edité par plurality presse s.a. directeur-rédacteur en chef ......étaient en perdition (voir...

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L e mieux est de partir des deux sujets que je laisse tomber, mais qui ne sont pas là par hasard. L’éducation pour tous semblait la clef du pro- grès et du bonheur, depuis Calvin ou Ramsès, nous dit-on, et des romans ou des films nous l’ont conté avec émotion (un exemple sur cent: «Rue Cases-Nègres»). Certes, un livre visionnaire («Une société sans école») avait prévu que ce serait une impasse, mais il n’a fait contre-école que dans un trou perdu (hole-in-the-wall. com). Dans son «Avant-propos» à «Education pour tous 2000- 2015», Irina Bokova (qui dirige l’Unesco) regrette que «100 mil- lions (d’enfants) n’achèvent pas le cycle du primaire». Mais à l’heure du Net, l’école sait-elle encore ce qu’elle a à dire, même aux tout- petits? Est-ce pour ça que le Bu- reau international de l’éducation – chargé des programmes – est devenu presque inaudible (ibe. unesco.org)? Quand le chef de l’Unesco ajoute que – au-delà des chiffres – «des millions d’enfants quittent l’école sans avoir acquis les compétences fondamentales», elle s’aventure dans des sables mouvants. Savoir lire et compter est une notion de moins en moins claire, et – dans d’autres champs du savoir - l’«illettrisme» accable des gens forts instruits. Ces jours – dans le cadre de l’Assemblée mondiale de la santé – un colloque au «Bio-Campus» a montré que les notions de base en hygiène étaient en perdition (voir aussi who.int/school_youth_health/ media/en/92.pdf). Tout ceci n’ex- plique pas ma hargne contre les profs, mais elle montre déjà les bases fragiles du savoir, même de base. Le cinéma des hommes en blanc Et puisque nous sommes – le temps d’un paragraphe - dans le domaine de la santé, passons à l’autre bout de la chaîne: les médecins de haut niveau. Pen- dant un siècle, le médecin a été – à tort ou à raison - le héros de la société du savoir. Depuis peu, des voix s’élèvent du cœur des sciences médicales – Bertrand Kiefer en tête et Laurent Séga- lat en marge – pour dénoncer la frime (voir aussi cochrane.at). La pharma piétine, cela se dit désor- mais à chaque congrès, où on ri- cane des chiffres fragiles de cette médecine «basée sur des faits» pas si solides. L’épidémie d’Ebola a d’ailleurs valu des attaques aux «autorités» suprêmes de la santé, lors de l’Assemblée mondiale au Palais des Nations. Et soudain, on croit entendre la boutade de Georges Clémenceau: «La guerre est chose trop sérieuse pour être laissée aux militaires». Or, si les ministres de la défense sont plus souvent civils qu’officiers, si le Ministère des finances n’aime pas être sous la coupe d’un banquier, celui de la santé est presque tou- jours aux mains d’un médecin (idem pour celui de la recherche, qui n’obéit qu’aux profs). Est-ce bien… est-ce mal… avec ou sans des Docteurs Schweizer ou Gwe- nigale… et faut-il en faire un article ou un livre? Une chose est sûre: c’est moins la raison que l’illusion et le prestige qui explique cette situation. L’histoire est-elle sale? Passons donc à l’autre sujet que je trahis cette semaine: l’histoire, et son festival aussi réussi que celui de Blois. Nul doute, l’érudition aca- démique peut alimenter la curio- sité profane pendant des heures entières. Mais si savante et ouverte soit une Université, vient tôt ou tard la question: «Le débat vole-t-il bien plus haut qu’au Café du com- merce?» si décrié (à tort). L’his- torien se veut distinct du militant ou du journaliste, bien sûr; et son éthique, c’est la preuve (critique) par l’archive ou par la pierre. Mais à un des volets du festival, tenu à la Maison de la Paix, on a admis qu’on «ne peut tirer de leçons de l’histoire»: ses tableaux sont tou- jours à double clef, comme un des- sin d’Escher. Et la soirée de clôture s’est rangée comme un mouton du côté de l’action humanitaire, avec un film dédié à Radio Hirondelle, média culte des droits humains. Bref, l’historien – il le dit lui-même - n’a pas de «leçon» à faire à qui- conque (ce qu’il fait le reste de l’année, au point de devoir «rendre l’histoire au public» le temps d’un festival. Certes, les érudits ne sont pas seuls à avoir des postures de clercs à force de cultes des «faits»: trente ans de journalisme financier puis technique m’ont convaincu 25 mai 2015 – N o 679 Hebdomadaire distribué gracieusement à tous les ménages du Canton de Genève, de l’agglomération de Nyon et de toutes les autres communes de la Zone économique 11 (Triangle Genève- Gland-Saint Cergue). 168 818 exemplaires certifiés REMP/FRP. Edité par Plurality Presse S.A. Paraît le lundi Directeur-Rédacteur en chef: Thierry Oppikofer Coordination, Publicité, Gestion des annonces: Patrick Gravante Maquette: Imagic Sàrl Carouge, Daniel Hostettler, Sophie Gravante Flashage et impression: Mittelland Zeitungsdruck AG Distribution: Epsilon SA Rédaction, Administration, Service de publicité: 8, rue Jacques-Grosselin • 1227 Carouge Tél. 022/307 02 27• Fax 022/307 02 22 CCP 17-394483-5 E-mail: [email protected] © Plurality Presse S.A., 2015 www.toutemploi.ch TOUT L’EMPLOI & FORMATION • NO 679 • 25 MAI 2015 Le tableau est trop noir Cette semaine – «Spécial Formation» oblige – je pensais vous parler de l’«Education pour tous» depuis le début du millénaire, objet d’un rapport tout neuf épais comme un pouce (efareport.unesco.org et norrag.org). Ou alors, du Festival d’histoire, qui fut au centre de notre vie civique à mi-mai (histoire-cite.ch). Puis un ami m’a demandé ce que j’avais contre les «mandarins du savoir», que j’attaque sans cesse dans le journal comme dans les colloques. Je croyais que mes articles étaient clairs (sur ce point, au moins)… mais autant le dire en noir sur blanc.

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  • Le mieux est de partir des deux sujets que je laisse tomber, mais qui ne sont pas là par hasard. L’éducation pour tous semblait la clef du pro-grès et du bonheur, depuis Calvin ou Ramsès, nous dit-on, et des romans ou des films nous l’ont conté avec émotion (un exemple sur cent: «Rue Cases-Nègres»). Certes, un livre visionnaire («Une société sans école») avait prévu que ce serait une impasse, mais il n’a fait contre-école que dans un trou perdu (hole-in-the-wall.com). Dans son «Avant-propos» à «Education pour tous 2000-2015», Irina Bokova (qui dirige l’Unesco) regrette que «100 mil-lions (d’enfants) n’achèvent pas le cycle du primaire». Mais à l’heure du Net, l’école sait-elle encore ce qu’elle a à dire, même aux tout-petits? Est-ce pour ça que le Bu-reau international de l’éducation – chargé des programmes – est devenu presque inaudible (ibe.unesco.org)? Quand le chef de l’Unesco ajoute que – au-delà des chiffres – «des millions d’enfants quittent l’école sans avoir acquis les compétences fondamentales», elle s’aventure dans des sables

    mouvants. Savoir lire et compter est une notion de moins en moins claire, et – dans d’autres champs du savoir - l’«illettrisme» accable des gens forts instruits. Ces jours – dans le cadre de l’Assemblée mondiale de la santé – un colloque au «Bio-Campus» a montré que les notions de base en hygiène étaient en perdition (voir aussi who.int/school_youth_health/media/en/92.pdf). Tout ceci n’ex-plique pas ma hargne contre les profs, mais elle montre déjà les bases fragiles du savoir, même de base.

    Le cinéma des hommes en blancEt puisque nous sommes – le temps d’un paragraphe - dans le domaine de la santé, passons à l’autre bout de la chaîne: les médecins de haut niveau. Pen-dant un siècle, le médecin a été – à tort ou à raison - le héros de la société du savoir. Depuis peu, des voix s’élèvent du cœur des sciences médicales – Bertrand Kiefer en tête et Laurent Séga-lat en marge – pour dénoncer la frime (voir aussi cochrane.at). La

    pharma piétine, cela se dit désor-mais à chaque congrès, où on ri-cane des chiffres fragiles de cette médecine «basée sur des faits» pas si solides. L’épidémie d’Ebola a d’ailleurs valu des attaques aux «autorités» suprêmes de la santé, lors de l’Assemblée mondiale au Palais des Nations. Et soudain, on croit entendre la boutade de Georges Clémenceau: «La guerre est chose trop sérieuse pour être laissée aux militaires». Or, si les ministres de la défense sont plus souvent civils qu’officiers, si le Ministère des finances n’aime pas être sous la coupe d’un banquier, celui de la santé est presque tou-jours aux mains d’un médecin (idem pour celui de la recherche, qui n’obéit qu’aux profs). Est-ce bien… est-ce mal… avec ou sans des Docteurs Schweizer ou Gwe-nigale… et faut-il en faire un article ou un livre? Une chose est sûre: c’est moins la raison que l’illusion et le prestige qui explique cette situation.

    L’histoire est-elle sale?

    Passons donc à l’autre sujet que je trahis cette semaine: l’histoire, et

    son festival aussi réussi que celui de Blois. Nul doute, l’érudition aca-démique peut alimenter la curio-sité profane pendant des heures entières. Mais si savante et ouverte soit une Université, vient tôt ou tard la question: «Le débat vole-t-il bien plus haut qu’au Café du com-merce?» si décrié (à tort). L’his-torien se veut distinct du militant ou du journaliste, bien sûr; et son éthique, c’est la preuve (critique) par l’archive ou par la pierre. Mais à un des volets du festival, tenu à la Maison de la Paix, on a admis qu’on «ne peut tirer de leçons de l’histoire»: ses tableaux sont tou-jours à double clef, comme un des-sin d’Escher. Et la soirée de clôture s’est rangée comme un mouton du côté de l’action humanitaire, avec un film dédié à Radio Hirondelle, média culte des droits humains. Bref, l’historien – il le dit lui-même - n’a pas de «leçon» à faire à qui-conque (ce qu’il fait le reste de l’année, au point de devoir «rendre l’histoire au public» le temps d’un festival. Certes, les érudits ne sont pas seuls à avoir des postures de clercs à force de cultes des «faits»: trente ans de journalisme financier puis technique m’ont convaincu

    25 mai 2015 – No 679

    Hebdomadaire distribué gracieusement à tous les ménages du Canton de Genève, de l’agglomération de Nyon et de toutes les autres communes de la Zone économique 11 (Triangle Genève-Gland-Saint Cergue). 168 818 exemplaires certifiés REMP/FRP.

    Edité par Plurality Presse S.A. Paraît le lundi Directeur-Rédacteur en chef: Thierry Oppikofer Coordination, Publicité, Gestion des annonces: Patrick GravanteMaquette: Imagic Sàrl Carouge, Daniel Hostettler, Sophie GravanteFlashage et impression: Mittelland Zeitungsdruck AGDistribution: Epsilon SA

    Rédaction, Administration, Service de publicité: 8, rue Jacques-Grosselin • 1227 Carouge Tél. 022/307 02 27• Fax 022/307 02 22 CCP 17-394483-5 E-mail: [email protected]

    © Plurality Presse S.A., 2015

    w w w . t o u t e m p l o i . c h

    TOUT L’EMPLOI & FORMATION • NO 679 • 25 MAI 2015

    Le tableau est trop noirCette semaine – «Spécial Formation» oblige – je pensais vous parler de l’«Education pour tous» depuis le début du millénaire, objet d’un rapport tout neuf épais comme un pouce (efareport.unesco.org et norrag.org). Ou alors, du Festival d’histoire, qui fut au centre de notre vie civique à mi-mai (histoire-cite.ch). Puis un ami m’a demandé ce que j’avais contre les «mandarins du savoir», que j’attaque sans cesse dans le journal comme dans les colloques. Je croyais que mes articles étaient clairs (sur ce point, au moins)… mais autant le dire en noir sur blanc.

  • • F O R M AT I O N

    • F O R M AT I O N

    TOUT L’EMPLOI & FORMATION • NO 679 • 25 MAI 2015

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    L’Académie de Langues et de Commerce, une école proche de vousL’Académie de Langues et de Commerce, fondée en 1967, a déménagé dans des nouveaux locaux situés à l’avenue Louis-Casaï. Pour M. Guiren, qui en a repris la direction depuis un an, l’accueil, le soutien et le suivi des élèves sont des priorités.

    Il n’est pas forcément évident de se remettre à apprendre quand on a une vie professionnelle et familiale. C’est pourquoi l’Académie de Langues et de Commerce offre de multiples possibili-tés de cours, soit de jour soit en cours du soir avec des horaires pratiques. Cette école privée propose différentes forma-tions: assistant(e) comptable, agent(e) de voyages, assistant(e) de direction, études de commerce (mention marketing) et des cours de français et anglais intensifs indivi-duels ou en groupes. Le diplôme en forma-tion continue en secrétariat et le diplôme de formation continue en études de commerce obtenus dans cette école sont des titres reconnus par le DIP. D’ailleurs une double signature figure sur ces diplômes, celle de l’Académie de Langues et de Commerce et celle du DIP. Cette école s’adresse princi-palement aux personnes qui souhaitent va-lider leurs connaissances, se perfectionner ou se réinsérer dans le monde du travail après un arrêt ou un changement d’activité professionnelle. Que cela soit pour se per-fectionner dans un domaine particulier ou pour parfaire des connaissances, l’équipe dynamique et accueillante de cette école répond à toutes questions et demandes. Les cours dispensés sont parfaitement adaptables, selon les besoins et possibilités de l’élève. La formation peut se faire éga-lement par module, en effectuant quelques heures par jour sur un laps de temps d’au

    maximum 3 ans. Les classes sont com-posées de 12 élèves, ce qui permet aux professeurs de pouvoir être à l’écoute des difficultés et questions de chacun et d’être au plus proche de chaque personne. Ce qui apporte d’excellentes conditions d’appren-tissage. Il est également possible d’avoir des cours privés pour les langues, ainsi que des cours en entreprise.Comme toute école, il y a des contrôles, des bulletins de notes trimestriels etc. Certifié EDUQUA et considérée comme une école par le DIP, l’Académie de Langues et de Commerce est une valeur sûre et sérieuse. De plus, pour toutes les formations, il est possible de bénéficier de chèque de for-mation et pour celles de secrétariat ou

    d’études de commerce, il y a la possibilité de cumuler 3x Fr. 750.- de chèques. La rentrée se fait à partir du 7 septembre et en janvier pour certaines formations. Pour les cours de langues, il est tout à fait possible de rejoindre l’école en tout temps, bien sûr dans la limite des places disponibles. N’hésitez pas à consulter le site Internet: www.academy-geneva.ch, qui vous apportera de nombreux rensei-gnements. n

    Nadège Liberek

    Académie de Langues et de Commerce79, Av. Louis-Casaï1216 Cointrin Tél. 022 731 77 56

    P U B L I R É D A C T I O N N E L

    • Les cours dispensés sont parfaitement adaptables, selon les besoins et possibilités de l’élève.

    que – dans la société moderne - les croyances les plus mystiques s’ha-billaient d’un verbiage scientifique impeccable.

    Esprit des sciences ou du clocher?D’ailleurs, mon ami était surtout choqué que je parle à haute voix au saint-des-saints du savoir… le

    Cern. Face à cette question vaste comme le cosmos, l’aveugle que je suis (en physique des particules) s’en tiendra cette fois à une méta-phore. Celle du fameux éléphant et ses six aveugles (voir Anekanta-vada dans Wikipedia), qui s’inverse dans ce cas: au Cern, ce n’est pas l’aveugle mais le savant qui dit «ceci est une corde». En clair, pour citer un physicien qui n’avait

    pas aimé le film du Cern passé sur Arte: «Ils répètent leur genèse de l’univers de manière aussi rituelle qu’un culte dans une secte». Un autre – président des physiciens européens – avait d’ailleurs admis que «la physique des hautes éner-gies est une secte» (même quand elle dit vrai). Mais elle est grande, et cet article est petit… alors restons-en à une critique plus banale, sur

    l’amour des sciences qu’on veut inculquer aux jeunes. La même semaine ont eu lieu à Genève le TechDay des collèges (voir espace-des-inventions.ch), la séance sur les sciences de la Cité des Métiers, et les jeux de la Fac des sciences au Salon du Livre: autant dire que chacun ignorait les deux autres. n

    Boris Engelson