histoire de la langue universelle, 1903

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HISTOIRE

LANGUE UNIVERSELLE

AUTRES OUVRAGES DE

M.

COUTURAT

De Platonicis mythis, thse latine (puise). De l'Infini mathmatique. 1 vol. in-8" (Paris, Alcan, 1896). La Logique de Leibniz, d'aprs des documents indits.(Paris, Alcan, 1901).

1

vol.

in-S"

Opuscules et fragments indits de Leibniz,de la Bibliothque royale de Hanovre.1

extraits des manuscrits

vol. 10-4 (Paris, Alcan, 1903).

La Logique algorithmique (.en prparation). Pour la Langue internationale. brochure in-iO,1

1901.

Die internationale Hilfssprache.

1

brochure

in-16, 1902.

(L'auteur distribue gratuitement ces deux brochures.)

AUTRES OUVRAGES DEtude surles

M.

LEAUmalhm.iti(iucs (Paris.

quations fonctionnelles une ou plusieursle

variables, thse pourGauthier-Villars, 1897).

doctorat es sciences

Reprsentation des fonctions par des sries de polynmeslelin

(Dul-

de la Socit mathmatique de France,

1899).

Recherche des singularits d'une fonction dfinie par un dveloppement de Taylor {Journal de Mathmatiques, 1899).

Une languescience1900).et

universelle est-elle possible? Appel aux hommes de aux commerants. 1 l)rochure in-16 (Paris, Gauthier-Villars,

33-03.

Coulommiers. Imp. Paul

BRODARD.

6-03.

HISTOIREDE LA

LANliUE UNIVERSELLEPARL.

COUTURATlettres,

L.Docteur

LEAUes sciences,

Docteur es

Trsorier

Secrtairj gnral

do la

Di'li'f/ation

pour l'adoption d'une langue auxiliaire internationale.

11 y a force gens qui cmployeroient volontiers cinq ou six jours de tems pour se pouvoir faire entendre par tous les

hommes.

Descartes.

Si

una lingua esseteffectu

in

mundo, accetertia

deret in

generi

humano

parsditur.

vitfe,

quippe qu llnguis impenLeibniz.

PARIS LIBRAIRIE HACHETTE ET"Qj.DOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79

G'

1903DroiU d* traductiontt

d reproduetion r4*rvAa.

AVIS IMPORTANT

Nous tenons avantn'est

tout dclarer que le prsent ouvrageofficielle

nullement une publication

de

la

Dlgationil

pour radoption d'une langue auxiliaire internationale;ne peut tre considr aucunl'opinion collective de ses

comme membres, ou commetitre

exprimantengageantn'est pasla

en quoi que cedavantage unDlgation:

soit

ses dcisions futures.

Ce

rapport officiel prsent ou

soumis

c'est

purement

et

simplement l'uvre person-

nelle et prive des

deux auteurs. Nous l'avons entreprise

spontanment, pour rpondre au dsir de nombreux partisans de la

Langue

internationale,

qui

nous demandentet

souvent des renseignements sur l'histoire de cette ide

sur les diffrents projets auxquels elle a donn naissance.

Nous souhaitons quede la question,

ce travail

satisfasse leur lgitime

curiosit, qu'il contribue initier le public studieux l'tat

propager l'ide de la

Langue

interna-

tionale, enfin faire connatre la Dlgation et lui

gagner

de nouvelles adhsions.

PRFACE

plus conteste par personneet

La ncessit d'une langue internationale auxiliaire n'est elle s'impose avec une vidence:

mesure que se dveloppent les relations de toute sorte entre les nations civilises. Cest un lieu commun que de constater les progrs inous des moyens deune urgence croissantes,

communicationJautro(le

:

on pourra bientt

faire le tour

du monde end'un ct

quarante jours; on tlgraphie (mme sansBerlin, Turin.

fil)

l'Atlantique; on tlphone de Paris Londres,

Ces

facilits

de communications ont entran:

une extension correspondante des relations conomiques

le

march europen s'tend sur toute la terre, et c'est sur tous les points du globe que les principaux pays producteurs entrent en concurrence. Les grandes nations possdent descolonies jusqu'aux antipodes et elles ont des intrts dans les

pays

les plus lointains.

Leur politique

n'est plus confine sur

l'chiquier europen; elle devient coloniale et

mondialeintrt

.

Toujours pourmercial

la

mme

raison, elles sont de plus en plus

obliges de s'entendre et de s'unir, soit dans

un

com-

(Convention de Bruxelles relative

au rgime des

sucres), soit dans

un

intrt

moral (Convention internationale

relative la traite des blanches).

Dans

le

domaine

scienlifique, galement, cette tendance\

l'association... a

commenc

franchir, avec les

chemins de

fer et les tlgraphes, les frontires qui sparent les peuples;elle s'exerce

au del des mers

et tend unir les

deux conti-

VIII

PRFACE'

nents

.

Par exemple,

le

Bureau international des poids

et

mesures, fond en vertu de la Convention du mtre (20 mars 1875),

comprendprise

16 tats; V Association godsique' internationale,18.

constitue en 1886, en comprend

La Carte du

ciel,

entre-

internationale au premier chef, unit dans une colla-

boration constante les principaux observatoires des deux

hmisphres.

Il

est impossible

de ne pas tre frapp de

la

rapidit avec laquelle se multiplient aujourd'hui ces orga-

nismes internationaux*

.

Ce besoin croissant d'entente

et

de

coopration entre les savants de tous les pays, que constatent tous les esprits clairs \ a enfin

donn naissance

V Association internationale des Acadmies, fonde en 1900 et

inaugure effectivement en 1901 Parisles raisons qui justifient cette

Pour faire connatre institution, nous ne pouvons*.

mieux

faire

que deles

citer encore le secrtaire perptuel de

l'Acadmie des Sciences de Paris, qui est d'autant mieuxqualifi

pour:

exposer

qu'il a pris

cration

Le mouvement

scientifique qui,

une part active celte au commence-

ment du

XIX* sicle, se limitait

un

petit;

nombre de

nations,

s'tend aujourd'hui au

monde

entier

de plus, au sein

mme

de chaque nation, son importance

s'est

accrue dans des pro-

portions dont on peut peine se faire une ide.... Qui ne voit

1.

G.\g

dans2. 3.

Darboux, article sur V Associa lion internationale des Acadmies, Journal des Savants de janvier 1901.

G. Darboux, art. cit. Voir, par exemple, la conclusion du rapport de M. Emile Picard sur les Sciences, insr dans les Rapports du jury international de l'Exposition universelle de 1900.4. L'Association internationale des Acadmies comprend les Acadmies ou Socits des sciences d'Amsterdam, de Berlin, de Bruxelles, de Budapest, de Christiania, de Copenhague, de Gttingue, de Leipzig, de Londres {Roj/al Society), de Munich, de Paris (Acadmie des sciences, Acadmie des sciences morales et politiques, Acadmie des inscriptions et belles-lettres), de SaintPtersbourg, de Rome (Accademia dei Lincei), de Stockholm, de Vienne et de Washington. Elle tient une Assemble gnrale tous les trois ans (la i" Paris en 1901 la 2" Londres en 1904), et est reprsente dans Tintervalle par un Comit. Pour la prise en considration, l'tude ou la prparation d'entreprises et de recherches scientifiques d'intrt international, des Commissions internationales spciales peuvent, sur la proposition d'une ou de plusieurs des Acadmies associes, tre institues, soit par l'Assemble gnrale, soit, dans l'intervalle entre deux Assembles gnrales, par;

le Comit.

{$

10 des Statuts.)

PRFACEque, sous peine de revenir la

IX

tour de Babel,unifie et

une

si

norme

production scientifique doit

tre

coordonne? Que

de temps perdu pouret par celales

les

chercheurs, que de recherches inutilessi les

mme

nuisibles,

nomenclatures changent avecsi

nations, si les classifications

ne sont pas concordantes,les

les

instruments choisis pour efTectuerles diferentssi

mmes mesuresles

donnent dansles units

pays des indications qui ne soient

pas comparables,

les dfinitions

ne sont passi les

mmes,

si

adoptes sont diflerentes,

travaux accomplis

en des points diffrents concourent auainsi de regrettables doubles emplois'

mme!

but

et

entranent

On

a d remarquer que l'expression de

tour de Babel

se prsente

comme malgr

lui l'esprit

de l'auteur, et que

la

premire condition de l'organisation du travail scientifiquequ'il

nonce est l'uniformit de

la

nomenclature, c'est--dire unlla

vocabulaire scientifique international. Or c'est

moiti

d'une langue internationale. Ainsi toutes l'appui

les raisons

invoques

de

la cration

de V Association internalionale des Aca-

dmies militent galement en faveur de l'adoption d'une langueinternationale. Plus gnralement,justifient

chacune des raisons quila

sparment

les diverses

conventions internationales

et les divers offices internationaux

vaut pour

langue inter-

nationale, instrumentinstitutions-.

ou complment ncessaire de toutes ces

Sa ncessit rsulte encore plus videmment:

du dveloppement des moyens de communication quoi bon pouvoir se transporter en quelques heures dans un paystranger,fairesi

l'on

ne peut

ni

comprendre deux?

A

comprendre les habitants ni se quoi bon pouvoir tlgraphiersi

d'un continent l'autre, et tlphoner d'un pays l'autre,les

deux correspondants n'ont pas de langue commune dans laquelle ils puissent crire ou converser?Aussil'utilit

d'une langue internationale est-elle de plus

en plus gnralement reconnue. Mais

il y a encore beaucoup de personnes qui n'osent s'arrter cette ide, parce qu'elles

G. Darboux, art. cit. (Les italiques sont de nous.) Citons encore VOffice international du Iravait, Ble, et international de la paix, Berne.1.

2.

le

Bureau

Vjjl

PRFACE'

>( Par exemple, le Bureau international des poids 18"o), mars mtre (20 mesures, fond en vertu de la Convention du

nents

.

comprend

V Association godsique' internationale, ciel, entreconstitue en 1886, en comprend 18. La Carte du une colladans unit chef, prise internationale au premier16 tats;

boration constante

principaux observatoires des deux hmisphres. Il est impossible de ne pas tre frapp de la rapidit avec laquelle se multiplient aujourd'hui ces or|^'anismes internationaux * . Ce besoin croissant d'entente et deles

coopration entre les savants de tous les pays, que constatent tous les esprits clairs ^ a enfin donn naissance V Association internationale des Acadmies, fonde en 1900 et

inaugure effectivement en 1901 Parisles

raisons qui justifient cettefaire

Pour faire connatre institution, nous ne pouvons*.

mieux

que deles

citer

encore

le

secrtaire perptuel de

l'Acadmie des Sciences de Paris, qui est d'autant mieuxqualifi

pour:

exposer

qu'il a pris

cration

Le mouvement

scientifique qui,

une part active celte au commence-

ment du

XIX* sicle, se limitait

un

petit;

nombre de

nations,

s'tend aujourd'hui au

monde

entier

de plus, au sein

mme

de chaque nation, son importance

s'est

accrue dans des pro-

portions dont on peut peine se faire une ide.... Qui ne voit

1. G. Darboux, article sur VAssociation internationale ds Acadmies, dans leJow'nal des Savants de janvier 1901. 2. G. Darboux, art. cit. 3. Voir, par exemple, la conclusion du rapport de M. Emile Picard sur les Sciences, insr dans les Rapports du jury international de l'Exposition

universelle de 1900.4. VAssociation internationale des Acadmies comprend les Acadmies ou Socits des sciences d'Amsterdam, de Berlin, de Bruxelles, de Budapest, de Christiania, de Copenhague, de Gttingue, de Leipzig, de Londres {Hoi/al Society), de Munich, de Paris (Acadmie des sciences. Acadmie des sciences morales et politiques, Acadmie des inscriptions et belles-lettres), de SaintPtersbourg, de Rome (Accademia dei Lincei), de Stockholm, de Vienne et de Washington. Elle tient une Assemble gnrale tous les trois ans (la 1" Paris en 1901 la 2' Londres en 1904), et est reprsente dans l'intervalle par un Comit. Pour la prise en considration, l'tude ou la prparation d'entreprises et de recherches scientifiques d'intrt international, des Commissions internationales spciales peuvent, sur la proposition d'une ou de plusieurs des Acadmies associes, tre institues, soit par l'Assemble gnrale, soit, dans l'intervalle entre deux Assembles gnrales par;

le Comit.

(S

10 des Statuts.)

PREFACEque, sous peine de revenir la tour de Babel,

IX

une

si

norme

production scientifique doit tre unifie et coordonne?

Que

de temps perdu pouretles

les

chercheurs, que de recherches inutilessi les

par celanations,

mmesi les

nuisibles,

nomenclatures changent avecsi

classifications

ne sont pas concordantes,les

les

instruments choisis pour effectuerles diffrentssi

mmes mesuresles

donnent dansles units

pays des indications qui ne soient

pas comparables,

les dfinitions

ne sont passi les

mmes,

si

adoptes sont diffrentes,

travaux accomplis

en des points diffrents concourent auainsi de regrettables doubles emplois*

mme!

but

et entranent

On

a

d remarquer que l'expression de

tour de Babelet

se prsente

comme malgr

lui l'esprit

de l'auteur,

que

la

premire condition de l'organisation du travail scientifiquequ'il

nonce estl'uniformit de

la

nomenclature, c'est--dire unl la

vocabulaire scientifique international. Or c'est

moiti

d'une langue internationale. Ainsi toutes les raisons invoques l'appui del cration de V Association internationale des Aca-

dmies militent galement en faveur de l'adoption d'une langueinternationale. Plus gnralement,justifient

chacune des raisons qui

sparment

les diverses

conventions internationales

et les divers offices

internationaux vaut pour la langue inter-

nationale, instrument ouinstitutions-.

complment ncessaire de toutes ces quoi bon

Sa ncessit rsulte encore plus videmment:

du dveloppement des moyens de communicationtranger,fairesi

pouvoir se transporter en quelques heures dans un paysl'on

ne peut ni comprendre les habitants ni se

comprendre d'eux?

A

quoi bon pouvoir tlgraphiersi

d'un continent l'autre, et tlphoner d'un pays l'autre,les

deux correspondants n'ont pas de langue commune dans laquelle ils puissent crire ou converser?Aussi l'utilit d'une langue internationale est-elle de plus en plus gnralement reconnue. Mais il y a encore beaucoupde personnes qui n'osent s'arrter cette ide, parce qu'ellesDarboux, art. cit. (Les italiques sont de nous.) Citons encore VOffice international du travail, Ble, et intei'uational de la paix, Berne.1.

G.

2.

le

Bureau

Xla

PRFACEconsidrent

un prjug qui ne en effet, que si pour s'entendre pouvaient et les nations civilises voulaient de Tune adopter dans les relations internationales la langue

comme une

utopie. C'est l

rsiste pas la rflexion. Nest-il pas vident,

d'elles,

cable, qui

on aurait une langue internationale possible et pratioffrirait tout le moins cet avantage, d'tre laautres?

seule langue trangre indispensable, et de dispenser d'ap-

prendre

les

A

dfaut de cette solution simpliste, mais

non quitable, queraient adopter d'un

la rivalit d'intrt et

d'amour-propre deselles

diverses, nations rend

chimrique et exclut a prion^

pour-

commun

accord une langue morte pour

servir d'idiome auxiliaire neutre.

Les savants regrettent soulangue scientifique unique,rsurrection du latinl

ventet ils

le

temps o

le latin tait la

sont ainsi

amens rverla

la

comme

langue internationale. C'est encoresinon peut-treconstruire pour cet usage

une solutionartificielle,, et

possible,

plus pratique. Enfin on conoit qu'on puisse

une langue',

plus ou

moins analogue nos langues

naturelles

qui serait

mme, comme

l'a

affirm

Max Mlelleh

plus parfaite, plusd'elles.

rgulire et plus facile apprendre

qu'aucune

Ceuxnous

qui cette dernire ide parat chimrique sont simplement

mal informs,

et la lecture

du prsent ouvrage

suffira,

l'esprons, les dtromper.

Quoi

qu'il

en

soit,

on n'a vritable-

ment que l'embarras du choix entre diverses solutions plus ou moins simples et pratiques, mais toutes possibles, pour peu qu'on le veuille et qu'on se mette d'accord sur l'une d'elles. Il nest donc plus permis de douter de la possibilitde la langue internationale; il suffit qu'on puisse concevoir une langue auxiliaire commune et unique, qui ne soit pas plus difficile apprendre et pratiquer que l'une quelconque des langues vivantes, et qui soit capable de servirthorique

aux mmes usages. L'adoption d'unequ'une

telle langue ne sera plus affaire d'entente internationale et de bonne volont,

n ny

a qu'un point sur lequel

on puisse encore garder

H.';rifer;it^Trp!^v?2' tr,.'" '""""' """"'*'' '"

""

*""

PREFACE

XI

quelques doutes,et dfinitivement

c'est sur la possibilit pratique

de

la L. I.,

c'est--dire sur la possibilit de faire adopter universellement

un

projet, et un seul. Or, depuis vingt ansil

surtout, les projets pullulent, ettiplieront encoreL.I.

est prvoir qu'ils sele fait

mul-

davantage mesure que

besoin d'une

devient plus imprieux, et que l'ide

des progrs

dans l'opinion publique. Dans l'ordre industriel, on ne pourrait

que se rjouir d'une

telle

abondance, carla

elle offre

plus

de choix au consommateur, et

concurrence amne un peril

fectionnement graduel des produits; mais quandla la

s'agit

de

langue internationale, cette richesse est embarrassante et

concurrence est funeste, car Yunitles qualits essentielles,

et Yunicit

de cette

langue en sont

sans lesquelles toutes

les autres sont ngligeables ettiplicit

mme

illusoires.le

Aussi

la

mulle

de projets ne

fait-elle

que confirmer

public dansla

scepticisme auquel l'engagent dj suffisammentet l'inertie.

paresse

On

pourrait croire, toutefois, que cette concurrence, temfinal le

porairement fcheuse, aura du moins pour rsultatrelle, et

triomphe du meilleur projet, en vertu d'une slection natu-

que ce

projet, ayant subi victorieusement l'preuve

de

la

pratique et s'tant assoupli l'usage, sera plus parfait

qu'il n"et t sans la salutairec'est l

concurrence des autres. Maisplupart

une

illusion dangereuse. D'abord, les divers projets:

rivaux n'entrent pas rellement en concurrence

la

des intresss n'en connaissent qu'un seul, et adoptent sanscritique et sans choix le premier qui se prsente eux,

du

momentEnsuite,

qu'ille

rpond, tant bien que mal,

l'idal

entrevu.

succs d'un projet dpend, non seulement de sa

valeur intrinsque, mais d'une foule de circonstances extrieures, des

ciresil

moyens de propagande et des ressources finandont il dispose, du terrain plus ou moins favorable o

se propage, etc.

En

outre, sa zone de diffusion est dter-

mine en partie parfait qu'il

ou par le tel pays un propagateur plus ou moins actif, influent et habile. Tous ces lments runis ont bien plus d'effet que la valeur propre du projet, que peu de gensle lieu et le

pays o

il

est n,

rencontre en

XIV

PRFACE

et pourrait se propager sans obstacle, il ne serait pas pour cela assur de triompher par la seule force de son mrite

propre.

En

effet, la

plupart des intresss attendent, pour

s'y rallier, qu'il

puisse leur servir, c'est--dire qu'il soit uni:

versellement adoptadopt,lasi

or

il

ne sera jamais universellement

tout le

monde

fait le

mme

raisonnement et gardefliciter les

mmeet

rserve. Certes

on ne peut trop louer et:

promoteurs de

tels projets

ils

font preuve d'un dsintresse-

ment

d'un dvouement mritoires en prchant d'exemple,ils n'ont que quelque sorte une

en apprenant et en pratiquant une langue dont

peu d'occasions de se servir

:

ils

font en

avance au reste de l'humanit. Mais qui rpond que leur avance sera rembourse, que leur exemple sera suivi? Il est malheureusement craindre que, lorsqu'un tel projet aurarecrut tousles

hommes

capables d'une initiative

gn-

reuse et d'un effort dsintress, leur phalange soit encoretrop faible pour entraner laleur inertie. Et puis, tout

masse des indiffrents et vaincre dvouement a des limites si, au bout de quelques annes de propagande et de sacrifices, le projet n'a pas obtenu un succs universel et conquis des:

millions d'adeptes dans tous les pays, la lassitude et le dcouragement s'emparent des meilleurs, et une prompte dcadence suit des progrs si chrement achets. D'ailleurs, une langue ne vit et ne prospre qu'autant qu'elle est rellement

pratique; or,

si

ses premiers adeptesils

ne trouvent pas assez

d'occasions de l'employer,

fait de l'oublier. Ajoutons cela que la plupart des adeptes attendent, pour apprendre srieusement la langue, qu'elle ait russi, de sorte que leur adhsion, conditionnelle en quelque sorte, ne porte que sur le principe mme de la L. I. Enfm, le succs

ont bientt

mme

d'un projet peut lui tre funeste car, mesure qu'il recrute des adeptes de nationalits et de conditions plus diverses, :

mesurevaris,

dveloppe pour satisfaire des besoins plus donne lieu des propositions de rformes et des demandes de perfectionnements qui, s'inspirant des gots ou des habitudes de tel pays ou de telle profession, tendent enil

qu'il se

dtruire l'unit.

Il

suscite

ainsi

des amendements et des

PREFACE

XV

contre-projets entre lesquels ses partisans se divisent; etalors c'en est fait de l'union et de la langue elle-mme, carelle

se

dissout

promptement

et devient inutile,

ds qu'elle

n'est plus une.

Tout ce que nous venons de dire n'est pas une hypothse l'air, un roman pouss au noir c'est l'histoire mme du Volapk, qui est mort bien moins de ses dfauts intrinsques que de la dsunion de ses partisans. Sans les considrations prcdentes, on ne pourrait comprendre que cette langue, qui se vantait en 1889 d'avoir un million d'adeptes, n'en et plus un an aprs qu'un nombre insignifiant. Et il ne faut pas croire que cette dcomposition subite s'explique uniquement par les graves imperfections du Volapk, qui, en suscitant desen:

projets de rformes, ont

amen des schismes entre

ses parti-

sans;

aucun

projet,

si

parfait qu'il puisse tre, n'est l'abri

des divergences d'opinion invitables entre adeptes de diffrentes nations. Seule

une

autorit mlernationale peut le pr-

server de toute dissidence et en garantir l'unit durable.

Nous pouvons invoquerM.

ici le

tmoignage

trs autoris de

Hugo

ScuucuARDT. L'illustrc philologue, depuis longtemps

partisan de la langue internationale, avait ds l'origine port

un jugement dfavorable sur

le

Volapk^

et,

au moment

mmedence

de ses triomphes phmres, prdit son chec finaP.!

jugement qu'il portait sur lui aprs sa dcaSon chec ne peut se dduire directement de ses dfauts organiques, qui ne l'ont pas empch de donner desvoici le:

Eh bien

preuves de sa forcel'avaient

Si tous

les

gouvernements de V Europe...d'enseignement

introduit

comme

matire obligatoire

dansles

les coles

publiques, son avenir et t assur malgr tous

projets meille^irs^.

Ces paroles font bien ressortir l'impor:

tance de Vautorit dans la solution dfinitive du problme

commela

le dit

plus loin l'auteur,

la

dcision dpend plus de,

nature desla

hommes que

de celle des choses

c'est--dire

plus de

bonne volont

et

de l'entente des intresss que

1.

Auf Anlass

2.

des VolapUks (1888). Welti'prache und Weltsprachen, p. 18, 19 (1894).

XVI

PRFACEla

des qualits intrinsques de

langue choisir. Sans doute,

la langue adopte soit plus ou il n'est pas indiffrent que et rgulire; mais avant tout, il logique facile, moins simple,

importe qu'elle soit unique, et cotte qualit primordiale ne peut tre garantie et maintenue que par une entente internationale et

une sanction

officielle.

Est-ce dire qu'il convienne de s'adresser (directement)

aux gouvernements des nations europennes et amricaines, comme le proposent quelques-uns, pour qu'ils adoptent unelangueinternationale

par

une

convention

diplomatique?

Mais d'abord,

ni les politiques ni lesI.:

dplomates ne sont comne pourraient que s'enAca-

ptents pour choisir la L.remettre, soit une

ils

Commission scientifique internationalepour rsoudre'.

nomme flrf^oc,

soit plutt V Association internationale des les

dmies, cre tout exprs

questions scienti-

fiques d'un intrt international

Ds

lors, n'est-il

pas plus

simple que les intresss s'adressent directement celle-ciparla

voie des

l'intermdiaire des

Acadmies nationales, au gouvernements?innovation;

lieu

de passer par

De

plus, les

gouvernements ne peuvent pas prendretelleils

l'ini-

tiative

d'une

attendraient,

et

avec

raison, qu'ils y soient invits et

presque obligs par l'opinion

publique.

Or qui est mieux qualifi pour reprsenter cette opinion pubhque que les Socits scientifiques et professionnelles de tout genre,et

dont

la

Dlgation centralise les vux*,

que

les

Acadmies, auxquellesil

mettre? Le jour o

sera

elle se charge de les transtemps de demander aux tats un

appui et une sanction

officielle ^ qui le pourra plus efficacement que ces mmes Acadmies? Enfin, la sagesse des nations nous enseigne qu'il vaut toujours mieux faire ses

affaires

On

soi-mme Aide-toi, le ciel (ou l'tat) t'aidera etc. a dnonc cent fois la superstition de l'tat-Providence,:

;

mmo que, toutes les fois qu'il s'agit de prendre des mesures d'hygicne les gouvernements consultent les Acadmies comptentes. 2. \oir plus loin le programme de la Dlgation. 3. Par exemple, en introduisant la L. I. dans les coles titre d'enseigne1.

De

ment

facultatif

ou obligatoire.

PRFACEcette

XVII

manie de s'adresser

l'Etat

pour toutes sortes d'entre-

prises qui relvent bien plutt de l'initiative prive, etcelle-ci

que

peut mener bonne fin plus rapidement et moins de frais. Comme Ta dit excellemment M. Demolins*, on ne demande pas aux pouvoirs publics de faire les choses on:

les

fait

soi-mme;

si

on

les

fait

bien, les pouvoirs publics.

suivent, qu'ils le veuillent

ou non

Que

tous les partisans

de

la L.

I.

mditent cette forte parole, et la

prennent pour

devise.

Au

surplus, dans l'histoire de la science contemporaine,

n'avons-nous pas des exemples de rformes ou d'innovationstrs importantes qui, nes

de

l'initiative prive,

ont t rali-

ses par l'entente internationale des intresss? Tel est le

systme d'units C. G.encorela

S.,

adopt et promulgu par

le;

Congrstelle est

international des lectriciens tenu Paris en 1881

nomenclature dele

la

Chimie organique,

dont

la

rforme, dcide par

Congrs international de Chimie tenu

Paris en 1889, a t ralise par

nale qui se runit

une Commission internatioGenve en 1892 ^. Ainsi, toutes les fois

que des hommes de diverses nations et de mme profession ont eu conscience de l'intrt qu'ils avaient adopter un langage commun ou des mesures uniformes, ils se sont runis, ils se sont entendus, et leur accord volontaire a suffi donner leurs dcisions toute l'autorit et l'universalit qu'on pouvaitdsirer.

Les tats:

et les

gouvernements n'ontet le

mme

pas eu S.

intervenir

la

nomenclature chimique

systme C. G.

n'en ont pas moins pntr dans l'enseignement, dans l'industrie et

dans l'usage. Cela ne veut pas dire que nous devionsla

ddaigner, pourofficielle,

langue internationale, une

telle

sanction

dont nous avons montr plus haut l'importance. Mais cela prouve que cette sanction suprme ne peut et nedoit venir qu'en dernier lieu, pour consacrer les dcisions

prises par

une autorit comptente

et

une entente spontane

des intresss; et qu'aprs tout on pourrait fort bien s'enA-t-on intrt s'emparer du pouvoir? ch. VI, fin. Voir WRTZ, Dictionnaire de Chimie pure et applique, 2 supplment (par Friedel), l"partie, art. Chimique {Nomenclature). Paris, Hachette, 1894.1.

2.

CouTURAT

et Leau.

Lano-uc univ.

XVIII

PRFACE

passer, du

moment que

cette entente serait ralise d'un*'

manire effective

et pratique.

Par quel moyen pourra-t-on raliser celte entente? Certaines personnes ont mis l'ide d'un Congrs international.Mais cette ide doit tre carte. Dabord, il est matriellement impossible de runir en un mme lieu tous les intresss, qui .se comptent non par milliers, mais par millions. Ensuite, ces runions forcment phmres n'ont pas le temps de discuter des questions aussi dlicates et aussi complexes, et sont

toujours obliges de s'en remettre des Commissions spciales';

enfin,

l'immense majorit des intresss n'ont pas

l.t

comptence ncessaire pour tudier et rsoudre une juestioiiqui est en grande partie du ressort de la philologie, etseraient sans doute les premiers dclinerbilit.ils

une

telle

responsai Nous ne suivrons pas Leibniz dans le dtail de son analyse des particules ( laquelle il a consacr de nombreuses pages indites), justement parce qu'elle avait, selon lui, une porte logique bien plus que philologique. Nous indiquerons seulement qu'il avait une thorie ingnieuse au sujet desSi les motsparticules\oi^'.

prpositions

:

toutes les prpositions signifieraient primitive-

ment desqu'elles

relations de lieu, et c'est par des

mtaphores spatiales

arriveraient signifier des relations d'un tout autre

genre.

Nous

n'insisterons pas

non plus sur

les dfauts

de ce projel,

qui sont ceux de toute langue philosophique. Nous avons indiquailleurs ^ le vice capital du systme de Leibniz les ides ne se combinent pas entre elles suivant un mode de composition symtrique et uniforme comme la multiplication arithmtique;:

elles

ont entre elles des relations htrognes et trs varies, qui correspondent prcisment aux particules, et qui devraient s'exprimer par autant d'oprations diffrentes. De plus, le nombredes ides simples est beaucoup plus grand que nele

croyait

Leibniz, de sorte que VAlphabet des penses humaines comprendrait

des centaines

et peut-tre

des milliers de caractres; en leur

ajoutant la multitude de signes ncessaires pour traduire lesrelations des ides, on obtiendrait une idographie

extrmement

pratiquement inutilisable (lors mme qu'on russirait la rendre nonable sous une forme suffisamment concise et claire). Enfin, la richesse mme que Leibniz prvoyait pour sa langue serait un grand dfaut, car elle constituerait pour lacomplique,et

mmoire une surcharge1.

effrayante.

Non seulement, enPourla

elet,

il

2.

L.

Voir les Nouveaux Essais, livre 111, ch. vu. CouTURAT, La Logique de Leibniz, Conclusion;

Langu

internationale, p. 13-14.

28faudrait reconnatre

SECTION

I,

CHAPITRE IV

l'il et l'oreille le

mme mol

dans

les

diverses permutations de ses syllabes; mais la mme ide serait exprime par une foule de mots diffrents, correspondant A autant de dcompositions diflrentes du nombre correspondanti

telle langue pour la parler, il faudrait, de Taveu mme de Leibniz, avoir constamment l'esprit la table de Pythagore, c'est--dire elTec-

en facteurs (non premiers)*. Pour comprendre une

et

tuer sans cesse des multiplications et divisions moniales.

On

ne

peut rien dire de plus dcisif pour prouver qu'uneserait impraticable.

telle

langue

1. Par exemple, le nombre 120 est susceptible de 7 dcompositions en GO, 4 2 facteurs: 2 30, 8 :k 15, 3 40, 6 20, 12 10, 24 5: de S en 3 facteurs, de 4 en 4 facteurs, et d'une en 5 facteurs (qui sont ses facteurs

x

x

X

X

X

X

premiers).

CHAPITRE VDELORMEL*

L'auteur de ce projet, inspir des ides humanitaires de laRvolution, se propose

de rapprocher

les

hommes et les peuples

par

le

doux

lien

de

la fraternit

au moyen d'une langue univer-

logique et rgulire, tandis que nos langues prsentent chaque instant des irrgularits qui les rendent difficiles et longues apprendre . Il importe d'autant plus de remarquer qu'il n'entend point par l une langue qui supprime et remplace les autres . Il reconnat qu'une telle langue ne peut tre institue que par le gouvernement car autrement chacun y travaillera sa manire , et le dfaut d'uniformit en empcheraselle:

succs . D'ailleurs, jamais homme ne s'avisera d'apprendre une langue, quelque ais qu'il soit de s'en instruire, s'il ne sait que d'autres l'apprennent comme lui . On ne peut formuler avec plus de force et de justesse les raisons qui rendent ncessaire l'uvre entreprise par la Dlgation; et pour cela seul, Delormelle

mriterait de n'tre pas oubli dans cette Histoire.le dtail de sa grammaire, toute a embarrasse de nologismes qu'il faudrait dfinir et expliquer. Nous nous contenterons de donner une ide de son vocabulaire. Celui-ci repose, en deux mots, sur une classification logique des ides base dcimale ". C'est pourquoi l'alphabet

Nous n'entrerons pas dans

priori et

comprend

10 voyellesa,,

:

i,

0, u,

au, .

ei,

eu, ou,

1. Projet cVune Langue universelle, pre'senl la Convention nationale, par le Citoyen Delormel. A Paris, chez l'auteur, au ci-devant Collge de la Marche, rue et Montagne Genevive (sic). An 3 (1793). 50 p. in-8\ 2. On pourrait donc voir en Delormel un prcurseur de la classification bibliographique dcimale (Voir le Chapitre prliminaire).

30et 20

SECTION

I,

CHAPITRE V

consonnes

:

labiales

:

v,:

f,

m,

b, p;

dentaleslingualespalatales

d, t;:

z,

s,

r, j,

c

(c/i);

1, y; gutturales: g (dur), k;:

n,

pectorale

:

h;:

auxiliaires

q

ign), x.

Cela pos, les radicaux (tous substantifs), d'o Ton

lire

par

drivation les adjectifs, les verbes et les adverbes, sont distribus

danstiales

les classes suivantes, caractrises:

par des

indicatives ini-

a

Grammaire.

DELORMELlvau := nom.Alavau

31

Alevau

= nom commun. = nom propre. livau = radical. Alidvau = driv. Alizvau = compos.marques par de nou:

ol

ainsi de

suite, les subdivisions tant

velles lettres intercalaires.

Les particules sont formes tout aussi rgulirement

les pro-

noms personnels sontpourfo, fu,...

a,

e, i; les

nombrespour

:

za, ze, zi, zo, zu,...fi,

les units, da, de, di, do, du,.,

les dizaines, fa, fe,

pour

les centaines (ba, be, bi, bo,:

bu dsignantles

les units

la, le,

mille, dcimales d'ordre ternaire li, lo, lu,... les conjonctions

million...);:

prpositions:

ta, te, ti, to, tu,...; et

mme,

les interjections

:

ha, he, hi, ho, hu...for-

Les mots drivs d'un radical et ses diverses flexions se ment au moyen des l;j indicatives finales suivantes:

z

marquele lele

le

pluriel

dans

les articles et les

pronoms;

Vb

l'adjectif et le

nombre

ordinal;

plus-que-parfait du verbe;

p ds

passprsentantrieur

le futurle

rt1

futur

l'adverbe;le

diminutif;

ng

comparatif;superlatif;

mf

l'augmentatif;

c

la

comparatif;superlatif;le

kde, lek

ngation, ou pluttloin de;li

contraire; exemples

:

le

^= prs

=;

=nak

dans, lik

=

hors de; lau =: devant, lauk

=

derrire

na =:

avec,

= sans.du radical dtermin; par exemple,:

Enfin les mois composs se forment aussi par intercalation duradical dterminant au milieu

de alve :=

voyelle et ze

= deux on formeIl

alzeve

= diphtongue.qu'il

Nous

n'insisterons pas sur la critique de ce projet, qui n'asuffira

qu'un intrt historique.

de remarquer

a les

mmes

dfauts que toutes les langues philosophiques,

car

il

32

SECTION

I,

CHAPITRE V

repose comme elles sur un tableau rflchi des connaissances humaines . Toutes les flexions y sont galement arbitraires. Il a un dfaut propre, qui est la formation des drivs et composs c'est l un procd tout fait contraire par intercalation:

;"i

l'esprit

des langues europennes, et qu'on ne saurait trople radical et le

vitei-,

car

il

dnatures'altrer,

rend mconnaissable; dans nos

langues, un radical est un bloc, dont les extrmits peuvent sans

doute

mais dont

le

centre est immuable, et surtout ins-

parable.

CHAPITRE VISUDIIE:

SOLRSOL

*

Jean-Franois Sudre, n Albi en 1787, tait professeur l'cole

de Sorze

lorsqu'il eut (en 1817) l'ide de prendre pour lments d'une langue universelle, au lieu des sons divers et variables de nos langues, les sept notes de la musique, signes uniformes,

invariables et vraiment universels. Ces notes pouvaient dailleurs

de formes detiales (s

s'employer de sept manires diffrentes, qui constituent autant 1" on peut noncer ou crire la Langue musicale les noms internationaux de ces notes, ou seulement leurs ini:

si, so sol); 2 on peut les chanter ou les jouer sur un instrument de musique quelconque; 3 on peut les crire sur une porte comme de la musique; 4 on peut les reprsenter par

=

=

7 signes stnographiques spciaux, soit crits, soit dessinsl'air

en on peut les figurer par les 7 premiers chiffres arabes, ou par les nombres correspondants de coups sonores, de pressions tactiles, etc. 6" on peut les reprsenter par 7" enfin les 7 couleurs du spectre (feux, lanternes, fuses, etc.) on peut les dsigner en touchant avec l'index de la main droite les 4 doigts de la main gauche ou leurs intervalles (qui remplaavecle

doigt-;

ii

;

;

cent ainsi la porte musicale). Plusieurs de ces

modes de transmission peuvent servir aux aveugles et aux sourds-muets, quid'autres

l'auteur esprait ainsi faciliter les relations sociales;

conviennent aux communications distance, optiques ou acoustiques, sur terre ou sur mer, de jour ou de nuit, ou la corresuniverselle, invente par Fran(;ois Siure, galement Tlphonie. Double dictionnaire. 2* d. xxxi -|- xxiv -j- 147 :il7 -j- 10 p. in-i" (Paris, 1800). Grammaire du Solrsol ou Langue universelle de Fr. Sudre, par Colesias Gajewski, 44 p. in-lG (Paris, 1902). 2. Invents par Vincent Gajewski (1813-1881).1.

Langue musicalela

inventeur de

+

CouTURAT

et I-EAU.

Laiiguc univ.

3

34

SECTIONsecrte. CetteIl

I,

CHAPITRE

VI

pondance

muette et occulte.

langue est donc la fois parle, crile, n'est d'ailleurs pas ncessaire d'tre musicien

pour l'apprendre.Vocabulaire.est naturellement

Le lexique

combin tout entier ales

priori;

mais

langues philosoi)hiques, sur il ne repose pas, comme Les mots sont de 1, 2, 3, 4 ides. des logique une classification forms par la combinaison dr sont qu'ils ou syllabes suivant

dans

:i

1, 2, 3,

4 ou 5 notes '. combinaisons de Les:

1

et 2 notes sont les particules et les pro-

nomsdore

si

=;

oui,

do

=tu;

non; re

=et; miil;

= je demi = refa = son, etc.doredo;

dofa

=

redo

= ou; sol = (conj.i: = mon remi = tonsi;

;

= dorela = anne; doresi =(assez

Les combinaisons de 3 notes sont temps doremi =jour; dorefasicle, etc.

les

mots

les plus usits

:

= semaine;

doresol

= mois:

;

Les combinaisons de 4 notes sont distribues en 7 classes improprement appeles clefs) d'aprs la note initiale la clef de do appartient l'homme physique et moral; celle de re, la famille, au

mnage

et la toilette; cellecelle

de mi, aux actionssol,

de l'hommevoyages, la

et ses dfauts;

de

guerre

et la

marine; celle de^.

sciences; celle del, l'industrie et

campagne, aux aux arts et aux au commerce; celle de si,fa,

h la

aux rapports politiquesdes trois rgnes

et

sociaux

Enfin les combinaisons de 5 notes fournissent la nomenclatur:

animal, vgtal et minral.:

Les drivations s'effectuent de trois maniresi

Quand un mot reprsente un

verbe, le

nom

de chose,

le

nom3

de personne, l'adjectif et l'adverbe qui procdent de l'ide2, la

verbale se forment en accentuant respectivement la f", la

ou

la 4 syllabe

du mot. Par exemple

:

sirelasi (sans accent)

sirelasi

= constituer. = constitution.

a 7 mots de I syllabe; 49 de 2; .330 de 3; 2 268 de 4, et 9 072 do 5. Nous ne parlons pas, pour simplifier, de la 2' partie du vocabulaire, contenant les notes rptes, et dont les divisions ne correspondent pas exactement aux 7 clefs prcdentes. Par exemple, la clef de mi y comprend1.

Uy

2.

les adverbes et les prpositions.

SUDREsirlasisirelsi

:

SOLRSOL

35

sirelas2

= constituant. = constitutionnel. = constitutionnellement.en renversant l'ordre desdomisol (accord parfait)solmi:

Le

contraire d'une ide s'exprime

syllabes

du mot correspondant

Ex.le

:

Dieu, solmido

monter,3

= Satan misol == silasol = descendre.;

bien,

=

le

mal

;

soUasi

= =

se

Les degrs d'une ide (d'un adjectif ou d'un subs!antif) marquent par les particules fasi (augmentative) et sifa (diminutive) on obtient le degr (comparatif) en la plaant avant, et le 2 degr (superlatif) en la plaant aprs le mot;

l'"'"

modifi.

pour pouvoir incorporer au besoin les noms propres, gographiques, etc., l'auteur a prvu une transcription termes en notes des lettres de l'alphabet.Enfin,

Gramm.\ire.

On

a vu

comment

se distinguent les diverses

parties

du

discours

qui correspondent une

mme

ide

:

savoir par le

renforcement d'une note, marque d'un accent circonflexe. Deux autres flexions grammaticales, dans les substantifs, se marquent aussi par des accents le fminin (naturel), exprim:

la note finale (marque d'une exprim par la rptition de la consonne initiale de la note finale (marque d'un accent aigu). monsieur; sisl (prononcez sisool) madame; Ex. sisol

par

la rptition

de;

la voyelle

de

barre suprieure)

et le pluriel,

:

=

=

dofaa =:

elle;

doffaa

=

elles.

Le substantif ne prend ces marques du fminin et du pluriel que lorsqu'il est isol; autrement, il reste invariable, et c'est l'article qui les prend. 11 n'y a qu'un article dfini; et pas d'articleindfini

ou

partitif.

L'article sert

encore marquer;

les cas,

rduits trois;

:

le

nominatif accusatif la

le datif {,

au, la, aux) fa

et le gnitif-

ablatif {de, du, de la, des) lasi.

L'adjectif est invariable, et Suit

toujours son substantif.

On

a

vu comment se forment ses degrs de signification.

Le verbe est invariable; l'infinitif sert aussi d'indicatif prsent. La conjugaison se fait au moyen de particules auxiliaires qui

36

SECTIONle

I,

CHAPITRE VI(le

indiquent

tempsle

et le

mode

nombre:

et la

personne tant

indiqus par

pronom-sujet). Ce sont

dodoj.gj.g

pour

Vindicatif imparfait;

plus-que-parfait:/'"'''

mimifafa

pour

\e conditionnel prsent ;

solsollalasisi

Yimpratif;le participe actif;

le participe passif.

faremi. Le passif se forme au moyen du verbe auxiliaire tre aprs le pronom-sujet L'interrogation s'indique en mettant le

=

verbe

;

la ngation

s'exprime par do.

Historique.

seulement aprs avoir conu la premire ide de universelle que Sudre prsenta son travail, musicale sa langue l'Acadmie des Beaux-Arts de Paris (1827). incomplet, encore et le Il travailla pendant quarante-cinq ans le complterC'est dix ans

perfectionner.

A sa

mort

(2

octobre

1862),

son vocabulaire n'tait

pas encore imprim. 11 fut publi par sa veuve en 1866, et c'est alors seulement que le Solrsol fit son entre dans le monde. Toutefois, il avait dj reu les plus bautes et les plus flatteusesapprobationsdes savantsciens:

et d'abord, celle

de plusieurs commissions suc-

cessives de Vinstitut de France (1827, 1833, 1839,1856),

o figuraient

comme Prony, Arago, Fourier, Flourens, des musicomme Cherubini, Lesueur, Auber, Bo'ieldieu, Halvy, etphilologue Emile Burnouf;

l'illustre

puis celle de nombreusesde Metz (1844), de

socits savantes,

notamment des Acadmies(1860).

Rouen

(1845), de

Bordeaux

Le

Solrsol fut

rcompens tour(18o;>);il

tour par le Cercle des Arts (1841), la Socit libre des Beaux-Arts(1842),

Y Athne de Paris (1843), la Socit d'encouragement

honor rcompense exceptionnelle de dix mille francs,fut

l'Exposition

universelle

de Paris (1835) d'uneet l'Expositionil

de Londresl'objetd'officiers

(1862)

d'une

mdaille

d'honneur*. Enfin

fit

de rapports, tous favorables, de plusieurs commissions

gnraux nommes par

les ministres

de

la

guerre et

1

.

Sur

le

rapport du physicien Lissajoux.

SUDREdela

:

SOLRSOL'.

37

l'tude la Tlphonie

Le marchal Soult mit de La Uoncire Le Noury proposait de l'adopter dans la marine de guerre. L'auteur reut des encouragements et des tmoignages de sym1829, 1843, 1833, 1864

marine en

dans l'arme de

terre, et l'amiral

l)athie

de Victor Hugo, de Lamartine et d'Alexandre deil

Hum-

Napolon III Plombires (1837) et invit exprimenter sa mthode devant l'Empereur. Il parcourut pendant de longues annes la France et l'Angleterre pour faire connatre son systme; et, aprs sa mort, sa veuve continua courageusement son apostolat. Elle fonda, avec le concours deboldt;fut prsent

Vincent Gajewski,verselle Solrsol,

la Socit

pour

la'^.

propagation de

la

Langue

uni-

qui existe toujours

Critique.

Onles

a peine s'expliquer le succs relatif de cette langue, la

plus pauvre, la plus artificielle et la plus impraticable de toutes

langues a priori. Il n'est pas besoin de longues rflexions pour s'apercevoir combien est vaine la tentative d'exprimer toutes les ides humaines au moyen de 7 syllabes seulement, toujours les mmes. Avec une base aussi troite, on comprend aisment que la langue soit d'une rebutante monotonie; en outre,mots, tous semblables, dfient la mmoire la plus sre.le Solrsol

les

En

somme,

prsente,

un degr suprme, tous

les dfauts

pratiques des langues philosophiques, sans en avoir les avantages thoriques.

Ensuffit,

effet,

la

logique est

la

moindre qualit de ce systme.:

Il

pour

s'en

convaincre, d'examiner la numration6

elle

procde par priodes dedcimal; on.30,

nombres, ce qui jure avec11

le

systme:

nomme60,

successivement les nombres de

20, puis

40, 30,

80, 100, 1000,

million, en omettant 70 et 90, ce:

qui est un pur gallicisme. Autre exemple

il

n'y a

aucun

lien

de drivation entrepossessifs;

les

dore

(je)

n'est pas

pronoms personnels et les non plus le contraire de redo

pronoms

1. A la suite d'un rapport du gnral baron Marbot (1839), une rcompense nationale de 5 000 francs fut alloue Sudre; mais elle ne fut jamais

paye.2.

Son

secrtaire(113,

Gajewski

gnral est M. Boleslas Gajewski, avenue de Saint-Mand, Paris).

flls

de

Vincent

38

SECTION

I,

CHAPITRE VI(qui);

(mon), ni remi {ton) celui est le contraire

de mire{bonjour).

tandis que misi (bonsoir)

de simi

La rgle de drivation des quatre ou cinq sens du mme mot dont on change l'accentuation n'est pas non plus applique uniformment.

A

ct de la srie suivante

:

lafalami

=le

Gomtrie,:

fasolgomtre, gomtrique, gomtriquement, on trouve celle-ci comprend qui des corvette, frgate, brick, Vaisseau, navire, lasol

=

espces diffrentes du(navigateur),

mme

genre, et non pas

substantif

l'adjectif (naval), le

verbe (naviguer

')

et

l'adverbe

(navalement) drivs de l'ide de vaisseau. D'ailleurs, la classifica-

tion des ides correspondant

aux combinaisons successives de

notes n'est pas plus rgulire, et est faite sans aucun principelogique; elles sont ranges dans un ordre peu prs arbitraire,et

en tout cas absolument empirique 2.Mais, lors

mme que cette classification serait rgulire, elle nombreuses infractions par suite de la rgle d'inversion. En effet, quand on retourne un mot pour exprimer l'ide contraire, la dernire syllabe devient la premire, et ne correspond plus la clef laquelle le mot devrait appartenir. Le mot vient donc s'insrer, dans l'ordre alphabtique , entre les mots d'une tout autre classe d'ides. C'est ainsi qu'entre redoresubirait de

= philosophie et redofa = morale s'intercale redomi =contraire de midore =: sympathie. Inversement,le

rpugnance,signifie

mot qui

dmoraliser (fadore) se trouvera, bien loin de son inverse redofa,

dans

Le contraire de domiresi entendre, est trouve gar dans la clef de si parmi les ides relatives au gouvernement des Etats (dput, dynastie, empire, royaut). Ces mots (imprims en italiques dans le dictionnaire) constituent des lacunes choquantes et trompeuses dans l'ordre tabli tant bien que mal entre les ides analogues 3. Il y a pis encore certains mots sont l'inverse l'un de l'autre sans exprimer le moins du monde des ides contraires. Ex.la

clef

de

fa.

=

siremido

= tre sourd, et se

:

:

dosidomi1.

= lgume,=

midosido

= sacrifice

*.

Traduit par faladore. Entre faladore naviguer et faladosol faladomi espace et faladofa lieue.2.

=

=

= ramer se trouvent intercals

ide de l'inversion, thoriquement ingnieuse et sduitout pratique; car la relation entre un mot et son inverse est bien peu sensible, et demande un effort de rflexion pour tre aperue. Cela tient ce que le temps n'est pas rversible, ou que la succession n'est pas une relation symtrique. 4. Critique due M. Dormoy, auteur du Balta.sante, n'est pas

3. D'ailleurs, cette

du

SUDRE

:

SOLRSOL

39la liision

Enliu une source d'quivoques encore plus grave estpossible entre plusieurs mots conscutils;la

interne

phrase

(succession de notes) peut avoir des sens tout diffrents suivantla

que les amateurs de calend.)ours et de logogrii)lies auraient beau jeu dans une telle langue. Aussi est-il recommand aux adeptes de bien sparer les mots dans la prononciation. Mais ce prcepte, bon tout au plus pour les novices, est la condamnation de la langue, comme langue parle; car il revient dire que la conversation coucette

manire de couper mais fami sidomido

les

mots

:

famisi domido*.

= porter l'univers;

=

place

On

voit

rante y est impraticable.

Nous

n'insisterions pas tant sur la critique de ce systme,si

s'il

n'avait pas reu des approbations

nombreuses

et si autorises.

On

a

mme

la dfiance,

peine se les expliquer, tant elles contrastent avec auxquels des le scepticisme et surtout l'inertie

projets infiniment suprieurs se heurtent encore de nos jours

dans

le

monde

savant.

Nous croyons

toutefois en dcouvrir

deux

raisons. D'une part, Sudre parat avoir t guid par la pense,

minemment philanthropique, dtendre les

bienfaits de la langue

universelle aux aveugles et aux sourds-muets; et cette pense a

pu toucher les savants, les artistes et les lettrs dont nous avons cit les noms. D'autre part, l'application de son systme (la Tlphonie) aux communications (optiques ou acoustiques) grande distance ou de nuit a pu sduire bon droit les autoritsmilitaireseffet,

et

navales qui l'ont ajjprci favorablement; et ensignaux

ce sont des combinaisons analogues qui constituent leinternationalle

Code

des

maritimes,

adoi)t

depuis

lors.

Ainsi

systme peut recevoir des applications pratiques dans certaines circonstances spciales. Mais il n'est pas raisonnablerestric-

de s'astreindre des conditions aussi gnantes et aussitives

pour lai)orer une langue d'un usage universel et courant. Autant vaudrait chercher construire une bicyclette qui i)iit servir mme aux boiteux.1.

Autre exemple

:

la

fadomi

=

la lettre;

lafadomi

= additionner.

CHAPITREGROSSELINLa languetrices).

VII

universelle de Grosselin se

compose de

lliOO

mots,

dits racines, et

de 100 suffixes de

d''rivation {terminaisons modifica

Chaque racine correspond un numro qui est l'expres Les nombres de 1 100 reprsentent les particules et les noms de nombre; de 101 200, les parties dession crite de l'ide.

animaux; de 201 et

300, les6

espces animales; de 301

500",

les vg-

taux et leurs parties; la

centaine est consacre aux phnomnesl''

aux corps naturels,

la

l'habitation de l'homme, la 8" auxl:i

vtements, jeux, armes, la 9 aux machines et outils, la 10

mtaphysique

et la littrature.

Les H et

12"

contiennent

les

qualits (adjectifs); les 3

dernires contiennent les actions (verbes).

De mme,i

les suffixes

sont numrots de

1

iOO, et dans:

l'criture ils ser=r

mettent en exposant du radical. Ex.:

1091

=

roi,

qualit abstraite:

1091* =^ royaut; 30

=

opinion, parti,:

secte

1091^0

=

royalisme;

1047

= vieux, 9 =le

devenir

1047'

=

vieillir,

et ainsi de suite. Les llexions grammaticales sont indiques par des prfixes analogues.

Jusqu'ici, rien ne

distingue^.

pasigraphie par chiffres

Pour en

faire

systme de Grosselin d'une une langue, l'auteur n'a

eu qu' assigner des sons ses chiffres. Les petits chiffres correspondent aux voyelles ou diphtongues:

a,

,

0,

ou, eu,

i,

ai,:

ei,

oi,

,

et les

grands chiffres aux consonnesp,f,

m,

t,

s,

ch, k, n,

1,

r,

1.

de

la

Systme de Langue universelle, par A. Grosselin Grammaire abrge Langue universelle, prcde d'un discours de l'auteur. 11 24 p.:

+

in-8\ Paris, Rorct, 1836. 2. Comme celles de Paic et de Bachmaier, qui lui sont postrieures.

GROSSELIN

41

qui peuvent indiffremment tre remplaces par les douces cor-

respondantes, ce qui donne une certaine latitude ciation. Ainsi les affixes sont des

la

prononet les

groupes de voyelles,

radicaux des groupes de consonnes. Pour rendre ceux-ci prononables, l'auteur y intercale des voyelles (non significatives)suivant une rgle assez complique. Ex.:

201:

= frap =

homme.

au moyen de voyelles celle qui indique la personne (avec le nombre et le genre) se met avant le radical celle qui indique le mode s'intercale aprs la l""" consonne duLa conjugaisons'electue;

radical; et celle qui indique le temps, aprs la 2" consonne.

On

le voit,

dans ce systme,et

c'est l'criture

qui reprsente

directement les ides,l'criture. C'est pour Nous passons sous

la

parole devient une traduction de

ainsi dire

une pasigraphie

parle.

silence les signes stnographiques par

lesquels l'auteur remplace ses chiffres ou ses lettres; et les pro-

cds mnmotechniciues qu'il a imagins pour apprendre plusfacilementle v^ocabulaire, c'est--dire les sries

d'ides qui cor-

respondent aux nombres successifs. Ces procds nous paraissent d'une efficacit douteuse; mais, loin d'en blmer l'auteur, nouslui

ferons un mrite d'avoir aperu la difficult, et d'avoir cherch

y remdier.

Nous ne nous attarderons pas critiquer la grammaire, absolument contraire l'esprit de nos langues, on l'a vu, puisqu'elle emploie des prfixes et, qui pis est, des infixes K Nous voulons seulement faire remarquer une illusion de l'auteur (illusion trsfrquente),

qui consiste prtendre qu'avec loOO racines et

iOO affixes de drivationainsi

on peut former 150000 mots, et obtenir un dictionnaire trs riche*. C'est que, en ralit, l'immense majorit des combinaisons ainsi obtenues n'aurait aucun sens. Soit 101 := tte que signifierait 101' qualit de tte; lOP**:

=

=

parti de la tte; 101

= devenir tte,

etc.?

navet, prtendre

y a quelque outrecuidance, et beaucoup de que 1500 racines suffisent former tous les mots dont on a besoin, et rserver, en tout et pour tout, 20 racines aux espces de mammifi^es, 30 aux oiseaux, 20 aux poissons, et ainsi de suite. Comment dsignera-ton les espces qui ne figurent pas dans le catalogue trop sommaire de l'auteur?il

En revanche,

1.

Cf. la critique

de Delormel (ch.

v).

2.

Et

mme

15 millions de mots, en ajoutant 2 affl.ves au

mme

radical.

42

SECTION

I,

CHAPITRE

VII

Par des drivs sans doute! De mme, il est puril de rserver n'en invente-t-on 100 racines, pas une de plus, aux machines:

pas tous

les

jours de nouvelles?

Comment

l'auteur et-il traduit

ivagon, locomotive, tlgraphe, tlphone, phonographe. ass

du verbe conjugu joint l'auxiliaire ai'otr; grammatical du verbe, c'est--dire au verbemeraitl'initiale g.

celui-ci se rduittre

au

o

l'on suppri-

La langue universelle de Letellier n'a pas de syntaxe propre et autonome. Et, en efl"et, l'auteur applique son analyse grammaticale des exemples emprunts diverses langues (mme nonaryennes), en calquant

mot

mot

toutes les particularits de(I,

grammairesente

et*

de syntaxe de ces textes

ch. iv); et

il

la pr-

une mthode pour apprendre les langues mortes ou vivantes ou comme instrument pour tablir une comparaison entre tous les idiomes connus 2 (I, ch. v). C'est pourquoi il s'efforce d'enrichir sa grammaire de toutes les flexions et de toutes les nuances des langues naturelles il regarde ces divergences comme autant de richesses (II, 3.30).

comme

,

:

1.

(le

Facultatif, mais utile pour traduire les langues qui possdent grec, par ex.). Voir la Critique.Cf. la

un duel

2.

Mthode du mol thorique grammatical

(1870).

LETELLIER

5

Vocabulaire.

Vanalyse radicale d'un mot consiste

le dfinir et

le classer,il

en descendant par degrs de

l'ide la plus

gnrale dont

relve.

La formation des radicaux prsuppose donc une classification La classification donnera naislogique de toutes nos ides:

sance la nomenclature,... lorsque les classes, ordres, genres,runis pour analyser unefacile

etc.,

tant figurs par une lettre, voyelle ou consonne, ces caractres

mme

ide formeront

un mot aussi

prononcer qu' crire . L'auteur adopte une classification dcimale il rpartit toutes les ides on 10 grandes divisions ou catgories, dont chacune comprend 10 classes, dont chacune comprend 10 ordres, dont chacun comprend 10 genres, dont chacun comprend 10 espces;:

ce qui

fait

100 000 espces.

On

pourrait reprsenter ces espces par les 100 000 premiers(soit

nombreschiffre

par tous

ls

nombres deil

5 chiffres).

Pour

les repr-

senter par des mots prononables,pair par

suffit

de remplacer chaque

de rang impair par une voyelle, et chaque chiffre de rang

une consonne correspondante. On obtiendra ainsi composs de voyelles et consonnes allernes, qui reprsenteront en mme temps les 100 000 premiers nombres. Nous forons un peu l'ide de l'auteur pour la mieux faire comprendre; mais nous y sommes autoriss par son propre aveu100 000 radicaux:

Nos radicaux sont en ralit des nombres (t. I, p. xliv). Il convient donc d'exposer d'abord son systme de numration, puisque la construction du lexique en dcoule tout entire. Faisant abstraction du prfixe pu-, caractristique des noms de nombres cardinaux, on obtiendra chacun d'eux en remplaantle chitt're

des units parqui

la voyelle, celui

des dizaines pardes millele

la

con-

sonne, celui des centaines par

la voyelle, celui

i)ar la:

consonne,

Exemples2l:....f

aeiouaeiu bgdvj pctf =3

12:

etc.,

lui

correspond dans45 67

tableau suivant8 9

hga

bh 1000;... etc. Ainsi un nom de nombre ne comprend pas plus de lettres que

=

b -= 10; ba=: 11; be 90; ah 100;.... f

12;

bi=:

13;....

g 20;

=

=

= 999;

=

52ce

SECTION

I,

CHAPITRE IXsystme dciiual):

nombre ne contient de

chiffres (dans leil

pour former chacun des radicaux qui exprimeront les 100 000 espces de In classification. La f lettre (voyelle) sera le numro de la division (voyelle), Ir la 2 lettre (consonne), le numro de la classe; latufoposuflira

= 1)859 464. Par suite,

de

5 lettres

;

."Jo

numro de

l'ordre; la

4^

(consonne), lel'espce.

numro du genre;

la

S" (voyelle), le

numro de

Exemple: aflin

= animal;

.h^= mammifre;c/ia/.

(genre

felis);

boje =:

De mme:

Aho=^ carnassier; boj=: chien =ibode, c'estet

-dire animal mammifre carnassier du genre canis (d)chien(e).

de l'espce

Nous n'entrerons pas danslogique;

divisions,

le dtail de cette classification nous nous bornerons en indiquer les dix grandes reprsentes par les 10 voyelles initiales:

aux individuspris,

(

isolment

(

dans leurs rapports mutuels

a ei

des

Manires d'tre .. 4P faits relatifs,.I

2. Il conclut que, sans tre parfait, le projet de Sotos Ochando estM. Le Meslet

qui est

suprieur tous les autres, et que, en attendant mieux,

le

Comit doit travailler faire adopter .

Tamliorer, le vulgariser et le

Nous n'entreprendrons pas dequ'il estriori, et

critiquer notre tour les vues:

thoriques du Comit et ses conclusions

il

suffit

d'avoir montr

systmatiquement hostile tout projet de langue a posteque son idal est une langue philosophique et analytique

telle

que.

comme.

le

disait

Sotos Ochando 3,

tous ceux qui

l'apprendraient apprendraient en

mme temps

les

connaissances

analyses

Nous exposerons plus

loin (dans la Critique gn-

rale) les raisonset illusoire.Socit

pour lesquelles cet idal nous parat chimrique Ce qui explique et excuse l'erreur du Comit de lac'est

deil

Linguistique,n'existait

qu'

l'poque

o

il

faisait

sonavait

enqute

gure que dessi

j)rojets a priori, et

que

l'ide

d'une langue philosophique,Toutefois,

en faveur au

xvni'' sicle,

conserv encore tout son prestige.il

est

intressant de constater qu' cette

mme

poque, un penseur qui devait exercer une influence durableet

profonde sur*,

la

philosophie franaise, M. Charles Renoule

viER

mettait suret

pro])lme de la langue universelle des

vues plus justesraliser'.

plus profondes, que l'avenir devait vrifier et

Partisan de la langue universelle pour des raisons,

philosophiques

et

ne connaissant que des projets de langues

de M. Letcllier n'a pas t faite pour Hrc parle, mais seulement pour analyser les langues connues, mortes et vivantes, d'une manire plus complte qu'on ne l'a fait jusqu' ce jour, et permettre de saisir leurs moindres diffrences. Tribune, p. 140. 1. Remarquons ce propos, avec le rapport, que ni Letellier ni Sotos Octiando ne connaissaient aucun de leurs prdcesseurs. 2. Cette rencontre involontaire et imprvue des ides de Le Mesl, de Sotos Ochando et du Comit parait celui-ci une marque de vrit. 3. Dans le journal El Heraldo (1843); cit ap. La Tribune, p. l.")8. 4. Aujourd'hui membre de l'Acadmie des sciences morales et politiques. 5. De la question de la langue universelle au XIX* sicle, ap. La Revue,t.

II,

p. 50-83 (aot 1853).

est l'instrument ncessaire des dveloppements de la raison.... consquence, (|ue 4a raison en pleine possession d'elle-mme peut instituer un langage rflchi pour exprimer des ides correctes et positives, au lieu de se contenter des symboles imparfaits et variables, souvent6.

Le signecette

De

l

76

SECTION

I,

CHAPITRE XItelles),il

philosophiques (ou prtendues

dnonait avec

clair-

voyance leur caractre factice, superficiel et prcaire, et leur opposait un autre programme, qu'il formulait ainsi La langue universelle doit tre philosophique par sa grammaire, empirique par son vocabulaire ; c'est--dire que la grammaire devait:

tre fonde sur l'analyse logique de la pense, et le vocabulaire

emprunt aux langues vivantes (par exemple, compos de racines romanes). Cette langue serait constitue dfinitivement quant sa forme, qui est la grammaire, attendu que celle-ci rpond aux formes invariables de la pense; et provisoirement quant sa matire, qui est le vocabulaire, attendu que l'esprit humain forme sans cesse des ides nouvelles et cre des objets nouveaux.Ainsi la langue serait indfiniment perfectible, et ouverte tous

mme le plan du manuel de 1 une syntaxe gnrale comprendre cette langue; devait (analyse de la parole); 2 une explication des signes catgoriques des rapports grammaticaux, suivie de l'emploi de ces signes pour composer les mots drivs de chaque famille et construire rgulirement la phrase 3 un vocabulaire de racines usuelles. Dans ces quelques lignes, passes inaperues et depuis long temps oublies, M. Renouvier avait, avec sa pntration de philes progrs.

M. Renouvier traaitil

:

*

;

losophe logicien, dress d'avancequ'il

leil

plan des langues a posteriori,n'existait cette

ne connaissait pas, et dont

poque que

des projets informes; d'autres sont venues depuis illustrer etjustifier ce

programme prophtique.

faux, et toujours purils, qui formeront le fond des langues primitives, et qui bientt affaiblis, altrs, mls, effacs, n'ont laiss aprs eux que

dsordre et arbitraire dans nos idiomes les plus vants. 1. C'est--dire qui expriment les catgories ou formes gnrales de pense.:

la

CHAPITREBYER:

XII

LISGUALUMINA^

phique

Le Lingualumina prtend tre la fois une langue philosoet une langue internationale. Son nom {langue de la

lumire) veut dire qu'elle sera

une langue instructive parles

elle-

mme, unla

vhicule des connaissances scientifiques et philoso

phiques, parce quelle est

fonde survoici

lments logiques del'auteur trace le

En programme de son uvre.

pense humaine

fait,:

comment

1

Classification logique-scientifique de tous les objets (con-

crets et abstraits) de l'esprit2 Classification

humain

;

systmatique de tous les sons (voyelles et consonnes), et formation de toutes les combinaisons monosyllabiques prononables;3"

Application des syllabes aux ides, les ides semblables;

tant reprsentes par des syllabes semblables4

Reprsentation des ides complexes par des combinaisons

de monosyllabes (reprsentant des ides simples).Ainsi les monosyllabes reprsenteront les ides gnrales etprincipales, et le

nombre de

leurs lettres (2

5)

sera proporInutile

tionnel

la

complexit

des ides

correspondantes.

d'ajouter que cette langue sera absolument diffrente et ind-

pendante de toutes

les

langues connues, ce qui, selon lauteur,

garantit sa neutralU.1. The Linqualumina, or language of lifjht. a philosopliical language for inlernalional communicalion. A now vcliiclc of sciontidc and pliilosopliical pxpression, ind of intoicommunicatioii l)et\vecii ail tlio nations and varied peoplos of tiio cartli. Foundod on tiie Logical Elcmonls of Ihiinan Tlioiight, by Frodorick William Dyeu. Part. I Goneral and Inlroduclory. 27 p. in-8":

(London, 1889). Gonfionco donne de co projet date de 1875.

le 9 juillet

1887; mais la 1" dition do

78

SECTION

I,

CIIAPITUE XII

Nous n'entrerons pas dans le dtail de la classilication, inij nieuse mais complique, que l'auteur donne des ides et demots correspondants. Qu'il suffise de savoir quil attribue aux 16 consonnes les significations suivantes:

M:

DYEllse

:

LLNGUALUMINA

79:

conjugue au

i)rsont

:

zinda, zanda.zonda: zeeda. zahda, zauda:

je suis, tu es, etc.

Au

passIl

zimba. zamba. zomba, elc.

Au

liilur

:

zinga. zanga, zonga. elc.(liircissant la

y a en outre un parfait, ol)lenu en

consonne du temps: zimpa. zampa, zompa; zeepa,par d'autres

zarpa. zorpa.

L'auteur complique encore cette conjugaison

subtilits

.

Comme on

le voit,

ce systme soi-disant logique

est le11

comble de

l'arbitraire,

de

la fantaisie et

de Tirrgularil.:

en outre un dfaut qui tient la nationalit de l'auteur jamais un Anglais ne pourra concevoir une phontique coi-rectcaet

internationale,

cause de la

dtestable

prononciation

laquelle sa langue l'habitue. Quoi de plus absurde que de pro-

noncer uneson sinn)le

lettrei

simple

i

comme

2 voyelles

(a),

et

de rendi-e un

par

2 lettres {ea, ee)1

CHAPITREREIMANN:

XIII'

LANGUEINTERNATIONALE TYMOLOGIQUE

Valphabet de ce projet comi)rend 20 consonnes, 12 voyellessimples, 6 voyelles longues, 4 voyelles nasales et 44 diphtongues.

Les consonnes seront figures par des lignes droites, les voyelles l)ar des lignes courbes ^. Au moyen de ces lettre^, on formera des radicaux vi-aiiiienttymologiques,c'est--dire

qui

exprimeront

l'ide

par

la seule

construction du mot.

Le radical est toujours

le

substantif.

On en

tire l'adjectif, le

verbe et l'adverbe. Le verbe, en particulier, drive du substantif

par l'adjonction d'une des voyelles a (pour(futur).

le prsent), i (pass),

Les substantifs seront classs par ordre logiquequadrupdes, touspectivement parainsila

:

tous lesres-

les

oiseaux, etc., seront caractrissinitiale.

mme

Le dictionnaire constituera

une vritable encyclopdie. Le systme de numration, entirement a priori, rappelle celui de Leibniz. Les neuf chiffres sont reprsents par des consonnes:

1234d

5

6789rt

V100 a

1

m

k

n

j

et les ordres d'units1i

dcimales par des voyelles1.000

:

10

10.000

100.000

ou

usuit:

Un nombre

s'nonce donc74.f538.2oO

comme

il

= bmi, rulouno vak.t.

1.

Larousse, Grand Dicllonnaire universel, 1" supplment,

XVI,

r. 1035

(Paris, 1877).2. Cf. le

Chab ahan de M.\ldant.

REIMANN

:

LANGUE INTERNATIONALE ETYMOLOGIQUE

81

Los voyelles numriques servent aussi exprimer les divers dfrs d'une ide; par exemple, les diffrentes nuances de bleus'appelleront:

blioublio:

:

bleu le plus fonc. bleu trs fonc. bleu plus fonc.

bliabliblii:

:

:

bleu fonc. bleu moyen.:

blien blian

bleu clair.bleu plus clair.

:

blion

:

bleu trs clair.le

blioun: bleu

plus clair

'.

Ce projet, simple esquisse thorique, a toustous les dfauts des langues philosophiques.Il

les caractres

et

se distingue par

son ali)habet,

le

plus compliqu que nous connaissions,

I.

Cf. la rgle

de la marguerite de M. Boli.ack.

f'oLTUBAT et Leau.

Languc

univ.

CHAPITRE XIVMALDANT:

LA LASGUE NATURELLE

'

L'auteur de ce projet a

commenc par compareril

entre elles leset rgulire:

langues vivantes pour en extraire une langue simple

procdant d'abord par analyse,

essayait laborieusement de

supprimer dans ces langues tous les illogismcs et les irrgularits. Mais il s'apercevait bientt qu'en supprimant ainsi,... il nelui

restait plus rient

du tout*!I.

Il

arriva ainsi cettetre,

con-

clusion,

que

la L.

ne pourrait

logiquement, qu'une

languerase

rationnelle,.

du pass

a priori, et

absolument neuve et faisant rsolument table que la Langue naturelle est entirement n'a de naturel que le titre.C'est dire

Grammaire.Valphabel se compose de 21 lettreset 16:

51,

voyelles

:

a, e,

i,

o,

u

(ou),

consonnes

:

b, c

(c/i),

d,

f,

g,

j,

k,

m,

n, p, r, s,

t,

v, z.

L'auteur, constatant qu'il y a

de langages

,

a cru qu'

il

fallait

presque autant d'critures que logiquement rsister l'en. 11

tranement d'adopter les caractres latinsduit inventer

a t ainsi con-

un alphabet, o

les voyelles

sont reprsentes

par des lignes courbesdroites:

O

et C

,

et les

I,

-\

et L,

diffremment orientes

consonnes par des lignes '. Nous nous abstien-

drons

(et

pour cause) d'employer cet alphabet.

1. La langue naturelle (Cliab Aban), langue internationale. Grammaire avec exercices et vocabulaires, par Eugne Maldant, ingnieur civil. 130 p.

in-8". 9" d., Paris, 1887.2. P. 3.

On

Vsperanto.rsultats3. Cf.si

Si

verra que le D' Zamenhof a procd de mme pour construire deux auteurs partant du mme principe ont abouti des

diffrents, c'estet

apparemment que

l'un d'eux s'est tromp.

SoTos OcHANDO

Reimann.

MALDANTcritiques

:

LA LANGUE NATURELLE

83

L'auteur ajoute ses lettres une demi-douzaine de signes dia(points, accents)

pour modifier

le

son des voyelles.la

Deux del'autre

ces signes sont les symboles,:

l'un de

rptition,

du contraire de sorte que, par exemple, imi := rebu, el youmi (dlju) vomi.

= bu, iomides

=

L'arlicle sert

dterminer

le

genre, le:

nombre

et le cas

substantifs.

11

a par suite 12 formesMasculinSing.Plur.

FmininSing.Plur.

Nom.Gn.Dat.::

:

a

as

e

es

adaf

adsafs

edef

edsefs

L'accusatif est semblable au nominatif. Le gnitif sert d'articlepartitif, ce

qui est un gallicisme illogique. L'article n'est pasil

plus dfini qu'indfini, carstantifs.

doit

accompagner touset

les sul)-

Les66'/a/j/i/est invariable

en genre, en nombre

en cas

;

il

est

toujours prcd de

l'article.

Touset

les substantifs

sont masculins,

except

les

noms de femmes

de femelles.

Les

adjectifs

sont simples ou drivs.drivs sont les qualificatifs; ils sont invariables.ia

Les adjectifs

Leurs degrs sindiiiuent au moyen de ai ^plus, de a ai le plus, a ia= le moins trs. o

=

moins, et

=

;

=

Les adjectifs simples sont les adjectifs-pronoms; ils varient en genre et en nombre, comme les articles (en remplaant a i)ar e

au fminin,

eta.c

en prenant

Exemplesceluici,

:

=an

le

s au mme; agtel;

i)luriel). Ils

sont de la forme vc.ajceci,

=^.

ce, celte;

celui-l;

=

ap

= quel;;

ar

^ cela; = aucun; av =;

amaz

=

tout;

=

chaque; iv

= qui;;

iz

=^ que, quoi

oc

u = zro = ob = 2 = od = 4 of = og = 6 = ok 8 ol = 9 oa = 10 oao = M; oab = 12: oag = 13;... obarr:20; oga = oe =100 obe = 200; oge = 300;... oi = 1.000; obi = 2.000;... oai = 10.000 obai = 20.000;... oei = 100.000; obei= 200 000;... ou = million oau = 10 millions; oeu = 100 millions; oub = etc.Les noms de nombre cardinaux sont;; :

1

;

5

;

oj

7

;

;

;

30,...

1

1

billion,

Pour montrer\.

la

concision de ce systme de numration,

l'au-

2.(Hii

Encore un gallicisme illogique. Le nu'^me mot iz est employ pour Uaduiro la conjonclion que suit un comparatif. C'est le comble du gallicisme!

et le

e

84

SECTION

I,

CHAPITRE XIV:

teur donne l'exemple suivant

469 882 544

= odegalukekabefedad.

Les pronoms personnels sont

:

MasculinSing. Plur.

FmininSing. Plur.

1 pers. 2 pers.

ab

abs

eb

ebs eksels

ak

aksals

ekel

3 pers. al

Le seul verbe conjugu est le verbe tre, qui sert conjuguer tous les autres verbes en se joignant leurs participes prsentset passs, actifs et passifs'.

Il

est invariable

en nombre et en:

personne. Voici ses diffrents temps etIndicatif prsent:

modesib

Infinitif

imparfait

:

ic

passfutur

:

id:

plus-que-parfait:

if

ig:

futur antrieur:

ij

Impratif

ik:

Conditionnel prsentpassprsent:

il

:

imi

passfutur:

:

inip:

futur pass:

irisit.

Participe prsent

maintenant;

pass

:

Il n'y a pas de subjonctif. Les adverbes simples ont la forme

beaucoup;

= oa ^ peu.ii

lot;

uula

=

w=

:

aa

= aujourd'hui

;

ee

lard; ae

hier; ea ^= demain; ao

= =:

Les prpositions ont

forme

v

ou

= ;=:de;i= par, etc.Les conjonctions ontla

w

(voyelles accentues)

forme

vc om =: ;

et;

on

=

ou; op

= oui;!

or

= nonMme1.

;

ot

= car

;

oz

= mais

ub

= donc, etc.:

les interjections

sont fixes a priori

a

!

signifie la joie, e

Sic. Mais en fait, l'auteur n'admet que deux participes lepi'sent actif pass passif (comme en franais). 11 dit textuellement Les participes sont actifs ou passifs; mais ils sont en mme temps (?) prescrits ou past's. :

et le

:

MALDANTla

:

LA LANGUE NATURELLEle

8b

douleur;

i! la

colre ou

mpris;

o! l'admiration; u! le dsir

ou

la crainte.

Syntaxe. Le substantif est prcd de l'article et des- adjectifsdterminatifs, et suivi des adjectifs (|ualificatifs.

lioii,

Le sujet prcde le verbe, except dans le cas de l'interrogao il le suit. Voici quelques exemples de construction Je ne crois pas qu'il:

vienne =^je ne suis pas croyant qu'il sera venant. Celui qui dirige l'tatdoit savoir se diriger

soi-mme

=

celui qui

est dirigeant

Vtat est

devant sachant dirigeant lui-mme K

Vocabulaire.

Le vocabulaire del Langue naturelle est constitu par Tensembledes combinaisons prononables de2, 3,

4 et 5 lettres (au

de plus de 200

000).

Tousla

les substantifs

nombre commencent par une

consonne, tousla rgle

les autres

mots par une

voyelle.:

Au

reste, voici

gnrale de

formation des mots

tant

donn un

radical substantif,le prfixe a-

forme

l'adjectif qualificatif;le participele

ei-

Exemj)le:

;

prsent;

participe pass;

0-

l'adverbe (driv de l'adjectif);l'adjectif ngatif.intelligent;

u-

di;

=^ compris

= intelligence adi = odi = intelligemment udi =;

edi := comprenant

;

idi

inintelligent.

Les 80 radicaux de

2 lettres

(forme cv) de ba zu, servent,(par l'adjonction

selon l'auteur, de racines; cbacun engendre

dune des consonnes)et

16 radicaux drivs

de

3 lettres

(forme cve)

peut engendrer 80 radicaux (substantifs) de 4

lettres

(forme

cvcv).L'auteur forme ainsi un lexique de 3700 substantifs, dont chacun peut engendrer, comme on l'a vu, drivs. Nous n'entrerons pas dans le dtail de la classification de ces religion, bi mots, qui est purement empirique ba= dieu, be temps, bo arbres, ze homme, bu ^famille, etc., jusqu' za'6:

=

:

= =

= =

fleurs, zi =^ fruits, zo

= lgumes, zu = plantes diverses.:

L'auteur parait ne pas distinguer le participe actif du participe passif, Je aooir de rau.\iliaire lre ainsi il traduit littralement serais venu (au lieu do J'aurais t venant).1.

ni l'auxiliaire

:

:

86

SECTION

I,

CHAPITRE XIV

Critique.

Il

est

peine

utile

de critiquer ce projet

:

il

suffit

d'en

pour mettre en vidence le vice fondamental dun tel systme. Nous avons relev en passant quelques idiotismes qui prouvent chez fauteur une mconnaissance comexposerles principes

grammaire. Le manque de logiipie daboi'd dans chaque pas dans le vocabulaire la classification des ides, ensuite dans ce fait que le sens des prtendues racines ne se retrouve nullement dans les radicaux qui en drivent par l'adjonction dune ou deux lettres '. Celte classification n'a gure plus de valeur qu'un numrotage arbitraire des mots du dictionnaire. Nous n'avons cit ce systmeplte de la logique et de lase trahit :

de neutralit,

que pour montrer o peut aboutir, sous prtexte de logique et la prtention de construire une langue entirement a priori sur des combinaisons matiimatiques soi-disaid^.

rgulires et simples

=

La preuve en est fournie par le nom mmo de la langue cabe aban langue nattirelle, car cabe nature. Or on Pcrit Inngnf/e, ot ban partout Chab aban, ce qui n'a pas de sens, car bane exaucementl 2. Depuis la mort de l'auteur, M. Bourgoint-Lagninge s'est occup de la propagation et du perfectionnement de cette langue; il s'est notamment efforc d'en bannir les voyelles accentues. On relve dans sa brochure de propagande Le C/jaie'( 1894) deux assertions inconciliables aprs avoir dit que la L. I. < ne doit emprunter ni ses rgles, ni ses mois, ni ses lettres aucune langue, morte ou vivante , il affirme (|ue quelques heures d'tude, peine, suffisent pour apprendre a rdiger dans cette langue , alors qu'elles ne suffiraient mme pas en apprendre l'alphabet! Notons, titre de curiosit, que le Petit Journal du 22 sept. 188.") consacrait (sous la signature Th. Grimm) un article trs logieux la Langue naturelle, en invitant ses lecteurs y rclamer une participaticm patriotique (! ?). Maldant a eu pour collaborateur, dans la confection du dictionnaire, M. ChanCEREL, qui a lui-mme labor un projet de L. I. nomm VOdapa (1889). Nous ne connaissons pas celui-ci, mais, d'aprs l'analyse qu'en donne M. DoRMOv {Le lialla), il parat tout fait analogue au Chab.1.:

=

=

:

=

:

CHAPITRE XVD'

NICOLAS

:

SPOKILtMre

'

Lode

D'"

Nicolas a

commenc par:

dignitaire

du Volapkavait

il

tait vice-prsidentla

V Association franaise pouril

un atlopfo et mmo un du Comit central propagation du ]olapk. Mais

^, que depuis lors remani de fond en comble, jusqu' 34 fois , tout en restant fidle son principe, qu'il formule lui-mme comme suit Combiner l'euphonie, la mnmotechnie, l'analogie, l'tymologie, l'idographie, sur le principe de V invariabilit du mot, au moyen d'expressions synthtiques, plutt simplement catgori-

ds i889t il

conu

lui

projet indpendant

a

:

ses qu'explicitement significatives, susceptibles (.Vvolution

et

indfiniment perfectibles sans que

la clart

du langage en