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H ISTOIRE de la recherche contemporaine L’ AVENTURE EUROPÉENNE DU CNRS SÉMINAIRE 2009-2010 ( La revue du Comité pour l’histoire du CNRS 2012 tome I nº 1 © ESRF – photo: P. Ginter à l’heure de l’Europe

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Page 1: Hrc   2012 - tome I - numero 1-extraits

HISTOIREde la recherchecontemporaine

L’AVENTURE EUROPÉENNEDU CNRS

SÉMINAIRE2009-2010

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La revue du Comité pour l’histoire du CNRS

2012tome Inº 1

2012

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nº1

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La revue du Comité pour l’histoire du CNRS

HISTOIREde la recherchecontemporaine

SOMMAIRE

ÉDITORIALMichel Blay

DOSSIERL’AVENTURE EUROPÉENNE DU CNRS

– À l'heure de l'Europe

IntroductionDenis Guthleben

La politique européenne du CNRSdans les années 1980Pierre Papon

L’élaboration du projet ESRF :la coopération européenne dans ledomaine du rayonnement synchrotronYves Farge

La politique européenne du CNRSde 1988 à 1994Jean-François Stuyck-Taillandier

La collaboration européenne en sciencesde l’Univers dans les années 1990Jean-François Minster

Bruxelles vue de l’intérieurMonika Dietl

L’aventure européenne du CNRS :un bilan, des perspectives…Pierre Papon et Arnold Migus

VARIA

Le CNRS face à la crise de la rechercheà la fin des années 1960Bruno Marnot

TÉMOIGNAGE : Philippe Didier, secrétairegénéral du CNRS de 1983 à 1989

Biographie du Pirmat. Une illustrationde l’ambiguïté entre pluridisciplinaritéet interdisciplinarité au CNRSEmanuel Bertrand

TABLE OF CONTENTS

EDITORIALMichel Blay

DOSSIERCNRS’S EUROPEAN ADVENTURE– CNRS and Europe

IntroductionDenis Guthleben

CNRS’s European Policyin the 1980sPierre Papon

ESRF Development:The European Synchrotron RadiationFacilityYves Farge

CNRS’s European Policyfrom 1988 to 1994Jean-François Stuyck-Taillandier

European Collaboration in Sciencesof the Universe in the 1990sJean-François Minster

Brussels Seen from withinMonika Dietl

CNRS’s European Adventure:Assessment and ProspectsPierre Papon and Arnold Migus

MISCELLANEOUS

Late 1960s: CNRS Faces the Crisisin ResearchBruno Marnot

TESTIMONY: Philippe Didier, CNRSSecretary-General from 1983 to 1989

Pirmat's Biography: an Illustration of theAmbiguity Between Pluridisciplinarity andInterdisciplinarity at CNRSEmanuel Bertrand

(Éditée par CNRS Éditions,15 rue Malebranche - 75005 Pariswww.cnrseditions.fr 9 782271 074973

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à l’heure de l’Europe

15 € prix valable en FranceISBN : 978-2-271-07497-3

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SOMMAIRE(

4 ÉDITORIALMichel Blay

6 DOSSIERL’AVENTURE EUROPÉENNE DU CNRSÀ l’heure de l’EuropeINTRODUCTIONDenis Guthleben

8 La politique européenne du CNRSdans les années 1980Pierre Papon

16 L’élaboration du projet ESRF : la coopérationeuropéenne dans le domaine du rayonnementsynchrotronYves Farge

26 La politique européenne du CNRSde 1988 à 1994Jean-François Stuyck-Taillandier

36 La collaboration européenne en sciencesde l’Univers dans les années 1990Jean-François Minster

44 Bruxelles vue de l’intérieurMonika Dietl

54 L’aventure européenne du CNRS : un bilan,des perspectives…Pierre Papon et Arnold Migus

64 VARIA64 Le CNRS face à la crise de la recherche

à la fin des années 1960Bruno Marnot

74 TÉMOIGNAGE - Philippe Didier, secrétaire généraldu CNRS de 1983 à 1989Interview

84 Biographie du Pirmat. Une illustration de l’ambiguïtéentre pluridisciplinarité et interdisciplinarité au CNRSEmanuel Bertrand

94 ANALYSES D’OUVRAGESPhilip Kitcher. Science, vérité et démocratieAnalyse de Bernard ValadeJean-Paul Callède. La sociologie française et lapratique sportive (1975-2005). Essai sur le sport.Forme et raison de l’échange sportif dans les sociétésmodernes.Analyse d’Odile Le Faou

96 TABLE OF CONTENTS

6 54

16 74 84

2012tome Inº1

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HISTOIRE DE LA RECHERCHECONTEMPORAINE2012 - Tome I - n° 1

Directeur de la publicationAlain Fuchs

Directeur de la rédactionMichel Blay

Rédacteur en chefRené Bimbot

Rédacteur en chef adjointDenis Guthleben

Secrétaire de rédactionValérie Burgos

Comité de rédactionJean-Gaël Barbara, René Bimbot,Claude Blanckaert, Michel Blay,

Janet Borg, Valérie Burgos,Corine Defrance, Jocelyn Dufour,

Woihiba El Khchai, Denis Guthleben,Hélène Harter, André Kaspi,

Odile Le Faou, Muriel Le Roux,Isabelle Martelly, Michel MorangeHenri Ostrowiecki, Bernard Valade,

Catherine Vilkas

Conseil scientifiqueMassimo Borlandi, Eric Brian,

Olivier Darrigol, Claude Debru, PeterGalison, Enrico Giusti, Robert Halleux,

Jean-Pierre Luminet, EfthymiosNicolaidis, Hans-Jörg Rheinberger, Claire

Salomon-Bayet, Hourya Sinaceur,Philippe Taquet

MaquettePage B

PhotosSauf mention contraire, les photos sont

réalisées par le Comité pourl’histoire du CNRS

http://www.cnrs.fr/ComiHistoCNRS/http://histoire-cnrs.revues.org

Correspondants : voirhttp://www.cnrs.fr/ComiHistoCNRS/

spip.php?article73

Comité pour l’histoire du CNRS27, rue Damesme

75013 Paris

Impression EMD S.A.S.- FranceZone d’Activités Nord

53110 Lassay-les-ChâteauxDépôt légal : février 2011

ISSN : 1298-9800ISBN 13 : 978-2-271-07145-3

Achevé d’imprimer enN° imprimeur :

HISTOIRE DE LA RECHERCHECONTEMPORAINE, UNE NOUVELLEREVUE, SANS DOUTE,MAIS AUSSI

UNE REVUE QUI DOIT BEAUCOUPÀ LA REVUE POUR L’HISTOIRE DU CNRS.Le travail mené ces dernières annéespour la réalisation de La revue a permisde tisser des liens ; des savoirs se sontconstruits et une expérience éditoriales’est développée. Il est ainsi devenupossible de créer une revue nouvelle etoriginale. Originale en ce sens qu’elle seveut une histoire de la recherche autemps présent, une histoire de larecherche qui se fait ou, du moins, quis’est faite depuis la fin de la SecondeGuerre mondiale. La création d’une tellerevue était devenue indispensable à plusd’un titre. D’abord, il n’en existe pas desemblable en France ni, semble-t-il, surle plan international. Ensuite, elle doitpermettre par un travail avec les acteursde la recherche, en lien avec leursarchives, de construire un tissud’informations et de sources pourl’histoire à venir, pour l’histoire pluslongue, plus méditée. En outre, et ce n’estpas la moindre des choses, cette revuedevrait favoriser, par son contenu, parcette réflexion sur le vif de la recherche,l’élaboration de matériaux originauxpour tout travail prospectif. En un certainsens, nous imitons un peu Fontenelle qui,au XVIIIe siècle, comme secrétaireperpétuel de l’Académie royale dessciences, rédigeait chaque annéel’« Histoire » de ce qui s’y était dit et fait.Il s’attachait à présenter et à mettre enperspective les différents Mémoiresde l’année tout en en précisant les

éditorial

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contextes historiques et scientifiquesdans lesquels s’insérait telle ou tellenouvelle recherche. Par cela, et commenous souhaitons le faire, il menait unevéritable réflexion sur le vif s’élaborantà partir de la science en acte.Par ailleurs, cette nouvelle revue, publiéepar le Comité pour l’histoire du CNRS,ne restera pas, bien évidemment, àl’intérieur du cadre des rechercheseffectuées au CNRS ni même en France.Son ambition est européenne, voiremondiale. Européenne d’abord commeen témoigne ce premier numéro quiporte principalement sur la constructionde l’espace européen de la recherchedans les années 1980.Une construction qui, on le sait, n’a pasété sans difficulté ni sans contradiction.Mais une construction qui, finalement,s’accomplit bien souvent grâce à lavolonté, à la passion et à la ténacité desscientifiques, à l’importance de leursréseaux et de leurs connivences. En unmot, il importe, pour mettre en place etdévelopper un grand programmescientifique et technologique, de lesécouter et de ne pas les mettre sousla tutelle de simples financiers ou demanagers technocratiques sansperspective ni ambition scientifique.Il n’est, bien sûr, pas question de lesécouter comme des messies, mais desavoir reconnaître les scientifiques dansleurs compétences, leur exigenceintellectuelle et leur dignité.Retenons aussi qu’il convient, au-delàdes grandes actions du type PCRD ouautres, lancées avec grand fracas par laCommission européenne avec des visées

souvent plus politiques que scientifiques,de préserver la mise en place d’accordsbilatéraux et multilatéraux portant surdes projets bien identifiés avec deslaboratoires bien définis et susceptiblesainsi de faire l’objet d’évaluationsscientifiques parfaitement claires.Ce premier numéro, en donnantlargement la parole aux acteurs de larecherche, aux acteurs d’une recherchesituée au cœur de la nécessaireConstitution européenne,montre lesdifficultés de cette construction,maisaussi les espoirs qu’elle suscite.À chacun d’en tirer les leçons pourconstruire une réflexion prospective ;une réflexion prospective pour l’Europescientifique et indépendante de demain.

Miche l B layP ré s ident du Comi té pour l ’ h i s to i re du CNRS

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HISTOIREDE LA RECHERCHE CONTEMPORAINE 5

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celui de la toute jeune biologie moléculaire, etbien loin du giron du CNRS, commeMichel Mo-range l’a souligné.Le nouveau format de notre revue, désormaisbaptisée Histoire de la recherche contemporaine,permet de regrouper au sein d’un second dos-sier l’ensemble des contributions suivantes auséminaire, qui couvrent la période allant des an-nées 1980 à nos jours. À n’en pas douter, lamuse Clio veille sur ce projet : c’est une coïnci-dence formidable que le calendrier éditorial dela revue permette ainsi de rassembler des textesqui, au-delà de leur apparente diversité, for-ment un ensemble très cohérent. Le début desannées 1980 a en effet vu la recherche scienti-fique pénétrer au cœur des préoccupations del’Europe communautaire, une tendance qui n’afait que s’amplifier à mesure des années pouratteindre les proportions qu’on lui connaît au-jourd’hui – avec néanmoins toujours les forceset les faiblesses de notre espace européen de larecherche, auxquelles nos intervenants n’ont ja-mais manqué de faire référence. Dès l’origine,ce mouvement s’est notamment traduit par lelancement de ces grands programmes dont lesEuropéens ne sont pas les seuls à avoir le secret– Esprit5, Brite, Race, Bridge ou Eureka lancé en

Dans sa livraison de printemps 2010, Larevue pour l’histoire du CNRS a publié lapremière partie d’un dossier consacré à

l’aventure européenne de l’établissement, fruitd’un séminaire organisé par le Comité pourl’histoire du CNRS au cours de l’année universi-taire 2009-2010. Plusieurs témoignages etéclairages historiques, de Robert Chabbal, deBernard Jacrot et de Michel Morange, avaientpermis d’évoquer les «premiers pas» de cetteaventure, accomplis au fil des années 1950,1960 et 1970. Premiers pas ou… petits pas?L’heure était encore à ces « réalisationsconcrètes créant d’abord une solidarité defait», chères à Robert Schuman et à l’inspira-teur de sa déclaration du 9 mai 1950, JeanMonnet. Ainsi que Robert Chabbal et BernardJacrot l’ont relevé, le Cern2 et, dans un contexteplus franco-allemand, l’Institut Laue-Langevinde Grenoble comptaient parmi ces initiatives dela première heure dans le champ de la re-cherche scientifique – des réalisations qui, soitdit en passant, étaient tout sauf des «petits»pas, tant du point de vue de l’importance desinfrastructures que sous l’angle des avancéesscientifiques qu’elles ont permises. Idem pourl’EMBL3 et l’EMBO4 dans un domaine différent,

DOSSIE

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L’Aventure euÀ l’heure de l’EuropeIntroductionDen i s Guth l eben 1

Historien, attaché scientifique au Comité pour l’histoire du CNRS

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HISTOIREDE LA RECHERCHE CONTEMPORAINE

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1. Denis Guthleben a étéle responsable del’organisation du séminairesur l’Aventure européennedu CNRS, à l’origine de cedossier.

2. Cern: Conseil européenpour la recherche nucléaire

3. EMBL: European MolecularBiology Laboratory

4. EMBO: EuropeanMolecular BiologyOrganization

5. Esprit : European StrategicProgram on Research inInformation Technology

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1985 pour tenter de contrer l’Initiative de dé-fense stratégique, cette «guerre des étoiles»inaugurée deux ans plus tôt par Ronald Rea-gan. Il a aussi vu naître et grandir les pro-grammes-cadres successifs, avec la volonté ori-ginelle de stimuler la compétitivité économiquede l’Europe, une ambition officialisée par l’Acteunique de 1986 – « la Communauté se donnepour objectif de renforcer les bases scientifiqueset technologiques de l’industrie européenne etde favoriser le développement de sa compétiti-vité internationale», y est-il stipulé.Ce tournant des années 1980,perceptible au ni-veau des structures et des grandes orientationscommunautaires, l’est également au cœurmême du CNRS, au travers par exemple de cette«direction des relations et de la coopération in-ternationale» qui se met en place à la fin del’année 1982, ou du lancement des pro-grammes internationaux de coopération scienti-fique, les «PICS», dont le tout premier a réuniautour de travaux sur les polymères le Centre derecherches sur les macromolécules de Stras-bourg et le Max Planck Institute für Polymerfor-schung deMayence.Mais ce ne sont là que deuxexemples, parmi tous ceux que nos intervenantsont cité au gré de leurs présentations. Car, unefois encore, nous avons tenu à croiser les pointsde vue et les projets pour enrichir la réflexion.Pierre Papon et Arnold Migus ont ainsi apportéles regards de deux directeurs généraux impli-qués, à vingt ans de distance, dans l’aventureeuropéenne du CNRS, tandis que Jean-FrançoisStuyck-Taillandier a livré la perception du diplo-mate appelé à diriger les relations extérieuresde l’établissement, et Monika Dietl celle de lascientifique investie dans la gestion de la re-

cherche et dans la représentation du Centre au-près des institutions européennes à Bruxelles.De la même manière, Yves Farge, le premier di-recteur du laboratoire Lure à Orsay, est revenusur la longue genèse et la création du synchro-tron européen ESRF6 dans les années 1980, etJean-François Minster, directeur de l’Insu7 de1996 à 2000, a exposé les points forts et lescontraintes de cette aventure dans un domaineoù la coopération internationale est souvent éri-gée en credo, celui des sciences de l’Univers.Nos lecteurs constateront vite qu’aucun des in-tervenants n’a cédé aux travers qui accompa-gnent bien souvent les discours sur l’Europe :dans ce dossier, aucune parole convenue etlisse, et guère plus de lamentations sur une re-cherche immaculée que le «machin» deBruxelles serait venu scléroser ou pervertir –même si des lourdeurs ont été pointées sanslangue de bois. Afin de rester fidèle au ton quechaque intervenant a insufflé à sa présentation,nous avons d’ailleurs une fois encore fait lechoix de rester au plus près du propos en nouslivrant à sa transcription intégrale et en conser-vant son style direct. Ce choix, qui permet à nosyeux de rendre au mieux le contenu et l’allantde notre séminaire, nous continuons de l’assu-mer, bien que certains de nos lecteurs soientparfois perturbés à la lecture des textes et nemanquent pas de nous le faire savoir. Au-delàdes présentations elles-mêmes, les échangesqui les ont prolongées ont contribué à nourrirune réflexion intense sur le CNRS et l’Europe.Les participants au séminaire lui ont en effet ap-porté une forte valeur ajoutée, et nous tenonsune fois encore à les remercier chaleureuse-ment pour leur contribution à son succès.

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HISTOIREDE LA RECHERCHE CONTEMPORAINE 7

ropéenne du CNRS6. ESRF: EuropeanSynchrotron Radiation Facility

7. Insu: Institut national dessciences de l’Univers

©ESRF

–photo:P.G

inter

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péen de la recherche» au début des années1980, des graines avaient déjà été semées :l’ESA3, l’ESO4, l’EMBO5 et l’ESF6 avaient vu lejour, de même que, plus spécifiquement pour leCNRS, l’ILL7, l’Iram8 et l’Eiscat9. En outre, la Com-mission avait lancé ses premières actions euro-péennes en 1974.

|Le contexte : pourune amplification de lacoopération européenne

Concernant les années 1980, que j’ai connuescomme directeur général du CNRS, je parleraid’abord de la politique du CNRS sous l’angledes outils et moyens qui existaient ou qui ontété créés à l’époque pour développer des coo-pérations avec nos partenaires européens, endébutant toutefois par une évocation très brèvedu contexte politique. Une loi d’orientation etde programmation (LOP) avait été votée en juil-let 1982, à la suite du colloque national de la

En introduction, je reprendrai le diagnosticporté par Robert Chabbal sur la façon dontles laboratoires du CNRS et de l’Univer-

sité vivaient l’Europe dans les années 1950et 1960 : hormis au Cern1, dont l’aventure acommencé dans les années 1950, l’Europen’était pas pour eux une grande préoccupation.Le regard des scientifiques, surtout au CNRS,était alors tourné vers les États-Unis, et faire unpost-doc outre-Atlantique équivalait à effectuerun pèlerinage à La Mecque. Je suis d’ailleursmoi-même allé aux États-Unis après ma thèse.Un changement a néanmoins commencé à s’en-gager dans les années 1970. Je dirigeais alorsune équipe de recherche associée au CNRS, et jeme souviens que nous avons établi des coopé-rations avec une équipe italienne, une autre bri-tannique, ainsi qu’une équipe suisse d’IBM2

dont le patron,Alex Müller, allait obtenir quinzeans plus tard le prix Nobel de physique. Dès lors,si on ne parlait pas encore d’un «espace euro-

La politiqueeuropéenneduCNRS

dans les années 1980P i e rr e Papon

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HISTOIREDE LA RECHERCHE CONTEMPORAINE

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Pierre Papon, directeur général du CNRSentre 1982 et 1986, revient sur son expérience àla tête du Centre pour évoquer l’Europe de larecherche dans les années 1980. Au début de ladécennie, le Président de la République françaisenouvellement élu, François Mitterrand, a pourambition de rendre indépendante etcompétitive la recherche européenne.Cette volonté n’est pas nouvelle, mais elle prendde l’ampleur à ce moment précis, alors que sedessine le futur espace européen de la recherche,qui trouve son équilibre entre coopérationintergouvernementale et fédérale.

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LAL, Pierre Marin, concepteur d’ACO,AndréAu-thier, cristallographe et Vittorio Luzzati, biophy-sicien travaillant avec son équipe sur lesstructures de protéines et les membranes. PierreMarin exposa ce qu’est le rayonnement synch-rotron. La machine existante, ACO, émettaitdans la lumière visible, l’ultraviolet, surtout l’ul-traviolet lointain et les rayons X mous pour les-quels nous avions des détecteurs mais pas desource lumineuse. Une deuxième machine d’uneénergie supérieure (DCI) allait être construite ; lerayonnement qu’elle produirait serait particuliè-rement intéressant dans le domaine des rayonsX, utilisés pour déterminer les structures cristal-lographiques des matériaux et en particulier desprotéines et c’est lors de ce déjeuner que tout a

Je ne vais pas parler uniquement de l’ESRF,car le CNRS a joué un rôle important dansl’ensemble de la saga du rayonnement

synchrotron en France. Je parlerai d’abord decette saga, puis de l’ESRF.

Au cours d’un séjour post-doctoral aux États-Unis, j’ai rencontré Marco Fontana qui m’a ap-pris ce qu’était le rayonnement synchrotron, etqu’un anneau de stockage (ACO) était en ser-vice à Orsay, fabriqué par le Laboratoire de l’Ac-célérateur Linéaire (LAL) pour faire des collisionsentre électrons et positrons ; le rayonnementsynchrotron produit par cette machine n’étaitpas utilisé. En décembre 1970, j’en ai parlé àJacques Friedel qui a sur le champ organisé undéjeuner avec André Lagarrigue, directeur du

Premier directeur du laboratoire Lure (Laboratoire pourl’utilisation du rayonnement électromagnétique) en1971, président du Comité du rayonnement synchrotronde l’ESF (Fondation Européenne de la Science)entre 1979 et 1985, Yves Farge évoque son expérienceà la tête du groupe de travail européen chargé deconcevoir le projet ESRF (European SynchrotronRadiation Facility) et fait le récit d’une aventureexemplaire en matière de coopération scientifiqueeuropéenne. Des années 1970 à nos jours, retour surla « saga » du rayonnement synchrotron en France eten Europe, à laquelle a largement participé le CNRS.

L’Élaborationdu projet ESRF

la coopération européennedans le domaine durayonnement synchrotron

Yve s Farge

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mon prédécesseur et ami Jean-François Miquel,dont je reparlerai, et contrairement à mes suc-cesseurs, dont je ne parlerai pas, je n’étais ni unagent du CNRS, ni même un scientifique. Je ve-nais en effet du ministère des Affaires étran-gères, où j’avais passé de nombreuses annéestant en poste à l’étranger qu’à la Centrale, dansla direction en charge des affaires scientifiques.Je précise bien que je n’étais pas un scientifiquecar, malgré une formation dans ce domaine, jen’avais pas de thèse. Or, pour moi, on n’est pasun scientifique sans recherche et donc sansthèse. Cela n’empêchait d’ailleurs pas le minis-tère des Affaires étrangères de me considérercomme un scientifique, mais ce ministère a par-fois quelques difficultés avec le monde réel.

Je suis donc arrivé au CNRS avec ce que jeconsidère comme deux atouts. Le premier estque, quelles que soient les méchancetés que l’onpeut dire sur lesAffaires étrangères, c’est un en-droit où l’on est capable d’élaborer une poli-tique, dans le domaine politique même maisaussi dans les domaines économique et scienti-fique. J’ai eu le plaisir de travailler avec un cer-

Je vais vous parler de la politique internatio-nale et plus précisément de la politique eu-ropéenne du CNRS entre 1988 et 1994,

période durant laquelle j’ai assuré la directiondes relations internationales de ce prestigieuxorganisme. Je ne vais pas vous abreuver de chif-fres et de statistiques pour deux raisons : d’au-tres l’ont fait ou le feront bien mieux que moiet, de toute manière, je ne possède ni ces chif-fres ni ces statistiques. Je vais en revanche vousparler de l’atmosphère de cette époque et de lafaçon dont nous avons essayé de répondre à desdemandes et propositions émanant de la Franceet de l’étranger.

|Duministère des Affairesétrangères…

Pour ce faire, il est malheureusement nécessairede personnaliser un peu cette affaire en présen-tant quelques-uns des acteurs. Je dis malheu-reusement car je suis obligé de commencer parmoi,mais cela sera court. Je suis arrivé au CNRSen 1988 pour prendre cette fonction avec unecaractéristique importante : contrairement à

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La politiqueeuropéenneduCNRS

de 1988 à 1994J ean - Franço i s Stuyck-Ta i l land i e r

Jean-François Stuyck-Taillandier a occupéla fonction de directeur des relationsinternationales du CNRS entre 1988 et 1994,lorsque François Kourilsky en était le directeurgénéral. Il revient sur la politique européenneet internationale du Centre à cette époqueet s’attache à dépeindre l’atmosphère de cettepériode charnière de l’histoire de la rechercheeuropéenne.

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HISTOIREDE LA RECHERCHE CONTEMPORAINE

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suis conscient de ces limites et je ne prétendspas faire un travail d’historien. J’ajoute égale-ment que je n’ai pas travaillé seul, mais avectoutes les équipes qui font marcher un départe-ment au sein du CNRS. Une bonne partie detoutes les analyses que je fais aujourd’hui est lerésultat de ce travail d’équipe.

|Le travail d’un directeurde l’Insu

Je considère que le travail de directeur scienti-fique est d’être au service de sa discipline, ce quine signifie pas simplement d’affecter les moyensdu CNRS. J’avais des a priori quand je suis arrivéà l’Insu, notamment celui qu’un programmen’est pas une niche écologique pour une popu-lation. En fait je n’ai eu de cesse de casser lesniches écologiques des chercheurs dans leur pé-rimètre de programme et les pousser à travailleren partenariat avec l’extérieur. Je trouvais quele boulot de directeur scientifique de l’Insu, le

La question qui m’est posée, c’est de parlerde l’aventure européenne du CNRS pen-dant la période où j’ai été directeur de

l’Insu. Évidemment, c’est un peu compliqué pourplusieurs raisons. D’une part, je n’ai dirigé l’Insuque pendant trois ans et demi : on commencejuste à apprendre son travail, à comprendre lefonctionnement du CNRS, à s’initier aux autresdisciplines avec l’aide des directeurs scienti-fiques adjoints, et en particulier dans mon cas, ilfallait que j’apprenne l’astronomie. Le directeurde l’Insu étant nommé par le directeur généraldu CNRS et par le ministre de la Recherche, il ya donc aussi des interfaces avec le monde poli-tique qu’il faut apprendre. D’autre part, je mesuis plongé dans les archives mais je sais que jeles ai relues avec ma mémoire défaillante etavec le biais de mon expérience postérieure,parce que mon engagement européen a été trèsactif à l’Ifremer.Ma vision des dimensions euro-péennes des années 1990 est donc biaisée. Je

Diplômé de l’École polytechnique, Jean-FrançoisMinster a soutenu son doctorat d’État àl’Institut de physique du globe de Paris, où il acréé le laboratoire de physique et de chimie del’hydrosphère. Par ailleurs, il a dirigé lelaboratoire d’océanographie et de géophysiquepuis l’Institut des sciences de la Terre deToulouse, de 1990 à 1996, avant de prendre ladirection de l’Insu jusqu’en 2000. Il revient surcette période riche de l’histoire de l’Insu, qu’il aquitté pour prendre la présidence de l’Ifremer.

La collaborationeuropéenne en sciencesde l’Univers

dans les années 1990J ean - Franço i s M inst e r

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|Pour une excellenceadministrativeL’Europe de la recherche, qui était déjà fort com-pliquée, continue dans cette voie : les pro-grammes se sont multipliés, de nouvelles entitéslégales qui font de la recherche ou qui la finan-cent sont créées, les règles se complexifient aupoint que l’on s’y perd. Complexification aussi,avec la réforme en France et la création des al-liances qui se mettent en place, l’articulation etle positionnement de nos organismes et de nosuniversités, des alliances parallèles créées àl’échelle européenne et, enfin, l’espace euro-péen de la recherche qui s’ouvre maintenant demanière très volontariste sur le monde.Tout celanous rend parfois la vie très difficile.

Aujourd’hui, on entend sans cesse qu’il fautse coordonner, que l’on n’est pas assez efficace,qu’il faut se concerter en amont, qu’il faut tra-vailler ensemble en aval… et, tout cela, à toutprix! Parfois je me demande: à quel prix? Je dé-fends beaucoup la diversité, la spécificité de nosorganismes. Je pense, et cela devient une convic-

Je suis partie à la Commission européenne ily a un peu plus de 5 ans comme experte na-tionale détachée. Je ne présenterai cepen-

dant pas aujourd’hui le programme-cadre, ni lesactivités du Bureau de Bruxelles. Je partageraiplutôt les réflexions, les pensées, les idées quifont débat actuellement. On oublie parfois, àforce de travailler sur des dossiers, que l’aven-ture européenne est en fait et avant tout celle denos chercheurs, ceux qui ont le courage de coor-donner des projets transnationaux. Lorsqu’ils’agit de projets financés et coordonnés àl’échelle de l’Union, cela exige notamment uninvestissement tout particulier de leur part et deleur entourage professionnel, sans compter lesrépercussions sur la vie familiale. Souvent, dansles discussions que l’on mène avec le ministère,la Commission européenne ou le Parlement, ona l’impression que ceux qui dessinent lesgrandes stratégies de l’Union européenne enmatière de recherche oublient un peu qu’au finalc’est le chercheur qui devra mener de front cettepolitique!

Monika Dietl, directrice du Bureau du CNRS àBruxelles, partage les réflexions qui fontaujourd’hui débat autour de la Commissioneuropéenne. Tour à tour experte mise àdisposition par le CNRS auprès de la Commissioneuropéenne, présidente du Clora en 2009 etaujourd’hui directrice du bureau Cost(programme cadre de coopération scientifiqueet technique intergouvernemental), elle dresseun portrait vivant de l’espace européen de larecherche, vécu de l’intérieur. Dans une Europecomplexe et en constante évolution, où le CNRStente de conserver son leadership scientifique,Monika Dietl rappelle que ce sont avant tout leschercheurs qui construisent par leur travaill’Europe de la recherche.

Bruxellesvue de l’intérieur

Mon ika D i e t l

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HISTOIREDE LA RECHERCHE CONTEMPORAINE

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Je pourrais brosser aussi un tableau de lascience à l’époque: la physique nucléaire avaitfait sa percée et Hiroshima l’avait montré ; l’in-formatique, quelques années après cet appel deSchrödinger, allait faire ses débuts. On savaitdonc à peu près ce qu’allaient être les grandesavenues de la science mondiale, y compris versl’espace : les premières fusées avaient fait leurspreuves,malheureusement, avec lesV1 et lesV2fabriquées à Peenemünde en particulier parWernher von Braun, que les Américains allaientexfiltrer d’Allemagne. En 1944-1945, l’Europecontinentale était par terre, le Royaume-Uniavait réussi à survivre à la guerre avec son po-tentiel scientifique, mais la France, l’Allemagne,les grandes puissances scientifiques d’avant-guerre avaient leur potentiel démoli physique-ment. C’est alors qu’à la fin des années 1940,un certain nombre d’hommes politiques ontvoulu construire l’Europe et en particulier fairede la science l’un des outils d’une coopérationeuropéenne.

|Les «grandes avenues»de la recherche après 1945Pierre Papon: Dans les années d’après-guerre, il y avait déjà une vision de ce qu’allaitêtre la science dans les années 1950 et 1960.J’en veux pour preuve un passage d’un petitlivre que je cite souvent d’un physicien autri-chien bien connu, Schrödinger, qui avait passéla guerre à Dublin après avoir fui l’Anschluss.Schrödinger est célèbre grâce à son équation età sa contribution à la physique quantique, maisdans un livre publié en 1944 intitulé Qu’est-ceque la vie? il écrivait : «La fibre chromosomiquecontient chiffrée dans une sorte de code minia-ture tout le devenir d’un organisme, de son dé-veloppement, de son fonctionnement…» Dansla foulée, un certain nombre de biologistes et dephysiciens ont dit : «Ah! Il y a, derrière ça,l’amorce d’une nouvelle vision de la biologie»,et certains physiciens, dont Max Perutz, se sontconvertis à la biologie, lançant le mouvement dela biologie moléculaire.

Lors de la dernière rencontre du séminaire« L’aventure européenne du CNRS », Pierre Paponet Arnold Migus, tous deux anciens directeursgénéraux de l’établissement, brossent le tableaude l’Europe de la recherche, depuis l’aprèsDeuxième Guerre mondiale jusqu’à l’aube desannées 2010. Évoquant ses succès et ses échecs,ils en tirent les enseignements, dressent un bilanet esquissent des perspectives pour les annéesà venir : quel sera le visage de la rechercheeuropéenne de demain ?

L’aventureeuropéenneduCNRS

un bilan,des perspectives…

P i e rr e Paponet Arnold Migus

D O S S I E R

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Le CNRS,face à la crise de la rechercheà la fin des années 1960Bruno Marnot

V A R I A

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À partir du milieu des années 1960a émergé dans les sociétés développéesune contestation multiformedes objectifs assignés à la recherchefondamentale. Accusée de n’être pasen phase avec les nouveaux besoinsde la société, elle fut également remiseen cause dans sa capacité à êtreà l’origine des innovations d’uneéconomie compétitive. La France ne fitpas l’économie de cette réflexion surl’avenir de la recherche. Elle fut le signalpour le CNRS, placé au centre dudispositif de recherche national, d’unemutation majeure dans son histoire.©

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Devenus aujourd’hui des thèmescentraux des sociétés développées,la contestation d’une poursuite de lacroissance sans fin et les préoccupationsenvironnementales naissantes à la findes années 1960 ont enjoint à lacommunauté scientifique de poursuivredes objectifs radicalement différentsde ceux qui étaient définis depuis la fin

de la Deuxième Guerre mondiale.

Bruno Marnot est maître deconférences habilité à l’universitéMichel-de-Montaigne Bordeaux 3.([email protected]).Il est membre du Centre d’étude desmondes moderne et contemporainet travaille sur l’histoire des grandséquipements publics aux XIXe etXXe siècles.

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1. La réforme des statutsdes personnels,intervenue pendant cettepériode, a été au cœurdes discussions ducolloque organisé par leComité pour l’histoire le17 juin 2004 au siège duCNRS. Nous avons doncchoisi de ne pas fairefigurer cette question,néanmoins capitale, dansles pages suivantes. Leslecteurs pourront sereporter à la transcriptioncomplète du colloque,mise en ligne peu aprèsl’événement et toujoursconsultable à l’adresse:http://www.cnrs.fr/ComiHistoCNRS/IMG/pdf/petit_comite_17.pdf

T émo ignage

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V A R I A

Philippe Didier,secrétaire général du CNRS,1983-1989

De 1983 à 1989, Philippe Didier a été lesecrétaire général du CNRS auprès de PierrePapon, puis de Serge Feneuille et de FrançoisKourilsky. Dans la foulée du colloque de 2004consacré au CNRS dans les années 1980, il aaccepté d’évoquer son parcours au sein del’établissement devant les membres du Comitépour l’histoire du CNRS1.Notre revue, publiedans ce numéro quelques extraits de cetentretien, dont l’intégralité est conservéepar le Comité pour l’histoire. L’occasionde revenir sur six années marquantes del’administration du Centre…

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Au début des années 1980, le CNRS prend uneinitiative dans le domaine de la recherche sur lesmatériaux, domaine en plein essor dans divers paysdepuis les années 1960. Ainsi, le Programmeinterdisciplinaire de recherche sur les matériaux duCNRS, ou Pirmat, dure de 1982 à 1994. Au début decette période, la recherche sur les matériaux estofficiellement présentée, par le gouvernement,comme une priorité nationale. En racontant unehistoire du Pirmat, cet article essaiera de montrer enquoi l’effort budgétaire public correspondant n’ajamais été à la hauteur de ce statut prioritairerevendiqué. Cette biographie du Pirmat sera aussil’occasion d’aborder la question plus générale de lamise en œuvre de l’interdisciplinarité au CNRS. Enparticulier, l’ambiguïté entretenue entrepluridisciplinarité et interdisciplinarité, ainsi que deréels obstacles à cette dernière, liés à la structureinstitutionnelle du CNRS, seront mis en évidence.

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Biographiedu Pirmat(1982-1994).Une illustrationde l’ambiguïté entrepluridisciplinaritéet interdisciplinaritéau CNRSEmanue l Bertrand

Maître de conférences à l’ESPCIParisTech depuis 2003, EmanuelBertrand a travaillé, jusqu’en2009, sur la physique desinterfaces et des colloïdes.En 2009, il a entrepris unereconversion thématiqueradicale, et effectue désormaisses recherches en histoireet sociologie des sciences.

V A R I A

Emanuel Bertrand, CentreAlexandre Koyré, UMR 8560(CNRS/EHESS/MNHN), 27 rueDamesme, 75013 Paris, et ESPCI-ParisTech, Direction des études,10 rue Vauquelin, 75231 ParisCedex 05 ; adresse électronique :[email protected].

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EDITORIALMichel Blay

DOSSIERCNRS'S EUROPEAN ADVENTURECNRS AND EUROPEIntroductionDenis Guthleben

CNRS's European Policy in the 1980sPierre Papon

Pierre Papon recalls his experience as General Director of CNRS, from 1982 to 1986 and evokes European research inthe 1980s. At the beginning of that decade, France's new President François Mitterrand intends to give Europeanresearch greater independence and make it more competitive. This longstanding goal becomes increasingly important,as the future European Research Area begins to take shape and to find a balance between federal andintergovernmental cooperation.

ESRF Development:The European Synchrotron Radiation FacilityYves Farge

First director of Lure (Laboratory for Electromagnetic Radiation Use) in 1971, president of the committee established bythe European Science Foundation to develop the ESRF (European Synchrotron Radiation Facility) from 1979 to 1985,Yves Farge remembers his experience at the head of this working group and tells an exemplary story of Europeanscientific cooperation. The CNRS history committee looks back on the synchrotron radiation “saga” in France andEurope, in which CNRS played a key role.

CNRS's European Policy from 1988 to 1994Jean-François Stuyck-Taillandier

Jean-François Stuyck-Taillandier was director of international relations at CNRS, from 1988 to 1994. He gives anoverview of the organization's European and international policy during that period, providing a detailed description ofthe atmosphere surrounding this turning point in the history of European research.

European Collaboration in Sciences of the Universe in the 1990sJean-François Minster

A graduate from École polytechnique, Jean-François Minster holds a PhD from the Institut de physique du globe in Paris,where he set up the laboratory of physics and chemistry of the hydrosphere. He headed the Earth Science Institute inToulouse from 1990 to 1996, then became director of the National Institute for Earth Sciences and Astronomy (Insu).Jean-François Minster looks back on this important period in the history of Insu, which he left in 2000 to becomechairman of the French Research Institute for Exploration of the Sea (Ifremer).

TABLE OF CONTENTS(

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Brussels Seen fromwithinMonika Dietl

Rather than listing the activities of CNRS’s Brussels office, Monika Dietl, who managed it in the early 2010s, prefers todiscuss current European Commission issues. Former CNRS expert on secondment in Brussels, President of Clora in2009,current COST (European Cooperation in Science and Technology) Office Director, she draws a dynamic portrait fromwithin the European Research Area. In an increasingly complex Europe, where CNRS seeks to maintain its scientificleadership, she reminds us that researchers are the first builders of European research.

CNRS's European Adventure: Assessment and ProspectsPierre Papon and ArnoldMigus

During the last meeting of the “CNRS European Adventure” seminar Pierre Papon and Arnold Migus, both former GeneralDirectors of the National Center for Scientific Research, provide a picture of European research between the end ofWorldWar II and the very beginning of the 2010s. By mentioning its successes and setbacks, they highlight the lessons tobe drawn, make a general assessment of the period and try to answer the following question:What will research be like intomorrow’s Europe?

MISCELLANEOUSLate 1960s: CNRS Faces the Crisis in ResearchBrunoMarnot

From the 1960s onwards the developed world rejected the traditional objectives of fundamental research, which wasblamed for being on a different wavelength and not meeting society’s needs. Its capacity to innovate and contribute to acompetitive economy was also questioned. France had to reflect on the future of its fundamental research. This was thebeginning of a major change in the history of CNRS, which was the pillar institution of the French research system.

TESTIMONY: Philippe Didier, CNRS Secretary-General from 1983 to 1989From 1983 to 1989, Philippe Didier was Secretary General of CNRS under the management of Pierre Papon, SergeFeneuille and François Kourilsky. Following a conference focused on CNRS in the 1980s, he agreed to recount his careeerwithin the organization. This review publishes excerpts of his interview, which is kept in its entirety by the CNRS HistoryCommitee. This article provides an opportunity to explore six key years of CNRS administration.

Pirmat's Biography: an Illustration of the Ambiguity Between Pluridisciplinarityand Interdisciplinarity at CNRSEmanuel Bertrand

At the beginning of the 1980s, CNRS took an initiative in materials research – a field that had been thriving in manycountries since the 1960s.The corresponding interdisciplinary program in materials research (Pirmat) lasted from 1982 until1994.When it was launched, research in this field was officially described as a national priority by the government. Bytelling the story of Pirmat, this article seeks to demonstrate that the effort in terms of public budget was never up to thisambition.This “biography” of the Pirmat programme will also raise the more general question of interdisciplinarity at CNRS. Inparticular, the constant ambiguity between multidisciplinarity and interdisciplinarity, as well as genuine obstacles to thelatter – due to the institutional structure of CNRS – will be highlighted.

BOOK REVIEWSPhilip Kitcher. Science, vérité et démocratieAnalysis by BernardValade

Jean-Paul Callède. La Sociologie française et la pratique sportive (1975-2005)Essai sur le sport. Forme et raison de l’échange sportif dans les sociétésmodernesAnalysis by Odile Le Faou

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Instructions aux auteursLa revue est de langue française, mais les articles écrits en anglais sontégalement susceptibles d’être acceptés. Son titre, aussi explicite quepossible, doit être donné en français et en anglais. Le Comité de rédac-tion pourra proposer à l’auteur de le modifier en vue de le rendre plusintelligible par un large public. L’article doit comporter au maximum30000 signes espaces compris (s.e.c.) et être accompagné :• Du titre en anglais,• de 5 mots-clés en français et 5 en anglais,• d’une présentation de quelques lignes aussi attractive que possible(chapô de moins de 300 s.e.c.) écrit dans la langue de l’article,

• d’un résumé de moins de 600 s.e.c. en français et un abstract demoins de 600 s.e.c.

Le nom de chacun des signataires de l’article sera accompagné de sonunité d’appartenance et de son adresse électronique.Une présentation de quelques lignes (<300 s.e.c.) permettra de situerson domaine d’activité et sa fonction.

Sauf accord préalable avec la rédaction, les textes seront fournis en for-mat .doc ou .rtf, avec une mise en page minimale (Les chapitres et sous-chapitres seront indiqués, mais il est inutile de soigner les polices et lescorps de caractères qui seront revus lors de l’édition).

Des encadrés pourront permettre d’expliciter un point, ou d’inclure unaparté si l’auteur le juge utile.

Des figures, tableaux et illustrations rendant l’article plus attractif sontégalement bienvenus. Les illustrations seront fournies, de préférence,sous forme de fichier image (format .tif ou .jpg) de bonne résolution(300 dpi dans le format final).Elles seront, de préférence, libres de droit (gratuites).Dans le cas contraire, prière de le faire savoir à la rédaction qui ne lesacceptera que si le montant des droits n’est pas trop élevé.Les illustrations ne seront pas intégrées au fichier texte mais fournies enfichiers annexes.

Les emplacements de ces illustrations dans l’article seront indiqués parle nom du document en question, ainsi que sa légende et la mentionexacte du copyright.Rappelons que, comme l’ensemble de la revue, elles seront éditées endeux couleurs (actuellement, noir et bleu), excepté dans la publicationélectronique où elles pourront être en quadrichromie.

Le nombre et le volume des notes de bas de page pouvant être éditéesen marge de l’article devront être modérés.

Les sigles et acronymes :• seront explicités en note de bas de page ou dans le corps de texte lorsde leur première mention

• devront respecter la règle suivante : intégralement en majuscules sinon lisibles comme un mot (ex. : CNRS) ; seule la première lettre enmajuscules dans le cas contraire (ex. : Cern, Ganil).

Les majuscules seront accentuées lorsque cela s’avérera nécessaire.

Les références bibliographiques doivent être présentées conformémentaux modèles suivants :Ouvrages : Lacoste Yves,Géopolitique de la Méditerranée,Armand Colin,Paris, 2006.(Auteur(s), Titre de l’ouvrage, Éditeur,Ville, date.)Articles : Crozon Michel, Maitte Bernard, «La culture scientifique enFrance : institutions, enjeux», Esprit, n° 10, oct. 2001, pp. 105-119.(Auteur(s) «Titre de l’article», Nom du journal, numéro du journal, date,pages de début et de fin.)

Avant acceptation, le manuscrit sera soumis à deux lecteurs (referees).Au cas où le manuscrit n’est pas accepté en l’état, les rapports des refe-rees seront communiqués à l’auteur (ou aux auteurs), accompagnéséventuellement d’une demande de révision du manuscrit.

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