fiche lecture les décennies aveugles emploi et croissance_ philippe askenazy

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UE 83 FdL – JA, Octobre 2011 1 U N I V E R S I T É P A R I S 1 P A N T H É O N - S O R B O N N E MASTER PROFESSIONNEL / R.H. R.S.E. M2 SPECIALITE PROFESSIONNELLE : R.H. ET RESPONSABILITE SOCIALE ENTREPRISE SEMINAIRE DE LECTURE « LES DECENNIES AVEUGLES » PHILIPPE ASKENAZY LES DECENNIES AVEUGLES EMPLOI ET CROISSANCE 1970 - 2010 EDITEUR : SEUIL JANVIER 2011 FICHE DE LECTURE REDIGEE PAR : DIDIER LE PICAUT CS 2010 INSTITUT D’ADMINISTRATION DES ENTREPRISES DE PARIS

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Bilan des politiques économique et d’emploi : 1970 - 2010

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UE 83 FdL – JA, Octobre 2011 1

U N I V E R S I T É P A R I S 1 P A N T H É O N - S O R B O N N E

MASTER PROFESSIONNEL / R.H. – R.S.E. M2

SPECIALITE PROFESSIONNELLE : R.H. ET RESPONSABILITE SOCIALE ENTREPRISE

SEMINAIRE DE LECTURE

« LES DECENNIES AVEUGLES »

PHILIPPE ASKENAZY LES DECENNIES AVEUGLES

EMPLOI ET CROISSANCE 1970 - 2010

EDITEUR : SEUIL JANVIER 2011

FICHE DE LECTURE REDIGEE PAR :

DIDIER LE PICAUT CS 2010

INSTITUT D’ADMINISTRATION DES ENTREPRISES DE PARIS

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1. Présentation de l’éditeur et de la collection (0.5 p maxi). Quelle est la politique éditoriale ? Quels sont les

axes principaux de cette politique ? Interrogations nécessaires pour replacer la publication de l’ouvrage dans son contexte. S’agit-il d’un compte-rendu de recherche, d’un essai, d’une étude de consultant, … ?

Le Seuil, appartenant à La Martinière depuis 12 janvier 2004, maison d’édition de taille modeste mais exigeante quant au choix des manuscrits et de ses auteurs a su respecter le projet éditorial fondateur défini comme suit : « Le seuil, c'est tout l'émoi du départ et de l'arrivée. C'est aussi le seuil tout neuf que nous refaisons à la porte de l'Église pour permettre à beaucoup d'entrer, dont le pied tâtonnait autour1 ».

Un projet politique d’éditeur destiné à ouvrir, à éclairer et à comprendre de nouveaux champs de la connaissance des domaines de l’économie industrielle, de l’étude des organisations et de la sociologie du travail2, a succédé à cette « vision spiritualiste du monde ». Ce projet est basé sur un décryptage des transformations imposées à nos sociétés par le mode économique capitaliste. Après une histoire chahutée en termes de gouvernance d’entreprise, notamment lors du passage de Laure Adler en qualité de responsable du secteur littéraire, cette maison souhaite aujourd’hui, avoir une production resserrée de qualité afin de positionner chaque parution avec son vrai public3. Le Seuil a notamment publié les œuvres de Jacques Lacan, Roland Barthes, Philippe Sollers (première période) ou plus tard Edgar Morin, Maurice Genevoix ou Pierre Bourdieu. « Les décennies aveugles - croissance et emploi 1970 à 2010 », travail d’archéologie de 40 ans de politique de l’emploi française des différents gouvernements écrit sous la forme d’un droit d’inventaire est parfaitement aligné avec les axes de politique éditoriale de cet éditeur.

2. Présentation de l’auteur (0.5 p maxi). ‘D’ou parle-t-il’? Quel est son parcours ? Que fait-il ? A-t-il déjà publié et quoi ?

Philippe Askenazy est directeur de recherche au CNRS. Economètre de formation initiale, il axe ses recherches sur les questions du marché du travail, des politiques de l'emploi, de l’articulation travail et social, le tout filtré avec le prisme de l'analyse économique. Né le 22 octobre 1971, il est diplômé de l’Ecole normale supérieure (ENS rue d'Ulm) et de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il est agrégé de mathématiques et Docteur en économie politique.

Aujourd'hui, Philippe Askenasy est économiste chercheur. Il encadre de nombreux travaux sur les sciences sociales et économiques notamment sur la refondation de modèles de théorie économique capables d’analyser les mécanismes économiques réels et de proposer des voies de résolution aux crises industrielles pour mieux créer les conditions d’une croissance durable catalyseur d'emploi sur le long terme. Ses principaux ouvrages sont : Le partage de la valeur ajoutée, Paris, La Découverte, (11). En direction avec Daniel Cohen, "16 nouvelles questions d'économie contemporaines", Albin Michel (10). Les Désordres du travail (04), la Croissance moderne : organisations innovantes du travail, Economica (02).

Il a reçu les Prix et Distinctions suivantes : Prix de l'Association française de sc. écono. (1999), Gaëtan Pirou de la Chancellerie des universités de Paris (00), Ugo Papi-Gaston Leduc de l'Académie des sc. morales et politiques (01), du livre d'économie du Sénat (04), médaille de bronze du CNRS (04), Médaille Villermé de l'Académie des sc. morales et politiques (08). Articles : il est chroniqueur depuis janvier (08), au sein de la rubrique Economie Expertises, journal Le Monde Economie.

Engagements : il est signataire du Manifeste des économistes atterrés4 (10). Il s’insurge contre la soumission des Etats aux diktats des marchés financiers qui leurs imposent des cures d’austérité pour réduire leur endettement public. Diktat ne reposant sur aucun résultat d’analyse scientifique. Il a participé au Think Tank La République des idées et à la rédaction du rapport du CEPREMAP intitulé « les soldes de la loi Raffarin : le contrôle du commerce alimentaire ».

1 Extrait de (lettre de l'abbé Plaquevent), du 28 décembre 1934. 2 Human and social sciences in society, International Conference, 14 mai 2008 - ABSTRACTS : Hervé SERRY - Les Editions du Seuil. 70 ans d’histoire (Seuil, 2008). 3 http://www.sne.fr/ : colloque « Le livre de jeunesse aujourd‛hui », 2008, Françoise Mateu, directrice éditoriale chez seuil jeunesse. 4 Pour plus de détails, se rendre en annexe de ce présent document.

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3. Isoler la (ou les) question (s) de l’auteur (1,5p maxi). Distinguer question(s) explicite(s) et/ou question(s)

implicite(s). S’interroger sur la pertinence de la (ou les) question(s). «… Un taux de chômage structurellement élevé en France depuis 40 ans, est-il un mal typiquement français ? Faut-il changer les français pour changer l’économie de la France ? La solution, il faut changer de régime parlementaire, il faut opter pour une monarchie constitutionnelle afin de redonner la confiance aux français et ainsi résoudre tous les problèmes économiques de la France… » La question - réponse centrale formulée par l’auteur sous la forme de pirouette par l’absurde - traduit bien le projet de recherche scientifique initial visé, d’un travail iconoclaste de fouille archéologique de 40 ans d’histoire de politiques économiques en France, pour en dégager une relecture de la politique d’emploi appliquée au fonctionnement du marché du travail français. L’auteur cherche à comprendre pourquoi depuis le 1er choc pétrolier (1971), tous bords politiques confondus, les gouvernants successifs aidés des meilleurs experts économistes, se sont trouvés dans l’incapacité à résoudre la source d’angoisse principale des français, c'est-à-dire d’un taux de chômage récurrent élevé. La grille de lecture historique fournie par Philippe Askenasy questionne un bilan sévère des politiques d’emploi menées depuis 40 ans en France dont les mesures mises en œuvre, sur le marché du travail, ont été parfaitement inefficaces à créer les conditions d’emploi durable, et n’ont eu de cesse de générer des effets pervers de long terme, d’élever des barrières à l’emploi stigmatisant des catégories de personnes (immigrés, jeunes, femmes et seniors). Ce droit d’inventaire exercé par l’auteur réfute le discours qui réduit la politique économique pertinente de l’Etat français comme une adaptation à la mondialisation et son corollaire d’une incapacité des travailleurs français à s’adapter à la réalité d’un marché du travail toujours plus mondialisé. Selon l’auteur, il faut interroger le diagnostic que la France ne souffre d’aucun mal, le travailleur français ne souffre d’aucune sous productivité ou rigidité à s’adapter à de nouvelles réalités d’un marché international du travail et ainsi pouvoir en dégager des réponses lisibles. Les causes profondes de mauvaise performance de la France en matière d’emploi sont ailleurs. Il faut interroger les sources d’information historiques et dégager des faits. Il faut revisiter la pertinence des choix de politique économique et d’emploi en mobilisant les outils d’analyse aussi bien macroéconomiques que microéconomiques. Il faut mener un travail d’investigation pluridisciplinaire en replaçant le comportement des agents économiques dans le paramétrage historique des conditions de marché de l’espace-temps étudié. Pour ce faire, décennie après décennie, l’auteur passe en revue, pas à pas toutes les questions suivantes :

- Enième crise du capitalisme post fordisme : pourquoi en sommes-nous toujours là ? - Comment analyser le sentiment de défiance des français dans leurs institutions ? - Pour quelles raisons les gouvernements successifs ont-ils toujours pris les mauvaises mesures ? - Quel a été le poids des experts économiques, des finances et du monde du travail dans ces choix ? - Pourquoi les modèles de la théorie économique n’ont pas su trouver le chemin de croissance vertueuse ? - Quelles ont été les décisions des entreprises ? et quelles ont été les conséquences pour les salariés ? - Des erreurs observées du passé, que doit-on changer pour mieux faire fonctionner le marché du travail ? - Peut-on proposer des nouvelles pistes de réflexion pour sortir de cette crise de l’emploi ?

Même si Philippe Askenasy ne cache pas sa proximité avec les politiques de relance keynésienne, dans son exercice d’analyse comparée, il va s’attacher avec la rigueur de la démarche scientifique à décortiquer les modèles de théorie économique sous-jacents (monétariste, keynésien, appariement, flexsécurité). A partir de résultats scientifiques robustes, en précisant les écoles de pensées des experts mobilisés et en détaillant de façon précise la posture politique des gouvernants en responsabilité, il va démontrer que l’absence de cadre d’analyse économique pertinent couplé à l’obsession rapide du plein emploi va enkyster les gouvernements à toujours rechercher le modèle économique miraculeux sans jamais s’interroger sur les conditions d’obtenir des facteurs de croissance durable. La perspective historique de cette nouvelle grille d’analyse prend toute sa pertinence, au moment où ces mêmes gouvernants entrent dans la bataille pour la présidentielle 2012… au moment où l’économie capitaliste connait une nouvelle mue qui risque de modifier le marché du travail en profondeur.

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4. Synthétiser la problématique de l’auteur (2-3p). Quelle est la justification du sujet ? S’assurer de la qualité

de la littérature mobilisée. Vérifier la cohérence interne et externe. Isoler, si nécessaire, le cadre théorique retenu et/ou l’école de pensée de l’auteur. Isoler les hypothèses et discuter de leur pertinence. Discuter de la posture épistémologique retenue.

40 ANNEES D’ERREUR DE DIAGNOSTIC, STIGMATISATION ET PRECARISATION

«… Contre le chômage de masse, on a tout essayé5 ! » Et «… surtout n’importe quand et n’importe comment6 ! » Cet effet de miroir qui renvoie dos à dos ces deux citations, renvoie face à face les contradictions respectives d’un homme d’état français et d’un économiste dans leur champ de responsabilité respective au regard d’un bilan critique de 40 années de politiques emploi menées en France, c'est-à-dire dans notre incapacité à lutter de manière efficace et durable contre le chômage de masse.

1ère partie de la démonstration : tirer un bilan des erreurs du passé.

Le point de départ de cette analyse est de réfuter la contre vérité que l’économie Française, et en particulier les composantes internes de son marché de l’emploi, souffriraient d’un mal « Gaulois » en comparaison des autres démocraties occidentales. Néanmoins, notre économie nationale, souffre par addition, d’un empilement de politiques publiques en matière d’emploi qui crée une situation singulière. A chaque décennie étudiée, l’échec des politiques de l’emploi françaises résulte d’une série d’erreurs dans la compréhension du fonctionnement réel des mécanismes de l’économie, et en particulier par l’incapacité des gouvernants publics de l’époque (aidés des experts du moment) à produire un cadre d’analyse pertinent permettant de prendre la mesure des processus de transformation du capitalisme, et cela à partir de la révolution industrielle postfordiste. Pire encore, ces dispositifs mal employés par des « apprentis sorciers » ont produit des effets pervers qui ont déréglé en profondeur et de façon durable le fonctionnement du marché du travail. (P. 14 & 42)

Le premier chapitre décrit la mise en route d’un processus continu et permanent de transformation du capitalisme conditionnant 40 ans de piteuses en matière de politique d’emploi française. Il décortique comment l’Etat Français n’a pas vu et pas pris en compte la révolution des TIC (1970-1973) en tant que facteur de transformation majeure des organisations et du monde du travail. Les Chapitres 2 à 6, vont permettre à l’auteur de passer en revue la performance de l’ensemble de dispositifs publics d’aide à l’emploi déployés, afin d’en mesurer le rendement coût / résultat et d’en étudier les effets pervers induits qui seront source d’inégalités pour des catégories de personnes stigmatisées. A chaque époque, une catégorie de travailleurs se trouve au centre des dispositifs d’emploi. De façon récurrente, chaque gouvernement dans son obsession du plein emploi et dans sa promesse politique de résoudre le problème de chômage, va manipuler le marché du travail pour cette catégorie ciblée (immigré, jeune, femme et senior). Au final cette catégorie se trouvera précarisée par le jeu des entreprises (effet d’aubaine fiscalo-social*) qui n’auront de cesse d’avoir un comportement low-cost dans l’utilisation du facteur travail, c'est-à-dire animées par la même obsession d’alléger le coût et de flexibiliser le facteur travail. Ce comportement invariant des gouvernants français sur la période 1970 à 2010, fil conducteur de la politique d’emploi menée, traduit, selon l’auteur, l’incapacité des décideurs publics français à appréhender à chaque phase un cadre d’analyse économique. Condition sine qua non pour mettre en œuvre un plan stratégique industrielle d’horizon 10 ans et permettant de faire le pari d’une véritable politique d’emploi long terme, quitte la première année de chaque quinquennat à dégrader temporairement la situation de l’emploi. L’auteur présente bien le passage7 qui s’opère entre un plan de relance macroéconomique d’un gouvernement piloté par le temps court du quinquennat et l’absence d’étude d’impact de ce dernier dans sa transmission au réel auprès des acteurs de la microéconomie qui vont modifier durablement leur comportement.

Dans le cas du marché de l’emploi, ce comportement d’hystérèse d’achat thésaurisé du facteur travail va faire perdre de vue à l’entreprise, dans le cadre d’une économie ouverte et mondialisée, l’importance d’un investissement en R&D, pour alimenter « le pipe de l’innovation » et développer à long terme des compétences à forte expertise. C'est-à-dire la mise en œuvre d’une GPEC moyen terme support au développement de l’entreprise. (* P. 78)

5 Citation du Président François Mitterrand, 1993. 6 Citation de l’auteur, Philippe Askenazy, 2011. 7 Travaux des prix Nobels d’économie 2011, Thomas J. Sargent et Christopher A. Sims, recherche empirique sur la cause et l'effet en macroéconomie.

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In fine, ces entreprises ne réaliseront plus d’investissement productif sur le territoire national (cas de la majorité des Groupes du CAC40 aujourd’hui) pourvoyeur d’emploi, et cela se solde en résultat final par une perte de leadership de l’économie française au sein de la compétition mondiale. 2ème partie de la démonstration : il faut changer de paradigme économique pour relancer l’emploi8. Dans le déroulé linéaire et chronologique de sa démonstration, cette partie arrive naturellement au dernier chapitre de l’ouvrage. Afin de tirer les enseignements des erreurs de 40 ans de sous-performance en matière de politique emploi, l’auteur re-questionne l’articulation politique vs. économique, c'est-à-dire l’interaction entre les gouvernants et experts économiques pour en dégager trois hypothèses à tester : H1 : croissance et emploi vs. capacité à rénover, à innover ?

H2 : rénovation des politiques économiques et d’emploi vs. rénover la méthode, sortir du cadre ?

H3 : croissance économique durable vs. spécialisation sectorielle de l’économie française ? L’auteur va plus loin dans sa démarche d’hypothèses de travail à tester, puisqu’il propose dans « un acte militant d’ingénierie politique » à ses pairs de créer une rupture intellectuelle en abandonnant la doxa de 40 années de mesures d’incitations financières ou fiscales teintées de clientélisme électoral pour bâtir une nouvelle orthodoxie économique permettant d’identifier les facteurs de croissance durable, de créer et d’insérer à long terme dans l’emploi. Philippe Askenasy propose la thèse suivante : la fabrique Colberto-Gaulliste ! En économie ouverte, avec une financiarisation des flux et une parfaite fluidité des facteurs travail et capital, la France doit fixer un cap stratégique, capable de dégager un « trend » de croissance économique durable. Cette politique de croissance économique devra relancer une politique d’investissement en R & D dans les secteurs à forte accumulation de capital humain de haut niveau, permettant une série d’innovation de rupture, gage de production localisée en France de biens et services à forte valeur ajoutée. Dans une logique d’économie industrielle colberto-gaulliste, l’auteur conditionne la réalisation de ces investissements à une spécialisation sectorielle de l’économie vers des secteurs où la France « posséderait » un avantage concurrentiel et où la production rencontrerait un débouché marché basé sur un besoin universel. P. Askenasy, force de proposition, a ciblé : les secteurs de la santé* et de l’éducation de haut niveau (qualifié de tourisme universitaire par l’auteur). (* P. 292 - 303)

8 Cf. Ressources humaines pour sortie de crise, Bernard Gazier, Presses de Sciences Po, 2010.

ZOOM : 1976 – 1977, Raymond Barre et la politique emploi des jeunes, les pactes pour emploi 1976, R. Barre ne comprenait pas la juxtaposition des phénomènes inflation et chômage ?

1ère séquence erreur de diagnostic, stigmatisation et précarisation analysée par P. Askenasy Analyse : notre économie présente un taux chômage jeune => on a un problème jeune ! Cause : les jeunes refusent d’aller sur les métiers manuels avec un diplôme initial court Mesures : subvention pour les entreprises qui embauchent des jeunes sur cdd ou stage pour des postes manuels Résultats : en septembre 1977, les jeunes primo-accédant au marché du travail se font recruter uniquement sur ces contrats aidés (et baisse du niveau de salaire significative entre 1977 et 1976). Bilan : jusqu’à 1976, les jeunes étaient recrutés par le contrat droit commun cdi, à partir du plan Barre en 1977, sur la période 1977 – 2010, un taux de chômage élevé, une accumulation de dispositifs emploi jeune sous forme de contrat aidé sans créer réellement emploi permettant l’insertion de long terme. Erreur : le gouvernement R. Barre n’a pas su décrypter la transition économique vers l’économie de la connaissance induite par l’introduction des TIC, et le besoin de former des généralistes avec des formations initiales de haut niveau primo-accédant au marché du travail. Il a voulu régler un taux chômage élevé d’une catégorie en manipulant le marché du travail par l’introduction d’une mesure aidée.

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Une posture épistémologique iconoclaste : c’est sans doute l’aspect le plus intéressant de l’ouvrage. Afin de dérouler sa démonstration, l’auteur retient un processus d’étude analytique et chronologique. Si d’un premier abord, pour le lecteur, cela parait monotone, c’est l’accumulation de faits pour construire une tendance lourde qui donne toute la force à la thèse de P. Askenasy. Ce travail d’analyse multidimensionnelle des données (en croisant étude longitudinale et transversale) permet à l’auteur d’identifier pourquoi et comment certaines fausses bonnes idées ou propositions, telles que la TVA sociale ou le salaire spécial jeune trainent par mimétisme esthétique dans l’esprit des gouvernants. Il prouve aussi les contradictions de certains hommes politiques comme JP. Raffarin, Premier Ministre, qui d’un côté bataille contre l’extension de surface commerciale créatrice d’emploi par clientélisme patronal auprès du syndicat des enseignes françaises des Grandes Surfaces Alimentaires, de l’autre par clientélisme électoral plaide en faveur du temps partiel…. des boutiques de ces mêmes surfaces dont le développement est stoppé. Plus grave, selon P. Askenasy, le poids de certains économistes, par exemple avec Edmond Malinvaud9, qui par leur croyance aveugle dans leur modèle, ont répété époque après époque les mêmes erreurs de diagnostic économique et enkyster les gouvernements français sur de mauvais chemins de développement. Les experts tardent toujours à prendre conscience qu’une transformation économique s’opère et d’en auditer les causes afin d’en tirer les conséquences en termes de politique d’emploi. Ed. Malinvaud a émis trois modèles de prévision erronée, en 1974 en tant que Directeur de la Prévision Economique, en 1981 en tant que Directeur de l’Insee et avec le gouvernement Fillon I en préconisant une massification des allègements de charge sur bas salaire. Ce travail d’archéologie, de 40 années de politique française d’emploi, valide la thèse de l’auteur d’une accumulation de micro-réformes mises en place sans réelle compréhension, par les experts et les gouvernants, des processus de transformations opérant du « jeu de mécano géant » de l’économie mondialisée.

9 Diplômé de l’École Polytechnique, ENSAE et INSEE. Il est associé à la théorie de l’école de la régulation.

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5. S’interroger sur le terrain d’analyse choisi par l’auteur (1p). Quels sont les données collectées et les

instruments de traitement retenus. Quelle est la pertinence ces choix ? En mobilisant la posture scientifique de l’archéologue, P. Askenasy va mener une chronostratigraphie10 de 40 années d’empilement de politiques publiques et de mesures emploi destinées à endiguer un taux de chômage structurel élevé. Pour chaque décennie étudiée, avec un découpage de gouvernement à gouvernement, l’auteur isole les mesures d’emploi. Il mène une description interne et précise la visée opérationnelle de chaque mesure, puis vérifie ex-post la mise en place de la mesure, si les résultats empiriques obtenus sont conformes aux résultats théoriques attendus. Cette analyse transverse permet à l’auteur, de livrer un audit de premier niveau sur le type d’erreur dont a souffert la mesure, pouvant donner au lecteur un début d’analyse causale quant au taux d’échec empirique (ou de réussite, plus rare) de la mesure emploi étudiée. Un point remarquable sur la collecte des données : afin de mener son travail d’investigation, P. Askenasy, est allé rechercher les documents historiques de référence pour chaque mesure étudiée, y compris les études non diffusées à l’époque « car non politiquement correcte » mais aujourd’hui déclassifiées par les autorités (i.e. les études d’impacts d’évaluation économique des contrats aidés jeunes – R. Barre – plan jeunes 1976 - 1977). Pour compléter ce protocole d’enquête, dans un souci de vérifier la validité de ces résultats descriptifs (produits en étude transversale), à l’aide d’un plan de recherche d’analyse de données multidimensionnelles, l’auteur va réaliser une sorte « régression sur série longue de données11 », c'est-à-dire sur les 40 années qui composent le terrain d’étude. Le croisement de ces deux axes de recherche, transversale et longitudinale, permet à l’auteur de cartographier une série d’erreurs, et de tester leur effet à long terme (et combinatoire entre elles) en terme de dérèglement du marché du travail. De plus, lors de ce double processus d’étude, P. Askenasy va passer au tamis de la critique scientifique économique, l’ensemble des modèles économiques manipulés par les experts de l’époque et vérifier les fondements des théories économiques utilisées par ces derniers pour justifier l’emploi de ces modèles. Par ordre d’apparition, il pointe fausses idées, « légendes urbaines », manipulations de modèle théorique… (cf. analyse de la typologie paragraphe 6.)

- La crise économique de 1974 en France est due au choc pétrolier 1973, - La supériorité de la macroéconomie sur la microéconomie, triomphalisme Ed. Malinvaud, - Le mythe du meilleur économiste de France, R. Barre, le chômage est un phénomène conjoncturel…, - La surreprésentation du paradigme de l’école de la régulation française dans les choix économiques, - L’incapacité des politiques à savoir utiliser les études économiques, 1967, le rapport Ortoli, - Le mythe du modèle économique idéal étranger qu’il faut copier à son propre marché, - L’hystérèse du taux de chômage : modèle d’analyse du marché travail insider-outsider inutilisé…, - Retour de la microéconomie pour lire le marché du travail - salaire d’efficience, Shapiro & Stiglitz, - Taux de chômage structurel : incompréhension du modèle WS-PS, relance par le déficit…, - La doxa du rapport Mattéoli : exonération de charges sur les bas salaires, - Traité de Lisbonne : aucun résultat ne légitime la soumission des états au diktat des marchés financiers, - Raffarin et De Villepin : contrat unique et le modèle d’appariement O &D de travail, - Du 11 sept 2011 à Lehman brothers, le pouvoir magique de la grande modération. Il existe des outils

macroéconomiques pour corriger les crises, on peut laisser aller à la dérive les marchés financiers, - Les effets de mode qui aveuglent les gouvernants, la flexsécruité multi-solution des pays scandinaves, - Le benchmarking politique… il faut corriger les résultats des modèles économétriques pour bien comparer, - L’approche culturaliste* (Yann Algan et Pierre Cahuc), travaux non matures et recommandations hâtives,

Durée de l’enquête terrain : P. Askenasy a pris 3 années pour réaliser son terrain d’enquête fouillé.

(* définition : relatif au culturalisme, doctrine sociologique qui met l'accent sur l'influence des phénomènes culturels sur la société et sur l'individu)

10 Méthode scientifique au cœur de l’archéologie dont but est de classer les différentes séquences et époques des dépôts de roches en fonction de la région géologique, et finalement d’établir un registre géologique complet de le Terre. 11 Référence à son cursus initial d’économètre (mathématique décisionnelle appliquée au mécano économique).

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6. Rappeler explicitement les principaux résultats obtenus par l’auteur au terme de son travail (2-3p) et boucler avec l’ensemble du processus d’analyse critique : le travail proposé débouche-t-il sur un (des) réponse(s) ? Les réponses sont-elles cohérentes avec le protocole d’études et quels rapports entretiennent-elles avec l’état de la connaissance ?

Mondialisation et emploi : les effets sur les politiques d’emploi du « village Gaulois France » Depuis le début des années 70, l’économie de marché ouverte a connu un processus continu de transformation du capitalisme. Durant cette longue période étudiée 1970 – 2010, il y a eu différentes transitions d’un mode économique à un autre, où le moteur de la création de richesse a lui-même muté, ce que l’auteur appelle la théorie de la contingence historique. Dans ce nouvel ordre économique mondialisé et tout au long de cette période, la France a été incapable des maintenir une croissance durable et incapable de saisir les opportunités des reconfigurations. Chômage de masse et croissance essoufflée ont épuisé le monde du travail. Les travailleurs français ont été incapables de reconquérir un rapport de force équilibré au profit du couple gouvernants-patronats qui se sont organisés durant ces décennies pour créer les conditions du maintien de ce statut quo. Au final, les travailleurs français ont accumulé des situations d’usure car la situation du travail dans l’entreprise est liée à la situation de l’emploi, elle-même intimement liée à la politique d’emploi des différents gouvernements. Ce bilan final enkysté de sous performance du couple (croissance, chômage)12, trouve son origine, dans l’absence de cadre d’analyse pertinent et mobilisé par les gouvernants, de chaque époque, qui n’ont pas réussi à saisir et à analyser les conséquences issus du processus de transformation du capitalisme. Le fil conducteur qui maille cette accumulation de 40 années d’erreur, a été motivé par l’obsession de tous les gouvernements successifs de prendre des mesures d’emploi visant le retour court terme au plein emploi. De son terrain d’enquête, P. Askenasy construit une typologie organisée selon 3 grands types d’erreurs et dont le plus petit dénominateur commun est la mauvaise anticipation des conséquences de long terme des choix de politiques (économie et d’emploi) que les gouvernants prendront. Type 1 : les erreurs fondamentales de diagnostic

- Absence de détection du processus de transformation du capitalisme (syndrome Ortoli13), - Absence d’investissement en éducation, en R&D et une démocratisation scolaire tardive, - Prise en compte tardive de l’économie de la connaissance (15 années après les USA*),

Type 2 : les erreurs d’enfermement politique

- Les politiques d’emploi catégorielles (immigrés, jeunes, femmes et seniors), - Le piège du temps politique court qui rend impossible toute action d’insertion durable dans l’emploi, - L’accumulation de dispositifs hétéroclites qui se neutralisent et dont le coût interdit de faire autre chose,

Type 3 : les erreurs politiques

- Le temps partiel contraint des femmes et des travailleurs pauvres (problème social difficile à déconstruire), - La doxa du modèle vertueux et le comportement mimétique (effet de mode), - Le clientélisme électoral et les activeurs de fausse bonne idée (TVA sociale),

L’ensemble des résultats opérationnels de l’enquête terrain mis à jour par l’auteur est synthétisé dans le tableau synoptique de la page suivante. (* P. 180)

12 En décembre 2010, la France métropolitaine comptait 4.18 millions de demandeurs d’emploi, c'est-à-dire 9,1% de la population active (privé + public). 13 Voir le rapport Ortoli - page 50.

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Bilan des politiques économique et d’emploi : 1970 - 2010

modèle outil résultat modèle outil cible résultat effets pervers 1970 - 1986

74-76 : chirac relance macroéconomique flexsécurité échec immigrés stigmatisés

76-81 : barre gestion déficit public stabi l ité monétaire échec contrats aidés PACTES jeunes échec précarisation, stigmatisation - désordre LT

81-84 : mauroy relance macro (keynes.) transfert sociaux échec éviction 50 ans Préretraites Etat seniors 84 : 700 000 sorties de l 'emploi effet aubaine employeur - réduire main d'œuvre

84-86 : fabius rigueur + taxation lutter inflation échec contrats aidés TUC jeunes heure travai l lée payée en-dessous smic précarisation, stigmatisation -désordre LT

1986 - 1993

86-88 : chirac réduire place état ( Thatcher) actionnariat échec salaire efficience Intérim flexibi l iser le contrat travai l affaiblissement LT cdi droit commun

88-91 : rocard immobil isme économique CSG (protec. Sociale) échec contrats aidés CES (+ RMI) jeunes échec précarisation, stigmatisation - désordre LT

91-92 : cresson immobil isme économique échec

92-93 : bérégo. acceptation hypo l ibérale copier le miracle Polder (Pays-Bas)

échec temps partiel allegt CS (30%) femmes substitution tps plein en tps partiel+ création marché (L) secondaire

tps travail subi femmes - impact majeur

1993 - 2002relance macro + désinvestissement en R&D

lâcher le déficit bud. contrats aidés CIP jeunes échec + exo. charge basse qualification Ct(L)

précarisation, stigmatisation - désordre LT

réforme retraite seniors baisse pension et hausse cotisation précarisation, stigmatisation - désordre LT

95 - 97 : juppé clientél isme électoral loi urbanisme GSA échec massifier allègement de charge Ct(L) baisse structurelle coût heure travaillée

myopie (autoroute info.) Ed. Malinvaud échec contrats aidés Emplois Jeunes jeunes échec + polit. al légement de charges Ct(L) précarisation, stigmatisation - désordre LT

réduction tps travail Loi 35 H (forcée) flexibi l isation des rémunérations affaiblissement pouvoir négo salarié - LT

2002-2007

clientél isme électoral diktat traité Lisbonne (+ miracle Irlandais)

détricoter 35H extension H. supp allegt charge fil lon + reduct. CS substitution h. supp - création emploi / LT

réforme retraite surcote / décote seniors développement retraite maison accélérer sortie senior pour employeur / LT

croissance zéro échec contrats aidés CPE jeunes échec précarisation, stigmatisation - désordre LT

modèle appariement Plan Cohésion Social échec : accumulation outi ls hétéroclites affaiblissement pouvoir négo salarié - LT

2007- 2010

05 - 07 : villepin

07 - 11 : fillon

02 - 05 : raffarin échec

Eval

uatio

n ??

volontarisme et redistribution vers les entreprises

déclin technologique de la France et choix emploi non qualifié allégement des cotisations sociales bas salaires et réduction du temps de travail

la grande modération macroéconomique appariement, multiplication désordonnée dispositif et détricoter 35H

93 - 95 : balladur

97 - 02 : jospin

échec

politique économique politique d'emploi

transitions, révolutions industrielles, productivité refonte organisation et intensification du travail, inégalités salariales

modèle pensée néolibérale modèle WS-PS : allégement des cotisation sociales bas salaires

stimuler la croissance économique alléger et flexibiliser le coût du travail

multiplication désordonnée dispositif et allégement des cotisations sociales bas salaires

myopie crise financière idéologie : travai l ler (+) pour gagner (+)

en finir avec 35 H TEPA femmes exo IR et CS des heures supplémentaires tps plein homme et tps partiel femme - (++) LT

intervention multipl ier outils accumulation outi ls hétérocl ites effet aubaine employeur - baisse Ct(L)

diktat notation AAA et BCE réforme à marche forcée réforme retraite privé & public seniors baisse pension et hausse cotisationaffaiblissement pouvoir négo salarié - LT

07 - 11 : fillon

Eval

uatio

n ??

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Au terme du terrain d’enquête, P. Askenasy tire des enseignements pour l’avenir.

En matière de politique d’emploi, les gouvernants doivent avoir une vision globale et déployer une politique de long terme basée sur des résultats économiques scientifiques. Il faut sortir des équations et renoncer à découper en petits morceaux les politiques économiques discutées entre l’Insee et Bercy. Il faut définitivement renoncer aux paradigmes historiques, confortables par paresse intellectuelle, d’énoncer que la cause première du chômage vient d’un coût trop élevé du facteur travail et que seules les politiques de gestion de stock d’emploi sont actionnables sur le marché français du travail.

Sur le critère de l’efficacité des mesures d’emploi étudiées, malgré un certain traitement social du chômage en développant une forme d’employabilité des demandeurs d’emploi14, l’auteur n’a pas été identifié de mécanisme de correction à long terme et durable des difficultés d’insertion dans l’emploi rencontrées par les catégories stigmatisées lors de leurs entrées sur le marché du travail. P. Askenasy conclut que lors d’observation de politique emploi de précarisation auprès d’une catégorie stigmatisée, il est très difficile d’inverser le comportement des entreprises d’utiliser ce mode de fonctionnement auprès de cette catégorie. La durée moyenne de 5 années a été observée comme nécessaire pour corriger ce type d’effet pervers. Sur le critère du rendement des mesures d’allégement fiscalo-social dont les entreprises se sont rendues dépendantes15 au fil du temps, ces mesures créent de l’emploi mais sont financièrement ruineuses pour les finances publiques. Les économies générées par l’arrêt de ces emplois subventionnés permettraient de financer une véritable politique de recherche publique fondamentale en France, et in fine de produire des innovations et de vrais emplois associés.

Eléments de langage contre l’obsession d’abaisser le coût et de flexibiliser le facteur travail : sous la forme d’une leçon inaugurale, P. Askenasy alerte économistes et gouvernants sur l’erreur fondamentale et enkystée de croire qu’une relance économique associée à une lutte efficace contre le chômage puisse se faire en tordant le fonctionnement du marché du travail notamment en cherchant par tous les moyens à abaisser le coût du travail, à développer les emplois non qualifiés et au final à flexibiliser le marché du travail. Il met en garde quant aux limites d’exploitation des modèles d’appariement16 (et ceux de la flexsécurité), dont les dernières applications* en France, ayant eu pour objectif d’introduire un coin dans le contrat de droit commun C.D.I. n’auront aucun effet d’action contre les causes profondes du chômage. Pour l’auteur : « la flexibilité du marché du travail est atteinte partout sans avoir tenu sa promesse d’amélioration des opportunités d’emploi* ». (* Contrat Nouvelle Embauche, fusion ANPE et Assedic dans Pôle Emploi et la rupture conventionnelle du contrat de travail)

En contrepoint, P. Askenasy plaide pour une planification décennale de l’Etat Stratège qui viserait la mise en place de véritables filières technico-industrielles d’inspiration Colberto-Gaulliste. Pour réussir ce projet industriel de « l’entreprise France », il préconise une spécialisation sectorielle de l’économie vers les secteurs de la santé et de l’économie de la formation (i.e. le tourisme universitaire) où la France posséderait un avantage concurrentiel et répondant une demande mondialisée de besoins universels.

De ce postulat, il développe les thèmes qui lui sont chers et qui seraient les variables d’action au service de ce scénario « d’un trend durable de croissance », c'est-à-dire : effort d’investissement dans la recherche publique, programme d’éducatif visant l’excellence des formations généralistes, arrêt du démantèlement des services publics les plus performants**, véritable politiquement d’emploi visant le développement du capital humain et à la reconstruction du collectif de travail au sein de l’entreprise.

En filigrane de ce faisceau de réponses inférées, l’auteur laisse le lecteur appréhender la problématique de « justice sociale » et propose de revisiter l’enseignement majeur de la Crise de 1929 aux USA. C'est à dire, non pas la gestion d’un Krach boursier mais la gestion d’une montée spectaculaire des inégalités de patrimoine. A long terme devenant une situation intenable, l’Etat Fédéral a été obligé d’intervenir via une politique volontariste de transferts sociaux.

N’est-ce pas là le seul objectif d’une politique active d’emploi réussie ? Donner une respiration à l’économie, donner une respiration à l’entreprise et donner une respiration au salarié.

(* P. 277 - ** P. 245)

14 Page 146, pour approfondir ce point, cf. Que sais-je ? Christine Ehrel sur Les politiques de l’emploi, Puf, 2009. 15 L’enfermement dans le piège de l’effet d’aubaine. 16 Dale Mortensen et Christopher Pissarides étudient les raisons pour lesquelles le lien entre Offre et Demande (L) ne se fait pas de façon optimale.

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7. Et si le lecteur reprenait la question de l’auteur (1p) ? Quelles seraient les modifications qu’il pourrait

apporter à l’ouvrage dans sa conception, dans son organisation, dans ses références, dans son terrain, Concernant la forme de l’ouvrage et la démonstration associée, j’aurais préféré que l’auteur facilite la lecture en n’ayant pas recours à « un inventaire à la Prévert » de l’ensemble des outillages emploi mobilisés, oubliant dans certains cas d’analyser en profondeur les mécanismes pour eux-mêmes. Un outil du type analyse comparée avec l’utilisation de critères pertinents aurait permis de dégager une lisibilité synthétique et systémique de 40 années étudiées. En revanche, sans tomber dans le biais méthodologique, il aurait été plus astucieux de la part de P. Askenasy, dans la présentation des résultats qui corroborent sa thèse, de ne pas mélanger et de ne pas mettre au même niveau les erreurs de prévisions macroéconomiques, les erreurs de diagnostic, la mauvaise utilisation des modèles employés et la mobilisation dévoyée de théories économiques pour justifier une décision politique. Une hiérarchie à deux positions aurait pu renforcer la démonstration. Au « sein d’un échelon basique », serait regroupé tout ce qui entre dans le registre de l’erreur d’analyse et de diagnostic, dans un degré supérieur qualifié de plus impactant pour le marché de l’emploi, serait regroupé tout ce qui relève de l’ingénierie sociale et financière utilisable par les décideurs publics. Dans la partie de sa démonstration concentrée sur les préconisations et moyens d’actions à mettre en œuvre pour rendre performante l’action du gouvernant pour le projet France, je trouve que P. Askenasy reste trop dans la description ethnographique (du type publi-reportage promotionnel) de ce qu’il faudrait faire sans justifier les fondements méthodologiques de cette possible politique française de croissance. L’argumentation proposée par l’auteur reste trop généraliste, elle n’apporte pas d’utilité sociale17 à la compréhension des problèmes à résoudre dans le débat relancé de croissance et emploi. En quelque sorte, le lecteur a l’impression que l’économiste P. Askenasy tombe dans les mêmes erreurs de ses pairs économistes qu’il dénonce. P. Askenasy « dit quelque chose sur les thèmes à la mode croissance et emploi », non pas pour résoudre la situation mais pour justifier qu’il appartient à une école de pensée économique. Ecole de pensée économique non explicitement déclinée, car à la fin de l’ouvrage, le lecteur ne sait toujours pas à quelle école rattacher Philippe Askenasy… Egalement, je m’étonne de l’opérationnalité de la spécialisation sectorielle proposée pour un projet stratégique dont l’objectif moyen terme est de mettre en place une véritable filière industrielle. Ces deux choix sont facilement réfutables. Pour le domaine de la santé, nonobstant une balance commerciale française excédentaire sur le marché européen des soins, l’accumulation des désorganisations engendrées par l’application de la loi des 35 Heures à l’hôpital public puis du projet actuel « loi portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires » ne permet pas de conclure à l’existence d’un avantage concurrentiel, car nul ne sait aujourd’hui quel sera le niveau de performance de notre système de soins à l’horizon 2020.

Pour le tourisme universitaire, au regard des réformes en cours des pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES*) et autonomie des Universités, certains économistes de l’éducation affirment que ce tourisme pourrait rapidement se transformer en scénario low-cost18. Dans les deux cas, exprimés en termes de politique industrielle, on peut opposer à l’auteur que son modèle de développement conduit le territoire national à devenir le parc d’attraction au service de l’économie mondialisée. La Fabrique de l’industrie française : faut-il se résoudre au déclin de l’industrie française, absolument non !

Voulant peser sur le débat présidentiel 2012, en tant que spécialiste du marché du travail, Philippe Askenasy a bien détaillé l’erreur historique des gouvernants associés au patronat français de se focaliser sur le coût du travail en recourant à la massification de l’allègement de charge sur les bas salaires et basses qualifications. (* P. 203)

17 «… L’économie est une science et doit répondre à la demande sociale … » - Economics: an Introductory Analysis, Paul Samuelson (US) - 1948. 18 Rapport OCDE – Regards sur l’éducation – Ed. 2011 => http://www.latribune.fr/static/pdf/rapport_OCDE_13092011.pdf.

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Par contre, il aurait dû investiguer plus loin dans son analyse, élargir son champ d’investigation19 exclusivement centré sur le marché du travail et notamment étudier comment cette politique horizontale fiscalo-sociale a profité au secteur des services au détriment du secteur industriel, c'est-à-dire comment une politique horizontale s’est substituée à une politique verticale de filière industrielle amont – aval. Hors, cette situation singulière de capitalisme à la française n’est pas homogène au sein des pays occidentaux20. Certains champions de la zone des pays économiquement avancés ont lancé à la fin des années 90, le « made in here » pour redéployer, en amont, leur filière industrielle vers des secteurs à fort investissement capitalistique et à fort investissement en formation dans le capital humain. On peut citer l’Allemagne pour le secteur automobile et les USA pour l’efficience énergétique et les matériaux avancés. Pour ces pays, «il s’agit de créer un nouveau modèle productif afin de retrouver un avantage concurrentiel par rapport aux pays émergents»21.

D’où cela vient-il ? Sans recourir à l’argument des coûts unitaires salariaux structurellement bas pour l’Allemagne* depuis 10 ans, comment peut-on expliquer la performance industrielle allemande dans le secteur automobile face aux constructeurs français dans les pays émergents ? Raison 1 : face à la mondialisation, la politique commerciale allemande est pilotée par le patronat allemand (en y associant les puissants syndicats salariés), et non par la Chancelière Angela Merkel. Le secteur automobile est considéré stratégique et tous les opérateurs industriels du secteur automobile (constructeurs et sous-traitants) sont au service du projet Allemagne et avancent en rangs serrés.

Raison 2 : « être productifs et chers ! » Les patrons automobiles allemands ont fait le bon choix de positionnement marché, de véhicule haut gamme, à forte innovation technologique et apportant des services de valeur aux consommateurs finaux. Du point de vue de l’organisation de la production, ce sont les ouvriers allemands qui finalisent le « fine tuning » d’ensembles de pièces produits par des sous-traitants à bas coût situés dans les pays de l’ancien bloc soviétique. Selon les patrons allemands, ce travail de bon choix du couple (position concurrentiel, marché) a permis de construire une stratégie industrielle vertueuse qui valorise la compétence humaine à forte valeur ajoutée opérationnelle et rend pérenne à long terme une production localisée sur le territoire allemand. «… en aucun cas, pour des choix aussi stratégiques, nous aurions laissé faire le gouvernement22 … »

Certains patrons français semblent avoir retenu la leçon et ne souhaitent pas l’intervention de l’Etat Stratège en matière de choix de politique industrielle, et en particulier pour le secteur des industries de pointes. Notons, le lancement d’un Think Tank « la Fabrique de l’industrie23 » présidé par Louis Gallois, dont la mission sera «… d’apporter des réponses aux grandes enjeux de l’industrie… » En conclusion, au moment où l’économie capitaliste connait une nouvelle mue qui risque de modifier le marché du travail en profondeur, afin d’éviter « les actes chirurgicaux » néo-libéraux préconisés par le F.M.I., l’économie française doit réinventer son avenir industriel. Investir dans la science, préparer les industries que nous maitriserons réellement dans 20 ans et organiser le prochain système éducatif capable de produire le capital humain qualifié et nécessaire pour réaliser ce « nouveau grand plan industriel pour la France ». Il est urgent pour notre économie, telle une oligarchie pétrolière, de sortir de l’exploitation de la rente du TGV, de l’Airbus et du Téléphone issus des investissements réalisés à la fin des Trente glorieuses. Ne laissons plus les Chinois nous qualifier de romantiques, ne laissons pas les chinois réinventer le 21ème siècle à notre place. Les décennies aveugles, emploi et croissance 1970 – 2010, la perspective historique d’un ouvrage qui compte pour qui veut prendre le temps de le lire pour en tirer des enseignements !

(* Pour ce point, cf. http://www.coe-rexecode.fr/public/Espace-Presse/Coe-Rexecode-dans-les-medias/Le-rapport-Competitivite-France-Allemagne-dans-les-medias)

19 Cf. les matrices d’analyse stratégique et scénarii d’actions identifiés dans les stratégies des RH, Bernard Gazier, La découverte, Repères, 4e éd., 2010. 20 Au sens des travaux Esping Andersen sur la diversité des capitalismes, Les trois mondes de l’Etat-providence, PUF, 2003. 21 Jean-Hervé Lorenzi, le monde économie, Mardi 11 octobre 2011. 22 Le président du directoire de Volkswagen, Martin Winterkorn, reuters, 14 février 2009. 23 Patronat, l’industrie lance son think tank, les échos, page 6, le mardi 11 octobre 2011.

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ANNEXES Sommaire, in extenso page 11 Résumé de l’ouvrage page 13

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TABLE DES MATIERES

introduction 7

Ch1. Une révolution industrielle américaine 17

1970 17

Les TIC : une Generale Purpose Technology 22

Une chute transitoire de la productivité 23

Inflation et désinflation 26

Changements organisationnels et précarisation 28

Désyndicalisation 31

Mouvements capitalistiques, Financiarisation et mondialisation 34

Montée des inégalités et érosion du travail Face au capital 38

Un schéma politique commun 41

Royaume-Uni : le choix de l'industrie financière 42

Le rapport Ortolli de 1967 50

Ch2. 1974-1981 : les politiques déformatrices 55

Des déséquilibres naissants… 56

… et des connaissances limitées 57

Les débuts hésitants de la présidence Giscard 59

- Stop and go 59

- L'indépendance énergétique 63

- La politique d'immigration : un choix structurant 64

La politique délétère de Raymond Barre 68

- Une austérité isolée et une explosion Des prélévements obligatoires 70

- La stigmatisation des jeunes 75

- La précarisation de l'emploi des jeunes 77

- Le recours au CDD facilité et des industries sous perfusion 86

Le bestiaire des mesures pour l'emploi 88

Ch3. 1981-1986 : de la rupture aux abandons 93

Règle et discrétion 94

La relance de 1981-1982: un environnement international inattendu 98

Nationalisations et déficit public 101

La France isolée 102

1982-1986: de la rigueur à la désinflation compétitive 104

Travail, emploi, industrie: des politiques entre ambitions et conservatismes 108

Le tournant libéral de la gauche socialiste 110

La relance de l'éducation 111

L'abandon des 35 heures 113

Réduire la main d'œuvre 116

Un bilan décevant mais de nouveaux droits 118

Ch4. 1986-1993 : du libéralisme dur au libéralisme soft 121

L'eurosclérose et l'hystérèse 122

Une agitation libérale 126

…sans objectif industriel 130

L'immobilisme économique rocardien 132

Le RMI 135

L'"enrichissement" de la croissance en emplois 137

"On a tout essayé" 144

Ch5. 1993-2002 : de "nouvelles" politiques efficaces ? 145

Les experts pour une nouvelle politique de l'emploi 146

Balladur et Juppé: libéralisme, "expertocracie" et clientélisme 150

La gauche plurielle: ruptures et continuité face à la nouvelle économie 165

Des records de créations d'emplois grâce aux allègements Juppé et aux 35 heures 176

Un déclin technologique amorcé 180

Ch6. 2002-2007 : la décomposition 189

La "grande modération" 190

Chassé-croisé politique en Europe 191

La stratégie européenne 195

Le détricotage des 35 heures 196

Continuités 201

La réforme Fillon des retraites 204

Le délitement de la politique de l'emploi 206

Les échecs du CNE et du CPE 209

Ch7. 2007-2010 : l'avalanche 213

Crise du capitalisme, crise des idées 214

L'optimisme initial 219

Entre idéologie et pragmatisme, une politique machiste et risquée 221

La fonction publique sabrée 226

Des mesures d'urgence 227

Des réformes au long cours 230

Une réforme des retraites inégaliatire 232

De coûteuses mesures fiscales à l'efficacité douteuse 236

La recherche prioritaire ? 238

Un Crédit d'impôt recherche généreux 240

La France fracturée 245

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Ch8. 2011-2020 : nouveaux paradigmes 247

Rétablir la monarchie ! 249

Que faire ? 255

L'emploi dans les grandes économies européennes 260

Chômage des jeunes: un mal français ? 264

L'emploi des séniors "sinistré" 273

La politique de l'emploi coincée 276

Pour la croissance de la décennie 2011-2020: une économie des besoins 279

Besoins éducatifs ou solution verte ? 282

L'industrie de la formation supérieure et l'innovation 290

Les besoins de santé 294

Conclusion 305

Remerciements 309

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Résumé

TABLE DES MATIERES P RESUME / DEMARCHE / IDEES CLEFS

introduction 7 le taux de chômage élevé en France est un mal français, le mal des travailleurs français sous-productifs? FAUX! le diagnostic emploi trop rapide des gouvernants français depuis 40 ans trouve son origine dans l’absence de compréhension des transformations du capitalisme et dans l’absence de vision stratégique industrielle moyen terme.

Ch1. Une révolution industrielle américaine 17 la transformation du facteur travail s’explique par une financiarisation et une mondialisation de l’économie (1965)

1970 17 baisse des taux de productivité au sein de l’industrie US, datation du passage du fordisme à new economy (1970)

Les TIC : une Generale Purpose Technology 22 grâce aux TIC : prédominance du modèle productif US qui fixe les standards d’organisation, du travail et du social

Une chute transitoire de la productivité 23 à LT, indicateur de productivité totale des facteurs augmente aux USA, datation du 1er choc transitoire de productivité

Inflation et désinflation 26 les politiques économiques sont à l’unisson : stabiliser l’inflation due à un cycle technologique trop rapide

Changements organisationnels et précarisation 28 segmentation et précarisation du marché de l’emploi, justification de l’articulation marché interne – externe du travail

Désyndicalisation 31 ses changements organisationnels empêchent le collectif de travail et émiettent le poids syndical

Mouvements capitalistiques, la montée des TIC enclenche un processus de privatisation du capital des secteurs traditionnels

Financiarisation et mondialisation 34 la 1ère révolution numérique (chipset) induit une accélération et une mondialisation de l’investissement capitalistique

Montée des inégalités et érosion du travail conséquences : effondrement des salaires bas, explosion des salaires de la finance, explosion des inégalités salariales

Face au capital 38 Salariés : peur du déclassement et effort d’éducation vs. Employeurs : exigence accrue en termes de polyvalence salarié

Un schéma politique commun 41 casser l’inflation, lutter contre le chômage de masse, accélérer la transition économique par spécialisation sectorielle

Royaume-Uni : le choix de l'industrie financière 42 stratégie industrielle Thatcher : socle technique et fiscal pour développer l’industrie financière : naissance de la City (80)

Le rapport Ortolli de 1967 50 en dépit d’un projet de flexsécurité, les gouvernants se sont enferrés à résoudre les chocs macroéconomiques (pétrole)

Ch2. 1974-1981 : les politiques déformatrices 55 gouvernement après gouvernement : cadre d’analyse et d’action de politique emploi inadapté aux mutations écono.

Des déséquilibres naissants… 56 arrivée des baby-boomers : obsession d’une gestion de stock d’emploi, les seniors, par le 1er dispositif de préretraite

… et des connaissances limitées 57 arbitrage macroéconomique inflation vs chômage difficile à tenir : baisse tx productivité vs hausse chômage, inflation

Les débuts hésitants de la présidence Giscard 59 triomphalisme de l’expert économique Ed. Malinvaud : logique de planification éco. et grands équilibres macroéco.

- Stop and go 59 application d’instruments macroéconomiques pour une série des chocs conjoncturels : inflation, crise, chômage…

- L'indépendance énergétique 63 obsession de l’indépendance énergétique vis-à-vis du monde arabe : polytechniciens et filière industrielle nucléaire

- La politique d'immigration : un choix structurant 64 le gouvernement Chirac : stigmatise l’immigration nord-africaine comme solution pour résorber le chômage français

La politique délétère de Raymond Barre 68 R. Barre, meilleur économiste de France impose à marche forcée : une économie bridée et une stabilité monétaire

- Une austérité isolée et une explosion 2 priorités des priorités : limiter l’inflation et réduire le déficit public

Des prélévements obligatoires 70 comment : systématiser les prélèvements obligatoires auprès des entreprises et particuliers (se traduira par un échec)

- La stigmatisation des jeunes 75 tx chômage élevé des jeunes, la solution miracle : il faut obliger les jeunes à se tourner vers les métiers manuels

- La précarisation de l'emploi des jeunes 77 comment : subventionner auprès des entreprises les contrats aidés, cdd et stages pour flécher les emplois jeunes (77)

- Le recours au CDD facilité introduction de la massification des exonérations de charges fiscales - sociales : effet d’aubaine pour les employeurs

et des industries sous perfusion 86 loi 3 jan 79 : usage cdd pour des emplois permanents, sans limitation dans la durée et de renouvellement

Le bestiaire des mesures pour l'emploi 88 accumulation de mesures pour contrer le chômage permanent : précarisation & transfert charges sociales privé - public

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Ch3. 1981-1986 : de la rupture aux abandons 93 gérer l’héritage Giscard-Barre : rétablissement des comptes publics et flexibilisation du marché du travail

Règle et discrétion 94 invariant du gouvernement Mitterrand : incapacité à lire et à comprendre le mécano économique mondial

La relance de 1981-1982: engager une relance massive par augmentation des minimas sociaux et réduction du temps de travail

un environnement international inattendu 98 nouveau paradigme monétaire de la FED (US) : modifier les anticipations des agents économiques

Nationalisations et déficit public 101 36 banques + 5 groupes industriels nationalisés – transferts sociaux financés par taxes sociales et fiscales

La France isolée 102 Mauroy : échec de la politique de relance éco. par le déficit public face à la restriction monétaire de la FED

1982-1986: de la rigueur Fabius : lutte contre l’inflation, baisse des dépenses publiques et taxation des hauts revenus

à la désinflation compétitive 104 Fabius : désindexation salaire et inflation, basculer les cotisations sociales vers TVA (ie TVA antidélocalisation)

Travail, emploi, industrie: résultats : inflation maîtrisée, déficits publics, faible croissance et faible création d’emplois

des politiques entre ambitions et conservatismes 108 loi Auroux (82) - transformation des relations sociales vs. enkystement des jeunes dans la précarisation

Le tournant libéral de la gauche socialiste 110 ouverture du marché bancaire, désintermédiation et internationalisation des capitaux – CAC40

La relance de l'éducation 111 80% d’une classe d’âge avec Bac, chômage des jeunes par contrat aidé TUC et le travail payé en-dessous du smic

L'abandon des 35 heures 113 réduction temps travail contre hausse de la productivité horaire – blocage négociation 35H jusqu’à 1997

Réduire la main d'œuvre 116 généralisation des préretraites publiques : effet aubaine employeur pour réduire la main d’œuvre : 700KConvent. (84)

Un bilan décevant mais de nouveaux droits 118 en terme de création d’emploi : bilan gauche = bilan droite, mais Lois Auroux redonne du poids au salarié

Ch4. 1986-1993 : du libéralisme dur au libéralisme soft 121 consensus national, gauche et droite convertis au miracle UK « il faut copier le modèle du tout marché »

L'eurosclérose et l'hystérèse 122 retour de la théorie microéconomique : Shapiro & Stiglitz - salaire d’efficience, Lindbeck & Snower – insider vs. outsider

Une agitation libérale 126 Chirac : singer le modèle libéral Thatcher UK, réduire le tout Etat et transformer la relation d’emploi (intérim)

…sans objectif industriel 130 frénésie libérale, mais absence de projet d’investissement pour une filière industrielle LT créatrice d’emplois

L'immobilisme économique rocardien 132 absence de projet éco, privatisations gelées et exonérations de charges contrats aidés jeunes confortés

Le RMI 135 massification des entrées dans le dispositif RMI mais sans réel parcours d’insertion professionnelle à l’emploi

L'"enrichissement" de la croissance en emplois 137 favoriser le temps partiel des emplois féminins pour les employeurs du secteur commerce (alimentaire)

"On a tout essayé" 144 bilan période Mitterrand : défaitisme économique, stigmatisation et précarisation des emplois jeune / femme

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Ch5. 1993-2002 : de "nouvelles" politiques efficaces ? 145 bilan 30 ans politique d’emploi : baisse coût et temps travail, avec stigmatisation de catégories de population

Les experts pour une nouvelle politique de l'emploi 146 face à la mondialisation, les stratégistes de l’OCDE préconisent une baisse salaires et une flexibilité temps travail

Balladur et Juppé: libéralisme, relance de l’emploi français par une gestion du stock d’emploi et une baisse du coût du travail

"expertocracie" et clientélisme 150 doxa du rapport Mattéoli : exonération de charges sur les bas salaires, baisse prix smic, contrat unifié

La gauche plurielle: ruptures et continuité lobbying des enseignes GSA française et Raffarin : loi urbanisme commercial… frein création d’emploi

face à la nouvelle économie 165 la France 97 : 10 ans de retard technologique face aux autoroutes de l’information Clinton & Gore

Des records de créations d'emplois Jospin : privatisation entreprises publiques et gonflement bulle internet sans voir la réalité éco. sous-jacente

grâce aux allègements Juppé et aux 35 heures 176 exonérations charges et effet aubaine 35H : barrière à l’entrée renforcée pour primo-accédant marché du travail

Un déclin technologique amorcé 180 investissements R&D des USA, secteurs TIC & Biotechnologies versus sous-investissement Etat français

Ch6. 2002-2007 : la décomposition 189 2002-07 Chirac : sclérose de l’analyse du marché du travail et prolifération désordonnée de dispositifs

La "grande modération" 190 du 11 sept à Lehman Brothers : existence d’outils macroéconomiques qui régulent les crises systémiques

Chassé-croisé politique en Europe 191 UK : relance emploi public, Allemagne : flexibilisation marché travail, France : réduction coût travail

La stratégie européenne 195 traité de Lisbonne : découplage des politiques emplois des Etats des mécanismes de l’économie réelle

Le détricotage des 35 heures 196 rapprochement Droite et Medef : revenir à 39H/sem et massification des allégements de charges Fillon

Continuités 201 Droite & Gauche : réduction du coût du travail et précarisation des bas salaires sans création d’emplois

La réforme Fillon des retraites 2003 204 résultats : fin des préretraites Etats mais + 100 000 préretraites maison (ent.) : taux emploi senior inchangé

Le délitement de la politique de l'emploi 206 Raffarin & Villepin : accumulation hétéroclite de recettes emploi > effet aubaine pour les employeurs

Les échecs du CNE et du CPE 209 obsession de fluidifier l’appariement employeur et salarié : le contrat unique doit rapprocher O & D de travail

Ch7. 2007-2010 : l'avalanche 213 depuis 2007, l’économie mondiale tourne à plein régime sauf pour la France…

Crise du capitalisme, crise des idées 214 système financier mondial sauvé par les pouvoirs publics : crise des outils d’analyse économique pertinents !

L'optimisme initial 219 Fillon I & II : ministère du travail le plus instable de la 5e République, politique de l’emploi partisane (Pr.)

Entre idéologie et pragmatisme, travailler plus pour gagner plus : effet délétère loi TEPA pour les salariés, effet d’aubaine pour les employeurs

une politique machiste et risquée 221 accroissement inégalités outsiders / insiders et inégalités de genre au détriment du tx d’emploi des femmes

La fonction publique sabrée 226 RGPP : dégradation du service public rendu liée à la règle du non remplacement d’1 sur 2 fonctionnaires

Des mesures d'urgence 227 accumulation de mesures impuissantes face à la crise : prime à la casse, RSA, apprentissage, alternance…

Des réformes au long cours 230 empilement de mesures LT non applicable à CT : Rapport Attali, Loi du 20 août 08 – représentation syndicale…

Une réforme des retraites inégaliatire 232 pour tenir la notation AAA, Fillon & Sarkozy réalisent la réforme des retraites la plus dure en Europe

De coûteuses mesures fiscales alignement de la baisse TVA restauration, sur TVA Bâtiment contre hypothétique création d’emplois…

à l'efficacité douteuse 236 … et baisse de l’addition client dans l’hôtellerie : résultat - Coût = 100 KE / an / création d’emploi

La recherche prioritaire ? 238 restructuration de la recherche fondamentale publique … au profit d’une recherche appliquée privée

Un Crédit d'impôt recherche généreux 240 les entreprises bénéficiaires (pharma) par ingénierie financière du CIR réalisent les plus gros profits CAC40

La France fracturée 245 accumulation d’effets pervers de mesures emploi : précarisation des salariés pauvres et chômage de masse

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Ch8. 2011-2020 : nouveaux paradigmes 247 hybridations des formes de crise : industrielle, financières et inégalités de redistribution de la valeur ajoutée

Rétablir la monarchie ! 249 traiter défiance de la société française par l’établissement d’une monarchie constitutionnelle nordique

Que faire ? 255 l’analyse des modélisations économétriques ne valide pas la supériorité de la flexsécurité scandinave

L'emploi dans les grandes économies européennes 260 en terme de résultats politique emploi (biais corrigés) : Lombardie (Italie) > Suède (étalon flexsécurité)

Chômage des jeunes: un mal français ? 264 tx enkysté du chômage jeune s’explique par 40 ans cumulés du modèle emploi de modération salariale

L'emploi des séniors "sinistré" (France) 273 tx emploi des seniors (+) faible d’Europe résulte de 40 ans de politique emploi d’éviction des seniors au travail

La politique de l'emploi coincée 276 fin des obsessions Plein Emploi et Education quantitativiste pour une stratégie industrielle LT avec fort (I) R&D

Pour la croissance de la décennie 2011-2020: arrêter de financer les niches fiscalo-sociales pour inverser l’utilisation low-cost du travail par les employeurs

une économie des besoins 279 le plan stratégique de politique emploi doit répondre aux besoins réels de l’économie de compétences à forte v.a.

Besoins éducatifs ou solution verte ? 282 une croissance LT, l’Etat doit se spécialiser sectoriellement là où la France possède un avantage concurrentiel…

L'industrie de la formation supérieure (secteur 1) … mettre en place une économie de l’éducation supérieure associée à un tourisme universitaire de masse (label)

et l'innovation 290 relancer le « pipe » de l’innovation par des investissements massifs dans la recherche fondamentale labos publics

Les besoins de santé (secteur 2) 294 Faire du système médical français performant, l’hôpital de l’Europe : investir dans l’hôpital public – centre rech.

Conclusion 305 décennie après décennie, par son jeu d’apprenti sorcier à la poursuite du modèle économique vertueux-résilient, le village gaulois France est incapable de saisir les opportunités de reconfiguration du capitalisme mondial. Que faire ? : construire un projet de croissance LT sur la base de besoins universels identifiés et reposant sur des avantages concurrentiels.

Remerciements 309 Pour plus de détails, se rendre page 309 de l’ouvrage

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Les critiques déjà publiées

De par ses engagements publics, d’obédience keynésienne et ses critiques sévères des politiques économiques étudiées décennie après décennie, il était raisonnable de penser que P. Askenasy aurait été la proie d’un flot de critiques portant sur l’ensemble des éléments de la thèse proposée, c’est à a dire : la méthode de recherche, le protocole d’étude déroulé, le terrain d’enquête et l’analyse des résultats produits. Il n’en est rien ! Suite à un travail de recherche et d’analyse des contenus en profondeur, l’auteur se voit opposer quelques critiques publiées comme réponses formelles au contenu de son ouvrage, elles sont détaillées ci-après. Ces critiques s’inscrivent plus dans le registre de l’essai documentaire voir de l’expression d’une posture politique, mais aucune ne réfute la robustesse et la validité des résultats produits. Auteur : Christophe Bys – journaliste Usine Nouvelle Source : http://blog.usinenouvelle.com/lecture/lecture/lutte-contre-le-chomage-mode-demploi/ Date : 19 janv 2011 Contenu : «… Juste un regret : outre cette partie historique, parfois fastidieuse à lire, car présentée chronologiquement, gouvernement par gouvernement, le livre se termine par deux chapitres qui échappent à cette logique et on aurait bien aimé que l'auteur les fît "un petit peu plus long". Quand il décrypte les raisons pour lesquelles il n'y a pas de miracle anglais en matière d'emploi des jeunes, pas plus que de modèle allemand, Askenazy passionne car il montre clairement, comment la comparaison de deux chiffres peut être une source d'erreurs d'analyse. De même l'ultime chapître consacré à la nécessité d'une politique industrielle en faveur de la santé aurait gagné à être développé, étayé…». Auteur : Jean Bastien – consultant auprès des comités d'entreprise Source : http://www.nonfiction.fr/article-4261-p1-viser_lemploi_a_dix_ans.htm Date : 15 février 2011 Contenu : «… Disons d’emblée que, trop peu systématique, la démonstration de Philippe Askenazy ne nous paraît pas totalement convaincante, en premier lieu parce qu’il omet de nous dire ce qu’il faudrait garder, selon lui, des politiques de l’emploi ou, ce qui revient au même, quelles conséquences précises il conviendrait de tirer de ses analyses les concernant pour les prochaines années, en attendant de toucher les bénéfices de la stratégie industrielle qu’il préconise. Par ailleurs, chercher à améliorer le fonctionnement du marché de l’emploi pour réduire le chômage est-il réellement devenu une chose vaine ? D’autres références théoriques que les modèles les plus usités, comme les marchés transitionnels au premier chef, ne gardent-ils pas quelque intérêt? Il reste qu’il s’agit d’un livre tout à fait intéressant à la fois par l’ampleur de la période couverte et les questions qu’il soulève...». Auteur : Nathalie Janson – professeur d’économie à l’Ecole supérieure de commerce de Rouen Source : http://www.trop-libre.fr/le-marche-aux-livres/une-tragedie-francaise Date : 23 avril 2011 Contenu : «… Au chapitre des solutions, le lecteur restera en revanche sur sa faim. L’auteur propose d’abord que l’Etat pousse indirectement les entreprises du secteur privé à revenir sur la précarisation de leurs salariés. Le mécanisme serait le suivant : l’Etat recruterait massivement sur un marché du travail tendu ; il offrirait aux fonctionnaires des conditions de travail optimales ; soumises à cette concurrence vertueuse, les entreprises seraient contraintes d’aligner les conditions de travail vers le haut, pour réussir à attirer la main d’œuvre dont elles auraient besoin. Mais que dire de la croissance de la dette publique dans un tel cas de figure ? Elle serait colossale, pour des effets aléatoires… ».

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Liste des gouvernements de la 5ème république

Nom Dates du mandat Parti

Législature (élection)

Président (dates du mandat)

Michel Debré

• 8 janvier 1959 14 avril 1962 Union pour la nouvelle République

Ire (1958)

Charles de Gaulle

(1959–1969)

Georges Pompidou

1 14 avril 1962 28 novembre 1962

Union pour la nouvelle République, puis Union pour la défense de la République

2 28 novembre 1962 8 janvier 1966

IIe (1962)

3 8 janvier 1966 1er avril 1967

4 5 avril 1967 10 juillet 1968 IIIe (1967)

Maurice Couve de Murville

• 10 juillet 1968 16 juin 1969 Union pour la défense de la République

IVe (1968)

Jacques Chaban-Delmas

• 20 juin 1969 5 juillet 1972

Union pour la défense de la République, puis Union des démocrates pour la République

Georges Pompidou

(1969–1974)

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Jacques Chirac

1 27 mai 1974 25 août 1976 Union des démocrates pour la République

Valéry Giscard d'Estaing

(1974–1981)

Raymond Barre

1 25 août 1976 29 mars 1977

Sans parti, puis apparenté Union pour la démocratie française

2 29 mars 1977 31 mars 1978

3 3 avril 1978 13 mai 1981

VIe (1978)

Pierre Mauroy

1 21 mai 1981 22 juin 1981

Parti socialiste

François Mitterrand

(1981–1995)

2 22 juin 1981 22 mars 1983

VIIe (1981)

3 22 mars 1983 17 juillet 1984

Laurent Fabius

• 17 juillet 1984 20 mars 1986

Jacques Chirac

2 20 mars 1986 10 mai 1988 Rassemblement pour la République

VIIIe (1986)

Michel Rocard

1 10 mai 1988 22 juin 1988

Parti socialiste

2 23 juin 1988 15 mai 1991

IXe (1988)

Édith Cresson

• 15 mai 1991 2 avril 1992

Pierre Bérégovoy

• 2 avril 1992 29 mars 1993

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Édouard Balladur

• 29 mars 1993 11 mai 1995

Rassemblement pour la République Xe (1993)

Alain Juppé

1 17 mai 1995 7 novembre 1995

Jacques Chirac

(1995–2007)

2 7 novembre 1995 2 juin 1997

Lionel Jospin

• 2 juin 1997 6 mai 2002 Parti socialiste

XIe (1997)

Jean-Pierre Raffarin

1 6 mai 2002 17 juin 2002

Union pour un mouvement populaire

2 17 juin 2002 30 mars 2004

XIIe (2002)

3 30 mars 2004 31 mai 2005

Dominique de Villepin

• 31 mai 2005 15 mai 2007

François Fillon

1 18 mai 2007 18 juin 2007 Nicolas Sarkozy

(2007–

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Les économistes atterrés

Manifeste signé par 600 intellectuels, publié sur internet le 07 septembre 2010, par quatre économistes :

- Philippe Askenazy, CNRS et EHESS, est spécialiste des politiques Emploi et du Marché du travail, - Thomas Coutrot, statisticien au Ministère du travail et co-président d’Attac, - André Orléan, Ecole d’Economie de Paris, est spécialiste des questions financières, - Henry Sterdyniak, OFCE, est un macro-économiste keynésien.

Edité dans un second temps par : Les Liens qui Libèrent (LLL) Atterés pas l’aveuglement des gouvernants face au diktat des marchés financiers, ces quatre économistes s’insurgent contre une politique européenne qui va droit dans le mur. Ces quatre scientifiques, reconnus au sein de leur discipline respective pour leurs travaux de recherche, déconstruisent le postulat de la Banque Centrale Européenne selon les arguments* définis comme il suit : «… il faut réduire les dépenses pour réduire la dette publique, les marchés sont efficients, favorables à la croissance, bons juges de la solvabilité des états… ». «… réduire brutalement la dépense publique (et non le déficit public) sans faire jouer un principe de précaution sociale est le plus sûr moyen d’envoyer le peuple au massacre et d’hypothéquer l’avenir… ». (*) source et pour en savoir plus, se rendre : http://economistes-atterres.blogspot.com/2010/09/manifeste-des-economistes-atterres.html http://atterres.org/ http://www.assoeconomiepolitique.org/IMG/article_PDF/article_a140.pdf

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AFIN DE PROLONGER LA LECTURE (SELECTION BIBLIOGRAPHIE NON EXHAUSTIVE) Mondialisation, Crise, Capitalisme, Politique Emploi, Internationalisation des Ressources Humaines Ouvrages :

- Jean-Michel Severino et Oliver Ray, Le grand basculement, Odile Jacob, oct. 2011. - Renaud Lambert et Pierre Rimbert, Le monde diplomatique, Manière de voir :

« Crise bancaire, le casse du siècle » numéro 119, oct. - nov. 2011. - John Kenneth Galbraith, Laurent Cordonnier et Jonathan Swift,

« L'Art d'ignorer les pauvres », Les Liens qui Libèrent, 2011. - Joseph E. Stiglitz - Prix Nobel d’économie, Le triomphe de la cupidité, Les Liens qui Libèrent, 2010. - Jacques Généreux, La grande régression, Seuil, 2010. - Frédéric Lebaron, Ordre monétaire et chaos social, Éditions du Croquant, 2006.

Etudes et réflexions :

- L’efficacité productive du travailleur français, l'Office national des statistiques (Ons) sur la productivité comparée du travail des pays du G7 en 2010, 20 sept 2011, http://www.ons.gov.uk/ons/rel/icp/international-comparisons-of-productivity/2010---first-estimates/stb-icp-sep11.html.

- L’insuffisante des salaires dans la répartition de la valeur ajoutée des entreprises, groupe de travail et analyse du laboratoire social Lasaire, http://www.lasaire.net/accueil.php.

- Etude journalistique : Pourquoi les entreprises du CAC 40 n’ont plus d’investissement industriel sur le territoire national ? Pourquoi l’Etat chinois investit-il en France ? : Jean-Michel Quatrepoint - Mourir pour le Yuan ? Comment éviter une guerre mondiale, Bourin Editeur, 2011.