internationalisation des echanges et mondialisation i ... · a) les explications traditionnelles...

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I) Commerce international, croissance et développement L'internationalisation désigne un processus d'ouverture croissante des économies nationales qui conservent leur cohérence nationale et leurs spécificités. La mondialisation ou globalisation désigne le processus d'intégration des économies, c’est à dire le dépassement du cadre national et la formation d'un marché mondial unique, des biens, des services, et des capitaux. On parle de "global" lorsque ce n'est pas attaché à un marché national unique A) les justifications théoriques du commerce international Pourquoi les pays échangent-ils entre eux ? Pourquoi ne se contentent-ils pas des échanges à l’intérieur de leurs frontières ? Tous les jours, l’actualité nous propose des exemples montrant certains effets pervers de ce choix, pourtant une grande majorité de pays a fait ce choix depuis bien longtemps. Si des motifs réels existaient alors, sont ils encore valables aujourd’hui 1) Les théories a) les explications traditionnelles *Adam Smith et la loi de l'avantage absolu Chaque pays doit se spécialiser dans la production pour laquelle il possède un avantage sur les autres pays, ainsi la production totale de chaque bien sera supérieure gràce à la spécialisation puisqu'il sera produit dans le pays ou la productivité est la plus forte en ce qui le concerne(exemple historique) A va se spécialiser dans le vin et B dans le drap et si le rapport d'échange est correct, tout le monde sera gagnant ( ce qui est contraire à la vision mercantiliste qui considère que ce que l'un gagne, l'autre le perd.) Cependant, cette théorie pose un problème, car elle exclue de l'échange les pays n'ayant aucun avantage absolu! ** RICARDO et la loi de l'avantage comparatif (exemple chiffré en cours) Selon lui, chaque pays doit se spécialiser dans la production pour laquelle il possède le plus fort avantage ou le plus faible désavantage. les deux pays auront intérêt à échanger car au total, la production des deux biens sera supérieure, donc la richesse mondiale si on généralise et le seul problème est encore de fixer un rapport d'échange qui profite à tout le monde. Cette théorie s’appuyant sur des hypothèses très restrictives (immobilité des facteurs par exemple), elle va subir une cure de rajeunissement dès le début du 20 ème siècle avec les travaux d’Eli HECKSCHER et Bertil OHLIN, eux même « modélisé » par la suite par Paul SAMUELSON *** L'analyse néoclassique et sa modélisation les analyses d'Hecscher, Ohlin et Samuelson reprennent les bases précédentes mais cette fois, on ne se base plus sur les quantités de travail mais sur les prix relatifs qui dépendent eux mêmes de la plus grande abondance ou dela plus grande rareté des facteurs de production. INTERNATIONALISATION DES ECHANGES ET MONDIALISATION

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Page 1: INTERNATIONALISATION DES ECHANGES ET MONDIALISATION I ... · a) les explications traditionnelles *Adam Smith et la loi de l'avantage absolu Chaque pays doit se spécialiser dans la

I) Commerce international, croissance et développement

L'internationalisation désigne un processus d'ouverture croissante des économies nationales qui conservent leur cohérence nationale et leurs spécificités. La mondialisation ou globalisation désigne le processus d'intégration des économies, c’est à dire le dépassement du cadre national et la formation d'un marché mondial unique, des biens, des services, et des capitaux. On parle de "global" lorsque ce n'est pas attaché à un marché national unique A) les justifications théoriques du commerce international Pourquoi les pays échangent-ils entre eux ? Pourquoi ne se contentent-ils pas des échanges à l’intérieur de leurs frontières ? Tous les jours, l’actualité nous propose des exemples montrant certains effets pervers de ce choix, pourtant une grande majorité de pays a fait ce choix depuis bien longtemps. Si des motifs réels existaient alors, sont ils encore valables aujourd’hui

1) Les théories a) les explications traditionnelles

*Adam Smith et la loi de l'avantage absolu Chaque pays doit se spécialiser dans la production pour laquelle il possède un avantage sur les autres pays, ainsi la production totale de chaque bien sera supérieure gràce à la spécialisation puisqu'il sera produit dans le pays ou la productivité est la plus forte en ce qui le concerne(exemple historique) A va se spécialiser dans le vin et B dans le drap et si le rapport d'échange est correct, tout le monde sera gagnant ( ce qui est contraire à la vision mercantiliste qui considère que ce que l'un gagne, l'autre le perd.) Cependant, cette théorie pose un problème, car elle exclue de l'échange les pays n'ayant aucun avantage absolu! ** RICARDO et la loi de l'avantage comparatif (exemple chiffré en cours) Selon lui, chaque pays doit se spécialiser dans la production pour laquelle il possède le plus fort avantage ou le plus faible désavantage. les deux pays auront intérêt à échanger car au total, la production des deux biens sera supérieure, donc la richesse mondiale si on généralise et le seul problème est encore de fixer un rapport d'échange qui profite à tout le monde. Cette théorie s’appuyant sur des hypothèses très restrictives (immobilité des facteurs par exemple), elle va subir une cure de rajeunissement dès le début du 20ème siècle avec les travaux d’Eli HECKSCHER et Bertil OHLIN, eux même « modélisé » par la suite par Paul SAMUELSON *** L'analyse néoclassique et sa modélisation les analyses d'Hecscher, Ohlin et Samuelson reprennent les bases précédentes mais cette fois, on ne se base plus sur les quantités de travail mais sur les prix relatifs qui dépendent eux mêmes de la plus grande abondance ou dela plus grande rareté des facteurs de production.

INTERNATIONALISATION DES ECHANGES ET MONDIALISATION

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un pays qui est fortement doté dans un facteur déterminé bénéficiera d'un prix relativement faible pour ce facteur. Si ce pays se spécialise dans la production de biens nécessitant beaucoup plus de ce facteur, il bénéficiera d'un avantage. Le paradoxe de Léontieff remet en cause le modèle HOS dans la mesure où les conclusions du modèle ne sont pas vérifiées, cependant selon Léontieff lui même, ces résultats s'expliquent par la forte productivité du travail au USA ce qui fait qu'une unité de travail américaine équivaut à de nombreuses unités dans d'autres pays et finalement les USA seraient plus riches en travail qu'en capital!

b) les théories plus récentes Parmi la multitude, on retient généralement deux explications principales s’appuyant sur des constats finalement empiriques de la réalité de la spécialisation.

* Linder et la théorie de la demande représentative Pour LINDER, le commerce international est actuellement de type intra branche c'est-à-dire que l'on échange des produits similaires. Le paradoxe de ce constat vient du fait que l'essentiel du commerce mondial était justifié par la complémentarité des échanges alors qu'ici, on échange des produits identiques (tout de même différenciés) Pour expliquer les échanges intra branche, il faut renoncer à certaines hypothèses de la théorie libérale et en particulier l'hypothèse de concurrence pure et parfaite au sein de chaque pays. Si on admet la concurrence oligopolistique, alors le producteur d'un produit d'un pays peut exporter ce produit alors que des importateurs de ce pays vont importer un produit similaire. On peut surtout l'expliquer par l'évolution de la demande de produits différenciés. La compétitivité prix ne suffit plus , il faut une compétitivité dite "structurelle' qui repose sur la qualité du produit, le service après vente etc.. On constate alors que cette spécialisation n’est plus obligatoirement naturelle, mais qu’elle peut être construite.

** la théorie du cycle de vie des produits de Robert Vernon. L’écart technologique devient une explication intégrant la dynamique de l’innovation. Les pays créatifs bénéficient provisoirement d’un avantage monopolistique jusqu’à ce qu’ils soient imités par d’autres : dans un premier temps, l’innovation apparaît aux USA, avant d’être transférée vers les autres PDEM puis vers les PED. Les États-Unis sont jusqu’en 1970, le pays où les coûts salariaux sont indéniablement les plus élevés, en même temps que le revenu par tête est le plus important. Cela explique la nature des innovations qui sont à la fois intensives en capital et qui concernent des produits destinés à une clientèle peu sensible aux prix. Plus tard Vernon adaptera sa théorie, par exemple pour caractériser les innovations des firmes japonaises et européennes et décrire les nouvelles caractéristiques du cycle de vie des produits naissant au sein de ces firmes.

Il y a rupture avec l’hypothèse d’immobilité des facteurs, ici cependant c’est le capital qui est mobile et on se situe en longue période.

L’industrialisation des PED apparaît comme un sous produit de la dynamique économique des pays industrialisés (prolongement de ROSTOW en fait). Aujourd’hui, la multinationalisation a tendance à raccourcir le cycle de vie du produit.

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2) Les effets attendus du libre échange (docs 28 à 32)

Les avantages du libre échange sont à la fois ceux énoncés par RICARDO et ceux de la concurrence en général : La concurrence améliore la qualité des produits et permet d’obtenir le meilleur prix ce que montre aussi la théorie des avantages absolus. Il y aura moins de risque d’inflation puisque les prix seront bas Les échanges permettent de mieux se connaître et d’éviter ainsi des conflits. Le principal intérêt de la démonstration de RICARDO est surtout de montrer qu’avec la spécialisation internationale, la richesse mondiale augmente et tout les pays pourront en profiter, ce qui signifie que le commerce mondial doit logiquement entraîner une croissance mondiale du PIB. Cela signifie également que c’est un moyen pour les plus pauvres de parvenir au développement. .

3) Intérêt et limites du protectionnisme

Compte tenu de ce qui précède, il peut paraître surprenant de voir des pays, y compris des PDEM, se protéger de l’échange international, alors qu’ils y ont plutôt intérêt. Après avoir expliqué ce phénomène, nous verrons les moyens utilisés, dans un cadre toujours plus libéral et les limites de ces comportements. a) L’intérêt de mesures protectionnistes (doc33 pour List et 34 pour Krugman) C’est Friedrich List (1789-1846), économiste allemand du XIXeme siècle qui a développé la thèse du protectionnisme éducateur, celui des industries dans l’enfance :

il a trois caractéristiques principales : - il est limité à quelques industries.

- il est provisoire - il doit être inséré dans une politique d’ensemble cohérente En fait, il doit permettre à un pays jeune de bâtir une industrie compétitive à l’abri de la concurrence d’industries plus anciennes plus compétitives. On protège les industries naissantes. Lorsqu'un pays est en avance, il bénéficie d'économies d'échelle et produit à moindre coûts des produits de meilleure qualité; les pays en retard ne peuvent pas s'aligner en ce qui concerne les prix ou la qualité et peuvent alors se retrouver marginalisés sur le marché mondial. Selon List, on peut donc protéger les industries naissantes de manière provisoire pour leur permettre ensuite de participer au commerce mondial.

Ce protectionnisme "éducateur" est donc limité et provisoire On observera qu’au départ cette théorie avait pour objectif de justifier la constitution et la protection du "zollverein" , un grand marché national destiné à permettre aux entreprises allemandes de grandir pour pouvoir concurrencer ensuite les entreprises anglaises en particulier. Mais Adam SMITH lui-même avait déjà envisagé des mesures de ce type et les Etats-Unis également. P. Krugman, un économiste américain contemporain, dit à peu près la même chose quand il parle de protectionnisme stratégique : dans les secteurs considérés comme stratégiques par le pays, il peut être rationnel de mettre en œuvre un protectionnisme sectoriel de manière à ce que le secteur puisse se développer et atteindre la taille critique (celle qui permettra de

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rivaliser avec les oligopoles déjà en place sur le marché mondial). Ainsi, Airbus a-t-elle été très largement subventionnée par les gouvernements français et allemands. C’était le prix à payer pour qu’Airbus puisse rivaliser avec Boeing, ce qui est largement le cas aujourd’hui. Autres motifs invoqués : - La mise en avant de l’ “ intérêt national ” :un pays peut estimer que certaines activités

sont “ stratégiques ”, comme la production d’énergie par exemple ou ce qui touche à la défense nationale.

- La protection contre les récessions importées (exemples de la crise de 29, de la crise pétrolière ou de la crise asiatique)

b) les moyens employés (voir tableau page 339 + exercice à préparer)

- les droits de douane ou barrières tarifaires (on joue sur le prix) - les barrières non tarifaires :

• contingentement (fixation de quotas de manière unilatérale ou concertée) (la quantité est limitée)

• normes (protectionnisme clandestin ou néo protectionnisme) (on vise la qualité) • protection des marchés publics : les commandes de l’Etat peuvent être réservées en

droit ou en fait aux entreprises nationales. • Contrôle des changes : on peut limiter les dépenses à l’étranger

- Mesures exceptionnelles : * Clause de sauvegarde : un pays dont une branche est gravement menacée peut relever ses barrières douanières * mesure de rétorsion

* mesure anti–dumping : on taxe les produits soupçonnés d’être vendus à perte. * Clause sociale : limitation des importations face au dumping social que représente la concurrence des pays à faible protection sociale.

On étudiera en classe l’évolution de l’utilisation de ces moyens avec celle des accords internationaux sur le commerce.(Gatt et OMC) c) les limites du protectionnisme En fait, il suffit d’inverser les avantages attendus du libéralisme pour comprendre le problème posé par le protectionnisme, une bonne illustration est donnée par l’exemple des Etats-Unis (docs 35 et 36 p 339) pour répondre aux questions posées on dira :

Le risque majeur des mesures protectionnistes est de déclencher une guerre commerciale entre partenaires avec des mesures de représailles, touchant des secteurs variés, et amenant en retour des réactions du pays initiateur du mouvement qui va chercher à protéger des secteurs primitivement peu concernés. Les États-Unis sont spécialistes de ces mesures de représailles avec un système tournant : tous les trimestres, ils changent les produits taxés, ce qui casse totalement les différents marchés concernés.

Comme l’avait dénoncé Ricardo dès 1810, le protectionnisme sert surtout une minorité

agissante souvent au dépend du reste de la communauté. Dans le cas de la taxation de l’acier, toutes les entreprises américaines consommatrices d’acier devront renoncer aux importations d’acier (l’automobile étant l’exemple le plus frappant). Le coût de cette consommation intermédiaire va donc exploser, ce qui provoquera une hausse de leurs prix, ce qui détériorera leur compétitivité prix… Cela provoquera une baisse des exportations américaines d’automobiles, tandis que les constructeurs mondiaux profiteront de cette

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aubaine. En gros, pour avoir voulu sauver l’acier, l’administration Bush risque de déstabiliser totalement l’industrie automobile américaine… et les emplois perdus dans le secteur auto seront sans doute plus nombreux que ceux conservés dans l’acier…

Finalement la création nette d’emplois à la suite de cette mesure sera très négative puisque pour un emploi sauvé dans l’acier, huit devront être supprimés dans les autres secteurs, car il y aura forcement une hausse des coûts de production, un ralentissement des ventes et une conquête de leur marché par des producteurs étrangers qui eux, continueront d’acheter leur acier moins cher car ils se fourniront hors des États-Unis. CQFD….

. B)La réalité du commerce international 1) la mesure des échanges (source Brises) www.brises.org/cours.php/Cours/index/crsId/260/crsBranch/260/sectId/177/sectBranch/1

- La balance des paiements : il s’agit d’un compte retraçant l’ensemble des échanges économiques réalisés pendant un an entre les résidents et les non-résidents d’un pays. Les résidents sont les agents économiques qui « résident » dans le pays, c'est-à-dire qui y exercent leur activité économique depuis plus d’un an. Une entreprise américaine implantée depuis plus d’un an en France est donc une unité résidente française. Ce n’est donc pas la nationalité qui compte. Les échanges économiques sont regroupés en comptes selon leur nature. Il y a trois comptes : le compte des transactions courantes, le compte de capital, le compte financier.

• Le compte des transactions courantes enregistre les échanges de biens (ce sont ceux que l’on appelle couramment exportations et importations, regroupés dans la « balance commerciale »), les échanges de services (assurance, transports internationaux, services financiers, ingénierie, tourisme, etc.), les échanges de revenus (salaires versés à ou reçus de l’étranger, revenus tirés des investissements à l’étranger ou versés aux étrangers ayant investi dans le pays) et les transferts courants (envois de fonds à l’étranger par les travailleurs immigrés, envois de fonds par les Administrations publiques aux organisations internationales, etc.). Le « solde des transactions courantes » est la différence entre les deux côtés de la balance : quand il est positif, cela signifie que les entrées d’argent ont été supérieures aux sorties d’argent, quand il est négatif, cela signifie que les sorties ont été supérieures aux rentrées. Certains auteurs utilisent encore l’expression « paiements courants » dans le sens de « transactions courantes ». • Le compte de capital enregistre les acquisitions d’actifs non financiers comme l’achat ou la vente de brevets. • Le compte financier enregistre les flux de capitaux correspondant aux investissements directs à l’étranger (I.D.E. visant à contrôler plus de 10% du capital d’une entreprise), aux investissements de portefeuille (achats d’actions ou d’obligations à titre de placements) et à d’autres mouvements de capitaux (crédits commerciaux, flux monétaires et de devises). La balance des paiements est toujours « équilibrée » au sens comptable du terme. Pour qu’elle le soit, on inscrit du côté le moins élevé un montant qui est le solde de la balance des paiements : quand il est inscrit du côté des entrées (ce qui signifie que les entrées sont plus faibles que les sorties), on dit que la balance est déficitaire (ou que le solde est

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négatif), quand il est inscrit du côté des sorties (ce qui signifie que les sorties sont plus faibles que les entrées), la balance est excédentaire (ou le solde est positif). Il faut faire attention, quand on a un tableau statistique sur les échanges internationaux, à l’indicateur utilisé. Est-ce la balance commerciale (uniquement les échanges de biens, donc), la balance des transactions courantes (ce qui exclut les investissements à l’étranger par exemple) ou la balance des paiements ? Ce n’est pas la même chose, et on ne fera donc pas le même commentaire. Vous trouverez aussi souvent l’expression « commerce extérieur ». Observez alors attentivement le contenu du document statistique ou du texte. En effet, au sens strict, le commerce extérieur correspond uniquement aux échanges de marchandises (c'est-à-dire de biens matériels) mais, au sens large, il est souvent utilisé pour désigner les échanges de biens et de services. 2) l’explosion du commerce mondial (docs 3 à 5) Quels que soient la source et le type de document utilisés, l’observation de l’évolution du commerce mondial permet de constater une véritable explosion des échanges. Si on utilise le doc 3 p322 , on constate qu’entre 1950 et 1995, le PIB mondial a été x 6

Sur la même période 1950-1995, le commerce international a lui été multiplié par 18. On peut donc constater que le commerce international sur ce dernier demi-siècle a

augmenté trois fois plus rapidement que la richesse mondiale. Le premier constat est donc que l’on a assisté à une ouverture constante, voire

croissante des économies, le second est que le commerce mondial a contribué au renforcement de la croissance mondiale. (comme prévu pourrait on dire par Smith ou Ricardo). L’ouverture internationale d’un pays est son degré de participation aux échanges internationaux, comparativement à son poids économique. Elle se mesure grâce à un certain nombre d’outils qu’il faut connaître :

• le taux d’ouverture (ou degré d’ouverture) est défini par le rapport : Taux d’ouverture = [(X +M)/2 / PIB] x 100 (avec X = exportations et M = importations) Il est très variable selon les pays (faible aux Etats-Unis, voir doc5 et Q11). Attention, ce

n’est pas parce que le volume de marchandises exportées ou importées (en milliards de dollars, par exemple) est élevé que le degré d’ouverture l’est. Tout dépend du montant du PIB !

On peut noter que dans la progression permanente du commerce international, on observe une période de ralentissement : 1974-1984 (qui correspond aux deux chocs pétroliers qui ont également cassé la croissance mondiale, ce qui confirme la corrélation positive entre croissance et évolution des échanges internationaux). Autres indicateurs utiles ici :

• Le calcul de la part de marché est en général ciblé sur un marché précis (par exemple, le marché de l’automobile). On peut calculer, par exemple, la part de marché des entreprises automobiles françaises sur le marché mondial (= montant des exportations françaises d’automobiles / demande mondiale mesurée par la somme des importations mondiales d’automobiles en %), ou dans un pays précis.

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De manière générale, la part de marché sur le marché extérieur est définie par le rapport : Part de marché =(X / demande mondiale) x 100 (avec demande mondiale = somme des importations mondiales) • Le taux de pénétration étrangère : on peut aussi calculer, par exemple, la part de marché des

entreprises automobiles étrangères en France (= montant des importations d’automobiles étrangères en France/ achat d’automobiles neuves en France, en %). Ainsi si le taux de pénétration du marché automobile dans un pays est de 45%, on saura que sur 100 voitures neuves achetées une année donnée, 45 étaient importées de l’étranger). De manière générale, le taux de pénétration est défini par le rapport :

Taux de pénétration =( M / marché intérieur ) x 100

On observera aussi la progression des échanges de services (doc4), qui reste relativement faible compte tenu de la part croissante du tertiaire dans les économies nationales des PDEM. Cette faiblesse vient du fait que de nombreux services ne sont pas exportables. 3) les transformations de la division internationale du travail (D I T )

a) qu’est ce que la DIT ? (doc 6 p 323)

L’expression DIT désigne la spécialisation des économies nationales.

Traditionnellement, la Division internationale du travail attribue aux pays « du Sud », càd les pays pauvres, la production des produits primaires, aux pays développés la production des produits manufacturés et des services. Mais aujourd’hui une partie des pays en développement fabriquent des produits manufacturés et on parle parfois de « Nouvelle division internationale du travail » : les pays développés produisent essentiellement des services et la fabrication des biens est répartie entre les pays riches et les pays en développement, les premiers gardant les produits les plus complexes, à forte valeur ajoutée, les seconds fabriquant les produits plus simples, plus polluants, à faible valeur ajoutée, demandant souvent plus de place.

b) Les transformations des courants d’échange (travail sur doc 10 p 325)

Les courants d’échange entre zones géographiques se sont considérablement transformés : certains pays ont gagné du poids dans les échanges mondiaux, ceux qui exportent des produits manufacturés, c’est à dire en général les pays développés, alors que d’autres en perdaient, ceux qui exportent des produits primaires, c’est à dire en général les pays en développement. Cette spécialisation correspond à la Division Internationale du Travail (DIT) traditionnelle. Ainsi entre 1953 et 2000, la part dans le commerce mondial de l’Afrique et de l’Amérique latine réunies est passée de 17% à 8.1%, soit une baisse de plus de 50% (de la part (OMC : Rapport annuel 2001) On observe une tripolarisation des échanges : on a trois pôles essentiels d’échange l’Amérique, l’Europe et l’Asie, dont les caractéristiques sont les suivantes : Le commerce intra-zone est important, avec souvent une organisation interne “ régionale ” de libre-échange. Les pays européens sont réunis dans l’Union européenne, l’ALENA regroupe les pays d’Amérique du Nord et le Mexique, le MERCOSUR certains pays d’Amérique latine (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay), l’ASEAN regroupe certains pays d’Asie (mais pas les grands : ni la Chine, ni le Japon, ni l’Inde) Il y a une hiérarchie à l’intérieur de la zone, un (ou

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deux pays dominant les autres (le Japon pour l’Asie, les Etats-Unis pour l’Amérique, par exemple). Ces zones ont des espèces de satellites, qui sont à l’extérieur, mais à proximité quand même, et ont des relations privilégiées avec les pays de la zone : il s’agit par exemple de l’Europe de l’Est pour l’Europe, de l’Amérique du Sud pour l’Amérique du Nord. à compléter en cours! Dans la mesure ou certaines régions du monde ont vu leur poids exploser depuis 1953,

on peut penser que ces acteurs ont redistribué les cartes de la DIT traditionnelle en modifiant les flux internationaux. Des pays comme la Chine notamment sont devenus, en moins de 15 ans, des géants de l’industrie du jouet, de l’électronique grand public, du textile etc. Les déficits des États-Unis par rapport à la Chine sont déjà abyssaux ; cela s’est fait au dépend d’autres pays, (et pas seulement des PI) qui ont vu apparaître ces nouveaux concurrents. La DIT devient beaucoup plus difficile à lire car les cartes semblent se redistribuer régulièrement, contrairement à ce qu’affirmait le théorème d’HOS. Cela résulte à la fois des stratégies de remontée de gamme dans lesquelles de plus en plus de pays se sont engagés, mais surtout de la multiplication des IDE, des transferts de technologies et des FMN qui deviennent les véritables architectes de la DIT moderne.( voir partie II)

4) le cadre des échanges a) du GATT à l’OMC ( docs 37 à 40)

*Qu’est ce que le GATT ?

(général agreement on tariffs and trade) Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce

Le Gatt est un accord mineur signé en 1947 par 23 pays et qui regroupe désormais la plupart des pays du monde.

L’objectif général est la libéralisation des échanges mondiaux ceci afin de favoriser la croissance mondiale.

En tant qu’organisation libérale, le GATT ne peut avoir qu’un nombre réduit de règles :

- la non –discrimination, avec la clause de la nation la plus favorisée est le principe essentiel.

- L’élimination des restrictions quantitatives, c’est à dire du contingentement - L’interdiction du dumping

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Cependant le GATT va admettre des exceptions à ces règles ce qui est un signe encore de son libéralisme, mais cela en limite l’efficacité. Les principales exceptions visent à faciliter la constitution de zones de libre échange et d’unions douanières et à favoriser le commerce des PVD.

*les résultats obtenus :

Les rounds et le désarmement douanier de 1947 à 1994.

Source : Y. Crozet et alii, Les grandes questions de l’économie internationale, p.201.

Les différentes négociations qui ont eu lieu ont permis la quasi suppression des barrières douanières, mais les négociations portaient surtout sur le commerce des marchandises et la montée du tertiaire aussi bien dans les économies que dans les échanges provoque désormais de nombreux conflits que le GATT ne pouvait résoudre ce qui peut expliquer en partie la création de l’OMC.

On remarquera également que cette évolution explique l’apparition de mesures de protection « modernes » puisque les armes les plus simples sont désormais interdites.

**l’OMC( organisation mondiale du commerce) (voir doc37 p 340)

L’OMC née en 1993 de l’Uruguay round a pour mission de faire appliquer les accords du GATT et de régler les conflits qui peuvent survenir entre certains pays. Cependant les USA se réservent la possibilité de recourir à des mesures unilatérales de rétorsion dans le cadre de leur propre législation( art 301 du trade expansion act)

Désormais, l’agriculture est incluse dans les négociations et les services sont également concernés(GATS)

Nom du round Date des négociations

Nb de pays participants

Tarifs moyens avant le round %

Réduction moyenne des tarifs (en %)

Genève 1947 23 40,0 35,0

Annecy 1949 13 26 2,0

Torquay 1950-1951 38 23,9 25,0

Genève 1955-1956 26 17,9 3,5

Dillon 1961-1962 26 16,5 7,0

Kennedy 1964 62 15,2 35,0

Tokyo 1973-1979 102 9,9 34,0

Uruguay 1986-1993 117 6,5 39,0

Millénium

Round(Seattle)

Novembre 1999- 2004 ?

147 (en 2004) 4,0 ?

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Ce dernier accord est limité : la finance et le transport maritime en sont exclus et l’Europe a obtenu provisoirement de faire jouer l’exception culturelle et de continuer à protéger son secteur audiovisuel menacé par les USA (remis en cause par le fameux AMI en1998)

Enfin, les accords AMF qui réglementaient les entrées de textiles sur les marchés américains et européens doivent être supprimés d’ici 2004, l’application de cet accord au textile chinois en 2005 a fait couler beaucoup d’encre, pourtant les chinois ( entrés à l’OMC en 2001)étaient parfaitement dans leur droit et ne réclamaient que l’application d’accords internationaux signés par tous .( voir aussi doc 39 page 341)

Contrairement au GATT qui était une sorte d’organisation à la carte ou l’on ne signait que ce que l’on voulait, l’OMC est un système multilatéral à prendre ou à laisser en bloc. Les législations nationales devront être mises en conformité avec les textes de l’OMC ; le règlement des litiges sera contraignant et les états qui n’accepteront pas les décisions s’exposeront à des mesures de rétorsion. (doc 38)

Pour régler ces litiges, un organisme de règlement des différents l’ORD est donc crée

L’organe des règlements des différends constitue le cœur stratégique de l’OMC et la réelle nouveauté par rapport aux accords du GATT dont les pouvoirs étaient finalement limités. L’ORD est en effet une espèce de tribunal d’arbitrage devant lequel les plaines déposées par les pays membres (ou des entreprises) sont examinées. Si une mesure commerciale est jugée déloyale, l’ORD accorde le droit aux plaignants de s’engager dans des mesures de rétorsions et peut même envisager des sanctions financières. Le nombre de plaintes déposées ne cesse de croître et oppose de plus en plus les PI, notamment les blocs européens et états-uniens.

Ces procédures de plaintes sont finalement très longues dans leur instruction (près de deux ans), assez complexes (avec une première tentative de conciliation assez lourde), pas toujours suivies d’effets (les États-Unis laissant souvent pour lettre morte les jugements rendus). Tout cela peut expliquer pourquoi ces plaintes étaient déposées au départ essentiellement par les PI, alors que les PED peuvent légitimement se plaindre de nombreuses pratiques commerciales peu justes (subventions massives, RVE…). En 2001 cependant les PED avaient obtenus 18 décisions en leur faveur.( 19 pour lUE et 16 pour les USA)

( Doc 40) la régulation semble donc nécessaire compte tenu de l’importance croissante des échanges, mais il faudrait être sur de la neutralité de l’organisme chargé de cette régulation.

Les lois américaines donnent le pouvoir aux USA d’adopter des mesures unilatérales de rétorsion contre les pays qu’ils suspectent de mettre en œuvre une concurrence déloyale!

b) l’importance du SMI (à compléter par TD : taux d’intérêt et taux de change)

Le SMI est indispensable pour résoudre 3 problèmes liés à l’échange international :

- la formation des taux de change - la convertibilité des monnaies - les liquidités internationales (en quantités suffisantes face à la multiplication des

échanges)

Dès 1943, les américains avec Harry WHITE et les anglais représentés par KEYNES vont se rencontrer pour discuter de l’organisation monétaire d’après guerre.

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Les USA gràce à leur puissance d’alors vont imposer leur point de vue et un SMI où le dollar devient la monnaie internationale.

Des accords de Bretton Woods signés en juillet 1944, il reste surtout aujourd’hui le FMI (fonds monétaire international)

le FMI qui accorde des crédits aux pays membres d’un montant proportionnel à leur participation au fond. Cette participation conditionne également le poids de chaque pays dans le FMI et donc les plus riches ont le plus de pouvoir et peuvent imposer leurs conditions aux plus pauvres. Depuis cette époque, l’or qui servait d’étalon au SMI a été démonétisé, les changes fixes ont été remplacés par des changes flottants, ce qui n(a pas été sans poser de nombreux problèmes à l’ensemble des pays autres que les USA. Parmi les fonctions affectées au FMI on peut noter : -encourager la coopération monétaire internationale - faciliter l’expansion et l’accroissement du commerce mondial - Promouvoir la stabilité des changes - mettre temporairement, moyennant certaines garanties, ses ressources à la disposition des Etats membres qui ont des difficultés de balance des paiements C’est donc la banque mondiale et le FMI qui doivent jouer le rôle principal dans le développement du commerce mondial et dans l’accès au développement des nombreux pays à la recherche de capitaux. (voir doc 41 p 342) On aurait pu penser qu’avec la globalisation financière réalisée à partir des années 80, ce financement serait facilité, mais il semble que ce ne soit pas réellement le cas (voir partie II)

C) Intégration au commerce mondial et développement

Les défenseurs de la doctrine libre-échangiste sont favorables à l’ouverture croissante des économies parce qu’ils considèrent que celle-ci permet à la fois à tous les pays qui participent à l’échange d’être gagnants, et pour ceux qui sont en retard de bénéficier d’un mécanisme de rattrapage, de convergence des niveaux de développement. La croissance économique permet de mettre en place un bon système éducatif, une alimentation saine, une eau salubre et de bons services sanitaires qui constituent des éléments indissociables du développement humain. Le lien entre IDH et niveau de PIB par habitant est évident d’abord parce que le revenu par habitant a une pondération d’un tiers dans l’IDH mais aussi parce que le niveau de revenu conditionne la mise en place des équipements améliorant la santé et l’éducation.(revoir le chapitre1)

On verra ici les principales stratégies de développement axées sur l’intégration dans le commerce mondial et leurs limites.

1) les stratégies (docs 8 et 9 p 324 et doc43 p 343) a) Les stratégies d’extraversion fondées sur l’exportation de produits primaires Les pays se spécialisent dans la production de un ou quelques produits primaires pour lesquels il est bien doté, soit sur le plan des ressources naturelles (matières premières), soit sur le plan du climat, les produits étant relativement peu (voire pas du tout) transformés avant d’être

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exportés.. Ces exportations vont générer des revenus dont on espère qu’ils seront utilisés de manière à contribuer au développement économique du pays. ( exemples :doc7 p324) b) Les stratégies de développement fondées sur l’extraversion par la promotion des exportations de produits manufacturés. C’est une stratégie qui vise le marché extérieur. Il s’agit d’une part de substituer aux exportations de produits primaires des exportations de produits manufacturés, d’autre part, une fois le processus engagé, de « remonter les filières ». La politique de remontée de filières consiste par exemple, pour le textile, à commencer par fabriquer des vêtements de sport en important le tissu, le fil, les accessoires, les machines, les services de stylistes, etc. ; ensuite on se met à fabriquer le tissu (c'est le tissage), puis on se met au filage, enfin on n’hésite plus à construire des machines textiles (et à les exporter, bien sûr !). On part donc d’un produit de grande consommation, utilisant beaucoup de main d’œuvre, et on remonte la filière jusqu’à fabriquer les machines-outils nécessaires à la production, quitte à laisser la fabrication des vêtements à des pays moins avancés, donc à délocaliser la production. La cible de cette stratégie est d’abord le marché extérieur mais, en fabriquant des produits manufacturés et en distribuant des revenus à l’occasion de cette production, on vise aussi à développer le marché intérieur. ( exemples, dont Singapour en particulier docs 8 et 9 page 324) On remarquera que les pays ayant choisi cette stratégie, surtout les pays d’Asie , étaient plus ou moins obligé de le faire, car ils n’avaient pas de gisements importants de matières premières, leur seule richesse au départ étant leur main d’œuvre bon marché. Cette stratégie de remontée de gamme a supposé un volontarisme politique pour orienter résolument toute l’économie du pays vers certains secteurs particuliers. Cela supposait de délaisser certains secteurs moins valorisés (biens de consommation courante notamment).(doc9) Ces biens faisaient alors l’objet d’importations massives, tandis que les secteurs valorisés étaient outrageusement protégés pour leur laisser le temps de se construire et d’acquérir une compétitivité internationale. On retrouve ici la stratégie du « protectionnisme éducateur » de List ; le décollage des NPI asiatiques n’a pas résulté uniquement de leur ouverture… Les valeurs ont également joué un grand rôle dans le développement des pays asiatiques : il ne suffit pas que « l’Etat décide » pour que cela marche, les pays asiatiques en font la preuve. Il y a eu parallèlement à cette volonté étatique une forte mobilisation de la population autour et pour l’industrialisation, celle-ci acceptant de payer un lourd tribut puisque l’industrialisation a été financée par le maintien d’un faible pouvoir d’achat pendant longtemps. 2) les limites (doc 46 p 344) Elles sont différentes selon les stratégies adoptées : Pour les stratégies d’extraversion fondées sur l’exportation de produits primaires, on peut dire que ce type de politique ne contribue pas à développer le marché intérieur : on produit bien des produits alimentaires parfois, mais ce n’est pas pour nourrir la population du pays. Et la plupart du temps, c’est la bourgeoisie locale, liée à l’étranger, qui utilise les montants issus des exportations pour satisfaire ses besoins, lesquels sont souvent satisfaits par des produits importés.( une caricature célèbre montre le peuple affamé pendant que le bétail des PDEM se nourrit des cultures du pays !) Et les revenus distribués à l’occasion de la production des

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matières premières ne servent pas à constituer un marché intérieur, tout simplement parce que la production supplémentaire n’est pas mise en vente sur le marché intérieur. Autre problème : la difficulté de maitriser les termes de l’échange Les prix des produits primaires ont deux caractéristiques principales : d’une part, ils sont extrêmement fluctuants dans le temps, c’est à dire qu’ils peuvent monter ou baisser très rapidement, beaucoup plus que les prix des produits manufacturés ; d’autre part, sur le long terme, comparativement au prix des produits manufacturés, leur pouvoir d’achat a en général diminué : cela signifie qu’avec la même quantité d’un produit primaire, on achète de moins en moins de produits transformés. C’est ce que l’on mesure grâce aux termes de l’échange,(attention, la formule du doc 47 est fausse)

Termes de l’échange = nsimportatio desprix du indice

nsexportatio desprix du indice

On observe bien la grande variabilité des prix puisque les termes de l’échange varient fortement au cours du temps. Si l’on ne considère que les pays non exportateurs de pétrole, le plus grand nombre, on observe que leurs termes de l’échange se sont améliorés pendant la décennie 1970, mais que, depuis, leur situation relative se dégrade : entre 1976/1978 et 1989/1991, les termes de l’échange ont perdu 21 points d’indice, ce qui représente une baisse de l’ordre de plus de 15% quand même. (voir graphique page 344) Le problème est alors que pour importer le même volume de produits et parce que les prix des produits exportés par les pays du tiers-monde non pétroliers ont augmenté beaucoup moins vite que le prix des produits qu’ils importent, il faut désormais exporter de plus grandes quantités de produits. Cette situation n’est pas sans conséquence sur l’endettement de ces pays (voir Q 116) On peut ajouter à ces difficultés une tendance au « protectionnisme pervers » des pays industrialisés qui subventionnent leurs propres production en amont (USA) ou en aval (union européenne) (voir doc 48) Finalement, on ne peut pas dire que les politiques d’industrialisation par substitution d’importations aient eu des effets positifs sur le développement des pays qui les ont mises en œuvre. Leur échec a amené ces pays à devoir s’ouvrir toujours davantage au commerce international, dans des conditions souvent imposées par le FMI et la banque mondiale, avec des conséquences sociales désastreuses. Pour les stratégies de développement fondées sur l’extraversion par la promotion des exportations de produits manufacturés : le problème n’est pas le même, on a vu que les résultats obtenus avaient permis à de nombreux NPI d’atteindre un niveau de développement proche des pays les plus riches, mais au prix de sacrifices importants de la population et dans un contexte encore différent de celui qu’avaient connu les PDEM au moment de la révolution industrielle, ce qui rend difficile la constitution d’un modèle qui serait applicable à tous. Certains auteurs posent également le problème du manque de démocratie dans ces pays, mais on peut aussi penser que c’est cet autoritarisme qui est à l’origine de la réussite économique observée.

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II) Les stratégies internationales des entreprises La montée en puissance des multinationales constitue une des caractéristiques majeures de la mondialisation. Elle se mesure en particulier par la montée de ce que l’on nomme les investissements directs à l’étranger. Leurs tailles et leur pouvoir, sans cesse grandissants ne sont pas sans inquiéter états et opinions publiques qui voudraient bien pouvoir exercer un contrôle plus important sur des activités de plus en plus complexes et répondant à des stratégies en évolution permanente. le jeu se complique encore aujourd’hui, avec la percée de multinationales du sud ( originaires essentiellement de la Chine et de l’Inde)

A) La montée des IDE

1) définition : Les Investissements directs à l’étranger sont des mouvements de capitaux qui permettent soit de créer une unité de production à l’étranger, soit d’en acheter une, qui existe déjà, à l’étranger. Dans ce dernier cas, on parle d’acquisition. Pour exercer une influence significative dans une entreprise, il n’est pas nécessaire de posséder la totalité du capital, il suffit d’en avoir une partie significative, permettant de peser sur les décisions. On considère que le seuil à atteindre est de 10%..Si le % est inférieur à 10%, on dira qu’il s’agit d’un investissement de portefeuille et on considèrera que ces capitaux ne correspondent pas à une logique de production mais à une logique de placement. (repère p 326) 2) l’évolution observée Entre 1990 et 2001, les IDE ont été multipliés par 5, les exportations mondiales par 1,75

(progression 2,8 fois plus lente) ; la production mondiale n’a augmenté que de 15 % sur la décennie. (doc 12 p 326)

Cela confirme donc que, même si les IDE demeurent un phénomène moins perceptible que les exportations, ils constituent le véritable moteur de la mondialisation depuis 15 ans. On peut souligner qu’entre 1997 et 2001, ils ont doublé notamment sous l’impulsion des fusions acquisitions internationales (par ex. : Vivendi-Universal et Renault Nissan. Le stock des IDE qui représentait 6,5% du PIB mondial en 1985 en représentait 17% en 2000 Même si après avoir été x4 dans les années 80 et par 6 dans les années 90, on observe un recul des IDE depuis le début de la décennie, cette évolution n’est pas le reflet d’une rupture dans le mouvement de mondialisation, mais le contrecoup de l’éclatement de la bulle boursière à la fin des années 90.Ce recul semble stoppé depuis 2004. (www.unctad.org) 3) la répartition géographique des IDE (doc19p 329) On constate que les IDE sont pour l’essentiel des investissements croisés entre pays riches ! les principaux émetteurs d’IDE sont concentrés dans la triade, avec dans l’ordre les pôles européens, étasuniens et asiatiques (avec le Japon essentiellement). 80 % des IDE de la planète provenant des deux pôles États-Unis/Europe, ces IDE se dirigent essentiellement vers les PI, l’Europe demeurant la principale terre d’accueil. En 2003 l’Europe réalisait 57,2% du total des IDE et en recevait 55,4%. Des chiffres plus récents encore montrent la part croissante prise par la Chine et dans une moindre mesure l’Inde et le Brésil.

.On peut constater qu’il existe une réelle marginalisation de l’Afrique et des PMA dans ces

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flux d’investissements. Leur attractivité, malgré la faiblesse des coûts salariaux, semble être assez faible, ce qui confirme qu’on n’est plus dans une logique d’économie coloniale dans laquelle les grands empires investissaient dans les colonies, aujourd’hui les investissements que reçoit l’Afrique ne concernent quasiment que le secteur pétrolier ( Angola, Nigéria, Soudan, Guinée équatoriale..), en Amérique latine, seuls le brésil et le Mexique reçoivent plus de 10 milliards de $ (faire ici Q41 p 329)

B) Multinationales et IDE (source Magnard 2003)

1) Qu’est ce qu’une firme multinationale ? (doc 20p 330)

Pour être une FMN, deux conditions doivent être remplies l’entreprise doit � développer une filiale à l’extérieur de son territoire d’origine. Cette filiale devant être contrôlée par la maison mère qui détient au minimum 10 % du capital social. Sinon, il ne s’agit que d’une prise de participation internationale qui ne justifie pas qu’on parle de FMN ; � détenir, hors du territoire d’origine, un site de production Selon la CNUCED, il y aurait aujourd’hui plus de 65000 FMN, représentant près de 70 pays, contrôlant plus de 850 000 filiales et présentes dans 175 pays. Leur activité représenterait plus de 11% du PIB mondial en 2003, les échanges entre filiales plus de 40% du commerce international. 2) Les différents types de FMN ( doc 22)

Type de FMN Caractéristiques Objectifs Exemples

FMN à stratégies commerciale

FMN qui multiplient les sites de production pour se rapprocher des clients solvables et de leurs marchés.

Se rapprocher des marchés pour améliorer la connaissance de ceux-ci, l’image de l’entreprise, réduire les coûts d’exportations, et contourner les éventuelles barrières tarifaires.

Auchan en Russie, Renault en Amérique du Sud, Disneyland Paris…

FMN à stratégie productive

Ces FMN ne cherchent pas à se rapprocher de leurs marchés mais choisissent leurs sites dans une logique purement productive

Elles cherchent surtout à réduire leurs coûts de production en profitant notamment de coûts salariaux plus faibles, d’une main-d’œuvre plus ou moins qualifiée. Pour cela elles n’hésitent pas à délocaliser totalement leur production ou à procéder à une DIPP.

Nike, Toyota en Asie, Décathlon en Malaisie et Chine, Mattel, etc..

FMN à stratégie globale FMN dont le credo reste le fameux « Penser globalement, agir localement ».

Concilier une puissance considérable qui leur permet de penser leur production à l’échelle mondiale et une approche plus locale pour cibler les attentes des clients qui diffèrent souvent d’un continent à l’autre.

Renault-Nissan, Daimler-Crystler- Mitsubishi, Sony, Helwett-Packard

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FMN dites primaires FMN souvent anciennes, héritières d’un passé colonial ou apparues vers la fin du 19e aux États-Unis. Elles interviennent exclusivement dans des productions primaires : énergie, mines, agriculture.

Réimporter des produits indisponibles sur le territoire d’origine, soit pour son industrie locale soit pour ses consommateurs.

British Pétroléum, Royal Dutsh Shell, De Beers, Total

Source Magnard La forme ultime de la transnationalisation est aujourd’hui illustrée par la décomposition

internationale du processus de production (DIPP) Cette DIPP consiste à concevoir sa production en mobilisant différents sites de

productions situés dans plusieurs pays. Chaque site étant chargé d’un module, d’un composant semi-fini plus ou moins complexe.

Cette DIPP est un processus a priori très lourd mais qui se développe énormément depuis 20 ans car elle peut s’avérer très rentable, notamment dans l’industrie automobile.

Elle offre l’avantage de permettre la délocalisation partielle de certains éléments du produit. Ce qui signifie que si ce produit comprend des éléments à haute valeur ajoutée, ils peuvent être conservés sur le territoire d’origine dans les usines premières du groupe. En revanche, cette DIPP permettra de réaliser d’énormes économies sur tous les éléments plus bas de gamme qui peuvent être confiés à des pays où la main-d’œuvre est moins coûteuse. Avec la DIPP, plus aucun secteur n’est totalement à l’abri de délocalisations au moins partielles. C’est d’ailleurs un des éléments qui risquent de perturber les industries européennes dans les années à venir, notamment avec l’extension de l’UE.

Elle va faire exploser les échanges intra-firmes (certains composants pouvant faire l’objet de maintes réimportations – réexportations), les échanges intra-branches (puisque les composants sont souvent issus de la même branche d’activité) et les échanges intra-zones car il est difficile d’imaginer la DIPP à une échelle plus large que le continent (les coûts de transports, les délais deviendraient alors difficilement compatibles avec la nécessité de produire en flux tendu notamment). (voir doc 23 p 331)

3) Multinationales et logiques des IDE (doc 13p 327)

Type d’IDE Objectifs poursuivis Implantation dans le RDM � Stratégie commerciale : se rapprocher des marchés visés

notamment pour réduire les coûts d’exportations, améliorer son image et mieux comprendre le marché visé � Stratégie productive : Profiter de coûts de production plus faibles

Délocalisation � Profiter de coûts de production plus faibles, notamment dans des pays à bas salaires. � Jouer sur des économies d’échelle en concentrant ses différents sites inutilement dispersés dans plusieurs pays.

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Fusions acquisitions internationales

� Jouer sur la complémentarité géographique entre les deux entreprises se rapprochant (Daimler-Crystler-Mitsubishi) � Profiter ainsi d’économie d’échelle s’il s’agit d’une concentration horizontale (Groupe VW, Audi, Skoda, Seat…)

Joint ventures � S’implanter sur un marché qui sans ce joint venture serait totalement fermé aux entreprises 100 % étrangères. � Développer un projet commun avec une autre entreprise (intervenant dans une autre zone géographique) afin de partager les coûts de recherche, de marketing, etc.

Source Magnard 2003 C) les effets des stratégies des FMN 1) dans les pays d’origine (PDEM) (doc 15) Le problème le plus connu est bien entendu celui des délocalisations (doc 15) mais on peut également s’interroger sur les effets qualitatifs des stratégies adoptées. . On parle de délocalisation quand une entreprise décide de fermer un de ses établissements de production dans un pays pour aller en ouvrir un autre, à peu près équivalent, dans un autre pays. On peut également parler de délocalisation quand une entreprise abandonne un sous-traitant dans le pays en s’adressant à un sous-traitant étranger. Les éléments qui vont entrer en ligne de compte dans la décision peuvent être multiples : les coûts de production (coût du travail, coût du capital) peuvent être moindres dans le pays d’implantation, mais ce peut être aussi les frais d’accès au marché (exemple de Toyota en europe), la possibilité de trouver des législations moins contraignantes sur le plan fiscal ou environnemental… Les conséquences sur la vie économique et sociale du pays où la délocalisation se réalise peuvent être considérables : montée du chômage, pression à la baisse sur le coût du travail, et en particulier sur la protection sociale, effets indirects sur la demande, etc. Le pays semble “ subir ” la délocalisation, c’est une contrainte qui paraît s’imposer à lui. Contrairement à ce qui se passe lors de l’arrivée du progrès technique, les emplois créés ne sont pas compensés au niveau national. Cependant, il y a d’autres conséquences moins visibles immédiatement, mais tout aussi graves pour les travailleurs des pays d’origine : en transférant les activités demandant peu de qualifications et en ne conservant dans le pays d’origine que les taches les plus complexes, voire de plus en plus complexes, on creuse les inégalités entre les individus qualifiés et ceux non qualifiés. Ces derniers vont donc constituer le noyau dur du chômage. Enfin, la recherche de la compétitivité à tout prix débouche sur une remise en cause de ce qui peut élever le coût du travail (protection sociale, en particulier) et/ou de ce qui peut limiter sa flexibilité (réglementation du travail, par exemple),de nombreux pays vont être tentés de pratiquer le « dumping social » Cela augmente aussi le stress au travail donc sa pénibilité, comme le montrent toutes les études statistiques sur le sujet. Sur tous ces plans, la mondialisation accroît la pression sur les travailleurs les plus fragiles et contribue donc à l’augmentation des inégalités.

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2) dans les pays d’accueil a) le cas général (docs 14, 17 et 18) Comme le montre le document 18, l’accueil d’IDE est un enjeu majeur pour tous les pays :

� Créations d’emplois directs � Créations d’emplois indirects notamment chez les sous-traitants et activités liées à l’accueil de nouveaux actifs sur le site � Effet vitrine dont profite toute la région � Transferts de technologie � Stimulation de toute l’économie grâce aux salaires distribués par l’IDE � Amélioration de la productivité du pays grâce à ces investissements L’impact sur l’emploi (voir doc 17 pour la France)n’est donc pas le seul avantage, mais il est le plus médiatisé (voir TOYOTA doc 14)

b) le cas des PED (doc 45)

Les IDE pour les PED apportent avant tout une source de financement, de devises indispensables puisque tout IDE génère une entrée de capital qui profitera aux producteurs locaux, des rentrées fiscales supplémentaires, etc.

Les IDE génèrent aussi des transferts de technologies plus ou moins importants avec l’importation de machines, d’innovations de procédés susceptibles de dynamiser l’économie locale et la productivité. L’exemple de Renault s’implantant au Brésil ou de Volkswagen au Mexique est assez marquant. (en cas d’export, on rejoint aussi le premier point)

Il faut cependant relativiser ces avantages des IDE notamment parce que certains IDE réalisés dans les PED ne sont porteurs d’aucun transfert de technologie ou s’accompagnent d’un rapatriement systématique des revenus dégagés par l’entreprise.

D’autre part, les IDE sont porteurs de nombreuses perturbations pour les sphères économiques et sociales des pays d’accueil : ils sont susceptibles de provoquer la disparition d’entreprises locales, de sous-traitants et de créer finalement un chômage non négligeable en faisant exploser la productivité d’un secteur en quelques mois(Certaines implantations dans l’ancienne Europe de l’Est confirment cet aspect très déstructurant des IDE, très souvent négligé)

Dans quelques cas, on pourra observer de graves conséquences sur l’environnement, l’absence de législation adaptée dans ce domaine pouvant être à l’origine d’implantations d’industries polluantes ou dangereuses.

Enfin, comme le note Guillaume DUVAL (alternatives économiques n°56 Hors série), la capacité des multinationales à acheter les décideurs politiques est bien réelle, ce qui pose un grave problème pour la démocratie. C’est ce dont nous parlerons dans le paragraphe suivant.

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3) le problème de l’indépendance des FMN Certains se demandent si les Etats ont encore du pouvoir face aux firmes transnationales : le poids économique de ces entreprises est parfois énorme, leurs décisions stratégiques semblent ne pas pouvoir être contrôlées, ce qui fait apparaître les Etats comme impuissants à exercer une quelconque activité de contrôle. La CNUCED s’est livrée à une comparaison entre des valeurs ajoutées des plus grandes multinationales et les PIB des nations (doc 21) ,on constate sans surprise que c’est dans le secteur pétrolier qu’on retrouve les firmes les plus puissantes et les plus créatrices de richesse. C’est le cas d’Exxon-Mobil, mais on constate que l’industrie automobile avec Ford, GM, Toyota sont également des acteurs incontournables et tout-puissants des échanges internationaux

Exxon-Mobil crée chaque année avec ses 200 000 salariés, plus de richesse que le Pakistan et ses 130 millions d’habitants. On peut ainsi pressentir l’énorme pouvoir économique, mais aussi politique, de ces FMN qui deviennent des acteurs toujours plus puissants.

Cela confirme que les FMN ont acquis aujourd’hui une telle puissance qu’on peut

considérer qu’elles constituent des acteurs majeurs de la vie économique et politique, capables d’influencer les spécialisations de certains pays. Ce sont les véritables architectes de la DIT nouvelle et peu d’États, notamment dans les PED, peuvent résister à d’éventuelles pressions .

De plus, les politiques économiques ont un cadre national. Non seulement elles ne peuvent pas s’imposer aux firmes transnationales mais elles sont parfois contrecarrées directement par les décisions des firmes transnationales : quand un Etat décide de lutter contre le chômage dans une région spécialement touchée et qu’une firme transnationale décide la délocalisation d’une de ses unités de production située dans cette région, que peut faire l’Etat ? Condamner, comme le fait régulièrement le gouvernement français, alors même que le patronat réclame sans cesse des modifications de la législation du travail ou l’abaissement des charges sociales, en faisant valoir un besoin croissant de flexibilité et de compétitivité. Que faire si les autres pays cèdent ? . D) La recherche de compétitivité au cœur des stratégies des FMN ( docs 24 à 27 p 332 à 334) 1) Qu’est-ce que la compétitivité ? La compétitivité, c'est la capacité à résister à la concurrence et a conserver ou accroitre ses parts de marché. Cette compétitivité se construit sur deux plans : - la compétitivité-prix : les entreprises cherchent alors à agir sur leurs prix de manière à avoir un prix inférieur à celui de leurs concurrents, espérant ainsi que les consommateurs achèteront leur production de préférence à celle de leurs concurrents.

- La compétitivité structurelle ou hors-prix : les entreprises cherchent alors à agir sur les caractéristiques du produit, caractéristiques capables de le faire vendre malgré un prix relativement plus élevé que celui des concurrents.

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Les entreprises travaillent pour une clientèle, située dans les PI et NPI, solvable, et de plus en plus attachée à des questions extérieures au prix : l’image (la dimension ostentatoire de la consommation devenant de plus en plus nette), la qualité, l’innovation, etc., De plus, se positionner sur le créneau de la compétitivité structurelle permet à l’entreprise de justifier des prix et des marges toujours plus élevés (le cas Gillette étant en ce domaine assez symptomatique).

2) Comment améliorer la compétitivité ? (doc 24) . La compétitivité-prix dépend essentiellement de l’entreprise, de ses coûts de production, de sa productivité, de ses prix de vente (acceptera-t-elle de réduire ses marges, etc.)… Cependant, il ne faut pas négliger la question majeure de la valeur de la monnaie du pays (le taux de change). En fait, plus une monnaie est forte, moins l’entreprise d’un pays a de chance d’être compétitive par rapport à ses concurrents étrangers dont la monnaie est plus faible. On doit souligner que la France est un des rares pays à avoir su maîtriser ses coûts unitaires de main-d’œuvre depuis 1991. On observe même en France un recul de 8 % de ses coûts unitaires sur la dernière décennie (contre une augmentation de 27 % aux États-Unis). Cela s’explique essentiellement par la conjonction de deux phénomènes : une modération salariale qui ne s’est pas démentie depuis le tournant de la rigueur de 1983 et une productivité horaire qui est devenue l’une des plus élevées de la planète. Tout cela a permis de baisser sensiblement les coûts unitaires et d’apparaître comme une terre d’accueil assez attractive pour de nombreux IDE, contrairement à certains discours récurrents sur le coût excessif de la main d’œuvre en France. Quatre solutions s’offrent aux entreprises pour améliorer leur compétitivité hors prix :

• améliorer leur qualité objective. Renault fut un précurseur en France même si son réveil semble tardif. La notion de qualité totale et de démarche qualité renvoie naturellement à la réflexion de Taiichi Ohno, concepteur du toyotisme ; et celle de démarche qualité à la préoccupation de certification ISO 9000, 9001, 9000

• améliorer l’image : les entreprises françaises, autres que celles du luxe et de

l’agroalimentaire, ont longtemps souffert d’une image assez mauvaise. Les efforts de qualité et de publicité ont largement amélioré cette image, même si des événements comme la prise de position contre la guerre en Irak peuvent ruiner ces efforts en quelques mois auprès de certains

• améliorer les services annexes : la France a longtemps négligé les réseaux de SAV, de

distribution, les questions de financement annexes. Deux exemples concernant Renault : son échec américain des années 80 fut sans doute imputable à son insuffisance notoire de concessionnaires et de réparateurs Renault pourtant indispensables. En revanche, le succès de Renault en Allemagne depuis 30 ans est aussi dû à l’entreprise de financement de Renault (La Diac) qui a fait une politique très agressive avec des prêts à taux 0 qui lui ont permis de grignoter des parts de marchés sur ses concurrents

• jouer sur l’innovation permanente, ce qui suppose d’avoir un budget de RD

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conséquent. En France, ce sont des entreprises comme Thalès, l’Oréal, Alcatel, Renault qui demeurent les entreprises qui consacrent les budgets les plus importants depuis 20 ans. (voir exemple doc 25)

III) Mondialisation, évolutions sociales et culturelles et régulation (chapitre 10) A) la mondialisation : vers une uniformisation culturelle ?

Le développement provoque inévitablement une rencontre entre des cultures différentes. Ce « choc culturel » est variable selon les pays du Tiers monde. Il peut provoquer des tensions et aggraver les difficultés déjà nombreuses. Cette dimension culturelle doit désormais être obligatoirement prise en compte dans les analyses du développement

1) la tendance à l’uniformisation culturelle L’acculturation est la situation dans laquelle une culture dominée va être modifiée au contact d’une culture dominante, techniquement plus avancée. (voir cours première ES) Des échanges culturels ont lieu entre PDEM et PED, mais ces échanges sont asymétriques. La circulation des informations, des idées, des représentations et des valeurs s’est faite et se fait toujours quasiment à sens unique : • le premier contact résulte de la colonisation : le colonisateur impose sa langue et parfois sa religion. • Autre cas de figure, le contact s’établit à travers les échanges commerciaux. Or, la diffusion des produits engendre celle des modes de vie et aboutit à la dévalorisation des produits locaux au profit de ceux qui sont importés. Le costume, le béton, le blé et le lait Nestlé se substituent au pagne, à la case, au mil et au lait maternel. (voir doc 5) • les échanges technologiques et l’accroissement du pouvoir des moyens de communication de masse (mass media) accélèrent la diffusion de la culture occidentale et surtout dans ce domaine américaine (doc 6). On peut penser qu’internet va renforcer ce phénomène d’uniformisation. De tout ceci, il ressort que : -Certains biens et services sont consommés dans tous les pays du monde, comme le coca-cola, les jeans, mac donald’s ou les séries télévisées américaines - Le modèle d’organisation de la production qui se répand sur la planète est celui qui a été conçu dans les pays développés : le système capitaliste - Des valeurs, qui peuvent apparaître comme universelles, se diffusent :affirmation des droits fondamentaux des êtres humains, du bien-fondé de la démocratie en particulier, qui sont le reflet de la vision occidentale du monde. On peut alors penser que les « industries culturelles » ont bien permis l’uniformisation culturelle. 2) Le maintien de spécificités socio-culturelles ( docs 9 à 19)

Face à une culture dominante, plusieurs réactions sont possibles :

- l’adoption qui se traduirait par l’uniformisation culturelle - le syncrétisme : des cultures en contact naît une nouvelle culture, adaptable.

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- La réaction ou contre acculturation, où l’on rejette les valeurs et les normes de la culture dominante

En fait, la mondialisation économique a été bien plus rapide que la mondialisation culturelle et on peut trouver de nombreux exemples des deux dernières réactions. De nombreux groupes revendiquent leur différence (doc 18), en adaptant souvent les normes et les valeurs de la culture dominante, ils modifient les traits culturels qui leur sont « imposés » (exemple du raï ou du jazz doc 14). La culture importée est réinterprétée à partir des normes et des valeurs du groupe ou du pays. On observe également des cas de rejet total, surtout lorsque les traditions locales sont fortes: on peut citer les réticences de plus en plus grandes vis-à-vis de la polygamie, la pratique généralisée d’élections (plus ou moins libres, cependant …), les débuts de mise en pratique de l’égalité hommes/femmes ( voir doc 9), la réduction du nombre d’enfants par famille… Dans les PED, les classes dominantes sont en général celles qui adoptent le plus facilement la culture occidentale, au contraire des autres groupes sociaux qui adoptent l’une des deux autres possibilités, en fonction de la force des normes et valeurs locales.

B) La nécessaire maîtrise de la mondialisation 1)les effets pervers de la mondialisation Entrevus tout au long de ce chapitre, ils auraient pu être « tolérables » si des résultats concrets et touchant la globalité de la population avaient été obtenus, hors ce n’est semble t-il pas véritablement le cas. a) mondialisation et inégalités Même s’il est toujours difficile de comparer les richesses produites par les PDEM et les PED (à cause de la place importante prise par le secteur informel dans ces derniers), on ne peut pas nier l’aggravation des écarts entre pays riches et pauvres (doc 20) Tout juste peut on observer une amélioration pour l’Asie du sud, qui devrait se confirmer dans les années à venir (revoir le chapitre d’introduction sur le PIB, l’IDH , les critères du sous développement …) Que ce soit pour l’accès à l’eau potable, l’éducation, les conditions de travail etc, peu de choses semblent s’être améliorées ( docs 22 à 24) b) mondialisation et dégradation de l’environnement Ici encore, de nombreux éléments ont été traités dans la seconde partie du chapitre 1, depuis les années 80 se pose, avec une force grandissante, le problème du développement durable. La mondialisation , c’est aussi Seveso et sa dioxine, Bhopal et son nuage chimique tuant plus de 3000 personnes et en intoxiquant à vie des milliers d’autres,l’ Erika et son pétrole, des millions de personnes en danger à cause de la pollution chimique d’un fleuve en Chine en 2005 etc… Les exemples ne manquent pas et la fréquence de ces « accidents » devient telle qu’on finit par ne plus leur prêter attention , noyés qu’ils sont entre deux émissions de télé réalité. Diminution de la couche d’ozone déforestation, disparition des ressources fossiles ou renouvelables, tout cela est une réalité souvent liée à des choix rationnels en termes économiques (docs 29 et 30), mais inacceptables au niveau humain.

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c) mondialisation, conflits et criminalité Comme le montre le document 32, à chaque étape de la mondialisation correspond une nouvelle organisation de la criminalité. Aujourd’hui, avec la globalisation financière, il est plus facile encore de faire circuler les capitaux issus de nombreux trafics et les paradis fiscaux ne manquent pas pour les accueillir. (voir aussi doc 33) Au niveau des conflits, on peut en distinguer trois sortes :

- les conflits armés , qui entretiennent la production et le trafic d’armes et qui n’ont pas plus de sens aujourd’hui qu’ils n’en avaient hier, même si pour certains se battre pour des idées ou une croyance a un sens. Dans un monde d’argent et de pouvoir, on se bat pour le pouvoir et pour l’argent !

- les conflits qui se traitent au niveau international (à l’OMC par exemple), avec de nombreux échecs, comme la non ratification du traité de KYOTO par la totalité des pays, pourtant tous concernés.

- Les conflits opposant désormais les « altermondialistes » aux principaux dirigeants de la planète (doc 34), considérant que la mondialisation, basée sur la rentabilité, conduit à la misère, à l’injustice, à l’exclusion et à la violence, ils mènent une bataille au niveau mondial pour proposer des solutions citoyennes face aux solutions libérales. 2) Vers une gouvernance mondiale ? La gouvernance désigne l’art de gouverner des structures complexes où interviennent des institutions diverses, généralement pouvoirs publics et pouvoirs privés La gouvernance est donc l’aptitude à prendre des décisions globales assumées par tous les acteurs d’une organisation complexe, et la capacité à les mettre en œuvre dans un système de pilotage efficace et fondé sur le partenariat. R. Revol (dir.), Dictionnaire de SES, Hachette Éducation, 2002. On peut se demander aujourd’hui qui va pouvoir piloter l’économie mondiale et avec quels objectifs. a) quels acteurs ? Les faits ont montré les limites de l’OMC et du GATT, critiqués depuis longtemps par les pays pauvres les jugeant trop favorables aux intérêts des pays riches ( ce qui entraîna, en son temps, la création de la CNUCED). Le FMI, de par son fonctionnement, ne peut être que favorable aux plus riches .La nouvelle gouvernance mondiale devrait donc s’appuyer sur le renouvellement des institutions et des règles. Les politiques économiques nationales devraient redevenir plus autonomes et une place importante devrait être faîte aux ONG représentatives de la volonté des citoyens.

b) Pour quelles solutions

Pour l’instant, on en est encore aux « mesurettes » (docs 42/43) sympathiques mais limitées. Pour certains, la lutte contre les paradis fiscaux et l’instauration d’un impôt mondial (style TOBIN) permettraient non seulement de lutter contre la pauvreté mais aussi contre la criminalisation de l’économie mondiale. L’institution d’un droit international et d’une représentation politique mondiale efficace permettrait, à rebours de la tendance actuelle, de réduire les dépenses militaires et de faire bénéficier les populations des dividendes de la paix. Cependant ,rien que pour l’environnement, se pose le problème (déjà traité chapitre 1) de la croissance future des pays en développement.