoezelen propose 8 objectifs majeurs de travail par le biais de la stimulation

sensorielle : « La détente et la relaxation » ; « la communication et l’échange » ; « la

créativité » ; « le décodage en vue du projet personnalisé » ; « la diminution d’automatismes

de défense et d’anxiété » ; et enfin « l’atténuation des douleurs » (BERBIGIER

ESCHAUZIER L, 2012, p48).

La réalisation de séance Snoezelen auprès de patients atteints de la maladie d’Alzheimer

s’avérerait bénéfique pour le patient, et pour l’entourage. En effet, dans le cadre de sa thèse,

Gille LEHNHART (2001) a mené une étude, sur les effets de Snoezelen auprès des personnes

âgées atteintes de démence. Les hypothèses de travail de Gilles LEHNHART portait

sur l’intérêt de la méthode Snoezelen sur l’amélioration de l’humeur et des comportements à

court, moyen et long terme ; sur la diminution de l’administration de psychotropes auprès de

patients bénéficiant de ces séances ; et sur la réduction du stress de l’équipe soignante suite à

la réalisation de cette activité. Ainsi, son étude a permis de montrer que ces séances

favoriseraient la réduction des comportements stéréotypés tels que la déambulation,

stimulerait les comportements apathiques, et permettrait d’améliorer la communication avec

le personnel soignant. De plus, Snoezelen permettrait également une baisse significative des

comportements d’agitation ou d’agressivité entraînant ainsi une diminution de la prise de

médicaments. Gilles LEHNHART (2001, p177) conclut son étude en disant que « l'utilisation

plus répandue de la stimulation sensorielle dans la prise en charge de la personne âgée

(démente et non démente) est d'ores et déjà envisageable et souhaitable, si le souci premier de

notre société est de favoriser la qualité de vie et le respect de nos aînés. »

Page 24: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

19

2.3.2 L’activité bain thérapeutique

2.3.2.1 Définition

Le bain thérapeutique est une approche thérapeutique pouvant être abordée auprès de

personnes âgées, de patients atteints de la maladie d’Alzheimer, de jeunes enfants autistes,

dans le domaine de la psychiatre également, et en rééducation. C’est la réalisation d’un bain

dans une salle de bain aménagé avec une baignoire thérapeutique. La baignoire peut être

amovible, pouvant ainsi se mettre en différentes position pour favoriser la détente. Elle peut

également être munie de lumières, et de jets massant. Ainsi cette activité favorise un éveil des

sens grâce à l’utilisation de plusieurs stimulations sensorielles, et incite à la détente et au bien-

être. Actuellement, aucune étude n’a été réalisée sur l’intérêt d’une telle activité auprès de ce

public, et très peu d’écrits ont été réalisés définissant le cadre de cette activité et ses objectifs.

2.3.2.2 Population cible

Dans le cadre de mon mémoire, la population ciblée pour cette activité est un public atteint de

la maladie d’Alzheimer. Ainsi, j’ai ciblé mes recherches auprès de patients atteints de la

maladie d’Alzheimer au stade démentiel. Les patients présentent alors des troubles psycho-

comportementaux ayant un retentissement important sur l’entourage (patients, soignants, et

famille). Les manifestations de ces troubles peuvent être multiples : agitation, agressivité,

apathie, indifférence, dépression, inhibition etc. Ces troubles peuvent être accompagnés

d’autres troubles, tels que des troubles de la communication, ou bien des troubles praxiques.

Le thérapeute doit bien les repérer, et doit définir des objectifs adaptés à chaque patient avant

le début des séances.

2.3.2.3 Objectifs

Les objectifs de cette activité peuvent être multiples et doivent être adaptés et personnalisés

pour chaque patient. Mais l’objectif principal de cette activité est de favoriser la détente et

l’état de bien-être par le biais de stimulations sensorielles.

Voici une liste des objectifs pouvant être recherchés par le biais de cette activité :

- Diminuer l’anxiété

- Apaiser

- Favoriser l'acceptation des soins d’hygiène et de l’acte de toilette

Page 25: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

20

- Permettre le maintien ou le retour d’automatismes de toilette

- Favoriser la communication et l’échange

- Diminuer les automatismes de défense

- Permettre au patient de gérer ses émotions

- Favoriser la valorisation et l'amélioration de l’estime de soi

- Etc.

2.3.2.4 Principes

Plusieurs principes doivent être respectés afin que l’activité soit bénéfique, et ait un réel

intérêt.

Afin de donner des repères temporels aux patients, et de minimiser sa désorientation temporo

spatiale, l’activité doit être réalisée de manière régulière et systématique (exemple : 1h le

jeudi matin). Le thérapeute doit prévenir le patient de la séance auparavant (15/30 minutes).

La salle de bain thérapeutique doit être un espace unique, réservée à l’usage de cette activité

afin que le patient associe à cet endroit ce qu’il a vécu par le biais de cette activité, et qu’il

fasse ainsi appel à sa mémoire émotionnelle. Le déroulement de la séance doit être le même

d’une séance à une autre pour un patient donné. L’activité doit être ritualisée, et cette

ritualisation doit être transmise aux équipes afin d’assurer un suivi dans les prises en charge

du patient. Ceci permet de créer des repères pour le patient.

Si le patient est en refus face à l’activité, s’il émet des réactions négatives alors le thérapeute

doit aborder l’activité d’une autre manière, ou doit abandonner l’activité auprès du patient.

L’abandon complet de l’activité doit être décidé s’il y a eu un refus du patient au minimum à

2 reprises. Le thérapeute doit adopter une attitude de bienveillance envers le patient. Ce

dernier doit se sentir en sécurité. Le thérapeute doit créer un environnement rassurant et

contenant, afin que le patient puisse s’impliquer entièrement dans l’activité. Pour cela, le

thérapeute ne doit pas être en refus face au patient, ne doit pas le mettre en échec. L’attitude

adoptée par le thérapeute sera également adaptée, car chaque patient a des réactions et des

besoins différents.

Les stimulations sensorielles ne doivent pas être réalisées toutes en même temps, et doivent

être adaptées à chaque patient. Certaines stimulations n’auront aucun effet, et d’autres au

contraire, auront des effets bénéfiques sur le patient. Il est donc important de repérer ce qui est

bénéfique et favorise la diminution des troubles, ou ce qui induit des troubles du

Page 26: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

21

comportement chez le patient. Il faut être capable de se réajuster sans cesse en tant que

thérapeute, d’observer et d’analyser les modifications comportementales chez le patient. La

séance se déroulera différemment d’un patient à un autre. L’ergothérapeute doit personnaliser

l’activité en fonction des objectifs, des besoins, des troubles du patient. Il est préférable de

préparer auparavant la salle de bain avant l’arrivée du patient, puis également de prévenir le

patient de la séance afin qu’il soit dans de bonnes conditions et qu’il ne soit pas pris par

surprise. Chaque thérapeute et soignant agira de manière spécifique auprès du patient, et le

déroulé de la séance dépendra également du patient.

2.3.2.5 Matériel et stimulations sensorielles utilisées

L’activité bain thérapeutique doit se dérouler dans une salle de bain aménagée de manière

sécurisante, rassurante et attrayante. Le matériel utilisé va différer d’un patient à un autre,

d’une séance à une autre en fonction des stimulations recherchées par le thérapeute, et d’un

établissement à un autre. Dans un premier temps, la baignoire peut présenter plusieurs

particularités, tels que des jets massant, des jets lumineux. L’inclinaison et la montée

mécanique. L’ouverture latérale et la position assise sont des options préférables pour des

personnes âgées qui présentent des difficultés motrices et des troubles cognitifs. Cela facilite

et sécurise l’entrée, la sortie et la prise du bain.14

Au niveau de l’agencement de la salle de

bain, celle-ci ne doit pas être surchargée, et l’agencement doit faciliter la mobilité dans la salle

de bain. Un meuble de salle de bain (avec miroir) accompagné d’une chaise permet au patient

de s’asseoir pendant l’habillage, le séchage, et pour les soins du visage. Pour le petit matériel,

cela dépendra des stimulations recherchées par le thérapeute : supports pour huiles

essentielles, gel moussant, stickers pour décorer la salle de bain, lumières, poste radio, lecteur

CD etc.

Cette activité permet de solliciter plusieurs sens chez les patients :

- L’ouïe : la création d’un fond musical peut être facteur de détente. Le choix de la

musique sera influencé par l’histoire de vie du patient, ses goûts et ses loisirs.

- L’odorat : l’utilisation de parfums, d’huiles essentielles, de gels moussant odorants

propices au bien-être.

14

Exemple de baignoire thérapeutique : FRANCE REVAL, Matériel hospitalier (équipement balnéothérapie),

Fabrication et distribution de matériels pour personnes handicapées ou/et à mobilité réduites. Reval-le bien être

durable [en ligne], disponible sur internet : http://france-reval.fr/reval_produits_catalogue.php (consulté le 12

mai 2014)

Page 27: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

22

- Le toucher : dans un premier temps, le contact avec l’eau et la baignoire va favoriser la

détente chez le patient. La position de la baignoire favorise l’enveloppement du corps,

et la chaleur de l’eau permet de créer un relâchement musculaire et une détente

globale. Le thérapeute doit adopter une attitude de bienveillance, il doit être doux dans

ses gestes. Il peut être amené à accompagner le patient dans ses gestes si celui-ci n’est

pas en capacité de réaliser tous les actes seuls, ou bien les réaliser à sa place. Des

massages corporels peuvent également être réalisés.

- La vue : les stimulations visuelles ont un rôle important, car ce sont les premières à

intervenir. Elles vont permettre au patient, à son entrée dans la pièce, de se détendre et

de se sentir en sécurité. Les stimulations visuelles peuvent être multiples : lumière

douce, miroirs, stickers, jets de lumière dans le bain, gel moussant etc.

2.4 L’ergothérapie

2.4.1 L’ergothérapie en psycho-gériatrie

En gériatrie, l’ergothérapeute a un mode d’intervention spécifique, et agit sur la santé d’un

individu fragile. Plusieurs objectifs du rôle de l’ergothérapeute auprès du public âgé peuvent

être mis en avant selon Éric TROUVE (2008) dans « Ergothérapie en gériatrie : approches

cliniques » :

- Favoriser de nouveaux apprentissages chez les personnes souffrant de troubles

cognitifs,

- Identifier et agir sur les obstacles limitant l’indépendance,

- Améliorer la capacité de la personne à agir dans son environnement.

Le travail auprès de personnes âgées nécessite des connaissances ciblées sur les pathologies

du sujet âgé, sur les outils d’intervention spécifiques à ce domaine, sur les capacités restantes

et sur le potentiel psychologique du sujet âgé. Des attitudes spécifiques de communication

doivent être adoptées auprès de ce public, notamment auprès de personnes ayant des troubles

cognitifs et psychologiques importants. Les actions proposées par l’ergothérapeute doivent

permettre de montrer à la personne qu’elle est encore capable de faire, et de lui faire prendre

conscience de ses limites. L’ergothérapeute doit impliquer au mieux la famille, l’entourage du

patient à sa prise en charge.

Page 28: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

23

Auprès de personnes ayant une démence à un stade avancé de la maladie, l’ergothérapeute va

agir par le biais de l’activité. Celle-ci ne vise pas la récupération fonctionnelle ou cognitive, ni

la compensation de capacités perdues car l’acquisition de nouveaux apprentissages n’est plus

possible. Il est donc important de se baser sur les capacités restantes, et de les maintenir le

plus longtemps possible. L’activité doit être réalisée dans un lieu adapté, dans un

environnement stimulant pour les patients mais ne doit pas les mettre en échec. Il est donc

nécessaire que l’ergothérapeute adapte l’activité en fonction des capacités et des ressources

des personnes, et sollicite la mémoire procédurale (connaissance des procédures, savoir-faire)

qui est celle qui perdure le plus longtemps dans la maladie. L'ergothérapeute doit créer un

cadre thérapeutique qui doit être rassurant, contenant afin que les patients participant à

l'activité se sentent en sécurité et s'impliquent au mieux dans l'activité.

Selon Marie-Chantal MOREL-BRACQ (2009), un modèle conceptuel est une représentation

mentale d’un processus, intégrant des théories, des idées philosophiques, des études

épistémologique et les pratiques professionnelles. En ergothérapie, un modèle permet d’avoir

un cadre d’intervention structuré avec des outils d’évaluation pertinents et des résultats

significatifs, afin de favoriser une démarche de qualité. Selon moi, le modèle conceptuel se

rapprochant le plus de la pratique de l’ergothérapeute auprès de patients atteints de la maladie

d’Alzheimer est le modèle cognitif. Ce modèle est utilisé dans plusieurs contextes : le

contexte physique, intellectuel et psychologique. Les deux derniers contextes concernent la

maladie d’Alzheimer, car les difficultés rencontrées par ces patients sont dues à une atteinte

dégénérative. De plus, les patients atteints de la maladie d’Alzheimer ont une mauvaise

interprétation de leur environnement. Ceci est dû à des déficits cognitifs induisant des troubles

de la compréhension qui entraînent des troubles tels que de l’anxiété, des difficultés

d’interaction sociale, de l’agitation etc.

Auprès de patients atteints de la maladie d’Alzheimer au stade avancé, l’apprentissage de

nouvelles acquisitions n’est plus possible, l’ergothérapeute va alors stimuler les capacités

restantes afin de les maintenir, trouver des moyens de compensations aux déficits cognitifs et

adapter au mieux l’environnement de la personne. Le thérapeute va identifier les problèmes

rencontrés par le patient, par le biais d’évaluations écrites et écologiques, puis va assister le

patient pour permettre le maintien de ses capacités, et la compensation des déficits.

Page 29: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

24

2.4.2 L’ergothérapeute dans l’activité bain thérapeutique et le travail

interdisciplinaire

Comme nous l’avons vu précédemment, l’ergothérapeute en gériatrie utilise beaucoup

l’activité comme moyen, afin d’atteindre des objectifs divers. Cette activité doit être réfléchie

auparavant par le thérapeute, et doit être significative pour le patient.

L’ergothérapeute intervient auprès de personnes en situation de handicap par une approche

globale, un abord transdisciplinaire du handicap. Le patient est pris en compte dans sa

globalité, toutes les situations de handicap sont repérées, ainsi que les capacités restantes et

les fonctions préservées. Dans le cadre de l’activité bain thérapeutique, mais aussi pour les

autres activités, l’ergothérapeute doit bien connaître le patient, ses réactions. Il doit

notamment reconnaître les éléments déclenchant des perturbations du comportement tels que

de l’agression, ou de l’agitation, afin de ne pas les retranscrire dans l’activité réalisée. Cette

activité peut être proposée à des patients ayant des troubles du comportement productifs tels

que de l’agressivité, de la déambulation, ou bien des troubles non productifs tels que de

l’apathie, de l’indifférence, ou un syndrome dépressif. La proposition de l’activité et des

objectifs de l’activité se fera lors de réunions pluridisciplinaires. Ces réunions sont mises en

place afin d’assurer un suivi dans la prise en charge, une adaptation et une évolution constante

de celle-ci.

Ainsi, avant de débuter l’activité, le thérapeute doit avoir pris contact avec le patient et avec

l’équipe le prenant en charge. Les objectifs de l’activité seront définis à l’avance et le choix

de cette activité devra être cohérent avec les objectifs prédéfinis. Après la mise en place de

ces séances, l’ergothérapeute est en mesure de faire une analyse de l’activité afin d’observer

et de mettre en avant l’évolution du patient au fur et à mesure des séances, et le thérapeute

doit adapter et faire évoluer sa pratique et son attitude en fonction de ces résultats. Ceci fait

partie des compétences de l’ergothérapeute15

: « Evaluer une situation et élaborer un

diagnostic ergothérapique. », « Mettre en œuvre des activités de soins, de rééducation, de

réadaptation, de réinsertion et de réhabilitation psycho-sociale en ergothérapie. »,

« Conduire une relation dans un contexte d’intervention en ergothérapie. »

15

Arrêté du 5 juillet 2010 relatif au diplôme d’Etat d’ergothérapeute. [en ligne]. Journal officiel du 8 Juillet

2010 Disponible sur Internet :

<http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000022447668&dateTexte=&categorieLie

n=id> (consulté le 24 Mars 2014)

Page 30: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

25

L’ergothérapeute doit mettre en place un cadre thérapeutique afin de s’assurer du bon

déroulement de la séance, et de l’implication du patient. Ce cadre thérapeutique va être défini

par un environnement adapté (la salle de bain doit être adaptée de manière à stimuler les sens)

et par un cadre sécurisant, qui sera le garant de la relation entre le patient et le thérapeute. La

mise en place de repère temporo-spatiaux facilite la compréhension du patient.

Une fois que l'ergothérapeute a ritualisé l'activité auprès du patient, a défini les stimulations

bénéfiques pour celui-ci, un déroulement type d'une séance, l'activité peut être reprise par un

soignant. Cette passation d'activité peut permettre à un autre patient de bénéficier de cette

activité avec l'ergothérapeute, et aux soignants d'avoir un moment de soin privilégié avec le

patient, et également de voir le patient dans une activité favorisant l’atténuation de ses

troubles.

Le travail en équipe est alors un travail interdisciplinaire. Jean Michel CAIRE (2008, p53)

défini ce travail comme « centré sur la collaboration entre professionnels de champs proches,

permettant ainsi de dépasser la technique, mais reste déterminé par la pathologie ou par ce

que nous appelons le « cœur » d’une profession. ». Un projet est construit avec les

professionnels travaillant auprès des patients, tout en prenant en compte le projet du patient,

de la famille, ainsi que son histoire de vie, ses gouts, ses attentes, ses antécédents etc. Chaque

professionnel va apporter sa vision, ses compétences et doit accepter l’opinion de l’autre

professionnel qui apporte un autre regard sur la prise en charge. Le travail interdisciplinaire

peut être observé lors de la décision d’utilisation de cette activité auprès d’un patient, et lors

du passage de relais aux autres soignants par le thérapeute.

L’aide-soignant est un professionnel de santé, sa pratique professionnelle est basée sur 8

compétences décrites dans l’arrêté du 22 octobre 200516

. Au vu de ses compétences

professionnelles, l’aide-soignant peut être amené à pratiquer l’activité bain thérapeutique

auprès de patient atteints de la maladie d’Alzheimer en service spécialisé, une fois qu’un

thérapeute aura fixé les objectifs et ritualisé la séance avec un patient donné. En effet, l’aide-

soignant sera en capacité de suivre le déroulement de la séance transmis par l’ergothérapeute,

sera amené à mener à bien la séance, aura une communication adaptée auprès du patient et

sera également en capacité de transmettre des informations précises sur les bénéfices et les

résultats de l’activité concernant un patient donné.

16

C.THOMAS. « le cœur de métier aide-soignant », Soins aides-soignantes, janvier/février 2014, N°56, P31-32

Page 31: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

26

L’assistant de soin en gérontologie (ASG) est un professionnel ayant une formation d’aide-

soignant ou d’aide médico-psychologique, qui a suivi une formation afin d’obtenir ce statut

d’ASG. Ce professionnel intervient auprès de personne âgée en situation de grande

dépendance, et des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, afin de les aider, de les

soutenir ainsi que leurs aidants familiaux. L’ASG est formé pour agir auprès de ce public en

prenant en compte les besoins du patient, ainsi que son degré d’autonomie. Ainsi, ce

professionnel est tout à fait capable de réaliser également l’activité bain thérapeutique auprès

de personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, après la mise en place par l’ergothérapeute

des objectifs et du déroulement de la séance.

La réalisation de cette activité est distincte d’un établissement à un autre. L’activité n’est pas

spécifiquement réservée aux ergothérapeutes, elle peut être réalisée par d’autres

professionnels ayant des compétences différentes mais complémentaires, ou bien elle peut

être réalisée en lien avec d’autres professionnels. Ainsi, le travail en équipe est très important

auprès de ce public, ceci améliore le suivi et l’accompagnement au quotidien des patients, et

facilite leur adaptation à leur environnement. Et ce travail interdisciplinaire ce retrouve

également dans l’activité bain thérapeutique, tout d’abord par la réflexion commune sur la

mise en place de l’activité auprès d’un patient, par le choix des objectifs et par la réalisation

du bain.

Page 32: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

27

3 METHODOLOGIE DE RECHERCHE

3.1 Population et établissement ciblés

Au vu du sujet de mémoire, et des recherches préalables, le choix d’utiliser 2 outils de

recherche s’est avéré pertinent afin que les résultats soient le plus complet possible, d’un point

de vue quantitatif et qualitatif. Ainsi, nous utiliserons le questionnaire et l’entretien. Les

critères de choix permettant de cibler les établissements et les populations interrogés sont les

suivants :

Critères d’inclusion :

- Services d’hébergement fermés pour patients atteints de la maladie d’Alzheimer à un

stade avancé. Les patients présentent des troubles psycho-comportementaux sévères

qui altèrent leur sécurité et leur qualité de vie ainsi que celles des autres résidents.

- L’entretien se fera auprès de thérapeutes (ergothérapeutes de préférence) réalisant (ou

ayant réalisé) l’activité bain thérapeutique auprès de ce public dans un service

d’hébergement spécialisé.

- L’entretien se réalisera principalement au sein de services ayant une équipe

pluridisciplinaire, où l’activité bain thérapeutique est conçue en équipe.

3.2 Choix des outils/supports

Il a été choisi comme outil de recherche le questionnaire, afin d’obtenir des résultats

quantitatifs. L'enquête par questionnaire est un outil d’observation qui permet de quantifier et

de comparer les informations. Ces informations seront collectées auprès d’un échantillon

représentatif de la population visée par l’évaluation. Ce questionnaire permettrait de mettre en

avant la fréquence d’utilisation de l’activité bain thérapeutique auprès des personnes atteintes

de la maladie d’Alzheimer à un stade avancé, dans les services spécialisés accueillant ce

public, et de cibler les établissements où la réalisation des entretiens serait possible.

La rédaction d'un questionnaire peut être précédée d'une série d'entretiens non ou semi-

directifs qui permettent de préciser l'information à recueillir. Ces entretiens permettront, en

complétant les informations fournies, d’affirmer les hypothèses de travail, ou bien de les

réfuter, et ainsi de définir le cadre et l’intérêt de cette activité par l’ergothérapeute dans la

prise en charge des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer au stade sévère.

Page 33: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

28

3.3 Elaboration et passation des outils

Le questionnaire

Dans ce questionnaire, il y aura des questions fermées qui permettront d’obtenir des

renseignements concrets, pour connaître l’organisation du service de soins. Nous utiliserons

également des questions à choix multiples, ainsi que des questions ouvertes pour laisser libre

réponse à la personne interrogée, et pour compléter les questions fermées. Au total, il y a 19

questions : quelques questions générales pour avoir des renseignements plus spécifiques sur le

service, et ensuite des questions portant sur l’utilisation de l’activité bain thérapeutique au

sein du service. Les questionnaires ont été envoyés à 60 services spécialisés dans la prise en

charge de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Ces questionnaires ont permis de

cibler les établissements acceptant la réalisation d’entretiens au sein de leur service, ainsi que

les services possédant une salle de bain thérapeutique, utilisée par un ergothérapeute et/ou

d’autres soignants.

L’entretien

Le choix a été fait de réaliser des entretiens semi directifs, c’est-à-dire avec un guide

d’entretien, mais ou la personne interrogée peut s’exprimer librement, au-delà des questions.

Cela permet de s’attarder sur un ou plusieurs thèmes et points clés. De plus, l’entretien semi

directif permet l’approfondissement des réponses par un retour sur celles-ci. L’entretien se

déroulera autour de 3 thèmes. Des questions porteront dans un premier temps sur

l’organisation du service et des prises en charge, et sur le rôle du thérapeute interrogé au sein

du service. Le travail en équipe au sein du service sera abordé par la suite. Ceci permettra de

mettre en avant l’importance ou non du travail interdisciplinaire auprès du public Alzheimer,

favorisant une amélioration ou non de l’accompagnement au quotidien des patients. Puis le

bain thérapeutique sera abordé de manière spécifique. L’objectif étant de définir le cadre de

l’activité, son déroulement, ses principes. Enfin, l’intérêt de la réalisation de l’activité bain

thérapeutique auprès de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer au stade évolué sera

abordé, ainsi que l’intérêt de la collaboration entre professionnels en lien avec cette activité.

Suite à la distribution du questionnaire, j’ai contacté une psychomotricienne et 3

ergothérapeutes réalisant cette activité auprès du public Alzheimer pour les entretiens. Nous

les analyserons dans la partie suivante.

Page 34: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

29

4 RECUEIL ET ANALYSE DES DONNEES

4.1 Questionnaire

4.1.1 Présentation des échantillons

Services interrogés Personnes interrogées

- UHR 50%

- Autres 43% : accueil de jour, PASA,

EHPAD

- Hébergement temporaire 7%

- Ergothérapeute 50%

- Autres 43% : IDE, psychologue,

cadre supérieur de santé,

psychomotricien, médecin

coordonnateur

- Cadre de santé 7%

En moyenne, le nombre de résidents accueillis au sein de ces services est de 15. 85% des

services ayant répondu au questionnaire possèdent un poste d’ergothérapie, très peu à temps

plein.

Modalités d’intervention

de l’ergothérapeute

Prise en charge collective par le bais d’activités thérapeutiques

83%

Prise en charge individuelle par le bais d’activités

thérapeutiques 75%

Elaboration d'un plan individualisé d'accompagnement et de

réadaptation 58%

Evaluation des situations de handicap et de dépendance liées

aux troubles cognitifs et du comportement 58%

Préconisation d’aides techniques et positionnement 75%

Formation auprès d’autres professionnels 50%

Missions organisationnelles dans le service 16%

Autres 16%

Ainsi, les modalités d’intervention les plus fréquentes de l’ergothérapeute au sein des services

possédant un poste d’ergothérapeute sont : les activités thérapeutiques, l’évaluation des

Page 35: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

30

situations de handicap et de dépendance, l’élaboration d’un plan individualisé, le

positionnement et l’aménagement de l’environnement.

Troubles présentés par les patients Déambulation 85%

Anxiété 85%

Agitation 78%

Agressivité verbale et physique 64%

Syndrome dépressif 50%

Apathie 42%

Troubles de la communication 35%

Les services interrogés reçoivent des patients ayant des troubles psycho-comportementaux

importants. Les outils d’évaluation utilisés majoritairement par les professionnels dans ces

services sont principalement le NPI (évaluation des troubles du comportement et de leurs

retentissements) et la grille AGGIR (évaluation de l’autonomie dans le quotidien).

4.1.2 Utilisation de l’activité bain thérapeutique

La présence d’une salle de bain thérapeutique et l’utilisation de cette activité au sein de ces

services est effective à 50%, et 70% de ces services sont des UHR. Les bains thérapeutiques

sont utilisés alors en moyenne 2 à 3 fois par semaine.

Professionnels utilisant la salle de bain thérapeutique Aides-soignants 70%

Ergothérapeutes 57%

Psychomotriciens 57%

Infirmiers 28%

Autres 28% (AMP,

psychologue)

Ainsi, les soignants utilisant la salle de bain thérapeutique exercent essentiellement 3

professions : aides-soignants, ergothérapeutes, et psychomotriciens. Dans un des services qui

possède un poste d’ergothérapie, l’activité bain thérapeutique n’est pas réalisée par

l’ergothérapeute.

Page 36: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

31

Le relais entre les thérapeutes et les autres soignants se fait dans 45% des cas lorsque

l’activité bain thérapeutique est réalisée dans le service. Pour les ¾ des services possédant des

salles de bain thérapeutiques, des objectifs sont prédéfinis pour chaque patient avant la

réalisation des séances d’activité bain thérapeutique.

4.1.3 Interprétation

Ce questionnaire nous a permis d’obtenir des résultats quantitatifs sur l’utilisation de l’activité

bain thérapeutique auprès de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer au stade évolué.

Je peux constater que cette activité est encore peu utilisée auprès de ce public car la moitié des

services ayant répondu au questionnaire n’est pas équipé d’une salle de bain thérapeutique et

donc ne réalise pas cette activité. Ceci peut être dû à un manque de moyens humains et

matériels. En effet, il faut être équipé d’une baignoire et d’autres matériels spécifiques, ce qui

représente un certain coût pour les services. De plus, la réalisation de cette activité va

également dépendre du nombre de professionnels travaillant dans le service, et du temps

qu’ils ont pour réaliser l’activité. Dans la partie théorique, nous avons pu constater que les

UHR sont apparues à partir de 2008, et beaucoup de services spécialisés dans l’accueil de ce

public sont récents et la priorité n’est donc pas l’installation d’une baignoire thérapeutique

dans le service. De plus, cette activité est peu connue, et aucune étude n’a été réalisée sur

l’intérêt et le bénéfice de cette activité auprès de ce public. Les ergothérapeutes ne sont pas

formés spécifiquement à cette activité. Néanmoins, les stimulations sensorielles sont souvent

utilisées auprès de ces patients, et des études ont permis de montrer son bénéfice (Snoezelen).

Les professionnels réalisant cette activité sont majoritairement des aides-soignants. Lorsqu’il

y a présence d’un ergothérapeute dans le service, et qu’une salle de bain thérapeutique est à

disposition dans le service, nous avons pu voir que, dans 85% des cas, l’ergothérapeute réalise

l’activité. Dans beaucoup de services, plusieurs professionnels sont amenés à utiliser la salle

de bain. L’activité n’est pas réservée spécifiquement à un professionnel.

Pour les services qui accueillent ce public et qui réalisent l’activité, les objectifs sont définis

auparavant. Ceci peut signifier que cette activité est considérée comme une activité à part

entière, qui a des objectifs ciblés auprès de ce public. Par le biais de ce questionnaire, l’intérêt

est également de voir si l’activité est débutée par un thérapeute, qui ritualisera la séance avec

un patient donné, pour ensuite passer le relais aux soignants. A cette question, nous l’avons vu

précédemment, la moitié a répondu oui. L’analyse des entretiens réalisés auprès de

thérapeutes nous permettront de répondre plus précisément à cette question.

Page 37: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

32

La diffusion de ces questionnaires nous a également permis de cibler les instituts ou je

pouvais réaliser les entretiens en vue de mon étude. En effet, trois des entretiens que j’ai

réalisés ont été passés auprès de deux ergothérapeutes et d’une psychomotricienne ayant

répondu au questionnaire.

Après avoir analysé et interprété les données fournis par le questionnaire, nous allons

compléter les informations recueillies par le biais de 4 témoignages de thérapeutes réalisant

(ou ayant réalisé) l’activité bain thérapeutique auprès du public Alzheimer.

4.2 Entretiens

Afin de faciliter l’analyse des données et leur interprétation, les questions de l’entretien17

ont

été regroupées en trois grands thèmes. Dans un premier temps, nous ferons une présentation

des thérapeutes et de leur rôle au sein du service, ainsi que de l’organisation de l’équipe

pluridisciplinaire. Ensuite, nous aborderons plus précisément l’activité bain thérapeutique, son

cadre et ses principes. Puis enfin, nous analyserons les témoignages nous permettant de

définir l’intérêt d’une telle activité auprès de ce public.

4.2.1 Renseignements généraux sur les thérapeutes interrogés et le

fonctionnement des services

Présentation des professionnels :

Entretien 1 Entretien 2 Entretien 3 Entretien 4

Noms Ergo 1 Ergo 2 Ergo 3 Psychomotricienne

Professions Ergothérapeute Ergothérapeute Ergothérapeute Psychomotricienne

Type de service UHR Unité protégée Service fermé et

EHPAD

UHR, UCC

Ancienneté

pratique

professionnelle

5 ans 5 ans 15 ans 1 an

Ancienneté

dans le service

6 mois 2 ans De 2000 à 2009 1 an

17

Annexe 5 : Grille d’entretien

Page 38: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

33

Tous les professionnels interrogés sont de jeunes professionnels, diplômés depuis quelques

années. En effet, 3 des thérapeutes ont moins de 5 ans d’expérience professionnelle, et Ergo 3

a travaillée dans un service fermé 1 an après l’obtention de son diplôme. Ainsi, de plus en

plus de jeunes diplômés sont amenés à travailler auprès du public âgé. Cela illustre bien le fait

que l’ergothérapie est un métier qui se développe dans le domaine de la gériatrie, qui est une

discipline récente, et plus précisément en psycho-gériatrie. On peut expliquer cela par la

récente évolution des services spécialisés Alzheimer et la meilleure connaissance du métier

d’ergothérapeute. Nous pourrions peut être même étendre cette évolution des postes en

gériatrie aux rééducateurs en général, incluant le métier de psychomotricien.

Rôle et activités pratiquées auprès du public Alzheimer au stade évolué :

Les ergothérapeutes interviewés considèrent dans un premier temps que leur rôle auprès de

personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer est de maintenir leur autonomie dans la vie

quotidienne. Les moyens employés pour cela sont divers, ceci dépend de l’organisation du

service, de l’implication du thérapeute au sein du service, des moyens qui sont mis à

disposition du thérapeute et également de la pratique elle-même du thérapeute. Ergo 1 réalise

« des évaluations à la toilette pour donner les conseils ensuite à l’équipe, pour que les

patients puissent garder leur indépendance. On met en place des activités a visées cognitives,

manuelles, sociales ». Il intervient dans le service au niveau de l’installation et du

positionnement des patients, et met en place des activités dont les objectifs sont précisés. Ergo

2 précise que la prise en charge auprès du patient est personnalisée et adaptée à ses besoins,

elle met en place des outils personnalisés avec la collaboration des autres soignants. « Je

travaille avec l’équipe, j’essaye de mettre en place des outils propres à chaque résident ».

Ergo 3 insiste surtout sur « le positionnement au lit et au fauteuil ». Elle considère qu’elle

était principalement « dans une démarche de confort », et que l’objectif n’était pas à

proprement dit l’autonomie du patient. Elle intervenait auprès des soignants également au

moment du repas et de la toilette, dans un but de « maintien des acquis », afin que les

soignants soient également sensibilisés à cet objectif.

Ainsi, l’ergothérapeute va intervenir auprès de ce public par le biais de différents moyens,

dans le but de favoriser l’autonomie du patient dans son environnement, et de minimiser les

retentissements des troubles psycho-comportementaux dans la vie quotidienne.

Dans la lettre de l’Observatoire rédigée par la fondation Méderic Alzheimer (2011, p6), le

rôle du psychomotricien auprès de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer à un stade

Page 39: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

34

avancé est défini ainsi : « l’action du psychomotricien a pour but d’aider le patient à rompre

l’isolement ou le repli, par le bien-être apporté et le rétablissement ou l’entretien d’une

communication infra-verbale ». La psychomotricienne interrogée dit intervenir « dans le

cadre de la présence de syndrome post chute, et surtout aussi pour les aider à mieux réguler

les troubles psycho-comportementaux. »

Il semblait intéressant d’interroger ces deux professionnels, qui peuvent avoir des objectifs

similaires mais qui ne les atteignent pas de la même manière. En effet, l’ergothérapeute va

principalement intervenir sur l’environnement du patient, sur son entourage et par le biais

d’activités, il ne va pas agir directement sur le corps du patient. L’ergothérapeute considère

l’activité comme valorisante, signifiante et essentielle pour l’Homme. Le psychomotricien

agit sur le corps du patient, va faire des touchers contenants, des mouvements passifs et autres

(cf partie « l’activité bain thérapeutique »). La psychomotricienne dit « On fait un groupe

motricité avec mes collègues […]. Ensuite, moi, je pratique des séances sur les bases de la

réflexologie plantaire et ensuite on a à notre disposition une salle bien être ». Il semblait donc

pertinent d’interroger 2 thérapeutes venant de formations différentes, et réalisant cette activité

auprès du public Alzheimer. Nous le verrons plus tard, vis-à-vis de l’activité bain

thérapeutique, nous retrouvons beaucoup de similitude entre ces 2 pratiques.

Relations professionnelles

Dans ces entretiens, l’intérêt de la collaboration des membres de l’équipe, et l’importance du

travail en équipe a été mis en avant. Ainsi, tous les thérapeutes interrogés réalisent des

activités en lien avec d’autres professionnels. Ceci permet aux professionnels de mettre en

commun leurs compétences dans le but d’accompagner au mieux le patient. La

psychomotricienne dit « On se coordonne ensemble pour que nos champs de compétences se

complètent. »

Ensuite, chaque personne interrogée m’a fait part de l’importance de la communication et de

la bonne entente avec les soignants qui sont au plus proche des patients, tels que les aides-

soignants et les infirmiers. Ergo 1 confie que « la communication avec les autres soignants est

très importante. ». En effet, ces soignants sont quotidiennement avec les patients, et leurs

regards et leurs réflexions sont très importants pour les thérapeutes, cela va les aider à mieux

comprendre le patient et à adapter leur accompagnement en fonction de ces observations.

Ergo 2 dit « C’est leur regard au quotidien qui me permet de mettre en place des actions et

des outils. C’est un échange, ils m’apportent des choses et moi je leur apporte aussi des

Page 40: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

35

solutions, ça va dans les deux sens. ». La psychomotricienne m’a confié qu’à son arrivée dans

l’établissement, elle a passé plusieurs jours avec les autres soignants pour comprendre leur

métier et connaître leurs champs de compétences. Elle leur a expliqué quel était son rôle, et ce

qu’elle pouvait leur apporter et vice versa. Ergo 3 a également réalisé cette démarche car elle

était sur une création de poste. Elle a dû ainsi « passer par un temps d’observation et

d’adaptation, puis après progressivement tu créé le besoin ». Ainsi, au sein de son service, ce

sont les aides-soignants qui venaient vers elles lorsqu’il y avait des besoins, selon Ergo 3 « ça

permet aussi d’améliorer les échanges, et que l’aide-soignant soit aussi responsable ».

Ainsi, on peut observer que chaque thérapeute donne une place importante au travail

interdisciplinaire, et considère que son travail ne serait pas complet et pertinent sans cette

collaboration quotidienne avec les membres de l’équipe.

4.2.2 L’activité bain thérapeutique : cadre, principes et déroulement

Distinction entre l’activité bain thérapeutique et l’acte de toilette

Cette question permettait de savoir si les thérapeutes interrogés considéraient l’activité bain

thérapeutique comme une activité à part entière, ou bien si elle était en lien avec l’acte de

toilette : les avis sur la question divergent. En effet, Ergo 1 dit qu’il réalise l’activité bain

« une fois par semaine pour le côté relaxation et en même temps douche ». L’activité bain

thérapeutique a plusieurs objectifs, dont la détente, l’apaisement et le bien-être, mais

l’acceptation de la toilette et l’acte en soi en fait partie. Il réalise cette activité auprès d’une

seule patiente pour le moment, et n’avait jamais réalisé cette activité auparavant. Les autres

thérapeutes interrogés ont un avis différent. Selon Ergo 2 et Psychomotricienne, l’activité bain

thérapeutique ne doit pas être considérée comme un acte de toilette, mais doit être défini

comme une activité à part entière. Ergo 1 me confie « on a écrit un protocole d’utilisation de

la baignoire avec les objectifs d’un bain confort, pour vraiment dissocier l’activité bain de

l’activité toilette. ». La psychomotricienne considère que la dissociation entre l’acte de toilette

et l’activité bain est très importante et qu’elle est comprise autant par les patients que par les

soignants : «Ils [les patients] considèrent ça comme une activité à part entière parce que cela

n’a rien à voir avec la toilette, le cadre n’est pas le même. Et puis je suis une personne

extérieure, […] Et en plus, on sort du service, la salle de bain que j’utilise est au premier

étage […]. » En effet, l’activité toilette peut facilement être source d’angoisse pour des

patients déments. Le fait que ce soit une activité à part entière, avec des professionnels

différents, dans un cadre différent apaise les patients et les rend plus impliqués dans l’activité.

Page 41: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

36

Ergo 3 a un avis partagé sur la question car les aides-soignantes venaient principalement vers

elle lorsque le temps de toilette s’avérait difficile, afin de faire des essais pour définir si le

moment du bain était moins angoissant. Mais d’un autre côté, lorsqu’elle réalisait cette

activité, elle ne la considérait pas comme une toilette, mais comme un moment privilégié avec

le patient lui permettant de s’apaiser et de se détendre. Je cite « C’était vraiment un temps de

bien être, un temps en dehors vraiment du circuit de soin. ». Mais l’acceptation de la toilette

pouvait être un objectif.

Ainsi, l’activité bain thérapeutique peut être distinguée de l’acte de toilette, mais la toilette en

soi peut éventuellement être un objectif secondaire pour le thérapeute.

Choix d’utilisation de l’activité auprès d’un patient

Pour chacune des personnes interrogées, la décision d’utiliser l’activité bain thérapeutique

auprès de tel ou tel patient est prise en équipe. « Chacun peut proposer et la réflexion est

commune. » dit Ergo 2. Ergo 3 précise : « lors des transmissions, des réunions de synthèse. ».

Souvent, cette décision est prise durant un temps de transmission ou de réunion quotidienne.

L’activité peut être proposée aussi bien par les soignants que par les thérapeutes, et chacun

donne son opinion. Ergo 3 dit que les Aides-Soignants (AS) ou bien les Aides Médico

Psychologiques (AMP) pouvait être amenés à proposer l’activité, ou bien qu’elle-même en

faisant connaissance avec la personne, pouvait proposer le bain. Ceci montre que chaque

professionnel a son mot à dire dans la prise en charge du patient dément, et que chaque

professionnel peut apporter son point de vue, son regard. Le travail interdisciplinaire est

respecté.

Pour chaque thérapeute interrogé, il n’y a pas de critères d’inclusion et d’exclusion, chaque

patient peut prétendre à l’activité. Ergo 2 dit « je pense que toute les personnes pourraient en

bénéficier » Les contre-indications majeures sont la présence de plaie, l’état général altéré ou

l’accessibilité à la baignoire. Chaque personne peut donc bénéficier de cette activité.

Néanmoins si celle-ci ne semble pas bénéfique pour le patient, ou bien majore les troubles

psycho-comportementaux, l’arrêt de l’activité est nécessaire.

Les objectifs de cette activité auprès de ce public

Les réponses des thérapeutes ont été unanimes. Les objectifs définis pour cette activité sont

réfléchis en équipe, et sont personnalisés pour chaque patient. Néanmoins, plusieurs objectifs

sont systématiquement recherchés par le biais de cette activité : « Le bien être ou mieux être,

Page 42: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

37

apaiser les angoisses » pour Ergo 2 ; « la relaxation […] aussi, diminuer le stress » pour

Ergo 1 ; et la Psychomotricienne précise « C’est de diminuer les TPC [troubles productifs du

comportement], de favoriser une détente psychocorporelle, de les apaiser. ». Le bain

thérapeutique est vraiment « un temps privilégié » avec le patient selon Ergo 3.

Ainsi, les objectifs de cette activité auprès de ce public sont variés. Cela dépend du besoin du

patient principalement. Mais un objectif est cité à chaque fois lorsque je pose la question,

c’est la diminution de troubles productifs tels que de l’agitation ou de l’agressivité. La

stimulation des troubles non productifs tels que l’apathie est également recherché, mais plus

rarement. Cependant, une des limites de ces objectifs est la fréquence du bain selon Ergo 3, en

effet les séances doivent être régulières auprès du patient afin que les objectifs puissent être

atteints. Les objectifs doivent être définis auparavant, en équipe. Dans tous les cas, ils doivent

être réfléchis en accord avec le projet de vie du patient, ses besoins, ses habitudes de vie.

«C’est vraiment du cas par cas. » selon la Psychomotricienne.

Dans ce travail de recherche, je voulais également mettre en avant le bénéfice de cette activité

sur les troubles de communication chez le patient Alzheimer, mais les thérapeutes interrogés

n’ont pas définis ceci comme un objectif du bain. Ils ne contestent pas que le bain puisse

améliorer la communication, principalement non verbale, au moment du bain, mais précisent

que ce n’est pas un objectif en soi.

Matériel et stimulations utilisés pour l’activité

Majoritairement, toutes les stimulations sont utilisées pour chaque thérapeute (le toucher, la

vue, l’ouïe, l’odorat), sauf le gout. Celles-ci vont être recherchées par le biais de différents

matériaux, et vont être abordées de différentes manières en fonction du matériel mis à

disposition, qui diffère d’un établissement à un autre, du thérapeute et de sa pratique, des

objectifs définis auparavant.

Ergo 1 dit : « On a plusieurs huiles essentielles, des produits de toilette, du bain moussant, et

de la musique également. »

Ergo 2 dit : «La baignoire est ancré dans un espace clos et serein avec des lumières tamisée,

on met une petite musique douce qui est zen, on met des huiles essentielles. », « On essaye

vraiment de mobiliser tous les sens : la vue avec des petites leds au plafond, l’odorat c’est

l’odeur du bain, du savon et des huiles essentielles, l’ouïe avec de la musique et le toucher

avec l’eau. On essaye de plonger la personne dans un bien être. »

Page 43: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

38

Psychomotricienne dit : « Dans le bain, il y a le système de bulle, après moi je suis aussi

amenée à utiliser la balle à picots dans le bain. Je mets de la musique douce en fond. Après

de toute façon, c’est tout car c’est le bain qui fait tout. », « J’utilise beaucoup mes mains,

c’est cela mon outils principal, c’est venir faire des touchers contenant. »

Ergo 3 utilisait principalement des produits de toilette avec des odeurs particulières, de l’huile

de massage. La musique n’était pas systématiquement utilisée, cela dépendait du patient.

Ces stimulations vont être utilisées de manière adaptée, elles ne seront pas systématiquement

utilisées à chaque séance avec tous les patients. Chaque thérapeute insiste sur le fait que le

déroulement du bain doit être personnalisé. Ergo 1 précise : « il faut évaluer au cas par cas.

C’est durant l’évaluation qu’on observe les stimulations bénéfiques pour les patients, il est

important ensuite de transmettre à l’équipe soignante ce qui fonctionne avec ce patient. ». Et

Ergo 3 précise « Même la durée du bain en fonction des personnes était adaptée ».

Ainsi, une évaluation peut être réalisée afin d’observer quelles stimulations sont bénéfiques,

ou peuvent majorer les troubles chez les patients. Ces observations seront ensuite transmises à

l’équipe si un autre soignant est amené à réaliser cette activité.

Déroulement d’une séance et ritualisation auprès du patient

La Psychomotricienne explique qu’elle débute et clôture l’activité bain toujours de la même

manière, mais que le « corps » de la séance est propre à chaque patient. « Au début les

personnes je les mets dans le bain, je les laisse les première minutes je ne touche à rien, afin

qu’elles s’approprient le bain. » « Après ce moment-là où je vais commencer soit les touchers

contenants, soit les bercements, je vais faire vraiment la séance en fonction des

problématiques […]. Et après, à la fin, je mets la musique ou pas, et je laisse la personne

pendant 5/10 minutes. ». Ergo 2 dit avoir réalisé un protocole pour le transfert et l’installation

au bain pour les autres soignants utilisant la salle de bain. Souvent, elle débute l’activité de la

même manière à chaque fois aussi, mais « Après dans le déroulé du bain, tout est possible. ».

Ergo 3 finissait souvent l’activité par un temps de massage lorsque le patient était réceptif.

Chaque thérapeute dit réaliser la séance au cas par cas, en fonction de la personne et de ses

problématiques. Il est important d’adapter la séance en fonction de la personne, sinon la

séance peut ne pas avoir de bénéfice ni de réel intérêt.

Pour la ritualisation de l’activité, les avis divergent. En effet, Ergo 1 dit que la ritualisation

n’est pas systématique, et que cela dépend du soignant qui réalise l’activité. En effet, les

Page 44: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

39

transmissions ne sont pas écrites, elles sont informelles ce qui peut entraîner un manque de

coordination entre les membres de l’équipe pour cette activité. Les autres thérapeutes

considèrent que la ritualisation de la séance est très importante. En effet, ce sont des

personnes désorientées, qui ont besoin de repères. La psychomotricienne dit «C’est quelque

chose de très important pour eux, cela les sécurise que cela se passe toujours de la même

façon. […] Et la ritualisation c’est souvent important oui, cela les aides à se repérer dans le

temps. » La ritualisation donne un cadre contenant et sécurisant au patient. En effet, Ergo 3 dit

« une personne ne peut pas se détendre si elle ne se sent pas en sécurité». Elle précise que la

ritualisation a un réel intérêt, par exemple auprès d’un patient spécifiquement elle nous fait

part de son expérience, et il était nécessaire que ce soit « la même soignante d’ailleurs, le

matin toujours, la même tonalité de voix. ». Elle fait également remarquer le manque de

temps, et donc la difficulté à instaurer une régularité dans les séances limitant ainsi la

ritualisation.

Pour conclure, nous pourrions dire que la ritualisation est un élément important auprès de ce

public, limitant ainsi la désorientation, mais qu’en pratique c’est compliqué à mettre en place,

et cela dépend des moyens mis à disposition, et de la pratique du thérapeute.

Réalisation des transmissions à l’équipe soignante

Là encore, les pratiques divergent, et les moyens de transmission sont différents selon les

thérapeutes et les services. En effet, Ergo 1 ne réalise pas de transmission écrite et formelle

auprès de l’équipe soignante, seulement des transmissions orales. Alors que les autres

thérapeutes considèrent la transmission écrite de ces informations importante. Ergo 2 réalise

deux types de transmission : dans un premier temps, auprès des soignants par le biais du

logiciel patient, puis auprès de l’entourage par le biais d’une petite fiche mise à disposition de

tout le monde dans la chambre du patient « Parce que je me suis rendu compte que les

familles n’étaient souvent pas au courant des activités proposées à leur proche […] Puis je

les encourage à venir vers moi ou vers le soignant qui a réalisé le bain s’ils ont plus de

questions. ». La psychomotricienne réalise des transmissions orales après chaque séance

auprès de l’infirmier, puis elle retranscrit par écrit ses observations sur le dossier patient. Ergo

3 a réalisé une fiche d’évaluation des séances de bain thérapeutique, « l’objectif était que les

soignants qui prenaient la décision de donner des bains à tel et tel personne pouvait consulter

les choses à mettre en place, spécifique à chaque patient ». Elle précise « Je l’avais mis en

place également dans un deuxième temps pour faciliter le passage de relais puis pour avoir

une trace écrite ».

Page 45: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

40

Ainsi, les transmissions ont un rôle important dans l’accompagnement du patient pour la

plupart des thérapeutes, car elles permettent à tous les soignants d’avoir accès aux

informations sur l’évolution du patient, sur ses activités. Cela permet également de faciliter le

relais, si celui-ci est réalisé. C’est ce qui rend cette activité pertinente auprès du patient, cela

assure un suivi dans les soins.

4.2.3 Intérêt de l’activité bain thérapeutique auprès du public Alzheimer

au stade sévère et du travail pluridisciplinaire

Intérêt de l’utilisation de cette activité auprès de ce public

La réponse à cette question est unanime : « oui », l’activité bain thérapeutique a un réel intérêt

auprès de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer au stade avancé. Ergo 1 précise que

c’est principalement chez les personnes réceptives que les objectifs sont atteints. Ergo 2

considère cette activité comme « un outil supplémentaire qui est d’avantage porté sur le

sensoriel pour accompagner les personnes Alzheimer ». Néanmoins, elle indique qu’il est

important d’adapter les stimulations aux personnes car « ce sont des personnes qui sont

désorientées, l’aspect sensoriel peut des fois majorer cette désorientation ». Lorsque je lui

demande si les objectifs initiaux sont atteints, elle me dit que « on observe toujours un

moment de stresse au début de la séance car ça peut être un moment un peu inconnu

[…] Puis après la personne s’habitue, et on observe, même physiquement, une détente». La

psychomotricienne considère que les objectifs sont atteints. Quand à Ergo 3, elle précise que

« Il y a un moment de bien être, de plaisir qui se passe à ce moment-là, un moment

d’échange. […] C’était vraiment un temps de bien être, un temps en dehors vraiment du

circuit de soin. »

Ensuite, une question leur a été posée pour savoir si l’activité bain thérapeutique avait un

bénéfice seulement pendant la séance (à court terme), ou si l’effet d’apaisement perdure dans

le service après la séance (à moyen terme). Ergo 1 a répondu que cela dépendait des jours et

de l’agitation dans le service, mais que le bénéfice pouvait en effet perdurer après la séance.

Pour Ergo 2, « souvent l’apaisement se prolonge dans le reste de la journée », néanmoins

« dire que c’est efficace sur le reste de la semaine non. ». Ergo 3 partage le même avis, elle

indique que ce n’est pas systématique : « Pas pour tout le monde, pas à chaque fois, parfois

ça ne marche pas mais il faut aussi l’accepter.». Pour la psychomotricienne, l’effet peut

continuer quelques heures après la séance. Cela dépend du patient et des conditions

environnementales : « Ça a un effet pendant les séances, et pendant 2h après la séance, ils

Page 46: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

41

vont être plus calme quand ils reviennent sur le service. Mais après le soir, quand la nuit

tombe, ça repart de plus belle, ou alors ça les a fatigués et ils dorment bien après. On a eu

tous les cas de figure. »

Pour conclure nous pourrions donc dire que tous les thérapeutes sont d’accords sur cette

question, l’effet apaisant du bain peut perdurer par la suite dans le service. Ainsi, cette activité

a un intérêt réel, que ce soit au moment du bain, et au sein du service par la suite.

Intérêt du travail pluridisciplinaire autour de cette activité

Les différentes collaborations interprofessionnelles dont on nous a fait part pour cette même

activité sont surprenantes et variées. En effet, dans le service de Ergo 1, c’est régulièrement

l’ergothérapeute qui réalise la première séance avec le patient, afin de déterminer si le bain a

un effet positif sur le patient, et si il a un retentissement sur ses troubles psycho-

comportementaux. Ceci permet également de mettre en avant les stimulations bénéfiques, et

celles qui majorent les troubles. Puis la décision de poursuivre l’activité auprès du patient

vient d’une réflexion commune. Ensuite, ce sont souvent les aides-soignants qui prennent le

relais et qui poursuivent l’activité. Ergo 2 réalise cette activité systématiquement en doublon,

au moins pour le transfert et la mise au bain. Le doublon peut être réalisé avec la psychologue

ou l’infirmier, mais c’est principalement avec les aides-soignants. Selon Ergo 2, le fait qu’il y

a deux soignants ne limitait pas l’instauration d’une relation de confiance, la relation duelle

n’est pas systématiquement plus efficace. « C’est aussi une relation qui est triangulaire entre

le patient et les 2 soignants et c’est très intéressant. Après, si on sent que la présence de 2

soignants c’est trop, il y en a un qui s’en va. ». Puis elle a précisé : « Ce sont des gens qui

vivent dans une unité de vie ou il y a beaucoup de monde, beaucoup de passage et là il n’y a

vraiment que 2 soignants autour d’elle et rien que pour elle et elle se sent vraiment entourée

[…] la parole va plus facilement circuler et par exemple lorsqu’un des 2 soignants est en

difficulté face aux troubles du comportement, le deuxième soignant peut prendre le relais ».

La psychomotricienne fait souvent venir un aide-soignant ou un AMP pendant les séances.

Elle précise que « ça leur permet de voir la personne sous un autre angle et ça c’est vraiment

intéressant ». « C’est positif car elles [les AS ou AMP] rentrent du bain et elles vont le dire

aux autres, qu’il [le patient] était beaucoup plus détendu ». Ergo 3 nous indique qu’elle a

collaboré avec la psychologue pour la réalisation de la feuille d’évaluation, et que cela l’a aidé

à mieux analyser le comportement des résidents durant les séances. De plus, elle pouvait être

amenée à réaliser cette activité en doublon avec un AS ou un AMP. Elle précise « parfois

j’aime bien le binôme parce que ça permet de mieux sécurisé effectivement mais parfois je

Page 47: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

42

n’aime pas car dans ce moment-là je ne veux pas que les soignants discutent entre eux. […].

Ce temps-là est privilégié pour le patient ». Et puis certains soignants pouvaient également

réaliser cette activité seul, mais le manque de temps limitait ces initiatives.

Ainsi, chaque thérapeute interagit à sa manière avec les membres de l’équipe soignante, et ne

les laisse pas à l’écart de cette activité. Ceci est très intéressant de voir les différentes

manières d’aborder le bain, ainsi que les différentes collaborations entre soignants. Tous les

thérapeutes interrogés considèrent que c’est important d’inclure les soignants au mieux dans

la prise en charge du patient, et ceci passe par les transmissions, le bon relationnel, la

réalisation d’activité en doublon ou en collaboration avec eux.

Activité améliorant l’accompagnement des soignants auprès des patients

Cette question permettait de déterminer si l’activité avait un impact sur l’accompagnement

des résidents par les autres soignants. Les thérapeutes ont tous répondu que cela avait un effet

positif sur les relations soignants-patients. Ergo 2 dit « cela diversifie leurs actions, et

forcément un soignant qui se sent bien dans son travail va faire du bon travail avec le

résident ». Le fait d’impliquer les soignants dans cette activité leur permet de voir les patients

sous un autre angle, et « cela se répercute dans l’accompagnement du résident. ». Ergo 3

considère que la plupart des activités en dehors du service, ou en dehors du « circuit de soin »

permet une autre approche de la relation patient/soignant et donc que ce n’est pas spécifique à

l’activité bain thérapeutique. Chaque thérapeute interrogé a répondu que le travail

pluridisciplinaire de manière générale, et autour de cette activité, était essentiel au bien être

des résident et permettait un accompagnement au quotidien de meilleure qualité.

Ergo 1 dit « C’est très important pour voir l’évolution du patient, aussi pour se remettre en

question par rapport à l’évaluation initiale, pour voir s’il y a des modifications à faire pour

la séance, s’il y a besoin de réévaluer l’activité. ». Ergo 2 considère que cette collaboration

permet aux soignants de varier leur pratique professionnelle et leur permet de connaître mieux

les patients, de les voir dans des contextes différents. La psychomotricienne pense que ça rend

les soignants plus à l’écoute des patients, et d’elle également. « On les rend sensibles à notre

travail, et elles nous transmettent aussi des informations utiles à notre travail, elles observent

d’un meilleur œil afin de nous faire des transmissions. ». Cette activité facilite donc le travail

en équipe, et cela permet une meilleure implication des professionnels dans

l’accompagnement des patients au quotidien.

Page 48: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

43

5 DISCUSSION

La discussion sera traitée en plusieurs parties. Nous aborderons dans un premier temps les

conclusions de l’enquête, puis ensuite nous chercherons à affirmer ou réfuter les hypothèses

de travail en confrontant la théorie à la pratique. Suite à cela, nous aborderons les limites

rencontrées lors de ce travail de recherche, et les critiques.

5.1 Conclusion de l’enquête

Nous avons pu voir, dans la partie théorique, que très peu d’écrits ont été réalisés sur l’activité

bain thérapeutique auprès de patients Alzheimer, et qu’aucune étude ne met en avant

l’efficacité d’une telle activité auprès de ce public. Ainsi, le cadre de l‘activité et les principes

ne sont pas clairement définis dans les textes. Ce travail de recherche a donc dû s’appuyer sur

des expériences et des témoignages afin de définir au mieux cette activité et de compléter les

informations fournies dans la partie théorique. Ceci facilitera la compréhension des objectifs

de cette activité et de son intérêt, et permettra de répondre aux hypothèses.

Ainsi, comme nous l’avons vu précédemment, l’activité bain thérapeutique est la réalisation

d’un bain dans une salle de bain aménagée spécifiquement pour cette activité. Cette enquête

m’a permis de montrer que c’est une activité à part entière, qui a toute sa place en géronto-

psychiatrie, auprès de personnes atteinte de la maladie d’Alzheimer. Il est nécessaire de bien

distinguer l’activité bain thérapeutique de l’acte de toilette. Plusieurs thérapeutes ont

témoigné à ce sujet, et j’ai également pu l’expérimenter en stage. En effet, l’acte de toilette est

souvent perçu par les patients comme intrusif, agressif, ce qui peut majorer les troubles

psycho-comportementaux tels que de l’agitation, de l’agressivité, de l’anxiété. Les réactions

influencées par la toilette sont alors des réactions défensives vis-à-vis de situations qu’ils

interprètent mal, qui ont un sens malveillant pour eux, ou bien qu’ils ne comprennent pas.

Ainsi, il est important de ne pas aborder l’activité bain thérapeutique comme la toilette auprès

du patient. Tout d’abord, cette activité se déroule dans une pièce unique, réservée à cet usage,

permettant ainsi l’appropriation de l’endroit et l’implication du patient dans l’activité. Le bain

est abordé comme un soin de relaxation, de détente. Les patients doivent l’associer à une

activité de bien être, ou ils arrivent à se détendre autant physiquement que mentalement,

favorisant ainsi la diminution des troubles psycho-comportementaux. Le fait également que

l’activité soit réalisée par un thérapeute peut faciliter le « lâcher-prise » par le patient, qui

associera le thérapeute à l’activité. Ceci est peut-être plus compliqué lorsqu’un soignant est

Page 49: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

44

amené à réaliser la toilette, ainsi que l’activité bain. Cela dépend de la manière d’aborder le

soin par le soignant. En effet, la distinction entre bain et toilette doit être comprise aussi bien

par les patients, par les thérapeutes et par les soignants.

Pour cela, les objectifs doivent être clairement définis auparavant. Ceux-ci doivent être

connus par les membres de l’équipe, ou du moins doivent leur être accessible. Au cours des

entretiens, les thérapeutes interrogés ont tous répondus que les objectifs étaient vus en équipe.

Durant mon expérience de stage, des réunions quotidiennes avaient lieu, ainsi qu’une synthèse

par patient tous les deux mois. Ceci permettait d’aborder et de proposer cette activité devant

l’équipe, afin de déterminer si cette activité serait pertinente auprès de tel patient, et si oui de

définir alors les objectifs de cette activité. Bien évidemment, les objectifs sont propres à

chaque patient, adaptés à chaque problématique, et décidés et abordés en équipe. L’activité

bain thérapeutique fait partie du projet de soins personnalisés du patient.

Nous avons pu voir, tout au long de ce travail de recherche, que les outils et les stimulations

utilisées sont spécifiques à chaque établissement, et à chaque thérapeute et soignant réalisant

l’activité. Cela dépend alors des moyens humains, matériaux, organisationnels mis à

disposition du professionnel. La prise en compte des éléments favorisant ou diminuant les

troubles psycho-comportementaux est essentielle dans l’utilisation des stimulations

sensorielles et dans le déroulement de la séance. Tous les thérapeutes interrogés ont mis en

avant l’intérêt de la personnalisation des stimulations, du repérage des stimulations bénéfiques

ou non auprès de tel ou tel patient, et de la transmission de ces informations auprès de

l’équipe. Lors de mon stage de 3ème

année, dans le but d’améliorer les transmissions vis-à-vis

de cette activité, j’ai créé une grille d’évaluation mettant en avant les stimulations utilisées, le

déroulement de la séance, les réactions et comportement du patient, et l’attitude adoptée par le

thérapeute. Cette évaluation devait être mise en place et présentée au médecin afin qu’il la

valide mais cela n’a pas pu être réalisé à mon départ du à un manque d’effectif et à un manque

de temps. Nous avions utilisé, dans un premier temps, cette évaluation auprès de 2 patientes

afin de déterminer les changements à réaliser et de voir la pertinence de cette évaluation. Je

pense que l’utilisation d’une grille d’évaluation accessible à tous les soignants enrichi le

travail interdisciplinaire et améliore l’accompagnement des patients en assurant un suivi.

Après l’évaluation des stimulations, des bénéfices du bain auprès du patient, il est important

de ritualiser les séances auprès de celui-ci. En effet, les patients atteints de la maladie

d’Alzheimer au stade évolué sont désorientés spatialement et temporellement, et ceci majore

les troubles tels que l’agitation, l’anxiété, l’agressivité. Pour cela, il est important de donner le

Page 50: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

45

plus possible de repère au patient afin de minimiser cette désorientation, qu’il se sente en

sécurité, dans un endroit rassurant et où il se souvient y avoir passé d’agréables moments.

Ainsi, la ritualisation est très importante auprès du patient dément. Cela peut s’avérer

compliqué dans des services ou les moyens humains sont faibles, et que le thérapeute n’a pas

un poste à temps plein.

Après avoir défini les principes de l’activité bain thérapeutique à l’aide des témoignages

recueillis et des expériences professionnelles, nous allons exposer les hypothèses et vérifier

leur validité.

5.2 Vérification des hypothèses

Tout d’abord, faisons un rappel des hypothèses répondant à la question de recherche :

- L’activité bain thérapeutique permettrait la création d’un environnement sécurisant et

rassurant. Ceci faciliterait l’état de bien-être chez le patient, et la diminution des

comportements psycho-comportementaux au moment de l’activité et au sein du

service.

- Dans l’activité bain thérapeutique, l’ergothérapeute ritualise l’activité et cible les

informations pertinentes pour les transmettre et passer le relais aux soignants,

améliorant ainsi l’accompagnement au quotidien des patients.

Maintenant, nous allons parler plus spécifiquement de l’intérêt de cette activité, répondant

ainsi à la première hypothèse de travail. Ainsi, cette hypothèse est vérifiée. Les 4 thérapeutes

interrogés ont tout d’abord fait part des objectifs globaux de cette activité auprès du public

Alzheimer, et de son intérêt. Le bain thérapeutique favorise donc le bien-être et la diminution

des troubles psycho-comportementaux, par le biais de stimulations sensorielles.

Dans un premier temps, ce qui permet d’influencer les troubles du comportement est la

création d’une relation privilégiée avec le patient. Le fait d’être dans un endroit unique, de

bien être, réservé spécifiquement à cette activité, met le patient en confiance, ce qui facilite

l’instauration d’une « relation qui est privilégiée » dit Ergo 2 dans son témoignage. Comme

nous l’avons vu précédemment, ainsi la distinction de l’acte de toilette et de l’activité bain

thérapeutique est importante notamment dans l’acceptation de l’activité par le patient. Selon

moi, l’acceptation de la toilette et le retour ou le maintien des automatismes de toilette

pourraient être des objectifs du bain thérapeutique. Mais cette activité ne doit pas être abordée

comme telle auprès du patient.

Page 51: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

46

Comme nous avons pu le voir dans la partie théorique, les personnes atteintes de la maladie

d’Alzheimer ont des troubles de la communication, plus ou moins importants en fonction de

l’évolution de la maladie et du patient. Au début de mes recherches et de ma réflexion, je

pensais que cette activité avait un réel impact sur les troubles de la communication et que cela

pouvait être un objectif de l’activité. Mais, au fur et à mesure de mes recherches, j’ai pu

constater qu’il n’y a pas de réel amélioration des troubles de la communication, mais que la

personne arrivait à s’exprimer plus facilement du fait de l’apaisement produit, par le biais de

comportement adapté, d’épanouissement du visage, de sourire. Il y a donc un effet bénéfique,

à l’instant T, qui est en lien avec l’apaisement et l’état de bien être instauré par l’activité. Le

bain thérapeutique plonge la personne dans un environnement sécurisant et rassurant, et une

relation de confiance s’instaure entre le thérapeute (ou les soignants) et le patient. Celui-ci, se

sentant en sécurité, s’apaisera donc plus facilement ce qui influera alors sur les troubles du

comportement, diminuant ainsi l’agitation et l’anxiété, l’agressivité, et stimulant des

comportements apathiques. Et cela aura un impact sur la personne : une personne se sentant

en confiance lâchera prise plus facilement induisant un état de bien être, et laissera passer ces

émotions de manière plus explicite.

Pour que l’activité ait un réel intérêt, le cadre doit être bien défini, la séance préparée. Chaque

séance doit être adaptée au patient, le thérapeute doit ritualiser la séance auprès du patient afin

de permettre un effet à plus long terme. En effet, le bain thérapeutique apporte donc un bien-

être et une détente physique et mentale au patient au moment du bain, et cet effet peut

perdurer à la suite de la séance au sein du service. Par exemple, si l’activité est réalisée

auparavant, durant le moment du repas, le patient pourra être plus calme, plus à l’écoute de ce

qui lui ait demandé et concentré sur l’action en cours. Ou bien cela peut permettre également

de réguler le rythme du sommeil, qui est souvent perturbé auprès des personnes Alzheimer.

Mais la ritualisation semble alors importante pour bénéficier de cet effet à plus long terme.

L’instauration de repères par le thérapeute est rassurant et contenant pour le patient, et la

création d’une relation privilégiée permettra ainsi d’obtenir une détente, une diminution des

troubles psycho-comportementaux et un apaisement générale du patient.

Ainsi, lorsque toutes les conditions matérielles et humaines sont réunies, que le cadre de

l’activité est bien défini, que le thérapeute est impliqué dans l’activité, le bain thérapeutique a

un intérêt réel auprès de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer au stade évolué. La

première hypothèse est vérifiée. Mais si ces conditions ne sont pas réunies, l’activité bain

thérapeutique n’aura pas de bénéfice. On peut étendre cela à toutes activités proposées, à

Page 52: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

47

toutes prises en charge réalisées. Il faut que les prises en charge soient cohérentes avec les

attentes de la famille et du patient, avec le projet personnalisé du patient. Le thérapeute doit

connaître ses compétences professionnelles, il doit pouvoir définir les objectifs de chaque acte

réalisé, et doit être capable de transmettre toutes ses observations à l’équipe.

La deuxième hypothèse concernait le travail en équipe et le passage de relais de l’activité à un

soignant par un thérapeute. Je voulais ainsi mettre en avant le fait que l’implication de tous les

professionnels dans la prise en charge des troubles du comportement, et en particulier dans

cette activité, permettait d’améliorer l’accompagnement des soignants auprès des patients. Au

début, j’envisageais donc un passage de relais entre le thérapeute et le soignant. Cela existe,

mais j’ai pu voir, au fur et à mesure des témoignages, que plusieurs collaborations pouvaient

être mises en place. Par exemple la réalisation de l’activité en doublon, le relais, l’évaluation

par l’ergothérapeute et la reprise par le soignant, la collaboration autour des objectifs, de la

réalisation d’une feuille de transmission etc. Ainsi, cette collaboration permet au soignant

impliqué dans l’activité, d’adopter un rôle différent auprès du patient, une relation privilégiée

peut se créer. Le cadre de soin n’est plus le même, le contexte est différent et le patient n’y est

pas indifférent. Le soignant voit le patient dans un autre cadre et le patient de même. Ceci

permet une meilleure compréhension des troubles du patient, de ce qui permet de l’apaiser, du

comportement à adopter à ces côtés. Le soignant peut être plus compréhensif, et il transmet

aux autres soignants ce qu’il a pu observer. L’implication dans les activités qui sortent du

circuit de soin, comme par exemple le bain thérapeutique, permet aux soignants d’avoir plus

de responsabilités, de varier leur activité professionnelle, de mieux connaître les patients et

d’avoir une meilleure compréhension de leurs comportements et de leurs troubles. Et ceci

facilite donc l’accompagnement au quotidien des patients par les professionnels. Tout à

l’heure, nous avons fait part de l’importance de la ritualisation auprès du patient. Cela est-il

possible si le thérapeute débute l’activité et qu’un soignant prend le relai ? Je pense que oui.

Pour cela, l’ergothérapeute doit alors réaliser des transmissions, et peut également réaliser

l’activité en doublon avant le passage de relais. Ceci permet aux soignants d’observer les

manifestations du patient, les comportements à adopter, les stimulations à utiliser afin de

faciliter la reprise de l’activité par le soignant, et l’acceptation du changement de soignant par

le patient.

Ce travail m’a permis également de renforcer mon opinion sur l’importance de la

communication entre les membres d’une même équipe. Notamment pour la mise en place

Page 53: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

48

d’un projet personnalisé du patient cohérent et pertinent. Dans un premier temps, le rôle et les

compétences de chaque professionnel doivent être connus de tous les membres de l’équipe.

Les thérapeutes interrogés durant ce travail de recherche ont fait part de cet élément

important, et j’ai également pu le constater lors de mes expériences de stage. Ceci permet

d’assurer un suivi dans la prise en charge du patient, et d’améliorer la communication entre

les membres de l’équipe, qui peuvent alors faire appel aux autres professionnels de manière

adaptée. La connaissance des différentes activités mises en place au sein du service, des

objectifs de cet activité, du rôle du thérapeute permettrai alors aux soignants de proposer cette

activité à bon escient. Ceci implique tous les soignants dans le projet du patient.

La mise en place de réunions de synthèse ou de transmission assure un bon suivi dans le

projet du patient, et une cohérence des différentes prises en charges effectuées. Ainsi, les

différents membres de l’équipe peuvent s’exprimer et échanger sur de nouvelles perspectives

de prise en charge, sur des changements à réaliser, sur l’évolution des patients. Dans le cadre

du bain thérapeutique, cette activité peut alors être proposée par tous les membres de l’équipe,

qui seront capables d’argumenter leur choix, au vue de la connaissance qu’ils ont de l’activité

et du métier d’ergothérapeute. Et d’un autre côté, le thérapeute doit s’engager à transmettre

les informations concernant le bain, par exemple le comportement et les réactions du patient,

les stimulations bénéfiques pour lui, et celles majorant les troubles. Cela peut être par le biais

d’une feuille d’évaluation, ou bien de transmission écrite dans le dossier du patient. Tout

dépend de l’organisation du service, de l’équipe puis de la pratique de l’ergothérapeute

également. Cela permet, dans un premier temps, aux soignants de connaître le déroulement du

bain si ils sont amenés à réaliser l’activité, et dans un deuxième temps de comprendre parfois

l’origine des réactions et des comportements des patients au sein du service après l’activité.

Malheureusement, ces transmissions ne se font pas systématiquement, et selon moi cela remet

en cause la pertinence de la pratique du thérapeute et l’accompagnement des professionnels

auprès des patients. Ceci peut être expliqué par le manque d’effectif dans de nombreux

établissements, ne permettant pas de mettre en place des activités régulières et un suivi

permanent des patients. De plus, la méconnaissance du métier d’ergothérapeute, le manque de

concertation et de discussion entre professionnels, et les limites organisationnels de

l’établissement sont des barrières que rencontrent régulièrement l’ergothérapeute travaillant

en gériatrie. Mais tous les thérapeutes interrogés dans le cadre de ce travail font part de

l’importance du travail interdisciplinaire en gériatrie, auprès du public Alzheimer, et de son

impact sur l’accompagnement au quotidien des patients dans l’unité de soin

Page 54: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

49

Ainsi, l’hypothèse n’est pas entièrement vérifiée, car le passage de relais n’est pas

systématique, et les collaborations entre professionnelle sont de toutes sortes et dépendent

entièrement de l’organisation, des moyens de l’établissement, de la pratique et des

compétences des professionnels. Il aurait été préférable que l’hypothèse soit rédigée ainsi :

« Dans l’activité bain thérapeutique, la collaboration de l’ergothérapeute avec les membres de

l’équipe soignante a un intérêt sur l’accompagnement au quotidien des patients de l’unité de

soin ».

5.3 Critiques et limites du mémoire

Dans un premier temps, je vais parler des limites du questionnaire et de la pertinence du choix

de celui-ci. J’ai envoyé le questionnaire auprès de 60 établissements ayant un service recevant

des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer à un stade avancé. J’ai eu seulement 14

réponses, malgré une relance. Cela n’a hélas pas permis de récolter de chiffre pertinents ni

d’affirmer la fréquence d’utilisation de cette activité auprès du public Alzheimer. Ainsi, le

questionnaire m’a principalement permis de cibler les établissements ou j’ai pu réaliser des

entretiens. Je trouve également que certaines questions manquaient notamment concernant

l’intérêt de l’activité bain thérapeutique auprès de ce public, et sur les objectifs de cette

activité. Néanmoins, les entretiens ont permis de compléter ces informations, et d’apporter de

nouvelles réponses et pistes de réflexion. Etant en stage, les entretiens ce sont déroulé par

téléphone. Ceci peut être un élément restrictif, car la relation n’est pas la même que lorsque

nous sommes face à face, la relation se créer moins facilement. La personne interrogée peut

avoir plus de difficultés à répondre aux questions du fait d’une relation « virtuelle ».

L’entretien physique peut permettre de créer une relation de confiance plus facilement que par

le biais du téléphone. De plus, par téléphone, la personne qui interroge se concentre alors

principalement sur le discours de la personne, alors que l’entretien physique permet de

récolter des informations non verbales, de prendre en compte des comportements qui peuvent

favoriser la compréhension des réponses. Mais l’entretien téléphonique demeure moins

contraignant d’un point de vu de sa mise en place et de sa réalisation.

Une des limites importantes de ce travail de recherche a été le manque d’étude et de théorie

sur l’activité bain thérapeutique. Je me suis donc basée sur mon expérience de stage dans un

premier temps, sur les articles que j’ai pu consulter et sur des études réalisés auprès du public

Alzheimer sur l’intérêt des activités de stimulations sensorielles. Les témoignages des

thérapeutes m’ont permis d’ajuster au mieux la définition de l’activité, le cadre et les

Page 55: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

50

principes de celle-ci. Le peu d’écrits réalisés peut être mis en lien avec le fait que, à l’heure

actuelle, peu d’établissements proposent cette activité. La moitié des répondants au

questionnaire, passé dans le cadre de ce travail de recherche, ne possédaient pas de salle de

bain thérapeutique avec baignoire. En effet, l’installation d’une salle de bain thérapeutique

reste couteuse, et cela demande également des moyens supplémentaires en termes d’effectif et

de personnel formé.

5.4 Apports personnels et positionnement

Ce travail de recherches m’a permis de me positionner et d’affirmer mes choix en tant que

future professionnelle, en tant qu’ergothérapeute. Cela m’a réellement aidé à prendre

confiance en moi, que ce soit en terme professionnel ou personnel. Tout au long de ce travail,

ma réflexion a évoluée et mon intérêt pour la profession d’ergothérapeute a grandit. Ce travail

de recherches m’a permis d’améliorer mon organisation et ma méthodologie de travail. Je

constate une réelle progression par rapport au début de la réalisation du mémoire, et cela

m’aidera dans ma future pratique professionnelle.

J’ai mieux compris l’intérêt du travail pluridisciplinaire, l’importance de bien faire connaître

notre spécificité de thérapeute auprès des autres soignants. Notre rôle et nos compétences

doivent être connu par les membres de l’équipe afin qu’ils fassent appel à nous de manière

adaptée, puis qu’il y ait réellement un travail en collaboration avec les autres soignants qui

sont souvent plus proches des patients au quotidien. Plusieurs moyens peuvent être mis en

place par l’établissement, et par l’équipe, afin de faciliter la communication entre

professionnels, comme par exemple des réunions hebdomadaires, des fiches de transmission

accessibles à tous, favoriser du temps pour le travail interdisciplinaire etc. Mais pour cela il

faut que chaque professionnels s’implique réellement dans la structure et dans le travail en

équipe, et montre de l’intérêt pour sa profession afin de favoriser un accompagnement de

qualité auprès des patients.

De plus, ce travail de recherche m’a également confortée dans le fait que l’ergothérapeute doit

réaliser des analyses d’activité et de pratique pour chaque activité proposée. Le thérapeute

doit s’impliquer dans l’activité au maximum, afin de la rendre significative pour le patient et

pour que le bénéfice soit réel. Il est important d’être capable de réajuster sa posture de

professionnelle, de se remettre en question sur sa place dans l’équipe, et sur son rôle de

thérapeute auprès des patients. Ceci permet de faire évoluer sa pratique professionnelle.

Page 56: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

51

CONCLUSION

L’homme est sans cesse stimulé, interpellé, et dirigé par ses sens, par des stimulations de

l’environnement. Sans stimulations, l’Homme ne peut plus comprendre le monde qui

l’entoure. Et au contraire, l’affluence de stimulations peut engendrer une incompréhension des

stimuli reçus. Ainsi, nos sens nous permettent d’avoir des repères dans le monde dans lequel

nous vivons. Dans la maladie d’Alzheimer, une compréhension perturbée de ces stimuli ou

bien une sous-stimulation de l’environnement peuvent déclencher une angoisse permanente

par rapport au monde qui les entoure. Au stade avancé de la maladie, les patients présentent

alors des troubles psycho-comportementaux ayant un retentissement important sur leur

confort de vie, et sur leur entourage. Pour cela, le plan Alzheimer 2008-2012 a permis la

création d’unités renforcées pour l’accueil de ce public, avec un accompagnement spécifique.

L’objectif de l’ergothérapeute est d’agir et d’influer sur les troubles du comportement et leurs

retentissements dans la vie quotidienne du patient Alzheimer et de son entourage. Par le biais

du bain thérapeutique, l’ergothérapeute entre en relation avec le patient, créé un espace

sécurisant, rassurant et stimulant pour le patient. Le bain induit un apaisement et une détente

autant physique que mentale, permettant une diminution des troubles du comportement

productifs, ou une stimulation des comportements apathiques. Le bain thérapeutique permet

aux patients de se sentir vivant, d’apaiser ses angoisses liées à des situations qu’ils ne

comprennent plus.

Le fait de générer de l’apaisement chez les patients, et que cet apaisement perdure par la suite

au sein du service engendre également une diminution du stress chez les soignants travaillant

quotidiennement avec les patients. L’implication des soignants dans l’activité permet une

prise en charge plus complète des patients, et un accompagnement de meilleure qualité. Ce

travail de recherche m’a également permis de mettre en avant l’intérêt du travail

interdisciplinaire, tout particulièrement en géronto-psychiatrie. Cependant, en pratique, les

professionnels ont des difficultés à collaborer ensemble. Le travail en équipe n’est pas

toujours respecté, par manque de temps, de moyen ou d’intérêt. Ceci peut alors avoir un

impact réel sur la qualité de l’accompagnement des patients. Que peut apporter

l’ergothérapeute dans sa pratique professionnelle afin de favoriser les échanges et le travail

interdisciplinaire en géronto-psychiatrie ?

Page 57: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

52

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages

BERBIGIER-ESCHAUZIER L., 2012. Snoezelen, la maladie d'Alzheimer et la

communication dynamique non directive. s.l.:Petrarque.

BELIN C.,.ERGIS A-M, MOREAUD O., 2006. Actualités sur les démences: aspects

cliniques et neuropsychologiques. Marseille: Solal.

CAIRE J.M., 2008. Nouveau guide de pratique en ergothérapie: entre concepts et

réalités. Marseille: Solal.

HOF C., 2006. Art-thérapie et maladie d'Alzheimer: quand les couleurs remplacent

les mots qui peinent à venir. chronique sociale éd. lyon: s.n.

HUGUENIN C., 2011. Alzheimer mon amour. Paris: H. d'Ormesson.

MOREL-BRACQ M.C., 2009. Modèles conceptuels en ergothérapie: introduction aux

concepts fondamentaux. Marseille: Solal.

ROUSSEAU T., 2011. Maladie d'Alzheimer et troubles de la communication:

évaluation et prise en charge thérapeutique. Issy-les-moulineaux: Elsevier Masson.

TROUVE E., 2008. Ergothérapie en gériatrie. Marseille: Solal.

Articles, périodiques

ANKRI J., C. V. B., 2013. Evaluation du plan Alzheimer2008-2012, s.l.: s.n.

BECUE M., 2002. Faire face à la maladie d'Alzheimer 1/6 La communication. Soins

gérontologie N°38, Novembre/Décembre, pp. 31-34.

BEYER M., 2008. La musicothérapie, un outil thérapeutique pour communiquer avec

les personnes âgées démentes. Soins gérontologie N°72, Juillet/Août, pp. 24-25.

BHERER L., S. C., 2004. Le déclin des fonctions éxecutives au cours du viellissement

normal, dans la maladie d'Alzheimer et dans la démence frontale. Psychol

NeuroPsychiatr Vieillissement, vol.2, N°3, pp. 181-189.

Page 58: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

53

BOURZEAU M., 2012. Bain thérapeutique et maladie d'Alzheimer. Soins

gérontologie N°96, Juillet/Août, pp. 12-14.

CHARRIER-COTTEREAU A., 2008. L'expression artistique, un outil d'aide auprès

des personnes âgées. Soins gérontologie N°72, juillet/août, pp. 20-23.

Fondation Médéric Alzheimer, 2011. Ergothérapeutes et maladie d'Alzheimer. La

lettre de l'observatoire: des dispositifs de prise en charge et d'accompagnement de la

maladie d'Alzheimer N°19, avril, pp. 1-12.

Fondation Médéric Alzheimer, 2011. Psychomotriciens et maladie d'Alzheimer. La

lettre de l'observatoire: des dispositifs de prise en charge et d'accompagnement de la

maladie d'Alzheimer N°22, décembre, pp. 1-12.

Fondation Médéric Alzheimer, septembre 2012. Accompagnement et prise en charge

de la maladie d'Alzheimer: évolution et adaptation des dispostifis depuis 10 ans.

GINESTE Y., MARESCOTTI R., J.PELLISSIER, 2008. L'humanitude dans les soins.

Recherche en soins infirmiers N°94, Septembre, pp. 42-55.

GUIHENEUF M., 2005. Stimulations sensorielles et communication: une réponse à la

souffrance psychique des personnes démentes. Ergothérapies Hors série, pp. 5-22.

HAZIF-THOMAS C., C. A. K. A. P., 2008. Les repères interprofessionnels dans la

relation soignante en psychogériatrie. soins psychiatrie N°257, juillet/aôut, pp. 42-46.

HAZIF C., THOMAS P., 2009. Psychogératrie, interdisciplinarité et travail d'équipe.

soins psychiatire Vol.30, N°260, février, pp. 12-13.

Institut de veille sanitaire, 10 sept 2013. Bulletin épidémiologique hebdomadaire, s.l.:

s.n.[En ligne]. disponible sur internet :

<http://www.invs.sante.fr/beh/2013/30/pdf/2013_30.pdf> (consulté le 15 Décembre

2013)

MOUTARDE S., J. T., 2001. Un atelier d'expressions sensorielles pour personnes

âgées démentes. Soins gérontologie N°29, Juin, pp. 42-45.

ROCHER P., B., 2009. Le plan Alzheimer 2008-2012. Gérontologie et société

N°128/129, pp. 13-31.

Page 59: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

54

ROCHETTE M-F., 2011. Le bain en gériatrie: un espace thérapeutique. AFDG -

Lettre en psychogériatrie, pp. 1-4.

ROUSSEAU T., 2009. Interaction entre le sujet âgé Alzheimer et son environnement.

Neurologie, psychiatrie, gériatrie.

ROUSSEAU T., 2011. Thérapie écosystémique des troubles de la communication

dans la maladie d'Alzheimer. Ergothérapies N°41, Mars, pp. 59-68.

SAETTEL L., 2011. Nouveaux dispositifs d'accueil des personnes atteintes de la

maladie d'Alzheimer ou maladies apparentées, les PASA et les UHR: un nouveau

champ d'application de l'ergothérapie. ergothérapies N°41, mars, pp. 27-32.

THOMAS C., 2014. Le coeur de métier aide-soignant. Soins aides-soignantes N°56,

Janvier/Février, pp. 31-32.

Thèse

LEHNHART, G., 2001. Evaluation des effets de la stimulation sensorielle par la

méthode Snoezelen auprès des personnes âgées atteintes de démence. UHP-Université

Henri Poincaré: s.n. Disponible sur Internet : <http://docnum.univ-

lorraine.fr/public/SCDMED_T_2001_LEHNHART_GILLES.pdf> (consulté le 11

Février 2014)

Rapports et recommandations

Arrêté du 5 juillet 2010 relatif au diplôme d’Etat d’ergothérapeute. [en ligne]. Journal

officiel du 8 Juillet 2010 Disponible sur Internet :

<http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000022447668

&dateTexte=&categorieLien=id> (consulté le 24 Mars 2014)

Direction générale de l’action sociale, 2009, « Cahier des charges relatif aux PASA et

UHR pour une prise en charge adaptée en EHPAD et en USLD des personnes

atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée et présentant des

troubles du comportement » [En ligne] Disponible sur Internet : <www.plan-

alzheimer.gouv.fr/IMG/doc/annexe-8-3.doc> (consulté le 01 Février 2014)

Page 60: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

55

HAS (Haute Autorité de Santé), 2011. Développement de la prescription de

thérapeutiques non médicamenteuses validées, Saint-Denis La Plaine: HAS (Haute

Autorité de Santé). Disponible sur Internet : <http://www.has-

sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2011-

06/developpement_de_la_prescription_de_therapeutiques_non_medicamenteuses_syn

these.pdf> (consulté le 19 Novembre 2013)

ANESM (Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et

services sociaux et médico-sociaux), 2009. L’accompagnement des personnes

atteintes d'une maladie d'Alzheimer ou apparentée en établissement médico-social,

Saint-Denis: ANESM (Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des

établissements et services sociaux et médico-sociaux). Disponible sur Internet :

<http://www.plan-alzheimer.gouv.fr/IMG/pdf/Recommandations_de_l_ANESM_-

_mars_2009.pdf> (consulté le 06 Octobre 2013)

HAS (Haute Autorité de Santé), 2009. Maladie d’Alzheimer et maladies apparentées:

prise en charge des troubles du comportement perturbateur, Saint-Denis La Plaine:

HAS (Haute Autorité de Santé). Disponible sur Internet : <http://www.has-

sante.fr/portail/plugins/ModuleXitiKLEE/types/FileDocument/doXiti.jsp?id=c_81968

7> (consuté le 19 Novembre 2013)

HAS (Haute Autorité de Santé), 2011. Maladie d’Alzheimer et maladies apparentées :

diagnostic et prise en charge, Saint-Denis La Plaine: HAS (Haute Autorité de Santé).

Disponible sur internet : <http://www.has-

sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2011-

12/recommandation_maladie_d_alzheimer_et_maladies_apparentees_diagnostic_et_pr

sie_en_charge.pdf > (consulté le 19 Novembre 2013)

HAS (Haute Autorité de Santé), 2012. Les thérapies non médicamenteuses dans la

prise en charge des troubles du comportement, Saint-Denis La Plaine: HAS (Haute

Autorité de Santé). Disponible sur Internet : <http://www.has-

sante.fr/portail/plugins/ModuleXitiKLEE/types/FileDocument/doXiti.jsp?id=c_11977

10>(consulté le 19 Novembre 2013)

Page 61: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

56

Ministère de l'emploi et de la solidarité, 16 Avril 2002. CIRCULAIRE

N°DHOS/O2/DGS/SD5D/DGAS/SD2C/DSS/1A/2002/ relative à la mise en oeuvre du

programme d'actions pour les personnes souffrant de maladie d'Alzheimer ou de

maladies apparentées. Dans: s.l.:s.n. Disponible sur Internet : <

http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/circ222.pdf> (consulté le 23 Octobre 2013)

Ministère du travail, des relations sociales, de la famille, de la solidarité et de la ville;

Ministère du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de

l'Etat; Ministère de la santé et des sports, 2009. CIRCULAIRE

N°DGAS/DSS/DHOS/2009/195 du 06 juillet 2009 relative à la mise en oeuvre du volet

médico-social du plan "Alzheimer et maladies apparentées 2008-2012". Paris: s.n.

Disponible sur Internet : <http://www.sante.gouv.fr/fichiers/bo/2009/09-

08/ste_20090008_0100_0123.pdf> (consulté le 10 Janvier 2014)

Webographie

FRANCE REVAL, Matériel hospitalier (équipement balnéothérapie), Fabrication et

distribution de matériels pour personnes handicapées ou/et à mobilité réduites. Reval-

le bien être durable [en ligne]. Disponible sur internet : <http://france-

reval.fr/reval_produits_catalogue.php?fam=1&sfam=40#40> (consulté le 12 mai

2014)

LUTSMAN, F., Plan Alzheimer 2008-2012, l’engagement de tous. [En ligne].

Disponible sur internet : <http://www.plan-alzheimer.gouv.fr/> (consulté le 12

Décembre 2013)

CNRTL, centre national de ressources textuelles et lexicales [en ligne]. Disponible sur

internet : <http://www.cnrtl.fr/ > (consulté le 15 Mai 2014)

Larousse, [en ligne]. Disponible sur internet : <http://www.larousse.fr/ > (consulté le

15 Mai 2014)

Autres

Alzheimer, les thérapies non médicamenteuses. 2009. [Film] Réalisé par Alzheimer

Belgique, Alzheimer Associations France Alzheimer. s.l.: s.n.

Page 62: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION ...................................................................................................................... 1

1 PROBLEMATIQUE ........................................................................................................... 2

2 APPORTS THEORIQUES ................................................................................................. 9

2.1 La maladie d’Alzheimer .............................................................................................. 9

2.1.1 Un enjeu de santé publique .................................................................................. 9

2.1.2 Définition ............................................................................................................. 9

2.2 L’accompagnement institutionnel des personnes démentes ...................................... 12

2.2.1 Plan Alzheimer 2008-2012 ................................................................................. 12

2.2.2 L’accompagnement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ........... 13

2.2.3 L’Humanitude, une philosophie de soin ............................................................ 15

2.3 Les stimulations multi sensorielles auprès de personnes démentes .......................... 17

2.3.1 Le concept Snoezelen ......................................................................................... 17

2.3.2 L’activité bain thérapeutique .............................................................................. 19

2.4 L’ergothérapie ........................................................................................................... 22

2.4.1 L’ergothérapie en psycho-gériatrie .................................................................... 22

2.4.2 L’ergothérapeute dans l’activité bain thérapeutique et le travail interdisciplinaire

24

3 METHODOLOGIE DE RECHERCHE ........................................................................... 27

3.1 Population et établissement ciblés ............................................................................. 27

3.2 Choix des outils/supports ........................................................................................... 27

3.3 Elaboration et passation des outils ............................................................................. 28

4 RECUEIL ET ANALYSE DES DONNEES .................................................................... 29

4.1 Questionnaire ............................................................................................................. 29

4.1.1 Présentation des échantillons ............................................................................. 29

4.1.2 Utilisation de l’activité bain thérapeutique ........................................................ 30

4.1.3 Interprétation ...................................................................................................... 31

Page 63: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

4.2 Entretiens ................................................................................................................... 32

4.2.1 Renseignements généraux sur les thérapeutes interrogés et le fonctionnement

des services ....................................................................................................................... 32

4.2.2 L’activité bain thérapeutique : cadre, principes et déroulement ........................ 35

4.2.3 Intérêt de l’activité bain thérapeutique auprès du public Alzheimer au stade

sévère et du travail pluridisciplinaire ................................................................................ 40

5 DISCUSSION ................................................................................................................... 43

5.1 Conclusion de l’enquête ............................................................................................ 43

5.2 Vérification des hypothèses ....................................................................................... 45

5.3 Critiques et limites du mémoire ................................................................................. 49

5.4 Apports personnels et positionnement ....................................................................... 50

CONCLUSION ........................................................................................................................ 51

BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................... 52

TABLE DES MATIERES ...........................................................................................................

ANNEXES ...................................................................................................................................

Page 64: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

ANNEXES

- Annexe 1 : Analyse d’activité bain thérapeutique Mme G

- Annexe 2 : Analyse d’activité bain thérapeutique Mme D

- Annexe 3 : Fiche pratique : savoir-être / savoir-faire

- Annexe 4 : Analyse du questionnaire

- Annexe 5 : Grille d’entretien

- Annexe 6 : Entretien Ergo 1

- Annexe 7 : Entretien Ergo 2

- Annexe 8 : Entretien Ergo 3

- Annexe 9 : Entretien Psychomotricienne

Page 65: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

ANNEXE 1 : ANALYSE D’ACTIVITE BAIN THERAPEUTIQUE MME G

Présentation de la patiente :

Mme G est âgée de 73ans. Elle était nourrice. Elle s’est mariée, et a eu 4 enfants. Elle s’est

arrêtée de travailler pour s’occuper de ses enfants. Mme G n’aime pas la télévision, la lecture

et le jardinage. Elle apprécie la cuisine, le ménage, la vaisselle, et les enfants.

En 2007, les premiers symptômes sont apparus, et on lui a diagnostiqué une maladie

d’Alzheimer. Elle était prise en charge en accueil de jour 2 fois par semaine, avant d’entrer à

l’UHR début 2013. Le NPI réalisé à son entrée est de 57 : les items les plus élevés sont

l’anxiété, l’irritabilité de l’humeur, les comportements moteurs aberrants et

l’agitation/agressivité. Le dernier NPI datant de février 2013 est de 29 : les items les plus

élevés étant la désinhibition, et la présence d’idées délirantes et d’hallucinations.

Manifestation des troubles :

- Attention : Mme G a des difficultés importantes à fixer son attention. L’attention

soutenue (concentration), divisée (réalisation de plusieurs tâches à la fois) et sélective

(sélection d’un stimulus reçu et conservation d’une information dans le temps) sont

atteintes. Ces troubles ont des répercussions importantes dans les activités de la vie

quotidienne. Par exemple, au moment du repas, Mme G parle beaucoup et ne prend

pas l’initiative de manger, elle n’y pense pas : il est nécessaire qu’un soignant la

recentre dans l’activité en cours.

- Langage : Mme G a une aphasie : elle a d’importants manque du mot qui se

caractérisent par des paraphasies (inversion des syllabes ou des mots, qui ne sont pas

employés dans leur véritable sens), une persévération dans le discours et une

déformation des mots. Le discours de Mme G est souvent non informatif (jargon),

confus et logorrhéique (besoin constant de parler). De plus, Mme G a des troubles de

compréhension.

- Comportement : Mme G est désinhibée dans son discours, et dans son attitude, elle est

très familière avec le personnel et les résidents : elle a des comportements inappropriés

envers les résidents et les soignants.

Elle a des comportements moteurs aberrants, des réponses motrices inappropriées,

souvent dus à ses hallucinations visuelles et ses idées délirantes. De plus, Mme G est

irritable : elle s’oppose facilement à la contrainte.

Page 66: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

- Fonctions exécutives : Mme G ne peux plus effectuer et planifier des tâches nouvelles

et inhabituelles, développer et planifier un comportement dirigé vers un but. Elle a

besoin d’être guidée et accompagnée dans la plupart de ses actes.

- Praxie : quand Mme G arrive à se concentrer sur une activité, elle retrouve des

automatismes. Mme G a des capacités praxiques préservées, mais les troubles

attentionnels limitent leurs utilisations.

-

Objectifs de la prise en charge:

- lui permettre de centrer son attention sur une activité

- favoriser un discours approprié aux situations, et une attitude adaptée (diminuer les

comportements moteurs aberrants, et les gestes désinhibés)

- retrouver des automatismes de toilette (guider les gestes et éviter l’opposition)

Déroulement d’une séance :

- levé du lit : lui expliquer que nous allons à la salle de bain, pour faire sa toilette. Puis

lui enlever le Sécuridrap : lui parler en même temps afin de la distraire pour qu’elle ne

s’oppose pas à l’acte. Ensuite, elle va au WC dans sa chambre. Elle choisi ses habits

(lui présenter 2 choix, pour ne pas lui donner trop d’informations)

- La salle de bain est une pièce calme, avec un éclairage doux, et peu d’éléments

distrayants. De la musique bretonne est mise en fond. Je fais couler l’eau et met de la

mousse.

- Mme G retrouve des automatismes pour le déshabillage : le thérapeute doit juste

inciter le geste pour le déclencher.

- Dans le bain, Mme G joue avec l’eau, se frotte le corps. Lorsque je lui tends le gant,

elle l’utilise de manière appropriée et connait sa signification.

- Elle se détend, et par moment ne parle plus. Pour le lavage des cheveux : lui faire un

massage de la tête. Cela la détend, et elle exprime son bien être.

- Sortie du bain : séchage et habillage. Mme G a d’importantes capacités praxiques. Le

thérapeute doit inciter le geste. La signification de certains objets est préservée.

- A la sortie du bain, Mme G est détendue, et son discours est moins confusionnel et

logorrhéique.

Page 67: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

Attitude de Mme G pendant la séance :

- Au niveau communicationnel : pendant la séance, le discours de Mme G est moins

confus. Elle répond aux questions de manière appropriée. Elle est dans la

communication avec le thérapeute.

- Au niveau comportemental : Son comportement et ses actes sont plus adaptés à la

situation : par exemple lorsqu’elle est dans le bain, elle joue avec l’eau, elle se frotte le

corps avec le gant. Elle arrive à se concentrer sur l’activité sans être perturbée par des

manifestations psychotiques (idées délirantes, hallucinations visuelles) qui entraînent

souvent des comportements moteurs aberrants. De plus, elle arrive à se détendre et à

profiter du moment : elle ne parle plus et se concentre sur l’activité.

- Au niveau praxique : Elle retrouve des automatismes de toilette et d’habillage et prend

des initiatives. Par exemple, lorsque je lui tends le gant de toilette, ou un habit, elle

connait la signification de l’objet et l’utilisation qu’elle en fait est appropriée.

Attitude du thérapeute pendant la séance :

- le thérapeute doit faire en sorte que Mme G se concentre sur l’activité en cours : éviter

les sources de distraction, la recentrer sur l’activité dès qu’elle est distraite et

déconcentrée en attirant son attention.

- Lorsque le thérapeute sollicite Mme G pour un acte, il doit la guider et amorcer le

geste. Il faut être directif (diriger l’acte et le discours, par la parole et l’acte), mais pas

autoritaire.

- Lorsque Mme G est dans le refus et l’opposition, le thérapeute doit utiliser la

distraction pour lui permettre de passer à autre chose, puis revenir sur l’acte plus tard.

Il ne faut pas être autoritaire (ne pas hausser la voix), ni la forcer dans un acte, car elle

s’opposera. Il faut prendre le temps pour qu’elle accepte l’acte.

- Lorsque son discours est confus, et non informatif, le thérapeute doit la ramener dans

la réalité, sans s’opposer à son discours. Au niveau de la communication, le soignant

doit éviter de donner trop d’informations à Mme G, doit utiliser des phrases courtes,

utiliser les gestes pour faciliter la compréhension de l’information fournie

- Le thérapeute doit être souriant, et utiliser l’humour pour aborder les actes. Pour

faciliter la compréhension, accompagner le geste à la parole, utiliser la communication

non verbale.

Page 68: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

ANNEXE 2 : ANALYSE D’ACTIVITE BAIN THERAPEUTIQUE MME D

Présentation de Mme D :

Mme D a 69 ans. Elle est fille unique. Elle se marie à un instituteur, dont elle a un fils. Son

mari a des problèmes d’alcool et des troubles psychologiques, Mme D est battue par son mari.

Il se suicide peut après la naissance de leur enfant (retrouvé par Mme D). Elle travaille ensuite

en tant qu’animatrice dans une maison de retraite, puis elle reprend un bar/créperie. Elle

rencontre Mr T, son compagnon actuel. Mme D aime l’art floral, la cuisine, les romans.

En 1993, on lui diagnostique une maladie d’Alzheimer. Son compagnon s’arrête de travailler

en 2009 pour s’occuper d’elle. Elle est hospitalisée pour la première fois en janvier 2011 dans

un service de psychiatrie suite à une aggravation des troubles comportementaux. Elle retourne

à domicile pendant 5 semaines, puis est entrée à l’UHR en novembre 2011.

Le NPI à son entrée est de 45 : les items les plus élevé sont l’agitation et l’agressivité,

l’anxiété, et les comportements moteurs aberrants. La grille AGGIR indique qu’elle est

dépendante pour tous les actes de la vie quotidienne, sauf pour les déplacements intérieurs et

la prise du repas. Le dernier NPI datant d’octobre 2013 indique un score de 38 du à une

diminution des comportements moteurs aberrants.

Manifestation des troubles :

- Anxiété : très présent chez Mme D, au vue de son histoire de vie, et de sa pathologie.

Cela se manifeste par des troubles du comportement et des gémissements.

- Troubles du comportement productifs : agitation et déambulation importantes lors de

situation anxiogène (environnement bruyant, agitation autour d’elle).

- Troubles du langage : Mme D a une aphasie: au niveau du langage oral, elle à des

difficultés d’expression. Elle émet beaucoup de gémissements pour communiquer

(surtout quand elle est anxieuse), ce qui rend la compréhension très difficile. Elle

arrive à prononcer des mots clairement, avec moins de gémissement, lorsqu’elle est

dans une relation duelle, dans un environnement calme et non anxiogène.

- Troubles praxiques : Mme D a perdu la signification de certains gestes et le sens des

objets. Sur stimulation, Mme D retrouve des automatismes, tel qu’à l’habillage, à la

toilette, ou à la cuisine. Il est nécessaire de l’accompagner pour le démarrage du geste,

la guider.

Page 69: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

Objectifs de la prise en charge :

- diminuer l’anxiété et favoriser un apaisement pendant l’acte, puis dans le service

- favoriser la communication grâce à l’instauration d’une relation duelle et d’un climat

de confiance : expression de ses émotions, émergence de mots et diminution des

gémissements

- favoriser la valorisation de soi par le retour des automatismes de toilette

Déroulement d’une séance :

- Après la prise du petit déjeuner au lit, j’explique à Mme D que nous allons à la salle de

bain pour qu’elle prenne le bain. Nous choisissons les habits ensemble (choix entre 2

habits, ne pas donner trop d’informations).

- Dans à la salle de bain, Mme D reste 5 minutes sur les WC car elle a des problèmes de

constipation. Pendant ce temps, je reste dans la salle, car le fait de rester seule

augmenterait son angoisse. Je fais couler le bain et je mets de la musique (douce de

préférence, toujours le même CD pour la ritualisation. Chansons françaises).

- Arrivée près du bain, Mme D prend l’initiative de se déshabiller, puis range ses habits

sur une chaise à côté. Elle rentre dans le bain, avec aide pour passer les jambes, mais

elle n’a pas besoin d’être guidée.

- Dans le bain, je l’incite à se mettre contre le dossier par inclinaison de la baignoire.

Mme D s’approprie le bain, elle joue avec l’eau et la mousse, et se frotte le bas du

corps. Il faut lui enfiler le gant sur la main pour qu’elle comprenne la signification de

l’objet, puis elle se frotte le bas du corps. Il faut la guider pour qu’elle lave le haut du

corps (changement de gant). Lorsqu’elle est en action, Mme D n’émet plus de bruits

répétitifs (gémissement), elle s’apaise. Après, je lui lave les cheveux : il faut être

rapide, mais doux, car elle n’apprécie pas.

- Sortie du bain avec une serviette sur les épaules. Puis elle se dirige (sur

accompagnement) vers la chaise. Elle se sèche le haut du corps, avec guidage pour le

amorçage du geste. Pour l’habillage, elle retrouve des automatismes, sans guidage du

geste: je lui présente l’habit, et elle l’enfile seule. Puis, je lui sèche les cheveux.

Attitude de Mme D pendant la séance :

- au niveau comportemental : quand je viens la chercher, Mme D me sourie, et on

observe un épanouissement du visage.

Page 70: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

Elle prend souvent l’initiative d’ouvrir la porte de la salle de bain, elle reconnait

l’endroit. De plus, dans la salle de bain, elle est en capacité de prendre des initiatives,

comme se déshabiller et ranger ses habits, s’assoir dans le bain.Pendant la séance, elle

réussi à se détendre, et elle émet moins de gémissement. Son anxiété diminue, elle se

sent en confiance. Elle apprécie ce moment, et elle ressort du bain apaisée : je

l’accompagne dans la salle commune, elle s’assoit autour de la table, elle reste calme

sans émettre de gémissements (signe d’apaisement).

- Au niveau praxique : Mme D retrouve des automatismes de toilette. Cela est favorisé

par le thérapeute : guidage et amorçage du geste. Il est important de laisser le temps à

Mme D d’effectuer le geste, car elle à un rythme lent.

- Au niveau communicationnel : pendant la séance, Mme D émet moins de

gémissement, elle arrive à exprimer des mots clairement : « oui » « non », ses

réponses semblent plus appropriées aux questions posées et elle arrive mieux à

exprimer ses ressentis spontanément, par le biais de la parole (« je suis bien »), ou du

mode non verbal (prendre la main du soignant, sourire). Après la séance, Mme D est

apaisée, et elle reste assise dans la salle commune, sans émettre de gémissement.

Attitude du thérapeute pendant la séance :

Dans son discours et dans son attitude, le thérapeute doit être directif (lui donner des ordres

pour qu’elle comprenne mieux), encadrant et rassurant: Mme D est très anxieuse, et a besoin

d’un cadre sécurisant et contenant, pour lui permettre de s’apaiser et de se sentir en confiance.

Par exemple, pour que Mme D se lève, lui dire « levez vous », ou « debout », puis passer un

bras sous le sien et l’inciter à se lever en tirant.

- La communication doit passer par le mode oral : le thérapeute doit utiliser des mots

simples et précis, des phrases courtes et des questions fermées, et éviter de donner

plusieurs messages à la fois pour une meilleure compréhension. De plus la

communication non verbale est très importante pour créer un cadre de confiance et

pour faciliter la compréhension: attirer l‘attention de Mme D par un contact visuel, en

lui donnant la main ; utiliser les gestes pour faciliter la transmission du message

communiqué.

- De plus, l’expression faciale adoptée par le thérapeute est importante : soutenir le

regard, et sourire. Cela apaise Mme D, la rassure et la met en confiance.

Page 71: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

- Au niveau de l’attitude, le thérapeute doit être encadrant et rassurant : guider Mme D

dans ses gestes, la rassurer dans ses actes et la valoriser. II est important de laisser le

temps à Mme D d’exécuter les actes, et de répondre à une demande, car elle a un

rythme lent. Dans certaines situations (par exemple le choix des habits) Mme D est en

capacité de faire des choix : dans ce cas-là, le soignant ne doit pas donner trop

d’informations, lui donner le choix entre 2 propositions seulement, pour éviter

d’augmenter l’anxiété par une incompréhension de la consigne et une mise en échec.

Page 72: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

ANNEXE 3 : FICHE PRATIQUE : SAVOIR-ETRE / SAVOIR-FAIRE Pour limiter les

troubles du comportement dans les moments forts de la journée.

Document réalisé à l’initiative de la Direction Générale de la Santé

Disponible sur internet : http://www.cmrr-nice.fr/doc/TNM_situations_particulier.pdf

REVEIL / PETIT DEJEUNER

• Se présenter.

• Souhaiter une bonne journée.

• Respecter le rythme du patient autant que possible.

• Éviter d’être brutal et de parler fort.

• Ne pas générer une ambiance “d’urgence”.

VISITE

• Proposer un lieu calme pour les visites.

• Privilégier la communication entre soignants et familles.

• Donner des conseils aux visiteurs.

• Informer les visiteurs de l’importance de leur venue et des possibles conséquences.

• Annoncer la venue de quelqu’un au résident (si possible).

• Prendre le relai auprès du patient pendant quelques minutes après le départ du visiteur.

Éviter les visites pendant les repas ou les moments intimes du résident.

COUCHER

• Générer une ambiance calme et rassurante avant le coucher.

• Favoriser les discussions pendant la mise au lit.

• Respecter l’heure d’endormissement de la personne.

• Adapter la qualité de la protection de manière à réduire le nombre

de changes la nuit.

• Respecter l’heure de la prise du traitement.

• Ne pas réveiller systématiquement.

Page 73: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

NUIT

• Réduire le niveau sonore (appel sonore, nettoyage…).

• Orienter dans le temps.

• Rassurer, calmer par une voix douce.

• Utiliser le contact, le toucher.

• Veiller au calme des lieux.

• N’utiliser que les veilleuses lors des changes.

TOILETTE

• Prévenir le patient que le moment de la toilette va arriver.

• Choisir le type de toilette adapté au résident.

• Lui demander son accord.

• Privilégier l’autonomie du patient.

• Éviter d’être intrusif.

• Assurer l’intimité de la personne (porte fermée…).

• Essayer de décaler les soins autant que possible en cas de refus.

• Être doux dans ses gestes et sa voix.

• Expliquer au résident ce qui va être fait au fur et à mesure.

• Négocier les soins.

• Discuter avec le résident pendant la toilette.

REPAS

• Respecter le choix du patient de manger en groupe, seul ou dans sa chambre (quand cela est

possible).

• Vérifier la température de la nourriture.

• Privilégier l’autonomie ou l’entraide entre les résidents en proposant un accompagnement en

cas de besoin.

• Créer une ambiance calme.

• Éviter la brutalité dans les gestes.

Page 74: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

• Donner des responsabilités au résident selon ses capacités (valorisation).

• Respecter le rythme du résident dans sa prise du repas.

• Connaitre les goûts et dégoûts.

• S’asseoir à la même hauteur que le résident pour le faire manger.

• Nommer les plats.

• Ne présenter qu’un plat à la fois.

• Enchaîner les plats.

• Adapter la texture des aliments aux capacités du résident.

• Adapter les ustensiles et couverts aux capacités des résidents.

Page 75: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

ANNEXE 4 : ANALYSE DU QUESTIONNAIRE

Bonjour,

Je suis actuellement en 3ème année d’ergothérapie à l’Institut de Formation en Ergothérapie de

Rennes, et dans le cadre du mémoire de fin d’étude, je réalise une enquête auprès des services

accueillant des patients atteints de la maladie d’Alzheimer.

Mon travail de recherche porte sur l’utilisation de l’activité bain thérapeutique par l’ergothérapeute

auprès de patients atteints de la maladie d’Alzheimer, au stade avancé de la maladie, en service

spécialisé.

Ce questionnaires ne sera pas diffusé, et sera consacré uniquement à mon travail de recherche.

L’anonymat est assuré dans le traitement des données.

Vos réponses à ce questionnaire me sont précieuses, et le remplissage ne vous prendra que 5 minutes.

Ceci m’aidera à avancer dans mon travail de recherche, c’est pour cela que je vous remercie d’avance

de l’intérêt et du temps que vous y porterez.

Voici le lien ci-dessous:

https://docs.google.com/forms/d/1zW21rak7c1KtAzTrh6WQyZmZQfR3Jd_f4t8_R0ZdcuE/viewform

Cordialement

Clémire Jobin

Quel est le nom de votre établissement ?

Y a-t-il un établissement accueillant des

patients atteints de la MA ?

- Oui 100%

- Non 0%

(14 réponses)

Quel type de service est-ce ? (choix

multiple) - Unité Cognitivo Comportementale 0%

- Unité d'Hébergement Renforcé 50 %

- Hébergement temporaire 7 %

- Autre 43 % (hébergement temporaire,

EHPAD, accueil de jour)

(14 réponses)

Quel est votre poste au sein du service ? (choix multiple)

- Ergothérapeute 50 %

- Cadre de santé 7 %

- Chef de service 0 %

- Autre 43 %

(14 réponses)

Quels sont les professionnels travaillant

au sein du service ? (cases à cocher) - Ergothérapeute 64%

- Neuro-psychologue 35%

- Psychologue 64%

- Kinésithérapeute 50%

- Orthophoniste 21%

- Infirmier psychiatre 7%

- Psychomotricien 50%

- Autre 42%

(14 réponses)

S’il y a un poste d’ergothérapeute, est-ce

un temps plein ou moins? (choix

multiples)

- Temps plein 22%

- Mi-temps 44%

- Autre 34%

(9 réponses)

S’il y a un poste d’ergothérapeute, quelles

sont les modalités d’intervention de

- Evaluation des situations de handicap et de

dépendance liées aux troubles cognitifs et du

Page 76: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

l’ergothérapeute ? (cases à cocher) comportement 13 %

- Elaboration d'un plan individualisé

d'accompagnement et de réadaptation 13 %

- Prise en charge individuelle par le biais

d'activité thérapeutique 17 %

- Prise en charge collective par le biais d'activité

thérapeutique 19 %

- Formation auprès d'autres professionnels

12 %

- Missions organisationnelles dans le service

4 %

- Préconisation d'aides techniques et

positionnement 17 %

- Autre 4 %

(9 réponses)

Combien y a-t-il de résidents accueillis au

sein du service ? (question libre)

Moyenne : 15

(14 réponses)

Quelle est la moyenne de durée de séjour

d’un patient ? (question libre)

Moyenne : 1 an (sauf EHPAD)

(14 réponses)

Quels sont les troubles les plus fréquents

présentés par les patients hospitalisés au

sein du service ? (cases à cocher)

- Déambulation 19 %

- Agressivité verbale et physique 15 %

- Agitation 18 %

- Anxiété 19 %

- Syndrome dépressif 11 %

- Apathie 10 %

- Troubles de la communication (mutisme,

aphasie) 8 %

(14 réponses)

Quels sont les outils d’évaluation utilisés ? (cases à cocher)

- MMS 22 %

- ADL/IADL 14 %

- NPI ou NPI/ES 30 %

- grille AGGIR 30 %

- Autre 5 %

(14 réponses)

Y a-t-il une salle de bain thérapeutique ? (choix multiples)

- Oui 50%

- Non 50%

(14 réponses)

Si oui, est elle utilisée ? (choix multiples) - Oui 100%

- Non 0%

(7 réponses)

Combien de fois par semaine ? (choix

multiples) - 1 fois par semaine 14 %

- 2 à 3 fois par semaine 43 %

- plus de 4 fois par semaine 29 %

- Autre 14 %

(7 réponses)

Combien de patient bénéficient de

l’activité bain thérapeutique ? (liste) - 1 25 %

- 2 25 %

Page 77: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

- 3 0 %

- 4 25 %

- 5 0 %

- 6 25 %

- plus de 7 0 %

(4 réponses)

Quels sont les professionnels utilisant la

salle de bain thérapeutique ? (cases à

cocher)

- Ergothérapeute 57%

- Aides-soignants 70%

- Infirmiers 28%

- Psychomotricien 57%

- Autre 28%

( 7 réponses)

Des objectifs sont-ils prédéfinis pour

chaque patient ? (choix multiples) - oui 100 %

- non 0%

(7 réponses)

Un relais est-il réalisé pour cette activité ?

(activité débutée et ritualisée par un

thérapeute sur plusieurs séances pour un

patient donné, et reprise par les autres

soignants) (choix multiples)

- oui 57 %

- non 43 %

(7 réponses)

Serait-il possible que je réalise des

entretiens au sein de votre service afin

d'affiner mes recherches et d'obtenir des

réponses complémentaires? (choix

multiples)

- Oui 73 %

- Non 27 %

(11 réponses)

Page 78: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

ANNEXE 5 : GRILLE D’ENTRETIEN

Population ciblée :

3 ergothérapeutes diplômés d’Etat, et une psychomotricienne pratiquant l’activité bain

thérapeutique ou ayant pratiqué cette activité au sein d’un service spécialisé Alzheimer

accueillant des patients atteintes de la maladie d’Alzheimer au stade avancé.

Intérêt des entretiens : affirmer ou réfuter mes hypothèses de travail, définir le cadre de

l’activité bain thérapeutique, définir l’intérêt de cette activité dans la prise en charge des

personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer à un stade avancé et mettre en avant la

collaboration des autres soignants dans cette activité.

Questions, thèmes, point abordés :

1. Quel est votre parcours professionnel ? depuis quand travaillez-vous au sein de ce

service ?

2. Pourriez-vous me dire en quoi consiste votre prise en charge ergothérapeutique

auprès de patients atteint de la maladie d’Alzheimer à un stade évolué, dans un

service spécialisé ?

3. Quelles sont les activités que vous pratiquez ?

4. Pratiquez-vous des activités en lien avec d’autres professionnels ? si oui, précisez.

5. Quelle relation avez-vous avec les autres professionnels, notamment avec les

aides-soignants qui sont quotidiennement avec les patients ?

6. Le choix d’utiliser l’activité bain thérapeutique auprès du patient :

o Est-ce une réflexion en équipe ?

o Quels sont les critères pour prétendre à cette activité ?

o Quels sont majoritairement les objectifs ? (apaisement, favoriser

communication, diminuer troubles productifs …)

7. Quels sont les outils et le matériel utilisés pour l’activité ?

8. Quelles stimulations sensorielles utilisez-vous principalement ?

o Avez-vous un déroulé type de séance ? l’utilisation des stimulations se fait-elle

toujours dans le même ordre ?

o Précision sur le déroulement d’une séance

Ritualisation ?

9. Voyez-vous un intérêt réel à l’utilisation de cette activité auprès de ce public ?

Page 79: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

o Les objectifs sont-ils atteints ? les résultats attendus sont-ils vérifiés ?

o Ceci favorise-t-il la détente et l’état de bien être chez le patient

Durant l’activité et au sein du service après l’activité ?

o Cela facilite-t-il la communication et le travail des autres soignants dans le

service auprès des patients bénéficiant de l’activité ?

10. Des transmissions sont-elles faites auprès de l’équipe soignante?

o Utilisation d’un outil d’évaluation et de transmission mis en place afin de

faciliter la compréhension des transmissions pour l’équipe ?

11. Reprise de l’activité par d’autres soignants une fois que le rituel est installé, que

le patient a accepté et intégré l’activité ? si oui, précisez :

o Comment se déroule la passation ?

o Briefing par l’ergothérapeute ? transfert d’acquis ? (déroulé et ressentis)

o Outils de transmission toujours utilisé par les soignants ayant repris l’activité ?

12. Comment ressentez-vous la collaboration avec les autres soignants vis-à-vis de

cette activité (ou débutant, en fonction de la personne interrogée) ?

Page 80: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

ANNEXE 6 : ENTRETIEN ERGO 1

Quel est votre parcours professionnel ?

Je suis ergothérapeute sur l’UHR de *****, il y a aussi un accueil de jour. J’y travaille depuis

mi-octobre. Je suis ergothérapeute depuis 2009. J’ai travaillé avant dans une maison de repos.

Je n’avais jamais travaillé auprès de ce public auparavant.

Pourriez-vous me dire en quoi consiste votre prise en charge ergothérapeutique auprès

de patients atteints de la maladie d’Alzheimer à un stade évolué ?

À l’UHR je m’occupe des évaluations à la toilette pour donner les conseils ensuite à l’équipe,

pour que les patients puissent garder leur indépendance. On met en place des activités à visées

cognitives, manuelles, sociales. On travaille également en groupe pour les troubles du

comportement pour qu’elles apprennent à vivre ensemble. Donc pour travailler les

interactions sociales ? Oui tout à fait.

Quelles sont les activités que vous pratiquez sur l’UHR ?

On a aussi un Snoezelen, on fait un atelier mosaïque, atelier jardinage, des parcours de

marche, des ateliers musique pour la création musicale, des activités manuelles diverses. Et

également un atelier cuisine.

Pratiquez-vous des activités en lien avec d’autres professionnels ?

Il y a un psychomotricien et une neuropsychologue qui viennent deux fois dans la semaine.

Avec la neuropsychologue, on s’entretient pour les réunions d’équipe mais on ne fait pas

d’activités ensemble. Avec le psychomotricien ont fait beaucoup d’activités ensemble pour

tout ce qui est gestion du groupe par exemple, et les parcours de marche.

Quelle relation avez-vous avec les autres professionnels notamment avec les aides-

soignants qui sont quotidiennement avec les patients ?

Les aides-soignants font également des activités l’après-midi, quand ils ont le temps. Sinon, il

faut avoir de bonnes relations avec eux pour le bien-être du patient. Par exemple lors des

toilettes, si elles observent un début d’Escarre. Et c’est à nous aussi ergothérapeute

d’intervenir pour tout ce qui est positionnement. Donc la communication avec les autres

soignants est très importante.

Page 81: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

Est-ce que les autres soignants connaissent bien votre métier (ergothérapeute) ? Est-ce

que vous êtes bien reconnus au sein de l’équipe ?

Oui ils connaissent bien mon rôle et font appel à moi de manière adaptée, pour le repas ou

pour l’installation de matériel. De plus, les ergothérapeutes qui étaient la avant moi avait créé

des fiches de poste.

Maintenant nous allons parler plus précisément de l’activité dans thérapeutique. Est-ce

que le choix d’utiliser l’activité bain thérapeutique auprès du patient est une réflexion

en équipe ? Et quels sont les critères pour prétendre à cette activité ?

Alors déjà, on essaye une fois pour voir si le patient accepte le bain ou pas, car tout le monde

n’y adhère pas. Après, si on voit que l’essai est concluant, on met en place l’activité soit une

fois par semaine pour le côté relaxation et en même temps douche, ou alors c’est quand les

personnes sont trop angoissées, il peut y avoir un bain relaxant l’après-midi mais pour

l’instant c’est surtout le matin.

Et le choix d’impliquer un patient dans l’activité, est-ce un choix d’équipe ?

Oui, la personne qui s’est chargée de l’évaluation au bain transmet ce qu’elle a pu voir, et on

décide de voir si on peut continuer. Ou on passe le relais, ça peut être moi aussi qui évalue le

bain, ce n’est pas toujours les aides-soignants qui le font. Les professionnels pratiquant

cette activité sont les aides-soignants et vous alors ? Alors en fait, nous ont fait plus de

l’évaluation, on évalue voir si c’est faisable ou pas, et utile surtout. Et après, du coup, les

aides-soignants prennent le relais. Et du coup, c’est en équipe aussi que vous fixez les

objectifs ? Pour l’instant, nous n’avons qu’une seule résidente qui bénéficie de cette activité.

Les objectifs ne sont pas écrits clairement sur une feuille, c’est informel. Chacun a un peu ses

objectifs, mais ils sont évoqués entre membres de l’équipe.

Quels sont les objectifs principaux de cette activité auprès des patients Alzheimer pour

vous ?

Alors actuellement, c’est une dame qui a des angoisses par rapport à la douche. Par rapport au

shampoing aussi. Dans le bain elle est immergée totalement, donc l’acceptation est plus facile.

Elle accepte qu’on lui lave les cheveux certains journée, pas d’autres. Donc les objectifs

principaux seraient l’indépendance et la relaxation. Donc vous réalisez cette activité avec

cette dame pour travailler l’acceptation de la toilette ? Voila. Et aussi pour diminuer

l’anxiété ? Oui aussi, diminuer le stress dû à l’activité douche. Quels troubles présentent

Page 82: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

cette dame ? Elle est atteinte d’une démence dégénérative Alzheimer accompagnée de

troubles du comportement, de l’agressivité verbale, et de l’angoisse.

Pour l’activité bain thérapeutique, quels sont les outils et matériel utilisés ?

On a une baignoire qui s’élève, si les personnes ont des difficultés à rentrer dans la baignoire,

on a une chaise élévatrice. On a plusieurs huiles essentielles, des produits de toilette, du bain

moussant, et de la musique également.

Pour le moment, il n’y a qu’une patiente qui bénéficie de cette activité. Mais est-ce que

les stimulations sont adaptées à chaque patient ?

Oui, c’est à évaluer pour chaque cas. Il y en a qui n’aime pas forcément la musique alors que

d’autres aime bien. Là il faut évaluer au cas par cas. C’est durant l’évaluation qu’on observe

les stimulations bénéfiques pour les patients, il est important ensuite de transmettre à l’équipe

soignante ce qui fonctionne avec ce patient.

Y a-t-il un déroulé type de séance pour chaque patient, une ritualisation?

Les stimulations ne sont jamais les mêmes, cela dépend des jours et des soignants. Il n’y a

donc pas de ritualisation auprès d’un même patient ? Non. Cela dépend du soignant qui

pratique le bain.

Des transmissions sont réalisés sur les stimulations utiliser et bénéfique pour le patient

par les soignants réalisant l’activité auprès de l’équipe soignante ?

Oui, mais ce ne sont que des transmissions orales, il n’y a pas d’écrit.

Voyez-vous un intérêt réel à l’utilisation de cette activité auprès de ce public ?

Oui, maintenant c’est plus surtout chez les gens qui sont très réceptifs, alors il faudrait faire ça

à n’importe quel moment de la journée et pas forcément que les matins. C’est plutôt le

problème en fait. Après ce sont des patients désorientés, il ne comprendrait pas forcement

pourquoi on pratique l’activité bain l’après-midi. Mais pour l’instant nous n’avons pas le

patient qui pourrait bénéficier de l’activité dans l’après-midi.

Il y a eu des patients qui ont bénéficié de cette activité avant mon arrivée mais je ne les ai

jamais vus.

Les objectifs sont-ils atteints avec la patiente qui bénéficie l’activité dans thérapeutique

au sein de votre service ?

Page 83: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

En partie, pas totalement quand même. Les cheveux restent encore un problème l’angoisse est

toujours un problème. Elle ne supporte pas qu’on lui lave les cheveux. Lorsqu’elle fait sa

toilette au lavabo, elle n’accepte aucune aide des soignants. Elle refuse qu’on l’aide. Avez-

vous vu une amélioration dans la toilette, sans parler du bain ? Non, il n’y a pas eu de

changement pour ça. L’activité est pratiquée une fois par semaine avec cette patiente.

Cette activité favorise la détente et l’état de bien-être chez le patient pour vous ? Durant

l’activité, et au sein du service après ?

Cela dépend de comment ça se passe dans le service. Si les autres résidents sont énervés et

agités dans le service, cela n’a pas d’effet à long terme. Ça dépend des jours. Avec cette

patiente, cela l’apaise quand même sur le moment, et cela peut l’apaiser la matinée.

C’est une patiente qui communique bien qui n’a pas de troubles du langage.

Des transmissions sont réalisées après l’activité, mais elles sont informelles et non écrit sur le

papier.

Avez-vous un outil d’évaluation pour cette activité ?

Non

Comment se déroule le relais par les autres soignants pour cette activité ?

Donc, nous réalisons l’évaluation de l’activité bain thérapeutique auprès du patient, ceci peut

également être fait par les aides-soignants, et puis ce sont les aides-soignants qui reprennent

l’activité. Nous donnons ensuite les conseils sur quelles stimulations utiliser, sur le

comportement adopté, etc. nous allons également leur indiquer ce qui est vraiment recherché

dans l’activité bain thérapeutique, c’est-à-dire si c’est plus la relaxation ou plus la stimulation.

Comment ressentez-vous la collaboration avec les autres soignants vis-à-vis de cette

activité ?

C’est très important pour voir l’évolution du patient, aussi pour se remettre en question par

rapport à l’évaluation initiale, pour voir s’il y a des modifications à faire pour la séance, s’il y

a besoin de réévaluer l’activité.

Page 84: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

ANNEXE 7 : ENTRETIEN ERGO 2

On m’a dit que vous réalisiez cette activité au sein de votre service ? Oui, j’essaye de faire

un bain confort une fois par semaine, auprès du public personne âgée Alzheimer, personnes

âgées avec un déficit moteur comme une hémiplégie ou SEP ou parkinson.

Pourriez-vous m’expliquer votre parcours professionnel pour commencer ?

Je suis diplômé de l’école de Montpellier depuis 2009, j’ai fait plusieurs CDD en centre de

rééducation fonctionnelle, après j’ai travaillé dans un centre pour Traumatisés crâniens, puis

pour la MDPH, ensuite en CHR en centre d’évaluation gériatrique. Cela ne m’a pas du tout

plu, puis je suis partie en nouvelle Zélande ou je n’ai pas travaillé. Puis en 2011 j’ai travaillé

dans un hôpital local pendant 6 mois, et maintenant ça fait bientôt 2 ans que j’occupe le poste

en CDI en EHPAD. Il y a une unité protégé qui accueille 8 résidents qui présentent des

troubles du comportement avec une maladie d’Alzheimer apparentée, à un stade évolué ou

pas, qui nécessite un accompagnement plus spécifique qu’en EHPAD.

Pourriez-vous me dire en quoi consiste votre prise en charge ergothérapeutique auprès

de ce public ?

Par rapport à la vie quotidienne et à l’autonomie mon action principale ça va être de trouver

des solutions pour essayer d’apaiser les angoisses car ce sont des personnes qui sont très

angoissés, avec des troubles du comportement et dans la vie quotidienne il y a des

retentissements assez majeurs, lors du moment de la toilette, des repas ou des activités, ou

dans les moments de vide. C’est donc de trouver des solutions pour que la déambulation ne

soit pas source d’angoisse. Je travaille avec l’équipe, j’essaye de mettre en place des outils

propres à chaque résident, puis je propose avec la psychologue des ateliers mandala, cela a un

effet thérapeutique, ça apaise et canalise l’attention de la personne. Il y a aussi les bains

conforts, puis après ce sont des actions comme des toilettes thérapeutiques en binôme avec les

soignants pour essayer de trouver des solutions si il y a des problématiques difficiles à gérer.

Et pratiquez-vous des activités avec d’autres professionnels ?

A l’EHPAD, il y a 2 psychologues à mi-temps, avec une des deux je fais un atelier mandala

deux fois par semaine avec 10 résidents sur les 2 séances. Puis avec l’autre psychologue je

fais un atelier décompression, médiation autour de la parole, ce sont des personnes qui sont

plus autonome autour de l’élaboration de la pensée donc à un stade plus modéré. Sinon je

Page 85: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

travaille aussi beaucoup avec les kinés pour l’aspect plus moteur, et je travaille aussi

beaucoup avec l’orthophoniste. Elle intervient au sein de l’EHPAD, elle est très compétente.

Elle fait son diagnostic sur les fonctions préservées et celles atteintes, puis on arrive à créer

des outils par exemple un lexique de vêtement et d’objets usuels pour une personne qui a une

aphasie.

Quelle relation avez-vous avec les autres soignants, notamment avec les aides-soignants

qui sont quotidiennement avec les patients ?

Les aides-soignants sont au plus près des personnes dans la vie de tous les jours, donc c’est

leur regard au quotidien qui me permet de mettre en place des actions et des outils. C’est un

échange, ils m’apportent des choses et moi je leur apporte aussi des solutions, ça va dans les

deux sens. Par exemple les bains conforts, en général je les fais en binôme, puis si c’est

nécessaire je peux faire des binômes avec les psychologues ou bien avec les aides-soignants

ou avec une IDE en fonction du résident et de la personne.

Le choix du bain thérapeutique auprès du patient c’est une réflexion qui est faite en

équipe ?

L’activité bain thérapeutique avais été mise en place par ma collègue que j’ai remplacé.

L’ergo et la psychologue avaient aménagé la salle de bain pour créer un espace sensoriel. Puis

je suis arrivée et j’ai poursuivie l’activité et je l’ai adaptée à ma façon aussi. Puis après on a

écris un protocole d’utilisation de la baignoire avec les objectifs d’un bain confort, pour

vraiment dissocier l’activité bain de l’activité toilette.

Et pour décider que un patient puisse prétendre à l’activité, est ce que la décision est

prise en équipe ?

Oui, on a des temps de transmissions quotidiennes ou on parle des résidents. Chacun peut

proposer et la réflexion est commune.

Quels sont les critères pour que les patients puissent prétendre à l’activité ?

Le seul inconvénient est l’accessibilité de la baignoire. Le transfert avec un lève personne est

assez compliqué. C’est la seule contrainte que j’ai, ou sinon des contraintes comme des plaies,

ou bien un état général mauvais ou alors une angoisse importante ou le bain pourrait majorer

encore cette angoisse. Après je pense que toute les personnes pourraient y bénéficier.

Quels sont majoritairement les objectifs auprès du public Alzheimer ?

Page 86: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

Le bien être ou mieux être, apaiser les angoisses, c’est un moment de relaxation. Après, ça va

être aussi d’utiliser l’aspect sensoriel du bain, la baignoire est ancré dans un espace clos et

serein avec des lumières tamisée, on met une petite musique douce qui est zen, on met des

huiles essentielles. On essaye vraiment de mobiliser tous les sens : la vue avec des petites leds

au plafond, l’odorat c’est l’odeur du bain, du savon et des huiles essentielles, l’ouïe avec de la

musique et le toucher avec l’eau. On essaye de plonger la personne dans un bien être. On

essaye également de créer une relation qui est privilégiée entre la personne et le soignant. A

chaque fois que je fais un bain c’est un peu comme une bulle intemporelle, le temps est un

peu suspendu. Il n’y a pas de limites de temps dans la durée du bain.

L’activité bain, vous la réalisez une fois par semaine ?

Oui tout à fait. Les autres soignants peuvent aussi, dès qu’ils ont un moment, proposer un

bain.

Quels sont les outils et le matériel que vous utilisez pour l’activité ?

La baignoire, après j’utilise le shampooing et le savon personnel du résident. Des huiles

essentielles avec un diffuseur d’huile, un poste radio avec de la musique zen, des gants

massant, des petits verres pour faire couler dans le dos de la personne. Puis après on a des

peignoirs à disposition, des grandes serviettes pour les enrouler dedans. On a aussi des

coussins de positionnement qui peuvent aller dans l’eau.

Avez-vous un déroulé type de séance ? L’utilisation des stimulations sensorielles ce fait-

elle toujours dans le même ordre ?

J’ai fait un protocole juste pour l’utilisation de la baignoire et l’installation de la personne, le

transfert. Après dans le déroulé du bain, tout est possible. Ce qui est bien aussi, c’est que la

baignoire a une fonction électrique pour l’allonger. La personne peut rester assise si cela

l’angoisse d’être allongée. On peut juste faire un bain de pied. Pendant le bain, l’utilisation

des stimuli, c’est en fonction de la personne. C’est au cas par cas. Il y a un protocole pour

l’entrée dans le bain, après le déroulé de la séance est vraiment propre à chaque personne.

Avec chaque patient, y a-t-il une ritualisation de la séance ?

On essaye oui. Par exemple, on va préparer la salle de bain avant la séance, on prend un temps

dans la salle de bain avant de l’installer dans la baignoire pour qu’elle appréhende l’espace,

l‘ambiance, qu’elle verbalise ce qu’elle ressent. Après on l’installe et on fait la séance en

Page 87: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

fonction de comment elle réagit. Le temps d’entrée dans la salle de bain est très important car

cela va déterminer la suite de la séance.

Voyez-vous un réel intérêt à l’utilisation de cette activité auprès de ce public ?

Oui, je trouve que c’est un outil supplémentaire qui est d’avantage porté sur le sensoriel pour

accompagner les personnes Alzheimer. Après je mets un peu un bémol a tout ça, tout ce qui

est dérivé de Snoezelen. Auprès de ce public, il faut aussi s’en méfier parce que ce sont des

personnes qui sont désorientée, l’aspect sensoriel peut des fois majorer cette désorientation.

Des fois, avec des personnes qui sont trop désorientées ou angoissées, je vais laisser la

lumière, ou je vais ne pas mettre des musiques. Je ne vais pas jouer avec tous les aspects

sensoriels. C’est au cas par cas de toute façon.

En globalité, les objectifs que vous fixez auparavant sont atteints ?

En général ils sont atteints oui. Après, on observe toujours un moment de stresse au début de

la séance car ça peut être un moment un peu inconnue, l’eau monte, ça fait du bruit dans la

baignoire. Puis après la personne s’habitue, et on observe, même physiquement, une détente.

Elle va lâcher les poignets, les traits du visage vont s’apaiser. Parfois des personnes qui sont

logorrhéiques vont s’arrêter de parler. Voilà, il y a des signes objectifs qui permettent de voir

que le bien être est là.

La détente et l’état de bien être chez le patient, est-ce que pour vous c’est un effet qui est

à court terme c’est-à-dire pendant la séance, et à plus long terme c’est-à-dire au sein du

service après la séance ?

Je pense qu’il y a un effet dans la journée oui. Après, le bain confort je peux le proposer à

deux temps de la journée, le matin ou l’après-midi, sachant que le matin cela passe souvent

mieux car les personnes âgées identifient souvent le moment de bain avec le moment de

toilette. Donc pour avoir leur adhésion, c’est plus facile de leur dire qu’on va faire un bain

pour la toilette, même si je sais que derrière mon objectif n’est pas la toilette, ça passe mieux.

Après je trouve que l’effet dans la journée est durable, parce que souvent l’apaisement se

prolonge dans le reste de la journée, et en général ce sont des personnes qui vont par exemple

mieux dormir le soir. Après dire que c’est efficace sur le reste de la semaine non.

Donc vous réalisez cette activité en binôme c’est cela ? Pouvez-vous m‘en dire plus ?

Oui, je trouve qu’en termes d’accompagnement c’est plus facile. Déjà au niveau de

l’organisation car il y en a un par exemple qui va préparer la salle de bain, et l’autre qui va

Page 88: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

être auprès du résident pour lui expliquer, l’accompagner, l’entourer chaleureusement. Et puis

après on se rejoint dans la salle de bain et puis on aide la personne au transfert, et souvent les

personnes avec des troubles de la mobilité, il y a besoin de 2 soignants pour sécuriser. C’est

aussi une relation qui est triangulaire entre le patient et les 2 soignants et c’est très intéressant.

Après, si on sent que la présence de 2 soignants c’est trop, il y en a un qui s’en va.

L’instauration d’une relation de communication et de confiance peut être plus

compliquée du coup quand il y a 2 soignants ?

Moi je ne trouve pas, car ce sont des gens qui vivent dans une unité de vie ou il y a beaucoup

de monde, beaucoup de passage et là il n’y a vraiment que 2 soignants autour d’elle et rien

que pour elle et elle se sent vraiment entouré du coup. Quelques fois ça passe beaucoup mieux

dans une relation ou il y a trois personnes que dans une relation duelle. Parce que la parole va

plus facilement circuler et par exemple lorsqu’un des 2 soignants est en difficulté face aux

troubles du comportement, le deuxième soignant peut prendre le relais. Et moi je trouve que la

personne est plus rassurée lorsqu’il y a 2 soignants.

Est-ce que des transmissions sont réalisées auprès de l’équipe par la suite ?

Oui, alors il y a 2 types de transmissions. On fait une transmission écrite sur le logiciel dans le

dossier patient, comme ça c’est diffusé auprès des équipes qui peuvent lire les bénéfices ou

pas du bain. Moi j’ai mis en place depuis peu de temps une petite fiche qui est accessible aux

familles. Parce que je me suis rendue compte que les familles n’étaient souvent pas au courant

des activités proposées à leur proche. C’est une petite fiche type A5 qui résume les objectifs

du bain et comment ça se déroule, et il y a une case ou je peux rajouter à la main des

commentaires. Je dépose cette fiche dans la chambre du patient, et la famille peut la consulter

lorsqu’ils viennent rendre visite à leur proche. Puis je les encourage à venir vers moi ou vers

le soignant qui a réalisé le bain s’ils ont plus de questions.

Donc l’activité vous la réalisez à 2, cela arrive-t-il que vous la réalisiez seule ou que

d’autres soignants la réalisent seuls ?

Oui, cela m’est déjà arrivée de le faire seul, j’ai demandé seulement un coup de main pour le

transfert. C’est aussi bien, je sais que la relation duelle peut bien se passer. Oui, les autres

soignants peuvent proposer des bains supplémentaires sur le temps de toilette, ou l’après-midi

lorsqu’ils ont des temps plus individuels. Après elles demandent souvent un coup de main

pour le transfert. Les objectifs varient en fonction des personnes un peu, mais j’essaye de

Page 89: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

diffuser les objectifs auprès des soignants et ils ont bien compris que c’était un moment de

détente et de confort et non un temps de toilette et le message est très bien passé. Après

chaque patient agit différemment dans la relation mais c’est tout aussi intéressant je trouve.

Comment ressentez-vous la collaboration avec les autres soignants vis-à-vis de cette

activité ?

Bien, je trouve que c’est intéressant de pouvoir partager ce moment. C’est un moment aussi

intéressant pour le résident que pour le soignant parce que nous en tant qu’ergo on peut

utiliser pleins d’outils, les soignants ça leur permet aussi de varier leur activité

professionnelle. Ça leur permet d’avoir une autre relation avec la personne, le fait que ce soit

bénéfique pour les soignants cela se répercute dans l’accompagnement du résident.

Vous trouvez donc que cela facilite la communication et le travail des soignants dans le

service auprès des patients ? Tout à fait, cela diversifie leurs actions, et forcément un

soignant qui se sent bien dans son travail va faire du bon travail avec le résident.

Le bain va de manière générale les apaiser et du coup, leur mode de communication va

s’exprimer différemment. Les troubles de la communication vont moins s’exprimer mais

seront toujours présents.

Page 90: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

ANNEXE 8 : ENTRETIEN ERGO 3

Pour commencer, j’aurai aimé connaître votre parcours professionnel

Alors, je suis diplômée depuis 99, de l’école de ******, j’ai travaillé 6 mois auprès des

enfants et après j’ai fait une création de poste d’ergothérapeute à **** en janvier 2000 à

temps plein. Après mon poste c’est scindé en 2, j’étais à mi-temps avec le même employeur.

En fait au bout de la maison de retraite il y avait également un hôpital donc à partir de janvier

2003 j’étais à mi-temps sur le SSR et mi-temps sur l’EHPAD, ça jusqu’en 2009.

Au sein de l’EHPAD, il y avait un service spécialisé Alzheimer ?

Voilà, il y avait 13 lits sur un service fermé pour les personnes déambulantes, pour les

sécuriser. Parce que sur les autres services on retrouve effectivement ce type de pathologie

mais ça va peut être plutôt des personnes Alzheimer à un stade un peu plus avancé donc du

coup il y a moins de risque de déambulation car ce sont des gens en fauteuil roulant.

Pourriez-vous me dire en quoi consistait votre prise en charge ergothérapeutique auprès

de patients atteints de la maladie d’Alzheimer au stade avancé ?

En fait, ils étaient plus forcément sur le service fermé, ils étaient plus dans les autres services.

Donc à cette époque-là, je faisais beaucoup d’activités. Sinon bien sur beaucoup de

positionnement au lit et au fauteuil, beaucoup de prise en charge individuelle.

Et du coup les prises en charge individuelle, c’était par exemple au moment du repas, de

la toilette, c’était dans l’objectif de l’autonomie du patient ?

Pour les repas oui, pour transmettre aux soignants éventuellement les façons de faire pour

amorcer la gestuelle, pour continuer le plus longtemps possible que la personne puisse

s’alimenter, par exemple au début du repas pour que le soignant ne soit pas tout de suite là a

donner à manger. Sinon je pense que j’étais plus dans une démarche de confort, pas forcément

l’autonomie du patient comme on peut retrouver en traumato. Si un maintien des acquis, mais

voilà aussi avec plutôt une prise en charge orientée vers le confort.

Sinon les activités de groupe j’en faisais beaucoup, tout ce qui est atelier cuisine, travaux

manuels et gym. Donc j’avais plusieurs groupes de gym. Donc sur le service fermé, là où il y

avait les 13 patients Alzheimer, je faisais régulièrement gym une fois par semaine, cuisine une

fois par semaine. Donc beaucoup d’activités manuelles, on faisait beaucoup de papier mâcher,

Page 91: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

ça marchais bien, la sculpture avec la colle à tapisserie. Puis la peinture. Tout ce qui était pâte

à sel, comme ça s’ils mettaient dans la bouche ce n’était pas trop grave en soi. Parce qu’il y a

toujours des patients qui mettent à la bouche. Sinon pour les personnes Alzheimer plus

avancés dans la maladie, la gym douche plus adaptée. Je profitais de ces moment-là pour les

touchers, pour que eux même ce réapproprient leur corps, et ce touchent. Voilà avec des

petites balles à picot. Elles se touchaient les cuisses, les mollets, remontait la balle plusieurs

fois, voilà. Eux même faisaient sur eux et puis de temps en temps je pouvais le faire aussi sur

eux. Des petits groupes par contre, si j’étais toute seule c’était pratiquement une prise en

charge individuelle dans un groupe. Par contre si j’avais la chance d’avoir un binôme, à un

moment donné il y a une association qui est venu m’aider, c’était 2 jeunes hommes ça

marchais très bien parce que ça faisait une relation triangulaire c’était intéressant. L’intérêt

était de travailler plus sur le corps.

Pratiquiez-vous des activités en lien avec d’autres professionnels ?

Avant que je parte il y a eu des aides-soignantes qui se sont formés en AMP donc je travaillais

avec elle, beaucoup pour les bains d’ailleurs mais sinon dans les services fermé c’était plus

facile parce que les AS avait plus de temps, elles avaient du temps consacrés pour tout ce qui

étaient activités manuelles.

Et justement quelles relations aviez-vous avec les autres professionnels, notamment avec

les AS qui sont quotidiennement avec les patients ?

Proche, très proche, d’autant que ce sont les AS qui m’interpelle directement. Bon, on vous

apprend qu’il faut travailler sur prescription médicale, je n’attends pas la prescription

médicale pour intervenir. Je vais la demander dans un deuxième temps. Mais les AS ont

toujours eu l’habitude de m’appeler directement. En tant qu’ergo on donne des conseils, tout

ce qui est formations officieuses, tout ce qui est de l’ordre de la manutention au lit, de

l’appareillage, du lève personne, du verticalisateur. Vu que c’était une création de poste sur la

maison de retraite et qu’ils ne connaissaient pas du tout la profession, ça a été très long. Toi

en tant qu’ergo tu es seule à arriver face aux équipes, donc d’abord il faut passer par un temps

d’observation et d’adaptation puis après progressivement tu créer le besoin mais

tranquillement. Donc il faut être patient, une année quand même. Et donc par rapport aux

prescriptions médicales, c’est comme je te disais tout à l’heure. Et ça permet aussi d’améliorer

les échanges, et que l’aide-soignant soit aussi responsable.

Page 92: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

Maintenant on va parler plus précisément de l’activité bain thérapeutique auprès du

public Alzheimer au stade avancé, je voulais savoir dans un premier temps si le choix

d’utiliser cette activité auprès d’un patient, est-ce une réflexion faite en équipe ou la

demande viens de vous?

J’aurai tendance à te dire les deux en fait. Mais ça c’est par expérience professionnelles. Il y a

eu des discussions, lors de transmission, par un consensus, lors de réunion de synthèse. A ce

moment-là il n’y avait pas encore beaucoup de projet de vie, ce n’était pas développé dans le

service. Moi j’ai commencé les bains thérapeutiques un peu près quand je suis arrivée donc de

2000 à 2009, donc tout ce qui est projet de vie ce n’était pas trop en place encore. Donc lors

des transmissions, des réunions de synthèse. Et sinon de façon plus officieuse, directement les

aides-soignants ou les AMP, soit parce que certaines personnes c’était difficile le temps de la

toilette, donc on voulait faire des essais pour voir si le temps du bain aller mieux ce passer

qu’une douche. Sinon, des AS qui avaient remarqué que des personnes aimaient bien le temps

du massage en disant que peut être que ça marcherai bien pour cette personne-là. Ou sinon,

moi directement en faisant connaissance avec la personne, en se disant tiens peut être qu’avec

cette personne la ca marcherai bien. Donc voilà par forcément de protocole. Il n’y avait pas

de critères prédéfinis ? Non, pas de critères à ce moment-là. C’est un petit peu en fonction

de comment ressentent les soignants par rapport à la prise en charge de la toilette.

Et du coup qu’elles étaient majoritairement les objectifs du bain auprès de ce public ?

Donc certains résidents ou le temps de la toilette pouvait être compliqué, donc l’objectif était

d’obtenir un temps calme dans un environnement chaud dans l’eau. Et effectivement en fait

on a eu des bons résultats sur ce genre d’objectifs. Par contre quand on donne un bain, il faut

savoir qu’il faut avoir du temps, déjà un environnement sécurisé car une personne ne peut pas

se détendre si elle ne se sent pas en sécurité. Donc du coup il faut avoir une baignoire adaptée,

on ne peut pas mettre n’importe qui dans n’importe quelle baignoire. Ça c’est la base. C’est la

sécurité du patient, peu importe le patient ou la pathologie. S’il ne se sent pas en confiance il

n’arrivera pas à se détendre. Donc l’importance du bain, de l’environnement, de la chaleur.

L’environnement est déjà important, après musique ou pas, ça dépend. Une fois que ton

environnement est sécurisé, que t’as une baignoire adaptée, que tu sais que le patient pourra

tenir sur le bain, la tu peux envisager le temps du bain. Il est important aussi toi-même, que tu

sois ergo, AS ou AMP, d’être bien car si c’est à un moment où tu es speed, ou qu’il y a

quelque chose qui te tracasse, tu vas le transmettre en fait. Quand je disais sécuriser

l’environnement, il faut tout prévoir pour ne pas sortir de la salle de bain. Tu ne peux pas

Page 93: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

laisser ton patient seul dans une baignoire, sauf si tu es en binôme. Alors parfois j’aime bien

le binôme parce que ça permet de mieux sécuriser effectivement mais parfois je n’aime pas

car dans ce moment-là je ne veux pas que les soignants discutent entre eux. Et quand on est 2

on a tendance à le faire. Et c’est l’inconvénient d’être 2 dans ce moment-là. Ce temps-là est

privilégié pour le patient même si effectivement le patient Alzheimer avancé ne communique

plus verbalement, il va y avoir autre chose qui va se passer donc du coup sincèrement je

préférai travailler toute seule. Sauf avec certaine AS ou AMP qui avais cette sensibilité la et

qui savais pourquoi je n’ouvrais pas la bouche à mon binôme.

Et donc au niveau des objectifs, vraiment un temps privilégié, donc effectivement j’aurai

tendance à dire que les personnes Alzheimer à un stade avancé ont très peu de communication

orale mais tu vois et tu lis dans leur yeux enfaite, c’est la communication non verbale. Et

toucher le corps avec beaucoup de respect. Déjà l’immersion dans l’eau chaude parce que déjà

moi c’était une baignoire à fond plat, avec 2 système de chariot, une position assise et une

position allongée. Donc en générale j’utiliser plus le fauteuil en position assise car elle se

sentait plus en sécurité parce qu’il y avait cette espèce de barre qui était devant elle, elle

pouvait quand même s’allonger une fois dans l’eau. Donc vraiment un temps privilégié,

beaucoup de chose qui se passait au moment du bain.

Et est-ce que les patients Alzheimer présentaient des troubles psycho-comportementaux

assez important, par exemple de l’agitation, de l’anxiété etc.

Je me souviens d’un monsieur, donc j’aurai tendance à te dire oui, il avait des moments ou en

fait il avait des moments de violence assez important et effectivement le temps du bain ce

passais bien. Est-ce que c’était le bain, ou notre comportement aussi, je ne pourrais pas te dire

si c’est le moment du bain qui lui apportait du bien-être.

Et du coup est-ce un objectif de diminuer les troubles du comportement

productifs auprès de ce public?

J’aurai tendance à te dire oui. Malheureusement, au niveau de la fréquence des bains ce n’était

pas assez régulier pour obtenir ça, d’ailleurs avec ce monsieur-là, il était sur une fréquence

d’une fois par semaine à une fois tous les 15 jours. Il y avait du coup d’autres personnes qui

n’en bénéficiait pas. Sinon c’est un problème de moyen. J’étais seule à donner des bains

pendant 2/3 ans, puis après quand je suis passé à mi-temps sur l’EHPAD, ils ont détachés des

soignants pour ce temps-là mais avant les baignoires n’étaient pas du tout utilisées. Puis j’ai

Page 94: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

formés quelques soignants qui par ailleurs ont suivi une formation d’AMP donc ils avaient

déjà cette sensibilité la aussi.

Quels sont les outils et matériels utilisés pour l’activité ? Tu veux que je te donne le nom

des fauteuils et tout ça ?

Non, principalement les stimulations sensorielles que vous utilisez.

A oui, pendant le temps du bain ? Oui. J’avais de la chance car on avait un budget pour

acheter tout ce qui est gel douche parfumé, shampoing et tout ça je n’étais pas obligé de

prendre les accessoires des résidents car justement il y avait des résidents qui n’avaient pas de

famille et pas d’accessoires personnels. Sinon la pharmacie me livrait aussi de l’huile

d’amande douce pour les massages après le bain.

Et par exemple de la musique ?

Oui de la musique, mais étrangement pas avec tout le monde. Peut-être plus pour les

personnes qui communiquaient peu. Et au niveau des lumières ? Non malheureusement, pas

là ou je travaillais. Il y avait juste un plafonnier, je n’avais pas de possibilité à ce niveau-là.

Et toutes ces stimulations sensorielles elles sont adaptées à chaque patient en fait ?

Si une personne, je sentais qu’elle commençait un peu à fatigué et qu’elle voulait revenir à la

chambre, on n’allait pas faire la séance massage avec l’huile d’amande douce. C’est adapté

effectivement. Même la durée du bain en fonction des personnes était adaptée.

Et du coup vous aviez un déroulé type de séance ? Non.

D’accord, par ce que vous me parliez de massages à la fin du bain. Oui effectivement si

j’avais du temps, on finissait toujours par un massage sur les membres inférieurs jusqu’au

bras.

Est-ce qu’auprès de ce public, la ritualisation des séances est nécessaire ? Par exemple

l’utilisation des stimulations va être toujours la même ?

J’aurai tendance à te dire oui, mais c’est pareil la fréquence n’étant pas là, voilà.

Mais par exemple vous me disiez par rapport au patient qui présentais de l’agressivité,

c’était toujours les mêmes stimulations car vous aviez repéré que c’était bénéfiques pour

lui ?

Page 95: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

Tout a fait, et la même soignante d’ailleurs, le matin toujours, la même tonalité de voix. Nous

avions également repérés les personnes qui aimaient l’eau très chaude, d’autres plutôt tiède

pendant l’immersion. En fait je me souviens, j’avais fait des feuilles d’évaluation. Je les

gardais dans des classeurs laissés dans les salles de bain, comme ça l’objectif était que les

soignants qui prenaient la décision de donner des bains à tel et tel personne pouvait consulter

les choses à mettre en place, spécifique à chaque patient. La chaleur de l’eau, la durée, si la

personne avais apprécié. Juste pour le service Alzheimer je le laissais dans l’office de soin.

Parce qu’en fait il n’y avait pas de salle de bain pour cette activité, il fallait que les personnes

sortent du service et qu’on aille au rez de chaussée. Et du coup sur cette feuille d’évaluation,

pour les personnes qui ne communiquaient plus verbalement il y avait des items par exemple

grimaces, expressions du visage, des feuilles qu’on peut retrouver un petit peu chez ce type de

patient. Je l’avais mis en place également dans un deuxième temps pour faciliter le passage de

relais puis pour avoir une trace écrite.

Est-ce que vous vous voyez un réel intérêt à l’utilisation du bain thérapeutique auprès

du public Alzheimer au stade avancé ?

J’aurai tendance à te dire oui quand même ! Oui oui, il y a un moment de bien être, de plaisir

qui se passe à ce moment-là, un moment d’échange. Je ne considérais pas le bain comme une

toilette. C’était vraiment un temps de bien être, un temps en dehors vraiment du circuit de

soin.

Et du coup vous me disiez que l’activité bain favorise l’état de bien être chez le patient,

est ce que cela a un bénéfice durant l’activité, ou est-ce que ça perdure ensuite au sein du

service ?

J’aurai tendance à te dire que ça perdure après le bain. Pas pour tout le monde, pas à chaque

fois, parfois ça ne marche pas mais il faut aussi l’accepter. Ça peut marcher une fois puis le

coup d’après non. Soit c’est le résident qui ne profite pas de ce moment-là, soit c’est toi qui

n’est pas assez disponible et qui n’arrive pas à créer ce temps. Et surtout ne pas être dérangé

pendant le bain. Toujours prévenir sur la porte « temps du bain » car souvent les salles de bain

sont des zones de stockage et les soignants ont tendance à rentrer sans frapper donc pour

qu’ils changent leur habitude. Pour que vraiment ce temps privilégié ne soit pas perturbé par

quelque chose et que moi non plus on ne vienne pas m’appeler. Vraiment réserver ce temps au

patient. Donc c’est pour ça que ce n’est pas toujours évident pour que ce soit le soignant qui

fasse ça, parce que eux malheureusement ont un rythme à tenir, ils ont tant de patients à voir

Page 96: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

par jour, c’est pour ça que je parlais plus des AMP. Les AMP ont quand même plus de temps

pour faire ça. Donc les bains l’après-midi, pourquoi pas tu me diras, je pense qu’on pourrait

en retirer les mêmes bénéfices. Mais je ne l’ai pas fait par manque de temps. Mais ça

montrerait que ce n’est pas dans un objectif d’hygiène mais ça permet d’avoir un temps

privilégié avec la personne dans un environnement qui le permette, un environnement cocon.

Ce n’est pas un retour à la vie fœtale mais presque parfois.

Du coup vous m’avez parlais des transmissions, donc vous aviez principalement la

feuille d’évaluation dont vous me parliez tout à l’heure, est ce que vous réalisiez

également des transmissions écrites par exemple dans le dossier patient ?

Oui, même si je ne suis pas assez rigoureuse pour mes transmissions écrites, les bains en

général je le faisais à chaque fois.

Comment est-ce que vous collaboriez avec l’équipe soignante par rapport à cette

activité ?

A si, avec qui je collaborais beaucoup aussi, excuse moi je te coupe, c’était avec la

psychologue. J’avais la chance d’avoir une très bonne psychologue sur l’EHPAD. Elle

intervenait parfois sur mes temps d’activité notamment la cuisine. Et pour les transmissions

par rapport à ce qu’il pouvait se passer pendant les bains, je communiquais beaucoup avec

elle. Et elle m’a appris beaucoup. Par exemple sur l’analyse des comportements pendant le

bain ? Voilà, d’ailleurs les feuilles d’évaluation, je les ai réalisés avec elle.

Et donc tout à l’heure vous me disiez que vous réalisiez parfois l’activité en binôme,

parfois seul. Et le doublon ce faisait avec les AS ou les AMP c’est cela ?

Voila

Est-ce que d’autres soignants étaient amenés à réaliser l’activité seul ?

Pas dans les premiers temps, mais justement quand je suis passé à mi-temps, la cadre de

l’époque avait souhaité que des soignants le fasse mais c’était compliqué. Puis

l’ergothérapeute qui a pris ma suite ne réalise plus cette activité. Il me semble que les

soignants ont pris le relais mais je pense que c’est avec des fréquences moins importantes.

Est-ce que vous trouvez justement que cette activité facilite la communication et le

travail des soignants auprès des patients ? Par exemple le fait que le soignant voit le

Page 97: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

patient dans un autre contexte, qu’il y ait une relation privilégié qui se créée, est ce que

ça améliore l’accompagnement du résident ?

J’aurai tendance à te dire oui, mais c’est un petit peu comme toute activité. En sortie par

exemple, quand le soignant voyait le patient faire des choses qu’il ne faisait plus. Les

soignants ont donc un autre regard, et pareil pour le patient, il voit le soignant en civil il y a

des choses qui se passent. Mais c’est peut-être pas cette activité qui va créer cela, c’est peut-

être aussi parce que je n’avais pas beaucoup de soignant non plus.

Et comment ressentez-vous la collaboration avec les autres soignants du coup vis-à-vis

de cette activité ? Avec les AS par exemple que vous preniez en doublon, ou bien avec les

soignants qui reprenaient l’activité ?

Oui, proche car on travaillait en binôme. C’est pareil, je prends toujours du temps à faire des

toilette à 2 au lit ça me permet de voir les capacités de la personne, de voir le soignant,

comment il s’y prend et échangeais sur l’acte de toilette. Mais justement dans le bain, je ne

voulais pas qu’il y ai d’échanges entre les soignants c’est pour ça que je ne pouvais pas non

plus prendre n’importe quel soignant. J’aurai tendance à dire aussi qu’il y a des soignants qui

sont toujours dans l’action, il faut aller vite, malheureusement on leur apprend comme ça et

parfois c’est difficile de revenir sur des pratiques. C’est pour ça je ne me sentais pas

forcément à l’aise avec tous les soignants pour ça. Car il faut laisser la place à l’autre, et

l’autre c’est le résident.

Page 98: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

ANNEXE 9 : ENTRETIEN PSYCHOMOTRICIENNE

Quel est votre parcours professionnel ?

J’ai fait un an de prépa à ******, et après j’ai fait mon école à *******, c’est sur 3 ans aussi.

Quand êtes-vous sortie de l’école ? En juin dernier, et je travaille depuis le 1er

Juillet à

l’institut de ******, je travaille dans plusieurs services : EHPAD, USLD, UCC et UHR.

L’UCC et l’UHR sont des unités fermées, ou les personnes présentent des troubles du

comportement les plus importants. On travaille aussi sur l’accueil de jour, et ensuite

ponctuellement sur le SSR.

Dans quel service réalisais-vous l’activité bain thérapeutique ? Suivant les besoin, donc

souvent avec les résidents soit de l’EHPAD, soit de l’USLD. J’en fais un peu prés un par

semaine en général, car cela prend quand même relativement de temps et c’est suivant les

besoins car cela peut être pour différentes problématiques.

Et réaliser vous cette activité auprès de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer à

un stade avancée de la maladie ? Oui, bien sûr.

Pourriez-vous m’expliquer votre rôle, et quelle prise en charge effectuez-vous auprès de

ce public la ? Je les vois dans le cadre de la présence de syndrome post chute, et surtout aussi

pour les aider à mieux réguler les troubles psycho-comportementaux. Quelles sont les

activités que vous pratiquez auprès de ce public ? Sans parler de bain thérapeutique, on fait

un groupe motricité avec mes collègues, on travail tout ce qui est décharge motrice,

l’équilibre, travail moteur en générale. Ensuite, moi, je pratique des séances sur les bases de la

réflexologie plantaire et ensuite on a à notre disposition une salle bien être, ou je leur propose

des séances de relaxation, des soins de confort avec des massages notamment, des séances

basés sur la sensorialité car dans cette salle bien être on a une colonne à bulle, un

rétroprojecteur, des diffuseurs d’huiles essentielles, on a pas mal de matériel. Toute la sphère

sensorielle, ils y sont assez réceptifs et ça les apaise en général, donc ça c’est pas mal utilisé.

Et après dans le cadre de syndrome post chute ça va être plus des mobilisations passives, des

toucher contenant, des choses comme ça.

Pratiquez-vous des activités en lien avec d’autres professionnels ? Oui, on travaille en

coordination tout d’abord avec l’équipe soignante : AS, IDE, AMP. Et ensuite on se

coordonne entre nous, si vous voulez dans l’établissement on a une équipe pluridisciplinaire

Page 99: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

qui est assez riche, il y a 2 ergo, 2 APA, des kinés, 1 neuropsychologue, et 1

psychomotricienne. On se coordonne ensemble pour que nos champs de compétences se

complètent.

L’ergothérapeute intervient elle auprès des services Alzheimer ? Oui, elle pratique un

groupe motricité chaque semaine, et sur l’unité elle intervient pas mal sur ce qui est

installation, elle fait des évaluations au repas chaque semaine.

Pensez-vous que l’activité bain thérapeutique serait des compétences de

l’ergothérapeute ou pas ? L’ergothérapeute n’en avais jamais vu n’y pratiqué, elle est venu

cette semaine avec moi pour voir en quoi cela consistait, mais après pourquoi pas, ce n’est pas

quelque chose qui nous ai réservé à nous psychomotriciens. Nous c’est quelque chose qu’on

voit pendant nos études, qui nous intéresse beaucoup dans le cadre de notre métier, par

exemple justement pour les personnes qui présentent des TPC [Troubles Psycho

Comportementaux] important, on trouve ça très intéressant le bain thérapeutique parce que

pour nous c’est quelque chose qui est enveloppant, sécurisant, contenant et l’eau permet

d’envelopper l’ensemble du corps et de stimuler l’ensemble du corps dans sa globalité vu que

l’eau recouvre l’ensemble du corps. Et en même temps avec la chaleur de l’eau ça permet

d’avoir un effet mieux relaxant, donc les personnes automatiquement elles vont relâcher les

muscles. Parce que justement les personnes qui présentent des TPC importants ont tendance à

être en hypertonie, elles ont un degré de contraction important, sont toujours sur le qui-vive,

angoissées, anxieuses, et donc j’essaye de les mettre dans un endroit contenant, sécurisant.

Rien que la forme de la baignoire est quelque chose de contenant, c’est comme un cocon,

associée à la chaleur de l’eau, tout de suite ça détend les muscle, les personnes se relâchent, se

détendent, c’est en ça que c’est intéressant pour les TPC. Ça leur permet de bien sentir leur

corps dans sa globalité.

Le choix d’utiliser l’activité bain thérapeutique auprès du patient, est-ce une réflexion

en équipe ? Bien sûr oui. L’équipe sait que je propose cette activité, donc soit ça peut être

eux qui propose d’essayer le bain thérapeutique auprès de tel personne, ou bien ça vient de

moi. Mais chaque fois de toute façon on en parle à l’équipe avant. Et au médecin aussi.

Toujours avec l’accord du médecin. Après cela peut ne pas marcher du tout, cela peut avoir

l’effet inverse. Il faut savoir que on a un patient, il est resté 5 minutes car cela l’oppressais, la

chaleur de l’eau, les vapeurs, cela a eu l’effet inverse.

Page 100: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

Quels sont les critères pour prétendre à cette activité ? S’il y a une plaie importante et

qu’il ne faut pas de contact avec l’eau, sinon il n’y a aucune contre-indication.

Quels sont majoritairement les objectifs de cette activité auprès de ce public ? C’est de

diminuer les TPC, de favoriser une détente psychocorporelle, de les apaiser. Après cela

dépend, ça peut être des personnes qui ont des TPC mais qui ont aussi un syndrome post chute

donc ça peut être dans ce cadre-là aussi. C’est assez vaste les objectifs, c’est vraiment du cas

par cas. Cela peut être quelqu’un qui a des gros troubles du sommeil, cela va les détendre,

l’eau fatigue, cela aide à réguler le sommeil par la suite.

Quels sont les outils et matériels utilisés pour l’activité ? On a une chaise élévatrice pour

rentrer dans le bain, on les met dans le bain par le biais de cette chaise. Dans le bain, il y a le

système de bulle, après moi je suis aussi amené à utiliser la balle à picot dans le bain. Je mets

de la musique douce en fond. Après de toute façon, c’est tout car c’est le bain qui fait tout.

Après souvent je vais venir faire des touchers contenants, je vais venir prendre la personne

sous les omoplates et sous les jambes et j’induis un bercement dans l’eau, car le but du bain

c’est aussi de venir sentir son corps autrement. Parce que avec l’eau, notre corps est plus léger

et donc il fait moins mal, car souvent les personnes âgées ont souvent des douleurs diffuses ou

très localisées ça dépend, mais en général avec la chaleur, ça a un effet antalgique aussi.

J’utilise beaucoup mes mains, c’est cela mon outils principal, c’est venir faire des touchers

contenants. Je me mets derrière la tête de la personne et je vais venir faire pression sur ses

épaules avec mes mains, ensuite je vais faire des bercements. Je lui propose aussi de jouer

avec l’eau, de faire vivre l’eau autour d’elle pour qu’elle vive ce bain, qu’elle l’investisse.

Elles peuvent aussi avoir des troubles de l’attention donc les personnes vont parler de

beaucoup de chose et même pas faire attention à ce qui ce passe dans leur corps. Donc

souvent je les amène à se concentrer sur ce qu’elles ressentent, de fermer les yeux. Souvent

quand ce sont des personnes de l’UCC ou de l’UHR, elles ont des difficultés à fermer les

yeux, mais au fur et à mesure que je leur propose des bains, car je n’en fait pas un

ponctuellement, enfin ça peut arriver aussi, mais souvent j’essaye de le faire régulièrement

pour que cela ait un effet sur le long terme.

Avez-vous un déroulé type de séance ? Par exemple l’utilisation des stimulations ce fait-

elle toujours dans le même ordre ou c’est au cas par cas ?

C’est au cas par cas aussi, mais en général, au début les personnes je les mets dans le bain, je

les laisse les premières minutes je ne touche a rien, afin qu’elle s’approprie le bain. Ensuite,

Page 101: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

souvent il y a le torse qui reste à l’extérieur et qui est pas totalement sous l’eau, donc souvent

on a une douchette qui fait partie du bain. Je m’en sers pour vraiment faire que tout le corps

soit à la même température, pour avoir un ressenti corporel qui soit cohérent, donc souvent

j’utilise la douchette pour venir stimuler le haut du corps. Ensuite, c’est après ce moment-là

ou je vais commencer soit les touchers contenants, soit les bercements, je vais faire vraiment

la séance en fonction des problématiques. Je peux également être amené à faire des

mobilisations passives dans le bain. Et après, à la fin, je mets la musique ou pas, et je laisse la

personne pendant 5/10 minutes. Je me mets derrière pour qu’elle ne me voit pas, et je lui

propose de fermer les yeux et de se concentrer sur son corps. Je laisse toujours à la fin 5/10

minutes la personne avec elle-même.

Y a-t-il une ritualisation de séances avec un même patient ? Oui, car c’est quelque chose

de très important pour eux, cela les sécurise que cela se passe toujours de la même façon. Déjà

à chaque fois c’est le mercredi après-midi, donc je leur dit quel jour on est, ce qui va se

passer. Et la ritualisation c’est souvent important oui, cela les aides à se repérer dans le temps.

Voyez-vous un réel intérêt à l’utilisation de cette activité auprès de ce public ? Oui, c’est

indéniable

Les objectifs sont-ils atteints, les résultats attendus sont vérifiés ? Souvent ils sont atteints,

cela va avoir un effet positif sur le moment, mais les TPC vont recommencer le soir. Mais

cela, c’est du à la pathologie, on n’est pas des magiciens, c’est la maladie qui agit. Le

principal, c’est qu’on sait que pendant 1h30/2h la personne elle était bien, elle a passé un

agréable moment, elle n’a pas eu de TPC. Les personnes qui ont des logorrhées, des

hypertonies cela les apaise même si le soir, les TPC recommence.

Donc vous réalisez cette activité l’après-midi, cela ne perturbe pas les patients ?

Confondent-ils cette activité avec la toilette ? Non, ils considèrent ça comme une activité à

part entière parce que cela n’a rien à voir avec la toilette, le cadre n’est pas le même. Et puis

je suis une personne extérieur, je ne leur ai jamais fait de toilette donc le fait que ce soit une

personne différente, ça marque encore plus que ce soit une activité à part entière. Et en plus,

on sort du service, la salle de bain que j’utilise est au premier étage donc c’est vraiment une

sortie.

Donc ce que vous disiez c’est que le bain a un effet relaxant, apaisant durant les séances

et que cela ne perdure pas dans le service par la suite ? Après, cela dépend c’est souvent

ce qui se passe. Ça a un effet pendant les séances, et pendant 2h après la séance, ils vont être

Page 102: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

plus calmes quand ils reviennent sur le service. Mais après le soir, quand la nuit tombe, ça

repart de plus belle, ou alors ça les as fatigués et ils dorment bien après. On a eu tous les cas

de figure.

Et est-ce que cette activité facilite la communication avec des patients qui ont des

troubles de la communication ? Cela va améliorer la communication non verbale. C’est une

lecture de la personne après, la personne peut être souriante, a un visage plus ouvert et apaisé

contrairement à dans le service ou elles ont plus un visage fermé. C’est de la communication

non verbale dans ce cas-là.

Est-ce que cela facilite la communication et le travail des autres soignants au sein du

service auprès des patients qui bénéficient de cette activité ? Et bien justement oui, en

général j’essaye de faire venir une AS et une AMP qui viennent avec moi, et ça leur permet de

voir la personne sous un autre angle et ça c’est vraiment intéressant. Car du coup elles voient

que la personne peut être calme, bien, et souvent elles sont étonnées de voir les patients dans

un tel état. Et c’est positif car elles rentrent du bain et elles vont le dire aux autres, qu’il était

beaucoup plus détendu, des choses comme cela. Et c’est vrai que ces choses-là aident

beaucoup au quotidien dans l’accompagnement du patient.

Faites-vous des transmissions auprès de l’équipe soignante ? Oui bien sûr. Vous utilisez

un outil d’évaluation pour faciliter ses transmissions ? Je fais une retransmission orale à

l’IDE, et ensuite à chaque fois que je fais une séance, je retranscris la séance sur le dossier du

patient. J’explique les objectifs de la séance, ce qui s’est passé durant la séance et les

réactions du patient.

Y a-t-il une reprise de l’activité par les autres soignants une fois que la ritualisation est

installée auprès du patient ? Le problème c’est qu’elles ne sont pas nombreuses, donc c’est

qu’elles n’ont pas la possibilité matérielle de le faire. Mais des personnes qui ont déjà vu

comment cela se passait, elles pourraient très bien le faire. Après cela arrive rarement, mais

dans des cas exceptionnel de crise, d’angoisse, les IDE ou AS amènent le patient au bain afin

de l‘apaiser. C’est surtout un manque de moyen, mais pourtant elles sont vraiment intéressées.

Comment ressentez-vous la collaboration avec les autres soignants pour cette activité ?

(transmissions) quand je suis arrivée, j’ai passé beaucoup de temps dans les équipes, je les ai

suivi au quotidien, je me suis intéressée à leur champ de compétence. Et après j’ai essayé de

leur expliqué ce qu’était mon métier, ce que je pouvais leur apporter, et ce qu’elles pouvaient

m’apporter. C’est vrai que d’avoir fait cette démarche m’a beaucoup aidé pour avoir

Page 103: L’Activité Bain thérapeutique en Ergothérapie

l’adhésion de l’équipe face à ce que je faisais, car quelque fois je peux leur demander de

prendre le relais pour des séances. Le faite de bien expliquer notre rôle, ça les rend plus à

l’écoute, et du coup elles sont plus dans cette démarche de s’intéresser à ce qu’on propose. On

les rend sensible à notre travail, et elles nous transmettent aussi des informations utiles à notre

travail, elles observent d’un meilleur œil afin de nous faire des transmissions.