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jÇ) "r DON DE±u '1'ouCih LES I)IOCESES DE CALABRE A LEPOQUE BYZANTINE D ' APIIÈS UN LIVRE IICENT L'histoire ecclésiastique (le la Calahre a été l'objet, dans ces (lernières aunées, (le plusieurs travaux importants. dus S la science locale. A côté des monographies si pré- cises (le Mgr di Lorenzo sur la région de Heggio , il faut citer les livres (le M. le chanoine Minasi, dc Seillà .Apt'ès avoir publié une série d'études, (l'un grand intérêt pour l'histoire du inonachisnie en Calabre. et spécialement du monachisme grec M. M inasi vient de nous donner un travail d'ensemble sur « les égliSes dc Calabre, du V 8 aLt XII 8 siècle » (Naples, 1896). Laissant de côté les temps j)ritnrtifs, dont l'histoire ne nous est connue que it' des traditions postérieures. il mmence son étude au moment où nous trouvons les premiers (loeIIInCr)Ls certains sur les églises (le Calabre. Il s ' arrête au xii' siècle, (1Uml les évêchés (le Calabre sont de nouveau rattachés S l'obé- dience romaine, et que s achève la restauration ecciésias- tic1iie (lu pa y s, entreprise pai les Normands, avec le con- cours du Saint-Siège. C'est en somme l'histoire des évèchés (le Cambre, peIlilailt la période byzantine, qui est 1. Citons seulement le plus r.cent opuscule Un secondo nanipolo di nonora fie e ,nemorie reggine e cala bresi. Siena, 1895. 2. S. NUe di Calabria, 1892; S. Fila di Reggio le Speleota, 1893; Il mon as:cro basiliano di S. Pancraio di Scillâ, 1893 cassiodoro, 1895 (Naples). Document H II II II III I II III HI I III 0000005531363

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jÇ)"rDON

DE±u '1'ouCih

LES I)IOCESES DE CALABRE

A LEPOQUE BYZANTINE

D ' APIIÈS UN LIVRE IICENT

L'histoire ecclésiastique (le la Calahre a été l'objet, dansces (lernières aunées, (le plusieurs travaux importants.dus S la science locale. A côté des monographies si pré-cises (le Mgr di Lorenzo sur la région de Heggio , il fautciter les livres (le M. le chanoine Minasi, dc Seillà .Apt'èsavoir publié une série d'études, (l'un grand intérêt pourl'histoire du inonachisnie en Calabre. et spécialement dumonachisme grec M. M inasi vient de nous donner untravail d'ensemble sur « les égliSes dc Calabre, du V 8 aLtXII 8 siècle » (Naples, 1896). Laissant de côté les tempsj)ritnrtifs, dont l'histoire ne nous est connue que it' destraditions postérieures. il mmence son étude au momentoù nous trouvons les premiers (loeIIInCr)Ls certains surles églises (le Calabre. Il s ' arrête au xii' siècle, (1Uml lesévêchés (le Calabre sont de nouveau rattachés S l'obé-dience romaine, et que s achève la restauration ecciésias-tic1iie (lu pa ys, entreprise pai les Normands, avec le con-cours du Saint-Siège. C'est en somme l'histoire desévèchés (le Cambre, peIlilailt la période byzantine, qui est

1. Citons seulement le plus r.cent opuscule Un secondo nanipolo dinonora fie e ,nemorie reggine e cala bresi. Siena, 1895.

2. S. NUe di Calabria, 1892; S. Fila di Reggio le Speleota, 1893;Il mon as:cro basiliano di S. Pancraio di Scillâ, 1893 cassiodoro,1895 (Naples).

Document

H II II IIIII I II III HI I III0000005531363

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LES DI0CiSES DE CAïiiiiE A L ' ÉPOQUE BYZANTINE

l'objet principal du livre ù part. quelques monographieslocales, bien faites, auxquelles il faut joindre plusieurschapitres de la Grande G,cc de Lenorinant, cette his-toire ne nous étai t connue juSqu ' a présent ( I UC P'' I dia

SaC!'a (le Ughelli, ou p des travaux qui ('t) procèdentdirectement i• Mais l'ouvrage si utile de [glielli ne peutêtre consulté qu'avec les plus grandes précautions ; lestextes nonibren x (jU 'il contient ont été reproduits avecune négligence et n ne légéi'eté déplorables .,\l . Mina si -et c'est là son premier mérite - a soumis à un examensévère les renseignements frui'nis par i'Jtai/a sacra. Jevoudrais ici, sans présenter une analyse minutieuse dece livre, reprendre les principales questions étudiéespar l'auteur, en insistant sur les changements qui sepro(luisent dans l'organisation ecclésiastique (lu pays,depuis Justinien j usquà la conquête normande.

On sait quels liens étroits existent, dans l'empire byzan-tin, entre l'organisation ecclésiastique et l'administrationlaïque. li est donc utile de rappeler d'abord coniitient s'estformé le thème byzantin (le Calabre et quelles en sontles limites. il est regrettable que M. Minasi , qui examinecette question au (Iél)ut de sou livre, ne paraisse connaitreaucun des travaux r&ents sur l'administration byzantineen Italie, et notamment. ceux de \1 M. i)ielil et I lartmann.Jusqu'à la fin (lu vile siècle, la Cambre byzantine gardeencore son ancien nom de Brutti u in ; c'est la péninsule sud-orientale, ou terre d'Otrante, qui est désignée par le nomdc Calabre. Quelle est la cause du changement La ques-tion est reprise dans un article récent (le M. Schipa , et lasolution nouvelle qu'il eu donne nous parait la plus vrai-semblable. C'est au synode romain de G8O. dont les signa-

t. On regrettera que M. Minasi rie cite nulle part le livre dc Lenor-.rnant. Les travaux du comte Vito Capialbi sur l'église de Mileto (1835),sur celle de 'rropea (1852), ont une réelle valeur.

2. Arc/iivio storico per le proeincie Nupoictane, 1895.

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i.i:uioCi:i:s I1I(;ALAi11iiA l, ' iIO , tHYZANfINI: 3

turcs laient envoyées à Constantinople avec la lettre dugathon , lors du vi concile oecuménique, que ]es

évêques de l'ancien Brutti uni s'intitulent pou r lafois, presque tous. évêques de « l'éparchie de Calabie ».I)eux ou trois sculeuieiit emploient l'ancien nom (leBruttium. li y a (1011e à cette date, remarque M. [)ieht,quelque incertitude su r 1 emploi du terme . Or, vers lamême époque, le duc lombard Roinuald s'empare derçaren te de L3rindisi et de toute la région voisine, nelaissant aux Grecs que Gallipoli et. Otrante : ainsi la piugrande partie de l'ancienne Calabre échappe au basileusOtratite même sera perdue quelques années plus tard.Mais les Byzantins, 1)0111' dissimuler les pertes qu'ils ontSt1I)JCS. conservent toujours le nom officiel de Calabre,en l'appliquant à la région dont ils restaient. effective-ment les rna Ires, cest•à-d i reàl' ancien Briittiuni. C'est1)rol)ableriient vers la même époque qu'ils créent le due/e'de Calabre, mentionné plus tard pal' Comistantimi Porphyro-génête . « Les tribuns qui comnmnandaiciit dans les villesdi Bru Ltiu m et. de la terre d'Ut rante, chaque joui' mena-rées par le retour offensif (le l'invasion lombarde, iiepouvaient, pas toujours attendre p2e des ordres leurtussent transmis de la lointaine Ilavenne. li fallait iminé-diaternent au-dessus d'eux un supérieur hiérarchique,capable (le résoudre par lui-même les principales affaires,et d'exécuter promptement les résolutions qu'il avaitpt'ises . » Mais, comme l . Sehipa le fait remarquer, rienne prouve que les conquêtes (le Romnuald soient antérieuresà l'année t80. D'autre part, les signatures du concile de(.i80 ne sont pa le premier document où le mot (le Calabresoit e1111)loyê tians son sens moderne. On le trouve déjà

1. Dii-mi.L'ad,ninistratwn byzantine dans l'exarehai dc Jiaç'enne,p . 32. - Pour les signatures de 6$O, y . ILARDOUIN, t. III, 1127.

2, Dc ad,ninistratione inperii,225.3. 1)iiHL, loc. ci:., p. 35.

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I

4LES i)lOCiSES L)E CLAHRE A L ' IL'0QUE BYZANTINE

dans un passage d la Vie du pape \ltalicn (67-67). etdans une lettre du pape Martin qui date de 63 l, Ainsi,dès le milieu (lU y11e siècle, bicu avant la eoll( 1 uête (lerfal.eI.lte et de Brinclisi, l'ancien nom de Urutti um coin-mence à tomber en désuétude. Cepeiidatit le mot (leCalabre ne cesse pas de désigner la terre d'Otrante. En680 les évêques de rlareL1te et d'Otrantc s'intitulent,couirne CCUX (le Locres, de Tropea, etc. évêques (leCalabre. Il y a donc. eu d'abord, non pas changement,mais extension du terme. Cette extension ne peut venirque d ' une réforme administrative, et nous retrouvonsici l'hy1)othSC (le M. [)iehl sur la création (lu duché dcCalabre. Mais au lieu (le i) l acct' cette réforme à la fin (lu

le siècle, au temps (le Constan ii ii Pogonat, qui ne I)a11itguère s ' être OcCtl1)é (leS affaires italiennes, ii'est-ilasP1 riattiiel de l'attribuer à Constant. Il. (lui est l) réC iSé-ment un contemporain tics papes \iartin et \'italien ?Constant il a longtemps séjourné cii Sic ile ; il s'est parti-culiàrement occupé des alTaires de l'italie méridionaleC'est lui, SanS doute. qtm i institue dans le pays u ri pou-voir nouveau. clesti né à lortifier l'autorité byzu titi ne, àrendre la lutte contre les Lombards du Sud plus facile etplus active. Le nouveau duché a dû comprendre tout ccqui restait aux Grecs ciaris l'Italie méridionale, au sud du(luché (le Bénévent, e est-à-dc l'ancien Bi'uttiutn.Tat•ente, Brindisi et la terre d'Otraute c'est dans cetterégion qu'il a tout d'abord son centre pi'incipal. Niais,,peu à peu. surtout après les conquêtes de ltonivald, CCcentre se déplace; c'est la 1)11iflSU k montagneuse d uSud-Ouest, voisine de la Sicile, qui l'orme ia partie essen-tielle (lu duché l)yzarltin ic terme tIc Calabre se resserre

1. Liber Ponsificalis, éd. DUCIIESNE, 1, 344. - Pair, lai,, t. 87,col. 201.

2. TIIÉOPHANE, éd. de Booti, p, 348, 351.

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LIS DIOCEES DE CALARRE A L ' i:: poQuE BYzANTINE5

alors de nouveau - mais bien plus tard, - pour ne plusdésigner que l'ancien Bruttium. Si, dans le document de680, les évêques (le Cotrone, de Squillace et (le rç(mpsas'intitulent encore évêques dc la province de Bruttium,cela 1rou'e seulement l'attachement de l'Eglise aux nomstraditionnels 1 M. Minasi, s'appuyant sur cc passage,suppose que ia partie septentrionale, conquise par lesLombards, a gardé le nom (le l3rultium, tandis que ie Sud,resté byzantin, prend celui dc Calabi'e. Mais aucun texte nedit que les Lombards aient jamais conquis Tempsa niSquillace; ils ont ravagé et détruit Cotrone, sans l'occuperd'une facon permanente. L'évêché (le Squillace, qui s'éten-(lait au moins j usqu'a Stil appartient à la Calabre rnéri-(honaic, tout autant que 'I'i'Ol)ea et Vihona, situés sur lacôte de la mer Tyrrhénienne, En réalité, la frontière dupa y s lombard et (lu pays byzantin, même au temps desconquèles de Roinuald et de la plus grande extension du(luché de Bénévent, se trouve beaucoup plus au Nord.Les Lombards n occupent que la vallée du Crati, avecCoscnza et Bisignano 2 Rossano, sur la mer Ionienne,Amantca, sur la hier 'l'yrrliénienne, sont les dernièresforteresses byzantities vers le Nord. Au temps (le Grégoircle Grand, les Lombards sont déjà établis dans la pal'tieseptentrionale du Bruttium, mais Coseriza reste encoreaux Byzantins les Lombards, qui en sont maîtres en 7i3,oui, dû conquérir cette place à la fin du Vile siècle, ou aucommencement dii v i n e . C'est à tort que M. Minasi sup-

OSC liii I'dtOIi1' offensil des Byzantins dans cette régionentre 710 et 730 : jamais, petit-être, la dominationbyzantine n'a été plus faible que pendant cette période,

t. De wêmn la vie de Conon ÉliSG-687) mentionne encore le patri-moine r î3rittius et Lucanie n (Lib. Pont., 1, 156).

2. Cf. le traité de H4) (Mon. Geros. 1eu,n, t. 1V, p. 221,.3. L'évêque de Cosenza assiste, iivec plusieurs évêques du duché

(le l3énévent, au concile romain dc 743 (MANSI, XII, 367).

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IGLES Dl0CSES DE CALABIIE A L ' ÉPoQUE uVZANTINE

trouI)Lée par la révol te du Iatrice de Sicile et par lesdébuts dc la querelle iconoclaste. La liste épiscopaleinvoquée pat' M. Minasi, et dont nous aurons à reparler,est bien postérieure à l'époque de Léoti l'lsaurien.

C'est dans les dernières années (lu iXe siècle, lors (lesgrandes campagnes entreprises par les généraux deBasile t (le Lon VI. que les Lombards perdent défini-tivemerit Cosenza, Bisignano, Cassano, toute la vallée duCrati l, La Calabre toul entière, à partir (le cette date, et.

jusqu 'à la finX,u siècle, l'este sous la dominatioii (lit

basileus. Car si l'on voit, quelques villes de la Calabre duNord se tourner vers le priïice de Bénévent, entre 9 et93.. ce n'est là pi 'une révolte passagère, bientôt répri-niée; et si les princes (le Bénévcnt cherchent. à s'étendre,aux (lépens (lu domaine grec. c ' est pli tôt vers l'A p1l ie(I U'itS dirigent leurs incursions ; quant aux pi'itices (leSalerne, voisins immédiats (le la Calabre byzantine, ilsrestent généralement les fidèles alliés du basileus -'.Seules, les incursions sarrasines, constamment répétées,troublent et désolent le pays ; mais si les villes cala-braises, surtout sur la côte, sont exposées sans cesseà être brùlées ou détruites, il n 'en résulte pour le paysaucun changement politique. Sauf à Reggio, où les Sar-rasins de Sicile ont réussi à s'établir, t des intervallesassez rares, on petit dire que tes Arabes n 'ont lait euCalabre aucune conquête durable. lnfin les entreprises(l'Otton 1r et d'Otton Il, vers la liii du siècle, n'ont euaucun succès. Ottoui I, qui n ' a séjourné en Calabre quequelques n ' ois, reconnaît lui-même dans tin diplôme(lélivr en 9G9, qu'il a vainement cherché à soumettre le

L 'fuIIoI'H. CONT., V, 65 et suiv. - Cf. les vide 1on leSage idaus Georges de Chy1re, éd. Geizer).

2. Pour la révolte dc la Calabre, cf. CEDIuENFS, 11, 354; CONST.PORPH. de C'eri,n., 11, 44. l'our Salerne, V. Scuir.&, .4rchicio napol.,1887.

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LES t)E0C.SI(S DE CALABRE À L ' IP0QUE IYZÀNTINE7

py '. Son fils Otton Il, moins heureux encore, a vu sonarmée périr presque entière non loin de Stilo (98). Quantaux Normands, ce n'est qu'entre l0O et 1060 qu'ils fontleurs premières campagnes en Calabie, dans la vallée (luCrati.

Même clans la Calabre septentrionale, la dominationbyzantine a été plus durable et plus forte que ne le dit,après bien d'autres, M. Minasi 2•

Pour l'histoire (les incursions sarrasines, notre auteurs ' est servi des documents nouveaux l l)11 par leP. Cozza, la Chronique grecque du \Tatican et la Vie deS. Sabas le jeune . Mais en commentant, après Aman,les anciens textes, il présente comme certaiiies plusieursassertions très contestables. Il est peu probable quel'alliance entre Byzantins et Arabes, tin instant concluepu" Nicéphore Phocas et le khalife fatiniite Moezz, aitduré jusqu'en 976 : il n'est même pas sûr qu'il y ait jamaiseu alliance formelle. Quant à la prétend ne alliance (lesGrecs avec l'émir sicilien Kàscm, lors de l'expéditiond'()tton Il en Calabre, elle n'est affirmée que par un texteisolé et peu digne de foi'. Enfin il ii'est pas exact de (lirequ ' Otton II ait réclamé l'Apulie et la Calabi'e comme dot(le sa femme, la Grecque Titéophano ; ce n'est là qu'unelégende de formation tardive : aucun (les textes contein-porailis n'en fait mention. Il est vrai que nous ignoronsles termes du traité conclu entre l3yzance et l'empereurgermanique, lors du mariage de rIhéopliano ; mais la courbyzantine n'a pu consentir à aucune condition de ce genre.

1. 28 avril 969 entre Ascoli et Bovino. Dip1onata, n° 372 (dans lesMon. Germ.).

2. Cf. dans son livre, p. 25.3. Ce dernier dm'uinent se trouve dans les .S'iudi e docurnenti di st'-

f(O e du'to, t. Xli.4. Ann. San'a11 (Mûnu. Gerin. SS , I, 8O. Cf. les notes de Richter

et Kohi, Annalea des deutsc/een Reiclis, p. 134.

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8LES DiOCSES DE CALABIiE A L'IPOQUE BYZANTINE

Si Ottou Il envahit la Calabre en 981, c'est qu'il veutchasser les Sarrasins dc l'italie méridionale, et pour prixdu service rendu rattacher à l'Empire germanique le paysdélivré des in fidèles

Comment la Calabre byzantine est-elle adin inistrée ?Le duché Fondé dans le courant du vile siècle se rattache,après la chute de I'exarcliat de flavenue, au thème deSiejie. Il continue, jusqu'à la fin du ix siècle, à dépendredu patrice et stratège de Sicile '. Les listes officielles (lesthèiiies, insérées par Coustanti ii Porphyrogénète danssoit livre des Cérémonies, ne Contiennent 1S encore lethème de Calalue, alors que l'une d'entre elles mentionnedéjt le thème (le Longobardie, créé au temps de Léon VI .En réalité, le thème de Calabre succède au thème deSicile, lorsque les Sarrasins. (léjà maitres (le la piusgrande partie (le l'île, Ont achevé la conquête de la cèteorientale, et Occupé les dernières grandes places byzan-tines de Syracuse et de Taornuine .

Les deux thèmes de Longobardie et de CaLibre ontchacun leur stratège ; ils restent tout à fait distincts l'unde l'autre jusquau règne (le Nicéphore Phocas, quau(l leinagistros Nicéphore est chargé pw le basileus (le OUVCF

ner cii même temps les deux théines : c ' est ce nouveaudignitaire qui prend. quelque temps a1)rès, le titre (leca&oan. Mais avant l'institution du catépa n, le stratège(le Calabre réside soit à Rcggio, soit à Ilossano, tandisque Rari esi la résidence du stratège de Longohardie .

1. V. SCHLUMBEI1GEBL'épopée byza:tine au P S., P. 188 et s.DiuLuIl Otto 1, etc.

2. CONST. POReS. De adm. irnp., p. 225; de z/,enzatibus, p. 59; cf.sceaux des ducs de Calahre, au Ixe siôcle, dans SCHLUMRERGIR Siii-lograp/iie byaneine, p. 220.

3. Dc Cerim. 11, 50 et 52.4. Prise de Syracuse 878, et de Taormine 902 (AMnr, E, 402, 11,

83.)5. Vic dc S. Ni!, c. (0.6. Vie de S. Ni!, c. 45, 46.

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LES DWCSES DE CALAIRE A L ' POQE IIYZANTtNE9

Il est pius difficile de déterminer avec précision leslimites des deux thèmes. La terre d'Otrante continue-t-clic i dépendre du 11ième (le Calabre. coni me auVII C siècle du d iiché ? Le Fait est probable au moins pourla région du Sud-Ouest, dont Gallipoli est la ville princi-pale. Nous savons, en effet, i' les listes épiScopaleS dutemps de Léon VI. que lérèqtie (le Gallipoli est suffragant(le la métro})ole calabraise (le S. Severina. D'autre part,Otrante, i La fin dii XL siècle, est la métropole ecclésias-tique d'une partie dc l'Apulie, enlevée aux Lombards 1•

li sem hie donc qi cette ville doive se rattacher authème (le Longobardie. On dira peut-être quil est bientéméraire d'éLal)lir une correspondance exacte entre lesdivisions militaires et les divisions ecclésiastiques maisreniarqitons que les unes et les autres sont ici de créationrécente, et procèdent (le la inê mc pensée poi itique. Nousavons d'ailleurs, POU t' justifier notre hy1I)OthèSe, un textede Porphyrogénète, qui, malgré (le graves erreut i's, ne petitêtre entièrement négligé . Le thème (le Longobardie.coin me son nom I ' rtd iqe, est. une pi'Ovi nec toute non-'c.11e, qui comprend le pays enlevé aux Lombards depuisla chute (le l'exarchat, et surtout depuis le règne dei3asile 1r, Le thème (le Calabre. au contraire, est forméde L'ancien domaine byzantin.

Le premier stratège (le Calabre pi j nous soit connu,c'est Eustatliios, qui, vers 9 l, cwirlut. u n traité avec lesSarrasins . \l . Minasi nomme à tort Etienuc Maxentiosle Cappaclocien. qui fit envoyé (lans l'italie méridionale

l'enipercti r l3asi le l après la 1)erle de SyracuseEtieniie iIaxcntios (omulan(ic ics troupes qui sont enLongobardie. au moment où le thème de Longobai'dic

1. Liniprandi legalio, e. 62.2. CONS'r. PoI p H., dc tg drn. imp., p. 118.3. CDHENUS, 11. 355. Cf. AMAI4I, 11, 153.

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10LES DIOCÈSES DE CALABRE A L'IPOQUE BYZANTINE

n 'est pas même officiellement constitué . plus forteraison n ' y at-il pas encore S cette date un thème deCala bre.

Tels sont les changements de ladininistratiori bzan-tine en Cal alue. Pour Iorganisation ecclésiastique, ilfan t (listinguer deux périodes : avant la rul)tul'c dc Romeet dc 13y'zance. au temps (les iconoclastes, les églises deCalabre sont rattachées directement au Patriarcat romain.et n'ont d'autre métropolitain c 1 ue le NIPC AprèS la rup-ture, c'est-à-di le S partir du milieu du vii i siècle, ellesdépendent du patriarcat de Coiistauti nople : niais entreelles et le l)atl'iarcJle il y a bientôt, comme intermédiaires,les deux métropolitains de Reggio ('t de S. Severina.

La preiiièi'e période nous est très bien connue par leslettres de Grégoire le Giand Avant lui les souls siègesél)copa 1 1x mentionnés expressément sont ceux deSqwllce (s ynode. romain 465), dc Vibona (lettre deGélase et synode romain 499). ile Teinpsa (synode romain5() L), de T/tuiii (synode roniai n 504) et de Ifeggi'o . Dans leslettres de Gtégoire, il est question, en outre, des évêchés(le. Cosenza, de (rotone, de Loe,'es, de '1'a,rana et (leNicoiera . Çuant S l'église de Jlipia on Menia, mentionnéeune kis P Grégoi re, clic ii'cst point connue autrement,et l'on ne sait comiirnent l'identifier Eu laissant (le ('(\técette dernière église, on compte cii Calabre, i la fin (luVie siècle, dix évêchés que nous retromivotis aux \II etviii 5 siècles (tans les Sigflalurcs des conciles. Si lesévêques de Cosenza, de Nicotera et de 'fhurii manquent

1. Tiiiopii. CONT., V, 71. M. Minasi confond les deux thèmes deLongobardie et de Calabre, et il croit à tort 1111e les théines de Sicile cLde Calabre ont existé simultanément.

2. MINAsI, toc. cii., p 04-81.3. Registre de Gnioi mnn I éd. IIAflIIN ' , 11, 10, 51; IX, 120, 120,

134; XIII, 20, 21./j• Id., V, 9.

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LES 1)I0C1SES DE CALA!3RE A L ' IPOQUE BYZANTINE

aIL synode romain (le 649, ils apparaissent de nouveauplus tard. Notons ici que la ville calabraise de Thuriia été souvent coiilonduc avec un évêché de Sardaigne la

ecclesia », mentionnée dans les lettres deGré.goire et dans les signatures de 649, est l'église deTurris, en Sardaigne. située non loin (le Sassari . L'église(le Thuri I,I 'embouchure du Crati. est mentionnéeau synode de 680 « ». Une église nouvelle appa-raît en (YtU, comme en 680 c'est celle de rçl. )1)ea vOiSifledc Nicotera. Or cette (lernièle ville manque aux deuxdates indiquées, On pourrait cii conel tire que l'un descieux évêchés a succédé à l'autre, si des tombes etdes inscriptions du Ve siècle ne 1)rouvaient pas l'exis-tence très ancieriite d'un siège épiscopal à D'ail-leurs. en 787, Tropea cl Nicotera forment deux évêchésdistincts :3; il est vrai que. dans l'iiitervalle, l'empereur etle 1)atriarcllc de Const.antiuople ont pu mO(lifier les eir-conscri plions épiscopales.

a pai'fois attribué à la Calabre deux autres églises,mentionnées dans les lettres dc Grégoire le Grandl'église de Ca,'ina, qui. après la mort de son évêque, estvisitée par lévèqtie (le Reggio ; 1' ecclesia Lissitana »

dont l'évèquc est traiisféré à Squillace '. Mais Carma setrouve en Sicile, comme l'a très bien mnomitré M .Minasi.Quant à laLitre église, c'est de Lissas cii l)almatie qu'ils'agit daiis la lettre (le Grégoire. Lissus ayant été ravagépar les pirates slaves, [é vèq ite a clù prendre la fui te, etle pape lui confie provisoirement I église vacante deSquillace.

1. Gii;. Reg., I, 59; XIII 20. Tiirris Libyssonis (Porto Torres).2. IIALIDOUIN, t. III, 1127.3. Cf l'article de DE Uossi Ijoikiino li arc/eo/ogia c/,ristinna, 1877).

Concile de 787 dans lIA n IWIIN, IV, 200.4. Loc. cit., VI, 9; 11, 37. M. l)iehl, loc. cii., place la civitas Lissi-

tana près de Squillace.

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12LES DIOCÈSES DE CALAJ3RE A L ' 1P0QUE IIYZANT1NE

Entre le Saint-Siège et les évêques de CaLibre, mal-gré la (listance et la difficulté des communications, lesrelations sont. alois très fréquentes. l)ans le diocèsesuburbicaire, (lotit la CaLibre nest qu'une parue, la ccii-tralisation ecclésiastique est lii't avancée. Non seulementle pape surveille de près les élections é1)iscopales. maisil intervient dans une foule de détails. Ce gouvernementdirect n'est possible que par la présence permancu te d'unagent romain : c ' est le recteur du patrimoine, chargé(lad ni iriistier les nombreux domaines de l'Eglise romaineen Calabre 1, qui transmet aux évêques les ordres du pape,veille à l'exécution des canons, fait I)1'océ(Ier aux électionsnouvelles, etc. Si le pape n'avait pas (tans le P'Y5 desintérêts temporels cotisidétables Ses moyens d'actionseraient singulièrement r(du its. Malgré la présence durecteur du patrimoine. lexercice (le l'autorité j)ontificaleen Calabre se heurte à toutes sortes d'obstacles : si lesLombards de Uénévent son t en guerre avec le pape. etravagent la Carnpanie romaine, ils rendent i tupossi bIct oute com munication pat' terre ; ils peuvent i flterr()m preles relations entre le S. Siège et le maitre de la milice(le Campanie, qui se charge de transmettre aux petitsfonctionnaires byzantins (le Calabre les prières ou lesréclamations du pape . De toutes manières, le pape etsort représentant ite peuvent se pae1' (iti concours (leces fonctionnaires byzantins. ()uc ce concours vienne àmanquer, que les rapports entre le S. Siège et. latitoritéimpériale se refroidissent, q1'Une rupture éclate,ment le pape pourra-t-i! agir efficacement, comment lesous-diacre, recteur du patt'iiiioiiic, pourra-t-il faire exé-cuter ses ordres? 1)ans le duché (le lorne ou dans l'italiecentrale, le pape est assez fort pour que son autorité

1. Reg., IX, 120, 122, 129.2. Loc. cir., IX, 124, t2(.

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LES DIOGiSES DE CALAIIRE A L ' 1:: I oQl : E IIYZANTI<E13

teiTl1)Oi'efle. routine son iitoi'ité morale, tire profit (IC larupture avec Uyzance: en Sicile ou en Calabre la situa-tion est très différente. Ainsi se développe, dans ceséglises, trop éloignées (le leur centre, une certaine teit-dance à l'autonomie. Crégoire l' lui-même l)ermet auxévêques (le Sicile, et à celui de 11ggio, de rendre plusrares leurs visites ad ii,niria Plus on avance dans l'his-toire (les iie et viii Siècles, et plus les liens se relàchcnt,par la force (les choses, entre fouie et les églises cala-braises.

Un autre changement. plus grave encore, favorise lanième tendance. Jusqu'au milieu di vile siècle, la Calabre,ou plus exactement le fruttiuui, est un pays de languelatine et (le rite latin c'est ici une preuve, ajoutée à tantd ' autres, qu'il n'était resté aucune trace, dans l'ancienneGrande-Grèce, de la langue et de la civilisation hellé-niques 2, Cependant, (ks l'époque (le Grégoire le Grand.le développement naturel dc l'iiifliience byiantine coni-mence à portet' ses Fruits ; il y a tout près du Bru ttium,en Sicile. (les Latins et <les Grecs; dans une lettreCUFiCUSC à l'évêque (le Syracuse , le pape se défend dureproche d'imiter les coutumcs et les rites (le lEglise deConstantinople. Et de qui vient cc reproche? de pltisieuiu'sSiciliens, Latins ou Grecs, qui s'étonnent (les reven(lica-lions dc Grégoire coiiti'c le j)atriarclIe (le Constantinople,et cherchent à le mettre en contradiction avec Iui-itièrnc.M. l)iclil a montré pal' de nombreux exemples C(inirfldfltl'hellénisme s'introduit (lans l ' administration et dans lasociété ". Mais la trans(n'ination n'est com1)lète que dansla Siciic et l'italie méri(lionale, en rapports plus directs

1. VII, 19.2. Cf.Cf. ZAMPELIOS '1rEvx, et LENOIIMANT Grande-Grèce,

t. II.3. IX, 26.4. Exa,c/eat de' Racnne, livre III.

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LES bIOCESES ÎlE CALAIIRE A JiiPoQCE 8Y7,ANTINE

et plus fréquents avec les provinces orientales dc l'Em-t)s la fin du viii' siècle, la Sicile devient un

véritable foyer l'heUénisme. C'est alors que le rite grecs ' introduit i Syracuse et dans les églises voisines, pOUrgagner ensuite la Calabrc. Sur ces origines du rite grec,M. Minasi, (jul invoque avec raison l'exemple de la Sicile,aurait dû rappeler l'étude si p cisc et si documentée (leMgr Lancia di l3rolo, dans son histoire (le l'Eglise enSicile l

En Calabre comme en Sicik, il est incontestable quela langue grecque est dominante, près d'un demi-siècleavant les décrets (les empereurs iconoclastes, quidétachent ces deux pays (lu patriarcat romain. Si, en vertudc ces décrets, le rite grec devient obligatoire, il estprobable que la plupart (les églises l'avaient, adopté déjàdepuis plusieurs années. Il y a donc eu une période inter-inédiaire, plus ou moins longue, pen(lant laquelle leséglises siciliennes et. calabraises, tout en pratiqualit lerite grec, continuaient dtpendre du patriarcat romain,et recouraient à Home l)0U le jugement de toutes lesaffaires graves. S. Grégoire, évêque d ' Agrigcnte. qui avécu prohablemeiut dans la seconde moitié du vile siècle,est un écrivain ptiremiieiit grec ; lorsque' (les plaintes sontélevées par une I)at'tte du clergé (le Sicile contre la régu-larité (le son élection, c'est à Rouie que l'aflaire est jugée2N'oublions pas d'ailleurs qu'au Vile siècle ic clergé romainluimèrne subit 1)l'otondément l'influence byzantine, et quepl1's papes, orientaux ou sicilieus d'origine, occupentle Siège apostolique. Mais si naturelle que parût, à cetteépoque, la situation iiiixte dii clergé sicilien, les chosesne pouvaient ainsi durer que pal' laccord (le Home et deByzance. Quant survient la rupture, la différence (le

1. Storia della c/licsa in Sicilia, t. IL, p. 21.2. Id. p. 38.

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l.FS nIOClSES DJ CÀLABIIE A L ' iPOQUE IYZANTINE15

langue et de ri te dcvien t u nrici J)C d'opposition, etrend la séparation singu1krement facile.

Pour se venger de la révolte de l'italie et de l'opposi-tion (lu pa PC à sa poi tique iconoclaste, 1 'cm pereurLéon III !'lsaurien confisque en Sic.ile et en Calabre lespatrimoines romains , dont les revenus sont ai tri hués aufisc. Il interdit aux évêques de se rendre a home, etbientôt ces évêques, comme ceux de Calabre, devrontaller à Constantinople, pour recevoir la eonséci'atiori du1)atliarclle. 11 n'est vilS certain que l'empereur ait réduit,dès le début, par un décret formel, la circonscription dupatriarcat romain. Le texte de 'l'héophane ne parle ex-pressément que (le la cotifiscation des pat1'iu0itcs iaisen attri huant à l'Etat byzantin les grands domaines (IUC

possédait k Pape, Iéon l'lsauiricn enlevait. au S.-SiègeSon sciil moyen d'action dans le pays. Ainsi la pi'emièreusurpation (levait entiamnei' la seconde. Peut-être est-ceseulement Constantin Copronvme, qui impose aux évêques(le Calabre, nouvellement éins. l'obligation d'aller àConstantinoplc, recevoir la consécration du PatriarcheLa notice (lu WO j HC arménien Rasile, écrite au commen-cement du ix° siècle, en parlatit des églises enlevées aupatriarcat romain, explique la séparation par ce fait que« k pape (le lancienue Roine est sous la domination dcBarbai'es ». N 'est-ce pas une ail ilsion à la chute dcl'Exarcha t, et à la constitution de I 'Etat 1)ontl fical, -événements qui se i)laeerIt précisément sous le règne deCon stanti n Coprony me (741-775) ?

1. Tniiopn., éd. dc l3oou, p. 410.2. L'opinion traditionnelle a ét défendue p' M. IIUBERT : Les papes

et les empereurs uonoelasies (Recue /ilsiorique, Ï anv ie l' iS9)). S'il esttrès probable que, dés le temps de Léon Fisauriun, certains év1luesde l'italie du Sud sont consacrés à Constantinople, cela ne prouve pasqu'il y ait eu, dès ce moment, un décret formel de l'Empereur, appli-cable à tous les évqiies de Calabre et de Sicile.

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16LES D!OCSES DE CALABRE A LSJP0QUE flY'/,ANTINE

Contre ces (lécrets, (tout les circontances locales favo-risaient l'exécution, le pape était désarmé. Entraînée(hans une direction nouvelle, ayant conscience d'avoirpour elle, dans sa lutte contre Iyzance, la niasse (lesItaliens latins, I Eglise. routai ne trou s'ait ailleurs d'écla-tantes compensations. En tout cas, les P1Pes semblents'être résignés assez vite à la perte dc leurs droits de mé-tropolitains, en Sicile et cii Calabre. Iladrien l reveii-dique, il est vrai, à deux reprises diflérentes, les anciennesprérogatives du patriarcat romain : c'est au moment où ilattendait beaucoup du roi des Francs, et dc la politiqueconciliante d' frêne. M ais pendant plus (l'un siècle il n'ya pas trace d'une autre protestation des papes. Il fautdescendre jusqn'i l'époque de la querelle entre Pliotiuset Nicolas V , pou r trouver de nouveau, dans une lettre dupape au basileus, une allusion aux décrets (les empereursiconoclastes. Ces revendications si rares restent purementthéoriques, et l'on ne voit pas qu'aucun pare ait tentéd'agir directement sur le clergé calabrais ou sicilien, pourle détacher du patt'iarcat dc Constantinople l

Les évêques grecs tic Calabre et (le Sicile obtiennenten fait cette autonomie, qui devait satisfaire tous leursdésirs. Il ne semble pas que tes [.)atrial'clIes (le Coristan-tinople agissent aussi directement sur eux que les papes(lu Vie siècle sur leurs prédécesseurs latins. I)ans la masse.du clergé oriental, ils forment un groupe bien spécial,qui , au montent (les syno(les oecuméniques, sert d'inter-médiaire entre Rome et (onstant.inople : c'est ce quiarrive en 787, lors du vii concile tenu à Nicée. La piti-part des évêques de Calabre sont venus à Nicée ; niaisce sont surtout les Siciliens, l'évêque de Catane, le diacreEpiphane, qui se mettent en avant, et jouent un i'ôle actif';

1. Jii. L. 2448, 2449, 2483, 2682. Cf. les réflexions très justesde L1NoiomAN'r, t. II, 394.

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LES IitOCÈSiS DE CALA13JIE A L ' EPOQUE HYZANTINE17

ce sont eux qui. par ordre impéi'ial. accompagnent lesenvoyés du pape

Cependant il n'y a pas encore à cette date (le l'OVflCC

CccléSiastiqUC ()lfi('Lelleiueut constituée; aucun évêque.dc Sicile ou dc Calabre n'a le titre et les prérogatives dmétropolitain. Si. dans le récit de la quatrième session duconcile, le légat. de Syracuse s'intitule : légat dç « l'arche-vêque dc Sicile », ce n'est là qu'un Fait isolé; car ailleursil est visible que Syracuse n'a pas encore (le préséancereconnue 2, Pour la Cambre, M. Mi itasi veut voit' dansl'évêque Cyrille, que mentionne la \ie tIc S. Léon leThaumaturge. évêque (le Catane au milieu du vii ,e siècle,le premier métropolitain de Reggio ; Cyrille. qui a vécudans la première moitié (lii viii' Siecle, a l)U être le pre_miet' évêque grec (le Reggio, mais certainement sonsiège épiscopal n'est devenu métropole ciuc beaucoupplus tard. Si le titre de patriarche mi est donné dans utitexte très posLérieur. c'est une erreur manifeste dubiographe

C'est dans le courant du ix° siècle que l'évêque dcSyracuse exerce d i ii ne manière incontestable les 1)1' l'O-

gatives (le mnétropol itaiii. Grégoire Asbestas, par quiPhotius se lit ordonner, avait été déposé pal' le patriai'cheMéthode, J)011l' avoir osé, hors de sa pi'ocince. donnerla consécration épiscopale mu pt'ètre Zacliarie. nonce dupatriarche . Les tiocu ments qui nous ren-seignent avec précisioii sur [es nouvelles provincesecclésiastiques, constituées en Sicile et en Calabre, cc

1. H.&nnori', [V, 267. Cf. LANCIA 1)1 BI4OLO. toc. cil., li, 17u.2. Je duis ces remarquesdes notes indiLes de M. l'abbé Du-

chesne.3. Le texte sur lequel s'appuie M. Minasi GAETANI, Vita' Sane-

torum Siculoru,n, t. I L, p. 9). n'est qu'une traduction latine, probable-ment amplifiie, d'un manuscrit perdu de Svracuse (Cf. LANCIA 1)1BIIOLO, Il, 129).

4. Pue'. grecque, t. 109, p. 671.

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18LES DIOCESES DE CALARRE A L}POQUE IIY/.ANTINE

sont les catalogues byzantins des sièges épiscopaux..M. Minasi a justement compris, après Allatius et Asse-muni, hrnportance de ces catalogues. Mais pourquoi s'entient-il aux conclusions d 'Asscmani ? Il ne connait ni l'édi-tion des Notitia', publiée par Parthey dès 186G, ni iccommentaire de M. Fabre dans ses notes à l'édition duLiber Censuum. ni les travaux récents de M. Gelzer, quont tout à fait renouvelé la question

Tout en reconnaissant, avec Assemani, que plusieursde ces catalogues ont été remaniés au xii" siècle (voirsurtout les notices Il et X de Paithey). M. Minasi prétenden attribuer le texte primitif à Léon l'lsaurien c'est làune conclusion (lue rien ne justifie. Selon les uns, lesplus anciens de ces catalogues seraient de l'époque deLéon VI (fin (lu ix" siècle); selon les autres ', il faudrait.remonter jusqu'à l'époque de Léoii V l'Arménien (813-820)..Depuis les recherches nouvelles de M. Geizer, qui a publiéen outre un texte, resté jusqu 'à présent inédit,, ces con-troverses n ' ont l) l us de raison (l ' être. Etudiant la notice I(le Parthey, qui énumère les métropoles ecclésiastiqueset les sièges autocéphales, M. Gelzer établit que la pre-mière partie seulement (ligne I à 29) est. une noticeecclésiastique ; la seconde est un document d'administra-tion civile, composé à l'imitation du synccdènie d'lliéro-dès par un écrivain du vii' siècle, Georges de Chypre.Quant à la nottce ecclésiastic 1 ue , elle u l)0ur auteur lemoine arinén ien Iasi!e, qui u vécu au coin ineneenient duix" siècle, au temps (le Miehel Il le !ègue et (le Théophil&(entre 820 et 842). A la fin (le scm catalogue, Fasilc men-

1. PARTHEY, Syncedrinus Hieroc1s et notiti:r 'rar'.i' episcopawuin,186G, GELZF:II dans .Ta/trérLc/u'r f. pro:. TIeoi., t. XII. - ASSEMANI.halicte historia' s'ripIores, t. III, p. 406.

2. C'est l'opinion d'Ajlatius, adoptée par M. Faht'e, dans ses notesdu Liber censuum,

3. Giotuii CYPIHI, Descriptio orbis Romani, éd. GurzER, 1890.

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LIs DIOCE.SES I)E CAl.ABnI À L ' IPOQUI BYZANTINE19

tionne les églises enlevées au patriarcat roniaiii, et ildésigne expressément comme Inétl01)olitains les évêquesde Syracuse et dc lleggio. C'est dotic dans lanioitié dii ix" siècle qu'il faut I)lacer la constitution de cesmétro pu les.

Le texte inédit, publié par M. Geizer à la suite de sonédition nouvelle dc Georgcs de Cliypre et. de l'ArménienRasile, est celui des v catalogues (Iressés àl'(po(1uc de Léon VI le Sage, et qui flOS donnent la listerolii l) l ète des métropoles et (les évêchés. C'est dans cesv (Itit! faut, chercher l'état ecclésiastique de laCalahre à la fin du If siècle, au nioment où les conquêtesdes généraux de Basile et (le Léon VI ont pou r con-séquelire, dans l'italie méri(lioflale , Une double res-tatiration politique, et religieuse. Ces catalogues sontcontemporains (les listes officielles (le thèmes, que nousa transmises Constantin Porphyrogénète. Ils précèdentdc peu la constitution (lu thème (le Calabre.

A la métropole (le Reggio s'ajoute une métropole nou-velle celle de S. Séveiina. Le siège de Reggio comptedouze suffragants d'abord les sept églises anciennes (leVi bona, Taiiriaria, Locres (ou S. Cyriaqtie), Sc 1 u i Ilace,Cotrone, Nicotera, Tropea l'égl SC (le Cosenza, aussiancienne que les I)1'cé(lentes. mais longtemps occupéepar les Lombards, et restée latine, au temps (les eiiipc-

iconoclastes ; puis quatre églises nouvelles, érigéesen évêchés par les patriarches (le Constantiriople : Bisi-guano, (le conquête récente COIIIITIC Cosenza ; Rossano,A ftlautea et Nicastro. dans l'ancien domaine hyzariti n.fleux sièges épiscopaux ont (lisparu depuis ia fin duvmii siècle : Tenipsa, près de la mer Tyrrhéniennc, etThurii, près (le l'embouchure du Crati. Ces deux villes,trop voisines (le la mer, ont été probablement détruitesau ix' siècle par les baIi(les sarrasines. C'est la forteressenouvelle et l'évêché de Nicasiro qUI remplacent rpflp

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LES I)10CSES DE CALAI(ItE A LEPOQUE nYZÂ\TINE

M. Minasi supose à tOrt (fue Nicastro est le derniersiège é)iscopa1 fondé par les Byzantins en Calabre. Lesiège de Cassano, (lui manque dans les vxx deLéon VI, mais apparait. dans 'es listes plus récentes es'tpostérieur à celui de Nicastro. L'évèch de Cassano a dûremplacer celui de Thurii.

Quant à l'évêché de Santa-Severna, rumétropole placéeau mênie rang que Rcggio, il esL (le création pureuumentbyzantine, ainsi que les quatre. évêchés calabrais u. j ui sontses suffragants ces quatre évêchés sont établis dans (lepetites localités peu connues, qui se groupent autotir (leS.-Severina : Umbriatico, Cereuzia, Isola di Capo Rizzuto,Belcastro. J'adopte ici les identifications proposées prM. Fabre . Elles sont. (l'accord avec celles (le M. M inasi,sauf' pour le premier si'ge. l)ans l'église « Epuwv »(Euryatensis), notre auteur prét erud oi r l'évêché d'Oria,au nord de la terre d'Ot.rantc. C'est là une hypothèseinvraisemblable : les deux mots E ')(o') et

ne peuvent être m'onon(l us ; l'évêché d'Oria estlatin au temps (le Léori VI 3; plus tard. il est réu ni u l'évê-ché de Urindisi, Au contraire la traduction d'E''j'twvpar Uinbriatico, localité tonte voisine (le S.-Severina. neprésente aucune difficulté.

À la métropole de S.- Severina SC rattache mmii autresiége éf)iscopal, étranger à la Calabre pro)rcment (lite,c'est celui (le GaIii»o/i. dal)s la terre d'Oti'antc, beaucoupplus ancien qe les )récé(lcnts. l)uuis(Iu'il est mentionnédans les lettres de Grégoire le Grand .

C'est probablement Photius qui a créé en Calabre plu-sieurs évêchés nouveaux. Car il gouverne l'église de Cons-tantinople, une seconde fois, dc 878 à 886, au moment

1. PARTHEY, flot. III et X.2. Liber CCnSUUm, fase. 1.3. JAFFI L. 3405.4. J*rru L. 1250.

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LIS DIOCI'.SES DE CALÂI3HE A L'iPOQUE BYZANT INE21

(les grandes conquêtes byzantines dans l'italie méridio-nale. Nous trouvons, dans sa correspondance, une lettreadressée à Léon archevêque tic Calabre » ou métropoli-tain dc Reggio '. C'est saiis doute ie même Léon qui, seul(les éVê(1Ue5 calabrais, apparaît au synode photien de879 !, — Lors de la lutte contre Ignace, les évêques deCaiabi'c étaient fort divisés, comme nous le montrent lesacl.es (hi \rlile concile, teitti à Constantinople en 8(39, p0111'

rétablir l'union avec L'Eglise romaine . Parmi ics évêquesdii parti d'ignace, qui assistent à la première session, onne trouve que Nicépliore, évêque (le Cotrone. Dès cemoment, Léon de Reggio appartient au parti de Photius.Plusieurs se sont abstenus seuls, les évêques (le Sainte-Cyriaque. (le Squillace et de Tauriana, avec les deux1)IéCédents, sont présents à la dernière session. Mais ilest difficile (le savoir quelle fut leur attitude : ils ne sontarrivés à Constantinopic. coin inc l'évêque dc Regio,(Iu' 1 la fin du concile.

Vers la fin du x° siècle, après les expé(litions d'Otton Iet d'Otton li. la partie septentrionale de la Calabre, (lueles Loni bards avaient longtemps Occupée. et qui petit-êtreavait gardé quelques vestiges du rite latin, est u evendi-1uée par les archevêques nouveaux (le Saleri:. Le pape

Jean XV. favorable à la 1)01 itique Lies empereurs germa-niques, comme SOU prédécesseur Jean Xlii, érige le siège(le Salerne en métropole ecclésiastique . Il S'agit surtout,par cette création nouvelle, (le mettre Salerne au mêmerang que Bénévent et Capoue, honorées de cette dignitépar le pape Jean Xlii, sur les instances du puissant vassal

1. PaCr. r., t. 102, p. 774.2. iLtnoouIN, t. Vi, p. 213,3. IIARUOUIN, t. V, p. 898, 927.4 ..J ri L. 3833. Cette première huile de Jean XV pour Saierne est

du 12 juillet 989. M. Minasi, qui ne connail pas le recueil de Jafl'è,ne cite que ciIe de 994.

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22II:s DIOCKSES DE CALABBI( A L ' IO'OQUE BYZANTINE

d'()tton I, Pandoif Ï'ète de Fer. Pour donner à l'arche-vêque. de Salerne une province ecclésiastique, au moinscomparable à celle de l3énévent, il fallait lui trouver dessuffragants assez loin veis le Sud c'est sans doute eninvoquant 1CS ailciens titres (le l)es0I (les princes (leSakrne. antérieurs à la conquête b yzantine, qte l'arche-vêque de Salei'ne revendique, le droit (le consacrer (lesévêques à Cosenza et à E3isignano. Dans la même bulle, ilest question d'un évêché nouveau, situé à l'ouest (le Bisi-guano, celui (le Mali'iio .lais si le pape, reculant ainsisur queI(ues points les limites du l)i1tI'iaIat romain. cèdesans peine aux instances de l'ai'ehevêqiie de Salcrne, rienne prouve que ces revendications aient pu se réaliserininiédiatement, ni que les évêques grecs (le Cosenza etde Bisignano aient cessé (le SC reconnaitre COfli me suflra-gants (le Beggio. Il est (lu mnoms 1)robal)lt que dès cetteépoque la région de la Calabre qui touche à la p1'11cipauté(le Salerne est le tliéàtie d'une lutte assez vive entre leclergé byzantin et le clergé lombard-latin. La même lutteéclate s- erS la même époque sur les confins (le l'Apulicl)yzanti n e

L'organisation ecclésiastique du temps dc Léon VI etdc Pliotins ne subit de p1'of)mnls changements qu'à la findu xi° siècle, avec les conquêtes norma ,ides. Cependantles Normands, pour s'assurer la sOilmIssiOn (le leurs noti-veaux sujets, doivent procéder avec une extrême pru-dence une fois inaiti'es incontestés (lu pays, leur pre-inière uuvre. a été naturellement de rétablir sur les égiisesdc Calabre l'autorité du patt'at''at romain Alliés du Salut-Siège, c'est dans un clergé soumis à liomiic qu'ils trouventles plus sûrs auxiliaires de leur domination. Comment

1. Malvito a été rernpIact plus tard par S. Marco (Liber eensuum,éd. Fabre).

2. Liudprandi lcgaeio, c. 62.

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LES DIOCESES lIE .AHHE A t ' II'OIUE IYZANTtNE23

s'cst opéré ce chang'meii t. et dans quelle mesure larestauration du rite latin a-t-elle suivi la rupture des liensavec le patriarcat grec? C'est ce qu'il flOUS reste à montrer.

Il faut mettre à part les églises de la Calabre septen-trionale, revendiquées, comme. on T'a vu, par l'archevêquede Salerne, Attirées en sens contraire par ies deux iuttro-poles presques également éloignées de Saleine et deReggio, ces églises ont conquis les premières unesituation privilégiée. L'évêque de Coseuza prend le titred'nrchevê(jue dès I (L c'est évident tuent une créationdc Robert Guiscard . M. Minasi refuse d'accepter cettedate en se fondant sur u ne l.)ullc (I' Urbain Il, (1(li confirmeles privilèges (le inétropol itain, accordés à Salerne piil ses1étce.sscui•s. Urbain li tait uui grief aux évêques(lAccreflza et de -Couza. suifragants de Salerne, (l'avoirusurpé le titre ditrche.vèque. Si I'evêquie de Cosenzarevendi(1 ue le nième titre, commciit se fait-il que le papen'en (lise pas tin lTIc)t. > L 'argument n'est p décisif, car lasituation (le Coscnza est très spéciale. liobert Guiscardavait un intérêt évident à honorer (le pi'ivikges nouveauxl'évêque dc Cusenza, chef s1)iritulel du pays oà il venaitde faire ses premières conquêtes. Si Urbain II juge exces-sives les prétentions plus récentes 'ies évêqtie de Conzaet d'Acerenza, rien ne prouve qu ' il n 'ait p acceptéantéricu rement les privilèges demandés par les princesnormands pour Cose.nza . Ii est vrai qu ' une bulled ' Eticnne IX, datée du ( mars I O,8 , et dont M. Miiiasisemble ignorer l'existence. conhrn]c ex1)ressénldnt à lamétropole (le Salerne l'évêché (le Cosenza. N'est-ce pas

réponse à l'usurpation récente, encouragée parliobert Gtiiscard ? Mais si Etienne IX est fort niai disposépour les Normands, ne. savons-nous pas que ses succes-seurs on t suivi u ne poi itii li t e toute diflérente ?

1. Lupus Protospata. -- t f. Fabre, loc, cii.2. .JAFF1. L. 438f.

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LES DIOCÈSES DE CLAI1RE A L ' ÉPOQUE BYZANTINE

Au XIie sicIe I archevêqi.ie de Cosenza n'a qu'un seulsuffragant c'est l'évêque de Ma.riira,w - ce. uouve;iusiège épiscopal a1,)pt P°" la première fois dans labulle (lji citée d'Etieiine EX. qui l'attribua au ressort deSalerne. Quait à l'évêché de Risignano, il se rattachedirectement. au Saint-Siège, et i'entre dans la catégorie desévêchés dits im,n('(lia/s .

Coseiiza et Risignano sont probablement les premièresvilles de Calalire où le rite latin soit ofliciellenient rétabli.l)ans l'ancienne Calabre byzantine, la restauration latinese fait beaucoup iliis lentement. Nous avons tin diphmede Iloger. adressè cii 1094 au premier évêque latin (leTropea ; un autre diplinc de 109G a poui obct l'établis-senient de la liturgie la t.iiiC (liI1S l'êglise de Squi Ilace.L'évêque Saxo de Cassano, légat (lU pape L rha iii Il. etsignataire de ce diplt'niie, paran être. aussi un Latin

l)'autre part, les anciens évêchés de Vibona et deTauriana, ruinés par les incursions sarrasines, (lispa-raissent, et leur territoire est réuni au nouvel évêché latinérigé à Mi leto par le pape Grégoii'e V II sur ies instances(lS princes norma iids. Toii t d'a bord le pape, refusant dcporter atteinte aux prérogatives anciennes de la métro-1 ok de Reggio, rattache Mileto au ressort de ReggioPlus tard, Mi leto obtien t le privilège d'un évêché 1m médiat.

I)e la liste des an('iens siiflagants de Ueggio. il fautraer Amaritea , qui est rèuiii au siège latinisé de 'l'roj)eapeut-être aussi Nicoteii, retabli seulement. semble-t-il, àla fin du XiVC siècle Il fiti I. remarquer cependant que siles documents latins du iie siècle bu lie d'A lcxaiidre Il Iliber censuum) flC mentionnent l)'I15 l'évêché (le Nicotera,une charte grecque conteini)oraine (datée (le 1173) le

t. Liher censuu,n, ke. rit.2. t ititi.i, t, Viii, p. 425, 450. Cf. MiNsi, toc. rit., p. 245-250.3. iAFF-L. 5198, 5233.

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LES IJloCJ:SES DE CALAIILŒ A LEI'oQUE BÏZAT1NE

nom me expressément. De cette contrad ictiori k)rmelleiic faut-il pas conclure qu'il y avait dans ce.tte petite villeun évêque grec non reconnu par le Saint-Siège

La métropole de Reggio garde sous les Normands les1)rérogatives qu'elle (levait au patriarcat hyzantin maisprécisément en raison de son importance les nouveauxmaitres du pays. (l'accord avec le Saint-Siège, cherchentde bonne heure à y étahlii un archevèque latin. Dans unecharte (le 1082, il est fait mention d Guillaiune, arche-vêque élu (le Reggio, qui est certainement une créaturedes Normands. Ainsi, de toutes les villes de l'ancienneCalabre byzantine, c'est Rcggio qui a dû accepter la pre-mière l'introduction du i'ite latin c'est pins tard qu'ilest établi dans les sièges secondaires de Tropea, deSquillace. (le Cassano. - l)'aiheurs, si les évêques nou-veaux suivent, dans l'église cathédrale, la liturgie latine,le clergé grec. toujours très nombreux, a d'autres églisespour y célébrer sa liturgie l> ro p rc ; à Reggio, à lileto,partout, il y a une e cattolica » spécialement réservéeaux Grecs.

D'autres diocèses ont réussi i garder les évêques grecs.La métropole (le S.-Severiiia est encore grecque aucommencement du xiu 8 siècle, SOUS le pontificat (1111110-

cent III , li en est (le même sans doute, I)otIt ses suffra-gants. - Dans le ressort de Reggio, le clergé grec restele inaitre à Cotrone et à flossano. - La population deIlossano résiste avec vigueur à l'introduction du rite latinaprès la mort (le Hobert Guiscai'd, les gens de flossanos'étaient entendus avec ceux (le Cosenza pour se soulevercontre le nouveau duc Roger. Le gendre (le Robert Guis-

1. M, Minasi cite bien la charte de 1173 'TRINCHEIlA, Syllabas,n° 181), mais c'est à tort qu'il affirme la mention de Nicotera dansun document romain du xlie siècle (Voir les notes du Liber censuam).

2. P,ttr. la:., t. 216, p. 461.3. Concile de 117i. liARD., t. VI, 2 . 2057.

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LIS DIOCESES DE CALABRE A L1POQUE BYZANTINE

card , Gui lInu ne de Gi'en teiiiesn il, avait 1 )rotité de ces(lispositions hstilcs pour s'installer (lans la ville, à laplace de sofl l)cau-frere Mais il eut l'imprudence devouloir imposer à la population un évêque latin. Rogerréussit à rentrer tians 11ossauo il s'empresse d'écarterl'évêque latin, et laisse les gens de la ville choisi r u névêque grec : c'était pour lui ie seul moyen de se faireaccepter. Bientôt même l'évêque de Rossano réussit àsaffranchir tout à tait de la métropole latinisée de Beggio.Il prend le Litre (l'archevêque, reconnu au XIIe siècle P'in cour 1ornaiiie . Ai visi le clergé grec £atde à 11ossaiio,À travers tout le moyen àge, un centre indépendant.

Les Normands ont dù faire à la population byzantined'autres concessions après avoir supprimé plusieursdiocèses grecs. ils sont obligés (l'en instituer (le nou-veaux. comme ceux de liova et (l'Oppuio, dans la Calabreméridionale. (,)uaut à l'évêché de (7atanzaro. cest aussiun siège nouveau, de création normande, niais de ritelatin . M. Minasi re1)OUSSC avec raison toutes les fables,rapportées par Uglielli et 1) 1 usieu rs historiens locaux surles origines (le l'église dc Catanzaro, et il établit trèsjustement qu'il ii 'y n pas trace (l'un évêché (IC Catanzaroavant la seconde moitié tiu XIIe siècle nous savonsd'ailleurs, par min texte formel, que Catanzaro, vers 1a findu XIe siècle, fait partie du diocèse de Squillace .

Malgré la création de ces trois évêchés, la métropolenormande (le Reggio i'este inférieure, par le nombre deses suffragants cotiime par l'étendue de son ressort, àl'ancienne métropole byzantine. Au Nord, elle a perduCosenza, Bisignano et Rossano; à l'Ouest, les anciensdiocèses de Tauriana et de Vibona. réunis à Mileto. La

1. Gurii. MALATEI4RA, 1V, 22.2. THixcHi:RA, Syllabus, n° 52. Liber ccnsuum.3. MINASI, hic. cii.. 132G. Charte de Squillace, UGUELLI, t. [X,

p. 1i26.

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LES DIØCESES DE CALA lIRE A I. }P0QLE B/.YiiNE

puissance directe du S.-Siège s'affirme par les privilèges(les évêchés (( immédiats )) S.-\l arCo. \1 ileto. Bisignano; même le siège épiscopal (le Scjuillace sembleavoir obtenu pendant quelque temps les mêmes préro-gatives . D'ailleurs les papes. tout en réduisant la pro-vince ecclésiastique de Reggio, coiifinnent les (Iroitsanciens (le la métropole. et reconnaissent, chez sessuffi'agants, l'existence officielle des deux rites, en auto-risant larclievèque à consacrer (les évêques tant rree.s quefaims (Bulle d'Alexandre1 lGà).

Il reste donc en Calabre, longtemps après la ruptureaver Constantinople . aggravée par le schisme, desévêques grecs, les uns (lépendant d'un archevêque latin,les autres ayant gardé leu r ruétropol itai u grec, dautresenfin (celui (le Bossano ayant 1e titre d'archevêque, sanssuffragants, et n e relevan t (l ue du pape ; co ni me leu Nprédécesseurs (le la première moitié du vii 0 siècle, ils sonten même temps fidèles à la liturgie byzantine, et soumisà la suprématie romaine. Ainsi la Calabre ecclésiastique,au xii' siècle, avec ses évêques (le rites différents, sesarchevêques antocéphales, ses évêques imniédiats, pré-sente u ne complication singulière, où l'on retrouve encoredes éléments importants dc l'ancienne organisationl)yzantine.

'l'els sont. les faits (jUC l'étude très sérieuse de Pil. M inasinous aide à mettre en lumière. Si les conclusions del'auteur nous ont paru sur bien deS points confuses ouincomplètes, la faute en est surtout à son ignorance (leplusieurs publications récentes. De mênie qu'on ne petitplus parler des évêchés byzantins sans consulter lesderniers travaux sur les listes épiscopales, dc même on nepeut plus citer les letti'cs (les papes saiis avoir recours

1. Bulle de Pasehal II, 1110. UGHELLI, t. IX, p. 430.

2. Muxtsi, loc. cit., p . 300. - Pa:r. las., t. 200, p. 399.

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LES DIOCESES DE CALABRE A L ' 1PoQLE BYZANTINE

aux Regesta 1)ont.ificaux, de .JafTé-Lœwcnfeld. Souhaitonsaussi que l'auteur, s'il poursuit ses intéressantesrecherches, porte son attention sur ces (iiplàmCS et ceschartes du xii siècle, dont une partie seulement estpubliée. Les textes donnés par Ughclli des diplômesiiormarids auraient besoin d'une revision sérieuse. Enfin,malgré la très grande pauvreté, CII documents du moyenage, des archives ecclésiastiques calabraises '. il y aencore. crovoris-liotis, (les (lécouvertes ù faire. Pour neciter qu'un cxciii pic. nous savons que le comte VitoCapialbi de Montelcone, mort eu l83, a laissé une im-portatit' col lectiun (le chartes, commençant au xi sièclelui-même, dans un article, sur e les archives des deuxCalabies ultérieures » (Naples. I 855) oti il décrit briève-ment sa collection, mentionne I chartes grecqueS (lesxii 0 et i siècles, un giand rouleau de parchemin, (lU

in i lieu du XI 5 sicle, écrit sur les deux côtés. Pourquoi cetrésor ie docutnenii.s est-il resté inconnu et iiiacecssiblecomment peut-il rester eiisevcl L. en attendant (1U ' i I dis-paraisse après tant d'autres C'est aux érudits calabrais(le répond me.

Paris.

1. Cf. un récent article de M. Kehr sur les actes pontificaux dansles archives de Calabre (Nac/i'ichteu oon l'r K. Gesellsc/iafs d. JViss.zu Gôttingen, 1808, hefi 3).

P. S. - Cet article était imprimé lorsque j'ai eu connaissance dune étude deMgr Ducheane sur les diocèses de Calabre, qui doit paraltre dans les MélangesFabr,'. Ceoi m'amène é rectifier certains détails.

1' J'ai dit, aprês M. l-lartmonn, édite,ii du Registre ils Grégoire P, que lan Tnrrjtana ecclesra , mentionnée dans les lettres de Grégoire, était l'église LeTurris en Sordaigne. Ceci est vrai pour la lettre 1. 59; mais dans les lettres Xlii,20-21 ii est question d'une « ecclesia Turritana vacante, qui doit étre visitée parun évéque de Calabre, en méme temps que les dciii églises calimiitaises de Cosenza etde Tauriana. Cc riipprochirnent semble bien indiquer qu'il s'agit ici de Thurii.

2° Les tombes et les inscriptions du y' siècle, trouvées à Tropea, rie prouvent pasnécessairement qu'il existait dans cette ville un ivéché.

3 L'église dètruite de Tburii e dù étre remplacée par l',vêché de Rossano, plutôtque por i'iêehd de fassano, de fondation tardive.

J. G.