droite achevée

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 Université de Rouen Licence 3 Mathématiques 2012–2013 Mesure & Intégration La dr oi te el le ac hee 1. L  A DR OI TE EL LE AC HE E Il est parfois pratique de compléter  R en lui ajo utan t ses deu x « bouts » : −∞ et +. On appelle l’ensemble obtenu la  droite réelle achevée,  R = {−∞} R {+}. On no- tera aussi [0, +] = R + {+} la demi-droite positive achevée. Toutes les propriétés données ci-dessous pour la droite réelle achevée se transposent à la demi-droite par restriction. 1.1.  Or dr e sur R.  La pr emièrere marque est qu ’on peut muni r R d’une rela tion d’ordre total, en ajoutant à l’ordre usuel de  R les relations naturelles : −∞ < x <+x R . On vérie alors facilement la proposition suivante : Prop ositio n 1.  Pour la relatio n d’ordre totale dénie ci-dess us, toute partie non vide de R admet une borne supérieure et une borne inférieure dans  R. Démonstration.  Onnetrai te que le cas de la bo rne supérieure : soit A R non vid e. On distingue trois cas : si + A , alors sup A = +; si  A  est majorée dans  R, alors  A  admet une borne supérieure dans  R, qui est aussi une borne supérieure dans R ; si +  A  mais  A  n’est pas majorée dans  R, alors +est l’unique majorant de  A  dans R, donc sup A =+. La borne inférieure se traite de façon similaire.   Remarque1.  On pro lon ge gén éra lement (pa r con ven tion) le résu lta t pré cédentà l’en- semble vide, en posant que sup = −∞ et inf  =+ . 1.2.  Opérations sur R.  On peut aussi prolonger les opérations usuelles à R, à une ex- ception près (cas d’indétermination) : pour tous x R,  y R + x + (+) = + x + (−∞) = −∞ ++ (−∞) indéterminé  y × (+) = + ( y ) × (+) = −∞  y × (−∞) = −∞ ( y ) × (−∞) =+ (−∞) × (−∞) = (+) × (+) =+ (−∞) × (+) = −∞ et on pose en général par convention (en tout cas en théorie de la mesure), que 0 × (+) = 0 × (−∞) = 0 . 1.3.  To pologie de R.  On peut enn prolonger la topologie usuelle de R à R par le pro- cédé suivant : on prolonge la fonction tangente hyperbolique 1 en une fonction h  - nie sur R tout entier, h (x ) = 1 si x = −∞ ; tanh(x ) = e x e x e x + e x  si x R ; 1 si x = +; 1. ou bie n, tra ditionnelleme nt, la foncti on arctangente , ou n ’imp ortequellebiject ioncroissant e entre R et un intervalle ouvert borné de  R. 1 4 octobre 2012 J ean-Baptiste Bardet Université de Rouen

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cours sur droite achevée

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  • Universit de RouenLicence 3 Mathmatiques

    20122013Mesure & Intgration

    La droite relle acheve

    1. LA DROITE RELLE ACHEVE

    Il est parfois pratique de complter R en lui ajoutant ses deux bouts : et +.On appelle lensemble obtenu la droite relle acheve, R = {}R {+}. On no-tera aussi [0,+] = R+ {+} la demi-droite positive acheve. Toutes les propritsdonnes ci-dessous pour la droite relle acheve se transposent la demi-droite parrestriction.

    1.1. Ordre sur R. La premire remarque est quon peut munir R dune relation dordretotal, en ajoutant lordre usuel de R les relations naturelles :

    < x

  • DROITE RELLE ACHEVE 2

    puis on pose, pour tout x, y R,d(x, y)= h(x)h(y) .

    On a alors :

    Proposition 2. d est une distance sur R, qui fait donc de(R,d)

    un espace mtrique, avecles proprits suivantes :

    1. La fonction h est un homomorphisme isomtrique et strictement croissant entre(R,d)

    et([1,1], | |).

    2.(R,d)

    est compact, et R est ouvert dans R.

    3. Lidentit est un homomorphisme entre(R,d|R

    )et(R, | |).

    Dmonstration.

    1. Il est clair que h est une bijection croissante entre R et [1,1]. Ceci permet de d-montrer que d(x, y) = 0 si et seulement si x = y , tous les autres points vrifier pourmontrer que d est une distance tant immdiats.On a aussi que h est une isomtrie, donc un homomorphisme, directement grce la dfinion de d .

    2. R est compact car homomorphe [1,1], et R en est un sous-ensemble ouvert caril est homomorphe louvert ]1,1[ de [1,1].

    3. Cest une consquence directe du fait que h est un homomorphisme entre R et]1,1[, ce qui est un rsultat classique danalyse des fonctions trigonomtriques.

    2. LIMITE SUPRIEURE, LIMITE INFRIEURE DUNE SUITE

    Le fait que toute partie non vide de R admet des bornes suprieure et infrieurepermet de gnraliser un certain nombre de rsultats classiques sur les suites et lessries. Par exemple, on a

    Proposition 3.

    1. Toute suite (xn)n0 dlments de R croissante converge dans R, et

    limn+xn = supn0 xn .

    2. Toute suite (xn)n0 dlments de R dcroissante converge dans R, et

    limn+xn = infn0 xn .

    3. Si (xn)n0 est une suite dlments de [0,+], alors la srie de terme gnral xnconverge dans [0,+] (au sens o la suite des sommes partielles converge dans[0,+]), avec

    n0xn = sup

    n0

    ( nk=0

    xk)

    On continuera nanmoins dire quune suite ou une srie est convergente lorsquelleconverge vers une limite finie.

    Dmonstration. Exercice.

    4 octobre 2012 Jean-Baptiste Bardet Universit de Rouen

  • DROITE RELLE ACHEVE 3

    La droite relle acheve est enfin le bon cadre pour introduire les notions de limitesuprieure et de limite infrieure dune suite :

    Dfinition 1. Soit (xn)n0 une suite dlments de R, alors on appelle limite suprieure de la suite (xn)n0 llment de R dfini par

    limn+xn = limsupn+ xn = limn+

    (supin

    xi)= inf

    n0

    (supin

    xi)

    ;

    on appelle limite infrieure de la suite (xn)n0 llment de R dfini par

    limn+

    xn = liminfn+ xn = limn+

    (infin

    xi)= sup

    n0

    (infin

    xi)

    .

    Remarque 2. Les expressions en termes de sup et inf sont bien dfinies car toute par-tie de R admet des bornes suprieure et infrieure dans R. Pour se convaincre quellescoincident avec les expressions en termes de limites, il suffit de remarquer que la suiteMn = supin xi est une suite dcroissante, donc converge vers sa borne infrieure, etque la suite mn = infin xi est une suite croissante, donc converge vers sa borne sup-rieure.

    On vrifie directement partir des dfinitions les proprits suivantes des limitesinfrieure et suprieure :

    Proposition 4.

    1. Soit (xn)n0 et (yn)n0 deux suites dlments de R. Alors :

    limsupn+

    (xn + yn) limsupn+

    xn + limsupn+

    yn

    liminfn+ (xn + yn) liminfn+ xn + liminfn+ yn

    2. Soit (xn)n0 une suite dlments de R et f : RR une application continue etmonotone. Alors :

    f

    (limsup

    n+xn

    )= limsup

    n+f (xn) et f

    (liminfn+ xn

    )= liminf

    n+ f (xn)

    si f est croissante ;

    f

    (limsup

    n+xn

    )= liminf

    n+ f (xn) et f(liminfn+ xn

    )= limsup

    n+f (xn)

    si f est dcroissante.

    Ces deux notions sont fortement relies aux valeurs dadhrence de la suite (xn)n0,dfinies et caractrises par les dfinition et proposition suivantes :

    Dfinition 2. Soit (xn)n0 une suite dlments de R. R est une valeur dadhrencede (xn)n0 si, pour tout voisinage V de , et pour tout N 0, il existe n N tel quexn V .Remarque 3. Il suffit en fait de vrifier la dfinition pour une base de voisinages de .Dans le cas de R, on prendra en gnral les intervalles ouverts ],+[ (avec > 0)pour R ; les intervalles ouverts ]K ,+] (avec K ) si =.Proposition 5. Soit (xn)n0 une suite dlments de R. R est une valeur dadhrencede (xn)n0 si et seulement sil existe une sous-suite de (xn)n0 qui converge vers .

    4 octobre 2012 Jean-Baptiste Bardet Universit de Rouen

  • DROITE RELLE ACHEVE 4

    Dmonstration. Exercice, ou voir un cours de topologie. On a alors :

    Proposition 6. Soit (xn)n0 une suite dlments de R. Alors,1. infn0 xn liminfn+ xn limsupn+ xn supn0 xn .2. limsupn+ xn (resp. liminfn+ xn) est la plus grande (resp. la plus petite) va-

    leur dadhrence de (xn)n0.3. La suite (xn)n0 converge vers R si et seulement

    liminfn+ xn = limsupn+ xn = .

    Dmonstration. On note de nouveau Mn = supin xi et mn = infin xi .1. Pour tout n 0, infi0 xi mn Mn supi0 xi , ce qui donne le point 1. en passant

    la limite en n.

    2. Vrifions tout dabord que toute valeur dadhrence de la suite (xn)n0 est compriseentre liminfn+ xn et limsupn+ xn : soit une valeur dadhrence et (xnk )k0 unesous-suite de (xn)n0 convergente vers . Alors, pour tout k 0, mnk xnk Mnk , soiten passant la limite (car Mnk est une sous-suite de Mn donc converge aussi vers lalimite suprieure, et il en est de mme pour mnk vers la limite infrieure) :

    liminfn+ xn limsupn+ xn .

    Montrons maintenant que M = limsupn+ xn est une valeur dadhrence pour lasuite (xn)n0 : si M R, par dfinition de la limite suprieure, on a que pour tout > 0 :

    il existe N0 tel que MN0 0, il existe n tel que < mn Mn < + .Mais pour tout k n, on a aussi mn xk Mn , donc xk ] ,+ [. Ceci montreexactement que la suite (xn)n0 converge vers .Les cas = se dmontrent en adaptant le raisonnement aux voisinages de .

    4 octobre 2012 Jean-Baptiste Bardet Universit de Rouen

    1. La droite relle acheve1.1. Ordre sur R1.2. Oprations sur R1.3. Topologie de R

    2. Limite suprieure, limite infrieure d'une suite