effet du massage dans la prévention des douleurs

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IFPEK Rennes Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie 12 rue Jean-Louis Bertrand 35000 Rennes Effet du massage dans la prévention des douleurs musculaires d’apparition retardée Mémoire d’Initiation à la Recherche en Masso-Kinésithérapie En vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de Masseur-kinésithérapeute SALIOU Mathilde Année 2016/2017

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Page 1: Effet du massage dans la prévention des douleurs

IFPEK Rennes Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie

12 rue Jean-Louis Bertrand 35000 Rennes

Effet du massage dans la prévention des douleurs

musculaires d’apparition retardée

Mémoire d’Initiation à la Recherche en Masso-Kinésithérapie En vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de Masseur-kinésithérapeute

SALIOU Mathilde Année 2016/2017

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Remerciements

Je tiens à remercier tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce Mémoire d’Initiation à la Recherche en Masso-Kinésithérapie (MIR MK): Mon directeur de mémoire ainsi que l’équipe pédagogique de l’IFMK de Rennes pour leurs conseils ; Les étudiants de l’Institut de Formation de Pédicurie-podologie, Ergothérapie et Masso-Kinésithérapie de Rennes qui ont bien voulu participer à cette étude ; Ma famille et mes amis pour leur aide et leur soutien.

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SALIOU Mathilde EFFET DU MASSAGE DANS LA PREVENTION DES DOULEURS MUSCULAIRES D’APPARITION RETARDEE Introduction : Le massage est couramment utilisé dans la prévention des douleurs musculaires d’apparition retardée. Mais paradoxalement, son effet dans l’atténuation de ces douleurs reste controversé car peu d’études scientifiques démontrent son efficacité. Objectif de l’étude : Analyser l’effet du massage sur les douleurs musculaires d’apparition retardée survenues à la suite d’un exercice musculaire intense. Méthode : 42 sujets participent à un essai clinique randomisé. Tous réalisent un travail musculaire excentrique intense sur le quadriceps non dominant pour induire des courbatures. Puis, deux groupes sont constitués par randomisation. Le groupe expérimental bénéficie d’un massage 12 heures post-effort. Ensuite, tous les participants évaluent leurs douleurs par l’intermédiaire de l’échelle numérique 24, 48 et 72 heures post-effort. Résultats : La comparaison des moyennes des deux groupes (avec ou sans massage) montre qu’il n’y a pas de différence statistiquement significative sur le ressenti de la douleur (p>0,05). La présence de biais amène, néanmoins, à interpréter les résultats avec précaution. Conclusion : L’efficacité du massage sur les douleurs musculaires d’apparition retardée, après exercice musculaire intense, n’est pas démontrée dans cette étude. Des recherches plus approfondies sont à envisager avec notamment une population plus représentative (effectif, âge, niveaux sportifs).

Introduction: The massage is usually used in the prevention of the delayed onset muscle soreness. But paradoxically, its effect in alleviating these pains remains controversial because few scientific studies demonstrate its effectiveness. Objective of the study: To analyze the effect of massage on delayed onset muscle soreness occurring as a result of intense muscular exercise. Method: 42 people take part in a randomized clinical trial. All perform an eccentric muscle work on the quadriceps not dominant to induce delayed onset muscle soreness. Then, two groups are randomized. The experimental group enjoys a massage 12-hours after exercise. Then, all the participants evaluate their pain through the numerical scale 24, 48 and 72 hours after exercise. Results: The comparison of the averages of the two groups (with or without massage) shows that there is no statistically significant difference on the felt of the pain (p>0,05). Nevertheless, the presence of bias leads to a careful interpretation of the results. Conclusion: The effectiveness of the massage on the delayed onset muscle soreness after intense muscular exercise is not shown in this study. Further research is needed, including a more representative population (number, age, sporting levels). Mots clés : Douleur musculaire d’apparition retardée, exercice excentrique, traitement, massage. Keywords : Delayed onset muscle soreness, excentric exercice, treatment, massage. INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE DE RENNES 12 rue Jean-Louis Bertrand 35000 Rennes Mémoire d’Initiation à la Recherche en Masso-Kinésithérapie - Année de formation : 2016-2017.

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Sommaire Introduction .................................................................................................................. 1

1 Partie 1 : Contexte de l’étude ................................................................................ 3

1.1 Les douleurs musculaires d’apparition retardée ............................................. 3

1.1.1 Rappels anatomiques ............................................................................. 3

1.1.2 Les lésions musculaires .......................................................................... 4

1.1.3 Les douleurs musculaires d’apparition retardée ...................................... 4

1.1.4 Localisation des douleurs musculaires d’apparition retardée ................... 5

1.1.5 Mécanisme d’apparition des douleurs musculaires d’apparition retardée 5

1.1.6 Les conséquences physiologiques des microlésions musculaires ........... 8

1.1.7 Evaluation des microlésions musculaires ................................................ 9

1.2 Le massage post-effort ..................................................................................10

1.2.1 Les techniques les plus pratiquées pour prévenir les DOMS ..................10

1.2.2 Définition du massage ............................................................................ 11

1.2.3 Les différentes techniques de massage post-effort ................................ 11

1.2.4 Efficacité du massage sur la récupération musculaire ............................12

1.2.5 L’effet du massage sur les douleurs musculaires d’apparition retardée ..14

2 Partie 2 : Etude expérimentale .............................................................................17

2.1 Synthèse de la littérature, problématique, hypothèse et objectif de l’étude ....17

2.1.1 Synthèse de la littérature ........................................................................17

2.1.2 Problématique ........................................................................................17

2.1.3 Hypothèse ..............................................................................................18

2.1.4 Objectif de l’étude ..................................................................................18

2.2 Matériel et méthode ......................................................................................18

2.2.1 Population de l’étude ..............................................................................18

2.2.2 Les outils utilisés ....................................................................................19

2.2.3 Déroulement du protocole ......................................................................19

2.2.4 Les mesures ..........................................................................................22

2.3 Résultats .......................................................................................................23

2.4 Discussion .....................................................................................................26

2.4.1 Analyse des résultats .............................................................................26

2.4.2 Les forces, faiblesses et limites de l’étude .............................................27

2.4.3 Cohérence externe .................................................................................28

2.4.4 Pertinence clinique et perspectives ........................................................28

Conclusion ..................................................................................................................30

Bibliographie ...............................................................................................................31

Annexes .........................................................................................................................

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Table des illustrations

Figures Figure 1 : Structure du muscle strié squelettique .......................................................... 3 Figure 2 : Installation du sujet sur la chaise à quadriceps ............................................20 Figure 3 : Douleurs perçues au repos..........................................................................25 Figure 4 : Douleurs perçues à la palpation ..................................................................25 Figure 5 : Douleurs perçues à la contraction ...............................................................25 Figure 6 : Douleurs perçues à l'étirement ....................................................................25

Tableaux Tableau 1 : Table de Berger (1961) .............................................................................20 Tableau 2 : Les caractéristiques de la population étudiée au départ de l’étude............23 Tableau 3 : Comparaison des moyennes des douleurs ressenties au repos ................24 Tableau 4 : Comparaison des moyennes des douleurs ressenties à la palpation ........24 Tableau 5 : Comparaison des moyennes des douleurs ressenties à la contraction .....24 Tableau 6 : Comparaison des moyennes des douleurs ressenties à l'étirement ..........24

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Table des abréviations

MIR MK: Mémoire d’Initiation à la Recherche en Masso-Kinésithérapie IFPEK : Institut de Formation de Pédicurie-podologie, Ergothérapie et masso-Kinésithérapie de Rennes DOMS : Delayed Onset Muscle Soreness. En français : douleurs musculaire d’apparition retardée ATP : Adénosine TriPhosphate EIMD : Exercice Induced Muscle Damage. En français: microlésions musculaires induites par l’exercice IRM : Imagerie par Résonance Magnétique H+ : ion Hydrogène CK : Créatine Kinase EVA : Echelle Visuelle Analogique EN : Echelle Numérique PPT : Pressure Pain Thresholds ECR : Essai Clinique Randomisé POMS : Profile Of Moods States STAI : State Trait Anxiety Inventiry RM : Résistance Maximale NIMS : National Institute for Materials Science FMVT : Force Maximale Volontaire Théorique

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Introduction

Tout le monde est confronté, au cours de sa vie, à des courbatures après un effort physique. Les courbatures ou DOMS, « Delayed Onset Muscle Soreness », sont des douleurs musculaires d’apparition retardée. Les DOMS sont très fréquentes, après un exercice physique, tant dans le milieu sportif que dans la vie quotidienne. Les gens se plaignent souvent des courbatures car elles sont douloureuses et parfois handicapantes. Elles limitent la réalisation de certaines activités et exercices sportifs. La prévention des courbatures est une attente importante principalement chez les sportifs car elles viennent contrarier leur progression. Cette préoccupation peut aussi concerner d’autres types de personnes, confrontés à ce problème, suite à une activité physique inhabituelle. Je suis fréquemment interrogée par mon entourage sur les moyens qui permettent de prévenir les courbatures. Dans ce cadre, le masseur-kinésithérapeute a un rôle important à jouer car la prévention est apparue dans la définition de sa profession depuis le 26 janvier 2016 dans l’article L4321-1 du code de la santé publique : « La pratique de la masso-kinésithérapie comporte la promotion de la santé, la prévention, le diagnostic kinésithérapique et le traitement. » (France 2016) Le masseur-kinésithérapeute dispose de plusieurs moyens permettant de prévenir les douleurs musculaires d’apparition retardée tels que le massage, les étirements, la cryothérapie, la récupération active… Le massage est l’un des moyens les plus pratiqués dans la prévention des DOMS à la suite d’un exercice mais aussi en vue de la préparation d’un exercice, de la prévention et de la réadaptation des blessures. Le kinésithérapeute est le professionnel reconnu pour pratiquer les massages thérapeutiques. Au cours de ma formation en masso-kinésithérapie, j’ai réalisé des massages sportifs au lendemain de plusieurs matchs de l’équipe de handball de Cesson Sévigné. Je suis également intervenue au marathon vert de Rennes. A la suite de ces expériences, je me suis demandée quel était l’intérêt du massage après un effort et l’impact de ce traitement sur les courbatures. L’objectif de mon Mémoire d’Initiation à la Recherche en Masso-Kinésithérapie est d’analyser l’effet du massage sur les douleurs musculaires d’apparition retardée survenues à la suite d’un exercice musculaire intense. Pour ce faire, une étude expérimentale est réalisée sous forme d’essai clinique randomisé. Les recherches scientifiques autour de ce sujet peuvent me permettre de connaître les recommandations et m’être utiles pour savoir comment prévenir les courbatures. Le massage est très souvent pratiqué pour prévenir les DOMS, il est donc pertinent pour le kinésithérapeute d’évaluer son efficacité.

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En premier lieu, le contexte de l’étude sera abordé, c’est-à-dire les actuelles connaissances scientifiques sur les DOMS et le massage, en réalisant une revue de la littérature. Puis, dans un deuxième temps, la méthode employée pour répondre à la problématique sera présentée. Les résultats obtenus seront analysés pour terminer par une discussion qui conduira à la conclusion. La problématique de recherche de cette étude est la suivante : « En quoi le massage est en lien avec les douleurs musculaires d’apparition retardée ? »

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1 Partie 1 : Contexte de l’étude

1.1 Les douleurs musculaires d’apparition retardée

1.1.1 Rappels anatomiques

1.1.1.1 Physiologie du muscle strié squelettique

Les muscles striés squelettiques représentent 40 % de la masse corporelle chez l’homme. La principale caractéristique de ces muscles est de transformer l’énergie chimique (ATP) en énergie mécanique (travail), permettant ainsi les mouvements, le maintien postural et le déplacement. Un muscle strié squelettique est composé d’un ou plusieurs corps musculaires qui permettent la contraction et d’une partie tendineuse à chaque extrémité du corps musculaire qui unit le muscle au squelette osseux. Le muscle strié squelettique, entouré d’épimysium, est composé de plusieurs faisceaux. Chaque faisceau est entouré de périmysium et chaque faisceau regroupe plusieurs fibres. Enfin, les fibres musculaires sont organisées entre elles par du tissu conjonctif, l’endomysium.

Figure 1 : Structure du muscle strié squelettique1

La fibre musculaire, nommée myocyte, est la cellule musculaire. Les fibres sont recouvertes d’une membrane plasmique, le sarcolemme. Les fibres sont constituées de myofibrilles, elles-mêmes formées de protéines contractiles : les myofilaments fins, l’actine, et les myofilaments épais, la myosine. La proximité de ces myofilaments permet l’interaction moléculaire à l’origine de la contraction musculaire. Les myofibrilles présentent une striation transversale par alternance de bandes sombres et de bandes claires. D’où le nom de muscle strié. Un motoneurone innerve plusieurs fibres musculaires squelettiques. L’ensemble forme une unité motrice (Wilmore et al. 2013). 1 Wilmore, J.H. et al., 2013. Structure et fonction du muscle à l’exercice. In Physiologie du sport et de l’exercice. Sciences et pratiques du sport. Bruxelles: De Boeck, pp. 33

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1.1.1.2 Les différents types de fibres musculaires

En 1970, Brooke et Kaiser classent les fibres selon deux types (Monod & Flandrois 2003) : - Les fibres de types I (fibres rouges ou lentes) doivent leur coloration à leur richesse en sarcoplasme. Leur métabolisme est oxydatif et elles sont donc peu fatigables. Elles permettent la réalisation d’exercices de longue durée comme le maintien de la posture. - Les fibres de type II (blanches ou rapides) sont riches en myofibrilles mais peu vascularisées. Leur métabolisme glycolytique permet aux fibres de se contracter rapidement mais sur une courte durée.

1.1.2 Les lésions musculaires

Pour déterminer la gravité et la localisation de la lésion musculaire, le diagnostic clinique s’appuie sur l’interrogatoire et l’examen clinique du sujet. L’interrogatoire porte sur le caractère de la douleur, les signes d’accompagnement et le retentissement fonctionnel, souvent important. L’examen clinique repose sur l’inspection, la palpation, l’étirement passif et la contraction résistée du muscle lésé. La gravité de la lésion est confirmée par l’imagerie médicale (Hérisson & Rodineau 2005). Rodineau et Durey (1990) ont établi une classification histologique des lésions musculaires. C’est la classification actuellement utilisée, elle va du stade 0 (courbatures) au stade 4 (rupture). Le premier stade, correspondant aux courbatures provoquées par les lésions musculaires, fait l’objet de cette étude. Les courbatures sont également appelées douleurs musculaires d’apparition retardée (Hérisson & Rodineau 2005) [Annexe 1]. Depuis 2012, à la suite de la déclaration de consensus de Munich, une nouvelle classification des lésions musculaires est proposée par des médecins experts internationaux. Dans cette nouvelle classification, les courbatures correspondent au stade 1B : « Douleur musculaire plus généralisée suite à des mouvements de décélération inhabituels et excentriques » (Mueller-Wohlfahrt et al. 2013) [Annexe 2].

1.1.3 Les douleurs musculaires d’apparition retardée

Les douleurs musculaires d’apparition retardée ou « Delayed Onset Muscle Soreness » en anglais sont représentées par l’acronyme « DOMS ». En français, elles sont plus connues sous le nom de courbatures (Croisier & Codine 2009). Mueller définit ces douleurs comme « un désordre musculaire fonctionnel sans lésion macroscopique visible à l’IRM ou à l’échographie » (Mueller-Wohlfahrt et al. 2013). Généralement, ces douleurs surviennent à la suite d’une activité musculaire inhabituelle et/ou intense (Coudreuse et al. 2004 ; Moraska 2007 ; Nelson 2013). Elles apparaissent, progressivement, 12 à 48 heures après l’activité physique, avec un pic de douleur entre 24 et 48 heures (Hilbert et al. 2003 ; Mancinelli et al. 2006 ; Nelson 2013 ; Cheung et al. 2003). Elles s’atténuent dans les 3 à 5 jours qui suivent (Connolly et al. 2003).

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Ces douleurs sont bénignes et diffuses. Mais elles peuvent temporairement retarder la progression du sportif ou la mise en route d’un programme de rééducation (Ernst 1998 ; Croisier & Codine 2009). L’intensité douloureuse est perçue au repos et elle s’accentue à l’étirement, à la palpation et à la contraction contrariée du muscle (Nelson 2013 ; Cheung et al. 2003 ; Zainuddin et al. 2005 ; Croisier & Codine 2009 ; Coudreuse et al. 2004). Ces douleurs sont provoquées par des « Microlésions Musculaires Induites par l’Exercice » ou « Exercise Induced Muscle Damage » (EIMD) en anglais (Torres et al. 2012).

1.1.4 Localisation des douleurs musculaires d’apparition retardée

Les douleurs musculaires d’apparition retardée (DOMS) affectent surtout les fibres de type II et les groupes musculaires les plus volumineux des membres inférieurs comme le quadriceps, les ischio-jambiers et les triceps suraux (Connolly et al. 2003 ; Cheung et al. 2003 ; Coudreuse et al. 2004). Lors d’efforts spécifiques, les membres supérieurs peuvent également développer des douleurs musculaires d’apparition retardée (Hérisson & Rodineau 2005). Les douleurs sont plus importantes au niveau de la jonction myo-tendineuse, à la partie distale du muscle, à cause d’une concentration importante de nocicepteurs à ce niveau. Ces nocicepteurs à bas seuil d’activation sont sensibles aux variations mécaniques, chimiques et thermiques. (Connolly et al. 2003 ; Cheung et al. 2003 ; Coudreuse et al. 2004 ; Cohen & Cantecorp 2011 ; Hilbert et al. 2003). La localisation de la douleur au niveau de la jonction myo-tendineuse est également expliquée par l’organisation oblique des fibres musculaires, ce qui réduit leur capacité de résistance aux forces de traction importantes (Cheung et al. 2003).

1.1.5 Mécanisme d’apparition des douleurs musculaires d’apparition retardée

1.1.5.1 Les types de contractions musculaires

Trois types de contractions sont définies : les contractions isométriques (statiques), les contractions anisométriques (concentriques et excentriques) et enfin les contractions pliométriques. La contraction isométrique, travail musculaire statique, ne comprend pas d’allongement ou de raccourcissement musculaire. Elle n’entraîne pas de déplacement de bras de levier osseux. La contraction anisométrique concerne deux types de contractions :

- La contraction concentrique entraîne un rapprochement des insertions musculaires lors de la contraction musculaire.

- La contraction excentrique est une contraction musculaire avec allongement simultané du muscle et éloignement de ses insertions.

La contraction pliométrique débute par un allongement musculaire (mode excentrique) suivi d’une contraction musculaire (mode concentrique) (Monod & Flandrois 2003).

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1.1.5.2 La contraction musculaire excentrique

La contraction musculaire excentrique est couramment sollicitée dans la vie quotidienne. A titre d’exemple, la course à pied en descente implique principalement ce mode de contraction afin de maintenir la vitesse et d’éviter son accélération. Les contractions excentriques sont dites « freinatrices » (Croisier & Codine 2009 ; Middleton & Montero 2004). Au niveau métabolique, la contraction musculaire excentrique demande une activation d’unités motrices moindre que les autres modes de contraction pour produire une force équivalente. Le mode excentrique présente un faible coût énergétique, il est donc plus économique que les autres modes de contraction (Croisier & Codine 2009 ; Coudreuse et al. 2004). La contraction musculaire excentrique permet le développement d’une force supérieure aux contractions concentriques et isométriques grâce à la résistance passive, lors de l’étirement, des composantes élastiques en parallèle du muscle (l’endomysium, le périmisium et l’épimysium) et des composantes élastiques en série (aponévroses et tendons) (Coudreuse et al. 2004). Le travail excentrique présente plusieurs avantages bioénergétiques, biomécaniques et thérapeutiques. Mais ce travail présente aussi des effets délétères. Des tensions importantes sur certaines fibres musculaires peuvent provoquer des lésions musculaires qui génèrent des douleurs musculaires d’apparition retardée (Croisier & Codine 2009). Les mécanismes d’apparition des douleurs musculaires d’apparition retardée (DOMS) ne sont pas encore complètement connus. Cependant, le travail musculaire excentrique serait le mécanisme le plus susceptible de générer des DOMS (Han et al. 2014 ; Nelson 2013 ; Cheung et al. 2003). Middleton dans son étude compare la contraction concentrique à la contraction excentrique. Les DOMS sont plus prononcées lors de la contraction musculaire excentrique (Middleton & Montero 2004). Ce phénomène s’explique par le fait que la contraction musculaire excentrique recrute principalement des fibres de type II. La matrice extracellulaire de ces fibres étant moins développée et leurs stries Z plus étroites que celles des fibres de type I, elles entraînent une plus grande sensibilité aux DOMS (Connolly et al. 2003). La majorité des études scientifiques utilise le travail musculaire excentrique pour provoquer des DOMS. Ces études ont recours à la course à pied en descente, à la résistance maximale ou à des exercices sur la machine d’isocinétisme (Cheung et al. 2003).

1.1.5.3 Les différentes hypothèses expliquant la survenue des DOMS

Le mécanisme d’apparition des DOMS reste discuté et est encore mal défini. Il existe, cependant, plusieurs hypothèses pouvant expliquer le mécanisme à l’origine de leur survenue comme les microlésions au niveau des fibres musculaires et du tissu conjonctif, l’inflammation, l’acide lactique et les spasmes musculaires.

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Néanmoins, aucune hypothèse ne peut expliquer à elle seule le phénomène d’apparition des DOMS (Cheung et al. 2003 ; Coudreuse et al. 2004 ; Cohen & Cantecorp 2011).

a) Les microlésions des fibres musculaires et du tissu conjonctif Les microlésions des fibres et du tissu conjonctif constituent la première hypothèse évoquée pour expliquer l’apparition des douleurs musculaires d’apparition retardée. Depuis, de nombreuses études ont démontré la présence de microlésions de quelques fibres musculaires suite à un exercice excentrique intense. Ces microlésions apparaissent généralement après une contraction musculaire excentrique qui étire davantage le muscle que les autres modes de contraction. Ces lésions sont très localisées (au niveau du cytosquelette, du réticulum sarcoplasmique, des tubules transverses et du sarcolemme) et sont minimes. Les microlésions atteignent principalement les fibres musculaires de type II en raison de leur matrice extracellulaire moins développée et de leurs stries Z plus étroites que celles des fibres de type I. Il existe également des signes de dommage au niveau du tissu conjonctif. Ces microlésions apparaissent pendant l’effort, or les DOMS surviennent seulement 12 à 24 heures après l’effort. Par conséquent, ces microlésions ne peuvent pas expliquer, à elles seules, la survenue des DOMS (Hérisson & Rodineau 2005 ; Cheung et al. 2003 ; Coudreuse et al. 2004).

b) L’inflammation La deuxième hypothèse pouvant être à l’origine des DOMS est l’inflammation. L’inflammation est nécessaire pour résorber les dommages musculaires à la suite d’un exercice intense. Le processus inflammatoire, qui suit un travail excentrique, comporte une phase initiale de lésion suivie de trois phases : la phase autogénique, la phase phagocytaire et la phase de régénération.

La phase autogénique, processus de début d’autodégradation des lésions, intervient durant les trois premières heures après l’exercice musculaire.

La phase phagocytaire correspond à l’afflux de phagocytes au niveau de la lésion et à la libération de médiateurs chimiques par les structures lésées. Ces processus entraînent une augmentation du débit sanguin et de la chaleur des tissus générant une sensation de douleur. La perception de DOMS révèle l’activation de nocicepteurs déclenchée par l’inflammation qui favorise la résorption des lésions musculaires. Ces récepteurs à bas seuil d’activation sont de types III et IV. Ils sont sensibles aux variations mécaniques, chimiques et thermiques.

La dernière phase, la phase de régénération cellulaire débute 4 à 6 jours après la phase initiale et peut durer une à plusieurs semaines. Malgré des remises en cause récentes de cette hypothèse, de nombreuses études viennent la soutenir (Cheung et al. 2003 ; Coudreuse et al. 2004 ; Cohen & Cantecorp 2011).

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c) L’acide lactique La présence d’acide lactique est évoquée comme pouvant être également à l’origine des DOMS. L’acide lactique est produit, à la suite d’un effort, en grande partie par les contractions musculaires concentriques et isométriques. La contraction musculaire excentrique produit peu d’acide lactique. Ce mode de contraction est pourtant propice à l’apparition des DOMS. De plus, après la fin de l’activité musculaire intense, l’acide lactique est éliminé en quelques minutes. Son taux se normalise en 2 heures après récupération passive et en 20 minutes après récupération active (Hemmings et al. 2000). Or, les courbatures apparaissent 12 à 24 heures après l’effort. Au vu de ces constatations, l’acide lactique est responsable des douleurs pendant l’effort et les minutes qui suivent mais ne peut être retenu comme étant à l’origine des DOMS (Cohen & Cantecorp 2011 ; Coudreuse et al. 2004 ; Cheung et al. 2003 ; Nelson 2013 ; Hérisson & Rodineau 2005).

d) Les spasmes musculaires La dernière hypothèse évoquée porte sur les spasmes musculaires. Les spasmes musculaires, pouvant apparaître après un travail musculaire excentrique, entraîneraient une ischémie vasculaire. Celle-ci engendrerait une accumulation de substances (lactate et H+) qui activerait les nocicepteurs III et IV, déclenchant la douleur. Cependant, l’activation des nocicepteurs augmenterait l’état de spasme par voie réflexe et donc l’ischémie serait prolongée. Il s’agirait d’un cercle vicieux. L’hypothèse des spasmes musculaires est donc controversée (Coudreuse et al. 2004).

1.1.6 Les conséquences physiologiques des microlésions musculaires

Les douleurs musculaires d’apparition retardée sont le symptôme le plus souvent décrit suite aux dommages musculaires causés par un exercice intense. Mais d’autres signes fonctionnels sont également à prendre en compte : des raideurs articulaires qui s’accompagnent d’une réduction des amplitudes articulaires, une diminution de la force musculaire et une perturbation de la proprioception. Régulièrement, un œdème musculaire profond apparaît au niveau de la lésion. A cela s’ajoute une diminution de la performance sportive et des activités de la vie quotidienne (Connolly et al. 2003 ; Cheung et al. 2003 ; Cohen & Cantecorp 2011). La douleur disparaît en quelques jours, cependant les performances peuvent être altérées jusqu’à trois semaines. Cette altération peut favoriser la survenue de blessures traumatiques (Cheung et al. 2003 ; Cohen & Cantecorp 2011 ; Mancinelli et al. 2006). Le temps de récupération varie d’une personne à l’autre et selon l’âge. Le système oxydatif d’une personne jeune est plus performant que celui d’une personne âgée, le temps de récupération du sujet jeune est donc plus court (Cohen & Cantecorp 2011). Cheung explique que certains sportifs ont adopté le « no pain, no gain », « pas de douleur, pas d’amélioration », qui amène le sportif à s’entraîner malgré les douleurs ressenties.

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La vigilance doit pourtant être de mise car la reprise du sport après des courbatures doit se faire progressivement, chaque sujet devant respecter son temps de récupération pour éviter l’apparition de blessures (Cheung et al. 2003). Au niveau biologique, plusieurs chercheurs constatent un accroissement du taux sanguin d’enzymes musculaires comme la Créatine Kinase qui traduit la présence d’une réaction inflammatoire ainsi qu’une augmentation dans les urines des métabolites de dégradation conjonctive (Coudreuse et al. 2004).

1.1.7 Evaluation des microlésions musculaires

La gravité des dommages musculaires est appréciée par différentes méthodes : Le dosage de la Créatine Kinase (CK) dans le sang est utilisée pour évaluer la gravité des microlésions musculaires (Cheung et al. 2003). La CK se trouve dans les cellules musculaires, c’est une protéine membranaire. Lors de dommages musculaires, la CK est libérée dans le sang, ce qui provoque une augmentation de sa concentration sanguine (Cohen & Cantecorp 2011 ; Torres et al. 2012). Cependant, certains chercheurs remettent en cause la mesure de cette enzyme pour évaluer l’importance des lésions musculaires, la considérant comme peu fiable du fait d’une grande hétérogénéité inter-individuelle (Cheung et al. 2003 ; Coudreuse et al. 2004). Un grand nombre de scientifiques utilise l’Echelle Visuelle Analogique (EVA) ou l’Echelle Numérique (EN) comme outil d’évaluation de la douleur. Cette échelle d’auto-évaluation côte la douleur de 0 à 10. C’est une évaluation subjective car le ressenti de chaque sujet est différent (Moraska 2007 ; Frey Law et al. 2008 ; Jönhagen et al 2004 ; Zainuddin et al. 2005). En effet, la douleur dépend de l’état psychologique de chaque individu mais aussi d’autres paramètres tels que son histoire personnelle, son statut génétique… La quantification de la douleur varie donc en fonction des facteurs psychosociaux de chaque individu. Plus le sujet va appréhender la douleur plus le ressenti est important (Nelson 2013). Néanmoins, cet outil est considéré par certains comme étant le plus satisfaisant pour évaluer la douleur (Bellaud 2012). L’algomètre est un outil plus objectif que l’EVA pour évaluer la douleur. Cet outil permet la mesure du seuil de douleur à la pression (appelé PPT pour Pressure Pain Thresholds). Une pression est appliquée, toujours au même endroit, au niveau des points gâchettes ou triggers points en anglais. La pression appliquée doit être suffisante pour déclencher la douleur ressentie par le sujet (Fransoo 2009). Certains chercheurs l’utilisent pour évaluer les DOMS mais il est encore peu utilisé (Han et al. 2014 ; Mancinelli et al. 2006 ; Frey Law et al. 2008). Concernant la limitation des amplitudes articulaires, l’évaluation se fait par inclinomètre ou goniomètre. L’œdème est évalué par périmétrie et enfin la force musculaire maximale est quantifiée par un dynanomètre de pression ou par l’intermédiaire de l’appareil d’isocinétisme.

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1.2 Le massage post-effort

1.2.1 Les techniques les plus pratiquées pour prévenir les DOMS

La Haute Autorité de Santé définit la prévention en 2006 : « La prévention consiste à éviter l'apparition, le développement ou l'aggravation de maladies ou d'incapacités; sont classiquement distinguées la prévention primaire qui agit en amont de la maladie (ex : vaccination et action sur les facteurs de risque), la prévention secondaire qui agit à un stade précoce de son évolution (dépistages) et la prévention tertiaire qui agit sur les complications et les risques de récidive. » (HAS 2006) Après un effort physique, de nombreux traitements sont utilisés pour prévenir les DOMS. Leur efficacité n’est, cependant, pas toujours prouvée scientifiquement.

1.2.1.1 Les étirements

Cette technique est très pratiquée surtout dans le domaine sportif. L’étirement consiste à éloigner les points d’insertion du muscle, c’est-à-dire à mettre le muscle en position d’allongement maximal. L’étirement se réalise de manière passive, activo-passive, activo-dynamique ou balistique. Herbert analyse 12 essais cliniques randomisés (ECR) dans sa revue Cochrane. Il ne trouve aucune amélioration des douleurs à la suite d’étirements réalisés avant ou après activité physique intense (Herbert et al. 2011). Une revue systématique s’intéresse à 9 ECR étudiant l’effet des étirements sur les DOMS. Les auteurs arrivent à la même conclusion que l’étude précédente en ne trouvant aucune diminution du ressenti douloureux (Torres et al. 2012). D’après les études scientifiques, la pratique des étirements avant ou après activité physique intense n’est donc pas à recommander.

1.2.1.2 La cryothérapie

La cryothérapie est utilisée selon différentes modalités. L’immersion en eau froide est généralement la plus pratiquée dans le domaine sportif. Une revue Cochrane de 2012, comprenant 17 études, analyse l’effet de l’immersion en eau froide sur les DOMS. Cette technique a des effets positifs sur la diminution de la douleur (Bleakley et al. 2012). Torres dans sa revue systématique analyse l’effet de la cryothérapie sur les DOMS. Suite à la méta-analyse de 10 études, l’auteur constate une diminution de la douleur 24 et 48 heures après l’effort. L’hétérogénéité des protocoles conduit à prendre ces résultats avec précaution (Torres et al. 2012). Compte tenu de ces résultats, l’immersion en eau froide semble être une technique intéressante pour prévenir les douleurs musculaires d’apparition retardée.

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D’autres techniques sont également utilisées comme l’échauffement, la récupération active, l’électrothérapie et bien d’autres pour prévenir les DOMS. Le masseur-kinésithérapeute possède un large arsenal thérapeutique lui permettant de combiner les différentes techniques si nécessaire. Cependant, le massage thérapeutique reste l’une des techniques de prévention des DOMS les plus pratiquées.

1.2.2 Définition du massage

Le massage fait partie du décret relatif à l’exercice et aux actes professionnels de la profession de masseur-kinésithérapeute. Selon l’article R4321-3 du code de la santé publique (décret n°2004-802 du 29 juillet 2004) le massage se caractérise par : « toute manœuvre externe réalisée sur les tissus dans un but thérapeutique ou non, de façon manuelle ou par l’intermédiaire d’appareils autres que les appareils d’électrothérapie, avec ou sans l’aide de produits qui comporte une mobilisation ou une stimulation méthodique, mécanique ou réflexe de ces tissus. » (France 2004) Best définit le massage comme : « une manipulation mécanique des tissus corporels avec une pression rythmique dans le but de promouvoir la santé et le bien-être. » (Best et al. 2008) Le massage est très populaire, c’est une des principales techniques utilisées pour prévenir les courbatures. Il est très pratiqué dans le milieu sportif (Carcano et al. 2010 ; Ernst 1998). Le massage est supposé avoir de nombreuses vertus sur le muscle en réduisant la douleur musculaire et les spasmes, en diminuant les raideurs musculaires et le taux de Créatine Kinase, en améliorant l’amplitude des mouvements et en augmentant le flux sanguin musculaire (Best et al. 2008).

1.2.3 Les différentes techniques de massage post-effort

La Haute Autorité de Santé (HAS) ne donne aucune indication sur les techniques de massage à employer pour la récupération après un exercice musculaire. Une séance comprend plusieurs types de massage mais certaines techniques sont plus pratiquées que d’autres, notamment l’effleurage et le pétrissage. Dans les 27 articles inclus dans la revue systématique de Best, 20 ont recours à ces techniques (Best et al. 2008). Poppendieck, dans sa méta-analyse, a considéré 22 études. Sur l’ensemble de ces études, 17 utilisent également ces types de massage (Poppendieck et al. 2016). De plus, une grande majorité des études utilise l’effleurage et le pétrissage pour réaliser un massage thérapeutique (Hart et al. 2005 ; Hemmings et al. 2000 ; Jönhagen et al. 2004). Ces techniques sont couramment utilisées pour soigner les sportifs et sont généralement effectuées sur les groupes musculaires les plus sollicités pendant l’effort (Jönhagen et al. 2004).

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a) Effleurage

L’effleurage, ou pression glissée superficielle, débute généralement la séance de massage car elle permet d’établir une prise de contact avec le sujet et d’obtenir différentes informations sur la peau (texture, température…). Cette manœuvre est également effectuée en fin de séance. Les mains glissent sur la peau sans déprimer ni entraîner la région sous-jacente. Il n’y a aucune intensité de pression. La main s’adapte à la surface de la peau (Dufour et al. 2016).

b) Pression glissée profonde

Ce type de massage diffère de l’effleurage par son intensité. Les mains glissent sur la peau en entraînant et déprimant la région sous-jacente. Le plus souvent, cette manœuvre est à visée musculaire (Dufour et al. 2016).

c) Pétrissage

Le pétrissage est souvent associé à la notion de malaxage. Le pétrissage superficiel mobilise les structures cutanées et le pétrissage profond s’intéresse aux muscles et aux fascias. Les deux mains travaillent en opposition et mobilisent les tissus les uns par rapport aux autres en associant une pression, une torsion, un allongement, un écrasement ou un décollement des tissus. Les tissus subissent des enchaînements de pressions et de dépressions. Cette manœuvre est réalisée transversalement ou longitudinalement par rapport aux fibres musculaires. Chaque massage doit s’adapter à la taille, à la forme et à la situation du muscle (Dufour et al. 2016).

Les études diffèrent concernant le moment le plus approprié pour réaliser le massage suite à un exercice musculaire intense. Le massage est généralement réalisé dans les 15 minutes qui suivent l’exercice (Best et al. 2008). Certaines études le réalisent 2 à 3 heures après l’effort (Zainuddin et al. 2005). Frey réalise le massage 24 à 48 heures après l’activité musculaire excentrique des extenseurs de poignets (Frey Law et al. 2008). De rares études réalisent plusieurs sessions de massage, comme Hart qui réalise le massage à 24 heures, 48 heures et 72 heures (Hart et al. 2005).

La durée de massage est variable d’une étude à l’autre. La récente méta-analyse de Poppendieck constate qu’un massage de 5 à 12 minutes semble avoir des effets plus bénéfiques sur la récupération musculaire qu’un massage plus long (Poppendieck et al. 2016).

1.2.4 Efficacité du massage sur la récupération musculaire

Il est de notoriété publique que le massage apporte de nombreux bienfaits. Cette réputation est surtout fondée sur le ressenti de chacun mais son efficacité reste à démontrer (Best et al. 2008 ; Jönhagen et al. 2004 ; Weerapong et al. 2005).

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Dans le milieu sportif, l’objectif principal du massage est d’optimiser les performances et de prévenir les douleurs musculaires retardées. Il est également utilisé pour améliorer le bien-être (Hart et al. 2005). Les études portant sur l’effet du massage sur la récupération musculaire à la suite d’un exercice musculaire intense analysent différents paramètres : les amplitudes articulaires, la circulation sanguine, l’aspect psychologique, la force musculaire, la performance sportive et les douleurs musculaires d’apparition retardée.

1.2.4.1 L’effet sur les amplitudes articulaires

Certaines études ne montrent aucune amélioration de l’amplitude articulaire à la suite d’un massage post-effort (Hilbert et al. 2003 ; Zainuddin et al. 2005). L’efficacité du massage sur l’amplitude articulaire reste aujourd’hui très faible (Cohen & Cantecorp 2011). Dans son étude de 21 sujets, Han indique que la douleur entraînerait une altération du schéma de marche. Il observe que le massage diminue significativement la douleur ce qui influence la marche et particulièrement les facteurs temporels (décollement du talon, vitesse de la foulée et la phase oscillante) et spatiaux (foulée et longueur du pas) (Han et al. 2014).

1.2.4.2 L’effet sur la composition du sang et la circulation sanguine Certains auteurs constatent une diminution du taux de Créatine Kinase après massage. La Créatine Kinase est l’enzyme révélatrice des lésions musculaires (Zainuddin et al. 2005 ; Crane et al. 2012). D’autres auteurs signalent que l’augmentation de l’acide lactique dans le sang peut contrarier la récupération musculaire. Le flux sanguin interviendrait dans l’élimination de l’acide lactique et le massage faciliterait cette élimination en augmentant le flux sanguin mais les résultats divergent car d’autres études ne montrent aucune différence significative sur l’élimination de l’acide lactique après le massage (Best et al. 2008 ; Hemmings et al. 2000 ; Moraska 2005). Les différentes théories de l’action du massage sur le flux sanguin ne sont pas prouvées scientifiquement (Weerapong et al. 2005). Des recherches sur ce sujet doivent être approfondies pour améliorer les connaissances (Crane et al. 2012).

1.2.4.3 L’effet psychologique

Deux questionnaires sont utilisés : le questionnaire POMS (Profile Of Moods States) permet d’évaluer l’humeur et le questionnaire STAI (State Trait Anxiety Inventiry) analyse l’anxiété (Weerapong et al. 2005). Plusieurs auteurs montrent que le massage a des effets psychologiques positifs. Le bien-être, l’humeur, l’anxiété et la dépression des sujets sont améliorés à la suite d’un massage réalisé après un exercice musculaire intense (Bellaud 2012 ; Nelson 2013 ; Torres et al. 2012 ; Carcano et al. 2010). Le massage semble avoir des effets psychologiques bénéfiques, néanmoins, d’autres auteurs ne trouvent aucune amélioration de l’humeur des sujets (Hilbert et al. 2003).

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1.2.4.4 L’effet sur la force Dans l’ensemble des études évaluant ce paramètre, aucune amélioration de la force suite à un massage thérapeutique n’a été démontrée (Zainuddin et al. 2005). Hilbert, dans son étude, ne montre aucune amélioration de la force des ischio-jambiers après le massage (Hilbert et al. 2003). De plus, Jönhagen n’a trouvé aucune différence significative entre la récupération de la force avec massage et la récupération passive (Jönhagen et al. 2004). Torres conclut que le massage améliore légèrement la force mais seulement une heure après l’intervention (Torres et al. 2012).

1.2.4.5 L’effet sur la performance sportive

La performance sportive comprend la force mais aussi la maîtrise et la gestuelle du geste technique. Hemmings suggère que l’utilisation du massage ne semble pas avoir d’intérêt lors de sports demandant des performances répétées tels que la boxe. Il conclut que le massage ne favorise pas la récupération de la performance (Hemmings et al. 2000). D’autres chercheurs trouvent a contrario une amélioration de la performance (Mancinelli et al. 2006). Le récent article de Poppendieck (2016) analyse l’efficacité du massage sur la récupération de la performance sportive après activité physique, en réalisant une méta- analyse. Compte tenu du nombre limité d’essais cliniques et des différents protocoles employés, l’efficacité du massage sur la performance sportive après exercice n’a pas pu être démontrée. Néanmoins, quelques recommandations et conseils sont donnés concernant les circonstances dans lesquelles le massage semble être pertinent après un exercice (massages de courte durée…). L’auteur s’interroge sur la généralisation de cette technique de récupération chez les sportifs. Il encourage d’autres recherches sur la technique de massage comme stratégie de récupération après un exercice (Poppendieck et al. 2016).

1.2.5 L’effet du massage sur les douleurs musculaires d’apparition retardée

Pour tenter de faire la part des choses entre la réalité et les préjugés concernant l’effet du massage sur les DOMS, plusieurs auteurs ont fait le point sur les données actuelles de la littérature scientifique (Nelson 2013 ; Best et al. 2008 ; Weerapong et al. 2005). Un article de Nelson montre des modifications biochimiques à la suite du massage : une réduction du taux de cortisol (hormone du stress) et une augmentation de la dopamine et de la sérotonine (hormones agissant sur l’humeur). Ces modifications peuvent expliquer la diminution du ressenti des douleurs musculaires (Nelson 2013). Ernst émet l'hypothèse que la pression exercée par le massage sur les tissus musculaires entraînerait localement une augmentation des circulations sanguine et lymphatique. Ceci réduirait l’œdème, l’ischémie ou l’accumulation de substances qui causent directement ou indirectement la douleur (Ernst 1998).

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Plusieurs études montrent un bénéfice du massage post-effort pour atténuer les douleurs musculaires d’apparition retardée (Frey Law et al. 2008 ; Mancinelli et al. 2006). Dans son article, Frey compare 3 groupes : un groupe témoin (sans massage), un groupe avec massage par effleurage et un groupe avec massage profond (effleurage et pétrissage). L’étude affiche de manière significative, pour le groupe avec massage profond, une réduction de 48% de la douleur à l’étirement et de 27% du seuil de douleur à la pression, par rapport au groupe témoin. Le groupe avec massage par effleurage présente également une diminution du seuil de pression par rapport au groupe témoin ce qui démontre que l’effleurage et le pétrissage peuvent soulager les douleurs (Frey Law et al. 2008). Zainuddin observe une diminution du ressenti de la douleur de 20 à 40% par rapport au bras témoin. Néanmoins, l’auteur pense que ces résultats relèvent plutôt d’un effet psychologique, les sujets étant persuadés du bien-fondé du massage (Zainuddin et al. 2005). D’autres auteurs ne trouvent aucune amélioration de la douleur à la suite d’un massage (Hart et al. 2005 ; Jönhagen et al. 2004). Jönhagen, dans son étude regroupant 16 sujets, évalue l’effet du massage sur les DOMS. L’intervention du massage dure 12 minutes et est effectuée immédiatement après l’effort, puis le lendemain et deux jours après l’exercice musculaire excentrique. A la suite de l’analyse des résultats, le massage ne présente aucun effet statistiquement significatif sur la diminution de la douleur musculaire d’apparition retardée (Jönhagen et al. 2004). Cependant, de nombreuses études trouvant des effets bénéfiques du massage sur les DOMS dénoncent la grande diversité méthodologique des différents protocoles réalisés, rendant difficile la comparaison entre les études. Les protocoles n‘étudient pas, par exemple, les mêmes groupes musculaires, ne pratiquent pas les mêmes techniques et les mêmes moments d’application du massage (Best et al. 2008 ; Ernst 1998 ; Nelson 2013 ; Torres et al. 2012). La faiblesse de l’échantillon de certaines études ne permet pas de déterminer de manière significative si le massage a des effets thérapeutiques positifs (Mancinelli et al. 2006 ; Zainuddin et al. 2005). Dans de nombreuses études, le membre controlatéral du sujet sert de témoin (Hart et al. 2005 ; Jönhagen et al. 2004 ; Zainuddin et al. 2005). Ernst suggère d’utiliser un groupe témoin plutôt que le membre controlatéral (Ernst 1998). L’exploitation des résultats est compliquée, de nombreuses études s’interrogent donc sur la réelle efficacité du massage sur les DOMS. Plusieurs auteurs soutiennent que des études de meilleure qualité méthodologique doivent être entreprises pour évaluer l’effet du massage après une activité physique intense. Ceci permettrait de déterminer la technique et la durée de massage appropriées ainsi que le temps nécessaire entre l’effort et le massage pour prévenir les DOMS (Moraska 2005 ; Ernst 1998 ; Weerapong et al. 2005).

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Certains chercheurs comparent le massage à d’autres techniques de récupération. Andersen compare le massage à la récupération active réalisés 48 heures après un exercice excentrique sur les trapèzes supérieurs. La douleur perçue ainsi que la douleur à la palpation sont significativement réduites dans les deux cas. Ces deux techniques ne présentent donc pas de différence (Andersen et al. 2013). Torres analyse les effets du massage, de la cryothérapie, des étirements et de la récupération active sur les DOMS. Le massage est la seule technique soulageant la douleur, en moyenne de 0.33/10 sur l’échelle visuelle analogique. Une hypothèse ressort de cette revue systématique. La stimulation manuelle, induite par le massage, activerait les fibres musculaires conduisant à une diminution de la sensation douloureuse transportée par les nocicepteurs. Mais cette action n’est que temporaire (Torres et al. 2012).

Par ailleurs, plusieurs chercheurs combinent le massage à la cryothérapie, aux vibrations ou à la récupération active. Du fait de cette combinaison, l’interprétation du rôle de chaque technique est rendue plus complexe (Poppendieck et al. 2016).

Le niveau d’expérience du kinésithérapeute est un critère important sur l’efficacité du massage. En effet, Moraska démontre que les douleurs musculaires sont plus atténuées à la suite d’un massage réalisé par des thérapeutes avec 950 heures de formation qu’avec des thérapeutes ayant 700 ou 450 heures. Une formation spécifique en massage sportif serait également pertinente (Moraska 2007). Torres souligne que le massage dépend de l’expérience du thérapeute (Torres et al. 2012).

Du fait de la grande divergence des résultats, il existe peu de preuves scientifiques démontrant l’efficacité du massage sur les douleurs d’apparition retardée. Les recherches scientifiques nécessitent d’être approfondies pour améliorer les connaissances sur le sujet (Nelson 2013 ; Best et al. 2008).

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2 Partie 2 : Etude expérimentale

2.1 Synthèse de la littérature, problématique, hypothèse et objectif de l’étude

2.1.1 Synthèse de la littérature

Les recherches effectuées dans la littérature permettent d’approfondir nos connaissances sur les douleurs musculaires d’apparition retardée (DOMS).

Le mécanisme d’apparition des douleurs musculaires d’apparition retardée n’est pas complètement connu bien que l’hypothèse la plus plausible soit le processus inflammatoire provoqué par des microlésions suite à un exercice intense. De plus, le travail musculaire excentrique intense paraît être le mécanisme le plus propice au déclenchement des douleurs musculaires d’apparition retardée. D’autres recherches sont néanmoins nécessaires pour connaître plus précisément l’origine des DOMS.

L’échelle d’évaluation numérique (ou l’échelle visuelle analogique) est la plus utilisée pour évaluer les DOMS, bien que son utilisation soit subjective. D’autres outils apparaissent progressivement, comme l’algomètre de pression, mais ils sont à l’heure actuelle peu utilisés.

Aujourd’hui, plusieurs techniques sont utilisées pour prévenir les DOMS. Des études ont été réalisées pour évaluer la réelle efficacité de ces techniques. Cependant les résultats divergent et la grande diversité des protocoles ne permet pas de conclure sur l’effet des différentes techniques. Le massage est l’une des techniques les plus employées pour prévenir les DOMS. Mais dans ce contexte, les modalités d’application du massage ne sont pas encore clairement définies (durée à respecter, techniques à employer, moment d’application le plus approprié). Les études consultées ne sont pas unanimes sur l’efficacité du massage sur les DOMS Les grandes différences de mise en œuvre des protocoles rendent difficile la généralisation des résultats et nécessitent de plus amples recherches.

2.1.2 Problématique

L’analyse de la littérature permet de constater que les avis divergent concernant l’efficacité du massage sur les DOMS. D’après certains auteurs, le massage semble avoir un effet bénéfique. D’autres auteurs sont plus circonspects au vu de la grande diversité méthodologique des études. L’efficacité du massage sur les DOMS n’est donc pas confirmée. Compte tenu de ces éléments, il paraît intéressant d’approfondir le sujet, ainsi la problématique retenue pour cette étude est la suivante : « En quoi le massage est en lien avec les douleurs musculaires d’apparition retardée ?».

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2.1.3 Hypothèse

Suite aux différentes lectures de la littérature scientifique et pour répondre à la problématique ci-dessus, l’hypothèse suivante est retenue : Le massage post-effort permet de prévenir les douleurs musculaires d’apparition retardée.

2.1.4 Objectif de l’étude

L’objectif de cette étude est de répondre à l’hypothèse émise au moyen d’une étude expérimentale de faisabilité sous forme d’un essai clinique randomisé. Le but de cette étude est d’analyser les effets du massage sur les douleurs musculaires d’apparition retardée provoquées par un exercice musculaire intense. Cette étude va permettre d’approfondir les recherches déjà effectuées sur le sujet.

2.2 Matériel et méthode

2.2.1 Population de l’étude

Le protocole expérimental porte sur une population d’élèves de l’école de l’Institut de Formation de Pédicurie-Podologie, Ergothérapie et Masso-Kinésithérapie de Rennes (IFPEK). Il a été réalisé du 10 janvier au 17 février 2017 dans les locaux de l’IFPEK. Cette expérimentation regroupe 42 étudiants volontaires répartis en deux groupes. Un groupe témoin sans massage post-effort et un groupe expérimental bénéficiant d’un massage post-effort. La moyenne d’âge des étudiants participant à cette expérimentation est de 22 ans. Ils sont âgés de 18 à 30 ans. L’étude regroupe 22 femmes et 20 hommes. Les différents critères pour participer à cette étude sont les suivants : Critères d’inclusion :

• Sujets sains • Sujets volontaires • Sujets de 18 à 40 ans • Hommes et femmes • Sujet pratiquant un sport d’intensité faible à modérée • Consentement éclairé des sujets

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Critères d’exclusion :

• Toute pathologie contre indiquant un exercice musculaire intense (traumatisme aux membres inférieurs <4mois, blessure, maladie neuro musculaires, troubles cardio-respiratoires…)

• Contre-indication au massage (phlébite…) • Prise de médicaments (anti-inflammatoires) • Grossesse • Difficultés de compréhension, troubles psychologiques, non-respect des

consignes • Présenter des douleurs avant le début du protocole • Avoir pratiqué une activité sportive 3 jours avant l’expérimentation • Pratiquer une activité sportive 3 jours après

Avant de débuter le protocole, chaque étudiant participant à l’étude reçoit une information claire du déroulement du protocole. Tous remplissent un formulaire de consentement [Annexe 3].

2.2.2 Les outils utilisés

L’échelle numérique numérotée de 0 à 10 est l’indicateur utilisé pour évaluer le ressenti des douleurs musculaires d’apparition retardée. L’évaluation de la douleur est réalisée 24, 48 et 72 heures après l’exercice musculaire. L’auto-évaluation de la douleur se fait au repos, à la palpation musculaire, à la contraction contrariée et enfin à l’étirement du muscle. Les résultats sont subjectifs, cependant, la mise en place et l’utilisation de cette échelle est simple.

2.2.3 Déroulement du protocole

Comme la majorité des articles analysant l’effet d’un traitement sur les DOMS, le principe du protocole est de réaliser un exercice musculaire excentrique intense pour provoquer l’apparition de microlésions musculaires chez les sujets, entraînant des douleurs musculaires d’apparition retardée [Annexe 4].

Comme expliqué dans la première partie, les DOMS apparaissent

généralement sur les groupes musculaires les plus volumineux des membres inférieurs comme le quadriceps, ce muscle est donc choisi pour l’étude (Connolly et al. 2003 ; Cheung et al. 2003).

Durant tout le protocole, c’est le membre inférieur non dominant qui est utilisé chez tous les sujets.

Pour commencer, chaque sujet retenu signe le formulaire de consentement et complète la fiche de renseignements [Annexe 5]. La fiche de renseignements recense différentes données personnelles du sujet (nom, prénom, âge, poids…), sa latéralité, ses antécédents médicaux et chirurgicaux…

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Avant de débuter le protocole, l’auto-évaluation de la douleur est clairement expliquée aux sujets pour s’assurer d’une bonne prise de mesures.

Ensuite, le sujet réalise un échauffement de 5 minutes sur cycloergomètre, à

une fréquence de pédalage de 70 tours par minute, à une résistance minimale. Cette phase d’échauffement a pour objectif de préparer à l’effort et d’éviter les blessures. Elle stimule le système cardio-vasculaire et augmente la température corporelle au niveau des muscles (Cometti Gilles 2012).

Puis, la force maximale du muscle quadriceps du membre inférieur non dominant du sujet est évaluée. Berger (1961) parle de Résistance Maximale. La résistance maximale correspond à la charge maximale que chaque sujet ne peut soulever qu’une seule fois en contraction musculaire concentrique (1-RM). Pour l’évaluation de la 1-RM, une chaise à quadriceps est utilisée. Cet appareil de musculation permet l’extension de genou contre résistance, en position assise, en chaine ouverte.

Figure 2 : Installation du sujet sur la chaise à quadriceps

En 1961, Berger a décrit une méthode permettant de calculer la 1-RM de chaque individu. Cette méthode fait correspondre un nombre de répétitions, effectué avec une charge donnée, à un pourcentage de la 1-RM. Tableau 1 : Table de Berger (1961)

Nombres de répétitions

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

% de la 1-RM

100 97,4 94,9 92,4 89,8 87,6 85,5 83,3 81,1 78,9

Pour estimer la charge à prendre en compte pour le calcul de la 1-RM, les équations de NIMS (National Institute for Materials Science, 1996) sont utilisées. Ces équations prennent en compte l’âge, le poids, la taille et le genre du sujet pour prédire la Force Maximale Volontaire Théorique (FMVT) [Annexe 6]. Puis la charge pour le calcul de la 1-RM est déterminée sur la base de 75% de la FMVT.

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Une répétition pour le calcul de la 1-RM du quadriceps correspond à une extension complète du genou puis à une flexion du genou pour retour à la position d’origine. Il est souhaitable que le sujet effectue entre 5 à 15 répétitions car la corrélation de Berger est linéaire entre ces bornes.

Une fois la 1-RM déterminée, le protocole d’exercice musculaire excentrique

induisant des dommages musculaires peut commencer. Pour provoquer des DOMS au niveau du quadriceps, l’exercice musculaire doit être réalisé en contraction musculaire excentrique à une intensité élevée. Le nombre de répétitions est également important. En effet, Chen et Nosaka montrent, dans leur étude, une augmentation statistiquement significative de certains symptômes associés aux lésions musculaires, à la suite de 50 ou 70 contractions par rapport à 30 contractions musculaires. La réalisation d’un exercice musculaire à 50 ou 70 répétitions est donc préférable (Chen & Nosaka 2006). Le protocole de Sellwood remplit l’ensemble de ces exigences. Notre exercice musculaire s’inspire donc de ce protocole pour engendrer des DOMS (Sellwood et al. 2007). Le sujet doit réaliser 5 séries de 10 répétitions en contraction musculaire excentrique à partir d’une position du genou en extension maximale, jusqu’à flexion de 90°. La charge appliquée correspond à 120% de la 1-RM. Entre chaque série, une minute de repos est respectée (Sellwood et al. 2007). Pour garantir un travail musculaire uniquement excentrique, chaque répétition se déroule de la manière suivante :

• durant l’extension de genou, l’examinateur remonte la charge, par l’intermédiaire d’une barre sans participation du sujet. Ce qui permet au quadriceps d’éviter de travailler en concentrique.

• durant le moment de contraction musculaire excentrique, le sujet doit ralentir, la flexion de genou et la chute de la charge. Pour rappel, il n’utilise que son membre inférieur non dominant.

A la suite de ce travail musculaire intense intervient la phase de récupération

passive. Cette récupération de 5 minutes consiste à s’allonger en décubitus dorsal sur une table, dossier relevé à 30°, avec un coussin sous la tête pour permettre au sujet de se détendre et de récupérer.

Après la récupération passive, les sujets sont répartis, de manière aléatoire, en 2

groupes de 21 sujets. La répartition se fait par tirage au sort. Les sujets tirant le numéro 0 sont affectés au groupe expérimental (avec massage) et ceux tirant le numéro 1 au groupe témoin (sans massage). Le tirage au sort est effectué volontairement après l’effort musculaire, pour ne pas influencer l’examinateur et l’étudiant, de telle sorte que chaque étudiant soit soumis, sans a priori, au même effort musculaire.

Page 29: Effet du massage dans la prévention des douleurs

22

Les sujets affectés au groupe 0 bénéficient d’un massage 12 heures après l’exercice musculaire excentrique. Aucune étude n’a démontré un protocole précis du massage pour améliorer les DOMS. A la suite de mes différentes lectures scientifiques, de mon expérience professionnelle et d’échanges avec différents kinésithérapeutes du sport, certaines techniques de massage sont privilégiées et, pour chacune, un temps d’application est défini. Le massage se décompose de la manière suivante :

• il commence par 30 secondes d’effleurage, puis 2 minutes de pression glissée profonde, 3 minutes de pétrissage, 2 minutes de pression glissée profonde et enfin, 30 secondes d’effleurage.

Le massage dure 8 minutes au total. Le sujet est installé dans une salle au calme, en décubitus dorsal, dossier relevé à 30° avec un coussin sous la tête permettant un relâchement total du sujet.

2.2.4 Les mesures

2.2.4.1 Données mesurées

Chaque sujet évalue sa douleur 24, 48 puis 72 heures après l’effort et la retranscrit sur la fiche de renseignements. Cette évaluation se fait par l’intermédiaire de l’échelle numérique qui est une échelle d’auto-évaluation de la douleur comprise entre 0 et 10. Le 0 correspond à l’absence de douleur et le 10 à une douleur insupportable. Des conseils pour évaluer la douleur accompagnent la fiche de renseignements. Le sujet doit évaluer sa douleur en comparant le quadriceps sollicité à l’autre quadriceps qui n’a pas effectué le travail musculaire excentrique. Cette évaluation se fait au repos, à la palpation, à la contraction contrariée et à l’étirement musculaire. La pratique sportive 3 jours après le protocole est fortement déconseillée pour éviter de fausser les résultats et éviter les blessures.

2.2.4.2 Recueil des données

Un tableur Excel permet de collecter l’ensemble des données pour chaque participant telles que : l’âge, le poids, la taille, le nombre d’heures hebdomadaire de pratique sportive et les différentes mesures des douleurs musculaires d’apparition retardée.

Page 30: Effet du massage dans la prévention des douleurs

23

2.2.4.3 Analyse statistique

Les résultats obtenus sont exprimés en moyenne et écart type.

Les données recueillies sont analysées par BiostaTGV2 qui est un logiciel de calcul statistique.

Le test de normalité de la série (données de l’étude) est évalué par le test de

Shapiro-Wilk. Puis, pour comparer les moyennes des données des deux groupes, deux tests

peuvent être utilisés.

Lorsque la série suit une loi normale, un test paramétrique est utilisé : le test t de Student. Mais lorsque les données ne suivent pas une loi normale, un test non paramétrique est employé : le test de Wilcoxon, Mann-Withney. Le risque alpha est fixé à 5%. Le seuil de significativité retenu est de p-value < 0,05. La p-value obtenue en comparant les moyennes des deux groupes doit être inférieure à 0,05 pour être significative.

2.3 Résultats

Cette expérimentation regroupe 42 participants volontaires assignés, par randomisation (tirage au sort), au groupe témoin sans massage post-effort (n=21) et à un groupe expérimental bénéficiant d’un massage post-effort (n=21). Aucun participant n’a été exclu de l’étude durant son déroulement.

Les caractéristiques individuelles des sujets étudiés sont détaillées dans le tableau ci-dessous :

Tableau 2 : Les caractéristiques de la population étudiée au départ de l’étude

Données Groupe massage (n=21)

Groupe témoin (n= 21)

p-value

Genre (homme/femme) 10/11 10/11 / Âge (années) 21,8 (3,1) 22,3 (3,2) 0,667 Taille (cm) 168 (0,1) 170 (0,1) 0,595 Poids (kg) 63,0 (10,1) 63,2 (11,8) 0,953 Sport hebdomadaire (heures)

2,75 (1,5) 3 (1,6) 0,422

Moyenne (écart type)

2 https://marne.u707.jussieu.fr/biostatgv/?module=tests (Consulté le 14 mars 2017)

Page 31: Effet du massage dans la prévention des douleurs

24

Les mesures des douleurs ressenties par les sujets dans les jours suivant l’exercice musculaire intense sont indiquées dans les tableaux 2 à 5 et illustrées par les graphiques 1 à 4 pour chaque groupe : Tableau 3 : Comparaison des moyennes des douleurs ressenties au repos

Douleurs perçues au repos 24h post-effort 48h post-effort 72h post-effort Groupe massage (n=21) 2,6 (1,4) 3,4 (1,3) 1,8 (0,8) Groupe témoin (n=21) 2,9 (1,2) 3,9 (1,1) 2,1 (1,0)

p-value 0,244 0,112 0,555 Moyenne (écart type)

Tableau 4 : Comparaison des moyennes des douleurs ressenties à la palpation

Douleurs perçues à la palpation musculaire 24h post-effort 48h post-effort 72h post-effort Groupe massage (n=21) 4,2 (1,9) 4,6 (1,8) 3,1 (1,9)

Groupe témoin (n=21) 4,5 (1,8) 5,0 (1,8) 2,9 (1,5)

p-value 0,624 0,496 0,988 Moyenne (écart type)

Tableau 5 : Comparaison des moyennes des douleurs ressenties à la contraction

Douleurs perçues à la contraction musculaire 24h post-effort 48h post-effort 72h post-effort Groupe massage (n=21) 4,6 (2,3) 5,0 (2,1) 3,5 (2,0)

Groupe témoin (n=21) 4,9 (1,9) 5,3 (2,03) 3,4 (2,1)

p-value 0,606 0,617 0,965 Moyenne (écart type)

Tableau 6 : Comparaison des moyennes des douleurs ressenties à l'étirement

Douleurs perçues à l’étirement musculaire 24h post-effort 48h post-effort 72h post-effort Groupe massage (n=21) 4,5 (1,6) 5,3 (2,0) 3,8 (2,1)

Groupe témoin (n=21) 5,1 (2,0) 5,5 (1,7) 3,8 (2,0)

p-value 0,505 0,605 0,906 Moyenne (écart type)

Page 32: Effet du massage dans la prévention des douleurs

25

Graphiques 3 à 6 : Moyennes des douleurs prises par l’intermédiaire de l’échelle numérique.

Figure 3 : Douleurs perçues au repos

Figure 4 : Douleurs perçues à la palpation

Figure 5 : Douleurs perçues à la contraction

Figure 6 : Douleurs perçues à l'étirement

0123456

24h post effort 48h post effort 72h post effort

Dou

leur

sur

10

Massage

Témoin

0

2

4

6

8

24h post-effort 48h post-effort 72h post-effort

Dou

leur

sur

10

Massage

Témoin

0

2

4

6

8

24h post-effort 48h post-effort 72h post-effort

Dou

leur

sur

10

Massage

Témoin

0

2

4

6

8

24h post-effort 48h post-effort 72h post-effort

Dou

leur

sur

10

Massage

Témoin

Page 33: Effet du massage dans la prévention des douleurs

26

2.4 Discussion

2.4.1 Analyse des résultats

La comparaison des moyennes est effectuée avec le test t de Student lorsque les données suivent une loi normale. Dans le cas contraire, le test Wilcoxon, Mann-Whitney est utilisé.

2.4.1.1 Comparaison des données individuelles

Le nombre de femmes est supérieur au nombre d’hommes. Les données individuelles entre les deux groupes (âge, taille, poids, …) n’ont aucune différence statistiquement significative. En effet, les p-values sont toutes supérieurs à 0,05. Ces deux groupes sont donc homogènes et comparables.

2.4.1.2 Comparaison des moyennes entre les deux groupes

Dans les deux groupes, le paroxysme de la douleur est atteint à 48 heures, l’intensité est maximale lors de l’étirement musculaire. Ensuite la douleur perçue diminue. Le seuil de douleur le plus bas est constaté à 72h au repos dans le groupe massage.

Les différents graphiques montrent une légère diminution de la douleur

musculaire pour le groupe massage 24 et 48 heures après exercice par rapport au groupe témoin.

A 24 heures, une différence de 0,3 point est constatée entre les deux groupes, en faveur du groupe massage, au repos, à la palpation et à la contraction musculaire. Cet écart est doublé à l’étirement musculaire. A 48 heures, la différence varie de 0,2 point (étirement) à 0,5 point (repos), toujours en faveur du groupe massage. Cependant, à 72 heures, l’analyse de la douleur à la contraction et à la palpation musculaire affiche une légère augmentation de la douleur pour le groupe massage par rapport au groupe témoin.

La comparaison des moyennes des deux groupes montre des p-values supérieures à 0,05, après l’effort, aussi bien au repos, à la palpation, à la contraction et à l’étirement. Aucune différence statistiquement significative n’est donc trouvée entre le groupe massage et le groupe témoin.

L’analyse statistique des différentes données recueillies montre une légère

diminution de la douleur perçue pour le groupe massage. Cependant, les résultats ne sont pas statistiquement significatifs (p>0,05) pour démontrer l’efficacité du massage sur les DOMS. De plus, ces résultats présentent des biais qui sont analysés ci-dessous pour faire ressortir les points à améliorer en cas de nouvelle étude.

Page 34: Effet du massage dans la prévention des douleurs

27

2.4.2 Les forces, faiblesses et limites de l’étude

2.4.2.1 Les forces de cette étude

Conformément à la recommandation de Ernst (1998), cette étude ne prend pas le membre controlatéral comme témoin, contrairement à bon nombre d’études, mais travaille avec 2 groupes : un groupe témoin et un groupe expérimental. La présence de ce groupe témoin permet d’éviter les biais de confusion. Le biais de confusion est le fait de subir des effets engendrés par des facteurs autres que ceux attendus par le traitement. Les deux groupes étant placés dans les mêmes conditions de traitement, ils subissent exactement les mêmes facteurs de confusion. La comparaison des deux groupes permet donc de déterminer l’effet du traitement, le groupe témoin servant de référence. De plus, le biais de sélection est écarté par les modalités de constitution des groupes. Pour participer à l’étude, les sujets doivent être conformes aux critères d’inclusion et d’exclusion posés de manière réfléchie et adaptée à l’expérimentation. La répartition des sujets entre les deux groupes se fait par randomisation (tirage au sort). Il n’y a ainsi pas de différence significative entre les groupes qui sont donc comparables initialement. Le biais d’attrition n’est pas à considérer car le nombre de sujets au départ et à la fin de l’étude est équivalent. L’étude suit un protocole bien précis, établi spécifiquement pour cette recherche. Chaque sujet est soumis aux mêmes conditions d’expérimentation. Cependant, la charge appliquée pour réaliser le travail musculaire excentrique est adaptée à chaque sujet avec calcul de la résistance maximale du quadriceps. Cette personnalisation de la charge adapte le niveau d’exercice aux capacités de chacun et permet à chaque sujet de développer des courbatures. La taille de l’échantillon (n=42) est importante par rapport aux autres études réalisées. Néanmoins, elle n’est pas suffisante pour permettre une généralisation des résultats.

2.4.2.2 Les faiblesses et limites de l’étude

Cette étude comprend quelques biais qui doivent être pris en compte dans les résultats obtenus. L’étude n’est pas réalisée en double aveugle. En effet, les sujets et l’examinateur ont connaissance des affectations dans les groupes. Cela peut les influencer dans leur comportement et entrainer un biais de suivi (différence de suivi entre les deux groupes) et un biais d’évaluation (évaluation subjective des groupes). Néanmoins, dans ce type d’étude, il est difficile de mettre en place le double aveugle. Un seul thérapeute réalise le massage pour permettre la meilleure reproductibilité possible. Malgré tout, il est difficile de s’assurer que la manœuvre est réalisée à l’identique pour tous les sujets. En effet, la fatigue, la concentration du thérapeute peuvent influencer la pression appliquée et le rythme d’exécution.

Page 35: Effet du massage dans la prévention des douleurs

28

L’utilisation de la chaise à quadriceps ne permet pas de garantir la même vitesse d’exécution pour chaque exercice musculaire. L’appareil d’isocinétisme est plus adapté pour réaliser des mouvements à vitesse constante. Les résultats peuvent également être influencés par le mode de vie des sujets. En effet, l’hygiène de vie et le sommeil ont un effet sur la récupération. La pratique régulière d’un sport et son intensité doivent également être pris en considération, les muscles sollicités n’étant pas les mêmes d’un sport à l’autre. Les données recueillies sur le ressenti de la douleur peuvent être approximatives. Chaque sujet évaluant sa douleur de façon autonome, il est difficile de savoir si les règles de relevés de la douleur sont respectées. L’évaluation des courbatures est réalisée par l’intermédiaire de l’échelle numérique. Cet outil est considéré comme étant le plus satisfaisant pour évaluer la douleur (Bellaud 2012). Néanmoins, l’échelle numérique ne permet qu’une évaluation subjective de la douleur, le ressenti pouvant être influencé par l’état physique, psychologique et l’expérience de chaque individu. Ces paramètres entraînent une mauvaise fiabilité inter-groupe de cet outil d’évaluation. La comparaison des moyennes entre les deux groupes est donc à réaliser avec précaution. L’étude porte essentiellement sur une population de jeunes adultes, ne permettant pas de généraliser les résultats à d’autres populations telles que les adolescents, les séniors… L’interprétation des résultats est donc à prendre avec précaution.

2.4.3 Cohérence externe

L’objectif de cette étude expérimentale est d’analyser l’effet du massage sur les douleurs musculaires d’apparition retardée. La présente étude ne montre pas de diminution significative de la douleur ressentie. En raison d’une grande diversité des protocoles réalisés dans la littérature, la comparaison des résultats de la présente étude avec ceux des autres études est compliquée. Les protocoles n‘étudient pas, par exemple, les mêmes groupes musculaires, ne pratiquent pas les mêmes techniques de massage ni les mêmes moments d’application du massage.

2.4.4 Pertinence clinique et perspectives

2.4.4.1 Pertinence clinique La présente étude ne démontre pas d’effets bénéfiques du massage sur les

DOMS. En effet, il n’y a pas de diminution significative de la douleur avec massage post-effort. Compte tenu des biais méthodologiques de cette étude, un doute subsiste cependant et nécessite de plus amples recherches d’autant que l’attente de réponses sur ce sujet est importante.

En effet, une grande partie de la population est confrontée aux courbatures et aux problèmes qu’elles engendrent.

Page 36: Effet du massage dans la prévention des douleurs

29

Les sportifs reprenant après une période de repos ou augmentant l’intensité de leur effort peuvent présenter des DOMS. De plus, l’amélioration de leurs performances peut être ralentie par ce handicap temporaire. Les personnes déconditionnées à l’effort reprenant une activité sportive inhabituelle peuvent également être exposés à ce problème. Bon nombre de personnes trouve un intérêt dans le massage bien que les scientifiques ne soient pas unanimes sur son efficacité dans la prévention des DOMS. Certaines séances de rééducation sont également concernées par ce sujet. En effet, les programmes de renforcement musculaire, comprenant généralement des phases de contractions excentriques, doivent être pratiqués avec précaution puisque ces contractions jouent un rôle important dans la survenue des courbatures.

2.4.4.2 Perspectives

D’autres recherches montrent que la répétition d’un exercice musculaire excentrique de même intensité entraîne une diminution des courbatures et des symptômes associés. En effet, un phénomène d’adaptation se met en place, c’est le « repeated bout effect » ou l’effet de répétition. Le travail musculaire excentrique est un moyen de prévention intéressant (Coudreuse et al. 2004 ; Nelson 2013).

Des techniques sont également à l’étude et peuvent offrir de nouvelles perspectives à la prévention des DOMS. Une étude en particulier s’intéresse à l’utilisation du « Foam rollling » (rouleau en mousse) pour réaliser le massage en prévention des DOMS. Les résultats montrent une diminution des douleurs musculaires d’apparition retardée. Cet outil thérapeutique est intéressant car il permet la réalisation d’un auto-massage et est simple d’utilisation (Pearcey et al. 2015). P. Portero s’intéresse à la technique LPG® qui permet une mobilisation mécanique des tissus cutanés et sous-cutanés. Cette technique semble être efficace pour réduire les douleurs musculaires d’apparition retardée (P. Portero 2001).

Page 37: Effet du massage dans la prévention des douleurs

30

Conclusion

Pour rappel, la problématique de recherche à laquelle ce travail tente de répondre est : « En quoi le massage est en lien avec les douleurs musculaires d’apparition retardée ? »

Tout d’abord, un état des lieux des connaissances sur les DOMS et sur le massage a été fait en analysant la littérature scientifique. La revue de la littérature permet de constater que les études ne sont pas unanimes sur l’efficacité du massage sur les DOMS. Les grandes différences de mise en œuvre des protocoles rendent difficile la généralisation des résultats. De plus, le mode d’application du massage, en prévention des courbatures, n’est pas clairement défini. Néanmoins, le massage étant couramment utilisé dans la prévention des douleurs musculaires d’apparition retardée, il ne paraît pas dénué d’intérêt. Aussi, m’a t’il semblé intéressant de mener une étude pour approfondir ce sujet. Pour ce faire, un essai clinique randomisé a été réalisé sur une population de 42 personnes. Cet essai clinique consistait à faire pratiquer aux participants des exercices musculaires excentriques intenses pour provoquer des douleurs musculaires d’apparition retardée. Les sujets ont été répartis en deux groupes de façon aléatoire. Seul un des deux groupes a bénéficié d’un massage. Chaque sujet a ensuite évalué sa douleur par l’intermédiaire de l’échelle numérique. L’analyse des résultats de l’étude ne montre pas de différence significative entre les deux groupes et ne permet donc pas de conclure sur l’efficacité du massage sur les DOMS. La présence de biais méthodologiques amène, cependant, à interpréter ces résultats avec précaution.

Pour approfondir ce sujet, d’autres pistes d’études peuvent être explorées : - travailler sur une population plus représentative (effectif, âge, niveaux sportifs) ; - combiner plusieurs techniques de récupération post-effort comme le massage et la cryothérapie… ; - évaluer la douleur par l’intermédiaire de l’algomètre permettrait d’en faire une mesure plus objective. Néanmoins, cet outil est encore peu utilisé et représente un coût non négligeable [Annexe 7] ; - étudier l’efficacité des nouvelles techniques de massage (Foam rolling, machine de type LPG®) [Annexe 8].

Ce travail, très enrichissant, m’a apporté de nouvelles connaissances et compétences. La revue de la littérature m’a permis de mieux maîtriser l’outil informatique de recherches scientifiques et de développer mon esprit critique dans l’analyse des articles. Ce travail a également élargi mes connaissances sur les DOMS et sur le massage. Il m’a fait prendre conscience des difficultés de mise en place d’un protocole expérimental et de la nécessité d’une bonne organisation.

Ces acquis seront importants dans ma future profession car il est indispensable, pour une bonne pratique de la kinésithérapie, de se tenir informé régulièrement des dernières innovations et publications.

Page 38: Effet du massage dans la prévention des douleurs

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Page 41: Effet du massage dans la prévention des douleurs

Annexes Annexe 1 : Classification des lésions musculaires selon Rodineau et Durey (1997) ...... I Annexe 2 : Classification des lésions musculaires à la suite de la déclaration de consensus de Munich (2012) ....................................................................................... II Annexe 3 : Formulaire de consentement ..................................................................... IV Annexe 4 : Schéma explicatif du protocole expérimental de l’étude ............................. V Annexe 5 : Fiche de renseignements .......................................................................... VI Annexe 6: Equations de NIMS (1996) ....................................................................... VIII Annexe 7 : Algomètre de pression ............................................................................... IX Annexe 8 : Foam rolling ............................................................................................. IX Annexe 9 : Fiche de lecture 1 ....................................................................................... X Annexe 10 : Fiche de lecture 2 .................................................................................... XI Annexe 11 : Fiche de lecture 3 .................................................................................. XIII

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I

Annexe 1 : Classification des lésions musculaires selon Rodineau et Durey (1997) Stade 0 C’est l’atteinte réversible d’un petit nombre de fibres musculaires. Les signes cliniques sont une douleur modérée, une contracture musculaire et une diminution de la force. La récupération se fait complètement en quelques heures. Stade 1 Atteinte irréversible d’un certain nombre de fibres musculaires avec maintien de l’intégrité du tissu conjonctif de soutien. Les signes cliniques sont les mêmes que pour le stade 0 mais amplifiés : la diminution de la force est plus marquée. L’évolution se fait en quelques jours pendant lesquels la régénération des fibres musculaires assure une récupération totale. La reprise sportive peut se faire une fois la douleur disparue. Stade 2 Tout comme le stade 1, c’est une atteinte irréversible d’un contingent réduit de fibres musculaires mais avec, en plus, une atteinte modérée du tissu conjonctif de soutien sans désorganisation exagérée. On peut voir à l’échographie qu’il n’y a aucun hématome. Les symptômes sont une douleur vive mais n’obligeant pas l’arrêt de l’activité sportive. Suivant la localisation de la lésion, l’impotence fonctionnelle peut varier. L’évolution peut être rapide puisque la cicatrisation peut se faire en 10 à 15 jours. Par contre, il n’y aura pas de restitution ad integrum. La reprise sportive dépendra de la douleur lors de la contraction résistée et à l’étirement. Stade 3 Ce stade correspond à une atteinte d’un grand nombre de fibres musculaires, avec une atteinte marquée du tissu conjonctif de soutien qui se trouve désorganisé et la formation d’un hématome généralement localisé. Les signes cliniques sont une douleur aiguë obligeant à stopper l’activité sportive. L’impotence fonctionnelle est marquée. L’évolution est assez longue, pouvant aller de 4 ou 6 semaines jusqu’à 12 semaines. Plusieurs facteurs jouent sur l’évolution ; le nombre de fibres touchées au départ, l’importance de l’hématome, l’état de l ‘aponévrose et la qualité du traitement. Stade 4 C’est une rupture partielle ou totale du muscle avec atteinte massive du tissu conjonctif de soutien et formation d’un hématome volumineux et diffus. Les symptômes sont une douleur très violente obligeant à l’arrêt de l’activité sportive et une impotence fonctionnelle totale. L’évolution n’est pas catastrophique puisque dans les ruptures totales les deux moignons se rétractent de façon importante afin que la cicatrice fibreuse ne soit soumise à aucune traction. La lésion devient ainsi indolore et d’autant mieux supportée sur le plan fonctionnel puisqu’en général le muscle lésé appartient à un groupe musculaire, ce qui permet une compensation par les autres muscles. (Hérisson & Rodineau 2005)

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II

Annexe 2 : Classification des lésions musculaires à la suite de la déclaration de consensus de Munich (2012)3 Table 3 : Comprehensive muscle injury classification: type-specific definitions and clinical presentations

Type

Classification

Definition

Symptoms

Clinical signs

Location

Ultrasound/MRI

1A

Fatigue-induced muscle disorder

Circumscribed longitudinal increase of muscle tone (muscle firmness) due to overexertion, change of playing surface or change in training patterns

Aching muscle firmness. Increasing with continued activity. Can provoke pain at rest. During or after activity

Dull, diffuse, tolerable pain in involved muscles, circumscribed increase of tone. Athlete reports of ‘muscle tightness’

Focal involvement up to entire length of muscle

Negative

1B

Delayed-onset muscle soreness (DOMS)

More generalised muscle pain following unaccustomed, eccentric deceleration movements.

Acute inflammative pain. Pain at rest. Hours after activity

Oedematous swelling, stiff muscles. Limited range of motion of adjacent joints. Pain on isometric contraction. Therapeutic stretching leads to relief

Mostly entire muscle or muscle group

Negative or oedema only

2A

Spine-related neuromuscular muscle disorder

Circumscribed longitudinal increase of muscle tone (muscle firmness) due to functional or structural spinal/lumbopelvical disorder.

Aching muscle firmness. Increasing with continued activity. No pain at rest

Circumscribed longitudinal increase of muscle tone. Discrete oedema between muscle and fascia. Occasional skin sensitivity, defensive reaction on muscle stretching. Pressure pain

Muscle bundle or larger muscle group along entire length of muscle

Negative or oedema only

2B

Muscle-related neuromuscular muscle disorder

Circumscribed (spindle- shaped) area of increased muscle tone (muscle firmness). May result from dysfunctional neuromuscular control such as reciprocal Inhibition

Aching, gradually increasing muscle firmness and tension. Cramp- like pain

Circumscribed (spindle-shaped) area of increased muscle tone, oedematous swelling. Therapeutic stretching leads to relief. Pressure pain

Mostly along the entire length of the muscle belly

Negative or oedema only

3 http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3607100/ (Consulté le 14 février 2016)

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III

Type

Classification

Definition

Symptoms

Clinical signs

Location

Ultrasound/MRI

3A

Minor partial muscle tear

Tear with a maximum diameter of less than muscle fascicle/bundle.

Sharp, needle-like or stabbing pain at time of injury. Athlete often experiences a ‘snap’ followed by a sudden onset of localised pain

Well-defined localised pain. Probably palpable defect in fibre structure within a firm muscle band. Stretch-induced pain aggravation

Primarily muscle–tendon junction

Positive for fibre disruption on high resolution MRI. Intramuscular haematoma

3B Moderate partial muscle tear

Tear with a diameter of greater than a fascicle/bundle

Stabbing, sharp pain, often noticeable tearing at time of injury. Athlete often experiences a ‘snap’ followed by a sudden onset of localised pain. Possible fall of athlete

Well-defined localised pain. Palpable defect in muscle structure, often haematoma, fascial injury Stretch- induced pain aggravation

Primarily muscle–tendon junction

Positive for significant fibre disruption, probably including some retraction. With fascial injury and intermuscular haematoma

4

(Sub)total muscle tear/tendinous avulsion

Tear involving the subtotal/complete muscle diameter/tendinous injury involving the bone– tendon junction

Dull pain at time of injury. Noticeable tearing. Athlete experiences a ‘snap’ followed by a sudden onset of localised pain. Often fall

Large defect in muscle, haematoma, palpable gap, haematoma, muscle retraction, pain with movement, loss of function, haematoma

Primarily muscle–tendon junction or Bone–tendon junction

Subtotal/complete discontinuity of muscle/tendon. Possible wavy tendon morphology and retraction. With fascial injury and intermuscular haematoma

Contusion

Direct injury

Direct muscle trauma, caused by blunt external force. Leading to diffuse or circumscribed haematoma within the muscle causing pain and loss of motion

Dull pain at time of injury, possibly increasing due to increasing haematoma. Athlete often reports definite external mechanism

Dull, diffuse pain, haematoma, pain on movement, swelling, decreased range of motion, tenderness to palpation depending on the severity of impact. Athlete may be able to continue sport activity rather than in indirect structural injury

Any muscle, mostly vastus intermedius and rectus femoris

Diffuse or circumscribed haematoma in varying dimensions

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IV

Annexe 3 : Formulaire de consentement

Je soussigné(e) ………………………………………………………… (Nom et prénom du sujet),

accepte, de façon éclairée et libre de participer au mémoire de recherche sur les douleurs musculaires d’apparition retardées de Mathilde SALIOU.

Les modalités et objectifs de l’étude m’ont clairement été expliqués par Mathilde SALIOU.

Ma participation à l’étude est volontaire et je retire toute responsabilité de Mathilde SALIOU.

Je suis libre d’arrêter à tout moment ma participation à l’étude sans donner de raison et sans que cela n’entraîne de conséquence.

J’accepte l’utilisation des données récoltées dans l’étude de Mathilde SALIOU me concernant, à des fins scientifiques conformément au code de déontologie des Masseurs-Kinésithérapeutes.

Je ne présente aucune contre-indication à la réalisation de l’exercice musculaire excentrique du quadriceps.

Je m’engage à donner des informations réelles pour ne pas biaiser l’étude.

J’atteste qu’un exemplaire de ce formulaire de consentement m’a été remis en main propre ce jour.

Après avoir obtenu la réponse à toutes mes questions, j’accepte librement et volontairement de participer à cette étude anonymisée

Fait à …………………., le …………………

Signature de l’investigateur Signature du sujet

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V

Annexe 4 : Schéma explicatif du protocole expérimental de l’étude

Echauffement sur cycloergomètre pendant 5 minutes

Calcul de la Résistance Maximale (1-RM)

Exercice musculaire excentrique intense 5 séries de 10 répétitions à 120% de la 1-RM

Récupération passive sur table de massage pendant 5 minutes

Randomisation par tirage au sort, soit au groupe massage, soit groupe 1 témoin

Intervention 12 heures post-effort Massage pour le groupe expérimental pendant 8 minutes

Pas d’intervention pour le groupe témoin

24 heures post-effort, mesure de la douleur

48 heures post-effort, mesure de la douleur

72 heures post-effort, mesure de la douleur

Page 47: Effet du massage dans la prévention des douleurs

VI

Annexe 5 : Fiche de renseignements

NOM : Date : Prénom : Age : Taille : Poids : Téléphone : Mail : Sexe : Homme � Femme � Membre inférieur dominant : Gaucher � Droitier � Pratique sportive par semaine (en heures) : Quels sports : Niveau (faible, moyen, élevé) : Antécédents médicaux/chirurgicaux (HTA, blessures musculaires..) : Résistance Maximale concentrique de la jambe non dominante : Entourez le chiffre que vous avez tiré au sort : 0 1 Quelle est la valeur de votre ressenti, au repos, au niveau du quadriceps qui a effectué l’effort, sur l’échelle ci-dessous : (0 : Absence de douleur ; 10 : douleur insupportable) 24h après l’exercice : /10 48h après l’exercice : /10 72h après l’exercice : /10 Même question à la palpation musculaire : 24h après l’exercice : /10 48h après l’exercice : /10 72h après l’exercice : /10 Même question à la contraction musculaire : 24h après l’exercice : /10 48h après l’exercice : /10 72h après l’exercice : /10

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VII

Même question à l’étirement musculaire : 24h après l’exercice : /10 48h après l’exercice : /10 72h après l’exercice : /10 Pour votre cotation, vous pouvez comparer par rapport à votre quadriceps qui n’a pas effectué l’exercice musculaire. Durant les 3 jours qui suivent la prise de données, évitez de pratiquer une activité sportive afin de ne pas fausser les résultats. N’utilisez pas d’autres moyens de récupération tels que : la cryothérapie, la récupération active… Dans le cas contraire, veuillez m’en informer. Merci de votre participation.

SALIOU Mathilde, étudiante kinésithérapeute

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VIII

Annexe 6: Equations de NIMS4 (1996)

Table 4: Regression Equations for Strength Prediction

4 http://www.archives-pmr.org/article/S0003-9993(96)90188-4/pdf (Consulté le 10 novembre 2016)

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IX

Annexe 7 : Algomètre de pression5

Annexe 8 : Foam rolling 6

5 https://www.google.fr/search?q=algom%C3%A8tre+de+pression&espv=2&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwiikebt5eLSAhUkCsAKHf3XDWAQ_AUIBigB&biw=1600&bih=794#imgrc=MLpu2g58b-0-8M (Consulté le 2 mars 2017). 6 https://www.google.fr/search?q=foam+roller&espv=2&site=webhp&source=lnms&tbm=isch&sa=X&sqi=2&ved=0ahUKEwjx1Ym05uLSAhXGBcAKHanND8MQ_AUICCgD&biw=1600&bih=794&dpr=1#imgrc=xf4K2a9MPoZf7M (Consulté le 2 mars 2017)

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X

Annexe 9 : Fiche de lecture 1

Références Cheung, K., Hume, P. a. & Maxwell, L., 2003. Delayed onset muscle soreness: treatment strategies and performance factors. Sports Medicine, 33(2), pp.145–164.

Localisation Sports Medicine Février 2003, Volume 33, n°2, pp.145-164

Informations sur l’auteur

Karoline Cheung est enseignante à l’école de santé communautaire et sportive à l’Université de Technologie d’Auckland en Nouvelle-Zélande.

Sujet traité Les mécanismes d’apparition des DOMS, leurs impacts sur la performance sportive et les stratégies de traitement des DOMS.

Mots-clés Anglais: DOMS, treatment, muscle Français: Douleurs musculaire d’apparition retardée, traitements, muscle

Résumé Dans le domaine sportif, les douleurs musculaires d’apparition retardée sont fréquentes. Généralement, elles apparaissent après une activité musculaire excentrique inhabituelle et/ou intense. Ces douleurs sont provoquées par des microlésions musculaires induites par l’exercice. Le mécanisme d’apparition des DOMS n’est pas totalement expliqué mais plusieurs hypothèses sont évoquées (l’acide lactique, les spasmes musculaires, la Créatine Kinase, l’inflammation, les lésions musculaires et les lésions du tissu conjonctif). Les microlésions musculaires induites par l’exercice entraînent, en plus de la douleur, une diminution de la performance sportive. De nombreux traitements sont utilisés pour diminuer les douleurs musculaires d’apparition retardée et restaurer la performance sportive tels que : la cryothérapie, le massage, les médicaments anti-inflammatoires, l’électrothérapie....

Commentaires Cette revue s’intéresse aux différentes caractéristiques des DOMS telles que : le mécanisme d’apparition, les symptômes associés et les différents traitements. Elle reprend de nombreuses études sur le sujet.

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XI

Annexe 10 : Fiche de lecture 2

Références Torres Rui, et al., 2012. Evidence of the physiotherapeutic interventions used currently after exercise-induced muscle damage: Systematic review and meta-analysis. Physical Therapy in Sport, 13 (2), pp. 101-114

Informations sur l’auteur

Rui Torres est kinésithérapeute, enseignant à CESPU- Institut Nord Polytechnique de la Santé à Paredes au Portugal. Il est aussi enseignant à l’Université Technique de Lisbonne à la Faculté de Cinétique Humaine.

Sujet traité Cette revue systématique évalue l’efficacité de différentes techniques de physiothérapie utilisées pour traiter les symptômes associés aux microlésions musculaires post-effort.

Mots-clés Anglais: Eccentric exercise, Delayed-onset muscle soreness, Physiotherapy, Effectiveness Français: Exercice excentrique, douleur musculaire d’apparition retardée, physiothérapie, efficacité.

Résumé Introduction : La pratique d’exercice inhabituel et/ou intense peut provoquer des microlésions musculaires provisoires. Ces lésions induisent des douleurs musculaires d’apparition retardée et une diminution de la force musculaire. Le mécanisme le plus propice à ces lésions semble être le travail musculaire excentrique. De nombreux traitements sont utilisés pour diminuer les symptômes induits par les microlésions musculaires. L’objectif de cette revue systématique est d’évaluer l’efficacité des différentes techniques, pour traiter les symptômes induits par les microlésions musculaires. Les différents traitements analysés sont : les étirements, la cryothérapie, le massage et la récupération active. Méthode : Cette revue systématique sélectionne les articles selon certains critères : essais cliniques randomisées écrits en anglais ou en portugais comprenant comme traitement les étirements, la cryothérapie, le massage et la récupération active. Cette revue utilise la force et les douleurs musculaires comme critères de mesure pour évaluer l’efficacité des techniques testées. Résultats : 35 études ont été retenues : 9 ont évalué l’efficacité des étirements, 10 les effets de la cryothérapie, 9 les effets du massage et enfin, 7 ont analysé la récupération active. Le massage a engendré une légère atténuation de la douleur et une amélioration de la force musculaire. L’efficacité de la cryothérapie, sur ces symptômes, paraît peu concluante.

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XII

Concernant les étirements et la récupération active, leur efficacité n’a pas été démontrée. Conclusion : Au vu des résultats observés, le massage présente un léger avantage. Les preuves scientifiques sont insuffisantes pour montrer l’efficacité de la cryothérapie, des étirements et de la récupération active.

Commentaires Cette méta-analyse étudie l’efficacité de différentes techniques de physiothérapie sur les symptômes associés aux microlésions musculaires post-exercice. Cette revue analyse plusieurs études sur le massage. Cependant, il y a une grande variabilité entre les différentes études telle que : l’exercice induisant les courbatures, le muscle cible, les techniques de massage employées et la durée du massage. L’abondance des différents protocoles ne rend pas évidente la lecture des résultats.

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XIII

Annexe 11 : Fiche de lecture 3

Références Frey Law, L.A. et al., 2008. Massage reduces pain perception and hyperalgesia in experimental muscle pain: a randomized, controlled Trial. Journal of Pain, 9(8), pp.714–721

Information sur l’auteur

Frey Law Laura est professeur agrégé en thérapie physique et en sciences de la réadaptation à l'Université de l'Iowa aux Etats-Unis. Auparavant, elle était masseuse kinésithérapeute. Elle a une licence en physiothérapie et en ergothérapie.

Sujet traité Il s’agit d’un essai clinique randomisé qui s’intéresse à l’effet du massage, à la suite d’exercices musculaires excentriques du poignet, sur les douleurs musculaires d’apparition retardée.

Mots clés Anglais : Delayed onset muscle soreness, treatment, excentric exercice Français : Douleurs musculaires d’apparition retardée, traitement, exercice excentrique

Résumé Introduction : Les preuves scientifiques de l’effet du massage sont limitées bien que cette technique soit fréquemment utilisée pour diminuer les douleurs musculaires d’apparition retardée. Actuellement, peu d’études comparent le massage par rapport à un groupe témoin. L’objectif de cette étude est d’analyser l’effet du massage sur la douleur perçue et sur le seuil de douleur à la pression en effectuant un essai clinique randomisé avec un groupe témoin. Méthode : 43 participants ont participé à cette étude. Ils ont été assignés, par tirage au sort, soit à un groupe témoin (repos au calme, pas de massage), soit à un groupe avec massage superficiel (effleurage) ou avec massage profond (effleurage et pétrissage). L’étude s’est déroulée en 2 séances : Durant la première séance, pour induire les courbatures, tous les sujets ont réalisé des contractions musculaires excentriques des extenseurs du poignet. Lors de la deuxième séance, qui s’est déroulée 24 à 48 heures après l’effort, le traitement de 6 minutes (repos, effleurage ou massage profond) a été réalisé pour les différents groupes. L’évaluation de la douleur perçue et du seuil de douleur à la pression a été mesurée au départ, après les extensions de poignet, avant et après le traitement. Résultats : Le massage profond a diminué de 48% la douleur à l’étirement musculaire et de 27% le seuil de douleur à la pression. Le massage superficiel a également diminué le seuil de douleur à la pression par rapport au groupe témoin. Ce seuil a augmenté de 38% pour les sujets du groupe témoin (repos, sans massage).

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XIV

Il n’y a pas de différence significative quant à la douleur de repos. Conclusion : Cette étude démontre que le massage est capable de réduire partiellement, de 25% à 50%, les douleurs musculaires d’apparition retardée. Le massage profond apporte les meilleurs résultats mais le massage superficiel peut également réduire la douleur.

Commentaires La présente étude effectue un essai clinique randomisé avec un groupe témoin. Cet essai utilise deux outils d’évaluation de la douleur : l’échelle visuelle analogique et l’algomètre. De plus, il démontre que le massage profond ainsi que le massage superficiel pourraient atténuer les douleurs. Il existe peu d’études qui effectuent le massage 24 à 48 heures après l’exercice excentrique, cette étude est donc intéressante. Cependant, l’évaluation des douleurs n’est pas effectuée à une heure précise et varie d’un sujet à l’autre (24 à 48 heures), or les DOMS évoluent durant cet intervalle de temps. Par ailleurs, le groupe musculaire étudié n’est pas fréquemment touché par les DOMS. Enfin, les différents groupes de traitement n’ont pas le même nombre de participants.