journée d’études ehess dec 16 2014 - columbia law school · 2014. 12. 1. · ! 3!!...
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Columbia Center for Contemporary Critical Theory (CCT), Columbia Global Center | Europe, et
École des hautes études en sciences sociales (EHESS)
vous invitent à une
JOURNÉE D’ÉTUDES
en liaison avec le séminaire “GOUVERNER, ÉCHANGER, SÉCURISER :
BIG DATA ET LA PRODUCTION DU SAVOIR NUMÉRIQUE” (B. Harcourt, Columbia/EHESS)
Mardi 16 décembre 2014
Salle de Conférence, Columbia Global Centers | Europe Reid Hall, 4 rue de Chevreuse 75006 Paris
COLUMBIA CENTER FOR CONTEMPORARY CRITICAL THOUGHT
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JOURNÉE D’ÉTUDES Mardi 16 décembre 2014 Salle de Conférence
Columbia Global Centers | Europe Reid Hall, 4 rue de Chevreuse 75006 Paris
9:00 Ouverture de la journée (B. Harcourt, Columbia/EHESS) 9:10 – 10:00 Charlotte Epstein, “Habeas What Kind of Corpus? Surveillance,
Privacy and The Making of the Modern Subject”
10:00 – 10:40 Jean Danielou, "Smart City: Des instruments numériques pour gouverner les territoires".
10:40 – 10:45 Pause café 10:45 – 11:15 Vincent Deplaigne, “L’Exposome” 11:15 – 12:00 Victor Fontaine, “Réguler et ouvrir : la prison dans l'horizon
néolibérale” 12:00 – 12:45 Andrei Poama, “Punir en effigie: réflexions sur la conception
pénale de Bentham” 13:00 – 14:30 Pause déjeuner 14:30 – 15:15 Félix Treguer, “Les droits fondamentaux contre Big Brother :
une stratégie vouée à l'échec ?” 15:15 – 16:00 Charleyne Biondi, “Edward Snowden : le courage de la vérité à
l’âge de la surveillance de masse” 16:00 – 16:10 Pause café 16:10 – 17:30 Frédéric Gros, “Désobéir” 17:30 – 18:00 Bernard E. Harcourt, “Digital Resistance” 18:00 Closing & Reception
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JOURNÉE D’ÉTUDES Mardi 16 décembre 2014 Salle de Conférence
Columbia Global Centers | Europe Reid Hall, 4 rue de Chevreuse 75006 Paris
[Présentations en français; discussions en français et en anglais]
9:00 Ouverture de la journée (B. Harcourt, Columbia/EHESS) 9:10 – 10:00 Charlotte Epstein, “Habeas What Kind of Corpus? Surveillance,
Privacy and The Making of the Modern Subject”
In this paper I consider how our experiences of bodily privacy are changing in the contemporary surveillance society. To this end I use biometric technologies as a lens for tracking the changing relationships between the body and privacy that underwrite our modern democratic polities. Adopting a broader genealogical perspective, however, I begin by retracing the role of the body in the constitution of the modern liberal political subject. I consider successively two quite different understandings of the subject, the political subject as theorised by Michel Foucault, followed by the subject of psychoanalysis analysed by Jacques Lacan. My genealogy of the modern political subject begins with the habeas corpus, and observes a classically Foucauldian periodization, the historical succession of a regime of sovereignty with a regime of governmentality within which our surveillance societies are currently taking shape. In the final part of the article, instead of the unidirectional Foucauldian gaze, I switch to a two-‐way scopic relationship, by way of Lacan’s analysis of the mirror stage. I locate both the place of the body and the function of misrecognition in the constitution of the psychic subject. The psychoanalytic perspective, in which the powerful gaze is revealed as that of the Other, serves to appraise the effects upon the subject of excessive exposure. I conclude to the importance of the subject¹s being able to hide, even when she has nothing to hide. By considering these two facets of subjectivity, political and psychic, I hope to make sense of our enduring, and deeply political, passionate attachment to privacy, notwithstanding the increasing normalization of surveillance technologies and practices. Charlotte Epstein, Associate Professor, Department of Government and International Relations, The University of Sydney
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10:00 – 10:40 Jean Danielou, "Smart City: Des instruments numériques pour
gouverner les territoires".
L'émergence de la notion de ville intelligente (Smart City) dans nombre de projets urbains peut être perçue comme un tournant technologique qui vise à transformer la gestion et la gouvernance des espaces urbains grâce aux technologies de l'information et de la communication (TIC). La construction de cette infrastructure numérique se traduit par l'entrée de nouveaux acteurs sur le marché de la fabrique urbaine comme IBM, Cisco, Siemens, mais aussi par la production de nouveaux "instruments" (Lascoumes, Le Galès) qui matérialisent des formes de pouvoir inédites. Qui maîtrise ces instruments? Comment réorganisent-‐ils la carte actuelle des pouvoirs? L'objet de cette présentation sera de fournir une généalogie du concept d'intelligence et d'ébaucher les problèmes de gouvernance posés par cette nouvelle instrumentation numérique des territoires.
Jean Danielou, Chercheur associé au Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA), Ministère de l'Ecologie, du Développement Durable et de l'Energie, et Ministère de l'Egalité des Territoires
10:40 – 10:45 Pause café 10:45 – 11:15 Vincent Deplaigne, “L’Exposome”
Cette présentation traitera du domaine de la santé et des effets attendus du Big Data santé en France—question dont s'est saisie le ministère de la santé en 2013. En complement, cette étude expliquera la notion d’exposome (voir Biomonitoring au CDC et en Californie aux USA, en équivalent première approche). L'exposé sera composé de 3 moments : moment empirique, moment théorique et moment conceptuel.
Vincent Deplaigne, Doctorant à L’EHESS; Directeur dans une société de conseil et d'étude en santé environnement; co-‐responsabilité de la commission nationale santé du parti EELV (Ecologie).
11:15 – 12:00 Victor Fontaine, “Réguler et ouvrir : la prison dans l'horizon
néolibérale”
Bracelet électronique, travail d'intérêt général, semi-‐liberté : les moyens de punir tendent aujourd'hui à se diversifier. Le monopole carcéral de la peine se délite, punir en enfermant perd de son évidence : la prison s'ouvre. Aménagements de peine et projet d'exécution des peines en milieu ouvert : la peine, personnalisée, vise toujours davantage la réinsertion du condamné. Sa responsabilisation managériale et individualisée et le risque sécuritaire qu'il
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représente se croisent dans ce souci d’empêcher la récidive. On est bien loin de la prison disciplinaire, instrument pénitentiel d'amendement d'un détenu docile. Que s'est-‐il passé ? À partir des années 70, l'avènement du néolibéralisme – comme art de gouverner – a impliqué des mutations politiques profondes. L'autorité se pluralise (gouvernances), les sujets de société sont recodés dans le langage de l'économie (performance), un individualisme entrepreneurial advient comme modèle de comportement (homo œconomicus). Comment l’État peut-‐il dès-‐lors refonder sa légitimité et réinventer des moyens de punir ? Comment le droit s'adapte-‐t-‐il à ces modifications politiques générales, et pour quelle politique pénale ? Comment ces bouleversements récents dans l'économie du pouvoir se traduisent-‐ils dans la manière de punir ou de réguler les illégalismes, et avec quelles conséquences ? Victor Fontaine, Doctorant en science politique à l'I.E.P. de Paris (SciencesPo) -‐ CEVIPOF
12:00 – 12:45 Andrei Poama, “Punishing by Effigy: Notes on Bentham's
Conception of Punishment/ Punir en effigie: réflexions sur la conception pénale de Bentham”
Cette communication essaie de remettre en cause la thèse foucaldienne selon laquelle le projet panoptique de Bentham représente d'abord une forme pénale généralisée par la surveillance. Contrairement à cette thèse, je veux montrer que le projet panoptique tel qu'il fut esquissé par Bentham lui-‐même ne relève pas tant de la surveillance pénale, mais plutôt de la mise en place d'un spectacle seulement apparemment pénal. Le panoptique est un panorama pénal dont la fonction est précisément de minimiser et, à terme, d'abolir la punition réellement subie par les condamnés. Pour étayer cette thèse anti-‐foucaldienne, j'analyse, dans un premier temps, les écrits de Bentham sur la peine des années 1770 et je les compare avec ses écrits panoptiques des années 1780. Dans un deuxième temps, j'essaie de montrer dans quelle mesure le panoptique benthamien s'apparente aux techniques du spectacle spécifiques à son époque et notamment aux panoramas de Barker. S'il est donc vrai que le panoptique relève plus du spectacle que de la surveillance, il ne serait pas arbitraire de dire que le panoptisme n'est pas à chercher aujourd'hui dans les prisons telles qu'elles fonctionnent en réalité, mais plutôt dans les séries télévisées qui nous présentent une représentation fictive des peines. Andrei Poama Teaching Fellow in Political Theory Sciences Po, Paris
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13:00 – 14:30 Pause déjeuner 14:30 – 15:15 Félix Treguer, “Les droits fondamentaux contre Big Brother :
une stratégie vouée à l'échec ?”
Au fondement d'Internet se trouve un projet radical de réappropriation citoyenne de l'espace public démocratique. Ce projet -‐-‐ structuré par un ensemble de discours, d'outils techniques, de pratiques -‐-‐ s'incarne aujourd'hui encore dans les activités de groupes militants issus de la cyberculture, qui font usage du droit à la liberté d'expression pour reprendre à leur compte tout en les radicalisant les fonctions politiques de l'espace public souvent associées au quatrième pouvoir des médias. Ce faisant, ils développent des modes de participation politique relevant d'une « citoyenneté insurrectionnelle », échappant aux règles légales et déontologiques instituées au cours des deux derniers siècles dans les régimes représentatifs pour policer l'espace public. La tentative de réaffirmer cette police de l'espace public conduit les États à recourir à des meures répressives qui participent d'un recul des garanties juridiques attachées à la liberté d'expression. Le droit à la vie privée fait lui aussi l'objet d'un conflit dialectique, entre la revendication libérale de ce droit radicalisée par la cyberculture (voir par exemple la question de l'anonymat sur Internet et le courant « cypherpunks » ou « crypto-‐anarchiste ») et sa remise en cause par le pouvoir à l'ère du Big Data. Or, qu'il s'agisse de la liberté d'expression ou de la vie privée, la question demeure de savoir si l'instrument juridique et symbolique des droits de l'Homme peut permettre de résister efficacement à la censure et à la surveillance d'Internet, à l'heure où la « société de contrôle » se double depuis 2001 d'un retour de l'état d'exception. Félix Treguer, Doctorant en études politiques, EHESS
15:15 – 16:00 Charleyne Biondi, “Edward Snowden : le courage de la vérité à
l’âge de la surveillance de masse”
Le surgissement de la vérité sur la place publique : voilà exactement l’événement auquel nous confrontent les révélations d’Edward Snowden.
Dans un contexte inédit où le secret, au nom d'une prétendue sécurité, prévaut toujours sur le droit, le lanceur d’alerte pose la question du discours vrai ; et comme le disait Foucault dans son cours sur la parrêsia, de la césure nécessaire, indispensable et fragile qu’il introduit forcément dans une démocratie, « démocratie qui rend à la fois possible ce discours vrai et le menace sans cesse ». Invoquer cette « césure » revient à interroger, avec Snowden, la quantité de secret d’Etat qu’une démocratie libérale peut supporter, mais aussi sa capacité à effectivement endurer une vérité qui la dérange.
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Le lanceur d’alerte pose enfin la question du courage : le sien -‐ qui le pousse à sacrifier « sa vie », comme si son acte dissent, révolté, et en un sens, héroïque était devenu la solution de dernier recours face aux manifestations de plus en plus radicales de l’obsession sécuritaire ; mais aussi le nôtre -‐ car le « coup de sifflet » du whistleblower n’a de sens que s’il réveille une opinion publique capable, à son tour, d’accepter cette vérité pour que la démocratie fonctionne. Charleyne Biondi, Doctorante en sciences politiques, Sciences Po
16:00 – 16:10 Pause café 16:10 – 17:30 Frédéric Gros, “Désobéir”
Les derniers cours de Foucault au Collège de France nous permettent de poser le problème ce qu'on pourrait appeler "l'éthique du politique". Il ne s'agit pas par là de reposer la question classique du rapport entre morale et politique, qui est celui de la compatibilité des valeurs. L'éthique du politique introduit plus directement au problème du sujet, de la constitution d'un rapport de soi à soi à partir duquel chacun s'autorise à obéir ou non à tel ordre ou à telle loi. La possibilité de désobéir ne relève pas seulement de ce qui peut ou non s'inscrire dans le contrat social en termes de droit de résistance, mais d'une construction intérieure qui ne relève pourtant pas de l'intimité psychologique.
Frédéric Gros, professeur de pensée politique à l'Institut d'études politiques de Paris (Sciences-‐po Paris).
17:30 – 18:00 Bernard E. Harcourt, “Digital Resistance”
The partial transparency that characterizes our expository society today pushes resistance in two very different directions. On the one hand, it pushes some (Chelsea Manning and Edward Snowden, the “Open Data” movement) toward total transparence, an effort to render everything in the polity open and legible, even government documents that are traditionally held secret. On the other hand, it pushes others toward stronger encryption, Blackphones, and PIMS, in an effort to shield personal and political data, and to beat the government and commercial surveillance. What does the future hold for digital resistance in such a schizophrenic milieu?
18:00 Closing & Reception