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Plan Communal de Sauvegarde : pourquoi s’entraîner à la gestion de crise ? p. 10/11 Vigicrues-Flash : le nouveau service d’avertissement sur les crues soudaines p. 24/27 Faire face aux situations de crise au niveau local

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Page 1: Faire face aux situations de crise au niveau local · Application au territoire de Nantes Métropole Amandine BERGER-SABBATEL Chercheuse et consultante en organisation Isabelle BESANCON

Plan Communal de Sauvegarde :pourquoi s’entraîner à la gestion de crise ?

p. 10/11Vigicrues-Flash : le nouveau service d’avertissement sur les crues soudaines

p. 24/27

Faire face aux situations de

criseau niveau local

Page 2: Faire face aux situations de crise au niveau local · Application au territoire de Nantes Métropole Amandine BERGER-SABBATEL Chercheuse et consultante en organisation Isabelle BESANCON

Risques infos N°35 est édité par l’Institut des Risques Majeurs13 juin 201715, rue Eugène Faure 38000 GrenobleTél. : 04 76 47 73 73

Directeur de la publication :Henri de ChoudensDirecteur de la rédaction :François GiannoccaroRédacteur en chef :François GiannoccaroRéalisation :Imprimerie Notre-DameMontbonnotISSN 0999-5633

Plan Communal de Sauvegarde :

pourquoi s’entraîner à la gestion de criseVigicrues-Flash :

le nouveau service d’avertissement sur les crues soudaines

Faire face aux situations de crise

au niveau local

Photo de couverture :

Exercice sur tableGières 2017

©Photothèque IRMaSébastien Gominet

Quelques sites internet• Site de Météo France : Vigilance météorologique http://www.vigilance.meteofrance.com• Site du Ministère de la Transition écologique et solidaire (DGPR) : Carte de vigilance VIGICRUES http://www.vigicrues.gouv.fr• Site du Ministère de l’Intérieur : Alerte ORSEC, j’agis https://www.interieur.gouv.fr/Alerte/Alerte-ORSEC• Site de Météo France : Avertissement Pluies Intenses à l’échelle des communes et accès à Vigicrues Flash https://apic.meteo.fr• Site de l’Institut des Risques Majeurs (IRMa) - Dossier thématique « La vigilance météo et l’alerte »

http://www.irma-grenoble.com/05documentation/04dossiers_numero.php?id_DT=11• Site du Mémento du maire et des élus locaux http://www.mementodumaire.net

Avec les soutiens :- Département de l’Isère - Conseil Régional Auvergne Rhône-Alpes - SMACL ASSURANCES

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■ C’est quoi une crise ? Une nébuleuse inventée par l’homme…Lieutenant-Colonel Christophe RATINAUDService départemental d'incendie et de secours de la Moselle ■ Le Plan Communal de Sauvegarde (PCS), outil de gestion de crise et outil de structuration de l’organisation au quotidien ? Application au territoire de Nantes MétropoleAmandine BERGER-SABBATEL Chercheuse et consultante en organisationIsabelle BESANCON Nantes Métropole / Ville de Nantes■ Plan Communal de Sauvegarde Pourquoi s’entraîner à la gestion de crise ? Mathias LAVOLE - Institut des Risques Majeurs■ Gestion de crise : la conduite des opérations par tableaux de bord Général (2s) François VERNOUX Expert auprès de l’Institut des Risques Majeurs■ Plan Communal de Sauvegarde : comment bâtir le volet inondation ?Pascal BELINCentre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement■ Optimiser l’interface opérationnelle secours/sauvegarde avec quels outils ?L’expérience du SDIS de la Savoie sur les plans « établissements répertoriés »Commandant Laurent RIEU Service départemental d’incendie et de secours de la Savoie■ Anticiper les crues torrentielles : de nouveaux services dans les AlpesSerge TABOULOT - Météo France■ VIGICRUES FLASH : le nouveau service d’avertissement sur les crues soudainesBruno JANETMinistère de la Transition écologique et solidaire■ La participation et l’implication citoyenne au service de la prévention des inondations Les sentinelles du bassin Brévenne-TurdinePaul ROSSI - Syndicat de rivières Brévenne-Turdine ■ Le système d’alerte et d’information des populations (SAIP), l’alerte multifacetteJoran LE TREUSSE - Ministère de l’Intérieur ■ La nécessaire communication de criseVincent BARASTIER - Préfecture du Var■ La ville de Grenoble se lance dans la démarche POMSE : Plans d’Organisation et de Mise en Sûreté des ÉtablissementsPhilippe BLANC - Ville de Grenoble

De plus en plus souvent, les collectivités territoriales setrouvent confrontées à la nécessité de faire face à lagestion de situations de crise. En plus des événementsgraves, provenant classiquement des risques majeursnaturels ou technologiques, existent d’autres risquespouvant être tout aussi importants : pollutions de l’environnement, pandémies, événements climatiques :tempêtes, tornades, importantes chutes de neige, accidents routiers, ferroviaires…

À tout cela s’ajoute actuellement le risque d’attentat terroriste.Nous en constatons la triste réalité chaque jour. Face à ces situations, les autorités locales, au niveau desresponsables et tout particulièrement les maires, doivent sepréparer à faire face afin de ne pas « se trouver fort dépourvuslorsque la crise fut venue». Ce numéro de « Risques Infos »reprend donc cette thématique : se préparer à faire face à lacrise au niveau local. Il s’efforce de montrer, à la lumière del’expérience de responsables et décideurs locaux, qu’il y a lieude s’entraîner pour répondre au mieux à une situation excep-tionnelle.Se préparer signifie, bien sûr, avoir prévu l’organisation et lesoutils d’aide à la conduite des opérations qui se mettraient enplace lors de tels événements, mais encore maintenir cesdispositifs opérationnels dans la durée. D’où la nécessité dedévelopper au niveau local des programmes d’entraînements etdes exercices.Enfin, restons modestes. Quel que soit le niveau de préparation,il faut savoir qu’une crise ne se déroulera jamais exactementsuivant l’un des scénarii que l’on avait prévus. Il faut donc avoirla capacité d'agir dans l’incertitude et se préparer à êtresurpris. Et puis, il faut penser à la phase de post-crise. Unephase qui soulève des problèmes très divers, avec de multiplesacteurs et qui peut se dérouler sur des temps longs.Je souhaite que ce numéro, qui n’a pas la prétention de traiterle sujet de façon exhaustive, apporte cependant une aide auxresponsables et décideurs locaux qui sont susceptibles de setrouver un jour dans l'obligation de faire face à une situation decrise, en leur indiquant quelques pistes pour s’y préparer.

Henri de ChoudensPrésident de l’Institut des Risques Majeurs

Sommaire

Risques Infos n°35 - Juin 2017 - Institut des Risques Majeurs 3

Edito4/6

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C’est quoi une crise ? Une nébuleuse inventée par l’homme…

4 Risques Infos n°35 - Juin 2017 - Institut des Risques Majeurs

Lieutenant-Colonel Christophe RATINAUD, chef du département Gestion des Risques et des Crises Service départemental d'incendie et de secours de la Moselle

S’il existe un exercice difficile etpérilleux, c’est bien celui de

répondre à cette interrogation.

Cela fait plus d’un demi-siècle que lanotion de crise fait l’objet d’écrits, derecherches et d’études en tout genre.Durant plus de cinq années à la tête d’unservice chargé d’enseigner aux officiers desapeurs-pompiers les bases du manage-ment des situations de crise à l’Écolenationale supérieure des Officiers deSapeurs-Pompiers (ENSOSP), j’ai parcourudes ouvrages, des thèses, participer à descolloques, enseigné dans des universités,participé à des travaux de rechercheet que sais-je encore… pas l’ombred’un consensus. Des politiciensaux chercheurs en passant parles opérationnels, chacunaborde la question avec sonpropre prisme, ses propresreprésentations. Si cette notion reste diffi-

cile à définir, il m’a doncsemblé qu’en approchantles théories de lacomplexité, il nous seraitpossible d’essayer d’es-quisser une réponse. Leplus difficile a été d’extrairela substantifique moelle, lesdénominateurs communs detoutes ces lectures, afin de tracerune ligne pédagogique pour notreécole.Il a donc fallu faire un choix, définir unecaractéristique fondamentale des situa-tions de crise. C’est vers l’homme et sacomplexité que je me suis tourné. L’hommeest bien souvent au cœur et à l’origine dessituations de crise, même si les lecteursavertis trouveront, à juste titre, cette

primo-analyse réductrice, car bien entendud’autres facteurs de déséquilibre pour-raient ici être cités, tels que les facteursliés aux moyens ou à l’environnement…En orientant nos travaux de recherche avecmon compère le commandant Éric DUFES,avec qui j'ai partagé de grands moments deréflexion et publié quelques articles defond, nous avions trouvé intéressante l’ap-proche du Colonel BOUTTE qui senourrissait du modèle managérial de Jean-Pierre NIOCHE (Anastassopoulos et al.,1985, 1988).

Dans son modèle générique, Jean-PierreNIOCHE parle bien de situations complexesimpliquant la légitimité d’un « managementstratégique des situations de crise ». Cemodèle met en évidence le fait que lessituations de crise peuvent être la résul-tante de la conjonction d’une situationoccurrente empreinte d’incertitude et d’uneorganisation fragilisée par un pouvoirdissonant. Incertitude, et organisationfragile, avec l’homme au centre, sontincontestablement les constantes d’unesituation de crise.

Modèle 3D de la déstabilisation

de système en situation de crise

E. Dufes, C. Ratinaud 2013 (Préventique)

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Pour autant, l’observation à travers nosexpériences opérationnelles de crises desécurité civile, nous a amenés à ouvrirnotre recherche sur un nouveau domaine,celui de la temporalité. En effet, la pres-sion du temps à travers des cinétiquessituationnelles ou organisationnelles estun autre facteur de déséquilibre détermi-nant et souvent rencontré dans nosmétiers, pouvant amener toute organisa-tion non préparée à basculer dans lacrise.

À travers ce modèle où les situations decrise sont représentées en rouge, onadmet qu’une situation de crise puisseapparaître dès lors que se combinentune situation occurrente, empreinte d’in-certitudes et une organisation instablede par la dissonance de sa gouvernance.Nous sommes alors, comme évoqué plushaut dans cet article, dans les caractéris-tiques évoquées par le modèle deNIOCHE. En revanche, en ajoutant l’axede la temporalité, nous explorons denouveaux champs et nous pouvons enconclure que toute organisationconfrontée à une cinétique extrêmementrapide et une situation empreinte d’incer-titudes peut, malgré une gouvernanceparfaitement homogène, égalementbasculée dans une situation de crise.L’homme est fragile dans sa relation autemps…La pression du temps agit sur qui ? Lesorganisations me direz-vous. Composéespar (Constituées de) qui ? Les hommes quiles composent bien sûr. L’homme, nous yrevenons donc inexorablement… L’observation de différentes crises oud’exercices en Centre OpérationnelDépartemental (COD) nous laisse penserque l’homme n’a d’ailleurs pas besoin quela situation soit d’une grande complexité,ou animée de cinétiques très rapides,pour se mettre quelquefois tout seul oucollectivement en situation de crise, enparticulier du fait de sa difficulté à gérerle temps. Nous faisons preuve dans cedomaine d’une grande créativité.Une autre caractéristique observée, c’estla tendance à complexifier les organisa-tions dès lors que la situation elle-mêmese complexifie. C’est une sorte d’engre-nage qui nous engage vers une situationde crise potentielle. En effet, pour êtresimple, plus l’organisation est importante,

notamment à travers le nombre d’indi-vidus qui la composent, plus les échangesentre les uns et les autres se multiplient,s’accompagnant immanquablement deprises d’initiatives, que nous avonsappelé des microdécisions. La foultitudede microdécisions et d’échanges entre lesdifférents acteurs, entraîne de la part decelui qui doit gérer la situation, une véri-table difficulté à comprendre ce qui sejoue et à percevoir clairement lescontours. En effet, la démultiplication deséchanges génère de nouveaux aléasimprévisibles liés à l’organisation elle-même, certains perçus, d’autres non, quiont propension à renforcer encore lesentiment d’incompréhension de la situa-tion et surtout de l’organisation qui doit yfaire face. L’organisation humaine décritedans les travaux de Henry MINTZBERG(Voyage au centre des organisations –Eyrolles, 2004) appelée l’adhocratie enest une parfaite illustration.Si je devais faire une synthèse grossière etvulgariser l’organisation adhocratique, jedirais qu’elle correspond à un agrégatéphémère de nombreux acteurs, qui n’ontpas pour habitude de travailler ensemble,avec des modes d’organisation et descultures souvent différentes, et qui doiventcollectivement se combiner pour apporterune réponse à une situation complexe, sipossible coordonnée sous l’autorité d’undécideur (qu’Henry Mintzberg me pardonnepour ce raccourci).

Le retour à un nouvel équilibre effectué,cette organisation se disloque. Que cesoit dans un Poste de Commandement

Communal (PCC), un Poste deCommandement Opérationnel (PCO) ou unCOD, à l’échelle des territoires, nousmettons régulièrement en œuvre desorganisations adhocratiques, sans lesavoir, comme M. Jourdain faisait de laprose… Ne pas en connaître les piègeset les mécanismes peut être préjudiciableaux hommes alors entraînés inexorable-ment dans le tourbillon de la crise.

Regarder « la crise » sous le prisme del’humain, c’est aussi prendre le parti dese tourner vers la stratégie. La traductiongrecque de ce mot, « agir ensemble »,renvoie à l’action, la décision, à travers lemot « agir », mais « ensemble » nousrenvoie (amène) vers l’altérité, les autreset les organisations.Or pendant longtemps, les opérationnelsque nous sommes ont tenté de répondreaux situations de crise par la technique.Nous avons longtemps été classés dansla catégorie des tacticiens. Aujourd’hui,pour répondre aux situations de crise,nous devons aller plus loin, dans le sensde la compréhension des hommes et deleurs organisations. Ceci nous permettrade nous élever au rang de stratégistes.

Parler de gestion de crise sans essayer decomprendre les ressorts individuels ousans analyser les modèles d’organisa-tions serait de même nature que devouloir ouvrir un restaurant sans s’inté-resser à la cuisine.

Pour rester dans la métaphore culinaire, iln’y a pas de recette miracle face à ces

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Salle du Centre opérationnel départemental d’incendie et de secours (CODIS) de la Moselle ©SDIS 57

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situations complexes. Pour autant, nousdevons nous y préparer, affûter notre sensde l’analyse situationnelle, travailler àl’émergence de l’intelligence collective.Car en effet, pour reprendre les propos deDidier Heiderich (2010), « Il n’y a que deuxsortes d’organisations : celles qui sont encrise et celles qui le seront. »

Cette maxime peu rassurante nous oblige àmettre le plus possible d’atouts de notrecôté. C’est ce que nous essayons humble-ment de faire au SDIS 57. La création d’undépartement « Gestion des Risques et desCrises » intégrant un nouveau serviceplanification ainsi que le classique service« prévision », est la résultante de lavolonté de la gouvernance de mieux orga-niser notre préparation et surtout notreinterfaçage (connexion) avec les autresacteurs de la réponse de sécurité. «Ensemble » prend ici toute son importance.

Mieux se préparerpasse par un efforten ma�ère d’entraînement et de forma�on.Les services départementaux d’incendie etde secours sont confrontés à des chargesmanagériales et technico-administrativesfortes. Nos organisations se sont dévelop-pées ces dernières années, au gré desréformes et des évolutions sociétales. Lerôle administratif des SDIS en matière deprévention des risques ne cesse donc decroître, tout comme d’ailleurs, les attentesen matière de gestion efficiente desétablissements publics imposée par nosgouvernances. Les officiers de sapeurs-pompiers, commebeaucoup de cadres travaillant dans desservices opérationnels, se voient ainsiconfrontés à une sorte d’injonction para-doxale : ils doivent répondre à la chargeadministrative et managériale, etlorsqu’une situation opérationnelle d’en-vergure survient, ils doivent la gérer avecla meilleure efficacité possible, alors qu’ilsne consacrent finalement que peu detemps aux tâches opérationnelles.

Développer l’expertise par l’entraînement,c’est démultiplier les capacités indivi-duelles à prendre les bonnes décisions,

lors d’une situation opérationnelle « dimensionnante » et complexe. Pour ce faire, le SDIS 57 organise chaquemardi la formation continue des cadres dela chaîne de commandement. Lors de cesséquences obligatoires pour chacund’entre nous, à raison d’une toutes lesquatre semaines, les officiers participent àdes exercices, ateliers ou des formationsqui leur permettent d’améliorer leuranalyse situationnelle et d’entretenir unecapacité intuitive forte.

En revanche, pour améliorer notre interfa-çage avec les autres acteurs de la réponsede sécurité, plusieurs orientations ont étéprises au SDIS de la Moselle. La première consiste en un rapprochementphysique entre le service de la planifica-tion nouvellement créé et le SIDPC de lapréfecture. Dans la droite ligne des orien-tations du Plan Préfecture NouvelleGénération, nous avons réalisé un conven-tionnement entre nos deux structures,prévoyant la mise à disposition de bureauxen préfecture ainsi qu’une liste demissions de sécurité civile partagées.La seconde est la création au sein mêmedu service planification, d'un bureau «préparation aux situations de crise ». Cebureau a deux objectifs prioritaires. Enpremier lieu, travailler à mieux organiserles liaisons fonctionnelles entre le centreopérationnel départemental d'incendie etde secours (CODIS) et le COD. Cela passeen particulier par la professionnalisationdes officiers désignés pour assurer lareprésentation du SDIS à ce niveau straté-

gique, et par la mise en œuvre d’unenouvelle organisation du CODIS. Le second objectif tend quant à lui, àrenforcer nos liens avec les autres acteurset à ouvrir de nouveaux espaces partena-riaux. Cela se traduit, entre autres, par laformation de « correspondants territoires »au sein des compagnies d’incendie pouraccompagner les collectivités territorialesà la rédaction de leurs Plans Communauxde Sauvegarde (PCS). À cela se rajoutentd’autres ambitions, notamment en matièred’organisation commune de formationsavec les personnels des forces de l’ordre,des associations agréées de sécurité civileet de la préfecture, notamment en matièrede gestion de crise.

Notre credo, c’est « Agir ensemble ». Celase traduit par l’entretien d’un réseau deressources identifiées et formées, par uneréflexion poussée sur la méthodologie detravail en commun à mettre en œuvre et lesoutils associés au partage d’informations.Nous étudions actuellement la possibilitéde mettre en œuvre un logiciel de gestionde crise partagé. Notre but étant que lesrelations interpersonnelles, et par voie deconséquence interservices, soient les plusfluides possible dans l’adversité.

Pour éviter les travers de l’adhocratie, lechemin à parcourir est encore long, maisles bonnes volontés et les expertises sontprésentes en Moselle, nous sommesconfiants en notre capacité à travaillerensemble. C’est une des clés de la réussite. ■

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Véhicules de secours et d’assistance aux victimes du SDIS 57 ©SDIS 57

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Entre 2009 et 2016, IsabelleBesançon et Amandine Berger-

Sabbatel ont travaillé ensemble à lamontée en compétence des 24communes de Nantes Métropole surl’organisation de la réponse à lacrise. Le binôme entre la chef deprojet et la chercheuse a permis ungrand enrichissement mutuel, l’ex-pertise technique et la connaissancedu contexte local nourrissant lesapports méthodologiques, et viceversa.Le regard de Nantes Métropole sur sonaccompagnement des communes à larédaction et à l’animation des PCS (et sursa propre organisation de crise) a ainsiprofondément évolué et « maturé ». Un belexemple de complémentarité entre lemonde de la recherche et celui des collecti-vités locales. Ce travail est l’objet de lathèse d’Amandine Berger « Organiser lamontée en fiabilité d’un collectif d’organi-sations. Acteurs, outils et modes demanagement. Le cas des collectivités terri-toriales face à la crise », soutenue enoctobre 2016 à l’université de Nantes.

Selon la manière dont on l’aborde,le PCS peut être un tracas administratif, ou bien un outil de management au service de lacollectivité dans son ensemble.C’est dans ce cas qu’il révèle toutson potentiel, et son utilitédépasse alors largement les questions de risques et de crise.

Organiser la réponse à la crise, c’estaccepter d’engager des ressourcescommunales dans la préparation à unévénement au caractère futur et incertain.

Or, dans un contexte où lesressources communales sont de plusen plus limitées, le caractère poten-

tiel et indéfini de la crise entre enconcurrence directe avec celui plus immé-diat et tangible de la gestion du quotidien.Face à la liste toujours plus longue desurgences quotidiennes à gérer, il devientdifficile pour les communes de faire del’organisation de la réponse à la crise unepriorité, alors même que se multiplient lesmenaces et les vulnérabilités.

S’il est difficile de mobiliser la collectivitésur le court terme pour élaborer le docu-ment PCS, il est encore plus laborieux demobiliser sur le long terme afin dedépasser le stade du « plan-document »pour aller vers le « plan vivant ». Or, l’ex-périence montre que les démarches qui sefocalisent sur une approche strictementdocumentaire conduisent à des PCS peu

opérationnels qui tombent rapidement dansl’oubli. Sans travail actif de diffusion etd’appropriation du PCS, la connaissance duplan reste entre les mains d’un petit nombre d’acteurs qui, biensouvent, ne sont pas ceux chargés de samise en œuvre en temps de crise. Petites ou grandes, toutes les communesse trouvent à un moment donné con-frontées à la difficulté de mobiliser la collectivité autour du PCS, qu’il s’agisse del’élaborer dans un premier temps ou de lefaire vivre dans un second temps, à traversdes tests ou des exercices ainsi que desretours d’expérience et des mises à jour.

PCS et percep�onde la criseLe caractère réglementaire du PCS est àdouble tranchant. S’il facilite l’inscription

Amandine BERGER-SABBATEL, chercheuse et consultante en organisationIsabelle BESANÇON, responsable du secteur Prévention et Gestion des Risques

Nantes Métropole/Ville de Nantes

Le Plan Communal de Sauvegarde (PCS),outil de gestion de crise et outil de structuration de l’organisation au quotidien ? Application au territoire de Nantes Métropole

Inondation de la Chézine 2013 © Nantes Métropole

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de la mission à l’agenda communal et légi-time l’octroi de ressources, il limite aussi ladurée de l’engagement dans le projet etpeut ainsi favoriser une approche « docu-mentaire » du PCS qui limite (restreint)l’efficacité de l’outil. En effet, il devientplus difficile de mobiliser des ressourcessupplémentaires une fois le document écritet le devoir réglementaire accompli. Allerau-delà de l’élaboration du document dansla démarche PCS, c’est engager un travailqui peut être vécu comme « sans fin ». Enplus de mettre à jour et d’enrichir réguliè-rement le document PCS, le travail dediffusion et d’appropriation du PCS doitrégulièrement être recommencé, au grédes nombreux changements organisation-nels qui rythment la vie de la collectivité.C’est d’ailleurs une source de frustration,parfois même de découragement, que l’onrencontre au sein des communes quiessaient de faire vivre leur PCS. Alors quele document PCS a une réalité concrète, letravail de diffusion et d’appropriation decelui-ci est un travail de fond, en grandepartie invisible, et souvent repoussé « àplus tard ».

Bien que les directives de l’État mention-nent l’importance de s’approprier et defaire vivre le PCS, il n’existe pas de dispo-sitif d’audit ou de contrôle qui contraigneles communes à vérifier l’opérationnalitéde celui-ci dans la durée.

Si la question des ressources apparaît deprime abord centrale pour expliquer lesdifficultés d’engagement des communesdans l’organisation de la réponse à la crise,il nous apparaît que c’est l’éloignement –perçu – de l’univers de la crise avec celuidu quotidien des collectivités qui en est lepremier responsable.

La définition même de la crise par les insti-tutions marque une frontière nette sur leplan temporel entre l’univers de la crise, del’ordre de l’exceptionnel, et celui de lagestion quotidienne de l’organisation. Elleest désignée comme un « événement »brusque et soudain, qui vient bouleverserle fonctionnement normal de l’organisa-tion. Ainsi, pour y faire face, on «déclenche » le plan, un signal fort quimarque l’entrée dans l’univers perturbé dela crise, on est déjà en situation d’urgence.Cette approche pose un certain nombre deproblèmes, et la plupart des élus se trou-vent confrontés à la question de savoir «

quand » déclencher le plan (où mettre lecurseur entre le trop tard et le trop tôt ?),c’est à dire, quand prendre la décision derompre avec la gestion quotidienne de l’or-ganisation pour basculer vers un mode degestion de crise.

La gestion de crise souffre alors du carac-tère d’« exception » qui lui est attribué. Elleest isolée du quotidien de la collectivité surun plan temporel, mais elle l’est aussi surun plan spatial. D’une part l’élaboration duPCS repose souvent sur un nombre trèsrestreint d’individus, parfois extérieurs àl’organisation, et d’autre part, ceux quiélaborent le PCS ne sont pas ceux qui sontchargés de son exécution. Ce cloisonne-ment nuit à l’appropriation de l’outil PCSpar les acteurs communaux, et ainsi à l’ef-ficacité de la réponse à la crise sur le longterme. Dans ce cadre, il est difficile deconstruire un PCS qui dépasse le stade durecueil de procédures et de directives tech-niques, pour proposer une réponse portéepar l’organisation dans son ensemble.

Or, la préparation de la réponse à la crisene se limite pas à des aspects techniquesmais est aussi – et avant tout – une ques-tion à traiter sur le plan organisationnel.C’est pourquoi le dispositif ORSEC nouvellegénération tend à s’éloigner d’uneapproche de la crise centrée sur l’événe-ment à caractère exceptionnel et proposed’intégrer la notion de crise dans le quoti-dien de l’organisation. Dans cetteapproche, la gestion de la crise n’induitplus une rupture avec le fonctionnementnormal et quotidien, elle est une modalitépossible de l’organisation. Il n’y a pas debasculement brutal entre le quotidien etl’entrée en crise mais une montée en puis-sance progressive. Au niveau temporel, leplan ne se « déclenche » plus, l’organisa-tion maintient un état de veille permanentqui facilite la détection de ce qu’on appelleles « signaux faibles », ainsi qu’une adap-tation continue et évolutive de la réponse àla crise, ce qui correspond à un modèlefondé sur la résilience organisationnelle. Sur un plan spatial, la vigilance s’exerce auquotidien à travers l’ensemble de l’organi-sation, ce qui facilite alors l’alerte et lacirculation de l’information. Le caractèremodulaire et évolutif de l’organisation decrise a ainsi pour vocation de permettre lagestion de tout type de situation qui sortdes schémas habituels de réponse de la

collectivité. On n’est alors plus dans lagestion de l’exceptionnel, mais dans laprise en compte par l’organisation detoutes les situations imprévues querencontrent fréquemment les collectivités,et pas seulement dans le domaine desrisques majeurs. Il est important que cetteapproche en « continuum » se diffusejusqu’à l’échelon local pour fiabiliser laréponse à la crise sur l’ensemble du terri-toire. La sémantique d’ORSEC a d’ailleursévolué du terme de « plan » vers celui de « dispositif » afin de marquer la distinctionentre une perception très technique et unevision plus organisationnelle de la réponseà la crise. Malgré sa dénomination de « plan », le PCS n’est pas un outil figé etpeut être un support efficace pour déve-lopper cette seconde approche, à conditionde valoriser son processus d’élaboration.

Le PCS, du plan de gestion de criseà l’outil de management pour la commune ?

Le PCS est un outil qui doit donc êtrerapproché du quotidien des collectivitéspour garantir son opérationnalité.L'expérience de Nantes Métropole quiaccompagne depuis 2005 ses 24communes membres pour écrire puisanimer leur PCS permet d'illustrer ce pointde vue à travers quelques idées fortes.

• Le document papier n’est pas une fin ensoi, il n'est qu'une première étapedans la montée en maturité de lacommune dans la gestion des risques,presque un prétexte au travailcollectif sur le sujet. On constate d'ail-leurs fréquemment en exercice de crise,que le document papier n'est que peuvoire pas consulté du tout ! Par ailleurs,on peut s’affranchir de la logique linéairequi veut que l’on attende d’avoir arrêtéson plan pour le tester. Des tests (voiredes exercices !) effectués durant saphase d’élaboration permettent à la foisde travailler sur l’opérationnalité du plandès sa conception, et favorisent aussil’engagement des acteurs communauxautour du PCS en leur permettant deprendre conscience des enjeux etfaiblesses de l’organisation de crise.

• C’est le processus de planification enlui-même, par le travail continu ettransversal qu’il exige, qui est le garantde l’opérationnalité de l’organisation de

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crise et qui va permettre de générer deseffets induits très positifs pour lesmaires et directeurs généraux desservices (DGS) conscients de cetteréalité, qui dépasse largement lathématique des risques et des crises. Ceprocessus repose parfois sur despratiques informelles auxquelles il fautménager un espace d’existence, carelles permettent aux acteurs de prendredu recul sur le plan. C’est le cas parexemple des retours d’expérience oraux,partagés en dehors du compte-renduofficiel, sous forme de récits. NantesMétropole a créé un espace d’échangesrégulier pour les responsables PCS,sous la forme d’un groupe de travail, quipermet le partage des expériences maisaussi des difficultés rencontrées dansleurs missions. Les membres du groupeapprennent autant en écoutant lesrécits de leurs collègues qu’en parta-geant les leurs. Ils développent avec letemps une certaine réflexivité dans leurpratique.

• Porter une attention particulière auprocessus d'écriture du PCS permet de «tirer vers le haut » toute l'organisationcommunale : le diagnostic des moyenshumains et techniques en prévision dela crise va par exemple mettre enlumière les dysfonctionnements etmanques du quotidien. Il s'agit làd'une opportunité à saisir pouraméliorer l'organisation commu-nale dans son ensemble.

• La transversalité de la démarche d'éla-boration du PCS, effectuée en modeprojet, peut également être un moyende faire remonter des probléma-

tiques rencontrées par la communequi ne sont pas liées directementau risque, car il y a peu de lieuxd’échanges qui réunissent lesacteurs communaux sur des pro-blématiques aussi transversales.Écrire le PCS donne alors une occasionsupplémentaire de décloisonner lesservices, autour d'un sujet très fédéra-teur (nous n'avons pas rencontréd'agents non motivés par la perspectivede venir en aide à la population en casde crise !). Pour faciliter ce manage-ment en mode projet, il est par exemplepossible de faire figurer la mission «organisation de la réponse à la crise »sur les fiches de poste d’un ouplusieurs agents au sein de chaqueservice, mais (et ou mais aussi) – pour-quoi pas ? – d’en faire une respon-sabilité partagée dans les attributionsde l’ensemble des élus.

Le PCS devient alors un outil demanagement très intéressant, créa-teur de liens entre les agents, entreles élus et entre élus et agents : unecondition de réussite le jour où lacrise sera à gérer.

Un cercle vertueux se met en place : l’organisation de la réponse à la crise sert la performance quotidienne de la collectivité.En retour, l’univers de la crise s’éloigned’une perception axée sur l’événement etsur l’exceptionnel qui nuit à l’engagementdes acteurs et des ressources sur cesproblématiques.

Ainsi, c’est le travail d’animation duprocessus de planification qu’il est

essentiel de valoriser, car il est aucentre de cet usage vertueux de l’outilPCS. Or, ce travail est en grande partieinvisible et repose parfois sur despratiques informelles.Il doit être mis au jour afin de soutenir letravail des gestionnaires de risques etresponsables PCS. Cette réflexion a été aucœur de la construction d’un outil de mise envisibilité destiné aux référents-risques descommunes de Nantes Métropole (voir encart).

ConclusionLa démarche PCS porte ainsi en germe desgains multiples que maires et DGSpeuvent faire fructifier :• création de liens et décloisonnement

des services• amélioration du fonctionnement des

services au quotidien• professionnalisation progressive des

agents et des élus par une opérationna-lité quotidienne pour gérer les petitsévénements, qui garantiront plus d'effi-cacité le jour de la crise importante.

Il est temps de sortir la gestion de crise desa vision encore trop manichéenne du «tout ou rien », d'inscrire ces probléma-tiques à l'agenda du quotidien – et danstoutes les fiches de poste – et non commeun sujet « en plus » à la probabilité infimede survenue. À condition de changer leregard encore trop « réglementaire » duPCS et d'élargir les angles de vue.

Une version pilote d’outil de mise en visibilité a été développée par Amandine Berger-Sabbatel en collaboration avec ungroupe de responsables PCS et d’acteurs intercommunaux. Cet outil a pour finalité de permettre la montée en maturité descommunes en révélant la face cachée de l’iceberg, à savoir tout le travail de management nécessaire pour faire vivre unPCS au quotidien. Il a un double objectif : • sensibiliser les élus• permettre aux responsables PCS d’identifier les faiblesses et les marges de progression de l’organisation de crise.

Il permet de générer des tableaux de bord très visuels qui rendent compte de l’activité « réelle » des responsables PCS. Enplus de révéler les pratiques, il permet aussi d’identifier (il aide à identifier) le réseau d’acteurs interne et externe qui seconstruit autour de l’organisation de la réponse à la crise. L’outil permet (favorise) ainsi l’enrichissement mutuel et laprogression collective en offrant aux communes une base d’échanges fournie dans laquelle petites et grandes communespeuvent trouver leur compte. Encore une fois, ce travail de mise en visibilité des pratiques de management a été rendunécessaire par l’organisation de la réponse à la crise, mais le principe de l’outil peut aussi profiter à l’ensemble de lacollectivité, ainsi qu’en témoigne l’intérêt qui lui a été porté dans d’autres services.

Rendre visible pour valoriser le processus de planifica�on

Risques Infos n°35 - Juin 2017 - Institut des Risques Majeurs 9

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Ces dernières années, les événe-ments « majeurs » ou de «

sécurité civile » de toutes naturesont démontré l’importance, pour lescollectivités territoriales, de dispo-ser d’une organisation et d’unepréparation adaptée à la prise encharge des situations « exception-nelles ». En effet, aux côtés desacteurs du secours doivent êtredisponibles et mobilisables lesacteurs de la sauvegarde : lescollectivités. Disposant de PlansCommunaux de Sauvegarde (PCS)permettant de définir à l’avance uneorganisation communale de criseafin de lutter contre les effets deces événements, il convient aujour-d’hui pour ces collectivités de sepréparer et de s’entraîner à la ges-tion de crise, dans un contexte desituation « exceptionnelle ».

Si aujourd’hui, de plus en plus d’événe-ments qualifiés d’exceptionnels sontrecensés sur le territoire français, unenécessité semble apparaître : lesservices participants à la protection dela population en cas d’événement « majeur » (volets secours et sauve-garde) doivent se préparer, demain, àêtre confrontés à des situations nonprévues et donc être en capacité deréagir de la manière la plus adaptéepossible. En effet, l’expérience collec-tive des professionnels du secours(sapeurs-pompiers, forces de l’ordre,SAMU, etc.) montre qu’il est extrême-ment délicat et compliqué d’intervenirsur une situation exceptionnelle sansavoir été préparé au préalable. Ainsi, deplus en plus, ces services tentent de seformer, de s’accoutumer (on ne s’habituepas à la crise) et de s’entraîner pour êtreen capacité de répondre à la situation.Fort de ce constat, il apparaît donc

nécessaire, pour les collectivités territo-riales, qui ne sont pas (encore) desprofessionnels de la sauvegarde, desuivre l’exemple de leurs pairs dusecours pour renforcer, demain, leservice rendu à la population : la protec-tion de la population.

L’importance de s'ini�er à la ges�on de crise pour comprendre son déroulement et mieux s’y préparerCes dernières années, les responsables etdécideurs locaux ont été de plus en plusconfrontés à des situations de crise. Lacrise n’apparaît plus comme un fait isoléet rare, elle naît de la rencontre d’unévénement (aléa) avec un contexte(société), souvent précédée de signesavant-coureurs (signaux faibles). S’initier àla gestion de crise permet d’identifier ces« signaux faibles » et d’anticiper aumaximum les impacts de la crise, pour enéviter l’aggravation. La crise « majeure »est donc un phénomène exceptionnel etplutôt rare, qu’il convient d’analyser pourmieux s’y préparer.

Le Général VERNOUX, expert auprès del’Institut des Risques Majeurs, le ditrégulièrement : «Tous les intervenantsprenant part à la gestion d’une crisedoivent se préparer à faire face à l’incer-

titude, l’insolite, l’absurde, l’insuppor-table et être prêts à agir de manièreexceptionnelle, sans repère ni référence.Cela n’est pas inné et pour devenir uninitié, il faut franchir plusieurs stadesd’apprentissage ». Il n’y a donc pas desecret : il faut s’accoutumer aux perturba-tions, à l’effet de surprise et àl’incertitude pour espérer gérer la crise dela meilleure manière possible.

L a gestion d’une crise, qui se fonde avanttout sur le « bon sens » de ceux qui inter-viennent et prennent les décisionsnécessite l’acquisition d’un savoir-être etd’un savoir-faire. Ces acquisitions doiventêtre l’un des objectifs à atteindre lorsd’entraînements et d’exercices de miseen situation. Il ne s’agit donc pas deprévoir ce qui est imprévisible, mais biende créer un collectif d’aide à la décisiondu Directeur des Opérations de Secours(DOS), de « s’accoutumer » à ce que toutne se déroule pas comme prévu et surtoutde se familiariser avec les outils de pilo-tage de la crise à disposition.

C’est d’ailleurs pour cela que régulière-ment, les services de secours réalisentdes entraînements et des exercices demise en situation, avec des thématiqueset difficultés plus ou moins élaboréespour sensibiliser le collectif de crise. Cesexercices jouent ainsi un important rôlede vérification du savoir-faire individuelou des équipes et, surtout, permettentd’observer le savoir-être des intervenantsen situation de crise.

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Mathias LAVOLE, chargé de mission - Institut des Risques Majeurs

Exercice de terrain “crise inondation” - Voreppe - Juin 2017 copyright IRMa - M. Lavolé

Plan Communal de SauvegardePourquoi s’entraîner à la gestion de crise ?

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Risques Infos n°35 - Juin 2017 - Institut des Risques Majeurs 11

Se préparer et s’entraîner (ou s’exercer) pour tester son organisa�on de criseNous proposons de distinguer les troisniveaux : • la préparation qui formalise l’organisa-

tion et la sensibilise au dérou- lementde la crise ;

• l’entraînement qui permet de tester lefonctionnement de l’organisation eninterne sans provoquer de répercutionsextérieures ;

• l’exercice qui vise à tester l’organisationet les échanges avec les partenairesextérieurs.

L a préparation doit donc être réalisée aupréalable d’un entraînement et consiste àsensibiliser le collectif communal à lagestion d’une situation de crise. En règlegénérale il est conseillé, lors de cettesensibilisation, d’insister sur divers docu-ments ou outils d’aide à la décision quiparticipent au bon fonctionnement de lacellule de crise : les plans du poste decommandement communal, les organi-

grammes fonctionnels et nominatifs (quifait quoi), les cartes opérationnelles et lesdocuments divers (annuaires, fichesprocédures, etc.). De même, il est utile d’organiser quelquesséances de travaux pratiques pourpermettre aux intéressés de se sentirparfaitement à l’aise dans l’univers de lasalle de crise et dans l’utilisation desoutils (moyens de communication, valisesde permanence, etc.). Ces moyens nedoivent pas être découverts le jour de lacrise.

L’entraînement permet quant à lui detester le niveau de préparation des partici-pants en interne et d’observer le bonfonctionnement de l’organisation de criseprévue, sans provoquer de répercussionsextérieures, afin de la valider ou non. Ilfaut garder à l’esprit qu’un groupe nonpréparé lors d’un entraînement (ou d’uncas réel) éprouvera des difficultés àprendre en charge la situation aussiexceptionnelle soit-elle, à faire usage desoutils à sa disposition et à proposer desmesures spécifiques de gestion de l’évé-nement. Cette mise en situation doitpermettre, par la suite, de réaliser unretour d’expérience et ainsi mettre enavant les forces et les faiblesses de l’or-

ganisation en matière de gestion de crise.L’un des intérêts de l’entraînement estégalement de se mettre en situation en «comité restreint » avant d’aller éprouverson dispositif face à d’autres intervenants.Enfin, l’exercice doit tester les interactionsentre l’organisation communale mise enœuvre et les partenaires extérieurs. Ilimplique donc une bonne appropriation dudispositif interne et une connaissance dufonctionnement et des missions desautres intervenants.Dans tous les cas, ces entraînements ouexercices doivent être suivis par desséances de débriefing à chaud (directe-ment après la mise en situation) et à froid(quelques jours après la mise en situa-tion). Ces retours d’expérience doivent êtresystématiques et permettent d'identifierdes axes de progrès et de définir des plansd'amélioration des dispositifs et despratiques de gestion de crise.En conclusion, il est important de garder àl’esprit que le collectif, pour être efficace,doit réaliser régulièrement ces mises ensituation. Il est en général conseillé unentraînement sur table tous les ans et unexercice plus évolué tous les deux ou troisans. ■

L’intérêt de la cartographie opéra�onnelle dans l’aide à la prise de décision

Illustration : Cartographie opérationnelle du Plan Communal de Sauvegarde de Grigny – 2015 - IRMa/Université Lyon 3 - Master GRCT

Une grande majorité de PCS dispose aujour-d’hui de cartes permettant de représenter les aléas et les enjeux du territoire.Elles sont parfois très simples (un unique fond IGN sur lequel onaura colorié à la main les zones d’aléas) parfois plus élaboréesavec un réel travail de cartographie. L’intérêt de ces cartes est qu’elles doivent permet-tre, pour un publicinitié ou non à la cartographie, de visualiser très simplement les zonespotentiellement sinistrées de la commune et surtout d’identifier quelsseraient les enjeux directement impactés en fonction des scénariid’aléas choisis. Elles doivent donc com-porter un certain nombre d’éléments directe-ment utiles à la gestion de la crise (zones d’aléas, enjeux exposés,numéros de rues et carroyage des sapeurs-pompiers a mini-ma). Cessupports permettront, par la suite, de prioriser et de faire appliquer desmesures de sauvegarde (alerte et évacuation) et d’information de lapopulation sur les conduites à tenir.L’ensemble du territoire doit ainsi être représenté sur la cartographie, ycompris une partie des communes limitrophes, notamment en casd’évacuation. Enfin, durant la crise, il est préférable que cette carte soit affichée enplein milieu de la cellule de crise communale, à la portée et à la vue detous les membres de la cellule, pour faciliter les échanges d’informa-tions et pour représenter les actions en cours ou réalisées (quartierévacué par exemple).

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Un pilote d’avion a l’œil fixé surson tableau de bord. Il ne

consulte pas les données de sesboîtes noires.

Tout centre de gestion de crise se doit detenir une main courante où TOUT estconsigné. C’est la boîte noire. Elle peut êtresaisie par la justice. Elle sera exploitée enpost-crise pour estimer la planification, lastratégie retenue et les tactiques mises enœuvre. C’est la source principale du retourd’expérience (RETEX). Mais il n’est paspossible à ceux qui pilotent les opérationsde s’y reporter sans perdre un tempsprécieux. En effet, la main courante enre-gistre dans l’ordre chronologique sansdifférenciation de domaine ou d’importance.Il est toujours chronophage de la consulter àla recherche d’une information et enconduite des opérations, le temps estprécieux.

Le maire, directeur des opérations commu-nales de sauvegarde, le RAC, commandantles opérations communales de sauvegardeet chaque membre du PCC ont besoin desavoir ce qui se passe, d’être informés surles futurs envisageables, de connaître l’étatdes potentiels humains et matériels, d’êtreassistés par un fil guide et des check-lists,d’être alertés des faits graves et détermi-nants, d’être avertis des rendez-vous àvenir… Tous ces besoins sont intégrésdans le tableau de bord. Il faut donc avoirconstruit ce tableau de bord en amont dela crise. On conçoit aisément que pourchaque planification (inondation, chutede neige, accident de TMD, accueil denaufragés de la route…) il y aura untableau de bord. Certes, de nombreusescases seront communes.

Les tableaux de bord les plus aboutis etdonc les plus opérationnels sont ceux quisont conçus au fil de la planification. Laméthode dite « gestion de crise par

tableaux de bord » est, comme lesouligne François Baroin, président del’AMF, en préface du guide d’initiationopérationnelle : conduire les opérationscommunales de sauvegarde (territorialeditions) une méthode particulièrementadaptée aux élus n’ayant pas été formésà l’opérationnel comme le sont les mili-taires, les pompiers, les forces de l’ordreet certains opérateurs ou industriels. Eneffet, le maire (médecin, agriculteur,artisan…) se retrouve dès son électionen charge de la sauvegarde de sa popula-tion et des biens communaux. Il lui fautune méthode simple pour préparer sacommune (prévention, protection, sensi-bilisation, formation, entraînement,exercice, équipements…) et se prépareravec le RAC et le Poste de Comman-dement Communal (PCC) à conduire lesopérations communales en coordinationavec les secours : gestion de la vigilanceet des alertes, mise en place du dispositifcommunal, gestion des renforts, assis-tance à la population et soutien desservices régaliens, puiset cela peut durer long-temps gestion dupost-événementiel quandles secours sont partis etque les sinistrés, ayantparfois perdu des êtreschers et des biens, sontseuls pour faire face auxdifficultés administra-tives et pour restaurerleurs biens. Cela n’estpas inné et il seraitprétentieux voire dange-reux de penser que l’ons’adaptera à la situationet que l’on improvisera.Même les plus grandsstratèges n’ont eu decesse de se préparer àl’absurde et à l’imprévu.« Je ne me prépare pas,je gémis déjà ! » disaitLéonard de Vinci.

Que doit‐on trouverdans un tableau de bord ?Tout ce dont on aura besoin pour conduireles opérations. Si le plan inondation (pourprendre un exemple) est conçu avecrigueur et réalisme, l’élaboration de sontableau de bord associé sera facile. Cequi fait dire que la conception d’untableau de bord est un critère crédible devalidation du plan.

Il est conseillé de compartimenter chaquetableau de bord en zones. Chaque zone cor-respond à une fonction opérationnelle. Sivous avez eu la sagesse d’organiser votrePCC en cellules, selon l’organisation clas-sique des Postes de Commandement (PC)régaliens, vous aurez comme zones : situa-tion, anticipation, logistique, actions, com-munication, population, chacune de ceszones comportant plusieurs cases selon vosbesoins.

Général (2s) François VERNOUX, expert auprès du Haut Comité Français pour la Défense Civile (HCFDC)

Gestion de crise : la conduite des opérations par tableaux de bord

Entraînement sur table Saint Paul en Jarez Décembre 2016 © IRMa F. Giannoccaro

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Risques Infos n°35 - Juin 2017 - Institut des Risques Majeurs 13

Prenons quelques exemples toujours rela-tifs au plan inondation :

Situation : une case vous donne lahauteur actualisée de l’eau, une autre lepoint de l’évacuation d'un parking ou d’unquartier, une autre la traficabilité de laroute principale, une autre la capacitérésiduelle des bassins de rétention, uneautre …

Anticipation : une case vous informe surl’horaire et l’amplitude du maximum decrue, une autre vous conseille sur l’heuredu début de l’évacuation d’un quartier,une autre sur l’heure de fermeture dupont, une autre vous rend compte del’heure de coupure de l’électricité (sourceerdf), une autre…

Logistique : une case vous renseigne surles effectifs présents de vos servicesmunicipaux et de la réserve communale,une autre sur le potentiel de vos groupesélectrogènes, cars, camions, une autre…

Communication : une case vous indiqueles journalistes présents, une autre l’ho-raire du dernier communiqué de presse etl’horaire prévu du suivant, une autre serarelative aux conférences de presse et auxinterviews, sans oublier celle qui décritles réseaux sociaux…

Population : cette zone vous renseignesur les victimes (pris en charge par lessecours), sur les impliqués, dont lespersonnes fragiles, et leur prise en chargepar la municipalité, sur les évacués et lesadmis au centre d’accueil …

Enfin, la zone actions sera facile àcompléter, actualiser et à exploiter sivous avez décliné chacun de vos plans enphases opérationnelles (vigi-lance/alertes ; réflexe ; renseignement ;engagement ; consolidée ; post-urgenceet restauration) et pour chaque phase, sivous avez rédigé (si possible avec ceuxqui devront les mettre en œuvre) lesfiches « réflexes » puis « actions ». Ainsisur le tableau de bord sera mentionné(par exemple) pour la fermeture du pont :PM 4 22h30, ce qui voudra dire que cettemission a été confiée à la police munici-pale (PM) qui devra mettre en œuvre safiche 4 à 22h30.

Cette mise en œuvre préparée vousprotège d’oublis sous l’emprise du stress,elle vous laisse néanmoins libred’adapter chaque fiche à la réalité de lasituation. C’est un gain de temps qui vouspermet de vous concentrer sur lesimprévus.

Valorisa�ondes tableaux de bordLa première des valorisations consiste àattribuer à certaines cases soit un indi-cateur de suivi de difficulté deréalisation (généralement vert, jaune etrouge) soit un indicateur temporal (futur,en cours, réalisé) soit un indicateur d’im-portance (étoile, triangle…)

Les communes qui utilisent les tableauxde bord les reproduisent généralementsur une surface type Velleda. Si letableau de bord est informatisé enpartage sur le réseau interne, il peutêtre consulté par l’ensemble descellules. Le gain opérationnel estévident, mais c’est aussi la fiabilité desinformations qui est garantie par cettelecture partagée. Pour un tableau debord sur Velleda, chaque cellule doitvenir en salle de coordination pouractualiser les données de sa zone ; si letableau est informatisé, elle pourra lefaire de son clavier. De même, informati-sées, les sauvegardes sont assurées etla transmission au Centre OpérationnelDépartemental (COD) à titre de compterendu sera fiable (pas d’erreur de copie)et rapide. De plus, l’informatisationpermet l’automatisation des seuils etcertaines autres « facilités » comme laconsultation de documentation, laprojection d’images ou de schémas,l’accès aux sous-tableaux de bord encliquant sur la case étudiée. Rassurez-vous, le tableau de bord Velleda ouExcel est tout à fait adapté aux PCC etvous apportera une aide déterminantepour vous permettre d’effectuer voschoix opérationnels.

U�lisa�on du tableaude bord en conduitedes opéra�ons Le tableau de bord est l’OUTIL de laconduite des opérations. S’il a bien étéconçu lors de la planification puis adaptéà vos besoins lors des entraînements eten Retex d’exercices ou de cas réels, ilest « prêt à l’emploi ».

Dès l’activation du PCC, il faut le «remplir ». C’est le rôle de chaque cellulepour leur zone et celui du RAC pour lesrenseignements généraux : nom du DOSet du COS, heure de la prochaine réunionde synthèse…

Le RAC doit prendre le temps de s’assurerrégulièrement (1h en cinétique rapide parex. lors de la montée des eaux, ½ journéepour une cinétique lente par ex. en post-urgence) de la cohérence globale dutableau de bord. S’il en est satisfait, ilvalide la version en cours, qui estarchivée, et rouvre la version suivante.Seul un tableau de bord validé peut êtretransmis à titre de compte rendu.

Une case qui n’est pas remplie ou quin’est pas actualisée doit faire l’objetd’une analyse particulière car ce manquede données est une information.

Avant chaque réunion de synthèse,chaque participant se doit d’avoir analyséle tableau de bord. Ainsi en début deréunion, le RAC demande si quelqu’un aquelques remarques à formuler puis ilvalide le tableau de bord. Le point desituation traditionnel qui ouvre lesréunions de synthèse vient d’être fait :

© IRMa - S. Gominet

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gain de temps et surtout absence deconflits comme on les observait tropsouvent.

Durant toute la conduite des opérations,chaque cellule, comme le RAC, trouveradans le tableau de bord les élémentsnécessaires pour adapter la stratégie duPCS aux circonstances, choisir lestactiques et grâce aux check-lists anti-ciper ses décisions.

Le maire, qui généralement est au cœurde sa commune, peut grâce au tableau debord connaître la situation dès son retourau PCC sans déranger le RAC ou lesautres membres du PCC. Si le tableau estinformatisé, il peut rester informé grâce àsa tablette.

D’expérience, toutes les municipalités quiont adopté les tableaux de bord témoi-gnent de leur satisfaction, même si

certaines avouent que les débuts furentdifficiles, mais que tout se rode rapide-ment et que la conduite des opérationsest sereine.

Innover pour mieux se préparer : l’exemple du tableau de bord de Saint‐Laurent‐du‐Pont (Isère)

Raymond FERRIEUX, Conseiller municipal délégué au PCS `Saint Laurent du Pont (Isère)

Le contexte : En 2017, la commune de Saint-Laurent-du-Pont a réalisé son Plan Communal de Sauvegarde (PCS) en collaboration avecl’Institut des Risques Majeurs de Grenoble (IRMa). Engagés dans une réelle volonté de se préparer et d’organiser l’actioncommunale en cas d’événement « majeur » sur le territoire, les élus, les services communaux et l’IRMa ont innové en réfléchis-sant à ce que pourrait être un outil d’aide au pilotage de la crise.Fort de ce partenariat et de cette volonté, Saint-Laurent-du-Pont est donc devenue une commune expérimentale pour permettreà l’IRMa de développer un outil innovant : le tableau de bord.Pour entamer la réflexion autour de ce support, une thématique unique a été privilégiée dès le début de la démarche : « letableau de bord inondations ». Les tableaux de bord concernant d’autres événements arriveront une fois celui pour l’inondationvalidé.

Qu’est-ce qu’un tableau de bord ?Il s’agit d’un document, en version papier ou informatisée pour les plus développés, qui permet de suivre l’évolution d’une situa-tion et de partager des informations avec un grand nombre d’acteurs extérieurs ou non à l’organisation. Grâce à ce supportopérationnel, le partage des informations permet à chacun de connaître la situation et de proposer ou de choisir des solutionsadaptées.Les informations pouvant apparaître dans un tableau de bord sont donc nombreuses et il est important de les sélectionner pouréviter une diffusion inutile ou non pertinente de celles-ci pendant la crise. De la même manière, le tableau de bord doitpermettre de retrouver facilement une information. Il s’agit donc d’un outil d’aide au pilotage de la crise ainsi qu’à la prise dedécision et à la diffusion d’informations.

Les prochaines étapes du projet :

Pour Saint-Laurent-du-Pont, l’enjeu futur sera de tester cet outil une fois que l’ensemble du collectif communal se sera appro-prié le PCS.

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Risques Infos n°35 - Juin 2017 - Institut des Risques Majeurs 15

L’inondation est le risque majeurprégnant en France, 18.5 millionsd’habitants y sont exposés. La poli-tique de gestion de ce risque sedécline au travers de nombreuxdispositifs. Pour une majorité de communes,l’obligation de réaliser un plancommunal de sauvegarde (PCS)émane de l’application d’un de cesoutils, le plan de prévention durisque inondation (PPRI). L’objectif du PCS est de se préparer ense formant, en se dotant de modes d’or-ganisation et d’outils techniques pourpouvoir faire face à tout type d’événe-ment de sécurité civile. Les documentspubliés par le ministère de l’Intérieurdéfinissent le cadre méthodologiquegénéral du PCS, mais n’explicitent pas letraitement de chaque aléa.Cet article détaille la méthode pour sepréparer à gérer une inondation. Le butde cette préparation spécifique est dedéfinir des mesures concrètes et antici-pées de protection des citoyens et desbiens en fonction des phénomènespouvant générer des inondations sur leterritoire communal.Pour aboutir à ce résultat, une démarcheen trois étapes est proposée :• l’analyse du risque pour une approche

gestion de crise,• l’étude de l’anticipation opération-

nelle possible des phénomènesd’inondation,

• l’élaboration de la réponse opération-nelle de la commune.

Etape 1 : analyse du risque pour uneapproche ges�on de criseLe travail d’analyse a pour objectifd’identifier les phénomènes générateursd’inondation sur le territoire, les zonesconcernées et les conséquences poten-tielles dans et à l’extérieur de ces zones.L’identification et la caractérisationde tous les phénomènes pouvantgénérer des inondations sur sonterritoire est le point de départ de ladémarche. En effet, derrière la défini-tion générique de l’aléa « inondation »,submersion d’une zone le plus souventhors d’eau, se cachent des phénomènesde natures très diverses : débordementde cours d’eau, remontée de nappes,ruissellement, ruptures d’ouvrages,débordements de réseaux, submersionmarine, tsunamis ou raz de marée. Il fautessayer d’être exhaustif dans cette iden-tification pour éviter au maximum l’effetde surprise par rapport aux phénomènespossibles. Ainsi, ce sont des événe-ments comme le séisme d’Indonésie de2004 ou la tempête Xynthia de 2010 quiont remis en avant les risques detsunamis ou de submersion marine alorsqu’il existe de nombreux témoignagesou données historiques sur de telsévénements au niveau de nos territoires.De même, c’est bien l’ensemble descours d’eau de la commune qui doiventêtre pris en compte et pas seulement lecours d’eau principal.Une fois identifié, chaque phénomènedoit être caractérisé par :• les niveaux de premier débordement,• les zones géographiques submergées

en fonction des hauteurs d’eau identi-fiées,

• la vitesse de montée des eaux,• les durées potentielles de submersion.

Cette tâche est plus ou moins facile etlongue à réaliser en fonction des typesde phénomènes recensés, des données

disponibles et de leur accessibilité. Lessources d’informations sont multiples :services de l’État, syndicats de rivière,établissements publics territoriaux debassin, universités, archives locales ...

Ce travail va servir à définir les scénariosd’inondation à retenir pour le PCS.Cette approche de gestion de crise est àbien distinguer de celle de gestion del’aménagement du territoire qui s’appuiesur les plans de prévention des risquesd’inondation. Le scénario d’aléa utilisépour le PPRI n’est qu’un des scénarios àretenir pour le PCS. Celui-ci doitcontenir une palette de scénariosallant des premiers débordementsaux cas les plus extrêmes, maisaussi des scénarios pour chacundes phénomènes identifiés. Les inon-dations sont des événements complexespour lesquelles de nombreux paramètresinterviennent, aucune situation n’estidentique, chaque événement est parti-culier. Par conséquent, il faut veiller à nepas se limiter dans la diversité et l’in-tensité des scénarios à envisager. Ainsi,les niveaux historiques des inondations,parfois matérialisés par des repères decrues, ne sont « que » des références quipeuvent être dépassées. Il peut aussiêtre nécessaire d’intégrer des scénariosavec des éléments aggravants commedes embâcles ou dus à la concomitancede phénomènes. C’est à ce type desituation que la commune deDraguignan a été confrontée en juin2010 avec un ruissellement très impor-tant et le débordement de la Nartuby.

Chaque scénario d’inondation retenudoit être associé à la définition d’unseuil critique (hauteur d’eau à uneéchelle limnimétrique ou autre point derepère local, intensité de pluie niveau deprotection d’une digue …) et à une déli-mitation des zones inondables. Ceséléments serviront d’indicateurs pourdéclencher les actions du PCS.

La dernière phase de cette étapeconsiste à identifier, dans les zones

Plan Communal de Sauvegarde :comment bâtir le volet inondation ?

Pascal BELIN, chargé d’étude ingénierie de crise Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement

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16 Risques Infos n°35 - Juin 2017 - Institut des Risques Majeurs

inondables définies par les scénarios,les enjeux et leurs vulnérabilités. Ils’agit de passer des scénariosd’aléa inondation à des scénariosde conséquences sur la communeen déterminant pour chacun des seuilscritiques retenus ce qui est impacté :• les rues, les quartiers, les hameaux,• les personnes (habitants, touristes,

professionnels),• les routes, les ponts, les passages à

gué,• les installations communales : mairie,

services techniques, salle des fêtes,école …,

• les réseaux d’eau potable, d’assainis-sement, d’énergie, de télécommu-nication …,

• les établissements recevant du public(ERP), les commerces, les entre-prises…

Pour un même scénario d’inondation, ilpeut être intéressant dans certains casd’établir plusieurs hypothèses depersonnes concernées en fonction de lapériode :

• de l’année : saison touristique, événe-ment important type foire, festival …,

• du cycle journalier : journée/nuit,• du cycle hebdomadaire : jour de

semaine, week-end, jour avec écoleou sans.

Au niveau des répercussions, il ne fautpas oublier de prendre en compte lesimpacts indirects en dehors des zonesinondables, car ils sont un des facteursimportants pour bâtir la réponse opéra-tionnelle, par exemple :• un gymnase, lieu possible d’héberge-

ment provisoire, peut ne pas êtreinondé mais privé d’électricité ouinaccessible,

• un autocommutateur téléphoniquepeut être inondé, l’alerte ou la trans-mission d’information par téléphonene pourront pas être assurées dans sazone de couverture,

• l’inondation d’un transformateur élec-trique peut priver d’électricité deszones hors eau.

Etape 2 : étude del’an�cipa�on possibledes phénomènesCette étape peut être menée concomi-tamment à en même temps quel’analyse du risque. Elle commence parl’identification des dispositifs de prévi-sion que la commune va pouvoirexploiter. Il convient ensuite de biens’approprier leurs fonctionnements et dedéterminer quelles sont les informationsutiles qu’ils fournissent pour anticiper laveille, le déclenchement du PCS et l’at-teinte des seuils critiques liés auxscénarios de conséquences. Lacommune peut ainsi estimer lestemps d’anticipation dont elle disposepour agir et construire sa réponseopérationnelle. Il se peut d’ailleursqu’à cette occasion apparaisse lanécessité de mettre en place encomplément un dispositif de surveil-lance locale, communal ou inter-communal (de l’amont vers l’aval),pour observer et suivre l’évolutiondes précipitations et des débits descours d’eau sur le territoire.

Crue rapide, torrentielle, "éclair", ruissellement

Submersion marine

Rupture d’un ouvrage hydraulique(digues, barrages)

Tsunami, raz de marée

Plaine (ou fluviale)

Remontée de nappe

Inondation à cinétique rapide

Montée et descente des eaux : dizaine de minutes à quelques heures

Durée de submersion : dizaine de minutes à quelques heures

Inondation à cinétique lenteMontée des eaux : de plusieurs heures à plusieurs joursDurée de submersion : plusieurs jours à plusieurs semaines

- Vigilance météo pour les phénomènes"orages" ou "pluie-inondation"

- Vigicrues pour les cours d'eau à réac-tion rapide surveillés par la vigilancecrues

- Vigicrues Flash pour certains coursd’eau non couverts par la vigilancecrues

- Système local d’alerte

- Dispositif APIC (Avertissement PluiesIntenses à l’échelle des Communes)

- Vigilance météo pour le phénomène "vagues-submersion"

- Dispositif de surveillance des ouvrages

- Centre d’alerte au tsunami

- Vigicrues pour les cours d’eau surveillés, information reprise par lacarte de vigilance météoro

- Suivi du remplissage des nappes

Caractéristiques Types de phénomène Outils d’anticipation

Ou�ls d’an�cipa�on disponibles selon les phénomènes d’inonda�on ‐ Cerema 2017

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Risques Infos n°35 - Juin 2017 - Institut des Risques Majeurs 17

Etape 3 : élabora�onde la réponse opéra�onnelleCette phase a pour objectif de construirela stratégie de réponse de la communeen fonction des moyens dont elledispose. Il s’agit d’imaginer et déve-lopper les solutions pour traiter lesconséquences identifiées de chacun desscénarios retenus, de définir le déroule-ment général chronologique des actionsà mener en fonction des capacités d’anti-cipation des phénomènes (étape 2) etdes niveaux de gravité de l’inondationdéfinis par les seuils critiques fixés(étape 1). Les résultats doivent êtreprésentés sous forme de plans d’inter-vention gradués.

Les grandes thématiques à développersous forme de fiches actions sont notam-ment :• l’exploitation des dispositifs de prévi-

sion ou de surveillance pour organiserla veille, activer la montée en puis-sance de la mobilisation des moyenset le déclenchement des actionscommunales,

• les mesures d’information et d’alertede la population tout au long de l’évé-nement,

• les actions de protection : manœuvrede vannes, inspection et nettoyagepréventif d’ouvrages sur les réseauxd’eau pluviale, mise en place de batar-deaux …,

• les mesures concernant la voirie,fermeture des accès, déviation …,

• les mesures de protection despersonnes : fermeture d’établisse-ments, évacuation préventive decertaines catégories de la populationou de la totalité (cheminement, orien-tation sur les centres deregroupement) …,

• la mise en sûreté des biens : évacua-tion de matériel …,

• l’organisation de la gestion et de lasurveillance des secteurs inondés …,

• les missions à accomplir juste après leretrait des eaux.

Ces actions doivent être adaptées aucontexte spécifique inondation de lacommune.

Exemple d’un plan gradué pour un scénario du PCS de Boucoiran (Gard)

Bonnes pra�ques relevées lors des retours d’expérience :

• la mise en place d’un dispositif de surveillance local en cas de vigilance orange pluie-inon-dation, pour observer et suivre l’évolution des précipitations et des débits des cours d’eau,

• la prise en charge des personnes isolées ou fragiles, particulièrement dans les zones à risques« importants » notamment les zones rouges des PPRI,

• les opérations préventives de nettoyage sur le réseau pluvial avant l’événement,

• la mise en place d’équipes indépendantes sur chaque rive quand il y a un risque de coupureen deux de la commune ou d’isolement d’un quartier,

• la délocalisation du Poste de Commandement Communal (PCC) en dehors de la mairie si elleest en zone inondable ou difficilement accessible,

• l’évacuation des voitures vers des zones non inondables,

• pour les crues lentes, l’organisation d’un mode de vie « dégradé » dans des secteurs inondésoù les personnes n’ont pas été évacuées.

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18 Risques Infos n°35 - Juin 2017 - Institut des Risques Majeurs

Inondations du Var– Destruction de plusieurs habitations sur la commune de La Motte suite àla crue de la Nartuby - Juin 2010 © IRMa - S. Gominet

Le volet type inondation du PCS peut êtreprésenté de la manière suivante :• un dossier de présentation résumant le

contexte communal du risque inonda-tion et sa gestion opérationnelle. Sonobjectif est de permettre une appro-priation simple et rapide du sujet partous les publics. Une version synthé-tique peut être transmise à lapopulation au titre de l’informationpréventive ;

• un dossier opérationnel réservé auxacteurs du PCS pour l’aide à la déci-sion et la réalisation des actions dansle cadre des inondations. Il complètel’organisation générale du PCS.Chacun des scénarios d’inondationretenus est associé à un plan d’inter-ventions gradué qui matérialise le lien

entre les niveaux de gravité et lesactions communales. Il est préférabled’identifier les niveaux de gravité pardes chiffres plutôt que par descouleurs pour ne pas créer de confu-sion en terme de communication avecles niveaux de couleur utilisés dans lecadre des vigilances de Météo-Franceou de Vigicrues.

Une attention toute particulière doit êtreportée à la forme et à la présentationdes informations pour faciliter l’utilisa-tion en gestion de crise (logigramme,check-list, cartographie, tableaux desynthèse, échelles de gravité …).

Une fois ce travail achevé, l’ultime phasede la préparation, sans aucun doute la

plus importante, est l’appropriation.Dans un premier temps, il s’agit de faireconnaître et de partager le dispositifavec toutes les personnes concernées,les acteurs du PCS (élus, agents, asso-ciations…) et la population.

Puis, il faut le faire vivre pour à la foisl’adapter aux évolutions des organisa-tions, du territoire communal, du risqueet maintenir un niveau d’appropriationsuffisant. Plus qu’une simple étape, c’estun processus continu basé sur la forma-tion, l’entraînement, les exercices et lacommunication qui doit se mettre enplace. Tous les retours d’expériencemontrent la pertinence d’une telle prépa-ration.

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Risques Infos n°35 - Juin 2017 - Institut des Risques Majeurs 19

Le service départemental d'in-cendie et de secours de la Savoie

(SDIS 73) est intervenu à près de 35000 reprises en 2016… sur desrisques courants ou particuliers,après avoir traité plus de 133 000appels. Parmi ces interventions,comme les années précédentes, setrouvent des événements spéci-fiques qui ont mobilisé des moyensextraordinaires, au sens littéral duterme.Les crises, qu'elles proviennent durisque naturel ou technologique, doiventêtre préparées, anticipées, afin queleurs conséquences ne dépassent pasles capacités de réponses opération-nelles. Les sapeurs-pompiers de Savoieont toujours répondu aux demandes despopulations soumises aux aléas desvallées, très tôt ils se sont organisés, auplan communal puis départemental etaujourd'hui zonal.

L'étude des phénomènes naturels et lesretours d'expérience (RETEX) ontdéclenché une prise de conscience etl'élaboration de plans à vocation opéra-tionnelle. Le schéma départementald'analyse et de couverture des risques(SDACR) arrêté par le préfet, n'est pasun simple catalogue récapitulant lesrisques, il se veut vivant et évolutif afind'adapter la réponse opérationnelle.Plusieurs étudiants ont contribué àl'étude des risques spécifiques, lors destages dont la finalité était plus queréelle : sur les risques de crues torren-tielles en Haute Maurienne, lesinondations du Rhône ou de l'Isère, enlien avec les services de prévision des

crues (SPC) des bassins concernés. Aufil des années, la technologie a évoluéet l'empirisme de 2003 est remplacé parun véritable travail sur les systèmesd'information géographique (SIG) à l'été2016.

Bien entendu, d'autres risques sontappréhendés, tels que la dispersion degaz toxique, le risque incendie en centrehistorique (Chambéry, Albertville-Conflans, Moutiers, Saint-Jean-de-Maurienne, …), les zones urbainessensibles en lien avec les services desécurité publique (Police et Gendarmerienationales). N'oublions pas non plus laparticularité des sites industriels classésSEVESO et dotés de plans d'opérationinterne (POI) ou de plans particuliersd'intervention (PPI), des réseaux detransports (ferrés, gazoducs ou oléo-ducs).

Et il reste encore des domaines à déve-lopper, avec d'autres partenaires, telsque le monde de la culture, pour lasauvegarde du patrimoine dans lesmusées ou les châteaux du départe-ment. Pour nos trois cathédrales, cetravail de planification opérationnelleest aujourd'hui achevé grâce auconcours du Ministère de la Culture.

Pour intervenir et augmenter leur effica-cité, les sapeurs-pompiers ont élaborédes plans d'établissements répertoriés(ÉTARÉ) sur les sites industriels, certainsétablissements recevant du public, dessites remarquables (aéroports, voies detransport, …). Aujourd'hui le risquenaturel est également intégré dans ceprogramme de « répertorisation » ou deplanification. Les phénomènes naturels,comme les inondations et les cruesimpactent souvent des secteurs

Commandant Laurent RIEU, Chef de groupement gestion prévisionnelle des risques Service départemental d'incendie et de secours de la Savoie

Optimiser l’interface opérationnelle secours/sauvegarde avec quels outils ? L’expérience du SDIS de la Savoie sur les plans « établissements répertoriés »

Carte du plan établissement répertorié zonal du Rhône © SDIS 42

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20 Risques Infos n°35 - Juin 2017 - Institut des Risques Majeurs

étendus, touchant une ou plusieurscommunes, d'où une réflexion à l'échelleintercommunale. C'est ainsi qu'est né leconcept de plan ÉTARÉ communal ouintercommunal. Au même titre que le plancommunal de sauvegarde (PCS) ou inter-communal, il faut maintenant réfléchir enregard des communautés de communes.Le travail important repose sur le partagede données, puisque les services de l'Étatont inventorié et cartographié les risquesnaturels dans le cadre des plans deprévention des risques naturels (PPRN) ouinondation (PPRI). Ce partage doit mûrir aufil des échanges entre administrationsdans une efficience commune, via unemutualisation.

C'est bien en termes d'acculturation qu'ilfaut grandir : si chacun reste dans son« silo », l'absence de transversalité seraun obstacle au progrès contre les consé-quences des événements naturels outechnologiques. Cela oblige à s'ouvriraux autres, à partager les informations etles systèmes, malgré les incompatibilitésparfois techniques des logiciels d'exploi-tation.

Les documents produits doivent égale-ment être mis à disposition, comme leSDIS 73 le fait avec plusieurs partenairesinstitutionnels dans le cadre de conven-tions : le SAMU pour la base adresse oules atlas départementaux, la gendar-merie avec la fourniture de plans de sitessensibles, l'Office National des Forêtspour les feux d’espaces naturels (lapyrale du buis engendre cette année sonlot d'inquiétudes et de dispositions parti-culières)... Les plans des établissementsrépertoriés (ÉTARÉ) sont bien entenduélaborés avec l'aide des industriels etexploitants de sites.

Ce partage de données s’inscrit totale-ment dans les objectifs de la directiveeuropéenne « INSPIRE » qui impose auxservices publics un large échange. Cetéchange existe d'ailleurs depuis desannées au SDIS 73 pour la défense exté-rieure contre l'incendie (DECI), puisqueles communes et les gestionnaires deréseaux d'eau alimentent le logiciel degestion des points d'eau incendie. Cettedémarche sera renforcée après publica-tion du règlement départemental de ladéfense extérieure contre l'incendie, lefameux RDDECI qu'attendent les élus etqui deviendra un document de base pourtous.

La survenue d'une crise n’étant pasévitable, par définition, il convient dediriger nos efforts sur l’accompagnement

de crise, par une connaissance réci-proque (acteurs, méthodes, moyens), desentraînements conjoints, un travailpréparatoire (complémentarité, mutuali-sation) et surtout une connaissance deshommes. La formation des élus aideraitégalement à une meilleure gestion,notamment dans leur rôle de directeurdes opérations de secours (DOS).Pour les centres anciens, c'est unedémarche conjointe qui a mené le SDIS73 à améliorer sa connaissance dessecteurs au bâti complexe et enchevêtré(allées couvertes, courettes intérieures,accès impossible aux moyens aériens(échelles), exiguïté, absence de recoupe-ment des combles...). Les planscadastraux et une reconnaissance minu-tieuse sur place produisent des plansÉTARÉ d’îlots ou de quartiers. L'approcheinter-services, de son côté, assure unerépartition des missions : recensement etdénombrement des impliqués par lapolice municipale ou la mairie. Les muni-cipalités ne sont d'ailleurs pasattentistes, puisqu'elles initient desopérations d'amélioration de l'habitat,des vide-greniers, la sécurisation desbâtiments… une labellisation est d'ail-leurs en projet avec la Fédérationnationale des sapeurs-pompiers deFrance (FNSPF) pour valoriser les actionsdes propriétaires et des mairies.Pour revenir au risque naturel, les aléasclimatiques prouvent que l'organisationest le maître-mot pour faire face etsurtout anticiper. Mais comment intégrerdans le processus décisionnel une phasedélicate mais transitoire de « gestion del’ingérable » ? Ceci montre aussi que lepartage d'informations prédictivesauprès des services opérationnels estprimordial. Les sapeurs-pompiers,lorsqu'ils craignent une tempête, renfor-cent leurs effectifs, passent del'astreinte à la garde, notamment pourles volontaires, et se positionnent

comme partenaires au sein des planscommunaux de sauvegarde (PCS) notam-ment au poste de commandementintercommunal ou de secteur. Laprésence du cadre sapeurs-pompiersauprès des décideurs assure une meil-leure adéquation des moyens auxmissions et une compréhension mutuelledes problématiques.Le développement des interfaces vise àun traitement rapide, voire instantanédes données (scenarii, modélisations)complémentaire des plans, plus ou moinscomplexes, tels les plans particuliersd’intervention (PPI) dont la difficultéimpose d'orienter le travail par thèmesau travers des phénomènes dangereuxredoutés.La planification opérationnelle (modéli-sation géographique des phénomènes,de la météo, des crues, …) peut aboutirà un schéma d'analyse et de couverturedes risques (SDACR) dynamique appuyésur un SIG performant et partagé. Il estindéniable que les communes, seules, nepourront répondre à un tel besoin, lamutualisation est la seule solution. Lamise à jour doit devenir aussi rapide quenos technologies d'information lepermettent ! Le SDIS doit se préparer àdes situations imprévues ou dépassantses capacités immédiates de réactionsopérationnelles, en s'appuyant sur lesrenforts zonaux, ce dont se charge l'état-major de zone de défense, couvrant larégion Auvergne-Rhône-Alpes. Ce quis'inscrit bien dans le contrat territorial deréponse aux risques et aux effets desmenaces (COTTRIM) lancé en 2015.Les solutions existent chez tous lespartenaires publics de cet incroyablepuzzle que constitue la réponse auxcrises de sécurité civile, il ne reste qu'àse mettre autour de la table pour écrireensemble un avenir efficient et respon-sable. ■

Carte du plan établissement répertorié inondations Rhône © SDIS 73

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Risques Infos n°35 - Juin 2017 - Institut des Risques Majeurs 21

Les crues torrentielles, dangermajeur sur les territoires de nos

départements alpins : limites de lavigilance météorologique d’échelledépartementale et des missions desurveillance des grandes rivièresassurées par les Services dePrévisions des Crues Rien de plus dangereux dans nos climatset territoires alpins qu’un violent oragestationnaire sur un bassin versant detype explosif : il suffit de parcourir lespages de l’excellent hors-série duDauphiné Libéré intitulé « 1945-2014 : lamétéo au fil du temps » pour s’aperce-voir qu’il n’y a pas une année où de grosdégâts, voire des drames humains,soient causés par des phénomènes detype inondations torrentielles, lavestorrentielles, coulées de boues ou autresglissements de terrain. La cause natu-relle atmosphérique est toujours

identique : d’importantes précipitations,le plus souvent en saison chaude, qui sesont abattues en bien peu de temps surdes bassins versants torrentiels, quali-fiés parfois d’explosifs car le temps deréaction entre les pluies orageuses et laréaction du cours d’eau n’excède pasquelques heures… au mieux !Mais que fait la météo ? Depuis 2002,Météo-France est opérateur pour lecompte de l’État de la vigilance météo-rologique. Ce service, http://www.vigilance.meteofrance.com/, formidable-ment relayé par tous les médias, adésormais une notoriété sans égale;cette idée française a d’ailleurs étéreprise dans la plupart des pays : ilexiste même désormais une déclinaisoneuropéenne de cette vigilance météo,http://www.meteoalarm.eu/, basée surla même échelle intuitive de risque à 4couleurs.D’échelle départementale pour laFrance, au départ limitée aux risquesassociés aux vents violents, orages,neige, verglas et avalanches, la vigi-lance s’est progressivement étoffée,

intégrant au-delà de la simple prévisiondu risque d’orage, la prévision du risqueinondation, en lien :● soit avec les phénomènes côtiers de

submersion marine (la sinistretempête Xynthia)

● soit avec les prévisions des grandscours d’eau instrumentés et suivis parles Services de Prévisions des Crueshttp://www.vigicrues.gouv.fr/ (voir ci-dessous les grandes rivièresconcernées dans les Alpes du Nord :Isère, Arc et Drac uniquement)

Le logo affiché par département dans lavigilance météo est alors

■ soit, pour toutes les rivières nonrenseignées ci-dessus, donc tous lescas de danger torrentiel dans lesAlpes, pour des inondations induitespar de fortes pluies ou orages. Dansces cas, les vigilances sont signaléespar les logos

Serge TABOULOT, Ingénieur, responsable du Centre Météorologique des Alpes du Nord - Météo-France

Anticiper les crues torrentielles :nouveaux services dans les Alpes

Plateforme de visualisationVigicrues

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Le dispositif de vigilance météo (quin’est d’ailleurs pas une alerte, cepouvoir régalien étant du domaine despréfets et des maires) n’est pas toujoursparfaitement compréhensible. Il y asurtout des limites à ces prévisions dedangers météorologiques dans le casdes crues torrentielles des petitsbassins, surtout montagneux.

D'une part le savoir-faire météorolo-gique, est loin de pouvoir prévoir 24 ou36h à l’avance (l’anticipation demandéepour la vigilance) l’intensité et la locali-sation exacte de très fortes pluies.

D'autre part la géographie même descours d’eau très réactifs aux cruessoudaines, avec de petits bassins,parfois de quelques km² mais trèsdangereux, qui n’ont rien à voir avecl’échelle départementale de la vigilancemétéo.

Au final, la meilleure illustration deslimites de la prévision météorologiqueet de la vigilance météo face au dangerdes crues éclair est celle qui s’estproduite le 23 août 2005 dans l’Isère surle torrent du Doménon (photo ci-dessous), la vigilance météo étaitJAUNE, et c’était parfaitement logique !

En effet, le savoir-faire en prévision nepouvait que prévoir un risque moyen àassez fort d’orages stationnaires pourcet épisode orageux, et pour restercrédible (un bon équilibre entre la signa-lisation d’un vrai danger météorologiqueet une banalisation des couleurs orangeou rouge) la vigilance ne justifiait enaucun cas un passage à l’orange pour latotalité du département de l’Isère.

Bref, la plupart des graves consé-quences liées à de fortes pluiesorageuses ponctuelles sont traitées parla vigilance météo d’échelle départe-mentale par la couleur Jaune, et il nefaut pas espérer d’importantes amélio-rations du savoir-faire en prévisionsmétéo dans les prochaines décennies...D’où l’idée de ne pas se baser sur desprévisions pour avertir du dangertorrentiel, mais plutôt sur des obser-vations de fortes pluies en amontsur le bassin versant.

La technologie radar,du projet RHyTMMEdes Alpes du Sud étendue auxAlpes du Nord Cette idée est liée à l’essor depuis unevingtaine d’années du dernier outil d’ob-servation en temps réel des précipitations: le radar hydrométéorologique. Le prin-cipe est de repérer et d’intégrer les échosdétectés par les radars pour délivrer desestimations équivalentes à des mesuresque feraient des pluviomètres tempsréel installés tous les km².

Ces mesures par radar ont évidemmentquelques limites et défauts, mais laplupart (atténuations, différences deréflectivité entre les pluies et la neige,etc.) sont corrigeables par des améliora-tions de la technique (doublepolarisation) ou par des algorithmes detraitement de signal. Le principalobstacle est la présence du relief, carles ondes radar ne traversent pas lesmontagnes !

Un vaste projet a été mené depuis 2008par Météo-France et l’IRSTEA sur lesAlpes du Sud, où l’enjeu climatique faceau risque torrentiel est le plus fort sur leterritoire métropolitain français. Ceprojet RHyTMME (Risques hydrométéo-rologiques en territoires de montagne etméditerranéens, financé par PACA,l'Union Européenne et le Ministère de laTransition écologique et solidaire a ainsiprouvé le bien-fondé de l’utilisation deradars de nouvelle génération (bande

« X » proche des micro-ondes) pourdévelopper des services en temps réeld’avertissement aux pluies intenses ense basant sur une qualification de l’aléapluviométrique.

A partir de ces premiers résultats,Météo-France, soutenue par la Directiongénérale de la prévention des risques duministère du Ministère de la Transitionécologique et solidaire, a recherché àpartir de 2012 un site d’implantationpour compléter la couverture radar desAlpes du Nord.

Dans ce sens, le projet du radar enbande X installé au sommet duMoucherotte sur la commune de Saint-Nizier-du-Moucherotte a pris formeentre 2013 et 2015. Une phase de quali-fication de la technique (basée sur lacomparaison entre les données du radaret les relevés pluviométriques) s’estterminée en novembre 2016, parallèle-ment à une nouvelle exploitation entemps réel des données des radars denos voisins suisses.

Tout n’est jamais parfait dès le premieressai (c’est ainsi que la qualité actuelledes données n’a pas été jugée satisfai-sante pour couvrir la métropolegrenobloise, Belledonne ou les hautsmassifs du Sud Isère), mais l’extensiondes services opérationnels est malgrétout remarquable sur les 3 départementsnord-alpins, avec une intégration desterritoires du Léman et des bassinsd’Annecy, des Bauges et de la cluse deChambéry au lac du Bourget, des TerresFroides au Vercors et à la Chartreusepour l’Isère.

Radar du Moucherotte - Mars 2015© IRMa – S. Gominet

Retrouvez la conférence de M. TABOULOT lors des matinales de l’IRMa sur : www.risque.TV

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Risques Infos n°35 - Juin 2017 - Institut des Risques Majeurs 23

Les nouveaux servicesd’aver�ssementen temps réel de l’Etat :APIC et Vigicrues FlashÀ partir de cette nouvelle couverture desdépartements nord-alpins, les préfets ontinformé les communes nouvelles concer-nées de l’ouverture des services suivants,sur la base de services publics dédiés à lasécurité des personnes et des biens entière-ment gratuits :

• APIC, le service développé par Météo-France à la demande de l’État (suite auxinondations dramatiques de Draguignan enjuin 2010) concerne désormais 326communes sur 521 en Isère, 115 sur 305 enSavoie, 227 sur 294 en Haute-Savoie. Ilrepose sur une qualification de rareté (pluiesintenses ou très intenses, basé sur une duréede retour au moins décennale des précipita-tions maximales détectées par les radars surune ou plusieurs communes (à choisirévidemment en amont). Il est ensuitepossible de se connecter pour voir en tempsréel les aléas pluviométriques susceptiblesde provoquer des crues éclair.

• VigiCrues Flash, le tout nouveau serviceadditionnel développé par le SCHAPI(service central hydrologique du ministèrede l’Environnement) cherche à estimerdirectement les conséquences des précipi-tations en termes de crues, fortes ou trèsfortes, sur les cours d’eau actuellement noncouverts par la Vigilance Crue. Tous lescours d’eau ne sont pas éligibles, avec deplus, la difficulté de nombre de comporte-ments spécifiques dans les Alpes (influencedes barrages en particulier sur les coursd’eau). Une carte des risques de cruesmodélisées est également disponible entemps réel :

Dans tous les cas, il est possibled’être averti en temps réel parSMS, message vocal ou mail (avecun maximum de 5 destinataires).Les communes sont invitées às’abonner et se connecter via :https://apic.meteo.fr

Le risque torren�elvu des communes :appropria�on desservices en donnéed’ac�va�on des PCSL’enjeu est à estimer au cas parcas, mais l’idée générale est lasuivante, particulièrement dans lecas des communes rurales de

montagne : les avertissements sont reçuspar des élus ou employés communaux qui,par leur parfaite connaissance du terrain,sont susceptibles d’avertir les riverains descours d’eau à réaction rapide des dangerspotentiels en s’appuyant sur le PlanCommunal de Sauvegarde (PCS) dans unphase réflexe à formaliser. Pour lescommunes de plus grande taille, le plussouvent avec un temps de réaction descours d’eau un peu moins rapide (mais pastoujours), l’abonnement au service APIC (etsi éligible Vigicrues Flash) doit être bienpensé de manière à être utile à une éven-tuelle décision d’activation du PCS.

En conclusion, des nouveaux services quiouvrent des perspectives. De nombreusescommunes de nos départements alpins sontnouvellement éligibles et je ne peux que les

inciter à s’approprier ces nouveaux servicesdestinés en tout premier lieu à anticiper lesconséquences de ces épisodes de cruestorrentielles. Des organisations simplespeuvent à minima permettre d’éviter desdrames malheureusement récurrents enterritoire de montagne.Bien sûr, la technique va continuer à s’amé-liorer et les services ainsi que les servicesassociés. À mon avis, les axes les plusprometteurs sont les suivants :• Une amélioration de la couverture

géographique des radars (progrès dansl’exploitation à site légèrement négatif duradar du Moucherotte, éventuel nouveauradar de Savoie) ; l’objectif est auminimum que l’agglomération greno-bloise, le Grésivaudan, Belledonne et leSud Isère deviennent des zones éligiblesaux services (en 2018 ?), puis lesmontagnes intérieures des Savoies (unnouveau radar en 2019-2020… ?)

• Pour les cours d’eau les plus explosifs,mais aussi dans les sols dits karstiques,une prise en compte dans les calculs desnatures des sols, des états de saturationen eau et des apports des fontes nivalesassociées à de fortes précipitations (tech-niquement déjà faisable, c’est unequestion de volonté et aussi de finance-ment par l’État)

• Tout cela ne sert évidemment à rien si lespersonnes soumises au danger ne sontpas averties en temps réel d’un risquetorrentiel aussi rare que grave et quasiimmédiat; les perspectives ouvertes parces nouveaux services ne pourront pasoublier la diffusion quasi instantanéed’une alerte et de conseils de comporte-ment ciblés à l’ère des smartphones etautres réseaux sociaux ! ■

Le réseau de radars été 2015© Météo-France - Sources : IGN Météo-France

Exemple de carte APIC (14/10/16 à 1 heure)

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1. Introduc�onVigicrues Flash, le service d’avertissement sur les cruessoudaines, a été lancé en mars 2017.Destiné aux gestionnaires de crise, ilcouvre déjà plus de 30 000 km de coursd’eau et concerne plus de 10 000 com-munes réparties sur la plupart des dépar-tements de la métropole continentale.

Sous la marque Vigicrues, les services del’État surveillent déjà depuis 200322 000 km de cours d’eau en France. Ils pu-blient sur le site www.vigicrues.gouv.fr lavigilance crues, complétée en certainspoints par des prévisions hydrologiques. Cedispositif, qui concerne 75 % de la popula-tion habitant en zone inondable, ne prendpas en compte les bassins à réactions ra-pides. En effet, les temps d’élaboration dela vigilance (analyse de la situation, élabo-ration des prévisions, rédaction des bulle-tins), de cheminement de l’information etde lancement de l’alerte par les autoritésne sont pas adaptés aux temps de réactiontrès courts de certains cours d’eau.

Et pourtant, le nombre d’épisodes de cruessoudaines et violentes qui se sont pro-duites en métropole ces dernières annéesest important, notamment sur l’arc médi-terranéen. Le Ministère de la Transitionécologique et solidaire a décidé d’étendrele dispositif de surveillance et de prévisiondes crues à des cours d’eau à réaction ra-pide grâce à un nouveau service d’avertis-sement gratuit sur les crues soudaines àdestination des gestionnaires de crise, ap-pelé Vigicrues Flash.

Ce service est le résultat du développe-ment d’outils de modélisation numériqueperformants et de l’expertise des agentsdu réseau scientifique et technique, et no-tamment ceux du réseau VIGICRUES,d’IRSTEA et de Météo-France. Il a confirmétout son intérêt lors d’une expérimentationmenée à l’automne 2016 en conditionsréelles avec 110 communes et 30 préfec-tures volontaires.

Il complète le dispositif existant des APIC(Avertissements Pluies Intenses à l’échelledes Communes) mis en place par Météo-France et partage d’ailleurs le même por-tail d’accès, offrant ainsi aux préfectureset aux communes un outil plus completpour faire face aux phénomènes de cruesrapides.

Vigicrues Flash Le nouveau service d’avertissementsur les crues soudaines

Bruno JANET, Chef du pôle Modélisation - Service central d'hydrométéorologie et d'appui à la prévision des inondations (SCHAPI) - Ministère de la Transition écologique et solidaire (DGPR)

Plateforme de visualisation des avertissements Vigicrues Flash (situation fictive)

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2. Principe de la généra�on et de l’envoi des aver�ssementsVigicrues FlashLe service d’avertissement automatiqueVigicrues Flash repose sur une modéli-sation hydrologique pluie-débit quicalcule les réactions des cours d’eau.Elle est alimentée en temps réel par uneestimation quantitative des précipita-tions en cours, que Météo-France établità partir des mesures de son réseau deradars.

Ainsi, tous les quarts d’heure, le modèlehydrologique estime les débits sur lescours d’eau éligibles au service et déter-mine si certains seuils de débit sontsusceptibles d’être dépassés ou non (2seuils correspondant à une potentialitéde crue forte ou très forte).L’anticipation proposée par le modèlecorrespond environ au temps de réaction

du bassin à la pluie.

Les maires et les préfets abonnés auservice sont avertis automatiquementpar message vocal, courriel ou texto encas de dépassement de seuil et d’appa-rition ou d’aggravation d’un risque decrue sur leur territoire. Ces avertisse-ments ont une durée de validité de 6heures. Au-delà, si le risque persiste, unnouveau message est envoyé. Pourbénéficier de ce service gratuit, lesmaires et les préfets doivent préalable-ment s’abonner. Ils peuvent configurerleur abonnement en indiquant les coor-données des contacts de leur choix pourchaque mode de communication(message vocal, courriel ou texto). Cescontacts, au nombre de 5 à 10 selon lecas, bénéficieront ainsi des avertisse-ments.

À la réception d’un avertissement, lesbénéficiaires sont incités à consulterl’interface cartographiqueAPIC/Vigicrues Flash qui permet devisualiser de manière détaillée les

communes et cours d’eau en avertisse-ment pour un risque de crue forte outrès forte. Cette plateforme permetégalement de suivre l’évolution de lasituation avec une profondeur sur unedurée de 48 heures.

Ce service est donc destiné à avertir lesgestionnaires de crise du risque d’unecrue dans les prochaines heures. Ilsdoivent alors mettre en place unesurveillance de leur territoire et prendreles mesures d’anticipation et de sauve-garde le cas échéant qui s’imposent. LesPlans Communaux de Sauvegarde, pourles communes qui en disposent, peuventapporter des précisions dans cedomaine.

1 modèl e développé par IRSTEA, Institut nationalde recherche en sciences et technologies pourl’environnement et l’agriculture, groupementd’Aix-en-Provence

2 APIC est le service d’Avertissement PluiesIntenses à l’échelle des Communes de Météo-France.

Schéma de fonctionnement des avertissements Vigicrues Flash

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3. Les cours d’eau et communes couverts par Vigicrues FlashL’éligibilité d’un bassin versant au serviceVigicrues Flash est conditionnée par plu-sieurs critères :− le temps de réponse, ou temps de réac-

tion, du bassin versant doit êtresupérieur à environ 1h30 pour permettreune anticipation de l’envoi de l’avertis-sement par rapport à la réaction du coursd’eau.

− la donnée pluviométrique observée deMétéo-France doit respecter un niveaude qualité minimal.

− les bassins doivent pouvoir être traitésde façon satisfaisante par le modèlegénéraliste utilisé. En attendant les

améliorations de ce modèle, cette condi-tion exclut par exemple les bassinskarstiques (zones calcaires dans les-quelles une partie importante del’écoulement des eaux s’effectue demanière souterraine), ceux qui sontinfluencés par la fonte nivale ou par unbarrage.

Par ailleurs, il est possible que l’ensembledes cours d’eau d’une commune ne soientpas couverts par le service Vigicrues Flash.Lors de la prise d’abonnement, les mairesdisposent d’une carte centrée sur leurcommune leur indiquant les cours d’eauéligibles.

La sélection des bassins versants éligiblesa été réalisée en deux temps. Une pre-mière étape automatique, basée sur des

critères hydrologiques établis avec l’appuid’IRSTEA, a été suivie d’une analyse plusfine réalisée par les experts du réseauVIGICRUES.

À son déploiement, en mars 2017, ce ser-vice couvrait environ 30 000 km de coursd’eau, soit 13 000 portions de cours d’eaurépartis sur un peu plus de 10 000 com-munes (cf. carte nationale de couverturede Vigicrue Flash en page deux de ceRisques Infos).

Le nombre de communes couvertes aug-mentera progressivement dans lesprochaines années, grâce aux futuresaméliorations de la modélisation hydrolo-gique support et aux progrès del’estimation quantitative des précipitationspar le réseau de radars de Météo-France.

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4. Les limites actuelles du serviceLe service d’avertissement Vi-gicrues Flash porte sur des pe-tits bassins versants, souventnon instrumentés et difficiles àmodéliser et à calibrer en rai-son de l’absence de chroniquesde débits passés. Aussi les per-formances du système d’aver-tissement seront variables enfonction des bassins versantset même d’un épisode de crueà l’autre.

Par ailleurs, le système a étéréglé pour minimiser (mais nonsupprimer) le risque de non-dé-tection d’un événement signifi-catif. En contrepartie, lenombre de fausses alertes estplus important.

Enfin, le modèle utilisé étantsimple, pour permettre l’envoirapide des avertissements, il nepeut prendre en compte toutesles particularités du terrain.

Le service doit donc être consi-déré comme un avertissementde la possibilité d’une crue surle territoire, et c’est le seul outilde cette ampleur mis à la dis-position des gestionnaires de crise, maisil ne se substitue pas à une observationdes réactions des cours d’eau.

Les retours d’expérience menés avec lesacteurs de terrain permettront d’améliorerprogressivement les performances du ser-vice.

Pour cela, un questionnaire d’évaluationdu service est proposé avec l’envoi desavertissements. Il permettra de juger de lapertinence des avertissements, de vérifiersi l’anticipation est suffisante, et d’identi-fier toute amélioration sur le fonctionne-ment global du système qui sembleraitnécessaire.

5. Les évolu�onsenvisagéesLe service a été testé cet automne auprèsd’un échantillon de 110 communes et de30 départements. Cette expérimentation apermis de constater la pertinence du ser-vice rendu, mais également certaines amé-liorations à apporter. Une partie de cesaméliorations a été intégrée dès l’ouver-ture du service, d’autres seront apportéesultérieurement.

Il est notamment envisagé de pouvoir aug-menter la couverture du service.Pour cela, notre collaboration continueavec :- Météo-France pour améliorer la qualité

de l’observation de la pluie à l’aide desradars et l’ergonomie du portail internet.

- IRSTEA pour perfectionner la modélisa-tion, avec plusieurs buts :

- augmenter la pertinence des avertis-sements en diminuant encore lesavertissements manqués et lesfausses alertes,

- augmenter la couverture du serviceen prenant en compte dans la modé-lisation l’influence de la fonte nivaleet les zones karstiques,

- et, à terme, prendre en compte lesenjeux du territoire pour baser lesavertissements non plus sur un aléa,mais sur des enjeux touchés, et doncpasser d’un avertissement pour crueforte ou très forte à un avertissementpour crue dommageable ou trèsdommageable.

6. Les partenaires du développementdu serviceLe service Vigicrues Flash est le fruit d’unecollaboration efficace entre le Ministèrede la Transition écologique et solidaire etdeux établissements publics :- IRSTEA, et particulièrement son groupe-ment d’Aix-en-Provence, qui a développédepuis plus de dix ans un modèle hydrolo-gique simple et robuste, appelé Aïga per-mettant de produire dans des délais trèscourts une information hydrologique sur denombreux cours d’eau de la France métro-politaine et de les comparer à des fré-quences de retour ; c’est ce modèle,amélioré régulièrement, qui est utilisé pourVigicrues Flash ;- Météo-France, qui fournit des observa-tions pluviométriques spatialisées toutesles cinq minutes, obtenues grâce à des ra-dars répartis sur le territoire, et qui assurela diffusion des informations (avertisse-ments et cartographie) en accueillant leservice Vigicrues Flash sur la plateformede diffusion des APIC.

Risques Infos n°35 - Juin 2017 - Institut des Risques Majeurs 27

Carte des cours d’eau couverts par la vigilance crues (bleu foncé)et par le service Vigicrues Flash (bleu clair)

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Les sentinelles sont des citoyensbénévoles chargés de surveiller

la montée des cours d’eau et deprévenir leurs élus communaux encas de dépassement des seuils devigilance et d’alerte. L’ensemble dubassin versant Brévenne-Turdineest couvert par cette chaîne d’alertehumaine mise en place suite à lacrue importante de 2008. Lors de la dernière édition du Forumnational des IRISES du ministère encharge de la Transition écologique etsolidaire en novembre 2016 à Nantes,les sentinelles ont été récompenséespour leur engagement volontaire enfaveur de la prévention des inondationspar la remise d’un prix, l’IRIS de Cristal,dans la catégorie « Participation etimplication citoyenne ».

Historique du système d’alertehumainLe réseau sentinelles est né d’unevolonté forte des riverains qui souhai-taient s’impliquer dans la prévention desinondations et de celle des élus dedisposer d’outils d’aide à la décisionnécessaires pour anticiper et mieuxgérer la crise. La crue historique de 2008a fortement marqué les esprits en raisonde la violence du phénomène, maisaussi du manque d’organisation et depréparation rencontré par les acteurs dela gestion de crise. Le pic de crue atteinten milieu de nuit explique en partie lesdifficultés des services de secours pourévacuer les populations sinistrées. Maisc’est surtout l’absence d’alerte officiellequi est à l’origine de l’impuissanceressentie par les élus face à un phéno-mène de cette ampleur.

Suite à cet événement, la réflexion s’estengagée dès 2009 dans le but dedisposer d’un système fiable et adaptéde mise en vigilance et d’alerte sur lebassin versant. Le SYRIBT s’est inspiréd’une initiative mise en place sur lebassin versant voisin de l’Azergues quidisposait d’une chaîne d’alerte humainetenue par les élus. Ce dispositif a été

repris et étendu aux citoyens volon-taires, chargés de surveiller la montéedes cours d’eau en tant qu’observateursde terrain. La création d’un systèmeautomatisé de surveillance a permis parla suite de compléter les mesuresvisuelles et d’affiner la prise de déci-sion. Le système d’alerte dans sonensemble a fait l’objet d’une action dans

Paul ROSSI, Président du Syndicat des Rivières Brévenne-Turdine (SYRIBT - Rhône)

Echelle limnimétrique © SYRIBT

La participation et l’implication citoyenne au service de la prévention des inondations Les sentinelles du bassin Brévenne-Turdine

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Risques Infos n°35 - Juin 2017 - Institut des Risques Majeurs 29

le contrat de rivière et dans leProgramme d’Action et de Préventiondes Inondations. Aujourd’hui, environ 120 sentinellessont actives sur le bassin versant.L’engagement des volontaires ne faiblitpas depuis la mise en place officielle dudispositif en 2012. Pour faciliter l’obser-vation des cours d’eau, le SYRIBT aéquipé 42 sites de surveillance d’uneéchelle limnimétrique et de repères« vigilance » et « alerte ». Il a égalementremis à chaque sentinelle « un kit desurveillance » constitué d’une besacerouge floquée avec le logo « ALERTECRUES », un poncho rouge, une lampede poche, un cahier d’observation ainsiqu’un certain nombre de fiches explica-tives du système (numéros à appeler,etc…). Le dispositif est prévu pour fonctionnerde façon autonome sans l’interventiondu SYRIBT. Chaque « sentinelle »surveille la montée de « son » coursd’eau et, lorsque le niveau de vigilanceou d’alerte est atteint, elle contacte l’éluréférent de sa commune qui transmettrale message dans les communes situéesen aval. Cet appel passe par descommunes « centre de vigilance » quicentralisent les appels de l’amont et lesrépercutent en aval. Ces centres de vigi-lance, qui constituent les pointsnévralgiques de la chaîne, sont lescommunes les plus impactées par lesinondations dans la vallée. Le systèmeest fait (conçu) pour qu'elles soient lespremières informées.

Retour d’expériencede la crue du 22novembre 2016Le 22 novembre 2016, le bassin versantBrévenne-Turdine a connu sa premièrecrue depuis les dernières inondationsmarquantes de 2008. Suite à d’abon-dantes précipitations tombées de façoncontinue en deux jours, les niveaux

d’eau sont montés brutalement, nécessi-tant une vigilance accrue des communeset du SYRIBT. Grâce à une bonne anticipation duphénomène, annoncée par Météo-France la veille sur le département duRhône, le SYRIBT a lancé dès le matinun appel à la vigilance aux communes.Les sentinelles ont fait preuve d’unebonne réactivité tout au long de lajournée puisque les messages de vigi-lance et d’alerte se sont bien transmisde l’amont vers l’aval. Les centres devigilance, clés de voûte du dispositif,sont restés attentifs à l’évolution de lasituation en s’informant auprès descommunes de l’amont et en suivant lamontée des eaux via les stations demesures automatisées. Le SYRIBT a conservé son rôle d’appuiaux collectivités dans la gestion decrise, mais n'a pas eu besoin d'intervenirdans la transmission de l'alerte, ce quiprouve le succès du système. Certainsélus ont pris eux-mêmes l’initiative decontacter les sentinelles et lescommunes proches pour s’informer etsuivre l’évolution de la situation. Les communes de l’aval ont pris desmesures préventives assez tôt pourlimiter les dégâts liés à d’éventuelsdébordements des cours d’eau. Lacommune de l’Arbresle a notammentprévenu la population par son systèmed’appels en masse et les réseauxsociaux pour permettre la mise à l’abrides véhicules stationnés sur lesparkings en bord de rives. Des secteursont aussi été fermés à la circulationpour ne pas prendre de risque. Plusieurscommunes ont tenu des cellules de crisejusqu’à l’arrêt des précipitations etl’amorce de la décrue dans la soirée. Les débordements sont restés localisés,surtout en zones agricoles, où denombreuses érosions en bord de rivièrese sont créées. Les échanges d’informa-tions entre le SYRIBT et les sentinelleslors de cet événement ont permis de

recueillir un grand nombre de donnéesprécieuses pour la constitution d’unretour d’expérience. La réalisation dedeux réunions en début d’année 2017 apermis aussi de récolter les témoi-gnages des sentinelles et d’apporter, sibesoin, des améliorations au systèmed’alerte.

Le réseausen�nelles récompenséLes 16 et 17 novembre 2016, le SYRIBTs’est rendu à la 9e édition des Irisés àNantes en compagnie d’une sentinelleet d’un élu, bénévoles volontaires duréseau humain d’alerte des crues dubassin versant. Le forum des Irisés estune manifestation annuelle portant surles risques majeurs, qui allie colloqued’information, stands et présentation deprojets nominés avec in fine la remisede trophées pour les projets les plusexemplaires. L’idée est de promouvoirles diverses initiatives prises par lescollectivités territoriales, entreprises ouassociations en faveur de la culturelocale du risque.Nominé dans la catégorie « Participationet implication citoyenne », le SYRIBT aeu l’honneur de recevoir un prix, l’IRISde cristal, pour son réseau sentinelles.L’opérationnalité du dispositif et lestémoignages des sentinelles ontconvaincu les membres du jury de l’in-térêt de la démarche.Ce trophée vient saluer le travaileffectué depuis plusieurs années par lesélus et citoyens volontaires de la chaîned’alerte humaine. Grâce à la stratégiede prévention du risque d’inondationmise en place sur le bassin versantdepuis 2008, la culture du risque tend àse développer auprès des acteurs de lagestion de crise.

Liens• https://www.idealconnaissances.com/forum-irises/• https://terre.tv/evenements/les-irises/reseau-sentinelles-120-citoyens-volontaires-pour-surveiller-la-

montee-des-eaux-de-brevenne-et-turdine

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30 Risques Infos n°35 - Juin 2017 - Institut des Risques Majeurs

Joran LE TREUSSE, Direction générale de la Sécurité civile et de la gestion des crises - Ministère de l'Intérieur

Le système d’alerte et d’informationdes populations (SAIP), l’alerte multifacette

Afin de se protéger des risquesmajeurs, il est nécessaire

d’adopter les bons comportementsde sauvegarde, mais le préalableindispensable pour cela est d’enavoir été averti, c’est pourquoi lespouvoirs publics mettent en place lesystème d’alerte et d’informationdes populations (SAIP).

Le remplacementd’un réseau hérité du passé Ce système est venu remplacer le RNA,l’ancien réseau national d’alerte quiavait été développé au sortir de laseconde guerre mondiale afin deprévenir les attaques aériennes. Lemoyen le plus efficace identifié pouralerter rapidement la population d’undanger imminent furent les sirènes.Celles-ci permettent en effet d’obtenirun effet de sidération immédiat et d’êtreperçu par une majorité de personnesalentour. Elles ont donc logiquement étéimplantées en priorité sur les zonesfrontalières.

Les risques majeurs sont constitués d’unaléa reconnu (un danger important) etd’un enjeu fort (l’homme, ses installa-tions et l’environnement). Ils ontlargement évolués dans la deuxièmemoitié du XXème siècle notamment en cequi concerne les activités industrielleset l’urbanisation. L’État, les maires et lesindustriels se sont donc équipés desirènes pour prévenir les risques techno-logiques et naturels.

La vétusté du RNA et le décalage entre

l’implantation des sirènes et les risquessur les territoires ont été relevés en2008 dans le livre blanc pour la défenseet la sécurité nationale qui a institué larefonte du dispositif d’alerte comme unepriorité nationale.

Un ou�l moderne et mul�canalEn réponse à ce nouvel objectif, le SAIPest donc mis en place progressivementpour créer un réseau d’alerte performantet résistant. Il est conçu comme unensemble structuré d’outils permettantla diffusion d’un signal ou d’un messagepar les autorités, pour avertir une popu-lation exposée aux conséquences d’unévénement grave, ou susceptible del’être, celle-ci devant alors adopter uncomportement réflexe de sauvegarde.

Le SAIP a été conçu selon une logique debassins de risques, identifiés lors d’unrecensement s’appuyant sur les connais-sances locales. Il intègre aussil’élargissement du panel de risquescouverts, une amélioration des contenusdes messages d’alerte, la simplificationdes procédures de déclenchement etsurtout une couverture maximale de lapopulation grâce à une alerte multi-canal.

Le système repose sur un logiciel quidoit permettre de déclencher l’alertesimultanément sur les sirènes de la zoneconcernée, il est complété par unsystème d’alerte via la téléphoniemobile. L’alerte et l’information serontégalement à terme retransmises à desopérateurs qui pourront les relayer surles outils de multidiffusion comme les

panneaux à messages variables et lesautomates d’appel ou encore la radio, latélévision et Internet.

Une obliga�on de résultat prévuepar la loiL’alerte doit être perceptible sur tout leterritoire, c’est pourquoi la multidiffu-sion est primordiale, tous les moyensdoivent être mis en œuvre pour qu’elleparvienne aux populations en danger,les autorités de déclenchement ont bienune obligation de résultat en la matière.

Le code d’alerte national constitué parles articles R.732-19 à R.732-34 du Codede la sécurité intérieure précise d’ail-leurs que les autorités dedéclenchement de l’alerte sont lesmaires, les préfets et le Premierministre (ou par délégation, le ministrede l’Intérieur ou de la Défense).

Il « contient les mesures destinées àalerter et informer en toutes circonstancesla population soit d’une menace ou d’uneagression au sens des articles L.1111-1 etL.1111-2 du Code de la défense, soit d’unaccident, d’un sinistre ou d’une catas-trophe [...]. Ces mesures sont mises enœuvre par les détenteurs de tout moyen decommunication au public. »

C’est l’article L.112-1 du code de lasécurité intérieure qui rappelle quant àlui que « La sécurité civile […] a pourobjet la prévention des risques de toutenature, l’information et l’alerte des popu-lations ainsi que la protection despersonnes, des biens et de l’environne-ment contre les accidents, les sinistres etles catastrophes par la préparation et la

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mise en œuvre de mesures et de moyensappropriés relevant de l’État, des collecti-vités territoriales et des autres personnespubliques ou privées. »

Un déploiement par étapesTous les acteurs cités ci-dessus partici-pent à la modernisation de cet outilcomplexe, d’abord grâce au recense-ment des moyens d’alerte qui a permisd’identifier les sirènes étatiques,communales et industrielles pour définirles contours des 1 743 bassins derisques. Le déploiement des sirènes sedéroule en deux vagues, la premièreétant achevée à 50 % avec plus de 1 407 sirènes raccor-dées au SAIP. Un coup d’accélérateur adernièrement été donné sur les départe-ments de l’arc méditerranéen où lessirènes apparaissent particulièrementpertinentes pour faire face aux risquesdes phénomènes pluvio-orageux violentdits épisodes cévenols. Le déploiementd’une seconde vague est en coursd’examen et devrait notamment intégrerau dispositif les sirènes PPI pour aboutirfinalement à un réseau de plus de 5 000sirènes qui permettront, en cas de crise,de créer l’effet de sidération qui alerterales personnes présentes sur le territoire.

Le logiciel, est quant à lui entré dans sadernière phase de vérification à laDirection générale de la sécurité civileet de la gestion des crises et devraitêtre déployé sur le territoire dansl’année qui vient. Il permettra le déclen-chement via une interfacecartographique des moyens d’alerte parles autorités de police administrative àdifférents échelons :• national depuis le COGIC (centre

opérationnel de gestion interministé-riel des crises) ;

• zonal depuis les COZ (centre opéra-tionnel de l’état-major interministérielde zone) ;

• départemental depuis le COD (centreopérationnel départemental du préfet);

• ainsi qu’à terme au niveau communal,en direct pour certaines communes ouvia le CODIS (centre opérationneldépartemental d’incendie et desecours des sapeurs-pompiers).

Le signal na�onaled’alerteL’efficacité de ce système repose sur lamaîtrise des procédures par les différentsniveaux de la chaîne de déclenchementet surtout, sur la connaissance par lespopulations du signal d’alerte ; pour cela,rien de tel que de l’entendre tous lesmois. C’est d’ailleurs une obligationémanant de l’arrêté du 23 mars 2007relatif au signal national d’alerte, pourtous les détenteurs, que de réaliser unessai des sirènes le premier mercredi dechaque mois à midi.

C’est aussi cet arrêté qui définit le signald’alerte, un son montant et descendantcomposé de trois cycles successifs d’unedurée de 1 minute et 41 secondes chacunet séparés par un intervalle de 5secondes. L’essai consiste lui en la diffu-sion d’un seul cycle.

L’applica�on SAIPmobileAfin de multiplier les canaux d’alerte, leministère de l’Intérieur a par ailleursdéveloppé un autre moyen de diffusion,l’application SAIP mobile. Elle estapparue comme une nécessité au lende-main des attentats qui ont frappé laFrance en novembre 2015 et sa premièreversion a du être conçue en un tempsrecord pour être prête pour l’Euro de footde juin 2016 qui se tenait sur le territoire.Cette technologie a été préférée d’unepart au Cell Broadcast, qui nécessite bienplus de moyens humains et financierspour être mis en place alors que beau-coup de téléphones ne sont actuellementpas aptes à le recevoir compte tenu destechniques aujourd’hui utilisées par lesopérateurs français et d’autre part auSMS géolocalisé, qui n’apporte pas degarantie de diffusion rapide et ne sedistingue pas d’un SMS classique.Cette application d’alerte descendantepermet quant à elle d’être avertie par unenotification sur son smartphone en cas desuspicion d’attentat ou de crise majeure.L’alerte peut être relayée sur les réseaux

sociaux et permet ainsi de diffusermassivement une information de sourcesûre. Hormis le message d’alerte, l’appli-cation délivre aussi des conseilscomportementaux et les consignes adap-tées à la nature de la crise.

Comment fonc�onne‐t‐elle ?Disponible sur iOS et Androïd, cettepremière version fait appel à une techno-logie innovante qui garantit un anonymattotal de l’utilisateur : aucune remontéed’information n’est possible, c’est pour-quoi l’application doit rester ouverte entâche de fond (consommation de batterienégligeable). Il est possible de choisirdeux modes de réception cumulatifs, lagéolocalisation - une alerte s’imposerasur votre téléphone si vous êtes dans lazone - ou bien l’abonnement à 8 lieuxdifférents - si l’un d’eux est concerné parune crise, une notification sera alorsreçue.

Dès le deuxième semestre 2017, unenouvelle version sera disponible compre-nant notamment 7 nouveaux risquesnaturels de sécurité civile tels que lesfeux de forêts, les séismes ou les inonda-tions par exemple. Elle intègre égalementla consolidation de l’architecture tech-nique et des améliorations d’ergonomiedans le tri des alertes, la gestion deslieux d’abonnements, etc. D’autres pistesd’évolution pourront encore, à terme, êtreétudiées comme les interconnexions avecd’autres applications, l’intégration desalertes de vigilance météorologiques,l’alerte remontante permettant designaler un fait en cours ou encore lamultiplication des autorités de déclen-chement possibles.

Risques Infos n°35 - Juin 2017 - Institut des Risques Majeurs 31

Signal national d’alerte (SNA)

Application d’alerte mobile SAIP

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32 Risques Infos n°35 - Juin 2017 - Institut des Risques Majeurs

Être citoyen,c’est agir.Vous aussi, soyez prêts.

L’application s’inscrit dans une démarcheglobale de sensibilisation aux risques,c’est pourquoi tous les comportementsde sauvegarde sont embarqués intégrésdans l’application et consultables à toutmoment. En effet, avoir la réactionappropriée quand la sirène retentit, c’estdéjà aider les acteurs du secours à faireleur travail en évitant de se mettre endanger. La population a donc un rôle actifà jouer en s’impliquant dans l’apprentis-sage des comportements quicontribueront à sa protection.

C’est d’ailleurs le sens de l’article L.721-1 du code de la sécurité intérieure quidispose que : « Toute personneconcourt par son comportement à lasécurité civile.

En fonction des situations auxquelleselle est confrontée et dans la mesurede ses possibilités, elle veille àprévenir les services de secours et àprendre les premières dispositionsnécessaires ».

Si les sirènes retentissent ou à la récep-tion de l’alerte, les réflexes de base àavoir sont donc de se mettre en sécurité,de s’informer, notamment sur les radioslocales, afin d’obtenir les comporte-ments adaptés à la situation (se confinerdans un bâtiment ou évacuer selon lanature de la crise), de rester en sécurité

(ne pas aller chercher ses enfants àl’école où ils sont protégés par leurs enseignants) et de ne pas téléphoner, lesservices de secours ayant besoin desréseaux téléphoniques et des voies decirculation.

Sirène en Seine-Maritime © Eiffage

Liens• Plus d’information sur le site « Alerte ORSEC, j’agis » du ministère de l’Intérieur. https://www.interieur.gouv.fr/Alerte/Alerte-ORSEC

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Risques Infos n°35 - Juin 2017 - Institut des Risques Majeurs 33

Toute crise doit s’accompagnerd’une communication. Qu’il

s’agisse d’informer sur les effetsinduits pour la population, d’expli-quer les faits et les mesures mises enœuvre ou de rassurer sur la nature etl’ampleur de l’événement, aucunecrise ne peut se priver d’un voletinformation et communication.

À l’inverse, la communication ne fait pastout et elle doit nécessairement s’inté-grer à une gestion de crise globale. Leplus souvent, lorsque la communicationde crise n’est pas correctement prise encompte, c’est que l’attention des déci-deurs est concentrée exclusivement surle pilotage de la gestion de crise, qui aufinal, se révélera avoir été douloureux.

La composante « communication » estun volet indispensable à la gestion decrise qui, comme elle, sera à organiser,de la préparation au retour d’expérience.Par ailleurs, dans un monde hypercon-necté et à l’heure des réseaux sociaux,ne pas communiquer en situation decrise laisserait imaginer que la crise estmal gérée.

Se préparer à la criseAvec des outils d’appui pour les messages d’informationComme pour le pilotage de la crise, lepilotage de la communication se préparenotamment à l’appui de l’identificationdes risques. Il est en effet plus facile decommuniquer en ayant une parfaiteconnaissance des menaces.

On pourra ainsi préparer une fichedescriptive pour chaque site industriel,réservée à un usage interne en cas d’évé-nement. Elle intégrera une présentation

de l’installation avec ses coordonnées etun plan, précisant la nature et le volumedes produits dangereux et faisant état deleur impact dans l’hypothèse d’un acci-dent.

Si l’impact d’une crise peut difficilementêtre évalué en amont de celle-ci, on enconnaît néanmoins quelques contours àl’appui de l’identification des risques.Cela permet, avant la crise, de préparerpar exemple un lot de communiqués «àtrous » annonçant qu’un événement estsurvenu avec le descriptif et la localisa-tion du site accompagné des mesures decomportement réflexe à mettre en œuvrepar la population.

Ces données sont disponibles dans leplan particulier d’intervention de chaquesite industriel établi par le préfet etpeuvent figurer dans le plan communal desauvegarde du maire.

Des points de situation prêts à l’emploipeuvent également être établis en amontde toute crise avec les grandes rubriquesà renseigner : bilan humain, moyensengagés, nombre d’interventions, mises àl’abri réalisées, périmètres établis, pointsde rassemblement...

Dans le même principe, il peut être utilede préparer, en amont de toute crise, desmessages type et infographies pour lesréseaux sociaux. En effet, l’usage de cesderniers est à prendre en compte lors decrises pour bénéficier de leur « viralité »et donc d’une possible large diffusion desmessages vers le grand public en généralet la presse en particulier.

Ce travail réalisé en amont de tout inci-dent pour concevoir ces éléments prêts àla diffusion permettra une réaction rapideau moment de la crise.

La nécessaire communication de crise

Vincent BARASTIER, chef du service de la Communication interministérielle de l'État en Département Préfecture du Var

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Identifier et constituer un réseau de diffusionComme avec les applications pour smartphonesqui peuvent être développées localement oul’utilisation d’automates d’alerte pour prévenirla population par mail ou SMS, la diffusion demessages d’alerte ou de communiqués n’aurade valeur que si les canaux et le réseau dedestinataires ont été préalablement identifiés.Qu’il s’agisse d’une alerte à la population ou dediffuser un point de situation, la définition d’ou-tils, leur promotion et la conceptiond’annuaires en amont de la crise sont indispen-sables.Cela vaut pour la presse avec la conceptiond’un annuaire de journalistes et médias. Il enest de même pour les réseaux sociaux en iden-tifiant les influenceurs « officiels » pouvantrediffuser de l’information : établissementspublics, préfecture, sapeurs-pompiers, office detourisme ou associations agréées de sécuritécivile.S’agissant des réseaux sociaux, il est importantde disposer, à tout instant, d’une large commu-nauté d’abonnés qui constitueront alors autantde relais de diffusion en cas de crise.Ce travail d’agrégation d’abonnés se conduit àl’année et en dehors de toute crise pour pouvoirêtre pleinement mobilisable et opérationnel lemoment venu.En effet, on observe un réel intérêt de la popu-lation pour être informé, via les réseauxsociaux, en cas d’événement.

Gérer la criseEn assemblant les éléments préparésen amontLorsque la crise survient, la communication doitintervenir rapidement pour stopper la diffusionde rumeurs infondées, mais aussi pour informersur la nature de l’évènement en cours et sur cequ’il implique pour les publics concernés (entre-prises, parents d’élèves, occupants d’établisse-ments recevant du public...).Communiquer vite est indispensable pour avoir

la maîtrise du message et ne pas être unique-ment en posture de réponse. Par ailleurs,l’émission de points de situation réguliers offrela possibilité de contrôler la cadence de lacommunication de crise.À titre d’exemple, lors des inondations enDracénie de juin 2010, la préfecture du Var adiffusé un communiqué de presse en moyennetoutes les 60 à 90 minutes au plus fort de l’évé-nement pendant plusieurs jours. Cela a permisde renseigner parfaitement les médias tout enréduisant le nombre de sollicitations par télé-phone, ces dernières étant finalementconsacrées aux demandes d’interviews dupréfet et de ses représentants. Sur le volet dela gestion des demandes de la presse, l’an-nuaire constitué en phase de préparationprendra alors toute sa valeur et pourra êtrecomplété des contacts établis pendant la crise,pour les opérations de communication en coursou celles à venir. Cet annuaire pourra intégrerl’automate d’alerte lorsqu’il existe un outil dediffusion de cette nature à destination de lapopulation, des écoles et établissements rece-vant du public (ERP) d’une commune.Il permettra également de coordonner lesactions des acteurs du cercle communication(SDIS, commune, préfecture, opérateurs) et deleur offrir une vision partagée des informationsdiffusées.

Une nécessaire prise en compte desréseaux sociauxLes retours d’expérience des inondations de2010 et 2011 dans le Var ont conduit, dès 2012,la préfecture à intégrer Twitter dans sa stratégiede communication générale (avec la diffusiond’informations 365 jours par an) et plus encoredans celle de la communication de crise (activa-tion d’une vigilance météorologique ou conseilsde comportement). Cette stratégie a d’ailleursplacé le compte @Prefet83 des services de l’Étatdans le Var en première position des comptes depréfectures les plus suivis.

Cette « popularité » peut être utile pour informerqu’un incident vient de survenir ou pour rassurerla population notamment lorsque l’événementest déjà terminé. Les informations croisées avecd’autres partenaires (opérateurs, services desecours ou de sécurité…) par le jeu des partagesdes publications ou « retweets » de messagespeut également éclairer l’usager.

Ainsi, les réseaux sociaux peuvent constituer unevéritable valeur ajoutée à une communication encomplément des supports traditionnels à l’occa-sion d’une inondation par exemple : la communepeut informer sur l’ouverture d’une salle commu-nale destinée à héberger les personnes évacuéestandis que les sapeurs-pompiers informeront surles moyens déployés, ENEDIS (ex ErDF) sur lesdélais de rétablissement des éventuels foyersprivés d’électricité et le conseil départementalsur l’état des routes fermées.Il est cependant prudent de dater les publica-tions à l’intérieur même des messages. Eneffet, il n’est pas rare que ces derniers soientrediffusés par des tiers. Dans ce cas, le principede « viralité » des réseaux sociaux se retournecontre l’émetteur initial en diffusant, aprèscoup, de l’information devenue caduque etpouvant générer panique ou incompréhension.

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Écouter pour mieux voirLes réseaux sociaux peuvent constituerégalement une source d’informationremontante directement auprès des popu-lations concernées sur le terrain à l’aidede photos et témoignages. Les SDIS l’ontbien compris et sont en train de consti-tuer des cellules MSGU (médias sociauxen gestion de l’urgence) pour veiller lesréseaux sociaux à des fins opération-nelles autant que pour publier del’information descendante.

Le ministère de l’Intérieur, des préfec-tures et SDIS comme des communes ontconfié ce travail de veille des réseauxsociaux aux bénévoles des volontairesnumériques regroupés dans l’associationVISOV au travers d’une convention. Encas de crise sévère, les partenaires deVISOV peuvent ainsi se recentrer sur laseule information descendante.

Accompagnerle retour à la normaleEt apprendre de ses expériencesUne fois le pic de la crise passé avec lesecours des personnes et des biens, l’ac-compagnement du retour « à la normale »autant que cela est possible constitueégalement une attente forte qu’il faudraprendre en compte, pour faciliter lesdémarches des victimes. Toujours dans lecas d’une inondation, l’information sur lapotabilité ou non de l’eau, sur le traite-ment des déchets comme sur les éventuelsguichets mis en œuvre pour les entreprisessinistrées doit faire l’objet d’une largecommunication.

L’étude des publications sur les réseauxsociaux pendant la crise et de leur visibi-lité, comme une revue de presse,permettra d’affiner la stratégie de commu-nication de crise et d’évaluer par exemple

l’impact de l’heure des diffusions demessages sur leur consultation.

Comme pour la gestion de la crise, l’étudedes points forts et points faibles du voletcommunication donne la possibilité decorriger des supports d’informations,d’adapter des postures, compléter desannuaires, réécrire des messages et doncde se préparer mieux encore aux crises àvenir. L’apprentissage des expériencespassées et l’enrichissement de ce qui aufinal va constituer un kit de démarrage à lacommunication de crise facilitent la réacti-vité, aident à prendre confiance dans lamaîtrise de ces outils, et ainsi à se concen-trer, le moment venu, sur lesimpondérables qui ne manqueront pas desurvenir.

Risques Infos n°35 - Juin 2017 - Institut des Risques Majeurs 35

Point presse du Préfet des Alpes de Haute Provence suite au crash de la Germanwings 31 mars 2015 © Préfecture 04 – Vincent Barastier

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C’est en 2012 que la Ville deGrenoble, par l’intermédiaire du

pôle « Gestion des risques » de sonservice Sécurité civile, a été solli-citée par l’Institut des risquesmajeurs pour participer - aux côtésd’autres partenaires tel que le SDIS38 - à l’élaboration d’un guideméthodologique, « Plan d’Organi-sation et de Mise en Sûreté », pourgarantir en cas d’accident majeur laprotection des populations dans lesentreprises, commerces et établis-sements recevant du public (ERP). Dans la suite logique de cette collabora-tion était envisagée l’application de la

démarche à quelques entreprises ou ERPdu territoire grenoblois, démarche dont lafaisabilité s’est toutefois avérée difficile.

Un recentrage sur les ERP municipauxEn partie à cause des événementsgraves que connaît notre pays cesdernières années, le projet a été réac-tivé l’an dernier et orienté en directiond’ERP municipaux accueillant unnombreux public. Les responsables dedeux d'entre eux ont alors accepté dejouer les "cobayes" pour la réalisationde ce qui était devenu entre-temps lePOMSE (Plan d’Organisation et de Mise

en Sûreté des Établissements). Selonleur disponibilité et leur implication,deux versions personnalisées diffé-rentes ont ainsi été élaborées, l’une –très complète – par l’équipe du Muséede Grenoble, l’autre – plus allégée – parcelle de la Bibliothèque d’études et dupatrimoine. Concrètement, chaque groupe de contri-buteurs a été accompagné, quasimentau quotidien, par un(e) cadre du serviceSécurité civile et un(e) stagiaire del’IRMa. Pour le musée, l’opération s’est achevé(provisoirement…) par la réalisationd’un exercice sur site "grandeur nature"qui a mobilisé l’ensemble du personneldurant une période de fermeture aupublic, sur un scénario de menace d’at-tentat et d’intrusion malveillante.

Philippe BLANC, Chef du service Sécurité civile - Ville de Grenoble

Mise en situation sur maquette d'une inondation à Grenoble, projet I²PRIM - Juin 2016 © A. Borelly

La Ville de Grenoble se lance dans la démarche POMSE :Plans d’Organisation et de Mise en Sûreté des Établissements

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Car l’objectif de la Ville de Grenoble estdouble : formaliser ou améliorer lesprocédures visant à assurer la sécuritédu public et du personnel accueilli dansl’établissement, mais aussi, plus large-ment, informer ce personnel sur lesconduites à tenir en cas de survenanced’un événement grave (risque majeurnotamment). L’élaboration du POMSEdevient ainsi, pour l’agent municipal,une sorte de séance de "travauxpratiques" visant à lui permettre de s’ap-proprier les procédures propres àl’établissement dans lequel il évolue età le sensibiliser sur le sujet dans unsens plus global, y compris au profit desa sphère familiale.

Un développementprogressif et coordonnéOn peut considérer aujourd’hui que,dans sa première étape, l’objectif estatteint. Car il s’agit maintenantd’étendre la démarche à d’autres sitesafin d’en extraire un document "modèle"susceptible d’être dupliqué dans sesgrandes lignes, sans pour autant qu’il neconstitue un "POMSE type". En effet, ilest très important que la co-construction

visant à l’appropriation par le personnelprenne en compte les spécificités del’ERP, qu’elles soient géographiques,structurelles, de fonctionnement, etc.À cet effet, une invitation avait étélancée à l’ensemble des responsablesd’établissements recevant du publicmunicipaux ; une quarantaine d’entreeux ont assisté en novembre 2016 à laséance d’une demi-journée au cours delaquelle plusieurs intervenants (SDIS1,DDSP2, direction des Tranquillités, IRMa,Musée de Grenoble) ont exposé chacunleurs missions, problématiques ou réali-sations. À l’issue de cette séance, unappel à volontariat a été lancé et cinqnouveaux ERP viennent de s’engager àleur tour dans le projet POMSE : leMuséum d’histoire naturelle, leConservatoire à rayonnement régional,le Théâtre de Grenoble, la Maison desassociations et le Palais des sports.

Les POMSE au cœur d’une démarcheglobale d’informa�on et de sensibilisa�onÀ la Ville de Grenoble, la démarchePOMSE s’inscrit dans le cadre plus larged’une volonté forte de diffuser lesbonnes pratiques en matière d’appré-hension des risques majeurs. Ainsi, depuis plusieurs années, lesétablissements scolaires grenoblois sontaccompagnés dans l’élaboration de leurPPMS (Plan Particulier de Mise enSûreté). S’il s’agissait surtout à l’origined’aider les chefs d’établissement sur unplan technique (détermination deslocaux les mieux adaptés pour une miseà l’abri, repérage des organes decoupure d’urgence, …), cette collabora-tion s’est étendue jusqu’au conseil ou àl’observation d’exercices. Plus récemment, et suivant en cela unecertaine logique, est apparue la néces-sité d’étendre la démarche PPMS autemps périscolaire, complémentairemais cohérente avec la précédente. Autravers de réunions sectorisées, l’en-semble des responsables d’animation

Risques Infos n°35 - Juin 2017 - Institut des Risques Majeurs 37

Musée de Grenoble © IRMa - S. Gominet

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ont bénéficié d’une formation présentantles risques présents sur la commune, lesacteurs du secours et de la sauvegardede la population, les systèmes d’alerte(sirène, automate d’appel, …), les bonsréflexes, etc. Un accompagnementpersonnalisé ne pouvant être assuré, dufait du nombre important d’établisse-ments, une trame de PPMS a étéproposée, à charge pour chacun de lacompléter et de l’adapter.

C’est bien ce même esprit d’essaimagequi guide aujourd’hui la démarchePOMSE grenobloise.

Pour être tout à fait complet sur le sujet,nous ne pouvons occulter l’action menéepar une doctorante en Géographie, Audrey

Borelly (Laboratoire PACTE-UniversitéGrenoble-Alpes), l’IRMa et le serviceSécurité civile en direction des agents deplusieurs services œuvrant notamment surl’espace public (Propreté urbaine, Policemunicipale, Espaces verts, Nettoyage deslocaux, …). Initiée par de courtes séancesd’information agrémentées de petitesvidéos, toujours selon la même trame(inventaire des risques / acteurs / moyensd’alerte / consignes et conduite à tenir /organisation municipale), elle pouvaitdéboucher, pour les volontaires, sur untravail individuel spécifique en compagniede la doctorante visant à l’évaluation aposteriori de l'impact de l'informationpréventive délivrée et à la mise en situa-tion sur une maquette.

En conclusion, nous pouvonsaffirmer que la démarche POMSEs’est parfaitement inscrite danscelle, plus globale, de délivranced’un message de prévention auprèsd’un public interne large et diver-sifié dont elle reste un axeessentiel, tout en pouvant en consti-tuer le prétexte.

1 SDIS = Service Départemental d’Incendie et deSecours2 DDSP = Direction Départementale de laSécurité Publique

A propos du POMSE du Musée de Grenoble

« Mon implication dans la démarche POMSE est liée à deux facteurs : le travail que tout équipement comme le nôtre doit engagersur son PSO (Plan de Sauvegarde des Œuvres) et une sensibilité personnelle aux questions de sécurité, notamment dans lecontexte actuel qui ne met pas, hélas, le Musée à l’abri d’un acte grave. Dans ce sens, il me semblait nécessaire de m’appuyersur les compétences et l’expérience de l’IRMa et du service Sécurité civile, mais aussi de faire accompagner le projet par lemaximum de personnes au sein du personnel afin que chacun s’approprie les procédures.

C’est un travail assez lourd, qui a demandé du temps. À cette occasion, je me suis aperçu que nombre de professionnels duMusée ne connaissaient pas ou mal les dispositifs et processus de sécurité de l’établissement ; cela a donc permis une piqûre derappel. Par ailleurs, nous étions jusqu’alors plutôt axés sur une stratégie d’évacuation (incendie) alors que nous avons dû étudiersérieusement celle de mise à l’abri (terrorisme).

J’en dégage deux points positifs importants. La volonté d’appropriation a engendré un rapprochement entre tous les métiersœuvrant dans nos murs et une remobilisation de l’ensemble des acteurs. Le travail effectué a, quant à lui, mis en place auprès deces derniers une culture de la prévention des risques qu’ils ne possédaient pas forcément. Un enseignement important est qu’ilnous faut savoir être réactifs face à une situation imprévue. Notre POMSE est élaboré ; il faut maintenant le faire vivre ! »

Robert DAMATO, Directeur technique du Musée de Grenoble, qui s’est tout particulièrement investi dans l’élaboration du POMSE , nous livre ses impressions :

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Risques Infos n°34 - Novembre 2015 - Institut des Risques Majeurs 39

1 Je liste LES RISQUES NATURELS ET TECHNOLOGIQUES qui menacent mon établissement

2 Je recense LES MOYENS D’ALERTEET D’INFORMATION QUI PEUVENT M’AVERTIR d’un évènement

3 Je mets en placeDES MOYENS POUR DIFFUSER L’ALARME dans mon établissement

4 J’identifieLES LIEUX DE MISE EN SÛRETÉ des occupants

5 Je définis LES RÔLES DE CHACUN

6 Je constitueLE MATÉRIEL D’URGENCE nécessaire

7 J’INFORME, JE FORME

ET JE TESTE le dispositif

FM

VIGILANCE MÉTÉOROLOGIQUE www.france.meteofrance.com/vigilance

oui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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VIGILANCE CRUE www.vigicrues.gouv.fr . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

oui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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RADIO France Bleu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

oui France Info . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

France Inter . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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ENSEMBLE MOBILE D’ALERTE (haut-parleur fixé sur un véhicule) oui

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SIRÈNES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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SIRÈNES DE BARRAGE (corne de brume)

oui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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AUTOMATE D’APPEL (mis en place par la mairie) oui

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AUTRES MOYENS (préciser...) oui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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A l’instar des Plans Particuliers de Mise en Sûreté (PPMS) qui doivent être mis en place dans les établissements scolaires pour favoriser la mise à l’abri, les responsables et décideurs locaux ont tout inté-rêt à promouvoir et généraliser sur leur territoire le Plan d’Organisation deMise en Sûreté (POMSE) dans les entreprises et les établissements rece-vant du public.

Fruit d’une réflexion expérimentale initiée par l’Institut des Risques Majeursde Grenoble (IRMa) avec les soutiens de l’Etat (DREAL Auvergne Rhône-Alpes) et du Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, avec le concours deSMACL Assurance pour sa deuxième édition, le guide POMSE présenté ici apour objectif de faciliter la mise en place par le chef d’établissement d’uneprocédure propre à ses locaux pour garantir la mise à l’abri des salariés etdes usagers en cas d’évènement de sécurité civile ou bien sur ordre des autorités locales. N’importe quelle collectivité peut s’approprier cette publication en y apposant son logotype en première page et ainsi le mettre en ligne sur sonsite internet ou bien l’imprimer en nombre pour en promouvoir la générali-sation sur son territoire.

Plus d’informations auprès de l’IRMa. Tél 04 76 47 73 73 [email protected]

Mise à l’abri dans les entreprises et les établissements recevant du public : l’intérêt du Plan d’Organisation

de Mise en Sûreté (POMSE)Appropriez-vous le guide POMSE de l’IRMa en y apposant

votre logotype sur la première page !

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Pour plus d’informations : [email protected] - 04 76 47 73 73www.irma-grenoble.com

2017

A destination des élus, agents territoriaux et organismes

publics ou privés prenant part à la gestion territoriale

des risques et des situations de crise

Formations

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SE PRÉPARER À LA CRISE

PRÉVENIR LES RISQUES

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Fort de son expérience en matière d’organisation de la gestion des risques d’origine naturelle et technologique au niveau local, l’Institut des Risques Majeurs vous propose cette année de nombreuses formations, organisées selon 3 modules :

■ Planifier, se préparer et gérer les situations de crise

■ Prévention des risques, aménagement et urbanisme ■ Information, concertation, éducation et communication

Ces formations permettent aux stagiaires d’acquérirdes compétences et de disposer d’outils pratiquespour gérer au quotidien les risques sur leur territoire.

Retrouvez le programme de formation 2017 et nos plaquettes sur notre site internet :

www.irma-grenoble.com

Les formations 2017 de l’IRMa

Notre institut vous propose différentes formules :- Formation des élus et agents sur les mesures techniques et organisationnelles de votre PCS

- Exercice de simulation sur table- Exercice de terrain

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Chez nous…

ou chezvous.

Vous souhaitez que des formations « sur mesure » soient organisées au sein de votre collectivité ?

2 possibilités