edité par plurality presse s.a. directeur-rédacteur en ... filede «droit à l’éducation» à...

2
C oncours pour la bonne cause: dans une salle au pied de la Vieille Ville, les collèges exhibent leurs œuvres. «Même Heidi n’est pas 100% suisse», dit un dessin; «Sur le trône, on est tous égaux », clame l’autre, rouleau de papier à l’ap- pui; le mur d’en face montre un albinos; plus loin, un singe noir rappelle qu’«on appartient tous à la même famille». Quatre dessins sur une quinzaine (plus des clips), voués à l’unité du genre humain et aux couleurs diverses… surtout en noir et blanc. Les officiels présents au vernissage sont aussi ravis qu’un évêque devant l’image de Saint-Martin. Va pour le saint, mais l’humanité des pros et preux antiracistes est-elle plus pure que l’altruisme des papes? La question ne sera pas posée, et surtout pas en classe… mais la presse est là pour ça. Le coup du trône, on nous l’a déjà fait: les Papous guettaient les pre- miers Blancs dans les buissons pour voir s’ils étaient divins ou «faisaient » pareil, nous dit un reportage d’époque. Après- Guerre, un critique de la «divi- nité» du Roi du Siam usait – au péril de sa vie - du même argu- ment. Et au cimetière de Céligny, le portail rappelle «Ici l’égalité» face aux chairs mortes. Ce qui n’empêche ni les guerres, ni les meurtres: les albinos ne sont pas tués par des «racistes», mais par leur famille. Les conflits dans les Balkans ou aux Grands Lacs, après des siècles de «vivre ensemble», éclatent en toute «connaissance de cause». Et si nous avons moins de «préjugés» sur les «Asiatiques» que sur les «Islamiques», est-ce par «re- fus de l’Autre»? La police vient d’admettre que «le Printemps arabe a causé un pic» dans ses chiffres, bien avant que l’Europe fasse «boum». Noircir… les populistes Les pros de l’altérité manquent- ils de culture? L’Illiade ou Othel- lo… sont bien moins racistes que les écrits de gauche du XIX e siècle. Le cinéma aussi prône l’amitié des races par d’ingé- nieux scénarios, même si Mickey et Dingo les coiffent tous au po- teau. Retour à la «Semaine», qui a mobilisé jusqu’aux Albanais (besa-expo.ch), fiers de montrer que leur pays fut seul à compter plus de Juifs à la fin de la Guerre qu’au début: mais les Japonais aussi ont protégé les Juifs, à Changhaï. Un seul de ces rap- pels peut réduire en miettes toutes les campagnes contre «l’intolérance», qui n’est pas que d’un côté. Alors, en ressassant des banalités, les «antiracistes» veulent-ils conjurer le mal, ou se faire bien voir? Le cas du «trône» l’illustre bien: à un col- loque d’une haute école sociale, un officiel voyait «du nazisme en herbe» en un bistrot qui avait refusé l’accès pipi à une Rom: lui a-t-il offert le petit coin de son bureau? L’«antiracisme» ouvre- t-il l’esprit? Pour un jubilé, une Maison de quartier n’avait rien trouvé d’autre à mettre dans son film que du racisme anti-Noir planant sur les Acacias! A cha- cun sa tête de Turc, et on peut dire – à la manière de Sartre – que «c’est l’antiraciste qui fait le raciste». Encore une fois, retour à la «Semaine», pour un ultime test à une cérémonie d’enfants: les dessins sont de la même pensée unique que ceux des collèges vus plus haut, et l’un fait sourire. «S’aimer malgré nos différences» pourrait choquer ceux qui ne veulent pas d’amour avec le sexe «différent». Bref, ou qu’on aille – tram ou rue, école ou musée, bibli ou ciné, concert ou mairie -, le même dis- 30 mars 2015 – N o 672 Hebdomadaire distribué gracieusement à tous les ménages du Canton de Genève, de l’agglomération de Nyon et de toutes les autres communes de la Zone économique 11 (Triangle Genève- Gland-Saint Cergue). 168 818 exemplaires certifiés REMP/FRP. Edité par Plurality Presse S.A. Paraît le lundi Directeur-Rédacteur en chef: Thierry Oppikofer Coordination, Publicité, Gestion des annonces: Patrick Gravante Maquette: Imagic Sàrl Carouge, Daniel Hostettler, Sophie Gravante Flashage et impression: Mittelland Zeitungsdruck AG Distribution: Epsilon SA Rédaction, Administration, Service de publicité: 8, rue Jacques-Grosselin • 1227 Carouge Tél. 022/307 02 27• Fax 022/307 02 22 CCP 17-394483-5 E-mail: [email protected] © Plurality Presse S.A., 2015 www.toutemploi.ch TOUT L’EMPLOI & FORMATION • NO 672 • 30 MARS 2015 Différents, mais unis? De «droit à l’éducation» à «éducation aux droits humains», il n’y a qu’un lapsus, sans cesse commis au Palais des Nations. A-t-on là les trois mots de l’homme par excellence, ou une monnaie de singe par défaut? En tout cas, cette pédagogie est reprise dans tous les pays… on l’a vu ces jours chez nous (semainecontreleracisme.ch). Enseigner par la mimique l’amour du prochain semble donner du cœur aux enfants et ôter l’esprit aux adultes. La meilleure campagne antiraciste?

Upload: hoanghanh

Post on 08-Mar-2019

214 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Concours pour la bonne cause: dans une salle au pied de la Vieille Ville, les

collèges exhibent leurs œuvres. «Même Heidi n’est pas 100% suisse», dit un dessin; «Sur le trône, on est tous égaux », clame l’autre, rouleau de papier à l’ap-pui; le mur d’en face montre un albinos; plus loin, un singe noir rappelle qu’«on appartient tous à la même famille». Quatre dessins sur une quinzaine (plus des clips), voués à l’unité du genre humain et aux couleurs diverses… surtout en noir et blanc. Les officiels présents au vernissage sont aussi ravis qu’un évêque devant l’image de Saint-Martin. Va pour le saint, mais l’humanité des pros et preux antiracistes est-elle plus pure que l’altruisme des papes? La question ne sera pas posée, et surtout pas en classe… mais la presse est là pour ça. Le coup du trône, on nous l’a déjà fait: les Papous guettaient les pre-miers Blancs dans les buissons pour voir s’ils étaient divins ou «faisaient » pareil, nous dit un reportage d’époque. Après-Guerre, un critique de la «divi-nité» du Roi du Siam usait – au

péril de sa vie - du même argu-ment. Et au cimetière de Céligny, le portail rappelle «Ici l’égalité» face aux chairs mortes. Ce qui n’empêche ni les guerres, ni les meurtres: les albinos ne sont pas tués par des «racistes», mais par leur famille. Les conflits dans les Balkans ou aux Grands Lacs, après des siècles de «vivre ensemble», éclatent en toute «connaissance de cause». Et si nous avons moins de «préjugés» sur les «Asiatiques» que sur les «Islamiques», est-ce par «re-fus de l’Autre»? La police vient d’admettre que «le Printemps arabe a causé un pic» dans ses chiffres, bien avant que l’Europe fasse «boum».

Noircir… les populistes

Les pros de l’altérité manquent-ils de culture? L’Illiade ou Othel-lo… sont bien moins racistes que les écrits de gauche du XIXe

siècle. Le cinéma aussi prône l’amitié des races par d’ingé-nieux scénarios, même si Mickey et Dingo les coiffent tous au po-teau. Retour à la «Semaine», qui a mobilisé jusqu’aux Albanais (besa-expo.ch), fiers de montrer

que leur pays fut seul à compter plus de Juifs à la fin de la Guerre qu’au début: mais les Japonais aussi ont protégé les Juifs, à Changhaï. Un seul de ces rap-pels peut réduire en miettes toutes les campagnes contre «l’intolérance», qui n’est pas que d’un côté. Alors, en ressassant des banalités, les «antiracistes» veulent-ils conjurer le mal, ou se faire bien voir? Le cas du «trône» l’illustre bien: à un col-loque d’une haute école sociale, un officiel voyait «du nazisme en herbe» en un bistrot qui avait refusé l’accès pipi à une Rom: lui a-t-il offert le petit coin de son bureau? L’«antiracisme» ouvre-t-il l’esprit? Pour un jubilé, une

Maison de quartier n’avait rien trouvé d’autre à mettre dans son film que du racisme anti-Noir planant sur les Acacias! A cha-cun sa tête de Turc, et on peut dire – à la manière de Sartre – que «c’est l’antiraciste qui fait le raciste». Encore une fois, retour à la «Semaine», pour un ultime test à une cérémonie d’enfants: les dessins sont de la même pensée unique que ceux des collèges vus plus haut, et l’un fait sourire. «S’aimer malgré nos différences» pourrait choquer ceux qui ne veulent pas d’amour avec le sexe «différent». Bref, ou qu’on aille – tram ou rue, école ou musée, bibli ou ciné, concert ou mairie -, le même dis-

30 mars 2015 – No 672

Hebdomadaire distribué gracieusement à tous les ménages du Canton de Genève, de l’agglomération de Nyon et de toutes les autres communes de la Zone économique 11 (Triangle Genève-Gland-Saint Cergue). 168 818 exemplaires certifiés REMP/FRP.

Edité par Plurality Presse S.A. Paraît le lundi Directeur-Rédacteur en chef: Thierry Oppikofer Coordination, Publicité, Gestion des annonces: Patrick GravanteMaquette: Imagic Sàrl Carouge, Daniel Hostettler, Sophie GravanteFlashage et impression: Mittelland Zeitungsdruck AGDistribution: Epsilon SA

Rédaction, Administration, Service de publicité: 8, rue Jacques-Grosselin • 1227 Carouge Tél. 022/307 02 27• Fax 022/307 02 22 CCP 17-394483-5 E-mail: [email protected]

© Plurality Presse S.A., 2015

w w w . t o u t e m p l o i . c h

TOUT L’EMPLOI & FORMATION • NO 672 • 30 MARS 2015

Différents, mais unis?De «droit à l’éducation» à «éducation aux droits humains», il n’y a qu’un lapsus, sans cesse commis au Palais des Nations. A-t-on là les trois mots de l’homme par excellence, ou une monnaie de singe par défaut? En tout cas, cette pédagogie est reprise dans tous les pays… on l’a vu ces jours chez nous (semainecontreleracisme.ch). Enseigner par la mimique l’amour du prochain semble donner du cœur aux enfants et ôter l’esprit aux adultes.

• La meilleure campagne antiraciste?

• M É T I E R S44

cours au lexique normé nous «révèle» (terme fétiche chez ces artistes) ce que nos quin-quets bridés et nos oreilles bouchées nous cachent.

Juliette pire qu’Hélène?Retour au Vatican de notre sujet, le Palais des Nations: à un ate-lier sur l’éducation aux droits de l’homme, question à une groupie.

«Etiez-vous hier en Vieille Ville pour l’expo contre le racisme?»; «Quelle idée… tout le monde était ici». «Tout le monde»… à croire que nous ne vivons pas dans le même monde, les bien et les mal pensants. Ou alors, que le bien ne pense pas plus que le mal, comme le prouve le public des grandes messes: «Attendez tout de même que j’aie parlé pour m’applaudir», disait - au «Festival (…) du film (…) des droits humains» - un prof

rouge vif, vexé de voir qu’on aimait sa couleur sans se soucier de ses propos. A ce festival (fifdh.org), et à d’autres aussi militants, les gens sont souvent déçus quand un film sort des rails, comme «Le soldat blanc». D’ailleurs, le noir et le blanc… le rouge et le vert… ne sont plus guère que des ban-nières, sans autre fonction que serrer les rangs (sauf dans le dernier livre de l’honnête Marie-Andrée Ciprut). En tout cas, le

racisme «n’a pas fait de mort pour l’instant» en ce jeune siècle, admet notre police… tandis qu’un meurtre sur deux ou trois est conjugal. Il est urgent de lancer des campagnes contre l’amour: quand donc l’école cessera-t-elle de donner en exemple deux egos à courte vue? Car Roméo et Juliette ne quittent leur bulle que dans le film «Regards» (voir fifog.com). n

Boris Engelson

TOUT L’EMPLOI & FORMATION • NO 672 • 30 MARS 2015

• C A S P R AT I Q U E

Prohibition de concurrence: un sentiment d’injustice n’est pas forcément une injustice en droitAndré, titulaire d’un CFC d’employé de commerce, a été engagé en qualité de chargé de recrutement dans une agence de placement de personnel. Il n’avait aucune expérience dans ce domaine. Après une année, il a été promu responsable de son agence. Un avenant a été ajouté à son contrat de travail, lequel contenait une clause de prohibition de concurrence.

Quelques mois plus tard, une autre agence de pla-cement a offert un poste

à André avec un salaire net-tement plus élevé. Ne pouvant pas refuser cette proposition, il a donné son congé et a com-mencé à travailler dans son nou-vel emploi. L‘ancien employeur a immédiatement invoqué la clause de prohibition de concur-rence et invité André à lui faire parvenir, dans les dix jours, le montant de la peine convention-nelle prévue dans le contrat, soit CHF 100 000.-.André était bien entendu conscient d’avoir violé la clause de prohibition de concurrence, mais il en conteste sa validité et invoque que sa violation n’aurait que des conséquences très limi-tées qui ne justifient pas une telle peine.De par son ancien poste, André avait une grande connaissance non pas seulement de la compo-sition de la clientèle (employeurs

intéressés à engager des tem-poraires, travailleurs suscep-tibles d’être embauchés pour des missions limitées dans le temps), mais également des be-soins spécifiques desdits clients, puisqu’il s’en occupait lui-même. Il était en outre au courant des compétences propres de chaque demandeur d’emploi, informa-tions déterminantes pour les employeurs potentiels. André argumente cependant que ces connaissances ne sont pas exclusives à son entreprise et que toutes les agences de la région disposent des mêmes fichiers. Il ajoute que l’on peut facilement se procurer ces infor-mations. En effet, ces données, notamment les besoins des entreprises, peuvent facilement être déduites de leur but statu-taire. Enfin, il fait valoir que les clients n’entretiennent de rela-tions exclusives avec aucune de ces agences. Le Tribunal a malgré tout retenu

qu’il y avait manifestement un rapport de cause à effet entre le fait qu’un salarié connaisse la clientèle de son employeur et l’éventualité qu’il mette à profit cette liste de clients auprès d’un concurrent qui l’a engagé immé-diatement après la fin des rela-tions de travail, de telle sorte que l’ancien employeur en subisse un préjudice.

Une peine adéquate

Selon la loi, la prohibition doit être limitée convenablement quant au lieu, au temps et au genre d’affaires, de façon à ne pas compromettre l’avenir éco-nomique du travailleur. André pense que dans son cas, cette règle n’est pas respectée. Pour pouvoir en juger, il convient de comparer les intérêts du sa-larié et ceux de l’employeur. La clause ne peut être considérée comme valable que si les intérêts des deux parties sont d’égale

valeur ou si ceux de l’employeur l’emportent. Dans le cas d’André, l’on re-marque qu’il dispose d’une for-mation d’employé de commerce, qu’il a dès lors de multiples pos-sibilités d’emplois et qu’il n’est par conséquent pas obligé de travailler au sein d’une agence de placement dans les cantons visés par la clause. L’intérêt de l’employeur l’emporte donc clairement sur celui d’André, la clause est dès lors valable et la peine conventionnelle doit être payée. n

Nicole de Cerjat, juriste, responsable du service juridique au secrétariat romand de la SEC

Suisse, Neuchâtel

Société suisse des Employés de Commerce (SEC Suisse)Case postale 30722001 NeuchâtelTél. 0848 810 910 (membres)Tél. 0901 555 717 (non-membres: Fr. 2.50 / min.).