edition 4 avril 2011
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Edition 4 avril 2011TRANSCRIPT
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Environnement Carte à haute résolution du risque d'érosion au raster 2×2 m (CRE2) Page 148
Production végétale L’évapotranspiration de référence et son application en agrométéorologie Page 176
Société Formation continue «prise en charge de personnes»: renforcer les prestations sociales
en agriculture Page 184
Berner FachhochschuleHaute école spécialisée bernoiseSchweizerische Hochschulefür Landwirtschaft SHLHaute école suisse d’agronomie HESA
ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
EditeurAgroscope
Partenairesb Agroscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil
ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux ALP et Haras national suisse HNS; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART)
b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berneb Haute école suisse d’agronomie HESA, Zollikofenb Centrales de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,
Department of agricultural and foodscience
Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: [email protected]
Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Gerhard Mangold (ALP et HNS), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HESA), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich)
AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou
AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch
ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse
© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS
SommaireAvril 2011 | Numéro 4
L'érosion fait perdre la précieuse substance constituant la couche arable et peut causer la pollution des eaux par de la terre, des éléments nutritifs ou des substances dangereuses. De nouvelles cartes à haute définition du risque d'érosion affectant la surface agricole utile de la Suisse mettent en évidence le risque potentiel sur la base de paramètres locaux (relief, sol et précipitations). (Photo: Thomas Ledermann, CDE Bern)
147 Editorial
Environnement
148 Carte à haute résolution du risque d'érosion au raster 2×2 m (CRE2)Simon Gisler, Hans Peter Liniger et Volker
Prasuhn
Environnement
156 Identification des surfaces qui contribuent démesurément à la pollution des eauxMartin Frey, Nadine Konz, Christian Stamm et
Volker Prasuhn
Environnement
162 Développement des émissions azotées dans l’agriculture jusqu’en 2020Simon Peter
Environnement
170 Systèmes de détention et concept de mesure des émissions d'ammoniac en cas d’aération naturelleSabine Schrade, Margret Keck, Kerstin Zeyer
et Lukas Emmenegger
Production végétale
176 L’évapotranspiration de référence et son application en agrométéorologiePierluigi Calanca, Pascalle Smith, Annelie
Holzkämper et Christof Ammann
Société
184 Formation continue «prise en charge de personnes»: renforcer les prestations sociales en agricultureErnst Bolliger
190 Portrait
191 Actualités
195 Manifestations
Editorial
147Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 147, 2011
Anton Candinas, Office fédéral de l’agriculture OFAG
Chère lectrice, cher lecteur
Une action ciblée présuppose une information suffisante. Pour cela, il
importe de savoir dans quelle situation nous nous trouvons, dans quelle
direction nous voulons nous diriger et quelles sont nos possibilités d’action.
Songeons par exemple à la problématique du sol.
Selon les pronostics de l’ONU, il faudra nourrir neuf milliards d’êtres
humains en 2050, ce qui correspond à une croissance annuelle de 80 millions
de personnes d’ici là - l’équivalent de la population allemande. Dans les pays
émergents, la consommation de produits d’origine animale augmente
parallèlement à la progression du revenu. Les besoins en surfaces de produc-
tion augmentent de ce fait de façon disproportionnée.
Sols menacés
Cette évolution se produit alors que la surface de sols productifs est limitée.
De grandes réserves de terres ne sont disponibles que dans un nombre limité
de pays et les surfaces disponibles sont exposées à une multitude de risques.
Des millions d’hectares de terre sont ainsi menacés par l’érosion, la salinisa-
tion, le compactage ou les polluants. L’urbanisation à elle seule entraîne la
perte annuelle de deux millions d’hectares.
Comparée à l'alimentation de la population mondiale, la production de
denrées alimentaires en Suisse peut paraître insignifiante. Cependant, notre
pays dispose sur le Plateau de terres fertiles et de quantités d’eau suffisantes
pour une production élevée. Le Plateau fait partie des régions propices à
l’agriculture, même en comparaison mondiale. C’est un potentiel à préser-
ver. Or, aujourd’hui en Suisse, nous perdons chaque heure la surface néces-
saire pour nourrir un être humain. L’agriculture n’est en effet pas la seule à
prendre les décisions dans le domaine de l’utilisation des sols: d’autres
groupes d’intérêts puissants ont aussi voix au chapitre.
Risques d’érosion en Suisse
Il en va autrement pour d’autres problèmes liés aux sols agricoles, par
exemple pour l’érosion. L'objectif est clairement défini: puisque l’érosion
menace la fertilité des sols, elle doit être évitée. Les possibilités pour y parve-
nir sont bien connues. Nous connaissons désormais les sites concernés et
l’ampleur du problème. Une carte montre désormais de manière détaillée le
risque potentiel d’érosion à l'échelle des parcelles (lire l’article consacré à ce
sujet, pages 148 à 155 de la présente édition). Il appartient dès lors aux agri-
cultrices et aux agriculteurs de veiller à ce que l’érosion ne diminue pas la
fertilité des sols et de prendre des mesures d’exploitation appropriées à
cette fin.
Cette carte offre des perspectives intéressantes pour s’attaquer aux pro-
blèmes pouvant se poser dans l’agriculture. Une bonne information sur la
topographie, les précipitations et les sols permet d’identifier les surfaces
potentiellement menacées d’érosion. Les mesures destinées à améliorer la
situation peuvent être limitées à ces surfaces et appliquées de manière
ciblée. Une information suffisante est indispensable pour y parvenir.
Une bonne information pour une action ciblée
148 Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 148–155, 2011
E n v i r o n n e m e n t
Simon Gisler1, Hans Peter Liniger1 et Volker Prasuhn2
1Centre for Development and Environment CDE, Université de Berne, 3012 Berne2Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich
Renseignements: Volker Prasuhn, e-mail: [email protected], tél. 044 377 71 45
Carte à haute résolution du risque d'érosion au raster 2×2 m (CRE2)
d’érosion. Les mesures de protection contre l’érosion
mises en œuvre dans la pratique sont cependant souvent
insuffisantes. Dans l’UE, la lutte contre l’érosion est
réglée depuis peu par l’éco-conditionnalité. En Alle-
magne par exemple, l’ordonnance sur les conditions à
remplir pour avoir droit aux paiements directs, en
vigueur depuis le 01.07.2010 dans tous les Länder, stipule
que des cartes du risque d’érosion potentiel doivent être
établies à l’échelle de la parcelle (cadastre de l’érosion)
et utilisées lors de la mise en œuvre des mesures. A ce
jour, il n’existe pas encore de réglementation compa-
rable en Suisse. Pour notre pays, une carte numérisée des
risques d’érosion a été établie récemment (Friedli 2006,
Prasuhn et al. 2007), mais sa définition (raster)1 ne
convient que pour des évaluations globales au niveau
I n t r o d u c t i o n
L’érosion entraîne la perte de la précieuse substance
constituant la couche arable et peut polluer les eaux par
de la terre, des éléments nutritifs ou des substances dan-
gereuses. Le maintien de la fertilité du sol est dans l’inté-
rêt de toute exploitation agricole. Malgré cela, les consé-
quences de l’érosion sont souvent considérées comme
un problème non prioritaire. Pourtant, le législateur
engage les agriculteurs à protéger leurs terres de l’éro-
sion. L’Ordonnance sur les atteintes portées au sol (Osol)
fixe des valeurs indicatives à propos de l’érosion du sol
dans les terres assolées, et l’Ordonnance sur les paie-
ments directs (OPD) exige la prise de mesures dans les
terres assolées qui subissent régulièrement des dégâts
L'érosion du sol porte préjudice à sa fertilité. (Photo: ART)
Carte à haute résolution du risque d'érosion au raster 2×2 m (CRE2) | Environnement
149
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 148–155, 2011
La carte à haute résolution du risque d'éro-
sion (CRE2) de la surface agricole utile de
Suisse montre le risque potentiel d’érosion
en se basant sur des paramètres locaux tels
que le relief, le sol et les précipitations.
Toutefois elle ne tient pas compte de l'occu-
pation des terres (terre assolée, herbage ou
vignoble), ni du mode d'exploitation. Les
zones très exposées d'une parcelle ou d'une
colline, par exemple un talweg, sont très
bien identifiées sur la carte. La pertinence de
cette carte a été confirmée par la cartogra-
phie de dégâts d'érosion dans le terrain, des
comparaisons avec d'autres cartes du risque
d'érosion ainsi que des entretiens avec des
agriculteurs. En tout, 44 % de la surface
agricole utile en zone de plaine est classée
comme potentiellement menacée par
l'érosion sur la base du raster 2×2m. Cepen-
dant, 38 % de toutes les surfaces de plaine
sont occupées par des prairies permanentes
et sont, de ce fait, peu menacées par l'éro-
sion. Actuellement, il n’existe pas de carte
numérisée des terres assolées, ce ne permet
pas de dissocier les terres assolées des
prairies permanentes. La CRE2 offre désor-
mais une base unifiée, valable pour toute la
Suisse, permettant de situer les risques
potentiels d'érosion à l'échelle de la parcelle.
Les agriculteurs et services de vulgarisation
cantonaux peuvent ainsi identifier à temps
les surfaces présentant un risque potentiel
d’érosion et prendre ensemble, sur le terrain,
les mesures nécessaires. Une vérification sur
le terrain du risque d'érosion défini par le
modèle reste toutefois indispensable.
national, et non pour établir des plans d’intervention
au niveau de la parcelle. C’est pourquoi une carte à
haute définition des risques d’érosion au raster de 2×2 m
(CRE2) a été établie sur mandat de l’Office fédéral de
l’agriculture OFAG (Gisler et al. 2010). La carte et le
modèle de construction devaient répondre aux critères
suivants:
•• bases scientifiques reconnues;
•• uniforme pour toute la Suisse, dans la mesure du
possible;
•• comparable à des cartes du même type utilisées dans
d'autres pays de l'UE;
•• numérisée et basée sur le système SIG;
•• programme librement accessible et largement
répandu;
•• aussi simple que possible, avec des données utilisables
directement;
•• bien acceptée par les utilisateurs et la pratique dans la
mise en œuvre;
•• haute définition, pour être utilisable à l'échelle de la
parcelle.
La CRE2 doit permettre d’identifier les zones menacées
par l’érosion. En outre, les informations détaillées qu’elle
contient doivent renseigner sur les mesures à prendre en
cas de risque avéré. La CRE2 est un outil de travail pour
les agriculteurs comme pour les autorités. Cependant,
elle ne remplace pas une appréciation détaillée sur le
terrain.
M é t h o d e s
Le modèle d’érosion AVErosion
Pour calculer les quantités de terre qui peuvent être
potentiellement érodées, le logiciel AVErosion 1.0 a été
utilisé - une extension librement disponible du logiciel
ESRI GIS ArcView 3.x (Schäuble 2005). Le modèle a été
développé par Schäuble (1999); il est actuellement uti-
lisé par la Landesanstalt für Landwirtschaft de Thuringe
(TLL) dans le cadre d’un projet d’éco-conditionnalité
(Bischoff et Gullich 2009). En Suisse, ce modèle a été
testé dans le cadre de deux travaux de diplôme (Chisholm
2008 et Gisler 2009). AVErosion calcule, sur la base de
l’équation universelle modifiée de l’érosion (Modified
Universal Soil Loss Equation, MUSLE), la quantité de
terre érodée en moyenne pluriannuelle (A) en multi-
pliant les paramètres suivants:
1Le raster est un mode de numérisation de l'espace à partir d'une carte, basé sur
une grille de pixels de taille régulière; il est aussi appelé mode matriciel ou
mode maillé.
R = Précipitations et facteur de ruissellement; érosivité
des pluies
K = Sensibilité du sol à l’érosion
L = Longueur de la pente
S = Inclinaison de la pente
C = Couverture du sol et mode de travail du sol
P = Prévention de l’érosion
Pour les paramètres liés au relief (L et S), AVErosion se
base sur l’ensemble du bassin versant concerné; ainsi,
toutes les cellules 2×2 m du raster des parcelles adja-
centes sont prises en compte, les changements de pente
également. La démarche repose sur le principe du Unit
Environnement | Carte à haute résolution du risque d'érosion au raster 2×2 m (CRE2)
150 Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 148–155, 2011
Contributing Area Concept et utilise des algorithmes à
flux multiples, contrairement à l’équation classique de
l’érosion qui repose sur le Regular Slope Concept et uti-
lise des algorithmes à flux unique. Ainsi, le cours de l’eau
dans les cuvettes (talweg) est mieux représenté. AVEro-
sion nécessite cinq groupes de données:
•• raster parcellaire (unité de calcul)
•• modèle altimétrique numérisé
•• raster avec les données du facteur R
•• raster avec les données du facteur K
•• raster avec les données du facteur C.
Raster des parcelles et blocs de parcelles
Le raster des parcelles circonscrit la surface à calculer.
A l’intérieur des limites définies, les facteurs sont géné-
rés et pris en compte pour le calcul du risque d’érosion.
Le raster des parcelles peut comprendre des parcelles
cultivées, des blocs de parcelles, des unités cadastrales,
des fractions de parcelles ou toute autre surface délimi-
tée. Pour la CRE2, les blocs de parcelles ont été choisis.
Un bloc de parcelles est une surface agricole homogène
dont les limites clairement identifiables sur le terrain
sont relativement stables (forêt, route, surface urbani-
sée, cours d’eau, etc.). Un bloc de parcelles peut être
exploité par un ou plusieurs agriculteurs. Il peut donc
être composé de différentes soles culturales et unités
cadastrales, et peut réunir différents types d’utilisation
du sol (terre assolée avec ses multiples cultures, herbages
permanents, vigne). Un bloc de parcelles correspond à
une sorte de bassin versant hydrologique fermé, dans
lequel toutes les cellules du raster peuvent être reliées
sur le plan hydrologique (pour autant que la pente le
permette) et peuvent ainsi s’influencer les unes les autres
au niveau de l’érosion. D’autres blocs de parcelles ou
d’autres surfaces hors du bloc concerné ne peuvent pas y
influencer l’écoulement des eaux ni l’érosion. L’arrivée
d’eaux externes n’entre pas dans le cadre de ce modèle.
La taille minimale d’un bloc de parcelles a été fixée à
25 ares (exception: la vigne). Les surfaces inférieures à
cette valeur ont été exclues des calculs.
Les blocs de parcelles ont été définis à partir de la
carte Vector25, selon une démarche uniforme pour
toute la Suisse. Le jeu de données de Vector25 est le
modèle numérique du paysage de tout le territoire; il
est construit à partir de la carte nationale au 1:25 000,
pixellisée et complétée par des données photogrammé-
triques. Il comporte neuf couches thématiques; celles
que l’on nomme couches primaires comprennent les sur-
faces agricoles utiles. Avec les jeux de données numé-
Figure 1 | Exemples de représentation des facteurs S (inclinaison de la pente), L (longueur de pente et dimension du bassin versant), K (sensibilité du sol à l'érosion) et R (érosivité des précipitations). La multiplication de ces facteurs débouche sur le risque potentiel d'éro-sion (voir fig. 2 et 3).
Echelle CantonSurface
(ha)
Surface (%) de SAU prise pour la
CRE2
1:5000 AG 1428
1:5000 BL/BS 17 890
1:5000 GL 990
1:5000 LU 4011
1:5000 SO 9020
1:5000 ZG 8782
1:5000 ZH 64 080
Total 1:5000 106 203 12,0
1:10 000 LU 3925
1:10 000 SG 35 469
Total 1:10 000 39 395 4,4
1:25 000 LU 17 307
Total 1:25 000 17 307 2,0
1:50 000 TG 44 396
1:50 000 GE 11 261
Total 1:50 000 55 658 6,3
Total couvert par les cartes des sols 218 564 24,7
SAU totale de la CRE2 886 661
Tableau 1 | Cartes des sols détaillées et numérisées utilisées pour calculer le risque d'érosion
Niedrig Hoch
Einzugsgebietsgrösse
Niedrig Hoch
Hangneigung
Niedrig Hoch
NiederschlagserosivitätBodenerodierbarkeit
Niedrig Hoch
Inclinaison de la pente S Longueur de la pente L
Sensibilité du sol à l'érosion K Erosivité des pluies R
faible forte courte longue
faible élevée faible élevée
mètres mètres
mètres mètres
Carte à haute résolution du risque d'érosion au raster 2×2 m (CRE2) | Environnement
151Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 148–155, 2011
riques disponibles actuellement, il n’est pas possible de
différencier les terres assolées et les prairies perma-
nentes. Au total, 180 920 blocs de parcelles ont été défi-
nis. Leur surface moyenne est de 5 ha et la valeur
médiane de 2,4 ha.
Modèle altimétrique numérique DTM-AV
Le DTM-AV utilisé est un modèle numérique de terrain
appartenant aux services officiels de mensuration (swiss-
topo). Il a été constitué entre 2000 et 2007 à l’aide d’un
Airborne Laser Scanning. A partir des données brutes
(données points), un modèle tramé avec un raster 2×2m
a été extrapolé. En terrain ouvert, sa précision est de
± 50 cm. Le DTM-AV couvre toute la Suisse jusqu’à une
altitude de 2000 m. Le modèle altimétrique est à la base
du calcul des facteurs L et S du modèle de l’érosion; c’est
lui qui détermine la taille des cellules du raster 2×2m
(fig. 1). Sa haute définition permet de bien mettre en
évidence des petites structures qui ont aussi leur impor-
tance par rapport à l’érosion, comme des cuvettes ou des
talus.
Raster avec les facteurs R, K et C
Le raster des facteurs R reflète l’érosivité des pluies,
soit la répartition des précipitations dont l’énergie est
capable de provoquer de l’érosion; il a été repris de
Friedli (2006) sans modification (fig. 1).
Le raster des facteurs K montre la sensibilité des sols
à l’érosion. Il est construit à partir de la carte des fac-
teurs K de Friedli (2006) et complété par les informations
provenant de cartes numérisées des sols cantonaux
(fig. 1). Les cantons ont été priés de fournir leurs cartes
numérisées des sols. Les données de ces différentes
cartes concernant la granulométrie, la teneur en humus
et la proportion de pierres, ont permis de calculer la sen-
sibilité des sols à l’érosion. Cependant, seul un quart des
surfaces prises dans les calculs étaient étayées par des
données pédologiques détaillées (tabl. 1). Pour le reste
Classe DescriptionValeur (S x L x K x R)
Représentation
1 Pas de risque d'érosion 0–30 vert
2 Risque d'érosion 30–55 jaune
3 Risque d'érosion élevé >55 rouge
Tableau 2 | Classes de risque d'érosion hydrique de la CRE2 basées sur les prescriptions contenues dans l'ordonnance allemande sur les obligations à remplir pour les paiements directs.
Figure 2 | Extrait de la CRE2 avec une classification à 3 niveaux (même extrait que pour les fig 1 et 3).
Risque d'érosion
1 Pas de risque
2 Risque d'érosion
3 Risque d'érosion élevé
0 250 500mètres
des surfaces, les facteurs K dérivés de la carte des apti-
tudes des sols au 1:200 000 (Prasuhn et al. 2010) ont été
utilisés.
Territoire couvert par le calcul de la CRE2
Le territoire couvert par les calculs comporte toutes les
surfaces agricoles des zones de plaine et de collines,
selon l’étagement des zones agricoles; ces deux zones
sont désignées en tant que région de plaine. Dans un jeu
de données étendu, les zones de montagne I et II ont été
ajoutées. Les zones de montagne III et IV ainsi que la
zone des alpages ont été exclues des calculs. Tout
d’abord, les surfaces non agricoles comme la forêt, les
zones urbanisées, les lacs et cours d’eau, les routes, les
haies, etc. ainsi que les surfaces en vergers ou en cultures
maraîchères, ont été exclues de ce territoire à l’aide du
jeu de données Vector25. Des bandes tampon le long
des routes, des aquifères, des haies et des forêts ont éga-
lement été écartées. Finalement, la zone couverte par les
calculs correspond à une surface de 886 661 ha, soit 84 %
de l’ensemble de la surface agricole utile de la Suisse.
Limites des classes de la CRE2
En Allemagne, l’ordonnance sur les obligations à remplir
pour les paiements directs (DirektZahlVerpflV) vise la
protection des sols contre l’érosion hydrique selon le
principe de l’éco-conditionnalité. Les Länder avaient
jusqu’au 01.07.2010 pour définir le degré de sensibilité à
l’érosion de toutes les terres assolées et pour communi-
quer le résultat de cette classification aux exploitants.
Les classes de risques sont décrites dans l’annexe 1 de
cette ordonnance. La détermination des facteurs S, L, R
et K doit être faite selon la norme DIN19708 (2005). La
CRE2 reprend cette classification allemande (tabl. 2).
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Les résultats des calculs du risque d’érosion sont propo-
sés sous deux formes. La première carte contient les
niveaux de risque correspondant aux trois classes décrites
dans le tableau 2. Elle fournit un aperçu rapide de la
situation dans l’extrait sélectionné de la carte (fig. 2). Le
Environnement | Carte à haute résolution du risque d'érosion au raster 2×2 m (CRE2)
152 Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 148–155, 2011
jeu de données, qui peut être consulté en arrière-plan
pour chaque bloc, ne contient pas de valeurs absolues
sur les quantités de terre potentiellement érodables; il
indique seulement les classes de risque. Il permet cepen-
dant des mises en valeur statistiques pour n’importe
quel extrait sélectionné de la carte. A l’aide du Système
d’Information Géographique (SIG), on peut par exemple
calculer facilement la surface relative de chacune des
trois classes pour une parcelle, un bloc de parcelles ou
une commune.
La seconde carte contient en arrière-plan le jeu de
données d’origine, avec les valeurs absolues des pertes
de sol potentielles pour chaque cellule du raster. La
répartition en neuf classes est dérivée des données du
tableau 2, par les valeurs indiquées et les teintes choisies.
Cette classification permet une représentation plus
détaillée et, par là, une bonne identification des causes
de risques au niveau de la parcelle (fig. 3 et 5).
Aperçu de la CRE2
La carte de la figure 4 donne un aperçu du risque poten-
tiel d’érosion selon la modélisation en neuf classes, pour
l’ensemble de la surface agricole utile de la zone de
plaine en Suisse. Le risque d’érosion, calculé d’après la
moyenne pluriannuelle des quantités potentielles de
terre érodée en t/ha/an, a été échelonné en neuf classes.
Les classes et les teintes ont été adaptées d’après les
niveaux définis plus haut (tabl. 2). Pour la Suisse, les sur-
faces actuellement occupées par les terres assolées (prai-
ries temporaires incluses) atteint 405 214 ha, auxquels
s’ajoutent 13 084 ha de vignoble. Le 90 % de ces surfaces
(377 567 ha) est situé en zone de plaine (USP 2009). Pour
cette raison, les zones de montagne 1 et 2 sont absentes
de la figure 4, bien qu’elles aient été également calcu-
Figure 3 | Extrait de la CRE2 avec une classification en 9 niveaux pour la quantité potentielle de terre érodée (même extrait que pour les fig. 1 et 2).
0 250 500mètres
Risque d'érosionen t/(ha*a)
< 20
20 – 30
30 – 40
40 – 55
55 – 100
100 – 150
150 – 250
250 – 500
> 500
Figure 4 | Carte des risques d'érosion (CRE2) en neuf classes sur les surfaces agricoles utiles de Suisse situées en zone de plaine. Cette carte montre le risque potentiel sans tenir compte de l'occupation des surfaces ni du mode d'exploitation.
Risque d'érosion en t/(ha*a)
< 20
20 – 30
30 – 40
40 – 55
55 – 100
100 – 150
150 – 250
250 – 500
< 500
0 40 80km
Carte à haute résolution du risque d'érosion au raster 2×2 m (CRE2) | Environnement
153Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 148–155, 2011
lées. La surface agricole utile représente 606 233 ha pour
la plaine, dont 38 % sont des prairies permanentes et
62 % des terres assolées ou de la vigne. Il y a lieu d’en
tenir compte dans l’interprétation des résultats. Le 56 %
des surfaces modélisées ont été considérées comme
n’étant pas menacées par l’érosion, 12 % sont potentiel-
lement menacées et 32 % potentiellement fortement
menacées. Une part importante des surfaces classées
comme potentiellement fortement menacées sont
situées dans la zone intermédiaire entre la zone de
plaine et la zone de montagne. D’importantes surfaces y
sont exploitées en prairies permanentes, ce qui réduit
sensiblement le risque d’érosion réel.
Validation de la CRE2
La validation du modèle AVErosion a été réalisée avec
les résultats des mesures récoltées à Frienisberg durant
10 ans sur 203 parcelles pour la cartographie des dégâts
dus à l’érosion (Prasuhn 2010). Une concordance satis-
faisante a été constatée, plus particulièrement pour les
parcelles présentant un risque potentiel d’érosion élevé.
Figure 5 | Extrait de la CRE2 pour un bloc de parcelles situé dans une cuvette orientée selon la ligne de plus grande pente (lignes noires = limite des blocs de champs). Les profils longitudinaux et transversaux permettent de caractériser la cuvette. La struc-ture en cuvette est bien reconnaissable sur la CRE2 par le risque d'érosion élevé qui l'affecte.
La validité du modèle a également été testée dans
d’autres régions, notamment dans la région d’Esta-
vayer-le-Lac et en Haute Argovie, par Ledermann et al.
(2010). La cartographie des dégâts dus à l’érosion y a
été conduite durant deux ans: les éléments cartogra-
phiés correspondent bien aux prévisions du modèle,
particulièrement dans les talwegs. La comparaison
visuelle entre la CRE2 et les cartes indicatives au 1:25 000
des risques d’érosion dans les sols des cantons de
Soleure, Lucerne et Genève montre à nouveau une
bonne à très bonne concordance. Frey et al. (2010) ont
utilisé AVErosion dans quatre exploitations très diffé-
rentes. Tous les agriculteurs ont trouvé que les résultats
étaient corrects et ils les ont admis comme tels. Par
ailleurs, et avec une autre approche, Noll et al. (2010)
ont évalué les risques d’érosion dans les régions
d’Avenches (VD) – où des observations de terrain sur les
dégâts d’érosion étaient disponibles – et dans la région
du Boiron de Morges (VD). Ils les ont comparés aux pré-
visions du modèle CRE2 et constaté une très bonne cor-
respondance.
Risque d'érosion en t/(ha*a) Hillshade du DTM-AV (swisstopo)
< 20
20 – 30
30 – 40
40 – 55
55 – 100
100 – 150
150 – 250
250 – 500
< 500
Profil bleu Profil noir
Unités en mètres Unités en mètres
569,5569
568,5568
567,5567
566,5
595590585580575570565560
0 10 20 30 40 50 60 70 200 150 100 50 0
154
Environnement | Carte à haute résolution du risque d'érosion au raster 2×2 m (CRE2)
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 148–155, 2011
risque d’érosion qui présente effectivement les formes
d’érosion typiques, ainsi que la correspondance avec
l’extrait de la CRE2. D’autres exemples sont mentionnés
par Gisler et al. (2010).
Indications à l’intention des utilisateurs
Même dans un modèle comme Universal Soil Loss Equa-
tion, validé et très utilisé au niveau mondial, la réalité est
toujours rendue abstraite et simplifiée. Il en résulte que
l’évaluation du risque potentiel d’érosion de la CRE2
peut parfois ne pas être juste. Il se peut que des régions
figurant sur la carte comme étant sans risque subissent
en réalité des dégâts d’érosion, ou que des régions subis-
sent des dégâts encore plus forts que mentionnés par la
carte. Cela peut être dû à des arrivées d’eau extérieures
au périmètre, provenant de routes, de drainages défec-
tueux, ou de résurgences. D’autre part, de nombreuses
surfaces classées comme potentiellement exposées à
l’érosion dans la CRE2 sont déjà l’objet de mesures cultu-
rales adéquates (prairie permanente, travail de conser-
vation du sol, etc.) permettant de maîtriser l’érosion.
Une vérification de chaque bloc de parcelles modélisé
dans le terrain est fortement recommandée.
Perspectives
Des travaux complémentaires pour améliorer la CRE2
pourraient consister à différencier les prairies perma-
nentes des terres assolées. Une différenciation des rota-
tions culturales et des techniques de travail du sol en
connaissant les méthodes d’exploitation permettrait de
nuancer le facteur C dans l’équation de l’érosion du sol
en fonction du type d’utilisation actuel et, ainsi, d’éva-
luer le niveau de risque effectif. Plus tard, une interface
avec le réseau des eaux pourrait être intégrée afin de
pouvoir évaluer les atteintes possibles par l’érosion des
sols. n
Possibilités d’interprétation de la CRE2
Le risque d’érosion étant conditionné dans une large
mesure par la topographie du terrain, il est possible
d’obtenir une bonne approche du relief réel à partir de
la carte. Cela permet de savoir s’il y a un risque d’érosion
et pourquoi. Pour interpréter la représentation gra-
phique du risque potentiel d’érosion de la CRE2, il est
utile de se poser les questions suivantes: où se trouvent
les cuvettes? Quel est en gros le relief du terrain? Où
trouve-t-on des pentes concaves ou convexes? Dans
quelle direction l’eau s’écoule-t-elle? Où se trouvent les
haies et talus? De telles structures peuvent souvent être
identifiées dans la CRE2 avec beaucoup de détails per-
mettant une première analyse des causes.
Exemple d’une cuvette
Les cuvettes sont des dépressions du terrain qui canali-
sent les eaux, puis les évacuent (ce qu’on appelle le
talweg). Les masses d’eau qui convergent vers les
cuvettes augmentent l’énergie de l’écoulement et par
conséquent le facteur L. De tels compartiments de ter-
rain sont donc considérés comme à haut risque d’érosion
(fig. 5, à gauche). La structure en cuvette (profil bleu),
avec la pente longitudinale qui lui correspond (profil
noir) aboutissent à cette évaluation. Pour ces structures
typiques et facilement identifiables sur la CRE2, une véri-
fication de la situation dans le terrain est vivement
recommandée car elles sont souvent le lieu d’impor-
tantes pertes de terre (érosion de talweg). D’autres
exemples de structures de terrain facilement identi-
fiables sont mentionnés par Gisler et al. (2010).
Comparaison avec des cas d’érosion réels
La comparaison entre photo et carte montre comment
se représenter un extrait de la CRE2 dans la réalité du
terrain. La figure 6 montre une portion de pente à fort
Figure 6 | Comparaison entre les dégâts d'érosion photographiés et le risque d'érosion calculé de la CRE2. La cuvette avec l'érosion en talweg est bien représentée par le modèle. (Photo: Thomas Ledermann, CDE Uni Berne)
Risque d'érosionen t/(ha*a)
< 2020 – 3030 – 4040 – 5555 – 100100 – 150150 – 250250 – 500> 500
155
Carte à haute résolution du risque d'érosion au raster 2×2 m (CRE2) | Environnement
Ria
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Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 148–155, 2011
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Erosion risk map in a 2×2-meter grid (ERM2)
The high-resolution erosion risk map (ERM2) of
Switzerland’s utilised agricultural area shows
potential erosion risk based on the locational
factors of relief, soil and precipitation – irrespective
of particular land use (arable land, permanent
grassland or vines) or crop management. Areas at
high risk of erosion within a plot or on a hillside,
such as talwegs for example, are easy to identify on
the map. Erosion damage mapping in the field,
comparisons with other erosion risk maps and
discussions with farmers have confirmed the
validity of the map. Altogether, 44 % of the utilised
agricultural area in the valley region was classified
as a potential erosion risk on the basis of a
2×2-meter grid. 38 % of all the land in the valley
region is used as permanent grassland, however,
and to this extent poses no real erosion risk. A
digital map of arable land is not currently available,
so the land could not be broken down into arable
and permanent grassland. ERM2 now provides a
standard basis for assessing the potential erosion
risk on plot scale for the whole of Switzerland. It
enables farmers and cantonal advisors to identify in
advance the land at risk of potential erosion, assess
it jointly in situ and plan the requisite action. It
remains essential, however, to carry out a field
inspection of the erosion risk modelled.
Key words: soil erosion, erosion risk map,
modeling.
Carta ad alta risoluzione del rischio di erosione
con reticolo a celle di 2×2 m (CRE2)
La carta ad alta risoluzione del rischio di erosione
(CRE2) della superficie agricola utile della Svizzera
mostra il potenziale rischio di erosione, basandosi
su fattori locali quali rilievo, suolo e precipitazioni,
indipendentemente dalla forma di utilizzazione
(superficie campicola, prato permanente o
vigneto) e di gestione. Sulla carta possono essere
identificate distintamente le zone fortemente a
rischio di erosione all'interno di una parcella o su
un pendio, come per esempio i thalweg. La
pertinenza della CRE2 è stata confermata dalla
cartografia sul campo dei danni provocati dall'ero-
sione, dai confronti con altre carte sul rischio di
erosione e dai colloqui intrattenuti con gli
agricoltori. Sulla base di un reticolo a quadrati di
2×2 metri è stato classificato come potenzial-
mente a rischio d'erosione, il 44 % della superficie
agricola utile in zona di pianura. Tuttavia, il 38 %
di tutte le superfici in pianura è sfruttato come
superficie permanentemente inerbita e non è,
pertanto, a rischio reale di erosione. La CRE2
rappresenta una base unificata, valida per tutta la
Svizzera per individuare potenziali rischi di
erosione a livello di parcellare. Essa consente ad
agricoltori e consulenti cantonali di intervenire
tempestivamente in caso di rischio di erosione, di
condurre una valutazione comune sul campo e di
prendere eventuali misure. Una verifica sul campo
del rischio di erosione rilevato sulla base di
modelli resta, tuttavia, indispensabile.
156 Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 156–161, 2011
L’écoulement des eaux sur les surfaces herbagères intensives entraîne un important ruissellement de phosphore. (Photo: ART)
I n t r o d u c t i o n
Les produits phytosanitaires (PP) utilisés dans l’agricul-
ture et les éléments fertilisants, notamment le phos-
phore (P) et l’azote (N), peuvent s’écouler en dehors des
parcelles par ruissellement ou lessivage et venir contami-
ner les eaux. Les PP peuvent perturber les organismes
sensibles qui vivent dans les eaux et un apport excessif
d’éléments fertilisants entraîne l’eutrophisation des lacs.
Les sédiments issus de l’érosion des sols peuvent colma-
ter le fond des eaux, c’est-à-dire boucher les pores et
détruire ainsi les zones de reproduction des poissons.
L’agriculture recherche des mesures pour limiter la
contamination des eaux; des mesures qui soient à la fois
très efficaces, peu coûteuses, et qui entraînent le moins
de restrictions possibles de la production agricole. La
thèse selon laquelle seule une petite partie d’un bassin
versant contribue à l’écoulement pendant des précipita-
tions (Hewlett et Hibbert 1967) ouvre donc des perspec-
tives intéressantes. Comme les substances contaminant
les cours d’eau sont essentiellement transportées par
l’eau, il est relativement évident que la pollution des
eaux par des substances étrangères est également due à
une partie seulement du bassin versant. Ce concept
offre la possibilité d’agir de manière ciblée sur un petit
nombre de surfaces déterminées et d’obtenir une amé-
lioration considérable de la contamination des eaux,
sans imposer de charges supplémentaires à l’ensemble
des surfaces agricoles.
Dans la littérature scientifique, cette thèse est large-
ment répandue. Les surfaces avec un gros potentiel de
pertes sont appelées «surfaces contributrices» (critical
source areas, contributing areas ou hydrologically sensi-
tive areas). Les surfaces sont déclarées «contributrices»,
lorsqu’elles sont hydrologiquement actives et reliées au
réseau hydrographique et qu’il existe en plus une source
de substances lessivables.
Le risque de perte de substances dépend largement
du mode d’exploitation appliqué. On distingue le risque
actuel, qui dépend de l’assolement, de la fumure, du
travail du sol et d’autres facteurs similaires, du risque
potentiel, spécifique au site (sol, relief, climat, réseau
hydrographique).
L’Office fédéral de l’environnement OFEV a mandaté
Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et l'Eawag pour
étudier dans quelle mesure les connaissances actuelles
permettent d’utiliser le concept de surfaces contri-
butrices pour les éléments fertilisants, les produits phy-
tosanitaires et l’érosion dans l’agriculture suisse, dans le
but de minimiser la contamination des eaux par des
sources diffuses. Afin d’appliquer le concept dans la vul-
garisation agricole et le contrôle, les surfaces contri-
butrices doivent pouvoir être déterminées de manière
fiable avec les données disponibles. C’est pourquoi les
instruments utilisés pour identifier les surfaces contri-
Martin Frey1, Nadine Konz2, Christian Stamm1 et Volker Prasuhn2
1Eawag, 8600 Dübendorf2Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich
Renseignements: Christian Stamm, e-mail: [email protected], tél. +41 58 765 55 65
Identification des surfaces qui contribuent démesurément à la pollution des eaux
E n v i r o n n e m e n t
Identification des surfaces qui contribuent démesurément à la pollution des eaux | Environnement
157
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 156–161, 2011
Les sédiments issus de l‘érosion ainsi que le
ruissellement de produits phytosanitaires et
d’éléments fertilisants provenant de l’agriculture
polluent nos cours d’eau. Différentes études de
terrain indiquent que les surfaces dont sont issues
ces émissions sont limitées dans l’espace. Le
phosphore, les produits phytosanitaires et les
sédiments contaminent les eaux principalement à
la suite d’un écoulement rapide qui se produit sur
un petit pourcentage de la surface agricole. Ces
surfaces dites contributrices représentent en
moyenne environ 20 % de la surface agricole. C’est
pour l’érosion que le concept de surfaces contri-
butrices est le mieux défini, car les sédiments sont
très faciles à identifier après des précipitations.
Pour le phosphore, ce concept est surtout utilisé à
l’étranger, mais n’est confirmé que par un petit
nombre de mesures. Les données sont encore plus
rares pour les produits phytosanitaires. Le concept
ne convient pas pour l’azote. Il existe différents
instruments pour identifier les surfaces contri-
butrices. Dans cette étude, quelques-uns de ces
instruments ont été testés dans quatre exploita-
tions. Les agriculteurs ont estimé que l’identifica-
tion des surfaces contribuant à l’érosion était
réaliste. Les surfaces contributrices de l’érosion et
du ruissellement ne se recoupent souvent pas.
L’identification des surfaces contributrices est
limitée par le manque d’informations géogra-
phiques. La Suisse ne dispose d’informations sur
les sols avec une résolution suffisamment élevée
que pour un petit nombre de zones.
butrices sont indiqués, ainsi que les bases de données
nécessaires. Ces instruments ont été appliqués à titre
exemplaire dans quatre exploitations tests. Ces expé-
riences ont permis d’établir des recommandations quant
à la marche à suivre à l’avenir.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Instruments permettant de cartographier les surfaces
contributrices
Modèle d’érosion AVErosion
Les modèles de pronostics sont les plus avancés dans le
domaine de l’érosion. Il existe un grand nombre d’études
sur l’évaluation de ces outils. Des approches simples per-
mettant d’estimer les surfaces contributrices sont basées
sur l’équation universelle des pertes de sol (Universal
Soil Loss Equation, USLE). Le modèle AVErosion, actuelle-
ment employé en Suisse, en est inspiré. Il a permis d’éta-
blir une carte des risques d’érosion à haute résolution
pour tout le territoire (Gisler et al. 2010).
Indice P
Il existe également différents outils pour calculer les pertes
de phosphore des surfaces contributrices. L’indice P, déve-
loppé aux Etats-Unis, est très répandu et est utilisé
aujourd’hui sous une forme adaptée dans de nombreux
pays (Gburek et Sharpley 1998). Il permet de classer les
caractéristiques spatiales relatives au risque de transfert et
aux sources de phosphore en catégories de risques, à les
pondérer et à les assembler. L’indice obtenu peut être uti-
lisé pour comparer la vulnérabilité de différentes parcelles.
Produits phytosanitaires
A ce jour, il n’existe pas d’indices pour les pertes de pro-
duits phytosanitaires du même type que l’indice P.
Comme les processus de transfert du phosphore et des
produits phytosanitaires sont très similaires, il est pos-
sible de se référer aux expériences faites dans le domaine
du phosphore. Les surfaces présentant des risques poten-
tiels de ruissellement des produits phytosanitaires sont
des surfaces hydrologiquement actives. Il existe plusieurs
approches pour différencier ce type de surfaces (Agnew
et al. 2006; Srinivasan et McDowell 2009). La méthode
consistant à subdiviser le risque de transfert en un risque
d’écoulement dû à la saturation et un risque d’écoule-
ment lié à un dépassement de la capacité d’infiltration
est très prometteuse. Le risque dû à la saturation est
représenté par l’indice topographique (Beven et Kirkby
1979), qui reflète la situation dans le relief et le risque lié
à l’infiltration par la carte pédologique. Sur la base d’in-
formations sur les sols et le relief, une méthode similaire
permet d’établir quels processus d’écoulement (domi-
nant runoff processes, DRP) sont à craindre, et où
(Schmocker-Fackel et al. 2007). Les surfaces présentant
un risque de ruissellement pour les produits phytosani-
taires réagissent rapidement et déclenchent un écoule-
ment en surface ou par des drainages. En Suisse, il existe
déjà une carte DRP complète pour le canton de Zurich.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Réflexions sur la dynamique et le bilan massique
Des mesures sur le terrain montrent que le phosphore, les
produits phytosanitaires et les sédiments se déversent prin-
cipalement dans les eaux pendant les gros écoulements. Ce
sont surtout les processus d’écoulement rapides (ruisselle-
ment en surface ou transport par pores grossiers dans les
drainages) qui sont en cause. Ces processus se produisent
de manière isolée géographiquement. Au contraire, l’azote
gagne les eaux de surface principalement avec l’écoule-
ment de base alimenté par les eaux souterraines.
Environnement | Identification des surfaces qui contribuent démesurément à la pollution des eaux
158 Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 156–161, 2011
A partir de réflexions simples sur le bilan massique,
il est possible d’estimer grossièrement l’extension mini-
male des surfaces contributrices pour les différents
éléments. Des mesures effectuées dans les bassins hydro-
logiques montrent que souvent de grandes quantités –
parfois plus de 30 % de la quantité d’azote utilisée dans le
bassin hydrologique – peuvent être retrouvées dans l’ef-
fluent. Pour le phosphore en revanche, les pertes sont
généralement de l’ordre de 3 à 5 % seulement, et pour les
produits phytosanitaires, elles étaient même souvent en-
dessous de 1 % de la quantité épandue. Le ruissellement
de phosphore et de produits phytosanitaires peut donc
se limiter à une petite partie du bassin hydrologique.
Pour l’azote par contre, la surface contributrice est sans
doute relativement grande. La contamination par l’azote
est donc un problème de surface, qui ne peut souvent pas
être résolu par un management adapté appliqué à une
petite partie de la zone.
Analyse des études de terrain disponibles
Erosion
Il n’est pas facile d’attribuer les pertes de matières mesu-
rées dans l’effluent à des surfaces contributrices dans le
bassin versant. C’est avec l’érosion que l’identification
réussit le mieux, car les traces de ce phénomène sont
encore bien visibles après des précipitations (fig. 1).
L’étude longue durée sur l’érosion dans la région de Frie-
nisberg montre que la partie de la surface touchée par
l’érosion représentait en moyenne environ 16 % par an
(Prasuhn et al. 2007). Si l’on considère les évènements
d’érosion individuellement, le pourcentage était sou-
vent nettement plus faible. A l’échelle mondiale, les
études sur l’érosion fournissent des valeurs semblables
ou plus basses. Si l’on tient compte du lien avec des cours
d’eau, le pourcentage de surfaces contributrices diminue
encore considérablement, car de petites barrières topo-
graphiques suffisent déjà à retenir l’entrée des sédi-
ments dans les eaux.
Phosphore
Contrairement à l’érosion, les pertes de matières dis-
soutes sont pratiquement impossibles à retracer, car il ne
reste plus aucune trace du processus de transport. Il
n’existe donc que peu d’études de terrain confirmant
empiriquement le concept de surfaces contributrices.
Différentes études sur le ruissellement du phosphore en
Pennsylvanie (USA) sont néanmoins intéressantes.
Comme chez nous, les pertes de phosphore ont lieu pen-
dant un petit nombre de fortes précipitations. En géné-
ral, l’écoulement se forme principalement à partir du
ruissellement superficiel sur des surfaces saturées situées
le long des cours d’eau (Gburek et Sharpley 1998). Le
phénomène est amplifié si des précipitations impor-
tantes tombent sur un sol dont la teneur en eau est déjà
élevée. Pour les écoulements moyennement importants
qui se produisent chaque année, le pourcentage des sur-
faces contributrices était d’environ 20 %. Ces surfaces
étaient responsables d’environ la moitié des pertes
totales de phosphore pendant une série de mesures de
dix ans. Pour deux évènements extrêmes, toute la zone a
pratiquement contribué au ruissellement.
Produits phytosanitaires
La variation géographique des pertes de produits phyto-
sanitaires a été analysée intensivement dans la région
du lac de Greifen. Les mesures ont montré que 76 % des
pertes provenaient des champs de maïs d’un sous-bassin
versant, qui représentent 44 % de la surface cultivée en
maïs dans l’ensemble du bassin versant (Leu et al. 2004).
Une autre étude dans la même région a permis de cerner
plus précisément encore les surfaces contributrices
(Gomides Freitas et al. 2008), montrant que sur quelques
ares d’une même parcelle, les pertes pouvaient être
jusqu’à 30 fois plus élevées que sur le reste de la parcelle.
Ces études ont prouvé que les liaisons hydrologiques
entre les différentes parties d’une parcelle et le système
hydrologique sont décisives (Frey et al. 2009). Des bar-
rières topographiques de petite envergure peuvent ainsi
Figure 1 | Les «surfaces contributrices» à la contamination des eaux du fait de l’érosion du sol sont faciles à cartographier sur le terrain. Ri-gole d’érosion qui aboutit dans une ravine et via cette dernière, dans les cours d’eau. (Photo: Thomas Ledermann, CDE Université de Berne)
Identification des surfaces qui contribuent démesurément à la pollution des eaux | Environnement
159Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 156–161, 2011
eaux et le nombre de mesures est généralement limité.
Pour les pertes de phosphore, il faut distinguer le phos-
phore particulaire du phosphore dissous. Le phosphore
particulaire est un élément du sol qui a été érodé, tandis
que le phosphore dissous est lessivé dans la phase
aqueuse et est déterminant pour l’eutrophisation des
cours d’eau. Comme les prévisions relatives à l’érosion
sont très avancées, il est possible d’identifier les surfaces
à risque pour le transport de phosphore particulaire.
Produits phytosanitaires: pour les produits phytosani-
taires, les prévisions de risque effectuées dans cette étude
reposent sur l’indice topographique Topoindex et sur la
méthode DRP. Les surfaces contributrices calculées de cette
manière sont plausibles. Les données disponibles sur les
pertes de produits phytosanitaires permettent seulement
une évaluation qualitative des approches. Les prévisions de
risques selon les deux méthodes (Topoindex et DRP) sont
représentées à titre d’exemple dans la figure 4 pour un
petit bassin versant de la région «Weinland» zurichoise.
Application dans les exploitations tests
Les outils ont été employés dans quatre exploitations
tests en Suisse. Les pronostics d’érosion ont été réalisés à
l’aide du modèle AVErosion, les prévisions relatives au
phosphore à l’aide de l’indice P de Pennsylvanie et les
prévisions concernant les produits phytosanitaires à
l’aide de l’indice topographique et de la méthode DRP.
Afin de vérifier la plausibilité des prévisions, nous avons
fait appel aux expériences des agriculteurs, car ils
connaissent généralement très bien leurs parcelles en ce
qui concerne la saturation du sol par l’eau et l’érosion.
La qualité de la prévision des surfaces contributrices
dépend en grande partie des données utilisées. La Suisse
dispose d’un modèle digital de terrain couvrant tout le
territoire avec un quadrillage de 2×2 mètres. Les don-
nées relatives à l’affectation des sols sont également de
bonne qualité (Vector25, statistique de superficie). Par
empêcher que les produits phytosanitaires lessivés ne
gagnent les cours d’eau. Dans la région étudiée, seul un
tiers de la surface était relié avec les cours d’eau (fig. 2).
L’eau retenue se réinfiltrait dans le sol. Dans les sols drai-
nés, une partie peut arriver dans les cours d’eaux par l’in-
termédiaire des macropores et du drainage.
Dans l’ensemble, selon la littérature scientifique, le
concept de surfaces contributrices pour l’érosion, les
pertes de phosphore et de produits phytosanitaires,
peut être confirmé empiriquement. Les données dispo-
nibles indiquent que dans de nombreux cas, environ
80 % des pertes proviennent d’environ 20 % de la sur-
face. Pour l’azote par contre, le problème concerne
généralement l’ensemble de la surface.
Evaluation des outils disponibles
Erosion: afin d’estimer la précision du modèle d’érosion
AVErosion, les pronostics du modèle ont été comparés
avec les séries de mesures d’érosion effectuées pendant
dix ans sur 203 surfaces de la région de Frienisberg. Le
système a permis d’identifier les surfaces à risque de
fortes pertes par érosion.
Phosphore: pour l’évaluation des différents indices
de P, la quantité de données disponibles est nettement
moins bonne que pour l’érosion. C’est ce que montre
notre analyse à partir d’études publiées, résumée dans
la figure 3. La figure montre la fiabilité des indices P
pour identifier les surfaces contributrices, définies ici
comme 20 % des surfaces affichant les taux de pertes les
plus élevées. Les études sur des parcelles tests ne consi-
dèrent généralement que l’influence de la teneur du sol
en phosphore et de la fertilisation, mais pas la qualité
des prévisions relatives au risque de transport. Divers
travaux indiquent que les incertitudes sont considé-
rables à ce niveau. La connectivité avec les eaux est sou-
vent totalement négligée. Il n’existe pratiquement
aucune mesure à l’échelle des parcelles connectées à des
Figure 2 | Le chemin forme une barrière topographique qui empêche l’eau ruisselant à la surface du champ de s’écouler dans le ruisseau à droite de la route. (Photo: Martin Frey, Eawag)
P total P dissous
AUC
0.5
0.6
0.7
0.8
0.9
1.0
NA NA NA NA NA NA
Modèle parfait
Modèle sansintérêtinformatif
*
**Différences de risque
de transport incluesdans les prévisions
Figure 3 | Evaluation des différents indices pour le phosphore total et le phosphore dissous sur la base des études publiées dans la littérature. NA: aucune valeur disponible; AUC: un label de quali-té de la prévision (Area under the curve).
160
Environnement | Identification des surfaces qui contribuent démesurément à la pollution des eaux
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 156–161, 2011
contre, les données relatives au sol sont très hétéro-
gènes (par exemple, échelles allant de 1:5000 à
1:200 000). Dans toutes les régions, l’étude s’est appuyée
sur les meilleures informations disponibles pour les sols.
Les prévisions de l’érosion dans l’espace ont été jugées
tout à fait réalistes par les agriculteurs. Les prévisions de
risques avec l’indice P utilisé sont très liées à l’érosion. De
bonnes prévisions de l’érosion permettent donc de faire
des pronostics réalistes pour les surfaces exposées au
transport de phosphore particulaire. Les parcelles avec
ruissellement de phosphore dissous sont cependant
sous-évaluées dans l’indice P utilisé. Pour les surfaces
classées à risque pour le ruissellement de produits phyto-
sanitaires, il n’y a apparemment pas eu de mauvaise
répartition si l’on se réfère aux connaissances des agri-
culteurs sur la saturation de leur sol par l’eau et les ruis-
sellements éventuellement observés pendant des préci-
pitations.Avec des données pédologiques à haute résolution,
la méthode de l’indice topographique et la méthode
DRP donnent des résultats similaires quant aux surfaces
à risque de pertes de produits phytosanitaires (compa-
rer avec la figure 4). Lorsque les données pédologiques
sont insuffisantes, la différenciation spatiale est très
limitée avec la méthode DRP. Les informations topogra-
phiques suffisent à identifier la répartition dans l’es-
pace des écoulements superficiels sur les surfaces satu-
rées, mais pas à identifier les écoulements superficiels
limités par le phénomène d’infiltration. Pour détermi-
ner de telles surfaces, il faut des données pédologiques
de qualité. Ces prévisions restent cependant très incer-
taines, car elles dépendent beaucoup du mode d’ex-
ploitation. La comparaison des surfaces contributrices
pour l’érosion, le phosphore et les produits phytosani-
taires montre qu’elles ne se recoupent généralement
pas. L’érosion et le transport particulaire ont lieu en
général dans des terrains à pente raide, tandis que le
ruissellement se produit surtout au pied des pentes, là
où le terrain est plat.
C o n c l u s i o n s
Application pratique
Pour l’érosion, les pertes de phosphore et de produits phytosa-
nitaires, les surfaces contributrices peuvent être mises en évi-
dence empiriquement. En matière d’exploitation des surfaces,
il faut donc veiller à prendre des mesures spécifiques afin de
limiter la contamination des eaux par des substances diffuses.
La carte à haute résolution des risques d’érosion, dis-
ponible depuis peu pour la surface agricole utile suisse,
constitue une étape importante dans cette procédure
(Gisler et al. 2010). Elle fournit des résultats fiables per-
mettant une évaluation relative du risque d’érosion.
Pour le phosphore et pour les produits phytosani-
taires également, les méthodes disponibles peuvent
aider à prévoir les surfaces contributrices. Les cartes de
risques conviennent très bien pour visualiser le pro-
blème. Il est toutefois nécessaire de les adapter aux
conditions spécifiques de la Suisse.
Parallèlement au développement de ces méthodes, il
est important d’améliorer l’état des données servant à
caractériser les propriétés du sol. Toutes les méthodes de
pronostic des surfaces contributrices ont besoin d’infor-
mations plus précises sur les sols des parcelles. A ce jour,
de telles données ne sont disponibles en qualité suffisante
que pour un petit nombre de surfaces en Suisse. Actuelle-
ment, il n’existe aucune carte pédologique appropriée
pour plus de la moitié de la surface agricole utile de la
Suisse. Une carte digitale détaillée au 1:5000 n’est dispo-
nible que pour 12 % de la surface. Quant aux cartes digi-
tales au 1:10 000, il n’en existe que pour 4 % des surfaces.
Les études réalisées dans quatre exploitations tests
ont montré que les surfaces contributrices de l’érosion et
du ruissellement ne se recoupent pas forcément, ce qui
rend difficile de pratiquer un mode d’exploitation spéci-
fique aux surfaces contributrices. L’adaptation de la struc-
ture des parcelles dans le cadre d’une collaboration inter-
exploitations pourrait permettre de tenir compte de ce
type de surfaces dans la pratique agricole. n
Figure 4 | Prévisions du risque de contamination des eaux par les produits phytosanitaires avec la méthode Topoindex (à gauche) et la méthode DRP (à droite).
Méthode Topoindex Méthode DRPRisquetrès faiblefaiblemoyenélevétrès élevé
500 m
161
Identification des surfaces qui contribuent démesurément à la pollution des eaux | Environnement
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 156–161, 2011
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Identificazione di aree che contribuiscono in
modo sproporzionato all'inquinamento delle
acque
Le immissioni di sedimenti dovute all'erosione
e al convogliamento di prodotti fitosanitari e
sostanze nutritive provenienti dall'agricoltura
inquinano i nostri corsi d'acqua. Diversi studi
sul campo evidenziano che queste immissioni
provengono da aree circoscritte. In particolare
il fosforo, i prodotti fitosanitari e i sedimenti
giungono nei corsi d'acqua principalmente a
causa del rapido ruscellamento che interessa
aree ristrette delle superfici agricole. Queste
aree a rischio, le cosiddette critical source areas
(CSA), rappresentano mediamente il 20 per
cento circa della superficie totale. La migliore
prova empirica delle CSA esiste in relazione
all'erosione, dove le perdite possono essere
osservate in seguito a precipitazioni. Per il
fosforo questo concetto è ampiamente diffuso
soprattutto all'estero, ma è confermato solo da
poche misurazioni Ancor meno dati sono
disponibili per i prodotti fitosanitari. Il con-
cetto non è adatto per quanto concerne
l'azoto. Per identificare le CSA si può ricorrere
a diversi strumenti. Ne abbiamo testati alcuni
in quattro aziende. Gli agricoltori hanno
valutato realistica soprattutto l'identificazione
di aree che contribuiscono all'erosione. Le CSA
per l'erosione e quelle per il convogliamento
spesso non coincidono. L'identificazione di
queste aree è limitata dalle scarse informazioni
territoriali. Cartine dei suoli con una risolu-
zione sufficientemente elevata in Svizzera
sono disponibili solo per poche regioni.
Identification of critical source areas for diffuse
water pollution
Input into streams due to erosion and runoff of
pesticides and nutrients from agricultural fields
pose a threat to our water bodies. Field studies
indicate that these losses originate from limited
parts of a given catchment. This holds especially
for fine sediments, pesticides and phosphorus,
which are mainly transported by fast flow
processes that are generated only on certain
locations. These critical source areas (CSAs) seem
to cover in many cases about 20 % of the total
area. The best empirical evidence for CSAs exists
for erosion, where losses can be observed after
an erosive event. For P losses, the concept is also
used fairly wide-spread in many countries
outside Switzerland. However, the empirical data
base supporting the concept is rather limited.
Even less data exist for pesticides. For nitrogen,
the CSA concept is not appropriate. For identify-
ing CSA in space, several tools are available. We
have tested some of them on four different test
farms. The risk areas for erosion agreed well
with the field experience of the local farmers.
The risk areas for runoff and erosion did not
overlap in many situations. Identifying risk areas
in Switzerland is in many situations severely
hampered by the coarse soil maps that are
available.
Key words: critical source area, water pollution,
phosphorus, pesticides, soil erosion.
162 Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 162–169, 2011
I n t r o d u c t i o n
L’offre en azote (N) est un facteur limitant dans la consti-
tution du rendement des cultures agricoles. De ce fait,
l’apport d’azote détermine dans une large mesure le
rendement des plantes. Une partie de l’azote introduit
dans l’agriculture rejoint la matière organique des pro-
duits végétaux et animaux ou celle des sols. Une autre
partie est, aux yeux de l’agriculture, improductive et per-
due – soit sous forme d'azote élémentaire (N2), non pro-
blématique pour l’environnement, soit dans des formes
nuisibles à l’environnement comme l’ammoniaque (NH3),
le nitrate (NO3), le protoxyde d’azote (N2O) ou les oxydes
d’azote (NOx) (OFAG, 2008). L’agriculture est, au niveau
suisse, la principale émettrice de trois de ces formes
d’azotes nuisibles à l’environnement: l’ammoniaque, le
nitrate et le protoxyde d’azote. Par conséquent, l’agri-
culture porte une responsabilité particulière pour
réduire les émissions azotées nuisibles à l’environne-
ment, parmi lesquelles l’ammoniaque et le nitrate sont
les plus importantes, d’un point de vue purement quan-
titatif (fig. 1).
Protection de l'environnement, bien-être des animaux, rentabilité et réduction de la charge de travail; il n'existe malheureusement aucune mesure de réduction des émissions azotées qui influence positivement tous ces objectifs. Dès lors, l'application d'une mesure exige toujours une étude préalable de tous ses effets.
Simon Peter, Institute for Environmental Decisions IED, ETH Zurich
Renseignements: Simon Peter, e-mail: [email protected], tél. +41 44 632 48 28
Développement des émissions azotées dans l’agriculture jusqu’en 2020
E n v i r o n n e m e n t
Développement des émissions azotées dans l’agriculture jusqu’en 2020 | Environnement
163
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 162–169, 2011
Lacunes existantes
L’Office fédéral de l’environnement OFEV et l’Office
fédéral de l’Agriculture OFAG ont formulé, pour l’agri-
culture, des objectifs environnementaux dans divers
domaines importants, qui découlent de lois, d’ordon-
nances, d’accords internationaux ou de décisions du
Conseil fédéral. Le rapport Objectivs environnementaux
pour l'agriculture (OFEV/OFAG 2008) démontre qu’il
existe, précisément dans le domaine des émissions azo-
tées agricoles, des lacunes parfois importantes entre les
objectifs environnementaux fixés légalement et la situa-
tion actuelle. Pour l’ammoniaque par exemple, les émis-
sions générées par l’agriculture devraient presque être
divisées par deux, passant d‘environ 48 kt N actuelle-
ment (Kupper et al. 2009) à 25 kt N (OFEV/OFAG 2008),
pour éviter une incidence nuisible substantielle dans les
écosystèmes sensibles. Les objectifs pour la fraction
nationale de nitrate comportent également des lacunes
importantes.Vu cette situation, l’OFAG a mandaté le groupe
d’économie agraire, alimentaire et environnementale
de l’EPFZ pour effectuer une étude quantitative (Peter
et al. 2010). Le travail doit fournir des bases décision-
nelles pour définir des objectifs intermédiaires dans le
domaine de l’azote qui pourraient être visés de manière
réaliste en 2020. Ceci en considérant les objectifs envi-
ronnementaux de l’agriculture (OEA) à long terme,
ainsi que les coûts générés et les conséquences pro-
bables sur la production agricole.
L’agriculture est la principale émettrice
d’ammoniaque, de nitrate et de protoxyde
d’azote – trois liaisons azotées réactives. Elle
porte donc une responsabilité particulière
dans la réduction des émissions azotées
nuisibles à l’environnement. D’autant plus
que les lacunes sont parfois importantes
entre les objectifs environnementaux fixés
par les textes de loi et la situation actuelle.
Cet article établit les objectifs intermédiaires
agro-écologiques dans le domaine de l’azote
qui peuvent être visés pour 2020. Dans
l’étude menée, des mesures de réduction
d’ordre technique et organisationnel ont été
implémentées dans un modèle d’allocation
agro-économique. Ce modèle a permis de
calculer le potentiel d’une réduction des
émissions dans l’agriculture ainsi que ses
coûts spécifiques pour le secteur. Les résul-
tats montrent que les mesures choisies dans
le cadre du programme sur l’utilisation
durable des ressources naturelles de la «PA
2011» permettent d’espérer une réduction
maximale d’environ 10 % des émissions
d’ammoniaque, de nitrate et des autres
émissions azotées nuisibles à l’environne-
ment. Sans mesures additionnelles, des
réductions supplémentaires ne semblent
atteignables que par l’extensification et le
recul de la production, engendrant d’impor-
tants effets indésirables sur le revenu
agricole. Dès lors, les objectifs intermédiaires
à fixer pour 2020 dépendent largement du
potentiel de mesures de réduction supplé-
mentaire réalisables encore non considérées
jusqu’à présent. L’atteinte des objectifs
formulés à long terme devrait rester encore
longtemps un défi pour la recherche, la
politique et la pratique.
47,5 (52%) 37,7 (41%)
3,2 (4 %) 2,5 (3 %)
Ammoniaque
Nitrate
Protoxyde d‘azote
Oxydes d‘azote
Figure 1 | Pertes d’azote nuisibles à l’environnement dans l’agriculture suisse en 2007. Source: Kupper et al. (2009) et calculs personnels (Peter et al. 2010).
Environnement | Développement des émissions azotées dans l’agriculture jusqu’en 2020
164 Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 162–169, 2011
M a t é r i e l e t m é t h o d e
Modèle
Le modèle d’allocation agro-économique S_INTAGRAL
(Peter 2008) a été utilisé pour les considérations quantita-
tives. Ce modèle prend en compte les activités impor-
tantes de la production végétale et animale, ainsi que la
dynamique spécifique au système de l’agriculture (par
exemple le développement de la capacité des écuries ou
des effectifs d’animaux, les bilans d’affourragement et de
fumure, etc.). Le modèle a été complété avec un choix de
mesures de réduction techniques et organisationnelles,
afin d’évaluer leur potentiel de réduction sur le plan
national (par exemple utilisation de rampe d’épandage à
pendillards). Le calcul des émissions se base pour l’ammo-
niaque sur la méthodique développée par la HESA (Kup-
per et al. 2009) et, pour les nitrates, sur l’approche spéci-
fique aux cultures d’Agroscope ART (Braun et al. 1994),
qui intègre divers facteurs de correction pour des para-
mètres d’influence supplémentaires (par exemple cultures
dérobées ou pâture; Spiess et Prasuhn 2006).
Mesure Indicateur
Degré d‘application
2000 2007 2020
Worst Référence Best
Épandage à tuyaux souples (pendillards)
Part de l’épandage à tuyaux souples
[% du lisier] 9% 13% 25% 38% 58%
Fourrage à faible concentration en azote (N) et phosphore (P) (Fourra-ges NPr)
Part de fourrages NPr dans la production porcine
[% de l‘effectif] 0% 47% 70% 80% 95%
Couverture du creux à lisier
Part couverte (solide/perf.) [% du lisier] 84% 82% 83% 84% 88%
Part ouverte [% du lisier] 16% 18% 16% 13% 7%
Part couverture flottante [% du lisier] 0% 0% 1% 3% 5%
Dilution du lisierDilué 1:1 [% du lisier] 100% 100% 100% 100% 100%
Dilué 1:2 ou 1:3 [% du lisier] 0% 0% 0% 0% 0%
Système d’écurie pauvre en NH3
Stabulation libre pauvre en NH3 pour vaches
Porcherie pauvre en NH3
[% des stabulations libres]
0% 0% 5% 10% 15%
[% des porcheries] 0% 0% 10% 15% 20%
Epandage du lisierLa journée
Le soir (après 18h00)
[% du lisier] 84% 81% 90% 85% 80%
[% du lisier] 16% 19% 10% 15% 20%
Incorporation du fumier
Jusqu’à 1 jour après l’épandage
Après plus d’1 jour après l’épandage
[% du fumier] 21% 24% 21% 29% 40%
[% du fumier] 79% 76% 79% 71% 60%
Système d’écuries du bétail laitier Part de stabulations libres et de stabulations entravées
Développements endogènes au modèle, dé-pendant des conditions cadres économiques
Gestion des pâtures Part de non pâture, de pâture partielle ou de pâture intégrale
Utilisation d’aliments concentrés Part de 6 %, 20 % ou 30 % du besoin en énergie (bétail laitier)
Performance laitière Part de 5000 kg, 7000 kg ou 9000 kg de la performance annuelle
Cultures dérobées Surfaces cultivées
Tableau 1 | Mesures prises en compte pour réduire les émissions d’ammoniaque et estimation du degré d’application. Source: Peter et al. (2010)
Prix et paiements directs
Les résultats du modèle se basent sur un scénario où les
prix des produits agricoles restent stables par rapport à
aujourd’hui. Les paiements directs s’orientent sur le sys-
tème «PA 2011». Par conséquent, dans la présente ana-
lyse, aucune réflexion actuelle sur le développement du
système des paiements directs (DPD) n’est prise en
compte.
Choix des mesures
L’ensemble des mesures techniques et organisation-
nelles considéré dans le modèle (tabl. 1) correspond à
peu près au catalogue de mesures du programme sur
l’utilisation durable des ressources naturelles de la «PA
2011» pour la réduction des émissions d’ammoniaque.
Cela signifie que toutes les mesures discutées dans la
littérature (par exemple Keck et. al 2006) n’ont pas été
prises en compte, soit parce qu’elle ne sont pas encore
applicables dans la pratique, soit parce qu’il manque
encore une base de données suffisantes pour les carac-
tériser.
Développement des émissions azotées dans l’agriculture jusqu’en 2020 | Environnement
165Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 162–169, 2011
(maximum technical feasible reduction, mtfr), mais
l’augmentation maximale du degré d’application des
mesures prises en compte jusqu’en 2020 que l’on peut
admettre. C’est un élément important pour interpréter
les résultats du modèle.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Développement des émissions
Le scénario Best Case (fig. 3) montre un recul des émis-
sions d’ammoniaque de 11 % ( 5,3 kt N) en 2020 par rap-
port à 2007. Cependant, seuls 3,9 kt NH3-N de ce recul
sont à attribuer aux mesures de réduction. Les 1,4 kt res-
tants (25 % du recul des émissions) sont engendrés par le
léger recul de l’effectif bovin dû aux progrès de la géné-
tique dans la production laitière jusqu'à 2020. Les émis-
sions de nitrate ne sont guère influencées par les mesures
considérées, car ces dernières influencent avant tout les
émissions d’ammoniaque. Pour cette raison, le flux de
nitrate reste, dans tous les scénarios, à environ 33,5 kt
NO3-N (diminution de 4 kt ou 10 % par rapport à 2007).
Le recul des émissions de nitrate s’explique par i) la
baisse des surfaces de cultures des céréales fourragères
et du maïs grain, ii) l’augmentation des surfaces de com-
pensation écologique et iii) la diminution de l’utilisation
Pour réduire les émissions de nitrate, il n’existe pratique-
ment pas de mesure technique simple comme l’épan-
dage à pendillards. Ici, le moyen le plus efficace est
d’adapter la production agricole (gamme des produits)
de manière adéquate (par exemple moins de grandes
cultures, davantage de cultures dérobées, utilisation
plus extensive des prairies).
Application des mesures
Comme le degré d‘application en 2020 des mesures choi-
sies contient certaines incertitudes, les experts tech-
niques de l’OFAG et de la HESA ont défini trois scénarios
avec différents degrés d’application (tabl. 1). Pour sim-
plifier, le scénario Référence admet un développement
temporel linéaire pour chaque mesure prise en compte.
C’est le développement qui semble actuellement le plus
probable, en considérant les incitations du programme
sur l’utilisation durable des ressources naturelles. Le scé-
nario Worst Case envisage une augmentation pessimiste
des mesures de réduction choisies, et le scénario Best
Case une diffusion optimiste de ces mesures à l’horizon
2020 (fig. 2, exemple pendillards).
La figure 2 montre le degré d’application de l’épandage
à pendillards. Le scénario Best Case ne représente pas le
potentiel de mise en pratique technique maximale
Figure 2 | Degré d’application de l’épandage à pendillards dans le scénario Référence, Best Case et Worst Case. Source: Peter et al. (2010)
20202000 2007
Année
50%
100%
75%
25%
Référence
Deg
rés
d’ap
plic
atio
n de
s m
esur
es
Best Case
Worst Case
maximum technicalfeasible reduction(mtfr = 100 %)
Environnement | Développement des émissions azotées dans l’agriculture jusqu’en 2020
166 Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 162–169, 2011
des engrais minéraux liée à la baisse des surfaces de
grandes cultures. Ainsi, la somme des pertes azotées nui-
sibles à l’environnement baisse également d’environ
11% (-9,5 kt N). Au total, la différence entre les émissions
azotées nuisibles à l’environnement des trois scénarios
est minime. Cela provient du fait que les hypothèses
concernant le degré d’application des mesures fixées
dans les scénarios Worst Case et Best Case s’écartent peu
des hypothèses du scénario Référence (tabl. 1).
La baisse relativement faible (-10 %) des émissions en
2020 s’explique par différents éléments:
•• Certaines mesures applicables en pratique et écono-
miques sont déjà appliquées actuellement, à un degré
parfois élevé (83 % des creux à lisier sont couverts,
50 % des fourrages sont NPr, les rampes à pendillards
sont utilisées pour 13 % du lisier, etc.).
•• Le potentiel d’application est inférieur à 100 % en
raison des contraintes topographiques, agronomiques
et organisationnelles (par exemple rampes à pen-
dillards, épandage du lisier le soir, incorporation
immédiate du fumier, mise en pâture limitée en raison
du manque d’arrondissement).
•• La tendance à la conversion des stabulations entravées
en stabulations libres, indésirable du point de vue des
émissions d’azote, devrait se poursuivre à l‘avenir.
•• Certaines mesures ne peuvent pas être entreprises
soudainement à des coûts raisonnables, mais unique-
ment lors du renouvellement des capacités de produc-
tion (par exemple construction d’écuries pauvres en
émissions).
Coûts de réduction
Comme les objectifs à long terme de réduction des émis-
sions selon l’OFEV/OFAG (2008) dépassent largement
une réduction de 10 %, une analyse de sensibilité a per-
mis de calculer à quels coûts une telle réduction pouvait
être atteinte en 2020. Pour cela, les coûts de réduction
marginaux, exprimés en perte de revenu par unité
d’azote, ont été calculés.
Le tracé des coûts de réduction sur la figure 4 montre
que, jusqu‘à un recul de 10 %, les émissions d’ammo-
niaque peuvent être réduites plus avantageusement
(3 – 12 CHF/kg N) que les émissions de nitrate (10 – 12 CHF/
kg N). En effet, les émissions d’ammoniaque peuvent
être réduites à meilleur marché par les mesures de
Figure 3 | Développement des émissions dans les scénarios Référence, Worst Case et Best Case. Source: Peter et al. (2010)
46,5 44,6 43,3 41,2
37,7 33,4 33,6
33,8
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
2007 2020: Worst-Case
2020: Referenz
2020: Best-Case
Emis
sion
s az
otée
s nu
isib
les
à l’e
nviro
nnem
ent [
kt N
]
Protoxyde d’azote et oxydes d’azote Nitrate (NO3
) Ammoniaque (NH3
)
Worst Case Référence Best Case
Développement des émissions azotées dans l’agriculture jusqu’en 2020 | Environnement
167Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 162–169, 2011
investissement plus faible en travail et en capital ainsi
que par des paiements directs plus importants que pour
les grandes cultures. De ce fait, la stratégie choisie de
réduire les émissions de nitrates engendre une baisse
plus faible du revenu agricole et des coûts de réduction
plus faibles qu’une diminution équivalente des émis-
sions d’ammoniaque.
C o n c l u s i o n s
Sans mesures techniques supplémentaires, une réduc-
tion substantielle des émissions de plus de 10 % par rap-
port à 2007 semble être accessible uniquement par une
extensification et un recul de la production. A partir de
ce constat, les approches et technologies de réduction
supplémentaires discutées dans la littérature prennent
une importance centrale. En effet, la forte hausse des
coûts de réduction dans le domaine de l’ammoniaque
peut être retardée par des mesures additionnelles ou
non considérées dans ce travail, d’autant plus si elles
sont peu coûteuses et avec un potentiel d’application
technique élevé. Pour évaluer ce potentiel supplémen-
taire, il est nécessaire de continuer la recherche, avec
pour prochaine étape l’établissement d’une base de
données complète et homologuée concernant le poten-
tiel et les coûts de réduction de ces mesures.
réduction considérées, tandis qu’il n’existe aucune
mesure à disposition pour réduire les émissions de
nitrate. Cependant, dès que le potentiel des mesures de
réduction d’environ 10 % est épuisé, dans le secteur de
l’ammoniaque, les coûts de réduction augmentent
beaucoup plus rapidement que ceux du nitrate et attei-
gnent presque 80 CHF/kg N pour une réduction de 40 %
des émissions. Cela représente une perte de 600 mio
CHF/année pour l’ensemble du secteur. Par contre, les
coûts de réduction d’une baisse de 40 % des émissions
de nitrate n’atteignent que 20 CHF/kg N, soit 200 mio
CHF par année.
Dès que le potentiel des mesures considérées dans le
domaine de l‘ammoniaque est épuisé, une réduction
supplémentaire des émissions d’ammoniaque est plus
coûteuse qu’une réduction des émissions de nitrate.
Cela s’explique par le fait que, pour poursuivre la réduc-
tion des émissions d’ammoniaque, il faudrait démante-
ler une partie de la production animale à forte valeur
ajoutée (effectifs bovins et/ou porcins), ce qui génère-
rait des pertes de revenu. Au contraire, les émissions de
nitrate peuvent être réduites de manière plus avanta-
geuse. Cela se produit dans le modèle où des surfaces de
grandes cultures intensives en émissions de nitrate sont
converties en prairies plus extensives en azote. L’exploi-
tation de prairies extensives est caractérisée par un
0
10
20
30
40
50
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70
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47 46 45 44 43 42 41 40 39 38 38 37 36 35 34 33 32 31 30 29 28,6
35 35 34 33 33 32 31 31 30 29 29 28 27 27 26 25 25 24 23 23 22
Coût
s de
rédu
ctio
n m
argi
naux
[C
HF/k
g N
]
Niveau d'émission [en % et en kt N/a](100% = situation 2020, sans l'utilisation de technologie]
Ammoniaque Nitrate
Figure 4 | Coûts sectoriels marginaux d’une réduction des émissions d’ammoniaque et de nitrate. Source: Peter et al. (2010)
168
Environnement | Développement des émissions azotées dans l’agriculture jusqu’en 2020
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 162–169, 2011
Bibliographie b Braun M., Hurni P. & Spiess E, 1994. Phosphor- und Stickstoffüberschüsse in
der Landwirtschaft und Para-Landwirtschaft. Cahiers de la FAC 18, Liebefeld. b Keck M., Schrade S. & M. Zähner, 2006. Minderungsmaßnahmen in der
Milchviehhaltung. In: Emissionen der Tierhaltung. Messung, Beurteilung und Minderung von Gasen, Stäuben und Keimen. KTBL-Schrift 449, 211–227.
b Kupper T., Bonjour C., Achermann B., Zaucker F., Rihm B., Nyfeler-Brunner A., Leuenberger C. & Menzi H., 2009. Ammoniakemissionen in der Schweiz: Neuberechnung 1990 – 2007. Prognose bis 2020. Etude manda-tée par l’Office fédéral de l’environnement, division Protection de l’air et RNI, section Qualité de l’air, 3003 Berne.
b OFAG 2008. Rapport agricole, Office fédéral de l‘Agriculture, Berne. b OFEV/OFAG, 2008. Objectifs environnementaux pour l‘agriculture – A partir de bases légales existantes. Berne. 221 p
b Peter S., 2008. Modellierung agrarökologischer Fragestellungen unter Be-rücksichtigung struktureller Veränderungen in der Schweizer Landwirt-schaft. Dissertation ETH-n° 17820. ETH Zurich.
b Peter S., Valsangiacomo A. & Weber M., 2010. «Stickstoff 2020» – Mög-lichkeiten und Einschränkungen zur Vermeidung landwirtschaftlicher Stickstoffemissionen in der Schweiz. IAW-Schriftenreihe 2010/4 der Gruppe Agrar-, Lebensmittel- und Umweltökonomie, ETH Zürich.
b Spiess E. & Prasuhn V., 2006. Einfluss der Ökologisierung in der Landwirt-schaft auf den Nitratgehalt des Grundwassers. Bulletin de la Société suisse de Pédologie 29, 21–26.
Le potentiel de mesures supplémentaires est décisif
Il est clair que les objectifs intermédiaires à viser pour
2020 dépendent largement du potentiel supplémentaire
estimé des mesures de réduction non considérées dans
ce travail.
Sans un tel potentiel supplémentaire, une réduc-
tion des émissions doit s’opérer uniquement i) par les
mesures techniques et organisationnelles considerées
dans ce travail et ii) par un ajustement «automatique»
de la production agricole avec la poursuite de la poli-
tique agricole actuelle (moins de cultures fourragères,
plus de prairies extensives). Dans ce cas, les objectifs
intermédiaires à formuler sont plutôt défensifs: une
réduction d’environ 10 % par rapport à 2007 pour les
pertes d’ammoniaque, de nitrate et pour les pertes
totales d’azote nuisibles à l’environnement, suivant les
résultats du scénario Best Case.
Cependant, les objectifs de réduction en 2020 peu-
vent être d’autant plus offensifs si, a) le potentiel des
mesures supplémentaires qui n’ont pas pu être considé-
rées dans ce travail est étendu et b) la diminution admise
de la production agricole augmente (p. ex. incitation à
la diminution de la production dans les régions inten-
sives en production animale).
L’objectif à long terme reste un défi
Même en considérant le potentiel de réduction d’ammo-
niaque des mesures non considérées dans ce travail, il
reste des lacunes importantes pour atteindre les objec-
tifs à long terme de l’OEA (25 kt NH3-N). Peut-être même
trop importantes pour que ces objectifs puissent être
remplis en conservant la production agricole actuelle.
Cela est également valable pour la réduction des émis-
sions de nitrate en l’absence de mesures simples de
réduction techniques ne provoquant pas de conflit d’ob-
jectifs. C’est pourquoi une diminution substantielle des
émissions dans ce domaine n’est accessible principale-
ment qu’avec une forte conversion des surfaces de
grandes cultures et des cultures fourragères en prairies
naturelles. Et cela correspondrait avec une baisse sen-
sible du taux d’auto-approvisionnement dans le domaine
des grandes cultures.
Il est clair qu’il n’existe pas de réponse univoque à la
question de quels sont les objectifs intermédiaires «cor-
rects» pour 2020. En effet, les objectifs à fixer dépen-
dent fortement, en plus du potentiel de réduction des
mesures non considérées, de la façon dont sont appré-
ciés et pesés les intérêts écologiques, agronomiques
et d’économie nationale. C'est pourquoi la définition
d’objectifs intermédiaires concrets dans le domaine
de l’azote restera un objet du développement de la
politique agricole et devrait s’effectuer avec la partici-
pation de toutes les institutions impliquées. n
169
Développement des émissions azotées dans l’agriculture jusqu’en 2020 | Environnement
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 162–169, 2011
Development of agricultural nitrogen
emission until 2020
Agriculture is the main emitter of three
reactive nitrogen (N) compounds: ammo-
nia, nitrate and nitrous oxide. Therefore,
the agricultural sector is especially in
charge for contributing to the mitigation
of environmentally harmful N emissions.
This is even accentuated by the fact that
considerable gaps can be observed
between the long term goals stated by
law and the current situation. In this
article, we investigate which interim
emission targets could be aimed for in the
year 2020. To this end, we implemented
selected mitigation practices into an
already existing agricultural allocation
model. We applied the model in order to
assess the mitigation potential of an
agricultural nitrogen reduction and the
corresponding sector related abatement
cost. Model runs show that only a 10 %
reduction of ammonia, nitrate and the
further N compounds can be expected
until 2020, given the selected measures
within the «Resources program» of the
current agricultural policy regime. Without
any additional mitigation measures,
further emission reductions seem only to
be attainable via an extensification or via
a decline in agricultural production. But
this would go along with undesired impli-
cations on sectoral income. The interim
emission targets to be set for 2020 are
therefore highly depending on the
realizable potential of mitigation practices
that have not been taken into account so
far. However, the achievement of the
stated long-term goals will remain a
challenge for research, policy and praxis.
Key words: nitrogen emissions, mitigation
practices, agriculture, abatement cost.
Previsioni di sviluppo delle emissioni
d’azoto in agricoltura fino al 2020
L‘agricoltura è la principale emittente dei
tre composti azotati reattivi: ammoniaca,
nitrato e protossido d’azoto. Per questo
motivo l’agricoltura ha una responsabilità
particolare e deve preoccuparsi che queste
emissioni siano ridotte, tanto più che in
questo settore vi sono a volte notevoli
lacune tra gli obiettivi imposti dalla legge e
la situazione attuale. Nel presente articolo
è posta la domanda, a quali obiettivi
agroecologici intermedi, nell’ambito delle
emissioni di azoto, sia possibile mirare
entro il 2020. Questo studio ha implemen-
tato in un modello d’allocazione d’econo-
mia agraria, delle misure selezionate di
riduzione nel campo tecnico-organizzativo.
In questo modo è stato possibile calcolare il
potenziale di una riduzione delle emissioni
agricole e i suoi costi conseguenti settoriali-
specifici. I risultati del modello mostrano
che con le misure di riduzione esaminate
nel contesto dei programmi delle risorse
«PA2011», ci si può attendere una riduzione
massima del 10 % d’ammoniaca, nitrato ed
altre importanti emissioni con azoto. Senza
misure aggiuntive, maggiori riduzioni
sembrano essere raggiungibili unicamente
attraverso produzioni meno intensive,
rispettivamente diminuendo la produzione.
Purtroppo, la conseguenza di questa
riduzione provocherebbe un impatto
indesiderato sul reddito dell’agricoltura. Per
questa ragione, la valutazione del poten-
ziale addizionale di misure non ancora
considerate è di grande importanza quando
si definiscono gli obiettivi intermedi per
l’anno 2020. Il raggiungimento degli
obiettivi a lungo termine rimarrà ancora
per molto tempo una sfida per la ricerca, la
politica e la pratica.
170 Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 170–175, 2011
Conditions les plus fréquentes de détention en stabulation libre des vaches laitières en Suisse: stabulation libre à logettes, avec aire d’exercice au sol non perforé et aire d’exercice extérieure en bordure. (Photo: ART)
E n v i r o n n e m e n t
I n t r o d u c t i o n
Tant du point de vue de l’agriculture que de la politique
environnementale, il est urgent de détenir des données
actuelles sur les émissions d’ammoniac (NH3) provenant
de l’élevage des vaches laitières. Ces données servent à
comparer, évaluer et optimiser les systèmes de détention
et à contribuer aux inventaires d’émissions. Pour en
déduire des facteurs d’émissions et établir des calculs
prévisionnels sur les émissions de NH3, il est nécessaire de
connaître la répartition actuelle des systèmes de déten-
tion ainsi que leurs émissions respectives. Afin d’amélio-
rer la base de données sur les émissions de NH3, il importe
d’adapter le concept des mesure et les méthodes analy-
tiques à de futurs systèmes de détention. En outre, pour
assurer la qualité des données, le concept de mesure doit
remplir les exigences qui permettront la déduction de
facteurs d’émissions.
Sy s t è m e s d e d é t e n t i o n d e s b o v i n s
Les informations existantes sur la répartition des sys-
tèmes de détention sont insuffisantes. Diverses sources
livrent des données ponctuelles certes, mais elles sont
trop peu nuancées et parfois contradictoires, comme
lorsque que le nombre d’animaux ne correspond pas au
nombre de places dont ils disposent. Tout d’abord, une
enquête externe a été réalisée auprès d’experts des
Offices cantonaux, d’organisations de consultation, de
différentes entreprises et associations. Ensuite, des
experts de la Station de recherche Agroscope Recken-
holz-Tänikon ART ont été interrogés et l’évolution de la
stabulation entravée et de la stabulation libre a été
déterminée pour chaque catégorie de bovins sur la base
de ces résultats.
Bien que la détention entravée domine encore dans
l’élevage des vaches laitières, la tendance est à la stabu-
lation libre dans toutes les catégories de bovins (fig. 1).
Des troupeaux de plus en plus grands, une meilleure
organisation du travail, des avantages ergonomiques et
la participation croissante aux deux programmes de
garde des animaux «Systèmes de stabulation particuliè-
rement respectueux des animaux» (SST) et «Sorties
régulières des animaux de rente en plein air» (SRPA) ren-
forcent cette évolution. En 2009, 34 % des unités de gros
bétail participant au programme SST étaient des vaches
laitières, ce chiffre atteignant 80 % pour le programme
SRPA (Office fédéral de l’agriculture 2010). Toutefois, le
nombre d’unités de gros bétail dans le programme SRPA
ne permet pas de tirer des conclusions détaillées sur la
répartition de chaque système de détention, ni sur la
surface disponible, la réalisation ou la durée d’utilisa-
tion des aires d’exercice extérieures.
Conditions les plus fréquentes de stabulation libre pour
vaches laitières La caractérisation suivante des systèmes de stabulation
libre adéquats concerne la détention des vaches laitières,
car ces systèmes ont dominé ces dernières années, avec
64 à 73 % des unités de gros bétail de l’effectif bovin.
Sabine Schrade1, Margret Keck1, Kerstin Zeyer2 et Lukas Emmenegger2 1Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen2Empa, 8600 Dübendorf
Renseignements: Sabine Schrade, e-mail: [email protected], tél. 052 368 33 33
Systèmes de détention et concept de mesure des émissions d'ammoniac en cas d’aération naturelle
171
Systèmes de détention et concept de mesure des émissions d'ammoniac en cas d’aération naturelle | Environnement
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 170–175, 2011
Afin d’améliorer la base de données concernant les
émissions d’ammoniac (NH3) issues de la production
bovine, il est nécessaire de définir des systèmes de
détention et un concept de mesure d’émissions
adéquats. Les statistiques et un sondage mené
auprès d’experts montrent qu’en Suisse, les stabula-
tions libres et les aires d’exercice extérieures ont
passé de 5 % des systèmes de détention en 1990 à
40 % en 2010. Selon les experts, la stabulation libre
des vaches laitières se présente le plus souvent sous
la forme d’une étable à un seul bâtiment aéré
naturellement, avec logettes, aires d’exercice au sol
non perforé et une aire d’exercice extérieure en
bordure. Un concept de mesure pour quantifier les
émissions doit permettre de relever les émissions
d’étables à aération naturelle et d’aires d’exercice
extérieures sans influencer l’activité des animaux ou
le climat de l’étable. La méthode Tracer-Ratio est
établie pour effectuer des mesures dans les étables à
aération naturelle. Elle permet de saisir des données
en temps réel dans des conditions authentiques.
Pour en déduire des facteurs d’émissions, il faut réali-
ser ces mesures dans plusieurs exploitations. La large
variation climatique des étables ouvertes se définit
en répartissant systématiquement les mesures sur
l’année. Des mesures recouvrant chaque fois
24 heures, ainsi qu’une haute résolution temporelle,
reflètent les variations au cours de la journée ou les
occurrences de courte durée. Enfin, l’interprétation
de ces données d’émissions nécessite le relevé de
paramètres d’accompagnement adéquats contenant
des informations sur les animaux, l’affouragement,
la détention et la souillure des aires d’exercice, ainsi
que sur la gestion et le climat.
Une estimation d’experts a fourni, en 2006, des données
différenciées sur la répartition des détails liés à la
construction et aux techniques utilisées ainsi que sur cer-
tains aspects de la gestion. Cette estimation a été réalisée
en plusieurs étapes. Tout d’abord, des valeurs ont été
estimées sommairement pour des paramètres importants.
Puis elles ont été soumises à des experts de la Station de
recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et de l’Of-
fice vétérinaire fédéral OVF. Dans une deuxième étape,
des spécialistes en matière de construction d’étables et
de consultation ont validé ces valeurs remaniées.
Selon l’estimation différenciée des experts, les sta-
bulations libres sont principalement des étables à un
seul bâtiment, non isolées thermiquement et aéré natu-
rellement (fig. 2). Si l’aération entre la sablière et le faîte
a dominé jusqu’à présent (60 %), les systèmes ouverts,
avec ventilation faîtière, transversale ou longitudinale,
gagneront en importance à l’avenir. D’où la tendance à
installer une grande part de parois souples (filets brise-
vent, bardages à claire-voies, rideaux) et de façades
ouvertes. Quelque 85 % des vaches laitières en stabula-
tion libre sont détenues dans les logettes, et quelque
90 % ont un accès permanent ou temporaire à une aire
d’exercice extérieure. Les aires d’exercice intégrées dis-
posées entre les cornadis et les logettes sont moins
répandues que les aires d’exercice extérieures en bor-
dure. Les aires d’exercice au sol non perforé dominent
tant dans les aires d’affouragement et de repos que
dans l’aire d’exercice extérieure. Dans les aires d’affou-
ragement et de repos, les aires d’exercice au sol non per-
foré sont nettoyées plusieurs fois par jour à l’aide d’un
racleur (respectivement 70 % et 60 %). Dans les aires
d’exercice extérieures au sol non perforé situées en bor-
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vaches laitères Jeune bétaild‘élevage et
de rente
Vaches mèreset nourrices
Gros bétailà l‘engrais
Veaux àl‘engrais
Part
s d'
anim
aux
[%]
Stabulation libre Stabulation entravée
Figure 1 | Evolution de la proportion des bovins en stabulation entravée et en stabulation libre, sur la base des statistiques (Union Suisse des Paysans 1991 – 2008) et d’une estimation d’experts.
172
Environnement | Systèmes de détention et concept de mesure des émissions d'ammoniac en cas d’aération naturelle
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 170–175, 2011
dure, le lisier est presque toujours évacué à l’aide de
systèmes manuels ou mobiles. Comme les étables ne
sont pas pleinement occupées, 60 % des vaches laitières
disposent de plus d’une place. Dans 90 % des exploita-
tions, la surface totale correspond tout au moins aux
exigences du programme SRPA.
C o n c e p t d e m e s u r e
Données sur les émissions de NH3 pour l’élevage des
vaches laitières
La littérature sur les émissions de NH3 présente une large
variabilité pour les stabulations libres sans aire d’exercice
extérieure et elle ne couvre pas systématiquement les sai-
sons. Les concepts et méthodes de mesure différents,
ainsi que la description insuffisante des conditions de
mesures réduisent la qualité des données et rendent les
valeurs difficilement comparables. Les systèmes de déten-
tion avec aération naturelle et aire d’exercice extérieure
n’ont pas encore été étudiés. Le manque de données sur
les émissions en cas d’aération naturelle et sur des sur-
faces de sources diffuses est principalement dû aux diffi-
cultés de déterminer les taux de renouvellement d’air.
Aperçu des méthodes liées à l’aération naturelle
La quantification des émissions issues des étables passe
par diverses approches citées dans la littérature. La
méthode de différence de pression et la détermination
du débit volumétrique d’air avec ventilateurs de mesure
dans des cheminées d’aération ne conviennent que pour
les étables à ventilation forcée (Mosquera et al. 2005).
Les méthodes de quantification des émissions ou du
débit volumétrique d’air provenant des systèmes de
détention avec aération naturelle se distinguent dans le
principe de mesure et dans la délimitation du secteur de
mesure (tabl. 1).
Les mesures par chambre à flux sont avantageuses,
relativement faciles à appliquer et se prêtent aux mesures
comparatives de courte durée (Hensen et al. 2006). Mais
dans la pratique les valeurs ne sont pas nécessairement
représentatives, car on ne peut tester que des surfaces par-
tielles. En outre, la pose des chambres influence le système
et interrompt l’activité des animaux (Greatorex 2000).
Dans les étables à aération naturelle, le calcul des
taux d’air à l’aide de méthodes basées sur le bilan (cha-
leur, vapeur d’eau) n’est réalisable, selon Pedersen et al.
(1998), que dans les étables isolées thermiquement avec
0% 25% 50% 75% 100%
Disposition
Disposition aired’exercice extérieure
Ventilation
Aire de repos
Logettes
Aired’affouragement
Aire de repos
Aires d’exerciceextérieures
Isolationthermique
Stockage dulisier séparé ou dans l’étable
et sous l’aire d’exercice extérieure
les deux
étable à un bâtiment étable à plusieurs bâtiments
en bordure aucune
aération naturelle logettes
matelas paille-fumier
sol non perforé
sol non perforé
sol non perforé
séparé de l’étable
intégrée
tapis confort
perforé
perforé
perforé
non structurée
existante
ventilation forcée
uniquement au toit
les deux
non perforé et perforé
dans l’étable et sous l’aire d’exercice extérieure
Figure 2 | Disposition et réalisation de stabulations libres pour vaches laitières en Suisse; résultats d’une esti-mation d’experts, indiqués en tant que médiane de la proportion relative de vaches laitières (%).
Concept de mesure• Mesures pour un système de détention dans plusieurs exploitations • Analyses durant plusieurs saisons et dans différentes conditions climatiques • Mesures effectuées sur 24 heures, haute résolution temporelle • Relevé d’importants paramètres d’accompagnement adaptés aux paramètres-cibles
Méthodes de mesure • Méthode Tracer-Ratio• Large plage dynamique de mesures
(de 5 ppb à 20 ppm d’ammoniac) • En ligne (presque constamment)• Technique de mesure robuste et appli-
cable dans l’étable • Protection des installations de mesure
contre les animaux, les intempéries et la saleté
Disposition des mesures • Echantillon représentatif:
haute résolution spatiale, nombreuses tranches temporelles par lieu d’échantil-lonnage
• Concentration de gaz et débit volumé-trique d’air relevés simultanément
• Distinction entre les étables et les aires d’exercice
Figure 3 | Exigences que doivent remplir le concept de mesure, la disposition des mesures et les méthodes pour les stabulations à aération naturelle avec aire d’exercice extérieure.
173
Systèmes de détention et concept de mesure des émissions d'ammoniac en cas d’aération naturelle | Environnement
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 170–175, 2011
tables, des vents faibles et une topographie irrégulière
limitent sérieusement l’application de ces méthodes en
Suisse (Flesch et al. 2005; Mosquera et al. 2005).
La méthode Tracer-Ratio est établie pour quantifier
les émissions diffuses provenant des différentes sur-
faces d’étables à aération naturelle (Greatorex 2000;
Berry et al. 2005). Un débit massique connu d’un gaz
traceur est injecté dans le bâtiment ou à la source
d’émission. Les émissions sont ensuite calculées indirec-
tement à l’aide de la concentration du gaz traceur et de
la loi de la conservation de masse. Il est indispensable
que la source d’émission soit bien représentée par le
gaz traceur et que sa répartition, de la source d’émis-
sion au lieu d’échantillonnage, soit comparable à celui
du NH3.
Concept et disposition des mesures
Afin d’obtenir des valeurs d’émissions significatives pour
modéliser les facteurs d’émission dans les systèmes de
détention à aération naturelle, le concept de mesure
doit répondre aux exigences suivantes (modifié selon
Schrade, 2009):
un large gradient thermique entre l’intérieur et l’exté-
rieur. Pour les étables non isolées thermiquement, le
bilan CO2 peut éventuellement entrer en considération.
Mais la principale difficulté réside dans le relevé des
diverses sources (animaux, aires d’exercice souillées,
aires de repos, fourrage, etc.) et puits (Scholtens et Van’t
Ooster 1994). Plus les ouvertures de l’étable sont grandes
et donc aussi les taux d’échange d’air, plus l’imprécision
est importante. Les méthodes basées sur le bilan ne
conviennent pas pour les systèmes de détention avec
aire d’exercice extérieure ni pour les étables inoccupées.
Les méthodes micro-météorologiques (Eddy corrélation,
Eddy accumulation, méthode de gradients), les méthodes
Fencing et la rétro-modélisation permettent de détermi-
ner les émissions d’un système global, comme une étable
avec aire d’exercice extérieure, stockage du lisier et du
fumier solide. Mais les émissions ne peuvent être diffé-
renciées par secteur. Dans une étude réalisée aux Pays-
Bas, la différence entre les valeurs mesurées et les valeurs
modélisées était énorme (jusqu’à un facteur trois),
notamment dans les petites exploitations (Hensen et al.
2006). En outre, des conditions météorologiques ins-
Méthode Délimitation, principe Evaluation
Technique des chambres à fluxchambre statique(closed chamber)
Chambre dynamique(tunnel aérodynamique, dynamic chamber)
Surfaces partiellesChambre posée hermétiquement sur la surface émettrice; émission calculée basée sur l’augmen-tation de la concentration de gaz et mis en rapport à la surface
Air aspiré à travers la chambre avec un débit volumique défini. Calcul d’émission sur la base de la différence de concentration entre l’air entrant et sortant et du débit.
+ Technique peu coûteuse+ Facile à appliquer− Atteinte au système− Influence de l’activité des animaux− Uniquement surfaces partielles➡ Pas applicable dans la pratique et n’indique pas le niveau d’émission
absolu➡ Uniquement mesures comparatives de courte durée
BilanBilan de CO2
Bilan de vapeur d’eauBilan thermique
EtablesCalcul du débit volumétrique d’air à l’aide du gra-dient de concentration de CO2, vapeur d’eau ou chaleur à l’intérieur et à l’extérieur de l’étable ainsi que leur dégagement théorique par les ani-maux, compte tenu des conditions climatiques
+ Rapidement utilisable+ Peu coûteux− Bilan thermique uniquement réalisable lors de grandes différences de
température entre l’intérieur et l’extérieur − Exige un relevé complet de toutes les sources et de tous les puits − Non fiable➡ Non applicable pour les étables avec de grandes ouvertures ni pour
les aires d’exercice extérieures
Méthode Tracer-RatioDosage d’affaiblissementConcentration constanteDosage constant
Sources diffuses: étable, aire d’exercice exté-rieure, stock d’engrais de fermeSource d’émission représentée à l’aide d’ajouts do-sés de gaz traceurs; calcul des émissions provenant du débit massique de gaz traceurs soumis à des ajouts dosés et du rapport entre la concentration des gaz traceurs et des gaz émis
+ Conditions dans la pratique+ Mesures en temps réel+ Applicable+ Etablie par aération naturelle− Coûts et somme de travail élevés➡ Se prête aux systèmes de stabulation à aération naturelle avec aire
d’exercice extérieure
Rétro-modélisation
Fencing
Micrométéorologie (Eddy corrélation, Eddy accumulation, méthode de gradients)
Système global: étable, aire d’exercice exté-rieure, stock d’engrais de fermeMesure des concentrations ou des gradients en aval de la source et détermination du niveau d’émissions en tenant compte des conditions météorologiques
+ Echelle utilisée dans la pratique+ Rétro-modélisation: peu coûteuse− Fencing: méthode coûteuse− Non appropriée à une topographie irrégulière− Temps stable et vitesses de vent élevées nécessaires− La rétro-modélisation exige une validation− Pas de distinction entre l’étable, l’aire d’exercice extérieure et le lieu
de stockage➡ Seulement applicable pour des sources de forte intensité, des vitesses
de vent élevées et une topographie claire
Tableau 1 | Aperçu des méthodes de détermination des émissions et du débit volumétrique d’air pour aération naturelle et sources diffuses (modifié selon Schrade 2009)
174
Environnement | Systèmes de détention et concept de mesure des émissions d'ammoniac en cas d’aération naturelle
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 170–175, 2011
Bibliographie b Berry N. R., Zeyer K., Emmenegger L. & Keck M., 2005. Emissionen von Staub (PM10) und Ammoniak (NH3) aus traditionellen und neuen Stallsys-temen mit Untersuchungen im Bereich der Mastschweinehaltung. Agroscope FAT Tänikon, Ettenhausen und Empa, Dübendorf, 108 p.
b Flesch T. K., Wilson J. D., Harper L. A. & Crenna B. P., 2005. Estimating gas emissions from a farm with an inverse-dispersion technique. Atmos-pheric Environment 39 (27), 4863–4874.
b Greatorex J. M., 2000. A review of methods for measuring methane, nit-rous oxide and odour emissions from animal production activities. JTI - Institutet för jordbruks- och miljötknik, JTI-rapport Lantbruk & Industri 274, Uppsala, 30 p.
b Hensen A., Groot T. T., van den Bulk W. C. M., Vermeulen A. T., Oelsen J. E. & Schelde K., 2006. Dairy farm CH4 and N2O emissions, from one square metre to the full farm scale. Agriculture, Ecosystems and Environ-ment 112, 146–152.
•• Pour procéder à la déduction des facteurs d’émissions,
il est nécessaire d’effectuer des mesures dans des
exploitations. Les résultats d’essais en laboratoire, à
l’échelle semi-industrielle, sur des surfaces partielles
ou à partir de nouvelles étables propres ou d’étables-
tests, ne sont pas applicables au niveau absolu
d’émissions dans des conditions réelles.
•• Les données d’émissions provenant de mesures
réalisées dans une seule exploitation ne peuvent être
appliquées à un système de stabulation global. Seules
les mesures d’un tel système relevées dans plusieurs
exploitations peuvent fournir des valeurs tolérables
ou démontrer tout au moins l’effet de l’exploitation.
•• Pour tenir compte des variations climatiques d’étables
influencées par le climat extérieur, il est indispensable
de répartir plusieurs mesures sur l’année.
•• Etant donné qu’au cours du jour, les émissions varient
en fonction du climat, de l’utilisation et des activités
de management, les mesures doivent couvrir 24 heu-
res au moins. Une haute résolution temporelle est
souhaitable pour relever les variations durant la
journée, ainsi que les importantes variables
d’influence ou l’effet des occurrences de courte durée.
•• Pour obtenir un échantillonnage représentatif des
étables de grande superficie et de gros volume, une
haute résolution spatiale est indispensable.•• Pour obtenir des données représentatives sur les
émissions provenant d’étables à aération naturelle, avec
un débit d’air dynamique, il s’agit de relever le plus
grand nombre possible de tranches temporelles à chaque
lieu d’échantillonnage en mesurant simultanément les
concentrations de gaz et les débits volumétriques d’air.
•• Une large plage dynamique de mesures est nécessaire
pour relever les faibles concentrations de NH3, par
exemple en cas de basses températures ou de fortes
dilutions, ainsi que les concentrations élevées, comme
pendant l’évacuation du fumier.
•• Comme l’utilisation, les salissures, les conditions
climatiques et le potentiel d’émissions ne sont pas les
mêmes dans l’étable que dans l’aire d’exercice
extérieure, mais que ces facteurs s’influencent
réciproquement, il est souhaitable de différencier les
émissions de ces secteurs.
•• Il faut en outre déterminer la concentration de fond
des paramètres de mesure.
•• Pour classifier les valeurs d’émissions afin qu’elles
servent de référence et de variable d’influence sur les
émissions de NH3, il est nécessaire de relever les
paramètres d’accompagnement importants, comme le
nombre d’animaux, l’affouragement, la gestion, la
surface, le climat, ou les teneurs en éléments nutritifs
des excréments.
C o n c l u s i o n s
Le système de détention à examiner et l’utilisation des
résultats des mesures, entre autres, sont des facteurs
déterminants lors du choix des méthodes, du concept et
de la disposition des mesures (fig. 3). La méthode Tracer-
Ratio se prête à la quantification des émissions de NH3
provenant des systèmes de détention généralement
construits actuellement, soit la stabulation libre à aéra-
tion naturelle avec aire d’exercice extérieure. L’analy-
tique en ligne permet de représenter, avec une haute
résolution temporelle, les occurrences de courte durée
et les variations au cours du jour. Les mesures dans des
conditions de stabulation exigent des méthodes robustes
et fiables. Les installations de mesure doivent être proté-
gées contre les animaux et la saleté. Un recensement
représentatif des émissions dans les étables ouvertes
nécessite une résolution spatiale adéquate des lieux
d’échantillonnage ainsi que des mesures de longue
durée, en raison de la dynamique du débit d’air. Pour
procéder à la déduction des facteurs d’émissions de NH3
pour un système de détention, il est nécessaire de répar-
tir systématiquement sur l’année les mesures de plu-
sieurs exploitations. La description et l’interprétation
des conditions lors de la campagne de mesure impli-
quent la saisie de paramètres d’accompagnement adé-
quats. Afin d’améliorer la comparabilité et la validation
des données d’émissions, les concepts et méthodes de
mesure devraient être adaptés au niveau international.
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Remerciements
Ce projet a été cofinancé par l’Office fédéral de l’environnement OFEV.
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Systèmes de détention et concept de mesure des émissions d'ammoniac en cas d’aération naturelle | Environnement
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 170–175, 2011
Housing systems and a concept to measure
ammonia emissions in case of natural ventilation
The relevant housing systems and a suitable
measuring concept have to be defined in order to
improve the data base for ammonia emissions (NH3)
from cattle farming. Statistics and an expert survey
show that the proportion of loose housing facilities
and outdoor exercise areas in Switzerland increased
from 5 % in 1990 to around 40 % in 2010. Experts
identified the most common situation in dairy
cattle loose housing as a naturally ventilated
single-building stable with cubicles, solid floors and
an outdoor exercise yard alongside. The design of a
measuring concept to quantify emissions should
represent emissions from naturally ventilated
stables and outdoor exercise areas without
influencing livestock activity or the stable climate.
The tracer ratio method is established for measure-
ments in naturally ventilated stables. This enables
real-time measurements under practical conditions.
To derive emission factors, measurements on
several commercial farms are required. The great
climatic variation in outdoor climate housing
systems over the course of the year can be recorded
by means of measurements spread systematically
throughout the year. Measurements were taken
over 24 hour periods as well as high temporal
resolution map daily patterns and short-term
events. The interpretation of these emission data
requires to record relevant accompanying param-
eters with information on the animals, feeding,
housing and traffic area soiling as well as on
management and climate.
Key words: ammonia emissions, dairy cattle,
natural ventilation, measuring concept, measuring
methods.
Sistemi di detenzione e concetto di misurazione
delle emissioni di ammoniaca in caso di ventila-
zione naturale
Per migliorare i dati di base sulle emissioni di
ammoniaca (NH3) riconducibili alla detenzione di
bovini, è necessario definire i sistemi di deten-
zione rilevanti e un adeguato concetto di misura-
zione. Le statistiche e un sondaggio condotto tra
gli esperti hanno dimostrato che in Svizzera la
quota di aree di camminamento e di stalle a
stabulazione libera è aumentata, dal 1990 ad
oggi, dal 5 al 40 per cento. Quale situazione più
frequente di detenzione a stabulazione libera per
bestiame da latte, gli esperti hanno indicato la
stalla, costituita da un unico edificio con ventila-
zione naturale, dotata di lettiera, di superfici di
camminamento con rivestimento e di una corte
limitrofa. Un concetto di misurazione per quanti-
ficare le emissioni va impostato in maniera da
registrare le emissioni delle aree di cammina-
mento e delle stalle a ventilazione naturale,
senza interferire sull'attività degli animali o sul
clima della stalla. Il tracer-ratio è il metodo che si
è affermato per le misurazioni nelle stalle a
ventilazione naturale. Esso consente di effettuare
misurazioni in tempo reale e in condizioni
analoghe a quelle che si riscontrano nella pratica.
Per la definizione di coefficienti di emissione sono
necessarie misurazioni in diverse aziende. La
grande variazione climatica delle stalle con clima
esterno nel corso dell'anno può essere rilevata
attraverso misurazioni sistematiche. Delle
misurazioni 24 ore su 24, nonché un'alta risolu-
zione temporale permettono di rappresentare sia
l'andamento giornaliero, sia gli avvenimenti di
breve durata. L'interpretazione di questi dati sulle
emissioni richiede, in definitiva, la registrazione
di parametri secondari rilevanti, con informazioni
sugli animali, sul foraggiamento, sulla deten-
zione, sul grado di sporcizia delle superfici di
camminamento nonché sulla gestione e sul clima.
b Mosquera J., Monteny G. J. & Erisman J. W., 2005. Overview and assess-ment of techniques to measure ammonia emissions from animal houses: the case of the Netherlands. Environmental Pollution 135, 381–388.
b Office fédéral de l‘agriculture, 2010. Rapport agricole 2010. b Pedersen S., Takai H., Johnsen J. O., Metz J. H. M., Groot Koerkamp P. W. G., Uenk G. H., Phillips V. R., Holden M. R., Sneath R. W., Short J. L., White R. P., Hartung J., Seedorf J., Schröder M., Linkert K. H. & Wathes C. M., 1998. A comparison of three balance methods for calculating ventila-tion rates in livestock buildings. Journal of Agricultural Engineering Re-search 70 (1), 25–37.
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b Schweizerischer Bauernverband 1991 – 2008: Statistische Erhebungen und Schätzungen über Landwirtschaft und Ernährung. Diverse Jahrgänge. Brugg.
176 Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 176–183, 2011
I n t r o d u c t i o n
L’évapotranspiration potentielle est un paramètre
important du cycle terrestre de l’eau. Elle désigne l’éva-
poration maximale possible, indépendamment de la
quantité d’eau que les plantes ont effectivement à dis-
position. Elle est considérée comme l’indicateur du déve-
loppement optimal de la végétation et joue un rôle capi-
tal pour l’évaluation des aptitudes climatiques d’une
région pour l’agriculture (Calanca et Holzkämper 2010).
L’appréciation de l’évapotranspiration potentielle est
nécessaire notamment pour estimer le besoin en irriga-
tion de l’agriculture (Fuhrer et Jasper 2009).
Or, il n’est pas si simple de définir précisément l’éva-
potranspiration potentielle (Brutsaert 1982), car elle
dépend non seulement des conditions de l’atmosphère
et du sol, mais aussi des caractéristiques de la végéta-
tion. C’est la raison pour laquelle l‘Organisation des
Pierluigi Calanca, Pascalle Smith, Annelie Holzkämper et Christof Ammann,
Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich
Renseignements: Pierluigi Calanca, e-mail: [email protected], tél. +41 44 377 75 12
L’évapotranspiration de référence et son application en agrométéorologie
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Vue du nord sur la parcelle expérimentale de Oensingen (prairie fauchée avec tracteur), où l'évapotranspiration a été mesurée durant plusieurs années. (Photo: ART)
L’évapotranspiration de référence et son application en agrométéorologie | Production végétale
177
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 176–183, 2011
Le changement climatique place l’agriculture
face à de nouveaux défis. Lorsqu’il s’agit de
planifier les mesures d’adaptation, l’estima-
tion du besoin en eau des prairies, des
pâturages et des terres arables joue un rôle
capital. L’évapotranspiration de référence, un
concept introduit par l‘Organisation des
Nations Unies pour l’alimentation et l’agricul-
ture (FAO, Food and Agriculture Organiza-
tion) dans les années 1990, définit le poten-
tiel d’évaporation d’un couvert végétal
standard abondamment approvisionné en
eau. Elle se calcule à partir de l’équation dite
de Penman-Monteith et peut, comme le
montre la présente étude, représenter très
précisément comment évolue l’évapotranspi-
ration d’une prairie sur le Plateau suisse dans
des conditions quasiment optimales.
Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
a introduit dans son rapport 56 sur l’irrigation et le drai-
nage (Allen et al. 1998)1 le concept d’évapotranspiration
de référence (ET0), c’est-à-dire l’évapotranspiration d’un
peuplement végétal idéal, disposant d’eau à volonté
(encadré 1).
A partir de l’évapotranspiration de référence ET0, la
méthode FAO permet de déduire, à l’issue de deux
autres étapes, les pertes en eau effectives des prairies et
des terres arables par évapotranspiration. La première
étape nécessite des connaissances sur l’état de la végé-
tation (hauteur du peuplement et indice de surface
foliaire), afin de déterminer le «coefficient cultural» Kc,
et donc l’évapotranspiration du peuplement concerné
dans de bonnes conditions d’irrigation. Pour la deu-
xième étape, il s’agit, sur la base d’un bilan hydrique
simplifié de la zone racinaire, d’introduire une limita-
tion éventuelle de l’évapotranspiration par la sécheresse.
Le calcul de l’ET0 s’effectue à l’aide de l’équation de
Penman-Monteith (équation PM), considérée à plus d’un
titre comme standard et recommandée par la FAO (Allen
et al. 1998) comme unique formule de calcul. Des
approches empiriques n’en restent pas moins très popu-
laires dans la pratique, en Suisse également où les for-
mules de Primault (1962 et 1981) et de Turc (1961) sont
encore utilisées aujourd’hui par MétéoSuisse ou AGRO-
METEO2, la plateforme de vulgarisation Internet d’Agros-
cope.
Encadré 1 | Propriétés de la surface de référence,
Allen et al. (1998)
Hauteur du peuplement, h: 12 cm ≡ 0,12 m
Indice de surface foliaire, LAI: 24 h, avec h en m ≡ 2,88 m2 m–2
Albédo, α: 0,23 ≡ 23 %
Résistance stomatique rl: 100 s m–1
Résistance superficielle rs: 2rl / LAI ≡ 70 s m–1
Résistance aérodynamique ra: 208 / u2 s m–1
1Le rapport est également disponible sur Internet sous http://www.fao.org/
docrep/x0490e/x0490e00.htm ou www.kimberly.uidaho.edu/ref-et/fao56.pdf2 http://www.agrometeo.ch
Production végétale | L’évapotranspiration de référence et son application en agrométéorologie
178 Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 176–183, 2011
Les méthodes de calcul empiriques sont moins exi-
geantes que l’équation PM en ce qui concerne les
variables d’entrée (encadré 2) et peuvent très bien four-
nir de bons résultats à condition que les valeurs des para-
mètres aient été adaptées aux conditions locales. Leur
application en dehors de la zone de validité paramétrée
reste problématique.
L’objectif de cette étude est d’expliquer brièvement
le calcul de l’évapotranspiration de référence ainsi que
ses possibilités d’application. Nous montrerons avec
quelle fiabilité l’ET0 peut représenter l’évapotranspira-
tion mesurée dans des conditions quasiment optimales.
Par la suite, nous nous demanderons dans quelle mesure
les approches simplifiées de Priestley et Taylor (1972),
Primault (1962 et 1981) et Turc (1961) permettent d’obte-
nir un résultat similaire. Pour la comparaison, nous utili-
sons des mesures d’évapotranspiration et des variables
déterminantes relevées à Oensingen (prairies de fauche,
47°17’N, 07°44’E, 450 m d’altitude, température annuelle
moyenne de 9 °C, moyenne des précipitations annuelles
de 1100 mm) dans le cadre d’un essai en plein champ mis
en place sur plusieurs années (Ammann et al. 2009).
L’intention n’est pas de présenter la théorie en détails, ni
de répertorier toutes les formules empiriques. Sur ce
point, nous renvoyons aux publications de Brutsaert
(1982), Schrödter (1985) et Jensen et al. (1990).
Historique
Le concept d’évapotranspiration potentielle a probable-
ment été introduit par Thornthwaite (1948; Brutsaert
1982). Compte tenu des données disponibles à l’époque,
il a établi une formule purement empirique, utilisée
aujourd’hui encore aux Etats-Unis pour surveiller les cas
de sécheresse3.
Mais ce sont Penman (1948) et plus tard Monteith
(1965), qui ont défini les principes théoriques conduisant
au développement d’une méthode de calcul physique.
L’équation PM qui porte leur nom (encadré 2) constitue
aujourd’hui encore la base des simulations du processus
d’évapotranspiration, ainsi que de la méthode dévelop-
pée par la FAO (Allen et al. 1998). Elle tient compte à la
fois des conditions données par le bilan énergétique
Penman-Monteith:
Priestley-Taylor (1972):
Turc (1961):
Primault (1962 et 1981):
Dans ces équations, λ = 2,5 MJ kg–1 représente la chaleur
latente d’évaporation, Cp = 1,004×10–3 MJ kg–1 °C–1 la cha-
leur spécifique à pression constante, Δ (kPa °C–1) la pente
de la courbe de pression de vapeur saturante comme
fonction de la température T (°C) (équation 3), γ (kPa °C–1)
la constante psychrométrique (équation 2),
RN (MJ m–2 d–1) le rayonnement net, G (MJ m–2 d–1) le flux
de chaleur du sol, ρa (kg m–3) la densité de l’air, ra
(s m–1) la résistance aérodynamique et rc (s m–1) la résis-
tance du peuplement, es (kPa) la pression de vapeur
saturante et ea (kPa) la pression de vapeur réelle, RS
(MJ m–2 d–1) le rayonnement global, RH (%) l’humidité
relative, SSD (h d–1) la durée d’ensoleillement, j (–) un
facteur saisonnier et C (–) une correction de l’altitude.
Dans toutes les formules, les valeurs numériques ont été
choisies de manière à obtenir des mm d–1 pour l’évapo-
transpiration. L’équation de Primault (1962 et 1981) a été
convertie à une base journalière pour les calculs.
Encadré 2 | Formules sélectionnées pour le calcul de l’évapotranspiration potentielle
3 http://drought.unl.edu/dm/monitor.html
L’évapotranspiration de référence et son application en agrométéorologie | Production végétale
179Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 176–183, 2011
de résultats convenables dans les conditions suisses4, il a
développé sa propre formule de calcul, utilisée encore
aujourd’hui par MétéoSuisse sous une forme légère-
ment adaptée (Primault 1981; encadré 2). En Suisse, une
autre formule est encore utilisée. Il s’agit de celle de Turc
(1961; encadré 2). Bien qu’elle soit considérée comme
une équation empirique, elle représente en principe
une forme de l’évaporation en conditions d’équilibre et
est donc équivalente à l’équation de Priestley et Taylor
(1972).
L’équation FAO56
L’équation PM (encadré 2) peut être mise sous la forme
suivante (FAO56) compte tenu des propriétés de la sur-
face de référence (encadré 1):
sachant que RN désigne le bilan radiatif ou le rayonne-
ment net (MJ m–2 d–1), G le flux de chaleur du sol (MJ m–2
d–1), T la température de l’air (°C), es la pression de
vapeur saturante, ea la pression de vapeur réelle (kPa) et
u2 la vitesse du vent (m s–1). De plus,
représente la constante psychrométrique (kPa °C–1)
comme fonction de la pression atmosphérique p (kPa)
avec les paramètres Cp = 1,004×10–3 MJ °C–1 kg–1 (chaleur
spécifique à pression constante), e = 0,622 (rapport des
masses molaires de la vapeur d’eau et de l’air sec), et λ =
2,5 MJ kg–1 (chaleur latente d’évaporation), tandis que
représente la pente de la courbe de pression de vapeur
saturante comme fonction de la température (kPa °C–1).
Pour évaluer l’équation (1), il est nécessaire de dispo-
ser des valeurs horaires ou journalières des variables en
entrée. Tandis que les mesures de T (et par conséquent
de es), ea, u2 et p sont effectuées de manière standard
dans le cadre des réseaux de mesures de MétéoSuisse et
d’AGROMETEO, le bilan radiatif et le flux de chaleur du
sol ne sont que rarement observés directement. Par
conséquent, il est important de les estimer le plus préci-
sément possible, car, ils déterminent environ deux tiers
du potentiel d’évaporation.
Une compilation des formules utilisées pour le calcul
de RN et G à partir des données météorologiques se
trouve également dans Allen et al. (1998). Pour la pra-
pour la surface du sol et des processus d’échange qui
déterminent le flux de vapeur d’eau entre la végétation
et l’atmosphère.
A peu près à la même époque, Slatyer et McIlroy
(1961) ont publié une monographie dans laquelle ils ont
introduit le concept d’équilibre d’évaporation. Il s’agit
de la dissipation d’eau potentielle dans une atmosphère
en équilibre avec le sous-sol, compte tenu d’un apport
constant d’énergie. Ce concept a fourni une base théo-
rique à d’autres développements, notamment aux
études de Priestley et Taylor (1972) sur l’évaporation
dans des conditions d’advection minimale. La formule
qu’ils ont proposée (encadré 2) s’est imposée autant
dans la pratique que dans la recherche.
Les premières études systématiques sur l’évapotrans-
piration potentielle en Suisse remontent à Primault
(1962). Convaincu que ni l’approche de Thornthwaite
(1948), ni celle de Penman (1948) ne pouvaient donner
Figure 1 | Relation entre le rayonnement net (RN) et le rayonne-ment global (RS) (a), et entre le flux de chaleur du sol (G) et le rayonnement net (RN) (b) à Oensingen. Moyennes journalières ob-servées pendant les mois d’avril à octobre de 2005 à 2009. Les lignes pleines représentent les droites de régression: a) RN = 0,529 RS – 0,466 avec r2 = 0,89; b) G = 0,159 RN – 0,987 avec r2 = 0,48. De plus, dans le diagramme a) la relation de Davies (1976, éq. 4) est in-diquée par une ligne pointillée.
R N [M
J m-2 d
-1]
20
15
10
5
0
0 10 20 30
0 5 10 15 20
G [M
J m-2 d
-1]
3
2
1
0
-1
-2
-3
4 Primault n’était peut-être pas conscient que les mauvais résultats obtenus avec
l’équation de Penman (1948) venaient avant tout d’un paramétrage insuffisant.
En effet, à l’époque, Penman a actualisé plusieurs fois les valeurs des paramètres
(cf. p. ex. Brutsaert 1982)
RN [MJ m-2 d-1]
(1)
(2)
(3)
RS [MJ m-2 d-1]
Production végétale | L’évapotranspiration de référence et son application en agrométéorologie
180 Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 176–183, 2011
trent toutefois qu’il est plus pertinent d’exprimer G sous
la forme d’une fonction linéaire de RN (fig. 1b). La droite
de régression correspondante (G = 0,159 RN – 0,987; r2 =
0,48) est largement conforme à la règle de base souvent
utilisée en microclimatologie, G ≈ 0,1 RN.
M é t h o d e
Evaluation
Nous avons testé l’équation (1), en comparant les valeurs
calculées pour ET0 avec les mesures de l’évapotranspira-
tion réelle sur le site d’Oensingen (fig. 2). Il s’agit de don-
nées relevées en 2006 à l’aide de la technique dite
d’Eddy-Covariance (Neftel et al., 2005) et dont le taux
d’erreur relative est de 15 %.
Le choix de l’année 2006 s’explique pour deux raisons.
La première est que cette année-là, les conditions d’hu-
midité du sol ont été pratiquement optimales durant
toute la période végétative et que les conditions envi-
ronnementales correspondaient donc à la définition de
l’évapotranspiration de référence. La deuxième est que
l’indice de surface foliaire était rarement supérieur à 3 m²
m–2, soit souvent proche des 2,88 m² m–2 fixés dans la
définition de la surface de référence (encadré 1).
Les résultats de la figure 2 montrent qu’ET0 reproduit
bien l’évapotranspiration mesurée durant la période
d’avril à octobre. De ce fait, la méthode de calcul de
l’évapotranspiration de référence peut être recomman-
dée sans réserve pour la pratique. On peut néanmoins se
tique, il serait souhaitable de trouver des méthodes plus
simples. Pour déterminer RN, l’approche de Davies (1967)
s’impose au premier abord. Dans les limites de la période
végétative, Davies part d’une relation linéaire indépen-
dante du climat entre le rayonnement global RS et le
rayonnement net RN. La linéarité tient à ce que les flux
radiatifs à ondes longues (comme fonction de la tempé-
rature absolue élevée à la puissance quatre) varient net-
tement moins dans le temps que ceux à ondes courtes.
L’albédo d’une surface avec couvert végétal sans neige
peut également être considéré comme relativement
constant.
Sur la base des données provenant de quatorze sta-
tions dans le monde converties en MJ m–2 d–1, Davies
(1967) a proposé l’équation suivante:
RN = 0,617 RS – 1,004
qui reflète assez bien la relation observée sur le Plateau
suisse sur le site d’Oensingen (fig. 1a). Il est possible
d’obtenir une meilleure concordance en adaptant les
paramètres de régression aux données de mesures
locales ou régionales (RN = 0,529 RS – 0,466; r2 = 0,89), ce
que montre également la figure 1a.
En ce qui concerne le flux de chaleur du sol, Allen et
al. (1998) recommandent de fixer G égal à zéro pour le
calcul de l’ET0 sur une base journalière, ce qui se justifie
car les flux de chaleur entre le jour et la nuit sont oppo-
sés et se compensent. Les données d’Oensingen mon-
Figure 2 | Evolution de l’évapotranspiration journalière sur le site d’Oensingen pendant la période d’avril à octobre 2006. En gris: évapotranspiration mesurée, avec comme hypothèse une incertitude relative des mesures de ± 15 %; en rouge: évapotranspiration de référence.
ET [m
m d
-1]
6
5
4
3
2
1
0
100 150 200 250 300
Jour de l'année
Mesures
ETo
(4)
L’évapotranspiration de référence et son application en agrométéorologie | Production végétale
181Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 176–183, 2011
Il reste l’approche de Primault (1962 et 1981), qui
reproduit le moins bien l’évapotranspiration observée.
Les raisons qui expliquent ce résultat peuvent être de
nature différente. D’une part, le choix des variables
déterminantes joue un rôle. La durée d’ensoleillement,
qui, autrefois, était la seule grandeur de rayonnement
mesurée, exerce une influence moins directe sur l’évapo-
transpiration que RS ou RN. D’autre part, les mesures
d’évapotranspiration dont disposait Primault à l’origine
pour la mise au point empirique de sa formule, étaient
sans doute chargées d’une part d’incertitude relative-
ment importante. C’est la raison pour laquelle il serait
opportun de procéder à une nouvelle évaluation des
valeurs des paramètres.
Pour estimer les besoins éventuels en irrigation
(Fuhrer et Jasper 2009) il est intéressant de comparer
les différentes approches en termes de pertes d’eau
cumulées pendant la période végétative. Pour la période
d’avril à octobre 2006, les mesures effectuées à Oensin-
gen ont donné un résultat total de 501 mm. Les résultats
demander si des méthodes de calcul plus simples (p. ex.
Priestley et Taylor 1972) ou empiriques (Turc 1961; Pri-
mault 1962 et 1981) pourraient également fournir des
résultats comparables. Sous la forme de diagrammes de
dispersion, la figure 3 présente une comparaison directe
de différentes formules de détermination avec les
mesures effectuées à Oensingen. Il est possible d’identi-
fier quelques tendances.
La formule de Priestley et Taylor (1972) aboutit à un
résultat relativement semblable à celui de l’équation
FAO56, ce qui n’est pas étonnant car le terme lié au
rayonnement dans l’équation (1) contribue pour environ
deux tiers au potentiel d’évaporation, phénomène qui
est pris en compte indirectement dans la formule de
Priestley et Taylor (1972) par le facteur 1,26. La formule
de Turc (1961) a elle aussi fourni des résultats similaires.
Nous avons déjà mentionné dans le chapitre «Histo-
rique» que Turc (1961) ainsi que Priestley et Taylor (1972)
sont en principe équivalents. Par conséquent, ce résultat
n’a rien de surprenant non plus.
Figure 3 | Comparaison des résultats de quatre formules avec l’évapotranspiration mesurée sur le site d’Oensingen. Moyennes journalières pour la période d’avril à octobre 2006. a) Evapotranspira-tion de référence (r2 = 0,88); b) Priestley-Taylor (r2 = 0,91); c) Turc (r2 = 0,87); et, d) Primault (r2 = 0,67). L’évaluation de l’évapotranspiration de référence et de Priestley-Taylor a été réalisée sur la base des paramétrages pour RN et G tirés de la figure 1.
6
5
4
3
2
1
0
6
5
4
3
2
1
0
0 1 2 3 4 5 6 0 1 2 3 4 5 6
0 1 2 3 4 5 6 0 1 2 3 4 5 6
6
5
4
3
2
1
0
6
5
4
3
2
1
0
ET mesurée [mm d-1] ET mesurée [mm d-1]
ETTu
[mm
d-1]
ET0 [
mm
d-1]
ETPT
[mm
d-1]
ETPr [m
m d
-1]
182
Production végétale | L’évapotranspiration de référence et son application en agrométéorologie
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 176–183, 2011
correspondants pour l’évapotranspiration de référence
selon FAO56, d’une part avec un paramétrage local pour
RN et G, d’autre part avec RN selon Davies (1967) et G = 0,
s’élèvent à 483 et 566 mm. Des calculs analogues avec les
formules de Priestley-Taylor (1972), Turc (1961) et Pri-
mault (1962 et 1981) ont donné respectivement des
valeurs de 574, 596 et 337 mm. Ceci montre que l’évapo-
transpiration de référence est celle qui s’écarte le moins
des mesures sur le terrain, même en ce qui concerne les
pertes totales.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Nous avons expliqué le concept d’évapotranspiration de
référence et discuté l’application de l’équation FAO56.
Nous avons montré que cette approche était en mesure
de reproduire fidèlement l’évapotranspiration d’une
prairie du Plateau suisse mesurée dans des conditions
quasiment optimales.
Les formules empiriques peuvent donner des résul-
tats tout à fait utilisables pour des applications pra-
tiques, comme l’a montré l’exemple d’Oensingen. La
formule de Primault, la plus mal classée ici, pourrait
aboutir à des résultats nettement meilleurs grâce à une
nouvelle évaluation des paramètres et à l’introduction
de facteurs de correction (saison et altitude, cf. enca-
dré 2). Par contre, il est évident que de telles approches
pourront difficilement permettre d’estimer l’évapo-
transpiration potentielle à l’avenir sur la base de scéna-
rios climatiques, car dans ce cas, la validité des paramé-
trages actuels ne sera plus garantie.
En relation avec le changement climatique, quatre
aspects doivent être pris en compte: (i) l’augmentation
de la température; (ii) la baisse de l’humidité de l’air que
cela pourra entraîner pendant la journée; (iii) une modi-
fication potentielle du régime de rayonnement; (iv) les
effets de la hausse des concentrations de CO2 dans l’at-
mosphère, qui permettent une utilisation plus efficace
de l’eau par les plantes. L’équation PM peut sans pro-
blème tenir compte de tous ces facteurs. L’équation
FAO56 qui en découle le peut elle aussi, dans la mesure
où les paramètres numériques sont adaptés à une réduc-
tion de la résistance stomatique due au CO2 (encadré 1)5.
C o n c l u s i o n s
Etant donné le peu de données disponibles, les
approches empiriques étaient tout à fait justifiées autre-
fois. Mais aujourd’hui, plus rien ne devrait empêcher de
passer à des méthodes de détermination physiques, car
les données nécessaires sont soit directement dispo-
nibles ou peuvent être déduites avec une précision suffi-
sante de valeurs de mesures opérationnelles, comme
nous l’avons montré ici.
Dans le contexte de la présente étude, il n’a pas été
nécessaire d’approfondir l’évaluation de l’évapotranspi-
ration selon Allen et al. (1998) en tenant compte d’un
coefficient cultural Kc, car pendant la période sélection-
née, les caractéristiques de la végétation correspon-
daient à peu près à celles de la surface de référence. Ce
point doit néanmoins être décidé au cas par cas. Il reste
encore à étudier si la méthode FAO peut être appliquée
de manière standard pour évaluer le besoin en eau des
cultures fruitières et des vignes, soit dans des situations
où la disposition des plantes impacte autant sur les pro-
priétés des surfaces que sur les caractéristiques aérody-
namiques de la surface évaporante. n
Remerciements
Nos recherches sur le régime d’évapotranspiration des terres arables et des her-
bages ont lieu en partie dans le cadre des projets suivants: ACQWA (7e programme
cadre de l’UE), AGWAM (Programme national de recherche PNR61, Gestion
durable de l’eau) et AGRISK (Pôle de recherche national Climat, PRN Climat). Nous
remercions l’Office fédéral de météorologie et de climatologie (MétéoSuisse) pour
la mise à disposition des données météorologiques opérationnelles.
Figure 4 | Système dit d’Eddy-Covariance pour la mesure de l’évapotranspiration, constitué d’un anémomètre à ultrasons et d’un capteur à infrarouges. (Photo: ART)
5 Pour l’estimation de l’évapotranspiration effective selon la FAO (Allen et al.,
1998), il est également nécessaire d’adapter le coefficient de cultural Kc à cause
de l’utilisation plus efficiente de l’eau par les plantes.
183
L’évapotranspiration de référence et son application en agrométéorologie | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Reference evaporation and its applica-
tion in agrometeorology
Climate change places the agriculture
in front of new challenges. An assess-
ment of the water requirement of
grassland, pasture and arable land on
the basis of the evapotranspiration
potential plays a central role in the
planning of adaptation measures. The
reference evaporation, a concept
introduced in the 1990’s by the Food
and Agriculture Organization (FAO)
and presented in this paper, defines
the evaporation potential of standard
vegetation with an abundant water
supply. It is determined on the basis of
the so-called Penman-Monteith
equation and, as demonstrated here, is
able to accurately reproduce the
evolution of the evaporative flux from
grassland as observed on the Swiss
Plateau under virtually optimum
conditions.
Key words: reference evapotranspira-
tion, evapotranspiration potential,
Penman-Monteith equation, crop
water requirements, climate change.
L'evapotraspirazione di riferimento e
la sua applicazione nella me-teorologia
agricola
Il cambiamento climatico pone
l'agricoltura di fronte a nuove sfide.
Considerato il potenziale di eva-
porazione, nel programmare le misure
d'adeguamento è particolarmente
importante valutare il fabbisogno
idrico di prati, pascoli e superfici
campicole. L'evapotraspirazione di
riferimento, un concetto introdotto
negli anni novanta dall'Organizzazione
delle Nazioni Unite per l'alimentazione
e l'agricoltura (FAO) e presentato nella
presente pubblicazione, definisce il
potenziale di evaporazione da una
vegetazione standard abbondante-
mente approvvigionata d’acqua. Essa
viene calcolata sulla base della cosid-
detta formula di Penman-Monteith e,
come mostrato in questo lavoro,
riproduce fedelmente l’evapotra-
spirazione osservata in condizioni
pressoché ottimali in un prato dell'Alti-
piano svizzero.
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 176–183, 2011
Bibliographie b Allen R. G., Pereira L. S., Raes D. & Smith M., 1998. Crop Evapotranspira-tion. Guidelines for Computing Crop Water Requirements. FAO Irrigation and Drainage Paper 56. Food and Agriculture Organization (FAO) of the United Nations, Rome, 300 p.
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184
Ernst Bolliger, AGRIDEA Lindau, 8315 Lindau
Renseignements: Ernst Bolliger, e-mail: [email protected], tél. +41 52 354 97 23
Formation continue «prise en charge de personnes»: renforcer les prestations sociales en agriculture
S o c i é t é
Dans un premier temps, AGRIDEA a mis sur pied un pro-
jet cadre «Formation en prestations d’accueil spécialisé»,
en collaboration avec des acteurs du domaine social. La
même formation a été donnée en 2001 par l’Inforama
Emmental et la Berufs-, Fach- und Fortbildungsschule
BFF et a pris comme modèle la formation offerte par
«Verein heilpädagogischer Grossfamilien». Dès 2002,
deux autres formations ont vu le jour en Suisse orientale
et en Argovie, associant toujours les partenaires des for-
mations continues agricoles et sociales. Cette collabora-
tion permet de conjuguer les réalités propres à l’agricul-
ture et aux régions rurales avec les compétences du
I n t r o d u c t i o n
Genèse de la formation
Suite au symposium d’Eggiwil en 1998, 24 femmes et
hommes ont participé à un cours AGRIDEA organisé
dans l’Emmental en mai 1999, sur le thème de l’accueil
spécialisé à la ferme. Il est ressorti clairement de cette
journée que la demande pour des places d’accueil était
en augmentation et que pour y répondre, les familles
paysannes souhaitaient une formation spécialisée et un
groupe de discussion pour échanger leurs expériences
pratiques.
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 184–189, 2011
Les conseillères agricoles lors d’une rencontre annuelle d’échanges.
Formation continue «prise en charge de personnes»: renforcer les prestations sociales en agriculture | Société
185
Rés
um
é
Depuis plus de dix ans, des formations
continues sur la prise en charge de personnes
(accueil spécialisé) sont proposées par les
centres régionaux de formation agricole, en
collaboration avec une (Haute) Ecole sociale.
Selon les spécificités régionales, les offres se
distinguent par leur durée et le choix d’un ou
plusieurs groupes-cibles. Toutes visent le
même but: l’acquisition de savoir pour une
prise en charge adéquate d’«hôtes» au sein
de la famille, avec accompagnement profes-
sionnel d’une institution de placement. Les
offres régionales se fondent sur des valeurs
et des critères de qualité définis dans une
charte commune. Dans la plupart des régions,
des groupes de travail réunissant les diplô-
mées se sont créés afin de favoriser les
échanges d’expériences. Au niveau national,
les conseillères agricoles impliquées dans la
formation coordonnent, évaluent et adap-
tent chaque année les différentes offres. Pour
de nombreuses exploitations agricoles, les
prestations d’accueil spécialisé représentent
une part importante de l’activité. Ces
prestations n’ont pas seulement une
im portance économique, elles ont aussi
un impact sur le déroulement de la journée
et la présence du couple d’exploitants.
Le présent rapport est fondé sur les expé-
riences pratiques (learning by doing) et le
raisonnement inductif, il reflète les méthodes
expérimentales ou empiriques, formes
reconnues de la recherche.
domaine social. Les groupes d’accompagnement régio-
naux assurent la mise en réseau des offres de formation
continue avec les autorités cantonales, les organismes de
placement et d’autres groupes d’intérêt.
Parallèlement à cela, AGRIDEA organise une ren-
contre annuelle entre les prestataires régionaux. Les
échanges de savoirs et d’expériences contribuent à
maintenir et améliorer la qualité des formations. La
charte «Offres de formation continue pour les presta-
tions d’accueil spécialisé» contient les lignes directrices
recommandées pour la mise en œuvre et la promotion
des formations (encadré 1).
Des priorités dans les offres régionales Les offres de formation existent dans les cantons de Berne,
en Suisse orientale et en Argovie. En Suisse romande, une
formation comparable est en préparation. Les offres
régionales se différencient par leur orientation vers des
groupes-cibles différents et par leur durée. Les groupes-
cibles peuvent être des enfants ou des jeunes, des per-
sonnes âgées, des personnes souffrant d’un handicap
physique ou psychique, des personnes toxicodépendantes
ou des délinquants, voire aussi des personnes d’une autre
culture. La durée de la formation varie de 30 à 40 jours
conformément aux recommandations de la charte.
Deux autres offres spécialisées dans l’accueil d’en-
fants et de jeunes sont également proposées, dont une
en cours d’emploi, d’une durée de 15 jours (Curaviva,
Lucerne). L‘Association «tipiti» offre avec trois autres
organisations, dont l’Association suisse pour les enfants
en placement (Pflegekinder-Aktion Schweiz), une offre
similaire mais sur 45 jours.
Hormis les aspects théoriques et techniques, ces for-
mations se construisent sur les questions et les expé-
riences des participantes et participants.
Financement de la formation et défraiement des presta-
tions d’accueil
Les formations régionales sont financées par les taxes
d’inscription, le sponsoring et les contributions canto-
nales. Selon les régions, les participantes paient entre
Fr. 1500.– et 6000.– pour la formation complète, soit
Fr. 50.– à 150.– par jour. Certaines participantes ont pu
bénéficier de bourses octroyées par des fondations.
Les défraiements pour les prestations d’accueil
varient énormément selon les cantons et le groupe-cible
concerné; ils se situent entre Fr. 60.– et 130.– par jour.
Il existe un grand nombre d’organisations de placement,
mais aucune ligne directrice ferme concernant les rému-
nérations. Toutefois, les diplômées et diplômés de la for-
mation peuvent prétendre à une rémunération plus éle-
vée que les prestataires sans qualification équivalente.
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 184–189, 2011
Société | Formation continue «prise en charge de personnes»: renforcer les prestations sociales en agriculture
186 Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 184–189, 2011
Encadré 3 | L’objectif de formation
(exemple du canton de Berne)
Conformément aux instructions transmises
par l’institution de placement, les personnes
diplômées sont capables d’offrir, dans le cadre
familial, un accompagnement, une assistance
et un soutien professionnels adéquats à des
personnes ayant des besoins spécifiques. Elles
sont préparées aux changements de la vie fa-
miliale occasionnés par l’intégration d’une
personne extérieure à celle-ci.
Encadré 1 | La charte «Offres de formation continue
en accueil spécialisé»
La charte comprend une introduction soulignant son but
et l’importance de la prise en charge dans les familles
paysannes en milieu rural. Elle présente ensuite les diffé-
rents acteurs de la prise en charge avec leurs fonctions
spécifiques, donnant ainsi un aperçu clair du réseau.
Elle décrit encore les buts de la formation et les objectifs
d‘apprentissage puis définit quatre valeurs fondamen-
tales. Finalement, elle précise les caractéristiques des
offres de formation continue.
Si les responsables des formations ont validé son conte-
nu; la charte doit être signée par tous les partenaires,
soulignant ainsi l’engagement de toutes et tous.
Table des matières de la charte «Offres de formation
continue en accueil spécialisé»
1. But de la charte.
2. lmportance de la prise en charge dans les familles
paysannes en milieu rural.
Encadré 2 | La formation en un coup d’œil (exemple
du canton de Berne)
La formation comprend 40 jours de cours répartis sur 4
semestres (2 ans).
• Le premier semestre traite du rôle, de la clarification du
mandat, de la planification du séjour et des journées,
de la mise en réseau, de la communication et de la col-
laboration avec les offices spécialisés et les autorités.
• Le cycle de vie, les hypothèses pédagogiques de base
et la famille en tant que système sont les sujets du
deuxième semestre.
• Le troisième semestre se concentre sur les besoins
spécifiques des différents groupes-cibles. Dans la
partie organisation des journées, la réflexion sur sa
propre manière de faire tient une place prépondé-
rante.
• Finalement, le quatrième semestre traite de l’assu-
rance qualité et de la gestion de situations difficiles
(conflits, violence). Il comprend la rédaction d’un tra-
vail de fin d’études et prévoit du temps pour appro-
fondir certains thèmes.
Parmi les prérequis pour l’obtention du certificat figu-
rent une expérience d’accueil d’au moins 6 mois durant
la formation, une présence de 85 % aux cours, un résul-
tat positif au travail intermédiaire et au travail de fin
d’études de même qu’une évaluation globale positive.
3. Les acteurs (fonctions et domaines de responsabilité):
Les personnes placées/la famille d’origine/la
famille d’accueil/l’organisation de placement/les
prestataires de formation/les organismes publics
(organismes de placement, les services sociaux,
etc.)/les instances de contrôle.
4. L’offre de formation continue en accueil spécialisé.
4.1 Buts et compétences à développer.
4.2 Les valeurs qui sous-tendent l’offre de formation:
liée à la pratique, fondée, indépendante et reconnue.
4.3 Les critères de qualité de la formation:
La gestion du cours/les intervenants/ les partici-
pants/le groupe d‘accompagnement & organe de
contrôle: transparence/gestion des conflits/évalua-
tion & contrôle/formation continue & échanges
d‘expériences/mise en réseau à l’échelle nationale.
5. Les devoirs des organisations de formation.
Formation continue «prise en charge de personnes»: renforcer les prestations sociales en agriculture | Société
187Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 184–189, 2011
Sessions 1 2 3 4 5 6 7 8 Total = 15 sessions
Durée
Emmental 40 jours 21 18 19 22 16 12 12 10 130
Argovie 30 jours 13 15 10 11 49
Suisse orientale 40 jours 25 21 13 59
Ruth et Werner Kobel-Hofer, et Stefan
Tableau 1 | Nombre de personnes ayant obtenu le certificat par région
Encadré 4 | Les atouts de la formation
Ruth et Werner Kobel-Hofer vivent avec leurs trois en-
fants et la grand-mère paternelle dans leur ferme en
Emmental. Stefan habite avec eux depuis trois ans. Il vit
avec un handicap. C’est la Société d’économie et d’utili-
té publique du canton de Berne qui l’a placé chez eux.
Stefan est intéressé par l’exploitation agricole, mais pas
du tout par les tâches ménagères.
«On a dû faire avec. Les personnes avec un handicap
ont tout autant le droit de participer aux décisions. Rien
ne nous permet de disposer d’eux ni de leur imposer
notre volonté. Il faut bien évidemment définir un cadre
et des règles précis. L’hygiène personnelle quotidienne,
les bonnes manières, le comportement sont des points
de discussion de tous les jours. Mais cela concerne tous
les membres de la famille et pas seulement la personne
placée.»«Dans la gestion du quotidien et le travail de prise de
charge, je sentais qu’il me manquait régulièrement des
connaissances pour agir et réagir émotionnellement
de manière mesurée. C’est entre autres pour cela que
j’ai pris la décision de suivre la formation Accueil spé-
cialisé en milieu rural.»
«Cette formation m’a beaucoup enrichie. Les connais-
sances acquises dans les domaines de la pédagogie so-
ciale et curative, la psychologie et la sociologie, mais
aussi les échanges avec les autres personnes dans ma
situation m’ont énormément apporté. C’est cette raison
qui m’a poussée à m’engager dans le Groupe de travail
sur l’accueil spécialisé. Nous approfondissons nos
connaissances, apprenons de nouvelles choses, nous
renforçons notre confiance en nous-mêmes par les
échanges réciproques sur nos expériences. Dans ce
groupe de travail, nous établissons avec notre
conseillère, Marlies Budmiger, un programme annuel
qui correspond à nos besoins et à nos intérêts».
188
Société | Formation continue «prise en charge de personnes»: renforcer les prestations sociales en agriculture
R é s u l t a t s
Toutes les formations octroient un certificat sur la base de
l’évaluation du participant. Les objectifs de la formation
englobent les connaissances indispensables à une prise
en charge de même que le savoir-être de chacun-e.
Actuellement, plus de 200 personnes (dont env. 80 %
de femmes) ont terminé une formation régionale dans
un des 15 cours proposés au total. Le nombre moyen de
participants par classe a chuté de 20 à 15 depuis la pre-
mière session, ce qui n’est pas sans conséquence sur le
financement de la formation.
Focus sur l’assurance qualité
Pour les responsables des différentes formations en
accueil spécialisé, l’assurance qualité est un thème récur-
rent. Dans chaque région, un groupe d’accompagne-
ment composé de représentants des autorités, des insti-
tutions de placement et d’autres groupes d’intérêt a été
mis sur pied. Les questions les plus fréquemment abor-
dées touchent à la répartition des compétences et la
transparence des prestations. Dans le cadre de l’accueil
spécialisé, la répartition claire des rôles signifie que
chaque acteur se concentre sur ses tâches: les autorités
sur les décisions et le cadre légal; les organisations de
placement sur le choix judicieux des familles d’accueil et
leur accompagnement; les prestataires de formations sur
la formation continue et les familles d’accueil sur la prise
en charge.
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 184–189, 2011
Remarque sur la méthode
Les expériences présentées dans cet article se basent sur la pratique et les connais-
sances acquises par les conseillères agricoles dans le cadre de la formation conti-
nue en accueil spécialisé. Lors des rencontres annuelles, ces dernières présentent
et analysent leurs expériences pratiques. Les sujet traités englobent autant le
concept pédagogique que la mise en réseau avec des partenaires importants, les
aspects financiers et juridiques ainsi que les questions d’assurance qualité. Les
aspects de coopération et de concurrence ne sont pas exclus de ces discussions.
Les groupes de travail au sein desquels les familles
d’accueil peuvent échanger font partie de la formation
continue, mais l’accompagnement des familles sur leur
lieu de vie est de la compétence des organisations de
placement. Il est dès lors indispensable que les diffé-
rentes prestations (formation continue, accompagne-
ment, prise en charge) fassent l’objet d’une communica-
tion claire.
La charte «Offres de formation continue en accueil
spécialisé» est un élément déterminant de l’assurance
qualité. Elle a été développée par les responsables des
formations à partir de leur propre pratique et des expé-
riences d’autres prestataires. Bien qu’elle serve de fil
conducteur, elle conserve un caractère indicatif et non
contraignant. Son contenu s’inspire des «Exigences à
l’égard des organisations de placement familial dans le
domaine de l’aide aux enfants et à la jeunesse» d’INTE-
GRAS et du label de l’OPF. Le rôle de surveillance des
formations régionales incombe aux services sociaux
cantonaux. n
Observation 1:Relation
Prise en charge ou ouvrier?Relation de travail ou travail relationnel?
Observation 2:Groupes-cibles
Prise en charge: personnes âgées et handicapéesEducation: jeunes et enfants placésRéintégration: anciens drogués ou jeunes en remise de peine
Observation 3:Le déracinement (une analogie)
Les racines blessées ont une influence sur la croissance, la floraison et la résistance aux maladies de la plante.Lorsque l’on transplante des végétaux, il faut faire particulièrement attention en phase de croissance et durant les week-ends et les vacances (arrosage), et lors de l’hivernage et du transfert en pleine terre.
Observation 4:Prise en charge à la ferme – particularités
L’engagement social est tout aussi important que le revenu complémentaire.La famille paysanne met son «capital social» à disposition (structure familiale, compétences sociales, l’espace dans la mai-son, intégration active dans le village, la commune).Le travail avec des êtres humains n’admet pas l’expérimentation débridée. La prise en charge exige une présence continue (week-ends, vacances, soirées...).Le succès se mesure sur le long terme et répond à des critères particuliers. L’accueil spécialisé a une incidence sur le réseau social (voisinage, village, commune).
Observation 5:Accueil spécialisé = travail en réseau
La famille paysanne et la personne accueillie sont au centre d’un réseau de relations avec la famille d’origine, les organismes de placement, l’assistance publique, les services sociaux, l’office de la jeunesse, les institutions de formation, les groupes d’échange d’expériences, l’école, l’AVS et AI, les remplaçants du week-end, etc. Cela requiert d’excellentes compétences en communication de la part de la famille d’accueil.
Observation 6:Bien se tester
EIE L’«étude d’impact sur l’environnement» en trois étapes:• l’examen des compétences personnelles;• le test d’intégration de la famille;• le test d’impact social.
Tableau 2 | Six observations sur le thème «Engagement social comme revenu complémentaire»
189
Formation continue «prise en charge de personnes»: renforcer les prestations sociales en agriculture | Société
Ria
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Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 184–189, 2011
Formazione continua nei servizi di assistenza:
rafforzare le competenze per le prestazioni
sociali in agricoltura
Da più di dieci anni, i centri regionali per la
formazione agricola, in collaborazione con le
scuole pedagogiche superiori, offrono una
formazione mirata a fornire conoscenze e
competenze per l’accoglienza di persone con
bisogni specifici. I corsi di formazione dei
centri regionali si distinguono nella durata e
si rivolgono a uno o più gruppi, in funzione
delle necessità regionali. Tutte le offerte
hanno un unico obbiettivo: acquisire la
capacità per prendersi cura in modo compe-
tente di un «ospite» nella propria famiglia,
accompagnati da esperti di un’organizzazione
designata. Le offerte regionali si basano su
valori e criteri di qualità che devono essere
definiti congiuntamente in una Charta. Nella
maggior parte delle regioni della Svizzera, i
partecipanti hanno creato dei gruppi di lavoro
per condividere e le proprie esperienze. Le
consulenti agrarie di tutta la Svizzera,
impegnate in questi progetti di formazione
continua, si incontrano ogni anno per
coordinare, discutere ed ampliare l'offerta
formativa. Questi servizi di accoglienza sono
diventate in alcune regioni della Svizzera una
risorsa importante per molte aziende agri-
cole. Il loro impatto non è confinato solo alla
sfera economica ma va a toccare anche lo
svolgimento della giornata lavorativa ed
influisce sulla presenza dei gestori. Questo
rapporto si basa su esperienze applicative e
conoscitive e riflessioni pratiche intese come
forma di ricerca particolare.
Bibliographie b Inforama. Konzept der Ausbildung Betreuung im ländlichen Raum (ABL).http://www.vol.be.ch/site/kurskonzept_11 – 12.pdf
b Integras. Exigences à l’égard des organisations de placement familial dans le domaine de l’aide à l’enfant et à la jeunesse. http://www.integras.ch/2005_index_FR.htm
b Integras. Label OPF – Sécurité dans le placement familial. http://www.integras.ch/2005_index_FR.htm
b Quality4children http://www.quality4children.ch/media/pdf/q4cstandards-französisch.pdf
b SOCIALinfo. Dictionnaire suisse de politique sociale. http://www.socialinfo.ch
Advanced training for caring services at the
farm
For more than ten years some regional
agricultural training and extension centers in
cooperation with a college of social studies
offer an advanced training on «green care»
(caring services at the farm).
The regional trainings differ in their duration
and in the orientation to one or several focus
groups of people to be taken care of –
according to the regional context. All offers
are striving for the same goal: competency
development for a high quality care of
«guest persons» in the own family under
professional coaching of a recognized
organisation. The regional trainings are
based on the same values and quality
criteria that are stipulated in a commonly
formulated Charta.
In most of the regions, the graduates started
to form quality circles to share and reflect
their own experience. From all over Switzer-
land, the agricultural extension staffs
(women) engaged in this training meet
annually to coordinate, reflect and further
develop the training concept.
In several regions of Switzerland, caring
services at the farm have evolved into an
important element in the puzzle of the
farming system. Not only is caring at the
farm financially important, it also has a
major impact on the daily rhythm and the
presence at home of the farming family.
Knowledge and learning from experience
are the source of this report – reflecting
practical experience understood as a special
form of research.
Key words: caring services at farm, training,
coaching, quality standards,
out-of-home child and youth care.
190
«Complètement énervée, j’ai coupé le toupillon souillé
de la queue de la vache», se souvient Sabine Schrade.
«C’était lors de l‘examen d‘apprentissage d’agricultrice
dans l‘Ostfriesland.» Sabine Schrade en rougit encore
légèrement aujourd‘hui: «La vache devait être prépa-
rée pour les enchères et ne se tenait tout simplement
pas tranquille», explique-t-elle. Elle n’en est pas moins
contente d’avoir d’abord fait cette formation après
son baccalauréat. Elle connaît le fonctionnement des
exploitations et sait ce qui se passe dans la pratique
agricole. «Dans l’exploitation où j’ai fait mon appren-
tissage, on a beaucoup bricolé et improvisé. Cette
expérience m’aide aussi pour les essais, lorsqu’il s’agit
de trouver des solutions pour adapter les installations
expérimentales aux étables». Elle ne regrette donc pas
d’avoir fait le détour par l’apprentissage, ni l‘anecdote
avec la queue de cette vache.Après son apprentissage, Sabine Schrade a com-
mencé des études d’agronomie à l’Université de Hohen-
heim. Elle a rédigé son master sur le temps de travail
nécessaire dans l’élevage de vaches-mères en 2004 en
Suisse à la station de recherche Agroscope Reckenholz-
Tänikon ART. Cette recherche réalisée à Tänikon dans des
conditions proches de la pratique lui a convenu: divers
stages post-diplômes dans le domaine de la technique
des procédés en production animale ont suivi, pour
aboutir à une thèse intitulée «Emissions d’ammoniac et
de PM10 dans les stabulations libres de vaches laitières
avec aération naturelle et aire d’exercice extérieure, à
l’aide de la méthode Tracer-Ratio», thèse qu’elle a ter-
minée en 2009 à l‘Université Christian-Albrecht de Kiel.
Les mesures d’émissions effectuées en collaboration
avec l‘Empa dans six exploitations de vaches laitières ont
exigé sa présence à l’étable et au laboratoire, parfois
presque 24 heures sur 24. Le lien étroit entre science et
pratique a continué de plaire à Sabine Schrade.
Meilleure qualité de l'air grâce à l'amélioration de la
technique d'évacuation du fumier
Actuellement, Sabine Schrade occupe un poste de colla-
boratrice scientifique à ART et s’occupe du projet de
réduction des émissions mandaté par l’Office fédéral de
l’environnement OFEV. Le but est de réduire au maxi-
mum les pertes d’ammoniac dans les étables. Une étable
d’essai pilote pour bovins est en projet pour mesurer les
émissions, explique la jeune femme. Cette étable doit
permettre à ART, en collaboration avec des entreprises,
de développer et d’étudier les mesures techniques et
architecturales susceptibles de réduire les émissions. La
jeune femme de 32 ans évoque les projets de développe-
ment: «Concrètement, on pourrait par exemple envisa-
ger des racleurs automatiques d’évacuation du fumier,
respectueux des animaux, adaptés au revêtement des
sols d’étables, qui nettoient mieux et plus fréquemment
les surfaces de circulation». Cette recherche s’appuie sur
les objectifs environnementaux formulés par l’OFEV et
l’Office fédéral de l’agriculture OFAG en 2008, qui fixent
notamment une réduction des émissions d’ammoniac
de 40 %. Ces objectifs sont complétés par les pro-
grammes de ressources des cantons.1 «L’ammoniac pro-
vient essentiellement de la détention d’animaux de
rente. Outre l’épandage et le stockage, la stabulation
contribue en grande partie aux émissions d‘ammoniac»,
explique la scientifique.
Sabine Schrade a grandi dans un petit village du Jura
souabe, dans le Bade-Wurtemberg. Dès son plus jeune
âge, elle aidait dans l’exploitation de ses grands-parents.
Aujourd’hui encore, elle aime donner un coup de main
à l’étable ou pour les travaux des champs lorsqu’il le
faut. Bien qu’elle retourne régulièrement dans le Jura
souabe, Sabine Schrade se plait beaucoup en Thurgo-
vie. La proximité des montagnes convient bien à cette
passionnée de ski et d‘alpinisme. Lors de ses randonnées,
la jeune femme photographie souvent les vaches à l’al-
page, et ajoute qu’en fait, elle aime bien les vaches, mal-
gré l’histoire du toupillon coupé.
Etel Keller-Doroszlai, Station de recherche Agroscope Reckenholz-
Tänikon ART, 8356 Ettenhausen
La science à la porte de l’étable
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 190, 2011
P o r t r a i t
1Pour plus d’informations: www.blw.admin.ch > Thèmes> Programme sur
l‘utilisation durable des ressources naturelles
Aktuell
191
Dans l’éditorial du numéro de Recherche Agronomique Suisse de février 2011, je me suis appuyé sur le livre
System Innovation – die Welt neu entwerfen de Bruno Weisshaupt. J’ai par erreur omis de mentionner cette réfé-
rence dans l'éditorial et m'en excuse. L’auteur est le directeur de l’entreprise origo SA et plaide dans son livre
instructif pour une nouvelle approche et une nouvelle vision du système, qui s’orienterait de manière systématique
sur les besoins du marché et de l’utilisateur et libérerait ainsi réellement un potentiel d’innovation. Le livre publié en
2006 est disponible chez l’éditeur Orell Füssli.
Urs Gantner, OFAG
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 191–195, 2011
Référence bibliographique omise
Actualités
A c t u a l i t é s
Informations actuelles de la recherche
pour le conseil et la pratique:
Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois
par année et informe sur les avancées en
production végétale, production animale,
économie agraire, techniques agricoles,
denrées alimentaires, environnement et
société. Recherche Agronomique Suisse
est également disponible on-line sous
www.rechercheagronomiquesuisse.ch
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AgRARfoRSchung Schweiz
RecheRcheAgRonomiqueSuiSSe
Talon réponse à envoyer à:Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.chwww.rechercheagronomiquesuisse.ch
NOUVEAU
Nom / Société
Prénom
Rue/N°
Code postal / Ville
Profession
Date
Signature
Recherche Agronomique Suisse/ Agrarforschung Schweiz est une publica-
tion des stations de recherche agronomique
Agroscope et de leurs partenaires. Les parte-
naires sont l’office fédéral de l’agriculture
ofAg, la haute école suisse d’agronomie de
zollikofen heSA, AgRiDeA Lausanne &
Lindau et l’ecole polytechnique fédérale de
zurich eTh zürich, Department of agricultural
and foodscience. Agroscope est l’éditeur.
cette publication paraît en allemand et en
français. elle s’adresse aux scientifiques,
spécialistes de la recherche et de l’industrie,
enseignants, organisations de conseil et de
vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux,
praticiens, politiciens et autres personnes
intéressées.
192 Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 191–195, 2011
A c t u a l i t é s
N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s
Rapport ART 737
Depuis les années 1990, le nombre d’exploitations prati-
quant la vente directe a nettement augmenté parmi les
exploitations du Dépouillement centralisé. Depuis 2003,
l’évolution n’est toutefois plus aussi dynamique. La
vente directe se pratique avant tout dans la région de
plaine et la région de montagne à cause de la proximité
des agglomérations ou du tourisme. Les exploitations
biologiques écoulent davantage leurs produits en vente
directe que les exploitations non biologiques. En termes
de types d’exploitation, les exploitations spécialisées
avec production fruitière et maraîchère et les exploita-
tions axées sur la production de viande sont celles qui se
démarquent. Les exploitations spécialisées dans la com-
mercialisation du lait ou l’élevage de vaches mères prati-
quant la vente directe n’obtiennent pas d’avantages en
termes de revenus par rapport à leurs collègues. Les
exploitations qui pratiquent la vente directe se distin-
guent des autres exploitations en premier lieu par la
structure de leurs coûts et de leurs prestations. Elles réa-
lisent généralement une prestation brute plus élevée,
mais ont également des coûts réels plus élevés du fait de
coûts de main-d’oeuvre plus importants.
Dierk Schmid, ART,
Peter Lenggenhager, Bischofszell Nahrungsmittel AG,
Emil Steingruber, Haute Ecole Suisse d'Agriculture HESA
Rapport ART 737
Rentabilité de la para-agriculture sur la basede l’exemple de la vente directe
Auteurs
Schmid Dierk, [email protected],Peter Lenggenhager, BischofszellNahrungsmittel AG,CH-9220 Bischofszell,Emil Steingruber, SchweizerischeHochschule für LandwirtschaftSHL, CH-3052 Zollikofen
Impressum
Edition:Station de recherche AgroscopeReckenholz-Tänikon ART,Tänikon, CH-8356 Ettenhausen,Traduction Regula Wolz, ART
Les Rapports ART paraissentenviron 20 fois par an.Abonnement annuel: Fr. 60.–.Commandes d‘abonnementset de numéros particuliers: ART,Bibliothèque, 8356 EttenhausenT +41 (0)52 368 31 31F +41 (0)52 365 11 [email protected]: www.agroscope.ch
ISSN 1661-7576
Octobre 2010
Depuis les années 1990, le nombre d’ex-ploitations pratiquant la vente directe anettement augmenté parmi les exploita-tions du Dépouillement centralisé. Depuis2003, l’évolution n’est toutefois plus aussidynamique. La vente directe se pratiqueavant tout dans la région de plaine et larégion de montagne à cause de la proxi-mité des agglomérations ou du tourisme.Les exploitations biologiques écoulentdavantage leurs produits en vente directeque les exploitations non biologiques. Entermes de types d’exploitation, les exploi-tations spécialisées avec production frui-tière et maraîchère et les exploitations
axées sur la production de viande sont cel-les qui se démarquent. Les exploitationsspécialisées dans la commercialisation dulait ou l’élevage de vaches mères prati-quant la vente directe n’obtiennent pasd’avantages en termes de revenus par rap-port à leurs collègues. Les exploitationsqui pratiquent la vente directe se distin-guent des autres exploitations en premierlieu par la structure de leurs coûts et deleurs prestations. Elles réalisent générale-ment une prestation brute plus élevée,mais ont également des coûts réels plusélevés du fait de coûts de main-d’œuvreplus importants.
Le produit de la vente directe est très peu significatif dans de nombreuses exploitations.Photo: Dierk Schmid, ART
Rentabilité de la para-agriculture sur la base de l’exemple de la vente directe
Rapport ART 736
Les arbres font bien plus que produire du bois et des
fruits. Ils façonnent le paysage et fournissent d’im-
portantes prestations écologiques. Toutefois, au cours
des dernières décennies, de nombreux arbres, notam-
ment des arbres fruitiers à hautes-tiges ont disparu du
paysage. Pour doter à nouveau les surfaces agricoles
d’arbres, des systèmes agroforestiers modernes ont
été conçus. Les arbres y sont généralement disposés en
lignes dans des champs et sur des herbages et servent
à la production de bois d’oeuvre ou de fruits. Les sys-
tèmes agroforestiers modernes fournissent des presta-
tions écologiques en partie semblables à celles des ver-
gers traditionnels d’arbres fruitiers à hautes-tiges. Les
arbres emmagasinent le carbone, protègent les sols de
l’érosion et réduisent le lessivage des éléments nutritifs
et des pesticides dans les eaux souterraines et les cours
d’eau. Les régions cibles dans lesquelles l’agroforesterie
peut être avantageuse sur le plan écologique se situent
surtout dans les zones de grandes cultures du Plateau.
Les arbres dans les terres cultivées peuvent accroître la
diversité des espèces. Une aide à l’aménagement sous
forme de check-list montre comment agencer les sys-
tèmes agroforestiers au bénéfice des oiseaux vivant
dans les vergers et à la lisière des forêts, et en faveur de
la protection de la nature. Les arbres et un aménage-
ment du système en conséquence valorisent le paysage.
Alexandra Kaeser,
João Palma (ISA-UTL, Lissabon),
Firesenai Sereke, Felix Herzog, ART
Rapport ART 736
Prestations environnementales de l’agroforesterie
Importance des arbres dans l’agriculture pour la protection des eaux et des sols, du climat,
de la biodiversité et pour l’esthétique du paysage
Auteurs
Alexandra Kaeser, João Palma(ISA-UTL, Lissabon), FiresenaiSereke, Felix Herzog, [email protected]
Impressum
Edition:Station de recherche AgroscopeReckenholz-Tänikon ART,Tänikon, CH-8356 Ettenhausen,Traduction Regula Wolz, ART
Les Rapports ART paraissentenviron 20 fois par an.Abonnement annuel: Fr. 60.–.Commandes d‘abonnementset de numéros particuliers: ART,Bibliothèque, 8356 EttenhausenT +41 (0)52 368 31 31F +41 (0)52 365 11 [email protected]: www.agroscope.ch
ISSN 1661-7576
Février 2011
Les arbres font bien plus que produire dubois et des fruits. Ils façonnent le paysageet fournissent d’importantes prestationsécologiques. Toutefois, dans les dernièresdécennies, de nombreux arbres, notam-ment des arbres fruitiers hautes-tiges ontdisparu du paysage.Pour doter à nouveau les surfaces agrico-les d’arbres, des systèmes agroforestiersmodernes ont été conçus (cf. figure 1). Lesarbres y sont généralement disposés enlignes dans des champs et sur des herba-ges et servent à la production de boisd’œuvre ou de fruits. Les systèmes agrofo-restiers modernes fournissent des presta-tions écologiques en partie semblables àcelles des vergers traditionnels d’arbresfruitiers hautes-tiges.
Les arbres emmagasinent le carbone, pro-tègent les sols de l’érosion et réduisent lelessivage des éléments nutritifs et des pes-ticides dans les eaux souterraines et lescours d’eau. Les régions cibles dans les-quelles l’agroforesterie peut être avanta-geuse sur le plan écologique, se situentsurtout dans les zones de grandes culturesdu Plateau. Les arbres dans les terres culti-vées peuvent accroître la diversité desespèces. Une aide à l’aménagement sousforme de check-list montre comment agen-cer les systèmes agroforestiers au bénéficedes oiseaux vivant dans les vergers et à lalisière des forêts, et en faveur de la protec-tion de la nature. Les arbres et un aména-gement du système en conséquence valo-risent le paysage.
Fig. 1: Merisiers plantés en lignes sur bandes fleuries dans les champs et destinés à la produc-tion de bois d’œuvre en Allemagne (Photo: Alexander Möndel, Landratsamt Constance).
Prestations environne-mentales de l’agrofo-resterie
Aktuell
193
UntertitelLauftext
Untertitel Lauftext
A c t u a l i t é s
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 191–195, 2011
Cahiers d'ART 15
Le résumé de la troisième conférence de Tänikon dédiée
à la technique laitière présente des possibilités d’optimi-
ser la production laitière dans les conditions suisses. Il
existe un grand nombre d’options techniques, électro-
niques et organisationnelles pour le monitoring de la
production laitière; par exemple les capteurs servant à
mesurer le débit et la quantité de lait, mais aussi, moins
connus, des procédés plus complexes pour commander
l’ensemble du processus de traite et garantir la qualité.
Le diagnostic permet d’identifier et d’éliminer les pro-
blèmes de la production laitière d’une exploitation agri-
cole. Ces problèmes peuvent être liés au montage, mais
ils peuvent aussi être d’origine technique. Le chef d’ex-
ploitation est parfois la cause des problèmes, du fait
d’une mauvaise organisation du travail. La base de tout
diagnostic consiste toujours à examiner les processus de
la technique de traite proprement dite, mais aussi les
processus touchant l’animal et la réalisation des travaux
par l’homme.
Pour garantir une production laitière rentable dans les
conditions suisses, l’efficience est un critère capital. Il
s’agit, en combinant monitoring et diagnostic, d’identi-
fier les points faibles de l’exploitation, de trouver des
ART-Schriftenreihe 15
3. Tänikoner Melktechniktagung
Der Tagungsband zur dritten Tänikoner Melktechniktagung zeigt Möglichkeiten einer optimierten Milchgewinnung unter schweizerischen Bedingungen auf.
Für das Monitoring in der Milchgewinnung stehen eine Vielzahl technischer, elektron-ischer und organisatorischer Möglichkeiten zur Verfügung. Hierzu zählen neben den bekannten Sensoren zur Messung von Milchfluss und Milchmenge mittlerweile auch komplexere Verfahren zur Steuerung des gesamten Melkprozesses und zur Qualitätssi-cherung.
Die Diagnostik dient in der Milchgewinnung dazu, bestehende Fehler in der gesa-mten Milchproduktion eines Landwirtschaftsbetriebes zu erkennen und zu beheben. Diese Fehler können einerseits bauseits vorliegen. Andererseits können es technisch verursachte Fehler sein. Letztlich kann aber auch die Betriebsleitung selbst aufgrund einer falschen Arbeitsorganisation die Fehlerursache darstellen. Die Grundlage der Diag-nostik ist immer eine Prozesserfassung bei der eigentlichen Melktechnik, am Tier, oder bei der Arbeitserledigung durch den Menschen.
Zur Gewährleistung einer wirtschaftlichen Milchproduktion unter schweizerischen Bedingungen ist die Effizienz ein wesentliches Kriterium. Hierbei geht es darum, aus der Kombination von Monitoring und Diagnostik einzelbetriebliche Schwachstellen aufzu-decken, Optimierungsmöglichkeiten aufzuzeigen und Handlungsempfehlungen daraus abzuleiten. Bei dieser Prozessoptimierung ist eine standardisierte Vorgehensweise anzus-treben um den Effekt der einzelnen Optimierungsschritte gesichert zu erkennen. Hierzu bieten sich Versuchsmelkstände und bedingt auch Praxismelkstände an. Im Versuchs-melkstand können vorwiegend physikalische und technische Parameter exakt analysiert und optimiert werden. Dagegen können im Praxismelkstand die physiologischen Param-eter an der Kuh und die menschliche Arbeit optimal untersucht werden.
Ausgehend vom Ziel einer optimierten Milchgewinnung versteht sich die Tagung als aktiver Beitrag zur Wissensentwicklung und Wissensvermittlung in der Melktechnik.
ISSN 1661-7584 ART-SchriftenreiheISBN 978-3-905 733-19-8Forschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ARTTänikon, CH-8356 [email protected], www.agroscope.ch
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3. Tänikoner MelktechniktagungOptimierte Milchgewinnung
Redaktion: Pascal Savary und Matthias Schick, ART
ART-Schriftenreihe 15 | März 2011
3e conférence de Tänikon sur la technique laitière
possibilités d’optimisation et d’en dégager des recomman-
dations. Pour optimiser les processus, il faut viser une rou-
tine, afin d’identifier sûrement les différentes étapes de
l’optimisation. Pour ce faire, on peut recourir à des salles
de traite expérimentales et éventuellement aussi à des
salles de traite de terrain. La salle de traite expérimentale
permet d’analyser exactement les paramètres physiques et
techniques et de les optimiser. La salle de traite de terrain
en revanche permet d’étudier les paramètres physiolo-
giques de la vache et le travail de l’homme.
Partant d’un objectif d’optimisation de la production lai-
tière, la conférence se veut une contribution active au
développement et au transfert des connaissances touchant
la technique de traite.
Ce numéro de la série Schriftenreihe n’est disponible qu’en
allemand, avec des résumés en français et en anglais.
Pascal Savary et Matthias Schick, ART
194
M e d i e n m i t t e i l u n g e n
22.09.2010 / ART Im Netz der Pilze Zürich ist zur Pilzhauptstadt der Schweiz avanciert. Heute
wurde am Stadtrand die erste nationale Sammlung
unterirdischer Knäuelpilze eröffnet. Pilzfäden halten das
Leben auf der Erde zusammen. Denn sie liefern Bäumen,
Gräsern und Nutzpflanzen überlebenswichtige Nähr-
stoffe. Wegen ihrer enormen Bedeutung für das Ökosys-
tem eröffnete heute die landwirtschaftliche Forschungs-
anstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART die erste
nationale Sammlung der so genannten Knäuelpilze, eine
Gruppe der Mykorrhizapilze.
19.09.2010 / SNG Equus helveticus – Ein weiterer Grosserfolg für das Schweizer Pferd Die zweite Ausführung des neuen Pferdefestivals Equus
helveticus zog während vier Tagen (16. – 19. September
2010) 20 000 Personen an und war ein Grosserfolg. Familien,
Reiter und Züchter aus der ganzen Schweiz und dem Aus-
land bewunderten über 1000 Pferde in sämtlichen existie-
renden Pferdesport- und Pferdezuchtdisziplinen. Das Pfer-
defestival Equus helveticus bescherte Avenches ein
einmaliges Wochenende.
16.09.2010 / ART Ammoniak aus Ställen auf der Spur Laufställe sind bedeutende Quellen von Ammoniak. Jetzt
zeigen Messungen, dass Ammoniakemissionen im Sommer
besonders hoch sind. Kühe produzieren eine Menge Kot
und Harn, die oft mehrere Stunden auf den Laufflächen
liegen. Dabei entweicht Ammoniak. Das Problem: Der
Landwirtschaft geht viel wertvoller Stickstoffdünger verlo-
ren, weil er sich buchstäblich in die Luft verflüchtigt.
Ammoniak in der Atmosphäre kommt schliesslich mit dem
Regen auf die Erdoberfläche und belastet dort als
Stickstoff¬dünger empfindliche Ökosysteme.
13.09.2010 / ACWAgroscope ACW bewertet 120 Aprikosensorten, die zwischen Juni und September geerntet wurden Das Aprikosenfest vom 6 bis 8. August 2010 in Saxon hat
viele tausend Menschen angelockt. In diesem Rahmen hat
das kantonale Amt für Obstbau im Wallis in Zusammenar-
beit mit der Forschungsanstalt Agroscope Changins-
Wädenswil ACW einen gemeinsamen Informationstag
organisiert. Anlässlich dieser Veranstaltungen konnten
neben vielen angesprochenen aktuellen Themen auch
zahlreiche Aprikosensorten vorgestellt werden. Agroscope
ACW bewertet an ihrem Standort in Conthey derzeit
120 Aprikosensorten, die in der Zeit von Mitte Juni bis Ende
September geerntet werden können.
09.09.2010 / ART Identitäts-Chip am Ohr
Das Leben eines Schweins könnte in Zukunft von der
Geburt bis zur Schlachtung mittels elektronischen Ohrmar-
ken rückverfolgt werden. Die Technologie dazu muss noch
entwickelt werden.
31.08.2010 / ART Landwirtschaftliche Einkommen sinken 2009 Die wirtschaftliche Situation der landwirtschaftlichen
Betriebe ist 2009 weniger gut als 2008. Sowohl das land-
wirtschaftliche Einkommen je Betrieb als auch der Arbeits-
verdienst je Familienarbeitskraft gehen zurück. Dies zeigen
die definitiven Ergebnisse der Zentralen Auswertung von
Buchhaltungsdaten der Forschungsanstalt Agroscope
Reckenholz-Tänikon ART. 2009 beträgt das landwirtschaft-
liche Einkommen je Betrieb 60 300 Franken gegenüber
64 100 Franken im Vorjahr (-6,0 %). Der durchschnittliche
Arbeitsverdienst je Familienarbeitskraft sinkt im Vergleich
zu 2008 um 1,3 % (von 41 700 Franken auf 41 200 Franken).
www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen
Actualités
C o m m u n i q u é s d e p r e s s e
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 191–195, 2011
28.03.2011 / ACWLes levures ont un effet sur l'arôme des eaux-de-vie Les levures sont le moteur de la fermentation alcoolique.
Pour que ce processus se déroule sans heurt, il faut choi-
sir les levures adaptées. Mais l’influence de celles-ci sur
l'arôme des distillats restait assez peu connue jusqu’ici.
Les spécialistes de la Station de recherche Agroscope
Changins-Wädenswil ACW ont maintenant démontré
que les levures contribuent aussi de façon importante à
la richesse aromatique des eaux-de-vie.
08.03.2011 / ACWDes analyses génétiques pour accélérer la sélection de nouvelles variétés de fruits À l'avenir, la sélection de nouvelles variétés de fruits
devra se dérouler plus rapidement qu'aujourd'hui. C’est
dans ce but que l’on analyse actuellement le génotype
des plantes. La Station de recherche Agroscope Chan-
gins-Wädenswil ACW est au premier rang parmi les
acteurs de la sélection des pommes. Dans le cadre de
Fruit Breedomics, un projet de recherche européen, elle
va se livrer à des travaux de recherche en collaboration
avec des partenaires internationaux. L’objectif du projet:
identifier, dès le stade de la plantule, les caractéristiques
génétiques souhaitées en termes de résistance aux mala-
dies et de qualité du fruit. Les sélectionneurs gagnent
ainsi des années, les producteurs de fruits disposent plus
rapidement de plantes résistantes et les consommateurs
peuvent savourer plus tôt de nouvelles variétés de
pommes.
03.03.2011 / ARTSemences de qualité pour la Suisse Les semences sont une base essentielle de notre alimen-
tation. La conférence intitulée «Maintenir notre produc-
tion de semences au top», organisée par Agroscope
Reckenholz-Tänikon ART, a traité des moyens de garantir
la qualité et la production de semences.
28.02.2011 / ACWSystèmes de navigation pour les cultures maraîchères Parmi les producteurs suisses de cultures maraîchères de
plein champ, quelques grandes entreprises ont équipé
leurs tracteurs de récepteurs GPS. Cette technique, qui
fonctionne de manière similaire aux systèmes de naviga-
tion des voitures, utilise de plus les signaux de correction
d'une station au sol, permettant une meilleure précision.
Celle-ci sera bénéfique lors de la préparation, la planta-
tion et la culture des champs de légumes. Les maraîchers
économiseront ainsi du temps et de l'argent. Les stations
de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW et
Reckenholz-Tänikon ART mettent à disposition des pro-
ducteurs et des services cantonaux de vulgarisation des
informations relatives à la technologie GPS pour les
cultures maraîchères.
www.agroscope.admin.ch/communiques
195
Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen
Actualités
Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 191–195, 2011
M a n i f e s t a t i o n s
Avril 2011
15.04.20116e réunion annuelle du Réseau de recherche équine en SuisseHaras national suisse HNSAvenches
Mai 2011
05.05.2011Fachtagung: Zukunftsträchtige Futtermittel und Zusatzstoffe Manifestation commune de ETH Zürich, Vetsuisse Berne et Zurich et d‘Agroscope Liebefeld-Posieux ALPETH Zentrum, Zurich
11.05.20112nd Swiss FoodTech DaySwiss Food ResearchSisseln
Juin 2011
15. – 16.06.2011Agrartechniktage Tänikon Agroscope Reckenholz-Tänikon ARTTänikon
17. – 19.06.2011Nutri11Manifestation commune de l'Institut agricole de Grangeneuve (IAG), d'Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Vetsuisse Berne et Haute Ecole Suissee d'Agriculture (HESA) Posieux
Juillet 2011
06. – 09. 07.2011International Symposium on Medicinal, Aromatic and Nutraceutical Plants from Mountainous AreasInternational Society for Horticultural Science (ISHS)et Agroscope Changins-Wädenswil ACWSaas-Fee
L i e n s I n t e r n e t
Carte du risque potentiel d’érosion des sols agricoles en Suisse
www.agri-gis.admin.ch
La carte est mise à la disposition des agriculteurs, des
cantons et de tout autre milieu intéressé, pour les inciter
à considérer le thème de l'érosion du sol à l'échelle natio-
nale. Les agriculteurs peuvent ainsi adapter l'exploita-
tion du sol en fonction du risque d'érosion.
La carte fournit une appréciation globale des régions
potentiellement menacées par l'érosion dans l'agricul-
ture, sur la base de différents facteurs locaux et sans tenir
compte de l'utilisation ou du mode d'exploitation du sol.
L'appréciation du risque d'érosion effectif nécessite
en outre de prendre en compte l'exploitation des surfaces
menacées.
Mai 2011 / Numéro 5
•• Projet «Quelle vache pour la pâture ?» Problématique
et description de l’essai, Valérie Piccand et al. HESA,
ALP, Université de médecine vétérinaire de Vienne et
Université de Zurich
•• Effet d’échantillonnage – La comparaison avec l’année
précédente est-elle pertinente? Andreas Roesch ART
•• Assolement, travail du sol, variété et protection
fongicide en production céréalière, Raphaël Charles
et al. ACW
•• Gluten humide des variétés de blés en condition
extenso et PER, Geert Kleijer et al. ACW, Fachschule
Richemont, JOWA , Swissmill et swissgranum
•• Rétrospective phénologique 2010, Claudio Defila,
Météosuisse
•• Recensements des pratiques phytosanitaires: évolution
dans l’UE et en Suisse, Simon Spycher et al. ACW et OFAG
•• Liste recommandée des variétés de colza d’automne
pour la récolte 2012
Le projet «Quelle vache pour la pâture?» a comparé les performances globales des trois principales races laitières suisses (Tachetée rouge, Brune et Holstein) aux performances de Holstein-Friesian néo-zélandaises, sur des exploitations pratiquant la pâture intégrale avec vêlages saison-niers de fin d’hiver.
D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o
Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations
Donnerstag, 5. Mai 2011
Zukunftsträchtige Futtermittel und Zusatzstoffe
Themen:
• Die neuen Rahmenbedingungen
• Highlights aus der Forschung
• Zukunftsträchtige Futtermittel und Zusatzstoffe
Ort:
Zürich, ETH Zentrum, Hauptgebäude, Rämistrasse 101Auditorium Maximum (HG F 30)
Anmeldung:
Bis spätestens Dienstag, 26. April 2011an die folgende Adresse:
ETH ZürichInstitut für AgrarwissenschaftenSekretariat / LFW B 58.18092 ZürichSchweiz
E-Mail: [email protected]
EidgenössischesVolkswirtschaftsdepartement EVDForschungsanstaltAgroscope Liebefeld-Posieux ALP
ALP gehört zur Einheit ALP-Haras
Schweizerische EidgenossenschaftConfédération suisseConfederazione SvizzeraConfederaziun svizraUniversität
ZürichUZH
17 |18 |192011Posieux FR
juinJuni
www.nutri11.ch
Öffnungszeiten: 9 - 17 Uhr
Erleben Sie das Thema Ernährung in all seinen Facetten!
Demonstrationen
Erlebnisparcours
Vorträge
Rahmenprogramm für Kinder
Festwirtschaft
Ouverture: 9h00 - 17h00
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Démonstrations
Parcours découverte
Conférences
Programme cadre pour les enfants
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Bien
venu
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